(Neuf heures quarante-huit minutes)
Le
Président (M. Simard) : Alors, chers amis, bonjour à tous. Bienvenue dans
le cadre de cette dernière journée d'auditions de la Commission des finances
publiques dont les travaux portent sur une consultation particulière et
des auditions publiques sur le document de consultation
sur le Régime de rentes du Québec intitulé Un régime adapté aux
défis du 21e siècle.
Alors, nous avons quorum et nous pouvons
entreprendre nos travaux.
Mais, avant de ce faire, je dois vérifier. Mme
la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, M.
le Président. Mme Rizqy
(Saint-Laurent) est remplacée par Mme Caron (La Pinière).
Le Président (M. Simard) : Merci
beaucoup. Et bienvenue à ces collègues.
Auditions (suite)
Ce matin, nous aurons la chance d'auditionner
trois groupes. Et nous commençons par la présence de M. Tremblay, qui est
conseiller principal au domaine Avoirs, Mercer. Monsieur, soyez le bienvenu.
Auriez-vous l'amabilité de nous présenter la personne qui vous accompagne, s'il
vous plaît?
Mercer
M.
Tremblay (F. Hubert) : Certainement. Je suis accompagné aujourd'hui de
mon collègue Jean-François Poirier, également conseiller principal
en régimes de retraite chez Mercer.
• (9 h 50) •
Le Président (M. Simard) : Nous
écoutons. Et vous savez que vous disposez de 10 minutes.
M. Tremblay (F. Hubert) : Merci
beaucoup. M. le Président, M. le ministre, membres de la commission, merci de nous accueillir. Merci aussi à Retraite
Québec pour tout le travail dans la préparation du document de consultation.
Depuis environ une quinzaine d'années, Mercer
produit l'indice mondial Mercer CFA Institute, qui compare les systèmes de
retraite nationaux à travers le monde. Notre rôle, Jean-François et moi, dans
la création de l'indice, à chaque année, pour le Canada, on met à jour les
informations, on fournit ces informations-là à nos collègues du bureau de Mercer à Melbourne, en Australie, et
c'est eux qui vont consolider toutes les informations reçues, qui vont faire
les comparaisons entre les systèmes de
retraite puis qui vont, ultimement, donner une note à chaque système de
retraite.
Donc, Jean-François va commencer aujourd'hui par
décrire les constats de l'indice et sa construction, puis ensuite je vais faire
des liens entre les conclusions de l'étude et les recommandations du document
de consultation.
M. Poirier (Jean-François) : Merci,
Hubert. Bonjour, tout le monde. Donc, dans l'indice en 2022, les systèmes de
retraite de 44 pays, qui représentent environ deux tiers de la population
mondiale, sont inclus. L'indice s'est
développé à partir d'une cinquantaine de questions, des indicateurs qui vont
permettre d'évaluer trois sous-indices.
Premièrement, il y a le sous-indice de la
suffisance des prestations, qui va mesurer, d'une certaine façon, la générosité de chaque système de retraite. Donc, ça
va être mesuré, entre autres, par le taux de remplacement du revenu à la
retraite, qui va dépendre de la générosité des régimes d'État mais aussi des
taux de participation aux régimes d'employeurs et à l'épargne personnelle.
Deuxièmement, il y a le sous-indice de la
viabilité, qui va évaluer dans quelle mesure les systèmes de retraite sont
pérennes, s'ils sont viables à long terme, s'ils sont en mesure de livrer les
promesses. Ça va être mesuré, entre autres,
par le niveau de préfinancement des régimes, la structure des cotisations qui
sont requises et comment les régimes sont adaptés aux changements
démographiques.
Et, troisièmement, le sous-indice de
l'intégrité, qui va évaluer la solidité du cadre réglementaire, à savoir si les
régimes, finalement, sont bien gérés, autant du côté public que privé.
Donc, les systèmes qui vont le mieux performer
dans le monde vont être ceux qui offrent des prestations généreuses, qui ont
une vision à long terme au niveau du financement et qui sont bien gérés.
En 2022, le Canada s'est classé au 13e rang
sur les 44 pays et obtient une cote de B. Les pays qui performent le mieux dans le monde, il y a trois pays qui
obtiennent une cote de A, qui sont l'Islande, les Pays-Bas et le Danemark.
L'indice va mettre en lumière les points forts
de chaque système de retraite, dont le système de retraite ici, au Québec et au
Canada. Quand on regarde, premièrement, en termes de suffisance des
prestations, notre système offre une bonne
diversification des sources de revenus. Il y a les régimes de retraite publics,
il y a aussi les régimes de retraite offerts par les employeurs, et on a
un système fiscal qui encourage l'épargne personnelle. Deuxièmement, au niveau de la viabilité du système, bien, les points forts, c'est le
niveau de préfinancement des régimes. On a également des cotisations
importantes qui sont versées aux différentes composantes de notre système de
retraite. Et finalement, en termes d'intégrité du système, les régimes de
retraite offerts par les employeurs sont bien supervisés et les régimes publics
font l'objet d'une très bonne gouvernance.
L'indice va également mettre en lumière les
points faibles de notre système, d'où vont découler les recommandations qui
visent à l'améliorer. Donc, au niveau du système, au Québec et au Canada, on
vise à améliorer la couverture des
travailleurs, principalement dans le secteur privé — les
taux de participation aux régimes de retraite privés sont relativement
faibles — augmenter
aussi le niveau d'épargne des ménages, prévoir un âge minimal pour l'accès à l'épargne-retraite personnelle — il
n'y a aucun âge minimal pour sortir des sommes des REER — accroître
le taux de participation des personnes plus âgées au marché du travail
et augmenter la flexibilité offerte aux travailleurs dans l'utilisation de leur
épargne à la retraite entre les différentes composantes du système.
Le Régime de pensions du Canada et le Régime de
rentes du Québec représentent seulement une portion de notre système
d'épargne-retraite. Les recommandations, dans le rapport Mercer, ne visent donc
pas nécessairement le Régime de rentes du
Québec. Donc, dans le contexte du présent exercice, toutefois, pour... qui vise
la revue du Régime de rentes du Québec, on a souligné les liens entre les
propositions du document de consultation de Retraite Québec et les
conclusions, recommandations de l'étude Mercer.
M. Tremblay (F. Hubert) : Merci,
Jean-François. Donc, dans l'étude, on suggère, entre autres, d'offrir une plus
grande flexibilité aux travailleurs dans l'utilisation de leur
épargne-retraite. Aussi, on suggère de repousser l'âge de retraite à mesure que
l'espérance de vie augmente. C'est, selon nous, tout à fait en ligne avec les
objectifs de la consultation. Maintenant, il faut s'entendre sur les moyens d'y
arriver.
Donc, sur... pour le... un des premiers éléments
de la consultation dont on a beaucoup entendu parler, premier âge
d'admissibilité, on encourage le gouvernement à adopter une feuille de route sur
six ans en collaboration avec Retraite Québec, donc, premièrement, maintenir,
pour le moment, l'âge d'admissibilité à la rente du RRQ à 60 ans sans augmenter les facteurs de réduction
applicables avant 65 ans, deuxièmement, mieux communiquer aux Québécois
les avantages de reporter la rente du RRQ. Il faut garder en tête que, quand on
parle aux Québécois, on peut parler à des
gens qui participent à des régimes à prestations déterminées, à des régimes à
cotisations déterminées ou qui n'ont pas la chance de participer à un
régime relié à l'emploi. Donc, on ne va pas parler ou communiquer de la même
façon dans toutes ces situations-là.
Finalement, il faut penser à ceux qui ne peuvent pas continuer de travailler,
qui ont besoin de revenus à court terme et qui n'ont pas accumulé
d'autre épargne. Il va falloir leur démontrer, à eux, comment on peut les aider
à faire face à un report éventuel de l'âge d'admissibilité à la rente du RRQ.
Donc, on pense qu'en adoptant cette feuille de
route là l'âge moyen des prestations du RRQ, du début des prestations, va
continuer d'augmenter naturellement et que ça va nous permettre de garder un
régime flexible et, par conséquent, inclusif. À la prochaine consultation sur
le RRQ, dans six ans, on verra comment la communication a fonctionné puis s'il
y a lieu d'entreprendre des changements aux âges des prestations ou de changer
les facteurs de réduction avant 65 ans. Donc, c'était le premier élément.
Maintenant, sur les autres éléments de la
consultation, sur l'âge maximal, on est en faveur du rehaussement de l'âge de
70 à 75 ans. Comme on parle ici d'ajouter de la flexibilité dans le
système, on pense que ça peut se faire rapidement, sans grande période de
transition.
Ensuite, sur la flexibilité à partir de
65 ans, on appuie les mesures proposées. Il faudra, encore ici, expliquer,
au moyen de la communication, aux
travailleurs c'est quoi, les conséquences d'arrêter de cotiser au régime, par
exemple.
Finalement, pour mieux soutenir les travailleurs
qui réduisent leur temps de travail, a priori, on est en faveur des mesures
proposées pour les gens qui vont s'occuper d'enfants, de proches malades ou
pour cause d'invalidité. C'est tout à fait en ligne avec des éléments qui ont
été identifiés dans l'étude de Mercer, qui peuvent être améliorés dans notre
système, et on pense que ces mesures-là vont favoriser le... vont rapetisser
l'écart d'épargne-retraite entre les hommes
et les femmes. Donc, ça aussi, c'est en lien avec... c'est cohérent avec notre
étude. Par contre, il faut bien comprendre l'impact financier de ces
mesures-là. Pour le moment, on n'a pas une bonne compréhension de ça, donc
c'est quelque chose qu'on voudrait mieux comprendre avant de se prononcer
officiellement.
Donc, en
terminant, l'indice de Mercer nous montre que le système de retraite, au
Canada, au Québec, fonctionne relativement
bien. On note, dans la dernière évaluation du RRQ, que la situation financière
est favorable. Donc, dans ce contexte-là, on ne pense pas qu'il faut
introduire des mesures plus restrictives dans le RRQ pour le moment. Il faut
plutôt prioriser l'éducation des travailleurs. Ça n'empêche pas que certains
changements peuvent être apportés dès maintenant pour ajuster le RRQ à
l'allongement de l'espérance de vie et le rapprocher encore plus, l'harmoniser encore plus avec le Régime de pensions du Canada.
La plupart des propositions du document de consultation vont d'ailleurs dans ce sens-là. Mais, quand on regarde tout ça,
on réalise qu'il faut faire des choix, parce qu'on favorise le maintien de la
plus grande marge de manoeuvre possible à court terme pour le régime de rentes.
Merci de
votre écoute. Et on va être heureux de pouvoir discuter avec vous sur ces
sujets dans les prochaines minutes.
Le
Président (M. Simard) : M. Poirier, vous êtes pile-poil dans les
temps, 10 minutes bien comptées. Félicitations! M. le ministre,
vous disposez de 16 min 30 s.
M. Girard
(Groulx) : Merci. Merci d'être là. Je pense que Mercer a,
effectivement, une expertise en régimes de retraite. Alors, merci de venir
participer aux consultations publiques. Puis c'est un exercice important, alors
votre avis est apprécié.
Sur
le report d'admissibilité, là, j'ai compris a et b, mais je n'ai pas compris c,
là. Ça fait que, a, vous recommandez de maintenir
à 60 ans, présentement, avec les facteurs d'ajustement actuels, bref, le
statu quo, b, mieux communiquer. C, c'est quoi?
• (10 heures) •
M. Tremblay (F.
Hubert) : ...on le décline en deux volets, là. Donc, le b, c'est de
mieux communiquer avec les travailleurs pour... selon le type de régime auquel
ils participent, pour les aider à bien comprendre comment ils peuvent maximiser
la coordination entre les régimes de retraite auxquels ils participent, régime
d'employeur et le Régime de rentes du Québec.
Le
2b ou le c, là, comment vous l'appelez, c'est de bien expliquer aux gens qui
seraient affectés défavorablement par un report de l'âge minimal
d'admissibilité à la rente du RRQ comment il y a d'autres accommodements qui pourraient être disponibles pour eux, peut-être,
par d'autres différents programmes, peut-être mieux expliquer comment
ces gens-là pourraient s'en sortir puis de composer avec un changement à l'âge.
Donc, dans la feuille
de route, on dit : Faisons des choses maintenant et prenons le temps
d'expliquer ces choses-là pour que, dans six
ans, quand on va arriver à la prochaine consultation, on puisse fournir des
exemples concrets à la population pour les rassurer sur les
répercussions potentielles d'un report de l'âge d'admissibilité.
M. Girard
(Groulx) : OK. Mais c'est important, là, parce que les arguments qui
ont été évoqués puis qui sont... c'est
important qu'on ait ces discussions-là, concernent la pénibilité puis
l'invalidité. Puis il y a un autre critère, mais je vais me concentrer sur ces deux-là, pénibilité puis invalidité.
Là, quand vous dites : Mieux expliquer, vous voulez dire que...
leur expliquer que, malgré la pénibilité et l'invalidité, il y a des solutions
qui fait que c'est optimalement... financièrement, de reporter à 62 ans.
C'est ça que vous dites, finalement.
M. Tremblay (F. Hubert) : C'est ce qu'on dit, mais
évidemment dans la mesure où les gens qui ont besoin de revenus à
60 ans puissent trouver ces revenus-là dans un autre programme.
M. Girard (Groulx) :
Trouver les autres options.
M. Tremblay (F.
Hubert) : Exactement. Donc, qu'ils les comprennent, premièrement, puis
qu'ils soient rassurés qu'ils ne sont pas laissés à eux-mêmes dans cette
transition-là.
M. Girard (Groulx) : Donc, vous ne contestez
pas, par exemple, les hypothèses actuarielles, là, que, s'il y avait un
report... Parce que, nous, la raison que c'est proposé, là, c'est parce que
c'est à l'avantage des retraités, là. C'est... Je le répète, le régime est en
santé. Ce qu'on propose de faire, c'est de prendre de l'argent du régime puis
le donner aux retraités. Mais il y en a qui sont contre ça. Puis il peut y
avoir des bonnes raisons pourquoi il faut être contre ça. Mais il faut être clair, là, ce qui est proposé,
c'est de prendre de l'argent du régime et de bonifier les rentes des retraités.
Alors, vous, vous ne
contestez pas, là, qu'actuariellement, ou statistiquement, ou mathématiquement,
ou scientifiquement, 90 % des gens seraient gagnants à reporter, là.
M. Tremblay (F. Hubert) :
Exactement. On est d'accord avec ça. Évidemment, on ne veut pas présumer
des situations individuelles des gens, du 10 % qui reste, par exemple.
Donc, c'est dans cet esprit-là qu'on dit : Le fruit n'est pas mûr, parce qu'on n'a peut-être pas assez
expliqué au 10 % qui reste les répercussions de ce report-là pour eux.
M. Girard
(Groulx) : OK, puis ce 10 % là est, évidemment, compris de gens
qui ont une espérance de vie plus courte.
M. Tremblay (F. Hubert) : Exactement, qui
pourraient... pour qui la décision de prendre une retraite à 60 ans
pourrait peut-être être la bonne.
M. Girard
(Groulx) : Elle pourrait être optimale. Mais on est dans un régime
collectif. Avec l'incertain puis les modèles statistiques, on n'est pas
capables, aujourd'hui, d'identifier qui est ce 10 % là, là.
M. Tremblay (F.
Hubert) : On est capables de trouver des situations particulières
puis...
M. Girard
(Groulx) : On peut identifier les situations qui mènent à être dans le
10 %.
M. Tremblay (F.
Hubert) : Exactement, exactement, puis d'expliquer comment la
transition se ferait dans le cadre d'un report de l'âge d'admissibilité.
M.
Girard (Groulx) :
D'accord. OK.
M. Tremblay (F. Hubert) :
Et ça, on ne l'a pas vu jusqu'à
maintenant. Donc, on trouve que, pour la population, ce serait rassurant
de voir ces choses-là, de pouvoir s'identifier à des situations et de
comprendre quel serait l'impact sur eux de cette transition-là.
M. Girard
(Groulx) : Oui. Bien, je pense qu'une des choses qui n'a pas été dite,
c'est que cette... Au niveau de la pénibilité... Là, je vais laisser
l'invalidité de côté, parce qu'on a bonifié les rentes invalidité, mais c'est
contesté juridiquement. Puis on en fait plus. Est-ce qu'on en fait assez? Il y
a tout un débat autour de ça.
Mais, au niveau de la pénibilité, est-ce que
c'est la responsabilité, dans le régime de retraite canadien qu'on s'est donné,
à trois étages, peut-être même quatre, si on ajoute la possibilité de continuer
à travailler mais de réduire sa charge de
travail, est-ce que c'est la responsabilité du RRQ, dans le régime qu'on s'est
donné, de traiter de la pénibilité?
M.
Tremblay (F. Hubert) : Bien, vraisemblablement, ce n'est pas la responsabilité
du régime de rentes, mais c'est une responsabilité que le régime de
rentes semble avoir prise en partie dans les dernières années.
Donc, pour ce qui est de la transition, parce
que, là, présentement, les gens quittent, décident de prendre leurs prestations
à 60 ans, on dit : On veut transitionner vers un régime différent.
Nous, ce qui nous inquiète, c'est la période de transition, donc, comment des
gens qui ont pu le faire de cette façon-là par le passé ou qui ont pu prévoir le faire comme ça, dans leur planification à la
retraite, vont être accompagnés pour faire les choses différemment. Donc,
ils vont commencer par comprendre, puis
ensuite comment, bien, ils vont réagir à ça? Donc, c'est ça, le point. C'est le
point de la transition. Ce n'est pas le point ultime d'un jour faire un
changement.
M. Girard (Groulx) : OK. Vous
m'amenez sur ma deuxième série de questions. Est-ce que je dois conclure de
votre mémoire qu'inévitablement on va faire ça, d'augmenter l'âge
d'admissibilité, mais que, selon vous, ce serait préférable de le faire à la
prochaine consultation?
M. Tremblay (F. Hubert) : En fait,
je ne peux pas me prononcer sur la prochaine consultation ou celle d'après, mais ce que je peux dire, c'est qu'avec
l'allongement de l'espérance de vie on peut penser qu'éventuellement la
discussion devra avoir lieu sur les âges de retraite. Donc là, on parle ici du
premier âge d'admissibilité, mais les âges de retraite, c'est plus large que
ça. Donc, la prochaine... à la prochaine consultation, tout dépendant de la
situation financière du régime, tout dépendant des résultats de la feuille de
route, est-ce qu'on a réussi à convaincre certaines personnes, parce que d'aller de 60 à 62, c'est une chose, mais on
déplace le problème, entre guillemets, sur un âge... 62 est un âge fixe
qui devient un objectif. Donc, est-ce que c'est 62, 63, la bonne réponse?
Est-ce que c'est 61?
Donc, on veut avoir une discussion plus large
sur les âges de retraite à la prochaine... Donc, c'est ça, le fruit de la
feuille de route. C'est de reporter cette discussion-là la prochaine fois et,
entre-temps, se donner les moyens de changer le profil de l'âge de début des
prestations de façon naturelle et graduelle.
M. Girard (Groulx) : OK. Mais on
peut reporter la discussion, mais aujourd'hui, si je vous oblige à vous
prononcer, peu importe le moment où on va reporter cette discussion-là,
l'option qu'on étudie aujourd'hui risque de revenir sur la table.
M.
Tremblay (F. Hubert) : Cette option-là comme d'autres options ou d'autres
discussions sur les âges de retraite ou les âges de début de prestations
du Régime de rentes du Québec.
M. Girard
(Groulx) : OK. Ça fait qu'on a des choix difficiles à faire,
collectifs. On réfléchit, on consulte, on botte ça en touche, on s'en
reparle dans six ans.
M. Tremblay (F. Hubert) : Bien, on
ne s'en reparle pas dans six ans, parce que, dans six ans... dans la feuille de
route, on en a parlé pendant six ans. On a expliqué aux gens, pendant six ans,
de quoi il en retourne, autant à ceux qui
participent à des... à des régimes d'employeurs, autant qu'à ceux qui sont dans
des situations de pénibilité et d'autres situations possibles.
M. Girard
(Groulx) : Puis là vous êtes conscient que ce qui est
proposé, c'est de le faire en 2030, de prendre la décision aujourd'hui,
mais que ce soit effectif en 2030.
M. Tremblay (F. Hubert) : En fait,
s'il y a une gradualité dans l'application de la chose... On note que, dans d'autres pays, les choses ont été faites
différemment quand il y a eu des changements à des âges de retraite ou de début
de prestations, par exemple, de ne
pas commencer la période de transition au moment des annonces mais de reporter
la période de transition à plus tard dans le temps, donc, de prendre...
de dire : Aujourd'hui, on prévoit un changement, ça ne s'appliquera pas
pour les cinq, six, sept prochaines années, personne ne va être affecté, ça va
commencer à s'appliquer au-delà de ça, sur une période de transition. Donc, on
a vu cet exemple-là en Australie quand il y a eu des changements à l'âge de
retraite de la rente publique, en 2008. On est encore dans la période de
transition, parce que la transition a commencé plutôt en 2017.
M. Girard (Groulx) : OK. Puis, si on
appliquait ça chez nous, ça aurait l'air de quoi?
M. Tremblay (F. Hubert) : Bien,
c'est soit... Là, ce n'est pas ce qu'on recommande, mais soit on déciderait
aujourd'hui que la période de transition va commencer à la prochaine
consultation... Nous, on est de l'école de pensée
qu'on devrait rediscuter de la chose à la prochaine consultation, à la lumière
des résultats de la feuille de route qu'on propose.
M.
Girard (Groulx) : OK. Mais, en termes actuariels, ça revient à dire
qu'on fait l'ajustement sur une période plus longue.
M. Tremblay (F. Hubert) : On fait
l'ajustement sur une période plus longue, mais on se donne une chance de tester
les résultats de la communication. Si on se ramasse qu'il y a 5 % des
gens, à la prochaine consultation, qui veulent toujours prendre la rente à
60 ans, bien, il faudra se questionner. Est-ce que, pour 5 %, on a
besoin de changer le système ou pas? Est-ce
qu'on a besoin d'enlever de la flexibilité à ces 5 % là ou pas? Donc, je
ne suis pas capable de répondre à ça aujourd'hui. Ce qu'on dit, c'est
que prenons les moyens, donnons la chance à la communication. Le fruit n'est
pas mûr pour le moment, mais peut-être qu'il sera mûr à la prochaine
consultation.
Le Président (M. Simard) : ...
M. Girard (Groulx) : Oui,
certainement.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. M. le député de René-Lévesque.
• (10 h 10) •
M. Montigny : Alors, bonjour. En
fait, je veux revenir sur des éléments que vous avez mentionnés. Puis vous avez parlé, là, donc, d'un 5 %... groupe
de personnes qui, pour eux, c'est difficile, là, de... pour toutes sortes de
raisons, dans leur travail, qui est un travail plus exigeant
physiquement, notamment ces personnes-là. Vous avez parlé aussi de votre
feuille de route que vous proposez puis vous avez parlé aussi d'expliquer
davantage. Je veux revenir sur ces éléments-là.
Comment on
peut aider les personnes... Comment vous voyez qu'on pourrait aider les
personnes, ce groupe-là d'individus, vous avez parlé, autour de 5 %, là,
qui, malheureusement, pour eux, ils voient que ce serait, à court terme,
plus avantageux d'aller chercher sa prestation, en fait, de décaisser tout de
suite au régime des rentes à 60 ans? Alors, comment vous voyez ça? Parce
que vous avez dit : Il faut expliquer mieux, mais il faut aussi faire la
feuille de route pour être capables d'être
prêts pour la prochaine consultation. Mais est-ce que vous avez des solutions à
proposer pour ces personnes-là?
