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(Dix heures six minutes)
Le Président (M. Boucher): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente des finances et des comptes publics se
réunit pour étudier le projet de loi no 79, Loi modifiant la Loi
sur la Curatelle publique.
Les membres de la commission sont: M. Blais (Terrebonne); Mme Lachapelle
(Dorion) remplace M. de Belleval (Charlesbourg); M. Fortier (Outremont), M.
French (Westmount), M. Gagnon (Champlain), M. Grégoire (Frontenac), M.
Guay (Taschereau), M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges), M. Lachance (Bellechasse),
M. Parizeau (L'Assomption); Mme Lavoie-Roux (L'Acadie) remplace M. Scowen
(Notre-Dame-de-Grâce).
Les intervenants sont: M. Bisaillon (Sainte-Marie), M. Fallu (Groulx),
M. Lafrenière (Ungava), M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys), M.
Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), M. Lincoln (Nelligan), M.
Polak (Sainte-Anne), M. Rochefort (Gouin), M. Ryan (Argenteuil).
Est-ce qu'il y a un rapporteur?
M. Guay: M. le député de Bellechasse est un
excellent rapporteur. On l'a déjà eu à d'autres
commissions.
Mme Lavoie-Roux: On va faire un débat.
M. Guay: Oui. Il a déjà été fait.
M. Lachance: Je vous en prie.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre, avez-vous des
commentaires préliminaires?
Remarques préliminaires M. Jacques
Parizeau
M. Parizeau: Ce sont des commentaires assez courts, M. le
Président. Nous abordons ce matin la Loi sur la Curatelle publique qui
comporte une redéfinition à la fois du statut du curateur et du
statut juridique de la curatelle, au moins dans ses formes administratives et
d'organisation. Il y aura un amendement à suggérer à
l'article 12, dont les députés sont déjà saisis.
D'autre part, je signale que nous déposons ce matin - j'en ai
déjà fait distribuer quelques copies - les règlements. On
nous a dit souvent, je pense, à juste titre, qu'il y a parfois plus de
législation véritable dans les règlements que dans la loi.
Je pense que la suggestion que, chaque fois que ce sera posssible, l'on puisse
présenter les règlements en même temps que la loi est une
chose utile.
Je voudrais, cependant, au sujet des règlements qui ont
été déposés ce matin, faire une observation tout de
suite. Il n'est pas évident que, pour ce qui a trait aux changements
dans les honoraires demandés par la curatelle, ceci soit compatible avec
la politique énoncée par le gouvernement quant aux prix
administrés. Donc, je voudrais qu'on laisse en suspens la question des
honoraires, tant et aussi longtemps que cela n'aura pas été
examiné à la lumière des directives données par le
gouvernement. Ce n'est qu'à ce moment que les honoraires fixés
seraient publiés selon le schéma normal dans la Gazette du
Québec et prendraient effet. Je vous mets simplement en garde que, quant
aux règlements, la page qui a trait aux changements dans les honoraires,
nous allons faire ce matin comme si elle n'était pas là. Ce sont
les observations que je voulais faire avant que nous commencions l'examen de la
loi.
Le Président (M. Boucher): Merci. M. le ministre. M. le
député de Vaudreuil-Soulanges, avez-vous des commentaires?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je n'ai pas de commentaire
à ce moment-ci. Je pourrai y revenir.
Le Président (M. Boucher): Alors, nous sommes prêts
à passer à l'article 1. J'appelle l'article 1 M. le ministre.
Étude article par article Mandat et pouvoirs du
Curateur public
M. Parizeau: II n'y a pas de commentaire là-dessus; je
crois que cela s'explique assez facilement. Le Curateur public est
considéré comme chef d'organisme et la Curatelle publique est un
organisme -comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire en Chambre -
distinct, plutôt que, comme cela a été le cas
jusqu'à maintenant, une sorte de similidirection générale
du ministère des Finances. Cela va rendre le travail du curateur
beaucoup plus facile. D'autre part,
cela va donner à la curatelle, d'une manière
générale, un degré d'autonomie qui lui était
nécessaire, parce que, je dois l'avouer, le ministre des Finances et le
sous-ministre des Finances ont toujours eu un peu de difficulté à
considérer un service de curatelle parmi les services réguliers
de leur ministère. Je sais bien que, d'une part, le ministre ou le
sous-ministre n'avaient pas tout le temps nécessaire à accorder
à la curatelle et que, dans ces conditions, cela avait tendance à
retarder des décisions ou à rendre le mode d'administration
beaucoup trop inflexible. Nous le sortons de là par ces
propositions.
Le Président (M. Boucher): M. le député de
Vaudreuil-Soulanges.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui, M. le Président.
Quant à la durée du mandat du Curateur public, comment peut-on le
comparer avec la durée des nominations des présidents des autres
organismes qui relèvent du ministère des Finances, et des
institutions financières?
M. Parizeau: Normalement, nous avons, à l'heure actuelle,
depuis quelques années, au gouvernement, une politique qui consiste
à ne pas nommer de président d'organisme pour une période
dépassant cinq ans. C'est maintenant devenu assez fréquent. Il y
a des exceptions lorsqu'il faut assurer à certains présidents
d'organismes, soit une très grande indépendance, à long
terme, quant à protéger le genre d'orientation qu'ils peuvent
donner à une institution. Je pense, ici, à la Caisse de
dépôt. Nous avons amendé la loi de la Caisse de
dépôt, il y a quelques années. Le présent
gouvernement l'a fait. Il a gardé le mandat de dix ans qu'il y avait
autrefois là-dedans. Nous allons déposer, prochainement, un texte
de loi dans un autre domaine où nous avons pensé, aussi, que dix
ans étaient nécessaires pour assurer une certaine
continuité et une très grande indépendance à
l'individu. Mais le mandat de dix ans, qui était très
fréquent autrefois - avant 1976, on le trouvait à peu près
partout - maintenant devient de plus en plus rare. C'est vraiment pour des
circonstances exceptionnelles. La politique générale n'est plus
que pour cinq ans.
Le Président (M. Boucher): L'article 1 est-il
adopté? Mme la députée de L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: On parle beaucoup de rémunération
de ce temps-ci. Quelle est la rémunération? Sur quoi doit-on la
baser? Est-ce une formule comparable avec ce que reçoivent certaines
personnes de la fonction publique, ou certaines catégories de la
fonction publique, ou un président de commission en
général? Peut-on en avoir une idée?
M. Parizeau: Jusqu'à récemment, la
rémunération du curateur était celle d'un sous-ministre
adjoint. Il n'y a rien à dire là-dessus. À l'heure
actuelle, les présidents d'organismes voient leur
rémunération établie par une section du Conseil
exécutif avec lequel ces conditions de rémunération sont
discutées par chacun des présidents d'organismes. Il y a deux
façons de procéder: une qui consiste pour un fonctionnaire
à négocier un salaire, mais dans des limites relativement
très étroites puisqu'il est fonctionnaire et qu'il est admis
à la retraite. Il ne faut pas imaginer de très grosses variations
par rapport à la structure existante des salaires dans la fonction
publique. C'est un type de rémunération. L'autre consiste
à traiter le président d'organisme comme une sorte de chef
d'entreprise qui a des objectifs à atteindre. Là, la formule
devient beaucoup plus souple; il y a une sorte de salaire de base, plus ce
qu'on peut appeler une prime à la performance, une performance qui doit
se mesurer. Maintenant, tous les chefs passent par cette discussion avec ce
groupe au Conseil exécutif qui est chargé de l'opération.
Cela donne lieu à des contrats signés de part et d'autre.
Le curateur, alors que sa loi est en discussion devant
l'Assemblée, a déjà commencé ses tractations avec
ce bureau. Elles ne sont pas terminées. Il m'a dit, hier, que les
tractations n'étaient pas terminées. Je reconnais, d'autre part,
qu'il n'y a pas de pressions particulières du côté du
Conseil exécutif pour faire aboutir les tractations tant que la loi
n'est pas adoptée puisqu'il devient par la loi chef d'organisme.
Mme Lavoie-Roux: Le curateur qui est là, je pense qu'il
est en poste depuis au moins 15 ans, si je ne m'abuse. Son cas, ses conditions
de travail ou ses avantages sociaux, évidemment, étaient
similaires à ceux de la fonction publique, régime de retraite,
etc. Est-ce que, dans le cas d'un nouveau curateur, éventuellement, il
serait admissible à un régime de retraite? On a souvent ce genre
de discussion. J'ai souvent étudié des projets de loi où
on nommait des présidents d'organismes, que cela soit pour l'Office des
handicapés, les garderies, etc. Est-ce que, dans votre esprit, il s'agit
d'un salaire qui est discuté selon les termes dans lesquels vous l'avez
exposé, mais qui n'entraîne pas pour l'État
nécessairement un régime de retraite?
M. Parizeau: C'est un peu nouveau comme technique; cela s'est
implanté petit à petit. Nous avons maintenant deux types de
contrats clairement définis que nous pouvons offrir. Ou bien des
contrats du type fonction publique, avec régime de retraite, avantages
sociaux, etc. Ou bien un statut de
contractuel qui ne comporte aucune garantie après la
période de nomination, où il n'y a pas de régime de
retraite et où, essentiellement, on passe un contrat. On dit: Moyennant
tel type de rémunération pendant tant d'années, voici
votre contrat, en règlement de tout compte. Si, par exemple, au bout de
cinq ans, le mandat n'était pas renouvelé, voilà, il ne se
passe plus rien, il n'est plus dans le secteur public, on n'a pas d'ajustement
particulier à faire au bout de la période en question. À
l'heure actuelle, on offre le choix. Un candidat peut choisir l'un ou
l'autre.
Il est évident que chez les présidents d'organismes,
puisque, de toute façon, eux, ont une sorte de "tenure" fixée
dans le temps, il commence à y avoir beaucoup de contractuels, mais pas
exclusivement. J'ai vu encore récemment quelqu'un qui venait de la
fonction publique - cela dépend du cas historique de chacun, il avait
été fonctionnaire pendant quinze ans, il avait été
nommé chef d'organisme - et il a dit: Moi, je suis dans la fonction
publique, je vais aller diriger cet organisme. Si mon mandat n'est pas
renouvelé, je reviens dans la fonction publique, mais dans ces
conditions, je n'ai que le salaire, les conditions habituelles correspondant
à mon rang dans la fonction publique.
Mme Lavoie-Roux: Cela m'apparaît normal dans le cas que
vous venez de signaler. D'ailleurs, j'ai fait l'exception pour le cas de ce
curateur qui est déjà dans la fonction publique et à qui,
probablement, la même formule pourrait s'appliquer. Mais, dans le cas des
nouvelles personnes qui arrivent de l'extérieur et qui n'ont pas de
liens avec la fonction publique, je pense qu'on est en droit de s'interroger
sérieusement, même, sur la possibilité du choix de contrat,
s'ils ne sont pas déjà dans la fonction publique et ne vont
pas...
M. Parizeau: Oui.
Mme Lavoie-Roux: ... assumer une tâche que le gouvernement
leur demande, parce qu'à ce moment on crée des obligations. Je
pense que le ministre des Finances sait que les obligations de régime de
retraite sont onéreuses pour l'État.
M. Parizeau: Elles coûtent très cher. Quelqu'un qui
vient de l'extérieur de la fonction publique pour un contrat de quelques
années, normalement, doit avoir une forme de contrat qui serait celui
d'un contractuel. Évidemment, on peut avoir des discussions quant au
régime de retraite et au transfert de régime de retraite. C'est
pour cela qu'il ne faut pas fermer complètement la porte. Quelqu'un peut
vouloir participer au régime de retraite pendant cinq ans, non pas
éternellement. En somme, il n'y a aucune garantie que, passé cinq
ans, il restera dans la fonction publique, de toute façon. Là,
sur la question des régimes de retraite, il faut être un peu
souple parce que, d'un autre côté, on ne peut pas, à
l'égard de gens qui ont accumulé des fonds de retraite, surtout
s'ils sont transférables, leur dire: Pendant cinq ans, vous n'aurez pas
de fonds de retraite du tout. Vous aurez un grand trou noir à cet
égard.
Mme Lavoie-Roux: À ce moment cela ne leur assure
pas...
