Les versions HTML et PDF du texte du Journal des débats ont été produites à l'aide d'un logiciel de reconnaissance de caractères. La version HTML ne contient pas de table des matières. La version officielle demeure l'édition imprimée.
(Dix heures neuf minutes)
La Présidente (Mme Bélanger): La commission
permanente de l'économie et du travail est réunie ce matin afin
de procéder à l'étude des crédits
budgétaires du ministère de l'Énergie et des Ressources,
secteur forêts, pour l'année financière 1989-1990, soit les
programmes 1 à 4. M. le secrétaire, est-ce qu'il y a des
remplacements?
Le Secrétaire: Oui, Mme la Présidente, il y a un
remplacement. M. Tremblay (Iberville) est remplacé par M. Dauphin
(Marquette).
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, merci, M. le
secrétaire. M. le ministre, est-ce que vous avez des remarques
préliminaires?
Ministère de l'Énergie et des
Ressources, secteur forêts
Remarques préliminaires M. Albert
Côté
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, Mme la
Présidente, j'ai des remarques préliminaires. J'ai
préparé des notes qu'il me fait plaisir de vous livrer, que j'ai
vérifiées hier soir et encore ce matin.
Je voudrais vous dire que l'objectif du gouvernement du Québec en
matière de gestion des dépenses publiques a été
clairement énoncé par mon collègue, le ministre
délégué à l'Administration et président du
Conseil du trésor, lors du dépôt des crédits
budgétaires de 1989-1990. Il s'agit évidemment de répondre
aux besoins de la population, tout en respectant la capacité de payer
des contribuables québécois. L'atteinte de cet objectif passe par
une gestion rigoureuse des dépenses afin d'obtenir des services de
qualité, produits de la façon la plus efficace possible.
Dans certains domaines où les gens ont un contact plus direct
avec l'administration, tous on pu se rendre compte des avantages de cette
politique. Cependant, compte tenu de l'objet et de la nature des interventions
effectuées par le ministère dans le secteur dont j'ai la
responsabilité, les citoyens en général n'ont pas toujours
l'occasion d'apprécier directement ce que nous faisons pour eux et, de
ce fait, de constater les efforts déployés pour améliorer
sans cesse la qualité de notre gestion. C'est pourquoi, Mme la
Présidente, j'aime me présenter devant cette commission chaque
année, bien que mon collègue pense que j'ai l'air
découragé, afin de démontrer aux citoyens et aux
citoyennes du Québec, dont vous êtes ici les représentants
et les représentantes, que, non seulement leurs ressources sont
utilisées à bon escient, mais que les interventions qu'elles nous
permettent sont essentielles à notre devenir collectif.
J'aurai donc le plaisir, pendant l'examen des crédits des
programmes du secteur forêts, de vous Illustrer comment le gouvernement
dont j'ai l'honneur de faire partie a réussi à concilier les
intérêts supérieurs de la collectivité avec les
objectifs de gestion des dépenses publiques énoncés
précédemment, dépenses qui doivent être
proportionnelles à nos moyens et à notre capacité de
payer. Lorsqu'on regarde les budgets des gouvernements fédéral et
provincial, avec les déficits qu'on a, alors qu'on reporte à plus
tard le paiement de ces dettes, pour les générations qui vont
suivre, je pense qu'on doit faire des efforts dans ce sens.
En effet, c'est grâce à l'introduction d'un mode de gestion
des forêts nouveau et essentiel que nous pouvons assurer la
pérennité de nos forêts afin de permettre un
développement économique durable pour les
générations actuelles et futures. Le nouveau régime
forestier nous permet ainsi d'aller au-delà des balises
financières globales que notre gouvernement s'est fixées.
Sans plus tarder, j'aimerais vous illustrer, dans un premier temps,
l'importance des forêts du Québec, à la fois comme
écosystème et ressource transformable et, en second lieu, vous
entretenir de l'ensemble des moyens mis de l'avant pour en assurer une gestion
à la hauteur des intérêts de toute nature qu'elles
représentent.
La forêt est une zone écologique qui occupe environ la
moitié de la superficie totale du Québec. Il s'agit d'un
écosystème complexe, à l'équilibre fragile, qui
recèle une multitude de ressources dont la présence et
l'utilisation ont contribué en tout temps à notre
mieux-être collectif et à notre qualité de vie. Ce dernier
se caractérise d'abord par la qualité de vie que procure ce grand
jardin qui, entre autres, purifie et régénère l'eau et
l'air dont nos organismes sont si dépendants. L'autre aspect est
lié au niveau de vie. La présence de ressources naturelles
abondantes a aidé le Québec à se développer et
à se hisser au rang des nations les plus riches du monde. Nous occupons
le cinquième rang mondial pour le produit intérieur brut par
habitant.
La récolte et la transformation des arbres ont donné
naissance à une industrie dynamique et florissante qui occupe le premier
rang du secteur manufacturier québécois pour sa valeur de
production et pour celle de ses exportations. Elle représente 14,7 % des
emplois directs, 16,1 % des salaires, 24,5 % des exportations et 4 % du produit
intérieur brut. L'industrie forestière québécoise
regroupe 61 usines de pâtes et papiers, 631 usines commerciales de bois
de sciage résineux et feuillus ainsi que de nombreu-
ses autres de bardeaux, de placages, de contre-plaqués, de
panneaux agglomérés, de poteaux, de bois de fuseau, de lattes, de
charbon de bois, d'huiles essentielles et de bois de chauffage. (10 h 15)
La forêt québécoise regroupe 57 essences
forestières. En termes de volume marchand, elle compte 75 % de
résineux, tels l'épinette noire, l'épinette blanche, le
sapin baumier, le mélèze laricin, etc., et 25 % de feuillus, tels
l'érable, le peuplier, le hêtre à grande feuille, le
bouleau blanc, le bouleau jaune et bien d'autres. Cette composition est
très caractéristique et s'harmonise bien avec la demande mondiale
de la matière ligneuse qui s'établit à 70 % pour les
essences résineuses et à 30 % pour les essences feuillues. Si
l'on considère les forêts mondiales prises dans leur ensemble,
cette proportion est inversée. On y trouve, en effet, 65 % de feuillus
et 35 % de résineux. Le Québec a donc là un avantage
comparatif international intéressant, surtout si vous y ajoutez la
qualité supérieure de nos fibres résineuses bien connue
des industriels du monde entier.
Mais, il ne suffit pas d'avoir des avantages comparatifs pour assurer le
développement d'une industrie. Il faut savoir en tirer profit et surtout
les conserver. Cette dernière notion est à la base du mode de
gestion des forêts que j'ai mis de l'avant et qui a été
consacré par la Loi sur les forêts adoptée en
décembre 1986.
Compte tenu de l'importance de la forêt pour le maintien d'un
environnement sain, le régime qui s'instaure graduellement va bien
au-delà des considérations d'ordre économique et indique
bien que la question environnementale est placée au sommet des
préoccupations gouvernementales.
Ainsi, lorsqu'on parle d'assurer la pérennité de nos
forêts, on ne songe pas qu'à en assurer le rendement soutenu
à perpétuité, calculé en mètres cubes par
année, soit de 25 000 000 à 26 000 000 de mètres cubes par
année en essence résineuse sur forêts publiques par rapport
à 18 000 000 à 19 000 000 avant le changement de régime.
C'est évidemment l'aspect le plus spectaculaire de notre intervention
puisqu'il permet le maintien et l'expansion d'une Industrie dont
dépendent 190 000 emplois directs et indirects, sans parler des
centaines de municipalités qui en vivent dans les régions
périphériques.
Assurer la pérennité de la forêt signifie avant tout
la conservation d'un milieu dont tous bénéficient d'une
façon ou d'une autre, parfois inconsciemment. J'estime qu'il est du
devoir de l'État d'agir à ce niveau et c'est ce que nous faisons
avec nos programmes de connaissance, d'amélioration, de protection et de
planification que je vous présenterai succinctement dans quelques
minutes.
La reconnaissance dans une loi de la polyvalence de l'utilisation de la
forêt est une réalisation dont je suis très fier. Je
remercie mes collègues et leurs officiers des ministères de
l'Environnement et du Loisir, de la Chasse et de la Pêche pour leur
collaboration lorsque est venu le temps de concrétiser ce principe dans
un règlement. En effet, à la suite d'une consultation des
principaux intéressés et d'un bel effort de concertation de nos
trois ministères et des autres intervenants forestiers du loisir, le
règlement sur les normes d'intervention en milieu forestier a
été édicté en novembre dernier. Il s'agit, Mme la
Présidente, d'un bel exemple du sérieux du gouvernement envers la
cause de l'environnement.
Par ailleurs, là où le gouvernement a été
encore plus innovateur, c'est lorsqu'il a décidé d'impliquer
l'industrie forestière dans sa démarche. En effet, comme
l'atteinte des objectifs de protection et de production des forêts ne
saurait se faire sans la réalisation de travaux d'aménagement
forestier appropriés, cette dernière a maintenant une partie de
la responsabilité dans l'exécution de ces travaux. Cet engagement
se fait via la signature d'un contrat d'aménagement et
d'approvisionnement forestier qui lie chaque usine désirant
s'approvisionner sur les forêts publiques avec le ministère. Il
limite, d'une part, l'allocation de matière ligneuse aux besoins de
l'usine si, évidemment, la capacité de la forêt le permet
et, d'autre part, oblige une régénération suffisante des
unités d'aménagement pour lui assurer un rendement à
perpétuité. Environ 130 de ces contrats seront en vigueur en
1989-1990, tandis que les 170 autres seront négociés d'ici le 1er
avril 1990, date où le régime forestier sera pleinement en
vigueur.
Comme je vous le laissais entrevoir plus tôt, cette formule de
gestion mixte des forêts est aussi une source d'économie
importante pour le gouvernement, ce qui nous permet d'aller, dans ce secteur
d'activité, au-delà des balises financières qu'on s'est
fixées. Comme vous avez sans doute pu le constater, les crédits
du secteur seront moindres en 1989-1990 qu'en 1988-1989, malgré des
ajouts dans les activités propres à la gestion des forêts,
tels la planification et le contrôle, au développement du
réseau routier et à l'aide au développement de
l'industrie.
Nous sommes cependant allés plus loin que ne le montrent les
crédits budgétaires qui sont entre vos mains. Toujours dans un
souci d'une plus grande équité entre les différentes
sources de financement de l'État, les redevances perçues pour
l'utilisation des bois des forêts publiques sont maintenant basées
sur la valeur marchande du bois sur pied et j'aimerais bien que les
Américains le reconnaissent. Il en est résulté, depuis
deux ans, des entrées nettes de fonds beaucoup plus importantes dans les
coffres de l'État, soit près du double des 45 000 000 $
perçus annuellement sous l'ancien régime. Bien plus, comme une
partie des redevances peut être payée en travaux
d'aménagement - autre caractéristique du régime - ces
investissements dans la reconstruction de notre forêt pour demain n'ont
pas à être défrayés par l'État. Il en
résulte
donc une économie intéressante sans que nos objectifs en
souffrent, tout au contraire, ce qui permet au gouvernement de financer les
autres priorités dont vous avez pu prendre connaissance lors de la
présentation des crédits budgétaires, et ce, sans alourdir
indûment le fardeau des contribuables.
Le programme d'amélioration des forêts publiques et
privées pourra fonctionner avec 172 900 000 $ en 1989-1990, soit
près de 40 000 000 $ de moins qu'en 1988-1989, sans que soient
réduits les objectifs ambitieux de régénération
à la base du succès du nouveau régime forestier.
Le budget et la production du réseau des huit
pépinières gouvernementales et des 21 pépinières
privées seront semblables à l'an dernier. Elles livreront les 250
000 000 de plants qui seront mis en terre au Québec cette année.
De ce nombre, 180 000 000 de plants seront reboisés sur les terres
publiques dont une partie, 22 000 000, par l'industrie et, fait tout à
fait nouveau cette année, une partie par REXFOR.
Les 34 800 000 $ de travaux admissibles qui seront
réalisés par l'industrie, principalement en travaux sylvicoles et
préparation de terrains pour le reboisement futur, permettent les
économies mentionnées plus haut. Il est à noter que la
somme des travaux ira en s'accroissant pour se réaliser, en 1991-1992,
sur une superficie globale de 280 000 hectares, À ce moment, les
activités d'aménagement du ministère via REXFOR se
limiteront à la plantation de 55 000 000 de plants et à leur
entretien dans les superficies mal ou non
régénérées avant l'entrée en vigueur du
nouveau régime.
En ce qui concerne l'aménagement des forêts privées,
il faut souligner que ce programme a atteint son rythme de croisière
depuis deux ans, alors que l'objectif de mise en terre de 70 000 000 de plants
par année a été atteint.
Cependant, je suis particulièrement heureux d'avoir pu contribuer
à l'ajout d'un volet majeur au programme régulier d'aide à
la forêt privée, il s'agit d'un programme visant à
remédier au dépérissement des érablières
constaté ces dernières années. Il faut dire que ce
programme n'est qu'un palliatif: Tant qu'on ne corrigera pas le mal à la
source, on aura ce problème en forêts privées, dans nos
forêts de feuillus. L'opération, d'un coût total de 10 000
000 $, consiste à épandre des engrais appropriés sur le
sol des territoires en question. Les résultats apparaîtront
graduellement.
Un effort additionnel de recherche sur ce fléau accompagne aussi
ce programme spécial. Il s'agit de l'un des nombreux volets de notre
programme de recherche-développement et de transfert de technologie qui
vise le maintien de la capacité concurrentielle du secteur forestier
tout en effectuant la transition de l'exploitation de la forêt vers la
culture de la forêt. Ce programme de recherche-développement de 14
500 000 $ est primordial si on veut résoudre les problèmes qui se
posent déjà et qui se poseront dans le futur, améliorer
les techniques actuelles pour plus d'efficacité et développer les
opportunités que recèle le secteur forestier
québécois.
Au chapitre de la protection des forêts - 35 600 000 $ - le
ministère continuera, en collaboration avec les sociétés
de conservation, d'administrer le système de prévention et de
lutte contre les incendies forestiers, système qui fait l'envie de tous
les pays boisés du monde.
La lutte contre la tordeuse de bourgeons de l'épinette se
poursuit encore cette année sur quelque 160 000 hectares dont 38 000
seront arrosés deux fois. Si on se fie aux cycles observés par le
passé, il semble que l'épidémie qui perdure depuis 1967
soit en phase terminale. Rappelons qu'elle a occasionné des pertes de
bois d'environ 235 000 000 de mètres cubes, soit l'équivalent des
volumes de bois résineux transformés par l'industrie du sciage et
des pâtes et papiers au cours des dix dernières années.
Comme la fonction planification, dont le budget est de 42 200 000 $, est
à l'origine de tout processus de gestion rationnel et efficace, nous
avons décidé d'y injecter des sommes additionnelles cette
année afin d'adapter les processus opérationnels et la structure
organisa-tionnelie à la nouvelle philosophie de gestion qui accompagne
l'implantation du nouveau régime forestier. Il en a été de
même pour le programme de voirie forestière à frais
partagés, qui a vu son enveloppe portée à 15 400 000 $
afin de favoriser l'accès aux grands massifs boisés situés
plus au nord que les territoires exploités jusqu'ici.
Enfin, le ministère continuera à offrir une gamme
complète de services à l'industrie forestière en
général, par le biais de son programme de développement de
l'industrie forestière. Il faut comprendre que la conjoncture est plus
difficile qu'elle ne l'était l'an dernier dans l'industrie du bois de
sciage en raison de la montée constante du dollar canadien, de la hausse
des taux d'intérêt et du ralentissement observé de la
demande sur le plan de la construction domiciliaire en Amérique. Nous
concentrons donc nos efforts sur la diversification des marchés dont les
résultats sont jusqu'ici probants, puisque les exportations outre-mer de
bois de sciage, principalement en Angleterre et en France, sont passées
de 98 000 mètres cubes en 1985 à 700 000 mètres cubes en
1988.
Comme vous avez pu le constater, Mme la Présidente, les
crédits que je vous propose d'adopter aux programmes 1, Gestion de la
forêt; 2, Amélioration de la forêt; 3, Développement
de l'industrie forestière, et 4, Financement forestier,
représentent une bonne affaire pour les contribuables
québécois et leurs dépendants. Ils permettront qu'une
ressource naturelle renouvelable continue à contribuer à l'essor
économique du Québec tout en évitant sa
dégradation. Je vous remercie, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
ministre. M. le député de Laviolette, est-ce que vous avez des
remarques préliminaires?
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Certainement, Mme la Présidente.
Tous doivent en convenir, aujourd'hui, Mme la Présidente, le
secteur des forêts au Québec est en pleine effervescence et en
pleine mutation. Cependant, rien ne nous autorise à avoir une vision
idéalisée, idyllique des changements qui bouleversent ce secteur.
Nous serons à même de constater ce matin que te succès de
certains n'a d'égal que les difficultés, sinon les impasses que
rencontrent les autres.
L'industrie du bois de sciage en particulier a connu en 1988, un certain
recul par rapport à l'année dernière alors que sa
production chutait de 5 260 000 000 de pieds par mesure de planche à 4
870 000 000 et on prévoit une seconde baisse en 1989 de l'ordre de 11 %.
Elle fait aussi face aux acquisitions successives de papetières, ce qui
ne manque pas d'hypothéquer sa survie qui est déjà
précaire quand on considère les scieries dites
indépendantes.
Que dire aussi de la situation dramatique, dont j'aurai l'occasion de
parler plus loin, que subissent les producteurs de copeaux aux prises avec un
surplus de 30 000 tonnes métriques et incapables d'obtenir un prix de
vente au moins équivalant au coût de production?
Le marché du papier journal, quant à lui, montre un peu
d'essoufflement. Plusieurs usines ont même dû procéder
à un certain ralentissement et même, dans certains cas, à
des arrêts momentanés de leur production aux fins d'apporter
certaines corrections dues à l'inventaire. Tel fut le cas chez Donohue,
Consolidated Bathurst, Abitibi Price et aussi les Produits forestiers Canadian
Pacifique ltée. Le même scénario pourrait se dessiner dans
le marché de la pâte, bien que les ajouts à la
capacité de production ne verront leur réalité qu'à
partir de 1990, ce qui laisse encore une bonne année.
D'autre part, une certaine effervescence se manifeste par la mise sur
pied ou l'élaboration de nouveaux projets. En mars dernier, le
gouvernement provincial et le gouvernement fédéral, de même
que la ville de Matane, entérinaient un protocole de financement par
lequel Québec va participer au projet d'usine de pâtes de
Donohue-Matane pour un montant de 32 800 000 $, notamment par une participation
de la compagnie REXFOR en capital-actions et par des garanties de prêt.
D'autres projets auraient cependant pu être concrétisés
dans les derniers mois, certains n'attendant que la décision, l'aval du
ministre. D'autres, à l'instar de Panneaux gaufrés de la
Matapédia se sont vu apposer une fin de non-recevoir.
Le ministre délégué aux Forêts devra donc
faire en sorte que puissent se concrétiser les projets de
Cascades-Cabano, de Tembec-Rivière-du-Loup dans son comté ou de
Cascades-Port-Cartier, donc des dossiers qui sont actuellement sur le point
d'être décidés. (10 h 30)
L'année 1988-1989 a aussi été marquée par
l'achat de Consolidated Bathurst par la compagnie Stone Container de Chicago,
prise de contrôle par une société américaine
à l'égard de laquelle - prise de possession, prise de
contrôle - le gouvernement est demeuré immobile, lui qui s'est,
quant à moi, faussement réfugié derrière
l'autonomie de la Caisse de dépôt pour justifier l'échec
des pourparlers de fusion entre Domtar et Consol, sachant que Domtar est
contrôlée par la Caisse de dépôt et par la
Société générale de financement. De plus, le groupe
Normick-Perron, qui est authentiquement québécois pourrait, dans
les jours qui suivent, faire l'objet d'une transaction sans que l'on ne
connaisse encore tous les acquéreurs potentiels, du moins pour le
moment. Le groupe Forex, de son côté, on s'en souvient, a pris des
décisions qui, finalement, lui ont fait vendre ses actifs. Nous
demandons donc au ministre d'être aux aguets.
Qu'arrive-t-il à la matière première, quant
à elle? Le ministre délégué aux Forêts sabre
dans les crédits dévolus à l'aménagement des
forêts publiques. Les forêts privées, déjà
surexploitées, ne font l'objet d'aucune protection législative et
les dépenses de transfert prévues à sa mise en valeur
subissent un inadmissible recul, quant à nous.
De plus, les fabricants de meubles crient au ministre que les
forêts de feuillus périclitent. Bref, quant à nous, dans ce
secteur, rien ne va plus.
Le budget qui nous est proposé dans les crédits que nous
allons étudier, Mme la Présidente, est un budget qui semble aller
à contre-courant. Il semble Ici, de toute évidence, bien que cela
dépasse l'entendement, que le ministre délégué aux
Forêts soit, de façon paradoxale, le seul à s'inscrire
à contre-courant. La revue de ses crédits de 1989-1990 et de ses
orientations en matière de gestion de la forêt,
d'amélioration de la forêt et d'aide à l'industrie
forestière nous permettra d'en faire le témoignage. Nos calculs
nous font croire que vos crédits, M. le ministre, pour 1989-1990, n'ont
augmenté, par rapport à l'an dernier, que de 4 200 000 $ ou
d'environ 1,4 %. Vous avez peut-être des doutes quant à ce que je
dis? Voyons les chiffres, allons voir plus à fond.
Les chiffres ici excluent, comme il se doit, le programme 5, Direction
du ministère, qui relève - vous le savez bien, M. le ministre -
de votre ministre de tutelle, le ministre de l'Énergie et des
Ressources. Les crédits de 1988-1989 étaient d'environ 325 900
000 $, dont, si on veut établir une base comparable pour 1989-1990, il
faut soustraire 20 000 000 $, pour les travaux sylvicoles
réalisés par l'industrie forestière et
admissibles désormais à titre de paiements de redevance,
et encore 14 700 000 $ dont vous ne faites mention qu'une seule fois, à
la page 20 du cahier explicatif, et que vous devrez préciser, à
mon avis. Ils ont été amputés du budget du
ministère à la suite, dites-vous, d'un autre transfert aux
compagnies forestières de la responsabilité des travaux
d'aménagement. Donc, ces 34 700 000 $ portent, à titre
comparatif, les crédits de 1988-1989 à 291 200 000 $.
Mme la Présidente, avant de continuer, vous allez me permettre de
faire une petite parenthèse sur le cahier explicatif pour dire au
ministre que je trouve inconcevable que nous ayons reçu à la
dernière minute, dans certains cas hier et dans d'autres cas vendredi,
des documents qui rectifiaient le document sur lequel nous avons eu à
travailler, lesquels n'indiquaient nullement de façon précise
où se trouvait l'erreur, et nous avons même décelé
certaines erreurs qui vous seront signalées au fur et à mesure
qu'on avancera, mais que vous avez corrigées dans des documents que nous
avons reçus à la dernière minute avant l'étude de
ces crédits. Je trouve ça inconcevable. Cela démontre
totalement la façon inconséquente de préparer des
documents les plus justes possible pour nous permettre de faire un travail le
plus adéquat possible.
Les crédits 1989-1990 sont établis à 302 800 000 $,
desquels il faut soutraire les 5 800 000 $ que le ministère des Finances
a consentis de façon ad hoc, de façon non récurrente,
à même le budget du ministère de l'Énergie et des
Ressources, à la compagnie REXFOR, pour combler les déficits
d'exploitation des Bois de l'Est, tel que le précisaient les conditions
de la transaction avec Donohue. Résultat, les crédits 1989-1990
de 297 000 000 $ sont supérieurs de 5 800 000 $ aux 291 200 000 $ de
1988-1989. Toutefois, si l'on prend maintenant le budget correspondant au
secteur forêts selon la structure organisationelle du ministère,
c'est-à-dire les trois premiers programmes, excluant le programme 4,
Financement forestier, l'augmentation n'est donc plus que de 4 200 000 $, donc
de 1,4 %. Comment peut-on, M. le ministre, justifier une pareille
irresponsabilité? Les missions les plus importantes du ministre
délégué ne sont pas épargnées par cette
stagnation des crédits qui, dans plusieurs cas, prend plutôt la
forme de graves régressions. Ainsi les crédits dévolus
à l'aménagement des forôts publiques, même
expurgées des redevances de 20 000 000 $ subissent une chute de 21 100
000 $, y incluant la non-reconduction du programme de 7 000 000 $ de
création d'emplois en forêt.
La mise en valeur de la forêt privée, priorité des
priorités, disait le ministre, ayant même fait l'objet d'un
document du député de Beauce-Nord, document dit "Audet", voit son
budget diminuer de 500 000 $ et porté ainsi à 35900000$, soit
20000000$ de moins que le seuil minimum des 55 000 000 $ réclamés
par tous les intervenants, et ce avec raison, nous croyons. Nous aurons
d'ailleurs l'occasion d'y revenir. Même des députés de
votre formation politique, incluant la ministre déléguée
à la Condition féminine, ont donné raison à des
gens qui sont venus voir la ministre dans son bureau, et à moins qu'elle
n'ait pensé que le fait de les rencontrer ne parviendrait pas a nos
oreilles et qu'elle n'ait fait ça simplement pour se débarrasser
du monde, mais si elle est sérieuse, elle a dit que ce n'était
pas suffisant. L'Aide au développement de l'industrie forestière
expurgée de 5 800 000 $, consentie ad hoc à REXFOR est au
même montant de 3 200 000 $, de 1988-1989, et pourtant là aussi,
des besoins immenses se font sentir. Pendant ce temps, les dépenses de
publicité, excluant la publicité obligatoire, qui, elle, augmente
de 100 %, bondissent de 105 065 $ en 1988 à 650 449 $ en 1989-1990, soit
une augmentation, Mme la Présidente, tenez vous bien, de 520 %, en
période, dit-il, de régression. Donc ce sont des augmentations au
sujet desquelles nous vous questionnerons.
Voyons donc de façon générale, maintenant, les
trois programmes du secteur forêts sur la structure organisationneile du
ministère, soit la gestion de la forêt, l'amélioration de
la forêt, et le développement de l'industrie
forestière.
La gestion de la forêt. En matière de recherche et de
développement, on s'interroge encore sur les délais entre
l'adoption de la Loi sur les forêts en décembre 1986 et la
création, en vertu de l'article 210 de cette loi, du Conseil de la
recherche forestière du Québec en février 1988, soit
quinze mois plus tard. Le ministre délégué aux
Forêts a ainsi fait subir une sérieuse hypothèque à
ce volet fondamental d'une politique forestière. Nos interrogations
portent aussi sur le fait qu'aucun groupe environnemental n'a été
invité à participer à ce conseil, laissant ainsi en plan
un important volet de la problématique. Puisqu'il est question de
retard, soulignons Ici que le ministre n'a pas encore cru bon - pourquoi, on
l'ignore - d'instituer, tel que le prévoit l'article 211 de la loi, le
conseil de la forêt. Il nous semble que le mode actuel de gestion de la
forêt par le ministre délégué exige, à sa
face même, la constitution d'un tel conseil consultatif.
Permettons-nous, encore ici, de faire part d'un autre retard, il s'agit
de l'adoption du règlement sur les normes d'intervention en milieu
forestier qui n'a été en vigueur qu'en octobre dernier, dix mois
après que te ministère de l'Environnement eut rendu publique sa
politique de protection des rives à laquelle devait pourtant
s'intégrer ce règlement. Si le ministre a été
actif, c'est dans le secteur de la tarification ou plus particulièrement
en matière de réglementation des redevances forestières,
là où y a fait passer le nombre de zones de 20 à 28 et
procédé à d'importantes fluctuations à la baisse de
certains tarifs. Nous avons de sérieuses réserves sur les impacts
d'une telle mesure et nous aurons
l'occasion d'y revenir plus tard ce matin et de discuter des Importants
avantages financiers qu'en tireront certaines compagnies, entre autres, la
compagnie Québec-Ontario pour ne pas la nommer. Nous y reviendrons car
le ministre devra nous dire si nous avons tort de présumer que
Québec-Ontario bénéficiera d'une nouvelle réduction
annuelle des redevances de l'ordre de 2 500 000 $.
À l'égard de la mission de la protection de la forêt
et plus spécifiquement d'éducation et de conservation, on ne peut
que qualifier de paradoxale la situation qui fait que, d'une part, la
fréquentation de certains centres éducatifs augmente, à
l'instar de Duchesnay, et que, d'autre part, le ministère de
l'Énergie et des Ressources et ce, toujours à Duchesnay, autorise
la construction de complexes résidentiels à même 4,4
kilomètres de cette réserve qu'il a dû céder pour le
projet immobilier.
Comment expliquer aussi qu'à la suite de la consultation
particulière tenue en juin 1988 sur une politique d'utilisation des
pesticides en milieu forestier, consultation qui nous a permis de voir
qu'étaient affichées les divergences fondamentales d'approche
entre le ministre délégué aux Forêts et son
collègue de l'époque à l'Environnement, on se retrouve
aujourd'hui sans aucune orientation formelle et que les épandages
massifs de pesticides continuent d'avoir cours?
En matière de contrôle de l'utilisation, l'Opposition
s'Inquiète du fait que, depuis l'entrée en vigueur de la Loi sur
les forêts, plus de 182 infractions ont été commises
à son égard. Nous pouvons présumer qu'un grand nombre de
manquements n'ont pu être rapportés faute, bien entendu, de
contrôle suffisant. Plus de 150 de ces dossiers d'infraction touchent les
coupes sans permis de même que des contraventions aux prescriptions du
permis. C'est la forêt qui écope de ces pratiques Illicites. Elle
ne serait point en cela la seule, du moins si l'on se fie au dernier rapport du
Vérificateur général portant sur la gestion du ministre
délégué aux Forêts au cours de l'année
financière se terminant le 31 mars 1988. Quel triste tableau de carences
de planification et de coordination, de même que de dilapidation des
ressources et des énergies! Nous invitons le ministre à exercer
un contrôle plus serré sur les activités de son
ministère.
Amélioration de la forêt. Nous en avons fait mention en
introduction, l'aménagement de la forêt publique se voit
hypothéqué par une chute vertigineuse de 20 % de ses
crédits, ceci excluant les redevances de 20 000 000 $ pour les travaux
sytvicoles effectués par l'industrie. Nous avons aussi des
inquiétudes sur un tel retrait massif de l'État et sur les
conséquences qu'il ne manquera pas d'avoir sur le potentiel des
forêts publiques, puisque plusieurs activités d'aménagement
et de mise en valeur en feront les frais.
Nous remarquons aussi, avec un certain étonnement, que le
programme de création d'emplois en forêt n'est pas reconduit cette
année, bien que nous croyions que l'aménagement des forêts
publiques ne soit pas encore terminé. Nous regrettons aussi qu'en cours
d'année, malgré les exhortations nombreuses et légitimes
de l'Opposition officielle, que le ministre n'ait encore apporté aucune
solution à la protection de conditions de travail en forêt qui, on
le sait très bien, souffre d'importantes lacunes. Nombreux et trop
nombreux sont malheureusement les travailleurs qui ont dû en faire les
frais. Il nous semble que dans les contrats qu'il signe avec divers
intervenants aux fins d'aménagement, le ministre
délégué aux Forêts devrait y Imposer une
série de normes sur les conditions de travail en forêt,
garantissant, de cette façon, aux personnes embauchées - la
majorité d'entre elles, ce sont des employés saisonniers non
syndiqués et souvent bénéficiaires de l'aide sociale - une
protection qui soit jugée nécessaire.
Les activités de mise en valeur de la forêt privée
voient, de façon inadmissible, les crédits qui leur sont
dévolus subir une perte sèche de 500 000 $, hypothéquant
ainsi tout autant les travaux préalables, la préparation de
terrain, la mise en terre, l'entretien, la regénération, le
nettoiement, le drainage et, enfin, la voirie. Le ministre, en est-il
conscient? C'est une question qu'on se pose.
Le Syndicat des producteurs de bois de la Mauricie, à titre
d'exemple, évalue ainsi qu'il ne procédera, cette année,
à la préparation de terrains que sur 200 hectares contre 450
hectares pour l'an dernier, qu'il devra couper de moitié le niveau de
reboisement atteint en 1988 et qu'il devra réviser toutes les demandes
venant de proriétaires pour des travaux autres, tels nettoiement, voirie
et drainage, qui sont reliés au reboisement. Déjà, les
crédits de l'an dernier, de 36 400 000 $ étaient largement
insuffisants. Que l'on pense encore, à titre d'exemple, au Syndicat des
producteurs de bois de la Beauce, là où 65 demandes de subvention
pour travaux de drainage ont été acceptées sur les 525
présentées, là où 40 des 355 demandes pour travaux
de voirie ont été acceptées et où seulement 10 des
210 demandes pour éclaircle commerciale et précommerciale ont
été acceptées.
Donc, les crédits à l'aménagement des forêts
privées, de l'ordre de 35 900 000 $ - je le disais tout à l'heure
- sont de 20 000 000 $ inférieurs aux besoins clairement
manifestés, indiqués et démontrés par tous les
intervenants du secteur, qu'il s'agisse, entre autres, du Syndicat des
producteurs de bois du Québec ou du RESAM qui devait ou qui a dû,
je l'espère, rencontrer à cet effet, le 5 avril dernier, le
caucus des députés libéraux. (10 h 45)
Est-ce que le ministre est conscient de la marge qui existe entre son
offre et la demande que l'on juge légitime? Rien ne justifie un tel
écart. Non seulement le ministre doit être conscient,
espérons-le, des conséquences désastreuses de son Inaction
à l'égard des forêts
privées, mais doit-il aussi se rendre à l'évidence
qu'il va à l'encontre des recommandations formulées dans un
rapport qu'il a lui-même commandé d'un de ses propres
collègues, le rapport Audet, le député de Beauce-Nord, et
rendu public en novembre dernier. Ce rapport indiquait que l'État doit
consentir des investissements massifs en forêts privées. Dans une
autre perspective, quels que soient les investissements auxquels consent
l'État en matière de mise en valeur de la forêt
privée, il est une condition préalable et essentielle qui fait
toujours défaut. Il est impérieux qu'une loi sur les forêts
privées ou des amendements à la Loi sur les forêts assure,
au même titre qu'en forêts publiques, le respect du principe de
rendement soutenu en vertu duquel le niveau de récolte de bois doit
correspondre à la possibilité de la forêt de se
regénérer. Ici encore, un exemple serait éloquent. Sur le
territoire régi par le Syndicat des producteurs de bois du
Bas-Saint-Laurent, il a établi, au printemps 1988, que le volume
récolté était de 790 000 mètres cubes de sapins et
épinettes, alors que le volume annuel de prélèvement
admissible, selon le ministère, s'établit à 440 000
mètres cubes, soit un déficit de 350 000 mètres cubes,
presque autant que ce que les prélèvements admissibles
donneraient.
Cette dilapidation du patrimoine forestier doit cesser et le ministre
délégué aux Forêts nous avait pourtant
conviés, l'hiver dernier, à un exercice qui aurait pu servir de
prétexte idéal pour agir. Le ministre a sans doute souvenance
d'avoir procédé à l'étude du projet de loi 84
modifiant la Loi sur les forêts dont les dispositions visaient soit des
points d'ordre strictement techniques, soit des modifications tenant compte
d'une certaine conjoncture ou soit encore introduisant de nouvelles conditions
à l'exercice de la gestion des forêts. Nous avions alors
répété au ministre que cet exercice était incomplet
et qu'à défaut d'introduire au projet de loi 84 des dispositions
relatives au rendement soutenu en forêts privées, il se livrait
à une dilapidation gratuite d'énergie. Nous n'avons
malheureusement pas été écoutés bien que nos
convictions trouvassent alors et trouvent encore également écho
chez des intervenants de ce secteur. Nous rappelons au ministre que le rapport
Audet aussi en avait fait son principe prioritaire.
Au chapitre de la production et de la mise en terre de plants, il
convient ici de rappeler qu'en 1983 le gouvernement du Parti
québécois décidait, dans le cadre du plan d'action
destiné à la relance économique, de mettre sur pied un
ambitieux, mais combien nécessaire, programme de reboisement de la
forêt québécoise dans le but de porter à 300 000 000
annuellement, dès 1988-1989, la production et la plantation d'arbres.
L'objectif visé se trouvait, de la sorte, à quintupler la
performance de 1983 destinant 200 000 000 de ces plants à la forêt
publique contre 100 000 000 à la forêt privée.
C'était l'opération reboisement.
À peine arrivé au gouvernement, le ministre actuel fixait
à la baisse, en novembre 1986, le premier objectif pour le porter
à 250 000 000 de plants, 180 000 000 et 70 000 000 selon les ententes,
200 000 000 sur la forêt publique et 100 000 000 sur la forêt
privée, hypothéquant de la sorte tout autant la
régénération de la forêt que la viabilité et
la consolidation des infrastructures, entendre pépinières. Nous
aurions osé espérer une plein rétablissement de
l'intégrité de l'opération reboisement et il n'en est rien
cependant. Cette timidité ministérielle demeure toutefois
compréhensible dans la mesure où elle respecte - on le voit bien
- le niveau des crédits que le ministre a pu enfin obtenir.
Nous ne saurions enfin passer sous silence l'immobilisme du ministre
délégué aux Forêts en matière d'aide au
développement à l'Industrie forestière. Là
où les paiements de transfert ont fondu de 28 500 000 $ qu'ils
étaient en 1985-1986 à 1 200 000 $ en 1989-1990 et cela,
nécessairement amputé des 5 800 000 $ non récurrents
consentis par le ministère des Finances à REXFOR, via les
crédits du ministère de l'Énergie et des Ressources, pour
combler le déficit d'exploitation des Bois de l'Est. Ce transfert de 1
200 000 $ est ainsi inférieur de 100 000 $ aux crédits inscrits
à ce chapitre en 1988-1989 alors que l'industrie forestière vit
aujourd'hui une situation empreinte de difficultés et de
bouleversements.
Discutons d'abord du désormais célèbre conflit
entourant les copeaux. Le ministre n'est pas sans ignorer qu'il y a
actuellement l'équivalent d'un demi-million d'arbres en copeaux qui
pourrissent sur les terrains des scieries indépendantes alors
qu'à chaque semaine il s'en ajoute l'équivalent de 100 000
autres. Le ministre n'ignore pas non plus qu'au même moment les usines de
pâtes et papiers continuent de s'alimenter dans les forêts
québécoises boudant de la sorte le surplus de stock des scieries
indépendantes. S'approvisionnent-elles chez ces scieurs, qu'elles ne
leur offrent alors que 100 $ la tonne contre un coût de production
établi par des études Blais, McNeil et Lavalin à presque
125 $ la tonne.
L'industrie du sciage a même dû procéder la semaine
dernière à la fermeture de ces établissements
indépendants mettant ainsi sur le carreau près de 11 000
travailleurs parce que le ministre refuse de se rendre à leur
légitime requête de faire respecter d'abord la Loi sur les
forêts et de cesser d'émettre des contrats et permis aux
papetières, d'intervenir auprès de celles-ci pour les inciter
à payer un juste prix les copeaux et d'établir finalement un
mécanisme de contrôle des prix par l'intermédiaire de la
Régie des marchés agricoles; et sur ce, le ministre pour le
moment, ne bouge pas.
Nous terminerons enfin en rappelant au ministre
délégué aux Forêts qu'il se doit de corriger l'an
prochain, en se mettant tout de
suite à la tâche, la mission inachevée de
réduction de la taxe à l'exportation du bois d'oeuvre. En avril
1988, un assouplissement de cette loi faisait en sorte de porter le taux
exigé par les États-Unis depuis décembre 1986 de 15 %
à 8 %, la marge étant alors compensée par la valeur des
travaux sylvlcoles imputés à l'industrie.
L'Association des manufacturiers de bois de sciage statuait alors que
les négociateurs québécois avaient failli à la
tâche, la surtaxe ayant dû être ramenée plutôt
à 6 %, sinon à 3 %. Ces deux seuls points de pourcentage entre
l'accord de 8 % et le seuil minimum requis de 6 % coûteront 10 000 000 $
par année aux industriels du sciage, l'association prétendant que
les coûts complets des travaux sylvicoles Impliquent des sommes
supérieures à l'évaluation qui en a été
faite aux fins de détermination du taux de taxation. L'accord, on le
sait, est en vigueur jusqu'en novembre 1990. Le Québec devra alors
clairement établir carte sur table et même exiger une compensation
en retour de l'application durant deux ans et demi du taux de 8 % que l'on juge
toujours excessif.
Voilà donc, Mme la Présidente, ce qu'on peut qualifier de
triste bilan, contrairement à ce que le ministre nous disait tout
à l'heure. Alors, c'est au ministre délégué aux
Forêts de défendre ses crédits et de nous dire qu'il a
l'intention d'aller chercher des crédits supplémentaires parce
que malheureusement, dans l'étape préliminaire, soit celle du
dépôt de ses crédits il a failli à sa
tâche.
Mme la Présidente, en terminant, j'aurais à vous demander
qu'on étudie en priorité trois dossiers. Après cela, nous
passerons à l'ensemble des programmes. Premièrement, celui des
copeaux, deuxièmement, celui des forêts privées et,
troisièmement, celui du flottage du bois sur les rivières et les
lacs du Québec.
La Présidente (Mme Bélanger): Ça va,
M. le député de Laviolette. J'allais justement vous
demander de quelle façon vous vouliez procéder.
M. Cannon: Mme la Présidente, il faudrait qu'il y ait
consentement de la pan" du ministre.
M. Jolivet: Le ministre n'a pas de consentement à nous
donner ici.
M. Cannon: Le ministre a le consentement et on a le consentement
à donner de notre côté, mon cher monsieur. Si ça ne
fait pas, on va y aller étape par étape, c'est-à-dire
à la manière dont l'Assemblée nationale nous a
conviés à rendre notre mandat. Alors, je demande au ministre s'il
est consentent à procéder à ces trois
éléments.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, oui, on peut
discuter de ces trois éléments Mme la Présidente. Il n'y a
pas de problème.
M. Cannon: II y a consentement, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, M. le
député de Laviolette, est-ce que vous avez des questions à
poser au ministre?
Discussion générale Industrie du sciage
M. Jolivet: Oui. D'abord, sur la question des copeaux puisque
c'est le premier sujet que je veux toucher. Actuellement, Mme la
Présidente, je suis assuré que le ministre est conscient des
problèmes vécus dans les usines de sciage indépendantes au
Québec, qui sont, d'une certaine façon vouées à des
fermetures certaines à brève échéance parce
qu'elles sont privées - je le dis comme je le pense - presque de
façon délibérée d'un revenu important. Ces usines
de sciage ont les mêmes obligations que les usines de sciage dites
intégrées à des compagnies papetières, mais elles
ne bénéficient pas des mêmes revenus. À mon avis, il
est impossible de penser qu'à court terme ou même à long
terme, toutes les usines de sciage au Québec doivent être
intégrées à des usines de pâtes et papiers.
Peut-être que le ministre pourra me donner une réponse à
cette question. Dans son esprit à lui, est-ce qu'il voit encore dans le
paysage québécois des usines de sciage indépendantes? Si
oui, quelles sont les conditions qu'il est prêt à leur accorder
pour leur permettre d'agir dans ce sens? Actuellement, ce que l'on voit au
Québec, c'est la prise de possession de ces usines de sciage par les
grandes compagnies papetières, de telle sorte qu'on a vu un inversement
assez drastique de ces compagnies depuis quelques années. Alors que les
copeaux produits par les usines de sciage représentaient un pourcentage
d'au-delà de 70 % du marché, on s'aperçoit actuellement,
avec la prise de possession par les grandes compagnies, que les scieries
indépendantes sont en train d'inverser ce pourcentage et d'en arriver
à ce que les grandes compagnies papetières aient près de
70 % de l'ensemble de ces copeaux.
La première question que je voudrais poser au ministre est la
suivante. Est-ce que, dans son esprit, il est d'accord pour que les scieries
Indépendantes du Québec disparaissent au profit de l'ensemble des
compagnies papetières? Autrement dit, est-ce qu'il est d'accord avec ce
qui est en train de se produire au Québec, c'est-à-dire que les
compagnies papetières, pour avoir la paix sur le plan des copeaux:, en
arrivent à utiliser leur pouvoir d'achat et, dans un marché dit
libre, en arrivent à acheter les compagnies indépendantes et, par
le fait même, à acculer à la faillite et à la
fermeture celles qui oseront leur résister? Je voudrais savoir de la
part du ministre, tout d'abord, Mme la Présidente, s'y est d'accord avec
ce qui se passe actuellement au
Québec, soit l'intégration des scieries par les
papetières.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mme la
Présidente, le député de Laviolette a fait un long
discours sur le su|et en réponse à mon introduction. Il a
abordé plusieurs sujets: l'activité en forêt, les scieries,
les copeaux, Matane, les panneaux, les acquisitions, la vente de Consol
à Stone Containers, Forex inc, Normick-Perron, les meubles.
Évidemment, il a aussi parlé du conseil de la recherche, de
tarification, une tarification faite par des experts. Je ne sais pas s'il veut
traiter les gens qui l'ont faite de malhonnêtes, mais, en tout cas, il a
beau le faire. Quant à la tarification dont il a parlé, il laisse
sous-enten-dre des choses qu'il devrait peut-être dire à
l'extérieur de cette Assemblée.
Il a parlé de pesticides, du lac au Chien à Duchesnay, des
infractions. Moins d'infractions sont commises parce que, selon mon
expérience lorsque j'étais chef de district en Abitibi, on en
avait une centaine par mois avec moins de personnel que le ministère
n'en a aujourd'hui. Quand il mentionne tout ça et qu'il parle de
contrôle, de création d'emplois et de conditions de travail, je
lui dirai que j'ai fait inscrire, un peu malgré l'accord des avocats,
une clause spéciale dans les contrats qu'on accorde pour les travaux
d'aménagement, particulièrement le reboisement. Malgré
l'ajout de cette clause, il y a eu encore des conditions pénibles en
forêt et, cette année, j'ai averti les entrepreneurs qui ont des
contrats du ministère que, lorsque les employés du
ministère verront des conditions en forêt inacceptables pour les
ouvriers, nous les rapporterons nous-mêmes à la CSST à qui
il appartient de faire ce travail-là.
En ce qui concerne la forêt privée, il faudra
peut-être, M. le député de Laviolette, qu'on fasse un jour
le point sur tous les investissements, sur tout l'argent qu'on a injecté
dans les forêts privées depuis quelques années. En effet,
on a Investi en forêt privée au-delà de 500 000 000 $, mais
Je pense qu'il est temps qu'on s'arrête et qu'on regarde les
résultats, la valeur de ces investissements et, selon cet examen, qu'on
puisse recommander des augmentations ou même des diminutions pour tenir
compte d'une bonne gestion. Pour ce qui est de la production de plants,
évidemment le député de Laviolette aime parier des 300 000
000 $ Issus de la réunion d'un Conseil des ministres du temps de M.
René Lévesque à Compton. Dans le temps, on a
garroché 300 000 000 $ de cette façon-là sans
connaître scientifiquement les conséquences. Évidemment, U
y avait des conséquences financières importantes. C'est un beau
chiffre qui donne une belle image, mais quand le ministère a
évalué les possibilités du reboisement, il a
évalué scientifiquement qu'il faudrait 250 000 000 $ pour
atteindre le plateau de 25 000 000 à 26 000 000 de mètres cubes
de rendement soutenu souhaité pour maintenir l'activité et pour
la développer un peu. Ce montant de 250 000 000 $ sera peut-être
révisé lorsque nous aurons signé tous les contrats
d'aménagement et d'approvisionnement forestier avec l'industrie.
L'industrie a le choix des méthodes d'aménagement pour atteindre
les objectifs qui lui sont fixés. Si l'industrie choisit d'autres
interventions telles la protection de la régénération ou
d'autres interventions en forêt et qu'elle reboise moins, il faudra
s'ajuster à cette exigence ou à ce choix. (11 heures)
Lorsque nous avons discuté de la Loi sur les forêts, et le
député de Laviolette était d'accord, l'industrie
était libre de proposer des choix d'aménagement forestier pour
atteindre les objectifs fixés. Évidemment, il y a 130 contrats de
signés ou négociés actuellement. Il y en a 170 autres
à signer. On verra dans le temps.
On parle des arbres. J'aimerais poser une question au
député de Laviolette. Il parle de 1 000 000 d'arbres pour les 30
000 tonnes de copeaux. Il parle de 100 000 arbres par semaine. On a
parlé à ce sujet des copeaux. On a répandu des
faussetés. On a dit que la loi n'était pas respectée. J'ai
déposé en Chambre un avis juridique disant que la loi
était respectée. J'ai l'impression que le député de
Laviolette n'a même pas le temps de le lire ou qu'il ne sait pas lire. La
loi est respectée en tout temps.
