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(Quinze heures trente et une minutes)
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des institutions se réunit afin de poursuivre
l'étude des crédits budgétaires du ministère des
Relations internationales pour l'année financière 1985-1986.
Je demanderais maintenant au secrétaire de la commission de nous
faire connaître les substitutions dans les membres.
Le Secrétaire: II y a un remplacement. M. Levesque
(Bonaventure) est remplacé par M. Lincoln (Nelligan).
Le Président (M. Gagnon): Merci. J'appelle donc le
programme 1. Compte tenu que les remarques préliminaires étaient
terminées lors de la dernière séance, nous en
étions rendus au programme 1, élément 1.
M. le député de Rousseau.
M. Blouin: J'aimerais dire simplement que, comme il a
été convenu de le faire mardi je crois, si nous n'avons pas
épuisé nos travaux à 18 heures nous allons, après
nous être consultés, poursuivre les travaux au-delà de 18
heures jusqu'à "épuisement" - entre guillemets - D'accord?
Le Président (M. Gagnon): Voilà! Ce qui veut dire
que pour le temps réservé à ce ministère, on
pourrait se rendre jusqu'à 20 h 30.
M. Blouin: Théoriquement.
Le Président (M. Gagnon): Théoriquement. Programme
1, élément 1.
Avez-vous des remarques sur l'élément 1, M. le
ministre?
M. Landry: J'ai pas mal fait toutes mes remarques
préliminaires.
Le Président (M. Gagnon): Oui? Est-ce qu'il y a des
questions?
M. Landry: Je ne les avais pas faites par élément,
comme vous le savez. J'aime mieux répondre aux questions.
Peut-être que je pourrais quand même procéder à un
dépôt de documents que j'avais promis à mon collègue
vice-président de la commission. Il est absent, mais je dépose
quand même les deux choses que je m'étais engagé à
déposer, en une copie, que les services reproduiront, j'imagine.
Le Président (M. Gagnon): C'est cela. Nous acceptons le
dépôt de documents.
M. Landry: C'est sur demande de mon collègue.
Le Président (M. Gagnon): Voilà! Merci. M. le
député de Deux-Montagnes.
M. de Bellefeuille: Merci, M. le Président.
L'élément 1 concerne la représentation à
l'étranger. N'est-ce pas?
M. Landry: Oui.
Représentation à
l'étranger
M. de Bellefeuille: À propos de la représentation
à l'étranger, est-ce que le ministre pourrait nous décrire
brièvement les bureaux du Québec à Hong Kong, Stockholm,
Bogota et Singapour? Pourrait-il nous dire de quelle sorte de missions il
s'agit, combien de personnes y sont employées, soit fonctionnaires
réguliers du ministère ou personnes engagées localement,
et si dans chaque cas ces bureaux sont situés dans des missions
canadiennes ou dans des bureaux adjacents à ceux de missions
canadiennes?
M. Landry: Très bien M. le Président.
Commençons par le plus simple. Ces bureaux ne sont pas situés
dans des missions canadiennes.
M. de Bellefeuille: Dans aucun cas?
M. Landry: Dans aucun cas. Adjacents, je ne saurais le dire, je
ne connais pas la géographie totale et complète de toutes les
missions canadiennes, mais on s'est logé au mieux, quoi.
Commençons par Hong Kong. Le bureau est ouvert. Il est
dirigé par M. Jean-Yves Papineau, un fonctionnaire du ministère
des Relations internationales, lequel cependant s'est employé à
une carrière économique pour l'essentiel de son activité.
Cela fait une vingtaine d'années et davantage qu'il travaille pour le
gouvernement du Québec. Il nous a représentés à
l'étranger à de nombreuses reprises, à Paris en
particulier, à Edmonton.
M. de Bellefeuille: M. le Président, je suis heureux
d'entendre le ministre dire que Edmonton est à l'étranger.
M. Landry: Oui, au sens du ministère du Commerce
extérieur, c'est très certainement à l'extérieur.
