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Étude du projet de loi no 55
(Quinze heures quinze minutes)
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, madame,
messieurs!
La commission des finances et des comptes publics est réunie pour
étudier article par article le projet de loi no 55, Loi sur
l'organisation des parties patronale et syndicale aux fins des
négociations collectives dans les secteurs de l'éducation, des
affaires sociales et des organismes gouvernementaux.
Les membres de la commission sont M. Bordeleau (Abitibi-Est), M.
Charbonneau (Verchères), M. Gagnon (Champlain), M. Forget
(Saint-Laurent) remplace M. Garneau (Jean-Talon); M. Brochu (Richmond) remplace
M. Goulet (Bellechasse); M. Grégoire (Frontenac), M. Michaud
(Laprairie), M. Parizeau (L'Assomption), Mme Lavoie-Roux (L'Acadie) remplace M.
Raynauld (Outremont); M. Roy (Beauce-Sud).
Les intervenants sont M. Caron (Verdun), M. Gosselin (Sherbrooke), M.
Guay (Taschereau), M. Jolivet (Laviolette), M. Martel (Richelieu), M.
O'Gallagher (Robert Baldwin), M. Russell (Brome-Missisquoi) et M. Samson
(Rouyn-Noranda).
Y a-t-il un rapporteur? M. le député de Laprairie.
M. Grégoire: Est-ce que je peux proposer M. le
député de Laprairie?
Le Président (M. Boucher): D'accord, M. le
député de Laprairie est le rapporteur. M. le ministre, y a-t-il
des commentaires généraux?
Commentaires généraux M. Jacques
Parizeau
M. Parizeau: M. le Président, à la suite
d'interventions qui avaient été faites à
l'Assemblée et de rencontres qui ont eu lieu avec les
représentants des commissions scolaires et des établissements de
santé et de l'Hydro-Québec, nous avons préparé un
certain nombre d'amendements qui, si je comprends bien, ont été
distribués. Peut-être qu'à l'occasion de l'examen article
par article, on pourrait les examiner un à un.
Je voudrais indiquer l'esprit général de ces amendements.
Je pense qu'il s'agit, dans la plupart des cas, sauf dans les questions de
révision de style, d'assouplissements au projet de loi 55, dans l'esprit
d'un certain nombre des partenaires du gouvernement, dans les
négociations qui vont s'engager, d'assouplissements par rapport au texte
original. Voilà tout ce que j'avais à dire pour commencer.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre. M. le
député de Saint-Laurent.
M. Claude Forget
M. Forget: M. le Président, nous abordons l'étude
d'une loi qui, sous une forme légèrement ou sensiblement
différente revient avant chaque ronde de négociation dans le
secteur public et parapublic. Cette coïncidence qui n'en est pas une,
évidemment, devient de plus en plus paradoxale. On se prend à se
demander s'il est véritablement nécessaire, chaque fois qu'on
entreprend des négociations, de réécrire la loi
fondamentale sur la base de laquelle une telle négociation va être
entreprise. D'autant plus que, pour l'oeil de l'observateur, même averti,
il est décidément très difficile de déceler dans le
contexte général de ces négociations une évolution,
si peu sensible que ce soit. Du moins, depuis dix ans, on semble être
à peu près dans un statu quo légèrement
remanié de fois en fois, mais qui est essentiellement le même.
Encore une fois, il est assez difficile de comprendre pourquoi il est
nécessaire, une dernière fois ou une nouvelle fois, de remettre
sur le métier cette loi-cadre plutôt que de prolonger tout
simplement l'existence et le champ d'application de celle qui existait
auparavant. C'est donc dans l'analyse détaillée des
différences que notre travail doit consister et c'est sur ce plan que
des difficultés se découvrent, puisque, dans un tel travail
d'exégèse des textes, d'explication détaillée des
textes, on voit ou on croit voir des différences notables dans l'esprit
qui anime le gouvernement cette fois-ci et dans le rôle respectif que
pourrait jouer, nous ne parlons pour l'instant que du côté
patronal, le gouvernement d'une part, et les différents regroupements de
commissions scolaires ou d'établissements, d'autre part.
C'est d'ailleurs sensibilisés par ces différences et ces
nuances que nous abordons notre premier geste en commission parlementaire, qui
est de souligner l'inquiétude, voire l'insatisfaction qui habite
actuellement les porte-parole et les principaux responsables des associations
d'établissements et des commissions scolaires. J'aimerais même
faire la lecture d'un document qui a été transmis aux membres de
l'Assemblée nationale, relativement à ces questions, et qui
consiste en une lettre au ministre de l'Éducation, M. Jacques-Yvan
Morin, signée par Me Claude Paquet, le tout au nom de la
Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec.
Avec votre permission, M. le Président, je vais en faire la
lecture. C'est daté du 20 juin. "M. le ministre, nous désirons
par la présente vous signifier notre déception relativement
à l'intérêt que le gouvernement porte aux
négociations avec 4000 instituteurs de la PACT. Le rapport ci-joint de
l'état des négociations avec ce groupement syndical
démontre que les retards dans le dépôt patronal repose
entièrement sur l'absence de mandat de la part du gouvernement. "Nous
tenons à vous aviser qu'à partir de ce moment, la
Fédération des commissions scolaires
catholiques du Québec se désolidarise de tout retard qui
pourrait être imputé à la partie patronale dans les jours
à venir. "Veuillez agréer, M. le ministre, l'expression de nos
meilleurs sentiments'..
Cette lettre est accompagnée d'un état de
négociations au 20 juin, c'est-à-dire à la date d'hier,
où l'on se rend compte que, effectivement, un mandat en provenance du
Conseil du trésor est absent. Cette lettre a été transmise
également au ministre des Finances, M. Jacques Parizeau, le même
jour et une deuxième lettre est annexée, indiquant ce
transfert.
Il existe également une autre lettre, datée du 21 juin,
adressée aux membres de l'Assemblée nationale du Québec,
provenant du Quebec Association of Protestant School Boards, de la
Fédération des cégeps ainsi que de la
Fédération des commissions scolaires catholiques du
Québec. La lettre est également signée par Me Claude
Paquet, président de la Fédération des commissions
scolaires catholiques du Québec, par M. Lang, président du Quebec
Association of Protestant School Boards et par M. Benoît Lauzière,
président de la Fédération des cégeps du
Québec.
Le texte de la lettre est le suivant: "Suite à notre lettre du 13
juin 1978, nous vous faisons parvenir le texte d'un télégramme
expédié à l'honorable ministre Jacques Parizeau
relativement au projet de loi 55. Nous osons croire que nous pouvons compter
sur votre appui pour maintenir aux commissions scolaires et aux collèges
le rôle de premiers responsables de l'élaboration des conditions
de travail de leur personnel."
Annexé à ceci, le télégramme
expédié à l'honorable Jacques Parizeau, en date du 21
juin: "M. le ministre, à la suite de notre rencontre du 14 juin, nous
confirmons que les hypothèses d'amendements indiquées par le
gouvernement constituent des accommodements intéressants, mais ne
répondent pas aux demandes de modifications de principe formulées
par les commissions scolaires et les collèges. Nous demandons donc que
nos organismes puissent être entendus par une commission
plénière de l'Assemblée nationale, une commission
parlementaire, ou que l'adoption du projet de loi soit reportée au
début de la prochaine session. Une discussion de fond nous paraît
nécessaire entre le gouvernement et nos organismes sur les principes
devant régir la structuration de la partie patronale et
l'élaboration de protocoles de fonctionnement des comités
patronaux de négociations."
Voici donc, M. le Président, les attitudes exprimées
à la fois sur le rythme de la négociation et, ce qui est encore
plus pertinent à nos travaux, sur le contenu du projet de loi 55, du
côté scolaire, du moins. Je sais, par ailleurs, que les
mêmes malaises existent du côté du réseau des
établissements de services de santé et de services sociaux. Sur
le plan des retards et des délais dans l'émission des mandats,
nous en avons eu une indication claire à l'Assemblée nationale,
la semaine dernière, alors qu'on nous indiquait que, même s'il y a
eu, dans le cas du COPS, le Cartel des organismes professionnels de la
santé, une première rencontre à la fin de mai, que les
demandes syndicales ont été déposées, il n'existe
pas là de mandat ou il n'existait pas encore, durant les derniers jours,
de mandat gouvernemental face à ces demandes. Pour ce qui est de la FIQ,
la Fédération des infirmières et des infirmiers du
Québec, il n'y avait même pas eu, à la date de mardi
dernier, une seule rencontre entre les parties, ce qui avait même
privé la partie syndicale de la possibilité de déposer ses
demandes.
Là aussi, sur le plan des délais, il y a des
difficultés certaines qui contredisent assez clairement les intentions
exposées par le gouvernement de s'y prendre longuement d'avance, de
manière qu'au moment de l'expiration des conventions collectives, on
soit en face d'une perspective prochaine de règlement; les conventions
collectives en question expirent le 30 juin prochain, c'est-à-dire dans
moins de dix jours, et pourtant, il n'y a pas eu de négociations et il
ne peut pas y en avoir puisqu'il n'y a pas de mandat du côté
patronal, du côté gouvernemental.
Pour ce qui est des structures du côté des services de
santé et des services sociaux, j'ai eu abondamment l'occasion, dans
plusieurs rencontres au cours de la dernière semaine, de
découvrir le malaise et les hésitations, les réticences et
même les objections qu'expriment les administrateurs de santé et
de services sociaux devant ce qu'ils perçoivent comme étant le
désir du gouvernement et plus particulièrement du Conseil du
trésor de garder entre ses mains toutes les décisions et de
traiter, ce que le gouvernement, ou du moins les gouvernements
précédents désignaient comme ses partenaires, comme des
espèces de factotums, des boîtes aux lettres, chargés de
partager l'odieux, puisque qu'inévitablement il y a toujours, dans une
négociation, un certain odieux à assumer, mais à ne pas
faire d'autres efforts plus sérieux que cela pour les associer à
la détermination des mandats. C'est du moins une possibilité
qu'ils entrevoient.
Comme chacun doit se livrer à des analyses de textes assez
subtils, essayer de percer les intentions gouvernementales à travers des
nuances dans des textes qui se succèdent et qu'on pourrait bien
reconduire, si on n'avait pas l'intention d'y changer quoi que ce soit, on est
bien obligé de donner raison à ceux qui expriment de telles
réticences, de telles inquiétudes. Ce serait d'ailleurs dans
l'optique du gouvernement actuel que de vouloir traiter ses partenaires de
cette façon.
Il est donc, à mon avis, M. le Président, important que
nous puissions entendre en commission parlementaire les points de vue de ces
organismes. Il ne serait pas acceptable, pas seulement au titre d'un principe
vague de participation et d'ouverture, de ne pas les entendre et de ne pas leur
permettre de participer à la détermination des mandats du
côté patronal. Il serait dangereux pour la société
de prétendre régler tous les problèmes de
l'éducation, tous les problèmes de santé ou de
services sociaux à partir d'une perspective strictement
financière.
Or, on sait que la commission Martin-Bouchard et c'est sans aucun
doute l'autorité que voudra citer le ministre des Finances a
ouvert la porte à une telle façon de faire. J'ai d'ailleurs eu
l'occasion, et j'y reviendrai, de m'exprimer sur le rapport Martin-Bouchard,
sur son orientation, sur le choix qu'on avait fait de commissaires de
manière à bien préparer la voie au gouvernement... Il ne
faudrait pas se faire d'illusion, il ne s'agit pas d'une autorité que
nous acceptons de façon béate ou de façon passive. Nous
avons de fortes réserves sur le contenu, l'impartialité et les
conclusions du rapport Martin-Bouchard.
Quoi qu'il en soit, le ministre des Finances voudra probablement se
défendre d'agir conformément aux recommandations ou à une
des recommandations du rapport Martin-Bouchard qui, justement, suggérait
que le gouvernement décide de toutes les questions qui ont une incidence
financière. Or, il s'agit d'un euphémisme, M. le
Président, que de parler ainsi des conventions collectives. Tout le
monde sait qu'il n'y a pas de clause, dans un contrat collectif, qui n'a pas
d'incidence financière. Même les clauses relatives à
l'arbitrage en ont, puisqu'il faut bien déterminer qui paiera
l'arbitrage et quels sont les motifs pour lesquels on peut invoquer
l'arbitrage, donc toutes les clauses des conventions collectives, sans aucune
exception, ont des incidences financières. Je défie quiconque de
faire la démonstration du contraire. (15 h 30)
Alors, lorsque le gouvernement se donne le pouvoir de décider
seul, de manière prépondérante à tout autre avis,
des clauses des conventions collectives qui ont une dimension
financière, il se donne le pouvoir seul et exclusif de déterminer
l'ensemble des mandats.
Il y a une tradition dans les milieux de l'éducation, de
même que dans les milieux de la santé et des services sociaux, qui
vise à permettre aux spécialistes de la question, à ceux
qui vivent dans ces secteurs, qui les connaissent intimement, qui connaissent
également, avec détails, de façon concrète, les
difficultés d'application des conventions collectives existantes, les
aspirations, les projets de développement et d'évolution propres
à chacun des réseaux, d'influer sur la détermination du
contenu des conventions collectives.
Ce n'est pas sans danger, encore une fois, que le gouvernement voudrait
prendre seul toutes ces décisions et les prendre en considération
des perspectives et des implications financières seulement. Or, il est
bien connu, M. le Président, pour tous ceux qui connaissent l'appareil
gouvernemental et quelle que soit l'intelligence qu'on veuille bien accorder
aux fonctionnaires du Conseil du trésor, que l'habitude de
considérer toutes les questions sous cet angle financier fait l'effet
d'un prisme déformant et, nécessairement, ceci est
inévitable.
Donc, à mon avis, il est très grave de s'engager dans la
voie d'une centralisation encore plus poussée des décisions,
centralisation qui va même jusqu'à concentrer finalement entre les
mains d'un seul ministre toutes les décisions essentielles au niveau des
négociations, puisque, même dans le cadre législatif
envisagé, on pourrait longuement argumenter que les ministres de
l'Éducation et des Affaires sociales sauront plus qu'à aucune
autre époque coordonner, je devrais même dire subordonner à
l'action et aux décisions du ministre président du Conseil du
trésor...
Je laisserai ces deux ministres sectoriels faire leur bataille sans
l'aide de l'Opposition. S'ils ne sont pas capables de se défendre, tant
pis pour eux, ils en subiront l'odieux et c'est déjà
commencé. Quoi qu'il en soit de leur velléité
d'indépendance vis-à-vis du ministre du Trésor, je pense
que, dans les réseaux respectifs, on s'est déjà fait
largement et abondamment une idée à cet égard, et ce n'est
pas ce qu'on pourrait dire en commission parlementaire qui fera changer
d'idée aux gens qui appartiennent à ces réseaux et qui ont
vu de près comment cela a déjà commencé de
fonctionner depuis un an et demi.
C'est un débat que je ne fais que mentionner, qui n'est pas le
mien. Je n'ai pas du tout l'intention de courir à la défense du
ministre des Affaires sociales ou du ministre de l'Éducation. Encore une
fois, ils sont d'assez grands garçons, présumément, pour
faire cela tout seuls. Mais je ne peux pas m'empêcher de souligner au
passage l'espèce d'aplatissement de l'un et de l'autre en face de leur
collègue des Finances. Cela ne fait que renforcer les arguments qui,
eux, cependant, doivent être débattus en commission parlementaire
voulant que les gens des réseaux, les responsables des commissions
scolaires, ceux des hôpitaux, des centres d'accueil et des services
sociaux, doivent avoir le sentiment et la conviction profonde, même,
qu'ils ne sont pas des espèces d'appendices du pouvoir, des
espèces de marionnettes dont le gouvernement, et en particulier le
ministre des Finances, va tirer les ficelles au cours de la
négociation.
Ce qui risque d'arriver si cette impression s'accrédite, c'est
une espèce de décrochage des cadres dans les deux réseaux.
Et Dieu sait combien démuni sera le gouvernement dans une
négociation et dans un conflit de travail qui accompagne une
négociation, s'il n'a pas l'assurance d'avoir l'appui des cadres de ces
deux réseaux.
Il serait virtuellement en face d'une impasse totale, il serait
dépourvu de tout moyen d'opposer une résistance quelque peu
crédible à des demandes syndicales, parce qu'il devrait
rapidement se rendre compte que, finalement, ces deux réseaux, ce qui
les fait fonctionner, ce n'est pas le personnel du Conseil du trésor,
certains diraient grâce au ciel, mais je leur laisserai ce jugement, ce
sont les gens qui ont fait carrière dans les services de santé ou
de l'éducation.
Et, dans le moment c'est un avertissement amical que je fais au
ministre des Finances d'après les informations qui nous
parviennent de ce côté-ci de la Chambre, ces gens-là se
posent de
sérieuses questions. Certains ont déjà
commencé à tirer leurs propres conclusions quant à la
façon dont ils vont traverser le prochain conflit. S'ils choisissent
tous de devenir de simples spectateurs passifs, je nous souhaite tous bonne
chance. Mais je pense que cela ne sera pas drôle et ce ne sera
certainement pas mieux que cela a été dans le passé. Cela
risque finalement, en définitive, d'être contreproductif pour le
ministre des Finances lui-même, parce qu'il risque, dans un tel contexte,
d'avoir à faire des concessions plus importantes qu'il ne devrait le
faire dans une autre circonstance. Je fais allusion à l'absence possible
d'appui du côté des cadres.
En conclusion, M. le Président, j'aimerais faire la motion
suivante qui...
Mme Lavoie-Roux: Le député de Richmond aurait
aimé faire des remarques générales avant qu'il ne fasse sa
motion.
M. Forget: Ah bon! Je m'abstiendrai de faire la motion pour
l'instant. Je vous demanderai la permission de reprendre la parole. Le
député de Richmond aimerait faire quelques remarques
générales avant que nous ne présentions une motion.
M. Brochu: Oui, d'accord.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Richmond.
M. Yvon Brochu
M. Brochu: Merci, M. le Président. Merci aussi au
député de Saint-Laurent de respecter cette tradition qui veut
qu'on fasse un bref tour de table de commentaires avant d'aller aux
motions.
Très rapidement, je voudrais vous indiquer d'abord que le projet
de loi a évidemment pour but d'établir ce qu'on appelle le cadre
organique. Il y a toute la question des négociations, du
côté syndical comme du côté patronal, surtout du
côté patronal à cause de la position du gouvernement comme
État employeur.
À ce chapitre, le fait que le gouvernement ait laissé la
partie syndicale libre de s'organiser à l'intérieur de ce cadre
juridique nous semble une approche satisfaisante et sage dans les
circonstances.
Si on compare le projet de loi 55 à la loi 95 qu'il modifie, le
rôle de coordination des négociations du côté
patronal que l'on confie désormais au Conseil du trésor, c'est
l'élément essentiellement nouveau qui apparaît dans le
projet de loi 55.
En somme, la loi tente de résoudre le problème qui se pose
depuis 1972-1973, depuis les deux dernières rondes de
négociation, à savoir la nécessité d'une certaine
centralisation dans les négociations. Comme je l'ai indiqué au
ministre en deuxième lecture à l'Assemblée nationale, la
question qui se pose, partant de là, c'est de savoir jusqu'où on
va aller dans la centralisation des négociations, à quel moment
on va tracer la ligne pour dire que c'est maintenant suffisant en termes de
centralisation pour assurer l'objectif qu'on s'était fixé au
départ.
Il y a un autre élément sur lequel j'aimerais rapidement
attirer à nouveau l'attention du ministre, comme je l'ai fait à
l'Assemblée nationale en deuxième lecture. Au niveau des
organismes gouvernementaux, tels l'Hydro, la SAQ, la Sûreté du
Québec et d'autres, le gouvernement et plus spécifiquement le
Conseil du trésor s'arroge, en fait, de par la loi, tous les pouvoirs
importants. J'avais fait remarquer à ce moment-là au ministre
notre crainte que ce soit en quelque sorte, de la part du Conseil du
trésor, une espèce de mise en tutelle de ces organismes. Cela
pose évidemment dans son entier la question: Jusqu'où doit-on
centraliser ces négociations.
Dans ce sens, je ne répéterai pas les arguments du
député de Saint-Laurent; par contre, je réfère le
ministre à la citation qu'il a faite de la Fédération des
commissions scolaires du Québec et du Quebec Protestant School Board
Association qui nous a fait parvenir aujourd'hui un télégramme
posant un peu, mais en d'autres termes, les mêmes interrogations que les
nôtres.
