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Commission permanente de la fonction publique
Etude des crédits du ministère de la
Fonction publique
Séance du lundi 8 avril 1974
(Vingt et une heures dix sept minutes)
M. CORNELLIER (président de la commission permanente de la
fonction publique): A l'ordre, messieurs!
La commission de la fonction publique est réunie pour
l'étude des crédits du ministère de la Fonction publique.
Les crédits se divisent en quatre programmes.
Avant de commencer les discussions, il faudrait que la commission nomme
un rapporteur. Je pourrais suggérer M. Jean-Claude Boutin,
député de Johnson. Il y a aussi des remplacements parmi les
membres de la commission: M. Parent, de Prévost, remplace M. Cloutier,
de L'Acadie, et M. Malépart, de Sainte-Marie, remplace M. Garneau, de
Jean-Talon.
M. MORIN: Du côté de l'Opposition, M. le Président,
je remplace le député de Maisonneuve, M. Burns.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): M. Morin, de Sauvé, remplace M.
Burns, de Maisonneuve. Et je cède maintenant la parole au ministre de la
Fonction publique.
Remarques préliminaires
M. PARENT (Hull): M. le Président, avant de procéder
à l'examen détaillé des crédits, j'aimerais donner
un aperçu rapide de la structure des programmes du ministère de
la Fonction publique, tout en vous faisant part de certaines structures
administratives qui ont été modifiées au cours de la
dernière année financière, pour réaliser les
mandats qui m'ont été confiés en tant que ministre de la
Fonction publique.
A la suite de ce bref exposé, il me fera plaisir de
répondre aux questions qui me seront posées, afin d'examiner de
façon plus spécifique les crédits qui y ont
été alloués.
La structure des programmes a été ventilée en
quatre programmes, qui sont les suivants: Gestion du personnel et
aménagement des conditions de travail dans les secteurs de la fonction
publique et du péripublic; recherche sur la rémunération;
régimes de retraite et autres contributions à titre d'employeur
et de mandataire et Commission de la fonction publique.
En ce qui a trait au premier programme, dont la réalisation
incombe de façon plus particulière au ministre de la Fonction
publique, il s'agit, comme l'indiquent les éléments de programme
qui ont été retenus, de poursuivre, d'une part, les travaux
portant sur l'amélioration de la gestion du personnel et de
l'organisation, et, d'autre part, de diriger des négociations dans les
secteurs de la fonction publique et du péripublic et d'assurer la
coordination de l'application des conventions collectives de travail.
Afin d'améliorer la qualité des interventions du
ministère, en rapport avec la réalis?tion de ce programme, un
nouveau plan d'organisation administrative supérieure du
ministère de la Fonction publique était approuvé le 10
octobre 1973. Deux directions générales étaient ainsi
mises sur pied: la direction générale de la mise en valeur des
ressources humaines et la direction générale de l'organisation,
dont les objectifs visent à développer des programmes ou à
agir comme organismes-conseils auprès des ministères et
organismes du gouvernement, afin d'accroître l'efficacité du
personnel de la fonction publique.
Même si l'objectif de ces deux directions générales
est le même, chacune d'elles utilise, des techniques de travail propres
aux initiatives qui doivent être mises de l'avant. Afin
d'améliorer la qualité des informations requises sur le personnel
de la fonction publique et de faciliter l'accès à ces
données, la direction générale des systèmes se
voyait dotée de deux services nouveaux: un service d'exploration des
banques de données et un service de normes et de procédure de
gestion. Le rôle du premier service consiste à exploiter les
données comprises dans les banques d'information du système
à des fins d'information, d'élaboration de programmes et de
services aux usagers. Le second service a pour but d'examiner continuellement
les procédures de gestion de personnel en vigueur.
En raison de la nouvelle répartition des tâches qui a
été effectuée dans le secteur des relations de travail, la
direction générale des relations de travail se voyait confier
deux nouvelles sections. Une première a été ajoutée
pour effectuer le travail de recherche nécessaire à la
préparation des mandats des secteurs de la fonction publique et du
péripublic. L'autre section s'occupe de façon plus
particulière des activités qui découlent de la
reconnaissance de facto des employés de la fonction publique appartenant
aux cadres intermédiaires et assiste des organismes péripublics
dans les relations de travail avec les employés.
La mise sur pied de cette nouvelle structure permet ainsi au
ministère de la Fonction publique de concentrer ses efforts
particulièrement sur le secteur de la fonction publique, par le biais de
l'implantation des divers programmes coïncidant avec son mandat.
Le deuxième programme porte sur la recherche sur la
rémunération. Le bureau de recherche sur la
rémunération, qui a été formé en vertu d'un
arrêté en conseil approuvé au cours du mois de juillet
1973, vise à répondre aux besoins d'information statistique
rencontrés par
les employeurs des secteurs public et parapublic, au cours de
l'élaboration des politiques de rémunération des
employés de leur secteur respectif et du déroulement des
négociations collectives. Son mandat principal consiste ainsi à
recueillir une information appropriée sur les salaires, les avantages
sociaux et les autres conditions de travail prévalant pour des
employés de catégories correspondantes à celles des
secteurs public et parapublic, dans les autres secteurs de l'économie du
Québec et dans les secteurs public et parapublic qui dépendent
d'autres instances gouvernementales canadiennes. Pour réaliser son
mandat, ce nouveau bureau assure les fonctions d'enquêtes, de recherche,
de documentation et d'information.
Comme vous vous en rappellerez sans aucun doute, l'Assemblée
nationale approuvait, au mois de juillet 1973, la loi 31 qui établissait
le régime de retraite des employés du gouvernement et des
organismes publics. Cette loi prévoyait des dispositions pour mettre sur
pied un bureau d'organisation du régime de retraite qui groupait un
certain nombre de spécialistes de diverses disciplines, afin de mettre
au point les techniques et les mécanismes administratifs
nécessaires à la gestion efficace des régimes de retraite
auxquels adhèrent quelque 300,000 employés. Suite aux travaux qui
ont été effectués par les membres de ce bureau, j'avais le
privilège de soumettre en décembre dernier le projet de loi no 4,
intitulé: Loi des employés du gouvernement et des organismes
publics. Cette loi, qui est entrée en vigueur le 1er janvier 1974,
reflète fidèlement les résultats des consultations qui ont
été tenues avec nos différents interlocuteurs. Le
régime de retraite des employés du gouvernement et des organismes
publics a comme principale caractéristique de contenir les dispositions
qui ont été négociées à l'occasion des
dernières conventions collectives de travail ou des protocoles d'entente
intervenus.
Afin d'assurer la mise en application des dispositions prévues
à cette loi, une commission administrative était ainsi
créée pour administrer les régimes de retraite des
employés.
Le dernier programme est celui de la Commission de la fonction publique.
Je pense que nous sommes tous renseignés sur le mandat qui incombe
à cette commission. Brièvement, cet organisme s'occupe
principalement du recrutement et de la sélection des candidats pour
combler les postes vacants à la fonction publique, d'élaborer, de
mettre à jour les différents règlements de classification
du personnel de la fonction publique.
A la suite de l'entrée en vigueur de nombreux règlements
de classification régissant le personnel assujetti aux conventions
collectives de travail, la Commission de la fonction publique a davantage
axé ses travaux, au cours de la dernière année, sur
l'élaboration d'une réglementation appropriée. Pour la
classification du personnel faisant partie de la gérance intermé-
diaire, cette nouvelle réglementation, qui est en voie d'être
complétée, affectera environ 4,000 employés qui seront, au
cours des prochains mois, intégrés dans ces nouveaux
règlements en suivant des modalités analogues à celles qui
ont été mises de l'avant à l'occasion de
l'intégration des employés syndiqués.
Je n'ai ici dégagé que les principaux aspects concernant
la structure des programmes de la fonction publique, ainsi que les
mécanismes d'implantation prévus pour les réaliser. Au
cours de l'année qui vient de s'écouler, j'ai évidemment
passé sous silence les activités régulières des
divers organismes qui sont sous ma juridiction, mais il me fera plaisir,
à l'occasion de la période qui suivra, de répondre
à vos questions.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de
Saint-Jacques.
M. CHARRON: M. le Président, nous sommes disposés
également à entreprendre rapidement l'étude des
crédits du ministère de la fonction publique. En fait, je crois
que le député de Maisonneuve, en notre nom, l'année
dernière, avait eu l'occasion d'exprimer notre opinion
générale, que je crois bien fondée, sur la santé
actuelle du ministère de la Fonction publique. Je ne crois pas que la
dernière année de gestion par le député de Hull ait
relevé, dans notre opinion, la situation où se trouve le
ministère de la Fonction publique. En fait, si ce n'était de
l'intérêt que nous portons aux gens touchés par la fonction
publique, à cette catégorie de travailleurs, et de l'effet
d'entraînement que la situation de ces travailleurs se trouve à
occasionner pour le reste de la vie économique du Québec, je
pense que nous adopterions très rapidement les crédits du
ministère de la Fonction publique.
J'ai presque envie de vous dire que si nous avions comme conception et
jugions aussi important dans notre esprit le rôle du ministère de
la Fonction publique que semble l'avoir reconnu le gouvernement actuel depuis
1972, il est évident que nous ne nous regrouperions même pas
à cette table. J'ai plutôt l'impression que nous sommes en train
d'étudier un appendice gouvernemental plutôt qu'un
ministère. J'ai l'impression que nous sommes en train d'étudier
un ministère qui périclite, que le gouvernement actuel n'a pas le
courage de faire disparaître parce qu'il est quand même un acquis
de la révolution tranquille et qu'il se doit de le supporter, cela comme
bien d'autres organismes gouvernementaux que nous nous sommes donnés
lors de cette période d'essor du gouvernement québécois et
du Québec en général.