M. Parizeau: La pérennité. Mme Lavoie-Roux:
... une sécurité. M. Parizeau: C'est cela, non. Mme
Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Article 1, adopté.
Article 2?
M. Parizeau: Je n'ai pas de commentaire. Peut-être ici, il
s'agit de ceci. C'est une nuance, mais une nuance qui est importante sur le
plan juridique. Le texte actuel de la loi dit que les pouvoirs du Curateur
public comme curateur d'office d'un malade mental cessent de plein droit
lorsque le directeur des services professionnels ou un médecin
autorisé par celui-ci transmet au curateur un certificat. Le texte
proposé, c'est de dire: Lorsque le Curateur public "reçoit"...
parce qu'il peut y avoir quelques jours de différence entre le
"transmet" et le "reçoit" et, comme la cessation des pouvoirs du
curateur a des conséquences juridiques considérables, il faut
être certain que le curateur est protégé quant au moment
précis où sa curatelle cesse. Entre "transmet" et "reçoit"
il peut y avoir trois ou quatre jours. Plus la poste royale améliore ses
services, plus le problème devient important. Le curateur doit savoir
qu'il n'a plus ses pouvoirs de curatelle. Pour cela, il faut qu'il ait
reçu l'avis, pas seulement que quelqu'un puisse dire: Je vous l'ai
transmis il y a quinze jours. C'est le sens de l'amendement.
Le Président (M. Boucher): Mme la députée de
L'Acadie.
Révision des cas sous curatelle
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, j'aurais une question.
Est-ce que le ministre pourrait nous dire s'il a des données
statistiques, par exemple, quant au rythme de réexamens ou de
consultations nouvelles pour la poursuite d'une curatelle? On attend l'avis -
si je comprends bien - du psychiatre ou du médecin traitant qui dit: M.
ou Mme
X sont capables d'exercer leurs propres responsabilités; alors,
la curatelle ne s'impose plus. La plainte qu'on a souvent entendue est qu'on
n'a pas un processus automatique de révision des curatelles. Ce n'est
pas fait de façon automatique, par exemple tous les six mois. J'imagine
que cela pourrait être fait tous les six mois parce que les cas de
protection de la jeunesse sont réexaminés tous les six mois pour
s'assurer qu'on doit maintenir ce qu'on avait prévu. Avez-vous une
idée du rythme auquel cette révision de curatelle se fait? Est-ce
que c'est laissé au bon vouloir du médecin? C'est peut-être
là qu'il y a un trou.
M. Parizeau: M. le Président, j'ai avec moi Me Lussier, le
curateur. Est-ce que la commission aurait des objections à ce que Me
Lussier, le curateur, réponde à des questions aussi
spécifiques? Il a l'expérience que je n'ai pas dans ce domaine.
Il serait peut-être plus simple qu'il réponde aux questions.
Une voix: Absolument.
Le Président (M. Boucher): Alors, M. Lussier.
M. Lussier (Rémi): II n'existe aucun système
automatique pour évaluer les personnes quant à l'imposition de la
Curatelle publique. Il en existe au moment de la révision pour savoir si
la personne pourrait reprendre l'exercice de ses droits. Il n'y a rien dans la
loi qui oblige qui que ce soit à faire ces évaluations. Il y a
beaucoup de personnes qui mériteraient d'être
évaluées et qui ne le sont pas, comme cela a déjà
existé. Depuis quelque temps dans les hôpitaux, comme
l'hôpital Hippolyte-Lafontaine, tous les patients sont
réévalués automatiquement tous les six mois. Depuis
quelque temps, à Giffard les évaluations se font tous les ans. De
plus en plus, on demande aux hôpitaux de libérer les lits pour
permettre de recevoir des malades plus malades que ceux qui sont là, et
ceux qui peuvent aller dans les foyers sont nécessairement
réévalués. Dans les foyers, les travailleurs sociaux et
les services sociaux voient à ce que les patients soient
réévalués d'une façon régulière par
le biais des médecins qui sont nommés par les centres d'accueil,
les foyers et tout cela.
Cela se fait de plus en plus, mais il n'y a rien dans la loi qui force
à évaluer qui que ce soit. L'absence d'obligation
d'évaluer quelqu'un pour savoir si on peut le protéger est
peut-être aussi grave que le fait qu'il n'y ait rien qui impose une
évaluation pour permettre à celui qui a été
évalué depuis quelque temps de reprendre l'exercice de ses
droits.
Mais, actuellement, avec le système en vigueur, les gens, de par
leurs responsabilités professionnelles, se penchent de plus en plus sur
les cas et les évaluent. Nous avons entendu plusieurs accusations
dernièrement, plusieurs commentaires, mais il ne faudrait
peut-être pas prendre ces commentaires à leur pleine valeur
puisqu'on se réfère à des situations qui ont existé
il y a dix et quinze ans, alors que c'était vrai. Aujourd'hui, c'est
beaucoup moins vrai qu'avant.
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, je remercie M. Lussier
de ses réponses. J'avais pensé, possiblement, à
présenter un amendement ici, à 9c, où on aurait pu
prévoir un réexamen périodique ou une révision
périodique des cas de curatelle. Au plan législatif, je ne suis
pas sûre que ce soit possible. Je suis fort aise que la situation soit
moins mauvaise aujourd'hui qu'il y a quinze ans. Je pense que M. Lussier l'a
dit, la situation s'est améliorée, mais il y en a encore.
Est-ce que le ministre peut nous assurer que cette disposition sera mise
quelque part dans la Loi sur la Curatelle publique prochainement? Cela peut
devenir une situation d'abus. Il y a des hommes ou des femmes qui sont
très heureux que leur conjoint soit déclaré interdit et je
pense qu'il faut quand même permettre que les droits des gens soient
respectés. J'aimerais qu'on me dise précisément à
quel moment et où ceci va être prévu, parce qu'on ne peut
pas se contenter de la bonne volonté et des bonnes intentions. Il est
évident que les choses ont évolué, les gens sont plus
sensibles à ça, mais, comme ça ne couvre pas tout le monde
et que vous avez maintenant, même dans les hôpitaux
généraux - j'ai fait des visites d'unités de psychiatrie -
des gens qui sont là depuis deux ans - ils ne sont peut-être pas
sous curatelle; je ne m'en suis pas informée - ça me semble une
situation tout à fait anormale.
Alors, ma question précise, c'est: Quand et à quel moment
va-t-on prévoir une disposition dans la loi pour rendre automatique et
périodique la révision des cas de curatelle?
M. Parizeau: M. le Président, je comprends du ministre de
la Justice que vraisemblablement, d'ici à la fin de l'année, il
pense pouvoir présenter un certain nombre d'amendements au Code civil
ayant trait à la protection de la personne. C'est dans ce cadre que des
questions comme celles-là seraient réglées. Une des
raisons pour lesquelles je ne voulais pas faire ouvrir des portes comme
celles-là dans la Loi sur la Curatelle publique, c'est qu'on se trouve
à entrer dans des questions de fond qui relèvent, à
proprement parler, de la protection des personnes, et donc du Code civil et, de
façon ancillaire, de la curatelle.
Je voudrais en donner un exemple. Lorsqu'on regarde le réexamen,
la question se pose tout de suite à savoir comment on force un malade
à se faire réexaminer. Est-ce que cela n'enfreint pas les
dispositions sur les droits de la personne de forcer le réexamen, de le
rendre obligatoire? Je ne le sais pas; tout ce que je veux dire, c'est que ce
n'est pas ici qu'on tranchera cela, vous voyez?
Mme Lavoie-Roux: Bien...
M. Parizeau: II faut que - comment dire? - les droits de la
personne représentent des choses intégrées les unes aux
autres. Je me sens fort peu compétent pour commencer à relier ces
questions. Voyez à quel paradoxe on arrive. Ce que disait le curateur
tout à l'heure indiquerait qu'il y a des compressions budgétaires
qui améliorent le service. Parce qu'il y a eu compressions
budgétaires, les hôpitaux ont commencé à prendre
l'habitude de réexaminer, ce qui est mieux, on le reconnaît tous.
Toutes les compressions budgétaires ne vont pas dans le sens de la
réduction de service; cela a amélioré le service, ils
réexaminent. Peut-être qu'il faut obtenir l'obligation juridique,
mais il faut peser tous les aspects de cette question, et cela ne peut
être que dans un chapitre du Code civil consacré aux droits de la
personne que tous ces fils seront rattachés. La raison pour laquelle je
ne veux pas mettre des morceaux de cela dans la Loi sur la Curatelle publique,
c'est que je ne sais pas du tout comment cela se rattachera aux morceaux qui
changeront dans le Code civil. C'est là que cela doit être fait.
Comme le ministre de la Justice nous l'a dit, il pense que, d'ici à la
fin de l'année, il pourra déposer un projet de loi dans ce sens.
Je préfère que cela suive ce cheminement.
L'impression qu'on a c'est - comment dire? - que c'est imminent. Cela
pose un certain nombre de problèmes, cependant. Enfin, j'entends parler
de problèmes très compliqués d'arrimage de points de vue
là-dessus. Il semble y avoir - enfin, je fais simplement écho
à des choses que j'ai apprises - encore des oppositions assez fortes
entre certains groupes quant à la définition de certains droits
de la personne. Il est possible que, même si un texte est
déposé assez rapidement, les discussions durent assez longtemps.
Encore une fois, c'est un jeu de billard, on ne peut pas toucher à un
élément des droits de la personne sans toucher à un autre,
sans toucher à un troisième. Enfin, on verra le texte sortir et,
après cela, on verra le temps que cela prend raisonnablement pour
essayer de mettre tout le monde d'accord. (10 h 30)
Mme Lavoie-Roux: M. le Président, d'ici à la fin de
l'année, cela veut dire d'ici le 31 décembre de l'année
courante?
M. Parizeau: C'est ce que je comprends qu'il serait probablement
possible de faire.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Parizeau: Maintenant, je ne m'engage pas au nom du ministre de
la Justice.
Mme Lavoie-Roux: Non, non.
M. Parizeau: C'est la perception que j'ai des choses. Ce n'est
pas un engagement que je prends au nom du gouvernement. Ma perception, ce
serait cela.
Mme Lavoie-Roux: On pourra juger si vous avez eu une bonne ou une
mauvaise perception.
M. Parizeau: C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: Je ne suis pas sûre d'être tout
à fait d'accord avec vous quand vous dites: Je n'ai pas entré
cela dans ce projet de loi. Évidemment, je sais pourquoi vous ne l'avez
pas entré, vous avez voulu en faire une révision strictement
administrative.
M. Parizeau: C'est cela...
Mme Lavoie-Roux: J'admets cela. Peut-être que ce serait
aller contre des droits de la personne que de l'obliger à un
réexamen. On limite déjà les droits de la personne par la
curatelle elle-même. Alors, si c'est un réexamen dans le but
peut-être de la libérer d'une curatelle ou, enfin, de la
soustraire aux effets d'une curatelle, je ne vois vraiment pas comment ceci
pourrait brimer davantage des droits que la curatelle elle-même qui vient
brimer ses droits du point de vue de la disposition de ses biens et, dans
certains cas, des traitements que cette personne peut recevoir. Alors,
là-dessus, je pense que je n'ai aucun problème de conscience,
parce qu'il y a déjà une attaque aux droits de la personne dans
les cas de curatelle, particulièrement s'ils ne sont pas
révisés.
S'il y a autant de problèmes que cela à réviser la
Charte des droits et libertés de la personne - parce que
déjà, d'après la Commission des droits de la personne, la
loi actuelle va à l'encontre de ce qui est dans la Charte des droits et
libertés qui existe présentement - on pourrait simplement
corriger cela sans même retoucher la Charte des droits et
libertés. Je me demande, parce que les gens ne s'entendent pas et que
les chapelles ne sont pas du même avis, si ce ne se serait pas par le
truchement de la loi du malade mental - je comprends que cela ne regarde pas le
ministre - ou de la Curatelle publique elle-même dans son ensemble, et
non pas strictement sur les aspects
administratifs, que vous avez touchés, qui pourraient être
réexaminés, ceci pour ne pas retarder une chose qui a vraiment
beaucoup tardé. Pour moi, le curateur pourrait le dire lui-même,
que cela fait au moins sept ou huit ans que l'on parle de réviser ces
deux fameuses lois.
Le Président (M. Boucher): M. le ministre.