On a également répandu des faussetés en
prétendant que dans les millions d'arbres dont le député
de Laviolette parle ou les 100 000 par semaine, chaque arbre par terre valait
10 $. Je ne sais pas si on peut sortir un crayon et le compter. Le bois, rendu
à la scierie, de façon générale au Québec,
vaut entre 30 $ et 35 $ le mètre cube. Dans la plupart des scieries, les
arbres ont un diamètre moyen, disons, de 100 à 110
décimètres cubes. Vous avez de huit à dix arbres au
mètre cube, ce qui fait que vous divisez les 32 $ par 10. Vous
êtes rendu à 3,20 $ pour un arbre. Il y a 50 % de cet arbre qui
est mis en copeaux. Cela veut dire que vous êtes rendu à 1,60 $.
Si vous voulez, vous ajoutez les frais de transformation. Vous êtes loin
des 10 $ qui sont soutenus par le député de Laviolette.
Quant à la taxe sur l'exportation, évidemment j'aimerais
qu'on la révise parce que ça fait deux études qu'on fait
et je prétends - je suis d'accord avec ceux qui ont fait l'étude
et les fonctionnaires du ministère - que les taux, les redevances
facturées représentent la juste valeur marchande du bois sur
pied. Les Américains ne le reconnaissent pas. Je peux seulement
Insister. J'en ai même parlé dernièrement au consul d'ici,
à Québec, lors d'une rencontre fortuite. À notre demande,
le gouvernement canadien a écrit au gouvernement américain pour
qu'on puisse rembourser les taxes qui ont été
perçues des scieries frontalières. Nous attendons cette
réponse avec impatience. Cela peut représenter
pour ces scieries quelque 5 000 000 $ à 6 000 000 $.
Pour revenir à la question des scieries indépendantes, je
ne suis pas d'accord pour que les scieries indépendantes disparaissent,
Mme la Présidente. C'est bien sûr que je ne suis pas d'accord. Il
se fait des transactions. Ceux qui ont accepté les transactions
dernièrement... Bien non, vous faites un grand détour; je vais
faire des grands détours aussi. Ecoutez...
M. Jolivet: Non, non. C'est parce que je ne pensais pas que vous
étiez en train de répondre, M. le ministre, à mon
discours. Je pensais qu'on y revenait morceau par morceau mais là, j'ai
cru comprendre que vous avez fait une réplique à mon
discours.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, non.
M. Jolivet: La présidente vous a laissé faire mais
ce n'était pas ma question, d'une façon ou d'une autre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, non. Je
réponds à votre question.
M. Jolivet: Non, mais vous arrivez à ma question. Ma
question était bien directe. C'était: Êtes-vous d'accord
avec le principe d'intégration et, si on le mène au bout, est-ce
que ça veut dire que vous êtes d'accord avec la disparition des
scieries indépendantes? C'est ça que ça veut dire. C'est
ça que je veux savoir.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je viens de vous
dire que je ne suis pas d'accord avec la disparition des scieries
indépendantes parce que c'est une transaction qui se fait librement.
Ceux qui ont reçu des offres comme telles les ont acceptées
librement. Le gouvernement ou le ministre n'est pas intervenu pour les forcer
à vendre. Voyons donc!
M. Jolivet: La question que je vous pose est: Êtes-vous
d'accord avec le principe, oui ou non? Et si on le mène au bout, cela
a-t-il pour effet de faire disparaître toutes les scieries
indépendantes au Québec? Vous le savez très bien. On n'a
pas besoin d'avoir un cours secondaire pour savoir ça. C'est bien
simple. SI le principe d'intégration amène la disparition des
scieries indépendantes au Québec, on va avoir quelques
problèmes tout à l'heure. C'est ça que je veux savoir.
Êtes-vous d'accord avec ce principe?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est un principe
qui ne se réalisera pas parce que ce n'est pas un principe. C'est une
transaction libre entre des industriels et c'est hypothétique, à
savoir si toutes les scieries indépendantes vont être
achetées par l'industrie des pâtes et papiers. C'est
hypothétique.
M. Jolivet: N'avez-vous pas l'impression, M. le ministre, que
c'est ça qui est en train de se passer? C'est qu'on est en train
d'étouffer des scieries Indépendantes par l'achat, autour, de
certaines qui excèdent dans ce qu'on appelle la loi du libre
marché, que vous vantez si souvent, et qu'en fin de compte, les
papetières qui vont posséder les grandes scieries vont faire
mourir les autres autour et là, on va avoir quelques problèmes au
Québec. Êtes-vous conscient de cela, M. le ministre?
M. Côté (Rivière-du-Loup): II y aura toujours
des problèmes, M. le député. Est-ce que je suis conscient
de cela? Les compagnies papetières qui ont acheté des scieries
l'ont fait pour se sécuriser, l'ont fait pour des raisons qui leur sont
propres, pour sécuriser leur approvisionnement puisque, avec la Loi sur
les forêts, on leur avait enlevé les concessions
forestières. Ceux qui ont reçu des offres les ont
acceptées librement.
M. Jolivet: Ne croyez-vous pas, M. le ministre, que ce qui est en
train de se passer au Québec, est à l'inverse de ce qui devrait
exister? On avait dit, à l'époque - et je pense que vous aviez ce
même principe - que le bois devrait être utilisé d'abord et
avant tout pour le sciage, ensuite le déroulage et, après
ça, pour les pâtes et papiers. Autrement dit, il devait y
avoir un principe de base qui faisait que le bois pourrait d'abord, s'il est
bon pour le sciage, être scié avant d'être envoyé en
copeaux, puis envoyé au déroulage s'il est bon pour le
déroulage avant d'être envoyé en copeaux. N'avez-vous pas
l'impression que ce qui est en train de se créer au Québec, ce
sont des papetières qui, pour s'enlever le problème des copeaux,
vont intégrer les scieries indépendantes au Québec et
là on aura quelques problèmes? Le jour où ce ne sera pas
rentable pour elles de faire du sciage, elles vont mettre ça tout de
suite en copeaux.
Cela va faire disparaître dans les régions
énormément d'emplois actuellement productifs par le sciage.
Êtes-vous conscient de cela? Si vous êtes conscient de cela,
allez-vous aider les scieurs indépendants au prix que coûte pour
eux une tonne de copeaux, qui est bien différent du prix pour la
compagnie qui fait ce qu'on appelle le petit "chipper", qui va les "chlpper",
les envoyer dans son papier journal, comparativement à l'autre qui doit
faire des opérations de sciage? C'est évident que si la
papetière me dit: Moi, ça me coûte 99 $ la tonne pour faire
du "chip", c'est évident; si elle prend l'arbre au complet et qu'elle
l'envoie dedans, c'est évident. Mais, si en cours de route, je fais
faire une autre opération qui s'appelle le sciage, cette
partie-là me coûte quelque chose. Je dois la payer. La tonne de
copeaux faite par les scieurs Indépendants ne coûte pas le
même prix que le "chip" qui entre directement dans la machine à
papier. Vous le savez très bien, M. le ministre.
Je vous pose la question: Êtes-vous en train de me dire que parce
qu'on laisse marcher les lois du libre marché, ça ne vous
dérange pas de voir les compagnies papetières acheter les
scieurs, parce qu'elles répondent à des offres qui leur sont
faites? Entre crever et avoir un bon prix au moment où c'est le temps de
l'avoir, je vais prendre un bon prix, j'espère. Je vous pose la
question: Êtes-vous en train de me dire que ça ne vous
dérange pas de voir crever au Québec l'ensemble des scieurs
indépendants? C'est ça que vous êtes en train de me dire?
Si c'est ça, je comprends votre position. Si ce n'est pas cela, j'aurai
d'autres questions à vous poser.
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
député, quand vous parlez qu'on avait statué comme
principe que tout le bois devait passer au sciage avant d'aller à la
pâte, je n'ai jamais dit ça. Vous ne m'ave2 jamais entendu dire
cela. Un des problèmes qu'on vit aujourd'hui dans l'industrie du sciage,
c'est que plusieurs industriels du sciage transforment actuellement du bois
propre à la pâte plutôt que propre au sciage. Quand vous
avez dans une scierie des arbres d'une moyenne de 80 à 85
décimètres cubes, vous êtes dans le bois à
pâte. Les scieries font face à un problème, de cette
façon-là, qui a été recherché avec le
principe que vous avancez, probablement, et qui fait en sorte qu'on se bute
à des difficultés mises de l'avant il y a déjà
quelques années, avant mon temps. Je voudrais vous poser une question,
M. le député, étant donné que vous vous emportez
à ce sujet: Est-ce que la fibre à l'intérieur d'un arbre,
peu importe la partie de l'arbre, a toute la même valeur? Quant on parle
de valeur des copeaux, on parle de valeur du bois de sciage. Vous dites: Si
l'industrie des pâtes et papiers transforme les arbres directement en
copeaux, il va leur en coûter 99 $ ou 80 $...
M. Jolivet: Ce sont eux qui le disent.
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...mais je peux
vous montrer des endroits où ça coûte 80 $ pour faire des
copeaux avec des arbres. Les gens qui le font font de l'argent. C'est
évident que si vous voulez faire des copeaux avec l'équipement
d'une scierie, il va vous en coûter plus cher. C'est ce qui arrive, et
l'étude démontre que c'est 124,91 $, mais...
M. Jolivet: Vous ne mettez pas en doute ces
études-là?
M. Côté (Rivière-du-Loup): ..on a
attribué la même valeur aux fibres, peu importe la partie de
l'arbre, et c'est peut-être un accroc dans cette étude.
M. Jolivet: Ce que vous êtes en train de me dire, c'est que
vous faites une différence entre la fibre qui va directement à la
machine à papier et la fibre qui va directement au sciage.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Pour l'industrie
des pâtes et papiers, peu importe l'endroit de la fibre dans l'arbre,
c'est la même valeur, mais pour l'industrie du sciage, ça n'a pas
la même valeur. Si vous allez sur le marché et que vous achetez un
deux-par-dix, pour 1000 pieds, vous allez payer de 480 $ à 495 $ et si
vous achetez un deux-par-quatre, vous paierez de 260 $ à 280 $, ce qui
fait que les fibres n'ont pas la même valeur partout, selon la
composition. Je vous laisse ça pour votre réflexion.
M. Jolivet: M. le ministre, je vous pose la question suivante: Au
moment où l'on se parle, on se retrouve avec un transfert des scieries
indépendantes aux papetières. Au moment où on a ce
transfert, il est évident que les papetières ayant davantage de
scieries, qu'elles ont intégrées, vont fabriquer des copeaux.
Pour elles, demain matin, si le sciage n'est pas bon - vous le savez, il va en
dents de scie - qu'est-ce qu'elles vont faire, quelle est l'intention qu'elles
auront à ce moment? Est-ce que ce sera quand même de faire un
deux-par-quatre, comme les compagnies de sciage continuent de le faire
malgré les temps difficiles, ou si elles vont mettre ça
directement en copeaux? Que vont-elles faire? Et comme vous le savez,
actuellement, les scieurs indépendants...
Si vous me dites que je m'emporte, tant mieux, je m'emporte pour essayer
de les sauver. Mais je vous demande juste une chose, M. le ministre: En ce qui
concerne le sciage actuellement, pouvez-vous me dire s'ils sont capables de
vendre leurs copeaux ailleurs qu'aux papetières? Est-ce que les scieurs,
actuellement, ne sont pas dans un marché captif des pressions qui sont
faites par les compagnies papetières qui disent ceci: J'ai mon CAAF?
Admettons que je l'ai signé ou que c'est en discussion, mais j'ai du
bois à aller couper. Si demain matin je m'aperçois, pour faire
des pressions, que je suis capable d'aller couper les arbres nécessaires
sur mon terrain, avec mon contrat d'approvisionnement et d'aménagement
forestier, est-ce que je suis capable de le faire actuellement? La
réponse est oui. Si je veux exercer des pressions, oui je suis capable
de le faire. Si je veux utiliser les scieries que j'ai intégrées
pour faire ces pressions, oui je suis capable. Qu'est-ce qui me garantit que le
bois qui devrait normalement aller au sciage à sa valeur marchande la
meilleure n'y va pas actuellement, qu'il passe plutôt directement en
copeaux? Qui me garantit ça? Est-ce que vous êtes capable de me
dire actuellement si les scieurs indépendants ne sont pas dans un
marché captif, oui ou non, et s'ils sont dans un marché captif,
qui doit les aider? Est-ce que c'est vous, comme ministre, qui avez cette
responsabilité ou si ce sont les industries papetières qui vont
le faire parce qu'ils ont de beaux yeux?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Dans certains cas,
Mme la Présidente, lorsque les papetières ont acheté les
scieries, ça a contribué à sécuriser les emplois et
je me demande ce que le député de Laviolette a contre, disons,
Canadien Pacifique à La Tuque, et quand il voudra la fermer... De la
façon qu'on parle, les grandes compagnies ont plus de moyens financiers,
elles sont mieux structurées. Mais elles ne sont pas toutes
méchantes. Si on veut fermer l'usine de Canadien Pacifique à La
Tuque... Je me souviens que le député de Laviolette disait: On ne
veut pas d'usine de pâtes et papiers en Abitibi, parce que ça va
mettre en danger celle de La Tuque. C'est facile de tirer à boulets sur
les grandes compagnies et le gouvernement, mais je pense qu'il faut être
équitable...
M. Jolivet: Ce n'est pas ma question.
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...et quand il
s'est acheté, dans certains cas, des scieries par les papetières,
ça a contribué à sécuriser les emplois et des gens
qui travaillaient à la scierie, et de ceux qui travaillaient dans
l'usine de pâtes et papiers. (11 h 15)
Je vous donne comme exemple l'usine de Quévillon. À la
suite de la transaction entre Les produits forestiers Saucier Itée et
Donohue, le syndicat de Quévillon était très inquiet de
l'avenir de cette usine. Domtar a réagi en achetant Bisson et Bisson
ainsi que Forex inc. Cela a contribué à garantir les emplois chez
Bisson et Bisson parce que les approvisionnements de cette usine y sont restes
attachés. C'est conforme à la loi, M. le député.
C'est l'assurance que j'ai donnée aux gens de la ville de Matagami,
comme celle qu'on donnera aux gens de Val-d'Or pour l'usine Forex Inc. et
à ceux de Perron, si jamais cela arrive. Lorsqu'une telle transaction
crée un problème social, il est évident que le
gouvernement ou moi n'autorisons pas le transfert des approvisionnements. Ces
approvisionnements restent attachés aux usines. Évidemment, vous
accusez les compagnies de vouloir faire des copeaux avec du bois de sciage.
C'est facile à dire, ça.
M. Jolivet: Mme la Présidente, le ministre va à hue
à dia pour essayer de répondre à une question qui est
pourtant bien simple. Il est en train de me parler des industries
forestières Canadien Pacifique Itée à La Tuque. Ce n'est
pas le même sujet que je discutais avec lui. J'étais en train de
dire qu'il y a des copeaux de disponibles en Abitibi. Si le ministre
décidait de faire une deuxième usine de pâtes et papiers,
il mettrait en péril... Je disais qu'il n'était pas question de
déshabiller Paul pour habiller Pierre. Mais ce n'est pas du tout ma
question; elle est plus directe que cela. Est-ce que le ministre est capable de
me dire si le marché des copeaux au Québec est captif? Si c'est
un marché captif, qu'est-ce qu'il est capable de faire pour aider ces
gens qui sont devant les papetières et qui disent: Nous, on ne bouge
pas? C'est un groupe qui dit: Nous vous offrons cela et, si vous ne le prenez
pas, on se fout bien de vous autres, on a du bols dans nos CAAF et on va aller
le chercher dans nos approvisionnements. La question que je pose au ministre
est la suivante: Est-ce que c'est un marché captif, oui ou non? Ensuite,
je lui en poserai d'autres.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ce n'est pas un
marché captif comme on peut l'entendre.
M. Jolivet: Comment ça? Où peuvent-ils vendre leurs
copeaux?
M. Côté (Rivière-du-Loup): On a
autorisé l'exportation de copeaux l'an passé.
M. Jolivet: Combien?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Au-delà de
400 000 tonnes. On l'autorisera encore si c'est nécessaire. Je l'ai
offert...
M. Jolivet: En tout cas, ce que j'ai, ce sont des mètres
cubes.
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...aux scieries,
mais elles ont répandu le bruit qu'elles ne pouvaient pas le faire.
C'est autre chose. On le fera encore cette année au Nouveau-Brunswick.
Je dirai au député de Laviolette que, depuis que le gouvernement
actuel est en poste, nous avons autorisé la production de 1 000 000 de
tonnes de plus de pâtes et papiers. Et pour ce million de tonnes de
pâtes et papiers, ça va prendre de la fibre quelque part. Si on a
tellement fait d'efforts pour l'usine de Donohue-Matane, c'était
justement pour donner une chance aux producteurs de bois d'avoir un meilleur
revenu avec leurs produits plutôt que de le transporter sur des distances
inacceptables. C'est un problème conjoncturel. C'est le problème
de cette année. On prévoit que l'an prochain il y aura
peut-être une rareté de copeaux. Chacun son tour, ce sera au tour
des vendeurs de le réclamer.
M. Jolivet: Donc, à ce chapitre, le ministre ne peut pas
me dire l'inverse de ceci: L'industrie des pâtes et papiers est le seul
lieu où les gens peuvent vendre leurs copeaux.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Qu'est-ce que vous
faites avec des copeaux à part faire du papier ou de la pâte?
M. Jolivet: Je vous pose la question. Je vous l'ai demandé
et vous m'avez répondu oui. De plus, vous dites qu'on a 400 000
tonnes...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Environ.
M. Jolivet: ...environ au Nouveau-Brunswick, en gros. Je vous
pose la question suivante. Est-ce que l'industrie des pâtes et papiers,
qui a toujours contrôlé - je pense qu'elle en a le droit -
l'ensemble de ses sources d'approvisionnement... À l'époque
c'était par des moyens qui étaient ceux qu'on a connus et qui,
aujourd'hui, sont changés par la loi 150. Donc, des concessions
forestières on est passé aux contrats d'approvisionnement et
d'aménagement forestier. Le ministre n'est-il pas conscient que les
contrats qu'il va avoir avec les usines de pâtes et papiers,
ajoutés aux acquisitions actuelles des scieries indépendantes,
vont faire en sorte que l'industrie des pâtes et papiers, à la
longue, n'aura plus besoin d'acheter ses copeaux des scieries
indépendantes pour répondre à 100 % de ses besoins? Est-ce
que le ministre peut me dire aujourd'hui qu'il a l'assurance que ça
n'arrivera jamais, que les papetières n'auront pas besoin de dire aux
scieries indépendantes: On n'a plus besoin de vous; on a tout ce dont on
a besoin? Elles sont en train, selon leur schème de pensée, de
s'organiser pour ne pas en avoir besoin. Est-ce que le ministre peut me dire
que ce n'est pas vrai?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mme la
Présidente, les compagnies de pâtes et papiers, les
papetières, auront toujours besoin d'acheter des copeaux de la
production des scieries indépendantes. Je ferai remarquer que
l'industrie des pâtes et papiers exploite, depuis quelques années,
depuis les deux dernières années, à 103 % ou 104 % de sa
capacité. Évidemment, ça a créé une plus
forte demande. C'est pourquoi, l'an passé, il y a eu une augmentation
importante du prix des copeaux; on est passé de 77 $ à 100 $ la
tonne, en moyenne. Il y a deux ans, alors que les copeaux étalent
à 77 $ la tonne, on ne parlait pas du prix des copeaux, parce que le
prix du bois de sciage était meilleur. Actuellement, le bois de sciage
se vend au prix de 1979, peut-être un petit peu en bas de ce prix, ce qui
est anormal. Les taux d'intérêt sont élevés. La
demande de construction domiciliaire, aux États-Unis, va être
réduite à 1 500 000, alors qu'elle était de 1 800 000
unités. La valeur du dollar canadien a pris 6 % ou 7 % depuis un an.
Quand vous ajoutez tous ces facteurs, c'est évident que l'industrie du
sciage, surtout pour les scieries indépendantes, est en
difficulté.
Les scieries intégrées font leur argent avec les
pâtes et papiers; elles ne font pas plus d'argent que les autres avec
leur sciage. Cela est évident. Mais les industries de pâtes et
papiers réduiront probablement leur production, plutôt que de
fonctionner à 103 % ou 104 %, comme elles l'ont fait l'an dernier; elles
le feront à 96 % ou 95 %. C'est encore très bon car pendant
plusieurs années, les industries de pâtes et papiers
fonctionnaient à 89 % ou 90 % de leur capacité. Les Industries de
pâtes et papiers auront toujours besoin d'acheter des copeaux de la
production des scieries indépendantes. Mais il y a des ajustements qui
doivent se faire. Vous l'avez mentionné, M. le député,
dans votre discours - je ne l'ai pas relevé - vous avez mentionné
que les industries de pâtes et papiers ont réduit leur production
dans certains cas; vous avez même nommé les compagnies que je vous
ai identifiées à l'Assemblée nationale. Il y en a d'autres
qui vont réduire leur activité. Il pourra y avoir des fermetures
au mois de juin. Il y a des ajustements qui doivent se faire sur les volumes et
les inventaires. Vous ne pouvez rien y faire et moi non plus. Ce marché
est mondial.
M. Jolivet: Est-ce que le ministre, dans le contexte des
difficultés que vivent les scieries indépendantes, serait
prêt à amender la loi 150, en limitant l'approvisionnement des
usines des pâtes et papiers aux contrats qu'il signe avec elles, soit des
contrats d'approvisionnement d'un agent forestier de bois rond, donc, en
limitant, à ce moment-là, la quantité de copeaux produite
par une usine de sciage? Autrement dit, en arriver à ce qu'on a
appelé communément, un CAAF 2, c'est-à-dire qu'à
partir du contrat actuel, on dit: Oui, vous avez un contrat pour les 25
prochaines années, renouvelable à tous les cinq ans, selon les
principes qu'on a reconnus, mais dans l'exploitation de votre ressource, vous
allez le faire en tenant compte de ce qui est disponible sur le marché
des copeaux.
Là, vraiment, au lieu de me dire que je ne sais pas lire des
documents faits par votre contentieux, je veux simplement vous dire qu'ils
prêtent eux aussi à interprétation et en ce sens, vous
n'êtes pas sans savoir que l'avis d'un avocat pourrait être
changé par celui d'un autre avocat. Alors, ce n'est pas là que
vous allez dire que je lis ma) ou que je lis moins mal. La seule chose que je
peux vous dire c'est que j'ai entendu dans ma vie pas mal de discussions et,
des fois, ce que dit un avocat par rapport à ce que dit notre avocat,
est bien différent et on réussit à en faire la preuve, un
jour ou l'autre, devant un juge.
Indépendamment de ça, ce que je veux vous demander, c'est
ceci: Est-ce que vous seriez prêt à présenter un amendement
qui permettrait de vraiment faire jouer le jeu normal de l'utilisation du bois,
le bois apte au sciage, devant aller au sciage? À ce moment-là,
les copeaux devront être vendus au prix de revient aux compagnies
forestières. En conséquence, vous amenez l'obligation pour les
compagnies papetières de s'approvisionner d'abord sur le marché
des copeaux avant d'aller chercher du bois rond en forêt.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est une
question, Mme la Présidente, qui a été discutée
longuement lors de la présentation de la Loi sur les forêts,
à savoir si on devait privilégier la forêt privée,
les copeaux. Nous avons dit, à cette occasion, et nous avons
expliqué qu'une industrie ne pouvait pas avoir droit de vie ou de mort
sur
l'autre industrie. C'est pourquoi, lorsqu'on attribue un contrat
d'approvisionnement et d'aménagement à un industriel, on mesure,
on évalue les autres sources d'approvisionnement, c'est-à-dire
les copeaux et la forêt privée, et on leur accorde le
résiduel sur la forêt publique. La plupart des compagnies, sauf
quelques-unes, ont de zéro à 50 % de leur approvisionnement
garanti sur la forêt publique. Les compagnies sont tenues d'acheter le
reste sur le marché libre, c'est-à-dire qu'elles sont tenues de
l'acheter par l'intermédiaire des producteurs de bois, les producteurs
de copeaux. Et je vous dirai que si les parties se rencontraient, se partaient
un petit peu plus, probablement qu'il y aurait aujourd'hui une entente sur
l'achat ou la vente des copeaux, suivant de quel côté de la table
on est.
La semaine dernière les producteurs privés ont
négocié avec Kruger. Six syndicats ont négocié et
en sont venus à une entente sans l'intervention du gouvernement. Les
syndicats ont obtenu une augmentation de 6,26 % et je ne vois pas pourquoi les
scieries indépendantes et l'industrie papetière ne se
rencontreraient pas pour négocier également, plutôt que de
dire: Créez une régie des copeaux. Créer une régie
des copeaux ne force pas de transactions; cela n'oblige pas à acheter.
Cela fixe un prix, c'est tout.
M. Jolivet: Cela aide un peu les producteurs de boisés
privés dans leurs négociations avec les entreprises
papetières pour le bois à pâte, en tout cas.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cette
année, M. le...
M. Jolivet: Non, ils n'en ont pas eu besoin, mais c'est toujours
quelque chose...
M. Côté (Rivière-du-Loup):
...député, ils n'en ont pas eu besoin. Ils se sont
entendus.
M. Jolivet: ...s'ils ne s'entendent pas, ils peuvent au moins
aller là.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ils ont appris
à se parler.
Aménagement des forêts
privées
M. Jolivet: En tout cas, Mme la Présidente, on prend note
des propos du ministre et je passerais au deuxième sujet pour le moment,
les forêts privées.
Dans les forêts privées, Mme la Présidente, on voit
donc, comme je l'expliquais, que les budgets étaient à la baisse.
Le ministre va essayer de m'expliquer ça, si je me trompe. Les
crédits du programme 2, élément 2, Aménagement des
forêts privées, passent de 43 700 000 $ en 1988-1989 à 46
300 000 $ en 1989-1990, soit une augmentation de 2 600 000 $ ou 6 %. Toutefois,
au chapitre des activités, à lui seul, le nouveau programme de
fertilisation des érablières, qui a fait l'objet de l'annonce
d'une entente fédérale-provinciale, gruge avec son budget de 2
600 000 $, l'augmentation à ce programme. Donc, nous disons que c'est
beau augmenter de 2,6 %, mais si cela s'en va à la fertilisation des
érablières, ça ne va pas aux programmes d'aide aux
forêts privées et à d'autres secteurs d'activité qui
sont aussi prioritaires.
De plus, la gestion du programme nécessite à elle seule
des crédits additionnels de 500 000 $. Quand on regarde les documents
qui nous sont présentés par le ministre, on s'aperçoit que
la gestion du programme passe de 5 400 000 $ à 6 041 000 $, donc
près de 500 000 $. En conséquence, nous croyons qu'il y a une
perte sèche pour les activités traditionnelles du programme et,
en particulier, pour celles reliées à la mise en valeur de la
forêt privée. De 36 420 000 $ en 1988-1989 à 35 957 000 $
en 1989-1990, donc pour nous, c'est une baisse au chapitre, comme je
l'expliquais, de la gestion elle-même.
Nous croyons, à ce moment-là, qu'il est tout à fait
inadmissible d'hypothéquer l'ensemble des activités
reliées à l'aménagement des forêts privées,
qu'il s'agisse de travaux préalables, préparation de terrain,
mise en terre, entretien de la régénération, coupe
commerciale, nettoiement et fertilisation, drainage et voirie. Donc, est-ce que
le ministre pourrait nous indiquer si nous avons raison de croire que,
malgré ce qu'il semble nous Indiquer comme augmentation, il y a
plutôt, dans l'ensemble, une diminution quant à la mise en valeur
de la forêt privée? (11 h 30)
M. Côté (Rivière-du-Loup): Attendez un petit
peu. M. le Président, dans la question de l'aménagement des
forêts privées, quand on parle de 2 625 000 $, cela va
principalement à la fertilisation des érablières. Si on
l'enlève, cela veut dire que les sommes d'argent affectées
à la forêt privée demeurent au même niveau ou
à peu près.
M. Jolivet: De moins? C'est ce que j'ai comme document. La mise
en valeur des forêts privées: 35 957 000 $ cette année par
rapport à 36 420 000 $. Donc, il y a une diminution, si je calcule bien,
de 500 000 $.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je n'ai pas cela,
moi.
M. Jolivet: C'est dans le cahier des crédits. Ce sont ceux
que vous n'avez pas réussi à faire augmenter.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Dans la mise en
valeur, vous avez raison, M. le député.
M. Jolivet: J'ai vu un document dans lequel le ministre
annonçait au public une augmentation
du programme d'aide à la mise en valeur des forêts
privées, et vous étiez heureux à ce moment de parler
d'augmentation. Mais, ce dont vous parliez, si j'ai bien compris, c'est de
l'augmentation des coûts unitaires, pour chacune des activités,
qui passait à un niveau supérieur dans certains cas, ce qui
faisait que vous vous vantiez qu'il y avait à l'aide à
l'aménagement de la forêt privée une augmentation, un
nouveau taux pour 1989-1990. Vous donniez l'impression que vous augmentiez. Ce
n'est pas cela que vous faites, vous diminuez, si je comprends bien.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, oui. Avec les
nouveaux taux, dans certains cas, on fera moins de travaux. Cela
représentait 2 % de moins de travaux avec les nouveaux taux, puisque le
budget demeure sensiblement le même.
M. Jolivet: Sensiblement! Il y a 500 000 $ tout de même,
c'est un peu plus.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je disais souvent
et je le dis encore, les budgets ont passé, en 1985-1986.
de38000000$à68000000$ence qui concerne toute la forêt
privée.
M. Jolivet: Moi, je me fie au rapport Audet. Vous avez dit, en
réponse à des questions que je vous avais posées, à
un certain moment donné, que cela serait la priorité des
priorités. Vous y mettiez le paquet. La, ce que je viens de voir, c'est
que vous augmentez les taux unitaires. Cela vous donne plus d'argent mais vous
faites moins de choses avec, parce que votre budget non seulement n'augmente
pas, mais il diminue par rapport à l'année passée.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Si vous regardez
seulement la mise en terre, c'est évident, c'est 462 000 $ de moins.
M. Jolivet: Écoutez, c'est tout de même le gros du
dossier, la mise en valeur. Est-ce que la forêt privée, c'est une
priorité pour vous ou si ce n'en est pas une?
M. Côté (Rivière-du-Loup): J'ai
mentionné dans mon discours qu'il fallait faire le point et examiner les
résultats de tous les investissements qu'on fait depuis de nombreuses
années dans les forêts privées. Si j'ai l'occasion de faire
cet examen, M. le député, je le ferai avec plaisir.
M. Jolivet: Donc, dans le cahier explicatif que vous nous avez
fait parvenir, en page F-17, le ministère établit lui-même
par un tableau la stagnation des niveaux de production et des activités
de mise en valeur. Je vous le dis: Pour la préparation de terrains, la
mise en terre, les travaux préalables, le nombre d'hectares va
être identique, si j'ai bien compris, en 1989-1990 à ce qu'il
était en 1988-1989. Quant aux autres travaux préliminaires, il y
a une baisse de 36,8 % d'hectares traités. Je vais donner ceci comme
exemple: Le Syndicat des producteurs de bois de la Mauricie évalue chez
lui les conséquences désastreuses d'une telle coupure de budget.
J'ai fait mention de cet exemple dans mon discours tout à l'heure. Le
traitement de 500 hectares en 1989 au lieu de 685 en 1988. Le
député de Saint-Maurice devrait écouter cela. La
préparation de terrains sera de 200 hectares en 1989 comparativement
à 450 en 1988. Le niveau de reboisement atteint en 1988 sera
coupé de moitié en 1989. En fait, cela va obliger le syndicat
à refuser en 1989 toutes les demandes de propriétaires pour des
travaux, autres que ceux reliés au reboisement, faute de ressources
budgétaires, c'est-à-dire nettoiement, voirie, drainage. Par la
décision qu'il prend au sujet de ces demandes normales des syndicats,
est-ce que le ministre est en train actuellement de créer une situation
qui sera désastreuse pour l'avenir? Est-ce qu'il me dit actuellement
qu'il n'est pas capable ou qu'il n'a pas été capable de
convaincre son collègue du Conseil du trésor ou le ministre des
Finances de lui donner les crédits nécessaires pour mettre en
pratique ce qu'il annonçait à grands cris comme étant
excellent, soit le rapport Audet? Est-ce que le ministre est en train de me
dire qu'il fait fi de tout ça? Est-ce qu'il me dit: C'est dommage, j'ai
été incapable de l'avoir; je ne l'ai pas eu et je ne l'aurai pas
non plus? En tout cas, j'ai peut-être mal compris. J'essaie de voir, mais
il me semble que le rapport Audet parlait d'engagements massifs, de sommes
d'argent massives engagées dans la forêt privée. Est-ce que
le ministre est en train de me dire que, pour le moment, il n'a pas l'intention
de faire ça?
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, j'ai mentionné dans mon discours qu'il fallait
administrer selon nos moyens et selon notre capacité de payer. J'ai
souvent dit, et je le répète, qu'en 1985-1986 le budget de la
forêt privée est passé de 38 000 000 $ à 68 000 000
$. C'est un effort important. Évidemment, cela a créé
beaucoup d'attentes parmi les producteurs privés. Toutefois, je pense
qu'il est temps qu'on fasse le point et qu'on fasse un bon examen de tout
ça. J'ai bon espoir qu'on pourra le faire durant l'été,
dans le courant de l'année, afin de mesurer les effets de nos
investissements en forêt privée.
Quand on parle d'un budget qui passe de 38 000 000 $ à 68 000 000
$, M. le Président, c'est beaucoup d'argent, au-delà de ce que la
plupart a obtenu comme croissance. Aujourd'hui, bien sûr, on marque le
pas. On est au même niveau que l'an passé ou à peu
près, moins 462 000 $.
M. Jolivet: Oui, mais vous mettez le futur en péril.
M. Côté (Rivière-du-Loup): L'appétit
ou...
Pardon?
M. Jolivet: Vous mettez en péril le futur.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oh! Je ne le crois
pas. Avec les montants d'argent qu'on a investis, si on Investissait le
même pourcentage en forêts publiques, cela ferait des sommes
énormes.
M. Jolivet: Écoutez, selon les documents que vous nous
avez donnés, les crédits pour l'aménagement des
forêts privées sont de l'ordre de 35 900 000 $, à venir.
Vous allez me dire que ce sont des demandes, mais ils sont de 20 000 000 $ de
moins que les besoins qui ont été clairement indiqués,
démontrés par les intervenants du secteur, en particulier par le
Syndicat des producteurs de bois du Québec, qui s'inquiète des
conséquences désastreuses de l'Incapacité du ministre
à infléchir son collègue du Conseil du trésor.
Donc, plus de 54 000 000 $ seraient, selon leurs demandes,
nécessaires en 1989-1990, pour assurer la regénération et
le potentiel des forêts privées. Il y a eu des
télégrammes, des mémoires, des rencontres avec le caucus
du Parti libéral et, malheureusement, ils n'ont pas encore réussi
à convaincre le ministre de l'urgence d'agir dans le dossier. Même
sa collègue, la ministre déléguée à la
Condition féminine, a dans son coin, comme l'ont fait des
députés libéraux dans leur coin, rencontré les gens
et leur a dit: Écoutez, je trouve votre demande extraordinaire,
formidable et parfaite. Je vais essayer de convaincre mon collègue, le
ministre délégué aux Forêts, de vous donner ce que
vous demandez. C'est ce qu'elle leur a dit. Peut-être, comme je le disais
tout à l'heure, qu'elle voulait s'en débarrasser ou qu'elle avait
raison, je ne le sais pas. SI elle avait raison, est-ce qu'elle a fait des
représentations auprès de vous, comme elle l'a dit aux gens de
son coin? Est-ce qu'elle vous a parlé des problèmes que vivent
les gens, surtout en Estrie où se trouve la très forte
majorité des forêts privées du Québec? Est-ce que
vous avez eu des représentations en ce sens du député de
Sherbrooke qui était à la même rencontre? Est-ce que, comme
ministre, vous avez eu des rencontres personnelles et non pas fortuites avec
ces personnes?
Regardons les besoins réels du budget, tels qu'on les voit
actuellement. Activités reliées au reboisement: 31 800 000 $, la
demande de la fédération serait de 38 300 000 $; activités
d'amélioration, 2 500 000 $, la demande est de 12 800 000 $; drainage et
voirie: 1 300 000 $, alors que la demande est de 1 600 000 $; plan de gestion:
1 000 000 $, alors que 1 300 000 $ sont demandés. On est donc loin de la
demande souhaitée de 54 000 000 $ quand on regarde les 35 900 000 $
offerts. Je vous pose la question. Le ministre sera-t-il capable d'aller
chercher les crédits nécessaires ou si on devra se contenter de
la somme actuelle? Est-ce que c'est ce que le ministre veut me dire, qu'on va
se contenter de la somme présentée?
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, j'ai reçu des demandes - ce que le
député de Laviolette a mentionné - de la
Fédération des producteurs, des regroupements des organismes de
gestion en commun, le FIESAM, et d'autres syndicats, du caucus du Parti
libéral de différentes régions, des députés
de l'Opposition. J'ai reçu des demandes de tout le monde. C'est
sûr qu'on dit que ça nous prend 20 000 000 $ de plus en
forêts privées, des fois 38 000 000 $. Je suis d'accord pour
Investir en forêts privées et en forêts publiques
également, mais doit-on donner suite à toutes ces demandes? On
avait pris la mauvaise habitude, M. le Président, et c'est pourquoi il y
a quelques syndicats, quelques groupements qui sont en difficulté,
d'anticiper sur l'année suivante, à savoir qu'on dépensait
davantage et le gouvernement finissait par combler. Il y avait une marge de
manoeuvre qu'on n'a pas aujourd'hui parce qu'on veut administrer et
gérer correctement les dépenses. C'est pourquoi y y a tellement
de pressions aujourd'hui. Je les comprends. SI l'Investissement est bien fait,
c'est rentable pour nous parce que, en même temps, ça crée
du travail et ça sécurise notre avenir. Actuellement, ce sont les
crédits que le Conseil du trésor nous a accordés. J'ai
aussi fait des représentations avec vous tous, avec tous les organismes
de gestion en commun, peut-être pas pour le montant mentionné par
le député de Laviolette, pas pour 38 000 000 $, mais j'ai fait
des représentations et j'ai eu ce résultat.
M. Jolivet: Ce ne sont pas des bons résultats.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Bien nonl
M. Jolivet: J'ai de la misère à comprendre. Le
ministre, lors d'une conférence de presse que tenait le
député de Beauce-Nord pour présenter son rapport,
était tout fier de dire: Oui, oui, c'est très intéressant;
c'est exactement dans la même ligne de pensée que la mienne. Le
député de Beauce-Nord disait: II faut Injecter de l'argent
massivement dans le secteur de la forêt privée; il faut sauver la
forêt privée. Elle est proche des usines qui en demandent, elle
est facilement aménageable, elle est dans les meilleures conditions
climatiques. Tout ça pour dire que c'était beau, et tout le monde
avait l'impression que le ministre était parti en grande.
Ce qu'il vient de nous dire, c'est qu'il a "déclutché" en
cours de route et il se retrouve aujourd'hui en disant: C'est bien de
valeur, le Conseil du trésor m'en donne seulement 38 000 000 $; bien, je
vais prendre 38 000 000 $ pour le moment. Je vous donne l'exemple de 38 000 000
$, parce que je sais que c'est encore
moins que ça, c'est 35 900 000 $. Le ministre peut-il me dire
s'il est courant que le Syndicat des producteurs de bois de la Beauce, l'an
passé, dans l'ensemble de la demande de l'aménagement des
forêts privées, avait, dans la demande de ratio, la demande
d'acceptation de subvention, obtenu les résultats suivants: d'abord,
dans les travaux de drainage, il avait fait 525 demandes; 65 sont
acceptées. En voirie forestière, il avait fait 355 demandes; il y
en a 40 qui sont acceptées. En éclaircie précommerciale et
commerciale, il y avait 210 demandes; 10 demandes sont acceptées. Est-ce
que c'est comme ça qu'il parle d'investissements massifs? Est-ce que ces
chiffres sont réels? Est-ce que le ministre peut me dire que c'est comme
ça qu'il conçoit l'investissement massif? Aïe! C'est loin de
la coupe aux lèvres.
Quant à l'offre des taux de subvention pour des besoins
réels, l'écart est lui-même aussi important. Donnons des
exemples de ce que le MER, le ministère de l'Énergie et des
Ressources, prévoit pour 1989-1990 et ce qu'exigerait, d'après
les coûts réels, le RESAM: préparation de terrains,
machines sur chenilles ou scarifiage: 200 $ l'hectare, alors que le RESAM
demande 405 $ l'hectare; mise en terre manuelle, racines nues: 300 $, et iI
demande 525 $; manuelle, récipient: 250 $ et le RESAM demande 450 $,
l'hectare toujours; la coupe commerciale d'éclaircies: 300 hectares
proposés, ils en demandent 995; drainage forestier: 500 $, ils en
demandent 1365 $ le kilomètre dans ce cas-ci, par rapport à 500 $
le kilomètre, proposé par le ministre.
Tout en sachant que le ministre ne peut pas accéder à
toutes les demandes, il ne faudrait pas qu'il devienne comme le ministre
responsable du Conseil du trésor et dise: Ce que j'offre est un
plancher-plafond; je n'en donne pas plus, il n'y a plus rien à faire; ne
faites rien, vous n'aurez pas plus. Est-ce que c'est comme ça que le
ministre conçoit le travail d'investissements massifs en forêts
privées? Est-ce que c'est le message qu'il me donne aujourd'hui et qu'il
donne à tous les producteurs de boisés privés et à
leur groupe, le RESAM et la Fédération des producteurs de bois?
Est-ce que c'est ce qu'il me dit? (11 h 45)
M. Côté (Rivière-du-Loup): M. le
Président, j'ai toujours dit qu'il fallait fonctionner selon notre
capacité de payer, selon nos moyens. Je le dis encore.
Évidemment, notre capacité de payer est évaluée par
le gouvernement, par le ministre des Finances, le Conseil du trésor et
tout le monde. Il y a un juste partage entre les différentes
activités sociales et économiques au Québec. Les
forêts ne sont pas les seules à demander des sommes
supplémentaires. Tous les secteurs le demandent. Que ce soit la
santé, l'éducation, les garderies, etc.
M. Jolivet: On pourrait en parler longtemps des garderies, avec
ce qu'elles viennent d'avoir du fédéral, il ne reste plus grand
chose à donner.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Bien non, on ne
peut parler des garderies mais des taux de subvention, M. le
député. Ce que le ministère verse aux producteurs, ce sont
des incitations à faire des travaux sur leurs forêts
privées. On n'a jamais prétendu qu'on payait la juste valeur
marchande des coûts de production. On n'a jamais prétendu
ça et on ne le prétend pas encore.
M. Jolivet: Mais, avec 400...
M. Côté (Rivière-du-Loup): II n'est pas
question de payer le prix réel des coûts dans la forêt
privée. C'est une incitation à faire des travaux
d'amélioration sur la propriété privée.
M. Jolivet: Mais, il y a une marge entre 500 $ et 1365 $ le
kilomètre. Il y a quelque chose qui ne va pas quelque part.
M. Côté (Rivière-du-Loup): À la
condition que vous disiez que celui qui prétend que c'est de 400 $
à 1000 $, ce soit lui qui ait la vérité.
M. Jolivet: Je ne dis pas...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Parce que si
ça vous donne l'occasion...
M. Jolivet: Je ne vous demande pas de donner
nécessairement tout ce qu'ils demandent.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cela vous donne
l'occasion...
M. Jolivet: Non, mais ce que je vous dis, M. le ministre, c'est
que je ne vous demande pas de donner tout ce qu'ils demandent. Je vous dis:
Entre ce que vous offrez et ce qu'ils demandent, il y a peut-être un
juste milieu quelque part, un trois quarts plus juste, je ne le sais pas. On
parle toujours d'un juste milieu. Des fois, ça peut être vers les
trois quarts plutôt que vers le quart, mais y a-t-il quelque part une
place où l'on peut s'entendre? Parce que là, ce que vous faites,
c'est que vous diminuez l'aide de 500 000 $ et vous augmentez les taux. Vous
imaginez-vous que les demandes seront encore moins nombreuses que celles qui
ont été acceptées l'année passée?
M. Côté (Rivière-du-Loup): On va faire un peu
moins de travaux. Il y a des organismes de gestion en commun qui ont
anticipé sur cette année, qui ont fait des travaux
supplémentaires alors qu'ils n'étaient pas autorisés
à le faire. Je vous dirai que, samedi, j'ai assisté à
l'assemblée annuelle d'une société d'exploitation des
ressources et que celle-ci faisait un profit de 185 000 $, alors qu'il y a
trois, quatre ans, dans votre temps, elle était en déficit.
D'autres sociétés d'exploitation, d'organismes de gestion en
commun du Bas-Saint-Laurent ou de la Gaspésie
font également des profits. Ce n'est pas si mal que cela.
M. Jolivet: En tout cas, Mme la Présidente... M. le
Président, êtes-vous là jusqu'à la fin de la
journée pour que je ne me trompe plus?
Le Président (M. Cannon): M. le député de
Jolivet...
Des voix: Ha, ha, ha!
M. Jolivet: De Laviolette. Ce que je crois comprendre, c'est que
le ministre s'est contenté de peu. Dans ce contexte, les gens, avec
moins d'argent et des taux augmentés, en feront moins. Les gens dans le
milieu voient les choses comme l'Opposition. C'est une situation
désastreuse, qui est loin de l'euphorie qui avait été
annoncée par le député de Beauce-Nord. J'aurais
aimé le voir ici en commission aujourd'hui. Môme s'il n'est pas
membre, il aurait pu remplacer quelqu'un. Le député de Marquette,
qui n'a justement pas beaucoup de forêts dans son coin, aurait pu
être remplacé par le député de Beauce-Nord, qui
serait venu défendre son projet.
En tout cas, d'une façon ou d'une autre, pour le moment, on
s'aperçoit que les gens dans le secteur sont entièrement
déboussolés et qu'ils envisagent une année et un avenir
désastreux. Nous allons les appuyer, parce qu'on croit fermement que le
ministre manque totalement de leadership dans le dossier des forêts
privées.
Autre dossier, M. le Président, le troisième: le flottage
du bois.
M. Dauphin: Question de règlement, M. le
Président.
M. Jolivet: Oui, M. le député de la Marquette, quel
jardin avez-vous chez vous?
Le Président (M. Cannon): Ouf, M. le
député.
M. Dauphin: Pas de la Marquette, de Marquette.
M. Jolivet: Je n'ai pas dit de la Marquette.
M. Dauphin: Le député de Laviolette m'impute
certains préjugés à savoir que je n'ai aucune faiblesse ou
aucun intérêt pour la forêt québécoise. Bien
au contraire.
M. Jolivet: Non, non, je n'ai pas dit ça.
M. Dauphin: Je connais des commissaires de commissions scolaires
qui n'ont pas d'enfants et ça ne veut pas dire qu'ils ne
s'intéressent pas à la chose publique et à
l'éducation. Mol, je m'y intéresse à la forêt. Je
voulais faire cette mise au point.
M. Jolivet: D'ailleurs, la personne qui s'occupe de la
nécrologie dans le journal n'est pas morte pour autant.
Le Président (M. Cannon): II ne s'agissait pas d'une
question de règlement, mais tous ici sont prêts à
reconnaître que vous bûchez très fort pour les
électeurs et électrices de votre comté. M. le
député de Laviolette, à vous la parole.
M. Jolivet: Oui, j'attendais, M. le ministre.
Je comprends qu'il a des consultations à faire. Le flottage du
bois: vous savez, au Québec, il y a eu une étude qui a
été additionnée à d'autres études, ne
faisant pas l'affaire, bien entendu, des papetières. Le ministère
ayant succombé à la tentation d'aller plus loin, il a
décidé de faire une étude, en plus de l'étude.
Cette étude a été faite par M. Slivitzky, qui a fait un
rapport, lequel a fait l'objet, avant sa parution, de rencontres à huis
clos, malheureusement. J'en avais fait mention au ministre de l'Environnement
à l'époque. Il m'avait même invité à aller
rencontrer M. Slivitzky et son groupe, ce que j'avais d'ailleurs fait, mais ce
que je dis, c'est qu'il y a eu, malheureusement, des rencontres à huis
clos. Je ne sais pas ce qu'on avait à cacher, ou quel mandat on avait
donné, mais, chose certaine, des gens de ma région auraient
aimé que la rencontre ait lieu plutôt publiquement et qu'on sache
où on s'en va, quelles sont les réticences des uns par rapport
aux autres.
