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(Douze heures neuf minutes)
Le Président (M. Bordeleau): La commission parlementaire
des finances et des comptes publics reprend donc ce matin l'étude
article par article du projet de loi no 70. Nous en étions, à la
suspension, à l'article 4.
Auparavant, je vais rappeler les membres qui composent notre commission
pour ce matin: MM. Blais (Terrebonne), Bourbeau (Laporte) remplacé par
M. Doyon (Louis-Hébert), MM. de Belleval (Charlesbourg), Forget
(Saint-Laurent) remplacé par M. Ryan (Argenteuil), M. French (Westmount)
remplacé par M. Sirros (Laurier), MM. Gagnon (Champlain),
Grégoire (Frontenac) remplacé par M. Marquis (Matapédia),
M. Guay (Taschereau) remplacé par M. Lachance (Bellechasse), M. Lincoln
(Nelligan) remplacé par M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges), MM. Raquette
(Rosemont), Parizeau (L'Assomption) remplacé par M. Bérubé
(Matane).
Les intervenants sont: M. Assad (Papineau) remplacé par M. Polak
(Sainte-Anne), M. Fallu (Groulx), Mme Lachapelle (Dorion), MM.
Lafrenière (Ungava), Lévesque (Kamouraska-Témiscouata),
Pagé (Portneuf) remplacé par Mme Lavoie-Roux (L'Acadie) et M.
Scowen (Notre-Dame-de-Grâce).
Conditions de travail en 1983 (suite)
Alors, nous en étions, à la suspension d'hier soir,
à l'article 4 qui avait été discuté pendant un
certain temps, mais non encore adopté.
M. Bérubé: Nous avions adopté les
amendements.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, les amendements avaient
été adoptés. Alors, l'article 4, est-ce qu'on est
prêt à l'adopter?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Non.
Le Président (M. Bordeleau): Adopté? Non. M. le
député de Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Au moment où l'on s'est
quitté, à minuit, hier soir... Évidemment le calendrier
que nous impose le leader parlementaire fait en sorte qu'il est
extrêmement difficile, contrairement au côté
ministériel d'assurer une permanence constante par la même
personne, nous sommes ballottés continuellement par le leader
parlementaire. Je crois comprendre par ailleurs, étant donné que
j'ai eu la chance de voir les cinq dernières minutes de la session de la
commission, hier soir, que l'on avait découvert que l'augmentation qui
était prévue en vertu de la convention de 2,8%, taux
négocié à l'occasion de la convention collective toujours
en vigueur, ne serait pas versée aux employés du secteur public
à compter du 1er janvier, si j'ai bien compris, dans la mesure où
la réduction qu'on appelle une réduction de 18,85% dans le
traitement est calculée sur le traitement au 1er juillet et non pas sur
le traitement réajusté au 31 décembre. Et, dans ce cas,
j'ai attendu à aujourd'hui, j'ai regardé dans les journaux,
évidemment, minuit hier soir, c'était un peu tard pour les heures
de tombée des journaux, mais à la radio, je n'ai pas entendu dire
que le gouvernement avait émis un communiqué de presse pour
expliquer aux syndiqués de la fonction publique que la réduction
était effectivement d'environ 21,8% ou 21,7%, comparativement au taux de
rémunération qui aurait été ainsi si la convention
avait été effectivement respectée.
M. Bérubé: Est-ce que le document que vous avez en
main...
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: ... est un document syndical, de la
CSN?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): En effet.
M. Bérubé: II semble bien que tout le monde soit au
courant.
Mme Lavoie-Roux: Hier, vous n'avez pas nié les chiffres
qui étaient dedans.
M. Bérubé: Non, j'ai dit que, dans le cas du
document de la CSN, effectivement, il nous apparaissait...
Mme Lavoie-Roux: D'ailleurs, c'est le seul qu'on a entre les
mains qui soit...
M. Bérubé: Crédible.
Mme Lavoie-Roux: Pas crédible, mais
avec lequel on puisse travailler. M. Bérubé: Oui.
Mme Lavoie-Roux: En somme, il faut passer à travers
cela.
M. Doyon: C'est mieux que ce que le gouvernement nous
présente.
Mme Lavoie-Roux: Cela est dans la manipulation de l'opinion
publique par le gouvernement.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges, vous pouvez continuer.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui. Tout en admettant que mon
absence à cause d'un débat à l'Assemblée nationale
pendant environ 45 minutes, hier soir, m'a fait manquer certains des propos
éclairants du ministre, je reviendrai peut-être pour savoir si le
gouvernement entend émettre un communiqué de presse pour
expliquer que ce n'est pas 18,85% effectivement dont on parle comme
réduction salariale au 1er janvier, mais plutôt 21,75% ou à
peu près.
M. Bérubé: Vous pensez que nous devrions
émettre un communiqué de presse pour aviser essentiellement les
employés d'une chose qu'ils savent déjà et que
l'Opposition, par contre, n'a pas l'air de savoir. Alors là...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ... nous l'avons apprise hier
soir.
M. Bérubé: J'ai malheureusement un problème,
c'est que l'Opposition comprend lentement et je n'y peux rien.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Cela fait partie de votre
stratégie.
M. Bérubé: C'est cela, vous comprenez
lentement.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges, il peut être impliqué comme intervenant.
M. Sirros: II me semble quand même que, si le gouvernement
s'est promené pendant quelques semaines en disant que les coupures, les
réductions de salaire seraient de l'ordre de 18%, tout en sachant tout
au long, comme vient de l'admettre le président du Conseil du
trésor qu'en effet les réductions de salaire seront dans l'ordre
de 21%, il me semble qu'il y a certaines disparités qui devraient
inquiéter le gouvernement par rapport à... On sait
déjà que le projet de loi, en soi, foute en l'air la signature et
la parole du gouvernement, mais, quand même, on savait que c'était
environ 21%, mais on disait que c'était environ 18%. Il me semble que
c'est un mensonge voulu et je me demande si le gouvernement n'aurait pas
l'intention d'essayer, dans une petite mesure, de corriger ce mensonge
volontaire, semble-t-il. C'est le minimum, je crois, que le gouvernement
pourrait faire à ce moment-ci.
Mme Lavoie-Roux: Ils ont l'intention de...
M. Sirros: Leur silence, on peut l'interpréter en disant
qu'ils veulent continuer à mentir volontairement.
M. Bérubé: Non, je pense que l'explication a
été faite aux centrales syndicales, elle a été
très clairement faite également lorsque j'ai rencontré la
presse où nous avons présenté des tableaux, des graphiques
montrant clairement l'évolution des salaires telle que prévue
dans la convention et telle qu'affectée. Ceci a été
expliqué très clairement. Nous avons pris comme base de
comparaison le salaire du mois de juillet jusqu'au mois de décembre
parce que c'est le salaire qui entrera à la maison à tous les 15
jours, donc le salaire de référence à partir duquel
l'employé évaluera son salaire en janvier. Alors, ce qui
était important, c'est de savoir quel est le montant qu'il ramène
à la maison pendant six mois et quel est le salaire qu'il
ramènera à la maison pendant trois mois. C'est donc sur la base
de deux salaires que l'employé sera en mesure de comparer puisqu'il aura
vu que nous avons publié nos chiffres, et la preuve que c'est d'une
très grande clarté, c'est que les centrales syndicales ont
très clairement compris comment nous réalisons
l'opération.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Laurier.
M. Sirros: Je pense qu'elles ont compris plus que cela. Elles ont
compris qu'effectivement, on n'a pas à s'en tenir aux paroles que l'on
entend, et le moins qu'on puisse dire, c'est que c'est un exemple d'une
manipulation éhontée de l'opinion publique ou un effort pour
manipuler l'opinion publique d'une façon éhontée.
Le Président (M. Bordeleau): Cela va? M. le
député de Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On pourrait, si on était
en train de faire un "filibuster", passer à travers le document
sessionnel 350 ligne par ligne, page par page. Ce serait d'un ridicule absolu
et jamais de mémoire de parlementaire l'Opposition ne
s'est livrée sauf peut-être de 1970 à 1976, à
des manoeuvres de cette nature. Ce que par ailleurs on pourrait rappeler
à l'occasion de l'examen global du document sessionnel 350, c'est qu'il
y a eu déjà de la part du gouvernement, du premier ministre
actuel, des déclarations de principe tout de suite avant le début
des négociations, à l'occasion des négociations de la
convention collective présentement en cours, plus spécifiquement
à l'occasion du discours inaugural du 6 mars 1979,
l'établissement de balises quant à la négociation de ces
conventions qui ont un caractère permanent, universel, je dirais,
tellement elles font preuve dans le cas que je vais vous citer dans quelques
moments, du sens de la "raisonnabilité" auquel appelait tous les
Québécois, le premier ministre actuel, lors d'un autre discours,
celui-là de 1978, pour autant que je m'en souvienne. Ce qu'il
traçait donc comme balises à l'époque quant à la
nature des rapports entre le gouvernement et ses employés, dans la
négociation de leur rémunération, tient en trois ou quatre
paragraphes que je vais lire très rapidement. Le premier: "Quant
à la politique de rémunération proposée par les
parties patronales, elle s'articule autour de ces quelques lignes de force. Un
juste salaire pour les employés, c'est-à-dire des augmentations
équitables qui tiennent compte de la capacité de payer de
l'État, autrement dit de l'ensemble des contribuables."
Cela m'apparaît un principe universel. Si on pense qu'on va
gérer les fonds publics comme du monde, il faut effectivement -c'est
vrai aussi pour un budget familial -tenir compte de la capacité de
payer, à moins qu'on ne soit prêt à payer non pas
immédiatement mais plus tard les prix que les emprunts, les dettes, les
déficits peuvent faire encourir.
Deuxième principe: "Un retour graduel à l'équilibre
entre la rémunération des secteurs public et parapublic et celle
du secteur privé." Encore là, un principe sur lequel tout le
monde se rejoint des deux côtés de la Chambre, depuis un bon
moment déjà, quitte à s'entendre ultimement sur les
mécanismes de mesure, l'échantillonnage et toutes ces choses dont
on a parlé suffisamment. Je ne reviendrai pas là-dessus.
Troisièmement: "Une protection suffisante, mais qui ne pourra
plus être absolue du pouvoir d'achat des employés." Encore une
fois, ce principe de "raisonnabilité" auquel tout le monde s'est rendu,
cela avait beaucoup d'allure et, encore une fois, il demeure que cela a
beaucoup d'allure, comme cela en avait à l'époque. Sauf qu'on
regarde comment dans l'application de la convention collective, étant
donné les échelles, les mécanismes de fixation et tout
cela, dont la protection du pouvoir d'achat a bénéficié du
mécanisme d'indexation qui l'ont protégé à toutes
fins utiles, absolument, contrairement aux balises qui avaient
été fixées à l'époque... Et là, il y
a un retour des choses. Le gouvernement semble absolument contrairement aux
balises qui avaient été fixées à l'époque.
Là, il y a un retour des choses, le gouvernement semble absolument
déterminé à ne pas se lancer dans des discussions ou des
négociations où il admettrait même indirectement qu'on
devrait protéger de façon absolue le pouvoir d'achat des
employés de l'État.
Le premier ministre à l'époque, toujours en mars 1979,
résumait donc, à l'aube des négociations dans le secteur
public, si on veut, la position du gouvernement et décrivait le climat
qui devait régner dans les termes suivants: "Cela n'exige que la bonne
foi et la volonté vraie de régler des problèmes
plutôt que d'en fabriquer. Quant à nous, vous en avez la promesse,
nous tâcherons sans relâche d'en arriver à des ententes qui
soient justes et qui ne pénalisent personne - j'insiste sur les cinq
derniers mots - ni les salariés ni l'ensemble de la
collectivité."
C'est absolument là que le bât blesse, à mon sens,
à l'égard des traitements qu'auraient cru recevoir, selon les
conventions négociées, les employés du secteur public. Le
gouvernement a fait un choix qui est contredit, si on veut, par les
affirmations ou les engagements de principe du premier ministre en 1979. On a
décidé, le ministre, président du Conseil du
trésor, nous le répète à tour de bras, que le choix
politique a été fait non pas de trouver une solution qui ne
brimerait ni les salariés ni l'ensemble de la collectivité, mais
qu'un choix politique a été fait pour dire: les salariés
de l'État, c'est bien dommage, mais, étant donné qu'il y a
une crise budgétaire financière sur laquelle tout le monde
s'entend, c'est eux qui vont en porter les conséquences.
L'argument, formulé de façon autre par le président
du Conseil du trésor, c'est que ce n'est pas l'ensemble de la
collectivité qui va porter le poids de la crise budgétaire; ce
seront ces gens dans la collectivité qui sont mieux
rémunérés, qui ont la sécurité d'emploi, qui
bénéficient d'un écart avec le secteur privé, qui
ont des clauses de mobilité extrêmement favorables, etc., et qui
coûtent très cher. Donc, l'équilibre que semblait
rechercher le gouvernement dès 1979 est rompu, l'équilibre de
justice et d'équité, de telle sorte qu'on pouvait dire à
l'époque: Les négociations, les décisions du gouvernement
ne brimeront, ne pénaliseront personne, ni les salariés ni
l'ensemble de la collectivité. Donc, c'est un fardeau qu'il fallait
faire porter à tout le monde, d'une façon ou d'une autre. On
semble maintenant, au gouvernement, avoir résolu le choix en faveur de
l'ensemble de la collectivité, mais
dont font partie les employés de la fonction publique, et avoir
oublié qu'il était important que les salariés ne
supportent pas indûment les politiques salariales du gouvernement.
J'aimerais, à ce moment-ci, voir comment on peut justifier les
discours du président du Conseil du trésor et de ses
collègues avec les balises extrêmement claires et, comme je le
dis, permanentes, de bon sens, que le premier ministre avait tracées en
1979.
M. Bérubé: Lorsque le premier ministre...
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: ... a exprimé ces principes, qui
sont d'ailleurs toujours respectés, il l'a fait dans un contexte de
croissance économique, dans un contexte où effectivement, et je
vous le rappelle, l'écart avec le marché privé s'est
effectivement amenuisé pendant les premières années de
l'application de la convention collective. Je vous rappelle ce petit tableau
qu'il faut toujours conserver à l'esprit; la politique salariale a
amené une diminution de l'écart avec le marché
privé, c'était effectivement un principe à respecter. Le
problème qui se pose à partir d'ici, c'est qu'un effondrement de
l'économie qui, trois ans avant, n'avait pas été
prévu... Là-dessus, il faut bien le concevoir. Nous n'avions pas
prévu l'élection de M. Reagan, nous le reconnaissons; nous
n'avions pas non plus prévu comment se déroulerait la
renégociation des accords fiscaux et nous n'avions pas prévu non
plus, indéniablement, que l'échec référendaire
amènerait le gouvernement Trudeau à se sentir en position de
force pour pouvoir écraser les provinces. Nous n'avions pas prévu
cela; nous pensions que le référendum serait remporté et
que la dynamique même de l'évolution de la
fédération canadienne serait complètement modifiée.
Or, elle n'a pas été modifiée, elle est allée dans
la continuité de ce que nous avons connu dans le passé,
c'est-à-dire une centralisation de plus en plus grande à Ottawa
et un effort pour écraser les provinces.
Partant de ça, nous n'avons pas anticipé -
là-dessus, je concède entièrement que pour la
troisième année de la convention collective l'effondrement de
l'économie par suite d'un ensemble de politiques et, dans la mesure, au
contraire, où ayant été assez dur, comme on peut le voir,
durant les deux premières années de la convention avec les
employés du secteur public, on a jugé que si, effectivement,
l'ensemble de notre société, parce qu'on pouvait quand même
tabler sur une croissance du revenu intérieur brut pendant ces
années et nos employés n'en profitant pas, on a estimé,
dis-je, que pour a troisième année de la convention collective,
il était normal qu'ils puissent à leur tour profiter de
l'enrichissement.
Donc, pour la troisième année, nous avons introduit une
clause d'enrichissement des conventions collectives pour partager avec
l'ensemble des citoyens et de la société cet enrichissement qui
bénéficie à tous et qui devrait également
bénéficier aux employés du secteur public. Pour la
troisième année, il y a donc une clause d'enrichissement qui,
soulignons-le, existait dans les conventions antérieures et qui avait
été abolie pour les deux premières années de la
convention.
Or, à partir de 1981-1982, dois-je vous le rappeler, on assiste
à un effondrement des économies, ce qui fait que le marché
privé au lieu de profiter d'un enrichissement s'est au contraire
appauvri et là, le principe d'équité dont parlait le
premier ministre a dû s'appliquer, c'est-à-dire que si on veut
effectivement que lorsque la richesse collective diminue les employés du
secteur public, qui sont au service de leurs concitoyens, doivent en même
temps partager le sort de l'ensemble de leurs concitoyens et, par
conséquent, ce principe de partage équitable doit entraîner
la politique salariale dont on parle présentement.
Il y a donc cohérence complète et intégrale entre
les principes énoncés par le premier ministre et leur application
que vous pouvez voir, d'ailleurs, depuis trois ans.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que l'article 4 sera
adopté?
M. Polak: Non.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, hier soir, le chef de
l'Opposition a pris l'exemple d'un employé qui est dans la
catégorie de ceux qui gagnent le moins - je pense qu'il avait pris
l'exemple de 12 000 $ ou 13 000 $ par année - pour voir ce qui arrive le
1er juillet, le 31 décembre, le 1er janvier et le 1er avril.
Pourriez-vous, M. le président du Conseil du trésor, faire la
même simulation avec le cas de quelqu'un qui est dans la classe des
travailleurs à salaire moyen? La moyenne de salaire devrait être
autour de 18 000 $, 19 000 $, 20 000 $?
M. Bérubé: 22 000 $.
M. Polak: Est-ce que vous pouvez prendre le cas de quelqu'un qui
gagne 22 000 $ au 30 juin? Je voudrais savoir quelle serait l'augmentation
qu'il aurait et ensuite quel serait le montant qu'il aurait eu au 31
décembre, une seconde avant minuit,
s'il n'y avait pas eu de projet de loi? Puis, ce qui arrive pendant la
période du 1er janvier au 30 mars. Je voudrais établir si ce que
le chef de l'Oppostion a fait ressortir, c'est que la coupure de 18,7%, je
pense, est vraiment plus que ça. Je pense que c'est plus de 21%. Est-ce
que le même pourcentage s'applique exactement dans le cas de 22 000
$?
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre.
M. Bérubé: Je vous donne les chiffres, si cela vous
intéresse. Vous les voulez sur la base d'un salaire annuel ou sur la
base d'un salaire hebdomadaire?
M. Polak: Annuel.
M. Bérubé: Sur la base moyenne annuelle.
M. Polak: Bien disons que j'aimerais savoir... Non, excusez-moi,
je vais changer ça. J'aimerais savoir quel est le montant brut du
chèque de paie qu'il reçoit.
M. Bérubé: À tous les quinze jours.
M. Polak: Vous savez, nous sommes de petites gens à
Sainte-Anne et on ne pense pas en salaire annuel. On est déjà
content si on pense de semaine en semaine.
M. Bérubé: Parfait. Alors, votre employé au
salaire moyen de 21 916 $ recevrait, suivant la convention collective, au 30
juin, donc avant l'augmentation, 840 $ de salaire brut aux quinze jours. Au 1er
juillet, 926 $; au 1er janvier, 953 $.
M. Polak: Attendez, je compte. 1er juillet, 926 $. Le 31
décembre?
M. Bérubé: Oui, 953 $. M. Polak: 953 $.
M. Bérubé: Mais, subséquemment, il devrait
recevoir, le 1er janvier...
M. Polak: ... jusqu'au 30 mars...
M. Bérubé: ... ce qui aurait été
négocié.
M. Polak: Non, je ne parle pas de ça, parce qu'il n'y a
rien encore de négocié. Je parle du projet de loi. Et je parle de
la grande brique.
M. Bérubé: Non, je ne parle pas du projet de loi,
je parle de la convention collective. D'accord? Donc, le 31 décembre, il
aurait 953 $ et le 1er janvier, il aurait le salaire qui aurait
été négocié. (12 h 30)
M. Polak: Oui.
M. Bérubé: Alors, tout dépend. M. Polak:
Oui.
M. Bérubé: Cela peut être 500 000 $, comme
cela peut être rien. Quelque part entre les deux. Donc, le 1er
janvier...
M. Polak: Comme la marge de manoeuvre.
M. Bérubé: Donc, le 1er janvier 1983, je ne peux
pas vous dire combien il gagne. Je peux vous dire que, le 31 décembre,
à minuit, il gagnerait, sur une base hebdomadaire, 953 $, mais, le 1er
janvier, je ne peux pas vous dire ce qu'il gagne, parce que, le 1er janvier,
c'est le salaire qu'il aurait négocié.
M. Polak: M. le ministre, on s'en tient tout de même au
document sessionnel no 350. Prenons cet employé-là qui veut
savoir quel sera son premier chèque au moins de janvier, qui lui sera
payé, probablement, le 15 janvier.
M. Bérubé: II ne peut pas le savoir parce que ce
qui sera dû le premier janvier, c'est le salaire qui aura
été négocié; donc, comme il n'y pas eu encore de
renouvellement de convention collective, je ne peux pas lui donner...
Mme Lavoie-Roux: II a au moins 953 $.
M. Bérubé: ... le montant auquel il aurait eu
droit.
M. Polak: Mais, M. le Président...
M. Bérubé: Non, on ne peut absolument pas dire cela
puisque si, effectivement, comme vous le dites, les syndicats étaient
prêts à négocier un réajustement de leurs salaires,
il pourrait gagner moins que cela.
M. Doyon: Le Code du travail s'appliquant normalement...
M. Bérubé: Non, le Code du travail ne s'applique
pas...
M. Doyon: Pas avec vous autres, non.
M. Bérubé: Lorsque la nouvelle convention
collective est signée, c'est la convention collective qui prévaut
et non le Code du travail.
M. Doyon: D'accord. On comprend ça...
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît, M. le
député de Louis-Hébert, je vous demanderais de respecter
la parole du député de Sainte-Anne; c'est le député
de Sainte-Anne qui pose les questions. M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, pour revenir les deux pattes
sur terre, moi, je suis l'employé en question et déjà je
commence à penser à de petites vacances, comme employé des
services public et parapublic, dans le mois de janvier. Je me dis:
Peut-être que le gouvernement ne réussira pas à
négocier avec mon unité de négociation; donc, je prends le
pire, je me balance du document no 350...
M. Bérubé: Vous êtes un employé du
secteur public en train de penser à ses vacances, si je comprends
bien?
M. Polak: Oui, cela arrive.
Mme Lavoie-Roux: Ne faites pas de blagues de mauvais
goût.
M. Doyon: ... vous n'y aviez pas pensé
vous-même.
M. Polak: Je prends de petites vacances.
M. Bérubé: J'essaie de me mettre dans votre
peau.
Mme Lavoie-Roux: C'est une blague de mauvais goût. Vous
n'en prenez pas de vacances, vous, M. le ministre?
M. Polak: Les vacances annuelles auxquelles j'aurais droit, selon
la convention, et moi, j'ai décidé de les fixer...
M. Bérubé: Le 1er janvier.
M. Polak: ... avec l'assentiment de mes supérieurs...
M. Bérubé: Quand prenez-vous vos vacances?
M. Polak: ... à la troisième semaine de janvier.
Moi, je ne prends pas de vacances, je n'ai pas de sous.
M. Bérubé: Vous êtes un employé du
secteur public qui veut prendre ses vacances et je veux savoir à quelle
date vous voulez prendre vos vacances.
M. Polak: Disons que je prendrais mes vacances...
Mme Lavoie-Roux: Entre Noël et le jour de l'an.
M. Polak: Non, pas du tout, c'est moi qui pose les questions.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Je veux prendre mes vacances, disons, à la fin
de janvier.
M. Bérubé: D'accord.
M. Polak: Je me dis donc, maintenant: C'est bien beau
négocier, mais j'ai vu le même ministre - parce que je suis
fonctionnaire - en arrière, caché quelque part, j'ai vu le
ministre répondre à M. Laberge, mais non pas sur le même
ton, parce qu'il avait peur et se disait que les négociations ne
marcheraient peut-être pas. Donc, je vais me fier au document no 350; si
le pire arrive, je veux savoir quel sera mon chèque de paie à
partir du 1er janvier 1983.
M. Bérubé: Si le pire arrive, pour ce pauvre
employé, c'est que, lors de la négociation, il y a eu une entente
sur une diminution de salaire et, le premier janvier, son salaire diminue au
niveau négocié.
M. Polak: Non, ce n'est pas la question que je pose. Il n'y a pas
d'entente, disons.
M. Bérubé: II n'y a pas de renouvellement de
convention collective?
M. Polak: C'est cela.
M. Bérubé: Voilà, mais il fallait le
dire.
M. Polak: Mais je l'ai dit; le document sessionnel no 350, c'est
votre document, cette brique-là.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ... c'est une question de
règlement.
M. Bérubé: Non, non.
M. Polak: Cela a été produit avec le projet de
loi.
M. Bérubé: Absolument pas.
M. Polak: Moi, je suis un simple employé et je n'ai pas
bien compris cela. J'ai confiance au président du Conseil du
trésor et je demande s'il veut me dire, simple employé que je
suis... Parce que j'avais confiance, j'avais même voté pour lui en
mars 81; évidemment, je commence à penser sérieusement
à mon affaire. Donc, je lui demande quel sera mon chèque de
paie.
Mme Lavoie-Roux: ... on peut voir qu'il est fonctionnaire.
M. Polak: C'est moi le fonctionnaire; on fait de la simulation,
savez-vous?
Mme Lavoïe-Roux: J'avais oublié.
Le Président (M. Bordeleau): Continuez, M. le
député de Sainte-Anne.
M. Bérubé: II ne faut pas oublier que le
député de Sainte-Anne est, en fait, un fonctionnaire qui
prépare ses vacances pour la mi-janvier, et il a voté pour le
PQ.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II a voté pour le PQ en
avril.
M. Polak: Et qui croit... Mine Lavoie-Roux: II a
voté pour le PQ, le malheureux.
M. Polak: Je suis un fonctionnaire qui croit que la
négociation ne marchera pas, qu'il n'y a pas d'entente possible. Je
serai lié, du 1er janvier jusqu'au 31 mars, par le document sessionnel
no 350. J'aimerais savoir, parce que ma femme veut avoir ce soir la
réponse, quel sera mon chèque de paie.
M. Bérubé: Là, vous me dites: En vertu de la
loi. La difficulté vient de ce que j'ai interprété votre
question dans un sens. Vous m'avez demandé: Combien gagnerait-il suivant
la convention, sans appliquer la loi? Je répondais à cette
question.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On a dit que ça
dépendait de la convention.
M. Polak: J'ai dit: II n'y a pas de convention possible à
défaut d'entente. En tout cas, je dis ça de manière...
M. Bérubé: À défaut d'entente avec la
loi?
M. Polak: C'est ça.
M. Bérubé: Ah! alors, c'est tout à fait
différent.
M. Polak: Oui, on joue un beau jeu, c'est parfait.
M. Bérubé: Maintenant, je vous donne ce qui se
passe s'il n'y a pas entente...
M. Polak: D'accord.
M. Bérubé: ... et si, effectivement, il faut
appliquer la loi.
M. Polak: Parfait.
M. Bérubé: C'est la deuxième partie de la
réponse: 840 $ au 30 juin, 926 $ au 1er juillet...
M. Polak: II me semble que c'est 953 $...
M. Bérubé: D'accord? 751 $...
M. Polak: Un instant, je prends note; je suis l'employé en
question et je suis nerveux, parce que ça baisse pas mal; donc
c'est...
M. Bérubé: C'est 751 $ et, au 1er avril, s'il n'y a
toujours pas d'entente, 889 $.
Mme Lavoie-Roux: Oui, mais sa femme a décidé qu'il
n'irait pas en voyage avec cette coupure.
M. Sirros: Dans toutes ces chose que vous racontez, est-ce que
j'ai bien compris que l'employé, au mois d'avril 1983, va gagner moins
que ce qu'il aurait gagné au 1er juillet 1982?
M. Bérubé: Oui. M. Sirros: Ah!
M. Polak: D'accord, c'est 751 $. Maintenant, faisons le lien avec
la question posée hier soir par le chef de l'Opposition: Quelle est la
différence en pourcentage, quand je reçois le chèque brut
de 751 $? Peut-être aurez-vous à utiliser votre calculatrice.
M. Bérubé: Je vais vous laisser vous amuser avec
vos recherchistes qui peuvent faire ces calculs.
M. Polak: Non, vous êtes mon recherchiste, c'est pour
ça que je pose la question.
M. Bérubé: Non, je ne suis pas engagé par le
Parti libéral pour faire des recherches.
Mme Lavoie-Roux: Mais, est-ce que vous n'êtes pas le
serviteur du peuple?
M. Bérubé: Le député de Sainte-Anne
peut effectivement être fonctionnaire et auquel cas je me retournerais
vers mon fonctionnaire et je dirais: Allez-y, monsieur, calculez!
M. Polak: Oui, mais je ne suis pas capable de remplir cette
fonction-là, savez-vous. Donc je vous demande: Quel est le
pourcentage?
M. Bérubé: Vous n'êtes pas capable de
calculer et, en plus de ça vous passez votre
temps à penser à vos vacances, n'est-ce pas? Si je
comprends bien.
M. Polak: Je voudrais savoir de 953 $ à 751 $...
M. Bérubé: En tout cas, le député
de
Sainte-Anne n'est certainement pas le meilleur fonctionnaire qu'on ait
au gouvernement, mais enfin, vous savez, on est...
M. Polak: Non, c'est vrai, c'est pour ça que je prends mes
vacances en janvier.
Donc, quel est le pourcentage entre les 953 $ et les 751 $?
M. Bérubé: Là, faites le calcul, je ne le
sais pas.
M. Polak: Prenez le temps de le calculer sur votre calculatrice,
j'aimerais le savoir.
M. Bérubé: Le député de
Vaudreuil-Soulanges est en train de le calculer.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est plus de 18%, c'est
21,5%.
M. Polak: D'accord. Maintenant, qu'est-ce qui arrive? Avez-vous
fait la simulation au point de vue du montant net qui revient à un
employé? Évidemment, je comprends que, au point de vue des
déductions, je peux avoir beaucoup d'enfants, une femme qui travaille ou
non, mais qu'arrive-t-il, parce que, au 1er juillet 1982, je paie des
impôts évidemment plus élevés qu'au 30 juin, et
ensuite le salaire retombe à 751 $ le 1er janvier? Donc, qu'est-ce qui
arrive? Tombe-ton dans une autre classe pour l'impôt?
M. Bérubé: Les taux sont basés sur le revenu
moyen de l'année.
M. Polak: Alors, qu'allez-vous faire avec cet employé
à la période de paie où il reçoit son premier
chèque, disons le 15 janvier? Sur quoi se basera-t-on pour faire les
déductions à la source? Parce qu'on ne sait pas quel sera le
salaire pour le reste de l'année. On sait que le pire est arrivé,
le document 350 s'applique, donc j'aurai 751 $ pour trois mois, mais quelles
seront les déductions faites à la source par le gouvernement
provincial sur mon chèque de paie?
M. Bérubé: C'est toujours basé sur la
projection annuelle du salaire et la déduction est calculée
suivant la Loi sur les impôts. Vous pourrez poser la question au ministre
du Revenu.
M. Polak: Non, mais j'aimerais savoir, parce que vous dites:
C'est basé sur la moyenne annuelle. Mais vous ne savez pas quelle sera
la situation du 1er avril au 31 décembre. Donc, quelles sortes
d'instructions les ministères vont-ils recevoir pour faire les
déductions d'impôt? C'est une chose importante. Prévoit-on,
par exemple, qu'à partir du 1er avril il y aura cette hausse de 8% ou 9%
ou si on prévoit plus ou moins? Comment va-t-on établir cette
formule moyenne?
M. Bérubé: On va l'établir en appliquant la
Loi sur les impôts.
M. Polak: Mais on n'aura pas toutes les données à
ce moment-là.
M. Bérubé: La Loi sur les impôts
prévoit cette situation.
M. Polak: Est-ce qu'il y a une possibilité que, pendant
ces trois mois - ce serait peut-être à mon avantage comme
employé - on calcule mes impôts sur une somme de 751 $, en
moyenne? J'aurais donc l'avantage d'avoir un salaire beaucoup moindre.
M. Bérubé: Si je comprends bien, vous voulez
refuser de payer de l'impôt, c'est-à-dire que vous êtes un
fonctionnaire incapable de calculer, pensant à ses vacances et refusant
de payer de l'impôt. Cela va de plus en plus mal pour ce
fonctionnaire.
M. Polak: Je suis un fonctionnaire et j'ai intérêt
à ce qu'on ne m'enlève pas, même sur la réduction de
200 $ par mois que je reçois... Si, de plus, on dit que ma moyenne sera
plus élevée pendant l'année, donc on m'enlève, en
impôt, encore plus que si j'avais gagné 751 $. Il me reste encore
moins. Le montant net que j'aurai, finalement, cela peut devenir une somme
très minime pour faire face à toutes mes obligations. Les
vacances, je les ai oubliées.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce que vous avez
terminé, M. le député de Sainte-Anne?
M. Polak: Non. J'attends la réponse.
M. Bérubé: On n'a pas de réponse à
vous donner.
M. Polak: Donc, je peux conclure qu'au point de vue des
déductions d'impôt à la source, le gouvernement me traitera
comme si je gagnais certainement plus de 751 $ par mois.
M. Bérubé: En fait, on a la réponse. De
juillet 1982 au 31 décembre 1982, vous allez recevoir, comme
fonctionnaire, 1118 $ de
plus qu'au 30 juin et vous pourrez prendre vos vacances avec ce
montant-là.
M. Lachance: Vous déposez ce montant à la banque en
dépôt à terme.
Le Président (M. Bordeleau): D'accord, M. le
député de Sainte-Anne?
M. Polak: Oui.
Le Président (M. Bordeleau): J'avais reconnu
auparavant...
M. Bérubé: Le député de Sainte-Anne
s'en va en vacances, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: Mais pas avant le mois de janvier.
Le Président (M. Bordeleau): J'avais d'abord reconnu le
député de Notre-Dame-de-Grâce, à moins que quelqu'un
d'autre ne veuille... M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: C'est ma première présence ici et, si je
vous pose une question à laquelle vous avez déjà
répondu, j'espère que vous allez me le dire parce que je ne veux
pas que vous répétiez.
M. Bérubé: Ne vous inquiétez pas.
Mme Lavoie-Roux: ...
M. Bérubé: Aucune hésitation.
M. Polak: II a une face à répéter.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Si le député de
Notre-Dame-de-Grâce demande une analyse des effectifs de 1970 à
1982...
M. Bérubé: Là-dessus, il n'y a pas de
problème. Il me fera plaisir...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ... je suis convaincu qu'on va
en entendre parler.
Mme Lavoie-Roux: On pourra, nous aussi, répondre.
M. Bérubé: Effectivement, si le
député de Notre-Dame-de-Grâce voulait une analyse de
l'évolution des effectifs dans la fonction publique, éducation et
affaires sociales, de 1971 à nos jours, et également de
l'évolution des salaires de 1971 à nos jours, il me fera
énormément plaisir, évidemment, de m'étendre
longuement sur le sujet. Mais, enfin, il pourra lire la Presse
d'aujourd'hui.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Malheureusement, on n'a pas le temps.
Mme Lavoie-Roux: II n'a donné qu'un volet de la
question.
Le Président (M. Bordeleau): Mais comme on ne peut pas
présumer de la question du député de
Notre-Dame-de-Grâce, je vais donc lui demander de la poser. M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme Lavoie-Roux: Incroyable!
M. Scowen: L'article dans la Presse est assez
compliqué.
M. Bérubé: Vous avez mis trop de temps à
répondre; à moins que je n'aie mis trop de temps à
répondre.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît, M. le
ministre.
M. Scowen: J'ai lu l'article dans la Presse et je l'ai
trouvé très compliqué, mais c'était peut-être
la faute du journaliste.
M. Bérubé: C'est un nouveau fonctionnaire qui ne
sait pas compter.
M. Scowen: Mais ce n'était pas cela que je voulais savoir.
Dans le document sessionnel no 350, il y a la liste des salaires, des
traitements en vigueur au 1er avril. Est-ce que pouvez, très
brièvement, si vous n'avez pas déjà fait exactement la
même chose, me donner les grandes lignes, les principes de base sur
lesquels cette échelle de salaires au 1er avril a été
établie? Est-ce que c'est une question qui a déjà
été posée?
M. Bérubé: C'est une question qui n'a pas
été posée en pratique, effectivement, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce. Essentiellement, le salaire
au 1er avril n'est pas un salaire définitif. C'est un salaire
temporaire, dans l'hypothèse où les négociations pour le
renouvellement des conventions collectives n'ont pas encore amené la
signature de conventions collectives. Par conséquent, dans l'intervalle
séparant les deux conventions collectives, c'est-à-dire
l'échéance de la première prolongée au 1er avril et
le renouvellement de la suivante, il faut prévoir un salaire temporaire
qui sera ajusté ultérieurement sur la base de la nouvelle
convention collective. Cela pourrait avoir, d'ailleurs, comme
conséquence si nous réglons, par exemple, à l'automne, que
le salaire que vous avez dans le projet de loi ne soit jamais mis en vigueur.
C'est donc un salaire hypothétique advenant le cas où il n'y a
pas de négociation. Ce salaire-là, c'est le salaire qui
correspond à la proposition que le gouvernement a faite le 15 avril aux
syndiqués. C'est la proposition dite du gel modulé. Elle repose
essentiellement sur ce
principe-ci. (12 h 45)
Je reprends d'ailleurs une question du chef de l'Opposition, hier soir,
qui s'interrogeait sur la façon de calculer les augmentations de
salaire. La méthode, je vous la résume rapidement. Nous devons
donner, suivant la convention collective actuelle, 10,4% pour la protection
contre l'inflation... Je vais essayer de trouver mon petit cahier jaune, parce
que je veux être sûr de ne pas vous induire en erreur. Suivant la
convention collective, l'inflation anticipée étant de 10,4%, nous
devons vous donner 10,4% en soustrayant cependant l'avance que nous vous avions
donnée en début d'année de 3,5% pour vous protéger
contre une inflation hypothétique de 7%, qui s'est avérée
à 10,4% et qui pourrait même être différente quand on
aura tous les chiffres en août. Donc, on vous donne 10,4% moins 3,5%
auxquels nous ajoutons 1,75%, soit la moitié de l'inflation
anticipée pour les six mois qui viennent, à laquelle nous
ajoutons 1,6%, soit l'enrichissement. Vous auriez donc droit, si l'inflation
est véritablement de 10,4%, à 10,25%, si vous êtes
employé de l'État, le 1er juillet, le 1er janvier ou 31
décembre, vous auriez droit à une nouvelle augmentation.
L'inflation anticipée étant de 4,6% pour ces six mois, vous ayant
déjà donné 1,75% au mois de juillet, on doit encore vous
donner 4,6% moins 1,75%, c'est-à-dire 2,8%. Donc, le 31 décembre,
vous avez droit à une nouvelle augmentation de salaire pour effacer
l'érosion du pouvoir d'achat. Voilà donc ce que la convention
prévoit.
M. Scowen: Le gel modulé que vous avez
proposé...
M. Bérubé: Je ne suis pas encore au gel
modulé.
M. Scowen: ... non, je sais, mais j'essaie d'anticiper vos
réponses.
M. Bérubé: Toujours dangereux.
M. Scowen: Le gel modulé que vous avez proposé et
sur lequel vous avez déjà dit que l'affaire du 1er avril est
basée, en principe, quand vous l'avez proposé, il devait
être en vigueur à quelle date en 1982?
M. Bérubé: En juillet.
M. Scowen: Le 1er juillet. Donc, c'est que...
M. Bérubé: Voici ce que la proposition du 1er
juillet impliquait. Pour tous les salariés, nous enlevons le 1,6%
d'enrichissement. Personne n'a droit au 1,6%. Deuxièmement, pour la
protection du pouvoir d'achat reliée à l'inflation, nous donnons
le plein montant à un salarié qui gagne 7,20 $ l'heure. Donc, un
employé qui est le plus bas salarié au gouvernement, qui gagne
7,20 $ l'heure, nous lui consentons 8,65% d'augmentation. C'est-à-dire,
la pleine indexation à laquelle il avait droit selon sa convention.
10,4% moins 3,5% plus 1,75% et ça c'est le 1er juillet. Au
salarié qui travaille au salaire moyen, c'est-à-dire 12 $ l'heure
au gouvernement, nous donnons 4,33%. Au salarié qui gagne 20,31 $, nous
donnons 1,31%; ça c'est le 1er juillet, suivant une superbe
décroissance exponentielle, dont il me ferait plaisir de vous fournir
l'équation mathématique qui vous permettra les moments de
jouissance les plus exotériques imaginables. Quand arrive le 31
décembre, selon la convention, vous avez droit également à
un rétablissement de votre pouvoir d'achat de 2,8%. À 7,82 $, qui
est votre salaire en cours du 1er juillet au 31 décembre, vous avez
droit à 2,8%, donc la pleine protection de votre pouvoir d'achat qui
était prévue dans la convention. Si vous gagnez le salaire moyen,
à 12,52 $, vous avez droit à une augmentation de 1,4%; si vous
gagnez 20,58 $, le plus haut salarié de ce moment-là, vous avez
droit à 0,43% d'augmentation. C'est donc la proposition de juillet. Le
31 mars, comme salaire temporaire, nous accordons la proposition du mois de
juillet. Je pense être complet.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Pouvez-vous me rappeler la somme globale que vous
allez récupérer avec le projet de loi entre le 1er janvier et le
31 mars s'il n'y a pas entente?
M. Bérubé: C'est 521 000 000 $.
M. Scowen: 521 000 000 $. Et quel est le montant qui aurait
été récupéré du 1er juillet au 31 mars?
M. Bérubé: 521 000 000 $.
M. Scowen: C'est exactement la même chose?
M. Bérubé: Oui.
M. Scowen: Alors, si je comprends bien, dès le 1er avril
1983, les échelles de salaires, mises à part pour le moment les
augmentations inévitables à cause de l'inflation,
présenteraient une masse salariale de 500 000 000 $ moins
élevée pour les neuf mois de 1983.
M. Bérubé: Oui. Et si j'ajoute les médecins
et les cadres, c'est 641 000 000 $.
M. Scowen: Et chaque trimestre, effectivement, vous allez
continuer de récupérer le tiers de 521 000 000 $.
M. Blais: M. le Président, je fais une motion
spéciale pour souhaiter la bienvenue au député de
Gaspé, si cela ne dérange pas. Merci beaucoup.
Le Président (M. Bordeleau): Sans faire de motion,
n'importe quel député peut s'asseoir autour de cette table. M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
Une voix: Est-ce qu'il veut parler?
Une voix: II n'est pas nécessaire d'être
député pour s'asseoir autour de la table.
Le Président (M. Bordeleau): Bien oui, la première
rangée est normalement réservée aux
députés.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): Mme la députée
de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: ... une question. Est-ce que ce ne sont pas les
fonctionnaires de la région de Gaspé qui, aujourd'hui, ont
déposé une pétition justement pour protester contre le
projet de loi que nous étudions?
Le Président (M. Bordeleau): Je vous avoue que je ne suis
pas au courant.
M. Blais: On va aller voter, justement. Tous les
députés de tous les comtés vont en déposer, c'est
normal, il y a des fonctionnaires partout. Avec le surplus de 100 000 que vous
nous avez laissé dans les dernières années de votre
régime, il en pleut dans tous les comtés.
Le Président (M. Bordeleau): Nous allons suspendre nos
travaux, la cloche nous appelle à un vote, en Chambre.
M. Bérubé: La cloche nous appelle-t-elle à
un vote?
Le Président (M. Bordeleau): Oui, je l'entends.
M. Scowen: II me reste deux questions. M. Blais: Non,
non.
M. Scowen: Pour cet après-midi. Je veux simplement garder
mon droit de parole.
Une voix: 15 heures, M. le Président?
Le Président (M. Bordeleau): Vous voulez continuez cet
après-midi?
M. Scowen: Oui, je n'ai pas terminé.
Le Président (M. Bordeleau): Oui, vous pourrez continuer
cet après-midi. La commission suspend ses travaux jusqu'à cet
après-midi, 15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 54)
(Reprise de la séance à 15 h 15)
Le Président (M. Bordeleau): La commission des finances et
des comptes publics reprend donc l'étude article par article du projet
de loi no 70. Au moment où nous avons suspendu nos travaux, ce midi,
nous en étions toujours à l'article 4 tel qu'amendé.
Est-ce que l'article 4 tel qu'amendé sera adopté?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Cela me surprendrait.
Le Président (M. Bordeleau): Non, pas
immédiatement. M. le ministre.
M. Bérubé: M. le Président, est-ce qu'on
pourrait nettoyer un peu l'article 4? Il y a des toiles d'araignée
depuis le temps qu'on l'étudie.
Le Président (M. Bordeleau): Est-ce qu'il y a des
commentaires à l'article 4? M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, c'est vous qui aviez la parole, effectivement.
M. Blais: II lui restait trois minutes.
M. Bérubé: On ne lui avait pas répondu
encore, en fait.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Après les explications du ministre,
j'étais en train de poser la question suivante. Si je comprends bien,
les 521 000 000 $, c'est la somme que vous cherchez à
récupérer dans le dernier trimestre de l'année fiscale
courante et c'est exactement le même chiffre qui aurait été
rattrapé si les syndicats avaient accepté votre proposition du
mois d'avril.
M. Bérubé: Disons que c'est le mandat que j'ai
confié aux experts du secrétariat du Conseil du trésor et
qu'ils ont calculé les mandats financiers sur la base de cet
objectif.
M. Scowen: Deuxièmement, si je comprends bien, les
salaires qui seront en vigueur le 1er avril 1983 sont effectivement les
mêmes salaires ou du moins les salaires basés sur les mêmes
principes que les
salaires qui auraient été en vigueur le 1er juillet s'ils
avaient accepté les propos d'avril.
M. Bérubé: On ne peut rien vous cacher.
M. Scowen: Ensuite, je vous demande: En conséquence, si
cette échelle que je vois dans le document sessionnel no 350, pour le
1er avril 1983, s'il n'y a pas de nouvelle entente et si cette échelle
est en vigueur, pendant chaque trimestre de l'année 1983, vous allez
continuer d'arracher, de reprendre un équivalent des deux tiers de 521
000 000 $, le tiers de ça par trimestre pour l'année 1983.
Effectivement, les salaires seront à un niveau qui équivaut au
tiers de cette somme par trimestre.
M. Bérubé: Par semestre.
M. Scowen: Par trimestre. Tous les trois mois. Les 521 000 000 $,
c'est sur la base des salaires du 1er juillet et, effectivement, c'est ce que
vous avez besoin d'aller chercher pendant une période de neuf mois et,
en conséquence, parce que cela a été refusé, vous
allez les chercher dans une période de trois mois. Vous allez installer,
à la fin de cette période de trois mois, une échelle de
salaires qui, si ce n'est pas changé par entente, va continuer d'aller
chercher des dépenses inférieures qui sont égales au tiers
de 521 000 000 $ par trimestre.
M. Bérubé: C'est pour ça que je vous ai dit
par semestre. Intuitivement, si je devais ignorer, et encore là, je me
demande même... C'est trop complexe à calculer. La proposition du
mois de juillet, si nous l'extrapolons jusqu'au 31 mars, aurait permis
d'économiser 521 000 000 $.
M. Scowen: Neuf mois.
M. Bérubé: Exactement. Donc, on pourrait imaginer a
priori que, si je prolonge de six mois de plus, je devrais économiser
encore 521 000 000 $.
M. Scowen: Oui.
M. Bérubé: A priori. Sauf que j'oublie, à ce
moment, de tenir compte de l'augmentation du 31 décembre qui fait que,
si j'avais prolongé celle du 31 décembre... Que serait-il
arrivé? Cela devient tellement compliqué que je ne suis pas
capable de vous le dire.
M. Scowen: Ce n'est pas nécessaire de tout me dire
ça. Tout ce que je veux comprendre, c'est que... Oui, je comprends. Il y
a une augmentation du 1er janvier qui est essentiellement, si je comprends
bien, l'indexation.
M. Bérubé: C'est cela.
M. Scowen: Point, c'est tout.
M. Bérubé: Oui, c'est le 31 décembre.
M. Scowen: Tout ce qu'il va y avoir dans l'échelle du 1er
avril, c'est la proposition d'avril 1982 enrichie de l'indexation du 1er
janvier 1983. Exception faite de cette indexation pour certains groupes - mais
pas pour tout le monde, il y a des niveaux qui diffèrent selon leur
salaire - je répète que vous allez épargner pendant les
neuf mois de l'année financière 1983 l'équivalent de 521
000 000 $.
M. Bérubé: Oui, indéniablement.
M. Scowen: La prochaine question que je voulais vous poser est la
suivante. Dans votre esprit, quand vous avez commencé à
négocier avec les syndicats, l'échelle des salaires qui sera la
base de votre négociation... Vous allez négocier sur la base des
taux qui sont en vigueur le 1er avril, comme point de départ.
