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Commission permanente de la Fonction publique
Sujet: Conflit relatif à la classification des
enseignants
Séance du jeudi 11 mars 1971
(Seize heures quatorze minutes)
M. BOSSE (président de la commission permanente de la Fonction
publique): A l'ordre, messieurs, dames! Je déclare la séance
ouverte.
M. BERTRAND: La dernière question avait été
posée par M. Lessard.
M. LE PRESIDENT: La dernière question avait été
posée par M. Lessard. Mais avant, j'aimerais... Hier j'ai donné
une information concernant les annexes et je voudrais ici, en toute
honnêteté, après vérification la préciser:
à la page 45, nous notons de la convention collective l'article 6-2.17
que l'annexe 17 concernant le règlement no 5 fait partie
intégrante de la convention...
M. BERTRAND: ... fait partie intégrante de la convention...
M. LE PRESIDENT: ... à titre d'information additionnelle et
complémentaire.
M. BERTRAND: C'est cela.
M. LE PRESIDENT: La parole est au député de Saguenay.
Echange de vues (suite) Le règlement no
5
M. LESSARD: M. le Président, à partir de l'article 6-2.17,
cela veut donc dire que si le règlement no 5 fait partie de la
convention collective, il a été paraphé par les deux
parties. Première question est-ce que, pour le ministre, cela veut dire
que ce n'est plus négociable? Deuxièmement comment relier cet
article 6-2.17 à l'article 6-2.03 où on dit que le comité
provincial de classification peut recommander au ministre certains changements
ou modifications audit règlement no 5? Il semble qu'il y ait une
certaine contradiction entre le fait que le règlement no 5 fait partie
de la convention collective et, d'autre part, que le règlement no 5 peut
être changé par suite de recommandations.
M. LE PRESIDENT: Sur le même sujet, si vous permettez, le
député de Bagot.
M. LESSARD: M. le Président, je vous soumets cela. Je pense que
nous devrions fonctionner un peu par sujet, comme cela.
M. CARDINAL: Sur le même sujet, exactement, pour compléter
la question, est-ce que nous pourrions d'abord savoir si le comité
provincial de classification a, ou non, fait des recommandations ou des
modifications au règlement no 5?
M. LESSARD: M. le Président, la question du député
de Bagot vient après celle que j'ai posée parce qu'il ne peut pas
faire de recommandations si cela devient non négociable.
M. LE PRESIDENT: Je vous en prie, elle vient après la
vôtre.
M. CARDINAL: C'est pour cela que j'ai dit qu'elle complétait
mais...
M. LE PRESIDENT: M. Charbonneau, si je me souviens bien, était
sur la sellette, voulez-vous y demeurer? Préalablement, avez-vous des
commentaires à faire, M. Charbonneau?
M. CHARBONNEAU: J'avais l'impression qu'hier soir nous nous
étions quittés avec un certain nombre de questions
adressées à la partie syndicale. Nous y avons, évidemment,
réfléchi. Mais si les députés considèrent
qu'ils doivent ajouter d'autres questions de façon à avoir des
réponses plus globales... C'était assez difficile, hier soir, au
cours du dernier quart d'heure, à travers plusieurs autres questions qui
s'ajoutaient, de faire des réponses substantielles ou satisfaisantes.
Alors, si vous préférez continuer à préciser vos
questions, pour ma part, cela m'est égal. De toute façon, nous
sommes prêts à répondre à celles qui ont
été posées hier soir, mais si nous pouvons en servir plus
à la fois...
M. LE PRESIDENT: Après la séance d'hier, les membres de la
commission ont exigé ou, enfin, ont suggéré que les
parties interrogées répondent immédiatement aux questions
et, autant que possible, qu'elles ne sortent pas du sujet.
Conséquemment, auriez-vous l'obligeance de répondre aux questions
qui ont été posées que vous avez eu sûrement
l'occasion d'étudier en profondeur?
M. CHARBONNEAU: Je vais répondre aux questions formulées
par M. Bertrand surtout, étant donné que M. Saint-Pierre arrivera
dans quelques minutes. A ce moment-là, on pourra aborder ces questions.
J'ai répondu à la première question de M. Bertrand,
à savoir: Est-ce que vous remettez en question, par exemple, un brevet
C? Est-ce que vous remettez en question tout ce qu'il y a dans l'article 6-1,
toute la liste qui est là? Pour nous, il n'est pas question de remettre
en doute ou en discussion la liste des titres qui sont sous cette nomenclature
de 1-0.1 à 6-1.09. Cela, pour nous, a été atteint par voie
de négociations. Il est vrai, toutefois, que ça
comporte des références au règlement no 5, mais le
problème du règlement numéro 5, on va le régler.
C'est entendu que, si jamais on arrivait à modifier notre accord quant
à la place ou au rôle que doit jouer le règlement no 5, il
y aurait des concordances à faire. Mais le fond de l'affaire, le fond de
la liste, non; il ne s'agit pas pour nous de le remettre en question quant aux
titres qui y sont mentionnés. Il faut tout de même penser que ces
titres, ainsi que l'évaluation qui en est faite, il faut prévoir
une manière d'ajouter la scolarité additionnelle. Cette
scolarité additionnelle s'obtient souvent par des cours de
perfectionnement. L'évaluation de ces cours, de cette scolarité,
se fait en vertu des articles 6-5.08, chapitre 2, je crois. De nouveau, quand
on veut ajouter à ce qu'il y a dans cette nomenclature de 6-0.1, il
faudra tenir compte de ce que nous déciderons quant au règlement
no 5.
La question deux, vous nous demandez au sujet du règlement no 5
si on le conteste, etc. J'avais commencé une certaine réponse. M.
le président de la commission m'invite rapidement à dire toujours
oui ou non, mais à vrai dire, ce qui intéresse les
députés, les membres de la commission, ce n'est pas seulement oui
ou non. Ce n'est pas seulement de poser des questions, c'est sans doute de
connaître les motifs de ma réponse. J'étais en train
d'expliquer pourquoi on mettait en question l'aptitude du règlement no 5
à classer les enseignants pour fins de traitement. C'est exactement le
point où nous contestons le règlement no 5.
Si le ministre de l'Education veut se servir de son règlement
pour évaluer la qualification professionnelle des enseignants, c'est son
affaire. Probablement que les articles qu'ils ont cités hier, l'article
28 de la Loi du Conseil supérieur, et d'autres prérogatives de la
Loi de l'instruction publique, permettent sans ambages au ministre de faire ce
travail.
Là où nous en avons, c'est quand on se sert de ce
même règlement no. 5 pour classer les instituteurs pour fins de
traitements. Nous avons vu que ce règlement n'est pas la
propriété exclusive du ministère de l'Education, en vertu
de l'article 6 que M. le président vient de lire. Pour nous, c'est tout
à fait clair, en dépit de dénégations que je crois
percevoir chez des personnes qui ont leur mot à dire là-dessus.
J'aimerais bien qu'on en arrive à avoir l'opinion officielle des
ministères impliqués dans ce litige, étant donné
que, pour nous, c'est un des points tournants. Si le règlement no. 5 est
dans la convention comme une de ses parties, il est sujet à
évolution dans le cadre de la convention par voie de
négociations.
Si on n'obtient pas de réponse là-dessus, il ne faut pas
s'imaginer qu'il y a des négociations possibles par après en
dehors de cette commission parlementaire. Nous tenons bien à le dire,
pour ne pas être pris vers onze heures moins cinq, ce soir, à
dire: Nous ne savons rien. Nous voulons dire à quatre heures que ce sont
les questions de fond qui nous intéressent ici et pour nous, la place
que tient le règlement no. 5 dans la convention n'a jamais
été équivoque. Mais si ça le devient, et si les
gens en autorité dans les ministères et la partie patronale qui
est à la table de la commission ont des choses à dire sur ce
sujet, nous aimerions bien le savoir.
A partir de ces considérants, il est clair que le
règlement no. 5 est pour nous, pour autant qu'on s'en sert comme
étalon automatique et arithmétique d'évaluation de la
scolarité des enseignants pour fins de traitements, tout à fait
contestable. Je vous ai prouvé comment déjà, dans 6-1,
à plusieurs endroits, il était corrigé par la
négociation. Je vous ai montré, dans la catégorie 12, des
cas où on avait corrigé par négociation
l'évaluation arithmétique faite par le règlement no. 5. Je
l'ai montré aussi pour 19 ans et j'allais le faire pour 20 ans
également. Ces insuffisances ou cette inaptitude du règlement no.
5 à classer les enseignants pour fins de traitements, d'après
nous, sont donc manifestes et il n'y a pas que la partie syndicale qui soit de
cet avis. Je voudrais vous référer, dans le document qu'on vous a
remis, à la section 12-3, à une lettre écrite le 9 juin
par M. Rossignol, le président du comité provincial. Cette lettre
était adressée à M. Yves Martin. J'en extrais le
paragraphe qui est pertinent à notre discussion. Après un certain
raisonnement à l'égard des règlements nos 4 et 5, M.
Rossignol dit: "II en résulte que la classification des instituteurs se
fera par au moins deux organismes: le comité provincial de
classification, d'une part, et le ministre par l'entremise de la formation des
maîtres, d'autre part.
Il était dans l'esprit de M. Rossignol qu'il existait une
certaine confusion. Trois mois après, le sous-ministre de l'Education
répond à M. Rossignol, plus exactement le 10 septembre; il y
explique ce que sont pour lui les règlements nos 4 et 5. Il termine sa
lettre, 12-7: "J'espère que toutes ces précisions
éviteront les conflits que souligne votre lettre et je suggère,
dans les cas limites, qu'une entente intervienne entre votre comité de
classification et la direction générale de l'enseignement
supérieur." Ces deux témoignages, ces deux extraits me permettent
de dire que la confusion n'est pas que chez la partie syndicale à cet
égard.
M. BERTRAND: C'est certainement un point que nous allons demander au
ministre de clarifier, parce qu'il y a deux problèmes: il y a la
qualification des maîtres, le règlement no 5 y
réfère au point de vue de la reconnaissance des brevets, des
diplômes, et il y a l'autre problème également, celui de la
scolarité reliée aux traitements. Il y a deux problèmes.
Quant à moi, je veux que le ministre, qui sera ici tantôt, nous
précise davantage sa pensée sur ces deux problèmes.
M. CHARBONNEAU: D'après nous, à cet égard, le
règlement no 5 n'est pas acceptable
pour classer, pour fins de traitements, il n'est pas assez
précis. C'est un cadre trop général. Il a besoin
d'être entouré, prolongé, complété par un
certain nombre de règles d'application. C'est l'entente elle-même
qui fait mention de la nécessité de ces règles
d'application. Or, c'est là-dessus que les parties éprouvent
beaucoup de difficulté à s'entendre au sein du comité
provincial de classification. Même M. Rossignol, au mois de janvier, une
fois qu'il a eu démissionné de la présidence du
comité, a dit sur les ondes à qui voulait l'entendre que
c'était un cadre intenable que le règlement no 5 pour faire le
travail qui lui avait été confié, à lui seul, un
cadre intenable.
Je pense qu'il y a un profit commun vraiment à avoir des
réponses claires sur les deux ordres de discussion que nous avons
amenés. Si le ministre, dans l'intervention rigoureuse qu'il a faite
hier soir au départ, veut dire qu'il a exclusivité pour
évaluer les enseignants pour fins de système scolaire et de
qualification professionnelle, c'est une chose. S'il voulait aussi dire qu'il
veut se réapproprier, en cours de convention, le pouvoir exclusif
d'évaluer les enseignants pour fins de traitements, c'est vraiment
là la caractérisation même de l'impasse où nous
sommes.
M. LE PRESIDENT: Si vous le permettez, le député de
Saint-Jean.
M. VEILLEUX: M. Charbonneau, si je regarde la convention collective
à l'article 6-1.01, le principe qu'un diplôme pouvant avoir neuf,
dix ou onze ans de scolarité, le principe qu'au point de vue des
traitements c'est négociable, a été accepté,
puisqu'il a été signé dans cette entente à
l'article F, je crois, où il y a des brevets d'enseignement qui ont
moins de douze ans de scolarité, et qui sont reconnus comme fins de
traitement à douze ans.
Si je regarde la déclaration d'hier du ministre de l'Education,
à la page R/57 où il est dit, à "Quatrièmement, que
les échelles de traitement sont négociées en
référence au système de classement des enseignants dans
les catégories ainsi déterminées." Un peu plus bas, il
dit: "Déjà le gouvernement est prêt à s'engager
immédiatement dans ce processus de négociations pour la prochaine
entente collective, processus de négociations, qui, comme toutes les
négociations, implique dès le départ qu'on peut rouvrir
toutes les questions, y compris la détermination de l'opportunité
de conserver tel ou tel critère pour établir la
rémunération des enseignants. Pour l'avenir, le gouvernement et
les commissions scolaires entendent respecter le principe admis, selon lequel
tous, et je répète, tous les enseignants seront classés
selon les mêmes critères, dans des catégories
déterminées objectivement et avec équité.
Ils laissent par ailleurs, à la négociation entre les
parties, la question de la rénumération devant s'attacher
à chacune de ces catégories.
Mais le ministre, je crois, si j'analyse bien sa déclaration, est
d'accord pour rendre négociable l'application du règlement no 5
au point de vue des traitements, à une condition quand même, et il
y met un principe essentiel, c'est le principe, d'uniformité
provinciale. En ce sens que le diplôme de onze ans, il est
décidé qu'au point de vue de la rénumération
à l'entente provinciale il sera de douze ans, ce n'est pas parce qu'une
commission scolaire a donné à ce même diplôme treize
ou quatorze ans, plus tard ou précédemment, que ça va
continuer à être reconnu dans la convention collective.
Le ministre y met quand même, y attache ce principe
d'uniformité provinciale.
Je vous pose la question: Est-ce que vous, à la CEQ, y attachez
aussi, dans cette négociation, comme principe de base,
l'uniformité provinciale au point de vue des traitements dans la
négociation des diplômes?
Scolarité garantie
M. CHARRON: Si vous permettez, j'aimerais, par la même occasion,
que vous répondiez, tout en répondant à la question
du député de Saint-Jean à l'argumentation patronale
de la toute première journée de notre commission selon votre
slogan: Scolarité garantie est, en fait, disparité garantie?
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Jacques avait
demandé la parole. Alors, si vous voulez répondre, M.
Charbonneau.
M. VEILLEUX: Prenez-vous comme principe de base je
répète pour être bien clair le principe
d'uniformité provinciale, vous, à la CEQ?
M. LE PRESIDENT: Si la consultation est terminée, nous ne voyons
pas d'inconvénient à vous entendre immédiatement.
M. CHARBONNEAU: Merci beaucoup.
M. CHARRON: M. le Président, ces commentaires sont superflus,
sincèrement.
M. LE PRESIDENT: II appartient à M. Charbonneau, maintenant, de
répondre aux questions.
M. CHARBONNEAU: J'ai distribué aux membres de la commission, M.
le Président, dans notre dossier, ce que la CEQ a formulé de plus
clair comme proposition. A notre conseil du 28 février vous avez
cela sur une feuille nous disons: "Nous réaffirmons notre
objectif de scolarité garantie c'est un cadre et nous
désirons établir une liste de titres, de brevets et de
diplômes par voie de négociations qui sera par la suite applicable
uniformément à tous les enseignants de la province." Je pense que
sur le principe pour répondre au député de
Saint-
Jean nous nous entendons. Maintenant, il me reste à
expliquer comment je peux parler, à la fois, de scolarité
garantie et de liste uniforme applicable à tous. J'imagine que cela pose
des questions à quelqu'un.
M. VEILLEUX: Si vous voulez, avant de poursuivre, M. Charbonneau. Vous
venez d'accepter et le fait que la CEQ accepte je ne me souviens plus
trop en quelle année, lors d'un congrès de négocier
provincialement, on a accepté à ce moment-là, comme
principe de base de discussion, l'uniformité provinciale. Si je regarde
votre compromis syndical, en date du 13 février, on dit à un
certain moment: "Remplacement du conseil provincial de classification par un
mécanisme local." Comment pouvez-vous je vous pose
sincèrement la question marier les deux? Le principe
d'uniformité provinciale et revenir au point de vue de la classification
à un mécanisme local?
M. CHARBONNEAU: Non. Je n'essaierai pas de marier les deux à tout
prix. Il y a un tel titre d'affirmation qui porte au niveau de ce qu'on veut
obtenir comme système et la question du comité local, qui est
mentionnée là, est un mécanisme, un appareil. A ce
moment-là, dans nos discussions avec la partie patronale, on voulait
tout faire en trois mois ou trois mois et demi. On veut en arriver à
classer l'affaire en trois mois et demi. On se demande si on va tout engouffrer
au plan provincial. Ce n'était pas une machine qui nous semblait bien
pensable. Ce n'est pas un mécanisme qui nous semblait bien possible de
tout faire cela sur le plan professionnel. On a donc dit que par des
comités locaux qui seraient bien disposés, uniformément
préparés à la question, on pourrait peut-être
arriver à un travail équivalent, puisqu'il ne s'agit que de clore
le dossier 1968-1971. Mais si on veut engager l'avenir et si on veut regarder
au-delà de 1968-1971, même si ce n'est pas contractuellement, si
on veut poser des jalons qui vont servir, je pense que c'est là une
modalité de travail que nous avons avancée et que nous pourrions
reconsidérer.
M. VEILLEUX: Etes-vous d'accord avec moi pour dire que, dans le
mécanisme ici, après la signature de la convention collective, il
y avait une classification provisoire faite par la commission scolaire et un
comité au niveau local ou régional, le tout dépendant de
la grandeur des commissions scolaires, où il y avait six membres au
minimum, que ça s'est fait un peu partout et que lorsque c'est revenu au
niveau provincial, il y avait assez souvent des disparités. Chez moi,
à Honoré-Mercier, j'ai évalué 1,200 dossiers, et
j'arrivais à une certaine évaluation à un certain moment.
La régionale à côté de chez moi, soit la
régionale Lignery, pouvait arriver, pour les mêmes diplômes,
soit à une année en moins soit à une année en plus.
Si vous reveniez à votre proposition syndicale, au compromis syndical,
de revenir à la négociation au niveau par un mécanisme
local, à ce moment-là le principe de base que vous mentionniez
tout à l'heure et qui était l'uniformité provinciale, je
pense que vous n'êtes pas en pratique capable de l'appliquer, tandis que
si vous regardez les offres patronales, on y dit: "A condition qu'on
prévoie un nouveau mécanisme provincial". Je regarde les deux et
je crois sincèrement que l'offre patronale demeure ou veut toujours
demeurer au niveau provincial, tandis que l'offre syndicale ou le compromis
syndical veut revenir, du moins pour une partie qui est la classification, au
niveau local.
Je voudrais bien qu'on m'explique concrètement comment vous
pouvez marier le principe d'uniformité provinciale et revenir à
une classification au niveau local.
M. CHARBONNEAU: Je vous ai dit que je n'essaierais pas de marier les
deux notions à tout prix. L'une est de l'ordre des moyens, l'autre des
objectifs. Si on s'entend sur la négociabilité dans le but d'en
arriver à standardiser la liste sur le plan provincial, on prendra les
instruments qui s'imposent pour atteindre cet objectif. Pour nous, c'est
d'abord au niveau de l'objectif qu'il convient d'avoir un échange avec
vous; sur les modalités, nous le savons, nous aussi, que pour vouloir
arriver absolument à une standardisation rapide sur le plan provincial,
il faudrait bien prendre les mécanismes qui s'imposent. Je vous ai dit
que cet aspect du mécanisme, quant au comité, la nature du
comité, le niveau où cela se trouve dans la province, c'est
à revoir. Il ne faut quand même pas déceler une
contradiction dans la position. Nous n'avons jamais prétendu vouloir
consacrer les disparités, nous ne voulons pas non plus, compromettre le
régime futur que tend à instaurer le ministère de
l'Education, en ce qui concerne la qualification des maîtres. Nous ne
voulons pas non plus que des gens qui ont été engagés par
des commissions scolaires voient leurs conditions d'engagement modifiées
en cours de route et se sentent trompés par un système qui change
sous leurs pieds. Vous admettrez qu'il est normal qu'il y ait un passage
graduel d'une situation à l'autre et peut-être que l'étape
de la classification par comités régionaux ou locaux aurait
été une possibilité à ce moment. Maintenant, s'il y
a d'autres mécanismes à proposer j'ai toujours
prétendu qu'en matière de relations de travail, nous
étions deux et qu'en matière de mécanisme, il pouvait y
avoir des propositions des deux parties mais au-delà des
mécanismes, ce qui est important, c'est que tel mécanisme ne
donne pas la propriété de l'évaluation à la partie
patronale en exclusivité. Cela est plus important que le
mécanisme local ou provincial. Qu'il ne donne pas la
propriété de l'évaluation de la scolarité à
la partie patronale, cela est le principe de base, ensuite nous explorerons la
négociation.
Si M. le président me le permet, aujourd'hui, moi aussi tout
comme la partie patronale hier, j'ai mon Montréalais, si vous me
permettez l'expression; nous avons travaillé plusieurs dossiers
ensemble, avec l'alliance de Montréal, dans plusieurs secteurs et, en ce
qui concerne la disparité, vu que les exemples de la partie patronale
ont été abondamment puisés dans la convention de
l'alliance et de la CECM et de la région métropolitaine, je
permettrais ici à mon collègue Mathias Rioux de faire une partie
de l'exposé en ce qui concerne l'aspect monétaire soulevé
dans la question.
M. LE PRESIDENT: Je n'aurais pas d'inconvénient à ce que
M. Rioux s'exprime dans la mesure où nous respectons la même
règle que celle qui a prévalu hier dans le cas de la
Fédération des commissions scolaires. Si M. Rioux parle au nom de
la CEQ, je pense que c'est acceptable. Si c'est pour d'autres parties, je ne
crois pas que cela soit pertinent.
M. CHARBONNEAU: Avec votre permission, M. Rioux précisera dans
les trente premières secondes de son intervention au nom de qui il
parle.
M. LE PRESIDENT: Cela va.
M. RIOUX: M. le Président, nous sommes un syndicat affilié
à la CEQ, donc je parlerai au nom de la CEQ. Je voudrais signaler, au
départ, que dans les statistiques qui ont été
données par M. Sirois lors de la première journée de la
commission parlementaire, il s'est référé à des
normes qui auraient prévalu en 1965 et en 1966.
Si M. Sirois a fait ça, intentionnellement, c'est qu'il n'a pas
vraiment compris le sens des échanges qui ont eu lieu à la table
de négociations. La CEQ n'a pas du tout l'intention de retourner
à 1964, 1965 ou 1966. La CEQ poursuit un objectif, tenter de planifier
des normes à l'échelle du Québec. Cela est vrai. Dans le
document de M. Sirois, on ne s'en réfère pas à des normes,
mais pas du tout à l'esprit des échanges qui ont eu lieu à
la table de négociations. C'est faux de prétendre que nous
voulons retourner aux disparités des conventions antérieures en
termes de classification. Ce que nous voulons, c'est négocier des
normes. C'est très différent. Nous voulons négocier les
normes de classification qui affectent d'une façon directe le classement
des enseignants.
Il faut se rappeler que, dans l'entente provinciale à l'article
6-5.08 on a reconnu qu'il était bon de faire une planification, mais
qu'il fallait la faire progressivement. Ecoutez! Il y a eu 700 conventions
collectives chez les enseignants du Québec. Il me paraît illusoire
de vouloir en un seul coup régler tout cela. Ce que l'article 6-5.08
permet, c'est d'y aller progressivement et d'en arriver ensuite à des
normes provinciales. L'article 6-5.08 n'était pas un cadeau pour les
enseignants. C'était tout simplement une modalité qui nous
permettait de franchir un cap, de traverser une époque, si vous aimez
mieux. Dans l'article 6-5.08, on permet aussi aux enseignants de retourner aux
études et de faire le rattrapage qui s'impose pour pouvoir se reclasser.
Mais tout cela M. Sirois ne l'a pas dit à la condition que
la classification soit négociable. Nous ne sommes pas disposés,
mais pas du tout, à faire des compromis ou à déposer
devant la commission parlementaire des formules de compromis si, d'autre part,
le ministre de l'Education nous dit: Ce n'est pas négociable, la
classification des enseignants.
Je pense qu'il faut réaffirmer et le réaffirmer avec
force. Si ce principe-là nous est nié aujourd'hui, comment se
fait-il qu'à l'époque c'était possible de négocier
le classement à partir de critères? Bein sûr que le
règlement no 5 était dans le portrait. Il y avait d'autres
critères et d'autres normes aussi. On l'a tellement souligné.
C'est dans l'article 6-5.08 où il y a des diplômes
énumérés. On ne tient pas compte du règlement no 5.
On a classifié ces brevets-là d'une façon claire et nette.
Comment se fait-il qu'on n'a pas tenu compte du règlement no 5?
Nous sommes prêts, M. le Président, à retourner
à la table de négociations, mais quand le ministre de l'Education
nous aura donné l'assurance que la classification est négociable.
S'il ne veut pas nous donner cette assurance, eh bien! que le ministre de la
Fonction publique nous la donne.
M. LE PRESIDENT: Le ministre de l'Education a-t-il une question à
poser?
M. SAINT-PIERRE: Je ne suis pas d'accord. Il me semble, M. le
Président, qu'on n'a pas tenu compte du règlement no 5 lorsqu'on
a apporté par la négociation le classement des individus au
chapitre no 6. On a sûrement tenu compte d'un cadre général
de classification. Qu'on regarde le règlement no 5. On ne tente pas de
dire dans le règlement no 5 qu'un B.A. équivaut à seize
ans. On tente de donner des normes qui, par la négociation, permettent
de porter un jugement particulier ensuite sur un cas d'espèce.