D'ailleurs, je reprends un des documents qui a été
présenté par la Fédération des commissions
scolaires catholiques du Québec et le Quebec Protestant School Board
Association ainsi que par les autres organismes connexes. Cela avait
été présenté ici à l'Assemblée
nationale, le 13 juin. Je cite ici, à la page 2 du document: "Selon
nous, le projet de loi 55 constitue une mise en tutelle permanente de
l'ensemble des commissions scolaires et des collèges du Québec
relativement à l'établissement des conditions de travail de leur
personnel." Je continue un peu plus loin. "Nous devons rencontrer mercredi le
14 juin 1978 réunion qui a effectivement eu lieu le
président du Conseil du Trésor afin de lui exposer notre point de
vue au nom des membres que nous représentons. Notre
représentation vise à empêcher le gouvernement d'accaparer
l'ensemble des pouvoirs lors des prochaines négociations dans les
secteurs public et parapublic et plus particulièrement dans celui de
l'éducation. "
C'était essentiellement leur préoccupation au point de
départ. La rencontre du 14 a effectivement eu lieu. Maintenant, on se
rend compte, ce matin, par la correspondance, les télégrammes qui
nous ont été envoyés, que, dans un premier temps, ces
organismes se disent satisfaits des modifications que le ministre vient de nous
présenter au projet de loi 55. Par contre, dans un deuxième
temps, ils se disent également inquiets et désirent être
consultés davantage en ce qui concerne la centralisation de ces
négociations. Je pense que c'est un souci que nous devons avoir à
l'esprit en abordant les travaux de cette commission parlementaire.
En terminant, je veux souligner tout simplement à l'attention du
ministre que le succès de la loi 55, en fait, est relié
directement au calendrier du projet de loi 59, et surtout en ce qui concerne le
dépôt des offres patronales. C'est un grand en-
semble qui se coordonne. Dans ce sens, je pense que les gestes que nous
allons poser en commission parlementaire, les décisions
qu'effectivement, à bout de course, le gouvernement va prendre sur son
attitude définitive dans l'approche qu'il entend donner à ce
cadre organique des négociations, revêtent une importance
particulière. Je pense que c'est avec soin qu'on doit, à ce
moment, se pencher sur ces problèmes, compte tenu des
éléments qui sont à notre disposition maintenant, à
savoir la crainte de ces organismes qui est également la nôtre
à ce moment. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le
député de Richmond. M. le ministre.
Réponse de M. le ministre
M. Parizeau: Quelques observations simplement. Quand le
député de Saint-Laurent indiquait tout à l'heure que
j'invoquerais le rapport Martin-Bouchard au sujet de ces recommandations quant
à la détermination par le Conseil du trésor de toutes les
matières de caractère financier, je pense qu'il ne cherchait pas
à deviner jusqu'où j'irais, parce que j'ai l'intention d'aller
passablement plus loin que cela. Ce que le rapport Martin-Bouchard
suggérait, c'était que le Conseil du trésor négocie
lui-même toutes les conventions collectives. En fait, il allait bien plus
loin que cela, le rapport Martin-Bouchard. Il suggérait, à toutes
fins pratiques, que l'agent négociateur dans toutes les conventions, ce
soit le Conseil du trésor lui-même. Le gouvernement a
trouvé que c'était là justement une proposition qui aurait
beaucoup trop centralisé le processus. Dans ce sens, le projet de loi
55, il faut bien s'en rendre compte, sur cette base, va beaucoup moins loin que
le rapport Martin-Bouchard. Néanmoins, il implique, sur le plan de
l'établissement des mandats, une centralisation au Conseil du
trésor pour des raisons qui visent à corriger une situation qui,
dans le passé, a parfois été chaotique. À partir du
moment où les secteurs public et parapublic dépensent en salaire
près de $6 milliards, un peu plus de $6 milliards, si on comprend les
organismes gouvernementaux qui sont inclus en annexe du bill 55, il est
évident qu'une coordination des mandats est inévitable. Ne pas
coordonner les mandats voudrait dire, à toutes fins pratiques, qu'on
risquerait cela s'est produit dans le passé de perdre le
contrôle de l'augmentation de cette énorme masse d'argent.
À partir du moment où on discute d'une masse de plus de $6
milliards, il faut bien comprendre que, dans toute négociation, le point
vaut $60 millions. Compte tenu des marges de manoeuvre du gouvernement, de
n'importe quel gouvernement, il est évident qu'on ne peut pas laisser
sur des tables où des milliards sont en jeu, des opérations ou
des avances ou des propositions qui ne seraient pas coordonnées
centralement. Ceci, d'ailleurs, n'est pas nouveau. (15 h 45)
Personnellement, quand j'étais fonctionnaire, et comme le
député de Saint-Laurent d'ailleurs, au cours des années
1960, j'ai connu une période où les mandats financiers
étaient très centralisés et où, finalement, dans
cette espèce de grande opération de rattrapage qui s'imposait
dans plusieurs secteurs, on s'est tout de même rendu compte que les
accidents de parcours, si je peux m'exprimer ainsi, et le contrôle de la
masse budgétaire totale consacrée aux salaires ne
présentaient pas certaines des difficultés qu'on a pu
connaître dans les années qui ont suivi, où le même
degré de centralisation n'existait pas.
Pour avoir, comme ministre des Finances, présenté le
budget supplémentaire qui terminait l'année 1976/77, je pense que
j'ai eu l'occasion de toucher du doigt d'assez près ce qu'un manque de
centralisation des mandats avait pu avoir comme effet sur le budget
gouvernemental.
Je voudrais ajouter que, sur le plan de l'utilité d'une
commission parlementaire, j'ai de la difficulté à suivre le
député de Saint-Laurent qui disait tout à l'heure:
Même en commission parlementaire je le paraphrase,
évidemment; si je le cite mal, il me corrigera ce n'est pas une
commission parlementaire qui ferait changer d'idée ces partenaires
patronaux qui ont déjà leurs prétentions.
Je vous avouerai, à ce moment-là, que je commence à
me demander pourquoi il poussait tout à l'heure pour avoir une
commission parlementaire. Normalement, c'est destiné à faire en
sorte que les esprits se rapprochent.
Je terminerai, encore une fois, en soulignant le fait que plusieurs des
amendements qui seront proposés à ce projet de loi font un bon
bout de chemin, je pense, pour répondre à certaines
appréhensions légitimes que pouvaient avoir nos partenaires
patronaux.
Il est clair, par exemple, que leur insistance à établir
un protocole, et que ce soit confirmé par la loi, qu'on établisse
un protocole entre les représentants du gouvernement et le
représentant des institutions, de façon à
déterminer que, dans certaines matières, la voix gouvernementale
serait prépondérante et que, dans d'autres, la voix des
réseaux serait prépondérante. Cette idée, je pense,
est utile et on verra tout à l'heure que ça se traduit par des
amendements.
Une deuxième chose qui a été soulevée par
beaucoup de ceux qui m'ont fait des représentations depuis quelques
jours consistait à dire: II ne faudrait pas que le Conseil du
trésor cherche à définir la totalité d'un mandat.
Des conventions collectives enfin, certaines des conventions collectives
dont nous parlons sont tellement complexes, comportent tellement
d'articles, s'appliquent à tellement de mesures de toute espèce
qu'on voit bien le Conseil du trésor intervenir sur un certain nombre de
choses importantes, de caractère national, mais qu'on le voit mal
commencer à définir les mandats jusque dans leurs détails.
Je pense que nous nous avons fait, aussi par un amendement, place à ce
type d'inquiétude, si bien que, au fur et à mesure qu'on
examinera ça article par article, M. le Président, je pense qu'on
constatera que le gouvernement s'est rendu à des
demandes dont certaines, je dois le dire encore une fois, me paraissent
certainement légitimes.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, que le ministre ait fait
quelques changements dans son projet de loi, changements qu'il a
distribués, ça ne fait aucun doute; qu'un protocole d'entente
entre le gouvernement et les regroupements de commissions scolaires ou
d'établissements soit une bonne chose, cela ne fait aucun doute non
plus. C'est une pratique qui n'est pas nouvelle puisque, lors de la
dernière négociation, pour ne mentionner que celle-là, il
existait un tel protocole, du moins dans le secteur qui m'était le plus
familier, celui des affaires sociales et qu'effectivement, le protocole a
été, dans son ensemble, dans son esprit, respecté.
Il demeure qu'il reste à établir si oui ou non les
amendements apportés en dernière heure par le ministre satisfont
les regroupements d'établissements, de commissions scolaires et de
collèges ou non. Je serais plus rassuré et je pense bien que ce
serait plus rassurant pour le public, également, de l'entendre de la
bouche même des porte-parole des groupes visés que de l'entendre
de l'autre partie. Ce serait certainement une meilleure indication qu'ils sont
satisfaits.
La notion selon laquelle l'existence d'un protocole nous dispenserait
presque de cette obligation ne résiste pas longtemps à l'examen
dès qu'on est conscient que, dans l'esprit d'un certain nombre de ces
porte-parole, les protocoles envisagés contredisent, effectivement, la
lettre de la loi même après les amendements de dernière
minute. Je répète, M. le ministre des Finances, je n'ai
peut-être pas été très clair.
M. Parizeau: Non, non, c'est une minute d'inattention.
M. Forget: Dans l'opinion d'un certain nombre de porte-parole de
ces groupes ou de ces regroupements, le protocole qu'ils envisagent signer avec
le gouvernement n'est pas compatible avec la lettre de la loi 55 même en
tenant compte des amendements de dernière heure. Peut-être ont-ils
tort, peut-être ont-ils raison? C'est une raison de plus, certainement,
pour souhaiter en débattre avec eux, entendre leur point de vue à
ce sujet, de manière qu'il n'y ait pas de malentendu. L'histoire,
évidemment, on peut l'invoquer de bien des façons; le ministre
des Finances l'invoque d'une façon qui m'apparaît discutable en
interprétant toutes les implications financières des ententes
passées comme étant le résultat inévitable et
nécessaire d'une absence de "coordination" entre guillemets, par le
Conseil du trésor.
Je ne suis pas du tout certain qu'il pourrait en faire la
démonstration. Je ne suis pas du tout certain que les coûts
parfois très élevés, pour ne pas dire excessifs, qui ont
été encourus au cours de la négociation et
particulièrement lors de sa phase terminale, étaient dus au fait
que le gouvernement ou les organes centraux du gouvernement n'étaient
pas conscients de ce qui se faisait, n'étaient pas au courant du genre
de discussions qui avaient cours, ni des implications qu'elles pourraient
avoir, dans la mesure où les chiffres, de toute façon et
le gouvernement actuel fait face aux mêmes difficultés sur
le nombre d'effectifs dans les réseaux, etc, peuvent être
suffisamment fermes, suffisamment exacts pour permettre de tirer toutes les
implications avec certitude. Ce n'est pas toujours le cas; lorsqu'on a des
clauses nouvelles qui font appel à de nouveaux concepts, on n'est jamais
absolument certain de leurs implications.
À cette réserve près, je ne suis pas du tout
certain qu'on peut expliquer par l'ignorance des organismes centraux du
gouvernement, y compris du Conseil du trésor, les développements
de dernière heure qui se sont produits en 1968. comme dans les
étapes subséquentes, en 1972 ou en 1976. Il y a eu, bien
sûr, lors de ces négociations finales, en phase terminale, et
très souvent effectuées par le chef du gouvernement
lui-même, des échanges de demandes et d'offres qui.
évidemment, ont eu des conséquences importantes que l'une ou
l'autre des parties a peut-être, par la suite, regrettées.
Je suis loin d'être convaincu je suis même convaincu
du contraire par l'affirmation du ministre des Finances à l'effet
que si cela s'est produit ainsi, c'est parce que le Conseil du trésor
n'était pas au courant. Je lui souhaite bonne chance pour la prochaine
fois, mais même s'il est très au courant et même si la
coordination est parfaite, il ne pourra pas éviter qu'en dernière
ligne, il y ait des négociations, des transactions, des échanges
dont toutes les implications n'auront pas été circonscrites au
cordeau et consignées dans les formulaires du Conseil du trésor.
C'est inévitablement le cas, et je pense bien qu'il ne pourra pas
empêcher un événement comme celui-là.
À tout événement, M. le Président, ce n'est
pas un argument bien fort pour donner un nouveau tour de vis à la
centralisation des négociations et je pense que le ministre des Finances
ne l'a pas nié. Il a dit, bien sûr, que le rapport Martin-Bouchard
allait plus loin. Je n'ai pas de querelle avec cela, c'est vrai, il allait plus
loin et c'est la raison pour laquelle j'ai dit que cela pavait le chemin pour
le gouvernement. À force d'aller loin, le rapport Martin-Bouchard
rendait relativement facile au gouvernement d'aller seulement un peu plus loin
qu'avant puisqu'il pouvait le faire en disant: Vous voyez, nous sommes
maintenant dans le juste milieu. Mais c'est un procédé trop
facile et trop transparent pour qu'on s'amuse bien longtemps à discuter
si oui ou non le gouvernement est allé aussi loin que le rapport
Martin-Bouchard. C'est une discussion académique.
Ce qui est important c'est qu'il est allé plus loin qu'avant.
C'est cela qui compte, parce que c'est la seule comparaison qu'on puisse faire
avec le réel plutôt qu'avec l'imaginaire. Il est allé
plus
loin qu'avant et les parties avec lesquelles il va négocier
à titre de partenaire et non pas contre lesquelles il va négocier
mais qui sont du même côté que lui dans la
négociation, ne sont pas d'accord, ne semblent pas d'accord et
aimeraient s'exprimer sur ce degré nouveau de centralisation.
Motion pour entendre des témoins
C'est la raison pour laquelle, M. le Président, nous faisons
formellement la motion suivante: Que les groupements de commissions scolaires,
de collèges et d'établissements, tels que définis par le
projet de loi 55, soient invités à se faire entendre devant les
membres de la commission parlementaire des finances et des comptes publics
chargés d'étudier le projet de loi 55, Loi sur l'organisation des
parties patronale et syndicale aux fins des négociations collectives
dans les secteurs d'éducation, des affaires sociales et des organismes
gouvernementaux.
Le Président (M. Boucher): Cette motion mentionne un voeu
que la commission pourrait exprimer. De par les précédents qui
ont été créés sur la recevabilité de ce
genre de motion, une motion préliminaire, je la reçois. Alors,
sur le fond de la motion, est-ce qu'il y a des intervenants? Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais dire quelques mots pour appuyer la
motion de mon collègue le député de Saint-Laurent. Je
pense qu'à plusieurs reprises et par les moyens réguliers qui
étaient à leur disposition, les différentes
fédérations d'organismes scolaires ou collégiaux ont fait
connaître au gouvernement leur désir d'être
considérées comme de véritables partenaires dans la
négociation. Il semble que, de plus en plus, le gouvernement
continuellement parle de décentralisation, de gouvernement local, de
décisions rapprochées, ou de rapprocher le plus possible les
usagers, mais de plus en plus, également, on se rend compte que ce ne
sont là que de vains mots. Il ne faut quand même pas oublier que
ce sont, dans le cas qui nous occupe, les commissions scolaires ou les
fédérations ou les conseils d'administration des cégeps
qui doivent d'une part appliquer les conventions collectives et, à ma
connaissance, ils sont encore les employeurs officiels des professeurs tant
dans les commissions scolaires que dans les cégeps. À ce
moment-ci, il ne fait pas de doute que si on regarde, par exemple, l'article
11, finalement les organismes scolaires et les différentes
fédérations ne sont pas considérés comme des
partenaires dans la négociation mais sont vraiment
considérés comme des subordonnés que l'on consultera
peut-être puisque c'est sous l'autorité
déléguée du ministre de l'Éducation que se feront
les négociations. Alors, je pense que pour les différents
organismes scolaires, les fédérations, dans le fond, n'entrant en
action que par des mandats qui leur sont confiés par les nombreux
organismes scolaires, se sentent, à juste titre, mis de
côté dans cette négociation. (16 heures)
Je pense qu'on ne peut pas accuser les organismes scolaires d'être
soupçonneux, à ce moment-ci, bien qu'ils y aient droit, compte
tenu de tout le scénario de la soi-disant décentralisation
financière du livre vert, qui a avorté avant même qu'il
soit question d'en discuter. Il ne s'agit même pas d'appréhension,
il s'agit de faits réels confirmés par le projet de loi 55. Je
pense qu'il serait normal, d'autant plus que, quand on entre dans une
négociation aussi complexe que la négociation de la fonction
publique et parapublique, il est important que celui qui représente
l'employeur, le gouvernement, avec ses partenaires, s'assure de la meilleure
collaboration possible...
Je sais que dans le passé je n'étais pas membre du
gouvernement alors on a éprouvé certaines
difficultés, à certaines occasions, à concilier les
demandes des commissions scolaires et les désirs de certains
fonctionnaires, ou du ministre des Finances, ou de la Fonction publique, en
l'occurrence. Il reste que ces difficultés ont fini par être
résolues et elles ont été, au bout du compte, au
bénéfice du monde de l'enseignement.
Alors, je considère la demande des différentes
fédérations d'enseignement d'être entendues, de faire
valoir leur point de vue comme étant légitimes et comme
étant l'occasion de mettre le gouvernement en garde contre des
difficultés possibles qu'il aurait lui-même provoquées,
compte tenu de la façon quelque peu cavalière avec laquelle on
met tout le monde à l'extérieur de la négociation,
même s'il est encore l'employeur.
Pour toutes ces raisons, je désire appuyer la motion du
député de Saint-Laurent et je demande au ministre des Finances de
considérer que l'on reçoive ces personnes ou les
représentants de ces organismes en commission parlementaire.
M. Parizeau: M. le Président, je veux d'abord qu'on
établisse une distinction assez nette entre les institutions du
réseau des affaires sociales et les commissions scolaires. À la
suite des rencontres que j'ai eues avec les deux groupes, cette distinction est
très nette. Le réseau des affaires sociales, après avoir
examiné un certain nombre de changements, je crois, par ce que j'ai
entendu, a l'impression que le gouvernement a fait un bon bout pour satisfaire
certaines de ses demandes.
Le problème est différent avec les
fédérations des commissions scolaires en ce sens que, tel que
j'interprète leurs demandes, elles ne pourraient vraiment être
satisfaites quant au fond que dans la mesure où la direction de
l'ensemble des négociations et l'établissement de l'ensemble des
mandats seront vraiment bicéphales. C'est ça qui est
demandé, au fond. Cette espèce de bicéphalisme que de
façon ambiguë on a connu au cours des dernières
années. Le gouvernement ne peut accepter ça. D'abord, parce qu'on
a des expériences très récentes de ce que cela a
donné. Il est évident que sur certaines matières, le
gouvernement ne peut imaginer une structure bicéphale. D'une part, parce
qu'en cas de conflit, on ne sait pas comment régler ça et,
deuxièmement, parce que, sur le plan de la préparation des lignes
majeures, je
pense à tout le domaine salarial, une direction bicéphale
est un danger public.
Alors, au fond, la demande d'entendre les parties en commission
parlementaire consiste essentiellement à permettre aux commissions
scolaires de revenir une fois de plus sur une demande dont, je pense, toute
l'expérience passée nous indique clairement qu'on ne peut pas
l'accorder. Une direction vraiment bicéphale ne peut pas se faire. Je
comprends que cela heurte apparemment cette idée générale
de décentralisation qui se répand dans beaucoup de secteurs, mais
qui n'est pas applicable dans tous.
J'ai connu la décentralisation des négociations dans les
commissions scolaires. Est-ce que vraiment on veut retourner à cela?
Est-ce qu'on veut retourner aux 942 conventions collectives? J'ai connu cela.
Est-ce qu'on veut revenir aux arbitrages commission scolaire par commission
scolaire, qu'on a connus avant 1966? Cela a pris des années pour sortir
d'une situation totalement chaotique, socialement injuste. J'ai connu cela, la
décentralisation. Il y avait des écarts, du simple au triple,
entre hommes et femmes, dans les conventions négociées commission
scolaire par commission scolaire.
Il faut bien se rendre compte de ce que cela veut dire quand on parle de
certains principes. On dit que décentralisation, c'est un mot qui est
bon, qui est beau. On n'ajoute pas "pas cher", parce que cela peut être
cher. Mais enfin, beau et bon, sûrement.