M. Tremblay (F. Hubert) : En fait,
juste... Vous parlez d'un 5 %, là. Là, on prend... On a évoqué des exemples. On s'est dit : Peut-être qu'au bout
de la feuille de route il va rester 5 % des gens. Donc, je ne veux pas...
je ne veux pas mettre l'emphase sur le pourcentage réel de gens qui
seraient impactés.
À votre question, on parle beaucoup de
communication, donc, comment... Il faut expliquer aux gens comment coordonner
les prestations des régimes d'employeurs auxquels ils participent présentement
avec les prestations du Régime de rentes du Québec. Donc, ça, c'est un gros
élément. C'est vrai à 60 ans, c'est vrai à 62 ans, c'est vrai à
65 ans puis c'est vrai plus tard aussi, OK? Donc là, on focusse beaucoup
sur 60 ou 62 ans, mais cette... les
choses qu'on a à expliquer sur la coordination entre les piliers du système de
retraite s'appliquent à tous les âges, OK?
Donc, on reconnaît que tout le monde a avantage
à reporter le paiement de sa rente. C'est une meilleure façon de gérer les
risques reliés à la retraite. Donc, il faut l'expliquer. Et on ne fera pas ça
de la même façon à quelqu'un qui est dans un régime public du gouvernement du
Québec versus à quelqu'un qui a un régime à cotisations déterminées peu
généreux d'un employeur du secteur privé. On ne fera pas ça de la même façon.
Donc, il faut comprendre ces dynamiques-là et les expliquer aux gens.
Pour ceux qui seraient le plus affectés, bien
évidemment, c'est de coordonner, peut-être pas avec des régimes d'employeurs
mais avec d'autres programmes sociaux. Donc, bien comprendre comment il y a
déjà une coordination entre certains programmes sociaux et le Régime de rentes
du Québec, et comment on changerait cette coordination-là si jamais on
augmentait l'âge minimal d'accès à la rente.
M. Montigny : Juste une sous-question,
et la dernière. Vous dites «des programmes sociaux». Est-ce que vous les voyez
actuellement ou vous nous demandez de les analyser ou de les créer?
M.
Tremblay (F. Hubert) : Bien,
ce qu'on dit, c'est qu'on n'a pas vu de démonstration de ça dans la consultation,
puis, si on voyait cette démonstration-là, je pense que la population serait
rassurée.
M. Montigny : Merci.
Le Président (M. Simard) : M. le
ministre.
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est-à-dire que, pour les cas précis de la pénibilité, par exemple, si le 60
devenait 62 puis que quelqu'un... puis qu'on ne donne pas la flexibilité que,
dans des situations exceptionnelles, quelqu'un pourrait quand même déclencher à
60, là, si on changeait, par exemple, l'optionnalité, là, le «opt-in», le
«opt-out», là, supposons que le standard devenait 62, mais qu'on permettait
encore des situations exceptionnelles à 60 ans... Mais nos programmes
d'assistance sociale puis de solidarité sociale donnent des revenus plus élevés
que le RRQ moyen, là, pour ces deux années-là, là. Ça fait que ce que... Quand
vous dites : On n'a pas fait la preuve, c'est sûr qu'on n'a pas affiché
que, ne pas déclencher, puis ne pas travailler, puis prendre des programmes
sociaux, vous avez plus de revenus que
déclencher, on n'a pas affiché ça, mais, mathématiquement, les programmes sont
déjà là, là.
M.
Tremblay (F. Hubert) : Ce serait très rassurant pour la population,
c'est notre message, de... dans la discussion sur le Régime de rentes du
Québec, d'intégrer ces aspects-là aussi et de le démontrer de façon cohérente
avec ce qu'on est en train de discuter sur le Régime de rentes du Québec.
M. Girard
(Groulx) : Oui. C'est juste qu'il y a comme plusieurs messages pour la
période entre 60 et 62 ans, là. Je dirais que, dans le cas de la
pénibilité, il a été dit simplement aussi, là, que quelqu'un pourrait réduire sa charge de travail si la culture des employeurs
était développée vers ça. Ensuite, il y a les programmes sociaux. Il y a la
possibilité que, par exemple, la pénibilité de ces emplois-là était connue il y
a longtemps puis que c'est... le troisième pilier couvre cet aspect de la
pénibilité plutôt que le deuxième.
M. Tremblay (F.
Hubert) : Exactement. Vous faites une belle démonstration de toutes
les discussions qu'on a ou toutes les démonstrations qu'on doit fournir à la
population pour les rassurer sur... dans cette transition-là.
M. Girard (Groulx) : En conclusion, merci
beaucoup d'être venus partager avec nous le fruit de vos travaux. C'est
très apprécié.
Le Président (M.
Simard) : Merci, M. le ministre. Mme la députée de La Pinière.
Mme Caron : Merci.
Alors, merci pour la présentation. Je vais aller dans le même sujet que M. le
ministre et puis le député de René-Lévesque, mais je vais y aller dans le très
terre à terre. Peu importe, là, le pourcentage, comme vous avez dit, que ce soit 5 %, 10 %, ce n'est pas ça
qui est important. On s'entend tous sur le fait que prendre sa retraite
à 62 ans, c'est plus avantageux pour tout le monde. Ça, il n'y a pas de
question.
Quand je pense à un
plombier qui n'a plus de genoux, des fois, rendu, même, à 50 ans, qui est
travailleur autonome, il n'en a pas, de régime de son employeur. Alors, lui, à
60 ans, il en a besoin. Il a besoin de quelque chose. Est-ce que le
bien-être social, c'est la solution, alors que, pour être admissible, il
faut... ils vont considérer la valeur de vos biens? Donc, ça veut dire que,
s'il a sa maison, bien, il n'en aura pas, de bien-être social, ou ça va être
très peu. Donc, ce ne sera pas suffisant pour qu'il continue de vivre
décemment.
Je pense à une
technicienne en pharmacie qui travaille toujours debout, 10, 12 heures par
jour, qui a des problèmes de varices. Elle n'a peut-être pas d'autre choix que
de prendre sa retraite à 60 ans.
Je
pense à une femme de 60 ans dont le mari de 61 ans est très malade.
Elle devient proche aidante. Elle est obligée d'arrêter de travailler. Là, elle a 60 ans. Elle ne peut pas le
prendre. Son mari a 61 ans. Il ne reçoit pas encore sa rente.
Alors,
c'est quoi... Le but de ma question, c'est... Vous avez parlé de mieux
communiquer pour avoir une meilleure coordination avec d'autres régimes,
mais, s'ils n'en ont pas, d'autre régime, c'est quoi, les autres programmes?
C'est quoi, dans toute l'analyse que vous avez faite, c'est quoi, l'option de
ces personnes-là, autre que le bien-être social?
M. Tremblay (F.
Hubert) : En fait, j'entendais les commentaires sur les autres
programmes tantôt. Ce n'est pas clair pour moi que ces autres programmes là ne
seront pas... ne seront pas suffisants pour convenir aux besoins des
travailleurs en question. Donc...
Mme Caron : OK.
Et quels sont-ils, ces autres programmes?
M. Tremblay (F.
Hubert) : Bien, en fait, là, on est dans les mesures sociales. Ça sort
un petit peu de notre champ d'expertise, où on se concentre sur les systèmes de
retraite à travers le monde, ici, au Québec, au Canada. Donc là, je n'oserais
pas trop m'avancer sur le détail des autres programmes sociaux. Mais le message
ici, c'est de coordonner ça et d'expliquer. Je ne dis pas que les programmes
sociaux peuvent faire le travail, mais, s'ils sont déjà en place, les
programmes sociaux, et peuvent faire le travail, rassurons les travailleurs en
leur expliquant comment on va coordonner un... N'oubliez pas qu'on est dans la
période de transition, donc, on commence sur une éventuelle période de
transition. Donc, il faut bien informer les gens sur comment ils feraient face
à un éventuel changement avant de faire le changement. On est en train, ici, de
discuter d'apporter un changement, et nous, on juge que les explications n'ont
pas été données suffisamment à la population pour les rassurer.
Mme Caron : Autrement
dit, dans cette période de transition là, plutôt que de juste reporter le
problème à dans six ans puis dire : OK, on repropose la même chose, puis
qu'est-ce qu'on fait?, est-ce que, dans cette période de transition, ce serait
le moment de regarder c'est quoi, les programmes qui existent, de faire les
calculs, justement, pour les personnes qui
n'ont pas accès, qui ne peuvent pas coordonner avec un autre régime parce
qu'elles n'en ont pas d'autre, leur
seule option, c'est le RRQ? Donc, est-ce que, quand vous parliez de reporter
dans six ans cette décision-là... Est-ce que ça pourrait faire partie
des travaux à faire, au cours des six prochaines années, de regarder c'est
quoi, les programmes, puis ça va être quoi, les cas de figure? Puis, si, les
gens, à ce moment-là, on peut les... on peut faire un pont jusqu'à tant qu'ils aient 62 ans, que, là, à ce moment-là, on
pourrait les rassurer, dans six ans, puis dire : Bien là, on peut y
aller parce que, si vous êtes dans telle, telle, telle situation, vous aurez
droit à telle ou telle chose qui va faire en
sorte que vous allez pouvoir quand même vivre décemment, survivre jusqu'à tant
que vous ayez droit de retirer le RRQ...
M. Tremblay (F. Hubert) : C'est
exactement le troisième élément de la feuille de route qu'on propose, ce que vous venez de décrire, donc, de... plutôt
d'arriver avec un fait accompli, d'entreprendre la discussion, de démontrer. Et on ne propose pas, dans six ans, de faire un
changement. On propose, dans six ans, de réévaluer la situation à la lumière
des progrès qu'on va avoir accomplis dans la communication.
• (10 h 20) •
Mme Caron : Je
comprends. Merci. Vous disiez que l'un des points faibles du régime, c'est la
couverture du système de retraite pendant les périodes de travail réduit. Et
puis vous faisiez référence, en page 8 de votre mémoire, aux crédits de
gains dans le cas de quelqu'un qui reste à la maison pour élever des enfants,
dans le cas de proche aidance, mais vous disiez que vous ne pouviez pas prendre
position parce que la recommandation gouvernementale qui veut aller dans ce
sens-là n'était pas détaillée. Qu'est-ce que vous auriez aimé avoir, comme
information, comme détails, pour être en mesure de faire une analyse et de
prendre position? Et je pose la question dans le sens où... Si des travaux se
faisaient dans les six prochaines années, de quoi vous auriez besoin, comme
information, pour vous positionner dans six ans?
M. Poirier
(Jean-François) : En fait, je pense qu'un des défis, principalement
pour les périodes de proches aidants, c'est un défi de bien définir comment et
quelles sont ces périodes. Pour des périodes où on prend soin des jeunes
enfants, c'est quelque chose qui peut être très facilement mesuré. Pour les
périodes de proches aidants, ce qui ressort d'expériences dans d'autres pays,
c'est que le défi devient de bien... de bien définir ces périodes-là. Et c'est
quelque chose qui évolue aussi assez rapidement, compte tenu de la situation du
système de santé, des besoins, et tout ça. Il faut juste s'assurer que les
implications de mesures comme ça sont bien mesurées. Ça fait que je pense qu'il y a une réflexion à faire à ce niveau-là. Ce
qu'on comprend du document de consultation, c'est que Retraite Québec est déjà impliquée avec
d'autres intervenants, au gouvernement, à ce niveau-là. Donc, ça, ça représente
un défi.
Mme Caron : Merci.
Et puis quel est l'avantage que vous voyez à commencer dès maintenant la hausse
de la limite actuelle, de passer de 70 à 72 ans ou à 75 ans? Parce
que vous proposiez... Vous disiez que ça pouvait être quelque chose qui
pourrait être fait dès maintenant. Est-ce qu'il y a un avantage à le faire dès
maintenant plutôt que d'attendre le calendrier qui est proposé dans le document
de Retraite Québec?
M. Poirier
(Jean-François) : Bien, dans la mesure où ça offre plus de
flexibilité, ça brime... ça ne brime personne. Pour certaines personnes qui
pourraient décider d'utiliser plus leur épargne personnelle dans un premier
temps et de conserver la rente du Régime de rentes du Québec, la repousser à une
date plus... à un âge plus avancé, ça va constituer une bonne protection, pour
ces personnes-là, contre le risque de longévité, parce que c'est une rente qui
est indexée, c'est une rente qui est garantie pour la vie. Donc, on ne voit pas
de désavantage à implanter, à mettre en place une mesure comme ça
immédiatement.
Mme Caron : OK.
Merci. Et puis il était question aussi du mécanisme d'ajustement automatique.
Si ce mécanisme d'ajustement ne s'appliquait pas uniquement aux cotisations,
que ce soient cotisations des participants ou bien des employeurs, mais aussi
que ça venait changer la rente ou l'indexation de la rente, est-ce qu'il n'y
aurait pas un risque que le régime devienne un... finalement, un régime à
prestations cibles plutôt que prestations déterminées?
M. Tremblay (F.
Hubert) : Bien, dans notre... Je ne veux pas rentrer dans les débats
sémantiques, là, mais, dans notre définition des régimes à prestations cibles,
c'est qu'on peut ajuster les prestations qui sont en paiement. Donc, ce n'est pas ça du tout qu'on est en train
de parler présentement ou de proposer. Ce qu'on propose, c'est d'ajuster
la partie indexation. Donc, il n'y a jamais de diminution des prestations pour
les retraités. C'est un changement dans l'évolution future de l'indexation au
régime qui permet d'absorber une partie d'un déséquilibre financier dans le
Régime de rentes du Québec. Présentement, seuls les travailleurs et les
employeurs absorbent ces déséquilibres-là. Donc,
on dit : Pour des fins de meilleure équité intergénérationnelle, il
devrait y avoir un mécanisme, potentiellement comme celui qui est dans
le Régime de pensions du Canada, pour ajuster l'indexation future seulement.
Mme Caron : OK. Seulement au futur. Parfait. Et puis, dans...
Quand vous parliez d'améliorer la communication tantôt, c'était plus vis-à-vis
d'autres programmes, par exemple, mais on a entendu, la semaine dernière,
plusieurs personnes, plusieurs groupes nous suggérer d'augmenter... d'améliorer
la communication dans les relevés de Retraite Québec
que les gens reçoivent, où ça dit : Cap sur la retraite, puis ça donne
tout de suite le montant de pouvoir prendre sa... si on la prend à 60 ans, ça nous donne combien, si on la
prend à 65, ça nous donne combien. Est-ce que vous vous inscrivez aussi
dans une démarche d'amélioration de la communication pour que les gens voient
l'avantage de la prendre plus tard, de retirer plus tard que plus tôt?
M. Tremblay (F.
Hubert) : Oui. Et, comme je le mentionnais, il faut que ce soit fait
de façon holistique, sur tous les âges de retraite et non pas sur le 60 ou le
62, de façon large et selon les circonstances individuelles des gens. Donc, je ne veux pas qu'on parle à 4 millions
de personnes séparément, mais on est certainement capables d'identifier
certaines catégories de travailleurs à qui on doit parler différemment selon
leur participation ou non à des régimes reliés à l'emploi.
Mme Caron : Parfait.
Et puis est-ce que, dans votre analyse, vous avez vu les raisons qui poussaient
les personnes à aller plus vers 60 ans que 62 ou 65, ou si ça ne faisait
pas partie de...
M. Tremblay (F.
Hubert) : Ça ne faisait pas partie de notre analyse.
Mme Caron : OK.
Parfait. Merci.
Le Président (M. Simard) : C'est
complet pour vous, Mme Caron... Mme la députée, désolé. Alors, sur ce,
nous allons, MM. Poirier et Tremblay, vous remercier pour votre présence
parmi nous.
Une voix : ...
Le Président (M. Simard) : Bien,
étant donné que notre collègue est au bleu actuellement, le collègue de...
Une voix : ...
Le
Président (M. Simard) : Non, malheureusement pas. Non, non, non. Il y a
comme un mur de Chine. À moins qu'il y ait consentement, mais...
Une voix : D'accord. Allez-y.
Des voix : ...
Le Président (M. Simard) : Il y
aurait consentement? Très bien. M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Bien, je veux
juste revenir sur les décisions difficiles, parce que, lorsqu'on a créé le
régime supplémentaire, on avait une décision difficile à faire, qui était les
mécanismes d'ajustement si le régime est sous-financé, puis on a dit :
Hum, décision difficile, remettons ça à plus tard. Là, on est plus tard, puis
la décision n'est pas plus facile, là. Et on est devant, on a créé un régime
supplémentaire, puis là, le Régime de pensions du Canada, les mécanismes
d'ajustement ont été créés puis, au Québec, ils ne sont pas créés. Puis là on a
une décision difficile, puis là la cloche a
sonné, puis là il faudrait prendre la décision difficile. Ça fait que je...
Puis elle n'est pas prise, la décision. Puis on va se parler puis on va
essayer d'avoir un rapport conjoint.
Mais là le 60, 62 ans, c'est une décision
difficile puis c'est un débat qui est similaire. On peut remettre la décision à
plus tard puis dire : C'est une décision difficile, mais les décisions
difficiles ne sont pas plus faciles parce que
le temps a passé. C'était juste un commentaire philosophique pour tous. Puis il
n'y a aucune décision qui est prise. Puis on va essayer d'avoir un beau
rapport conjoint de commission, puis ce serait agréable.
Le
Président (M. Simard) : Merci à vous, M. le ministre. Alors, notre
collègue de Maurice-Richard est de retour, et, avec consentement, nous
pourrions lui laisser la parole. Il vous reste environ quatre minutes, cher
collègue.
M. Bouazzi : Oui. Merci. Merci...
Le Président (M. Simard) : Merci à
vous.
M. Bouazzi : ...chers collègues.
Merci beaucoup pour votre présentation. J'étais curieux de savoir, sur la question des prestations déterminées ou les
questions des prestations cibles qu'il
y a : Est-ce que vous avez un
avis sur les mécanismes, c'est-à-dire les... Oui.
M.
Tremblay (F. Hubert) : ...tantôt, avec la commission, comme quoi,
effectivement, on encourage le gouvernement à introduire des mécanismes
d'ajustement automatique des prestations en cas de déséquilibre financier.
Donc, on privilégie les mécanismes automatiques pour sortir des considérations
politiques, si jamais... ce n'est pas le cas présentement, mais si jamais il y
avait un déséquilibre financier dans le Régime de rentes du Québec. Et on...
Sans entrer, encore une fois, dans un débat
sémantique, pour nous, il n'est pas question ici d'un régime à prestations
cibles. Il est question ici d'un régime avec de l'indexation qui est
conditionnelle à la bonne santé financière de l'arrangement. Donc, on n'est pas
dans une dynamique de réduire les prestations en paiements. On est dans une
dynamique de potentiellement, au besoin, par
souci d'équité intergénérationnelle, demander au groupe des retraités, des
prestataires, de contribuer à leur façon par une diminution de
l'indexation future au besoin.
M. Bouazzi : Et donc... Parce que de
ce qu'on comprend, c'est qu'il y a trois joueurs dans cette équation-là. Il y a
les travailleurs, il y a les employeurs et il y a les personnes qui sont déjà à
la retraite, qui étaient des travailleurs à un moment. Ça fait qu'on serait
presque tentés de dire qu'il y en a deux et demi plutôt que trois. Et vous,
dans cette équation-là, vous dites... Sans rentrer dans la sémantique, mais là
c'est très, très politique, c'est de dire... Si j'ai bien compris, j'ai peut-être mal compris, c'est que
les... c'est les retraités qui pourraient accepter de baisser leur indexation
s'il advient un problème de financement du RRQ.
• (10 h 30) •
M. Tremblay (F. Hubert) : C'est les
trois groupes de partenaires que vous avez énumérés qui seraient mis à
contribution pour rétablir l'équilibre financier du régime. Donc, on sait que,
pour les travailleurs, les employeurs, ça passe
probablement par un ajustement aux cotisations. Et la façon de contribuer, par
souci d'équité intergénérationnelle, pour le groupe de retraités, c'est
d'accepter une baisse d'indexation temporaire future.
M. Bouazzi : Donc,
vous n'avez pas une... Parce qu'on s'entend quand même que les personnes
retraitées ont comme très peu d'espace pour
se retourner, là. C'est comme un peu tard pour réussir à trouver des solutions.
Donc, vous, ce que vous dites, c'est... Parce qu'on a entendu plusieurs
groupes nous dire... Moi, j'étais curieux, parce que vous avez parlé de plus
d'une quarantaine de pays où vous avez analysé les situations. On serait
portés, quand même, à penser que les retraités seraient probablement les
derniers, étant donné qu'ils n'ont aucune marge de manoeuvre autre que
celle-là. Vous n'avez pas spécialement un avis là-dessus.
M. Poirier
(Jean-François) : Bien, en fait, quand on regarde ce qui se passe
dans d'autres pays, des mécanismes comme ça existent dans d'autres pays,
qu'on pense à la Suède, entre autres, et... où c'est dans... c'est prévu, comme
mécanisme, que ce n'est pas uniquement au niveau des taux de cotisation, mais
les prestations vont être ajustées. Et c'est
un mécanisme qui est en place pour faire en sorte que le financement du régime
à long terme soit maintenu et que le régime soit pérenne. Donc, c'est
dans... C'est des mécanismes qui existent ailleurs.
M. Bouazzi : On va aller ailleurs.
Vous avez parlé...
Le Président (M. Simard) : En
conclusion, très succinctement, s'il vous plaît.
M. Bouazzi : Très succinctement,
peut-être une idée sur les questions d'inégalité de genre. Par exemple, je sais
que vous... presque, parlez de ces questions-là, étant donné que vous êtes
d'accord avec un certain nombre de mécanismes qui, en fin de compte, vont...
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Bouazzi : Donc, bon, tant pis, on
n'aura pas le temps de...
Le Président (M. Simard) : On vous
écoute. Très rapidement, messieurs.
M.
Tremblay (F. Hubert) : ...de flexibilité, donc, d'inclusivité dans le
régime, je pense, c'est à ces aspects-là qu'on veut porter une attention
particulière.
Le
Président (M. Simard) : Alors, MM. Tremblay, Poirier, merci beaucoup
pour votre précieuse contribution à nos travaux. J'espère vous retrouver
sous peu.
Sur ce, nous allons suspendre, le temps de faire
place à nos prochains invités.
(Suspension de la séance à 10 h 32)
(Reprise à 10 h 41)
Le
Président (M. Simard) : Alors, chers collègues, nous sommes de retour.
Nous avons quorum. Nous pouvons poursuivre. À l'ordre, s'il vous plaît!
Nous allons recevoir des représentants de la
Corporation des thanatologues du Québec. Mesdames monsieur, soyez les
bienvenus. Auriez-vous d'abord l'amabilité de vous présenter?
Corporation des
thanatologues du Québec (CTQ)
M. Goyer (Jonathan) : Merci, M.
le Président de la commission. Chers élus, M. le ministre des Finances, nous sommes rassurés d'être ici aujourd'hui pour
un sujet aussi important que l'avenir du Régime de rentes du Québec.
Permettez-moi d'abord de vous offrir mes condoléances pour le décès de votre
collègue Mme Girault.
Je me présente. Je suis Jonathan Goyer,
président de la Corporation des thanatologues du Québec et aussi gestionnaire des Résidences funéraires Goyer.
Notre entreprise familiale opère 10 succursales dans Laval-Laurentides.