Au sens du ministère des Relations internationales qui, ex-Affaires
internationales, avait la vocation de s'occuper du bureau d'Edmonton, on avait
à peu près la même conception des choses. Il sera
entouré d'une conseillère polyvalente, des conseillers de
l'Immigration qui étaient déjà là ainsi que du
personnel de soutien local. Cela fera un total de onze personnes. Pourquoi
à Hong Kong? Cela fait partie de la question aussi? Poser la question,
c'est pratiquement y répondre. C'est au coeur du Pacific Rim, d'une
part: cela participe de toute l'activité économique fulgurante et
de la croissance qui se passe dans cette partie du monde. D'autre part, cela a
aussi comme caractérique d'être une excellente porte
d'entrée, de plus en plus d'ailleurs, en raison des derniers accords
entre la Grande-Bretagane et la République populaire de Chine sur la
République populaire de Chine, pour sa partie sud en tout cas, puisque
Hong Kong est relativement près de Shanghai et de Canton. Même si
la juridiction n'est pas sur la République populaire de Chine, la
présence d'une petite équipe de fonctionnaires du Québec
surtout à vocation économique et immigration pourra
sûrement jouer un rôle intéressant dans cette partie du
monde.
Bogota. Fonctionnaire désigné comme chef de mission: Mme
Michelle Bussières; un responsable administratif et une autre personne
de soutien à embaucher. Les difficultés ont été
levées sur le plan administratif avec la République de Colombie.
Ce bureau a déjà commencé un certain nombre
d'activités et atteindra sa vitesse de croisière dans les mois
qui viennent. Pourquoi la Colombie? D'abord parce que la Colombie, même
durant la période la plus sombre de la conjoncture économique
sud-américaine, est restée un pays solide sur le plan financier.
Elle possède des richesses naturelles immenses. C'est plus facile
d'énumérer ce que les Colombiens n'ont pas que ce qu'ils ont. Ils
ont un front sur deux océans, presque trois: les Caraïbes,
l'Atlantique, le Pacifique. Au nombre de ses richesses naturelles, certaines
qui ressemblent aux nôtres. D'où l'intérêt de ce pays
en termes de coopération, de transferts de technologie, de ventes
d'équipements. La Colombie a, en particulier, un immense potentiel
hydroélectrique et nous sommes depuis longtemps en contact avec le
gouvernement colombien. J'ai eu moi-même l'honneur de rencontrer le
président de la République de Colombie et beaucoup de
fonctionnaires des ministères des Mines et, en particulier, de
l'Énergie. Notre offensive, si je puis employer ce mot un peu agressif
en Colombie, visera à provoquer des transferts de technologie dans les
domaines où le Québec est fort: mines, hydraulique, agriculture
et autres.
Stockholm. Il s'agit dans ce cas d'une petite antenne nordique qui
relève de notre délégation de Londres: un fonctionnaire
déjà sur place et un recruté local québécois
à demi-temps qui vivait en Suède depuis 20 ans. Pourquoi
Stockholm? Je prends toujours la même méthode. À cause de
la similitude de nos économies. Donc, le rôle du bureau de
Stockholm est surtout de provoquer des transferts de technologie, de capitaux,
des investissements croisés dans les domaines que nous avons en commun
avec la Suède, en particulier les mines et les forêts. Il y adéjà beaucoup d'investissements suédois au
Québec dans ces domaines de technologie touchant les pâtes et
papiers, l'électricité, la transformation, la production, la
distribution. Ce sera l'horizon de travail général de notre
petite antenne de Stockholm.
Singapour. Pourquoi Singapour? Même raison: c'est en Asie du
Sud-Est. Une croissance économique fantastique: même en
période de récession, elle a continué à 7 %, 8 %,
10 % et, dans certains cas, à 14 % par an. Plaque tournante
financière, siège de grandes institutions internationales de
financement du développement. Le rôle de la
délégation de Singapour sera surtout économique en termes
de vente de produits, vente de technologie et, à cause du rôle
financier de Singapour, recrutement d'investisseurs, recrutement de transferts
financiers. Le chef de mission est désigné. Les obstacles
administratifs sont également levés. Il s'agit de M. Dominic
Bonifacio qui recrutera du personnel de soutien plus un attaché
contractuel sur place. Est-ce que j'ai à peu près répondu
à ce que le député voulait savoir?