Une fois qu'on a dit cela, on ne se rend pas toujours compte de ce que
cela veut dire dans les faits. Nous avons vécu au Québec bien
plus longtemps sous le régime de la décentralisation des
conventions collectives dans l'enseignement que sous le régime de la
centralisation. Et les progrès qui se sont faits, sur le plan de
l'égalité des traitements hommes-femmes dans l'enseignement, cela
s'est fait comment? Par la centralisation, M. le Président. Et
l'égalité de traitement des enseignants sur l'ensemble des points
du territoire pour un travail identique, cela s'est fait comment? Cela s'est
fait par la centralisation.
Et le rattrapage à peu près ordonné des salaires
d'enseignants de façon qu'il n'y en ait pas qui restent dans des
espèces de trous sombres, cela s'est fait par la centralisation. Et,
à travers toutes ces années où la centralisation... Quand
le député de Saint-Laurent disait tout à l'heure: Le
gouvernement fait un pas de plus dans le sens de la centralisation, il ne fait
pas un pas de plus. En un certain sens, il revient à une formule qu'on
avait connue à la fin des années soixante, où les mandats,
l'expression des mandats essentiels je ne parle pas des
règlements de nettoyage des ascenceurs ou des règlements
d'affichage où les éléments majeurs étaient
centralisés. Appelez cela un pas en avant ou un retour en
arrière, on cherche cependant une formule qui permet d'éviter ce
que semblent demander les fédérations de commissions scolaires,
c'est-à-dire une direction bicéphale, c'est-à-dire des
affrontements où on ne sait jamais exactement comment cela va se
régler, quand cela ne se règle pas, comme on l'a vu il n'y a pas
tellement longtemps, il y a deux ou trois ans, devant l'opinion publique,
où les deux morceaux de la partie patronale règlent finalement
leur différend sur la place publique.
C'est dans ce sens que je me sens forcé de dire que je vais voter
contre cette motion, parce que je ne vois pas en quoi elle va régler
quoi que ce soit de fondamental et, d'autre part, parce que je ne pense pas
qu'il soit évident que l'on en ait besoin, compte tenu, encore une fois,
des discussions copieuses, longues, surtout détaillées, que nous
avons eues avec nos partenaires.
Le Président (M. Boucher): Merci, M. le ministre. Mme le
député de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: J'ai l'impression que le ministre est
peut-être passé à côté du problème.
Quand il nous fait la démonstration que la centralisation a
corrigé des inégalités flagrantes, a fait une meilleure
péréquation des ressources pour accorder à l'ensemble du
Québec des ressources éducatives qui soient au moins ou un peu
comparables, je suis tout à fait d'accord.
Mais je pense qu'il interprète mal la demande des organismes
scolaires. Il ne s'agit pas uniquement de la Fédération des
commissions scolaires, il s'agit également des cégeps. Il
interprète mal leurs demandes, quand il dit: Écoutez, si on veut
retourner à 940 conventions collectives signées individuellement,
on va retourner fort probablement dans cette espèce de monde difficile,
mais surtout inéquitable, dans lequel on se trouvait avant le
centralisation des négociations.
Mais le problème n'est pas du tout là, à mon point
de vue. Évidemment, il est plus difficile pour le gouvernement... Si les
fédérations des organismes scolaires siègent comme
associées avec le ministre de l'Éducation pour établir les
mandats qui, selon l'amendement que vous avez apporté, devront
être autorisés par le Conseil du trésor, et si ce n'est pas
lui qui les détermine, je pense que cela peut créer des
problèmes d'entente au niveau des représentations des cadres du
ministère de l'Éducation et de celles des cadres des commissions
scolaires. Mais à ce moment-là, je pense qu'il faudrait
peut-être un jour regarder la vérité en face et dire: Cette
joute est devenue impossible. À partir de maintenant, il y a un seul
palier qui décide des conditions de travail, dans le sens très
large, avec tout ce que cela comporte, c'est le gouvernement du Québec;
mais qu'on arrête de parler de décentralisation.
Ce que la fédération demande, ce n'est pas la
décentralisation dans le sens de 900 ou 800 conventions collectives,
mais vraiment dans le sens qu'on soit un partenaire égal à la
table de négociation ou à l'endroit où se discuteront les
mandats. Il m apparaît, en dépit de tout le respect que je peux
avoir pour les cadres du ministère de l'Éducation ou pour les
autres fonctionnaires de la fonction publique... Le ministre du Travail, dans
un document que je lisais tout à l'heure, reconnaît lui-même
qu'il ne faut quand même pas perdre
l'expérience vécue par les gens qui vraiment oeuvrent dans
le milieu de l'éducation, qu'il faut les impliquer et tout cela. Est-ce
parce qu'on dit qu'il peut surgir des conflits et qu'à ce
moment-là, on va se mettre en garde contre cela, et que c'est le
ministre de l'Éducation... Quand on connaît je regrette de
le dire l'aplatissement je veux reprendre le terme du
député de Saint-Laurent du ministre de l'Éducation
devant le ministre des Finances, le ministre des Affaires municipales, le
ministre de l'Agriculture et le prochain qui viendra sur la liste, on peut se
demander quel sera celui qui va décider finalement pour établir
les priorités et déterminer les ressources dans le domaine de
l'éducation, parce que c'est un "pattern " constant avec le ministre de
l'Éducation. Je n'ai pas besoin de vous en faire la
démonstration, M. le ministre. Je comprends que le ministre va nous dire
non et que cela va finir là, comme d'habitude, mais je pense que le
ministre interprète mal la demande des commissions scolaires. S'il ne
veut pas les entendre, au moins qu'il réexamine la possibilité de
modifier l'article 11 en conséquence et qu'il ne dise pas non plus: Vous
serez là sous l'autorité du ministre de l'Éducation qui
décidera. On sait qu'il va décider à partir de ce que
vraiment tous les autres ministères disons que j'exagère
un peu du gouvernement pourront décider. Mais le problème
reste réel. Si on veut vraiment dire que ce qu'on déterminera
comme conditions de travail, compte tenu des ressources financières du
gouvernement j'en suis très consciente correspondra le
mieux possible aux réalités vécues dans toutes les
institutions d'enseignement, je pense qu'il y aurait peut-être lieu que
l'article 11 soit modifié en conséquence, si vous ne voulez pas
les entendre.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le ministre.
M. Parizeau: Je me suis peut-être mal fait comprendre tout
à l'heure. Je ne veux pas dire que ce que demandent les
fédérations des commissions scolaires, c'est de retourner aux 940
conventions collectives, j'en suis tout à fait conscient. Si j'ai
laissé flotter cette impression, je m'en excuse parce que je sais bien
que ce n'est pas cela qu'elles veulent.
Je faisais simplement quelques observations sur l'utilité de la
centralisation à une époque où c'est en train de devenir
un mauvais mot. Je voudrais seulement préciser ce que je voulais dire
tout à l'heure. Je comprends que les fédérations de
commissions scolaires veuillent être étroitement associées
à la préparation des mandats et je suis d'accord, c'est important
qu'elles soient associées de très près à la
préparation des mandats. Il ne faut d'aucune espèce de
façon... Il y avait un mot dans l'article 18 qui pouvait prêter
à cela, c'est-à-dire qui donnait l'impression qu'un Conseil du
trésor, dans une sorte de sagesse innée, sans consultation
aucune, préparait des mandats et les flanquait sur la table. C'est
essentiellement cela qu'une série d'amendements vise à clarifier.
Il est très important que, sur certaines matières, les
fédérations des commissions scolaires aient une
prépondérance. On cherche aussi à introduire cela dans la
loi. Mais la direction bicéphale dont je parlais tout à l'heure,
c'est-à-dire en cas de conflit, de débat, le fait qu'il n'y ait
pas de mécanisme vraiment prévu pour trancher me paraît
dangereux. Il faut qu'à un moment donné quelqu'un tranche.
Sur ce plan, par exemple, le rôle du Conseil du trésor,
face à un débat qui n'aboutirait pas sur les mandats, doit avoir
ce qu'il faut comme pouvoir pour trancher. (16 h 15)
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Richmond.
M. Brochu: M. le Président, je comprends qu'il ne s'agit
pas de revenir, d'un côté, en arrière. Je ne pense pas que
ce soit l'essentiel des propos qui ont été tenus par le
député de L'Acadie, mais si je comprends bien l'approche des
commissions scolaires actuellement et des autres groupements
intéressés, c'est que pour le moment, dans la présente
discussion, dans les éléments qui vont les affecter dans le
présent projet de loi, ce qu'ils veulent avoir, en fin de compte, c'est
une voix au chapitre.
M. Parizeau: C'est cela.
M. Brochu: Je pense que c'est d'abord à ce titre que la
résolution du député de Saint-Laurent nous apparaît
acceptable dans le sens qu'il y a une participation aux décisions qui
vont être prises maintenant, qui les affectent et qui vont les affecter.
C'est dans ce sens.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, le ministre des Finances a
fait une distinction entre les deux réseaux, le réseau des
affaires sociales d'une part, et le réseau de l'éducation. Il a
indiqué presque à mots couverts, mais presque aussi de
façon explicite que l'expérience récente, donc
l'expérience de la plus récente ronde de négociations,
celle de 1976, a fait apparaître au grand jour devant l'opinion publique
les divergences majeures entre le gouvernement et les commissions scolaires.
C'est un fait qu'on ne peut nier, qui était trop connu, de toute
façon, pour qu'on cherche même à le nier, mais la solution
qu'envisage le ministre des Finances à ce genre de dilemme, ce
bicéphalisme qu'il croit déceler dans les demandes de la
Fédération des commissions scolaires, n'est pas la bonne
solution. Bien sûr, s'il y a un bicéphalisme et s'il y a une loi
qui détermine les conditions de participation de tout le monde aux
négociations où il y a une stricte égalité entre
d'une part la Fédération des commissions scolaires et le
gouvernement, l'argument selon lequel il n'y a pas, en cas d'impasse, de
mécanisme pour résoudre le conflit, a une certaine
validité. Il est clair que si on
pose le problème de cette façon, il n'y a qu'une solution,
qui est de donner un pouvoir prépondérant à l'un des deux
partenaires. Comme c'est celui qui est le plus fort, de toute façon,
celui qui a l'argent et qui a le pouvoir législatif, il n'est pas besoin
de grand discours pour savoir de quelle façon cela va se trancher.
Précisément, c'est la façon de poser le
problème qui induit en erreur. Ce n'est pas du tout vrai qu'on doive se
condamner au bicéphalisme, si on accepte la proposition suivante:
Longtemps avant le début des négociations, à la fois le
gouvernement et les commissions scolaires sont conscients de
l'échéance qui approche. Ils sont conscients de la
nécessité de collaborer. Ils sont conscients aussi des
écueils qui peuvent se placer sur leur route lorsque, engagés
dans la négociation, ils diffèrent de points de vue sur telle ou
telle clause de la position patronale. Ainsi avertis des dangers et des
problèmes qu'ils doivent éventuellement pouvoir résoudre
sans impasse, sans "dead-lock", sans un bicéphalisme non résolu,
rien ne les empêche de conclure un protocole d'entente qui
détermine les pouvoirs, les responsabilités de chacun, et qui
détermine même, parce qu'on peut faire cela à froid,
beaucoup plus que dans la chaleur d'un débat, la règle qui peut
intervenir pour donner à l'une des deux parties la
prépondérance des décisions.
Si ce processus de réflexion et de définition d'un
protocole d'entente commence suffisamment tôt avant
l'échéance que constitue l'expiration de la convention
collective, on peut établir les règles du jeu de façon
consensuelle. Ces règles du jeu peuvent comporter les arguments de
résolution de conflits s'il doit y avoir un conflit au sein même
de la partie patronale. Au cours de la négociation d'un tel protocole
d'entente, le gouvernement dispose toujours du pouvoir de dire ceci à la
Fédération des commissions scolaires: Si nous ne parvenons pas
à signer un tel protocole ou si le protocole ne comprend pas des
éléments de résolution d'un conflit éventuel entre
nous, il demeure que l'Assemblée nationale pourra trancher, dans le
cadre de la loi décrétant justement les mécanismes de
négociation dans le secteur public et parapublic, venir imposer la
prépondérance gouvernementale sur certains sujets qui seraient
les points, par hypothèse, sur lesquels les parties n'auraient pas
réussi à conclure ce protocole d'entente. À ce
moment-là, l'autorité du gouvernement est intacte, l'exercice de
ses responsabilités est entier et, d'un autre côté, les
commissions scolaires auraient l'occasion, la chance de se considérer
des partenaires à plein titre et devraient faire face au problème
de trouver une solution à des impasses possibles entre elles et le
gouvernement. Si elles résistent à toute suggestion quant
à la nécessité d'un pouvoir prépondérant du
côté gouvernemental, mon Dieu! elles auront à faire face
à une loi qui l'imposera.
Mais on a le sentiment que la loi nous arrive aujourd'hui avec la
solution toute faite, sans même que les efforts appropriés aient
été entrepris suffisamment tôt à l'avance pour que
les parties, les deux partenaires du côté patronal, le
gouvernement et les commissions scolaires, en arrivent d'elles-mêmes
à une entente, à une solution consensuelle, contractuelle du
problème. On légifère aujourd'hui comme si on n'avait pas
pu s'entendre avec elles alors que je suis loin d'être convaincu qu'on
ait valablement et loyalement essayé de s'entendre et essayé de
conclure un protocole d'entente.
D'ailleurs, ce n'est pas un mystère. À la suite de la
publication du rapport Martin-Bouchard, ce n'est qu'à la mi-mai que le
gouvernement a ouvert son jeu à ses partenaires quant à la
façon dont il aborderait les négociations et la structure des
négociations, du moins de façon formelle.
Avant cette date-là, il y a bien eu des indications au niveau des
fonctionnaires. Il y a bien eu certaines mesures administratives pour
créer une espèce de secrétariat au Conseil du
trésor qui s'attacherait principalement à la coordination des
mandats et des négociations. Tout ceci était vaguement dans
l'air, mais ce n'est qu'à la mi-mai 1978 que le gouvernement a
amorcé véritablement le processus de mise en place des
mécanismes. Dans ces conditions, on n'a pas à s'étonner
d'une réaction d'écorchés vifs de la part de certains
groupements qui se disent, à bon droit je pense: Si seulement le
gouvernement nous avait fait confiance et nous avait demandé de signer
un protocole d'entente, nous aurions probablement fait preuve du plus grand
sens des responsabilités, parce que je crois que, du côté
des commissions scolaires, on a aussi été instruit par
l'expérience de 1976; je ne pense pas que l'on chercherait, de ce
côté-là, délibérément, à
recréer des situations d'impasse et à se priver d'un
mécanisme de solution des conflits. Du moins, si on fait cette
hypothèse au départ, il faut cesser de prétendre qu'on va
les considérer comme des partenaires parce que c'est leur imputer au
départ une absence de responsabilité, une absence de sens de
responsabilité qui va faire très tôt éclater la
coalition patronale du côté des commissions scolaires, du
côté du monde scolaire.
Il me semble que le gouvernement s'engage bien mal dans un processus
quand, tout de suite, il passe à un geste législatif, alors que
tout cela, du côté patronal, doit être réglé,
peut être réglé et a été réglé
dans le passé, dans un autre secteur, de façon contractuelle et
à la satisfaction générale Ah! bien sûr, il y a eu
tel ou tel accrochage sur tel ou tel point particulier, mais, dans l'ensemble,
il n'y a pas eu d'amertume, il n'y a pas eu de lutte, il n'y a pas eu de mise
en échec; il n'y a pas eu non plus de délai excessif
occasionné par des tentatives plus ou moins réussies de
régler des différends et de régler les conflits à
l'intérieur même de la partie patronale.
Ces difficultés ont éclaté du côté de
l'éducation, non pas à cause d'une absence de sens des
responsabilités du côté des commissions scolaires, mais
à cause d'une absence, du côté du ministère de
l'Éducation à l'époque je pense qu'on peut
l'affirmer de suffisamment de prévoyance pour amorcer, assez
tôt à l'avance, ce
dialogue avec les commissions scolaires et conclure un protocole
d'entente. Je pense que l'erreur qui fut commise à cet égard en
1975, par le ministère de l'Éducation, a été
répétée en 1977-1978 par le gouvernement actuel et par le
ministère de l'Éducation actuel. On semble ne rien avoir appris
de cette expérience et on nous arrive aujourd'hui, sortant de la cuisse
de Jupiter, tout armé, avec un projet de loi qui ne ferait de sens que
s'il se présentait comme le dénouement inévitable et
regrettable d'un effort loyal de négociations qui auraient
échoué. Ce n'est pas cela du tout; c'est le premier geste. Le
premier geste est maladroit, malhabile, parce qu'il antagonise les partenaires
plutôt que d'aller chercher leur collaboration.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Parizeau: Un mot seulement, M. le Président. Je dois
dire que je ne peux pas suivre du tout le député de
Saint-Laurent. Déjà, on reconnaît qu'une loi
spéciale applicable aux syndicats comme moyen de régler un
conflit de travail ou une grève est à éviter autant qu'il
est possible. Je n'ai jamais connu un gouvernement qui passe une loi
spéciale de retour au travail ou une loi spéciale destinée
à établir, par l'Assemblée nationale, les conditions de
travail, qui ait été particulièrement heureux de le
faire.
Ce que le député de Saint-Laurent nous propose, ce sont
des lois spéciales pour régler des différends avec la
partie patronale. En cas de conflit, c'est par un recours à une loi
spéciale de l'Assemblée nationale qu'on trancherait la
question.
M. Forget: Allons donc! M. Parizeau: C'est cela.
M. Forget: Ce que je vous dis, c'est que vous passez la loi
spéciale avant que le conflit n'éclate. C'est une loi
préventive.
M. Parizeau: J'y viens dans un instant. Ce qui m'était
suggéré tout à l'heure, c'est qu'au cas où le
bicéphalisme provoquerait une impasse, ce ne serait pas par une loi
générale telle que celle que nous avons devant nous qu'on
trancherait la question, ce serait par un appel spécial à
l'Assemblée nationale. Il est évident que cela ne peut être
la procédure normale de trancher les débats; une loi
spéciale n'est jamais une procédure normale ou habituelle.
Dans ces conditions, ce que nous avons devant nous, c'est un projet de
loi d'application générale qui n'est pas, comme vient de le dire
le député de Saint-Laurent, une loi spéciale avant coup,
mais qui est le remplacement de la loi 95 qui, elle aussi, était une loi
d'application générale, mais corrigée de façon
à faire disparaître certains défauts de la loi 95 qui sont
apparus à l'usage. La loi 95 n'était pas une loi spéciale,
c'était une loi d'application générale. On s'est rendu
compte, au bout d'un certain nombre d'années, qu'elle avait besoin
d'être modifiée; c'est ce que fait la loi 55, essentiellement.
M. Forget: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: Puisque le ministre des Finances a voulu, il me
semble, chercher à déplacer le débat en
interprétant de façon très libre ce que j'ai dit, je vais
expliquer à nouveau, pour son bénéfice, au moins, du moins
pour le bénéfice du journal des Débats, que je n'ai pas
suggéré que le gouvernement, s'il a des difficultés au
cours des négociations avec les commissions scolaires, adopte une loi
spéciale.