Nous embauchons plus d'une centaine d'employés et nous desservons chaque année
près de 2 000 familles endeuillées.
Vous comprendrez que la Corporation des
thanatologues du Québec n'est pas ici pour vous parler des grands enjeux de
l'âge de la retraite, et autres. Nous allons aller directement au but. Nous
allons aborder le dossier de la prestation de décès de Retraite Québec versée
aux cotisants du régime, une prestation fixée à 2 500 $ depuis
26 ans.
Je suis
accompagné de Mme Geneviève Veilleux, vice-présidente de la Corporation
des thanatologues du Québec, et de Mme Annie Saint-Pierre, notre
directrice générale, à qui je laisse la parole.
Mme Saint-Pierre
(Annie) : Bonjour à tous. Bonjour, M. le Président. Bonjour,
chers élus, M. le ministre des Finances.
Ce n'est pas tous les jours, effectivement,
qu'on accepte d'entendre parler de la mort, et encore moins de ce qu'elle
coûte. Alors, on est vraiment ici aujourd'hui au nom des familles québécoises
que nous accompagnons à tous les jours.
Soyez assurés que nous préférerions de loin laisser ce cheval de bataille à
d'autres, mais, comme les familles endeuillées ont à s'occuper de leurs
deuils et n'ont pas envie de se rendre ici pour parler d'argent, nous allons
donc vous faire la
démonstration de l'importance de remédier à la problématique de la prestation
de décès à l'intérieur de cette consultation publique.
La Corporation des thanatologues du Québec
représente 125 entreprises funéraires à travers tout le Québec et une centaine d'entreprises partenaires. À la fin
de notre mémoire, vous avez la signature de tous nos membres. Ce sont majoritairement de micro et de petites
entreprises, bien que nous avons également de moyennes et de grands groupes.
Aucune ne reçoit de subvention.
Au Québec l'an dernier, nous avons eu
80 000 décès. Donc, les entreprises funéraires sont appelées en moyenne 220 fois par jour pour prendre en
charge une personne qui est décédée. De ces 220 décès en moyenne par jour,
le tiers des familles mise uniquement sur la prestation de décès pour les
payer, le tiers. D'autres chiffres, près de la moitié des travailleurs
québécois n'ont pas de régime d'épargne autre que le Régime des rentes du
Québec. Alors, imaginez la proportion qui épargne pour leurs funérailles.
L'espérance de vie augmente à 83 ans. Nous sommes en mesure de le
constater, les gens, effectivement, meurent de plus en plus vieux mais aussi de
plus en plus pauvres.
M. le Président, au sein de cette commission la
semaine dernière, M. le ministre a indiqué que la prestation de décès était
extrêmement dispendieuse. Si M. le ministre considère que la prestation de
décès est extrêmement dispendieuse, imaginez la réaction d'une famille en
deuil, qui doit se limiter à 2 500 $ pour organiser des funérailles
pour une personne qu'elle aime et qui a cotisé toute sa vie, 25, 30, 35 et même
40 ans.
Pour le bénéfice de tous, la prestation de
décès, c'est, en réalité, 133 millions de dollars. C'est l'argent provenant des cotisations des travailleurs et des
employeurs, qui leur reviennent à la fin de leur vie. 133 millions par année, ça
représente 0,7 % de toutes les cotisations qui sont versées à Retraite
Québec à chaque année, donc, même pas 1 %, 0,7 %. Encore mieux, la
prestation de décès, c'est 0,1 % de la réserve du régime de base de
Retraite Québec. Cette réserve-là est à 103 milliards de dollars. Donc,
ce n'est même pas 1 %, c'est 0,1 %.
Alors, oui, effectivement, tout est dispendieux
dans la vie, et même le panier d'épicerie, mais la prestation de décès, pour nous, c'est une petite portion du
Régime des rentes du Québec, mais si importante pour une bonne partie des familles
québécoises qui perdent un proche. Et, comme le régime est en bonne santé
financière — tant
mieux, nous sommes contents — nous pensons que le moment est propice de
remédier à cette problématique à l'intérieur de cette consultation publique. Il
serait dommage d'attendre à voir... d'attendre encore six ans pour le faire.
Je vais
laisser la parole à Mme Geneviève Veilleux, notre vice-présidente, qui va
vous exposer les conséquences au quotidien de cette situation.
Mme Veilleux
(Geneviève) : Merci, Annie. Merci aussi à vous, chers élus, de
nous accueillir et de nous entendre. Je m'appelle Geneviève Veilleux. Je
suis gestionnaire de la Maison funéraire Rideau, qui appartient au groupe Arbor
Memorial, et nous desservons environ 1 200 familles au Québec à
chaque année.
Au quotidien, vous devez savoir que ce sont
nous, les professionnels, qui travaillons avec la prestation de décès à chaque
fois qu'une personne décède au Québec, parce qu'on en fait la demande pour
chacun des décès, pour ceux et celles qui y ont droit, mais ceux aussi qui n'y
ont pas droit. On doit faire cette demande pour chacun. Ce sont les entreprises
funéraires qui travaillent pour Retraite Québec et avec les familles, et je
peux vous dire à quel point les familles sont soulagées de ne pas avoir à se
soucier de ces formalités.
Et, lorsque nous arrivons à la question du
montant, 2 500 $, c'est avec nous... c'est nous qui doit justifier
une décision politique qui ne nous appartient pas. À 2 500 $, est-ce
que c'est vraiment nécessaire de vous démontrer que les familles sont
incapables d'obtenir, aujourd'hui, le type de funérailles auxquelles ils
s'attendent, et souhaitent, et ont besoin pour traverser un deuil sain? Pire
encore, il arrive que certaines familles renoncent carrément à prendre en
charge un proche en raison du fardeau que cela représente. Parenthèse, j'ai des
familles qui ont retiré leurs REER pour payer des funérailles. Nous sommes
convaincus que tout cela a un coût en bout de ligne. En maintenant la prestation
de décès à 2 500 $, au quotidien, c'est aussi un mauvais message qui
est envoyé à la population, qui pense que c'est suffisant pour des funérailles
à la hauteur de ceux qu'ils aiment.
Finalement, nous jugeons que nos demandes sont
raisonnables, et que seul le fait que la prestation fut demeurée inchangée
depuis 26 ans est un argument suffisant, et que les démonstrations
supplémentaires peuvent être futiles ou non nécessaires. Puis je vous invite
aussi à prendre la décision difficile maintenant.
M. Goyer
(Jonathan) :
Merci,
Geneviève. Pour résumer nos demandes, nous allons vous ramener en 1997, alors que la prestation de décès du régime de
rentes était... pouvait atteindre 3 590 $. Elle a ensuite été
réduite, l'année suivante, à
2 500 $, pour la rendre universelle, et est demeurée inchangée
depuis, malgré les augmentations des cotisations. C'est l'une des rares
prestations qui n'a pas été revue ni indexée depuis aussi longtemps.
Pendant ce temps, les coûts moyens des
funérailles sont passés d'une moyenne de 4 900 $ à une moyenne de 7 500 $. En 1997, la prestation de décès
remboursait environ 72 % de la facture moyenne des frais funéraires. En
2022, ce même montant ne défraie que
31 % de la facture. Vous avez l'illustration très claire sur le tableau qu'on
vous a donné au début de la séance.
En comparaison, les prestations pour frais
funéraires qui sont versées, par exemple, à la CNESST sont fixées à 6 052 $. La Société de l'assurance automobile du Québec l'a fixée à 7 988 $ cette année. En
comparaison, en France, le soutien de
capital-décès, c'est l'équivalent de 5 300 $ canadiens en 2022, et il
n'est pas imposable. Car, en plus, la présence de l'impôt sur la
prestation de décès au Québec augmente le fardeau, et nous demandons de
réfléchir à cet effet pour éventuellement le retirer.
En résumé, la
Corporation des thanatologues du Québec demande que, dans un premier temps, la
prestation de décès du régime de rentes soit ramenée au niveau de 1997, et en
récupérer ainsi l'indexation pour que la rente soit à un niveau de 5 866,25 $, pour être
précis, et également y prévoir la valorisation annuelle pour ne pas que, dans
25 ans, on soit de retour à cette table. Une deuxième piste de
solution pour les familles, c'est de retirer l'impôt sur le revenu qui est... de cette prestation et, finalement,
instaurer un mécanisme qui pourrait permettre aux familles de pouvoir désigner
ou non l'entreprise funéraire en tant que mandataire et bénéficiaire de la
prestation de décès pour leur éviter d'avoir à débourser l'argent pour se faire
rembourser.
Au tour, maintenant,
de Mme Saint-Pierre de quantifier nos demandes.
• (10 h 50) •
Mme Saint-Pierre (Annie) : Évidemment,
nous ne sommes pas des actuaires. Vous en avez suffisamment autour de vous. Nous avons utilisé les chiffres de
Retraite Québec. Sur la mesure n° 1 de porter la prestation de décès à
5 866,25 $, c'est un effort
supplémentaire, selon nos calculs, de 179 millions de dollars, donc,
0,1 % de la réserve et 0,8 % de toutes les cotisations qui
sont versées à Retraite Québec.
Je sais que vous
voulez identifier, M. le ministre, des solutions à l'intérieur de la marge de
manoeuvre que vous avez, 0,26 %, mais
nous vous recommandons d'utiliser d'autres paramètres. Par exemple, si, demain
matin, vous demandiez aux 4 millions de travailleurs de mettre
1 $ de plus par semaine sur leurs paies pour leur payer des funérailles
dignes et éviter à leurs proches un fardeau ou les empêcher de retirer leurs
rentes à 60 ans, parce que c'est une
mauvaise décision parce qu'ils laissent 36 % de leur argent, nous serions
curieux d'avoir la réponse. Et, si jamais vous voulez tenir ce sondage, nous vous offrons notre entière collaboration à
travers tout notre réseau d'entreprises funéraires. Sur ce,
M. Goyer va conclure.
M. Goyer (Jonathan) : En conclusion, nous
espérons vous avoir aidés dans votre réflexion. Nous sommes convaincus
que vous procéderez aux analyses ou aux choix pertinents afin de revenir à un
niveau de prestations de décès actualisées, acceptables et raisonnables pour
2023. Nous allons maintenant répondre à toutes vos questions.
Le Président (M.
Simard) : Merci à vous trois. Je cède la parole au ministre des
Finances.
M. Girard (Groulx) : Merci. Alors, la
proposition formelle, parce que j'ai... Juste pour préciser, vous demandez
de revenir au montant, de l'indexer... et de
l'indexer dans le futur. Juste préciser exactement ce que vous demandez, là,
que ce soit clair pour tous.
M. Goyer (Jonathan) : Bien, c'est que, dans le
fond, en 1997, si on considère qu'elle était juste et raisonnable, cette
prestation de décès là, si on... avec l'inflation d'aujourd'hui, en date
d'aujourd'hui, si on fait le rattrapage des 26 dernières années, ça nous
amène à ce niveau-là. Puis, dans le fond, le 5 800 $, s'il est fixe
et ne bouge pas, bien, dans 25 ans, on va être de retour à cette
commission pour demander le même rattrapage, finalement.
M. Girard
(Groulx) : Donc, vous demandez 5 800 $ plus indexation.
M. Goyer
(Jonathan) : Exactement.
M. Girard
(Groulx) : Et vous estimez ça à 179 millions, valeur annuelle.
M. Goyer
(Jonathan) : De différence.
M. Girard (Groulx) : OK. Et ma prochaine
question sera pour M. Bergeron... M. Therrien. M. Bergeron,
c'est mon PDG de Loto-Québec.
Le Président (M.
Simard) : ...
M. Girard
(Groulx) : Non. Je ne sais pas pourquoi je pense à Loto-Québec, là. Je
devrais... Excusez-moi.
Le Président (M. Simard) : Très bien. Y aurait-il
consentement afin que M. Therrien s'adresse à nous? Consentement.
M. Therrien, auriez-vous l'amabilité de vous représenter pour les fins de
nos travaux?
M. Therrien
(Jean-François) : Jean-François Therrien, actuaire en chef du RRQ.
Le Président (M.
Simard) : Nous vous écoutons.
M. Girard
(Groulx) : Non, mais je vais poser ma question avant, OK?
Le Président (M.
Simard) : Ah! très bien.
M. Girard (Groulx) : C'est très difficile de
répondre à une question imprécise, surtout si elle n'a pas été posée.
Le Président (M.
Simard) : Quoi qu'encore...
M.
Girard (Groulx) : On a beaucoup parlé de la marge de manoeuvre de
26 points de base. Puis une des choses que je me suis rendu compte cette
fin de semaine, c'est que les points de base de cotisation d'un régime des rentes, là, ce n'est pas si concret que ça pour
les gens ordinaires. Alors, quelle est la valeur de ces 26 points de base
en dollars d'aujourd'hui?
M. Therrien
(Jean-François) : 26 points de base, sur la masse salariale d'environ
160 milliards de dollars, c'est autour de 400 millions de
dollars.
M. Girard
(Groulx) : 400 millions de cotisations annuelles...
(Interruption)
M. Girard
(Groulx) : C'est peut-être Loto-Québec. Ils cherchent un actuaire.
Vous connaissez un peu les probabilités statistiques.
M. Therrien
(Jean-François) : Désolé, désolé.
M. Girard (Groulx) : Il y a beaucoup de
probabilités statistiques chez Loto-Québec. Bon, alors,
400 millions de dollars, c'est la marge de manoeuvre de cotisations.
Donc là, est-ce que vous, vous êtes d'accord avec l'estimé, le coût de ce qui
est proposé par les gens qui nous ont fait la présentation, de
179 millions de dollars?
M. Therrien (Jean-François) : Pour
passer la prestation de décès de 2 500 $ à 5 800 $ sans
indexation, c'est vrai. L'enjeu, c'est... Si on indexe dans le futur, donc,
dans les 50 prochaines années, ça veut dire que cette prestation-là de
décès va passer à 6 000 $, 6 500 $, 7 000 $, etc.
Donc, il y a un coût. Donc, le coût est plus élevé que 179 millions.
M. Girard
(Groulx) : Et vous avez sûrement calculé ça.
M. Therrien
(Jean-François) : Deux fois? Oui. On me dit deux fois. Mon expert me
dit deux fois. Donc, deux fois 179 millions.
M. Girard (Groulx) : Ça fait que, là, on
s'approche de la marge complète du régime, là, 358/400e de la marge de
manoeuvre.
M. Therrien
(Jean-François) : Oui, puis donc peut-être de 22, 23 points de
base.
M. Girard (Groulx) : OK. Donc, on parle d'une
proposition... 22 points de base, ça veut dire, M. le Président,
qu'on ne ferait rien d'autre, là, parce qu'on s'est dit, collectivement, qu'on
voulait garder une marge de manoeuvre, parce que ce n'est pas une bonne idée
d'être à la limite du régime, parce que ça veut dire que, s'il y avait des
événements... Si nos hypothèses actuarielles de rendement, de longévité, puis
tout ça, ne se réalisent pas, bien, on va tomber
en période d'ajustement, puis on s'est dit, collectivement ou... Je pense que,
depuis trois jours, on a tous compris que
les mécanismes d'ajustement, là, ce n'est pas facile, là, hein? Alors, il faut
prendre les décisions sur les mécanismes d'ajustement pendant que le régime est en santé, pas quand le régime est
sous tension, parce qu'il va y avoir de la tension.
Bon, alors... Bien,
moi... On est ici... C'est une consultation. C'est une proposition. Je
maintiens ce que j'ai dit dans une des deux
journées précédentes, que c'est une proposition qui est extrêmement
dispendieuse, qui consommerait l'entièreté
de la marge de manoeuvre du régime. Mais je suis content. Je comprends le sens
de ce que vous demandez, la pertinence,
le... J'ai reçu le graphique, les pourcentages, tout ça, puis j'en comprends...
Ça fait que, moi, ce serait tout. Ça fait que juste... Pour moi, c'est
clair que, d'une part, passer à 5 800 $, c'est 179 millions, et
indexer, c'est un autre 179 millions approximativement. Alors, je pourrais
passer la parole à un de mes collègues.
Le Président (M.
Simard) : M. le député de René-Lévesque.
M. Montigny :
Alors, d'abord, le premier élément que j'aurais à questionner, puis il n'y
a pas d'intention dans ma question, là,
c'est vraiment... Il ne faut pas prêter d'intention dans ma question. Vous êtes
des thanatologues, OK? Vous savez qu'effectivement, si on augmente, si
on le double à 5 000 $, mettons, évidemment, ces gens-là qui vont
avoir cet argent-là vont, évidemment, le placer pour leurs frais en
thanatologie, évidemment. Alors, est-ce que, dans cette augmentation-là...
Comment on peut s'assurer que, par quelconque mécanisme ou quoi que ce soit...
que ce ne soit pas une demande que vous
faites qui soit nécessairement... avec l'intérêt, que ça vous revienne? Je comprends
que le citoyen, lui, actuellement, il a...
Il y a une augmentation pour tout le monde, là, en général, des frais de
thanatologie, mais j'aimerais vous
entendre là-dessus. Puis, je vous le dis, là, il n'y a pas d'intention
malveillante dans ma question. Je veux vous entendre là-dessus.
Mme Saint-Pierre
(Annie) : Merci pour votre question. D'ailleurs, s'il y a quelque
chose qu'on savait qu'on allait se faire... On est habitués de se faire poser
des questions sur les prix des frais funéraires. En fait, la demande qu'on est... aujourd'hui, c'est plutôt l'inverse.
C'est pour éviter aux familles de s'endetter pour payer les frais funéraires et
non pas pour les augmenter.
Pour
avoir une petite idée, je veux juste vous apporter... si vous avez une idée de
ce que ça coûte actuellement de maintenir en
poste un thanatopracteur à Gaspé et si vous avez une idée de ce que ça coûte de
maintenir deux transporteurs funéraires sur appel la nuit au cas où le CHUM
appellerait pour faire de la place dans sa morgue.
Il y a des frais à
tout, et y compris les frais funéraires. Et c'est plutôt l'inverse. Nous
ajustons nos prix continuellement en fonction du marché. Et, dans le terme
«entreprise funéraire», il y a le terme «entreprise» aussi, et, comme je vous
l'ai dit tout à l'heure, aucune ne reçoit de subvention. Les équipements de
protection individuelle, pendant la pandémie et encore aujourd'hui, ce sont les
entreprises qui les défraient. Nous sommes sous supervision de la Direction de
la santé publique, du ministère de la Santé, de l'Office de la protection du
consommateur et nous sommes des entreprises privées. J'espère que ça répond à
votre question.
Le Président (M.
Simard) : Souhaitiez-vous poursuivre, cher collègue?
M. Montigny :
Peut-être que j'ai une collègue...
Le Président (M.
Simard) : Mme la députée de Huntingdon... Non? M. le député d'Orford.
M. Bélanger :
Moi, j'avais une question relativement à l'effet de l'inflation sur votre
calcul. Est-ce que vous avez fait cette analyse-là, dépendant du taux
d'inflation, quel est l'impact, justement, au niveau du nombre d'années?
• (11 heures) •
Mme Saint-Pierre
(Annie) : Pour être bien certaine, je vais devoir en rediscuter avec
M. Therrien, où il prend son double pour ajuster l'inflation, parce que, comme
vous le savez, nous sommes des thanatologues et non des actuaires. Vous avez
fait le calcul sur l'indice des prix à la consommation depuis 1997 et non pas
pour le futur, parce que, pour nous, on ne
les connaît pas. Donc, pour calculer le prix de l'inflation future, M. Therrien
l'évalue au double. Donc, on va se fier sur...
M. Bélanger :
Vous ne pensez pas que c'est un élément important à considérer si on...
Parce qu'on parle, effectivement, du futur.
M. Goyer
(Jonathan) : Bien, notre crainte, c'est justement que cette
prestation-là ne fasse pas, comme dans les 26 dernières années, perdre son
pouvoir d'achat dans le marché. Dans le fond, c'est... En étant fixée comme ça depuis 25 ans, il y a les... ce que les
familles peuvent se permettre avec ça, bien sûr que c'est en diminution. Donc,
on pense qu'avec un indice des prix à la consommation... qu'ils vont
suivre, dans le fond, le... ce qu'ils peuvent... ce qui peut être payé avec ça.
Mme Veilleux
(Geneviève) : ...me permettre...
Le Président (M.
Simard) : Je vous en prie, madame.
Mme Veilleux
(Geneviève) : Donc, les prix ont déjà augmenté. Au cours de la
pandémie, tout le monde a dû prendre des charges supplémentaires. Puis nous, on
n'est pas subventionnés. On n'a pas eu accès à des gants. On n'a pas eu accès à
de l'équipement personnel. Il a fallu qu'on l'achète nous-mêmes, puis avec des
mesures vraiment particulières, parce que ce
n'était pas accessible pour nous. Donc, on a payé souvent beaucoup plus cher.
Donc, les coûts ont déjà augmenté
pour la majorité. Donc, l'indexation... Puis le 5 800 $ qu'on
propose, c'est en dollars... même pas en dollars d'aujourd'hui. C'est
juste en...
Le Président (M.
Simard) : Merci. Mme la députée de Huntingdon.
Mme
Mallette : Bon, moi, j'aurais une question très mathématique, parce
que, pour comparer des pommes avec des
pommes, il faut s'assurer que les données ont été bien... Comment je pourrais
dire? Dans le temps, on compare les mêmes choses. Donc, il y a,
effectivement, l'inflation, il y a l'augmentation des coûts. Mais ma question,
c'est : Les coûts moyens des funérailles, est-ce que c'est pour le même
type de service ou bien on inclut tous les nouveaux produits, maintenant, qui
existent, là, au niveau des funérailles? Est-ce que vous pourriez, dans le
fond, me décrire qu'est-ce que ça comprend,
le coût moyen des funérailles? Qu'est-ce qu'on a considéré, dans les nouvelles
données, là, le 7 000 $ et quelques, là, maintenant,
aujourd'hui, là, et versus, à l'époque, le 5 000 $, là, que ça
coûtait? Qu'est-ce qu'on a comparé dans les données?
Mme Saint-Pierre
(Annie) : Ce qu'on a comparé... Merci pour la question, Mme la ministre.
C'est qu'on parle de services professionnels
de base. Alors, quand on parle de coût moyen des funérailles, soyez assurés
que... C'est toujours un petit peu difficile à expliquer aux gens qui ne
sont pas passés par là. C'est... excusez-moi la comparaison boiteuse, c'est
comme si vous demandiez comment ça coûte, un mariage. Alors, ça dépend du type
de funérailles, du type d'entreprise, de sa
localisation. Mais, si on compare les services... Si on établit un coût moyen
de base sur la prise en charge, le transport, la conservation, la
thanatopraxie, le soin aux défunts, l'exposition, avec des services de base,
c'est ce coût-là qui est estimé actuellement.
Mme Veilleux
(Geneviève) : Règle générale, on peut calculer que, pour la somme de
2 500 $, que les gens croient que c'est la somme, en fait, la
majorité des entreprises vont faire ce qu'on appelle une crémation directe. Ils
vont aller chercher le défunt à l'hôpital, au lieu de décès, vont procéder à la
crémation et remettre les cendres.
On a appris, au cours de la pandémie, pendant le
moment de la pandémie où les gens se sont vu restreindre les services, les
rituels, les rassemblements, ce qu'ils avaient besoin, ce qui rencontrait leurs
valeurs... Ils se sont fait restreindre ça.
