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Etude des projets de loi nos 68, 64 et 63
(Dix heures neuf minutes)
Le Président (M. Jolivet): A l'ordre! La commission des
finances et des comptes publics est réunie pour étudier les
projets de loi nos 68, 64 et 63.
Les membres de cette commission sont: M. Bordeleau (Abitibi-Est), M.
Charbonneau (Verchères), M. Gagnon (Champlain), M. Garneau (Jean-Talon),
M. Goulet (Bellechasse), M. Grégoire (Frontenac), M. Michaud
(Laprairie), M. Parizeau (L'Assomption), M. Raynauld (Outremont), M. Roy
(Beauce-Sud).
Les intervenants sont: M. Boucher (Rivière-du-Loup), M. Caron
(Verdun), M. Gosselin (Sherbrooke), M. Guay (Taschereau), M. Martel
(Richelieu), M. O'Gallagher (Robert-Baldwin), M. Russell (Brome-Missisquoi), M.
Samson (Rouyn-Noranda).
Est-ce qu'il y a des changements à apporter aux membres?
M. Raynauld: Oui, s'il vous plaît! J'ai entendu M. Caron.
Quel autre avez-vous mentionné?
Le Président (M. Jolivet): M. Garneau. M. Raynauld:
Comme intervenants?
Le Président (M. Jolivet): Comme intervenants, M. Caron
(Verdun) et M. O'Gallagher (Robert-Baldwin).
M. Raynauld: Oui. Remplacer M. Caron par M. John Ciaccia.
Le Président (M. Jolivet): M. Caron remplacé par M.
John Ciaccia (Mont-Royal). Cela veut dire que, comme membres de la commission,
c'est vous, M. Raynauld...
M. Raynauld: Oui.
Le Président (M. Jolivet): ... et M. Garneau (Jean-Talon)
qui... J'aurais besoin d'un rapporteur pour cette commission. M. le
député de Laprairie, êtes-vous d'accord?
M. Michaud: Avec plaisir, M. le Président. M. Raynauld:
Avec plaisir.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre, le projet de
loi 68.
M. Parizeau: M. le Président, j'aurais un certain
nombre...
M. Raynauld: Le projet de loi 68? Le Président (M.
Jolivet): Oui.
M. Raynauld: On nous avait donné une feuille hier et je
pensais qu'on commençait par 61. J'avais tout mis cela en ordre, 61,
63...
Le Président (M. Jolivet): L'ordre de la Chambre est pour
68, 64 et 63, les autres étant, je pense, au Revenu.
M. Raynauld: 68, 64 et 63.
Le Président (M. Jolivet): C'est cela. 68, parce que les
gens, au niveau des intervenants, viennent de Montréal. C'est pour leur
permettre de venir plus rapidement. Est-ce que cela va?
M. Raynauld: Oui.
M. Parizeau: C'est ce qui avait été annoncé
en Chambre, de toute façon.
Le Président (M. Jolivet): C'est cela.
M. Raynauld: Je ne sais pas qui fait circuler ces feuilles.
Une Voix: Marie Taillon.
M. Raynauld: Marie Taillon fait circuler des feuilles pour
l'ordre de la prochaine semaine. On nous donne cela le lundi ou le mardi matin.
J'ai suivi cet ordre. Comme il y en a beaucoup, j'ai suivi celui-là.
Maintenant, ce n'est pas plus grave que cela. 68, je l'avais également
préparé pour aujourd'hui, mais il y en avait d'autres qui
étaient plus faciles.
Le Président (M. Jolivet): Donc, nous commençons
par 68; cela va? M. le ministre.
Projet de loi no 68
M. Parizeau: J'ai des amendements à déposer, M. le
Président. Ils sont en train d'être distribués.
Parfait!
Alors, nous commençons article par article, M. le
Président?
Le Président (M. Jolivet): Oui, article 1.
M. Parizeau: L'article 1 est identique à l'ancienne
loi.
M. Raynauld: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Est-ce que le ministre a l'intention de
déposer l'ensemble des amendements? C'est ça, la feuille qu'on
vient de nous donner?
M. Parizeau: Oui, c'est ça.
M. Raynauld: II faudrait peut-être qu'on ait le temps de la
lire, s'il vous plaît.
M. Parizeau: En gros, ça se présente comme ceci, M.
le Président, pour les amendements. Il y a des coquilles. Il y a 13 et
15 qui sont une clarification, mais il y a surtout... Je pense que
l'originalité des amendements, on l'obtient dans la section V, qui
prévoit des pénalités, ce qui avait été
oublié dans le projet original.
Le Président (M. Jolivet): Comme nous fonctionnons article
par article, il n'y en a pas à l'article 1. Si on passait d'abord
l'article 1. Est-ce qu'il y a des interventions, M. le député
d'Outremont?
M. Raynauld: M. le Président, j'ai une question
d'information sur la définition des courses. On a les appareils
d'amusement. Est-ce que la société a des projets pour acheter ou
opérer les appareils d'amusement additionnels à ceux qui existent
déjà?
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Parizeau: Je pense que...... dans le sens, comment dire? de
nouveaux appareils puisqu'ils sont déjà commandés.
M. Raynauld: Pardon?
M. Parizeau: Je ne dis pas dans le sens de nouveaux appareils
parce qu'ils sont déjà commandés, qui sont en train
d'être livrés. Il est clair qu'on pourrait considérer comme
ça les terminaux qui, à l'heure actuelle, sont livrés au
rythme d'une cinquantaine par semaine. (10 h 15)
Ce n'est pas nouveau, dans le sens où vous posez la question,
mais ce n'est pas encore instauré et cela le sera dans les mois à
venir.
M. Raynauld: Cela concerne les loteries instantanées.
C'est cela?
M. Parizeau: Oui, mais qui peuvent servir à toutes
espèces de tirages et de jeux...
M. Raynauld: Y compris les machines à boules...
M. Parizeau: Non, pas les machines à boules...
M. Raynauld: ... les machines à faire de l'argent...
M. Parizeau: A en faire et à en dépenser, oui.
M. Raynauld: Je ne sais pas comment on dit en français les
"slot machines"... les machines à sous.
M. Parizeau: Non, ce ne sont pas les machines à sous.
Le Président (M. Jolivet): Y a-t-il d'autres intervenants?
Est-ce assez clair?
M. Raynauld: On définit le mot "course" par courses,
concours publicitaires et amusements, c'est cela?
M. Parizeau: ... on définit le mot "course" ici, dans le
sens de la Loi de la Régie des loteries et des courses, qui est
passée en deuxième lecture et qui viendra à la commission
des revenus et qui, elle, définit cette Loi de la Régie des
loteries et des courses, ce qu'est une course, ce qu'est un concours
publicitaire et ce qu'est un appareil d'amusement.
M. Raynauld: Je comprends, cela va. M. Parizeau: Cela
va?
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Une petite question, M. le Président. A la
dernière ligne, on parle de jeux de hasard et de jeux où se
mêlent le hasard et l'adresse. J'imagine que c'est surtout pour les
foires commerciales, à savoir qui fera tomber la pinte de lait pour
retirer par exemple un "toutou". Est-ce le but visé par ceux qui ont
formulé cet article-là, où y a-t-il autre chose de
visé? J'entends par là le jeu de hasard et l'adresse, les courses
de chevaux. Le type qui gage, pour lui, c'est du hasard, mais l'adresse est sur
la piste et souvent on véhicule certains messages, à savoir que
c'est décidé d'avance, par exemple, qu'un tel peut retenir son
cheval ou le tiendra à gauche plutôt qu'à droite et cela va
donner comme résultat que cela peut être changé. Est-ce que
cela va jusque-là? Lorsque les pénalités arriveront, le
ministre a dit tout à l'heure qu'il déposerait des amendements
concernant les pénalités...
M. Parizeau: ...
M. Goulet: Excusez-moi, j'en ai pris connaissance rapidement. Y
aura-t-il à un moment donné des enquêteurs pour savoir si
véritablement le jeu de hasard n'a pas fait que l'adresse ait
changé le résultat du hasard? Comprenez-vous très bien
où je veux en venir?
M. Parizeau: Oui.
M. Goulet: Si je vais aux courses et que je gagne ce n'est
pas mon habitude je suis conscient que c'est le hasard normalement qui
peut faire que j'ai mis $2 et que cela m'en rapporte tant. Mais est-ce qu'il y
aura des enquêtes, ou est-ce qu'il y aura des pénalités
prévues si quelqu'un est pris en défaut de façon que
l'adresse puisse changer le hasard?
M. Parizeau: C'est la Régie des loteries et des courses
qui va surveiller cela.
M. Goulet: C'est la régie. Alors, ce n'est pas...
M. Parizeau: La surveillance des courses, les juges de courses,
le contrôle de l'industrie des courses en général, c'est la
régie qui s'en occupe. Cela porte sur un autre projet de loi qu'on
verra.
M. Goulet: Mais même dans les jeux de hasard où
l'adresse souvent... Vous m'avez dit que cela visait surtout... Vous avez
semblé, par un signe de tête, dire que cela visait les foires
commerciales, mais j'ai...
M. Parizeau: Tout ce qui est jeu, quant au contrôle de
l'intégrité, est assuré par la surveillance de la
régie.
M. Goulet: De la régie.
M. Parizeau: C'est cela. C'est son travail. Elle est
spécifiquement créée pour cela.
M. Goulet: Savoir si l'adresse, à un moment donné,
n'a pas fait en sorte que le hasard soit modifié... c'est la
régie.
M. Parizeau: C'est la régie qui va faire cela. M.
Goulet: Très bien.
Le Président (M. Jolivet): D'autres questions sur
l'article 1? S'il n'y en a pas d'autres, l'article 1 est adopté?
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. Article 2? M. le
ministre.
M. Parizeau: A l'article 2, il y a un changement. Vous aurez
noté qu'on a modifié le nom de Loto-Québec. Autrefois,
cela s'appelait la Société d'exploitation des loteries et courses
du Québec. On trouvait cela un peu long. On a ramené cela
à Société des loteries et courses et on donne la
désignation officielle aussi pour la première fois de
Loto-Québec comme deuxième nom de la société.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce qu'il y a des
interventions? M. le député d'Outremont?
M. Raynauld: Est-ce que cela coûte cher de changer de
nom?
M. Parizeau: Non...
M. Raynauld: Non, mais du point de vue commercial.
M. Parizeau: Non, parce que toute la publicité est faite
sous le nom de Loto-Québec, de toute façon. La
Société d'exploitation, c'est de la papeterie à changer,
c'est tout.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse, avez-vous une question?
M. Goulet: Non, pas sur l'article 2.
Le Président (M. Jolivet): Article 2 est
adopté?
M. Raynauld: D'accord.
Le Président (M. Jolivet): Article 3? M. le ministre.
M. Parizeau: Rien de spécial. A l'heure actuelle, le
siège social est sur la rue Berri à Montréal, mais le
gouvernement peut déterminer un siège social comme il l'entend.
Il n'y a rien de prévu pour le changer, à l'heure actuelle.
M. Raynauld: S'il y a un changement du siège social
publié dans la Gazette officielle, je suppose qu'il va sans dire que ce
sont des changements approuvés par le gouvernement.
M. Parizeau: Oui, de toute façon.
Le Président (M. Jolivet): Le député de
Bellechasse a-t-il une question?
M. Goulet: Non.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. Article 4, M. le
ministre.
M. Parizeau: C'est le même texte que l'ancienne loi, sauf
le dernier paragraphe. On a ajouté: "La société n'engage
qu'elle-même lorsqu'elle agit en son propre nom".
M. Raynauld: Là-dessus, M. le Président, je ne suis
pas un avocat, j'ai toujours eu de la difficulté à comprendre ces
distinctions. Ici, on le retrouve dans le projet de loi. On a justement ce
dernier paragraphe de l'article 4 qui dit que la société n'engage
qu'elle-même. Par contre, lorsqu'on arrive à l'article 6, on dit
que c'est le ministre des Finances qui est l'actionnaire et c'est une
société dont on dit que les actions sont du domaine public.
Comment est-ce possible de concilier qu'une société qui jouit de
droits et privilèges d'un mandataire, dont les actions sont
détenues par le ministre des Finances, puisse en même temps
n'engager qu'elle-même?
Ce sont des subtilités qui m'échappent, ce genre de
choses.
M. Parizeau: Prenons par exemple en termes d'emprunt. Il est
normal que la société puisse emprunter sur son propre
crédit sans nécessairement, invariablement, avoir besoin de la
garantie du gouvernement et c'est même bon que ce soit comme
ça.
M. Raynauld: Oui, mais si la société faisait
défaut, c'est le ministre des Finances qui serait en
faillite?
M. Parizeau: Non, c'est la société qui serait en
faillite.
M. Raynauld: Oui, mais la société appartient au
gouvernement.
M. Parizeau: Oui. M. Raynauld: Alors...
M. Parizeau: Théoriquement, un gouvernement pourrait
décider qu'une de ses sociétés va en faillite. Je ne dis
pas que cela serait une bonne chose que ça se fasse, mais
théoriquement, oui.
M. Raynauld: Oui, et on agit...
M. Parizeau: Cela voudrait dire que les actions n'ont plus aucune
espèce de valeur. Je ne dis pas que pour le crédit de la
province, ce serait une bonne chose, ce n'est pas ce que je veux dire, mais
théoriquement, c'est possible.
M. Raynauld: Mais si elle a agi comme mandataire du
gouvernement.
M. Parizeau: Si elle a agi comme mandataire du gouvernement, les
fonds qu'elle a ramassés ont été versés.
M. Raynauld: Est-ce qu'au point de vue juridique, une
société ne pourrait pas revenir contre le gouvernement,
étant donné qu'elle est mandataire du gouvernement et qu'elle
jouit des droits et privilèges d'un mandataire? A ce moment-là,
le mandataire, c'est celui qui agit au nom d'un autre.
M. Parizeau: Oui.
M. Raynauld: II agit donc au nom du gouvernement et, tout
à coup, on dirait: La société fait faillite et le
gouvernement ne ferait face à aucun recours de la part des
créanciers.
M. Parizeau: Je pense qu'effectivement les créanciers
n'ont pas de recours contre le gouvernement. Ils ont un recours contre la
société.
M. Raynauld: Vous ne voyez pas d'incompatibilité entre
dire, dans un premier paragraphe, qu'une société jouit des droits
et privilèges d'un mandataire du gouvernement et que la
société n'engage qu'elle-même. Evidemment, on dit:
Lorsqu'elle agit en son propre nom. Je comprends. Elle agit en son propre nom
et elle est mandataire.
M. Parizeau: II y a beaucoup de gestes qu'elle pose à
l'intérieur des règlements tels qu'approuvés par le
gouvernement. Il y a toute une série de gestes qu'elle pose et qu'elle
pose en son propre nom.
M. Raynauld: Je suppose qu'il y aurait une interprétation
très longue qui se ferait devant les tribunaux pour décider si
une société, advenant qu'il y aurait une poursuite de la part des
créanciers...
M. Parizeau: Si elle a, par exemple, enfreint ses
règlements ou pas.
M. Raynauld: Oui, ou qu'elle agit en son propre nom ou qu'elle
agit comme mandataire.
M. Parizeau: Bien sûr. Et a enfreint les règlements
qui la dirigeaient ou pas.
M. Raynauld: Est-ce que c'est commun à toutes les autres
sociétés?
M. Parizeau: Pardon?
M. Raynauld: Est-ce que c'est commun, cette distinction, dans les
autres sociétés d'Etat? J'ai déjà vu passer des
choses semblables depuis un an ou deux en ce qui concerne le mandataire du
gouvernement, mais le problème se posait d'une façon un petit peu
différente. Dans les autres cas, il s'agissait de savoir si, comme
mandataire, les actions de la société représentaient
aussi, sur le plan légal, une autonomie. Mais ici, il y a plus que cela,
on ajoute ce paragraphe. Est-ce que ce paragraphe est ajouté d'habitude
dans les autres sociétés d'Etat que nous avons? Et pour quelle
raison, dans ce cas-ci, l'ajouterait-on, si ce n'est pas le cas pour les
autres? Je ne connais pas la réponse à la question que je
pose.
M. Parizeau: Je ne pourrais pas répondre, M. le
Président. Moi non plus, je ne sais pas dans quelle mesure c'est
général dans les sociétés d'Etat. Je sais que le
comité de législation a insisté pour que ce soit
là. Mais, franchement, dans quelle mesure c'est général ou
pas, je ne pourrais pas répondre. On pourra se renseigner, par
exemple.
Mais je reviens sur une chose. La société n'est pas un
mandataire. Elle jouit des droits et privilèges d'un mandataire. Elle
n'est pas un mandataire.
M. Raynauld: Oui.
M. Parizeau: Par exemple, on ne parle pas des obligations d'un
mandataire. On parle seulement des droits et privilèges d'un
mandataire.
M. Raynauld: On a un avis juridique ici qui nous dit qu'un
organisme gouvernemental émargeant au budget peut être un
mandataire du gouvernement, mais non une société par actions.
M. Parizeau: Mais elle n'émarge pas au budget.
M. Raynauld: Mais non, justement.
M. Parizeau: Donc, elle ne peut pas être un mandataire.
Elle jouit des droits et privilèges d'un mandataire.
M. Raynauld: L'avis juridique que l'on a, justement, c'est que,
comme cette société est une société par actions,
elle ne peut pas être un mandataire du gouvernement.
M. Parizeau: C'est juste.
M. Raynauld: Parce que le mandataire jouit des droits et
privilèges d'un mandataire.
M. Parizeau: Là, ce n'est pas un mandataire.
M. Raynauld: C'est parce qu'il semble y avoir des
différences entre certaines sociétés, une
différence entre SOQUIJ qui est un mandataire du gouvernement, mais qui
n'est pas une société par actions et SOQUIA et plusieurs autres,
SOQUEM, REXFOR. Ce sont des sociétés par actions, mais,
habituellement, selon ce qu'on me dit, ce ne sont pas des mandataires du
gouvernement. Je suppose que la question revient à se demander si dire
"jouit des droits et privilèges d'un mandataire" en fait un
mandataire.
M. Parizeau: Non, l'ancienne loi disait: "La
société est un mandataire du gouvernement".
M. Raynauld: Oui.
M. Parizeau: Compte tenu justement du changement légal
qu'on y apporte, on dit: "La société jouit des droits et
privilèges d'un mandataire". Ce n'est plus un mandataire. La loi a
été transformée à cet égard, justement pour
régler le problème que vous soulevez.
M. Raynauld: Cela va.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, là-dessus, je ne sais
pas où veut en venir le député d'Outremont, parce qu'une
société est toujours le mandataire des actionnaires. Ici, les
actionnaires, il y en a un, c'est le gouvernement, le ministre des Finances. Un
mandataire des actionnaires... Un actionnaire d'une compagnie ne répond
pas plus que pour les actions qu'il y a mis, je ne vois pas pourquoi si la
société faisait faillite cela m'étonnerait surtout
de cette société
M. Parizeau: Oui.
M. Goulet: ... s'il ne s'engage normalement que pour les actions
qu'il a mises dans cette compagnie, je ne vois pas pourquoi ce serait le
contraire pour le gouvernement. Si je prends cinquante actions dans une telle
compagnie et que la compagnie fait faillite, je vais perdre l'argent que j'ai
mis dans mes cinquante actions, mais je ne suis pas responsable en dehors de
cela. Je ne vois pas pourquoi quand le gouvernement est actionnaire dans une
société on retrouverait quelque chose de contraire. On parle du
gouver- nement, parce que le gouvernement est actionnaire. On aurait
peut-être dû dire: Le privilège d'un mandataire du ministre
des Finances, mais le ministre des Finances, c'est qui? Ce sont des mots.
M. Parizeau: Le gouvernement.
M. Goulet: C'est tout simplement comme actionnaire et non pas
comme un gouvernement au sens où on l'entend.
M. Parizeau: Non, sauf que, dans notre système juridique,
on peut être mandataire du gouvernement, mais on ne peut pas être
mandataire d'un ministre. Cela n'existe pas dans notre droit.
M. Goulet: Oui, je comprends, mais ce qu'on applique là,
c'est ce qui se fait régulièrement pour les autres
sociétés...
M. Parizeau: C'est cela. (10 h 30)
M. Goulet: ... parce qu'une société est toujours
mandataire des actionnaires. On peut toujours dire au bureau de direction,
à titre d'actionnaires: La majorité des actionnaires, vous allez
faire telle chose. Là, c'est le gouvernement qui est actionnaire
majoritaire, c'est-à-dire à 100%.
M. Raynauld: Le problème que cela pose, si j'ai bien
compris je ne suis pas sûr d'avoir bien compris c'est que,
dans une société commerciale ordinaire, on ne sent pas le besoin
de dire: La société jouit de droits et privilèges
conférés par les actionnaires. Ici, même si c'est une
société par actions, même si les sociétés
appartiennent au ministre des Finances, on sent le besoin d'écrire
à l'article 4 que la société jouit de droits et
privilèges d'un mandataire du gouvernement. Si on suivait votre
raisonnement, on dirait: On n'a pas besoin de mettre cela, c'est
évident, cela va de soi. Pourtant, on tient à le mettre. Non
seulement, on tient à le mettre, mais, comme le ministre vient de le
souligner, dans l'ancienne loi, on disait que c'était un mandataire, et
là, maintenant, on tient à préciser que ce n'est pas un
mandataire, mais qu'elle jouit des droits et privilèges. Donc, il y a
des distinctions entre toutes ces choses.
M. Parizeau: Exactement pour la raison pour laquelle je soulevais
l'avis juridique que vous avez mentionné tout à l'heure.
M. Raynauld: C'est pour cela qu'il semble y avoir quand
même quelque chose.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce que le
député de Bellechasse a terminé?