M. Bérubé: Non, on ne négociera pas sur la
base. Non, on va négocier... L'employé va recevoir, s'il n'y a
pas d'entente, mais personnellement, je suis convaincu qu'il va y avoir une
entente avant, ce qui fait que les taux du 1er avril n'ont pas de signification
réelle, en ce sens que nous allons rechercher avec les centrales
syndicales, d'une part, à bien nous entendre quant à la
réalité de la situation financière générale,
de la situation économique générale et, à partir de
cela, voir comment on rajuste l'expectative de gains dans le secteur public. Je
pense qu'il n'est pas du tout impossible qu'en septembre, octobre ou novembre,
on en arrive à une entente qui ferait en sorte que les salaires que vous
avez dans le projet au 1er avril ne seraient jamais mis en application.
M. Scowen: Tout ce que je cherche avec cette série de
questions est d'arriver à une réponse à la question que
j'ai posée au départ: Quelle est la signification de cette
échelle que vous avez établie pour le 1er avril? Vous m'avez dit:
Je n'attends même pas que ce soit en vigueur. C'est fictif, dans un sens.
J'attends qu'on ait une entente bien avant que ce soit en vigueur ou même
s'il y a une entente après, il va y avoir la rétroactivité
qui va rendre, à toutes fins utiles, cette série de chiffres -
qu'on a quand même pris quelques heures à calculer -
inopérants. Mais pourquoi sont-ils là? La seule chose que je peux
imaginer, c'est que vous avez décidé, pour les fins de la
négociation, de négocier sur la base de cette
série de chiffres plutôt que sur la base des chiffres, des
taux qui sont dans le contrat existant. Pourquoi avez-vous établi une
échelle pour le 1er avril quand vous croyez sincèrement que cela
n'aura aucune signification et pourquoi avez-vous choisi ces chiffres?
M. Bérubé: À titre d'exemple, on aurait pu
garder les salaires au niveau où ils étaient du 1er janvier au
1er avril, c'est-à-dire à moins 18,85% par rapport aux salaires
du mois de juillet et décider tout simplement que ces salaires seront
reconduits tant et aussi longtemps qu'une convention collective n'en aura pas
jugé autrement. Oui, on aurait pu faire cela.
M. Scowen: Vous auriez pu employer aussi, comme taux, les
salaires qui auraient été en vigueur à la fin du contrat
que vous avez signé il y a deux ou trois ans.
M. Bérubé: Oui, et dans la mesure où, comme
vous le dites si bien, nous avons une très grande variété
de choix, nous avons décidé qu'entre ces extrêmes, un
compromis qui permettrait d'épargner véritablement au plus bas
salarié toute réduction de son pouvoir d'achat et
amènerait le plus haut salarié à participer à cette
disparition de richesse qui a eu cours au Québec nous apparaissait
quelque chose d'équitable avec lequel, d'ailleurs, le Parti
libéral est d'accord.
M. Scowen: La question que je pose -je vais la
répéter pour la dernière fois -est la suivante.
M. de Belleval: Une autre?
M. Scowen: Je comprends que c'est ce que vous avez
décidé. Il y avait deux autres choix, celui qui était en
vigueur à la fin d'avril ou peut-être plus logiquement, sur le
plan au moins des syndicats avec qui vous avez signé un contrat, les
salaires qui ont été en vigueur à la fin du contrat.
Pourquoi avez-vous choisi ces chiffres?
Le Président (M. Blais): Cela clôt à peu
près votre intervention.
M. Bérubé: M. le Président, je pense
qu'indéniablement... Le député de
Notre-Dame-de-Grâce demande: Pourquoi avez-vous choisi ces
chiffres-là? C'est parce que nous pensons qu'il s'agissait d'une
augmentation de salaire raisonnable. J'imagine que, s'il pose la question, le
député de Notre-Dame-de-Grâce ne partage pas ce point de
vue. S'il ne partage pas ce point de vue, il devrait nous dire quel est le
niveau de salaire qu'il estimerait adéquat pour les employés du
secteur public en ce moment et quelle devrait être à son point de
vue, du point de vue de l'Opposition, la politique salariale du gouvernement.
Puisque l'Opposition est là pour contribuer au fonctionnement de
l'appareil de l'État, elle a certainement des points de vue. J'ose
présumer qu'il n'est pas d'accord avec cette proposition et qu'il en a
une autre. J'aimerais savoir laquelle.
Le Président (M. Blais): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, il vous reste une minute.
M. Scowen: Une minute. Alors, premièrement, j'attends le
mandat de la population qui, je l'espère, va arriver
bientôt...
M. Bérubé: Vous attendez le mandat.
M. Scowen: Avant de développer des politiques dans...
M. Bérubé: Ah bon! Alors, ça va bien.
M. Paquette: On ne peut pas attendre de proposition avant
quelques années.
M. Scowen: Mais la question que je vous pose, si je comprends
bien...
M. Bérubé: Cela risque d'être long. Duplessis
est resté combien de temps au gouvernement?
M. Paquette: Une vingtaine d'années.
M. Bérubé: En fait, les gouvernements de type
nationaliste au Québec restent longtemps au gouvernement et ceux qui
trahissent les intérêts du Québec sont expulsés
rapidement, si je comprends bien.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est grossier.
M. Bérubé: Enfin, je ne sais pas si c'est grossier,
mais enfin ça augure mal pour... Enfin, ça augure mal. J'ai
compris également, une autre fois, l'intervention du
député de Louis-Hébert qui disait: Le pouvoir corrompt, et
je surveillerai cette corruption du gouvernement. J'ai compris en même
temps qu'il ne voulait surtout pas être au pouvoir de peur de se faire
corrompre. À ce moment-là, j'ai compris que le
député de Louis-Hébert avait choisi une longue
carrière dans l'Opposition et nous allons prendre les moyens d'ailleurs
pour qu'elle soit brève et nous allons le retourner rapidement à
la fonction publique.
M. Doyon: ... dans la même phrase.
Le Président (M. Blais): S'il vous plaît! M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce, disons
que vous avez une minute.
M. Scowen: Oui, merci. Comme je l'ai dit ce matin, c'est la
première fois que j'assiste à cette commission, mais je n'ai pas
l'intention de permettre au ministre d'être aussi arrogant avec moi qu'il
l'a été avec les autres qui m'ont précédé.
Je vais lui poser des questions précises et j'attends une
réponse, je ne suis pas pressé.
Le Président (M. Blais): Allez-y, M. le
député. La commission donne aux parlementaires le droit de
parler, mais ne vous oblige pas à écouter, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Raquette: ... de silence sont comptés dans le temps du
député.
M. Scowen: S'il ne veut pas m'écouter, je vais rester
silencieux jusqu'au moment où il va écouter et, si cela compte,
je n'aurai pas l'occasion de parler; c'est à lui à
décider.
M. Bérubé: M. le Président... Le
Président (M. Blais): Allez-y.
M. Bérubé: Le député est de beaucoup
plus éloquent par ses silences que par ses interventions.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On a droit à vingt
minutes de silence, dans ce cas-là, chaque fois qu'on prend la
parole.
Le Président (M. Blais): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, il vous reste 49 secondes.
M. Scowen: La question que je voulais poser au ministre, c'est:
Est-ce qu'il est vrai que...
M. Doyon: C'est comme cela depuis le début, on s'amuse
comme des petits fous.
M. Scowen: II est spécialiste dans l'arrogance et je ne le
trouve pas agréable du tout. C'est une question sérieuse et j'ai
l'intention de poser des questions sérieuses. S'il ne veut pas
répondre, s'il veut s'amuser, je peux quitter et les autres aussi. Vous
pensez que vous êtes très amusant et moi, je veux des
réponses aux questions.
M. Bérubé: J'attends vos questions. Vos questions
sont d'une...
M. Scowen: D'accord, mais, en attendant, qu'il m'écoute.
Les questions que je voulais lui poser...
Le Président (M. Blais): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, je ne peux pas donner d'ordre à quelqu'un ici
d'écouter.
M. Scowen: On ne vous demande pas de le faire.
Le Président (M. Blais): Alors, je vous remercie. Votre
temps de parole est terminé. M. le député de Rosemont.
M. Paquette: Cela va, M. le Président.
M. Bérubé: On pourrait faire un prolongement de
l'intervention du député. Enfin, je n'ai pas d'objection, je suis
prêt à donner mon consentement.
Le Président (M. Blais): Cela prend
l'unanimité.
M. Bérubé: Je suis prêt à donner mon
consentement si le député de Notre-Dame-de-Grâce voulait
accoucher, disons, d'une question.
Le Président (M. Blais): Est-ce qu'il y a
unanimité? Alors, il n'y a pas unanimité.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Merci, M. le rapporteur.
Le Président (M. Blais): Quelqu'un veut prendre la parole?
L'article no 4 est-il adopté?
M. Paquette: Adopté sur division et inquiétude de
l'Opposition.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Un instant! Je croyais que le
député de Rosemont voulait la parole autrement que pour demander
d'adopter l'article, parce que, quant à moi... (15 h 30)
M. Bérubé: Le député de Rosemont
attendait la question du député de Notre-Dame-de-Grâce.
Comme elle n'est jamais venue...
Le Président (M. Blais): Alors, qui veut prendre la
parole?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): S'il vous plaît!
Le Président (M. Blais): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges, il vous reste huit minutes.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): À l'endroit des
modalités de paiement pour les employés de la fonction publique,
des augmentations qui leur échoient le 1er juillet, je crois comprendre
que d'ordinaire, c'est en octobre qu'on peut corriger l'émission des
chèques pour refléter les
augmentations du 1er juillet. C'est ce que les syndiqués du front
commun ont fait valoir vendredi dernier. Le ministre pourra corriger, le cas
échéant. Il y a peut-être lieu de corriger avant même
que continue ma question.
M. Bérubé: Non, je laisserais la parole sur ce
point à quelqu'un qui m'accompagne et qui évidemment parle en mon
nom, puisque son intervention apparaîtra sous ma signature. Il vous
permettra de comprendre la complexité du versement des augmentations au
1er juillet, si c'est là le sens de votre question.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, dans la mesure où
il y a des impacts financiers. À mon sens, de la façon dont le
gouvernement procède, c'est-à-dire verse sur une période
de six mois les augmentations de salaire relatives aux six derniers mois de la
convention et récupère sur une période de trois mois ces
mêmes augmentations - je vais soumettre des calculs à l'attention
du ministre - je présumais que le taux de rémunération qui
est en vigueur en vertu de la convention à compter du 1er juillet, dans
les faits, n'est reçu dans les poches des employés de
l'État que plusieurs semaines plus tard, avec une rétro je
présume au 1er juillet, et on met tout cela à jour à
chaque paie subséquemment. Peut-être qu'avant de nous livrer
à des calculs, il y aurait lieu de voir si, contrairement à ce
que les syndiqués ont prétendu, les ajustements dans les paies
seront faits beaucoup plus rapidement qu'en octobre.
M. Bérubé: Au 1er juillet de chaque année,
on redresse les échelles à partir d'un taux de base qu'on avait
mis dans la convention collective. Ce taux de base est redressé de la
différence de l'IPC qu'on avait anticipée, dans les trois mois
qui suivent la publication de l'IPC. Mais à chaque 1er juillet, il y a
un changement de salaire. Cette année, c'est la même chose. On
doit redresser les salaires d'environ 8,3%, ce qui est la base des nouvelles
échelles calculées, à la suite des modifications
antérieures de l'IPC. Et donc, on doit verser le 1er juillet de chaque
année et c'est ce qu'on a fait depuis trois, depuis quatre conventions
collectives. À tous les mois de juillet, on redresse les salaires.
Maintenant, le taux définitif est connu quand on connaît l'IPC.
Donc, il y a une différence entre le taux qu'on a redressé en
juillet et le taux définitif qui, lui, tient compte de l'IPC.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
D'accord.
M. Bérubé: Mais en déboursé, il faut
débourser l'argent à partir du 1er juillet quand on met dans la
base une augmentation de 8,3%.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
D'accord. Donc, la partie la plus importante de l'augmentation se
retrouve sur le premier chèque de paie de juillet. Déjà,
sur son premier chèque de juillet, l'employé voit une
augmentation dans...
M. Bérubé: Tout dépend de l'écart
entre la prévision de l'inflation et l'inflation réelle.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, mais si on ajoute 8,3% de
toute façon à la hausse, il y a un effet immédiat à
la première paie de juillet.
M. Bérubé: Oui, c'est cela.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Et qu'en octobre ou
novembre...
M. Bérubé: C'est-à-dire qu'après le
1er juillet, les gens ont des paies qui tiennent compte du nouveau taux qu'on
avait calculé l'an passé.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Et qu'on ajuste le cas
échéant lorsque l'IPC est publié.
M. Bérubé: Et qu'on ajuste lorsqu'on connaît
l'IPC; c'est la pratique.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
D'accord. Et il est connu trois mois plus tard, donc en octobre. C'est
en octobre qu'il y a un autre ajustement.
M. Bérubé: Le taux définitif auquel il avait
droit le 1er juillet est connu trois mois plus tard.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est cela.
M. Bérubé: II avait un taux temporaire en
attendant.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On va présumer que
l'ajustement à compter du 1er juillet ne connaît pas d'autres
ajustements. C'est-à-dire que l'IPC est arrivé exactement au
niveau, cela arrive parfois... le chèque de paie sera identique pour les
treize paies du 1er juillet au 31 décembre, en gros. Le mécanisme
qu'emprunte le gouvernement pour boucler son année financière
consiste à donner 521 000 000 $ de plus qu'il ne le croyait ou qu'il ne
le souhaiterait, du 1er juillet au 31 décembre, et de reprendre sur
trois mois ces 521 000 000 $. Ce qui, au point de vue des équilibres
financiers, des sorties de fonds liquides de la part du
gouvernement crée une situation où, pendant six mois, il y
a un solde moyen de 260 000 000 $ de plus que le gouvernement ne le
souhaiterait qui est dans les poches des fonctionnaires et, dans les trois mois
suivants, du 1er janvier au 31 mars 1983, il y a un solde moyen de 260 000 000
$ également qui est en cours, au-delà des besoins financiers
qu'anticipait le gouvernement.
M. Bérubé: On prend votre parole.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Vous prenez ma parole, mais, si
on prend votre parole que c'est 520 000 000 $ que vous allez chercher dans les
poches des fonctionnaires... Si ce n'est pas cela, évidemment, libre au
ministre d'expliquer qu'on ne doit pas prendre sa parole sur ce
chiffre-là. Ceci dit, on voit donc que, pour six mois, à un taux
d'intérêt qu'on pourrait présumer autour de 15% à
17%, par exemple, il y a en cours 260 000 000 $ de plus dans les derniers six
mois de l'année civile 1982 et qu'il y a un autre montant de 260 000 000
$ en cours, moyen, dans les trois premiers mois de l'année civile 1983.
Donc, pendant neuf mois, les besoins financiers nets ou l'encours, je devrais
plutôt dire, des obligations du Québec est de 260 000 000 $
supérieur à ce que souhaiterait le gouvernement. Il y a un
coût à cela qui est probablement de l'ordre... Écoutez, 17%
de 260 000 000 $, pendant neuf mois. C'est quoi? 30 000 000 $ ou à peu
près. Plus ou moins 2 000 000 $.
Est-ce que les équilibres financiers, les présentations
d'équilibre budgétaire auxquels on a eu droit, etc., tiennent
compte de ce coût-là qui est, pour qu'on ait une idée de
l'ordre de grandeur, deux fois et demie plus élevé que ce que le
ministre de l'Industrie et du Commerce requérait?
M. Bérubé: 28 000 000 $?
Une voix: 30 000 000 $.
M. Bérubé: J'ose présumer parce que...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oh! j'ose présumer.
M. Bérubé: ... lors de la présentation du
discours sur le budget, nous avons dû, au niveau des crédits, nous
engager dans toute une série d'ajustements pour tenir compte des
annonces faites par le ministre des Finances. J'ose présumer qu'on en
tient compte.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Alors, on accepte ici qu'au
point de vue de la présentation des équilibres
budgétaires, des projections de revenus et de dépenses du
gouvernement, il y a une part d'acte de foi qui repose sur une
présomption qu'on doit faire, nous de ce côté-ci,
c'est-à-dire qu'il y a un montant de 30 000 000 $ qui existe comme
coût financier de l'opération et qui a été
comptabilisé quelque part.
M. Bérubé: II y a beaucoup d'actes de foi. Il y a
l'acte de foi dans l'évolution de l'économie, dans
l'évolution de l'indice des prix à la consommation et, par
conséquent, la vie n'est constituée que d'actes de foi.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On ne parle pas de la vie, on
parle des équilibres budgétaires qui sont des documents
comptables, à toutes fins utiles, qui doivent refléter la
vérité de l'administration financière.
M. Bérubé: Hélas, je le regrette.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Cela n'a aucun rapport avec la
somme de 30 000 000 $ qui est l'intérêt payable sur une masse
d'obligations en cours, ce n'est pas une invention.
M. Bérubé: II y a une différence
fondamentale entre un budget et des états financiers, M. le
Président. Les états financiers reposent sur une approche
comptable bien familière au député de Vaudreuil-Soulanges,
mais cet exercice de comptabilité pure, je le lui laisse. Le budget
implique un autre aspect des finances qui est la projection dans l'avenir des
dépenses publiques et, là-dessus, il y a moins de certitude et
plus d'inconnu.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II y a énormément
de certitude dans le cas qui nous occupe. On verse, du 1er juillet au 31
décembre 1982, 520 000 000 $ de plus que ne le souhaite le gouvernement,
s'il veut boucler son budget, et on reprend 521 000 000 $ dans le dernier
trimestre...
Le Président (M. Blais): Je vais être obligé
de vous dire que vous enfreignez le règlement, si cela continue.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ... de l'année
financière 1982-1983.
Une voix: II ne connaît pas son dossier.
Le Président (M. Blais): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges, je suis assez large, mais ceci n'a rien à avoir
avec la loi que nous étudions, c'est antiréglementaire.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, oui, oui.
Le Président (M. Blais): Si le ministre
veut y répondre, qu'il le fasse.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Vous n'êtes pas
sérieux. On est en train de nous dire, le président nous dit
qu'un projet de loi, dont les notes explicatives indiquent: "Ce projet de loi
vise à assurer la réalisation des équilibres
budgétaires", n'a aucun rapport avec le montant, l'ampleur de l'encours
des obligations et des coûts d'intérêt encourus par le
gouvernement.
Une voix: C'est parce qu'il ne comprend pas.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, à moins...
M. Bérubé: M. le Président.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): comme on me le fait remarquer,
que le président ne soit pas familier avec ces notions.
M. Bérubé: M. le Président, l'intervention
du député de Vaudreuil-Soulanges est passionnante. Mais, comme
vous l'avez dit tantôt, il avait huit minutes. Il vient de
s'écouler neuf minutes et quarante-sept, quarante-huit, quarante-neuf,
cinquante secondes et, par conséquent, depuis longtemps, le
député de Vaudreuil-Soulanges a excédé son
temps.
Le Président (M. Blais): Je m'excuse M. le...
M. Bérubé: Maintenant, je serais également
d'accord pour lui permettre de continuer.
Le Président (M. Blais): Je m'excuse, M. le
président du Conseil du trésor, je n'ai pas le droit de parole
mais je puis au moins dire que vous avez parlé quelques minutes durant
ce temps et je me dois d'en tenir compte.
M. Bérubé: Si peu, M. le Président. Le
député de Vaudreuil-Soulanges se plaint justement de mon absence
de réponse.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Non, je fais plutôt
remarquer que le ministre est incapable de répondre. Je ne me plains pas
de l'absence, je me plains de son incapacité. Étant donné
qu'il est membre du gouvernement, je trouve ça extrêmement
pénible et je vais passer mon droit de parole à un de mes
collègues, le cas échéant.
Le Président (M. Blais): Alors, votre temps est
terminé, M. le député de Vaudreuil-Soulanges. Je vous
remercie.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Pour le moment.
Le Président (M. Blais): Maintenant, quelqu'un veut-il
prendre la parole? M. le député de Louis-Hébert, vous avez
parlé sur ce sujet, non?
M. Doyon: Non.
Le Président (M. Blais): Pas encore. Alors vous avez un
long vingt minutes, M. le député.
M. Bérubé: L'article 4? Non, le
député n'est pas intervenant.
M. Scowen: M. le Président, est-ce qu'il me reste du
temps?
Le Président (M. Blais): Vous avez terminé votre
temps sur cet article, malheureusement.
M. Scowen: C'est tout? J'ai vingt minutes sur chaque article,
c'est ça?
Le Président (M. Blais): C'est exact, oui.
M. Doyon: M. le Président, sur le même article, je
note avec surprise que le président du Conseil du trésor se
trouve dans l'impossibilité totale de répondre à la
question fort pertinente de mon collègue de Vaudreuil-Soulanges puisque
les calculs rapides, dont l'évidence saute aux yeux, nous permettent
d'arriver à la conclusion que le paiement par le gouvernement d'une
somme anticipée de 521 000 000 $, qu'il prétend aller
récupérer au complet pour compenser ce qu'il a payé en
trop, sur une période de six mois, et le faisant après
l'écoulement de cette période de six mois, il va de soi...
M. le Président, je pense que vous n'avez peut-être pas le
droit de parole et vous n'avez peut-être pas le droit non plus, et je le
dis respectueusement, d'empêcher le président du Conseil du
trésor...
M. Bérubé: Question de règlement, M. le
Président...
Le Président (M. Blais): La parole est au ministre.
M. Bérubé: ... je ne suis pas intervenu
tantôt, mais je dois avouer que le député de
Vaudreuil-Soulanges a eu des propos dérogatoires à l'égard
de notre président lorsque celui-ci, remarquant le fait que la question
du député de Vaudreuil-Soulanges ne portait pas sur la loi comme
telle mais portait sur les équilibres budgétaires du gouvernement
et sur la comptabilisation des intérêts à
l'intérieur des finances publiques,
ce qui est un sujet totalement impertinent par rapport au sujet de ce
projet de loi, l'a souligné au député de
Vaudreuil-Soulanges et le député de Vaudreuil-Soulanges a
souligné que, malheureusement, il n'y connaissait rien et que, par
conséquent, il ne pouvait véritablement juger et que, au
contraire, cette question était tout à fait pertinente.
Je me suis tenu coi, M. le Président, devant cet affront qui vous
a été fait. Je comprends que, dans votre fureur
intérieure, que vous avez fort bien camouflée, on y voit
là le signe d'une volonté très grande de votre part de
faire preuve de la plus grande équité, de la plus grande
impartialité, même devant les injures que vous adresse injustement
l'Opposition. Mais, M. le Président, je dois avouer que le
député de Louis-Hébert vient de faire déborder la
mesure car, vous accusant de vous épancher de mon côté,
à la suite de cet affront qui vous a été fait, je dois me
porter à votre défense et je pense que je demanderais au
député de Vaudreuil-Soulanges... Non, étant donné
qu'il a dépassé son temps de parole et que j'ai beaucoup
apprécié...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Sur la question de
règlement, il n'y a pas de problème.
M. Bérubé: ... son vingt minutes, mais je ne
voudrais pas qu'il en abuse. Après cette brève interruption de ma
part sur cette question de règlement qui visait à défendre
les droits et privilèges de la présidence, je n'ai pas
d'objection à ce que vous redonniez la parole au député de
Louis-Hébert.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Sur la question de
règlement, un petit moment...
Le Président (M. Blais): Question de règlement, M.
le député de Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, sur la même question
de règlement, ce que j'ai noté, ce n'est pas tellement la retenue
de votre présidence à l'endroit des paroles que j'ai
prononcées mais plutôt manifestement votre incompréhension
devant le sujet même que j'évoquais devant vous.
M. Bérubé: M. le Président, toujours la
même question de règlement...
Le Président (M. Blais): M. le ministre.
M. Bérubé: ... mais au carré. Le
député de Vaudreuil-Soulanges récidive et, à mon
avis, vous auriez dû le rappeler à l'ordre une fois, la
première fois qu'il vous a insulté...
Le Président (M. Blais): C'est la première fois que
je le rappelle à l'ordre.
M. Bérubé: ... une deuxième fois, parce
qu'il récidive avec l'espoir qu'il récidivera une
troisième fois et que nous puissions l'expulser. (15 h 45)
Le Président (M. Blais): M. le député de
Rosemont, question de règlement.
M. Paquette: Question de règlement. Je pense que le
député de Louis-Hébert s'engage sur la même voie que
celle du député de Vaudreuil-Soulanges. Le sujet qui est
soulevé, effectivement, n'est pas pertinent à l'article 4, parce
qu'il s'agit d'une question sur un autre poste du budget, du discours sur le
budget, qui est lié au paiement d'intérêt. Je ne pense pas
que cela soit pertinent, parce que, dans les prévisions
budgétaires que l'on pouvait faire en projetant l'effet des conventions
collectives, il y avait 521 000 000 $ prévus pour l'année en
cours. Ce que le projet de loi fait, c'est qu'il réduit ce montant de
521 000 000 $, c'est son effet global. Je pense que c'est de cela qu'il faut
discuter, de l'opportunité de poser ce geste et également des
modalités qui y sont afférentes, et non pas des opérations
comptables éventuelles qui peuvent affecter d'autres postes au budget
que la rémunération. M. le Président, je pense que vous
aviez parfaitement raison de déclarer, tout à l'heure, le
député de Vaudreuil-Soulanges antiréglementaire et je
pense que le député de Louis-Hébert s'apprête
à l'être tout autant.
Le Président (M. Blais): M. le député de
Rosemont, je soutiens encore que ce sujet des 30 000 000 $ n'est pas pertinent,
mais j'aimerais bien que l'incident soit clos, quoique nous soyons
extrêmement large dans nos décisions à cette
présidence. M. le député de Laurier.
M. Sirros: M. le Président, le président du Conseil
du trésor vient de faire, finalement, ce que l'on peut appeler une
menace à l'endroit de l'Opposition, une menace dans le sens qu'il vous a
indiqué...
Une voix: Exhorté.
M. Sirros: Oui, une menace, il a exhorté. Il a dit qu'il
souhaiterait que vous puissiez rappeler une troisième fois à
l'ordre, éventuellement, le député de Vaudreuil-Soulanges
pour que, comme il a dit, "nous puissions l'expulser." M. le Président,
vous avez, par la suite, acquiescé à sa demande de le rappeler
à l'ordre une première fois, ce que vous avez fait. Est-ce que je
dois interpréter de cela, M. le Président, que vous acquiescez
aussi aux menaces qu'émet le président du Conseil du
trésor par rapport
à l'Opposition? Parce qu'il me semble que c'est dans les devoirs
de la présidence d'une commission de s'assurer qu'il y a un certain
ordre, une neutralité dans les travaux de la commission. Par
conséquent, vous devriez rappeler à l'ordre le président
du Conseil du trésor pour avoir ainsi menacé l'Opposition, pour
l'équité.
Le Président (M. Blais): Pour un président qui
remplace quelqu'un qui a vraiment le titre de président de commission,
vous me mettez dans une soupe assez chaude, mais, cependant, je vais vous
répondre, M. le député de Laurier.
M. Sirros: C'est une question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Blais): J'aimerais bien répondre
à la première question. J'ai rappelé une fois à
l'ordre le député de Vaudreuil-Soulanges, non pas sur la
pertinence des 30 000 000 $, mais sur son intervention intempestive pendant que
quelqu'un parlait. Cela n'a rien à voir avec le fond du sujet.
Cependant, si vous ne voulez pas que je sois servile du ministre pour rappeler
quelqu'un à l'ordre, ne me demandez pas d'être votre serviteur
pour rappeler le ministre à l'ordre. J'espère que l'incident est
clos.
M. Sirros: M. le Président, question de règlement.
Je ne veux pas du tout que vous soyez servile par rapport à nous, de ce
côté-ci. Je vous ai donné l'occasion de
réfléchir à ce qui vient de se passer pour que vous
puissiez vous arrêter à une décision qui vous est propre.
Maintenant, si vous me parlez du fait que vous remplacez temporairement un vrai
président, à ce moment-là, en anglais, il y a un petit
proverbe qui dit: "If you can't stand the heat, get out of the kitchen." Dans
ce sens, M. le Président, ce ne serait pas...
M. Bérubé: II y a également une autre
expression américaine qui dit: "Shit or get out of the pot." Est-ce
qu'on pourrait continuer?
M. Sirros: M. le Président, je n'ai pas fini et je
voudrais que...
Le Président (M. Blais): M. le député, votre
question de règlement, je crois qu'elle a été entendue et,
si vous voulez bien, pour le sérieux du débat...
M. Sirros; M. le Président, étant donné que
le vrai président est arrivé...
Le Président (M. Blais): ... nous allons remettre la
parole au député de Louis-Hébert.
M. Sirros: Le vrai président est là.
Le Président (M. Blais): M. le député de
Louis-Hébert.
M. Doyon: Je pense que je vais laisser passer le brouhaha qui
suivra l'arrivée du vrai président.
M. Bérubé: ... l'expulsion du président
à la suite de...
Le Président (M. Bordeleau): Ce n'est pas une expulsion,
M. le ministre. M. le député de Louis-Hébert.
M. Doyon: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): J'avais compris qu'on vous
avait donné la parole.
M. Doyon: J'aimerais avoir votre avis. Est-ce que la
présidence considère que je commence mon intervention, compte
tenu que j'avais dit quatre mots avant d'être interrompu par le
président du Conseil du trésor?
Le Président (M. Bordeleau): Je vais juste vérifier
si...
M. Doyon: Je n'ai pas encore parlé là-dessus.
M. Bérubé: M. le Président, quant aux
questions de règlement, j'aurais une question de directive.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre, allez-y.
M. Bérubé: Est-ce que les questions de
règlement sont comptées dans le temps d'un intervenant, comme
cela est fait à l'Assemblée nationale?
Le Président (M. Bordeleau): Si c'est vraiment une
question de règlement, non, ça ne fait pas partie du temps, sauf
qu'en général les questions de règlement n'en sont pas
vraiment.
M. Bérubé: Oui, mais là, M. le
Président, il s'agissait véritablement d'une question de
règlement, à la suite des propos, je ne dirais pas injurieux,
mais déplacés du député de Vaudreuil-Soulanges,
à l'égard du président.
Le Président (M. Bordeleau): Si vous me posez la question
directement, je vous répondrai qu'une question de règlement ne
fait pas partie du droit de parole de 20 minutes que chaque
député a sur chacun des articles.
M. Bérubé: Hélas! M. le Président, je
pensais qu'on venait de s'épargner dix minutes d'intervention du
député de Louis-Hébert. On n'a vraiment pas de chance.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Louis-Hébert, je vais vérifier le temps, mais de toute
façon je vous donne le droit de parole jusqu'à nouvel ordre.
M. Doyon: Merci, M. le Président. M. Blais: M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): La parole est au
député de Louis-Hébert. Vous avez une question
particulière?
M. Blais: Question de règlement, M. le Président.
J'ai été personnellement visé.
Le Président (M. Bordeleau): Sur une question de
règlement, M. le député de Terrebonne.
M. Blais: Par condescendance pour certains besoins d'appels
téléphoniques, je vous ai remplacé pendant quelques
instants. Le député de Vaudreuil-Soulanges a apporté
à cette commission la somme d'intérêt se rapportant aux 521
000 000 $ déboursés durant les six premiers mois de
l'année budgétaire, s'obstinant sur des chiffres
d'intérêt qui, je crois, ne sont pas pertinents au projet de loi
no 70, mais font partie des crédits budgétaires dans une autre
loi. Je l'ai rappelé à l'ordre en lui disant que ce
n'était pas pertinent et, comme membre à part entière de
cette commission, je soutiens que ces 30 000 000 $ ne font pas partie de ce
projet de loi, mais devraient être étudiés dans un autre
crédit, non pas dans ce projet de loi.
Maintenant, j'ai le droit de parole, n'étant plus
président, et je vous dis que ces 30 000 000 $ n'étaient pas
pertinents, M. le député de Vaudreuil-Soulanges, pas plus que ce
que soutient le député de Louis-Hébert. Voilà.
M. Sirros: M. le Président, question de règlement
selon l'article 42.
Le Président (M. Bordeleau): Une question de
règlement?
M. Sirros: Oui. L'article 42 de notre règlement dit que
les questions de règlement peuvent effectivement être
discutées avant que vous ne rendiez une décision. Alors,
étant donné qu'on parle de 30 000 000 $ qui auraient des
répercussions sur l'équilibre financier de la province et que
c'est une question très importante, avant que vous ne rendiez votre
décision, je pense que tous les membres de cette commission devraient se
prononcer là-dessus. Selon moi, étant donné que dans les
notes explicatives du projet de loi, on dit très clairement - je vais
vous les citer pour vous éclairer...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Laurier, mais sur...
M. Sirros: M. le Président, je n'ai pas terminé ma
question de règlement, c'est l'article 42 de notre règlement qui
me donne ce droit.
Le Président (M. Bordeleau): S'il vous plaît!
À l'ordre! Vous avez soulevé une question de règlement en
vertu de l'article 42, mais je n'accepterai pas que vous lisiez les notes
explicatives...
M. Sirros: Non.
Le Président (M. Bordeleau): ... parce qu'en vertu de
l'article 154, si je me souviens bien, l'étude article par article doit
se référer aux articles et non pas aux notes explicatives qui
font partie de l'ensemble général du projet de loi. Alors...
M. Sirros: Non, je ne me réfère pas aux notes
explicatives, M. le Président, je réfère effectivement
à la question de règlement qui a été
soulevée et, étant donné que...
Le Président (M. Bordeleau): Non, vous m'avez dit que vous
vouliez lire les notes explicatives.
M. Sirros: Non, M. le Président...
Le Président (M. Bordeleau): C'est essentiellement ce que
je ne vous permettrai pas de faire, parce que je...
M. Sirros: Peut-être me permettrez-vous de m'exprimer un
peu mieux, M. le Président, c'est peut-être moi qui ai une
certaine difficulté à vous faire comprendre ce que je veux
dire.
Il semble que le député de Terrebonne soulève une
question de règlement, disant que toute référence...
Le Président (M. Bordeleau): Non, ,ça va. S'il vous
plaît, M. le député de Laurier, de toute façon la
question de règlement soulevée par le député de
Terrebonne n'en était même pas une, dans le fond. Il a voulu faire
une rectification.
M. Sirros: Parfait. Rappelez-le à l'ordre à ce
moment-là, M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): II a terminé son
intervention et je ne lui ai pas redonné la parole non plus, mais,
là, je la
donne au député de Louis-Hébert.
M. Sirros: Vous avez tout à fait raison.
M. Doyon: M. le Président, je ne sais pas si je suis
sourd, mais en tout cas, s'il y a eu une décision de la
présidence, j'ai mal saisi de quelle nature elle est. J'en reviens au
fait que le député de Terrebonne est intervenu assez longuement
pour, semble-t-il, justifier une décision qu'il aurait prise s'il avait
été encore à la présidence; c'est ce que j'ai
compris de son intervention. Il disait dans cette intervention: Voici
l'argumentation que j'aurais faite sur les raisons qui m'auraient amené
à prendre telle décision si j'avais été
président. Or, il arrive qu'il n'est plus président et je
soutiens, étant donné que vous occupez ce poste maintenant, que
la question qui a été soulevée par mon collègue, le
député de Vaudreuil-Soulanges, est éminemment pertinente
au débat, plus particulièrement à l'article 4. Puisque, M.
le Président...
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Louis-Hébert, je vous ai donné le droit de parole, mais en
pensant que vous parleriez de l'article 4 que nous étudions et non plus
d'une question de règlement.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II a dit les mots "l'article
4".
M. Doyon: Je suis à l'article 4, M. le
Président.
Le Président (M. Bordeleau): Je ne veux pas vous enlever
votre droit de parole. Je veux simplement vous signaler que vous devez parler
de l'article 4.
M. Doyon: Je suis à l'article 4. Là-dessus, M. le
Président, je veux continuer mon intervention, avec votre aimable
permission, en vous soulignant qu'il est éminemment inquiétant
pour l'Opposition qu'on ne sache pas à quelle enseigne se loge le
gouvernement en ce qui concerne le fait que toute l'argumentation du
gouvernement -c'est la base même de l'article 4 - pour nous
présenter l'article 4 qui se réfère au document sessionnel
no 350 déposé à l'Assemblée nationale, etc., repose
sur le fait qu'il nous faut aller chercher, sur une période de trois
mois, ce qu'on n'a pas pu aller chercher sur une période qui se serait
étendue à partir du 1er juillet 1982 au 31 décembre
1982.
À partir de là, M. le Président, l'Opposition
s'inquiète, à savoir si, dans les calculs gouvernementaux, il a
été tenu compte que ce retard à aller percevoir ce que le
gouvernement prétend être une somme minimale essentielle pour
pouvoir encore avoir accès aux marchés financiers finalement,
c'est cela le noeud du problème - si ce montant qu'on va chercher
après coup tient compte justement des coûts supplémentaires
qui sont entraînés par le décalage de six mois. Il est bien
sûr que si quelqu'un nous doit de l'argent et qu'on en retarde la
perception, même si on va chercher l'argent qui nous est dû en se
servant d'un revolver ou d'un couteau qu'on met sous la gorge de notre
créancier - ce que fait le gouvernement actuellement - il reste que le
manque à gagner demeure ainsi que la perte d'intérêt qu'on
a subie parce qu'on a dû emprunter pour se financer. J'imagine que le
gouvernement, ne disposant pas des 521 000 000 $ qu'il devra débourser,
devra prendre cet argent ailleurs.
Le gouvernement argumente que, peu importe, il va aller chercher ces 521
000 000 $ d'une façon subite, brutale, inique, dans trois mois
seulement, mais le fait demeure qu'il va chercher ce montant six mois
après qu'il nous a argumenté de long en large qu'il a besoin de
ce montant et que, de toute façon, il ne fait pas mieux ni pire que
d'aller chercher, du 1er janvier 1983 au 1er avril 1983, soit une
période de trois mois, le même montant que celui qu'il aurait
été chercher auparavant.
Je vois que cela endort profondément le président du
Conseil du trésor. Je comprends que des chiffres de 30 000 000 $ ne
soient pas de l'ordre de ceux qui le réveillent, habitué qu'il
est à jongler avec des milliards, tout en les laissant tomber alors
qu'on est en train de tenter de ramasser les morceaux. Ce n'est pas assez pour
le réveiller.
M. Blais: C'est votre voix qui est chloroformique.
M. Doyon: J'aimerais que cela soit inscrit au journal des
Débats qu'un manque à gagner de 30 000 000 $ constitue purement
et simplement un profond somnifère pour le président du Conseil
du trésor. C'est la façon dont la province est
administrée, M. le Président. Ne nous étonnons pas que
des...
M. Lachance: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Bordeleau): M. le député de
Bellechasse.
M. Doyon: ... déficits de 1 000 000 000 $, de 3 000 000
000 $ ou...
M. Lachance: M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): Je m'excuse, M. le
député de Louis-Hébert. S'il vous plaît! J'ai une
question de règlement du député de Bellechasse.
M. Lachance: C'est une question de règlement relative
à la pertinence du débat. C'est bien évident que les
propos du député de Louis-Hébert sont chloroformants et
cela explique...
M. Doyon: II y a un règlement là-dedans, M. le
Président. C'est quoi?
M. Paquette: Parce qu'ils n'ont rien à voir avec
l'article.
M. Lachance: Ils n'ont rien à voir justement avec
l'article.
M. Bérubé: M. le Président.
Le Président (M. Bordeleau): M. le ministre, s'il vous
plaît!
M. Bérubé: J'allais justement intervenir sur la
pertinence du débat.
M. Doyon: Vous dormiez, M. le ministre.
Le Président (M. Bordeleau): Mais, si c'était pour
la même raison, d'accord. (16 heures)
M. Bérubé: Le président a tranché sur
le fait que cette discussion concernant les 30 000 000 $ n'était pas
pertinente et le député de Louis-Hébert a entrepris de
tuer le temps et de faire perdre le temps à cette Assemblée
nationale. M. le Président, dans la mesure où nous devons
siéger jusqu'à des heures très tardives, personnellement,
je préfère effectivement dormir quelques minutes chaque fois
qu'un député de l'Opposition a des sottises à dire.
Maintenant, dès que l'Opposition revient au coeur du dossier et veut
véritablement faire preuve d'un désir de travailler le dossier en
profondeur, à ce moment-là, pas de problème, au contraire,
je me réveille avec encore plus de vigueur et d'énergie pour
pouvoir répondre aux questions de l'Opposition. Dans la mesure où
le député de Louis-Hébert est tombé très
jeune, comme Obélix, dans la cuvette de potion magique chloroformante et
qu'il ne s'en est jamais remis, hélas! je suis obligé d'endurer
en vertu du règlement son intervention, mais au moins je ne suis pas
obligé par le règlement à garder les yeux ouverts quand il
est endormant.
M. Doyon: Vous devriez les garder ouverts quand vous
dépensez les fonds publics, par exemple.
Le Président (M. Bordeleau): Sur les yeux ouverts, M. le
ministre, je vais vous donner raison, je n'ai rien trouvé à ce
jour dans le règlement qui vous empêchait d'avoir les yeux
fermés. En vertu de l'article 154, que je voudrais simplement vous
rappeler, pour répondre à la question de règlement du
député de Bellechasse - en particulier, c'est à 154.1 - en
commission plénière ou élue, après la
deuxième lecture, on ne peut discuter que les détails d'un projet
de loi et il ne peut y avoir audition publique. En fait, cela se résume
à dire qu'on doit discuter les détails d'un projet de loi.
M. Bérubé: Très sage.
Le Président (M. Bordeleau): Bien sûr, pendant les
interventions de vingt minutes, je considère que cela a
été le cas depuis déjà quelques heures et quelques
jours, ce n'est pas toujours facile d'en demeurer à l'article
même, mais au moins en ce qui a trait à des matières qui
ont rapport avec l'article que nous étudions. M. le député
de Louis-Hébert, je vous demanderais donc, autant que possible, de
demeurer ou de revenir à l'article 4 ou à ce qui concerne
l'article 4.
M. Doyon: Merci, M. le Président. Alors, suivant vos bons
conseils de demeurer à l'intérieur de l'article 4, je vais
continuer dans la même veine, compte tenu que vous-même
reconnaissez que j'y étais...
Le Président (M. Bordeleau): Oui.
M. Doyon: Alors, la situation comptable purement et simplement.
Je comprends que le président du Conseil du trésor se fait une
gloire de ne pas être un vulgaire comptable, mais cela n'exempte personne
de savoir compter. On n'a pas besoin d'être comptable pour savoir
compter. Ce que soulevait le député de Vaudreuil-Soulanges me
parait très à propos dans le cadre de l'article 4, M. le
Président. Qu'on le veuille ou non, toute l'argumentation sur laquelle
repose l'article 4 est la suivante. On avait besoin de 521 000 000 $. On a
tenté de les obtenir sur une période de six, neuf mois, en tout
cas, sur une plus longue période. On n'a pas réussi, nous allons
aller les chercher à un autre moment et, peu importe ce moment, nous
allons récupérer 521 000 000 $. Ce qu'on soumet respectueusement
à la commission parlementaire, c'est mon collègue qui l'a fait,
c'est qu'on ne va pas chercher le montant de 521 000 000 $ de la même
façon, parce qu'il est dans ce projet de loi, il est de l'essence
même de ce projet de loi. On ne peut pas en faire abstraction,
c'est-à-dire que le déplacement dans le temps de la
récupération des fonds que fait le gouvernement entraîne un
coût qui est inhérent même à ce déplacement
dans le temps. On aurait peut-être aimé que le président du
Conseil du trésor nous donne une réponse satisfaisante à
ce sujet-là. Tout ce qu'il a réussi à nous dire, sur
la
justification de l'article 4 tel qu'il est là, c'est qu'il osait
présumer qu'il avait été tenu compte du manque à
gagner, dû au déplacement dans le temps du montant de 30 000 000 $
qui manquerait par le fait même qu'on n'agit pas au moment où le
gouvernement prétend qu'il était essentiel d'agir.
Alors, c'est symptomatique de l'attitude du président du conseil
que, sur des montants de 30 000 000 $, il se contente d'oser présumer
sans être capable d'apporter une réponse satisfaisante.
J'espère qu'il sera noté convenablement en temps et lieu que 30
000 000 $ ne pèsent pas au bout du doigt du président du Conseil
du trésor et que son "oser présumer" est finalement un
"je-m'en-fous". C'est sérieux et c'est grave, ou je ne comprends pas ou
je vous ai perdu totalement. C'est quelque chose d'approchant; de toute
façon, le résultat est le même. Il est aussi
désastreux. Ce sur quoi je voudrais attirer aussi l'attention du
président du Conseil du trésor, c'est qu'il nous fait une grande
démonstration qu'avec le document sessionnel no 350 et avec le projet de
loi 70 et plus spécifiquement avec l'article 4, le gouvernement
récupère un montant de 521 000 000 $. J'aimerais avoir des
éclaircissements de la part du président du Conseil du
trésor sur ce qui serait entré dans les coffres du gouvernement
en taxes directes, tout d'abord, en impôts. Le véritable
coût d'un versement de 521 000 000 $ aux employés de la fonction
publique n'est pas de 521 000 000 $ parce que le gouvernement en
récupère une partie très considérable. Il y a une
bonne partie de ces 521 000 000 $ qui, de toute façon, serait revenue
dans les coffres de l'État, tout d'abord en impôts directs, en
impôts sur le revenu payés par les contribuables. J'aimerais que
le président du Conseil du trésor, qui ne daignera sûrement
pas se réveiller pour répondre à une question aussi futile
et hors de propos, nous dise combien le gouvernement peut espérer
récupérer en impôts directs par le versement de 521 000 000
$. Quel est le véritable coût au gouvernement, finalement, des 521
000 000 $?
Plus que cela, le président du Conseil du trésor devrait
être en mesure de nous éclairer là-dessus,
d'éclairer notre lanterne. Les 521 000 000 $, si le gouvernement
n'intervenait pas de façon aussi brutale qu'il le fait avec le projet de
loi no 70, entraîneraient des dépenses par les contribuables que
sont les fonctionnaires, ces dépenses auraient pour effet de faire
tourner la machine économique et, par conséquent,
entraîneraient, chez les entreprises, les commerces, etc., des profits
supplémentaires qui donneraient lieu à des revenus
supplémentaires pour l'État par le paiement d'impôts,
etc.
J'aimerais que le président du Conseil du trésor nous dise
à combien il évalue le véritable coût des 521 000
000 $ que le gouvernement va soi-disant économiser, va épargner
par la mise en vigueur du projet de loi no 70. Ce n'est pas exact, le
coût supplémentaire qu'aurait entraîné le respect de
la signature du gouvernement. Le véritable coût, si on part de 521
000 000 $, est de 521 000 000 $ moins les impôts directs payés,
moins les taxes sur les ventes, moins les impôts payés par les
compagnies, les commerces, etc. Il y a un coût qui doit être
diminué de ces montants et on arrive, à la fin, à un
montant net, ce qu'on n'a pas su du président du Conseil du
trésor. Il est sûr que c'est probablement au-dessous de ses
préoccupations. Quand même, cela éclairerait
considérablement le débat si on pouvait avoir ces renseignements.
Je suis convaincu que c'est trop demander, mais je crois devoir m'acquitter de
mes fonctions en soulignant cette lacune de la part du président du
Conseil du trésor. Son silence est plus éloquent que toute autre
réponse.
Une voix: C'est vrai.
M. Doyon: On me dit, du côté ministériel, que
c'est vrai. Alors, ils sont d'accord sur l'éloquence de la
réponse du ministre qui considère comme négligeable la
récupération de certains montants. C'est proprement
scandaleux.
Ce sur quoi je voudrais aussi attirer l'attention du ministre, c'est sur
le fait que le ministre nous a fait un grand discours sur la répartition
des coûts de la crise. Tout le monde étant touché, tout le
monde doit l'être également. On doit cesser d'abriter une certaine
catégorie de citoyens qui sont privilégiés par la
sécurité d'emploi, etc. Des grands discours avec tous les
trémolos qui s'imposent. On laisse aller le ministre, on le laisse
vendre sa salade. On n'est pas certain qu'il ira très loin avec ces
trémolos. Cependant, dans la même ligne de pensée et selon
la même logique, est-ce que le président du Conseil du
trésor, qui prétend répartir sur tous les secteurs de
notre société le même coût, un coût égal
de la crise qui, en grande partie, est due au gouvernement, ne devrait pas
avoir la même préoccupation en ce qui concerne la
répartition géographique du projet de loi no 70?
Ce à quoi je veux en venir, c'est que, compte tenu du fait que
les fonctionnaires -on l'a vu par le dépôt de nombreuses
pétitions à l'Assemblée nationale - sont concentrés
selon une densité variable dans différentes régions de la
province de Québec, il arrive qu'ils sont particulièrement
concentrés dans la région de Québec.
Le Président (M. Boucher): M. le député
de Champlain.
M. Gagnon: M. le Président, pourriez-vous me dire combien
il peut rester de temps à la machine à parler qu'on entend depuis
trop longtemps?
Le Président (M. Boucher): Une minute, M. le
député de Champlain.
