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Etude du projet de loi no 53 Loi sur la fonction
publique
(Seize heures trente-cinq minutes)
Le Président (Mme Guerrier): A l'ordre, messieurs! Cette
commission permanente de la fonction publique se réunit aujourd'hui,
à la suggestion de M. le ministre de la Fonction publique, pour entendre
l'Association des cadres supérieurs du gouvernement du
Québec.
Nous avons à faire l'appel des membres permanents de la
commission: M. Bellemare (Johnson), M. Boucher (Rivière-du-Loup), M.
Caron (Verdun)...
M. Garneau: Je vais remplacer M. Caron.
Le Président (Mme Cuerrier): ... remplacé par M.
Garneau (Jean-Talon); M. de Belleval (Charlesbourg), M. Dussault
(Châteauguay), M. Gendron (Abitibi-Ouest), M. Gravel (Limoilou), M.
Grégoire (Frontenac), M. Jolivet (Laviolette), M. Lacoste (Sainte-Anne),
M. Marchand (Laurier), M. Marcoux (Rimouski), Mme Ouellette (Hull), M. Picotte
(Maskinongé)...
M. Garneau: Remplacé par M. Ciaccia (Mont-Royal).
Le Président (Mme Cuerrier): ... remplacé pan M.
Ciaccia (Mont-Royal); M. Vaillancourt (Orford), M. Le Moignan (Gaspé)
remplacé par M. Brochu (Richmond). Les membres de cette commission se
sont entendus pour écouter M. le ministre qui aurait une
déclaration ministérielle à faire. Nous aurions ensuite,
normalement, à disposer d'une motion qui était devant cette
commission au moment de l'ajournement. Nous entendrons ensuite le rapport de
l'Association des cadres supérieurs du gouvernement du Québec. M.
le ministre.
Déclaration du ministre M. Denis de
Belleval
M. de Belleval: Merci, Mme le Président. Je remercie aussi
mes collègues de l'Opposition de me laisser l'occasion de faire
immédiatement cette déclaration.
Le projet de loi 53 confère au ministre de la Fonction publique
l'ensemble des responsabilités relatives à la gestion du
personnel, responsabilités qui sont actuellement dispersées parce
que dévolues, expressément ou non, soit à la Commission de
la fonction publique, soit au ministère de la Fonction publique, soit au
Conseil du trésor, soit au lieutenant-gouverneur en conseil.
Les pouvoirs qui accompagnent les responsabilités confiées
au ministre de la Fonction publique s'exercent en vertu du projet de loi no 53
par voie réglementaire pour la grande partie des matières
concernées.
Cette nouvelle répartition des responsabilités; de
même que le pouvoir réglementaire qui l'accompagne, ont
amené des intervenants à la commission parlementaire sur la
fonction publique à s'interroger sur ce qui pourrait apparaître
comme une réduction de l'aire de la négociation, acquise depuis
plusieurs années en matière de négociation collective dans
la fonction publique. On est même allé jusqu'à
prétendre que le projet de loi no 53 restreignait davantage le droit
d'association, particulièrement dans le cas des employés
confidentiels et des employés occasionnels.
Je voudrais, quant au droit d'association, préciser tout de suite
qu'il m'apparaît erroné de prétendre que cela constitue une
restriction plus accentuée de ce droit, alors que le projet de loi no
53, à l'égard des confidentiels d'abord, ne fait que consacrer
une situation de fait qui existe, par entente expresse ou tacite entre les
parties, depuis déjà 1965 en ce qui concerne les agents du
Vérificateur général, les employés des cabinets de
sous-ministres et des directeurs du personnel.
A l'égard des occasionnels, ensuite, il vient confirmer leur
assujettissement au régime syndical prévu aux articles 69 et
suivants de la loi actuelle, assujettissement contenu dans le règlement
de la Commission de la fonction publique, approuvé par le Conseil du
trésor le 12 juillet 1977, sur ma recommandation. En l'occurence, nous
accédions à une revendication syndicale datant de plusieurs
années.
Quant à l'aire de la négociation, je voudrais signaler
que, pour plusieurs des matières assujetties en vertu du projet de loi
no 53 aux pouvoirs réglementaires du ministre de la Fonction publique,
la loi actuelle ne permet pas davantage leur inclusion dans l'aire de la
négociation. C'est notamment le cas de la classification des emplois, du
classement du personnel seuls les appels étant matière
à négociation de la promotion et de l'avancement, de
l'établissement d'un code d'éthique et de discipline, seules les
sanctions disciplinaires que constituent la suspension et le
congédiement étant matière à
négociation.
Il en est de même de la déclaration d'aptitude, tant pour
le recrutement, l'avancement et la promotion, que pour la mutation et le
reclassement le cas échéant et, enfin, l'appel en matière
de promotion et d'avancement.
J'admettrai, par ailleurs, non sans prétendre cependant que cela
peut se justifier par le souci d'assurer une application plus logique et plus
efficace du principe du mérite, que l'aire de la négociation
à l'égard de l'arbitrage en matière de classement, de
rétrogradation et de sanctions disciplinaires subirait des modifications
par le projet de loi no 53.
Or, le double objectif poursuivi par le projet de loi 53, je le
répète, se limite à un rapatriement des
responsabilités en matière de gestion du personnel aux mains du
ministre de la Fonction publique, qui est le ministre responsable à
l'Assemblée nationale, et un renforcement des mécanis-
mes de protection contre l'arbitraire et le favoritisme.
Ce projet de loi n'implique pas un réaménagement de l'aire
de la négociation. C'est pourquoi, compte tenu de la constitution d'une
commission d'étude et de consultation autrement dit: la
commission Martin destinée à examiner le régime
syndical du secteur public et donc, entre autres, d'examiner un
réaménagement possible de l'aire de la négociation, je
crois opportun d'assurer les membres de cette commission et les divers
intervenants du maintien intégral du statu quo prévu à la
loi actuelle en ce qui concerne l'aire de la négociation, y compris
évidemment le système d'arbitrage en vigueur.
En effet, le projet de loi 53, par ses articles 117 et 118,
réunit, dans une loi distincte sur le régime syndical dans la
fonction publique, l'accréditation des unités de
négociation dans la fonction publique, le droit d'affiliation, le droit
de grève ainsi que la détermination de l'aire de la
négociation.
L'introduction d'une disposition supplémentaire dans le projet de
loi 53 pourrait préciser explicitement que l'aire de la
négociation est déterminée par les stipulations en vigueur
contenues à cet effet dans ce qui devient la loi sur le régime
syndical à la fonction publique, notamment à l'article 52a de la
loi actuelle, modifié pour assurer une concordance avec le projet de loi
53. Cette façon de procéder en dissociant les deux lois permet,
à notre avis, de continuer l'étude du présent projet de
loi sans exclure la possibilité d'éventuelles modifications
à la Loi sur le régime syndical dans la fonction publique,
conséquemment au dépôt du rapport de la commission Martin
ou de toute autre intervention.
Je dépose d'ailleurs à cette commission un projet de texte
d'amendement au projet de loi 53 confirmant l'orientation décrite
précédemment.
A l'article 91, une disposition serait introduite dans l'article actuel
et se lirait comme suit: "Sous réserve de l'article 90 et on
introduit et de la Loi sur le régime syndical dans la fonction
publique, le ministre de la Fonction publique fixe, par règlement
approuvé par le Conseil du trésor, la rémunération,
les avantages sociaux et les autres conditions de travail du personnel de la
fonction publique, lorsque celui-ci n'est pas régi par une convention
collective ou en l'absence de dispositions dans les conventions collectives
applicables. S'il doit en résulter une augmentation de dépenses,
la rémunération fixée ne doit entrer en vigueur que
lorsque la Législature a voté les crédits
nécessaires".
Quant à l'article 119 du projet de loi, on y retrouvera donc
l'article 52a actuel de la loi dans toute son intégrité avec les
modifications de concordance nécessaires, c'est-à-dire que les
fonctionnaires et ouvriers sont régis par les dispositions de la
convention collective qui leur sont applicables ou, à défaut de
telles dispositions dans une telle convention collective, par les dispositions
de la Loi sur la fonction publique, nonobstant toute loi générale
ou spéciale relativement aux sujets suivants: traitement ou
rémunéra- tion additionnelle, heures de travail et durée
de travail, congés, règlement des griefs, suspension,
congédiement, appel d'un employé qui se croit lésé
par une décision relative à son classement.
Toutefois, aucune disposition d'une convention collective ne peut porter
sur un autre sujet qui, en vertu de la Loi de la fonction publique (1965,
chapitre 14) telle qu'elle se lisait à la date précédant
celle de l'entrée en vigueur de la présente Loi de la fonction
publique, relevait de la Commission de la fonction publique ou du
lieutenant-gouverneur en conseil, à moins que, selon que le sujet est
attribué par la Loi sur la fonction publique, à la Commission de
la fonction publique, à l'Office de recrutement, ou au ministre de la
Fonction publique, la commission, l'office ou le ministre n'y concoure par
règlement et qu'un tel règlement ne soit approuvé par le
gouvernement.
Aucun décret ou document qui en tient lieu, non plus qu'aucune
convention collective conclue en vue d'un décret, ne s'appliquent aux
conditions de travail des fonctionnaires ou ouvriers.
Mme le Président, je pense que ces précisions permettront
de poursuivre nos débats dans un meilleur climat. J'ose espérer
que les amendements ou les projets d'amendement que j'apporte aujourd'hui
clarifieront une fois pour toutes nos intentions. S'il subsistait encore,
malgré tout, d'autres aspects qui mériteraient d'être
éclaircis dans le même sens, je serais, bien entendu, heureux de
les considérer. Quant au projet d'amendement que je propose aujourd'hui,
il s'agit bien sûr de projets qui pourront eux aussi faire l'objet de
critiques durant les prochains jours et, s'il le faut, je suis aussi tout a
fait disposé à réétudier ces projets. Merci, Mme le
Président.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Jean-Talon.