M. de Bellefeuille: Est-ce que M. Bonifacio est là-bas
dans le moment?
M. Landry: Pas encore. Il est peut-être à
Montréal présentement mais il est allé, il est revenu et
il est en approche finale, quoi.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Nelligan.
Relation entre le MCE et le MRI
M. Lincoln: M. le Président, je pense que mon
collègue de Jean-Talon a fait un exposé général. Je
ne vais pas y revenir, car il portait surtout sur les relations
fédérales-provinciales par rapport au ministère.
Peut-être qu'on va y revenir au cours des études plus
spécifiques.
Je voudrais me pencher sur la question
de la relation entre le ministère du Commerce extérieur et
le ministère des Relations internationales qui avait ouvert notre
débat l'année dernière. Le ministre se souviendra que nous
lui avons parlé beaucoup de la coordination de ces deux
ministères, comment faire le lien entre les deux, au lieu d'avoir deux
organisations parallèles où il y avait un genre de coordination
politique qui se faisait à l'échelle du ministre et de son
cabinet.
Le ministre lui-même a reconnu cette situation puisqu'il a
parlé de signer, ou il a déjà signé un protocole
d'entente. D'après les crédits du ministère du Commerce
extérieur, je cite: "Définissant les champs d'activité de
chacun des ministères au niveau international et assurant une
coopération et un échange d'information entre les deux
intervenants sur la scène internationale." Or on peut voir, lorsqu'on
parle des crédits des deux ministères, le MRI et le MCE, que
beaucoup de réalisations qui sont citées dans ces livres de
crédits, les deux ministères - se les attribuent: on peut parler
du Sommet Québec dans le monde, on peut parler de l'ouverture des
nouvelles délégations, de la mission dans le Sud-Est asiatique,
etc. On pourrait dire, comme le ministre l'a dit souvent: c'est sûr qu'il
va y avoir des corrélations entre les deux ministères, des
chevauchements, des "overlaps" si on peut dire entre les deux ministères
du fait même de leurs fonctions.
Peut-être que, passant aux questions spécifiques, le
ministre pourrait d'abord nous faire parvenir une copie du protocole d'entente?
Est-ce que ce serait possible de la faire déposer pour qu'on l'ait
éventuellement?
M. Landry: Immédiatement.
M. Lincoln: D'accord. Avant de le voir, est-ce que le ministre
pourrait nous expliciter plus ou moins le contexte du protocole d'entente? Et
est-ce que le protocole d'entente définit des champs d'action
spécifiques d'un ministère à l'autre, et comment ces
champs d'action se divisent entre les deux ministères?
M. Landry: Oui, bien sûr.
M. Lincoln: Voici ce à quoi je veux en venir. Vous aviez
parlé, par exemple, l'année dernière, de faire un pontage
qui était déjà en processus. Est-ce que c'est bien le
protocole d'entente qui représente le pontage?
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Landry: Oui, M. le Président. D'abord, je note
d'entrée de jeu que la situation a considérablement
évolué depuis la dernière étude des crédits.
Il y a eu une période, qui appartient maintenant au passé,
d'ajustements qui ont créé certaines difficultés. On en a
fait largement état: pas seulement l'Opposition, nous-mêmes. C'est
connu publiquement.
À la dernière séance des crédits, nous
avions fait état de la façon - cela fait un an et quelques mois
que j'occupe maintenant le poste de ministre des Relations internationales et
du Commerce extérieur - dont nous allions rapidement harmoniser l'action
des deux ministères et nous l'avons fait sans délai. Nous avons
pris la précaution de constater le modus vivendi des deux
ministères dans un protocole d'entente. Le député veut, et
à bon droit, le connaître. Je vais le déposer aujourd'hui
même au cours de la séance. C'est seulement une question d'en
avoir matériellement suffisamment de copies. (15 h 45)
Je peux l'évoquer brièvement. Avant de le faire, je dois
vous dire que nous avons maintenant un rythme de croisière de
coopération entre les deux ministère relativement satisfaisant.