M. Parizeau: Je suis tout à fait d'accord avec certaines
des choses que vient de dire Mme la députée de L'Acadie. Je suis
un peu troublé par le fait que j'apprends du curateur qu'un
dizième de 1%, je pense, de tous les cas qui relèvent de lui,
sont assujettis à la Loi sur la protection du malade mental. On se dit:
Alors, cette loi du malade mental, il faudrait aussi la reprendre. Cela fait
tout à fait paradoxal de penser qu'il y a une loi ainsi libellée
et que, des 12 000 cas qui relèvent du Curateur public, il y a un
dizième de 1% qui sont assujettis à cette loi. On se dit: Les
fils ne sont pas attachés. Je reconnais tout cela. C'est la raison, en
un certain sens, pour laquelle, je dis: Par le texte de loi que nous avons ce
matin devant nous, ayons, enfin, une structure administrative correcte pour la
curatelle. Cela ne veut pas dire que le reste n'est pas important; mais,
dès que le reste sera réglé, on adaptera, comme je l'ai
dit, en deuxième lecture, la Loi sur la Curatelle publique aux nouvelles
lois de protection des individus, tout de suite et complètement. Si
j'essaie de faire du rapiéçage à l'intérieur de la
Loi sur la curatelle alors que je ne sais pas encore comment cela aboutira de
l'autre côté, on complexifie la chose, on risque de se tromper et
on risque de faire des injustices.
Mme Lavoie-Roux: Je voudrais, tout simplement, M. le
Président, faire remarquer au ministre que, dans le cas de la Loi sur la
protection du malade mental, ce sont les cas de cure fermée. Alors,
c'est peut-être heureux qu'il n'y en ait pas 12 000 qui soient en cure
fermée. Il reste que, quand même, les autres sont assujettis
à la loi existante, à moins que je ne me trompe. D'accord.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 3?
M. Parizeau: Ici, j'ai un papillon. Je vais commencer par
peut-être indiquer le sens général de l'article, puis on
insérera le papillon là-dessus.
Il s'agit essentiellement de la définition du rôle
d'administrateur provisoire du curateur public à l'égard de
différents types de biens. Le papillon porte sur le paragraphe e) et le
complète simplement. Nous nous sommes rendu compte que le paragraphe e)
était trop restrictif en parlant "d'obligations, de débentures ou
autres emprunts semblables, à l'exception de ceux que le gouvernement
garantit ou assume, lorsque ces sommes d'argent ne sont pas
réclamées dans les trois ans qui suivent leur
échéance". Pour vraiment être complet et pour que cela
corresponde à l'esprit de ce qui est visé, il fallait parler de
paiements d'intérêts, de remboursements d'obligations, de billets
qui avaient été oubliés, de débentures - parce
qu'un billet n'est pas une débenture - ou autres titres de
créance, à l'exception de ceux émis ou assumés par
le gouvernement, lorsque ces sommes d'argent ne sont pas
réclamées dans les trois ans. Le papillon est destiné
à compléter, en tenant compte des taux d'intérêt des
billets.
Le Président (M. Boucher): Avez-vous le texte du
papillon?
M. Parizeau: Le voilà, M. le Président.
Le Président (M. Boucher): Merci. Le paragraphe e) se
lirait comme suit: "des sommes d'argent destinées au paiement des
intérêts et au remboursement des obligations, billets,
débentures ou autres titres de créance, à l'exception de
ceux émis ou assumés par le gouvernement, lorsque ces sommes
d'argent ne sont pas réclamées dans les trois ans qui suivent
leur échéance." L'amendement est-il adopté?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Est-ce que c'est simplement du
meilleur français de parler des titres de créance assumés
par le gouvernement, par opposition à ceux que le gouvernement
garantirait? On disait "garantit ou assume" à l'origine, mais il ne me
paraît pas qu'on parle des mêmes titres.
M. Parizeau: Garantit ou assume, ce n'est pas la même
chose. "Garantit", c'est une garantie formelle du genre que celle qu'on donne
aux titres d'Hydro-Québec et "assume", ce sont les titres de
cégeps, d'universités ou d'hôpitaux; le gouvernement assume
le remboursement du capital et des intérêts entre les mains d'un
fiduciaire. Cela n'est pas une garantie au sens légal.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Le fait net de tout cela est
que, lorsque le détenteur d'une obligation du gouvernement est
introuvable, les intérêts retournent pro tempore, de toute
façon, au fonds consolidé ou sont gardés par le
gouvernement plutôt que d'être confiés à
l'administration du curateur.
M. Parizeau: C'est cela.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ce
qui n'est pas le cas pour les obligations d'Hydro.
M. Parizeau: Non. Oui, attention! "À l'exception de ceux
que le gouvernement garantit ou assume."
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Sauf que la modification
suggérée dit: "À l'exception de ceux émis ou
assumés par le gouvernement."
M. Parizeau: M. le Président, je m'excuse. Je vous ai
passé le texte de mon amendement et j'étais retombé sur
l'ancien. Oui, de ceux émis ou assumés par le gouvernement. Le
député de Vaudreuil-Soulanges a parfaitement raison. Hydro ne s'y
trouve pas.
Le Président (M. Boucher): Amendement adopté.
Article 3, adopté tel qu'amendé. Article 4?
M. Parizeau: II n'y a pas de texte actuel. Le texte
proposé est que "le Curateur public peut, conformément à
la loi - j'aurais des commentaires à faire là-dessus conclure des
ententes avec un gouvernement autre que celui du Québec, ou avec un
organisme d'un tel gouvernement, en vue de l'application de la présente
loi". "Conformément à la loi", cela veut dire ceci.
Évidemment, aucune entente ne peut être faite avec un autre
gouvernement sans le placet du ministère des Affaires
intergouvernementales. C'est l'article 17 de la Loi sur le ministère des
Affaires intergouvernementales. Donc, notre curateur a le droit de passer des
ententes avec d'autres gouvernements, mais sujettes à la loi des
Affaires intergouvernementales.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): À quelle fin a-t-on
ajouté ce nouvel article 17.1? Le curateur ne sentait-il pas qu'il
avait, de toute façon, le pouvoir de le faire, toujours avec le
même placet, ou y avait-il un problème purement juridique à
la conclusion d'ententes entre le curateur et les gouvernements autres que
celui du Québec?
M. Parizeau: Présumément, il n'aurait pas
été empêché de le faire jusqu'à maintenant,
mais il n'y avait aucune reconnaissance légale qu'il pouvait le faire.
Je sais que c'est comme dans beaucoup de choses, dans le cas de vieilles lois.
Ce n'est pas interdit, mais cela va mieux en le reconnaissant de façon
spécifique.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Est-ce que le ministre pourrait
nous donner l'exemple d'une sorte d'entente qui serait couverte par ce nouvel
article? Dans la pratique, à quoi réfère-t-on
concrètement?
C'est simplement pour notre meilleure compréhension.
M. Parizeau: Je vais laisser le curateur donner un exemple de
cela.
Le Président (M. Boucher): Me Lussier.
M. Lussier: Un cas très spécifique: nous avons une
personne placée sous la juridiction du Curateur public. Sa famille
demeure en Ontario, elle préfère avoir cette personne près
d'elle pour s'en occuper de façon plus intime. Alors, la personne qui
est déclarée incapable d'administrer ses biens, ici, au
Québec, déménage en Ontario. Je ne peux pas lui rendre ses
biens, elle sort du territoire de la province, je ne peux pas lui rendre
compte, parce qu'elle est déclarée incapable. À ce
moment-là, ce qu'on fait de facto - c'est tout à fait
illégal - c'est qu'on contacte le Curateur public de l'Ontario et on lui
dit: Prendrais-tu l'administration? Là, on est sujets à toutes
les critiques. À ce moment-ci, avec cette loi, je pourrais faire une
entente avec le Curateur public de l'Ontario, en accord avec le
ministère des Affaires intergouvernementales, disant que, chaque fois
que ces cas arriveront, automatiquement, on les leur donnera.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est un transfert de
juridiction pur et simple dans le fond.
M. Lussier: Pur et simple. Mais, légalement, on n'a pas le
droit de le faire, parce que la loi ne le permet pas.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Le
Curateur public transfère, évidemment, les biens sous son
administration aux mains du Curateur public de l'Ontario.
M. Lussier: De son homologue de l'autre province.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Le dossier est fermé,
quant à vous.
M. Lussier: Quant à nous. Cela arrive souvent.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Des gens qui
déménagent du Québec, des sièges sociaux.
M. Lussier: Autant vers le Nouveau-Brunswick que vers...
M. Parizeau: Ou vice versa.
Le Président (M. Boucher): Article 4.
Mme Lavoie-Roux: On ne fera pas l'inventaire ce matin.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'article 4 est
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 5?
M. Parizeau: Le sens principal de cet article est d'augmenter les
limites monétaires en vertu desquelles le curateur peut vendre des biens
meubles et des valeurs mobilières sans autorisation judiciaire. Les 3000
$ qui apparaissent dans la loi datent de 1971. On a simplement tenu compte de
l'inflation. Si 3000 $ paraissaient acceptables en 1971, il faut probablement
que cela soit dans le genre de 6000 $ actuellement.
Le Président (M. Boucher): Mme la député de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: C'est une question que je voudrais poser au
ministre. Indexer cela, pour ainsi dire, au coût de l'inflation sur le
plan administratif m'apparaît justifié. Par contre, je voudrais
faire part au ministre, au cas où on ne lui en aurait pas fait part, de
représentations de certains groupes qui disent - d'ailleurs, je pense
qu'on peut voir cela dans le rapport annuel - que 37,9% sont des tutelles dont
l'actif brut est inférieur à 5000 $, 6,9% sont des curatelles
dont l'actif est inférieur à 5000 $, 24,3% sont des curatelles
dont l'actif brut est entre 5000 $ et 25 000 $. Maintenant, il faudrait
diminuer les 24%, parce qu'il faudrait calculer seulement jusqu'à 10 000
$ au lieu de calculer jusqu'à 25 000 $. Je vais laisser 25 000 $, parce
que c'est le chiffre que j'ai, mais je sais que ce n'est pas tout à fait
exact. Cela donnerait que, dans 69,1% des cas, soit 17% de la valeur totale des
biens sous curatelle, enfin un peu moins que cela si on tient compte des 10 000
$ au lieu du 25 000 $, le curateur pourrait en disposer comme le prévoit
la loi.
Encore une fois, sur le plan administratif, je pense que cela peut
rendre les choses plus efficaces, plus réalistes, mais au point de vue
des personnes elles-mêmes, très souvent, on réalise qu'un
grand nombre des personnes sous curatelle ont de très petits actifs qui
se situent en bas, - comme je le disais tout à l'heure - de 5000 $ ou
même entre 5000 $ et 10 000 $. Puisque le curateur pourra "vendre de
gré à gré ou à l'encan tout bien meuble d'un
administré dont la valeur n'excède pas 6000 $", ces gens
pourraient se trouver privés de biens qui paraissent - surtout quand on
brasse des millions et des centaines de milliers de dollars - assez
dérisoires, mais qui, pour eux, sont extrêmement importants.
Comme, maintenant, il n'y aura plus besoin d'aucune formalité pour ceci,
qu'on augmente et que la majorité des biens est en bas de 6000 $, n'y
a-t-il pas là tout de même une représentation
jusqu'à un certain point qui peut être justifiée, puisqu'on
disposera de ces biens, même si ce sont des biens minimes, comme le
curateur l'entendra, sans aucune autre formalité? (10 h 45)
M. Parizeau: M. le Président, je pense qu'il y a une
ambiguïté. Les chiffres que vient de mentionner la
députée de L'Acadie, ce sont les biens administrés par les
curateurs et les tuteurs privés, pas par le Curateur public.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Parizeau: Donc, les 6000 $ ne s'appliquent pas à cela.
En plus de son travail à l'égard de ses pupilles, si je peux
m'exprimer ainsi, le Curateur public doit surveiller les curateurs et les
tuteurs privés. Les chiffres dont à parlé la
députée de L'Acadie, ce sont les chiffres des biens qui sont sous
curatelle ou sous tutelle privée. Cela ne s'applique pas aux biens
qu'administre le Curateur public. Les 3000 $ ou 6000 $ ne s'appliquent pas aux
biens privés.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Est-ce qu'à ce moment cela
serait possible que le curateur nous fasse la ventilation? Le rapport qui a
été remis ne donne qu'une série de chiffres et on ne sait
pas si cela s'applique aux biens qui sont sous la Curatelle publique ou aux
biens qui sont sous la curatelle privée. Il serait peut-être
intéressant de savoir quelle partie de ces chiffres que j'ai
avancés est sous l'effet de la Curatelle publique.