M. Goulet: Oui.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Laprairie.
M. Michaud: Est-ce qu'on pourrait ajouter à cela que,
lorsque la régie agit en son propre nom, c'est-à-dire dans des
opérations quotidiennes, mensuelles, annuelles, la société
a une liberté d'action, la société est autonome, jouit
d'une liberté pour administrer quotidiennement sans en rendre le
gouvernement responsable quotidiennement?
M. Parizeau: Je pense que c'est couvert par l'article 7.
M. Michaud: C'est couvert un petit peu plus loin, mais,
même là, peut-être que cela peut s'appliquer à cela
ou du tout.
M. Parizeau: Je ne sais pas, vraiment. Dans la mesure où
les pouvoirs du conseil d'administration sont bien précisés
on va voir qu'il y a plusieurs articles qui, effectivement, reviennent
sur ce qu'il a le droit de faire de sa propre autorité, ce qu'il ne peut
faire qu'après avoir fait accepter par le gouvernement un
règlement... Une fois qu'on a passé deux pages à
préciser cela, je n'ajouterais pas encore quelque chose qui pourrait
nous amener maintenant à revoir, à nous assurer de la concordance
d'une série d'articles.
M. Michaud: D'accord.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce que l'article 4 est
adopté? Article 5. M. le ministre.
M. Parizeau: A l'article 5, pourquoi S170 000? Il fallait un
capital-actions quelconque. A des fins purement anecdotiques, ce qu'on a
utilisé pour déterminer $170 000, c'est exactement ce que, le
jour de la première lecture, la société avait aux comptes
du gouvernement en solde. C'est la signification. On aurait pu mettre $200 000
ou $100 000 ou n'importe quoi. On a utilisé cela, parce qu'il fallait
bien utiliser quelque chose, mais cela n'a pas de signification
particulière.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Je pensais qu'il y aurait une autre raison qui
était tout aussi farfelue, c'était qu'il semble que les actifs
qui sont transférés à la nouvelle société
sont de $17 millions. Je pensais que c'était pour faire...
M. Parizeau: Non.
M. Raynauld: C est ce que j'ai ici.
M. Parizeau: Oui, si vous voulez, l'actif de 1978...
M. Raynauld: 517 millions. M. Parizeau: $16 857 000.
M. Raynauld: Je pensais que cela faisait un chiffre rond.
M. Parizeau: Non. C'est toujours le problème avec ces
sociétés d'Etat. Il faut leur mettre un capital-actions et, au
fond, on ne sait jamais exactement quoi utiliser.
M. Raynauld: Bon! Cela me convient.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Avec ce montant, cela va peut-être être la
seule pour laquelle on n'aura pas besoin de voter à nouveau les montants
à chaque année. Probablement qu'on va le faire rectifier,
celui-là...
M. Parizeau: ... quoi?
M. Goulet: Ce sera peut-être la seule pour laquelle on
n'aura pas besoin de voter les montants de nouveau à chaque
année. Ils vont probablement faire fructifier celui-là.
M. Parizeau: Ils vont peut-être faire quoi?
M. Goulet: Elle sera peut-être la seule compagnie qui va
faire fructifier son capital-actions...
M. Parizeau: Oui. Elle va avoir un rendement considérable
sur son capital-actions.
M. Goulet: ... comparativement à d'autres qui sont dans le
rouge régulièrement, et quand je dis le "rouge ", ce n'est pas au
sens...
M. Raynauld: Vous êtes optimiste, vous.
Le Président (M. Jolivet): Article 5 adopté?
Article 6, amendement d'abord, que je lis. Remplacer, dans la dernière
ligne de l'article 6 du projet de loi, le chiffre 30 par le chiffre 32 .
M. Parizeau: Cela vient de ce que. dans les autres amendements
tout à l'heure, nous intercalions deux articles.
Le Président (M. Jolivet): C est adopté? M.
Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): L'article 6 maintenant, tel
qu'amendé. M. le ministre.
M. Parizeau: Alors, ça, c'est un nouvel article par
rapport à l'ancienne loi, parce que l'ancienne loi ne prévoyait
pas de capital-actions. Maintenant qu'il y a un capital-actions, il faut que
les actions soient attribuées à un ministre.
Le Président (M. Jolivet): M. le député d
Outremont?
M. Raynauld: Cela va, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse?
M. Goulet: Article 6 adopté, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Article 6 adopté.
Article 7?
M. Parizeau: Ceci représente un changement assez important
par rapport à l'ancienne loi. Le président, selon l'ancienne loi,
était nommé pour dix ans et deux autres membres, en somme,
étaient nommés, eux aussi, pour dix ans et étaient,
comment dire? des employés permanents, des membres permanents.
C'étaient des emplois à temps plein. Nous remplaçons cela,
à la suite, d'ailleurs, des recommandations de la commission Gilbert,
par un président, nommé par le gouvernement pour cinq ans, et six
autres membres du conseil d'administration, nommés pour trois ans.
Alors, ces six autres membres du conseil d'administration ne seront pas des
membres à temps plein. Ce serait un conseil d'administration anormal de
société.
Cela suit, d'ailleurs, la tendance qu'on aura observée dans
d'autres sociétés d'Etat récemment, à savoir
d'avoir des mandats plus courts. On trouve que les dix ans étaient bien
longs. Ce seront des mandats plus courts, quitte à les renouveler.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, je suis assez d'accord avec
ce nouveau modèle de conseil pour les sociétés et je n'ai
aucune objection à la formulation de l'article 7 telle qu'elle est. Je
demanderai peut-être une question qui n'a pas trait au libellé de
l'article.
Qu est-ce qui arrive sur le plan des nominations ou des anciens membres,
par exemple, qui faisaient partie de la société? Est-ce qu'ils
sont renvoyés à leur champ?
M. Parizeau: L'article 33 prévoit ceci à leur
sujet...
Le Président (M. Jolivet): 33...
M. Parizeau: C'est 33.
M. Raynauld: Oui, ça répond à ma question,
M. le Président.
M. Parizeau: Le président et le directeur
général ainsi que les autres membres du conseil d'administration
de ladite corporation deviennent respectivement, sans autre formalité,
jusqu'à l'expiration de leur mandat, président et directeur
général et membres du conseil d'administration de la
société. Pour les deux autres membres, à l'heure actuelle,
à part le président, le mandat de l'un d'eux se termine le 31
décembre 1979 et l'autre, le 31 décembre 1985. On doit respecter,
bien sûr, les obligations de l'ancienne loi.
Le Président (M. Jolivet): Cela va, M. le
député de Bellechasse?
M. Goulet: J'ai encore deux questions, M. le Président.
C'est le même pattern que celui que l'on a employé pour la
Société des alcools et c'est une recommandation à 100% du
rapport Gilbert.
M. Parizeau: C'est cela.
M. Goulet: Le président ainsi que le conseil
d'administration seront nommés par le gouvernement, donc par le
ministre. Je ne sais pas quelle implication cela pourrait avoir s'ils
étaient nommés au choix des deux tiers de l'Assemblée
nationale; cela serait-il trop compliqué ou y a-t-il quelque chose qui
vous empêche de le faire?
M. Parizeau: Dans tout notre système tel qu'établi,
il y a des postes qui relèvent de l'Assemblée nationale et qui
sont comblés par elle et d'autres qui le sont par le gouvernement...
M. Goulet: Oui, mais pour les sociétés d'Etat?
M. Parizeau: En vertu d'une distinction très nette; les
sociétés d'Etat, le gouvernement; certains des services centraux
du Parlement, par l'Assemblée nationale. Par exemple, le
Vérificateur général, le président des
élections...
M. Goulet: Le Protecteur du citoyen.
M. Parizeau: ... le Protecteur du citoyen; mais la direction des
sociétés d'Etat, jusqu'à maintenant, a toujours
été nommée par le gouvernement. C'est un acte du
gouvernement.
M. Goulet: Mais ne pourrait-on pas innover dans cela?
M. Parizeau: Non seulement on ne pourrait pas innover...
M. Goulet: Le gouvernement que vous représentez, lorsqu'il
était dans l'Opposition, a déjà amené des arguments
comme cela. Je me demande si ce ne serait pas bon aujourd'hui, si
c'était bon... Je ne veux pas tirer la pipe à qui que ce soit, je
pose simplement la question, parce que, si on a déjà
formulé de telles recommandations, il serait peut-être bon
aujourd'hui...
M. Parizeau: Sûrement pas moi, M. le Président.
M. Goulet: Non.
M. Parizeau: J'ai toujours eu le défaut de
considérer qu'un gouvernement doit prendre ses
responsabilités...
M. Goulet: Les gouvernements gouvernent.
M. Parizeau: ... et que le premier rôle d'un gouvernement,
c'est de gouverner.
M. Goulet: Je voulais seulement avoir l'impression du ministre
là-dessus. Est-ce qu'à l'heure actuelle les critères de
composition du conseil d'administration sont établis? Peut-on dire, par
exemple: On va essayer de trouver un juge de telle cour, on va essayer de
trouver un comptable agréé, un avocat... Ou bien s'il peut y
avoir cinq avocats comme cinq comptables agréés, ou si on veut
répartir... Les critères sont-ils bien définis?
M. Parizeau: Non, les critères ne sont pas bien
définis. Je vais avoir à faire, comme actionnaire, un certain
nombre de propositions au gouvernement. Dans mon esprit, il faut mettre un
accent assez sérieux sur des gens qui ont une expérience assez
grande du marketing, d'une part. Je pense que c'est important que cette
dimension-là soit toujours présente au conseil d'administration
de la Loto. Il n'est cependant pas mauvais non plus qu'on ait la
réaction de la protection du consommateur, des gens qui, au fond, voient
cela avec l'oeil du public. Ces deux tendances-là doivent être
représentées. Mais il n'y a pas de critères
définis. En fonction d'une espèce d'orientation comme
celle-là, je vais faire des recommandations au gouvernement.
M. Goulet: Non, mais je voulais dire, peut-être, quelqu'un
du côté patronal dire: Cela nous prend au moins quelqu'un du
côté patronal, au moins une personne du côté
syndical. C'est ce que je voulais dire.
M. Parizeau: Non, ce n'est pas du tout dans ce sens-là que
je l'envisage. Il y a deux dimensions qui me paraissent importantes. C'est une
entreprise commerciale basée sur la distribution, sur, d'une part, une
distribution aussi bonne que possible et, d'autre part, une espèce
d'innovation constante dans les produits et dans la diversification du produit.
Là, il y a une dimension du marketing qui est très importante. De
plus, il ne faut pas que le marketing soit à ce point prédominant
qu'on oublie l'intérêt du consommateur non plus. Il y a une
espèce d'équilibre à faire au conseil d'administration,
mais s'il y a un équilibre, c'est de ce côté-là, ce
n'est pas dans le sens patronal-syndical. Il faut un marketing aussi
entrepreant que possible, mais d'un autre côté, pas au point
où le consommateur risquerait d'être écrasé par la
machine à marketing.
Le Président (M. Jolivet): L'article 7 est-il
adopté?
M. Raynauld: Adopté.
M. Goulet: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Article 8? M. le ministre.
M. Parizeau: II s'agit simplement du mode de continuité
dans la nomination des membres et dans leur remplacement. C'est une clause un
peu bateau, on la retrouve à peu près partout
celle-là.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont?
M. Raynauld: Cela va, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse?
M. Goulet: Cela va, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. Article 9, M. le
ministre.
M. Parizeau: C'est le même texte que l'ancienne loi, M. le
Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont?
M. Raynauld: Cela va.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Cela va, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. Article 10, M.
le ministre.
M. Parizeau: C'est la clause de conflit d'intérêts,
c'est analogue à l'ancienne loi.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont?
M. Raynauld: Aucune objection, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Cela va, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. Article 11, M.
le ministre.
M. Parizeau: Cela découle de ce que je disais tout
à l'heure. Les membres en poste actuellement, donc MM. Lafaille, Vandry
et Dugré, seront à temps plein et rémunérés
ainsi, en vertu de l'ancienne loi et les autres seront payés sur une
base de jetons de présence, en fonction de ce que le gouvernement
déterminera, bien sûr.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Oui, M. le Président. Evidemment, ceux qui
vont être payés à temps plein travaillent à temps
plein aussi, en vertu de... Je ne comprends pas très bien en vertu de la
nouvelle structure.
M. Parizeau: D'abord, le président, de toute façon,
est directeur général, donc à temps plein. (10 h 45)
M. Raynauld: Oui, cela ça va.
M. Parizeau: Les deux autres seront intégrés dans
la structure de fonctionnement de Loto-Québec et, dans ce
sens-là, seront incorporés à l'administration de
Loto-Québec. J'admets que cela fait un peu curieux, mais d'un autre
côté les obligations qui découlent de l'ancienne loi, on ne
peut tout de même pas les abolir.
M. Raynauld: Ce sont des gens qui vont être là comme
employés, qui vont en même temps être membres du conseil
d'administration, ce qui était le cas avant, mais qui ne l'est plus.
M. Parizeau: Là au moins, on élargit le
conseil.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, pour le traitement de ces
gens-là, est-ce qu'on a déjà pensé, dans les
sociétés d'Etat, à leur accorder un salaire, prime ou
commission, de façon qu'on puisse intéresser les gens pour qu'ils
soient plus efficaces? On leur paie un salaire. On ne peut pas faire ça?
Cela se fait à peu près dans toutes les entreprises
privées. Je veux dire...
M. Parizeau: Ce serait très populaire chez ceux qui...
M. Goulet: Si on veut apporter une certaine motivation. Pourquoi
les sociétés d'Etat, pour la plupart, n'ont-elles pas de
bénéfices au même titre qu'une société,
j'appelle ça une société privée, pour faire la
différence?
M. Parizeau: Etablissons d'abord une distinction avec les jetons
de présence des membres du conseil d'administration; normalement, c'est
fixe. Effectivement...
M. Goulet: Je parle du directeur général...
M. Parizeau: ... pour les cadres, dans certaines entreprises
privées, il y a des systèmes de bonis à performance, on
trouve ça dans le secteur privé. Dans le secteur public, non.
M. Goulet: Vous auriez tout intérêt à avoir
une saine administration, c'est ce que je veux dire, si, au lieu d'avoir 25
secrétaires, on peut faire le travail avec 14, et ainsi de suite, toutes
sortes de dépenses, pour avoir autant de profits, parce que les
sociétés d'Etat doivent viser le profit, d'après moi, et
être aussi efficaces que les sociétés privées.
M. Parizeau: Sans doute, mais, d'un autre côté, il
faut le reconnaître aussi, à partir du moment où on
ouvrirait une porte comme celle-là dans le secteur public, où
est-ce qu'on s'arrêterait? Est-ce qu'on donnerait un boni au
sous-ministre du Revenu, parce qu'il n'y a personne qui perçoit de
l'argent comme lui? Vous voyez ça, vous, un sous-ministre du Revenu
à commission?
M. Goulet: Non.
M. Parizeau: II faut bien comprendre que vous avez là...
la fonction publique...
M. Raynauld: Dans l'ancien régime, c'était comme
ça...
M. Parizeau: Oui. Les fermiers généraux, sous les
rois de France, c'était comme ça.
M. Goulet: Si vous permettez, M. le Président, M. le
ministre dit: On ne sait pas où on peut arrêter et où on
peut commencer, je suis d'accord avec lui. Rendu au ministre du Revenu, c'est
quelqu'un qui travaille, le type, à un moment donné, qui va
répondre de ça, c'est le ministre du Revenu lui-même, lors
de la prochaine élection de son gouvernement. Par contre, pour une
société d'Etat, ce que je voulais dire, c'est que si c'est bon
pour l'entreprise privée de viser l'efficacité, c'est un moyen
efficace de viser l'efficacité, d'atteindre l'efficacité ou de
s'en rapprocher pourquoi est-ce que ce ne serait pas bon pour les
sociétés d'Etat? Vous allez vous présenter...
M. Parizeau: Ecoutez, n'oubliez pas qu'un bon nombre de
sociétés d'Etat sont des monopoles. C'est le cas, ici, le cas de
la SAQ, le cas de l'Hydro-Québec. Dans le cas de monopoles, il est
évident qu'on pourrait facilement en arriver à une situation
où il y aurait une contradiction totale entre la tentative de faire le
maximum d'argent sur le dos du public et l'intérêt public. Je
n'aimerais pas beaucoup savoir que des cadres, à toutes fins utiles,
sont payés dans le sens d'aller chercher dans le public au-delà
de ce que la loi prévoit. Chacune de ces sociétés d'Etat
répond à l'Assemblée nationale par un ministre et, dans ce
sens, une société d'Etat répond autant à
l'Assemblée nationale par un ministre que le ministère du
ministre en question.
M. Goulet: M. le Président, je suis bien d'accord avec
tout ce que le ministre vient de nous dire. Mais le gouvernement ou le ministre
en titre est là pour surveiller sa société d'Etat, si la
société d'Etat veut exploiter le public, mais ce que je veux
dire, c'est que si une société d'Etat fait un chiffre d'affaires,
prenez un exemple de $10 millions, et que ça coûte $10 500 000
pour faire ce chiffre d'affaires, elle serait peut-être mieux de ne pas
exister.
Ce que je veux dire, c'est qu'elle peut faire les mêmes $10
millions, mais à l'intérieur, couper les dépenses et
être plus efficace et rapporter beaucoup plus au trésor public.
Si, pour faire $10 millions, au lieu d'en coûter $9 millions, cela en
coûte $8 millions, on épargne $1 million, c'est là qu'on
voit l'efficacité. Ce n'est peut-être pas au niveau de la
publicité, du marketing, pour aller chercher un plus gros chiffre
d'affaires, mais au niveau de l'administration de la régie interne de la
société. Et au lieu que le directeur général se
promène avec un chauffeur et qu'il ait 25 secrétaires à
son service, il peut peut-être conduire lui-
même sa voiture et avoir douze secrétaires. C'est cela que
je veux dire.
M. Parizeau: Et dans ce sens-là, il ne faut pas oublier
que les cadres du gouvernement, comme les cadres de beaucoup de
sociétés d'Etat, ne reçoivent pas d'augmentation avec
l'automaticité qu'on retrouve dans d'autres secteurs de la fonction
publique. Les augmentations au mérite ou à la performance sont
maintenant partie de notre système. Il y a une notation et une
évaluation qui sont faites. Les augmentations ne sont pas automatiques
à ce niveau, contrairement, encore une fois, à ce qu'on retrouve
à d'autres niveaux de la fonction publique.
Cela me paraît suffisant. Et encore une fois, ouvrir des
commissions à l'intérieur de monopoles, non. Je ne suis pas
certain que ce serait très public.
M. Goulet: Pour terminer là-dessus, ce que je voulais
dire, c'est qu'il y a des bureaux ou des conseils d'administration ou des
présidents de sociétés d'Etat qui sont à peu
près dix fois mieux équipés que le ministre qui est
responsable de cette société.
M. Parizeau: Je n'en disconviens pas, mais ce n'est pas le cas
à Loto-Québec.
M. Goulet: Cela peut le devenir.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Laprairie.
M. Michaud: Je pourrais dire au député de
Bellechasse qu'il y a toujours moyen de juger de la bonne administration ou de
la mauvaise administration, même dans une société d'Etat.
On peut juger si les frais d'exploitation augmentent trop rapidement ou
diminuent.
Deuxièmement, je pense qu'on s'est donné un outil de
contrôle beaucoup plus précis qu'avant en ayant des rapports
trimestriels de ces sociétés d'Etat qui commencent à
entrer.
Je voudrais revenir sur ce qu'on discutait tout à l'heure
concernant les deux commissaires qui vont devenir membres du conseil
d'administration. Ils sont présentement salariés à temps
plein. Je poserais une question au ministre. Si ces personnes veulent
être recyclées ou mutées vers la fonction publique
gouvernementale, je crois qu'elles en auraient la possibilité.
M. Parizeau: Bien sûr, d'autant plus que l'un d'entre eux,
en fait, est en congé de la fonction publique. En somme, il a
été prêté par la fonction publique. Si, à un
moment donné, il voulait réintégrer, cela ne pose pas de
difficulté particulière.
M. Goulet: Mais pas l'inverse, par exemple, M. le
Président. S'il vient de la fonction publique et qu'il s'en va
là, il peut revenir à la fonction publique, mais pas passer par
une société d'Etat pour entrer à la fonction publique sans
concours.
M. Parizeau: Non, non.
M. Michaud: Ce n'est absolument pas ce que je voulais dire. Je
parle d'un des deux.
M. Parizeau: Un des deux commissaires actuels, à part le
président, était dans la fonction publique avant que la
Loto-Québec ne soit organisée.
M. Goulet: C'est tout à fait normal.
M. Parizeau: Là, il a été muté
à la Loto-Québec.
M. Goulet: C'est correct.
M. Parizeau: Evidemment, s'il veut revenir à la fonction
publique, il n'y a pas de problème. C'est simplement ce cas.
Le Président (M. Jolivet): Article 11, adopté?
M. Goulet: Oui.
Le Président (M. Jolivet): Article 12. M. le ministre.
M. Parizeau: L'article 12 est identique à l'ancienne loi,
M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Ça va, M. le Président. M. Goulet:
Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. A l'article 13,
il y a un amendement que je vous lis pour les besoins du journal des
Débats: Remplacer le premier alinéa de l'article 13 du projet de
loi par les suivants: "13. Le conseil d'administration de la
société détermine par règlement les normes et
conditions générales relatives à la nature et à la
tenue des systèmes de loterie qu'elle conduit et administre. "Un
règlement visé dans le premier alinéa est sujet à
l'approbation du gouvernement et entre en vigueur à la date de sa
publication à la Gazette officielle du Québec ou à une
date ultérieure qui y est fixée."