Mais je n'ai évidemment pas l'impression que c'est dans ce
ministère que le pouls de l'activité québécoise bat
à son plein rythme. Le seul fait que des notes aussi peu enlevantes
viennent de nous être livrées par le ministre de la Fonction
publique ne suscite certainement pas plus d'in-
térêt qu'il n'en faut. C'est dommage, d'une certaine
façon, que le ministère de la Fonction publique ne soit plus que
ce bureau de la statistique, rôle qu'on essaie bien de lui
reconnaître, et encore n'est-il pas parfait, comme on aura l'occasion de
le constater. Je considérais parmi les acquis de la révolution
tranquille, comme je vous le disais tout à l'heure, certainement
essentiel que, dans son développement moderne, l'Etat
québécois ait bien voulu, à un moment donné,
séparer, au moins officiellement et cela avait des
conséquences éminemment pratiques son rôle de patron,
d'une part, et son rôle de surveillant des relations de travail qui sont
normalement dévolues à un autre ministère. Pas besoin d'y
revenir, mais on connaît les "incidents", pour employer cet
euphémisme, qui ont marqué les négociations dans les
secteurs public et parapublic, à la dernière ronde.
Le bilan de cette ronde de négociations est certainement long
à faire, et chacune des deux parties a probablement fait le bilan et se
prépare au prochain affrontement en conséquence. Je pense qu'il
saute aux yeux qu'un des défunts du dernier affrontement
patronal-syndical au niveau gouvernemental, c'est le ministère
même dont nous entreprenons l'étude des crédits
actuellement.
Je le répète, si ce n'était du respect que nous
avons pour les fonctionnaires qui y travaillent, d'une part, et pour les
fonctionnaires des autres ministères, que ce soit dans le secteur
directement public ou le secteur parapublic qui est directement affecté
par les décisions qui se prennent à ce niveau, je ne crois
même pas qu'il vaudrait la peine d'en parler. Maintenant, puisque de
l'argent des contribuables se trouve sous la responsabilité du
député de Hull, aussi bien procéder immédiatement
à l'étude de ces millions de dollars.
M. PARENT (Hull): M. le Président, s'il m'était permis de
faire quelques commentaires, je pourrais dire que le député de
Saint-Jacques voit péricliter un ministère qui est en voie de
devenir réellement l'organisme gouvernemental appelé à
diriger les prochaines négociations. Je verrais même plus; dans la
réorganisation que nous avons mise sur pied, le ministère sera en
mesure d'assumer les responsabilités pour lesquelles il y a eu une loi
qui en a fait un ministère. On verra, je pense bien, au cours des
discussions sur les crédits, que le gouvernement a l'intention manifeste
de présenter au cours de la prochaine session une loi qui modifiera, je
pense, en profondeur le ministère de la Fonction publique et qui
établira les responsabilités du ministère en ce qui
concerne la gestion du personnel, le perfectionnement du personnel, son pouvoir
dans les négociations et également qui verra naître,
à ce moment-là, je pense bien, ce que le député de
Saint-Jacques a bien voulu souligner comme un ministère qui
périclite, un ministère plutôt qui sera avant-gardiste,
comme la révolution tranquille a voulu le prôner dans les
années soixante.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le programme 1, élément 1:
Amélioration de la gestion du personnel et de l'organisation.
Gestion du personnel
M. CHARRON: M. le Président, il y a quand même un certain
nombre d'informations que je me dois d'aller chercher, puisque certaines
décisions avaient été annoncées, soit lors de
l'étude des crédits l'année dernière ou au cours de
l'année.
Par exemple, lors de l'étude des crédits en mai 1973, le
dernier exercice financier, le ministre de la Fonction publique
annonçait au chapitre de la gestion du personnel,
l'élément 1 du programme 1, qu'une étude était en
cours, dont l'objectif était d'examiner les causes qui amenuisent le
rendement d'un certain nombre d'employés travaillant dans
différents centres de la fonction publique. Je veux savoir ce soir si
cette étude est terminée et si elle a donné lieu à
des décisions concrètes et où, et quand, et comment?
M. PARENT (Hull): Je pense qu'il ne s'agit pas du bon programme,
à ce moment-ci. Je n'ai pas objection à ce que le
député pose sa question à ce stade, mais il s'agit
plutôt du système intégré qui est au programme 3, si
je ne me trompe. Au programme 1, nous sommes à la gestion du personnel
et à l'aménagement des conditions de travail.
M. CHARRON: Est-ce qu'il y a quelque chose qui soit plus gestion du
personnel qu'une étude pour étudier les causes qui amenuisent le
rendement d'un certain nombre d'employés?
M. MORIN: N'est-ce pas la coutume, de toute façon, M. le
Président, de poser des questions d'ordre général à
l'occasion du premier programme et du premier élément?
M. PARENT (Hull): Oui. Je n'ai pas d'objection, je l'ai bien dit.
M. CHARRON: S'il y a un endroit où cela doit venir, c'est
là, parce que, tantôt, on va parler des recherches sur la
rémunération. Ce n'est pas ce dont je vous ai parlé, ni du
régime de retraite et encore moins de la Commission de la fonction
publique.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Quelle est la question du
député de Saint-Jacques?
M. CHARRON : Je la répète pour la troisième
fois.
L'année passée, vous nous avez annoncé qu'il y
avait en cours au ministère de la Fonction
publique une étude dont l'objectif était d'examiner les
causes qui, chez certains fonctionnaires, amenuisent le rendement d'un certain
nombre d'employés de la fonction publique.
M. PARENT (Hull): On parle surtout du personnel qui est en instance
d'être reclassé et d'être...
M. CHARRON: C'est une autre chose, ça, je vais y revenir
tantôt. Je parle de cette étude en particulier. Quelles sont les
causes que l'étude a indiquées, qu'elle a retrouvées comme
principales causes du rendement diminué des employés?
M. PARENT (Hull): C'est un rapport qui n'est pas terminé mais qui
a été en voie d'expérimentation à
l'intérieur du ministère de la Fonction publique; il fait
actuellement le sujet d'une modification de programmes au cours de
l'année, et elle est en voie d'être complétée par le
service intégré du personnel.
M. CHARRON: Qui a mené cette étude au sein du
ministère?
M. PARENT (Hull): C'est M. Réjean Langlois qui conduit cette
étude avec des fonctionnaires du ministère et qui est en voie de
poursuivre l'étude.
M. CHARRON: L'équipe qui conduit l'étude avec M. Langlois
est issue de quelle direction générale du ministère?
M. PARENT (Hull): La planification des carrières.
M. CHARRON: L'étude n'est peut-être pas
complétée mais...
M. PARENT (Hull): Maintenant, c'est la direction de la mise en valeur
des ressources humaines. C'est le même personnel qui agit à
l'intérieur de cette nouvelle direction avec le nouveau plan de gestion
du ministère.
M. CHARRON: L'étude n'est pas complétée, mais elle
a donné lieu à un rapport, j'imagine, pour le moment, puisque
cela fait déjà un an qu'elle est en cours.
M. PARENT (Hull): II y a eu un rapport de constatation soumis au centre
de la mécanographie, c'est là qu'il est rendu maintenant.
M. CHARRON: C'est là qu'il est. Parmi les causes qui
affecteraient les employés, lesquelles a-t-on soulevées en
premier?
M. PARENT (Hull): La question primordiale ou prioritaire, si on veut,
c'est la monotonie. Ce qu'on recherche actuellement, c'est de créer une
atmosphère propice à l'enrichissement du personnel qui puisse lui
permettre de sortir de ce qu'on semble déceler actuellement, cette
monotonie qui existe.
M. CHARRON: Vous croyez que cela prenait une étude approfondie
pour trouver ça?
M. PARENT (Hull): Je ne sais pas ce que mes experts croient,
personnellement, je pense plutôt qu'il s'agit d'une question de gestion
et de direction.
M. CHARRON: Avez-vous eu à prendre des décisions par la
suite pour combattre cette monotonie?
M. PARENT (Hull): Actuellement, nous attendons les recommandations pour
nous permettre d'agir, mais il faut bien comprendre que chacun des
ministères a encore sa liberté d'agir à l'intérieur
de son propre ministère. Le ministère de la Fonction publique
n'est que conseil. Il ne peut agir d'autorité. Cela veut donc dire
qu'à ce moment-là, tout ce que nous pouvons nous permettre
d'intervention au moment où nous avons ces recommandations, c'est de
faire nous-mêmes des suggestions aux directions de personnel.
Ce que nous avons fait, par ailleurs, au cours de la dernière
année, a été de former au sein du Conseil du trésor
le comité consultatif des politiques de personnel. Nous avons
réuni tous les directeurs du personnel de chacun des ministères
dans une conférence.
Ce comité consultatif se réunit maintenant tous les jeudis
pour examiner justement les problèmes de personnel à
l'intérieur de différents ministères du gouvernement. Ce
comité consultatif, qui siège maintenant depuis le mois de
septembre dernier, nous a permis d'arriver à des prérogatives,
à un élément de solution pour résoudre les
problèmes à l'intérieur des différents
ministères où le ministère de la Fonction publique n'a,
pratiquement, pas juridiction. Théoriquement, il peut prétendre
avoir la juridiction, puisqu'il est le ministère de la Fonction
publique, mais, comme chaque ministère se considère une
entité, il nous fallait trouver le moyen de résoudre le
problème. Par une recommandation que le ministère a transmise au
Conseil du trésor, nous avons résolu de former ce comité
consultatif des politiques de personnel où tous les
éléments d'une politique de personnel se discutent maintenant
d'une façon hebdomadaire, tous les jeudis, sous l'égide du
Conseil du trésor.
Nous en arrivons maintenant à constater progrès, pour nous
permettre d'avancer vers des programmes où chacun des ministères
pourra, au moment où nous aurons les données du centre de
mécanographie, les introduire dans chacun de ces ministères et
les faire accepter. Or, c'est l'attitude positive que nous avons prise au mois
de septembre dernier de recommander la formation de ce comité des
politiques de personnel.
Personnellement, j'ai déjà assisté à trois
de
ces réunions du comité des politiques de personnel des
différents ministères et je puis dire qu'on se fait maintenant un
devoir d'assister tous les jeudis, les directeurs de personnel, à ces
réunions où on leur soumet les problèmes non pas du
gouvernement comme tels, mais les problèmes des différents
ministères qui arrivent pour être discutés par l'ensemble
des directeurs de personnel des différents ministères.