Vous avez soulevé hier le problème à l'effet qu'un
ancien premier ministre avait déjà dit que la reine ne
négociait pas avec ses sujets. Je vous en lance un autre aujourd'hui: II
me semble que le bon sens et l'équité ne se négocient pas
non plus. Je vais vous donner un cas d'espèce, si vous voulez. Il n'est
pas question de dire qu'arbitrairement on va décider le salaire des
enseignants. Ce n'est pas cela. Ce que nous disons, c'est qu'il y a un cadre
général de classification dans lequel il sera établi et
que, par après, pour fins de traitements, ce sera négociable.
Pour fins de traitements, comme vous dites pour passer dans des
périodes de transition,
assoyons-nous à une table et mettons-nous au travail. Je vais
vous donner, si vous le permettez, un cas qui pourrait l'illustrer. Supposons
que si on prend votre argument la classification des enseignants
est négociable. Nous nous asseyons à une table et, à peine
quelques jours avant la rentrée vous mettez là un peu en
doute je me le permets et je le reconnais de bonne foi que le
ministère de l'Education, dans les pouvoirs qu'il tente de s'approprier,
va faire preuve de mauvaise foi. Prenons l'inverse à savoir que, dans la
négociation aussi les parties, par un jeu que vous connaissez aussi bien
que moi, peuvent tenter peut-être d'obtenir des gains.
Prenons un cas d'espèce. Disons que vous voulez, par la voie des
négociations, nous convaincre qu'un diplôme obtenu par
correspondance de la Moore Institute des Etats-Unis, qui équivaut
peut-être à l'équivalent d'une neuvième
année, l'équivalent d'un doctorat. J'admets que c'est un cas
extrême, un cours qui est l'équivalent d'une neuvième
année, mais c'est simplement pour voir la portée de ce que vous
signalez. Vous tentez, par la voie de la négociation de prouver à
la table que c'est l'équivalent d'un doctorat. Or, dans le jeu de la
négociation, est-ce qu'on peut négocier le gros bon sens?
Il se peut fort bien qu'à la veille d'une rentrée
scolaire, ce soit tout l'enjeu pour nous, de la partie patronale et du
gouvernement, de dire: Très bien, le cours par correspondance de Moore
est l'équivalent d'un doctorat, cela vaut vingt années de
scolarité, même si cela n'a aucun bon sens parce que
le prix qu'on a alors à payer est une grève
générale des enseignants.
M. RIOUX: On déplace encore le problème. Le ministre a
l'art de le faire, de déplacer le problème de la classification
des professeurs. Si vous avec voulu nous dire hier, M. Saint-Pierre, que
lorsque le ministre prétend qu'il est responsable du classement des
professeurs, si vous voulez dire que vous êtes responsable des
diplômes qui sont émis par le ministère de l'Education, je
ne vous conteste pas ce droit-là. Mais ce que je vous conteste, par
exemple, c'est le droit de classifier les professeurs pour fins de salaires.
Cela, je vous le conteste. C'est nier la tradition de vingt ans de relations de
travail chez les professeurs. Vous n'avez pas le droit de le faire, et c'est
ça que nous allons vous contester tout le temps. Si vous voulez
simplement dire que les diplômes émis au Québec, vous
voulez avoir votre mot à dire là-dessus, ça ne me
dérange pas; mais quand vous faites jouer cette même norme, ces
mêmes équivalences et que vous faites appel au gros bon sens, moi
aussi, je fais appel à votre gros bon sens.
Vous ne pouvez pas tenter, par le biais d'un règlement, en
même temps de régler la valeur des diplômes et en même
temps de régler la scolarité pour fins de traitements. Or, c'est
ça que vous voulez faire, à toutes fins utiles, et c'est
là que la coercition devient extrêmement difficile pour nous. Et
dans le règlement no 5, M. Saint-Pierre, il y a deux articles que vous
avez signalés hier: 7-2 et 7-5. Vous avez dit: Cela a été
délégué par le ministre Cardinal auparavant au CPC. Fort
bien, ce sont les deux articles où vous avez des prérogatives
réelles et vous les avez déléguées. Le reste du
règlement no 5, vous avez donc accepté aussi qu'il fasse partie
de la convention collective.
En plus de ça, vous avez délégué vos
pouvoirs réels. Qu'est-ce que vient donc faire le règlement no 5
dans le débat? Et que veulent dire vos propos, quand vous voulez sortir
du champ des relations de travail l'ensemble du règlement no 5 et vos
prérogatives pour fixer la valeur du diplôme et les années
de scolarité des professeurs? Je vous pose la question.
M. LE PRESIDENT: Le ministre de l'Education.
M. SAINT-PIERRE: C'est un fait qu'à la dernière
négociation, le règlement no 5 n'a jamais été
négocié à la table. Le règlement no 5 n'est pas un
texte qui a été mis au point après négociation
entre les parties. C'est un cadre général et vous le
reconnaissez vous-même comme le règlement no 1, le
règlement no 2 et les autres règlements du ministère, que
nous tentons de donner au système scolaire.
Ce qui a été négocié, c'est
l'interprétation du règlement no 5 pour donner des
décisions précises dans le cas de certains diplômes de
l'article 6. Ce que nous avons tenté de négocier c'est de
poursuivre, par le jeu de la négociation, cette même
interprétation pour des diplômes qui étaient plus
complexes, avec le comité provincial de classification et avec les
résultats que nous connaissons.
Je maintiens de nouveau que si on dit que le règlement no 5 est
négociable on peut aussi bien dire que le ministère de
l'Education est négociable chaque fois par les enseignants.
M. RIOUX: Non.
M. SAINT-PIERRE: Ce n'est pas négociable pour moi, si on s'entend
bien. Le règlement no 5 n'est pas négociable. Ce qui est
négociable c'est de faire le jeu entre un règlement qui donne un
cadre général qui va nous permettre de mettre un peu d'ordre dans
les relativités de certains diplômes entre eux et la
classification de personnes pour fins de traitements. Cela est
négociable.
M. RIOUX: Hier, M. Bertrand posait la question.
M. LE PRESIDENT: Un instant! M. Sirois, vous voulez intervenir à
ce moment-ci?
M. SIROIX: Ce sont des informations.
M. LE PRESIDENT: Si c'est sur la même question.
M. SIROIS: C'est sur le même point.
M. LE PRESIDENT: C'est sur le même point, allez-y.
M. SIROIS: M. le Président, nous avons dit que ce n'était
pas tout à fait ça. Je prends le texte lui-même de la CEQ,
qui dit: soit la convention antérieure, soit le bill 25. A ce que je
sache, M. le Président, la convention antérieure au bill 25
était en 1966. Deuxième point, j'ai soumis ça à
titre d'exemple. C'est noté en haut de chaque page. A titre d'exemple
seulement pour essayer de comprendre le problème.
Troisième point, M. le Président, en ce qui concerne la
CECM plus spécifiquement, tous les exemples que j'ai soumis sont
demeurés les mêmes. C'est exactement la même
catégorie qui existe dans la convention dont parle M. Rioux. C'est
exactement la même. Elle n'est pas changée, sauf qu'à
certains endroits vous verrez dans mes documents où il y avait des
points d'interrogation, les temporaires. Cela n'existe plus dans la convention
dont parle M. Rioux et ces gens sont venus dans la catégorie de treize
ans. Cela était à titre d'exemple et les exemples concordent
drôlement avec la réalité.
Un autre point, nous avons dit qu'on avait classifié à
6-5.08. Je soumets respectueusement qu'il n'y a aucune classification de faite
à 6-5.08. C'est tellement vrai qu'il est écrit que le
comité provincial va devoir classifier à priorité. C'est
donc clair que la classification n'était pas faite. Ce qui est fait
à 6-5.08, ce sont des garanties de revenu. C'est très
différent de la classification.
Un autre point, nous parlons de négocier, d'essayer de nous
entendre sur des critères provinciaux et, en même temps, nous
avons la demande qui dit : soit la convention antérieure, soit la
classification, soit la décision, soit tout ça. Il serait
important que l'on sache si ces choses demeurent. A ce jour nous n'avons pas
réussi à le savoir clairement. Prenons un exemple: 6-1, d'accord
nous l'acceptons. Mais est-ce que nous l'acceptons dans le sens que, si c'est
plus avantageux, ça va être ça. Si un autre est plus
avantageux, cela va être autre chose. Cela est très important.
L'accepte-t-on seulement dans le cas où c'est un maximum ou si on
l'accepte pour tous les enseignants de la province? C'est différent.
Il y a un autre point qui est aussi important, c'est quand on parle
d'uniformiser l'affaire. Supposons que le brevet B est classifié
clairement, actuellement, à treize ans. C'est indiqué il est dans
la catégorie de treize ans. Est-ce qu'on veut dire qu'il est possible
qu'on s'entende provincialement pour mettre dans la catégorie de treize
ans des gars qui en auraient douze, qui auraient un autre brevet? Mais cet
autre brevet-là, même s'il n'en comporte que douze, on le mettrait
à treize ans?
Si c'est ça, il y a une injustice à ce moment-là,
à l'égard du brevet B qui, effectivement, comporte un an de
plus.
M. LE PRESIDENT: Le député de Bagot.
M. CARDINAL: Sur ce dernier point, j'ai l'impression, sans vouloir
attaquer la bonne foi ou l'intelligence de qui que ce soit, qu'on est à
confondre plusieurs choses depuis le départ de la séance de cet
après-midi. Je ne prendrai qu'un exemple concret. Quand, dans une loi
adoptée à la dernière session, si je ne me trompe, on a
déclaré que, pour les fins des chambres professionnelles, le DEC
était l'équivalent du baccalauréat, je ne pense pas qu'on
ait fait une injustice au bachelier en élevant le DEC au niveau du
baccalauréat.
On a fait, au contraire, remonter le niveau du DEC à celui du
baccalauréat. On peut prendre n'importe quoi par un côté ou
par l'autre et croire c'est la notion de justice que si on
élève quelqu'un au niveau d'un autre, celui qui était
déjà à ce niveau-là est rabaissé. Des
équivalences en matière universitaire ou en matière
d'enseignement à tous les niveaux, c'est chose faite pour des fins
spécifiques, ça n'existe pas, l'équivalence dans l'absolu.
Je prends deux exemples dont j'ai eu l'expérience, quand j'ai
été doyen de faculté. Quand j'analysais la licence d'Haiti
en comparaison de celle de Montréal ou de Laval, c'était pour une
fin spécifique, ce n'était pas à partir d'années de
scolarité, c'était à partir de valeurs de
scolarisation.
J'ai l'impression j'en arrive au vif du sujet que le cadre
qu'on a fait ici, dans 6.-0 ce que vous voudrez, a été fait
justement pour une fin spécifique qui était la fin de paiement,
de rémunération d'enseignants, c'est-à-dire du salaire. Si
je me trompe, qu'on me corrige. Quand on veut faire une classification, il peut
y avoir divers mécanismes pour y arriver. D est vrai on l'a dit
hier et répété aujourd'hui que j'ai
délégué, je pense, le 18 septembre 1968, à titre de
ministre, des pouvoirs du ministre à un comité provincial.
C'était en juillet.
Cela n'a pas fonctionné. Est-ce que l'on peut, au lieu de
recommencer, parce que j'ai l'impression qu'on est à faire une
négociation, trouver un nouveau mécanisme pour arriver à
des fins? C'est-à-dire, que, pour une fin qu'on recherche, il y a la
partie des salaires qui est certainement, hors de tout doute,
négociable, et la partie que j'appellerai du classement, pour
établir des niveaux et des équivalences de niveaux, me parait
être une chose différente même si elle nous fait arriver
à la question salariale.
Mais je pense que, dans le feu de la discussion, l'on passe de l'un
à l'autre et l'argumentation devient difficile. Pour nous, les
députés, ceux qui sont moins initiés aux dossiers, cela
devient quelque chose qui paraît très complexe alors que, dans le
fond, le problème est peut-
être plus simple que cela. Et, en disant cela, je ne pose
même pas de question au ministre puisqu'il a donné sa position;
quant au ministre de la Fonction publique, s'il le désire, il pourra
aussi donner la sienne. Mais je rappellerai, M. le Président, que le
député de Saguenay a posé tantôt une question
à laquelle j'en ai ajouté une autre qui semblait s'adresser au
ministre. Or, on peut, ou bien continuer la discussion qui est entreprise entre
la partie syndicale et la partie patronale, ou bien, à votre
discrétion, revenir aux deux questions posées au ministre, qui
peuvent nous éclairer et nous permettre de continuer la discussion.
Sinon, je ne sais plus où on s'en va.
M. LE PRESIDENT: La distinction était opportune et j'avais aussi
l'impression qu'on s'engageait dans une espèce de négociation. Si
vous permettez, d'abord le député de Saguenay et, s'il y a
lieu...
M. LESSARD: M. le Président, je suis prêt à donner
mon droit de parole au ministre pour qu'il réponde aux deux questions
que j'avais posées ainsi qu'à celle que le député
de Bagot avait posée au début de cette commission. Est-ce que
vous voulez que je renouvelle...
M. L'ALLIER: Ce serait sûrement bon.
M. LESSARD: M. le ministre, on a dit que le règlement no 5 n'est
pas négociable et on fait une distinction entre le
règlement no 5 et les échelles de salaires comme telles qui sont
ici mais il reste quand même que le règlement no 5 est
directement relié aux échelles de salaires. C'est-à-dire,
vous allez être payés selon que vous avez été
placés dans telle catégorie ou dans telle autre.- Alors, on dit:
II n'est pas négociable. Or, à l'article 6-2.03, (B), on dit
ceci: "Le Comité provincial de classification: 1) peut établir
des règles d'application du règlement no 5 du ministre, relatif
aux critères d'évaluation de la scolarité; 2) peut
recommander au ministre toute modification au dit règlement no 5 qui
serait d'intérêt général et décide la
classification, etc."
Donc, d'une part, on dit: Le règlement no 5 n'est pas
négociable. Ce qui veut dire qu'il ne peut pas être changé.
D'autre part, le comité de classification peut quand même faire
des recommandations.
M. L'ALLIER: Qu'est-ce qu'on dit là? J'aimerais que vous
précisiez ce que vous venez de dire. A l'article 6-2.03 (B) 2) que vous
venez de citer, est-ce qu'on dit: "Le comité provincial de
classification peut apporter toute modification audit règlement? " ou si
on dit "peut recommander au ministre"?
M. LESSARD: Bien, il reste...
M. L'ALLIER: A mon avis, quand on lit ce texte, cela devient clair que
les parties qui ont signé l'entente, en acceptant de s'entendre sur ce
paragraphe, ont reconnu de fait et de droit que c'est le ministre qui garde le
contrôle du règlement no 5 puisqu'on peut lui recommander des
modifications.
M. LESSARD: Cela veut donc dire qu'on a inscrit à
l'intérieur d'une convention un règlement qui n'avait même
pas été négocié entre les parties?
M. L'ALLIER: C'est cela. M. LESSARD: Bon.
M. CARDINAL: Est-ce que je peux m'adres-ser, maintenant, à un des
deux ministres?
Comme le CPC avait le pouvoir de faire des recommandations au ministre
et il n'a commencé à fonctionner qu'après mon
départ, est-ce que je peux savoir si, de fait, il a fait des
recommandations au ministre au sujet du règlement no 5?
M. SAINT-PIERRE: Je réserve la confirmation mais j'ai la
conviction qu'il n'y a eu aucune recommandation faite touchant des amendements
au règlements no 5.
M. CARDINAL: D'accord.
M. BERTRAND: J'ai posé la question à M. Charbonneau et il
n'était pas encore rendu là quant à ses réponses,
je l'attendais.
M. CHARBONNEAU: Ce que je peux dire là-dessus, c'est que des
membres du comité, au sein du comité, ont avancé des
modifications au règlement no 5.
Le président du comité répondait invariablement que
le règlement 5 liait les parties pour la présente entente et que
toutes les recommandations venant du comité seraient
considérées par le ministre lors des négociations en vue
de conclure la prochaine entente. Le comité a donc été
dans l'impossibilité d'acheminer lui-même, directement, des
demandes d'amendement au règlement no 5. Regardons le fonctionnement du
comité...
M. LE PRESIDENT: Un instant, M. Charbonneau.
M. CARDINAL: Vous venez d'affirmer quelque chose qui est très
important et très grave. Est-ce que le ministre était au courant
que le fait dont vous faites mention, s'il est exact, se produisait?
M. SAINT-PIERRE: Est-ce que vous êtes capable de relever un
procès-verbal dans lequel...
M. BERTRAND: Oui. Est-ce qu'il y a eu un
procès-verbal des assemblées du comité provincial?
Si on a le procès- verbal des assemblées, j'aimerais à ce
que ce procès-verbal soit produit sur la table.
M. CHARBONNEAU: Nous avons à l'appui de ceci un texte qui a
été présenté en particulier par la partie PACT dont
ses représentants pourraient sûrement vous donner la teneur,
à titre d'exemple, d'essai, au sein du comité, de faire ressortir
des possibilités d'amendement ou des recommandations au ministre. Si
vous n'avez pas d'objection, je vais donner la parole à M. Dobie qui va
vous donner des exemples plus que je ne peux le faire personnellement, en
l'occurrence. Ils ont travaillé là-dessus personnellement,
eux.
M. LE PRESIDENT: Demandez à M. Dobie.
M. CHARBONNEAU: Nous sommes trois parties là-dedans. Toutes les
questions arrivent à la CEQ et imaginez que je suis capable d'en passer
à d'autres de temps en temps.
M. DOBIE: J'ai ici le document, si vous en voulez des copies, qu'on a
soumis il y a environ deux mois et dernièrement nous avons reçu
une lettre de M. Martin disant qu'il avait reçu nos recommandations. Ce
sont seulement les recommandations de notre association vu que le comité
n'a pas pu soumettre de recommandations.
M. LE PRESIDENT: Le ministre de l'Education.
M. SAINT-PIERRE: Je tente simplement de préciser que le
comité a arrêté de fonctionner lorsque l'on a
réclamé la démission de M. Rossignol et celui-ci a
démissionné. Par après, la partie patronale on me
corrigera si je fais erreur a envoyé une lettre à la
partie syndicale demandant la convocation des parties, soit pour regarder le
problème ou trouver un remplaçant à M. Rossignol. A ma
connaissance dans aucun procès-verbal il est fait mention que le
comité achemine des recommandations pour des modifications au
règlement no 5.
Je reconnais comme vous le dites, je prends votre parole, qu'il y a des
recommandations particulières d'un des groupes qui n'a rien à
voir, enfin, qui n'est pas le comité, un des groupes qui est partie
parmi les six, qui a pu faire des recommandations particulières comme on
en reçoit d'ailleurs des centaines chaque semaine par différents
groupes qui sont touchés par le problème.
M. DOBIE: Si je ne me trompe pas, le président du comité
provincial de classification a été prié par les membres du
comité de s'informer pour voir si le ministre pouvait accepter des
recommandations. Je crois que cela a été refusé.
M. SAINT-PIERRE: Je pense que les recommandations sont arrivées
à peu près au même moment où le comité
était dissous, faute de président.
M. BERTRAND: Mais si on a des minutes ou le procès-verbal des
assemblées du comité provincial, je crois qu'il serait important
que les membres de la commission en prennent connaissance. Probablement que les
parties ou le ministère de l'Education ont ce procès-verbal? Il y
avait un secrétaire, alors on pourrait le déposer.
M. LE PRESIDENT: Le député de Chambly.
M. COURNOYER: Je considère cette accusation comme
extrêmement grave et importante, à l'effet que, une entente ayant
été signée, le président, par exemple, peut refuser
de transporter des recommandations sous prétexte que le ministre de
l'Education avait dit ou aurait dit ou aurait l'opinion ou aurait l'intention
de ne pas apporter de modifications au règlement no 5 alors que c'est
fort bien prévu dans la convention elle-même que le comité
provincial de classification, donc possiblement le président
lui-même puisqu'il a les pouvoirs du comité, si les gens ne
s'entendent pas c'est écrit là-dedans, c'est très grave de
constater que cette entente aurait pu ne pas être observée.
Comme le président de la Corporation des enseignants, vient
d'affirmer que M. Rossignol, en l'occurrence le président, aurait
indiqué au comité qu'il ne pouvait pas faire de recommandation
parce que le ministre de l'Education n'avait pas l'intention d'amender son
règlement avant le début de la prochaine négociation, je
trouve que cela est grave et j'aimerais que ce soit au moins prouvé.
Parce qu'il s'agit d'une personne en particulier et si c'est vrai, pour ma
part, je considère cela comme extrêmement pénible.
M. CHARBONNEAU: Si vous voulez avoir vraiment un témoignage d'un
membre du comité, de notre représentant au comité de
classification il pourra vous dire lui-même, selon les circonstances, ou
expliquer ce que j'ai dit. Avec votre permission, M. le Président, cette
personne est prête à parler sur le sujet.
M. BERTRAND: Personnellement la personne que vous voudriez nous amener
comme témoin peut être ici, elle peut y être ici n'importe
quand?
M. CHARBONNEAU: Elle est ici.
M. BERTRAND: Je préférerais, quant à moi,
premièrement, prendre connaissance du procès-verbal.
Deuxièmement, étant donné que c'est presque une accusation
qui est portée contre une personne qui avait une certaine
autorité, je préférerais qu'elle soit présente
à ce moment, pour nier, confirmer, infirmer ou expliquer.
M. CHARBONNEAU: On a retrouvé au procès-verbal ici, les
extraits qu'il faut pour y baser une discussion. Si vous désirez que
l'on vous en donne lecture.
M. LE PRESIDENT: Pourriez-vous faire produire ces copies?
M. CHARBONNEAU: C'est la propriété de la commission. Je le
peux, d'autres le peuvent, la partie patronale et aussi le ministère de
l'Education. S'ils ont des moyens plus rapides que les nôtres pour
communiquer, c'est ce que je veux dire.
M. SAINT-PIERRE: Non. Si vous avez une copie que nous pouvons vous
emprunter dans cinq minutes nous allons vous la remettre.
M. BERTRAND: Oui, prêtez-la donc.
M. SAINT-PIERRE: Nous sommes de mauvaise foi quelquefois, mais nous
sommes honnêtes.
M. CHARBONNEAU: Alors vous faites appel à nous pour
l'efficacité de la commission, ça s'en vient...
M. LE PRESIDENT: Le député de Saguenay a la parole.
M. LESSARD: Est-ce que nous pouvons continuer en attendant.
M. LE PRESIDENT: Evidemment.
M. LESSARD: Je continue un peu dans...
M. BERTRAND: On va en faire des photocopies, pendant ce temps
continuez.
M. LESSARD: ... l'argumentation que je soulevais tantôt. Le
règlement no 5 n'est pas négociable et c'est en relation avec ce
règlement que se déterminent les salaires des enseignants. Les
salaires des enseignants sont déterminés selon les années
de scolarité. Or, le règlement no 5 détermine des
années de scolarité. Peut-être que le problème
fondamental se trouve dans le règlement no 5. Lorsque nous parlons
d'études à temps partiel, il faut quand même dans tout
cela, lorsque nous tentons de planifier, penser que la planificaiton n'existait
pas auparavant, en ce sens que vous aviez une série de commissions
scolaires qui avaient chacune leurs critères et leurs normes pour
établir une certaine scolarité.
Comme nous le disions tout à l'heure et comme l'ex-ministre de
l'Education le soulignait, si nous prenons dans une commission scolaire, tel
brevet et que nous le montons à 14 ans, nous ne faisons pas
nécessairement une injustice envers celui qui a 14 ans. Actuellement
dans le règlement no 5, nous reconnaissons essentiellement les cours qui
ont été suivis verticalement; nous ne reconnaissons pas du tout
les cours qui étaient reconnus horizontalement et qui étaient
reconnus dans certaines commissions scolaires. C'est là que le
problème fondamental se pose. Cela veut dire que, si nous ne
reconnaissons pas cela, toutes les relations de travail on disait tout
à l'heure, retour en arrière de vingt ans de relations de travail
. Je pense que du côté de la CSN et de la FTQ on l'a quand
même souligné. Si vous prenez trois compagnies qui se regroupent
et que l'on a un nouveau patron, dans toute convention collective, il est
nécessairement entendu que ce qu'avaient acquis les employés au
niveau de la première entreprise sera accepté par la nouvelle
entreprise. Alors, c'est là le problème. C'est qu'actuellement on
dit: Oui, on planifie. Mais ceux-là qui ont été reconnus
à tant d'années de scolarité et qu'on ne peut plus
reconnaître actuellement en vertu du règlement no 5, bien, on va
les geler.
M. COURNOYER: Est-ce que je pourrais savoir à quelle place nous
les avons gelés? Et ce que sont les conséquences
monétaires, par exemple? J'imagine bien que la question posée
n'est pas que quatorze ans égalent treize ans ou que quinze ans
égalent quatorze ans, au strict point de vue de scolarité. La
discussion que nous avons, c'est pour des fins de traitements, si je comprends
bien, ce n'est pas pour d'autres raisons. Ce n'est pas pour dire à une
personne: Tu as un baccalauréat ès arts, mais on te donne un
brevet A parce qu'on t'avait reconnu un brevet A pour un baccalauréat
ès arts hier. Ce n'est pas ça, l'histoire, n'est-ce pas?