Commentaires de l'Opposition
M. Raymond Garneau
M. Garneau: Mme le Président, j'aurais aimé avoir
le texte, selon la procédure suivie à l'Assemblée
nationale, une heure à l'avance, pour être en mesure de mieux
commenter les propos que vient de tenir le ministre. Dans une bonne partie de
la déclaration qu'il vient de nous faire, je pense que c'est le rappel
pour avoir raté son coup d'envol la semaine dernière. S'il nous
avait dit ces choses-là dès l'ouverture de la commission, on
aurait certainement été beaucoup mieux placés pour
discuter des mémoires qui ont été
présentés.
En rétablissant l'article 119 dans sa forme originale, le
ministre de la Fonction publique se range du côté d'une
argumentation que j'ai essayé de développer avec beaucoup de
difficulté au cours de la séance précédente de
cette commission, parce que le ministre ne reconnaissait pas la justesse des
propos que je soumettais. Je vois que la réflexion et surtout la
consultation avec ses fonctionnaires ont porté fruit, puisqu'il se range
aujourd'hui à notre point de vue. Là-dessus, je suis totalement
d'accord.
Mais il reste que je voudrais prendre la soirée et quelques
heures pour analyser exactement la portée des modifications qu'on nous
propose, parce que je constate, suivant l'argument qui nous avait
été servi la semaine passée, ce que j'ai pu lire dans les
journaux, c'est que la grande raison d'être de la loi 53, c'est, nous
dit-on, d'améliorer l'efficacité de la fonction publique et le
point principal, le pivot de cette politique, c'est la mobilité.
Evidemment, on pourrait bien faire des blagues et dire que le sous-ministre ou
le ministre de la Fonction publique va devenir en quelque sorte le
contrôleur aérien des fonctionnaires, puisque les fonctionnaires
seront dorénavant des êtres essentiellement mobiles, qui pourront
être mutés sur une simple lettre du sous-ministre ou du ministre,
dépendamment qui exerce l'autorité réelle dans le
ministère, non pas l'autorité de la signature.
Ces questions, je voudrais les revoir, sur le plan juridique, compte
tenu de l'article 3 et des articles de l'ancienne loi. C'est pourquoi je me
demande comment, opérationnellement... C'est une réflexion sans
avoir fouillé juridiquement, parce que je veux m'assurer que les textes
législatifs correspondent aux intentions exprimées verbalement ou
par écrit dans la déclaration du ministre. Quand même,
c'est la portée juridique qui compte. Je voudrais voir comment ces
amendements vont permettre au ministre de rendre applicable la loi telle
qu'elle demeurerait si chacune des propositions qu'il a faites pour le maintien
de l'article 119 était incluse dans le nouveau projet de loi ou la
nouvelle loi qui régira les conditions de travail.
Mme le Président, je voudrais aussi souligner que le ministre
fait état à son troisième paragraphe de la question des
occasionnels.
Il a parlé de l'article 69, mais j'aurais aimé l'entendre
parler également de l'article 68 qui lui permet de faire de la main
droite, ce que la main gauche a fait antérieurement, en déclarant
tout simplement que, lorsque le ministre de la Fonction publique décide
qu'il est ni praticable ni dans l'intérêt public d'appliquer la
présente loi à un ou plusieurs emplois de caractère
occasionnel dans la fonction publique, etc. Mais je suis prêt à
reconnaître que, d'une façon générale, le
gouvernement doit se garder un certain terrain de manoeuvre.
Mais j'aimerais quand même qu'il le souligne parce qu'il montre le
bon côté de la médaille, mais il ne montre pas l'autre qui,
même s'il est nécessaire, doit être également
placé dans la même lumière.
Mme le Président, je voudrais, pour ce qui est de la
portée juridique, me garder quelques heures de réflexion. Je
voulais quand même porter à la connaissance de cette commission
certaines réflexions préliminaires et souligner que j'aimerais,
à l'occasion d'une prochaine séance et j'imagine bien que
les règlements nous le permettent pouvoir faire ressortir
parce que je le sens, seulement à voir la formulation, mais je ne suis
pas en mesure d'en faire la démonstration juridique qu'il y aura,
dans ces amendements, une contradiction entre l'article 119 qui demeurera tel
quel et les pouvoirs réglementaires. Mais, comme je ne suis pas en
mesure d'en faire la démonstration juridique, je vais garder ces
remarques pour nos travaux, à l'occasion d'une autre séance.
Merci, Mme le Président.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Johnson.
M. Maurice Bellemare
M. Bellemare: Mme le Président, je crois qu'en vertu de
notre règlement, l'article 179 est assez clair. En vertu de notre
règlement, c'est mutatis mutandis et ce qui s'applique en Chambre
s'applique aux commissions parlementaires; un ministre qui fait une
déclaration comme celle que vient de faire l'honorable ministre doit
nous en faire parvenir un exemplaire avant, pour nous donner au moins le temps,
comme le disait si bien le député de Jean-Talon, de voir les
implications que cela peut produire dans la législation.
Comme nous ne l'avons reçue que ce midi, cet après-midi
à la dernière minute j'ai été avisé
en Chambre par l'honorable ministre qu'il y aurait une déclaration, mais
je ne savais pas laquelle j'ai pris le temps de la suivre. Mais je
pense, moi aussi, que je me réserverais certaines données avant
d'émettre mon opinion complète, parce que je trouve que le
ministre élabore énormément sur certains sujets, mais, sur
d'autres, on ne l'entend pas, bien que nous l'ayons demandé dans nos
explications préliminaires.
Je répète, et je dirai toujours ce que j'ai
répété et dit avant, que la réglementation qui va
suivre le projet de loi devrait, à mon sens, accompagner le projet de
loi pour qu'on puisse savoir véritablement où se dirige le
gouvernement.
Ce sont des pouvoirs extraordinaires que s'attribue présentement
le ministre de la Fonction publique, en vertu de l'article 3 de cette loi, de
l'article 45 où il fait une délégation de pouvoirs, de
l'article 70 où il établit une échelle de mérites
ou de l'article 88 où il rétrograde, et peut démettre
quelqu'un de ses fonctions parce qu'il n'aime pas la personne en place. Je
trouve cela exorbitant même si, à l'article 89, il y a un droit
d'appel devant un office qui va être nommé par lui et
composé sûrement d'amis personnels ou d'amis qui rôdent dans
son entourage.
Je dis que la réglementation qui va venir à la suite de
cela va être faite sans le concours et sans l'approbation des
députés. C'est grave, parce qu'on aura la responsabilité
de subir la loi comme les fonctionnaires. Lex dura lex, la loi, c'est la loi et
elle ne peut pas changer.
Je dis que la réglementation qui nous arrivera après sera
faite par des bureaucrates et cette bureaucratie ne se fait pas élire.
Le mandat du député, c'est de voir clair dans l'administration,
de savoir où se dirige le gouvernement.
Le ministre emploie tout son charme, et Dieu sait combien il en a, pour
essayer de diminuer l'impact que va causer cette loi vis-à-vis de la
fonction publique. Je ne sais pas si vous avez entendu comme moi les
réflexions qui ont été faites en fin
de semaine j'ai lu dans les journaux certains articles il
y a, chez le fonctionnaire une crainte morbide de cette loi, et avec raison. Il
y a des droits acquis; il y a des personnes qui, en titre, sont responsables
devant plusieurs ministères, devant plusieurs cabinets de ministres, qui
ont passé et qui, aujourd'hui, parce qu'elles ont été
fidèles à bien remplir leurs fonctions... On en a vu
déjà, mon cher monsieur, des gens très importants, lever
le "flail", comme on dit en bon canadien, et disparaître
complètement de la circulation.
M. de Belleval: En italien, c'est le drapeau.
M. Bellemare: Le drapeau? En tout cas, en français, mon
cher monsieur, c'est du patronage. Je dis que c'est un pouvoir extraordinaire.
Je suis content d'avoir lu dans le texte certaines améliorations, mais
cela ne me satisfait pas pleinement.
Je trouve un peu brave la décision qu'a prise le ministre de
dépasser les ordres qui avaient été donnés,
puisqu'on est ici pour entendre les mémoires et non pas pour entendre
des déclarations ministérielles, ni pour entendre la discussion
de motions qui sont bien normales, qui ont été faites de bonne
foi et selon nos règlements. J'ai eu l'occasion de discuter avec
d'autres de la technicité de l'application de la première motion
que j'ai faite. On m'a dit: Je ne crois pas que vous ayez tort. Votre motion
reste en forme. Alors, on arrive et on donne une permission à un
ministre de lire une déclaration ministérielle, sans avoir
été avisé au préalable. Je m'insurge contre cela.
Je demande, moi aussi, un temps de réflexion qui pourra peut-être
changer la vision, et particulièrement, la donnée que
représente cette déclaration ministérielle.
Le Président (Mme Cuerrier): A la dernière
séance de cette commission, nous avions devant la commission une
proposition de M. le député de Jean-Talon. Comme il n'y avait pas
quorum au moment de l'ajournement, le vote n'a pu être pris.
C'était le moment de prendre le vote. Maintenant, il y a eu des
interventions à la fin de la séance, proposant que le vote soit
reporté. Il me faudrait le consentement unanime de cette commission ou
bien, nous devrons maintenant prendre le vote.
M. Garneau: Mme le Président, je n'aurais pas d'objection
à prendre le vote maintenant, mais il y a eu dans les propos tenus par
les membres du gouvernement certaines indications montrant que le vote sur
cette motion pourrait peut-être être pris à la fin des
travaux de notre commission. Comme il semble bien que le gouvernement a
d'ailleurs manifesté son intention de voter contre cette motion qui
demandait d'attendre le rapport de la commission Martin avant d'adopter la
deuxième lecture de ce projet de loi, peut-être que si on
attendait à la fin des travaux de la commission, les membres du
gouvernement, éclairés par les différentes
représentations qui nous auront été faites, accepteraient
de modifier leur point de vue. S'ils se cramponnent dès maintenant
à leur décision de voter contre la motion, je n'aurai pas
d'objection à ce qu'on vote maintenant.