Ce que je lui ai dit, c'est que la loi que nous avons actuellement
aurait pu, valablement, intervenir dans sa forme actuelle à la suite de
l'échec d'une négociation de bonne foi avec les commissions
scolaires pour la conclusion d'un protocole d'entente. À ce
moment-là, la façon assez tranchante avec laquelle le
gouvernement cherche à se donner l'autorité de tout
décider unilatéralement aurait été explicable. Une
telle loi générale ou spéciale de toute
façon, on ne se querellera pas sur les mots étant
donné son contenu qui intervient alors qu'on n'a pas fait un tel effort
préalablement, c'est l'équivalent de vouloir
légiférer de façon spéciale avant même que le
conflit n'éclate. C'est comme si on adoptait, aujourd'hui, une loi de
retour au travail au cas où les négociations tournent mal avec le
front commun en 1979. Qu'on nous fasse la démonstration qu'il n'est pas
possible de s'entendre avec les commissions scolaires pour la
détermination d'un protocole qui éviterait le problème du
bicéphalisme auquel a fait allusion le ministre des Finances,
c'est-à-dire la possibilité qu'un jour on se trouve devant deux
autorités également légitimes, qui ne partagent pas le
même point de vue, qui sont absolument entêtées et qu'en
l'absence de prépondérance ou d'arbitrage, on soit dans une
impasse et qu'on doive, en quelque sorte, suspendre les négociations
avec la partie syndicale. (16 h 30)
Si c'est cela qui le préoccupe, qu'il nous fasse la
démonstration qu'il n'a pas pu obtenir de la Fédération
des commissions scolaires un protocole d'entente qui réglerait ce
problème-là. Au lieu de nous faire cette démonstration, il
nous dit: II me faut une loi qui me permettra de trancher. C'est un constat
d'échec normalement sur une négociation, mais dans ce cas-ci, ce
qui est paradoxal c'est que la négociation avec la
Fédération des commissions scolaires semble ne pas avoir eu lieu
et d'ailleurs le ministre des Finances n'a jamais dit, au cours de son
exposé et de ses réponses qu'effectivement une telle
négociation avait eu lieu et qu'elle avait échoué. Au
contraire, il a cherché à nous persuader que la
négociation, dans la mesure où elle avait eu lieu,
débouchait sur les mêmes conclusions. En écoutant ou en
lisant les télégrammes qui lui sont parvenus
aujourd'hui, on a au moins une bonne raison d'en douter. D'où
l'existence de ce débat et d'où l'existence de la motion que j'ai
présentée tout à l'heure.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Parizeau: Un dernier mot, M. le Président. C'est
justement à la suite des discussions avec la Fédération
des commissions scolaires que l'article 12, tel qu'on propose de l'amender,
prévoit spécifiquement un protocole d'entente et la
détermination des voix prépondérantes pour les deux
parties. C'est le résultat direct des discussions qui ont eu lieu avec
la Fédération des commissions scolaires le 14 de ce mois.
Le Président (M. Boucher): Mme le député de
L'Acadie, est-ce que vous avez demandé la parole.
Alors, est-ce qu'on est prêt à prendre le vote sur la
motion? D'accord.
M. Forget: Un vote enregistré. Vote sur la
motion
Le Président (M. Boucher): Un vote enregistré. M.
le député de Champlain?
M. Gagnon: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Laurent?
M. Forget: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Richmond?
M. Brochu: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Frontenac?
M. Grégoire: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laprairie?
M. Michaud: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
L'Assomption?
M. Parizeau: Contre.
Le Président (M. Boucher): Mme le député de
L'Acadie?
Mme Lavoie-Roux: Pour.
Le Président (M. Boucher): La motion est donc
rejetée: 4, contre 3. Est-ce qu'on est prêt à passer
à l'article 1 du projet de loi 55?
Interprétation
Alors, j'appelle l'article 1. M. le ministre.
M. Parizeau: II s'agit essentiellement des définitions, M.
le Président. Est-ce que je dois appeler les amendements de l'article 1
tout de suite ou paragraphe par paragraphe?
Le Président (M. Boucher): Disons que globalement...
M. Parizeau: J'ai un amendement à l'article i).
Le Président (M. Boucher): On peut discuter de l'article 1
globalement et apporter vos amendements en même temps.
M. Parizeau: Globalement, oui.
M. Forget: Peut-être pour simplifier les débats, si
le ministre jugeait possible d'attirer notre attention sur ce qui
représente une innovation majeure à son point de vue et la raison
de l'innovation au niveau des définitions comme au niveau des autres
articles.
M. Parizeau: D'accord. D'une façon générale,
je pense qu'on peut le faire. Ce n'est vraiment que dans les définitions
des groupements qu'il y a à la fois une certaine innovation dans h) et
dans i) et qui a créé un problème d'ailleurs dans la
version originale du projet de loi. Dans le cas des commissions scolaires, la
notion de groupement implique qu'il doit y avoir majorité et
caractère représentatif, les deux, alors que dans le groupe
d'établissements en i) seul le caractère représentatif est
retenu. Cela, évidemment, c'est une anomalie. Nous proposons de corriger
i) selon l'amendement. Est-ce que je dois lire l'amendement, M. le
Président?
Le Président (M. Boucher): Si vous le voulez, M. le
ministre.
M. Parizeau: Le paragraphe i) se lirait maintenant ainsi:
"groupement d'établissements": toute union, fédération,
confédération ou autre organisation dont une majorité
d'établissements on revient à ce qu'on appliquait à
h) d'une catégorie font partie et qui est jugée
représentative de cette catégorie par le ministre des Affaires
sociales, si elle n'est pas déjà ainsi reconnue par la loi.
L'idée étant, évidemment... Je comprends les
établissements, à cet égard, de réagir ainsi, on
pourrait théoriquement reconnaître comme représentative une
fédération, un groupe, qui aurait une minorité
d'établissements inscrits. Puisqu'on avait reconnu ce principe au
paragraphe h), on le reconnaît aussi au paragraphe i).
M. Brochu: M. le Président, est-ce qu'on doit comprendre
qu'il s'agissait simplement d'un oubli à ce moment-là ou s'il y
avait une autre raison, au point de départ?
M. Parizeau: Non, il n'y avait vraiment pas d'intention
particulière. Simplement, comme le cas ne se posait pas, ne
s'était jamais posé historiquement pour ces groupements
d'établissements, c'était un oubli.
M. Brochu: D'accord.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Laurent?
M. Forget: Cela va bien, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Forget: Adopté. Il n'y a pas d'amendement, M. le
Président, c'est simplement un point de règlement, mais ça
va simplifier nos travaux, tout ce qui est présenté par le
ministre est considéré faire partie du projet de loi,
d'après nos procédures habituelles en commission
parlementaire.
Le Président (M. Boucher): Alors, les amendements
proposés font partie du projet de loi habituellement.
M. Forget: C'est ça, on n'a pas besoin de les retrouver
séparément.
Le Président (M. Boucher): Article 1, adopté? M.
Forget: Adopté. M. Brochu: Adopté.
Secteurs de l'éducation et des affaires
sociales
Le Président (M. Boucher): Article 2.
M. Parizeau: L'article 2 n'appelle pas de commentaires
particuliers.
M. Forget: Cela va. Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté.
M. Parizeau: Article 3.
M. Forget: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: ... il y a une question d'interprétation sur
laquelle on attire votre attention. On ne trouve pas de stipulation dans cet
article que les conventions collectives lient le gouvernement et que la loi
elle-même lie le gouvernement. Enfin, il y a deux interprétations
possibles. Le présent chapitre s'applique à toute convention
collective liant une association de salariés à une commission
scolaire, un collège ou un établissement. Il est bien sûr
que lorsqu'il lie un collège ou un établissement, le gouvernement
se trouve indirectement lié puisqu'il est partie à la
négociation et qu'il aide au financement et qu'il signe, il est
signataire avec les commissions scolaires, des stipulations.
M. Parizeau: Non, attention, des stipulations, mais pas de la
convention collective. En somme la convention collective signée par un
collège, par une commission scolaire, le gouvernement ne contresigne
pas, il n'a jamais contresigné d'ailleurs.
M. Forget: Non, d'accord, bien sûr.
Mais il reste que le sens de cette loi, c'est de dire... le
présent chapitre d'ailleurs ne désigne pas le chapitre 2, il
désigne la loi dans son entier, j'imagine, ou est-ce que c'est le
chapitre 2 seulement?
M. Parizeau: C'est vraiment le chapitre 2 seulement. Cela ne peut
pas s'appliquer aux organismes publics de l'annexe. Donc, ce sont les secteurs
de l'éducation et des affaires sociales.
M. Forget: Je ne vois pas le sens de l'article 2, je m'excuse,
mais qu'est-ce qu'on veut exclure de cette façon? Qu'est-ce qu'on veut
préciser?
M. Parizeau: II s'agit, en somme, essentiellement, du mode de
négociation des conventions collectives. On dit que tout ce qui va
suivre s'applique aux conventions collectives qui seront signées entre
des associations de salariés et, soit une commission scolaire, un
collège ou un établissement.
Parlons d'accords, si on veut, au niveau des fédérations,
au niveau des groupements d'établissements ou au niveau du gouvernement,
tous ces accords doivent se traduire dans des conventions collectives locales,
ce qu'on indique simplement, c'est que tout ce qui va suivre dans le chapitre 2
s'applique à toute convention collective entre une association de
salariés et l'employeur, commission scolaire, collège ou
établissement.
M. Forget: II semblerait que le chapitre 4 soit dans la
même situation.
M. Parizeau: On revient là-dessus quant aux conventions
collectives auxquelles ces dispositions ne s'appliquent pas, au chapitre 4. On
exclut de l'application de la loi toutes les conventions collectives qui
viennent à échéance avant le 1er juillet, donc c'est celle
du 30 juin. Le chapitre IV est une formule d'exclusion.
M. Forget: D'accord.
Le Président (M. Boucher): L'article 2 est adopté.
Article 3.
M. Brochu: J'aurais une question, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Richmond.
M. Brochu: On dit, à l'article 3: "Elles prévoient
toutefois que certaines matières sont susceptibles de faire l'objet
d'arrangements au sens de l'article 4 ou de stipulations
négociées et agréées à l'échelle
locale ou régionale, conformément à l'article 5. "
Quelle différence de notion existe-t-il entre ces deux points,
arrangement au sens de l'article 4 et stipulations négociées et
agréées?
M. Parizeau: Attention! Les arrangements sont relatifs à
la mise en oeuvre, c'est-à-dire au mode d'application. L'article 5, ce
sont les matières elles-mêmes.
Le Président (M. Boucher): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Dans la même ligne que le
député de Richmond, est-ce que ceci veut dire qu'il se pourrait
qu'il n'y ait pas de matières qui soient négociées au
niveau local et que ce serait simplement des arrangements?
M. Parizeau: Non. L'arrangement, c'est la mise en oeuvre. On peut
s'entendre localement pour décider que telle ou telle disposition de la
convention collective donnera lieu à une mise en application graduelle.
Évidemment, les deux parties doivent convenir de cela. Les dispositions
de la convention collective peuvent s'appliquer à partir de demain
matin, neuf heures. Il faut prendre des arrangements pour que ce soit introduit
graduellement.
M. Brochu: Si je comprends bien, l'arrangement, c'est le cadre
général?
M. Parizeau: Non. Il peut arriver, dans une convention
collective, que la mise en application instanter, immédiate, de ce qui
est dans le cadre de la convention collective ne soit pas réaliste et
que, à la fois, gérance de l'établissement et syndicat
s'entendent pour prendre un certain temps pour mettre cela en vigueur.
C'est sûr que, lors de la première convention collective
des fonctionnaires, ici, s'il avait fallu la mettre en vigueur le lendemain de
sa signature, on se serait amusé.
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, dans la convention collective
qui avait été signée avec la Fédération des
commissions scolaires, en 1976, il y avait des négociations locales
prévues, qui ont été... Je pense que la Commission
scolaire de Québec a signé la sienne il y a à peu
près un mois.
Mais, dans le cas de l'Association des enseignants catholiques
anglophones, il n'y avait eu aucune négociation locale prévue et
uniquement des arrangements. Il se pourrait qu'ici, même dans le cas de
la Fédération des commissions scolaires catholiques, on ne
prévoie que des arrangements et non nécessairement de la
négociation locale.
M. Parizeau: Remarquez qu'avec les articles 4 et 5, cela couvre
les deux.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. Ils auraient le choix.
M. Parizeau: Ils ont le choix. Mme Lavoie-Roux:
D'accord.
M. Parizeau: Au fond, on se trouve à ne rien exclure, avec
cela.
Le Président (M. Boucher): Article 3, adopté?
M. Forget: Adopté.
Mme Lavoie-Roux: Sauf que...
Le Président (M. Boucher): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Sauf que, compte tenu de la "tutelle" (je
l'utilise entre guillemets) dans laquelle vont se trouver...
M. Parizeau: Mettez-le entre guillemets.
Mme Lavoie-Roux: ... les commissions scolaires... Je ne veux rien
exagérer, mais il se pourrait quand même que, dans les pouvoirs de
décision que se réserve soit le Conseil du trésor et
même le ministre de l'Éducation, cette bicéphalie dont vous
ne voulez plus entendre parler, unilatéralement, vous décidiez
qu'il n'y ait plus que des arrangements, qu'il n'y ait plus d'associations
locales et que ce soit vous qui auriez le dernier mot, à décider
qu'il n'y ait que des arrangements et non pas des négociations
locales.
M. Parizeau: Compte tenu des amendements qui seront
présentés aux autres articles, on verra là, à mon
sens, que cette porte est vraiment fermée.
Mme Lavoie-Roux: On s'en souviendra.
M. Parizeau: Oui. Moi, cela me paraît tout à fait
clair. Prenons ces articles pour le moment pour ce qu'ils veulent dire et,
quand on arrivera aux articles 12 et 18 en particulier, je pense qu'on pourra
revenir à la question.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Parizeau: Pour le moment, en tout cas, ce que ces articles
veulent dire, c'est que c'est possible. (16 h 45)
Mme Lavoie-Roux: Ils laissent la porte ouverte aux deux.
M. Parizeau: Ils laissent la porte ouverte à tout.
Mme Lavoie-Roux: Il ne faut pas oublier que
vous avez le pouvoir de décision au bout du compte.
M. Parizeau: Oui, d'accord, mais il ne vient pas aux articles 4
et 5, il vient plus loin.
Mme Lavoie-Roux: Oui, d'accord.
Le Président (M. Boucher): Article 3, adopté.
Article 4?
Mme Lavoie-Roux: Adopté, ce sont les questions qu'on a
posées.
M. Forget: Adopté, je n'ai rien.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 5? Il y
a un changement.
M. Parizeau: Oui, il y a un changement. Il s'agit surtout... Cela
a été reformulé. C'est la question, je pense, d'une
formulation plus claire et plus française. Je vais le lire. "Les parties
à une convention collective visées dans l'article 2 peuvent
négocier et agréer des stipulations à l'échelle
locale ou régionale. "Les matières sur lesquelles portent ces
négociations ainsi que le cadre de leur déroulement sont
prévus dans des stipulations négociées et
agréées à l'échelle nationale entre le deux cent
soixante-dixième et le cent quatre-vingtième jour
précédant la date d'expiration de la convention collective. 'Les
matières qui n'ont pas été ainsi définies à
l'expiration de ce délai font l'objet de stipulations
négociées et agréées à l'échelle
nationale, à moins que le gouvernement n'en décide
autrement."
Mme Lavoie-Roux: Attendez une minute.
Le Président (M. Boucher): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Le ministre pourrait-il expliciter un peu ce
qu'il veut dire par "à moins que le gouvernement n'en décide
autrement"? Vous allez peut-être me dire que cela parle de
lui-même, mais...
M. Parizeau: Au fond, c'est un peu une...
Mme Lavoie-Roux: ... quelle est la prévention que vous
voulez exercer à ce moment-là, si je puis dire?
M. Parizeau: Simplement ceci: S'il n'y a vraiment pas eu, sur un
certain nombre de matières, possibilité de s'entendre quant aux
caractères local et régional entre les délais
prévus on a cherché une entente, il n'y en a pas eu
automatiquement ces matières montent au niveau national, à moins
que le gouvernement dise: Retournez cela au niveau local ou
régional.
M. Forget: Est-ce l'équivalent du pouvoir que le
lieutenant-gouverneur avait à l'expiration du délai de faire la
détermination selon l'ancien article 8?
M. Parizeau: Dans l'ancienne loi 95? M. Forget: Oui.
M. Parizeau: Je crois que oui. Un instant! je vais seulement
vérifier. Exactement. C'est formulé autrement, mais c'est
exactement le même sens.
M. Forget: C'est la même chose. Adopté.
Le Président (M. Boucher): L'article 5, tel que
reformulé, est adopté. Article 6?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 7?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 8?
M. Brochu: Adopté.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 9?
M. Forget: À l'article 9...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: ... c'est une disposition nouvelle, si je ne m'abuse.
Est-ce que ce n'est pas un frein assez important à des changements
d'allégeance syndicale en cours de convention collective? Ne serait-il
pas plus logique de présumer qu'une association de salariés, qui
est fondamentalement locale, qui bénéficie d'un contrat de
travail supposons que c'est un contrat de travail CSN qui
désirerait changer d'allégeance syndicale dans la deuxième
année d'une convention collective de trois ans, devrait, il me semble,
conserver son contrat, parce que c'est le contrat qu'elle a signé comme
association locale, selon l'application normale du Code du travail? Si elle
décide de changer d'allégeance, le problème de la
redéfinition de ses conditions de travail ne se posera que lors de la
prochaine convention collective. Son syndicat d'entrée, si l'on veut, ou
de destination aura à concilier dans ses demandes, évidemment,
l'ajustement au statu quo, la conservation des droits acquis pour les nouveaux
membres qu'il a ainsi acquis, à obliger les salariés, au moment
du transfert d'allégeance syndicale, de faire cession de leurs droits
acquis, en quelque sorte, globalement, et d'assumer une autre convention
collective. Cela me semble compliquer la question de changement
d'allégeance syndicale d'une dimension
qu'elle n'a pas normalement en vertu du Code du travail où les
travailleurs qui changent d'affiliation conservent leur contrat de travail.
M. Parizeau: Avant qu'on s'engage plus loin, je veux seulement
souligner ceci: II ne s'agit pas de se désaffilier pour s'affilier
ailleurs. C'est: toute nouvelle association de salariés. Le mot
important, c'est le mot "nouvelle". Donc, cette nouvelle association de
salariés n'a pas encore de convention collective.
M. Forget: Non, effectivement, elle n'en a pas. M. Parizeau:
L'accent est là-dessus. M. Forget: D'accord.
Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 9, adopté.
Article 10?
M. Parizeau: Nous entrons dans la discussion. Je voudrais
seulement dire deux mots sur l'article 10. En vertu de l'article 10 sont
institués des comités patronaux et, à partir de là,
de l'article 11 à l'article 17, les règles du jeu, tel que le
suggéraient les amendements tout à l'heure, sont établies.
Alors, l'article 10 n'a pas de signification en soi, comme article, mais,
évidemment, il conditionne après cela, c'est le point de
départ de tout le reste.
Le Président (M. Boucher): Article 10, adopté.
Article 11, il y a un amendement.
M. Parizeau: II y a un changement. Le premier alinéa est
modifié de façon à clarifier un concept qui,
effectivement, était très ambigu, et ceci s'est fait justement
à la demande et à la suggestion des groupes que nous avons
rencontrés. Il s'agit de l'autorité déléguée
du ministre. Le premier paragraphe se lirait maintenant ainsi: Les
comités patronaux ont pour fonction, sous l'autorité
déléguée par le gouvernement au ministre de
l'Éducation ou au ministre des Affaires sociales, de négocier et
d'agréer les stipulations visées dans l'article 3.
L'ambiguïté était la suivante: C'est que,
rédigé comme c'était, on pouvait croire que c'était
le comité patronal qui tirait son autorité d'une
délégation de pouvoirs du ministre. Or, ce n'est pas cela du
tout. C'est le ministre qui a une autorité qui lui est
déléguée par le gouvernement, et non pas le ministre qui
délègue ses pouvoirs aux comités.
Le Président (M. Boucher): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: J'aimerais faire un amendement à
l'article 11.
Le Président (M. Boucher): Que nous avons...
Mme Lavoie-Roux: Est-ce que cela ne se trouve pas, quand le
ministre le fait intégrer... Est-ce que cela ne devient pas un nouvel
article? Comment procédez-vous?
Le Président (M. Boucher): On a établi qu'on
considérait le changement proposé comme faisant partie du texte.
Alors, vous pouvez proposer un amendement.
Mme Lavoie-Roux: Oui, c'est cela. C'est dans ce sens. Dans
l'esprit dans lequel nous avons discuté tout à l'heure et devant
les représentations des commissions scolaires je ne veux pas
revenir et développer la même argumentation j'aimerais
proposer un amendement qui serait le suivant: L'article 11 est modifié:
a) en remplaçant le premier alinéa par le suivant: Les
comités patronaux ont pour fonction de négocier et
d'agréer les stipulations visées à l'article 3; b) en
remplaçant, dans la deuxième ligne du deuxième paragraphe,
les mots "requièrent du" par les mots "conviennent avec le Conseil du
trésor des mandats de négociation ".
Le Président (M. Boucher): Est-ce que vous pourriez me
produire l'amendement, s'il vous plaît?
Mme Lavoie-Roux: Au lieu de "requièrent".
Le Président (M. Boucher): La motion d'amendement se lit
comme suit: L'article 11 est modifié: a) en remplaçant le premier
alinéa par le suivant: Les comités patronaux ont pour fonction de
négocier et d'agréer les stipulations visées à
l'article 3; b) en remplaçant, dans la deuxième ligne du
deuxième alinéa, les mots "requièrent du" par les mots
"convient avec le".