Mais, j'ai mis la main sur un document du ministère de
l'Environnement, qui s'intitule: "Flottage du bois sur la rivière
Saint-Maurice". J'aurais quelques questions à vous poser, parce que les
députés de ma région, en ce qui concerne l'environnement,
ont rencontré les papetières vendredi dernier, et le ministre
Yvon Picotte en donne l'assurance, le gouvernement sera intraitable envers les
papeteries, elles devront s'ajuster en conséquence. C'est ce qu'on lit.
Cependant, on s'aperçoit bien que quand il dit: "Le gouvernement du
Québec sera intraitable envers les papeteries, car elles devront
s'ajuster en conséquence. Nous souhaitons que cela se fasse dans le
climat le plus amical possible", a mentionné M. le ministre Picotte, il
s'est montré plutôt évasif devant les questions de ces
journalistes. Devant ces faits, compte tenu qu'un problème majeur dans
notre région est le flottage du bois, le groupe du ministère de
l'Environnement que connaît votre collègue de gauche, a produit un
document qui a été finalement, à huis clos...
Le Président (M. Cannon): Je m'excuse, M. le
député, je crois qu'il...
M. Lemire: Question de règlement, M. le Président.
Je voudrais peut-être apporter une précision sur la
déclaration de M. Jolivet, c'est-à-dire le député
de Laviolette.
M. Jolivet: M. le Président, ce n'est pas une question de
règlement.
M. Lemire: Je voudrais apporter une précision: Vous dites
que le ministre a dit, d'après la coupure de journal que vous avez...
Mais c'est important au point de vue précision..
M. Jolivet: Ce n'est pas une question de règlement.
Le Président (M. Cannon): M. le député, je
comprends très bien, tout à l'heure, avec l'alternance vous
pourrez peut-être prendre la parole pour éclaircir...
M. Lemire: Je ne voudrais pas qu'on induise la commission en
erreur, dans le sens que...
Le Président (M. Cannon): Vous avez le droit de parole,
mais il ne s'agissait pas d'une question de règlement dans le sens de
nos règlements. Je dois reconnaître que le député de
Laviolette a la parole.
M. Jolivet: Merci, M. le Président. Alors, M. le ministre,
ce document, présenté par le ministère de l'Environnement,
bureau régional de Trois-Rivières, a lait l'objet d'une
présentation à huis clos. M. le député de
Saint-Maurice, ne dérangez pas le ministre. Il va avoir assez de
misère avec ma question. Ne le dérangez pas. Donc le document qui
est là est un document qui a été présenté
à huis clos. Il indique que le flottage du bois sur la rivière
Saint-Maurice devrait disparaître au profit d'un transport, que ce soit
par le train ou le camion, ce qui, en conséquence, permettrait une
utilisation de la rivière Saint-Maurice, dans le tronçon La
Tu-que-Trois-Rivières. Les gens, pour ce qui est des demandes dans le
coin, le Regroupement des usagers de la rivière Saint-Maurice et
d'autres, indiquent qu'on devrait aller du barrage Gouin à La Tuque, et
de La Tuque à Trois-Rivières, et, en conséquence, enlever
le flottage du bois sur la rivière Saint-Maurice et sur les affluents
arrivant à la rivière Saint-Maurice.
La question que je pose au ministre: Est-ce que, à la suite de ce
rapport qui a été rendu public, qui s'appelle le rapport
Slivitzky, le ministre délégué aux Forêts est
capable de me dire, aujourd'hui, quelles sont ses intentions sur la question du
flottage sur la rivière Saint-Maurice? Est-ce qu'il est capable de me
dire aujourd'hui que d'ici à cinq ans, d'ici à dix ans, il n'y
aura plus de flottage sur la rivière Saint-Maurice et qu'on aura
trouvé des moyens alternatifs pour transporter le bols et laisser la
rivière à d'autres fins récréatives et
touristiques? Est-ce que le ministre est capable de me dire aujourd'hui si, oui
ou non, son intention comme ministre délégué aux
Forêts est de faire disparaître le flottage sur la rivière
Saint-Maurice?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mme la
Présidente, j'ai pris connaissance du rapport dont fait mention le
député de Laviolette et qui vient de la direction
régionale du ministère de l'Environnement. Dans ce rapport, on
dit que cela a été fait à la hâte, sans
étude, que cela a été fait du mieux qu'ils pouvaient, mais
qu'ils manquaient de temps. Il est également dit dans le rapport
qu'on n'a pas évalué exactement les coûts relatifs au
flottage. On souhaite évidemment que le flottage disparaisse. Tout le
monde souhaite cela, tout le monde est pour la vertu. Cela dérange la
récréation, les randonnées de canot. J'aime entendre le
député de Laviolette défendre son coin de pays, c'est son
rôle de député. Il fait bien d'en parler. À la suite
du rapport Slivitzky, on disait qu'on devait favoriser prioritairement la
récréation sur la rivière. C'est l'une des
premières recommandations. Moi aussi, M. le député, je
suis pour la vertu. Et s'il y a moyen de le faire, on le fera. Vous parlez du
rapport de la direction régionale. Il faudra préciser les
coûts. Il faudra regarder s'il y a des moyens de rechange pour
améliorer la situation. Aujourd'hui, je ne peux pas vous dire si, dans
cinq ans ou dans dix ans, il y aura encore du flottage sur la rivière
Saint-Maurice, mais je peux vous dire qu'on va examiner et évaluer cela
plus correctement.
M. Jolivet: Mais, dans votre esprit, comme ministre
délégué aux Forêts, n'avez-vous pas l'Intention de
suggérer deux choses au gouvernement du Québec:
premièrement, l'élimination, sur une période de cinq ans,
du flottage du bois, et deuxièmement...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non.
M. Jolivet: ...comme on l'avait fait à l'époque
pour venir en aide aux industries dans la relance des pâtes et papiers et
l'activité d'augmentation de production... À ce moment-là,
on avait fait un programme fédéral-provincial permettant les
travaux nécessaires à la relance des pâtes et papiers.
Donc, vous n'avez pas l'intention de proposer une entente
fédérale-provinciale permettant au gouvernement du Québec
de venir en aide aux papetières sur les moyens de changement du
transport par la rivière par un transport routier ou par un transport
par train. Vous n'avez aucune intention en ce sens. Vous dites: On va examiner
cela, on va regarder cela. Mais ce n'est pas cela que je vous demande. Comme
ministre, avez-vous l'intention de faire une recommandation au gouvernement du
Québec pour faire disparaître le flottage sur la rivière
Saint-Maurice? Si oui, quels sont les programmes que vous êtes
prêts à mettre en marche avec le fédéral, car il a
aussi une reponsabilité là-dedans, et les usines de pâtes
et papiers de notre région pour faire disparaître d'ici à
cinq ans le flottage du bois?
Ne me dites pas que vous avez l'intention
de faire des études sur des études déjà
faites. Ne venez pas me dire que les fonctionnaires font mal leur travail.
Quand ils font bien leur travail, on dit qu'ils le font mal. Et quand ils le
font mal, on n'en parle pas. Souvent, quand cela sort, comme pour
Saint-Basile-le-Grand alors qu'ils avaient fait leur travail, on dit: Comment
cela se fait-il que ce soit arrivé ainsi? Je vous pose la question. Il y
a des gens qui ont travaillé comme fonctionnaires. Ils ont fait leur
travail le mieux possible. Ils ont présenté un rapport. Ne me
dites pas que c'est la chicane entre le ministère de l'Énergie et
des Ressources et le ministère de l'Environnement. Les gars du
ministère de l'Environnement ont fait leur travail le plus
convenablement possible et ils disent que ce qu'il y a là-dedans...
C'est sûr et certain, qu'ils demandent des études un peu plus
poussées, mais cela ne veut pas dire que les chiffres
préliminaires ne sont pas bons. D'ailleurs, dans ce document, une lettre
indique qu'Hydro-Québec, justement à cause du flottage du bois,
perd au minimum 5 000 000 $ par année et, dans certains cas, même
de 10 000 000 $ à 12 000 000 $ par année. Cela fera
peut-être partie de l'étude qui devra être faite pour savoir
si Hydro-Québec ne devrait pas participer à ce qu'on appelle chez
nous le "dépitounage" de la rivière Saint-Maurice - enlever la
pitoune sur la rivière Saint-Maurice. Je pose la question. Est-ce que,
comme ministre responsable, vous avez l'intention de recommander au
gouvernement du Québec les deux choses dont je parle: la disparition du
flottage sur cinq ans et le programme pour venir en aide, avec les ententes
qu'il faudra?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mme la
Présidente, pour être capable de proposer un programme quelconque,
il faut être capable d'en préciser les coûts et les
conséquences et c'est cela qu'on n'a pas actuellement. Le
député de Laviolette dit: Ne venez pas me dire que vous allez
faire une étude, mais iI vient de me suggérer à trois
reprises de faire une étude pour compléter tout cela. Il dit que
les employés du ministère de l'Environnement régional
n'ont pas eu le temps de compléter leur étude. C'est
également écrit en toutes lettres qu'Hydro-Québec perd 4
800 000 $ à cause des pertes d'eau, etc. pour faire passer le bols.
C'est écrit, cela aussi, là-dedans. Sauf qu'il faut faire les
choses correctement. Et avant de proposer un programme, soit au
fédéral, soit à mon gouvernement, il faudra
l'évaluer correctement. Il ne faudra pas proposer un programme sur des
impressions. Ensuite, vous serez le premier à nous blâmer de ne
pas en avoir mesuré exactement les conséquences et les
coûts.
M. Jolivet: Justement, Mme la Présidente, Je ne lui
demande pas de faire des études, je lui dis tout simplement ceci...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Vous l'avez dit
cinq fois, de faire des études. (12 heures)
M. Jolivet: A-t-il l'intention de présenter au
gouvernement du Québec une proposition qui serait la suivante:
Premièrement, dans cinq ans, faire disparaître les billes sur les
rivières - je parle de la rivière Saint-Maurice, ce peut
être d'autres aussi, mais je parle de celle-là parce que c'est
celle qui m'intéresse le plus actuellement. Deuxièmement, le
gouvernement du Québec a-t-il l'intention de présenter un
programme pour venir en aide aux papetières pour ce qui est de la
disparition du flottage du bois sur les rivières ou sur les lacs du
Québec? Est-ce que le ministre, au moment où je lui parte, a
cette intention?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je n'ai pas
l'intention de proposer des programmes...
M. Jolivet: Merci.
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...sans savoir ce
qui va nous arriver. Il faut évaluer la situation correctement et c'est
ce qu'on va faire avec la collaboration du ministère des Transports.
Malheureusement, ce ne sera pas chez vous, M. le député, ce sera
dans la région du Lac-Saint-Jean, sur la rivière Péribonca
pour commencer, parce que le problème est peut-être plus facile
à régler et moins dispendieux. Pour ce qui est de la
rivière Saint-Maurice, on va évaluer le problème
correctement. Quand les gens nous parient de transport, 50 % par la voie
ferrée et 50 % par les routes publiques, il faut évaluer
ça. Il y a le changement de compagnie du CN au CP. Il faut
également examiner les routes et les investissements qu'on devra faire
sur ces routes; il faut avoir les moyens de le faire. Il faut tout
synchroniser. C'est seulement après qu'on sera peut-être capables
de proposer un programme qui ira dans le sens de l'objectif que tout le monde
poursuit, la vertu.
M. Jolivet: Mme la Présidente, je dois donc comprendre que
lorsque le ministre Picotte a dit dans notre région que l'on devrait
trouver une solution de rechange pour le flottage du bois sur la rivière
Saint-Maurice sur une période de cinq ans, il n'avait pas raison.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Est-ce que le
ministre Picotte pariait du flottage ou...
M. Jolivet: Oui, oui.
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...de la
pollution?
M. Jolivet: Concernant le flottage du bois sur la rivière
Saint-Maurice.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II pariait de
pollution, n'est-ce pas?
M. Jolivet: Non, non, du flottage. La question était
spécifique. Le ministre délégué à
l'Environnement a décidé, puisque la rivière
Péribonca est dans son secteur, de faire faire une autre étude
pour savoir comment faire disparaître le bois chez lui, sur la
rivière Péribonca. En conséquence, il s'occupe de chez
lui. Mais le ministre délégué à l'Environnement et
le ministre délégué aux Forêts n'ont pas l'intention
de regarder d'un même oeil la rivière Saint-Maurice, contrairement
à ce que disent tous les gens du Parti libéral dans le coin,
actuellement. En tout cas, je prends bonne note deçà.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Saint-Maurice.
M. Lemire: Mme la Présidente, je voudrais apporter des
précisions.
M. Jolivet: Allez-y.
M. Lemire: En tant que député du comté de
Saint-Maurice, j'étais présent lors de la réunion que nous
avons eue avec toutes les papetières, vendredi dernier. Je peux vous
dire que M. le ministre Yvon Picotte a fait une déclaration en ce sens.
C'est la première fois - je veux très bien vous situer - que tous
les députés de la région Mauricie-Bols-Francs-Drummond
rencontrent toutes les papetières établies le long de la
rivière Saint-Maurice depuis 100 ans et plus. Justement, la
papetière dans le comté de M. le député de
Laviolette existe depuis 101 ans, cette année.
Ce que je veux mentionner, c'est que depuis notre arrivée au
pouvoir, en 1985, on n'a pas pu régler les problèmes de 101 ans,
les problèmes de pollution de la rivière Saint-Maurice, de
même que tout ce qui se passe aux abords de la rivière, tel que le
flottage et les rejets des papetières. C'est une des raisons pour
lesquelles on a demandé une rencontre avec les papetières afin
que la population de notre région sache qu'on est très
sensibilisés au problème et qu'on est prêts à
discuter avec les papetières et avec tous les utilisateurs de la
rivière. Il ne faut pas oublier que, parmi les utilisateurs de la
rivière Saint-Maurice, il y a des gens qui utilisent des bateaux. Il y
en a d'autres... Par exemple, HydroQuébec possède sept barrages
sur la rivière. Les papetières utilisent la rivière pour
faire du flottage. C'est la première fois qu'un caucus de
députés demande aux papetières de réunir autour
d'une même table les papetières, Hydro-Québec et les
ministères concernés pour discuter de l'appréhension qu'il
y a présentement. Il ne faut pas oublier qu'avec le déversement
de l'usine Belgo, il y a environ quinze jours, cela a peut-être
déclenché une discussion autour de la pollution de la
rivière. Ce n'est pas d'hier, tout le monde sait que... Encore à
la commission de l'aménagement et des équipements, j'ai ici les
galées, les notes dans lesquelles... Je ne comprends pas que le
député Jolivet qui est très sensibilisé...
M. Jolivet: De Laviolette.
M. Lemire: De Laviolette. Ça fait quelques fois qu'on
essaie de donner à ta circonscription de Laviolette le nom de Jolivet.
Serait-ce que vous avez l'intention de prendre votre retraite, M. Jolivet? De
toute façon, je ne voudrais pas...
M. Jolivet: À votre désagrément, non.
M. Lemire: ...m'étendre trop longtemps là-dessus.
Mais je vous trouve très sensibilisé aux problèmes de la
rivière depuis quelque temps. Je suis un peu surpris que M. le
député de Laviolette, qui a été ministre
délégué aux Forêts ne se soit pas...
Une voix: Soucié.
M. Lemire: ...soucié, lorsqu'il était ministre, de
discuter et de faire des rapports pour faire cesser le flottage. Je suis tout
surpris que tout à coup, il s'intéresse à l'assainissement
des eaux de la ville de Shawinigan, l'assainissement des eaux des
municipalités autour. Serait-ce, M. le député de
Laviolette, qu'il y a des villes qui n'ont pas pris leur rang? Avec l'ancien
député de Saint-Maurice, n'avez-vous pas eu les discussions
nécessaires pour faire une table ronde?
M. Jolivet: Je pense que vous êtes en train de sourire
à ce qui est hors du sujet.
M. Lemire: Écoutez, je ne sais pas si je suis hors du
sujet, mais...
M. Jolivet: Posez des questions au ministre. C'est au ministre
qu'il faut poser les questions. Je pourrais vous répondre n'importe
quand.
M. Lemire: Je pense que M. le ministre...
M. Jolivet: Venez-vous-en. Je vous l'ai dit. Je vous invite
à venir dans mon comté. Soyez candidat dans mon comté, on
va s'amuser.
M. Lemire: Mme la Présidente, je pense que M. le
ministre-La Présidente (Mme Bélanger): Un instant.
M. Dauphin: Question de règlement, Mme la
Présidente, en vertu de l'article 36...
M. Jolivet: Là il est en train de faire...
M. Dauphin: ...c'est mon collègue qui a la parole et
j'aimerais bien que le député de Lavioiette respecte son droit de
parole.
M. Lemire: Moi là depuis... Mme la
Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Saint-Maurice, par contre, je vous demanderais de vous
adresser à la présidence et non au député de
Laviolette.
M. Lemire: Mme la Présidente, je sais que je n'ai
peut-être pas l'expérience parlementaire de mon collègue de
Laviolette, mais j'espère qu'il va avoir au moins l'amabilité de
m'écouter. J'ai peut-être plus de difficulté que lui
à m'expliquer mais je représente tout de même une
circonscription dont fait partie la rivière Saint-Maurice. Le
député de Laviolette se promène d'une commission à
l'autre pour parler, soit d'environnement, soit de flottage. Il arrive avec des
rapports, et certains de ces rapports, surtout le dernier, soi-disant
confidentiel, mais qui a été rendu public... Je suis très
sensibilisé à ce rapport-là. Mais lorsqu'il était
ministre délégué aux Forêts, le député
du comté de Laviolette aurait dû être plus
sensibilisé aux problèmes qu'il y avait le long de la
rivière Saint-Maurice.
M. Jolivet: Passez donc au ministre...
La Présidente (Mme Bélanger): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Lemire: Mme la Présidente, ce que je veux souligner
aujourd'hui, c'est que les députés de la région
Mauricie-Bois-Francs-Drummond sont très sensibilisés à nos
problèmes. Je peux dire, ici, devant la commission, qu'on a beaucoup de
dialogues avec notre ministre délégué, M.
Côté, de même qu'avec le ministre de l'Environnement. Il y a
des discussions qui se font présentement et le but premier c'est que les
gens commencent à se parier. Cela n'a pas été fait au
cours des dix dernières années. Je pense que c'est Important. SI
on veut arriver à un règlement, si on veut arriver à
mettre des dates pour l'arrêt du flottage, si on veut arriver à
dépolluer notre rivière au complet, je pense qu'il faut se
concerter et se parler. Ce sont les précisions que je voulais
apporter.
Mme la Présidente, ce que le ministre Picotte a voulu dire dans
sa déclaration... Le ministre a dit qu'il allait être intraitable,
c'est-à-dire qu'il n'acceptera pas que les papetières ne nous
donnent pas une certitude qu'elles respectent les normes de l'Environnement. Je
pense que jusqu'à maintenant, beaucoup d'efforts ont été
faits du côté des papetières, et dans les semaines qui vont
suivre... Ce à quoi on en est arrivé à la fin de notre
rencontre, d'un commun accord, c'est de dire que les papetières vont
donner...
M. Jolivet: Là je vais sursauter un peu si vous me le
permettez. Je soulève un point de règlement.
M. Lemire: ...à la population, sous forme de
conférence de presse...
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Jolivet: Tout cela mis à part, est-ce qu'on pourrait
poser des questions au ministre, une fois pour toutes? Si le
député veut s'en prendre à moi, il viendra sur les
mêmes "hustings" que moi, comme on dit chez nous, il viendra sur les
mêmes estrades et on se parlera. Le but de la rencontre d'aujourd'hui,
c'est de poser des questions au ministre Côté.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Laviolette, le député de
Saint-Maurice...
M. Jolivet: Cela commence à faire!
La Présidente (Mme Bélanger): ...a droit à
une intervention de 20 minutes.
M. Jolivet: Sur quoi? Sur des questions. Mme la
Présidente, je parle du flottage du bois...
La Présidente (Mme Bélanger): Sur les
crédits du ministère.
M. Jolivet: ...il est loin du flottage du bois.
La Présidente (Mme Bélanger): II parle du flottage,
il parle de la pollution. Je pense que son intervention est pertinente.
M. Jolivet: Là, je regrette!
M. Lemire: Mme la Présidente, je ne voudrais pas envenimer
le débat.
M. Jolivet: Tu ferais mieux de te taire.
M. Lemire: M. le député de Laviolette a dit que le
ministre Picotte avait dit telle et telle chose avec des écrits à
l'appui. Ce que je veux préciser, c'est qu'effectivement on a eu une
rencontre. Il va y en avoir d'autres.
M. Jolivet: Tiens, c'est marqué là.
M. Lemire: C'est la première fois que les gens des
papetières de la vallée du Saint-Maurice rencontrent tous les
députés de la région à une même table pour
discuter Justement du flottage. Le flottage existe depuis 100 ans. Je ne pense
pas qu'on soit capables de le régler dans une année. Ce que je
reproche au député de Laviolette quand il amène des sujets
comme cela... Il ne faudrait pas charrier, iI ne faudrait pas faire croire
à la population que jamais rien n'a été fait. Vous avez
été là pendant neuf ans. Ce que je veux dire en terminant,
c'est que le député de Laviolette a été ministre
délégué pendant son dernier mandat, c'est-à-dire
quelques années, et
le député-ministre n'a jamais participé à
aucune rencontre régionale publique avec les gens des papetières.
Moi, comme député de Saint-Maurice, je suis très
sensibilisé à ce que me dit ma population. Je pense que vous
devez savoir que, nous, les députés de la région
Mauricie-Bois-Francs on ne veut pas charrier avec ce problème. On veut
une table ronde, on veut que les gens soient écoutés, que les
gens des papetières soient écoutés et
qu'Hydro-Québec soit écoutée. On veut aussi une relance
économique de notre région. Hydro-Québec a de grands
travaux à faire sur la rivière. Je pense
qu'Hydro-Québec...
M. Jolivet: Cela va faire!
M. Lemire: ...avec ses barrages, on vient discuter...
M. Jolivet: Mme la Présidente, cela va faire
là!
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Saint-Maurice, si vous voulez revenir à la
pertinence du débat, s'il vous plaît! HydroQuébec n'a rien
à voir dans la discussion.
M. Lemire: Mme la Présidente, je reviens à la
pertinence. Le flottage du bois sur la rivière Saint-Maurice est un
problème majeur pour les turbines d'Hydro-Québec. Je pense
être pertinent. C'est le député de Laviolette qui n'a
jamais dit que dans notre région il y avait des possibilités de
relance économique en rénovant les centrales et en permettant un
flottage mieux contrôlé. Merci, Mme la Présidente.
Une voix: Bravo! Une très bonne intervention.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Saint-Maurice. M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Là, j'attends. Par rapport à la
question que j'ai posée au ministre, je ne m'attendais pas à ce
que l'adjoint parlementaire au ministre de l'Énergie et des Ressources
en arrive à faire des démonstrations aussi intéressantes
voulant dire qu'il n'y a rien qui a été fait dans le passé
en disant juste avant qu'il y avait quelque chose qui avait été
fait. Cela n'a pas d'importance, Mme la Présidente. J'enverrai les
ga-lées aux journaux chez nous et aux gens de ma région et ils
sauront quoi en faire. Ma question était très pertinente et le
ministre m'a répondu. Je veux juste certifier cela avant de passer
à un autre sujet. Le ministre m'a dit qu'il n'a pas l'intention de faire
quelque représentation que ce soit au Conseil des ministres pour mettre
fin au flottage du bois ni d'aider les industries de pâtes et papiers
à faire disparaître le flottage du bois d'ici a cinq ans. Il en
est encore à l'étape de discussion mais que, là où
il y a une étude plus particulière et où il y aura des
décisions plus particulières à prendre, ce sera dans le
comté du ministre délégué à l'Environnement
au sujet de la Péribonka. Quant à la rivière
Saint-Maurice, il n'a pas l'intention actuellement de faire quelque
recommandation que ce soit au Conseil des ministres dans le sens que
j'indiquais tout à l'heure, c'est-à-dire arrêt du flottage
d'ici à cinq ans et aide aux industries pour transporter leur bois d'une
autre façon. (12 h 15)
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mme la
Présidente, le député de Laviolette modifie un peu ce que
j'ai dit. Il le dit à sa façon. Il interprète un peu.
C'est sa façon de faire et je le comprends. C'est son rôle de
reprocher, d'interpréter et de tendre des pièges, mais je lui
répète ce que j'ai dit: Je ne ferai pas de recommandations sans
savoir exactement où on va. On poursuit évidemment tous le
même objectif et je pense qu'entre-temps, il faudra évaluer et
mesurer correctement notre capacité de payer et notre capacité
d'aider. C'est alors que je pourrai faire une recommandation qui se veut
également pour la vertu.
Entre-temps, comme l'a signalé le député de
Saint-Maurice, les utilisateurs de la rivière, que ce soient les
papetières, Hydro-Québec, les vacanciers ou les
"récréationnistes", peuvent se parler, s'ajuster pour
améliorer la qualité de vie de leur milieu. Ce n'est pas en
criant à tort et à travers qu'on sera capables de régler
ça. On va le faire quand on aura les chiffres et qu'on saura exactement
ce qu'est le problème qu'on veut résoudre, M. le
député, ne vous en faites pas.
Quant à la Péribonca, c'est l'une des recommandations du
rapport Slivitzky. Vous ne me reprocherez pas de suivre les recommandations. Il
faudrait que vous ayez un peu de constance dans vos reproches.
M. Jolivet: Je vous ai parlé des recommandations au sujet
de la rivière Saint-Maurice.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je vais vous
parler de la rivière Manicouagan, si vous le voulez.
M. Jolivet: Pour la rivière Saint-Maurice, il y a eu aussi
des recommandations que vous ne suivez pas.
M. Côté (Rivière-du-Loup): La rivière
Saint-Maurice?
Aménagement des forêts publiques
M. Jolivet: La rivière Saint-Maurice. D'accord. Disons
que, pour le moment, le débat est clos.
Mme la Présidente, programme 2, Aménagement des
forêts publiques, élément 1.
Pour l'aménagement des forêts publiques, les
crédits initiaux en 1988-1989 étaient de 95 500 000 $. Des
crédits supplémentaires de 26 900 000 $ ont été
ajoutés, ce qui donne un montant de 122 400 000 $ que nous retrouvons
dans le cahier des crédits. De ce montant, il faut soustraire les
redevances de 20 000 000 $, pour un total de 102 400 000 $. Les crédits
de 1989-1990 sont donc, si je lis bien, de 81 273 000 $. Cette diminution
inclut la non-récurrence du programme de création d'emplois de 7
000 000 $. Dans le budget 1988-1989 expurgé des redevances de 20 000 000
$ qu'on mentionnait tout à l'heure dans le discours d'ouverture, cela
donne une diminution de 20 %. Comment faire de l'aménagement dans les
forêts publiques? C'est la question qu'on pourrait poser au ministre. On
pourrait aussi ajouter que, dans les indications que nous donne le ministre,
les crédits 1989-1990 ont depuis été amputés de 14
700 000 $, à la suite du transfert aux compagnies forestières de
la responsabilité des travaux d'aménagement forestier. J'aimerais
savoir si les chiffres qu'on mentionne, les 81 000 000 $, incluent ou non les
14 700 000 $.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Dans
l'aménagement des forêts publiques, il y a une réduction de
41 000 000 $, et ce montant se détaille comme suit: 20 000 000 $ seront
crédités, cette somme avait été affectée
à notre budget l'an passé, mais elle va pouvoir l'être sans
apparaître à notre budget. Il y a la non-récurrence des
travaux, la création d'emplois de 7 000 000 $. Cela fait 27 000 000 $.
Et il y a les travaux que l'industrie forestière devrait faire davantage
cette année. Plutôt que d'en faire pour 20 000 000 $, elle devrait
en faire pour environ 33 000 000 $, 34 000 000 $, ce qui fait les 14 000 000 $
dont vous parlez.
M. Jolivet: Donc, au total, par rapport à l'année
passée, il y a quand même une diminution.
M. Côté (Rivière-du-Loup): De 41 000 000
$.
M. Jolivet: De 41 000 000 $, mais les 41 000 000 $ contiennent
les 20 000 000 $, 14 000 000 $ et 7 000 000 $.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Les 20 000 000 $,
7 000 000 $ et 14 000 000 $.
M. Jolivet: Donc, ça donne 33,6 % de diminution par
rapport au budget de l'année passée.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
M. Jolivet: Au total, en termes de diminution, si on expurge
à ce moment les 20 000 000 $, si on enlève les 7 000 000 $ non
récurrents et les 14 700 000 $, ça équivaut au même
montant que l'année passée. Il n'y a pas d'augmentation.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Cela revient au
même montant que l'an passé, oui.
M. Jolivet: Et, avec ça, croyez-vous qu'on est capables de
faire l'aménagement des forêts publiques en restant au même
montant sans indexer quoi que ce soit?
M. Côté (Rivière-du-Loup):
C'est-à-dire que les 14 700 000 $ que l'industrie forestière fera
en travaux, nous n'avons pas besoin de les faire, nous n'en avons pas besoin
dans notre budget. Cela a été la même chose pour le montant
de 20 000 000 $ de l'an passé. L'an passé, la loi ne nous
permettait pas de le créditer directement sur les redevances.
M. Jolivet: Oui, je le sais.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est pour
ça qu'il est inscrit là.
M. Jolivet: C'est ça. "Ce que je veux dire, c'est qu'au
bout de la course, si on mettait 81 000 000 $ plus 41 000 000 $, ça
donnerait 122 000 000 $ de l'année passée, sans faire des...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, c'est
ça.
M. Jolivet: Cela veut: dire qu'on est au même niveau
d'aide. Avec ça, croyez-vous qu'on est capables de faire convenablement
l'aménagement des forêts publiques cette année?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est ce qu'on
peut faire cette année, oui.
M. Jolivet: Si je comprends bien, si vous avez alloué un
montant spécial de 7 000 000 $ à REXFOR, l'année
passée, pour des travaux, ces 7 000 000 $ ne reviennent pas cette
année.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, non. Ce
montant ne revient pas cette année.
M. Jolivet: Cela veut dire que c'est un montant de 7 000 000 $ de
moins.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Àmoins que le ministre des Finances, dans son budget, se sente
généreux et qu'il nous en donne de nouveau.
M. Jolivet: II devrait être généreux avant.
Il devrait le donner dans les crédits. On saurait à quoi s'en
tenir pour l'année à venir. C'est évident.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ce serait plus
facile, ce matin, si c'était le cas.
Développement de l'industrie
forestière
M. Jolivet: Quand, la journée du budget? Juste une petite
question. Au programme 3, Développement de l'industrie
forestière, les crédits sont de 9 000 000 $ par rapport à
3 200 000 $ l'an dernier, soit une augmentation de 5,8 % qui représente
la subvention à REXFOR. C'est ce que je comprends. Il n'y a pas de
changement. C'est bien 5,8 %, la subvention donnée à REXFOR.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Le gouvernement a
pris la décision de combler le déficit des Bois de l'Est,
compagnie qui a été mise de l'avant pour contrer les
problèmes de chômage dans la Gaspésie, à partir de
Marsoui, Grande-Vallée, Matane, Saint-Léon. Pour garder tout ce
monde à l'ouvrage, le gouvernement a décidé de combler le
déficit que REXFOR pourrait encourir en gérant les Bols de l'Est
en attendant que Donohue-Matane l'achète. C'est ce qui est arrivé
le 1er avril: Donohue-Matane s'est portée acquéreur des Bois de
l'Est. Cela faisait partie de votre stratégie et du mandat qui avait
été confié à REXFOR, dans le temps, de gérer
les Bois de l'Est et de chercher un partenaire pour construire une "pulperie"
ou une papeterie à Matane. Nous y sommes arrivés de peine et de
misère, mais nous y sommes arrivés, et il a fallu appuyer les
Bois de l'Est de cette façon.
M. Jolivet: Mais, au bout de la course, d'une façon ou de
l'autre, pour le développement de l'industrie forestière il n'y a
pas d'argent neuf. C'est à peu près la même chose que l'an
passé...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
M. Jolivet: ...à part REXFOR, qui est conjoncturel pour la
situation Donohue-Matane.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est ça.
Il n'y a pas d'argent supplémentaire.
M. Jolivet: Et même, il y aurait 100 000 $ de moins. Les
crédits périmés en 1987-1988 étaient de l'ordre de
9 400 000 $ et, en 1988-1989, de 40 400 000 $. Comment peut-on expliquer
l'ampleur des crédits périmés pour 1988-1989
considérant que ça représente quand même un fort
pourcentage, 12,3 % du budget de 1988-1989, et si on n'expurge pas les 20 000
000 $ de redevances, c'est-à-dire 325 900 000 $? Est-ce à croire
que le ministre délégué aux Forêts, par les
crédits périmés, est en train d'aider à financer le
déficit gouvernemental et à permettre à d'autres
ministères de pouvoir profiter de ces sommes, quoi? Comment peut-on
expliquer 40 000 000 $ par rapport à 9 000 000 $? C'est quand même
quatre fois plus. Que s'est-il passé?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Les 40 000 000 $
comprennent les 20 000 000 $ dont il a été question plus
tôt pour des travaux qui ont été exécutés par
l'industrie.
M. Jolivet: Malgré tout, il en reste 20 000 000 $. C'est
deux fois plus que l'année passée.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II en reste 15 000
000 $ ou 20 000 000 $.
M. Jolivet: C'est 20 000 000 $. Êtes-vous capable de
m'expilquer où sont les crédits périmés dans chacun
de vos programmes? C'est quoi?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui. Il y a 11 400
000 $ pour l'aménagement des forêts publiques. Il y a 1 400 000 $
pour les forêts privées. Il y a 2 822 000 $ pour les productions
de plants.
M. Jolivet: J'ai bien compris, 1 000 000 $ pour les forêts
privées? Que s'est-il passé?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Du
côté de la forêt privée, il y a des OGC qui n'ont pas
complété leurs contrats. C'est pourquoi il y a eu une
réduction de ce côté. Concernant la forêt publique,
c'est une réduction pour contrer les dépenses, comme vous l'avez
mentionné, c'est évident. On a comprimé les
dépenses dans la préparation de terrains, dans la production de
semences, dans l'entretien, pour respecter notre budget global. Et je vous ai
donné...
M. Jolivet: Vous avez périmé dans la forêt
privée, là où est votre priorité, vos
investissements massifs.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non. Ce que je
vous ai dit, c'est qu'il y a deux OGC qui n'ont pas complété
leurs contrats.
M. Jolivet: Oui, mais ils auraient pu être donnés
à d'autres, je ne sais pas, au lieu de les périmer. Il y en a
d'autres qui en demandaient.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ah! II y en a
d'autres qui en demandaient, ils en demandent encore.
M. Jolivet: Et ils vont en demander encore.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Bien oui. Et il en
demandent encore. Ils en ont demandé dans ce temps-là et ils en
demandent encore, parce que, vous avez vu, vous m'avez donné toute la
liste des syndicats qui ont fait des représentations, la
fédération, RESAM en plus.
M. Jolivet: J'en ai donné des exemples. Je ne les ai pas
tous donnés, parce que je n'aurais pas eu le temps.
M. Côté (Rivière-du-Loup): On n'aurait pas eu
le temps.
M. Jolivet: En tout cas, c'est surprenant de voir, dans un
contexte où on dit que c'est une priorité des priorités,
qu'il y a de l'argent qui est périmé. On a quasiment l'impression
que le ministre délégué aux Forêts s'est
donné comme mission de financer le déficit de l'État.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je ne suis pas
tout seul, parce que les autres ministères ont également fait
leur part dans ce domaine pour contrôler les dépenses.
M. Jolivet: J'aurais une question qui concerne les voyages
à l'étranger, parce; qu'il y a une chose qui m'intéresse
pas mal, France, Allemagne et Angleterre. On a fait un voyage pour
évaluer le potentiel d'application au Québec des techniques de
désencrage du papier. D'abord, pourquoi les trois pays? Quels sont leurs
expertises en la matière? Quel est le potentiel d'application?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Comme le dit M. le
député, évidemment il y a des techniques qui sont
très avancées et, grâce à ces missions, aujourd'hui
on discute avec les industriels d'ici. Il en a été question
encore vendredi dernier, à la table ronde de l'environnement et de
l'économie, des projets de recyclage et de désencrage, et je
pense qu'on y arrivera en s'informant le mieux possible des techniques les plus
rentables. Il y a eu quelques essais, il y en aura d'autres. Il y a
actuellement des projets qu'on discute avec la Direction du
développement industriel et j'espère bien qu'ils aboutiront,
parce qu'au point de vue rejet industriel et au point de vue
récupération et recyclage, c'est important qu'on avance dans ce
dossier. Il y aura peut être de la place au Québec pour une couple
d'usines qui utiliseront 50 000 tonnes de papier recyclé et
désencré.
M. Jolivet: C'est une question qui m'intéresse beaucoup
dans la mesure où il y a eu, au niveau environnemental, une expansion
très grande de ce qu'on appelle les récupérateurs au
Québec, en particulier dans notre région; le député
de Saint-Maurice et moi-même en sommes conscients, j'en suis
assuré. Les récupérateurs de Maskinongé disent
qu'on les a amenés à récupérer, mais que l'usine de
désencrage qui devait être faite avec Consol, maintenant
achetée par Stone Container, est actuellement en difficulté,
semble-t-il. J'aimerais savoir si le ministre peut faire le point sur ce
dossier et nous Indiquer quelles sont actuellement, avec Consol Bathurst, les
possibilités de voir arriver dans notre région une usine de
désencrage qui permettrait que les récupérateurs de
Maskinongé et d'autres dans la région puissent survivre alors
qu'actuellement ils ont de grandes difficultés? Dans le coin, on
dit:
On nous a incités à faire de la
récupération, mais on ne nous donne pas les moyens de
continuer.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est
peut-être malheureux qu'on n'ait pas synchronisé la
récupération avec la consommation, c'est-à-dire l'usine de
désencrage. Avant son achat par Stone Container, Consol m'avait averti
que son projet était reporté de deux ans, étant
donné qu'elle voulait une entente avec la ville de Montréal pour
organiser tout le recyclage du papier de façon à aller de l'avant
dans son dossier. C'était même avant la vente de Consol Bathurst
à Stone. Par contre, après la venue de Stone, je lui ai
écrit pour lui dire qu'il fallait, évidemment, qu'elle respecte
la Loi sur les forêts, notre culture et notre environnement, et qu'elle
poursuive également les travaux qui avaient été mis de
l'avant par Consol Bathurst, à savoir, compléter à
Grand-Mère les travaux de recherche pour 400 000 $ à 500 000 $
par année, et cela a été assez clair dans la lettre que je
lui ai écrite. M. Stone est venu et il est d'accord avec tout ça,
mais le projet d'une usine de désencrage est retardé de deux ans.
Il l'était même avant l'achat de Consol par Stone. (12 h 30)
M. Jolivet: Ce que je vous dis, c'est que c'est une urgence dans
notre région, surtout qu'on...
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est dû
à la ville de Montréal qui avait fait une entente avec Consol
pour organiser la récupération du papier. C'est la ville de
Montréal qui n'est pas prête dans ce cas-là.
M. Jolivet: Je dois vous dire qu'en ce qui concerne les gens dans
le coin, c'est un désappointement de voir que ça n'aboutit pas,
parce qu'ils vont devoir cesser certaines opérations, puis être en
difficulté si ça n'arrive pas le plus rapidement possible.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Vous savez
très bien, M. le député, que c'est le danger de statuer
sur des choses avant de tout organiser, de synchroniser et de tout attacher.
Quand on parle du flottage, quand vous dites deux ans, quatre ans, cinq ans, si
on l'attache sans le connaître, on aura des désappointements et je
ne veux pas désappointer la population.
M. Jolivet: J'aimerais mieux que vous la désappointiez
plutôt que de ne rien faire et j'ai l'impression que vous ne faites rien
sur la rivière Saint-Maurice.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Vous dites qu'on
ne fait rien, mais on fait de quoi. Le député de Saint-Maurice le
sait...
M. Jolivet: Je ne suis pas sûr. J'ai parlé au
ministre délégué à l'Environnement et il m'a
donné la même réponse, que vous me disant qu'il n'est pas
sûr que, d'ici a cinq ans, il puisse y avoir un plan pour la
rivière Saint-Maurice. Alors, vous me confirmez la même
mentalité au cabinet des ministres.
M. Côté (Rivière-du-Loup): II est au
moins...
M. Jolivet: II est pris avec son problème de
Péribonca et il oublie les autres.
Dépenses en publicité. J'aimerais savoir de la part du
ministre les augmentations substantielles à ce niveau dans le secteur
forêts. À publicité obligatoire, en 1987-1988, 60 000 $;
dépenses, en 1988-1989, 74 000 $, prévisions, en 1989-1990, 151
000 $. Premièrement, comment peut-on expliquer cette augmentation de 100
%?
Deuxièmement, quels sont les besoins en publicité
obligatoire? Comment se fait-il que, dans l'année 1989-1990, ça
double pour la publicité qui est obligatoire? Je ne vois pas quelle
sorte de publicité obligatoire vous avez demandé d'augmenter. Je
ne pense pas que les annonces concernant le papier journal, en particulier
à la télévision ou à ta radio, coûtent plus
cher parce que vous êtes en année préélectorale.
Cela arrive juste quand les partis politiques déclenchent des
élections.
Une voix:...
M. Jolivet: Non, ce n'est pas nous qui nous occupons de
ça, ma chère madame. Je parle de la publicité que vous
devez connaître et qui fait que, lorsqu'on entre en élections, les
prix ne sont pas les mêmes qu'avant les élections. Vous connaissez
ça. Ce n'est pas nous qui déterminons ça, c'est la valeur
du marché, paraît-il.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mme la
Présidente, dans la publicité obligatoire, il y a une
augmentation importante. Il y a des appels d'offres et des avis publics
relatifs à la sylviculture, le brûlage contrôlé, la
cueillette de semences, etc. Il y en a pour 151 500 $. Les avis publics pour la
vente de lots de villégiature, 22 000 $.
M. Jolivet: Comment se fait-il que c'est vous qui avez les lots
de villégiature?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est dans la
publicité.
M. Jolivet: D'accord. Est-ce que c'est ça?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Les appels
d'offres et les avis publics pour les levés géographiques, les
forages, les révocations, 3000 $; les avis publics et les décrets
relatifs à la réforme du cadastre, 50 000 $; les publications
d'offres d'emploi visant à remplir certains postes occasionnels,
ça nous concerne aussi, 20 000 $. Dans la publicité par
mandat...
M. Jolivet: Vous pouvez y aller. Je n'ai pas demandé
celle-là. Je voulais savoir, à publicité obligatoire,
pourquoi c'était 100 % et vous me dites que...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Pour les appels
d'offres et avis publics relatifs à la sylviculture.
M. Jolivet: C'est 100 % de plus. 74 000 $ à 151 000 $,
cela fait 100 %. Comment se fait-il que, cette année, par rapport
à l'an passé, cela double?
M. Côté (Rivière-du-Loup): L'an passé,
si je me souviens bien, c'était 120 000 $ qu'on avait dans la
programmation, mais on a dépensé 74 000 $, M. le
député.
M. Jolivet: Les dépenses réelles, c'est 74 000
$.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, mais on avait
120 000 $ de programmés.
M. Jolivet: Est-ce que ça veut dire que 151 000 $, c'est
ce que vous prévoyez, mais que vous ne dépenserez pas
nécessairement?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est exactement
ça. C'est ce qui est arrivé l'an passé. On avait
prévu 120 000 $ et on a dépensé 74 000 $.
M. Jolivet: À ce moment-là, c'est une façon
de faire des crédits périmés. Si vous avez
dépensé 74 000 $, vous auriez dû mettre...
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, vous l'avez
trouvé.
M. Jolivet: Publicité par mandat. Les dépenses en
1987-1988 ont été de 46 000 $. En 1988-1989, les dépenses
ont été de 105 000 $. Là, vous prévoyez 650 000 $.
Là, non seulement celle qui est obligatoire a augmenté du double,
mais voilà que, dans la publicité, même par mandat, d'une
année à l'autre, cela avait plus que doublé. Là, on
prévoit 520 % d'augmentation par rapport à 1988-1989. J'aimerais
bien savoir quels sont les nouveaux mandats de publicité obligatoire, je
ne dirais pas obligatoire, mais mandatée, la publicité par
mandat. Est-ce que ça, c'est pour les programmes de mise en valeur de la
forêt privée?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
M. Jolivet: C'est pour la publicité monstre que vous avez
faite pour la forêt privée?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Écoutez, je
vais vous lire ça, M. le député.
M. Jolivet: Ce n'est pas un budget préélec-
toral? Non?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non. On n'aura pas
te temps de dépenser avant les élections, si les élections
ont lieu...
M. Jolivet: C'est quand?
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...au mois de
juin.
M. Jolivet: Ah! Vous en savez plus que le premier ministre qui
est un homme tellement indécis qu'il est même indécis sur
la date! Il les repousse en avant.
Une voix: Cela a été étudié, c'est de
la stratégie.
Une voix: Ils ont l'air certains que ce sera en juin.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mme la
Présidente, on prévoit dépenser 250 000 $ pour la
valorisation de la culture de la forêt, la mise en valeur de la
manifestation la plus visible de notre nouvelle philosophie forestière,
le reboisement. Cette campagne est télévisée au grand
public et, là-dessus, je me pose des questions à savoir si on va
la réaliser. On va l'examiner; elle est proposée actuellement. On
propose également une campagne d'information dans les médias
écrits consacrée à l'environnement si cher à tout
le monde, le plein air, la chasse et la pêche, 130 000 $. C'est
peut-être pour vous démontrer la collaboration qui existe entre
l'environnement, la chasse et la pêche et tout ce qui nous concerne. Ce
sont les principales augmentations mentionnées par le
député de Laviolette.
On aura un publi-reportage aussi dans la revue mensuelle
L'Actualité, au prix de 30 000 $.
M. Jolivet: Le reportage dans L'Actualité, c'est quoi?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Un publi reportage
dans la revue mensuelle L'Actualité.
M. Jolivet: Oui, mais c'est quoi?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Sur le
régime forestier et sur l'environnement, sur le reboisement. Ce sont les
questions qui nous intéressent.
M. Jolivet: Dans L'Actualité? M. Côté
(Rivière-du-Loup): Oui.
M. Jolivet: Vous voulez concurrencer votre chef dans
L'Actualité?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Non, je n'ai pas
de problème avec ça.
M. Jolivet: Ah, vous n'avez pas vu l'article sur votre chef?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Écoutez, je
ne sais même pas de quoi vous parlez.
M. Jolivet: Ah non? Il y a un article complet sur votre chef dans
L'Actualité du mois dernier.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Vous me le ferez
parvenir, je le lirai avec plaisir.
M. Jolivet: Bien non, vous l'avez à votre bureau. Ils vous
envoient ça gratuitement.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est vrai? M.
Jolivet: Bien oui.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui, mais, j'ai
une...
M. Jolivet: Mais, moi, je me suis abonné, par exemple.
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...boîte aux
lettres sur le bord de la route a Notre-Dame-du-
Portage. Alors, je ne reçois pas beaucoup de courrier.
M. Jolivet: Vous devriez lire ça! Donc, je crois
comprendre que c'est une augmentation d'une vente de votre programme de mise en
marché de votre publicité.
M. Côté (Rivière-du-Loup): En partie, oui.
-
M. Jolivet: En ce qui concerne votre loi 150 qui a
été amendée. Est-ce que vous parlez de votre loi qui
amende, non?
M. Côté (Rivière-du-Loup): 150 plus 84,
ça va faire 234, M. le député.
M. Jolivet: C'est l'augmentation que vous allez mettre dedans.
Recherche et développement J'aurais une question sur cela, Mme la
Présidente. Dans le programme 3, élément 1, on donne
l'augmentation de la recherche et du développement de l'ordre de 10 %,
1,4 %. Dans le cahier explicatif, page F-8, le ministre explique que, selon les
sources américaines, le taux de rendement interne de la recherche et du
développement forestiers se situe en haut de 25 %, taux qu'attendait
aussi le Québec.
Le ministre peut-il nous expliquer comment il en est venu à de
telles conditions pour le Québec, comment justifier que la recherche en
matière d'écologie forestière et de l'amélioration
de la forêt subit une baisse de crédits, car vous dites en page
F-11 : II a fallu prévoir des montants accrus aux services de soutien,
aux ser-
vices scientifiques et techniques? Pourquoi avoir
hypothéqué ces deux activités au lieu d'augmenter les
crédits sur ce pian?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Voulez-vous me
situer? Vous dites à la page 11, M. le député...
M. Jolivet: C'est dans votre document des crédits à
la page F-11.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Oui.