Le Président (Mme Cuerrier): Alors, est-ce qu'il y a
consentement...
M. le député de Johnson.
M. Bellemare: Mme le Président, je regrette de ne pas
avoir été ici lors de l'ajournement. Pour des raisons que vous
connaissez bien, je le dis publiquement, ce soir, je ne pourrai pas
siéger. Je ne sais pas si vous avez mis avant de demander le vote, cette
motion en délibération.
Le Président (Mme Cuerrier): Elle a été en
délibération et la réplique du parrain de la motion est
déjà faite.
M. Bellemare: Cela me satisfait.
M. Chevrette: Est-ce une autre motion que fait le
député de Jean-Talon, à l'effet de reporter le vote
à la fin ou si c'est un voeu qu'il exprime?
M. Garneau: C'est un voeu, parce que je ne peux pas faire une
motion. Il y en a déjà une sur la table. Nous sommes rendus
à l'étape du vote.
M. Chevrette: S'il y a consentement unanime, vous vous rangeriez.
A toutes fins pratiques, vous faites appel au consentement unanime de la
commission.
M. Garneau: C'est ce que je demande, en espérant qu'au
cours des travaux de la commission, l'éclairage de nos intervenants
pourra guider l'esprit des gens du gouvernement et les rendre moins obtus
à la suggestion que nous faisions.
M. de Belleval: Peut-être aussi, quoique c'est plus
difficile à l'esprit aussi de l'Opposition. Mme le
Président...
M. Garneau: Nous l'avons montré, notre ouverture d'esprit,
la semaine dernière. D'ailleurs, nous l'avons tellement fait que le
ministre s'est rangé à certains de nos arguments, et nous sommes
convaincus qu'avec encore un peu de patience, on réussira à le
convaincre, s'il a un peu de bonne volonté.
M. Chevrette: Mme le Président...
Le Président (Mme Cuerrier): Sur la même question,
M. le député de Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: Si le ministre s'est rangé à certains
arguments, M. le député de Jean-Talon, je vous ferai remarquer
que son dernier voeu, qu'il vient d'exprimer, de reporter le vote à la
toute fin des études de la commission, fait partie de toute
l'argumentation que j'ai faite à savoir que votre proposition
était prématurée. Mais je l'accepterais sûrement, vu
que la réflexion vous a aidé, vous aussi.
M. Garneau: Mme le Président, sur ce sujet, j'accepterais
de remettre le vote à cause de la déclaration
ministérielle, particulièrement en regard de l'article 119, parce
que si l'article 119 n'avait pas été amendé, j'aurais
certainement exigé que le vote se prenne maintenant; mais je pense que
nous tournons en rond et si les gens acceptent moi, j'en fais la
suggestion je pense que cela prend un consentement unanime.
M. de Belleval: D'accord, M. le député. On est
d'accord.
Le Président (Mme Cuerrier): Bon! Puisqu'il y a
consentement unanime à ce que le vote soit reporté, c'est ce que
nous ferons.
J'appelle donc maintenant le Syndicat des fonctionnaires provinciaux du
Québec... Pardon! L'Association c'est bien ce que j'ai dit
tantôt des cadres supérieurs du gouvernement du
Québec, dont le porte-parole est M. Lucien Parent, président,
à présenter le mémoire de l'association.
M. le Président.
Association des cadres supérieurs du
gouvernement du Québec
M. Parent (Lucien): Mme le Président, M. le ministre,
messieurs les membres de la commission, avec votre permission, je vais vous
présenter le conseil d'administration de l'Association des cadres
supérieurs du gouvernement du Québec.
Le Président (Mme Cuerrier): Avec plaisir, M. le
président.
M. Parent: A ma droite, au bout de la table, M. Jacques Simard,
du ministère du Travail et de la Main-d'oeuvre; M. Pierre Carrier, de
l'Office de la protection du consommateur...
M. Bellemare: ...
M. Parent: Pardon?
M. Bellemare: M. Simard?
M. Parent: M. Pierre Carrier, de l'Office de la protection du
consommateur, représentant les administrateurs classe II; M. Charles
Thérien, du, ministère du Travail et de la Main-d'oeuvre; M.
Claude Mérineau, de la Commission des accidents du travail et
représentant des administrateurs classe I; M. Louis Larouche, du
ministère des Affaires sociales et vice-président, secteur de
l'Est; à votre droite, à mon extrême gauche, M. Marcel
St-Arnaud, du ministère des Transports, représentant les
administrateurs identifiés comme adjoints aux cadres; M. P.-A. Fournier,
secrétaire de l'association et de l'Office de la régie de la
langue française; M. Guy Lemieux, de l'OPDQ, représentant les
administrateurs classe III; M. Régis Vigneau, vice-président,
secteur de l'Ouest, et moi-même, comme président. M. Lionel
Lachance, qui n'y était pas au début, du ministère de
l'Agriculture et représentant les administrateurs classe IV et, à
ma droite, M. Richard Lévesque, un des 1250 membres de l'association.
Avant de...
Le Président (Mme Cuerrier): M. le Président...
M. Parent: Avant de lire mon texte, je demanderais à M. le
ministre de bien vouloir, si c'est possible, nous distribuer son texte, afin
que nous puissions le lire, parce que nous venons d'en prendre connaissance et
il nous est difficile de réagir sur une simple lecture à des
éléments aussi complexes.
Les cadres supérieurs du gouvernement du Québec ont
accueilli avec satisfaction l'annonce qu'une commission parlementaire
entendrait les représentations des intéressés au sujet de
la nouvelle Loi de la fonction publique, projet de loi no 53.
Les cadres supérieurs qui viennent, il y a quelques mois, de se
regrouper en association, celle des cadres supérieurs du gouvernement du
Québec, préparent, à l'intention du gouvernement, un
projet de politique de gestion des cadres, qui sera présenté
d'ici quelques semaines.
L'association s'appuiera sur cette politique pour élaborer son
projet de protocole d'entente. En attendant, l'association juge très
important de venir ici, en commission parlementaire, vous faire part de sa
position face au projet de loi no 53.
En effet, l'association est doublement intéressée par
cette loi.
D'une part, celle-ci propose une politique de gestion par la fonction
publique qui nous touche directement en tant que fonctionnaires. D'autre part,
c'est nous, les cadres supérieurs, en tant que cogestionnaires et
partenaires de l'Etat dans l'administration du Québec, qui aurons la
tâche d'appliquer cette loi chaque jour.
Nous ne croyons pas qu'il y ait lieu de procéder à
l'examen exhaustif du projet, article par article, au soutien de notre
document. Nous déposons à la commission une telle analyse
intitulée: Tableaux comparatifs, commentaires et recommandations. Nous y
référerons au cours de la discussion qui suivra cette
présentation.
Nous nous en tiendrons à examiner la philosophie qui inspire
cette loi et la concordance, si elle existe, entre la loi et cette
philosophie.
Si l'on se réfère à la lettre de M. le ministre de
la Fonction publique, M. Denis de Belleval, adressée à tous les
fonctionnaires, lettre datée du 3 septembre 1977, les objectifs de cette
nouvelle loi sont les suivants: le renforcement et l'explicitation des
principes et des modalités d'application du régime du
mérite qui doit gouverner l'entrée et la promotion dans la
fonction publique; l'amélioration de la productivité et de
l'efficacité dans l'utilisation du personnel de la fonction
publique.
Il ajoute que le gouvernement désire atteindre ces objectifs en
favorisant une saine émulation au
sein du fonctionnarisme tout en protégeant chacun des
employés contre l'arbitraire et le favoritisme de quelque nature qu'ils
soient.
Si on s'entend bien sur la signification de chaque terme, en particulier
sur ceux que nous avons soulignés, l'Association des cadres
supérieurs ne peut qu'endosser ces objectifs car il s'agit là non
pas d'objectifs louables, ce qui suppose qu'ils peuvent être facultatifs,
mais d'objectifs essentiels, indispensables au bon fonctionnement de l'appareil
de l'Etat.
Si le fonctionnaire n'a pas ces garanties, à la fois
d'impartialité et d'appréciation de son travail, son
efficacité et sa productivité ne pourront que s'en ressentir au
détriment de la qualité des services à la population du
Québec.
Voyons maintenant jusqu'à quel point la nouvelle loi permet
d'atteindre ces objectifs.
Critique du projet de loi.
Demande de reconnaissance. Au départ l'Association des cadres
supérieurs du gouvernement du Québec demande d'être
reconnue nommément dans la loi tout comme le syndicat des
fonctionnaires, la Fédération des omnipraticiens du
Québec, la Fédération des médecins
spécialistes, les associations de cadres de la Commission
hydroélectrique et de la ville de Montréal.
Commentaires généraux.
L'idée de refondre en une seule loi tous les
éléments d'une politique de gestion des fonctionnaires est
logique, mais alors il faut pousser cette logique jusqu'au bout et
intégrer aussi dans cette loi les huit articles qu'on propose de
maintenir à part sous le titre: Loi sur le régime syndical dans
la fonction publique. Enfin, la loi des employés publics, chapitre 12,
1964, devrait être également mise à jour en regard de la
présente loi.
On ne peut pas dire non plus que le texte de la nouvelle loi
pèche par excès de clarté. On peut y relever à la
fois des contradictions et des points obscurs que nous analysons dans ce
mémoire, et d'une façon plus méticuleuse dans le document
intitulé: Tableaux comparatifs. A plusieurs articles, la loi actuelle de
la Fonction publique est nettement plus claire et précise. Dans le
projet de loi, l'utilisation abusive du pouvoir de réglementation fait
en sorte que c'est là que se trouve finalement la substance de la loi.