M. Doyon: M. le Président, j'ai commencé à
15 h 55, j'ai été interrompu exactement pendant quatre minutes
par le président du Conseil du trésor. Si j'enlève ces
quatre minutes, il me reste au moins dix minutes.
Le Président (M. Boucher): Je m'excuse, mais on m'a
mentionné ici que c'était 15 h 50.
M. Doyon: J'ai commencé à 15 h 55, j'ai
écrit l'heure moi-même.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est scabreux.
Le Président (M. Boucher): Moi, j'ai 15 h 50.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Là, vous allez voir
quelque chose.
Le Président (M. Boucher): Un instant, je vais regarder
comme il le faut. C'est cela.
M. Lachance: C'est avec un grand plaisir que je vois arriver le
chef de l'Opposition et je pense que les propos maintenant des gens de
l'Opposition seront beaucoup plus cohérents, en tout cas, je le
souhaite.
M. Doyon: M. le Président, toutes ces interventions
rognent mon temps.
Le Président (M. Boucher): Je le sais, M. le
député de Louis-Hébert, mais on vous a enlevé une
minute et demie pour la question de règlement.
M. Doyon: M. le Président, je suis à la merci de la
présidence et je ne discuterai pas de ça; sauf que j'ai pris la
peine d'écrire moi-même, pour la première fois dans une
intervention, l'heure à laquelle elle a commencé et, parole
d'honneur, rien n'a été changé et on utilise la même
horloge.
Le Président (M. Boucher): Je n'étais pas
présent. S'il y a consentement, vous pouvez y aller pendant cinq
minutes.
M. Blais: Consentement, s'il veut encore nous endormir pendant
cinq minutes.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Louis-Hébert.
Une voix: Consentement. M. Blais: Consentement.
M. Doyon: M. le Président, c'est tout simplement justice
qui est partiellement rendue. Partiellement, je dis bien. Mon discours, avant
d'être interrompu d'une façon fort impromptue par je ne sais pas
quel député, tendait à démontrer qu'il était
aussi important de répartir équitablement,
géographiquement l'effort des Québécois qu'il était
important, selon le discours même du président du Conseil du
trésor, de répartir cet effort à travers toutes les
sections de la société. Je dois accélérer pour
pouvoir finir mon propos. Il arrive que dans la province de Québec, il y
a différentes sections où sont concentrés les
fonctionnaires et plus particulièrement dans la ville de Québec.
J'aimerais que le président du Conseil du trésor me dise si oui
ou non il est en mesure d'infirmer le fait qu'une ponction d'environ 200 000
000 $ sur les 521 000 000 $ sera faite dans la région de Québec.
Est-ce que c'est le cas ou non? Il dort profondément, il n'y a rien
à faire. Je pense que les commerçants... En tout cas, quand on
s'inquiète d'une situation comme ça... Je ne trouve même
pas ça drôle. Je trouve ça absolument...
M. Blais: Pensez-vous que c'est drôle de vous entendre?
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, s'il
vous plaît! Â l'ordre!
M. Doyon: Pensez-vous que les 200 000 000 $ sur lesquels je
m'inquiète, M. le Président...
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît. À
l'ordre!
M. Doyon: Les 200 000 000 $ sur lesquels je m'inquiète
sont 200 000 000 $ que je soumets à la présidence et, par son
intermédiaire, au président du Conseil du trésor. Ce
montant est hors de proportion avec la capacité de payer de la
région de Québec. S'il est important de répartir l'effort
à travers toutes les sections, toutes les catégories de notre
société, on ne doit pas le faire au moyen d'une autre injustice.
La ponction de 200 000 000 $ qu'on va faire dans la région de
Québec va avoir des effets absolument désastreux, hors de
proportion avec ce qu'est capable de supporter la région de
Québec, compte tenu de la dépendance traditionnelle que cette
région a envers la fonction publique et les revenus qui en
découlent. On ne doit pas, mettre de côté
des situations de fait qui font que le Québec est une capitale
administrative et que, de ce fait même, se rattache à ce
rôle une plus grande proportion de ses habitants qui dépendent
directement de la capacité de gagner pour dépenser dans les
commerces, dans les industries, dans tous les services, que ce soient les
coiffeurs, les nettoyeurs, les tabagies et je pourrais passer toute la gamme
des services et des commerces. Ce qui va faire mal partout dans la province de
Québec va faire doublement ou triplement plus mal à la
région de Québec. J'aimerais savoir, si le président du
Conseil du trésor daignait se réveiller deux minutes, ce que va
coûter par tête de pipe à la région de Québec
la ponction de 200 000 000 $, ou quelque chose comme ça, qui va
être faite compte tenu de la forte concentration qu'on a de la fonction
publique ici à Québec.
C'est une inquiétude bien fondée qui devrait faire l'objet
de considération de la part du président du Conseil du
trésor et ne pas être traitée d'une façon aussi
arrogante, outrecuidante que celle qu'il manifeste. Je termine
là-dessus, M. le Président, et je pense que je ne peux que
déplorer tout ça et dire que, comme par hasard, il ouvre les yeux
en même temps que je finis.
Le Président (M. Boucher): Merci.
M. Bérubé: II n'y a pas de hasard
là-dedans.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laurier.
M. Sirros: M. le Président, j'aimerais d'abord remarquer
qu'il semble qu'on avait quelque chose de très indicatif tout à
l'heure...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laurier, si vous voulez bien m'excuser. Vous remplacez le député
de Westmount, je crois.
M. Sirros: Je crois que oui.
Le Président (M. Boucher): À l'article 4, M. Ryan
remplaçait le député de Westmount, hier. Or, sur l'article
4, il a utilisé ses 20 minutes. (16 h 15)
M. Sirros: Laissez-moi recommencer. Le chef de l'Opposition a
remplacé le député de Westmount hier et moi, je remplace
aujourd'hui le député de Westmount.
Le Président (M. Boucher): C'est cela, vous le remplacez
aujourd'hui.
M. Bérubé: M. le Président, on joue à
la chaise musicale, en fait, depuis le début de cette commission. Nous
avons, comme ça, continuellement, des députés de
l'Opposition qui n'ont pas grand-chose à dire et qui viennent s'asseoir.
Ils font une intervention de 20 minutes souvent à côté de
la question et ils s'en retournent. Je dois avouer que, heureusement, de temps
en temps, le chef de l'Opposition vient et nous soumet un certain nombre de
réflexions beaucoup plus profondes qui nous forcent, finalement,
à discuter intelligemment. Le député de
Vaudreuil-Soulanges a également eu plusieurs bonnes interventions qui
nous ont amenés à faire progresser, je pense, le niveau des
échanges, mais, quant au reste, M. le Président, c'est assez
pitoyable.
M. Sirros: M. le Président, si je ne peux même pas
parler, comment peut-on juger de ce que j'ai dit?
Le Président (M. Boucher): Très bien. Y a-t-il
d'autres intervenants sur l'article 4? M. le ministre.
M. Bérubé: Dans mon sommeil, j'ai cru ouïr le
député de Louis-Hébert qui, rapidement, a fait le calcul
suivant: Ce gouvernement va aller chercher 521 000 000 $. Or, on sait que la
moitié des fonctionnaires employés par le gouvernement du
Québec travaillent dans la ville de Québec. Donc, la
moitié de 521 000 000 $ donne 210 000 000 $ et ce sont donc 210 000 000
$ de perte de revenus pour la ville de Québec. C'est une catastrophe. M.
le Président, il n'y a que 60 000 fonctionnaires dans la fonction
publique dont 50% sont à Québec, ce qui fait 30 000 et, au
salaire moyen, ceci fait exactement 50 000 000 $ et non pas 200 000 000 $.
L'erreur du député de Louis-Hébert est donc, en gros, de
400% et si la précision de ses calculs est à peu près
équivalente à la profondeur de son intervention, M. le
Président, on comprend pourquoi je dormais.
M. Blais: Très bien, M. le ministre.
Le Président (M. Boucher): Adopté? On me demande si
le député de Laurier pourrait remplacer Mme la
députée de L'Acadie.
M. Bérubé: Vous voulez rire, M. le
Président? Depuis que nous avons réussi à déporter
l'Acadie, vous pouvez être certain qu'on ne veut pas réimporter
Laurier.
Le Président (M. Boucher): II n'y a pas de
consentement?
M. Bérubé: Hélas, non.
M. Blais: Non. L'article 4 sera-t-il adopté?
M. Ryan: Je m'excuse. Attendez un peu.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Argenteuil.
M. Bérubé: M. le Président, comme on a
épuisé le temps de parole de l'Opposition sur l'article 4...
M. Blais: ... on est obligé d'aller à l'article
5.
M. Ryan: On va prendre l'article 5. On peut revenir.
M. Blais: On adopte l'article 4?
M. Bérubé: Oui, c'est ce que je pense. En fait,
vous pouvez prendre tout le temps nécessaire pour l'article 5, mais je
suis convaincu que l'intervention du député de Laurier peut tout
aussi bien faire au niveau de l'article 5 que de l'article 12 ou de l'article
21. En fait, comme il n'y a pas de lien entre son intervention et l'article
concerné, M. le chef de l'Opposition...
M. Sirros: ...
M. Bérubé: ... il n'y a absolument aucun
problème. Il peut intervenir n'importe quand, pourvu qu'il prenne 20
minutes.
M. Ryan: Très bien. Je suis content que vous ayez
parlé au nom de vos confrères. Cela va nous aider, mais je
voudrais que vous reteniez votre jugement jusqu'au moment où vous
l'aurez entendu. Il me semble que ce serait plus prudent.
M. Bérubé: C'est vrai. Vous avez raison, M. le chef
de l'Opposition.
Effectivement, il faudrait que nous l'entendions.
M. Ryan: Très bien.
Le Président (M. Boucher): L'article 4...
M. Sirros: M. le Président, je voudrais d'abord dire,
quant au jugement que peut avoir le président du Conseil du
trésor, que, quand on voit le genre de jugement qui a amené la
loi 70, il peut avoir tous les jugements qu'il veut, cela a peu
d'importance.
M. Bérubé: J'ai compris.
Le Président (M. Boucher): L'article 4 tel
qu'amendé sera-t-il adopté?
M. Bérubé: Oui, oui, M. le Président. Une
voix: Sur division.
Le Président (M. Boucher): Adopté sur division.
Article 5?
M. Bérubé: Oui. Je soulignerais, M. le
Président, que, comme d'habitude, l'Opposition est divisée.
Une voix: Au moins, on ne dort pas, nous autres.
M. Bérubé: M. le Président, avant de
commencer la discussion de l'article 5, j'aimerais y apporter un
amendement.
M. Ryan: II ne change pas de jugement tellement facilement.
M. Bérubé: M. le Président, je voudrais donc
apporter un amendement à l'article 5 qui se lirait ainsi: Cet article
est modifié par l'insertion à la troisième ligne,
après le mot "échelon", des mots "ni de progression salariale
fondée sur l'expérience ou le rendement".
Le Président (M. Boucher): Cet amendement sera-t-il
adopté?
M. Bérubé: Je n'ai aucune note là-dessus,
j'invente depuis le commencement. Effectivement, dans certaines conventions,
les termes utilisés sont "progression salariale fondée sur
l'expérience ou le rendement" plutôt que "échelon". Alors,
il s'agit de s'assurer que c'est conforme...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est une formulation qui tend
à ne pas échapper des conventions collectives qui ne sont pas
toutes formulées de la même façon. C'est tout?
M. Bérubé: C'est cela. On me souligne ici qu'il
s'agit d'un correctif de nature technique visant à couvrir les
avancements dans les cégeps.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Étant
donné...
M. Bérubé: Oui, c'est une façon
différente de dire la même chose.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Et il n'y a aucune convention
collective où il est question et d'avancement d'échelon et de
progression salariale fondée sur l'expérience ou le
rendement.
M. Bérubé: Auquel cas, ce serait un changement de
grade, un avancement de classe, un reclassement ou une promotion.
Le Président (M. Boucher): Première
décision, l'amendement est recevable.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ... sur la
recevabilité.
M. Bérubé: Merci, M. le Président.
Heureusement que nous ne prenez pas 20 minutes pour expliquer pourquoi il est
recevable.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ah! il nous laisse celai
M. Bérubé: Alors, M. le Président, j'ai
terminé.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On fait un acte de foi à
savoir qu'il s'agit de terminologie.
M. Bérubé: Dois-je vous dire que je n'ai pas lu
toutes les conventions collectives et j'ai également fait un acte de
foi.
M. le Président, l'amendement étant adopté...
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Bérubé: ... on voudra sans doute discuter du
fond de l'article maintenant.
Une voix: C'est cela, c'est cela.
Le Président (M. Boucher): Alors, l'amendement est
adopté.
Une voix: Adopté.
M. Bérubé: Alors, M. le Président...
Le Président (M. Boucher): Sur l'article 5.
Une voix: Adopté.
M. Bérubé: M. le Président, en autant que la
partie gouvernementale est concernée, nous serions prêts à
adopter cet article qui est clair, limpide et qui ne fait pas l'objet d'une
discussion véritable.
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Oui, M. le chef de
l'Opposition.
M. Ryan: M. le ministre, avant qu'on exprime des opinions,
pourriez-vous nous dire comment cela fonctionne actuellement, le système
des avancements d'échelon, nous parler des changements qui ont
été faits dans les dernières conventions par rapport aux
régimes antérieurs? Et quel est le coût annuel estimatif
des montants qui sont versés aux employés à ce titre?
M. Bérubé: Je ne peux pas dire que c'est clair,
clair, comme question.
M. Ryan: Pourtant, c'est bien simple.
M. Bérubé: Le coût annuel estimatif des
avancements d'échelon est de l'ordre de 1,5% de la masse salariale.
Coût du système?
Ce qu'on appelle le coût de passage d'un échelon à
l'autre.
C'est le coût net du système.
Ou du vieillissement des...
M. Ryan: Le ministre a sa calculatrice, il va nous dire cela.
M. Bérubé: Ah! Vous voulez savoir le montant... Je
vais prêter mes services de calculateur au chef de l'Opposition, mais
uniquement au chef de l'Opposition, parce que je dois souligner que deux de ses
députés ont voulu me faire calculer des chiffres ce matin et j'ai
refusé. Alors, c'est en témoignage de mon profond respect pour le
rôle important que joue l'Opposition quand il est joué
sérieusement que je me ferai un plaisir de vous calculer: 1,5% de 12 000
000 000 $.
M. Ryan: Je pense que c'est pour cela qu'on va être
obligé d'apporter la nôtre, par exemple.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Cela fait 180 000 000 $. On ne
se cassera pas la tête.
M. Bérubé: 180 000 000 $, M. le
Président.
M. Ryan: 180 000 000 $, très bien.
M. Ryan: Vous avez trois classes actuellement. Comment cela
fonctionne-t-il? Autrefois, c'était réparti sur une quinzaine
d'années d'expérience. Comment cela fonctionne-t-il dans les
dernières conventions?
M. Bérubé: II y a encore des échelles de
salaires, dont celle des enseignants qui comporte une grille de 15
échelons d'expérience avec des années de scolarité
sur le plan horizontal. Vous avez aussi des échelles de salaires, dont
celle des techniciens-infirmières qui a 12 échelons et celle des
employés de bureau qui peut avoir de cinq à sept échelons.
Il y a des corps d'emplois, dont ceux des métiers, qui n'ont aucun
échelon et qui sont à des taux uniques. Quand vous parlez de
trois classes, vous vous référez aux professionnels qui, dans
l'ancienne convention, avaient trois classes; maintenant on parle de trois
grades, ce qui est l'équivalent de l'ancienne classe.
M. Ryan: Très bien. Pour les enseignants, pourriez-vous
nous donner une idée claire de ce que cela représente. Disons que
vous avez un enseignant qui a sept années d'expérience, dix-huit
années de scolarité; il travaille pendant une année, cela
lui fait huit années d'expérience. Cet échelon-là
représente combien d'argent pour l'année?
M. Bérubé: C'est 3,2% de son salaire. Un
échelon d'enseignant, c'est à peu près 3,2%.
M. Ryan: Cela veut dire que, s'il gagne 25 000 $, ça fait
750 $, 780 $.
M. Bérubé: Oui.
M. Ryan: 3,2%, vous avez dit.
M. Bérubé: Pour les enseignants; c'est variable,
ça varie entre 3% et 4%. La moyenne est d'à peu près
3,4%.
M. Sirros: ... expérience.
M. Ryan: Quand on arrive à 1,5% pour l'ensemble de la
masse, c'est parce qu'il y en a plusieurs qui sont rendus au sommet.
M. Bérubé: Ou qui n'ont pas... Pour les temps
partiels, il faut qu'ils fassent plus qu'un an, il faut qu'ils fassent
l'équivalent d'un an pour un employé à temps plein.
Et non seulement cela, mais il faut tenir compte également qu'il
y a des jeunes qui entrent au bas de l'échelle et des vieux qui partent
au sommet de l'échelle, ce qui veut dire qu'à chaque
année, avec les départs, il y a un gain de système, si on
veut, et il faut tenir compte également de ce
phénomène-là.
M. Ryan: Est-ce qu'on pourrait demander au ministre de nous
donner le "rationale" de cette mesure-là?
M. Bérubé: Oui. Une des raisons pour lesquelles
notre masse salariale croît plus vite que l'inflation est la suivante:
Dans la mesure où les conventions visent à protéger
entièrement le pouvoir d'achat des employés, tous les
employés ont droit à une augmentation de salaire directement
reliée à l'inflation. Toutefois, dans la mesure où
également on observe un vieillissement des employés du secteur
public - l'âge moyen croît - on constate qu'à part
évidemment ceux qui sont au sommet de l'échelle et qui ne peuvent
plus aller chercher un échelon additionnel d'ancienneté et donc
augmenter leur salaire, l'ensemble des employés du secteur public, en
moyenne, voit leur ancienneté croître annuellement. Il faut dire
qu'à cela s'ajoutent les promotions, un certain nombre d'autres facteurs
qui font qu'il y a des augmentations de salaire, lesquelles ne sont pas
complètement compensées par le départ d'employés
ayant une ancienneté plus grande, car normalement la somme des
avancements d'échelon et des promotions devrait être
annulée par le départ des employés arrivés au
sommet de l'échelle et atteignant l'âge de la retraite. Dans la
mesure où nous avons, au contraire, un vieillissement net, nous
constatons ce que nous appelons un coût de système qui
représente en gros 1,5%, comme on vous l'expliquait tantôt par la
bouche de mon sous-ministre.
Par conséquent, ce que nous faisons dans ce présent projet
de loi, c'est bloquer les augmentations de salaire, en termes d'indexation,
d'une façon uniforme pour l'ensemble des employés et de plus
bloquer le coût de système.
M. Ryan: Est-ce que c'est une mesure temporaire ou si c'est
l'indication d'une politique qui pourrait devenir permanente? Est-ce que vous
avez des projets de réforme du système actuel?
M. Bérubé: Non, le Conseil des ministres n'a pas
encore pris de décision quant au contenu des mandats de
négociation et ce n'est donc pas une politique gouvernementale à
l'heure actuelle.
M. Ryan: Un autre point qui m'intéresse: Quel est le
statut de cette question-là dans les conventions collectives existantes?
L'échelle, par exemple, c'est annexée à une convention
collective; disons l'échelle de rémunération des
enseignants, c'est annexé à la convention collective pour que
chaque enseignant sache à quoi s'en tenir au sujet de son salaire. Il
faut qu'il ait son tableau avec les années d'expérience, les
années de scolarité. Il se situe là-dedans quelque part,
il voit comment il va monter. Je pense qu'on peut dire que cela fait partie de
la convention collective, c'est une partie intégrante de la convention
collective. Donc ici, nous sommes en présence d'un autre exemple de
décision unilatérale de la part du gouvernement, modifiant les
dispositions de la convention collective existante pour les enseignants. Je
prends cet exemple-là, on pourrait en prendre d'autres. Un autre cas
d'unilatéralisme, peut-être provisoire, souhaitons-le. (16 h
30)
M. Bérubé: C'est toujours le même.
M. Ryan: Oui.
M. Bérubé: C'est toujours le même,
c'est-à-dire que nous gelons le coût des salaires et les
révisions de ce coût sont de 521 000 000 $. Dans le but de ne pas
avoir
à réduire encore plus avant les salaires pour aller
chercher le montant, nous avons pensé qu'il était plus simple de
ne pas donner une augmentation.
M. Ryan: Et vous n'êtes pas en mesure d'affirmer si cela
pourrait devenir éventuellement le point de départ d'une
réforme. Vous dites qu'aucun projet n'a été soumis au
cabinet encore là-dessus mais vous n'allez pas plus loin.
M. Bérubé: C'est cela. Cela pourrait faire l'objet
d'une réflexion dans nos négociations avec les centrales
syndicales et les principaux syndicats lorsque nous examinerons les
paramètres d'augmentation de salaires des employés du secteur
public.
M. Ryan: Est-ce qu'on peut vous demander quelles sont vos vues
là-dessus en ce moment?
M. Bérubé: Oh! vous savez, je n'ai de vues que
celles du Conseil des ministres.
M. Ryan: Oui, vraiment? Comme cela, il faut que vous
réduisiez beaucoup.
M. Bérubé: J'ai un peu les mêmes
problèmes que le chef de l'Opposition, des problèmes
d'humilité.
M. Ryan: Donc, pour la période qui est définie par
le projet de loi, le gouvernement arrête l'horloge du temps.
M. Bérubé: Ah! je ne savais pas que j'avais ce
pouvoir.
M. Ryan: Et c'est vrai, vous arrêtez l'horloge du temps. On
avait considéré jusqu'à maintenant que c'était un
facteur très important pour la productivité de reconnaître
les années d'expérience. Il peut arriver même... Supposez
que dans une année un enseignant se voit reconnaître par une
université quelconque une année de scolarité de plus.
M. Bérubé: Non. À ce moment...
M. Ryan: Non? Cela va dans le classement?
M. Bérubé: ... il l'a. Sauf si elle résulte
d'un changement de grade, d'un avancement de classe, d'un reclassement, d'une
promotion ou d'une reconnaissance de scolarité additionnelle en cours
d'emploi.
M. Ryan: C'est juste l'année additionnelle de service en
somme qui se trouve...
M. Bérubé: C'est l'année dite
d'expérience par suite du vieillissement, en présumant qu'en
ayant pris des années on a pris de l'expérience, alors qu'il y en
a qui n'apprennent jamais rien même en vieillissant.
M. Ryan: Et comment cela retombe-t-il le 1er avril 1983, pour
revenir à notre sujet?
M. Bérubé: Cela dure pendant un an. M. Ryan:
Pendant un an? M. Bérubé: Oui.
M. Ryan: Alors, là, c'est une matière que vous
soustrayez à la négociation dont vous disiez hier qu'elle allait
être totale. Pour les conditions à partir du 1er avril...
M. Bérubé: Pour l'année 1983.
M. Ryan: ... pour les conditions à partir du 1er avril, il
y a un cas d'unilatéralisme même à partir de là.
M. Bérubé: Oui, parce qu'il serait injuste de ne
l'appliquer que pendant trois mois. À ce moment, vous auriez un certain
nombre d'employés qui seraient soumis à cette clause.
L'employé qui, par exemple, le 1er ou le 2 avril aurait droit à
un avancement d'échelon, parce qu'il s'agit de la date à laquelle
il est arrivé au gouvernement, il aurait droit à son avancement.
Donc, pour éviter une iniquité de traitement dans l'ensemble des
employés, on ne peut pas l'appliquer que pendant trois mois, il faut
l'appliquer sur une année.
M. Ryan: Maintenant, M. le ministre vise-t-il à changer
l'année des conventions collectives ou cela lui est-il
indifférent? Est-ce qu'il vise à ramener cela au 31 mars pour que
cela coïncide avec l'année budgétaire du gouvernement ou
cela lui est-il indifférent?
M. Bérubé: Je vais être bien honnête.
Je n'ai pas d'opinion sur la question pour l'instant.
M. Ryan: Cette affaire s'en va dans l'air, c'est suspendu pour
l'année 1983 et, si jamais les négociations conduisaient à
une autre année, à une autre date pour l'expiration de la
convention collective que le 31 décembre, il y aurait des ajustements
à négocier en conséquence pour les avancements
d'échelon.
M. Bérubé: Oui.
M. Ryan: Nous, évidemment, M. le Président, nous
avons sur ce poste du projet de loi la même opinion que sur l'ensemble du
projet parce que c'est un autre article
important qui est soustrait au champ de la négociation collective
d'une manière unilatérale, autoritaire et tout à fait
exceptionnelle. Par conséquent, les objections que nous avons
formulées à l'endroit d'articles antérieurement
examinés s'appliquent également dans ce cas. Je ne sais pas ce
qu'une négociation aurait donné sur ce point, mais le
gouvernement a pris ses décisions et je pense que c'est un autre exemple
qui tombe dans la liste de ceux que nous avons mentionnés jusqu'à
maintenant. Nous ne pouvons pas accepter une chose comme celle-là. Nous
vous le disons franchement, nous croyons que le gouvernement s'avance encore
une fois sur une pente dangereuse et nous tenons à vous prévenir
que sur ce point notre objection est aussi ferme que sur les autres qui ont
été abordés jusqu'à maintenant.
M. Bérubé: Si je comprends bien, ce sont les
mêmes objections fondamentales.
M. Ryan: Oui.
M. Bérubé: M. le Président, est-ce qu'on
pourrait porter l'ensemble des interventions des députés au
procès-verbal pour le prochain article 5 et faire en sorte qu'on puisse
épargner... Nous lirons les interventions des députés.
M. Sirros: Mais je pense qu'il serait important pour tout le
monde de réentendre tous ces arguments. Peut-être qu'à
force de répéter certaines choses, le ministre va finalement
comprendre.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que l'article 5 est
adopté?
Des voix: Non.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, j'essayais de voir
pourquoi, au-delà de l'exception qui est contenue dans l'article 5,
c'est-à-dire que l'avancement d'échelon ou la progression
salariale fondées sur le rendement sont exclues du champ normal de la
négociation. Comment se fait-il qu'on ait isolé ce
facteur-là? On parle du coût du système. Je veux bien
croire, mais est-ce qu'il y a un choix qui a été fait autre que
de regarder quel est véritablement l'élément qui est le
coût du système et quels sont les autres éléments
à partir desquels le gouvernement peut agir pour bloquer, geler ou
ralentir l'expansion de la masse salariale? Est-ce qu'on aurait pu choisir les
changements de grade, les avancements de classe? Je comprends qu'on tombe dans
d'autres choix politiques beaucoup plus délicats et sensibles, mais si
on a écouté le ministre tout à l'heure, il nous a dit
qu'en 1983 tout le monde aurait une date d'anniversaire pendant l'année
civile, donc, que tout le monde serait traité de la même
façon. On ne peut pas nécessairement dire -c'est
l'inférence que je fais - que, si tel est le cas, c'est-à-dire
qu'il n'y aura pas d'égalité, d'équité, si on
commence à manipuler les avancements ou les augmentations de salaires
qui seraient dus à des changements de grade, avancements de classe, etc.
Est-ce que c'est cela, l'élément qui est le coût du
système, donc, qu'on a choisi d'isoler?
M. Bérubé: 80%.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Bon, voilà! Quels sont
donc les "trades off" que le ministre fait à part les
considérations fondées sur le pourcentage que représente
l'avancement d'échelon comme facteur d'augmentation de salaire par
rapport aux autres éléments?
M. Bérubé: Ma connaissance de l'anglais
étant très limitée, j'ai de la difficulté à
comprendre le sens de "trade off".
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
D'abord, je me doute bien du peu de connaissance de l'anglais qu'a le
président du Conseil du trésor. Je pense que le mot
français est quiproquo ou considération bonne et valable, selon
les acceptions et les contextes, "trade off" étant la monnaie
d'échange qu'on emploie évidemment conceptuellement lorsqu'on
fait un choix. Je répète que le ministre a choisi l'avancement
d'échelon ou l'autre formulation qui s'applique à certaines
conventions. Il a choisi cela comme élément à partir
duquel agir pour sauver des dépenses, en clair, et plutôt que de
choisir d'autres éléments qu'on retrouve et qui sont, eux,
exemptés de l'application de la loi no 70. Le ministre me dit:
L'avancement d'échelon, cela représente 80% des cas où
cela donne lieu à une augmentation de salaire. Pourquoi avoir pris cela
simplement sous prétexte que c'est 80%? Les autres 20%, qu'est-ce qu'ils
pèsent? Je comprends qu'ils pèsent quatre fois moins en dollars
et sous mais, conceptuellement...
M. Bérubé: M. le député de
Vaudreuil-Soulanges sait compter. Effectivement, ce n'est pas mal.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II parle anglais et sait
compter, c'est extraordinaire.
M. Bérubé: II faut bien qu'il y en ait un dans ce
parti-là.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Dans le Parlement même.
Alors, dans le fond, la question je ne sais pas si le ministre veut y
répondre, mais est-ce que...
M. Bérubé: Non, non, je serais
intéressé à voir l'ensemble de votre exposé de
telle sorte que je puisse, des fois, par corrélations entre certaines
parties de votre exposé, ramasser mon intervention plus sobrement.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Écoutez, le ministre dit: II faut réduire les
dépenses...
M. Bérubé: Je sais que c'est long perdre son temps
en commission mais, quand même, si vous trouvez cela difficile, je ne
voudrais pas vous aider trop trop. Alors, allez-y.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Nous n'avons pas l'intention de
perdre notre temps, je pensais que c'était une question de fond. On
isole un facteur pour sauver des dépenses, pour épargner dans la
masse salariale. On dit que c'est l'avancement d'échelon qui va
être sujet au gel d'un an. Ce ne sera pas le reclassement, les
promotions, les avancements de classe, les changements de grade et ainsi de
suite. Ce ne sera certainement pas, et heureusement pour la recherche de
l'excellence dans l'éducation, entre autres, une reconnaissance de
scolarité additionnelle qui va être frappée. Je viens de
donner un exemple de considération conceptuelle qu'on échange
entre les différents éléments. Si on recherche
l'excellence dans l'éducation, on ne pénalise pas, effectivement,
la reconnaissance de scolarité additionnelle en cours d'emploi. C'est un
exemple de la façon dont le "trade off" fonctionne. Le ministre a
isolé "avancement d'échelon". Est-ce qu'on pourrait savoir
comment il évalue, dans son esprit, l'importance relative des autres
éléments contenus à l'article 5? C'est cela, dans le fond,
que je cherche.
M. Bérubé: Ah oui! à la fin de votre
intervention.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est une question; ce n'est
pas une intervention. Je n'ai pas l'intention de parler pendant 20 minutes sous
prétexte que j'ai le droit de parole pendant 20 minutes. Je pose une
question au ministre.
M. Bérubé: Ah! Là, c'est
différent.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ah oui! C'est toujours le
même principe qui joue quant à moi.
M. Bérubé: "Quant à vous..." Est-ce que cela
vous arrive quelquefois de parler à vos collègues? Vous devriez
déteindre un peu; vos bonnes habitudes pourraient avoir un effet
bénéfique sur le comportement de vos collègues.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Non, les interventions de mes
collègues, en général, j'ai trouvé qu'elles
s'alimentaient exactement aux mêmes sources, c'est-à-dire celles
de comprendre le plus possible ce qui a déterminé le
gouvernement, non seulement dans le choix de la politique salariale, comme on
le voit dans la loi no 70 elle-même, mais à l'intérieur de
la loi no 70, on est à l'étude article par article...
M. Bérubé: Alors, je vais vous répondre
très rapidement. D'une part, il y a une question de l'importance
relative de l'avancement d'échelon d'ancienneté par rapport aux
autres, c'est ce que j'ai dit: 80% contre 20%. D'autre part, si vous regardez
bien ce qui est exclu, il s'agit de tous les avancements ou promotions qui sont
de nature à mettre l'accent sur l'amélioration de l'appareil
gouvernemental. En d'autres termes, tout ce qui s'appelle avancement au
mérite, reclassement, changement de classe, promotion, scolarité
additionnelle et qui vise à améliorer la qualité du
service de l'administration publique, cela ne doit pas, selon nous, faire
l'objet d'un gel; au contraire, il doit être maintenu puisque c'est une
facteur de qualité. Mais l'avancement d'échelon, qui est
simplement la reconnaissance d'une année de vieillissement par une
augmentation de salaire, ne nous apparaît pas un principe absolu comme
tel. Si l'on regarde la convention des ouvriers, il n'y a pas d'échelon
et, par conséquent, ils n'ont pas d'avancement d'échelle par
année d'ancienneté. Je pense que sur cette base, l'échelon
d'ancienneté ne m'apparaît pas un paramètre aussi absolu
à défendre que la promotion au nom de la qualité du
système.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
D'accord. Cela appelle un commentaire fondé sur la formulation
additionnelle, la terminologie additionnelle, qui amende l'article 5 et qu'on
nous a soumise tout à l'heure, c'est-à-dire que...
M. Bérubé: Une question de règlement et de
directive en même temps au président. Est-ce que les questions qui
me sont posées sont comptées sur le temps du député
ou sur le mien.
Une voix: II a un temps limité, quant à lui.
Le Président (M. Boucher): C'est le temps... Ce sont les
20 minutes.
M. Bérubé: C'est compté sur les 20 minutes
du député?
Le Président (M. Boucher): C'est cela.
M. Bérubé: Alors, il me fera plaisir de
répondre à toutes les questions que le député
voudra m'adresser.
M. Ryan: Mais pas les réponses; les réponses
aussi?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Le ministre a un droit de
parole illimité, sauf erreur.
M. Bérubé: Ah oui!
M. Ryan: À ce moment-là, il pourrait...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Comme il l'a démontré d'ailleurs.
Le Président (M. Boucher): Cela prendrait un
chronomètre. Disons qu'on essaie d'être assez juste, mais il reste
quand même que quand les réponses sont longues et que les
questions sont courtes...
M. Bérubé: Quant à moi, je me contenterais
d'une réponse brève, M. le Président, en lui donnant
évidemment l'importance que la question vaudra.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je présume, je
présume. Je fais un acte de foi, je fais un acte de foi, je fais un acte
de foi. On pourrait aller très rapidement avec les réponses.
Là où je voulais en venir, c'est que lorsqu'on a introduit
l'amendement à l'article 5, il était question de la terminologie
à cause de certaines conventions collectives, terminologie, je cite:
"... ni de progression salariale fondée sur l'expérience ou le
rendement". En ce qui a trait à la progression salariale fondée
sur l'expérience, donc les années de service purement et
simplement qui ne permettent pas de conclure que quelqu'un est plus ou moins
compétent, évidemment, il y a l'histoire des trois mots "ou le
rendement" qui introduisent une notion bien différente de celle de
l'année de service. Le ministre vient de nous dire que, à
l'égard de tout ce qui constitue l'appréciation du mérite,
de la scolarité additionnelle, donc, en gros, de la recherche de
l'excellence, cela n'était pas gelé, ce n'était pas
affecté par la loi no 70. Or, il me semble que l'emploi des mots "ou le
rendement", ce qui inclut maintenant, sous l'effet de la loi no 70, des clauses
qui ont trait à une progression salariale fondée sur le
rendement, sont une négation de l'affirmation du ministre, il y a
quelques minutes. J'aimerais avoir une explication dans ce contexte des
objectifs recherchés par le ministre. (16 h 45)
M. Bérubé: Le fonctionnement des grilles de
promotion...
L'idée d'introduire la notion de rendement dans l'article 5
visait à couvrir, en même temps, les avancements d'échelle,
les mouvements à l'intérieur de l'échelle qui se donnent
sur le rendement, notamment chez les avocats de l'aide juridique, les avocats
et notaires du gouvernement, parce qu'ils ont des systèmes
d'échelons ou d'échelles qui, à partir d'un minimum et
d'un maximum, ne précisent pas les échelons, ne mettent pas
d'échelons à l'intérieur. Pour déterminer le
pourcentage d'augmentation annuel, il y a une évaluation du rendement
annuel et cela détermine la progression.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Une évaluation du
rendement, une évaluation au mérite, autrement dit.
M. Bérubé: Une évaluation au
mérite.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Cela m'apparaît
clairement contradictoire avec ce que le ministre a dit, c'est-à-dire
qu'on parlait, tout à l'heure, de geler le coût du système
pour l'année 1983 et de préserver les occasions pour les
employés de bénéficier d'une progression salariale chaque
fois qu'ils faisaient preuve d'excellence, ainsi de suite, de promotion; c'est
bien normal. Mais, évidemment, on a introduit, tout à l'heure,
par voie d'amendement, ce qu'on vient de nous expliquer, c'est-à-dire
qu'en vertu de la loi 70, on gèle les occasions pour certains
employés - on vient de donner un exemple à l'aide juridique - de
se mériter des progressions salariales fondées sur le rendement,
lequel rendement est évalué, je présume, par les
supérieurs, etc., donc au mérite.
M. Bérubé: Oui, effectivement, il y a un
problème; c'est que, dans un certain nombre de secteurs où on a
un système au mérite pur, les avancements d'échelle,
équivalence qu'on retrouve ailleurs, se trouvent à reposer sur
une évaluation. Elle n'est pas garantie. Bien qu'elle se donne
sensiblement à la majorité, elle n'est cependant pas garantie.
Alors, à ce moment-là, le problème vient qu'on se
trouverait à traiter de façon très différente ces
employés des autres. Cela ne nous apparaît pas possible.
Le Président (M. Blais): Oui.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Vous voulez ajouter quelque
chose.
M. Bérubé: Juste pour compléter quelque
chose. Les avocats et les notaires
ont un minimum et un maximum; la seule façon de progresser dans
cette échelle-là, c'est l'évaluation de leur rendement.
Les sommes allouées pour distribuer au mérite, selon le
rendement, sont égales à l'augmentation d'échelle et
égales à l'augmentation des échelons. Donc, c'est comme si
c'était l'augmentation d'échelle et l'échelon
accumulé qu'on donnait au mérite. Le coût total de la mise
en application est égal, comme si j'étais professionnel, à
ce que j'aurais eu comme augmentation au premier juillet, plus
l'équivalent de l'échelon que j'aurais eu au cours de
l'année. Ce n'est que la modalité. C'est l'équivalent de
l'échelon, mais elle est donnée non pas automatiquement - le
quantum est fixé comme ça - mais distribuée au
mérite selon des règles qui s'apparentent quand même assez
près de l'échelon. Ce n'est pas zéro "at large", c'est
entre trois et quatre pour quelqu'un qui a un rendement satisfaisant garanti
par le règlement. Mais quelqu'un qui serait très bon, par
exemple, pourrait avoir entre quatre et sept et quelqu'un qui serait
insuffisant entre zéro et quatre.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Quelqu'un d'insuffisant devrait avoir zéro, d'après
moi.
M. Bérubé: II y a des motifs qui expliquent parfois
l'insuffisance. Par exemple, s'il n'a pas été au travail pendant
une partie significative de l'année, pour de bonnes raisons comme la
maladie ou des problèmes de tout ordre, pour la partie de l'année
où il est présent, son supérieur peut dire qu'il a fait un
bon travail. Mais si je prends la période de référence en
entier, c'est-à-dire l'année de référence qui
précède la date de la révision, on peut considérer
qu'il a eu des problèmes à ce moment-là.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II a fait un bon travail, mais
il n'était pas là.
M. Bérubé: II a fait un bon travail pendant trois
mois, mais il n'a pas été présent pendant neuf mois. Cela
peut causer des problèmes à un supérieur.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je comprends. D'accord. Je n'ai
pas d'autres questions sur la terminologie de l'article 5.
J'aurais une question de directive à ce moment-ci, dans la mesure
où l'article 6 réfère à l'article 5 dans son texte
même. Je me demandais s'il était possible de considérer les
deux à la fois ou s'il y a chose jugée à l'égard de
l'article 5 et à un moment donné, quand on arrive à 6.
Le Président (M. Blais): C'est les deux à la fois,
dans ce cas là?
M. Bérubé: Oui. Mais à l'article 6, on m'a
souligné que j'aurais un amendement identique à celui de
l'article 4. C'est qu'on est pris également avec des ententes entre les
parties. Alors, pour s'assurer qu'on a la même rédaction...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Le dernier paragraphe.
M. Bérubé: ... que celle que je vous ai
proposée à l'article 4...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est identique.
M. Bérubé: ... on introduirait un amendement de
concordance avec ce que nous avons introduit à l'article 4. À
nouveau, ce seraient le gouvernement et un agent négociateur
habilité à négocier au nom d'une association
accréditée, suivant l'article 7 ou l'article 8 du chapitre 0-7.1
des Lois refondues du Québec: "... peuvent, à l'égard des
salariés représentés par cette association
accréditée, établir..." Voyez-vous, je reprends "peuvent
établir". Au lieu de reprendre l'expression vague "d'un employeur et
d'une association de salariés" et pour être bien certain qu'on a
une cohérence complète avec la loi 55, déjà,
à l'article 4, je vous rappellerai que nous avons apporté
exactement le même amendement pour régler le cas des parties. Si
vous vous souvenez de l'amendement que nous avions adopté, au
troisième alinéa de l'article 4: "Elles peuvent être
modifiées par entente entre les parties". On avait donc défini
"parties" et on lui avait donné un sens bien précis. Ce que je
voudrais, c'est réintroduire exactement la même définition
rigoureuse, juste pour être certain qu'il n'y a pas d'imprécision
dans l'interprétation de "parties".
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est parfait, ça.
Le Président (M. Boucher): L'amendement est-il
adopté?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Adopté à
l'avance.
Le Président (M. Boucher): Adopté.
M. Polak: ...
M. Bérubé: Vous parlerez sur l'article principal,
M. le député de Sainte-Anne. Vous avez droit à 20
minutes.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Dans les articles...
Le Président (M. Boucher): Tenir le temps peut être
assez compliqué.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ... si on a 5 et 6...
M. Polak: Sur les...
Le Président (M. Boucher): Quand on arrivera aux articles
5 et 6, ce sera difficile d'établir sur quel article vous avez
parlé pendant 20 minutes.
M. Blais: ... les deux en même temps, M. le
Président.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On va continuer sur l'article 5
seulement.
M. Sirros: Cela veut dire 40 minutes au total.
M. Bérubé: Hélas!
Le Président (M. Boucher): On va continuer sur l'article
5, mais on a simplement adopté - là-dessus, personne n'a
parlé - l'amendement à l'article 6.
M. Blais: M. le Président, question de règlement.
Il y a quelques minutes, d'un commun accord, nous avons accepté que les
articles 5 et 6 soient discutés en même temps. La preuve en est
qu'on vient d'adopter un amendement à l'article 6.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Implicitement, on a suspendu l'article 5, je pense.
Le Président (M. Boucher): On a suspendu l'article 5
implicitement.
M. Blais: Non, le député de Vaudreuil-Soulanges
avait demandé de discuter des deux et nous avons acquiescé.
Le Président (M. Boucher): D'accord, M. le
député.
M. Sirros: M. le Président, est-ce que...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le Président, c'est
une question de directive, à savoir si... Ce n'est pas ça du
tout.
Le Président (M. Boucher): II reste qu'il y a un
problème: Est-ce que les 20 minutes vont être utilisées sur
l'article 6 ou l'article 5?
M. Blais: J'étais justement très heureux de voir
que la proposition de discuter des deux articles en même temps venait de
l'Opposition. J'ai acquiescé immédiatement. L'Opposition a dit
oui et, les deux articles se discutant en même temps, nous avons 20
minutes pour les deux.
M. Sirros: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): Alors, vous aurez 40 minutes
chacun...
M. Sirros: C'est ça. M. Blais: Mais non. M.
Sirros: Mais oui.
Le Président (M. Boucher): ... si c'est 20 minutes par
article.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On va régler rapidement,
je pense qu'on peut parler de l'article 5...
M. Blais: De toute façon, l'Opposition peut prendre une
heure, ça revient au même. À quelle heure avez-vous
décidé de finir? Mardi à 20 heures ou à minuit, ou
lundi à 23 heures? C'est qu'il n'est pas question de discuter du fond,
il est question de nous faire perdre notre temps.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je regrette infiniment... M. le
Président, question de règlement.
M. Blais: J'aimerais savoir quand vous voulez finir...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Terrebonne...
M. Blais: Je veux savoir si j'ai le temps d'aller me chercher un
café, si j'ai le temps de téléphoner dans mon comté
ou si...
M. Sirros: Je m'oppose, M. le Président, il est question
du fond, etc.
Le Président (M. Boucher): ... question de
règlement.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Sur la question implicite de
règlement soulevée par le député de Terrebonne, je
lui donne, et tous mes collègues aussi, la permission d'aller se
chercher un café. Et il n'est pas obligé de revenir.
M. Bérubé: Sur la même question de
règlement, M. le Président. J'ai l'impression que les travaux de
notre commission pourront progresser plus rapidement, je viens de voir le
député de Laurier nettoyer enfin ses lunettes. Je pense que pour
la première fois il va prendre connaissance du projet de loi et qu'on va
avoir la chance d'avoir des interventions pertinentes.
M. Sirros: M. le Président, pendant que mes lunettes
étaient un peu embrumées, je ne pouvais pas voir le ministre
clairement,
ce qui me rendait la vie un peu plus facile, mais, maintenant que je le
vois, je pense que je vais les enlever.
M. Bérubé: II va salir ses lunettes.
M. Sirros: Je vais seulement regarder le projet de loi.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Ryan: M. le Président, si vous me permettez une
remarque...
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Je pense que les membres du parti gouvernemental ne
devraient pas s'impatienter pour rien, on a fait un travail sérieux
depuis trois jours sur les deux projets de loi. Là, il y a un petit
moment de fatigue qui intervient, mais je pense bien que, s'il y avait eu une
mentalité d'obstruction de la part de l'Opposition, ça fait
longtemps que vous auriez été aux prises avec un paquet
d'amendements, vous le savez comme nous.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ... à l'article 1.
M. Ryan: Je pense qu'on continue dans un très bon
esprit.
M. Bérubé: M. le Président, je reconnais
avec le chef de l'Opposition qu'il n'y a pas véritablement eu
d'obstruction. D'ailleurs, le député de Bellechasse pourra
témoigner que le choix du rapporteur a fait l'objet d'une discussion
somme toute rapide d'une heure et demie ou deux heures...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Non, 40 minutes.
M. Bérubé: ... alors qu'on a louangé le
député de Bellechasse sous tous les angles et coutures. Je suis
convaincu que l'objectif de l'Opposition était d'accélérer
les travaux et qu'il n'y avait là absolument aucune obstruction, qu'au
contraire c'était le très grand respect de l'Opposition pour le
député de Bellechasse qui motivait cette longue discussion.
M. Ryan: En bon pédagogue, si le ministre voulait revenir
à l'attitude nouvelle qu'il semblait avoir adoptée depuis qu'il
est devenu président du Conseil du trésor, une attitude d'accueil
et de dialogue au lieu de l'attitude arrogante à laquelle il nous avait
habitués dans son ancien ministère, je pense que cela aiderait
à l'accélération des travaux aussi. Cela ne me fait rien
qu'on aille sur ce ton-là parce qu'on peut y aller tous ensemble et on
va se chicaner, mais il me semble que le ministre avait une très bonne
attitude, depuis qu'il est devenu président du Conseil du trésor,
que nous apprécions du côté de l'Opposition et que nous
aimerions voir maintenue.
M. Bérubé: C'est l'ampleur des problèmes, M.
le Président, qui m'oblige à...
M. Polak: À être très mauvais.
Le Président (M. Boucher): Fin de la
récréation.
Des voix: Ah!
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Comme le dit le ministre des Finances.
Le Président (M. Boucher): C'est le temps de
siffler...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Alors, on peut continuer
à se battre dans les autobus.
M. Bérubé: II y a au moins 15 minutes 53 secondes
de gaspillées pour le député de Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Gaspillées?
M. Bérubé: Enfin...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Et vos réponses ont
été très longues, M. le ministre.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Quant à mes
interventions à propos de l'article 5, je n'en ai pas d'autres pour
l'instant. Peut-être que mes collègues...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce ou M. le député de Laurier.
M. Sirros: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Vous pouvez inscrire nos noms sur la liste.
Le Président (M. Boucher): Tout le monde est inscrit. On
commence par le député de Laurier.
M. Sirros: M. le Président, on vient d'adopter l'article 4
qui réduit les salaires.
L'article 5, quant à lui, vient ensuite extraire les
augmentations que pourrait avoir quelqu'un dans la fonction publique ou
parapublique quant à un avancement par rapport à des
années d'expérience.
La première question qui me vient à l'esprit, c'est:
Qu'est-ce qui va rester des négociations entre l'employeur et ses
syndiqués, étant donné qu'on vient de toucher deux choses
qui sont au coeur de toute négociation? Finalement, l'essentiel des
négociations, ce serait d'établir les conditions salariales
surtout. Cet article va expirer à la fin de 1983, si je comprends bien,
c'est-à-dire qu'à partir de 1984, les gens pourront recommencer
à avoir un avancement par rapport à leur expérience.