J'espère que ce n'est pas cela. Je me pose la question. Est-ce là
l'affaire?
M. CHARBONNEAU: Nous avons souvent dit que nous n'aimions pas
l'importance financière de l'enjeu. Il y a la dimension
financière.
M. COURNOYER: M. Charbonneau, du strict point de vue de la
reconnaissance d'un brevet, par exemple, en vertu d'une règle, la
règle qui est là.. je ne parle pas du classement
proprement dit de l'instituteur, je parle du classement du brevet
lui-même, ou des années de scolarité toutes seules, tout
court est-ce que, effectivement, on pourrait vouloir dire, vous et nous,
que quinze années égalent quatorze, parce que quinze ans
égalaient quatorze avant? Est-ce qu'on pourrait vouloir dire cela, ou si
veut-on dire que si c'étaient quinze années hier, cela doit
rester quinze pour fins de traitement?
M. CHARBONNEAU: Essentiellement, sur la portée du maintien d'un
droit, on parle pour fins de traitements depuis le début, depuis quatre
heures. C'est bien sûr que c'est votre dernière partie de
l'alternative qui...
M. COURNOYER: Donc, c'est pour fins de traitement seulement?
M. CHARBONNEAU: Nous vous avons aussi dit que, pour certains
enseignants, dans certaines commission scolaires, il était important de
reconnaître la classe, la catégorie, si on veut prendre
l'expression employée par M. Cardinal, le groupe créé par
équivalence qui est important aussi, s'il y a un statut correspondant
à cela. Mais l'impact, c'est au niveau des traitements qu'il se
sent.
M. COURNOYER: Dans les deux cas, je pense qu'on est obligé, pour
le bien de tout le monde et pour le mien en particulier parce que j'ai
été drôlement impliqué là-dedans depuis deux
ans et que le problème de la classification des enseignants pendant ces
négociations-là était difficile à résoudre
de dire que nous avons trouvé une solution qui n'est
peut-être pas la solution. Mais il me semble que nous sommes ici pour
regarder pourquoi cela n'a pas été la solution. Quand je pose la
question, ce n'est pas pour vous prendre au piège, c'est strictement
pour savoir où nous allons. Est-ce pour fins de traitements ou pour fins
de reconnaissance de classification? Quand on parle de scolarité
garantie, est-ce pour fins de traitements ou pour reconnaître une
scolarité qui n'en est pas nécessairement une en fonction des
règlements qui sont là?
M. LE PRESIDENT: M. Rioux.
M. RIOUX: Si vous me permettez de donner au moins un exemple, cela va
peut-être éclairer M. Cournoyer. C'est vrai que vous avez
été impliqué là-dedans. Prenons l'exemple d'un
enseignant qui a treize ans de scolarité. Disons qu'on lui a reconnu
treize ans pour un brevet B. D'accord? C'est clair, ça? Cela a
été reconnu dans la province de Québec. A une
époque donnée, l'individu a fait 600 heures de cours de
perfectionnement reconnus par son employeur, la commission scolaire. Cela a
été notre cas, par exemple, à Montréal. Je cite cet
exemple-là, je le connais mieux. Ces six cents heures de cours l'ont
fait passer à quinze ans de scolarité, parce qu'il y avait un tas
de raisons qui amenaient les gens à se perfectionner. En tout cas, dans
notre coin, c'était presque la conscription. Les cours de
perfectionnement étaient quasiment une condition du maintien de
l'emploi. Il fallait retourner aux études. On a donc fait quatorze ans
et quinze ans par voie de perfectionnement. C'était organisé
très souvent par la commission elle-même, parce que les
universités ne nous acceptaient pas à l'époque. Bon! Cela
est un problème. On est donc passé de treize ans à quinze
ans. Il y a une crainte actuellement, quand on dit scolarité garantie.
Ce que ça veut dire, c'est que les quinze ans que je suis allé
chercher par voie de perfectionnement ou par d'autres moyens, c'étaient
les moyens que j'avais à l'époque. Je dis donc: Ces années
que j'ai faites le lundi soir, le mercredi, le vendredi et le samedi matin
à l'université, je veux qu'on me les reconnaisse; ce que j'ai
suivi à la commission scolaire parce qu'elle organisait les cours
je veux qu'on me les reconnaisse, parce que j'ai travaillé
durement pour les avoir et je mérite de les conserver.
Actuellement, nous n'avons pas de garantie nous permettant de
préserver cela. C'est cela que ça veut dire, M. Cournoyer.
M. BERTRAND: M. Rioux, continuant sur le même cas, si on soumet au
comité le cas provincial d'un bonhomme dont la scolarité par
diplôme est de treize ans, vous dites que c'est un brevet B, et obtenu
par des cours de perfectionnement, 600 heures de cours. Vous affirmez que ceci
équivant à environ deux ans. Quand vous dites environ deux ans,
dites-vous que c'est deux ans en vous basant sur le règlement no 5?
M. RIOUX: Non. C'est par convention collective. On avait établi
que trente crédits équivalaient à une année de
scolarité. Alors, un bonhomme qui est allé chercher 600
crédits était passé de treize à quinze ans.
Le perfectionnement, M. le député de Missis-quoi, c'est un
élément aussi déterminant de notre conflit.
M. BERTRAND: Je l'admets. La scolarité pour moi, dans mon esprit,
comprend scolarité acquise par une preuve, un diplôme, disons la
scolarité au moment où je suis entré dans l'enseignement.
Et il y a la scolarité acquise par la suite par voie de
perfectionnement. Est-ce qu'à l'heure actuelle le règlement no 5
permet de tenir compte de ces deux éléments? Est-ce qu'un cas
comme celui que vous nous avez donné, a été soumis au
comité provincial? Quelle a été à ce
moment-là la décision du comité provincial?
M. RIOUX: Moi, je vous donne des cas authentiques. La Commission
scolaire de Montréal, lorsqu'elle a appris par les premières
décisions qui étaient rendues par le CPC et lorsque le syndicat a
appris que les cours de perfectionnement et de recyclage n'étaient pas
reconnus, la commission scolaire et le syndicat ont fait des démarches
conjointes auprès du CPC pour que ces cours, qui à
l'époque étaient reconnus sur une base contractuelle, soient
reconnus.
J'ai des documents où on a expédié des
résolutions de la commission scolaire et de l'alliance pour faire
reconnaître les cours de perfectionnement. M. Rossignol dans sa
réponse a été bien clair: les cours de recyclage et de
perfectionnement n'étaient pas reconnus pour fins de classification.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saint-Jean. Un instant s'il
vous plaît.
M. BERTRAND: C'est important ça.
M. VEILLEUX: Dans la même veine, M. Rioux, les 600 heures de cours
que vous mentionnez, si j'ai bien compris, ce sont des cours de méthode
dite active que la commission scolaire organisait pour les professeurs, comme
on l'a fait à Saint-Jean et à la régionale
Honoré-Mercier. C'est bien ça? Par exemple des cours de
Cuisenaire, si c'était Cuisenaire qu'on voulait appliquer ou...
M. RIOUX: Je m'excuse, c'était beaucoup plus que ça. Quand
je dis perfectionnement et recyclage, cela veut non seulement dire des cours de
méthode Cuisenaire ou encore d'autres méthodes pour enseigner
d'autres techniques, c'étaient des cours qui avaient aussi pour but
d'ajouter à la scolarité sur le plan pédagogique et sur le
plan professionnel. Mais précisons seulement les cours de
méthode. Quand le règlement no 1 est sorti au ministère de
l'Education et quand est arrivée la réforme de l'Education et
l'école coopérative, c'est là que j'ai dit tout à
l'heure, M. Bertrand, que c'était la conscription au niveau du
perfectionnement. Tous sont retournés aux études pour essayer de
se remettre à jour et de donner un enseignement efficace.
On y a cru et aujourd'hui nous interprétons que nous avons
été bernés. Et non seulement ça, le 28 janvier, le
président de la CECM déplorait le fait que les cours de
perfectionnement et de recyclage n'étaient pas reconnus par le CPC.
M. VEILLEUX: Tout à l'heure vous ne m'avez pas laissé
terminer. Restons exclusivement aux heures que votre commission scolaire a pu
reconnaître pour des méthodes dites actives. Que faites-vous
à ce moment-là de la signature de la convention collective
à 6-5.083, cours de méthodes, évaluation et traitement,
où vous avez tout le système et où on dit: Si le CPC ne
reconnaît pas ces cours de méthodes dites actives, le salaire du
professeur est gelé selon l'article 6-5.083 a)? A ce moment-là
vous niez cette partie de la convention collective que vous avez quand
même signée en bonne connaissance de cause, comme moi à
Saint-Jean je l'ai signée au nom des enseignants.
A ce moment-là, vous mettez plus en question que le
règlement no 5, vous mettez même des articles de la convention
collective qui établissaient une méthode de classification pour
ces méthodes dites actives.
M. SAINT-PIERRE: II y a un point qui me semble assez important. Dans
l'offre patronale que nous avons dans le moment, le mécanisme
prévu pour la classification, nous nous engageons à respecter ce
qui est dans la convention à l'article 6. Jamais en aucun temps nous
n'avons dit, jamais je ne voudrais que personne puisse penser que nous nous
sentons liés par les décisions de M. Rossignol du comité
provincial de classification, puisque justement dans l'offre patronale, on dit:
On oublie tout ça.
Il n'y a aucune garantie, peu importe la décision rendue, qu'il
n'y a rien dans le règlement no 5 pour répondre aux cas
spécifiques que vous soulevez et qui dit que c'est
empêché.
Il y a quelque chose qui dit que les études de culture
générale sont reconnues dans leur totalité jusqu'à
concurrence d'un maximum de quinze ans. Vous savez pourquoi? Il y a des gens
qui, pendant une période de vingt ans, ont pu suivre un nombre
très considérable d'heures de cours de perfectionnement ou de
culture générale. Si vous les ajoutez en série, on peut
obtenir l'équivalent d'un doctorat d'université sans même
être capable de satisfaire à un seuil d'entrée
universitaire.
M. RIOUX: Vous êtes prêt à les reconnaître
alors.
M. SAINT-PIERRE: Ce que je veux dire, c'est que je ne me sens pas du
tout dans le mécanisme prévu et qu'on oublie tout ça. Ce
que nous avons dit dans le mécanisme prévu, c'est la contrainte
en plus de vous soumettre à la consultation des normes. C'est que,
dès le départ, nous acceptons comme carcan et cela me
semble un carcan très important tout ce que nous avons pu obtenir
par négociation. Nous nous sommes entendus jusqu'ici. Et, tenant compte
que la négociation n'a pas donné... nous suggérons un
autre mécanisme qui retient tous nos points d'accord, qui oublie
complètement ce qui a semblé causer un désaccord et qui
vous soumet des normes par lesquelles nous allons tenter de finir les cas qui
ne sont pas réglés ici.
Dans votre interprétation, il y a un sophisme de laisser croire
que, parce que le comité provincial a donné page 1, que moi je me
sens obligé d'être d'accord avec M. Rossignol. Je respecte M.
Rossignol, le gouvernement et la partie patronale. Dans le mécanisme
prévu, c'est expliqué dans l'offre patronale, nous sommes
prêts à annuler toutes les décisions du comité
provincial. Cela ne veut pas dire, simplement, pour oublier les
décisions page 1, page 2, et page 3. Nous allons les oublier comme si
nous ne les avions jamais vues.
M. RIOUX: Cela ne veut rien dire. Annuler les 40 décisions ne
veut absolument rien dire. Vous dites: Je vais faire la classification.
Allez-vous reconnaître les cours de perfectionnement, de méthode
et de recyclage? Allez-vous les reconnaître?
M. BERTRAND: Si vous me permettez, je comprends, à l'heure
actuelle, que c'est important. Le ministre prétend que la convention
actuelle, la convention sur laquelle le comité provincial était
censé se baser pour le classement, permet de reconnaître les cours
de
perfectionnement dont M. Rioux a parlé. C'est bien ça?
M. SAINT-PIERRE: Elle ne l'empêche pas. Elle permet
exactement.
M. BERTRAND: De l'empêcher, nous pourrions en parler pendant des
jours. Mais permettre de reconnaître ces cours... Je demande
également au ministre du Travail qui est fort au courant de la
convention, si la convention actuelle permet, oui ou non, de reconnaître
les cours de perfectionnement comme ceux dont vient de parler M. Rioux?
M. LE PRESIDENT: Sur le même sujet, le député de
Saint-Jacques, d'abord.
M. CHARRON: Si vous voulez me laisser en "stand-by", j'aimerais quand
même que le ministre de l'Education réponde à la question
posée.
M. BERTRAND: Oui, j'aimerais.
M. SAINT-PIERRE: La convention actuelle permettait de reconnaître
complètement les années de scolarité mais par le
mécanisme prévu par la convention qui était un
comité provincial de classification. La réponse à votre
question est oui, sauf que le mécanisme prévu à la
convention lorsque nous l'avons mis en marche je prends la parole de M.
Rioux ce mécanisme qui aurait pu permettre le mécanisme
tel que prévu par la convention, alors on dit non à la question.
Nous, nous disons que dans le nouveau mécanisme, nous sommes prêts
à oublier tout ça et à voir un autre mécanisme.
Est-ce que d'avance la réponse va être oui ou non?
M. BERTRAND: Ce n'est peut-être pas tout à fait le
mécanisme mais une personne dans le mécanisme. C'est pour
ça qu'à un certain moment lorsque je nous vois autour de la table
ce n'est qu'un aparté je me demande si la meilleure formule
n'est pas là: le comité conjoint et paritaire avec un nouveau
président.
M. LE PRESIDENT: D'abord le député de Saint-Jacques et
ensuite le député de Bagot.
M. CHARRON: Je ne sais plus par quel bout prendre le problème.
Nous avons trois déclarations ministérielles cet
après-midi. Elle se dépose l'une après l'autre. Le
ministre de l'Education vient de dire: Un nouveau mécanisme qui serait
dans l'offre patronale. Je voudrais relier ça en attendant la
réponse de la partie syndicale, tout à l'heure à la
question que le ministre du Travail a posée. M. Rioux a dit dans sa
réponse au ministre du Travail que le CPC ne reconnaissait pas pour fins
de classification le perfectionnement acquis sur les bancs de la CECM par les
professeurs.
L'ancien député de Saint-Jacques a posé une
intéressante question: Est-ce que, sur le plan des traitements
c'était modifié? Est-ce que, parce qu'on ne reconnaissait pas
écoutez bien la question pour fins de classification, le
perfectionnement que vous aviez acquis, on ne le reconnaissait pas non plus
pour fins de traitements?
J'admets qu'une réponse est possible, celle qui dit que, à
toutes fins utiles, ne pas le reconnaître pour fins de classification,
ça joue sur le traitement, parce que la classification est comprise, que
la qualification est comprise à la base des normes avec
l'expérience, comme étant un facteur pour déterminer le
traitement. Mais, sans vouloir sortir les décisions rendues, parce que
j'admets que la partie patronale a accepté de les annuler, est-ce que le
traitement était touché?
M. RIOUX: On va d'abord laisser le ministre exercer sa bonne foi.
M. SAINT-PIERRE: Non. Si je comprends bien, dans la convention, il y
avait d'autres articles qui protégeaient le classement. Par exemple,
tous les professeurs qui étaient à l'emploi de la commission
scolaire, en juin 1968, avaient leur traitement garanti. Plus que ça,
peu importent les décisions rendues dans leur cas individuel, il y avait
une augmentation statutaire de 5 p. c. par année qui s'ajoutait.
Si quelqu'un avait, avant, seize ans, et qu'on lui en reconnaissait
quatorze, et qu'il était à l'emploi de la commission scolaire
lorsque la convention a été signée, non seulement son
traitement n'était pas baissé, mais d'autres articles de la
convention lui assuraient automatiquement une augmentation statutaire de 5 p.
c. pour les deux années qui restaient de la convention. Est-ce
précis?
M. RIOUX: Le salaire était gelé, avec une augmentation de
5 p. c. pour les 18 premiers mois. Alors, maintien du salaire, en quelque
sorte, mais déclassification quand même.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre! Le député de Bagot.
M. CARDINAL: Exactement sur cette question-là, je vais
peut-être paraître agaçant cet après-midi, mais il me
semble qu'on en est rendu à un paradoxe épouvantable, si toutes
les versions qu'on nous donne, qui sont plus ou moins claire, sont vraies.
Quand je suis arrivé au ministère en 1967, une des
priorités que j'ai alors énoncées a été le
perfectionnement des maîtres qui étaient déjà dans
le système.
A l'automne de 1968, dans une longue déclaration publiée
dans le journal Le Soleil, je me suis prononcé sur la
nécessité de ce perfectionnement, parce qu'on a fait une
réforme qui avait commencé par des territoires et des
bâtisses, au lieu de commencer par la réforme des
maîtres.
Je ne veux pas revenir ici sur le passé, et blâmer un
gouvernement disparu et revenu sous une autre forme. Je ne veux pas non plus
mettre le ministre sur la sellette. Je suis fort surpris que le CPC ait eu
cette réaction que je ne connaissais pas. H me parait inconcevable que,
dans un système où on veut non seulement prôner mais
favoriser le perfectionnement des maîtres, il n'y ait pas un
mécanisme, une décision ou un règlement, ou ce que vous
voudrez, qui vienne reconnaître d'une façon contrôlée
les cours de perfectionnement, je dirai, pour nuancer ma pensée, en tout
ou en partie.
J'ai été pendant plus d'une quinzaine d'années dans
l'enseignement, et j'y suis retourné. Je sais ce que c'est que des cours
de perfectionnement, et de quelle catégorie ils peuvent être.
Quand je parle de cours de perfectionnement, je veux parler de
véritables cours de perfectionnement. Je ne ferai pas de distinction
entre la méthodologie et tout le reste.
Si on donne un année sabbatique à un professeur, il faut
qu'il obtienne un diplôme et il n'y a pas de doute que c'est du
perfectionnement. Si, dans la région de Rimouski, on organise des cours
de perfectionnement en mathématiques pendant toute une partie de
l'été il y a deux ans il faut que le
ministère reconnaisse des crédits pour ces cours-là.
On vient de frapper, pour la troisième fois cet
après-midi, un point très important et qui me parait crucial. Je
le détache des fins pécuniaires, si vous le voulez, mais en soi,
par exemple, indépendamment des propositions patronales, et des demandes
syndicales, je ne peux pas m'empêcher de souligner ce point-là,
parce quand même, et pour les patrons et pour les employés, si on
veut le prendre en ce sens je n'aime pas employer ce mot dans
l'enseignement il va falloir se pencher un peu sur cette question, et
avoir des précisions sur ce que les parties veulent ou entendent, et
j'espère qu'elles s'entendent sur ce sujet.
M. LE PRESIDENT: M. Charbonneau, vous aviez quelqu'un à faire
entendre.
M. CHARBONNEAU: Le remplaçant du président de la PAPT, M.
Sparkes, qui est le vice-président, M. Peacock. M. Sparkes est en voyage
ailleurs au Canada.
M. LE PRESIDENT: Très bien.
M. PEACOCK: M. le Président et les membres de la commission, je
parle au nom de la Provincial Association of Protestant Teachers qui regroupe
7,000 enseignants à l'emploi de plusieurs commissions scolaires
protestantes dans la province.
Je voudrais, au début, adresser une question directe à M.
Cournoyer. Que veut dire la scolarité garantie? Tout d'abord, je veux
dire que je regrette énormément l'absence du représentant
de notre commission scolaire protestante du grand Montréal. Je le
regrette parce que c'est notre commission qui a créé le
système de classement pour tous nos enseignants. La commission l'a fait
toute seule. Ce n'est pas à cause d'un truchement de négociations
avec le syndicat parce qu'il n'y en avait pas. En 1967, il n'y avait pas de
syndicat protestant. C'est la commission toute seule, et surtout la commission
protestante du grand Montréal qui a créé un système
de classement pour ses enseignants qui nous liait par notre contrat individuel
autant que par un accord, un "personnel policy" qui équivalait à
une convention collective.
Pour nous, qu'est-ce que la scolarité garantie? Nous avons
travaillé pendant des années comme les enseignants de M. Rioux et
d'autres enseignants pour nous perfectionner. Nous avons obtenu un certain
salaire, fixé à un certain chiffre; le chiffre était 6, en
l'occurrence. La plupart de nos enseignants et c'était une
distribution assez extraordinaire à Montréal 53 p. c. de
nos enseignants avaient un "bachelor's degree" et la psycho-pédagogie.
Extraordinaire! C'est peut-être un privilège mais quand
même, on travaille durement pour ce privilège. Et, on nous
accordait un certain salaire avec un chiffre comme je vous dis 6
qui n'avait rien à voir avec le bill 25 et ses chiffres de 1 à
17.
Comme M. Sparkes a essayé de l'expliquer dans son mémoire,
on essaie de faire une équivalence. Je vous dis franchement que
l'annulation des décisions du CPC ne nous dit rien parce qu'il y a
certaines de ces décisions qui nous aident à faire
prévaloir notre ancien classement. Peut-être ne devrais-je pas le
dire, mais je ne suis pas ici pour négocier, je suis ici simplement pour
essayer de mettre en valeur quelque principe de base, principe très
simple; ce n'est pas une question de technique, c'est une question de respect
humain des enseignants, la sécurité professionnelle.
Si vous suivez votre règlement no 5, vous allez nous
déclassifier, tous. Je ne suis pas professeur de mathématiques,
mais je sais très bien que 11 plus 5 font 16 et non 17. Le malheur est
que 53 p. c. des professeurs à Montréal et beaucoup d'autres dans
la province qui sont employés par les commissions protestantes se
trouvent en 17 parce que la commission a dit qu'ils étaient en 17. La
seule argumentation que nous avons pour défendre notre position c'est
que nous étions là, que nous nous attendions à rester
là. On se fiche pas mal du chiffre, remarquez, c'est le salaire. Et pas
le salaire jusqu'en juillet 1971 seulement. Si c'est cela le traitement
garanti, cela ne veut rien dire. C'est pour avoir assez de temps, dans
l'avenir, pour nous permettre, avec l'aide financière du gouvernement
qui nous trouve maintenant incompétents et inadéquats pour
exercer
notre profession, de nous perfectionner pour arriver au même pas,
au même niveau où nous nous trouvions avant.
On commence "running on the spot". On va accorder des crédits
partout, pour arriver au même niveau où nous étions
auparavant. Nous trouvons cela indécent de se faire déclassifier.
Nous nous rendons compte qu'avec votre fameux règlement no 5, nous
serons tous déclassifiés. Pour nous, c'est indécent et je
demande aux députés de ne plus entrer dans les détails
techniques de cette affaire, mais de reconnaître un principe humain. Tout
en faisant la réforme scolaire nous ne sommes pas contre la
réforme scolaire, nous avons beaucoup d'admiration pour vos
fonctionnaires, vos hauts fonctionnaires qui représentent la
génération, nette, face aux anciens fonctionnaires de l'autre
régime dont je ne veux pas parler mais ces gens là
oublient qu'il y a là un élément humain dans cette
affaire. "Assisting engeneering" en Europe, c'était une bonne chose mais
cela ne prend pas en considération souvent l'élément
humain et rationnel. Nous sommes irrationnels peut-être mais nous nous
sommes affrontés. C'est pourquoi nous avons fait une grève
illégale. Nous, les anglo-protestants, selon le mythe de Québec,
cela ne doit pas se faire. Mais on l'a fait, nous n'avons pas honte de le
faire, puisque "when the law is an ass, you must disobey it". Nous n'avons
aucun recours à part cela.
On ne veut plus faire la grève. On désire seulement avoir
de la justice. Si, vous, les députés demandez à votre
gouvernement d'admettre que tout en créant un nouveau système
vous ne punissez pas les employés pour les péchés
extraordinaires que nos employeurs ont commis dans le passé, nous
serions très contents d'avoir assisté à vos
séances.
M. LE PRESIDENT: Merci. Le député de Saguenay.
M.LESSARD: M. le Président, je pense qu'on touche le point
essentiel du mécontentement chez les enseignants. Je suis d'accord avec
l'uniformisation des diplômes, mais il faut quand même distinguer
entre ceux qui étaient auparavant dans le système et ceux qui
vont adhérer au système. A un moment donné, la
standardisation se fait quand on a déjà un système
intégré. Il faut se souvenir que dans le passé on n'avait
pas de système intégré. J'ai vécu dans
l'enseignement. Nous n'avions pas de système intégré comme
tel. On n'avait pas la formation de l'enseignant et on ne relevait pas de
l'université, de telle façon que beaucoup de commissions
scolaires ont pris des initiatives de ce côté.
C'est pour cette raison que tout tourne autour du règlement no 5.
Le règlement no 5 est arrivé comme un cheveu sur la soupe
à travers les négociations. On n'a pas consulté les
anciens enseignants pour l'application du règlement no 5, qui dit ceci
dans les études à temps partiel à 4.02: "Si une personne a
suivi plu- sieurs cours de nature ou de niveau partiellement différent,
seule lui est comptée en crédits la durée des
études consacrée à l'acquisiton des connaissances
nouvelles".