M. CHARRON: J'admets l'autonomie relative mais l'autonomie quand
même de chacun des ministères, mais, dans votre cas, comment, chez
vous, au ministère de la Fonction publique, avez-vous combattu la
monotonie?
M. PARENT (Hull): Si je prenais l'exemple de mon ministère, je
pense que ce serait assez facile de dire comment nous avons combattu la
monotonie. C'est que le personnel du ministère est presque changé
dans son ensemble.
M. CHARRON: C'est un bon exemple.
M. PARENT (Hull): C'est que le personnel...
M. CHARRON: Iriez-vous jusqu'à recommander cela pour l'ensemble
des ministères?
M. PARENT (Hull): Je ne pense pas que ce soit une formule de solution.
Ce que je puis dire, c'est que nous avons connu des difficultés assez
sérieuses au ministère de la Fonction publique, suite aux
négociations de 1972; ce n'est pas de la monotonie que nous avons connue
au ministère de la Fonction publique, cela a été
plutôt le désarroi. Nous sommes maintenant à reconstruire,
si on veut, une façon de travail qui puisse répondre aux
aspirations des employés. Je pense que cela a été bien
plus difficile que ce que n'importe lequel ministère a pu affronter
jusqu'ici, à cause des conventions collectives où le
ministère a été mêlé dans les
négociations, lors de la dernière ronde, ce fait de constater le
désarroi que nous avons connu et, au moment où j'ai pris charge
de ce ministère en février 1973, d'être dans l'obligation
de pourvoir à un renouvellement des effectifs presque au complet.
M. CHARRON: Vous ne croyez pas justement qu'il est peut-être moins
monotone, comme vous le dites, je suis obligé de prendre votre parole,
même si je n'en donne pas beaucoup l'air, je dois le dire qu'il
était, votre ministère, mais cela s'est peut-être bien fait
au prix de l'efficacité?
M. PARENT (Hull): Nous tâchons, je pense, de trouver
l'efficacité. L'efficacité se fait par les gestionnaires et
chaque gestionnaire a sa façon à lui de procéder. Il
s'agit d'établir des règles, mais qu'elles soient établies
dans un ministère, elles n'assurent pas l'efficacité du
gouvernement.
Il fallait avoir la collaboration de la direction du personnel des
autres ministères. La façon de trouver ces méthodes
était de pouvoir réunir ce comité consultatif des
politiques de personnel qui groupaient toutes les directions de personnel de
chacun des ministères pour pouvoir mettre de l'avant des programmes,
accepter également qu'il y ait au cours de ces réunions des
propositions faites par chacun des directeurs de personnel des
ministères concernés pour nous permettre de pouvoir
élaborer des politiques qui puissent, en somme, être comprises des
ministères et acceptées des ministères.
M. CHARRON : Oui. Je ne suis pas entouré de la batterie d'experts
que vous avez et que vous avez le droit d'avoir et qu'on paie pour que vous
ayez d'ailleurs. Chose certaine, j'ai comme conception et je l'avance, parce
que c'est mon droit au cours du travail de cette commission, de sentir que la
monotonie est inversement proportionnelle à la responsabilité
qu'ont les travailleurs de la fonction publique.
Je crois qu'un ministère où les gens en place,
payés et en qui on a confiance, qui ont liberté de manoeuvre
à cause des qualifications, des compétences qu'on leur a
reconnues et que les contribuables leur reconnaissent en leur versant un
salaire qui est souvent élevé, fait que par le fait même,
cette confiance qu'on met en eux, cette liberté d'étaler et de
faire jouer leur compétence, chasse par elle-même la monotonie.
C'est lorsque les entraves, soit politiques, soit administratives se mettent
à arriver d'un côté ou de l'autre, ou finalement que les
compétences de quelqu'un n'ont pas le terrain pour s'épanouir,
que cela devient drôlement ennuyeux.
Ce qui est probablement arrivé à l'intérieur de
votre ministère, c'est qu'on a vu au cours de la ronde que vous avez
vous-même rappelée je ne tenais pas à y revenir,
mais on peut difficilement l'ignorer devant la dépouille mortelle du
ministère que le sens des responsabilités qu'avait
manifesté le sous-ministre en titre à aller jusqu'au moindre, je
dirais, des fonctionnaires de votre ministère, s'est trouvé battu
en brèche au moment où probablement il aurait dû recevoir
un mandat de confiance, et que chez l'un après l'autre, il y a eu
congés sabbatiques, démissions, maladies soudaines, ou ce que
vous voulez, il y a eu effectivement le remue-ménage que vous venez de
mentionner, à l'intérieur de votre ministère, et que vous
annoncez comme étant votre façon à vous de combattre la
monotonie.
Je crois que, déchiré entre l'intrusion rapide du
ministère du Travail et de son titulaire, qui occupe beaucoup de
terrain, on le sait, lorsqu'il s'occupe d'un dossier vous le demanderez
au ministre de la Justice, la négociation avec la Sûreté du
Québec et de l'autre côté le Conseil du
trésor et ses responsabilités accrues, et le fait que
c'était plutôt au niveau du Conseil du trésor que
l'ensemble des décisions se prenait,
plutôt qu'au niveau du ministère de la Fonction publique
c'est un secret de polichinelle, à la fin des négociations
de 1972 a fait que des hommes compétents et extrêmement
qualifiés que la fonction publique québécoise avait
développés et qui oeuvraient dans votre ministère, se sont
trouvés pris d'un désarroi, avez-vous dit vous-même, et ont
cherché ailleurs.
Ils ont été, dans certains cas, aidés par votre
prédécesseur ou vous-même. On a fait des incitations assez
rapides à un nouveau classement, à trouver un nouvel emploi. On a
même été d'accord pour en mettre quelques uns en
congé sabbatique avant même de leur trouver un autre emploi
ailleurs, dans un autre ministère, où ils continuent, je dois
dire, à travailler aussi assidûment qu'ils l'avaient fait
lorsqu'ils étaient au ministère de la Fonction publique. Mais peu
importe ce qui est advenu de chacun individuellement, il y a eu, comme vous
l'avez dit vous-même, suite au désarroi qui a marqué la
blessure mortelle du ministère en 1972, une purge et actuellement, je ne
veux pas dire que ceux qui vous entourent et ceux qui travaillent ne donnent
pas le plein rendement qu'ils ont à donner, ils ne le font pas en pleine
confiance, en pleine honnêteté, je dirais, de l'engagement qu'ils
ont pris envers les Québécois en s'inscri-vant dans la fonction
publique et au ministère que vous occupez.
Mais ils sentent certainement plus que vous, je dirais, la diminution du
rôle du ministère de la Fonction publique.
Quand vous y êtes arrivé le ministère était
déjà, en fin de compte, sur la pente déclinante et ce ne
sont pas des révisions de direction générale ou des
études sur ce qui amenuise le rendement des travailleurs de la fonction
publique, je crois, qui vont redonner l'élan qu'a déjà eu
ce ministère. Je vous avais posé cette question relativement aux
causes qui amenuisent le rendement d'un certain nombre d'employés
travaillant dans la fonction publique parce que cela m'apparaissait comme un
bon symbole de la situation générale. Je n'ai pas l'intention
d'aller plus loin. Parlez-moi donc plutôt, maintenant, de cette
opération intégration qui était en cours l'année
dernière et où en est elle rendue maintenant?
M. PARENT (Hull): Je pense que je ne pourrais pas passer sous silence
les quelques remarques du député de Saint-Jacques en disant que
je ne suis pas arrivé en février 1973 à un
ministère agonisant. J'ai dit que le ministère avait subi de
dures épreuves. J'y suis arrivé en février 1973, à
la suite de ma nomination par le premier ministre pour revaloriser le
rôle du ministère de la Fonction publique et quelles que soient
les appréhensions du député de Saint-Jacques, je n'ai pas
participé aux dernières négociations si ce n'est par le
biais du Conseil du trésor ou je siège depuis 1970 comme
vice-président. Il ne faut pas croire pour tout cela que j'ai voulu,
même avant mon arrivée au ministère de la Fonction
publique, détruire un ministère qui existait.
J'ai dit qu'il y avait un désarroi. Je pense que c'est simplement
l'honnêteté politique qui veut que je sois en mesure de souligner
qu'il y avait un désarroi. Il y a eu des départs, il y a eu,
comme l'a dit le député de Saint-Jacques, un des principaux du
ministère qui a eu un congé sabbatique, qui est maintenant revenu
à la gouverne d'un autre ministère, qui, à mon sens, est
un fidèle serviteur de l'Etat québécois. Je pense qu'il
remplit maintenant un rôle des plus efficaces comme sous-ministre des
Affaires municipales. Il a quitté le ministère, il est vrai,
avant mon arrivée. Quand je suis arrivé au ministère il
était en congé sabbatique, comme on veut le proclamer. Il n'en
demeure pas moins qu'il a été un serviteur de l'Etat. Il demeure
un serviteur de l'Etat et un excellent serviteur de l'Etat. Pour ma part, j'ai
eu comme fonction à la suite de ce que j'ai souligné comme un
désarroi, de réorganiser le ministère. Je suis en voie de
réorganisation. Elle est presque complétée. Nous avons
fait accepter notre structure administrative au mois d'août 1973. Je l'ai
souligné dans mon exposé. Cette structure administrative est
approuvée par le Conseil du trésor et nous sommes au moment des
nominations pour compléter les cadres, pour nous permettre
d'entreprendre la prochaine ronde de négociations. J'ai moi-même
entrepris de modifier les relations entre le ministère de la Fonction
publique et les syndicats. J'ai rencontré à tour de rôle le
président de la CNS, du FTQ, de la CEQ, du Syndicat des fonctionnaires.
