Journal des débats de la Commission des finances publiques
Version préliminaire
43e législature, 1re session
(29 novembre 2022 au 10 septembre 2025)
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Le
mardi 14 février 2023
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Vol. 47 N° 8
Consultations particulières et auditions publiques sur le document de consultation sur le Régime de rentes du Québec intitulé Un régime adapté aux défis du 21e siècle
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Intervenants par tranches d'heure
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Simard, Jean-François
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Girard, Eric
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Girard, Eric
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Simard, Jean-François
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Montigny, Yves
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Caron, Linda
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Bouazzi, Haroun
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Bouazzi, Haroun
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Simard, Jean-François
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Girard, Eric
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Montigny, Yves
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Bélanger, Gilles
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Simard, Jean-François
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Mallette, Carole
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Montigny, Yves
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Caron, Linda
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Beauchemin, Frédéric
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Bouazzi, Haroun
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Simard, Jean-François
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Girard, Eric
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Montigny, Yves
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Beauchemin, Frédéric
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Beauchemin, Frédéric
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Simard, Jean-François
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Caron, Linda
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Bouazzi, Haroun
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Simard, Jean-François
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Girard, Eric
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Montigny, Yves
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Beauchemin, Frédéric
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Simard, Jean-François
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Bouazzi, Haroun
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Girard, Eric
9 h 30 (version révisée)
(Neuf heures quarante-huit minutes)
Le Président (M. Simard) : Alors,
chers amis, bonjour à tous. Bienvenue dans le cadre de cette dernière journée d'auditions
de la Commission des finances publiques dont les travaux portent sur une
consultation particulière et des auditions publiques sur le document de consultation
sur le Régime de rentes du Québec intitulé Un régime adapté aux défis du XXIᵉ siècle.
Alors, nous avons quorum et nous pouvons
entreprendre nos travaux.
Mais, avant de ce faire, je dois vérifier :
Mme la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Rizqy (Saint-Laurent) est remplacée par Mme Caron (La Pinière).
Le Président (M. Simard) : Merci
beaucoup, et bienvenue à ces collègues.
Ce matin, nous aurons la chance d'auditionner
trois groupes et nous commençons par la présence de M. Tremblay qui est
conseiller principal au domaine Avoirs, Mercer. Monsieur, soyez le bienvenu.
Auriez-vous l'amabilité de nous présenter la personne qui vous accompagne, s'il
vous plaît?
M. Tremblay (F. Hubert) : Certainement.
Je suis accompagné, aujourd'hui, de mon collègue Jean-François Poirier,
également conseiller principal en régimes de retraite chez Mercer.
• (9 h 50) •
Le Président (M. Simard) : Nous
écoutons, et vous savez que vous disposez de 10 minutes.
M. Tremblay (F. Hubert) : Merci
beaucoup. M. le Président, M. le ministre, membres de la commission, merci de
nous accueillir. Merci aussi à Retraite Québec pour tout le travail dans la
préparation du document de consultation.
Depuis environ une quinzaine d'années,
Mercer produit l'indice mondial Mercer CFA Institute qui compare les systèmes
de retraite nationaux à travers le monde. Notre rôle, Jean-François et moi,
dans la création de l'indice, à chaque année, pour le Canada, on met à jour les
informations, on fournit ces informations-là à nos collègues du bureau de
Mercer à Melbourne, en Australie, et c'est eux qui vont consolider toutes les
informations reçues, qui vont faire les comparaisons entre les systèmes de
retraite puis qui vont, ultimement, donner une note à chaque système de
retraite.
Donc, Jean-François va commencer aujourd'hui
par décrire les constats de l'indice et sa construction, puis ensuite je vais
faire des liens entre les conclusions de l'étude et les recommandations du
document de consultation.
M. Poirier (Jean-François) : Merci,
Hubert. Bonjour, tout le monde. Donc, dans l'indice, en 2022, les systèmes de
retraite de 44 pays, qui représentent environ deux tiers de la population
mondiale, sont inclus. L'indice s'est développé à partir d'une cinquantaine de
questions, des indicateurs qui vont permettre d'évaluer trois sous-indices.
Premièrement, il y a le sous-indice de la
suffisance des prestations qui va mesurer d'une certaine façon la générosité de
chaque système de retraite. Donc, ça va être mesuré, entre autres, par le taux
de remplacement du revenu à la retraite, qui va dépendre de la générosité des
régimes d'État mais aussi des taux de participation aux régimes d'employeur et
à l'épargne personnelle. Deuxièmement, il y a le <sous-indice de la
viabilité...
M. Poirier (Jean-François) :
...
d'employeur et à l'épargne personnelle. Deuxièmement, il y a le >sous-indice
de la viabilité, qui va évaluer dans quelle mesure les systèmes de retraite
sont pérennes, s'ils sont viables à long terme, s'ils sont en mesure de livrer
les promesses. Ça va être mesuré, entre autres, par le niveau de préfinancement
des régimes, la structure des cotisations qui sont requises et comment les
régimes sont adaptés aux changements démographiques. Et, troisièmement, le
sous-indice de l'intégrité qui va évaluer la solidité du cadre réglementaire, à
savoir si les régimes, finalement, sont bien gérés, autant du côté public que
privé.
Donc, les systèmes qui vont le mieux
performer dans le monde vont être ceux qui offrent des prestations généreuses,
qui ont une vision à long terme au niveau du financement et qui sont bien
gérés.
En 2022, le Canada s'est classé au 13e rang
sur les 44 pays et obtient une cote de B. Les pays qui performent le mieux
dans le monde, il y a trois pays qui obtiennent une cote de A, qui sont
l'Islande, les Pays-Bas et le Danemark.
L'indice va mettre en lumière les points
forts de chaque système de retraite, dont le système de retraite ici, au Québec
et au Canada.
Quand on regarde, premièrement, en termes
de suffisance des prestations, notre système offre une bonne diversification
des sources de revenus. Il y a les régimes de retraite publics, il y a aussi
les régimes de retraite offerts par les employeurs, et on a un système fiscal
qui encourage l'épargne personnelle. Deuxièmement, au niveau de la viabilité du
système, bien, les points forts, c'est le niveau de préfinancement des régimes,
on a également des cotisations importantes qui sont versées aux différentes
composantes de notre système de retraites. Et finalement, en termes d'intégrité
du système, les régimes de retraite offerts par les employeurs sont bien
supervisés et les régimes publics font l'objet d'une très bonne gouvernance.
L'indice va également mettre en lumière
les points faibles de notre système, d'où vont découler les recommandations qui
visent à l'améliorer. Donc, au niveau du système, au Québec et au Canada, on
vise à : améliorer la couverture des travailleurs, principalement dans le
secteur privé, les taux de participation aux régimes de retraite privés sont
relativement faibles; augmenter aussi le niveau d'épargne des ménages; prévoir
un âge minimal pour l'accès à l'épargne retraite personnelle — il n'y
a aucun âge minimal pour sortir des sommes des REER; accroître le taux de
participation des personnes plus âgées au marché du travail; et augmenter la
flexibilité offerte aux travailleurs dans l'utilisation de leur épargne à la
retraite entre les différentes composantes du système.
Le Régime de pensions du Canada et le Régime
de rentes du Québec représentent seulement une portion de notre système
d'épargne retraite. Les recommandations, dans le rapport Mercer, ne visent donc
pas nécessairement le Régime de rentes du Québec. Donc, dans le contexte du
présent exercice, toutefois, pour... qui vise la revue du Régime de rentes du
Québec, on a souligné les liens entre les propositions du document de
consultation de Retraite Québec et les conclusions, recommandations de l'étude
Mercer.
M. Tremblay (F. Hubert) : Merci,
Jean-François. Donc, dans l'étude, on suggère entre autres d'offrir une plus
grande flexibilité aux travailleurs dans l'utilisation de leur épargne
retraite. Aussi, on suggère de repousser l'âge de retraite à mesure que
l'espérance de vie augmente. C'est, selon nous, tout à fait en ligne avec les
objectifs de la consultation. Maintenant, il faut s'entendre sur les moyens d'y
arriver.
Donc, sur... un des premiers éléments de
la consultation dont on a beaucoup entendu parler : premier âge
d'admissibilité. On encourage le gouvernement à adopter une feuille de route
sur six ans en collaboration avec Retraite Québec, donc : premièrement,
maintenir, pour le moment, l'âge d'admissibilité à la rente du RRQ à 60 ans
sans augmenter les facteurs de réduction applicables avant 65 ans; deuxièmement,
mieux communiquer aux Québécois les avantages de reporter la rente du RRQ — il
faut garder en tête que, quand on parle aux Québécois, on peut parler à des
gens qui participent à des régimes à prestations déterminées, à des régimes à
cotisations déterminées ou qui n'ont pas la chance de participer à un régime
relié à l'emploi, donc on ne va pas parler ou communiquer de la même façon dans
toutes ces situations-là; finalement, il faut penser à ceux qui ne peuvent pas
continuer de travailler, qui ont besoin de revenus à court terme et qui n'ont
pas accumulé <d'autre épargne...
M. Tremblay (F. Hubert) :
...
qui ont besoin de revenus à court terme et qui n'ont pas accumulé >d'autre
épargne, il va falloir leur démontrer à eux comment on peut les aider à faire
face à un report éventuel de l'âge d'admissibilité à la rente du RRQ.
Donc, on pense qu'en adoptant cette
feuille de route là l'âge moyen des prestations du RRQ, du début des
prestations, va continuer d'augmenter naturellement et que ça va nous permettre
de garder un régime flexible et, par conséquent, inclusif. À la prochaine
consultation sur le RRQ, dans six ans, on verra comment la communication a
fonctionné puis s'il y a lieu d'entreprendre des changements aux âges des
prestations ou de changer les facteurs de réduction avant 65 ans. Donc,
c'était le premier élément.
Maintenant, sur les autres éléments de la
consultation. Sur l'âge maximal, on est en faveur du rehaussement de l'âge de
70 à 75 ans. Comme on parle ici d'ajouter de la flexibilité dans le
système, on pense que ça peut se faire rapidement sans grande période de
transition. Ensuite, sur la flexibilité à partir de 65 ans, on appuie les
mesures proposées. Il faudra, encore ici, expliquer au moyen de la
communication aux travailleurs c'est quoi, les conséquences d'arrêter de
cotiser au régime, par exemple. Finalement, pour mieux soutenir les travailleurs
qui réduisent leur temps de travail, a priori, on est en faveur des mesures
proposées pour les gens qui vont s'occuper d'enfants, de proches malades ou
pour cause d'invalidité. C'est tout à fait en ligne avec des éléments qui ont
été identifiés dans l'étude de Mercer, qui peuvent être améliorés dans notre
système, et on pense que ces mesures-là vont favoriser le... vont rapetisser
l'écart d'épargne-retraite entre les hommes et les femmes. Donc, ça aussi,
c'est en lien avec... c'est cohérent avec notre étude. Par contre, il faut bien
comprendre l'impact financier de ces mesures-là. Pour le moment, on n'a pas une
bonne compréhension de ça, donc c'est quelque chose qu'on voudrait mieux
comprendre avant de se prononcer officiellement.
Donc, en terminant, l'indice de Mercer
nous montre que le système de retraite au Canada, au Québec, fonctionne
relativement bien. On note, dans la dernière évaluation du RRQ, que la
situation financière est favorable, donc, dans ce contexte-là, on ne pense pas
qu'il faut introduire des mesures plus restrictives dans le RRQ pour le moment,
il faut plutôt prioriser l'éducation des travailleurs. Ça n'empêche pas que
certains changements peuvent être apportés dès maintenant pour ajuster le RRQ à
l'allongement de l'espérance de vie et le rapprocher encore plus, l'harmoniser
encore plus avec le Régime de pensions du Canada. La plupart des propositions
du document de consultation vont d'ailleurs dans ce sens-là. Mais, quand on
regarde tout ça, on réalise qu'il faut faire des choix, parce qu'on favorise le
maintien de la plus grande marge de manoeuvre possible à court terme pour le
régime de rentes.
Merci de votre écoute, et on va être
heureux de pouvoir discuter avec vous sur ces sujets dans les prochaines
minutes.
Le Président (M. Simard) : M. Poirier,
vous êtes pile-poil dans les temps, 10 minutes bien comptées,
félicitations. M. le ministre, vous disposez de 16 min 30 s.
M. Girard (Groulx) : Merci.
Merci d'être là. Je pense que Mercer a effectivement une expertise en régime de
retraite, alors merci de venir participer aux consultations publiques, puis
c'est un exercice important, alors votre avis est apprécié.
Sur le report d'admissibilité, là, j'ai
compris a et b, mais je n'ai pas compris c, là, Ça fait que, a, vous
recommandez de maintenir à 60 ans, présentement, avec les facteurs
d'ajustement actuels, bref, le statu quo; b, mieux communiquer. C, c'est quoi?
• (10 heures) •
M. Tremblay (F. Hubert) : ...on
le décline en deux volets, là. Donc, le b, c'est de mieux communiquer avec les
travailleurs pour, selon le type de régime auquel ils participent... pour les
aider à bien comprendre comment ils peuvent maximiser la coordination entre les
régimes de retraite auxquels ils participent, régime d'employeurs et le Régime
de rentes du Québec. Le 2b ou le c, là, comment vous l'appelez, c'est de bien
expliquer aux gens qui seraient affectés défavorablement par un report de l'âge
minimal d'admissibilité à la rente du RRQ comment il y a d'autres
accommodements qui pourraient être disponibles pour eux, peut-être, par
d'autres différents programmes, peut-être mieux expliquer comment ces gens-là
pourraient s'en sortir puis de composer avec un changement à l'âge. Donc, dans
la feuille de route, on dit : Faisons des choses maintenant et prenons le
temps d'expliquer ces choses-là pour que dans six ans, quand on va arriver à la
prochaine consultation, on puisse fournir des exemples concrets à la population
pour les rassurer sur les répercussions potentielles d'un report de l'âge
d'admissibilité.
M. Girard (Groulx) : OK. Mais
c'est important, là, parce que les arguments qui ont été évoqués puis qui
sont... c'est important qu'on ait ces discussions-là, concernent...
10 h (version révisée)
M. Girard (Groulx) : OK, mais
c'est important, là, parce que les arguments qui ont été évoqués puis qui sont...
et c'est important qu'on ait ces discussions-là, concernent la pénibilité puis
l'invalidité. Puis il y a un autre critère, mais je vais me concentrer sur ces
deux-là : pénibilité puis invalidité. Là, quand vous dites : Mieux
expliquer, vous voulez dire que... leur expliquer que, malgré la pénibilité et
l'invalidité, il y a des solutions qui fait que c'est optimalement,
financièrement, de reporter à 62 ans. C'est ça que vous dites, finalement.
M. Tremblay (F. Hubert) : C'est
ce qu'on dit, mais évidemment dans la mesure où les gens qui ont besoin de
revenus à 60 ans puissent trouver ces revenus-là dans un autre programme.
M. Girard (Groulx) : Trouver
les autres options.
M. Tremblay (F. Hubert) : Exactement,
donc, qu'ils les comprennent, premièrement, puis qu'ils soient rassurés qu'ils
ne sont pas laissés à eux-mêmes dans cette transition-là.
M. Girard (Groulx) : Donc,
vous ne contestez pas, par exemple, les hypothèses actuarielles, là, que s'il y
avait un report... Parce que nous, la raison que c'est proposé, là, c'est parce
que c'est à l'avantage des retraités, là. C'est... je le répète, le régime est
en santé, ce qu'on propose de faire, c'est de prendre de l'argent du régime
puis le donner aux retraités. Mais il y en a qui sont contre ça, puis il peut y
avoir des bonnes raisons pourquoi il faut être contre ça, mais il faut être
clair, là, ce qui est proposé, c'est de prendre de l'argent du régime et de
bonifier les rentes des retraités.
Alors, vous, vous ne contestez pas, là, qu'actuariellement,
ou statistiquement, ou mathématiquement, ou scientifiquement, 90 % des
gens seraient gagnants à reporter, là.
M. Tremblay (F. Hubert) : Exactement,
on est d'accord avec ça. Évidemment, on ne veut pas présumer des situations
individuelles des gens, du 10 % qui reste, par exemple. Donc, c'est dans
cet esprit-là qu'on dit : Le fruit n'est pas mûr, parce qu'on n'a
peut-être pas assez expliqué au 10 % qui reste les répercussions de ce
report-là pour eux.
M. Girard (Groulx) : OK, puis
ce 10 % là est, évidemment, compris de gens qui ont une espérance de vie
plus courte.
M. Tremblay (F. Hubert) : Exactement,
qui pourraient... pour qui la décision de prendre une retraite à 60 ans
pourrait peut-être être la bonne.
M. Girard (Groulx) : Elle
pourrait être optimale, mais on est dans un régime collectif, avec l'incertain
puis les modèles statistiques, on n'est pas capable, aujourd'hui, d'identifier
qui est ce 10 % là, là.
M. Tremblay (F. Hubert) : On
est capable de trouver des situations particulières...
M. Girard (Groulx) : On peut
identifier les situations qui mènent à être dans le 10 %.
M. Tremblay (F. Hubert) : Exactement,
exactement, puis d'expliquer comment la transition se ferait dans le cadre d'un
report de l'âge d'admissibilité.
M. Girard (Groulx) :
D'accord. OK.
M.
Tremblay (F. Hubert) : Et ça, on ne l'a pas vu jusqu'à maintenant.
Donc, on trouve que pour la population, ce serait rassurant de voir ces
choses-là, de pouvoir s'identifier à des situations et de comprendre quel
serait l'impact sur eux de cette transition-là.
M. Girard (Groulx) : Oui.
Bien, je pense qu'une des choses qui n'a pas été dite, c'est que cette... au
niveau de la pénibilité, là, je vais laisser l'invalidité de côté, parce qu'on
a bonifié les rentes invalidité, mais c'est contesté juridiquement. Puis on en
fait plus. Est-ce qu'on en fait assez? Il y a tout un débat autour de ça. Mais
au niveau de la pénibilité, est-ce que c'est la responsabilité, dans le régime
de retraite canadien qu'on s'est donné, à trois étages, peut-être même quatre,
si on ajoute la possibilité de continuer à travailler, mais de réduire sa
charge de travail, est-ce que c'est la responsabilité du RRQ, dans le régime qu'on
s'est donné, de traiter de la pénibilité?
M. Tremblay (F. Hubert) : Bien,
vraisemblablement, ce n'est pas la responsabilité du régime de rentes, mais c'est
une responsabilité que le régime de rentes semble avoir prise en partie dans
les dernières années. Donc, pour ce qui est de la transition, parce que, là,
présentement, les gens quittent, décident de prendre leurs prestations à 60 ans,
on dit : On veut transitionner vers un régime différent. Nous, ce qui nous
inquiète, c'est la période de transition, donc, comment des gens qui ont pu le
faire de cette façon-là par le passé ou qui ont pu prévoir le faire comme ça,
dans leur planification à la retraite, vont être accompagnés pour faire les
choses différemment. Donc, ils vont commencer par comprendre, puis ensuite
comment, bien, ils vont réagir à ça. Donc, c'est ça, le point, c'est le point
de la transition, ce n'est pas le point ultime d'un jour faire un changement.
M. Girard (Groulx) : OK. Vous
m'amenez sur ma deuxième série de questions. Est-ce que je dois conclure de
votre mémoire qu'inévitablement on va faire ça, d'augmenter l'âge d'admissibilité,
mais que, selon vous, ce serait préférable de le faire à la prochaine
consultation?
M. Tremblay (F. Hubert) : En
fait, je ne peux pas me prononcer sur la prochaine consultation ou celle
d'après, mais ce que je peux dire, c'est qu'avec l'allongement de <l'espérance...
M. Tremblay (F. Hubert) :
...prochaine
consultation ou celle d'après, mais ce que je peux dire, c'est qu'avec
l'allongement de >l'espérance de vie, on peut penser qu'éventuellement
la discussion devra avoir lieu sur les âges de retraite. Donc là, on parle ici
du premier âge d'admissibilité, mais les âges de retraite, c'est plus large que
ça. Donc, la prochaine... à la prochaine consultation, tout dépendant de la
situation financière du régime, tout dépendant des résultats de la feuille de
route, est-ce qu'on a réussi à convaincre certaines personnes? Parce que d'aller
de 60 à 62, c'est une chose, mais on déplace le problème, entre guillemets, sur
un âge... 62 est un âge fixe qui devient un objectif. Donc, est-ce que c'est 62,
63, la bonne réponse? Est-ce que c'est 61? Donc, on veut avoir une discussion
plus large sur les âges de retraite à la prochaine... Donc, c'est ça, le fruit
de la feuille de route, c'est de reporter cette discussion-là la prochaine fois
et, entre-temps, se donner les moyens de changer le profil de l'âge de début
des prestations de façon naturelle et graduelle.
M. Girard (Groulx) : OK. Mais
on peut reporter la discussion, mais aujourd'hui, si je vous oblige à vous
prononcer, peu importe le moment où on va reporter cette discussion-là,
l'option qu'on étudie aujourd'hui risque de revenir sur la table.
M. Tremblay (F. Hubert) : Cette
option-là, comme d'autres options ou d'autres discussions sur les âges de
retraite ou les âges de début de prestation du Régime de rentes du Québec.
M. Girard (Groulx) : OK. Ça
fait qu'on a des choix difficiles à faire, collectifs, on réfléchit, on
consulte, on botte ça en touche, on s'en reparle dans six ans.
M. Tremblay (F. Hubert) : Bien,
on ne s'en reparle pas dans six ans parce que dans six ans, dans la feuille de
route, on en a parlé pendant six ans. On a expliqué aux gens, pendant six ans,
de quoi il en retourne, autant à ceux qui participent à des... à des régimes
d'employeur, autant qu'à ceux qui sont dans des situations de pénibilité et
d'autres situations possibles.
M. Girard (Groulx) : Puis là
vous êtes conscient que ce qui est proposé, c'est de le faire en 2030, de
prendre la décision aujourd'hui, mais que ce soit effectif en 2030.
M. Tremblay (F. Hubert) : En
fait, s'il y a une gradualité dans l'application de la chose, on note que, dans
d'autres pays, les choses ont été faites différemment quand il y a eu des
changements à des âges de retraite ou de début de prestation, par exemple, de ne
pas commencer la période de transition au moment des annonces, mais de reporter
la période de transition à plus tard dans le temps, donc de prendre... de dire :
Aujourd'hui, on prévoit un changement, ça ne s'appliquera pas pour les cinq,
six, sept prochaines années, personne ne va être affecté, ça va commencer à
s'appliquer au-delà de ça, sur une période de transition. Donc, on a vu cet
exemple-là en Australie, quand il y a eu des changements à l'âge de retraite de
la rente publique en 2008. On est encore dans la période de transition parce
que la transition a commencé plutôt en 2017.
M. Girard (Groulx) : OK. Puis,
si on appliquait ça chez nous, ça aurait l'air de quoi?
M. Tremblay (F. Hubert) : Bien,
c'est soit... là, ce n'est pas ce qu'on recommande, mais soit on déciderait
aujourd'hui que la période de transition va commencer à la prochaine
consultation. Nous, on est de l'école de pensée qu'on devrait rediscuter de la
chose à la prochaine consultation, à la lumière des résultats de la feuille de
route qu'on propose.
M. Girard (Groulx) : OK. Mais
en termes actuariels, ça revient à dire qu'on fait l'ajustement sur une période
plus longue.
M. Tremblay (F. Hubert) : On
fait l'ajustement sur une période plus longue, mais on se donne une chance de
tester les résultats de la communication. Si on se ramasse qu'il y a 5 %
des gens, à la prochaine consultation, qui veulent toujours prendre la rente à
60 ans, bien, il faudra se questionner, est-ce que, pour 5 %, on a
besoin de changer le système ou pas, est-ce qu'on a besoin d'enlever de la
flexibilité à ces 5 % là ou pas. Donc, je ne suis pas capable de répondre
à ça aujourd'hui. Ce qu'on dit, c'est que prenons les moyens, donnons la chance
à la communication, le fruit n'est pas mûr pour le moment, mais peut-être qu'il
sera mûr à la prochaine consultation.