Je vois une autre contradiction là-dedans: on a uniquement choisi
l'avancement par rapport à l'expérience pour le geler ou le
soustraire à la normalité des choses et non pas d'autres choses
comme le reclassement par rapport à un avancement d'une scolarité
additionnelle. Par rapport à la valeur qu'on met sur l'expérience
qu'on acquiert sur le plan pratique, d'une part, et l'expérience qu'on
peut acquérir sur le plan théorique, d'autre part, j'imagine que
c'est ainsi parce qu'il y a beaucoup moins d'avancement à cause de la
scolarité additionnelle qu'à cause de l'expérience que les
gens acquièrent après une année de travail. Je trouve
dommage qu'on passe aussi un message à cause, encore une fois, des
besoins financiers qu'a ce gouvernement. On passe un message d'un autre ordre
parce qu'on utilise une moyenne pour régler un problème d'un
autre ordre. Donc, le message qu'on est en train de passer est de dire aux gens
que l'expérience compte pour moins que l'acquisition des connaissances
théoriques. Il faut reconnaître aussi que l'acquisition des
connaissances théoriques a certainement un impact sur la qualité
du travail, sauf que, pris comme il est actuellement avec ses problèmes
financiers, le gouvernement ne peut pas dire la même chose quant à
l'expérience acquise sur-le-champ.
Fondamentalement, je trouve qu'il ne reste pas grand-chose pour
négocier avec les syndicats. Je me demande dans quelle mesure le
gouvernement peut espérer une négociation qui aura lieu à
un certain moment.
Il y a un deuxième élément. Si je comprends bien,
à partir du mois de janvier jusqu'au 31 mars, le gouvernement va
réduire les salaires. N'y a-t-il pas, à l'article 5, une
réduction inhérente qui va continuer de s'appliquer pour les neuf
autres mois de l'année étant donné que quelqu'un qui
aurait eu droit à un avancement d'échelon à cause de ses
années d'expérience, selon sa date pivot, ne l'aura pas
maintenant, même après que le gouvernement sera venu chercher les
quelque 21% de réduction de salaire? N'est-ce pas là une
continuation, si vous voulez, de la réduction de salaire qui aura des
répercussions pour beaucoup plus longtemps que les trois mois dont le
gouvernement nous parle à l'heure actuelle? Est-ce que le
président pourrait répondre à cela, nier cela, qu'il y a
effectivement une prolongation de la réduction réelle pour
l'employé qui n'aura pas son avancement selon sa date pivot,
après avoir déjà subi une coupure de salaire de 21%? (17
heures)
M. Bérubé: II lit très bien l'article 5.
Oui, cela veut dire qu'il n'y a pas d'échelon pour l'ancienneté.
Le député de Laurier s'est également interrogé s'il
resterait quelque chose à négocier. J'ai, sous les yeux, une
convention collective dans le réseau des affaires sociales et le
député de Laurier n'a pas à craindre. Il y a encore
beaucoup de clauses de la convention collective qui pourront faire l'objet de
négociation.
M. Sirros: On pourrait négocier à quelle heure on
va prendre le café...
M. Bérubé: Enfin, s'il s'inquiète, pour
autant que l'inquiétude du député de Laurier est
réelle, je ne vois pas de problème.
M. Sirros: Mon inquiétude est réelle, parce
que...
M. Bérubé: Oui, votre inquiétude est
réelle, alors j'ai une convention collective de...
M. Sirros: 300, 400 pages.
M. Bérubé: ...431 pages. Des conventions comme
cela, évidemment, il y en a combien au gouvernement?
Une voix: Une cinquantaine.
M. Bérubé: Une cinquantaine. Si je comprends
bien...
M. Sirros: Est-ce que le ministre pourrait reconnaître une
certaine différence d'importance...
M. Bérubé: ...il y a donc pour à peu
près 2000 pages de conventions collectives de ce type-là qui
circulent présentement. Il y a ample matière à
négociation, M. le Président, pas de problème.
M. Sirros: Est-ce que le ministre serait prêt à
accepter qu'il y ait...
M. Bérubé: Je voulais rassurer le
député de Laurier.
M. Sirros: ...quand même une certaine différence
d'importance entre l'heure à laquelle on va prendre un café et le
salaire
qu'on va gagner? Peut-être que non, mais ce à quoi je veux
en venir...
M. Bérubé: Cela dépend de la durée du
café.
M. Sirros: ...aussi. On vient nous dire que l'avancement
d'échelon par rapport à l'expérience qu'on acquiert
équivaut, à peu près, dans le cas des enseignants,
à 5%, n'est-ce-pas?
M. Bérubé: Non, 3,2%.
M. Sirros: 3,2%. Cela veut dire que pour la personne qui n'aura
pas cette augmentation-là, cela va, comme vous avez dit tout à
l'heure, s'ajouter aux 21% qu'elle va déjà subir comme
réduction. Donc, en termes réels pour elle, quant à son
manque à gagner, pour l'année 1983, cela représente 25%.
N'est-ce pas? Il me semble que c'est tout à fait réaliste.
M. Bérubé: J'ai l'impression d'entendre un
délégué syndical intervenir. Non, non, il y a erreur. Il y
a malheureusement une grossière erreur.
M. Sirros: Je pars d'abord de l'hypothèse que pour la
personne qui va vivre durant l'année 1983 et qui va rester ici, il y
a...
M. Bérubé: Oui, mais vous ajoutez 3% de diminution
de salaire en supposant que les 18% s'appliquent sur toute l'année.
M. Sirros: Peu importe si ça ne s'applique pas à
toute l'année, c'est sur son...
M. Bérubé: Bon, alors, elle n'a pas une
réduction de salaire de 18% pendant un an ou 21% pendant un an. Elle a
une réduction de 21% pendant trois mois...
M. Sirros: Oui, mais cela représente...
M. Bérubé: ...au pire. Et vous additionnez ces 21%
pendant trois mois à 3,2% pendant une année. On se rend bien
compte que vous additionnez des pommes et des tomates et cela fait une
infâme gibelotte.
M. Ryan: M. le Président, il y a au moins un quart des
3,1% qui vient s'ajouter. On est rendus à 22%.
M. Bérubé: Là, on voit que le chef de
l'Opposition calcule mieux.
M. Ryan: On ne cherche pas des prix et tout. On essaie de voir la
vérité.
M. Blais: 22%.
M. Ryan: Voyez-vous celle-là, si on n'avait pas fait
l'addition. 22%, Daniel.
M. Sirros: Est-ce qu'il y a un rationnel par rapport... Sur
l'ensemble du projet de loi, on l'applique à certaines catégories
d'employés des secteurs public et parapublic et pas à d'autres.
Par exemple, je pense aux policiers. Prenons un autre article pas loin. Je vois
le même genre d'incohérence logique par rapport au fait qu'on
gèle l'avancement d'échelon par rapport aux expériences,
mais on a l'air de dire: Voyons, on sera très généreux et
on va continuer à reconnaître l'avancement que vous pouvez avoir
par rapport à votre scolarité. Est-ce qu'on pourrait savoir quel
montant cela représente l'un par rapport à l'autre?
M. Bérubé: On a répondu à cela. M.
Sirros: On a répondu à cela.
M. Bérubé: ...durant votre sommeil, car,
contrairement à moi, qui écoute les yeux fermés, vous
dormez les yeux ouverts.
M. Sirros: Bon, je passerai mon droit de parole pour
l'instant.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges ou M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On vient apparemment de
démontrer qu'il y a un autre 0,8% de soutirage de
rémunération aux employés du secteur public dans certaines
classes d'employés pour avancement d'échelon. Est-ce que le
ministre compte émettre un communiqué de presse, comme je lui
demandais ce matin?
M. Bérubé: Cela a été
expliqué, clairement expliqué. Non seulement cela a
été clairement expliqué, mais cela a été
présenté à la presse. L'ensemble du mandat a
été présenté à la presse par des notes
explicatives que j'ai d'ailleurs transmises au chef de l'Opposition dans une
lettre personnelle.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Confidentielle?
M. Bérubé: Évidemment, il me reprochait
d'avoir envoyé une lettre équivalente aux militants du Parti
québécois. J'admets que les termes que j'utilisais étaient
un peu moins secs et un peu plus chaleureux dans mon adresse aux militants,
mais, enfin, j'en prends bonne note et, à l'avenir, quand
j'écrirai au chef de l'Opposition, je lui écrirai une longue
lettre
chaleureuse et sympathique lui témoignant mon amitié la
plus profonde.
M. Ryan: Question de règlement, M. le Président.
Cela ne me fait rien s'il m'écrit en termes secs, je suis capable de
voir le coeur par-delà la forme, mais je n'aimais pas qu'il prenne les
fonds publics pour écrire aux militants du Parti
québécois. C'était cela, le message.
M. Bérubé: II m'arrive d'écrire au chef de
l'Opposition avec le papier à même entête. Je dois vous
avouer que, lorsque j'envoie une lettre en tant que ministre responsable,
quelle que soit la personne à qui je l'envoie, j'utilise le même
papier. Je n'ai pas deux ou trois papiers différents.
M. Ryan: Même pour des messages à caractère
partisan, vous n'hésitez pas à recourir aux fonds publics?
M. Bérubé: Le message n'était pas plus
partisan que celui que j'ai envoyé au chef de l'Opposition. J'ai
envoyé essentiellement la documentation à laquelle la
députée de L'Acadie s'est référée tout
récemment en soulignant qu'il s'agissait d'un texte d'une très
grande clarté, dont, d'ailleurs, j'ai pu présenter l'auteur
à ce moment-là. Je reconnais d'ailleurs que le texte était
d'une lumineuse clarté, d'une très grande limpidité et
pouvait permettre de ne pas commettre d'erreur et de bien comprendre exactement
la proposition gouvernementale.
M. Ryan: Quelle vanité! Vous étiez meilleur
hier.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Bérubé: M. le chef de l'Opposition, vous
étiez moins agressif également.
M. Scowen: Je veux simplement savoir si l'expression "avancement
d'échelon", à part les exceptions qui sont contenues dans
l'article, veut dire uniquement clause d'ancienneté. C'est écrit
de cette façon, mais, effectivement, la seule chose qui n'est pas
négociable, sur laquelle les personnes ne peuvent espérer avoir
un avancement, c'est sur l'aspect ancienneté.
M. Bérubé: Oui, comme le dit le chef de
l'Opposition, j'arrête le temps.
M. Scowen: D'accord. J'ai une question qui concerne un peu
l'article 6 et l'article 5, mais je pense qu'on a accepté que cela se
fasse. Si j'en comprends bien le sens, les deux articles seront en vigueur non
seulement pour la période allant jusqu'au 31 mars, mais jusqu'à
la fin de l'année 1983. En conséquence, si je comprends bien, ces
deux clauses vont lier les personnes qui vont négocier une nouvelle
entente. Je voulais savoir si c'était l'intention...
M. Bérubé: Non, parce qu'à l'article 6, dont
voulait discuter le député de Vaudreuil-Soulanges, il est
également indiqué que toute entente entre les parties peut tenir
lieu, peut remplacer cette clause.
M. Scowen: Pour moi, ce n'est pas clair. À l'article 6,
vous dites qu'une entente peut changer les choses pourvu que la nouvelle
entente ait pour effet de réduire les coûts de la
rémunération selon des proportions comparables à celles
qui résulteraient de l'application de l'article 5. Vous vous permettez
un certain changement par entente, mais à la condition que le coût
global ne soit pas dépassé. Vous vous liez non seulement pour la
période allant jusqu'au 31 mars, mais les gens qui vont essayer de
négocier un nouveau contrat pour deux ou trois ans vont se trouver
liés au moins pour les neuf derniers mois de 1983 par ces articles,
à moins que je ne comprenne pas.
M. Bérubé: Non. C'est très clair dans
l'article 6, mais nous ne pouvons pas discuter de l'article 6. Le
député de Vaudreuil-Soulanges voulait effectivement qu'on
étudie les deux articles simultanément. Si vous voulez bien, nous
attendrons à l'article 6 et tantôt nous l'aborderons.
Le Président (M. Boucher): Je vous ferai remarquer qu'on a
accepté d'étudier les deux articles.
M. Bérubé: On a accepté d'étudier les
deux? J'avais cru comprendre qu'on n'acceptait pas.
Le Président (M. Boucher): Si j'ai bien compris, on a
accepté d'étudier les deux articles. J'ai dit que pour la
question du temps on considérerait 40 minutes.
M. Scowen: Malheureusement, la question que je pose fait
référence à 5 et 6.
M. Bérubé: Quand ils ont vu les implications de
leur proposition, ils l'ont retirée.
Le Président (M. Boucher): Non, elle n'a pas
été retirée.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Quand on a vu les menaces
possibles à laquelle la proposition pouvait mener...
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, elle n'a pas
été retirée. On a convenu que le temps serait
doublé tout
simplement pour parler de l'ensemble des deux articles.
M. Bérubé: Je n'ai pas d'objection. Je peux
répondre à votre question.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On a 880 minutes chacun,
étant donné qu'il y a 22 articles.
M. Bérubé: L'entente de la convention collective
qui va être négociée ' et qui permettrait au gouvernement
d'atteindre l'objectif qu'il a défini dans la loi remplacerait
effectivement cette clause.
M. Scowen: Oui, mais si je comprends bien, on va négocier
un nouveau contrat qui va avoir effet dès le 1er avril pour une
période d'un, deux ou trois ans. J'avais l'impression que pour la
négociation de cette entente ou de ces ententes, tout était
ouvert. L'année fiscale 1982-1983 sera terminée, le gouvernement
annoncera peut-être une nouvelle politique salariale et ce serait
négocié. À moins que je ne comprenne pas le sens ou la
rédaction de 5 ou 6, il y a une chose par laquelle les
négociateurs du gouvernement vont se trouver liés pour les neuf
premiers mois du nouveau contrat qui va prendre effet le 1er avril et qui va
continuer pendant deux ou trois ans. C'est l'article 5 ou 6 dans lequel on dit
que, pour la période du 1er avril 1983 au 31 décembre 1983, dans
le domaine des avancements d'échelon, nous ne pouvons pas vous donner
quelque chose qui n'est pas conforme aux exigences de l'article 5 ou 6 du
projet de loi no 70. C'est une contrainte qui va s'appliquer, qui sera
applicable aux négociateurs du nouveau contrat. Est-ce que
c'était votre intention ou est-ce que je ne comprends pas le sens des
deux articles?
M. de Belleval: Vous avez raison.
M. Scowen: Je pose la question au ministre.
M. Bérubé: Le député de Charlesbourg
et moi...
M. de Belleval: On travaille ça ensemble. On s'entend
bien.
M. Bérubé: ...nos relations sont des plus cordiales
et indéniablement le député de Charlesbourg a l'entier
mandat de répondre aux questions.
M. Scowen: Oui?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II me semble que vous allez le
regretter.
Le Président (M. Boucher): Je devrai compter le temps du
député de Charlesbourg.
M. Scowen: Est-ce que c'était...
M. de Belleval: M. le Président, c'est bien connu que
l'Opposition parle d'une seule voix. On va essayer de suivre son exemple le
moins possible de ce point de vue.
M. Scowen: La question que je pose est la suivante: Est-ce que
mon impression de ces deux articles est exacte? Si oui, est-ce que c'est votre
intention et pourquoi?
M. de Belleval: Effectivement, en vertu de cet article, il ne
pourra pas y avoir d'avancement d'échelon au cours de 1983, tel
qu'indiqué.
M. Scowen: Effectivement, je répète la
question...
M. de Belleval: Dans les plans de classement qui existent
actuellement, qui sont d'ailleurs adoptés en vertu de règlements
de la ministre de la Fonction publique pour ce qui est des employés
rémunérés selon la Loi sur la fonction publique - pour
donner un exemple, les plans de classement d'un corps d'emploi dans la fonction
publique - les dispositions qui prévoient qu'il y a un avancement
d'échelon pour ancienneté sont suspendues pendant un an.
M. Scowen: Oui, et je comprends pourquoi vous avez suspendu les
clauses d'ancienneté pour l'année civile, le ministre l'a
expliqué. Mais est-ce que c'est consciemment ou inconsciemment que vous
avez, dans la rédaction de ce texte, en conséquence de cette
décision, si je comprends bien, lié les négociateurs pour
une nouvelle entente de deux ou trois ans pour les neuf premiers mois? Cela
a-t-il été voulu ou était-ce inconscient? Et si
c'était voulu, pourquoi? (17 h 15)
M. de Belleval: Vous voulez dire qu'on aurait fait cela par
inadvertance.
Une voix: C'est cela.
M. Scowen: Si c'est par inadvertance, est-ce possible de faire un
amendement pour libérer les mains des négociateurs?
M. de Belleval: Non. Il est possible, au cours de la
négociation et même à la suite de la négociation ou
à la conclusion de la négociation prévue, que si les
coûts sont réduits à la suite de l'entente dans une
proportion, comme le dit l'amendement, comparable à celle qui
résulterait de l'application de l'article 5, à ce
moment-là,
les avancements d'échelon ou les droits d'ancienneté
pourraient être reconnus.
M. Scowen: Je comprends cela, mais vous dites que c'était
par inadvertance.
M. de Belleval: Ce n'est pas par inadvertance.
M. Scowen: Ce n'est pas par inadvertance?
M. de Belleval: Non, non, ce n'est pas par inadvertance. La
preuve, c'est qu'on a mis une disposition qui prévoit que cela peut
être autrement, pourvu que cela entre dans les mêmes
paramètres salariaux.
M. Scowen: Mais pourquoi? La question que je vous pose est la
suivante: Si cela a été fait de façon
délibérée, pourquoi avez-vous voulu lier les
négociateurs au nouveau contrat dans ce seul domaine? Sur le plan
global, un contrat n'est pas tellement important, mais il est quand même
un aspect intéressant pour ceux qui veulent négocier. Pourquoi
lier les gens qui vont faire le nouveau contrat avec cette seule condition?
M. de Belleval: Si on revient, de toute façon, aux
dispositions de l'article 5 comme telles et qu'on oublie l'article 6, il est
évident que le coût du système est important dans la masse
globale. On sait très bien que c'est un coût important. Je pense
que le coût du système doit être à 2% ou 3%
actuellement.
Une voix: 150 000 000 $.
M. de Belleval: Le coût du système est d'environ 150
000 000 $. Ce n'est pas un chiffre négligeable.
M. Scowen: Je ne nie pas que c'est important, mais il me semble
très clair que le 31 décembre 1983, les gens seront plus
liés. J'aurais pensé que plutôt d'établir cette
limite pour neuf mois, vous auriez développé une politique, une
position assez claire...
M. de Belleval: Ah boni
M. Scowen: ...sur les questions d'avancement d'échelon
pour le nouveau contrat...
M. de Belleval: D'accord.
M. Scowen: ...mais qu'est-ce que cela donne, pour vous donner
cette...
M. de Belleval: Effectivement, M. le Président, je
comprends, maintenant, un peu plus clairement le point où veut en venir
le député de Notre-Dame-de-Grâce. Je lui répondrai
que si nous avons mis cette disposition, c'est pour donner plus de
flexibilité à la négociation et permettre un accord plus
facile. Il faut bien se rendre compte que le coût du système se
trouve à geler une somme importante d'argent - on vient de le voir, 150
000 000 $ - et il la gèle dans des limites très strictes
prévues par les plans de classification et qui s'appliquent aussi de
façon différente selon les corps d'emploi et aussi selon le
niveau de carrière des individus. On se trouve donc à immobiliser
une somme d'argent considérable de 150 000 000 $, et on se trouve
à l'immobiliser pour des individus bien précis. Au moment
où vos disponibilités pour des augmentations salariales,
globalement, sont restreintes, vous avez besoin d'une beaucoup plus grande
marge de manoeuvre pour transférer des sommes d'un article à
l'autre de la convention collective pour en arriver, finalement, à une
entente globale satisfaisante. Vous avez besoin d'une plus grande marge de
manoeuvre. Si vous avez beaucoup d'argent à distribuer, vous pouvez
tenir pour acquis qu'on assume le coût du système et on se
débrouillera pour arriver à une entente avec le reste de
l'argent, mais quand vous avez moins d'argent, vous avez besoin de plus de
flexibilité pour conclure une entente. Ce qui nous a paru la meilleure
façon de réaliser une telle manoeuvre, c'est de ne pas
immobiliser tout de suite, au départ, 150 000 000 $ pour des individus
en particulier, à un niveau de carrière ou dans un corps d'emploi
en particulier, justement parce que, comme vous le voyez, dans toute
l'économie de notre politique salariale, on essaie de réduire les
écarts entre les salariés les plus élevés et les
moins élevés, en tout cas, à court terme, compte tenu de
la masse salariale qu'on a à distribuer, de façon à mieux
protéger aussi bien les plus bas que les plus hauts salariés.
Alors, cette disposition est extrêmement importante pour justement nous
donner la flexibilité nécessaire pour arriver à ce
résultat.
M. Scowen: Pour que je comprenne... M. de Belleval: Est-ce
que cela va?
M. Scowen: Je ne comprends pas le mot flexibilité dans le
sens où vous l'entendez parce que, quant à moi, il est clair que
c'est une rigidité additionnelle. Si je comprends bien, c'est...
M. de Belleval: Non, c'est cela que j'essaie d'expliquer...
M. Scowen: Je vais poser la question, si vous le permettez...
M. de Belleval: Oui, d'accord.
M. Scowen: Vos négociateurs vont arriver avec des offres,
une position. Us vont faire tabula rasa, c'est un nouveau contrat. Vous allez
avoir ici la position du gouvernement, espérant que ce sera une
politique salariale pour le secteur public. Cela va toucher la question des
salaires, de la sécurité d'emploi, des avancements
d'échelon. En plus, vous serez obligés de dire: Bon, à
part cela, on est lié par les articles 5 et 6 de la loi no 70 qui a
été adoptée pour régler un problème de
l'année financière 1982-1983, ces deux articles sont en vigueur
jusqu'à la fin de l'année 1983. Ce n'est pas un
élément de flexibilité, c'est une petite
inflexibilité que vous avez ajoutée dans le nouveau contrat. Je
vous demande pourquoi. Je ne comprends pas comment vous pouvez dire que c'est
une flexibilité additionnelle que vous vous donnez.
M. de Belleval: Bon, écoutez, je vais reprendre mes
explications patiemment. Je croyais que j'avais été clair. Je
m'excuse auprès du député de Notre-Dame-de-Grâce, je
n'ai certainement pas été assez clair. Alors,
recommençons. Vous allez admettre que pour l'année qui vient...
Pardon?
M. Bérubé: M. le député de
Charlesbourg, je trouve que vous avez été très clair et,
vraiment, d'une limpidité... Quant à moi, j'ai compris tout de
suite...
M. Scowen: II vous demande de vous taire.
M. Bérubé: J'ai compris tout de suite, mais...
M. Scowen: Cela, c'est la collaboration qu'il y a entre les
députés. II est très poli, n'est-ce pas?
M. Bérubé: ...je ne peux pas comprendre cependant
que le député de Notre-Dame-de-Grâce....
M. de Belleval: ...n'ait pas compris.
M. Bérubé: ...fasse la sourde oreille. C'est
vraiment l'impression que j'ai, M. le député. Vous êtes
vraiment d'une humilité beaucoup trop grande. Ce n'est nullement une
question de...
M. Scowen: Maintenant, on va voir qui est le "boss" ici.
M. Bérubé: ...limpidité ou de
précision de vos propos. Le problème n'est donc pas dans
l'émetteur, mais plutôt au niveau du récepteur.
M. de Belleval: Du récepteur.
M. Bérubé: Oui, oui.
M. de Belleval: Mais vous comprendrez, M. le président du
Conseil du trésor, que je peux difficilement accepter votre point de vue
compte tenu de ma légendaire humilité. Mais, compte tenu de ma
non moins légendaire patience, je vais recommencer quand même mon
explication, si vous le permettez, si cela ne vous...
M. Scowen: Pour cela, oui. Donnez-lui la permission.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On attend votre
légendaire clarté, par exemple.
M. de Belleval: Je sais que le député de
Vaudreuil-Soulanges a déjà dû l'éprouver à sa
courte difficulté, mais revenons donc à la question du
député de Notre-Dame-de-Grâce et soyons encore plus clair.
Lors des prochaines négociations, tout le monde sait que pour l'exercice
1983-1984, de la même façon que pour l'exercice 1982-1983, la
conjoncture économique comme la conjoncture budgétaire ne nous
amènent pas, disons, à entrevoir des augmentations de masse
salariale délirantes. Je pense que c'est admis. D'ailleurs, je me
souviens...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est simplement le
gouvernement qui est délirant pour le moment.
M. de Belleval: Non, l'Opposition délire et le
gouvernement gouverne. Mais les chefs syndicaux eux-mêmes, et je me
souviens d'ailleurs d'une remarque de M. Laberge qui disait: Bon, on est
conscient que dans les années qui viennent on ne pourra pas demander des
augmentations salariales de même niveau que ce à quoi on
s'attendait dans le passé. Lui-même d'ailleurs a pris les devants
et s'est montré très réaliste de ce point de vue. Alors,
on s'est dit: Dans ce contexte, il faut se donner la plus grande
flexibilité possible, vu que la masse totale disponible pour les
augmentations de traitement sera moins considérable que ce à quoi
on était habitué dans le passé, c'est-à-dire pleine
couverture pour l'érosion du pouvoir d'achat, augmentation en fonction
de l'augmentation de la richesse collective plus augmentation due au coût
du système, c'est-à-dire les clauses d'ancienneté, les
clauses de promotion, les clauses d'avancement à la suite d'une
amélioration de la compétence des détenteurs de postes,
à la suite d'études universitaires, collégiales ou autres,
ou l'obtention d'un diplôme technique.
On s'est dit: II est évident qu'on ne pourra pas assurer, durant
les prochaines années, des augmentations qui vont comprendre tous ces
éléments individuellement. Si, cependant, d'avance, on
gèle notre politique salariale sur un ou l'autre de ces
éléments, ça va compliquer encore davantage notre
problème pour régler les éléments qui restent,
compte tenu que la masse est plus petite. Par exemple, plus il y a de l'argent
qui va dans le coût du système, si votre masse globale est plus
petite, moins ça vous laisse d'argent pour compenser
intégralement l'augmentation du coût de la vie. À ce
moment-là, si vous voulez compenser complètement l'augmentation
du coût de la vie pour les bas salariés, cela amène des
difficultés pour les moyens et les hauts salariés.
De la même façon, aussi, si on s'engage d'avance sur
l'octroi d'une somme d'argent pour l'enrichissement collectif, c'est
évident que, là encore, on se couperait des fonds ou de la
souplesse pour régler sur les autres questions parce que c'est le total
qui compte. Alors, on s'est dit: C'est le total qui compte, mais s'engager
d'avance à acheter tant de boîtes de Corn Flakes, tant de
boîtes de gruau, tant de livres de pain et tant de sacs de pommes de
terre, alors qu'on sait que la somme globale pour payer l'addition
d'épicerie va être plus petite et ça se peut bien que, dans
le passé, on achetait toujours une dizaine de sacs de pommes de terre,
mais, cette année, on pourrait peut-être modifier notre
diète, puis acheter plus de Corn Flakes et moins de pommes de terre.
Alors, pourquoi, d'avance, on s'engagerait dans une sectorisation de notre
politique salariale qui va nous enlever de la flexibilité et c'est une
des raisons...
M. Scowen: C'est ma question, maintenant la réponse.
M. de Belleval: La réponse, c'est que, par
conséquent, vous enlevez un élément de
compartimentalisation qui, lui, est déjà inscrit dans la
réglementation, c'est-à-dire que ce n'est pas seulement une
question de convention collective, il faut bien comprendre qu'en vertu de la
Loi sur la fonction publique, il y a peut-être un élément
qui échappe au député de Notre-Dame-de-Grâce, et je
terminerai là-dessus...
M. Scowen: Moi...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Charlesbourg, question de règlement. M. le député
d'Argenteuil.
M. de Belleval: Excusez-moi.
M. Ryan: Tantôt, vous étiez absent et il y a des
choses dont on a discuté avant que vous arriviez, et le ministre nous a
dit que, lui, il ne faisait pas de théories générales, il
prenait une mesure fonctionnelle pour la prochaine année.
M. de Belleval: C'est cela.
M. Ryan: Là, vous êtes en train de nous donner toute
une conceptualisation de cette affaire.
M. de Belleval: Je parle de choses très
concrètes.
M. Ryan: Je crois que vous allez bien au-delà de ce que le
ministre voulait dire tantôt. Je comprends qu'il était
plutôt intéressé à ce que vous ne continuiez pas
parce que, tantôt, il nous a dit une tout autre chose.
Une voix: M. le Président, est-ce que je peux poser une
question de règlement?
M. de Belleval: Est-ce que je pourrais terminer?
Le Président (M. Boucher): Monsieur, question de
règlement.
M. de Belleval: Est-ce que j'ai la permission du
député d'Argenteuil, à défaut d'avoir la
permission, selon lui, du député de Matane?
M. Ryan: C'est le président qui décide.
M. de Belleval: Alors, il faut bien comprendre qu'en vertu de
certaines...
M. Scowen: M. le Président, est-ce que je peux poser une
question de règlement?
Le Président (M. Boucher): Posez-la, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Je sais qu'on a chacun 20 minutes.
M. Blais: Question de règlement, M. le Président,
je n'entends pas ce que dit le député, et je sais qu'il dit des
choses d'une grande importance. Je voudrais l'entendre, s'il vous plaît;
qu'il ait au moins le courage de faire sortir le son de cet orifice. (17 h
30)
M. Scowen: On a chacun vingt ou quarante minutes sur ces deux
articles et j'ai décidé de ne pas faire de présentation
mais de poser des questions. Le député a certainement la
liberté de répondre à n'importe quoi, mais j'espère
que, quand les députés ne répondent pas à mes
questions, vous n'allez pas soustraire cela de mon temps parce que, s'ils
veulent faire des discours sur d'autres sujets...
Le Président (M. Boucher): Vous allez nous compliquer la
tâche énormément.
M. Scowen: Oui, je comprends.
Le Président (M. Boucher): Je tiens le temps et je
n'écoute ni les réponses ni les questions.
M. Scowen: J'essaie d'avoir un peu d'information et j'ai
l'impression que le député n'a pas compris ma question ou qu'il
ne veut pas répondre.
M. de Belleval: Est-ce que je peux finir? M. le
Président...
Le Président (M. Boucher): On est en train de s'engager
sur l'article 6. M. le député de Charlesbourg.
M. de Belleval: C'est évident que, quand vous avez un
interlocuteur qui ne comprend pas, vous essayez d'aller le plus lentement
possible pour faciliter la compréhension. En conclusion, il était
nécessaire d'inscrire cette disposition dans la loi parce que, en vertu,
entre autres, de la Loi sur la fonction publique et des règlements qui
s'appliquent, les avancements d'échelon qui impliquent un coût du
système, donc, un gel, pour une catégorie donnée
d'employés, d'une partie de la masse salariale, si on veut avoir plus de
souplesse pour répartir l'ensemble de la masse salariale de façon
différente, c'est évident qu'il faut dégeler cette somme
qui est gelée en vertu de la Loi sur la fonction publique. C'est cela
qu'on se trouve à faire avec cet article. On se donne donc plus de
souplesse pour distribuer un montant global plus petit.
M. Scowen: Vous prétendez que les articles 5 et 6 sont un
dégel des conditions existantes pour les personnes qui vont
négocier les prochains contrats.
M. de Belleval: Je n'ai pas dit que c'était un
dégel pour les personnes existantes, j'ai dit que, compte tenu que la
masse disponible pour les augmentations de salaire sera plus petite dans les
années à venir ou, en tout cas, la prochaine année
concernée, pour l'exercice budgétaire 1983-1984... Est-ce qu'on
comprend bien que les sommes vont être plus petites, globalement, pour
les augmentations de salaire? Oui ou non? Est-ce que le député de
Notre-Dame-de-Grâces admet cela?
M. Scowen: Pour le nouveau contrat?
M. de Belleval: Pour le nouveau contrat.
M. Scowen: M. le Président, jusqu'ici, à ma
connaissance, le gouvernement n'a pas présenté à
l'Assemblée nationale sa politique salariale pour les nouveaux contrats.
Si vous le dites, et vous êtes le porte-parole du ministre, c'est
peut-être une déclaration que vous faites à l'égard
d'une nouvelle politique salariale mais jusqu'ici on ne la connaissait pas.
M. de Belleval: M. le Président, on va arrêter le
"mumbo jumbo" et les espèces de pseudo-technicités du
député de Notre-Dame-de-Grâce sur la politique salariale.
Une chose est certaine, il y a le gros bon sens. Peut-être que le
député de Notre-Dame-de-Grâce va comprendre cela? Le GBS,
le gros bon sens le dit, et les chefs syndicaux eux-mêmes l'admettent. M.
Laberge lui-même, qui est l'exemple même d'une personne qui
pratique le gros bon sens - c'est reconnu universellement au Québec -
est venu nous dire: On sait que pour les années à venir on ne
pourra pas demander des augmentations de salaire aussi importantes que celles
qu'on a eues dans le passé. Et j'ai expliqué, en vertu des
règles existantes, comment une augmentation de salaire se traduit. Cela
se traduit par la préservation du pouvoir d'achat, par l'enrichissement
collectif, par un coût de système qui découle non seulement
des conventions mais des lois, entre autres, de la Loi sur la fonction
publique, et qui implique l'octroi d'une partie de la masse salariale pour
l'ancienneté et les promotions.
Il est évident que, si votre masse totale diminue, vous
avez intérêt à ne pas la geler d'avance pour des
catégories particulières de personnel, à des fins
particulières. Vous aurez moins d'argent à disposer. Donc, si
vous voulez avoir plus de flexibilité pour disposer de ces sommes et
régler une convention collective, vous aurez avantage à ne pas en
geler d'avance à une fin particulière, pour une catégorie
particulière d'employés. Il me semble que c'est simple à
comprendre.
M. Scowen: En terminant, si je peux poser la même question
mais d'une façon très différente, le ministre, en
réponse au chef du parti concernant le fait que l'article 5 était
en vigueur pour toute l'année 1983, a dit: Oui, on a été
obligé d'instaurer cette règle pour toute l'année à
cause du fait qu'il y a l'ancienneté de mars et d'avril et que ce serait
injuste. C'était la raison...
M. de Belleval: Oui, oui.
M. Scowen: ... pour ajouter l'année...
M. de Belleval: Oui, oui, techniquement.
M. Scowen: ... complète. Maintenant, vous avez dit: Oui,
c'était une raison, mais il y en avait une autre aussi. On voulait
consciemment lier les mains de nos négociateurs pour un nouveau contrat
pour les neuf premiers mois du nouveau contrat en ce qui concerne les
catégories qu'on appelle l'avancement d'échelon. C'était
un
deuxième objectif visé et voulu quand vous avez
ajouté ou inclus la limitation de la fin de 1983 plutôt que de
mars 1983.
M. de Belleval: Non seulement... M. Scowen: Est-ce que c'est
vrai?
M. de Belleval: Non seulement à cause des dates
différentes pour les avancements d'échelon, fallait-il mettre
l'article - le ministre a eu raison de le mentionner, je n'étais quand
même pas pour répéter ce que le ministre avait dit de ce
côté-là - mais cela a aussi comme avantage
supplémentaire que bien loin de lier les mains du négociateur
syndical, cela se trouve, au contraire, à lui donner plus de souplesse
pour que, à partir d'une masse dont on sait d'avance qu'elle va
être moins exubérante que par les années passées, il
y ait plus de flexibilité pour répartir cette masse entre les
différents employés plutôt que d'en geler d'avance une
partie pour des fins particulières et des catégories
particulières d'employés. Je donne un exemple très clair:
c'est évident qu'il y a des corps d'emplois où on retrouve des
employés qui sont en fin de carrière et qui, par
conséquent, ne bénéficient pas d'augmentation de salaire
à cause de l'ancienneté. Ils sont rendus à la limite des
échelles, mais c'est évident que ces employés ne
bénéficieraient pas, de toute façon, de ces clauses
d'ancienneté actuellement.
M. Scowen: Est-ce que...
M. de Belleval: Quand vous pouvez compenser ce facteur-là
dans des années normales par des augmentations plus considérables
au titre de l'enrichissement collectif, au titre de la protection du pouvoir
d'achat, c'est évident que c'est plus facile à régler
même s'il y a des employés qui se disent: Mon collègue,
pendant les trois prochaines années, va recevoir disons 8%
d'augmentation de plus que moi, mais peu importe, de toute façon, moi,
j'en reçois déjà suffisamment et je suis en fin de
carrière dans mon corps d'emploi donné. Si, au contraire, vous
n'avez pas suffisamment d'argent, pour donner tout en même temps, il est
évident, à ce moment-là, que celui qui est en fin de
carrière dans son corps d'emploi quand vous lui dites: Écoute,
mon vieux, cette année, tu n'auras pas d'augmentation à cause de
la productivité et, en plus de cela, on ne sera pas capables de garantir
ton plein pouvoir d'achat, c'est évident que cela fait plus mal si, en
plus de cela, il est rendu au bout du rouleau. C'est bien évident.
M. Scowen: Est-ce que...
M. de Belleval: Par contre, si ses collègues, d'avance, ne
reçoivent pas ces augmentations d'ancienneté, cela donne plus
d'argent pour répartir la masse salariale autrement. Il me semble que
c'est clair.
M. Scowen: Est-ce que les négociateurs du
côté gouvernemental - à cette question, vous
répondez avec un oui ou un non - et syndical qui vont négocier un
nouveau contrat pour la période qui va commencer le 1er avril 1983 et
subséquemment, seront liés dans la rédaction de ce contrat
par les articles 5 et 6 du projet de loi no 70?
M. de Belleval: C'est-à-dire que, comme le dit l'article
6, un employeur pourra établir des règles différentes de
celles dont on vient de parler à l'article 5. Donc, la réponse
est oui, ils ne seront pas liés pour autant cependant...
M. Scowen: ... ils ne sont pas liés.
M. de Belleval: ... qu'une telle entente...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Défense d'utiliser les doubles négatifs.
Le Président (M. Gagnon): S'il vous plaît!
M. de Belleval: Si vous avez des problèmes avec la langue
française, moi, je n'en ai pas. Les doubles négations sont...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ah, you could have fooled
me.
M. de Belleval: ... une figure de style qu'on m'a apprise chez
les soeurs et chez les frères; ils m'enseignaient bien le
français, à l'époque.
Mme Lavoie-Roux: De toute façon, le député
de Vaudreuil-Soulanges vous a corrigé hier soir.
M. de Belleval: Alors, oui, donc, ils ne seront pas liés
par...
M. Ryan: Oui, oui, c'est cela.
M. de Belleval: ... l'article 5 pour autant... Oui, si je peux
terminer; M. le député d'Argenteuil a raison; il suit très
attentivement, M. le député d'Argenteuil, au lieu de faire des
blagues d'ailleurs.
M. Ryan: Oui, mais cela prend bien du temps à arriver au
hic.
M. de Belleval: Ce n'est pas ma faute si vos collègues ne
sont pas aussi vite que vous, M. le député d'Argenteuil.
M. Ryan: Si l'explication était plus rapide, cela
aiderait.
M. de Belleval: Cela, je reconnais que sur le plan intellectuel,
vous leur êtes très supérieur et ce sera une grande perte
quand vous quitterez le Parti libéral de ce point de vue là
d'ailleurs.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ce n'est pas encore fait.
M. Ryan: On va essayer de vous trouver un ministère, mais
je ne sais plus lequel.
M. de Belleval: Donc, pour autant, comme le dit l'article 6,
qu'une telle entente aura pour effet de réduire les coûts de la
rémunération selon une proportion comparable à celle qui
résulterait de l'application de l'article 5, on voit très bien
que c'est une question de masse financière qui est en jeu et non pas
nécessairement une alchimie administrative ou autre.
M. Scowen: Vous êtes liés par 5 et 6 dans un nouveau
contrat entre le 1er avril et décembre 1983.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est l'idée de
l'article.
M. Scowen: Et votre réponse, si je comprends, oui veut
dire non.
M. de Belleval: Cela dépend de votre question. Posez-moi
votre question et je vous répondrai par une double négative si je
pense que c'est une bonne façon de répondre.
M. Scowen: Je fais perdre le temps de mes collègues, mais
je vais la poser encore une fois et je pense que ce sera la dernière.
Est-ce que les articles 5 et 6 s'appliqueront aux contrats qui seront
négociés et signés, et qui prendront effet après le
31 mars 1983? Les nouveaux contrats.
M. de Belleval: Là, vous tenez pour acquis une date de
début ou de fin de convention collective. Tout va dépendre de la
négociation. Les gens qui négocieront choisiront les dates qu'ils
voudront pour le début et la fin des conventions collectives.
M. Scowen: Et si les nouveaux contrats ont effet avant la fin de
décembre 1983, ils seront sujets aux articles 5 et 6?
M. de Belleval: Oui. Tout à fait juste. M. Sirros: M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laurier.
M. Sirros: Deux courtes questions ou commentaires - prenez-le
comme vous voulez - quant au raisonnement qu'on a eu tout à l'heure de
la part du président du Conseil du trésor concernant le fait que
c'est parce que durant les premiers trois mois il y a des gens qui auraient eu
droit à de l'avancement d'échelon qu'on est contraints en quelque
sorte d'étendre cette suppression de l'avancement de l'expérience
à tout le monde pour les neuf autres mois.
M. le Président, je pourrais suggérer un amendement qui
sortirait le gouvernement de cette impasse - je ne le fais pas formellement
à ce moment-ci - quelque chose qui dirait qu'à partir du 1er
avril, tout employé aura droit à son avancement d'échelon
selon les années d'expérience, y compris les gens qui ne
l'auraient pas eu entre le 1er janvier et le 31 mars. C'est-à-dire qu'on
pourrait permettre à ces gens-là de commencer, à compter
du 1er avril, à avoir ce droit tout en permettant à tout le
monde, à compter du 1er avril, d'avoir ce même droit. Cela veut
dire que les gens qui n'avaient pas leur date pivot entre le 1er janvier et le
31 mars n'auraient quand même pas eu droit à un avancement par
rapport à l'expérience; donc, pas de problème. Tous ceux
qui auraient eu leur date pivot entre le 1er janvier et le 31 mars, durant
cette période de trois mois où le gouvernement vient gruger dans
les salaires cette partie de la masse salariale, n'y auront pas droit. Mais,
à compter du 1er avril, étant donné que le gouvernement
aurait réglé cette année, semble-t-il, selon lui, ce
problème, ils auraient droit de l'avoir et on pourrait ne pas
l'étendre pendant les neuf autres mois.
M. de Belleval: Oui, mais pour les raisons de flexibilité
dont je parlais tout à l'heure, on ne peut accepter la proposition du
député de Laurier. Je vais juste conclure. Je ne recommencerai
pas la démonstration, mais je vais donner un exemple très simple
que le député de Laurier comprendra certainement. Si on admet,
par hypothèse, qu'on désire que la masse salariale croisse l'an
prochain, disons, de 6% au total, supposons que c'est ça qu'on se
donne...
M. Sirros: Mais je pense que le chef de l'Opposition, tout
à l'heure, vous a demandé si vous êtes en train de donner
ici les jalons d'une politique salariale ou non. Vous semblez dire oui. Le
président a dit non tout à l'heure...
M. de Belleval: J'ai très bien posé, comme
hypothèse de départ, que nous aurions moins d'argent durant les
prochaines années pour respecter le type de politique salariale et les
trois niveaux dont je parlais tout à l'heure: garantie complète
de l'érosion du pouvoir d'achat, accroissement de la
productivité et avancement d'échelon. On ne sera pas
capable de faire ça durant les prochaines années. Cela semble une
évidence pour tout le monde. Je ne veux pas aller plus loin pour
l'instant, mais je le prends comme postulat de base de mon raisonnement. (17 h
45)
Ceci dit, prenons un chiffre précis qui est tout à fait
hypothétique; je n'annonce pas le chiffre de la politique salariale du
gouvernement, mais prenons le chiffre de 6%. Le gouvernement se dit: Je ne peux
plus continuer à augmenter la masse salariale au rythme de 18%, par
exemple, comme c'a été le cas ces dernières années.
Disons que c'est seulement 6% que l'on peut donner, à l'avenir. Si
d'avance, je m'engage à mettre, disons 1,5% de ce 6% dans le coût
du système, pour les promotions, etc., c'est évident que cela me
donne beaucoup moins de flexibilité pour le reste, pour les autres
éléments de ma politique salariale, d'une éventuelle
politique salariale. C'est pour cette raison qu'on ne peut pas accepter votre
amendement.
M. Sirros: C'est-à-dire que vous venez d'entrer en
contradiction directe avec ce qu'a dit le président du Conseil du
trésor, tout à l'heure, qui soutenait, quant à lui, que la
raison pour laquelle cela s'étendait jusqu'à la fin de 1983,
c'est à cause de ces trois premiers mois...
M. de Belleval: Je ne vois pas en quoi c'est contradictoire et le
président du Conseil du trésor...
M. Sirros: Parce que l'amendement vous permettrait de donner
l'avancement d'échelon. Maintenant, si vous voulez dire que...
M. de Belleval: Ce n'est pas contradictoire.
M. Sirros: ... dorénavant, dans les prochaines
négociations, il n'y aura pas de reconnaissance de l'expérience
quant à la masse salariale. Qu'on prenne les 150 000 000 $ qui existent
et peut-être qu'on pourrait négocier une répartition
différente, cela c'est autre chose. Je pense que ce serait sage de votre
part d'attendre...
M. de Belleval: Tout ce que l'on dit, c'est que...
M. Sirros: ... de déposer une politique salariale.
Deuxième chose que je voulais souligner, c'est que,
jusqu'à maintenant, on a parlé d'aller chercher des sommes
d'environ 521 000 000 $, mais l'article 5, finalement, a comme effet d'ajouter
un autre 150 000 000 $ que le gouvernement vient chercher. Le total, finalement
est de 671 000 000 $.
M. de Belleval: C'est-à-dire que...
M. Sirros: Parce qu'il y a un autre 150 000 000 $ que le
gouvernement ne versera pas.
M. de Belleval: Non.
M. Ryan: Moins les trois mois.
M. Sirros: Mais non, parce que la suppression de l'avancement
d'échelon s'applique durant toute l'année, et cela
représente 3%, à peu près, dans l'échelle et nous
avons cité, tout à l'heure, le chiffre de 150 000 000 $.
M. de Belleval: D'accord, est-ce que je peux répondre?
M. Sirros: Donc, il y a 150 000 000 $ qui ne seront pas investis
dans la masse salariale pour l'année 1983, si vous voulez parler
ainsi.
M. de Belleval: Non. Je comprends, cependant, l'interrogation du
député de Laurier, mais nous avons escompté, pour jusqu'au
31 mars 1983, l'effet du non-avancement d'échelon dans la compression de
521 000 000 $. C'est déjà inclus dans la compression de 521 000
000 $.
Maintenant, ceci étant dit et pour répondre à votre
première question: si les parties, en vertu de l'article 6, en
conviennent autrement, elles pourront réintroduire cet
élément de la politique salariale.
M. Sirros: Pourvu que.
M. de Belleval: Pourvu que. Oui. On se comprend bien sur les
règles du jeu, même si on ne les admet pas?
M. Ryan: Tout le sens de la loi, c'est "pourvu que".
M. de Belleval: Oui, d'accord. On sait que vous ne l'aimez pas,
la loi, mais vous adopteriez quelque chose de similaire dans ses effets si vous
étiez dans notre situation. Cela, on le sait bien.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, sous réserve du temps
qu'il reste aux autres, je voudrais prendre juste deux minutes.
Le Président (M. Boucher): M. le député
de Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président... Qu'est-ce que vous avez dit,
M. le député de Rosemont? Voulez-vous répéter?
C'est parce que j'écoute toujours très bien. Qu'est-ce que vous
avez dit? Cela m'a échappé.
M. Paquette: C'est une proposition pour dix minutes de
silence.
M. Polak: Ah bon! J'apprécie bien que vous allez
m'écouter, parce que j'essaie toujours de pénétrer dans
vos cerveaux, c'est très difficile, mais on va essayer. M. le
président du Conseil du trésor, pourriez-vous me dire si ce
principe de non-avancement d'échelon c'est la base; ensuite, il y a
toute une série d'exceptions. Qu'est-ce que cela représente en
pourcentage? Si on prend toutes les exceptions, est-ce que j'ai raison quand je
dis que les exceptions seront peut-être plus larges en pourcentage que le
principe même de non-avancement d'échelon.
M. Bérubé: La réponse a été
donnée avant votre arrivée, M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Pourriez-vous me répéter cela, parce que
cela va m'aider pour ma prochaine question.
M. Bérubé: Vous pourriez consulter le journal des
Débats.
M. Polak: II n'est pas encore sorti.
M. Bérubé: II ne faut quand même pas prendre
comme principe que parce que vous vous relayez, je vais devoir répondre,
à tout bout de champ, aux mêmes questions.
Mme Lavoie-Roux: Quelquefois vous aimez cela.
M. Polak: M. le Président, j'aurais juste une
question...
M. Bérubé: Cela dépend.
M. Polak: Je crois bien que vous n'allez pas m'obliger à
aller chercher le journal des Débats, il n'est même pas encore
sorti.