C'est sûr que dans deux ou trois ans de pratique des nouvelles
répartitions de tâches les choses seront encore plus simples, plus
claires. Disons pour l'instant que les ministères ne connaissent plus de
difficultés dans leur vie quotidienne ou, si une telle chose arrive,
c'est d'une façon marginale et on se reporte immédiatement au
protocole pour voir comment ces difficultés doivent être
réglées. L'ambition du protocole, qui a été
conçu évidemment par les cadres supérieurs des deux
ministères, avec un apport constant des équipes qui m'entourent
personnellement et mon concours personnel, a établi les mandats des
ministères dans la pratique, a établi des principes
généraux, a fait une séparation des clientèles. Il
est très important que la clientèle, les agents
intéressés à l'international sachent à qui
s'adresser. Le protocole fait également état de la façon
dont s'organisent les missions ministérielles et
sous-ministérielles. Le protocole établit la façon de
recevoir les missions ministérielles de l'étranger par un
ministère ou par l'autre. Il établit la responsabilité en
matière de relations avec les gouvernements. Il a des provisions quant
à l'administration du protocole lui-même.
En gros, nous pouvons dire que les deux ministères gardent en
commun un grand nombre d'activités et c'est normal, c'est dans la nature
des choses. Le député de Nelligan a fait allusion à deux
de ces activités qui illustrent très bien la
nécessité de coopération constante et de
complémentarité. Il a parlé du sommet Québec dans
le monde. Le sommet Québec dans le monde a été
organisé conjointement par les ministères des Relations
internationales et du Commerce extérieur. Dès le départ,
l'arrêté
en conseil décidant du sommet avait organisé les choses de
cette façon. C'était parfaitement normal. Et d'autres
ministères étaient impliqués dans le sommet comme les
Communautés culturelles et Immigration, à un moindre titre que
les deux précédents. Le député de Nelligan a
donné comme exemple les délégations, autre excellent
exemple. Dans les délégations du Québec comme dans toutes
les diplomaties de la Terre, il y aura toujours des gens chargés de
culture, des gens chargés d'économie, des gens chargés de
relations interétatiques bilatérales ou multilatérales,
comme c'est le cas dans notre poste de Paris en particulier où nous
avons un délégué général et une
déléguée aux affaires multilatérales, plus un
conseiller économique et une équipe économique.
Les activités restent communes. Le ministère des Relations
internationales a une très nette prépondérance de
coordination de l'action du Québec à l'étranger et une
exclusivité dans les relations du Québec avec les gouvernements
étrangers. Il agit souvent, à la demande du ministère du
Commerce extérieur, pour établir des relations avec des
États étrangers dont il a la juridiction par ailleurs exclusive.
Un exemple: Lorsque nous ouvrons des bureaux à l'étranger, il
faut, évidemment, que nous parlions et au gouvernement du Canada et au
gouvernement des États où nous avons l'intention d'ouvrir ces
bureaux. C'est le ministère des Relations internationales qui fait cela.
C'est son métier, c'est sa spécialisation. Quand il le fait, il
travaille en sous-traitance pour le ministère du Commerce
extérieur ou éventuellement d'autres ministères comme
l'Immigration, par exemple, qui a aussi des agents à
l'étranger.
Des vocations générales basées, pour les relations
internationales, sur les contacts avec les États, basées aussi
sur la division difficile à faire, pas toujours claire, entre les
activités purement économiques et les autres activités de
l'État québécois. Par exemple, le ministère de
l'Éducation ne va qu'exceptionnellement s'adresser au ministère
du Commerce extérieur. L'interlocuteur à l'intérieur du
ministère de l'Éducation, c'est le ministère des Relations
internationales. C'est le contraire pour le ministère de l'Industrie et
du Commerce, dont les activités sont surtout de nature
économique. Une division par champ d'activités et
intérêts majeurs entre les clientèles gouvernementales. Une
division également entre les clientèles extragouvernementales,
qui sont évidemment celles pour lesquelles nous devons avoir la plus
grande attention. L'Université de Montréal est un client naturel
du ministère des Relations internationales, dans son action
internationale. La Coopérative fédérée du
Québec est un client privilégié au ministère du
Commerce extérieur.