M. Parizeau: C'était simplement une clarification.
Evidemment, le deuxième paragraphe devient le paragraphe trois,
c'est-à-dire celui qui commence par "le conseil d'administration de la
société peut également...".
Le Président (M. Jolivet): Donc, je peux le donner. Si
l'amendement était accepté, le deuxième paragraphe de
l'article 13 actuel deviendrait le paragraphe trois.
M. Raynauld: M. le Président, je ne pense pas. C'est la
même chose que le premier paragraphe. Il
détermine toutes normes et conditions générales
relatives à la nature et à la tenue des systèmes de
loterie qu'elle conduit et administre. Il détermine par règlement
les normes et conditions générales relatives à la nature
et à la tenue des systèmes de loterie qu'elle conduit et
administre.
M. Parizeau: Un instant! Un instant! Un instant!
Le Président (M. Jolivet): En fait, l'amendement, c'est le
premier paragraphe qui est divisé en deux parties. M. le ministre.
M. Parizeau: Là, je comprends. Effectivement, il y a deux
types de règlements. Ceux qui sont visés par les paragraphes 1 et
2 de l'amendement sont les conditions générales dans lesquelles
les loteries se tiennent et qui doivent être approuvées par le
gouvernement et publiées dans la Gazette officielle. En outre, le
conseil d'administration peut alors là, de lui-même,
déterminer d'autres choses qui n'ont pas besoin d'être
approuvées par le gouvernement, par exemple des changements dans la
structure des lots. On ne vas pas retourner au gouvernement chaque fois qu'on
décide de changer des prix de $50 pour les transformer en prix de $75 ou
qu'on modifie le nombre de prix de $100 en prix de $50. Les règlements
généraux d'exploitation des loteries donnent lieu à un
règlement qui est approuvé par le gouvernement, qui va à
la Gazette officielle, mais, en outre, dans ce qui devient le troisième
paragraphe, le conseil d'administration peut déterminer... en dehors de
ce qui est visé par les règlements approuvés par le
gouvernement. Il y a une certaine latitude quant à déterminer les
conditions dans lesquelles les loteries se tiennent. Evidemment, cela ne peut
pas être contradictoire par rapport aux règlements
approuvés par le gouvernement, bien sûr.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont. On peut, pour les besoins de la cause, regarder l'article 13 au
complet, l'amendement compris, et on votera en conséquence.
M. Raynauld: Oui. Je voulais d'abord dire que j'étais
heureux de l'amendement apporté, parce que je trouvais justement qu'il y
avait des difficultés d'interprétation dans le texte original.
Ceci, je pense, est maintenant résolu. On se demandait si les normes, si
les conditions générales et des choses comme cela étaient
des règlements ou n'en étaient pas. Là, c'est clair, je
pense, avec l'amendement apporté.
Ce que soulève l'addition du deuxième paragraphe de
l'article original par rapport à l'amendement, c'est un problème
un peu différent. Je conçois facilement que le conseil
d'administration puisse aller au-delà des règlements
approuvés par le lieutenant-gouverneur en conseil. Par ailleurs, sans
autres précisions, compte tenu des exemples qui viennent d'être
donnés, comme changer des lots, je me pose des questions à savoir
ce qui devra entrer dans des règlements approuvés. Si c'est
exact, je pense qu'à l'heure actuelle, les règlements sont
approuvés par le gouvernement et ces règlements précisent
justement les proportions qui sont redonnées, par exemple, aux gens
à l'occasion d'une loterie. C'est une protection qui est donnée.
Etant donné qu'il n'y a pas plus de précisions que cela ici,
n'est-il pas possible, à ce moment-là, qu'on ait des
règlements approuvés par le guvernement qui soient de type encore
plus général et qu'en réalité, toute la substance,
l'essentiel, si on veut, des lotos soit effectivement donné au conseil
d'administration exclusivement? Toutes autres normes et conditions
relatives...
M. Parizeau: Je vais donner un exemple.
M. Raynauld: Je n'ai pas de position. Quand je dis cela, je n'en
ai pas. Est-il mieux de laisser plus d'autonomie à une
société? Je suis tiraillé dans ces choses-là, parce
que je suis en faveur d'une très grande délégation aux
sociétés d'Etat par principe. Ou on crée des
sociétés ou on n'en crée pas. Mais, ceci dit, il reste que
c'est formulé de telle façon que tout cela peut passer au conseil
d'administration ou tout cela peut revenir au gouvernement. Ne pourrait-il pas
y avoir des conflits, par exemple, entre le gouvernement et la
société sur le contenu de ces règlements? (11 heures)
Là, c'est le conseil d'administration qui va décider que
c'est un règlement suffisamment important pour que cela soit
approuvé par le gouvernement, mais un autre que le conseil
d'administration jugera moins important, il va appeler cela un règlement
de régie interne. Je suis un peu em-barassé avec cela. Je laisse
cela ainsi pour l'instant.
M. Parizeau: Je pourrais peut-être donner un exemple de la
façon dont cela s'applique. Le règlement actuel de la
Loto-Québec dit ceci, au paragraphe 8: Valeur des lots. La valeur
globale des lots offerts ne peut être inférieure à 35% ni
supérieure à 55% d'un montant déterminé en
multipliant la valeur nominale par le nombre de billets imprimés parmi
lesquels ces lots doivent être attribués.
Le règlement approuvé par le gouvernement, c'est entre 35%
et 55%. Il faut que, pour tel jeu ou telle loto, le conseil d'administration
puisse dire: Entre 35% et 55%, pour tel jeu, ce sera tel pourcentage; tel autre
jeu, ce sera tel autre pourcentage. S'il voit que le jeu réussirait
mieux en changeant le pourcentage entre 35% et 55%, qu'il ait l'autonomie
voulue pour le changer, sans revenir constamment au Conseil des ministres en
disant: Ecoutez, on a essayé à 42,5%, ce n'est pas assez fort, on
aimerait mieux 47%. Qu'est-ce que vous en pensez? C'est ce que vise le
troisième paragraphe. Donc, il doit y avoir des règlements
généraux approuvés et publiés dans la Gazette
officielle, et à l'intérieur de ces règlements
généraux, le troisième paragraphe donne la latitude
à la société afin qu'elle puisse travailler.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse
M. Goulet: Ce règlement, justement, on ne sait pas... Je
reviens à l'argument que le ministre invoquait lors de l'étude de
l'article précédent. Où cela débute-t-il et
où cela se termine-t-il?
Il nous a donné un exemple, mais souvent, lorsqu'un conseil
d'administration change, on peut tout changer complètement. Je vais
donner comme exemple concret la méthode de tirage, le choix des
numéros. A un moment donné, te conseil d'administration veut que
ce soit le boulier. Alors, il fait tous les changements pour cela. L'autre
conseil d'administration veut que ce soit l'ordinateur. Est-ce que le conseil
d'administration va être obligé d'aller au gouvernement pour cela
et dire: Cela nous a coûté tant pour l'ordinateur et pour le
système, et là, on met tout cela à terre parce qu'on veut
innover et on revient avec le boulier, ou, on fait le contraire, ou s'il a
toute la latitude voulue pour...
M. Parizeau: Normalement, il a toute la latitude voulue.
M. Goulet: II a toute la latitude voulue. D'accord.
M. Parizeau: Bien sûr. La seule chose qu'il ne faut pas
oublier, cependant, c'est que l'actionnaire, à supposer que le conseil
d'administration change cinq fois d'opinion en deux ans et commence à
faire vraiment de bien grosses dépenses, voyant son dividende
baissé, peut commencer à poser des questions et à dire:
Ecoutez, pourriez-vous vous fixer sur un type d'appareil et cesser de changer
cela à tout bout de champ?
M. Goulet: Là, on veut le faire apparemment. C'est un
exemple à savoir si le gouvernement interviendrait s'il y a eu des
dépenses ou si le gouvernement dit: Allez-y! Le gouvernement dresse des
balises, comme vous avez dit tantôt, mais les balises, où
commencent-elles et où se terminent-elles?
M. Parizeau: Ce n'est pas tellement une question de balises, dans
ce cas. C'est une question simplement de sommes d'argent qui entrent. Si,
à un moment donné, un conseil d'administration dépensait
de l'argent à ce point, dans toute espèce de virage sur le plan
de l'outillage et que cela affecte vraiment les entrées, oui, bien
sûr, évidemment, l'actionnaire commencerait à se poser des
questions, c'est normal. Normalement, c'est au conseil d'administration de
déterminer s'il veut un boulier ou s'il veut un ordinateur. C'est son
problème.
M. Raynauld: Quelle est la distinction entre un acte
administratif pur et simple et une norme ou une condition placée
à des choses qu'elle administre? Est-ce qu'on a vraiment besoin d'un
article comme celui-là? Le conseil d'administration peut prendre des
décisions sans... Autrement dit, est-ce qu'il est nécessaire
d'avoir ce paragraphe additionnel, étant donné qu'il y a des
règlements qui sont prévus par les deux premiers alinéas?
Est-ce qu'on ne pourrait pas interpréter tout le reste comme
étant des actes administratifs qui sont dans l'application? Comme le
ministre l'a dit tout à l'heure, on peut toujours vérifier si une
société suit les règlements. Elle suit ses
règlements généraux, et le reste, on l'interprète
comme étant des actes administratifs de tous les jours. Pourquoi faut-il
avoir des étages de règlements? Il y a la loi, il y a les
règlements généraux, et après cela, il y aurait une
autre série de règlements, sans compter les règlements de
régie interne qui sont également prévus à l'article
12. Est-ce qu'il est bien clair qu'on a absolument besoin d'un article comme
celui-là pour faire fonctionner la société? Cela ne me
paraît pas évident. Encore une fois, je ne veux pas faire un
débat là-dessus.
M. Parizeau: Non, je pense qu'à bien y repenser, dans la
mesure où la société a le droit de faire ses
règlements internes...
M. Goulet: Qu'il y ait des règlements...
M. Parizeau: ... on pourrait, au fond, incorporer ce
troisième paragraphe dans le règlement qui est approuvé
par le gouvernement, en faire un paragraphe additionnel, indiquant à
l'intérieur les limites du règlement général
approuvé par le lieutenant-gouverneur en conseil; à
l'intérieur de ces normes, la société pose tout geste
qu'elle juge utile.
M. Goulet: C'est ça. Moi, il me semble que ça va de
soi.
M. Parizeau: Oui.
M. Goulet: Parce que vous avez toujours le droit de veto si, un
bon jour, la société pose un geste qui ne ferait pas l'affaire du
gouvernement ou du ministre en titre; le ministre a toujours le droit de veto.
C'est à lui de décider, à ce moment-là: Vous
êtes allés trop loin ou...
M. Parizeau: Ah non! Il ne s'agit pas de ça. Il s'agit
simplement de donner à la société toute latitude à
l'intérieur du règlement tel qu'approuvé par le
gouvernement. Mais le règlement approuvé par le gouvernement peut
bien comporter ça. Oui, d'accord, quant à moi, je suis prêt
à retirer ce troisième paragraphe.
Le Président (M. Jolivet): Donc, si nous voulons aller
avec le plus de certitude possible, allons-y avec l'amendement.
M. Raynauld: On va avoir une proposition pour ça?
Le Président (M. Jolivet): Oui, c'est ça. Je vais
la faire faire en conséquence.
M. Raynauld: On serait prêt à la faire.
Le Président (M. Jolivet): D'abord, l'article 13 est
amendé par les deux paragraphes dont j'ai fait
mention tout à l'heure. Cet amendement-là est-il
adopté?
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): La proposition qui pourrait
venir, selon les règlements du ministre, serait de faire
disparaître de l'article 13 du projet de loi le deuxième
paragraphe, c'est-à-dire: "Le conseil d'administration de la
société peut également déterminer toutes autres
normes et conditions relatives à la tenue des systèmes de
loteries qu'elle conduit et administre". Ce paragraphe serait biffé.
Une Voix: C'est ça.
Le Président (M. Jolivet): D'accord?
M. Raynauld: D'accord.
Le Président (M. Jolivet): Article 14?
M. Parizeau: L'article 14. Il s'agit essentiellement de savoir
comment les procès-verbaux sont tenus et gardés. Clause bateau
aussi.
M. Raynauld: Cela va, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Article 14, adopté? M.
le député de Bellechasse? Article 15, il y a un amendement que je
lis. "Remplacer l'article 15 du projet de loi par le suivant: Article 15,
premier paragraphe: Le secrétaire et les autres employés de la
société sont nommés et rémunérés
selon les normes et les barèmes établis par le règlement
de la société. Deuxième paragraphe: Un règlement
visé dans le premier alinéa entre en vigueur sur approbation du
gouvernement".
M. Parizeau: C'est une simplification seulement. C'est une
clarification de l'article 15 tel qu'il avait été
présenté à l'origine.
M. Raynauld: M. le Président, je n'ai pas d'objection
à cet amendement à l'article 15. J'aurais peut-être une
question, étant donné que j'entends dire que les employés
actuels ont une convention qui a expiré il y a déjà
quelques mois. Je voudrais savoir si les règlements internes, à
l'heure actuelle, prévoient que les négociations se font entre la
société et les syndicats concernés ou si ça se fait
en fonction d'une négociation générale avec table de
négociation et intervention directe du ministre ou du président
du Conseil du trésor, dans les circonstances?
M. Parizeau: Tant que la nouvelle loi n'est pas
sanctionnée, c'est évident qu'ils négocient par le canal
habituel de la Fonction publique.
M. Raynauld: C'est la Fonction publique. M. Parizeau:
C'est ça.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse?
M. Raynauld: J'aurais une autre question.
Le Président (M. Jolivet): Excusez! M. le
député d'Outremont. Je pensais que vous aviez terminé.
M. Raynauld: Les négociations se font par la Fonction
publique. Maintenant, la nouvelle loi changerait ça
entièrement.
M. Parizeau: Oui.
M. Raynauld: D'après la nouvelle loi, les employés
de Loto-Québec ne sont pas des gens de la Fonction publique et la
négociation des conditions de travail se ferait de façon
autonome.
M. Parizeau: En vertu de l'annexe du projet de loi no 55.
M. Raynauld: L'annexe du projet de loi no 55.
M. Parizeau: II y a là-dedans la SAQ,
l'Hydro-Québec et un certain nombre d'organismes.
M. Raynauld: Si la loi entre en vigueur bientôt, lequel des
deux systèmes... Est-ce qu'ils ont le choix?
M. Parizeau: Le projet de loi no 55 est très clair. C'est
que toute convention collective qui vient à échéance le 30
juin 1978 est renégociée selon l'ancien régime, l'ancienne
loi, et toute convention collective qui vient à échéance
depuis le 1er juillet 1978 tombe sous l'empire du projet de loi no 55.
M. Raynauld: A l'heure actuelle, en vertu du régime,
est-ce que ces employés de Loto-Québec auraient les mêmes
conditions, vraisemblablement, que celles de la fonction publique, ou y
aurait-il une convention collective, avec certains articles particuliers qui
s'appliquent à eux... Cette histoire est un peu gênante...
M. Parizeau: Ce n'est pas gênant, mais on s'est toujours
entendu pour d'abord déposer les conditions aux tables. Je ne peux pas
savoir à l'avance comment cela va aller. Si on veut garder
l'espèce de proposition qu'on a faite au syndicat, les conditions qui
s'appliquent à chaque convention collective sont d'abord
présentées au syndicat avant d'être discutées. Sur
le plan de l'encadrement juridique, cela ne pose pas de difficulté
particulière.
M. Raynauld: Peut-être pas sur un plan juridique, mais sur
un plan de contenu, cela en pose certainement, puisqu'on leur donne, au fond,
des conditions de travail de la fonction publique et, en même temps, on
leur dit: Vous n'êtes plus des fonctionnaires. On passe une loi et on
leur dit: Non, maintenant, ce n'est plus cela.
M. Parizeau: Oui, mais la loi 55 dit que, pour la politique
salariale d'un certain nombre de sociétés d'Etat
désignées dans l'annexe, les man-
dats de négociation doivent être approuvés par le
Conseil du trésor. Alors, il se fait ici une coordination.
M. Raynauld: Ce sont des mandats généraux.
M. Parizeau: Autrement dit, du fait de sortir par une porte et
faire entrer par la même porte, la coordination du Conseil du
trésor prend des formes juridiques diverses au fur et à mesure
que le temps passe, mais, néanmoins...
M. Raynauld: Elle reste toujours la même. Cela me
rappelle...
M. Parizeau: Ce n'est pas le cadre judirique qui est immuable,
c'est le Conseil du trésor.
M. Raynauld: Cela me rappelle les remarques que vous aviez faites
il y a déjà plusieurs années, M. le ministre, à un
moment où vous n'étiez même pas là, et vous disiez
que, de façon directe ou indirecte, le gouvernement finissait par avoir
la main haute sur au moins la moitié de la main-d oeuvre du
Québec; je pense que cela le confirme.
M. Parizeau: Pas la main haute, mais, enfin, disons que le
gouvernement, effectivement, par le truchement du salaire minimum, des
négociations dans le secteur public et les décrets, tout cela
ensemble, effectivement, en couvre pas mal large.
M. Raynauld: Bon, cela va.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: C'est une question au ministre. Est-ce que, d'ordre
général, les employés du parapublic ou des
sociétés d'Etat coûtent plus cher à l'Etat que les
employés qui sont directement à l'emploi de l'Etat? Règle
générale, ont-ils de meilleures conditions de travail ou ont-ils
la parité?
M. Parizeau: Dans le cas de Loto-Québec, c est la
même chose. Ce sont les mêmes barèmes qui sont
utilisés. Il y a des sociétés d'Etat qui, à
certains moments, ont eu de meilleures conditions de travail, mais c'est
très difficile de généraliser de période en
période. Je ne m'essaierais pas à une
généralisation qui couvrirait SIDBEC, SAMOCO, Loto-Québec,
I'Hydro-Québec et la fonction publique, pour la raison suivante: on peut
faire en sorte que tout ce qui est monopole d'Etat soit, d'une façon ou
de l'autre, aligné à l'intérieur de la politique salariale
du secteur public; mais, quand on entre dans des sociétés
purement commerciales en concurrence avec d'autres sociétés
commerciales, l'acier, le bois de sciage, la pâte et le papier, il est
évident qu'un "paper maker" dans une usine de pâtes et papiers qui
appartiendrait au gouvernement, ce n est pas en fonction des barèmes de
la fonction publique qu'il est payé, c'est en fonction de ce que les
autres "paper makers" font dans lindustrie. Je pense à Donohue, par
exemple. Donohue est dans le secteur public mais on ne paie pas les "paper
makers" de Donohue en fonction des barèmes de la fonction publique ou de
la politique salariale du gouvernement.
M. Goulet: Vous avez le contraire avec l'entreprise
privée, si je prends le niveau du personnel de bureau, je peux vous dire
que l'entreprise privée a de la difficulté à suivre. Je ne
parle pas des grosses entreprises privées mais la petite et la moyenne
entreprises ont énormément de difficulté surtout dans la
région de Québec, à suivre le gouvernement. Cela revient
à I efficacité dont je parlais tout à Iheure; à un
moment donné, on leur permet de donner de meilleures conditions de
travail et, de lautre côté, I entreprise privée est
confrontée avec l'Etat. (11 h 15)
M. Parizeau: M. le Président, j'ai l'impression que le
député de Bellechasse, quand il parle de correctif dans ce
sens-là, prêche un convaincu. Je pense avoir été
assez clair.
Le Président (M. Jolivet): Une question? L amendement
à l'article 15 est-il adopté?
M. Goulet: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): En adoptant cet amendement,
nous adoptons par le fait même l'article. Article 16, M. le ministre.
M. Parizeau: C'est le même texte que l'ancienne loi, sauf
que l'on ouvre là la question de la possibilité, si le
gouvernement l'autorise, de tenir des courses et de promouvoir l'industrie
québécoise de l'élevage des chevaux de course. SODIC, la
Société de développement de l'industrie chevaline, est une
filiale de Loto-Québec. Comme l'avenir de SODIC, la forme que cela aura
à prendre, son rattachement même à Loto-Québec, tout
cela n'est pas encore décidé. On donne à l'article 16 la
possibilité simplement de maintenir Loto-Québec dans ce champ,
mais sans que ce soit assuré. Il est possible que SODIC soit
organisée différemment ou détachée de
Loto-Québec éventuellement. Enfin, nous verrons cela dans les
mois qui viendront. C'est pour cela qu'on met "si elle y est autorisée
par le gouvernement".
M. Raynauld: M. le Président, je n'ai pas, ici non plus,
d'objection à l'article 16 tel qu'il est écrit. Je voudrais
seulement soulever un problème un peu plus large à l'occasion de
cet article 16 et justement à l'occasion de cette
référence un peu plus large à l'occasion de cet article 16
et justement à l'occasion de cette référence à la
promotion de l'industrie de l'élevage des chevaux de course. Je ne suis
pas sûr que ce soit ici qu'il faudrait tenir compte de cette suggestion
que je veux faire ou si c'est à propos du projet de loi 67. Quoi qu'il
en soit, je voudrais proposer ici la création d'un conseil consultatif
de l'industrie des courses de chevaux. Je pense qu'il y a plusieurs raisons qui
militeraient en faveur d'un organisme
comme celui-là, étant donné, d'abord, on nous l'a
assez dit, que nous connaissions peut-être un peu mal l'industrie des
courses de chevaux au Québec, étant donné qu'on est dans
un domaine où il y a beaucoup d'agents qui interviennent, tant
privés que publics, qu'il y a, seulement dans le secteur public, la
régie d'une part, la société d'autre part, cette filiale
SODIC dont on vient de parler. Lorsqu'on constate par ailleurs que le
président du Conseil du trésor peut intervenir, et aussi le
ministre du Revenu, le ministre des Finances, qu'il y a, dans le secteur
privé beaucoup d'associations...