M. Parizeau: M. le Président, j'imagine que les chiffres
que nous a cités la députée de L'Acadie sont tirés
du rapport annuel, à la page 18.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Parizeau: Les biens sous Curatelle publique ne sont pas dans
ce tableau.
Mme Lavoie-Roux: Oui.
M. Parizeau: II n'y a pas de ventilation. C'est tout à
fait distinct.
Mme Lavoie-Roux: Quels seraient les chiffres pour la Curatelle
publique des biens en dessous de 10 000 $? Quelle serait la proportion?
M. Parizeau: Je ne peux pas répondre à votre
question telle quelle. Ici, ce que vous avez à la page 18, les
différents groupes qui sont là, ce sont des distinctions
strictement
de vérification de la part du Curateur public vis-à-vis
des patrimoines administrés par les curateurs privés. Tout cela,
ici, c'est par ordre de priorités. Vous avez ici les actifs
supérieurs à 50 000 $. Cela veut dire que ce sont les premiers
dossiers à être vérifiés. On vérifie les plus
importants au fur et à mesure pour arriver vers la fin. Là, la
proportion est strictement une proportion de vérification externe. Quand
nous arrivons à nous, chaque dossier est analysé de façon
particulière. Chacun a son dossier, son administration, sa
comptabilité distincte. Quand on arrive avec ces 6000 $ ici, les 3000 $
avant, c'est que la loi impose au curateur l'obligation d'obtenir une
autorisation judiciaire pour lui permettre d'aliéner les biens qu'il a
sous sa juridiction.
Mme Lavoie-Roux: Je comprends cela.
M. Parizeau: La permission a été donnée pour
tout bien en bas de 3000 $.
Mme Lavoie-Roux: Oui. Ce n'est pas la question que je pose, M. le
Président. Cela je le comprends. Là on va l'augmenter à 10
000 $ dans le cas des obligations ou de l'argent et à 6000 $ dans les
cas des biens meubles. Ce que je veux savoir, c'est la proportion des gens qui
sont sous l'effet de la Curatelle publique ou le pourcentage des biens qui
tombent en bas des deux nouvelles sommes qui sont prévues dans la loi
que nous présente le ministre des Finances.
M. Parizeau: M. le Président, le curateur me dit qu'une
répartition analogue à celle de la page 18 pour les biens
administrés par le Curateur public n'est pas disponible, mais on me dit
que cela pourrait être fait. Dans ces conditions, je suggérerais
peut-être que, lorsque cela sera fait, on puisse en envoyer une copie
à la députée de L'Acadie. Elle serait basée sur le
même genre de présentation que le tableau de la page 18.
Mme Lavoie-Roux: Compte tenu que l'on va adopter cela
sur-le-champ - je comprends que je lui demande une évaluation
grossière, si vous voulez - est-ce que le curateur pourrait nous dire si
c'est à peu près du même ordre de grandeur, ou, au
contraire, si, pour les biens qu'ils administre en général, les
proportions sont beaucoup moins élevées que celles que vous
retrouvez pour les curateurs privés, successions ou autres, pour des
biens qui sont inférieurs à 10 000 $? La proportion serait moins
grande que lorsqu'il s'agit de curatelle privée. Il ne peut absolument
pas répondre à cette question-là, non plus.
M. Parizeau: M. le Président, le curateur me dit qu'il ne
pourrait pas s'avancer à l'heure actuelle quant à la
répartition parce qu'ils n'ont jamais réparti les actifs de cette
façon-là à la Curatelle publique. Le problème
consisterait à déterminer combien de temps cela peut prendre pour
le faire. Alors on va probablement me donner une indication...
Mme Lavoie-Roux: Je ne veux pas retarder les choses
indûment mais...
M. Parizeau: M. le Président, on peut, cependant, avoir
une idée du contraste entre les deux opérations et pourquoi il
n'y a pas deux tableaux qu'on peut établir en parallèle. Vous
noterez que, dans le cas des biens administrés par des curateurs et des
tuteurs privés, il y en a, au 31 décembre 1981, pour 210 000 000
$ au total. Si on regarde, à la page 16, les états financiers de
la Curatelle publique, les fonds sous administration nominative, l'encaisse et
les dépôts à terme - l'article dont nous discutons ne
s'applique pas à cela, puisque c'est de l'encaisse et des
dépôts; cela ne peut donc s'appliquer qu'aux quatre postes
suivants - il y en a, à vue de nez, pour environ 4 000 000 $, pas 210
000 000 $, mais 4 000 000 $. Le problème n'a pas du tout la même
ampleur. Et tout le reste est investi en obligations essentiellement:
obligations municipales, obligations d'hôpitaux, de commissions
scolaires, de cégeps, d'universités pour lesquelles l'article en
question ne s'applique pas, et les 3000 $ aussi. Cela donne un peu plus de
flexibilité, le passage de 3000 $ à 6000 $, compte tenu de
l'inflation, au Curateur public mais cela s'applique à des biens dont
l'ordre de grandeur n'a rien à voir avec celui des tuteurs et des
curateurs privés, où il y en a pour 210 000 000 $ et pour
lesquels la limite de 3000 $ ou 6000 $ ne s'applique pas. C'est donc, par
rapport au problème qui est soulevé, un tout petit
problème, ce dont on parle.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Et c'est de cela qu'il s'agit
pour les 12 000 dossiers ou à peu près dont la curatelle fait
toujours état.
M. Parizeau: C'est cela.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): II y en a pour 15 200 000
$.
M. Parizeau: Même pas, parce que, dans les 15 200 000
$...
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est le total. Il y a des
immeubles.
M. Parizeau: ... il y a des immeubles pour 9 000 000 $. On le
verra dans l'article suivant. Alors, enlevez les 9 000 000 $ des immeubles, ce
que vous avez
vraisemblablement, à quoi l'article en question s'appliquerait,
ce sont: les obligations à la valeur nominale, les billets à
recevoir, les actions à la valeur du marché, les prêts
hypothécaires, les biens en entrepôt et les automobiles à
leur valeur estimative. Il y en a pour environ 4 000 000 $ ou 4 200 000 $.
Mme Lavoie-Roux: Bon, d'accord.
M. Parizeau: S'il y a la possibilité de vendre une auto,
si l'auto vaut à peu près 4500 $, 4500 $ sans aller devant le
juge.
Mme Lavoie-Roux: Merci.
Mandat et pouvoirs du Curateur public (suite)
Le Président (M. Boucher): Alors, l'article 5 est
adopté. Article 6?
M. Parizeau: II s'agit encore d'une adaptation à
l'inflation. Pour les biens immeubles, la limite était de 3000 $ en
1971. On l'a montée à 10 000 $ parce qu'il fallait bien la monter
quelque part. Il faut dire que des immeubles à 10 000 $, à notre
époque, il n'en reste pas beaucoup.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Sauf des immeubles par
destination.
M. Parizeau: Oui ou des terrains. Là où cela peut
s'appliquer surtout, c'est sur les terrains. Là-dessus, si on veut que
je la réduise un peu, je n'ai pas d'objection particulière, parce
qu'effectivement cela ne peut pas s'appliquer à beaucoup de cas. Encore
une fois, des propriétés à 10 000 $ à notre
époque...
Le Président (M. Boucher): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: Ce n'est pas relié directement à
cela, mais je voulais demander si, par exemple, le curateur ou le gouvernement,
dans sa réflexion sur tout ce problème de la Curatelle publique,
a pensé que cela pourrait s'exercer d'une façon partielle sur les
biens. C'est-à-dire que, même si une partie des biens était
sous la Curatelle publique, une autre partie continuerait d'être
administrée par la personne elle-même. Au lieu de la rendre
totalement incapable, elle pourrait retenir un certain exercice... Je pense que
le curateur a dû en avoir l'expérience - peut-être n'a-t-il
jamais eu cette expérience - directement avec les personnes
elles-mêmes ou les personnes qui sont touchées. Au plan
administratif, est-ce que ce serait totalement je vais demander ça au
ministre des Finances - inacceptable de penser à une formule où
la personne qui est sous curatelle pourrait continuer d'administrer une partie
de ses biens, alors que la Curatelle publique pourrait administrer la plus
grande partie ou une autre partie des biens?
M. Parizeau: M. le Président, déjà, on sent
dans la loi de base - parce qu'on amende la loi de la curatelle, il y a une loi
fondamentale là-dedans - que la distinction a été faite.
Enfin, la préoccupation existe. J'essaie de retrouver l'article.
Excusez-moi, c'est l'article 7. "Le Curateur public a sur la personne et sur
les biens du malade ou, si un curateur à la personne est nommé
seulement sur les biens, les pouvoirs et obligations d'un tuteur; toutefois, il
n'a pas la garde de la personne. Le malade conserve cependant l'entière
administration du produit de son travail personnel effectué durant la
curatelle." On sent qu'il y a déjà cette préoccupation.
S'il gagne un salaire, il l'administre comme il veut.
Le problème, lorsqu'on parle de propriété des
biens, devient plus délicat. Où fait-on passer le scalpel? Il est
facile de déterminer quels sont les biens qui découlent du fait
qu'il a gagné son salaire et de dire: Bon, il peut en disposer
lui-même. Mais les autres biens? Où fait-on passer le scalpel
entre ce qu'il pourrait administrer lui-même et ce qui serait
administré par la Curatelle publique? Cela peut être un nid
à chicanes absolument incroyables. Il y a quand même du mouvement
dans ces biens - là. Je vous avouerai que j'hésiterais beaucoup
à m'engager là-dessus, ou, alors, il faudrait trouver une formule
administrative afin que ça n'aboutisse pas à des procès
sans arrêt.
Mme Lavoie-Roux: C'est peut-être de ce
côté-là qu'il faudrait s'orienter parce qu'un malade qui
conserve l'administration du produit de son travail personnel, c'est quand
même quelqu'un qui est capable d'une certaine indépendance, en
tout cas. Par contre, on lui soustrait l'administration de tous ses biens.
Enfin, je ne veux pas prolonger le débat là-dessus.
C'était juste une question pour savoir quelle était la
réaction du ministre des Finances à une telle
possibilité.
M. Parizeau: Je ne vous cacherai pas, M. le Président, que
si on pouvait généraliser l'habitude de la révision
automatique, cela simplifierait bien des choses sur le plan administratif.
C'est un peu comme une porte qui doit être fermée ou ouverte. Un
curateur qui le serait en partie sans l'être complètement, tout en
l'étant pas mal, sur le plan de la législation, ça fait de
drôles de choses. Il faudrait éviter que le curateur ne se tienne
sur une patte, si je puis m'exprimer ainsi. Il faudrait qu'il sache à
quoi sa gestion s'applique. Dans ce sens, je pense que l'idée de la
députée de L'Acadie, tout à l'heure, de faire en sorte, si
c'est le moindrement acceptable sur le plan de la
protection des droits de la personne, d'avoir une révision
automatique, ce serait quand même infiniment mieux. Au moins, on saurait
qu'il y a des moments, si la révision se fait et qu'il est
déclaré apte, où il retrouve tout l'usage de ses biens et
on n'en parle plus.
Mme Lavoie-Roux: D'accord, je vous remercie.
Le Président (M. Boucher): L'article 6 est adopté.
L'article 7?
M. Parizeau: L'article 7 est un article essentiellement de
protection quant à l'intégrité de la Curatelle publique.
Le Code civil défend au Curateur public seulement, dans l'état
actuel des choses, de se porter acquéreur des biens qu'il administre.
J'allais dire que ça va de soi, mais cette interdiction, à partir
du texte proposé, s'étendra à tous les membres du
personnel de la Curatelle publique.
Mme Lavoie-Roux: Ils n'auront plus de possibilité... Je
pense que c'est élémentaire.
M. Parizeau: Je pense que c'était une porte qu'il fallait
fermer.
Mme Lavoie-Roux: J'avais compris. D'accord.