J'ai tenté d'améliorer avec les fonctionnaires, également,
les relations entre les différents syndicats qui font affaires avec le
ministère de la Fonction publique pour la mise en valeur des conventions
collectives en vue de discuter même des articles des conventions
collectives actuellement en vigueur pour en modifier... Je pense que cela fait
déjà trois fois que nous modifions la convention collective du
syndicat des fonctionnaires à la suite de demandes que nous avons
reçues du Syndicat des fonctionnaires, des employés du
gouvernement. Nous avons tenté de remédier à cette
situation pour établir un climat qui puisse être favorable entre
les deux parties, entre employeurs et employés.
Cette réorganisation que nous sommes à faire au
ministère a valu, probablement, que nous arrivions à retrouver,
non pas des têtes d'affiche, des grandes célébrités,
mais des compétences qui puissent assurer la responsabilité des
différentes directions générales que nous avons
créées.
C'est ainsi que, la semaine dernière, nous avons nommé un
des nôtres, M. Claude Bélanger, sous-ministre de la Fonction
publique, pour assumer la direction du ministère de la Fonction
publique.
Je pense que M. Claude Bélanger a déjà fait ses
preuves à la Régie de l'assurance-maladie du Québec. Il a
démontré les talents qu'il avait.
Pour ma part, j'ai été très heureux de le
recommander et je suis très heureux de pouvoir travailler avec lui dans
l'élaboration de cette nouvelle politique du ministère de la
Fonction publique, dans nos relations avec les représentants syndicaux
pour améliorer les conditions de travail. Avec les directeurs
généraux que nous avons nommés jusqu'ici, à la
suite de concours tenus par la Commission de la fonction publique, je demeure
convaincu que le ministère de la Fonction publique fera face, avec
audace et d'une manière avant-gardiste, aux prochaines
négociations collectives que nous aurons à négocier.
Quelles que soient les remarques qu'a voulu faire le
député de Saint-Jacques, pour ma part, je n'ai qu'à me
féliciter de l'équipe qui m'entoure. Il est vrai qu'ils sont
presque tous nouveaux, ce sont d'anciens fonctionnaires dans la grande
majorité; presque 100 p.c. ont oeuvré dans d'autres
ministères, ils sont maintenant au ministère de la Fonction
publique, ils ont fait confiance au gouvernement, ils ont fait confiance
à celui qui dirige le ministère de la Fonction publique. Je
demeure convaincu que nous allons réussir à implanter cette
nouvelle structure qui va donner davantage sur les relations de travail, sur le
perfectionnement, sur les ressources humaines et qui nous permettra d'apporter
un nouvel élan vers le perfectionnement pour assurer l'efficacité
dans la fonction publique.
Quels que soient les commentaires que puisse faire le
représentant du Parti québécois, je dis que je me
félicite jusqu'ici du travail qui a été amorcé
à la suite de cette dure période que nous avons traversée.
Il était difficile de trouver des gens, des compétences comme
nous en avons trouvés jusqu'à maintenant, pour assumer des postes
de confiance, des postes de responsabilité. Ces personnes savent
à l'avance qu'elles s'aventurent vers un grave problème, celui
des relations de travail, celui de la prochaine ronde de négociations,
mais qui, quand même, ont cru de leur devoir d'accepter ces
fonctions.
Je dis tout simplement: Nous allons aller de l'avant, quelles que soient
les prétentions de ceux qui peuvent être appelés à
nous critiquer, nous allons faire l'impossible pour améliorer les
conditions de travail, pour améliorer le perfectionnement, pour
améliorer l'efficacité dans la fonction publique.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le député de Saint-Jacques.
Vous avez une question?
Intégration
M. CHARRON: J'avais posé la question sur l'état actuel de
l'opération intégration qui est menée au ministère
depuis déjà quelque temps.
M. PARENT (Hull): Sur l'opération intégration, je pense
que nous avons presque terminé ce qui concerne les employés
syndiqués. Il nous reste environ 300 employés qui ne sont pas
intégrés dans le domaine des employés
syndiqués.
Pour ce qui est des employés de la gérance, nous avons
terminé, la semaine dernière, les registrateurs. Il nous reste
tous les employés des greffes et les employés de soutien. Il nous
reste à en intégrer environ 3,000, au maximum, et nous aurons
réussi, à ce moment-ci, la ronde complète de
l'intégration de la classification des employés.
M. CHARRON: Quand prévoyez-vous que cela soit terminé?
M. PARENT (Hull): Tout devrait être terminé pour le 9
juin.
M. CHARRON: Lors de l'intégration des employés
syndiqués, dont il n'en reste que 300 à être
intégrés, est-il exact que cela a donné lieu à
plusieurs griefs?
M. PARENT (Hull): 14,000, je pense.
Sur les griefs, je pense qu'il faut faire une distinction, il y a eu
beaucoup de griefs mais sur le nombre d'avis d'appels du syndicat en arbitrage,
il y en a eu 1923, il y a eu 998 désistements du syndicat, il reste 588
cas qui ne sont pas réglés.
M. CHARRON: Et les autres griefs qui ne sont pas allés en
arbitrage, à la demande syndicale comment se sont-ils
réglés?
M. PARENT (Hull): Ils ont été réglés en
première étape. Ce sont les étapes subséquentes que
je viens de vous donner.
M. CHARRON: C'est une bonne moyenne. Pour les 3,000 non syndiqués
qu'il reste à intégrer, est-ce que, déjà, dans les
non-syndiqués qui sont intégrés, il y a eu pareille
proportion de griefs, ou plus élevée que dans le cas des
employés syndiqués, ce qui nous permettrait de
prévoir...
M. PARENT (Hull): II y en a encore 3,000 qui ne sont pas
intégrés. On ne peut pas prévoir actuellement.
M. CHARRON: Parmi les non-syndiqués déjà
intégrés, il n'y en a aucun?
M. PARENT (Hull): Parmi les non-syndiqués, il n'y en a pas
encore.
M. CHARRON: Ce sont ces 3,000 qu'il s'agit d'intégrer d'ici le 9
juin, pourquoi le 9 juin?
M. PARENT (Hull): J'ai demandé, au mois de février,
à la Commission de la fonction publique, parce que ces
non-syndiqués relèvent de la Commission de la fonction publique,
et relèvent également du ministère puisqu'il s'agit
d'un travail entre les deux parties, de me soumettre un calendrier pour
terminer cette opération. C'est la raison pour laquelle, à la
suite de cette intervention que j'ai faite, on m'a informé que le 9
juin, tout le processus aura été complété pour que
nous puissions donner l'intégration de ces 3,000 au maximum qui
demeurent non intégrés.
M. CHARRON: Je me souviens que cela avait été
débattu lors de l'étude des crédits, l'année
dernière, mais est-ce que la classification et l'intégration des
employés du secteur parapublic a donné lieu, au ministère
de la Fonction publique, à consultation, avis ou je ne sais trop? Je
pense à la classification des enseignants qui a tramé
pendant...
M. PARENT (Hull): Est-ce que vous parlez des cadres ou des
syndiqués?
M. CHARRON: Des syndiqués. Est-ce que, d'une certaine
façon, les fonctionnaires du ministère de la Fonction publique
ont été de quelque utilité aux fonctionnaires du
ministère de l'Education en ce qui a concerné la classification
des enseignants? Avez-vous été mêlé?
M. PARENT (Hull): Le ministère n'a pas eu à se prononcer
comme tel sur le cas, il a pu agir comme conseil.
M. CHARRON: L'a-t-il fait? C'est ce que je demande. Je sais bien qu'il
ne peut pas, je sais tout ça, mais je veux savoir s'il l'a fait.
M. PARENT (Hull): Ni pour les enseignants, ni pour les Affaires
sociales.
M. CHARRON: Tout s'est fait au niveau des ministères respectifs.
Ce que je me pose comme question, et ça revient un peu mais sous un
angle différent, et: Quel est le rôle du ministère de la
Fonction publique maintenant? Le député de Maisonneuve a
soulevé l'année dernière ce genre de problème; lors
de cette classification ardue et qui a fait pourrir le climat dans le domaine
de l'éducation pendant plusieurs mois, on a procédé
à des ententes. Finalement, la Centrale de l'enseignement du
Québec et le ministère de l'Education ont paraphé une
entente de classification qui donne encore lieu à certains griefs mais
qui, pour l'ensemble, se trouvent réglés, disons-le. Ce
n'était pas, à mon avis, sans conséquence sur l'ensemble
des conditions de travail des autres employés de la fonction
parapublique et de la fonction publique même. Je me dis que des avantages
ou une échelle de traitements que l'on reconnaissait aux travailleurs de
l'éducation se trouvait à créer une manière de
"précédent" qui, tôt ou tard, pouvait affecter le
ministère de la Fonction publique, quand, lui, avec ceux qui sont de son
ressort, allait procéder lui aussi à une classification qui,
éventuellement, allait servir de base à une échelle de
traitements.
Ce que je trouve curieux et ce que le député de
Maisonneuve, au nom du Parti québécois, signalait l'année
dernière, c'est comment il se fait que des négociations aussi
importantes et qui, à notre avis, ont des effets sur l'ensemble des
négociations des secteurs public et parapublic, sont menées
complètement à l'écart du ministère de la Fonction
publique.
S'il était vraiment le ministère de la Fonction publique,
il me semble que peut-être ne devrait-il pas conduire de lui-même
les négociations visant à la classification des enseignants, mais
il devait certainement être partie liée parce que cela va avoir
des conséquences par la suite. Ce qui est accordé à un
bout, vous pouvez être certain que dans un autre coin on va en tenir
compte, quand viendra le temps d'établir chez soi son propre
système de classement et d'intégration du personnel.
M. PARENT (Hull): Je pense que le député de Saint-Jacques
ne parle pas de la même chose. On parle de choux et de navets. Dans
l'enseignement, il s'agit d'une question... On a actuellement des
barèmes déterminés de rémunération.
M. CHARRON: La reconnaissance des diplômes.
M. PARENT (Hull): Nous avons la question de scolarité et les
années d'expérience. Or, dans la fonction publique, ce ne sont
pas les barèmes...