Une telle approche, qui laisse de la latitude au gestionnaire, peut être
valable pour certaines lois sectorielles, mais est, à notre avis,
indéfendable dans une loi qui touche les relations entre les
fonctionnaires et l'Etat (non un gouvernement en particulier).
Certaines règles du jeu doivent être définies
immédiatement dans la loi. De nombreux points qu'on propose de
réglementer unilatéralement sont matière à
négociations, ces points se retrouvent dans les articles qui sont
énumérés.
Nécessité de définir les termes et les
règles du jeu.
On devrait tout d'abord ramener au Chapitre I, "Interprétation",
toutes les définitions nécessaires à la bonne
compréhension de la loi.
Dans le cas de la définition des cadres supérieurs, nous
demandons que la classe I d'adminis- trateur demeure soumise au processus
normal des concours. Il est tout à fait légitime pour un
fonctionnaire d'aspirer à occuper un jour, par voie de promotion
normale, un poste à un niveau d'administrateur, classe I.
A l'heure actuelle, cette classe d'administrateur est
littéralement réservée aux sous-ministres adjoints. De
plus, nous voyons apparaître une tendance à faire assumer par des
sous-ministres adjoints les fonctions et les postes de directeurs
généraux.
Comme les sous-ministres adjoints sont nommés de façon
discrétionnaire par le gouvernement, les postes de directeurs
généraux qu'ils occupent deviennent donc inaccessibles par voie
de concours et même de la classe I elle-même.
Nous demandons que le gouvernement choisisse clairement entre les
options suivantes, nous lui laissons l'alternative: Ou bien les sous-ministres
adjoints sont nommés de façon discrétionnaire; alors, ils
sont exclus du groupe des cadres supérieurs, donc de la classe I; ou
bien ils sont inclus dans le groupe des cadres supérieurs et assujettis
à la politique de gestion des cadres supérieurs et sont, entre
autres, choisis par voie de concours. Toutes les définitions et les
règles du jeu devront être claires, complètes et connues de
façon à éviter tout ambiguïté dans
l'interprétation.
La gestion de la fonction publique. L'organisation.
L'élément primordial d'une administration efficace, y compris
d'une saine gestion de la fonction publique, c'est un plan d'organisation
rationnel. Un plan d'organisation peut être modifié de temps
à autre, mais il est absolument inacceptable qu'un ministre ou un
sous-ministre, nouveau ou non, puisse jouer avec l'organigramme pour
"justifier" le déplacement de personnes qui ne leur agréent plus.
Les cadres supérieurs, puisqu'ils occupent les charnières des
organigrammes, soit les postes de direction, sont les premiers affectés
dans ces remue-ménage. On n'a qu'à compter le nombre de cadres,
estimé modestement à quelques 250 ou 300, actuellement
déclarés "surnuméraires, en disponibilité ou tout
simplement sur les tablettes" pour s'en convaincre. Le projet de loi qu'on nous
propose ne modifie en rien cette situation.
Les organigrammes servent aussi à partager les
responsabilités et à définir les lignes d'autorité,
ce qui est indispensable à l'efficacité du fonctionnement d'un
organisme et aussi, par la suite, à l'évaluation du rendement du
fonctionnaire. A cette fin, l'organigramme devrait être
préparé, non pas en vase clos, mais avec la participation, au
moins, des cogestionnaires que sont les cadres supérieurs de
l'unité administrative impliquée. Que le Conseil du trésor
ait à l'approuver par la suite pour des raisons financières,
c'est normal et logique.
Le régime du mérite. Le régime du mérite qui
constitue le coeur de cette loi n'est pas défini. Une telle
définition doit préciser les critères de sélection,
d'avancement, de promotion, d'évaluation du rendement, de la
rémunération, du perfectionnement, des mesures disciplinaires,
etc. Ces critères
doivent faire partie de la matière à négociation et
non pas faire l'objet de réglementations unilatérales.
Le mode actuel de fixation des annualités pour les cadres
supérieurs est un exemple patent de l'application de la règle
"dite du mérite" sans critère.
Le droit de recours et d'appel. Le fonctionnaire doit avoir le droit de
recours à la commission dans tous les cas où il se croit
lésé et pas uniquement dans les cas énumérés
dans le projet de loi. C'est au fonctionnaire et à personne d'autre de
juger s'il doit entreprendre des procédures de recours. Ce droit est
particulièrement important pour les cadres supérieurs qui n'ont
pas de procédure de grief.
A notre avis, ce droit doit être aussi garanti aux fonctionnaires
temporaires à qui on refuse la permanence. De plus, dans le cas d'un
fonctionnaire-cadre supérieur qui accède à un nouveau
poste, et qui est d'abord en probation selon l'article 77une innovation
sur laquelle nous sommes d'accord il doit être prévu qu'il
puisse retourner à son poste précédent s'il se voyait
refuser la permanence à son nouveau poste. Son remplaçant, dans
le poste supérieur, devrait nécessairement l'occuper par
intérim pour la durée de la probation.
Le droit d'appel d'une décision de la commission devrait
être exercé au Tribunal du travail et ce, contrairement à
une proposition contenue dans l'article 34 du projet de loi. Cette
procédure est plus conforme à notre régime judiciaire et
plus logique que celle de permettre, par la loi, à la commission de
réviser son propre jugement.
Nous croyons aussi que, tant devant la commission que devant le Tribunal
du travail, le fonctionnaire doit avoir le droit d'être
représenté par son association ou son avocat. Le fardeau de la
preuve incombe à l'employeur.
Enfin, nous demandons que les règlements édictés en
fonction de cette loi soient publiés dans la Gazette officielle 60 jours
avant leur adoption et transmis à chaque association pour permettre
à chacune de faire les représentations appropriées. Les
règlements, une fois sanctionnés, doivent être
publiés dans la Gazette officielle et tous avis ou décisions de
la commission rendus publics également.
Diffusion des responsabilités de la sauvegarde du régime
du mérite. L'intention avouée du gouvernement est de confier
à des agences apolitiques la sauvegarde de l'impartialité dans le
traitement des fonctionnaires, soit la commission et l'office de recrutement.
C'est là une intention fort louable. Comment expliquer cependant que le
ministre se réserve le pouvoir de réglementation dans des
domaines aussi cruciaux que la promotion, le classement, et ceux
énumérés à l'article 3.
Il est dit qu'il peut demander l'avis de la commission, mais il n'y est
nullement obligé. Même l'avis de la commission n'engage pas le
ministre. Le projet de loi oblige la commission à donner son avis au
Conseil du trésor sur les règlements soumis par le ministre.
Encore là, la loi n'indique pas que le Conseil du trésor doit
tenir compte de l'avis.
A première vue, la commission ne semble pas avoir plus de
pouvoirs qu'un conseil consultatif en ce qui concerne son influence sur les
règlements proposés par le ministre. Est-ce bien l'intention
réelle du gouvernement? Il faut bien évaluer les
conséquences de cette situation ambiguë: d'une part, la commission
a le pouvoir de statuer sur le recours exercé par les fonctionnaires.
Pour ce faire, elle doit appuyer ses décisions sur des règlements
qui, selon le projet de loi, peuvent très bien ne pas avoir reçu
son accord au départ, d'où une première dilution du
pouvoir de la commission de sauvegarder le régime du mérite.
Il y a plus; on propose d'attribuer à une seule agence, l'office,
la responsabilité du recrutement qui appartenait auparavant à la
commission. Le recrutement est un élément important dans
l'application du régime de mérite. Les pouvoirs de la commission
se limitent à donner ces avis au Conseil du trésor chargé
d'approuver les règlements soumis par l'office. A toutes fins pratiques,
ces deux agences chargées de la sauvegarde du régime du
mérite sont sous la tutelle du pouvoir politique sur le biais du Conseil
du trésor.
Nous ne trouvons pas dans ce projet de loi des garanties
sérieuses à l'application du régime du mérite. Ne
vaudrait-il pas mieux ne s'en tenir qu'à une seule agence apolitique, la
commission, et lui donner les pouvoirs nécessaires pour
réellement sauvegarder le principe d'impartialité et de
protéger ainsi des fonctionnaires contre l'arbitraire et le
favoritisme.
Le gouvernement désire également améliorer
l'efficacité dans la gestion du personnel. A la lecture du projet de
loi, nous constatons que l'autorité du ministre de la Fonction publique
est totalement subordonnée à celle du Conseil du trésor,
au point qu'il nous apparaît comme un intervenant sans pouvoir, donc
superflu dans un système de gestion. Le comité d'étude sur
la gestion des cadres est d'ailleurs arrivé à la même
conclusion, puisque dans sa recommandation no 5 concernant la distribution des
fonctions de gestion des cadres, il ignore le ministère de la Fonction
publique.
Recommandations. Premièrement, l'Association des cadres demande
que le gouvernement la reconnaisse nommément dans la loi comme
représentante des cadres supérieurs du gouvernement et des
organismes;
Deuxièmement, l'association recommande que le gouvernement
reconsidère son projet de loi et étudie dans ce contexte
l'éventualité de supprimer l'office et le ministère de la
Fonction publique, tel qu'on vient de l'expliquer
précédemment.
Troisièmement, quelle que soit la décision du gouvernement
sur notre deuxième recommandation, l'association appuie très
fermement la proposition à l'effet que les membres de la commission et
de l'office soient nommés par l'Assemblée nationale.
Quatrièmement, l'association demande que les
éléments qui affectent le régime du mérite
demeurent matière à négociation et non matière
à
réglementation, comme le propose le projet de loi.
Cinquièmement, l'association juge essentiel que l'on
définisse conjointement, employeur-employés, le régime du
mérite qui constitue le coeur de cette loi. L'application devrait en
être faite dès maintenant par la fixation de l'annualité
accordée aux cadres supérieurs.
