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(Vingt heures douze minutes)
Le Président (M. Blank); Je déclare ouverte la
séance de la commission des institutions. Le mandat de cette commission
est de procéder à l'étude détaillée du
projet de loi 15, Loi modifiant diverses dispositions législatives.
Je demande au secrétaire de nous lire les changements des
membres.
Le Secrétaire: M. Brassard (Lac-Saint-Jean) est
remplacé par M. Laplante (Bourassa); M. Levesque (Bonaventure) est
remplacé par M. Fortier (Outremont); M. Mailloux (Charlevoix) est
remplacé par M. Ciaccia (Mont-Royal); M. Vaugeois
(Trois-Rivières) est remplacé par M. Gagnon (Champlain) et Mme
Saint-Amand (Jonquière) est remplacée par M. Paradis
(Brome-Missisquoi).
Le Président (M. Blank): Si je comprends bien, on doit
commencer à l'article 7, c'est cela?
M. Ciaccia: On peut suspendre.
Le Président (M. Blank): Est-ce que l'article 7 est
adopté? Oui ou non?
M. Ciaccia: J'avais moins de problèmes avec les autres
présidents, M. le Président.
Une voix: C'est une chose qui arrive.
M. Ciaccia: Est-ce qu'on pourrait demander au ministre s'il a
d'autres amendements à apporter au projet de loi en ce qui concerne le
ministère des Transports?
M. Tardif: Oui, nous avons dans la loi 15, touchant le
ministère des Transports - on va les prendre par blocs, si vous le
permettez - dans le domaine de l'assurance automobile, les articles 7 et 8 et
les articles 121 à 123.
Une voix: Des amendements? M. Tardif: Non.
M. Ciaccia: Peut-être me suis-je mal expliqué - je
ne dirai pas que vous avez mal compris - avez-vous d'autres amendements...
M. Tardif: Des papillons?
M. Ciaccia: ...des papillons autres que ceux que nous voyons
à l'article...
M. Tardif: II y en a un, M. le Président, à
l'article 178 qui ne vise qu'une correction à la nomenclature des
articles amendés, c'est tout.
M. Ciaccia: Très bien.
M. Fortier: M. le Président, ce que j'aimerais savoir,
c'est si l'article 176 relève du ministère des Transports. Il
s'agit d'une modification à la Loi constituant en corporation la
compagnie de chemin de fer Cartier.
M. Tardif: J'y arrive, M. le Président. M. Fortier:
Ah! c'est correct!
M. Tardif: Je suis en train de dire au député de
Mont-Royal que si je divise ça en trois blocs, celui qui touche
l'assurance automobile, c'est 7, 8, 121 à 123. Concernant les chemins de
fer, il y a les articles 13 à 15, 175 et 176, 179, 180 et 181. Je
m'excuse si je suis allé trop vite.
M. Fortier: Cela va. M. Tardif: Cela va? M. Fortier:
Oui.
M. Tardif: Concernant les commissions et les conseils
intermunicipaux de transport, vous avez les articles 21, 22, 23, 24 et 25, donc
21 à 25; ensuite, il y a 43, 44 et 178.
M. Fortier: Cela va.
M. Tardif: II y a un papillon, à l'article 178 c'est
strictement la nomenclature des articles corrigés.
Le Président (M. Blank): Est-ce qu'on peut commencer avec
l'article 7? M. le ministre, avez-vous quelque chose à dire?
Loi sur l'assurance automobile
M. Tardif: II n'y a pas grand-chose à dire, M. le
Président, sauf que les modifications à l'article 7 ont
été amenées par le fait que nous procéderons
dorénavant à l'étalement de l'émission des permis
qui ne
se fait plus une fois par année, mais bien è la date
anniversaire, selon le nom de famille de la personne. Un permis peut être
émis pour une période même plus longue qu'un an. Pour la
personne qui entre dans le système -par exemple, si la date pour la
lettre C, T ou F, peu importe, est le mois de février -parce que c'est
maintenant qu'elle achète une voiture, il se pourrait que la
tarification soit établie pour une période plus longue qu'un
an.
Donc, ici, l'amendement proposé a pour but d'enlever, en quelque
sorte, la référence à une fixation annuelle par la
régie pour tenir compte de cet étalement. Voilà, il n'y a
pas d'autre but à cet amendement.
M. Ciaccia: M. le Président, le fait que les permis sont
émis à la date anniversaire suivant le nom de la personne, est-ce
que ça change le fait que la régie fixe annuellement le prix de
l'immatriculation? Est-ce que ça change le fait que les expertises
seront faites annuellement pour déterminer les montants qui seront
payés? Je ne crois pas que le ministre ait l'intention, tous les mois,
de changer le prix de l'immatriculation. Par exemple, si quelqu'un est
né au mois de février, est-ce qu'il va payer plus cher que celui
qui est né au mois de mars?
M. Fortier: Êtes-vous né au mois de février,
vous?
M. Ciaccia: Non, je suis né au mois de mars. Je
protège mes...
M. Tardif: Avec la permission de la commission, le
président de la Régie de l'assurance automobile va expliquer
cela. Ce qu'il est important de souligner, ici, c'est que même la
référence à une fixation annuelle depuis l'existence de la
régie... Combien y a-t-il eu d'ajustements, M. le président?
M. Vézina (Jean-P.): Deux.
M. Tardif: Elle existe depuis cinq ans, six ans?
M. Vézina: Depuis 1978.
M. Tardif: Depuis 1978, donc, sixième année.
Même la référence actuelle à un taux annuel, si vous
voulez, n'a pas de connotation. Tout cela, c'est fonction des études
actuarielles sur le volume des accidents survenus. Voilà la raison pour
laquelle, même si, dans les faits, il y avait ces mots "fixe
annuellement", l'expérience a démontré qu'à l'heure
actuelle il y a eu deux révisions, justement. Là-dessus, M. le
Président, est-ce que la commission le permet?
Le Président (M. Blank): Mentionnez votre nom, pour les
fins du Journal des débats.
M. Vézina: Jean Vézina, président de la
régie.
M. Fortier: II y avait un Jean Vézina, candidat
libéral dans Beauharnois, ce n'était pas vous?
M. Vézina: M. le Président, l'année
financière de la régie a été fixée, au
moment de sa fondation, entre le 1er mars et le 29 février, pour la
bonne raison que, si on se rappelle, à l'époque, le changement
d'immatriculation se faisait pour tout le monde le 1er mars. Maintenant, cette
année financière de la régie n'a plus aucune
référence avec quoi que ce soit. Ce n'est pas l'année
financière du gouvernement, ce n'est pas l'année civile, donc du
bilan routier. Cela n'a plus aucune connotation avec quoi que ce soit.
Depuis qu'il y a l'étalement, on est obligé, pour les gens
qui entrent dans le régime, soit de leur facturer quatre mois et,
ensuite, les ramener dans leur année ou leur facturer jusqu'à
quinze mois pour les ramener au mois de tarification. Si bien qu'en suivant le
projet de loi comme il est là on serait obligé de
déterminer entre 18 et 19 mois d'avance la tarification pour être
sûr que les nouveaux qui entrent dans le régime puissent payer
exactement le même montant à l'intérieur de l'année
financière de la régie qui, je le rappelle, est du 1er mars au 28
février.
Ce qu'on change dans la loi, c'est tout simplement ceci. On va encore,
à chaque année, avoir une réserve actuarielle et une
évaluation de la réserve actuarielle - la loi le dit ailleurs -
car il faut prévoir. Ce qu'on change par rapport à la
tarification actuelle, c'est que, maintenant, la tarification va se faire
à une date fixe, comme n'importe quelle compagnie d'assurances. Par
exemple, il y a une augmentation le 15 janvier, si votre contrat d'assurance
était dû le 13 janvier, vous bénéficiez d'un an. Si
vous arrivez le 18 janvier, vous vous faites avoir pour... La tarification va
se faire à une date fixe, ce qui permet de réagir beaucoup mieux
à la situation du bilan routier parce qu'on peut le faire à cinq
ou six mois d'avis, tandis qu'autrement on est obligé de le faire 18
mois ou un an avant le temps. Autrement dit, il faudrait maintenant, pour que
tout le monde paie la même chose en 1986, prendre une décision; il
serait même trop tard pour le 1er mars 1986. Il faudrait penser au 1er
mars 1987 pour tarifier avec la loi actuellement. C'est seulement cela, il n'y
a pas autre chose.
M. Ciaccia: Si l'intention, M. le
Président, c'est d'avoir une tarification à une date fixe,
pourquoi ne le dit-on pas dans le projet de loi? De la façon dont le
projet de loi est maintenant rédigé, ce n'est pas une date fixe,
vous fixez quand vous voulez. "Après expertise actuarielle et avec
l'approbation du gouvernement", cela pourrait vouloir dire n'importe quand.
Juridiquement, vous pourriez fixer cela à tous les mois, rien ne vous en
empêche. Cela ne donnerait pas une tarification équitable sur
laquelle la population pourrait se fier. Si c'est l'intention d'avoir la
tarification à une date fixe, je n'aurais pas d'objection, je pense
bien. Les raisons que vous invoquez semblent avoir du bon sens. Pourquoi ne le
dit-on pas: une date fixe tous les ans?
M. Vézina: C'est parce que... Vous permettez?
Une voix: Allez-y!
M. Vézina: M. le député de Mont-Royal, ce
n'est pas à une date fixe au même moment à chaque
année. Là, ce serait injuste pour ceux qui sont avant cette date.
Si on disait que c'est toujours le 1er avril qu'on augmente, tous ceux qui sont
dus au 1er mars bénéficieraient d'une année à
l'ancien tarif.
M. Ciaccia: Oui, un instant!
M. Vézina: C'est à une date fixée.
M. Ciaccia: Je peux comprendre vos problèmes
administratifs, mais je regarde cela du point de vue de l'usager et de celui du
gouvernement. Qu'est-ce que le gouvernement peut faire? Je me souviens qu'il y
a deux ans le ministre des Finances -il n'est plus avec nous maintenant - avait
pris 21 000 000 $ de la Régie de l'assurance automobile du Québec
et les avait transférés - cela est une question politique, je ne
vous le demande pas à vous, je m'adresse au ministre - au fonds
consolidé. À ce moment-là, nous avions dit qu'on ne devait
pas prendre l'argent de la régie pour payer les dettes du gouvernement.
L'argent de la régie devait être pour répondre aux besoins
de la régie. C'était pour - une question actuarielle - les
accidents, les immatriculations, etc.
On a déjà eu l'expérience que le gouvernement est
allé chercher 21 000 000 $. Quand vous nous proposez un changement tel
que vous le faites maintenant, on est doublement inquiets parce qu'on se dit:
Vous allez faire cela et, possiblement, vous allez vouloir aller chercher de
l'argent de la régie pour le fonds consolidé, vous pourriez fixer
les taux tous les mois et les changer, pas nécessairement pour les
besoins de la régie, mais pour les besoins du gouvernement. Cela ouvre
la porte un peu trop quant aux augmentations et aux changements. À
l'article 151 actuel, on sait qu'au moins il y a une limitation, une
restriction. Il faudrait que ce soit fixé annuellement. On ne voit pas
pourquoi on ne peut pas fixer annuellement ou à une date fixe et, s'il y
a certains problèmes pour certains mois, la régie peut toujours
se reprendre l'année d'après. Cela nous inquiète beaucoup
de voir cette ouverture et le manque de contraintes.
Une voix: II y a toujours moyen de faire des comparaisons d'une
année à l'autre.
M. Ciaccia: Exactement.
Le Président (M. Blank): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: La difficulté qui me vient à l'esprit,
à la suite de l'intervention de mon collègue de Mont-Royal, est
celle-ci: pour les usagers ou pour des raisons d'imputabilité publique,
nous préférerions que le tarif soit applicable une fois par
année pour qu'on puisse le comparer d'une année à l'autre,
entre autres choses. Ceci voudrait dire que les actuaires devraient prendre en
considération le fait, si le tarif était déterminé,
par exemple, le 1er avril de chaque année, que durant l'année il
y a eu variation actuarielle. Ceci devrait être pris en
considération lorsqu'ils déterminent, l'année suivante, le
tarif qui devrait s'appliquer l'année suivante.
Or, ce qui nous est proposé par la régie, c'est qu'il y
ait quasiment une variation mensuelle du tarif et, alors, ni le public, ni les
contribuables ou ceux qui sont protégés par la régie ne
pourraient faire les comparaisons que l'on peut faire présentement,
parce que présentement on connaît le tarif de la régie. On
connaît le tarif de l'année dernière. On peut faire des
proportions et, selon la formule qui nous est proposée, il n'y a plus
personne qui va s'y retrouver. Vous autres, vous allez vous comprendre, mais,
nous autres, on ne s'y retrouvera pas. Si vous pouvez répondre à
cette difficulté, on va se comprendre.
M. Tardif: Je pense qu'il y a une chose... Le point principal est
le suivant: avec l'étalement et en supposant que les 3 500 000 permis
qui sont émis... Pardon?
M. Ciaccia: D'immatriculation.
M. Tardif: Les permis d'immatriculation étalés sur
l'année - c'étaient 3 600 000 -divisés par douze mois,
cela nous donne donc une idée du volume, en présumant une
distribution égale. Il devrait se produire, au bout de douze mois, des
ajustements. Une année cela peut être en janvier, une autre
année, cela peut être en février et, une autre
année, en mars. C'est toujours sur une période qui pourrait
être de douze mois, mais qui est mobile. D'accord?
M. Ciaccia: C'est une période de douze mois.
M. Tardif: Mais qui est mobile.
M. Ciaccia: Correct, mobile, mais douze mois, pas tous les
mois.
M. Tardif: Non, mais, là, il ne faut pas que le
député de Mont-Royal charrie non plus.
M. Ciaccia: Je ne veux pas charrier.
M. Tardif: Non, mais juste une seconde. Actuellement, la loi dit
"annuellement"?
M. Ciaccia: Oui.
M. Tardif: En 1978, le montant a été fixé
à 85 $. Il a été maintenu en 1979, en 1980 et en 1981. En
1982, il a monté à 95 $ et il a été maintenu pour
1982 et 1983. En 1984, c'était 105 $ et il est maintenu pour 1985. Il y
a gel encore. Donc, je pense qu'il ne faudrait pas se baser... Même s'il
y avait obligation de mettre le mot "annuel", on constate que, dans les faits,
cela n'a pas été ainsi parce que les études actuarielles
permettaient de se rendre compte que la réserve pouvait faire face aux
obligations. Tout ce qu'on dit, c'est qu'avec l'étalement - et non plus
le renouvellement en bloc une fois par année de tout le monde - il nous
apparaît souhaitable que justement, il puisse y avoir cette
flexibilité.
(20 h 30)
M. Fortier: Pourquoi?
M. Tardif: De façon que tout individu, disons sur une
courte ou une moyenne période, puisse en bénéficier.
Imaginons que les gens de la lettre A à la lettre F, de Abraham à
Fortier, tous ces gens-là renouvellent...
M. Fortier: Je vous remercie!
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Ciaccia: D'Abraham à Fortas!
M. Tardif: ...au mois de janvier à cause de la
distribution; d'accord?
M. Fortier: Oui.
M. Tardif: Imaginons que le renouvellement se fasse à date
fixe le 1er mars de chaque année ou, disons, le 1er janvier,
automatiquement. Vous allez écoper tous les ans de toutes les
augmentations, alors que celui qui achète une voiture quelque temps
après, lui, aura une période plus longue sans subir
d'augmentation. C'est l'idée générale. Il n'y a plus de
renouvellement massif, tout le monde en même temps.
M. Vézina: II s'agit de pouvoir établir une
augmentation durant un mois donné et dire: Cette année, par
exemple, l'augmentation sera le 1er avril; l'année prochaine, le
gouvernement pourra décider que ce sera le 1er septembre, de
façon que ce ne soit pas toujours le même monde qui écope
de l'augmentation, c'est tout.
M. Fortier: Non...
M. Vézina: Je pense que le changement important dans
l'article, c'est "à compter d'une date qu'elle détermine". C'est
cela, le nouveau. Bien sûr, encore une fois, le gouvernement va faire
chaque année le bilan routier et va décider de l'augmentation des
tarifs, mais il ne faut pas que ce soit une date fixe, mais une date
fixée par le gouvernement.
M. Marx: J'ai juste une petite question sur cela. Dans d'autres
juridictions où on a le même système que nous, comment
font-ils?
M. Vézina: Ils le font à date fixe, à date
fixée. Autrement, ce n'est plus possible. Autrement, il faut prendre une
décision maintenant pour le tarif qui serait appliqué le 1er mars
1986. Cela fait loin dans le temps, c'est tout. Il n'y a pas autre chose que
cela.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Montréal.
M. Fortier: De Mont-Royal.
M. Tardif: De Montréal? S'il vous plaît, M. de
Montréal.
Des voix: Ah! Ah! Ah!
M. Ciaccia: Elle n'est pas bonne. On va au-delà de nos
limites.
Puisque vous avez dit qu'il n'y aurait pas d'augmentation des
assurances, est-ce que cela s'applique au niveau des permis et des
immatriculations, aux deux?
M. Tardif: Les deux.
M. Ciaccia: On comprend le problème, qu'ils doivent
être augmentés, mais est-ce que vous ne pourriez pas inclure dans
l'article que toute augmentation doit être pour au moins une
période de douze mois?
M. Tardif: Je ne suis pas sûr, M. le Président.
M. Ciaccia: Bien oui.
M. Tardif: Je pourrais donner un exemple au député
de Mont-Royal...
M. Ciaccia: On ne va pas commencer à augmenter tous les
trois mois.
M. Tardif: ...où cela pourrait être au
désavantage du client. Imaginons...
M. Ciaccia: Je n'ai pas dit une réduction, j'ai
parlé d'une augmentation.
M. Tardif: Oui, d'accord, et même là.
Imaginons...
M. Ciaccia: Ce n'est pas augmenter.
M. Tardif: ...que, d'après les études actuarielles,
la réserve, etc. il semble qu'une augmentation correspondant à
l'indice des prix à la consommation soit souhaitable, supposons 4%. Si
je prends l'exemple évoqué par le député de
Mont-Royal, il serait possible de décréter 4% pour toute
l'année. Alors, pourquoi ne serait-il pas possible de
décréter 2% maintenant et 2% dans six mois? À ce
moment-là, le client ne paie que 2% pour les six premiers mois.
M. Ciaccia: Si tel est le cas, vous allez...
M. Tardif: Quoi?
M. Ciaccia: Si tel est le cas, je préfère que vous
augmentiez de 4%, quitte à réduire si vous avez un surplus
l'année suivante. Si on vous donne la permission d'augmenter plus d'une
fois par année, le danger est que, pour d'autres raisons, cela soit
augmenté. Comme mon collègue l'a dit, on n'a pas de base de
comparaison.
M. Tardif: Si je comprends bien le député de
Mont-Royal, ce qu'il proposerait, ce serait que la régie fixe un taux
pour une période de douze mois et le reste du texte. C'est cela?
M. Ciaccia: Au moins pour une période de douze mois, pour
avoir des bases de comparaison et pour ne pas pénaliser le gars qui est
né au mois de juillet plus que celui qui est né au mois de
février.
M. Tardif: Non, attention, là!
M. Ciaccia: Je voudrais porter à l'attention du ministre
que, la première fois qu'on a facturé les permis
d'immatriculation, les actuaires avaient fait une évaluation, ce
n'était pas basé nécessairement sur la performance du
fonds de la régie pour les douze derniers mois; les douze derniers mois
n'existaient pas. Ils ont fait des hypothèses, ils se sont basés
sur l'expérience au Québec, sur les accidents. De la même
façon, ils pourraient faire les mêmes hypothèses encore
mieux parce qu'ils peuvent se baser sur l'expérience des douze derniers
mois.
M. Vézina: II faut comprendre, M. le député
de Mont-Royal, que quand tout le monde changeait au mois de mars on augmentait
la prime au mois de mars et tout le monde payait la même chose à
l'intérieur de l'année de la régie. Maintenant que tout le
monde est étalé dans le temps, il y a des gens qui renouvellent
au mois de décembre comme au mois de janvier. Comment pouvez-vous dire,
par exemple, que les tarifs sont gelés en 1984, soi-disant et quand les
gens viennent pour payer ils paient plus cher? Ce n'est plus
compréhensible pour la population.
M. Ciaccia: C'est correct. Si vous êtes prêt à
accepter l'amendement où on dit "fixe pour une période d'au moins
un an", je proposerais cela...
M. Vézina: Pour une période de douze mois...
M. Tardif: Pour une période de douze mois...
M. Ciaccia: Douze mois.
M. Fortier: J'aimerais juste comprendre exactement. Dans le
moment, vous avez un tarif - oublions l'article 7 - durant l'année 1984,
le 1er janvier 1984, vous aviez un tarif. Quel était-il?
M. Vézina: 95 $.
M. Fortier: 95 $. Le 1er décembre 1984, vous aviez un
tarif; quel était-il?
M. Vézina: 105 $.
M. Fortier: À quel moment a-t-il varié?
M. Vézina: Le 1er avril.
M. Fortier: Le 1er avril, il a changé, il est passé
à 105 $.
M. Vézina: C'est ça.
M. Fortier: Dans le moment, la façon dont vous
procédez, tous les 1er avril, il y a un changement. C'est ça qui
est arrivé?
M. Vézina: Non, pour le moment, on l'a fait à date
fixe, on l'a fait le 1er avril.
M. Fortier: Le 1er avril, c'est ça. Tous les 1er avril, il
y avait une révision, si besoin était. Si quelqu'un devait
acheter un permis le 1er juin, vous faisiez un prorata.
M. Vézina: Justement.
M. Fortier: Un prorata basé toujours sur les calculs qui
avaient prévalu le 1er avril.
M. Vézina: Pour que tout le monde...
M. Fortier: Ce que vous dites maintenant, c'est que si quelqu'un
achète son permis le 1er février ou le 1er juin 1985 ou le 1er
octobre 1985, étant donné que c'est pour une période de X
mois plus tard, vous aurez un tarif qui va prendre en considération
l'expérience appréhendée pour les douze mois suivants.
M. Vézina: Non.
M. Fortier: Oui, basé sur un calcul actuariel.
M. Vézina: Non. Supposons que le gouvernement
décide d'augmenter le 1er septembre, ceux qui sont passés avant
bénéficient du tarif ancien pour toute l'année et ceux qui
sont passés après le 1er septembre ont la majoration. C'est
exactement comme dans une compagnie d'assurances privée.
M. Fortier: À l'avenir, quand vous dites que ce sera
à une date fixée, mais pas à une date fixe, cette
date-là va dépendre de quoi? Est-ce qu'elle va varier d'une
année à l'autre?
M. Vézina: Oui, pour être...
M. Fortier: Ce sera une fois par année seulement ou si
ça peut être plusieurs fois par année?
M. Vézina: Ce qu'on proposait, c'est que ça pouvait
être déterminé une fois par année, mais prendre
effet sur deux mois différents. Par exemple, le gouvernement pourrait
décider maintenant qu'il augmente les tarifs de 2% le 1er mai et de 2%
le 1er septembre. Ce qui fait que...
M. Fortier: Est-ce que, dans votre idée, il y aurait
plusieurs revues actuarielles dans une année?
M. Vézina: Non, non, il y a une revue actuarielle.
M. Fortier: II y aurait une revue actuarielle dans une
année, mais l'augmentation pourrait se répartir sur deux dates
différentes.
M. Vézina: C'est ça, pour être...
M. Fortier: Au lieu d'être uniquement, disons, le 1er
avril.
M. Vézina: C'est ça, pour être plus juste
pour l'ensemble des automobilistes.
M. Fortier: Votre texte dit plus que ça; c'est pour
ça, je pense, qu'on se chicane un peu. En fait, on vous donne plus de
pouvoirs que ce que vous venez de dire.
M. Vézina: Je ne sais pas comment vous pourriez
rédiger cela.
M. Ciaccia: M. le Président, quels sont les
imprévus? Les actuaires savent combien de renouvellements il y aura tous
les mois, ils savent...
M. Tardif: ...l'exemple du député d'Outremont.
M. Fortier: Lui, il ne m'aime pas beaucoup, mais, de toute
façon, on va aller dans son comté à la prochaine
élection.
M. Tardif: Je pense, M. le Président, que j'ai conclu trop
vite que l'amendement proposé par le député de Mont-Royal
était acceptable, parce qu'à partir du moment où on
voudrait qu'une tarification, cette année, commence au 1er avril, mais
parce qu'on ne veut pas que cela tombe toujours à la même date
pour frapper toujours les gens qui renouvellent entre les lettres A et F, il
faut qu'il y en ait une par année, mais la date de
référence peut être différente. C'est-à-dire
qu'une année, cela pourrait être le 1er avril et l'autre
année le 1er juillet, si l'on veut que cela tombe à
différentes dates dans l'année.
À ce moment-là, je pense que ce qui est important, c'est
qu'on puisse introduire le mot "annuellement"; la régie fixe
annuellement, après expertise actuarielle, les sommes exigibles à
compter d'une date qu'elle détermine. Alors, cette date peut être
mobile. D'accord?
M. Ciaccia: Alors, vous allez dire: La régie fixe
annuellement, à compter d'une date qu'elle détermine.
M. Tardif: C'est cela..
Le Président (M. Blank): Est-ce qu'on peut avoir
l'amendement par écrit?
M. Tardif: II faut juste ajouter le mot "annuellement".
Le Président (M. Blank): Oui, je le sais,
mais pour le procès-verbal on en a besoin. M. Tardif:
Pardon?
Le Président (M. Blank): Anciennement, j'aurais fait cela,
mais le secrétaire me dit que maintenant, on ne le fait plus.
M. Tardif: Ah, excusez! Je vais vous en donner un.
M. Ciaccia: Je ne voudrais pas prendre le nouvel article, je
voudrais retourner à l'article existant.
M. Tardif: Ah oui, c'est parce qu'il n'a pas "à compter
d'une date qu'elle détermine".
M. Ciaccia: Bien oui, mais on l'ajoute: "La régie fixe
annuellement, à compter d'une date qu'elle détermine".