Donc, en se les voyant restreints, on a vu... on a eu des études, on a vu qu'il
y a eu des deuils plus difficiles qui sont arrivés. Ces deuils-là, c'est
sûr qu'ils vont affecter les gens à long terme. C'est des deuils qui vont
fragiliser les personnes et même mener à de
la fragilité... des maladies mentales qui vont pouvoir mener à des dépressions
et avoir des coûts en bout de ligne.
Donc, bonifier ce montant-là va permettre
d'offrir un plus grand vaste... je m'excuse, je bafouille là, mais une plus
grande variété, une plus grande offre de services qui va rencontrer les besoins
des familles, qui est d'avoir un rituel. Les
rituels funéraires existent depuis que le monde est monde. Donc, c'est quelque
chose qui est à l'intérieur de nous.
Puis, quand on a mal, quand on perd quelqu'un, on a besoin d'avoir des rituels.
Puis de restreindre les familles à 2 500 $, c'est les imposer
un manque de rituels.
Le Président (M. Simard) : ...chère
collègue?
Mme Mallette : Ça va pour moi.
Le Président (M. Simard) : Alors,
merci, Mme Veilleux. Je cède maintenant la parole...
Une voix : ...
Le Président (M. Simard) : Il reste
du temps à la partie gouvernementale. Y a-t-il un collègue qui souhaite
intervenir? Alors, très bien. M. le député de René-Lévesque. Désolé, je n'avais
pas vu votre...
M. Montigny : ...temps, je vais le
prendre.
Le Président (M. Simard) : Et merci
à notre collègue de Maurice-Richard pour sa grande
vigilance.
M. Montigny : Il reste combien de
temps, M. le Président?
Le Président (M. Simard) : Il vous
reste 2 min 30 s.
M. Montigny : Parfait. Je vais y
aller rapidement. Je veux revenir sur ce que vous avez dit : C'est un
manque de rituels pour le citoyen. Si je comprends bien... Peut-être développer
davantage, là, parce qu'à 2 500 $ ça veut dire qu'il n'est pas
capable d'avoir le rituel. J'aimerais ça vous entendre davantage là-dessus.
Pourtant, c'est obligatoire, je crois, de...
Mme Veilleux (Geneviève) : Un
rituel?
M.
Montigny : J'essaie de comprendre ce que vous voulez dire
avec ça, là : À 2 500 $, c'est un manque de rituels pour
l'individu.
Mme Veilleux (Geneviève) : Un
rituel, c'est aussi un rassemblement, c'est de voir leurs proches, c'est de les
permettre, peut-être même, de les enterrer au lieu de les incinérer, c'est
d'avoir un lieu de recueillement. Donc, tout ça,
c'est exclu de la somme de 2 500 $. Le 2 500 $, c'est une
crémation directe. On va chercher la personne, on l'incinère, on remet
les cendres. Il n'y a pas de rituel, il n'y a pas de possibilité de voir, il
n'y a pas de possibilité d'enterrer.
M. Montigny : Donc, il n'y a pas de
rituel dans vos installations. Ça veut-tu dire qu'ils... En fait, ils peuvent
quand même se rassembler ailleurs ou non, au cimetière ou...
Mme Veilleux (Geneviève) : Le
cimetière coûte quelque chose.
M. Goyer (Jonathan) : Tu sais, on a
vu qu'un deuil, pendant la pandémie, ça ne se vit pas seul. Ça prend, justement, un espace de commémoration, un temps de
rassemblement, quoi que ce soit. Présentement, ce que la prestation de
décès couvre, c'est... on ne parle pas de service, mais on parle vraiment de
mode de disposition, si on veut. Donc, ça laisse, oui, un vide pour les... ceux
qui... Pour la majorité des travailleurs qui n'ont que ça, oui, ça laisse un
vide à toute la communauté qui entoure cette personne-là, parce que, dans le
fond, ça va couvrir une partie des frais de disposition.
Donc, non, il n'y a pas de rituel d'organisé ou quoi que ce soit. La sépulture
au cimetière peut coûter plusieurs centaines
de dollars seulement pour le creusage. Toujours faut-il qu'ils aient déjà leur
lot au cimetière, leur monument, tout ça. Donc, ce n'est vraiment pas...
C'est pour ça qu'on juge ça raisonnable, dans le fond, les demandes qu'on...
M. Montigny : Très bien. Merci.
Le
Président (M. Simard) : Merci à vous. Je cède la parole à la députée
de La Pinière.
Mme Caron : Merci,
M. le Président. Alors, bien, je pense que, pour toute personne qui a organisé
des funérailles, on... en tout cas, pour ma
part, on s'entend que, 2 500 $, surtout quand vous avez fait la
démonstration dans votre mémoire
qu'après l'application des taxes et l'imposition, parce que le
2 500 $ est imposable, ça revient finalement à
1 500 $, je pense qu'on comprend que c'est largement insuffisant pour
payer, même, le minimum de funérailles.
Ma
question, c'est que vous indiquez qu'en 1997 le montant allait jusqu'à
3 590 $. Donc, quand on dit «allant jusqu'à
3 590 $», je comprends que c'était le maximum. Donc, il devait y
avoir une gradation dans les montants. Comment ça fonctionnait en 1997?
M. Goyer
(Jonathan) : Bien, vous comprendrez, en 1997, je n'opérais pas de
maison funéraire, là.
Mme Caron : Je
comprends ça.
M. Goyer (Jonathan) : Mais en fait c'était que
le régime n'était pas universel. C'est pour ça que, dans le fond, ceux
qui avaient pleinement cotisé pouvaient atteindre un montant aux alentours de
3 600 $ et qui diminuait aux alentours de 1 300 $,
1 500 $, là, comme prestation.
Pour nous,
honnêtement, le côté universel de cette prestation-là, on ne le remet pas du
tout en question, parce que je pense que,
bon, devant la mort, on est pas mal tous égaux, là. Donc, d'avoir... que notre
régime, dans le fond, soit universel de ce côté-là, je pense que c'est
une bonne chose. Maintenant, dans le fond, c'est un peu de vous faire la
démonstration que ce n'est, universellement, pas assez.
Mme Caron : OK.
Et puis vous faites référence à la CNESST qui verse 6 052 $ au lieu
de 2 500 $, à la SAAQ qui verse
maintenant 7 988 $, si la personne est décédée dans un accident de
voiture, plutôt que le 2 500 $. Pour la CNESST, c'est la
personne qui paie les funérailles qui se fait... qui reçoit le montant, sur
présentation des pièces justificatives. Vous proposez que ce soit plutôt envoyé
directement à l'entreprise funéraire. Pourquoi... pourquoi... Quel est
l'avantage réel?
M. Goyer
(Jonathan) : En fait, cette demande-là, c'est l'écho de nos familles
qu'on vous lance aujourd'hui. En fait, c'est
que, pour beaucoup de familles, surtout pour les plus démunies... Ces gens-là,
dans le fond, nous demandent si ce n'est pas possible que nous, on
reçoive la prestation de décès plutôt qu'eux... qu'ils aient à verser les
montants, à s'endetter, des fois, pour
verser les montants ou aller chercher à gauche, à droite, dans leur entourage,
pour finalement être remboursés du 2 500 $. Ce mandat-là nous
est demandé par les familles. Je vous dirais, tu sais, on a beau être
gestionnaire, on rencontre des familles, là. C'est fréquent que les familles me
disent : Mais pourquoi je ne peux pas signer pour que vous le receviez
puis que ma facture soit tout de suite diminuée?
• (11 h 10) •
Mme Veilleux
(Geneviève) : Puis ce n'est pas automatiquement à nous nécessairement.
Il pourrait y avoir une fonctionnalité où ça peut être la famille qui a payé ou
nous, tout comme l'aide sociale le fait. C'est déjà en place à l'aide sociale,
cette fonctionnalité-là, puis on est très à l'aise avec ça.
Mme Caron : D'accord.
Donc, que la famille puisse dire : OK, j'aime mieux que vous vous en
occupiez, je ne veux pas être dans la paperasse, et tout ça...
Mme Veilleux
(Geneviève) : Je ne veux pas m'endetter.
Mme Caron : ...puis
je ne veux pas avancer les fonds parce que je ne les ai pas, ou bien
dire : Non, non, je vais faire ma demande une fois les frais payés. C'est
ce que...
Mme Veilleux
(Geneviève) : Exactement.
Mme Caron : OK.
Et mon autre question avant de céder la parole à mon collègue... Vous avez
mentionné, en page 8 de votre mémoire, que ça arrive de plus en plus
souvent que la famille abandonne la prise en charge. Qu'est-ce que ça veut dire concrètement? Puis qu'est-ce qui arrive quand
une famille décide de ne pas prendre en charge les restes de son père,
sa mère, son enfant, même, son cousin, sa cousine? Comment ça fonctionne?
Mme Veilleux
(Geneviève) : C'est un corps non réclamé qui vient à la charge du
ministère de la Santé et des Services sociaux.
Mme Caron : Et
qu'est-ce qui arrive avec ce corps-là si...
Mme Veilleux
(Geneviève) : On en dispose de la façon la plus économique possible.
Mme Caron : Et
là, à ce moment-là, le ministère paie l'entièreté du coût.
Mme Veilleux (Geneviève) : Il paie
600 $.
Mme
Caron : 600 $.
Mme Veilleux
(Geneviève) : Donc, notre entreprise, nos coûts d'exploitation sont
plus grands que ça.
Mme Saint-Pierre
(Annie) : Peut-être juste pour bien comprendre, là, un corps non
réclamé devient la propriété du gouvernement du Québec, du ministère de la
Santé. Il y a une petite somme qui est envoyée à l'entreprise funéraire pour
disposer, mais la famille n'est pas au courant de rien. Donc, il y a un papier
qui se signe, et, à partir de ce moment-là, la personne devient la propriété du
ministère.
Mme Caron : Et,
à ce moment-là, quand vous dites «la façon la moins coûteuse possible»,
c'est... le corps, j'imagine, est incinéré. Puis les cendres vont où?
Mme Saint-Pierre
(Annie) : Ça, madame, c'est une information qui appartient au
ministère de la Santé. On ne peut pas la révéler.
Mme Caron : D'accord.
Merci.
Le Président (M.
Simard) : M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M.
Beauchemin : Merci. Désolé de mon retard. Bien, premièrement, je ne
sais pas si ça a été adressé durant votre présentation, mais le service que
vous offrez aux citoyens est un service, quand on en a besoin, qui est un
service... Quand c'est offert avec toute la douceur et la compréhension, là, ça
aide beaucoup les familles à passer au travers ce moment difficile, là. Donc, pour
avoir, malheureusement, eu à passer à travers ça à plusieurs reprises avec des
proches, là, je vous remercie beaucoup de représenter votre groupe.
Moi, je suis un gars
de marché des capitaux, ça fait que... Mon collègue le ministre des Finances
est un gars économiste. J'essaie de mettre dans ma tête un peu, là, un concept
qui va, en fait, rejoindre tous les gens de finance, d'une certaine façon. La
demande pour vos services ne sont-ils... ne sont pas élastiques par rapport au
prix chargé, si je me... je me comprends. En
d'autres mots, que les gens aient de l'argent ou pas, je veux dire, y a-tu une
demande, par rapport au prix, qui change?
M. Goyer
(Jonathan) : Bien, vous savez, les demandes de nos familles, les
besoins des familles sont... c'est sûr qu'ils sont différents d'une à l'autre,
les coutumes, les valeurs, les... Mais ici on ne parle pas de superflu, là,
dans le fond. C'est ce qu'on... On parle de
services, dans le fond, la base des services. Nos professionnels, nos
thanatologues qui vont rencontrer les
familles, qui vont leur donner une assistance 24 heures sur 24, tout ça a
évidemment des coûts, puis c'est ces coûts-là, dans le fond, qui ne sont
plus représentés par cette prestation de décès là.
Que ce soit le... Au
niveau des coutumes, tu sais, des fois, c'est facile de dire : Bien,
procédez à une crémation immédiate, sans cérémonie. Mais, pour certaines
cultures, familles, ce n'est pas leur mode de disposition ni leur mode de faire
des rituels. Donc, chacun, je pense, a ses propres besoins là-dedans. Mais on
s'entend tous pour dire qu'un deuil, ça ne se vit pas seul. Ça prend un espace
de commémoration. Ça prend un endroit, chacun, pour le vivre, et que, non, on ne peut pas bafouer ou faire l'économie du deuil.
C'est... Au niveau social, il y a un coût à payer pour ça.
Mme Veilleux (Geneviève) : Je
ne suis pas certaine de bien saisir l'élasticité, mais on a des lois qu'on
respecte.
M. Beauchemin :
Bien, en d'autres mots,
l'élasticité, c'est le concept économique que plus le prix est dispendieux,
moins la demande va être présente, d'une certaine façon, parce que plus ça
coûte cher, moins les gens vont vouloir... Plus ce n'est pas cher, plus les
gens vont vouloir avoir le service. C'est dans ce sens-là. Parce que, bien,
supposons qu'on se met dans la tête de
quelqu'un qui reçoit 5 800 $, ça vient moins cher, faire des
services. Donc, vont-ils être plus... Allez-vous avoir une augmentation,
finalement, là, de la demande si... selon vous?
Mme Veilleux
(Geneviève) : Bien, en fait, on va se permettre... À ce moment-là, on
va permettre aux familles de choisir les
rituels qu'ils veulent au lieu d'incinérer une famille que ça ne fait pas
partie... bien, pas la famille au complet, là, mais au lieu d'incinérer
une personne que ça ne fait pas partie de ses valeurs parce que sa religion,
ses valeurs, c'est : Il ne veut pas être incinéré. Ça va permettre d'avoir
des rituels qu'ils vont rencontrer. Ça va permettre d'enlever l'imposition du
choix puis de leur donner le choix.
M. Beauchemin :
OK. Je comprends. Je pense que
vous répondez. Il y en a une partielle... C'est correct. Oui.
Mme Saint-Pierre
(Annie) : Peut-être, si je peux vous aider, actuellement, ce qui se
passe, là, dans les entreprises funéraires, c'est que les familles font des choix,
sont forcées de renoncer à des options qu'ils prendraient si elles avaient
plus.
M. Goyer
(Jonathan) : C'est ça, exactement.
Mme Saint-Pierre (Annie) : Est-ce
que ça éclaire un peu plus?
M. Beauchemin : Oui.
M. Goyer (Jonathan) : Et pas
uniquement au niveau des biens, mais au niveau des services.
Mme Saint-Pierre (Annie) : Les
services.
M. Beauchemin : Oui, c'est ça. C'est
là où est-ce que je voulais en venir. Écoutez, je ne me souviens plus,
malheureusement, parce que ça a été quelque chose qui a été fait à plusieurs
reprises dans ma vie depuis un bout de temps, là, mais je ne me souviens pas si
j'ai payé la TVQ puis la TPS quand j'ai enterré des proches, là.
Une voix : Oui.
M. Beauchemin : Ça fait que c'est le
cas. OK. Donc, si c'est le cas, basé sur votre page 8, quand vous parlez de 2 500 $, le provincial, c'est
16 %. La TVQ, en plus, c'est... au niveau, là, de la prestation de décès,
je parle, là, la TVQ, elle est de 9,975 %, on la connaît tous.
Est-ce que ça, ce serait quelque chose... Parce que, bon, on ne veut pas
défaire l'équilibre du régime, mais est-ce que ça, ce serait peut-être une
avenue où vous pourriez considérer, dans le sens que, si le gouvernement enlevait, justement, l'impôt provincial sur cette
prestation-là... Ça va dans un autre «ledger», hein, qu'on dit, dans le
fonds consolidé. Ça ne va pas dans le Régime des rentes du Québec. Donc, cette
avenue-là, qui représenterait... Sur 2 500 $, on parle de 617 $.
Si, supposons, que c'était légèrement plus, ça augmenterait de façon
proportionnelle, étant donné que les deux ensemble représentent 26 %
approximativement, là, du total. Est-ce que ça, c'est quelque chose que vous
auriez considéré?
Mme
Veilleux (Geneviève) : ...demandes sont quand même raisonnables, de la
façon qu'elles sont présentées.
M. Goyer
(Jonathan) : Tu sais, que ce soit au ministère de la Santé,
avec les gens de Retraite Québec, un peu partout, tout le monde nous
ramène, dans le fond, au cabinet du ministre Girard, dans le fond, les
Finances. Dans le fond, effectivement, les services funéraires, on l'a su le
14 mars 2020, puis le 15 mars, puis le 16 mars 2020, que nos
services sont essentiels et doivent être... et ont continué. Nos travailleurs
sont rentrés le matin du 14, le 15, puis on a travaillé en pandémie pendant
deux ans. Donc oui, nos services sont essentiels. Donc, si ces biens et
services là pourraient être... ne pas être taxés, je pense que l'ensemble de la
population y serait gagnante, c'est certain. Mais, à ce moment-là, c'est... on ne parle plus d'être à l'intérieur de la marge
de manoeuvre, là, de la Régie des
rentes. On parle d'un beaucoup
plus grand dossier que ça. Ça fait que, ça, si M. Girard est ouvert, on...
M. Beauchemin : Bien, en fait, c'est
parce que, justement, là-dessus, je crois que, si, effectivement, la TVQ puis l'impôt là-dessus est éliminé de l'équation,
donc, redonné dans les poches de façon directe aux gens, ce n'est plus dans
le Régime des rentes du Québec que ça va faire... affecter ça. C'est plus le
fonds consolidé de l'État qui va être affecté, là, par une approche comme ça.
Donc, on ne touche plus aux points de base qui sont les surplus actuels. Donc, c'est dans ce sens-là que je me demandais,
tu sais, cette avenue-là qui, donc, sort un peu du Régime des rentes pour
aider la situation des Québécois et Québécoises... Puis ça, c'est une avenue
qui pourrait peut-être être intéressante, là, je pense, pour vous, en tout cas,
là.
Mme Saint-Pierre (Annie) : Nous
pourrons travailler avec qui vous voulez le désigner sur quoi que ce soit, mais
il n'en demeure pas moins qu'on va... on est ici aujourd'hui pour faire la
démonstration que cette prestation-là est à 2 500 $ depuis
26 ans. C'est la seule... une des rares et seules prestations qui n'a pas
été indexée et revue depuis aussi longtemps.
Alors, qu'on enlève la taxe ou l'impôt, ça ne réglera pas, selon nous, le
problème des familles qui ont à faire des choix qu'ils ne veulent pas
faire.
M. Goyer (Jonathan) : À ce
moment-là...
Le Président (M. Simard) : Succintement.
• (11 h 20) •
M. Goyer
(Jonathan) : ...parle d'argent d'employés, d'employeurs. Donc,
c'est plus ce régime-là, je pense, qui devrait avoir une prestation de
décès que l'ensemble des contribuables au niveau des finances publiques.
M. Beauchemin : Merci. M. le député
de Maurice-Richard.
M. Bouazzi : Merci, M. le Président.
Merci, M. le Président. Il y a un éléphant dans la pièce depuis qu'on a
commencé ces consultations, c'est qu'on est réellement inégaux face à la
retraite. Le RRQ, pour certains, c'est principalement ce qu'ils ont, ce qui
leur permet de survivre, parce que c'est une question de survie, sachant qu'à
peu près 50 % des personnes... des
aînés vivent en dessous du seuil du revenu viable. Mais, pour une autre partie
de la société, c'est de l'argent de poche, hein? Pour les députés ici, à
l'Assemblée nationale, qui sont élus depuis le début des années 80, on en connaît au moins un, tous,
bien, c'est de l'argent de poche. Pour les médecins spécialistes qui gagnent
un demi-million par an, rendus à la retraite, c'est de l'argent de poche. Pour
les PDG des grandes corporations qui gagnent un an de salaire de leurs employés
en 24 heures, c'est de l'argent de poche. C'est ça, la réalité. C'est
qu'on peut philosopher sur le 60, 62 ans, il y a des
gens qui sont tout à fait inégaux, et, pour eux, 60, 62 ans, même, zéro,
par rapport à ce qu'ils ont accumulé pour leur retraite, évidemment, et, de
l'autre côté, il y a des gens qui vivent des inégalités et qui sont dans des
situations de survie.
Face à la
mort aussi, on est inégaux. La famille qui survit à la personne qui décède non
seulement vit avec le deuil, mais, pour un certain nombre d'entre elles
et d'entre eux, vivent dans une précarité absolument terrible. Et c'est de ces gens-là dont on parle aujourd'hui, parce
qu'encore une fois, face à la mort, si on prend, par exemple, le moment où
M. PKP a hérité, je suis sûr que, les 2 500 $, il ne les a pas
sentis. Il y a beaucoup de gens, dont les gens dont j'ai parlé jusqu'à
maintenant, plein de gens qui gagnent beaucoup d'argent, qui héritent une
maison entièrement payée à Sillery ou à Westmount, à Montréal, un gros chalet
de 20 pièces quelque part dans les Laurentides. Tout ça, c'est de l'argent
de poche. Ce n'est pas ça qui va changer leur vie. Ça fait que, là-dedans, ces
injustices par rapport à ceux qui n'ont pas
vu cette quantité d'argent indexée depuis maintenant un quart de siècle, je
vous dirais : Combien de femmes survivent à leur époux? Ce sera ma
première question.
Mme Saint-Pierre (Annie) : ...en
discussion avec le Conseil du statut de la femme, qui, d'ailleurs, a aussi
soumis cette situation-là devant vous et d'autres groupes ou d'autres grands
groupes, je pense que 80 % des femmes, au
Québec, ou des prestataires de la prestation de survivant sont des femmes.
M. Therrien pourra sûrement le confirmer, là. Donc, c'est un
problème aussi de femmes.
M. Bouazzi : Donc, on est dans une
situation où il y a une partie de la population qui n'hérite de rien, et, parmi celle-là, celles qui sont dans les plus
grandes des difficultés, on parle de 80 % des femmes qui survivent à leur
mari. Donc, cette situation
d'injustice touche principalement les femmes. Si on ne prend pas en compte ça,
qu'est-ce qu'on fait, c'est qu'on vient appuyer des inégalités de genre
de notre société.
Et, de l'autre côté du spectre, je rappelle
aujourd'hui qu'on est un des rares pays, un des rares pays de l'OCDE qui n'a
aucune imposition sur l'héritage. Ça fait que, pour les autres qui sont... qui
héritent de tout l'argent qui leur permet de passer à travers toutes sortes de
deuils, et on sait que c'est difficile pour tout le monde, bien là, on vient
rajouter des difficultés pour les personnes les moins nanties et, de l'autre
côté, on ne vient pas apporter un minimum de
justice sociale en taxant un minimum les questions d'héritage. Et c'est
vraiment ces inégalités d'héritage, aujourd'hui, dont on parle, en fait,
à travers cette prestation.
Donc,
j'écoute, j'entends les arguments qu'on a entendus aujourd'hui et je rappelle
aux personnes ici présentes que le fait qu'on s'accommode de cette situation-là
vient pénaliser, avant tout, évidemment, les moins nantis qui n'héritent
de rien...
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Bouazzi : ...et, de l'autre côté,
essentiellement, les Québécoises, les femmes dans notre société. Merci, M. le
Président.
Le
Président (M. Simard) : Merci à vous, cher collègue. Alors,
Mme Saint-Pierre, Mme Veilleux, M. Goyer, merci pour
votre contribution à nos travaux.
Sur ce, nous allons suspendre quelques instants,
le temps de faire place à nos prochains invités.
(Suspension de la séance à 11 h 24)
(Reprise à 11 h 31)
Le Président (M. Simard) : Alors,
chers collègues, nous poursuivons nos travaux. Mais, avant de procéder à
l'audition, j'aurais besoin de votre consentement afin de poursuivre au-delà de
l'heure prévue. Il y a consentement? Très bien.