M. CHARRON: Je sais.
M. PARENT (Hull): ...qui servent à déterminer la
classification. Vous avez d'autre part, dans l'éducation, la question du
nombre d'élèves face au professeur. Cela ne se retrouve pas dans
la fonction publique.
M. CHARRON: Ce n'est pas dans la classification. Le nombre
d'élèves, c'est une disposition de la convention collective qui a
pris effet sur...
M. PARENT (Hull): Oui, mais le député de Saint-Jacques
veut dire, à ce moment-là, que cela peut avoir un effet dans la
fonction publique. Je dis que non cela n'a pas d'effet. Le rapport
maître-élèves est l'équivalence. Le degré de
scolarité, plus l'expérience ne sont pas les règles qui
servent à déterminer le salaire dans la fonction publique.
M. CHARRON : Moi non plus, je ne veux pas parler de choux et de navets
en même temps. J'admets que, par exemple, la valeur du diplôme...
Encore une fois je rappelle au ministre de la Fonction publique que le rapport
maître-élèves n'a rien à faire dans la
classification des enseignants. C'est une clause à part de conditions de
travail et non pas de classement des enseignants. Ce sont des conditions de
travail. J'admets avec vous que la scolarité n'a pas le
même effet sur le classement des fonctionnaires qu'elle peut
l'avoir sur le classement des enseignants. Je crois que le barème
fondamental de l'échelle et du classement des employés de la
fonction publique est effectivement l'expérience. Or, cette
donnée joue également dans le classement des enseignants. Si, par
exemple, la disproportion ou l'écart relatif entre chacune des
échelles, chacun des barreaux de l'échelle de la classification
des enseignants, vu sous l'angle de l'expérience, à mon avis se
trouve à constituer une espèce de précédent qui
peut être, dans d'autres domaines, utilisé en comparaison. C'est
simplement sur cet aspect que je me demande si le ministère de la
Fonction publique, à cause des incidences que cela peut avoir sur ses
propres entreprises de classement lui-même, a suivi de près ou a
conseillé de quelque manière la façon de reconnaître
l'expérience lorsqu'il s'agit de faire le classement. Ce n'est pas la
mer à boire, mais c'est, il me semble, le rôle normal du
ministère de la Fonction publique de veiller à ce qu'il y ait un
ensemble à peu près.
M. PARENT (Hull): La question de l'équivalence intersectorielle
est faite par le Conseil du trésor, mais en ce qui concerne...
M. CHARRON: Encore une fois, vous venez de noter vous-même que cet
aspect important relève du Conseil du trésor, comme tantôt
vous m'avez signalé la réunion des directeurs du personnel, cela
se faisait par le Conseil du trésor.
M. PARENT (Hull): Absolument. Les lois de l'administration
financière... Si le député veut se rappeler la loi de
1971, la Loi de l'administration financière, le bill 55, il se
rappellera que l'Assemblée nationale a voté des pouvoirs.
M. CHARRON: Je sais.
M. PARENT (Hull): Si le député de Saint-Jacques se
rappelle qu'il a voté les pouvoirs en 1971, je me demande aujourd'hui
pourquoi il peut faire un reproche au ministère de la Fonction publique
de ne pas détenir des pouvoirs. C'est l'Assemblée nationale qui a
voté cette loi. Nous tenons compte, par le Conseil du trésor, de
l'équivalence intersectorielle, le ministère de la Fonction
publique est constamment en éveil sur l'évolution du dossier de
l'éducation, même s'il n'est pas partie dans le dossier de
l'éducation, mais nous sommes continuellement en éveil pour
surveiller l'exécution. Si le ministère fait des propositions,
nous en sommes informés immédiatement. Cela ne veut pas dire, par
ailleurs, que nous devons exercer une autorité contre le
ministère de l'Education, parce que l'autorité dans ce domaine
appartient au Conseil du trésor.
Or, je pense que ce n'est pas cachottier, ce n'est pas quelque chose qui
est hors de l'ordi- naire. Cela existe dans les statuts de la province. Je me
demande pourquoi le député de Saint-Jacques se pose des questions
et manifeste sa grande surprise dans le fait que c'est le Conseil du
trésor qui voit à l'équivalence intersectorielle. C'est sa
responsabilité en vertu de la Loi de l'administration financière.
Le ministère de la Fonction publique, dans son rôle, voit
justement à l'évolution du dossier pour se tenir au courant, pour
être informé et il est informé mais il ne
participe pas comme tel dans l'exécution du mandat du ministère
de l'Education de qui relève le mandat.
M. CHARRON: C'est ce que je voulais savoir, si vous étiez...
M. PARENT (Hull): Je suis bien conscient.
Perfectionnement
M. CHARRON : Avant de céder la parole au chef de l'Opposition, je
veux savoir quelque chose sur une question particulière qui est
très importante. Faisant appel aussi à ce que vous annonciez
l'année dernière à l'ouverture de l'étude des
crédits du ministère de la Fonction publique, vous mentionniez
que des programmes particuliers allaient être préparés et
implantés en vue du perfectionnement et d'une meilleure affectation des
travailleurs de la fonction publique. Quels sont ces programmes qui ont
été préparés?
M. PARENT (Hull): J'ai dit tout à l'heure que nous étions
à préparer... Nous avons préparé
déjà, au ministère de la Fonction publique, les
règles administratives de ce que doivent consister les cours de
perfectionnement. Nous avons, d'autre part, convenu, à une séance
du Conseil du trésor, plutôt que de présenter une politique
générale de perfectionnement sans en connaître toutes les
données, de procéder par étapes, c'est-à-dire
prendre, tout d'abord, le cours de seize mois , qui est donné à
l'ENAP, et mettre au point une politique à l'endroit de ce cours;
deuxièmement, développer une politique en ce qui concerne le
cours de l'ENAP à temps partiel; troisièmement, soumettre, dans
un avenir très prochain, une politique en ce qui concerne les autres
cours de perfectionnement qui s'adressent aux différents
ministères et dont le comité consultatif des politiques de
personnel est à préparer ce que constitue le perfectionnement
comme tel dans la gestion des affaires gouvernementales pour chacun des
ministères. A côté de ces données, définir
les politiques que le ministère doit mettre en marche pour assurer une
politique cohérente, une politique de perfectionnement pour les
employés du gouvernement.
Actuellement, on trouve assez disparates les cours qui sont offerts dans
différentes universités au Canada et aux Etats-Unis et même
en
Europe pour des fonctionnaires qui demandent, à cette fin, des
congés avec solde. Et c'est là que le gouvernement doit
définir sa politique de perfectionnement. En quoi constitue le
perfectionnement? Est-ce que cela constitue une politique de perfectionnement
individuel ou un perfectionnement collectif qui doit servir à l'Etat
lui-même? C'est là qu'il s'agit actuellement de faire la
différence, la marge de ce qui constitue un perfectionnement personnel
qui rapporte à l'individu, et de considérer un perfectionnement
qui va rapporter à l'Etat, sans pour autant brimer les droits de
chacun.
M. CHARRON: Où est la distinction entre...
M. PARENT (Hull): II y en a une distinction. S'il s'agit, à un
certain moment, pour un employé, au cours de l'exercice de son emploi
d'obtenir un congé avec solde et d'aller poursuivre des études
pour obtenir, par exemple, son M.B.A., cela devient une question de
perfectionnement personnel. Et le jour où il aura obtenu son M.B.A.,
pouvoir devenir admissible à une reclassification dans la fonction
publique, quitte à avoir des avantages supérieurs. A ce
moment-là, qu'est-ce que l'Etat doit faire? Est-ce qu'il doit contribuer
d'une partie dans l'étude que ce candidat ou cet employé de
l'Etat veut poursuivre? En quoi constitue l'apport que l'employé doit
apporter et en quoi constitue l'apport que doit apporter l'Etat dans le
perfectionnement de cet employé en relation avec l'apport qu'il pourra
apporter à l'Etat?
M. CHARRON: En quoi consiste le perfectionnement collectif?
M. PARENT (Hull): Le perfectionnement collectif, à mon sens,
c'est l'individu qui, par les connaissances qu'il pourra acquérir par le
perfectionnement en regard de la gestion gouvernementale, peut rapporter
à l'Etat; il constitue également pour lui un apport de
scolarité additionnelle mais, pour l'Etat, c'est un apport essentiel
dans la poursuite de ses objectifs.
M. CHARRON: Au fond, il me semble qu'on a...
M. PARENT (Hull): II s'agit de faire la part des choses, à savoir
si à ce moment l'Etat doit accorder des congés avec solde et
payer les frais de scolarité pour quelque cours que ce soit que
l'employé veut poursuivre, ou si le gouvernement doit se donner une
politique de perfectionnement de ses employés en regard de ses besoins.
Il arrive, par exemple, que nous allons trouver dans l'environnement des
spécialistes que nous n'avons pas, qui ne se forment pas dans nos
universités d'aujourd'hui, dans les cours donnés dans les
universités du Québec et qui sont essentiels au Québec. A
ce moment, je pense qu'il faudrait faire la distinction que, si nous avons
besoin de spécialistes dans l'environnement, ils doivent aller
étudier à l'université de l'Indiana où se donnent
des cours de spécialisation dans l'environnement. Est-ce qu'à ce
moment l'Etat doit, vu les besoins qu'il a dans le domaine de l'environnement
c'est un domaine assez ouvert payer pour permettre à celui
qui a les capacités d'aller terminer ses études à
l'Université de l'Indiana, lui payer son salaire pendant qu'il
étudiera et le rapatrier par la suite avec un engagement pour qu'il
vienne servir l'Etat du Québec dans le secteur de l'environnement?
Il y a des secteurs où le Québec manque de
spécialistes. Je pense qu'il faut faire une distinction entre ce qui est
l'apport individuel de connaissances accrues et les besoins de l'Etat.