Ce qui n'exclut pas que, dans les dossiers même les plus
économiques, le ministère des Relations internationales peut
être impliqué de façon subsidiaire; même dans les
dossiers les plus culturels, le ministère du Commerce extérieur
peut être impliqué d'une façon subsidiaire, s'il s'agit,
par exemple, de vendre des produits culturels à l'étranger.
Tout cela est constaté dans le protocole. Nous avons, maintenant,
un certain nombre de mois d'utilisation; la date exacte de la signature, c'est
le 14 décembre 1984. Il y a un comité de gestion,
d'administration et de concertation qui est chargé d'appliquer ce
protocole. Les deux sous-ministres m'assurent que le tout se fait dans la
coopération, dans l'harmonie. Si des cas de non-harmonie interviennent,
le comité les règle au fur et à mesure.
Permettez-moi d'ajouter - je ne le fais pas d'une façon
"autolaudative" parce que les fonctionnaires des deux ministères ont
joué un rôle prépondérant là-dedans - que
nous avons réussi à établir une structure de relations
internationales plus que satisfaisante. Je rappelle - je l'ai dit l'an dernier,
abondamment, aux crédits - que tous les États contemporains sont
aux prises avec des problèmes de cet ordre, qui sont en
général beaucoup moins bien résolus, que la façon
dont le protocole d'entente Relations internationales-Commerce extérieur
le fait.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: M. le Président, j'aurais voulu demander ceci
au ministre. Peut-être pour expliquer un peu le fond de ma pensée,
je concède avec le ministre qu'il y a deux dimensions. Il y a la
dimension économique, le commerce extérieur, qui est une
dimension peut-être principale de notre ouverture économique vers
le monde. Ensuite, il y a tous les autres secteurs qu'on peut définir,
par exemple, le secteur culturel, l'éducation sociale, la science et la
technologie, l'agriculture, toutes sortes de secteurs où les
ministères sectoriels agissent souvent en leur propre nom et où
le ministère des Relations internationales fait la coordination
internationale. Lè-dessus, nous sommes tout à fait d'accord.
Alors, il y a assurément un élément
économique très important, qui se place partout. Par exemple,
cela m'a frappé, lorsque le ministre parlait des raisons pour lesquelles
on a ouvert des bureaux à Bogota, Stockholm, Singapour et Hong Kong,
toutes les raisons étaient économiques. À Bogota,
c'était économique. À Stockhom, c'était pour un
transfert technologique. À Singapour et Hong Kong, c'était
économique.
Alors, si on peut penser a nos délégations
extérieures, - naturellement,
Paris est un cas très spécifique en vue de la francophonie
- en général, nos actions étaient principalement
économiques. Est-ce que le ministre croit toujours, après une
année et demie, chevauchant deux ministères, où une
coordination malgré le protocole d'entente... si demain matin, le
protocole d'entente doit être administré, c'est le ministre et son
cabinet qui vont finir par l'administrer. Est-ce que le ministre croit qu'il y
a toujours un besoin de deux ministères parallèles ou si, demain
matin, nous pourrions avoir un ministère - le nom importe peu - qui
ferait les relations internationales et la dimension économique externe,
et qui ferait la coordination des appareils spécifiques des autres
ministères? Est-ce qu'il y a une raison logique pour laquelle on tient
toujours deux ministères en parallèle, où on est
obligé de faire un chevauchement? Est-ce que tout cela ne pourrait pas
se faire toutes les compétences respectives restaurées?
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Landry: Non, je ne pense pas cela. Ma pensée n'a pas
évolué, et non pas par entêtement. L'an dernier, j'avais
bien établi que, a priori, il me semblait, ayant eu l'expérience
du ministère du Commerce extérieur pendant plus d'un an avant
l'étude des crédits de l'an dernier, qu'on était en
présence de deux animaux d'une espèce différente. Les gens
de relations internationales n'ont, en général, pas la même
formation, pas les mêmes centres d'intérêt, pas les
mêmes façons d'aborder les problèmes. Ce sont beaucoup plus
des diplomates, fort heureusement. Les relations internationales sont une chose
délicate, elles demandent extrêmement de doigté, elles
demandent une connaissance profonde de la politique des pays avec lesquels on
fait affaires, elles demandent une connaissance profonde des alliances dans le
monde, des grands traités, des grandes organisations internationales et
c'est généralement l'horizon de nos excellents fonctionnaires du
ministère des Relations internationales. Cela ne veut pas dire qu'ils
sont fermés aux réalités économiques.