M. Michaud: "conviennent avec"...
Le Président (M. Boucher): ".. avec le". M. le
ministre.
M. Parizeau: M. le Président, à l'égard de
ces amendements, c'est une autre expression du bicéphalisme dont je
parlais tout à l'heure. Enlever l'autorité
déléguée par le gouvernement au ministre de
l'Éducation ou au ministre des Affaires sociales, c'est faire en sorte,
justement, qu'en cas de désaccord, on débouche sur une situation
conflictuelle où on ne saurait pas très bien comment
régler la question.
Deuxièmement, dire que le comité patronal convient avec le
Conseil du trésor, c'est établir à nouveau le
bicéphalisme. Pour convenir, il faut que les deux soient d'accord. Si
les deux ne sont pas d'accord, ils ne conviennent pas et ça se
règle comment? Je comprends très bien pourquoi on a
présenté ces amendements, mais pour moi, c'est simplement une
nouvelle tentative de nous ramener au bicéphalisme sur lequel j'ai dit,
tout à l'heure, ce que j'avais à en dire.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, vous aviez jugé
la motion recevable, j'imagine.
Le Président (M. Boucher): Oui.
Mme Lavoie-Roux: Bon! D'accord. Écoutez! Je pense que ce
n'était pas une stratégie très mystérieuse et je
pense que c'est dans la logique des représentations qu'on a faites au
début de
l'étude du projet de loi article par article, dans les remarques
préliminaires, et je demeure convaincue que le ministre des Finances se
déclare vaincu avant même d'avoir commencé. Cela
m'apparaît un excès de prudence et un refus de vouloir quand
même faire partager, d'une façon réelle, les
fédérations d'institutions d'enseignement à une...
C'est-à-dire d'en faire de véritables partenaires à la
table de négociation, et je ne m'étendrai pas plus longuement
dans l'argumentation. Je pense qu'elle a été
développée en début de séance, et je ne pense pas
pouvoir ajouter d'arguments qui puissent, à ce moment-ci, convaincre le
ministre. Il est tellement convaincu de sa "bicéphalie" que je ne
voudrais quand même pas qu'il ait des problèmes d'équilibre
si j'insistais trop.
Je vais arrêter ici mes commentaires.
M. Forget: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: ... il me semble que pour clarifier la participation
de chacun dans toutes ces décisions, je comprends que la loi dit: Le
ministre sectoriel qui siège au comité patronal, soit de
l'Éducation ou des Affaires sociales, tranche, en définitive,
puisqu'il est le président de ce comité et qu'il a le pouvoir...
C'est sous son autorité que le comité fonctionne. C'est assez
clair que si ça fonctionne sous son autorité, il en est
l'inspirateur, le directeur, le moteur principal et tout ce qu'on veut.
Il demeure qu'il y a un protocole d'entente où il y a des
ententes. Est-ce que ces ententes seront publiques? Je me place du point de vue
de la partie syndicale. Il deviendra peut-être un peu embêtant de
savoir à qui vraiment elle parle, si les protocoles d'entente ne sont
pas publics. Est-ce qu'il ne serait pas opportun de les publier
immédiatement, de manière que, au moins, les rôles
respectifs des associations, des groupements patronaux et des ministres
sectoriels soient bien connus de la partie syndicale pour qu'on ne joue pas
à cache-cache de ce côté-là?
Pour ce qui est de l'autorité déléguée par
le Conseil des ministres aux ministres sectoriels, c'est une autorité
qui est assez conditionnelle, puisque les mandats sont définis par le
Conseil du trésor et rien n'assure que les ministres en question
siègent même au Conseil du trésor. C'est donc une
autorité beaucoup plus... Enfin, le mot "déléguée",
il faut l'appuyer, le souligner de trois traits rouges. C'est
véritablement l'autorité du Conseil des ministres sur avis du
Conseil du trésor qui s'exerce au sein des comités patronaux par
la bouche des ministres sectoriels. (17 heures)
M. Forget: Dans le fond, on est rendu loin. L'association
patronale, qu'il s'agisse de la Fédération des commissions
scolaires ou de l'Association des hôpitaux, est rendue au
quatrième échelon de décision. Ils ont d'abord un forum de
comité patronal de négociations sectorielles, ils
reçoivent du ministre délégué par le Conseil des
ministres des directives du Conseil des ministres; le Conseil des ministres,
à son tour, reçoit des avis et des mandats déjà
déterminés par le Conseil du trésor. Cela fait pas mal
loin et si c'est cela qu'on veut, c'est une expérience sociale
intéressante, mais cela m'apparaît une façon assez curieuse
de procéder. Il serait peut-être intéressant de dire que
l'expérience précédente a, malgré tout,
court-circuité largement un certain nombre de ces étapes; ce
n'était pas dans la loi 95, mais c'était malgré tout dans
les minutes du Conseil du trésor. Le Conseil du trésor a
délégué son pouvoir de décision, relativement
à la préparation des mandats, à un comité ad hoc de
trois ministres: le président du Conseil du trésor, le ministre
de la Fonction publique les deux ne faisant qu'une seule et même
personne, c'est-à-dire le vice-président du Conseil du
trésor et le ministre de la Fonction publique et le ministre des
Affaires sociales, ainsi que le ministre de l'Éducation constituant les
deux autres et le ministre des Finances, bien sûr, faisait partie du
comité.
C'est ce comité qui décidait, dans le fond, de l'immense
majorité des questions, sauf les questions vraiment majeures, au nom du
Conseil du trésor et au nom du Conseil des ministres en même
temps, ce qui permettait de rapprocher immensément plus qu'on ne le fera
maintenant les ministres sectoriels de la prise des décisions. Il est
d'ailleurs coutumier que les ministres sectoriels des Affaires sociales et de
l'Éducation je ne sais pas si c'est encore la pratique
étant donné qu'ils sont les ministres les plus dépensiers
du gouvernement, ne sont pas des membres permanents du Conseil du
trésor, puisqu'on souhaite évidemment les éloigner le plus
possible des cordons de la bourse, étant donné leur propension
marquée à en accaparer un bon morceau.
Si c'est encore le cas, évidemment, il s'agit là de
messagers beaucoup plus que de preneurs de décisions et ce sont des
messagers que les comités patronaux auront à leurs fins et sous
l'autorité desquels ils vont fonctionner. C'est très
hiérarchisé, cette histoire-là, et je ne m'étonne
pas, d'ailleurs, de retrouver au sommet de la pyramide le ministre des
Finances, président du Conseil du trésor et ministre du Revenu,
pour ne citer que ses titres publics. Il reste que c'est beaucoup pour un seul
homme et je me demande si... Le moins qu'on puisse demander, c'est que les
protocoles d'entente soient publics, soient connus, de façon qu'on
puisse un peu s'y retrouver du côté syndical. Autrement, la
pression sera immense et, d'ici quelques mois, on va retrouver le
président du Conseil du trésor en train de négocier tout
seul avec les présidents des centrales. Je ne sais pas si c'est ce qu'il
souhaite?
M. Parizeau: Non.
M. Forget: ... mais cela s'en vient dangereusement. Si
j'étais président d'une centrale, M. le Président, et que
je voyais cette pyramide s'édifier, je m'achèterais une carte
géographique et j'irais tout de suite à la capitale. Je ne
m'attarderais pas aux satrapies provinciales. J'irais tout de suite au
siège du pouvoir et il est assez facile de l'identifier, dans le cas
présent.
M. Parizeau: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Parizeau: La proposition qui nous est faite de rendre publics
les protocoles d'entente, je m'en excuse, mais je n'arrive pas à me
l'expliquer. On dit: II faut faire un effort important pour s'entendre avec nos
partenaires; nous entendons cela depuis déjà un certain temps,
cet après-midi. Là, on prendrait une décision quant
à rendre public ou ne pas rendre public le protocole d'entente sans les
consulter?
Mme Lavoie-Roux: On ne vous demande pas de les rendre publics cet
après-midi.
M. Parizeau: Je ne parle pas de cela, mais même prendre un
engagement de quelque ordre que ce soit au nom des partenaires.
M. Forget: Non, prendre un engagement que, s'ils n'ont pas
d'objection, quant à vous, vous les rendrez publics
immédiatement.
M. Parizeau: II y a une chose qui est tout à fait claire
là-dessus, M. le Président, c'est une des choses, justement, qui
devront être discutées par les comités patronaux, mais,
pour le moment, il est hors de question que je préjuge des discussions
qui pourraient avoir lieu à ce moment-là et sur ce sujet.
M. Forget: Même quant à vous? Même quant
à votre position?
M. Parizeau: Ce n'est pas moi qui suis en cause, c'est le
comité. Je ne suis pas membre, M. le Président, des
comités patronaux.
M. Forget: Non, mais cela commence, vous voyez. On se renvoie la
balle déjà.
M. Parizeau: On ne se renvoie pas la balle.
M. Forget: On est à un an des négociations et on
commence déjà à dire que ce n'est pas le bon ministre.
M. Parizeau: On ne se renvoie pas la balle, mais on cherche
à savoir qui fait quoi et qui se mêle de quoi.
Deuxièmement, je voudrais souligner qu'à l'article 19, M. le
Président, il est explicitement indiqué que le Conseil du
trésor invite le ministre de l'Éducation, ou selon le cas, le
ministre des Affaires sociales à participer aux
délibérations qui ont trait aux négociations visées
à l'article 3. Il n'est donc pas nécessaire de se poser la
question de savoir s'ils seront là ou s'ils ne seront pas là.
C'est prévu dans la loi.
Troisièmement, j'ai de la difficulté à comprendre
en quoi la création d'un comité ad hoc à l'occasion de la
dernière ronde de négociation simplifiait les choses par rapport
au Conseil du trésor. Que le Conseil du trésor du temps ait
décidé d'organiser un comité ad hoc, possible; que le
Conseil du trésor ici prévoie que c'est lui qui fait le travail,
bon; mais c'est toujours un comité. Dans les deux cas ce sont deux
comités du Conseil des ministres. Je ne vois pas en quoi on allonge le
totem par cette loi par rapport à la procédure de la
dernière ronde de négociation. Les deux totems ont à peu
près la même hauteur.
M. Forget: Ce serait plus correct de dire qu'il y a un totem dont
on connaît la hauteur et l'autre totem a une hauteur incertaine mais
probablement supérieure.
M. Parizeau: C'est une interprétation que je laisse au
député de Saint-Laurent.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'on est prêt
à prendre le vote sur la motion d'amendement de Mme le
député de L'Acadie? M. le député d'Abitibi-Est?
Pour ou contre la motion?
M. Bordeleau: Contre.
Mme Lavoie-Roux: Une chance que vous l'avez averti, parce
que...
M. Charbonneau: II était au courant, voyons donc.
M. Bordeleau: Une distraction simplement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Verchères
M. Charbonneau: Voyons donc, M. le Président, contre. Je
ne peux pas être pour.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Champlain?
M. Gagnon: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Laurent?
M. Forget: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Richmond?
M. Brochu: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Frontenac? Il est absent. M. le députe de Laprairie?
M. Michaud: Contre, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
L'Assomption?
M. Parizeau: Contre.
Le Président (M. Boucher): Mme le député de
L'Acadie?
Mme Lavoie-Roux: Pour.
Le Président (M. Boucher): La motion d'amendement est donc
rejetée à cinq contre trois. Article 11 adopté?
M. Forget: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Article 12? M. le ministre.
M. Forget: L'article 11 sur division, M. le Président,
s'il vous plaît.
Le Président (M. Boucher): Sur division.
M. Parizeau: Avant de passer à l'article 12, M. le
Président, il y aurait à modifier le sous-titre pour des raisons
de français tout simplement. Au lieu d'indiquer les groupements de
commissions scolaires et les groupements de collèges, ce serait "les
groupements de commissions scolaires et de collèges", bien
sûr.
Le Président (M. Boucher): Pas d'objection?
M. Forget: Oui, cela va très bien. On n'a pas d'objection
au titre.
M. Parizeau: À l'article 12, il y a des modifications
importantes qui traduisent les discussions que nous avons eues avec nos
partenaires depuis quelques jours. D'abord le premier alinéa aux
première, deuxième et troisième lignes, on remplace les
mots "les groupements " par les mots "le groupement ". Je pense que
c'était simplement une erreur.
M. Forget: C'est la syntaxe.
M. Parizeau: C'est cela. Quant au deuxième alinéa,
il serait remplacé au complet par le texte suivant...
Mme Lavoie-Roux: M. le ministre, je m'excuse de vous
interrompre.
M. Parizeau: Oui.
Le Président (M. Boucher): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Vous dites que c'est une erreur de remplacer les
mots "les groupements" par les mots "le groupement", du moins à la
dernière ronde de négociation. Le QAPSB constituait un groupe de
commissions scolaires protestantes et vous aviez le groupe des commissions
scolaires catholiques. Alors, est-ce que cela ne fait pas "les
groupements"?
M. Parizeau: Non, parce que le texte de l'article 12 se lisait:
"Les groupements de commissions scolaires pour catholiques, les groupements de
commissions scolaires pour protestants"; il faut mettre le groupement de
commissions scolaires pour catholiques, le groupement de commissions scolaires
pour protestants.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Parizeau: Le groupement des collèges. D'accord?
Mme Lavoie-Roux: Parfait, excusez-moi.
M. Parizeau: Cela pourrait indiquer qu'il pourrait y avoir une
demi-douzaine de groupements pour protestants... cela aurait été
un peu...
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Les commissions scolaires qui sont encore avec les syndicats, est-ce
qu'elles entrent dans les groupements de commissions scolaires? Il y en a
encore quelques-unes?
M. Parizeau: Je pense. Il y en a encore, je sais qu'il y en a
encore. Oui, elles doivent entrer dans le groupement.
Mme Lavoie-Roux: Oui, je vois.
M. Parizeau: Voulez-vous qu'on vérifie?
Mme Lavoie-Roux: Bien, c'est pour vous.
M. Parizeau: Enfin, je crois qu'elles entrent dans le groupement,
mais je dois dire que c'est une interprétation que je donne.
M. Forget: Certaines lois les mentionnent
séparément.
M. Parizeau: Oui.
M. Forget: II doit y avoir une raison juridique quelconque.
M. Parizeau: C'est possible.
Le deuxième paragraphe se lirait ainsi: "Ses
représentants, dans chacun des comités désigne un
président et un vice-président dont l'un est choisi parmi les
personnes désignées par le groupement des commissions scolaires
ou des collèges en cause et l'autre parmi les personnes
désignées par le ministre. Ils conviennent, en outre, d'une
entente sur les modalités de fonctionnement du comité et sur la
détermination des matières à l'égard desquelles les
représentants du groupement ou les représentants du ministre ont
une voix prépondérante lors des délibérations du
comité. Cette entente prévoit, en outre, le mode de financement
du comité, la durée du mandat des membres et, s'il y a lieu, leur
rémunération ainsi que celle des agents du comité. La
signature du président du Conseil du trésor confirme l'engagement
du gouvernement à l'égard d'une telle entente."
Mme Lavoie-Roux: Vous allez être comme le pape, M. le
ministre.
M. Parizeau: Comment?
Mme Lavoie-Roux: Vous allez être comme le pape.
M. Parizeau: Oh, à peine! C'est peut-être à
la curie qu'il faudrait faire allusion.
M. Forget: M. le Président, je me permets de
m'étonner que ce soit dans un comité placé sous
l'autorité d'un ministre, soit de l'Éducation ou des Affaires
sociales... que ce soit le président du Conseil du trésor qui
doive signer pour signifier l'engagement du gouvernement. Je pense qu'on est en
train d'avoir non seulement des superministres et des ministres ordinaires,
mais aussi des "infraministres".
Les "infraministres" sont des ministres qui parlent au nom du
gouvernement, mais qui ne l'engagent pas. C'est une découverte du
gouvernement actuel. Les ministres de l'Éducation et des Affaires
sociales vont convenir avec les représentants des groupements de
commissions scolaires ou d'établissements, de l'envergure des
négociations, des modes de financement des comités, etc, et
ça engage, en tout et pour tout, M. le Président, peut-être
$2 millions par ministère, qui en dépense $3 milliards ou $4
milliards par année.
Pour cela, cependant, on leur dit: Ne vous engagez pas. Vous ne faites
que préparer le terrain, la signature va être celle du
président du Conseil du trésor. Je pense qu'on pousse un peu loin
la coquetterie, du côté du Conseil du trésor. On pourrait
être plus gentleman et permettre aux collègues sectoriels
d'engager le gouvernement pour des montants qui sont minimes, dans le fond. Je
pense bien qu'il y a un symbolisme dans tout ça que personne ne perd de
vue. On veut passer un message à tout le monde: Si le ministre sectoriel
siège au comité patronal de négociations, il ne faut pas
nécessairement prendre ça au sérieux, l'action est
ailleurs.
Mme Lavoie-Roux: Ils sont dociles, d'ailleurs, ces deux
ministres.
M. Forget: D'autant plus, M. le Président...
Mme Lavoie-Roux: C'est assez intéressant de voir
ça.
M. Forget:... étant donné leur docilité, je
ne vois vraiment pas pourquoi on ne leur fait pas plus confiance. On sait bien
qu'ils ne dérogeront pas de la ligne établie. Mais c'est
inexplicable.
Une question d'information, M. le Président. On dit que les
comités sont placés dans l'autorité de et ce sont
les deux ministres sectoriels, respectivement et après, on parle
d'un vote prépondérant. Normalement, un vote
prépondérant, par exemple dans nos règlements de
l'Assemblée nationale, signifie que, lorsqu'il y a une division
égale des voix, le président peut faire pencher la balance d'un
côté ou de l'autre. Dans d'autres règlements
d'assemblées délibérantes, le vote
prépondérant, c'est un vote qui s'ajoute, dans le fond. C'est un
deuxième vote dont dispose le président qui a pu
déjà se prononcer, comme un autre membre du comité, et qui
peut, en cas de division des voix, voter une deuxième fois, pour
entraîner la décision d'un côté ou de l'autre.
Ici, on a un vote prépondérant qui n'est pas
défini. Est-ce que cela veut dire que, même si nous avons, dans un
comité patronal de négociation... Prenons par exemple le cas des
affaires sociales. Il y aura, à un tel comité, l'Association des
hôpitaux de la province de Québec, l'Association des centres
d'accueil de la province de Québec, l'Association des centres de
services sociaux de la province de Québec, l'Association des CLSC du
Québec, l'Association des directeurs et des propriétaires
d'établissements privés du Québec et l'Association des
établissements prives du Québec. Cela fait pas mal de monde. Cela
fait plus d'une voix.
De l'autre côté, du côté gouvernemental, il y
aura le ministre des Affaires sociales. Qu'est-ce que cela veut dire, qu'il
aura une voix prépondérante? Est-ce que cela veut dire que si,
lorsqu'on prend un vote, cela se divise je ne sais pas si cela fait huit
personnes, à peu près également et qu'il y a des
absents, ce qui peut toujours arriver, le ministre des Affaires sociales aura
un deuxième vote prépondérant, ou si cela veut dire que,
quelle que soit la division des votes et quelle que soit la façon dont
cela se distribue, l'opinion exprimée par le ministère des
Affaires sociales, qui n'est, de toute façon, que le porte-parole du
Conseil des ministres qui, à son tour, ne fait qu'entériner les
recommandations du Conseil du trésor, cette décision, de toute
façon, sera prépondérante?
C'est une signification de prépondérance qui est
"exorbitante du droit commun", comme dirait le ministre de l'Éducation.
C'est une chose qu'on ne voit pas souvent. Est-ce que c'est cela qu'on veut
dire? Si c'est cela qu'on veut dire, j'aimerais bien qu'on le dise et surtout
que ce soit au journal des Débats. J'ai l'impression qu'on va avoir des
surprises.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Parizeau: M. le Président, il est évident que la
signature du président du Conseil du trésor n'est pas là
pour des raisons de coquetterie, ainsi qu'on l'a souligné. Je pense
qu'elle permet essentiellement d'assurer, sur le plan des
prépondérances, à l'occasion desquelles j'aurai tout
à l'heure à répondre à la question du
député de Saint-Laurent, de s'assurer que, dans la
répartition des prépondérances et dans les pouvoirs de
l'article 18, qui définit ce que fait le Conseil du trésor, il y
ait l'assurance d'une stricte compatibilité. Ce n'est pas pour
vérifier $2 millions, c'est bien sûr.