Nous avons l'honneur de recevoir des
représentants de l'Institut de recherche en économie contemporaine. Messieurs,
soyez les bienvenus. Auriez-vous d'abord l'amabilité de vous présenter?
Institut de recherche
en économie contemporaine (IREC)
M. L'Italien (François) : Bien sûr.
Mon nom est François L'Italien. Je suis directeur adjoint de l'IREC et
coordonnateur de l'Observatoire de la retraite. Je suis accompagné de Michel...
Riel Michaud-Beaudry, pardon, qui est le chercheur de l'Observatoire de la
retraite.
Le Président (M. Simard) : Nous vous
écoutons.
M. L'Italien (François) : Merci
beaucoup. D'abord, je tiens à vous remercier de nous recevoir aujourd'hui pour
la présentation de nos analyses et propositions qui concernent le document de
consultation sur le RRQ.
Avant d'entrer dans le vif du sujet,
l'observatoire tient à mentionner que les consultations qui ont lieu au sujet
du RRQ à tous les six ans sont, de notre avis, non seulement une occasion de
faire le point, techniquement, sur le régime, sur ses orientations
techniques, financières, mais aussi une occasion, une opportunité pour la
société québécoise de s'approprier la question de la retraite, d'intéresser
davantage les Québécoises et les Québécois sur la question de la retraite en
général, puisque le régime de rentes occupe une position faîtière, au Québec,
sur la retraite, et on n'a pas, on est
d'accord là-dessus, toujours l'occasion d'avoir une opportunité comme celle-ci
pour faire le point.
Or,
à l'observatoire, nous constatons que, lors de cette consultation-ci, comme la
dernière, bien, les consultations ont été relativement peu larges, assez
cadrées, lorsqu'on sait que, dans le passé, il y a eu des consultations qui ont
été beaucoup plus près des Québécois,
beaucoup plus près des Québécoises en se déplaçant, notamment, en région, en
tenant des forums régionaux, c'est un
constat, surtout qu'on tient, et je pense que c'est un point de vue que les
gouvernements successifs ont défendu, à ce que les Québécoises et les
Québécois aient une meilleure littératie financière, une meilleure compétence civique concernant la
retraite. Donc, cette opportunité-là, je pense, et on planifiera ça pour dans
six ans, à la prochaine consultation... de
ne pas rater cette opportunité-là pour sortir des cercles de personnes ou
d'organismes déjà initiés.
Alors, je vais
laisser maintenant la parole à Riel pour le coeur de l'argument.
M. Michaud-Beaudry
(Riel) : Merci, François. Donc, je joins ma voix à la sienne pour vous
remercier de nous avoir invités ici. On espère qu'on va pouvoir contribuer à
vos travaux, là, pour faire avancer la discussion.
Donc, on a lu avec
attention le document de consultation puis on est très... on était très
contents de constater qu'il y avait beaucoup de points avec lesquels on était en
accord, dont la permission de cesser de cotiser après 65 ans pour les bénéficiaires de la rente de la retraite,
la protection de la rente de la retraite pour les personnes de 65 ans et
plus, la reconnaissance, dans le régime supplémentaire, de situations
particulières, notamment pour la garde d'un enfant ou l'invalidité, ainsi que
la reconnaissance des périodes passées à la proche aidance, donc, qui,
j'imagine, va être quantifiée, là, un peu plus tard dans vos travaux.
On est quand même en
désaccord avec certains des points qui ont été... certaines des propositions
qui sont soumises, premièrement, sur l'augmentation de l'âge d'admissibilité
aux rentes anticipées, deuxièmement, sur l'augmentation des facteurs
d'ajustement pour la rente anticipée ainsi qu'un mécanisme d'ajustement
automatique qui ciblerait davantage les prestations.
Concernant l'âge
d'admissibilité aux rentes anticipées, il est indiqué dans le document de
consultation que, «pour être en mesure de reporter le début du versement de sa
rente de retraite, une personne doit détenir des actifs suffisants pour
attendre les versements de ses rentes publiques ou demeurer en emploi jusqu'à
un âge plus avancé». Donc, dans le document de consultation, on mentionne,
notamment, que l'épargne n'est pas nécessairement au rendez-vous chez les
Québécois et les Québécoises. Puis on ajoute dans le mémoire un autre tableau
qui vient bonifier le portrait, c'est-à-dire les actifs que les gens détiennent
entre 55 et 64 ans.
Il
y a également plusieurs personnes pour qui ce n'est pas possible de travailler
après 60 ans. Donc, il y a plusieurs intervenants avant nous qui en
ont parlé, sur la question de pénibilité, de l'âgisme sur les milieux de
travail, qui contribuent à ce que les gens
s'excluent ou soient exclus de leurs milieux de travail, des emplois où il
n'est pas possible de réduire, par
exemple, les heures hebdomadaires travaillées, ou des problèmes de santé. Donc,
pour toutes ces personnes-là, la
flexibilité de pouvoir prendre ses rentes à 60 ans nous apparaît un
avantage important pour... apporter que
c'est important de maintenir l'âge à 60 ans. Puis on a pris note aussi des
propos de M. Latulippe, puis ça a fait office aussi d'une
discussion plus tôt ce matin avec les actuaires concernant quel programme qui
est le mieux pour aider ces personnes-là.
Donc, si c'est une question qui vous intéresse, on pourra poursuivre la
réflexion avec vous sur l'apport important qu'a effectué
M. Latulippe à la conversation.
Et également, bon, un
dernier point sur l'âge de la retraite, pour beaucoup de personnes, l'âge
optimal pour prendre ses rentes, c'est à 60 ou 61 ans. Donc, d'amener ces
gens-là à... seulement pour prendre les rentes à 62 ans, ça constitue une
perte de revenus pour ce genre de bénéficiaires là des rentes du RRQ. Donc,
nous proposons au gouvernement de maintenir le statu quo par rapport à l'âge
d'admissibilité aux rentes anticipées. Puis on est très contents, en fait, de voir que la motivation qui est derrière le
document de consultation, c'est de bonifier la rente plutôt que de...
simplement d'aller vers une réduction du taux de cotisation.
Concernant
l'augmentation des facteurs d'ajustement pour la rente anticipée, on pense que
ça vient pénaliser les mêmes personnes qui
vont être pénalisées par la hausse de l'âge d'admissibilité aux rentes
anticipées. Puis il y a Michaud et ses confrères, qu'on cite beaucoup
dans le mémoire, ainsi que Force Jeunesse qui auront, les deux, fait une
littérature... une évaluation de la littérature sur la question des effets que
peut avoir ce genre de réforme là sur le maintien des personnes seniors en
emploi, puis la littérature qu'on... Les deux convergent, là, en disant que ça
n'avait pas vraiment d'effet sur le maintien ou le retour en emploi des
travailleurs d'expérience. Donc, ici aussi, on propose au gouvernement le statu
quo sur les facteurs d'ajustement pour le versement de la rente anticipée.
Dernièrement, sur le
mécanisme d'ajustement automatique, on apporte, là, que... on dit que ce serait
préférable que ce soient les cotisations qui
augmentent plutôt que les prestations ou l'indexation qui diminuent s'il y a
un... le régime est en mauvaise santé financière. Il y a différents
avantages à cette formule-là. Le premier, c'est qu'il y a un maintien du
partage des risques entre les salariés et les employeurs si c'est les taux de
cotisation qui augmentent plutôt que si c'est les prestations qui diminuent. Il
y a aussi le fait que les régimes publics au Canada ou au Québec sont moins
généreux que les régimes d'autres juridictions à l'international, ce qui fait
que, dans le fond, si on compare ce qui se
passe dans d'autres régimes où est-ce qu'ils diminuent les prestations, c'est
quand même différent de diminuer les prestations dans un régime qui est
globalement plus généreux que de diminuer les prestations dans un régime qui
est globalement moins généreux, comme ce qu'il y a au Québec et au Canada.
Également, les gens, donc,
bâtissent ou conçoivent leurs plans budgétaires à la retraite et leurs
stratégies de décaissement des régimes
publics et des régimes privés en fonction des rentes qui sont garanties,
indexées et viagères des régimes publics. Donc, ça devient plus
compliqué de concevoir un plan... un plan budgétaire pour la retraite quand on
n'est pas certain des sources de revenus qui vont pouvoir provenir des régimes
publics.
Également, il a longtemps été... il a beaucoup
été question de la littératie financière dans vos discussions précédentes. Ce
qui est certain, c'est que ce qui est plus facile à expliquer et à comprendre,
c'est quand les rentes sont garanties et indexées.
Donc, ça fait
le tour pour la revue du mémoire. Donc, je vais laisser la place à François
pour vous parler d'une proposition qu'on a développée, qui est le
conseil des partenaires de la retraite.
• (11 h 40) •
M. L'Italien (François) : Oui. En
terminant, on ne pouvait pas rater l'occasion d'une telle consultation pour
soulever la nécessité de compléter notre système institutionnel sur la retraite
au Québec en mettant sur pied une institution qui manque, que nous, on a
baptisée le conseil des partenaires de la retraite, qui aurait pour fonction de
concerter, conseiller et rechercher... faire des recherches sur la retraite au
Québec, puisque, manifestement, il y a de plus
en plus d'enjeux intersectoriels, il y a de plus en plus d'enjeux qui croisent
différentes dimensions de la vie économique, sociale, démographique du
Québec qui se retrouvent souvent aux marges des différentes institutions
existantes, hein? Qu'on pense au Comité consultatif sur le travail et la
main-d'oeuvre, du Conseil du statut de la femme, la retraite se retrouve
toujours un peu prise, j'ai envie de dire, comme un... non pas comme un pensum,
mais comme un élément secondaire de la mission. Or, nous, on pense que, face à
l'enjeu du vieillissement de la population et à tout ce qui se présente devant nous au XXIe siècle, l'heure
est venue d'avoir une institution de plus qui pourrait, par ailleurs, et je
termine là-dessus, mettre autour de la table toutes les parties
prenantes qui ont un intérêt, de proche ou de près... de près ou de loin,
pardon, à la question de la retraite. Et là je ne parle pas simplement des
retraités et des travailleurs. Je pense aussi aux jeunes, aux collectivités et
aux chercheurs. Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Simard) : Merci à
vous, chers amis. Je cède la parole au ministre des Finances.
M. Girard (Groulx) : Je n'ai pas
touché au bouton. Alors, je vous écoute, M. le Président.
Merci beaucoup pour cette présentation très
intéressante. Puis je souligne à tous les députés, lorsqu'on va devoir émettre un rapport sur la consultation,
qu'on a plusieurs positions qui convergent puis que je pense que ça va être
possible d'avoir un rapport conjoint, notamment, bien qu'il y ait des
excellents points de vue des deux côtés du 60, 62 ans, on n'a pas
encore vu quelqu'un se prononcer en faveur de l'augmentation des faveurs... des
facteurs d'ajustement, entre 60 et
65 ans, pour les harmoniser avec le Régime de pensions du Canada.
Alors, je prends acte que cette proposition soulève peu d'endossements
et... Bien, c'est malheureux dans un certain sens, mais elle nous oblige à une
rigueur, parce que c'est la seule
proposition qui ajoutait de la marge de manoeuvre au régime. Et donc, si elle
n'est pas retenue, comme les invités
que nous avons aujourd'hui le disent, bien, il faut vraiment, vraiment,
vraiment travailler à l'intérieur de la marge de manoeuvre actuelle
parce qu'on n'aura pas de marge de manoeuvre supplémentaire, puisque personne ne nous a suggéré, jusqu'à maintenant,
d'harmoniser les facteurs d'ajustement avec le Régime de pensions du Canada.
Vous avez
dit, pour les... Dans le cas de sous-financement du régime, vous avez
dit : Nous, on aime beaucoup plus
les cotisations qui augmentent qu'une diminution de l'indexation. Je veux juste
être sûr. Est-ce que cette conclusion-là tient aussi pour le régime
supplémentaire, là? Parce que le régime supplémentaire a des obligations de
capitalisation, puis est récent, et n'a pas
la même marge de manoeuvre que le régime de base. Est-ce que vous... cette
conclusion-là visait uniquement le régime de base ou le régime de base
et le régime supplémentaire? Et vous comprenez que le régime supplémentaire, ça
a des implications importantes.
M. Michaud-Beaudry (Riel) : C'est
pour les deux régimes. Donc, on pense que c'est quand même possible d'augmenter
le taux de cotisation du régime supplémentaire s'il n'est pas... s'il y a une
mauvaise santé financière qui est déclarée.
M. Girard (Groulx) : OK. Et vous
êtes conscients qu'on a les taxes sur les masses salariales les plus élevées au
Canada.
M. Michaud-Beaudry (Riel) : Oui. Ce
qu'on a dit... On n'en a pas parlé, mais ce qu'on a mentionné aussi dans notre mémoire, c'est que le Régime de rentes du Québec, que ce soit le régime de base ou le régime
supplémentaire, contribue à la santé, à l'écosystème des entreprises au
Québec. Donc, ça fait partie de notre page 6. Donc, dans quelques années à peine, selon l'évaluation
actuarielle, le Régime de rentes du Québec de base va verser plus d'argent
en prestations que va retirer de l'économie
en cotisations. Puis la même chose va arriver pour le régime supplémentaire
dans environ une trentaine d'années.
Donc, tout cet argent-là qui est versé au net
dans les poches des rentiers, ça contribue à augmenter le PIB, ça contribue à
la création d'emplois. Ça contribue également à l'assiette fiscale des
différents paliers de gouvernement.
Par rapport aux entreprises plus spécifiquement,
c'est important de prendre en compte les charges sociales pour la compétitivité
entre les juridictions, mais le Régime de rentes du Québec, en étant un
déposant à la Caisse de dépôt et de
placement, investit cet argent-là notamment dans l'économie du Québec, c'est un
des mandats de la caisse, puis ça fait en sorte de combler un besoin des
entreprises qui ont besoin d'investissements. Les entreprises ont également
besoin d'une demande de gens qui achètent leurs produits, leurs services. Puis,
comme ce que j'ai dit un peu précédemment, cette demande-là va être encouragée puis augmentée si le
régime... plus le régime va être bonifié. Donc, c'est une... Pour nous,
c'est un des arguments pour bonifier le régime plutôt que de diminuer les
cotisations.
M. Girard
(Groulx) : OK. Mais, écoutez, je ne veux pas révéler le contenu des
consultations prébudgétaires, là, mais il n'y a aucune compagnie qui nous
demande d'augmenter les taxes et masses salariales, là, ni en raison du
bénéfice via la Caisse de dépôt, etc., là. Augmenter les cotisations, lorsqu'on
est déjà... La somme des charges sur la masse salariale au Québec est déjà la plus élevée au Canada, là.
C'est... Je dirais que c'est une proposition qui est contestable.
M.
Michaud-Beaudry (Riel) : Oui, tout à fait, puis le Conseil du patronat a
été clair comme... à cet effet-là. Mais ce qu'on dit, c'est que...
M. Girard (Groulx) : Bien, écoutez,
associez-moi pas au Conseil du patronat, s'il vous plaît.
M. Michaud-Beaudry (Riel) : OK. Non,
non. Ce n'était pas ça, mon intention.
M. Girard
(Groulx) : OK. Merci.
M.
Michaud-Beaudry (Riel) : Je m'excuse. Donc, c'est ça, ce qu'on dit,
c'est que l'un des besoins des employeurs,
c'est d'avoir des charges fiscales faibles, mais il y a aussi d'autres besoins
qui sont comblés par le Régime des
rentes du Québec. Puis la bonification du régime a des avantages sur les
travailleurs, les travailleurs et travailleuses, et sur les futurs
rentiers.
M. Girard
(Groulx) : OK. On va aller dans le vif du sujet, là, parce
que, quand même, pour ce qui est des facteurs d'ajustement, je pense que
vous êtes dans le mille avec tout ce qu'on a entendu, consensus.
Les cotisations, bon, je suis moins d'accord
avec votre recommandation. Puis c'est vraiment une décision qui va être difficile. C'est, donc, une décision qu'on
doit prendre lorsque le régime est en santé, parce que, si le régime venait
à être sous pression, bien, c'est plus difficile de prendre les bonnes
décisions. Mais je constate aussi que les décisions difficiles ne sont pas plus
faciles parce qu'on laisse le temps passer, parce que la décision difficile
qu'on a à prendre sur le régime
supplémentaire, elle aurait dû être prise lors de la création du régime
supplémentaire, et puis, là, on se ramasse six ans plus tard, puis la
décision n'est pas plus facile.
Mais allons-y sur le 60, 62 ans. Qu'est-ce
que... Vous avez référé à M. Latulippe. M. Latulippe a proposé,
endossé quand même fortement le report de l'âge d'admissibilité de 60 à 62 ans.
Pour le bénéfice de nos auditeurs, M. Latulippe,
c'est l'ancien actuaire en chef du régime. Et vous, vous vous prononcez contre
le report. C'est clair, je pense, vos
arguments : pénibilité, âgisme, possibilité de ne pas être en santé pour
pouvoir faire les deux ans de plus. Qu'est-ce que vous avez... Qu'est-ce qui vous amène à citer M. Latulippe,
puisqu'il prend la position contraire de votre proposition, là?
Qu'est-ce que vous voulez souligner du témoignage de M. Latulippe?
M.
Michaud-Beaudry (Riel) : Bien, de ce que j'ai compris du témoignage de
M. Latulippe, en fait, c'est que les rentes moyennes pour les
bénéficiaires qui la retirent à 60 ans, mensuellement, c'est 400 $,
alors que la prestation d'aide sociale,
c'est 800 $ par mois. Donc, ce que lui, il disait, si j'ai bien compris,
puis vous me corrigerez, c'est que ça
devient, donc, plus avantageux de mettre... d'offrir l'aide sociale à ces
personnes-là plutôt que des rentes anticipées à 60 ans, puis ce qui
le conduisait... ce qui l'encourageait à proposer l'augmentation de l'âge à
62 ans, parce que ça permettrait à ces
personnes-là de toucher un meilleur revenu de l'aide sociale plutôt que de les
forcer à prendre les rentes anticipées. Parce qu'on ne peut pas... On
est obligés de prendre les rentes si on est sur l'aide sociale puis...
Donc, selon
moi, ce que... la meilleure réflexion qu'il y a eu par rapport à ça vient de
MM. Godbout, Beaudry, Morency puis D'Amours, qui suggèrent de
modifier un peu la Loi sur l'aide sociale afin de rendre facultatif, pour les personnes sur l'aide sociale, de toucher la rente
anticipée. Donc, ça ferait en sorte de permettre aux gens de 60
à 65 ans qui ont... qui peuvent bénéficier de l'aide sociale... Ça
leur rendrait... Ça leur apporterait le choix du programme qu'ils voudraient
puis qui serait le plus avantageux pour elles. Puis, selon M. Latulippe,
dans la majorité des cas, ce serait l'aide sociale. Donc, si cette
modification-là était apportée à la loi sur l'assistance sociale, ça ferait en
sorte qu'on peut garder l'âge à 60 ans, puis ces personnes-là ne seraient
pas pénalisées.
• (11 h 50) •
M.
Girard (Groulx) :
OK. Alors, encore une fois, là, je vais réfléchir à
voix haute pour le bénéfice de tous, là. Je pense que, dans l'opposition
au report d'âge d'admissibilité, il y a deux concepts. D'abord, on est dans un
régime collectif. On est dans des modèles probabilistes sur un horizon de
50 ans. Et ce qu'on voit, c'est que... Si on fait juste l'aspect
financier, parce que, là, on a beaucoup discuté des aspects humains, qui sont
extrêmement importants, puis je vais y venir, bien, d'un point de vue
financier, dans 90 % des cas, les gens seraient gagnants à ce qu'on
déplace l'âge d'admissibilité de 60 à 62 %, et donc 10 %
seraient perdants. Et, d'un point de vue financier, les gens sont perdants si
leur espérance de vie ou si leur vie est plus courte que 10 ans après le
déclenchement du régime des rentes, parce que, comme ils vont... les rentes
sont bonifiées de 23 % entre 60 et 62 ans, bien, 23 %, c'est mieux,
mais, si vous l'avez deux ans de plus à 23 % de moins puis que vous vivez
moins longtemps, bien, il est possible...
Donc, statistiquement, on est dans un régime
collectif, et, si on faisait le report, 90 % des gens seraient gagnants.
Et on ne connaît pas, au moment de la décision, qui est le 10 %. Ça, c'est
financier. Est-ce que vous êtes d'accord avec cette affirmation-là?
M.
Michaud-Beaudry (Riel) : Bien, j'aimerais vous demander d'où vous prenez
cette statistique-là de 90 %.
M. Girard (Groulx) : C'est des...
Bien, est-ce qu'on peut laisser parler...
Le Président (M. Simard) : Oui.
M. Therrien.
M. Therrien (Jean-François) : Oui.
Bien, ça vient, justement, de M. Latulippe, MM. Ménard et Plamondon, qui ont calculé que, s'il y a 100 personnes,
dans une salle, de 60 ans, 10 ans plus tard, il va rester
93 personnes en vie. Donc, il y a sept personnes qui vont être
décédées avant de pouvoir avoir récupéré les deux ans de report de la rente de
60 ans à 61 ans.
M. Michaud-Beaudry (Riel) : Oui.
Merci. C'est ce que je pensais, mais je voulais valider. Donc, ce que MM. Latulippe, Ménard et Plamondon ont
évalué, c'est uniquement l'aspect de la mortalité, donc, la mortalité qui est
précoce, donc, où est-ce que les gens
peuvent décéder avant de pouvoir réellement profiter de la bonification des
rentes. Donc, ça ignore l'aspect fiscal, qui est important, qui a été
évalué quand même un peu dans notre mémoire ainsi que dans la publication de
Michaud et de ses confrères.
La deuxième chose, c'est qu'il y a tout plein de
personnes qui prennent leurs rentes à 62 ans et plus aussi, pour qui l'augmentation de l'âge d'admissibilité
aux rentes anticipées ne va rien changer, parce que ça ne modifiera pas
leurs comportements. Donc, tu sais, ce 90 % là, c'est 90 % d'un
sous-groupe de la population. Donc, c'est important quand même de garder ça en
tête. Puis le groupe des personnes pour qui ça ne va rien changer est en
augmentation, compte tenu que les gens, naturellement, reportent l'âge où
est-ce qu'ils retirent leurs rentes anticipées.
M. Girard
(Groulx) : Oui. Bien, on parle, approximativement, là, par
rapport à aujourd'hui, de 40 000 personnes par année et... En
fait, ce qui est proposé, c'est de transférer du régime — je
rappelle que c'est un régime collectif — approximativement
650 millions aux retraités. C'est ça qu'on fait, là, lorsqu'on dit :
Ça coûterait... Parce que, je le répète, là, ça coûterait 12 points
de base, le 62 ans, pour le régime de base puis quatre points de base pour
le régime supplémentaire. Ce qui est proposé, d'un point de vue financier,
c'est indéniablement au bénéfice des retraités,
là. C'est la valeur présente de ce qu'on prendrait du régime collectif. Pour
les retraités, c'est 650 millions de dollars.
Maintenant, on n'est pas obligés de le faire. On
peut laisser ça dans le régime puis on aura la discussion éventuellement. Puis
peut-être qu'en ayant la discussion on ne le fera jamais. Peut-être
qu'indéniablement on le fera à mesure que l'âge de la longévité augmente.