M. Tardif: Alors, je vais en donner lecture, ou voulez-vous le
faire vous-même, M. le Président?
Le Président (M. Blank): L'article 7 est amendé en
ajoutant le mot "annuellement" après le mot "fixe", au premier
alinéa de l'article 151.
M. Fortier: Est-ce que dans la loi actuelle - je n'ai pas la loi
devant moi - on faisait référence au 1er avril?
M. Tardif: Non. Dans la loi actuelle -je l'ai ici - on dit: "La
régie fixe annuellement - on avait le mot "annuellement" - après
expertise actuarielle et avec l'approbation du gouvernement, les sommes
exigibles lors de l'émission de tout permis de conduire, etc."
Alors, ce qui est nouveau par rapport au texte actuel, c'est "à
compter d'une date qu'elle détermine", cette date.
M. Ciaccia: Le président n'a pas lu cet aspect-là:
"à compter d'une date qu'elle détermine".
M. Tardif: Bien oui, c'est-à-dire que la
référence, c'est le projet de loi et non pas la loi actuelle.
M. Ciaccia: Le projet de loi.
M. Tardif: M. le Président, si vous me permettez,
l'amendement proposé reprend le texte de l'article actuel, garde le mot
"annuellement", mais ajoute "à compter d'une date qu'elle
détermine". C'est cela.
M. Ciaccia: D'accord.
M. Tardif: Pardon? C'est l'article 7 du projet de loi 15 qui est
maintenu, mais en y ajoutant le mot "annuellement" après le mot "fixe".
Est-ce cela?
Le Président (M. Blank): Est-ce que c'est cela qu'on
veut?
M. Fortier: Oui, oui, je comprends, mais je vais laisser mon
collègue de Mont-Royal acquiescer.
M. Ciaccia: J'ai devant moi deux textes, je ne veux pas
être difficile.
M. Tardif: Oui.
M. Ciaccia: J'ai la loi actuelle, qui dit: "La régie fixe
annuellement, après expertise, etc.". Là, j'ai le texte
proposé, qui dit: "La régie fixe - on enlève le mot
"annuellement" après expertise actuarielle." Si je comprends bien, le
ministre veut que le texte se lise comme suit: "La régie fixe
annuellement, à compter d'une date qu'elle détermine." Non?
M. Tardif: Non.
M. Ciaccia: Ah! c'est dans le deuxième! Excusez-moi.
M. Tardif: Le point de départ... M. Ciaccia:
D'accord. M. Tardif: D'accord.
Le Président (M. Blank): Est-ce que l'amendement est
adopté?
M. Ciaccia: D'accord.
M. Fortier: Avant de passer... J'aimerais mieux comprendre.
Alors, quand on dit "annuellement", il n'y avait pas de
référence. Mais il y avait "annuellement" dans le
passé.
M. Tardif: Oui.
M. Fortier: Mais la régie décidait que
c'était toujours le 1er avril, quoique...
M. Tardif: Toujours l'année financière.
M. Fortier: Mais il n'y avait rien dans la loi qui disait cela
explicitement.
M. Tardif: Non, sauf que...
M. Fortier: Mais cela a toujours été le 1er
avril.
M. Tardif: ...l'année financière de la
régie...
M. Fortier: Oui, d'accord.
M. Tardif: ...était basée sur la date...
M. Fortier: Maintenant, cela pourrait être n'importe quel
1er du mois...
M. Tardif: C'est cela.
M. Fortier: ...que la régie va décider.
M. Tardif: C'est cela. (20 h 45)
M. Fortier: Cela vous donne plus de flexibilité. Cela peut
être deux fois par année mais, quand on dit annuellement, cela
vous permet de le faire d'une façon différente. On aura toujours
la difficulté dont je parlais tout à l'heure; en faisant des
comparaisons, ce ne seront pas nécessairement des périodes de
douze mois qui sont entre chaque augmentation.
M. Ciaccia: Quand vous dites qu'elle fixe annuellement, mais
à compter d'une date qu'elle détermine, est-ce qu'il peut y avoir
des situations où vous allez fixer annuellement mais que la
période sera moins de douze mois?
M. Vézina: Non, cela va être pour douze mois mais il
pourrait, si je comprends bien... Si je comprends bien, le gouvernement
décide annuellement si on augmente ou si on n'augmente pas. D'accord?
Mais on peut décider, pour être équitable envers tout le
monde - je pense que l'article n'empêcherait pas cela - de dire: II y
aura une augmentation, le 1er septembre, de 2% et le 1er décembre, de
2%.
M. Fortier: Vous dites "d'une date", c'est...
M. Vézina: C'est toujours annuellement...
M. Fortier: ..."d'une" ou "des" date (s).
M. Vézina: ...c'est toujours pour douze mois.
M. Fortier: Est-ce qu'on peut demander au ministre, M. le
Président, si le fait qu'on dise "à compter d'une date",
légalement parlant, - je ne suis pas avocat, - cela signifie une seule
date...
Une voix: Ah oui!
M. Fortier: ...ou si il peut y avoir deux dates? D'après
ce que le président de la régie nous dit, pourraient être
deux dates durant l'année.
M. Vézina: Qu'est-ce que cela fait, une augmentation de 4%
à une date ou de 2% à deux dates?
M. Fortier: Je ne suis pas contre; simplement, je me pose la
question à savoir si ce que vous venez de...
M. Vézina: Cela fait moins cher.
M. Fortier: ...dire est reflété dans la loi...
M. Vézina: Cela fait plus équitable à cause
de l'étalement.
M. Fortier: ...que vous nous demandez d'adopter.
Le Président (M. Blank): II y a un légiste en
arrière, on peut lui poser des questions.
M. Fortier: C'est simplement que vous donnez une
interprétation qui ne semble pas correspondre à l'article de la
loi que vous nous demandez d'adopter.
Le Président (M. Blank): On va demander au légiste
une opinion.
M. Tardif: "À compter d'une date", alors, à compter
de telle date, c'est telle somme et à compter de telle autre date, c'est
telle autre somme.
M. Ciaccia: Si je pose la question, c'est parce que vous n'avez
pas voulu inclure "pour une période d'au moins douze mois". Alors, cela
veut dire, par inférence, que la date que vous allez déterminer
peut être de moins de douze mois. Vous pouvez fixer annuellement...
M. Tardif: Elle peut être de plus.
M. Ciaccia: Elle peut être de plus de douze mois et elle
peut être de moins de douze mois.
M. Tardif: Étant donné que si vous prenez...
Normalement, les gens de la lettre "C" renouvellent leur permis, disons, au
mois de février, sauf que, vous achetez votre voiture maintenant et vous
le prenez pour une période plus longue...
M. Ciaccia: ...cela fixe annuellement. Vous n'êtes pas
prêt à inclure dans le projet de loi que les sommes d'argent de la
régie ne seront pas utilisées pour le fonds consolidé?
M. Tardif: Non, M. le Président.
Le Président (M. Blank): Tout à l'heure, l'opinion
du légiste on devait changer "d'une
date" à "des dates", si on veut le faire étaler.
Une voix: C'est cela que vous voulez?
M. Fortier; C'est au président de la régie. Si le
président est satisfait "d'une" date, j'en suis satisfait. Mais, si le
président de la régie veut avoir "des dates", à ce moment
là, c'est différent.
M. Ciaccia: Si, en juillet 1985, vous décidez d'une
augmentation, est-ce que vous allez pouvoir décider d'une autre
augmentation avant juillet 1986?
M. Fortier: Cela pourrait être en février 1986.
M. Tardif: Non. Elle doit être déterminée
annuellement, une fois par année. Sauf que - disons que c'est maintenant
- on pourrait décider qu'au cours de 1985 il y aura 2% en janvier et 2%
en juillet. C'est une fois par année, mais elle peut être
étalée dans le temps.
M. Fortier: M. le Président, est-ce que le légiste
ou le ministre pourrait nous renseigner? Quand on dit "annuellement", est-ce
que cela veut dire du 1er janvier au 31 décembre ou durant
l'année administrative de la régie?
M. Tardif: C'est une fois par année. M. Fortier:
Une fois par année... M. Tardif: Ce n'est pas à date
fixe. M. Fortier: ...c'est quelle année? M. Tardif:
Pardon!
M. Fortier: C'est l'année du 1er janvier au 31
décembre?
Le Président (M. Blank): ...une fois.
M. Tardif: Une fois dans l'année civile?
M. Fortier: D'accord.
M. Ciaccia: M. le Président, je ne veux pas parler d'un
article qui va venir plus tard. On va en discuter à ce moment-là.
Si vous dites que vous allez le faire annuellement, il ne faudrait pas que,
plus tard, vous ayez un article qui dise que votre année
financière pourrait être changée au bon gré du
gouvernement. Parce que, là, si vous la changez, ça pourrait...
Supposons qu'une année l'année financière est de mars
à avril, vous la fixez au mois de mars et que vous décidez de
changer l'année financière de septembre à août, cela
veut dire que, là, vous pouvez changer une autre fois.
Il faudrait fixer l'année financière. La raison pour
laquelle je vous mentionne cela, c'est parce que quand on va arriver à
cet article on va vouloir avoir certaines restrictions.
M. Tardif: M. le Président, à l'heure actuelle,
l'année financière de la régie se termine le 28
février ou le 29 février, s'il s'agit d'une année
bissextile, parce que c'était le moment de l'année où les
immatriculations se terminaient. À l'heure actuelle, la régie
propose que cette date-là soit modifiée et...
M. Vézina: Soit l'année civile, à cause du
bilan routier.
M. Ciaccia: D'accord, si on peut avoir une année fixe, il
n'y aura pas de problème.
Le Président (M. Blank): Je vais vous lire les amendements
à l'article 7. L'article 7 sera amendé en ajoutant le mot
"annuellement" après le mot "fixe", à la première ligne,
et en biffant le mot "d'une", à la deuxième ligne, pour le
remplacer par les mots "de toute". Cela veut dire que l'article peut se lire
maintenant: "La régie fixe annuellement, après expertise
actuarielle et avec l'approbation du gouvernement, les sommes exigibles
à compter de toute date qu'elle détermine."
Est-ce que l'amendement est adopté?
M. Fortier: L'amendement est adopté.
Le Président (M. Blank): Est-ce que l'article est
adopté?
M. Fortier: J'aurais juste une question et c'est
déjà dans la loi actuelle. On voit, par le régime de
retraite de la CUM, que l'expertise actuarielle peut être très
controversée, même si on engage de bons actuaires. Quel recours a
le public vis-à-vis de cette expertise actuarielle? Est-ce que la
régie publie l'expertise actuarielle? Est-ce que l'expertise actuarielle
est publiée?
M. Vézina: Le Vérificateur général
repasse avec un expert actuaire pour faire vérifier l'expertise
actuarielle.
M. Fortier: Est-ce que l'expertise actuarielle est connue du
public? Est-elle publiée?
M. Vézina: Encore une fois, le Vérificateur
général repasse en plus.
M. Fortier: D'accord. Comme on peut le voir par le litige que
nous avons présentement, le fait d'avoir une expertise actuarielle
dépend beaucoup plus des
hypothèses de l'actuaire lui-même et du bureau d'actuaires.
J'imagine que vous vous fiez à des actuaires indépendants pour
faire ça?
M. Vézina: On a une firme qui signe la réserve
actuarielle. On a nos propres actuaires et, en plus, le Vérificateur
général.
M. Fortier: Je vous remercie.
M. Ciaccia: Juste une autre petite question. L'année
dernière, les immatriculations étaient étalées.
Comment avez-vous fait pour vous ajuster?
M. Vézina: II y. avait une date fixe; c'était le
1er avril.
M. Ciaccia: Alors, il y avait une date fixe et il n'y a pas eu de
problème?
M. Tardif: II n'y a pas eu de problème, sauf qu'il y a des
gens qui ont payé le tarif de l'année antérieure pour une
période plus longue que 12 mois et d'autres ont eu un
réajustement...
Le Président (M. Blank): L'article 7 amendé est
adopté. L'article 8?
M. Tardif: Ah! c'est un article de concordance avec l'autre!
M. Ciaccia: Article 7, adopté.
Le Président (M. Blank): Article 7, adopté. Article
8, adopté?
M. Ciaccia: Une minute. Je pense qu'il va falloir modifier
l'article 8 aussi...
M. Tardif: C'est-à-dire que...
M. Ciaccia: ...en accord avec les changements qu'on a faits
à l'article 7.
M. Tardif: Ce texte actuel: "...victimes d'un accident survenu au
cours de l'exercice financier en vue duquel ces sommes sont fixées ou
allouées", alors que ce qui est proposé ici, c'est "au cours de
la période en vue de laquelle ces sommes sont fixées ou
allouées", parce que cela n'est plus sur une base d'exercice.
M. Ciaccia: Cela est fixé annuellement. Le
Président (M. Blank): ...adopté? M. Ciaccia:
Adopté.
Le Président (M. Blank): Où sommes-nous rendus
là-dedans?
M. Tardif: Si on continue dans le domaine de la régie, M.
le Président, avec votre permission, nous passerions à l'article
121.
Le Président (M. Blank): L'article 121?
Loi sur la Régie de l'assurance automobile du
Québec
M. Tardif: L'article 121, M. le Président, est celui qui
prévoit que le conseil d'administration de la régie voie le
nombre de ses membres passer de sept à onze, ceci en partie pour tenir
compte des fonctions additionnelles qui ont été confiées
à la régie depuis son instauration, c'est-à-dire le Bureau
des véhicules automobiles, le contrôle du parc automobile,
etc.
M. Ciaccia: La dernière fois que j'ai vu une augmentation
de ce genre, c'était dans la question d'Hydro-Québec; elle a
augmenté le conseil d'administration juste avant le règlement
à la Baie-James. Vous n'avez pas d'autres règlements en vue, des
règlements hors cour, vous n'avez pas de réclamation contre la
régie? On pourrait faire une commission parlementaire.
M. Vézina: M. le député de Mont-Royal...
Une voix: Si le règlement était aussi avantageux
que l'autre...
M. Ciaccia: Avantageux pour qui?
Une voix: Pour le Québec.
M. Ciaccia: Ne me faites pas rire!
M. Vézina: M. le député de Mont-Royal, c'est
moi-même qui ai proposé l'augmentation de sept à onze parce
qu'effectivement on fait beaucoup de promotion pour la sécurité
routière et on a une mauvaise représentation avec sept, ce n'est
pas assez; et on a une mauvaise représentation régionale en plus.
Je fais partie des sept membres. Déjà, six membres, ce n'est pas
beaucoup.
M. Fortier: Combien y a-t-il de personnes à
l'intérieur de la régie qui sont membres du conseil?
M. Vézina: À part moi, aucune. M. Fortier:
Seulement une, bravo!
M. Ciaccia: Quelle est la représentation actuelle...
M. Tardif: Actuellement, d'où proviennent...
M. Vézina: Actuellement, il y a le maire de
Mont-Joli...
M. Tardif: À titre de quoi?
M. Vézina: À titre d'optométriste. Il y
avait un notaire de Victoriaville qui a été nommé juge
dernièrement; il y a donc un poste vacant. Il y a M. Desmeules qui
est...
Le Président (M. Blank): Un notaire peut être
nommé juge?
M. Vézina: À la Cour fédérale.
Le Président (M. Blank): Cour fédérale,
peut-être pour la citoyenneté.
M. Vézina: Je ne le connais pas. Il y a aussi le RCMP. Il
y a un représentant des handicapés, M. Jean Frenette,
président du Centre de réadaptation François-Charon. Il y
a Mme Lanenbaum qui représente les ethnies à Montréal et
qui est également dans le domaine social. Il y a Renaud Lapierre, de
Québec, qui représente... Je pense que tout ce monde n'est pas
là à titre de représentant...
M. Fortier: ...du ministre de l'Énergie.
M. Vézina: Nous aimerions avoir une représentation
plus équitable des gens qui s'occupent de la sécurité
routière et une représentation - compte tenu que nous sommes
partout en région et que c'est une régie qui est très
près de la population -plus régionale. C'est ce que je
souhaitais, comme président, M. le Président.
Une voix: Adopté.
M. Ciaccia: Sur quelle base est la représentation
actuelle? N'est-ce pas sur la base des...
M. Vézina: Je n'étais pas là à ce
moment, je n'ai aucune idée.
M. Ciaccia: II va falloir que quelqu'un ait une idée de la
représentation actuelle, si vous voulez une meilleure
représentation parce que, si vous ne savez pas qui est
représenté, comment allez-vous représenter mieux?
M. Tardif: II faut quand même être équitable.
On a dit déjà qu'il y a un optométriste. On sait qu'une
des conditions pour avoir un permis de conduire, n'est-ce pas, c'est d'avoir
une bonne vue. On dit qu'il y a quelqu'un des groupes ethniques. On dit
également qu'il y avait quelqu'un de formation juridique, cela ne peut
pas nuire. On nous dit qu'il y avait un ingénieur également qui
pouvait être intéressé. En plus de cela, on veut s'assurer
qu'il y ait une représentation sur une base - les personnes
handicapées - régionale et que des gens s'intéressant au
problème de la sécurité routière, notamment,
puissent également être présents. Voilà, en gros,
les orientations. (21 heures)
M. Ciaccia: Le ministre n'a pas un plan précis. Il ne dit
pas: La raison pour laquelle j'augmente de sept à onze, c'est
qu'aujourd'hui la représentation inclut tel ou tel organisme, tel
secteur ou telle région, et on voudrait inclure les autres secteurs, les
autres régions. Est-ce que vous avez une raison précise?
M. Tardif: Je pense que le président de la Régie de
l'assurance automobile l'a indiqué tantôt. Les régions et
la sécurité routière sont les deux domaines principaux
à partir desquels il serait bon d'avoir des représentants ayant
cette sensibilité.
M. Ciaccia: La sécurité routière, les
représentants de quoi? De la Sûreté du Québec?
M. Tardif: Non, pas nécessairement.
M. Vézina: II pourrait y avoir les corps policiers
municipaux effectivement, cela n'est pas exclu. Il y a tellement de monde qui
oeuvre en sécurité routière, je pense qu'il n'y a pas de
problème à avoir une bonne représentation. Je veux faire
remarquer qu'au moment où son conseil a été formé
la Régie de l'assurance automobile s'occupait exclusivement de la partie
de l'indemnisation des victimes; maintenant, il y a toute la partie de la
sécurité routière, le contrôle du parc, le BVA.
Effectivement, les mandats sont beaucoup plus larges. C'est pour cela que j'ai
fait la suggestion au gouvernement d'augmenter la représentation. C'est
un petit conseil, six membres.
Le Président (M. Blank): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: M. le ministre, j'ai deux questions. La
dernière fois qu'Hydro-Québec a augmenté le nombre de
membres de son conseil d'administration, on nous avait dit que c'était
pour pouvoir former différents comités, comme un comité de
vérification, un comité de ressources humaines, et pour avoir
assez de ressources, ce qui permettait également de faire un
comité exécutif. Ma première question serait celle-ci: De
fait, à même votre conseil d'administration, est-ce que vous avez
différents comités comme il s'en forme de plus en plus dans les
compagnies importantes?
Le deuxième point: j'aimerais avoir une confirmation que les
montants que vous percevez sont placés à la caisse de
dépôt et
que c'est la caisse de dépôt qui les fait fructifier. Donc,
votre administration ne touche pas le placement des investissements. J'aurais
dû poser ma deuxième question en premier, ma première
question étant: Est-ce que vous avez de fait différents
comités à même votre conseil d'administration,
formés de gens de l'extérieur, pour vérifier
différents aspects, comme cela se fait dans certaines compagnies
publiques de plus en plus, des comités de vérification, des
comités de ressources humaines et différents comités qu'on
retrouve dans les compagnies bien organisées?
M. Vézina: M. le député d'Outremont, nous
avons un seul comité, le comité de vérification. Bien
sûr, sept membres, cela ne permet pas beaucoup de possibilités.
Avec onze membres, nous aurons probablement un. nouveau comité qui sera
le comité des effectifs ou des ressources humaines, mais nous n'avons
pas l'intention d'avoir un comité exécutif. Onze membres, c'est
quand même encore très limité, ce n'est pas un conseil de
vingt-cinq membres.
Votre deuxième question sur les fonds. Deux fois par
année, la Régie de l'assurance automobile achète des
placements dans le fonds général de la caisse de
dépôt, mais, entre-temps, c'est quand même nous qui
administrons les sommes à court terme.
M. Fortier: Combien de millions?
M. Vézina: On perçoit à peu près 450
000 000 $ par année pour les fins de la Régie de l'assurance
automobile, la réserve actuarielle.
M. Ciaccia: Quelle est la rémunération du conseil
d'administration?
M. Vézina: C'est 200 $ par réunion.
M. Ciaccia: Combien de réunions faites-vous par mois?
M. Vézina: On en fait, en moyenne, une par mois. Ce n'est
pas très payant.
Le Président (M. Blank): Adopté? L'article 121,
adopté. L'article 122?
M. Ciaccia: Adopté.
M. Tardif: L'article 122, c'est le quorum qui est augmenté
pour tenir compte du...
Le Président (M. Blank): L'article 122 est
adopté.
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Blank): L'article 123?
M. Ciaccia: On arrive à l'exercice financier...
M. Tardif: M. le Président, je l'ai mentionné
tantôt, à l'heure actuelle, l'exercice financier de la
régie se termine le dernier jour de février pour tenir compte de
l'ancienne pratique des renouvellements de permis. La régie se propose
d'adopter plutôt l'année du calendrier, étant donné
que c'est celle qui est utilisée pour les bilans d'accidents, de
sécurité routière et autres.
M. Ciaccia: Ne pourrait-on pas prévoir que ce serait plus
clair si on disait que l'exercice financier de la régie se termine le
dernier jour de décembre de chaque année? C'est avant le jour de
l'An. C'est avant les "parties" du jour de l'An, avant la fin de l'année
financière.
M. Tardif: M. le Président, je ne verrais pas de
problème avec cela. Le seul hic que j'y verrais, c'est de ne pas avoir
une mesure transitoire pour l'année où on passe d'un
régime à l'autre.
M. Ciaccia: Oui. Le sujet... On pourrait prévoir cela. On
pourrait demander au légiste de rédiger quelque chose, une
mesure...
M. Fortier: Pour l'année en cours, cela se termine le 31
décembre; pour les années subséquentes, c'est du 1er
janvier au 31 décembre.
M. Vézina: Pour l'année en cours, 1984. M. Ciaccia:
Pas nécessairement. M. Fortier: 1984.
M. Vézina: Non, non, pas l'année 1984; on n'est pas
capable de fermer, on finit le 29 février 1985. Pour l'année
1985, on devrait...
M. Fortier: Vous ne voulez pas? Ce serait impossible de finir
maintenant? Vous ne voulez pas cela? Alors, ce serait du 1er mars au 31
décembre et ensuite...
M. Laplante: À partir du 31 décembre 1985?
M. Fortier: On serait plus heureux.
Une voix: À partir du 31 décembre 1985.
Le Président (M. Blank): On suspend l'article 123.
M. Fortier: C'est cela.
Le Président (M. Blank): L'article 13 sur les chemins de
fer.
Loi sur les chemins de fer
M. Fortier: M. le Président, il faudrait demander à
notre député de Jeanne-Mance...
M. Tardif: Le spécialiste des chemins de fer de
l'Opposition, M. le député de Jeanne-Mance.
M. Fortier: II connaît cela, lui.
M. Tardif: Ce n'est pas moi qui l'ai évoqué.
M. Fortier: Non, non, même entre nous on trouve cela bien
drôle.
M. Laplante: Les autres sont-ils adoptés? L'article 12 et
tout cela?
M. Ciaccia: Vous êtes à la mauvaise commission, M.
le député de Bourassa. C'est de l'autre bord.
M. Laplante: C'est le bill omnibus. Le Président (M.
Blank): L'article 13?
M. Laplante: Je suis allé l'autre bord; ils n'ont pas
voulu me garder.
M. Tardif: M. le Président, les articles...
M. Ciaccia: Ils n'ont pas voulu t'avoir là non plus.
M. Tardif: L'article 13 - et on verra tantôt que c'est la
même chose pour 175, 176, 179, 180 et 181 - vise à assouplir la
procédure actuelle de révision des tarifs pour les chemins de fer
régis par Québec, de façon à les assujettir
à l'approbation de la Commission des transports du Québec
plutôt qu'au régime actuel d'approbation par le gouvernement.
À l'heure actuelle, cette procédure est plutôt lourde,
puisque cela implique une approbation du gouvernement, deux publications
hebdomadaires consécutives du règlement ainsi que du
décret dans la Gazette officielle du Québec, une
possibilité de révision par le gouvernement après adoption
et une entrée en vigueur d'un tel règlement après
approbation et sanction par le gouvernement. Donc, on dit: Uniformisons la
procédure des autres transporteurs d'une façon
générale; cela signifie donc que les tarifs seront
révisés par la Commission des transports du Québec.
Le Président (M. Blank): Adopté par tout le
monde?
M. Ciaccia: Attendez, M. le Président.
M. Fortier: Peut-on connaître l'identité du
conseiller du ministre?
M. Tardif: M. Champoux de mon cabinet. Il y a M. Fournier, de la
Direction du transport ferroviaire.
M. Ciaccia: À la demande de qui, et comment
êtes-vous venu à apporter cet amendement?
M. Tardif: II y a eu deux demandes de formulées à
ce sujet-là, par COGEMA et la Société de transport
ferroviaire de Matane et du golfe, et par la suite des résolutions
d'autres compagnies également qui préféraient de beaucoup
cette procédure plus simple de s'adresser à la Commission des
transports que celle actuellement en vigueur.
M. Ciaccia: Mais quand vous dites de l'adresser à la
Commission des transports, je comprends. Vous avez mentionné
l'approbation, mais la façon dont je lis l'article, ce n'est plus une
question d'approbation, c'est une question strictement de dépôt
d'un taux.
M. Tardif: C'est cela, mais la commission peut tenir des
audiences selon la façon prévue pour toute personne qui a des
représentations.