Deuxièmement, quant à la définition de la
prépondérance, oui, il est clair que ce n'est pas donner une
deuxième voix; à supposer qu'on ait un comité patronal qui
serait constitué de huit personnes de nos partenaires et d'un
représentant du ministre, ce n'est pas pour donner une voix
additionnelle au représentant du ministre. Ce n'est pas cela.
La prépondérance implique que, sur certaines
matières, l'opinion du gouvernement prime et que, sur d'autres
matières, l'opinion dans ce cas-ci,
puisque nous sommes à l'article 12 des commissions
scolaires prime.
M. Forget: M. le Président, cela a au moins le
mérite d'être clair. Je n'irai pas jusqu'à dire que c'est
acceptable, mais c'est clair. Je remercie le ministre, au moins pour son
explication.
M. Parizeau: Je prends cela comme un compliment, M. le
Président.
M. Forget: Cela me laisse presque bouche bée, M. le
Président. Je trouve que c'est une façon vraiment invraisemblable
d'amorcer la négociation. Mais enfin... On a déjà
exposé notre point de vue là-dessus. C'est évident qu'on
ne votera pas pour l'adoption de cet article tel que rédigé. Mais
avant d'en venir là, M. le Président, il semble qu'il y ait
malgré tout ceci fait suite à une suggestion que je
faisais tout à l'heure un besoin d'inclure dans cet article une
référence au fait que puisqu'on daigne s'adresser à
l'Assemblée nationale pour entériner ce genre de cadre de
négociation, il serait d'une élémentaire politesse que les
membres de l'Assemblée nationale et la partie syndicale, parce qu'elle
en a besoin, soient informés des ententes qui sont conclues. Cela
pourrait se faire par un dépôt à l'Assemblée
nationale dont on a l'habitude pour toutes sortes de documents, même les
documents qui n'ont aucun intérêt parfois pour les
députés, mais celui-là certainement en aurait un
très grand. Cela pourrait prendre la forme de l'amendement suivant:
L'article 12 est modifié en ajoutant à la fin du
deuxième alinéa les mots suivants: "Dès que les ententes
sont conclues, dépôt en est fait à l'Assemblée
nationale par le ministre de l'Éducation ou des Affaires sociales et
copie en est envoyée à la partie syndicale."
Le Président (M. Boucher): L'amendement se lit comme suit:
L'article 12 est modifié en ajoutant à la fin l'alinéa
suivant: "Dès que les ententes sont conclues, dépôt en est
fait à l'Assemblée nationale par le ministre de
l'Éducation ou des Affaires sociales et copie en est envoyée
à la partie syndicale." M. le ministre.
M. Parizeau: M. le Président, j'aimerais demander au
député de Saint-Laurent si ce qu'il suggère n'a pas
été fait dans le passé et pourquoi cela n'a pas
été fait dans le passé. Il a été
associé de très près à la négociation
d'ententes de cet ordre.
M. Forget: Si cela n'a pas été fait, M. le
Président, c'est que cela n'a jamais été demandé
par l'Opposition de l'époque. Je puis donner l'assurance très
sincèrement au ministre des Finances actuel que si j'en avais eu la
demande par qui que ce soit, l'entente aurait été publiée
immédiatement, parce que je ne peux pas encore aujourd'hui imaginer un
seul motif valable pour lequel une telle entente ne serait pas
publiée.
M. Parizeau: J'imagine que si... Excusez-moi.
Le Président (M. Boucher): Oui, allez-y, M. le
ministre.
M. Parizeau: J'imagine, M. le Président, que s'il n'y
avait pas de motif valable, cela aurait été fait depuis
longtemps.
M. Forget: Je vous avoue franchement, M. le Président, que
c'est en faisant lecture de ce projet de loi et de la façon dont les
ententes qui devraient avoir précédé la
présentation du projet de loi nous sont présentées comme
rectifiant tout ce qui est dans le projet de loi sans pour autant que les
commissions scolaires, pour leur part, ou l'Association des hôpitaux,
pour la leur, soient d'accord qu'il m'est devenu apparent que ces ententes
doivent être publiques. J'avais l'impression qu'elles l'étaient
dans le passé, que je sache.
Je prends d'ailleurs la parole du ministre des Finances que cela n'a pas
été publié dans le passé, mais je ne serais pas
surpris que cela l'ait été. De toute façon, il n'y a
jamais eu aucune objection de ma part certainement relativement au secteur des
affaires sociales quant à la publication de ces ententes. Je ne me
souviens pas qu'on m'ait demandé ce document. Si on me l'avait
demandé, je l'aurais déposé immédiatement à
l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Parizeau: M. le Président, j'avais posé la
question sous une forme interrogative justement parce que je ne veux pas
m'engager sur plusieurs années en disant que cela n'a jamais
été déposé selon mon impression, cela ne
l'était pas. C'est pour cette raison que j'ai demandé cela sous
forme de question.
Deuxièmement, je reviens à certaines des discussions que
nous avons eues depuis le début de l'après-midi. Il faudrait donc
que dans la loi on préjuge des discussions à avoir avec nos
partenaires qui, sur le plan de la divulgation ou non, peuvent fort bien avoir
leurs idées. Les impressions que j'ai, les renseignements qu'on me
fournit, c'est que justement, dans le passé, il y avait des
réticences très nettes de la part de nos partenaires à
rendre publiques des choses comme celle-là. Dans la mesure où les
comités n'ont pas établi leurs propres règles de
fonctionnement, je trouverais cela singulièrement préjuger des
décisions qui se prendront dans les comités, non pas seulement de
nous imposer à nous-mêmes, comme gouvernement, mais de leur
imposer à eux...
Mme Lavoie-Roux: Ils l'ont toujours fait, de toute
façon.
M. Parizeau: ... ce qui normalement doit être
discuté dans les comités patronaux.
M. Forget: L'intérêt public s'interprète de
façon inhabituelle quand on traite un document qui est essentiel
à la compréhension de la répartition des
responsabilités comme étant un document confidentiel. Ce qui est
d'intérêt public, ce
n'est pas de protéger la susceptibilité ou l'amour-propre
d'un tel ou d'un autre dans une négociation qui a pu tourner ou qui a pu
ne pas tourner, conformément aux attentes de chacun, et c'est normal. Ce
qui est d'intérêt public, ce n'est donc pas de protéger ces
amours-propres ou ces susceptibilités, mais c'est de dévoiler le
résultat final de la négociation. D'ailleurs, du
côté des établissements et des commissions scolaires, ce
doit être un secret de polichinelle, parce que ce sont là des
organismes représentatifs, donc responsables auprès de leurs
membres. Je ne peux pas m imaginer que la Fédération des
commissions scolaires dise aux commissions scolaires auprès de qui elle
est redevable: Écoutez, ce document qui contient l'entente entre le
gouvernement et nous, vos représentants, ne vous est pas accessible.
Comme il y a plusieurs milliers de commissaires d'école, comme il y a
plusieurs milliers de cadres hospitaliers ou dans les centres d'accueil, etc.,
je vois mal comment les organismes en question, les groupements en question
pourraient tenir confidentiels des documents qu'ils doivent forcément
expliquer à leurs membres, puisque c'est en fonction de ces documents
qu'ils doivent exercer leur mandat. Il me semble que c'est là une
objection qui ne tient pas. Je serais le plus étonné du monde
que, de la part de ces groupements, on trouve une objection
véritablement sérieuse à ce que soit rendu public le texte
des protocoles. Du côté gouvernemental, je n'en vois aucun non
plus, puisque, déjà, le ministre a été assez direct
dans ses réponses. Il nous a avoué la façon dont il
concevait l'organisation des négociations. Dieu sait que le rôle
du Conseil du trésor et des organismes centraux du gouvernement y est
déjà affirmé avec passablement de clarté, de
netteté, et même si nous ne sommes pas d'accord avec cette
orientation, je pense qu'on a au moins ici un certain nombre d'indications qui
sont sans ambiguïté. Pourquoi ne pas aller jusqu'au bout et faire
la démonstration qu'effectivement, les protocoles d'entente sont
conformes à la loi qui nous est proposée, de manière que
nous n'ayons pas, au cours des prochains mois, des débats, à
savoir s'il y a ou non entente ou concordance, dirais-je, entre l'entente et la
loi et que nous n'ayons pas, du côté syndical, des espèces
de complaintes à savoir qu'étant donné les protocoles
d'entente, il se joue entre le gouvernement et les groupements
d'établissements ou de commissions scolaires des jeux qui ne sont pas
clairs et que les syndicats ne réussissent pas à percer le
mystère, parce que, justement, ces documents sont secrets? On n'a rien
à protéger par le secret. On n'a rien à sauvegarder. Il
n'y a aucun intérêt qui soit menacé par la divulgation de
ces documents. Encore une fois, j'ai toujours eu l'impression dans le
passé que ces documents avaient été rendus publics
même à la presse. S'ils ne l'ont pas été, je serais
le plus étonné du monde. Je ne vois vraiment pas de raison pour
qu'ils ne l'aient pas été, si ce n'est que personne n'a
pensé en faire la demande. Il y a à cela deux raisons: Du
côté des Affaires sociales, il y avait un protocole qui
fonctionnait et tout le monde était d'accord. Donc, cela n'a pas
suscité de problème, il n'y avait pas de contradiction entre le
protocole et la loi, et personne n'a voulu soulever de controverse à ce
sujet. Du côté de l'Éducation, pour autant que je sache, il
n'y avait pas de protocole. Évidemment, on n'était pas pour
demander la publication d'un protocole qui n'existait pas, pendant un long
moment, du moins. Quand il y en a finalement eu un. de toute manière, il
est devenu évident que ce n'était pas la solution non plus. Donc,
cela devenait académique de demander le dépôt d'un
protocole qui ne semblait pas appliqué ou applicable. À tout
événement, je ne vois pas, je suis incapable d'imaginer, à
partir de l'expérience que j'ai vécue, un seul motif valable pour
ne pas publier les protocoles comme annexe, en quelque sorte, au projet de
loi.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre. (17 h 30)
M. Parizeau: M. le Président, je voudrais tout simplement
revenir sur un mot qu'utilisait tout à l'heure le député
de Saint-Laurent. Je n'ai rien avoué du tout, ou, tout au moins, je n'ai
pas l'impression depuis cet après-midi d'avoir avoué quoi que ce
soit. J'ai expliqué des choses. Ce n'est pas la même chose.
Pour ce qui a trait au fond de la question, ce n'est pas parce que ce
n'est pas dans la loi que ça ne se fera en aucune façon ou bien
que c'est interdit de les rendre publiques. Il ne s'agit pas de ça. Je
ne résiste pas au principe lui-même, de rendre ça public ou
pas. Je dis simplement qu'il est évident que le comité patronal
va avoir à en examiner les implications. Il est bien possible
qu'aujourd'hui on ne voie pas d'objection à rendre ça public. Il
est tout à fait possible que nos partenaires nous fassent des
représentations tout à fait différentes et qu'ils aient
des raisons tout à fait valables. Cela se verra à ce
moment-là. Entre laisser la porte ouverte... la loi, telle qu'elle
existe à l'heure actuelle, laisse la porte ouverte à ça.
L'amendement du député de Sain-Laurent rendrait la chose
obligatoire. Je ne vois pas en quoi on peut rendre ça obligatoire avant
que les comités patronaux se soient penchés sur la question.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Richmond.
M. Brochu: J'aimerais poser une question au ministre. J'ai suivi
un peu la discussion. Est-ce que la proposition du député de
Saint-Laurent ne va pas dans le sens du mécanisme qu'on a prévu
justement au projet de loi no 59, lorsqu'on a institué le conseil
d'information sur les négociations dans les secteurs public et
parapublic?
M. Forget: Non...
M. Brochu: Ce conseil a pour but de rendre publiques et
accessibles les données du problème pour démontrer
l'écart, s'il y a lieu, entre les propositions et les demandes de
différentes natures, dans le but de faire avancer les
négociations. Est-ce que la proposition du député de
Saint-Laurent ne s'inscrit pas dans ce cadre de vouloir
ouvrir, vis-à-vis du public, de rendre publiques ces informations
tout à fait pertinentes au déroulement des négociations?
Cela rejoint en même temps, évidemment, la question du droit
à l'information du public. J'inscrirais surtout ma question dans le sens
de la préoccupation que le législateur a bien voulu avoir au
niveau du cadre législatif du projet de loi no 59 en créant ce
conseil d'information. Il y avait donc un besoin, puisqu'il est reconnu dans le
cadre de la loi. Est-ce que ça ne s'inscrirait pas dans cette même
foulée de demander qu'il y ait dépôt des ententes à
l'Assemblée nationale?
M. Parizeau: Cela pourrait s'inspirer du même genre de
philosophie, clairement, mais comme il s'agit essentiellement d'une entente
entre partenaires qui entrent dans une négociation, il n'est pas
impensable que nos partenaires insistent pour que, par exemple, pour des
raisons de stratégie, et, inévitablement, il y en a dans les
négociations, cette question-là, enfin, les données d'un
accord ou d'une entente comme celle-là restent entre les
partenaires.
Je ne dis pas, remarquez bien, que le gouvernement accepterait ça
nécessairement. Je ne dis pas qu'il se rangerait nécessairement
à des demandes de cet ordre. Je dis simplement: II ne faut pas
préjuger de l'aboutissement de ce genre de discussion. Moi, je conviens
volontiers que, plus il y a de renseignements qui circulent et qui sont rendus
publics, en général, mieux c'est. Mais quand il s'agit d'une
entente entre partenaires dont nous ne sommes qu'une partie dans ces ententes
à l'article 12, il faut d'abord voir quel genre d'attitude le
comité patronal prendra là-dessus.
M. Brochu:... admettre au départ que vous êtes une
partie, mais une partie prépondérante avec les pouvoirs que vous
aurez dans la loi.
M. Parizeau: Là, vous préjugez de la façon
que la prépondérance va se partager. Je m'excuse, M. le
Président.
Le député de Richmond préjuge de la façon
que les ententes de prépondérance seront établies. On ne
le sait pas encore. Tout ce qu'on dit, c'est qu'il doit y avoir une entente
prévoyant les prépondérances.
M. Brochu: On sait que, lorsque l'État, le gouvernement
entre dans un champ comme celui-là, sa propension naturelle, c'est de
prendre le plus d'espace possible. Il faut voir les pouvoirs que le Conseil du
trésor prend, par exemple, dans le projet de loi pour voir cette
propension naturelle.
M. Parizeau: Ce n'est pas le plus d'espace possible, M. le
Président. C'est l'espace qui est nécessaire pour assurer une
coordination correcte des négociations. En fait, comme je l'ai dit
précédemment, si le Conseil du trésor voulait commencer
à examiner chaque clause contenue dans les conventions collectives et
à établir un mandat sur chaque clause, on va tout droit vers, non
seulement une situation chaotique, non seulement des délais
considérables dans l'établissement des mandats, mais vers la
possibilité d'erreurs grotesques, parce que, sur un certain nombre de
matières, non seulement le Conseil du trésor n'a pas de
compétence particulière, mais, de toute façon, cela
n'intéresse pas le gouvernement. Il ne s'agit pas de considérer
le Conseil du trésor comme prenant le plus grand espace possible, il n'a
jamais été question de cela.
Le Président (M. Boucher): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Le député de Richmond a un peu
touché au point que je voulais soulever ou à la question que je
voulais poser au ministre. Je ne me situais pas dans le contexte de la loi 59,
mais il a fait allusion aux cauchemars que fait naître, chez lui,
l'idée de la bicéphalie.
Je pense que, lorsqu'il y a eu des difficultés entre la
Fédération des commissions scolaires, le ministère de
l'Éducation et le gouvernement, lors de la dernière
négociation, elles ont été si évidentes que, comme
le disait le député de Saint-Laurent, il serait difficile de les
nier. C'est justement ces ententes où un protocole avait
été signé et avait été rendu public, alors
que chacun se lançait la balle pour dire qui était le plus
entêté ou le plus obstiné des deux, du gouvernement ou de
la Fédération des commissions scolaires. Cela aurait
peut-être été plus facile pour le public de juger,
finalement, où il y avait un manque de collaboration et où, au
moins, les gens auraient été obligés de justifier leur
position.
L'autre chose qui m'étonne, c'est que, tout à coup, le
ministre est plein de ménagement pour les fédérations
d'employeurs alors que c'est à coup de masse qu'on leur dit: On ne veut
pas vous avoir la tète trop haute parce qu'on va avoir de la
bicéphalie et, quand on demande de rendre ceci public, tout à
coup, il faut faire attention à eux, à leurs réactions. Je
trouve que c'est un peu en contradiction avec une démarche passablement
autoritaire de la part du ministre des Finances dans tout ce projet de loi 55
quant au rôle qu'il va jouer dans la prochaine négociation.
Je dirais peut-être à la blague, pour terminer, que si le
député de Saint-Laurent n'avait pas fait son amendement, on
aurait peut-être pu en faire un autre qui aurait été
agréé par le ministre et qui aurait été que les
ententes soient rendues publiques si le ministre des Finances le jugeait
opportun.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Parizeau: M. le Président, je pense que, si on avait
voulu manifester une réaction de caractère autoritaire je
pense que c'est l'adjectif qui a été utilisé...
Mme Lavoie-Roux: C'est en plein cela, M. le ministre.
M. Parizeau: ... l'amendement présenté à
l'article 12 n'aurait pas été fait; je parle de l'amendement que
j'ai présenté. Cet amendement, justement, visait à
satisfaire un souci légitime de la
Fédération des commissions scolaires. Non seulement on
s'est rendu à ses demandes, au moins sur ce plan, mais on s'est rendu
vite à ses demandes. Je pense que ce sont probablement les
télégrammes que nous avons reçus aujourd'hui qui indiquent
"progrès", du point de vue des fédérations des commissions
scolaires... Dans les premières lignes du télégramme, on
indique "progrès".
Mme Lavoie-Roux: Ah oui! C'est vrai.
M. Parizeau: ... doivent laisser croire, je pense, au
député de L'Acadie que le président du Conseil du
trésor n'a peut-être pas le caractère autoritaire quelle
veut absolument lui accoler.
Mme Lavoie-Roux: Je peux laisser l'interprétation à
d'autres, mais je pense que quiconque lit ce projet de loi y voit tous les
pouvoirs qui reviennent au Conseil du trésor, et en particulier à
son président, j'imagine... Il sera difficile de penser qu'il a
été très généreux et que son approche est
une approche collégiale.
M. Parizeau: Elle l'est sur le plan du Conseil du trésor,
bien sûr. Ce n'est pas parce que la signature du président du
Conseil du trésor apparaît sur certains documents que le Conseil
du trésor cesse pour cela d'être collégial.
Mme Lavoie-Roux: Sur le plan du Conseil du trésor, vous
l'avez bien dit, elle est collégiale, mais pas dans l'ensemble de la
négociation.
Le Président (M. Boucher): Est-ce qu'on est disposé
à voter sur l'amendement? M. le député de
Saint-Laurent?
M. Forget: S'il vous plaît, M. le Président. On est
disposé à voter.
Le Président (M. Boucher): Vote enregistré. M. le
député de Verchères?
M. Charbonneau: Contre.
Le Président (M. Boucher): Contre? M. le
député de Champlain?
M. Gagnon: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Laurent?
M. Forget: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Richmond?
M. Brochu: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laprairie?
M. Michaud: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
L'Assomption?
M. Parizeau: Contre.
Le Président (M. Boucher): Mme le député de
L'Acadie?
Mme Lavoie-Roux: Pour.
Le Président (M. Boucher): L'amendement est donc
rejeté à quatre contre trois. M. le ministre.
M. Parizeau: M. le Président, est-ce que je pourrais
demander l'autorisation de donner une réponse à quelque chose qui
n'était pas clair tout à l'heure au sujet des syndics? La Loi de
l'instruction publique indique bien que les mots "corporation scolaire ou
commission scolaire " désignent indistinctement toute corporation de
commissaires ou de syndics d'écoles.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'article 12, tel
que rédigé, est adopté?
M. Forget: Sur division.
Le Président (M. Boucher): Sur division. Article 13?
M. Parizeau: II n'y a rien de particulier à l'article 13,
M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. Brochu: Adopté.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 14?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 15?
M. Parizeau: Excusez-moi, M. le Président, il y a des
changements.
Le Président (M. Boucher): Oui, il y a des changements
à l'article 15.