Le Président (M. Simard) : ...
M. Girard (Groulx) : Oui,
certainement.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. M. le député de René-Lévesque.
• (10 h 10) •
M. Montigny : Alors, bonjour.
En fait, je veux revenir sur des éléments que vous avez mentionnés, puis vous
avez parlé, là, donc, d'un 5 %, groupe de personnes qui pour eux, c'est
difficile, là, de... pour toutes sortes de raisons, dans leur travail, qui est
un travail plus exigeant physiquement, notamment ces personnes-là. Vous avez
parlé aussi de votre feuille de route que vous proposez puis vous avez parlé
aussi d'expliquer davantage.
Je veux revenir sur ces éléments-là.
Comment on peut aider les personnes... comment vous voyez qu'on pourrait aider
les personnes, ce groupe-là d'individus, vous avez parlé, autour de 5 %,
là, qui malheureusement, pour eux, ils voient que ce serait à court terme plus
avantageux d'aller chercher sa prestation, en fait, de décaisser tout de suite
au Régime des rentes à 60 ans? Alors, comment vous voyez ça? Parce que vous
avez dit : Il faut expliquer mieux, mais il faut aussi faire la feuille de
route pour être capable d'être prêt pour la prochaine consultation. Mais est-ce
que vous avez des solutions à proposer pour ces personnes-là?
M. Tremblay (F. Hubert) : En
fait, juste... vous parlez d'un 5 %, là, là, on prend... on a évoqué des <exemples...
M. Montigny :
...proposer
pour ces personnes-là?
M. Tremblay (F. Hubert) :
En fait, juste... vous parlez d'un 5 %, là, là, on prend... on a évoqué
des >exemples, on s'est dit : Peut-être qu'au bout de la feuille de
route il va rester 5 % des gens. Donc, je ne veux pas... je ne veux pas
mettre l'emphase sur le pourcentage réel de gens qui seraient impactés.
À votre question, on parle beaucoup de
communication, donc comment... il faut expliquer aux gens comment coordonner
les prestations des régimes d'employeur auxquels ils participent présentement
avec les prestations du Régime de rentes du Québec. Donc, ça, c'est un gros élément.
C'est vrai à 60 ans, c'est vrai à 62 ans, c'est vrai à 65 ans,
puis c'est vrai plus tard aussi, OK? Donc là, on focusse beaucoup sur 60 ou
62 ans, mais cette... les choses qu'on a à expliquer sur la coordination
entre les piliers du système de retraite s'appliquent à tous les âges, OK?
Donc, on reconnaît que tout le monde a
avantage à reporter le paiement de sa rente, c'est une meilleure façon de gérer
les risques reliés à la retraite. Donc, il faut l'expliquer, et on ne fera pas
ça de la même façon à quelqu'un qui est dans un régime public du gouvernement
du Québec versus à quelqu'un qui a un régime à cotisations déterminées peu
généreux d'un employeur du secteur privé, on ne fera pas ça de la même façon.
Donc, il faut comprendre ces dynamiques-là et les expliquer aux gens.
Pour ceux qui seraient le plus affectés,
bien, évidemment, c'est de coordonner, peut-être pas avec des régimes
d'employeur, mais avec d'autres programmes sociaux. Donc, bien comprendre comment
il y a déjà une coordination entre certains programmes sociaux et le Régime de
rentes du Québec, et comment on changerait cette coordination-là si jamais on
augmentait l'âge minimal d'accès à la rente.
M. Montigny : Juste une
sous-question, et la dernière, vous dites des programmes sociaux, est-ce que
vous les voyez actuellement ou vous nous demandez de les analyser ou de les
créer?
M. Tremblay (F. Hubert) : Bien,
ce qu'on dit, c'est qu'on n'a pas vu de démonstration de ça dans la
consultation, puis, si on voyait cette démonstration-là, je pense que la
population serait rassurée.
M. Montigny : Merci.
Le Président (M. Simard) : M.
le ministre.
M. Girard (Groulx) : Bien,
c'est-à-dire que pour les cas précis de la pénibilité, par exemple, si le 60
devenait 62 puis que quelqu'un... puis qu'on ne donne pas la flexibilité, que
dans des situations exceptionnelles, quelqu'un pourrait quand même déclencher à
60, là, si on changeait, par exemple, l'optionnalité, là, le «opt in», le
«opt out», là, supposons que le standard devenait 62, mais qu'on
permettait encore des situations exceptionnelles à 60 ans, mais nos
programmes d'assistance sociale puis de solidarité sociale donnent des revenus
plus élevés que le RRQ moyen, là, pour ces deux années-là, là. Ça fait que ce
que... quand vous dites : On n'a pas fait la preuve, c'est sûr qu'on n'a
pas affiché que ne pas déclencher, puis ne pas travailler, puis prendre des
programmes sociaux, vous avez plus de revenus que déclencher, on n'a pas
affiché ça, mais, mathématiquement, les programmes sont déjà là, là.
M. Tremblay (F. Hubert) : Ce
serait très rassurant pour la population, c'est notre message, de... dans la
discussion sur le Régime de rentes du Québec, d'intégrer ces aspects-là aussi
et de le démontrer de façon cohérente avec ce qu'on est en train de discuter
sur le Régime de rentes du Québec.
M. Girard (Groulx) : Oui,
c'est juste qu'il y a comme plusieurs messages pour la période entre 60 et
62 ans, là, je dirais que, dans le cas de la pénibilité, il a été dit
simplement aussi, là, que quelqu'un pourrait réduire sa charge de travail si la
culture des employeurs était développée vers ça. Ensuite, il y a les programmes
sociaux, il y a la possibilité que, par exemple, la pénibilité de ces
emplois-là était connue il y a longtemps puis que c'est... le troisième pilier
couvre cet aspect de la pénibilité plutôt que le deuxième.
M. Tremblay (F. Hubert) : Exactement,
vous faites une belle démonstration de toutes les discussions qu'on a ou toutes
les démonstrations qu'on doit fournir à la population pour les rassurer sur...
dans cette transition-là.
M. Girard (Groulx) : En
conclusion, merci beaucoup d'être venus partager avec nous le fruit de vos
travaux, c'est très apprécié.
Le Président (M. Simard) : Merci,
M. le ministre. Mme la députée de La Pinière.
Mme Caron : Merci. Alors,
merci pour la présentation. Je vais aller dans le même sujet que M. le ministre
et puis le député de René-Lévesque, mais je vais y aller dans le très
terre-à-terre. Peu importe, là, le pourcentage, comme vous avez dit, que ce
soit 5 %, 10 %, ce n'est pas ça qui est <important...
Mme Caron :
...Peu
importe, là, le pourcentage, comme vous avez dit, que ce soit 5 %,
10 %, ce n'est pas ça qui est >important. On s'entend tous sur le
fait que prendre sa retraite à 62 ans, c'est plus avantageux pour tout le
monde. Ça, il n'y a pas de question.
Quand je pense à un plombier qui n'a plus
de genoux, des fois, rendu même à 50 ans, qui est travailleur autonome, il
n'en a pas, de régime de son employeur. Alors, lui, à 60 ans, il en a
besoin, il a besoin de quelque chose. Est-ce que le bien-être social, c'est la
solution, alors que, pour être admissible, il faut... ils vont considérer la
valeur de vos biens? Donc, ça veut dire que, s'il a sa maison, bien, il n'en
aura pas, de bien-être social ou ça va être très peu, donc ce ne sera pas
suffisant pour qu'il continue de vivre décemment.
Je pense à une technicienne en pharmacie
qui travaille toujours debout, 10, 12 heures par jour, qui a des problèmes
de varices. Elle n'a peut-être pas d'autre choix que de prendre sa retraite à
60 ans.
Je pense à une femme de 60 ans dont
le mari de 61 ans est très malade. Elle devient proche aidante. Elle est
obligée d'arrêter de travailler. Là, elle a 60 ans, elle ne peut pas le
prendre. Son mari a 61 ans, il ne reçoit pas encore sa rente.
Alors, c'est quoi... Le but de ma question,
c'est... Vous avez parlé de mieux communiquer pour avoir une meilleure
coordination avec d'autres régimes, mais, s'ils n'en ont pas, d'autre régime,
c'est quoi, les autres programmes? C'est quoi, dans toute l'analyse que vous
avez faite, c'est quoi, l'option de ces personnes-là, autre que le bien-être
social?
M. Tremblay (F. Hubert) : En
fait, j'entendais les commentaires sur les autres programmes tantôt, ce n'est
pas clair pour moi que ces autres programmes-là ne seront pas... ne seront pas
suffisants pour convenir aux besoins des travailleurs en question. Donc...
Mme Caron : OK. Et quels
sont-ils, ces autres programmes?
M. Tremblay (F. Hubert) : Bien,
en fait, là, on est dans les mesures sociales. Ça sort un petit peu de notre champ
d'expertise, où on se concentre sur les systèmes de retraite à travers le
monde, ici, au Québec, au Canada. Donc là, je n'oserais pas trop m'avancer sur
le détail des autres programmes sociaux, mais le message ici, c'est de
coordonner ça et d'expliquer. Je ne dis pas que les programmes sociaux peuvent
faire le travail, mais, s'ils sont déjà en place, les programmes sociaux, et
peuvent faire le travail, rassurons les travailleurs en leur expliquant comment
on va coordonner un... N'oubliez pas qu'on est dans la période de transition,
donc on commence sur une éventuelle période de transition, donc il faut bien
informer les gens sur comment ils feraient face à un éventuel changement avant
de faire le changement. On est en train ici de discuter d'apporter un changement,
et nous, on juge que les explications n'ont pas été données suffisamment à la
population pour les rassurer.
Mme Caron : Autrement dit,
dans cette période de transition là, plutôt que de juste reporter le problème à
dans six ans puis dire : OK, on repropose la même chose puis qu'est-ce
qu'on fait, est-ce que, dans cette période de transition, ce serait le moment
de regarder c'est quoi, les programmes qui existent, de faire les calculs,
justement, pour les personnes qui n'ont pas accès, qui ne peuvent pas
coordonner avec un autre régime parce qu'elles n'en ont pas d'autre, leur seule
option, c'est le RRQ? Donc, est-ce que, quand vous parliez de reporter dans six
ans cette décision-là, est-ce que ça pourrait faire partie des travaux à faire
au cours des six prochaines années de regarder c'est quoi, les programmes, puis
ça va être quoi, les cas de figure? Puis, si les gens, à ce moment-là, on peut les...
on peut faire un pont jusqu'à tant qu'ils aient 62 ans, que là, à ce
moment-là, on pourrait les rassurer, dans six ans, puis dire : Bien là, on
peut y aller parce que, si vous êtes dans telle, telle, telle situation, vous
aurez droit à telle ou telle chose qui va faire en sorte que vous allez pouvoir
quand même vivre décemment, survivre jusqu'à tant que vous ayez droit de
retirer le RRQ.
M. Tremblay (F. Hubert) : C'est
exactement le troisième élément de la feuille de route qu'on propose, ce que
vous venez de décrire, donc de plutôt d'arriver avec un fait accompli,
d'entreprendre la discussion, de démontrer. Et on ne propose pas, dans six ans,
de faire un changement, on propose, dans six ans, de réévaluer la situation à
la lumière des progrès qu'on va avoir accomplis dans la communication.
• (10 h 20) •
Mme Caron : Je comprends.
Merci. Vous disiez que l'un des points faibles du régime, c'est la couverture
du système de retraite pendant les périodes de travail réduit. Et puis vous
faisiez référence, en page 8 de votre mémoire, aux crédits de gains dans
le cas de quelqu'un qui reste à la maison pour élever des enfants, dans le cas
de proche aidance, mais vous disiez que vous ne pouviez pas prendre position
parce que la recommandation gouvernementale qui veut aller dans ce sens-là
n'était pas détaillée. Qu'est-ce que vous auriez aimé avoir comme information,
comme détails pour être en mesure de faire une analyse et de prendre position?
Et je pose la question dans le sens où si des travaux se faisaient dans les six
prochaines années, de quoi vous auriez besoin comme information pour vous
positionner dans six ans?
M. Poirier (Jean-François) : En
fait, je pense qu'un des défis, principalement, pour les périodes de proches
aidants, c'est un défi de bien définir comment et quelles sont ces périodes.
Pour des périodes où on prend soin des <jeunes...
M. Poirier (Jean-François) :
...de
proches aidants, c'est un défi de bien définir comment et quelles sont ces
périodes. Pour des périodes où on prend soin des >jeunes enfants, c'est
quelque chose qui peut être très facilement mesuré. Pour les périodes de
proches aidants, ce qui ressort d'expériences dans d'autres pays, c'est que le
défi devient de bien... de bien définir ces périodes-là, et c'est quelque chose
qui évolue aussi assez rapidement, compte tenu de la situation du système de
santé, des besoins, et tout ça. Il faut juste s'assurer que les implications de
mesures comme ça sont bien mesurées. Ça fait que je pense qu'il y a une
réflexion à faire à ce niveau-là. Ce qu'on comprend du document de
consultation, c'est que Retraite Québec est déjà impliqué avec d'autres
intervenants au gouvernement à ce niveau-là. Donc, ça, ça représente un défi.
Mme Caron : Merci. Et puis
quel est l'avantage que vous voyez à commencer dès maintenant la hausse de la
limite actuelle de passer de 70 à 72 ans ou à 75 ans? Parce que vous
proposiez... vous disiez que ça pouvait être quelque chose qui pourrait être
fait dès maintenant. Est-ce qu'il y a un avantage à le faire dès maintenant
plutôt que d'attendre le calendrier qui est proposé dans le document de
Retraite Québec?
M. Poirier (Jean-François) : Bien,
dans la mesure où ça offre plus de flexibilité, ça brime.... ça ne brime
personne. Pour certaines personnes qui pourraient décider d'utiliser plus leur
épargne personnelle dans un premier temps et de conserver la rente du Régime de
rentes du Québec, la repousser à une date plus... à un âge plus avancé, ça va
constituer une bonne protection pour ces personnes-là contre le risque de
longévité parce que c'est une rente qui est indexée, c'est une rente qui est
garantie pour la vie. Donc, on ne voit pas de désavantage à implanter, à mettre
en place une mesure comme ça immédiatement.
Mme Caron : OK. Merci. Et
puis il était question aussi du mécanisme d'ajustement automatique. Si ce
mécanisme d'ajustement ne s'appliquait pas uniquement aux cotisations, que ce
soit cotisations des participants ou bien des employeurs, mais aussi que ça
venait changer la rente ou l'indexation de la rente, est-ce qu'il n'y aurait
pas un risque que le régime devienne un... finalement, un régime à prestations
cibles plutôt que prestations déterminées?
M. Tremblay (F. Hubert) : Bien,
dans notre... je ne veux pas rentrer dans les débats sémantiques, là, mais dans
notre définition des régimes à prestations cibles, c'est qu'on peut ajuster les
prestations qui sont en paiement. Donc, ce n'est pas ça du tout qu'on est en
train de parler présentement ou de proposer. Ce qu'on propose, c'est d'ajuster
la partie indexation. Donc, il n'y a jamais de diminution des prestations pour
les retraités. C'est un changement dans l'évolution future de l'indexation au
régime qui permet d'absorber une partie d'un déséquilibre financier dans le
Régime de rentes du Québec. Présentement, seuls les travailleurs et les
employeurs absorbent ces déséquilibres-là. Donc, on dit : Pour des fins de
meilleure équité intergénérationnelle, il devrait y avoir un mécanisme,
potentiellement comme celui qui est dans le Régime de pensions du Canada, pour
ajuster l'indexation future seulement.
Mme Caron : OK, seulement au
futur, parfait. Et puis dans... quand vous parliez d'améliorer la
communication, tantôt, c'était plus vis-à-vis d'autres programmes, par exemple.
Mais on a entendu, la semaine dernière, plusieurs personnes, plusieurs groupes
nous suggérer d'augmenter... d'améliorer la communication dans les relevés de
Retraite Québec que les gens reçoivent, où ça dit : Cap sur la retraite,
puis ça donne tout de suite le montant de pouvoir prendre sa... si on la prend
à 60 ans, ça nous donne combien, si on la prend à 65, ça nous donne
combien. Est-ce que vous vous inscrivez aussi dans une démarche d'amélioration
de la communication pour que les gens voient l'avantage de la prendre plus
tard, de retirer plus tard que plus tôt?
M. Tremblay (F. Hubert) : Oui.
Et, comme je le mentionnais, il faut que ce soit fait de façon holistique sur
tous les âges de retraite et non pas sur le 60 ou le 62, de façon large, et
selon les circonstances individuelles des gens. Donc, je ne veux pas qu'on
parle à 4 millions de personnes séparément, mais on est certainement
capable d'identifier certaines catégories de travailleurs à qui on doit parler
différemment selon leur participation ou non à des régimes reliés à l'emploi.
Mme Caron : Parfait. Et puis
est-ce que, dans votre analyse, vous avez vu les raisons qui poussaient les
personnes à aller plus vers 60 ans que 62 ou 65 ou si ça ne faisait pas
partie de...
M. Tremblay (F. Hubert) : Ça
ne faisait pas partie de notre analyse.
Mme Caron : OK. Parfait.
Merci.
Le Président (M. Simard) : C'est
complet pour vous, Mme Caron... Mme la députée, désolé. Alors, sur ce,
nous allons, MM. Poirier et Tremblay, vous remercier pour votre présence
parmi nous.
Une voix : ...
Le Président (M. Simard) : Bien,
étant donné que notre collègue est au bleu actuellement, le collègue de...
Une voix : ...
Le Président (M. Simard) : Non,
malheureusement pas, non, non, non. Non, il y a comme un mur de Chine, à moins
qu'il y ait consentement, mais...
Une voix : D'accord, allez-y.
Le Président (M. Simard) : Il
y aurait consentement? Très bien. M. le ministre.
M. Girard (Groulx) : Bien, je
veux juste revenir sur les décisions difficiles, parce que, lorsqu'on a créé le
régime supplémentaire, on avait une décision difficile à faire qui était les
mécanismes d'ajustement si le régime est sous financé. Puis on a dit :
Hum, décision difficile, remettons ça à plus tard. Là, on est plus tard, puis
la décision n'est pas plus facile, là, et on est devant, on a créé un régime
supplémentaire, puis là le Régime de pensions du Canada, les mécanismes
d'ajustement ont été créés, puis au Québec, ils ne sont pas créés. Puis là on a
une décision difficile, puis là, la cloche a sonné, puis là il faudrait prendre
la décision difficile.
Ça fait que je... Puis elle n'est pas
prise, la décision, puis on va se parler, puis on va essayer d'avoir un rapport
conjoint. Mais là, le 60-62 ans, c'est une décision difficile, puis c'est
un débat qui est similaire. On peut remettre la décision à plus tard puis dire :
C'est une décision difficile, mais les décisions difficiles ne sont pas plus
faciles parce que le temps a passé. C'était juste un commentaire philosophique
pour tous. Puis il n'y a aucune décision qui est prise, puis on va essayer
d'avoir un beau rapport conjoint de commission, puis ce serait agréable.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous, M. le ministre. Alors, notre collègue de Maurice-Richard
est de retour, et, avec consentement, nous pourrions lui laisser la parole. Il
vous reste environ quatre minutes, cher collègue.
M. Bouazzi : Oui? Merci. Merci...
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous.
M. Bouazzi : ...chers collègues.
Merci beaucoup pour votre présentation. J'étais curieux de savoir, sur la
question des prestations déterminées ou les questions des prestations cibles qu'il
y a, est-ce que vous avez un avis sur les mécanismes, c'est-à-dire les... oui?
M. Tremblay (F. Hubert) : ...tantôt,
avec la commission, comme quoi, effectivement, on encourage le gouvernement à
introduire des mécanismes d'ajustement automatique des prestations en cas de
déséquilibre financier. Donc, on privilégie les mécanismes automatiques pour
sortir des considérations politiques, si jamais... ce n'est pas le cas
présentement, mais si jamais il y avait un déséquilibre financier dans le
Régime de rentes du Québec. Et on... sans entrer, encore une fois, dans un
débat sémantique, pour nous, il n'est pas question ici d'un régime à
prestations cibles, il est question ici d'un régime avec de l'indexation qui
est conditionnelle à la bonne santé financière de l'arrangement. Donc, on n'est
pas dans une dynamique de réduire les prestations en paiements, on est dans une
dynamique de potentiellement, au besoin, par souci d'équité
intergénérationnelle, demander aux groupes des retraités, des prestataires de
contribuer à leur façon par une diminution de l'indexation future, au besoin.
M. Bouazzi : Et donc parce que,
de ce qu'on comprend, c'est qu'il y a trois joueurs dans cette équation-là, il
y a les travailleurs, il y a les employeurs et il y a les personnes qui sont
déjà à la retraite, qui étaient des travailleurs à un moment. Ça fait qu'on
serait presque tenté de dire qu'il y en a deux et demi plutôt que trois. Et
vous, dans cette équation-là, vous dites... sans rentrer dans la sémantique,
mais là, c'est très, très politique, c'est de dire, si j'ai bien compris, j'ai
peut-être mal compris, c'est que les... c'est les retraités qui pourraient
accepter de baisser leur indexation s'il advient un problème de financement du
RRQ.
• (11 heures) •
M. Tremblay (F. Hubert) : C'est
les trois groupes de partenaires que vous avez énumérés qui seraient mis à
contribution pour rétablir l'équilibre financier du régime. Donc, on sait que
pour les travailleurs, les employeurs, ça passe probablement par un ajustement
aux cotisations. Et la façon de contribuer, par souci d'équité
intergénérationnelle, pour le groupe de retraités, c'est d'accepter une baisse
d'indexation temporaire future.
M. Bouazzi : Donc, vous
n'avez pas une... Parce qu'on s'entend, quand même, que les personnes
retraitées ont comme très peu d'espace pour se retourner, là, c'est comme un
peu tard pour réussir à trouver des solutions. Donc, vous, ce que vous dites,
c'est... Parce qu'on a entendu plusieurs groupes nous dire... Moi, j'étais
curieux, parce que vous avez parlé de plus d'une quarantaine de pays où vous
avez analysé les situations. On serait porté, quand même, à penser que les
retraités seraient probablement les derniers, étant donné qu'ils n'ont aucune marge
de manoeuvre...
10 h 30 (version révisée)
M. Bouazzi : ...quand même à
penser que les retraités seraient probablement les derniers étant donné qu'ils n'ont
aucune marge de manoeuvre autre que celle-là. Vous n'avez pas spécialement un
avis là-dessus?
M. Poirier (Jean-François) : Bien,
en fait, quand on regarde ce qui se passe dans d'autres pays, des mécanismes
comme ça existent dans d'autres pays, qu'on pense à la Suède, entre autres, et...
où c'est dans... c'est prévu, comme mécanisme, que ce n'est pas uniquement au
niveau des taux de cotisation, mais les prestations vont être ajustées, et c'est
un mécanisme qui est en place pour faire en sorte que le financement du régime
à long terme soit maintenu et que le régime soit pérenne. Donc, c'est dans...
c'est des mécanismes qui existent ailleurs.
M. Bouazzi : On va aller
ailleurs. Vous avez parlé...
Le Président (M. Simard) : En
conclusion, très succinctement, s'il vous plaît.
M. Bouazzi : Très succinctement,
peut-être une idée sur les questions d'inégalité de genre. Par exemple, je sais
que vous, presque, parlez de ces questions-là étant donné que vous êtes d'accord
avec un certain nombre de mécanismes qui, en fin de compte, vont...
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Bouazzi : Donc, bon, tant
pis, on n'aura pas le temps de...
Le Président (M. Simard) : On
vous écoute, très rapidement, messieurs.
M. Tremblay (F. Hubert) : ...de
flexibilité, donc, d'inclusivité dans le régime, je pense, c'est à ces
aspects-là qu'on veut porter une attention particulière.
Le Président (M. Simard) : Alors,
MM. Tremblay, Poirier, merci beaucoup pour votre précieuse contribution à nos
travaux. J'espère vous retrouver sous peu.
Sur ce, nous allons suspendre, le temps de
faire place à nos prochains invités.