M. Ciaccia: Le nouveau processus, c'est qu'ils vont
déposer leurs tarifs et, à la date du dépôt, ils
vont être en vigueur.
M. Tardif: C'est 30 jours à l'avance dans le cas d'une
augmentation. S'il y a réduction, je pense que c'est trois jours de
prévus.
M. Ciaccia: Oui. Un délai prévu dans l'article.
M. Tardif: C'est cela, quinze jours à partir de la date du
dépôt pour tenir des audiences, s'il y a lieu.
M. Ciaccia: Pourquoi avez-vous remplacé l'approbation qui
était requise avant par un dépôt?
M. Tardif: M. le Président, c'est qu'auparavant, encore
une fois, la demande était déposée auprès du
gouvernement et soumise à l'approbation du ministre des Transports. Le
ministre des Transports pouvait les approuver en tout ou en partie, en modifier
les dispositions, retarder l'entrée en vigueur jusqu'à ce que les
intéressés soient entendus dans un délai qu'ils fixent, et
les règlements ainsi portant augmentation du taux de transport ne
pouvaient être
approuvés qu'après un affichage fait conformément
à l'article 137 de la loi, c'est-à-dire au moins 30 jours avant
celui fixé pour la demande, et évidemment tout ceci avec
délai pour publication dans la Gazette officielle, deux publications
consécutives, etc. Or, c'était une procédure plutôt
lourde et on dit: II y a un organisme qui a mission de statuer sur les demandes
de révision de tarifs et c'est la Commission des transports du
Québec.
M. Ciaccia: Est-ce que vous pouvez m'expliquer pourquoi, à
l'article 32, vous maintenez le pouvoir d'approuver, de maintenir, de modifier
ou de révoquer les tarifs et que vous l'enlevez dans l'article de la
loi?
M. Tardif: 32 de quoi?
M. Ciaccia: De la Loi sur les transports. Dans le dernier
alinéa du texte proposé, vous dites que le paragraphe d.l de
l'article 32 de la Loi sur les transports s'applique, et l'article 32 de la Loi
sur les transports prévoit que la Commission des transports, de son
propre chef ou sur demande du ministre ou de toute personne
intéressée, peut maintenir, modifier ou révoquer en tout
ou en partie les taux et les tarifs déposés, lesquels peuvent
comporter soit un minimum, soit un maximum, soit un minimum et un maximum.
M. Tardif: Mais, M. le Président, je ne comprends pas la
demande du député, étant donné qu'on se
réfère à l'article 32 de la Loi sur les transports,
laquelle affirme le pouvoir de la commission de réviser les tarifs qui
ont été établis. Je ne comprends pas.
M. Ciaccia: Non seulement la commission, mais le ministre: la
commission, à la demande du ministre, peut modifier, révoquer,
changer. Vous enlevez votre approbation dans le texte actuel de l'article 123,
mais elle est inclue dans l'article 32 de la Loi sur les transports.
M. Tardif: On assujettit tout simplement aux dispositions
existantes dans le camionnage. C'est ce qui existe présentement,
c'est-à-dire que la commission, proprio motu, ou à la demande du
ministre peut procéder à une telle révision ou à de
telles audiences. C'est la même chose dorénavant pour les
transports par chemin de fer.
M. Ciaccia: Mais dans le camionnage, est-ce strictement un
dépôt? Si ce n'est pas un dépôt, ils doivent demander
la permission, parce qu'il y a une différence. Je me pose la question:
Est-ce que cela fait partie d'une déréglementation de la part du
gouvernement? Car vous dites: On dépose et, certains jours après,
cela s'applique. Vous placez le fardeau sur les intéressés,
à savoir de s'adresser à la Commission des transports. C'est une
situation. L'autre qui existe maintenant, c'est qu'avant de faire des
changements aux tarifs ils doivent obtenir l'approbation. C'est une petite
nuance, mais je pense que c'est une nuance importante. (21 h 15)
M. Tardif: Oui, c'est une nuance, en effet. Maintenant, encore
une fois, à l'heure actuelle, le transporteur doit s'adresser au
gouvernement, selon une procédure qui est jugée lourde. Ce qu'on
dit, c'est qu'ils seront soumis à la Commission des transports et il est
évident que la commission ou le ministre peut demander à cette
commission...
M. Ciaccia: Lourd? Qu'est-ce qu'il y a de lourd dans le processus
actuel? Ils vous font la demande et vous dites oui ou non. Ce n'est pas lourd,
ça.
M. Tardif: Les deux approbations ou les deux publications comme
telles sont certainement un processus lourd: l'approbation du gouvernement et
la possibilité de révision par le gouvernement après
approbation. Ce sont autant d'étapes qui, encore une fois, donnaient un
régime particulier à ces compagnies qui seraient fort heureuses
de pouvoir s'accommoder du régime général existant dans le
domaine du transport.
M. Ciaccia: Cela s'applique au transport des marchandises et au
transport des personnes, aux deux?
M. Tardif: Ces compagnies ne transportent à peu
près pas de personnes, que je sache.
M. Ciaccia: Seulement de la marchandise.
Le Président (M. Blank): Y a-t-il autre chose?
M. Fortier: Dans la même veine, quand je regarde une
réglementation comme celle-là, je me demande toujours quelles
sont les personnes qui seront affectées. Dans le cas de l'article 176,
on parle de Québec Cartier Mining, donc, on parle des gens qui
résident à Gagnon ou qui demeurent à Fermont et qui vont
utiliser le chemin de fer de Québec Cartier Mining.
Bien sûr, quand on va sur la Côte-Nord, on se rend compte
que ces gens ont toutes sortes de revendications et de plaintes du fait que,
sans aucun préavis, la compagnie peut changer le trafic ferroviaire, pas
le trafic ferroviaire surtout pour le fret, mais
pour le transport des personnes. On peut se poser la question compte
tenu des changements brutaux qui ont été faits
dernièrement: Quelle sera la protection des citoyens du Québec
qui demeurent à Fermont, en particulier? Je crois que cela ne doit pas
s'appliquer au chemin de fer de l'Iron Ore parce que, dans le cas de l'Iron
Ore, je crois qu'il s'agit d'un chemin de fer interprovincial qui, à ce
moment-là, tombe sous la juridiction fédérale. Donc, il
s'agit uniquement des chemins de fer qui sont sous la juridiction
provinciale.
La question qui se pose pour les citoyens de la Côte-Nord est:
Est-ce qu'il ne sera pas plus facile - je l'imagine - pour la compagnie
Québec Cartier Mining de changer l'horaire des trains, la tarification,
un peu tout par décision du conseil d'administration et par
dépôt? Je n'ai pas lu l'article 32, mais si le ministre ne demande
pas qu'il y ait révision, ce sera difficile pour ces gens de se rendre
devant la commission pour se plaindre. Est-ce qu'il y a un recours?
Donc, la question que je pose est la suivante: Dans le fond, est-ce
qu'on ne facilite pas le travail de la compagie? J'en suis. Mais quelles
mesures, quelle protection auront les citoyens de la ville de Fermont de qui on
pourra abuser par une réduction du trafic ferroviaire et par une
tarification trop élevée?
M. Tardif: J'attire l'attention du député sur
l'article 13 qui modifie l'article 123 où on dit: "Les taux de
péage et les tarifs..." On ne parle donc pas du service, de la
fréquence des horaires; il n'est pas question de cela. La compagnie,
à l'heure actuelle, à cet égard...
M. Ciaccia: ...les tarifs?
M. Tardif: Les tarifs, c'est le prix, tandis que les taux comme
tels, c'est l'ensemble des conditions qui régissent le transport. Le
tarif n'est que l'un de ces éléments. On me dit ici que le taux,
c'est, par exemple, un prix forfaitaire à tant les cent livres, tant du
poids, alors que le tarif couvre de telle distance à telle distance.
M. Fortier: Je vais reposer ma question. Quelle protection aura
le citoyen de Fermont vis-à-vis d'une augmentation des tarifs? A-t-il le
droit d'aller devant la commission ou s'il doit attendre que le ministre...
M. Tardif: ...les avis qui sont déposés... Non,
absolument pas, il a un droit d'appel devant la commission. Il doit y avoir un
préavis de trente jours en cas de toute augmentation, c'est trois jours
en cas de diminution, mais on ne voit pas beaucoup de gens se plaindre d'une
diminution. En cas d'augmentation, c'est trente jours et toute personne peut
donc demander à être entendue devant la commission.
M. Ciaccia: C'est un monopole. Il n'y a pas deux voies
ferrovières dans la même région.
M. Tardif: Non, évidemment, mais il y a une concurrence
avec le camionnage, dans certains cas.
M. Ciaccia: Dans certains cas, mais pas sur la Côte-Nord.
Est-ce que le ministre juge que c'est approprié dans le cas d'un
monopole de dire que les tarifs seront établis sur simple
dépôt? Est-ce que ce n'est pas la même chose que de dire:
Hydro-Québec va déposer ses tarifs, ils vont s'appliquer et, si
les gens n'aiment pas ça, ils iront se plaindre après? Ce n'est
pas la même chose? Quand le gouvernement doit approuver, il y a une
responsabilité, un genre de protection.
Si ce n'était pas un monopole et qu'il y avait une
compétition, on pourrait dire: Écoutez, ils vont tous les deux
être en compétition, il y aura une certaine concurrence et
ça va protéger le public parce que, si quelqu'un ne peut pas
utiliser un système, il va prendre l'autre; mais dans le cas d'un
monopole vous donnez le droit de déposer les nouveaux tarifs et vous
dites à la population: Arrangez-vous avec après.
M. Tardif: On ne dit pas: Arrangez-vous avec. Vous avez trente
jours pour... À l'heure actuelle, M. le Président, la
procédure, c'est quoi?
M. Ciaccia: C'est comme dire que tout le monde peut aller devant
les tribunaux. C'est bien beau de dire ça, mais ça prend de
l'argent, ça prend du temps.
M. Tardif: Oui, mais, à l'heure actuelle, ce n'est pas
mieux, la compagnie s'adresse au gouvernement, demande que ses tarifs soient
approuvés, le gouvernement procède à des publications dans
la Gazette, deux publications successives, et, s'il n'y a pas de
représentations, les tarifs sont augmentés.
M. Ciaccia: Est-ce que vous, comme gouvernement, ne pensez pas
que c'est un contrôle, c'est une responsabilité, que vous avez un
certain droit de regard, qu'il faut dire oui ou non? Si l'augmentation semble
être abusive...
M. Tardif: Si l'augmentation semble être abusive,
étant donné que l'article 32 demeure, M. le Président,
comme l'a souligné le député de Mont-Royal tantôt,
de son propre chef ou sur demande du ministre, le ministre des Transports
pourrait demander à la commission d'examiner l'augmentation
demandée. Cela n'enlève pas le droit au ministre de
demander cette révision. Ce que ça fait, cependant, c'est que
ça laisse à ce tribunal, si lui a l'ensemble du portrait pour les
autres coûts de transport par camion ou autrement, par exemple, le
pouvoir d'analyser cela dans ce contexte d'ensemble.
M. Ciaccia: II y a une différence. Si vous voulez vous en
laver les mains, comme ministre, en disant: Ce n'est pas à moi de
déterminer si les tarifs sont justes, exacts ou non... Si vous ne voulez
pas vous en occuper, il y a une autre façon de le faire, c'est de dire
que la Commission des transports doit les approuver avant qu'ils viennent en
vigueur. Ne mettez pas le fardeau sur les usagers de ce service, mettez le
fardeau sur la compagnie de justifier ses augmentations devant la Commission
des transports.
Quand c'est déposé, est-ce qu'à Fermont... Je vais
lui poser la question après, je vais attendre qu'il m'écoute.
M. Tardif: M. le Président, encore une fois, dans le cas
des autres formes de transport, lorsque le député nous dit que
dans le cas de QNS, par exemple, il n'y a pas de concurrence, c'est un
monopole, il y a une concurrence avec le chemin de fer Cartier à
Fermont, par exemple. Donc, la procédure qui est prévue ici dans
le projet de loi, en ce qui concerne les chemins de fer, encore une fois
s'apparente exactement à ce qui se passe dans le domaine du camionnage
où des routes sont aussi réservées à certains
transporteurs. Tout ce qu'on dit ici, c'est qu'il y a un mécanisme, un
organisme dont la mission est de statuer sur ces questions, peu importe le mode
de transport utilisé, et qu'il nous apparaît beaucoup plus
approprié que celui du ministre recevant semblable demande.
M. Ciaccia: Les tarifs, les augmentations viennent en vigueur
automatiquement, strictement par le simple fait d'un dépôt.
M. Tardif: Non, 30 jours plus tard.
M. Ciaccia: Oui, je comprends, mais un délai, c'est
automatique sur le dépôt, ils n'ont besoin de la permission de
quiconque. Ils déposent et, le vingtième jour suivant la date du
dépôt, c'est en vigueur, ils n'ont besoin de demander de
permission à personne. Je ne pense pas que, dans le cas du camionnage,
ce soit automatique. Je pense qu'ils ont besoin de la permission de la
Commission des transports du Québec...
M. Tardif: Même pour un simple dépôt.
M. Ciaccia: Même si tel est le cas, on ne peut pas comparer
au genre de compétition qu'il y a dans le camionnage, non seulement la
compétition entre les concurrents légaux, mais toute la question
des illégaux dont les associations se plaignent. Et je dirais que la
Commission des transports n'applique même pas... Les associations
n'appliquent même pas les taux existants. Autrement dit, il y a certains
taux, parce qu'il y a des illégaux, parce qu'il y a de la
compétition et pour toute autre raison, qui ne sont pas
appliqués.
Ici, ce n'est pas la même situation du tout, vous n'avez pas le
même genre de concurrence même si mon collègue d'Outremont
est plus au courant des faits concernant la ville de Fermont. Si vous donnez le
droit strictement par dépôt, vous changez totalement les droits
des gens qui sont affectés.
Si vous nous dites que vous procédez à une
déréglementation, c'est une autre chose; là, on sait
à quoi s'en tenir. Vous voulez déréglementer les
différents secteurs du transport et c'est une façon de
déréglementer que de donner le droit à des usagers de
faire appel à la Commission des transports et, entre-temps, que les
tarifs s'appliquent. Je pense que ce n'est pas vraiment protéger les
gens de ces endroits.
M. Tardif: M. le Président, la loi actuelle dit: Le
ministre des Transports peut les approuver, une fois qu'ils sont
déposés, en tout ou en partie ou en modifier les dispositions. Le
ministère des Transports devait donc réunir un groupe de
fonctionnaires qui procédait à l'analyse de cela. On dit: II y a
un organisme dont la fonction est de faire cela et c'est la Commission des
transports du Québec.
M. Ciaccia: Est-ce que vous êtes prêts à dire
que c'est la Commission des transports du Québec qui va les approuver
avant qu'ils viennent en vigueur. Si vous voulez changer votre approbation pour
l'approbation de la Commission des transports du Québec, ce n'est pas ce
libellé-là qu'il faut, parce que là vous changez
complètement.
M. Tardif: La commission va les recevoir, on va les
déposer auprès de la commission qui va décider,
évidemment, sur représentation...
M. Ciaccia: Sur représentation...
M. Tardif: ...soit du ministre ou des usagers, de tenir des
audiences, d'accorder ou de ne pas accorder en tout ou en partie, ou de
repousser l'augmentation demandée.
M. Ciaccia: Si vous êtes prêts à changer votre
approbation pour l'approbation de la Commission des transports du
Québec
on serait prêt à l'accepter. Mais on ne peut pas accepter
que les tarifs viennent en vigueur sur simple dépôt, quitte
à ce que les usagers aillent se plaindre devant la Commission des
transports du Québec. Avant qu'ils se plaignent, tout est en
application, c'est à eux de payer. C'est changer les règles du
jeu.
M. Fortier: M. le Président, j'aimerais apporter une autre
dimension à l'argumentation de mon collègue et, en fait, je vais
en faire une question. Dans le passé - j'imagine que le texte existant
est passé par le législateur - au moment ou le chemin de fer a
été construit, le législateur avait décidé
que c'était par approbation du ministre, alors qu'il y avait
probablement également une Commission des transports. La question que
j'aimerais poser au ministre tient au fait que j'imagine que la Commission des
transports du Québec, lorsqu'elle statue - et je n'ai pas regardé
la loi régissant la Commission des transports du Québec - prend
en considération uniquement les facteurs économiques par
comparaison avec d'autres chemins de fer, d'autres moyens de transport comme le
camionnage. (21 h 30)
Ce qui existe présentement dans la loi, c'est d'exiger que la
compagnie s'adresse au ministre qui, lui, peut s'entourer de techniciens,
d'ingénieurs ou d'économistes pour faire une évaluation de
la demande. Finalement, un jugement politique se fait. Au moment où la
Côte-Nord se ferme, au moment où on ferme la ville de Gagnon, au
moment où - j'en suis - la compagnie cherche à faire des
économies, on va établir une façon de procéder qui
va enlever tout jugement politique dans l'augmentation des tarifs en ce qui
concerne les usagers, en particulier, et laisser l'usager se débattre
vis-à-vis d'une commission qui, elle, ne voudra entendre uniquement que
des raisons économiques, alors qu'il peut y avoir d'autres facteurs qui
sont importants.
La question que je me pose et celle de mon collègue reviennent
à la même chose: Quels arguments, quelles possibilités
auront les quelques personnes qui résideront éventuellement
à Fermont? Quel sera leur pouvoir véritable de
négociation? Dans le fond, étant donné que la Commission
des transports est un organisme quasi judiciaire, on décide qu'il n'y
aura plus aucune décision politique et que cela sera uniquement une
commission, avec des pouvoirs quasi judiciaires, qui décidera dans ces
cas-là.
Bien sûr, si c'était pour une ligne de chemin de fer entre
Québec et Montréal, je dirais: Bravo! Vous auriez l'appui du
Parti libéral du Québec. Ici, il faut bien se rendre compte qu'il
s'agit - on le verra plus tard -en particulier d'une ligne de chemin de fer sur
la Côte-Nord, où les gens ont été pas mal
bousculés dernièrement, où vous avez pris la
décision de fermer les usines de SIDBEC et où on a quasiment
donné carte blanche à Québec Cartier Mining. La question
qui se pose: Le texte de loi qui est devant nous fait-il partie d'un ensemble
de décisions ou d'un ensemble de négociations qui ont eu lieu
lors de la fermeture de la ville de Gagnon? Si c'est cela, il faudrait bien le
dire.
Finalement, cela revient à la question que je pose: Quelle est la
protection qui sera donnée aux citoyens de la Côte-Nord? Dans un
premier temps, je crois qu'il y a une différence entre la
décision ministérielle, qui doit prendre en considération
les facteurs politiques, et la Commission des transports qui, elle, va statuer
uniquement à partir de facteurs économiques? Comme l'a dit mon
collègue, peut-être qu'on serait prêt à se rallier
à l'autorité de la Commission des transports, mais, encore
là, faudrait-il que la Commission des transports entende la demande
avant que celle-ci ne vienne en application parce que, là, on recule de
deux crans.
M. Ciaccia: Je veux seulement confirmer que, lorsqu'on dit qu'on
est prêt à accepter, il faut qu'il y ait des auditions avant. Il
ne faut pas que la décision soit prise en vase clos, sans que les
parties ne soient entendues.
M. Tardif: M. le Président, il faut quand même
réaliser également que la plupart des usagers de ces lignes ne
sont pas de petits expéditeurs ou des particuliers, mais
généralement des gros clients qui négocient les taux.
C'est généralement ce qu'on trouve comme usagers de ces lignes de
chemin de fer.
Le député de Mont-Royal a dit: S'agit-il là d'une
forme de déréglementation? Je dirais oui. Elle vise à
assouplir, encore une fois, cette réglementation qui venait régir
les tarifs et les taux touchant le transport ferroviaire. Ce qu'on fait, c'est
qu'on les remet à l'organisme qui est habilité de par sa loi
générale et dont la raison d'être est de statuer sur ces
questions, plutôt que la procédure actuelle d'exception
adressée au ministre.
M. Ciaccia: Si c'est une question de
déréglementation, vous devriez le faire non seulement dans ce
domaine-ci, vous devriez le faire plutôt comme une politique globale,
dire...
M. Tardif: C'est déjà le cas pour tous les autres
transporteurs, M. le Président.
M. Ciaccia: Les autres transporteurs... En tout cas, on ne veut
pas embarquer dans ce débat-là ce soir. Je veux me limiter
à ce
qui s'applique à cet endroit. Quand vous dites que ce sont
seulement des grosses compagnies qui...
M. Tardif: Ce sont seulement des gros clients qui
négocient leurs taux.
M. Ciaccia: C'est pour le fret?
M. Fortier: Pour le fret et les marchandises. Cela peut se
rallier à cela, mais c'est parce que...
M. Tardif: Par exemple, il n'y aucun transport de passagers sur
Cartier.
M. Fortier: À l'article 176, on dit le contraire:
"Cependant, la compagnie de chemin de fer pourra transporter sur ses lignes de
chemin de fer d'autre fret, des marchandises et des passagers moyennant une
rémunération." C'est la seule façon de se transporter dans
la région.
M. Tardif: En fait, M. le Président, on me dit
qu'effectivement il est possible qu'elle le fasse, sauf que depuis 1976 elle ne
transporte aucun passager.
M. Fortier: Je ne comprends pas, parce que cela va à la
ville de Fermont. Si cela va à la ville de Fermont, comment les gens se
transportent-ils de Fermont à Port-Cartier?
M. Tardif: Par avion. Elle ne transporte plus de passagers depuis
1976, depuis huit ans.
M. Ciaccia: Ils embarquent dans le "caboose".
M. Tardif: Le "caboose", il paraît qu'il n'y en a plus. Les
trains sans "caboose", maintenant!
M. Fortier: Parce que si c'était uniquement une question
de marchandise, je pense que le problème serait moins grave. Mais,
d'après l'information que j'avais, je croyais qu'il y avait
également des passagers qui étaient transportés, à
l'occasion, dans cette région.
M. Tardif: Je pense qu'il ne faut pas confondre avec
Québec North Shore, qui a un service de passagers, mais cette compagnie
qui est de juridiction fédérale et n'est pas régie par nos
lois.
M. Ciaccia: Vous nous dites que ce qui est envisagé
à l'article 13, c'est strictement le fret.
M. Fortier: On est prêt à prendre sa parole
là-dessus.
M. Tardif: Parce que, dans le fret, ils ne font pas le transport
de passagers.
M. Ciaccia: Et ce fret, c'est majoritairement, presque 100%,
entre...
M. Tardif: Les gros clients qui négocient leurs taux.
M. Ciaccia: Les gros clients qui négocient leurs taux. On
va prendre votre parole, M. le ministre.
M. Fortier: Si c'est la parole du ministre, on va se...
M. Ciaccia: On va prendre votre parole.
M. Fortier: Parce que nous, je pense bien, que notre
argumentation... J'étais sous l'impression.... Je dois admettre que ma
connaissance du dossier de la Côte-Nord n'est peut-être pas
spécifique à chacune des lignes de chemin de fer. Mais
j'étais nettement sous l'impression qu'il y avait du transport de
passagers également...
M. Tardif: Non.
M. Fortier: ...dans la région.
M. Tardif: Ah non, non! C'est peut-être cela, la
méprise.
Le Président (M. Saintonge): Alors, est-ce que l'article
13 est adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Saintonge): Adopté. L'article
14?
Une voix: Adopté.
M. Ciaccia: L'article 14, c'est strictement...
M. Fortier: Est-ce que l'article 14 pourrait... Là, le
ministre vient de nous dire qu'il n'y a pas de personnel de la compagnie. Mais
à supposer qu'il y ait du transport de personnes on dit: "Une compagnie
ne peut exiger, ni percevoir un péage ou une rétribution comme
voiturier public que conformément aux taux et tarifs en vigueur en vertu
de l'article 123". À supposer qu'il y ait un transport de personnes,
est-ce que cela pourrait empêcher la compagnie de transporter, disons
gratuitement, ses propres employés?
Une voix: Non, c'est marqué à l'article 123.
M. Tardif: Non, l'article 123 l'habilite à le faire si
elle le veut. Mais dans les...
M. Fortier: Mais il faudrait que ce soit à
l'intérieur de la tarification.
M. Tardif: C'est cela. Donc, c'est strictement... L'article 14,
c'est de concordance avec ce que l'on vient d'adopter ici.
M. Fortier: Merci.
Le Président (M. Saintonge): Est-ce que l'article 14 est
adopté?
M. Ciaccia: L'article 14, adopté.
Le Président (M. Saintonge): Adopté. L'article
15?
M. Tardif: L'article 15 est également de concordance; tout
simplement, c'est qu'on abroge les articles 138 à 140.
M. Ciaccia: De concordance.
Le Président (M. Saintonge): Est-ce que l'article 15 est
adopté?
M. Ciaccia: Adopté. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Saintonge): Adopté.
M. Tardif: Après cela, M. le Président, on va aux
articles 175 et 176.
Le Président (M. Saintonge): Donc, l'article 175?
Loi constituant en corporation la
Thurso and Nation Valley Railway Company
M. Tardif: C'est la même chose pour la
Loi constituant en corporation la Turso and
Nation Valley Railway Company dans la Gatineau.
M. Ciaccia: Thurso est en Ontario.
M. Tardif: Thurso? Jamais de la vie!
M. Ciaccia: C'est de ce côté-ci?
M. Tardif: Thurso, c'est au Québec.
Le Président (M. Saintonge): La ville natale de Guy
Lafleur, M. le député de Mont-Royal!
M. Fortier: Est-ce que le ministre peut nous dire le pourquoi de
l'article 16? Est-ce que la compagnie n'avait pas ce pouvoir? Vous lui donnez
un pouvoir additionnel.
M. Tardif: Bien non. C'est qu'à l'heure actuelle le texte
dit: "La compagnie aura le pouvoir de faire des contrats - mes vieux, la
photocopie n'est pas très claire - pour transporter le fret y compris
celui de fixer le taux de la rémunération ou du prix que ladite
compagnie aura le droit d'exiger à cette fin." C'est sujet à
l'approbation de la Commission des services publics de Québec.