Le Président (M. Boucher): Adopté? Mme
Lavoie-Roux: Adopté.
Le Président (M. Boucher): L'article 8? (11 heures)
M. Parizeau: C'est encore une adaptation à l'inflation.
Ici, le mot "transiger" n'a pas le même sens que pour les transactions
sur les valeurs mobilières ou immobilières dont on parlait tout
à l'heure. C'est la possibilité de négocier un
règlement hors cour, par exemple, ou quelque chose comme cela.
Une voix: Un contentieux.
M. Parizeau: Oui, c'est cela, quelque contentieux que ce
soit.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 9?
M. Parizeau: C'est le problème des sommes d'argent qui
proviennent de dossiers fermés: les biens sans maîtres, les
propriétaires ou les héritiers inconnus ou introuvables. À
l'heure actuelle, il n'y a pas de disposition là-dessus, cela reste
à la curatelle indéfiniment; cela tourne. Il y a quelques
années, cela ne posait pas de problème majeur, cela ne
représentait pas des sommes considérables. À l'heure
actuelle, il y a pour 14 000 000 $ de biens de ce genre et cela croît au
rythme de 1 000 000 $ par année. Alors, il faut trouver un point de
chute; je pense que personne ne sera surpris de considérer que le point
de chute c'est le fonds consolidé du revenu. Il est toujours accueillant
et...
Mme Lavoie-Roux: On sait cela.
M. Parizeau: ... on a fait en sorte que ce ne soit
qu'après dix ans, cependant, que cela va au fonds consolidé; dix
ans après que le dossier ait été réglé.
C'est quelque chose d'un peu analogue à ce qu'on trouve dans la Loi sur
les banques au gouvernement fédéral en ce qui a trait aux comptes
dont les propriétaires sont introuvables. Un compte est devenu passif,
il n'y a plus de transactions dedans, on se sait plus à qui il
appartient et au bout de X années - je pense que c'est dix ans aussi -
c'est renvoyé au fonds consolidé fédéral. Alors, on
s'est inspiré de la même disposition.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est renvoyé au fonds
consolidé du gouvernement fédéral après
publication, si je ne m'abuse, d'une liste des dernières adresses
connues dans les médias d'information. En général, dans
les journaux, on a tous droit à une longue lecture passionnante des
comptes de 8 et 14, etc., qui traînent dans des succursales à
Kamloops en Colombie britannique. Est-ce qu'il existe le même genre de
disposition ici d'une façon ou de l'autre? Est-ce qu'il y a un usage qui
permettrait cela au curateur? Est-ce que ce serait absolument
invraisemblablement compliqué? Cela ne m'apparaît pas tellement
coûteux...
M. Parizeau: Non. Cela pourrait fort bien se faire.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Pour une somme pareille.
M. Parizeau: Je pense que c'est une excellente suggestion.
Mme Lavoie-Roux: On pourrait l'insérer, je pense.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Un rédacteur
là-dessus rapidement.
Mme Lavoie-Roux: Cela pourrait être entre le premier et le
deuxième paragraphes, après "publication officielle des
noms".
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Après l'expiration d'un
délai qui...
M. Parizeau: On pourrait mettre quelque chose comme: "Le ministre
verse ces sommes au fonds consolidé du revenu, après
avis dans la Gazette officielle."
Mme Lavoie-Roux: C'est cela.
M. Parizeau: II faudrait faire allusion au règlement.
Alors, il faudrait un règlement où l'on indique le nom,
l'adresse, le délai, etc.
Mme Lavoie-Roux: Dans les autres provinces, est-ce qu'il y a un
délai de dix ans qui est prévu? Vous ne le savez pas?
M. Parizeau: Après avis dans la Gazette officielle. Ce
n'est pas "conformément au règlement" qu'il faudrait mettre.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): De la façon
déterminée par les règlements en
général.
M. Parizeau: Vous avez raison. On dirait: "Le ministre verse ces
sommes au fonds consolidé du revenu après avis dans la Gazette
officielle de la façon déterminée par les
règlements". Je ne sais pas si cela va pour tout le monde?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On a fait avancer le droit. Une
dernière question.
M. Parizeau: Voilà. Non, on reconnaît simplement
que, dans des cas comme ceux-là, très souvent le
fédéral a une législation qu'il est utile d'imiter. J'ai
eu quelques autres cas depuis un an ou un an et demi.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): En effet.
M. Parizeau: M. le Président, est-ce qu'on pourrait garder
cet article en suspens, maintenant que l'on sait qu'on a fait une
première rédaction? N'ayant pas de formation particulière
à cet égard, je me méfie toujours un peu de
moi-même; ceux qui sont avec nous pourraient examiner la phrase, et nous
revenir à la fin en nous indiquant si mes élucubrations sont
correctes ou si une nouvelle formulation devrait être faite. On s'entend
sur l'esprit de la chose? On laisse cela en suspens et on y reviendra.
Le Président (M. Boucher): Article 9, suspendu.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Sous réserve d'une
question que j'avais ici. On exclut les intérêts sur ces fonds du
transfert; les intérêts s'accumulent au fonds du Curateur public -
évidemment, le ministre -à titre de revenu, si je comprends
bien.
M. Parizeau: Bien sûr. C'est un des modes d'autofinancement
de la curatelle.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Est-ce que la même chose
est vraie après l'expiration des dix ans de délai? Parce que ce
sont des sommes importantes, si on parle de plusieurs millions. On publie dans
la Gazette officielle, éventuellement, le détail de
l'appartenance présumée de ces sommes.
Il y a des intérêts qui devraient normalement
s'accumuler.
M. Parizeau: M. le Président, le problème des taux
d'intérêt ne se présente pas tout à fait de la
même façon. Il sert pendant ces dix années à
financer la curatelle; l'excédent des revenus va au fonds
consolidé. Ce qui, au bout de dix ans, ira au fonds consolidé,
c'est le capital. À ce moment-là, s'il y a des
intérêts à faire sur les sommes, c'est le fonds
consolidé qui les fera.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Mme la députée de
L'Acadie me fait remarquer, par ailleurs, que les participants, ici autour de
la table, à la rédaction de certains mots additionnels à
l'article 28.1 font valoir qu'ils ont déjà été des
lecteurs assidus de la Gazette officielle et que ce n'est pas le lot de la
plupart des citoyens de lire la Gazette officielle et d'y être
abonnés; auquel cas, est-ce qu'on devrait prévoir ici ou dans les
règlements - c'est cela que je me demande, dans le fond - la publication
dans les médias d'information?
Mme Lavoie-Roux: Je crois que c'est dans la loi du malade mental
ou dans l'autre qu'on parle d'un journal de langue anglaise et d'un journal de
langue française. Je vais voir cela tout à l'heure.
M. Parizeau: Je suggérerais, cependant, qu'on garde cela
dans les règlements.
Mme Lavoie-Roux: Que cela soit dans les règlements.
D'accord.
M. Parizeau: Oui.
Mme Lavoie-Roux: À la condition qu'on ne l'oublie pas.
M. Parizeau: D'autre part, on pourrait tenir le même
argument à l'égard de biens, par exemple, qui, une certaine
année, viendraient de régions éloignées du
Québec. Ce n'est pas parce que l'on publie cela dans la Gazette de
Montréal ou dans la Presse qu'ils seront davantage renseignés.
Plutôt que de mettre cela dans la législation, quant au genre de
quotidien, dans certains cas, c'est peut-être un hebdomadaire
régional qui serait plus utile qu'un quotidien. On serait
peut-être mieux de laisser cela dans les règlements.
Il faudrait peut-être ajouter: "Le
ministre verse ces sommes au fonds consolidé du revenu,
après avis dans la Gazette officielle et de la façon
déterminée par les règlements". Parce qu'encore une fois,
il s'agit de biens très spécifiques.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Oui.
M. Parizeau: Si on a trois cas en Abitibi, c'est peut-être
dans l'hebdomadaire du coin qu'il est plus important de publier cela que dans
le Soleil.
Le Président (M. Boucher): Alors, l'article 9 demeure
suspendu. Article 10?
M. Parizeau: Par rapport à la loi actuelle, ce que
l'article 10 prévoit, c'est d'ajouter une autre raison de destitution
que celles qui sont déjà prévues. Cette raison
additionnelle, c'est: "ou lorsque le rapport annuel d'un tuteur ou curateur ou
l'enquête tenue en vertu de l'article 21 donne sérieusement lieu
de craindre que les biens sous tutelle ou curatelle soient
dissipés".
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): J'ai seulement une question.
Dans la mesure où c'est la première fois, il me semble, que je
vois les mots "sérieusement lieu de craindre" dans un texte
législatif, je me demande s'il y a un précédent dans la
jurisprudence qui permet d'évaluer ce qu'est une crainte sérieuse
dans des circonstances comme celles-là.
M. Parizeau: C'est le curateur qui doit en faire la preuve devant
le juge. Le fardeau de la preuve appartient au curateur.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Mais est-ce que l'ampleur du
fardeau qui est imposé au curateur a des fondements jurisprudentiels qui
permettent d'utiliser la terminologie qu'on voit ici: "sérieusement lieu
de craindre"?
M. Parizeau: II est évident que les cours vont avoir
à établir une jurisprudence dans ce cas-là. Mais ce sont
elles qui l'établissent, pas le curateur.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je comprends, mais y a-t-il
déjà une jurisprudence à l'égard d'autres genres de
demandes qui peuvent être faites aux tribunaux de droit commun ou
à la Cour supérieure pour permettre l'exercice d'un droit par un
officier public? Dans le fond, c'est ça que je veux dire. Existe-t-il
d'autres activités publiques qui sont soumises à l'autorisation
d'un tribunal après démonstration d'une sérieuse crainte
quelconque ou est-ce que ce sont les règles de droit? Le curateur
peut-il nous dire si ce sont les règles de droit ordinaires qui
s'appliquent quant au fardeau de la preuve et si ce sont des cas
d'espèce chaque fois, etc?
M. Parizeau: C'est exactement cela. En pratique, ce sont des cas
d'espèce. Cela ne peut pas être autre chose que des cas
d'espèce. Les conseillers juridiques du gouvernement qui ont
examiné le texte, ce sont eux qui l'ont formulé de cette
façon en disant que c'est la meilleure manière de le formuler, de
façon que ce soient des cas d'espèce et que le juge ait à
trancher dans chaque cas après que le curateur a fait la preuve
lui-même. On ne peut pas aller beaucoup plus loin que cela.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
D'accord.
M. Parizeau: Mais il faut être capable de fermer cette
porte. Elle est plus réelle qu'on ne le pense. Le problème est
qu'il y a des cas où - comme le Curateur public est effectivement une
sorte de surveillant des curateurs privés - après inspection, il
est à peu près certain que cela va être dilapidé,
mais il n'y a pas de recours à l'heure actuelle. Si la dilapidation se
fait, il est simplement l'observateur qui dit: Ah! cela a été
dilapidé! II faut qu'il y ait un recours juridique pour dire:
Arrêtez-moi cela.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Dans la jurisprudence, il y a
des expressions qui paraissent soit anodines, soit très vagues, et qui
ont reçu au fil des ans des interprétations qui ont permis de
tracer des balises, des critères assez précis. Je pense à
"tort irréparable en matière d'injonction", à des choses
comme celle-là. Je me demandais si on n'avait pas eu recours, dans la
terminologie de ce nouvel article, de cet ajout à l'article 32, à
des concepts de droit, de jurisprudence notamment, qui ont connu le test du
temps et qui, peuvent donc plus facilement être administrés par
une Cour supérieure, plutôt que d'introduire la notion de la
crainte sérieuse.
M. Parizeau: M. le Président, nous en avons un cas
d'actualité de ce temps-ci. On vient de m'en signaler un que je trouve
fort intéressant à cet égard. C'est l'injonction
demandée par M. Brunet en cas de grève dans un hôpital.
Cela se plaide sur: II y a lieu de craindre que. C'est au juge
d'apprécier s'il y a lieu de craindre que, en donnant l'injonction. Par
définition, on ne sait pas s'il y aura un tort grave causé, mais
on appréhende qu'il puisse y en avoir un.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): C'est l'autre niveau
d'appréhension.
M. Parizeau: C'est cela. Au plan juridique, j'imagine que
l'analogie est bonne.
Le Président (M. Boucher): Mme la députée de
L'Acadie.