(Suspension de la séance à 10 h 32)
(Reprise à 10 h 41)
Le Président (M. Simard) : Alors,
chers collègues, nous sommes de retour. Nous avons quorum. Nous pouvons
poursuivre. À l'ordre, s'il vous plaît!
Nous allons recevoir des représentants de
la Corporation des thanatologues du Québec. Mesdames monsieur, soyez les <bienvenus.
Auriez-vous d'abord l'amabilité de vous présenter...
Le Président (M. Simard) :
...soyez les >bienvenus. Auriez-vous d'abord l'amabilité de
vous présenter?
M. Goyer (Jonathan) : Merci,
M. le président de la commission. Chers élus, M. le ministre des Finances, nous
sommes rassurés d'être ici aujourd'hui pour un sujet aussi important que
l'avenir du Régime de rentes du Québec. Permettez-moi d'abord de vous offrir
mes condoléances pour le décès de votre collègue, Mme Giraud.
Je me présente. Je suis Jonathan Goyer,
président de la Corporation des thanatologues du Québec, et aussi gestionnaire
des Résidences funéraires Goyer. Notre entreprise familiale opère 10 succursales
dans Laval-Laurentides. Nous embauchons plus d'une centaine d'employés et nous
desservons chaque année près de 2 000 familles endeuillées.
Vous comprendrez que la Corporation des
thanatologues du Québec n'est pas ici pour vous parler des grands enjeux de
l'âge de la retraite et autres.
Nous allons aller directement au but. Nous allons
aborder le dossier de la prestation de décès de Retraite Québec versée aux
cotisants du régime, une prestation fixée à 2 500 $ depuis
26 ans.
Je suis accompagné de Mme Geneviève
Veilleux, vice-présidente de la Corporation des thanatologues du Québec, et de
Mme Annie Saint-Pierre, notre directrice générale, à qui je laisse la
parole.
Mme Saint-Pierre (Annie) : Bonjour
à tous. Bonjour, M. le Président. Bonjour, chers élus, M. le ministre des
Finances.
Ce n'est pas tous les jours, effectivement,
qu'on accepte d'entendre parler de la mort, et encore moins de ce qu'elle coûte.
Alors, on est vraiment ici aujourd'hui au nom des familles québécoises que nous
accompagnons à tous les jours. Soyez assurés que nous préférerions de loin
laisser ce cheval de bataille à d'autres, mais, comme les familles endeuillées
ont à s'occuper de leur deuil et n'ont pas envie de se rendre ici pour parler
d'argent, nous allons donc vous faire la démonstration de l'importance de
remédier à la problématique de la prestation de décès à l'intérieur de cette
consultation publique.
La Corporation des thanatologues du Québec
représente 125 entreprises funéraires à travers tout le Québec et une
centaine d'entreprises partenaires. À la fin de notre mémoire, vous avez la
signature de tous nos membres. Ce sont majoritairement de micro et de petites
entreprises, bien que nous avons également de moyennes et de grands groupes. Aucune
ne reçoit de subvention.
Au Québec, l'an dernier, nous avons eu
80 000 décès. Donc, les entreprises funéraires sont appelées en moyenne
220 fois par jour pour prendre en charge une personne qui est décédée. De
ces 220 décès en moyenne par jour, le tiers des familles mise uniquement
sur la prestation de décès pour les payer, le tiers. D'autres chiffres, près de
la moitié des travailleurs québécois n'ont pas de régime d'épargne autre que le
régime des rentes du Québec, alors imaginez la proportion qui épargne pour
leurs funérailles. L'espérance de vie augmente à 83 ans. Nous sommes en
mesure de le constater, les gens, effectivement, meurent de plus en plus vieux,
mais aussi de plus en plus pauvres.
M. le Président, au sein de cette
commission, la semaine dernière, M. le ministre a indiqué que la prestation de
décès était extrêmement dispendieuse. Si M. le ministre considère que la prestation
de décès est extrêmement dispendieuse, imaginez la réaction d'une famille en
deuil, qui doit se limiter à 2 500 $ pour organiser des funérailles
pour une personne qu'elle aime et qui a cotisé toute sa vie, 25, 30, 35 et même
40 ans.
Pour le bénéfice de tous, la prestation de
décès, c'est, en réalité, 133 millions de dollars. C'est l'argent
provenant des cotisations des travailleurs et des employeurs, qui leur
reviennent à la fin de leur vie. 133 millions, par année, ça représente
0,7 % de toutes les cotisations qui sont versées à Retraite Québec à
chaque année, donc même pas 1 %, 0,7 %. Encore mieux, la prestation
de décès, c'est 0,1 % de la réserve du régime de base de Retraite Québec.
Cette réserve-là est à 103 milliards de dollars. Donc, ce n'est même
pas 1 %, c'est 0,1 %.
Alors, oui, effectivement, tout est
dispendieux dans la vie, et même le panier d'épicerie, mais la prestation de
décès, pour nous, c'est une petite portion du régime des rentes du Québec, mais
si importante pour une bonne partie des familles québécoises qui perdent un
proche. Et, comme le régime est en bonne santé financière, tant mieux, nous
sommes contents, nous pensons que le moment est propice de remédier à cette
problématique à l'intérieur de cette consultation publique. Il serait dommage
d'attendre à voir... d'attendre encore six ans pour le faire.
Je vais laisser la parole à
Mme Geneviève Veilleux, notre vice-présidente, qui va vous exposer les
conséquences au quotidien de cette situation.
Mme Veilleux (Geneviève) : Merci,
Annie. Merci aussi à vous, chers élus, de nous accueillir et de nous entendre.
Je m'appelle Geneviève Veilleux. Je suis gestionnaire de la Maison funéraire
Rideau, qui appartient au groupe Arbor Memorial, et nous desservons environ
1 200 familles au Québec à chaque année.
Au quotidien, vous devez savoir que ce
sont nous, les professionnels, qui travaillons avec la prestation de décès à
chaque fois qu'une personne décède au Québec parce qu'on en fait la demande,
pour chacun des décès, pour ceux et celles qui y ont droit, mais <ceux
aussi qui n'y ont pas droit...
Mme Veilleux (Geneviève) :
...celles
qui y ont droit, mais >ceux aussi qui n'y ont pas droit. On doit faire
cette demande pour chacun. Ce sont les entreprises funéraires qui travaillent
pour Retraite Québec et avec les familles, et je peux vous dire à quel point
les familles sont soulagées de ne pas avoir à se soucier de ces formalités.
Et, lorsque nous arrivons à la question du
montant, 2 500 $, c'est avec nous... c'est nous qui doit justifier
une décision politique qui ne nous appartient pas. À 2 500 $, est-ce
que c'est vraiment nécessaire de vous démontrer que les familles sont
incapables d'obtenir aujourd'hui le type de funérailles auxquelles ils
s'attendent, et souhaitent, et ont besoin pour traverser un deuil sain?
Pire encore, il arrive que certaines
familles renoncent carrément à prendre en charge un proche en raison du fardeau
que cela représente. Parenthèse : j'ai des familles qui ont retiré leur
REER pour payer des funérailles. Nous sommes convaincus que tout cela a un coût
en bout de ligne. Et maintenant la prestation de décès à 2 500 $, au
quotidien, c'est aussi un mauvais message qui est envoyé à la population, qui
pense que c'est suffisant pour des funérailles à la hauteur de ceux qu'ils
aiment.
Finalement, nous jugeons que nos demandes
sont raisonnables, et que seul le fait que la prestation fut demeurée inchangée
depuis 26 ans est un argument suffisant, et que les démonstrations
supplémentaires peuvent être futiles ou non nécessaires, puis je vous invite
aussi à prendre la décision difficile maintenant.
M. Goyer (Jonathan) : Merci,
Geneviève. Pour résumer nos demandes, nous allons vous ramener en 1997, alors
que la prestation de décès du Régime de rentes était... pouvait atteindre
3 590 $. Elle a ensuite été réduite, l'année suivante, à
2 500 $, pour la rendre universelle, et est demeurée inchangée
depuis, malgré les augmentations des cotisations. C'est l'une des rares
prestations qui n'a pas été revue ni indexée depuis aussi longtemps.
Pendant ce temps, les coûts moyens des
funérailles sont passés d'une moyenne de 4 900 $ à une moyenne de
7 500 $. En 1997, la prestation de décès remboursait environ
72 % de la facture moyenne des frais funéraires. En 2022, ce même montant
ne défraie que 31 % de la facture. Vous avez l'illustration très claire
sur le tableau qu'on vous a donné au début de la séance.
En comparaison, les prestations pour frais
funéraires qui sont versées, par exemple, à la CNESST sont fixées à
6 052 $. La Société de l'assurance automobile du Québec l'a fixée à
7 988 $ cette année. En comparaison, en France, le soutien de capital-décès,
c'est l'équivalent de 5 300 $ canadiens en 2022, et il n'est pas
imposable car, en plus, la présence de l'impôt sur la prestation de décès au
Québec augmente le fardeau, et nous demandons de réfléchir à cet effet pour
éventuellement le retirer.
En résumé, la Corporation des
thanatologues du Québec demande que, dans un premier temps, la prestation de
décès du Régime de rentes soit ramenée au niveau de 1997, et en récupérer ainsi
l'indexation pour que la rente soit à un niveau de 5 866,25 $, pour
être précis, et également y prévoir la valorisation annuelle pour ne pas que,
dans 25 ans, on soit de retour à cette table. Une deuxième piste de
solution pour les familles, c'est de retirer l'impôt sur le revenu qui est...
de cette prestation, et finalement instaurer un mécanisme qui pourrait
permettre aux familles de pouvoir désigner ou non l'entreprise funéraire en
tant que mandataire et bénéficiaire de la prestation de décès pour leur éviter
d'avoir à débourser l'argent pour se faire rembourser.
Au tour maintenant de
Mme Saint-Pierre de quantifier nos demandes.
• (10 h 50) •
Mme Saint-Pierre (Annie) : Évidemment,
nous ne sommes pas des actuaires. Vous en avez suffisamment autour de vous.
Nous avons utilisé les chiffres de Retraite Québec. Sur la mesure n° 1, de porter la prestation de décès à 5 866,25 $,
c'est un effort supplémentaire, selon nos calculs, de 179 millions de
dollars, donc 0,1 % de la réserve et 0,8 % de toutes les cotisations
qui sont versées à Retraite Québec. Je sais que vous voulez identifier, M. le
ministre, des solutions à l'intérieur de la marge de manœuvre que vous avez,
0,26 %, mais nous vous recommandons d'utiliser d'autres paramètres. Par
exemple, si, demain matin, vous demandiez aux 4 millions de travailleurs
de mettre 1 $ de plus par semaine sur leur paie pour leur payer des
funérailles dignes et éviter à leurs proches un fardeau ou les empêcher de
retirer leur rente à 60 ans parce que c'est une mauvaise décision parce
qu'ils laissent 36 % de leur argent, nous serions curieux d'avoir la
réponse, et, si jamais vous voulez tenir ce sondage, nous vous offrons notre
entière collaboration à travers tout notre réseau d'entreprises funéraires.
Sur ce, M. Goyer va conclure.
M. Goyer (Jonathan) : En
conclusion, nous espérons vous avoir aidés dans votre réflexion. Nous sommes
convaincus que vous procéderez aux analyses ou aux choix pertinents afin de
revenir à un niveau de prestations de décès actualisées, acceptables et
raisonnables <pour 2023. Nous allons maintenant répondre à toutes vos
questions...
M. Goyer (Jonathan) :
...prestations
de décès actualisées, acceptables et raisonnables >pour 2023. Nous
allons maintenant répondre à toutes vos questions.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous trois. Je cède la parole au ministre des Finances.
M. Girard (Groulx) : Merci.
Alors, la proposition formelle, parce que j'ai... juste pour préciser, vous
demandez de revenir au montant, de l'indexer... et de l'indexer dans le futur?
Juste préciser exactement ce que vous demandez, là, que ce soit clair pour
tous.
M. Goyer (Jonathan) : Bien,
c'est que, dans le fond, en 1997, si on considère qu'elle était juste et
raisonnable, cette prestation de décès là, si on... avec l'inflation
d'aujourd'hui, en date d'aujourd'hui, si on fait le rattrapage des
26 dernières années, ça nous amène à ce niveau-là, puis, dans le fond, le
5 800 $, s'il est fixe et ne bouge pas, bien, dans 25 ans, on va
être de retour à cette commission pour demander le même rattrapage, finalement.
M. Girard (Groulx) : Donc,
vous demandez 5 800 $ plus indexation?
M. Goyer (Jonathan) : Exactement.
M. Girard (Groulx) : Et vous
estimez ça à 179 millions, valeur annuelle?
M. Goyer (Jonathan) : De
différence.
M. Girard (Groulx) : OK. Et
ma prochaine question sera pour M. Bergeron... M. Therrien. M. Bergeron,
c'est mon PDG de Loto-Québec.
Le Président (M. Simard) : ...
M. Girard (Groulx) : Non. Je
ne sais pas pourquoi je pense à Loto-Québec, là, je devrais... excusez-moi.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Y aurait-il consentement afin que M. Therrien s'adresse à nous?
Consentement. M. Therrien, auriez-vous l'amabilité de vous représenter pour les
fins de nos travaux?
M. Therrien (Jean-François) : Jean-François
Therrien, actuaire en chef du RRQ.
Le Président (M. Simard) : Nous
vous écoutons.
M. Girard (Groulx) : Non,
mais je vais poser ma question avant, OK?
Le Président (M. Simard) : Ah!
très bien.
M. Girard (Groulx) : C'est
très difficile de répondre à une question imprécise, surtout si elle n'a pas
été posée.
Le Président (M. Simard) :
Quoi qu'encore...
M. Girard (Groulx) : On a
beaucoup parlé de la marge de manœuvre de 26 points de base, puis une des
choses que je me suis rendu compte, cette fin de semaine, c'est que les points
de base de cotisation d'un régime des rentes, là, ce n'est pas si concret que
ça pour les gens ordinaires. Alors, quelle est la valeur de ces 26 points
de base en dollars d'aujourd'hui?
M. Therrien (Jean-François) : 26
points de base, sur la masse salariale d'environ 160 milliards de
dollars, c'est autour de 400 millions de dollars.
M. Girard (Groulx) : 400 millions
de cotisations annuelles.
(Interruption)
M. Girard (Groulx) : C'est
peut-être Loto-Québec. Ils cherchent un actuaire. Vous connaissez un peu les
probabilités statistiques.
M. Therrien (Jean-François) : Désolé,
désolé.
M. Girard (Groulx) : Il y a
beaucoup de probabilités statistiques chez Loto-Québec. Bon, alors, 400 millions de
dollars, c'est la marge de manœuvre de cotisations. Donc là, est-ce que vous
vous êtes d'accord avec l'estimé, le coût de ce qui est proposé par les gens
qui nous ont fait la présentation, de 179 millions de dollars?
M. Therrien (Jean-François) : Pour
passer la prestation de décès de 2 500 $ à 5 800 $ sans
indexation, c'est vrai. L'enjeu, c'est si on indexe dans le futur, donc, dans
les 50 prochaines années, ça veut dire que cette prestation-là de décès va
passer à 6 000 $, 6 500 $, 7 000 $, etc. Donc, il
y a un coût. Donc, le coût est plus élevé que 179 millions.
M. Girard (Groulx) : Et vous
avez sûrement calculé ça?
M. Therrien (Jean-François) : Deux
fois? Oui, on me dit «deux fois», mon expert me dit «deux fois». Donc, deux fois
179 millions.
M. Girard (Groulx) : Ça fait
que, là, on s'approche de la marge complète du régime, là, 358/400e de la marge
de manœuvre?
M. Therrien (Jean-François) : Oui,
puis donc peut-être de 22, 23 points de base.
M. Girard (Groulx) : OK.
Donc, on parle d'une proposition... 22 points de base, ça veut dire, M. le
Président, qu'on ne ferait rien d'autre, parce qu'on s'est dit, collectivement,
qu'on voulait garder une marge de manœuvre, parce que ce n'est pas une bonne
idée d'être à la limite du régime, parce que ça veut dire que, s'il y avait des
événements... si nos hypothèses actuarielles de rendement, de longévité, puis
tout ça, ne se réalisent pas, bien, on va tomber en période d'ajustement, puis
on s'est dit, collectivement ou... Je pense que, depuis trois jours, on a tous
compris que les mécanismes d'ajustement, là, ce n'est pas facile, là, hein?
Alors, il faut prendre les décisions sur
les mécanismes d'ajustement pendant que le régime est en santé, pas quand le
régime est sous tension, parce qu'il va y avoir de la tension. Bon, alors,
bien, moi... On est ici... C'est une consultation. C'est une proposition. Je
maintiens ce que j'ai dit dans une des deux journées précédentes, que c'est une
proposition qui est extrêmement dispendieuse, qui consommerait l'entièreté de
la marge de manœuvre du régime, mais, je suis content, je comprends le <sens
de ce que vous demandez, la pertinence...
M. Girard (Groulx) :
...je
suis content, je comprends le >sens de ce que vous demandez, la pertinence,
le... J'ai reçu le graphique, les pourcentages, tout ça, puis j'en comprends...
Ça fait que, moi, ce serait tout. Ça fait que juste... Pour moi, c'est clair
que, d'une part, passer à 5 800 $, c'est 179 millions, et
indexer, c'est un autre 179 millions approximativement. Alors, je pourrais
passer la parole à un de mes collègues.
Le Président (M. Simard) : M.
le député de René-Lévesque.
M. Montigny : Alors, d'abord,
le premier élément que j'aurais à questionner, puis il n'y a pas d'intention
dans ma question, là, c'est vraiment... il ne faut pas prêter d'intention dans
ma question. Vous êtes des thanatologues, OK? Vous savez qu'effectivement, si
on augmente, si on le double à 5 000 $, mettons, évidemment, ces
gens-là qui vont avoir cet argent-là vont évidemment le placer pour leurs frais
en thanatologie, évidemment. Alors, est-ce que, dans cette augmentation-là... Comment
on peut s'assurer que, par quelconque mécanisme ou quoi que ce soit... que ça
ne soit pas une demande que vous faites qui soit nécessairement... avec
l'intérêt, que ça vous revienne? Je comprends que le citoyen, lui, actuellement,
il a... Il y a une augmentation pour tout le monde, là, en général, des frais
de thanatologie, mais j'aimerais vous entendre là-dessus, puis, je vous le dis,
là, il n'y a pas d'intention malveillante dans ma question. Je veux vous
entendre là-dessus.
Mme Saint-Pierre (Annie) : Merci
pour votre question. D'ailleurs, s'il y a quelque chose qu'on savait qu'on
allait se faire... On est habitués de se faire poser des questions sur les prix
des frais funéraires. En fait, la demande qu'on est... aujourd'hui, c'est
plutôt l'inverse, c'est pour éviter aux familles de s'endetter pour payer les
frais funéraires, et non pas pour les augmenter. Pour avoir une petite idée, je
veux juste vous apporter... si vous avez une idée de ce que ça coûte
actuellement de maintenir en poste un thanatopracteur à Gaspé et si vous avez
une idée de ce que ça coûte de maintenir deux transporteurs funéraires sur
appel la nuit au cas où le CHUM appellerait pour faire de la place dans sa
morgue.
Il y a des frais à tout, et y compris les
frais funéraires, et, c'est plutôt l'inverse, nous ajustons nos prix
continuellement en fonction du marché. Et, dans le terme «entreprise funéraire»,
il y a le terme «entreprise» aussi, et, comme je vous l'ai dit tout à l'heure,
aucune ne reçoit de subvention. Les équipements de protection individuelle,
pendant la pandémie et encore aujourd'hui, ce sont les entreprises qui les
défraient. Nous sommes sous supervision de la Direction de la santé publique,
du ministère de la Santé, de l'Office de la protection du consommateur, et nous
sommes des entreprises privées. J'espère que ça répond à votre question.
Le Président (M. Simard) : Souhaitiez-vous
poursuivre, cher collègue?
M. Montigny : Peut-être que
j'ai une collègue...
Le Président (M. Simard) : Mme
la députée de Huntingdon? Non? M. le député d'Orford.
M. Bélanger : Moi, j'avais
une question relativement à l'effet de l'inflation sur votre calcul. Est-ce que
vous avez fait cette analyse-là, dépendant du taux d'inflation, quel est
l'impact justement au niveau du nombre d'années?
• (11 heures) •
Mme Saint-Pierre (Annie) : Pour
être bien certaine, je vais devoir en rediscuter avec M. Therrien, où il prend
son double pour ajuster l'inflation, parce que, comme vous le savez, nous
sommes des thanatologues et non des actuaires. Vous avez fait le calcul sur
l'indice des prix à la consommation depuis 1997 et non pas pour le futur, parce
que, pour nous, on ne les connaît pas. Donc, pour calculer le prix de
l'inflation future, M. Therrien l'évalue au double. Donc, on va se fier sur...
M. Bélanger : Vous ne pensez
pas que c'est un élément important à considérer si on... parce qu'on parle,
effectivement, du futur?
M. Goyer (Jonathan) : Bien, notre
crainte, c'est justement que cette prestation-là ne fasse pas, comme les 26
dernières années... perdre son pouvoir d'achat dans le marché. Dans le fond, c'est...
en étant fixé comme ça depuis 25 ans, il y a les... ce que les familles peuvent
se permettre avec ça, bien sûr que c'est en diminution. Donc, on pense qu'avec
un indice des prix à la consommation... qu'ils vont suivre, dans le fond, le...
ce qu'ils peuvent... ce qui peut être payé avec ça.
Mme Veilleux (Geneviève) : ...me
permettre...
Le Président (M. Simard) : Je
vous en prie, madame.
Mme Veilleux (Geneviève) : Donc,
les prix ont déjà augmenté. Au cours de la pandémie, tout le monde a dû prendre
des charges supplémentaires...
11 h (version révisée)
Mme Veilleux (Geneviève) : ...au
cours de de la pandémie, tout le monde a dû prendre des charges
supplémentaires, puis nous, on n'est pas subventionnés, on n'a pas eu accès à
des gants, on n'a pas eu accès à de l'équipement personnel, il a fallu qu'on l'achète
nous-mêmes puis avec des mesures vraiment particulières, parce que ce n'était
pas accessible pour nous. Donc, on a payé souvent beaucoup plus cher, donc les
coûts ont déjà augmenté pour la majorité, donc l'indexation... Puis le 5 800 $
qu'on propose, c'est en dollar... même pas en dollar d'aujourd'hui, c'est juste
en...
Le Président (M. Simard) : Merci.
Mme la députée de Huntingdon.
Mme Mallette : Bon, moi, j'aurais
une question très mathématique. Parce que, pour comparer des pommes avec des
pommes, il faut s'assurer que les données ont été bien, comment je pourrais
dire... Dans le temps, on compare les mêmes choses, donc il y a effectivement l'inflation,
qu'il y a l'augmentation des coûts. Mais ma question, c'est : Les coûts
moyens des funérailles, est-ce que c'est pour le même type de service ou bien
on inclut tous les nouveaux produits, maintenant, qui existent, là, au niveau
des funérailles? Est-ce que vous pourriez, dans le fond, me décrire qu'est-ce
que ça comprend, le coût moyen des funérailles? Qu'est-ce qu'on a considéré,
dans les nouvelles données, là, le 7 000 $ et quelques, là,
maintenant, aujourd'hui, là, et versus, à l'époque, le 5 000 $, là, que ça
coûtait? Qu'est-ce qu'on a comparé dans les données?
Mme Saint-Pierre (Annie) : Ce
qu'on a comparé... Merci pour la question, Mme la ministre. C'est qu'on parle
de services professionnels de base, alors, quand on parle de coût moyen des
funérailles, soyez assurés que c'est toujours un petit peu difficile à
expliquer aux gens qui ne sont pas passés par là, c'est... excusez-moi la
comparaison boiteuse, c'est comme si vous demandiez comment ça coûte, un
mariage. Alors, ça dépend du type de funérailles, du type d'entreprise, de sa
localisation. Mais, si on compare les services... si on établit un coût moyen
de base sur la prise en charge, le transport, la conservation, la
thanatopraxie, le soin aux défunts, l'exposition, avec des services de base, c'est
ce coup-là qui est estimé actuellement.