M. Fortier: D'accord.
M. Tardif: C'est strictement ici, M. le Président, de la
concordance avec ce que l'on vient d'adopter aux articles 14 et 15.
M. Ciaccia: Dans les articles 14 et 15, vous nous avez
assurés que, premièrement, c'étaient différentes
régions et différents endroits.
M. Tardif: C'est cela.
M. Ciaccia: Est-ce que c'est le même problème? Ce
sont encore les grosses compagnies, il n'y a pas d'individu... Est-ce que c'est
cela que vous nous dites pour la corporation Thurso and Nation Valley Railway
Company?
M. Tardif: Dans le cas de la Thurso and Nation Valley Railway,
elle appartient à une compagnie qui est la MacLaren et ne sert
qu'à transporter les biens de la MacLaren, les produits de la compagnie
de papier.
M. Ciaccia: Elle transporte ses propres biens.
M. Tardif: Ses propres biens.
M. Ciaccia: Pourquoi a-t-elle besoin de votre approbation avant,
s'ils transportent leurs propres biens?
M. Tardif: Pour cela, M. le Président, il faudrait aller
voir pourquoi le législateur qui, en mil neuf cent tranquille, a
adopté cela.
M. Ciaccia: Je n'irai pas voir cela ce soir.
M. Fortier: M. le Président, les mêmes commentaires
qu'on a faits... Nos commentaires valaient pour le transport de personnes. S'il
s'agit de transport des biens de la compagnie ou des biens d'autres compagnies,
je crois que ces compagnies sont capables de se défendre devant la
Commission des transports. On prend la parole du ministre.
Le Président (M. Saintonge): Est-ce que l'article 175 est
adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Loi constituant en corporation la Compagnie de chemin
de fer Cartier
Le Président (M. Saintonge): L'article 176?
M. Tardif: L'article 176 est la même chose pour la loi
constituant la Corporation de la Compagnie de chemin de fer Cartier.
M. Fortier: C'est le chemin de fer de la compagnie.
M. Ciaccia: ...et les mêmes commentaires sur celle-ci.
M. Fortier: Excepté que l'article 14 qui est
remplacé maintenant, dit: "La compagnie de chemin de fer aura droit de
donner la préférence au transport des employés."
M. Tardif: Elle a le droit de le faire, mais le fait est qu'elle
ne le fait pas.
M. Fortier: Le ministre nous dit: II n'y a pas d'employés,
mais ils vont donner la préférence aux employés.
Une voix: Depuis 1976, il y en a...
Le Président (M. Saintonge): M. le ministre.
M. Tardif: Le fait est qu'elle peut le faire, M. le
Président. Mais cela ne se fait pas depuis 1976. Elle ne transporte pas.
Mais, si tant est qu'elle décidait de le faire, elle serait assujettie
aux dispositions de l'article que nous avons amendé tantôt.
Le Président (M. Saintonge): Alors, l'article 176 est
adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Loi de la Société du port ferroviaire de
Baie-Comeau-Hauterive
M. Tardif: L'article 179.
Le Président (M. Saintonge): L'article 179?
M. Ciaccia: On a la même situation ici, M. le ministre.
M. Tardif: Deux compagnies qui font des bouts de transport
ferroviaire reliés avec le CN. C'est du papier d'aluminium surtout, M.
le Président.
M. Fortier: Adopté. Une voix: Aodpté.
Loi concernant la Compagnie de gestion de Matane
Inc.
M. Fortier: L'article 180.
M. Tardif: C'est de concordance, M. le Président, avec
l'article 179. COGEMA, la compagnie de gestion de Matane.
Alors, cela règle, si l'article 181 est adopté.
M. Fortier: Est-ce que l'article 181 est adopté?
Le Président (M. Blank): Est-ce que l'article 180 est
adopté?
M. Fortier: Adopté.
M. Tardif: Alors, M. le Président, on peut...
M. Ciaccia: L'article 181.
M. Tardif: Oui, c'est de la concordance avec l'article 179 qu'on
a adopté tantôt.
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Blank): Adopté. L'article 181 est
adopté.
M. Tardif: Alors, on...
Loi sur la Régie de l'assurance automobile du
Québec (suite)
Le Président (M. Blank): On retourne à l'article
123.
M. Tardif: On revient à l'article 123. Est-ce que
l'article 123 est réglé avec...
Le Président (M. Blank): On fait faire la photocopie.
M. Tardif: On peut la prendre tantôt, M. le
Président. Alors, on pourrait passer immédiatement à 21,
22, etc.
Le Président (M. Blank): D'accord.
M. Tardif: Les articles 21, 22, 23, 24, 25, 43, 44 et 178.
Lois sur les diverses communautés
urbaines
Le Président (M. Blank): L'article 21? M. Tardif:
L'article 21.
M. Ciaccia: Le même article que l'on avait voté pour
Laval, la CTL... (21 h 45)
M. Tardif: Ce que nous avons adopté
pour la CTL, M. le Président, est étendu ici à
l'ensemble des commissions de transport. C'est pour cela qu'on va avoir une
série d'articles au même effet. C'est-à-dire, qu'avant de
disposer de tous biens pour lesquels une subvention a été
spécifiquement reçue, biens excédant 25 000 $ ou plus,
d'obtenir l'autorisation du ministre des Transports avant d'aliéner ces
biens.
Le Président (M. Blank): Est-ce que l'article 21 est
adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Blank): Adopté. Est-ce que
l'article 22 c'est la même chose?
M. Tardif: L'article 22, c'est la même chose, M. le
Président.
M. Ciaccia: C'est la même chose pour la Communauté
urbaine de Montréal.
Le Président (M. Blank): Adopté. J'appelle
l'article 23.
M. Fortier; Excusez-moi, juste une question. 25 000 $ pour la
Communauté urbaine de Montréal, ce n'est pas grand-chose. Est-ce
que vous teniez avoir le même montant pour toutes les commissions de
transport?
M. Tardif: Généralement, M. le Président, ce
dont on parle, ce sont les autobus. On paie 75% des autobus.
M. Fortier: D'accord.
M. Tardif: Donc, peu importe que ce soit l'autobus de la CTRSM ou
de la CTRO ou de la CTCUM...
M. Fortier: Vous payez le même montant.
M. Tardif: C'est cela.
M. Ciaccia: Si vous utilisez les autobus quand vous parlez d'une
valeur, valeur à quel temps? Concernant la valeur, il y a bien des
autobus qui sont vendus 3000 $ chacun. Est-ce la valeur au moment de la vente
ou au moment de l'achat?
M. Tardif: Pas la valeur au moment ou ils sont achetés,
parce que la valeur de l'achat, M. le Président, c'est 200 000 $ un
autobus aujourd'hui.
M. Fortier: 25 000 $, cela paie juste la peinture.
M. Tardif: C'est au moment de la disposition de ces biens.
Le Président (M. Blank): Est-ce que l'article 23 est
adopté?
M. Ciaccia: C'est la valeur au moment de la vente.
M. Tardif: Au moment de la disposition des biens.
M. Fortier: C'est l'article 22 qu'on vient d'adopter, M. le
Président.
Le Président (M. Blank): On a adopté les articles
22 et 23, c'est la même chose que l'article 21.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Blank): J'appelle l'article 24.
M. Tardif: Avant d'étudier l'article 24, M. le
Président, on pourrait étudier les articles 43, 44 et 178 qui
sont exactement la même chose. C'est pour la Loi sur les corporations
municipales et intermunicipales de transport dans le cas de l'article 43. Dans
le cas de l'article 44, c'est la Loi sur les corporations municipales et
intermunicipales de transport. Dans le cas des articles 43 et 44, M. le
Président, c'est un allégement pour ces corporations municipales
de transport qui devaient, dans tous les cas, obtenir le feu vert du ministre.
Maintenant, on leur donne... Donc, ces corporations municipales en vertu des
articles 43 et 44 devaient, dans tous les cas, obtenir la permission du
ministre. Maintenant, elles sont sujettes aux mêmes exigences que les
autres, c'est-à-dire pour les biens excédants 25 000 $.
Loi sur les corporations municipales et
intermunicipales de transport
Le Président (M. Blank): L'article 43, M. le
député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Vous avez changé seulement les chiffres.
Le Président (M. Blank): L'article 43 est
adopté.
M. Tardif: Ils sont devenus sur le même pied.
M. Ciaccia: L'article 43, adopté.
Le Président (M. Blank): Adopté. J'appelle
l'article 44.
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Blank): Adopté.
Loi constituant la Commission de transport de la rive
sud de Montréal
M. Tardif: Et l'article 178 c'est la même chose que ce
qu'on a vu tantôt, mais c'est la CTRSM pour la rive sud de
Montréal.
Le Président (M. Blank): N'avez-vous pas un amendement
à l'article 178?
M. Tardif: Oui. L'avez-vous, M. le Président?
Le Président (M. Blank): À l'article 178,
l'amendement est de remplacer les cinq premières lignes par les
suivantes: L'article 38 de la loi constituant la Commission de transport de la
rive sud de Montréal, 1971 chapitre 98, modifié par l'article 153
du chapitre 55 des lois de 1972, par l'article 104 du chapitre 7 et l'article
14 du chapitre 104 des lois de 1978, par l'article 33 du chapitre 8 des lois de
1981 et par l'article 68 du chapitre 45 et l'article 107 du chapitre 46 des
lois de 1983, est de nouveau modifié par l'addition, à la fin,
des alinéas suivants...
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Blank): L'amendement à l'article
178 est adopté. L'article 178 est adopté. Donc, l'article tel
qu'amendé est adopté.
Est-ce qu'on retourne maintenant à l'article 24?
M. Ciaccia: L'article 24?
Loi sur les conseils intermunicipaux de transport dans
la région de Montréal
Le Président (M. Blank): L'article 24.
Une voix: Adopté.
M. Ciaccia: Non, il n'est pas adopté.
M. Fortier: II est prêt à adopter n'importe
quoi.
M. Tardif: Attendez de voir si l'Opposition n'avait pas des
questions à poser sur cet article?
Une voix: Est-ce qu'il y a une concordance avec les autres?
M. Tardif: Non.
M. Ciaccia: Ce n'est pas une concordance.
Le Président (M. Blank): M. le député de
Bourassa est vice-président pour le moment.
M. Fortier: M. le député de Bourassa est
discordant.
M. Laplante: On était plutôt loin tout à
l'heure, en étudiant les autres articles et on est revenu à
1.
M. Tardif: C'est qu'à l'heure actuelle, M. le
Président, en vertu de la Loi sur les corporations municipales et
intermunicipales de transport, dès lors qu'un groupe de
municipalités décident de se créer en corporation
intermunicipaie, ce groupe de municipalités - quand je dis un groupe,
c'est-à-dire, la totalité moins une - peut adopter une
résolution, laquelle peut lier la municipalité
récalcitrante sauf que celle-ci, en vertu de la loi actuelle n'avait pas
de délai pour réagir, pour manifester sa position. Ce que nous
faisons par l'article 24, M. le Président, c'est d'obliger cette
municipalité à se manifester dans les trente jours auquel cas,
évidemment si elle ne le fait pas, de toute façon, la
décision prise par la majorité la lie. Mais à l'heure
actuelle, il n'y avait pas de délai pour lui permettre de
réagir.
M. Ciaccia: Est-ce que cet article a apporté des
problèmes aux municipalités qui ont voulu former des CIT.
M. Tardif: À l'heure actuelle, sur les 8, 9, 10 CIT
déjà formés, il y a unanimité dans tous les cas,
sauf une présentement qui est dans une situation où elle se
demande si elle devrait effectivement adhérer: c'est dans larégion de Lanaudière, Joliette.
M. Ciaccia: Joliette.
M. Fortier: II y a le député de Joliette qui est
ici.
M. Tardif: M. le Président, si on lit bien l'article 24:
"Les résolutions de ces municipalités doivent être
transmises, dans les quinze jours de leur adoption, à la
municipalité qu'elles veulent joindre à l'entente. Celle-ci peut,
dans les trente jours de la réception...". Cet article-là n'a pas
d'effet rétroactif qui s'applique à Joliette donc on parle des
futures CIT qui seront constituées.
M. Ciaccia: Quand la loi fut déposée ou
débattue, l'année dernière, on avait signalé au
gouvernement des problèmes, justement dans le cas où on voulait
contraindre une municipalité à faire partie d'un CIT et qu'elle
ne voulait pas. À ce moment-là, on avait demandé au
gouvernement de donner certaines protections à ces municipalités
pour ne pas que cela soit automatique, pour qu'elles aient le droit de...
M. Tardif: De se manifester et c'est ce qu'on fait ici.
M. Ciaccia: ...une année après. On aurait pu
éviter le débat ce soir si vous aviez écouté l'an
passé. On ne serait pas ici.
M. Tardif: Je n'étais pas là, M. le
Président, j'en aurais peut-être tenu compte plus vite.
M. Ciaccia: Non, non, je ne blâme pas le ministre actuel,
il n'était pas là, c'est vrai. Maintenant, quand vous dites que
dans les trente jours de la réception d'une résolution, elle va
demander au gouvernement par une résolution de ne pas faire partie de
l'entente, est-ce qu'elle a un droit de se faire entendre? Est-ce qu'il y a des
auditions? Quelle est la protection? Est-ce qu'elle va juste envoyer une lettre
et le gouvernement va dire: Merci pour la lettre et non. Quelle est la
protection additionnelle? Parce qu'il n'y a pas de droit de se faire entendre
ici, il n'y a pas d'audition.
M. Tardif: M. le Président, il faut quand même se
rendre compte qu'à l'heure actuelle, si on prend l'expérience
vécue dans le cas d'une dizaine d'entre elles, il y a unanimité,
il y a un cas sur dix où cela ne s'est pas produit et même dans ce
cas, il n'y a pas unanimité. En fait, il y a une seule ville sur un
ensemble de... Combien dans le cas de Lanaudière?
Une voix: 22.
M. Tardif: Sur 22 municipalités qui présentement
posent ce problème. C'est bien évident que dans ce cas, M. le
Président, l'étape suivante pour le ministre, avant de donner
effet aux résolutions des autres villes, cela va être de
rencontrer le conseil municipal en question pour voir quelles en sont les
raisons.
M. Ciaccia: Il n'y a pas le droit d'être entendu dans votre loi.
Je comprends que cela ait été unanime dans tous les cas sauf un,
mais je présume que la raison pour laquelle vous vouliez apporter cet
amendement ce soir c'est pour protéger soit ce cas, non seulement
ce cas mais...
M. Tardif: On va devoir vivre avec ce cas. On parle pour
l'avenir. Par exemple...
M. Ciaccia: Mais vous parlez pour l'avenir... Ce sont les villes
visées par la CTL à Laval qui vont avoir ce
problème-là...
M. Tardif: Voilà.
M. Ciaccia: ...commençant le premier janvier 1990.
M. Tardif: Exactement les villes...
M. Ciaccia: Ne croyez-vous pas que vous devriez leur accorder le
droit d'être entendues? Ce n'est pas juste d'envoyer une lettre et de
dire: On n'est pas d'accord. Audi alteram partem.
M. Tardif: C'est cela. Ici...
M. Ciaccia: Vous ne le dites pas ici.
M. Tardif: Mais oui, celle-ci, c'est-à-dire la
municipalité qui ne veut pas faire partie de l'entente peut, dans les 30
jours de la réception de la résolution de ces
municipalités, demander au gouvernement, par une résolution
précisant la raison de sa demande, de ne pas être jointe à
l'entente. C'est la règle audi alteram partem qui joue ici. On entend
l'autre partie. On a déjà entendu les municipalités
désireuses de se constituer en groupe et maintenant, on entend celle qui
ne veut pas.
M. Ciaccia: Je ne veux pas être malcommode, mais l'article
tel qu'il est rédigé actuellement donne seulement le droit
à la municipalité de demander de ne pas faire partie de
l'entente. Il n'accorde pas le droit à cette municipalité de se
faire entendre avec les autres parties, d'avoir une audition autrement dit. Ce
droit n'est pas spécifié dans l'article tel qu'il est
rédigé. Si l'on veut interpréter cela restrictivement ou
même interpréter seulement ce que l'article dit c'est juste de
vous envoyer une lettre. C'est seulement ce droit qu'elles ont.
M. Tardif: M. le Président, pour le bénéfice
du député de Mont-Royal, est-ce que je peux lui lire l'article 7
de la loi 46 sur les conseils intermunicipaux de transport? Je lis: "Les
municipalités parties à l'entente peuvent demander au
gouvernement, par des résolutions précisant les raisons de cette
demande, d'y joindre: 1) une municipalité qui n'est pas
mentionnée à l'Annexe 1 lorsque des personnes résidant sur
le territoire de cette municipalité sont susceptibles d'utiliser le
service projeté de transport en commun en nombre tel qu'il devient
équitable d'inclure cette municipalité à l'entente; 2) une
municipalité qui refuse d'être partie à une entente lorsque
ce refus risque de compromettre l'organisation du service du transport en
commun ou de le rendre trop onéreux", etc.
Cela veut dire que des municipalités demanderesses
prétendent que si la municipalité X, Y et Z ne fait pas partie de
cette entente il ne pourra pas y avoir de services parce que ce ne sera pas
rentable. J'imagine que la municipalité qui ne veut pas
faire partie de l'entente va envoyer une résolution au
gouvernement pour dire: Ce que les autres maintiennent ce n'est pas vrai et
voici les raisons pourquoi cela n'est pas vrai. Il y aura une
appréciation du gouvernement qui décidera par décret de
l'inclure ou pas.
M. Ciaccia: Vous ne lui donnez pas le droit de se faire
entendre.
M. Tardif: Au contraire c'est ce que cela fait à toutes
fins utiles, à partir du moment où la municipalité peut
réfuter les arguments invoqués par les autres pour dire: Ce n'est
pas vrai que le service ne sera pas rentable si je n'en fais pas partie.
M. Ciaccia: Elle ne pourrait pas nécessairement tous les
réfuter. Elle va vous envoyer une résolution. Elle ne
connaît pas tous les arguments que les autres parties auront
portés à l'attention des CIT ou à l'attention du
gouvernement. C'est une résolution, que voulez-vous?
M. Tardif: On me signale que lors du débat sur la loi 46
précisément, l'Opposition avait tenu à ce qu'à
l'article 7, les motifs des municipalités demanderesses,
c'est-à-dire de faire la preuve que...
M. Ciaccia: Un instant! La raison pour laquelle nous avions
demandé au moins cela c'est parce qu'on nous avait refusé d'avoir
une audition. J'ai dit: Au moins si vous refusez l'audition, incluez dans la
loi qu'elles peuvent...
M. Tardif: ...le fardeau de la preuve incombe aux
municipalités demanderesses de démontrer que...
M. Ciaccia: Ne me tenez pas responsable de votre loi qui est mal
faite parce que vous n'avez pas voulu la bonifier de la façon dont on
voulait, nous. Ne me tenez pas responsable de la rédaction de vos
lois.
M. Tardif: Je ne tiens pas le député de Mont-Royal
responsable. Je dis qu'à ce moment on avait tenu compte de ces
représentations.
M. Ciaccia: Pas toutes. M. Tardif: Pas toutes.
M. Ciaccia: Bien non. Vous avez tenu compte d'une partie.
M. Tardif: Donc, il admet qu'on a tenu compte d'une partie,
voilà.
M. Ciaccia: C'était bien du moins. En tout cas vous ne
voulez pas leur donner le droit de se faire entendre, c'est cela que vous me
dites. On ne peut pas rester ici jusqu'à minuit.
M. Tardif: M. le Président, nous les invitons à
faire part par résolution de leurs motifs comme tels et le gouvernement
devra apprécier de les inclure ou pas. (22 heures)
Le Président (M. Blank): Adopté?
M. Ciaccia: Sur division.
Le Président (M. Blank): L'article 24 est adopté
sur division. Article 25?
M. Tardif: M. le Président, l'article 25 permet à
un conseil intermunicipal de transport de conclure un contrat avec le
gouvernement visant à assurer le fonctionnement d'un service
ferroviaire, visant le transport en commun, selon les conditions
établies entre le gouvernement et une compagnie de chemin de fer. On
pense entre autres à la ligne Saint-Hilaire, par exemple, où
à ce moment-là c'est le gouvernement qui, en vertu des ententes
avec le fédéral, peut voir à l'exploitation du
réseau de chemins de fer comme tel. Là-dessus, évidemment,
il nous apparaît que cette CIT, en plus de pouvoir contracter avec un
transporteur privé, pourrait contracter avec le gouvernement qui, lui,
verra à la gestion de la ligne comme telle du CN.
M. Ciaccia: Mais c'est un contrat qui va exister avec le
gouvernement du Québec et avec la compagnie de chemin de fer ou avec le
gouvernement du Québec, le gouvernement fédéral et la
compagnie de chemin de fer.
M. Tardif: Les municipalités, à l'heure actuelle,
en vertu de la Loi sur les affaires intergouvernementales, ne peuvent pas
signer d'entente avec les organismes fédéraux non plus qu'avec le
CN. C'est le gouvernement donc qui va conclure l'entente avec le CN et
subséquemment entre le gouvernement et le CIT de la région.
M. Ciaccia: II n'est pas question d'une entente avec le
gouvernement fédéral?
M. Tardif: C'est le gouvernement du Québec...
M. Ciaccia: Avec le gouvernement fédéral.
M. Tardif: ...qui va conclure une entente avec le CN ou avec le
gouvernement fédéral et qui après cela pourra conclure une
entente avec le CIT.
M. Ciaccia: Vous ne devriez pas le dire dans votre article? Parce
que dans votre article vous dites: "selon des conditions établies entre
le gouvernement". Cela présuppose le gouvernement du Québec et
une compagnie de chemin de fer.
M. Tardif: Oui, parce que, par définition, en vertu de la
Loi sur les Affaires intergouvernementales, les municipalités n'ont pas
le droit de conclure des ententes avec le gouvernement
fédéral.
M. Ciaccia: Mais non, on va recommencer.
M. Tardif: Je m'excuse, à moins que je comprenne mal.
M. Ciaccia: Le conseil peut conclure un contrat avec le
gouvernement - c'est le gouvernement du Québec, d'accord?
M. Tardif: D'accord.
M. Ciaccia: ...visant à assurer le fonctionnement d'un
service ferroviaire de transport de personnes selon les conditions
établies entre le gouvernement du Québec...
M. Tardif: Et une compagnie de chemin de fer: le CN, par
exemple.
M. Ciaccia: Alors ce ne sera pas le gouvernement du
Québec, le gouvernement fédéral et une compagnie de chemin
de fer?
M. Tardif: On transige avec le CN directement.
M. Ciaccia: Directement. Est-ce que cela veut dire qu'il y a des
sommes d'argent pour la rénovation de Saint-Hilaire avec laquelle vous
allez procéder?
M. Tardif: II y a des ententes présentement, oui.
M. Ciaccia: II y a des ententes?
M. Tardif: La modernisation des trains de banlieue qui s'applique
au CP-Rigaud, au CN-Deux-Montagnes et qui peut s'appliquer au CN-Saint-Hilaire
également.
M. Ciaccia: Alors si vous faites cet amendement, est-ce que cela
veut dire que vous allez procéder, selon les ententes que vous avez,
à la rénovation de ces chemins de fer Saint-Hilaire et
Deux-Montagnes aussi?
M. Tardif: Non, M. le Président. Il n'y a aucune relation
entre les deux. Il y a un train de banlieue qui marche. Cela ne préjuge
pas de la modernisation éventuelle à faire, mais il y a des
ententes qui peuvent prévoir de tels...
M. Ciaccia: Si la ville de Mont-Royal -c'est un conseil,
ça?
M. Tardif: Oui.
M. Ciaccia: ...veut conclure une entente avec le gouvernement du
Québec pour la ligne Montréal-Deux-Montagnes, est-ce que cela
veut dire que vous allez être d'accord? Parce que cette entente va
nécessiter la rénovation et l'utilisation de fonds du
gouvernement fédéral qui existent. Est-ce cela que vous
prévoyez?
M. Tardif: Pas nécessairement. On peut très bien
conclure une entente avec le CIT du côté du nord ou de
Saint-Hilaire, pour une desserte en partie par chemin de fer dans le
réseau actuel non modernisé. Cela n'a rien à faire avec la
modernisation.
M. Ciaccia: Alors, vous ne prévoyez pas... Cela n'a rien
à faire avec...
M. Tardif: Avec la modernisation.
M. Ciaccia: ...la modernisation et les ententes que vous pouvez
conclure avec...
M. Tardif: Cela n'a rien à faire.
M. Ciaccia: Alors pourquoi avez-vous besoin de cet
article-là? Le service existe déjà.
M. Tardif: Parce que cela rend possible tout simplement la
conclusion d'une entente avec le CIT, alors que la loi 46 à l'heure
actuelle ne le prévoit qu'avec des transporteurs privés comme
tels et non pas...
M. Ciaccia: Cela prévoit une entente avec un service qui
est inadéquat et avec lequel ils ne pourront pas conclure d'ententes
à moins que vous utilisiez les sommes d'argent qui existent pour faire
les rénovations et donner le service adéquat.
M. Tardif: Cela peut inclure un service modernisé, M. le
Président, mais ce qu'on dit, c'est que la loi, à l'heure
actuelle, ne permet aux CIT que de conclure des ententes avec des transporteurs
privés et non pas avec le gouvernement du Québec. Ce que nous
faisons avec l'article 24, nous permettons de conclure des ententes avec le
gouvernement du Québec et je vous dis que, notamment, c'est pour
l'exploitation de la ligne CN-Saint-Hilaire.
M. Ciaccia: C'est un article habilitant mais qui n'habilitera pas
ces gens-là, à moins qu'il y ait des rénovations. C'est
ça? C'est un article semi-habilitant. Qu'est-ce qu'il
reste?
M. Tardif: Mais les municipalités sont
intéressées, incidemment, à s'impliquer dans la
modernisation.
M. Ciaccia: On ne peut pas ne pas leur accorder cette
loi-là.
Le Président (M. Blank): Article 25, adopté?