M. Parizeau: Cela fait bien du monde, effectivement.
M. Raynauld: ... cela fait beaucoup de monde. Je me demande si,
pour assurer une meilleure coordination, il n'y aurait pas lieu de songer
à un organisme purement consultatif qui pourrait être
rattaché, encore une fois, je le vois comme cela, rattaché au
ministre responsable de ces activités. Est-ce que cela doit être
formellement rattaché ou plus formellement rattaché à la
régie? Ici, je ne voudrais pas me prononcer là-dessus, pas tout
de suite, mais, sur le principe, je crois que cela vaudrait la peine de songer
à une structure qui permettrait cette concertation de façon un
peu plus facile que c'est le cas en l'absence d'organismes comme
ceux-là. Ces conseils consultatifs, d'ailleurs, il en existe plusieurs
déjà. Est-ce que c'est le ministre du Revenu ou le ministre des
Finances qui a un conseil consultatif en matière fiscale, par
exemple?
M. Parizeau: Le Revenu.
M. Raynauld: C'est le ministre du Revenu. Ensuite, dans le
domaine des relations de travail, il existe également un conseil
consultatif et je me suis demandé, compte tenu de certains
mémoires que j'ai lus hier soir et dont nous aurons l'occasion de
discuter sans doute à l'occasion du projet de loi 67, si on ne pourrait
pas songer à la création d'un conseil consultatif comme celui-ci.
Je pose le problème seulement. Encore une fois, je ne sais pas si, sur
le plan juridique, ce serait l'endroit soit pour ajouter un article, soit
ajouter une section ici, ou dans le projet de loi 67, mais si on était
d'accord sur le principe, peut-être qu'on aurait l'occasion de voir plus
précisément où un tel conseil pourrait être
prévu.
M. Parizeau: L'idée est intéressante, M. le
Président, je la retiens, je vais y penser. Je pense qu'il y a
effectivement place pour un conseil comme celui-là. Il faudrait
simplement voir comment nous sommes en train de réorganiser tout ce
secteur. On a commencé par reprendre la vieille Loi de la régie
des loteries et des courses et d'en faire deux lois, celle que nous avons ce
matin devant nous pour Loto-Québec, le projet de loi 67 pour la
régie et ce qui me reste à faire, c'est de clarifier le
troisième volet de tout ça, c'est-à-dire SODIC.
Logiquement, le conseil consultatif devrait être quelque part, si
tant est qu'on en fait un, autour de SODIC. Ce serait embêtant, parce que
la régie a des pouvoirs quasi judiciaires, la régie doit
surveiller l'intégrité. Loto-Québec, en pratique, n'a pas
vraiment de rapport avec SODIC. C'est une curieuse machine, en vertu de
laquelle Loto-Québec détient les actions de SODIC, mais c'est le
ministre des Finances qui les vote. Donc, Loto-Québec n'a jamais eu de
rapport bien défini avec SODIC.
Si on parle d'un comité consultatif, le mettre à
Loto-Québec, je suis persuadé que le conseil d'administration de
Loto-Québec ne saurait pas quoi faire avec, parce qu'ils ne sont pas
là-dedans, même s'ils sont actionnaires de SODIC, la régie,
à cause de ses pouvoirs quasi judiciaires, on ne peut pas nommer un
comité consultatif autour d'un juge. Mais c'est à l'occasion de
l'examen de SODIC, c'est le troisième volet, je ne suis pas encore rendu
là, mais à l'occasion de la réorganisation de SODIC, je
pense que l'idée d'un comité consultatif est intéressante
parce que, effectivement, il y a énormément de groupes
intéressés là-dedans, dont les intérêts sont
assez souvent différents et ce ne serait pas mauvais d'avoir une
espèce de forum où tous ces intérêts parfois
divergents puissent s'exprimer.
En tout cas, je retiens la suggestion, M. le Président.
M. Raynauld: M. le Président, est-ce que je pourrais
poursuivre avec une question supplémentaire? Si l'attitude du ministre
est relativement favorable, au moins à l'idée, est-ce qu'il n'y
aurait pas possibilité de songer, soit à un comité
provisoire ou à quelque chose du genre, qui permettrait Deut-être
au ministre de l'orienter un peu sur les transformations qu'il veut apporter
à SODIC? Je dis ça parce qu'il semble bien que, dans toute cette
réorganisation, on verra dans le projet de loi 67 également des
références très précises à ces changements.
Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu d'avoir un peu plus de consultation avec cette
industrie que cela a été le cas jusqu'à maintenant?
Comme cela n'est pas possible à travers... on pourrait
peut-être penser à une commission parlementaire pour le projet de
loi 67 où les parties pourraient être entendues et, à
défaut de ça, peut-être qu'on pourrait envisager de
créer une espèce de comité de consultation, qui pourrait
conseiller le gouvernement sur les modifications qu'il entend apporter à
SODIC. Ceci dit, je suis un peu sympathique à la réaction que le
ministre a eue quand il dit que peut-être ce conseil aurait plus de sens
rattaché à SODIC ou en relation avec SODIC, puisque c'est
vraiment plutôt cette société qui s'occupe de cette
industrie, que la régie ou Loto-Québec.
Effectivement, c'est dans cette industrie, dans l'industrie des courses
de chevaux et de l'élevage, tout ce qui entoure cette industrie, que les
problèmes se posent, beaucoup plus qu'à Loto-Québec en
tant que telle, qui est une affaire relativement rodée maintenant. En
tout cas, je laisse au minis-
tre le soin de retenir une forme ou une autre, une modalité
d'application ou une autre.
Mais ce pourquoi je plaide actuellement, c'est pour une consultation un
peu plus soutenue avec cette industrie, comme c'est normal dans beaucoup
d'autres industries, mais on ne l'a pas fait dans ce cas-ci.
M. Parizeau: Je pourrais peut-être ajouter quelques mots
là-dessus. J'ai constitué, il y a déjà un certain
temps, un comité provisoire de SODIC formé de trois
fonctionnaires, un du ministère du Revenu, un du ministère des
Finances et un du Conseil du trésor, chargés de me remettre un
mémoire quant à la façon dont ils entrevoient
l'organisation de SODIC et son avenir.
J'ai reçu ce rapport il y a au-delà d'un mois. Je n'ai
vraiment pas eu le temps de passer à travers, de l'examiner
correctement. C'est à partir du moment où, ayant travaillé
un peu dans ce rapport, voyant un peu plus clair dans les recommandations, il
faudrait qu'il y ait, avec l'industrie, toute une série de
consultations. Je plaide simplement sur le fait de savoir quand cela va venir.
Cela va venir à son heure, probablement assez rapidement. Mais depuis un
mois, je n'ai vraiment pas eu le temps de m'occuper de SODIC.
Dès que le rapport sera un peu digéré, je pense
qu'effectivement il va y avoir un certain nombre de consultations avec
l'industrie avant qu'on modifie quoi que ce soit dans SODIC. L'industrie doit
être consultée parce qu'elle est remarquablement
compliquée.
M. Raynauld: Est-ce que ceci implique qu'on pourrait reporter
à un peu plus tard la discussion du projet de loi 67 en commission
parlementaire?
M. Parizeau: Non, parce que le projet de loi 67, c'est la
réglementation des courses. Ce n'est pas la même chose.
M. Raynauld: Si on réglemente les courses et qu'on fait
les consultations après, cela n'a pas beaucoup de bon sens.
M. Parizeau: Attention. Distinguons les deux choses. Il y a la
réglementation des courses qui est une chose et il y a l'aide à
l'industrie qui en est une autre.
Sur le plan de la réglementation des courses, en fait, nous
établissons une forme de réglementation qui, pour nous, est
nouvelle, mais qui, au Canada, ne l'est pas.
M. Raynauld: Je comprends cela, mais...
M. Parizeau: Remarquez bien qu'en pratique les juges de courses,
à l'heure actuelle, par le canal temporaire de SODIC, jusqu'à ce
que le projet de loi 67 ait été adopté, ont
été recrutés et sont en fonction.
C'est très différent de l'aide à l'industrie
chevaline et de l'aide aux courses. C'est là que les thèses et
les points de vue sont très différents. Est- ce que le
gouvernement doit aider? Comment est-ce qu'il doit aider? Est-ce que c'est en
développant ses activités d'entraînement des chevaux, soit
le ranch en Floride? Est-ce que c'est en augmentant les bourses aux courses?
Actuellement, une partie de l'argent de SODIC va à des bourses. Est-ce
qu'il y en a assez? Est-ce qu'il faudra en mettre plus? Est-ce qu'on attirerait
de meilleurs chevaux et est-ce qu'on améliorerait les paris en
augmentant considérablement le montant des bourses? Point
d'interrogation et là, les discussions commencent. Les encans de chevaux
qui sont tenus par SODIC, est-ce que la formule a été
utilisée au maximum de ce qu'elle pourrait être?
Quatrièmement, comment est-ce qu'on combine l'action du ministère
de l'Agriculture et certains de ses programmes avec l'aide donnée par
SODIC?
C'est là qu'à l'heure actuelle, on se pose un paquet de
points d'interrogation. C'est là-dessus que j'ai voulu faire
préparer un rapport. Et là, il est évident qu'il faut
consulter l'industrie, parce que ce sont les premiers intéressés
là-dedans.
M. Raynauld: M. le ministre, ils sont également les
premiers intéressés lorsqu'il s'agit de réglementer leur
industrie. Nous aurons l'occasion je ne veux pas entrer dans le fond du
débat, parce que je pense que cela déborde un peu le projet de
loi 68...
M. Parizeau: Le projet de loi 68, on commence à...
M. Raynauld: Mais quand on va arriver au projet de loi 67, je
reviendrai sur le sujet, parce que cela me paraît aussi nécessaire
de consulter l'industrie à propos du projet de loi 67 que cela peut
l'être à propos du projet de loi 68.
Pour l'instant, je retiens simplement qu'en ce qui concerne un conseil
consultatif comme celui-là, ce n'est pas rejeté a priori; nous
aurons donc l'occasion d'y revenir. Et en ce qui concerne le projet de loi 67,
je vais attendre que nous étudiions ce projet de loi pour revenir sur le
sujet.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse. (11 h 30)
M. Goulet: M. le Président, à l'article 16, on
parle de promouvoir l'industrie québécoise de l'élevage
des chevaux de course. Sans revenir sur un article qui a été
voté, parce que je l'ai invoqué tout à l'heure, en parlant
de l'article 8 sur les critères de composition du conseil
d'administration, étant donné qu'on s'est fait dire, le ministre
en premier, le député d'Outremont on ne m'a pas
nommé, mais on aurait peut-être pu dire la même chose
à mon endroit, M. le Président, je l'avoue bien humblement
qu'on ne connaissait rien dans les courses. On s'est fait dire cela par les
hommes... Le ministre a admis lui-même qu'il n'était pas
ferré dans le domaine. Ce que je voulais dire tantôt, dans le
critère de composition du conseil d'administration, le ministre avait
dit que...
M. Parizeau: Moins ferré qu'un cheval!
M. Goulet: M. le Président, le ministre a dit: "J'admets,
à ma courte honte, que, du côté des chevaux, je n'ai jamais
été ferré. Je vais prendre mon temps". Le
député d'Outremont avait dit à ce moment-là: "M. le
Président, là non plus, je ne suis pas entièrement
versé là-dedans, les courses de chevaux". Ce n'est pas moi qui
l'invente, c'est vous-mêmes qui l'avez dit et je peux vous dire que
j'aurais pu faire une telle déclaration également. Mais...
M. Parizeau: Disons que nous communions dans cette carence.
M. Goulet: Ce que je voulais dire, c'est que, dans le
critère de composition du conseil d'administration, on parle de conseil
consultatif, mais on pourrait parler également de s'assurer qu'un des
sept membres du conseil d'administration pourrait être un des
délégués de SODIC, par exemple, pour s'assurer qu'il y en
ait au moins un là-dessus qui connaisse quelque chose, parce que ce
serait malheureux que, dans un an ou deux, la Société des
loteries et courses se fasse dire: Dans le conseil d'administration qu'il y a
là, vous traitez, du côté de Loto-Québec, l'autre
côté, peut-être à 50%, qui est l'autre épine
dorsale de cette société, le but visé par cette
société, il n'y a là personne qui connaît les
chevaux. Donc, pourquoi on parle de conseil consultatif, je trouve
l'idée très bonne ne pas s'assurer que, au conseil
d'administration, il y ait au moins un délégué de SODIC ou
des hommes qui connaissent les courses et les chevaux de course au
Québec?
M. Parizeau: Parce que c'est déjà le cas, il y en a
un.
M. Goulet: Pardon?
M. Parizeau: II y en a un des trois, actuellement.
M. Goulet: II va y en avoir un?
M. Parizeau: Non, il y en a un des trois, actuellement.
M. Goulet: Oui, mais... Qui me dit qu'il sera là? C'est
pour cela que...
M. Parizeau: A ce moment-là, on verra comment on le
remplacera s'il n'est plus là.
M. Goulet: Non, M. le Président, je ne mets pas en doute
la parole du ministre, mais si c'était dans la loi de s'assurer qu'il y
ait au moins...
M. Parizeau: Non, parce que...
M. Goulet: Quand je parlais des critères de composition du
conseil d'administration, c'était pour s'assurer qu'il y ait des gens
qui connaissent cela.
M. Parizeau: Puisque l'avenir de SODIC... M. Goulet:
Oui.
M. Parizeau: ... et son rattachement à Loto-Québec
sont loin d'être assurés, on ne va pas dire dans la loi que
quelqu'un de SODIC doit apparaître au conseil d'administration de la
Loto-Québec. Si on décide que la SODIC reste une filiale de
Loto-Québec, j'imagine que dans le conseil d'administration on va
essayer d'avoir quelqu'un qui connaît cela, mais si la SODIC est
rattachée à autre chose, il faut bien comprendre à quel
point, à l'heure actuelle, le rattachement est bizarre. Comme je le
disais plus tôt, l'actionnaire de la SODIC, c'est Loto-Québec,
mais le droit de vote des actions est passé directement au ministre des
Finances. Cela ne tient pas debout, mais on va corriger une chose à la
fois. On en prend deux, le projet de loi 67, le projet de loi 68 et,
après cela, la SODIC.
M. Goulet: M. le Président, une dernière question.
Nous avons admis, je pense, tous et chacun d'entre nous, le ministre en
premier, que nous ne connaissions par les chevaux de course, qu'on ne
connaissait absolument pas ce domaine. Les hommes de chevaux de course font
partie d'une association qui s'appelle l'Association des hommes de chevaux unis
du Québec. Elle a demandé au ministre permettez-moi de
consulter ce document, M. le Président le 2 novembre c'est
tout à fait récent, il y a quelques jours de se faire
entendre sur ce projet de loi, y compris le projet de loi 67. Cette
association, dans cette lettre adressée au ministre des Finances et du
Revenu, le 2 novembre, nous a dit également: Etant donné que vous
avez avoué que vous ne connaissiez pas cela, on voudrait se faire
entendre, avant que vous n'adoptiez ce projet de loi. Le ministre a-t-il
répondu à ces gens?
M. Parizeau: Je voudrais...
M. Goulet: Pourquoi ces gens-là ne sont-ils pas venus?
Pourquoi n'a-t-on pas accepté cela?
M. Parizeau: Je voudrais d'abord voir. Vous dites que la lettre
est du 2 novembre.
M. Goulet: Oui. On disait, si vous permettez, M. le
Président: "Montréal le 2 novembre. M. Jacques Parizeau, ministre
du Revenu et des Finances... M. le Ministre, vous trouverez ci-joint copie d'un
mémoire qui a fait suite au télégramme que vous receviez
en date du 17 octobre 1978 visant à vous faire connaître le point
de vue de l'Association des hommes de chevaux unis du Québec sur le
projet de loi no 67, Loi sur les loteries, les courses, les concours
publicitaires et les appareils d'amusement et le projet de loi 68
c'est donc celui que nous discutons présentement Loi constituant
la Société des loteries et courses du Québec". C'est le
troisième paragraphe qui est le plus important. "Nous aimerions pouvoir
vous commenter le présent document à
loccasion des séances de la commission parlementaire du Revenu
devant étudier ces deux projets de loi article par article". C'est dans
ce document qu'on nous disait: "Etant donné que vous ne connaissez pas
cela, que vous ne connaissez pas le dossier, on aimerait se faire entendre
avant que vous n'adoptiez une loi qui va nous régir".
M. Parizeau: Oui. Là, il ne faudrait quand même pas
exagérer.
M. Goulet: Non, c'est...
M. Parizeau: II s'est fait beaucoup de travail depuis ce temps.
La préparation de la loi 67 a donné lieu à beaucoup de
discussions et beaucoup de consultations. Ce n'est pas la première fois
que les hommes à chevaux, comme vous dites, entrent en contact avec moi.
On me dit que la lettre du 2 novembre a été examinée et
qu'on y répond aujourd'hui. Les hommes à chevaux ont
été reçus et on a discuté avec eux à
plusieurs reprises. Alors, il ne faudrait tout de même pas prendre cela
comme une première. Ce n'est pas parce qu'à un moment
donné, on dit: On ne connaît pas grand-chose là-dedans,
qu'on est resté assis là-dessus. On y a passé beaucoup de
temps. Je ne veux pas me transformer en spécialiste de cette question,
mais le champ a été considérablement gratté,
étudié. Il y a eu des tas de gens qui sont venus rencontrer mon
personnel. J'en ai rencontré un certain nombre moi-même. Il ne
faudrait pas exagérer.
M. Goulet: Est-ce qu'on doit comprendre que le ministre vient de
dire que les hommes de chevaux de course ont été
rencontrés par des membres de son cabinet, ou des gens du
ministère?
M. Parizeau: Depuis un an et demi, à je ne sais pas
combien d'occasions.
M. Goulet: Est-ce que le ministre affirme ici que le projet de
loi répond adéquatement à la demande de ces gens?
M. Parizeau: Je le crois.
M. Goulet: Vous le croyez? C'est ce que je voulais savoir.
M. Parizeau: Oui.
Le Président (M. Jolivet): L'article 16 est-il
adopté? Excusez, M. le député de Laprairie.
M. Michaud: Merci, M. le Président. Etant donné
qu'on parle de SODIC, vous me permettrez de référer au
huitième rapport annuel de Loto-Québec, 1978. On dit qu'en 1977,
il y avait l'avance sans condition établie quant à
l'intérêt et au remboursement. Il y avait $600 000. En 1978, on a
transformé ces $600 000 en actions ordinaires. Est-ce qu'on pourrait
avoir un peu d'explications sur les $600 000?
M. Parizeau: Cette avance qui avait été faite,
l'avait été sans autorisation. C'est la raison pour laquelle nous
avons régularisé cette avance, de façon qu'elle soit faite
conformément aux lois et aux règlements.
M. Michaud: C'est bien l'avance qui avait été faite
à la piste de courses de Jonquière?
M. Parizeau: De Jonquière. M. Michaud: D'accord,
merci.
Le Président (M. Jolivet): II y a M. le
député de Bellechasse qui veut revenir.
M. Goulet: Je m'excuse, mais je sais qu'en commission
parlementaire...
M. Parizeau: Je vous rappellerai ici que l'avance étant
faite par SODIC, il a bien fallu que Loto-Québec paie.
M. Michaud: Cela remonte déjà à trois ou
quatre ans?
M. Parizeau: A l'automne 1976. M. Michaud: Merci.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Je sais qu'en commission parlementaire le
règlement ne nous permet pas d'exiger un dépôt de
documents, mais le ministre nous a dit, suite à la question que j'ai
posée, qu'une réponse partirait aujourd'hui, à la demande
des hommes de chevaux. Est-ce que le ministre consentirait, peut-être pas
à l'instant même, mais peut-être cet après-midi,
à déposer la réponse qu'il a formulée à ces
gens qui demandaient de se faire entendre à la commission
parlementaire?
M. Parizeau: Comme on dit que la lettre est en
préparation, il faudrait quand même que je la regarde.
M. Goulet: Non mais...
M. Parizeau: D'un autre côté, si elle ne faisait pas
mon affaire, cela pourrait aller à demain.
M. Goulet: Non. Ce n'est pas ce que je demande aujourd'hui...
M. Parizeau: On ne signe pas en blanc, habituellement.
M. Goulet: Est-ce que le ministre consent à nous en
envoyer une copie, aux membres de la commission, même si nous la recevons
dans une semaine, une fois qu'il l'aura signée, bien entendu?
M. Parizeau: Aucun problème.
Le Président (M. Jolivet): Article 16, adopté?
Article 17? M. le ministre.
M. Parizeau: C'est à peu près l'ancien article,
sauf qu'on a monté de $25 000 à $100 000.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Cela va.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Cela va. Il y a seulement le paragraphe d). Je
voudrais avoir un renseignement. Conclure un contrat d'engagement pour plus de
cinq ans. Est-ce pratique courante? Normalement, un gouvernement au
Québec, cela dure environ trois ou quatre ans. Pourquoi cinq ans? Cela
pourrait être dix ans.
M. Parizeau: Ecoutez! C'était comme ça dans
l'ancienne loi.
M. Goulet: D'accord.
M. Parizeau: II n'y a pas d'arrière-pensée
particulière; cela été reconduit.
Le Président (M. Jolivet): Article 17, adopté.
Article 18, M. le ministre?
M. Parizeau: C'est simplement l'endroit... Enfin, les
dispositions quant au dépôt des fonds disponibles.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, je me demande pourquoi il
est nécessaire de rédiger des articles comme celui-là.