Mme Veilleux (Geneviève) : Règle
générale, on peut calculer que, pour la somme de 2 500 $, que les
gens croient que c'est la somme, en fait, la majorité des entreprises vont
faire ce qu'on appelle une crémation directe. Ils vont aller chercher le défunt
à l'hôpital, au lieu de décès, vont procéder à la crémation et remettre les
cendres.
On a appris, au cours de la pandémie,
pendant le moment de la pandémie où les gens se sont vu restreindre les
services, les rituels, les rassemblements, ce qu'ils avaient besoin, ce qui
rencontrait leurs valeurs, ils se sont fait restreindre ça. Donc, en se les
voyant restreints, on a vu... on a eu des études, on a vu qu'il y a eu des
deuils plus difficiles qui sont arrivés. Ces deuils-là, c'est sûr qu'ils vont
affecter les gens à long terme. C'est des deuils qui vont fragiliser les
personnes et même mener à de la fragilité... des maladies mentales qui vont
pouvoir mener à des dépressions et avoir des coûts en bout de ligne.
Donc, bonifier ce montant-là va permettre
d'offrir un plus grand vaste... je m'excuse, je bafouille là, mais une plus
grande variété, une plus grande offre de service qui va rencontrer les besoins
des familles, qui est d'avoir un rituel. Les rituels funéraires existent depuis
que le monde est monde, donc c'est quelque chose qui est à l'intérieur de nous,
puis, quand on a mal, quand on perd quelqu'un, on a besoin d'avoir des rituels.
Puis de restreindre les familles à 2 500 $, c'est les imposer un
manque de rituel.
Le Président (M. Simard) : ...chère
collègue?
Mme Mallette : Ça va pour
moi.
Le Président (M. Simard) : Alors,
merci, Mme Veilleux. Je cède maintenant la parole...
Une voix : ...
Le Président (M. Simard) : Il
reste du temps à la partie gouvernementale. Y a-t-il un collègue qui souhaite
intervenir? Alors, très bien, M. le député de René-Lévesque, désolé, je n'avais
pas vu votre...
M. Montigny : ...temps, je
vais le prendre.
Le Président (M. Simard) : Et
merci à notre collègue de Maurice-Richard pour sa grande vigilance.
M. Montigny : Il reste
combien de temps, M. le Président?
Le Président (M. Simard) : Il
vous reste 2 min 30 s.
M. Montigny : Parfait. Je
vais y aller rapidement. Je veux revenir sur ce que vous avez dit : C'est
un manque de rituel pour le citoyen. Si je comprends bien, peut-être développer
davantage, là, parce qu'à 2 500 $ ça veut dire qu'il n'est pas
capable d'avoir le rituel. J'aimerais ça vous entendre davantage là-dessus.
Pourtant, c'est obligatoire, je crois, de...
Mme Veilleux (Geneviève) : Un
rituel?
M. Montigny : J'essaie de
comprendre ce que vous voulez dire avec ça, là : à 2 500 $, c'est
un manque de rituels pour l'individu.
Mme Veilleux (Geneviève) : Un
rituel, c'est aussi un rassemblement, c'est de voir leurs proches, c'est de les
permettre peut-être même de les enterrer, au lieu de les incinérer, c'est d'avoir
un lieu de recueillement. Donc, tout ça, c'est exclu de la somme de <2 500 $.
Le 2 500 $...
Mme Veilleux (Geneviève) :
...
un lieu de recueillement. Donc, tout ça, c'est exclu de la somme de >2 500 $.
Le 2 500 $, c'est une crémation directe : on va chercher la
personne, on l'incinère, on remet les cendres, il n'y a pas de rituel, il n'y a
pas de possibilité de voir, il n'y a pas de possibilité d'enterrer.
M. Montigny : Donc, il n'y a
pas de rituel dans vos installations. Ça veut-tu dire qu'ils... En fait, ils
peuvent quand même se rassembler ailleurs ou non, au cimetière...
Mme Veilleux (Geneviève) : Le
cimetière coûte quelque chose.
M. Goyer (Jonathan) : Tu
sais, on a vu qu'un deuil, pendant la pandémie, ça ne se vit pas seul, ça
prend, justement, un espace de commémoration, un temps de rassemblement, quoi
que ce soit. Présentement, ce que la prestation de décès couvre, c'est... on ne
parle pas de service, mais on parle vraiment de mode de disposition, si on
veut. Donc, ça laisse, oui, un vide pour les... ceux qui... Pour la majorité
des travailleurs qui n'ont que ça, oui, ça laisse un vide à toute la communauté
qui entoure cette personne-là, parce que, dans le fond, ça va couvrir une
partie des frais de disposition. Donc, non, il n'y a pas de rituel d'organisé
ou quoi que ce soit. La sépulture au cimetière peut coûter plusieurs centaines
de dollars seulement pour le creusage. Toujours faut-il qu'ils aient déjà leur
lot au cimetière, leur monument, tout ça, donc ce n'est vraiment pas... C'est
pour ça qu'on juge ça raisonnable, dans le fond, les demandes qu'on...
M. Montigny : Très bien,
merci.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous. Je cède la parole à la députée de La Pinière.
Mme Caron : Merci, M. le
Président. Alors, bien, je pense que, pour toute personne qui a organisé des
funérailles, on... en tout cas, pour ma part, on s'entend que 2 500 $,
surtout quand vous avez fait la démonstration dans votre mémoire qu'après
l'application des taxes et l'imposition, parce que le 2 500 $ est
imposable, ça revient finalement à 1 500 $, je pense qu'on comprend
que c'est largement insuffisant pour payer même le minimum de funérailles.
Ma question, c'est que vous indiquez qu'en
1997 le montant allait jusqu'à 3 590 $. Donc, quand on dit «allant
jusqu'à 3 590 $», je comprends que c'était le maximum. Donc, il
devait y avoir une gradation dans les montants. Comment ça fonctionnait en
1997?
M. Goyer (Jonathan) : Bien,
vous comprendrez, en 1997, je n'opérais pas de maison funéraire, là.
Mme Caron : Je comprends ça.
M. Goyer (Jonathan) : Mais,
en fait, c'était que le régime n'était pas universel. C'est pour ça que, dans
le fond, ceux qui avaient pleinement cotisé pouvaient atteindre un montant aux
alentours de 3 600 $ et qui diminuait aux alentours de
1 300 $, 1 500 $, là, comme prestations.
Pour nous, honnêtement, le côté universel
de cette prestation-là, on ne le remet pas du tout en question parce que je
pense que, bon, devant la mort, on est pas mal tous égaux, là. Donc, d'avoir...
que notre régime, dans le fond, soit universel de ce côté-là, je pense que
c'est une bonne chose. Maintenant, dans le fond, c'est un peu de vous faire la
démonstration que ce n'est, universellement, pas assez.
Mme Caron : OK. Et puis vous
faites référence à la CNESST qui verse 6 052 $ au lieu de 2 500 $,
à la SAAQ qui verse maintenant 7 988 $, si la personne est décédée
dans un accident de voiture, plutôt que le 2 500 $. Pour la CNESST,
c'est la personne qui paie les funérailles qui se fait... qui reçoit le montant,
sur présentation des pièces justificatives. Vous proposez que ce soit plutôt
envoyé directement à l'entreprise funéraire. Pourquoi... pourquoi... Quel est
l'avantage réel?
M. Goyer (Jonathan) : En
fait, cette demande-là, c'est l'écho de nos familles qu'on vous lance
aujourd'hui. En fait, c'est que, pour beaucoup de familles, surtout pour les
plus démunies, ces gens-là, dans le fond, nous demandent si ce n'est pas
possible que nous, on reçoive la prestation de décès, plutôt qu'eux qu'ils aient
à verser les montants, à s'endetter, des fois, pour verser les montants ou
aller chercher à gauche, à droite dans leur entourage pour, finalement, être
remboursés du 2 500 $. Ce mandat-là nous est demandé par les
familles. Je vous dirais, tu sais, on a beau être gestionnaire, on rencontre
des familles, là, c'est fréquent que les familles me disent : Mais
pourquoi je ne peux pas signer pour que vous le receviez puis que ma facture
soit tout de suite diminuée?
• (11 h 10) •
Mme Veilleux (Geneviève) : Puis
ce n'est pas automatiquement à nous, nécessairement. Il pourrait y avoir une
fonctionnalité où ça peut être la famille qui a payé ou nous, tout comme l'aide
sociale le fait. C'est déjà en place à l'aide sociale, cette fonctionnalité-là,
puis on est très à l'aise avec ça.
Mme Caron : D'accord, donc,
que la famille puisse dire : OK, j'aime mieux que vous vous en occupiez,
je ne veux pas être dans la paperasse, et tout ça...
Mme Veilleux (Geneviève) : Je
ne veux pas m'endetter.
Mme Caron : ...puis je ne
veux pas avancer les fonds parce que je ne les ai pas. Ou bien dire : Non,
non, je vais faire ma demande une fois les frais payés. C'est ce que...
Mme Veilleux (Geneviève) : Exactement.
Mme Caron : OK. Et mon autre
question, avant de céder la parole à <mon collègue...
Mme Caron :
...
C'est ce que...
Mme Veilleux (Geneviève) :
Exactement.
Mme Caron :
OK. Et
mon autre question, avant de céder la parole à >mon collègue. Vous avez
mentionné, en page 8 de votre mémoire, que ça arrive de plus en plus souvent
que la famille abandonne la prise en charge. Qu'est-ce que ça veut dire
concrètement? Puis qu'est-ce qui arrive quand une famille décide de ne pas
prendre en charge les restes de son père, sa mère, son enfant, même son cousin,
sa cousine? Comment ça fonctionne?
Mme Veilleux (Geneviève) : C'est
un corps non réclamé qui vient à la charge du ministère de la Santé et des
Services sociaux.
Mme Caron : Et qu'est-ce qui
arrive avec ce corps-là, si...
Mme Veilleux (Geneviève) : On
en dispose de la façon la plus économique possible.
Mme Caron : Et là, à ce
moment-là, le ministère paie l'entièreté du coût?
Mme Veilleux (Geneviève) : Il
paie 600 $.
Mme Caron : 600 $.
Mme Veilleux (Geneviève) : Donc,
notre entreprise, nos coûts d'exploitation sont plus grands que ça.
Mme Saint-Pierre (Annie) : Peut-être
juste pour bien comprendre, là : un corps non réclamé devient la propriété
du gouvernement du Québec, du ministère de la Santé. Il y a une petite somme
qui est envoyée à l'entreprise funéraire, pour disposer, mais la famille n'est
pas au courant de rien. Donc, il y a un papier qui se signe, et, à partir de ce
moment-là, la personne devient la propriété du ministère.
Mme Caron : Et à ce
moment-là, quand vous dites «la façon la moins coûteuse possible», c'est... le
corps, j'imagine, est incinéré, puis les cendres vont où?
Mme Saint-Pierre (Annie) : Ça,
Mme, c'est une information qui appartient au ministère de la Santé, on ne peut
pas la révéler.
Mme Caron : D'accord. Merci.
Le Président (M. Simard) : M.
le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Beauchemin : Merci. Désolé
de mon retard. Bien, premièrement, je ne sais pas si ça a été adressé durant
votre présentation, mais le service que vous offrez aux citoyens est un
service, quand on en a besoin, qui est un service... quand c'est offert avec
toute la douceur et la compréhension, là, ça aide beaucoup les familles à
passer au travers ce moment difficile, là. Donc, pour avoir, malheureusement,
eu à passer à travers ça à plusieurs reprises avec des proches, là, je vous
remercie beaucoup de représenter votre groupe.
Moi, je suis un gars de marché des
capitaux, ça fait que... Mon collègue le ministre des Finances est un gars
économiste. J'essaie de mettre dans ma tête un peu, là, un concept qui va, en
fait, rejoindre tous les gens de finance, d'une certaine façon. La demande pour
vos services ne sont-ils... ne sont pas élastiques par rapport au prix chargé,
si je me... je me comprends. En d'autres mots, que les gens aient de l'argent
ou pas, je veux dire, y a-tu une demande par rapport au prix qui change?
M. Goyer (Jonathan) : Bien,
vous savez, les demandes de nos familles, les besoins des familles sont...
c'est sûr qu'ils sont différents d'une à l'autre, les coutumes, les valeurs,
les... Mais ici, on ne parle pas de superflu, là, dans le fond, c'est ce
qu'on... on parle de services, dans le fond, la base des services. Nos
professionnels, nos thanatologues qui vont rencontrer les familles, qui vont
leur donner une assistance 24 heures sur 24, tout ça a évidemment des
coûts, puis c'est ces coûts-là, dans le fond, qui ne sont plus représentés par
cette prestation de décès là.
Que ce soit au niveau des coutumes, tu
sais, des fois, c'est facile de dire : Bien, procédez à une crémation
immédiate, sans cérémonie. Mais pour certaines cultures, familles, ce n'est pas
leur mode de disposition ni leur mode de faire des rituels. Donc, chacun, je
pense, a ses propres besoins là-dedans. Mais on s'entend tous pour dire qu'un
deuil, ça ne se vit pas seul, ça prend un espace de commémoration, ça prend un
endroit, chacun, pour le vivre, et que, non, on ne peut pas bafouer ou faire
l'économie du deuil, c'est... au niveau social, il y a un coût à payer pour ça.
Mme Veilleux (Geneviève) : Je
ne suis pas certaine de bien saisir l'élasticité, mais on a des lois qu'on
respecte...
M. Beauchemin : Bien, en
d'autres mots, l'élasticité, c'est le concept économique que plus le prix est
dispendieux, moins la demande va être présente, d'une certaine façon, parce que
plus ça coûte cher, moins les gens vont vouloir... Plus ce n'est pas cher, plus
les gens vont vouloir avoir le service. C'est dans ce sens-là. Parce que, bien,
supposons qu'on se met dans la tête de quelqu'un qui reçoit 5 800 $, ça
vient moins cher faire des services, donc vont-ils être plus... Allez-vous
avoir une augmentation, finalement, là, de la demande, si... selon vous?
Mme Veilleux (Geneviève) : Bien,
en fait, on va se permettre... À ce moment-là, on va permettre aux familles de
choisir les rituels qu'ils veulent, au lieu d'incinérer une famille que ça ne
fait pas partie... bien, pas la famille au complet, là, mais au lieu
d'incinérer une personne que ça ne fait pas partie de ses valeurs parce que sa religion,
ses valeurs, c'est : il ne veut pas être incinéré. Ça va permettre d'avoir
des rituels qu'ils vont rencontrer, ça va permettre d'enlever l'imposition du
choix puis de leur donner le choix.
M. Beauchemin : OK. Je
comprends. Je pense que vous répondez. Il y en a une partielle... C'est
correct. Oui?
Mme Saint-Pierre (Annie) : Peut-être,
si je peux vous aider, actuellement ce qui se passe, là, dans les entreprises
funéraires, c'est que les familles <font des choix...
Mme Saint-Pierre (Annie) :
...
se passe, là, dans les entreprises funéraires, c'est que les familles >font
des choix, sont forcées de renoncer à des options qu'ils prendraient si elles
avaient plus.
M. Goyer (Jonathan) : C'est
ça, exactement.
Mme Saint-Pierre (Annie) : Est-ce
que ça éclaire un peu plus?
M. Beauchemin : Oui.
M. Goyer (Jonathan) : Et pas
uniquement au niveau des biens, mais au niveau des services.
Mme Saint-Pierre (Annie) : Les
services.
M. Beauchemin : Oui, c'est
ça. C'est là où est ce que je voulais en venir. Écoutez, je ne me souviens plus,
malheureusement... parce que ça a été quelque chose qui a été fait à plusieurs
reprises dans ma vie, depuis un bout de temps, là, mais je ne me souviens pas
si j'ai payé la TVQ puis la TPS quand j'ai enterré des proches, là.
Une voix : Oui.
M. Beauchemin : Ça fait que
c'est le cas? OK. Donc, si c'est le cas, basé sur votre page 8, quand vous
parlez de 2 500 $, le provincial, c'est 16 %, la TVQ, en plus,
c'est... au niveau là, de la prestation de décès, je parle, là, la TVQ, elle
est de 9,975 %, on la connaît tous. Est-ce que ça, ce serait quelque
chose... Parce que, bon, on ne veut pas défaire l'équilibre du régime, mais
est-ce que ça, ce serait peut-être une avenue où vous pourriez considérer, dans
le sens que, si le gouvernement enlevait, justement, l'impôt provincial sur
cette prestation-là, ça va dans un autre «ledger» hein, qu'on dit, dans le
fonds consolidé, ça ne va pas dans le Régime des rentes du Québec. Donc, cette
avenue-là qui représenterait... Sur 2 500 $, on parle de 617 $.
Si, supposons, que c'était légèrement plus, ça augmenterait de façon
proportionnelle, étant donné que les deux ensemble représentent 26 %
approximativement, là, du total. Est-ce que ça, c'est quelque chose que vous
auriez considéré?
Mme Veilleux (Geneviève) : ...demandes
sont quand même raisonnables, la façon qu'elles sont présentées.
M. Goyer (Jonathan) : Tu
sais, que ce soit au ministère de la Santé, avec les gens de retraite Québec,
un peu partout, tout le monde nous ramène, dans le fond, au cabinet du ministre
Girard, dans le fond, les Finances. Dans le fond, effectivement, les services
funéraires, on l'a su le 14 mars 2020, puis le 15 mars, puis le
16 mars 2020 que nos services sont essentiels et doivent être... et ont
continué. Nos travailleurs sont rentrés le matin du 14, le 15, puis on a
travaillé en pandémie pendant deux ans. Donc oui, nos services sont essentiels,
donc, si ces biens et services-là pourraient être... ne pas être taxés, je
pense que l'ensemble de la population y serait gagnante, c'est certain. Mais, à
ce moment-là, c'est... on ne parle plus d'être à l'intérieur de la marge de
manœuvre, là, de la Régie des rentes, on parle d'un beaucoup plus grand dossier
que ça. Ça fait que ça, si M. Girard est ouvert, on...
M. Beauchemin : Bien, en
fait, c'est parce que, justement, là-dessus, je crois que si effectivement la
TVQ puis l'impôt, là-dessus, est éliminé de l'équation, donc redonné dans les
poches de façon directe aux gens, ce n'est plus dans le Régime des rentes du
Québec que ça va faire... affecter ça, c'est plus le fonds consolidé de l'État
qui va être affecté, là, par une approche comme ça. Donc, on ne touche plus aux
points de base qui sont les surplus actuels. Donc, c'est dans ce sens-là que je
me demandais, tu sais... cette avenue-là qui, donc, sort un peu du Régime des
rentes pour aider la situation des Québécois et Québécoises, puis ça, c'est une
avenue qui pourrait peut être être intéressante, là, je pense, pour vous, en
tout cas, là.
Mme Saint-Pierre (Annie) : Nous
pourrons travailler avec qui vous voulez le désigner sur quoi que ce soit, mais
il n'en demeure pas moins qu'on va... on est ici aujourd'hui pour faire la
démonstration que cette prestation là est à 2 500 $ depuis 26 ans.
C'est la seule... une des rares et seules prestations qui n'a pas été indexée
et revue depuis aussi longtemps. Alors, qu'on enlève la taxe ou l'impôt, ça ne
réglera pas, selon nous, le problème des familles qui ont à faire des choix
qu'ils ne veulent pas faire.
M. Goyer (Jonathan) : À ce
moment-là...
Le Président (M. Simard) : Succintement.
• (11 h 20) •
M. Goyer (Jonathan) : ...parle
d'argent d'employés, d'employeurs, donc c'est plus ce régime-là, je pense, qui
devrait avoir une prestation de décès, que l'ensemble des contribuables au
niveau des finances publiques.
M. Beauchemin : Merci. M. le
député de Maurice-Richard.
M. Bouazzi : Merci, M. le
Président, merci, M. le Président. Il y a un éléphant dans la pièce, depuis
qu'on a commencé ces consultations, c'est qu'on est réellement inégaux face à
la retraite. Le RRQ, pour certains, c'est principalement ce qu'ils ont, ce qui
leur permet de survivre, parce que c'est une question de survie, sachant qu'à
peu près 50 % des personnes... des aînés vivent en dessous du seuil du
revenu viable. Mais, pour une autre partie de la société, c'est de l'argent de
poche, hein? Pour les députés ici, à l'Assemblée nationale, qui sont élus
depuis le début des années 80, on en connaît au moins un, tous, bien, c'est
de l'argent de poche. Pour les médecins spécialistes qui gagnent un
demi-million par an, rendus à la retraite, c'est de l'argent de poche. Pour les
PDG des grandes corporations qui gagnent un an de salaire de leurs <employés
en 24...
M. Bouazzi :
... Pour
les PDG des grandes corporations qui gagnent un an de salaire de leurs >employés
en 24 heures, c'est de l'argent de poche.
C'est ça, la réalité, c'est qu'on peut
philosopher sur le 60, 62 ans, il y a des gens qui sont tout à fait inégaux
et, pour eux, 60, 62 ans, même zéro, par rapport à ce qu'ils ont accumulé
pour leur retraite, évidemment... Et, de l'autre côté, il y a des gens qui
vivent des inégalités et qui sont dans des situations de survie. Face à la mort
aussi, on est inégaux. La famille qui survit à la personne qui décède, non
seulement vit avec le deuil, mais, pour un certain nombre d'entre elles et
d'entre eux, vivent dans une précarité absolument terrible. Et c'est de ces
gens-là dont on parle aujourd'hui.
Parce qu'encore une fois, face à la mort,
si on prend, par exemple, le moment où M. PKP a hérité, je suis sûr que les
2 500 $, il ne les a pas sentis. Il y a beaucoup de gens, dont les gens
dont j'ai parlé jusqu'à maintenant, plein de gens qui gagnent beaucoup
d'argent, qui héritent une maison entièrement payée à Sillery ou à Westmount, à
Montréal, un gros chalet de 20 pièces quelque part dans les Laurentides, tout
ça, c'est de l'argent de poche, ce n'est pas ça qui va changer leur vie. Ça
fait que, là-dedans, ces injustices par rapport à ceux qui n'ont pas vu cette
quantité d'argent indexé depuis maintenant un quart de siècle, je vous dirais :
Combien de femmes survivent à leur époux? Ça sera ma première question.
Mme Saint-Pierre (Annie) : ...en
discussion avec le Conseil du statut de la femme qui, d'ailleurs, a aussi
soumis cette situation-là devant vous et d'autres groupes ou d'autres grands
groupes. Je pense que 80 % des femmes, au Québec, ou des prestataires de
la prestation de survivant sont des femmes. M. Therrien pourra sûrement le
confirmer, là. Donc, c'est un problème aussi de femmes.
M. Bouazzi : Donc, on est
dans une situation où il y a une partie de la population qui n'hérite de rien
et, parmi celle-là, celles qui sont dans les plus grandes des difficultés, on
parle de 80 % des femmes qui survivent à leur mari. Donc, cette situation
d'injustice touche principalement les femmes. Si on ne prend pas en compte ça,
qu'est-ce qu'on fait, c'est qu'on vient appuyer des inégalités de genre de
notre société. Et, de l'autre côté du spectre, je rappelle aujourd'hui qu'on
est un des rares pays, un des rares pays de l'OCDE qui n'a aucune imposition
sur l'héritage. Ça fait que, pour les autres qui sont... qui héritent de tout
l'argent qui leur permet de passer à travers toutes sortes de deuils, et on
sait que c'est difficile pour tout le monde, bien là, on vient rajouter des
difficultés pour les personnes les moins nanties et, de l'autre côté, on ne
vient pas apporter un minimum de justice sociale en taxant un minimum les
questions d'héritage. Et c'est vraiment ces inégalités d'héritage, aujourd'hui,
dont on parle, en fait, à travers cette prestation.
Donc j'écoute, j'entends les arguments
qu'on a entendus aujourd'hui, et je rappelle aux personnes ici présentes que le
fait qu'on s'accommode de cette situation-là vient pénaliser, avant tout,
évidemment, les moins nantis qui n'héritent de rien...
Le Président (M. Simard) : En
conclusion.