Sixièmement, l'association est d'accord sur le principe de la
délégation de pouvoir. Cette délégation doit
être la plus poussée possible pour assurer une plus grande
efficacité administrative. L'association rappelle toutefois que dans le
cas de délégation de pouvoir par la commission et l'office,
ceux-ci demeurent toujours responsables de l'application intégrale des
règles du jeu.
Septièmement, l'association recommande que le cadre
lésé dans ses droits ait le pouvoir de recours à la
commission et le pouvoir d'appel au Tribunal du travail; dans les deux cas,
qu'il ait la possibilité de se faire représenter par son
association ou son avocat. L'action contestée ne doit prendre effet
qu'après la décision de la commission et le fardeau de la preuve
incombe à l'employeur.
Huitièmement, l'association juge essentielle la création
d'une banque de données sur les effectifs. Elle exige, compte tenu du
caractère délicat de ce dossier, que le contenu soit
négocié avec les parties impliquées et qu'elle reste
accessible en tout temps au fonctionnaire.
Neuvièmement, l'association demande que la classe 1
d'administrateur ne soit accessible que par la voie normale des concours.
Avec votre permission, Mme le Président, j'aurais, vu le temps
limité que nous avons eu pour préparer ce mémoire,
ajouté, à l'article 10, pour l'éclairage de cette
commission, que l'article 129 de la présente loi, qui dit que les
règlements ou décisions adoptés en vertu de la Loi de la
fonction publique actuellement en vigueur demeurent, et on voudrait qu'ils
soient déposés avec le projet de loi, parce que beaucoup de ces
règlements sont inconnus par un certain nombre de cadres.
Nous tenons à remercier le gouvernement de nous avoir fourni
l'occasion de venir présenter publiquement nos positions sur le projet,
et nous désirons l'assurer de nouveau que l'Association des cadres
supérieurs du gouvernement du Québec est à son
entière disposition pour l'aider à formuler la meilleure loi
possible pour la bonne administration de l'Etat du Québec.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le ministre.
M. de Belleval: Mme le Président, j'aimerais poser une
première question aux intervenants. Ils déclarent, à la
page 12 de leur mémoire, à la fin: "A la lecture du projet de
loi, nous constatons que l'autorité du ministre de la Fonction publique
est totalement subordonnée à celle du Conseil du trésor,
au point qu'il nous apparaît comme un intervenant sans pouvoir, donc
superflu, dans un système de gestion".
Cela m'a beaucoup étonné de lire cela, parce que, depuis
quelques jours, je me suis fait affubler d'un certain nombre de qualificatifs
exotiques, entre autres par le député de Jean-Talon. Or, ici, on
a devant nous des intervenants qui disent que non seulement je ne suis pas le
potentat puissant que je suis censé devenir à la suite de
l'adoption du projet de loi 53, mais que je suis totalement impuissant. On va
même jusqu'à recommander que, dans ces circonstances, on n'a plus
besoin d'un ministère de la Fonction publique.
Si je vous suis bien, les accusations qui sont portées contre le
ministre de la Fonction publique à savoir qu'il veut se donner tous les
pouvoirs, ne vous apparaissent pas justifiées.
M. Parent: Nous avons formulé la recommandation no 2 de
façon à faire naître un débat de fond, par rapport
à la question que le ministre vient de nous poser. Nous trouvons qu'un
ministre de la Fonction publique qui a la responsabilité de
l'administration de la gestion des ressources humaines doit obtenir ses
pouvoirs du Conseil exécutif. Un Conseil du trésor et je
prends les textes qui ont été préparés pour
créer ce Conseil du trésor a double vocation: celle de
contrôle, à priori des dépenses gouvernementales et, aussi,
de coordonner les gestionnaires des différentes ressources, ressources
financières, ressources humaines, ressources physiques, etc.
Or, le conseil d'administration trouve normal que le ministre, dans le
projet de loi, à moins que cela ne soit passé inaperçu,
soit dépendant du Conseil du trésor, un organisme à
caractère plutôt financier. Nous voulons un ministère qui
va gérer les ressources humaines dans la clarté, avec des
pouvoirs clairement identifiés, pour savoir clairement qui prend les
décisions dans ce gouvernement. A l'heure actuelle, il y a eu un rapport
déposé, le rapport Francoeur-Hendricks, que le gouvernement a
commandé, et nous en parlons ici, lorsqu'on parle de la dissolution des
pouvoirs.
Il y avait quatre organismes qui géraient le personnel de la
fonction publique, c'est-à-dire le Conseil exécutif, le Conseil
du trésor, le ministère et la commission, et nous en avons vu
apparaître un cinquième. C'est pourquoi nous recommandons la
disparition d'un cinquième intervenant et que nous demandons que le
ministre de la Fonction publique soit vraiment identifié comme le
gestionnaire des ressources humaines avec pouvoirs dépendant du Conseil
exécutif et non du Conseil du trésor. Si on laisse cela
dépendant du Conseil du trésor, pour nous, il n'a pas de
pouvoirs.
M. de Belleval: S'il dépend du Conseil des ministres il a
tous les pouvoirs!
M. Parent: II a les pouvoirs que le gouvernement lui donne,
tandis que le Conseil du Trésor, c'est un comité du Conseil des
ministres, c'est un intervenant dans la gestion des ressources humaines qui
nous apparaît superflu, pour la gestion des ressources humaines, qui
n'ont pas un caractère financier.
M. de Belleval: Je ne vois pas la différence. Que le
ministre de la Fonction publique soit
mangé à une sauce ou à l'autre, ce que vous
suggérez, c'est que la sauce du Conseil du trésor est plus
odieuse que la sauce du Conseil des ministres. Si vous dites qu'il est
totalement subordonné à celle du Conseil du trésor,
à changer "totalement subordonné à celle du Conseil des
ministres", je ne vois pas la différence dans votre argumentation. Il
n'y a plus besoin d'un ministre de la Fonction publique. Vous proposez
carrément dans votre mémoire la disparition du ministère
de la Fonction publique, sous prétexte que le ministre est totalement
subordonné au Conseil du trésor. Vous dites: Dans ce
cas-là, rendez-le complètement subordonné au Conseil des
ministres. Il ne sera pas moins subordonné.
M. Parent: M. le ministre, je vais répondre à ceci.
Tous les ministres, par voie de réglementation, doivent passer par le
lieutenant-gouverneur en conseil. Pourquoi le ministre de la Fonction publique
n'aurait-il pas les pouvoirs du lieutenant-gouverneur en conseil quand il
réglemente? A ce moment-ci, je n'ai jamais cru qu'un ministre d'un autre
ministère qui réglemente en vertu des pouvoirs du Conseil des
ministres, c'est superflu. On vous donne les mêmes pouvoirs qu'à
un autre, mais, étant assujetti à un organisme à
caractère plutôt financier, comme je l'ai décrit
tantôt, c'est un intervenant ambigu par rapport...
M. de Belleval: Fait-on disparaître le Conseil du
trésor? Qu'est-ce que vous voulez faire disparaître? Je ne
comprends plus trop. Va-t-on faire disparaître le Conseil du
trésor ou le ministère de la Fonction publique?
M. Parent: II y a eu des études de faites et nous nous
référons à ces études. Le Conseil du trésor
a un rôle de contrôle, a priori, des finances. Que le Conseil du
trésor approuve le plan des effectifs, d'accord, parce que cela a une
incidence financière dans le processus budgétaire, d'accord,
mais, lorsque la réglementation de l'article 3, l'affectation, la
promotion, etc., c'est réglementé par le Conseil du
trésor, nous ne voyons pas l'utilité du Conseil du trésor,
parce que le Conseil du trésor est un comité de l'Exécutif
et nous voulons que le ministre prenne ses pouvoirs de l'Exécutif, c'est
beaucoup plus clair.
M. Bellemare: Connaissez-vous le président du Conseil du
trésor présentement?
M. Parent: C'est M. Jacques Parizeau. Le vice-président
est M. de Belleval à l'heure actuelle. On me corrige, je fais donc la
correction. Cela ne change pas notre problématique. Le Conseil du
trésor est un organisme à caractère de contrôle a
priori des incidences budgétaires et il nous apparaît anormal que
ce soit le Conseil du trésor.
M. de Belleval: Autrement dit, si on remplace dans le projet de
loi l'approbation du Conseil du trésor par celle du Conseil des
ministres, il vous apparaît que le ministre redevient compétent;
si on remplace le Conseil du trésor par le Conseil des ministres,
à ce moment-là, le projet de loi est parfait et on maintient le
ministre de la Fonction publique?
M. Parent: On vous donne les pouvoirs du Conseil des ministres et
non pas en les diluant par un comité du Conseil des ministres.
D'ailleurs, vous le savez, là-dessus...
M. de Belleval: Je vous pose la question, M. Parent. Si on
remplace, dans le projet de loi, l'approbation des règlements du
ministre de la Fonction publique par l'approbation du Conseil des ministres,
si, au lieu de faire approuver ses règlements par le Conseil du
trésor, le ministre est obligé de faire approuver ses
règlements par le Conseil des ministres, à ce moment-là,
vous n'avez plus d'objection, le ministère est important et doit
demeurer.
M. Parent: Oui, si le ministre reçoit ce pouvoir de
réglementation du lieutenant-gouverneur en conseil.
M. de Belleval: En vertu du projet de loi, le ministre
reçoit un pouvoir de réglementation, mais il doit faire approuver
ses règlements par le Conseil du trésor.
M. Parent: C'est ce que je dis.
M. de Belleval: Si, au lieu de faire approuver ses
règlements par le Conseil du trésor, il les fait approuver par le
Conseil des ministres, à votre avis, il n'y a plus de problème. A
ce moment, le ministre n'est plus totalement subordonné. Il devient
totalement insubordonné ou quoi? Qu'est-ce que cela veut dire? A ce
moment, il retrouve ses pouvoirs?
M. Parent: Ce n'est pas cela. Là, vous interprétez.
J'ai dit que les ministres, lorsqu'ils font des règlements, les
règlements sont approuvés par le lieutenant-gouverneur en
conseil.