M. Parizeau: Oui, 15...
Mme Lavoie-Roux: Je m'excuse. À l'article 14, est-ce que
je peux poser une question. Ce n'est pas une motion.
Le Président (M. Boucher): Avec l'accord des membres
M. Parizeau: Bien sûr.
Mme Lavoie-Roux: Qu'est-ce qui était prévu
autrefois quant à la signature des négociations. Est-ce que cela
n'était pas, à ce moment-là, signé par un membre
des deux grandes fédérations scolaires et du cégep alors
que, présentement, cela ne sera signé que par le ministre de
l'Éducation, le président, qui peut être un
représentant de ces fédérations, et le
vice-président, qui est quelqu'un nommé par le ministre. Alors,
finalement, il n'y aura qu'une signature émanant des différentes
fédérations d'employeurs de l'éducation.
M. Parizeau: Je vais voir comment se présente... Est-ce
que je pourrais demander deux minutes, M. le Président, c'est assez
complexe à 95, et je voudrais être certain que ma réponse
est complète?
Mme Lavoie-Roux: Merci.
M. Parizeau: Je pense, M. le Président, que je pourrai
lire les trois articles pertinents de 95. L'article 4 se lisait ainsi: "Les
commissions scolaires négocient et agréent les stipulations
visées à l'article 10 par l'entremise d'un agent
négociateur nommé par l'un des groupements". Article 5: "Les
collèges négocient et agréent les stipulations
visées à l'article 17 par l'entremise d'un agent
négociateur, etc." Ensuite, "Le ministre de l'Éducation
article 6 par l'entremise de ses représentants et de trois
parties à la négociation, les stipulations visées à
l'article 10 et à l'article 17... ces stipulations sont signées
pour le gouvernement, sur autorisation du lieutenant-gouverneur en conseil par
la personne qu'il désigne".
Mme Lavoie-Roux: À la dernière convention,
probablement qu'un représentant des commissions scolaires, un
représentant des cégeps et un représentant du gouvernement
ont signé pour la partie patronale, alors que cette fois-ci, il se peut
qu'il n'y ait qu'un seul représentant des fédérations, le
ministre de l'Éducation et une autre personne nommée par le
ministre, est-ce que c'est ça? (17 h 45)
M. Parizeau: Soit le président, soit le
vice-président.
Mme Lavoie-Roux: Oui, ce sera un représentant...
M. Parizeau: II représentera... c'est ça.
Mme Lavoie-Roux:... une fédération. Alors, il y en
aura un de moins que la dernière fois. Ce sera soit la
fédération...
M. Parizeau: Oui, si on veut, il y en aura un de moins.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Boucher): L'article 14 est
adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 15.
M. Parizeau: À l'article 15, le deuxième
alinéa est remplacé par les paragraphes suivants qui
établissent, en somme, pour les affaires sociales, la concordance, si on
peut dire, avec le deuxième alinéa de l'article 12 pour
l'enseignement. "Ses représentants désignent un président
et un vice-président du comité dont l'un est choisi parmi les
personnes désignées par les groupes d'établissements et
l'autre, parmi les personnes désignées par le ministre. Ils
conviennent, en outre, d'une entente sur les modalités de fonctionnement
du comité et sur la détermination des matières à
l'égard desquelles les représentants des groupements ou les
représentants du ministre ont une voix prépondérante lors
des délibérations du comité. Cette entente prévoit,
en outre, le mode de financement du comité, la durée du mandat
des membres et s'il y a lieu, leur rémunération, ainsi que celle
des agents du comité. La signature du président du Conseil du
trésor confirme l'engagement du gouvernement à l'égard
d'une telle entente".
M. Forget: Est-ce que le ministre des Finances pourrait nous
dire, à titre d'hypothèse ou d'illustration, sans
nécessairement un engagement de sa part, mais évidemment pas de
façon absolument gratuite, comment il voit cette distinction entre les
matières sur lesquelles les représentants des groupements auront
une voix délibérante ou une voix prépondérante, et
ces matières sur lesquelles les représentants du ministre auront
une voix prépondérante?
M. Parizeau: C'est difficile, là encore, je pense,
d'être très clair.
M. Forget: Déjà.
M. Parizeau: Oui, ce n'est pas déjà, c'est pas
encore. C'est qu'il y a, dans ces domaines, deux ordres de
préoccupation, comme le député de Saint-Laurent le sait
bien.
D'une part, il y a les questions de négociation proprement dite,
appelons cela, à défaut d'un meilleur terme, les questions de
stratégie et de tactiques, où là, il y aura à
définir des prépondérances. Deuxièmement, il y a,
au niveau des matières qu'on peut considérer comme étant
d'intérêt gouvernemental par opposition aux matières
d'intérêt local, une deuxième analyse des conditions de
prépondérance à faire à l'intérieur de ces
comités.
Donc, c'est sur deux plans distincts qu'ils vont avoir à
fonctionner: celui de la forme des négociations, de la
présentation des négociations, du déroulement des
négociations et, deuxièmement, sur les questions de fond.
Je ne préjugerai pas, pour le moment, de la façon dont
cela peut se dérouler. Je pense qu'on verra, en arrivant à
l'article 18, l'esprit, en tout cas, dans lequel, personnellement, je
souhaiterais que
cela se déroule, quant à la deuxième
matière, c'est-à-dire le fond.
Quant aux questions de présentation des négociations, du
déroulement des négociations, je ne peux vraiment pas
préjuger de la façon dont les comités patronaux auront
à discuter entre eux. Je pense que normalement, il faut laisser tout le
champ libre à cette discussion pour voir exactement comment les deux
partenaires peuvent s'entendre quant aux voix prépondérantes de
chacun.
M. Forget: M. le Président, au moment d'aborder la
discussion de ces ententes, est-ce que les porte-parole gouvernementaux
approcheront de la table de négociation parce que ce sera presque
une négociation avec des propositions quant aux matières
sur lesquelles ils seront prêts, au départ, à
concéder une prépondérance aux groupements? Ou si
l'attitude gouvernementale en sera une essentiellement défensive,
c'est-à-dire qu'on dira: A priori, tout nous intéresse,
démontrez-nous, mesdames et messieurs de l'autre côté, que
vous devriez être prépondérants sur tel ou tel sujet.
M. Parizeau: Je pense, M. le Président, qu'il n'y aurait
pas de raison pour que le gouvernement prenne une attitude défensive
comme celle-là. Je pense même que, comme partenaire de la partie
patronale, le gouvernement doit avoir, dès le départ, un certain
nombre d'idées assez précises. Il est évident que dans les
discussions préparatoires, il faudra, je pense, que le gouvernement ait
des idées assez claires là-dessus et soit en mesure, d'ailleurs,
de faire un certain nombre de propositions. Cela me paraîtrait être
la façon sage de procéder.
M. Forget: Est-ce que le ministre peut me donner un exemple,
quant au fond de la question, sur lequel il serait prêt à
suggérer que les groupements aient une voix
prépondérante?
M. Parizeau: Je pense qu'il y a un bon nombre de conditions qui
tiennent dans les conventions collectives, à l'administration courante
du personnel, par exemple. L'administration du personnel on se situe au
niveau des facéties, M. le Président l'administration du
personnel va un peu plus loin que l'affichage.
Mme Lavoie-Roux: ...
M. Parizeau: Si vraiment cela consistait uniquement en affichage,
les agents de personnel et les directeurs de personnel auraient une vie bien
facile.
Mme Lavoie-Roux: Mais il n'en a pas donné quand
même.
M. Forget: M. le Président, ce n'est pas très
éclairant comme illustration. Est-ce qu'il faut croire...
M. Parizeau: Oui, oh oui!
M. Forget: ... que rendu au 21 juin 1978, ce projet de loi,
à six heures moins sept, sur le point d'être adopté, avec
on pourrait l'espérer des ententes déjà sur
le point d'être conclues avec les groupements désignés par
la loi, est-ce qu'il faut croire qu'on n'est pas plus avancé que cela
dans la détermination des règles du jeu qui devront
prévaloir seulement du côté patronal? On n'en est
même pas venu à définir des mandats. On n'est même
pas capable de nous donner des exemples d'un début d'entente ou de la
base sur laquelle on pourrait commencer à s'entendre au sein même
de la partie patronale et on veut nous faire croire qu'à compter de
l'automne prochain on aura terminé la préparation des mandats et
qu'on pourra amorcer une négociation quelque six mois avant l'expiration
des conventions collectives. Ce n'est pas croyable, M. le Président! Je
pense qu'on est très loin de l'objectif visé.
M. Parizeau: M. le Président, c'est essentiellement la
raison pour laquelle ce projet de loi est présenté maintenant.
Bien sûr, comme toutes les conventions collectives qui viennent à
échéance avant le 1er juillet 1978 échappent à
l'application de cette loi, la chose simple, j'imagine, aurait
été de reporter tout cela à l'automne. Là justement
on aurait eu des problèmes, parce que cela aurait été
beaucoup trop près des échéances que nous nous sommes
nous-mêmes fixées pour éviter de tomber dans des travers
que le député de Saint-Laurent a bien connus au moment où
les choses étaient faites à la dernière minute.
Ce que le député de Saint-Laurent est en train de
souligner à l'heure actuelle, c'est que de passer l'établissement
des règles du jeu dès le mois de juin, de façon que
justement on soit en mesure, dès l'automne, de respecter les
délais que le gouvernement actuel s'est lui-même donnés
pour être prêt à commencer les négociations avant
l'expiration des conventions collectives, et longtemps avant leur expiration.
Lui, il peut présenter cela comme étant un retard. Nous, du
gouvernement, on considère cela plutôt comme une avance et
singulièrement, si on compare les démarches actuelles avec ce qui
s'est fait dans le passé.
M. Forget: M. le Président, il n'y a rien là. La
loi qu'on remplace dans le moment, qui était la loi 95, c'était
une loi, si je ne m'abuse, de 1974. Qu'on calcule les délais en termes
de nombre de jours ou de semaines, ce n'est pas très différent de
ce à quoi on assiste dans le moment. Ce que je dis essentiellement,
c'est que l'histoire se répète.
M. Parizeau: M. le Président, la loi 95 était venue
après une série de problèmes soulevés
antérieurement, à l'occasion de nouvelles rondes. Nous essayons
de faire en sorte, non pas de laisser passer cette ronde de négociations
et ensuite de corriger le cadre, mais de corriger le cadre le mieux possible
avant même qu'elle commence, parce qu'avant la ronde de 1976, il y a eu
la ronde de 1972.
Le Président (M. Boucher): Article 15, adopté?
M. Forget: Sur division.
Le Président (M. Boucher): Sur division. Article 16?
M. Brochu: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 16?
M. Forget: Cela va.
Le Président (M. Boucher): Cela va. Article 17?
M. Parizeau: C'est l'équivalent de l'article 14. M.
Forget: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 18? Il y
a un changement.
M. Parizeau: L'article 18b devient "autorise les mandats de
négociations des comités patronaux dans les matières
qu'ils jugent d'intérêt gouvernemental." Donc, on ne parle plus de
déterminer les mandats. Ceci, je pense, met l'accent sur une demande qui
avait encore été faite par nos partenaires, c'est-à-dire
qu'une correction soit apportée qui mette clairement ou qui
reflète clairement le fait que les comités patronaux ont à
préparer les mandats et à les acheminer au Conseil du
trésor, et qui ne donne pas l'impression, comme le mot
"déterminait" pouvait le faire croire, que le Conseil du trésor
pouvait, j'allais dire, littéralement organiser ses propres mandats et
les transmettre, remplacer "déterminer" par "autorise", corrige cette
impression.
Deuxièmement, tel que b) était rédigé, il
est évident que le Conseil du trésor, comme j'ai eu l'occasion de
le dire à quelques reprises cet après-midi, aurait
été à la limite chargé de statuer sur tous les
mandats, sur tous les éléments possibles et imaginables du
mandat, même les plus locaux, même les plus directement
reliés à des conditions locales, ou à des conditions
tellement spécifiques qu'elles n'ont pas vraiment, sur le plan des
grands ensembles, de signification particulière.
Dans ces conditions, nous en sommes arrivés à cette
formulation, non pas " les mandats de négociation", mais "les mandats
dans les matières qu'il juge d'intérêt gouvernemental".
Par rapport aux articles 12 et 15, on comprendra un peu mieux ici le
sens que cela peut avoir. On me dira peut-être: Le Conseil du
trésor peut juger tout d'intérêt gouvernemental. Bien non,
justement! Le fait de mettre l'accent sur l'intérêt gouvernemental
implique, dans son esprit tout au moins, que le conseil du trésor ne va
pas aller se mêler de toutes espèces de choses qui, vraiment,
n'ont de portée que locale. Le mot est là à dessein.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Laurent. (18 heures)
M. Forget: M. le Président, sur le paragraphe a), il y a
des comités patronaux de négociation dans chacun des secteurs et
on aurait présumé que la tâche de ces comités
patronaux de négociation eût porté non seulement sur la
préparation de mandats avant présentation au Conseil du
trésor, mais également sur la conduite des négociations,
comme le mot même l'indique. Il est possible que ce soit effectivement ce
que le gouvernement leur réserve comme rôle. Sauf que le
paragraphe a) de l'article 18 est une interprétation malaisée.
Assurer qu'un texte législatif donne à un organisme quelconque le
pouvoir d'assurer le suivi des négociations, ce n'est pas la même
chose que de dire que le Conseil du trésor doit s'informer du
déroulement des négociations, à moins qu'on fasse
simplement de la sémantique pour ne rien dire.
Assurer le suivi des négociations, c'est effectivement avoir la
responsabilité de la poursuite ordonnée de négociations et
de l'exécution des mandats. C'est une traduction, j'imagine, pour le
"follow-up", c'est-à-dire qu'une fois qu'on a autorisé des
mandats, on s'assure que ces mandats sont respectés par les
négociateurs, si on veut évaluer, également, le
succès des négociateurs à faire passer leur mandat,
évaluer parfois la difficulté insurmontable de certains mandats
au niveau de la table de négociations et la nécessité de
les réviser.
Il y a toujours eu, au Conseil du trésor, du moins la
dernière fois et je pense que c'était vrai la fois
précédente, selon une formule un peu différente, un
organisme central, gouvernemental, une coordination et une information
abondante, mais malgré tout schématique, sur le
déroulement des négociations, sur le succès des
différents mandats, etc. L'expression "assurer le suivi", à mon
avis, signifie quelque chose d'autre et va plus loin. On n'a pas dit, encore
une fois: Le Conseil du trésor s'informe du déroulement des
négociations, reçoit des rapports ou établit un
système d'information sur le déroulement des négociations,
on dit: Assurer le suivi. Un suivi, ce n'est pas de l'information; un suivi
implique une action.
Le Président (M. Boucher): Je m'excuse, nous sommes
à l'heure de la suspension.
M. Michaud: M. le Président, puisqu'il est 18 heures,
j'aimerais suggérer, avec l'assentiment des membres de cette commission,
qu'on continue plutôt que de revenir à 20 heures.
M. Forget: D'accord, M. le Président, je n'aurais pas
d'objection si...
M. Brochu: Entièrement d'accord.
Le Président (M. Boucher): Pas d'objection? Alors, nous
pouvons terminer. Allez-y, M. le député de Saint-Laurent.
M. Parizeau: Mon seul problème, M. le Président,
c'est que je dois rencontrer à nouveau le Conseil des ministres, tout
à l'heure. Je n'avais pas prévu...
M. Forget: Avez-vous des échéances très
serrées?
M. Parizeau: Acceptons de continuer. Comme il s'agit d'un des
dossiers que je pilote au Conseil des ministres, j'espère que tout le
monde comprendra si on me dit qu'on a absolument besoin de moi là-bas,
qu'on doive terminer.
M. Michaud: D'accord.
M. Parizeau: Cela n'avait pas été prévu au
programme.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Laurent.
M. Forget: M. le Président, je terminais... Si on utilise
une expression comme "assurer le suivi", encore que ce ne soit pas une
expression très reconnue par l'Académie, il reste qu'on veut dire
autre chose que simplement "se tenir au courant de "... On veut aussi "se tenir
au courant de", mais prendre les mesures appropriées pour s'assurer que
les mandats qu'on a donnés soient exécutés ou
corrigés selon l'évolution de la négociation et cela est
un rôle qui les place en parallèle, cela fait un
dédoublement de l'action des comités de négociation, des
comités patronaux et sectoriels de négociation. Là-dessus,
je pense qu'il y aurait lieu que le ministre des Finances nous donne quelques
éclaircissements et quelques assurances, encore que si cela se limite
à des assurances verbales de sa part, en soi cela ne modifie pas la loi
et le conflit est dans les textes.
M. Parizeau: M. le Président, je reconnais que
l'expression "assurer le suivi " n'est peut-être pas aussi précise
qu'il le faudrait. Cela me semble cependant être corrigé par la
deuxième ligne où on dit "à cette fin".
C'est-à-dire que la façon d'exprimer ce suivi consiste à
pouvoir déléguer aux tables un observateur et la
nécessité ou, en tout cas, la grande utilité d'un tel
observateur je pense est essentiellement la suivante: II est et
là, je suis forcé jusqu'à un certain point de m'appuyer
sur passablement d'expériences passées auxquelles j'ai longuement
participé extrêmement difficile de s'imaginer que
périodiquement seulement le Conseil du trésor est saisi, à
défaut d'un meilleur terme je dirai, de ce qui accroche. Rien n'est plus
difficile si on veut vraiment être en mesure de corriger le tir,
de modifier les mandats à certains moments que d'être
longtemps dans l'obscurité quant à la façon dont cela se
déroule très régulièrement. Il faut, par exemple,
voir venir les crises, voir venir les choses sur lesquelles, cela accroche.
Je vous avouerai, M. le Président, que depuis...
Indépendamment de la loi 55, le Conseil du trésor, depuis que
nous sommes au pouvoir, et cela se faisait avant aussi, a très souvent
déterminé des mandats, ou corrigé des mandats pour la
foule de conventions collectives dans lesquelles le gouvernement est
impliqué et qui ne relèvent pas des matières dont nous
discutons aujourd'hui. Il y a constamment des groupes avec lesquels le
gouvernement négocie, pas nécessairement très importants,
en terme de nombre, mais il y en a constamment.
Or, depuis un an et demi que j'occupe ce poste, une des
difficultés majeures que j'ai trouvé à voir venir, c'est
justement que l'habitude s'était et je reviens à un
passé plus lointain perdue que ceux qui sont chargés des
mandats financiers, en particulier un observateur, assistaient à
ça. Le mot observateur est très important, parce qu'il ne s'agit
pas de quelqu'un qui négocie, il ne s'agit pas de quelqu'un qui est
porte-parole de quoi que ce soit, mais qui permet simplement au Conseil du
trésor de voir venir, de savoir où cela a des chances
d'accrocher. Si bien que ça permet d'abord de gagner beaucoup de temps,
parce qu'il faut bien se rendre compte que ce n'est pas quand le comité
patronal revient en disant: Ce mandat n'a pas de bon sens, ça accroche
sur une dizaine de sujets, il faut corriger le mandat, une bonne partie du
travail, des options, des possibilités, ont pu commencer à
être étudiées et ça permet de gagner du temps et un
temps considérable. Encore une fois, depuis un an et demi, tout ce que
je vois passer ne fait que confirmer mon impression qu'avoir un observateur aux
tables est sans prix pour le Conseil du trésor, pas pour intervenir,
mais pour être capable d'assurer le suivi.
M. Forget: M. le Président, dans la mesure où on
peut être sûr qu'il s'agit d'une fonction d'information, nous
applaudissons à toutes les initiatives qui visent à faire du
Conseil du trésor un organisme mieux informé. Nous applaudissons
également à l'idée que le Conseil du trésor
obtienne de première main cette information en déléguant
un observateur. Mais il y a deux sortes d'observateurs. Il y a les vrais
observateurs qui observent et il y a d'autres observateurs, qui n'ont
d'observateurs que le nom, et qui n'attendent que l'occasion pour devenir les
négociateurs en chef.