M. Bouazzi : ...et, de
l'autre côté, essentiellement, les Québécoises, les femmes dans notre société.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous, cher collègue. Alors, Mme Saint-Pierre, Mme Veilleux, M. Goyer, merci
pour votre contribution à nos travaux.
Sur ce, nous allons suspendre quelques
instants, le temps de faire place à nos prochains invités.
(Suspension de la séance à 11 h 24)
(Reprise à 11 h 31)
Le Président (M. Simard) : Alors,
chers collègues, nous poursuivons nos travaux. Mais, avant de procéder à
l'audition, j'aurais besoin de votre consentement afin de procéder au-delà de...
11 h 30 (version révisée)
Le Président (M. Simard) : ...nos
travaux. Mais, avant de procéder à l'audition, j'aurais besoin de votre
consentement afin de poursuivre au-delà de l'heure prévue. Il y a consentement?
Très bien.
Nous avons l'honneur de recevoir des
représentants de l'Institut de recherche en économie contemporaine. Messieurs,
soyez les bienvenus. Auriez-vous d'abord l'amabilité de vous présenter?
M. L'Italien (François) : Bien
sûr. Mon nom est François L'Italien. Je suis directeur adjoint de l'IREC et
coordonnateur de l'Observatoire de la retraite. Je suis accompagné de Michel...
Riel Michaud-Beaudry, pardon, qui est le chercheur de l'Observatoire de la
retraite.
Le Président (M. Simard) : Nous
vous écoutons.
M. L'Italien (François) : Merci
beaucoup. D'abord, je tiens à vous remercier de nous recevoir aujourd'hui pour
la présentation de nos analyses et propositions qui concernent le document de
consultation sur le RRQ.
Avant d'entrer dans le vif du sujet, l'observatoire
tient à mentionner que les consultations qui ont lieu au sujet du RRQ à tous
les six ans sont, de notre avis, non seulement une occasion de faire le point,
techniquement, sur le régime, sur ses orientations techniques, financières,
mais aussi une occasion, une opportunité pour la société québécoise de s'approprier
la question de la retraite, d'intéresser davantage les Québécoises et les
Québécois sur la question de la retraite en général, puisque le régime de
rentes occupe une position faîtière, au Québec, sur la retraite, et on n'a pas,
on est d'accord là-dessus, toujours l'occasion d'avoir une opportunité comme
celle-ci pour faire le point.
Or, à l'observatoire, nous constatons que,
lors de cette consultation-ci, comme la dernière, bien, les consultations ont
été relativement peu larges, assez cadrées, lorsqu'on sait que, dans le passé,
il y a eu des consultations qui ont été beaucoup plus près des Québécois,
beaucoup plus près des Québécoises, en se déplaçant notamment en région, en
tenant des forums régionaux, c'est un constat, surtout qu'on tient, et je pense
que c'est un point de vue que les gouvernements successifs ont défendu, à ce
que les Québécoises et les Québécois aient une meilleure littératie financière,
une meilleure compétence civique concernant la retraite. Donc, cette
opportunité-là, je pense... et on planifiera ça pour dans six ans, à la
prochaine consultation, de ne pas rater cette opportunité-là pour sortir des
cercles de personnes ou d'organismes déjà initiés.
Alors, je vais laisser maintenant la
parole à Riel pour le cœur de l'argument.
M. Michaud-Beaudry (Riel) : Merci,
François. Donc, je joins ma voix à la sienne pour vous remercier de nous avoir
invités ici. On espère qu'on va pouvoir contribuer à vos travaux, là, pour
faire avancer la discussion.
Donc, on a lu avec attention le document
de consultation puis on est très... on était très contents de constater qu'il y
avait beaucoup de points avec lesquels on était en accord, dont la permission
de cesser de cotiser après 65 ans pour les bénéficiaires de la rente de la
retraite, la protection de la rente de la retraite pour les personnes de 65 ans
et plus, la reconnaissance, dans le régime supplémentaire, de situations
particulières, notamment pour la garde d'un enfant ou l'invalidité, ainsi que
la reconnaissance des périodes passées à la proche aidance, donc, qui, j'imagine,
va être quantifiée, là, un peu plus tard dans vos travaux.
On est quand même en désaccord avec
certains des points qui ont été... certaines des propositions qui sont
soumises, premièrement, sur l'augmentation de l'âge d'admissibilité aux rentes
anticipées, deuxièmement, sur l'augmentation des facteurs d'ajustement pour la
rente anticipée ainsi qu'un mécanisme d'ajustement automatique qui ciblerait
davantage les prestations.
Concernant l'âge d'admissibilité aux
rentes anticipées, il est indiqué dans le document de consultation que «pour
être en mesure de reporter le début du versement de sa rente de retraite, une
personne doit détenir des actifs suffisants pour attendre les versements de ses
rentes publiques ou demeurer en emploi jusqu'à un âge plus avancé». Donc, dans
le document de consultation, on mentionne notamment que l'épargne n'est pas
nécessairement au rendez-vous chez les Québécois et les Québécoises. Puis, on
ajoute dans le mémoire un autre tableau qui vient bonifier le portrait, c'est-à-dire
les actifs que les gens détiennent entre 55 et 64 ans.
Il y a également plusieurs personnes pour
qui ce n'est pas possible de travailler après 60 ans. Donc, il y a plusieurs
intervenants avant nous qui en ont parlé, sur la question de pénibilité, de l'âgisme
sur les milieux de travail qui contribue à ce que les gens s'excluent ou soient
exclus de leurs milieux de travail, des emplois où il n'est pas possible de
réduire, par exemple, les heures hebdomadaires travaillées ou des problèmes de
santé. Donc, pour toutes ces personnes-là, la flexibilité de pouvoir prendre
ses rentes à 60 ans nous apparaît un avantage important pour... apporter que c'est
important de maintenir l'âge à 60 ans. Puis, on a pris note aussi des propos de
M. Latulippe, puis ça a fait... aussi d'une discussion, plus tôt ce matin, avec
les actuaires, concernant quel programme qui est le mieux pour <aider...
M. Michaud-Beaudry (Riel) :
...plus tôt ce matin, avec les actuaires, concernant quel programme qui est le
mieux pour >aider ces personnes-là. Donc, si c'est une question qui vous
intéresse, on pourra poursuivre la réflexion avec vous sur l'apport important
qu'a effectué M. Latulippe à la conversation.
Et également, bon, un dernier point sur
l'âge de la retraite, pour beaucoup de personnes, l'âge optimal pour prendre
ses rentes, c'est à 60 ou 61 ans. Donc, d'amener ces gens-là à...
seulement pour prendre les rentes à 62 ans, ça constitue une perte de
revenus pour ce genre de bénéficiaire là des rentes du RRQ. Donc, nous
proposons au gouvernement de maintenir le statu quo par rapport à l'âge
d'admissibilité aux rentes anticipées. Puis, on est très contents, en fait, de
voir que la motivation qui est derrière le document de consultation, c'est de
bonifier la rente plutôt que de... simplement d'aller vers une réduction du
taux de cotisation.
Concernant l'augmentation des facteurs
d'ajustement pour la rente anticipée, on pense que ça vient pénaliser les mêmes
personnes qui vont être pénalisées par la hausse de l'âge d'admissibilité aux
rentes anticipées. Puis, il y a Michaud et ses confrères, qu'on cite beaucoup
dans le mémoire, ainsi que Force Jeunesse qui auront, les deux, fait une littérature...
une évaluation de la littérature sur la question des effets que peut avoir ce
genre de réforme là sur le maintien des personnes seniors en emploi. Puis la
littérature qu'on... les deux convergent, là, en disant que ça n'avait pas
vraiment d'effet sur le maintien ou le retour en emploi des travailleurs
d'expérience. Donc, ici aussi, on propose au gouvernement le statu quo sur les
facteurs d'ajustement pour le versement de la rente anticipée.
Dernièrement, sur le mécanisme
d'ajustement automatique, on apporte, là, puis... on dit que ça serait
préférable que ce soient les cotisations qui augmentent plutôt que les
prestations ou l'indexation qui diminuent s'il y a un... le régime est en
mauvaise santé financière. Il y a différents avantages à cette formule-là. Le
premier, c'est qu'il y a un maintien du partage des risques entre les salariés
et les employeurs si c'est les taux de cotisation qui augmentent plutôt que si
c'est les prestations qui diminuent. Il y a aussi le fait que les régimes publics
au Canada ou au Québec sont moins généreux que les régimes d'autres
juridictions à l'international, ce qui fait que, dans le fond, si on compare ce
qui se passe dans d'autres régimes où est-ce qu'ils diminuent les prestations,
c'est quand même différent de diminuer les prestations dans un régime qui est
globalement plus généreux que de diminuer les prestations dans un régime qui
est globalement moins généreux, comme ce qu'il y a au Québec et au Canada.
Également, les gens, donc, bâtissent ou
conçoivent leur plan budgétaire à la retraite et leur stratégie de décaissement
des régimes publics et des régimes privés en fonction des rentes qui sont
garanties, indexées et viagères des régimes publics. Donc, ça devient plus
compliqué de concevoir un plan... un plan budgétaire pour la retraite quand on
n'est pas certains des sources de revenus qui vont pouvoir provenir des régimes
publics.
Également, il a longtemps été... il a
beaucoup été question de la littératie financière dans vos discussions
précédentes. Ce qui est certain, c'est que c'est plus facile à expliquer et à
comprendre... c'est quand les rentes sont garanties et indexées.
Donc, ça fait le tour pour la revue du
mémoire. Donc, je vais laisser la place à François pour vous parler d'une
proposition qu'on a développée, qui est le conseil des partenaires de la
retraite.
• (11 h 40) •
M. L'Italien (François) : Oui.
En terminant, on ne pouvait pas rater l'occasion d'une telle consultation pour
soulever la nécessité de compléter notre système institutionnel sur la retraite
au Québec en mettant sur pied une institution qui manque, que nous, on a
baptisée le conseil des partenaires de la retraite, qui aurait pour fonction de
concerter, conseiller et rechercher... faire des recherches sur la retraite au
Québec puisque, manifestement, il y a de plus en plus d'enjeux intersectoriels,
il y a de plus en plus d'enjeux qui croisent différentes dimensions de la vie
économique, sociale, démographique du Québec qui se retrouvent souvent aux
marges des différentes institutions existantes. Hein, qu'on pense au Comité
consultatif sur le travail et la main-d'œuvre, du Conseil du statut de la femme,
la retraite se retrouve toujours un peu prise, j'ai envie de dire, comme un...
non pas comme un pensum, mais comme un élément secondaire de la mission. Or,
nous, on pense que, face à l'enjeu du vieillissement de la population et à tout
ce qui se présente devant nous au XXIᵉ siècle, l'heure est venue d'avoir une
institution de plus qui pourrait, par ailleurs, et je termine là-dessus, mettre
autour de la table toutes les parties prenantes qui ont un intérêt, de proche
ou de près... de près ou de loin, pardon, à la question de la retraite. Et là
je ne parle pas simplement des retraités et des travailleurs, je pense aussi
aux jeunes, aux collectivités et aux chercheurs. Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous, chers amis. Je cède la <parole...
M. L'Italien (François) :
...et aux chercheurs. Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. Simard) :
Merci
à vous, chers amis. Je cède la >parole au ministre des Finances.
M. Girard (Groulx) : Je n'ai
pas touché au bouton, alors je vous écoute, M. le Président.
Merci beaucoup pour cette présentation
très intéressante. Puis je souligne à tous les députés, lorsqu'on va devoir
émettre un rapport sur la consultation, qu'on a plusieurs positions qui
convergent, puis je pense que ça va être possible d'avoir un rapport conjoint.
Notamment, bien qu'il y ait des excellents points de vue des deux côtés du 60,
62 ans, on n'a pas encore vu quelqu'un se prononcer en faveur de l'augmentation
des faveurs... des facteurs d'ajustement, entre 60 et 65 ans, pour les
harmoniser avec le Régime de pensions du Canada. Alors, je prends acte que
cette proposition soulève peu d'endossements et... bien, c'est malheureux dans
un certain sens, mais elle nous oblige à une rigueur parce que c'est la seule
proposition qui ajoutait de la marge de manœuvre au régime. Et donc, si elle
n'est pas retenue, comme les invités que nous avons aujourd'hui le disent, bien,
il faut vraiment, vraiment, vraiment travailler à l'intérieur de la marge de
manœuvre actuelle parce qu'on n'aura pas de marges de manœuvre supplémentaire,
puisque personne ne nous a suggéré, jusqu'à maintenant, d'harmoniser les
facteurs d'ajustement avec le Régime de pensions du Canada.
Vous avez dit, pour les... dans le cas de
sous-financement du régime, vous avez dit : Nous, on aime beaucoup plus
les cotisations qui augmentent qu'une diminution de l'indexation. Je veux juste
être sûr : Est-ce que cette conclusion-là tient aussi pour le régime
supplémentaire, là? Parce que le régime supplémentaire a des obligations de
capitalisation, puis est récent, et n'a pas la même marge de manœuvre que le
régime de base. Est-ce que vous... cette conclusion-là visait uniquement le
régime de base ou le régime de base et le régime supplémentaire? Et vous
comprenez que le régime supplémentaire, ça a des implications importantes.
M. Michaud-Beaudry (Riel) : C'est
pour les deux régimes. Donc, on pense que c'est quand même possible d'augmenter
le taux de cotisation du régime supplémentaire s'il n'est pas... s'il y a une
mauvaise santé financière qui est déclarée.
M. Girard (Groulx) : OK. Et
vous êtes conscients qu'on a les taxes sur les masses salariales les plus
élevées au Canada?
M. Michaud-Beaudry (Riel) : Oui.
Ce qu'on a dit, on n'en a pas parlé, mais ce qu'on a mentionné aussi dans notre
mémoire, c'est que le Régime de rentes du Québec, que ce soit le régime de base
ou le régime supplémentaire, contribue à la santé, à l'écosystème des
entreprises au Québec. Donc, ça fait partie de notre page 6. Donc, dans
quelques années à peine, selon l'évaluation actuarielle, le régime de rentes du
Québec de base va verser plus d'argent en prestation que va retirer de
l'économie en cotisation. Puis, la même chose va arriver pour le régime
supplémentaire dans environ une trentaine d'années.
Donc, tout cet argent-là qui est versé au
net dans les poches des rentiers, ça contribue à augmenter le PIB, ça contribue
à la création d'emplois. Ça contribue également à l'assiette fiscale des
différents paliers de gouvernement. Par rapport aux entreprises, plus
spécifiquement, c'est important de prendre en compte les charges sociales pour
la compétitivité entre les juridictions, mais le Régime de rentes du Québec, en
étant un déposant à la Caisse de dépôt et de placement, investit cet argent-là notamment
dans l'économie du Québec, c'est un des mandats de la caisse, puis ça fait en
sorte de combler un besoin des entreprises qui ont besoin d'investissement. Les
entreprises ont également besoin d'une demande de gens qui achètent leurs
produits, leurs services. Puis, comme ce je l'ai dit un peu précédemment, cette
demande-là va être encouragée puis augmentée si le régime... plus le régime va
être bonifié. Donc, c'est une... pour nous, c'est un des arguments pour
bonifier le régime plutôt que de diminuer les cotisations.
M. Girard (Groulx) : OK. Mais,
écoutez, je ne veux pas révéler le contenu des consultations prébudgétaires,
là, mais il n'y a aucune compagnie qui nous demande d'augmenter les taxes et
masses salariales, là, ni en raison du bénéfice via la Caisse de dépôt, etc.,
là. Augmenter les cotisations, lorsqu'on est déjà... La somme des charges sur
la masse salariale au Québec est déjà la plus élevée au Canada, là. C'est... Je
dirais que c'est une proposition qui est contestable.
M. Michaud-Beaudry (Riel) : Oui,
tout à fait. Puis le Conseil du patronat a été clair comme... à cet effet-là.
Mais ce qu'on dit, c'est que...
M. Girard (Groulx) : Bien,
écoutez, associez-moi pas au Conseil du patronat, s'il vous plaît.
M. Michaud-Beaudry (Riel) : OK.
Non, non. Ce n'était pas ça, mon <intention...
M. Michaud-Beaudry (Riel) :
...OK. Non, non. Ce n'était pas ça, mon >intention.
M. Girard (Groulx) : OK. Merci.
M. Michaud-Beaudry (Riel) : Je
m'excuse. Donc, c'est ça, ce qu'on dit, c'est que l'un des besoins des
employeurs, c'est d'avoir des charges fiscales faibles, mais il y a aussi
d'autres besoins qui sont comblés par le Régime des rentes du Québec. Puis la
bonification du régime a des avantages sur les travailleurs, les travailleurs
et travailleuses, et sur les futurs rentiers.
M. Girard (Groulx) : OK. On
va aller dans le vif du sujet, là, parce que, quand même, pour ce qui est des
facteurs d'ajustement, je pense que vous êtes dans le mille avec tout ce qu'on
a entendu... consensus. Les cotisations, bon, je suis moins d'accord avec votre
recommandation, puis c'est vraiment une décision qui va être difficile. C'est
donc une décision qu'on doit prendre lorsque le régime est en santé. Parce que,
si le régime venait à être sous pression, bien, c'est plus difficile de prendre
les bonnes décisions. Mais je constate aussi que les décisions difficiles ne
sont pas plus faciles parce qu'on laisse le temps passer, parce que la décision
difficile qu'on a à prendre sur le régime supplémentaire, elle aurait dû être
prise lors de la création du régime supplémentaire, et puis, là, on se ramasse
six ans plus tard, puis la décision n'est pas plus facile.
Mais allons-y sur le 60-62 ans. Qu'est-ce
que... Vous avez référé à M. Latulippe. M. Latulippe a proposé, endossé
quand même fortement le report de l'âge d'admissibilité de 60 à 62 ans. Pour le
bénéfice de nos auditeurs, M. Latulippe, c'est l'ancien actuaire en chef
du régime. Et vous, vous vous prononcez contre le report. C'est clair, je
pense, vos arguments : pénibilité, âgisme, possibilité de ne pas être en
santé pour pouvoir faire les deux ans de plus. Qu'est-ce que vous avez...
Qu'est-ce qui vous amène à citer M. Latulippe, puisqu'il prend la position
contraire de votre proposition, là? Qu'est-ce que vous voulez souligner du
témoignage de M. Latulippe?
M. Michaud-Beaudry (Riel) : Bien,
de ce que j'ai compris du témoignage de M. Latulippe, en fait, c'est que les
rentes moyennes pour les bénéficiaires qui la retire à 60 ans, mensuellement,
c'est 400 $, alors que la prestation d'aide sociale, c'est 800 $ par
mois. Donc, ce que lui, il disait, si j'ai bien compris, puis vous me
corrigerez, c'est que ça devient donc plus avantageux de mettre... d'offrir
l'aide sociale à ces personnes-là plutôt que des rentes anticipées à 60 ans. Puis,
ce qui le conduisait... ce qui l'encourageait à proposer l'augmentation de
l'âge à 62 ans... parce que ça permettrait à ces personnes-là de toucher un
meilleur revenu de l'aide sociale plutôt que de les forcer à prendre les rentes
anticipées, parce qu'on ne peut pas... on est obligés de prendre les rentes si
on est sur l'aide sociale puis...
Donc, selon moi, ce que... la meilleure
réflexion qu'il y a eu par rapport à ça vient de MM. Godbout, Beaudry, Morency
puis D'Amours, qui suggèrent de modifier un peu la Loi sur l'aide sociale afin
de rendre facultative, pour les personnes sur l'aide sociale... de toucher la
rente anticipée. Donc, ça ferait en sorte de permettre aux gens de 60 à 65 ans
qui ont... qui peuvent bénéficier de l'aide sociale... ça leur rendrait... ça
leur apporterait le choix du programme qu'ils voudraient puis qui serait le
plus avantageux pour elles. Puis, selon M. Latulippe, dans la majorité des
cas, ça serait l'aide sociale. Donc, si cette modification-là était apportée à
la loi sur l'assistance sociale, ça ferait en sorte qu'on peut garder l'âge à
60 ans, puis ces personnes-là ne seraient pas pénalisées.
• (11 h 50) •
M. Girard (Groulx) : OK.
Alors, encore une fois, là, je vais réfléchir à voix haute pour le bénéfice de
tous, là. Je pense que, dans l'opposition au report d'âge d'admissibilité, il y
a deux concepts. D'abord, on est dans un régime collectif, on est dans des
modèles probabilistes sur un horizon de 50 ans, et ce qu'on voit, c'est que...
Si on fait juste l'aspect financier, parce que, là, on a beaucoup discuté des
aspects humains, qui sont extrêmement importants, puis je vais y venir, mais,
d'un point de vue financier, dans 90 % des cas, les gens seraient gagnants
à ce qu'on déplace l'âge d'admissibilité de 60 à 62 %, et donc 10 %
seraient perdants. Et, d'un point de vue financier, les gens sont perdants si leur
espérance de vie ou si leur vie est plus courte que 10 ans après le
déclenchement du régime des rentes, parce que, comme ils vont... les rentes
sont bonifiées de 23 % entre 60 et 62 ans, bien, 23 %, c'est <mieux...
M. Girard (Groulx) :
...parce
que, comme ils vont... les rentes sont bonifiées de 23 % entre 60 et 62
ans, bien, 23 %, c'est >mieux, mais, si vous l'avez deux ans de
plus à 23 % de moins puis que vous vivez moins longtemps, bien... il est
possible.
Donc, statistiquement, on est dans un
régime collectif. Et, si on faisait le report, 90 % des gens seraient
gagnants. Et on ne connaît pas, au moment de la décision, qui est le 10 %.
Ça, c'est financier. Est-ce que vous êtes d'accord avec cette affirmation-là?
M. Michaud-Beaudry (Riel) : Bien,
j'aimerais vous demander d'où vous prenez cette statistique-là, de 90 %.
M. Girard (Groulx) : C'est
des...
Une voix : ...
M. Girard (Groulx) : Bien,
est-ce qu'on peut laisser parler...
Le Président (M. Simard) :
Oui. M. Therrien.
M. Therrien (Jean-François) :
Oui. Bien, ça vient justement de M. Latulippe, MM. Ménard et Plamondon,
qui ont calculé que, s'il y a 100 personnes, dans une salle, de
60 ans, 10 ans plus tard, il va rester 93 personnes en vie.
Donc, il y a sept personnes qui vont être décédées avant de pouvoir avoir
récupéré les deux ans de report de la rente de 60 ans à 61 ans.
M. Michaud-Beaudry (Riel) : Oui.
Merci. C'est ce que je pensais, mais je voulais valider.
Donc, ce que MM. Latulippe, Ménard et
Plamondon ont évalué, c'est uniquement l'aspect de la mortalité, donc la
mortalité qui est précoce, donc où est-ce que les gens peuvent décéder avant de
pouvoir réellement profiter de la bonification des rentes. Donc, ça ignore
l'aspect fiscal qui est important, qui a été évalué quand même un peu dans
notre mémoire ainsi que dans la publication de Michaud et de ses confrères.
La deuxième chose, c'est qu'il y a tout
plein de personnes qui prennent leur rente à 62 ans et plus aussi, pour
qui l'augmentation de l'âge d'admissibilité aux rentes anticipées ne va rien
changer parce que ça ne modifiera pas leur comportement. Donc, tu sais, ce
90 % là, c'est 90 % d'un sous-groupe de la population. Donc, c'est
important quand même de garder ça en tête.
Puis le groupe des personnes pour qui ça
ne va rien changer est en augmentation, compte tenu que les gens, naturellement,
reportent l'âge où est-ce qu'ils retirent leurs rentes anticipées.
M. Girard (Groulx) : Oui.
Bien, on parle, approximativement, là, par rapport à aujourd'hui, de
40 000 personnes par année et... En fait, ce qui est proposé, c'est
de transférer du régime — je rappelle que c'est un régime collectif — approximativement
650 millions aux retraités. C'est ça qu'on fait, là, lorsqu'on dit :
Ça coûterait... Parce que, je le répète, là, ça coûterait 12 points de base, le
62 ans, pour le régime de base, puis quatre points de base pour le régime
supplémentaire. Ce qui est proposé, d'un point de vue financier, c'est
indéniablement au bénéfice des retraités, là. C'est la valeur présente de ce
qu'on prendrait du régime collectif. Pour les retraités, c'est
650 millions de dollars.