M. Ciaccia: Article 25, adopté.
Le Président (M. Blank): Article 25, adopté. On
retourne maintenant à l'article 123.
Loi sur la Régie de l'assurance automobile du
Québec (suite)
M. Tardif: À l'article 123, est-ce qu'on a imprimé
le papillon?
Le Président (M. Blank): Oui.
M. Tardif: Où est-il?
Une voix: Vous avez une note ici.
M. Tardif: Regardez donc ça si c'est simple.
M. Ciaccia: Oui, on est donc facile. On vous rend la vie facile,
trop facile.
Le Président (M. Blank): Article 123. L'article 18 se
lisait comme suit: "L'exercice financier de la Régie se termine le
dernier jour de décembre de chaque année." Pour prendre soin de
l'année 1985, dans le dernier article de la loi, 205, ça va
être mis en vigueur par proclamation après l'année fiscale,
le 1er avril 1985.
M. Ciaccia: Excellente formule. M. Tardif: Cela va?
Le Président (M. Blank): L'amendement est
adopté?
M. Tardif: Adopté. M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Blank): L'article amendé est
adopté?
M. Ciaccia: Adopté.
Le Président (M. Blank): On avait à faire des
changements à l'article 205. On y reviendra?
Maintenant, je dois aller à quoi?
M. Chevrette: M. le Président, nous sommes prêts
à procéder.
Le Président (M. Blank): À quel article sont rendus
ces gens-là?
M. Chevrette: L'article 9.1, puisqu'on ajoute un papillon avant
l'article 10. On commence par un papillon.
M. Paradis: Est-ce qu'on discute du papillon, M. le
Président?
Loi sur l'assurance-maladie
Le Président (M. Blank): Oui, le papillon. Il y a un
amendement, un nouvel article après le titre de la Loi sur
l'assurance-maladie; on y insère immédiatement après
l'article 9.1: "L'article 19 de la Loi sur l'assurance-maladie (L.R.Q.,
chapitre A-29) est modifié par l'addition après le
neuvième alinéa du suivant: Les dispositions du Code du travail
(L.R.Q., chapitre C-27) et la Loi sur les normes du travail (L.R.Q., chapitre
N-l.l) ne s'appliquent pas à nos professionnels de la santé
visés par entente, conclue en vertu du présent article qui
rendent des services assurés dans un établissement ou pour le
compte d'un établissement."
M. Paradis: J'aimerais entendre les commentaires du ministre
avant d'émettre les miens, M. le Président.
M. Chevrette: Oui, M. le Président. L'amendement
suggéré a pour but de s'assurer que les médecins
salariés ne pourront demander une accréditation en vertu du Code
du travail et ne pourront se prévaloir des dispositions de la Loi sur
les normes du travail, à savoir congés, préavis, temps
supplémentaire. À toutes fins utiles, c'est que les
médecins, que ce soient les omnipraticiens ou les spécialistes,
négocient en vertu de la Loi sur l'assurance-maladie et non pas en vertu
du Code du travail.
Vous avez remarqué qu'on ne traite pas des médecins
résidents. Pourquoi? Purement et simplement parce que c'est en instance
devant les tribunaux, point. Et c'est en discussion également avec
eux.
M. Paradis: Le ministre, M. le Président, m'assure qu'on
ne traite pas des médecins internes ou résidents. Il m'affirme
également que c'est en instance devant les tribunaux. J'ai fait la revue
jurisprudentielle des causes qui impliquaient des amendements possibles, de
même que les papillons à cet article de loi. J'ai lu attentivement
la cause de l'hôpital Royal Victoria et Association des internes et
résidents de McGill, une décision de M. le juge Auclair. J'ai lu
la décision rendue dans l'Association des résidents et
internes de McGill contre le Tribunal du travail et autres, une cause de
la Cour supérieure, un jugement rendu par l'honorable juge Alphonse
Barbeau. J'ai également lu la cause de l'hôpital Royal Victoria
contre l'Association des internes et résidents de McGill, un jugement
rendu par la Cour d'appel du Québec.
Est-ce que le ministre me dit que c'est encore devant les instances
judiciaires?
M. Chevrette: Non. Si on avait voulu amender cela, on aurait
amendé l'article 19.1. C'est l'article 19 qu'on amende et puis...
M. Paradis: Non, mais c'est strictement à titre de
renseignement, M. le ministre.
M. Chevrette: On ne touche pas du tout... On n'y touche pas. Les
délais de...
M. Paradis: Est-ce qu'il y a eu demande...
M. Chevrette: ...la Cour suprême ne sont pas...
M. Paradis: ...d'appel ou appel...
M. Chevrette: Au moment où l'on se parle, il n'y a pas eu
de demande d'appel.
M. Paradis: Maintenant, connaissant les antécédents
dans les relations du travail du ministre des Affaires sociales, quelle est son
argumentation à l'appui du fait que les médecins résidents
et internes devraient, si on respecte les décisions déjà
rendues par les tribunaux de droit commun concernant cette classe de
médecins, qui peuvent, suivant les décisions rendues, se
prévaloir des dispositions du Code du travail. En vertu de quel principe
devrait-on interdire aux médecins spécialistes comme aux
médecins omnipraticiens de se prévaloir des dispositions du Code
du travail? (22 h 15)
M. Chevrette: Tout d'abord, ce sont des salariés mais ce
sont aussi des étudiants ou des médecins en voie de
spécialisation. Nous avons communiqué avec les corporations
professionnelles et elles savent très bien qu'elles peuvent
négocier en vertu de la Loi sur l'asssurance-maïadie et c'est le
chemin qu'ont choisi ces corporations. On n'a fait que répondre à
leur désir.
M. Paradis: Cela ne répond pas tout à fait à
ma question, M. le ministre, si vous m'excusez. Vous êtes quand
même quelqu'un d'assez bien versé dans le domaine des relations du
travail. Le Code du travail s'applique è tout travailleur, sauf s'il est
exclu par une loi spéciale. Je comprends l'intérêt de la
Fédération des médecins omnipraticiens ou de la
Fédération des médecins spécialistes parce que,
à ce moment-là, cela leur assure le contrôle sur leurs
membres. Ce sont des organismes reconnus en vertu de la loi pour
négocier des conditions de travail, etc. Je comprends tout cela. Je pose
la question peut-être naïvement, pourquoi un
médecin-spécialiste ou omnipraticien ne devrait pas avoir
l'avantage de l'application du Code du travail? Qu'est-ce qui, dans le Code du
travail, fait en sorte qu'on décide de déroger à ces modes
de négociations, à ces droits et qu'est-ce qui nous permet, comme
législateurs, d'arriver à la conclusion, présentement, que
le droit d'association qui est reconnu quand même dans les Chartes
canadienne et québécoise des droits et libertés de la
personne, ne devrait pas s'appliquer à ces gens-là. Avec le
régime qu'on connaît, dans ces domaines, présentement, si
vous êtes médecin omnipraticien disons - et je vais choisir une
localité tout à fait au hasard dans la province de Québec
- à Joliette, vous n'avez pas le droit de vous prévaloir des
dispositions du Code du travail, mais si vous êtes interne et
résident, vous avez le droit. Qu'est-ce qui distingue tout cela? Je ne
dis pas que je m'oppose, finalement. Je cherche simplement la logique entre le
fait que si on est un médecin résident ou interne, on puisse se
prévaloir des dispositions du Code du travail et que si on est un
médecin spécialiste ou omnipraticien, on ne peut pas s'en
prévaloir parce qu'on est exclu, en vertu d'une loi spéciale.
Quelle est la logique gouvernementale qui sous-tend toute cette action?
M. Chevrette: Si j'ai bien compris, vous parliez des
omnipraticiens et des spécialistes.
M. Paradis: Et également des résidents et internes
qui peuvent se prévaloir des dispositions du Code du travail.
M. Chevrette: On va dissocier les deux parce que l'amendement, M.
le Président, est à l'article 19 et non pas 19.1 qui parle des
internes et des résidents. Si on voulait faire un débat sur les
internes et les résidents, on aurait amendé 19.1 et non pas 19.
Là, on amende 19. Des omnipraticiens et des spécialistes, que je
sache, ce ne sont pas des employés; ils ne sont pas rattachés
à un employeur.
M. Paradis: Cela dépend.
M. Chevrette: Absolument pas.
M. Paradis: M. le ministre, l'omnipraticien qui pratique dans un
CLSC peut être à salaire au ministère des Affaires
sociales.
M. Chevrette: II peut être un salarié, oui.
Dans...
M. Paradis: Au sens du Code du travail.
M. Chevrette: Dans le cas d'un CLSC, je vous dirais oui.
M. Paradis: Très bien.
M. Chevrette: Mais la grande majorité des médecins
au Québec sont des gens à leur propre compte. D'accord?
M. Paradis: Clic! Clic!
M. Chevrette: Et leur salaire est payé par la Régie
de l'assurance-maladie. D'accord?
M. Paradis: D'accord.
M. Chevrette: Deuxièmement, pourquoi les médecins
ont-ils choisi la voie de la Loi sur l'assurance-maladie pour négocier?
C'est un choix de corporation, cela aussi. Est-ce qu'on va avoir quatre
régimes de relations du travail avec les omnipraticiens, quatre
régimes avec les spécialistes? Absolument pas. Les cadres, de la
Fonction publique au Québec n'ont pas droit au syndicalisme au sens de
la loi. On les reconnaît de bonne foi comme un groupe qui peut
négocier avec l'État.
M. Paradis: M. le ministre. M. Chevrette: C'est un
choix.
M. Paradis: Vous avez le choix qui s'effectue et j'avoue que
c'est un choix politique. Je ne veux pas profiter de l'occasion pour discuter
des choix politiques mais si je peux faire un parallèle et dans tout
parallèle ou dans tout exemple il y a quelque chose qui cloche; prenez
le cas de l'industrie de la construction. Les gens peuvent avoir le choix
d'adhérer à l'organisme représentatif de leur choix. Il y
a des périodes de maraudage, etc.; c'est convenu. Pour les
médecins, on n'a pas ce choix. Que je sache, le médecin
omnipraticien est représenté par la Fédération des
médecins omnipraticiens de façon obligatoire; le médecin
spécialiste est représenté par la Fédération
des médecins spécialistes et il n'a pas le choix.
Est-ce que le gouvernement actuel est contre ce choix, contre le fait
qu'il y ait un autre organisme qui représente les médecins ou une
proportion importante des médecins? Est-ce que vous voulez nier ce droit
aux médecins? Je vous pose sérieusement la question. Vous me
dites: Les médecins n'ont pas le droit de se prévaloir des
dispositions du Code du travail, en vertu de ce que vous proposez, donc, ne
peuvent s'en aller sous forme de syndicat. Toutes les conditions de travail des
médecins doivent être négociées par un seul
organisme, s'il s'agit de médecins omnipraticiens, s'il s'agit de
médecins spécialistes, toutes leurs conditions de travail doivent
être négociées par une fédération. Est-ce la
trame de pensée du ministère? Avez-vous eu, au cours de vos
longues expériences au ministère des Affaires sociales, des
plaintes de certains médecins qui disent: Nous autres, on aimerait
adhérer à une autre fédération d'omnipraticiens,
è un autre syndicat, à un autre organisme professionnel pour nous
représenter?
Autrement dit, la question de fond c'est: est-ce le pluralisme de
représentation que votre gouvernement - et vous étiez membre du
cabinet au moment où cela s'est décidé - l'espèce
de pluralisme syndical qui s'est impliqué dans la construction lorsqu'on
a dit aux travailleurs de la construction qu'ils étaient suffisamment
intelligents, éclairés, capables, comme humains, de choisir
l'organisme qui vous représente, est-ce que vous voulez nier ce droit
aux médecins? Est-ce là votre but?
M. Chevrette: Absolument pas. Que je sache, il n'y a pas de
plainte de la Corporation des omnipraticiens ou des spécialistes
demandant un nouveau régime de négociation. Au contraire, les
informations que j'ai au moment où je vous parle sont qu'ils sont
heureux de cet amendement. C'est vrai que cela leur concède un monopole
syndical de représentation pour fins de négociation. Ne disons
pas syndical au sens strictement juridique, au sens du Code du travail, dis-je,
mais ils ont le monopole de représentativité dans les
négociations avec l'État et les deux corporations
professionnelles, que je sache, à moins que vous nous démontriez
le contraire, chose qu'on n'a pas dans nos dossiers. Ils sont heureux de
pouvoir négocier en vertu de la Loi sur l'assurance-maladie et non pas
du Code du travail.
M. Paradis: Là, vous me parlez des associations
strictement, M. le ministre, mais pouvant vous servir de tous les outils et
l'appareil dont vous disposez au ministère des Affaires sociales, ce qui
est quand même imposant, avez-vous vérifié auprès
des médecins? Je comprends que vous ayez vérifié
auprès des fédérations; si j'étais
président, vice-président, secrétaire-trésorier ou
membre du conseil d'administration d'une des fédérations,
j'insisterais pour vous dire que tout va bien, que c'est le régime que
l'on préfère, etc. parce que je défendrais à ce
moment-là les intérêts de ma corporation professionnelle ou
de ma corporation syndicale. Comme vous l'avez dit, on n'est pas pour soulever
une argumentation sur les
termes, le temps nous pressant.
M. Chevrette: Cela n'a pas l'air! Cela n'a pas l'air du tout!
M. Paradis: Mais quand même, M. le ministre, il y a
d'autres associations qui regroupent des médecins au Québec,
est-ce que vous avez vérifié auprès des autres
associations?
M. Chevrette: Les associations autres que celles des
omnipraticiens et des spécialistes?
M. Paradis: Oui, il y a d'autres associations qui existent et qui
regroupent des médecins au Québec, M. le ministre.
M. Chevrette: Je vais demander au sous-ministre de vous
répondre.
Le Président (M. Blank): Pouvez-vous donner votre nom?
M. Deschênes (Jean-Claude): Jean-Claude Deschênes.
Aux fins des négociations, depuis 1966, les médecins
spécialistes et omnipraticiens négocient avec le gouvernement
d'abord sur la base de l'assistance-maladie et ensuite de l'assurance-maladie.
C'est avec ces deux fédérations que cela s'est toujours fait.
À la suite d'une décision du juge Auclair, à
laquelle vous avez fait référence tantôt, qui dit "à
moins qu'il y ait des stipulations contraires, peut-être que cela
pourrait s'interpréter autrement" les fédérations
médicales représentatives depuis vingt ans des groupes
médicaux avec qui on négocie, on fait la représentation
que puisque cela peut s'interpréter comme cela, clarifions donc la
chose. Et c'est ce qui est fait ici en disant: Oui, dans le cas des
médecins qui ne sont pas des employés des établissements,
on négocie en vertu de la Loi sur l'assurance-maladie - c'est ce que
l'on précise - et non pas en vertu d'une autre loi.
M. Paradis: Je pense que vous avez échappé le sens
de ma question. Je sais que le ministre est nouvellement arrivé, mais le
sous-ministre, je ne dirais pas traîne, mais est dans les parages depuis
plusieurs années quand même. Cela, c'est la situation juridique.
Mais à côté des situations juridiques, dans tout
système, il y a des situations de facto. Dans le domaine de l'industrie
de la construction - je sais que c'est un domaine que le ministre connaît
bien, à un moment donné, il y avait des situations juridiques et
il y avait des situations de facto et le gouvernement a reconnu d'autres
associations pour représenter les travailleurs qui voulaient y
adhérer.
Dans le domaine médical, le ministre ou le sous-ministre n'est
sans doute pas sans ignorer qu'il existe d'autres associations qui
désirent, à un moment donné, négocier des choses
eux aussi, avoir un certain degré de représentation. Est-ce que,
en adoptant le projet de loi que vous adoptez, vous consacrez ce qu'on appelle
le monopole de représentation? Je ne discute pas du bien-fondé,
uniquement d'une décision gouvernementale et je veux être certain,
d'autant plus que le ministre a paru surpris lorsque je lui ai mentionné
l'existence d'autres associations. Je veux être bien certain que le
ministre a bien compris que, de facto, il existe des médecins qui
désireraient être représentés par d'autres
associations et qu'il leur interdit ce droit.
Si le ministre s'en va dans cette voie, est-ce que ça rencontre
les principes de la Charte canadienne des droits et libertés de la
personne qui parle de la liberté du droit d'association, le choix de son
association, etc?
M. Chevrette: II pourrait y avoir 30 associations.
M. Paradis: D'accord.
M. Chevrette: Sauf que c'est toujours en vertu de la Loi sur
l'assurance-maladie, c'est ça que dit l'amendement.
M. Paradis: Oui, mais les lois dans notre système
parlementaire britannique sont là pour évoluer en fonction des
situations. Dans l'industrie de la construction, il n'y a pas toujours eu le
même nombre d'organismes.
M. Chevrette: Non, il a existé une CIC qui a
été remplacée par un OCQ, je me rappelle.
M. Paradis: Non, mais je vous parle sur le plan des syndicats,
des organismes représentatifs des travailleurs. Je me rappelle qu'un des
premiers projets de loi sur lesquels j'ai eu à voter quand je suis
arrivé à l'Assemblée nationale était dans le but de
reconnaître une autre centrale syndicale, CSD, au niveau de l'industrie
de la construction. Les lois évoluent. Est-ce que votre gouvernement
évolue, est-ce que votre gouvernement est gelé dans le ciment?
Est-ce que les pressions ne sont pas suffisantes pour que vous évoluiez
présentement, quel est le niveau de pression que ça prend pour
que le gouvernement évolue dans ce sens? Est-ce que le droit
d'association représente pour votre gouvernement le droit
d'adhérer à l'association de son choix?
Ce sont des questions fondamentales comme celles-là qui nous
confrontent malheureusement, parce que j'aimerais avoir le temps d'en discuter
beaucoup plus profondément dans le cadre d'un projet de
loi spécial, mais on est pris dans le cadre d'un projet de loi
omnibus. Même s'il s'agit d'un projet de loi omnibus, je pense que c'est
notre devoir de parlementaire, lorsqu'il y a des principes d'impliqués,
d'aller au fond de ces principes.
M. Chevrette: Quand on a reconnu - je vais partir de votre
exemple - la CSD pour fins de représentativité dans le domaine de
la construction, on n'a pas changé le cadre de négociation.
M. Paradis: Vous avez changé le cadre
législatif.
M. Chevrette: On a ajouté un groupe qui voulait se
partager les effectifs. Demain matin, les omnipraticiens de la Gaspésie
qui fonderaient une association et me demanderaient de négocier comme
groupe de la Gaspésie, il n'y a rien qui m'empêche de le faire
avec l'amendement que je propose, on les garde dans le régime de
négociation de l'assurance-maladie, et c'est dit qu'il n'y a pas
d'accréditation au sens du Code du travail, mais au sens de la Loi sur
l'assurance-maladie. Cela ne s'oppose pas, vous confirmez par vos propos ce
qu'on dit par loi.
M. Paradis: Je suis content de le confirmer, M. le ministre. Je
ne veux surtout pas infirmer le sens des propos qu'on peut retrouver dans les
textes de loi, mais vous savez ce que c'est, chaque mot est sujet à
interprétation, les avocats peuvent plaider ad nauseam
l'interprétation. Si je vous ai mentionné tantôt qu'il y
avait déjà trois juges qui s'étaient prononcés dans
le cas des médecins résidents et internes, je pense que comme
législateur, notre sagesse devrait être au moins de prendre
connaissance de façon approfondie de ces décisions et
d'être prudents dans le vocabulaire qu'on utilise dans une nouvelle
loi.
Vous savez que les propos qu'on tient ici ne peuvent être
cités comme arguments devant les tribunaux, c'est un peu une sagesse que
les tribunaux ont développée au cours des années. Il y a
quand même des questions que je me pose. Lorsque l'article dit: "Les
dispositions du Code du travail et de la Loi sur les normes du travail ne
s'appliquent pas à un professionnel de la santé visé par
une entente conclue en vertu du présent article qui rend les services
assurés dans un établissement ou pour le compte d'un
établissement", quelle est ma garantie que les internes et
résidents ne sont pas visés? (22 h 30)
M. Chevrette: C'est l'article 19.1 de la Loi sur
l'assurance-maladie, qui se lit comme suit: "Le ministre peut, avec
l'approbation du gouvernement, conclure avec un organisme représentatif
des internes ou des médecins résidents, une entente sur des
conditions de travail applicables aux internes ou aux médecins
résidents en stage de formation dans les établissements
affiliés à une université." On ne le modifie pas cela en
rien.
M. Deschênes: La Loi sur l'assurance-maladie, M. le
ministre.
M. Paradis: C'est le problème des projets de loi omnibus,
M. le ministre. Vous avez votre service de recherche, vos adjoints...
■
M. Chevrette: Les projets de loi omnibus, l'heure etc. la
stratégie.
M. Paradis: ...vos attachés juridiques etc., quant
à moi tout ce que j'ai devant moi, c'est: Loi sur l'assurance-maladie,
article 9.1, etc. et, à côté, les commentaires. Finalement,
je suis obligé de faire une profession de foi. En politique, j'ai appris
que les professions de foi se font après avoir révisé le
texte attentivement. Je sais que vous l'avez fait au niveau du programme du
Parti québécois et avant de vous prononcer, vous avez lu
attentivement l'article 1, etc. Vous me permettrez donc, dans les
circonstances, de vérifier avec autant d'acuité et de profondeur
que vous l'avez fait dans le cas d'un programme constitutionnel parce que la
santé, ce n'est peut-être pas aussi important que la constitution
en ce qui concerne certains politiciens...
M. Laplante: Si vous aviez un programme, peut-être que vous
vous habitueriez à analyser l'article 1, mais vous n'en avez jamais
eu.
M. Paradis: M. le Président, est-ce que c'est conforme aux
règlements de permettre au député de Bourassa...
M. Blouin: Ah! C'est pertinent, très pertinent,
Pierre!
M. Laplante: C'est très pertinent.
M. Paradis: ...encore présent en commission.
M. Blouin: M. le député de Brome-Missisquoi,
là-dessus, je suis obligé d'abonder dans le sens de mon
collègue. C'est très pertinent.
M. Paradis: M. le Président, on va être encore
écrasé par la majorité ministérielle.
M. Chevrette: Ne citez pas le nom de vos collègues ici, ce
soir.
M. Paradis: Quand même, on me dit cela. J'ai beau lire
l'article...
M. Chevrette: C'est clair, clair, clair! Si j'ai compris cela et
que je ne suis pas avocat, vous devriez comprendre doublement, vous
l'êtes.
M. Paradis: Justement, M. le Président, ce ne sont pas les
avocats que j'ai tenté de comprendre parce qu'en plus des jugements
rendus, j'ai eu l'occasion de prendre connaissance, surtout au niveau de la
Cour d'appel, non pas de ce qu'on appelle le factum aujourd'hui, mais du
résumé de l'état de cause.
M. Chevrette: Oui, mais vous argumentez sur un article qui n'est
même pas en discussion, c'est l'article 19.1. Le jugement de la Cour
d'appel... Cela ne s'adresse pas du tout à l'article 19.
M. Paradis: M. le Président, je suis prêt à
prendre la parole du ministre, mais je ne l'ai pas devant moi. Si le ministre
peut m'acheminer le texte...
M. Chevrette: Je vais le faire lire. Est-ce que cela se fait en
commission?
M. Paradis: Si le président y consent, mais je sens qu'on
a un président très strict ce soir.
M. le Président, si je peux prendre quelques minutes, le ministre
m'explique que l'amendement qu'il apporte s'applique à l'article 19 et
non à l'article 19.1. Là dessus, je le suis. Maintenant, j'ai
devant moi des décisions du Tribunal du travail, de la Cour
supérieure et de la Cour d'appel faisant référence
strictement à l'article 19 et où on cite le texte de l'article 19
et où les juges répètent à satiété
que les médecins résidents et internes ne sont
représentés par aucune association en vertu d'une loi quelconque.
Je veux m'assurer, ce soir, comme parlementaire, qu'on ne va pas à
l'encontre des décisions rendues par le système judiciaire, qu'on
ne tente pas d'aucune façon ni de manière directe ou indirecte ni
de manière subtile de contrecarrer des décisions qui ont
été rendues par le système judiciaire, peut-être
parce que le système législatif a laissé un trou. Cela est
une possibilité; cela arrive dans plusieurs lois. Je n'en tiens pas
rigueur au gouvernement, mais je suis un de ceux qui croient à
l'étanchéité des pouvoirs du système judiciaire, le
pouvoir législatif, le pouvoir exécutif. On a assisté
à trop de cas où un gouvernement, quel qu'il soit - et je ne fais
pas de politique avec cela, parce que le domaine des affaires sociales n'est
pas un domaine où on fait de la politique - tentait de corriger de
façon subtile, indirecte - je ne dirai pas "ratoureuse" parce que ce
n'est pas une expression française qu'on retrouve dans le dictionnaire,
mais ceux qui vont nous lire vont comprendre...
M. Chevrette: Ce ne serait pas parlementaire.
M. Paradis: Ce serait parlementaire, M. le Président. Il y
a "mentir" qui ne l'est pas, mais on s'en vient de plus en plus strict. On me
réfère à l'article 19.1. On me dit: Je ne touche pas
à 19.1. Ce que je lis dans les jugements: L'article 19... J'ai de la
misère à concilier les deux. Le ministre...
M. Chevrette: Vous me permettez de vous poser une question?
M. Paradis: Oui, M. le ministre.
M. Chevrette: Est-ce que dans le jugement, le juge ne dit pas:
Les résidents et les internes ne sont pas représentés par
aucune association?
M. Paradis: C'est exact, mais le jugement est rendu...
M. Chevrette: Bon! À partir de là...
M. Paradis: ...au moment où le Code du travail ne s'est
pas appliqué.
M. Chevrette: ...c'est précisément parce que le
juge de la Cour d'appel a donné raison aux résidents et aux
internes et les délais, d'abord, vont jusqu'en janvier pour aller en
Cour suprême ou non. Si on s'était mêlé d'amender
l'article 19.1 et dire: "Les résidents et les internes ne seront pas
couverts par le Code du travail, mais par la Loi sur l'assurance-maladie",
là, on irait carrément à l'encontre du jugement. On irait
d'une façon indirecte à l'encontre du jugement de la Cour
d'appel, mais ce n'est pas ce qu'on fait. On n'y touche pas. On ne touche
qu'aux omnipraticiens et aux spécialistes.