M. Jolivet: En ce qui concerne l'écologie
forestière, vous avez une baisse de crédits. Là, vous
dites: II a fallu prévoir des montants accrus aux services de soutien et
aux services scientifiques et techniques. Alors, pourquoi avoir
hypothéqué ces deux activités, au lieu d'augmenter encore
les crédits?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est juste une
question de comptabilité. C'est une activité qui se passait du
côté écologie et inventaire...
M. Jolivet: Oui.
M. Côté (Rivière-du-Loup): ...et elle a
été transférée, au point de vue comptable, à
la Direction des services de soutien. Mais cela existait. Ce n'est pas une
diminution réelle, dans le fond, ça a été
transféré.
M. Jolivet: Oui, mais écologie et inventaire, pourquoi
l'avoir transféré, justement? C'est la question que je pose.
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est que dans
l'écologie et l'inventaire, il y avait des frais administratifs qu'on a
transférés à la Direction des services de soutien. C'est
pour comptabiliser plus correctement nos travaux de recherche et de
développement plutôt que des travaux administratifs.
M. Jolivet: Sur le plan du rendement interne de la recherche et
du développement, le Québec atteindrait le même taux, selon
les sources américaines, en haut de 25 %. Le ministre peut-il nous
expliquer comment il en est arrivé à de telles conditions pour le
Québec?
M. Côté (Rivière-du-Loup): J'ai lu un rapport
de M. Claude Godbout, il y a quelques années, dans lequel on mentionnait
certains résultats de recherches qu'on a effectuées au
Québec qui ont porté des fruits, et on arrivait à un taux
de rendement semblable à celui des Américains. De mémoire,
je ne peux pas vous dire exactement de quel projet il s'agit, mais quand il y
en a un qui connaît un aboutissement positif, ça donne des taux de
rendement assez intéressants.
M. Jolivet: D'accord. Je faisais référence au
Conseil de la recherche forestière, M. le ministre.
M. Côté (Rivière-du-Loup): La
génétique forestière, du côté de
l'amélioration des plants...
M. Jolivet: Oui.
M. Côté (Rivière-du-Loup):
...évidemment, quand on regarde les taux de succès qu'on a en
reboisement, si on a des plants génétiquement plus forts, c'est
qu'on a fait de la recherche de ce côté-là et le taux de
succès en reboisement, plutôt que d'être à 60 %, est
à 75 %, 80 %, et c'est là qu'on quantifie le taux de rendement.
Cela, c'est un exemple que je vous donne.
M. Jolivet: Concernant le Conseil de la recherche
forestière, une première réunion a eu lieu. Ce conseil est
formé d'un représentant du ministère de l'Énergie
et des Ressources, du Service canadien des forêts, de l'Université
Laval, de l'Université du Québec, de l'Association des
entreprises forestières du Québec, de l'Association des
manufacturiers du bois de sciage du Québec et de la
Fédération des producteurs de bois. Mais il y a un groupe qui
manque, le groupe environnemental. Est-ce que le ministre peut m'indiquer les
raisons pour lesquelles il n'y en a pas? Est-ce que c'est une décision
de sa part ou si c'est voulu par les gens de l'industrie
manufacturière?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mme la
Présidente, on a regroupé les principaux utilisateurs de la
forêt. Ceux qui sont là ne sont pas complètement
insouciants de l'aspect environnemental, ce sont des gens soucieux de
l'environnement et de la qualité de vie, également. Ce n'est pas
parce que l'environnement n'est pas spécifiquement indiqué et
défini là qu'on l'oublie.
M. Jolivet: Oui, mais écoutez, mon collègue de
Saint-Maurice dit que les compagnies papetières ont fait dans le
passé des choses qu'elles ne doivent plus faire, il a rencontré
ces gens, et vous mettez entre les mains d'une personne - je ne doute pas de sa
compétence, de ses connaissances et tout - la présidence de ce
comité. Vous dites que les représentants des manufacturiers ont
un esprit écologique. Ce n'est pas tout à fait ce qu'ils nous ont
dit l'autre jour, ils nous ont dit: II y a eu des déversements dans la
rivière, des conditions malveillantes pour l'environnement au point de
vue de la toxicité. Tout ça pour dire que ça les a
obligés à faire une réunion publique, à l'annoncer
publiquement et à voir les conséquences de leurs gestes parce
qu'ils n'ont pas récolté beaucoup de fruits jusqu'à
maintenant.
Chose certaine, c'est que vous ne donnez à aucune personne qui a
à coeur l'environnement la possibilité de siéger à
ce comité. Il me semble que vous devriez en nommer une, en demander
aux groupes environnementaux pour qu'ils puissent au moins suivre les
débats. Les gens vous le disent chaque fois, on a entendu de votre part
qu'ils avaient un esprit écologique, mais il n'y a personne, en
réalité, qui représente ces groupes environnementaux dans
votre structure et, finalement, on voit des gens qui sont de l'industrie -
donc, une sorte de cercle fermé - avoir une idée
écologique et on va leur faire confiance. Vous n'avez pas le culot de
passer de la parole aux actes. Je vous demande aujourd'hui: Est-ce que vous
allez corriger votre erreur et faire siéger au comité une
personne qui provient du milieu environnemental ou si vous allez dire: On
laisse aux industriels le soin d'avoir l'esprit environnemental? (12 h 45)
M. Côté (Rivière-du-Loup): Ceux que vous avez
nommés sont les membres fondateurs du Conseil de la recherche
forestière. Si le conseil le juge à propos, il peut inviter
d'autres personnes ou d'autres groupements à en faire partie.
M. Jolivet: Mettez donc en acte vos paroles. Mettez-en donc un,
vous. Pourquoi dites-vous: Je me fie à eux?
M. Côté (Rivière-du-Loup): J'ai nommé
un conseil qui est assez grand pour prendre ses décisions, mesurer les
recommandations que vous faites et qui viennent d'un peu partout et ajouter des
membres, s'il le juge à propos. Je leur ferai le message, M. le
député.
M. Jolivet: Bof! Cela ne me fait ni chaud ni froid, pour le
moment. C'est vous qui signez le décret de nomination. Il y a un autre
ministre à qui j'ai fait une bataille à un moment donné,
justement parce qu'il voulait avoir la mainmise sur le Conseil de la famille,
lui disant que c'est beau l'autonomie, ce serait Intéressant de l'avoir.
Lui, il fait l'inverse. Il me dit: Pour être sûr qu'ils iront dans
l'esprit que le gouvernement donne, je veux m'assurer que... Je vous le dis:
Sur la question environnementale, mettez donc votre parole en acte, nommez-le,
et vous ne serez pas obligé de dire aux gens: Je vous fais confiance.
J'espère que vous allez en nommer un. Ce n'est pas comme ça. Ce
n'est pas un message qu'il faut lancer. Mme la ministre de l'Environnement a
lancé un message à M. Goldbloom. Il a dit: Je l'ai entendu, mais
je ne l'ai pas pris. C'est ce que j'ai entendu sur les ondes et ce que j'ai lu
dans les journaux.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je vais le prendre
en considération, M. le député.
Une voix: L'avez-vous lu ou si vous l'avez juste entendu?
Gestion de la forêt
M. Jolivet: Les deux, vu et lu. J'ai entendu, vu et lu.
Programme 1, élément 2, les redevances forestières,
les modifications apportées par règlement. J'ai une question
à poser au ministre. Le règlement sur les redevances
forestières a été adopté en mars 1988. En janvier
dernier, le ministère de l'Énergie et des Ressources proposait
dans la Gazette officielle un projet de règlement modifiant le
premier projet adopté le 8 mars et qui fait en sorte, entre autres, de
porter de 20 à 28 le nombre de zones de tarification forestières.
On se rappellera que le projet de loi 84 qu'on a étudié l'automne
dernier comportait un article qui ajoutait aux pouvoirs du ministre, soit celui
d'ajuster les taux: de redevances par unité ou partie d'unité
d'aménagement à l'intérieur d'une zone de tarification.
C'était dans ce qu'on avait dit, le projet de loi. Le ministre s'en
souvient, on l'a un peu asticoté avec ça.
Cet amendement ne se retrouvait pas, cependant, dans le projet de loi 84
tel que déposé, parce que le ministre nous disait que ce
n'était pas nécessaire. Il avait découvert, finalement,
qu'il pouvait faire la même chose sans mettre ça dans le projet de
loi et qu'il utiliserait plutôt la voie réglementaire, ce qui est
fait aujourd'hui, en augmentant le nombre de zones de tarification. Le ministre
n'est pas sans Ignorer que, dans la foulée de cette augmentation du
nombre de zones, on a aussi proposé une nouvelle tarification qui change
complètement les valeurs établies dans les anciennes zones.
On va prendre un exemple. Dans le sapin, épinette, pin gris,
mélèze, pour sciage et pâte, le tarif, en avril 1987,
était de 5,75 $. En décembre 1987, c'était toujours le
même taux, 5,75 $. Mais, en avril 1988, il avait baissé de 0,25 $,
donc, 5,50 $. Dans la zone actuelle, la zone 8, de nouvelles zones sont
arrivées et, par le fait même, de nouveaux tarifs. Dans la zone
12, on est passé à 5,40 $; dans la zone 22, à 4,80 $; dans
la zone 23, à 3,70 $; dans la zone 24, à 2,65 $; dans la zone 25,
à 1,25 $. Comment peut-on, M. le ministre, expliquer de telles
fluctuations? Par rapport à l'ancien taux de 5,50 $? Pour la zone 25, iI
s'agit d'une diminution, par rapport au taux de 5,25 $, de l'ordre de 4,25 $,
quand on arrive à 1,25 $. Comment le ministre peut-il m'expliquer de
telles fluctuations? On sait que le règlement stipule que la valeur
marchande du bois sur pied se calcule selon la technique de la parité
applicable en matière d'évaluation foncière en comparant
ces bois à des bois semblables dont le prix de vente est connu. Comment
en être arrivé à de telles variations à
l'intérieur d'une période de deux ans, soit depuis avril 1987? Je
vais arrêter là pour le moment et je vais attendre les
réponses du ministre avant de passer à d'autres questions.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Lors de la
première tarification, il y a eu beaucoup de questions et nous avons
rencontré les utilisateurs et les industriels, comme on l'a fait dans
toutes
les occasions. Devant les représentations de tout ce monde, on a
convenu de faire une nouvelle étude qu'on a confiée au fonds de
recherche qui s'est basé sur des critères assez rigides, comme la
géomorphologie du terrain, la difficulté de terrain, le
diamètre des arbres, le volume à l'acre, tous ces
critères. Il y avait une douzaine de critères. Ils ont revu la
tarification qui avait été proposée en premier. L'objectif
était de réduire le nombre de zones à six ou sept. On
s'est aperçu que, sur la base de ces critères, c'était
absolument Impossible de le faire. C'est pourquoi les zones ont passé de
24 à 28. Sur la base de ces critères, le diamètre des
arbres, le volume à l'acre, la topographie de terrain, la distance de
transport, etc., on a proposé une nouvelle tarification qu'on a
publiée comme règlement. Encore là, M. le
député, Mme la Présidente, il y a des industriels qui
trouvent qu'ils paient trop cher. Ceux qui ont bénéficié
d'une réduction, on n'en a pas entendu parler, parce que, avec la
nouvelle tarification, ça correspondait à peu près, dans
l'ensemble, au total, au taux de l'ancienne tarification. Cela a
été un ajustement, mais quand U y a un ajustement, il y a des
hauts et il y a des bas. C'est ce qui est arrivé dans ce cas.
M. Jolivet: Est-ce que le ministre peut m'indiquer ce qui s'est
passé au Québec et en Ontario? On sait que les redevances, dans
la zone 8, au moment où est arrivée cette entente, étaient
de l'ordre de 5,75 $. Avec la tarification d'avril 1988, on se souvient que la
réduction pour la compagnie avait été de 0,25 $ le
mètre cube, ce qui s'est traduit par une baisse de droit de coupe de
l'ordre de 375 000 $ sur 1 000 000 de mètres cubes de récolte. La
Scierie des Outardes, Québec et Ontario se retrouveraient dans les
nouvelles zones, si je comprends bien, 12, 23 et 24, bénéficiant
ainsi d'une réduction moyenne de 1,54 $, un an après la
transaction, sur une consommation annuelle de 1 500 000 mètres cubes.
C'est une nouvelle réduction annuelle de l'ordre de 2 500 000 $ que la
compagnie obtient par le fait même. La transaction qui a fait passer les
intérêts de REXFOR à la Scierie des Outardes, Québec
et Ontario, s'effectue au prix officiel qu'on connaît de 11 000 000 $. On
disait: 6 500 000 $ comptant, 4 500 000 $ suivant des termes et conditions
subordonnés à certaines performances économiques.
Conséquence: si on considère que les nouvelles tarifications lui
font épargner 2 500 000 $ par année, on s'aperçoit qu'en
plus de deux ans, eu égard aux nouvelles tarifications, le montant
d'argent versé comptant serait presque déjà tout
récupéré. Lors de la vente, le taux en vigueur
utilisé pour évaluer le coût était de 5,75 $. Le
ministre est-il en train de me dire que le prix de la transaction n'aurait pas
été le même - si je me fie aux chiffres que je lui donne -
si les droits de coupe avaient été au taux actuel et que Scierie
des Outardes aurait alors valu beaucoup plus que les 11 000 000 $?
Autrement dit, est-ce que le ministre reconnaît que le coût
de la transaction, si on avait considéré les taux actuels
plutôt que ceux de l'époque, le prix de 11 000 000 $ n'aurait pas
dû être celui-là?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mme la
Présidente, le coût de la transaction n'a aucun rapport avec les
redevances. Encore là, Québec et Ontario n'ont pas
été les seuls à bénéficier de 0,25 $ de
réduction, toutes les compagnies voisines l'ont eue, et la grande partie
du crédit, ce sont les autres compagnies qui l'ont eue. Cela n'a aucun
rapport. Concernant la transaction, même si le député de
Lavioiette veut rattacher les deux questions, elles n'ont aucun rapport. Je
dirai au député de Lavioiette que le Québec et l'Ontario
ne sont pas encore satisfaits, tout comme Daishowa et d'autres compagnies de
cette région, des taux qui ont été proposés. J'ai
demandé de les réviser, de les regarder, parce que si on se
trompe, je pense que c'est notre devoir de se corriger. Le Québec et
l'Ontario contestent l'avis de nos avocats - vous avez mentionné qu'un
avocat conteste un autre avocat - à savoir qu'ils détenaient des
droits de coupe à taux fixe lorsque la Loi sur les forêts a
été votée et, à l'instar des autres compagnies, ils
voudraient qu'on prolonge. Évidemment, ce sont les avocats qui vont
regarder ça et je suivrai leurs recommandations.
M. Jolivet: Est-ce que le ministre peut nous dire que c'est
normal, cette diminution moyenne de 1,50$?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mme la
Présidente, ce n'est pas moi qui ai fait les calculs. Je n'ai pas
influencé le fonds de recherche. Si M. le député veut
accuser le fonds de recherche d'avoir fait des choses comme ça, qu'il le
fasse.
M. Jolivet: Je vous pose la question.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Je n'ai pas
touché à ça.
M. Jolivet: À un moment donné, le ministre prend
des décisions. Comment appelle-t-on les gens qui font la recherche et
qui ont décidé que c'était le prix et vous avez dit que
c'était ça?
M. Côté (Rivière-du-Loup): J'ai confié
cette étude-là au fonds de recherche et j'ai suivi ses
recommandations. Comme je l'ai expliqué au début, il y a eu des
hauts et des bas. Il y en a qui ont eu des augmentations et d'autres des
diminutions. Sur l'ensemble, pour le Québec, ça donnait le
même montant au total.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Lavioiette, étant donné l'heure, si on
veut appeler chacun des programmes pour les adopter, je pense qu'il
faudrait...
M. Jolivet: Mme la Présidente, on a commencé
à 10 h 10. J'étais ici à 9 h 55. Il me semble qu'on
devrait continuer jusqu'à 13 h 10.
La Présidente (Mme Bélanger): Cela prend un
consentement des membres de la commission pour dépasser 13 heures.
Est-ce qu'il y a consentement?
M. Côté (Rivière-du-Loup): D'accord. M.
Jolivet: Merci.
La Présidente (Mme Bélanger): A 13 h 5,
j'appellerai chacun des programmes pour adoption.
Récupération du bois
M. Jolivet: Merci. J'aurais une question qui a trait à
Hydro-Québec, Mme la Présidente, parce que ça touche,
justement, du bois qui pourrait être en perdition sur environ 1000
kilomètres sur la ligne 6. Il semblerait, je ne sais pas si le ministre
est au courant, qu'au lieu de récupérer le bois qui est
coupé actuellement, on y met le feu. On refuse aux entreprises de
récupération d'aller chercher ce bois J'aimerais savoir, tout
d'abord, si le ministre est au courant de ça? Est-ce qu'il est au
courant que sur la ligne 6, il y a actuellement du bois coupé qu'on met
en feu et on refuse aux entreprises de récupération d'aller
chercher ce bois?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mme la
Présidente, je ne suis pas au courant de ce problème.
Évidemment, si le député veut me donner plus de
précisions, on va être capable de faire une investigation.
M. Jolivet: C'est la ligne 6.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Àquel endroit? Je ne le sais pas, je n'en ai aucune idée.
M. Jolivet: C'est dans le secteur de M. le député
d'Ungava. C'est la ligne qui doit descendre vers le centre du Québec
actuellement.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Mme la
Présidente, ce qu'on me dit, c'est qu'au nord des endroits où on
a des contrats d'approvisionnement, où il y a des opérations
forestières, on ne récupère pas le bois; au sud, où
on a des opérations forestières, on le récupère.
Cela me prendrait plus de précisions, M. le député.
M. Jolivet: C'est dans le nord, c'est dans Ungava. M. le
député d'Ungava m'a demandé de poser cette question. C'est
important ce que vous me dites. Vous êtes en train de me dire, au moment
où on parle de pénurie de bois au Québec et de
difficultés pour l'avenir, qu'on coupe du bois pour faire les lignes, ce
qu'on appelle le "slashage", le terme habituel du coin. On coupe du bois pour
faire passer la ligne hydroélectrique et on met le feu dedans
plutôt que de le récupérer. On refuse aux compagnies de
récupération d'aller chercher ce bois même si elles le
veulent et vous me dites: Dans le nord, c'est normal; dans le sud, on le
récupère.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Si le bols n'est
pas marchand, on ne le récupère pas dans le nord. Quand on parle
du nord...
M. Jolivet: s'il y a des gens qui veulent aller le
récupérer parce qu'ils ont des usines de
récupération, il doit certainement y avoir quelque chose.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Avec des
précisions, on va l'évaluer et je vous ferai un petit compte
rendu de ce que ça vaut, M. le député. (13 heures)
M. Jolivet: Vous ne savez pas quel volume, actuellement, serait
perdu par le feu. Tout à l'heure, vous avez parlé de la tordeuse
des bourgeons de l'épinette qui avait fait perdre dix ans aux industries
dans tout le Québec. Vous dites: II y a du bois qui est perdu, qui est
brûlé. Mais vous n'êtes pas au courant de cela et cela ne
vous énerve pas plus puisque vous dites que dans le nord, on ne le
récupère pas. Est-ce que c'est de coutume, sur les lignes de la
Baie James, de faire cela?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est ce que je
vous demande, M. le député. Si c'est dans le Grand Nord, au nord
du lac Evans où il n'y a pas de route, je ne sais pas si quelqu'un veut
aller le chercher. Par contre, si quelqu'un veut récupérer le
bois, je n'ai pas tellement de problèmes à l'appuyer.
M. Jolivet: Je vais vous poser l'autre question qui...
M. Côté (Rivière-du-Loup): On n'a pas fait de
demande au ministère. On l'a peut-être faite à votre
collègue, mais on n'a pas fait de demande au ministère.
M. Jolivet: En tout cas, je vous demande de vérifier
ça et de me donner une réponse. L'autre question est la suivante.
En termes de travaux de voirie, actuellement, il semblerait que justement le
ministère de l'Environnement bloque HydroQuébec dans la route de
Sainte-Marguerite. On dit que le ministre de l'Environnement n'a pas encore
autorisé Hydro-Québec à construire la route de la future
centrale sur la rivière Sainte-Marguerite. Cette route devrait permettre
de récupérer 1 300 000 mètres cubes de bois qui,
autrement, seraient inondés. J'aimerais savoir s'il y a des
négociations entre vous et le ministre de l'Environnement pour
régler le problème quant à
cette route à faire, et à qui le ministre a-t-il
l'intention de destiner ces 1 300 000 mètres cubes?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est un
problème qui a été discuté un peu avec
HydroQuébec, Mme la Présidente, mais on n'a pas encore
commencé à discuter avec le ministère de l'Environnement.
J'ai dit à Sept-îles, et je le répète ici, qu'il
serait inacceptable d'inonder du bois et de le perdre alors que, comme vous
l'avez mentionné plus tôt, des usines peuvent le transformer. Il y
aura une route de construite et Hydro-Québec devrait nous donner le
temps raisonnable de récupérer le bois qui, autrement, serait
inondé.
M. Jolivet: En tout cas, je vous dis que j'espère que ce
bois ne sera pas perdu et que vous prendrez les mesures nécessaires pour
amener le ministère de l'Environnement à accorder les permissions
nécessaires pour aller récupérer ce bois. Si on ne fait
aucune route et, finalement, on inonde le terrain, c'est du bois qui est perdu
alors qu'on est à la recherche de bois au Québec.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Quand on a
inondé Manicouagan-Outardes, il y avait 4 000 000 de cordes, cela veut
dire près de 12 000 000 de mètres cubes de bois. On a
inondé à peu près 8 000 000 de mètres cubes de
bois. Je dis que c'est quasiment un scandale. On devrait avoir le temps
nécessaire - sans flâner - pour récupérer le bois
menacé de perdition.
Exportation du bois d'oeuvre
M. Jolivet: J'aimerais savoir de la part du ministre, dans les
études qu'il fait sur la tarification des travaux sylvicoles - parce que
cela va avoir des effets sur un autre dossier et ce serait probablement le
dernier qu'on aurait à regarder qui est la taxe à l'exportation
du bois d'oeuvre - est-ce que le ministre peut nous dire où en est rendu
le travail? Est-ce qu'il a fini ce travail? Est-ce qu'il peut nous dire,
aujourd'hui, où il en est?
M. Côté (Rivière-du-Loup): On a
présenté... C'était une des conditions lors des
négociations avec le gouvernement américain via le gouvernement
canadien qu'on fasse une étude pour déterminer la vraie valeur
des travaux sylvicoles comme la vraie valeur des bois marchands sur pied. Le
devis a été soumis au gouvernement canadien qui en discute
actuellement avec le gouvernement américain. J'ai tout lieu de croire
que ce sera accepté, qu'on pourra faire un appel d'offres pour confier
cette étude au Québec.
M. Jolivet: Dans les travaux sytvicoies, est-ce que vous allez
inclure d'autres coûts qui sont ceux pour la lutte contre les incendies,
contre les insectes et contre les maladies? Est-ce que, dans le coût de
l'évaluation que vous faites, vous allez jusqu'à faire
vôtre l'évaluation faite par l'Association des manufacturiers de
bois de sciage du Québec à l'effet que cette taxe, au bout de la
course, sera enlevée complètement sur le plan américain
mais pour cela U faut que vous fassiez des recherches et que vous
présentiez le coût des travaux sytvicoies. Donc, les travaux
sytvicoies, c'est une chose, mais, à cela s'ajoutent les coûts
pour la lutte contre les incendies, les insectes et les maladies. Est-ce que
c'est contenu dans cela, comme première question?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Seulement les
travaux sylvicoles.
M. Jolivet: Est-ce que vous êtes prêt à faire
vôtre la demande de l'Association des manufacturiers de bois de sciage
disant que cette taxe doit disparaître complètement?
M. Côté (Rivière-du-Loup): C'est mon
objectif, M. le député, de faire disparaître la taxe de 8
%. Je voudrais bien qu'on fasse la démonstration, je l'ai
mentionné plus tôt. On a fait deux études concernant la
tarification, ce qui représente la juste valeur marchande du bois sur
pied, et cela en sera une troisième. J'espère bien qu'avec
celle-là, on réussira à faire disparaître la
taxe.
M. Jolivet: Est-ce que le ministre, dans ses négociations
avec les États-Unis, est prêt à dire ceci: Écoutez,
vous avez baissé de 15 % à 8 %, on croit que normalement cela
aurait pu être entre 6 % et 3 %, avant l'expiration en 1990? Est-ce que
le ministre est prêt à faire des demandes pour que soit
regardé rétroactivement le chiffre de 8 % pour les années
qui viennent de passer?
M. Côté (Rivière-du-Loup): On a fait la
demande dernièrement pour les scieries frontalières chez qui on a
perçu une taxe de 15 % la première année, pour le
remboursement.
M. Gendron: Et pour les autres?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Pour les autres,
je ne suis pas prêt à le faire, je ne suis pas encore rendu
là.
M. Gendron: Donc, vous n'avez pas ajouté...
M. Côté (Rivière-du-Loup): On ne sait pas
encore si les Américains vont nous dire oui pour la taxe ou non, ce qui
fait qu'on ne peut pas devancer cette décision.
M. Gendron: Les gens nous disent qu'ils perdent 10 000 000 $ par
année actuellement, compte tenu de cette taxe de 8 % qui aurait
normalement dû être baissée à 6 % et
possiblement à 3 %. Est-ce que, dans vos demandes, vous nous dites: On
n'est pas rendu à cette étape de demander rétroactivement
une diminution?
M. Côté (Rivière-du-Loup): Actuellement, nous
appliquons l'entente qui a été signée, le memorandum qui a
été signé. Avec l'étude qu'on fera, il serait
peut-être temps de demander des choses, d'exiger - bien, exiger, c'est un
grand mot - de souhaiter que la taxe de 8 % disparaisse. Vous savez, on a de
petits problèmes avec les Américains, parce que vous avez
vu...
M. Gendron: Des gros, non pas des petits, des gros
problèmes.
M. Côté (Rivière-du-Loup): "Petits",
ça veut dire "gros", pour moi. La Colombie britannique s'est fait
prendre à transporter du bois de l'Ontario hors taxe et nous avons fait
un petit peu pareil avec le Nouveau-Brunswick. Cela fait que, quand on se
conduit de cette façon, ce n'est pas facile de négocier
après.
M. Jolivet: Les gens disent que, finalement, l'effet a
été plutôt de permettre à des gens de la Colombie
britannique d'aller écouler sur le marché qui était un
marché québécois les bois que normalement le Québec
envoyait de l'autre côté, et ça, c'est un effet...
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: ...très négatif.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que...
M. Jolivet: Mais le ministre était prêt à me
répondre sur ça.
Adoption des crédits
La Présidente (Mme Bélanger): Bon, bien là,
on n'a plus de temps. Est-ce que le programme 1, Gestion de la forêt, est
adopté?
M. Jolivet: Sur division.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que le
programme 2, Amélioration de la forêt, est adopté?
M. Jolivet: Sur division.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que le
programme 3, Développement de l'industrie forestière, est
adopté?
M. Jolivet: Sur division.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que le
programme 4, Financement forestier, est adopté?
M. Jolivet: Sur division.
M. Côté (Rivière-du-Loup): Sur division?
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, la commission
suspend ses travaux jusqu'après la période de questions.
(Suspension de la séance à 13 h 8)
(Reprise à 16 heures)
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
La commission de l'économie et du travail est réunie, cet
après-midi, afin de procéder à l'étude des
crédits budgétaires du ministère du Travail pour
l'année financière 1989-1990. En après-midi, nous avons
jusqu'à 18 heures et, en soirée, de 20 heures à 21 h
30.
M. Jolivet: Un peu plus, Mme la Présidente. La
Présidente (Mme Bélanger): Pardon?
M. Jolivet: II a été décidé que si on
voulait aller plus tard que ça, ce soir, compte tenu des quatre heures
que nous avons à notre disposition, on pourrait continuer plus tard.
La Présidente (Mme Bélanger): S'il y a consentement
de la commission.
M. Jolivet: Non, non, il n'y a pas de consentement à
avoir, c'est ça, on a droit à quatre heures. J'étais en
Chambre, c'est pour ça que je n'étais pas ici. J'agissais comme
leader adjoint et il n'y avait personne. M. Gratton a dit en Chambre, le
leader, que pour notre commission, si ça prend les quatre heures et que
ça dépasse 21 heures, on a le droit d'aller jusqu'à 22
heures, s'il le faut. Ce n'est pas une question de consentement, c'est la
réalité.
M. Cannon: Consentement.
M. Jolivet: Non, non. Si vous voulez avoir une journée de
plus demain, dites-le.
M. Cannon: Consentement.
La Présidente (Mme Bélanger): Ce qui veut dire que,
ce soir, au lieu de 21 h 30, ça ira à 22 heures.
M. Cannon: M. le député, ne commencez pas à
faire vos menaces parce que vous allez vous apercevoir...
La Présidente (Mme Bélanger): À l'ordre,
s'il vous plaît!
M. Cannon: ...qu'on se chauffe aussi peut-être d'un bois
qui est encore plus ardent que le vôtre.
M. Jolivet: Oui, oui, oui!
La Présidente (Mme Bélanger): A l'ordre, M. le
député La Peitrie, s'il vous plaît. Alors...
M. Cannon: ...quatre heures, on va faire la nôtre, on va
vous écouter péniblement pendant quatre heures de temps.
La Présidente (Mme Bélanger): S'il vous
plaît! J'appelle le programme 1... Pardon, c'est vrai, on change de
ministre.
M. le ministre, est-ce que vous avez des remarques
préliminaires.
Remarques préliminaires M. Yves
Séguin
M. Séguin: Si vous me le permettez, Mme la
Présidente, oui, très brièvement. D'abord, je veux saluer
les collègues qui siègent à la commission. Si vous me le
permettez, j'indiquerais que je suis accompagné de l'ensemble des
responsables des organismes autres que le ministère du Travail dont je
suis également responsable. Je vais les nommer rapidement et, au fur et
à mesure des besoins, si je dois leur demander des compléments
d'information, ils pourront se nommer ou je pourrai en faire appel. Alors, il y
a le sous-ministre au ministère du Travail, M. Robert Diamant, M. Jean
Larivière, secrétaire du ministère, M. Raymond
Désilets, sous-ministre adjoint aux relations du travail, M. Dupuis,
sous-ministre adjoint également, M. Réal Mireault,
président de la Régie des entreprises de construction du
Québec, M. Alcide Fournier, président de la Commission de la
construction du Québec, Mme Madeleine Lemieux, présidente du
Conseil des services essentiels, M. Jean-Louis Hérivault de l'IRIR, Mme
Lise Thibault, vice-présidente à la CSST, Mme Lise Langlois,
également vice-présidente, MM. Pierre Shedleur, Alain
Ménard et Gilles Taillon, également de la CSST. Je suis
accompagné également de MM. Richard Thibault et Luc Archambault,
de mon cabinet.
Nous avons plusieurs programmes, sept programmes. Je m'étais un
petit peu préparé à aborder les travaux selon l'ordre des
programmes. J'avais prévu la présence des gens en
conséquence, tel qu'il m'apparaissait que les travaux avaient
été établis. N'ayant pas eu de contre-indication à
cet effet, je pensais qu'il était approprié de procéder
ainsi et de tâcher, de ma part, bien sûr, de répondre
à l'ensemble des questions, fournir les compléments d'information
sur l'ensemble des sujets. Comme on le voit, Mme la Présidente, on a un
vaste éventail de responsabilités. On part des relations du
travail jusqu'aux problèmes ou à la dimension de la CSST. Donc, y
y a différentes choses. Tous les intervenants sont ici et j'anticipe
bien que nous puissions apporter tous les éclairages.
À ce moment-là, si les membres de la commission, tout au
long des travaux, voulaient aborder des sujets d'orientation dans les dit-
(érentes questions, Je suis prêt également à
fournir des Indications, au niveau du ministère du Travail, dans ce qui
a été fait et ce qui peut s'annoncer dans l'année, raisons
pour lesquelles nous demandons des crédits essentiellement. Je
tâcherai, bien sûr, de compléter par écrit, en
faisant parvenir à la commission les autres renseignements qui seraient
jugés d'ordre plus technique, comme il arrive quelquefois dans nos
travaux de la commission. Je vous remercie, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M le ministre.
M. le député de Laviolette.
M. Jean-Pierre Jolivet
M. Jolivet: Merci, Mme la Présidente. L'étude des
crédits du ministère du Travail et de tous les organismes qui
sont sous la responsabilité du ministre du Travail commence, pour la
quatrième fois, sous le règne du gouvernement actuel. Cela nous
permet de faire le point sur l'ensemble des programmes qui relèvent du
ministre du Travail. On peut dire que depuis la nomination du
député de Montmorency et ma nomination comme porte-parole de
l'Opposition en cette matière, on a eu l'occasion de converser à
plusieurs occasions et de se voir lors des engagements financiers. Je profite
de la circonstance pour souhaiter la bienvenue à tous ceux qui
accompagnent le ministre et qui ont des rôles à jouer dans les
organismes prévus par la loi.
Il est évident, cependant, qu'à cette première
expérience comme critique d'un vaste dossier, je vais essayer de faire
le mieux possible afin de répondre à des questions qui sont
posées par la population en général, mais aussi par des
groupes en particulier.
On peut dire que depuis la nomination du député de
Montmorency à cette tâche, on a vu un changement un peu plus
radical - je devrais dire très radical - par rapport au style de son
prédécesseur qui... Cette philosophie du titulaire actuel nous
apparaît, dans certains cas, comme: il faut faire attention aux gestes
que nous allons poser et, dans certains cas, peut-être donner
l'impression qu'on ne bouge pas trop par rapport à... Là, je fais
une comparaison avec son prédécesseur qui, lui, quant à
nous, dans certains cas, étaft quasiment là pour provoquer le
monde. Et je dois dire que nous avons eu l'occasion, à l'époque,
comme membres de l'Opposition, d'être obligés, même à
l'Assemblée nationale, d'adopter des projets de loi sous pression, en
pleine fin de session, sur certaines décisions que prenait l'ancien
ministre et, là, on examine la fameuse Commission des relations du
travail.
Même si cette loi qui crée un organisme a passé tous
les stades prévus par la Législature, son adoption et tout, on
s'aperçoit qu'elle n'est pas encore en vigueur. Comme je le disais
à plusieurs occasions et comme je le redis aujour- d'hui, vous allez
voir, Mme la Présidente, qu'on finira peut-être bien par la
modifier avant même de l'avoir mise en vigueur officiellement. En tout
cas, c'est l'Impression qui nous reste actuellement.
En arrivant à son poste, le ministre actuel n'a pas jugé
que sa nomination pourrait être l'occasion de mettre à
l'écart un projet que son prédécesseur avait voulu imposer
aux intervenants. On a vu aussi qu'il n'avait pas l'intention de l'appliquer
et, en conséquence, il a pris quelque temps de réflexion pour
nous annoncer - si vous pensez à une décision, Mme la
Présidente, je dois vous dire malheureusement non - plutôt une
autre forme de consultation. C'est un peu comme si le débat qui avait
déjà eu lieu n'avait pas pu lui fournir tous les
éléments de solution qu'il recherchait. On a l'impression qu'il a
décidé de recommencer un processus qui doit prendre encore
quelques mois. Et si on regarde aujourd'hui, sept ou huit mois ont passé
depuis l'annonce de cette consultation
Aurons-nous au moins, avant le mois de juin, les modifications à
la loi, s'il y en a? C'est-à-dire, Mme la Présidente, qu'il
faudrait que ce soit déposé d'ici quelques temps parce que le 15
mai, c'est la date limite pour présenter des projets de loi permettant
des amendements à cette loi pour le mois de juin. Je n'en suis pas
sûr. Donc, si on ne les a pas avant l'été, Mme la
Présidente, on risque de ne pas les avoir avant l'an prochain. Bref,
tous ceux qui craignaient un certain bouleversement des relations du travail
sont au moins temporairement rassurés, mais, semblerait il, ce n'est que
partie remise. Le ministre, en fait, un peu comme son chef au gouvernement,
pellette un peu la neige en avant de lui pour éviter d'avoir trop de
problèmes avec cette loi qui, en réalité - le ministre en
conviendra - est un peu difficile d'application, étant donné la
façon dont elle a été adoptée.
Un autre exemple, c'est la façon dont on aborde actuellement les
modifications qu'il faut apporter à l'article 45 du Code du travail. Au
mois de février, lors de la vérification des engagements
financiers, je demandais au ministre s'il pouvait nous donner des indices quant
aux amendements qu'il pourrait apporter, en lui demandant, si jamais ces
amendements arrivaient, s'ils pourraient avoir une portée
rétroactive, comme on l'avait fait d'ailleurs, avant Noël, pour
valider les programmes de stabilisation économique et sociale à
la Commission de la santé et de la sécurité du travail.
L'idée de cette demande de portée rétroactive est
qu'après le jugement de la Cour suprême sur l'article 45, on a pu
apprendre que beaucoup de gens se sont désistés dans des causes
semblables;, causes qui étalent en attente. Le ministre a
répondu, à l'époque, qu'il n'avait pas de conseil à
donner aux intéressés ni aux avocats qui portaient les
causes.
En fait, ce que je lui demandais, ce n'était pas tout à
fait ça. Je lui demandais, s'il décidait de changer l'article 45
dans le sens d'assurer la
transmission de l'accréditation syndicale, s'il pourrait
envisager de rendre ce changement rétroactif de façon à
couvrir les cas présentement soumis aux tribunaux. S'il prenait
aujourd'hui cette décision, il est évident que les gens qui se
sont désistés, à mon avis, l'auront fait pour rien. S'il
avait voulu, le ministre aurait pu avertir ces personnes en prenant toutes les
précautions pour ne pas être mal interprété. Dans ce
dossier, il a préféré encore ne rien dire et plutôt
laisser faire. Cela a peut-être comme l'impression de laisser oublier la
manie de son prédécesseur qui, lui, bousculait tout le monde,
mais, entre cela, il se croisait les bras. Je pense qu'il y a une marge.
En ce sens, il me semble que les droits des travailleurs, ce sont les
affaires auxquelles il doit s'affairer - si on peut employer ce terme - pour
donner les meilleurs droits possible aux travailleurs. C'est encore la
même chose dails ce qu'on appelle le régime des décrets de
convention collective. Là aussi, le ministre se contente de battre en
retraite sous les intentions de son prédécesseur. On les
connaît. Il y a eu des questions à l'Assemblée nationale au
ministre qu'il l'a précédé. Lui ne semblait pas voir
justement comme une bonne chose de continuer le régime des
décrets des conventions collectives. Contrairement à ce qu'on
avait entendu de la part de son prédécesseur, le gouvernement ne
parle plus d'abolir cette loi, mais on peut se demander ce qu'il veut, au
juste. Est-ce qu'il pourrait nous donner des renseignements? Nous, on ne sait
pas tout à fait où il veut aller. Une table ronde devait avoir
lieu sur le sujet, l'automne passé. On dit maintenant que c'est pour le
printemps. Le printemps est déjà presque terminé, Mme la
Présidente. J'aimerais avoir des détails de la part du ministre.
En attendant, le ministre renvoie des à des les adversaires et les
partisans du régime. Ces décisions sont repoussées d'une
date à l'autre et c'est comme cela un peu partout.
L'ancien ministre voulait transformer le Conseil consultatif du travail
et de la main-d'oeuvre, le CCTMO, comme on l'appelle. C'est l'objet d'un projet
de loi qui est encore au feuilleton, soit le projet de loi 41. Les syndicats et
le patronat étaient - on le verra et on l'a reconnu - contre. Le nouveau
ministre arrive. Il a l'air de réhabiliter le Conseil consultatif en lui
demandant son avis sur la mise en application de la loi 85, mais le projet de
loi 41 est toujours au feuilleton. Là, on se pose la question: Où
va-t-on? Le ministre peut-il nous le dire?
On peut peut-être regarder aussi un autre dossier, même si
le ministre peut se vanter d'avoir réussi, avec le premier ministre,
à conclure un accord sur le dossier de l'industrie de la construction.
On peut peut-être dire: Oui, aujourd'hui, au moment où l'on se
parle, la paix ouvrière a été sauvée dans ce
domaine important de notre économie. Vous pouvez en être fiers. On
peut vous en féliciter, mais, en réalité, l'entente
comporte quoi? En fait, c'est la prolongation du décret, avec une
augmentation salariale consentie à 5 % et l'abaissement de l'âge
de la retraite. Sur l'enjeu central de la négociation, soit
l'établissement d'un régime supplémentaire de
sécurité du revenu pour les travailleurs de la construction, le
résultat en est qu'une commission va être formée et cette
commission devra remettre son rapport d'ici mars 1990. Il y a donc encore un an
pendant lequel les discussions vont se continuer. À partir de cela, on
verra ce que ça donnera comme résultat total. Est-ce qu'on aura,
dans un an, seulement reporté d'un an le conflit qui s'annonçait
cette année?
L'inertie du gouvernement, à mon avis, se reflète au
niveau budgétaire. On le verra en cours de route, certains programmes
sont en train de figer littéralement. Les crédits
périmés au programme 3, Services essentiels et droit
d'association, s'élèvent à plus de 1 120 000 $, soit 21 %
du total autorisé en 1988-1989. Si on se fie aux renseignements
supplémentaires du budget des crédits 1989-1990, ces
crédits périmés seraient dus au retard à implanter
la Commission des relations du travail, tel qu'on en faisait mention tout
à l'heure. Au programme 1, Relations du travail, les crédits
périmés sont dé l'ordre de 1 400 000 $ et
représentent 24 % du total autorisé en 1988-1989. Toujours selon
les renseignements supplémentaires à la page 96, la cause
serait-elle reliée au ralentissement des activités liées
à la médiation dans les secteurs public et parapublic?
Au programme 7, Financement des activités d'inspection à
la Commission de la santé et de la sécurité du travail du
Québec, les crédits périmés s'élèvent
à 29 % du total autorisé en 1988-1989, soit 13 000 000 $ sur 45
000 000 $. En 1989-1990, les crédits adoptés subiront une
diminution de 17 % sur 1988-1989, et ce montant comprendra le versement d'un
solde dû pour les années antérieures. (16 h 15)
Mme la Présidente, j'ai un peu plus de mal à comprendre.
D'une part, on a des crédits périmés, des montants qui
étaient dus n'ayant pas été payés. En 1989-1990,
ces montants seront payés, mais le total des crédits
adoptés va diminuer. D'autre part, on sait que la Commission de la
santé et de la sécurité du travail du Québec a
annoncé son intention d'augmenter le nombre d'inspecteurs qu'elle
emploie. Cela veut dire que la contribution du gouvernement devra aussi
augmenter. Or, les crédits à adopter diminuent. Il faudrait bien
que, pour une fois, on nous dise exactement où on s'en va dans la partie
qu'on juge préventive de l'inspection, même si ce n'est pas toute
la partie préventive à laquelle on est en droit de s'attendre.
Mais j'aimerais bien comprendre un peu ce qui se passe à ce
chapitre.
Mme la Présidente, c'est un sommaire rapide, un examen qui est
simplement l'esquisse des questions qu'on aura à poser durant cette
commission, mais cela laisse quand même deviner la façon
dont le ministre volt son rôle et la raison pour laquelle il voit les
choses comme je l'ai démontré jusqu'à maintenant.
Nommé II y a moins d'un an pour succéder à un
collègue plus controversé, le ministre semble être en train
de nettoyer son bureau de tous les dossiers litigieux, mais non pas
nécessairement en trouvant des solutions et des règlements, et
vous l'avez bien noté, je l'espère. La manoeuvre est à peu
près toujours la même dans tous les cas: on retire le projet de
loi controversé ou un autre projet controversé, on annonce qu'on
va y repenser. On fait une déclaration à la presse et le tour est
joué, on arrive dans le temps à n'avoir trouvé aucune
solution au problème devant nous. Donc, dans ce contexte, tout le monde
se donne rendez-vous dans six mois ou un an et on verra.
Mme la Présidente, il y a, selon moi, beaucoup de questions
à poser et, en répondant à nos questions, le ministre
pourra peut-être régler une partie de nos problèmes de
conscience. Mais une chose est certaine, on est en droit de se demander si des
problèmes dont la solution ne peut plus attendre peuvent attendre encore
six mois ou un an. Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Lavlolette.
M. le ministre, est-ce que vous avez des commentaires à faire? M.
le député de Saguenay a exprimé le désir de faire
aussi des remarques préliminaires.
M. Séguin: Je pensais formuler mes commentaires sur
l'ensemble de ces sujets au fur et à mesure de l'adoption des
programmes, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Je peux donc
céder la parole au député de Saguenay?
M. Séguin: II n'y a pas de problème.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Saguenay.
M. Ghislain Maltais
M. Maltais: Merci, Mme la Présidente. Dans un premier
temps, je n'ai pas l'intention de faire le procès des ex-ministres du
Travail. Depuis six ou sept ans, on en a connu quand même plusieurs. De
toute façon, je n'ai pas l'habitude de parler du travail de quelqu'un
lorsqu'il n'est pas présent.
Je vous avise immédiatement, Mme la Présidente, que je
prendrai mes vingt minutes sur chaque programme puisque nous avons des choses
importantes à dire. Nous représentons 60 % de la population. Nos
commettants viennent nous voir dans différents comtés et je suis
convaincu que plusieurs de mes collègues pren- dront aussi le temps qui
leur est dévolu et, M. le ministre, je pense qu'il est sage de vous en
Informer Immédiatement. Je ne ferai pas non plus le procès des
gouvernements antérieurs ni celui du gouvernement actuel. La population
aura un jour à se prononcer à ce sujet. Il vaut sans doute mieux
pelleter ta neige quand il y a de la neige, que pelleter des nuages; l'un des
deux est plus palpable.
Quant à mol, Mme la Présidente, certains points
particuliers nous touchent dans chacun de nos comtés, mais aussi dans
l'ensemble du Québec. Je suis heureux de la présence de certaines
personnes, du président de la CCQ avec qui on aura l'occasion de
discuter lorsqu'on sera rendus à ces programmes, de la CSST qui touche
une énorme partie des travailleurs du Québec et dont plusieurs
nous font des représentations qui sont parfois justes et d'autres,
parfois injustes, il faut le dire. On n'a jamais les deux côtes de la
médaille en même temps II faut brasser un peu les dossiers pour
souvent avoir la vérité.
Sur le pian législatif, Mme la Présidente, je pense qu'en
ce qui concerne le Code du travail, nous avons, au cours des 25
dernières années au Québec, apporté plusieurs
amendements, plusieurs modifications au Code du travail. Je pense que la
meilleure façon de régler les. conflits de travail, c'est dans
l'attitude des gens qui ont à régler ces conflits. Je suis fier
de voir que le nouveau ministre du Travail a cette attitude conciliante, qu'il
se fie beaucoup plus à une vraie relation du travail et qu'il ne
s'enfarge pas et ne se place pas déjà dans un cadre administratif
qui n'aura qu'à tirer les ficelles.
Je crois honnêtement et sincèrement que la
négociation est la meilleure façon pour arriver à une
entente collective dans certains groupes de travail. À prime abord, vous
nous avez démontré que ça pouvait se faire encore au
Québec, dans un contexte des plus tumultueux, et c'est tout à
votre honneur.
J'aimerais aussi qu'on s'attarde, lorsqu'on arrivera au dossier de la
CSST, à un nouveau service que vous avez instauré au cours des
dernières années. C'est celui des relations avec les
bénéficiaires. C'est un service des plus humains. Nous aurons
sans doute l'occasion d'en discuter fort longtemps, je l'espère,
puisqu'il s'agit peut-être du service que nous attendions comme
députés de régions éloignées qui ne
profitons pas de tous les bureaux administratifs de la CSST. Je pense que
humaniser la relation avec quelqu'un qui vient d'avoir un accident de travail
était la première volonté de chacun des
députés. Vous l'avez fait sans cadre législatif et c'est
exceptionnel, c'est très intéressant. Cela prouve un peu mon
énoncé en disant que, bien sûr, des projets de loi, c'est
beau, mais n'oublions pas une chose, que, comme députés, nous ne
transigeons pas avec des volumes mais bien avec des citoyens.
Ce sont de brèves remarques. J'aurai l'occasion de revenir sur
chacun des programmes.
Merci, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Saguenay. M. le ministre.
Relations du travail
M. Séguin: Ce que je comprends, Mme la Présidente,
c'est que je suis a l'intérieur du programme 1, Relations du travail, et
que...
La Présidente (Mme Bélanger): Je pense qu'on a eu les
remarques préliminaires. Nous pouvons maintenant appeler les programmes.
On peut appeler le programme 1, Relations du travail. M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: M. le ministre, ma question portera sur l'article 45
du Code du travail. J'aimerais rappeler que l'article 45, on s'en souviendra, a
pour but d'assurer, par exemple, dans le cas d'un employeur qui vend son
entreprise, que l'accréditation syndicale et la convention collective se
transmettent comme si le nouveau propriétaire avait toujours
été l'employeur. On évite ainsi qu'une
accréditation et une convention collective deviennent caduques.