A contrario, au ministère du Commerce extérieur - je ne
minimise en rien, vous connaissez mon obsession pour les ventes à
l'étranger - la mentalité est beaucoup plus une mentalité
mercantile, une mentalité de marchands, et c'est cela qu'on veut qu'ils
soient. On les recrute pour cela. On les recrute pour une certaine
agressivité qui, parfois, contraste un peu avec la finesse des
personnels du ministère des Relations internationales et avec la
philosophie du ministère des Relations internationales, et je trouve
qu'il est bien que ce soit comme cela. Il y a des implications
stratégiques majeures que je ne peux pas toutes dévoiler, mais
dans plusieurs circonstances, j'ai été très content
d'avoir des obsédés de diplomatie à mes côtés
et d'avoir également, dans la même mission, des
obsédés de commerce qui ne faisaient pas exactement la même
chose, mais dont l'action se complétait.
Si le député veut mon opinion très franche, je
pense que c'est bien que nous ayons deux ministères pourvu, comme c'est
le cas présentement, qu'ils collaborent totalement entre eux, qu'ils se
soutiennent mutuellement, qu'ils se complètent, et pourvu - mais
là, je ne veux pas engager l'avenir ni faire de pronunciamento - que la
personne du ministre soit la même dans les deux cas. On pourrait aussi
concevoir qu'un ministre peut-être plus junior s'occupe de l'un ou de
l'autre, mais il faut un patron, un grand coordonnateur, et je pense que c'est
le ministre des Relations internationales.
M. Lincoln: M. le Président...
Le Président (M. Gagnon): Oui, M. le député
de Nelligan.
M. Lincoln: ...si le ministre est d'accord, je reviendrai sur
cette question. J'ai une ou deux questions additionnelles, mais le
député de Deux-Montagnes doit partir dans une vingtaine de
minutes. Je me suis mis d'accord avec lui pour qu'il utilise le temps qui va
rester.
Le Président (M. Gagnon): Effectivement, le
député de Deux-Montagnes m'avait demandé la parole. Alors,
je lui cède la parole immédiatement.
Politique internationale
M. de Bellefeuille: Merci, M. le Président. Merci, mes
chers collègues. Puisque nous avons fait au cours des dernières
minutes cette distinction entre la politique internationale et les relations
commerciales, je voudrais situer ma question dans la politique internationale,
dans la politique étrangère du Québec et demander au
ministre quelle est la première priorité de son ministère,
la première priorité territoriale. Est-ce la France ou les
États-Unis d'Amérique?
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Landry: D'abord, je fais un petit caveat pour dire que je
n'élaborerai pas de façon outrancière dans ma
réponse puisque devant cette commission, dans peu de temps, sera
déposé l'énoncé de politique. Je réponds
quand même brièvement parce qu'on n'a pas
attendu d'avoir un énoncé pour savoir que les deux sont
extrêmement importants. La politique internationale, nous la voyons,
comme c'est notre devoir d'administrateur public, dans la dimension de ses
impacts sur notre propre société, les besoins de notre propre
société et l'interaction entre ce qui se passe à l'interne
et ce qui se passe à l'externe.
Or, le Québec ne serait pas le Québec s'il n'était
pas profondément nord-américain et profondément
branché à un tuyau d'oxygène de sections importantes avec
la France, avec la francophonie et avec l'Europe de l'Ouest. Ce n'est pas dans
un ordre de priorités qu'on peut parler de ces deux
phénomènes. Ils sont complémentaires l'un de l'autre. Ils
sont essentiels. Le rouleau compresseur culturel nord-américain en
aurait vite fait du Québec si le Québec ne gardait pas des
avenues larges et encombrées de coopération avec la France. La
coopération avec les États-Unis, les contacts avec les
États-Unis se sont faits d'eux-mêmes. Nos économies sont
interpénétrées plus même que ne le sont les
économies des pays du COMECON entre eux, 66 % de nos exportations
internationales en particulier, beaucoup de grandes firmes américaines
implantées sur notre territoire, déplacements de personnes
nombreux à travers les âges -on dit qu'il y a plus de
Québécois d'origine vivant aux États-Unis qu'il y en a qui
vivent au Québec - déplacements saisonniers et migratoires comme
c'est le cas actuellement. Au moment où on se parle, on a pratiquement
10 % de notre population qui est quelque part sur le territoire
américain, plutôt dans sa partie sud d'ailleurs, à cette
période de l'année, et ce sera l'inverse au cours du mois
d'août. Cela va tout seul.