M. Paradis: Si c'est le cas, M. le ministre, et si je prends
votre parole sur cette affirmation, pourquoi et en vertu de quel principe ne
voulez-vous pas permettre, même s'ils constituent une minorité
à l'intérieur de la Fédération des médecins
spécialistes ou à l'intérieur de la
Fédération des médecins omnipraticiens, les
médecins qui oeuvrent comme salariés au sein d'un CLSC - je le
donne à titre d'exemple et il y a possiblement d'autres exemples qu'on
pourrait citer - pourquoi ne voulez-vous pas permettre à ces mêmes
médecins d'avoir le même droit que les résidents et
internes qui sont strictement des salariés, parce que ces gens-là
sont également strictement des
salariés. C'est une décision politique. Votre...
M. Chevrette: C'est quelque chose quand même. L'ensemble
des médecins sont payés par la Régie de
l'assurance-maladie au complet, qu'ils soient salariés d'un CLSC ou
qu'ils soient à l'acte. C'est en vertu de ce principe-là aussi
qu'on dit qu'on n'a pas deux régimes de paiement.
M. Paradis: Non, ce n'est pas un principe. C'est un
mécanisme.
M. Chevrette: Je m'excuse. C'est aussi un principe. S'il y a un
même bailleur de fonds qui paie l'ensemble des...
M. Paradis: Non, c'est de la mécanique, ça, M. le
ministre. Ce n'est pas un principe. Si le médecin est à l'acte,
c'est-à-dire tel nombre de clients qu'il voit pour tel acte -il fait
"clic clic" avec ce qu'on appelle communément dans le langage la
"castonguette" - il est rémunéré à l'acte.
M. Chevrette: Définir le montant du "clic clic", c'est la
même chose que définir... C'est une mécanique qui
définit une journée de travail. Pour un médecin
salarié, c'est tant. Quand c'est le même bailleur de fonds, il
dit: Nous avons opté pour un seul régime de négociation
qui...
M. Paradis: Non, non. M. le ministre, ce n'est pas la même
chose. Le médecin qui fait comme on le dit - et je pense que
l'expression est utilisée d'un côté comme de l'autre - le
"clic clic", son salaire ou sa rémunération plutôt varie.
S'il s'agit d'un médecin qui est à l'emploi d'un CLSC, son tarif
salarial, son lien de préposition avec l'employeur, etc., rencontrent
toutes les normes du Code du travail. Si vous me dites: Ils sont
différents, mais il n'est pas question, ni pour les omnis ni pour les
spécialistes qui travaillent à l'emploi d'un CLSC ou d'une autre
institution gouvernementale quelconque, mais qui sont considérés
comme des salariés au Code du travail, de leur permettre l'accès
aux droits du Code du travail, parce qu'on a tel ou tel motif, je peux vous
suivre, mais ne les mettez pas dans le même pot que ceux qui travaillent
à l'acte. Celui qui travaille à l'acte, s'il voit un patient par
jour, il est payé tant. Celui qui est salarié, s'il voit un ou
dix patients par jour, il est payé juste tant et ça finit
là. L'autre peut jouer avec son revenu et sa rémunération.
C'est complètement différent. Pourquoi les prive-t-on des
dispositions du Code du travail? Il peut avoir - et je vous le concède -
une multitude de raisons, de facteurs, tant - économiques que
sociologiques, tous les hic que vous voulez, mais j'aimerais les entendre de la
part du gouvernement. Pourquoi? Parce que ce qu'on fait avec l'amendement,
à moins que je ne m'abuse, c'est qu'on dit: d'accord, les
résidents et internes, vous avez gagné votre point. On le
reconnaît et on vous laisse continuer. Les autres médecins, il
n'en est pas question et on vous défend cette porte de sortie ou
d'entrée, suivant comment elle est interprétée. J'aimerais
entendre l'argumentation qui sous-tend la fermeture de cette porte.
M. Chevrette: Vous avez vécu dans d'autres secteurs et
Dieu merci, c'est vous qui l'avez vécu en 1970-1971 et même avant,
la diversité des accréditations dans le domaine de
l'enseignement, par exemple, où c'est une relation directe
employé-employeur. Si vous parlez des CLSC et des médecins
salariés, c'est effectivement vrai que vous avez à ce moment un
lien plus direct d'employeur à employé, sauf que le
médecin salarié est payé pareil par la régie et non
pas directement par son employeur.
Une voix: Ce sont tous les fonds publics.
M. Chevrette: Je n'ai pas fini. Deuxièmement, je sais que
ce sont tous les fonds publics, mais quand on laisse créer toutes sortes
de précédents dans des secteurs ou dans d'autres, on se ramasse
dans des situations bordéliques comme vous vous êtes
ramassés en 1970-1971 avec des iniquités et des groupes
minoritaires qui défoncent des patterns salariaux qui n'ont plus aucun
sens en fin de compte parce que c'est le contribuable québécois
qui paie de sa poche.
Cela en est une des raisons fondamentales, cela se défend, cela
se soutient et l'État, comme bailleur de fonds, pour l'ensemble des
omnipraticiens et des spécialistes, a choisi un mode de
rémunération qui est celui de dire: Si vous voulez
négocier, vous négociez directement à la table des
omnipraticiens, des spécialistes.
M. Paradis: M. le ministre, je comprends ce que vous dites, mais
vous admettrez quand même avec moi qu'un médecin qui est
payé à l'acte ou qu'il soit payé à salaire, la
façon dont il est payé ou la provenance de l'argent, c'est
toujours la poche du contribuable qui passe par le fonds consolidé, qui
s'en va à la régie, cela je vous suis la-dessus. Vous admettrez
quand même qu'un médecin, qui est payé à l'acte,
qu'il soit spécialiste ou omnipraticien, a un certain contrôle sur
son revenu. S'il décide de s'en aller un mois en Floride et s'il est
payé à l'acte, son revenu va baisser. S'il décide de voir
deux patients par jour et s'il est payé à l'acte, son revenu va
être de X, tandis que s'il est à l'emploi d'une institution
publique ou parapublique comme un CLSC, sa convention collective lui dit qu'il
a droit à tant de semaines de vacances, que son
salaire est de tant, etc.
Ce que vous me dites ce soir, c'est que malgré ces
différences, vous choisissez de tous les mettre dans le même pot,
sur le plan de la négociation. Je ne vous dis pas, si vous avez tort ou
si vous avez raison, je vous demande strictement de m'expliquer en vertu de
quelle logique. Ce que vous me répondez - et j'admets que vous avez
raison quand vous le dites - c'est que l'argent vient de la même place
où c'est le même payeur. Cela c'est le dénominateur commun.
Ce n'est pas parce qu'il y a un dénominateur commun en haut qu'en bas
cela ne se différencie pas. Il y a peut-être une bonne
explication. Je demande juste à l'entendre, j'ai l'esprit ouvert comme
un parachute, M. le ministre.
M. Chevrette: Oui, mais vous soutenez toujours que l'entente est
entre un employeur et un groupe de salariés.
M. Paradis: Non, pas actuellement.
M. Chevrette: Depuis le début de votre argumentation,
c'est ce que vous nous dites. Alors que nous on vous dit: 11 n'y a pas une
relation directe d'employeur à employé, c'est directement
l'État avec l'ensemble des omnipraticiens et l'ensemble...
M. Paradis: Je m'excuse, M. le ministre.
M. Chevrette: Je m'excuse moi aussi, mais quand on
négocie, on peut très bien avoir... on a dans des groupes du
temps partiel, du temps plein, on a du temps partagé, on ne
négocie pas avec 40 groupes pour autant. On tient compte des
spécificités de travail à l'intérieur du groupe
concerné. Je trouve cela extrêmement correct. Encore, si les
omnipraticiens s'étaient levés et avaient dit au gouvernement:
Reconnaissez donc les formules de négociation que voudront bien se
donner les médecins appartenant à une ville ou à une
région. Ce n'est pas cela qu'ils nous disent, ils nous disent qu'ils
sont satisfaits de l'amendement qu'on apporte à l'article 19.
M. Paradis: M. le ministre, vous allez admettre avec moi que la
Fédération des médecins omnipraticiens et la
Fédération des médecins spécialistes vous disent
cela. Vous n'êtes pas allés vérifier. Quand vous me dites
les médecins, parlez-moi des fédérations et des
organismes. Vous n'êtes pas allés vérifier auprès
d'autres médecins qui préfèrent peut-être une autre
association. Vous n'êtes pas allés vérifier
jusque-là. Si vous l'avez fait, je m'excuse de vous dire cela,
rétablissez les faits et dites-moi: M. le député de
Brome-Missisquoi, vous ne savez pas de quoi vous parlez. J'ai
vérifié auprès des médecins, j'ai parlé
à tant, j'ai un sondage, j'ai autre chose. Vous avez
vérifié auprès des fédérations et j'ai
reçu des fédérations, je pourrais vous lire des lettres...
D'ailleurs un nom qui ressort souvent à l'Assemblée nationale du
Québec, un brillant avocat, un brillant juriste, Me François
Aquin m'a écrit concernant ce dossier et il m'a dit exactement ce que
vous me dites. Mais il m'a dit également qui il représente. Cela
limite un peu son interprétation et c'est honnête de sa part. Il
me le dit. Ce que je me demande c'est si vous reconnaissez aux résidents
et aux internes... Par qui sont-ils payés, les résidents et les
internes? (22 h 45)
M. Chevrette: La Régie de l'assurance-maladie du
Québec.
M. Paradis: Finalement, c'est la même source de paiement
que tout le monde. Si vous reconnaissez aux médecins résidents et
internes du Québec le droit de se syndiquer en vertu du Code du travail,
pourquoi le refusez-vous aux autres? Moi, je ne vous dis pas qu'il n'y a pas de
bonnes raisons, je ne vous dis pas que je serais prêt à
l'accorder, je me demande simplement en vertu de quelle logique le ministre,
député de Joliette, l'accorde à un groupe, le refuse aux
deux autres groupes, et il dit: En plus des deux autres groupes, il n'y a pas
d'autres groupes qui peuvent exister. S'il y a quelqu'un qui a
mélangé et compliqué le système, n'est-ce pas le
gouvernement actuel?
M. Chevrette: Tout d'abord, les résidents et les internes
appartiennent aux deux corporations. On négocie avec des
fédérations. Voyez-vous la nuance?
M. Paradis: Je la vois, mais je vous dirai que le juge du
Tribunal du travail...
M. Chevrette: On a un bout de fait. On va continuer si vous m'en
donnez la chance.
M. Paradis: ...on va continuer en vertu de la logique du juge du
Tribunal du travail, du juge de la Cour supérieure et des savants juges
de la Cour d'appel...
M. Chevrette: Non.
M. Paradis: ...qui, également, l'ont vue, cette
différence, mais ont statué sur un régime
différent.
M. Chevrette: M. le député, vous charriez et votre
pelle déborde parce que ce n'est pas cela du tout. Vous en avez pris
trop large pour ce que vous êtes capable de lever. Vous parlez
carrément de l'article 19.1 et on n'y touche pas une minute, parce qu'on
dit qu'il y a eu des jugements et ce serait trop litigieux d'y toucher parce
que ce serait faire indirectement ce que la cour nous a dit
de ne pas faire directement. Comme avocat, vous vous seriez
soulevé, vous vous seriez emballé. D'ailleurs, cela aurait
été probablement beaucoup plus cohérent, ce que vous
auriez soutenu depuis le début, par rapport à ce que vous
soutenez. L'article 19, c'est une chose et l'article 19.1, c'est une autre
chose.
Deuxièmement, vous me dites: Pourquoi est-ce le principe de
laisser accréditer des médecins par l'établissement? C'est
bien beau cela, avec tous les gestes que cela comporte, c'est dommage que les
micros ne les captent pas parce qu'on pourrait vous expliquer que le
regroupement se fait sur une base tout à fait naturelle. S'il y avait eu
des demandes d'accréditation de salariés de CLSC ou des demandes
d'accréditation de salariés dans certains établissements,
cela aurait été porté devant les tribunaux, devant le
Tribunal du travail et il y aurait eu des faits, des mouvements au sein des
fédérations. Il y aurait eu de la contestation du droit de
représentation de leur propre fédération et on aurait
assisté à un démembrement des fédérations
qui nous aurait forcés, comme législateurs, à adopter
d'autres mesures face à d'autres situations.
Or, tel n'est pas le cas. Le cas, c'est qu'il n'y a pas de plainte. S'il
y en avait par dizaines, par centaines, pensez-vous qu'on ne se serait pas
penchés, pensez-vous qu'on aurait attendu que le député de
Brome-Missisquoi se lève en commission parlementaire pour nous faire un
"show" là-dessus? On est plus brillants que cela, voyonsi En relations
du travail, tu laisses regrouper les gens sur une base volontaire et tu
reconnais les faits au fur et à mesure qu'ils évoluent. Ce n'est
pas pour rien qu'on a des amendements continuellement au Code du travail, au
processus d'accréditation, au mode de représentation aux tables
de négociation, parce que c'est un mouvement qui est très
évolutif dans ce secteur, mais ce n'est pas le cas. Les
fédérations représentent bien leurs gens jusqu'à
preuve du contraire et, quand les fédérations ne
représenteront plus bien leurs gens, que ce soit nous, que ce soit
d'autres, on fera face à la musique et on reconnaîtra que la
fédération ne représente plus rien, qu'il n'y a plus de
gens dans telle autre structure. C'est cela, et j'espère que vous avez
bien compris.
M. Paradis: Si vous l'aviez dit au début...
M. Chevrette: C'est tout cela que j'ai dit depuis le
début.
Le Président (M. Blank): L'amendement est-il
adopté?
M. Paradis: M. le Président, cette argumentation du
ministre est à esprit ouvert et c'est la première fois, depuis le
début de notre intervention, que le ministre s'exprime à esprit
ouvert dans le sens des propos qu'il vient de dire. Lorsqu'il dit qu'il y a une
situation de fait qui justifie l'intervention du législateur et qu'il
est prêt, comme législateur, comme ministre responsable du plus
important portefeuille sur le plan de la dépense au Québec,
à conserver cet esprit ouvert, nous en sommes, M. le Président,
mais il s'agit, quand même, d'une circonstance particulière, d'un
projet de loi omnibus qui est déjà particulier en soi. Il s'agit
quand même d'un papillon à un projet de loi omnibus qui ajoute de
la particularité à ce qu'il y a de particulier, M. le
Président, vous en conviendrez.
Présentement, de la façon dont cela nous est
présenté, à la toute dernière minute, il faut se
fier à la parole du ministre que cela n'affecte pas - et c'est sur cela
qu'est le fondement de mon intervention les décisions rendues par le
système judiciaire. Je l'ai dit, je le répète, je sais que
cela ne peut pas être plaidé devant les tribunaux, ce que le
ministre dit, et c'est sage que cela ne puisse pas l'être. Mais, moi,
comme législateur, avant de consentir à l'adoption d'un tel
article dans un projet de loi omnibus, amendé par papillon, je dois
quand même prendre des garanties non pas pour le député de
Brome-Missisquoi, mais pour les médecins, qu'ils soient résidents
ou internes, qu'ils soient omnipraticiens, qu'ils soient spécialistes;
des garanties également-vous en conviendrez - pour les patients de ces
médecins en ce sens que le ministre ne charrie pas.
Je sais que le ministre est bien intentionné, mais il vient
d'arriver, quand même. Dans les circonstances où un ministre vient
d'arriver, même si on a confiance en lui, prima facie, lorsqu'il s'agit
d'adopter un article qui peut affecter la vie autant des récipiendaires
des services que des praticiens qui dispensent les services, il s'agit pour
nous d'être prudents. Vous comprendrez que c'est cette prudence qui nous
anime. Je ne vous dirai pas que je suis convaincu à 100%, je vous dirai
strictement que c'est ma confiance dans la personnalité du ministre qui
fera...
M. Chevrette: Vous m'avez dit tantôt que j'avais une longue
expérience.
M. Paradis: Dans les relations du travail...
M. Chevrette: Je l'ai pris comme une flatterie...
M. Paradis: ...mais surtout pas comme ministre des
Affaires...
M. Chevrette: ...mais c'est justement
en relations du travail, cet argument.
M. Paradis: M. le Président, s'il s'agissait strictement
de relations du travail! Je ne voudrais pas que les parachutes se referment; je
vais considérer que le ministre a encore l'esprit ouvert, je vais
considérer qu'il n'y a aucune atteinte ni directe ni indirecte. M. le
Président, je sais combien cela vous tient à coeur, vous qui
êtes un membre du Barreau du Québec spécialisé en
immigration. Je comprends qu'avec le minimum de garanties que j'ai pu obtenir,
cela me fait plaisir de faire confiance à cette première
tentative du ministre des Affaires sociales de faire adopter son premier projet
de loi, son premier article d'un projet de loi, dans le cadre d'un projet
omnibus amendé par un papillon.
Le Président (M. Blank): Adopté. L'article 10? Il y
a un amendement.
M. Chevrette: II n'y a pas de papillon dans cela.
Le Président (M. Blank): Oui, il y a un papillon. À
l'article 10 il y a un papillon qui se lit comme suit:
Remplacer, dans la première et la deuxième lignes, les
mots et chiffres "la Loi sur l'assurance-maladie (L.R.Q., chapitre A-29)" par
les mots "cette loi".
M. Paradis: Étant démuni de conseiller dans
l'Opposition, nos ressources étant rares, j'étais en consultation
avec un adjoint du bureau du leader. Je remercie le leader de m'avoir
prêté son adjoint qui me quitte à l'instant. Je vais
être obligé de continuer sans ses brillantes lumières.
M. Chevrette: Au lieu de "Loi sur l'assurance-maladie" on dit
"cette loi". Ce n'est pas sur le fond.
M. Paradis: C'est un article de concordance, M. le ministre. Il
s'agissait de le dire.
M. Chevrette: C'est cela. C'est au niveau des rédacteurs
légistes.
M. Paradis: Si les citoyens n'en sont pas lésés,
cela nous fait plaisir de...
M. Chevrette: Ils n'en sont sûrement pas
lésés.
Le Président (M. Blank): Est-ce que cet amendement est
adopté?
M. Chevrette: Adopté.
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Blank): Est-ce que l'article tel
qu'amendé est adopté?
M. Paradis: Adopté.
Le Président (M. Blank): Adopté. L'article 11.
M. Chevrette: C'est adopté, l'article 10; on passe
à l'article 11. L'article 10. L'article 11 excusez.
Le Président (M. Blank): L'article 11 est adopté,
l'article 22 est adopté. On est rendus aux articles 11 et 67.
M. Chevrette: Là, il y a un papillon, M. le
Président.
Le Président (M. Blank): II n'y en a pas encore. C'est
après.
M. Chevrette: D'accord.
Le Président (M. Blank): On va commencer avec l'article
11.
M. Paradis: 11.l ou 11?
Le Président (M. Blank): 11.
M. Paradis: Est-ce que l'article 11 -parce qu'avec les papillons
cela devient complexe - c'est l'article qui touche l'article 67 de la Loi sur
l'assurance-maladie? Oui?
M. Chevrette: C'est exact.
M. Paradis: Pourquoi proposez-vous un amendement?
M. Chevrette: On propose un amendement purement et simplement
pour permettre à la RAMQ de transmettre au ministre de la Main-d'Oeuvre
et de la Sécurité du revenu des renseignements sur les
coûts, les dates et la nature des services fournis aux assistés
sociaux, et non seulement le coût global. Tout d'abord, cela sert
à faciliter la récupération des sommes visées au
titre des besoins spéciaux de santé auprès de
bénéficiaires d'aide sociale déclarés inadmissibles
et aussi pour fournir au fédéral des données plus
complètes en vue du partage des coûts. Vous savez qu'on a un
remboursement. Plus on a de spécificités, plus on va chercher
notre quote-part. Je dois vous dire aussi que cet article a été
entériné par la Commission d'accès à
l'information.
M. Paradis: Je comprends les propos de fédéralisme
rentable que vient de nous livrer le ministre des Affaires sociales, mais je
m'inquiète du contenu de cet article à la lumière, entre
autres, de la lecture et de l'étude que j'en ai faites et
également à la
lumière d'un télégramme que je recevais, dans les
dernières heures, de la centrale syndicale CSN. Je ne sais pas si on l'a
communiqué au ministre parce que, des fois, lorsqu'on est ministre on
n'a pas accès immédiatement à l'information. Nos
technocrates, nos hauts fonctionnaires, etc., contrôlent une partie de
l'information. Je recevais un télégramme de la CSN qui
s'intitule: "Une attaque à la confidentialité des dossiers de
santé." Cela m'inquiète lorsqu'on parle de confidentialité
des dossiers de santé.
Il se lit comme suit: "Le conseil confédéral de la CSN
s'est inquiété aujourd'hui d'une disposition contenue dans le
projet de loi 15 actuellement à l'étude à
l'Assemblée nationale et qui constitue une atteinte grave - je souligne
le mot "grave" -à la confidentialité des dossiers de
santé. Un des articles de ce projet de loi "omnibus" prévoit en
effet qu'à l'avenir la Régie de l'assurance-maladie du
Québec pourra transmettre au ministre de la Main-d'Oeuvre et de la
Sécurité du revenu des données contenues dans les dossiers
de personnes bénéficiant de l'aide sociale. Le type de biens et
de services, leur coût ainsi que la date où ces services ont
été fournis pourront être rendus publics, ce qui constitue
une atteinte à la confidentialité des dossiers médicaux.
Il est clair pour la CSN que le ministre n'a pas besoin des noms des personnes
pour obtenir d'Ottawa le remboursement des services. Nous croyons plutôt
qu'il s'agit là d'un moyen supplémentaire pour exercer un plus
grand contrôle sur les personnes bénéficiant de l'aide
sociale." C'est signé par la centrale syndicale qui conclut: "La
centrale syndicale demande donc le retrait de l'article 11 du projet de
loi."
Est-ce que le ministre avait pris connaissance de ce
télégramme avant d'entrer dans cette commission?
M. Chevrette: Tout d'abord, les...
M. Paradis: La question est précise, M. le ministre:
Est-ce que vous aviez pris connaissance de ce télégramme
avant?
M. Chevrette: Non.
M. Deschênes: Est-ce que cela a été
adressé à Mme Pauline Marois, ministre de la Main-d'Oeuvre et de
la Sécurité du revenu?
M. Chevrette: À qui cela a-t-il été
adressé?
M. Deschênes: Parce que, là, il y a deux
ministères d'impliqués.
M. Paradis: C'est un télégramme...
Excusez-moi, à tout le monde. C'est un Telbec. Cela entre
à votre ministère et, dès que vos fonctionnaires en sont
mis au courant, ils vous le communiquent, M. le ministre. (23 heures)
M. Chevrette: Cela dépend. Quand on nous garde en Chambre
de 15 heures à minuit, on n'a pas toujours le temps d'aller lire le
Telbec au ministère. Deuxièmement, l'article 67, tel que
libellé présentement, n'interdit pas non plus... Les seuls
éléments neufs dans l'article, l'amendement qui a
été fourni, c'est la nature, les coûts et la date. Les
raisons sont nettement explicitées sur le document que je vous ai remis
ou que je vous donnais tantôt. C'était purement et simplement pour
faciliter la récupération des sommes visées à titre
de besoins spéciaux de santé auprès des
bénéficiaires d'aide sociale déclarés
inadmissibles, pour récupérer notre quote-part et, de plus, cela
a passé à travers le tamis de la Commission d'accès
à l'information.
M. Paradis: Oui, mais vous comprendrez que la Commission
d'accès à l'information va aller justement dans le sens de rendre
de plus en plus publics de plus en plus de renseignements, tandis que l'action
de la CSN et le contenu de son télégramme, sa motivation est de
conserver confidentielles des parties de dossier qu'elle ne croit pas
nécessaire de rendre publiques pour que le ministre obtienne, dans le
cadre du fédéralisme rentable, ses remboursements, etc.
Moi, si vous me dites que la CSN ne comprend rien dans ce dossier, ni le
député de Brome-Missisquoi ni personne et que tout le monde a
raison de notre côté, j'aimerais que vous puissiez m'expliquer
où la CSN se trompe, que vous m'expliquiez où je me trompe. Cela,
pourra en discuter plus longuement, mais on va commencer car la CSN.
M. Chevrette: J'aimerais que vous lisiez l'article 67 de la Loi
sur l'assurance-maladie actuelle, pour voir si vous maintenez toujours la
même opinion.
M. Paradis: Si je l'avais devant moi, M. le ministre, je le
lirais immédiatement. Ce que je peux lire, c'est l'article 11 du projet
de loi que j'ai devant moi, vous comprendrez, et le télégramme de
la CSN. Je suis obligé de m'inquiéter. Je ne vous dis pas qu'ils
ont raison, mais je suis obligé de m'inquiéter.
Je l'ai lu, M. le ministre. J'ai fait l'exercice très simple de
souligner en jaune, avec ce que j'appelle ma première paire de lunettes,
les différences entre le texte de l'article 11, tel qu'il existait, et
le texte que vous proposez présentement. Il faudrait
discuter de chacun des éléments que j'ai soulignés
en jaune.
M. Chevrette: La nature des services, premier
élément.
M. Fortier: Vous avez le même crayon jaune que moi, M. le
ministre. Je vous en félicite. On parle de la nature des services, alors
que l'ancien texte stipulait le coût des services. Je pense qu'il y a
quand même une différence profonde entre le coût des
services et la nature des services. C'est peut-être ce qu'il y a de plus
confidentiel, la nature des services dans un dossier médical. Le
coût des services - ça vous permet, comme gouvernement, de
récupérer d'Ottawa des sommes d'argent appréciables -
c'était déjà dans l'ancien projet de loi. Le nouveau
prévoit la nature. Est-ce que vous avez besoin de communiquer ça
au ministre de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu?