"... doit déposer ses fonds disponibles dans une banque ou dans une
institution inscrite..." Je ne sais pas pourquoi on écrit des articles
comme celui-là. C'est bien évident qu'elle ne va pas mettre ses
fonds, je ne sais pas moi, dans un...
M. Goulet: Dans la caisse du Parti libéral, parfois...
M. Raynauld: Oui, dans la caisse du Parti libéral ou des
choses comme ça. Est-ce que c'est...
M. Parizeau: Non, je pense qu'au contraire, M. le
Président, toute société d'Etat a des pouvoirs de
placement et je pense qu'il est très important qu'on ne laisse pas
à des sociétés qui sont d'abord destinées à
verser de l'argent au trésor public, parce qu'après tout, c'est
leur fonction d'acheter des actions, de faire des placements... Je ne voudrais
pas qu'un conseil d'administration, un bon jour, se dise: Tiens! Si on mettait
de l'argent dans telle compagnie, on ferait peut-être de l'argent.
M. Raynauld: Mais, M. le ministre, c'est l'article 17 qui
prévoit ça; ce n'est pas l'article 18.
M. Parizeau: Bien...
M. Raynauld: L'article 17 prévoit déjà
ça. Ici, c'est un article qui vise simplement au dépôt,
à court terme, de fonds courants, l'article 18. L'article 17:
L'entreprise ne peut pas, sans l'autorisation du gouvernement, acquérir
des intérêts dans toute entreprise, contracter des emprunts...
M. Parizeau: Non, attention! Dans toute entreprise dont les
objets sont similaires à ceux de la société.
M. Raynauld: Oui, mais tout ça...
M. Parizeau: II n'y a rien qui empêche ces
sociétés d'acheter des actions, je ne sais pas moi, de General
Motors.
M. Raynauld: Le sens de l'article 17, sûrement, exclurait
ça. Si le gouvernement contrôle des achats dans les entreprises
similaires, c'est bien évident qu'il va contrôler les achats dans
des entreprises qui ne sont pas similaires du tout.
M. Parizeau: Non! Ce qu'on veut, c'est éviter que la
société, parce qu'elle aurait des actions dans une autre loterie,
puisse être placée en situation de conflit
d'intérêts.
M. Raynauld: Oui.
M. Parizeau: C'est ça, le sens de b). Mais b)
n'empêche pas que la Loto-Québec achète des actions d'une
entreprise.
M. Raynauld: De toute façon, ce n'est pas l'article 18 qui
l'empêche non plus.
M. Parizeau: Ah oui!
M. Raynauld: A ce compte-là, ce n'est pas l'article
18.
M. Parizeau: Ah oui!
M. Raynauld: De déposer des fonds disponibles...
M. Parizeau: Non, mais...
M. Raynauld: De toute façon, M. le ministre, je ne veux
pas faire un grand débat sur cette question. Je me dis: Bon! L'article
18, je l'interprète comme prévoyant des situations de court
terme... On dit: Vous ne placerez pas vos fonds n'importe où. Vous allez
les mettre là. Est-ce que c'est un article qui doit apparaître
dans la loi? Est-ce que ça ne devrait pas plutôt apparaître
dans un rè-
glement, une chose comme celle-là? De toute manière, quant
à moi, je n'ai pas d'objection à l'article 18. Je soulevais la
question plus générale pour essayer de simplifier un peu toutes
ces réglementations législatives qui m'apparaissent souvent
abusives. Mais je n'ai pas d'objection; si vous y tenez absolument, mettez-le
là, mais ça me paraît aberrant de dire à une
société d'Etat: Déposez donc votre argent dans une banque!
Déposez vos fonds disponibles dans une banque.
M. Parizeau: Non! Ce n'est pas dans une banque. C'est dans une
institution inscrite à la Régie de
l'assurance-dépôts du Québec.
M. Raynauld: Non, dans une banque ou dans une institution...
M. Parizeau: Oui.
M. Raynauld: Elle a le droit de faire les deux.
M. Parizeau: Oui, mais pas dans une institution qui ne serait
pas... A supposer qu'elle veuille les déposer dans une autre institution
qu'une banque, il faut que ce soit inscrit à la Régie de
l'assurance-dépôts du Québec.
M. Raynauld: Oui, mais elle peut cependant faire des placements
de fonds, pour un terme de moins d'un an, par l'achat de titres émis ou
garantis par le gouvernement du Québec, du Canada ou d'une province
canadienne.
M. Parizeau: Pas de plus d'un an. Pas de placements à long
terme. Non, mais il y a du jus dans cet article.
M. Raynauld: Enfin, je n'ai pas de...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Est-ce qu'elle pourrait déposer aux caisses
d'entraide économique ou aux caisses d'établissement, non?
M. Parizeau: Oui.
M. Goulet: Oui?
M. Parizeau: Elles sont inscrites à la...
M. Goulet: La Régie de
l'assurance-dépôts.
M. Parizeau: ... Régie de l'assurance-dépôts.
C'est ça que ça veut dire. (11 h 45)
M. Raynauld: La société de fiducie.
Le Président (M. Jolivet): Article 18, adopté?
Article 19, M. le ministre.
M. Parizeau: C'est conforme à l'ancienne loi, toujours la
même chose, 31 mars, le même terme que les finances.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Sur l'article 18, si le gouvernement exigeait que
les versements soient faits d'une façon trimestrielle, est-ce que cela
ne réglerait pas le problème qui existe au Trésor?
M. Parizeau: Non, il resterait malgré tout le fait qu'on
ne va pas laisser de l'argent sans intérêt.
M. Raynauld: Oui, c'est qu'on ne veut pas que la
société accumule des fonds et se fasse des placements pour
ensuite s'ériger en investisseur particulier.
M. Parizeau: Oui, mais il y a même plus que cela.
M. Raynauld: Mais si c'était remboursé? Est-ce
qu'on a un article comme celui-là, par exemple, pour la
Société des alcools dans la loi? Est-ce que cela n'est pas
remboursé directement au Trésor? Si c'était
remboursé, il n'y aurait plus de problème.
M. Parizeau: Justement, dans le cas de la SAQ, après
certaines discussions, je viens de m'entendre sur la façon dont les
versements seront faits. Il est apparu clairement, par exemple, que la SAQ,
jusqu'à maintenant, n'empruntait jamais en banque quand elle avait des
besoins de liquidité; qu'elle ne finançait pas ses
immobilisations sur le marché normalement et que tout le financement se
faisait toujours à même les redevances qu'elle devait payer au
gouvernement, ce qui est tout à fait normal. Il n'y a pas de raison pour
la SAQ de se financer, comme n'importe quelle entreprise.
Même chose pour Loto-Québec. Il va falloir passer et
pas besoin de mettre cela dans la loi un protocole sur la façon
dont l'argent est viré au gouvernement. Supposez que Loto-Québec,
à un moment donné, décide qu'elle a besoin de se
construire un immeuble, je ne vois pas pourquoi elle financerait son immeuble
à même les redevances du gouvernement. Il n'y a pas de raison pour
qu'elle ne se finance pas comme n'importe quelle genre d'entreprise.
Au fond, cela est une entente à intervenir entre l'actionnaire et
Loto-Québec quant à la façon de verser ses fonds; il n'est
pas nécessaire de mettre cela dans la loi.
M. Raynauld: Je suppose qu'il y a des fonds considérables
impliqués dans ces choses-là?
M. Parizeau: II se verse quand même au trésor public
S80 millions par année.
M. Raynauld: Quand vous dites par exemple que la SAQ pourrait
emprunter $20 ou $25 millions plutôt...
M. Parizeau: Quand vous construisez un immeuble, le crédit
hypothécaire, cela existe.
M. Raynauld: Oui, je sais bien mais... je fais ressortir...
M. Parizeau: II y a quelque chose de tout à fait anormal
dans cette tradition parce que ce n'est vraiment qu'une tradition
qui fait qu'une société d'Etat non seulement n'est pas astreinte
à un financement normal et régulier même pour des choses
aussi banales qu'un immeuble, mais se finançait traditionnellement
à même les contributions, les dividendes qu'elle devait payer au
gouvernement. En pratique, c'était le gouvernement qui empruntait pour
sa dette publique et c'était la société qui, elle, avait
de l'argent gratuitement. C'est cela que cela veut dire: se financer à
même les versements au gouvernement, cela veut dire avoir l'argent au
gouvernement. Essayez ensuite d'évaluer la performance d'une
société quand elle obtient indéfiniment son capital
gratuitement, sans jamais payer un cent d'intérêt.
M. Goulet: Comme si une société privée
décidait de se financer avec les taxes...
M. Parizeau: Je suis persuadé que le député
de Bellechasse va me comprendre quand je dis cela. Si on veut évaluer la
performance d'une société d'Etat, il faut quand même
qu'elle opère comme n'importe quel genre de société sur ce
plan-là.
M. Goulet: Parce qu'à ce moment-là on pourrait
permettre à une entreprise privée de se financer avec ses
redevances d'impôt ou la taxe de vente au gouvernement.
M. Parizeau: C'est exactement cela. M. Goulet: Je suis
d'accord à 100%.
Le Président (M. Jolivet): Donc, nous sommes revenus
à l'article 18 qui était adopté. J'ai permis la
discussion, parce que je crois qu'elle était importante. Nous
étions rendus à l'article 19; l'article 19 est-il
adopté?
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. L'article 20, M.
le ministre.
M. Parizeau: II s'agit de l'approbation, par le ministre, du
budget d'immobilisations et du budget de fonctionnement de Loto-Québec.
Ce n'est pas un contrôle a posteriori, c'est un contrôle a priori
des programmes à la fois d'immobilisations et de fonctionnement, une
fois par année.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, je croyais qu'on imposait
également une programmation à plus long terme de trois ans.
Est-ce que cette société, en particulier, est
libérée de cette obligation?
M. Parizeau: Non. Dans les révisions à venir de la
Loi de l'administration financière il va y avoir un certain nombre de
dispositions applicables à toutes les sociétés d'Etat,
quelles qu'elles soient.
M. Raynauld: Ah bon!
M. Parizeau: Mais là j'ai un problème
spécifique avec Loto-Québec, qui est le suivant. Les jeux, le
produit vendu par Loto-Québec est un produit qui change beaucoup et les
réorientations de Loto-Québec peuvent et, effectivement, sont
fréquentes; tel jeu cesse d'attirer le public, tel autre jeu, au
contraire, devient très populaire. Loto-Canada pose tel geste, en
réponse à un geste posé par lequel Loto-Canada a
proposé tel geste à Loto-Québec. Dans ce sens, j'ai besoin
d'un contrôle budgétaire a priori plus fréquent que ce qui
sera prévu pour l'ensemble des sociétés d'Etat par la Loi
de l'administration financière, mais l'un n'exclut pas l'autre, cela
s'additionne.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Pas de question, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. Article 21, M.
le ministre.
M. Parizeau: C'est l'imposition de l'obligation de fournir des
états trimestriels, ce qu'on est en train de généraliser,
à l'heure actuelle, un peu partout.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Oui, M. le Président. Est-ce que c'est
l'Office de la langue française qui impose le mot 'appariement"? On
pensait que le mot "conformité" serait davantage approprié.
M. Parizeau: Non, ce n'est pas la conformité, c'est
l'appariement effectivement. Ce que cela veut dire c'est qu'il faut que cela
balance.
M. Raynauld: C'est un état de leurs revenus et de leurs
dépenses et on veut savoir si c'est conforme aux prévisions
budgétaires, non? Alors, c'est un état de...
M. Parizeau: Oui, c'est vrai, je m'excuse, vous avez raison.
Enfin, appariement est tout à fait français.
Le Président (M. Jolivet): Vous êtes d'accord quand
même?
M. Raynauld: Je suis d'accord quand même.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse?
M. Goulet: D'accord, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. Article 22, M.
le ministre.
M. Parizeau: C'est la même chose que l'ancienne loi.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont?
M. Raynauld: Cela va.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse?
M. Goulet: Cela va.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. Article 23. M.
le ministre.
M. Parizeau: C'est une nouvelle disposition puisque c'est une
société par actions. L'actionnaire détermine quels
dividendes seront payés. C'est exactement la même chose
qu'à la SAQ. Cela vient directement d'une disposition de la SAQ. C'est
l'actionnaire qui détermine quelle va être la valeur du
dividende.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: D'accord.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse, adopté? Article 24, M. le ministre.
M. Parizeau: Oui, cela va... Une Voix: Cela va de soi.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. Article 25, M.
le ministre.
M. Parizeau: Un instant, je ne suis pas... Quand est-ce qu'on
arrive...
Le Président (M. Jolivet): Après, M. le
ministre.
M. Parizeau: A l'article 26. Alors, c'est le dépôt
du rapport annuel.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Cela va, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Je me demande si on ne pourrait pas innover
là-dessus, M. le Président. Les autres sociétés
d'Etat déposent des rapports à l'Assemblée nationale
lorsqu'on siège et, lorsque l'Assemblée nationale ne siège
pas, 30 jours après l'ouverture de la session. Ce rapport-là, M.
le Pré- sident, on nous dépose cela là-dessus, sauf
à l'étude des crédits et vous savez comme moi que lors de
l'étude des crédits des Finances et du Revenu, nous sommes
très limités parce qu'il y a l'étude des crédits
des ministères comme tels et ensuite toutes les sociétés
qui s'y rattachent. On est limité. On a quatre ou cinq heures à
peu près. On reçoit un rapport comme celui-là, on est plus
ou moins préparé. Tout le débat qu'il y a eu, il y a
même eu un débat à l'Assemblée nationale
là-dessus. Je me demande s'il n'y aurait pas lieu que ces rapports
soient plus explicites. Parce que les élus, M. le Président... On
revient avec l'ancien débat. On n'a à peu près aucun
contrôle sur ces sociétés. Dans le rapport de l'an
passé, je peux vous dire que cela dit tout et que cela ne dit rien, mais
on peut questionner, lors de... Oui, celui que j'ai ici. On peut poser des
questions lors de l'étude des crédits, mais vraiment on n'a pas
de contrôle là-dessus. On prend ce qu'il nous donne, point final.
Vous avez vécu, cela fait deux ans, M. le ministre, les commissions
parlementaires lors de l'étude des crédits, vous savez tout ce
qui en découle.
Vous avez vos deux ministères, plus les sociétés
d'Etat qui s'y rattachent, comme Loto-Québec, les régies, ces
choses-là, on fait ça à vol d'oiseau et très
rapidement. Alors, les dépôts de rapports, je me demande si on ne
pourrait pas trouver une autre formule pour pouvoir... A part ça,
lorsqu'on a le rapport, ça fait six ou sept mois qu'il a
été formulé, qu'il a été écrit, il
est souvent tard. Je prends l'exemple d'un rapport qui est prêt le 30
juin, l'Assemblée nationale a terminé ses travaux le 24 juin,
ça veut dire qu'on peut avoir le dépôt du rapport,
très longtemps après. Comme on a commencé le 3 octobre, il
a été déposé hier, je crois, le 6 novembre,
imaginez, du 7 novembre au 30 juin, bien de l'eau a eu le temps de couler au
moulin.
Je ne sais pas s'il n'y aurait pas une autre formule. Je n'ai pas
d'amendement, ni rien de concret à proposer, mais le système
qu'on a actuellement, pour la vérification des élus, par rapport
à la société d'Etat, on n'a absolument pas de
contrôle là-dessus.
M. Parizeau: La chose qui m'étonne, M. le
Président, c'est que le député de Bellechasse
soulève ça à l'occasion de l'examen de la Loi de
Loto-Québec.
M. Goulet: A l'article 25, on parle de rapport.
M. Parizeau: D'accord, mais je veux dire que nous parlons de
Loto-Québec et que s'il y a une société qui, à
l'occasion de l'examen des crédits, a été scrutée
et retournée et sur laquelle les élus, comme dit le
député de Bellechasse, ont eu des renseignements comme
probablement dans aucun cas d'autres sociétés, c'est bien la
Loto-Québec. Vous avez reçu des rames de papier, sur le
système de distribution, sur les concessionnaires, à part la
couleur de leurs chaussettes, vous avez tout eu. Je ne comprends pas que
ça se pose dans le cas de Loto-Québec, parce que, s'il y a un cas
où cela a été scruté, d'un bord à l'autre,
c'est bien là.
Je comprendrais mieux si on discutait d'autres sociétés
d'Etat que celle-là, mais, vraiment, celle-là a été
retournée comme une crêpe à l'occasion des
crédits.
M. Goulet: M. le Président, le ministre me dit que
j'aurais dû en discuter lors du principe, en deuxième lecture, je
suis d'accord avec lui, peut-être que la société d'Etat a
déposé des tonnes de papier, comme il dit, mais elle les
dépose quand? On n'a pas le temps de les consulter.
M. Parizeau: Ecoutez, nous avons quand même les
états financiers déposés, l'examen des crédits,
toute possibilité d'inscrire des questions au feuilleton, d'obtenir des
réponses par le feuilleton, et on répond assez rapidement.
Le Président (M. Jolivet): Nous n'aborderons pas cette
question.
M. Parizeau: Moi, je regarde, ce qui me concerne, en tout
cas.
M. Goulet: On en parlera mercredi prochain, il y en a qui sont
là depuis dix mois, M. le Président. Peut-être pas des
vôtres, remarquez bien...
Le Président (M. Jolivet): Est-ce qu'on pourrait
adopter...
M. Goulet: Vos collègues ne sont pas tous aussi efficaces
que vous là-dessus.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce qu'on pourrait adopter
l'article 25?
M. Goulet: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): A l'article 26, je dois vous
informer que, dans les amendements, il y a une nouvelle section V qui va
décaler la section V actuelle. Je vous le lis: "Insérer
après l'article 25 du projet de loi, la section, l'intitulé et
les articles suivants: "Section V.
Dispositions pénales. "26. Quiconque enfreint une disposition
d'un règlement visé dans le premier alinéa de l'article 13
ou refuse de se conformer à un ordre donné en vertu d'un tel
règlement commet une infraction et est passible, sur poursuite sommaire,
en outre du paiement des frais pour chaque jour que dure l'infraction, d'une
amende d'au moins vingt-cinq et d'au plus cinq mille dollars. "27. Les
poursuites en vertu de l'article 26 sont intentées par le procureur
général ou par une personne qui l'autorise
généralement ou spécialement à cette fin. "
Nous allons discuter, article par article, et, au moment du vote, nous
reviendrons à chacune des parties à accepter. Donc, en premier
lieu, l'article 26. M. le ministre.
M. Parizeau: II s'agit, par exemple, d'avoir des
pénalités. Je vais vous donner un exemple, lorsqu'un
détaillant vendrait, disons, un billet à une valeur
supérieure à sa valeur nominale, enfreindrait clairement les
normes de distribution à cet égard, il faut que la
Loto-Québec puisse intervenir tout de suite et que la loi ait
suffisamment de dents pour qu'il y ait des pénalités
attachées. (12 heures)
Même chose pour l'apparition d'un réseau parallèle
de vente de billets. Il faut qu'on soit en mesure de fermer cela et d'avoir des
amendes pour fermer cela. La loi n'avait pas de dents à cet égard
et c'est dans ce sens qu'on a fait intervenir l'article 26.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Parizeau: Je m'excuse. Je voudrais apporter une
précision. Cela existait dans l'ancienne loi. Cela avait
été sauté par erreur, mais cela existait dans l'ancienne
loi.
M. Raynauld: Dans l'ancienne loi, on avait un article qui
était identique à celui-ci? C'étaient deux articles
identiques?
M. Parizeau: II y a eu un amendement, je pense. L'article 71 se
lisait ainsi: "Quiconque enfreint l'une des dispositions de la présente
loi ou des règlements ou refuse de se conformer à un ordre
donné en vertu de cette loi ou des règlements, commet une
infraction et est passible, sous poursuite sommaire, en outre du paiement des
frais, pour chaque jour que dure l'infraction, d'une amende de $25 à
$5000, s'il s'agit d'un individu, et de $25 à $50 000 s'il s'agit d'une
corporation." On a fait sauter la corporation. La deuxième partie de la
Loi des poursuites sommaires s'applique à ces poursuites, etc.
Il n'y a rien de nouveau. C'était un oubli.
M. Raynauld: Et je suppose que, dans des cas de poursuites comme
cela, il y a des appels réguliers suivant les tribunaux?
M. Parizeau: Cela suit les procédures normales.
M. Raynauld: Cela va.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: D'accord.
Le Président (M. Jolivet): L'article 26 est adopté.
L'article 27.
M. Parizeau: Cela mandate le Procureur général
à intenter des poursuites.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont, ça va? M. le député de Bellechasse?
Pour les besoins du journal des Débats, la nouvelle section V
devient les dispositions pénales
avec les deux articles 26 et 27, telle que je l'ai lue tout à
l'heure.
Un amendement technique maintenant, qui consiste à amender les
mots "section V" dans la loi, par "section VI", qui devient "dispositions
transitoires et finales". Accepté? C'est une technicité.
M. Raynauld: Cela va.
Le Président (M. Jolivet): II y a une autre
technicité que j'aime autant vous faire adopter tout de suite, dans les
amendements. A partir des deux insertions 26 et 27 comme articles, tous les
autres articles, de 26 à 37, sont donc décalés pour
devenir renumérotés 28 à 39. Cela va?
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Donc, le nouvel article 28. M.
le ministre.
M. Parizeau: Le nouvel article 28 consiste à
protéger; c'est très long et très compliqué, mais,
en pratique, cela protège uniquement les fonds de pension des
administrateurs actuels. Les nouveaux membres du conseil d'administration,
évidemment, ne contribueraient pas à un régime de retraite
puisqu'ils sont payés sur jetons de présence. Mais les
administrateurs actuels sont protégés par cette espèce
d'incroyable article 28. C'est tout ce que cela veut dire.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Je vous crois sur parole, M. le
Président!