Ça fait que
j'en viens... Je pense que, pour les aspects financiers, d'un point de vue
statistique, c'est... l'évidence est assez solide que le report est
positif. D'ailleurs, ça coûte de l'argent au régime.
D'un point de vue plus qualitatif, là je prends
vos termes, qui sont très pertinents, pénibilité, âgisme, santé, moi, j'aurais ajouté invalidité, il est possible,
bref, que, même si, financièrement, 62 est supérieur à 60, dans certaines
conditions, pour quelque raison que ce soit, notamment ces cas-là, la personne
préfère prendre son régime des rentes à
60 ans. Et là où c'est intéressant, la discussion, puis le débat, puis
est-ce que l'information pourra aider, c'est : Est-ce qu'on a d'autres régimes sociaux ou est-ce qu'il y
a d'autres possibilités où ces personnes-là pourraient choisir de prendre
leur retraite à 60 ans mais néanmoins
déclencher leur RRQ à 62 ans, puisque la rente est supérieure de
23 %? Est-ce que vous croyez que c'est possible?
M. Michaud-Beaudry (Riel) : Bien,
ça, je reviens sur l'aspect financier, il y a quand même des travaux qui ont
été faits qui ont démontré que l'âge optimal pour des gens, c'est 60 et
61 ans. Donc, si on les force à reprendre leurs rentes à 62 ans et
plus, ça leur fait perdre de l'argent.
Puis, par
rapport à la présentation que... à la proposition que vous avez émise, je n'ai
pas... on n'en a pas vraiment pensé... on n'y a pas vraiment pensé. Je
ne sais pas, toi, si, François, tu as...
M. L'Italien (François) : Ça n'a pas
fait l'objet d'analyse chez nous, cette question-là en particulier.
M. Girard
(Groulx) : OK. Est-ce que vous croyez... Parce que, vous
savez, moi, mon rôle, c'est de maximiser la sécurité financière des Québécois.
Maintenant, si tout le monde dit : On ne veut pas faire ça, on ne veut pas
faire, on ne veut pas faire ça, est-ce que vous croyez que, dans six ans, on va
le faire?
M. Michaud-Beaudry (Riel) : Bien, en
fait, ce que j'ai oublié de dire, c'est qu'on est d'accord avec vous pour
dépenser ces points de base là. C'est important de bonifier la rente des futurs
bénéficiaires. Ce qu'on pense, c'est qu'il y a des manières plus judicieuses de
dépenser ces 12 points de base là dans des... pour bonifier la rente à d'autres endroits dans la formule de calcul de la
rente. Donc, si... Je ne sais pas quoi répondre à votre question, là. On
espère pouvoir être là dans six ans aussi pour vous en reparler, mais...
M. Girard (Groulx) : Bien, je vous
remercie. Très intéressant. Puis merci pour vos travaux de recherche. Puis je
passe la parole à mon collègue.
Le
Président (M. Simard) : Cher collègue, il nous reste à peine
30 secondes. Donc, le député de René-Lévesque.
M. Montigny : Alors,
recommandation 7, ça touche particulièrement des citoyens de La Haute-Côte-Nord,
parce qu'il y a des périodes où, malheureusement, ils n'ont pas de chômage puis
ils travaillent de façon saisonnière. Alors, j'aimerais vous entendre
rapidement là-dessus, recommandation 7.
M. Michaud-Beaudry (Riel) : Oui...
Le Président (M. Simard) :
10 secondes.
M. Michaud-Beaudry (Riel) : Oui, ça
va. Dans le fond, il y a des périodes... il y a des périodes... Il y a des
situations particulières, dans la vie des gens, qui sont exclues du calcul de
la rente, notamment les périodes sur la CNESST, la garde pour les enfants, puis
on pense que ça pourrait être intéressant, pour... à la fois pour le RPC mais
pour le RRQ aussi, de pouvoir faire en sorte que ces périodes-là ne contribuent
pas au calcul de la rente.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Merci. M. le député de Marguerite-Bourgeoys. On ne touche pas. On ne
touche pas, surtout pas.
M. Beauchemin : C'était comme si je
voulais le faire, le changer rouge à distance.
Le Président (M. Simard) : Je vous
les enlève, sinon.
M. Beauchemin : Merci. Merci
beaucoup pour votre mémoire, fort apprécié, puis vos explications. Est-ce que je peux vous poser une question par rapport à
la perception que vous, vous avez eue en lisant la proposition, à savoir :
Est-ce que vous considérez que, dans ce qui est écrit, on sous-entend une
prestation cible comme environnement potentiel futur?
M. Michaud-Beaudry (Riel) : Bien, si
le mécanisme d'ajustement automatique, il vise les prestations, oui. Ce que
monsieur a dit précédemment, ce qui est intéressant, c'est que c'est moins pire
de toucher l'indexation que de toucher la rente de base, là. Mais, oui, là,
c'est ce genre de disposition là qui est envisagé.
M. Beauchemin : Donc, vous, vous
le... Donc, vous, vous le voyez comme ça, donc, qu'il y a vraiment une
possibilité que la prestation puisse être variable relativement... à
l'intérieur d'un écart, là.
M. Michaud-Beaudry (Riel) : Bien,
c'est ça. C'est ce qui est écrit dans la loi sur le régime... pour le régime supplémentaire. C'est une possibilité que le
législateur peut décider puis c'est ce que vous êtes... C'est ce dont vous êtes
en train de réfléchir, là, en ce moment.
M.
Beauchemin : OK. Une autre... Un autre des points que
j'aimerais vous entendre un petit peu plus là-dessus, vous n'avez pas parlé, en fait, là, de repousser
l'âge maximum... maximal à 75 ans ici aujourd'hui. Votre opinion
là-dessus, premièrement, au niveau de l'application comme telle. Puis
quand serait-il plus optimal de mettre ça en place?
M.
Michaud-Beaudry (Riel) : Bien, dans notre mémoire, on parle de la maintenir
à 70 ans. Puis, dans le fond, on fait nôtres un peu les
observations de la FTQ, là, qui ont été plus clairs dans leur mémoire, là, où
est-ce que ça devient plus avantageux de la prendre à 72 ans à 94 ans
et plus, là. Donc, il y a plus de gens qui vont décéder avant 94 ans
qu'après. Donc, c'est ça qui motivait notre position de la maintenir à
70 ans.
M. Beauchemin : Mais est-ce que,
selon vous, de permettre que ce soit plus tard devient problématique pour les... Parce que moi, j'y ai repensé, à celle-là,
puis je me dis : Bon, bien, mettons ça en place maintenant. Ça ne coûte
rien, en fait, de le mettre maintenant. Donc, on pourrait le mettre en
place maintenant. Puis c'est un choix. Si quelqu'un veut le faire plus tard, il
le fera plus tard. Ça fait que j'essaie juste de comprendre votre position, là,
par rapport à ça.
• (12 heures) •
M. Michaud-Beaudry (Riel) : Bien, tu
sais, il y a des gens qui... pour qui ça va être un mauvais choix de prendre
leurs rentes à 60 ans puis il y a des gens pour qui ça va être un mauvais
choix de les prendre à 72 ans aussi. Donc,
tu sais, c'est comme important quand même de baliser l'âge où est-ce que les
gens peuvent prendre leurs rentes. Donc, tu sais, on ne propose pas, par
exemple, de pouvoir prendre la rente à partir de 55 ans malgré une pénalité
superélevée, tu sais. Donc, c'est important quand même de... Le choix optimal,
il est... pour tout le monde, mais il quand
même pas mal surtout entre ces deux âges-là. Donc, on pense que c'est quand
même important de baliser la limite maximale des rentes ajournées.
M.
Beauchemin : OK. Le conseil de la retraite que vous avez
mentionné, je voulais juste vous entendre là-dessus, sur comment vous, vous envisagez ça. Est-ce que
c'est quelque chose d'annuel? C'est-tu, cette commission-là, «light», une fois par année? Comment vous voyez tout ça?
Est-ce que c'est des gens qui écriraient un rapport à être publié une fois
de temps en temps? Comme, un petit peu, s'il vous plaît, développer sur cette
idée-là, parce qu'on l'a entendue à quelques
reprises déjà à date. Chacun semble avoir une version différente. Ça fait que
c'est pour ça que je veux vraiment que vous soyez sur... enregistré
là-dessus, pour qu'on puisse avoir tout le monde, là, sur...
M. L'Italien
(François) : Oui, absolument. Bien, il faut dire, d'abord, que c'est
une proposition qui est née d'un constat partagé parmi plusieurs catégories ou
groupes de participants au régime, constat que, dans les dernières décennies, il y a eu des transformations sur la
retraite où les participants ont eu peu de choses à dire. Et, parallèlement
à ça, ce qui est actuellement au coeur de
l'actualité sur, par exemple, la pénurie de main-d'oeuvre et le maintien en
emploi des travailleurs expérimentés,
le vieillissement de la population fait en sorte qu'on est plusieurs à
considérer qu'il nous faut un forum permanent, doté de moyens publics
décents, pour, finalement, réaliser des mandats d'intérêt général qui
pourraient être, par exemple, conseiller le gouvernement, l'Assemblée nationale
et la société québécoise, un peu comme le fait le Conseil du statut de la femme,
par exemple, lorsqu'elle... lorsque le conseil émet des avis, soutient des
recherches et, évidemment, concerte différents groupes durant l'année.
Donc, entre les projets de loi, entre les
moments forts de l'Assemblée nationale, bien, le type d'arbitrage auquel vous, aujourd'hui, et dans les dernières
séances de l'Assemblée nationale... de la commission, avez été contraints
d'opérer, ce genre d'arbitrage là pourrait
être soutenu par un travail de recherche, par exemple : Qu'est-ce qu'on
doit faire sur telle ou telle modification au régime, telle ou telle
bonification au régime, comment se situe-t-il par rapport à des composantes
identiques dans le reste de l'OCDE?
Donc, nous, on le voit comme une instance, un
peu comme le comité... le conseil consultatif sur le travail et la main-d'oeuvre ou le Conseil du statut de la femme, donc, un organisme qui se situe au sein de
l'appareil d'État mais qui peut être doté d'un budget qui est tout à
fait modeste et qui aurait un pouvoir de recommandation et de recherche.
Le Président (M. Simard) : Mme
la députée de La Pinière.
Mme Caron : Merci.
Alors, pour... Autrement dit, ce conseil des partenaires, ce serait, si je le
comprends bien, une façon de regarder
les questions de manière plutôt transversale, plutôt qu'en vase clos, pour tout
ce qui touche à la retraite puis faire des recommandations qui... où ce
serait... où on prendrait compte... on tiendrait compte de tout.
M. L'Italien (François) : Exactement.
Mme Caron : Si
j'ai bien compris, tout à l'heure, dans votre intervention, vous avez
dit : Si vous avez des questions,
on peut vous donner des idées. Alors, je ne sais pas si j'ai bien compris dans
quel... dans quel contexte vous disiez ça. Est-ce que c'est... Pour, justement,
les personnes pour qui ce n'est pas avantageux de prendre leur retraite
à 60 ans, là, parce que ce ne l'est
pas, mais qui n'ont pas le choix parce... pour les raisons qui ont été
invoquées tantôt, raisons de santé, bon,
peu importe, mais qui n'ont pas d'autre source de revenus, quels autres
programmes existent actuellement ou pourraient exister pour leur
permettre de faire le pont jusqu'à 60 ans, hormis le bien-être social?
M. Michaud-Beaudry
(Riel) : Ah! OK. J'allais dire le bien-être social, parce
que c'était ça que j'avais répondu au ministre un peu plus tôt. On n'a
pas pensé à d'autres programmes qui pourraient être plus adaptés, là, pour ces
personnes-là.
Mme Caron : Merci. Donc...
Allez-y.
M. L'Italien (François) : Bien,
c'est certain qu'il y a une boîte noire, d'une certaine façon, qui n'a pas été
ouverte tant que ça depuis au moins 2002, au moment où on disait : Il y a
quelque chose qui s'en vient, qui s'appelle la
pénurie de main-d'oeuvre, la question du maintien en emploi des travailleurs
expérimentés, puis c'est tous les ajustements en emploi, toutes les mesures que les employeurs peuvent déployer pour
pouvoir favoriser le maintien des travailleurs expérimentés. Puis ça, à notre connaissance, il y a relativement peu de
littérature, peu de recherche, peu d'initiatives pour mieux mettre la lumière sur cette boîte noire là.
Puis pourtant il y a eu plusieurs recommandations, le rapport Demers, le
rapport du CCTM, qui mentionnaient qu'on devait prendre cette question-là
rapidement à bras-le-corps, parce qu'on allait se retrouver dans la situation
qu'on est aujourd'hui.
Donc, il y a, là, le législateur qui doit faire
son bout de chemin avec la réglementation puis les programmes disponibles, mais
il y a aussi les employeurs qui doivent faire leur bout de chemin pour
accommoder les travailleurs expérimentés.
Puis, ce bout-là, de 60 à 62 ans, mettons, bien, on doit trouver des
solutions ensemble. Ce n'est pas simplement les élus, ou l'Assemblée
nationale, ou le gouvernement du Québec à se dépatouiller.
Mme
Caron : Et donc, si on revient au conseil des partenaires,
ça pourrait être une question, selon vous, dont il pourrait se saisir,
oui?
M. L'Italien (François) : Absolument,
absolument.
Mme Caron : J'ai une autre question.
En page... Oui.
M. Michaud-Beaudry (Riel) : Pardon,
madame. Il y en a d'autres. Tu sais, il y a la FTQ qui a parlé des personnes
immigrantes. Il y a Force Jeunesse qui a parlé de la façon dont le système
de... pourrait nous aider à lutter contre les changements climatiques. Il y a
eu, quelques années, qu'est-ce qu'on fait avec les personnes qui ont un régime à prestations déterminées insolvable dont
l'employeur fait faillite, là, Le Groupe Capitales Médias, là, donc, pour
ne pas les nommer. Donc, tu sais, il y a aussi eu les régimes à prestations cibles
qui ont été décidés par un comité de travail à Retraite
Québec. Tu sais, donc, il y a tout le temps des enjeux qui sortent un peu des
consultations qui se passent à chaque six ans.
Mme Caron : OK.
Merci. Mon autre question, c'est qu'en page 39 vous parlez de la
prestation de décès, dont on a parlé tantôt
avec la Corporation des thanatologues, et il y a quelque chose qui était,
personnellement, dans mon angle mort.
Je croyais que c'était une prestation qui était tout à fait universelle, mais,
d'après ce que... d'après les... ce que
vous citez de la loi qui... il faut que la personne décédée ait... ait cotisé
un certain montant pour qu'après son décès ses proches aient droit au 2 500 $. Est-ce que ça veut dire qu'une
famille, là, qui perd un enfant, dont l'enfant n'a évidemment pas
cotisé... Est-ce que ça veut dire que les parents n'ont pas droit au
2 500 $ de prestation au décès pour aider à payer les frais funéraires... ou d'un conjoint qui n'aurait pas
travaillé, et donc pas cotisé, le conjoint survivant n'aurait pas droit
au 2 500 $ de prestation funéraire? Est-ce que c'est ce que ça veut
dire?
M. Michaud-Beaudry
(Riel) : Bien, on n'est pas experts dans cette prestation-là. Je pense
que les gens, tantôt, ont dit que c'était
universel. Donc, tu sais, c'est peut-être à prendre avec un grain de sel, ce
qu'on a écrit. Mais ce qui est sûr, c'est que ce qui est dit dans
l'article 107, c'est qu'un cotisant est également admissible s'il a versé
des cotisations de base pour au moins 10 ans, donc... Puis il y a d'autres
conditions, en fait, pour être admissible, là. Donc, tu sais, en lisant cette
partie-là de la loi, ça ne nous semblait pas si universel que ça.
Mme Caron : OK.
Merci. Puis est-ce que vous pouvez nous illustrer en deux mots ce que vous
considérez comme... ce que vous appelez comme trappe fiscale, à propos du
supplément de revenu garanti? Qu'est-ce que vous voulez dire exactement par ça,
s'il vous plaît?
M. Michaud-Beaudry
(Riel) : Ah oui! Donc, les gens pour qui ce ne serait pas optimal de
prendre leurs rentes à 62 ans et plus. Donc, c'est quand on... Le
supplément de revenu garanti récupère les revenus qui sont tirés du RRQ, donc,
entre 0,75 $ puis 0,50 $ par dollar, ce qui fait que, dans le fond,
la différence entre la personne qui prend sa rente à 60 ans puis à
62 ans est rapetissée, parce qu'il y a... On n'est pas à 1 $ de
différence. On est plutôt à 0,50 $ ou 0,25 $ de différence, ce qui
fait que, quand on utilise ça puis on met là-dedans un taux d'actualisation,
bien, ça confère une très grande importance aux deux années avant le
62 ans, où est-ce que les gens ont touché des revenus. Ça fait toute la
différence. Donc, malgré un revenu supérieur chez les 62 ans et plus qui
ont pris leurs rentes à 62 ans, de ceux qui ont pris leurs rentes à
60 ans et qui ont atteint 62 ans, ça fait en sorte que ça amène le
calcul à ce que les deux se rejoignent après l'espérance de vie. Je ne sais pas
si c'est clair.
Mme Caron : OK.
Oui. Merci.
Le Président (M.
Simard) : Très bien. Ça vous va? M. le député de Maurice-Richard.
• (12 h 10) •
M. Bouazzi : Merci
beaucoup, M. le Président. Merci. Vraiment, c'était absolument passionnant. Je
veux juste être sûr de bien comprendre ce que vous avez dit sur le dernier
point, sur les prestataires d'aide sociale et sur l'interaction entre le RRQ et
le SRG, ce que vous venez de dire.
Donc, d'un côté, ce
que vous dites, c'est que, si on arrête d'obliger les gens qui sont sur l'aide
sociale de prendre leur retraite à 60 ans et à leur permettre de la
prendre à 62, ça réglerait le problème dont on a entendu parler avec
M. Latulippe, qui, par ailleurs, ouvre plein de problèmes si les gens
n'ont pas le droit à l'aide sociale quand ils arrivent à 60 ans, si on les
oblige à attendre 62. Donc, ça, c'est une partie de l'équation.
L'autre partie de
l'équation, c'est de dire : Dans l'interaction entre le SRG et le RRQ, on
se retrouve, en fin de compte, à avoir non pas les sept personnes sur 100 dont
on ne sait pas trop quand elles vont décéder, même si on n'a jamais parlé de la date de la personne qui
reçoit un diagnostic de cancer et qui sait qu'elle va décéder plus vite que l'inconnu
dont on parle, mais, de l'autre côté, c'est que, si on prend tout... on oublie
cette question-là, si on prend les questions de revenu tout simplement,
l'interaction entre le SRG et le RRQ fait en sorte qu'il y a des personnes,
dans l'autre 93 %, qui auraient
intérêt... ou, en tout cas, qui ne sont pas pénalisées de la manière dont on
l'entend depuis le début de ces consultations, quand ils le prennent à
ce moment-là. C'est ça?
M. Michaud-Beaudry (Riel) : Bien,
nous, on a pris cette question-là en deux facettes, là. Donc, il y a Michaud et
ses confrères, quand même, qui ont intégré la question de l'assurance-emploi...
l'assurance sociale, pardon, dans leur modélisation pour savoir qui est-ce qui
était pénalisé par la hausse de l'âge de l'admissibilité. Mais ce que Godbout
et ses confrères, qui sont venus ici la semaine passée, ont dit, c'est... bien,
ils ne l'ont pas dit, là, mais ce qui est
dans leur mémoire, c'est de proposer de rendre facultative la réception de la
rente pour les prestataires de l'aide sociale.
Donc, oui, tu sais,
pour nous, c'était une belle façon de... Parce que, sinon, même avec la
conversation avec M. Latulippe, on
reste dans la discussion : Quel programme est-ce qu'on rend disponible
pour la personne? Puis en fait c'est un peu un faux choix, là. Donc, on
peut rendre ces deux programmes-là disponibles pour les gens.
Donc, par rapport,
par exemple, au... bien, votre deuxième volet, là, au supplément de revenu
garanti, bien oui, effectivement, c'est ça,
c'est que ça vient... quand ça... c'est que Latulippe, Plamondon puis Ménard
ont juste pris en compte la mortalité. Donc, ils n'ont pas pris en
compte la fiscalité. Donc, quand on prend en compte la fiscalité, le portrait
est différent.
M.
Bouazzi : OK. Donc, évidemment, l'argument de dire : Ça coûte
moins cher au RRQ d'obliger les gens de
commencer à 62, on veut bien pour le RRQ, mais, si on prend le tableau au
complet, c'est beaucoup plus compliqué que ça par rapport aux
prestataires de ces revenus-là, étant donné toute la tonne d'autres revenus.
J'en apprends un peu plus tous les jours. Il y en a que je connaissais, mais il
y a toutes sortes de revenus disponibles, en fait, oui.
M. Michaud-Beaudry
(Riel) : Bien oui, c'est exactement ça. Puis ça m'amène, en fait, à
préciser, là. Donc, ce n'est pas... C'est loin d'être tous les prestataires du
supplément de revenu garanti, là. C'est surtout les personnes seules puis
celles qui sont dans les revenus plus faibles, parce que le taux de
récupération du supplément de revenu garanti,
il est plus élevé chez les revenus plus faibles. Il est à 0,75 $ par
dollar puis il tombe à 0,50 $ par dollar à un moment donné. Donc,
ça me permet de préciser ça, là. Ce n'est pas...
M. Bouazzi : Donc, oui, c'est une précision, je pense, très
importante. Donc, ce que vous dites, c'est que, pour les personnes qui
ont des revenus faibles, si on vient les obliger à prendre à 62 ans, ce
seraient ces personnes-là, particulièrement, qui seraient pénalisées, étant
donné qu'elles ont le droit à plus de revenus sur le SRG.
M. Michaud-Beaudry
(Riel) : Oui.
M. Bouazzi : OK.
Je n'ai pas d'autre question, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, merci à vous, cher collègue. Merci à vous deux, messieurs, pour
votre contribution à nos travaux cet avant-midi.
Sur ce, nous allons
suspendre. Et nous sommes de retour quelque part autour de 15 h 15. À
bientôt.
(Suspension de la séance à
12 h 14)
(Reprise à 15 h 34)
Le Président (M. Simard) : Alors, chers collègues, à
l'ordre, s'il vous plaît! Nous avons quorum. Nous reprenons nos travaux.
Et j'aurais besoin de votre consentement pour pouvoir poursuivre au-delà de
l'heure prévue. Y a-t-il consentement? Il y a consentement.
Alors,
nous avons l'honneur de recevoir, cet après-midi, des représentants de
l'Institut canadien des actuaires. Madame messieurs, bonjour. Bienvenue parmi
nous. Auriez-vous d'abord l'amabilité de vous présenter, s'il vous
plaît?
Institut canadien des actuaires (ICA)
M. St-Germain
(Michel) : Absolument. Alors, mon nom est Michel St-Germain. Je suis
un ancien président de l'Institut canadien
des actuaires. Et je suis accompagné de deux bénévoles, Jason Malone et Krystel
Lessard. Nous sommes tous les trois
des experts actuaires dans le domaine des régimes de retraite, et c'est un
plaisir pour nous autres de partager avec vous l'opinion de l'Institut
canadien des actuaires, qui représente 6 000 actuaires, sur le
document de consultation.
Le Président (M.
Simard) : Alors, nous vous écoutons avec plaisir. Et vous disposez de
10 minutes.