M. Forget: Si le ministre est véritablement sincère
dans son désir de maintenir le Conseil du trésor dans une
position de coordination, mais non de dieu tutélaire de tout ce qui se
fait et d'arbitre unique de toutes les décisions, il va devoir, dans le
choix des observateurs, prendre des précautions faciles à
comprendre, s'il nomme comme observateurs des gens seniors, des gens qui ont
une expérience dans les relations de travail, qui ont un statut certain
au sein de la fonction publique, qui ont l'oreille du ministre. Il est clair
que le message va être compris très rapidement par la partie
syndicale et que l'on va négocier pendant une semaine dans le corridor
avec l'observateur délégué par le président du
Conseil du trésor, en se livrant à un simulacre de
négociation à la table de négociation, avec les "vrais
négociateurs". La deuxième semaine, on va déjà
avoir des réunions à une table, mais une autre table que dans la
salle officielle où se déroulent les négociations, et je
vous garantis que, la troisième semaine, il va y avoir les vrais
négociateurs à la vraie
table et tout le monde va arrêter de parler de ceux qui ont
été désignés par ailleurs aux comités de
négociation. C'est inévitable, parce qu'il faut bien ne pas se
faire d'illusion, les syndicats veulent négocier avec les vrais
responsables. C'est la raison pour laquelle ils ont toujours poussé pour
une plus grande centralisation de la négociation. Ils se doutaient bien
que le gouvernement détenait un pouvoir sur les cordons de la bourse qui
en faisait un agent essentiel à convaincre. Même au sein du
gouvernement, il y a du côté syndical des gens qui, normalement,
et c'est compréhensible, on ferait la même chose à leur
place, sont à l'affût de ceux qui détiennent
véritablement l'influence, l'oreille du ministre, la possibilité
d'influencer le cours des choses.
Alors, d'accord pour les observateurs, si c'est pou raider le Conseil du
trésor à s'informer de ce qui se passe. À ce
moment-là, il faut qu'il désigne des gens relativement juniors,
qui ont de très bonnes oreilles, qui sont capables de rédiger
succinctement un rapport analytique de ce qu'ils observent, mais qui, à
cause de leur statut, à cause de leur mutisme, ne seront pas pris pour
d'autres dans ce scénario. C'est seulement au moment où il
désignera des observateurs que les intentions du ministre deviendront
des réalités ou, alors, on pourra voir que l'intention du
ministre a dévié en cours de route et qu'il a
décidé, à un moment donné, d'assumer directement le
leadership de la négociation.
Il est clair que, même s'il ne le veut pas, il y aura une
poussée dans ce sens-là de la part du côté syndical
et qu'il devra être extrêmement prudent, s'il ne veut pas que les
associations, les divers groupements qui se regroupent avec le gouvernement qui
ont signé ou qui auront signé, à ce moment-là, des
ententes avec les ministres sectoriels ne se lèvent pas par dépit
et ne quittent pas, en somme, tous les forums auxquels ils ont
été conviés par la loi et par le gouvernement en disant au
gouvernement: Si vous voulez fonctionner comme cela, fonctionnez tout seul;
nous, on s'en lave les mains. À ce moment-là, cela deviendrait un
peu compliqué pour le gouvernement, je pense, parce que, même s'il
ne veut pas s'occuper des clauses locales, il sera bien obligé de le
faire parce qu'il n'y aura plus personne pour s'en occuper.
Le Président (M. Parizeau): M. le ministre.
M. Parizeau: M. le Président, je souscris à tout ce
que vient de dire le député de Saint-Laurent, je pense qu'il a
parfaitement raison. Si le passé est le moindrement garant de l'avenir,
je peux au moins lui signaler une chose, c'est que beaucoup de ceux qui
occupent actuellement des postes assez élevés dans les
négociations pour le compte du gouvernement, dans les
négociations collectives, ont en fait commencé comme
observateurs, exactement dans ce sens-là, alors qu'ils avaient 25 ans,
enfin, 26 ou 27 ans. Je souscris entièrement à ce que vient de
dire le député de Saint-Laurent.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Richmond.
M. Brochu: M. le Président, une seule petite question au
ministre. Lorsque je regarde son amendement, l'expression qu'il emploie
"d'intérêt gouvernemental", à la fin de son amendement,
est-ce que cela signifie que le Conseil du trésor aura le pouvoir
d'autoriser les mandats de négociations dans les seules matières
sur lesquelles, à la suite d'ententes entre les parties, le ministre
aura une voix prépondérante? Est-ce que c'est limitatif? (18 h
15)
M. Parizeau: Non, ce n'est pas limitatif. C'est le
problème fédéral-provincial bien connu des pouvoirs
résiduaires. On a beau faire toutes les ententes qu'on veut et je
pense que le député de Saint-Laurent en conviendra avec moi
les ententes peuvent être aussi parfaites et aussi unanimes
à part cela, il arrive toujours, en cours de négociations, une
idée nouvelle, un projet nouveau, une offre nouvelle sur la table qui
n'a pas été prévue. Et là, il est très
important que la chicane ne prenne pas. Si le Conseil du trésor
considère que c'est vraiment un thème d'intérêt
gouvernemental... Il y a eu des cas patents dans le passé. Quand je
parle du passé, je ne parle pas seulement de l'ancien gouvernement; je
parle des quinze dernières années où, en cours de route,
des accidents fâcheux se sont produits sur ce plan-là. Je pense,
par exemple, à des choses comme la définition du poste, que le
député de Saint-Laurent connaît bien.
M. Forget: Oui.
M. Parizeau: L'erreur qui s'est faite est de ne pas avoir
considéré la question de poste comme matière
d'intérêt gouvernemental. Il y a longtemps il y a quatorze
ans et on vit encore avec cela aujourd'hui. C'est dans ce sens où
cela ne peut pas être limitatif parce qu'encore une fois, la meilleure
des ententes avec nos partenaires ne peut pas couvrir tous les cas. Sur une
période de mois de négociations, il arrive toujours des choses
qui n'ont pas été prévues.
M. Brochu: D'accord.
Le Président (M. Boucher): L'article 18, tel que
modifié, est accepté?
M. Forget: M. le Président, comme le ministre des Finances
et moi-même semblons d'accord sur le sens qu'il faut donner au paragraphe
a) et comme il m'apparaît que le paragraphe a), dans sa rédaction
actuelle, peut facilement prêter à d'autres
interprétations, nous nous demandons s'il ne serait pas approprié
d'ajuster le verbe aux intentions exprimées par le ministre et de
modifier en conséquence le paragraphe a) et là-dessus,
c'est une suggestion que nous rédigeons à la toute
dernière minute et sur laquelle nous serions prêts, bien
sûr, à nous entendre avec le ministre pour des
améliorations; nous faisons cela dans un contexte d'ouverture d'esprit
maximum qui pourrait se lire de la façon suivante: "Le paragraphe a) de
l'article 18 est remplacé par le suivant: S'informe du
déroulement des négociations et à cette fin
délègue un fonctionnaire aux séances de
négociations pour observer leur déroulement sans droit de
parole."
M. Parizeau: Cela devient incroyablement...
Le Président (M. Boucher): Un instant, s'il vous
plaît!
M. Parizeau: Enfin, on va voir ce qui va se passer.
Le Président (M. Boucher): L'amendement proposé par
le député de Saint-Laurent se lit comme suit: "Le paragraphe a)
de l'article 18 est remplacé par le suivant: S'informe du
déroulement des négociations et, à cette fin,
délègue un fonctionnaire aux séances de
négociations pour observer leur déroulement sans droit de parole.
"
M. le ministre.
M. Parizeau: Cela, M. le Président, devient, à mon
sens, pour une part redondant avec l'article et, d'autre part, inutilement
restrictif. Un fonctionnaire qui observe et un observateur, j'aimerais bien
qu'on établisse la différence entre les deux. Au fond,
l'idée là-dedans, c'est de faire en sorte, si je comprends bien,
qu'on lui enlève par la loi, le droit de parole.
M. Forget: On précise sa fonction.
M. Parizeau: Je suis bien prêt à reconnaître
qu'un observateur observe, bien sûr, c'est ce que la loi dit. Mais de
là à considérer que n'importe qui, à un moment
donné, qui parlerait ou s'échapperait dans une négociation
est dans une situation d'illégalité, tout de même... Sur un
an et demi de discussions et de négociations? Voyons!
M. Forget: Le ministre accepterait au moins de substituer
à "assurer le suivi des négociations", "s'informe des
négociations visées dans l'article 3 et, à cette fin, peut
déléguer un observateur aux séances de
négociations".
M. Parizeau: "Assurer le suivi", je pense que c'est plus
général que cela, c'est plus que seulement s'informer.
M. Forget: C'est ce qu'on redoute.
Mme Lavoie-Roux: C'est ce qu'on soupçonnait.
M. Parizeau: II n'y a pas de raison de soupçonner. Cela me
paraît tout à fait clair. La principale fonction d'assurer le
suivi, quand tout va bien, c'est évidemment de voir comment cela se
déroule, de s'informer. Dans 90% des cas, l'essentiel du travail va
être simplement de rester informé de ce qui se passe. Mais, dans
l'hypothèse où, à un moment donné, pour une raison
ou une autre, des négociations rencontrent des difficultés
particulières, le Conseil du trésor, inévitablement...
M. Forget: Va court-circuiter les comités patronaux.
M. Parizeau: Ah! non, non, non. Il doit, par exemple, en vertu de
l'article 19, inviter les partenaires à discuter de cela.
M. Forget: II n'a pas besoin de parler pour faire cela,
l'observateur.
M. Parizeau: Non, non, mais c'est assurer le suivi.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Saint-Laurent, un instant. Est-ce que, par le fait que vous avez changé
la formulation de votre amendement, vous retirez le premier?
M. Forget: Non, je faisais une offre de compromis au ministre qui
n'a pas été acceptée, alors je vais maintenir l'amendement
tel que formulé.
Le Président (M. Boucher): Vous maintenez votre
amendement.
M. Forget: Parce que je me rends compte qu'on fait ce qu'on
appelle en américain du "back-pedaling . Je serais désolé
de ne pas l'inscrire au journal des Débats.
Le Président (M. Boucher): Mme le député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Je veux simplement confirmer l'impression que
mon collègue de Saint-Laurent a: j'avais cru, compte tenu des propos que
le ministre a tenus, disant que "assure le suivi" étaient
peut-être des termes qui auraient pu être plus précis. Je
pense que c'est à peu près ce que le ministre a dit: à
part cela, il a dit qu'il souscrivait entièrement à ce que le
député de Saint-Laurent venait de dire. Avec ces deux points, on
ne peut manquer de s'étonner, tout à coup, de la
résistance du ministre à accepter une ou l'autre des formules, la
première étant peut-être de s'informer du suivi des
négociations et de laisser la formule telle quelle, ou encore
l'amendement tel que proposé par le député de
Saint-Laurent.
C'est un peu incompréhensible pour ceux qui sont de ce
côté de la table, M. le Président.
M. Parizeau: M. le Président, j'ai souscrit à la
fois à l'esprit et aux remarques que faisait le député de
Saint-Laurent quant à la nécessité ou à
l'utilité de se renseigner, le moins possible par des
représentants seniors qui deviendraient des espèces de
négociateurs par en arrière, pour aller jusqu'au choix de jeunes
pour faire cela. Ce que disait le député de Saint-Laurent me
paraissait très sage. Mais ce qu'il demande avec son amendement, ce
n'est pas cela. Il demande au Conseil du trésor de renoncer à la
responsabilité qu'il ne peut pas éviter, quant à une
certaine forme de négo-
ciation dans l'ensemble du secteur public. Si, à un moment
donné, assurer le suivi, c'est inévitablement s'assurer que, dans
l'ensemble de tous les secteurs avec lequel le gouvernement négocie,
cela se déroule suffisamment rapidement à l'intérieur des
délais, on ne peut pas demander au Conseil du trésor de ne pas
faire cela. D'ailleurs, soit dit en passant, M. le Président, le
comité ad hoc dont parlait le député de Saint-Laurent tout
à l'heure, c'est très exactement ce qu'il faisait, sous l'ancien
système, avec un mandat du Conseil des ministres.
Tout ce qui se produit, au fond, c'est que ce suivi qu'assurait le
comité ad hoc, sous l'ancien régime, pour le compte du Conseil
des ministres, est assuré ici par le Conseil du trésor, pour le
compte du Conseil des ministres.
M. Forget: M. le Président, on perd nos illusions
tranquillement, mais de toute façon, je crois que les positions sont
claires. On peut passer au vote sur cette motion.
Le Président (M. Boucher): Le vote sur la motion de
l'amendement de M. le député de Saint-Laurent. M. Charbonneau
(Verchères)?
M. Charbonneau: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Gagnon (Champlain)?
M. Gagnon: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Forget (Saint-Laurent)?
M. Forget: Pour.
Le Président (M. Boucher): M. Brochu (Richmond)?
M. Brochu: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Parizeau (L'Assomption)?
M. Parizeau: Contre.
Le Président (M. Boucher): M. Michaud (Laprairie)?
M. Michaud: Contre.
Le Président (M. Boucher): Mme Lavoie-Roux (L'Acadie)?
Mme Lavoie-Roux: Pour.
Le Président (M. Boucher): L'amendement est donc
rejeté à cinq contre deux.
Est-ce que l'article 18 sera adopté?
M. Forget: Sur division, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Sur division. Article 19?
M. Parizeau: C'est là, M. le Président, que je vais
revenir sur ce qu'on disait de mes collègues et de leur docilité
appréhendée tout à l'heure. C'est là que les
discussions viriles vont se produire, en vertu de l'article 19.
M. Forget: Adopté, sans commentaires, M. le
Président!
Le Président (M. Boucher): Adopté.
Le secteur des organismes gouvernementaux
Article 20.
M. Parizeau: Alors là il s'agit, M. le Président,
des négociations dans le secteur des organismes gouvernementaux
désignés dans l'annexe.
Le Président (M. Boucher): Adopté? M. Forget:
Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 21 ?
M. Parizeau: Modification: L'article 21 est remplacé par
le suivant: "Avant d'entreprendre, avec une association de salariés, la
négociation d'une convention collective, un organisme gouvernemental
soumet au ministre responsable un projet établissant les
paramètres généraux d'une politique de
rémunération et de conditions de travail. Le ministre soumet ce
projet pour approbation au Conseil du trésor, qui détermine, en
collaboration avec celui-ci et l'organisme, les modalités selon
lesquelles est assuré le suivi du déroulement des
négociations. "
La modification s'explique de la façon suivante, c'est qu'ici on
nous a fait aussi des représentations que certains de ces organismes
gouvernementaux je pense ici en particulier à
l'HydroQuébec n'émargent pas au budget du gouvernement et
que, par souci de cohérence, quant aux politiques salariales, par souci,
d'autre part, de pouvoir apprécier le degré d'autofinancement de
l'Hydro-Québec, par souci aussi de jeter un coup d'oeil sur ce qu'un
monopole est susceptible de faire lorsque justement il est monopole, il
suffirait que la politique de rémunération d'organismes comme
ceux-là soit soumise au Conseil du trésor. Nous en avons convenu
sans trop de difficultés et c'est le sens de l'article 21.
Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 22.
M. Parizeau: L'article 22 devient ceci: "La politique de
rémunération et de conditions de travail approuvée avec ou
sans modification par le
Conseil du trésor et modalités déterminées
pour le suivi du déroulement des négociations lie l'organisme qui
est tenu de s'y conformer."
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 23. M. Parizeau:
L'article 23 est supprimé. M. Forget: Pourquoi est-il
supprimé?
M. Parizeau: Parce qu'il est remplacé en pratique par 21
et 22 aussi.
M. Forget: C'est le ministre responsable de quoi dans l'article
21a?
M. Parizeau: De l'organisme. Pour la SAQ, c'est le ministre de
l'Industrie et du Commerce. Pour l'Hydro-Québec, c'est le ministre de
l'énergie...
M. Forget: Je cherchais à vérifier si les ministres
de tutelle des organismes étaient impliqués dans le processus,
puisqu'on faisait sauter 19.
M. Parizeau: Ils le sont.
Le Président (M. Boucher): Alors, la suppression de
l'article 23 est adoptée?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Article 24, qui devient 23. (18
h 30)
M. Parizeau: L'article 23: Un organisme gouvernemental
négocie, agrée et signe une convention collective dans le cadre
défini en application des articles 21 et 22.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté Article 25, qui
devient 24.
M. Parizeau: Le gouvernement peut retrancher de l'annexe un
organisme qui y figure, ou y ajouter tout autre organisme; il peut
également ajouter ou retrancher une filiale de tout organisme qu'il
désigne. Pour expliquer ceci, je pense qu'il faudrait tout de suite
indiquer qu'à l'occasion de l'annexe quand nous examinerons
l'annexe je vais suggérer qu'on enlève de la liste les
filiales de l'Hydro-Québec, pour les raisons suivantes: Les filiales
existantes n'ont vraiment pas besoin d'être là: dans un cas, la
SEBJ, parce que ce sont les décrets de la construction qui s'y
appliquent, et dans le cas, par exemple, de la société
d'exportation qui vient d'être annoncée, il s'agit d'une
opération commerciale qui n'a aucun caractère de monopole. Donc,
il n'y a pas de raison de l'entrer là-dedans. Mais le gouvernement se
garde le droit, cependant, dans l'hypothèse où de nouvelles
filiales seraient créées, à caractère
monopolistique, de les incorporer dans l'annexe.
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 26, qui
devient 25.
M. Parizeau: Les articles 26, 27 et 28. qui deviennent 25, 26 et
27... L'article 26 indique donc que les conventions collectives qui viennent
à échéance avant le 1er juillet ne seront pas soumises
à la loi actuelle, à la loi qui est devant nous. En gros,
évidemment, il s'agit des fonctionnaires. 30 juin...
Mme Lavoie-Roux: La PACT.
M. Parizeau: ... la PACT, 30 juin. COPS. 30 juin aussi.
M. Forget: Dans leur cas, quel est le régime de
négociations qui s'applique? Celui prévu par la loi 95,
nomination 1974...
M. Parizeau: Nous ne pouvons pas changer les règles du jeu
au milieu de...
M. Forget: ... qui, pour ces fins, continue à être
en vigueur tant qu'il est utile?
M. Parizeau: C'est cela. À ce sujet, ceci me donne la
possibilité de revenir sur ce qu'on disait au sujet du projet de loi no
95, M. le Président. Il avait été sanctionné le 24
décembre 1974, six mois après l'expiration d'un certain nombre de
conventions collectives.
M. Forget: Cela expirait en...
M. Parizeau: Ce n'est pas six mois, excusez-moi, après...
six mois avant. Nous avons donc, à l'heure actuelle, six mois
d'avance.
M. Forget: Oui, mais, enfin, il y aurait bien des choses qu'on
pourrait ajouter là-dessus puisqu'il y avait des ententes qui
étaient en voie de règlement, ce qui n'est pas commencé
sur le plan des protocoles, au moment de l'adoption du projet de loi. Cela
reste à faire, alors que cela se situe avant l'adoption du projet de loi
no 95, en 1974.
M. Parizeau: D'un protocole. M. Forget: D'une part.
Le Président (M. Boucher): L'article 26 qui devient 25,
est-il adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laprairie.
M. Michaud: À l'intérieur du nouvel article 26. il
faudrait changer "sous réserve de l'article 25 ...
M. Forget: C'est cela.
M. Michaud: ... au lieu de 26.
M. Parizeau: Oui, il y avait une correction qui, effectivement,
m'avait échappé. Je remercie le député de
Laprairie. C'est de concordance, sous réserve de l'article 25.
Le Président (M. Boucher): L'article 27 qui devient 26,
est-il adopté?
M. Parizeau: Ainsi qu'on vient de l'amender.
Le Président (M. Boucher): L'article 28 qui devient 27,
est-il adopté?
M. Forget: Adopté.
Le Président (M. Boucher): L'annexe est-elle
adoptée?
M. Forget: Adopté.
M. Parizeau: Donc, tel qu'amendé, c'est-à-dire que,
après Hydro-Québec, on biffe tout.
Le Président (M. Boucher): Que la Société
des alcools du Québec, la Société des traversiers du
Québec et la Sûreté du Québec soient...
M. Parizeau: Non, non, non, après HydroQuébec. On
biffe "et celles de ses filiales que désigne le gouvernement",
Société des alcools, Société des traversiers,
Sûreté du Québec.
Le Président (M. Boucher): Alors, le projet de loi no 55,
Loi sur l'organisation des parties patronale et syndicale aux fins des
négociations collectives dans les secteurs de l'éducation, des
affaires sociales et des organismes gouvernementaux, est donc adopté. Je
prie le rapporteur d'en faire rapport à l'Assemblée nationale au
nom des membres de la commission.
M. Michaud: Avec plaisir, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): La commission des finances et
des comptes publics ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 18 h 36)