M. Parizeau: Je crois aussi les légistes sur parole, dans
ce cas-là!
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse?
M. Goulet: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté.
M. Parizeau: J'avoue ne pas avoir fait les vérifications
de chacun des alinéas que j'ai apportés ici.
Le Président (M. Jolivet): Au nouvel article 29, il y a un
amendement qui se lit comme suit: Remplacer, dans la cinquième ligne du
nouvel alinéa proposé par l'article 27 renuméroté
29, le chiffre 33 par le chiffre 35. C'est une technicité de
décalage.
M. Parizeau: Cet article est destiné à
protéger les employés actuels de Loto-Québec qui
demeureront admissibles au RREGOP, le fonds de retraite.
M. Goulet: Avant cela, il fallait qu'ils...
M. Parizeau: Ils l'étaient, ils étaient dans la
fonction publique. Maintenant, ils ne le sont plus. Il faut quand même
que ceux qui sont en place à Loto-Québec maintiennent leur droit
au RREGOP.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Je suis juste surpris qu'on ajoute ce bout de phrase
à la fin de tout "même s'il n'a pas huit années de
service." Est-ce que cela n'étend pas le champ d'application de
l'article? S'il s'agissait simplement de protéger les gens, on n'avait
qu'à dire qu'ils étaient encore admissibles au programme
existant, ou quelque chose du genre.
M. Parizeau: Oui, mais ce serait vraiment toucher à un
droit acquis, puisqu'ils étaient à la Loto-Québec.
Là, on leur permet de continuer à contribuer au RREGOP. Qu'ils
soient là depuis deux ans ou trois ans n'y change rien.
M. Raynauld: Pourquoi faut-il le mentionner?
M. Parizeau: C'est un droit qu'on leur enlèverait.
M. Raynauld: Pourquoi faut-il le mentionner si cela existait?
C'est là ma question.
M. Parizeau: La loi prévoit que, si on quitte la fonction
publique, avant que huit ans ne se soient écoulés, on n'a pas
droit aux bénéfices.
M. Raynauld: Ah! je vois. Cela va.
M. Parizeau: Ils ne quittent pas la fonction publique, on les
sort de la fonction publique.
M. Parizeau: C'est cela, oui.
M. Parizeau: II ne faut pas faire comme s'ils étaient
sortis de leur plein gré, ce serait un délit de justice.
M. Raynauld: D'accord.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: C état le but de ma première question.
C'est parfait, cela répond...
Le Président (M. Jolivet): Le nouvel article 29 est donc
adopté avec amendement. Le nouvel article 30. M. le ministre.
M. Parizeau: C'est de concordance. M. Raynauld:
Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. Le nouvel
article 31?
M. Parizeau: II s'agit de permettre l'intégration des
nouveaux employés de Loto-Québec au RREGOP, ceux qui seront
dorénavant embauchés.
Le Président (M. Jolivet): M. le député d
Outremont.
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. Le nouvel
article 32?
M. Parizeau: C'est un article de concordance encore.
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. Le nouvel
article 33.
M. Parizeau: C'est la même chose, c'est la concordance sur
les noms.
Le Président (M. Jolivet): Adopté? M. Raynauld:
Adopté.
M. Parizeau: Sociétés d'exploitation et
sociétés... C'est la même chose.
Le Président (M. Jolivet): Le nouvel article 34.
M. Parizeau: Là, c'est une mesure transitoire. Tout ce qui
a été fait jusqu'à maintenant continue jusqu'à ce
soit abrogé ou changé.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont, adopté?
M. Raynauld: D'accord, adopté.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse?
M. Goulet: Oui, adopté...
Le Président (M. Jolivet): Le nouvel article 35. M. le
ministre.
M. Parizeau: II s'agit simplement du transfert des
employés, c'est-à-dire des membres du conseil d'administration
actuel et des employés actuels à la nouvelle
société.
Le Président (M. Jolivet): Adopté? M. Michaud:
M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): Oui, M. le député
de Laprairie.
M. Michaud: ... est-ce que je pourrais souli- gner que, en
deuxième lecture, en Chambre, le député de Pointe-Claire
disait qu'on adoptait le projet de loi 68 pour remplacer tous les
employés par de nouveaux qui nous seraient peut-être plus
favorables ou plus amicaux? C'est tout simplement, parce qu'il n'avait pas lu
le projet de loi, je crois, parce que tous les employés présents
deviennent les employés futurs. Il n'y a donc aucun changement.
Le Président (M. Jolivet): Le nouvel article 35,
adopté. Le nouvel article 36. M. le ministre.
M. Parizeau: II s'agit essentiellement de protéger la
permanence à la fonction publique des employés actuels. Ils ont
été recrutés conformément aux règlements de
la fonction publique. Ils ont été placés sur des listes
d'admissibilité. Ils sont fonctionnaires. On protège donc le
statut de fonctionnaire de ceux qui sont en place actuellement.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont?
M. Raynauld: Cela va.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Cela va, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. Le nouvel
article 37.
M. Parizeau: II s'agit essentiellement de ceci. Les dispositions
de la Régie des loteries et courses, c'est-à-dire le bill 67, ne
s'appliquent pas aux activités de la société. Par exemple,
quand Loto-Québec veut faire une loterie, elle n'a pas besoin de
demander l'autorisation et la surveillance de la régie.
Le Président (M. Jolivet): M. le député d
Outremont.
M. Raynauld: Cet article soulève un très gros
problème. En fait, on soustrait la société à
l'application du projet de loi 67. A ce moment-là, la régie va
régir seulement des activités privées, c'est-à-dire
des sociétés privées, mais elle n'essaiera pas d'assurer
aucune espèce de règle de jeu équitable entre la
société d'Etat et les sociétés privées. Cela
me rappelle les débats qui ont eu lieu dans beaucoup d'autres domaines,
dans beaucoup d'autres circonstances. Je pense ici immédiatement au
CRTC, à Ottawa.
Pendant un certain temps, il y avait une espèce de bureau, qui
était le bureau des gouverneurs de la radiodiffusion, auquel la
société Radio-Canada n'était pas soumise. On a
modifié cela et, maintenant, le CRTC est une régie dont les
décisions s'appliquent également à la
société d'Etat et à toutes les sociétés
privées. On a jugé, dans ce cas et dans beaucoup d'autres
je pense
que la situation est identique que ces régies d'Etat ne
pouvaient remplir leur rôle efficacement que si elles avaient, sous leur
juridiction, en ce qui concerne l'application de règlements
généraux, les sociétés d'Etat tout comme les
sociétés privées, autrement, on établit deux
régimes parallèles.
Je crois que cela soulève un débat de fond que de
soustraire, suivant cet article 37, la société à cette
régie d'Etat. Je ne vois pas pourquoi on fait une chose comme
celle-là parce que, franchement, si on crée des régies, ce
n'est pas suivant le concept antique et solennel de voir simplement à
réglementer des activités privées, parce que ces
activités privées, elles, pourraient être contraintes
à l'intérêt public. Je pense que le concept moderne et
contemporain d'une régie, c'est beaucoup plus d'établir des
règles de jeu qui soient équitables, quel que soit le
régime de propriété envisagé. Je pense qu'ici on a
la possibilité d'introduire un fossé très profond entre ce
qu'on va permettre à des sociétés privées parce
qu'elles sont privées, et là des sociétés publiques
parce quelles sont publiques. Je pense que ce concept est dépassé
aujourd'hui. Je ne vois pas pourquoi on a un article comme celui-ci. Quand
j'avais mentionné ce problème, incidemment, et en y faisant
simplement allusion au cours de mon discours de deuxième lecture, parce
qu'à ce moment je n'avais pas pu encore saisir toute la portée de
cet article...
Je pense qu'ici on a vraiment une question de fond. Je ne suis pas
sûr si on a vraiment envisagé toutes les répercussions de
ce divorce que l'on instutionnalise, si je peux dire, entre une régie d
Etat qui est chargée de l'application des politiques d'un gouvernement
et une société d'Etat à côté qui, elle,
pourrait agir en toute indépendance de ces politiques
générales. C'est pour cela que, depuis plusieurs années,
on a abandonné cette façon de procéder. On a dit: II n'y a
pas de raison qu'on établisse ou qu'on fasse passer par le canal de la
régie, si vous voulez, toutes les orientations qu'un gouvernement veut
donner et qu'en faisant cela, en même temps, on soustraie le principal
instrument qui était à la disposition du gouvernement pour
exécuter ces politiques, pour les appliquer, et qu'on soustraie la
société à l'application de la régie.
Je pense que c'est un principe qui est faux, c'est un principe qui ne
devrait pas être retenu dans les circonstances. Est-ce qu'on a
examiné, encore une fois, l'impact d'une mesure comme celle-là?
Je pense que c'est désastreux. Est-ce qu'on a envisagé
quand on aura examiné le projet de loi 67, on pourra s'en rendre compte.
Est-ce que c'est parce qu'on a spécifié des pouvoirs ou qu'on a
donné des pouvoirs à la régie qui sont tellement
précis et tellement particuliers qu'ils ne pourraient s'appliquer
à une société d'Etat?
A ce moment-là, je recommanderais fortement qu'on en arrive
plutôt à modifier les modalités d'application des
règlements et des orientations de la politique, de façon que
ça s'applique à la société sans contraintes
abusives. J'aimerais beaucoup mieux une approche comme celle-là que
l'approche qui est proposée ici en vertu de ce nouvel article 37. Encore
une fois, je pense que, sous cet article, il y a une évolution
peut-être de 50 ans, qu'on est en train d'essayer de renverser. Je ne
sais pas si on s'en est rendu compte quand on l'a fait, mais on renverse une
tendance qui était très nette, depuis quelques années, je
pense, dans beaucoup de pays dans le monde, où on conçoit, si on
veut, des régies maintenant non plus comme des organismes policiers,
mais comme des organismes qui expriment une volonté gouvernementale, des
politiques gouvernementales et ces politiques devraient incorporer les
politiques que la société d'Etat est chargée
d'exécuter. (12 h 15)
Je pense que ces deux choses doivent aller ensemble, ne doivent pas
être divorcées, comme c'est le cas à l'heure actuelle. Je
vais m'arrêter là. Je pourrais faire beaucoup d'autres
développements sur le sujet, si c'est nécessaire, mais je
voudrais peut-être entendre peut-être que c'est inutile
le ministre parler, en tout cas, exprimer ses vues sur ce
problème plus général avec lequel on est
confronté.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Parizeau: M. le Président, sur le principe
général, je suis tout à fait d'accord avec le
député d'Outremont.
Chaque fois qu'une régie doit, à la fois, établir
les règles du jeu et traduire une politique, je crois qu'il a tout
à fait raison. Ce qu'il vient de nous dire ne me choque pas du tout.
Le problème, cependant, c'est que, dans le cas qui nous occupe,
on reste dans un cadre très ancien. La régie va, au fond, avoir
deux rôles et deux rôles anciens, l'un de percevoir des droits
là, ça n'a pas grand bon sens de percevoir des droits sur
la Loto-Québec, de toute façon, l'argent de la Loto-Québec
vient au gouvernement et, deuxièmement, de jouer un rôle de
policier, de surveiller essentiellement l'intégrité de la
multitude de jeux qu'il peut y avoir dans le secteur privé. C'est donc
un rôle de policier dans le sens le plus traditionnel du terme. Dans ce
sens, la Régie des loteries et des courses ne va pas traduire une
politique gouvernementale autre que celle de s'assurer que c'est fait
correctement, que le public est protégé.
Alors, astreindre la Loto-Québec à ce contrôle de la
régie peut à la limite devenir un peu ridicule. La
Loto-Québec relève d'un ministre. Le ministre est responsable
devant l'Assemblée. Je vois mal, à cet égard, la
régie intervenir pour aller voir si la Loto-Québec, en plus des
contrôles normaux, est correctement menée ou si
l'intégrité du jeu est correctement maintenue.
C est dans ce sens qu'il s'agit donc d'un rôle tout à fait
traditionnel. C'est la raison pour laquelle d'abord, on avait cette
disposition dans l'ancienne loi dans toutes les autres provinces,
ça fonctionne comme nous proposons que ça fonc-
tionne; ça ressemble, si l'on veut, à cette distinction
qu'on établit entre la Régie des alcools et la
Société des alcools.
La Société des alcools n'est pas du tout astreinte
à la surveillance de la Régie des alcools, du tout. C'est un peu
dans ce sens que la disposition, ici, a été placée. Encore
une fois, elle répète ce qu'il y avait dans la loi
antérieure pour des raisons qui viennent, encore une fois, de ce que les
tâches de la régie sont les tâches les plus classiques et
les plus traditionnelles qui soient.
Ceci étant dit, je reconnais très bien que dans des
secteurs ou dans le cas de groupes d'activités où le gouvernement
a à exprimer une politique par une régie et les règles du
jeu par un régie, je ne suis pas tout à fait d'accord avec le
député d'Outremont. Cela ne m'empêche pas d'être
d'accord avec lui sur le principe général.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Suite aux propos du ministre, M. le Président,
je continue à abonder dans le même sens que le
député d'Outremont. Je ne vois pas pourquoi le gouvernement ou
une société gouvernementale ne se soumettrait pas à ses
propres lois. Le ministre dit que le but de la régie est de s'assurer
que cela est fait correctement. D'accord, le conseil d'administration peut agir
en sorte que cela soit fait correctement mais il serait tout simplement
vérifié de temps à autre par une régie; s'il le
fait, tant mieux, il va le faire; mais, je ne vois pas pourquoi le gouvernement
lui-même ne se soumettrait pas à ses propres lois. Si le
gouvernement n'applique pas lui-même ses propres lois, il veut bien les
appliquer mais ce sont des humains et, à un moment donné, s'ils
font une erreur, il y aura les gens de la régie en surplus comme chiens
de garde pour dire: Les amis, vous n'êtes pas dans le bon chemin. C'est
pour cela que j'abonde dans le même sens... J'accepte les propos qu'a
tenus le ministre des Finances mais j'abonde dans le même sens que le
député d'Outremont. Je ne vois pas pourquoi le gouvernement ne se
soumettrait pas lui-même à ses propres lois, on a peur de s'y
soumettre peur, le mot est peut-être fort, si ces lois sont
bonnes, je ne vois pas...
M. Parizeau: Ce n'est pas une question de peur. C'est que cela ne
fonctionne pas de la même façon. Un concours publicitaire, un
propriétaire de machines à boules; il n'y a pas des
règlements qui sont approuvés par le lieutenant-gouverneur en
conseil. C'est pour cela qu'il faut le surveiller d'une façon
différente d'un organisme comme Loto-Québec qui a des
règlements et qui les fait approuver par le gouvernement. Ce sont deux
animaux complètement différents dont on parle. D'autre part, le
propriétaire de machines à boules, il n'est pas astreint au
Vérificateur général. Ce que je veux dire, c'est que les
types de contrôle qui s'appliquent à Loto-Québec, on ne
retrouve jamais cela dans le secteur privé. Ce sont deux animaux
complètement distincts.
La surveillance de Loto-Québec s'exprime par le
Vérificateur général, par l'adoption des
règlements, par le fait que les procès-verbaux du conseil
d'administration doivent être conformes aux règlements, par
l'examen en commission parlementaire des crédits de l'organisme en
question. C'est cette voie-là. Le propriétaire de machines
à boules ne passe pas par ce périple; il passe par un
périple tout à fait différent. Alors, essayez de trouver
un chapeau de surveillance qui va aller également bien au
propriétaire de machines à boules et à la
Loto-Québec, à moins d'avoir des dispositions tellement vagues
qu'elles ne veulent rien dire... Je ne vois pas comment ils peuvent avoir le
même parapluie.
M. Goulet: M. le Président, étant donné que
cette société ne sera pas surveillée par la Régie
des loteries et courses dont nous adopterons probablement le projet de loi 67,
à l'étude article par article du projet de loi 72 de protection
du consommateur, j'avais fait la suggestion que Loto-Québec inscrive sur
ses billets les véritables chances de gagner; est-ce que le ministre
aurait objection à cela?
Parce qu'on fait miroiter... Si on défend la publicité aux
entreprises privées, je ne vois pas pourquoi on ne le ferait avec les
entreprises du gouvernement.
M. Parizeau: II y a des indications à l'endos des
billets.
M. Goulet: Oui, lisez-moi cela.
M. Parizeau: Je ne vais pas vous lire cela, il y en a...
M. Goulet: Non, quelles indications? Tout le monde en a.
M. Raynauld: II faut probablement avoir une loupe.
M. Goulet: Je sais qu'un jour ce sera mon tour, mais j'ai
hâte de voir le jour.
M. Michaud: Une chance sur treize.
M. Parizeau: Qu'on dise qu'effectivement c'est bien fin comme
caractère, il faut vraiment avoir une loupe, mais que cela puisse
s'examiner, en soi, je n'ai pas d'objection à regarder la chose.
M. Goulet: Ce que je veux dire, M. le Président, c'est
que, lorsqu'on affirme que, sur certains billets, les gens peuvent avoir une
chance sur 600 000, les gens disent: Non, tu n'es pas correct dans ton affaire.
A un moment donné, on s'aperçoit que c'est vrai. Ils disent: Non,
tout le monde gagne. C'est la publicité devant les résultats. Je
ne vois pas pourquoi on ne le mettrait pas. Sur un billet de $1 million ou sur
un billet de X, dire: Vous avez une chance sur 500 000, une chance sur 300 000,
une chance sur 650 000. Parce que les gens pensent qu'ils ont beaucoup plus de
chances que cela.
M. Parizeau: D'abord, j'aimerais bien qu'on tienne quelques
discussions avec Loto-Canada pour voir si elle aussi serait prête
à préciser des choses comme cela et comme je vous dis, en soi,
là, j'admettrai vraiment que le caractère est bien fin.
M. Goulet: M. le Président, cela ne veut pas dire que si
Loto Canada fait quelque chose qui n'est pas bien, on est obligé... On
n'a pas besoin d'avoir la souveraineté-association pour décider
cela. Il ne faudrait pas...
M. Parizeau: Cela n'a rien à voir avec la
souveraineté-association. Cela a à voir avec la concurrence. Je
ne suis pas opposé à jeter un coup d'oeil là-dessus et
voir ce qu'on pourrait faire pour améliorer à la fois la
présentation et la compréhension.
M. Goulet: Cela marche.
Le Président (M. Goulet): M. le député de
Laprairie.
M. Parizeau: Cela s'examine.
M. Michaud: II reste qu'à ce sujet on sait qu'il y a eu
des milliers et des milliers de gagnants au cours de l'année. Cela
serait facile de voir les chances sur le nombre de billets vendus, le nombre de
citoyens québécois qui ont gagné, s'il y en a eu 10 000 ou
15 000. Je ne sais pas, peut-être qu'on aurait les chiffres précis
ici. On pourrait les avoir très bientôt à ce sujet.
M. Parizeau: Sur les rapports, oui, sur les rapports
eux-mêmes, mais je pense que ce dont le député de
Bellechasse, si je comprends bien, parle, il voudrait que, sur le talon,
à l'envers du billet, il y ait des indications plus précises et
peut-être un peu plus lisibles. J'admets que...
M. Goulet: Ce que je veux dire, M. le Président, le
ministre l'a très bien compris, c'est qu'actuellement on discute,
c'est-à-dire que nous avons terminé hier soir, un projet de loi
sur la protection du consommateur. On demande aux compagnies de cigarettes par
exemple, d'inscrire un certain article, un avis, qu'on considère que le
danger pour la santé croît avec l'usage.
Je décide de fumer quand même, mais, au moins, on me le
dit. Dans l'opinion publique, les gens qu'on veut protéger par l'autre
projet de loi, les gens de la base, le monde ordinaire, faites
l'expérience vous-même, M. le Président, j'invite M. le
ministre à le faire, les gens croient qu'ils ont beaucoup plus de chance
de gagner, suite à la publicité, qu'ils n'en ont en
réalité.
M. Parizeau: Ecoutez, les enquêtes faites à
Loto-Québec indiquent le contraire. Les sondages indiquent que les gens
croient avoir moins de chances qu'ils en ont en fait, me dit-on, ce qui est
très curieux.
M. Goulet: On n'a pas lu les mêmes sondages. J'aimerais,
après la séance, qu'on puisse en discuter, parce que... j'ai
changé les documents, ce ne sont pas tout à fait les mêmes.
En tout cas, je ne veux pas... en principe...
M. Parizeau: Ecoutez, c est ce qu'on me dit, d après les
sondages qui ont été faits...
M. Goulet: On exige ça de l'entreprise privée, sur
différentes publicités, je ne vois pas pourquoi
Loto-Québec ne dirait pas: A la mini, vous avez une chance sur je
ne le sais pas moi-même 100 000. On m'a dit que, pour le million,
on avait une chance sur 625 000. Ce n'est pas moi qui l'ai calculé, je
veux savoir si c est vrai, pourquoi on ne le dirait pas au public.
M. Parizeau: Je n'ai pas d'objection à regarder
ça...
M. Goulet: Cela va, M. le Président, c est seulement une
suggestion.
M. Parizeau: ... il n'y a pas de raison de se buter sur des
choses comme ça, ça s'examine.
Le Président (M. Jolivet): Le nouvel article 37 est
adopté? M. le député d'Outremont.