Voici le problème qui se pose. A partir de cet article, il
pouvait très bien arriver dans une commission scolaire, par
négociation, qu'on dise que le gars a un brevet A, mais il va aller
suivre 30 crédits en audio-visuel. Mais ces 30 crédits ne
conduisent pas nécessairement à un cours terminal. Ce gars qui a
travaillé pendant des années parce que la commission scolaire lui
a dit: Ecoutez, vous allez vous perfectionner, vous recycler et en vous
recyclant cela vous permettra d'augmenter votre nombre d'années de
scolarité. Le ministre dit oui. On garde le salaire garanti à ce
sujet. Je suis d'accord puisqu'on garde le salaire garanti, mais dans la
prochaine négociation, le gars qui était autrefois par sa
commission scolaire classé à 15 ans de scolarité, va
tomber à 13 ans de scolarité. Cela veut dire que les 600 heures
de travail qu'il a faites à la demande de la commission scolaire,
à la demande de son ex-employeur, il les a toutes perdues.
Je dis ceci: II reste quand même qu'il faut tenir compte du
passé. Le fouillis dans les commissions scolaires, ce n'est pas la faute
des enseignants. Ce n'est pas leur responsabilité. Ils ont
adhéré à un système et ont suivi les ordres qu'on
leur donnait. Cela a été, comme on a dit, une conscription pour
aller suivre des cours. Aujourd'hui on dit: On uniformise, on planifie, mais
à partir d'un règlement très strict et très
défini de telle façon que tous les anciens qui sont
là-dedans, lorsqu'ils vont venir pour se classer, le système ne
fonctionne plus. C'est pour cette raison que je me dis, et je pense que c'est
là le point essentiel: Le règlement numéro 5, il faut
quand même le reviser. Il faut quand même, à mon sens,
renégocier ce point parce qu'il faut tenir compte des cas qui
étaient autrefois dans l'enseignement et qui n'ont pas été
soumis aux mêmes normes qui existent actuellement. A mon sens, c'est le
point essentiel et, si on ne règle pas cela, vous aurez toujours du
mécontentement.
Rappelons-nous aussi la négociation qui a existé.
Négocier avec un employeur tel que l'Etat, ce n'est pas facile. On s'en
est rendu compte avec le bill 25 à un moment donné, de telle
façon qu'on a signé la convention collective, mais elle a
été signée avec le couteau sur la gorge. On nous imposait
des choses comme celle-là. Je suis d'accord que cela a été
accepté à un moment donné, mais lorsqu'on arrive dans les
applications, les enseignants se rendent compte que cela ne fonctionne plus. Je
pense qu'il y a d'abord un plan humain et il l'a bien souligné
tantôt. Il y a un plan humain qui existe et dont il faut tenir
compte.
M. LE PRESIDENT: Je permettrai maintenant au député de
Missisquoi de prendre la parole.
M. BERTRAND : Nous avons eu tantôt un incident, que j'appelerai
Rossignol, relativement au pouvoir qu'il avait, non seulement lui, mais le
comité provincial, de recommander au ministre toute modification au
règlement no 5 qui serait d'intérêt général.
Or, on nous a aimablement remis une photocopie du procès-verbal de la
deuxième réunion du comité provincial de classement, lors
des séances des 25, 26, 27 et 28 août 1970 et à laquelle
étaient présents: Léo Rossignol, président, Yvon
Belleville, Patrice Boudreau, Ghislain Deroy, Stanislas Mackmik, Allan Webb,
Harold Young et Mlle Pierrette Montminy, qui agissait comme
secrétaire.
A la page 4 dudit procès-verbal, je lis: "Considérant
cette dernière remarque au sujet des cours de méthodes, les
membres du comité se demandent s'ils ne devraient pas,
conformément à l'article 6-2.03 b2) on
réfère à la convention collective à ce moment
recommander au ministre des modifications au règlement no 5 avant
de continuer les travaux." J'arrête la citation.
Il est de nouveau question à la page 7 du règlement no 5,
et je lis: "On soutient à ce stade-ci des discussions je ne fais
pas mien le texte qui est là qu'il est impossible de continuer
à fonctionner sans régler définitivement
l'interprétation de la clause 6-2.03 de l'entente relative aux
recommandations pour modifier le règlement no 5. On soutient, d'autre
part, que le règlement no 5 fait partie intégrante de l'entente
et que toute modification qui y serait portée ne pourrait être
mise en vigueur avant l'expiration de la présente convention. Selon la
partie patronale, on croit qu'il est impossible de modifier le règlement
no 5 avant les prochaines négociations pour les raisons suivantes:
A)projet de loi no 25 (nouveau régime);
B)projet de loi no 12;
C)le règlement no 5 fait partie intégrante de l'entente,
tous les appendices, y compris le règlement no 5, ont été
paraphés par les signataires.
On demande de suspendre les travaux du comité pour quelques jours
afin de préparer des propositions sur les sujets discutés.
L'assemblée est ajournée sine die et c'est signé:
Léo Rossignol, président. Le procès-verbal lui-même
porte la date: Québec, le 2 septembre 1970.
Je laisse à tous et chacun le soin de porter un jugement, mais je
crois qu'à ce moment, il serait injuste, à moins de l'entendre,
d'imputer au président, un refus de porter à l'attention du
ministre des modifications au règlement no 5.
Il semble qu'il y a eu une discussion. Le président comme tel
n'est pas identifié, mais par contre la partie patronale est bien
identifiée. Dans les circonstances, pour porter un jugement, à
moins d'avoir de plus amples renseignements, il faudrait entendre des
témoignages là-dessus. Quant à moi, à quelle date
M. Rossignol a-t-il cessé de...
UNE VOIX: ... commencé d'être malade...
M. BERTRAND: Non. Il a démissionné avant ça. A
quelle date a-t-il démissionné?
M. CHARBONNEAU: II a donné sa démission au ministre.
M. LE PRESIDENT: La partie patronale, je crois, voulait apporter des
explications.
M. BERTRAND: La partie patronale... M. SIROIS: Le 9 janvier.
M. LE PRESIDENT: Aviez-vous demandé la parole, M. Sirois? Non?
Alors, M. Charbon-neau.
M. BERTRAND: M. le Président, si vous me permettez de
compléter cela, j'aimerais avoir, quant à moi et je le
demande pour les autres membres les procès-verbaux de toutes les
séances du comité provincial.
M. CHARBONNEAU: Ce serait sûrement très utile, M. le
Président.
M. BERTRAND: Je ne vous les demande pas.
M. CHARBONNEAU: Non, parce que je veux dire ici que nous avons d'autres
références encore de plus en plus précises. C'est une
recherche rapide qu'on fait sur le champ, mais on pourrait trouver ici
explicitement au procès-verbal du 8 septembre, un cas où il est
dit de façon claire: "Le Président, etc." et qui en arrive
à rejeter une suggestion...
M. CHARRON: Lisez-le donc.
M. BERTRAND: Je crois, M. Charbonneau, si vous me le permettez, que cela
découle de ce que j'ai lu tantôt. On est parti avec cette fausse
impression que toute modification ne pourrait être mise en vigueur avant
l'expiration de la présente convention. C'est une interprétation
qui n'avait, d'après moi, aucun sens.
M. CHARBONNEAU: Est-ce que je pourrais ajouter un commentaire ici et
relier tout ceci au fonctionnement du comité? Souvenons-nous toujours
que le comité doit absolument prendre ses décisions à
l'unanimité et quand on est en présence de deux ou d'une
suggestion d'amendement qui n'est pas acceptée par tout le monde,
à qui est-ce qu'on passe la parole? A défaut d'unanimité,
le président a tout le pouvoir. Imaginez, à un moment
donné, que dans un tel comité, nous arrêtons de proposer
des amendements parce que le président a plein pouvoir.
M. BERTRAND: S'il ne décide pas. Il n'est pas obligé de
décider: ou il ne fait pas part au ministre des modifications, alors
vous n'en entendez jamais parler.
M. CHARBONNEAU: Ou, comme nous l'avons vu dans au moins douze
décisions, le président s'est arrogé le pouvoir de
décider sur des sujets même pas discutés, ou même pas
soumis au vote du comité. Imaginez où peut aller une discussion
que l'on pousserait trop loin sur les modifications au règlement no 5
dans un tel cadre. C'est plein pouvoir que l'on donne au président
invariablement.
M. LE PRESIDENT: Le député de Chambly.
M. COURNOYER: Là-dessus, je pense bien que nous sommes à
la recherche d'une solution et que, quoi que vous puissiez en dire, le ministre
du Travail la recherche aussi, surtout parce qu'il est un ancien
député de Saint-Jacques.
M. CHARRON: Votre court passage vous aura servi à quelque
chose.
M. COURNOYER: Juste une question, M. Charbonneau.
M. LE PRESIDENT: Vous vous adressez à M. Charbonneau, je
crois.
M. COURNOYER: Dans la structure, à un moment donné, il
faut en arriver à quelque décision que ce soit. Même
à l'intérieur d'une convention collective, j'ai l'impression que,
lorsque les choses ne marchent pas ou ne fonctionnent pas, on doit s'en
référer au cadre normal des relations de travail et trouver un
mécanisme pour que quelqu'un décide, pas toujours faire la
règle.
A ce moment donné, on est censé avoir une période
où les parties ont convenu d'un certain mécanisme de
règlement de leur problème. Admettons que ça peut arriver
encore en 1971. On en prévoit un ici qui ne semble pas avoir
porté des fruits. Disons que je suis en train de me poser la question
suivante, à savoir s'il s'agit de personnes ou s'il s'agit de
mécanismes.
Pour le moment, j'ai un tas de décisions qui sont ici et qui ne
semblent pas être selon une argumentation que je ne mets pas en doute
parce que je ne suis pas un spécialiste là-dedans. H y a
cependant des décisions qui sont jugées pour le moins par les
représentants de la CEQ comme extra vires du pouvoir du
président. Il aurait excédé, selon vous, les limites de la
convention collective telle qu'elle est écrite. Ou encore, parfois
il s'agit là de l'interprétation de l'article dont il est
question quant aux modifications possibles du règlement no 5 il
aurait, non pas abusé de son pouvoir, mais déclaré: Cette
fois-ci, je le néglige, parce que, de toute façon, ils ne
changeront pas.
Il reste que c'est une question d'aptitude de la part d'un
président; cela aurait pu être un autre président et il
aurait pu avoir une attitude totalement différente. Je me pose la
question suivante: Compte tenu du fait que, du côté des
enseignants, on met en doute la validité du règlement no 5
lui-même, est-ce qu'on met aussi en doute le mécanisme de
règlement d'un grief très particulier et qui s'appelle un grief
sur la classification? Est-ce qu'on le met en doute en tant que
mécanisme ou en tant que décision prise par certains
individus?
M. CHARBONNEAU: A la première partie de la question, je pense que
notre opinion se résume comme suit: Vous dites: Est-ce l'homme ou le
mécanisme? Moi, je dis que c'est un ouvrier passablement malhabile avec
un outil inadéquat. C'est le portrait du CPC tel qu'on l'a connu.
L'outil inadéquat est le règlement no 5. Même si vous aviez
un ouvrier habile, un autre président, un Serin au lieu d'un Rossignol,
cela n'arrangerait pas en soi les choses. Nous vous avons prouvé par des
exemples qu'il faut aborder cette question du classement des enseignants avec
d'autres considérations que le règlement no 5 lui-même.
C'est un outil imparfait pour la tâche. Il doit être
complété par des règles d'application qu'il faut
négocier entre nous et non pas établir unilatéralement au
niveau du ministère. Mettez un autre président, cela ne
règlera rien automatiquement.
M. COURNOYER: Je ne veux pas, M. Charbonneau...
M. CHARBONNEAU: Il y a une deuxième question cependant.
M. COURNOYER: On va vider celle-là. Pour ma part, je lis dans la
convention collective que les règles d'application du règlement
no 5 doivent être faites par le comité provincial de
classification. Ce comité est formé, semble-t-il c'est un
peu l'impression assez douloureuse que j'ai ou était mieux
formé, selon les termes de la convention, sur une base paritaire. Et il
semble qu'à cause de la nature du président, ce n'est plus devenu
tout à fait paritaire. Est-ce là le problème?
M. CHARBONNEAU: Et du mécanisme. D faut que les six parties
soient d'accord sur la moindre chose pour faire une règle
d'application.
M. LE PRESIDENT: Le député de Missis-quoi.
M. BERTRAND: M. Charbonneau, continuons sur le même
problème. Premièrement, ce classement pour fins de traitements et
qui est important ne peut pas être fait par le ministre seul ou la partie
patronale seule. Il ne peut pas être fait non plus par la partie
syndicale seule. C'est admis, ça?
Trouvez-moi un autre moyen qu'un comité conjoint et paritaire
pour le faire. En avez-vous un meilleur que celui-là, avec une
décision? Autrement vous n'aurez jamais de classement.
Mettez cela après ou pendant les décisions en appel.
Trouvez-moi un mécanisme plus adéquat que le comité
conjoint et paritaire avec un président dont le rôle est
décisif, à condition que l'on s'entende, c'est sûr, sur des
principes. Ma conception est celle-ci: le règlement no 5 contient des
principes qui servent de base. Deuxièmement et le ministre vient
d'en parler c'est la possibilité pour ces gens-là de le
faire modifier. Troisièmement, des règles d'application qui
émanent du comité. Vous avez au point de vue théorique,
j'en conviens, je ne peux pas aller plus loin, comme on l'a dit
tantôt, on a fait la remarque qu'il faut se tenir éloigné
de tous les cas je vous parle au niveau théorique... Trouvez-moi
un meilleur mécanisme que celui-là, qui puisse pour la
satisfaction et de la partie syndicale et de la partie patronale arriver
à une décision. Autrement, vous allez être dans l'impasse
perpétuelle.
M. LE PRESIDENT: Sur le même point, le député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: Je pense que M. Charbon-neau ou n'importe quel autre membre
de la partie syndicale, dans leur intervention, ont déjà
passablement répondu à la question que pose le
député de Missisquoi. Ce qu'ils ont appelé le
mécanisme actuel ou n'importe quel autre mécanisme, c'est en
fait, le moyen d'appliquer un règlement qu'ils contestent
eux-mêmes. Ils ne contestent pas l'article 6-2.03, b-1 qui dit que c'est
le mécanisme qui sert à négocier et à appliquer les
règles d'application du règlement no 5. Ils sont bien d'accord
avec ça si je les ai bien compris, sinon ils pourront me le dire. C'est
le règlement no 5 lui-même. Ils ne veulent pas se démettre
du droit de déterminer conjointement avec la partie patronale les
règles d'application du règlement. C'est sur le mécanisme
sur lequel ils ne consentent pas à travailler.
M. COURNOYER: Le député de Saint-Jacques peut-il me dire
qu'effectivement, compte tenu de l'existence des minutes que je viens de lire,
la partie patronale a prétendu que le règlement numéro 5
ne serait pas amendé avant la fin de la convention? C'est inscrit
là. Cela m'enrage, que cela fasse mal à quelqu'un, cela m'enrage
tout autant.
Effectivement, est-ce qu'il y a une prohibition dans la convention
actuelle contre le fait que des recommandations peuvent être faites au
ministre de l'Education, pour amender le règlement no 5?
M. CHARRON: Non, mais c'est dans la convention, et ça n'a pas
été amendé.
M. COURNOYER: Alors, faites-le! M. CHARRON: Cela ne l'a pas
été.
M. COURNOYER: Cela ne l'a pas été à cause des
minutes qu'on vient de lire.
M. CHARRON: Je peux vous référer aux minutes de nos
débats, en commission depuis quelque temps, où les positions sont
déterminées par le ministre de l'Education. Son laïus d'hier
en était un où lui-même admet difficilement de remettre en
question son règlement no 5. C'est pour ça que ça peut
drôlement les inquiéter de voir le ministre s'arroger d'une
façon unilatérale le pouvoir de classification parce qu'il a
l'air lui-même convaincu que son règlement no 5 est à peine
modifiable ou difficilement modifiable.
M. SAINT-PIERRE: Je n'ai jamais dit ça! J'ai dit que...
M. CHARRON: Vous en avez été le défenseur depuis le
début.
M. SAINT-PIERRE: ... ce n'était pas négociable. Toutes les
personnes qui pourraient faire des recommandations et nous prouver
prenons le règlement no 5 on attribue à chaque cours
reconnu une fraction donnée de scolarité, tel que défini
à l'article 2 du présent règlement.
Si quelqu'un est capable de convaincre le ministère que ça
n'a aucun sens, on va le changer. Mais nous refusons que ce soit un jeu de
négociations pour arriver à des choses qui n'ont aucun...
M. LE PRESIDENT: M. Charbonneau.
M. SAINT-PIERRE: Je m'excuse, c'est très important. Nous tentons
de trouver une solution au problème, mais le ministre, ce n'est pas la
partie patronale. Cela, je le regrette.
M. LE PRESIDENT: A l'ordre!
UNE VOIX: Cela n'a plus d'importance!
M. LE PRESIDENT: Le ministre n'est pas la partie patronale. J'invite la
partie syndicale représentée par M. Charbonneau.
M. CHARBONNEAU: Est-ce à dire, alors, que M. Saint-Pierre veut
appuyer ce que disait hier M. Pagé, à savoir que les
véritables "boss" des enseignants sont uniquement les commissions
scolaires et pas les autres? Est-ce que c'est ce que ça veut dire?
M. SAINT-PIERRE: Non. Ce que ça veut dire, très
simplement, c'est que, parmi les parties signataires de la convention
collective, il y a le ministre de la Fonction publique avec les commissions
scolaires et avec les deux représentants. Cela, c'est le gouvernement.
Un autre problème du règlement no 5, dans l'ensemble du
gouvernement, c'est une autre boite, qui a
une responsabilité pour l'équivalence des
diplômes.
M. CHARBONNEAU: On m'a expliqué...
M. SAINT-PIERRE: Et, lorsqu'on dit que le ministre de l'Education c'est
la partie patronale, c'est une erreur. C'est faux.
M. CHARBONNEAU: On m'a expliqué, un jour, que maintenant, au
niveau gouvernemental dans le Québec, il y avait un appareil
intégré pour gérer les relations de travail qui comptait
un représentant du ministère de l'Education, un du
ministère des Affaires sociales, un du ministère du Travail et un
autre de la Fonction publique. Ces quatre représentants ensemble
étaient l'appareil de gestion qui voyait à uniformiser et
à standardiser et à organiser les relations de travail.
M. COURNOYER: M. Charbonneau, je veux savoir qui, dans mon
ministère, fait partie de ce comité. D'abord, nous n'y avons pas
affaire.
Je veux tout simplement mentionner que c'est probablement de moi que
vient cette histoire, quand je vous ai expliqué qu'il y avait eu un
comité interministériel pour préparer les amendements
à la législation qui devaient être rendus
nécessaires pour préparer la prochaine négociation. On
prend le bill 25, par exemple, il n'a apparemment plus sa raison d'être,
il n'existe plus et on doit le remplacer par quelque chose. Il n'y a que
cela.
M. CHARBONNEAU: II est très difficile de prétendre qu'on
peut, comme cela, sectionner l'appareil gouvernemental et faire servir, au
besoin, une tête au lieu de l'autre. De cette façon, où
est-ce qu'on se retrouve? Il y a quelqu'un qui, pendant un conflit de relations
de travail, vient faire des déclarations et prétend pouvoir
s'approprier, pour son compte exclusif, des parties d'entente et il ne serait
pas lui-même intéressé dans l'affaire? Je n'y comprends
rien. Pour répondre à M. Bertrand...
M. LE PRESIDENT: J'allais vous ramener à la question de M.
Bertrand.
M. BERTRAND: Sur les mécanismes.
M. CHARBONNEAU: Comment avons-nous réussi à conclure un
contrat de travail de cet ampleur, M. Bertrand? Comment, en particulier,
avons-nous réussi à rédiger l'article 6-1? Par un
comité de négociation. Voici ma réponse à ce
moment-ci. Pour finir le travail, pour faire les tâches de classement des
enseignants, à 6-5.08, il faut prendre un mécanisme semblable, un
mécanisme qui réponde au même esprit de base, un
échange sur une base négociée. Et au moment où on
veut tronquer le mécanisme mis en place, 6-1 a été
négocié et le ministre a dit: Mes pouvoirs, ça va, on les
a organisés dans ce sens-là. Mais pour 6-5.08, utilisant un
mécanisme qui a mal fonctionné, utilisant une circonstance pour
le reste du travail qui concerne en particulier les anciens brevets et tout
cela, je vais le faire tout seul. L'esprit change et non seulement le
mécanisme. C'est cela que nous appelons, nous, un assaut contre une
partie de convention collective.
M. LE PRESIDENT: Le député de Verchères d'abord, le
député de Bagot après.
M. SAINT-PIERRE: M. Charbonneau, est-ce que vous pourriez
répondre à ma question? Si je comprends bien, votre
réponse à M. Bertrand est au fait que vous n'avez rien contre le
mécanisme et que tout ce que vous avez à suggérer
je vous reconnais ce droit c'est de continuer d'avoir un comité
paritaire qui pourrait poursuivre les négociations et trouver une
solution par les négociations? Est-ce là votre
réponse?
M. CHARBONNEAU: Je dis qu'un comité de négociations n'est
pas un comité de classement organisé comme cela.
M. SAINT- PIERRE: Qu'est-ce qu'un comité de
négociations?
M. CHARBONNEAU: Un comité de négociations peut prendre la
forme d'un comité qui se réunit en vertu de 9-4, par exemple,
puisque et c'est une réponse à la deuxième question
de M. Cournoyer, tout à l'heure c'est le seul recours qu'on
puisse trouver dans la convention pour finir par discuter d'un tel sujet. Il
n'y a pas moyen de poser de grief, il n'y a pas moyen de recourir à
d'autres mécanismes que 9-4 pour aborder une question comme
celle-là. Par conséquent, n'y a pas tant de recours que cela.
C'est la table provinciale on l'appelle familièrement
comme cela de négociations qui doit se réunir sur
convocation d'une partie pour discuter de questions comme celle-là, pour
finir le travail des négociations. C'est différent d'un
comité paritaire avec un président qui décide...
M. BERTRAND: Je demanderais à M. Charbonneau de nous parler du
mécanisme dans la convention. Vous allez au-delà.
M. CHARBONNEAU: C'est l'article 9-4 de la convention.
M. LE PRESIDENT: Je constate qu'il est 6 heures, nous ajournons à
8 h 15 ce soir, même salle.
Reprise de la séance à 20 h 29
M. BOSSE (président de la commission de la Fonction publique): A
l'ordre, messieurs!
M. Charbonneau était à répondre aux diverses
questions posées par le député de Missis-quoi. Aviez-vous
terminé, M. Charbonneau? Je ne crois pas.
M. BERTRAND: Nous sommes toujours sur le même problème, la
scolarité. La scolarité qui doit l'établir et comment? Un
mécanisme avait été prévu, voici pourquoi je
reviens là-dessus. Il ne faudrait pas s'égarer. Le
problème qui nous est soumis, nous ici, à l'heure actuelle, c'est
le mécanisme qui a été prévu pour rendre la
convention collective applicable étant donné qu'au
problème de la rémunération, on a reconnu deux
facteurs.
Premièrement quand on examine les échelles de
traitements on le réalise vite la scolarité et,
deuxièmement, l'expérience. Pour la scolarité, en
particulier, on a formé un comité. Cela n'a pas
fonctionné. Mécanisme inadéquat, ouvriers inhabiles, peu
importe, cela n'a pas fonctionné. Il y a une impasse.
Vous verrez d'ici le mois de juin 1971. La convention se termine, vous
êtes venus nous rencontrer et nous demander d'examiner avec vous le
problème. D'une part, nous mettons de côté le
mécanisme actuel, comme nous le faisons également pour le
règlement no 5, qui est partie intégrante de la convention
collective. De l'autre côté, les pouvoirs qui avaient
été délégués au comité c'est
le cas de le dire et en particulier ces pouvoirs-là, si je me
base sur l'aveu du ministre, sont retirés et le ministre et la partie
patronale recommandent un autre mécanisme qui n'est pas accepté
par le syndicat. Je pense en résumé là où
nous en sommes, après, c'est vrai de le dire, seulement quelques heures
que nous nous apercevons que nous sommes dans une impasse ici aussi.
M. CARDINAL: Est-ce que M. le Président...
M. BERTRAND: Y a-t-il d'autres moyens d'établir la
scolarité que par la négociation à votre niveau, M.
Charbonneau? Vous dites qu'il n'y en a pas d'autres, pour établir la
scolarité. Et la négociation complète, en n'ayant plus
aucune base comme celle du règlement no 5? Vous êtes prêt
à négocier, à condition que le règlement no 5 soit
mis de côté, c'est cela?
M. LE PRESIDENT: Un instant, je pense que certains représentants
me faisaient remarquer avec justesse, que lorsque nous leur posions des
questions, nous ne leur donnions pas véritablement l'occasion de
répondre. Je pense que je permettrais à M. Charbonneau de
répondre et d'y mettre le temps.
M. CHARBONNEAU: La manière de résumer le problème
est bien convenable quant à nous et je vais essayer d'exprimer, encore
une fois, quel est notre objectif exact dans tout cela. Nous avons
avancé très souvent l'expression de scolarité garantie.
Pour nous, c'est un cadre de travail qui doit assurer que la situation dont a
joui tel enseignant dans telle commission scolaire lorsqu'il a
été engagé ne se changera pas sans qu'il y soit partie. Y
être partie, c'est pour nous intervenir via son syndicat, via la
corporation en termes de négociations.
Cela ne se changera pas tout seul ou par l'autorité du ministre.