Maintenant, on n'est pas obligés de le
faire. On peut laisser ça dans le régime puis on aura la discussion,
éventuellement. Puis peut-être qu'en ayant la discussion on ne le fera jamais.
Peut-être qu'indéniablement on le fera à mesure que l'âge de la longévité
augmente.
Ça fait que j'en viens... je pense que,
pour les aspects financiers, d'un point de vue statistique, c'est... l'évidence
est assez solide que le report est positif. D'ailleurs, ça coûte de l'argent au
régime.
D'un point de vue plus qualitatif, là je
prends vos termes, qui sont très pertinents : pénibilité, âgisme, santé, moi,
j'aurais ajouté «invalidité», il est possible, bref, que, même si,
financièrement, 62 est supérieur à 60, dans certaines conditions, pour quelque
raison que ce soit, notamment ces cas-là, la personne préfère prendre son
régime des rentes à 60 ans. Et là où c'est intéressant, la discussion,
puis le débat, puis est-ce que l'information pourra aider, c'est : Est-ce
qu'on a d'autres régimes sociaux ou est-ce qu'il y a d'autres possibilités où
ces personnes-là pourraient choisir de prendre leur retraite à 60 ans,
mais néanmoins déclencher leur RRQ à 62 ans, puisque la rente est
supérieure de 23 %? Est-ce que vous croyez que c'est possible?
M. Michaud-Beaudry (Riel) : Bien,
ça, je reviens sur l'aspect financier, il y a quand même des travaux qui ont
été faits qui ont démontré que l'âge optimal pour des gens, c'est 60 et
61 ans. Donc, si on les force à reprendre leur rente à 62 ans et
plus, ça leur fait perdre de l'argent. Puis par rapport à la présentation
que... à la proposition que vous avez émise, je n'ai pas... on n'en a pas vraiment
pensé... on n'y a pas vraiment pensé. Je ne sais pas, toi, si... François, tu
as...
M. L'Italien (François) : Ça
n'a pas fait l'objet d'analyse chez nous, cette question-là en <particulier...
M. L'Italien (François) :
... pas fait l'objet d'analyse chez nous, cette question-là en >particulier.
M. Girard (Groulx) : OK. Est-ce
que vous croyez... Parce que, vous savez, moi, mon rôle, c'est de maximiser la
sécurité financière des Québécois. Maintenant, si tout le monde dit : On
ne veut pas faire ça, on ne veut pas faire, on ne veut pas faire ça, est-ce que
vous croyez que, dans six ans, on va le faire?
M. Michaud-Beaudry (Riel) : Bien,
en fait, ce que j'ai oublié de dire, c'est qu'on est d'accord avec vous pour
dépenser ces points de base là. C'est important de bonifier la rente des futurs
bénéficiaires. Ce qu'on pense, c'est qu'il y a des manières plus judicieuses de
dépenser ces 12 points de base là dans des... pour bonifier la rente à
d'autres endroits dans la formule de calcul de la rente. Donc, si... Je ne sais
pas quoi répondre à votre question, là. On espère pouvoir être là dans six ans
aussi pour vous en reparler. Mais...
M. Girard (Groulx) : Bien, je
vous remercie. Très intéressant. Puis merci pour vos travaux de recherche. Puis
je passe la parole à mon collègue.
Le Président (M. Simard) : Cher
collègue, il nous reste à peine 30 secondes. Donc, le député de René-Lévesque.
M. Montigny : Alors,
recommandation 7, ça touche particulièrement des citoyens de La
Haute-Côte-Nord parce qu'il y a des périodes où, malheureusement, ils n'ont pas
de chômage, puis ils travaillent de façon saisonnière. Alors, j'aimerais vous
entendre rapidement là-dessus, recommandation 7.
M. Michaud-Beaudry (Riel) : Euh,
oui...
Le Président (M. Simard) : 10
secondes.
M. Michaud-Beaudry (Riel) : Oui,
ça va. Dans le fond, il y a des périodes... il y a des périodes... il y a des
situations particulières dans la vie des gens qui sont exclues du calcul de la rente,
notamment les périodes sur la CNESST, la garde pour les enfants, puis on pense
que ça pourrait être intéressant, pour... à la fois pour le RPC mais pour le
RRQ aussi, de pouvoir faire en sorte que ces périodes-là ne contribuent pas au
calcul de la rente.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Merci. M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
On ne touche pas. On ne touche pas,
surtout pas.
M. Beauchemin : C'était comme
si je voulais le faire, le changer rouge à distance.
Le Président (M. Simard) : Je
vous les enlève, sinon.
M. Beauchemin : Merci. Merci
beaucoup pour votre mémoire, fort apprécié, puis vos explications. Est-ce que
je peux vous poser une question par rapport à la perception que vous, vous avez
eue en lisant la proposition, à savoir : Est-ce que vous considérez que,
dans ce qui est écrit, on sous-entend une prestation cible comme environnement
potentiel futur?
M. Michaud-Beaudry (Riel) : Bien,
si le mécanisme d'ajustement automatique, il vise les prestations, oui. Ce que monsieur
a dit précédemment, ce qui est intéressant, c'est que c'est moins pire de
toucher l'indexation que de toucher la rente de base, là. Mais, oui, là, c'est
ce genre de disposition là qui est envisagé.
M. Beauchemin : Donc, vous,
vous le... donc, vous, vous le voyez comme ça, donc qu'il y a vraiment une
possibilité que la prestation puisse être variable relativement... à
l'intérieur d'un écart, là.
M. Michaud-Beaudry (Riel) : Bien,
c'est ça, c'est qui est écrit dans la loi sur le régime... pour le régime
supplémentaire. C'est une possibilité que le législateur peut décider, puis
c'est ce que vous êtes... c'est ce dont vous êtes en train de réfléchir, là, en
ce moment.
M. Beauchemin : OK. Une
autre... Un autre des points que j'aimerais vous entendre un petit peu plus
là-dessus... Vous n'avez pas parlé, en fait, là, de repousser l'âge maximum...
maximal à 75 ans ici, aujourd'hui. Votre opinion là-dessus,
premièrement, au niveau de l'application comme telle, puis quand serait-il plus
optimal de mettre ça en place?
M. Michaud-Beaudry (Riel) : Bien,
dans notre mémoire, on parle de la maintenir à 70 ans, puis, dans le fond,
on fait nôtres un peu les observations de la FTQ, là, qui ont été plus claires
dans leur mémoire, là, où est-ce que ça devient plus avantageux de la prendre à
72 ans à 94 ans et plus, là. Donc, il y a plus de gens qui vont
décéder avant 94 ans qu'après. Donc, c'est ça qui motivait notre position
de la maintenir à 70 ans.
M. Beauchemin : Mais est-ce
que, selon vous, de permettre que ça soit plus tard devient problématique pour
les... Parce que moi, j'y ai repensé, à celle-là, puis je me dis : Bon,
bien, mettons ça en place maintenant. Ça ne coûte rien, en fait, de le mettre
maintenant. Donc, on pourrait le mettre en place maintenant. Puis c'est un
choix. Si quelqu'un veut le faire plus tard, il le fera plus tard. Ça fait que
j'essaie juste de comprendre votre position, là, par rapport à ça.
• (12 heures) •
M. Michaud-Beaudry (Riel) : Bien,
tu sais, il y a des gens qui... pour qui ça va être un mauvais choix de prendre
leurs rentes à 60 ans puis il y a des gens pour qui ça va être un mauvais
choix de les prendre à 72 ans aussi. Donc, tu sais, c'est comme important
quand même de baliser l'âge où est-ce que les gens peuvent prendre leurs rentes.
Donc, tu sais, on ne propose pas, par exemple, de pouvoir prendre la rente à
partir de 55 ans, malgré une pénalité superélevée, tu sais. Donc, c'est
important quand même de... Le choix optimal, il est... pour tout le monde, mais
il quand même pas mal surtout entre ces deux âges-là. Donc, on pense que c'est
quand même important de baliser la limite maximale des rentes ajournées.
M. Beauchemin : OK. Le
conseil de la retraite que vous avez mentionné...
12 h (version révisée)
M. Beauchemin : ...le conseil
de la retraite que vous avez mentionné, je voulais juste vous entendre
là-dessus, sur comment vous, vous envisagez ça. Est-ce que c'est quelque chose d'annuel?
C'est-tu, cette commission-là, «light», une fois par année? Comment vous voyez
tout ça? Est-ce que c'est des gens qui écriraient un rapport à être publié une
fois de temps en temps? Comme, un petit peu, s'il vous plaît, développer sur cette
idée-là, parce qu'on l'a entendue à quelques reprises déjà à date. Chacun
semble avoir une version différente. Ça fait que c'est pour ça que je veux vraiment
que vous soyez sur... enregistré là-dessus, pour qu'on puisse avoir tout le
monde, là, sur...
M. L'Italien (François) : Oui,
absolument. Bien, il faut dire, d'abord, que c'est une proposition qui est née
d'un constat partagé parmi plusieurs catégories ou groupes de participants au
régime, constat que, dans les dernières décennies, il y a eu des
transformations sur la retraite où les participants ont eu peu de choses à dire.
Et, parallèlement à ça, ce qui est actuellement au cœur de l'actualité sur, par
exemple, la pénurie de main-d'œuvre et le maintien en emploi des travailleurs
expérimentés, le vieillissement de la population fait en sorte qu'on est
plusieurs à considérer qu'il nous faut un forum permanent, doté de moyens
publics décents, pour, finalement, réaliser des mandats d'intérêt général qui
pourraient être, par exemple, conseiller le gouvernement, l'Assemblée nationale
et la société québécoise, un peu comme le fait le Conseil du statut de la femme,
par exemple, lorsqu'elle... lorsque le conseil émet des avis, soutient des
recherches et, évidemment, concerte différents groupes durant l'année.
Donc, entre les projets de loi, entre les
moments forts de l'Assemblée nationale, bien, le type d'arbitrage auquel vous,
aujourd'hui, et dans les dernières séances de l'Assemblée nationale... de la commission,
avez été contraints d'opérer, ce genre d'arbitrage là pourrait être soutenu par
un travail de recherche, par exemple qu'est-ce qu'on doit faire sur telle ou
telle modification au régime, telle ou telle bonification au régime, comment se
situe-t-il par rapport à des composantes identiques dans le reste de l'OCDE?
Donc, nous, on le voit comme une instance, un peu comme le comité... le conseil
consultatif sur le travail et la main-d'œuvre ou le Conseil du statut de la
femme, donc, un organisme qui se situe au sein de l'appareil d'État, mais qui
peut être doté d'un budget qui est tout à fait modeste et qui aurait un pouvoir
de recommandation et de recherche.
Le Président (M. Simard) : Mme
la députée de La Pinière.
Mme Caron : Merci.
Alors, pour... autrement dit, ce conseil des partenaires, ce serait, si je le
comprends bien, une façon de regarder les questions de manière plutôt
transversale, plutôt qu'en vase clos, pour tout ce qui touche à la retraite,
puis faire des recommandations qui... où ce serait... où on prendrait compte...
on tiendrait compte de tout.
M. L'Italien (François) : Exactement.
Mme Caron : Si j'ai bien
compris, tout à l'heure, dans votre intervention, vous avez dit : Si vous
avez des questions, on peut vous donner des idées. Alors, je ne sais pas si j'ai
bien compris dans quel... dans quel contexte vous disiez ça. Est-ce que c'est...
Pour, justement, les personnes pour qui ce n'est pas avantageux de prendre leur
retraite à 60 ans, là, parce que ça ne l'est pas, mais qui n'ont pas le
choix parce... pour les raisons qui ont été invoquées tantôt, raisons de santé,
bon, peu importe, mais qui n'ont pas d'autres sources de revenus, quels autres
programmes existent actuellement ou pourraient exister pour leur permettre de
faire le pont jusqu'à 60 ans, hormis le bien-être social?
M. Michaud-Beaudry (Riel) : Ah!
OK, j'allais dire «le bien-être social» parce que c'était ça que j'avais
répondu au ministre un peu plus tôt. On n'a pas pensé à d'autres programmes qui
pourraient être plus adaptés, là, pour ces personnes-là.
Mme Caron : Merci.
Donc... Allez-y.
M. L'Italien (François) : Bien,
c'est certain qu'il y a une boîte noire, d'une certaine façon, qui n'a pas été
ouverte tant que ça depuis au moins 2002, au moment où on disait : Il y a
quelque chose qui s'en vient, qui s'appelle la pénurie de main-d'œuvre, la question
du maintien en emploi des travailleurs expérimentés, puis c'est tous les
ajustements en emploi, toutes les mesures que les employeurs peuvent déployer
pour pouvoir favoriser le maintien des travailleurs expérimentés, puis, ça, à
notre connaissance, il y a relativement peu de littérature, peu de recherche,
peu d'initiatives pour mieux mettre en lumière sur cette boîte noire là.
Puis pourtant il y a eu plusieurs
recommandations, le rapport Demers, le rapport du CCTM, qui mentionnaient qu'on
devait prendre cette question-là rapidement à bras-le-corps parce qu'on allait
se retrouver dans la situation qu'on est aujourd'hui. Donc, il y a, là, le
législateur, qui doit faire son bout de chemin avec la réglementation puis les
programmes disponibles, mais il y a aussi les employeurs qui doivent faire leur
bout de chemin pour <accommoder les travailleurs expérimentés...
M. L'Italien (François) :
...employeurs
qui doivent faire leur bout de chemin pour >accommoder les travailleurs expérimentés,
puis ce bout-là, de 60 à 62 ans, mettons, bien, on doit trouver des solutions
ensemble. Ce n'est pas simplement les élus, ou l'Assemblée nationale, ou le
gouvernement du Québec à se dépatouiller.
Mme Caron : Et donc, si on
revient au conseil des partenaires, ça pourrait être une question, selon vous,
dont ils pourraient se saisir, oui?
M. L'Italien (François) : Absolument,
absolument.
Mme Caron : J'ai une autre
question, en page... Oui?
M. Michaud-Beaudry (Riel) : Pardon,
madame, il y en a d'autres. Tu sais, il y a la FTQ qui a parlé des personnes
immigrantes. Il y a Force Jeunesse qui a parlé de la façon dont le système de...
pourrait nous aider à lutter contre les changements climatiques. Il y a eu
quelques années... qu'est-ce qu'on fait avec les personnes, qui ont un régime à
prestations déterminées, insolvables, dont l'employeur fait faillite, Le Groupe
Capitales Médias, donc, pour ne pas les nommer. Donc, tu sais, il y a aussi eu
les régimes à prestations cibles qui ont été décidés par un comité de travail à
Retraite Québec. Tu sais, donc, il y a tout le temps des enjeux qui sortent un
peu des consultations qui se passent à chaque six ans.
Mme Caron : OK, merci. Mon
autre question, c'est qu'en page 39 vous parlez de la prestation de décès, dont
on a parlé tantôt avec la Corporation des thanatologues, et il y a quelque
chose qui était personnellement dans mon angle mort. Je croyais que c'était une
prestation qui était tout à fait universelle, mais, d'après ce que... d'après
les... ce que vous citez de la loi, qui... il faut que la personne décédée ait...
ait cotisé un certain montant pour qu'après son décès ses proches aient droit
au 2 500 $. Est-ce que ça veut dire qu'une famille, là, qui perd un
enfant, dont l'enfant n'a évidemment pas cotisé... est-ce que ça veut dire que
les parents n'ont pas droit au 2 500 $ de prestations au décès pour
aider à payer les frais funéraires... ou d'un conjoint qui n'aurait pas
travaillé, et donc pas cotisé, le conjoint survivant n'aurait pas droit au
2 500 $ de prestations funéraires? Est-ce que c'est ce que ça veut
dire?
M. Michaud-Beaudry (Riel) : Bien,
on n'est pas experts dans cette prestation-là. Je pense que les gens, tantôt,
ont dit que c'était universel. Donc, tu sais, c'est peut-être à prendre avec un
grain de sel, ce qu'on a écrit, mais ce qui est sûr, c'est que ce qui est dit
dans l'article 107, c'est qu'un cotisant est également admissible s'il a versé
des cotisations de base pour au moins 10 ans, donc, puis il y a d'autres
conditions, en fait, pour être admissible, là. Donc, tu sais, en lisant cette
partie-là de la loi, ça ne nous semblait pas si universel que ça.
Mme Caron : OK, merci. Puis
est-ce que vous pouvez nous illustrer en deux mots ce que vous considérez
comme... ce que vous appelez comme trappe fiscale, à propos du supplément de
revenu garanti? Qu'est-ce que vous voulez dire exactement par ça, s'il vous
plaît?
M. Michaud-Beaudry (Riel) : Ah
oui! Donc, les gens pour qui ce ne serait pas optimal de prendre leur rente à
62 ans et plus... Donc, c'est quand on... Le supplément de revenu garanti
récupère les revenus qui sont tirés du RRQ, donc, entre 0,75 $ puis 0,50 $
par dollar, ce qui fait que, dans le fond, la différence entre la personne qui
prend sa rente à 60 ans puis à 62 ans est rapetissée parce qu'il y a... On
n'est pas à 1 $ de différence, on est plutôt à 0,50 $ ou 0,25 $
de différence, ce qui fait que, quand on utilise ça puis on met là-dedans un
taux d'actualisation, bien, ça confère une très grande importance aux deux
années avant le 62 ans, où est-ce que les gens ont touché des revenus. Ça fait
toute la différence. Donc, malgré un revenu supérieur chez les 62 ans et plus
qui ont pris leur rente à 62 ans, de ceux qui ont pris leur rente à 60 ans et
qui ont atteint 62 ans, ça fait en sorte que ça amène le calcul à ce que les
deux se rejoignent après l'espérance de vie. Je ne sais pas si c'est clair?
Mme Caron : OK, oui, merci.
Le Président (M. Simard) : Très
bien, ça vous va? M. le député de Maurice-Richard.
• (12 h 10) •
M. Bouazzi : Merci beaucoup,
M. le Président. Merci, vraiment, c'était absolument passionnant. Je veux juste
être sûr de bien comprendre ce que vous avez dit sur le dernier point, sur les
prestataires d'aide sociale et sur l'interaction entre le RRQ et le SRG, ce que
vous venez de dire.
Donc, d'un côté, ce que vous dites, c'est
que, si on arrête d'obliger les gens qui sont sur l'aide sociale de prendre
leur retraite à 60 ans et à leur permettre de la prendre à 62, ça réglerait le
problème dont on a entendu parler avec M. Latulippe, qui, par ailleurs, ouvre
plein de problèmes si les gens n'ont pas le droit à l'aide sociale quand ils
arrivent à 60 ans, si on les oblige à attendre 62. Donc ça, c'est une partie de
l'équation.
L'autre partie de l'équation, c'est de
dire : Dans l'interaction entre le SRG et le RRQ, on se retrouve, en fin
de compte, à avoir non pas les sept personnes sur 100 dont on ne sait pas trop
quand elles vont décéder, même si on n'a jamais parlé de la date de la personne
qui reçoit un diagnostic de cancer et qui sait qu'elle va <décéder plus
vite que...
M. Bouazzi :
...la
date de la personne qui reçoit un diagnostic de cancer et qui sait qu'elle va >décéder
plus vite que l'inconnu dont on parle, mais, de l'autre côté, c'est que, si on
prend tout... on oublie cette question-là, si on prend les questions de revenu
tout simplement, l'interaction entre le SRG et le RRQ fait en sorte qu'il y a
des personnes dans l'autre 93 % qui auraient intérêt... ou, en tout cas,
qui ne sont pas pénalisées de la manière dont on l'entend depuis le début de
ces consultations, quand ils le prennent à ce moment-là. C'est ça?
M. Michaud-Beaudry (Riel) : Bien,
nous, on a pris cette question-là en deux facettes, là. Donc, il y a Michaud et
ses confrères, quand même, qui ont intégré la question de l'assurance-emploi...
l'assurance sociale, pardon, dans leur modélisation pour savoir qui est-ce qui
était pénalisé par la hausse de l'âge de l'admissibilité, mais ce que Godbout
et ses confrères, qui sont venus ici la semaine passée, ont dit, c'est... bien,
ils ne l'ont pas dit, là, mais ce qui est dans leur mémoire, c'est de proposer
de rendre facultative la réception de la rente pour les prestataires de l'aide
sociale.
Donc, oui, tu sais, pour nous, c'était une
belle façon de... parce que, sinon, même avec la conversation avec M.
Latulippe, on reste dans la discussion : Quel programme est-ce qu'on rend
disponible pour la personne? Puis, en fait, c'est un peu un faux choix, là.
Donc, on peut rendre ces deux programmes-là disponibles pour les gens. Donc,
par rapport, par exemple, au... bien, votre deuxième volet, là, au supplément
de revenu garanti, bien, oui, effectivement, c'est ça, c'est que ça vient... quand
ça... c'est que Latulippe, Plamondon puis Ménard ont juste pris en compte la
mortalité. Donc, ils n'ont pas pris en compte la fiscalité. Donc, quand on
prend en compte la fiscalité, le portrait est différent.
M. Bouazzi : OK. Donc,
évidemment, l'argument de dire : Ça coûte moins cher au RRQ d'obliger les
gens de commencer à 62, on veut bien pour le RRQ, mais, si on prend le tableau
au complet, c'est beaucoup plus compliqué que ça par rapport aux prestataires
de ces revenus-là, étant donné toute la tonne d'autres revenus. J'en apprends
un peu plus tous les jours. Il y en a que je connaissais, mais il y a toutes
sortes de revenus disponibles, en fait, oui.
M. Michaud-Beaudry (Riel) : Bien
oui, c'est exactement ça, puis ça m'amène, en fait, à préciser, là, donc, ce
n'est pas... c'est loin d'être tous les prestataires du supplément de revenu
garanti, là, c'est surtout les personnes seules puis celles qui sont dans les
revenus plus faibles, parce que le taux de récupération du supplément de revenu
garanti, il est plus élevé chez les revenus plus faibles. Il est à 0,75 $
par dollar puis il tombe à 0,50 $ par dollar à un moment donné. Donc, ça
me permet de préciser ça, là. Ce n'est pas...
M. Bouazzi : Donc, oui, c'est
une précision, je pense, très importante. Donc, ce que vous dites, c'est que,
pour les personnes qui ont des revenus faibles, si on vient les obliger à
prendre... à 62 ans, ça serait ces personnes-là, particulièrement, qui seraient
pénalisées, étant donné qu'elles ont le droit à plus de revenus sur le SRG.
M. Michaud-Beaudry (Riel) : Oui.
M. Bouazzi : OK. Je n'ai pas
d'autre question, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, merci à vous, cher collègue. Merci à vous deux, messieurs, pour
votre contribution à nos travaux cet avant-midi.
Sur ce, nous allons suspendre, et nous
sommes de retour quelque part autour de 15 h 15. À bientôt.
(Suspension de la séance à 12 h 14)
15 h 30 (version révisée)
(Reprise à 15 h 34)
Le Président (M. Simard) : Alors,
chers collègues, à l'ordre, s'il vous plaît! Nous avons quorum. Nous reprenons
nos travaux. Et j'aurais besoin de votre consentement pour pouvoir poursuivre
au-delà de l'heure prévue. Y a-t-il consentement? Il y a consentement.
Alors, nous avons l'honneur de recevoir,
cet après-midi, des représentants de l'Institut canadien des actuaires. Madame
messieurs, bonjour. Bienvenue parmi nous. Auriez-vous d'abord l'amabilité de
vous présenter, s'il vous plaît?
M. St-Germain (Michel) : Absolument.
Alors, mon nom est Michel St-Germain. Je suis un ancien président de l'Institut
canadien des actuaires, et je suis accompagné de deux bénévoles, Jason Malone
et Krystel Lessard. Nous sommes tous les trois des experts actuaires dans le
domaine des régimes de retraite, et c'est un plaisir pour nous autres de
partager avec vous l'opinion de l'Institut canadien des actuaires, qui
représente 6 000 actuaires, sur le document de consultation.