Mme Lavoie-Roux: C'est une question au curateur. Dans son rapport
du 31 décembre 1979, aux pages 14 et 15, le Curateur public faisait
état de la difficulté quant au contrôle qu'il pouvait
exercer sur les curateurs privés. Je pourrais en lire des bouts: "Le
système de protection des incapables, s'il a vraiment existé,
n'existe plus: le système prévu par le Code civil est
appliqué de façon telle que les incapables sont purement et
simplement à la merci de leur protecteur, qu'il s'appelle tuteur ou
curateur". Un peu plus loin, on dit que la loi ne touche qu'une partie infime
des malades mentaux.
De toute façon, ce qu'il déplorait, c'était le
problème réel: "Puisqu'il s'agit de la gestion de biens d'autrui,
pourquoi ne reviendrait-il pas à chaque administrateur d'endosser la
responsabilité de sa fonction en fournissant une garantie, une caution,
à défaut de quoi l'administration des biens de l'incapable serait
confiée au Curateur public? D'ailleurs, n'est-il pas de pratique
courante dans le domaine des affaires de garantir l'intégrité
d'un administrateur?" Ma question précise: Est-ce que ce resserrement,
qui est prévu par l'article 10, répond aux attentes du curateur
qui déplorait, justement, cette difficulté de contrôle sur
les curateurs, les tuteurs privés? (11 h 15)
M. Parizeau: M. le Président, puisque la question a
été posée directement au curateur, nous pourrions
peut-être le laisser répondre.
Le Président (M. Boucher): Me Lussier.
M. Lussier: La situation est toujours la même,
actuellement, face aux garanties qu'un tuteur ou un curateur doit donner.
Actuellement, la seule garantie qui est prévue par le Code civil est
l'hypothèque légale. Tout le monde sait que tous les
propriétaires d'immeubles ont une première hypothèque;
alors, l'hypothèque légale arrive toujours en deuxième, ce
qui est très illusoire comme garantie. De plus en plus, les tuteurs
refusent de donner cette hypothèque légale, puisqu'ils placent
leurs immeubles hors commerce. Alors, on a tendance à vouloir nommer,
lors des conseils de famille, comme tuteurs et curateurs des personnes qui
n'ont aucun immeuble. Entre vous et moi, on ne peut pas les empêcher et
les blâmer. Pourquoi imposer à un tuteur, à une personne
qui va prendre une charge gratuitement, de mettre ses immeubles hors commerce?
À l'inverse, le pupille n'est plus protégé parce que celui
qui administre ses biens n'a aucune garantie à donner. C'est un peu ce
que je voulais dire ici. Actuellement, le seul pouvoir que le Curateur public
a, c'est de présenter une requête lorsqu'il voit qu'un tuteur ou
un curateur est infidèle à sa charge. Le seul pouvoir qu'il a,
c'est de présenter une requête pour le destituer. Souvent, c'est
tuer des mouches à coups de canon. On détruit tout et on arrive
trop tard. On s'est aperçu, lors de nos requêtes, que, si on avait
eu ce recours de mettre une sorte d'injonction, de geler les biens, pour
empêcher le tuteur ou le curateur de continuer dans son administration en
attendant la décision du tribunal, cela nous aurait permis au moins de
sauver les meubles.
M. Parizeau: C'est le cas de le dire.
M. Lussier: Un peu plus loin dans le projet, vous allez voir
aussi qu'il y a des sanctions. Cela, c'est pour ceux qui ne font pas leur
rapport annuel, qui ne donnent absolument aucun rapport, aucune nouvelle, rien,
on ne sait pas. Maintenant, il va y avoir des pénalités. Avec
cette pénalité, plus la petite enquête qu'on fait, on sera
capables d'aller chercher au moins certaines sommes d'argent pour les
empêcher de les dilapider.
Mme Lavoie-Roux: C'est une amélioration, mais ce n'est pas
encore l'excellence.
M. Lussier: C'est seulement en attendant, justement, que le Code
civil se présente, encore une fois, pour décider. Vous voyez,
c'est un autre cas où on ne peut pas aller trop vite; il faut attendre,
quand même, que les principes fondamentaux soient rediscutés et
réévalués avant d'imposer des amendements à la
curatelle.
Mme Lavoie-Roux: Bon! D'accord.
Le Président (M. Boucher): L'article 10 est adopté.
Article 11?
M. Parizeau: II s'agit essentiellement d'une précision en
ce sens que, quel que soit le mode de nomination du Curateur public, il n'aura
pas la garde de la personne de ses administrés. C'est seulement une
précision qui s'inscrit tout à fait dans l'esprit
général de la Loi sur la curatelle.
Mme Lavoie-Roux: Là, vous attendez encore la
révision du Code civil pour, peut-être, envisager la
possibilité d'une dissociation entre les droits sur les biens et les
droits sur la personne.
M. Lussier: Actuellement, lorsqu'une personne souffre d'une
maladie mentale, vous avez souvent des personnes qui sont déjà
interdites; le curateur veut se faire démettre de ses
responsablités, peu importent les
raisons prévues par le Code civil. On réunit la famille et
là, personne ne veut prendre la charge, personne ne veut prendre la
responsabilité, malgré que dans le Code civil, on dit que les
membres du conseil de famille doivent prendre la charge. Qu'arrive-t-il? Le
juge nomme le Curateur public curateur. Le problème, à ce
moment-ci, c'est que le Curateur public n'est plus nommé en fonction de
la Loi sur la curatelle, mais en fonction du Code civil. Donc, cela veut dire
que, pour les décisions, il doit toujours passer par le conseil de
famille qui se désiste, à toutes fins utiles, et qu'il a la garde
de la personne. Si le malade mental est logé à Gaspé,
à Montréal ou à Chibougamau, le Curateur public devient
responsable de tous ses faits et gestes, ce qui est tout à fait
impossible et impensable. C'est la raison pour laquelle on présente cet
article, en attendant, justement, la refonte pour, au moins, entre-temps, lui
enlever la responsabilité de la garde, en conformité avec
l'article 7 qu'on a lu tout à l'heure. On va continuer, on va tenir le
fort. Donnez-les-nous on va les prendre tous, mais, au moins, on va fonctionner
en vertu de la Loi sur la Curatelle publique et non pas en fonction du Code
civil où c'est impensable, impossible d'agir. Les responsabilités
sont trop fortes. Cela voudrait dire que le ministre des Finances serait
responsable de la garde de ces personnes.
M. Parizeau: Une à une, sur l'ensemble du territoire.
Mme Lavoie-Roux: Je pense que cela démontre qu'il y a lieu
de réviser les autres lois.
M. Parizeau: M. le Président, la députée de
L'Acadie prêche à un convaincu sur ce plan. La seule chose est que
je ne voudrais pas, comme ministre des Finances, devenir un autre réseau
hospitalier à travers le Québec et avoir sous ma garde 12 000
personnes.
Une voix: Au prix que cela coûte!
Le Président (M. Boucher): Article 11, adopté.
Article 12?
M. Parizeau: Nous en sommes rendus à une situation qui est
un peu paradoxale. Le curateur, en pratique, est devenu l'administrateur d'un
très gros portefeuille de titres, essentiellement des obligations.
L'actif qu'il administre dépasse une centaine de millions de dollars, le
portefeuille d'obligations est de plus de 85 000 000 $. Les chiffres sont plus
élevés que ceux qui apparaissent dans le rapport annuel, mais le
rapport annuel se termine le 31 décembre 1981. Cela augmente de 10 000
000 $ ou de 12 000 000 $ par an. En ce qui concerne le financement municipal,
la Curatelle publique a commencé à être un facteur
important; ce n'est pas du tout indifférent que la curatelle,
maintenant, soit dans une nouvelle émission ou pas. Il m'a semblé
qu'il serait utile, pour un chef d'organisme dont le rôle premier et
principal n'est pas d'administrer un portefeuille... Après tout, cela
est une fonction ancillaire; je parle d'un portefeuille, je ne dis pas
administrer des actifs. Administrer un grand portefeuille, c'est tout de
même une fonction tout à fait différente d'administrer les
actifs de toute une série d'individus. Là, on embarque à
un niveau de financiers tout à fait différent et à un
palier de décisions qui est autre que celui simplement d'une
administration de bon père de famille de biens qui appartiennent
à des individus.
C'est dans ce sens que l'on a pensé que la façon de
réconcilier les deux modes d'administration, le palier des individus et
des actifs de chaque individu et, d'autre part, un portefeuille qui commence
à prendre une ampleur considérable, serait d'adjoindre au
Curateur public un comité qui est essentiellement consultatif, mais qui
s'adresse aux modes de placement, aux critères qui doivent orienter les
placements obligataires de la curatelle.
Il ne s'agit pas, dans mon esprit, puisque c'est le ministre des
Finances qui doit recommander au gouvernement la nomination de ce
comité, d'avoir toute une série de gens à ce comité
qui connaissent bien les opérations de la curatelle - ce n'est pas pour
cela qu'ils sont nommés - mais d'avoir des gens qui comprennent bien les
opérations de placement et qui sont capables de voir,
périodiquement, le curateur en disant: Nous pensons que vous en avez
jusqu'à maintenant trop mis du côté municipal, il y a des
financements hospitaliers ou d'universités ou tels types de titres qui
seraient préférables, ou bien votre portefeuille est vraiment
à trop long terme à l'heure actuelle, compte tenu des
circonstances. Il serait utile que vous raccourcissiez les
échéances ou bien que vous preniez tel type de titres
plutôt que tel autre. Le curateur gardera toute autonomie de
décision, mais au moins il recevra des avis ou des conseils de gens qui
connaissent bien le financement et les opérations sur le marché
des capitaux.
Ce comité, dans la loi - j'anticipe un peu sur un autre article -
il faut, tout de même, s'assurer que le curateur, puisqu'il est
consultatif, le voie de temps à autre. Bien que le curateur actuel ne
demande que cela, d'avoir un comité comme celui-là il faut quand
même que la loi dépasse les intentions des hommes et
prévoie cette obligation minimale de se rencontrer au moins une fois par
année. Je souhaite personnellement qu'ils
se rencontrent plus souvent que cela. Il fallait mettre quelque chose
dans la loi quant aux rencontres puisqu'il s'agit d'un comité
consultatif.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Je n'ai pas de commentaires,
sinon d'entériner le principe qui est énoncé dans la loi.
Il est entendu - et on en a fait part à l'Assemblée - que le
fardeau imposé est absolument inhumain. Il est inhumain pour une seule
personne de voir à l'administration d'une masse d'argent qui est
considérable et qui est la propriété éventuelle de
plus de 10 000 personnes. À ce titre-là, il me semble que la loi
pourrait même aller plus loin. Le ministre parle de rapport annuel, donc
au moins une réunion; je me demandais si on ne pourrait pas parler de
trimestres. Je ne veux pas aller dans la cuisine, dans la plomberie ou quoi que
ce soit. J'essayais de voir, au point de vue du fonctionnement, la nature des
relations qui peuvent exister. Cela ne s'adresse pas au curateur actuellement
en poste; un curateur pourrait être un peu moins pressé que
d'autres, justement, de rechercher cette aide technique. Est-ce que cela ne
devrait pas être prévu par la loi afin de l'encadrer de
façon raisonnable? Si on parle de l'administrateur d'un portefeuille de
cette envergure, c'est une obligation qui n'est pas tellement lourde, dans le
fond, si on a affaire à quelqu'un qui ne veut pas s'embêter de
rencontrer le comité formé de gens nommés par le
ministre.
M. Parizeau: M. le Président, je me rangerais tout
à fait à cet avis. Je sais que, de toute façon, c'est
l'intention du curateur actuel. On anticipe un peu sur un article suivant,
mais, lorsqu'on arrivera à cet article, on pourrait peut-être
dire, plutôt qu'une fois par trimestre - si jamais il saute une semaine
après un trimestre, il est dans une situation d'illégalité
- quatre fois par an. De toute façon, revenons à l'article
12.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'article 12 est
adopté?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
L'allocation de présence dont il est question ici est de quel
ordre, par curiosité?
M. Parizeau: On y reviendra peut-être, parce que l'article
12, ce n'est que le principe. Est-ce qu'on est d'accord pour l'article 12?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
D'accord.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 13?