Le problème actuel vient du fait que cet article ne s'applique
pas, et c'est dû à la décision de la Cour suprême,
quand un employeur donne un contrat en sous-traitance et, après
ça, change de sous-traitant. C'est pourtant le même contrat, la
même partie de l'entreprise, même s'il est donné à un
autre. Mais la Cour suprême a décidé que les droits du
premier syndicat ne se transmettent pas. Dans le contexte
québécois, où le phénomène de sous-traitance
prend beaucoup d'ampleur, la portée de cette décision est
très considérable, d'autant plus que dans l'ensemble du dossier,
ce que la loi voulait donner, ce que l'on voulait, à l'époque,
amener dans la paix sociale quant aux relations du travail, c'était
d'éviter le chaos dans lequel on avait été
confrontés, dans le passé.
Ce qu'on sait aussi, c'est que 93 causes attendaient ce jugement avant
de procéder au Bureau du commissaire général du travail.
Le 17 février dernier, on rapportait déjà quinze
désistements. Donc, le 16 février, le ministre, en commission
parlementaire, refusait la proposition de faire une déclaration
prévenant les intéressés d'attendre qu'ils se
décident, au cas où le gouvernement adopterait une loi, comme je
le disais, rétroactive.
Dans ce contexte, si on se fie à des documents qui nous sont
fournis, tels le bulletin du Conseil du patronat d'avril 1989, il semblerait
que les discussions sont difficiles au Conseil consultatif du travail et de la
main-d'uvre, là où le ministre a décidé de
reporter son attention.
Donc, le dialogue est toujours possible au sujet de l'article 46 qui
porte sur la juridiction du Tribunal du travail, article que le jugement de la
Cour a également affecté. Mais le Conseil du patronat refuse
catégoriquement de discuter la possibilité de reconnaître
la transmission des droits collectifs d'un sous-traitant à un autre.
J'aimerais savoir de la part du ministre, d'abord, si les indications
que nous avons du nombre de désistements a changé ou s'ils sont
encore les mêmes. Pourrait-» nous dire comment se déroulent
les discussions au conseil Consultatif, au moment où l'on se parle?
J'aurai d'autres questions à lui poser ensuite.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Séguin: Oui, Mme la Présidente. En fait,
tantôt, dans le préambule du député de Laviolette,
j'ai constaté des remarques à mon endroit comme ministre du
Travail, en poste depuis moins d'un an. Je me disais en l'écoutant, ma
foi, mon collègue n'a pas pris connaissance des coupures de presse
depuis sept, huit mois, parce que tous les dossiers qu'il soulève, que
ce soit la CRT, l'article 45, le décret des conventions collectives avec
table ronde, que ce soit le Conseil consultatif, le décret de la
construction, ce sont tous des sujets qui ont fait l'objet de
conférences de presse, d'entrevues, de commentaires, de confirmations
publiques de ma part.
Quand il pose des questions à savoir où j'en suis et ce
que je fais, si je pellette des nuages ou de la neige, ça me surprend un
peu. Maintenant, c'est peut-être du fait aussi que ce sont des dossiers
sur lesquels il n'a pas une connaissance approfondie et qu'il fait un constat
aujourd'hui un peu lui aussi dans le brouillard. Je vais essayer de dissiper ce
brouillard-là. Ce que j'ai essayé de faire, moi, comme ministre
du Travail, c'est simplement d'entendre les parties. À titre d'exemple,
sur la CRT, j'ai pris la décision de former un comité, le
comité Blain, à la demande des parties syndicales. Si mon
collègue, le député de Laviolette, veut me suggérer
que j'aurais dû enclencher le processus, je prends bonne note de ses
commentaires. Quand j'aurai des rencontres, la semaine prochaine, avec les
présidents de la CSN et de la FTQ, ça me fera plaisir de leur
dire qu'aujourd'hui, en commission parlementaire, le député de
Laviolette ne semblait pas très heureux de cette initiative de ma part,
il y a quelques mois, de confier un nouveau mandat, tel que le Conseil
consultatif me l'avait recommandé unanimement. Toutes les parties
étaient très heureuses que je prenne cette décision.
Je vais vous dire pourquoi. Concernant la CRT, il réapparaissait
un élément important, à doublement réfléchir
avant d'enclencher le processus, c'est la disparition du Tribunal du travail.
Je dois dire qu'encore aujourd'hui, la majorité des parties ont
d'énormes réserves sur cette conséquence de l'implantation
de la CRT. Dans l'ensemble, les gens sont très positifs sur le principe
de la CRT. J'en suis aussi. Le mandat du comité Blain, c'est un mandat
de six mois, ce
qui n'est quand même pas excessif comme mandat. Ils ont fait des
auditions encore récemment et le rapport va se préparer dans un
temps très prochain. Je retournerai avec les recommandations, les
conclusions, les suggestions du comité Blain, au Conseil consultatif tel
qu'était là mon engagement du début et tel que me l'avait
demandé le conseil consultatif à l'unanimité.
Parce que, qui siège au Conseil consultatif, Mme la
Présidente? C'est tout le monde du travail, tant la partie syndicale que
patronale. J'ai Identifié que le Conseil consultatif était pour
moi le reflet du monde du travail par les représentants des leaders
syndicaux et du monde patronal. C'est un dossier important. Même si la
loi a été adoptée, il ne s'agissait pas de
reconsidérer tout le bien-fondé du principe de la loi, mais de
s'interroger sur des modalités. C'est à l'examen des
modalités que toutes les parties m'ont fait des représentations
suggérant ceci, cela, telle chose, telle recommandation, et en
particulier, le Tribunal du travail. Je souhaite, moi le premier, à la
lumière des rapports que j'attends, pouvoir avoir une bonne discussion
au Conseil consultatif et déterminer de façon finale tout
ceprojet de la_CBI.
Mais, en attendant, nous avons aussi amplifié notre service au
ministère du Travail. J'avais donné le mandat au sous-ministre
responsable des relations du travail du ministère du Travail de voir
à l'élaboration d'un nouveau concept à l'intérieur
du ministère du Travail, qui est un service de médiation, une
direction de la médiation, étant donné que cette
expérience a commencé il y a quelques années au
ministère et s'est avérée extrêmement heureuse et
souhaitée par toutes les parties. Au lieu de le laisser comme un petit
service, j'ai voulu lui donner l'ampleur d'une direction avec les ressources,
le personnel, le budget, des lignes de direction et pouvoir faire des modes
d'intervention beaucoup plus importants.
Ça aussi, on y réfléchit très
intensément actuellement au ministère du Travail et je pense que
dans un temps très prochain, quelques semaines, un mois, on sera en
mesure aussi d'apporter une conclusion à l'élaboration de cette
nouvelle direction à l'intérieur du ministère du Travail.
(16 h 30)
En ce qui concerne l'article 45, on le sait, le jugement de la Cour
suprême a été rendu au mois de décembre, c'est un
jugement d'une centaine de pages qui regardait, en fait, la cause de la
Commission scolaire régionale de l'Outaouais et un sous-traitant en ce
qui concerne l'application de l'article 45 du Code du travail et, en
particulier, l'article 46 sur le pouvoir du commissaire de constater s'il y
avait eu transfert ou aliénation d'entreprises ou non.
Évidemment, un jugement d'une centaine de pages, on peut comprendre
qu'il y a énormément d'aspects juridiques très subtils et
qui sont très difficiles à résumer. Je vois depuis
quelques mois dans la Revue du Barreau du Québec et le Journal
Barreau toutes sortes d'articles, d'analyses, des suites du jugement et
c'est fort subtil, fort complexe.
J'ai rencontré, au mois de décembre et depuis presque
toutes les semaines ou toutes les deux semaines, beaucoup de
représentants qui font des suggestions, qui veulent faire cheminer des
suggestions. Tout le monde se rend compte que c'est très difficile;
c'est un article qui existait depuis une vingtaine d'années. Personne ne
voulait beaucoup le changer, même si on constatait des défauts par
le passé parce qu'on sait qu'un article comme celui-là, qui est
l'un des plus importants du Code du travail, dès qu'on change un mot, on
peut développer une nouvelle dynamique pour dix ou quinze ans. Avant de
le faire, comme le jugement a été rendu au mois de
décembre, il fallait évidemment analyser tout cela avec
énormément de sagesse et de pondération.
J'ai demandé au Conseil consultatif, dès le mois de
décembre, de former un comité. C'est tout le Conseil consultatif
qui s'est formé en comité plénier pour regarder les suites
du jugement et faire au ministre - à moi - des suggestions et des
recommandations. Ils se sont réunis de multiples fois; ils ont
échangé des documents de travail. Le ministère du Travail
a participé par ses experts, par ses conseillers, on a
préparé toutes sortes d'arguments, de sujets, de propositions et
jusqu'à maintenant, aujourd'hui, il y a encore des difficultés
à élaborer la phrase magique qui pourrait amender l'ancienne
phrase pour les prochains dix ou quinze ans. On sait que chaque mot doit
être pesé et on ne veut pas se retrouver avec un autre jugement de
la Cour suprême qui dirait qu'on a encore soulevé un
problème.
Sur l'article 46, on est encore là plus particulièrement
sensible, et comme ministre du Travail, J'en suis aussi, étant
donné que cela porte directement sur un élément de la
compétence ou de l'autorité du commissaire. Comme le commissaire
m'est cher au ministère du Travail, bien sûr, cela me
préoccupe doublement. J'ai rencontré récemment les
parties, tant le Conseil du patronat que la CSN, la FTQ; une rencontre est
prévue dans les prochains Jours avec la CSN et la FTQ avec leurs groupes
qui ont étudié tout le sujet des articles 45 et 46. On veut
discuter de certaines avenues, mais personne jusqu'à maintenant n'a
été prêt à dresser un libellé final ou enfin
un argument final de modification. On comprend que c'est très important.
Mais je peux vous dire que les discussions sont continuellement très
actives sur ce sujet.
Quant à moi, je pense qu'il y a un consensus qui semble se
dégager beaucoup plus près de l'article 46 dans l'immédiat
que peut-être l'article 45, sans que l'un ne nuise à l'autre ou ne
retarde l'un ou l'autre. Je pense que dans les prochains jours, dans les
prochaines semaines, l'ensemble des parties sera capable d'en discuter de
façon plus générale, par exemple, au Conseil
consultatif, et de là, Je vais certainement réagir parce
que, je l'ai confirmé publiquement, c'est un sujet sur lequel le
ministère du Travail est lui-même désireux d'apporter
absolument une nouvelle dynamique, de répondre à ces
effets-là, particulièrement à l'article 46. Cela nous
inquiète, cela nous préoccupe. J'essaie, avec les partenaires du
Conseil consultatif, les représentants syndicaux et patronaux, de
formuler un concept qui va rallier un peu tout le monde et avec lequel on sera
sûr que ce sera mieux que ce qui a été fait depuis dix ou
quinze ans et qui va répondre à un nouveau besoin, qui va
corriger une nouvelle lacune qu'on a constatée dans le monde du travail,
qui va s'adapter aux besoins d'aujourd'hui et qui va peut-être redonner
au commissaire ses pouvoirs, ses attributions, sa compétence, son
autorité. Je pense que c'est ce qu'on souhaiterait.
Je pense qu'on a encore besoin de quelque temps pour bien peser tout
cela. Comme je vous le disais tantôt, j'en al parlé hier encore
avec les représentants, en particulier de la CSN, et on s'attend
à avoir de bonnes discussions la semaine prochaine. Le Conseil du
patronat m'a rencontré la semaine passée là-dessus pour
faire des représentations. On est très satisfaits de voir que les
équipes ont beaucoup travaillé avec leurs experts respectifs. On
s'attend, dans un avenir prochain, à pouvoir enclencher le reste du
processus, c'est-à-dire peut-être amorcer un projet d'amendement
au Code du travail. À ce moment-là, les collègues de la
commission parlementaire en seront éventuellement saisis et pourront
émettre, eux aussi, leurs représentations et leurs arguments pour
que, finalement, au bout de cela, on fasse vraiment oeuvre législative
utile, réparatrice et constructive pour l'avenir.
M. Jolivet: Je crois comprendre que le ministre ne peut pas nous
garantir cela pour la session actuelle. Cela veut dire que les amendements au
projet de loi, cela va aller dans une session subséquente. Il serait
déjà trop tard pour suivre le processus habituel, à moins
d'une urgence au Conseil des ministres. L'adoption d'un projet de loi pour
présentation à l'Assemblée nationale doit suivre un
certain nombre d'étapes. Donc, le ministre nous dit qu'il espère
avoir une réponse le plus rapidement possible sur les résultats
de cette consultation pour voir ensuite à faire son lit lui-même
et décider s'il accepte ou s'il refuse la proposition faite par le
comité qu'il a mis sur pied.
M. Séguin: Remarquez que le Conseil consultatif croyait
pouvoir me remettre des suggestions et des recommandations avant aujourd'hui.
Cela fait plusieurs mois... Dès le mois de décembre, je ne leur
ai pas donné le mandat, cela fait un peu péremptoire, mais je les
ai rencontrés et je leur ai offert de travailler, ils ont accepté
de relever le défi de former un comité et de me faire un
éclairage là-dessus. Ils ont constaté eux-mêmes que
ce n'était pas tout à fait facile. Ils ne voulaient pas, non
plus, par une modification peut-être un peu rapide ou pas suffisamment
réfléchie, risquer de se retrouver dans une situation pire que
celle qu'ils voulaient réparer. J'attends toujours que les membres du
Conseil consultatif soient en mesure de me fournir quelques
éléments de leur réflexion que j'ai eus actuellement, mais
par pièces détachées ou par bribes. Dès qu'on sera
en mesure d'y procéder, je peux vous assurer que de mon
côté il n'y aura aucun délai. Je suis le premier à
demander aux parties non pas de se dépêcher, parce que je suis
repectueux de l'exercice qu'elles font et elles le font de bonne grâce,
mais je suis le premier désireux de savoir, par exemple, en particulier
sur l'article 46, dans quelle mesure on pourrait procéder rapidement,
cela rallierait les parties sur un projet d'amendement.
M. Jolivet: Mme la Présidente, sur le budget des relations
du travail; on constate que la niasse budgétaire allouée à
ce programme, en 1989-1990, est en hausse de 2,1 % sur les crédits
autorisés en 1988-1989, donc une croissance qui semble inférieure
au taux d'inflation, ce qui pourrait peut-être nous donner l'impression
qu'il y a une diminution, en termes réels. D'autre part, j'ai
mentionné dans mon laïus de départ, que les crédits
périmés s'élevaient à 1 400 000 $, soit 24 % du
total du budget 1988-1989. De plus, les renseignements supplémentaires
au budget des crédits 1989-1990 expliquent ce fait par le ralentissement
des activités liées à la médiation dans les
secteurs public et parapublic. On peut se poser la question: Ce ralentissement
était-il exceptionnel? Le ministre a-t-il l'impression que la situation
va redevenir normale? Si ce ralentissement est anormal prévoit-on une
augmentation exceptionnelle des demandes de médiation? J'aimerais savoir
de la part du ministre si le ralentissement qu'on a connu dans les
activités de médiation dans les secteurs public et parapublic a
eu pour effet de se retrouver en augmentation du budget, comme on le voit
actuellement. Est-ce que le ministre peut m'indiquef pourquoi il y a eu moins
de demandes de médiation et pourquoi il prévoit en avoir plus?
Est-ce qu'il peut me donner cette indication?
M. Séguin: On a effectivement connu une année
relativement calme, en termes de conflits. Je me souviens des mois d'octobre,
novembre et décembre où nous avions moins de 1200 personnes par
jour en conflit, au Québec, ce qui était tout à fait
exceptionnel. Même dans toute l'histoire du ministère du Travail,
c'était du jamais vu que cela dure aussi longtemps, sur plusieurs mois.
Pour vous donner un ordre de grandeur, habituellement, c'est entre 3000 et
5000, peut-être 7000; alors, à 1200, c'était très
peu. Je parlais à des gens du ministère, qui étaient
là depuis 20 ou 25 ans, ils trouvaient ça
tout à fait exceptionnel, inusité. Donc, c'est sûr
qu'il y a eu moins d'activités conflictuelles et qui ont peut-être
moins nécessité, jusqu'à un certain point, les
interventions massives du ministère du Travail comme conciliateur, comme
arbitre, comme médiateur ou comme rassembleur des parties, comme on
tente de le faire maintenant - c'était là, d'ailleurs, la
philosophie de la CRT, davantage se présenter comme conciliateur et non
pas comme Intervenant avec le Code du travail comme une espèce de
superjuge qui applique la loi. Je pense que c'est la philosophie qu'on essaie
maintenant de toujours préserver entre les parties. Nous, du
ministère du Travail, nous sommes à leur service. Nous voyons,
dans certains points, à protéger l'application du Code du
travail, mais au-delà de ça, il faut aussi, bien sûr,
favoriser la négociation, la conciliation .
On a peut-être eu un petit peu moins d'activités, il y
avait par contre, je ne le cache pas, le projet de la CRT qui avait
possiblement, à l'époque, un Impact relativement important
puisqu'il détachait du ministère du Travail un certain nombre
d'activités et de personnes pour les regrouper à
l'intérieur de la CRT. Donc, le projet de la CRT étant toujours
à l'étude, en même temps, nous avons dû non plus
penser qu'il y avait détachement, mais maintenir l'année avec les
effectifs et les préoccupations que nous avons, de sorte que,
finalement, ce qui est en prévision maintenant, c'est que compte tenu du
nombre de conventions collectives qui sont susceptibles de devenir
négociables ou en période de négociation, nous
prévoyons peut-être une légère augmentation pour
l'année prochaine, tenant pour acquis que, pour l'année
écoulée, il y a eu quelques mois exceptionnels, mais cela ne veut
pas dire qu'ils vont nécessairement se répéter.
En ce qui concerne l'effet possible de la négociation du secteur
public, la loi 37, je ne crois pas comme tel qu'il y a un effet direct. La loi
37 place la négociation dans la fonction publique sous la
responsabilité du Conseil du trésor et non pas directement ou
même indirectement sous celle du ministre du Travail. Mais il peut
arriver que nous ayons eu quelquefois à nommer un observateur ou un
conciliateur parce qu'il y a tout de même l'application du Code du
travail. Il est arrivé quelquefois que nous ayons eu quelques
préoccupations. Je donne, à titre d'exemple, la question
d'Hydro-Québec où j'ai nommé un conciliateur à la
demande des parties. Dans la question des ambulances, nous avions eu à
nommer également une espèce de superobservateur pour le ministre
parce que des gens alléguaient que le Code du travail, dans certains de
ses articles, n'était pas respecté. Mais nous n'intervenons pas,
à ce moment-là, dans le sens de la table de négociations,
mais plus à l'égard de certaines allégations que des
articles du Code du travail ne seraient pas respectés ou ne seraient pas
garantis pour l'une des parties. Nous avons eu quelques activités de ce
côté-là.
M. Jolivet: Dans les données du rapport d'activités
du ministère, données provisoires, à la page 52, on
indique l'intention d'étendre le service de médiation
préarbitrale, qui était initialement réservé aux
secteurs public et parapublic, à l'ensemble des intervenants du milieu
des relations du travail, autrement dit, à l'ensemble du secteur
privé.
Comme on indique que le budget diminue en termes réels, cela
suppose, par le fait même, que les demandes venant du secteur public
n'augmenteront pas, si on a à peu près le même budget ou
l'équivalent de ce qu'on avait l'année passée. C'est
peut-être un pari que le ministre fait sur les présentes
négociations dans les secteurs public et parapublic, mais la question
serait la suivante: Est-ce qu'il se sent capable d'offrir un service de
médiation préarbitrale de griefs aux parties qui vont lui en
faire la demande, que ce soit dans le secteur privé ou dans le secteur
public?
M. Séguin: Écoutez, j'ai indiqué
tantôt que nous avions un projet de créer une nouvelle direction
de la médiation. Il y a un ordre de budget qui est prévu quant au
projet, mais qui n'apparaît pas actuellement dans les crédits
parce que notre projet est encore un peu à l'étude.
M. Jolivet: Une demande additionnelle au Conseil du
trésor.
M. Séguin: Ce serait probablement une demande
additionnelle. Toute la question de la médiation préventive, qui
est salutaire, soit dit en passant, et qui est extrêmement
appréciée... Je pense que tous les échos que j'en al des
parties patronale et syndicale sont unanimes à cet effet-là.
C'est ça qui m'a Incité à encourager la médiation.
(16 h 45)
Donc, plutôt que de simplement additionner quelques personnes aux
quatre actuellement - je pense que c'est ça, on a quatre personnes
actuellement attitrées comme médiateurs dans ce programme de
médiation préventive - J'ai pensé structurer ça
sous la forme d'une direction avec plus de personnel, avec des
responsabilités, un budget et un mode d'orientation comme une direction
à l'intérieur d'un ministère, pensant que c'était
là un effort à valoriser important pour la médiation
préventive. Et quand nous serons prêts, nous aurons à nous
présenter au Conseil du trésor, bien sûr, pour obtenir les
allégements financiers nécessaires pour faire démarrer
notre projet. Mais je suis confiant que nous pourrons le faire.
M. Jolivet: Est-ce que les budgets que le ministre va demander
à ce moment-là seraient une redistribution de son budget global
ou si
c'est de l'argent neuf qu'il a l'intention de demander au Conseil du
trésor?
M. Séguin: Écoutez, je vous dirais que pour le
moment je crois que ça ferait plutôt l'objet d'une demande
additionnelle. Maintenant, je ne peux pas prédire les discussions que
nous aurons. Tout dépendra aussi des autres projets que nous aurons au
ministère du Travail. Mais je ne crois pas que ce soit un
problème majeur. Je pense que nous sommes en mesure de le justifier
pleinement. Et on se prépare à cette demande dans un avenir
prochain. M. Jolivet: Est-ce que le ministre, compte tenu qu'il y a des
dossiers qui peuvent servir au chapitre des services essentiels et que
ça peut être aussi au chapitre de la situation des relations du
travail, pourrait répondre à une couple de questions concernant
des dossiers ponctuels? Je pense que la scierie Reed Paper est toujours en
grève. Est-ce que ce dossier-là est réglé?
Où en est rendu ce dossier-là?
M. Séguin: Écoutez, je pourrais vous commenter
plusieurs conflits. Concernant exactement la Reed Paper, il faudrait que je
m'informe un peu où en sont rendus les dossiers. Il y a en moyenne 60
conflits par jour au Québec sur lesquels, de temps à autre, il y
a des changements et dont je m'informe tous les matins. Je les ai d'ailleurs
par région parce que plusieurs députés s'inquiètent
auprès de moi. Et ce, qu'importe le parti politique, tous les
députés, à l'occasion, vivent un conflit dans leur
région. Et même tantôt, à la période de
questions, une de vos collègues, M. le député de
Laviolette, s'informait, avec raison d'ailleurs, d'un conflit, et je pouvais
lui dire où nous en étions et ce que nous pensions faire, compte
tenu des difficultés...
M. Jolivet: En fait, si je pose la question, c'est parce que
j'aurais dit: Malette Waferboard chez nous. Simplement pour vous demander ceci:
Malgré la conciliation ou la superconciliation, quels sont Tes moyens
que peuvent avoir les gens avec le service des relations du travail pour
trouver une solution à leur conflit qui semble perdurer dans le temps
parce que ce sont vraiment des positions diamétralement opposées?
Dans ce sens-là, ça devient difficile. On ne sait plus,
l'employeur et les employés, le syndicat qui les représente,
comment trouver une solution à un conflit qui perdure de même.
Malgré toute la bonne volonté de vos services de conciliation qui
font un travail extraordinaire dans bien des cas où il n'y a quasiment
rien à avoir, où il n'y a pas de lumière au bout du
tunnel, est-il possible de faire quelque chose de plus une fois que le
conciliateur ou le conciliateur en chef a pris ça entre ses mains et
qu'il a essayé de trouver une solution? Y a-t-il quelque chose qui
serait possible à ce moment-là? Quels sont les moyens?
M. Séguin: Sur le plan juridique, quelquefois, on peut
passer à des étapes plus élevées,
dépendamment où nous sommes. Dans les étapes du Code du
travail, par exemple, une des parties peut demander l'arbritrage. Et là,
on peut décider qu'on accorde un arbitrage, soit volontaire, s'il y a
une décision entre les parties, soit obligatoire, imposée par le
ministre. Il peut y avoir une médiation obligatoire. Mais, finalement,
on n'a pas, de façon stricte, au sens du Code du travail, à
imposer une convention de travail entre les parties. C'est toujours la
négociation qui est protégée. Sauf si les parties
s'entendent à procéder à l'arbitrage, là bien
sûr, la décision de l'arbitre va lier les parties.
Mais la négociation c'est un art. Et je dois vous dire - vous
l'avez dit vous-même, M. le député - que quand on arrive
dans un conflit, il faut voir des fois la difficulté pour un tiers qui
agit un peu comme une espèce d'arbitre ou de conciliateur, de rapprocher
les parties. Il y a des conflits où ça se fait bien. Il y en a
d'autres où c'est impossible. Et, à ce moment-là, ce qu'on
peut faire c'est, soit changer le conciliateur, soit en ajouter un autre, soit
demander au directeur de la conciliation, soit d'aller encore un petit peu plus
haut, si vous me permettez l'expression, dans l'expérience du
ministère et faire appel, soit au sous-ministre responsable des
relations du travail, soit carrément au sous-ministre. À
l'occasion, il m'est arrivé personnellement... Quand je croyais que la
seule autre avenue possible était une intervention de ma part, je le
faisais, croyant que toutes les autres étapes n'avaient rien
donné.
M. olivet: M. Bellemare vous aurait tapé sur les doigts
s'il avait entendu ces choses-là.
M. Séguin: Ah bien écoutez, je vais vous citer un
cas...
M. Jolivet: Vous vous souvenez de M. Bellemare. Il disait: C'est
à peu près comme un conclave. On réunit le monde dans une
salle et, si jamais il n'y a pas de solution, il n'y a personne qui sort.
M. Séguin: ...que j'ai vécu pour le décret
de la construction, jeudi de la semaine dernière où, à 4
heures du matin, tout le monde était près d'éclater. J'ai
suggéré qu'on continue jusqu'à ce qu'on ait une forme de
règlement. Le règlement est survenu à 3 heures dans
l'après-midi de jeudi. Cela a permis une entente négociée.
Je vais vous donner un autre cas où c'est le député de
Joliette, le chef de l'Opposition actuel, M. Chevrette, qui m'a
suggéré à un moment donné de regarder la
possibilité de faire une intervention dans le dossier d'AMSCO à
Joliette qui, si ma mémoire est bonne, impliquait 1000 travailleurs. Il
y avait un avis de fermeture. Le minis-
tère avait déployé tout ce qui était
imaginable: conciliateur, rencontres, direction de conciliation,
médiation préventive. Vraiment on était à court de
moyens. On a réuni les parties à l'hôtel Hilton de
l'aéroport de Dorval. J'étais avec le député de
Joliette et quelques collaborateurs du ministère. Nous avons fait venir
les parties et nous avons fait un blitz de quatorze heures sans arrêt
pour essayer de trouver une solution, ce qui s'est produit en fin de
soirée. Il y a eu une espèce d'entente entre les parties pour,
excusez l'expression, sauver les meubles.
Le ministère du Travail a un rôle un peu ingrat. D'une
part, il ne peut pas imposer... Nous ne décrétons pas comme tel
par la loi des conditions de travail. Nous avons un rôle de conciliation
et de négociation. C'est un rôle d'arbitre pour essayer de trouver
une solution et nous assurer que si les gens trouvent une solution ils pourront
vivre avec. C'est un élément important. Il ne suffit pas
momentanément d'avoir une entente quelquefois difficile, une entente qui
a été conclue entre les parties avec énormément de
réticence pour qu'ensuite, pendant deux ans, les gens se
déchirent quotidiennement sur les lieux du travail. Il faut que
l'entente soit au minimum satisfaisante pour l'ensemble des parties et que les
gens se donnent les moyens de vivre convenablement leurs relations du travail.
C'est un aspect important. C'est là que la médiation
préventive entre en jeu. J'ai déjà vu des cas, je ne les
nommerai pas, où il est arrivé une entente et, deux semaines
après, c'était la guerre totale, la guerre froide sur les lieux
de travail. Et là, qu'est-ce qu'on fait? On envoie un médiateur
non pas comme policier et gendarme du Code du travail, mais simplement pour
essayer de rapprocher les parties et rendre l'harmonie plus facile. C'est
ingrat dans le sens que ce n'est pas facile d'arriver à une table de
négociation où les parties ne veulent même pas se parler.
II est dix heures le matin et le conciliateur doit trouver une façon de
commencer. J'ai rencontré les conciliateurs qui sont au nombre de 23, 24
ou 25. Cela augmente. C'est un groupe qu'on veut encourager. On a ajouté
des conciliateurs. Je les ai rencontrés quand il se sont réunis
pendant deux jours à Sainte-Adèle. J'ai passé quelques
heures avec eux pour jaser. Cela arrive à l'occasion qu'on se voie,
d'ailleurs, dans les corridors et je m'informe des conflits particuliers qui
les préoccupent. Ils sont souvent obligés de travailler le soir,
la nuit, etc. Il arrive toutes sortes d'aventures autour de la table de
négociation, toutes sortes d'éclats. J'avoue que ce n'est pas
facile et je leur lève mon chapeau parce que c'est un travail ardu de
rassembler les parties et, souvent, on est découragés. On n'a pas
de moyens fantastiques pour intervenir mais on arrive, malgré tout et
malgré ce qu'on pourrait croire parfois impossible, dans l'ensemble des
conflits heureusement - ce n'est pas seulement à cause du conciliateur -
mais sur le plan humain les parties finissent, dans la plupart des cas, par
trouver une façon de se parler. C'est cela qui fait qu'il y a
peut-être moins de conflits au Québec depuis quelques
années. Tant mieux, je félicite tout le monde. Je pense que la
philosophie est un peu différente à ce sujet. Tant mieux si les
gens du ministère ont pu être utiles en cela, mais je pense que la
mentalité des parties a également évolué.
M. Jolivet: Le ministre parle de philosophie. Je voulais parler
de sa philosophie qui est différente de celle de son
prédécesseur. C'est ce dont je voulais parler tout à
l'heure. Je voulais presque féliciter le ministre pour une certaine
partie, mais il a pris cela pour des reproches. En tout cas! On était
habitués depuis quelque temps à se faire entrer dans la gorge des
projets de loi ou des obligations, alors qu'en réalité on
pourrait peut-être utiliser d'autres moyens. Je vous dis simplement, M.
le ministre, que sur la question des décrets qui tiennent lieu de
conventions collectives, votre position est diamétralement
opposée à celle de votre prédécesseur. J'aimerais
savoir où on en est rendu, au moment où l'on se parle. On disait
qu'un document devait nous être remis, l'automne dernier, concernant la
table ronde. On est rendu au printemps. Quelles sont les décisions du
ministre? Entre-temps, les décrets tenant lieu de conventions
collectives continuent à arriver sur la table, tous les jours. Votre
prédécesseur refusait de les signer. Vous semblez en avoir
signé quelques-uns. J'aimerais que le ministre fasse le point sur les
décrets tenant lieu de conventions collectives.
M. Séguin: Oui. Premièrement, je pense avoir
été clair et avoir confirmé publiquement, à
plusieurs reprises, ma décision de préserver la Loi sur les
décrets, c'est-à-dire de ne faire aucun changement dans le sens
de les diminuer, de les faire disparaître ou quoi que ce soit. J'ai donc
décidé de les maintenir et que ça fasse partie des
engagements du ministère du Travail. C'est ce que j'ai confirmé
constamment.
Deuxièmement, j'ai suggéré qu'on aille plus loin,
c'est-à-dire qu'on regarde aussi le Service du décret
administré par notre ministère. On a reçu quelques
critiques à l'occasion. J'ai reçu des représentations d'un
peu tout le monde. On me disait: Si vous maintenez les décrets, c'est
très bien, mais il faut aussi regarder comment les gens vivent avec,
toute la mécanique, les prépublications, les délais, les
décisions par le Service des décrets, etc.
M. Jolivet: Est-ce que je peux vous arrêter, M. le
ministre, pour vous poser une question concernant le problème de la
représentativité? Les gens du côté patronal disaient
souvent: Nous, on représente et on fonctionne, et ceux du syndicat aussi
s'entendaient et, malgré tout ça, on disait: Ah! Ce n'est pas
représentatif. Alors j'aimerais que vous nous partiez aussi de
ça.
M. Séguin: Oui. Cet élément a
été soulevé par les parties comme un irritant, si je peux
dire, avec la question des délais, des prépublications, de
l'étalement horizontal ou non selon qu'on soit du côté
patronal ou du côté syndical; ces éléments et bien
d'autres. J'ai donc examiné chacun des éléments. J'ai eu
plusieurs discussions avec le Conseil du patronat, des associations patronales,
des manufacturiers, des syndicats: la CSN, la FTQ. Soit dit en passant, la FTQ
représente un groupe très Important assujetti au décret.
On a élaboré des réflexions qui m'ont amené
à un projet de table ronde. La table ronde se tiendra vendredi prochain,
le 5 mai; elle a été annoncée a y a plusieurs mois. On a
invité entre 70 et 80 intervenants des milieux patronal et syndical.
Cela se déroulera à Montréal. D'ailleurs, il me fera
plaisir de vous remettre, cet après-midi, peut-être, ou demain
matin, un cahier qu'on a préparé et remis à chacun des
participants, après entente avec les parties patronale et syndicale.
Ces personnes discuteront avec les représentants du
ministère, du Service des décrets; on aura des ateliers
l'avant-midl et une plénière l'après-midi et, de cela,
ressortiront des constatations qu'on veut s'engager à corriger. Par
exemple, j'ai déjà reçu des représentations
intéressantes. Certains décrets sont répartis dans
différentes régions, mais sont identiques, dans le secteur
automobile, par exemple. On m'a demandé: Pourquoi n'aurait-on pas un
seul décret provincial avec quelques modalités régionales?
Cela permettrait l'uniformisation et éviterait d'avoir des
comités paritaires un peu partout, etc. C'est venu de la partie
syndicale et j'ai trouvé ça intéressant. Ce sera l'un des
points discutés. La représentativité, la façon avec
laquelle le Service des décrets se permet peut-être à
l'occasion - pour certaines parties, c'est malencontreux et, pour d'autres,
c'est bienvenu - d'accepter ou de refuser des éléments
demandés par les parties. (17 heures)
Tout ça sera à l'ordre du jour vendredi. On s'est
engagés à deux choses. Premièrement, à remettre au
cours des prochaines semaines à chacun des participants, un document qui
reprendra l'ensemble des points discutés vendredi. Deuxièmement,
faire connaître par écrit les éléments auxquels le
ministère veut apporter des correctifs ainsi que les dates de
l'échéancier, autrement dit, un pian d'action à la suite
de la table ronde. On veut remettre ça aux parties, peut-être un
mois ou un mois et demi après la table ronde.
Je dois vous dire que j'ai vécu cette expérience au
ministère du Revenu l'année passée. J'avais
organisé une table ronde avec 150 organismes. L'élément
qu'ils ont le plus apprécié, c'est d'abord une discussion franche
et vraiment honnête. Cela avait été effectivement
extrême- ment direct comme échange de points de vue. Mais ils ont
beaucoup apprécié, Us me l'ont dit par la suite, que le
ministère du Revenu à l'époque, l'année
passée, s'engage par écrit dans un plan d'action remis à
chacune des parties. Ce que les gens craignent dans une table ronde c'est qu'on
discute mais que, malheureusement, il n'y ait pas de suivi; ce sont des voeux
pieux. On se quitte, on s'est parlé. Qu'est-ce qui arrive après?
On ne le sait pas.
Là, on s'est engagés, les gens le savent. Ils ont
déjà reçu notre cahier explicatif de la table ronde. Je
n'en ai eu que des échos positifs d'un peu tout le monde. Ils ont
trouvé ça très bien présenté. Cela situe
exactement le problème. C'est très large comme discussion. Ils
ont d'ailleurs apprécié ça. On ne s'est pas
cantonnés dans deux ou trois points pour faire semblant d'avoir une
discussion. On leur a exposé le problème. Je pense qu'on aura une
journée extrêmement constructive vendredi. Pour nous, il s'agira
de faire le bilan sur le Service des décrets. D'ailleurs, je dois vous
dire que tout le monde est conscient que la philosophie du ministre actuel est
très claire: c'est le maintien de la Loi sur les décrets et
même, amélioration du Service des décrets pour que notre
administration au ministère du Travail présente moins d'irritants
pour les parties tel qu'elles nous l'exposent présentement.
M. Jolivet: Justement, compte tenu de cela, est-ce que le
ministre peut m'indiquer si, depuis le changement de philosophie qui
était à l'origine des décrets, il y a eu plusieurs
décrets qui ont été renouvelés? Est-ce que le
ministre a refusé d'en signer quelques-uns? Dans l'ensemble, est-ce
qu'il peut me donner le pourcentage de décrets qui ont été
acceptés jusqu'à maintenant par rapport à ceux qui ont
été présentés?
M. Séguin: Je dois vous dire que je presse même un
peu le Service des décrets. J'espère que les gens ne m'en veulent
pas parce que je ne tolère aucun délai. Dès que le
décret est remis sur mon bureau, je peux vous dire que, dans l'heure qui
suit, je le consulte et Je le signe.
Comme je vous le disais, j'espère que le Service des
décrets me pardonne ces pressions que je crois très
légitimes. J'ai moi-même été inquiété
de certains délais et j'ai demandé qu'on procède le plus
rapidement possible, comme dans le service d'entretien de la région de
Québec, comme dans un grand nombre de décrets. De mémoire,
je pense avoir traité 25, 30, peut-être 35 décrets. Je
pense que ça a libéré des décrets fort Importants
pour un grand nombre de personnes. Il y en a encore quelques-uns, mais dans
l'ensemble, ça va très bien de ce côté.
M. Jolivet: Combien y en avait-il qui étaient
restés sur la table de l'ancien ministre et que vous avez
signés?
M. Séguin: Ah! Je ne le sais pas. C'est difficile à
dire.
M. Jolivet: Quand je partais du dépoussiérage, du
nettoyage de dossiers, ça fait partie de ça.
M. Séguin: Bien, peut-être que ces 30 ou 35
étaient déjà à l'étude. Je ne peux pas vous
le dire. Ce que je sais, c'est que j'ai voulu accélérer le
processus et procéder à l'adoption des décrets le plus
rapidement possible.
Maintenant, il y a quelques décrets qui nécessitent encore
une certaine étude parce qu'ils sont complexes. Même les parties
me font des représentations et pour qu'on étudie la question du
verre plat, du bois ouvré et des portes fenestrées; il y a des
chevauchements qui méritent encore une réflexion d'un
comité spécial et dès que nous pourrons dégager un
minimum de consensus, nous procéderons, et mon désir, c'est de
procéder le plus rapidement possible. De sorte que pour répondre
globalement à votre question, je vous dirais que sur l'ensemble des
décrets, mon premier désir, c'est de procéder avec
célérité et rapidité. Je suis le premier à
m'inquiéter qu'il puisse y avoir des retards ou des délais qui
peuvent être aussi dus aux parties qui veulent parfois faire des
représentations ou qui ne sont pas d'accord sur certains
éléments.
J'ai même rencontré - je peux vous l'indiquer, cher
collègue, député de Laviolette - personnellement un grand
nombre d'employés assujettis aux décrets qui voulaient me faire
des représentations. Je n'ai jamais refusé des demandes. Je les
ai tous rencontrés et cela a permis quelquefois
d'accélérer ou de débloquer certains points, beaucoup plus
à leur satisfaction; comme dans le cas de la coiffure, entre autres,
j'avais rencontré plusieurs groupes.
M. Jolivet: Le ministre peut-il déjà nous indiquer
s'il a l'intention, lorsqu'il recevra le rapport de la table ronde, de
présenter des amendements à la Loi sur les décrets, et
est-ce que ça se fera dans un délai assez raisonnable pour
justement moderniser la Loi sur les décrets?
M. Séguin: Je peux déjà vous dire que les
représentations qu'ont faites par écrit les participants à
la table ronde sur les décrets, parce qu'ils ont tous un peu
réagi par écrit avant la table ronde, en regard des points sur
lesquels ils voulaient intervenir, me font penser que les points communs,
à titre d'exemple, la prépublication et les délais
reviennent constamment comme un irritant. Cependant, je n'ai aucune
hésitation à vouloir apporter des correctifs, qu'ils soient
d'ordre législatif ou réglementaire ou dans nos services, pour
corriger les lacunes qu'on va soulever et sur plusieurs éléments,
dont celui que je vous donne à titre d'exemple. On est tout à
fait d'accord à changer un peu le mécanisme, et à
présenter ces amen- dements au plus vite.
M. Jolivet: Merci, M. le ministre. Mme la Présidente, le
programme 1 serait vu.
La Présidente (Mme Bélanger): Le programme 1,
Relations du travail, est-il adopté?
Aide financière à l'Institut de
recherche et d'information sur la rémunération
M. Jolivet: Adopté. Programme 2, Mme la Présidente,
je n'ai pas de question.
La Présidente (Mme Bélanger): Vous n'avez pas de
question. Y a-t-il quelqu'un qui a des questions sur le programme 2? Programme
2, adopté. Aide financière à l'Institut de recherche et
d'Information sur la rémunération. J'appelle le programme 3.
Services essentiels et droit: d'association
M. Jolivet: Oui. Je vais revenir, Mme la Présidente, au
programme 3, sur la question de la Commission des relations de travail.
D'autant plus que les renseignements supplémentaires au budget des
crédits 1989-1990 expliquent des crédits périmés de
1 012 000 $, en 1988-1989, soit 21 % du total autorisé. Je crois
comprendre que ces crédits périmés, M. le ministre, sont
dus au fait que la Commission des relations de travail n'a pas
été mise en place?
M. Séguin: En quelque sorte. En fait, ce dont vous partez,
c'est le BCGT, le Bureau du commissaire général du travail, qui
regroupe les commissaires, comme vous le savez. Évidemment, dans
l'optique du projet de la CRT, ce bureau aurait connu une certaine
réorganisation. Maintenant, c'est à l'état latent.
Lorsqu'on verra les conclusions du projet de la CRT, bien sûr il suivra.
En principe, il était reconnu que le bureau devait suivre au niveau de
la prochaine CRT. Mais pour l'année 1988-1989, ces prévisions
sont les bonnes, étant donné que le Bureau des commissaires
existe toujours.
M. Jolivet: Mais, dans les prévisions budgétaires
de cet élément de programme, non seulement on s'aperçoit
qu'il n'y a pas d'indexation au taux d'inflation, mais encore que les
prévisions budgétaires subissent une baisse de 8,7 % surtout
à cause de la diminution de la masse salariale. Quand on regarde les
chiffres dans le cahier explicatif, aux pages 17 et 18, s'il est vrai que les
crédits périmés de l'an dernier s'expliquent par le retard
à appliquer le projet de loi 85, est-ce que cette diminution qu'on
constate va nous indiquer qu'en 1989-1990, durant toute l'année, parce
que l'année commence aujourd'hui, mais se termine au mois d'avril
prochain, le ministre n'a aucune intention de voir l'implantation de cette
commission?
M. Séguin: Non, pas du tout. Je pense que, techniquement,
si la décision était prise en cours d'année, il y a
transfert des postes, de l'effectif et d'une partie du budget à la CRT,
tel qu'il était prévu d'ailleurs anciennement, parce que
l'entrée en vigueur de la CRT ne correspondait pas nécessairement
avec l'entrée en vigueur d'un nouvel exercice financier du
ministère. Donc, cela pourrait très bien se produire au cours de
l'année et il y aurait détachement au profit de la CRT. Selon ce
qui va se produire dans les prochains mois, le même détachement va
se faire. On prévoit même revoir l'effectif et le nombre des
commissaires qui avait été prévu à l'origine dans
le projet de la CRT et de l'augmenter pour s'assurer que... J'ai l'Impression
d'ailleurs que cela fera partie de l'une des suggestions. Cela l'était
d'ailleurs depuis le début. On trouvait que le nombre de commissaires
n'était peut-être pas suffisant. Je pense qu'on avait prévu
28 commissaires et on convenait que c'était peut-être un peu
serré étant donné que les commissaires devaient
siéger à trois. C'est là le dilemme. Cela ne permettait
pas de soumettre un grand nombre de conflits en même temps à la
CRT, si vous divisez par trois commissaires à chaque audience.
J'étais plutôt favorable à en augmenter le nombre ainsi que
l'effectif, mais enfin ce sont des points que nous aurons à discuter en
cours de route.
M. Jolivet: Donc, ce n'est pas dans votre esprit de
reléguer aux calendes grecques toute cette question.
M. Séguin: Pas du tout.
M. Jolivet: Je pense que le ministre a certainement quelque chose
à dire sur le dossier qui touche une population quand même
importante. C'est le conflit actuel qui a été semé de
multiples rebondissements, le conflit à la STCRSM, il s'agit de la
Société de transport de la rive sud de Montréal. On sait
qu'en décembre 1988, une entente expérimentale d'un an
était conclue entre le syndicat d'entretien à la
société et le président-directeur général,
M. Molini, appuyée par la présidente du conseil d'administration,
Mme Louise Gravel. Cette entente prévoyait une forme de cogestion et
surtout l'instauration de la semaine de quatre jours. On a vu tout ce qui s'est
produit depuis ce temps-là: décision acceptée,
refusée, le départ, de M. Molini, une décision en
première instance d'une injonction interlocutoire de départ
compte tenu de la précarité du secteur, mais en même temps
aussi du fait que la grève s'en venait, avec une décision qui
avait été prise par les maires du coin disant: Nous ne respectons
pas ce qui a été entendu. Après cela, la décision
finale qui a rejeté la décision qui avait été prise
à l'injonction interlocutoire. Donc, la grève est maintenant
déclenchée. On sait que le bureau du premier ministre avait
jugé la situation tellement sérieuse que son chef de cabinet, M.
Mario Bertrand, était intervenu à l'époque pour convaincre
ta société de revenir sur la décision qui avait
été rejetée au départ et qui avait amené le
départ de M. Molini.
Le 20 février, après tout cela, on s'est aperçu
qu'il fallait éviter la grève. Un conciliateur a
été nommé par la suite, mais malgré tout cela, le
vote a été pris et la grève a été
enclenchée. La grève déclenchée, on a reçu
de la part du Conseil des services essentiels l'acceptation de la liste de
services fournis par le syndicat. On sait que le ministère du Travail a
tenté une dernière démarche de conciliation.
Actuellement, tout le monde a mis un peu son grain de sel dans le
dossier, que ce soit le bureau du premier ministre par son chef de cabinet,
soit le ministre des Transports lui-même qui a dit qu'une loi
spéciale n'était pas exclue. Le député de la rive
sud, du comté de Laporte, a dit que même le syndicat devrait
être mis au pas. Dans tout ce brouhaha, je ne veux pas que le ministre
m'indique s'il a l'intention de se mêler du conflit pour le moment, mais
j'aimerais quand même savoir ce qu'il en pense. Est-ce qu'une loi
spéciale est exclue ou si cela fait partie de son schème de
pensée? Est-ce que c'est le syndicat qui, d'après lui, devrait
être mis au pas comme son collègue? J'aimerais connaître son
opinion face à ce conflit qui touche quand même une large portion
de la population et qui, ajouté aux difficultés de transport en
commun dues à certaines réparations dans ce secteur, n'aide pas
la population. J'aimerais savoir quelles sont les démarches que le
ministre a entreprises et celles qu'il entend entreprendre pour que ce conflit
se règle le plus rapidement possible. (17 h 15)
M. Séguin: Je pense que vous avez fait un bon
résumé de l'ensemble de la dynamique qui touche ce dossier qu'on
appelle celui des autobus de la rive sud. Comme on le sait, la grève a
été déclenchée. Il y a eu quelques
procédures judiciaires et quasi judiciaires. Il y a le Conseil des
services essentiels qui est intervenu, qui a rendu une décision qui,
à toutes fins utiles, a entériné le projet syndical de
services essentiels réparti sur un certain nombre de jours durant la
semaine, avec un certain pourcentage de services. Il y a le conciliateur qui,
par une session intensive dans les trois derniers jours du mois d'avrU, a
essayé de trouver un terrain d'entente entre les parties.
Malheureusement, cela a échoué en partie ou en totalité.
Je suis informé que le conciliateur se préparerait à
rencontrer de nouveau les parties. Il est toujours à leur entière
disposition. Le directeur de la conciliation suit le dossier. C'est un dossier
quand même majeur sur lequel on se penche actuellement. On essaie de voir
de quelle façon le ministère du Travail peut donner aux parties
le maximum de services de la part du ministère du Travail pour reprendre
la discussion et la négociation.