M. CHARRON: Quand vous faites cette distinction qui, à mon avis,
est artificielle, parce qu'on retrouve constamment les deux. Il est bien
sûr que si un individu va se perfectionner dans une université
américaine, par exemple, cela lui apporte d'abord un perfectionnement
individuel, mais s'il le fait avec un engagement de cinq ou dix ans avec l'Etat
québécois, c'est en même temps un perfectionnement
collectif. En jouant sur ce genre de distinction, vous me donnez l'impression
de juger les cas à la pièce. J'aimerais savoir quelle est la
politique actuelle. Est-ce que, en règle générale, par
exemple, vous favorisez le paiement total des coûts de perfectionnement
pour ensuite avoir un contrat à long terme du fonctionnaire pour que la
partie que vous appelez perfectionnement collectif soit au moins
équivalente au perfectionnement individuel que vous lui avez
donné ou alors est-ce l'inverse? L'incitez-vous plutôt à se
perfectionner lui-même, par ses propres moyens, pour ensuite lui donner
un revenu supérieur? Je ne sais pas. Qu'est-ce que c'est
actuellement?
M. PARENT (Hull): Actuellement, disons que celui qui a un congé
avec solde et qui va étudier, signe un engagement pour travailler, selon
la durée du cours qu'il a suivi, un an, deux ans, trois ans.
M. CHARRON: Le maximum est de trois ans?
M. PARENT (Hull): Oui. Il s'agit pour l'Etat de déterminer, dans
une politique bien cohérente, quels sont ses besoins en matière
de gestion. Cela n'est pas défini.
M. CHARRON: D'abord, prenons cela.
M. PARENT (Hull): C'est le ministère de la Fonction
publique...
M. CHARRON: ... qui détermine... Prenez le cas qui semble vous
emballer et dont vous aimez parler, le spécialiste de l'environnement.
Est-ce le ministère des Affaires municipales qui vous a signalé
le besoin d'un tel spécialiste ou l'avez-vous découvert
vous-même?
M. PARENT (Hull): Tous les ministères. Le ministère des
Terres et Forêts va nous signaler des besoins. Le ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche va nous signaler des besoins. Il
arrive même parfois que...
M. CHARRON: Mais j'imagine que ces demandes provenant des
différents ministères sont plus nombreuses que la capacité
financière de l'Etat québécois.
M. PARENT (Hull): II ne s'agit pas d'une question de capacité
financière. Je pense qu'il s'agit d'une question d'équité
pour les employés de l'Etat et de chance égale. Si un
employé me demandait demain matin d'aller suivre un cours de comptable
agréé, l'Etat, à ce moment, n'a pas de raison de donner un
congé avec solde à un employé pour suivre son cours de
comptable agréé parce qu'à ce moment, je pense que les
universités du Québec en produisent suffisamment.
C'est là qu'il faut faire la distinction, ç'en est du
perfectionnement. L'individu qui a fait son cours de bachelier en commerce,
à qui il reste peut-être un an ou deux pour obtenir son C.A.,
pourrait améliorer son rôle à lui d'une façon
enviable au point de vue du salaire, au point de vue de son rang dans la
société, au point de vue de son rendement personnel. Mais l'Etat
peut-il accepter de payer cet employé pour aller suivre son cours de
comptable agréé? L'université en forme en grande
quantité.
M. CHARRON: Je comprends cela...
M. PARENT (Hull): Les demandes que nous recevons actuellement sont
traitées individuellement comme le député de Saint-Jacques
l'a souligné tout à l'heure. C'est cela que nous trouvons une
façon baroque de déterminer une politique de perfectionnement,
c'est que les demandes nous viennent des individus par leur ministère,
alors que le ministère veut définir une politique de
perfectionnement. Qu'est-ce que c'est, le perfectionnement? Pour nous, dans
notre optique, le perfectionnement, ce sont des stages de courte période
qui vont améliorer le rendement de l'employé dans son emploi.
M. CHARRON: C'est ce que cela veut dire, le perfectionnement.
M. PARENT (Hull): C'est cela, alors que, dans plusieurs
ministères, les demandes que nous recevons au Conseil du trésor
d'avoir des congés avec solde constituent, à notre avis et dans
bien des cas dans 90 p.c. des cas de la scolarité
additionnelle pour l'individu. Mais il y a des secteurs où le
Québec est faible, ne produit pas les individus requis, ne produit pas
les compétences requises. A ce moment-là, on ne peut pas
s'empêcher, si un individu a déjà terminé des
études universitaires, de lui faire poursuivre des études
postuniversitaires qui lui permettront d'acquérir une expérience
qui sera au service du Québec.
M. CHARRON: Bon! Cette opinion personnelle que vous énoncez et
qui, il me semble, peut rallier l'ensemble des Québécois, il est
bien entendu que, quand on parle de perfectionnement, c'est de cela qu'on
parle. Est-ce qu'elle se transpose au ministère de la Fonction publique
dans des critères précis pour, par exemple, dire: Les cours de
perfectionnement ne sont ouverts qu'aux détenteurs de diplômes
universitaires en vue d'études postuniversitaires, ce qui exclut
déjà un bon nombre des demandes qui y affluent probablement?
Est-ce qu'il s'agit simplement d'obtenir un diplôme universitaire? Tous
ces critères, est-ce qu'ils existent dans des programmes précis
de perfectionnement auxquels doit se plier le candidat s'il veut y parvenir ou
si c'est jugé à la pièce?
M. PARENT (Hull): Non.
M. CHARRON: Cela me semble jugé à la pièce.
M. PARENT (Hull): C'est jugé jusqu'ici à la pièce,
à l'exception de certains cours de perfectionnement comme l'ENAP. Il y a
déjà un module d'établi à l'ENAP pour
déterminer le choix des candidats. Dans les autres secteurs, c'est
à la pièce. C'est là que nous croyons qu'il est
nécessaire d'intervenir pour qu'il y ait du perfectionnement, surtout de
courte durée, pour permettre à un plus grand nombre de sujets de
se prévaloir d'une expérience additionnelle.
M. CHARRON: Ce que vous nous dites là, vous nous l'avez dit
l'année dernière et le député de Deux-Montagnes
l'avait dit avant d'être limogé comme ministre de la Fonction
publique. Il va y avoir un programme, il va y avoir des critères, nous
dit-on. Pourtant, vous me redites ce soir ce que vous nous avez dit
l'année dernière, ce que Jean-Paul L'Allier nous avait dit
également. C'est que c'est toujours à la pièce. Quand donc
cette politique de perfectionnement sera-t-elle intégrée au point
que l'on sache ce qu'on est en train de faire dans le perfectionnement des
hauts fonctionnaires de l'Etat québécois? Combien y a-t-il de
hauts fonctionnaires actuellement en stage de perfectionnement de courte
période semble-t-il c'est ce que vous favorisez, à
l'étranger, ou ailleurs ou ici et qui sont liés par un
contrat par la suite lorsque le perfectionnement individuel, comme vous aimez
appeler cela, sera acquis?
M. PARENT (Hull): II ne faudrait pas prétendre pour tout cela
qu'il n'y a pas de cours qui se donnent actuellement. Dans la période
même dont nous parlons, il y a 429 participants
déjà qui viennent de 18 ministères, qui
représentent 47,190 jours, dans des cours de gestion organisés.
C'est l'introduction à la gestion. Ce sont des cours donnés au
centre coopératif Desjardins, au Lac Beauport...
M. CHARRON: Hautes Etudes?
M. PARENT (Hull): Sur Crémazie. Nous avons déjà des
cours qui sont...
M. CHARRON: C'est où, à Montréal, juste...
M. PARENT (Hull): II y a eu Longueuil et sur la rue Crémazie. Il
y a des cours qui se donnent actuellement. Il y a eu des sessions d'information
sur le PPBS,...
M. CHARRON: II faudrait donner des cours au ministre sur le PPBS.
M. PARENT (Hull): C'est la firme Camirand-Gagnon qui donne ces cours, il
y a 18 ministères qui sont impliqués. On appelle cela les cours
de gestion I. Il y a des cours de gestion II. Ces cours sont des cours de
gestion de courte durée pour permettre d'améliorer les
connaissances des gestionnaires et leur permettre une meilleure
efficacité. Ce que nous recherchons, c'est une politique globale. Ce que
nous avons convenu au Conseil du trésor, il y a deux semaines, c'est que
le ministère va présenter cela par blocs, sur des politiques de
perfectionnement. Nous ne sommes pas en mesure de présenter dans le
moment une politique globale, qui va englober tous les cours de
perfectionnement qui doivent être suivis. Or, nous avons convenu, lors de
cette session, il y a deux semaines, d'accepter qu'il y ait des propositions
faites sur des blocs de cours qui pourront être mis en vigueur à
l'intérieur de la fonction publique, en plus de ceux qui sont
déjà en cours.
Nous avons même eu des rencontres avec l'ENAP pour tenter
d'organiser un programme qui servirait, plutôt que ce que l'ENAP fait
actuellement, au gouvernement du Québec, à la formation des
gestionnaires du gouvernement. Mais les cours qu'on donne actuellement à
l'ENAP, à l'exception du cours de 16 mois, ne conviennent pas au
gouvernement, ne conviennent pas dans la gestion quotidienne. Ils sont
plutôt axés vers le développement individuel plutôt
que vers le perfectionnement. Nous sommes en négociation actuellement
à l'ENAP pour tenter de définir une programmation qui servira les
intérêts du gouvernement.
M. CHARRON : Là-dessus, je vous donnerais raison. Il y a un autre
type de personnel à perfectionner, il me semble. Je ne sais comment les
appeler, mais ce sont ceux qui occupent des postes intermédiaires de la
fonction publique et, la plupart du temps, des postes décisionnels
à certains égards. Prenons l'ensemble des employés des
Affaires sociales, je ne parle pas des employés d'hôpitaux qui
relèvent du secteur parapublic, je veux dire ceux qui ont à
administrer l'ensemble de la politique sociale. Je ne parle pas des plus hauts,
je ne parle pas des sous-ministres ou des sous-ministrables, des directeurs
généraux de différentes branches du ministère. Je
parle de ceux qui les députés en ont l'expérience
concrète dans chacune des régions, je dirais chacun des
comtés, ont à administrer les lois et à organiser un
service qui soit adéquat. Je prends le cas des Affaires sociales, parce
que c'est celui qui saute aux yeux. Les reproches que font les citoyens
appelons-les les contribuables dans le cas qui nous occupe
l'administration tatillonne, non efficace, superbureaucratisée,
inhumaine va-ton jusqu'à dire à certains égards. On a
souvent l'impression que bien sûr, la loi est peut-être
inefficace on n'a pas assez de tournures dans l'application de ces lois.