M. Parizeau: Dans l'article 12 que nous venons d'adopter, c'est
36.1. "Le gouvernement nomme, sur la recommandation du ministre des Finances,
un comité chargé de conseiller le Curateur public en
matière de placement des biens dont il assume l'administration." Est-ce
qu'on s'entend?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Adopté.
M. Parizeau: 36.2. "Les membres du comité sont
nommés pour un mandat d'au plus trois ans. Ils demeurent en fonction
à l'expiration de leur mandat, jusqu'à ce qu'ils soient
nommés de nouveau ou remplacés." J'avais l'intention de proposer
au gouvernement que, pour le premier comité, il y en ait un certain
nombre qui soient nommés pour un an, d'autres pour deux ans, d'autres
pour trois ans et, ensuite, ce serait pour trois ans
régulièrement, de façon qu'on ne décapite pas tous
les membres d'un comité en même temps. Ce n'est pas
nécessaire d'inscrire cela dans la loi, mais c'était mon
intention.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Ce qu'il n'est manifestement
pas nécessaire, selon le ministre, d'inscrire dans la loi, c'est,
évidement le nombre et la composition, etc., à ce moment-ci.
M. Parizeau: Je pense qu'on devrait laisser, selon les
années, un peu de latitude à cela. Cela dépend aussi des
gens qu'on peut trouver. Je préfère cinq bons membres que neuf
comportant des moins bons.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Dans un comité, ils
seront au moins deux.
Mme Lavoie-Roux: On va vous faire confiance.
M. Parizeau: Je suis toujours un peu embêté de voir
à quel point vous précisez ces choses jusqu'au dernier bouton de
bottine. À un moment donné, on a un comité qui fonctionne
très bien avec cinq membres. Il devrait y en avoir sept, il y en a deux
qui ne sont pas nommés et, pendant trois ans, ils ne le seront pas. Il
faut laisser un peu de flexibilité à cela. Alors, 36.2, ça
va?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
Adopté.
M. Parizeau: Article 36.3. "Les membres du comité ne sont
pas rémunérés. Toutefois, ils ont droit au remboursement
des frais justifiables engagés par eux dans l'exercice de leurs
fonctions et ils reçoivent une allocation de présence
fixée par le gouvernement." Nous n'avons pas encore mis de montant
là-dessus. Je suis à faire faire une petite recherche rapide pour
voir où se
situent, à l'heure actuelle, nos jetons de présence dans
la moyenne au gouvernement. Cela ne peut pas être un jeton de
présence d'un très grand organisme. Je pense qu'il y a de
très grands organismes au gouvernement où le jeton de
présence doit être supérieur à ce qui serait
payé ici. D'un autre côté, il devrait probablement
être supérieur à celui des plus petits organismes. J'essaie
de voir où se situe la moyenne et on va établir ça en
conséquence. Je ne sais pas encore ce que ce sera, mais, à vue de
nez, je ne serais pas étonné qu'il se situe - mais là,
c'est vraiment une impression - quelque part entre 200 $ et 250 $ par jour. (11
h 30)
Mme Lavoie-Roux: Et les petits, c'est combien?
M. Parizeau: II y en a qui sont encore à 100 $ ou 120 $.
Il y en a qui sont à plus que ça. Il y en a qui sont à
1000 $ maintenant.
Mme Lavoie-Roux: Ce sont ceux d'Hydro-Québec?
M. Parizeau: Pardon?
Mme Lavoie-Roux: C'est Hydro-Québec, ça.
M. Parizeau: II est évident que, si on veut avoir des gens
pour siéger au conseil d'administration des plus grandes entreprises au
Canada, il faut bien leur payer ce que les boîtes... De toute
façon, ils reçoivent pas mal moins que dans le secteur
privé.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Pas par les temps qui
courent.
M. Parizeau: II faut s'adapter aux temps. Encore une fois, ce
n'est pas un engagement que je prends. Je dis simplement que je suis en train
de faire une recherche rapide là-dessus.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges):
D'accord. Adopté, quant à nous.
M. Parizeau: Je pense que le député de
Vaudreuil-Soulanges peut se fier à moi. Je n'ai pas la réputation
d'être très payeux. Surtout pas de ce temps-ci.
Mme Lavoie-Roux: Non, mais c'est peut-être d'en
créer qui sont inutiles, par exemple.
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): Les
CRSSS.
Mme Lavoie-Roux: Les CRSSS, par exemple.
M. Parizeau: Ah! Là, je n'en discute pas.
Mme Lavoie-Roux: Vous renoncez aux hôpitaux, de toute
façon, on n'en parlera pas.
M. Parizeau: Chacun son potager. Le Président (M.
Boucher): 36.4.
M. Parizeau: 36.4. Alors, je n'ai pas d'objection. Si ça
va aux membres de la commission, on pourrait le rédiger de la
façon suivante, amendée: "Le Curateur public est tenu de faire
rapport au comité, au moins quatre fois l'an, de l'état de ses
placements." Cela va?
M. Johnson (Vaudreuil-Soulanges): On remplacerait "une" par
"quatre".
M. Parizeau: Oui, oui, c'est une protection pour le curateur, au
fond.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'amendement est
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Boucher): Est-ce que l'article 12 est
adopté tel qu'amendé?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Boucher): Article 13?
Financement de la Curatelle publique
M. Parizeau: À partir de l'article 13, on discute du
financement de la Curatelle publique. Alors, en premier: "L'exercice financier
de la curatelle correspondra à l'année civile; donc, il se
termine le 31 décembre de chaque année.
Mme Lavoie-Roux: Cela va.
M. Parizeau: Cela va? L'article suivant, l'article 38,
prévoit que le budget du Curateur public sera soumis à
l'approbation du Conseil du trésor. Ce n'est pas parce que la curatelle
devient un organisme qu'elle échappe au contrôle normal du Conseil
du trésor. Mais il est important que ce soit clairement indiqué
dans les amendements à la loi.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Parizeau: 38.1: "Tout contrat susceptible de grever le budget
du Curateur public est soumis aux règlements visés dans l'article
49 de la Loi sur l'administration financière." C'est la même
idée. Ce n'est pas parce que ça devient un organisme que
ça échappe aux règles financières
applicables au gouvernement.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
M. Parizeau: À 38.2, on amende l'article 37 de la loi
actuelle. "Le Curateur public a droit d'exiger, pour l'administration des biens
qui lui sont confiés ou pour la surveillance des biens placés
sous tutelle ou curatelle, le remboursement de ses dépenses et le
paiement des honoraires déterminés par règlement." C'est
le principe de l'autofinancement de la curatelle.
Mme Lavoie-Roux: Là-dessus, j'aurais peut-être
quelques points à faire préciser, M. le Président. Il y a
la question des renonciations. Dans les différents rapports annuels, on
a le pourcentage des renonciations par rapport aux honoraires. Par exemple, on
voit qu'en 1976 les renonciations ont été de 6,7%, 10,3% - je
prends les années successives jusqu'en 1980 - 8,6%, 8,1%; en 1981: 5,4%;
c'est demeuré le même pourcentage. Quels sont les motifs qui
interviennent et les jugements qui sont posés au sujet de ces
renonciations?
M. Parizeau: Demandez au curateur de répondre, M. le
Président.
M. Lussier: Le tarif actuellement permet au curateur de renoncer
en tout ou en partie à ses honoraires. La principale raison, c'est une
raison de pauvreté. Nous avons des personnes sous notre juridiction
pendant plusieurs années et nous imposons un tarif. Lorsque la personne
est libérée et reprend l'exercice de ses droits, nous faisons
notre compte, notre facture et on la leur donne. On se rend compte que les
personnes n'ont vraiment pas d'argent. Elles disent: Écoutez, on n'en a
pas. On fait une petite enquête et, si on se rend compte que vraiment ils
ne peuvent pas payer, on renonce. En 1981, on a renoncé pour 80 000 $
à 85 000 $.
Maintenant, il y a un autre facteur qui ne paraît dans les
états financiers, c'est que, pour toute personne qui est admissible aux
prestations de l'aide sociale et à la pension de vieillesse, un
pensionné qui obtient le supplément garanti jusqu'à moins
10 $, c'est automatique, par notre système d'informatique, il y a
annulation de tous les honoraires, au grand complet. On ne fait pas d'argent
avec ceux qui ne peuvent pas payer et ceux qui bénéficient de
l'aide sociale; on n'ira pas chercher d'honoraires avec l'aide sociale ou avec
l'excédent de la pension de vieillesse. L'année passée, on
en a annulé 350 000 $ comme cela. Cette année, actuellement, nous
sommes rendus à 420 000 $ d'annulation d'honoraires pour une question de
pauvreté. C'est vraiment une question de pauvreté. Il peut
arriver que, dans certains cas, les gens soient déménagés.
Nous ne pouvons pas nous faire rembourser; alors, on fait une annulation
d'écritures. Ce sont des cas d'exception; ce sont surtout des cas de
pauvreté où nous renonçons. Comme vous voyez,
l'année passée, 350 000 $ plus 85 000 $, ce sont des montants
d'honoraires que nous avons annulés et auxquels nous avons
renoncé.
L'annulation ne paraît pas dans les états financiers. Cette
année, dans notre rapport annuel, nous allons faire inscrire par le
vérificateur le montant que nous avons annulé. C'est une
information qui aurait dû être incluse depuis longtemps, mais pour
des raisons de discussion entre les vérificateurs et nos bureaux, cela
n'a pas été fait.
Mme Lavoie-Roux: Maintenant, dans les honoraires que vous exigez,
le fait, par exemple, que quelqu'un habite loin de Québec ou de
Montréal, soit en région éloignée, est-ce que cela
peut vouloir dire, pour ces personnes, des frais plus élevés?
Évidemment, il y a aussi le facteur des montants impliqués - je
le comprends - mais strictement du point de vue géographique, est-ce que
cela peut impliquer des coûts plus élevés pour les
gens?
M. Lussier: Le danger existe; il est toujours là. Prenons
le cas d'une personne qui demeure à Rimouski qui tombe sous la
juridiction de notre bureau, à Montréal. Alors, il faut prendre
soin de ses biens; il faut la protéger. On peut être appelé
à libérer la maison et à transporter les meubles. S'il
faut les apporter à Montréal, bien, cela coûte un prix fou
en transport. Notre politique est, comme il y a toujours de la parenté
sur les lieux, dans les centres en province, qu'une personne prenne et
entrepose ces meubles moyennant aucun coût. Nous avons aussi souvent la
collaboration de la Sûreté du Québec pour faire un
inventaire des coffrets de sûreté, procéder à une
évaluation d'une automobile qui se trouve là-bas, très
loin. On veut savoir quel en est le prix; tout cela, pour éviter des
frais de transport. Alors, nous avons beaucoup de moyens pour éviter des
dépenses. À Montréal, nous avons un entrepôt;
à Québec, nous avons toujours la possibilité de trouver
quelqu'un qui prendra soin des biens.
Le danger existe et nous devons toujours combattre contre la
facilité de dire: On déménage tout, on apporte cela
à Montréal et on verra après. C'est dans nos pratiques
administratives de nous efforcer de toujours trouver quelqu'un sur les lieux
qui prendra soin des meubles et des biens. De cette façon, nous coupons
les frais de transport et de manutention et différents coûts qui,
finalement, pourraient ruiner le pauvre diable.
Mme Lavoie-Roux: Si je vous comprends bien, le milieu
géographique peut influencer les frais d'honoraires. Ce n'est
sûrement pas de votre faute si vous avez vécu à Rimouski
plutôt qu'à Québec ou à Montréal. Du point de
vue des contributions, des taxes à l'État ou des versements
à l'État, ces gens payent la même chose. Est-ce qu'il y
aurait un moyen de compensation que le ministre entrevoit? Peut-être que
c'est vraiment mineur, mais on n'est pas capable de l'évaluer. Je ne
sais pas si vous avez des chiffres quant aux coûts
supplémentaires. J'aimerais avoir la réaction du ministre. Est-ce
qu'il y a des correctifs à apporter à cette situation qui ne
dépend pas, finalement, des individus? D'une certaine façon oui,
mais d'une autre façon non.
M. Parizeau: M. le Président, depuis qu'on monte un
système en vertu duquel on pourra, en pratique, autofinancer la
curatelle et même faire en sorte que la curatelle dégage un
surplus, en pratique, la question qui se pose est la suivante: Est-ce qu'on
joue avec le tarif? C'est toujours assez embêtant de jouer avec un tarif.