En ce qui me concerne, je ne crois pas qu'il soit approprié de
penser à une loi spéciale. Je pense que le recours à une
loi spéciale est toujours un moyen absolument ultime, mais il faut
parfois envisager d'y recourir quand l'intérêt public oblige le
gouvernement à agir. Je pense qu'il y a encore de la place pour la
négociation. Je ne renonce pas aux hypothèses ni à
l'espoir de trouver des solutions. Je ne peux pas vous dévoiler les
discussions qui peuvent avoir lieu à certaines Instances. Mais je pense
qu'il y a beaucoup de gens qui essaient de trouver quelques terrains d'entente.
Là-dessus, j'espère que le conciliateur, M. Thellend, reprendra
la discussion et trouvera une façon de ranimer la table de
négociation et de rapprocher les parties. Si cela ne devait pas
fonctionner, au ministère, nous regardons peut-être d'autres modes
d'intervention pour permettre à d'autres intervenants d'assister
davantage le conciliateur afin de trouver cette façon toujours un peu
magique qui, à un moment donné, peut réussir à
ramener les parties au dialogue et, finalement, à une entente. Ce n'est
pas facile. Le débat est sur la place publique depuis un bon bout de
temps. C'est un dossier qui a connu beaucoup d'éclats et beaucoup de
revirements, d'autant plus qu'en ce moment, iI y a la grève et que le
public est privé d'une bonne partie des services. Je pense qu'au
ministère du Travail nous allons tâcher de ramener les parties
à la table de négociation et de trouver cette façon de
conclure une entente entre les parties. Et si, éventuellement, le
gouvernement devait décider de procéder d'une autre façon,
telle qu'une loi spéciale ou autre... Je ne le souhaite pas pour le
moment. En ce qui me concerne, comme je vous l'ai dit, je crois qu'il y a
encore une possibilité raisonnable de négocier. C'est ce que le
conciliateur va tâcher de faire et c'est ce que nous, au ministère
du Travail, allons tâcher de faire.
M. Jolivet: Le ministre n'est pas sans savoir qu'après les
gens qui s'occupent de l'entretien, il y aura aussi les chauffeurs qui
viendront avec une demande de négociation. Dans ce contexte, le ministre
se voit confronté à son collègue, le ministre des
Transports, qui a une partie de la facture à payer et qui dit que cela
va prendre un décret. Et son collègue, le député de
Laporte, dit: Pour moi, c'est le syndicat qui doit être mis au pas.
Est-ce que le ministre, dans ce contexte, ne serait pas mieux de demander
à ses collègues de le laisser agir comme ministre responsable des
relations du travail, plutôt que de faire des envolées à
l'emporte-pièce?
M. Séguin: Je pense que mes collègues ont
exprimé ce qui les préoccupait. Je pense que le ministre des
Transports, au premier chef, est préoccupé d'un arrêt des
transports, ce qui brime, jusqu'à un certain point, le droit du public
d'avoir son transport. De ce côté-là, si le gouvernement
devait décider de procéder à l'adoption d'une loi
spéciale, c'est le gouvernement qui décidera de le faire.
M. Jolivet: Mais sur votre recommandation, normalement.
M. Séguin: Sur recommandation. J'analyse la situation,
comme dans tout conflit. Aussi malheureux que soit le conflit - un conflit est
toujours malheureux et une grève est toujours malheureuse pour tout le
monde - je suis convaincu que même les employés en grève ne
sont pas très heureux de se mettre en grève, ni les employeurs.
Je pense que notre devoir, c'est de tâcher par tous les moyens,
coûte que coûte, qu'il y ait négociation, un
règlement ou une entente. Je ne crois pas que nous ayons
épuisé, à ce stade-ci, toutes ces étapes, tous ces
moyens de négociation. On s'emploie maintenant à
accélérer le processus. Évidemment, chaque jour, ça
prive le public de son service, donc le temps joue contre nous. Je crois que le
conciliateur, M. Thellend, va reparler aux parties très prochainement et
on va tâcher de reprendre la discussion et trouver des solutions. C'est
un dossier majeur pour le ministère du Travail. La négociation
à laquelle nous avons participé avec les parties pour l'entente
négociée dans le monde de la construction s'est soldée par
une entente qui a satisfait toutes les parties, même si, à un
moment donné, on aurait pu croire que c'était presque impossible
ou très difficile. J'ose espérer, je suis toujours confiant. En
ce qui me concerne, tant que je ne fais pas face à un échec
total, je crois qu'il y a toujours une lueur d'espoir. On va déployer
tous les moyens, au ministère du Travail, auprès des parties pour
les amener vers une entente.
M. Jolivet: Si jamais vous avez besoin d'un médiateur
entre vos deux collègues, vous me ferez signe.
M. Séguin: Avec plaisir.
M. Jolivet: Je peux peut-être vous aider. Concernant le
Conseil des services essentiels, j'aurais une question à vous poser. La
ministre déléguée à la Santé et aux Services
sociaux m'a fait sursauter la semaine dernière, en réponse
à une question de ma collègue, la députée de
Chicoutimi, quand, concernant les Infirmières, elle a dit que le Conseil
des services essentiels regardait avec beaucoup d'attention ce conflit - il
faudrait faire attention quand on parle de conflit dans ce cas-là - ou
ce qui se passe dans les hôpitaux. Cela me faisait sursauter un peu parce
que je disais: Qu'est-ce qui se passe? Le Conseil des services essentiels doit,
normalement, Intervenir avant qu'un conflit ou une grève ait lieu et iI
doit s'assurer que les services essentiels sont maintenus. J'ai l'impression
que votre collègue, la ministre déléguée à
la Santé et aux Services sociaux, ne comprenait peut-être
pas ce qu'étaient les services essentiels. Ici, on est devant un
"non-conflit", si je peux l'appeler ainsi. C'est que des gens respectent la
convention collective. La convention collective ne les oblige nullement de
faire de temps supplémentaire. Ces gens décident de ne pas faire
du temps supplémentaire. Ne faisant pas de temps supplémentaire,
ça dénote, par le fait même, une pénurie
d'employés. Parce qu'elles refusent de faire du temps
supplémentaire, on en arrive à fermer 700 lits dans une fin de
semaine, c'est qu'il manque du personnel quelque part.
Alors, dans ce contexte, pouvez-vous me dire ce que vient faire dans les
parages le Conseil des services essentiels lorsqu'il n'y a pas conflit? Dans
votre esprit, quelle serait l'utilité de recourir au Conseil des
services essentiels dans ces cas-là?
M. Séguin: Voici, c'est que, d'une part, la loi
précise... L'article 111.18 de la loi qui habilite le Conseil des
services essentiels dit que, dans certains cas, même s'il n'y a pas de
grève, de lock-out ou de conflit de travail comme tel, s'il y a des
actions concertées qui peuvent porter atteinte à
l'intérêt public parce qu'un service deviendrait amoindri ou
perturbé, le conseil peut faire une enquête pour s'assurer que
l'intérêt public est protégé. Évidemment, le
souci du Conseil des services essentiels c'est, à tout le moins, de
protéger au maximum l'intérêt public. Et le conseil
s'occupe, comme on le sait, des services à caractère public.
Donc, iI peut arriver, malgré qu'il n'y ait pas de conflit au sens
légal, pas de grève, pas de lock-out, il peut arriver qu'il y ait
un mouvement concerté qui peut ralentir ou porter atteinte aux services,
donc à l'intérêt public. Le conseil, à ce
moment-là, est habilité à faire une enquête et
à voir quels en sont les...
M. Jolivet: Est-ce que cette enquête pourrait avoir comme
résultat d'obliger des personnes qui, en vertu de la loi ne sont pas
obligées à faire du temps supplémentaire, à en
faire? Est-ce que c'est ça que je comprenais de la ministre l'autre
jour? L'impression que j'avais, c'est qu'elle nous disait que, finalement, le
Conseil des services essentiels, dans le portrait, pourrait peut-être
même aller jusqu'à obliger les gens à faire du temps
supplémentaire? Est-ce que c'est ça que ça veut dire?
M. Séguin: En fait, Je pense bien que l'ordonnance que
pourrait rendre le Conseil des services essentiels n'est pas de s'immiscer dans
la convention collective et "d'obliger à". Je pense que le Conseil des
services essentiels doit s'assurer qu'il existe un minimum de services
essentiels et s'il constate qu'il y a perturbation, s'il croit que te mouvement
concerté peut porter atteinte à l'intérêt public -
donc il faut faire attention ici, il faut constater un mouvement important et
constater que l'intérêt public peut être en cause - il peut
faire enquête et peut- être, à ce moment-là,
intervenir pour s'assurer que des services essentiels sont mis en place.
M. Jolivet: Est-ce que ça veut dire que lorsqu'il y a des
fêtes comme Noël, Pâques ou autres et qu'on voit des gens
quitter l'hôpital alors que les services devraient être
donnés, on devrait envoyer le Conseil des services essentiels? Est-ce
que durant l'été, lors des vacances, on devrait demander si les
services essentiels sont maintenus? Est-ce qu'on devrait envoyer le Conseil des
services essentiels vérifier ces choses? Parce que là, on
pourrait se poser de drôles de questions. Ce qu'on a devant nous, c'est
que des gens ont dit: Écoutez, nous avons une demande syndicale. Nous
croyons que cette demande syndicale est valable. En conséquence, tout ce
qu'on dit, c'est que désormais nous ne ferons plus de temps
supplémentaire. Imaginez-vous qu'au moment où l'on se parle, les
gens ne feront pas de temps supplémentaire et qu'on est obligés
de fermer 700 lits. Le 21 mai prochain, Us ont l'intention de respecter leur
convention collective. Celles qui sont occasionnelles à temps partiel,
celles qui sont à deux jours par semaine et qui, au lieu d'en faire
trois ou quatre, en feront deux. Qu'est-ce qui va se produire à ce
moment-là si demain ce ne sont plus 700 lits, mais 1400 lits qu'on
ferme? Est-ce que le Conseil des services essentiels, en vertu de la loi, est
habilité à dire aux gens: Écoutez, compte tenu de ce qui
se passe, compte tenu de la négociation que vous avez, les moyens de
pression que vous utilisez, vous allez être obligés de faire ces
gestes-là parce que nous croyons que la santé et la
sécurité publiques sont mises en danger? Est-ce que c'est
ça que je dois comprendre? Parce que là, ça va plus loin
que ce que le terme d'un conflit de travail indique. Les gens ne font que
respecter leur convention collective.
Je me souviendrai toujours, vous parliez de M. Thellend que j'ai connu
à d'autres occasions, une année où on a fait un lock-out
à une commission scolaire parce que les enseignants donnaient plus de
services que la convention en prévoyait. Ça dérangeait la
direction et ils ont fermé les écoles pendant deux mois et demi,
chez nous, comme ça, simplement parce que pendant une semaine les
enseignants avaient donné plus de services qu'avant. Est-ce que je crois
comprendre que, parce qu'ils ont décidé d'appliquer à la
lettre la convention collective pour démontrer qu'il y a pénurie,
qu'il y a obligation de régler la négociation actuelle, le
ministre est en train de me dire qu'on va obliger du monde, si on
s'aperçoit qu'après enquête les services essentiels ne sont
pas donnés à faire du travail auquel la convention ne les oblige
pas? Est-ce que c'est ça que je dois comprendre?
M. Séguin: Je comprends très bien la question. Ce
que je vous expliquais, c'était la portée de la loi...
M. Jolivet: Oui.
M. Séguin: ...mais je n'avais pas encore apporté de
commentaires sur le cas précis que vous avez soulevé. Je voulais
juste vous rappeler ce que l'article 111.18 permet au conseil, si vous me
permettez, c'est très court, je pourrais le lire, parce que ça va
nous situer très bien. On dit à l'article 111.18: "Le Conseil
peut, de la même manière - "même manière" c'est
relatif aux articles 111.16 et 111.17, c'est-à-dire rendre des
ordonnances pour s'assurer les services essentiels - exercer les pouvoirs que
lui confèrent les articles... 111.16 et 111.17, si, à l'occasion
d'un conflit, il estime qu'une action concertée autre qu'une
grève ou un ralentissement d'activités porte préjudice ou
est susceptible de porter préjudice à un service auquel le public
a droit". C'est le pouvoir du conseil. (17 h 30)
M. Jolivet: Vous dites un ralentissement, et vous dites "de
façon concertée", mais quand les gens ne font qu'appliquer leur
convention collective ce n'est pas un ralentissement par rapport à la
convention collective.
M. Séguin: Alors, la deuxième constatation qu'on
peut faire, c'est que normalement, les conventions collectives, surtout dans
les services de santé, sont là pour faire qu'il n'y ait pas de
problème en ce qui concerne les services essentiels, si la convention
est suivie.
M. Jolivet: C'est ce que Je crois comprendre.
M. Séguin: S'il y avait un problème, on pourrait
laisser entendre que le minimum assuré par la convention collective
n'est pas fourni, donc, qu'il y a un problème en ce qui concerne les
services essentiels. C'est là que le conseil pourrait intervenir. Ce que
je peux vous confirmer, c'est que le conseil a examiné la situation et
n'a pas convenu qu'il y avait matière pour lui à Intervenir. Il
n'y a pas d'intérêt public qui a été jugé en
cause jusqu'à maintenant. Donc, il n'y a pas d'intervention
d'ordonnance de services essentiels.
M. Jolivet: Pendant ce temps-là, il y a des gens, par
contre, qui ne sont pas admis, des gens qui voient leur opération
retardée, des gens, à l'Institut de cardiologie qui voient leurs
conditions de vie mises en danger actuellement. Je pourrais vous nommer des
centaines de cas actuellement de gens qui nous écrivent et qui nous
appellent; des gens qui étaient dans un hôpital donné que
je ne nommerai pas actuellement. Ils vous disent qu'une personne devait subir
une opération et finalement on a décidé, vu le conflit qui
s'en venait, car ils considèrent cela comme un conflit à la
direction des hôpitaux, de lui faire un cathétérisme.
Finalement cette personne a fait un arrêt cardiaque pendant ce temps et
ensuite on l'a retournée chez elle. Elle est chez elle actuellement et
n'est pas très rassurée. Je veux juste dire que dans de telles
conditions, compte tenu de certains éléments que le Conseil des
services essentiels pourrait recueillir au Québec, on pourrait
jusqu'à obliger les gens à faire des choses que la convention
collective ne les oblige pas à faire, c'est-à-dire du temps
supplémentaire? Est-ce qu'elle obligerait des gens actuellement qui font
deux jours par semaine en vertu de leur contrat d'en faire trois ou quatre si
nécessaire? Est-ce dans ce sens que je dois comprendre l'intervention de
la ministre de la Santé et des Services sociaux?
M. Séguin: Écoutez, ce n'est pas à moi
d'interpréter juridiquement l'effet d'une ordonnance du Conseil des
services essentiels sur l'interprétation d'une convention collective. Ce
que je peux vous dire, c'est que la loi telle qu'elle existe permet au conseil,
à l'article 111.16 et à l'article 111.17, de rendre une
ordonnance pour fixer les services essentiels. Que les services essentiels ne
soient pas donnés pour une raison découlant
d'interprétations de la convention collective ou autre, ce sont des
interprétations juridiques que les parties débattront entre
elles. Le conseil, lui, s'assure de constater une situation dans
l'intérêt public et la loi lui donne même le pouvoir, aux
articles 111.16, 111.17 - et je vous ajoutais l'article 111.18, qui est cette
intervention, même en dehors de conflits, de grèves ou de lock-out
ou de conflits marqués au sens habituel - d'intervenir si
l'intérêt public est en jeu. Jusqu'à maintenant, le conseil
a suivi la situation, en a fait un examen et n'a pas évalué qu'il
devait rendre des ordonnances, étant satisfait que les services
essentiels étaient assurés.
M. Jolivet: Une chose certaine...
M. Séguin: La situation est suivie de jour en jour.
Évidemment, il peut arriver que, dans un établissement en
particulier, la situation soit différente. Là-dessus, je pense
que c'est une question d'Information. Le conseil, dans l'Intérêt
public, suit la situation de très près. Par ailleurs, le
gouvernement, et là-dessus Je n'en parle pas comme ministre
impliqué ou responsable, mais je pense qu'on peut faire cette
parenthèse, que le président du Conseil du trésor ait
confirmé et accéléré la rencontre avec le groupe
des infirmières pour tâcher, j'imagine, de convenir le plus
rapidement possible d'une entente.
M. Jolivet: Mon propos n'était pas dans ce sens parce que
ce n'est pas à vous que j'aurais posé la question. Dans mon
esprit, c'était simplement que le Conseil des services essentiels doit
agir en cas de conflit. Maintenant, dans un cas où on négocie,
mais qu'il n'y a pas de matière à conflit parce que les gens
respectent
leur convention collective, je me dis: Est-ce que le Conseil des
services essentiels, comme le ministre, disait devait agir? Vous me confirmez
qu'il n'a pas jugé bon d'intervenir vu la situation actuelle et on
verra, en temps et lieu, si le conflit dégénère, à
ce qu'il y ait des possibilités de...
M. Séguin: Comme vous le savez, les conventions
collectives, surtout dans les secteurs de la santé, prévoient les
services essentiels en cas de conflit. Je pense qu'au minimum c'est la balise
à examiner. Jusqu'à maintenant, nous n'avons pas d'information
nous permettant de croire qu'il y aurait lieu de rendre des ordonnances. C'est
un examen qui se fait tous les jours, constamment, selon le déroulement
et l'évolution des choses, et je pense bien que le conseil, étant
habilité à intervenir, le fera dans l'intérêt
public.
M. Jolivet: Merci. Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que le
programme 3, Services essentiels et droit d'association, est adopté?
M. Jolivet: Adopté. Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): Le programme 3 est
adopté.
J'appelle le programme 4, Direction et gestion interne.
M. Jolivet: Juste un instant, s'il vous plaît.
Mme la Présidente, j'avais une question à poser concernant
le programme 4, mais je vais passer au programme 6 et on reviendra au programme
4, si vous le permettez.
La Présidente (Mme Bélanger): Au programme 6, M. le
député de Laviolette?
M. Jolivet: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): Nous passons au
programme 6. Allez-vous revenir au programme 5?
M. Jolivet: Est-ce qu'il y a un programme 5 dans mes
paperasses?
Qualification professionnelle des entrepreneurs en construction
La Présidente (Mme Bélanger): Oui, le programme 5,
Qualification professionnelle des entrepreneurs en construction.
M. Jolivet: Oui, vous avez raison, mais je ne l'ai pas dans mes
paperasses ici.
La Présidente (Mme Bélanger): Qualification
professionnelle des entrepreneurs en construction.
M. Jolivet: Ah! Vous l'avez là, vous autres! D'accord, je
vais y aller. J'ai une question.
La Présidente (Mme Bélanger): Sur le programme 5,
M. le député de Laviolette.
M. Jolivet: Actuellement, M. le ministre, la partie de la Loi sur
la santé et la sécurité du travail portant sur les
mécanismes de prévention spécifiques à l'industrie
de la construction n'est toujours pas en vigueur après dix ans. Il n'y a
pas de comité de chantier pour superviser les mesures à prendre,
ni de représentant à la prévention pour surveiller les
intérêts des travailleurs. Or, vous le savez très bien et
je n'ai pas besoin de vous en faire le détail, il est connu que la
construction est un secteur où les risques sont nombreux et plus graves
qu'ailleurs, particulièrement dans les petits chantiers où
l'encadrement préventif est moins structuré. D'un autre
côté, la précarité de l'emploi incite aussi beaucoup
de travailleurs à prendre des risques et à ne pas trop
revendiquer. Le ministre est aussi conscient du nombre de mortalités
dues au travail dans ce secteur et en plus, des cas graves d'accidents.
La Loi sur la santé et la sécurité du travail dit
qu'un programme de prévention doit être élaboré par
l'employeur dès qu'il emploie simultanément dix travailleurs ou
plus sur le même chantier. Selon les dernières données
disponibles, 405 programmes de prévention ont été
déposés en 1987. C'est très peu si on tient compte,
à ce moment-là, que le Québec comptait près de 18
707 établissements d'entrepreneurs dont 800 employaient plus de 20
employés. On se souviendra que, cette année-là, il y a eu
près de 66 757 mises en chantier. Non seulement la Loi sur la
santé et la sécurité du travail, à ce chapitre,
n'a-t-elle pas encore toutes ses dents, mais on peut se demander si ces dents
ne sont pas déjà émoussées d'une certaine
façon. Est-ce que le ministre envisage de mettre en vigueur les
dispositions de la Loi sur la santé et la sécurité du
travail dans le secteur de la construction?
M. Séguin: Je m'excuse, on a un peu de difficulté
à se retrouver dans nos documents. On a sauté à un sujet
qui était un peu plus loin. On pourrait peut-être suspendre
quelques minutes.
Une voix: Oui.
M. Séguin: Deux ou trois minutes.
Là Présidente (Mme Bélanger): La commission suspend
ses travaux quelques minutes.
(Suspension de la séance à 17 h 41)
(Reprise à 17 h 43)
La Présidente (Mme Bélanger): La commis-
sion reprend ses travaux. M. le ministre.
M. Séguin: Oui. Si je comprends bien la question de mon
collègue, c'est au programme 5 sur la qualification professionnelle des
entrepreneurs en construction.
M. Jolivet: J'avais une question, mais dans les documents que
vous m'avez fait parvenir, il n'y avait pas le programme 5, je ne l'avais pas
vu. Je pensais qu'on l'avait sauté. Je l'envoyais à la Loi sur la
santé et la sécurité du travail.
M. Séguin: Non. Je veux démêler un peu. C'est
qu'on n'a pas retenu à l'étude le programme 5 parce que c'est un
transfert direct du Conseil du trésor à la Régie des
entreprises en construction. La tradition veut que nous n'en répondions
pas. C'est pourquoi nous aussi ignorons le programme 5.
M. Jolivet: C'est pourquoi j'ai posé la question à
Mme la Présidente. J'ai dit: Écoutez, je n'en ai pas dans mes
documents, mais, en tout cas, si vous en avez un, j'ai au moins une question
à poser.
M. Séguin: C'est le Conseil du trésor qui en
répond.
M. Jolivet: La question spécifique que j'ai posée,
par exemple, vous êtes capable d'y répondre maintenant.
M. Séguin: Si vous pouviez me la
répéter.
M. Jolivet: Oui. D'accord. J'étais en train de dire que la
Loi sur la santé et la sécurité du travail dit qu'un
programme de prévention doit être élaboré par
l'employeur dès qu'il occupe simultanément dix employés ou
plus, sur le même chantier, bien entendu. On sait que les données
disponibles disaient que 405 programmes de prévention avaient
été déposés en 1987. On ajoute, quant à
nous, que c'est très peu quand on compte qu'il y avait alors 18 707
établissements d'entrepreneurs dont 800 employaient plus de 20 à
30 travailleurs, toujours sur le même chantier.
On dit aussi que cette année, il y a eu 66 757 mises en chantier
au Québec. Donc, on s'aperçoit que ce n'est pas suffisant et la
Loi sur la santé et la sécurité du travail a des dents,
mais elles ne sont pas utilisées. Non seulement elles ne sont pas
utilisées, mais on se demande même si les dents qu'elle
possède ne sont pas, d'une certaine façon,
émoussées. Je pose la question: Quand le ministre envisage-t-il
de mettre en vigueur les dispositions de la Loi sur la santé et la
sécurité du travail, visant le secteur de la construction? Est-il
prêt actuellement à me dire que dans les mois qui viennent que la
loi va s'appliquer intégralement?
M. Séguin: Écoutez, on a de bonnes
réflexions là-dessus. Par contre, comme vous le savez, en vertu
de la loi, il y a le conseil d'administration de la CSST qui ressemble beaucoup
au forum que représente le Conseil consultatif puisque ce sont des
parties patronales et syndicales, ce sont quinze membres. J'ai toujours
considéré que les décisions au conseil d'administration
étaient quand même tout à fait légitimes à
cet organisme. Je devais en tenir compte de sorte que je me suis engagé
à discuter avec eux. Ça devait se faire à leur
dernière réunion du conseil d'administration. Cela a
été reporté à la prochaine qui a lieu dans deux
semaines, où nous aurons à discuter ensemble de
différentes orientations.
C'est un des aspects qui vient sur la table, à savoir
l'élargissement des programmes de prévention et iI y a eu
d'autres suggestions de formulées à toutes sortes de niveaux. Si
on avait pu avoir cet échange de propos avec le conseil d'administration
il y a deux semaines, je serais peut-être déjà en mesure
d'en discuter un peu plus longuement mais... (17 h 45)
M. Jolivet: Oui, mais ça fait dix ans, au moment où
l'on se parle, que la loi est adoptée, que c'est un des secteurs qu'on
juge prioritaire à mettre en place. Le ministre a le droit, je pense...
Là il fait mention du conseil d'administration, des représentants
syndicaux et des représentants patronaux au conseil d'administration. Je
ne voudrais pas lui relancer la balle et lui reposer la question, à
savoir si demain matin j'allais voir la CSN et la FTQ et les métiers de
la construction, ils seraient bien satisfaits de la réponse que le
ministre me donne en disant: C'était au conseil d'administration de
décider cela. Vu qu'ils sont dedans, ils n'ont pas à se plaindre
si ce n'est pas mis en application. S'il y a des morts et des blessés,
ils n'ont qu'à s'en prendre à eux-mêmes. Ce n'est pas cela
que le ministre veut dire. Je suis sûr de cela. Mais ce que je voudrais
bien savoir de sa part c'est: A-t-il les pouvoirs, en vertu de la loi, de dire
à la Commission de la santé et de la sécurité du
travail: J'édicte maintenant que désormais vous allez vous
organiser pour mettre cela en plan? Y a-t-il quelque chose quelque part qui
bloque? Est-ce que c'est le conseil d'administration qui bloque ou le ministre
qui ne prend pas sa responsabilité?
M. Séguin: II n'y a personne qui bloque et il n'y a
personne qui refuse de prendre sa responsabilité. Je pense que c'est une
question qui demande une bonne discussion. D'ailleurs, Je dois vous dire que la
CEQ m'a fait des représentations récemment pour que le secteur de
l'éducation soit reconnu également comme secteur prioritaire. Il
y a le groupe 3 aussi, qu'il nous reste à compléter. Tout
ça s'en vient sur la table à la prochaine réunion du
conseil d'administration. Je fais ça au-delà de la
prérogative que la
loi pourrait me donner ou donner au gouvernement. Ce que les gens
apprécient au conseil d'administration, je pense, c'est que nous ayons
des échanges de propos, des discussions, que ça se fasse d'un
commun accord. Je dois vous dire, d'ailleurs...
M. Jolivet: II y a du monde qui meurt et il y a du monde qui se
blesse sur les chantiers.
M. Séguin: Oui, mais enfin, je pense qu'il y a beaucoup de
choses qui ont été discutées au conseil. Il y en a
beaucoup d'autres, et je pense que ce sont tous des gens animés par le
désir d'améliorer les risques d'accidents et d'améliorer
la prévention. D'ailleurs, récemment, j'ai nommé le
sous-ministre au travail, M. Robert Diamant, qui m'accompagne comme observateur
au conseil d'administration, pour amplifier et accélérer les
discussions. À toutes les semaines, j'ai des rencontres avec les membres
du conseil d'administration, soit séparément ou selon les
représentations qu'ils me font. Nous avons une importante séance,
au conseil d'administration, pour discuter et décider ensemble un
ensemble de points dont celui que vous soulevez aujourd'hui.
M. Jolivet: Donc, les mesures que le ministre entend prendre,
c'est encore d'attendre que le conseil d'administration décide cela. Il
ne prend pas, quant à lui, la responsabilité de dire:
Écoutez... D'ailleurs, quand il y a eu de la mortalité dans le
coin ici, dans les chantiers de construction du Québec, le ministre a
dit: Cela n'a pas de bon sens, il faut absolument qu'on arrête cela. Il
faut prévenir les risques. Le ministre a dit cela à ce sujet,
mais entre ce qu'il a dit et la réalité des choses, c'est qu'on
n'est pas plus avancé qu'on ne l'était après le
décès de l'une des personnes.
M. Séguin: En fait, ce que je peux ajouter à ce
stade-ci, c'est que depuis environ un mois, un mois et demi, je reçois
des commentaires assez articulés là-dessus. Il y a quelques
articles, effectivement, qui ne sont pas encore promulgués. Cela ne fait
pas l'unanimité autour de la table, mais je peux vous dire que je suis
nécessairement intéressé à aller plus loin que la
recherche d'un consensus. Je vais essayer de voir, lors de la prochaine
séance du conseil d'administration qui est dans deux semaines - c'est
quand même rapide - à ce qu'il y ait une bonne discussion. Mais je
pense que je suis intéressé à faire certains
développements dans les secteurs prioritaires. Je ne peux pas vous dire
actuellement quelle en sera l'étendue puisqu'il reste encore des
discussions à venir, mais c'est un domaine dans lequel, depuis quelques
mois, on me fait beaucoup de commentaires et je suis intéressé
à développer ce secteur-là.
M. Jolivet: Je passe tous les jours à côté de
l'ancienne église St. Patrick, je vois le dossier là-bas, Je vois
les grues. J'essaie de ne jamais oublier qu'il y a eu de gros problèmes
à cause des grues dans tout le Québec. Cela m'inquiète et
cela inquiète certainement le ministre. Dans ce sens-là, je sais
qu'on a formé un comité patronal syndical pour éviter
justement l'ensemble de ces accidents. Je ferai mention d'un communiqué
de presse de la présidente de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail. Mais cela ne me donne pas la garantie que,
dans les autres chantiers, il y aura une prévention axée
davantage sur la formation de comités qui sont prévus par la loi.
Qui a le droit de promulguer ces choses-là? Ce n'est pas le conseil,
c'est le ministre. Le ministre, dans ses décisions, peut dire:
Maintenant, on s'en vient, et cela devient le secteur prioritaire; c'est lui
qui doit le décider, et ensuite, il faut leur dire: Maintenant,
mettez-la en vigueur. Il n'y a pas... À mon avis, ce n'est pas
l'inverse, ce n'est pas le conseil d'administration qui décide quand la
loi sera mise en vigueur.
M. Séguin: Je vous répondrai simplement - ce n'est
pas malin de ma part - que si cela fait dix ans, vous avez occupé
beaucoup d'années sur ces dix ans-là. Et vous n'avez pas
procédé non plus.
M. Jolivet: Vous avez raison et cela...
M. Séguin: Moi, cela fait dix mois que je suis
là.
M. Jolivet: Je ne parle pas seulement de vous, je parle du
gouvernement tout entier qui est là depuis trois ans.
M. Séguin: Je pense qu'en dix mois... Il y a un dossier -
si vous parlez de la CSST - qui a été réglé aussi,
il s'agit de la stabilisation économique, domaine où j'ai
procédé rapidement pour redresser une situation qui
dégénérait depuis 1981 où l'ancien gouvernement
n'avait pas voulu non plus intervenir. Je pense que j'ai pris mes
responsabilités, et je les prendrai dans ce secteur-là, non
seulement parce que je me sens simplement obligé de le faire, mais parce
que j'en serai convaincu. Comme je vous dis, dans deux semaines environ, au
conseil d'administration, ce sera un sujet très important qui sera
discuté. J'ai déjà des idées, mais je ne vous les
donnerai pas avant d'en avoir discuté au conseil d'administration, mais
cela s'en vient; ce temps vient rapidement.
M. Jolivet: En tout cas. Simplement pour répliquer au
ministre sur la question des dix ans, le ministre est conscient que la loi a
été adoptée - j'ai bien dit adoptée - selon les
conditions que comportait la mise sur pied dans l'ensemble du Québec, et
compte tenu des coûts inhérents à la mise sur pied du
système de santé et de
sécurité du travail davantage axé, on
l'espère tous, sur la prévention plutôt que sur la
guéri-son. Dans ce contexte, c'est entre 1982 et 1985 qu'ont
été adoptés les règlements permettant la mise sur
pied de ces comités sur la prévention. Et depuis 1985, même
si le ministre n'est là que depuis dix mois, II reste quand même
que son gouvernement est là depuis trois ans et demi, presque quatre ans
maintenant, et dans ce contexte II doit avoir au moins avoir posé des
gestes préalables à ce que le ministre est en train de me dire.
Je soupçonne que le ministre qui vous a précédé
était bon pour faire avaler des dossiers aux gens en les y
forçant, mais que pour celui-là, il ne s'est pas tellement
forcé le derrière.
M. Séguin: Écoutez, c'est un Jugement que je vous
laisserais. Ce n'est pas le mien. Je pense qu'en dix mois j'ai fait quasiment
autant que ce qui a été fait par les ministres du Travail sous
l'ancien régime. D'ailleurs, depuis quelques heures, on regarde
l'ensemble des dossiers, et je pense que, pour la période qui
s'étend sur dix mois, on en brasse pas mal. Je pense que je peux prendre
le temps qu'il faut auprès du conseil d'administration pour
régler un dossier qui attend depuis dix ans. Je pense que je peux
prendre encore deux semaines pour en discuter avec lui et trouver une solution
qui apportera un allégement dans ce secteur, bien sûr.
M. Jolivet: Vous dites deux semaines, mais quand les
comités prévus par la loi seront-ils mis sur pied?
M. Séguin: Je peux vous dire que c'est l'un des sujets qui
pressent et dont je vais saisir le conseil d'administration pour essayer de
trouver dans les délais les plus rapides... Que je sache, cela ne
demande pas un projet de loi; cela exige simplement un décret. Donc, on
peut procéder rapidement.
M. Jolivet: Je passerais au programme 6, Mme la
Présidente, comme on n'a pas le programme 5.
La Présidente (Mme Bélanger): II faut adopter le
programme 5, M. le député de Lavio-lette.
M. Jolivet: Je ne peux pas adopter ce que je ne vois pas.
La Présidente (Mme Bélanger): II est avec les
crédits du Travail. Après vérification avec le
secrétariat...
M. Jolivet: Ce n'est pas nous qui le vérifions.
La Présidente (Mme Bélanger): On a
vérifié avec la commission du budget et de l'administra- tion,
il n'a pas été adopté. Il est à nous, ce
sont des crédits à voter.
M. Jolivet: Oui, mais on ne l'a même pas
étudié.
La Présidente (Mme Bélanger): Vous n'auriez
peut-être pas de question à poser là-dessus.
M. Jolivet: Bien oui! Justement, j'en ai posé une; vous
m'y faites penser. D'une façon ou d'une autre, comme je n'ai pas vu
cela, je ne sais pas de quoi vous parlez, Mme la Présidente. SI vous
voulez l'adopter, adoptez-le, mais ce sera certainement sur division. Je ne le
vois pas.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce que le
programme 5 est adopté?
M. Séguin: Cela se fait toujours comme cela Maintenant, si
l'Opposition préfère l'adopter sur division, il n'y a pas de
problème.
M. Jolivet: Vous dites que c'est toujours nous qui l'adoptons
sans l'avoir vu?
M. Séguin: Non, il s'agit d'un transfert automatique entre
le Conseil du trésor et la régie.
M. Jolivet: Et le Consieil du trésor ne l'a pas
étudié.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors...
M. Jolivet: Donc, on va vous rendre service, Mme la
Présidente, on va l'adopter.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, le programme
5, Qualification professionnelle des entrepreneurs en construction, est
adopté. Est-ce que le programme 6 est adopté?
Sécurité dans les bâtiments et les
lieux publics
M. Jolivet: Non, on est rendu là. Sécurité
dans les bâtiments et les lieux publics. Il n'y a personne qui conteste
l'importance d'assurer le respect des normes de sécurité dans la
construction, de l'entretien des bâtiments et des lieux publics. Par
exemple, ce qu'on peut se poser comme question, il n'y a pas grand monde qui
doit le savoir, c'est que le programme prend seulement 1/5 du budget, 19 500
000 $ sur les 89 500 000 $ du ministère en 1989-1990. Cependant, il
occupe plus de la moitié des effectifs permanents autorisés, 517
sur 984. Donc, c'est une diminution qui est très importante, tel qu'on
le décrit au cahier explicatif des crédits, aux pages 3, 4 et
31.
Dans ce dossier, le ministre, pour Indiquer qu'il prend au
sérieux ses responsabilités, nous a
présenté un projet de loi 118 dans le but de veiller
à moderniser la vieille Loi sur la sécurité dans les
édifices publics, notamment en augmentant les pénalités
prévues. Donc, on a eu l'occasion de discuter de ce principe du projet
de loi, de l'étudier article par article en commission parlementaire.
Donc, l'Opposition, on l'a dit à l'époque, n'était pas en
désaccord avec le principe du projet de loi. L'Opposition a
suggéré quelques amendements, plutôt un amendement pour que
les dirigeants d'une personne morale soient passibles des mêmes peines
que la personne morale. Le ministre avait pris en considération cette
demande.
Alors, je dois vous dire, Mme la Présidente, qu'avant d'entrer en
commission parlementaire, le ministre m'a fait parvenir l'amendement, tel qu'on
s'était entendu à le faire en commission parlementaire. Je vais
faire, avec nos représentants, l'étude de l'amendement qui,
à première vue, semble correspondre à ce que nous avions
demandé. Mais je n'ai pas eu l'occasion, puisque je suis parti de
l'Assemblée nationale pour m'en venir ici en vitesse tout à
l'heure, d'en faire une lecture plus attentive. Donc, on aura l'occasion d'y
répondre lorsqu'on prendra en considération le projet de loi.
La question que je me pose quand on regarde tout ça, c'est que
depuis 1985-1986, les effectifs permanents autorisés à ce
programme ont chuté de 742 à 517 en 1989-1990, soit une
diminution de près du tiers, de 30 %. Les effectifs occasionnels sont
même passés de 41 à 4 entre 1986 et 1989. Donc, j'aimerais
bien savoir à quoi tient tout cela. Le ministre dit que c'est important,
je pense que nous pensons aussi que c'est important, mais, en contrepartie, on
s'aperçoit qu'il y a une diminution à la fois des effectifs
permanents et des effectifs occasionnels. Alors, j'aimerais savoir à
quoi sert de donner plus de dents à une loi si on a moins de monde pour
la faire respecter, pour la faire appliquer. Alors, c'est la seule question que
j'aurais pour ce programme, Mme la Présidente.
M. Séguin: Je voudrais expliquer qu'il ne s'agit pas
vraiment d'une réduction des effectifs en termes nets, mais qu'il s'agit
d'un transfert à d'autres directions. À titre d'exemple, la
normalisation a été rattachée à une autre
direction, il s'agit donc simplement d'un rattachement latéral à
une autre direction du ministère pour séparer la normalisation du
secteur du bâtiment. Alors, ces gens n'ont pas quitté le
ministère du Travail, ils ont juste été regroupés,
comme il y a eu aussi, au niveau administratif, des gens qui ont
été regroupés et rattachés à la Direction de
l'administration, qui constitue un autre programme. Alors, ces gens-là
ont été simplement déplacés mais n'ont pas
quitté le ministère.
M. Jolivet: Ils sont toujours au ministère? M.
Séguin: Ils sont toujours là.
M. Jolivet: Puis ils vont faire quoi, maintenant, par rapport
à ce qu'ils faisaient avant?
M. Séguin: Par exemple, à la normalisation, ce sont
des études et des échanges qu'ils feront soit avec les autres
provinces, etc., sur les normes, sur la normalisation... C'est un service qui
existait.
M. Jolivet: Oui, je sais, mais je parle d'inspecteurs. Je
comprends que vous êtes en train de me dire, qu'il y a du personnel qui
va faire autre chose mais qui sera moins responsable de l'application de la loi
que vous venez d'amender.
M. Séguin: Non, le nombre d'inspecteurs ne diminue pas sur
l'ensemble global qui a été rattaché à la direction
du bâtiment.
M. Jolivet: Sur le nombre de personnes combien, étaient
des inspecteurs? Chez les occasionnels, on passe de 41 à 4. Il y en
avait combien qui étaient des inspecteurs? Juste 4?
M. Séguin: On me dit qu'il n'y a pas de réduction
du nombre de personnes qui étaient des inspecteurs, que c'est
plutôt un transfert de la normalisation et de l'administration à
d'autres directions du ministère.
M. Jolivet: Donc, en termes de postes permanents et de postes
occasionnels, il y a le même nombre d'inspecteurs.
M. Séguin: Oui, sauf ceux qui ont quitté
volontairement.
M. Jolivet: II y en a combien? M. Séguin:
Actuellement, c'est...
M. Jolivet: C'est ce qu'on appelle l'attri-tion.
M. Séguin: II y a 52 inspecteurs qui ont quitté
pour prendre leur retraite ou leur préretraite.
M. Jolivet: Donc, ce que je dis, c'est qu'il y en a moins qu'il y
en avait auparavant.
M. Séguin: Ils ont quitté pour prendre leur
retraite.
M. Jolivet: Je le sais mais vous ne les avez pas
remplacés. Si vous ne les avez pas remplacés, c'est qu'il y en a
moins.
M. Séguin: On a un projet visant à les remplacer
actuellement...
M. Jolivet: Ah!
M. Séguin: ...avec les normes de soumissions, enfin tout
cela, les concours, mais...
M. Jolivet: Ce dont j'avais peur, c'est qu'il y ait une
diminution par attrition mais sans rétention.
M. Séguin: Non, il n'y a pas de réduction de
postes.
M. Jolivet: Alors...
La Présidente (Mme Bélanger): Étant
donné l'heure, M. le ministre, est-ce que le programme 6,
Sécurité dans les bâtiments et dans les lieux publics, est
adopté?
M. Jolivet: Oui, Mme la Présidente. On passera au
programme suivant.
M. Séguin: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Le programme 6 est
adopté. La commission suspend ses travaux jusqu'à 20 heures ce
soir.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
(Reprise à 20 h 10)
La Présidente (Mme Bélanger): La commis sion de
l'économie et du travail reprend ses travaux afin de procéder
à l'étude des crédits budgétaires du
ministère du Travail pour l'année financière 1989-1990.
Lors de la suspension, nous étions rendus au programme 7.
M. Jolivet: Ma question, Mme la Présidente, ne concernait
pas nécessairement le programme 4 parce que l'on va devoir l'adopter.
C'était simplement une question que j'ai oublié de poser au
ministre parmi les demandes que l'on avait, concernant la loi 31. Je pense que
le ministre est capable de répondre à cette question, concernant
la loi qui touche les artisans dans la construction au Québec. Plusieurs
personnes nous ont fait mention des problèmes qui les amènent
dans certains cas, comme ceux qui travaillaient seuls et qu'on appelait les
artisans de la construction, à engager pas mal d'argent dans la
transformation de leur statut pour avoir droit de travailler en vertu de cette
loi. Je veux juste savoir si le ministre a été mis au courant de
lettres qui ont été envoyées à des
députés concernant les récriminations de certaines
personnes vis-à-vis du changement, parce que, dans certains cas, on leur
propose de devenir entrepreneurs artisans. On leur demande d'engager des frais
pour être en loi, comme entrepreneurs, en vertu de la loi sur les
institutions financières. Je ne sais pas si le ministre a
été mis au courant de ce problème. Est-ce qu'il pourrait
me dire si on l'a mis au courant dernièrement et quelles sont les
réponses qu'il pourrait nous donner au moment où l'on se
parle?
M. Séguin: Oui, en fait c'est que la loi 31 a
été adoptée, elle est d'ailleurs en vigueur, elle est
devenue la loi 35.
M. Jolivet: C'est ça
M. Séguin: Un des objectifs de la loi était de
faire en sorte que la notion d'artisan au sens habituel du mot connu à
l'époque, changé pour entrepreneur autonome, qu'à toutes
fins utiles, les activités de ces entrepreneurs, qu'on appelait
artisans, deviennent exclues des grands chantiers. Ils ont des
activités, bien sûr, qu'ils peuvent pratiquer, mais de
façon un peu plus restreinte, ou à tout le moins en ayant un
employé. Et là, je ne peux pas énumérer les autres
conditions, je n'ai pas devant moi le projet de loi mais je pense que l'esprit
est à peu près celui-là.
Cela était le sens de la loi de l'an passé. Par ailleurs,
j'ai eu beaucoup de représentations, je dirais presque unanimes, de la
part des associations d'employeurs, Conseil du patronat, FTQ, CSN, Conseil
provincial des métiers de la construction et d'autres, qui ont
vaillamment représenté que le sens de la loi était
celui-là et qu'il devait rester ainsi, parce que l'on s'est rendu
compte, dans le projet de loi, que seules les personnes physiques
étaient visées dans cette notion d'artisan ou de nouvelle notion
d'entrepreneur autonome. Donc, indirectement certains ont pensé que les
personnes morales, donc Incorporées, échappaient aux restrictions
apportées aux artisans ou entrepreneurs autonomes dans ce projet de loi.
C'est: là que j'ai eu des réactions, je dois le dire et
publiquement, donc Je suis fort aise d'en parler. Tous les représentants
du monde de la construction m'ont présenté en front commun, d'une
façon unanime, un rappel des objectifs de la loi qui étaient de
ne pas permettre aux artisans l'accès total à l'ensemble des
chantiers mais plutôt à des activités qui leur
étaient désignées et qui leur étaient restreintes.
Je réfléchis actuellement dans ce sens.
Par ailleurs, j'ai eu des groupes d'artisans et même de l'APCHQ,
certaines représentations. D'une part, je pense que l'on devra
préciser le sens de la loi à cause de ce phénomène
qui a échappé à tous, à cause de cette distinction
entre la personne physique et la personne morale. D'un autre côté,
chez les entrepreneurs autonomes, je pense qu'il y a une réflexion
aussi, à savoir si les restrictions des activités, en dehors des
grands chantiers, pourraient être modulées. Et encore
prochainement, je dois rencontrer des représentants de l'APCHQ qui ont
demandé d'en discuter, uniquement de ce point-là, ce que nous
devons faire très prochainement. Je verrai à ce moment-là
quelle solution finalement se dégage de tout ça.
M. Jolivet: Oui, parce que l'on avait
suggéré à des gens de s'incorporer comme
entrepreneurs et d'avoir comme seuls employés, eux-mêmes. On
disait que c'était la seule façon de s'en sortir finalement. Cela
les obligeait à s'instituer en corporation, donc à payer des
avocats pour faire les documents en conséquence et ensuite payer des
droits à la Régie des entrepreneurs en construction du
Québec, alors qu'avant, Us travaillaient sans aucun problème. Ils
disaient que le jour où Us ont décidé de laisser les gros
employeurs, c'était qu'ils en avaient assez d'être sous leur
responsabilité. Ils se sont équipés, à
l'époque comme travailleurs autonomes et artisans, et a partir de
ça ils se sont équipés en outils, en installations qui
permettent de donner le service. Ils font des galeries, des rampes d'escaliers,
des entrées de cour, des entrées de maisons, des
réparations mineures dans le fond, mais ils vivent selon leur rythme et
leur façon de voir les choses. Ils n'ont pas de patron sur le des, comme
ils disent, et là on vient de leur dire que, désormais, ce n'est
plus comme ça que cela marchera. Il faut qu'ils deviennent une
corporation s'ils veulent avoir le titre. En fait, le seul employé
qu'ils ont, c'est eux-mêmes. Alors, c'est un peu baroque. Vous me dites
que vous êtes en train de regarder ça et de voir de quelle
façon on pourrait remédier à ces problèmes.
M. Séguin: Remarquez que le projet de loi avait
passé par le processus des publications. Il y a eu une commission
parlementaire, le projet de loi a été adopté je pense, en
décembre dernier, l'année passée, pour être en
vigueur le 1er Janvier 1989. Donc, pendant cette année-là, les
parties ont constaté l'état de la situation. Les parties ont eu
un an pour voir à la mise en vigueur de cette loi qui était
prévue pour le 1er janvier 1989. D'un côté, comme je vous
le disais, j'ai reçu de l'ensemble des parties relativement importantes
de la construction, que ce soit la CSN, la FTQ, le Conseil du patronat, le
Conseil provincial des métiers de la construction, en fait de toutes les
autres parties constituées en associations, une demande unanime à
maintenir cette restriction et à ne pas permettre une nouvelle
interprétation dans le cadre de la loi pour les personnes non physiques
ou les personnes morales. D'un autre côte, les entrepreneurs autonomes,
qu'on appelait avant les artisans, disent que c'est Injuste, discriminatoire et
ils s'en plaignent fortement. Alors, j'essaie de voir entre ces deux positions,
à la lumière de la lof qui est déjà en vigueur, s)
on devrait recourir à l'amendement. Je pense que c'est ce que souhaite
l'ensemble du monde de la construction, à savoir s'il n'y a pas une
forme de compromis à la rigueur pour les artisans. S'ils demeurent
exclus des grands chantiers, ce qui était le sens de la loi 31,
qu'à tout le moins dans certains cas, dans certaines régions, je
dois vous avouer que beaucoup de députés, des deux
côtés mais particulièrement du côté
ministériel, m'ont sensibilisé aux problèmes que
rencontrent ces artisans, maintenant entrepreneurs autonomes, dans leur
comté, surtout en régions, en dehors des grands centres,
particulièrement à l'égard de la construction de maisons
neuves. Je réfléchis, je poursuis ma consultation et je vais
tâcher, dans ce dossier-là comme dans beaucoup d'autres, d'arriver
à une solution conforme au principe de la loi et, en même temps,
de permettre à certaines personnes de ne pas procéder par un
moyen qui n'était pas prévu par la loi et qui devient
onéreux et laborieux pour finalement échapper à ce
principe. Finalement, tout ce principe-là ne sied à personne et
je pense que j'ai, depuis un certain temps, ce dossier là en bonne
réflexion et je pense qu'on devra, très prochainement,
déterminer les orientations définitives sous cet
angle-là.