Le Président (M. Simard) : Alors,
nous vous écoutons avec plaisir, et vous disposez de 10 minutes.
M. St-Germain (Michel) : Merci
beaucoup. Alors, je veux commencer en soulignant l'excellente gouvernance du
Régime de rentes du Québec, en particulier l'exercice que vous faites de
consulter périodiquement les intervenants et les experts avec des documents qui
sont très, très bien préparés. Je veux aussi souligner la qualité de l'évaluation
actuarielle. Alors, je vais le dire comme ça, vous avez des bons actuaires à
Retraite Québec.
L'Institut canadien des actuaires a
toujours été intéressé par une bonne performance du Régime de rentes du Québec.
En particulier, il y a quelques années, nous avions supporté l'ajout du régime
supplémentaire. Nous avons aussi, il y a quelques années, préparé une position
publique sur l'enjeu de la date de retraite, et notre intention était de
susciter un débat. Nous sommes très contents de voir que non seulement il y a
un débat, mais que, dans le document de consultation, il y a une proposition
qui est à peu près identique à celle que nous avions incluse dans notre
document de consultation là-dessus.
Alors, en conséquence, nous supportons l'option
de hausser l'âge minimal d'admissibilité à 62 ans. Nous sommes aussi heureux de
voir que vous avez accompagné cette proposition-là de d'autres mesures qui vont
permettre au Régime de rentes du <Québec de s'adapter...
M. St-Germain (Michel) :
...proposition-là
de d'autres mesures qui vont permettre au Régime de rentes du >Québec de
s'adapter aux changements sociaux qui se sont produits dernièrement, mais qui
vont continuer de se produire. Alors, la prochaine génération de retraités va
se retirer de façon complètement différente de la génération actuelle. En
particulier, il va y avoir beaucoup plus de retraites graduelles et de
retraites qui sont plus tard. Je veux préciser que cette proposition-là n'a pas
pour but de réduire le coût du régime. Elle améliore les prestations. Elle
conserve le choix de la date de retraite, et la date de retraite, ce n'est pas
la date d'arrêt de travail. En fait, il n'y a aucun lien entre le choix que
vous offrez et la date à laquelle les gens arrêtent de travailler. Il y a deux
raisons pour lesquelles, vraiment, on supporte cette proposition-là.
Alors, la première, c'est que ça reflète
la tendance du travail des personnes les plus âgées. Le document inclut des
statistiques qui montrent comment cette proportion-là de travailleurs âgés qui
continuent à travailler augmente, et, à notre avis, elle va continuer
d'augmenter dans le futur, et moi, je vous encourage non seulement à regarder
comment les gens prennent leur retraite maintenant, mais d'anticiper qu'ils
vont se retirer de façon très différente dans le futur. La deuxième raison,
c'est que nous sommes préoccupés que les gens font un mauvais choix lorsqu'ils
prennent leur retraite à 60 ans. Nous sommes convaincus que plusieurs de
ces gens-là feraient un meilleur choix d'attendre et de profiter de ce que vous
leur offrez, de recevoir une rente qui est plus élevée, pleinement garantie, à
l'abri des fluctuations du marché et qui protège contre le risque de longévité.
Comme tous les autres choix reliés à la
retraite, c'est un choix qui est difficile à faire et qui est difficile à
expliquer. Nous encourageons Retraite Québec à mieux supporter les Québécois
dans ce choix-là, en particulier en produisant des relevés personnalisés qui
expliquent bien, qui illustrent bien aux Québécois le choix, l'avantage de
reporter leur rente de retraite. Il y en a qui vont changer leur comportement,
mais, malheureusement, notre opinion, c'est qu'il y en a qui vont continuer de
faire des mauvais choix. Une communication, c'est utile, mais ce n'est pas
assez.
Nous reconnaissons que certains seront
affectés négativement par ces changements-là, particulièrement les travailleurs
moins bien rémunérés, dans des emplois pénibles ou des emplois précaires. Il
faut qu'il y ait des mesures transitoires, et vous avez sept années pour les
préparer, pour que ces mesures transitoires là permettent à ces gens-là d'avoir
accès à des revenus durant la période de deux ans, entre 60 et 62 ans,
pour pouvoir retarder la demande de rente de retraite et recevoir une rente qui
est plus élevée. Nous encourageons aussi à avoir une réflexion sur comment bien
traiter les gens qui sont dans des emplois pénibles.
Alors, je vais demander à Jason de
continuer.
M. Malone (Jason) : Merci,
Michel. Comme vous pouvez voir, dans le temps qu'on a alloué à la discussion du
62 ans, on comprend qu'il y a un débat puis on comprend, dans les autres
experts qui se sont présentés devant vous, que c'est un sujet qui est très
important, mais il ne faut pas oublier tous les autres sujets dans le document.
Il y a plein d'autres suggestions, plein d'autres idées très intéressantes, qui
vont vraiment aider les Québécois à maximiser leurs revenus de retraite, de
rente lors de leur retraite. Donc, on voulait passer quelques minutes à souligner
quelques-unes de ces idées-là.
• (15 h 40) •
Une en particulier, le crédit pour les
personnes proches aidantes, nous trouvons que c'est une très bonne idée. Par
contre, une chose qui nous préoccupe un peu est le coût de ces mesures-là, et
aussi ce qu'on recommande fortement, c'est de s'assurer que le Régime de rentes
du Québec est le bon endroit pour adresser cette situation-là. Donc, il y a
plein de bonnes idées. On parlait de 60, 62 ans. Il faut voir, comme
société, est-ce que c'est vraiment le Régime des rentes du Québec qu'on veut
utiliser pour arriver aux fins de protéger ceux qui ont besoin de notre aide.
L'autre, qui est très peu discuté, qui est,
pour nous, aussi important, et il faisait aussi partie de notre énoncé public
de 2019, est la hausse de l'âge maximal de 70 à 75 ans. Nous croyons que
c'est très important de la hausser, donner davantage de flexibilité aux futurs
retraités de bien prévoir leur sécurité financière lors de leur retraite, pour
deux raisons. Un, Michel vient juste de le mentionner, les gens vont travailler
plus tard. Ils travaillent déjà plus tard, et on croit que l'âge de retraite...
l'âge d'arrêt de travail, je devrais dire, va continuer à augmenter avec le
temps. Donc, de donner cette flexibilité-là de continuer à travailler et ne pas
percevoir la rente jusqu'à 75 ans, pour <nous, est très important...
M. Malone (Jason) :
...de
continuer à travailler et de ne pas percevoir la rente jusqu'à 75 ans,
pour >nous, est très important.
Et l'autre raison qu'on trouve aussi
importante à souligner, c'est le fait qu'il y a eu un mouvement, comme vous le
savez, peut-être, de régimes à prestations déterminées à cotisations
déterminées, où les gens, maintenant, doivent économiser et prendre le risque
sur leurs épaules du décaissement, et c'est... ça va être... c'est déjà un
challenge pour plusieurs Québécois et Québécoises, et nous croyons que de
hausser l'âge à 75 ans va pouvoir permettre plus de flexibilité dans ce
décaissement-là, par exemple, utiliser des REER, les REER qu'ils ont pris, qu'ils
ont économisé à travers leur carrière, et les régimes à cotisations
déterminées, de décaisser pendant une plus longue période de temps, et ensuite
s'assurer d'avoir une rente du RRQ qui est stable, prévisible et aussi protégée
de l'inflation. Donc, c'est pour ça qu'on croit que l'âge... d'augmenter l'âge
maximal du premier versement à 75 ans serait très important, et, même, on
suggérerait de ne pas faire une transition très lente, mais quelque chose de
beaucoup plus rapide.
Je vais passer la parole à Krystel.
Mme Lessard (Krystel) : Merci,
Jason. En fait, il y a deux questions qui ont été abordées par mes pairs, soit
le report de l'âge d'admissibilité à 62 ans et l'âge maximal auquel on
pourrait retirer la rente, jusqu'à 75 ans, qui fait qu'on pourrait se
questionner sur quels sont les facteurs d'ajustement qui sont appropriés pour
le Régime de rentes.
Dans le document de consultation, il y a
une question selon laquelle... qui est posée : Est-ce que les facteurs
d'ajustement avant 65 ans, c'est-à-dire les pourcentages selon lesquels on
réduit la rente, devraient être augmentés? Dans notre document, notre position
publique de 2019, dont Michel a discuté un petit peu plus tôt, il y avait aussi
un point sur lequel on parlait, des fameux facteurs d'ajustement, et, selon
notre point de vue, ils devraient être déterminés de façon à ne pas encourager
la retraite anticipée ou décourager le report de la retraite. En d'autres
termes, ils devraient être établis sur selon ce qu'on appelle une base
d'équivalence actuarielle.
Donc, pour revenir à la question du
document de consultation sur les facteurs d'ajustement avant 65 ans, à
notre avis, ils sont déjà suffisamment élevés. Donc, il n'y aurait pas lieu de
les augmenter pour ne pas, justement, décourager les gens ou les pénaliser
s'ils doivent absolument prendre la rente plus tôt que 65 ans. Et aussi,
quand on parle de repousser l'âge maximal auquel on peut retirer la rente du
Régime de rentes jusqu'à 75 ans, il y a certains exemples dans le document
de consultation qui montrent quelle pourrait être la bonification de la rente,
parce que, si on attend et on la prend plus tard, elle est augmentée pour tenir
compte du fait qu'on la reçoit moins longtemps. À nos yeux, les pourcentages
qui sont présentés dans le document de consultation ne nous apparaissent pas
suffisamment élevés. On pense que la rente pourrait être... par rapport à celle
de 65 ans, si quelqu'un attend jusqu'à 75 ans pour la demander, elle
pourrait être jusqu'à doublée d'un point de vue actuariel. Donc, ça, ce serait
à regarder.
Et aussi on tient à référer, comme mon
collègue Jason a mentionné, que de repousser l'âge auquel quelqu'un peut
demander la rente, jusqu'à 75 ans, tout en ayant des facteurs d'ajustement
qui sont... qui ne pénalisent pas la personne financièrement si elle attend la
rente, ça donne de la flexibilité aux Québécois et aux Québécoises de demander
la rente au moment où eux, ils en ont vraiment besoin, selon leur propre
planification financière, et, ça, augmenter l'âge jusqu'à 65 ans avec...
75 ans avec des facteurs d'ajustement qu'on appelle actuariels, ça a un
coût nul, en théorie, pour le régime. Donc, c'est quelque chose qui peut offrir
de la flexibilité à coût nul pour les Québécoises et Québécois. Merci.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous. Alors, vous êtes tout à fait dans vos temps. Je cède maintenant la
parole au ministre des Finances.
M. Girard (Groulx) : C'était
une blague, une «inside joke», comme on dit en mauvais français, là, parce
que... Voilà, le bouton s'est allumé tout seul.
Alors, merci beaucoup. Votre présentation
est très importante. Et on a eu trois jours de consultations, et,
majoritairement, les gens se sont prononcés contre le report de 62 ans...
de l'admissibilité de 60 à 62 ans, sauf les actuaires. Les trois anciens
actuaires en chef du régime ont fait une présentation éloquente, sans
ambiguïté, recommandant de faire ce changement. Vous le faites aujourd'hui,
mais c'est un discours qui est minoritaire, et on a eu... Pour plusieurs
raisons, il y a certaines inexactitudes qui ont <été dites...
M. Girard (Groulx) :
...on
a eu... Pour plusieurs raisons, il y a certaines inexactitudes qui ont >été
dites. Il y a encore des gens qui pensent qu'on veut prendre l'argent des
retraités puis le donner au régime, ce qui est moins une fois ce qu'on essaie
de faire, c'est-à-dire qu'on essaie de prendre l'argent du régime pour en
donner plus aux retraités, mais il y a plusieurs personnes qui ne comprennent
toujours pas cette nuance.
Vous avez évoqué... Et, nous aussi, on a
le souci de ceux qui ont des emplois précaires, pénibles, la question... toute
la question de la rente invalidité avant 65 ans, mais j'aurais envie de
vous demander pourquoi... Les actuaires sont là avec leurs modèles
statistiques, leurs évidences, leurs calculs, 90 % de gagnants, 10 %
de perdants, l'incertitude, le transfert, les 15 points de base. Pourquoi le
message n'est pas entendu, selon vous?
M. St-Germain (Michel) : Bien,
je veux d'abord dire : Les meilleures personnes pour répondre à cette
question-là, ce n'est pas nous autres, c'est vous autres. Nous autres, on n'essaie
pas... Comprendre l'être humain, c'est un défi pour nous autres, les actuaires,
en passant. Écoutez, moi, j'ai participé à beaucoup, beaucoup de révisions des
régimes de retraite, je n'ai pas de... de toutes sortes d'entreprises. C'est
toujours difficile, le premier coup. Le premier coup qu'on s'y met, les
perdants crient beaucoup plus fort que les gagnants. Il y a beaucoup de gens
qui disent : Ah! il faut analyser... Puis on est bons, nous autres, les
actuaires, là-dedans, en cas d'incertitude, on analyse et on analyse. C'est ce
que je peux vous dire. Je pense que l'idée est bonne. On n'est pas les seuls,
les actuaires, je sais que les planificateurs financiers reconnaissent de plus
en plus cet avantage-là de reporter. Moi, ce que je veux vous dire, c'est :
Ne lâchez pas. Je pense qu'à un moment donné les gens vont comprendre que c'est
la bonne chose à faire.
M. Girard (Groulx) : Ça, c'est
une possibilité, qu'on est en présence d'une décision difficile qui devra être
prise inévitablement, et qu'une des choses que, collectivement, on peut décider
de faire, c'est de retarder des décisions difficiles, mais, dans six ans, la
décision ne sera pas plus facile, là. D'ailleurs, je vois les décisions qui n'ont
pas été prises sur le régime supplémentaire, puis là il faudrait les prendre,
puis elles ne sont pas plus faciles. Alors, je veux vous poser l'autre question
difficile. Les mécanismes d'ajustement lorsque le financement des régimes est
insuffisant, question qu'on doit se poser lorsque le régime est en santé, donc,
aujourd'hui, avez-vous une opinion sur ce qui est proposé dans le document de
consultation?
M. St-Germain (Michel) : Oui.
Je vais commencer la réponse, et Krystel va élaborer.
En fait, je veux commencer en disant :
Moi, j'ai dit que le rapport actuariel, il est très, très bon, et, moi, la page
que j'aime le mieux de ce rapport actuariel, je pense, c'est la page 145,
je ne sais pas si vous vous êtes rendu jusque-là, et c'est la page qui dit que
la probabilité que le taux de cotisation va augmenter dans les
20 prochaines années est de 44 %. Moi, là, c'est le chiffre, je veux
que vous le compreniez, ce chiffre-là, là, et il y a de grosses chances que le
taux va augmenter. Il y a aussi des chances qu'il va baisser, et, vous avez
raison, vous n'êtes pas prêts à aborder cette question-là, commencez à la
préparer. Ce qu'on vous dit, c'est que le fédéral l'a fait, et, en passant, j'ai
participé aux réflexions du fédéral. Vous devez avoir ce que j'appellerais un
plan B, là. Qu'est-ce qui arrive s'il faut que le taux de cotisation
augmente? Inspirez-vous du fédéral. Vous n'avez pas à le copier. Moi, je l'aime,
celle du fédéral, parce que j'y ai participé, mais faites votre propre exercice.
• (14 h 50) •
Mme Lessard (Krystel) : Oui, bien,
en fait, ça rejoint un peu ce que j'allais dire, Michel. On travaille tous les
deux... On a... Michel a déjà travaillé... Jason et moi travaillons en
consultation en régime de retraite, puis, avec nos clients, on s'assoit avec
eux, puis on regarde c'est quoi, vos grands objectifs de financement pour le
régime de retraite, puis c'est toujours les trois mêmes qui ressortent, sécurité
des prestations, stabilité des cotisations, équité intergénérationnelle, sauf
qu'on ne peut pas avoir 100 % dans les trois. Il faut faire des compromis.
On n'a pas le choix. On ne peut pas avoir une parfaite sécurité des prestations
avec une parfaite stabilité des cotisations. Mathématiquement, ça ne fonctionne
pas ensemble. Il faut intégrer l'équité intergénérationnelle là-dedans. Donc,
on n'a pas le choix. Quand on bâtit un régime de retraite, peu importe le type
de régime, on en arrive à faire un compromis dans ces <trois grands
objectifs là et de se questionner à savoir comment...
Mme Lessard (Krystel) :
...compromis
dans ces >trois grands objectifs là et de se questionner à savoir
comment on arrive à une certaine équité intergénérationnelle. Si on dit que
c'est un principe qui est important, bien, c'est légitime de se poser la
question : Bien, dans ce cas-là, quelles sortes de mécanismes d'ajustement
on veut apporter et jusqu'où on veut aller justement dans ces mécanismes-là?
M. Girard (Groulx) : Juste
une précision sur votre page favorite, là, le 44 %, c'est avant qu'on
consomme la marge de manœuvre, là?
M. St-Germain (Michel) : C'est
avec la marge de manœuvre actuelle.
M. Girard (Groulx) : Ça fait
que, si on consomme la marge de manœuvre, le 44 % va tendre vers 50 %, là.
M. St-Germain (Michel) : Bien
là, demandez à la personne qui est à votre gauche, il a la réponse tout de
suite à ça.
Le Président (M. Simard) : M.
Therrien.
M. Therrien (Jean-François) : Oui,
c'est ça, le 44 % est déjà près de 50 %. Donc, on peut considérer que,
oui, on va s'approcher un petit peu du 50 %, mais c'est déjà... puis ça,
c'est dans 20 ans.
M. Girard (Groulx) : OK, bon,
pourriez-vous répéter les trois éléments de l'équilibre philosophique du régime
de retraite, là? Je pense que c'est très important, là, puis...
Mme Lessard (Krystel) : Trois
grands objectifs de financement. On a la sécurité des prestations pour les
retraités, évidemment, la stabilité des cotisations pour ceux qui cotisent et
l'équité intergénérationnelle pour s'assurer que chaque génération a cotisé un
montant qui est équitable et qui reçoit une prestation équitable par rapport à
ça. Donc, ça, c'est les trois grands principes, objectifs de financement, dans
tout type de régime de retraite, et, comme je vous dis, on ne peut pas avoir
100 % dans les trois. Il faut trouver des compromis, et c'est là-dessus
qu'il faut travailler, se poser des questions, jusqu'où on est prêts à aller
dans chacun des objectifs.
M. Girard (Groulx) : Mais je
suis vraiment content de voir que les actuaires, qui sont une branche des
mathématiques pures, ont une formation en philosophie parce que, là, c'est
vraiment très intéressant. Alors là, le report de 60 à 62 ans, là, c'est quoi,
sa note par rapport à la sécurité des prestations, la stabilité des cotisations
puis l'équité intergénérationnelle?
M. St-Germain (Michel) : Oui,
alors, vous parlez de philosophie, là. Moi, je veux dire, j'ai fait mon cours
classique. Moi, je suis probablement la seule personne ici qui a fait Philo 1
et Philo 2. Vous ne connaissez pas ça, vous, là.
M. Girard (Groulx) : On en
fait au cégep aussi, je vous rassure.
M. St-Germain (Michel) : Oui,
mais ça ne s'appelle pas Philo 1 et Philo 2 au cégep.
M. Girard (Groulx) : Ah! pas
mal, 1, 2, 3.
M. St-Germain (Michel) : Alors,
écoutez, le report de 60 à 62, je vais le répéter, là, c'est pour refléter où
vont être les choses pour la prochaine génération de retraités. La prochaine
génération de retraités, puis ça a déjà commencé, va se retirer plus tard et de
façon graduelle. Alors, ça permet de refléter ces attentes-là. Ça continue de
donner des choix à des gens, et ce que ça continue de faire, c'est de protéger
contre des grands risques, risque de placement, risque d'inflation et risque de
longévité. Moi, je pense qu'avec ça vous avez un système qui est beaucoup plus
performant que le système actuel.
M. Girard (Groulx) : Donc, le
grand gain serait au niveau de l'équité intergénérationnelle?
M. St-Germain (Michel) : Bien,
préoccupez-vous de ce transfert-là entre générations. Vous l'avez déjà fait
avec le régime supplémentaire. Un des grands principes du régime
supplémentaire, c'est qu'il n'y a pas de transfert entre générations. Ce
régime-là est pleinement capitalisé. Le Régime de rentes du Québec, le régime
de base, il continue d'avoir des transferts entre toutes sortes de groupes, là,
entre les jeunes et les vieux. Je pense que c'est un bon équilibre, maintenant,
entre les jeunes et les vieux, les hauts et les bas salariés. Il y a toutes
sortes de mesures. Conservez-le, c'est ce que je peux vous dire, mais je ne
pense pas que, de passer de 60 à 62 ou de donner des choix de date de retraite,
ça affecte vraiment ce principe-là. Comme Krystel l'a dit, les ajustements que
vous faites selon le montant de rente doivent être neutres, doivent ne rien
coûter au régime, ne pas inciter les gens à choisir avant ou après.
M. Girard (Groulx) : Je
passerais la parole à mes collègues.
Le Président (M. Simard) : Oui,
volontiers. M. le député de René-Lévesque.
M. Montigny : En fait,
j'aimerais... j'aimerais ça qu'on regarde un élément particulier, évidemment,
sur le 60 à 62, là. Plusieurs personnes ont parlé, évidemment, que, pour
certaines personnes, là, c'est... on l'a appelé, tantôt, les perdants, là, ceux
pour qui c'est plus difficile parce qu'ils ont des emplois plus exigeants
physiquement, etc. Vous avez parlé, si je ne me trompe pas, si ma lecture est
bonne, là, de <votre mémoire, qu'on pourrait mettre en...
19 279
M. Montigny :
...ma lecture est bonne, là, de >votre mémoire, qu'on pourrait
mettre en place quelque chose, programme particulier, quelque chose qu'on
pourrait mettre en place pour ces personnes-là. J'aimerais ça vous entendre
davantage là-dessus.
M. St-Germain (Michel) : Oui.
Alors, on parle des mesures transitoires. En passant, vous avez sept années
pour les développer, ces mesures-là. Moi, ce que je peux vous suggérer, c'est,
d'abord, de bien identifier ces personnes-là. Alors, c'est qui, ces gens-là qui
doivent absolument recevoir une rente à 60 ans? De quels montants on parle? Et,
je veux dire, là, ces montants-là... En fait, il y a des chiffres qui nous
permettent de dire que ces montants-là, ça représente, d'après moi, des
montants d'autour... pas plus que 3 000 $ par année.
Alors, ce que vous devez faire, là, pour
deux ans, ce que vous devez faire, c'est de trouver une façon de donner
6 000 $ à ces gens-là pour qu'ils puissent recevoir une rente qui est
plus élevée à 62 ans. Parmi les façons possibles, vous pouvez jouer avec la
définition d'invalidité dans votre programme d'invalidité. Est-ce qu'il y a moyen
de rentrer ces gens-là de façon temporaire dans des prestations d'invalidité?
Est-ce qu'il y a moyen de passer par des crédits d'impôt? Vous venez de donner
des crédits d'impôt aux personnes de plus de 70 ans, des montants importants.
Est-ce qu'il y a moyen de considérer des crédits d'impôt remboursables aux gens
de 62 ans en ciblant, là, les gens qui y perdent?
Il y a le supplément du revenu garanti,
parce qu'en fait ce qu'on parle, c'est d'un supplément du revenu garanti aussi pour
ces gens-là. Je réalise les difficultés de coordonner avec le gouvernement
fédéral, mais c'est une façon possible... Ce que je veux dire, là, c'est que,
si vous trouvez une façon... de ces mesures-là, puis difficile d'en trouver une
qui est parfaite, à mon avis, vous gagnez beaucoup. Tous ceux qui... tous ces
gens-là qui vont pouvoir attendre à 62 ans à cause de ces mesures-là, et les
autres qui ne feront pas de mauvaise décision, vont tous recevoir des rentes de
retraite qui sont plus élevées le restant de leurs jours. Moi, je pense que
c'est un prix très raisonnable à payer pour enlever un choix.
Le Président (M. Simard) : M.
le député d'Orford.