C'est cela que veut dire au plus précis, pour le moment, la notion de
scolarité garantie. Quand nous aurons l'assurance de ce premier point et
l'assurance que la cohérence et la planification qu'il s'agit
d'établir et sur lesquelles, encore une fois, nous sommes
toujours d'accord s'atteindront graduellement par voie de
négociations et ne signifieront pas un nivellement par le bas. Cela veut
dire pourparlers entre deux parties égales et non pas d'autorité
l'une sur l'autre, ou par des moyens détournés, par le jeu d'un
règlement plus ou moins acceptable, plus ou moins compatible et
adéquat, des mesures administratives.
Quand nous aurons l'assurance qu'il n'y aura pas ces
éléments étrangers à un contexte sain de relations
de travail qui vont venir changer les règles du jeu sans notre
participation par voie de négociations, quand nous aurons en quelque
sorte l'assurance que la valeur de la formation acquise reconnue par un
diplôme officiel devrait permettre à tout diplômé de
conserver les mêmes privilèges et égards tout au long de sa
carrière, quand on aura l'assurance qu'on ne tiendra pas rigueur
à ceux qui ont obtenu un diplôme il y a vingt ans ou il y a des
années, qui n'ont pas profité alors de l'évolution que la
société et la science ont connue depuis, quand on aura
l'assurance, par conséquent, que les fondements, le jeu, le contrat de
base qui a lié tel enseignant à telle commission scolaire au
départ ne seront pas modifiés par des éléments
étrangers ou d'autorité, alors nous pourrons retourner à
une table de négociations parce que, à ce moment-là, on
aura admis le principe qu'il y a place à négocier quand arrive le
temps d'établir le traitement des enseignants. Des modalités et
des mécanismes pourront fort certainement être trouvés.
L'objectif de la scolarité garantie, le cadre dans lequel nous
travaillons, c'est la protection de la situation de personnes qui ont
été dans le système, qui ont été introduites
dans le système à un moment donné. Quant à la
manière de la réaliser, nous avons avancé très
souvent cette proposition que nous sommes prêts à établir
dressant la nomenclature la plus vaste imaginable, toute celle qui peut
comprendre la réalité de ce qui se passe dans le Québec,
nomenclature de titres, de brevets, de diplômes, de normes de passage
d'un diplôme à l'autre.
On peut établir une liste de ça, la traduire pour fins de
traitements et réintroduire ça, dans
6-1 qui nous sert déjà de grille de base, dans ces
catégories. Ce sera applicable dans toute la province, en principe et en
réalité dans peut-être 90 p. c, 95 p. c. des cas, qu'en
sais-je exactement? Les 5 p. c. étant ceux qui ont joui de situations
particulières à un moment donné, à ce
moment-là, je me dis: Nous sommes sur la voie d'un retour à la
table, pour fins utiles.
Mais il faut que ce soit compris par tous les éléments qui
auront à participer à cette négociation, qu'il soit bien
entendu, quand nous acceptons le principe de la négociation nous
venons, quant à nous, de dire que le règlement no 5 ne jouira
plus d'une espèce de statut privilégié, de norme ou de
philtre, à tout prix là-dedans que ce sera un
élément parmi d'autres dans le paysage ou dans le coffre à
bagages de ceux qui ont à travailler au classement des enseignants. Ce
sera un élément de travail! Si la partie patronale veut s'en
servir plus que la partie syndicale, libre à elle de le faire, mais nous
admettons que ça ne fait pas foi de tout, que d'autres
considérants peuvent être apportés. Par exemple, un
diplôme décerné autrefois pouvait permettre à
l'enseignant détenteur d'un tel type de brevet supérieur d'avoir
un statut équivalant à celui qui a un brevet A maintenant.
Si dans une commission scolaire donnée, ce type, détenteur
d'un brevet supérieur, jouissait, lorsqu'il a été
engagé, de la même catégorie que celui qui détient
maintenant un brevet A, qu'on ne vienne pas couper le statut de ce
détenteur de brevet supérieur maintenant. Cela ne veut pas dire
que nous voulons généraliser la situation, plus favorable,
qu'avait cette personne-là, à tous les enseignants
détenteurs de brevets supérieurs dans la province, mais qu'on
respecte le statut qui lui était reconnu, chez lui, dans les
règles du jeu qui prévalaient à son emploi, à son
statut d'employé.
Même chose au niveau du perfectionnement des règles
prévalant à la reconnaissance des cours de perfectionnement et
des cours de méthode. Vous savez que, si on s'en tient seulement qu'au
règlement no 5, strictement relisons l'article 1 du
règlement no 5, tout le monde: "Définition de la
scolarité: Les études poursuivies avec succès sous
l'autorité d'une institution d'enseignement, reconnue par le ministre de
l'Education, et sanctionnées par une attestation officielle,
également reconnue par le ministre de l'Education, constituent la
scolarité".
Si ce n'est pas un "si" lorsque nous parlons de la
réalité du Québec on considère que beaucoup
de cours ont été donnés sans avoir toutes ces
caractéristiques, donc, au sens du règlement no 5,
appliqué strictement, cela ne serait pas de la scolarité. Les
cours de méthode diffusés et répandus dans les commissions
scolaires, donnés de bonne foi ou de mauvaise foi je ne veux pas
juger mais donnés à la grandeur du Québec avec des
marchands de manuels par derrière et des marchands d'audio-visuel, etc.,
combien y en a-t-il eu? Tout le monde en a été témoin. Les
enseignants n'étaient pas aussi libres qu'on le dit. Combien y a-t-il eu
de cas de griefs, d'arbitrage, et de congédiements d'enseignants dans
lesquels les procureurs des parties patronales disaient: Cette
personne-là n'a pas voulu se recycler. On a apporté ça,
comme argument, à la négligence de la personne. C'était
donc un régime qu'on a appelé de conscription, un régime
où le perfectionnement était vraiment forcé. Les gens y
sont allés. Ce n'est pas une réalité d'hier. Même
aujourd'hui, à l'heure où je vous parle, à la commission
scolaire Le Gardeur, dans l'île de Laval, il se donne des cours pour
lesquels nous ne pouvons obtenir des attestations.
Les enseignants protestent, y vont. Us sont pris entre deux
systèmes. Les cours sont intéressants. Notre système de
perfectionnement n'est même pas encore assez au point pour que cela
compte en années de scolarité. Qu'est-ce que l'on fait avec tout
ça si on veut mettre le règlement no 5 comme Bible du classement
des enseignants à l'avenir? Nous disons non. Si on parle de
négocier dans le sens que je l'ai exprimé, le règlement no
5 sera là où les gens voudront bien le tenir mais il ne sera pas
la norme de tout.
Je vais terminer par une question. Je vais la poser au ministre, parce
qu'il est temps que l'on sache clairement où nous allons, à quoi
nous devons nous en tenir comme interprétation de la pensée
officielle.
Est-ce que le classement des enseignants pour fins de traitements
j'appelle ça la catégorisation des enseignants est
négociable sans que le règlement no 5 soit
considéré comme norme ou comme contrainte exclusive à
cette négociation?
M. LE PRESIDENT: Je permettrai au ministre de l'Education, s'il le veut,
de répondre immédiatement.
M. SAINT-PIERRE: M . Veilleux a un point à clarifier. Je vais
répondre après.
M. VEILLEUX: Avant de permettre au ministre de donner une réponse
complète. Tout à l'heure à la question du
député de Missisquoi, vous avez parlé de deux choses: vous
avez parlé de la scolarité garantie et de scolarité
garantie accrochée à un diplôme d'enseignement comme
tel.
Ensuite, vous avez fait entrer en ligne de compte les heures de cours de
recyclage.
Je reviens à la première partie: scolarité
garantie. Monsieur le représentant de la PAPT, tout à l'heure
si je me trompe, il me le dira a dit que pour lui ou pour sa
centrale, la scolarité garantie était ni plus ni moins que le
traitement garanti. En d'autres mots, si sa commission scolaire reconnaissait
17 ans pour
un papier qui en valait seize, ce n'était pas de faire
reconnaître les 17 ans comme étant le statu quo pour lui, mais de
faire reconnaître comme étant le statu quo au moins le traitement
qu'il recevait à 17 ans lorsqu'il était classifié ainsi
par sa commission scolaire.
Dans l'esprit de la CEQ, est-ce que la scolarité garantie est
exactement ce que M. Peacock de la PAPT a dit, ou si c'est une reconnaissance
continuelle des 17 ans plutôt que du traitement qu'il touchait à
17 ans? Je pose la question, et à la PACT et à la CEQ, parce que
la réponse m'a été donnée par la PAPT tout à
l'heure.
M. CHARBONNEAU: Etant donné la très grande importance que
vous semblez attacher à cette question, me permettrez-vous, ne serait-ce
qu'une minute de concertation, pour que je puisse bien répondre?
M. VEILLEUX: On pourrait peut-être, entre-temps, demander au
représentant de la PACT de donner la réponse. Je pense que c'est
là que se trouve la pierre d'achoppement...
M. PEACOCK: Je m'excuse, je n'ai pas bien saisi ce que vous avez dit. Ce
n'est pas exactement ça que j'ai dit. Il y a quand même la
fierté des gens, le cas échéant, c'est le salaire qui
compte. En même temps, on a beaucoup travaillé pendant des
années pour obtenir un certain niveau comparé aux autres. Il y a
une fierté attachée à cela, je suis en 17.
Nous ne sommes pas des enfants, mais quand même on va se trouver
inadéquat en se trouvant en seize, ou ce que vous voudrez. Les chiffres
ne comptent pas tant que ça, mais il y a la question de fierté et
de dignité professionnelle. Je n'ai pas voulu dire clairement que c'est
seulement, le traitement qui compte. Le traitement compte
énormément, mais je crois que vous avez un peu trop
simplifié ce que j'ai dit.
M. VEILLEUX: Si par exemple, M. Peacock, vous avez un diplôme, un
titre universitaire ou autre, que votre commission scolaire protestante
anglaise reconnaissait comme 17 ans dans la convention collective, et si en
réalité, vous êtes conscient que c'est effectivement 16 ans
que vous avez passés sur les bancs de l'école pour obtenir ce
diplôme, dans l'esprit de votre centrale, est-ce que, quand vous parlez
de scolarité garantie, vous dites que les 17 ans doivent continuer
à être reconnus ou si c'est le traitement que touchait
l'instituteur à 17 ans?
M. PEACOCK: On est un peuple prisonnier de notre propre passé,
les protestants, nous n'avons jamais eu de scolarité dans le
système protestant comme tel. Nous avions un système de
catégories, de 1 à 7, qui ne correspondait pas
nécessairement à la scolarité. De temps en temps, cela
correspondait mais, par exemple, on ne pouvait pas passer au-dessus de quatre
sans un diplôme universitaire. On ne pouvait pas passer au-dessus de
quatre sans un certificat de psycho-pédagogie, par exemple.
C'était un système de classement qui n'était pas
nécessairement de scolarité.
Alors, on ne peut pas dire que notre commission a reconnu 17 ans pour
quelque chose qui ne vaut que 16 ans parce qu'on ne parlait pas dans ces
termes. C'est ça que je voulais dire.
M. VEILLEUX: D'accord.
M. CHARBONNEAU: En réponse à M. Veilleux, ce dont on
convient et qui est le plus approprié à sa question, c'est qu'il
ne s'agit pas pour nous, d'abord, de vouloir protéger les salaires des
anciennes conventions collectives. Ce qu'on veut c'est que les cours de
recyclage, de perfectionnement, de méthode soient reconnus pour fins de
traitement.
Pour fins de traitement, on veut dire que
l'opération-catégorisation que j'ai décrite tout à
l'heure: classement des enseignants pour fins de traitement, bien, que les
cours soient reconnus dans cette opération. Que les cours de recyclage,
cours de méthode, cours de perfectionnement soient reconnus dans
l'opération qui s'appelle catégorisation des enseignants pour
fins de traitement.
M. VEILLEUX: Vous ne répondez pas encore à ma question.
Si, dans la convention collective, M. Charbonneau, pour tel diplôme la
commission scolaire reconnaissait quinze ans et qu'en réalité la
scolarité réelle de ce diplôme est de treize ans, par
exemple, est-ce que vous voulez, par la scolarité garantie...
M. RIOUX: Donnez un exemple.
M. VEILLEUX: ... hypothétiquement, que le type continue à
être payé dans la catégorie des quinze ans ou s'il peut,
par négociation, venir à treize ans?
M. CHARBONNEAU: Sur cette question, tout à l'heure j'ai dit
l'objectif de la scolarité garantie, ce que nous voulons. C'est que le
jeu qui a prévalu, quand cette personne a été
engagée par telle commission scolaire, ne soit pas changé sans
qu'on ait notre mot à dire par voie de négociations.
M. VEILLEUX: Vous le négociez? Vous êtes prêts
à le négocier? Merci.
M. BERTRAND: Un instant. M. Charbonneau a posé une question au
ministre. La question est très claire et précise et le ministre
pourrait nous répondre.
M. SAINT-PIERRE: Dans ma réponse, pour être très
clair, il faudrait faire une double distinction. Personnellement, je ne peux
pas voir qu'on puisse avoir des critères d'évaluation
pour fins de scolarité et avoir d'autres critères pour
fins de rémunération. Cela dit, répondre strictement...
Chaque mot est important dans votre question: Le classement des enseignants
pour fins de négociation est-il négociable sans tenir compte du
règlement no 5? Ceci m'appa-rait contraire à l'esprit qui a
toujours animé l'entente qu'on a eue. Pour vous donner un exemple,
prenez 6-1.06 et 6-1.07 où constamment on parle de "tout instituteur
à l'emploi de la commission qui possède dix-sept années de
scolarité reconnues par le comité provincial de classification
conformément au règlement no 5 du ministre". Il me semble que
faire abstraction du règlement no 5, c'est s'engager dans la jungle
complètement. Cela ne veut pas dire que le règlement no 5 est
immuable, cela ne veut pas dire qu'il ne peut pas y avoir des recommandations
pour le préciser, mais cela veut dire que le règlement no 5,
à mon sens, à moins qu'on veuille revenir dans la jungle, doit
être une base de la classification.
Une fois qu'on l'a établie en tenant compte du règlement
no 5, transposer le même exercice, si je le répétais,
toutes les décisions qu'on a obtenues par négociations, on
pourrait les prolonger et en obtenir d'autres par négociations. Mais,
quant à moi, c'est un exercice différent de dire strictement que
c'est le règlement no 5 qui est négociable. En d'autres termes
quelqu'un... Je prends un exemple ici, les diplômes qu'on a moins
cités, "An advanced intermediate teaching diploma in Quebec"
après 1942, si on lit le règlement no 5, si on n'est pas capable
de dire en soi que c'est 13 ans et par négociations, en s'inspirant
et le mot est là conformément au règlement
no 5, le mot est dans le 6-1.02 on a, par négociations,
établi que ce diplôme valait 13 ans de scolarité et on l'a
appliqué à l'échelle de la province.
Cette deuxième phase est négociable. Elle est aussi
négociable qu'en partant du règlement no 5 on pourrait, par
négociations, entre la partie patronale et la partie syndicale, trouver
d'autres décisions, d'autres catégories qu'on n'a pas eu le temps
de trouver, ou qu'on n'a pu trouver. Mais le règlement no 5, dire qu'on
oublie tout cela, qu'on n'a aucun cadre de référence, il me
semble que c'est retourner à la jungle la plus complète.
M. CHARRON: M. le Président, j'en profiterais pour demander des
précisions au ministre sur ce qu'il vient de dire, parce que c'est
vraiment important. Depuis le début des séances de cette
commission, les seuls arguments que nous ayons entendus de façon
sérieuse jusqu'à la dernière minute concernant le maintien
et l'attachement que la partie patronale a à l'endroit du
règlement no 5 étaient d'ordre strictement juridique et
légaliste à mon avis. On a fait appel, hier, dans les
mémoires de MM. Sirois et Pagé, à l'article 28 de la Loi
du Conseil supérieur de l'éducation, etc. Ce sont des choses,
à mon avis, qu'on peut remettre en question même si j'attache une
importance aussi à l'esprit de la loi.
Vous venez d'entrer dans une autre phase de défense, à mon
avis, sans exagérer, du règlement no 5, en disant que le
délaisser un peu, pour répondre à la question de M.
Charbonneau, amènerait une jungle. Nous sommes rendus à l'aspect
un peu plus politique du problème que du côté
légaliste.
La jungle qui naîtrait de cela, à votre avis, remettrait
même en question des choses déjà négociées
à l'intérieur de la convention collective, puisqu'elles s'en sont
inspirées et c'est comme cela que vous dites que c'est une jungle. Ce
sur quoi nous nous sommes déjà entendus était
déjà conforme au règlement no 5.
M. SAINT-PIERRE: Pas nécessairement. En d'autres termes, chacune
des catégories ici n'est pas venue dans l'espace de deux minutes. Il y a
eu des négociations pour établir que l'Advanced Intermediate
Teaching Diploma après 1942 réprésentait 13 ans de
scolarité...
M. CHARRON: Cela se faisait...
M. SAINT-PIERRE: ... et on s'est inspiré comme facteur important
du règlement no 5. Là où j'en suis, c'est que, même
avec un cadre que nous trouvons assez contraignant et avec plusieurs mois de
négociations, nous ne sommes pas parvenus, avec ce cadre, à
trancher tous les cas en litige. Si nous enlevons le cadre, il me semble que
là, nous perdons les points de rattachement...
M. CHARRON: A travers la défense que vous faites du
règlement no 5, c'est à mon avis, sans exagérer, toute la
politique du perfectionnement des maîtres de votre ministère que
vous êtes en voie de défendre aussi. On dirait que vous
protégez entièrement par tout cela tout l'échafaudage de
la politique de perfectionnement des maîtres du ministère. On
dirait que, si on vous enlevait le règlement no 5, vous tombez dans la
jungle et ne savez plus ce que valent les diplômes.
M. SAINT-PIERRE: Si nous enlevons le règlement no 5, quel va
être le cadre de référence par négociations par
lequel nous allons parvenir à rendre des décisions comme nous en
avons rendu dans le passé?
M. CHARRON: Est-ce que le cadre de référence n'est pas
négociable lui aussi?
M. SAINT-PIERRE: Mais ne nous engageons-nous pas dans un débat
qui ne finira plus? Cela fait deux heures...
M. CHARRON: Cela n'a pas l'air près de finir, de toute
façon.
M. LE PRESIDENT: Le ministre de la Fonction publique.
M. L'ALLIER: M. le Président, je ne suis pas intervenu dans les
questions d'éducation et je n'interviendrai pas non plus, mais nous nous
éloignons sensiblement, à mon avis, du mandat de cette commission
et aussi des causes du litige que nous sommes venus étudier ici. Nous
sommes, à toutes fins utiles, à négocier des choses qui
n'ont pas été à l'origine du moins ce
n'était pas apparent des débrayages qui ont eu lieu et du
malaise qui en a résulté. Jusqu'à ce moment, nous avons
accepté le fonctionnement du comité, la mécanique. Ce qui
n'a pas fonctionné, c'est la mécanique du comité, ce sont
les coupures de salaires ou des choses comme cela. Je pense qu'il faut d'abord
essayer même si cela parait restreindre considérablement le
débat de revenir à la dimension du problème. Il y
aura des négociations de convention collective à la fin de la
présente convention collective. Nous parlons du règlement no 5.
Ce règlement, si nous nous en tenons à ce qui a été
signé par les parties, est dans la convention collective comme un cadre
de critères d'évaluation de la scolarité, la
scolarité étant, elle, un élément de classement des
enseignants.
Au moment de la signature de la convention, le règlement no 5,
dans la convention, est reconnu comme un règlement du ministre et on dit
je répète ce qui a déjà été
dit tout à l'heure "On peut faire des recommandations au ministre
pour le changer".
Maintenant, le débat en est au point où nous sommes en
voie de modifier la convention collective sur des points comme ceux-là;
on propose de la modifier sans passer par les mécanismes prévus
dans une convention collective. C'est, à mon avis, extrêmement
dangereux pour les règles normales des relations de travail.
M. CHARRON: Oui, mais il n'y aura pas de relations...
M. L'ALLIER: II y a des mécanismes qui prévoient de
revoir, de rediscuter une convention collective. Si on peut par d'autres
moyens, à n'importe quel moment donné, soit par des grèves
ou autrement, mettre en cause le produit principal ou le service principal des
travailleurs dans une convention collective, je me demande ce que pourraient
valoir les conventions collectives futures qui seront signées. Il y a un
problème ici. On l'a vu. On l'a senti. Les parents et les enfants l'ont
senti. Il y a eu des débrayages et cela fait mal. Ce problème a
été identifié à des questions financières,
de rétroactivité. La population a réagi à cela en
disant: Ce n'est pas possible. On ne peut pas couper les salaires, etc. On l'a
ensuite identifié au fonctionnement du comité. Maintenant qu'on
parle du fonctionnement du comité, on va plus loin. On s'en va vers le
règlement no 5. C'est peut-être quelque chose qui doit être
revu. Je ne me prononce pas là-dessus. Ce n'est pas mon rôle de le
faire. Ce n'est pas le moment, à mon avis, à l'occasion d'un
problème précis qui est celui de l'application d'une convention
collective signée que d'aller dans la convention collective remettre en
cause des choses qui sont signées par les parties.
Je comprends cependant qu'on puisse, par les mécanismes qui sont
prévus dans la convention collective, revoir certains mécanismes
comme le comité de classification.
M. CHARRON: Je suis bien d'accord qu'on vise à faire marcher la
convention actuelle 9-4 que citait M. Sirois dans son exposé. J'ai
l'impression, d'après l'argumentation syndicale exposée depuis le
début de la commission, que si le gouvernement s'attache de façon
définitive au règlement no 5, ce mécanisme-là ne
fonctionnera pas parce qu'ils ne retourneront pas à la table des
négociations. Cela ne donne rien quant à eux. C'est le
règlement lui-même qu'ils remettent en question. Qu'on l'aborde!
On s'éloigne peut-être du mandat de la commission, mais on se
rapproche drôlement du problème.
M. L'ALLIER: Si on veut remettre en cause le règlement no 5 tel
qu'il est incorporé dans la convention en question, qu'on le fasse
à la fin de la convention collective au moment de la prochaine
négociation m'apparaîtrait possible pour le syndicat. Pas en cours
de convention...
M. CHARRON: Mais c'est ce que Rossignol leur a dit.
M. L'ALLIER: Rossignol, c'est oublié.
M. CHARRON: Ce n'est pas oublié parce que cela a sorti cet
après-midi. Vous êtes en train de répéter presque ce
que Rossignol a dit. Cela, on en reparlera au moment de la prochaine
négociation.
M. L'ALLIER: Pas du tout.
M. CHARRON: On peut le remettre en question le règlement no
5!
M. L'ALLIER: J'ai dit tout à l'heure qu'on peut revenir au
règlement no 5 par des recommandations au ministre.
M. CHARRON: Oui.
M. L'ALLIER: Cela est évidemment maintenu. C'est dans la
convention. C'est signé.
M. CHARRON: Ce que la commission pourrait apporter en vue des prochaines
négociations, celles qui devraient commencer la semaine prochaine,
à mon avis, sur ce sujet-là, c'est de déblayer ici la
façon dont le gouvernement entend défendre son règlement
no 5. Ils pourront négocier après, mais la commission devrait
permettre d'indiquer de façon évidente devant
tout le monde si le règlement no 5 est pour le ministère
une question de vie ou de mort sur laquelle ils ne reculeront jamais ou bien
s'ils sont prêts à le reprendre avec la partie syndicale au cours
des négociations.
M. L'ALLIER: Le règlement no 5...
M. CHARRON: La commission devrait mettre cela au clair.
M. L'ALLIER: Si j'ai bien compris on me corrigera si ce n'est pas
exact le règlement no 5, ce sont des critères
d'évaluation de scolarité. Ce n'est pas...
M. CHARRON: Oui.
M. L'ALLIER: ... en soi relié au traitement; mais pour fins
d'évaluation de traitement, pour fins de classification pour fins de
traitement, on réfère au règlement no 5 parce que la
scolarité, comme l'expérience, sont des éléments de
classement.
M. CHARRON: C'est ça. C'est ça.
M. LE PRESIDENT: Si vous le permettez, le député de
Missisquoi d'abord.
M. BERTRAND: Pour continuer dans la même veine que le
député de Deux-Montagnes, on est ici pour examiner ce
problème et voir s'il n'y a pas d'autre recours.
H y en a un dans l'article 9-4.01, en cas de mésentente au cours
de la convention. Mais j'ai compris qu'on s'était rencontré
à ce sujet. Est-ce qu'on s'est rencontré?
M. CHARBONNEAU: Oui.
M. BERTRAND: Parce que l'article est clair: "La commission et le
syndicat conviennent de se rencontrer de temps à autre à la
demande de l'un ou de l'autre pour discuter de tout problème pouvant
survenir entre eux et adopter les solutions appropriées." Il y a eu des
rencontres. Une ou des solutions appropriées n'ont pas été
trouvées. Il semble que le problème et c'est
là-dessus qu'on le fait porter c'est le règlement no
5.
Si le règlement no 5 est là tout simplement comme un
élément, avec d'autres comme vous avez dit, M. Charbonneau, pour
permettre d'établir la catégorisation c'est bien
ça? vous l'acceptez. Un élément, parmi d'autres,
servant de critère.
Vous êtes prêt à continuer à
négocier.
M. CHARBONNEAU: Nous sommes prêts à entreprendre les
négociations dans ce sens-là.
M. BERTRAND: Entreprendre les négociations.
M. L'ALLIER: C'est un élément qu'on n'a pas à
démontrer pour l'instant.
M. BERTRAND: Je ne porte pas de jugement, je pose une question pour
savoir exactement si c'est bien ça.