M. Raynauld: On a quand même soulevé un débat
important à propos de cet article 37. Je retiens que le ministre estime
que, compte tenu de la nature de la régie prévue par le projet de
loi 67, il ne serait pas possible de soumettre la société
à cette régie. Je repasse bien rapidement le contenu du projet de
loi 67 et il se peut qu'il ait raison, dans ce sens qu'on ne voit pas beaucoup
de grands principes généraux dans le projet de loi 67. En fait,
je le regrette, parce que, encore une fois, quand on établit une
régie, c'est pour exprimer des volontés gouvernementales suivant
des modalités particulières qui s appliquent au secteur que nous
avons devant nous.
Si on établit une régie et qu elle n a aucune
espèce d'orientation comme celle-là, on n est pas beaucoup plus
avancé, parce que la régie elle-même, à ce
moment-là, ne se fait pas donner des orientations qu elle devrait avoir.
Tout ce qu'on voit ici, comme l'article 19, qui est la fonction des pouvoirs de
la régie, par exemple, assurer l'application, l'exécution et le
respect de la présente loi, ce n est pas très clair comme
définition, en tout cas.
Des règlements ou règles, comme surveiller et
contrôler, dans le meilleur intérêt du public et
conformément à la présente loi, les courses, les concours
publicitaires, les systèmes de loterie, si le gouvernement lui en
délègue le pouvoir, ici, il est clair que le gouvernement ne va
pas lui en déléguer le pouvoir.
M. Parizeau: Dans ce cas-là, non, bien sûr, pour les
raisons que j'indiquais tout à I'heure.
M. Raynauld: A ce moment-là, quand on va arriver à
l'article 19, on pourra peut-être l'enlever. Mais si le gouvernement lui
en délègue le pouvoir, à ce moment-là, suivant cet
article 37, on ne donne pas le pouvoir à la régie de
contrôler et de réglementer les systèmes de loteries, si je
comprends bien. C'est cela que cela veut dire? On soustrait à
l'application la Loto-Québec. C'est cela que cela veut dire?
M. Parizeau: Loto-Québec, oui.
M. Raynauld: Loto-Québec, c'est ce que j'en-tend, oui.
Par conséquent, on dit que si ce projet de loi et de
réglementation est tellement particulier qu'il ne peut pas s'appliquer
à Loto-Québec, il me semble que c'est toute l'économie du
projet de loi 67 qui est remise en cause. Encore une fois, on devrait
être capable, parce que c'est cela qui est l'évolution, un peu
partout, dans un très grand nombre de secteurs, de soumettre les
entreprises publiques aux mêmes règles que les entreprises
privées. On a cela dans les transports, on a cela dans la
radiodiffusion, on a cela dans sûrement un très grand nombre
d'autres secteurs dont je n'ai pas essayé de faire la liste. Mais on
envisagerait mal comment on pourrait avoir, par exemple, dans le système
de transport aérien, tout un système de réglementation de
tarifs et de règles pour protéger le consommateur et que cela ne
s'appliquerait pas aux sociétés d'Etat. Cela s'applique
généralement à l'ensemble des entreprises qui exploitent
un certain commerce ou qui ont une certaine activité. (12 h 30)
Ici, on dit: On va bâtir tout cela et la première grosse
entreprise qui est là-dedans, on la soustrait à cela, on dit:
Vous n'êtes pas soumise à cela. Je trouve que le problème
reste entier, autrement dit. Je ne conteste pas qu'il puisse y avoir des
articles qui n'auraient aucun rapport, mais si c'était simplement cela
le problème, ce ne serait pas difficile, on pourrait suggérer, au
lieu d'avoir l'article 37 ici, d'avoir un article comme on le voit souvent,
à la fin du projet de loi 67, où on dirait que, dans le cas de
Loto-Québec, tels ou tels articles ne s'appliquent pas. On voit cela
dans beaucoup de projets de loi, mais on ne soustrait pas en entier à
l'application d une loi la société publique, tout simplement
parce qu'elle est société publique.
Enfin, je ne veux pas pousser cette argumentation plus loin qu'il ne le
faut, je ne veux pas en faire un débat de fond, mais je veux exprimer
mes réserves sur cet article 37 et, pour ce qui me concerne, je vais
exprimer cette réserve en m'abs-tenant de voter sur l'adoption de
l'article 37.
Le Président (M. Jolivet): L'article 37 est donc
adopté.
M. Raynauld: Sur division.
Le Président (M. Jolivet): Sur division. Le nouvel article
38. M. le ministre.
M. Parizeau: Cela indique simplement que le ministre des Finances
est chargé de l'application de la loi.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Ici aussi, je n'en ferai pas une recommandation
ferme non plus, mais la question se pose de savoir si, lorsqu'on arrive en
particulier dans le domaine des courses de chevaux, ce qui sera peut-être
soustrait complètement à l'application de ce projet de loi plus
tard, on doit considérer cette activité comme simplement une
activité de perception, une activité purement fiscale ou si on
doit considérer cela comme une industrie, comme beaucoup d'autres,
auquel cas on pourrait envisager de faire appliquer cette loi par le
ministère de l'Industrie et du Commerce.
M. Parizeau: Ah! Attention!
M. Raynauld: Je dis que la question se pose.
M. Parizeau: Pour la partie de la SODIC, je vous dis que ce n'est
pas du tout certain que la SODIC restera dans le giron, si je peux m'exprimer
ainsi, du ministre des Finances. Cela peut faire partie de l'Agriculture. Il y
a bien des endroits où on peut mettre cela. A cet égard, je n'ai
aucune espèce d'impérialisme particulier. On parle de la SODIC,
c'est-à-dire de l'aide à l'industrie chevaline. Que ce soit aux
Finances, cela ne me paraît pas inscrit dans le Nouveau Testament.
M. Raynauld: Y a-t-il eu une réflexion de faite à
ce sujet pour examiner s'il ne serait pas avantageux que Loto-Québec
relève du ministère de l'Industrie et du Commerce plutôt
que du ministère des Finances? Je pense que, là aussi, on a une
expression de ce qu'on considère, de la nature de l'industrie que l'on
veut considérer dans les circonstances. S'il s'agit bien d'une
industrie, s'il s'agit de promouvoir certaines activités, de voir cela
dans un contexte, par exemple, d'investissement relié justement à
d'autres secteurs, dans un contexte de maintien d'une certaine vitalité
de l'économie, dans un secteur donné, le ministre de l'Industrie
et du Commerce ne pourrait-il pas avoir des vues différentes, non pas en
tant que personne, mais en tant que structure administrative, de celles du
ministère des Finances?
Le ministère des Finances, comme il est aujourd'hui, est
très occupé, c'est un très gros ministère. Il
impose les obligations au ministre, qui sont considérables, qui peuvent
d'ailleurs, de temps à autre, entraîner des retards. Est-ce qu'il
y a eu une réflexion de faite là-dessus ou si cela a
été plus ou moins automatique? Est-ce qu'on a dit: Bon,
c'était le ministre des Finances qui s'en occupait avant, cela va
être encore le ministre des Finances qui va s'en occuper à
l'avenir?
M. Parizeau: Je voudrais bien savoir à quel retard le
député d'Outremont fait allusion.
M. Raynauld: C'est vous-même, M. le ministre, qui avez
parlé de cela pour SODIC tout à l'heure.
M. Parizeau: J'ai dit que j'ai eu un rapport pendant un mois sur
la table, effectivement.
M. Raynauld: C'est simplement cela. Je ne veux pas faire de
méchanceté.
M. Parizeau: Oui, cela me paraît beaucoup. Mais enfin. Je
mets un point d'ironie après beaucoup. Je répondrai seulement
dans un autre sens. Le ministre des Finances lui, est tout à fait
intéressé à maximiser les profits. Dans ce sens, cela me
paraît tout à fait normal que le rôle de Loto-Québec,
qui est aussi de maximiser les profits, puisse relever d'un ministre qui est
vitalement intéressé à ce qu'ils soient
maximisés.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse, à moins que M. le député d'Outremont n'ait
d'autre chose à ajouter.
M. Raynauld: Qu'est-ce qui arrive exactement pour la
Société des alcools du Québec? De qui
relève-t-elle?
M. Parizeau: Elle relève du ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. Raynauld: C'est la même question, alors. A ce moment,
s'il y a une société qui rapporte des fonds à l'Etat,
c'est bien la Société des alcools, encore plus que celle-ci.
M. Parizeau: Je comprends, mais seulement, d'un autre
côté, qui a de plus en plus d'activités industrielles
importantes. La Société des alcools maintenant n'est plus
seulement dans la vente, elle est dans l'embouteillage, elle est dans le
transport maritime, elle commence à entrer dans toute espèce
d'activités qui, logiquement, pourrait amener le transfert à
l'Industrie et Commerce. C'est devenu un gros industriel, la SAQ.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Le ministre dit qu'il veut maximiser les profits,
c'est le but également de la société. Il y a eu entente au
niveau...
M. Raynauld: C'est l'objectif de toutes les
sociétés d'Etat.
M. Goulet: ... des lotos.
M. Parizeau: Pas nécessairement.
M. Goulet: II y a eu des ententes au niveau des lotos,
Loto-Québec, Loto Canada et les autres provinces, relativement au champ
de juridiction, à savoir que l'un va aller en haut de $10, et l'autre en
bas de $10.
M. Parizeau: Le fédéral se retire des loteries
instantanées et des jeux sur numéros.
M. Goulet: J'aurais pu faire ces commentaires au début,
mais avant d'adopter le projet de loi comme tel, j'avais posé la
question au ministre en deuxième lecture et il l'a probablement
oubliée.
Le ministre des Finances du Québec s'est-il prononcé sur
cette entente et était-il d'accord avec cette entente? Est-ce que vous
étiez d'accord?
M. Parizeau: Bien sûr! M. Goulet: Bon!
M. Parizeau: Telle qu'elle a été
complétée, c'est-à-dire que l'argent ramassé par
Loto Canada, une fois terminé le mode de paiement du déficit
olympique, les fonds ramassés par Loto Canada pourront être
dépensés par le gouvernement fédéral à des
fins nationales ou internationales, mais que, chaque fois qu'il s'agit
d'initiatives de caractère local, le gouvernement fédéral
doit obtenir l'autorisation de la province concernée, ce qui a
été ajouté à la dernière minute et,
ça étant mis dedans, je suis d'accord avec l'ensemble de
l'entente.
M. Goulet: Ce sera un des règlements de la Loto de dire:
Pas de loterie en haut de $9, je crois?
M. Parizeau: C'est ça.
M. Goulet: Ce sera un des règlements, même s'il juge
ne pouvoir aller en haut de ça, c'est une entente que le gouvernement a
acceptée.
M. Parizeau: Bien sûr! M. Goulet: D'accord.
M. Parizeau: Cela me paraît sage, M. le Président.
Cela me paraît sage.
Le Président (M. Jolivet): Cela va? L'article 38 est
adopté?
M. Raynauld: Oui.
M. Goulet: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): L'article 39?
M. Parizeau: Alors, "entrera en vigueur à la date qui sera
fixée par proclamation du gouvernement, à l'exception des
dispositions... "
Alors, là, nous allons... Est-ce qu'on a l'habitude d'annoncer en
commission vers quelle époque on pense que ce serait promulgué?
Nous pensons que ce sera à la fin de cette année ou au
début de l'année prochaine, autour du 1er janvier.
M. Raynauld: Non, je pense que le seul problème que
soulèvent les dates de proclamation d'entrée en vigueur est
lié aux possibilités que l'on donne à des parties de se
faire entendre, s'il y a lieu. Dans ce cas-ci, je pense bien que la question ne
se pose pas tellement. Elle va se poser davantage pour la loi 67 et, comme il
s'agit de la Loto-Québec, je pense que le problème ne se pose pas
tellement. Mais, la seule chose que j'essaie, moi, de faire valoir, c'est qu'on
doit, d'habitude, autant que possible, donner la chance aux gens de s'exprimer
avant qu'il y ait eu une proclamation et que toute la chose ait
été faite.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse?
M. Goulet: Non, ça va, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Donc, l'article
numéroté 39 est adopté? Le projet de loi no 68 avec tous
les amendements à y apporter est adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Le projet de loi no 64, article
1.
M. le ministre.
Projet de loi no 64
M. Parizeau: Alors, il s'agit essentiellement d'un projet qui est
destiné à exempter de taxe sur les carburants,
c'est-à-dire à ramener à trois cents la taxe
générale pour tout véhicule qui, normalement
utilisé pour une exploitation agricole, forestière ou
minière, ne circule pas sur les routes, c'est-à-dire qui peut
être considéré comme une machinerie interne de
l'exploitation.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, j'aurais d'abord une
observation générale à faire et, ensuite, peut-être
une demande. L'observation générale que je veux faire sur ce
sujet est que je trouve qu'en principe, il est mauvais d'introduire toutes
sortes d'exceptions pour des catégories particulières soit
l'utilisation ou autres et que, d'un point de vue fiscal, cela devient une
jungle, à un moment donné, de savoir exactement si les
entreprises sont sur un pied d'égalité sur un plan fiscal ou si
elles sont traitées de façon discriminatoire soit à leur
avantage, soit à leur désavantage. Ce projet de loi introduit
justement une exemption particulière dont je ne discute pas le
bien-fondé quand je soulève ce problème, mais qui me
paraît aller dans le sens contraire à une bonne gestion d'un
régime fiscal qui doit faire ressortir, autant que possible, les
coûts réels d'utilisation des ressources.
Lorsqu'on commence à faire des exceptions pour celui-ci,
celui-là, parce qu'il a les cheveux blonds, il ne paiera pas la taxe de
vente, celui-là, parce qu'il a les cheveux noirs, on va lui demander
deux fois plus. On en vient à ne plus pouvoir connaître exactement
le coût relatif d'une chose, les prix relatifs des biens qui sont mis sur
un marché. Pour cette raison, je trouve que ce projet de loi ne fait pas
avancer les choses, et il les fait reculer de ce point de vue. Lorsqu'on veut
faire des choses comme celles-là en dépit du principe que je
viens de mettre de l'avant, on essaie d'habitude de procéder par
d'autres moyens, soit des subventions directes au producteur ou des
remboursements, on peut faire des remboursements d'impôt mais de
façon qu'il soit clair, qu'il soit net que, lorsqu'une certaine
catégorie d'agents économiques utilisent des ressources, on sache
combien ces ressources coûtent à la société.
Encore une fois, lorsqu'on se met à faire des exemptions ici, des
exemptions là, cela devient absolument impossible. Je regrette que le
ministre ait dû ou ait voulu présenter un projet de loi de cette
nature et sous cette forme particulière. Encore une fois, lorsqu'on veut
aider l'agriculture, lorsqu'on veut aider l'industrie des forêts, il y a
bien d'autres moyens de le faire que de se mettre à jouer avec des
instruments d'application générale comme un impôt sur
l'essence. S'il y a un impôt sur l'essence, il y a un impôt sur
l'essence. Là, tout à coup, on dit: II y a un impôt sur
l'essence, mais comme ce ne sont pas des chemins publics, on va réduire
cet impôt. Je trouve qu'il n'y a pas de justification et sur le plan,
encore une fois, de la gestion purement administrative, sur le plan fiscal,
c'est un projet de loi qui n'est pas de nature à clarifier les choses,
au contraire, il est de nature à rendre le système fiscal plus
difficile d'application. Pour cette raison, encore une fois, je regrette que le
ministre n'ait pas trouvé autre chose, s'il voulait aider ce secteur,
que d'apporter des exceptions à l'application de lois qui sont de type
général comme la taxe sur l'essence.
(12 h 45)
Ma deuxième observation est plutôt une question. J'aimerais
connaître du ministre s'il y a eu des études d'impact qui ont
été faites puisque ce gouvernement aime faire des
études d'impact sur les conséquences qu'apportera
l'application de ce projet de loi.
L'impact, en termes économiques, essaierait de mettre en relation
le nouveau statut concurrentiel des secteurs ou des entreprises que nous
voulons favoriser parce que c'est dans ce contexte général qu'on
est capable de faire une appréciation adéquate d'une exemption de
taxes comme celle qui est présentée. En effet, lorsqu'on veut,
encore une fois, favorier un secteur, on le fait en comparaison de la somme
totale de la situation de l'entreprise ou du secteur vis-à-vis d'autres
secteurs, vis-à-vis d'autres entreprises pour déterminer si ces
secteurs ou ces entreprises sont dans une situation concurrentielle,
confortable ou inacceptable.
Donc, je voudrais savoir, avant de prendre une décision comme
celle qu'on a prise, si les entreprises concernées sont dans une
situation meilleure, une situation qui rétablit simplement un
équilibre qui aurait pu être faussé sur le plan
concurrentiel, autrement dit, si c'est vraiment un avantage que l'on donne
à ce secteur qui va lui permettre d'être sur un pied beaucoup plus
avantageux que d'autres entreprises ou s'il s'agit, encore une fois, d'une
correction pour d'autres raisons qui ont pu faire que ces entreprises ou ces
secteurs étaient dans une situation désavantageuse auparavant et
qui a amené l'introduction de ce projet de loi.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. Parizeau: M. le Président, je dois reconnaître
que je ne comprends pas très bien l'argumentation du
député d'Outremont. Il y a deux grands régimes de taxation
de l'essence ou du carburant: l'un pour les véhicules qui circulent sur
les routes sur l'essence, ça fait $0.19 et l'autre pour
les machines fixes, qui est à $0.03. Donc, ce n'est pas une série
d'exceptions et de "giddy" qu'on promène dans le paysage. Il y a une
ligne de partage entre ce qui circule sur les routes, qui a un régime de
taxation, et ce qui ne circule pas, qui a un régime de taxation plus
bas.
Pour des raisons qu'on ne s'explique pas historiquement, seulement
peut-être parce que la technologie du transport n'était pas
développée à ce point, quand les véhicules sont
apparus dans des exploitations qui ne touchaient pas aux routes et qui n'y
allaient pas, au lieu d'être traitées comme des machines fixes,
elles ont été traitées comme des véhicules sur
route.
Or, par la mesure qu'on annonce, on corrige cette situation. On
considère qu'une écorceuse ou une tronçonneuse en
forêt, ce n'est pas parce qu'on l'a mise sur des roues en raison de
l'avancement de la technologie qu'on doit la considérer comme un
véhicule. On la considère plutôt comme tout l'outillage
forestier, ce sur quoi on a toujours été d'accord.
On n'ouvre pas une exception, on ne multiplie pas des exceptions. On
change la ligne de partage de la taxation entre le premier et le second
régime, ce qui va sur les routes et ce qui n'y va pas.
Sur le plan de la simplification de la loi, cela me paraît, au
contraire, être un geste important. Sur le plan de la cohérence de
notre système fiscal, cela me paraît être important
aussi.
Quant aux études d'impact, il faut bien se rendre compte d'un
certain nombre de choses. Premièrement, depuis déjà deux
ans, les sociétés minières demandent au gouvernement de
revoir leur système de taxation, aussi bien au fédéral
qu'au provincial. Modifier, dans l'état actuel des choses, l'impôt
sur les profits des compagnies minières, ne changerait pas grand-chose,
sauf dans le cas des mines d'amiante, parce que, pour la plupart des autres
mines, elles ne font vraiment pas assez d'argent pour que cela fasse une grosse
différence. On ne peut pas réduire un impôt sur les profits
quand il n'y a pas de profits.
Mais il y aurait moyen, grâce à cette mesure, de
réduire les coûts singulièrement des exploitations
minières en carrière, et de rendre les entreprises
minières, sur ce plan, au moins concurrentielles avec l'Ontario
où une taxe sur l'essence pour ce type d'outillage roulant n'existe
pas.
C'est d'ailleurs cette même comparaison avec l'Ontario qui a
été évoquée par les entreprises de conserverie,
pour la taxation de l'essence utilisée dans des véhicules
essentiellement agricoles, qui ne circulent que dans les champs.
Je pense, par exemple, aux "arracheuses " de pois, à des choses
comme cela. On ne paie pas cette taxe en Ontario, mais on la payait au
Québec. Au fur et à mesure que le prix de l'essence augmente, il
est évident que la charge de l'essence, c'est important pour des
véhicules de cet ordre. Les études d'impact à cet
égard ont été davantage faites pour ces exploitations
agricoles et pour l'industrie minière que pour l'industrie
forestière où, de toute façon, l'impact sera plus faible.
Compte tenu des coûts généraux de l'industrie
forestière, l'impact sera plus faible. C'est plus par concordance qu'on
l'a fait. Si on le faisait pour les exploitations agricoles et si on le faisait
pour les mines, à partir du principe que j'ai expliqué tout
à l'heure, il fallait le faire aussi pour les exploitations
forestières. Voilà, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont, d'autres observations?
M. Raynauld: Je vais laisser...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Ce sera très court, M. le Président. Ce
que le député d'Outremont suggère, c'est peut-être
une enveloppe globale, je n'ai rien contre cela et je n'ai rien non plus contre
le projet de loi présenté par le ministre, mais je me pose des
questions sur le contrôle. Nous l'avons actuellement sur le mazout, ce
qu'on appelle communément le "fuel". Si je pars avec un diesel, que je
m'en vais sur la route et que j'ai du "fuel " pour de la machinerie agricole ou
industrielle, je peux, n'importe quand, me faire intercepter par les petites
autos bleues, comme on les appelle, et ces gens peuvent vérifier. Sur la
gazoline, allez-vous avoir un moyen de contrôle? Je m'explique. Je compte
bien sur la bonne foi des gens. Sur le mazout, le "fuel", nous l'avons
déjà. Si quelqu'un décide de mettre de l'huile à
fournaise dans son transporteur lourd, il peut le faire, mais au niveau de la
gazoline, qu'est-ce qui empêche, par exemple, un agriculteur qui a un
réservoir de 2000 gallons en arrière de son entrepôt de
faire le plein de son véhicule automobile ou son fils de faire le plein
de son véhicule-automobile? A-t-on des critères, par exemple, sur
le nombre d'acres cultivés, le nombre de tonnes de minerai on
pourrait dire: Cela prend, en moyenne, X gallons de mazout ou de gazoline pour
exploiter X tonnes de minerai ou pour couper tant de cordes de bois? Je veux
simplement savoir, dans un premier temps, quels moyens de contrôle nous
avons au niveau de la gazoline comme telle.