M. Bérubé: Cela dépend de la question.
M. Polak: Pourriez-vous me donner ces chiffres-là?
M. Bérubé: Je pense que vous pourriez demander au
député de... Vous ne vous parlez pas, je pense, au sein de votre
formation?
M. Polak: Je vous remercie de m'aider, cela démontre
encore comment vous êtes bloqué dans votre esprit.
Maintenant, ma deuxième question. Je crois comprendre que,
quoiqu'on parle toujours de la productivité - la productivité est
le facteur de prime sur le mérite, on cherche l'excellence - dans cet
article, on supprime justement cela. Comment se fait-il qu'encore aujourd'hui,
on vienne de recevoir de la fonction publique, un document de 4 ou 5 pages, sur
nos secrétaires, où on doit exactement évaluer le
mérite. On recherche l'excellence, parce que toutes les questions
posées portent sur ces éléments. En quoi cela vaut-il la
peine de remplir ces formules si de toute façon vous n'en tenez pas
compte pour le reste de l'année 1983?
M. Bérubé: II n'y a pas de lien entre ce que vous
venez de dire et le projet de loi.
M. Polak: Vous cherchez, par exemple, par cette formule de quatre
ou cinq pages, à avoir des renseignements concernant le facteur
productivité, le facteur mérite, le facteur excellence d'un
employé. Si, dans l'article 5, on supprime cela - parce qu'il n'y aura
aucune prime là-dessus sur le plan financier - pourquoi recherche-t-on
cela?
Deuxièmement, est-ce qu'un tel article ne va pas supprimer
justement la productivité d'un employé? Il va se dire: À
quoi cela sert-il que je travaille un peu plus fort et que je fasse de mon
mieux, quand, de toute façon, je suis gelé pour l'année
1983 en ce qui concerne la prime de mérite ou d'excellence? Je ne serai
pas plus payé, donc, je vais juste faire mon temps et pas plus que cela.
Sur le plan psychologique, est-ce qu'il n'y a pas le danger que le rendement
total des employés soit encore moindre que présentement?
M. Bérubé: La question a été
posée par le député de Vaudreuil-Soulanges et j'y ai
répondu à sa satisfaction.
M. Polak: D'accord. Parfait, je vais communiquer avec lui.
Maintenant, lorsqu'on lit l'article 5, les mots "au cours de l'année
1983", si vous voulez lire avec moi... Est-ce que vous écoutez, M. le
président du Conseil du trésor?
M. Bérubé: Oui, oui, de mes deux oreilles.
M. Polak: L'article 5 se lit comme suit: "Malgré l'article
3 ou toute autre disposition d'une loi, d'un règlement...
M. Bérubé: En stéréophonie.
M. Polak: ... ou d'une convention collective inconciliable, au
cours de l'année
1983, aucun avancement d'échelon n'est accordé..."
M. Bérubé: Oui, c'est bien cela. C'est cela.
M. Polak: Pour être plus clair, on aurait dû dire:
Aucun avancement d'échelon, au cours de l'année 1983, n'est
accordé. Parce que les mots "au cours de l'année 1983",
même s'il y a une virgule, j'avais pensé au tout début que
cela s'appliquait à la première partie de l'article. Prenez la
peine de lire et vous allez voir que le changement que je viens de faire va
vous aider. Les mots "au cours de l'année 1983" semblent se rapporter
aux mots: Malgré l'article 3, etc., au cours de l'année 1983.
Votre intention est de dire qu'au cours de l'année 1983 se rapporte aux
mots "aucun avancement d'échelon". Dites donc: Aucun avancement
d'échelon, au cours de l'année 1983. C'est beaucoup plus
clair.
M. Blais: C'est important.
M. Paquette: Vos collègues n'ont pas l'air d'accord.
Mme Lavoie-Roux: Nos lois doivent être claires.
M. Polak: Oui, cela doit être clair.
Mme Lavoie-Roux: Pour faciliter la compréhension par les
citoyens à qui elles s'appliquent.
M. Bérubé: Je ne partage pas du tout le point de
vue du député de Sainte-Anne.
M. Polak: Excusez-moi?
M. Bérubé: Je ne partage pas du tout le point de
vue du député de Sainte-Anne.
M. Polak: D'accord.
Mme Lavoie-Roux: C'est un légiste, le député
de Sainte-Anne.
M. Polak: Je sais que les ingénieurs ont de la
difficulté à suivre les bonnes opinions des avocats. On a
déjà parlé de cela aux engagements financiers.
M. Bérubé: Ah! oui, on parle de tout aux
engagements financiers...
M. Polak: C'est malheureux.
M. Bérubé: ... sauf du sujet qui est à
l'ordre du jour. Mais enfin, c'est votre problème, ce n'est pas le
mien.
M. Polak: Oui. Quand on dit dans le texte "au cours de
l'année 1983", n'aurait-on pas dû dire: Au cours de l'année
"calendrière" 1983, pour être plus clair? 1983 peut
être...
M. Bérubé: L'année "calendrière"?
M. Polak: ... ou civile. Parce qu'il y a une année de la
convention qui peut avoir des dates différentes.
M. Bérubé: Je pourrais soumettre effectivement au
comité de législation, à savoir si l'on ne devrait pas
inclure l'année "calendrière" 1983. Enfin...
M. Polak: Pour indiquer qu'il s'agit de la période allant
jusqu'au 31 décembre 1983.
M. Bérubé: Est-ce que le député de
Sainte-Anne voudrait également un poste, lorsqu'il se retirera, à
l'Office de la langue française? On en aurait besoin.
M. Polak: Non. Je vous ai déjà dit, M. le ministre,
que, lorsqu'on prendra le pouvoir, on va vous garder comme fonctionnaire, c'est
certain.
M. de Belleval: Moi, je ne lui donnerais pas de conseil...
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Argenteuil, sur une question de règlement.
M. Ryan: Question de règlement, M. le Président, je
trouve qu'on est rendu trop loin.
M. Bérubé: Vous avez raison, M. le chef de
l'Opposition.
M. Ryan: Très bien. Je me dispense de tout commentaire
additionnel. Je pense qu'on doit..
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Sainte-Anne, avez-vous terminé votre intervention?
M. Polak: Non, je vais faire le point, je vais vérifier la
réponse, parce qu'il l'a donnée à d'autres.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laurier. Est-ce que vous avez terminé, M. le député
d'Argenteuil?
M. Sirros: Excusez-moi?
Le Président (M. Boucher): Est-ce que vous avez
terminé?
M. Ryan: Non.
Le Président (M. Boucher): Alors, allez-
y.
M. Ryan: Je peux y aller après, il n'y a pas de
presse.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laurier.
M. Sirros: Pour revenir un peu à l'échange qu'on a
eu tout à l'heure avec le député de Charlesbourg, il me
semble que finalement l'article 6, qui est lié à l'article 5,
c'est une invitation aux syndicats de négocier à rabais. Vous ne
dites même pas que cela pourrait être une entente
équivalente à ce qui existe maintenant. Cela pourra être
une entente, pourvu que ce soit moins que ce qui existe maintenant. Dans quelle
optique raisonnable, logique ou cohérente, dans une acceptation de
négociation - même par le biais du projet de loi no 70, vous
continuez à dire que vous espérez pouvoir négocier - mais
dans quel esprit invitez-vous directement les syndicats à s'asseoir avec
vous pourvu qu'ils acceptent moins que ce qui existe maintenant?
M. de Belle val: À ce point de vue, je retournerais la
question...
M. Sirros: Je crois que ce serait beaucoup plus honnête si
vous laissiez tomber cela et que vous disiez: On établit les
règles du jeu et c'est nous qui allons les définir. Point.
M. de Belleval: M. le Président, vraiment, là, je
ne comprends plus rien. Ce qui arrive du côté du Parti
libéral, c'est qu'on joue sur tous les tableaux en même temps.
Hier, au moins, vous auriez dû être ici pendant que le chef de
l'Opposition a admis correctement, dans ce salon rouge et en commission, alors
qu'on débattait civilement et tranquillement de questions, il a admis
des choses à propos desquelles, de l'autre côté, quand vous
êtes à l'Assemblée nationale, devant les caméras,
vous dites complètement le contraire.
M. Sirros: Répondez à ma question.
M. de Belleval: J'en ai un bon exemple de cette espèce de
schizophrénie de votre langage. On en a un bon exemple avec votre
question, parce que au fond ce que vous me dites, c'est que, d'une part...
M. Sirros: Permettez-moi de vous lire l'article.
M. de Belleval: Non, laissez-moi terminer, je veux
répondre à votre question rapidement.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, un
à la fois!
M. de Belleval: D'une part, le Parti libéral se
promène dans tout le Québec, pas au salon bleu, par exemple,
devant les caméras, mais dans son conseil général de la
fin de semaine passée... Le chef de l'Opposition a dit hier à
cette même table que, si vous étiez à notre place, votre
politique salariale consisterait à donner moins aux syndiqués du
secteur public que ce qu'ils ont eu dans le passé. Entre autres, vous
les réaligneriez en trois ans - c'est la disposition que vous avez
adoptée lors de votre dernier conseil général - sur
l'équivalent des salaires payés dans le secteur privé. En
clair, ça veut dire que vous leur donneriez moins durant les
années 1983-1984, 1984-1985 et 1985-1986 que ce à quoi ils ont
été habitués durant les années passées.
C'est ce que cela veut dire. Et, là, vous avez le culot de venir me
dire: Ce que vous faites dans les articles 5 et 6...
M. Ryan: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Charlesbourg, question de règlement.
M. de Belleval: Excusez, si vous avez une question de
règlement, je vais arrêter.
M. Ryan: D'abord, le député m'a prêté
des propos que je ne crois pas avoir tenus et dont il n'a pas donné
d'exemple. Je pense que ça nous entraînerait dans une voie sans
issue. Toute cette partie de sa déclaration ne nous avance en aucune
manière. Deuxièmement, je crois qu'il était...
M. Bérubé: Ce n'est pas une question de
règlement, c'est une question de privilège.
M. Ryan: Non, il n'y a pas de question de privilège en
commission. Il faut bien prendre ce qu'il nous reste.
M. Bérubé: C'est justement, ce que le chef de
l'Opposition fait, c'est rectifier des propos et ce type d'intervention
parlementaire relève de la question de privilège et non de la
question de règlement.
Le Président (M. Boucher): Oui, mais, en vertu de
l'article 96, M. le ministre, il a le droit de rectifier des propos.
M. Ryan: Merci.
M. de Belleval: Je n'ai pas tenu de propos...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II n'a pas tenu de
propos...
M. Ryan: Je dis tout simplement que le député de
Charlesbourg interprète de façon erronée la signification
des choses qui ont été adoptées à notre conseil
général et que j'ai dites moi-même autant de l'autre
côté que de ce côté-ci.
M. Bérubé: M. le Président, votre
interprétation de l'article 96 est...
M. Ryan: II serait mieux de s'en tenir à l'explication de
la position gouvernementale, qui est déjà assez difficile
à comprendre pour lui.
M. de Belleval: Je laisse son opinion au député
d'Argenteuil, mais, comme le député de Rosemont l'a très
bien indiqué hier, quand vous êtes devant les caméras et
que vous vous laissez aller - ce n'est peut-être pas tout le monde
d'ailleurs, parce qu'il ne semble pas y avoir une très bonne
coordination - vous dites clairement que vous êtes à la fois
contre les augmentations d'impôt, contre les compressions
budgétaires et contre les augmentations de déficit. Hier, le chef
de l'Opposition...
M. Sirros: Pertinence, M. le Président.
Mme Lavoie-Roux: ...
M. Sirros: II y a une question très précise qui a
été posée. Le député a décidé
de répondre, mais j'aimerais qu'il réponde à la question
plutôt que de parler d'autre chose. S'il n'a pas de réponse, qu'il
le dise.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît!
M. de Belleval: C'est le député d'Argenteuil qui,
justement, est venu interrompre ma réponse et la conversation que nous
avions avec une incidence, ce n'est pas moi.
M. Sirros: Vous n'étiez pas en train de donner une
réponse.
M. Bérubé: Notre travail n'est plus sérieux,
M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Charlesbourg, nous en sommes à l'heure de la suspension. La commission
suspend ses travaux jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 18 heures)
(Reprise de la séance à 20 h 19)
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
On m'informe que le ministre s'en vient. Alors, on va commencer tout de
suite.
Une voix: On va l'attendre. Il n'y a pas de problème.
Le Président (M. Boucher): Dans 30 secondes. De toute
façon, il y avait...
M. Sirros: D'ailleurs, peut-être que cela fonctionnerait
mieux sans le ministre.
M. de Belleval: II y a l'adjoint parlementaire au ministre de
l'Éducation. Il en connaît un bout, lui aussi.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Quel bout connaît-il?
M. de Belleval: II connaît le bout de l'Éducation en
tout cas.
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
Des voix: Le voilà.
Une voix: Merveilleux!
Une voix: II a l'air frais dispos, reposé. Il est
d'attaque.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II est allé dormir un
peu.
M. Bérubé: J'ai bien dormi. M. Sirros:
...
Le Président (M. Boucher): Nous entreprenons notre
douzième heure de débat et nous en étions toujours aux
articles 5 et 6.
Une voix: Oh! La moitié du chemin, les gars.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Charlesbourg avait la parole pour répondre à une question du
député de Laurier.
M. de Belleval: M. le Président, je terminerai rapidement
ma réponse. Je disais que la question du député de Laurier
m'étonnait puisque, de toute façon, en trouvant indu que l'on
envisage la réduction des augmentations de masse salariale pour les
prochaines années, cette indignation feinte était contradictoire
avec l'attitude même du Parti libéral qui, lors de son dernier
conseil régional, adoptait une résolution...
M. Sirros: Général. M. Blais:
Provincial.
M. Paquette: Provincial.
M. de Belleval: Oui, ce sont des provinciaux, M. le
Président. C'est bien connu.
Des voix: Tiens!
M. de Belleval: Le député de Johnson n'est pas
capable de faire la distinction entre l'ironie et le mépris.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Le député de
Charlesbourg ne connaît pas la différence entre la
députée de Johnson et le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Paquette: La députée de Johnson nous manque
beaucoup d'ailleurs.
M. de Belleval: Ce lapsus est un hommage au nom du
député de Vaudreuil-Soulanges, M. le Président.
M. Sirros: ...
M. de Belleval: II ne devrait pas s'en offusquer.
Comme je le disais, de toute façon, le conseil provincial du
Parti libéral - insistons beaucoup sur le mot "provincial" - indiquait
que, pour une période de trois ans, il réduirait l'écart
entre le niveau de salaire dans le secteur public par rapport au secteur
privé à environ zéro. Donc, il devrait appuyer ce projet
de loi, de toute évidence, d'autant plus que, si j'ai bien compris les
remarques du chef de l'Opposition, à différentes reprises, il
nous reproche de ne pas avoir comprimé les dépenses en
matière salariale plus tôt. De ce point de vue, mieux vaut tard
que jamais. Je ne comprends toujours pas pourquoi le Parti libéral
continue à nous asticoter sur l'austérité qui est
derrière ce projet de loi puisqu'il prêche une
austérité lui-même et qu'il nous reproche de ne pas avoir
mis en place cette austérité plus tôt.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laurier.
M. Sirros: Tout d'abord, je commencerai en disant qu'il faudrait
quand même être capable de voir la différence entre des
approches fort différentes. Comme je l'ai dit, l'autre jour, si on a un
problème de surpopulation quelque part, il y a quand même une
différence entre une solution qui serait le lancement d'une guerre pour
réduire la population et une planification des naissances, M. le
Président. Il y a quand même une grande différence. Mais
ayant pris le temps de réfléchir à tous les "illustres"
propos qu'a tenus le député de Charlesbourg, j'ai trouvé
que l'article 5... En tout cas, je demanderais un éclaircissement sur ce
point-ci. L'article 5 a comme effet de soustraire de la convention collective
et du champ de la négociation, pour 1983, tout l'aspect de l'avancement
d'échelon à cause de l'ancienneté. Cet article prend fin,
M. le Président, à la fin de 1983. Cela veut dire qu'en 1984,
normalement, s'il n'y a pas d'autre entente qui change ces règles de
jeu, cela fera partie des choses de la normalité. Cela veut dire, encore
une fois, que c'est dans l'ancienneté et que l'avancement est
accordé. Qu'est-ce qui arrive durant ce gel de temps qu'impose le
gouvernement, par rapport à quelqu'un qui, en 1984, va avoir
accumulé une année d'expérience qui n'était pas
reconnue pour 1983, mais qu'il a effectivement. Il a travaillé pendant
ce temps-là, il a acquis l'expérience nécessaire. Est-ce
qu'en 1984, on va lui reconnaître deux années d'expérience
comme il serait logique de le faire, si on veut bien être honnêtes
envers la personne en question, étant donné que c'est une
reconnaissance de l'expérience acquise, ou est-ce que, pour des fins
financières du gouvernement, on va aussi bafouer cet autre principe.
M. de Belleval: Le principe est quand même tout à
fait...
M. Sirros: Je ne sais pas. Est-ce qu'on pourrait avoir... Bon,
allez-y.
M. de Belleval: II faut admettre que ce principe n'est pas
d'application absolue, puisque les plans de carrière n'engagent pas
d'augmentations salariales pour fins d'expérience indéfiniment.
Les plans de carrière sont limités dans le temps. On
reconnaît, habituellement, au niveau de cinq, six, sept, huit ou dix
années ou même une demi-année, selon le cas - donc, cinq ou
six ans, quand il s'agit d'échelon semi-annuel -une augmentation
d'expérience et, donc, une augmentation salariale correspondante, mais
il n'en reste pas moins que, pour la grande majorité de la
carrière d'un individu, à moins qu'il ne reçoive une
promotion, au bout de quelques années, il voit ses années
d'expérience ne compter pour rien dans sa rémunération
supplémentaire. Dans ce sens, ce qu'on fait, c'est que, pour un an, des
employés sautent une année de reconnaissance d'expérience,
mais n'oublions pas que pour beaucoup d'employés rendus à la
limite des échelles, cela ne change rien et pour les autres, cela
retarde d'un an le moment où ils atteindront le maximum des
échelles. C'est évident que c'est cependant une limitation qui
n'est pas insignifiante, c'est une limitation certaine.
M. Sirros: Ce n'est pas un cas de flexibilité dans ce
cas-ci. C'est une limitation. Je reviens à cela parce qu'il me
semble que le gouvernement pourrait se trouver devant plusieurs
problèmes par rapport à l'application de cet article et, par la
suite, des griefs de toutes sortes. Il me semble qu'une fois que cet article ne
s'appliquera plus, en 1984, alors que la reconnaissance de l'ancienneté
sera encore une fois chose normale, on pourrait faire valoir très
fortement, je crois, le fait que quelqu'un a travaillé durant
l'année 1983. Il y avait effectivement un article de la loi 70, qui a
été un article d'exception pendant un an seulement, qu'on a
appliqué durant ce temps-là, mais le temps ne s'est pas
arrêté. Même le ministre en question l'a reconnu; il n'a pas
le pouvoir d'arrêter le temps de façon réelle.
Donc, je vois une argumentation très forte qui pourrait
être faite en disant qu'effectivement en 1984 on devrait avoir droit
à deux années d'expérience, étant donné
qu'on a travaillé deux ans.
M. de Belleval: Du côté syndical, on va faire valoir
des arguments semblables, c'est normal. Ceci dit...
M. Sirros: Si c'est normal, est-ce qu'on est aussi prêt
à reconnaître que ce serait normal? Pouvez-vous dire que ce serait
normal qu'effectivement on réclame...
M. de Belleval: C'est normal, dans le sens que c'est naturel dans
un esprit de revendication qui est reconnu de toute façon par nos
lois.
M. Sirros: II ne s'agit pas de revendication.
M. de Belleval: C'est une argumentation qui se soutient et je ne
doute pas qu'elle sera soutenue en temps et lieu. Mais n'oublions pas, comme je
l'ai expliqué tantôt, que, dans un contexte où, de toute
façon, la masse globale sera restreinte, toute argumentation syndicale
dans ce sens-là aura aussi des effets sur les salariés qui, eux,
ne bénéficient pas tous, de toute façon, d'avancement
d'échelon soit parce que dans leur plan de carrière il n'y a pas
d'avancement d'échelon - prenons les ouvriers de voirie, il n'y a pas
d'avancement d'échelon pour un ouvrier de voirie - de la même
façon aussi pour les employés qui sont rendus au sommet de leur
plan de carrière. Évidemment, pour eux non plus il n'y a pas
d'avancement d'échelon. Alors, ce sera à la partie syndicale
d'évaluer son argumentation lors des prochaines négociations dans
le sens des intérêts globaux des membres qu'elle
représente. On n'est pas ici pour faire la négociation à
la place de tout ce monde-là.
M. Sirros: Non, il ne s'agit pas de faire la négociation,
il faut voir les effets de cet article 5.
M. de Belleval: De ce point de vue, votre analyse est
correcte.
M. Sirros: Tout à l'heure, le ministre semblait dire: Non,
on va effectivement geler ce temps-là, on va prétendre que cette
année n'a jamais existé. Il semblait tout à fait à
l'aise avec cela.
M. Bérubé: Sauf pour l'ancienneté.
L'ancienneté reste, ce qui donne droit à des vacances ou à
d'autre chose. L'ancienneté est comptabilisée. Effectivement, la
progression dans les échelons aura été retardée
d'une année, ce qui fait qu'elle reprendra l'année suivante.
M. Sirros: Effectivement, il ne s'agit pas d'un gel temporaire,
il s'agit d'un recul qu'on fait par rapport au temps.
M. Bérubé: On marque le pas, oui. M. Sirros:
On marque le pas.
M. Bérubé: C'est exactement ce que l'Opposition
veut faire lorsqu'elle dit qu'il faut ramener les gens au niveau du secteur
privé. Cela veut dire exactement la même chose. Cela veut dire les
stabiliser à un endroit et laisser le marché privé avancer
par rapport à eux.
M. Sirros: Pouvez-vous vous rappeler la fois où nous avons
préconisé l'adoption d'une loi spéciale comme la loi 70,
qui enlève cet écart de tout le champ de la
négociation?
M. Bérubé: Non, je dois dire que je ne peux
trouver...
M. Sirros: Pouvez-vous vous rappeler plusieurs fois où
nous avons parlé d'aborder cette question avec les gens concernés
dans le cadre d'une négociation libre?
M. Bérubé: Je m'excuse, vous m'avez posé une
question. Est-ce que vous voulez que je vous réponde? Non?
M. Sirros: Je pensais que vous aviez répondu.
M. Bérubé: Ah bon! Non, vous m'avez coupé la
parole.
M. Sirros: Bon, allez-y.
M. Bérubé: Vous m'avez demandé s'il y avait
des suggestions de ce type qui avaient été faites par le Parti
libéral. Je peux dire non parce que, effectivement on n'entend aucune
suggestion, quelle qu'elle soit, de la part du Parti libéral qui soit de
nature à
résoudre quelque crise que ce soit. Le Parti libéral fait
un bon parti d'Opposition mais ne pourrait pas faire un gouvernement.
M. Sirros: Ce serait facile de faire un meilleur gouvernement que
celui qui est devant nous en tout cas. (20 h 30)
M. de Belleval: Est-ce qu'on peut adopter les articles 5 et
6?
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, juste avant 18 heures,
j'étais vraiment déçu parce que je posais des questions au
ministre et il disait: J'ai répondu à cela; informez-vous
auprès de tel ou tel député. Peut-être qu'ayant
commencé à 20 heures son esprit est un peu changé parce
que, tout de même, il va y avoir un échange d'idées et on a
été objectifs. Si j'ai bien lu les articles 5 et 6, il semble y
avoir une contradiction dans la position du ministre et la position du
député de Charlesbourg parce que le ministre est assez
honnête. Il admet que ce sont des mesures draconiennes qu'on trouve dans
l'article 4 et c'est un peu la même idée que l'on retrouve dans
les articles 5 et 6. Le député de Charlesbourg, lui, dit: Les
articles 5 et 6, c'est très bon parce que cela donne de la
flexibilité à une négociation. J'ai relu le texte entre 18
heures et 20 heures et je pense que je suis d'accord avec la position du
ministre que c'est encore une autre mesure draconienne. Quand le
député de Charlesbourg dit: Mais non, pas du tout, c'est juste
qu'on veut être plus flexibles. Je ne suis pas d'accord avec ça.
Mais j'aimerais avoir un éclaircissement là-dessus.
M. le député de Charlesbourg a lu, à un moment
donné, l'article 6. Il commençait à dire que, pendant la
négociation, on peut établir, par entente, des règles
différentes. Cela va très bien jusqu'au moment où on
arrive au point où il est écrit, quoi qu'il ait dit après,
à l'article 6: "... s'ils estiment qu'une telle entente aura pour effet
de réduire les coûts de la rémunération selon une
proportion comparable à celle qui résulterait de l'application de
l'article 5". De la manière dont j'interprète ça, M. le
ministre, c'est comme suit: C'est que vous dites: Voici, il y a tant d'argent
disponible. Pas un cent de plus. Ce qu'on a dit à l'article 5, on avance
certaines théories dans lesquelles il n'y a aucun avancement
d'échelon. Si vous voulez négocier, vous pourrez négocier
après, mais toujours en dedans de ce corset. Cette règle est bien
établie. Si vous voulez changer la règle, si le mieux
rémunéré doit prendre encore une autre pilule un peu plus
grave, faites ça et payez un peu plus à ceux qui reçoivent
moins, mais toujours en respectant la règle.
La directive que nous fixons et les directives sont claires: On vous
coupe et on n'a pas l'intention de retourner à ça.
Quand j'ai pensé à ce qui arrive au point de vue des
salaires, au 1er avril le ministre a dit: Le document sessionnel no 350,
à moins que, évidemment, il y ait une nouvelle autre convention.
Si j'ai bien compris c'est que, même s'il y a une nouvelle convention,
tout ce qui peut arriver au point de vue de flexibilité, c'est un
réaménagement de la misère, mais la coupure reste telle
quelle. Vous n'êtes pas prêts à dire: Nous allons chercher
une autre tranche de 200 000 000 $, après le 1er avril, on va mettre
cela dans le pot et on va diviser d'une manière plus équitable.
Vous n'avez jamais dit cela. Moi, j'ai l'impression, en lisant les articles 4,
5 et 6 tous ensemble, que la seule formule que vous permettez au point de vue
de négociation, c'est d'avoir un réarrangement interne entre les
différents employés, mais qu'ils ne peuvent jamais collectivement
retourner pour avoir le même niveau d'augmentation, par exemple, qui
existait. Vous avez déjà établi un principe.
L'augmentation que vous avez eue dans le passé, c'est fini pour
toujours. C'est comme ça que je l'ai compris. Si M. le ministre n'est
pas d'accord avec ça, je veux qu'il me l'explique. Quand je dis "le
ministre", cela inclut, en même temps, son adjoint parlementaire, le
député de Charlesbourg.
Excusez-moi, M. le Président. Est-ce que j'ai le droit de
conclure par la non-réponse de la part du président du Conseil du
trésor qu'il n'est pas capable de répondre à ma question?
Je suis bien prêt à faire enregistrer cela au journal des
Débats. Je vais encore plus loin que cela; je dis que l'on accepte tout
dans ma théorie, que vous essayez, encore une fois, de tricher la
population, tous ces travailleurs et travailleuses, et que, vraiment,
l'enveloppe établie, le barème établi, tout ce qu'on vous
donne le droit de faire après le 1er avril, c'est de renégocier
cela en dedans de ce paramètre que nous établissons une fois pour
toutes.
M. Bérubé: C'est l'inverse qu'on a dit, M. le
Président.
M. Polak: Excusez.
M. Bérubé: C'est l'inverse qu'on a dit, M. le
Président.
M. Polak: L'inverse que vous dites. Est-ce que le
député de Charlesbourg a un autre commentaire parce que cet
après-midi au moins on avait un échange intéressant?
M. de Belleval: Même commentaire que le ministre.
M. Polak: Même commentaire. Vous vous êtes
rencontrés, sans doute, entre 18 heures et 20 heures et vous suivez la
ligne du parti maintenant.
M. de Belleval: Non, le...
M. Blais: On a relu le texte.
M. Polak: D'accord. Vous avez relu le texte. Je vous
félicite.
M. de Belleval: On communique par télépathie, M. le
Président. On n'a pas besoin de se rencontrer.
Le Président (M. Boucher): Les articles 5 et 6 sont-ils
adoptés?
M. Bérubé: Adopté.
M. Scowen: Sur division.
Le Président (M. Boucher): Les articles 5 et 6 sont
adoptés sur division tels qu'amendés. Article 7. M. le
député de Vaudreuil-Soulanges.
Universités et institutions d'enseignement
privé
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je me demandais simplement si
c'est à la section I ou à l'occasion de l'étude de la
section II du chapitre III que le ministre entendait nous expliquer les raisons
pour lesquelles il prolonge de cette façon, aux universités et
aux institutions d'enseignement privé bénéficiaires de
subventions, les dispositions qui s'appliquent aux employés du secteur
public.
M. Bérubé: Dans la mesure où le gouvernement
subventionne les universités sur la base d'une masse salariale qui
évolue au même rythme que sa propre masse salariale et dans la
mesure où les institutions d'enseignement privé qui
bénéficient de subventions du gouvernement voient leurs
subventions calculées sur la base des coûts du secteur public
d'éducation, l'application de la présente loi aurait comme
conséquence une réduction des budgets des universités et
des institutions privées, laquelle réduction pourrait placer ces
institutions dans une situation fâcheuse. En effet, si elles ont conclu,
comme c'est souvent le cas, des conventions collectives calquées et
modelées sur les conventions collectives du secteur public, elles se
retrouveraient avec des déboursés qui ne diminueraient pas pour
des subventions qui, elles, décroîtraient au prorata des
décroissances observées dans l'ensemble du secteur public.
Évidemment, vous pourriez me dire: Tant pis, ce sont des institutions du
secteur privé et, après tout, elles sont privées, donc,
elles sont libres de faire faillite, de se financer comme elles l'entendent et,
si les subventions du gouvernement baissent, à Dieu vat! C'est une
hypothèse. L'autre hypothèse consiste à dire: Eh bien,
non, il s'agit quand même d'institutions qui, selon notre tradition, sont
de caractère privé mais répondent à un besoin
carrément public. Par conséquent, il faut pouvoir donner aux
universités, aux institutions privées la même
possibilité de faire décroître la
rémunération dans ces institutions. Dans le cas de ces
institutions nous demandons également aux parties de s'asseoir et de
négocier de bonne foi une réduction de la masse salariale.
Advenant le cas où il n'y aurait pas réduction de la masse
salariale, à ce moment-là, le gouvernement pourrait imposer par
décret une extension de trois mois des conventions collectives qui
couvrent les employés, exactement comme on le fait dans notre propre
secteur public, sur la même base que ce que nous avons dans le secteur
public, et ainsi réduire la masse salariale dans le secteur
privé. En même temps, des articles permettent au gouvernement
d'ajuster, je dirais, à la hausse ses subventions, en ce sens que le
gouvernement pourrait, dans le cas où une institution, par exemple,
l'Université McGill, où, si je ne m'abuse, les niveaux de
rémunération sont inférieurs à ceux des autres
universités québécoises... Elle n'a pas modelé le
paiement de ses professeurs sur la même base que le secteur public.
Alors, sur cette base, on pourrait effectivement exiger une réduction
moindre des niveaux de rémunération de telle sorte que l'on
tienne compte de la rémunération existante, compte tenu des
conventions collectives en cours. Donc, le gouvernement doit avoir une certaine
marge de manoeuvre pour faire en sorte qu'il n'ait pas à réduire
d'autant les subventions dans ces cas, et c'est le sens du projet de loi que
nous avons sous les yeux pour cette section.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II y a peut-être une
série de questions qui appellent des réponses factuelles.
À titre d'exemple, quel est l'ordre des montants qui sont en jeu, si le
ministre a cela à sa disposition? Est-ce qu'on peut le découvrir
à travers l'inventaire des conventions collectives qui pourraient
exister dans le secteur privé?
M. Bérubé: Pour les universités, c'est 80%
en salaires.
M. de Belleval: ... 800 000 000 $ de masse salariale aux
universités.
M. Bérubé: Pour la masse salariale, 640 000 000 $.
Alors, mettez 500 000 000 $ ou 600 000 000 $ de masse salariale aux
universités et calculez
sommairement qu'il s'agit d'une réduction... de quoi?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Le ministre peut prendre avis
de la question et nous répondre mercredi après-midi.
M. Bérubé: 5% ou 6%, la réduction?
M. de Belleval: Je dirais 50 000 000 $. De 50 000 000 $ à
60 000 000 $ de réduction.
M. Bérubé: Je dirais plutôt environ 30 000
000 $. Ce sont les chiffres, j'essaie d'avoir le pourcentage global de la
masse. On va s'amuser à vous calculer à peu près la masse
salariale des universités sachant la réduction en pourcentage de
la masse et voir ce que cela donne.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Est-ce qu'on présume
à ce moment-ci que, dans les universités, entre autres... Les
collèges privés, c'est une autre paire de manches,
présumément. Il y a beaucoup plus de variation, il me semble,
d'après mon expérience. Est-ce qu'on peut présumer qu'on
est devant une situation qui est vraiment calquée sur les augmentations
en escalier qu'on retrouve dans le secteur public et qui sont décrites
dans les conventions collectives en cours?
M. Bérubé: Dans les universités, en
général, les conventions collectives se terminent en novembre de
cette année. Elles sont calquées sur les augmentations
données au gouvernement.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On y retrouve des dispositions
qui donnaient lieu à des augmentations en juillet, des mécanismes
d'indexation et des choses comme cela. Alors, en novembre, en
général, pour les universités. Par ailleurs, il y combien
d'institutions d'enseignement privé qui sont affectées?
M. Bérubé: La situation des institutions
privées est beaucoup plus complexe...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Très variable.
M. Bérubé: ... parce qu'un bon nombre de ces
institutions n'ont pas de syndicat. Dans ce cas, évidemment, la loi ne
s'applique pas à elles.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui.
M. Bérubé: Elles vont voir leur subvention diminuer
et elles s'organiseront avec leurs employés. Alors, la loi ne couvre
donc que les institutions où il y a déjà des syndicats.
Là, il y a un grand nombre de cas... C'est la raison pour laquelle nous
ne pouvons pas les prévoir dans la loi. Il va falloir le faire cas par
cas, en examinant le niveau de rémunération dans chaque cas. Par
exemple, à l'école séfarade de Montréal, le niveau
de rémunération est nettement inférieur à ce qui
est payé ailleurs. Alors, dans ces conditions, il faudra voir avec les
institutions de combien seront affectées les subventions et faire les
ajustements avec elles.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Le ministre a
évoqué tout à l'heure un exemple, celui de McGill, on
pourrait en trouver d'autres sans doute.
M. Bérubé: Environ 28 000 000 $ ou 30 000 000 $
dans le cas des universités.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Bon, pour revenir en
arrière un peu, oui, d'accord. Le ministre a évoqué tout
à l'heure - il nous donnait l'exemple de McGill, il pourrait en donner
d'autres, le cas échéant - le fait qu'il y a un écart qui
favorise le secteur public du point de vue rémunération. Si je
comprends bien, l'objet de la loi no 70 du chapitre 3, en tout cas, est de
maintenir cet écart entre...
M. Bérubé: Non. Strictement parlant, l'application
de l'institution privée, c'est là le problème de
l'application qui va être assez complexe et qui va nécessiter la
négociation avec chaque institution. L'application simple de la loi nous
conduirait directement à réduire les masses salariales sur la
base des paramètres gouvernementaux. Or, il se produit que des
institutions privées ont choisi de payer moins cher leur professeur et
d'en avoir davantage. C'est leur droit le plus strict.
Si, cependant, en plein milieu scolaire, nous devions réduire
leurs subventions sur la base des paramètres, c'est-à-dire que,
dès l'été, nous leur annoncions que pour l'année
scolaire qui commence, nous réduisons leur subvention au prorata de la
réduction des masses salariales gouvernementales, il pourrait se
produire toutes sortes de situations financières. Pour permettre la
transition, il faut peut-être ne pas réduire les subventions aussi
rapidement, l'étaler dans le temps; accepter que dans une école
où on a engagé un très grand nombre de professeurs, mais
où on les paie peu, et où le fait de devoir réduire
davantage leur salaire frôlerait l'iniquité et que, d'un autre
côté, la disparition de la subvention ou la réduction de la
subvention au prorata des masses salariales pourrait avoir comme
conséquence de déséquilibrer entièrement
l'institution privée sur le plan financier et entraîner sa
fermeture, à ce moment, il
faudrait négocier avec eux et leur verser une subvention qui,
pour l'année en cours, pourrait être supérieure à ce
à quoi ils auraient droit si on avait simplement utilisé les
paramètres salariaux gouvernementaux.
Donc, les articles ici visent finalement à permettre d'être
un peu plus généreux dans le cas où la transition
résultant de l'application de la loi aurait des suites trop brutales
dans ces institutions-là.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Laurier.
M. Sirros: J'aimerais savoir si cela s'applique à
certaines écoles privées qui sont conventionnées avec le
secteur public; cela veut dire qu'elles ont des ententes avec le secteur public
et leur financement vient à des commissions scolaires et non pas
directement du gouvernement. Je pense, entre autres, à l'école
Socrate, de la communauté grecque. Est-ce que ces écoles sont
aussi couvertes par ces dispositions-là et comment leurs subventions
seraient-elles affectées, étant donné que ça vient
à travers les commissions scolaires?
M. Bérubé: À ce moment-là, c'est la
commission scolaire qui va voir sa subvention décroître, et,
évidemment, elle devra dans sa convention avec l'institution
privée en tenir compte.
M. Sirros: Ce qui veut dire que, finalement, ces institutions
privées en question risquent de ne pas bénéficier de cette
flexibilité comme vous dites, ces générosités qui
pourraient être inexistantes dans ces articles-ci, ce qui les mettrait
dans la position que vous voulez éviter pour les autres. N'y aurait-il
pas lieu, à ce moment-là, de prévoir la même
application à ces institutions ou l'étendre l'application
à ces institutions? Je ne sais pas par quel mécanisme,
mais...
M. Bérubé: Oui, mais je pense que la loi actuelle
le permet.
M. Sirros: Telle qu'elle est, c'est ce que je demande, est-ce que
ça s'applique aussi à ces écoles-là parce que ce
n'est pas le gouvernement qui les subventionne directement?
M. Bérubé: Je pense que l'école Socrate est
assez unique à Montréal, je crois que c'est la seule dans la
province qui a ce statut-là, si vous voulez.
M. Sirros: C'est la seule.
M. Bérubé: À ma connaissance, c'est la
seule, il n'y en a pas d'autre dans la province qui m'ait été
signalée parce qu'on a également des problèmes au niveau
des régimes de retraite avec celle-là. S'il y en avait d'autres,
on en aurait certainement entendu parler.
Est-ce que les employés sont syndiqués?
M. Sirros: Oui, ils sont syndiqués.
M. Bérubé: Ils sont syndiqués. Je suis
incapable de vous dire sur quelle base le ministère de
l'Éducation verse une subvention.
M. Sirros: C'est la CECM qui verse la subvention.
M. Bérubé: Ce n'est pas une école
subventionnée au sens traditionnel du terme. C'est le conseil scolaire
de la ville de Montréal à même ses allocations qui donne
une subvention. À ce moment, c'est la CECM qui...
M. Sirros: II faut dire que c'est à la suite de...
M. Bérubé: La CECM ayant moins de ressources va...
Je ne sais pas si elle va le faire.
M. Sirros: II faut dire aussi que c'est à la suite de
multiples pressions de la part du ministère de l'Éducation que
cette entente a été conclue entre la CECM et l'école
Socrate. En quelque sorte, la communauté s'est trouvée
forcée de conclure une entente, pour plusieurs problèmes dans
lesquels on n'entrera pas à ce moment, mais je trouve que ce serait
vraiment inéquitable... Au fond, c'est une école privée
d'une communauté culturelle. C'est une école dont les parents
aussi contribuent au financement et il me semble que ce serait...
M. de Belleval: ... la subvention selon les mêmes
paramètres, comprenez-vous?
M. Bérubé: Je pense qu'on n'a pas la
réponse. Le cas de votre école Socrate nous laisse un peu pantois
dans la mesure où nous ne savons pas quel genre d'entente existe entre
le ministère de l'Éducation et la CECM.
M. Sirros: Peut-être que l'adjoint parlementaire au
ministre de l'Éducation pourrait nous éclaircir?
M. de Belleval: II connaît cela par coeur, il va vous
donner la réponse. Allez-y, Monsieur..
M. Paquette: ...
M. de Belleval: II connaît cela par coeur, mais il ne veut
pas vous donner la
réponse.
M. Sirros: Sérieusement, est-ce qu'on peut s'attendre
qu'on regarde ces questions de plus près?
M. Bérubé: On va vous répondre. M.
Paquette: Mercredi. M. Sirros: Avant mercredi?
M. Paquette: Cela va demander beaucoup de recherches. Je pense
qu'il va falloir siéger jeudi.
M. Sirros: Est-ce que je dénote un certain cynisme dans la
voix du député de Rosemont?
M. de Belleval: Ne vous inquiétez pas, M. le
député. C'est une certaine fatigue. Ce n'est pas du cynisme.
M. Sirros: Mais je prends note que cela n'a pas l'air de vraiment
inquiéter les gens d'en face.
M. de Belleval: Non, non. Écoutez, on est sérieux,
on va traiter votre école d'une façon tout à fait juste.
C'est sérieux.
M. Bérubé: II faudrait connaître
spécifiquement l'entente entre le ministère de l'Éducation
et la CECM concernant cette école en particulier et le mécanisme
de versement de subvention. S'il s'agit d'une subvention hors norme non
couverte par la Loi sur l'enseignement privé, comme c'est probablement
le cas d'après ce que vous me dites, elle n'est pas couverte par la
présente loi. Donc, cette subvention ne fait pas l'objet de stipulation
légale ici. Et là, il faudrait voir quel genre de stipulation
légale régit le financement de cette école?
M. Sirros: D'accord. Est-ce que je pourrais avoir une idée
de l'ordre de grandeur de la diminution de la subvention, c'est-à-dire
proportionnellement...
M. de Belleval: La question du député de Laurier:
Est-ce que c'est le gouvernement actuel qui a permis à cette
école d'exister ou de recevoir sa subvention?
M. Sirros: Permis ou forcé, un des deux.
M. de Belleval: Si je me souviens bien, c'est sous ce
gouvernement que... Alors, si nous avons...
M. Sirros: C'est-à-dire que l'école était
subventionnée depuis 1971 sur la base 80% déclarée
d'intérêt public, etc. Par après, il y a eu certaines
pressions pour que cela devienne une expérience pilote.
M. de Belleval: Si nous avons eu autant de sollicitude envers
cette école dans le passé, nous allons continuer à l'avoir
dans l'avenir.
M. Sirros: L'école, au moment de la signature, avait
certaines réserves par rapport à ce genre de possibilité
d'être traitée comme les institutions publiques et peut-être
que sa crainte s'avère justifiée si on ne peut pas tenir compte
effectivement du caractère spécial.
M. de Belleval: Quelle sorte d'école est-ce? Est-ce une
école religieuse grecque ou quoi?
M. Sirros: Non, c'est une école de la communauté
grecque.
M. de Belleval: Pardon?
M. Sirros: C'est une école de la communauté
grecque. C'est une école qui suit le même programme que le
système public au point de vue de l'enseignement mais, en plus,
extensionne sa journée pour y ajouter du grec et de l'anglais.
M. de Belleval: Un peu comme le régime des
séfarades.
M. Sirros: Oui, cela doit être pareil. Je ne connais pas
trop cela. Et les parents contribuent.
M. de Belleval: Pas de problème, on va s'occuper de votre
école, M. le député.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâces.
M. Sirros: Je le note. Juste pour avoir une idée de
l'ordre de grandeur de la diminution des subventions. Ce serait sur la
même base, c'est-à-dire quelle serait la diminution, par exemple,
des subventions à la CECM ou aux commissions scolaires publiques? Ce
serait la même chose pour elles, je pense.
Le Président (M. Gagnon): L'article 7 est
adopté?
M. Sirros: Est-ce que j'aurai une réponse plus tard ou
quoi? Est-ce que les gens travaillent sur cela?
M. Bérubé: J'ai de la difficulté à
vous comprendre. Si vous voulez parler un peu plus fort dans votre micro,
peut-être qu'il est loin ou je ne sais pas.
M. Sirros: Je disais que j'aimerais avoir un ordre de grandeur de
la diminution de la subvention, si possible, si vous avez calculé
cela.
M. Bérubé: L'ordre de grandeur, c'est autour de
5%.
M. Sirros: D'accord.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Oui. Le ministre a mentionné les écoles
privées où il n'y a pas de syndicat, de convention collective,
donc. Moi, j'ai cherché plus loin et, dans la section II, on parle
toujours d'une entente négociée entre le gouvernement et les
syndicats. De quelle manière l'approche change au point de vue des
écoles, des organismes où il n'y a pas de convention collective,
où il n'y a pas de syndicat?
M. Bérubé: S'il n'y a pas de syndicat, il n'y a
aucun problème, en ce sens que ce qui va se produire, c'est que, les
lois qui régissent les subventions aux institutions privées
s'appliquant, la masse salariale est réduite d'environ 5% dans le
secteur public, elle va donc être réduite d'environ 5% dans le
secteur privé et on assistera donc à une réduction de la
subvention pour masse salariale d'environ 5%.
M. Polak: Ensuite, vous laissez à ceux qui
reçoivent les subventions le soin de faire les changements localement.
Maintenant, si on a l'exemple d'une école privée qui tombe dans
cette catégorie-là et qui, disons, par exemple, vraiment, comme
vous l'avez mentionné, a des instituteurs et des institutrices qui
travaillent pour un salaire moindre que le salaire moyen dans l'autre secteur
organisé, disons, et qui donnent même beaucoup de temps extra pour
enseigner la langue maternelle - je pense, par exemple, aux écoles
juives qui ont ce système où l'institutrice reste après 16
heures pour donner presque une heure ou deux heures d'enseignement gratuitement
-est-ce qu'on prévoit qu'il y ait une exemption possible? Est-ce que
quelqu'un qui a vraiment coupé et qui ne peut pas aller plus loin va
être exempté de cela ou est-ce qu'on dit: Non, cela, c'est la
coupure qu'on fait, c'est malheureux mais arrangez-vous avec?
M. Bérubé: Ce qui va se produire, c'est qu'à
moyen terme sa subvention va baisser parce que, si le coût du
système public décroît de 10%, bien, les subventions du
secteur privé vont décroître également de 10%. Donc,
chaque fois que le gouvernement entreprend une rationalisation de ses
dépenses - par exemple, cette année, nous avons réduit les
dépenses de l'éducation - eh bien, forcément, cela touche
également le secteur privé parce que ses subventions sont
accrochées au secteur public. Il est obligé de procéder
lui-même aux mêmes rationalisations. Donc, il est possible que,
compte tenu des salaires très généreux payés dans
le secteur public à l'éducation, certaines institutions
privées aient choisi de payer moins cher leurs professeurs et d'en
engager beaucoup profitant de la générosité, si vous
voulez, des enveloppes salariales mises à leur disposition. C'est leur
droit le plus strict. Mais, si le fait que l'on réduit l'enveloppe
salariale de l'enseignement les amène à devoir baisser les
salaires de leurs enseignants à des niveaux trop bas pour que ce soit
carrément justifiable, bien indéniablement, elles vont devoir
remercier les professeurs et réorganiser leur enseignement avec moins de
ressources. Alors, dans leur cas, elles ne baisseront pas leurs salaires, mais
elles diminueront le nombre de professeurs. D'autres institutions
privées qui, elles, payaient, à la suite de leur convention
collective, les mêmes salaires que dans le secteur public, devront, tel
que la loi le prévoit, baisser les salaires. Donc, elles auront des
choix à faire.
Cependant, comme l'année scolaire va commencer en septembre,
bien, si on devait appliquer une réduction de subvention d'un coup sec
à l'école juive, par exemple, dont vous parliez tout à
l'heure et que, admettons, on ne puisse pas véritablement modifier les
salaires, on pourrait désorganiser complètement l'enseignement
dans cette école en septembre. Alors, il faut donc donner au
ministère de l'Éducation la possibilité de ne pas avoir
à se soumettre à la Loi sur l'enseignement privé pour les
subventions et de donner une subvention plus généreuse pour
permettre la transition la première année. Et c'est le sens de la
présente section. Il y a un des articles qui prévoit ce
cas-là et qui permet au gouvernement d'ajuster la subvention en
conséquence. (21 heures)
M. Polak: C'est inscrit?
M. Bérubé: Oui, c'est inscrit. C'est pour permettre
la transition.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges avant, madame.
Mme Lavoie-Roux: Oui, d'accord.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est juste du
côté rédaction de l'article 7. Je trouve que c'est une
drôle de façon de dire: Voici, la loi s'applique aux
employeurs
suivants. Il y a premièrement, deuxièmement et, ensuite,
on dit: "II s'applique également aux salariés de ces employeurs
qui sont liés par une convention collective et aux associations
accréditées". Si on parcourt le chapitre III, on ne voit pas -
ça ne saute pas aux yeux - comment la loi s'applique à une
institution désignée dans premièrement et
deuxièmement, dont les salariés ne sont pas liés par une
convention collective avec cet employeur. Est-ce que c'est exact?