M. Jolivet: Merci. Alors le programme 4, Mme la
Présidente, pourrait être adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Un instant, M. le
député de Saguenay a demandé la parole.
M. Jolivet: Oui, d'accord.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Saguenay.
M. Maltais: Oui, Mme la Présidente. Puisque l'on parle un
peu du travailleur autonome qui, particulièrement en régions
éloignées, pose certains problèmes, nous avons, par
exemple, dans des petites municipalités éloignées
où on n'a pas d'autres entrepreneurs en construction que les artisans,
appelés communément en langage des régions, l'homme
à tout faire. Or, c'est bien sûr, par exemple, que le
propriétaire qui veut se faire construire une maison... Je vais vous
donner un exemple, on va le situer. De Sacré-Coeur à Baie-Comeau,
il y a 160 milles et l'entrepreneur de maisons à Baie-Comeau qui va
venir construire une maison pour la SCHL ou d'autres prêteurs, s'il part
de Baie-Comeau avec son équipe, le coût de la maison vient
d'atteindre le même niveau qu'à Baie-Comeau, plus la pension. On
sait que le prix de vente d'une maison neuve n'est pas le même à
Sacré-Coeur qu'à Baie-Comeau. Alors, ce qui reste comme
ressource, c'est l'artisan. Bien sûr, un artisan ne peut pas construire
une maison tout seul. Il ne faut pas se conter de chanson, il ne peut pas
construire une maison tout seul, tout fin seul. Cela lui prend au moins un
"helper", un aide pour, de temps en temps, quand il est sur l'échafaud,
avancer l'échelle et la reculer. Cependant, on sait que l'artisan, sur
le pian légal, au sens de la loi, c'est celui qui travaille tout seul.
Est-ce qu'il n'y a pas une possibilité à un moment donné -
vous l'avez souligné, je pense, à l'étude des
crédits du mois de février, c'est une question que même
l'Opposition posait - dans le décret ou la convention de la
construction, en dehors du statut particulier dont profite l'artisan, de
tenir compte de certains milieux là où ce n'est pas l'habitude de
l'entrepreneur en construction d'aller? Je vais vous donner un exemple. On
parle du début de mon comté, vous vous en allez à
Baie-Trinité; un entrepreneur en construction n'ira pas parce qu'il n'y
a même pas de quincaillerie. S'il manque une boîte de clous, il va
être obligé de faire 100 milles pour aller s'en chercher une. Si
vous avancez sur la Côte-Nord, c'est le même problème.
Aussi, il faut avoir des clients pour bâtir une maison. Un client de
Baie-Trinité n'est pas prêt à donner 125 000 $ comme un
client de Baie-Comeau pour avoir une maison. Mon Dieu, il n'exigera
peut-être pas la même finition extérieure, mais cela lui
prend quand même une maison pour loger sa famille.
Moi, je me souviens, Mme la Présidente, d'avoir discuté
longuement de cette possibilité avec l'ancien ministre du Travail et
député de Sherbrooke dans le temps, M. Fréchette. Bien
sûr, on est pris dans tout le dédale de l'appartenance en ce qui
concerne le décret de la construction, la partie syndicale, etc. Je sais
que ce n'est pas facile. Vraiment, si un jour on veut dédramatiser le
problème de la construction, le rendre plus humain et le rendre aussi
plus acceptable à sa clientèle, est-ce qu'on ne pourrait pas - ce
n'est pas une réponse, oui ou non, demain matin que Je veux avoir -
envisager la possibilité que dans certaines régions du
Québec, compte tenu de certains facteurs, soit par des zones, des
limites de zones, l'artisan devienne vraiment et joue vraiment son rôle
d'homme à tout faire, c'est-à-dire que dans une
municipalité de 400 ou 500 personnes, il soit capable de construire une
habitation selon les normes du Québec et permettre aussi aux gens
d'accéder à l'habitation à un prix raisonnable compte tenu
des milieux et des salaires qui sont payés dans les milieux?
M. Séguin: En fait, comme je le mentionnais, je pense
qu'il y a là un impact sur le plan régional qui m'est
véhiculé à moi, en tout cas, comme problème. Ce
n'est pas tellement dans les grands centres et je ne pense pas qu'on remette en
cause la présence des entrepreneurs autonomes ou des artisans sur les
grands chantiers. Je pense que c'est tellement une demande depuis plusieurs
années du monde de la construction que ce n'est pas vraiment là,
à mon humble avis, que se situe le problème. Comme vous le
pointez et comme je l'indiquais tantôt, je pense que c'est dans certaines
régions où il n'y a pas de grands chantiers, où
l'économie est relativement modeste en termes de construction, où
les entrepreneurs maintenant, qu'on appelait artisans, se sentent
extrêmement limités dans ce qu'ils peuvent faire. C'est
là-dessus que j'essaie de voir s'il n'y a pas quelque chose qu'on
pourrait faire.
Dans le processus de la précision des termes de la loi que nous
avons, la loi 31, je regarde en même temps si, de ce côté,
on ne pourrait pas avoir un assouplissement. Je continue mes consultations et
J'espère qu'on trouvera une solution qui pourra satisfaire les
préoccupations des représentants syndicaux qui, d'un
côté, dans le domaine de la construction, m'ont formellement et
fermement supplié même de procéder immédiatement
avec une rigueur extrêmement sévère là-dessus. De
l'autre côté, c'est cet aspect régional qui, depuis un mois
ou deux, m'est amené par beaucoup de députés et par
d'autres intervenants et je suis aussi sensible à cela. J'essaie de
réfléchir à tout cela dans les prochaines semaines, parce
que je pense que nous devrons convenir de la situation la plus claire possible
dans un avenir très prochain.
M. Maltais: Merci. C'est bien sûr que dans ce que j'ai dit
au préalable, on doit tenir compte, et j'espère que quelqu'un en
tiendra compte un jour, du petit entrepreneur, père et fils au pluriel.
Souvent, c'est une petite entreprise familiale, le permis de l'artisan. Il ne
faut pas se le cacher. C'est ce qui fait la force en régions.
Dans un autre domaine, juste avant qu'on change de sujet, si le
député de Laviolette le permet, j'aimerais aborder avec vous
pendant deux ou trois minutes le fameux dossier des bassins. Écoutez, je
vais être bien franc avec vous, M. le ministre, je ne suis pas du tout
satisfait de la façon dont les bassins s'ouvrent et ferment dans nos
régions. Je me demande s'il y a des députés de satisfaits.
Nous sommes ceux, M. le ministre et Mme la Présidente, qui
reçoivent à nos bureaux les personnes concernées, les
travailleurs de la construction. Je n'en ai pas vu autant, en tout cas, depuis
une couple d'années, dans des bureaux de syndicats, dans des bureaux de
patrons. En tout cas, en régions, dans les bureaux de
députés, et je suis convaincu que mon collègue de
Laviolette sera d'accord avec moi, nous sommes ceux à qui les gens
viennent se plaindre. Ils viennent se plaindre à nous et nous ne pouvons
que leur donner un ticket de bonne chance et nous asseoir en avant du bureau de
l'OCQ. Et, si jamais il y a un trou, Ils pourront rentrer.
J'ai vécu une situation particulière dans mon comté
cette année. C'est la seule région au Québec où ces
messieurs de la partie patronale et ces messieurs de la partie syndicale ont
décidé qu'il n'y avait pas de cours d'initiation à la
construction. Or, si ces mêmes patrons et ces mêmes syndicats
étaient venus à la commission parlementaire sur
Hydro-Québec lorsqu'elle a présenté son plan de
développement, l'an dernier et cette année, si ces mêmes
patrons et ces mêmes syndicats avaient assisté aux discussions
qu'on a eues dans mon comté depuis un an concernant la venue de
Reynolds, l'addition de puissance sur la Manicouagan et l'addition d'une
aluminerie à Sept-îles, on ne serait pas pris dans un cul-de-sac
comme ça. Il y a des choses que Je
pardonne dans la vie, des situations d'ignorance, mais
l'intolérance est impardonnable. Ce que je veux vous dire par là,
c'est que, malgré les avertissements écrits des
députés de la région - nous sommes deux et mon
collègue est dans l'Opposition, nous avons fait front commun - on n'a
jamais réussi à faire comprendre le bon sens aux gens qui
détiennent la clé pour permettre à des jeunes
d'accéder au marché du travail. Au cours des 18 prochains mois,
environ 2000, 2500 travailleurs de la construction seront requis, soit au
chantier d'Hydro-Québec, soit à Reynolds, à Baie-Comeau -
ils ont d'ailleurs commencé l'embauche - et également à
Alouette, à Sept-îles et à la rivière
Sainte-Marguerite. Nos jeunes qui ont 20 ans, qui sont en excellente
santé, qui ont pris des dispositions pour travailler, sont pris dans un
cul-de-sac inacceptable. J'en ai profité, lorsque le premier ministre
est venu chez nous, pour lui faire rencontrer ces jeunes, et le premier
ministre était d'accord avec moi que c'est inacceptable en 1989, alors
qu'on a du travail à nos portes, que des personnes qui, souvent,
à l'extérieur de la région ou encore pour des profits
personnels, "protège mes syndiqués, protège mon
employeur", interdisent à nos concitoyens l'accès au travail. Je
ne peux l'accepter, M. le ministre, et je vous dis bien humblement: Je vais
faire une guerre sans merci si je n'ai pas de réponse satisfaisante pour
mes concitoyens. Voilà ce que je soumets à votre attention. (20 h
30)
M. Séguin: Oui. Je pense que je reçois ça
avec beaucoup de sympathie parce qu'on a eu quelques problèmes
récemment dans la région de Québec et même, à
ma connaissance, à Rimouski, où une certaine ouverture de
concours a amené beaucoup d'intéressés à se
présenter. En fait, les procédures pratiques semblaient
occasionner beaucoup de problèmes et de critiques. J'ai demandé
à la présidence de la Commission de la construction du
Québec, anciennement l'OCQ, l'Office de la construction du
Québec, de regarder ça de nouveau et de se pencher sur la
manière dont les concours sont établis, les appels sont faits et
la réception des gens est faite sur place, physiquement. Il y a un
comité actuellement qui doit produire des résultats d'ici quinze
jours. Ce que je souhaiterais, c'est qu'on puisse, dans les régions,
avoir une nouvelle dynamique de la façon dont on établit les
besoins, dont on place les appels, c'est-à-dire les ouvertures de
concours, et que le processus d'accueil des gens qui veulent souscrire soit
révisé. Je pense que, dans la région de Québec, il
a été étalé au public, un certain matin, qu'il y
avait 300 personnes en ligne qui se sont présentées, au bureau de
la Commission de la construction du Québec, à l'inscription de
cours de formation en prévision d'ouvertures dans le bassin ou pour les
besoins de la construction dans la région. Cela a occasionné un
gros problème et, je pense, à ma connaissance, aussi à
Rimouski, probablement ailleurs aussi, j'en suis bien conscient.
Alors, dans quelque temps, j'aurai quelques résultats et
ça me fera plaisir de vous en parler. Je sais que ça fait
plusieurs fois que vous me parlez de ce point en particulier et j'en discuterai
avec vous pour voir de quelle façon les quelques conclusions qu'on a
maintenant peuvent présenter une satisfaction raisonnable ou s'il faut
encore s'interroger davantage - d'ailleurs, si le député de
Laviolette veut aussi me faire des commentaires à ce moment-là,
ça me fera un grand plaisir - pour qu'on puisse trouver un juste
équilibre dans ce problème qui, j'en suis très conscient,
est réel. Il est réel et il faut le corriger.
M. Maltais: Je vous remercie, M. le ministre. Je sais que vous
êtes sensible à ce problème particulier, mais je pense
qu'il y a une instance, il y a un barrage quelque part. Je ne sais pas
où, mais il y en a un. Comment voulez-vous qu'on puisse expliquer, comme
élu du peuple dans notre bureau de comté, à quatre ou cinq
petits gars de 20 ans, qui ont des bonnes grosses "mossels" et qui ne veulent
plus accepter d'être sur le bien-être social, qu'il y a du travail
à la porte et que ce sont les gens de l'extérieur, parce que M.
l'employeur ou M. le syndicat a dit qu'il y avait 54 % de trop ou pas assez ou
moins? Comment voulez-vous expliquer ça à ce petit bonhomme? Je
voudrais une réponse écrite et, comme député, je
suis prêt à l'apprendre par coeur, j'ai encore une bonne
mémoire, et si elle est plausible, je vais le dire au petit bonhomme.
Dans le moment, je suis obligé de m'arracher les cheveux et dire:
Écoute, mon petit gars, tu me "fourres", je n'ai pas de réponse
à te donner. Dans quelle sorte de maudite société vit-on?
Quand cela va-t-il arrêter? Ce n'est pas d'hier, M. le ministre, et je ne
vous blâme pas, surtout vous, mais ça fait quand même une
quinzaine d'années qu'on est pris dans une société qui est
contrôlée, excusez l'expression, par des gens qui n'ont pas autre
chose à protéger que leurs propres intérêts.
L'intérêt des travailleurs et l'intérêt de la
société, je vous jure qu'ils passent loin du syndicat et de
l'employeur.
Ce que je veux faire comme recommandation, ce que je veux soumettre
à votre attention, c'est que ce n'est pas tout le monde qui a la chance
d'avoir une automobile; il y a beaucoup plus de monde qui a un permis de
conduire qu'il y en a qui a une automobile. Cela ne veut pas dire que, parce
que tu n'as pas d'automobile, tu n'as pas le droit au Québec d'avoir un
permis de conduire. Je pense qu'on se fait bien comprendre: Si tu as un permis
pour aller travailler, on ne peut pas te forcer à aller travailler, mais
tu n'as pas le droit d'empêcher un autre d'aller travailler. C'est bien
clair. C'est une suggestion que je vous fais. S'il faut modifier une loi
à un moment donné, ne vous en faites pas, des soldats à
l'Assemblée nationale pour vous appuyer, M. le ministre, vous allez en
avoir 122.
M. Séguin: Merci de cet appui.
La Présidente (Mme Bélanger): M. te
député de Laviolette.
M. Jolivet: Mme la Présidente, je comprends la frustration
du député de Saguenay. J'aurais beaucoup de choses à dire
sur ce dossier, je l'avais entrouvert seulement et ça me permettait de
passer à un autre dossier qui, lui aussi, j'en suis assuré, fera
l'objet de commentaires de la part du député de Saguenay parce
qu'à une autre commission parlementaire sur les engagements financiers,
on était du même avis. C'est la Commission de la santé et
de la sécurité du travail. Alors, le programme 4 sera
adopté.
Direction et gestion interne
La Présidente (Mme Bélanger): Avant d'entreprendre
le programme 7, nous allons adopter le programme 4, Direction et gestion
interne. Est-ce que le programme 4, Direction et gestion Interne, est
adopté?
M. Jolivet: Oui.
La Présidente (Mme Bélanger): Nous passons au
programme 7.
Aide financière a la Commission de la
santé et de la sécurité du travail
M. Jolivet: Mme la Présidente, s'il y a un dossier qui
nous amène énormément de discussions avec des gens,
énormément de problèmes à chaque
député à l'Assemblée nationale, c'est bien celui de
la Commission de la santé et de la sécurité du travail. Je
dois dire que ce n'est jamais facile pour des gens d'être responsables
d'une telle commission mais, dans les circonstances actuelles, vous conviendrez
avec mol, j'en suis assuré, Mme la Présidente, qu'on a une
certaine impression. J'espère qu'on pourra, dans les jours qui viennent
et aujourd'hui, essayer de la dissiper si c'était possible. La
Commission de la santé et de la sécurité du travail,
normalement, devrait venir en aide à l'ensemble des travailleurs qui
sont malheureusement victimes d'accidents, que ce soient des accidents dus
à des bris mécaniques ou à des occasions qu'on ne peut
arrêter et donc, ce sont vraiment des accidents, ou que ce soient des
conditions qu'on appelle des lésions professionnelles.
Donc, malheureusement, avec toute la bonne volonté du monde, avec
toutes les capacités pour mettre en place un système de
prévention, il arrivera toujours des accidents. Mais une fois qu'on a
dit qu'il y aura toujours des accidents, il faut aussi se poser la question:
Quels sont maintenant les délais pour arriver à être
compensé si vraiment c'est un accident, si vraiment la lésion que
j'ai, la surdité, provient du bruit dans le milieu de travail, si,
à cause des émana- tions, surviennent des problèmes des
organes vitaux? À ce moment-là, peut-on avoir l'assurance que le
travailleur, pour qui l'assurance est faite, aura cette occasion de ne pas
perdre patience et, finalement même, de perdre espérance?
Je dois voua dire qu'il y a beaucoup de cas pathétiques qui nous
sont donnés tous les jours dans nos bureaux de comté. Il y a des
demandes, et j'en al apporté quelques-unes simplement pour vous montrer,
M. le ministre, qu'il y a certains dossiers de gens qui ont à peu
près la même sorte de problèmes et se voient
confrontés à des dédales administratifs tels que,
finalement, ils se découragent. Combien de gens, et les
députés ministériels pourraient en faire valoir aussi,
disent: Écoutez, moi, j'étais tanné,
écuré, j'ai tout lâché cela; ce que j'ai fait,
je me suis mis sur l'assurance de la compagnie et, en fin de compte, cette
compagnie, dans bien des cas... Les demandes répétées
à la CSST les amenant à cette solution, Us se voient
pénalisés d'abord, s'il y a séquelle permanente, à
ne jamais avoir de rétribution parce qu'ils ont laissé tomber
leur demande à la Commission de la santé et de la
sécurité du travail ou encore parce que, sur le plan salarial, il
y a une perte énorme dans certains cas qui peut être due au fait
de passer à l'assurance prévue par la Commission de la
santé et de la sécurité du travail, on se retrouve sur
l'assurance de la compagnie qui, elle, ne perdure pas dans le temps de la
même façon.
Dans ce contexte-là, l'ensemble des questions que j'aurai
à poser et que les membres du côté ministériel
auront certainement à poser, c'est: Qu'est-ce qu'il arrive, M. le
ministre, avec la Commission de la santé et de la sécurité
du travail? Qui a une forme de responsabilité dans cette boîte qui
permet de dire que les travailleurs sont vraiment sûrs d'avoir des
résultats convenables? Je parle de la CSST. J'aurais pu donner d'autres
exemples de gens qui sont à l'Office des personnes handicapées et
qui obtiennent, eux aussi, après des délais de deux, trois ou
quatre ans, des réponses à leur demande, après avoir suivi
une série de dédales, après avoir fait des demandes
répétées pour avoir tel et tel renseignement. Ils essaient
de communiquer avec la Commission de la santé et de la
sécurité du travail et n'ont aucune réponse parce que
c'est toujours engagé. En fin de compte, à la Commission de la
santé ei: de la sécurité du travail, on les
transfère de l'un à l'autre.
J'ai eu l'occasion, comme simple député, d'essayer de
régler un cas de La Tuque hier, lundi. J'ai appelé
continuellement à un numéro à Longueuil parce que la
personne qui était rendue à La Tuque avait son dossier à
Longueuil, et je n'ai jamais été capable d'atteindre la
Commission de la santé et de la sécurité du travail,
c'était toujours occupé. Quand je suis revenu au bureau, au lieu
de revenir à 13 h 30, je suis revenu à 13 h 15 pour m'essayer Je
l'ai finalement
obtenu, cela a pris quinze minutes avant que quelqu'un me
réponde. C'était toujours la même musique qui jouait et me
disait: Soyez patient, cela viendra.
Vous imaginez une personne accidentée qui, dans certains cas,
essaie d'obtenir le numéro sans frais et qui ne l'obtient jamais parce
que c'est toujours occupé. J'ai beau dire à cette personne:
peut-être que le moyen que tu as, c'est à 8 heures ou 8 h 30 le
matin, avant que ça commence, tu as des chances de l'avoir. Mais,
après ça, n'essaie pas. Cela, c'est pour vous dire qu'il y a un
problème majeur de réponse à l'ensemble des travailleurs
qui ont besoin de la Commission de la santé et de la
sécurité du travail.
Je ne vous parlerai pas non plus des gens qui, des fois, se font mal
recevoir. Je vous dirai que des gens, dans certains cas, ont l'impatience
d'être vraiment Impatients. Si j'étais à leur place, comme
je suis un homme qui, une fois de temps en temps, me mets en colère, je
serais peut-être aussi violent qu'eux.
Il y a des personnes qui viennent me voir à mon bureau, qui
m'écrivent, comme responsable de la CSST, qui me disent: M. le
député, j'ai perdu non seulement ma maison, j'ai aussi perdu mes
enfants et mon épouse, parce que j'étais devenu irascible, d'une
certaine façon et, dans certains cas, j'étais devenu incapable de
subvenir à leurs besoins, parce que j'ai eu le malheur d'être un
accidenté du travail. On ne me croit pas. En bon
Québécois, on me dit que je "fake" mon mal. Je fais semblant
d'être malade. Il y a une propension aux maux de des. J'ai vu la
Commission de la santé et de la sécurité du travail
annoncer que, maintenant, on s'occuperait du des des gens. Mais il y a des
moments où les gens ont plutôt l'impression qu'on leur "fesse-sur
le des. On a l'impression qu'on ne leur donne pas satisfaction, parce que, dans
les dédales qu'on a à suivre... D'abord, demande,
révision, appel à la partie médicale, commission d'appel
en lésions professionnelles, dans certains cas, Commission des affaires
sociales, dans d'autres cas, suivant le niveau où j'étais
déjà rendu, pour me faire dire en fin de compte que la
révision qui s'est faite sur le plan médical, c'est une personne
qui a lu mon dossier sans me voir, sans me consulter. Les gens ne comprennent
pas ça. Les gens ne comprennent pas qu'on puisse faire une
révision de leur dossier médical sans au moins leur avoir
parlé ou sans leur avoir au moins fait quelque chose. On les fart lever,
on les fait marcher et on dit: Tu es correct, mon chum, tu peux aller
travailler.
Dans certains cas, il y a des rechutes. Il y a des gens qui,
après une demande, se font refuser et Us ne comprennent pas pourquoi.
À la Commission de la santé et de la sécurité du
travail, on est sur le des des travailleurs, dans bien des cas.
Vous allez dire que j'exagère, que je suis quelqu'un qui essaie
de se faire du capital politique avec les personnes qui sont accidentées
au travail. Je suis sûr que les députés du
côté ministériel disent la même chose que moi et je
suis sûr que vous ne direz pas qu'ils se font du capital politique. Ils
essaient de défendre les gens qui viennent les voir. Il y a des gens
qui, des fois, ne nous disent pas tout. J'ai l'habitude de demander en ce qui
concerne un dossier: Écoutez, je vous donne le revers de la
médaille. Je voudrais connaître le vôtre, avant de me faire
une opinion. Mais je dois être capable, quand même, de me faire une
opinion sur ce que l'entends, ce que je sais et ce que je vois.
Mais je dois vous dire qu'on a l'impression, avec le nombre de dossiers
qui sont en révision, le nombre de dossiers à la commission
d'appel, que ça retarde énormément. Il y a quelque chose
qui ne va pas quelque part et dans certains cas, même s) l'employeur -
j'ai des cas comme celui-là - ne conteste pas, la commission le fait
à sa place et conteste des choses. L'employé dit: Crime, mon
employeur m'a dit qu'U n'a pas contesté ça. Qu'est-ce qui se
passe? Pourquoi veut-on contester? Quel est le but qu'on recherche? Est-ce que
c'est de diminuer le déficit annuel à zéro, comme on l'a
dit et de diminuer, par le fait même, l'ensemble du déficit qui
est accumulé? Est-ce qu'on va le faire sur le des des travailleurs, en
disant: Nous allons en arriver à faire en sorte qu'on ait moins de cas,
qu'on conteste plus. L'impression qui nous reste, c'est qu'on a une classe de
gens qui s'est additionnée à tout ça, qui sont des
avocats, qui sont là pour contester les plaintes, qui sont là
pour amener ça le plus loin possible, pour décourager du monde,
pour finalement arriver à faire en sorte qu'en fin de compte on ne paie
pas et que tout va bien, Mme la marquise.
Je vais vous dire, M. le ministre, que j'aurai plusieurs questions
à poser sur ce dossier et je vous dis d'avance que nous allons prendre
la défense des travailleurs, parce que la loi, au départ, avait
pour but de faire une assurance collective de la part des employeurs pour
être au moins capable, premièrement, de prévenir les
accidents du travail; deuxièmement, de faire de la guérison dans
le sens de la partie II de la Loi sur la santé et la
sécurité du travail. Donc, prévention d'abord et,
deuxièmement, une guéri-son ensuite des possibilités
d'aide. Quand je parle de guérison, je ne parle pas de guérison
physique, je parle de moyens leur permettant de vivre convenablement par la
suite avec le handicap qu'ils auront eu dans leur milieu de travail. (20 h
45)
Mme la Présidente, je suis assuré que le ministre a
plusieurs demandes provenant de partout au Québec, de ses
collègues comme des miens, pour dire qu'il y a quelque chose qui ne va
pas. J'aurai maintenant des questions à poser à la suite de ces
remarques que j'ai faites, Mme la Présidente.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le ministre.
M. Séguin: D'une part, Mme la Présidente, à
la suite de ce long et global préambule, je pense qu'on peut faire
quelques commentaires. Je dois dire que je souscris entièrement aux
propos de mon collègue, le député de Laviolette, selon
lesquels on doit s'occuper de la défense des droits des travailleurs
dans l'application de la loi. C'est là ma première
responsabilité, au-delà des équilibres budgétaires,
au-delà des déficits, au-delà des préoccupations
d'ordre matériel, administratif et de gestion. C'est ce que j'essaie de
retrouver comme, si vous voulez, élément de solution à
l'ensemble des problèmes qu'on peut soulever ou des critiques qu'on a
soulevées.
Dans un premier temps, j'aimerais dire ceci. Depuis une dizaine de mois,
J'ai souvent eu l'occasion de travailler avec les gens de la CSST, de les
côtoyer, de discuter de dossiers - je dirai quelques mots tantôt
sur les principaux - et je dois dire que ça me fait penser à ce
que j'ai vécu au ministère du Revenu, qui a un rôle ingrat,
aussi, vis-à-vis de la population, pour appliquer une loi complexe, la
loi de l'impôt, et je dois dire que j'ai beaucoup de sympathie pour les
gens de la CSST. Ce sont 3000 personnes, hommes et femmes, qui font bien leur
possible, et je ne suis aucunement gêné de leur dire que
j'apprécie beaucoup leur travail et je suis convaincu qu'ils font un
excellent travail à la CSST avec les moyens qu'ils ont, avec la loi
qu'ils ont. Si on veut s'attarder à critiquer le système, mol
aussi j'ai des critiques à adresser au système, et
là-dessus, je pense que tous les collègues de la commission se
rejoignent.
Je ne défends pas le système, je vais défendre
l'intérêt des travailleurs en reconnaissant que ce n'est pas la
faute des employés de la CSST, car ils ont à administrer un
système qui est loin d'être parfait, et c'est là qu'il faut
faire des correctifs, c'est là qu'il faut s'interroger. Après dix
mois, je peux vous dire que je n'ai absolument aucune gêne à
reconnaître que le travail fait par les 3000 employés de la CSST
est fait de bonne foi avec tout ce qu'ils peuvent faire dans le cadre de
l'application de la loi. Ma responsabilité, comme responsable de
l'application de la loi, et non pas directement responsable de la commission...
Comme on le sait - je l'ai déjà dit - la commission est une
entité autonome constituée en vertu de nos lois sur les
compagnies, avec un conseil d'administration et, comme ministre du Travail, je
suis quand même responsable de l'application de la loi. J'ai de
nombreuses conversations et discussions avec les gens de la CSST et je peux
vous dire qu'on se rejoint pleinement dans nos objectifs, et on discute de tous
les moyens. Je peux vous dire que quelques voies de solution se dégagent
actuellement.
J'aimerais rappeler un dossier assez important. Le rapport du
Vérificateur général, qui a été
déposé avant les fêtes, a été assez important
sur l'ensemble de la dynamique de la CSST et a fait plusieurs constatations
concernant les problèmes rencontrés tant dans la gestion que dans
le cheminement des dossiers pour les accidentés. Là-dessus, on
admet que ces problèmes existent. Il n'est pas question de le nier; au
contraire, je l'ai dit publiquement, je pense qu'il y a des problèmes de
ce côté-là qu'il faut absolument régler, des
problèmes de délais qui ont atteint des seuils tout à fait
ridicules et Inacceptables. Tout le monde en conviendra.
Je pense qu'à l'intérieur du système, avec les
trois paliers de décision, soit l'agent d'indemnisation, le
comité paritaire et la Commission d'appel en matière de
lésions professionnelles, qu'on appelle la CALP, il y a là aussi
un point d'interrogation sur l'accumulation des délais. Cela rejoint un
peu l'écho que donnent le député de Laviolette et les
autres membres de la commission, sans doute. Je suis député de
Montmorency, je reçois des gens à mon bureau de comté qui
ont des problèmes avec la CSST, je reçois à mon cabinet
beaucoup de représentations de la part d'accidentés, de
députés, d'associations qui me présentent toutes sortes de
cas et nous essayons à travers tout ça, l'application de la loi,
de trouver où sont les problèmes et comment les
régler.
Je dois dire que dans le rapport du vérificateur je fais miennes
les critiques qu'il a faites au sujet de l'administration de la gestion et je
me suis engagé à suivre des voies de solution et de revoir le
vérificateur pour voir avec lui si les éléments de
réflexion pour résoudre ces problèmes-là lui
paraissent, à lui aussi, être sur la bonne piste. Je pense pouvoir
faire cet exercice dans une couple de semaines avec lui dans un premier
constat. Je dois vous dire là-dessus qu'il n'y a pas beaucoup de
ministres qui ont donné suite à des rapports du
vérificateur en poursuivant avec lui la vérification de ce qu'on
a fait. Je l'ai fait au Revenu et je vais le faire aussi en ce qui concerne la
CSST, puisque cela a fait l'objet d'un rapport particulier par le
Vérificateur général.
Mais il y a un élément sur lequel je me pose encore des
questions et qui est contenu dans le rapport du vérificateur et c'est
sur la notion de blessure. Le vérificateur propose de revoir la
définition du mot "blessure" pour la restreindre, la croyant trop
permissive, trop large, permettant des indemnisations trop
généreuses par rapport à un esprit de la loi qui,
semble-t-il, par le mot "blessure" tel que contenu dans la lof actuellement
n'était pas dans l'esprit de la loi. Ce qu'il suggère finalement
à la CSST, c'est de restreindre, parce qu'il lui reproche de trop payer,
dans un certain nombre de dossiers, par une Interprétation trop
généreuse du mot "blessure".
J'ai eu l'occasion de m'exprimer publiquement là-dessus et je
suis en quelque sorte un peu en désaccord avec cette approche. Je ne
crois pas que l'on doive restreindre l'interpréta-
tion du mot "blessure" à ce stade-ci. Je ne pense pas que ce soit
comme ça qu'on permettra que la CSST connaisse une gestion
améliorée. Je pense que les accidentés ont actuellement un
processus prévu dans la loi pour faire leurs réclamations et sous
réserve de certains correctifs dont je vous parlerai tantôt et sur
lesquels on se penche actuellement, dans l'ensemble U y a là tout ce
qu'il faut pour offrir un système raisonnable, mais il faut quand
même le regarder, peut-être le pondérer, l'améliorer,
j'en conviens pleinement.
Dans ce sens-là, j'ai de nombreuses conversations, discussions,
échanges de dossiers de toutes sortes et, à travers le temps, II
y a quand même des dossiers qui ont franchi des étapes. On en a
parlé dans les quelques heures auparavant, je rappelle le fameux dossier
de la stabilisation économique qui touchait quand même plusieurs
centaines, voire même plusieurs milliers de personnes qui étaient
bloquées dans le temps par un jugement qui aurait fait que des
employeurs se seraient désengagés de programmes de stabilisation
économique vis-à-vis des travailleurs et qui, en même
temps, auraient été pris dans une situation absolument
incroyable. On a fait un projet de loi très rapide d'ailleurs, avec le
concours de mon collègue qui a très bien procédé et
je l'en remercie encore.
Deuxièmement, on a procédé à l'adoption du
projet de loi sur le SIMDUT, un système d'information sur les produits
dangereux ou toxiques pour des fiches ou des avis à paraître sur
les contenants. On a d'ailleurs eu l'occasion de procéder à
l'adoption du projet de loi en décembre et, là aussi, c'a
procédé sereinement.
Il y a aussi un jugement qui a été rendu et qui me
préoccupe beaucoup et j'espère que j'aurai l'appui des
collègues là-dessus, un jugement de la Cour suprême qui
fait que les entreprises de juridiction fédérale au Québec
ne sont plus assujetties à certains programmes administrés par la
CSST dont, entre autres, le retrait préventif de la femme enceinte.
C'était le cas de Bell Canada devant la Cour suprême qui s'est
fait confirmer non assujettie au retrait préventif de la femme enceinte
par la CSST au Québec. Alors, nous nous retrouvons actuellement dans la
situation, d'une part, de devoir rembourser à des sociétés
de juridiction fédérale au Québec des sommes
extrêmement importantes à la suite de ce jugement et,
deuxièmement, dorénavant ces travailleurs ne seront plus couverts
dans ces entreprises par ce programme-là. À ma connaissance, il
n'existe pas de système de retrait préventif dans ces entreprises
fédérales.
Ce n'est qu'un exemple de dossiers qui sont actuellement sur la table et
qui représentent des sommes considérables. Il y a un autre
dossier aussi sur lequel j'attire tout de suite l'attention des
collègues, parce que peut-être que la question serait venue, c'est
concernant les inspecteurs. Cela fait au moins un an et demi qu'il y a des
discussions de toutes sortes au conseil d'administration pour améliorer
la prévention, améliorer le travail des inspecteurs. Tout le
conseil d'administration de la CSST convient que la seule façon
pratico-pratique, maintenant, de procéder à l'amélioration
de la prévention et du dépistage des accidents de travail et de
faire jouer un rôle encore plus actif aux inspecteurs, c'est qu'il y ait
plus d'inspecteurs. Il y a un projet actuellement de demander au gouvernement
150 ou 200 inspecteurs. Ce que nous essayons de faire, c'est de discuter avec
les Affaires sociales pour ne pas, contrairement à certaines
inquiétudes qui ont été véhiculées, fermer
le service des réseaux sociaux au profit d'engagement d'Inspecteurs. Ce
que nous essayons de faire, c'est d'analyser les deux systèmes qui -
chacun a son mérite - sont différents et de voir de toute
façon à augmenter, en termes nets, de façon fort
importante, le nombre d'inspecteurs de la CSST pour faire davantage de
prévention, de visites d'entreprises et davantage de relevés
d'infractions et, peut-être, sévir davantage jusqu'à un
certain point, pour prévenir les accidents du travail. Je pense que
c'est le moteur des préoccupations.
M. Jolivet: M. le ministre.
M. Séguin: Je veux seulement terminer là-dessus, si
vous me le permettez...
M. Jolivet: Oui.
M. Séguin: ...et, ensuite, vous pourrez intervenir. Les
objectifs du conseil d'administration de la CSST en ce qui concerne
l'assainissement financier, je pense que cela devait se faire. Il y avait quand
même tout près de 500 000 000 $ de déficit accumulé
annuellement. Je pense que cela a été très bien
mené de ce côté-là. Maintenant, les
préoccupations majeures, comme je l'ai indiqué au début de
mon intervention, sont à l'égard du travailleur, de l'application
de la loi, de la prévention et de la lutte contre les accidents. J'aurai
l'occasion tantôt, je pense, à l'intérieur de certains
éléments plus particuliers de démontrer qu'il y a quand
même des démarches qui se font dans ce sens-là.
M. Jolivet: Mme la Présidente, le ministre a abordé
deux ou trois sujets sur lesquels je veux lui poser des questions. D'abord, le
projet de réduire le rôle des départements de santé
communautaire et des CLSC dans le domaine de la santé et du travail. Ce
n'est pas une rumeur, ta présidente-directrice générale de
la commission annonçait l'embauche de 200 nouveaux Inspecteurs en disant
que, pour elle, ce serait l'occasion de réorienter son action en
réduisant le rôle des départements de santé
communautaire et des CLSC. Cela a amené l'association des affaires
sociales des hôpitaux du Québec à se poser de
sérieuses questions. Quelle est cette menace qui plane sur le
réseau public de santé au travail dans la mesure où les
activités d'inspection de la
CSST sont financées par le gouvernement et où
l'augmentation du nombre d'Inspecteurs dépend d'une décision du
Conseil du trésor?
Autrement dit, ce qu'on est en train de faire, en coupant le budget de
la santé au travail, la CSST veut avoir l'air de transférer son
budget ailleurs. C'est l'impression qui nous reste. En réalité,
tout ce qu'elle fait, quant à nous, ce sont des économies, sur le
des des travailleurs en envoyant la facture au gouvernement en disant:
Débrouille-toi avec. Ce serait pourtant désastreux, croyons-nous,
de renoncer à l'approche multidisciplinaire en matière de
prévention au travail. Les Inspecteurs, eux, ont une formation
d'inspecteur ou de technicien. Ils ne peuvent aucunement remplacer les
médecins ou les infirmières travaillant en milieu de travail dont
le rôle préventif est aussi important que le rôle curatif.
Est-ce que le ministre est prêt à nous dire, ici, ce soir, qu'il
reconnaît le rôle essentiellement irremplaçable du
réseau des départements de santé communautaire et de CLSC
en matière de santé au travail? Est-il prêt à faire
comprendre à la CSST qu'elle ne doit pas financer son déficit sur
le des des travailleurs et conserver ce qui est un fleuron de la recherche des
départements de santé communautaire? (21 heures)
M. Séguin: Je peux vous assurer qu'aucune décision
n'a été prise dans ce dossier. J'ai reçu les
représentations de l'Association des hôpitaux du Québec et
d'autres organismes. Je me suis entretenu avec la plupart des membres du
conseil d'administration. Cela fera l'objet, d'ailleurs, de la prochaine
assemblée qui aura lieu le 18 mai prochain, à laquelle je
participerai. Comme je vous le disais, il y a également d'autres sujets
qui y seront discutés, mais celui-là, en particulier, en est un.
On va regarder toute cette question de façon très
sérieuse, et je peux vous confirmer qu'avec ma collègue de la
Santé et des Services sociaux, l'équation n'est pas d'en faire
disparaître un au profit de l'autre, pas du tout. Je pense que le
réseau des affaires sociales, par le biais des CLSC, peut offrir des
services très intéressants, qu'il faut d'ailleurs peut-être
regarder pour les améliorer, les bonifier, et ça, c'est en
discussion.
D'un autre côté, la question d'augmenter le nombre
d'inspecteurs est sur la table. Le conseil d'administration a unanimement
demandé, par mon entremise, au gouvernement du Québec, d'ajouter
des inspecteurs, demande qui a été acheminée. Ce dossier
va bon train parce que le gouvernement reconnaît la
nécessité d'apporter un soutien additionnel pour engager des
Inspecteurs. Je pense qu'au-delà de tous les discours, il faut
maintenant s'équiper, et les inspecteurs vont jouer un rôle
important dans la prévention et le dépistage de ces
problèmes qui peuvent causer des accidents de travail. Je pense que
ça va aboutir dans les prochaines semaines, les prochains mois; j'en
serais très heureux.
M. Jolivet: Le deuxième dossier que le ministre a
abordé, c'est le retrait préventif de la travailleuse enceinte ou
qui allaite. Au moment où votre gouvernement proclame que la
dénatalité est un problème des plus Importants, nous avons
l'impression que la Commission de la santé et de la
sécurité du travail voit le ministre fermer les yeux sur
l'imposition d'un contrôle du retrait préventif que des gens
considèrent vexatoire. Dans plusieurs cas, la commission refuse de se
baser sur le certificat du médecin de la travailleuse, et on sait
qu'elle accorde le retrait selon ses propres normes qui sont un peu plus
restrictives.
Une décision a été rendue par un tribunal jugeant
cette attitude illégale car la commission est liée par le
certificat médical. Dans plusieurs cas, la demande est accueillie, mais
le retrait est accordé plus tard. On dit: À partir de la 24e
semaine de grossesse au lieu de la 12e, par exemple. Pourtant, la travailleuse
n'a été examinée par personne. Donc, la décision
n'est même pas médicale, elle est purement, croyons-nous,
bureaucratique. La commission prétend accepter 85 % des demandes, mais
ce n'est pas tout à fait clair. La présidente a admis
elle-même que le nombre de refus a augmenté en 1988. En commentant
l'affirmation de deux médecins selon laquelle 40 % des demandes
étaient rejetées, elle a dit: Ce pourcentage n'a pas bougé
depuis trois ans. C'est-à-dire depuis son arrivée; ça,
c'est moi qui l'ajoute. Depuis que la commission a révisé ses
critères en 1987, elle conteste plus souvent les demandes qui lui sont
présentées. Les délais vont jusqu'à plusieurs mois
avant de régler la question, comme si on avait l'impression que la
commission voulait décourager les travailleuses de défendre leurs
droits. On a même vu des cas où la commission contestait une
demande de retrait que l'employeur voulait accepter. On pourrait vous donner
des exemples où des patrons avaient accepté, mais c'est la CSST
qui a refusé. Pourtant, le retrait préventif, ce n'est pas un
luxe. Une étude démontre que ce sont surtout les
ouvrières, les personnes qui travaillent dans le textile, les
travailleuses de la santé, les serveuses et les vendeuses qui s'en
prévalent. Il y a donc toute une catégorie de travailleuses qui
en ont absolument besoin.
On dit que le budget augmente de 39 000 000 $ cette année
à 47 000 000 $ en 1989, essentiellement parce que le nombre de demandes
augmente: 2000 cas en 1981; 16 000 cas en 1988. On comprend donc que la
pression est très forte. J'aimerais savoir, de la part du ministre,
quelles sont ses Intentions vis-à-vis du retrait préventif?
Quelles discussions aura-t-il avec la commission pour éviter que ces
compressions budgétaires se fassent au détriment de la femme
enceinte et de la femme qui allaite?
M. Séguin: Voici. Le programme du retrait préventif
m'apparaît - c'est peut-être mon opi-
nion personnelle, mais je pense que c'est également l'opinion du
gouvernement - comme un programme important qu'il faut maintenir, qu'il faut
protéger. Dans les discussions avec la direction de la CSST, nous en
avons parlé, et ce qui se dégage actuellement de notre
constatation commune, c'est que le retrait préventif doit être
maintenu et doit simplement connaître son évolution selon
l'application de la loi.
Vous allez remarquer qu'à l'origine, en 1981, on prévoyait
1500 demandes et des déboursés de l'ordre de 3 000 000 $.
C'était d'ailleurs une excellente initiative, je dois en
féliciter le gouvernement dont vous faisiez partie. En 1981, on avait
évalué les coûts projetés sur cinq ans. J'ai
consulté des tableaux. Jamais on a pensé que ça
atteindrait une telle expansion. Maintenant il y a environ 18 000 demandes avec
un budget prévisible de 46 000 000 $, 48 000 000 $ ou 50 000 000 $.
Année après année, ce programme a connu une progression
constante. Il n'y a jamais eu de diminution.
Cependant, il est arrivé que des interprétations au cours
des années et aussi à la suite de décisions rendues par la
CALP et compte tenu que, de 1981 à 1988, il y a quand même eu une
forme de jurisprudence qui s'est constituée dans les
interprétations de ce programme, il est peut-être arrivé
que des avenues apparaissent plus restrictives que d'autres, ou que des
phénomènes se soient développés. Je pense que, sur
le plan de la gestion, on a tenté de corriger des
phénomènes qui paraissaient non conformes à l'application
de la loi ou des demandes qui paraissaient peut-être en dehors de ce que
la loi visait à accorder.
Je vous signale en passant que la loi prévoit que le retrait
préventif de la femme enceinte, c'est d'abord et avant tout le droit de
demander à l'employeur d'être réaffectée à
des tâches plus conformes à son état et, à
défaut, d'être retirée du travail, tout en étant
rémunérée. Or, il semble que le réemploi dans
l'entreprise soit peu pratiqué. Peut-être que l'employeur ne fait
pas d'efforts, mais en fait, le retrait préventif est
allégué chaque fois. Pour vous donner quelques chiffres, il y a
eu 1200 demandes en 1981 et 16 000 en 1988. Le nombre de retraits comme tel,
c'est 12 000 en 1988. L'âge moyen de la requérante est de 25-29
ans. L'indemnité moyenne est de 3350 $, pour une durée moyenne du
retrait préventif de treize semaines. Les professions le plus souvent
rencontrées chez les requérantes, ce sont les Infirmières
à 16 %, les barmaids à 15 %, les caissières à
environ 11 % et les manutentionnaires à 11 %. Les problèmes
allégués le plus souvent pour justifier le retrait sont des
problèmes ergonométriques.
Cela vous donne une vue d'ensemble de tout le programme qui a
été développé au cours des années.
J'ajouterais que 30 % des femmes ayant eu un enfant alors qu'elles occupaient
un emploi constituent ces 30 % des requérantes.
Donc, ça m'apparaît quand même un pro- gramme
important qu'U faut préserver. Comme je vous l'indiquais tantôt,
nous avons des discussions à la direction de la CSST et on a
réévalué certaines préoccupations, de sorte que je
peux vous dire aujourd'hui qu'il y aura moins de contestations de la part de la
CSST. On va davantage laisser les parties exercer leur droit, que ce soit
l'employeur ou l'employé, et il y aura moins d'interventions de la part
de la CSST.
M. Jolivet: Je sais que vous avez reçu une lettre de
Micheline Bail de la Coalition pour le retrait préventif de la
travailleuse enceinte ou qui allaite. Avez-vous l'intention de lui accorder la
rencontre qu'elle a demandée?
M. Séguin: J'ai reçu la lettre et le rapport. La
rencontre a eu lieu U y a quelques jours. On s'est rencontrés. Je leur
ai fait part également de ma préoccupation
générale, de mon objectif dans ce programme. Elles étaient
quand même plus rassurées. De plus, je les ai invitées
à participer à une certaine réflexion avec moi, parce
qu'on constate que le retrait préventif est un programme unique. Il n'y
a rien de comparable dans aucune autre administration. Nous sommes les seuls au
Québec à l'offrir. Alors, c'est quand même un
système avantageux et comme il y a très peu de programmes
comparables, il est difficile de vraiment modeler. Je les ai invitées
à participer à une certaine discussion, ce qu'elles ont
accepté d'ailleurs.
Le Conseil du statut de la femme m'a fait parvenir un long
mémoire sur le programme du retrait préventif. La ministre
déléguée à la Condition féminine a fait une
étude de ce programme avec des recommandations, des suggestions, des
préoccupations. Je ferai donc en sorte que l'on puisse
réfléchir de façon particulière à ce
programme et tracer pour l'avenir une ligne d'orientation positive en ce qui
concerne le retrait préventif pour que cessent ces inquiétudes
éprouvées depuis un an ou deux à se demander si ce
programme allait chuter, diminuer, se transformer, se diviser, etc. Je pense
que c'est un programme qui est là pour rester. Il s'agit simplement
maintenant de lui permettre d'évoluer selon l'esprit de la loi qui l'a
créé.
M. Jolivet: Est-ce que je dois comprendre que, dans le document
des objectifs de la CSST pour 1989, "Parions santé et
sécurité", le ministre met de côté ce qui
était inscrit dans la stratégie, soit de mettre au point et
d'implanter un programme d'affectation pour les travailleuses enceintes ou qui
allaitent, autrement dit un programme de réaffectation du lieu de
travail? Est-ce qu'à la suite des discussions avec la commission, le
ministre laisse tomber cette partie-là?