M. Parizeau: II y en a deux. L'immitraculation du
véhicule. Ces véhicules seront immatriculés comme hors
route. Ce sont vraiment des pièces d'équipement bien connues.
M. Goulet: Oui. Ce n'est pas du tout un moyen.
M. Parizeau: Deuxièmement, l'exemption se fait sous forme
de remboursement. On rembourse sur état l'utilisation du
véhicule. Avec l'immatriculation et la formule du remboursement...
M. Goulet: Je le sais, mais il n'y a aucun contrôle.
Qu'est-ce que cela peut représenter? Je vous donne un exemple...
M. Parizeau: II s'agit essentiellement d'entreprises.
M. Goulet: Oui.
M. Parizeau: Le cas des cultivateurs ne se présente pas,
parce que, de toute façon, les exemptions existent déjà
pour eux. On parle ici d'entreprises.
M. Goulet: L'entreprise...
M. Parizeau: D'un petit nombre d'entreprises dont...
M. Goulet: Bien...
M. Parizeau: Oui. Ce type de véhicules appartient à
un petit nombre d'entreprises. Ce sont quelques conserveries, un certain nombre
d'exploitations forestières et des entreprises minières qui ont
une comptabilité quant à l'utilisation de leurs véhicules,
le nombre d'heures qu'ils les ont utilisés, etc. Ce n'est pas
très...
M. Goulet: Je suis bien d'accord, mais si un propriétaire
de scierie ou de boisé, par exemple, qui fait de l'exploitation
forestière, je ne parle pas de REXFOR et de ces compagnies, je ne sais
pas le terme à employer communément à 15 "tabler-jacks "
et de gros moteurs à essence, son surintendant, son fils, sa femme, tout
ce monde peut, à un moment donné, faire le plein, et, à la
fin de l'année, bien malin celui qui pourrait prétendre que tel
véhicule a consommé tant. Cela veut dire qu'il y a beaucoup de
gens qui pourraient, à un moment donné, passer à
côté. On ouvre une porte, on se fie sur la bonne foi des gens. Il
y a beaucoup de gens qui sont tout près de ces exploitations,
intéressés directement au niveau de la famille, ou de voisins, de
gens qui travaillent. Qu'est-ce qui empêche, par exemple, le surintendant
on peut multiplier cet exemple par beaucoup le soir, avant de
s'en aller chez lui, de faire le plein de son véhicule automobile qui
sert à ses propres fins? Qu'est-ce qui l'en empêche? Qui va vous
dire cela? Vous allez dire: Telle machine a consommé cette semaine 350
gallons d'essence, au lieu de 335. Vous n'avez aucun contrôle. C'est pour
cela, si vous permettez, M. le ministre, que je trouvais pertinente la remarque
du député d'Outremont, d'y aller par un moyen de
vérification, un genre d'enveloppe globale, une subvention, et dire:
Ecoutez, pour tant d'acres de terre cultivée ou pour tant de tonnes de
minerai exploité, si nous donnons à la société
Noranda Mines un montant de X, l'autre ne devrait pas être le double
à l'autre bout. J'imagine qu'il va y avoir des moyens de
vérification, mais là, il n'y en a pas. Les deux que vous m'avez
nommés tantôt, il y a beaucoup de gens qui peuvent passer à
côté.
M. Parizeau: Tout ce que vous venez de dire là, on
pourrait le dire quant à la consommation d'essence dans les machines
fixes.
M. Goulet: Même chose. M. Parizeau: Même
chose. M. Goulet: Absolument.
M. Parizeau: Ce qu'on a comme critère depuis des
années, comme mode de vérification, ce sont des choses qui sont
aussi simples que la puissance des moteurs, le nombre d'heures d'utilisation
dans le mois, par exemple, l'usage de l'équipement en question. Je ne
dis pas que personne ne peut passer à côté.
Il est évident que si quelqu'un va faire le plein une fois par
mois, il y a des chances qu'on ne l'attrape pas. Ce que je veux dire, c'est
qu'une consommation, une espèce de fraude continue, une fois que vous
avez la puissance du moteur, l'usage et le nombre d'heures d'utilisation, ce
n'est pas si facile que ça de passer à côté. Je ne
vois pas une compagnie qui va monter des livres spécialement pour
frauder sur le nombre d'heures d'usage et la capacité des moteurs. Cela
me paraît difficile à envisager.
M. Goulet: On ouvre une porte. Mon autre question peut aller, M.
le Président, sur les articles 1 et 2, si vous permettez. Je sais qu'il
est 13 heures. J'en ai pour quinze secondes.
Le Président (M. Jolivet): Justement. Non, mais avant,
c'est parce que je voulais clarifier une chose. L'ordre de la Chambre
était bien pour 13 heures et non pas pour 12 h 30, d'abord.
M. Goulet: Moi, je donne mon consentement, si vous voulez, dans
quinze secondes...
Le Président (M. Jolivet): Si vous êtes d'accord,
consentement pour terminer le projet?
M. Goulet: Oui. Je ne veux pas répondre au nom du
député.
Le Président (M. Jolivet): Cela va, oui, d'accord.
M. Goulet: Les montants que nous avons mentionnés dans le
projet de loi, est-ce qu'ils sont comparables à ceux des autres
provinces avantageusement? Est-ce que vous vous êtes basés sur les
autres provinces, parce que c'est déjà existant là-bas?
Est-ce que nos exploiteurs de mines ici ou nos exploitants, c'est le mot que je
cherchais, ou nos travailleurs forestiers ici, par exemple, qui ont des
organismes qui touchent l'exploitation de la forêt, est-ce que c'est
comparable avec le Nou-veau-Brunswick, par exemple, les provinces voisines,
l'Ontario et je dirais même un autre pays, ce qui va peut-être
surprendre le ministre, mais dans mon comté, ça compte pour
beaucoup, parce que la concurrence dans ce domaine vient du Maine où on
peut traverser 25 fois par jour? Est-ce qu'il y a eu des chiffres comparatifs
avant de formuler ce projet de loi?
M. Parizeau: Oui, nous étions, nous, à $0.19 sur
l'essence et $0.25 sur le mazout avant ce projet de loi, alors qu'au
Nouveau-Brunswick, il n'y avait rien, en Ontario, il n'y avait rien, en
Saskatchewan, il n'y avait rien, en Alberta, il y avait $0.03, en
Colombie-Britannique, il y avait $0.05; nous, on met $0.03. (13 heures)
M. Goulet: D'accord.
M. Parizeau: $0.03, parce que c'est le régime
général des machines fixes ici, au Québec. C'est dans ce
sens-là que je ne comprenais pas le député d'Outremont qui
disait tout à l'heure: Vous ouvrez une exception. On n'ouvre pas une
exception. On les ramène au niveau des machines fixes. On dit: C'est de
l'outillage d'exploitation, comme n'importe quelle machine qu'il y a
dedans.
M. Goulet: Une dernière petite question. Etant
donné que ce sont des véhicules hors route, est-ce que tous les
véhicules à la Société d'énergie de la baie
James, parce qu'ils sont immatriculés avec une plaque spéciale et
n'ont pas le droit de sortir du territoire, sont visés par ça,
oui ou non?
M. Parizeau: Non, agricoles, forestières et
minières.
M. Goulet: D'accord.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Est-ce qu'il serait possible que le ministre
distribue aux membres de la commission les informations qu'il vient de nous
donner? Ce serait utile pour...
M. Parizeau: Ecoutez! C'est un tableau sur lequel j'ai
écrit passablement de notes. On pourrait en faire tirer une photocopie
un peu plus propre et l'envoyer à chacun des membres.
M. Raynauld: Oui, je trouverais cela utile. M. le ministre, vous
avez fait allusion tout à l'heure au fait que vous procédiez,
dans l'application d'un projet de loi comme celui-ci, par remboursement;
qu'entendez-vous au juste par cela?
M. Parizeau: Chaque compagnie fait une réclamation.
M. Raynauld: Est-ce que la compagnie paie d'abord la taxe?
M. Parizeau: Oui. oui.
M. Raynauld: Elle paie la taxe et se fait rembourser ensuite.
M. Parizeau: C'est un "draw back".
M. Raynauld: Elle paye la taxe de $0.19?
M. Parizeau: Oui, $0.19 ou $0.25 si c'est du mazout, ce qui
permet un bien meilleur contrôle.
M. Raynauld: Cela répond à une partie des
objections que j'avais au début. Si c'est un remboursement, je trouve
que c'est quand même plus sécuritaire que si c'est d'aller quelque
part, à un moment donné, et de dire: Moi, c'est une machine fixe,
je paye $0.03, je ne paye pas $0.19. J'ignorais cela.
Je suis disposé à adopter le projet de loi, mais avant, je
voulais simplement noter que... Le ministre a fait allusion à plusieurs
reprises au fait que, dans certaines industries comme l'industrie
minière à l'heure actuelle, il ne servait à rien de
réduire les profits parce qu'il n'y avait pas de profits; je voudrais
simplement noter ici qu'on ne fait pas des lois pour trois mois; il n'y a rien
de plus volatil que les profits de l'industrie minière et ce qui est
vrai aujourd'hui va peut-être être absolument faux dans trois mois.
Par conséquent, je ne trouve pas que c'est un argument solide pour dire:
On ne va pas procéder par cette voie-là, on va procéder
par une autre voie. Ceci dit, cela n a pas de conséquences
immédiates puisque, s'il est exact, par exemple, qu'à la fois au
Nouveau-Brunswick et en Ontario, on a un régime fiscal qui est en fait
plus avantageux que le nôtre, je pense que c'est probablement une bonne
chose que de se rapprocher au moins du statut fiscal des entreprises avec
lesquelles nos entreprises au Québec sont en concurrence.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Laprairie.
M. Michaud: Dans le discours du budget, on prévoyait une
dépense de $10 millions pour couvrir cette réduction de taxes;
est-ce qu'on a des chiffres précis présentement pour voir si on a
sous-estimé ou surestimé cette dépense?
M. Parizeau: C'est un peu sous-estimé. Notre
dernière estimation est que cela peut coûter entre $12 et $13
millions.
M. Michaud: Est-ce que vous avez différents volets pour
l'agriculture?
M. Parizeau: Essentiellement aussi à cause des
forêts. La dernière estimation était de $8 millions pour
les mines, entre $4 et $5 millions pour les forêts, et $500 000 pour les
conserveries.
M. Michaud: Merci.
Le Président (M. Jolivet): L'article 1 est
adopté?
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): L'article 2?
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): L'article 3?
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): L'article 4?
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Le projet de loi est
adopté tel quel.
M. Raynauld: M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Oui, M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, est-ce qu'on pourrait
demander si, pour les projets de loi qui viennent et qui viendront très
bientôt, le ministre pourrait déposer les amendements, s'il y a
lieu, afin qu'on puisse les examiner un peu auparavant? Je pense que ce serait
utile.
Ensuite, est-ce que je pourrais demander une information à propos
du projet de loi 51 sur les successions? Quand, selon le ministre, allons-nous
examiner ce projet de loi? En plus, j'ai un petit problème, cet
après-midi. Je dois participer au débat sur le chômage vers
la fin de l'après-midi, avant 18 heures.
M. Goulet: ... qui est votre motion d'ailleurs.
M. Raynauld: Oui. Cela pose une difficulté pour continuer
cet après-midi en commission parlementaire.
Le Président (M. Jolivet): Je ne pense pas qu'il y ait eu
d'annonce faite pour cet après-midi. C'est le leader de la Chambre qui
pourrait régler votre problème.
M. Parizeau: Je vous avouerai que je n'en sais pas beaucoup plus
que le député d'Outremont. Je vais demander au leader dans quel
ordre il prévoit cela. Quant au dépôt des amendements, oui,
ils sont prêts, on pourrait peut-être les livrer un peu à
l'avance, surtout dans le cas de la Loi sur les successions, comme il y en a
quand même un assez grand nombre, je pense que cela vaudrait la peine que
tout le monde puisse les voir avant.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Je conviens qu'il n'y a pas eu d'ordre de la Chambre
pour que nous siégions cet après-midi, mais on peut
présumer qu'il va y en avoir un. Est-ce que le ministre peut nous
dire... Non, mais d'après vous.
Le Président (M. Joliavet): Je pense qu'on
discuterait...
M. Parizeau: Je vous avouerai que j'aimerais bien le savoir
moi-même à cause de mon...
M. Goulet: Je voudrais savoir une chose, M. le Président,
dans quel ordre...
Le Président (M. Jolivet): Le problème que nous
avons, c'est que nous ne savons pas nous non plus. Donc, on va discuter
longuement. La meilleure chose à faire serait que les leaders se
réunissent avec le ministre pour discuter cette question. Ce serait plus
facile. On va perdre moins de temps ici.
M. Goulet: Je voudrais savoir dans quel ordre le ministre va
appeler les prochains projets de loi. C'est lui qui va le dire...
M. Parizeau: Non, justement pas. C'est cela le problème.
J'ai appris l'ordre de ce matin hier soir, à la fin de
l'après-midi.
M. Raynauld: Je suis heureux de savoir que nous sommes sur un
pied d'égalité à cet égard.
Le Président (M. Jolivet): Nous ajournons sine die la
commission des finances et des comptes publics.
Suspension de la séance à 13 h 6
Reprise de la séance à 16 h 45
Le Président (M. Jolivet): La commission des finances et
des comptes publics se réunit pour étudier le projet de loi 63,
article par article. Les membres de cette commission sont: M. Bordeleau
(Abitibi-Est); M. Charbonneau est remplacé par M. Baril (Arthabaska); M.
Gagnon (Champlain); M. Garneau (Jean-Talon), M. Goulet (Bellechasse), M.
Grégoire (Frontenac); M. Michaud (Laprairie), M. Parizeau
(L'Assomption), M. Raynauld (Outremont), M. Roy (Beauce-Sud).
C'est la suite de la réunion de ce matin, le rapporteur est donc
toujours le même, M. Mi-chaud, de Laprairie.
Le projet de loi no 63, article 1.
M. le ministre.
Projet de loi no 63
M. Parizeau: M. le Président, il s'agit d'un projet qui
est destiné à protéger les revenus que trois
municipalités du Québec qui ont plus de 150 000 habitants
tiraient de la taxe sur les repas et l'hôtellerie. Dans la mesure
où le gouvernement a retiré la taxe sur les chambres
d'hôtel, qui était de 8%, il l'a retirée
indéfiniment, il est évident que ces municipalités qui
tiraient la moitié du produit de la taxe sur les repas et
l'hôtellerie auraient pu être pénalisées.
Pour éviter qu'elles le soient, le projet de loi que nous avons
devant nous porte de 50% à 58,60% la part de ces trois
municipalités dans le produit de la taxe sur les repas et
l'hôtellerie, ce qui leur donnera globalement le même montant
qu'elles auraient reçu, si on n'avait pas retiré cette taxe de
8%.
Le Président (M. Jolivet): M. le député d
Outremont.
M. Raynauld: M. le Président, j'avais déjà
donné mon accord à l'ensemble de ce projet de loi à
l'occasion de la discussion de la deuxième lecture. J'ai soulevé
à ce moment-là et je le soulève ici de nouveau, un
problème de calcul. En fait, c'est la seule chose qui existe dans ce
projet; c'est qu'on fixe à 58,6% la part de la taxe de vente
perçue sur les territoires des trois villes et qu'on relève donc
de 50% ce qu'il était auparavant.
C'est évidemment pour compenser exactement les
municipalités. Je voudrais demander, à cet égard, comment
le ministère et le ministre établissent la somme que ces
municipalités auraient dû recevoir en l'absence du changement, en
l'absence de la suppression de la taxe de 8%. Est-ce fondé sur des
prévisions? Est-ce fondé également sur des
prévisions plus récentes que celles qui avaient été
faites en début d'année? Est-ce que c'est ajusté en cours
de route ou non?
Sans vouloir du tout mettre en doute la validité des calculs,
parce que je n'ai aucune raison de le faire, j'aimerais connaître
justement ces prévisions ou ces montants qui ont été
effectivement prévus par le ministère. A cet égard, je
voudrais mentionner que cela aurait été utile si on avait eu,
pour la discussion de ce projet de loi, des comptes trimestriels pour le
deuxième trimestre de 1978, que nous n'avons pas encore et qui auraient
été très utiles étant donné qu'on est dans
un champ dont la conjoncture varie beaucoup, compte tenu de tous les autres
changements qui ont été apportés depuis quelques mois.
M. Parizeau: II n'y a pas de révision, soit à la
hausse, soit à la baisse, des prévisions qui avaient
été apportées au début de l'exercice financier,
pour ce qui a trait à la taxe sur les repas et hôtellerie. Il y en
a dans d'autres cas, mais dans ce cas-ci, il n'y a pas de révision,
c'est-à-dire qu'on prévoit toujours que cette taxe aurait
rapporté, si on n'avait pas enlevé la taxe sur les chambres
d'hôtel, $177 millions. On évalue toujours à $20 millions
ce que cette exemption de taxe va coûter. Le solde net est de $157
millions.
M. Raynauld: Pardon? Le solde est...
M. Parizeau: Le solde net des prévisions est de $157
millions.
M. Raynauld: Si ce sont ces chiffres-là, ce sont les
mêmes que les miens. A ce moment-là, je vous demanderais comment
vous êtes arrivé à 58,6%, parce que moi, j'arrive à
56,7%?
M. Parizeau: Est-ce que vous avez enlevé la compensation
aux mandataires?
M. Raynauld: Aux mandataires, non.
M. Parizeau: Nous payons à ceux qui collectent cette taxe
pour nous, $1 600 000.
M. Raynauld: Voilà, c'est la source de la
différence. Merci beaucoup.
M. Parizeau: C'est la source de la différence. M.
Raynauld: Je suis heureux de l'apprendre.
M. Parizeau: C'est parce qu'ils restent mandataires. Il faut
toujours leur donner le même montant. On enlève donc le $1 600 000
avant de faire l'ajustement.
M. Raynauld: Ça va.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Une simple question. Cela s'adresse aux
municipalités de plus de 150 000 habitants. Les autres n'étaient
pas comprises là-dedans, c'est-à-dire à cause d'une
vieille loi. Elles ne l'étaient pas non plus.
M. Parizeau: II n'y a aucun changement quant aux
récipiendaires. C'est toujours Montréal, Québec et
Laval.
M. Goulet: Trois villes seulement?
M. Parizeau: C'est cela. La loi ne dit pas trois villes, elle dit
les villes de plus de 150 000 habitants.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce qu'il y a d'autres
questions sur l'article 1 ?
M. Raynauld: Non, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): S'il n'y en a pas d'autres,
l'article 1 est-il adopté?
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. Article 2. M. le
ministre.
M. Parizeau: II s'agit essentiellement du mode de versement.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Outremont.
M. Raynauld: Si je comprends bien, il n'y a pas de changement
à cet égard?
M. Parizeau: Non, c'est simplement pour rétablir les
58,60% dans chacun des paiements bimensuels.
M. Raynauld: Bimensuels.
M. Parizeau: Non pas mensuels, bimensuels, c'est cela.
M. Raynauld: Aucune objection.
M. Parizeau: C'est de la concordance.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Adopté. Article 3. M. le
ministre.
M. Parizeau: Ils sont en vigueur, ainsi qu'on l'avait
indiqué à l'occasion du discours du budget, depuis le 1er avril
1978, c'est-à-dire depuis le début de l'année fiscale.
M. Raynauld: Puis-je demander quelle est l'implication au point
de vue des paiements? Les paiements ont-ils commencé à être
faits en vertu de cette loi?
M. Parizeau: Oui, les paiements ont commencé.
Le Président (M. Jolivet): L'article 3, adopté?
Non. M. le député de Bellechasse.
M. Goulet: Adopté, M. le Président, mais, seulement
en terminant, où a-t-on pris ce critère de 150 000 habitants? Je
suis d'accord que ce soit une vieille loi, mais est-ce que cela vient de
Statistique Canada? Est-ce que c'est une loi qui a été
adoptée au niveau du Québec à un moment donné?
Pourquoi 150 000 habitants plutôt que 100 000? Cela toucherait à
combien de municipalités, si c'était 100 000 habitants, etc.?
M. Parizeau: Mon impression est que, quand cela a
été fait, on s'est dit: On va donner à des
municipalités importantes un transfert de taxes. Comment pourrait-on
rationaliser cela pour éviter de les désigner dans la loi? Si on
leur fait passer la limite. C'est très souvent ainsi que cela se
présente.
Je ne veux pas toucher à cette loi tout de suite, à
l'occasion d'un changement comme celui-là.
M. Goulet: C'est juste, oui.
M. Parizeau: Evidemment, cela s'inscrit dans une réforme
fiscale municipale qui a bien plus d'ampleur. Je ne veux pas commencer à
"démancher" une loi existante et assez ancienne...
M. Raynauld: Qui est purement transitoire. M. Parizeau:
... qui est purement transitoire.
M. Goult: Non, c'était seulement pour avoir le
renseignement.
Le Président (M. Jolivet): L'article 3, adopté?
M. Raynauld: Adopté.
M. Goulet: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): L'article 4, adopté?
M. Raynauld: Adopté.
Le Président (M. Jolivet): Le projet de loi 63 est
adopté en sa totalité. La commission ajourne ses travaux sine
die.
Fin de la séance à 16 h 53