17 925
M. Bélanger :
Merci. Bien, je trouve ça... je trouve ça intéressant. J'aimerais savoir
quel est le coût ou quel serait le coût estimé, parce que, si ça coûte 200 millions
d'un bord, puis on remet le 200 millions... puis est-ce que, vraiment, ça
va avoir un impact au niveau de la main-d'œuvre, de la disponibilité de... de la
disponibilité de main-d'œuvre? Parce que, moi, ma compréhension, c'est que
c'est comment on passe le message. Je suis convaincu que les mesures peuvent
être intéressantes, mais il va falloir un message aussi pour passer ces
mesures-là. Il va falloir qu'elles soient comprises, ce qui n'est pas
nécessairement évident non plus.
Le Président (M. Simard) : Alors,
en conclusion, s'il vous plaît.
M. St-Germain (Michel) : Oui,
bien, je vais demander à Jason de répondre à cette question-là.
M. Malone (Jason) : Très
rapidement, la communication, l'éducation. Puis, nous trois, la majorité de
notre travail est d'aider les comités de retraite, aller à des assemblées
nationales... assemblées générales, désolé. L'éducation est très difficile, c'est
un concept très difficile aussi. Donc, terminer là-dessus, c'est l'éducation, oui,
mais, des fois, même la communication est difficile.
Le Président (M. Simard) : Merci
beaucoup. M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
19 307
M. Beauchemin :
Merci beaucoup. Je veux juste relire... Tu sais, j'ai deux questions. Je
vais relire une section de vos mémoires : «Nous reconnaissons que certains
Québécois et Québécoises seront affectés négativement si elles ne peuvent pas
choisir la rente à 60 ans.» On l'a un petit peu mentionné à quelques reprises à
date, là. Est-ce que vous, le chiffre que vous avez en tête, l'avez-vous en
termes de pourcentage que ça représente de la population?
• (16 heures) •
M. St-Germain (Michel) : Je
ne l'ai pas, j'aimerais bien l'avoir, mais on sait une couple de choses, là, puis
on sait qu'il y a à peu près 40 000 personnes, tel que mentionné, qui
reçoivent leur rente à 60 ans, et on sait que ce profil-là varie beaucoup. Il y
a des gens qui continuent à travailler. Il y a des gens qui reçoivent des
rentes généreuses. Il y a des gens qui reçoivent des REER. Il y a des gens qui
sont à l'aide sociale. Ces gens-là, à mon avis, il faut un petit peu les
exclure, là. Ils ne sont pas obligés de la prendre à 60 ans. Ce qu'il faut
vraiment regarder, c'est les gens qui n'ont pas le choix, et ces gens-là, j'ai
un profil, là, des gens qui nous les ont donnés, c'est les gens qui font les
ménages dans les chambres d'hôtel, les serveuses de restaurant, c'est les gens
qui ont des emplois précaires et qui ont besoin de cet argent-là. En passant,
qui ont besoin... J'ai dit que le montant est de 3 000 $ par année,
là. Ils ne vivent pas avec ça, ces gens-là. Ils ne vivent pas avec ce
3 000 $. Alors, c'est ça qu'il faut accorder à ces gens-là, préserver
ce montant-là qu'ils ont maintenant et qu'ils n'ont pas d'autre choix...
19 307
M. Beauchemin :
Bien, justement, sur le 3 000 $ par année, vous, ce que vous
dites, finalement, c'est que c'est des interventions qui seraient à l'extérieur
du régime des rentes du Québec, donc, dans le fonds consolidé, là, du
gouvernement, ailleurs que dans le régime des rentes...
16 h (version révisée)
M. Beauchemin : ...du Régime
des rentes du Québec, donc dans le fonds consolidé, là, du gouvernement,
ailleurs que dans le Régime des rentes du Québec, où est-ce qu'on pourrait
puiser. C'est ce que vous suggérez. C'est ça?
M. St-Germain (Michel) : Écoutez,
je vais répéter en disant ce que j'ai dit : Demandez à vos excellents
actuaires de vous développer un programme, ils sont capables de le faire, puis
on leur donne sept ans. Moi, ma première vue, c'est des mesures qui sont à l'extérieur
du Régime de rentes du Québec. J'ai mentionné en passant les crédits d'impôt
remboursables, là, ça en serait un, ça.
M. Beauchemin : Mais je vous
entends, quand vous dites, tu sais, il faut identifier ces gens-là, il faut les
cibler mieux. On parle du 90-10, là, depuis les trois dernières journées, là,
les 10 % qui sont non identifiables, pas comme les ballons, là, qui
flottent, mais ils sont vraiment non identifiables. On ne peut pas dire
exactement qui ils vont être, là, on ne peut pas donner les noms, on ne peut
pas faire une liste de personnes, en tant que telle, là. Mais le 90 %,
donc, on va s'entendre qu'en gouvernance, eux autres, là, OK, sont couverts,
dans le sens qu'ils sont bien, puis ça va. Nous, notre rôle, c'est de s'assurer
que le 10 %, on ne les laisse pas en arrière.
Donc, ce que vous proposez là-dedans, il y
en a, des mesures que... bien, qu'on pourrait discuter, etc. Vous n'avez pas
parlé, effectivement, donc, du bien-être social en tant que tel, mais j'imagine
que ça faisait partie des cartons, des possibilités. Si j'ai bien compris,
quelqu'un qui a, disons, travaillé toute sa vie, a été capable, malgré tout, de
ramasser des sous pour se payer une maison, va arriver à 60 ans, n'aura
pas assez d'argent du RRQ, par exemple, parce que, bon, on n'est plus rendu à
62 ans, va donc, à ce moment-là, aller sur le bien-être social, mais à
cause du fait que la personne a une maison, ça va la pénaliser pour la
réception du chèque du bien-être social.
M. St-Germain (Michel) : Bien,
juste pour bien préciser, bien, on m'a demandé des mesures, des exemples de
mesures, moi, je n'ai pas donné comme exemple de mesures de les envoyer à l'aide
sociale, là.
M. Beauchemin : Oui.
M. St-Germain (Michel) : Je
ne suis pas... Je ne pense pas que je suis favorable à envoyer des gens...
M. Beauchemin : Mais qu'est-ce
que vous, vous en pensez, de cette approche-là, de mettre ça, disons, dans un
autre fonds consolidé du gouvernement qui serait le bien-être social?
M. St-Germain (Michel) : Moi,
je ne suis pas favorable à dire : Ces gens-là, on vous envoie à l'aide
sociale. Je ne suis pas favorable à ça.
M. Beauchemin : Puis donc la
raison principale étant...
M. St-Germain (Michel) : Moi,
je suis un... je crois vraiment, là, que chaque programme devrait avoir une
mission. L'aide sociale, là, c'est les gens qui sont incapables à travailler.
Le Régime de rentes du Québec, c'est pour protéger les Québécois contre leurs
vieux jours. Ici, là, on parle d'un... j'appelle ça un pont, là, c'est une
mesure temporaire pour accommoder des gens qui ont travaillé, ils sont membres du
Régime de rentes du Québec, mais qui ont une difficulté à suivre le rythme de
travail entre 60 et 62 ans. Moi, je vous encourage à avoir une mission
très, très claire. N'exagérez pas sur la cible de cette chose-là, on ne sera
jamais capable de les cibler parfaitement, ces gens-là.
M. Malone (Jason) : Si je
peux me permettre.
M. Beauchemin : Oui.
M. Malone (Jason) : Un autre
élément, c'était dans le document de consultation aussi, je crois, la France a
des exemples où il y a des mesures transitoires pour les employés dans des
emplois pénibles. Donc, il faut regarder aussi qu'est-ce qui est fait à l'extérieur.
Mais nous, comme actuaires de l'ICA, vraiment, on s'est concentré sur le Régime
de rentes du Québec, les mesures qui sont mises en place. Comme j'ai mentionné
tantôt, c'est important ici de vraiment regarder le Régime de rentes du Québec,
la majorité. Puis cette mesure-là, on la supporte, mais on comprend que ce n'est
pas facile, puis il faut regarder d'autres mesures à l'extérieur du RRQ pour
essayer de trouver un moyen de mettre en place cette hausse-là et les autres
mesures aussi, là.
M. Beauchemin : D'accord.
Deuxième phrase que j'aimerais reprendre de votre mémoire, c'est, vous dites :
«Nous suggérons à Retraite Québec de proposer les détails d'un nouveau
programme qui viserait à réduire l'effet négatif... de l'âge minimum...» Donc,
c'est un peu ça, finalement, que vous mentionnez, c'était, Retraite Québec
aurait donc avantage à y aller plus dans une recherche approfondie de mesures
alternatives, là, qui couvraient le 6 000 $, grosso modo, là, que
vous mentionnez. C'est bien ça?
Une voix : Oui.
M. Beauchemin : D'accord. Je
veux vous poser une question en ce qui a trait à... le 75 ans d'âge
maximal pour pouvoir recevoir la... l'admissibilité, là, au Régime des rentes
du Québec. Vous, vous avez mentionné qu'on pourrait le bonifier encore plus, si
j'ai bien compris, le chiffre, là, le 1 800 quelque, que j'ai vu dans le
tableau, là, OK, vous, ça pourrait être encore plus. Est-ce que vous pourriez,
un, me dire de combien puis pourquoi?
Mme Lessard (Krystel) : Écoutez,
on n'a pas développé une table précise, là, de quels devraient être les <facteurs...
Mme Lessard (Krystel) : ...on
n'a pas développé une table précise, là, de quels devraient être les >facteurs
d'ajustement. Comme Michel l'a mentionné, il y a des excellents actuaires à
Retraite Québec qui sont tout à fait capables de le faire. Mais, d'un point de
vue actuariel, si on regarde rapidement, entre 65 et 75 ans, pour tenir
compte du fait que la personne n'a pas reçu une rente pendant 10 ans et
que son espérance de vie, entre-temps... donc, il va la recevoir pendant moins
longtemps. Ce qu'on arrive comme résultat, c'est que la rente devrait être
environ au moins doublée ou environ doublée, là, à 75 ans par rapport à
65 ans. Mais, comme je vous dis, on n'a pas développé la table,
nous-mêmes, de facteurs d'ajustement. Règle du pouce, ça nous apparaît comme
ça, puis il y a des excellents actuaires qui peuvent vous les calculer, là, de
façon précise aussi.
M. Beauchemin : Bien, ce
serait intéressant, quand même, parce que ça, c'est un facteur que... En
passant, cette mesure-là... puis corrigez-moi si j'ai tort, là, mais cette
mesure-là, si je comprends bien, elle pourrait être applicable maintenant,
nonobstant... nonobstant l'augmentation plus élevée, que vous suggérez,
potentielle, là, cette mesure-là pourrait être applicable maintenant. On n'a
pas besoin d'attendre à 2030, là, pour le faire.
Mme Lessard (Krystel) :
Exactement.
C'est une mesure qui pourrait être mise en place très rapidement. Bon, il y a
certaines étapes à passer, évidemment, mais on pourrait s'imaginer, par exemple,
en janvier 2024 ou en janvier 2025, que ça pourrait être mis en place
rapidement. Il n'y a pas de... en théorie, puis là, encore une fois, les
actuaires du Régime de rentes pourront vous le confirmer, mais ce n'est pas une
mesure qui a un coût pour le régime puis qui peut être mise en place rapidement
aussi.
M. Beauchemin : OK. Écoutez,
M. le Président, moi, j'ai pas mal fait le tour de mes questions.
Le Président (M. Simard) : Très
bien, cher collègue. Alors, je cède la parole au député de Maurice-Richard,
qui dispose de cinq minutes, reprenant...
M. Bouazzi : Ça, ça inclut le
temps qu'il reste.
Le Président (M. Simard) : Oui.
M. Bouazzi : Magnifique.
Le Président (M. Simard) : Reprenant
le... vous reprenez le temps de votre collègue.
M. Bouazzi : Merci beaucoup,
M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous.
M. Bouazzi : Merci pour votre
exposé. Donc, ce que je comprends... On a entendu des groupes, avant, nous
parler comme exemple de l'idée d'avoir des personnes sur l'aide sociale à qui
on permettrait de rester sur l'aide sociale. Là, on ne parle pas des gens qu'on
enverrait vers l'aide sociale pour régler le problème, mais, en fait, qui sont
déjà sur l'aide sociale à 60 ans, qui aujourd'hui se retrouvent à être
obligés... donc on leur permettrait de rester sur l'aide sociale deux ans de
plus.
On a aussi entendu un groupe aujourd'hui
nous expliquer que les personnes à faibles revenus, à cause du SRG, du supplément
de revenu garanti, se retrouvent en fait à être défavorisées à attendre l'âge
de 62 ans. On comprend que, pour le RRQ tout seul, là, attendre, c'est
toujours mieux, si on oublie les deux ans où il faut survivre.
Donc, ce qu'on entend... ce que je
comprends de ce que vous dites, c'est : Ayez pour chacun des profils... d'ailleurs,
ces profils-là, on peut savoir c'est qui, là, on n'arrête pas de parler des
10 % qu'on ne sait pas c'est qui. Il y en a plein, on sait exactement qui
sera pénalisé et qui ne le sera pas. Et même sur l'espérance de vie, il y a des
gens qui, malheureusement, apprennent à 59 ans qu'il ont un cancer foudroyant
et ils savent aussi qu'ils vont mourir avant l'âge de 65 ans, par exemple.
Bon, bref, il y a beaucoup de gens, on
sait, c'est qui. Et vous, ce que vous dites, c'est : Suivant dans quelle
catégorie de citoyens on tombe, dans quel genre de revenus on a à 60 ans,
ayons des programmes qui permettent de régler un certain nombre de problèmes
quand il y en a, pour pouvoir appliquer l'idée de ne pas prendre le RRQ avant
62 ans, parce qu'évidemment c'est meilleur pour ces personnes-là à partir
du moment où ils le prennent à 62 ans. C'est ce que je comprends de ce que
vous dites.
M. St-Germain (Michel) : Oui.
Bien, juste répéter, il y a un principe, là, qui a été bien identifié, le
Régime de rentes du Québec, c'est pour tous les Québécois qui travaillent. Le
but du Régime de rentes du Québec, ce n'est pas de reconnaître les spécificités
de chacun, sauf par le choix de la date de retraite. Je vous recommande de le
recommander, mais ne faites pas varier le Régime de rentes du Québec par
occupation ou par habilité à travailler ou non.
• (16 h 10) •
M. Bouazzi : Non, non, bien
sûr, mais...
M. St-Germain (Michel) : Ce
qu'on vous dit, c'est... c'est ça.
M. Bouazzi : ...la question,
à l'inverse, c'est-à-dire que, moi, ce que j'entends... On a entendu des gens
nous expliquer de manière plutôt raisonnable qu'il y a des groupes de la
population que si on les oblige à prendre leur retraite à 62 ans, seront
pénalisés, et c'est en général les groupes les plus vulnérables dans notre
société. Si on a des programmes qui viennent régler les deux ans dont on parle,
à ce moment-là, prendre la... obliger les gens de prendre la retraite à
62 ans devient raisonnable. C'est ce que je comprends. Parce que sinon, si
vous me dites... si on n'a aucun programme entre 60 et 62 ans et on veut
juste obliger les gens à prendre leur retraite à 62 parce que c'est mieux pour
eux, la réponse, c'est, on a plein de cas où ce n'est pas une bonne idée parce
qu'ils vont souffrir pendant deux ans de manière absolument <invivable...
M. Bouazzi :
...ce
n'est pas une bonne idée parce qu'ils vont souffrir pendant deux ans de manière
absolument >invivable. C'est ça qu'on a entendu.
M. St-Germain (Michel) : Si
des gens ont absolument besoin d'une rente à 60 ans, ce que je vous dis :
Construisez un programme pour ceux-là. Quant au choix...
M. Bouazzi : Qu'il y ait une
rente ou pas une rente?
M. St-Germain (Michel) : C'est
un programme de deux ans. Moi, ce que je vous ai dit : Ces gens-là ont
besoin d'autour de 3 000 $ par année, et on parle de... on parlait de
40 000, de 10 %, 4 000 personnes où il faut leur verser
3 000 $ par année. Ce n'est pas la mer à boire, ça.
M. Bouazzi : Donc, un
programme, en tout cas, qui ne viendrait pas du RRQ, donc, de ce que... Parce
que ce que j'entends de ce que vous dites, c'est : Oui, repoussons à 62,
mais conditionnel à trouver une solution pour ceux qui en ont besoin entre 60
et 62.
M. St-Germain (Michel) : Oui.
M. Bouazzi : Donc, s'il n'y a
pas des solutions à ces problèmes-là dont on parle, à ce moment-là, pousser à
62, pour ces personnes-là, serait dramatique, au moins pour les deux prochaines
années, et, de ce qu'on a entendu, pour plus que deux ans, des spécialistes de
la chaire de retraite qui étaient là juste deux heures avant vous.
M. St-Germain (Michel) : Oui.
Et ce qu'on vous dit, c'est que si vous le faites, si vous adressez ce
problème-là, là, l'équipe...
M. Bouazzi : Oui... c'est une
bonne idée. Moi, j'entends.
M. St-Germain (Michel) : ...vous
avez un système qui est plus performant et qui a énormément de gens qui vont
bénéficier du report à 62 ans.
M. Bouazzi : J'entends
parfaitement ça. C'est-à-dire que la combinaison entre retarder à 62 ans
et trouver une solution pour de 60 à 62 ans est positive pour les
citoyens. C'est juste que, si on oublie la deuxième partie de votre phrase, on
pourrait penser que juste retarder à 62 ans serait positif sans prendre en
compte, justement, les cas où il faudrait trouver les 3 000 $,
6 000 $, je ne connais pas vos calculs, donc, pour ces deux années-là.
Donc, ma deuxième question, c'est :
Pourquoi s'arrêter à 62? Donc, pourquoi ne pas obliger les gens de la prendre à
63, par exemple?
Le Président (M. Simard) : Alors,
en conclusion, s'il vous plaît.
M. St-Germain (Michel) : Écoutez,
à l'Institut canadien des actuaires, lorsqu'on a pris notre position publique
en 2019, on l'a débattue. Moi, je pense que 62 ans, c'est vendable à la
population. Si vous essayez à 63 ans, ça devient moins vendable.
M. Bouazzi : Donc, c'est une
question d'acceptabilité, là, c'est de comprendre l'humain, pas l'actuaire. Alors,
c'est ça.
M. St-Germain (Michel) : En
passant, le 62 ans...
Le Président (M. Simard) : Très
bien.
M. St-Germain (Michel) : ...on
propose que ce soit ajusté dans le temps, selon un paquet de choses, là.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, merci beaucoup, Mme Lessard, M. St-Germain, M. Malone.
Vous savez que vous étiez nos derniers intervenants dans le cadre de cette
consultation publique. À travers vous, on finissait en beauté. Donc, merci
d'avoir contribué à nos travaux.
M. le député de Maurice-Richard,
je crois comprendre que vous souhaitez nous faire la grande demande.
M. Bouazzi : Exactement, M.
le Président, et c'est ma première.
Le Président (M. Simard) : Ah
bon?
M. Bouazzi : C'est pour vous.
Je suis bien heureux.
Le Président (M. Simard) : Ça
prend toujours une première, vous savez.
M. Bouazzi : En journée de
Saint-Valentin, donc, M. le Président, je suis bien content de vous dire qu'en
vertu de l'article 176 de notre règlement, j'aimerais demander que la
commission se réunisse en séance de travail afin de rédiger un rapport pour
donner suite aux consultations que nous tenons actuellement et formuler des
observations, conclusions... et conclusions.
Une voix : ...
M. Bouazzi : Exact.
Le Président (M. Simard) : Très
bien. Alors, cher collègue, je prends bonne note de votre requête. Comme vous
le savez, nos règlements stipulent que nous avons trois jours francs pour se
rencontrer. Mais, vous savez, ce ne sera pas ce soir, parce que c'est la
Saint-Valentin, et j'ai d'autres projets. Mais pour le reste, je suis ouvert.
Et, avant de terminer, je dépose les
mémoires des groupes non entendus.
Sur ce, merci à nouveau pour votre
collaboration.
M. Girard (Groulx) : ...
Le Président (M. Simard) : Bien,
non, techniquement, il n'y en a pas, mais, si vous le souhaitez, M. le
ministre, par consentement, on pourrait peut-être, si les collègues le veulent,
faire un bref, très bref mot de clôture.
M. Girard (Groulx) : Est-ce
que vous allez utiliser cette possibilité aussi?
Une voix : ...
Le Président (M. Simard) : Avec
consentement, tout se peut, mais on est un peu hors normes, mais allez-y
promptement, s'il vous plaît.
M. Girard (Groulx) : OK.
Bien, moi, je vais faire un mot de clôture. Je pense que c'est important.
Le Président (M. Simard) : Je
vous en prie.
M. Girard (Groulx) : Bien,
d'abord, je veux remercier tous les participants, tous les membres de la
commission, le personnel et bien sûr le personnel de Retraite Québec pour un
travail exceptionnel.
Notre régime des rentes est en santé.
Plusieurs points ont fait consensus lors de la consultation : la nécessité
de mieux informer, de ne pas réduire les cotisations, la reconnaissance de
périodes de diminution de revenus de travail, le maintien en emploi des
personnes de 65 ans, le report de l'âge maximal. On a donc plusieurs
éléments qui suscitent l'enthousiasme.
Deux éléments, l'augmentation de l'âge
minimal d'admissibilité et les mécanismes d'ajustement lorsque le financement
du régime est insuffisant, ne font pas consensus. Néanmoins, il faudra y
réfléchir, on a une obligation, on a une responsabilité. Notre objectif est
d'accroître la sécurité financière des Québécois dans le <contexte...
M. Girard (Groulx) :
...on
a une responsabilité. Notre objectif est d'accroître la sécurité financière des
Québécois dans le >contexte où l'espérance de vie s'est allongée de sept
ans depuis 40 ans, et ce sera neuf ans en 2030.
Et c'est donc une décision difficile, des
décisions difficiles qui devront être prises éventuellement. J'invite tous les
Québécois à y réfléchir sérieusement. C'est notre régime. Les décisions ne sont
pas prises. Nous avons écouté. Nous avons consulté. Notre objectif demeure la
sécurité financière des Québécois. C'est une réflexion extrêmement importante.
Et je rappelle, parce que je dois le
clarifier, parce qu'il y a des inexactitudes qui ont été dites, que ce qui est
proposé, c'est de prendre 200 millions, plus de 200 millions par
année du régime collectif pour le transférer vers les retraités. Et ce que nous
avons entendu, c'est que, si cette proposition était adoptée, il faudrait avoir
une attention particulière pour ceux qui n'ont pas le choix et qui doivent
demander le régime à 60 ans. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous, M. le ministre. Cher collègue de Maurice-Richard.
M. Bouazzi : Merci
beaucoup, M. le Président. Évidemment, grâce à l'article 176, nous allons
aller plus loin dans les conclusions communes qu'on pourrait avoir et peut-être
quelques divergences. Je tiens à rappeler qu'il y a un certain nombre de
groupes que nous n'avons malheureusement pas écoutés dans ces... dans cette
commission. La majorité ont déposé des rapports, et je pense qu'il faut
vraiment qu'on prenne le temps aussi d'écouter ces personnes-là, surtout que
nous ne sommes pas égaux devant le RRQ. Il y a des inégalités de genre, on a
entendu ici, dans ces commissions, mais aussi dans les rapports que nous avons
reçus des différents groupes de la société civile, des inégalités de classe,
parce que les pauvres vivent moins longtemps, donc coûtent moins cher au RRQ.
Et aussi, pour les personnes qui sont à mobilité réduite, les personnes
handicapées et les gens qui ont des lésions, il y a aussi des inégalités très
graves.
Et j'espère que dans la réflexion qui
animera le prochain projet de loi, nous serons aussi, pour chacune de ces
inégalités... nous prendrons le temps de faire des propositions concrètes qui
vont faire une grosse différence dans leur vie. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Simard) : Merci
à vous, cher collègue.
Compte tenu de l'heure, j'ajourne nos
travaux sine die. Au revoir.
(Fin de la séance à 16 h 19)