M. Séguin: Non, pas du tout, parce qu'une des demandes que
j'ai retenues de la part de la coalition était de ne pas simplement
régler le
programme par des budgets. Je pense qu'il y a une préoccupation
des femmes enceintes de retrouver aussi ce que la loi avait prévu
à l'époque et qui me semblait excellent. Ce sont simplement des
réaffectations à l'Intérieur de l'emploi, parce que ce ne
sont pas nécessairement toutes les femmes enceintes qui souhaitent
simplement être retirées de l'emploi. Il y a des
inconvénients à un retrait d'un corps d'emploi. Je pense que,
là-dessus, les employeurs ont peut-être négligé de
déployer des efforts pour offrir ce réemploi à
l'intérieur de l'entreprise pendant une période qui permettrait
à la mère de trouver des conditions plus acceptables, compte tenu
de sa grossesse. C'est un élément très important et
à la CSST, il faut essayer de retrouver une dynamique positive par
l'exercice de la loi qui dit que c'est d'abord et avant tout une demande de
réaffectation et, ultimement, si ce n'est pas possible, le retrait. Je
pense que ça rejoint dans l'esprit des gens ce qui est très
raisonnable et très souhaité.
M. Jolivet: Est-ce que le ministre a pris connaissance de la
lettre de M. Émile Boudreau adressée à Micheline Ball et
qui fait l'objet d'une contestation de leur position? La question de la
travailleuse enceinte ou qui allaite devrait être prise en charge
ailleurs qu'à la CSST. Par conséquent, ça devrait faire
l'objet d'une politique globale de natalité au Québec
plutôt que d'obliger l'employeur à assumer les coûts de ce
retrait préventif. Est-ce que le ministre a eu l'occasion de regarder
ça?
M. Séguin: Oui. J'ai reçu beaucoup d'allusions
à ce genre d'hypothèse. Le Conseil du patronat m'a
également entretenu de cette hypothèse. Par contre, quand j'ai
demandé aux membres de la coalition ce qu'elles en pensaient - lors de
la rencontre à laquelle vous avez fait allusion - elles ne sont
absolument pas favorables à ce genre de choses. Je ne crois pas pour
l'instant que la meilleure façon de traiter ce programme qui, en soi,
est très positif, soit de le retirer complètement. Cela exigerait
une réforme absolument colossale et je ne pense pas que ce soit
là le meilleur traitement à accorder à un programme
positif et qu'il faut encourager.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Laviolette, voulez-vous laisser la parole à M.
le député de Saguenay?
M. Jolivet: Oui. Je n'ai pas d'objection.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Saguenay.
M. Maltais: M. le député de Laviolette pourra
revenir sur le sujet à loisir. Ce sera quand même assez bref, mais
c'est important à ce stade-ci, M. le ministre. J'aurai une intervention
en deux temps. Premièrement, M. faut peut- être revenir à
un certain historique de la loi 42. J'ai eu le privilège, à
l'époque où j'étais de l'autre côté, à
la place de mon collègue, le député de Laviolette, de
faire l'étude de la loi 42. Entre parenthèses, cette étude
a duré quand même 23 semaines. Il s'agit de la plus longue
commission parlementaire dans les annales de l'Assemblée nationale du
Québec.
C'était une loi essentielle et importante. Nous l'avons
critiquée là où on devait la critiquer,
c'est-à-dire en commission parlementaire, nous avons
présenté les amendements qu'on voulait présenter lorsque
nous étions dans l'Opposition pour des choses qu'on croyait
essentielles. Avec le temps, il s'est avéré que l'Opposition n'a
pas toujours tort. M. le député de Laviolette, consolez-vous.
Aujourd'hui, si certains de nos amendements ou de nos recommandations se
trouvaient dans la loi 42, on ne serait pas pris nécessairement avec les
mêmes problèmes. (21 h 15)
Cependant, quant à moi, Mme la Présidente, comme
parlementaire, c'est à l'Assemblée nationale que je fais valoir
les droits de mes concitoyens. Là-dessus, je ne veux pas du tout que
cela porte ombrage au député de Laviolette parce que je sais que
c'est un ardent parlementaire. Cependant, j'ai vu à cette commission
parlementaire, et tout au long du débat qui a duré presque quatre
mois, des gens qui ont critiqué le ministre de l'époque et qui
ont apporté des amendements qui n'ont pas été retenus.
Mais les gens ont dit, somme toute, après la commission parlementaire:
On va vivre très bien avec la loi 42
J'appelle cela des visages à deux faces, M. le ministre, autant
de la partie patronale que de la partie syndicale et peut-être un peu
plus de la partie patronale. Cela m'a valu, parce que j'ai exprimé
librement mon opinion comme parlementaire, de grandes réprimandes
à l'époque, et même encore aujourd'hui. J'ai eu des lettres
de menaces et de chantage parce que j'avais fait valoir le droit de mes
concitoyens. Remarquez bien que le député de Saguenay ne chante
jamais. Lorsqu'il chante, c'est en face d'un verre de vin, dans une
soirée entre amis; c'est la seule place où il chante. Avis aux
intéressés. Je ne me prévaudrai pas de l'article 44 de
notre règlement, parce que je parle ici au nom de mes concitoyens. Ces
visages à deux faces que j'ai dénoncés sur la place
publique et ici, à l'Assemblée nationale et en commission
parlementaire, sont encore les premiers à traîner à vos
bureaux, M. le Président.
Moi, je ne suis pas membre du comité paritaire. Je ne suis pas
élu par un petit groupe ou nommé par quelqu'un. Je suis
élu par une population délimitée par la loi. Lorsque je
parle ici, c'est dans l'intérêt de mes concitoyens. Je n'ai pas
d'autre Intérêt. Je n'ai pas d'entreprise de construction et je
n'ai pas de jetons de présence. Je pense que je me fais bien corn-
prendre. Ce sont les intérêts de mes concitoyens, des
contribuables que je défends ici. Je veux être très clair,
au départ. Ce n'est pas un blâme que je vous adresse à
vous, loin de là. Mon Dieu!
Aujourd'hui, les gens qui font des reproches à la CSST... Je ne
parte pas de vous du tout, cher collègue; vous faites votre travail
comme il vous semble bon de le faire, et vous le faites bien pour les
contribuables. Ce qui est important, c'est de dire que les gens qui voudraient
aujourd'hui qu'on change le monde en l'espace de trois ans ou de trois jours
sont les mômes personnes qui ont forcé le gouvernement de
l'époque à prendre cet engrenage. Je sais quelles pressions ils
ont faites auprès du gouvernement. J'avais des yeux pour observer et des
oreilles pour entendre. Ce ne sont pas du tout ces gens-là que je veux
défendre aujourd'hui. Je veux défendre les gens qui ont des
problèmes avec la CSST. Il y en a beaucoup dans mon comté et il y
en a beaucoup dans la province de Québec.
En contrepartie, il faut dire, c'est la partie négative, qu'il y
a eu quand même de l'amélioration, qu'il y a quand même une
nouvelle perception. On a eu l'occasion de parler antérieurement d'une
orientation beaucoup plus humaine envers l'accidenté du travail. Ce
n'est pas la perfection, loin de là. Mais on sent que les
employés de la commission ont peut-être une nouvelle optique. Il y
a sans doute des exceptions à la règle et il y en a dans mon
comté.
M. Jolivet: Je ne veux pas vous déranger, mais vous avez
fait un lapsus. Vous avez dit "négative" et j'ai cru comprendre que vous
vouliez dire "positive".
M. Maltais: Sans doute, M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Merci.
M. Maltais: II y a encore des gens qui ont, bien sûr, une
perception différente de l'accidenté du travail. Je ne sais pas
si, dans une loi, on est capable de faire cela - je pense que non - de recevoir
quelqu'un qui a eu un accident de travail... Il faut bien faire la
différence, je le disais il y a quatre ou cinq ans, il y a des
professionnels des accidents de travail et les travailleurs accidentés.
Il faut faire la différence entre les deux. Comme le disait mon
collègue, nous, à nos bureaux de comté, on est
habitués de regarder les deux côtés de la médaille.
Vous savez, les maux de des... J'ai été courtier d'assurances
durant 18 ans. Lorsque quelqu'un me disait: M. Maltais, il faut que je
m'assure, couvrez-moi et vite, cela voulait dire à tout coup que son
pare-brise était brisé. Alors, les maux de des, il faut
être prudent là-dedans. Je ne suis pas médecin et je ne
m'embarquerai pas là-dedans, mais il faut être prudent.
Il reste quand même qu'il y a une grande partie des travailleurs
qui sont accidentés.
Mettons-nous dans la tête que le travailleur qui n'a qu'une paie
par semaine et qui a des paiements à faire, s'il n'a pas d'argent
pendant deux, trois, quatre, cinq mois... invoquons toutes les raisons de la
terre, l'officier n'a pas reçu la demande à temps pour l'envoyer
au "pay roll"... Tout le monde a de bonnes raisons, mais Jos Bleau n'a pas de
chèque pour nourrir sa femme et ses enfants, pour payer sa voiture, son
loyer, ses taxes, etc. Il doit y avoir une solution. La pire des compagnies
d'assurances est mieux que la CSST, M. le ministre. Je ne la nommerai pas ici
parce que je ne voudrais pas faire de tort aux compagnies d'assurances. Pendant
18 ans, j'ai pratiqué le métier de courtier d'assurances, et la
pire des compagnies est encore meilleure, sur le plan des règlements,
que certaines façons dont les problèmes de nos travailleurs sont
réglés.
Je ne veux jeter le blâme sur personne, c'est la machine, c'est le
monstre de la CSST qui est emmanché comme ça. Mais il doit y
avoir une façon, au Québec... Écoutez, vous l'avez fait
pour les impôts, vous avez mis de l'ordre et les gens ont leur
chèque. Tout le monde disait que, pour l'impôt, il fallait
attendre six mois ou un an. Ce n'est pas vrai, vous l'avez réglé
en trois mois. Cela a peut-être pris plus de trois mois, mais, en tout
cas, vous l'avez réglé. Y a-t-il quelque chose de plus
compliqué que l'impôt?
Le gars est blessé, il a un rapport médical d'un
médecin en règle avec sa corporation, et il n'a plus de revenu.
C'est clair, en étant blessé, il n'a plus de revenu. Il doit y
avoir une façon quelconque, je ne sais pas laquelle, de
dédommager le travailleur. Celui qui est en attente, celui pour qui
c'est plus compliqué, superexamen, réinsertion, ça ne va
pas très vite merci, mais c'est peut-être un peu plus concevable
parce qu'il y a une évolution dans la guérison, il y a un stade
à atteindre, une réinsertion au travail. Il faut rendre à
César ce qui est à César. Là-dessus, je ne
blâmerai pas la CSST. Là où ça ne me rentre pas dans
la tête, c'est quand le travailleur est six ou sept mois sans
chèque de paie. Cela, ça ne peut pas me rentrer dans la
tête et c'est inconcevable dans une société de
consommation. Écoutez, on n'est pas ici pour régler nos cas de
comté, mais je pourrais vous défiler une pleine serviette de
documents. Faites le tour des députés et vous allez sortir d'ici
avec une remorque. Ce n'est pas votre faute, mais ça fait sept ans que
je demande au ministre responsable de la CSST de voir s'il n'y a pas un moyen
d'améliorer ça. il y a eu des améliorations. Par contre,
vous ne pouvez pas savoir à quel point il y a encore matière
à amélioration, sans blâmer les fonctionnaires qui doivent
traiter les dossiers, puisqu'ils sont pris avec des impératifs.
Est-ce qu'en apportant des correctifs législatifs, on arrivera a
régler ce problème? Personnellement, je n'en suis pas convaincu.
Vous n'avez pas changé la loi de l'impôt pour rembourser les gens.
Je ne sais pas ce que vous avez fait, mais les gens sont remboursés. La
loi
42, malgré ses imperfections, est nécessaire, elle est
bien conçue. Il y a des choses à corriger. Vous allez me dire:
Oui, on verra avec le temps. Sur le plan de l'efficacité de la loi 42,
il y a matière à amélioration. Ce n'est pas une demande
farfelue, c'est une demande d'un député qui est témoin de
cas particuliers tous les deux jours. Je trouve inacceptable, dans une
société qui va vers l'an 2000, qu'on doive attendre cinq ou six
mois pour obtenir son dû qui a été carrément
approuvé. J'exclus tous les cas de "crocheries", de fourberies ou de
professionnalisme. Je veux que l'honnête citoyen soit traité
équitablement. Celui qui est croche sera traité comme on traite
habituellement quelqu'un qui fraude le fisc, il sera poursuivi. C'est ma
demande.
M. Séguin: En fait, j'ai aimé le parallèle
que vous avez fait, M. le député de Saguenay, avec ce qui a pu
être réalise au ministère du Revenu. Je n'en prends pas
tout le mérite. Je pense que, depuis plusieurs années,
c'était un ministère qui, comme toutes les administrations
fiscales dans les autres pays, avait une relation difficile avec la population.
Au ministère du Revenu du Québec, il y a une dizaine
d'années - J'en donne aussi le mérite à mes
prédécesseurs, peu importent les partis, même le
gouvernement du Parti québécois - particulièrement en
1979, on a amorcé un plan de relance, si je peux dire, avec les
contribuables, et ça a donné une philosophie qui, année
après année, a amené une plate-forme très
intéressante. Je me suis intercalé dans ce plan et j'en ai
peut-être accéléré certains éléments,
de sorte qu'aujourd'hui on est certainement à un seuU de satisfaction,
dans le public, dans la population, très intéressant. Cela ne
veut pas dire qu'on ne continue pas.
Vous avez raison, cela n'a pas demandé une réforme de la
loi. Cela n'a pas demandé de chambarder toute l'organisation du
ministère. Cela s'est fait par une injection d'un vent d'humanisme et de
souplesse à l'intérieur de la machine. Vous savez, tous les
employés que je rencontrais voulaient avoir un appui d'en haut, si je
peux dire, ou du ministre, pour sentir que c'était la direction dans
laquelle on allait. Évidemment, il faut faire attention pour que
ça ne dérape pas en cours de route. Il y a toujours de la
pondération partout.
Je pense que ce qui anime actuellement les gens de la CSST, c'est la
même chose. La loi est là, c'est un système complexe, ce
n'est pas facile. Ce que je propose, ce n'est pas une réforme de la loi
42, pas du tout. Dans l'ensemble, la loi est un bon système et il y a
là tout ce dont on a besoin. Ce dont on a besoin, c'est d'un vent
d'humanisme qui existe déjà, mais qu'il faut amplifier. Mon
rôle comme ministre, c'est de donner aux gens de la CSST tout ce dont ils
ont besoin pour mettre de l'huile partout. Il y a peut-être quelques
éléments que je peux corriger en ce qui concerne certaines
dispositions de la loi. La liaison entre l'agent d'indemnisation, le
comité paritaire et la CALP, ça m'Intéresse comme
processus de révision et d'appel, parce qu'il y a une accumulation de
délais fort importants dans cette chaîne. Je pense qu'il y a lieu
de s'interroger. J'en parle depuis un mois ou deux à des syndicats,
à des associations d'accidentés qui viennent me voir - j'ai
rencontré des dizaines d'associations - à des patrons, tout ce
que vous voulez, et un peu tout le monde me dit la même chose.
Je dois dire qu'à l'intérieur de la CSST, il y a une
division aux relations avec les bénéficiaires qui est
animée par Mme Thibault qui, d'ailleurs, reviendra tantôt, dans
quelques minutes, mais qui est là, qui a pour mandat d'essayer, à
l'intérieur de la CSST, de régler les problèmes qui se
présentent. D'une part, je lui donne tout mon appui et on regarde,
à l'intérieur de la CSST, la façon d'organiser ce
service-là d'une façon beaucoup plus efficace. C'est
important.
Deuxièmement, on a beaucoup de réflexions à
l'intérieur de la CSST sur la gestion. Il faut maintenant s'interroger
sur la gestion de l'ensemble des dossiers. Il y a quand même 250 000, 260
000 dossiers par année. C'est un volume important. Je regardais les
statistiques récemment et si je ne me trompe pas, près de 90 %
des dossiers sont réglés dans l'année, mais y en reste 10
%. Quand même il en resterait 1 %, il y a quelques milliers de personnes
et peut-être plusieurs milliers de personnes qui ont des
problèmes. J'en suis très conscient mol aussi.
Là-dessus, je peux vous dire que, depuis plusieurs mois, J'ai des
projets précis et, déjà, on a commencé. À la
direction de la CSST, on a eu plusieurs rencontres extrêmement
importantes. On a commencé à recalibrer certaines choses.
J'aimerais indiquer tout de suite que la direction de la CSST n'impliquera plus
de contestation au-delà des droits des parties, c'est-à-dire
qu'elle n'entamera pas elle-même la contestation. Je pense que vous devez
apprécier que c'est un changement, peut-être pas majeur, mais
important. Cela fait partie d'un autre ensemble de projets que nous avons
à la CSST.
Présentement, je pense que c'est déjà fait, sinon
la plupart vont la recevoir prochainement, J'ai adressé une invitation
personnelle à chacun des députés de l'Assemblée
nationale. Enfin, je les avisais que la direction de la CSST Invitait chacun
des députés à rencontrer le directeur régional dans
chacune de leurs régions pour discuter, d'abord prendre contact avec la
direction régionale, avec la CSST, et dialoguer. (21 h 30)
II est peut-être un peu prématuré de vous en parler
maintenant, mais il y a un autre projet qui va découler de cela. Je peux
vous confirmer que je vais Inviter quelques personnes à participer
à un comité extérieur à la CSST quelques personnes
pour réfléchir sur des modalités de correctifs à
apporter à la gestion et aux systèmes de la CSST pour faire en
sorte que les
demandes des accidentés du travail et les demandes cheminent plus
rapidement, plus sereinement, et que l'application de la loi soit faite avec
beaucoup plus de satisfaction pour les accidentés du travail. Remarquez
que je ne vous parle pas des employeurs, je vous parle des accidentés.
L'objectif présentement, en 1989, de la CSST et, dans mon dialogue avec
la CSST, je pense que c'est nettement partagé par tous, ce que nous
avons absolument à coeur, c'est de régler, une fois pour toutes,
le traitement des dossiers des accidentés qui se présentent
à la CSST. Ce n'est plus le déficit, ce ne sont plus les
employeurs. Il y a un projet de tarification qui est actuellement en
consultation auprès des employeurs. Cela devrait répondre
à leur demande, cheminée depuis cinq ans à la CSST, sur
les tarifs qui, dans plusieurs cas, sont inéquitables. Je pense que la
nouvelle tarification va régler un grand ensemble de problèmes
chemines par les employeurs.
Je peux vous dire qu'au conseil d'administration, auprès de
chacun des membres, j'ai tenu ce discours et je vais continuer à le
tenir. Le 18 mal prochain, nous aurons une réunion très
importante du conseil d'administration où j'ai l'intention de
présenter quelques projets d'orientation pour, immédiatement
après, enclencher ce qui me semble non pas des grandes réformes,
mais des gestes concrets, précis, dans le sens de l'accidenté du
travail. J'ai même l'intention de rencontrer prochainement M. Michel
Chartrand, qui a été aussi un grand défenseur public.
Encore récemment, je voyais dans les journaux...
M. Jolivet: ...Qui l'est encore.
M. Séguin: ...qu'il dénonçait des
situations. J'ai aussi rencontré récemment un organisme de
défense des accidentés du travail. Je peux même vous dire
que j'en ai aidé quelques-uns dans l'application de la loi; et cela, je
le fais sans aucune hésitation. Ma préoccupation majeure, ce sont
les accidentés du travail. Je cherche actuellement par tous les moyens,
avec la direction de la CSST, et non pas pour dans un, deux ou trois ans... Je
peux vous dire que j'ai cela à l'esprit tous les jours maintenant,
depuis plusieurs semaines, plusieurs mois. J'espère que, d'ici à
l'été, nous aurons mis en place un plan d'action qui va corriger
et qui va, finalement, aérer ce système. Je vous le dis, je suis
convaincu que les gens de la CSST sont des gens qui vont donner un appui
formidable, parce qu'ils souhaitent cela même plus que nous; ils ont
à administrer cette loi et eux aussi sont obligés de constater
des situations, des cheminements de dossiers qu'ils dénoncent
eux-mêmes. Mon devoir, c'est de leur dire que je les appuie pour trouver
la façon de faire en sorte que ce système-là fonctionne
beaucoup mieux. Je me donne un temps très serré, de quelques
semaines, un mois, un mois et demi, pour que, d'ici le mois de juin ou la fin
de juin, on puisse avoir un plan d'action très clair. On a
déjà commencé d'ailleurs dans ce plan-4à. Par
exemple, ce que je vous disais tantôt - et je vais terminer
là-dessus mon intervention - que la CSST n'intervienne pas dans le
processus en appel, on va laisser les parties exercer leurs droits si elles
veulent l'exercer. Ce que je souhaiterais, c'est que la CSST soit neutre dans
l'application de la loi et qu'on s'occupe de l'accidenté du travail.
M. Maltais: Une dernière petite intervention, M. le
député de...
La Président» (Mme Bélanger): M. le
député de Saguenay.
Une voix: C'est mon sujet favori, lorsqu'on parle de la CSST.
M. Maltais: Oui, mon cher collègue. Bien sûr, vous
avez fait là un tour, je pense que c'est bien important. C'est un
énoncé qui, en tout cas, à mes yeux, est très
valable et surtout l'objectif que vous vous êtes fixé. J'ai
crié pendant des années et on a déjà obtenu un
bureau à Baie-Comeau, c'est-à-dire que le gars qui s'estropie
à Tadoussac, l'accidenté n'est pas obligé de faire 400
milles pour s'en aller à Sept-îles. Entre vous et mol, quand II
vous manque un membre, c'est déjà une grosse amélioration,
il y a seulement 150 milles à faire. Je remercie les gens de la CSST et
votre ministère qui, finalement, se sont rendus à notre demande;
je parle de la mienne et de celle des travailleurs.
Il reste un point. Je me demande s'il n'y aurait pas une façon de
le faire. Je mets au défi tous mes collègues et je pense qu'ils
vont être d'accord avec moi. Souvent, l'accidenté n'est pas au
courant de ses droits. Il y a beaucoup de gens qui le conseillent. Les
meilleures personnes qui pourraient le conseiller seraient des gens de la CSST.
Est-ce qu'on ne pourrait pas avoir un service pour dire... Notre bonhomme qui
n'a pas trop d'argent, a un accident de travail. Après trois ou quatre
mois, cela n'a pas marché. Il s'en va à l'aide juridique.
À l'aide juridique, ils prennent tous les cas de la terre. Ils envoient
une belle petite lettre à la CSST régionale: Nous vous mettons en
demeure d'effectuer un règlement, je connais la lettre par coeur dans
les sept jours, sinon des actions seront entreprises contre vous et votre
société sans autre avis ni délai. C'est la dernière
nouvelle que le gars en a et l'avocat aussi. Après trois ou quatre mois,
l'avocat dit: Je ne peux rien faire, c'est une "gang" de cons, cela ne
fonctionne pas. C'est ce qu'il nous dit. Notre commettant vient nous trouver:
Mon avocat, cela ne fonctionne pas. Votre maudit gouvernement... tout le
tralala habituel. L'aide juridique, il ne faut pas oublier une chose, c'est
encore le travailleur qui la paie par ses impôts. Est-ce qu'il n'y aurait
pas moyen, à CSST - c'est toujours de l'accidenté
véritable dont je parle, j'exclus le mal de des fictif ou d'autres
maladies fictives - d'avoir un
genre d'ombudsman - c'est à ta mode de ce temps-ci, on en a
même un pour nos factures d'électricité ou quelqu'un
quelque part qui dirait au gars: Cela ne te sert à rien de prendre un
"smart" de l'aide juridique, cela va retarder ton dossier.
Dans les faits, c'est ce qui arrive présentement. Je voudrais
bien savoir si la présidente de la CSST, quand elle reçoit une
petite lettre de l'avocat de l'aide juridique, à côté de
mon bureau, cela la dérange beaucoup? Si mon directeur régional
arrête son dîner ou de prendre ses "toasts" le matin ou si cela
énerve l'agent d'indemnisation au point d'en faire une
dépression? Je n'ai jamais vu, encore une fois, un petit avocat
régler cela par une lettre. Ce sont les députés qui font
de longues conversations. Tout à l'heure, le député de
Laviolette nous indiquait la musique. J'ai écouté longtemps du
Brahms et AM 128 et toutes les petites nouvelles qu'on pouvait avoir, dans tous
les différents ministères. Et cela existe encore. C'est joli,
remarquez bien, mais à la longue, cela devient monotone.
J'aimerais savoir s'il n'y aurait pas une possibilité d'envisager
que notre bonhomme puisse avoir affaire à quelqu'un qui lui indique ses
droits et, en cas de conflit, qu'il ne soit pas obligé d'aller trouver
un petit avocat qui va retarder le dossier encore de six mois.
M. Séguin: Vous posez une question très
intéressante. C'est un des projets que je ne peux pas encore
dévoiler mais je vais vous dire ceci. Je vous ai indiqué
tantôt qu'il y a à la CSST maintenant un service au niveau de la
vice-présidence, dont Mme Use Thibault occupe la fonction. Je ne sais
pas si Mme Thibault est revenue. Elle était ici, il y a quelques
minutes. De toute façon, Us s'agit d'un service offert aux
accidentés du travail, ceux qui ont des problèmes de toute
nature.
Maintenant, il s'agit d'un service relativement limité et je vais
vous expliquer un phénomène. Une fois que l'agent d'indemnisation
a rendu sa décision et que cette dernière entraîne une
insatisfaction, cela doit absolument passer devant le comité paritaire
et après cela devant la CALP. Il n'existe pas de possibilité en
vertu de la loi actuelle, de permettre une révision administrative
après que l'agent d'indemnisation a rendu sa décision. La
conception que nous avons d'une personne responsable auprès des
accidentés du travail, que ce soit Mme Thibault ou une autre personne,
cette personne existe à la CSST. J'envisage actuellement, la
possibilité de donner un pouvoir d'intervention plus étendu
à cette personne qui pourrait être encadrée d'un
personnel.
Vous parlez d'un ombudsman. C'est vrai que cela se développe. On
a vu récemment un commissaire aux plaintes à
l'Hydro-Québec. Au ministère du Revenu, je ne vous cache pas
qu'on a un plan qui sera connu un petit peu plus tard.
Le Protecteur du citoyen que j'ai rencontré, m'a
donné des pistes pour créer, possiblement à la CSST, un
genre de service comme celui-là. Je pense qu'il faut appuyer cette
action par une Intervention réelle de cette personne. C'est ce qu'on
essaie de régler présentement au niveau du comité
paritaire, soit avant ou après... il y a un aspect technique très
important à ouvrir à la suite de la décision de l'agent
d'indemnisation, pour permettre que l'administration, par le biais du
responsable des accidentés du travail à la CSST, avec la
collaboration des autres directions, dans certains cas, de regarder de nouveau
et rapidement convenir de correctifs ou d'assouplissements dans l'examen des
dossiers, pour éviter que tout s'engorge, soit au niveau des
comités paritaires, et ensuite à la CALP.
Je pense qu'il faut déjudiciariser le système. Je pense
que trois paliers, tout le monde en convient, c'est beaucoup, c'est lourd.
À l'époque, on pensait que ça pouvait fonctionner. Moi, je
fais le parallèle que le ministère du Revenu où il n'y a
qu'un seul palier même si on administre une loi fort complexe qui touche
beaucoup d'argent chez l'ensemble de la population. Après avoir
reçu un avis de cotisation, ils ont le droit de faire un avis
d'opposition au ministère, c'est un palier administratif, et la loi
permet à l'ensemble de la direction du ministère de
reconsidérer le dossier. Après, si le contribuable n'est pas
satisfait, il peut faire appel soit à la Cour des petites
créances, soit à la Cour provinciale.
Dans le cas de la CSST, on se pose des questions au niveau... Et je dois
vous avouer que les syndicats, les parties patronales, semblent avoir le
même raisonnement que nous. On commence à se questionner: Est-ce
qu'on ne devrait pas avoir un palier administratif? Est-ce qu'on ne devrait pas
avoir une modulation, une souplesse à ce niveau qui pourrait
désengorger beaucoup de choses et qui permettrait, à votre
suggestion, d'avoir une sorte de responsable des accidentés du travail
à la CSST, qui pourrait intervenir, alléger et dégager un
ensemble de dossiers, qui, en ce moment sont bloqués à la suite
de la décision de l'agent d'indemnisation, dans le processus du
comité paritaire et ensuite la CALP. Je pense avoir retenu cet
élément auquel je travaille présentement, et le 18 mai
prochain, c'est rapide, c'est dans 17 jours, j'en parle au conseil
d'administration, à l'intérieur d'un plan d'action global, et si
on approuve cette idée, on procède. Je pense que ce sera une
annonce intéressante et ça va fortifier, amplifier le service aux
accidentés du travail, qui va devenir fort important.
M. Jolivet: Mme la Présidente...
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Laviolette.
M. Jolivet: Oui, Mme la Présidente, en
réponse aux questions posées par mon collègue, le
ministre a répondu à beaucoup de questions que je me posais
aussi. Donc, on se rejoint, je vous ai dit tout à l'heure que, des deux
côtés de la table, on a de nombreuses questions, et ça
faisait suite à la journée "Ras le bol" au cours de laquelle le
Protecteur du citoyen, en plus de s'être prononcé à
l'Assemblée nationale, en plus de s'être prononcé dans son
propre dossier, qui est le rapport annuel, a dit qu'il y a des problèmes
majeurs. Le ministre a répondu aux questions parce qu'on se rejoint sur
ce point.
Mais il y a deux questions qui me viennent quand même à
l'esprit, et ce sont les suivantes: D'abord, est-ce que les fameux 10 %, dans
le cadre de l'Opération moins dix, n'ont pas eu pour effet, justement,
de faire en sorte qu'on a interprété un peu ces moins 10 % comme
étant une invitation à supprimer les effets au lieu des causes,
autrement dit, d'une certaine façon, à prévenir les
plaintes au lieu des risques ce qui fait en sorte, comme je le disais tout
à l'heure, que les employés accidentés, au lieu d'oser
affronter la CSST ou leur employeur, décident, à ce
moment-là, de s'adresser à leur compagnie d'assurances ou
à la compagnie d'assurances de la compagnie dont la tarification
était moindre que celle de la CSST pour l'employeur.
L'autre question touche plus la partie des relations du travail -
j'avais dit au ministre que je lui poserais la question à ce moment-ci -
et ce qu'on a appelé un peu, chez les personnes accidentées et
chez celles qui s'en occupent, la partialité du quasi monopole de
certains médecins en arbitrage médical. L'arbitrage
médical du ministère a été fondé en 1985 "et
âvàtT pour mandat de trancher dans les cas où le diagnostic
d'un médecin traitant d'un accidenté était contesté
par l'employeur ou par la CSST. Les médecins arbitres sont
désignés par le ministère en puisant dans une liste de 270
noms, lesquels ont été choisis par le Conseil consultatif du
travail et de la main-d'oeuvre, conjointement par la partie patronale et la
partie syndicale.
En 1988, seulement 73 de ces 270 médecins ont fait de
l'arbitrage. En 1986-1987, ça a été à peu
près sensiblement la même chose. Ces 73 médecins ont
effectué près de 5126 arbitrages. De ce nombre, on dénote
33 orthopédistes qui, à eux seuls ont rendu 4044
décisions, c'est-à-dire que moins de la moitié des
médecins arbitres ont eu 78,9 %, presque 79 % des dossiers. De ces 33
orthopédistes, 17 ont effectué 3454 arbitrages, soit 85 %.
D'autre part, sur les médecins qui ne sont pas orthopédistes et
qui se partagent les 1082 qui restent 9 d'entre eux ont effectué
près de 830 arbitrages. C'est-à-dire que moins de 10 % de ces
médecins ont reçu plus de 75 % des dossiers. Devant ces faits, le
ministre a-t-il l'intention, dans les discussions qu'il a actuellement, de voir
à corriger de façon rapide cette situation qui est jugée
par certains de quasi-monopole? À quoi bon avoir une liste de 270, si
peu de personnes y participent? Qu'entend faire le ministre pour établir
l'impartialité des médecins arbitres, d'autant plus que ces
mêmes médecins arbitres sont très souvent appelés et
continuent en même temps à fournir leur expertise à des
employeurs ou à la Commission de la santé, ce qui les place,
d'après certains, en conflit d'intérêts? Le Protecteur du
citoyen a même dénoncé cette situation.
M. Séguin: Si je comprends bien l'intervention de mon
collègue, il ne s'agit pas de remettre en cause ce processus ou cette
entité du conseil d'arbitrage médical. Je me permettrais
là-dessus une espèce de parallèle avec le Conseil
consultatif et la confection de la liste d'arbitres. C'est un dossier sur
lequel j'ai eu l'occasion d'avoir plusieurs échanges avec les gens du
Conseil consultatif. C'était l'une de leurs grandes
préoccupations d'être habilités à faire des
recommandations au ministre sur les arbitres au Conseil consultatif, en
matière de relations du travail, et de pouvoir le faire en toute
équité et neutralité. (21 h 45)
C'est d'ailleurs un sujet qui est venu au Conseil consultatif, parce
que, comme vous le savez, la plupart des membres qui siègent au conseil
d'administration de la CSST, pas tous, mais un grand nombre se retrouvent
également au Conseil consultatif. Lors des discussions que nous avons
eues récemment, il y peut-être un mois et demi, quant au
système de confection des listes d'arbitres en relations du travail, ils
ont amené également la question de l'arbitrage médical
à la CSST. Le problème que vous mentionnez m'a été
souligné. J'ai reçu encore récemment la même chose
de la part de la FTQ, une certaine présentation, on doit discuter. Je
leur ai demandé de me faire part de certaines solutions ou avenues. Je
dois dire là-dessus que la discussion est ouverte. C'est un autre sujet
sur lequel on se penche rapidement. S'il y avait, de la part des membres de la
commission, quelque réflexion au-delà de la constatation, je
serais très heureux d'avoir quelques commentaires là-dessus. Ou
si vous avez des débuts de de solutions, en quelque sorte, si ça
peut alimenter la réflexion, je vous invite à le faire. Je pense
que d'ici à deux, trois semaines on aura des conclusions. Comme il y
aura une période de réflexion, et j'ai invité plusieurs
parties à me faire valoir des solutions, je serais curieux et
très intéressé d'avoir les vôtres, si vous en aviez
à formuler.
M. Jolivet: Est-ce que, dans ce contexte, il ne serait pas mieux
de diminuer la liste des 270, si on ne fait pas appel à tout ce monde,
ou encore d'augmenter le nombre de médecins participant à cet
arbitrage? Ce serait mieux de répartir l'ensemble du travail et
d'éviter qu'une personne soit à la fois juge et partie, pour
l'employeur et la CSST, en même temps que pour la défense de
l'arbitrage de l'individu qui est
l'accidenté. Est-ce qu'il y a moyen de regarder ça?
M. Séguin: Je suis très ouvert à ça.
Je suis prêt à faire un bon bout de chemin là-dessus. J'ai
moi-même longuement vécu ce dilemme que peuvent avoir des
médecins qui ont des liens avec les parties employeurs, même dans
les compagnies. Comme avocat, il y a longtemps, j'avais eu l'occasion de faire
des pratiques dans des questions de dommages et intérêts. Souvent,
on se faisait opposer des rapports médicaux par des médecins qui
travaillaient pour des compagnies d'assurances versus des rapports
médicaux que nous avions auprès de témoins experts. Je ne
veux pas dire que les témoins experts, lorsqu'ils travaillent pour la
partie patronale sont nécessairement biaises, il y a
nécessairement des écarts. Pour l'arbitrage médical, c'est
fort important. De ce côté, si on se donne la peine de
confectionner des listes d'appel d'arbitres, on devrait s'assurer qu'il y a une
très bonne ventilation, que la banque serve vraiment un bon
étalonnage de tous les arbitres disponibles. Au Conseil consultatif en
relations de travail, c'est ce qui a été modulé et,
d'ailleurs, on a convenu récemment de la liste d'arbitres et du
système de confection qui, tout en établissant la banque, va
s'assurer qu'à l'intérieur de la banque il y a un roulement tout
à fait adéquat, équitable, et qu'il n'y a pas de
phénomène d'appariement exagéré vis-à-vis de
certains arbitres aux dépens des autres et s'assurer que ce ne sont pas
toujours les mêmes qui puissent procéder dans la même
relation avec un employeur, par exemple. Là-dessus, je pense que vous
avez raison de pointer ce dossier et je vais, d'ici les prochaines semaines,
essayer de convenir de...
M. Jolivet: II y a deux médecins, je pense, qui sont
à la commission, qui distribuent les dossiers aux médecins sur la
liste. Il faudrait peut-être leur poser des questions sur la
répartition des dossiers et vérifier que la tendance,
mentionnée par certains groupes, associations de travailleurs
accidentés, à savoir qu'on dirige les dossiers surtout vers des
personnes qui sont à la fois à la CSST ou auprès des
employeurs, et c'est ça qui choque un peu le monde. Vous avez, comme
nous tous, entendu de ces propos à une certaine émission
téléphonique télévisée, qui vous indiquent
justement le problème qui a été, de façon plus
précise, mentionné par les gens de l'Estrie. En tout cas, il y a
peut-être cela à regarder.
Pendant qu'on parle des critiques que la CSST reçoit de toute
part à cause de sa propension à multiplier les restrictions, les
contrôles pour limiter la croissance de ses dépenses, on
s'aperçoit qu'elle a décidé de doubler son budget d'une
campagne de publicité Institutionnelle. Pendant ce temps, les
travailleurs accidentés, on en a fait mention, voient leurs prestations
\ coupées, ils doivent même attendre des mois, même des
années pour que leurs droits soient reconnus. Alors, on semble
s'apercevoir que la commission veut se faire un nouveau visage au lieu, dans
certains cas, de donner l'impression qu'elle veut éliminer les dangers
à leur source. Alors, les renseignements fournis par la commission
permettent, en effet, de constater que le budget de publicité passera de
700 000 $ à 1 400 000 $. Il ne s'agit pas de remettre en cause le
bien-fondé d'une campagne d'Information et de sensibilisation du public
mais on ne peut pas s'empêcher de croire qu'après les
déclarations du Vérificateur général et du
Protecteur du citoyen, et après les critiques sur le retrait
préventif et les délais que subissent les accidentés, il
me semble que la CSST essaie tout simplement de rétablir sa
crédibilité qui a été pas mal amochée.
Alors, est-ce que le ministre Juge normal que, dans un contexte dit
d'austérité financière, on augmente les dépenses de
publicité de 100 %? D'après lui, y a-t-il d'autres
priorités, quand on pense surtout que la prévention compte pour
4,5 % du budget? Est-ce que le ministre est d'accord avec ça et est-ce
qu'il a l'intention d'en parler avec la commission?
M. Séguin: Oui, en fait, je comprends très bien le
sens de la question. J'aurais peut-être tendance à me demander si
les 700 000 S, qui étaient alloués dans le passé,
étaient suffisants. Je ne crois pas en soi que il 200 000 $, 1 300 000 $
ou 1 400 000 $, on puisse déclarer que ce soit trop. Je pense que les
moyens modernes de communication, soit à la télévision ou
dans les médias, nécessitent des montants importants. Si la
publicité est orientée sur la prévention, je suis tout
à fait d'accord avec cette décision du conseil d'administration.
Il faut comprendre que ce projet a fait l'objet de discussions au conseil
d'administration et qu'il a été tout à fait
entériné par ses membres du conseil d'administration. Je pense
que, dans le monde d'aujourd'hui, une publicité de 1 000 000 $ ou 1 300
000 $ avec les moyens modernes de communication, cela ne m'apparait pas tout
à fait exagéré et ce sont les fonds que se donne la CSST
à même les cotisations des employeurs et je pense que c'est
salutaire qu'il y ait plus de publicité. D'ailleurs, j'en ai vu
récemment le long de l'autoroute, une espèce de panneau avec la
main jaune, je ne me souviens pas comment on l'appelle...
Des voix: Garavou.
M. Séguin: Bon.
Une voix: Gare au feu, gare au feu.
M. Séguin: ...et il n'y a pas juste les pictogrammes et
les symboles, il y a aussi une publicité pour essayer d'informer les
gens sur des moyens de prévention, de précaution et, à
première vue, ça ne me semble pas du tout trou-
blant. Là, je serais d'accord que c'est une publicité mal
orientée, même si c'était 10 000 $, ce serait un
gaspillage. Mais je pense que tout le calibrage fait derrière cela est
la prévention, la précaution au travail. C'est louable, comme le
fait la Régie de l'assurance automobile avec la publicité sur les
accidents d'automobile. __
M. Jolivet: Une question, avant de laisser la place au
député qui voudrait poser une belle question de l'autre bord. M.
le ministre, j'ai un cas qui, semble-t-ll, n'est pas le seul et sur lequel
j'aimerais avoir votre impression. Vous savez qu'il y a eu un problème
quant à la stabilisation économique, quant aux montants -
d'argent prévus basés sur le salaire assurable et non pas sur le
salaire gagné. Il y a une personne, à l'époque, qui a fait
l'objet d'une décision de la Commission de la santé, qui est
allée en révision, en appel, et qui a gagné toutes les
étapes. À toutes ces étapes, on lui disait qu'elle avait
droit à tel montant d'argent. Je vous donne un exemple, 1500 $ par mois.
À un moment donné, cette personne reçoit un papier lui
disant: Malheureusement, il y a eu une erreur dans votre dossier. Vous avez X
mois pour vous préparer en conséquence et voici, ce n'est plus
1500 $ que vous allez recevoir, mais c'est 700 $. Cette personne, à
l'époque, quand elle avait pris des décisions étant
donné sa maladie, à la suite de l'accident qu'elle avait eu,
avait décidé de s'acheter une maison. Aujourd'hui, elle se voit
confrontée avec un problème majeur. Si on la baisse au montant
prévu, qui est de quelque 700 $ par mois, elle va avoir des
problèmes de paiement. Elle va se voir retirer sa maison dans un
contexte où elle a gagné toutes les étapes à
l'époque. Par une telle décision administrative, on lui coupe
ça.
Deuxièmement, cette personne, en plus, a un problème. Elle
ne peut pas travailler plus de 20 % de son temps. La loi dit que ce doit
être comparable à un temps plein. Cette personne est un peu prise.
Si elle va travailler plus que 20 %, son médecin lui dit: C'est bien
dommage, tu risques de mourir. À la CSST, on lui dit: Si tu ne fais pas
plus que 20 %, tu n'auras pas ton montant. Qu'est-ce qu'on fait avec des cas
comme ceux-là? Comment règle-t:on cela? Elle avait,
à l'époque, suivi toutes les procédures, gagné
à toutes les étapes d'appel jusqu'à la dernière
instance de la Commission des affaires sociales et on lui avait dit qu'elle
avait raison. Aujourd'hui, on lui dit que ce n'est pas ça. Que fait-on
devant ça?
M. Séguin: Vous comprendrez que c'est un cas particulier
qui sert d'exemple, j'en conviens. Je peux difficilement vous dire exactement
ce qu'on peut faire dans un cas particulier. Mais il y a quand même un
responsable des opérations, M. Taillon, qui s'occupe depuis un bon bout
de temps de voir à certains phénomènes qui peuvent se
développer dans le traitement d'un dossier.
D'ailleurs, on a commencé à réviser les directives
données aux agents d'indemnisation pour s'assurer que l'esprit, dans
l'application de la loi, soit toujours là. Mais s'il arrive, et c'est
comme dans tout système relativement important, que des
phénomènes malheureux se développent, il faut être
relativement souples dans l'interprétation de la loi pour les corriger,
pour que le bon sens apparaisse et non pas uniquement l'application de la loi.
Dans l'application de la Loi sur l'impôt, à tous les jours, on
découvre que chaque bout d'interprétation est valable mais que
l'ensemble peut donner un résultat incohérent.
M. Jolivet: Ce que vous me dites, dans le fond, c'est de parler
avec M. Taillon de ce cas-là.
M. Séguin: Excusez-moi, j'ai mal compris.
M. Jolivet: Ce que vous me dites, c'est de parler avec M. Taillon
de ce cas.
M. Séguin: Non, c'est un exemple. Vous me donniez un
exemple. Je sais que M. Taillon, m'en parle souvent, il revoit plusieurs cas,
comme la présidente de la commission, comme les autres responsables de
la direction. Ils regardent souvent des cas qui leur sont amenés et qui
paraissent nécessiter une intervention, un correctif, un nouvel examen,
comme j'ai beaucoup de requérants qui me font valoir des
résultats indésirables. On essaie de retrouver, à
l'intérieur des règles d'application de la loi, des
résultats peut-être plus conformes à l'esprit de la loi.
C'est le devoir que nous avons. On va se donner les moyens. J'aurai l'occasion,
dans les prochaines semaines, d'indiquer d'autres façons pour
améliorer ce service.
La Présidente (Mme Bélanger): Est-ce qu'il y aurait
consentement pour que le député de Viau pose une question,
étant donné l'heure et le fait qu'on a encore des programmes
à adopter?
M. Jolivet: Vous connaissez, Mme la Présidente, ma
propension à donner des consentements.
La Présidente (Mme Bélanger): M. le
député de Viau, une courte question, s'il vous plaît.
M. Cusano: Merci beaucoup, M. le député de
Laviolette. Vous comprendrez que je ne pouvais pas me passer de faire un
commentaire sur la CSST après avoir passé, lorsqu'on était
dans l'Opposition, 163 heures en commission parlementaire pour étudier
le projet de loi 42. Je dois vous dire que c'est un record parlementaire et,
à
la fin de tout ça, on s'est ramassé avec un projet de loi
dont on avait dit, à cette époque, qu'il était difficile
d'application. Ce n'est pas une question que je veux poser au ministre, c'est
seulement une suggestion dont J'aimerais qu'il prenne note.
On avait prédit, dans le temps, justement avec la nouvelle
Commission d'appel en matière de lésions professionnelles...
Lorsqu'on a retiré tout ça, de la Commission des affaires
sociales, il y aurait eu des retards d'accumulés. Les statistiques
présentées par la CSST démontrent des retards
inacceptables. Dans tout ça, c'est sûr que parmi ceux qui sont
devant la CALP, il y en a qui peuvent très bien, dans un sens,
travailler, parce qu'ils contestent d'autres choses moins graves que d'autres.
J'aimerais seulement suggérer à ce moment-ci au ministre que la
CSST pourrait peut-être aviser les personnes qui attendent devant la
CALP, on peut dire non seulement depuis de nombreux mois, mais on parle
même maintenant d'années, de se prévaloir de l'article 402
de la loi 42 sur les accidents du travail et les maladies professionnelles pour
s'assurer que, s'ils ont un problème financier extrêmement grave
comparativement à d'autres, la Commission d'appel en matière de
lésions professionnelles pourrait, dans un sens, réinstaurer des
prestations qui leur sont faites. Je pense que c'est une grande lacune. Si je
me rappelle très bien, dans le temps qu'on avait débattu pendant
ces 163 heures, on avait dit que c'était un bon projet de loi pour des
fonctionnaires, des avocats, mais pour l'Individu, il était très
difficile d'en comprendre toute l'application.
M. le ministre, je, ne veux pas retarder indûment les travaux de
la commission, mais je veux vous faire une suggestion, soit d'aviser les
milliers de gens en attente devant la Commission d'appel en matière de
lésions professionnelles qu'ils pourraient se prévaloir de
l'article 402 du projet de loi 42. La commission pourrait, dans ce cas, rendre
un jugement, c'est-à-dire prendre une décision - pas un jugement,
je m'excuse - et cela pourrait avantager l'accidenté comme dans les cas
des vraies causes d'accidentés.
J'aurais beaucoup d'autres questions, mais, considérant qu'il est
22 h 2 et que, dans le temps où nous étions dans l'Opposition,
nous étions extrêmement sévères en ce qui concerne
les ordres de la Chambre, je crois qu'on doit terminer. Je remercie, encore une
fois, le député de Laviolette d'avoir consenti à mes
dernières remarques. J'aurai certainement, à un autre moment,
l'opportunité de revenir sur tous les aspects de la loi 42 qui, dans
plusieurs cas, au lieu d'aider l'accidenté à recevoir une
meilleure compensation, fait en sorte qu'il se sent plus lésé. Ce
sont les commentaires que je voulais faire, M. le ministre.
La Présidente (Mme Bélanger): Merci, M. le
député de Viau. Est-ce que le programme 7, Aide financière
à la Commission de la santé et de la sécurité du
travail, est adopté?
M. Jolivet: On serait porté à dire sur division, vu
les circonstances. Il va être adopté parel.
Des voix: Adopté.
Adoption des crédits
La Présidente (Mme Bélanger): Adopté. Est-ce
que l'ensemble des crédits du ministère du Travail est
adopté?
M. Jolivet: Adopté.
La Présidente (Mme Bélanger): Alors, la commission
ajourne ses travaux sine die. La commission de l'économie et du travail
a accompli son mandat.
(Fin de la séance à 22 h 5)