M. St-Germain (Michel) : Merci beaucoup. Alors, je
veux commencer en soulignant l'excellente gouvernance du Régime de rentes du Québec, en particulier
l'exercice que vous faites de consulter périodiquement les intervenants
et les experts avec des documents qui sont très, très bien préparés. Je veux
aussi souligner la qualité de l'évaluation actuarielle. Alors, je vais le dire
comme ça, vous avez des bons actuaires à Retraite Québec.
L'Institut canadien
des actuaires a toujours été intéressé par une bonne performance du Régime de
rentes du Québec. En particulier, il y a quelques années, nous avions supporté
l'ajout du régime supplémentaire. Nous avons aussi,
il y a quelques années, préparé une position publique sur l'enjeu de la date de
retraite, et notre intention était de susciter un débat. Nous sommes
très contents de voir que non seulement il y a un débat, mais que, dans le
document de consultation, il y a une
proposition qui est à peu près identique à celle que nous avions incluse dans
notre document de consultation là-dessus.
Alors, en
conséquence, nous supportons l'option de hausser l'âge minimal d'admissibilité
à 62 ans. Nous sommes aussi heureux de
voir que vous avez accompagné cette proposition-là de d'autres mesures qui vont
permettre au Régime de rentes du Québec de s'adapter aux changements
sociaux qui se sont produits dernièrement mais qui vont continuer de se produire. Alors, la prochaine génération de
retraités va se retirer de façon complètement différente de la génération actuelle. En particulier, il va y
avoir beaucoup plus de retraites graduelles et de retraites qui sont plus
tard. Je veux préciser que cette
proposition-là n'a pas pour but de réduire le coût du régime. Elle améliore les
prestations. Elle conserve le choix
de la date de retraite. Et la date de retraite, ce n'est pas la date d'arrêt de
travail. En fait, il n'y a aucun lien
entre le choix que vous offrez et la date à laquelle les gens arrêtent de
travailler. Il y a deux raisons pour lesquelles, vraiment, on supporte
cette proposition-là.
Alors, la première, c'est que ça reflète la
tendance du travail des personnes les plus âgées. Le document inclut des
statistiques qui montrent comment cette proportion-là de travailleurs âgés qui
continuent à travailler augmente,
et, à notre avis, elle va continuer d'augmenter dans le futur. Et moi, je vous
encourage non seulement à regarder comment les gens prennent leur
retraite maintenant, mais d'anticiper qu'ils vont se retirer de façon très
différente dans le futur.
La deuxième raison, c'est que nous sommes
préoccupés que les gens font un mauvais choix lorsqu'ils prennent leur retraite
à 60 ans. Nous sommes convaincus que plusieurs de ces gens-là feraient un
meilleur choix d'attendre et de profiter de ce que vous leur offrez, de
recevoir une rente qui est plus élevée, pleinement garantie, à l'abri des
fluctuations du marché et qui protège contre le risque de longévité.
Comme tous les autres choix reliés à la
retraite, c'est un choix qui est difficile à faire et qui est difficile à
expliquer. Nous encourageons Retraite Québec à mieux supporter les Québécois
dans ce choix-là, en particulier en produisant des relevés personnalisés qui
expliquent bien, qui illustrent bien aux Québécois le choix, l'avantage de reporter leurs rentes de retraite. Il y en a qui
vont changer leurs comportements, mais, malheureusement, notre opinion, c'est qu'il y en a qui vont continuer de faire des
mauvais choix. Une communication, c'est utile, mais ce n'est pas assez.
Nous reconnaissons que certains seront affectés
négativement par ces changements-là, particulièrement les travailleurs moins
bien rémunérés, dans des emplois pénibles ou des emplois précaires. Il faut
qu'il y ait des mesures transitoires, et vous avez sept années pour les
préparer, pour que ces mesures transitoires là permettent à ces gens-là d'avoir
accès à des revenus durant la période de deux ans, entre 60 et 62 ans,
pour pouvoir retarder la demande de rente de retraite et recevoir une rente qui
est plus élevée. Nous encourageons aussi à avoir une réflexion sur comment bien
traiter les gens qui sont dans des emplois pénibles. Alors, je vais demander à
Jason de continuer.
M. Malone (Jason) : Merci, Michel.
Comme vous pouvez voir dans le temps qu'on a alloué à la discussion du
62 ans... On comprend qu'il y a un débat puis on comprend, dans les autres
experts qui se sont présentés devant vous,
que c'est un sujet qui est très important, mais il ne faut pas oublier tous les
autres sujets dans le document. Il y a plein
d'autres suggestions, plein d'autres idées très intéressantes qui vont vraiment
aider les Québécois à maximiser leurs revenus
de retraite, de rente lors de leur retraite. Donc, on voulait passer quelques
minutes à souligner quelques-unes de ces idées-là.
• (15 h 40) •
Une en particulier, le crédit pour les personnes
proches aidantes, nous trouvons que c'est une très bonne idée. Par contre, une
chose qui nous préoccupe un peu est le coût de ces mesures-là. Et aussi ce
qu'on recommande fortement, c'est de s'assurer que le Régime de rentes du
Québec est le bon endroit pour adresser cette situation-là. Donc, il y a plein de bonnes idées. On parlait de
60, 62 ans. Il faut voir, comme société : Est-ce que c'est vraiment
le Régime des rentes du Québec qu'on veut utiliser pour arriver aux fins
de protéger ceux qui ont besoin de notre aide?
L'autre qui est très peu discuté et qui est,
pour nous, aussi important, et il faisait aussi partie de notre énoncé public
de 2019, est la hausse de l'âge maximal de 70 à 75 ans. Nous croyons que
c'est très important de la hausser, donner davantage de flexibilité aux futurs
retraités de bien prévoir leur sécurité financière lors de leur retraite, pour
deux raisons. Un, Michel vient juste de le mentionner, les gens vont travailler
plus tard. Ils travaillent déjà plus tard, et
on croit que l'âge de retraite... l'âge d'arrêt de travail, je devrais dire, va
continuer à augmenter avec le temps. Donc, de donner cette flexibilité-là de continuer à travailler et ne pas
percevoir la rente jusqu'à 75 ans, pour nous, est très important.
Et l'autre raison qu'on trouve aussi importante
à souligner, c'est le fait qu'il y a eu un mouvement, comme vous le savez peut-être, de régimes à prestations
déterminées, à cotisations déterminées, où les gens, maintenant, doivent
économiser et prendre le risque sur leurs épaules du décaissement. Et c'est...
ça va être, c'est déjà un challenge pour plusieurs Québécois et Québécoises. Et
nous croyons que de hausser l'âge à 75 ans va pouvoir permettre plus de
flexibilité dans ce décaissement-là, par exemple, utiliser des REER, les REER
qu'ils ont pris, qu'ils ont économisés à travers
leur carrière, et, les régimes à cotisations déterminées, de décaisser pendant
une plus longue période de temps, et
ensuite s'assurer d'avoir une rente du RRQ qui est stable, prévisible et aussi
protégée de l'inflation. Donc, c'est pour ça qu'on croit que l'âge...
d'augmenter l'âge maximal du premier versement à 75 ans serait très
important. Et, même, on suggérerait de ne pas faire une transition très lente,
mais quelque chose de beaucoup plus rapide. Je vais passer la parole à Krystel.
Mme Lessard (Krystel) : Merci,
Jason. En fait, il y a deux questions qui ont été abordées par mes pairs, soit
le report de l'âge d'admissibilité à 62 ans et l'âge maximal auquel on
pourrait retirer la rente, jusqu'à 75 ans, qui fait qu'on pourrait se
questionner sur quels sont les facteurs d'ajustement qui sont appropriés pour
le régime de rentes.
Dans le document de consultation, il y a une
question selon laquelle... qui est posée : Est-ce que les facteurs
d'ajustement avant 65 ans, c'est-à-dire les pourcentages selon lesquels on
réduit la rente, devraient être augmentés? Dans notre document, notre position
publique de 2019, dont Michel a discuté un petit peu plus tôt, il y avait aussi
un point sur lequel on parlait des fameux
facteurs d'ajustement. Et, selon notre point de vue, ils devraient être déterminés
de façon à ne pas encourager la retraite anticipée ou décourager le report de
la retraite. En d'autres termes, ils devraient
être établis sur... selon ce qu'on appelle une base d'équivalence actuarielle.
Donc, pour revenir à la question du
document de consultation sur les facteurs d'ajustement avant 65 ans, à
notre avis, ils sont déjà suffisamment élevés. Donc, il n'y aurait pas
lieu de les augmenter pour ne pas, justement, décourager les gens ou les
pénaliser s'ils doivent absolument prendre la rente plus tôt que 65 ans.
Et aussi, quand on parle de repousser l'âge maximal
auquel on peut retirer la rente du régime de rentes jusqu'à 75 ans, il y a certains exemples, dans le document de
consultation, qui montrent quelle pourrait être la bonification de la rente, parce que, si on attend et on la
prend plus tard, elle est augmentée pour tenir compte du fait qu'on la reçoit moins longtemps. À nos yeux, les pourcentages qui
sont présentés dans le document de consultation ne nous apparaissent pas suffisamment élevés. On pense que la rente pourrait
être... par rapport à celle de 65 ans, si quelqu'un attend jusqu'à
75 ans pour la demander, elle pourrait être jusqu'à doublée, d'un point de
vue actuariel. Donc, ça, ce serait à regarder.
Et aussi on tient à référer, comme mon collègue
Jason a mentionné, que de repousser l'âge auquel quelqu'un peut demander la rente jusqu'à 75 ans, tout
en ayant des facteurs d'ajustement qui sont... qui ne pénalisent pas la
personne financièrement si elle attend la rente, ça donne de la
flexibilité aux Québécois et aux Québécoises de demander la rente au moment où
eux, ils en ont vraiment besoin, selon leur propre planification financière. Et
ça, augmenter l'âge jusqu'à 65 ans
avec... 75 ans avec des facteurs d'ajustement qu'on appelle actuariels, ça
a un coût nul, en théorie, pour le
régime. Donc, c'est quelque chose qui peut offrir de la flexibilité à coût nul
pour les Québécoises et Québécois. Merci.
Le
Président (M. Simard) : Merci à vous. Alors, vous êtes tout à fait dans
vos temps. Je cède maintenant la parole au ministre des Finances.
(Interruption)
M. Girard
(Groulx) : C'était une blague, une «inside joke», comme on
dit en mauvais français, là, parce que... Voilà, le bouton s'est allumé
tout seul.
Alors, merci beaucoup. Votre présentation est
très importante. Et on a eu trois jours de consultations, et, majoritairement,
les gens se sont prononcés contre le report de 62 ans... de
l'admissibilité de 60 à 62 ans, sauf les actuaires.
Les trois anciens actuaires en chef du régime ont fait une présentation
éloquente, sans ambiguïté, recommandant de faire ce changement. Vous le faites
aujourd'hui, mais c'est un discours qui est minoritaire. Et on a eu... Pour
plusieurs raisons, il y a certaines inexactitudes qui ont été dites. Il
y a encore des gens qui pensent qu'on veut prendre l'argent des retraités puis
le donner au régime, ce qui est moins une fois ce qu'on essaie de faire,
c'est-à-dire qu'on essaie de prendre
l'argent du régime pour en donner plus aux retraités. Mais il y a plusieurs
personnes qui ne comprennent toujours pas cette nuance.
Vous avez évoqué... Et nous aussi, on a le souci
de ceux qui ont des emplois précaires, pénibles, la question... toute la question de la rente invalidité avant
65 ans. Mais j'aurais envie de vous demander : Pourquoi... Les
actuaires sont là avec leurs modèles
statistiques, leurs évidences, leurs calculs, 90 % de gagnants, 10 %
de perdants, l'incertitude, le transfert, les 15 points de base.
Pourquoi le message n'est pas entendu, selon vous?
M. St-Germain (Michel) : Bien, je
veux d'abord dire : Les meilleures personnes pour répondre à cette question-là, ce n'est pas nous autres, c'est vous
autres. Nous autres, on n'essaie pas... Comprendre l'être humain, c'est un défi pour nous autres, les actuaires, en
passant. Écoutez, moi, j'ai participé à beaucoup, beaucoup de
révisions des régimes de retraite, je n'ai pas de... de toutes sortes
d'entreprises. C'est toujours difficile, le premier coup. Le premier coup qu'on
s'y met, les perdants crient beaucoup plus fort que les gagnants. Il y a
beaucoup de gens qui disent : Ah! il faut analyser. Puis on est bons, nous autres, les actuaires, là-dedans. En
cas d'incertitude, on analyse et on analyse. C'est ce que je peux vous
dire.
Je pense que l'idée est bonne. On n'est pas les
seuls, les actuaires. Je sais que les planificateurs financiers reconnaissent de plus en plus cet avantage-là de
reporter. Moi, ce que je veux vous dire, c'est : Ne lâchez pas. Je pense qu'à
un moment donné les gens vont comprendre que c'est la bonne chose à faire.
M. Girard (Groulx) : Ça, c'est une
possibilité, qu'on est en présence d'une décision difficile qui devra être prise inévitablement et qu'une des choses que,
collectivement, on peut décider de faire, c'est de retarder des décisions
difficiles. Mais, dans six ans, la décision
ne sera pas plus facile, là. D'ailleurs, je vois les décisions qui n'ont pas
été prises sur le régime supplémentaire, puis là il faudrait les
prendre, puis elles ne sont pas plus faciles.
Alors, je veux vous poser l'autre question
difficile. Les mécanismes d'ajustement lorsque le financement des régimes est
insuffisant, question qu'on doit se poser lorsque le régime est en santé, donc,
aujourd'hui, avez-vous une opinion sur ce qui est proposé dans le document de
consultation?
M. St-Germain (Michel) : Oui. Je
vais commencer la réponse, et Krystel va élaborer. En fait, je veux commencer
en disant : Moi, j'ai dit que le rapport actuariel, il est très, très bon.
Et, moi, la page que j'aime le mieux de ce rapport actuariel, je pense, c'est
la page 145, je ne sais pas si vous vous êtes rendus jusque-là, et c'est
la page qui dit que la probabilité que le taux de cotisation va augmenter dans
les 20 prochaines années est de 44 %. Moi, là, c'est le chiffre... Je veux que vous le
compreniez, ce chiffre-là, là. Et il y a de grosses chances que le taux va
augmenter. Il y a aussi des chances qu'il va baisser. Et, vous avez
raison, vous n'êtes pas prêts à aborder cette question-là. Commencez à la
préparer.
Ce qu'on vous dit, c'est que le fédéral l'a
fait. Et, en passant, j'ai participé aux réflexions du fédéral. Vous devez
avoir ce que j'appellerais un plan B, là. Qu'est-ce qui arrive s'il faut
que le taux de cotisation augmente? Inspirez-vous
du fédéral. Vous n'avez pas à le copier. Moi, je l'aime, celle du fédéral,
parce que j'y ai participé, mais faites votre propre exercice.
• (15 h 50) •
Mme Lessard (Krystel) : Oui, bien,
en fait, ça rejoint un peu ce que j'allais dire, Michel. On travaille tous les deux... On a... Michel a déjà travaillé...
Jason et moi travaillons en consultation, en régimes de retraite, puis, avec
nos clients, on s'assoit avec eux,
puis on regarde c'est quoi, vos grands objectifs de financement pour le régime
de retraite, puis
c'est toujours les trois mêmes qui ressortent, sécurité des prestations,
stabilité des cotisations, équité intergénérationnelle, sauf qu'on ne
peut pas avoir 100 % dans les trois. Il faut faire des compromis. On n'a
pas le choix. On ne peut pas avoir une
parfaite sécurité des prestations avec une parfaite stabilité des cotisations.
Mathématiquement, ça ne fonctionne pas ensemble. Il faut intégrer
l'équité intergénérationnelle là-dedans. Donc, on n'a pas le choix. Quand on
bâtit un régime de retraite, peu importe le
type de régime, on en arrive à faire un compromis dans ces trois grands
objectifs là et de se questionner à savoir comment on arrive à une
certaine équité intergénérationnelle. Si on dit que c'est un principe qui est
important, bien, c'est légitime de se poser la question : Bien, dans ce
cas-là, quelles sortes de mécanismes d'ajustement on veut apporter et jusqu'où
on veut aller, justement, dans ces mécanismes-là?
M. Girard (Groulx) : Juste une
précision sur votre page favorite, là. Le 44 %, c'est avant qu'on consomme
la marge de manoeuvre, là.
M. St-Germain (Michel) : C'est avec
la marge de manoeuvre actuelle.
M. Girard (Groulx) : Ça fait que, si
on consomme la marge de manoeuvre, le 44 % va tendre vers 50 %, là.
M. St-Germain (Michel) : Bien là,
demandez à la personne qui est à votre gauche. Il a la réponse tout de suite à
ça.
Le Président (M. Simard) : M. Therrien.
M. Therrien (Jean-François) : Oui,
c'est ça. Le 44 % est déjà près de 50 %. Donc, on peut considérer
que, oui, on va s'approcher un petit peu du 50 %, mais c'est déjà... Puis
ça, c'est dans 20 ans.
M. Girard (Groulx) : OK. Bon,
pourriez-vous répéter les trois éléments de l'équilibre philosophique du régime
de retraite, là? Je pense que c'est très important, là, puis...
Mme Lessard (Krystel) : Trois grands
objectifs de financement, on a la sécurité des prestations pour les retraités,
évidemment, la stabilité des cotisations pour ceux qui cotisent et l'équité
intergénérationnelle, pour s'assurer que chaque génération a cotisé un montant
qui est équitable et qui reçoit une prestation équitable par rapport à ça.
Donc, ça, c'est les trois grands principes, objectifs de financement dans tout
type de régime de retraite. Et, comme je vous dis, on ne peut pas avoir
100 % dans les trois. Il faut trouver des compromis. Et c'est là-dessus
qu'il faut travailler, se poser des questions, jusqu'où on est prêts à aller
dans chacun des objectifs.
M. Girard (Groulx) : Bien, je suis
vraiment content de voir que les actuaires, qui sont une branche des
mathématiques pures, ont une formation en philosophie, parce que, là, c'est
vraiment très intéressant. Alors là, le report de 60 à 62 ans, là, c'est
quoi, sa note par rapport à la sécurité des prestations, la stabilité des
cotisations puis l'équité intergénérationnelle?
M. St-Germain (Michel) : Oui. Alors,
vous parlez de philosophie, là. Moi, je veux dire, j'ai fait mon cours
classique. Moi, je suis probablement la seule personne ici qui a fait
Philo 1 et Philo 2. Vous ne connaissez pas ça, vous, là.
M. Girard (Groulx) : On en fait au
cégep aussi, je vous rassure.
M. St-Germain (Michel) : Oui, mais
ça ne s'appelle pas Philo 1 et Philo 2 au cégep.
M. Girard (Groulx) : Ah! pas mal, 1,
2, 3.
M. St-Germain (Michel) : Alors,
écoutez, le report de 60 à 62, je vais le répéter, là, c'est pour refléter où vont être les choses pour la prochaine génération
de retraités. La prochaine génération de retraités, puis ça a déjà commencé,
va se retirer plus tard et de façon graduelle. Alors, ça permet de refléter ces
attentes-là, ça continue de donner des choix à des gens, et ce que ça continue
de faire, c'est de protéger contre des grands risques, risque de placement, risque d'inflation et risque de longévité. Moi, je
pense qu'avec ça vous avez un système qui est beaucoup plus performant
que le système actuel.
M. Girard (Groulx) : Donc, le grand
gain serait au niveau de l'équité intergénérationnelle.
M. St-Germain (Michel) : Bien,
préoccupez-vous de ce transfert-là entre générations. Vous l'avez déjà fait avec le régime supplémentaire. Un des grands
principes du régime supplémentaire, c'est qu'il n'y a pas de transfert entre
générations. Ce régime-là est pleinement capitalisé. Le Régime de rentes du
Québec, le régime de base, il continue d'avoir
des transferts entre toutes sortes de groupes, là, entre les jeunes et les
vieux. Je pense que c'est un bon équilibre, maintenant, entre les jeunes
et les vieux, les hauts et les bas salariés. Il y a toutes sortes de mesures.
Conservez-le. C'est ce que je peux vous dire. Mais je ne pense pas que de
passer de 60 à 62 ou de donner des choix de dates de retraite,
ça affecte vraiment ce principe-là. Comme Krystel l'a dit, les ajustements que
vous faites selon le montant de rente doivent être neutres, doivent ne rien
coûter au régime, ne pas inciter les gens à choisir avant ou après.
M. Girard
(Groulx) : Je passerais la parole à mes collègues.
Le Président (M.
Simard) : Oui, volontiers. M. le député de René-Lévesque.
M. Montigny :
En fait, j'aimerais... j'aimerais ça qu'on regarde un élément particulier,
évidemment, sur le 60 à 62, là. Plusieurs
personnes ont parlé, évidemment, que, pour certaines personnes, là, c'est... On
l'a appelé, tantôt, les perdants, là, ceux pour qui c'est plus difficile
parce qu'ils ont des emplois plus exigeants physiquement, etc. Vous avez parlé,
si je ne me trompe pas, si ma lecture est bonne, là, de votre mémoire, qu'on
pourrait mettre en place quelque chose,
programme particulier, quelque chose qu'on pourrait mettre en place pour ces
personnes-là. J'aimerais ça vous entendre davantage là-dessus.
M. St-Germain
(Michel) : Oui. Alors, on parle des mesures transitoires. En passant,
vous avez sept années pour les développer, ces mesures-là. Moi, ce que je peux
vous suggérer, c'est, d'abord, de bien identifier ces personnes-là. Alors, c'est qui, ces gens-là qui doivent absolument
recevoir une rente à 60 ans? De quels montants on parle? Et, je
veux dire, là, ces montants-là... En fait, il y a des chiffres qui nous
permettent de dire que ces montants-là, ça représente, d'après moi, des
montants d'autour... pas plus que 3 000 $ par année.
Alors, ce que vous
devez faire, là, pour deux ans, ce que vous devez faire, c'est de trouver une
façon de donner 6 000 $ à ces gens-là pour qu'ils puissent recevoir
une rente qui est plus élevée à 62 ans. Parmi les façons possibles, vous pouvez jouer avec la définition
d'invalidité dans votre programme d'invalidité. Est-ce qu'il y a
moyen de rentrer ces gens-là de façon temporaire dans des prestations
d'invalidité? Est-ce qu'il y a moyen de passer par des crédits d'impôt? Vous venez de donner des crédits
d'impôt aux personnes de plus de 70 ans, des montants importants.
Est-ce qu'il y a moyen de considérer des crédits d'impôt remboursables aux gens
de 62 ans en ciblant, là, les gens qui y perdent?
Il y a le supplément
du revenu garanti, parce qu'en fait ce qu'on parle, c'est d'un supplément du
revenu garanti, ici, pour ces gens-là. Je
réalise les difficultés de coordonner avec le gouvernement fédéral, mais c'est
une façon possible.
Ce que je veux dire,
là, c'est que, si vous trouvez une façon de ces mesures-là, puis difficile d'en
trouver une qui est parfaite, à mon avis, vous gagnez beaucoup. Tous ceux
qui... Tous ces gens-là qui vont pouvoir attendre à 62 ans à cause de ces
mesures-là, et les autres qui ne feront pas de mauvaise décision, vont tous
recevoir des rentes de retraite qui sont plus élevées le restant de leurs
jours. Moi, je pense que c'est un prix très raisonnable à payer pour enlever un
choix.
Le Président
(M. Simard) : M. le député d'Orford.