C'est souvent cela qui cause des problèmes.
Est-ce qu'à ce niveau il existe des programmes de
perfectionnement qui ont été élaborés, qui seraient
implantés actuellement, mais qui nécessitent l'appui de tout le
monde?
M. PARENT (Hull): Dans le domaine des Affaires sociales, je pense que le
député de Saint-Jacques a frappé un domaine où nous
sommes très actifs. Nous avons, actuellement en cours, des sessions pour
cette gérance intermédiaire qu'on appelle, même au niveau
syndiqué, des agents de sécurité sociale. Ils ont eu,
depuis un an, trois sessions de trois jours sur la législation et les
techniques administratives. Il y a encore des cours au moment où on se
parle qui se donnent. Le ministère de la Fonction publique fournit deux
employés, à temps plein, de la direction générale
du perfectionnement pour aménager ces cours et les cours sont
donnés à partir du niveau d'agent de sécurité
sociale.
M. CHARRON : Par qui sont donnés ces cours?
M. PARENT (Hull): Conjointement avec l'Université du
Québec.
M. CHARRON: Où se donnent-ils actuellement? A Montréal,
j'imagine, à Québec?
M. PARENT: Chacune des régions administratives du Québec a
ce genre de cours.
M. PARENT (Hull): II y a des cours de perfectionnement qui fonctionnent
depuis deux ans aux Affaires sociales au niveau des agents de
sécurité sociale qui sont chargé de partager le travail de
150 à 200 dossiers, au maximum. C'est à ce niveau que les cours
se donnent pour ces fonctionnaires justement pour les acclimater à la
loi, aux règlements et aux techniques administratives. Au moment
où je vous parle, il y a actuellement des cours.
M. CHARRON: Au bout de deux ans de ces cours, est-ce qu'on est
satisfait? Est-ce que le but visé est atteint ou est-ce qu'on est
à modifier le contenu des cours parce que ce n'est peut-être
pas... autrement dit, le "feed-back" de ceux qui se déplacent?
M. PARENT (Hull): II faut être assez pratique pour concevoir que
les règlements se modifient. Du moment où les règlements
se modifient comme la Loi de l'assistance sociale en a été
le sujet dans les derniers mois à partir de ce moment, selon le
concept du cours qui est donné, il faut, non pas recommencer, puisque le
premier cours concernait la législation des techniques administratives,
or il s'agit, à ce moment-là, s'il n'y a pas eu d'aspect
législatif, d'intervenir à nouveau dans le secteur des techniques
administratives pour la mise en vigueur des nouveaux règlements. Au
moment où on se parle, il y a actuellement des cours dans les dix
régions administratives du Québec sur les nouveaux
règlements qui entrent en vigueur, l'indexation des allocations. Tout
ça est déjà soumis, en collaboration avec
l'Université du Québec, à tout ce personnel qui est
chargé quotidiennement de répondre aux demandes des citoyens.
M. CHARRON: Je ne veux pas nier, sans aucun doute, l'utilité de
ce genre de cours. De la part des fonctionnaires des Affaires sociales, la
connaissance des lois qu'ils ont à appliquer... Dieu sait que c'est avec
une catégorie de population qui a besoin que ces fonctionnaires soient
vigilants et travaillent. Mais, outre la connaissance, jusqu'au bout des doigts
je dirais de la loi et des règlements qu'ils ont à appliquer, au
point qu'une bonne connaissance va conduire à une application rapide de
la loi, donc à une efficacité plus grande, l'autre aspect souvent
déploré dans ce secteur d'administration publique, c'est le
nombre incroyable de paliers à franchir avant qu'une décision
soit prise. On caricature souvent en disant que le fonctionnaire qui vient
répondre au bénéficiaire de l'aide sociale,
peut-être connait-il la loi sur le bout de ses doigts, peut-il
immédiatement l'informer sur ce que le règlement de l'aide
sociale lui permet d'obtenir immédiatement. C'est le cas de certains
secrétaires de comté, secrétaires de député,
qui connaissent parfaitement la Loi de l'aide sociale, qui ont suivi des cours
donnés par le ministère des Affaires sociales pour être en
mesure d'informer rapidement le citoyen.
M. PARENT (Hull): Le député de Saint-Jacques était
au courant qu'il y avait des cours.
M. CHARRON: Pour les secrétaires de comté, je sais que
ç'a été donné par l'ancien ministre Castonguay, il
y a deux ans. Cela a été très utile, je ne le nie pas,
mais il y a une autre amélioration à apporter. Ce n'est pas
simple- ment faire connaître la loi aux fonctionnaires, mais aussi est-ce
qu'il est possible d'humaniser ce secteur de l'administration au point que des
gens qui ont besoin d'aide n'aient pas à attendre tout le
déroulement "paperassier" de l'administration publique pour obtenir une
autorisation, par exemple, à recevoir un chèque de
bien-être social, de l'urgence-secours de $25?
Il est vrai que l'on n'en donne plus maintenant, mais au temps où
on en donnait, il fallait absolument s'adresser directement aux plus hauts
échelons, parce que, en bas, on nous répondait: Je sais
parfaitement que l'individu en question, je connais le règlement, a
droit de le recevoir, mais je n'ai pas l'autorisation de le lui donner. On se
trouvait alors dans une administration où on perdait trois heures
à chercher le responsable, à trouver le gars qui finalement
pouvait prendre la décision.
Cela aussi s'est vu. C'est un perfectionnement qui, surtout dans ce
secteur...
M. PARENT (Hull): Je peux répondre au député de
Saint-Jacques que, comme membres du Conseil du trésor, nous essayons de
décentraliser l'administration. Il rapporte que cela prend un tas de
paperasse et ainsi de suite; il n'en demeure pas moins que le directeur
régional de chacun des dix bureaux des régions administratives a
le droit de prendre des décisions immédiatement.
M. CHARRON: Le directeur régional...
M. PARENT (Hull): II y a trois ou quatre ans, il fallait qu'il s'adresse
à Québec avant de prendre une décision afin d'aider telle
famille.
M. CHARRON: Mais encore...
M. PARENT (Hull): Aujourd'hui, le directeur régional a des
pouvoirs.
M. CHARRON: Le directeur régional de l'immense région
administrative de Montréal, par exemple, est très loin de la
citoyenne de la rue Beaudry, dans Saint-Jacques, à Montréal, qui
est en droit d'avoir de l'aide sociale; or, elle est obligée de remonter
au ministre, mais elle se "sacre" éperdument du ministre.
M. PARENT (Hull): II est moins loin qu'à Québec.
M. CHARRON: II est moins loin qu'à Québec, mais quand
même, quand on est dans une situation d'urgence... Cela a
été le problème. Dans le cas d'urgence, par exemple, le
vendredi soir, il arrivait que l'on n'avait pas l'autorité suffisante
pour débloquer les fonds. Je sais bien qu'il a le droit, n'est-il pas
là...
M. PARENT (Hull): Je pense que le député de Saint-Jacques
va apprendre avec les années que les cas qui arrivent le vendredi soir
sont assez réguliers.
M. CHARRON: Oui, je le sais. Cela ne m'a pas pris des années pour
l'apprendre non plus.
C'est cela, c'est au Champ de Mars. C'est à 435, Champ de Mars.
C'était et c'est d'ailleurs encore la seule place. Encore fallait-il
attendre M. Séguin! S'il est absent, même si le fonctionnaire qui
va recevoir le citoyen connaît la Loi de l'aide sociale sur le bout de
ses doigts, il n'est pas en autorité. Elle est peut-être
décentralisée, c'est-à-dire que c'est parti de
Québec pour aller dans les régions administratives. Moi, je dis
que cela doit, dans la mesure du possible j'admets toute la question de
la responsabilité de l'administration financière partir
des régions administratives jusqu'au plus près possible du
citoyen. C'est au point que le fonctionnaire qui répond au citoyen soit,
dans la plus large mesure possible, en mesure d'autoriser de lui-même un
certain versement de fonds à une personne, s'il juge qu'il n'est pas en
train d'être la victime d'un bateau. Je ne veux pas étirer
inutilement le débat mais il vaut la peine de signaler que ce sont les
fonctionnaires qui sont pris entre deux feux et, la plupart du temps, ce sont
les plus malheureux de toute l'administration publique, ceux qui mangent le
"chiard", quand il y a du "chiard" à donner.
H est évident que la dame qui sait qu'elle est en droit de
recevoir quelque chose n'ira pas voir le directeur de la région
administrative, elle ne se rendra jamais jusque-là. De toute
façon, on va lui donner suffisamment de fil pour qu'elle n'y arrive
jamais. Contre qui, pensez-vous, qu'elle verse ce qu'elle a à verser?
Contre le pauvre diable qui est venu lui répondre et qui, s'il lui
verse, va être poigné, demain matin, par le gars en arrière
qui va dire: Tu n'avais pas le droit de faire cela.
Je me dis que plus on décentralisera et que l'on
déconcentrera il y a de la déconcentration à faire
à l'intérieur de ces régions administratives le
mieux ce sera. Cela est perfectible en tout cas.
Je vais maintenant laisser la parole au Chef de l'Opposition.
M. PARENT (Hull): Que votre chef parle un peu!
M. CHARRON: Oui, je vais laisser au chef de l'Opposition une question
très importante que nous avons à soulever.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Le chef de l'Opposition officielle.
Employés occasionnelles
M. MORIN: M. le Président, j'aimerais aborder avec le ministre et
son entourage la question des employés occasionnels. Est-ce qu'ils
échappent toujours à la réglementation et à la
compétence de la Commission de la fonction publique?