M. Bérubé: Cela s'applique à tous les
employeurs, mais dans le cas où il n'y a pas de convention collective
cela ne peut pas s'appliquer à ces salariés.
M. Sirros: Est-ce que cela a pour effet de...
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Laurier.
M. Sirros: Est-ce que cela a pour effet de dire que les
employés des institutions qui ne sont pas syndiqués ne subissent
pas de réduction de salaire?
M. Bérubé: Non, l'institution...
M. Sirros: L'institution, elle, subit une réduction
de...
M. Bérubé: ... de subvention. M. Sirros: ...
subvention.
M. Bérubé: Bon. Après cela, elle se
débrouillera avec ses employés.
M. Sirros: Après cela, ils s'arrangent entre eux?
M. Bérubé: S'il n'y a pas de convention collective,
il n'y a pas de contrainte. Le problème vient de l'existence de
conventions collectives qui feraient que l'institution verrait sa subvention
baisser. Elle a, de bonne foi, signé des conventions collectives
identiques et souvent modelées sur le secteur public et elle voit
subitement sa subvention baisser. Comme elle a les deux mains liées par
la convention collective, elle est absolument incapable d'y faire face. On
pourrait évidemment forcer la fermeture de ces institutions
privées si on le voulait, mais ce n'est pas le but recherché.
Alors, on permet à l'institution de bénéficier de
l'instrument de la loi pour amorcer la réouverture de ses conventions
collectives et rajuster les salaires comme dans le secteur public.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges)
D'accord, sauf que dans la section II, les articles 8 à 13, dans
chaque cas, décrivent des situations où on est en présence
d'un groupe d'employés liés par convention collective à un
employeur. Donc, le chapitre s'applique aux employeurs suivants: les
établissements universitaires et les institutions privées. Alors,
on veut voir en vertu de quel article cela va s'appliquer aux employeurs, par
exemple un collège privé, dont les employés ne sont pas
syndiqués. On cherche vainement.
M. Bérubé: II n'y en a pas.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges) Alors, c'est formidable! C'est
pourquoi je soulève ce problème de rédaction.
M. Bérubé: Non, non.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges) On prétend couvrir des
employeurs qui brillent par leur absence dans les dispositions de la section
II.
M. Bérubé: II faut comprendre qu'il n'en est pas
besoin. Imaginons le collège X dont les employés ne sont pas
syndiqués. Je n'ai pas besoin d'une loi puisque automatiquement la
subvention à ce collège sera ajustée en vertu de la Loi
sur l'enseignement privé et... Mais, oui!
M. Sirros: Même si les employés sont
syndiqués?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges) M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): Oui.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges) II y a "également" dans
le dernier alinéa.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: Prenons justement l'exemple d'une institution X ou Y
qui n'est pas liée par une convention collective; cette institution est
probablement liée par des contrats individuels avec ses
employés.
M. Bérubé: Oui.
M. Paquette: Elle a signé des contrats individuels avec
chacun des employés plutôt qu'un contrat collectif. Est-ce qu'on
ne risque pas d'avoir le même problème si la subvention pour la
masse salariale est diminuée à cette institution, alors qu'on ne
l'allège pas de ses obligations légales? Un contrat, c'est une
obligation légale, sauf que le contrat est individuel au lieu
d'être collectif. Est-ce qu'il y a un article dans la loi
là-dessus?
M. Bérubé: Si je ne me trompe pas, c'est une cause
de force majeure impliquant l'institution.
M. Paquette: J'aimerais qu'on vérifie ça, parce que
ça peut-être un problème.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges) Oui, mais ça ne saute pas
aux yeux, au point de vue juridique, que ce pourrait être un cas de force
majeure. C'est assez intéressant. La rédaction du dernier
alinéa de l'article 7 est la suivante: "II s'applique également
aux salariés..." Comme je le soulignais, cela a plutôt tendance,
ce dernier alinéa, à limiter l'application de la loi,
évidemment on le reconnaît, aux seules institutions où il y
a des employés syndiqués liés par convention
collective.
Au point de vue de la rédaction, je m'attendrais, dans les
articles 8 à 13 de la section II du présent chapitre III, de
trouver l'expression de la volonté de la loi à l'égard des
employeurs qui n'ont pas de syndicat.
M. Bérubé: II n'y en a pas besoin. Je reprends.
J'ai l'impression que je me suis mal exprimé ou encore peut-être,
comme il arrive fréquemment quand on essaie de comprendre un point, on
écoute distraitement l'explication. Reprenons. Les subventions
versées par le ministère de l'Éducation font l'objet d'une
détermination, sur une base définie, de paramètres
d'indexation qui tiennent compte du coût de l'éducation dans le
secteur public.
Ce qui va se produire dans le cas des institutions privées, c'est
qu'elles verront leurs subventions réduites, n'est-ce pas? On n'a nul
besoin de la loi. S'il n'y a pas de convention collective liant l'institution
avec ses employés, à ce moment, la loi 70 ne s'applique pas
à ces institutions.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): J'ai compris cela depuis le
début. Vous avez simplement répété votre
réponse, c'est impeccable, à moins qu'il n'y ait un
complément de réponse.
M. Bérubé: La formulation de l'article 7 est la
même que celle de l'article 2. On identifie d'abord les employeurs
auxquels il faut que cela s'applique et on signale que cela s'applique aussi
aux salariés qui sont liés par convention collective. Autrement
dit, il y a des conventions collectives dans les universités et dans les
collèges. Il faut d'abord dire que cela s'applique à ces
employeurs et que la loi s'applique aux associations accréditées
pour les employés qui sont syndiqués.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
D'accord, sauf que, dans le cas de...
M. Bérubé: C'est comme l'article 2, c'est la
même façon de l'exprimer.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, sauf que, dans le
cas...
M. Bérubé: Je vais tourner l'argument à
l'envers. Il y a deux possibilités: Soit que vous vous soyez mal
exprimé dans votre question ou soit que je n'aie pas suffisamment bien
porté attention à votre question, de façon que je n'en aie
pas vu la substantifique moelle. Pouvez-vous la reprendre?
M. de Belleval: ...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Étant donné qu'on
a soulevé la formulation qui existe dans l'article 2, je le cherche dans
ce cas dans l'article 2. Un instant, on a évoqué l'article 2 et
on a indiqué que cela était un précédent pour la
rédaction de l'article 7. Je demanderais alors au ministre quels sont
les cas couverts par la loi où on a, en présence des employeurs
suivants mentionnés à l'article 2, premièrement,
deuxièmement, troisièmement, quatrièmement et
cinquièmement - maintenant, il y en a cinq au lieu de quatre dans la
version originale -où il n'y a pas de salariés liés par
convention collective.
M. Bérubé: Dans les quatre groupes... Dans
l'article 2. D'ailleurs je ne vois pas pourquoi on parle de l'article 2 parce
que l'article 2 s'applique aux collèges, aux commissions scolaires. Vous
effacerez du journal des Débats l'intervention antérieure du
ministre dont le son de voix différait légèrement du son
de voix habituel. On s'en tiendra à l'article 7.
L'article 7 dit que cette loi s'applique aux établissements
universitaires au sens de la loi et qu'il s'applique aux institutions reconnues
pour fins de subvention ou déclarées d'intérêt
public suivant la Loi sur l'enseignement privé. Voici les institutions
auxquelles ce chapitre s'applique, premièrement.
Deuxièmement, il s'applique aux salariés de ces employeurs
liés par une convention collective. Si les employés d'une de ces
institutions ne sont pas liés par une convention collective, cela ne
s'applique pas à ces employés.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): J'ai compris depuis le
début.
M. Bérubé: Bon, c'est magnifique. Alors,
adopté, M. le Président, l'article 7.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Pas du tout.
II subsiste tout de même, il me semble, au point de vue de la
rédaction, au point de vue conceptuel, quand on lit les articles 7
à 13... On prétend, dans l'article 7, couvrir tous les cas
possibles, mais la formulation qu'on emploie pour le faire laisse
soupçonner, je le répète, que, dans les articles 8
à 13, il y aura des articles qui s'appliqueront aux employeurs, à
tous les employeurs mentionnés dans le premièrement et le
deuxièmement de cet article 7.
M. Bérubé: Non.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je regrette, mais...
M. Paquette: M. le Président...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Le présent chapitre a
deux catégories d'institutions, de personnes - personnes au sens
très large - premièrement, les établissements
universitaires, deuxièmement institutions reconnues pour fins de
subventions et ensuite également... le mot "également" s'applique
aux salariés de ces employeurs liés par convention
collective.
M. Bérubé: Cela s'applique à tous ces
employeurs et, après ça, il faut regarder, il faut
analyser...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Sauf ceux qui n'ont pas
d'employés syndiqués.
M. Bérubé: II faut regarder les articles un
à un et voir en quoi la section II concerne ces institutions, c'est
tout.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je ne veux pas
éterniser, mais c'est précisément ça l'objet, de
l'article 8 à l'article 13, je cherche encore vainement une section qui
s'applique à un employeur comme un collège privé où
les employés ne sont pas liés par convention collective à
cet employeur.
M. Paquette: II n'y en a pas.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II n'y en a pas? Merci. Donc la
loi ne s'applique pas à tous les employeurs mentionnés en
premièrement et deuxièmement, elle s'applique simplement à
ces employeurs, à condition qu'ils aient des employés liés
par convention collective avec l'institution. Vrai ou faux? Donc, c'est
drôlement formulé.
M. Paquette: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: Je ne pense pas qu'il y ait de problème de
rédaction ici. On s'entend tous pour interpréter les articles de
la loi comme s'appliquant aux institutions d'enseignement privé dont les
travailleurs sont régis par des conventions collectives et on
prévoit des mécanismes d'adaptation pour prévenir une
baisse des subventions qui n'est pas prévue dans le projet de loi, donc
ce n'est pas l'objet, mais qui est bien sûr prévue au budget. Il
s'agit de protéger les institutions contre les contrecoups.
Il reste quand même le problème que j'ai soulevé et
j'aimerais bien avoir une réponse. La question qui se pose est: Est-ce
qu'il ne devrait pas y avoir en plus des articles qui protègent les
employeurs dont les employés ne sont pas syndiqués? Puisque ces
employeurs, bien qu'ils n'aient pas à se plier à une convention
collective avec l'ensemble de leurs employés, sont liés par des
contrats individuels avec chacun de leurs employés; lesquels contrats
peuvent s'appliquer jusqu'à la fin de l'année financière.
Par conséquent, ces institutions se verraient réduire leur
subvention comme les autres, mais seraient liées à des
obligations qui ne leur permettraient pas de s'adapter.
M. de Belleval: Elles relèvent du Code civil à ce
moment-là.
M. Paquette: Elles relèvent du Code civil, mais je ne
pense pas que ça change quoi que ce soit. Elles sont fondamentalement
dans la même situation sur le plan financier. C'est la question que je
pose: Est-ce qu'on ne devrait pas ajouter des articles pour couvrir ces
cas?
M. Bérubé: C'est couvert dans la loi.
M. Paquette: Comment ça? Expliquez-moi ça?
M. Bérubé: Par l'article 18.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est dans le chapitre IV,
d'accord.
M. Bérubé: C'est dans le chapitre IV, on dit: Ces
institutions reconnues pour fins de subventions ou déclarées
d'intérêt public sont couvertes par la loi.
M. de Belleval: D'accord.
M. Bérubé: Et, lorsqu'on arrive au chapitre IV,
Dispositions générales et finales, il est indiqué que
"Malgré toute disposition inconciliable d'une loi, d'un
règlement, d'une règle budgétaire, d'une directive ou
d'une instruction, le gouvernement peut, sans autre formalité, fixer ou
modifier par décret le montant de toute subvention qu'il verse à
un employeur auquel s'applique le chapitre II ou le chapitre III afin de tenir
compte des réductions de coûts que prévoit la
présente
loi et afin d'assurer, s'il l'estime nécessaire, la
réalisation de réductions comparables dans le cas où
l'employeur n'est pas lié par une convention collective."
En d'autres termes, ce que cet article fait, c'est qu'il permet de tenir
compte de chaque circonstance individuelle qui ferait en sorte que le
gouvernement, s'il était forcé d'appliquer la loi
générale de subventionnement, serait obligé de
réduire la subvention sans tenir compte des conditions individuelles.
Donc, pourrait mettre certaines institutions privées en position
financière difficile.
M. Paquette: M. le Président, j'aimerais avoir plus de
précision, parce que je ne suis pas du tout satisfait de la
réponse du ministre, dans le sens suivant. À mon avis, l'article
18 dit à peu près ceci: Les articles 8 à 13 ont pour effet
de réduire les coûts, puisqu'ils réduisent les salaires des
salariés... Laissez-moi terminer. (21 h 15)
M. Bérubé: Un instant, je m'excuse. M. le
Président, je pense que ce sera une question de règlement
à ce moment-ci. Nous devons analyser un projet de loi article par
article. Le problème, c'est qu'on pose des questions qui ne sont pas
nécessairement reliées à un article et ceci nous force,
contrairement au règlement, à nous promener d'un endroit à
l'autre au sein d'une loi, ce qui est impossible en pratique.
Ce que je suggérerais que l'on fasse, M. le Président,
c'est qu'on aborde chaque article et, à ce moment-là, on pourra
soulever les questions, soit des propositions d'amendements ou autres, portant
sur un article en particulier. Sinon, je pense qu'on n'arrivera pas vraiment
à ordonner notre travail.
Le Président (M. Boucher): II est évident qu'on est
à l'article 7.
M. Paquette: On peut bien attendre à l'article 18, mais,
à mon avis, cela ne règle pas le problème.
Le Président (M. Boucher): Si vous désirez
suspendre l'article 7 et passer à l'article 18.
M. Bérubé: Je n'ai pas d'objection à passer
à l'article 18, si on veut.
Mme Lavoie-Roux: Si on acceptait l'article 7 tel quel et que,
tout à coup, vous vous retrouvez à l'article 18, selon les
explications que j'ai entendues du ministre, il m'apparaît que l'article
18 ne comporte pas les garanties que vous venez de nous présenter. C'est
l'impression que j'ai en lisant l'article 18.
M. de Belleval: On regardera cela quand on étudiera
l'article 18.
Mme Lavoie-Roux: Je ne sais pas qui avait le droit de parole.
Le Président (M. Boucher): Mme la députée de
L'Acadie, vous aviez demandé la parole. M. le député de
Vaudreuil-Soulanges, je vous ferai remarquer que vous avez
dépassé amplement votre temps.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je me fais remarquer aussi que
je dois être en Chambre pour parler du projet de loi no 37 dans trois ou
quatre minutes.
Une voix: Oh, mon Dieu!
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est moins important que cela,
peut-être. Cela dépend de chacun.
M. Paquette: Pourtant, vous avez fait un "filibuster"
là-dessus.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je vais laisser pour
mémoire à mes collègues que si, éventuellement,
l'article 7 était appelé pour adoption, je vais presque
suggérer un vote enregistré dans la mesure où il y a au
moins deux députés du côté ministériel qui
m'ont fait signe que j'avais raison et qui ont peut-être même dit
assez fort pour que ce soit enregistré que la rédaction laissait
un peu à désirer...
M. Bérubé: La rédaction est très
claire, M. le Président.
M. Paquette: Pas du tout.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ... sauf lorsqu'on parle de
l'article 18.
M. Paquette: M. le Président...
M. Bérubé: La rédaction est très
claire. Elle dit: "Le présent chapitre s'applique aux employeurs
suivants." Elle dit quels sont les employeurs et elle les définit
très clairement. Elle dit que ce sont les établissements
universitaires, les institutions privées prévues dans les lois
refondues du Québec, chapitre E-9. C'est très clair. Elle
définit clairement quelles sont les institutions touchées,
premièrement. Deuxièmement, quant aux salariés qui sont
touchés dans la présente loi, ce sont les salariés qui
sont liés par une convention collective. Elle est très claire.
Elle dit clairement quelles sont les parties touchées et elle est
englobante.
M. de Belleval: D'accord, cela va. On se comprend bien. Je suis
d'accord avec le député de Vaudreuil-Soulanges.
M. Raquette: J'aimerais simplement dire que le
député s'approprie un peu hâtivement nos interventions
parce que je pense que cela porte sur autre chose.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je les ai
qualifiées.
M. de Belleval: Non, c'est parce que, à la fin de son
intervention, il a indiqué sauf l'article 18.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Étant donné
l'existence de l'article 18.
M. de Belleval: C'est cela. De ce point de vue, nous sommes
d'accord.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Sans qu'on rentre dans du
"byzantisme."
Uhe voix: Du byzantinisme.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Du byzantinisme, oui, il y a un
"n" à la fin.
M. de Belleval: II faut que ce soit vraiment byzantin pour que ce
soit du byzantinisme.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Au chapitre III, à
l'article 7, on parle de tous les employeurs de façon globale, comme le
ministre l'a expliqué, à la seule fin, si je comprends bien, de
qualifier certains de ces employeurs pour qu'ils bénéficient des
décrets ou des décisions gouvernementales qu'on retrouve au
chapitre IV en matière de subventions.
M. Paquette: C'est cela.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est fort. C'est très
fort.
M. de Belleval: C'est dans le TTF.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): TTF.
M. de Belleval: Très très fort.
Le Président (M. Boucher): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, si on a répondu
à ces questions, dites-le-moi car je ne veux absolument pas retarder le
débat. Il y a un élément. Dans le cas des institutions
privées, elles reçoivent 66%, je pense, maintenant. Au lieu de
80%, c'est rendu à 60%, peu importe.
Des voix: 76%, 75%.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela. Peu importe le montant, cela n'a pas
tellement d'importance pour la question que je veux poser. Elles sont toujours
payées, enfin, les subventions sont toujours calculées avec un an
de retard.
M. Bérubé: Plus maintenant.
Mme Lavoie-Roux: Plus maintenant.
M. Paquette: C'est pour cela que le budget de l'enseignement
privé augmente plus rapidement que les autres.
Mme Lavoie-Roux: Mais au moment où on se parle -
peut-être que cela n'aura pas d'inconvénient si vous
décidez, la semaine prochaine, de leur dire quelles sont leurs
subventions pour l'an prochain - elles n'ont pas encore eu d'avis. Je pense
qu'il n'y a pas encore de décision officielle de prise quant aux
subventions que ces institutions auront pour le financement de la prochaine
année scolaire.
M. Bérubé: C'est bien cela, mais le
ministère de l'Éducation est en contact avec eux et leur a
expliqué que les subventions vont évoluer de la même
façon que le coût de l'enseignement dans le secteur public. On les
a donc mis au courant de la volonté gouvernementale de réduire
les salaires de 521 000 000 $, soit l'équivalent de 5% de sa masse, et
qu'évidemment ceci allait affecter les subventions. Donc, en
général, les gens savent qu'ils ont à...
Mme Lavoie-Roux: Si je vous ai bien compris, il y a des
employés du secteur privé qui y seraient soumis ou pas, selon
qu'ils sont régis par une convention ou pas. Je pense qu'on s'entend
là-dessus. Dans le cas des institutions privées qui ne sont pas
régies par une convention, l'obligation ne leur est pas
créée, je pense, de faire subir à leurs employés
cette réduction pendant trois mois. Est-ce que la subvention qu'on leur
accordera sera calculée comme si elles devaient appliquer cette
diminution?
M. Bérubé: Oui, parce que la loi sur le financement
de l'enseignement privé, de toute façon, entraînerait une
réduction des subventions. Donc, en partant, elles sont prises avec une
réduction de subvention.
M. Paquette: Parce que la subvention est basée sur la
masse salariale publique.
M. Bérubé: L'article 18, dont on parlait
tantôt, permet au gouvernement d'annuler cette réduction pour
tenir compte des situations individuelles.
Mme Lavoie-Roux: Je ne veux pas aborder l'article 18 parce qu'on
a décidé de le laisser de côté, mais je n'y serai
pas
quand on l'étudiera. Je vais suggérer à mes
collègues de vous demander, quand vous serez rendu à l'article
18, sur quels critères vous allez vous appuyer pour décider
d'appliquer une réduction ou pas. Vous dites: "Pour permettre à
certaines institutions de ne pas être en péril", on pourrait avoir
une certaine dose, sans mauvaise volonté nécessairement, de
subjectivité.
M. Bérubé: Je pense que c'est l'aspect le plus
délicat. Il y a une autre solution qui est très simple; elle
consiste à dire: Ce sont des institutions privées, on applique la
loi, on réduit la subvention, point à la ligne. Maintenant, si
vous fermez, assoyez-vous à une table, négociez, décidez
ce que vous voulez, si l'institution fait faillite, elle fera faillite. Si vous
êtes déjà au maximum des frais de scolarité, tant
pis pour vous, quoi! Cela pourrait être une attitude qui consisterait
à dire: La rigueur de la loi est là pour tous et, par
conséquent, puisque vous êtes des institutions privées,
avec une volonté gouvernementale de ne pas s'immiscer dans votre
fonctionnement interne, nous appliquons la loi générale de
subvention aux institutions privées et adieu. Cela est une approche.
C'est l'approche que nous rejetons, en ce sens qu'une approche trop rigoriste,
de ce type-là, pourrait avoir effectivement des implications
majeures.
Il faut donc, dans l'année de transition où la loi 70
s'applique, être capable de ne pas appliquer véritablement la loi
sur les subventions aux institutions privées. Prenons le cas
soulevé par le député de Rosemont: une série de
contrats de nature privée entre l'institution et ses professeurs. Cela
représenterait un carcan tel que l'institution serait menacée de
fermer ses portes. Là, en toute franchise, il y a une décision
politique à prendre, à savoir: Est-ce qu'on la laisse fermer? On
pourrait réduire la subvention et la regarder aller et si, à un
moment donné, l'année scolaire est effectivement menacée,
on pourrait réajuster la subvention, si on le juge bon, ou on
déciderait: Non, on ne l'ajuste pas. Là, il y a un
élément d'arbitraire, mais c'est extrêmement difficile,
étant donné la grande variété des cas.
Prenons un exemple qu'on m'a cité, celui de l'école
séfarade où le niveau de rémunération est
déjà très bas. Il n'y a probablement pas beaucoup de marge
de manoeuvre en termes de réduction des salaires pour cette
année. Quant à mettre à pied des professeurs au moment
où les classes sont organisées, au moment où tout est en
place, cela paraît peu faisable. Peut-être l'année
prochaine, mais pas cette année. Donc, on pourrait être
amené cette année à ne pas appliquer la réduction
de subvention que la loi prévoit pour permettre à l'école
de passer à travers, mais, évidemment, l'année prochaine,
la loi 70 n'étant plus en vigueur, elle devra connaître une
réduction de son niveau de subvention et elle devra prendre les moyens
appropriés pour entrer dans son équilibre budgétaire. Il
nous faut permettre des mesures transitoires et l'article 18 représente
ces mesures transitoires.
Mme Lavoie-Roux: D'une façon générale - je
ne connais pas le cas de chacun - la situation est la suivante. Ceux qui paient
un salaire égal au secteur public dans les institutions privées -
là, je veux parler des institutions privées qui sont reconnues
d'intérêt public - c'est ordinairement parce que leur subvention,
à ce moment-ci, leur a rendu la vie un peu plus difficile, il y a deux
ans, et ils y suppléent par le fait que la plupart ou un grand nombre
d'entre eux ont encore une tradition religieuse ou ont encore des membres
religieux qui sont affectés à l'école à titre de
l'audiovisuel ou pour un tas de fonctions et qui, eux, reçoivent une
rémunération bien inférieure à tout ce qu'on peut
donner dans le secteur public. C'est par ce moyen qu'ils ont réussi
à donner la parité entre le salaire du secteur privé et
celui du secteur public. C'est bien davantage la situation et j'aimerais
connaître l'école qui a pu se donner plus de professeurs en les
payant moins. Je doute fort que ce soit la règle générale.
Il peut en exister car, comme je l'ai dit tout à l'heure, je n'ai pas
fait le tour.
Je tiens à dire, toujours dans le cas des écoles
d'intérêt public, qu'on va mettre les écoles dans des
situations extrêmement difficiles. Les séfarades ont des
coûts qui leur incombent à partir du transport parce qu'ils
transportent leurs enfants partout; c'est ce qui ajoute un coût
supplémentaire à leur école, mais, dans d'autres cas
où il n'y a pas de transport, c'est d'autres types de problèmes.
En tout cas, je tiens à ce que ce soit enregistré au journal des
Débats sans, à ce moment-ci, faire un plaidoyer pour
l'école privée par rapport à l'école publique. Ce
n'est pas le fond de la question, mais, pour autant qu'on permette à
l'école privée de subsister parce qu'elle rend un service que,
jusqu'à maintenant, l'État a considéré, qu'il
reconnaissait, je pense qu'il faudrait réfléchir grandement sur
des espèces de mesures un peu plus douces ou d'ajustement qu'on voudrait
faire à leur endroit.
M. Bérubé: Justement à cause du
caractère varié des situations, on était obligé
d'introduire un article du type de l'article 18, justement pour donner la
souplesse de faire face à ces situations particulières; sinon,
l'application pure et simple de la loi...
Mme Lavoie-Roux: La plupart des écoles auxquelles je fais
référence sont des écoles à but non lucratif. On
connaît des
écoles secondaires d'intérêt public qui sont
à but lucratif. Je ne veux identifier personne à ce
moment-ci.
M. Paquette: Non, il n'y a aucune école à but
lucratif qui est subventionnée.
Mme Lavoie-Roux: Elles sont reconnues à 60%, à ce
moment-là.
M. Paquette: Même là. Je ne pense pas qu'il y ait
des écoles subventionnées qui soient à but lucratif.
Mme Lavoie-Roux: Dans mon esprit, je pensais...
M. Paquette: Ce sont des écoles avec permis, à ce
moment-là, mais elles ne sont pas subventionnées.
Mme Lavoie-Roux: Ce sont des gens salariés qui travaillent
à l'intérieur.
M. Paquette: Oui.
Mme Lavoie-Roux: Les autres, ce ne sont vraiment pas des
écoles à but lucratif.
M. Paquette: Non.
Mme Lavoie-Roux: Dans ce sens, je pense qu'il faut être
prudent.
M. Paquette: Cela renforce ce que vous dites. M. le
Président...
Mme Lavoie-Roux: Bon, je vous dis bonsoir.
Le Président (M. Boucher): Le député de
Sainte-Anne avait demandé la parole
M. Paquette: C'est sur le même sujet. Vous aussi?
M. Polak: Bon, allez-y. Je parlerai après vous.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: Simplement pour qu'on comprenne bien clairement, je
vais prendre un exemple. À l'Université McGill, il n'y a pas de
convention collective. Sauf erreur, les employés ne sont pas
syndiqués. À l'Université de Montréal, ils le sont.
Il s'agit de deux institutions universitaires privées, à but non
lucratif; donc, toutes les deux sont couvertes par les articles ici. Cela
voudrait dire que l'Université de Montréal, qui est liée
par une convention collective à ses enseignants, devra entreprendre et
poursuivre de bonne foi la négociation d'une entente en vue de prolonger
de trois mois la durée de la convention collective, comme on le dit
à l'article 8, et obtenir des réductions de traitement
équivalant à celles du secteur public. Ces subventions vont
être réduites à la baisse en conséquence de la
réduction générale dans le secteur public. (21 h 30)
McGill, par contre, n'est pas couverte par aucun des articles de 8
à 13, donc, n'a pas d'incitation à réduire les salaires de
ses employés. Probablement que cette université ne le fera pas.
Probablement que la plupart de ses contrats couvrent la période qui nous
intéresse. Peu importe. Et l'article 18 donne une soupape au ministre
qui permettra, s'il le veut, à sa discrétion, de ne pas
réduire la subvention. Ce qui veut dire qu'on pourrait être
amené, parce qu'une institution n'est pas syndiquée, à
débourser des sommes plus importantes de ce côté.
M. Bérubé: Car le ministre pourrait bien dire qu'il
n'ajuste pas la subvention à la hausse et...
M. Paquette: Que l'institution a des réserves...
M. Bérubé: Oui, que l'institution aura à se
débrouiller avec les déficits.
M. Paquette: D'accord. Je comprends bien le sens de l'article 18.
J'ai une question. Vous avez pris cette option par rapport à une autre
qui aurait été d'assujettir les institutions privées qui
n'ont pas de convention collective, non conventionnées, avec leurs
employés, qui auraient appliqué les mêmes règles
à des contrats individuels avec les employés qu'avec les contrats
collectifs. Vous avez plutôt choisi l'option que vous venez de
décrire. Qu'est-ce qui vous a amenés...
M. Bérubé: On ne veut pas entrer dans les contrats
individuels.
M. Paquette: Contrats individuels ou collectifs.
M. Bérubé: Les contrats collectifs ont quand
même un avantage qu'ils sont en nombre limité, mais les contrats
individuels, c'est impossible.
M. Paquette: C'est une question essentiellement
d'application.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Je veux reprendre l'argument du député de
Rosemont. Le ministre dit: Dans le cas des écoles privées
où il n'y a pas de syndicat, on coupe la subvention, arrangez-vous avec
vos problèmes. Si c'est
vraiment grave, selon l'étude du cas particulier, on peut
toujours amender selon l'article 18 cette subvention. Mais est-ce que le
gouvernement n'est pas obligé d'aller un peu plus loin? Prenons le cas
d'une école privée où il y a quinze professeurs. Tous les
quinze vont prendre une petite réduction. Peut-être que quatorze
demeurent au même niveau, mais on n'a plus besoin de professeur de
musique grecque, par exemple. Mais là, ce qui arrive, dans beaucoup
d'institutions, il y a des contrats par écrit et il y a quelques
employés qui vont dire: Si vous coupez mon salaire, je vais vous
poursuivre, vous n'avez pas le droit de le faire. C'est là que la loi du
plus grand nombre va l'emporter sur le gars qui est seul. Il y a une forte
possibilité que le professeur de musique va perdre sa position et que
les quatorze autres vont dire: On va prendre un avocat, on va vous poursuivre.
Vous ne pourrez pas faire ça.
Pourquoi ne pourrait-on pas dire dans le même projet de loi que
l'institution a le choix de diviser cette coupure de la manière qu'elle
veut? Si ça prend une intervention dans le secteur privé, elle
peut le faire. Parce que ce que vous faites, c'est qu'à un moment
donné, vous intervenez dans un contrat de nature collective, on peut le
faire...
M. Bérubé: L'institution peut respecter ses
contrats privés et ne pas s'entendre avec personne ou ne pas chercher
à s'entendre, mais l'année suivante, elle devra en mettre
à pied. Parce que contrairement à la situation dans le cas de
contrats privés, il faut bien se dire que lorsque ce contrat arrive
à échéance, la personne n'a aucune sécurité
d'emploi, elle peut donc être renvoyée. Son renouvellement de
contrat peut se faire dans des conditions très désavantageuses.
En d'autres termes, dans le cas de contrats individuels entre l'enseignant et
l'institution, ce qui va se produire, c'est que compte tenu du budget,
l'institution va devoir reconvoquer son personnel et dire: Écoutez, les
conditions ont changé, il faudrait modifier le contrat. L'institution
est dans une position beaucoup plus forte dans le cas de contrats individuels
pour amener une modification que dans le cas du contrat collectif. C'est
ça la différence.
M. Polak: Quand vous faites ça, vous supportez vraiment la
perte de celui qui est seul ou les deux qui sont seuls dont la position va
disparaître parce que, justement, ils vont succomber à la pression
de ceux qui sont plus nombreux.
M. Bérubé: C'est cela.
M. Polak: J'aimerais bien que la loi le précise, parce que
l'institution va dire: Je ne sais pas exactement. Le gouvernement dit:
On coupe la subvention, c'est vrai, mais il n'y a rien qui dit qu'en
dedans de leur régie interne, les institutions ne peuvent pas mettre de
côté les contrats mutuels qui existent. J'aimerais que ces
institutions aient au moins ce pouvoir, parce qu'à ce moment-là
elles vont choisir probablement la méthode générale. Je
trouve cela plus équitable que tout le monde gagne un peu moins au lieu
de couper un ou deux postes. J'ai peur, de la manière dont c'est
formulé, que vous leur disiez: On coupe les subventions et
arrangez-vous. Ce qui arrivera, à cause des pressions - parce qu'ils
s'organisent entre eux aussi -c'est que celui qui est le moins fort va payer le
prix total pour cela.
M. Bérubé: Ce qui me frappe dans l'intervention du
député de Sainte-Anne, c'est une certaine inconsistance.
Lorsqu'une institution est privée, le gouvernement n'a pas à
prendre de décisions à sa place.
M. Polak: Mais on parle de mesures extraordinaires. On intervient
dans une convention collective. Donc, pourquoi ne peut-on pas intervenir ou au
moins donner la possibilité à l'institution d'intervenir dans un
contrat de nature privée?
M. Bérubé: Non, non, non. Je pense que la seule
chose que nous devons faire, strictement, c'est réduire la subvention
suivant la loi régissant les subventions à ces institutions. Nous
réduisons la subvention. Nous pourrions très bien dire à
l'institution, dans ces cas-là: Maintenant, débrouillez-vous.
Nous choisissons de ne pas le faire en permettant à ces institutions,
qui ont des conventions collectives comme le gouvernement, de modifier ces
conventions collectives. Quant aux institutions qui n'ont pas de convention
collective, nous ne nous immisçons pas dans des relations de
caractère privé entre l'institution et une personne en
particulier. Par conséquent, il appartient à l'institution de
décider comment elle modifiera ses relations de nature privée qui
la lient à des contractuels ou à des employés pour faire
en sorte qu'elle entre dans ses équilibres financiers. C'est son
problème et non pas le problème de l'État...
M. Polak: Non, mais le résultat...
M. Bérubé: ... à moins de remplacer cette
institution privée par une institution à caractère public.
À ce moment-là, l'État aura à intervenir dans les
relations, mais, autrement, non.
M. Polak: Mais cela veut dire que ceux qui sont organisés
au moyen d'un syndicat sont vraiment mieux protégés, parce que
dans le cas de ceux qui sont syndiqués, il n'y aura pas de choix,
l'institution ne peut pas
dire: Je vais renvoyer quelqu'un, congédier quelqu'un et...
M. Bérubé: C'est une hypothèse.
M. Polak: ... retenir le reste, tandis que, pour ceux qui ne sont
pas organisés, là, il y a un choix.
M. Bérubé: Vous venez de comprendre l'avantage du
syndicalisme.
M. Polak: Oh, oui! Mais on parle aussi d'équité et
de justice.
M. Bérubé: Mais non! C'est bien certain que le
syndicalisme permet la défense des droits collectifs et qu'effectivement
c'est un avantage important.
M. de Belleval: Cela peut protéger parfois le professeur
de musique.
M. Polak: Pardon?
M. de Belleval: Cela peut permettre de protéger le
professeur de musique.
M. Bérubé: Oui, c'est un avantage important.
M. Polak: Ce qui est très important. M.
Bérubé: Indéniablement.
M. de Belleval: Oui, oui, on est d'accord avec vous.
M. Polak: II est malheureux qu'on ne donne pas ce choix.
M. Paquette: II faut favoriser l'accès à la
syndicalisation.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Polak: M. le Président, est-ce que...
Le Président (M. Boucher): Avez-vous terminé, M. le
député de Sainte-Anne?
M. Polak: J'ai terminé.
M. Bérubé: M. le Président, j'aimerais qu'on
adopte peut-être l'article 7 dont on a discuté longuement. Je
m'aperçois d'une chose, c'est qu'on ne discute plus de l'article 7. On
est toujours rendu à l'article 18 et on se promène un peu
partout. En fait, on devrait s'en tenir peut-être à appeler
maintenant l'article 8.
M. Paquette: Cela va permettre au ministre d'avoir l'appui des
députés ministériels sur l'ensemble des articles, qui
suivent.
Le Président (M. Boucher): L'article 7 est-il
adopté?
M. Scowen: Sur division.
Conditions de travail applicables
Le Président (M. Boucher): Sur division. Article 8?
M. Scowen: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: ... j'ai examiné soigneusement les articles 8
à 13 et j'ai l'impression que ces articles ont pour objet d'imposer le
même régime aux universités et aux institutions
d'enseignement privées bénéficiaires de subventions que
celui qu'on propose d'imposer, au chapitre II, à la fonction publique,
au personnel de l'éducation et des affaires sociales et aux organismes
gouvernementaux au chapitre II. Nous avons déjà exprimé
notre opinion, nos réserves, nos objections à cette imposition.
Dans le débat qu'on a eu autour de l'article 7, on a parlé
longuement de nos objections concernant l'application de ces conditions aux
universités et aux institutions d'enseignement privé. Je veux
simplement demander au ministre si notre impression est juste, est
véridique, à savoir que les articles du chapitre III, section II,
ont comme objectif d'exiger essentiellement que le même régime
soit imposé aux institutions visées dans ce chapitre III et que
les conditions ne soient pas ni plus ni moins sévères que celles
visées dans le chapitre II section II, ou s'il existe une
différence de conditions entre les deux.
M. Bérubé: Essentiellement, il s'agit d'imposer la
même médecine à l'ensemble des employés du secteur
péripublic. De ce fait, nous leur demandons, de bonne foi, de s'asseoir
et de négocier une extension de trois mois de leur convention
collective, comme c'est le cas pour le gouvernement, et de prévoir des
réductions de coûts comparables. Cela peut vouloir dire que, dans
la négociation, ils pourraient choisir de rouvrir plus tôt et
modifier les taux de salaires plus rapidement ou encore de ne pas donner une
augmentation de salaires quand c'est possible. Donc, il y a différentes
façons d'atteindre l'objectif.
Toutefois, le seul véritable objectif que le gouvernement a,
c'est de faire en sorte que la masse salariale globale que nous versons en
subventions décroisse dans le même pourcentage que dans le cas du
gouvernement. Ils pourront s'entendre de façon différente, parce
que les conventions
collectives peuvent être très variables d'une institution
à l'autre, pourvu qu'on en arrive au même équilibre
financier, c'est-à-dire à une réduction du coût des
salaires à un pourcentage équivalent. Il n'y a pas de
problème. C'est pour cela qu'on garde une certaine marge de manoeuvre
puisque l'on dit, à l'article 8: Les parties doivent "entreprendre et
poursuivre de bonne foi la négociation d'une entente en vue de prolonger
de trois mois la durée de cette convention collective et de
prévoir les modifications permettant une réduction de coûts
comparable à celle qui résulterait de l'application du premier
alinéa."
Donc, on leur demande simplement une réduction de coûts
comparable, mais on n'entrera pas dans le détail du contenu puisqu'on
préfère laisser à chaque institution le soin de trouver
avec ses employés le moyen d'atteindre l'objectif. S'ils atteignent
l'objectif, en autant que la loi est concernée, c'est comparable par
conséquent et nous n'intervenons pas; c'est la même
médecine, mais appliquée de façon plus modulée.
M. Scowen: L'objectif, c'est que le régime imposé
aux institutions visées au chapitre III ne soit pas plus
sévère ni moins sévère que celui exigé des
institutions visées au chapitre II. Est-ce que c'est cela?
M. Bérubé: C'est cela.
M. Scowen: Ce que je propose, c'est que l'on passe à
travers les articles 8 à 13 et...
M. Polak: J'ai quelques commentaires sur ces articles.
M. Scowen: Oui, si mes collègues ont des questions ou des
commentaires à faire sur les modalités proposées, on va
les discuter, mais on va essayer d'éviter des débats sur le fond
qui ont déjà eu lieu.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Oui, j'ai quelques questions concernant la section II,
d'abord, au sujet du désir exprimé à l'article 8, que les
parties poursuivent la négociation de bonne foi, dans les quinze jours.
C'est un désir exprimé, mais il n'y a aucun moyen de forcer les
gens à faire cela. Cela dépend beaucoup du climat...
M. Bérubé: C'est cela.
M. Polak: ... comment on perçoit cela. Maintenant, il y a
tout de même une différence avec les autres employés qu'on
a vus, dont on a traité cet après-midi ou hier. Pour eux, si
l'affaire ne marche pas, s'il n'y a aucune entente qui intervient avant le 15
octobre, c'est que l'imposition qui aura lieu, disons, de trois mois sera
seulement à partir du 1er novembre 1982. Le 1er janvier, ils vont
continuer à être payés, il n'y a rien qui les touche
à ce moment-là.
M. Bérubé: Dans le cas des conventions dans les
universités, comme elles arrivent à échéance, on me
dit, pour la plupart en novembre 1982, donc elles vont prolonger de trois
mois.
M. Polak: Après novembre 1982.
M. Bérubé: Après novembre 1982, ce qui va
les amener à décembre, janvier, février.
M. Polak: On a tout de même la situation qu'un enseignant,
disons, dans les universités, comparé à un enseignant dans
le secteur public, il y en a un, le 1er janvier, qui tombe de 700 $ à
500 $ tandis que l'autre reste encore à 700 $...
M. Bérubé: Elle arrive en novembre.
M. Polak: D'accord, mais je parle du 1er janvier parce que les
gens vivent de mois en mois...
M. Bérubé: Non.
M. Polak: Donc, le chèque de paie jusqu'à novembre,
disons, même s'il n'y a pas d'entente possible jusqu'au 1er novembre, il
n'y a pas de réduction, à ce moment-là.
M. Bérubé: Non, en novembre... M. Polak:
1982.
M. Bérubé: En novembre de cette année, 1982,
notre professeur d'université dont la convention arrive à
échéance va voir son salaire baisser, à moins qu'il ne se
soit entendu pour que son salaire commence à baisser dès le mois
de juillet et qu'il n'étale cela sur huit ou neuf mois, de telle sorte
qu'en pratique, il n'y a pas de réduction. Cela est possible, ce serait
même idéal. Oui, c'est cela. Enfin, qu'il ne prenne pas son
augmentation s'il a droit à une augmentation, mais je pense que
l'augmentation est due en mai.
M. Polak: Je ne sais pas.
M. Bérubé: Alors, je crois qu'il est un peu tard,
je crois qu'il a eu son augmentation. Donc, il s'agit de voir s'il veut
étaler la récupération sur cinq mois, six mois, trois
mois, cela est son droit le plus strict. Cela veut donc dire que, s'ils ne se
sont pas entendus le 1er novembre, le
professeur d'université voit son salaire baisser de 18,85%
pendant trois mois, novembre, décembre, janvier, et février.
M. Polak: Quand l'autre secteur sera dans une meilleure
position.
M. Bérubé: C'est cela.
M. Polak: Maintenant, à l'article 13, le tout dernier
paragraphe: "La période visée dans le premier alinéa ne
peut excéder un an." Dans le décret, pour être tout de
même juste pour ces gens-là, j'imagine que l'intention est que,
dans le décret, il faut tout de même que ce ne soit pas applicable
plus longtemps que dans d'autres secteurs parce que, disons, dans d'autres
secteurs... Dans le secteur public, on commence à négocier et,
à un moment donné, une entente, une convention est
conclue....
M. Bérubé: Cela est sûr.
M. Polak: II faut l'espérer, on ne le sait pas, on verra.
Mais je ne veux pas, tout de même... Quand on dit: ne peut excéder
un an, j'imagine que l'intention du décret n'est pas, par le biais d'un
décret qui va jusqu'à un an, de prendre encore plus dans leur
secteur que ce que les autres auront payé.
M. Bérubé: Non, parce que la loi dit: II s'agit
d'obtenir une réduction de coûts comparable à celle qui
résulterait... donc le gouvernement ne peut pas imposer une
réduction de coûts supérieure, la loi le lui
interdirait.
M. Polak: Maintenant, dernière question sur les articles 8
à 13. Ici on exprime très clairement qu'ils peuvent
négocier de bonne foi, etc., mais tout de même le bâton est
en arrière de la porte. On dit: Si ça ne marche pas, voici que
s'appliquent les articles 4 et 5. Cela est encore la grande pilule, comme
j'appelle le document sessionnel no 350.
M. Bérubé: La pilule est effectivement à 4
et 5.
M. Polak: C'est très bien et clairement exprimé que
vous pourrez négocier, mais vraiment vous pourrez descendre
peut-être en dessous de ce qu'il y a là-dedans. Si vous êtes
de bons citoyens, vous allez faire tous les sacrifices pour la
collectivité, mais vraiment ça ne sert à rien de demander
plus parce que nous, on va simplement dire: On arrête de négocier
et, à ce moment-là, les articles 4 et 5 s'appliquent. Est-ce que
cette section de 8 à 13 n'exprime pas clairement l'idée que, de
la part du gouvernement, il n'y a aucune marge de manoeuvre, sauf en dedans de
l'enveloppe où il y a des possibilités? Pour le reste, c'est
clairement établi.
M. Bérubé: Oui, c'est cela. Comme le disent les
notes explicatives: "Ce projet de loi vise à assurer la
réalisation des équilibres budgétaires", point à la
ligne. Il ne vise pas autre chose.
M. Sirros: Vous êtes rendus là.
M. Bérubé: Pardon?
M. de Belleval: C'est votre faute.
Le Président (M. Boucher): M. le député
de...
M. Bérubé: Regardez bien le déficit
fédéral, dont parlait le ministre des Finances, poindre à
l'horizon bientôt et là...
M. de Belleval: II a obtenu de bonnes dispositions du
député de Notre-Dame-de-Grâce et je suggère que nous
ne nous égarions pas dans les plates-bandes fédérales.
M. Polak: Je pars à 23 h 40. M. Sirros: ...
M. Polak: Je pars à 23 h 40, j'aimerais bien
continuer.
M. de Belleval: Oui.
M. Paquette: Alors adopté.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laurier.
M. Bérubé: Le député de Sainte-Anne
s'ennuierait.
M. Polak: C'est très curieux...
M. Sirros: Oui. Une question me vient à l'esprit.
M. Polak: Finalement, je l'influence.
M. Sirros: L'application de l'article 4 semble être tout de
même quelque chose qui n'est pas noir et blanc, dans le sens que cela
n'est pas quelque chose qui est facilement faisable en termes... Je pense
surtout à l'application de la modulation, comme vous l'appelez, je
pense, par après la récupération. Je pense à
plusieurs écoles ou collèges et aux institutions privées,
par exemple, qui n'ont certainement pas le genre de ressources ou qui ne
connaissent peut-être pas assez ce genre de technique, ou je ne sais pas
trop comment cela se fait. Je regarde le document que vous nous avez soumis,
c'est quelque chose d'informatisé, sorti j'imagine de données
informatisées.
M. Bérubé: Garbage in, garbage out.
M. Sirros: Pardon. Garbage in, garbage out, that is about right
Mr. Bérubé. It is certainly garbage going in and it certainly
looks like garbage coming out.
M. de Belleval: C'est le système GIGO.
M. Sirros: Pardon.
M. de Belleval: C'est le système GIGO..
M. Sirros: GIGO: garbage in, garbage out.
M. de Belleval: Garbage in, garbage out.
M. Sirros: Bon. Voici ce que je voulais demander. Est-ce que le
gouvernement a songé à la possibilité d'offrir une
certaine assistance technique à différentes institutions qui
pourraient en avoir besoin afin d'en arriver à des ententes ou des
modalités qui permettraient effectivement d'appliquer l'article 4?
M. Bérubé: Le ministère de
l'Éducation est en contact avec les institutions privées pour les
aider à amorcer le virage. En un sens, dans la plupart des cas, il
s'agit d'institutions privées de grande taille qui sont fort bien
outillées et n'ont pas véritablement besoin de l'aide
gouvernementale pour se débrouiller et prendre les moyens
nécessaires. À l'exception peut-être de l'Université
McGill mais enfin...
M. Sirros: Je n'ai pas saisi.
M. Polak: C'est une petite craque.
M. Sirros: Je n'ai pas saisi la craque, mais je suis certain
qu'on n'a pas encore découvert la manière de changer le "garbage"
en quelque chose de valable.
M. Paquette: Oui, il y aura une élection sur la
souveraineté dans quelques années.
M. Polak: ... complet, vingt minutes sur chaque article. Je suis
ici jusqu'à minuit.
M. Bérubé: M. le Président, nous n'avons
plus rien à dire sur ce projet de loi.
Une voix: Soyez tranquilles.
M. Polak: Soyez prudents avec moi, je peux reparler. Minuit.
M. de Belleval: Le député de Rosemont. M.
Paquette: Cela éliminera par conséquent le "garbage in".
M. Sirros: Est-ce que cela veut dire que vous considérez
l'expression de la volonté populaire du 20 mai comme du "garbage"?
Est-ce que vous considérez la population...
M. Bérubé: Non, M. le Président, nous...
M. Paquette: Je dirais simplement que c'est une erreur...
M. Gagnon: M. le Président, une question de
règlement. Voulez-vous ramener la commission à l'ordre?
Une voix: ... le député de Rosemont.
M. Bérubé: Je pense qu'il serait approprié
de ramener la commission à l'ordre.
Le Président (M. Boucher): La pertinence du débat,
s'il vous plaît!
M. Bérubé: M. le Président, j'admets que par
ma plaisanterie mal placée, j'ai enclenché un
dérèglement complet des procédures parlementaires. Je me
repens profondément, M. le Président.