17 925
M. Bélanger : Merci. Bien, je trouve
ça... je trouve ça intéressant. J'aimerais savoir quel est le coût ou quel
serait le coût estimé, parce que, si
ça coûte 200 millions d'un bord, puis on remet le 200 millions...
Puis est-ce que, vraiment, ça va
avoir un impact au niveau de la main-d'oeuvre, de la disponibilité de... de la
disponibilité de main-d'oeuvre? Parce que,
moi, ma compréhension, c'est que c'est comment on passe le message. Je suis
convaincu que les mesures peuvent être
intéressantes, mais il va falloir un message aussi pour passer ces mesures-là.
Il va falloir qu'elles soient comprises, ce qui n'est pas nécessairement
évident non plus.
Le Président
(M. Simard) : Alors, en conclusion, s'il vous plaît.
M. St-Germain
(Michel) : Oui, bien, je vais demander à Jason de répondre à cette
question-là.
M. Malone
(Jason) : Très rapidement, la communication, l'éducation. Puis, nous
trois, la majorité de notre travail est
d'aider les comités de retraite, aller à des assemblées nationales...
assemblées générales, désolé. L'éducation est très difficile. C'est un
concept très difficile aussi. Donc, terminer là-dessus, c'est l'éducation, oui,
mais, des fois, même la communication est difficile.
Le Président
(M. Simard) : Merci beaucoup. M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
19 307
M. Beauchemin : Merci beaucoup. Je veux
juste relire... Tu sais, j'ai deux questions. Je vais relire une section
de vos mémoires : «Nous reconnaissons
que certains Québécois et Québécoises seront affectés négativement si elles ne
peuvent pas choisir la rente à 60 ans.»
On l'a un petit peu mentionné à quelques reprises à date, là. Est-ce que... Vous,
le chiffre que vous avez en tête, l'avez-vous en termes de pourcentage que ça
représente de la population?
• (16 heures) •
M. St-Germain
(Michel) : Je ne l'ai pas. J'aimerais bien l'avoir. Mais on sait une
couple de choses, là, puis on sait qu'il y a à peu près 40 000 personnes,
tel que mentionné, qui reçoivent leurs rentes à 60 ans, et on sait que ce profil-là varie beaucoup. Il y a des gens qui
continuent à travailler. Il y a des gens qui reçoivent des rentes généreuses. Il
y a des gens qui reçoivent des REER. Il y a des gens qui sont à l'aide sociale.
Ces gens-là, à mon avis, il faut un petit peu les exclure, là. Ils ne sont pas
obligés de la prendre à 60 ans.
Ce qu'il faut vraiment
regarder, c'est les gens qui n'ont pas le choix. Et ces gens-là, j'ai un
profil, là, il y a des gens qui nous les ont donnés, c'est les gens qui font
les ménages dans les chambres d'hôtel, les serveuses de restaurant, c'est les
gens qui ont des emplois précaires et qui ont besoin de cet argent-là. En
passant, qui ont besoin... J'ai dit que le montant est de 3 000 $ par
année, là. Ils ne vivent pas avec ça, ces gens-là. Ils ne vivent pas avec ce
3 000 $. Alors, c'est ça qu'il faut accorder à ces gens-là, préserver
ce montant-là qu'ils ont maintenant puis qu'ils n'ont pas d'autre choix.
19 307
M. Beauchemin :
Bien, justement, sur le 3 000 $ par année, vous, ce que vous
dites, finalement, c'est que c'est des interventions qui seraient à l'extérieur
du Régime des rentes du Québec, donc, dans le fonds consolidé, là, du
gouvernement, ailleurs que dans le Régime des rentes du Québec, où est-ce qu'on
pourrait puiser. C'est ce que vous suggérez. C'est ça?
M.
St-Germain (Michel) : Écoutez, je vais répéter en disant ce que j'ai
dit, demandez à vos excellents actuaires de vous développer un
programme. Ils sont capables de le faire, puis on leur donne sept ans.
Moi, ma
première vue, c'est des mesures qui sont à l'extérieur du Régime de rentes du Québec. J'ai mentionné en passant les crédits
d'impôt remboursables, là. Ça en serait un, ça.
M.
Beauchemin : Mais je vous entends quand vous dites, tu
sais : Il faut identifier ces gens-là, il faut les cibler mieux. On
parle du 90-10, là, depuis les trois dernières journées, là, les 10 % qui
sont non identifiables, pas comme les
ballons, là, qui flottent, mais ils sont vraiment non identifiables. On ne peut
pas dire exactement qui ils vont être, là. On ne peut pas donner les
noms, on ne peut pas faire une liste de personnes en tant que telle, là. Mais le
90 %, donc, on va s'entendre qu'en
gouvernance eux autres, là, OK, sont couverts, dans le sens qu'ils sont bien,
puis ça va. Nous, notre rôle, c'est de s'assurer que, le 10 %, on
ne les laisse pas en arrière.
Donc, ce que vous proposez... Là-dedans, il y en
a, des mesures que... bien, qu'on pourrait discuter, etc. Vous n'avez pas
parlé, effectivement, donc, du bien-être social en tant que tel, mais j'imagine
que ça faisait partie des cartons, des possibilités. Si j'ai bien compris,
quelqu'un qui a, disons, travaillé toute sa vie, a été capable, malgré tout, de ramasser des sous pour se payer une
maison, va arriver à 60 ans, n'aura pas assez d'argent du RRQ, par exemple,
parce que, bon, on n'est plus rendus à
62 ans, va, donc, à ce moment-là, aller sur le bien-être
social, mais, à cause du fait que la personne a une maison, ça va la
pénaliser pour la réception du chèque du bien-être social.
M.
St-Germain (Michel) : Bien, juste pour bien préciser, bien, on m'a
demandé des mesures... des exemples de mesures, moi, je n'ai pas donné
comme exemple de mesure de les envoyer à l'aide sociale, là.
M. Beauchemin : Oui.
M. St-Germain (Michel) : Je ne suis
pas... Je ne pense pas que je suis favorable à envoyer des gens...
M. Beauchemin : Mais qu'est-ce que
vous, vous en pensez, de cette approche-là, de mettre ça, disons, dans un autre
fonds consolidé du gouvernement qui serait le bien-être social?
M. St-Germain (Michel) : Moi, je ne
suis pas favorable à dire : Ces gens-là, on vous envoie à l'aide sociale.
Je ne suis pas favorable à ça.
M. Beauchemin : Puis donc la raison
principale étant...
M. St-Germain (Michel) : Moi, je
suis un... Je crois vraiment, là, que chaque programme devrait avoir une
mission. L'aide sociale, là, c'est les gens qui sont incapables à travailler.
Le Régime de rentes du Québec, c'est pour protéger les Québécois contre leurs
vieux jours. Ici, là, on parle d'un... j'appelle ça un pont, là. C'est une
mesure temporaire pour accommoder des gens qui ont travaillé, ils sont membres
du Régime de rentes du Québec, mais qui ont une difficulté à suivre le rythme
de travail entre 60 et 62 ans. Moi, je vous encourage à avoir une mission
très, très claire. N'exagérez pas sur la
cible de cette chose-là. On ne sera jamais capables de les cibler parfaitement,
ces gens-là.
M. Malone (Jason) : Si je peux me
permettre...
M. Beauchemin : Oui.
M. Malone
(Jason) : Un autre élément, c'était dans le document de
consultation aussi, je crois, la France a des exemples où il y a des
mesures transitoires pour les employés dans des emplois pénibles. Donc, il faut
regarder aussi qu'est-ce qui est fait à l'extérieur.
Mais nous, comme actuaires de l'ICA, vraiment,
on s'est concentrés sur le Régime de rentes du Québec, les mesures qui sont
mises en place. Comme j'ai mentionné tantôt, c'est important ici de vraiment
regarder le Régime de rentes du Québec, la majorité. Puis, cette mesure-là, on
la supporte, mais on comprend que ce n'est pas facile. Puis il faut regarder
d'autres mesures, à l'extérieur du RRQ, pour essayer de trouver un moyen de
mettre en place cette hausse-là et les autres mesures aussi, là.
M. Beauchemin : D'accord.
Deuxième phrase que j'aimerais reprendre de votre mémoire, c'est, vous
dites : «Nous suggérons à Retraite Québec de proposer les détails d'un
nouveau programme qui viserait à réduire l'effet négatif de l'âge minimum.»
Donc, c'est un peu ça, finalement, que vous mentionnez. C'était... Retraite
Québec aurait, donc, avantage à y aller plus dans une recherche approfondie de
mesures alternatives, là, qui couvraient le 6 000 $, grosso modo, là,
que vous mentionnez. C'est bien ça?
Une voix : Oui.
M. Beauchemin : D'accord. Je veux
vous poser une question en ce qui a trait à... le 75 ans d'âge maximal
pour pouvoir recevoir la... l'admissibilité, là, au Régime des rentes du
Québec. Vous, vous avez mentionné qu'on pourrait le bonifier encore plus, si
j'ai bien compris. Le chiffre, là, le 1 800 quelques que j'ai vu dans le
tableau, là, OK, vous, ça pourrait être encore plus. Est-ce que vous pourriez,
un, me dire de combien puis pourquoi?
Mme Lessard (Krystel) : Écoutez, on
n'a pas développé une table précise, là, de quels devraient être les facteurs
d'ajustement. Comme Michel l'a mentionné, il y a des excellents actuaires à
Retraite Québec qui sont tout à fait capables de le faire. Mais, d'un point de
vue actuariel, si on regarde rapidement, entre 65 et 75 ans, pour tenir
compte du fait que la personne n'a pas reçu une rente pendant 10 ans et
que son espérance de vie, entre-temps... donc, il va la recevoir pendant moins
longtemps, ce qu'on arrive comme résultat, c'est que la rente devrait être
environ au moins doublée ou environ doublée, là, à 75 ans par rapport à
65 ans. Mais, comme je vous dis, on n'a pas développé la table,
nous-mêmes, de facteurs d'ajustement. Règle du pouce, ça nous apparaît comme
ça. Puis il y a des excellents actuaires qui peuvent vous les calculer, là, de
façon précise aussi.
M. Beauchemin : Bien, ce serait
intéressant, quand même, parce que ça, c'est un facteur que... En passant,
cette mesure-là... Puis corrigez-moi si j'ai tort, là, mais cette mesure-là, si
je comprends bien, elle pourrait être applicable maintenant, nonobstant... Nonobstant
l'augmentation plus élevée que vous suggérez, potentielle, là, cette mesure-là
pourrait être applicable maintenant. On n'a pas besoin d'attendre à 2030, là,
pour le faire.
Mme Lessard (Krystel) :
Exactement.
C'est une mesure qui pourrait être mise en place très rapidement. Bon, il y a
certaines étapes à passer, évidemment, mais on pourrait s'imaginer, par
exemple, en janvier 2024 ou en janvier 2025, que ça pourrait être mis
en place rapidement, il n'y a pas de... en théorie. Puis là, encore une fois,
les actuaires du régime de rentes pourront vous le confirmer, mais ce n'est pas
une mesure qui a un coût pour le régime, puis qui peut être mise en place
rapidement aussi.
M. Beauchemin : OK. Écoutez, M. le
Président, moi, j'ai pas mal fait le tour de mes questions.
Le Président (M. Simard) : Très
bien, cher collègue. Alors, je cède la parole au député de Maurice-Richard,
qui dispose de cinq minutes, reprenant...
M. Bouazzi : Ça, ça inclut le temps
qu'il reste.
Le Président (M. Simard) : Oui.
M. Bouazzi : Magnifique.
Le Président (M. Simard) : ...reprenant
le... Vous reprenez le temps de votre collègue.
M. Bouazzi : Merci beaucoup, M. le
Président.
Le Président (M. Simard) : Merci à
vous.
M. Bouazzi : Merci pour votre
exposé. Donc, ce que je comprends... On a entendu des groupes, avant, nous
parler, comme exemple, de l'idée d'avoir des personnes sur l'aide sociale à qui
on permettrait de rester sur l'aide sociale. Là, on ne parle pas des gens qu'on
enverrait vers l'aide sociale pour régler le problème, mais en fait qui sont
déjà sur l'aide sociale à 60 ans, qui aujourd'hui se retrouvent à être
obligés... Donc, on leur permettrait de rester sur l'aide sociale deux ans de
plus.
On a aussi entendu un groupe aujourd'hui nous
expliquer que les personnes à faibles revenus, à cause du SRG, du supplément de revenu garanti, se
retrouvent, en fait, à être défavorisées à attendre l'âge de 62 ans. On comprend
que, pour le RRQ tout seul, là, attendre, c'est toujours mieux, si on oublie
les deux ans où il faut survivre.
Donc, ce qu'on entend... Ce que je comprends de
ce que vous dites, c'est : Ayez, pour chacun des profils... D'ailleurs,
ces profils-là, on peut savoir c'est qui, là. On n'arrête pas de parler des
10 % qu'on ne sait pas c'est qui. Il y
en a plein, on sait exactement qui sera pénalisé et qui ne le sera pas. Et,
même sur l'espérance de vie, il y a des gens qui, malheureusement,
apprennent à 59 ans qu'ils ont un cancer foudroyant, et ils savent aussi
qu'ils vont mourir avant l'âge de
65 ans, par exemple. Bon, bref, il y a beaucoup de gens, on sait c'est
qui. Et, vous, ce que vous dites, c'est : Suivant dans quelle catégorie de citoyens on tombe, dans quel genre de
revenus on a à 60 ans, ayons des programmes qui
permettent de régler un certain nombre de problèmes, quand il y en a, pour
pouvoir appliquer l'idée de ne pas prendre le RRQ avant 62 ans, parce
qu'évidemment c'est meilleur pour ces personnes-là à partir du moment où ils le
prennent à 62 ans. C'est ce que je comprends de ce que vous dites.
M. St-Germain (Michel) : Oui. Bien,
juste répéter, il y a un principe, là, qui a été bien identifié, le Régime de rentes du Québec, c'est pour tous les Québécois
qui travaillent. Le but du Régime de rentes du Québec, ce n'est pas de reconnaître les spécificités de chacun, sauf par
le choix de la date de retraite. Je vous recommande de le... de recommander, mais ne faites pas varier le Régime
de rentes du Québec par occupation ou par habilité à travailler ou non.
• (16 h 10) •
M. Bouazzi : Non, non, bien sûr,
mais...
M. St-Germain (Michel) : Ce qu'on
vous dit, c'est... c'est ça.
M. Bouazzi : ...la question, à
l'inverse... c'est-à-dire que, moi, ce que j'entends... On a entendu des gens
nous expliquer, de manière plutôt raisonnable, qu'il y a des groupes de la
population que, si on les oblige à prendre leur
retraite à 62 ans, seront pénalisés, et c'est, en général, les groupes les
plus vulnérables dans notre société. Si on a des programmes qui viennent
régler les deux ans dont on parle, à ce moment-là, prendre la... obliger les
gens de prendre la retraite à 62 ans
devient raisonnable. C'est ce que je comprends. Parce que sinon, si vous me
dites... Si on n'a aucun programme entre 60 et 62 ans, et on veut
juste obliger les gens à prendre leur retraite à 62 parce que c'est mieux pour
eux, la réponse, c'est : On a plein de cas où ce n'est pas une bonne idée
parce qu'ils vont souffrir pendant deux ans de manière absolument invivable.
C'est ça qu'on a entendu.
M. St-Germain (Michel) : Si des gens
ont absolument besoin d'une rente à 60 ans, ce que je vous dis :
Construisez un programme pour ceux-là. Quant au choix...
M. Bouazzi : Qu'il y ait une rente
ou pas une rente?
M. St-Germain (Michel) : C'est un
programme de deux ans. Moi, ce que je vous ai dit : Ces gens-là ont besoin
d'autour de 3 000 $ par année, et on parle de... on parlait de 40 000,
de 10 %, 4 000 personnes où il faut leur verser
3 000 $ par année. Ce n'est pas la mer à boire, ça.
M. Bouazzi : Donc, un programme, en
tout cas, qui ne viendrait pas du RRQ, donc, de ce que... Parce que ce que
j'entends de ce que vous dites, c'est : Oui, repoussons à 62, mais
conditionnel à trouver une solution pour ceux qui en ont besoin entre 60 et 62.
M. St-Germain (Michel) : Oui.
M.
Bouazzi : Donc, s'il n'y a pas des solutions à ces
problèmes-là dont on parle, à ce moment-là, pousser à 62 pour ces personnes-là
serait dramatique au moins pour les deux prochaines années et, de ce qu'on a
entendu, pour plus que deux ans, des spécialistes de la chaire de
retraite qui étaient là juste deux heures avant vous.
M.
St-Germain (Michel) : Oui. Et ce qu'on vous dit, c'est que, si vous le
faites, si vous adressez ce problème-là, là, l'équipe...
M. Bouazzi : Oui, c'est une bonne
idée. Moi, j'entends.
M. St-Germain (Michel) : ...vous
avez un système qui est plus performant et qui a énormément de gens qui vont
bénéficier du report à 62 ans.
M. Bouazzi : J'entends parfaitement
ça, c'est-à-dire que la combinaison entre retarder à 62 ans et trouver une solution pour de 60 à 62 ans est positive
pour les citoyens. C'est juste que, si on oublie la deuxième partie de votre
phrase, on pourrait penser que juste
retarder à 62 ans serait positif, sans prendre en compte, justement, les
cas où il faudrait trouver les 3 000 $, 6 000 $, je
ne connais pas vos calculs, donc, pour ces deux années-là.
Donc, ma deuxième question, c'est :
Pourquoi s'arrêter à 62? Donc, pourquoi ne pas obliger les gens de la prendre à
63, par exemple?
Le Président (M. Simard) : Alors, en
conclusion, s'il vous plaît.
M. St-Germain (Michel) : Écoutez, à
l'Institut canadien des actuaires, lorsqu'on a pris notre position publique en
2019, on l'a débattue. Moi, je pense que 62 ans, c'est vendable à la
population. Si vous essayez à 63 ans, ça devient moins vendable.
M.
Bouazzi : Donc, c'est une question d'acceptabilité, là.
C'est de comprendre l'humain, pas l'actuaire. Alors, c'est ça.
M. St-Germain
(Michel) : En passant, le 62 ans...
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. St-Germain (Michel) : ...on
propose que ce soit ajusté dans le temps selon un paquet de choses, là.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, merci beaucoup, Mme Lessard, M. St-Germain,
M. Malone. Vous savez que vous étiez nos derniers intervenants dans le
cadre de cette consultation publique. À travers vous, on finissait en beauté.
Donc, merci d'avoir contribué à nos travaux.
M. le député de Maurice-Richard,
je crois comprendre que vous souhaitez nous faire la grande demande.
M. Bouazzi : Exactement, M. le
Président, et c'est ma première.
Le Président (M. Simard) : Ah bon!
M. Bouazzi : C'est pour vous. Je
suis bien heureux.
Le Président (M. Simard) : Ça prend
toujours une première, vous savez.
M. Bouazzi : En journée de
Saint-Valentin, donc, M. le Président, je suis bien content de vous dire qu'en vertu de l'article 176 de notre règlement
j'aimerais demander que la commission se réunisse en séance de travail afin de
rédiger un rapport pour donner suite aux consultations que nous tenons
actuellement et formuler des observations, conclusions... et conclusions.
Une voix : ...
M. Bouazzi : Exact.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, cher collègue, je prends bonne note de votre requête. Comme vous
le savez, nos règlements stipulent que nous avons trois jours francs pour se
rencontrer, mais, vous savez, ce ne sera pas ce soir, parce que c'est la
Saint-Valentin, et j'ai d'autres projets. Mais, pour le reste, je suis ouvert.
Mémoires déposés
Et, avant de terminer, je dépose les mémoires
des groupes non entendus.
Sur ce, merci à nouveau pour votre
collaboration.
M. Girard (Groulx) : ...
Le
Président (M. Simard) : Bien non, techniquement, il n'y en a pas, mais, si
vous le souhaitez, M. le ministre, par consentement, on pourrait
peut-être, si les collègues le veulent, faire un bref, très bref mot de
clôture.
M. Girard (Groulx) : Est-ce que vous
allez utiliser cette possibilité aussi?
Le Président (M. Simard) : Avec
consentement, tout se peut. Mais on est un peu hors normes. Mais allez-y
promptement, s'il vous plaît.
M. Girard (Groulx) : OK. Bien, moi,
je vais faire un mot de clôture. Je pense que c'est important.
Le Président (M. Simard) : Je vous
en prie.
M. Girard
(Groulx) : Bien, d'abord, je veux remercier tous les
participants, tous les membres de la commission, le personnel et, bien
sûr, le personnel de Retraite Québec pour un travail exceptionnel.
Notre régime des rentes est en santé. Plusieurs
points ont fait consensus lors de la consultation : la nécessité de mieux informer, de ne pas réduire les
cotisations, la reconnaissance de périodes de diminution de revenus de travail,
le maintien en emploi des personnes de
65 ans, le report de l'âge maximal. On a donc plusieurs éléments qui suscitent
l'enthousiasme.
Deux éléments, l'augmentation de l'âge minimal
d'admissibilité et les mécanismes d'ajustement lorsque le financement du régime
est insuffisant, ne font pas consensus. Néanmoins, il faudra y réfléchir. On a
une obligation. On a une responsabilité.
Notre objectif est d'accroître la sécurité financière des Québécois dans le
contexte où l'espérance de vie s'est allongée de sept ans depuis
40 ans, et ce sera neuf ans en 2030. Et c'est donc une décision
difficile, des décisions difficiles qui devront être prises éventuellement.
J'invite tous les Québécois à y réfléchir sérieusement. C'est notre régime. Les décisions ne sont pas prises. Nous avons écouté.
Nous avons consulté. Notre objectif demeure la sécurité financière des
Québécois. C'est une réflexion extrêmement importante.
Et je rappelle, parce que
je dois le clarifier, parce qu'il y a des inexactitudes qui ont été dites, que
ce qui est proposé, c'est de prendre
200 millions, plus de 200 millions par année du régime collectif pour
le transférer vers les retraités. Et ce que nous avons entendu, c'est
que, si cette proposition était adoptée, il faudrait avoir une attention
particulière pour ceux qui n'ont pas le choix et qui doivent demander le régime
à 60 ans. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous, M. le ministre. Cher collègue de Maurice-Richard.
M. Bouazzi : Merci beaucoup, M.
le Président. Évidemment, grâce à l'article 176, nous allons aller plus
loin dans les conclusions communes qu'on pourrait avoir et peut-être quelques
divergences. Je tiens à rappeler qu'il y a un certain nombre de groupes que
nous n'avons malheureusement pas écoutés dans ces... dans cette commission. La majorité ont déposé des rapports, et je pense
qu'il faut vraiment qu'on prenne le temps aussi d'écouter ces personnes-là,
surtout que nous ne sommes pas égaux devant
le RRQ. Il y a des inégalités de genre, on a entendu ici, dans ces commissions,
mais aussi dans les rapports que nous avons reçus des différents groupes de la
société civile, des inégalités de classe, parce
que les pauvres vivent moins longtemps, donc coûtent moins cher au RRQ. Et
aussi, pour les personnes qui sont à mobilité réduite, les personnes
handicapées et les gens qui ont des lésions, il y a aussi des inégalités très
graves. Et j'espère que, dans la réflexion
qui animera le prochain projet de loi, nous serons aussi, pour chacune de ces
inégalités... nous prendrons le temps de
faire des propositions concrètes qui vont faire une grosse différence dans leur
vie. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous, cher collègue.
Compte tenu de l'heure, j'ajourne nos travaux
sine die. Au revoir.
(Fin de la séance à 16 h 19)