M. de Belleval: Cela dépend des règlements. Il y en
a qui sont approuvés par le Conseil du trésor.
M. Parent: Comme le lieutenant-gouverneur en conseil est la plus
haute autorité ici, nous demandons que le ministre responsable de la
gestion des ressources humaines fasse approuver ses règlements par le
lieutenant-gouverneur en conseil.
M. de Belleval: A ce moment, il n'est plus subordonné.
M. Parent: II est dans la voie logique de l'administration
québécoise.
M. de Belleval: II n'est plus subordonné, à ce
moment. C'est cela que vous dites? Parce qu'il
vient de changer de maître, il n'est plus subordonné, donc
le ministère retrouve sa vocation.
M. Parent: Ce n'est pas un problème de subordination.
M. de Belleval: C'est ce que vous dites dans votre
mémoire. Je vous lis, à la page 13; où vous dites:
"L'autorité du ministre de la Fonction publique est totalement
subordonnée à celle du Conseil du trésor, au point
qu'ille ministrenous apparaît comme un intervenant sans
pouvoir, donc superflu dans un système de gestion". A ce moment, vous
proposez l'abolition de cet intervenant superflu qu'est le ministère de
la Fonction publique, parce que, dites-vous, son autorité
réglementaire sera subordonnée au Conseil du trésor. Je
vous pose la question: Si cette autorité réglementaire est
subordonnée au Conseil des ministres à la place du Conseil du
trésor, est-ce qu'à ce moment, la légitimité du
ministère de la Fonction publique apparaît de nouveau?
M. Parent: Oui, si vous êtes subordonné au Conseil
des ministres, notre proposition 2, nous l'annulons en disant: Le ministre
prend ses pouvoirs du Conseil exécutif, la plus haute autorité,
il va être en mesure de gérer les ressources humaines. La
proposition no 2 disparaît. Le Conseil du trésor nous
apparaît comme un intervenant entre l'autorité du ministre et
l'exécutif. Cela porte à confusion. Cela a été
dénoncé dans plusieurs rapports. On ne sait jamais qui est
responsable. Là, on le saura très bien si c'est le ministre ou le
cabinet qui est la plus haute autorité. Le Conseil du trésor,
actuellement, jette la confusion dans la gestion, mais on pourra citer beaucoup
d'exemples qui ont fait l'objet, d'ailleurs, et qui ont été
rapportés dans le rapport Francoeur.
M. de Belleval: Vous venez de dire que le rapport Francoeur
indique que le Conseil du trésor jette la confusion dans la gestion de
la Fonction publique.
M. Parent: Le rapport Francoeur vous cite à la page 67,
vous pourrez le lire; on dit qu'assez souvent, des règlements
mêmes de la commission ont été influencés par les
pouvoirs du Conseil du trésor. Or, comme c'est ambigu, les pouvoirs du
Conseil du trésor dans la gestion des ressources humaines, nous
demandons un vrai ministère de la Fonction publique, avec un ministre
responsable de la gestion des ressources humaines, dépendant du Conseil
exécutif; et là, les jeux seront beaucoup plus clairs.
M. de Belleval: II ne devient plus subordonné.
M. Parent: Tous les ministres sont subordonnés à
l'exécutif, mais on ne veut pas qu'ils soient subordonnés au
Conseil du trésor, mais qu'ils soient subordonnés à
l'exécutif, la plus haute autorité.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Jean-Talon.
M. Garneau: Je voudrais plutôt me reporter à vos
appréciations sur l'application du régime du mérite. Je
voudrais vous demander comment vous interprétez l'application du
régime du mérite. Encore là, la grande difficulté,
on l'a vu lors de la première séance de la commission, c'est de
déterminer avec précision comment le régime du
mérite tel qu'énoncé verbalement modifie substantiellement
le régime actuel. Si on applique... Ce que je comprends de l'explication
qui nous a été donnée, comme étant quelque chose de
nouveau... Je voudrais savoir si cette application du régime du
mérite, comment vous la voyez en parallèle avec le fait que les
gens maintenant ne seraient plus nommés à des postes, les cadres,
mais seraient nommés à des classes d'emplois et seraient promus
à partir de classes d'emplois et non pas à partir de postes. Je
voudrais savoir vos commentaires là-dessus, parce que nous avons
été informés la semaine dernière que maintenant, il
y aurait des nominations par l'Office de recrutement ou ceux qui en auront les
pouvoirs délégués, de classer et de promouvoir les gens
à partir des classes, non plus à partir des postes. Je voudrais
voir comment vous appréciez ce changement par rapport à
l'application d'un régime du mérite.
M. Parent: Votre question est assez difficile à
répondre, parce qu'on ne voit pas d'ailleurs, le titre le
mentionne comment administrer le régime du mérite. C'est
quoi, un régime du mérite dans le contexte actuel? Comme les
cadres supérieurs n'ont aucune condition de travail encadrée,
nous avons cité, à titre d'exemple, l'application du
régime du mérite qui nous est attribué concernant les
annualités des cadres, quelque chose qui est très clair, parce
que c'est au régime du mérite. On a vu récemment des gens
avoir des notations très excellentes et avoir 0 d'augmentation au 1er
janvier dernier, selon le mérite. On peut citer de nombreux cas.
On peut citer également des déplacements de personnes. On
s'imagine qu'une rétrogradation, une promotion, cela devrait être
basé sur une évaluation. Or, le régime du mérite,
c'est difficile de répondre à votre question, on ne sait pas trop
ce qu'il sous-tend, mais on est pour et on offre notre compétence afin
de travailler avec le gouvernement pour établir des critères de
régime du mérite qui font que les éléments du
régime du mérite soient très nettement identifiés
et que le rendement annuel que nous devons faire pour les cadres soit
basé sur quelque chose de concret.
Or, quant à la question que vous me posez, je ne peux pas vous
répondre, parce que, à l'heure actuelle, c'est de
l'arbitaire.
M. Garneau: Et si on modifiait, si on faisait abstraction du
régime du mérite, quelle est la réaction de votre
association par rapport à une nomination, une promotion dans des classes
d'emplois plutôt qu'à des postes? Quelle est votre réaction
face à ça?
M. Vigneau (Régis): Est-ce que vous pourriez
préciser un peu plus, M. le député...
M. Garneau: C'est-à-dire que l'office de recrutement, si
j'ai bien compris les propos du ministre...
M. Vigneau: A quel article faites-vous référence,
s'il vous plaît?
M. Garneau: Je fais référence... Justement, cela a
été une des questions que j'ai posées, la semaine
dernière, au ministre. Il m'a donné des références
à un certain nombre d'articles que je n'ai pas à la
mémoire. Je vais vous décrire la situation telle que je l'ai
saisie et, si j'ai mal saisi, le ministre pourra certainement rectifier.
Vous êtes nommé par une proposition de la Commission de la
fonction publique, administrateur classe III, au poste de directeur
général de tel ministère. A l'avenir, l'office de
recrutement dirait: Vous êtes classé administrateur, classe III et
le sous-ministre vous affecte à tel poste. C'est ça. Il n'a plus
besoin de proposition, de résolution de la Commission de la fonction
publique ou de qui que ce soit pour modifier ou muter un employé-cadre
d'un poste à un autre. C'est la question que je posais, à savoir
quelle est votre réaction, quelle est la réaction de votre
association sur cet aspect. Parce que vous ne le soulevez pas dans votre
mémoire comme tel, ce changement, qui nous a été
indiqué par le ministre la semaine dernière.
Le Président (Mme Cuerrier): Est-ce M. Vigneau qui
répond à la question? C'est simplement...
M. de Belleval: Pour clarifier un peu plus les remarques du
député de Jean-Talon, il fait allusion à une critique que
des intervenants ont faite ou vont faire devant la commission, selon laquelle
le projet de loi favoriserait le "position plan" par rapport au plan de
carrière. D'après cet intervenant, ce serait mauvais de favoriser
un "position plan". J'ai expliqué qu'actuellement il existe un "position
plan" modifié pour les cadres. C'est le seul endroit où il existe
un tel "position plan" dans la fonction publique. J'ai indiqué aux
membres de la commission que mon intention, pour l'instant en tout cas,
c'était un plan de carrière pour les cadres, plutôt qu'un
"position plan", ce qui nous donne plus de souplesse pour les cadres aussi et
plus de souplesse pour la gestion; ça nous apparaissait une
méthode plus moderne de gestion que le "position plan" à
l'américaine ou, disons, à la fédérale, à la
canadienne.
Le député de Jean-Talon vous demande, maintenant, si vous
êtes en faveur d'un "position plan" ou plutôt d'une gestion du
personnel des cadres selon un plan de carrière, c'est-à-dire
affectation par classe plutôt que par poste. Nomination à une
classe plutôt que nomination à un poste, "position", une position,
comme c'est le cas actuellement?
Le Président (Mme Cuerrier): Je voudrais simplement faire
remarquer que je dois donner la parole aux gens qui veulent intervenir. Pour la
bonne marche du journal des Débats et pour le compte rendu, j'aimerais
bien savoir qui veut intervenir, voulez-vous me faire signe s'il vous
plaît.
M. Parent: M. Claude Mérineau intervient sur cette
question.
Le Président (Mme Cuerrier): M. Mérineau.
M. Mérineau: En principe, je crois qu'on peut être
d'accord avec l'un ou l'autre des systèmes moyennant un certain nombre
de conditions. L'expérience passée ne nous porte pas à
être favorables à cela parce qu'on sait un peu trop comment cela
se faisait.
M. de Belleval: Quoi, cela?
M. Mérineau: Cela veut dire qu'à un moment
donné un gars peut être directeur de quelque chose...
M. de Belleval: Quand vous dites que vous n'êtes pas
favorable à cela, qu'est-ce que vous désignez par le mot:
cela?
M. Mérineau: Le "position plan".
M. de Belleval: Au "position plan", donc vous n'êtes pas
très favorable à un "position plan".