M. CHARRON: Si je vous demandais, M. Charbonneau, quels sont les autres
éléments que vous accepteriez comme base, avec le
règlement no 5, pour entreprendre les nouvelles négociations?
Est-ce que vous, de votre côté, la partie syndicale, vous avez
aussi votre règlement no 5?
M. CHARBONNEAU: Non, nous nous en gardons bien, n'ayant pas de pouvoir
administratif. Mais nous avons d'autres éléments, qui sont du
même genre que ceux qui ont prévalu, par exemple: quand j'ai fait
la preuve que dans 6-1.01 il y a des scolarités, au sens du
règlement, inférieures à 12 ans et qui sont
classées à 12 ans, qu'est-ce qui a prévalu comme
argumentation? Je n'étais pas là, mais il y a des arguments
établissant les équivalences à un certain moment, parce
que les systèmes d'étude se sont modifiés à travers
l'histoire du Québec.
M. BERTRAND: Est-ce qu'en principe et globalement vous acceptiez ces
catégories?
M. CHARBONNEAU: Oui. Evidemment, vous avez pu remarquer que, dans
certaines de ces catégories, tout de même, intervient la mention
explicite du règlement no 5, avec cette réserve que j'ai
soulignée tout à l'heure.
M. BERTRAND: Admis.
M. LE PRESIDENT: Si vous permettez maintenant, c'est au tour du
député de Saguenay.
M. LESSARD: Moi, j'ai l'impression que si on s'en tient strictement,
comme on semble vouloir le faire, au légalisme, nous sommes tout
simplement dans une impasse et la commission n'aurait plus rien à faire
là-dedans. Il reste quand même qu'on semble faire une distinction
nette entre les catégories, le salaire et le règlement no 5.
Même si on négocie des salaires, on peut bien négocier des
15, 16, 17, 18 ans de scolarité. On va négocier des 25 ans,
à un moment donné si on veut...
M. L'ALLIER: Par période de négociations.
M. LESSARD: Oui d'accord, mais si, par exemple, le ministre
établit par la suite un règlement non négocié et
dit: Voici, en vertu de votre règlement, vous tombez dans la
catégorie de 15 ans ou de 16 ans, alors que réellement le gars
était dans la catégorie de 17 ans, cela a changé quoi
cette affaire-là? Le ministre peut
bien négocier une échelle de salaires très
élevée, mais s'il détermine ensuite où le gars va
se classer à l'intérieur de ça, qu'est-ce que cela va
donner? A un moment donné le gars se réveille et son
échelle de salaires, en réalité, il ne l'a pas
négociée, parce que c'est le ministre qui décide en
dernier ressort.
Deuxième chose, comment voulez-vous qu'on négocie à
partir d'un règlement no 5, quand ce règlement a
été fait à partir d'une réalité qui
n'existait pas au moment où il y avait des enseignants qui vivaient dans
un milieu donné avec une organisation donnée de cours ou
d'enseignement?
Une fois que tout ça a été fait et que tout le
fouillis a été fait, on dit: Voici, on va appliquer un
règlement très strict. Si le règlement aujourd'hui peut
facilement fonctionner à la suite de la coordination qui s'est
créée depuis quelques années à l'intérieur
des cours d'enseignants, dans le passé cela n'existait pas. Le
règlement no 5 ne tient pas compte du tout du passé, du fait
qu'il y avait certains enseignants qui ont suivi des cours, à la demande
de la commission scolaire. Les gens ont payé pour cela et ils ont aussi
donné du temps pour y travailler. Aujourd'hui, on leur dit: Voici, vous
avez travaillé pendant X années, vous avez suivi des cours qui
étaient reconnus à ce moment-là par la commission scolaire
mais ce ne sont pas nécessairement des cours terminaux. On vous dit :
Ces cours ne s'inscrivent plus à l'intérieur du règlement
no 5. C'est là qu'est le problème fondamental.
Si on s'en tient essentiellement au légalisme du règlement
no 5 on n'en sortira jamais. Il faut en arriver à un accord avec les
recommandations. Quand on dit "recommandations", on veut bien savoir quelles
sont les recommandations que le ministre voudra accepter à
l'intérieur de cette chose-là. Il faut quand même accepter
que le passé n'est pas comme le présent. Il y a eu des
changements depuis quelques années.
M. L'ALLIER: Et le futur sera différent du présent.
M. LE PRESIDENT: Le ministre de l'Education.
M. SAINT-PIERRE: Cela prouve justement la nécessité, le
plus rapidement possible, d'obtenir une classification des 70,000, qui sera
gelée et respectée par toutes les parties. De la même
façon, vous parliez de baisser la scolarité reconnue, on pourrait
aussi dire l'inverse. Si cela peut faire plaisir aux enseignants de dire,
demain matin, que tout le monde va avoir 20 ans, c'est évident que la
prochaine convention collective, pour la partie patronale, ce sera un
critère reconnu. Au lieu d'avoir une échelle qui tente de
respecter équitablement les études antérieures et les
qualifications des enseignants, on part du principe qu'il y en a 70,000 qui ont
20 ans de scolarité et l'offre monétaire va être en
fonction de ce principe.
Je trouve très important que la classification soit
réglée avant d'engager les débats pour la prochaine
convention collective.
Je soulève un autre point. On demandait à M. Charbonneau
s'il avait l'équivalent d'un règlement no 5. Vous avez un
équivalent du règlement no 5. Si je comprends bien votre
position, vous aimeriez que l'on puisse abolir dès demain matin le
règlement no 5 et dire que le règlement no 5-A du
ministère, ce que vous appelez la scolarité garantie, soit la
scolarité la plus avantageuse pour un enseignant: convention
intérieure, bill 25, classification provisoire, décision du CPC.
C'est votre règlement no 5?
M. CHARBONNEAU: Nous l'espérons.
M. SAINT-PIERRE: Lorsque vous demandez ça comme compromis
syndical, il faut être pratique. C'est ce que vous voulez dire?
M. RIOUX: Plus on avance moins ils comprennent, c'est
extraordinaire.
M. CHARBONNEAU: Je vais me reprendre quand même.
M. SAINT-PIERRE: Vous êtes découragé?
M. CHARBONNEAU: Je ne suis pas découragé mais j'ai
quasiment l'impression que, si on avait le relevé des notes que j'ai
exprimées depuis quatre heures cet après-midi... Je vais me
reprendre. Je ne sais pas par quel bout.
Lorsque nous parlons de scolarité garantie, cela ne veut pas dire
que l'on veut généraliser à toute la province les pointes
qui se trouvent dans certains milieux. Pointe veut dire situation plus
avantageuse pour tel enseignant dans telle commission scolaire que ce qui
prévaut généralement dans la province. Exemple, dans telle
commission scolaire, on me donnait tout à l'heure le cas de Chambly
où on reconnaissait 17 ans de scolarité.
A telle scolarité qui est habituellement reconnue à seize
ans, c'est la composition d'un brevet A. Un BA, avec un baccalauréat en
pédagogie ça vaut ordinairement seize ans dans la province. Dans
6.1...
M. SAINT-PIERRE: Cela vaut seize ans.
M. CHARBONNEAU: Cela vaut seize ans. A Chambly, par la convention,
ça valait 17 ans. On ne vous demande pas qu'à l'avenir ce soit 17
ans partout dans la province, pour telle scolarité.
M. SAINT-PIERRE: Mais, je m'excuse, c'est très important, vous
demandez par contre...
M. RIOUX: Laissez-le donc finir.
M. SAINT-PIERRE: Si ça ne vous fait rien, le débat, on va
le...
M. LE PRESIDENT: Je permettrai au ministre de l'Education d'intervenir
pour clarifier ce point. M. Charbonneau continuera par la suite. Je pense bien
que vous ne perdrez pas nécessairement le fil de votre pensée,
à cause de l'intervention du ministre de l'Education.
M. SAINT-PIERRE: Pour moi, c'est très important, mais est-ce que,
par le système de classement que vous proposez, vous voulez dire, parce
que c'est un cas intéressant, que ce que vous demandez, c'est qu'on
perpétue, qu'on statue pour l'avenir qu'un BA, un bacalauréat es
arts avec un brevet A, à Chambly, vaudra 17 ans, et qu'ailleurs dans la
province, ça vaudra seize ans?
M. CHARBONNEAU: Pour fins de traitements, pour les personnes qui ont
connu ce genre de conditions à leur emploi, qui sont encore là,
oui, ça veut dire ça, pour fins de traitements.
M. SAINT-PIERRE: Comment peut-on justifier une négociation
provinciale si, pour le même diplôme, obtenu dans le même
temps, un type qui est à Chambly a 17 ans, et un autre dans la province,
seize ans?
M. CHARBONNEAU: La négociation peut être provinciale, mais
le nivellement n'est pas automatique en soi, et les conditions qui ont
prévalu lors de l'embauche de cette personne doivent se modifier par la
négociation, et graduellement. C'est ça que ça veut dire,
l'objectif de scolarité garanti, et le respect des situations
établies par l'ensemble de vos officines locales, auxquelles on ne
pouvait rien. Ce sont les commissions scolaires que j'appelle comme
ça.
M. SAINT-PIERRE: Mais le but de la négociation était
justement, M. Charbonneau, de tenter, avec des normes équitables et
justes, d'avoir des normes provinciales.
M. CHARBONNEAU: Equitables, mais non pas légales.
M. SAINT-PIERRE: II était à prévoir une
période de transition au plan des traitements, que les gens avaient
leurs traitements protégés. On protégeait même une
augmentation minimum de 5 p. c. chaque année, et, pour l'autre
convention collective, un BA avec un brevet A, valait seize ans partout dans la
province.
M. RIOUX: II a été reconnu à 6-5.08.
M. CHARBONNEAU: Quand vous parlez d'équité, je comprends
que vous employez un mot que vous voulez juste, mais ça ne veut pas
nécessairement dire égalité du jour au lendemain.
L'équité, pour la personne en question, consiste à ne pas
voir ses conditions de travail changées sans qu'elle ait eu à
intervenir par voie de négociations, par son syndicat, et par
l'organisme provincial qui la représente. C'est cela que j'appelle
l'équité, et le bon sens en relations de travail
également.
M. SAINT-PIERRE: Je vous remercie.
M. CHARBONNEAU: L'égalité, c'est autre chose.
M. BERTRAND: Prenons le même cas. Que ce bonhomme de Chambly s'en
aille enseigner l'année suivante dans une autre régionale,
combien d'années de scolarité lui seraient reconnues?
M. CHARBONNEAU: Ce qui vaut provincialement.
M. SAINT-PIERRE: II perdrait donc un an parce qu'il aurait changé
de commission scolaire.
M. CHARBONNEAU: J'ai dit que ce que j'appelais ici la scolarité
garantie, c'était pour la personne dans telle commission scolaire et
qu'elle y reste. Si la personne change d'employeur...
M. LE PRESIDENT: Je m'excuse...
M. CHARBONNEAU: Remarquez que nous pourrions demander plus.
M. LE PRESIDENT: Excusez-moi, M. Charbonneau. M. Sirois, est-ce que
votre intervention était sur ce point précis? Sur ce point
précis seulement? Par la suite, nous permettrons à M. Charbonneau
de continuer. Je m'excuse, mais...
M. SIROIS: C'est sans doute sur le règlement no 5 que nous
discutions.
M. LE PRESIDENT: Pardon?
M. SIROIS: Par rapport au règlement no 5.
M. LE PRESIDENT: Ce n'est pas sur ce point particulier. Je pense donc
qu'il serait juste de laisser terminer M. Charbonneau. Par la suite, nous vous
permettrons de vous expliquer. M. Charbonneau, je m'excuse, mais allez-y.
M. CHARBONNEAU: Ce que j'essaie de dire qu'il faut obtenir dans le cas
de ce que j'appelle la scolarité garantie, le principe en est
déjà dans 6-5.08. Il y a déjà là les jalons
de ce qu'on peut appeler un nivellement progressif ou une standardisation
atteinte progressivement. C'est déjà là, comme principe
prévalant, à 6-5.08. Ce que nous voulons, c'est que ce ne soit
pas par le mauvais fonctionnement d'un comité réapproprié
aux mains exclusives de la partie patronale.
Ce que nous voulons, c'est que ce qui est dans l'esprit de 6-5.08 soit
fait par voie de négociations, même si c'est difficile. M. le
Président, M. Saint-Pierre, je pense, avait entrepris de répondre
à ma question en posant quelques distinctions. Par les notes que j'ai pu
prendre, je ne me fais pas encore l'idée de sa réponse. Est-ce
que je peux y revenir? Est-ce qu'on pourrait revenir à cette question?
Est-ce qu'il faut que je la reformule?
M. LE PRESIDENT: Si vous n'êtes pas satisfait de la
réponse, reformulez votre question.
M. CHARBONNEAU: C'est parce qu'il a entrepris... moi-même,
n'aimant guère être coupé dans le milieu de mes
réponses, je pense que M. Saint-Pierre serait aussi insatisfait d'avoir
donné une demi-réponse à ma question qui était
complète. Est-ce que le classement des enseignants pour fins de
traitements, c'est-à-dire la catégorisation des enseignants est
négociable sans que le règlement no 5 ne soit
considéré comme une norme, une contrainte exclusive, un cadre
prédéterminant le jeu de cette négociation?
M. SAINT-PIERRE: Je crois que tantôt on pourra reprendre le
journal des Débats, je crois tantôt avoir répondu à
la question.
M. CHARBONNEAU: Dans quel sens?
M. SAINT-PIERRE: Dans le sens que le règlement no 5 pour les fins
d'évaluation demeure le critère qu'on s'est donné, le
cadre qu'on s'est donné. L'offre patronale récente est
allée encore plus loin puisqu'elle a ajouté, dans la
classification, les contraintes qu'on a pu... tous les points sur lesquels on a
pu conclure un accord, 6-1, enfin tout le chapitre 6. Addition-nellement, on a
vu d'autres mécanismes.
Ce que je vous dis c'est que le passage d'un critère
d'évaluation à la catégorisation, c'est
négociable.
M. RIOUX: Est-ce que cela veut dire que c'est négociable?
M. SAINT-PIERRE: Pardon?
M. L'ALLIER: Voulez-vous le laisser finir?
M. SAINT-PIERRE: Ce que je veux dire c'est que le même
mécanisme qui a joué pour obtenir dans l'entente les
catégories 6-1.01 à 6-1.09, c'est négociable. Cela peut se
poursuivre et j'aimerais, moi, que ce soit poursuivi pour tous les
diplômes. Mais dans la même entente que... et pour chacun de
ceux-là, vous voyez qu'on fait une référence au
règlement no 5.
M. CHARBONNEAU: Est-ce que ça veut dire...
M. SAINT-PIERRE: Je m'excuse... si ce qu'on veut dire, si c'est
négociable ou non, que 6-1.05, si un bac ès arts avec un brevet A
cela vaut 17 ans à Chambly et 16 ans ailleurs dans la province, pour cet
instituteur, ce n'est pas négociable. Je répète ce que
j'ai dit ce matin, le bon sens ce n'est pas négociable.
M. CHARBONNEAU: Non, mais c'est bien partagé autour d'une table
de négociations, d'habitude. C'est ce qu'il y a de partagé avec
le plus d'égalité dans le monde, le bon sens.
Le ministre Saint-Pierre, dans son échange avec le
député Lessard et le député Charron, tout à
l'heure, a bien dit qu'il serait prêt à poursuivre la
négociation du classement des autres diplômes que ceux qui sont
dans 6-5.08, poursuivre cette négociation de la même
manière qu'on a procédé pour ceux qui sont dans 6-1.
Est-ce que le ministre a bien dit cela on a cru comprendre mais
admettez que l'échange se faisait plutôt entre vous. Est-ce que le
ministre Saint-Pierre a bien dit qu'il serait prêt à poursuivre la
négociation du classement des autres diplômes de la même
façon qu'il a négocié ceux qui sont rendus dans 6-1
aujourd'hui?
M. SAINT-PIERRE: Je l'ai répété ce matin, je ne
suis pas autorisé à parler pour la partie patronale. J'ai dit: On
ne fait pas de la négociation ici et moi, je ne représente pas la
Fédération des commissions scolaires, je ne représente
même pas la Commission de la fonction publique. Si, pour vous, cela vous
semble un bon filon dans la négociation avec la table patronale, je
trouve, suivant 9-4, qu'on devrait retourner à la table et explorer
cela. Je ne vois pas pourquoi on ne peut pas continuer cela.
M. CHARBONNEAU: II ne faudrait pas se raconter d'histoires, M.
Saint-Pierre. La partie patronale de la table des négociations, nous, en
la rencontrant à quelques reprises, nous nous sommes aperçus
qu'elle avait besoin d'un mandat plus large que celui qu'elle avait
jusqu'à maintenant pour faire un travail convenable, un travail qui
s'appelle de la négociation, un mandat, soit plus clair, soit plus
permissible, soit plus convenable je l'appelle comme cela un
mandat qui lui permette vraiment d'aborder cette question du classement 6-5.08
dans un esprit de négociation et non pas seulement dans un esprit de
dire: Le règlement no 5 dit cela et si ce que vous demandez n'est pas
conforme au règlement no 5, on n'en veut pas. Ce n'est pas de la
négociation, c'est jouer dans un cadre
prédéterminé, un règlement ministériel dont
l'interprétation est gardée exclusivement à la partie
patronale. Et cela, ce n'est pas de la négociation. Si vous n'êtes
pas en mesure de répondre au nom de la partie patronale, je vais
demander à M. L'Allier,
ministre de la Fonction publique, de me donner son opinion
là-dessus et je veux inviter les députés à le
questionner sur cette partie du jeu. D s'en tire fort bien jusqu'à
maintenant, ils n'ont pas de questions.
M. BERTRAND: M. Sirois demande la parole.
M. LE PRESIDENT: Laissez donc M. Sirois, qui représente la partie
patronale, s'exprimer sur cette question. Un peu d'ordre, s'il vous
plaît!
M. SIROIS: On parle depuis tantôt: Est-ce que c'est
négociable? Est-ce qu'on peut mettre cela en catégories? Est-ce
qu'on peut inscrire autre chose dans 6-1 que ce qui est là, tout cela,
sans tenir compte du règlement ou en en tenant compte?
Je pense que si on avait une réponse précise à la
question que je vais poser à M. Charbon-neau, cela nous guiderait
peut-être. Je demande simplement si la partie syndicale est prête
à discuter à l'intérieur de la masse salariale convenue
actuellement parce que, lorsque cela a été convenu, il y a quand
même une masse salariale qui a été engagée. Cette
masse salariale a été engagée sur la base du
règlement no 5.
M. RIOUX: Ce n'est pas par le règlement, c'est par la
classification...
M. SIROIS: Je ne vous parle pas à deux sous près...
M. LE PRESIDENT: Excusez-moi, M. Sirois. Je prierais, s'il vous
plaît, les gens de ne pas intervenir immédiatement. Vous aurez
amplement l'occasion d'intervenir à demande. M. Sirois.
M. SIROIS: II reste justement à préciser que, lorsque la
partie patronale a convenu de cette convention, elle a convenu d'une masse
salariale. Je suis bien d'accord que la masse n'est pas
déterminée à $5 près, mais les gens savaient grosso
modo combien coûterait cette histoire. Les budgets ont été
faits je dépasse mon rôle , mais j'imagine que les
budgets ont été faits en conséquence. La question que je
pose est de savoir si la partie syndicale et je la pose aux trois
corporations d'enseignants, pas seulement à la CEQ est
prête à discuter à l'intérieur de la masse salariale
déjà convenue.
M. LE PRESIDENT: M. Charbonneau.
M. CHARBONNEAU: C'est une question à laquelle il est impossible
de répondre parce qu'on ne connaît pas cette masse.
Deuxièmement, cette masse est peut-être établie au niveau
de ceux qui calculent les dépenses ou les investissements en
éducation du gouvernement du Québec, mais, pour nous, ces
règles nous échappent. Je ne suis pas en mesure de
répondre à une question d'un porte-parole. J'ai posé une
question à ceux qui donnent les mandats au porte-parole. D'accord? M.
Sirois, quand il se présente à nous nous dit et de cela je
ne lui en veux pas, personne ne peut lui en vouloir: Je suis le porte-parole
d'une partie patronale composée du gouvernement, des commissions
scolaires catholiques et protestantes et je détiens un mandat. C'est des
gens qui donnent des mandats au porte-parole de la partie patronale, c'est que
nous désirons avoir des orientations. Parler de masse salariale à
ce moment-ci de la discussion, moi, je trouve que cela constitue un peu une
manoeuvre de diversion. J'ai posé des questions aux ministres au
pluriel, si cela ne fait pas au singulier. M. L'Allier est invité
à répondre, quant à moi, et ensuite les commissions
scolaires. Je ne vois pas de représentant politique, en tout cas je n'en
connais pas, mais il y a peut-être des gens qui peuvent parler au nom de
la Fédération des commissions scolaires ici et, peu à peu,
je pense, le porte-parole en négociations pourra se faire une
idée de son mandat. Nous aussi, nous pourrions savoir que, lorsqu'on
parle à M. Sirois, il y a des gens en arrière qui lui ont
donné des orientations. C'est au niveau des orientations qu'on veut
discuter devant une commission parlementaire. Ce n'est pas de la masse
salariale, il y a d'autres instances pour discuter de la masse salariale.
M. BOSSE: Le député de Frontenac désire la
parole.
M. LATULIPPE: J'aimerais poser une question à M. Sirois. Quelle
conception se fait-il exactement de son mandat, parce que cela a
été remis en cause par M. Charbonneau et aussi par M. Parent et
également par le représentant de la FTQ, M. Laberge?
M. LE PRESIDENT: Y a-t-il une réponse à la question du
député de Frontenac?
M. SIROIS: Je représente trois parties et je prends les mandats
que ces parties me donnent. J'arrive à la table avec un mandat conjoint
et, quand je parle, cela veut dire que c'est la position commune. Pour cette
raison, il y aurait peut-être lieu de renvoyer la balle et
peut-être le porte-parole syndical pourrait-il répondre à
ce moment-là.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saguenay.
M. LESSARD: M. Sirois, vous avez dit tout à l'heure que les deux
parties avaient convenu d'une masse salariale. Comment pouvez-vous dire que les
deux parties avaient convenu d'une masse salariale?
M. SIROIS: J'ai dit que la partie patronale avait engagé une
masse salariale, parce qu'il y a
quelqu'un qui paie. Ce n'est pas convenu, cela n'est signé que
d'un côté, ce n'est pas convenu. Elle est signée, la
convention. Le gouvernement, les commissions scolaires ont quand même
engagé de l'argent dans cela, il faut payer les enseignants sur quelque
chose, les gars ont convenu de les payer premièrement sur la base de la
convention, 6.01, et sur la base du règlement no 5. Le règlement
no 5 est en soi un règlement qui dit qu'on va payer sur la base des
qualifications des gens.
Nous paierons sur cette base: à qualification égale, il y
aura salaire égal. Si nous voulons dire, par négocier, prendre un
type qui a 12 ans et le mettre dans la catégorie 14...
M. LESSARD: Je n'ai jamais dit cela.
M. SIROIS: ... je dis que, si c'est ce que nous voulons dire, j'essaie
de savoir, moi aussi, exactement ce que nous voulons dire. J'ai cru saisir
tantôt, pour le moins, que nous maintenions la scolarité la plus
avantageuse. H y a eu un exemple très précis, le cas de Chambly,
où on s'est dit: Vu qu'une personne avait 17 ans à Chambly avant
le bill 25, elle continuera à avoir 17 ans. Puis, ailleurs, à la
CECM on paiera une autre personne à 16 ans. Ces deux personnes ont la
même qualification. L'esprit de tout cela, au moins, pas seulement au
moins, la partie syndicale n'est pas d'accord sur la parité de salaires,
ces gens se sont battus pour la parité de salaires, et tout à
coup il n'y a plus de parité de salaires. Quant à ces
gens-là, les enseignants, M. Laliberté, à l'époque
était drôlement pour cela, la parité de salaires !
Franchement, personnellement, je suis renversé de voir que nous n'en
voulons plus. C'est une question de justice pour les enseignants, c'est une
question d'équité.
M. LE PRESIDENT: M. Rioux avait demandé la parole, elle est
à vous maintenant.
M. RIOUX: Si nous devons négocier sur la base d'une masse,
j'aimerais savoir combien la masse? Qu'est-ce que cela veut dire, dans la
tête de M. Sirois, même si cela n'est pas important dans le
débat? Lorsqu'il dit que M. Laliberté était d'accord avec
la parité de salaires... M. Laliberté ne savait pas à
l'époque quel sort nous réservait le CPC. Il ne le savait pas. Il
n'y a pas une des parties qui ont signé l'entente, qui avaient un doute
méthodique peut-être y en avait-il quelques-unes, mais ce
n'était pas de notre côté sur ce qui pourrait
arriver aux enseignants en termes déclassification. Personne ne le
savait. Personne ne savait non plus quel sort on allait réserver aux
cours de perfectionnement et de recyclage. Il n'y a pas un singe qui savait,
non plus, le sort que l'on réservait aux
Néo-Québécois que l'on a fait venir ici sous de fausses
représentations. M. Laliberté ne le savait pas non plus. M.