M. Sirros: On reconnaît les excuses que vous faites. Je
pense qu'on les accepterait comme des excuses. Merci.
Le Président (M. Boucher): J'accepte toutes les amendes
honorables.
M. Sirros: II faudrait que vous parliez aussi à vos
collègues, M. le Président. On peut accepter des excuses une
fois, mais il ne faudrait pas répéter continuellement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laurier, est-ce que vous avez terminé?
M. Sirros: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'article 8 est
adopté? De 8 à 13, est-ce que c'est...
M. Sirros: Bon, on va demander à mes collègues.
Quant à moi, l'article 9.
Le Président (M. Boucher): Alors, l'article 8,
adopté sur division. L'article 9?
M. Scowen: Adopté sur division.
Le Président (M. Boucher): Adopté sur division.
L'article 10?
M. Bérubé: Oui, l'article 10. Une voix: Cela
va.
M. Polak: L'article 10, à moins que le ministre veuille
expliquer chaque article un peu plus en détail.
M. Bérubé: Non, à l'article 11, on me
suggère un amendement de dernière minute à la suite d'une
intervention du ministère de l'Éducation...
Le Président (M. Boucher): Nous sommes rendus à
l'article 10, M. le ministre.
M. Gagnon: L'article est adopté.
Le Président (M. Boucher): L'article 10 est adopté
sur division.
M. Scowen: C'est peut-être quelque part là-dedans,
mais qu'est-ce qui arrive dans les cas où il n'y a pas d'entente,
effectivement?
M. Polak: M. le Président, est-ce qu'on peut demander un
petit caucus privé entre le député de Laurier et celui de
Notre-Dame-de-Grâce? Il n'était pas ici quand le
député de Notre-Dame-de-Grâce a exprimé son
désir d'aller un peu plus vite.
M. Bérubé: Le député de Laurier nous
est arrivé avec le "handbrake fully on".
M. Sirros: "I am releasing it slowly"?
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'artilce 10 est
adopté?
M. Scowen: Quant à moi, à moins que vous n'ayez une
objection, cher collègue, l'article 10 est adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté sur division,
M. Scowen: Sur division.
M. Bérubé: Dans le cas de l'article 11, le
deuxième alinéa serait modifié et l'amendement serait le
suivant: Cet article est modifié en remplaçant le deuxième
alinéa par le suivant: "En appliquant le premier alinéa, le
gouvernement peut tenir compte du pourcentage d'augmentation qui est
prévu dans une convention collective."
Effectivement, je dois vous avouer qu'on revient à une
formulation que nous avions initialement et que, finalement, on a
modifiée dans un sens plus restrictif qui pourrait s'avérer
dangereux.
En effet, si vous lisez l'article tel qu'il était écrit,
on disait: "En appliquant le premier alinéa, le gouvernement peut tenir
compte du pourcentage selon lequel les parties ont déjà convenu
de réduire la rémunération." Donc, dans le cas où
les parties auraient déjà accepté de réduire leur
rémunération, on ne leur en aurait pas imposé de plus.
Mais il n'est pas impossible qu'elles n'aient pas ouvert leur convention pour
réduire leur rémunération, mais qu'elles aient convenu
d'un niveau de rémunération déjà très bas en
partant. Tel que rédigé ici, on n'aurait pas pu être
tolérant face à cette procédure.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Je ne suis pas certain de comprendre parce que j'ai
l'impression que toutes les institutions syndiquées, quel que soit leur
niveau de rémunération, seront obligées d'avoir des
réductions égales en gros à celles qui étaient
imposées aux organisations visées dans le chapitre II, que
c'était effectivement impossible de ne pas avoir une
réduction.
M. Bérubé: En d'autres termes, elles qui auraient
déjà des échelles salariales en bas de ce qui est
demandé, on ne leur imposerait pas de réduire.
M. Scowen: II y en a à l'intérieur des institutions
syndiquées?
M. Bérubé: Privées. Le deuxième
alinéa disait: "Le gouvernement peut tenir compte du pourcentage selon
lequel les parties ont déjà convenu de réduire la
rémunération." Donc, il fallait qu'elles aient convenu de
réduire pour permettre au gouvernement d'en tenir compte. Mais il se
pourrait qu'elles aient tout simplement convenu antérieurement de ne pas
avoir des salaires très élevés et là, à
moins de les réduire davantage, le gouvernement n'aurait pas pu
effectivement alléger le fardeau.
M. Scowen: Dans ce cas, il est possible de concevoir des
institutions qui vont ajuster leurs salaires à la baisse et d'autres qui
vont les ajuster à la hausse.
M. de Belleval: Non, pas nécessairement à la
hausse, mais on ne diminuerait pas leur subvention.
M. Bérubé: Voyez-vous, "si le gouvernement estime
qu'une entente conclue entre les parties ne satisfait pas aux exigences de
l'article 8" - donc, elles n'ont pas à signer une entente qui permet de
réduire la masse salariale - on dit: Le gouvernement peut l'imposer.
Mais là, l'alinéa suivant dit: Cependant, le gouvernement peut
tenir compte d'une réduction déjà acceptée pour
appliquer son
décret.
M. Scowen: Pour moi, c'était clair jusqu'au moment
où vous êtes arrivé avec ce papillon.
M. Bérubé: "Peut tenir compte du pourcentage."
Alors, on pense à quelques cas un peu typiques à l'école
sépharade, par exemple, où les niveaux de salaires sont
déjà très bas. Et là, si on devait leur imposer une
réduction de salaire additionnelle cette année, ce pourrait
être inéquitable. (22 heures)
M. Scowen: Si vous aviez proposé dans votre amendement
quelque chose comme: le gouvernement peut tenir compte des ajustements qui
étaient déjà prévus ou aviez remplacé
peut-être le mot "réduire" par le mot "ajustement" dans un sens ou
l'autre, j'aurais compris. Ajuster, changer "réduire" pour "ajuster", je
l'aurais compris. Mais, ici, vous changez le sens de l'article, quant à
moi.
M. Polak: C'est malheureux, je pensais que c'était minuit.
Je vais retourner...
M. Bérubé: Ah! vous prenez la parole dès
maintenant! C'est dommage quand même, nous ne pourrons pas
entendre...
M. Polak: M. le ministre...
M. Bérubé: ... le député de
Sainte-Anne, malheureusement. Vraiment, mon âme est triste.
M. Scowen: Excusez-moi, M. le ministre. Avant votre amendement,
vous aviez le portrait de deux personnes, de deux groupes, syndicat-patronat,
si vous voulez, qui en sont arrivés à une convention de
réduire, en quelque sorte, leurs rémunérations, mais ils
ne sont pas allés assez loin.
M. Bérubé: C'est cela.
M. Scowen: Parce qu'ils n'étaient pas capables d'aller
assez loin, ils se retrouvent devant vous et vous faites un ajustement en
tenant compte des conventions de réduction qui étaient
déjà acceptées et qui étaient probablement en
vigueur. Les bases étaient mises en application et vous tenez compte de
cela dans votre décret final. Cela est clair, je le comprends. Mais vous
donnez l'impression, dans la rédaction de cet amendement, qu'il n'y
avait même pas de négociation, même pas une entente
partielle. C'est un changement fondamental dans l'alinéa que je ne
comprends pas.
M. Bérubé: Oui, il est plus libéral encore
que dans l'ancien texte. Là, je viens de me créer beaucoup
d'opposition. Il est plus libéral encore, en ce sens que vous aviez
raison. Dans le cas précédent, admettons qu'il y avait eu une
réduction partielle, le gouvernement pouvait réduire davantage en
tenant compte évidemment de ce qui avait déjà
été gagné, tel que rédigé. Le
problème, cependant, de cette rédaction est le suivant. Prenons
une école où les salaires sont déjà très
bas; la loi les oblige à s'asseoir et à négocier une
réévaluation des salaires à la baisse. Cela
n'apparaît pas possible, ou très peu. À ce
moment-là, en pratique, les parties pourraient convenir qu'effectivement
on ne peut pas modifier l'entente et, après l'analyse, le
ministère de l'Éducation est obligé de reconnaître
que, pour l'année en cours, cela n'a presque pas de bon sens de leur
demander de réduire leurs salaires davantage.
Tel que rédigé, le gouvernement serait obligé de
leur imposer la réduction. Le gouvernement, dans la rédaction
initiale, pourrait tenir compte du pourcentage de réduction
déjà atteint, mais il sera obligé d'imposer le
complément de réduction sur lequel ils ne se sont pas entendus.
Le gouvernement serait obligé d'être sévère, selon
l'article 11 tel que rédigé, tandis qu'avec l'amendement tel
qu'il est proposé ici il ne serait plus obligé d'être
sévère. Donc, l'article devient beaucoup plus libéral dans
son application.
M. Scowen: Oui, mais, M. le Président, si cela est le sens
de votre amendement, pourquoi ne pas tout simplement changer le mot
"réduire" pour le mot "ajuster". Si vous voulez réaliser ce que
vous dites je pense que ce serait fait en changeant un seul mot.
M. Bérubé: ... fondamentalement, c'est selon le
sens légal entre les deux. Je la comprends très bien, moi, mais
j'ai l'impression que je ne trouve pas la formulation.
M. Scowen: Ils ont déjà convenu d'ajuster soit
à la hausse soit à la baisse, mais l'ajustement qui a
été convenu, vous en tenez compte.
M. Bérubé: Mais ce qu'on change fondamentalement,
M. le député, c'est ceci. Telle que libellée, la
disposition exige qu'il y ait eu, pendant la durée de la convention
collective, une modification dans le sens d'une réduction et, tel que
rédigé, l'article ne couvre pas le cas d'une convention qui
à l'origine prévoirait déjà des taux de salaire
très bas. C'est là le sens de la modification. Le texte vise
à couvrir l'un et l'autre cas, soit que la convention à l'origine
ait prévu des taux de salaire moins élevés que ceux qui
sont par analogie imposés et les taux qui auraient pu être
convenus pendant la durée
de la convention collective. Au fond, la rédaction vise à
couvrir les deux cas tout simplement.
M. Scowen: Pourriez-vous m'expliquer pourquoi le même
objectif ne serait pas réalisé avec le changement du mot
"réduire" pour "ajuster"?
M. Bérubé: Le point important, c'est "pendant la
durée de la convention collective en vigueur le 26 mai 1982" qui
disparaît. Alors, ce qui disparaît, c'est l'idée que cette
réduction intervient pendant la durée de la convention
collective.
M. Paquette: M. le Président, peut-être pour essayer
de saisir une intervention du député de
Notre-Dame-de-Grâce. N'est-il pas possible que justement, dans une
convention collective en vigueur, on ait prévu, non pas un pourcentage
d'augmentation, mais un pourcentage de diminution, et si on formulait cela en
disant: Le gouvernement peut tenir compte des ajustements salariaux
prévus dans une convention collective?
M. Bérubé: Non. M. Paquette: Non?
M. Bérubé: Je pense qu'on devrait peut-être
ajourner...
Une voix: On va suspendre la séance.
M. Bérubé: ... suspendre la séance quelques
instants et on va essayer de le regarder...
Le Président (M. Boucher): Suspension de cinq minutes.
(Suspension de la séance à 22 h 07)
(Reprise de la séance à 22 h 16)
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît:
Alors, l'amendement à l'article 11...
M. Bérubé: M. le Président, je modifierais
l'article 11 de la façon suivante: Cet article est modifié en
remplaçant le deuxième alinéa par le suivant: "En
appliquant le premier alinéa, le gouvernement peut tenir compte du
niveau de rémunération déjà prévu dans une
convention collective", plutôt que la première proposition
d'amendement que nous avions faite et que nous retirerions, de manière
que nous ayons un amendement plus souple.
Aux fins du journal des Débats, j'indiquerai rapidement le sens
de cet amendement. En effet, tel que rédigé, l'article 11 dit que
lorsque le gouvernement estime qu'une entente, qui a été conclue
dans le secteur privé de l'enseignement, ne permet pas d'atteindre les
objectifs de réduction de la masse salariale, il peut
décréter les conditions pour trois mois et baisser les salaires
en conséquence. Dans le projet de loi, l'alinéa initial disait
que, cependant, le gouvernement pouvait tenir compte d'une partie de
réduction dont les parties auraient convenu. Mais, en même temps,
l'inconvénient de sa rédaction était qu'il pouvait
effectivement donner un certain crédit pour la partie de chemin
déjà parcourue, mais le gouvernement aurait été
obligé d'imposer qu'il y ait une réduction complète de
salaire.
Or, il peut se produire - on a quelques cas à l'esprit - que les
parties patronales et syndicales aient déjà convenu, dans la
convention collective existante, d'un réajustement de
rémunération qui fait que ces salaires sont déjà
très bas. Dans un cas comme celui-là, je pense que le
gouvernement pourrait être justifié de ne pas exiger une
réduction des salaires plus grande encore. Par l'amendement que nous
proposons, il s'agit de permettre au gouvernement de tenir compte d'un niveau
de salaire déjà atteint, pour ne pas avoir à imposer par
décret des conditions salariales encore moins
généreuses.
M. le Président, c'est le sens de l'amendement. Comme je
l'indiquais tantôt, il s'agit d'un amendement qui rend encore plus
libéral le présent projet de loi.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Et sur cette lancée du
retrait de la première version de l'amendement, est-ce que les
ministériels sont prêts à retirer tout le projet de
loi?
M. Bérubé: Après l'avoir rendu aussi
libéral, je pense qu'il devrait faire l'unanimité.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On nous reproche souvent de
parler contre un projet de loi et de voter pour. En l'occurrence, on pourrait
parler pour et voter contre.
Le Président (M. Boucher): L'amendement à l'article
11 est-il adopté?
M. Sirros: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laurier.
M. Sirros: II y a juste une chose qui n'est pas claire pour moi.
Vous dites qu'il y a certains cas où les salaires sont
déjà tellement bas qu'une réduction supplémentaire
serait inéquitable, je pense
que c'est le terme que vous avez utilisé. Du côté de
l'institution pourtant, la réduction de la subvention aura quand
même lieu.
M. Bérubé: Non, vous allez voir à l'article
18 que le gouvernement se donne le pouvoir de changer justement la subvention
pour ne pas la réduire.
M. Sirros: D'accord.
M. Bérubé: II serait obligé de la
réduire, en vertu de la loi sur le financement des institutions
privées, indéniablement; mais à l'article 18, on donne le
pouvoir au gouvernement de ne pas modifier à la baisse la
subvention.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): M. le Président, il me
semble que c'est la première occasion que j'ai, en commission
parlementaire, de soulever la question du "peut" et du "doit" dans la
rédaction des textes.
Il s'impose à l'esprit, quand on écoute l'argumentation du
ministre, que, évidemment, s'il y a eu diminution, à titre
d'exemple, des niveaux de rémunération, soit lors du
renouvellement de la convention collective ou lors de sa réouverture,
avant le 26 mai ou depuis le 26 mai, le gouvernement en tiendra compte. Il ne
s'agit pas de pouvoir tenir compte, mais de devoir tenir compte quand on dit
qu'on en tiendra compte dans les faits. Je me demandais si c'est une
règle de rédaction juridique - c'est peut-être la
première fois, comme je vous le dis, que j'ai l'occasion de le voir -
d'utiliser le mot "pouvoir" au lieu du mot "devoir" dans un contexte comme
celui-là où, manifestement, d'après les explications du
ministre, on en tiendra compte.
M. Bérubé: Là, il y a quand même une
grande différence, en ce sens que, si on devait dire "doit", il
faudrait, à ce moment-là, cadrer très
précisément ce devoir de manière qu'il puisse être
contesté légalement. Mais si on fait obligation au gouvernement
de réaliser une condition donnée et que cette condition n'est pas
cadrée de façon très détaillée dans la loi,
à ce moment-là, l'exercice va en devenir extrêmement
difficile. Alors, je pense qu'il faut que la loi habilite le gouvernement de
manière qu'il puisse effectivement être plus
généreux dans l'application de la loi, mais sans lui dire
nécessairement quand il doit être plus généreux
étant donné qu'il y a là une question
d'appréciation des situations en pratique. Je pense que c'est cela qui
est vraiment la raison. Je l'ai exprimé du point de vue politique, mais
on pourrait peut-être obtenir une réponse purement légale,
juridique.
Du point de vue juridique, au fond, au premier alinéa de
l'article 11, quand on dit "Si le gouvernement estime qu'une entente conclue ne
satisfait pas aux exigences de l'article 8", si on se reporte à cet
article 8, on voit que l'article 8 comporte des objectifs de réduction,
de sorte que, si le pouvoir du gouvernement, le jugement du gouvernement, au
premier alinéa de l'article 11, est limité par l'article 8, sa
seule faculté, c'est d'appliquer une réduction. Le
deuxième alinéa de l'article 11 vise à lui permettre, le
cas échéant, autre chose. Dans ce contexte, c'est vraiment
"peut", je pense, et non pas "doit" qui s'impose.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Sans compter, comme le ministre
l'a souligné, mais d'une façon différente, que s'il y a
une obligation qui est exprimée par le mot "devoir", il est entendu
qu'il est très facile pour le récipiendaire, à l'autre
bout, de dire: Vous étiez astreint à faire quelque chose et vous
ne l'avez pas vraiment fait, et là, c'est interminable.
M. Bérubé: C'est cela. Je pense que le
deuxième alinéa est vraiment permissif étant donné
que le premier, sous des allures discrétionnaires, est vraiment un
pouvoir lié. Ce n'est pas un pouvoir discrétionnaire. C'est un
pouvoir lié qu'il y a au premier alinéa, pour parler en termes
juridiques. Même si on dit "Si le gouvernement estime que", les exigences
de l'article 8 constituent une balise pour lui. C'est une exigence de
réduction, n'est-ce pas? Donc, le deuxième alinéa vise
à lui permettre de ne pas appliquer cette réduction dans les cas
où c'est déjà en bas de la norme.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Étant donné
l'excellente formulation et les explications fort pertinentes et
complètes que nous avons eues, nous allons exprimer notre dissidence, M.
le Président.
Le Président (M. Boucher): L'amendement est
adopté.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Sur division.
Le Président (M. Boucher): L'article 11 est adopté
sur division. L'article 12?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On ne peut pas faire grand
millage avec cela.
M. Paquette: M. le Président, pour le
bénéfice du député de Vaudreuil-Soulanges, nous
avons discuté en bloc les articles 8 à 13 pendant qu'il nous
avait fait le grand
déplaisir...
M. Bérubé: II nous a manqué.
M. Paquette: Le député de Notre-Dame-de-Grâce
nous a informés, au nom de son parti, que nous pouvions nous rendre
à 14 rapidement. Je proposerais qu'on adopte l'article 12.
M. Johnson: ... vingt minutes chacun.
M. Bérubé: Je trouve que le député de
Vaudreuil-Soulanges apprend vite.
M. Scowen: Ce que j'ai dit publiquement, je l'ai
répété lors de l'arrivée de mon collègue,
soit qu'on n'a pas l'intention de reprendre le débat qu'on a eu sur le
chapitre II au chapitre III. On a l'intention de se limiter aux questions sur
les modalités de chacun des articles de la section II du chapitre III et
on est rendu à l'article 12. Quant à moi, les modalités
sont aussi...
M. Bérubé: L'article 12 stipule simplement que les
conditions de rémunération fixées par le décret
sont incorporées aux conventions collectives.
Le Président (M. Boucher): Alors, adopté sur
division. Article 13.
M. Bérubé: Le député de Sainte-Anne
est intervenu également sur la loi 37.
M. Polak: Oui, évidemment, ma tête était
guillotinée. Ce n'est pas drôle.
M. Blais: ... problème ici maintenant.
Le Président (M. Boucher): Article 13, M. le
député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Bérubé: Le gouvernement peut, par décret,
rendre applicable...
M. Scowen: Je veux simplement signaler que toutes les questions
que j'ai posées concernant l'application de ce projet de loi...
L'article 13 s'applique également aux neuf mois qui vont suivre le mois
de mars 1983. Le député que vous avez
délégué pour expliquer cette anomalie ne l'a pas fait
à ma satisfaction, et je me pose les mêmes questions. À
moins que, depuis l'intervention du député de Charlesbourg, vous
n'ayez repensé l'affaire, je ne vais pas vous les poser parce que je ne
veux pas entendre le même discours qu'on a entendu avant, mais, si vous
avez une explication à ce qui est pour moi une anomalie dans la loi,
j'aimerais l'entendre. C'est la dernière occasion que nous aurons dans
ce débat de l'écouter. Si vous tenez aux mêmes
explications...
M. Bérubé: L'anomalie, c'est que cet article
s'applique sur un an.
M. Scowen: Je ne comprends pas pourquoi vous avez
rédigé le texte d'une façon à obliger ceux qui
négocieront un nouveau contrat d'un, deux ou trois ans à
être liés par deux articles seulement de cette loi. La
réponse du député de Charlesbourg était: Oui,
c'était prévu, c'était voulu et il en a expliqué
les raisons à sa façon. Les raisons qu'il a données, on va
y avoir accès quand le journal des Débats sera disponible. Quant
à moi, quand vos négociateurs vont commencer à faire leur
travail avec les associations syndicales de l'autre côté, ils vont
trouver que c'est un inconvénient parce que c'est le seul
élément de ce projet de loi qui va s'appliquer dans le cadre
d'une nouvelle entente.
M. Bérubé: Fort heureusement, cependant, à
l'article 13, il y a un assouplissement, puisqu'on indique que le gouvernement
peut, par décret, le rendre applicable aux salariés. Donc, dans
le cas des institutions privées, il n'y a pas une obligation de le
faire. Déjà, cela va un peu plus dans le sens que vous aimeriez
que ça aille et, si je reprends l'explication applicable à
l'article 5, c'est essentiellement lié au fait qu'on aurait pu
réduire davantage les salaires, ne pas toucher au coût du
système comme tel et le laisser courir, donc, donner les avancements de
grade et autres... Non, de toute façon, ceux-ci, nous les donnons, mais
les avancements d'échelon... Nous aurions donc pu continuer à
accorder des avancements d'échelon dans le cadre de la convention
collective actuelle, mais ceci nous aurait obligés à
réduire davantage les salaires au 1er janvier, avec
l'inconvénient que celui qui est au sommet de l'échelle, lui, n'a
pas eu l'avantage de l'avancement d'échelon, sauf qu'il est
obligé, à même son salaire, de le payer à son
collègue qui obtient son avancement d'échelon. (22 h 30)
Donc, pour éviter d'avoir à lui faire payer le coût
du système, ce que nous avons préféré faire, c'est
dire: Nous ne donnerons pas d'avancement d'échelon pendant trois mois.
Mais ceci est également inéquitable parce que l'employé
qui aurait eu son avancement d'échelon le 29 mars en
bénéficierait toute l'année; celui qui aurait eu le
malheur d'être entré au service du gouvernement le 2 avril, lui,
n'aurait pas eu droit à son avancement d'échelon. Alors, à
cause de cette inéquité de traitement, on s'est rendu compte que
nous devions, si nous gelions le coût du système pendant trois
mois, pour être équitable, l'appliquer sur toute l'année,
de manière que tous les employés, qui ont une date anniversaire
d'entrée au gouvernement, soient couverts
par ce gel d'échelon pendant un an. Donc, tout le monde est
vraiment traité équitablement.
Je ne pense pas que ce soit véritablement un problème
parce que, lors de la négociation, dans le fond, cela ne couvrira que
ceux qui n'ont pas déjà été gelés pendant
trois mois au niveau des échelons. Donc, on couvrira le reste des
employés. C'est véritablement l'approche la plus
équitable. Autrement, comme vous le devinez sans doute - d'ailleurs, je
vois que vous l'avez compris tout de suite - si nous acceptons de donner des
échelons d'ancienneté, il aurait fallu récupérer
davantage au chapitre de la réduction de salaire, ce qui aurait eu comme
conséquence qu'un employé qui est au sommet de l'échelle
et qui n'a pas eu son échelon est obligé de payer le coût
du système, ce qui ne nous paraissait pas correct.
M. Scowen: En résumé, quand on commencera les
négociations dans le secteur public pour un nouveau contrat, les
syndicats vont dire au gouvernement: Maintenant que vous avez imposé des
règles jusqu'au 31 mars 1983, pour les nouveaux contrats, est-ce que
tout est négociable? Vous allez leur dire: Tout est négociable,
sauf les conditions imposées dans les articles 5 et 6 de la loi 70.
Est-ce juste?
M. Bérubé: Oui, sauf les derniers neuf mois. Oui,
vous avez raison.
M. Scowen: D'accord.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: Une question à la section II de l'article 13.
Les gens du secteur des écoles privées où il n'y a pas de
syndicat, et même s'il y a un syndicat, vont négocier de bonne foi
quinze jours après que la loi aura été adoptée et
vont accepter des conditions très raisonnables. Ils vont dire: Nous
sommes de bons Québécois, nous comprenons les difficultés
et nous allons nous plier à la demande du gouvernement. Nous voulons
démontrer notre bonne volonté et nous voulons être des
modèles. Le gouvernement, très heureusement, va signer la
convention et tout le monde sera content.
Un mois plus tard, M. Laberge et le front commun vont négocier
aussi, sauf qu'ils négocient de manière différente, ils
sont plus durs et ils vont réussir à avoir de meilleures
conditions que l'autre qui, de bonne foi, est passé avant. Plus tard, y
a-t-il un ajustement possible? J'ai cherché cela dans la section II. Le
gouvernement pourrait dire: Vous autres, qui étiez tellement de bonne
foi, qui avez accepté des conditions, vous qui êtes vraiment un
peu trop bons pour nous autres - on était prêt à donner
plus, voici l'exemple de M. Laberge... Est-ce qu'on pourrait, par un
décret, augmenter ces gens au moins au même niveau que les
autres?
M. Bérubé: Non.
M. Polak: Si ce n'est pas possible, les autres vont dire: On ne
va pas négocier, on va attendre pour voir ce qui va arriver avec le
groupe de Laberge avant de négocier. Pourquoi démontrerions-nous
de la bonne volonté, pourquoi serions-nous de vrais bons
Québécois et de vraies bonnes Québécoises? On aime
mieux se faire représenter indirectement par le front commun parce qu'il
peut avoir 15 000 personnes pour venir à Québec alors que nous ne
sommes que 20 professeurs de bonne foi. J'aimerais bien donner une prime
à ce groupe de 15 ou 20 personnes.
M. Bérubé: La réponse est oui parce que,
dans la mesure où les subventions à cette institution
privée sont accrochées à celles du secteur public, le
gouvernement se verrait avec ses propres conventions amené à
payer plus cher dans le secteur public, les subventions du secteur privé
croîtraient et l'institution privée pourrait dire: Écoutez,
on vous envoie un boni.
Le Président (M. Boucher): L'article 13 est-il
adopté?
Une voix: Sur division.
Dispositions générales et
finales
Le Président (M. Boucher): Sur division. Article 14?
M. de Belleval: Adopté.
M. Scowen: Est-ce que le ministre pourrait nous expliquer la
portée...
M. Bérubé: Non, je ne pourrais pas vous expliquer,
mais on va vous l'expliquer.
Ce sont les dispositions qui concernent le maraudage, chose faite dans
le secteur public, au moment où on se parle. C'est pour éviter
que ça puisse se reproduire par l'effet de cette loi-ci parce que le
Code du travail établit cette possibilité de maraudage en
fonction des dates d'échéance des conventions collectives.
M. Scowen: Quelles sont les dispositions des articles
spécifiques dans 22,41,73 et 111.3?
M. Bérubé: Je peux vous les lire, si vous voulez.
L'article 22 dit à quel moment l'accréditation peut être
demandée et cette accréditation peut être demandée
en fonction
d'une date d'échéance de la convention collective. On dit:
L'accréditation peut être demandée en tout temps à
l'égard d'un groupe de salariés qui n'est pas
représenté par une association accréditée
après six mois de l'expiration des délais prévus à
l'article 58. Il y a une séquence, il y a un délai pendant lequel
on peut demander l'accréditation. Il y a un délai pendant lequel
on peut entre syndicats, essayer de solliciter des membres d'un autre syndicat.
C'est prévu en fonction de l'échéance de la convention
collective. Ici, comme on prolonge la convention collective et que les
délais pour le faire sont établis à moins de trois mois de
l'échéance, on pourrait implicitement, si on n'excluait pas
l'application de ces dispositions, autoriser un nouveau maraudage. C'est ce
qu'on vise à éviter. C'est le but.
M. Scowen: C'est... Les quatre articles...
M. Bérubé: C'est le seul effet des quatre
articles.
M. Scowen: Merci.
Le Président (M. Boucher): L'article 14 est-il
adopté?
Une voix: Sur division.
Le Président (M. Boucher): Sur division. Article 15?
M. Scowen: II y a quelque chose sur le 15.
M. Ryan: Cela demande les explications d'un expert. Je ne veux
pas insulter le ministre.
M. Bérubé: Pourtant cet article est très
simple, ah oui, mais il va permettre un discours.
Une voix: Ce n'est pas très technique.
M. Bérubé: En fait, je ne devrais pas ouvrir trop
grand, on me suggère de ne pas vous tendre la perche. De fait, je vais
me contenter de le lire: "Les conditions de travail qui, en vertu de la
présente loi, sont applicables aux salariés à l'expiration
de la période de prolongation de la convention collective sont
maintenues jusqu'à la signature de nouvelles conventions collectives
comme si le maintien des conditions de travail applicables à cette date
était stipulé dans les conventions collectives dont la
durée est prolongée en vertu de la présente loi."
En d'autres termes, ce que nous disons, c'est que les conditions de
travail qui viennent d'être décrétées sont
reconduites jusqu'à la conclusion de la nouvelle convention collective.
À cet égard, d'ailleurs, nous sommes plus explicites que dans
plusieurs de nos conventions qui, comme nous l'avions indiqué, ne
prévoient pas de clause automatique de reconduction des conditions de
travail...
M. de Belleval: La perche est beaucoup trop courte.
Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. Ryan: Est-ce que vous avez un conseiller juridique qui vous
avise dans ces matières qui pourrait...
M. Bérubé: Oui.
M. Ryan: Est-ce qu'on pourrait lui demander de nous clarifier
cela?
M. Bérubé: Certainement.
M. Ryan: D'une manière plus efficace que le
professeur.
M. Bérubé: Pourtant mon explication était
limpide. Je préférerais en fait...
M. Ryan: Je pense que ce serait bon qu'on ait l'explication.
M. Bérubé: Certainement. On va vous donner toutes
les explications désirées.
M. Ryan: Très bien.
M. de Belleval: II y a trois personnes au Québec qui
comprennent tout cela et on s'arrange pour qu'elles ne voyagent jamais sur le
même avion.
M. Bérubé: Mais au fond, l'effet de... M. Ryan:
Oui, au fond.
M. Bérubé: C'est vous qui allez faire le
discours.
M. Ryan: C'est le fond qui nous intéresse.
M. Bérubé: Oui, voilà! Mais au fond, l'effet
de la disposition est d'introduire une clause de maintien des conditions de
travail dans cette convention collective prolongée. Cela n'a pas
vraiment d'autre effet. Si on ne le disait pas, dans le cas des conventions
collectives qui ne contiennent pas cette clause, les conditions de travail ne
seraient pas prolongées. On serait dans un vide juridique.
Techniquement, cela signifie que l'échelle de salaires prévue
dans le document sessionnel à compter du 1er avril va continuer de
s'appliquer tant que les parties n'auront pas négocié de
nouvelles échelles de
traitements. C'est cela.
M. Scowen: Ce que M. Ryan vous a proposé de faire le 31
décembre, vous avez décidé de le faire le 1er avril.
M. Bérubé: C'est exactement cela. On ne peut rien
vous cacher.
M. Ryan: Maintenant, si vous voulez, on va regarder cet article
en relation avec l'article 4. C'est le lien qu'on devait faire hier soir quand
on s'est laissé là-dessus.
M. Bérubé: Oui.
M. Ryan: À l'article 4, vous dites: "Malgré
l'article 3, pour la période du 1er janvier 1983 au 31 mars 1983 et
à compter du 1er avril 1983, les traitements, etc., sont
fixés..." D'accord?
M. Bérubé: "Par le document sessionnel."
M. Ryan: "Sont fixés par le document..."
M. Bérubé: Donc, la date d'expiration aux fins de
l'article 15, c'est le 1er avril 1983.
M. Ryan: Mais prenons l'article 4, pour commencer, si vous me le
permettez.
M. Bérubé: D'accord, oui, oui. Je voulais seulement
vous signaler cela.
M. Ryan: D'après l'article 4, cela comprend aussi à
compter du 1er avril 1983.
M. Bérubé: C'est cela. C'est la date d'expiration
de la convention collective prolongée.
M. Ryan: Dans votre tableau, vous mettez d'autres montants au 1er
avril 1983 que ceux qui existaient au 31 mars 1983.
M. Bérubé: Oui. M. Ryan: D'accord? M.
Bérubé: Oui.
M. Ryan: Donc, j'espère que ce n'est pas encore une
affaire d'une seconde.
Des voix: Ah! Ah!
M. de Belleval: On l'attendait, celle-là: Votre point est
fait.
M. Bérubé: Hélas, non. M. le
Président, je dois dire que cela pourrait également être
une seconde.
Une voix: C'est moins d'une seconde.
M. Bérubé: En effet, il pourrait se produire qu'on
signe une nouvelle convention durant la journée du 1er avril, par
exemple, et que les stipulations monétaires pour la
rémunération...
Une voix: Relève donc ton micro.
M. Bérubé: Excusez-moi. Donc, il pourrait se
produire, M. le Président, qu'effectivement, le 1er avril, durant la
journée, on signe une nouvelle convention collective qui stipule de
nouvelles conditions de rémunération, auquel cas celles du 1er
avril fixées dans le projet de loi, effectivement, n'auraient même
pas duré une seconde, en l'occurrence. Elles auraient été
fugitives. Il s'agit là de conditions nominales de
rémunération qu'il faut bien fixer en prévoyant que la
négociation n'aurait pas amené une nouvelle entente.
M. Ryan: L'arbitrage avant même la négociation,
l'arbitrage unilatéral.
M. Bérubé: Non, ce n'est pas cela. À titre
d'exemple, M. le chef de l'Opposition, on pourrait...
M. Ryan: On va y aller tranquillement. C'est le noeuf de
l'affaire.
M. Bérubé: ... prendre les niveaux de
rémunération du 31 mars et ne pas les modifier. Posons
l'hypothèse que nous sommes en négociation. Le gouvernement se
retrouve avec des salariés dont le salaire est réduit de 18,85%
et il attend. Il prolonge la négociation. Évidemment, le
salarié, lui, en attendant la conclusion de la nouvelle convention
collective, est dans une situation très défavorable puisque son
niveau de salaire est trop bas. Pour éviter de mettre un employé
dans une position trop délicate, ce qui ajouterait une pression beaucoup
trop forte sur l'employé, ce que nous faisons, c'est hausser son salaire
au niveau de la proposition que nous avions faite en juillet pour qu'il
reçoive un salaire qu'on peut qualifier de décent, de
manière qu'il puisse y avoir véritablement une
négociation, je ne dis pas en position de force du côté
syndical, mais dans une position qui ne serait pas, au moins, une position de
faiblesse. Donc, le but des échelles de salaires au 1er avril est
simplement de placer les employés de l'État - j'espère
qu'ils ne seront pas en négociation à ce moment-là et
qu'on aura une nouvelle convention collective - s'il ne devait pas y avoir de
convention collective qui placerait les employés dans une situation qui
ne serait pas de faiblesse, enfin qui ne m'apparaîtrait pas acceptable
dans un rapport de forces normal.
M. Scowen: Ni le niveau que vous leur avez accordé dans le
contrat que vous avez signé il y a trois ans, entre les deux?
M. Bérubé: Non, c'est-à-dire que,
exactement, comme nous avons ramené, par l'extension de la convention
collective, le niveau de rémunération à un niveau
inférieur de 521 000 000 $, la question est de savoir à quel
niveau on doit ajuster les salaires durant, disons, la négociation
ultérieure qui pourrait avoir cours le 1er avril. Alors, si nous avions
choisi un niveau de rémunération analogue au résultat de
la récupération du 1er janvier, sans jouer avec les écarts
existants entre les hauts et les bas salariés, ces derniers auraient eu
un niveau de rémunération nettement plus bas. Ce que nous faisons
ici, c'est que nous haussons davantage les bas salariés et nous haussons
moins les hauts salariés au 1er avril, de manière que, dans la
négociation qui va suivre, le bas salarié soit quand même,
disons, en position plus confortable pour attendre parce qu'il n'a pas de marge
de manoeuvre.
Alors, il s'agit tout simplement soyons francs - de positionner les
employés de l'État dans une situation qui ne soit pas trop
défavorable advenant une négociation qui dure. Pour ce faire,
nous sommes plus généreux avec les bas salariés qu'avec
les hauts salariés, mais nous faisons en sorte cependant qu'en moyenne,
ils obtiennent le même genre de rémunération que ce qu'ils
ont obtenu pour les neuf mois précédents.
M. Scowen: Est-ce qu'il y a des hauts salariés dont la
rémunération, sur le taux du 1er avril, sera égale ou
inférieure à celle du 31 mars?
M. Bérubé: Ah non! Tout le monde est plus haut
qu'au 31 mars. Tout le monde est plus haut.
M. Ryan: Sauf ceux de 37 000 $ et plus.
M. Bérubé: Que le 31 mars? Non, non, plus haut que
le 31 mars.
M. Ryan: Plus haut que le 30 juin. Ceux de...
M. Bérubé: Ils se retrouvent au 30 juin. Le pire
qui peut arriver, c'est que le haut salarié se retrouve au salaire du 30
juin.
M. Paquette: Ce qui fait un gel de neuf mois.
M. Scowen: Même pour les salariés les plus
élevés, les ajustements prévus dans la proposition d'avril
1982 ne sont pas plus sévères que les contraintes imposées
pour les trois premiers mois de 1983.
M. de Belleval: Avril 1983, vous voulez dire, vous avez dit
1982.
M. Scowen: C'est une question.
M. de Belleval: Et la réponse est oui.
M. Scowen: La réponse est oui.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Je reviens à l'article 4. Je comprends qu'il a
été adopté, mais c'est parce que vous l'avez relié
vous-même hier à l'article 15. On dit, au premier paragraphe, on
l'a lu tantôt: "Les dispositions de ce document font partie des
conventions collectives qu'elles concernent et lient les employeurs, les
salariés et les associations accréditées comme si elles y
étaient stipulées. "Elles peuvent être modifiées par
entente entre les parties. Toutefois, une telle modification n'a d'effet que si
elle est approuvée par le gouvernement."
Alors, si je comprends bien, à défaut d'une entente, c'est
l'échelle fixée à l'article 4 qui s'appliquerait...
M. Bérubé: Oui.
M. Ryan: ... pour l'année 1983-1984.
Une voix: ...
M. Ryan: Mais à défaut d'une entente?
M. Paquette: Jusqu'à ce qu'il y ait entente.
M. Bérubé: Jusqu'à ce qu'il y ait entente.
Au moment où il y a entente, il y a un ajustement rétroactif au
1er avril suivant les termes de l'entente.
M. Paquette: C'est le régime régulier à
partir du 1er avril; c'est cela que cela veut dire.
M. Ryan: Maintenant, il y a une question qui se pose dans mon
esprit. Est-ce que vous pouvez indiquer quels vont être les
éléments de la politique salariale du gouvernement à
compter d'avril 1983 ou si vous êtes complètement dans la brume
là-dessus à ce moment-ci?
M. Bérubé: Je ne suis pas dans la brume, absolument
pas, mais je n'ai pas l'intention de dévoiler publiquement la politique
salariale pour l'instant.
M. Ryan: Vous n'en avez point à
dévoiler.
M. Bérubé: C'est cela, je n'en ai point à
dévoiler.
M. Ryan: Tout ce que vous avez pour l'heure, comme politique
salariale connue, connaissable et avouable, c'est la coupure de salaire pour
les trois premiers mois et après cela le retour à un point assez
voisin de juin 1982, à partir d'avril 1983 comme plancher.
M. Bérubé: Avec certains énoncés de
principe que l'on retrouve dans la loi qui permettraient à un expert fin
analyste comme le chef de l'Opposition de déceler les grandes lignes de
ce que pourrait être une politique salariale.
M. Ryan: Mais j'aurais quelques questions à vous poser
là-dessus pour m'aider dans mon analyse, parce qu'il n'y a rien qui
s'analyse plus mal que de la brume.
M. Bérubé: Au contraire.
M. Ryan: J'ai cru remarquer, en écoutant le
député de Charlesbourg cet après-midi, qu'il semblait
indiquer que vous vouliez maintenir le pouvoir d'achat des travailleurs, du
moins les catégories plus modestes; c'est un élément de
votre politique salariale. Est-ce que le principe de l'indexation, vous allez
garder cela ou si c'est une chose qui est en balance actuellement?
M. Bérubé: Je pense qu'on a eu l'occasion
d'expliquer... Je ne voudrais pas, M. le chef de l'Opposition - et je pense que
vous me comprendrez - commencer ici à expliciter ce que pourrait
être une politique salariale gouvernementale. Retenez seulement que la
proposition de juillet offrait une pleine protection du pouvoir d'achat aux
plus bas salariés et, par conséquent, maintenait une avance par
rapport au marché privé pour les plus bas salariés.
Déjà, on peut au moins y voir une caractéristique. Retenez
également que la masse monétaire pour la
rémunération croît plus vite que l'inflation par suite d'un
certain nombre de caractéristiques que vous connaissez, reliées
au coût du système et à différents indices
d'indexation, qui font en sorte que, lorsqu'il n'y a pas enrichissement de
notre société, l'accroissement de cette masse salariale ne peut
se faire qu'au détriment de services existants que se sont donnés
les Québécois dans le passé et que ceci représente
des contraintes dans un univers où la croissance économique tend
à ralentir par rapport à ce que l'on a connu dans les
années, disons, de 1960 à 1975.
C'est un problème dont il faut se préoccuper et dont on se
préoccupe dans le présent projet de loi et dans les propositions
qui ont été faites jusqu'ici. Je pense que ce sont là des
éléments que n'importe quel fin analyste pourrait tirer des
positions gouvernementales défendues jusqu'ici.
M. Ryan: Est-ce que je me tromperais en comprenant de ces propos
sibyllins du ministre que les montants inscrits, annexés au projet de
loi dans le document sessionnel no 350, en comprenant que les montants inscrits
à la date du 1er avril 1983 représentent un palier assez voisin
de ce que seront les objectifs de négociation du gouvernement pour cette
année-là?
M. Bérubé: Non.
M. Ryan: Je ne me tromperais pas.
M. Bérubé: Vous ne pouvez pas tirer cette
conclusion-là.
M. Ryan: Je ne me trompe pas. Pardon?
M. Bérubé: Vous pourriez vous tromper. M. Ryan:
Je me tromperais. M. Bérubé: Vous pourriez vous
tromper. M. Ryan: Dans quel sens?
M. Bérubé: En plus ou en moins, par un quantum dont
le caractère brumeux est difficilement analysable.
M. Paquette: M. le Président, je comprends le souci quasi
journalistique du chef de l'Opposition, mais je pense qu'il va
reconnaître que, puisque la partie syndicale n'a pas fait connaître
ses objectifs de négociation, ce serait difficilement conciliable avec
le bien public que le gouvernement présente ses objectifs à ce
moment-ci, alors que la question de l'année en cours n'est même
pas réglée.
M. Bérubé: Foncez.
M. Paquette: Je pense que cela serait embêtant. Je
comprends le ministre de ne pas vouloir entrer plus...
M. Bérubé: Nous avons énoncé
publiquement des préoccupations à M. le chef de l'Opposition.
Évidemment, certaines de ces préoccupations se sont traduites
dans les propositions qui ont été faites à ce jour.
Toutefois, il est clair qu'une convention collective incorpore non seulement
des facteurs de rémunération, mais également des facteurs
normatifs. Vous n'êtes pas sans savoir que l'écart entre le
secteur privé et le secteur public est d'origine normative
beaucoup plus que salariale. Il doit donc y avoir une prise en compte
assez globale des conditions de travail. C'est pour cette raison que vouloir
s'accrocher uniquement à l'aspect salarial dans la discussion de ce que
devrait être une politique salariale gouvernementale pourrait
peut-être porter à côté du sujet
véritablement.
M. Paquette: M. le Président, est-ce qu'on pourrait tout
de même demander au ministre à quel moment le gouvernement compte
déposer ses offres salariales? Est-ce que c'est fixé?
M. Bérubé: Je pense que oui, en temps et lieu. Je
pense que ce type de décision va faire l'objet d'une concertation avec
la partie syndicale.
M. Paquette: C'est cela.
M. Bérubé: Dans la mesure...
M. Paquette: II faut que cela soit d'abord
présenté...
M. Bérubé: Je pense que la partie syndicale a des
demandes ou des offres à faire, selon le point de vue. Le gouvernement a
des demandes ou des offres également, selon le point de vue. Il
m'apparait, dans le contexte actuel, que le climat des négociations va
être très différent de ce que l'on a connu dans le
passé, dans la mesure où les limites à la richesse
collective sont beaucoup plus clairement senties et par la partie patronale et
par la partie syndicale. On va donc se retrouver avec des objectifs de
négociations où il faudra tenter d'établir une sorte de
partage équitable entre l'intérêt public et
l'intérêt des travailleurs.
Je pense qu'on s'engage dans un processus de négociation
très différent de ce qu'on a connu dans le passé.
Indéniablement, il faut changer des habitudes. Je pense que le
présent projet de loi indique assez clairement qu'effectivement les
conditions sont au moins formellement assez différentes de ce qu'on a
connu dans le passé.
Je ne tirerais pas comme conclusion que ce projet de loi no 70 va
appeler un climat beaucoup plus difficile des négociations
contrairement, peut-être, je ne dirai pas aux souhaits du chef du Parti
libéral, loin de là, mais contrairement aux craintes
manifestées par le chef du Parti libéral, en ce sens que la
perception de la réalité économique et financière
du Québec m'apparaît complète tant du côté
syndical que du côté gouvernemental. À mon avis, cela
représente la base essentielle d'une nouvelle forme de
négociation.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Sur la date d'entrée en
vigueur de la nouvelle convention collective. Est-ce que l'article 15
prévoit par combinaison avec les articles 3 et 4 que la date
d'entrée en vigueur de la prochaine convention collective pourrait
être antérieure au 1er avril?
Aucunement. Auquel cas, je me demande...
M. Bérubé: Je dois corriger, oui.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Est-ce qu'on peut modifier le
document 350?
M. Bérubé: Exactement, oui. La date effectivement.
On pourrait convenir d'une terminaison plus rapide de la convention collective
actuelle et convenir d'une nouvelle convention collective ultérieure.
Toutefois, ce qui m'a traversé l'esprit, c'est la raison pour laquelle
j'ai commencé par répondre non, comme vous avez abordé
votre question en référence à l'article 15, j'ai donc
supposé que la loi no 70 avait dû s'appliquer et que par
conséquent on avait dû décréter les conditions de
travail jusqu'au 1er avril, auquel cas évidemment la nouvelle convention
collective devrait commencer le 1er avril. Donc, suivant un accord
antérieur au 1er janvier ou non, la date d'expiration des conventions
collectives actuelles et du renouvellement des nouvelles conventions est un peu
en suspens. (23 heures)
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Est-ce qu'il est concevable que
la date d'entrée en vigueur de la prochaine convention collective se
situe entre le 1er janvier et le 31 mars 1983?
M. Bérubé: Juridiquement, ce n'est pas
impossible.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Concevable. Si c'était le cas, évidemment, les conditions
de travail qui seraient alors négociées, aux fins d'illustration,
du 1er mars 1983 au 28 février 1985, contiendraient des dispositions
ayant trait à la rémunération qui sera versée en
mars 1983, qui pourrait être différente de celle qui est dans le
document sessionnel 350, qui serait fort certainement, permettez-moi de le
présumer, supérieure à ce que le document sessionnel 350
prévoit. Auquel cas, le gouvernement n'aurait pas
récupéré 521 000 000 $.
M. Bérubé: Mais auquel cas le gouvernement ne
signerait pas l'entente.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Donc, il est impossible de
concevoir une date
d'entrée en vigueur entre le 1er janvier et le 31 mars qui
prévoirait des dispositions salariales autres que celles du document
sessionnel 350.
M. Bérubé: Cela dépend. Admettons que - je
vais aller dans l'hypothétique complet -admettons que l'entente pour le
renouvellement des conventions collectives ait amené la suppression de
la sécurité d'emploi et que de ce fait le gouvernement vienne
économiser 150 000 000 $ ou 200 000 000 $. Bien, évidemment, on
pourrait accroître la rémunération. C'est pour cela qu'il y
a place pour la négociation. Nous avions souligné
qu'effectivement la mise à pied de 20 000 employés de
l'État réglerait les problèmes financiers
également.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On en revient toujours, en tout
état de cause, quelles que soient les dispositions de la prochaine
convention collective, à donner comme non négociable ce qui
affecterait les équilibres financiers jusqu'au 31 mars. La masse
salariale sera récupérée, le gouvernement épargnera
entre le 1er juillet et le 31 mars 521 000 000 $, point final.