M. PARENT (Hull): En théorie, ils n'y échappent pas; en
pratique ils y échappent.
M. MORIN: Est-ce que le ministre pourrait expliquer cette nuance?
M. PARENT (Hull): Je pense qu'on pourra reconnaître que, dans le
gouvernement, les ministères ont des juridictions qu'ils ne sont pas
prêts à laisser, à moins que des lois contraires les y
obligent. Les ministères ont juridiction de retenir les employés
qui leur sont nécessaires pour leur administration. Il est vrai que la
Commission de la fonction publique a un règlement qui date de
1966...
M. MORIN: 1966.
M. PARENT (Hull): ... qui n'a pas été
révisé, qui est en instance d'être révisé,
mais qui en pratique dégénère, actuellement, si on veut,
en abus dans certains ministères. Nous le déplorons
nous-mêmes. J'ai eu l'occasion d'en discuter avec le président de
la Commission de la fonction publique avant son départ en voyage et nous
avons l'intention de prendre les mesures nécessaires pour corriger les
abus qui se commettent dans les ministères. Ce qu'il faut dire, c'est
que les ministères ont juridiction pour retenir le personnel qui leur
est requis. Par ailleurs, en vertu du règlement, ils ne doivent
employer, sur la base occasionnelle, que des employés pour des emplois
occasionnels. Je reconnais bien tacitement, sans preuve à l'appui
encore, qu'il se peut qu'il y ait des abus dans certains ministères et
que nous devrions intervenir d'une façon formelle pour corriger cette
situation. Comme je l'ai souligné au départ, après mon
exposé, nous avons l'intention de présenter une loi pour amender
la Loi de la Commission de la fonction publique, une loi pour amender la Loi du
ministère de la Fonction publique et également amender la Loi de
l'administration financière pour tenter de résoudre ce
problème des occasionnels qui trame en longueur.
M. MORIN: Est-ce que, M. le ministre, vous pourriez nous donner quelques
exemples de ces abus dont vous admettez l'existence?
M. PARENT (Hull): Je n'ai pas admis leur existence, j'ai
présumé qu'il pouvait y avoir des abus et, dans ma
présomption, j'ai dit que j'en avais discuté avec le
président de la Commission de la fonction publique, avant son
départ en voyage, et qu'à son retour, nous pourrions entreprendre
certaines vérifications dans certains ministères pour s'assurer
que ce que nous croyons actuellement il pourrait y avoir des abus
est véridique.
M. MORIN: Est-ce que, dans cette réglementation d'octobre 1966
à laquelle vous avez fait allusion, ce n'est pas
précisément la Commis-
sion de la fonction publique qui avait soustrait les employés
occasionnels à sa propre compétence?
M. PARENT (Hull): Oui.
M. MORIN: Pour quelle raison?
M. PARENT (Hull): En 1966, il faudrait peut-être recourir aux
commissaires de ce temps-là. Quelle a été la raison?
Moi-même, je ne sais pas. Je n'étais pas membre du gouvernement.
Ce n'était pas le gouvernement libéral qui dirigeait,
c'était le gouvernement de l'Union nationale. Quelle a été
la raison, à ce moment-là, de cette réglementation? Je ne
pourrais pas répondre à ce moment-ci au chef de l'Opposition
officielle.
M. MORIN: Vous n'en avez pas la moindre idée et votre entourage
n'en a pas la moindre idée non plus?
M. PARENT (Hull): C'est que les ministères avaient
invoqué, à ce qu'on me dit, à ce moment-là, des
besoins immédiats pour remplacer du personnel malade, en congé de
préretraite, pour des périodes de pointe qui existaient et je
pense que, là-dessus, c'est un peu justifié. Je ne dis pas dans
tous les secteurs, mais si l'on prend l'exemple du ministère du Revenu
qui a une période de pointe pour les rapports d'impôt, je pense
que, dans ce secteur, à ma connaissance, en tout cas, j'ai eu l'occasion
de le vérifier au ministère du Revenu, je suis convaincu qu'il
n'y a pas d'abus au ministère du Revenu en ce qui concerne les
occasionnels. Il y a une période de pointe qui est réelle,
l'entrée des rapports. A ce moment-là, on va retenir 2,000
à 3,000 fonctionnaires occasionnels et cela est conforme à la
réglementation.
Il s'agit d'employés occasionnels pour un besoin occasionnel. Je
pense que cela est justifié, si on regarde le règlement.
Il arrive d'autres cas que nous avons tenté de corriger par le
Conseil du trésor. Quand il s'agit d'emplois de préretraite, le
ministère a maintenant le droit de les remplacer par du personnel
permanent, et, au moment où l'employé en préretraite
termine sa préretraite, l'emploi est rayé des effectifs. Je pense
que la situation est maintenant bien changée. Il s'agit de la
réviser. C'est bien mon intention de la réviser. J'ai
exprimé, au cours de la période où un journal de
Québec a fait allusion à cette fonction publique
parallèle, que j'avais l'intention de modifier la loi pour permettre de
régulariser cette situation, si abus il y avait dans certains
ministères.
C'est encore mon intention de présenter ce projet de loi qui est
en préparation, qui n'a pas encore été accepté par
le conseil des ministres, mais qui le sera d'ici la fin du mois. Il permettra
de régulariser la question des occasionnels et de demander ensuite de
définir ce qu'est un emploi occasionnel pour que les abus, si abus il y
a, dans certains ministères, puissent cesser.
M. MORIN: Cet article auquel vous faisiez allusion date d'il y a plus
d'un an. Au cours de l'été 1973, le journal Le Soleil
annonçait que le projet de réglementation était
ajourné et qu'il n'avait pas encore été soumis au Conseil
du trésor. Maintenant, vous nous annoncez qu'il ne s'agit pas d'une
réglementation, si j'ai bien compris, mais que vous allez
procéder par voie de législation. Est-ce qu'il n'y aura pas
également une réglementation?
M. PARENT (Hull): Le chef de l'Opposition me demande, en ce moment, de
lui donner les prémisses de ce que sera le projet de loi.
M. MORIN: C'est-à-dire qu'on a dit qu'il y avait une
réglementation qui était, pour ainsi dire, prête. Ensuite,
vous nous dites: Mais non, on va procéder par voie de
législation. J'emploie les mots dans leur sens technique. Est-ce que
cela va être par réglementation ou si cela va être par
législation? Ce n'est pas la même chose.
M. PARENT (Hull): J'ai bien pris la précaution de dire au chef de
l'Opposition que je n'avais pas encore soumis au conseil des ministres
l'approbation du projet de loi. J'ai fait toutes les discussions avec la
Commission de la fonction publique, avec les autorités du
ministère, avec le Conseil du trésor et avec les officiers du
Conseil exécutif. Suivant l'adoption des lignes de conduite que j'ai
énumérées dans le projet, il restera à
déterminer si ce sera par législation ou par
réglementation, à la suite de l'approbation du projet que je
présente.
C'est pour cela que je dis, actuellement, si cela ne se fait pas par
législation, il est inévitable que ce sera par
réglementation. Mais, à ce stade-ci, je ne peux pas dire si ce
sera par législation ou par réglementation, tout dépend de
ce que le conseil des ministres fera des recommandations que je vais lui
proposer.
M. MORIN: Vous allez donc soumettre cela au conseil avant la fin du
mois, d'après ce que vous avez dit il y a un instant?
M. PARENT (Hull): C'est déjà rendu au conseil des
ministres.
M. MORIN: C'est déjà rendu.
M. CHARRON: Qu'est-ce qui est rendu au conseil des ministres, un projet
de réglementation ou un projet de législation?
M. PARENT (Hull): Un projet de législation pour modifier la Loi
de l'administration financière, la loi de la Commission de la fonction
publique, la loi du ministère de la Fonction publique.
M. MORIN: Bien. Vous avez signalé qu'il y avait peut-être
des abus. J'imagine que vous avez dû vous pencher sur les occasionnels
dans un certain nombre de ministères. Est-ce que vous pourriez nous
dire, M. le ministre, en gros, à tout le moins, combien y en a-t-il de
ces employés occasionnels?
M. PARENT (Hull): A cette question, je ne puis répondre
exactement. Je ne le connais pas moi-même.
M. MORIN: Est-ce possible?
M. PARENT (Hull): Oui, j'ai dit tout à l'heure que la
responsabilité de l'engagement des occasionnels repose sur chacun des
ministères. Si le ministère engage du personnel pour une
période de quatre mois, à partir de ce moment-là, cette
demande ne vient pas au Conseil du trésor et ne vient pas à la
Commission de la fonction publique. C'est simplement de l'administration
interne.
M. MORIN: Si je comprends bien, il n'y a aucun moyen de
contrôle.
M. PARENT (Hull): S'il y a renouvellement de l'emploi de l'occasionnel,
après quatre mois, alors la demande doit venir au Conseil du
trésor.
A partir de ce moment, nous avons un contrôle sur ceux dont le
renouvellement est demandé pour une période additionnelle, mais
sur la première opération nous n'en n'avons aucun contrôle,
elle est dans les ministères, et selon les propositions que je fais au
conseil des ministres, je voudrais que cesse cette politique.
M. CHARRON: M. le Président, je dois invoquer le
règlement. Si je suis bien informé, la Chambre a cessé ses
travaux et comme nous ne faisons que commencer l'étude de cette
question, il est peut-être mieux de proposer l'ajournement
immédiatement et de remettre à demain, je suppose. Je ne sais pas
à quelle heure la Chambre reprend ses travaux demain.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Oui, nous pourrions reprendre les travaux
demain matin, mardi, à dix heures.
M. CHARRON: La période des questions, demain, est-elle à
dix heures ou à trois heures? La Chambre siège à quinze
heures, d'accord.
LE PRESIDENT (M. Cornellier): Nous pouvons nous réunir demain
matin, mardi, à dix heures. Alors, la commission ajourne ses travaux
à demain mardi, dix heures.
(Fin de la séance à 22 h 51)