Qu'est-ce que cela veut dire être éloigné? C'est un peu,
beaucoup, passionnément? On va entrer dans des discussions à n'en
plus finir. Si on a un tarif particulier pour l'Abitibi, alors est-ce que cela
inclut Mont-Laurier ou si Mont-Laurier sera à la moitié de ce
tarif? De proche en proche, de Montréal jusqu'en Abitibi, on peut
arriver à des discussions sans nom. Ce qu'il faut peut-être
envisager, c'est: Est-ce qu'on ne devrait pas avoir des succursales
modestes?
Mme Lavoie-Roux: On nous avait parlé de
décentralisation.
M. Parizeau: Cela me semblerait une voie plus utile que d'essayer
d'adapter géographiquement un tarif; c'est épouvantable
d'administrer géographiquement un tarif. Où commence
l'éloignement? J'ai déjà vu des enseignants, autrefois,
demander une prime d'éloignement s'ils enseignaient à Longueuil,
parce qu'ils devraient traverser le pont. On n'en finit plus. Très
souvent, il y a de très bonnes raisons de dire: On va fractionner cela.
Je ne voudrais pas revenir à la clause des 50 kilomètres, en ce
qui a trait à la curatelle.
Mme Lavoie-Roux: Non, je ne vous la souhaite pas.
M. Parizeau: Peut-être qu'au fond l'idée de la
succursale est davantage à creuser, d'autant plus que maintenant - je
vais y revenir tout à l'heure dans certains des commentaires que je vais
faire, au fur et à mesure qu'on avance dans le financement -les finances
de la curatelle vont être considérablement simplifiées. Il
y a moyen pour le curateur de dire: Quel est mon budget de dépenses
cette année? Quels sont les revenus que j'anticipe? Si j'ai un surplus,
je veux bien en rendre une partie au fonds consolidé; mais, d'autre
part, je pourrais peut-être utiliser une partie de cela pour
établir des succursales, graduellement, sur le territoire. La voie me
paraît plus utile, dans ce sens, que de fractionner le tarif.
Mme Lavoie-Roux: Je crois que l'idée d'une
décentralisation a été émise à plusieurs
reprises par les citoyens. Je suis d'accord qu'on ne peut pas décider
d'un tarif. Ce serait plutôt en fonction du manque de ressources dans une
région donnée que du fait que vous êtes à 100 ou
à 200 milles. Il y a plus de chances qu'il y ait moins de ressources si
vous êtes plus loin. Est-ce qu'on doit conclure, du fait que la
curatelle, désormais, devra s'autofinancer, qu'il y aura une
augmentation importante des honoraires qui seront demandés?
M. Parizeau: Je reviens à ce que je disais,
peut-être d'une façon un peu elliptique au début de notre
réunion aujourd'hui, en disant que le projet de règlement
général qui a été présenté comporte
une page qui indique les nouveaux honoraires. Dans certains cas, les nouveaux
honoraires ne présentent pas de difficulté, dans la mesure
où il s'agit d'un pourcentage. Dans d'autres cas, par exemple, des
honoraires minimaux en dollars, là il est évident que ce nouveau
tarif pose des problèmes quant à la politique annoncée par
le gouvernement relativement aux prix administrés pour les deux
prochaines années.
Je voudrais donc réviser avec le curateur ces honoraires de
façon que cela respecte certainement l'esprit des directives
gouvernementales, quitte à ce que, si des honoraires limités par
cette politique gouvernementale ne représentent qu'une fraction des
coûts, on s'entende pour qu'éventuellement cela soit
remonté. Donc, là, il y a une révision que je voudrais
faire avec le curateur pour qu'on soit tout à fait certain que l'esprit
de ce que le gouvernement a annoncé soit respecté. Je crois que
d'ici un mois ou trois semaines... (11 h 45)
Mme Lavoie-Roux: Dans le fond, ce que vous dites, c'est qu'il va
y avoir une modification, mais vous ne savez pas de quel ordre.
M. Parizeau: Je ne sais pas de quel ordre et, d'autre part, je
voudrais établir une distinction très nette entre ce qui est un
pourcentage et qui augmente au rythme de l'inflation, parce que c'est un
pourcentage, et ce qui est un tarif en dollars. Comme Mme la
députée de L'Acadie le verra dans
les règlements qu'on lui a remis ce matin, il y a les deux. Nous
prendrons le temps qu'il faut et ce sera publié dans la Gazette
officielle, selon le processus normal.
Le Président (M. Boucher): L'article 13 est adopté
au complet?
M. Parizeau: Excusez, M. le Président. Mme
Lavoie-Roux: On est rendu à 38.3.
M. Parizeau: On était à 38.3 qu'on n'a pas vu, je
pense.
Le Président (M. Boucher): Oui.
M. Parizeau: Le principe est simple. C'est ce que je disais tout
à l'heure. C'est l'autofinancement et, dans la mesure où il y a
des revenus qui dépassent les dépenses, cela va au fonds
consolidé. C'est très différent de ce qu'il y avait avant.
L'article 38 de la loi actuelle prévoit que les honoraires perçus
sont versés au fonds consolidé du revenu du Québec.
Remarquez que ce n'est pas la seule agence, ce n'est pas le seul
ministère, ce n'est pas le seul organisme gouvernemental où une
phrase comme celle-là crée des problèmes.
Les honoraires perçus sont versés au fonds
consolidé dans la situation actuelle et les dépenses sont
payées par le fonds consolidé. Finalement, au lieu d'être
capable de se dire combien cela coûte, la curatelle, et comment elle se
finance, on a les revenus qui s'en vont d'un côté au gouvernement
et les dépenses qui sortent d'un autre côté. Je pense que,
grâce aux changements proposés dans l'article 38.3, on sera en
tout temps en mesure de dire: Voici quels étaient les revenus de la
curatelle, voici quelles étaient ses dépenses. S'il y a un
surplus, il va par fonds consolidé; c'est lui qui y va. Je pense que,
pour comprendre la situation financière d'un organisme, c'est comme cela
qu'on devrait procéder normalement; non pas d'avoir une main gauche qui
ne sait pas très bien ce que la main droite est en train de faire ou
d'avoir beaucoup de calculs à faire à travers les comptes du
gouvernement pour être capable d'avoir une vue véritable de la
situation.
Mme Lavoie-Roux: Si j'ai bien compris ce qu'a dit le ministre
tout à l'heure, il n'exclut pas l'idée qu'une partie de ces
excédents des revenus soit utilisée, par exemple, pour un
processus de décentralisation. C'est ce que vous avez dit tout à
l'heure.
M. Parizeau: Pas du tout. D'ailleurs, dans le pro forma du cahier
que nous avons devant nous, si Mme la députée veut tourner la
page à l'état pro forma des revenus et dépenses pour
l'année qui vient, elle constatera qu'il y a déjà 70 000 $
de prévus dans les dépenses pour un bureau à
Québec.
Mme Lavoie-Roux: Ah oui.
M. Parizeau: En bas de la colonne, c'est la première.
Mme Lavoie-Roux: D'accord, cela va.
Le Président (M. Boucher): Alors, l'article 13 est
adopté. Article 14?
M. Parizeau: Alors, il s'agit des règlements qui ont trait
au financement. Il ne s'agit pas du règlement général que
j'ai déposé ce matin. Ce sont les règlements pour le
financement. La traduction de ces règlements. On indique simplement ce
sur quoi on peut faire des règlements à l'article 39. Les
règlements eux-mêmes ont été distribués ce
matin.
Mme Lavoie-Roux: Je regrette, je vais être obligée
de laisser passer, je n'ai pas pris connaissance des règlements.
M. Parizeau: Je suis désolé que cela n'ait pu
être distribué avant. Je pense déjà avoir
amélioré le système en étant capable de discuter de
la loi et de dire que je peux déposer le règlement. Pour la
prochaine loi que nous aurons à examiner...
Mme Lavoie-Roux: Le règlement arrivera avant?
M. Parizeau: M. le Président, pour la Commission des
valeurs mobilières, je sais que l'Opposition a reçu la majeure
partie des règlements plusieurs jours avant que nous allions en
commission, ce qui est encore une amélioration. Mais nous revenons de
loin. Je plaide...
Mme Lavoie-Roux: Écoutez, je le laisse aller, M. le
Président, parce que je ne serais pas capable d'en discuter.
Le Président (M. Boucher): L'article 14 est adopté.
Article 15?
M. Parizeau: La suppression du deuxième paragraphe de cet
article, c'est cela; le deuxième alinéa est reporté
à l'article 42.2. C'est simplement un déplacement.
Mme Lavoie-Roux: C'est cela, c'est là qu'arrivent les
sanctions.
M. Parizeau: C'est cela. Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 16?
M. Parizeau: II n'y avait pas, comme le disait le Curateur public
tout à l'heure, de sanction explicite de caractère pénal;
là, il y en a une à l'article 42.1: "Le tuteur ou curateur qui
contrevient à l'article 31 et aux règlements adoptés en
vertu de cet article commet une infraction et est passible, en plus des frais,
d'une amende d'au plus 1000 $".
Mme Lavoie-Roux: C'est à l'article 31 qu'on parle d'un
rapport annuel. C'est cela?
M. Parizeau: C'est cela.
Mme Lavoie-Roux: D'accord. Cela va.
Le Président (M. Boucher): Article 42.2?
M. Parizeau: À l'article 42.2, on indique comment les
poursuites peuvent être prises: "Les poursuites en vertu de la
présente loi sont intentées suivant la Loi sur les poursuites
sommaires par le Procureur général ou par une personne qu'il
autorise généralement ou spécialement à cette
fin".
Mme Lavoie-Roux: D'accord. M. le Président, je ne sais pas
si le ministre me permettrait de retourner à l'article 14 seulement pour
qu'il m'explique le paragraphe e.1, dans les règlements: "pour
déterminer, en outre de ceux que prévoit déjà la
présente loi, les revenus du Curateur public". Quels seraient les autres
revenus dont il serait question à part ceux qui sont contenus dans la
loi?
M. Parizeau: La question est excellente, M. le Président.
Nous allons demander un avis. Ah oui! Bon! La réponse est aussi bonne.
Il s'agit des intérêts des comptes réglés des biens
sans maître.
Mme Lavoie-Roux: D'accord.
Le Président (M. Boucher): Alors, l'article 16 est-il
adopté?
Mme Lavoie-Roux: Oui.
Le Président (M. Boucher): Adopté. Article 17?
Mme Lavoie-Roux: C'est la nouvelle clause...
M. Parizeau: Omnibus.
Mme Lavoie-Roux: On va l'accepter sur division.
Le Président (M. Boucher): Sur division? Mme
Lavoie-Roux: Oui.
M. Parizeau: Le contraire m'aurait étonné, M. le
Président.
Le Président (M. Boucher): Adopté sur division.
Avant d'adopter l'article 18, il faudrait revenir à l'article...
Mme Lavoie-Roux: L'article 9, je pense.
Le Président (M. Boucher): ... 9. Est-ce que l'amendement
qui avait été proposé a été
rédigé?
M. Parizeau: Je vais demander, M. le Président, où
nous en sommes là-dessus. Si on me permet de suspendre une minute, je
vais consulter pour voir si notre rédaction est prête.
Le Président (M. Boucher): Suspension. (Suspension de la
séance à Il h 54)
(Reprise de la séance à Il h 55)
Le Président (M. Boucher):
L'amendement à l'article 9 se lirait comme suit: "Le ministre
verse ces sommes au fonds consolidé du revenu après avis
publié dans la Gazette officielle et de la façon
déterminée par les règlements".
M. Parizeau: Le seul changement, M. le Président, par
rapport à ce que, dans nos discussions, nous avions essayé de
rédiger tout à l'heure, c'est le mot "publié";
"après avis publié dans la Gazette officielle".
Le Président (M. Boucher):
L'amendement est adopté. Article 9, adopté tel
qu'amendé. Article 18, adopté.
Le projet de loi no 79 est adopté tel qu'amendé. Je
prierais le rapporteur, en l'occurrence le député de Bellechasse,
d'en faire rapport à l'Assemblée nationale dans les plus courts
délais.
La commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à Il h 56)