M. Mérineau: Je n'ai pas dit très favorable. Je
pourrais l'être moyennant certaines conditions. L'autorité du
sous-ministre doit être exercée, il doit choisir ses
collaborateurs, il doit choisir parmi ceux qui sont qualifiés, mais je
pense que l'autorité ne doit pas être absolue. Le cadre qui
pourrait être déplacé pour aller dans un autre emploi
devrait au moins être averti je pense que c'est un minimum de
décence d'au moins lui en parler avant de le faire et, si on veut
être encore plus logique, il devrait avoir la chance de se qualifier, de
se recycler, de se réadapter au prochain emploi et aussi voir à
ce que, de cette façon, il n'y ait pas empêchement de promotion
à d'autres personnes qui seraient normalement en voie de promotion. Je
pense que c'est au moins trois conditions, sans y avoir pensé trop
longtemps, qui pourraient faire en sorte qu'on puisse considérer ce
système, mais il faudrait que les règles du jeu soit très
bien établies.
M. Bellemare: Mme le Président.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Johnson.
M. Bellemare: Si je lis à la page 12 de vos
considérations, vous dites qu'à toutes fins pratiques, ces deux
nouvelles agences, l'office et la commission, vont devenir, pour établir
la sauvegarde du mérite, sous la tutelle du pouvoir politique
plutôt que sur l'administration en dehors de la politique de toute
promotion possible au mérite. Cela est le vrai du vrai, c'est ce qui va
arriver; c'est
votre prétention et je pense que c'est ce qui va arriver, le
mérite va être donné en vertu du pouvoir de la tutelle
politique, du pouvoir politique qui est établi. On changera de
gouvernement, on changera tout ce que vous voudrez, mais là c'est
écrit directement dans la loi que le ministre, en vertu des articles 3,
45, 70 et 88, il a tous ces pouvoirs ou il peut les déléguer pour
établir le mérite.
Je pense comme vous autres que c'est donner au gouvernement un pouvoir
politique réel dans la fonction publique et vous verrez, mon cher, le
renouvellement de la future convention, combien ce sera difficile à
faire. Parce que là, vous l'avez devant vous, écrit, que le
pouvoir, la tutelle politique va s'établir par le biais, c'est bien
sûr, on l'avait pressenti, l'Opposition officielle et nous,
énormément que le fonctionnaire a raison d'être inquiet de
cette loi, parce que c'est le pouvoir politique qui va agir directement quand
on disait que la fonction publique ne doit jamais laisser intervenir une
influence politique. On va me répondre: De tout temps, cela s'est
fait... de votre temps... Mais, eux qui étaient des purs et qui
voulaient rester des purs sont après, par des projets de loi qui vont
devenir des lois... des gens qui vont être des fonctionnaires qui vont
avoir le droit de vie et de mort sur tous les droits acquis.
Vous avez raison d'être contre cela parce que vous dites, avec
raison, qu'à toutes fins pratiques ces deux agences qui vont être
nommées par eux, imaginez-vous, ce ne seront pas des amis de l'Union
Nationale, ni du Parti libéral, qui vont y être nommés.
M. Chevrette: II y en a assez eu.
Le Président (Mme Cuerrier): A l'ordre, M. le
député!
M. Bellemare: Ecoutez, cela ne durera pas longtemps, votre
affaire. Ne criez pas trop fort.
M. Chevrette: Ce n'est tout de même pas vous autres qui
allez faire renaître l'UN.
Le Président (Mme Cuerrier): A l'ordre, messieurs! M. le
député de Johnson, c'est vous qui avez la parole.
M. Marcoux: Posez des questions. Vous avez peur qu'on revienne au
temps de Duplessis, nous aussi.
Le Président (Mme Cuerrier): A l'ordre!
M. Bellemare: Merci, madame. Vous voyez comment cela peut... Les
remords de conscience se font publiquement.
M. Chevrette: Si cela allait ainsi, j'en connais qui seraient
morts.
M. Bellemare: C'est à force de recevoir la
vérité en face.
M. Chevrette: On ne peut pas avoir de remords de conscience.
M. Bellemare: Des remords de conscience, vous autres, parce que
vous avez prêché une vérité que vous ne pratiquez
pas. Vous pratiquez le vice après avoir été
élus.
M. Jolivet: Des questions.
M. Bellemare: Ce n'est pas vous qui allez me diriger dans le
débat. La présidence m'a donné l'autorisation de parler et
vous parlerez à votre tour.
Le Président (Mme Cuerrier): Je vous demanderais quand
même, M. le député de Johnson, de vous adresser aux gens
qui sont ici maintenant et que nous voulons entendre.
Une Voix: En face.
M. Bellemare: Je comprends, Mme le Président, et je
m'adresse directement à eux, parce que je comprends qu'on commence
à déceler dans leurs remarques qu'il faut être brave pour
venir devant la commission aujourd'hui. Je vous félicite, tous ceux qui
sont là, qui représentez le conseil d'administration, je vous
félicite d'apporter des accusations presque directes contre le
gouvernement, contre ce projet de loi, qui est inavouable pour un gouvernement
qui a prêché tant de vertu et qui va pratiquer le vice. Le
patronage, vous allez le voir installé par un sous-ministre ou par un
directeur de personnel. Cela ne sera pas long, c'est déjà
commencé. On a déjà coupé des têtes, on va en
couper d'autres.
Si on les compte au nombre de ceux qui sont partis et de ceux qui
doivent partir, dans un an, on se reverra.
M. Marcoux: On va vous garder, nous.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Johnson, est-ce que vous avez d'autres questions pour l'association?
M. Bellemare: Oui, madame. Madame, le gouvernement désire
également améliorer l'efficacité de la gestion du
personnel. Vous imaginez-vous avec un dictateur, un tsar qui est là pour
vous mettre la main au collet, si vous avez le malheur de dire que le PQ n'est
pas là pour longtemps? Voyez-vous ce qui va vous arriver? Vous, les
fonctionnaires, qu'on a toujours traités comme des gens inattaquables,
on a fait des courbettes et on vous a accordé certaines
améliorations, dans votre statut de fonctionnaire, mais là, Mme
le Président, puisque vous avez eu le courage de venir devant la
commission pour établir véritablement quelle était la face
même du gouvernement, je vous félicite, mais je vous demande, cher
monsieur, si ce n'est pas vrai que l'efficacité de la gestion du
personnel va être troublée par une loi aussi
inappropriée.
M. de Belleval: Est-ce que je peux poser une question dans le
prolongement de ce que vient de dire le député de Johnson? Je
trouve très impor-
tante sa remarque, effectivement. Il cite votre mémoire à
la page 12 et il dit: A toutes fins pratiques, ces deux agences chargées
de la sauvegarde du régime du mérite sont sous la tutelle du
pouvoir politique par le biais du Conseil du trésor. Pourriez-vous
m'expliquer comment la situation que nous nous apprêtons à
créer par la loi 53, selon votre paragraphe, est différente de ce
qui existe actuellement de ce point de vue-là? En quoi l'office de
recrutement et la nouvelle Commission de la fonction publique seront-ils
davantage sous la tutelle du pouvoir politique que la commission actuelle?
Expliquez moi cela.
M. Parent: M. Guy Lemieux va répondre. Le
Président (Mme Cuerrier): M. Lemieux.
M. Lemieux (Guy): Mme le Président, M. le ministre, je
suis Guy Lemieux. Ce n'est pas tellement le fait que ce soit moins bon ou
meilleur que la loi existante, c'est le fait que le ministre dit
lui-même...
M. de Belleval: Est-ce que c'est pire ou mieux que la loi
existante, ce qui est proposé?
M. Lemieux: Avec des explications, je pense qu'on va trouver la
réponse dans le milieu.
M. de Belleval: Ne vous laissez pas intimider.
M. Lemieux: C'est mon ancien patron, M. Bellemare, et je ne suis
pas intimidé.
Dans le régime du mérite, les trois points où
ça s'applique de façon très importante, c'est au niveau du
recrutement, de la promotion et de l'appréciation annuelle du rendement
qui se matérialise quelquefois par des annualités.
Si on regarde la loi actuelle, les pouvoirs de la Commission de la
fonction publique sont déjà importants, sauf qu'il y a
amélioration pour une chose dans la nouvelle loi: Les membres seraient
nommés par l'Assemblée nationale, alors qu'avant ils
étaient nommés par le lieutenant-gouverneur en conseil, avec
cette réserve que les pouvoirs de la commission, à l'heure
actuelle, sont assez importants, mais qu'elle ne les exerce pas.
Alors, la solution à cela, c'est de répartir les
différents éléments du régime du mérite.
Entre autres, on dit: On créera un office de recrutement et le
président de cet office de recrutement sera nommé par
l'Assemblée nationale.
Par contre, les règlements que cet office pourra élaborer,
pour le recrutement, devront être soumis au Conseil du trésor,
donc à un niveau politique.
Deuxièmement, le président de l'office de recrutement
pourra déléguer ses pouvoirs à un sous-ministre. Ce sera
également une nomination politique, sans sens péjoratif, de sorte
que, si vous avez...
M. de Belleval: ... vous êtes en faveur du pouvoir de
délégation?
M. Lemieux: On est en faveur du pouvoir de
délégation, mais à conditipn que l'office, si on continue
à parler de l'office, puisse s'assurer que les règles du jeu
seront respectées, cependant je vois mal comment un président
unique, avec un personnel éventuel en-dessous de lui, un gars
indépendant, unique et nommé va pouvoir fournir au jour le jour,
suivre les concours de recrutement dont la logistique aura été
préparée par les ministères recruteurs et s'assurer que le
principe du mérite sera respecté au niveau du recrutement. On a
une commission où il y a plus de monde, à l'heure actuelle, et on
a déjà de la misère à le faire.
Alors, on ne voit pas l'amélioration qu'il pourrait y avoir.