Sirois ne nous fera pas pleurer avec son histoire. Les problèmes ont
été posés clairement. M. Saint-Pierre, je crois, avait
com- mencé à esquisser une réponse qui commençait
à être claire. Je pense qu'il ne faut pas dévier du
débat. Est-ce que oui ou non? Nous pouvons travailler dans un cadre de
négociations, avec le règlement no 5, bien sûr, comme un
élément, n'étant pas la contrainte et n'étant pas
l'élément essentiel et exclusif. Cela me parait être le
noeud de la question. Lorsque M. L'Allier dit que nous nous éloignons,
quant à moi, je dis que nous ne nous éloignons pas, M. L'Allier,
nous sommes en plein dedans, c'est vraiment dedans que nous sommes; nous sommes
dans le meilleur. Toute tentative, toute manoeuvre de diversion serait
interprétée, de notre part, comme de la
malhonnêteté. Nous y sommes et cela commence à être
bon.
M. LE PRESIDENT: M. le député de Saint-Jean, d'abord.
M. VEILLEUX: Enfin, comme le dit M. Rioux, il est dans le noeud du
problème. Tout à l'heure, à une question du ministre de
l'Education, le représentant de la CEQ, M. Charbon-neau, disait que, par
exemple, dans le cas précis qu'il a donné, la position de la CEQ
pour Chambly, avec un baccalauréat ès arts, brevet A et un
baccalauréat en pédagogie, c'était dix-sept ans. Dans son
esprit, la scolarité garantie c'était que le professeur continue,
tant qu'il demeure à Chambly, à être à dix-sept
ans.
A côté de cela, M. Charbonneau, vous m'avez dit, avant le
souper et je vous ai posé clairement la question: Est-ce que vous
visez à l'uniformité provinciale? Vous m'avez répondu:
Oui. Alors, comment pouvez-vous concilier l'uniformité provinciale quand
vous voulez garder un statut, par exemple, aux enseignants de Chambly à
dix-sept ans? Je vous pose la question? Je suis perdu.
M. LE PRESIDENT: M. Charbonneau.
M. CHARBONNEAU: D'après moi, c'est une question qui a surtout une
valeur pédagogique. Elle va me permettre d'expliciter, encore une fois,
que ce que j'appelle la scolarité garantie, est dans le but de pouvoir
respecter les situations détenues, prévalant, pour certaines
personnes vis-à-vis de certains employeurs.
L'uniformisation, l'égalité et la standardisation sont des
objectifs qui seront réalisés progressivement, mais à
peut-être 80 p. c. ou 90 p. c. dès l'établissement de ces
normes. Mais les 5 p. c. ou 10 p. c. de situations au-delà des
normes...
M. VEILLEUX: Mais M. Charbonneau...
M. CHARBONNEAU: ... prévaudront pour ces personnes tant qu'elles
seront à l'emploi de ces employeurs. C'est bien simple et c'est
compatible.
M. VEILLEUX: En quelle année, M. Char-
bonneau, Chambly a-t-il perdu cette affaire-là de 17 ans?
M. CHARBONNEAU: Je ne sais pas. M. VEILLEUX: Après le bill
25.
M. SAINT-PIERRE: On tente de cerner le problème. Je me permets
d'aller un peu plus loin dans le futur. On a eu des débrayages et on
sait ce que cela a fait sur le plan de jours-élèves qui ont
été perdus, pour le point que vous avez soulevé. Je vous
pose la question, je vous donne un cas: Est-ce qu'hypothétiquement on
peut dire que la charge d'enseignement, au niveau provincial, suivant
l'entente, dans le moment, est à peu près, au niveau secondaire,
22 heures par semaine? Est-ce que c'est exact? Est-ce moins ou plus?
M. PEACOCK: Excusez-moi, M. Saint-Pierre, vous devez savoir que les
protestants travaillent 27 périodes et demie par semaine.
M. SAINT-PIERRE: Mais la charge au niveau provincial suivant
l'entente... Je vous donne cela comme exemple, à supposer que c'est 22
heures et dans l'hypothèse que la régionale des Mille-Iles en
1967, c'était 14 heures, est-ce que dans trois semaines d'ici vous ne
pourriez pas commencer de nouveau des débrayages pour dire: C'est la
charge d'enseignement garantie?
M. RIOUX: Cela est prévu.
M. SAINT-PIERRE: Oui. Je sais que c'est prévu. Mais il y a
d'autres choses qui sont prévues et qu'on remet en question.
M. LE PRESIDENT: M. Rioux, pouvez-vous répondre à cette
question?
M. RIOUX: M. Saint-Pierre, si la charge d'enseignement à
Montréal, par exemple, 21.5 périodes ou 22, si vous me sortez un
règlement, appelez-le 7 si vous voulez par exemple prenons les
régimes pédagogiques puis si vous venez changer les
conditions de travail des professeurs, comme on les change avec le
règlement no 5 et comme probablement on changera le statut des
enseignants avec le règlement no 4 au rythme où on va, si vous
édictez un règlement qui vient changer les conditions de travail
des enseignants, moi, je vous dis qu'il est possible qu'il y ait d'autres
grèves.
M. SAINT-PIERRE: Un instant. Vous ne m'avez pas répondu. Le
nouveau règlement dont vous me parlez n'est pas dans la convention, mais
le règlement no 5, on l'a mis comme annexe et on s'en est servi comme
terme de référence pour régler le problème de la
classification...
M. RIOUX: Oui, mais écoutez...
M. SAINT-PIERRE: ... la première fois, des 70,000
enseignants.
M. RIOUX: ... sur la charge de travail dans l'enseignement, M.
Saint-Pierre, il n'y a pas de clause ouverte dans la convention collective.
Cela a été réglé. D'accord? Là, on vous
parle d'un problème où il y a une clause ouverte. Ce n'est pas
réglé. Le problème est entier. D'autre part, je vous dis
aussi que, sur les conditions de travail, il n'y a pas un règlement qui
pourrait s'appeler 7 et qui va venir changer les conditions de travail, alors
que, pour la qualification, vous avez le règlement no 5.
M. LE PRESIDENT: Le député de Deux-Montagnes avant, si
vous permettez, le député de Deux-Montagnes avant...
M. CHARBONNEAU: C'est la même réponse que je veux donner.
Nous travaillons ensemble.
M. LE PRESIDENT: Cela ne fait rien. Si vous le permettez, le
député de Deux-Montagnes avant. Ensuite, on vous parlera.
M. L'ALLIER: Un petit point, parce qu'on vient de parler de
règlement éventuel possible no 7, etc. et on a dit, par exemple,
que pour la charge scolaire c'était prévu. Il n'était pas
question de cela. Je voudrais poser une question à M. Sirois
là-dessus, ou à n'importe laquelle des parties. Est-ce que l'an
dernier à Montréal il n'y a pas eu de débrayages sur la
question de la présence à l'école? Il n'y en a pas eu?
M. RIOUX: Non. Il y a eu des problèmes, M. L'Allier, sur le
travail clérical.
M. L'ALLIER: Sur la question de la présence à
l'école, il n'y a jamais eu de débrayage.
M. SIROIS: Non. Ailleurs, peut-être. D'après les
informations que je tiens de la CECM, il y en a eu.
M. L'ALLIER: Parce que là, ce n'était pas une question de
débrayer.
M. SIROIS: Je sais pertinemment qu'à cette occasion-là on
a discuté du travail de bureau. C'est exact. Mais c'était de la
présence à l'école aussi. D'après mes
renseignements, c'est cela.
M. RIOUX: M. Sirois, vous vous égarez, encore une fois.
M. SIROIS: De toute façon, il y a eu débrayage l'an
passé.
M. LE PRESIDENT: Le représentant des écoles
protestantes.
M. PEACOCK: M. le ministre, je trouve étrange que toujours vous
parliez de la charge, comme si c'était encore en question. Le fait est
que les protestants, comme je l'ai dit, travaillent 27 heures et demie. Nous
n'avons pas fait de grève pour cela. Mais vous-mêmes, je parle du
gouvernement, quand Chambly a refusé de signer l'entente, vous avez
consacré un bill à leur égard qui leur a donné une
charge nettement inférieure à la nôtre. C'est injuste. Avec
votre passion pour l'égalité, je me demande pourquoi vous avez
mis dans une annexe des charges d'enseignement différentes dans la
province. Mais on ne fait pas la grève pour cela. Ce n'est pas nous qui
faisons la grève pour ça.
Mais ce sont des choses qui paraissent, et ça fait deux fois que
vous faites mention de ça, comme si vous vouliez nous suggérer
encore de faire des grèves, nous en avons assez, monsieur! Mais une
chose extraordinaire, c'est qu'on n'a pas fait la grève pour ça;
vous-même, votre gouvernement acceptez une charge différente
partout.
M. SAINT-PIERRE: Vous allez peut-être en sortir. J'en suis au fait
que, si vous maintenez le principe que des droits acquis c'est de
ça qu'on parle qui étaient dans des conventions
collectives antérieures, cela déborde strictement la
classification et la charge d'enseignement. Je reconnais que la charge n'est
pas la même, mais il y en a certains qui pourraient dire: On avait des
droits acquis pour avoir 14 heures par semaine, maintenant nous en avons 22.
Donc nous faisons la grève.
M. CHARRON: C'est un point sur lequel...
M. LE PRESIDENT: M. Charbonneau, s'il vous plaît.
M. CHARRON: ... les parties se sont entendues. Mais la question de la
classification c'est encore un point ouvert...
M. LE PRESIDENT: Je demanderais au député de
Saint-Jacques...
M. SAINT-PIERRE: Ouvert avec un mécanisme bien prévu pour
le fermer. C'est ça qui n'a pas marché.
M. CHARRON: Cela n'a pas marché. UNE VOIX: Donc on ne se fermera
pas. M. LE PRESIDENT: S'il vous plaît...
M. CHARRON: Pas de mécanisme pour régler le cas des
charges, c'est réglé.
M. LE PRESIDENT: S'il vous plaît, à l'ordre!
M. Charbonneau, c'est à votre tour sur le même point que M.
Rioux, puisque vous êtes comme vous avez dit les mêmes...
M. CHARBONNEAU: Pour montrer que c'est si peu extravagant et si peu
exceptionnel ce qu'on demande, je vais vous donner deux exemples qui montrent
que dans la convention collective on a prévu des mécanismes
tendant vers l'uniformisation, la standardisation, graduellement, d'une
façon négociée. Deux exemples, c'est au niveau des
assurances. Il y avait possibilité pour les gens qui le
préféraient de garder leur ancien système au lieu de
prendre le nouveau. Vous avez fait allusion tout à l'heure aux charges
d'enseignement, aux caisses de crédit, il y en a d'autres, mais j'en ai
deux à l'esprit pour le moment.
La question de la tâche hebdomadaire. D'abord les exemples de 14,
au cas où il y aurait des gens ici qui n'auraient pas la convention pour
vérifier et qui pourraient avoir des mauvaises impressions, ce n'est pas
tellement près de la réalité comme exemple. C'est entre
20, 22, 25, 27 que ça varie.
M. SAINT-PIERRE: Actuellement, mais avant?
M. CHARBONNEAU: Dans l'annexe 14, à compter de la page 140, vous
avez un très bel exemple de tendance vers l'uniformisation, sans qu'on
ait procédé d'une façon catégorique et subite, pour
régler tout ça. Vous voyez qu'on a consacré ici des
disparités, qu'on faisait preuve de justice, d'équité et
de bon sens, mais on admettait ici qu'on ne planifie pas cela, qu'on ne nivelle
pas cela du jour au lendemain. On part des situations existantes, on
prévoit des crans et des étapes vers... ce qui fait que vous
retrouvez pour Charlevoix, en 1970-71, 27 périodes dont 24
d'enseignement pur. Mais vous allez retrouver dans d'autres régionales
peut-être 23 périodes comme Carignan, dont 22 d'enseignement. Et
c'est toujours en 1970-71 pour des enseignants payés, à
qualifications égales, au même traitement. On appelle ça de
l'équité en relations de travail, parce qu'on est parti d'une
situation très diversifiée dans la province et on s'en va vers la
rationalisation.
Pourquoi est-ce que ça ne serait pas permis un tel processus par
négociations pour la classification et sans référence
à des normes préétablies. Il n'y a pas de normes
là-dedans, ce sont des principes, une espèce de moyenne obtenue,
convenue par un consensus du type de négociations et non imposées
qui a prévalu à l'annexe 14. Pourquoi est-ce qu'on ne serait pas
capable ensemble d'en arriver à une même fermeture de ce sujet de
classification par des mécanismes du même genre? Clause ouverte en
négociation, mécanisme qui ne fonctionne pas, ça fait
encore une clause ouverte, même après 3 ans. Cela fait encore une
situation ouverte. Ce n'est pas parce que le ministre va prendre cela en main
que ça va fermer le problème. Ce qu'on vous demande n'a rien
d'exceptionnel, il y a des exemples dans la convention tant qu'on veut. C'est
la Question que j'ai posée.
M. LE PRESIDENT: Le ministre de l'Education a la parole.
M. SAINT-PIERRE: D'après la convention, pour la classification,
on a prévu un mécanisme, c'est ça qu'on tente de respecter
et, quand on regarde 6-1.05, je vois que baccalauréat ès arts
accompagné d'un brevet A, les six parties incluant la CEQ, vous avez
reconnu que c'est 16 ans. Aujourd'hui après avoir signé la
convention collective, il semble que c'est un problème, que dans
certaines régions cela devrait exister.
M. CHARBONNEAU: Pour 6-1 cela n'a jamais été un
problème, tout ce qui est dans 6-1 n'est pas remis en question.
M. SAINT-PIERRE: Vous disiez tantôt qu'à Chambly le
baccalauréat ès arts et un brevet A...
M. CHARBONNEAU: Je vais vous en parler encore. Il y a d'autres
situations comme celles-là. Le perfectionnement à la CECM qui
était reconnu à 300 heures par année...
M. SAINT-PIERRE: Lorsque vous parlez de scolarité garantie,
est-ce que vous acceptez que les six parties à 6-5.05 ont
accepté, signé une convention qui, j'espère, vaut quelque
chose et qui dit qu'un baccalauréat ès arts accompagné
d'un brevet A vaut seize ans de scolarité? Avez-vous accepté
ça?
M. CHARBONNEAU: Oui.
M. SAINT-PIERRE: Vous ne changez pas d'idée là-dessus.
Donc, le cas de Chambly n'est pas un problème.
M. CHARBONNEAU: La question que je pose quant au fond a
été adressée successivement à l'un et à
l'autre ministre. Finalement, je la reformule toujours à celui qui est
une fraction de la partie patronale, au ministre de la Fonction publique et
j'espère avoir une réponse à la question qui est sur la
table.
M. LE PRESIDENT: Sur cette question, je crois que M. Sirois voulait
donner une réponse. Voulez-vous s'il vous plaît
procéder?
M. SIROIS: J'ai des précisions à apporter en ce qui
concerne entre autres la charge de travail. C'est très beau de dire que
la charge n'est pas unifiée, que ça ne marche pas, qu'on a
reconnu plusieurs droits acquis, etc. J'aimerais expliquer ce que la convention
veut dire, à mon sens.
Premièrement, l'horaire des élèves a
été uniformisé dans cette convention. C'est le même
horaire partout.
Deuxièmement, les rapports maître-élèves
s'appliquent à toutes les commissions scolaires. D'accord, il y a une
exception. M. Charbonneau nous a montré une annexe. C'est vrai. Ce qu'il
a oublié de vous montrer, c'est la clause qui parle de cette annexe.
Avec cette clause, actuellement, dans la province, il y a peut-être
je n'ai pas de chiffre exact mais il ne reste à peu
près plus de régionales qui sont régies par l'annexe,
presque toutes étant régies par le 1-17. Le rattrapage est
terminé.
Le but de cette clause était de prévoir vraiment des cas
où la charge était extrêmement basse pour que cela ne se
fasse pas trop brusquement. Il reste qu'il n'y a à peu près plus
de cas au secondaire. C'est fini cette histoire. Nous sommes rendus, à
toutes fins pratiques, au 1-17. Je ferais remarquer qu'à la fin de cette
année, de toute façon, c'est le 1-17 direct, c'est ce que
prévoit la convention. Tout le monde va être sur le même
pied à la fin de cette année scolaire-ci. Cela est prévu
dans la convention.
M. CHARRON: Vous venez donc de prouver...
M. LE PRESIDENT: Continuez, M. Sirois.
M. SIROIS: Cela a été prévu. Au point de vue
salaire, il y a quand même des choses qui ont été
prévues dans la convention. Il y avait des gars qui avaient des droits
acquis, il y avait des gars qui recevaient des traitements. Je vous ferai
remarquer peut-être allez-vous dire que je me répète
que, premièrement, il a été prévu qu'il n'y
aurait aucune diminution de salaire. Je parle des gens en fonction au 1er juin
1968. Deuxièmement, il a été prévu que ces
gars-là, non seulement ils n'auraient pas de diminution mais qu'ils
augmenteraient d'un échelon d'expérience par année.
Troisièmement, il a été prévu qu'en plus de
ça, ces gars là auraient deux forfaitaires. Quatrièmement,
il a été prévu pour ces gars, même si une
catégorie supérieure de leur ancienne convention était
plus avantageuse, qu'ils pouvaient la prendre. Voilà des protections
pour ces gens-là. Nous n'avons pas fait le rattrapage brusquement. Il a
été prévu dans la convention.
M. LE PRESIDENT: Le ministre de la Fonction publique.
Nouvelles négociations
M. L'ALLIER: M. Rioux, tout à l'heure, dans votre dernière
intervention, vous nous avez ramenés, je crois, dans le vif du
débat. Vous nous avez dit, en réponse à une question,
qu'au moment de la signature de la convention collective, M. Laliberté
ne savait pas quels seraient les résultats du CPC, ne savait pas ce qui
arriverait au perfectionnement, au recyclage, ne savait pas le sort
réservé aux enseignants étrangers, etc.
Tout ce qui est arrivé, et les résultats du CPC sont le
résultat du fonctionnement d'un mécanisme, du mécanisme de
classement. Au moment de la signature de la convention, M.
Laliberté savait ce que c'était que le règlement no
5. Il savait ce que voulait dire le classement. Il en avait accepté le
principe. Ces éléments-là, si nous voulons être
positifs dans le présent débat, il faut les garder dans la
convention collective, et travailler d'abord à ce qui n'a pas
fonctionné, c'est-à-dire le mécanisme.
Si les résultats ne sont pas bons, ne sont pas acceptables,
dites-vous, la partie patronale propose de les annuler. Le mécanisme
lui-même est vicieux, on propose de le remplacer, on fait une
proposition. Si vous en avez une autre sur le mécanisme, respectant par
ailleurs la convention collective, si nous pouvons nous entendre sur une
façon d'appliquer jusqu'au 30 juin la présente convention
collective, et si nous pouvons effectivement le faire autour d'une table de
négociations sur ce point, nous y sommes disposés, nous l'avons
même offert la partie patronale l'a offert nous sommes
disposés, dès ce moment-là, à commencer les
négociations de la prochaine convention collective, de tous les autres
points.
Mais qu'on s'entende immédiatement sur un mécanisme
d'application de la présente convention collective. C'est en fait ce que
recherchent les parties en définitive, l'application d'une convention
collective signée. Je suis convaincu que, dans le fond, vous ne cherchez
pas à détruire la convention collective. Vous respectez la
signature que vous y avez apportée, il faut trouver un mécanisme
pour l'appliquer.
En cherchant ce mécanisme, il ne faut pas empiéter au
même moment, à la même table, sur les négociations
qui doivent commencer pour la prochaine convention. Mais on peut quand
même s'entendre, si on réussit le classement suivant la convention
collective, pour trouver des mécanismes, on peut quand même tout
de suite commencer la négociation de la prochaine convention collective.
Quand vous avez parlé, M. Charbonneau, de mandats, vous savez comme moi
comment se donnent des mandats. Ce n'est ni vous qui donnez un mandat à
votre porte-parole, ni moi qui en donne un au porte-parole. Vous devez, comme
moi, et comme tout le monde, consulter toute la partie patronale ou toute la
partie syndicale, et les éléments qui composent la partie
patronale et la partie syndicale doivent en retour consulter chez-elles un
conseil d'administration ou les structures qui les régissent.
Les mandats donnés au porte-parole le sont de cette façon,
et ces mandats amènent le porte-parole à table; nous en avons
donné un, et il s'est présenté à table avec lui.
Si, au fur et à mesure des discussions et des négociations, les
positions évoluent, chacune des parties doit retourner voir si son
mandat est toujours applicable. Je pense que ce n'est pas ici une question de
mandat, comme je le souhaite, si nous retournons à la table des
discussions pour trouver un mécanisme d'application de la
présente convention collective, et le porte-parole de la partie
patronale recevra de la partie patronale un mandat clair.
M. CHARBONNEAU: Est-ce que ça veut dire, M. le Président,
que M. L'Allier, nous laisse croire, nous laisse comprendre qu'il est
disposé à terminer le travail de classement des instituteurs par
voie de négociations, en continuant le travail de négociations
qui a été à un moment donné interrompu et
confié à un comité? Cela veut dire que, maintenant, il est
disposé à ce qu'on retourne à la table pour terminer, en
négociant, le classement des instituteurs et en ne considérant
que le règlement no 5 comme un des éléments entrant en
ligne de compte.
Est-ce que ça veut dire cela oui ou non?
M. L'ALLIER: Je m'excuse, ie n'ai pas compris le tout début de la
question.
M. CHARBONNEAU: Vous nous dites, vous nous invitez à retourner,
par le biais du mécanisme 9-4, à la table des
négociations, ensemble, partie syndicale, partie patronale, pour
terminer la négociation du classement des instituteurs, en ne
considérant le règlement no 5 que comme un des
éléments dans le paysage des instruments de travail et des gars
qui sont là. Est-ce que c'est cela que ça veut dire?
M. L'ALLIER: Je pense que j'ai un peu répondu à votre
question...
M. CHARBONNEAU: C'est tellement peu.
M. L'ALLIER: ... acceptez un mandat. Vous me demandez de définir
maintenant, devant la commission, le mandat qui serait le mandat du
porte-parole, lequel mandat doit être défini par l'ensemble de la
partie patronale.
M. CHARBONNEAU: L'autre partie de la partie patronale, où
est-elle? Nous sommes venus pour en discuter devant la commission
parlementaire...
M. L'ALLIER: Nous sommes venus devant la commission parlementaire et
c'est son mandat, tel que défini par l'Assemblée nationale, pour
prendre connaissance et nous informer sur le débat.
M. CHARBONNEAU: Je voudrais bien savoir si tout le monde est en mesure
d'être informé de l'intention réelle de la partie
patronale, avec des demi-réponses d'une demi-partie...
UNE VOIX: Le ministre de l'Education.
M. CHARRON: La partie patronale, est-ce que vous l'acceptez? Vous, comme
partie de la partie patronale, sans avoir consulté la
Fédération des commissions scolaires, est-ce que vous
acceptez?
M. BERTRAND: Est-ce qu'on pourrait s'entendre? Est-ce que M. L,'Allier
demande du
moins cela équivaut à cela qu'il ait le temps,
à la lumière des demandes formulées par la partie
syndicale, de consulter toutes les parties, la partie patronale mais dans
laquelle on retrouve la Fédération des commissions scolaires et
les gouvernements, les trois: protestants, catholiques et le gouvernement, pour
préciser le mandat que vous pourrez donner à M. Sirois qui, lui,
rencontrera la partie syndicale pour discuter avec la partie syndicale?
M. SAINT-PIERRE: C'est comme les syndicats, il faut retourner à
nos membres pour avoir des mandats.
M. L'ALLIER: M. le Président, ce que je veux savoir clairement
en fait ce sera dans l'intérêt de tout le monde de le
savoir: Est-ce que les parties sont disposées à reformer cette
commission? La population, en définitive, souhaite voir appliquer la
convention collective signée, sur ce point particulier du classement des
enseignants et, pour l'appliquer, qu'on trouve un nouveau mécanisme ou
qu'on modifie le mécanisme déjà prévu qui, comme on
l'a dit, n'a pas fonctionné. C'est, en définitive, la question.
Est-ce que vous acceptez la convention collective ou si c'est toute la
convention collective que vous remettez en cause? Si vous mettez la convention
collective en cause, c'est une autre histoire et ce n 'est pas ça qui
était à l'origine du litige et du conflit.
M. CHARBONNEAU: II y a une certaine pudeur des mots, ici, M. le
Président de la commission, qui n'a plus sa place à 10 heures
moins dix. On n'est pas ici pour se faire dire d'aller appliquer une
convention, on est ici pour savoir si on est capable de terminer le travail de
classement des instituteurs, de terminer la négociation sur le
classement des instituteurs par le mécanisme 9.04?
M. BERTRAND : Autrement dit, vous voulez mettre définitivement de
côté le comité provincial, c'est révolu.
M. CHARBONNEAU: Définitivement. Entendons-nous. Nous allons
commencer par travailler à fond par 9.04. C'est clair.
M. BERTRAND: A la table de négociations.
M. CHARBONNEAU: Oui. 9.04, c'est cela une table de négociations.
Ce n'est pas une table d'application de convention, 9.04.
M. SAINT-PIERRE: De la façon la plus
accélérée possible, si je comprends bien, les six parties
à la table patronale tenteraient de poursuivre le travail qui avait
été amorcé et consigné dans six autres
décisions pour la catégorisation. Est-ce que je peux me permettre
de vous poser une question? J'avais exprimé ce point de vue-là
tantôt. Qu'arrive-t-il si, au bout de deux mois parce que
là encore de bonne foi comme on l'a fait la dernière fois
on a quarante décisions aditionnelles, mais qu'il nous en reste encore
et qu'il faut commencer à négocier une prochaine convention? Que
suggérez-vous pour éliminer le dernier déblocage?