M. Chevrette: Est-ce qu'on pourrait le suspendre deux minutes, le
temps que Mme la ministre de la Sécurité du revenu, Mme Marois,
vienne à cette commission?
M. Paradis: Je prends votre parole et, si elle est ici dans deux
minutes...
Le Président (M. Blank): Je pense qu'elle ne viendra
pas.
M. Chevrette: Oui, on vient d'aller la chercher. Elle nous
annonce qu'elle sera ici dans quelques minutes.
M. Paradis: Mais c'est elle qui veut savoir la nature des
services. Le coût ne la satisfait pas.
M. Chevrette: Mais elle va vous expliquer exactement les
difficultés qu'elle a dans l'établissement des revendications
avec le fédéral et pourquoi c'est important.
M. Paradis: J'imagine que ça doit impliquer des sommes
importantes, mais il faudrait quand même ne pas plier l'échine
devant le fédéral, même si...
M. Chevrette: Cela n'a rien à voir avec la discussion qui
se mène présentement. Vous nous reprocheriez...
Le Président (M. Blank): À l'ordre! L'article 11
est suspendu. On va passer à l'amendement, 11.1. Insérer,
après l'article 11, le suivant: 11.1. L'article 89 de cette loi est
modifié par le remplacement, dans la première ligne, du mot
"régie" par le mot "ministre".
M. Paradis: J'ai une question pour le ministre. Quelle est
l'essence et la substance de l'amendement? Pourquoi? D'après ce que je
lis, si on remplace le mot "régie" par le mot "ministre", c'est qu'on
s'imagine que le ministre est plus compétent, plus connaissant, plus en
possession des dossiers que la régie. Je ne dis pas que ce n'est pas
vrai, j'ai beaucoup d'admiration pour le ministre, mais qu'est-ce qui permet au
ministre de nous dire, ce soir, à quelques jours de sa nomination,
finalement, qu'il est plus connaissant, plus compétent, etc., que la
régie?
M. Chevrette: Cela, c'est quasiment parler pour ne rien dire.
Pourquoi le ministre? On vous l'a dit, on ne s'en est pas caché, on vous
a même marqué le commentaire à droite. Je vais vous le lire
pour les besoins de la cause parce que je sais que vous n'en ferez
sûrement pas état. "En vertu de l'article 88, c'est le ministre
qui octroie les bourses et la régie établit, pour sa part, la
liste des boursiers et voit à l'établissement et au
fonctionnement des jurys. Les amendements suggérés aux articles
89, 92 et 93 de la Loi sur l'assurance-maladie ont pour but d'attribuer au
ministre des Affaires sociales des pouvoirs appartenant actuellement à
la Régie de l'assurance-maladie. Le ministère possède plus
de données que la régie pour veiller à l'octroi des
bourses et pour s'assurer que toutes les bourses sont données,
même en cas de désistement des candidats choisis. Il est important
que toutes les bourses soient données, étant donné que le
but du programme est d'augmenter le nombre de médecins dans les
territoires ou les spécialités visées."
Vous savez pertinemment que c'est le ministre qui, de toute
façon, doit perpétuellement répondre à vos
charmantes questions sur le manque de médecins en région
éloignée. Vous savez pertinemment que c'est lui qui a la
responsabilité de veiller à l'équilibre des soins de
santé. Vous savez pertinemment que vous nous reprochez, chaque fois
qu'on donne un pouvoir à une régie, de vouloir se départir
du sens de nos responsabilités. On les rapatrie dans ce cas-ci et vous
devriez nous en féliciter.
M. Paradis: Avant de vous émettre mes félicitations
personnelles, M. le ministre, vous me permettrez de vous interroger quand
même sur le ratio decidendi qui anime ce changement législatif qui
est quand même important. On remplace une régie qui accorde les
bourses, etc., et on dit: La régie qui a fait cela dans le passé
a peut-être commis des erreurs. Je ne le sais pas, M. le ministre, et je
ne pourrais pas vous en tenir grief, vous venez d'être nommé; mais
la raison pour laquelle on propose cet amendement, c'est que le
ministère, donc, le ministre, possède plus de données que
la
régie.
M. Chevrette: On ne dit pas "le ministère", on dit
bien...
M. Paradis: Non, non, le ministère. J'ai souligné
en jaune.
M. Chevrette: Le ministre. Par le mot "ministre".
M. Paradis: Ministère.
M. Chevrette: Mais c'est le ministre qui octroie les bourses, ce
n'est pas le... C'est le ministère, par ricochet, mais, dans le projet
de loi, c'est le mot "ministre" qu'on met comme amendement. C'est le ministre
qui est responsable. De toute façon, la régie est là pour
établir les jurys, dresser les listes, mais c'est le ministre qui
octroie les bourses et voit à ce que toutes les bourses soient
données en fonction précisément des priorités qu'on
se donne compte tenu de la situation. De toute façon...
M. Paradis: La responsabilité ou l'irresponsabilité
ministérielle étant ce qu'elle est, je n'en ferai pas un plat.
Que ce soit le ministre ou le ministère qui possède plus de
données que la régie - tenons pour acquis que c'est vrai -
qu'est-ce qui vous empêche de communiquer ces données-là
à la régie?
M. Chevrette: II n'y a rien, dans les faits, qui l'en
empêche, effectivement, mais, entre vous et moi, quand il manque des
médecins dans une région éloignée, pensez-vous
qu'ils se tirent à la régie à bride abattue? Ils vont soit
voir l'Opposition ou bien le ministre. L'Opposition, s'ils "gamiquent" avec
elle, ou le ministre, s'ils sont d'accord avec lui... On connaît la
partie, on n'est pas des enfants d'école en culotte courte; on sait ce
qui se passe concrètement et comme on a les données de
première main, on ne voit pas pourquoi on alourdirait le
mécanisme, de toute façon. C'est cela, dans les faits, vous le
savez. De toute façon...
M. Paradis: Moi, je me souciais strictement, M. le ministre...
C'est peut-être théorique, vu que vous êtes nouvellement
arrivé en poste, et c'est peut-être théorique de me poser
la question. Je me suis dit, si c'est la régie qui décerne les
bourses, cela représente quand même un certain caractère de
neutralité; ce qui m'inquiète, justement à la suite des
propos que vous venez de tenir, c'est le ministre. Vous pouvez me convaincre du
contraire, je suis ouvert. N'est-ce pas justement ceux et celles qui se tirent
du côté du ministre, plutôt que de venir - j'ai
oublié le terme - avec l'Opposition, qui bénéficieront des
largesses du ministre en place?
Je n'ai pas de précédent à vous donner dans le cas
de médecins, je pourrais vous en donner dans le cas de l'implantation
d'un CLSC, je pourrais vous en donner dans beaucoup d'autres cas. Lorsque le
ministre décide, il y a quand même un critère politique qui
n'existe peut-être pas si c'est la régie qui décide.
M. Chevrette: Vous faites la même erreur qu'aux articles 19
et 19.1. Vous allez revoir votre loi à l'article 88, la loi existante
sur l'assurance-maladie. C'est inscrit en toutes lettres.
M. Paradis: Là, je l'ai, vous m'en avez remis une
copie.
M. Chevrette: Lisez l'article 88: "Le ministre peut accorder des
bourses d'études." On ne change pas l'article 88, c'est encore le
ministre qui peut accorder les bourses, sauf que l'article 89 dit: "Nul n'a
droit à une bourse d'études si, de l'avis de la régie,
etc." On lui laisse le rôle d'établir les jurys et de dresser les
listes, mais cela reste le ministre qui distribue les bourses.
M. Paradis: Écoutez, je ne veux pas parler pour ne rien
dire.
M. Chevrette: Justement! C'est ce qui m'inquiète.
M. Paradis: Mais, M. le ministre, si vous ne changez rien,
retirons l'article et passons au suivant.
M. Chevrette: On change quelque chose.
M. Paradis: Si vous changez quelque chose, discutons-en. Il y a
un principe d'interprétation, contenu dans la Loi
d'interprétation du Québec, que le législateur, quelque
ministre qu'il soit, ne parle pas pour rien dire. Là, vous me dites que
je parle pour rien dire. Je ne peux pas vous croire, vous devez vouloir dire
quelque chose.
M. Chevrette: C'est le ministre, à l'article 88. Est-ce
clair?
M. Paradis: Oui, c'est écrit. M. Chevrette: Cela,
c'est clair.
M. Paradis: II peut accorder des bourses d'études
conformément...
M. Chevrette: Vous êtes d'accord avec cela,
jusque-là?
M. Paradis: Jusque-là, c'est écrit dans
la loi, M. le ministre.
M. Chevrette: On ne l'amende pas; vous êtes d'accord
jusque-là?
M. Paradis: Si vous ne l'amendez pas, si on le laisse ainsi, je
n'ai pas à me prononcer, ce serait contrevenir au règlement.
M. Chevrette: Nous voulons être cohérents avec
l'article 88. On dit: C'est le ministre qui peut accorder, donc, c'est le
ministre qui va être responsable de A à Z.
M. Paradis: Écoutez, M. le ministre, je ne veux pas que
vous pensiez que j'ai quelque chose contre cela, vous changez un régime
où on dit: "Le ministre peut accorder des bourses d'études."
À l'article 89, il y a des conditions d'obtention. Ce que vous changez,
ce sont les conditions d'obtention. Si vous avez une justification fondamentale
pour changer les conditions d'obtention, si vous me dites que c'est pour
prévoir le cas où, dans des régions, il nous faudrait
intervenir plus rapidement, parce qu'on n'a pas le temps de passer par la
régie, parce qu'on n'a pas le temps de s'enfarger dans les conditions,
parce que cela vise notre programme de déréglementation, je suis
peut-être d'accord, mais dites-moi la vérité. Je ne vous
demande pas autre chose que cela. Je ne demande rien d'autre que d'être
convaincu, M. le ministre.
M. Chevrette: Avez-vous fini? Je vais essayer de
répéter mon argumentation peut-être une dernière
fois sur cet article. On dit que, de toute façon, la
responsabilité première relève du ministre pour la
qualité des services de santé même dans les régions
éloignées. On peut très bien, une année
donnée... Vous le savez, vous criez de tous vos poumons: Qu'est-ce que
vous faites pour attirer de jeunes étudiants en médecine dans les
régions éloignées?
Le ministre peut faire cela en vertu de l'article 88 et on dit qu'en
vertu de cela nous amendons l'article 89 pour que le ministre ait la
responsabilité totale devant l'Assemblée nationale. Quand on se
départit d'un droit en faveur d'une régie, vous dites qu'on ne
veut pas assumer pleinement nos responsabilités et qu'on veut se
défiler derrière un fantôme qui n'a pas à
répondre devant l'Assemblée nationale. Quand on fait l'inverse,
vous nous dites: Qu'est-ce qu'il y a de caché là-dedans? On ne
veut pas se cacher, on veut être à la merci de vos propres
questions et on y répondra. (23 h 15)
M. Paradis: M. le ministre, vous n'y répondez pas de toute
façon. Je pourrais vous rappeler les questions du député
de Maskinongé, mais l'heure est tardive et je ne voudrais pas entrer
dans ce débat. Présentement, le ministre est le responsable sauf
qu'il y a des critères restrictifs: "Nul n'a droit - c'est à
l'article 89 - à une bourse d'études si, de l'avis de la
régie, il n'est pas domicilié au Québec."
Vous me dites: Je peux vouloir engager - et j'ai des raisons pour le
faire - un médecin qui n'est pas domicilié au Québec. Je
peux dire: Cela va, vous êtes le ministre responsable, prenez la
décision. À b, on dit: S'il n'a une connaissance d'usage de la
langue officielle du Québec. S'il s'en va dans une région
où on parle l'anglais, le français étant la langue
officielle au Québec, que vous utilisiez votre discrétion
ministérielle, je suis d'accord. Il est admis à un cours
théorique et pratique donnant ouverture à un diplôme en
sciences de la santé, il a souscrit l'engagement prescrit aux
règlements. Il y a des interdictions présentement. Si vous voulez
me dire: On veut enlever les interdictions qui existent, dites-le-moi
franchement, ouvertement, sans détour. À ce moment-là, je
regarde les cinq conditions qu'il y a là et je regarde s'il y a un
objectif majeur à l'une de ces conditions-là. S'il n'y a pas
d'objectif majeur, je vous dis: Oui, M. le ministre, vous êtes
responsable et si vous le faites bien, vous le savez, on va déposer une
motion de félicitations. Si vous le faites mal, on déposera une
motion de blâme.
M. Chevrette: Empressez-vous de le faire parce qu'on change
seulement le mot "régie" par le mot "ministre". Toutes les conditions
restent là.
M. Paradis: Les conditions restent là, mais c'est le
ministre qui les appliquent.
M. Chevrette: Bien sûr.
M. Paradis: C'est-à-dire qu'un médecin, qui n'est
pas domicilié au Québec, mais qui désirerait aller
travailler dans une région éloignée où on est en
pénurie de médecins, même le ministre ne pourrait pas l'y
autoriser.
M. Chevrette: Répétez-moi cela, s'il vous
plaît.
M. Paradis: D'après ce que vous me dites, si un
médecin qui n'est pas domicilié au Québec,
présentement, veut aller travailler dans une région
éloignée où on en a besoin, la régie ne peut
l'octroyer présentement à cause de l'article 89a et le ministre
ne pourrait pas plus l'octroyer.
M. Chevrette: Non. Il pourrait aller travailler, mais il n'aurait
pas de bourse. C'est exact.
M. Paradis: Finalement, on garde les
mêmes conditions. On remplace le mot "régie" par le
mot.
M. Chevrette: Par le mot ministre.
M. Paradis: ..."ministre". Comme ministre, êtes-vous
d'accord pour exercer votre discrétion ministérielle en ayant les
entraves ou les enfarges, en termes de choix de courre, qu'on reconnaît
à a, b, c, d et e? Si 1 000 000 d'anglophones avaient besoin d'un
médecin anglophone - je me réfère à b - s'il n'a
pas une connaissance d'usage de la langue officielle du Québec, qui est
le français, et qu'il s'en va travailler dans un milieu anglophone, vous
ne pourriez pas utiliser votre discrétion ministérielle et vous
êtes d'accord avec cela?
M. Chevrette: Je garde les enfarges qu'il y a là, oui.
M. Paradis: Vous les gardez? Bonne coursel
M. Chevrette: Merci.
Le Président (M. Blank): L'amendement est-il
adopté? Adopté.
M. Paradis: Je ne suis pas convaincu.
Le Président (M. Blank): Le nouvel article 11.1 est
adopté. Est-ce qu'on retourne à l'article 11? La ministre de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu est-elle...?
M. Chevrette: Est-ce qu'on pourrait rappeler l'article 11, vu que
Mme Marois est ici?
Le Président (M. Blank): On retourne à l'article 11
qui est déjà suspendu.
M. Paradis: On va nous parler de fédéralisme
rentable.
Le Président (M. Blank): On va terminer à
minuit.
M. Paradis: M. le Président, sauf sur consentement, nos
règlements nous empêchent de dépasser minuit.
Le Président (M. Blank): Je ne donnerai pas mon
consentement.
Mme Marois: M. le Président, si je comprends, il y a un
certain nombre de difficultés soulevées par les modifications
apportées à l'article 67 de la Loi sur l'assurance-maladie et qui
concernent les exigences de l'article 11 du projet de loi et qui concernent les
nouvelles exigences demandées dans cet article quant à la nature
des services, la date et leur coût. Y a-t-il des questions, M. le
Président, ou si cela s'est éclairci depuis le début du
débat?
M. Paradis: On en avait, Mme la ministre, si vous nous permettez
quelques minutes pour nous retrouver. On va vous les adresser. On les a
adressées au ministre des Affaires sociales qui s'est
déclaré impuissant à répondre.
Mme Marois: Cela m'étonnerait, mais, enfin, comme je
n'étais pas là, j'imagine que celui-ci pourra se défendre
le moment venu.
M. Paradis: II ne vous aurait sans doute pas fait venir, Mme la
ministre, s'il avait été capable de répondre.
Mme Marois: Entre collègues, on peut toujours s'entraider
un peu.
M. Paradis: Cela fonctionne bien de ce temps-ci. Mme la
ministre...
Mme Marois: Cela n'implique pas qu'on pense toujours pareil.
M. Paradis: ...j'ai reçu un télégramme, je
l'ai remis. Est-ce que...?
Mme Marois: J'ai vu effectivement, si vous me le permettez, M. le
Président, le télégramme ou télex qui a
été envoyé par la CSN, je crois. Il est évident
qu'avant de faire une modification comme celle-là, nous nous sommes
d'abord donné de façon générale une loi permettant
de contrôler l'accès à de l'information
individualisée et c'est, entre autres, la Loi sur l'accès
à l'information et chaque fois qu'on apporte des amendements de l'ordre
de ceux qui sont à l'article, nous soumettons ces projets d'amendement
à la Commission d'accès à l'information qui a
accepté la modification que nous proposions. J'aimerais bien expliciter,
parce que je crois qu'on l'a fait, on a donné l'explication dans le sens
où, effectivement - et c'est juste - dans le cadre du RAPC, devant
partager les coûts avec Ottawa, il nous fallait être plus
précis quant à nos réclamations. Il y a aussi à
l'endroit du bénéficiaire pour lequel on peut avoir assumé
certains versements en trop ou considéré qu'ils ont
été versés en trop, on peut, à ce moment-là,
se référer de façon très précise à la
nature du service, mais ceci donne droit aussi - faut-il se le dire - à
un appel de la part du bénéficiaire de l'aide sociale et lui
donne donc les éléments exacts avec lesquels, nous, comme
ministère, on pourrait ne pas être d'accord, mais, en
contrepartie, on lui donne un droit d'appel ou de recours devant la Commission
des affaires
sociales pour que le bénéficiaire puisse faire valoir
à ce moment-là son droit. Cela ne joue donc pas que dans un sens
à cet égard.
D'autre part, ce qu'il faut savoir, c'est que la réglementation
de la Loi sur l'aide sociale, qui, je l'avoue, est quand même
relativement complexe, comporte certaines exceptions quant à des
prothèses qui sont couvertes ou non par la Loi sur l'aide sociale,
selon, évidemment, la nature du service. Ici, essentiellement, c'est ce
qu'on tente de clarifier par cet article.
M. Paradis: Je vous remercie beaucoup, Mme la ministre. Vos
propos sont beaucoup plus clairs que ceux tenus par le ministre des Affaires
sociales. Ils nous éclairent davantage, mais il demeure quand même
quelques questions.
M. Chevrette: C'est pour cela que je l'ai fait venir,
imaginez-vous doncl
M. Paradis: II demeure quand même quelques questions en
suspens. L'ancien article vous autorisait à révéler le
coût total des services. Le présent article substitue les mots "le
coût" par "la nature", et c'est substantiellement différent. S'il
s'agissait de récupérer des sommes d'argent du gouvernement
fédéral dans le cadre d'un fédéralisme rentable,
auquel vous adhérez corps et âme, le mot "coût", à
mon avis, serait satisfaisant. Pourquoi, maintenant, veut-on
révéler la "nature", parce que je pense qu'au niveau du
coût on n'avait pas de plaintes. C'était quelque chose qui
était généralement bien accepté dans la
société, surtout que, comme gouvernement provincial, on pouvait
récupérer d'Ottawa, mais, lorsqu'on parle de la "nature" des
services, est-ce que ce n'est pas ce qui est intrinsèquement
différent lorsqu'on révèle publiquement la nature? Dans
votre argumentation, vous avez parlé d'un élément. C'est
à double sens: le bénéficiaire y a également droit.
Le bénéficiaire y a toujours eu droit, Mme la ministre.
Deuxièmement, sur le plan non seulement de la nature, mais
également sur le plan de la Commission d'accès à
l'information, cette commission n'est pas là dans le but de garder des
renseignements privilégiés, mais, au contraire, d'ouvrir le
maximum de renseignements, de les rendre disponibles à la population.
Mais on est quand même dans des dossiers de santé, dans des
dossiers médicaux. S'il s'agit d'une question budgétaire, qu'on
puisse discuter du coût dans le cadre d'un fédéralisme
rentable pour l'ensemble des Québécois, j'en suis, et on peut en
discuter longtemps, mais, s'il s'agit de discuter de la nature des soins,
est-ce qu'il ne s'agit pas là de renseignements qui doivent demeurer,
sur le plan du ministère des Affaires sociales, en toute
confidentialité, dans les mains du ministre responsable?
Mme Marois: Est-ce que vous me permettriez d'interpréter
un peu différemment la Loi sur l'accès à l'information?
Elle vise, dans un premier temps, à rendre accessible à
l'ensemble de la population, à l'ensemble des personnes
concernées par des sujets d'intérêt général,
elle vise à rendre accessible cette information au plus grand nombre de
personnes concernées possible. Cependant, en ce qui a trait aux
renseignements personnels, elle a une fonction de protection. À cet
égard, elle ne vise pas le maximum d'accès, elle vise le
contrôle de l'accès et la protection, au contraire, des individus
et des renseignements personnels. Je le sais, pour avoir à quelques
occasions eu à consulter la commission sur de l'information que nous
pouvions ou ne pouvions pas transmettre quant à des données de
nature individuelle, c'est-à-dire qui concernaient des individus, et la
commission a été plutôt prudente que libérale dans
son approche. À cet égard, il nous apparaît qu'il y a une
certaine sécurité derrière l'avis de la commission et elle
sera sûrement plus prudente qu'il ne le faut au début en ce qui
concerne surtout la protection des renseignements personnels.
Ceci dit, pour ce qui est de la loi générale, revenons
maintenant à l'article qui nous préoccupe. Ce qu'il faut bien
savoir aussi, c'est qu'il y a, à l'occasion, nécessité sur
des cas très précis de vérifier si effectivement le
service a été rendu ou non. Il en va de notre
responsabilité quant à la nécessité de
contrôler. J'imagine que, de votre côté, vous n'avez pas
d'objection, puisque, pour avoir siégé très longuement ici
aux engagements financiers, cela revenait très souvent dans les
questions de l'Opposition, il nous apparaît important de contrôler
la bonne utilisation des fonds publics. C'est notre rôle, notre mandat,
notre responsabilité comme membres du gouvernement et, à cet
égard, il peut s'agir de vérifier, effectivement, si le service a
été bien rendu tel que décrit. À ce
moment-là, la nature de ce service devient importante pour de telles
vérifications, M. le Président. À ce moment-ci, il
m'apparaît que les éclaircissements que j'apporte viennent bien
camper les raisons, tant pour le gouvernement, qui ont des effets aussi pour le
bénéficiaire à qui cela donne des recours beaucoup plus
clairs.
M. Chevrette: On pourrait donner un exemple très concret.
Supposons qu'un assisté social n'a pas droit aux soins dentaires les six
premiers mois qu'il est sur l'assistance sociale. À partir de là,
si on n'a pas la nature des soins, comment voulez-vous vérifier si on ne
se fait pas passer 1000 ou
2000 cas?
Mme Marois: Le ministre des Affaires sociales donne l'exemple le
plus concret, le plus évident qu'on puisse trouver, me semble-t-il, et
c'est très juste. Alors qu'un bénéficiaire de l'aide
sociale peut avoir un problème urgent et important, nous avons justement
introduit dans le règlement de l'aide sociale cette notion d'urgence, se
faire traiter par son dentiste et, finalement, la nature de l'acte
n'étant pas définie, on peut poursuivre immédiatement le
bénéficiaire ou les personnes concernées en disant: Vous
n'avez pas droit à ce remboursement, alors que la nature de l'acte
aurait fait en sorte que le remboursement serait devenu, dans ce cas-là,
un automatisme à partir du moment où la nature était
connue.
On ne va pas courir après la nature des actes pour le plaisir de
le faire. Je crois qu'on a suffisamment de cas problématiques à
l'aide sociale et de situations très complexes pour relever de
façon générale ces situations lorsque ce n'est pas
nécessaire. C'est vraiment lorsque la réglementation nous y
contraint que la nature de l'acte devient pertinente à l'information sur
cette nature.
M. Paradis: Si je comprends bien, Mme la ministre, il s'agit
d'enrayer les abus ou de tenter de mettre un frein aux abus possibles qui
pourraient découler d'une loi pas assez sévère. Est-ce que
ça s'inscrit, étant donné qu'on parle, dans les notes
explicatives qui nous ont été remises, de paiements par le
fédéral - et la politique fédérale, au niveau de
l'assurance-chômage, vise, sur le plan des enquêtes, etc., à
éliminer des cas d'abus possibles de l'assurance-chômage -est-ce
que ça s'inscrirait dans un mouvement parallèle de
fédéralisme coopératif, de donner la même chose sur
le plan de l'aide sociale au Québec ou d'aller dans la même
direction? (23 h 30)
Mme Marois: On espère que le fédéralisme
deviendra coopératif. C'est ce qu'on semble nous dire pour l'instant.
Ceci dit, ce n'est pas un geste qu'on fait en parallèle, par comparaison
ou par effet d'entraînement. Peut-on s'entendre sur cela? Cependant,
puisque nous partageons les coûts à 50% avec le
fédéral en ce qui a trait à l'aide sociale, que nous
réglementons le fait d'accorder des services spéciaux ou de
répondre à des besoins spéciaux de par la loi, encore
faut-il être capable de parler de la nature de ces services que nous
rendons. Quand on prend toujours l'exemple que le gouvernement veut devenir
plus contraignant, moi, je vous dis, en contrepartie, que cela donne des droits
aux bénéficiaires et cela peut jouer, et souvent cela joue dans
le cas contraire, M. le Président, à savoir que c'est à
l'avantage du bénéficiaire qu'une telle situation soit connue, de
telle sorte qu'il y a ou qu'il n'y a pas poursuite dans certains cas, qu'il y a
versement à l'égard de l'acte consenti et qu'il n'y a pas de
délai quant au bénéficiaire et aux droits qu'il peut
exercer à ce moment-là. On peut bien le présenter,
essentiellement, sous l'angle, je dirais, de contrôle ou de chose
contraignante pour le bénéficiaire, alors que, dans les faits,
c'est souvent l'inverse qui peut se produire.