M. Bérubé: Exactement.
M de Belleval: On ne peut rien vous cacher.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, on le soupçonnait
d'après les notes explicatives et bien d'autres discours. Mais
j'essayais de voir dans les faits pratiques les effets possibles de
rétroactivité, d'entrée en vigueur, donc, d'un tas
d'autres éléments qui pourraient être en vigueur dans les
trois premiers mois de l'année civile 1983. Le ministre vient de dire:
Si on a à négocier l'élimination de la
sécurité d'emploi, on vient de sauver une fortune. Vous ne venez
pas de sauver une fortune jusqu'au 31 mars 1983 au point de vue du coût
que le gouvernement aurait à assumer.
M. Bérubé: La mise à pied de milliers
d'employés de l'État.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, mais il faut s'entendre.
Je ne pense pas, à moins que ce soit une des solutions faisant partie de
la politique salariale...
M. Ryan: C'est parce que le ministre en avait 17 000 qu'il
voulait congédier.
M. Bérubé: Non pas que je voulais les
congédier, mais dans la mesure où justement le gouvernement a
pris la décision de ne pas les congédier, cela nous a
amené...
M. Ryan: II aurait dû suivre votre recommandation.
M. Bérubé: ... au projet de loi 70.
M. Blais: II aurait dû suivre votre recommandation.
M. Bérubé: Évidemment, mais je reconnais
qu'il y en a peut-être 100 000 de trop.
M. Ryan: Pas les mêmes, d'autres.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): À part
l'élimination, dans ce cas, de la sécurité d'emploi dans
les conventions collectives, il n'y a pas d'autres éléments dans
le fond qui permettraient au gouvernement à court terme de gagner... On
parle de la période allant jusqu'au 31 mars.
M. Bérubé: À court terme, pas beaucoup. Vous
avez parfaitement raison, à court terme, non. C'est d'ailleurs ce que
nous avons expliqué au sommet économique. Il n'y a pas beaucoup
d'endroit où effectivement il y a de la marge de manoeuvre: c'est soit
au chapitre de la sécurité d'emploi, soit au chapitre de la
rémunération.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Et si on revient au concept de
"trade off", que le ministre ne connaissait pas dans cette langue, de la
considération bonne et valable...
M. Bérubé: C'est surtout la traduction qui
m'intéressait.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Le ministre reconnaît-il
que, s'il faisait des gains formidables sur les deux ou trois prochaines
années, sur la prochaine convention collective, au chapitre du normatif,
sur toutes sortes d'éléments normatifs autres que la
sécurité d'emploi, évidemment, il ne serait même pas
disposé à échanger cette victoire-là, à long
terme ou à moyen terme, contre un dépassement de ces
prévisions budgétaires à très court terme, au 31
mars.
M. Bérubé: Vous voulez entrer dans le contenu d'une
ronde de négociations et je répondrais: Tout est
négociable, tout est possible. Et, de fait, à un moment
donné, on m'avait posé la question: Est-ce que les régimes
de retraite sont discutables et ma réponse a été
affirmative, à l'époque. En d'autres termes, je pense qu'on peut
avoir des solutions différentes à une impasse et je n'ai pas la
vérité révélée. C'est bien évident
que l'analyse que nous avons faite nous a amenés à un certain
nombre de choix qui nous apparaissent les plus équitables, mais
les parties en cause auraient très bien pu décider
qu'elles aiment mieux des régimes de retraite et des baisses de salaire
plus importantes. Je pense que cela est une question de choix personnel et,
à l'époque, indéniablement, le régime de retraite
ne me posait aucun problème en ce qui avait trait à sa
négociation. Mais, cependant, il fallait s'assurer que quelle que soit
l'avenue choisie, le résultat global était le même. Donc,
il fallait assainir les régimes de retraite en même temps qu'il
fallait réduire les niveaux de dépenses et je pense que
c'était cela la négociation. Ceci était possible et ceci
est encore possible sauf, maintenant, pour les régimes de retraite parce
que le choix a été fait.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Donc, je comprends parce que
c'est formulé autrement et le ministre semble avoir dit oui à
cette question-là; on pourrait assister à une
non-récupération de la totalité des 521 000 000 $ à
condition qu'on découvre dans la nouvelle convention collective...
M. Bérubé: Bien dit.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): ... une
récupération formidable à moyen terme.
M. Paquette: II a seulement dit que tout est possible.
M. Bérubé: C'est purement hypothétique et,
comme vous le savez, le règlement est très explicite quant aux
questions contenant des hypothèses, elles sont irrecevables.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est une nouvelle
jurisprudence.
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, voici comment je serais
porté à comprendre les articles 4 et 15, le ministre me corrigera
si je me trompe. D'un côté, le gouvernement a des besoins de
liquidité très urgents, très graves. Son pouvoir d'emprunt
est étiré au maximum, son pouvoir de taxation a été
utilisé au maximum. Il n'y a pas d'autres endroits dans les
dépenses du gouvernement où il peut récupérer des
sommes; là, il s'en prend aux salariés des secteurs public et
parapublic et dit: Vous autres, vous êtes les boucs émissaires de
cette action-là. Il nous faut 521 000 000 $ et on va les chercher chez
vous.
Deuxièmement, le gouvernement n'était pas prêt
à ouvrir, tout de suite, des négociations avec ses
salariés en matières salariale et normative, faut-il comprendre.
Il a voulu, par le présent projet de loi, se donner une marge de
respiration, il a voulu se donner jusqu'au 1er avril pour se préparer
à négocier, se donner une politique salariale qu'il n'a pas pour
l'instant, que le ministre avoue ne pas être capable d'expliciter. Je
pense que c'est assez juste comme interprétation.
M. Bérubé: Je ne connaissais pas les talents du
chef de l'Opposition comme romancier mais, enfin, dans le domaine de la
fabulation, c'est pas mal jusqu'à maintenant. Vous pouvez continuer, M.
le chef de l'Opposition.
M. Ryan: J'étais sûr que le ministre accepterait
cette interprétation et on est conduits à ceci. Là, il y
a...
M. Bérubé: II y a peut-être un lien entre la
réalité et l'analyse, mais enfin.
M. Ryan: Les conséquences, de toute façon, sont
assez visibles et il faut bien les interpréter; on ne peut pas les
interpréter en l'air, il faut les interpréter en fonction de ce
qu'elles apportent aux intéressés. Il me semble que ces deux
points-là se dégagent assez clairement. Vous n'étiez pas
prêts à mettre sur la table, dès la période qui
précédait l'expiration des conventions collectives, votre
nouvelle politique salariale. Vous avez été obligés de
prendre un expédient temporaire absolument inusité, absolument
sans précédent dans toute l'histoire des relations du travail
entre l'État et ses employés. Là vous dites: On va
présenter quelque chose au... Quand pensez-vous commencer ces
négociations-là, avez-vous une idée du commencement des
négociations en vue des conventions collectives qui débuteront le
1er avril, vous êtes-vous fait un échéancier?
M. Bérubé: Les porte-parole gouvernementaux ont
été mandatés pour rencontrer la partie syndicale et
entreprendre les négociations dès que la partie syndicale juge
qu'elle est prête.
M. de Belleval: Juste une information là-dessus. Je pense
qu'il y a déjà une prise de contact officielle entre le
porte-parole patronal et le responsable du SFPQ, je pense?
M. Bérubé: Dans le cas des fonctionnaires, oui. Le
SFPQ a indiqué clairement à cette commission, qu'il était
prêt à entreprendre les négociations et la première
rencontre a eu lieu le lendemain. Pour l'instant, c'est directement
relié à l'état de préparation des parties. Il faut
quand même se rendre compte que le contexte étant ce qu'il est, il
faut admettre
que la partie syndicale a aussi certains échéanciers
qu'elle doit rencontrer. Si le chef de l'Opposition me le permet, je voudrais
rétablir les faits, car la fabulation qu'il s'est permise, tantôt,
ressemblait davantage à un conte des Mille et Une Nuits et beaucoup
moins à la réalité.
Essentiellement, dès l'automne, il nous est apparu que les
équilibres financiers seraient serrés. Toutefois, nous n'avions
pas, à l'époque, prévu l'évolution des
négociations dans le cas des accords fiscaux dans le sens où elle
irait. Nous savions qu'il y aurait un resserrement, nous avions prévu un
resserrement et prévu dans le budget, mais nous n'avions pas
prévu que ce resserrement atteindrait l'ampleur qu'il a connu.
Je ne voudrais pas déranger le député de
Charlesbourg et le ministre de la Fonction publique et je serais prêt
à leur donner la parole n'importe quand.
M. de Belleval: Vous ne voulez pas mais, malheureusement, vous le
faites.
Mme LeBlanc-Bantey: Les intentions ne comptent pas par les temps
qui courent.
M. Bérubé: M. le Président, si on me permet
de continuer. Je n'ai absolument aucune objection à ce qu'il y ait des
conciliabules, mais ailleurs.
Mme LeBlanc-Bantey: Pourvu que vous ne nous mettiez pas en
cause.
M. Bérubé: M. le Président, c'est
véritablement en février et un peu avant qu'il est apparu
très clairement que les accords...
M. Ryan: C'est à ma place, Mme la ministre, que vous
souffririez.
Mme LeBlanc-Bantey: Pardon?
M. Ryan: Si vous étiez à notre place, comme vous
souffririez. Il est bienveillant à votre endroit; nous, c'est notre
adversaire.
Mme LeBlanc-Bantey: Ah! certainement. J'en suis convaincue. Je ne
veux pas être à votre place.
M. Paquette: Le ministre, s'il continue, va bientôt
être privé de sa majorité.
Le Président (M. Boucher): Fin de la
récréation.
M. Bérubé: Je vais être obligé de vous
demander, M. le Président, de rappeler à l'ordre les membres
dissipés de cette commission.
M. Ryan: On sait que vous vous abstiendrez, à ce
moment-là, M. le député de Rosemont.
Le Président (M. Boucher): S'il vous plaît, fin de
la récréation.
M. de Belleval: M. le Président.
Mme LeBlanc-Bantey: Vous n'étiez pas habitué
à ça, c'est connu!
M. Bérubé: M. le Président, les accords
fiscaux ont conduit, au mois de février, à une prise de
conscience selon laquelle il y aurait une diminution très substantielle
des paiements de transfert fédéraux aux provinces et, en
même temps, est apparue la problématique des finances publiques et
l'impasse budgétaire.
La décision a été prise, au Conseil des ministre de
Sainte-Marguerite, d'accepter -parce que cette proposition avait
été faite initialement par la partie syndicale - la tenue d'un
sommet économique au cours duquel le gouvernement mettrait sur la table
l'ensemble des données permettant de comprendre la problématique
générale des finances au niveau des emprunts, de la taxation et
des compressions budgétaires. Ceci a été fait et,
immédiatement après, c'est-à-dire quelques semaines
après, nous avons soumis une proposition aux syndicats pour rouvrir les
conventions collectives suivant la formule dite du 15 avril.
Il était clair, dans notre esprit, qu'il était possible de
négocier globalement cette réouverture avec le renouvellement des
conventions. Toutefois, il faut bien reconnaître que la cinquantaine de
textes de convention qu'il faut rédiger, avec le très grand
nombre de clauses, avec la lourdeur des mécanismes de consultation - il
est normal que les syndicats procèdent à des consultations
démocratiques de leurs membres - qui caractérise la
négociation dans le secteur public est telle que je pense qu'on ne
pouvait pas décemment penser pouvoir en arriver à une entente
globale sur l'ensemble des conventions collectives avant le mois de juillet,
date à laquelle il faudrait verser les augmentations de salaire. (23 h
15)
Cela voulait dire en même temps que, à partir du moment
où on avait commencé à verser des augmentations de
salaire, toute négociation doit impliquer la récupération
d'une partie de ces augmentations de salaire. C'est ce qui a amené le
gouvernement à conclure qu'il serait effectivement possible de
s'entendre et nous allons tout mettre en oeuvre pour en arriver à une
entente rapide dans la mesure où la partie syndicale - ce n'est pas un
reproche que je fais - n'a pas voulu accepter la proposition gouvernementale
à cause de problèmes de délais, réels, de
problèmes de mandat qu'ils
n'ont pu obtenir de leurs syndiqués. Tout cela fait en sorte que
le gouvernement devra régler l'impasse budgétaire seul, mais il
devra le faire en tenant compte, en même temps, de l'ouverture syndicale
qui nous a été réitérée ici et qui repose
sur une compréhension de la situation financière et un
désir de faire quelque chose tel qu'il a été
exprimé par le président de la FTQ lors du sommet.
Donc, connaissant cette ouverture, cette prise de conscience de la
réalité financière et cette volonté de travailler
à corriger la situation, nous avons conçu le projet de loi 70 de
manière qu'il permette cette négociation, d'atteindre la solution
qu'envisage la partie syndicale et, en même temps, garantisse que
l'impasse budgétaire est solutionnée, quels que soient les
résultats de ces négociations.
Donc, ce n'est pas parce que le gouvernement n'avait pas ou
n'était pas prêt à déposer des mandats globaux
à la table des négociations, c'est simplement lié au fait
que la négociation du renouvellement des conventions collectives
actuelles est un processus, par nature, lent et qui entraînait un certain
nombre de gestes irréversibles tel que le versement des augmentations de
salaire en juillet, qui devait forcer le gouvernement à prendre position
face à ces versements et à indiquer ce qu'il entendait faire
advenant l'absence d'ententes d'ici au 1er janvier.
Donc, ce n'est pas tout à fait la version du chef du Parti
libéral, qui nous a présenté une version un peu
romancée, mais c'est véritablement la réalité du
déroulement des événements.
M. Ryan: M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Argenteuil.
M. Raquette: L'article 15.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'article 15 est
adopté?
M. Ryan: Sur ceci, je voudrais clarifier. En somme, il y avait un
besoin d'argent que le gouvernement devait récupérer d'ici au 31
mars. Là-dessus, vous acceptez mon interprétation?
M. Bérubé: Oui, exact.
M. Ryan: Deuxièmement, le gouvernement n'était pas
prêt à mettre sur la table une politique salariale
véritable.
M. Bérubé: Inexact. Cela est inexact. Cette
partie-là est inexacte.
M. Ryan: Vous n'en avez pas sur la table, il n'y en pas de
connue. Les députés sont dans le noir de
côté-là. Nous sommes dans la brume, je pense que vous
conviendrez de cela. Tout ce que nous avons comme élément de
politique salariale connu et verifiable, ce sont les deux colonnes de chiffres
que vous avez données. Il y a des coupures de salaire pour les trois
premiers mois et le plancher d'ajustement le 1er avril 1983. Nous autres, nous
n'avons pas autre chose.
M. Bérubé: La politique salariale sera
déposée à la table des négociations. J'ai un
principe auquel je tiens énormément qui est celui de ne pas
négocier sur la place publique. Tant et aussi longtemps qu'une
négociation se déroule normalement à la table des
négociations, je pense que l'État doit se comporter comme un
employeur et choisir non pas de passer par-dessus la tête des
responsables syndicaux, mais bien de procéder par le biais de ses
porte-parole à la table des négociations. Il va de soi que,
lorsque nous aurons convenu d'un échéancier spécifique
pour le démarrage de ces négociations, lorsqu'il y aura
dépôt d'une proposition patronale, évidemment, elle fera
l'objet d'une présentation publique et à ce moment-là
j'aurai même le plaisir de venir l'expliquer à l'Assemblée
nationale, si le chef de l'Opposition estime que ce serait approprié et
désirable.
M. de Belleval: II pourrait même y avoir un débat
à l'Assemblée nationale là-dessus, si vous le
désirez.
M. Ryan: Une fois que c'est déposé à la
table, c'est plus difficile.
M. de Belleval: II peut y avoir un débat à ce
moment-là, vous pouvez dire si vous êtes d'accord ou pas,
critiquer.
M. Ryan: Mais cela, on n'aura pas besoin que vous nous le donniez
à l'Assemblée nationale, on le fera quand même sur la place
publique, je pense bien.
Le point que je veux établir est le suivant: vous autres, vous ne
voyez pas la nécessité d'un livre blanc sur la politique
salariale avant même que vous déposiez vos propositions à
la table de négociation, donc, vous êtes ensuite prisonniers. Vous
ne verriez pas l'utilité d'un livre blanc, d'une déclaration de
politique qui expliciterait clairement les objectifs à court, à
moyen et à long termes du gouvernement, avant que vous en arriviez
à déposer vos chiffres sur la table de négociation. Vous
ne trouvez pas qu'il y aurait un avantage à cela? C'est un point que
nous vous recommandons, en tout cas.
M. Bérubé: Indéniablement, au moment
de déposer les chiffres, le gouvernement indiquera les principes
qui sous-tendent ses positions à la table de négociation. Il sera
amené à déposer un livre blanc ou un texte explicatif; il
sera amené à expliciter le sens de son intervention, comme il l'a
fait, d'ailleurs, dans le cas de la négociation avec les
médecins.
M. Ryan: Mais pas avant le dépôt d'offres à
la table des négociations?
M. Bérubé: Non, il ne nous apparaîtrait pas
approprié de...
M. Ryan: Est-ce que vous rejetez cela catégoriquement?
M. Bérubé: ... de court-circuiter la table de
négociation.
M. Ryan: Est-ce que vous seriez prêt à y penser ou
si vous rejetez cela catégoriquement.
M. Bérubé: Non, je serais, effectivement,
prêt à y penser. J'avais l'impression d'avoir une idée
assez précise là-dessus, mais si le chef de l'Opposition insiste
beaucoup, c'est qu'il y voit un certain nombre d'avantages auxquels je suis
bien prêt à m'attacher pour voir dans quelles mesures ce
court-circuitage des processus normaux de négociation contribuerait
à aider le processus de négociation, plutôt qu'à lui
nuire. C'est, évidemment, une question de possibilité.
Le Président (M. Boucher): L'article 15 est-il
adopté?
M. de Belleval: Sur division.
M. Bérubé: Est-ce que le député de
Charlesbourg est divisé contre lui-même?
Le Président (M. Boucher): Adopté sur division.
M. Bérubé: Un royaume divisé contre
lui-même.
Le Président (M. Boucher): Article 16.
M. de Belleval: Adopté, M. le Président.
Une voix: À regret.
M. de Belleval: II y tient à l'article 16, je pense bien,
adopté.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Au sens de 107, s'il vous
plaît.
M. Bérubé: Comme cette loi-ci permet - nous parlons
de la convention collective - et autorise le gouvernement et la partie
syndicale à la modifier, l'article 107 dit que lorsqu'une convention
collective renferme une clause en permettant la révision par les
parties, le droit de grève est acquis. Je vais vous lire l'article 107:
"La grève est prohibée pendant la durée d'une convention
collective à moins que celle-ci ne renferme une clause en permettant la
révision". Comme on prolonge la convention collective et qu'on introduit
une clause en permettant la révision, il y a un danger que l'on
interprète cela comme rendant applicable l'article 107, donc, autorisant
la grève.
Si je comprends bien, vous avez pensé à tout.
Non.
Une voix: Adopté, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Laurier.
M. Sirros: Concrètement, cela veut dire que le droit de
grève n'est pas acquis avant le 31 mars.
M. Bérubé: Avant la fin de la convention.
M. Sirros: Qui est prolongé, lui...
M. Bérubé: C'est à cause de la mesure
spéciale introduite, permettant d'amender la convention collective,
c'est vraiment un corollaire.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Sans donner ouverture au droit
de grève, à l'exercice.
M. Ryan: Juste une précision, si vous le permettez.
À compter du 1er avril 1983, l'article 15 nous dit que nous entrons dans
un régime de négociation collective régulière.
M. Bérubé: Avec droit de grève. M. Ryan:
Avec droit de grève.
M. Bérubé: L'acquisition du droit de grève
est au 1er avril.
M. Ryan: Très bien cela va.
Le Président (M. Boucher): Adopté?
M. Ryan: Oui.
Le Président (M. Boucher): Sur division?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II me semblerait, oui.
M. de Belleval: Est-ce que j'ai bien compris que c'est sur
division?
M. Ryan: Oui, sur division.
M. de Belleval: C'est sur division, d'accord.
Le Président (M. Boucher): Article 17. M.
Bérubé: Merci, M. le Président.
M. Ryan: ... nouvelle association qui est
accréditée, M. le Président, la convention court son terme
normal et elle acquiert le droit de négociation en vue de la prochaine
convention. "No problem".
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): L'article 17 est
adopté.
M. de Belleval: L'article 18, je pense qu'on l'a discuté
en long st en large.
Le Président (M. Boucher): Article 18.
M. Bérubé: II y a un petit amendement à
l'article 18.
Le Président (M. Boucher): Un amendement à
l'article 18. M. le ministre.
M. Bérubé: Je dormais. La fatigue est en train de
nous vaincre, M. le Président:
Article 18. Cet article est modifié, premièrement, par
l'insertion, dans la quatrième ligne, après le mot "verse", des
mots "ou qu'un ministre verse". J'explique immédiatement. En effet, dans
certains cas, ce n'est pas le gouvernement qui verse certaines subventions mais
directement le ministre. Donc, pour s'assurer que nous couvrons tous les cas,
nous amendons en ce sens. Deuxièmement, par l'addition des
alinéas suivants: "Aux fins prévues par le premier alinéa,
le gouvernement peut modifier les montants de base établis par les
articles 14, 14.1, 17 et 17.1 de la Loi sur l'enseignement privé.
"Toutefois le présent article ne doit pas être
interprété comme ayant pour effet de modifier, aux fins de
l'application des articles 14.4 et 17.4 de la Loi sur l'enseignement
privé, le montant de la subvention applicable établi en vertu de
cette loi."
M. le Président, il vient de ce que le mot "subvention"
utilisé dans l'article 18 pouvait prêter à
interprétation au sens de la Loi sur l'enseignement privé. On
fait une distinction, dans la Loi sur l'enseignement privé, entre la
subvention de base et les autres subventions. Alors, pour éviter que
l'on se retrouve avec une confusion quant à la définition du
terme "subvention", le ministère de l'Éducation nous recommande
de vraiment spécifier que cela s'applique au montant de la subvention de
base qui est fixé par la loi.
Une voix: Qui est fixé par la loi.
M. Bérubé: Oui, je m'excuse, le deuxième
alinéa...
M. Ryan: Avez-vous l'article en question de la Loi sur
l'enseignement privé? Pourrait-on le voir, s'il vous plaît?
M. Bérubé: Je souligne en passant que le
deuxième alinéa vise en fait à faire en sorte qu'une
institution privée, qui exige des frais de scolarité qui ont
atteint le plafond permis par la loi à l'heure actuelle, puisse
maintenir ces frais de scolarité, même si la subvention baisse. En
d'autres termes, les frais de scolarité qu'elle peut exiger sont
directement égaux à 50% des subventions qu'elle reçoit du
gouvernement. Or, si on réduit les subventions, cette année, on
pourrait les obliger à devoir réduire les frais de
scolarité en même temps et, comme souvent les procédures
pour percevoir les frais de scolarité sont entreprises, notre intention
n'était pas de forcer le collège à baisser ses frais de
scolarité. Nous disons donc que pour l'année en cours cette
réduction de la subvention de base ne doit pas avoir comme effet de
réduire en même temps le plafond admissible des frais de
scolarité.
M. Ryan: Voulez-vous m'expliquer ce que ça peut comporter?
Les articles 14 et 14.1 de la Loi sur l'enseignement privé fixent les
montants de base des subventions qui sont accordés. Aux fins de la
présente loi, pourrait-il arriver que ces montants soient
réduits? Il arrivera même qu'ils soient réduits pour
atteindre l'objectif des coupures salariales des trois premiers mois. C'est ce
que ça veut dire?
M. Bérubé: Exactement, c'est ça.
M. de Belleval: C'est l'objectif de l'amendement à
l'article 18.
M. Ryan: Avez-vous établi des calculs à cette fin
ou si ce sont des normes abstraites pour l'instant? Avez-vous des montants
d'argent pour mettre à côté de ça? Qu'est-ce que
vous allez chercher de ce côté-là?
M. Bérubé: Pour l'instant, les subventions aux
institutions privées ne sont pas calculées, mais elles vont
l'être incessamment au ministère de l'Éducation.
M. Ryan: Avez-vous fait des cas pilotes, par exemple? Avez-vous
pris une institution pour voir ce que ça va représenter?
(23 h 30)
M. Bérubé: En gros, on peut dire que ça
représente une réduction de 5% de la masse salariale.
Juridiquement, il y a quand même une balise qui est dans la loi et
c'est ce qui permet à un collège de contester parce qu'on dit que
c'est pour des réductions comparables. Alors, un collège ou une
institution privée pourrait toujours contester devant le tribunal que le
gouvernement a réduit à l'excès sa subvention. Finalement,
il y a une protection judiciaire.
M. Ryan: Où est cette protection?
M. Bérubé: À cause du critère que
l'on indique dans l'article qui permet de réduire la subvention. Au
fond, on dit toujours des réductions comparables, à la
dernière ligne de l'article 18.
M. Ryan: Très bien. Il faut que les réductions dans
les montants de base soient rigoureusement assimilables à l'objectif de
réduction salariale décrit à l'article 4.
M. Bérubé: Exactement.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Sirros: Je n'ai pas l'amendement et je ne sais pas si cela
porte sur les dernières lignes. J'attendrai qu'on appelle l'article. Ce
n'est pas sur l'amendement.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges, sur l'amendement. L'amendement est adopté.
M. le député de Laurier.
M. Sirros: On parle, à la section II, chapitre III, de la
possibilité que certaines écoles privées, où le
salaire des professeurs est de beaucoup moindre et où on ne pourrait pas
appliquer plus de réductions, qu'il y aurait possibilité
d'exempter ces écoles de réductions de subventions. On lit,
à l'article 18, "... s'il l'estime nécessaire, la
réalisation de réductions comparables dans les cas où
l'employeur n'est pas lié par une convention collective". L'article ne
devrait-il pas, à ce moment, être rédigé ou
écrit d'une certaine façon que cela pourrait parler non pas
nécessairement de réduction, mais d'exemption pour cette
école?
M. Bérubé: C'est l'article 11 tel que nous l'avons
amendé qui a prévu ce cas. En d'autres termes, si la
réduction de rémunération décrétée
par le gouvernement, en vertu de l'article 11, après avoir pris en
considération le niveau déjà faible de la
rémunération dans cette institution, c'est-à-dire pouvant,
comme niveau, annuler entièrement l'objectif de
récupération, l'article 11, à ce moment-là, ayant
déterminé le quantum de réduction de la masse salariale,
il s'ensuit que l'article 18, qui détermine le niveau des subventions
afin de tenir compte des réductions de coûts que prévoit le
présent projet de loi, ces réductions seront donc ajustées
aux réductions de coûts que l'article 11 a imposées.
M. Sirros: Je parle dans l'hypothèse où il ne peut
pas y avoir de réductions dans certains cas.
M. Bérubé: Exactement. Il pourrait n'y avoir aucune
réduction. Si, en vertu de l'article 11, le gouvernement a dû
décider qu'il ne devait pas imposer de réductions de masse
salariale dans cette institution compte tenu du niveau déjà
faible des salaires, il s'ensuit qu'à l'article 18, les
réductions de coûts prévues par le présent projet de
loi étant nulles, il ne peut pas, en vertu de l'article 18,
réduire la subvention de plus de zéro.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: J'ai une autre question, si vous me le permettez. Ce
projet de loi, à l'article 15, modifie-t-il implicitement le
régime de négociations applicable aux institutions
privées?
M. Bérubé: En un sens, oui. Si, en vertu de
l'article 13, le gouvernement applique le gel des augmentations
d'échelon pendant une année, l'article 15 pourrait modifier le
mandat; enfin, cela impose un objectif de négociation qui affecte les
institutions privées. Oui, c'est le seul cas que je peux imaginer.
Cela impose un. objectif pour ce qui est du gel des avancements
d'échelon.
M. Ryan: Cela veut dire que vous pouvez les assimiler au grand
tout qui est englobé par les centrales syndicales.
M. Bérubé: Oui.
M. Ryan: Par voie d'implication, parce que si vous mettez les
salaires dans le moulin à viande, vous allez mettre les autres
conditions de travail aussi. Le normatif va finir par entrer là-dedans
ou si...
M. Bérubé: Non, absolument pas. Notre intention
n'est pas non plus d'incorporer les institutions privées dans le front
commun, dans la négociation nationale. On se demande à ce
moment-là comment elles pourraient demeurer privées, parce que le
jour où le gouvernemnt négociera 80% des dépenses
d'une institution privée...
M. Ryan: Cela veut dire que le gouvernement ne se rend pas
à cette demande qui avait été faite par les centrales
syndicales.
M. Bérubé: C'est assez exact. Cela fait un autre
prérequis.
M. Ryan: Pardon?
M. Bérubé: Un autre prérequis.
M. Ryan: Très bien.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'article 18 est
adopté tel qu'amendé? Article 19.
M. Bérubé: Oui.
M. Ryan: Pas de problème là.
M. Bérubé: L'article 19 doit être
adopté sur division?
M. Ryan: Oui, c'est cela.
Le Président (M. Boucher): Article 19, adopté sur
division. Article 20.
M. Bérubé: L'article 20 demande une explication. En
vertu de la loi 15 sur l'âge de la retraite, nous avions prévu que
les nouvelles dispositions ne s'appliqueraient que le 1er janvier, au moment du
renouvellement des conventions collectives. Dans le cas présent, comme
nous reportons, par la loi, au 1er avril la date potentielle du renouvellement
des conventions collectives, il s'ensuit que certains employés de
l'État qui auraient, par exemple, envisagé de profiter de la loi
15 reportant l'âge de la retraite et dont la date de mise à la
retraite se situerait entre le 1er janvier et le 1er avril auraient vu leur
échapper ce droit qu'ils avaient acquis et sur lequel ils comptaient.
Donc, pour éviter ce problème, nous avons, par cet article, pris
les moyens pour que, même si la convention collective n'a pas atteint sa
date d'échéance, néanmoins, l'employé ait droit,
tel qu'il l'avait anticipé, de ne pas prendre sa retraite.
Le Président (M. Boucher): Adopté? Article 21.
M. Scowen: Je voudrais savoir du ministre quels sont les articles
de ce projet de loi qui peuvent aller à rencontre des dispositions de la
loi constitutionnelle.
M. Bérubé: Est-ce qu'on pourrait reprendre le
débat sur la loi 68 et inscrire bis?
M. Scowen: Malheureusement, je regrette, mais je ne faisais pas
partie de cette commission qui a fait ce débat.
M. Bérubé: C'est dommage. C'était la
même commission.
M. Paquette: C'était la même commission et il y a eu
un long débat là-dessus qui nous a menés très loin
à rediscuter de la question du "Canada Bill", de la clause nonobstant et
des valeurs respectives des chartes québécoise et canadienne.
M. Bérubé: Alors, vous avez eu droit
à...
M. Paquette: On peut reprendre cela.
M. Bérubé: ... une envolée enflammée
de ma part et vous avez eu droit à des interventions de part et d'autre,
qui, à la toute fin, après de longues heures de discussion, nous
ont amenés à l'adopter sur division.
M. Scowen: Est-ce que vous avez étudié la
concordance entre les vingt articles de ce projet de loi et la constitution
pour vous assurer qu'il est essentiel que cet article soit ajouté au
projet de loi?
M. Paquette: C'est plus prudent.
M. Bérubé: Comme je l'ai expliqué, c'est une
attitude de prudence.
M. Scowen: Dans ce cas-là, je veux simplement m'exprimer
concernant la question des libertés fondamentales parce que comme vous
le savez, ces libertés fondamentales ne sont pas protégées
à moins que je comprenne mal l'affaire dans la Charte
québécoise des droits et libertés de la personne. Notre
charte ne traite pas de ces dispositions et il me semble que le Québec
et peut-être même les personnes visées par ce projet de loi
pourraient bénéficier de certains avantages qu'elles n'ont pas,
aujourd'hui, si au moins les dispositions de l'article 2 étaient
retenues. J'aimerais même proposer un amendement, au moins en ce qui
concerne l'article 2, pour qu'on enlève cette partie de l'article 21
pour permettre aux Québécois qui sont, jusqu'à nouvel
ordre des Canadiens, de jouir de cette liberté même en fonction de
cette loi qui est, dans un certain sens, un peu répressive.
Je ne sais pas si vous pensez que la loi ira à l'encontre des
libertés fondamentales, mais si vous rédigez le projet de loi
dans ce sens, vous donnez l'impression aux gens qu'il y a ici un projet de loi
qui brime les libertés fondamentales des Québécois. Si
vous êtes obligés, dans un projet de loi qui a pour
effet de briser un contrat et d'imposer toute une série de
conditions sur un nombre très important de personnes, ça va
tomber sur chaque personne d'une façon un peu différente. Il y a
celles qui ne sont pas terriblement affectées, on le sait. Il y en a
d'autres qui seront terriblement affectées et il me semble que s'il y a
au moins l'idée implicite dans le projet de loi qu'en brimant les droits
fondamentaux dans une loi qui a pour effet de brimer un contrat, vous avez peur
d'avoir fait quelque chose ici dont vous avez un peu honte, je pense que le
lien pourrait facilement être fait entre les deux. Je ne vais pas
proposer une motion au sens strict, mais je pense que le ministre peut donner
son opinion sur la possibilité, au moins, pour ce projet de loi
d'enlever l'article 2.
M. Bérubé: Je partage cette opinion, non pas
simplement par solidarité ministérielle, mais je partage le point
de vue gouvernemental pour une raison que j'ai eu l'occasion d'expliquer.
L'interprétation que l'on peut donner à une charte des droits
évolue beaucoup dans le temps. On sait à quel point la Cour
suprême des États-Unis a modelé de façon très
significative le sens à donner à la constitution par des
interprétations juridiques qui ont même, parfois, amené des
changements radicaux dans des habitudes. J'ai cité l'exemple de cette
cour de Pennsylvanie qui a jugé, en première instance, de
l'inconstitutionnalité du service militaire obligatoire aux
États-Unis, qui pourtant est prévu dans la constitution
américaine, invoquant le fait que les femmes n'étant pas soumises
au service militaire obligatoire, il y avait discrimination, ce qui
était contraire à un autre amendement de la constitution
américaine et que, par conséquent, le service américain
obligatoire devenait inconstitutionnel dans son application.
Évidemment, c'est un peu bizarre quand on sait à quel
point le service militaire, tel qu'il a été conçu par
ceux-là mêmes qui ont rédigé la constitution
n'obligeait certainement pas, à l'époque, une participation des
femmes au service militaire. Ceux-là mêmes qui ont
rédigé la constitution et imposé le service militaire aux
États-Unis et à qui on peut demander d'interpréter leurs
propres lois ont jugé, à l'époque, que l'article de
discrimination ne devait pas avoir le sens que la cour lui a donné. (23
h 45)
Donc, ce que l'on peut dire, c'est que les cours de justice ont
amené, dans le temps, à faire évoluer le sens des droits
et libertés inscrits dans une charte et il m'apparaît sage - et
même prudent - de laisser à chaque société le soin
de pouvoir décider ce que seront ses us et coutumes et non de laisser
cette fonction à des juges. Je pense que la charte des droits et
libertés, dans la mesure où elle a été
rédigée par un Parlement d'orientation anglo-saxonne, d'une part,
et que les juges - également, ne sont pas nommés par la
société québécoise, mais bien par la
société canadienne, donc, une société
majoritairement anglophone - de la Cour suprême vont souvent faire
référence à des us et coutumes et à un droit
jurisprudentiel de type anglo-saxon, à ce moment-là, il pourrait
facilement se produire à l'avenir - en présumant que le
Québec ne sera pas indépendant - que la Cour suprême soit
amenée à introduire des interprétations à une
charte des droits qui soient contraires aux us et coutumes de la
société québécoise et contraires à la
volonté du peuple québécois. À cet égard, je
pense que le nonobstant est une mesure de prudence fort appropriée.
M. Paquette: M. le Président...
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: ... je voudrais simplement ajouter que le
député de Notre-Dame-de-Grâce aura sûrement
remarqué qu'on ne trouve pas, dans ce projet de loi, la clause
dérogatoire nécessaire pour dispenser un projet de loi de
l'application de la Charte québécoise des droits et
libertés de la personne. Par conséquent, puisqu'il a
demandé au ministre s'il y avait certaines dispositions du projet de loi
contradictoires avec le "Canada Bill", j'imagine que puisqu'il voudrait donner
aux Québécois la meilleure protection possible, il a dû
faire, de son côté, une recherche pour savoir si, en
présence de ce projet de loi, la Charte québécoise des
droits et libertés de la personne protégeait mieux les
Québécois que le "Canada Bill". Règle
générale, elle protège mieux les Québécois
et, j'imagine que c'est la même chose dans le cas du projet de loi qui
nous occupe.
M. Bérubé: Je dois dire que c'est une question
d'opinion.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, je pense que ce n'est pas une
question d'opinion. C'est une question de fait.
M. Bérubé: Ah?
M. Ryan: Oui. Je suis...
M. Bérubé: Pour le chef libéral, ses
opinions sont toujours prises comme étant des faits.
M. Ryan: Non, mais je pense qu'il y a une réalité
telle que les faits qu'on doit savoir reconnaître et même les
opinions du président du Conseil du trésor ne changent rien
à cela. Je suis tout à fait de l'opinion du député
de Notre-Dame-de-Grâce.
Une voix: C'est une question d'opinion.
M. Ryan: Non, mais il y a une question de fait aussi. On ne
mêlera pas les cartes. Je suis tout à fait de l'opinion du
député de Notre-Dame-de-Grâce pour dire que c'est
regrettable pour le Québec que toutes les lois que nous adopterons
à l'avenir, tant que le Parti québécois sera au pouvoir,
seront affublées, à la fin, de cet article restrictif qui
empêche les Québécois de jouir en plénitude de la
protection constitutionnelle qu'apportent aux citoyens du Canada les articles 2
et 7 à 15 de la Charte canadienne des droits et libertés. La
Charte canadienne des droits et libertés, dans ses articles, accorde aux
citoyens une protection constitutionnelle, c'est-à-dire une protection
qui, chaque fois qu'elle serait violée par les lois, autant d'une
Législature ou d'une Assemblée législative provinciale que
du Parlement canadien peut donner recours à des plaintes devant les
tribunaux et à des décisions judiciaires invalidant les lois en
question. C'est le sens de la Charte canadienne des droits et libertés
qui est une charte débouchant directement sur des recours devant les
tribunaux en cas de violation législative des droits qui y sont
décrits, en particulier, les grandes libertés fondamentales de
pensée, de presse, de religion, d'association, de réunion,
etc.
Quand le député de Rosemont affirme que la Charte
québécoise des droits et libertés de la personne donne une
protection supérieure à la Charte canadienne des droits et
libertés, je crois qu'il est dans l'erreur et la démonstration
est bien facile à faire; on l'a faite, l'autre jour, au ministre de la
Justice qui ne savait trop quoi répondre. Et D'est bien simple.
M. Paquette: On vous a fait la démonstration du contrat
avec cela.
M. Ryan: Pardon?
M. Paquette: On vous a fait la démonstration du contrat
avec cela.
M. Ryan: Non, pas du tout, pas du tout, au contraire, il
n'était pas capable de répondre à cela. Je vais vous le
démontrer; c'est bien simple.
M. Blais: M. le Président, si vous me permettez, M. le
ministre, il est question d'opinions et non de faits. Nous disons que notre
charte est supérieure, vous dites que votre charte est
supérieure. C'est une question d'opinions.
M. Ryan: Je vais vous faire la... J'ai le droit de vous faire la
démonstration?
Une voix: Oui.
M. Blais: Ah! Vous l'avez déjà faite.
Une voix: Oui, mais on l'a déjà entendue quant
à nous.
M. Ryan: C'est cela. Je pense que cela va être bon pour
vous. Si vous n'acceptez pas la démonstration, vous allez le dire
après. Cela ne me fait absolument rien, cela ne changera rien au fait.
Voici comment cela se passe: Dans la Charte québécoise des droits
et libertés de la personne, les articles 1 à 10 sont des articles
déclaratoires qui n'ont aucune force d'antériorité, ni par
rapport aux lois déjà adoptées par l'Assemblée
nationale ni même par rapport aux lois susceptibles d'être
adoptées, à l'avenir, par l'Assemblée nationale. Ce n'est
pas l'opinion du député d'Argenteuil, c'est un fait écrit
dans la Charte québécoise des droits et libertés de la
personne. Je vous la lirai attentivement et vous conviendrez de cela volontiers
avec moi, je pense, n'est-ce pas? Alors, les articles 1 à 10 de la
Charte québécoise des droits sont des articles qui
définissent la protection donnée aux libertés
fondamentales de réunion, d'association, de presse, etc.; aux droits
légaux, c'est-à-dire aux droits d'un accusé d'aller devant
les tribunaux, de bénéficier de la protection d'un avocat etc.
Mais c'est uniquement déclaratoire, cela n'a pas de force d'application
contraignante. Cela ne fait pas déboucher sur un recours devant les
tribunaux tel que c'est présentement. Cela ne peut même pas
déboucher sur une offense au sens prévu plus loin. Il y a un
article vers la fin de la charte qui prévoit des sanctions; ces
sanctions valent pour d'autres articles de la charte, mais pas ceux-là.
C'est pour cela que nous vous disons qu'il peut arriver que la Charte
québécoise des droits et libertés de la personne soit
renforcée par l'Assemblée nationale éventuellement et
qu'on dise que quant aux droits décrits aux articles 1 à 10 - ou
peut-être 9 ou 10, je ne suis pas absolument sûr, mais c'est juste
un petit problème - le gouvernement décide de demander à
l'Assemblée nationale de lui accorder une protection
plénière qui donnerait lieu à des recours devant les
tribunaux au même titre que les articles de la charte canadienne.
À ce moment, votre problème serait éliminé. C'est
là qu'est la contradiction de la position gouvernementale parce que
dès que cela prend la direction des tribunaux, ce sera la même
jurisprudence, cela va aller jusqu'à la Cour
suprême.
Comme ces libertés et droits sont définis à peu
près dans les mêmes termes dans la charte canadienne et dans la
charte québécoise, au bout de la ligne, on arriverait avec la
même chose. C'est là que le gouvernement nous fait faire un
détour et un exercice d'une futilité complète, à
moins que ce ne soit la position du gouvernement québécois que de
donner une protection moins forte et c'est cela que nous avons avec la loi no
62 que vous avez adoptée à l'Assemblée nationale. C'est
une protection, à toutes fins utiles, moins forte pour ces
libertés fondamentales que celle que donne d'ores et déjà
aux citoyens des autres provinces du Canada la Charte canadienne des droits.
Comme nous voulons que les citoyens aient plus de droits que moins, plus de
protection pour leurs droits et libertés fondamentales que moins, nous
ne pouvons pas être pour cet article pas plus que nous ne pouvions
être pour la loi no 62.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: J'ai écouté le ministre avec
intérêt quand il a dit que, pour lui, en ce qui concerne
l'interprétation des libertés fondamentales, il existe, dans son
esprit, la possibilité réelle d'interprétation francophone
des libertés fondamentales et une interprétation anglophone. Il a
dit: Cela pourrait être un juge anglais qui va donner une
interprétation qui n'est pas tout à fait celle qu'on aurait
nous-mêmes donnée. Quant à moi, comme quelqu'un qui se sent
Québécois, dans mon Québec - je ne parle pas du Canada -
si, un jour, le Québec décidait d'établir dans sa charte
ou même dans une constitution provinciale la protection explicite des
libertés fondamentales, j'espère que la majorité va
essayer d'établir les libertés fondamentales qui sont les
libertés fondamentales humaines, et s'ils ne sont pas satisfaits que ces
libertés fondamentales sont humaines plutôt que francophones, il
refusera de les mettre dans une charte parce que l'utilité, presque par
définition, d'une charte des libertés fondamentales pour les
personnes qui, souvent, ne font pas partie de la majorité soit
linguistique, soit économique, mais qui sont des gens civilisés
partout dans le monde est d'essayer, comme on l'a fait péniblement
pendant des années et des années de définir des
libertés humaines fondamentales. C'est pourquoi, en toute
sincérité, je ne pourrai jamais souscrire à votre
conception de la société québécoise parce que je
n'accepte pas ce que le ministre a prétendu quand il a dit qu'il existe
une définition québécoise francophone de quelque chose que
plusieurs pays ont essayé de définir comme les droits et
libertés fondamentales humains.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'article 21 est
adopté?
M. Bérubé: II est adopté sur division. M.
Scowen: Sur division.
Le Président (M. Boucher): Sur division. L'article 22.
M. Ryan: Celui-là, je pense qu'on va le discuter
tranquillement.
Annexe
Le Président (M. Boucher): Adopté. Est-ce que
l'annexe est adoptée?
M. Scowen: Est-ce que les organismes définis dans l'annexe
sont effectivement tous les organismes...
M. Bérubé: ... le Parti libéral avait
demandé.
M. Scowen: ... qui font partie du budget du gouvernement? C'est
cela? Est-ce que la définition ou est-ce qu'il existe des personnes, des
organisations dont les budgets sont à l'intérieur du budget du
gouvernement qui ne sont pas inclus dans...
M. de Belleval: II n'y en a pas.
M. Scowen: Est-ce que ces organisations-ci font toutes partie du
budget?
M. de Belleval: Juste un exemple: en ce qui concerne la
Société des traversiers, son déficit est imputé au
budget du ministère des Transports.
M. Scowen: Mais, par exemple, la Société de
développement industriel, ce n'est pas budgétaire.
M. de Belleval: La Société de développement
industriel est budgétaire, cependant certains de ses crédits sont
extrabudgétaires, mais tous les salaires des employés, tout cela
est budgétaire.
M. Scowen: En deux mots, peut-être pourriez-vous me donner
la définition de ce qui était inclus et de ce qui n'était
pas inclus, c'est une question budgétaire ou non-budgétaire.
M. Bérubé: Premier principe, ce qui est inclus, ce
sont les sociétés ou organismes dont les employés sont
régis par la Loi sur la fonction publique.
Deuxième principe, il s'agit des organismes, même s'ils ne
sont pas régis par
la Loi sur la fonction publique, mais dont les budgets relèvent
directement de l'Assemblée nationale.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: Une question d'information, M. le ministre, à
propos de l'article 21. Est-ce que le conseiller juridique du ministre est
encore ici?
M. Bérubé: II vient de quitter,
malheureusement.
M. Ryan: Est-ce que le conseiller juridique aurait
informé...
M. Bérubé: Je suis convaincu que vous vous
passeriez de mon opinion, d'ailleurs.
M. Ryan: C'est pour cela que la question que je vais vous poser
le vise aussi. Le conseiller juridique aurait-il informé le ministre de
la possibilité que la loi omnibus adoptée par le gouvernement
pour toutes les lois québécoises, en relation avec la charte
canadienne des droits, pourrait être l'objet d'une contestation
judiciaire dans des délais plus ou moins proches? Est-ce que le
gouvernement est informé de cette possibilité? Est-ce qu'il en
tient compte? Est-ce qu'il est conscient de la possibilité qu'une autre
de ses lois puisse éventuellement être invalidée par la
Cour suprême du Canada...
M. Bérubé: Je l'ignore.
M. Ryan: Comme c'est arrivé très souvent au cours
des dernières années. Pardon!
M. Raquette: Ce serait étonnant.
M. Bérubé: Je l'ignore.
M. Ryan: Vous l'ignorez.
M. Bérubé: Oui.
M. Ryan: Très bien.
Le Président (M. Boucher): Alors, est-ce que l'annexe est
adoptée? (Minuit)
Adopté sur division.
M. Bérubé: Si vous me le permettez, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Bérubé: Avant de conclure, je voudrais
témoigner mon appréciation à tous nos collègues qui
se sont joints à nous pendant ces longues heures, souvent tard dans la
soirée, pour étudier deux projets de loi qui, je pense, sont
importants, et ont fait l'objet d'un débat souvent chaud.
Néanmoins, je dois remercier et l'Opposition et nos collègues de
la qualité des débats que nous avons eus lors de ces nombreuses
heures de session. Je tiens à souligner plus particulièrement mon
appréciation de la présence du chef de l'Opposition qui a
témoigné de l'importance de ces projets en choisissant de venir
se joindre à nos travaux et d'y participer fort activement.
Le Président (M. Boucher): M. le député
d'Argenteuil.
M. Ryan: M. le Président, on vous remercie de la
manière détendue dont vous avez présidé nos
débats et je remercie le ministre de l'excellente collaboration qu'il
nous a donnée dans l'ensemble ainsi que ses collègues.
Je remercie mes collègues de l'Opposition. Je regrette que nous
devions enregistrer notre dissidence face à ce projet pour des motifs
que nous avons explicités à maintes reprises au cours des
délibérations. Il reste que le projet va suivre son cours.
Le Président (M. Boucher): Merci.
Alors, le projet de loi numéro 70, Loi concernant la
rémunération dans le secteur public, est adopté tel
qu'amendé sur division et je prierais le rapporteur de la commmission
d'en faire rapport à l'Assemblée nationale au nom des membres de
la commission.
Je vous remercie infiniment de votre collaboration et la commission
ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 0 h 02)