M. L'ALLIER: Si j'ai bien compris, en fait, vous m'avez demandé
si on était disposé à appliquer l'article 9.04 de la
convention collective immédiatement.
M. CHARBONNEAU: A utiliser 9.04 pour finir de classer les instituteurs
par voie de négociations.
M. L'ALLIER: C'est un article de la convention collective, c'est
possible...
M. CHARBONNEAU: C'est un article, c'est une porte qui nous permet
d'aller travailler dans une salle donnée et d'aller négocier dans
une salle donnée...
M. L'ALLIER: Dans une salle donnée, oui, pas ici.
M. LESSARD: M. le président, je demanderais au ministre
Saint-Pierre ou au ministre L'Allier...
M. LE PRESIDENT: Permettez à M. Char-bonneau de répondre
et, par la suite, nous vous donnerons le temps qu'il faut.
M. CHARBONNEAU: Vous avez fait allusion aussi avant-hier aux
difficultés qu'on a eues lors de la négociation de cette
convention à s'entendre en général. Sur la question de la
classification, vous avez dit que ça aboutirait au même
cul-de-sac, aux mêmes schèmes, etc. Ce que j'ai à dire
c'est qu'on se situe à peu près deux ans plus tard qu'à ce
moment-là et qu'il y a des études faites au ministère de
l'Education comme il y en a du côté syndical. Il y a des
nomenclatures, des "listings", en jargon, bien plus complets et mieux
structurés qu'il y en avait lorsqu'on a fait cette première
partie du travail. On peut donc présumer qu'il y aurait des
possibilités de discuter sérieusement, beaucoup plus rapidement
qu'on l'a fait dans le passé et, si on n'arrive pas à tout
régler par voie de négociations, la commission parlementaire a
pris connaissance des données, les députés qui sont ici
ont le problème à l'esprit, convoquez-nous la semaine prochaine
et nous vous ferons rapport. Convoquez-nous, quand on aura
négocié, on viendra vous dire ce qui se passe et ensemble on en
trouvera des moyens de finir le travail.
M. le Président de la commission, est-ce que la commission se
termine à dix heures ou à 11 heures.
M. LE PRESIDENT: La commission se termine à 10 heures.
M. CHARBONNEAU: Cela m'oriente pour mes questions et aussi pour obtenir
des réponses parce que...
M. LE PRESIDENT: A moins évidemment qu'une solution soit
envisagée dans l'immédiat ce qui...
M. CHARBONNEAU: Dans l'immédiat, c'est dix heures.
M. LE PRESIDENT: C'est-à-dire que si, d'ici cinq, six minutes, on
perçoit des solutions...
M. SAINT-PIERRE: M. Charbonneau, me permettez-vous de satisfaire ma
curiosité? Dans le filon que vous-même avez suggéré,
est-ce que je peux vous demander pourquoi cela n'a pas été
utilisé le 22 janvier?
M. CHARBONNEAU: Parce que la première rencontre a eu lieu le 26
janvier seulement et a duré deux heures. Cela fait une série de
questions que la partie patronale nous a posées comme si elle
découvrait le problème. Le problème n'avait pas
existé pour la partie patronale, le 26 janvier. On est venu nous dire:
Qu'est-ce que le problème du syndicat? Il y avait des gens de la CSN
avec eux et ils l'avaient le problème entre les mains depuis le
début de décembre; vous aussi, vous l'aviez entre les mains, sur
votre bureau, et on est venu nous demander ce qui n'allait pas. Mettez-le sur
la table, si vous avez un problème! On a commencé la même
comédie les 12 et 13 février...
La parole, cela se donne par le président de la commission, mon
cher M. Sirois.
M. LE PRESIDENT: M. Charbonneau, permettez-vous pour un instant à
M. Sirois de faire les remarques qui pourraient être opportunes et
pertinentes?
M. CHARBONNEAU: Qui pourraient être opportunes, pour une fois, je
le souhaite, parce que cela fait longtemps que nous attendons des
réponses de la partie patronale. M. Saint-Pierre nous a souvent
dit...
M. LE PRESIDENT: M. Charbonneau, seriez-vous assez gentil, s'il vous
plaît, de permettre à M. Sirois de s'expliquer sur le point...
M. SIROIS: Je pense que cela n'avancera aucunement le débat,
mais, depuis le début que nous charrions, M. le Président, je
soumets seulement que le 25 janvier, nous recevions un
télégramme. Je pense que c'est un appel
téléphonique, non c'est un télégramme...
M. CHARBONNEAU: Est-ce que je peux l'interrompre à mon tour?
M. SIROIS: ... le lendemain, M. le Président, qui nous demandait
de nous rencontrer...
M. CHARBONNEAU: Un télégramme à cette
heure-ci...
M. BERTRAND: Les membres du comité, nous sommes rendus au 11
mars, je n'ai pas d'objection, M. Sirois, à ce que vous niiez ce que M.
Charbonneau a dit, cela vous regarde.
M. SIROIS: Carrément.
M. BERTRAND: Vous le niez donc, je prends acte de ce que vous le niez.
Messieurs, je pense que nous en sommes à un point très important.
La partie syndicale exprime le désir de retourner à table en
vertu de l'article 9-4.01, pour continuer à négocier le
classement en utilisant ou en n'utilisant pas cela la regarde, elle en
parlera à table le mécanisme ou un autre mécanisme,
elle accepte cela, à la condition que le règlement no 5 ne soit
plus une contrainte. C'est cela? Vous acceptez de retourner à la table,
quitte à reconvoquer dans une semaine ou dix jours il
appartiendra au ministre de répondre la commission pour voir
quelle a été la marche des négociations.
M. CHARBONNEAU: Je suggère également à M. Bertrand,
ou à d'autres députés intéressés, d'obtenir
le même engagement dans les mêmes termes de la partie
patronale.
M. BERTRAND: Je pose...
M. CHARBONNEAU: Ce n'est pas unilatéral, une négociation.
C'est à deux...
M. BERTRAND: C'est cela.
M. CHARBONNEAU: ... à la lettre et à l'esprit.
M. BERTRAND: Je pose ma question au ministre: Est-ce que le ministre,
ayant bien compris la demande formulée par M. Charbonneau, au nom de la
partie syndicale, accepte ou est prêt à donner
immédiatement un mandat dans ce sens-là, ou s'il
préfère consulter les parties?
M. L'ALLIER: M. le Président, je vais répéter ce
que j'ai dit tout à l'heure. Je ne peux pas donner de mandat, seul. Ce
que nous pouvons faire, c'est d'accepter l'application de l'article 9-0.4 et,
la partie patronale se concertant, de discuter, de négocier avec la
partie syndicale le problème qui est en cause, à savoir
cela découle de ce qu'a dit M. Rioux le mécanisme de
classification. Même si vous dites non, on dit oui derrière
vous.
En vertu de l'article 9-0.4, on peut sûrement aller à la
table de négociations, réunir la partie patronale, définir
un mandat et en arriver, en vertu de l'article 9-0.4, à négocier
le mécanisme pour appliquer une convention collective.
M. LESSARD: M. le ministre, je suis bien d'accord quand vous parlez du
mécanisme. Je l'ai dit et je le répète. On a beau parler
de n'importe quel mécanisme. Le fait fondamental est là.
M. L'ALLIER: Proposez-en un.
M. LESSARD: C'est justement. Le mécanisme peut fonctionner si on
détermine, si on s'entend sur le règlement no 5. C'est qu'avant
de faire fonctionner des commissions, il faut quand même savoir où
nous allons et c'est justement là le point essentiel. On a beau envoyer
les gars à la table de négociations, si on continue de discuter
sur le règlement no 5, tel qu'il est, cela ne fonctionnera pas. La
question que je vous pose, pour vous: Est-ce que le règlement no 5 est
immuable ou pas?
M. L'ALLIER: Cela n'est pas pertinent.
M. CHARRON: II faut en arriver à prendre position sur le
règlement no 5. Nous sommes ici depuis trois jours à entendre
parler de cela. Les gars disent: Le mécanisme n'a pas fonctionné,
non pas à cause des structures, qu'il y en ait 6 ou 25, pas à
cause de M. Rossignol tellement, c'est parce que le règlement no 5 au
départ barre les jambes.
M. L'ALLIER: M. le Président, l'article 9-0.4 qui est celui qui
prévoit la négociation de certains points, la réouverture
de discussions, en cours de convention collective.
Un de ces points-là, c'est précisément le
classement des enseignants.
M. LE PRESIDENT: Le ministre de la Fonction publique et le ministre de
l'Education par la suite.
M. LESSARD: C'est vous-même qui m'avez arrêté, M. le
Président, tout à l'heure en me disant que je n'étais pas
dans le débat, mais je pense que c'est le débat qui est
là.
M. LE PRESIDENT: Vous y reviendrez, vous aurez...
M. LESSARD: De toute façon.
M. LE PRESIDENT: Le ministre de la Fonction publique d'abord.
M. CHARRON: Le ministre de la Fonction publique à ma
question.
M. L'ALLIER: L'article 9.04, c'est le mécanisme normal de
discussion de la convention collective en période de convention
collective. Si on retourne, si on va à la table de négociations
suivant 9.04, il faut de chaque côté définir des mandats.
J'ai dit que je ne pouvais pas définir un mandat, pas plus que M.
Charbon- neau peut définir un mandat pour la partie syndicale. Il faut
consulter. Et c'est ça que nous sommes disposés à faire.
Je ne sais pas si c'est clair.
M. SAINT-PIERRE: Il me semble que tantôt on commençait
à être près. Il ne faudrait pas embrouiller les cartes. Ce
qu'on veut faire, suivant l'article 9.04 et je prends les mots de M.
Charbonneau tenant compte des recherches que les syndicats, que le
ministère de l'Education, que les universités ont faites, tout ce
qu'on va tenter de faire, c'est pour plus de diplômes j'espère, et
pour tous les diplômes, on va tenter d'ajouter dans les catégories
ce qui a été fait dans la dernière convention. Ne
mêlons pas les cartes, si on a réussi à s'entendre.
M. CHARRON: Je vous pose une petite question supplémentaire.
Quand vous allez essayer, dans le cas de 9.04, d'allonger la liste
déjà entendue dans la convention collective, allez-vous prendre
le règlement no 5 comme base exclusive de négociations ou si vous
allez accepter autre chose?
M. SAINT-PIERRE: Le règlement no 5, nous allons nous en servir de
la même façon qu'on s'en est servi, dans le moment, pour
déterminer les catégories.
M. LE PRESIDENT: Le député de Saguenay.
M. LESSARD: A 9-4.01 au deuxième paragraphe, il est dit ceci:
"Les solutions ainsi adoptées ne peuvent en aucun temps avoir pour effet
de soustraire ou de modifier l'une ou l'autre des dispositions de la
présente convention, ni d'ajouter une ou plusieurs autres dispositions
à la présente convention." Je pense que c'est important en vertu
du règlement no 5. Si ce règlement fait partie intégrante
de la convention collective, ça veut donc dire que ça ne sert
à rien de négocier à nouveau, à mon sens, si
justement on ne s'entend pas sur la possibilité de changer le
règlement no 5. C'est la dernière intervention que j'avais
à faire.
M. LE PRESIDENT: M. Charbonneau, vous n'avez rien à ajouter?
M. CHARBONNEAU: Je pense que dans ces circonstances, nous sommes
prêts à vous donner jusqu'à onze heures pour vous
concerter. Quand j'ai parlé hier soir avec M. L'Allier, il a dit: Nous
allons travailler de 8 à 11 demain, il n'est que dix heures, il est de
bonne heure pour un ministre et des syndicalistes. Nous sommes capables
d'attendre jusqu'à onze heures.
M. LE PRESIDENT: Je pense que c'est très mal poser le
problème. Vous devriez plutôt demander à la commission si
les membres sont disposés à siéger jusqu'à 11
heures. A ce que je
sache, je ne pense pas que ce soit là la coutume que les parties
qui témoignent disposent du temps des membres de la commission. A
regret, je dois dire qu'il est dix heures et que nous ajournerons
à...
M. CHARBONNEAU: Si vous me reprenez sur la procédure, cela me
semble une glissade assez importante en disant que la séance est finie.
C'est bien normal. C'est votre rôle de me corriger si j'ai
été impoli. Vous m'avez donné la parole pour faire une
intervention.
M: LE PRESIDENT: Si les membres de la commission sont d'accord pour
siéger jusqu'à 11 heures, évidemment, je n'ai pas
d'objection.
M. CHARBONNEAU: Je peux terminer. M. LE PRESIDENT: Continuez.
M. CHARBONNEAU: Nous avons les mandats, nous, de la partie syndicale
parce que nous considérons que le problème existe depuis le mois
de décembre. Je l'ai déjà expliqué. Le 15
décembre, nous avons demandé l'utilisation de 9.04 à la
partie patronale. Lettre restée sans réponse. Notre lettre du 15
décembre est restée sans réponse. C'est bien entendu que
nous sommes prêts à y retourner. Nous l'avons nous-mêmes
demandé. Cependant, nous ne retournerons pas là avec un
engagement unilatéral de la part du syndicat à aller
négocier. Quand la partie patronale nous aura fait connaître
qu'elle est dans les mêmes dispositions que le langage de M. Saint-Pierre
le laisse entendre suite aux questions de M. Bertrand qui portaient sur le fond
et non sur la mécanique, quand la partie patronale se sera
concertée, qu'elle aura pris ses responsabilités entières
en tant que coresponsable d'une convention collective, pour nous, nous avons le
sentiment que c'est fait, avec tout ce que nous avons essayé d'apporter
ici suite à vos questions...
UNE VOIX: Les grèves illégales.
M. CHARBONNEAU: C'est le début du débat, il me
semblait.
M. LESSARD: Les salaires non payés à une date
prévue, ce sont d'autres contrats.
M. LE PRESIDENT: Je demande à la partie patronale de
répondre. Je crois que M. Sirois est le porte-parole approprié
pour donner la réponse à la question de M. Charbonneau, qui est
très claire. Etes-vous oui ou non disposés à retourner
négocier dans les termes exprimés par M. Charbonneau?
M. SIROIS: J'ai déjà donné cette réponse
à la table. Je vais la donner ici. La partie patronale est
disposée à s'asseoir à la table et à discuter de
catégories de diplômes qu'elle pour- rait inclure à 6-1.
Elle est disposée à faire ça dans le sens où elle
l'a déjà fait, c'est-à-dire en appliquant le
règlement no 5. Les classifications faites à ce jour, c'est comme
ça qu'elles ont été faites. C'est en application du
règlement no 5.
M. CHARRON: M. Sirois, si la partie patronale vous donnait demain un
nouveau mandat en disant de considérer le règlement no 5 comme
étant une des bases d'évaluation de la scolarité et non
pas celle officielle et exclusive, est-ce que vous rempliriez votre mandat
selon 9.04?
M. SIROIS: Je remplis les mandats que j'ai.
M. CHARRON: C'est ça ! Ce que nous avons demandé au
ministre, qui est une partie de la partie patronale représentant le
gouvernement du Québec, c'est si, lui, il acceptait de ne
considérer le règlement no 5 du ministère de l'Education
comme n'étant qu'une façon, mais pas la seule et exclusive
qu'entrevoit...
M. LE PRESIDENT: Est-ce que je peux permettre au ministre de l'Education
de répondre? Je pense que les questions deviennent ici importantes.
M. SAINT-PIERRE : II semble qu'on vienne très près et
après ça qu'on s'éloigne. Je pose la question à la
partie syndicale. Est-ce qu'on est prêt, tenant compte des recherches que
vous avez faites, des recherches que nous avons faites, des "listing" obtenus
à ce que la table non pas le comité provincial de
classification mais que la table provinciale, avec ses six
représentants, tente dans les meilleurs délais, avec la
négociation la plus intensive, de poursuivre le travail qui avait
été amorcé dans l'entente provinciale et d'ajouter des
diplômes à six? C'est ça le point.
M. CHARBONNEAU: Nous sommes tout à fait disposés à
cela quand ce sera la partie patronale qui l'aura dit, elle aussi, en plus de
nous et de vous.
M. SAINT-PIERRE: Je vous demande si vous êtes prêts, eux
disent qu'ils sont prêts à négocier.
UNE VOIX: Ce n'est pas cela qu'ils laissent entendre.
M. BERTRAND: On a entendu la discussion. Il y en a un qui dit: On est
prêt à l'accepter comme document de travail avec les autres comme
élément. Tandis que, de l'autre côté, on semble
appuyer sur le règlement no 5 comme contrainte.
M. SAINT-PIERRE: Le député semble dire que le
règlement no 5 serait appliqué de la même façon
qu'il a été appliqué dans la
discussion à l'échelle provinciale pour déterminer
qu'un baccalauréat ès-arts, c'est A à seize ans;
c'est-à-dire que c'est dans la même chose, il ne faut pas
retrancher les termes.
M. CHARBONNEAU: Oui, parce que le règlement no 5 n'est pas
appliqué comme un étalon mathématique automatique; il est
accompagné d'autres considérants, et cela s'appelle le jeu d'une
négociation.
M. CHARRON: C'est ça.
M. CHARBONNEAU: Quant à la partie patronale, vous vous êtes
dissociés hier soir en disant: Moi, je ne suis pas le patron. Alors,
quand la partie patronale nous aura tenu le même langage que vous, nous
retournerons à la table et nous serons disposés à faire un
travail que nous pourrons faire le plus efficacement possible, mais un travail
à deux, comptant sur les ressources techniques également de la
partie patronale.
M. CHARRON: II faudrait être assuré de la position de la
Fédération des commissions scolaires et The Quebec Association of
Protestants School Boards, conjointement avec le gouvernement du Québec,
donneront comme mandat à M. Sirois comme négociateur de la partie
patronale.
M. SAINT-PIERRE: On peut peut-être donner la fin de la semaine
à toutes les parties pour se rencontrer, et afin de savoir mardi,
lorsque la commission siégera de nouveau, où en sont les
choses.
M. LESSARD: Avec quel mandat?
M. SAINT-PIERRE: Cela ne se demande pas ce soir mais lorsqu'on
négocie.
M. LESSARD: Je demandais quand. Je ne le voulais pas dans cinq
minutes.
M. LE PRESIDENT: Ce qui a été exprimé par le
ministre de l'Education ici est une sorte de garantie morale, jusqu'à un
certain point. Je pense que l'expérience peut être faite avec la
partie patronale au cours de la fin de semaine, et qu'on peut revenir devant la
commission probablement mardi à 4 heures. C'est une suggestion qui
serait, je crois, acceptable, si les deux parties sont d'accord. J'ai compris
les termes de M. Charbonneau.
J'ai compris que le représentant de la partie patronale
n'était pas nécessairement en mesure, n'avait pas un mandat assez
clair, ce soir, pour vous donner l'assurance totale. Cependant, le ministre de
l'Education vous donne une sorte d'assurance morale.
Dans ces circonstances, les deux parties sont-elles prêtes
à négocier durant la fin de semaine et à revenir devant la
commission parle- mentaire, si cela est opportun, mardi à 4 heures?
M. BERTRAND: Je pense qu'il serait préférable, M. le
Président, si la partie patronale, qui est représentée
à la table par le ministère de la Fonction publique, n'est pas
prête à donner une réponse immédiatement,
étant donné que la position du syndicat est bien connue,
étant donné que le représentant patronal a besoin
comme il l'a dit, est là comme mandataire d'un mandat
précis, si le ministre ne peut pas donner immédiatement ce
mandat, il pourrait préparer sa réponse enfin de semaine et la
communiquer au comité parlementaire mardi, à moins qu'il puisse
nous la donner immédiatement.
M. CHARRON: II ne s'agit pas de demander aux deux parties de
négocier en fin de semaine, mais, chacune chez elle, prendre position et
la faire connaître à la commission parlementaire, mardi.
M. L'ALLIER: Est-ce que c'est à la commission parlementaire ou
à la table des négociations qu'un mandat se donne?
M. BERTRAND: Je n'ai pas d'objection.
M. CHARRON: L'article 9.04, c'est ça que vous avez dit.
M. BERTRAND: Si le ministre acceptait qu'à la table des
négociations, mardi après-midi, la réponse soit
donnée aux parties si cela marche, tant mieux la commission
parlementaire pourra être ajournée à une date
précise.
M. CHARBONNEAU: M. le Président, ceci est une suggestion, dans sa
dernière partie, que je qualifie d'inacceptable parce que, si la partie
patronale endossait les propos de M. Saint-Pierre dans l'esprit et à la
lettre, il est bien entendu, il n'y a pas de problème, on change de
salle et on change peut-être d'équipe, en partie, et on va
négocier. Si c'était non, là, le rôle de la
commission parlementaire est loin d'être terminé.
M. BERTRAND: C'est cela que je dis.
M. CHARBONNEAU: Ce serait oui ou non, comment la commission
parlementaire...
M. BERTRAND: Je n'ai pas d'objection que ce soit l'un ou l'autre, je
demande au ministre laquelle des deux il préfère.
M. LE PRESIDENT: Vous pourriez revenir devant la commission
parlementaire mardi avec un argument beaucoup plus fort, un refus si
c'était ça.
M. VEILLEUX: Si je comprends bien, M. le
Président, la partie syndicale, son mandat est
décidé à l'effet qu'elle est prête à
retourner à la table des négociations en partant de documents que
les parties en cause ont déjà faits et elles sont prêtes
à discuter à partir de ces documents là.
Si je comprends bien, votre mandat, vous l'avez immédiatement,
vous êtes prêts à fonctionner. Si on disait mardi matin:
Vous êtes chanceux, vous pouvez avoir votre mandat immédiatement.
Il semble que la partie patronale doit prendre quelque temps, du moins quelques
heures. Si mardi matin, on convoquait les intéressés à la
table de négociations, alors la partie patronale vous indiquerait si
elle a pris une décision dans le sens de celle du ministre de
l'Education ce soir; à ce moment-là vous négociez
immédiatement. Si mardi matin, le mandat de la partie patronale n'est
pas dans le sens de la position prise par le ministre de l'Education ce soir,
vous venez ici mardi après-midi et nous continuons le travail. Nous
avançons au moins le début de nos négociations de quelques
heures. Est-ce que cela vous irait? Cela devient tout simplement une question
d'ajustement; est-ce que la partie patronale peut avoir le temps d'ici mardi
matin d'avoir un mandat?
M. BERTRAND: Vous avez trois jours pour nous le dire. On vous dit mardi
matin. Si cela ne marche pas, vous reviendrez mardi après-midi.
M. CHARBONNEAU: On veut avoir une réponse précise depuis
déjà assez longtemps. Si vous nous la fournissez, si la partie
patronale répond par les termes employés selon l'orientation de
M. Saint-Pierre...
M. L'ALLIER: Répétez-moi donc ce que vous avez
compris.
M. CHARBONNEAU: On retournera au texte et la partie patronale
s'inspirera des textes de M. Saint-Pierre. Je ne les ai pas écrits, mais
j'ai l'esprit de l'affaire, énormément. Il a employé les
termes qui convenaient dans la circonstance dans une optique de
négociations et dans une optique d'utilisation minimale du
règlement no 5, parmi d'autres choses. Cela a été
employé.
M. SAINT-PIERRE: Comme le 6.01.
M. CHARBONNEAU: Comme le 6.01 et le 6.01, c'était avec d'autres.
Si la partie patronale nous répond par écrit, par
télégramme ou par lettre. Elle nous en envoie des lettres, elle
nous en a envoyé dernièrement. Elle en enverra encore.
M. L'ALLIER: Vous ne répondez pas.
M. CHARBONNEAU: Oui, je réponds. Si elle nous envoie une lettre
et que la réponse est bonne, on va négocier aussitôt que
nous aurons une réponse. On vous l'a toujours dit. Nous avons pris nos
responsabilités. Nous nous sommes équipés de mandats avant
d'arriver ici. Si la réponse n'est pas bonne, nous voulons avoir
l'assurance de venir continuer ce débat devant les personnes qui sont au
courant, ici, et qui sont responsables devant les électeurs du
Québec. Nous espérons que le gouvernement du Québec,
pendant ces deux ou trois jours, va réussir vraiment à
maîtriser ses relations de travail avec les enseignants. Les
maîtriser suffisamment pour nous donner une réponse qui encadre
d'autres éléments de la partie patronale, qui sont
peut-être en voyage je ne sais pas trop où.
M. LE PRESIDENT: Vous n'avez pas le droit de prêter d'intentions
aux voyageurs.
M. BERTRAND: J'ai toujours montré au règlement...
M. CHARBONNEAU: Je les donne, je ne les prête pas. Je ne suis pas
un usurier.
M. BERTRAND: Alors, est-ce que nous devons comprendre, M. Charbonneau et
messieurs de la partie patronale, que mardi matin, vous vous réunissez
(ou non) et vous tâchez d'échanger des réponses. Je
pourrais proposer que le comité soit remis à mardi
après-midi à quatre heures. Vous avez jusqu'à midi, mardi,
pour nous faire connaître si cela fonctionne ou non. Si cela n'a pas
fonctionné, je propose que la commission soit ajournée à
mardi, quatre heures. Si cela a fonctionné, que ce soit ajournée
sine die.
M. CHARRON: Il y aurait une déclaration ministérielle du
ministre mardi, si cela a fonctionné.
M. L'ALLIER: Ce serait une déclaration de la table.
M. LE PRESIDENT: La commission est donc ajournée à mardi,
quatre heures.
M. BERTRAND: Sine die plutôt. M. LE PRESIDENT: Sine die.
(Fin de séance 22 h 17)