L'autre aspect du régime du mérite, c'est celui de la promotion.
Or, c'est le ministre qui se réserve le pouvoir de réglementer la
promotion et les nominations à ce niveau. Il va se trouver devant un
conflit...
M. de Belleval: On ne parle pas des pouvoirs du ministre, on
parle des pouvoirs de l'office et de la commission. Vous faites une
déclaration très grave, vous dites qu'ils sont sous la tutelle du
pouvoir politique par le biais du Conseil du trésor.
M. Lemieux: Oui.
M. de Belleval: Alors je vous demande de me dire en quoi ils sont
davantage sous la tutelle du pouvoir politique, par le biais du Conseil du
trésor, que sous la tutelle de la commission actuelle. Vous avez admis
qu'il y avait une amélioration, maintenant, ils ne seraient plus
nommés par le gouvernement, ils seraient nommés par
l'Assemblée nationale.
Mais actuellement, par qui sont approuvés les règlements
de la Commission de la fonction publique?
M. Lemieux: Par l'autorité politique.
M. de Belleval: Alors, en quoi... M. Lemieux: Bon,
écoutez...
M. de Belleval: Vous voudriez qu'ils soient approuvés par
qui?
M. Lemieux: Les règlements, c'est bonnet blan, blanc
bonnet. Si l'Assemblée nationale prend la peine de nommer des personnes
responsables pour assurer le respect du régime du mérite, une
sorte de protecteur du citoyen jusqu'à un certain point, et qu'on
revient par la suite c'est un défaut de la Loi de la fonction
publique actuelle en ce qui regarde la commission si les
règlements doivent être soumis à l'autorité
politique, soit au Conseil du trésor ou au Conseil des ministres, on
revient devant quoi?
Il y a des choses qui devraient être établies clairement
avant, en termes de définitions, les critères du régime du
mérite, et qui ne devraient pas être soumises à des
réglementations politiques par la suite; autrement, votre organisme
apolitique, il n'est plus apolitique.
M. de Belleval: Comme cela, la situation actuelle est meilleure
que l'ancienne situation, mais, malgré tout, vous persistez à
dire que la nouvelle commission, le nouvel office, sera sous la tutelle du
pouvoir politique. Si je comprends bien, comme la situation actuelle est pire,
il faudrait aussi dire que la commission actuelle est sous la tutelle du
pouvoir politique!
M. Lemieux: A l'heure actuelle, oui, parce que les
règlements de la commission sont soumis et, en plus de cela, les membres
de la commission, les commissaires, sont toujours, à ce que je sache,
nommés par le lieutenant-gouverneur en conseil et non pas par
l'Assemblée nationale. Ils sont dans un état de dépendance
politique que vous corrigez en partie lorsque vous dites qu'ils vont d'abord
être nommés par l'Assemblée nationale; je pense que cela
dégage cet aspect.
Mais, par contre, si, par le règlement, vous continuez à
être soumis aux politiques... sauf que, dans la commission actuelle, la
nouvelle que vous proposez, avec des pouvoirs beaucoup plus limités, on
ne retrouve pas cet élément. C'est strictement comme une
espèce de cour de recours.
Vous, vous remplacez la comission par l'office de recrutement, pour le
recrutement; sauf le fait que vous nommez le président de l'office par
l'Assemblée nationale, vous ne couvrez pas davantage la
libération d'influences politiques. Sans un sens péjoratif, d'un
gouvernement à l'autre, on peut changer plus facilement en soumettant
toujours les règlements et le modus operandi, littéralement,
à l'approbation du Conseil des ministres ou du Coseil du
trésor.
M. de Belleval: Mais, là-dessus, je vais vous donner une
autre occasion de vérifier que la loi apporte une amélioration.
Vous m'avez dit tantôt: On ne connaît même pas les
règlements de la Commission de la fonction publique, les
règlements actuels de la commission; pourriez-vous nous en envoyer des
copies? Ce qui est prévu dans la loi, c'est que les règlements
doivent être publics. Ils doivent même être soumis à
l'Assemblée nationale, qui peut tenir des commissions là-dessus
si elle le veut.
C'est pour cela que je vous dis que, lorsque vous écrivez des
choses comme cela, j'ai l'impression que vous avez lu la loi d'une façon
extrêmement rapide, ou, vraiment, les mots ne veulent plus dire ce qu'ils
veulent dire. De ce point de vue là, peut-être que ces critiques
pourraient s'adresser à l'ancienne commission, certainement pas à
celle que l'on propose. Il y a des améliorations considérables
apportées. Il me semble que c'est cela qu'il faudrait écrire
plutôt que le contraire. De ce point de vue, je rappellerais au
député de Johnson qu'il a utilisé une Commission de la
fonction publique qui, du jugement même des cadres qui sont ici devant
lui, était sous sa tutelle. De ce point de vue, j'améliore les
choses, de l'avis aussi des cadres qui sont devant nous.
Le Président (Mme Cuerrier): M. le député de
Laviolette.
M. Jolivet: Merci, Mme le Président. A la page 14 de votre
document, les points 4 et 5 font toujours référence à la
question du mérite.
A l'article 4, vous proposez que les éléments qui
affectent le régime du mérite doivent demeurer matière
à négociation et non matière à
réglementation. A l'article 5, la proposition 5, vous dites que l'on
doit définir conjointement employeur et employé, le régime
du mérite. En fait, les deux se rattachent l'un à l'autre d'une
certaine façon. Mais j'aimerais savoir comment, à
l'intérieur de la loi comme on la voit actuellement, le projet de loi,
vous pouvez appliquer le régime du mérite sur une question de ce
que vous appelez: "que l'application devrait en être faite dès
maintenant dans la fixation de l'annualité accordée aux cadres
supérieurs". Faites-vous référence à ce qu'on
appelle toujours dans le jargon de la négociation le "merit pay", la
paie au mérite? Si c'est cela...
M. Parent: Non.
M. Jolivet: ... de quelle façon faites-vous allusion
à l'article 5 par rapport à la loi comme telle, quel est le joint
que vous faites?
M. Parent: Quand vous associez le "merit pay" avec le
régime du mérite, cela n'a aucune relation dans le sens de notre
texte, c'est qu'on voulait illustrer par un exemple que, chaque année,
les cadres supérieurs doivent se noter mutuellement dans la
hiérarchie parce qu'on est tous à différents
niveaux hiérarchiques et en définitive, c'est le
sous-ministre en titre qui a l'autorité suprême d'approuver les
notations et de ratifier les recommandations des supérieurs concernant
l'application des mérites.
Or, cette notation a une influence directe sur l'augmentation salariale
du 1er janvier, un peu comme le salaire de la députation de
l'Assemblée nationale. Cependant, elle est accordée au
mérite et le sous-ministre donne à chacun des cadres entre 0 et
13. Je vais prendre l'année passée à titre d'exemple. Il y
a des gens... C'est pour cela qu'on dénonce... On n'est pas contre le
régime du mérite, mais, quand on parlera de régime du
mérite, il va falloir que ce soit appuyé sur une logique de
mérite, des critères mesurables. Or, on a vu, non pas des cas
d'espèce, nous apportons ici ce qu'on appelle nous autres des choses
suffisamment universelles pour ne pas se perdre dans des détails; mais
la question des annualités, on a vu de nombreux cas de gens qui avaient
des notations très bonnes, des notations excellentes, avoir 0
d'augmentation. Le sous-chef, arbitrairement, a dit: II n'y a pas
d'augmentation, pour toutes sortes de raisons.
M. Jolivet: Chaque fois qu'on a discuté jusqu'à
maintenant du régime du mérite, on a toujours fait allusion, en
tout cas, les gens qui sont venus, qu'on référait cela à
titre d'exemple à la question du salaire, parce qu'on parle
d'annualité et, d'une façon ou d'une autre, c'est du salaire.
Quand on fait allusion à cela, je veux savoir comment vous pouvez faire
allusion à cela, même
à titre d'exemple? Actuellement, quand on considère ce qui
est inscrit, sélection au mérite au niveau du texte du projet de
loi, parce que je pense qu'il n'y a pas de joint entre l'un et l'autre
actuellement.
Vous prenez toujours cela comme exemple et je veux savoir comment vous
le référez à titre d'exemple réel dans l'article 70
du projet de loi.
M. de Belleval: Pour compléter la question, j'ajouterais:
Qu'est-ce que vous pensez, à ce moment, de l'article 7 dans le contexte
de la revendication que vous faites sur l'annuité?
M. Lemieux: L'article 7 de la loi?
M. de Belleval: Qu'est-ce que vous pensez de l'article 7? Est-ce
que l'article 7 n'ouvre pas des portes intéressantes de ce
côté?
M. Parent: M. le ministre, je pense que nous n'avons pas dit que
la loi était mauvaise. On n'est pas venu ici pour louanger la loi, je
crois. On est venu ici pour améliorer la loi, corriger vraiment ce qui
nous apparaît inacceptable, ce qui est non concordant. L'article 7,
puisque vous vous référez à cela, bien sûr qu'il y a
de bonnes choses. Ce n'est pas une question de venir ici encenser quelqu'un. On
est venu travailler à un texte de loi. Quand vous parlez de l'article 7,
je suis entièrement d'accord. Je reviens à la question du
mérite...
M. de Belleval: C'est parce que je dois quand même...
M. Bellemare: II est 18 heures, Mme le Président...
Le Président (Mme Cuerrier): Je vous remercie, M. le
député de Johnson. Il est en effet 18 heures. Cette commission
doit ajourner ses travaux à demain, 10 heures, pour continuer
d'étudier le rapport de l'Association des cadres supérieurs du
gouvernement du Québec, et pour entendre ensuite le Syndicat des
fonctionnaires provinciaux du Québec et le Syndicat des professionnels
du gouvernement du Québec. Le groupe qui est maintenant devant cette
commission reviendra demain matin.
(Fin de la séance à 18 heures)