M. Paradis: C'est un choix politique, Mme la ministre.
Maintenant, est-ce qu'on est obligé, lorsqu'on effectue ce choix
politique que vous semblez effectuer, d'aller dans la nature même du
service qui est rendu? Je ne demande pas l'opinion de la Commission
d'accès à l'information, je vous demande votre opinion à
vous, Mme la ministre: Est-ce qu'il n'y a pas dans le fait de
révéler la nature des services rendus, un aspect confidentiel? On
sait que, lorsqu'on fait du bureau de comté, entre autres, et qu'on a
affaire, soit au ministère des Affaires sociales, soit à la CSST,
soit à la Régie de l'assurance automobile du Québec,
même comme député, comme parlementaire, avant d'obtenir la
nature des soins qui ont été rendus au
bénéficiaire, les rapports médicaux, etc., pour les
obtenir, il faut que la personne concernée qui a reçu ces soins
nous signe une procuration; sinon, ces renseignements ne sont pas accessibles
et cela se comprend. Je pense qu'on ne l'a pas mis dans les lois pour rien. Le
fait que le ministre des Affaires sociales les possède, est-ce que ce
n'est pas une garantie suffisante pour le gouvernement ou est-ce que vous ne
faites pas confiance au ministre des Affaires sociales?
Mme Marois: Si c'était aussi simple, cela devrait
effectivement aller de soi. Cependant, la réglementation, et je le
répète, M. le Président, est complexe, elle est
modifiée régulièrement de façon
générale. Je dirais que, tous les six mois, nous révisons
certains éléments de notre réglementation à la
suite de recommandations de la Commission des affaires sociales qui a entendu
beaucoup de causes sur des sujets précis et qui nous signifie que la
réglementation doit être modifiée pour tenir compte d'une
clarification qui doit être faite ou d'un service qui doit être
mieux rendu. Â cet égard, la notion - et là, je ne dis pas
que c'est une recommandation de la Commission des affaires sociales -
concernant la nature du service rendu ou du service obtenu n'est pas quelque
chose qui circule très largement et très librement, mais qui est
contrainte par des règles d'accès de même que par des
règles de transmission qui font qu'on la rattache vraiment à
l'obligation qui nous est faite, soit par la Loi sur l'aide sociale ou
par la réglementation, sur des besoins spéciaux
très précis. On peut revenir à l'exemple des soins
dentaires et on pourrait prendre l'exemple de prothèses dans certains
cas; à ce moment-là, la nature des services rendus devient
pertinente au fait que l'on procède au remboursement du
bénéficiaire concerné, alors que l'absence de cette
information peut faire traîner en longueur des cas, ce qui
n'apparaît pas sain dans le système lui-même.
M. Paradis: Finalement, ce que vous...
M. Chevrette: À la suite de cela, M. le Président,
je voudrais ajouter ceci: si c'était Mme la ministre de la Main-d'Oeuvre
et de la Sécurité du revenu qui administrait l'ensemble des
programmes, elle les aurait, mais, en l'occurrence, pour plus de souplesse,
elle laisse administrer les programmes par la régie. Il est tout
è fait normal que la régie puisse transmettre au ministère
de la Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu les informations
des programmes qu'elle fait administrer par la régie. Il y a un autre
principe qui est fort simple: quand un État paie pour la nature de
certains services, c'est tout à fait normal qu'il connaisse la nature
des services rendus. Comment voudriez-vous contrôler autrement? Comment
pourriez-vous chiffrer, je ne dirais pas les fraudes, mais les
"québécois" ou les sapins qu'on se ferait passer, ou les abus
qu'on se ferait passer? C'est tout à fait normal, cela.
Vous donnez l'impression que tout est rendu public parce que la
régie peut transmettre des informations au ministère de la
Main-d'Oeuvre et de la Sécurité du revenu. On est allé
à la Commission d'accès à l'information et on sait
très bien que l'objectif n'est pas de publiciser cela. C'est purement et
simplement d'avoir les données nous permettant de voir si on ne se fait
pas bourrer et, deuxièmement, pour pouvoir chiffrer comme il faut,
à partir de la nature même des services qui sont payés par
l'État. C'est purement cela.
M. Paradis: Vous me permettrez, M. le ministre, Mme la ministre,
d'insister. Hier, ce n'était pas porté et, aujourd'hui, ce n'est
pas encore porté à la connaissance de Mme la ministre. C'est
porté à la connaissance de M. le ministre. Mme la ministre est la
députée de La Peltrie présentement. Pourquoi a-t-elle
besoin, comme ministre, non pas du coût, parce que je comprends qu'au
niveau du coût il faut aller chercher à Ottawa toutes les
sommes...
M. Chevettre: L'aide sociale est maintenant sous sa tutelle et
non pas la mienne. C'est fort simple.
Mme Marois: C'est très simple et je trouve que c'est
effectivement une question qui n'a rien à voir dans le
débat...
M. Paradis: Oui, mais ce n'est pas hier que cela a
été changé.
Mme Marois: Effectivement, ce n'est pas hier et le fait que ceci
ne soit pas dans la loi a créé des problèmes. Sans cela -
on le disait tout à l'heure, je vous entendais faire le débat -
on ne légifère pas pour ne rien dire et je pense que l'on a
expliqué très largement et très longuement ce pourquoi il
nous apparaissait nécessaire de le faire ici.
Effectivement, c'est moi qui réponds, devant l'Assemblée
nationale, devant la population du Québec, de la gestion, de
l'administration, de l'application de la Loi sur l'aide sociale et de sa saine
administration, de son quotidien, si on veut. À cet égard, je
crois que cet amendement vient, au contraire, apporter un avantage, d'une part,
à la possibilité qu'on a de mieux identifier le type de
coût que l'on a à assumer et, d'autre part, par la même
occasion, des recours possibles pour les bénéficiaires
concernés.
M. Paradis: Je voudrais vous demander, dans le but de me
convaincre, Mme la ministre, de me donner un exemple d'application pratique. Je
sais qu'on a parlé des soins dentaires. Les assistés sociaux n'y
ont droit qu'à partir de six mois à compter du moment où
ils sont admissibles à recevoir l'aide sociale. Mais, encore là,
il y a des professionnels d'impliqués. Ce sont les dentistes. Je ne
pense pas que ces gens changeraient des dates sur des documents, etc. Si c'est
le cas, on a des lois, des infractions qui prévoient déjà
cela.
Ce que j'aurais besoin pour m'éclairer, Mme la ministre, ce sont
des cas spécifiques que vous avez en tête, sans donner de noms;
des exemples spécifiques, appelez-les l'enfant X, Mme Y, etc., le
patricien Z. Si c'est le cas, est-ce qu'on ne dispose pas dans les lois
actuelles de mesures qui nous permettent, justement, de sévir dans ces
cas-là? Je pense que personne ne veut prêcher pour les abus. Je
pense que, lorsqu'on vise à prévenir les abus, comme
parlementaires, on est tous responsables de l'assiette budgétaire. Je me
plais à dire que l'on a 1/122 des actions. Il faut que cela soit
administré le mieux possible et nous vous suivons sur cette voie. Mais
le fait que vous obteniez, comme ministre, la nature du soin, est-ce que vous
pourriez me situer cela dans un ou, si cela est possible, des exemples
précis où vous vous êtes senti complètement
dépourvue face aux moyens législatifs qui étaient mis
à votre disposition pour contrôler cet exercice?
Mme Marois: Ce n'est pas d'être complètement
dépourvu - je vais revenir sur
ce que vous demandez à titre d'exemple -c'est d'éviter
d'être obligé d'entrer dans une guérilla inutile, soit avec
des professionnels ou avec des personnes concernées par le service, soit
les bénéficiaires de l'aide sociale.
Les moyens existent, effectivement, d'aller contrôler, d'aller
vérifier, de fouiller le dossier, etc., sauf qu'au moment où il y
a un doute il faut faire toute cette démarche à rebours, qui est
exigeante en termes d'administration et de contraintes, et qui fait en sorte
qu'on pourrait éviter ce processus long, inutile, coûteux et,
d'autre part, qui se fait au détriment non seulement de l'aide sociale
ou de l'argent que nous administrons par l'intermédiaire de la Loi sur
l'aide sociale, mais au détriment aussi, à l'occasion, du
bénéficiaire.
On a parlé tout à l'heure des soins dentaires. Je trouve
que c'est un exemple particulièrement pertinent. On pourrait parler des
types de prothèses relativement à des problèmes
orthopédiques; par exemple, des problèmes de malformations des
pieds ou de cette nature, qui sont, à l'occasion, des problèmes
légers qui ne demandent pas, effectivement, une prothèse
très spécialisée et pour laquelle nous intervenons, par
exemple, une fois par année ou des choses semblables, alors que, pour
des cas très sérieux, nous avons à intervenir,
c'est-à-dire que le professionnel de cette branche médicale a
à intervenir de façon systématique, à proposer des
correctifs, etc. Nous couvrons, à ce moment-là, ce type de
prothèse très spécialisée.
On pourrait revenir de la même façon sur le port de verres
correcteurs. Il y a des règles qui font en sorte qu'on renouvelle les
verres correcteurs à un certain rythme. Sauf qu'une personne, dont le
handicap peut être plus sérieux quant à des
problèmes de vue, pourrait se voir prescrire un type de correcteur
très spécialisé et qui, lui, est absolument essentiel pour
pouvoir, à la limite, assumer son métier, sa profession, etc., ou
tout simplement vivre. Moi-même, je suis un bon exemple, je porte de
verres correcteurs; mais, effectivement, un bon examen par année
révèle que je n'ai pas à changer mes verres, et je n'ai
pas changé mes verres correcteurs, par exemple, depuis un certain nombre
d'années. Le bénéficiaire de l'aide sociale a droit
à un certain changement de verres correcteurs,
régulièrement. Cependant, la personne, qui est aux prises avec un
problème beaucoup plus sérieux quant à ses
problèmes de vue, peut avoir... M. le Président, comme le
député n'écoute pas tellement mon explication, je dois
l'avoir convaincu à ce moment-ci...
M. Paradis: Mme la ministre...
Mme Marois: ...et j'imagine... M. Paradis: M. le
Président...
Mme Marois: ...qu'il accepte que nous adoptions l'amendement qui
est là.
M. Paradis: Mme la Présidente...
Le Président (M. Blank): Mme la Présidente...
M. Paradis: Non, M. le Président, j'écoutais
très attentivement les propos de la ministre, mais je regardais
également, au moment où elle pensait que je ne l'écoutais
pas, le libellé de l'article précédent. Son argumentation
parlait de différents types de prothèses, entre autres; c'est
l'exemple qu'elle a choisi de me donner. Auparavant, vous aviez le coût
total des services; vous saviez s'il s'agissait d'un service. Vous aviez le
coût des médicaments; vous saviez donc s'il s'agissait d'un
médicament. Vous aviez le coût des prothèses; vous saviez
donc s'il s'agissait d'une prothèse. Vous n'avez rien
changé...
Mme Marois: Un instant! Un verre correcteur est une
prothèse. Un verre correcteur, pour quelqu'un qui a des problèmes
de vue normaux, après un examen annuel, peut exiger un changement tous
les ans, tous les deux ou tous les trois ans. Cela est prévu, de
façon générale, par les besoins spéciaux à
l'aide sociale.
Une autre personne, ayant un problème spécifique et plus
sérieux relié à des problèmes de vision, si on
veut, peut avoir un verre correcteur qui est beaucoup plus coûteux, qui
est beaucoup plus spécialisé et qui, à ce
moment-là, est nécessaire à cette personne pour vivre,
pour assumer ses besoins, pour exercer éventuellement son métier
ou pour tout simplement participer, je dirais, aux activités normales
qui la concernent. À ce moment-là, la nature du service dans ce
cas-là devient tout à fait pertinente au fait que nous assumions,
comme besoin spécial, cette nécessité pour l'individu
concerné.
Alors, on pourrait prendre comme cela, M. le Président, tout un
ensemble d'aides ou de prothèses qui sont accessibles, disponibles, mais
qui sont, dans certains cas, très spécialisées. Le
coût peut, à l'occasion, apparaître aberrant, sauf qu'au
moment où on connaît la nature du service, il est tout à
fait acceptable et couvert par l'intermédiaire des besoins
spéciaux. Alors, on peut bien élaborer, se spécialiser,
devenir très précis quant à des problèmes
précis que vivent les gens, mais je ne pense pas qu'on avancerait
beaucoup plus dans le débat qu'on ne l'a fait jusqu'à maintenant.
Il me semble que les exemples apportés sont, à
l'évidence
même, explicites, le pourquoi de l'importance de connaître
la nature du service, évitant coûts pour l'administration,
évitant toute espèce de démarches inutiles pour le
bénéficiaire parce que, dès ce moment, à sa face
même, cette demande ou ce besoin spécial est couvert et n'exige
pas qu'on aille plus loin dans une démarche d'expertise, si on veut. (23
h 45)
M. Paradis: Mme la ministre, vous avez parlé du pourquoi
de l'importance de connaître le coût du service. Là, je vous
suis et c'est ce que l'ancien article de la loi disait, justement.
Là-dessus, je vous suis. Sur le reste de votre raisonnement, vous m'avez
demandé comme législateur ou, vous comme ministre responsable, de
vous substituer, sur le plan de la nature des besoins des patients, aux
professionnels qui les prescrivent. Là-dessus, je ne vous suis plus, je
m'excuse. Quand vous parlez du pourquoi de l'importance de connaître le
coût du service comme législateur ou comme ministre responsable,
vous avez mon appui le plus total. Mais, lorsque vous me parlez de vous
substituer au professionnel qui prescrit la lentille, etc., à moins que
vous ayez des connaissances techniques que je n'ai pas, mais vous n'êtes
là que pour un certain bout de temps comme ministre et,
là-dessus, je ne vous suis pas. Pourquoi le ministre devrait-il
s'interposer face au professionnel qui rend le service? En vertu de quel
principe? Dans quoi nous embarquez-vous, finalement?
Mme Marois: À ce moment-là, on s'interpose
très souvent parce qu'on fait des contre-expertises de façon
régulière et la régie, sûrement, doit le faire
encore plus que nous à l'occasion. On le fait de façon
régulière, on exige des contre-expertises, et cela va de soi. Ce
n'est pas une question de confiance, c'est une question qui doit s'assurer de
la bonne utilisation des fonds.
Dois-je comprendre, M. le Président, que le député
de l'Opposition est en désaccord, qu'il ne veut pas que nous acceptions
cet amendement? Auquel cas, j'imagine qu'il acceptera qu'effectivement on
continue à vivre des situations administratives inextricables, qui se
font, d'ailleurs, au détriment des bénéficiaires
concernés. Merci, M. le Président.
M. Paradis: M. le Président, j'ai peut-être une
solution de compromis. Je ne suis pas autoritaire et en possession de la
vérité absolue, comme Mme la ministre. Il y a des amendements ou
des parties d'amendements qui me paraissent acceptables. Lorsqu'on parle de la
date, entre autres, un peu passé la demie de l'article, où ces
biens et services ont été fournis, avec les restrictions
qu'apporte le gouvernement de plus en plus sur les services qui sont
disponibles aux bénéficiaires de l'aide sociale, c'est important
de connaître la date. Si vous choisissez de donner des périodes
d'admissibilité, je pense que dans la question de la date il n'y a rien
de confidentiel sur la nature même. Là-dessus, l'Opposition
officielle donne son accord, je ne dirai pas sans réserve, mais que le
gouvernement puisse choisir ses politiques et les fixer en fonction de dates,
nous en sommes. Nous ne sommes pas là pour présenter des
arguments pour rien.
Lorsqu'on parle de la nature des services, vous comprendrez qu'il s'agit
d'une notion beaucoup plus fondamentale et un projet de loi omnibus, ce n'est
peut-être pas le cadre idéal pour en discuter. J'hésite sur
le mot "nature". Sur le reste de l'article, je pense que le gouvernement a le
droit de le savoir et de vivre avec les conséquences politiques.
Je demanderais à Mme la ministre de vérifier avec ses
experts, au niveau de son ministère, s'il est essentiel pour elle...
D'après les explications qui nous sont fournies, ce serait pour obtenir
plus d'argent d'Ottawa. Si c'est la seule raison, qu'on nous le dise bien
clairement: La seule raison, c'est pour obtenir plus d'argent d'Ottawa et il
faut mettre le mot "nature" plutôt que le mot "coût". On
évaluera à ce moment-là en fonction des données
pertinentes. Le reste, c'est de juridiction provinciale: la date où ces
biens ont été fournis, le coût à l'égard de
chaque personne, cela reste dans les généralités qui
peuvent être portées à la connaissance d'à peu
près tout le monde, dont Mme la ministre. Mais, lorsqu'on nous parle de
la nature des soins et que Mme la ministre me dit qu'elle veut substituer son
opinion ou l'opinion de ses propres experts à celle des praticiens,
là-dessus... Je ne vous dis pas qu'elle a tort, M. le Président,
mais j'hésiterais à le faire sans un débat de fond.
Mme Marois: M. le Président, juste une remarque. Comme je
n'ai pas tellement parlé du remboursement du fédéral, je
n'y ai fait allusion qu'une fois, je me suis plutôt attaquée aux
problèmes soulevés par le député de l'Opposition
sur la notion de "nature", afin de bien lui expliciter de quoi il s'agissait,
je ne vois pas ce que je pourrais ajouter à ce moment-ci. Je pense que
mes collègues de la commission pourront continuer le débat.
Merci, M. le Président.
M. Paradis: C'est dans les notes explicatives, Mme la
ministre.
M. Laplante: M. le Président, étant donné
que cela fait longtemps qu'on parle là-dessus, cela fait une heure et
demie, j'invoque l'article 194.
Le Président (M. Blank): Vous avez
parlé plus de vingt minutes.
M. Laplante: Cela fait assez longtemps qu'on a ça,
là.
M. Paradis: M. le Président, il a le droit d'invoquer
l'article 194 parce que ça fait plus de 20 minutes, mais de là
à dire une heure et demie, je lui demanderais d'ajuster sa petite
aiguille avec sa grande aiguille.
M. Laplante: Ça fait une heure et demie, M. le
Président. Il a perdu la notion du temps.
Le Président (M. Blank): Est-ce qu'on va l'adopter sur
division?
M. Paradis: Je demanderais bien sincèrement et bien
honnêtement - si on veut forcer l'adoption, elle va être sur
division parce que le reste de l'article nous convient - le mot "nature",
est-ce qu'on en a vraiment besoin? Je suis loin d'être convaincu. Si on
veut la forcer, qu'on la force.
M. Chevrette: M. le Président, je suis tellement convaincu
qu'on vivra avec ça -c'est un choix politique comme il dit - on ne
paiera pas de traitements de canaux sur des dents de lait. Il faut
connaître la nature des services qui sont rendus. Il y a des broches, par
exemple, après les dents; à un moment donné, c'est
payé et pour d'autres ce n'est pas payé. Il le sait très
bien, le député, sauf qu'il avait une mission à remplir,
c'est de perdre le temps jusqu'à minuit.
Le Président (M. Blank): Adopté sur division. Il y
a un amendement à l'article 11.2.
M. Chevrette: L'article 11.2 visait au remboursement des bourses.
Encore là, c'est la même chose, sauf qu'elle n'empêchera
plus un boursier de s'expatrier du Québec s'il veut pratiquer, mais bien
de pouvoir y demeurer. Cela s'apparente exactement à la clause
ontarienne. Si vous voulez plus de détails, je vais demander à
Mme Demers de vous l'expliciter.
Mme Demers (Laurence): Actuellement, un boursier qui ne remplit
pas ses conditions d'aller travailler en région éloignée,
il n'a pas le choix, il doit rembourser la bourse qu'il a reçue et, en
plus, il ne peut pas participer au régime d'assurance-maladie du
Québec. À toutes fins utiles, ça veut dire qu'on le prive
de travailler dans la province de Québec, parce qu'un médecin qui
veut travailler en dehors de l'assurance-maladie, à part la chirurgie
plastique, il n'y en a pas beaucoup. Là, on enlève cette
condition-là de sorte que les boursiers qui ne pourront pas remplir leur
engagement devront rembourser leurs bourses, mais ils pourront quand même
participer au régime d'assurance-maladie du Québec.
M. Paradis: Si je lis attentivement les commentaires qui nous
sont gracieusement fournis par le côté ministériel et que
je m'arrête à la deuxième phrase, on dit: "Les tribunaux
avaient décidé que l'article actuel impliquait le paiement
d'intérêts à compter de la date..."
M. Chevrette: C'est l'autre partie.
M. Paradis: Cela ne s'applique pas à la
première...
M. Chevrette: Les deux complètent...
Mme Demers: Ce dont je viens de vous parler, c'est de l'article
91 que vous avez actuellement, auquel on retranche le deuxième
alinéa.
Le Président (M. Blank): C'est un papillon.
M. Paradis: Un papillon?
Le Président (M. Blank): Oui, 11.2.
M. Paradis: Ma question porte strictement sur la partie des
intérêts. Si j'ai bien compris les notes explicatives, il y a des
décisions...
Mme Demers: Même si notre texte prévoit le
remboursement des sommes qu'il a reçues à titre de bourse avec
les intérêts, il y a actuellement une décision de la Cour
supérieure qui dit que les intérêts sont remboursables
à compter du moment où on a pris l'action, alors qu'on trouverait
normal que les intérêts soient remboursables à compter du
moment où la personne a effectivement reçu sa bourse.
M. Paradis: Vous dites qu'il y a un jugement de la Cour
supérieure qui a été rendu. Est-ce que cette cause a
été portée en appel?
Mme Demers: Non, ça fait au moins un an.
M. Paradis: Est-ce qu'il y a d'autres poursuites qui sont
pendantes devant les tribunaux à votre connaissance?
Mme Demers: À ma connaissance, non. J'ai
vérifié auprès de la régie et il n'y en a pas
d'autres.
M. Paradis: II n'y a pas d'autres
poursuites devant les tribunaux.
Mme Demers: Non. Cela couvre une partie de l'article. L'autre
partie a pour objet de retrancher le deuxième alinéa de l'article
91 actuel. C'est ce que je vous expliquais plus tôt. C'est le
principal.
M. Chevrette: En fait, il y a deux parties d'amendement dans
l'article 11.2, celle que madame vous a expliquée et la partie des
intérêts qui commencent à courir à compter du moment
où il fait défaut.
M. Paradis: Les intérêts sont réclamés
à quel taux?
M. Chevrette: C'est l'intérêt légal.
Mme Demers: Actuellement, la Cour supérieure peut quand
même ajuster ça au taux...
M. Paradis: ...Vous m'assurez qu'il n'y a pas de causes
pendantes, que ça ne porte préjudice à aucun
justiciable...
Mme Demers: II n'y a jamais de poursuite de toute
façon.
Le Président (M. Blank): Adopté?
M. Paradis: Si ça ne porte préjudice à aucun
justiciable qui serait devant les tribunaux.
Le Président (M. Blank): À l'article 11.3, vous
avez un autre papillon. Insérer après l'article 11.2 le suivant:
"11.3. L'article 92 de ce projet de loi est modifié par le remplacement
dans la première ligne du mot "Régie" par le mot "ministre".
M. Paradis: C'est la même régie et le même
ministre?
Le Président (M. Blank): Adopté?
M. Chevrette: L'article 11.4 également, M. le
Président.
Le Président (M. Blank): Adopté?
M. Paradis: Attendez un petit peu! Laissez-moi suivre
tranquillement. Ça va.
Le Président (M. Blank): L'article 11.4. Insérer,
après l'article 11.3, le suivant: "11.4. L'article 93 de cette loi est
remplacé par le suivant: Chaque jury transmet un rapport écrit de
son examen au ministre qui établit une liste des postulants admissibles
par ordre de priorité."
M. Paradis: Pour autant que je suis concerné, c'est la
même chose.
M. Chevrette: C'est la concordance.
Le Président (M. Blank): Adopté. On ne touche pas
à l'article 1?
Loi sur la Commission des affaires sociales
M. Chevrette: Non, l'article 20, la Loi sur la Commission des
affaires sociales. Je pourrais peut-être expliquer au
député de Brome-Missisquoi que des articles viendront dans un
autre chapitre où, au Conseil des médecins et dentistes dans les
hôpitaux, on ajoutera le Conseil des médecins, dentistes et
pharmaciens. Donc, cet article 20, qui ajoute le mot "pharmaciens", ne devient
que de la concordance avec d'autres articles que nous accepterons plus
loin.
M. Paradis: Est-ce qu'on peut le suspendre d'ici à ce que
je comprenne l'implication de l'adoption?
Le Président (M. Blank): L'article 20 est suspendu.
M. Chevrette: On passe à la Loi sur la protection de la
santé publique, article 100.
Le Président (M. Blank): Je demanderai s'il y a
consentement pour finir après minuit. S'il n'y en a pas, ça n'a
pas de bon sens de commencer cette section.
M. Paradis: On va être plus en forme à une
séance ultérieure, M. le Président. On a eu de nombreux
votes à l'Assemblée.
M. Chevrette: À moins que je demande officiellement le
consentement.
Le Président (M. Blank): Est-ce qu'il y a
consentement?
M. Paradis: Si vous me permettez d'aller vérifier
auprès de mes autres collègues. Il y en a beaucoup qui avaient
manifesté l'intention de me prêter assistance. Si je pouvais
vérifier s'ils sont disponibles.
Le Président (M. Blank): Cela veut dire qu'il n'y a pas de
consentement?
M. Paradis: Pas pour le moment, à moins de
vérification.
M. Chevrette: On peut suspendre nos travaux pour cinq minutes
avec le consentement pour qu'il puisse vérifier.
M. Paradis: Je vais vérifier.
Le Président (M. Blank): On va dépasser minuit.
M. Paradis: Consentement pour le temps de la
vérification.
Le Président (M. Blank): D'accord. (Suspension de la
séance à 23 h 59)
(Reprise à 0 h 2)
Le Président (M. Blank): La commission des institutions
ajourne sine die.
(Fin le la séance à 0 h 2)