Ce que le gouvernement du Québec a fait au cours des vingt
dernières années avec celui de la République
française a été d'établir un très fort
courant compensateur et équilibrateur né de la volonté
politique avec la France. La coopération franco-québécoise
aujourd'hui est devenue un phénomène qui n'a probablement pas son
équivalent dans les relations entre deux peuples dans le monde. Je pense
qu'il n'y a pas d'équivalent où deux peuples en vingt ans,
après des années d'oubli et après des difficultés
psychologiques entre l'un et l'autre, ensemble ont réussi à faire
naître une coopération culturelle, économique,
technologique et scientifique qui rejoint même les personnes. Des
dizaines de milliers de jeunes Québécois, en particulier avec
l'Office franco-québécois, au cours des années, ont connu
la France, ont tressé des liens avec des jeunes Français et des
jeunes Françaises qui, aujourd'hui, sont moins jeunes parce que le temps
passe. Ils sont devenus des chefs d'entreprise. Ils sont devenus des
décideurs politiques. Ils sont devenus des chefs syndicaux, des
scientifiques. Donc, je ne peux pas résoudre l'équation que le
député me présente autrement qu'en disant que ces deux
choses sont fondamentales et qu'elles sont interreliées. (16 heures)
M. de Bellefeuille: La réponse du ministre me rappelle un mot
d'enfant. C'est l'enfant à qui ses parents, pour le taquiner,
demandaient: Lequel préfères-tu, ton père ou ta
mère? L'enfant répondait: Je les aime tous les deux mieux. Le
ministre et son ministère aiment tous les deux mieux les
États-Unis et la France. Mais nous pourrons peut-être cerner cela
d'un peu plus près en demandant au ministre comment se partage
l'attribution des ressources financières et des ressources humaines
affectées, d'une part, à la France et, d'autre part, aux
États-Unis. C'est peut-être cela qui va nous donner une indication
des priorités pratiques, si on ne peut pas établir de
priorités de principe.
Le Président (M. Gagnon): Cela va? M. le ministre.
M. Landry: D'abord, vous savez qu'il y a beaucoup plus de postes
aux États-Unis. Il y a beaucoup plus de monde. C'est un pays de plus de
200 000 000 d'habitants, qui est beaucoup plus grand, qui est beaucoup plus
vaste. Aux États-Unis, nous sommes représentés à
New York, à Boston, à Dallas, à Atlanta, à Los
Angeles, à Chicago et en Louisiane.
M. de Bellefeuille: À Lafayette.
M. Landry: Exactement. Tout cela nous coûte aux
États-Unis 6 100 000 $, seulement pour les dépenses du
réseau - on ne parle pas du coeur de la programmation interne -soit 32%
des dépenses de notre réseau.
En France, nous n'avons qu'un poste qui nous coûte 4 200 000 $.
C'est 21% des dépenses de notre réseau. Donc, nous
dépensons davantage aux États-Unis d'Amérique qu'en
France. Je dois dire, par ailleurs, qu'aux États-Unis, les frais en
général ont tendance, toute proportion gardée, à
être plus bas. Regardons les frais de déplacement, par exemple.
Faire venir le délégué de Boston à Québec
est une petite aventure; c'est une heure de vol. Faire venir la
déléguée de Paris en consultation, c'est une autre
histoire qui coûte cinq ou six fois plus cher chaque fois. Il y a des
adaptations è faire. Le fait que l'on soit sur le même continent,
parfois, le même argent fait plus que quand on a de grands
déplacements ou qu'on est dans un système culturel beaucoup plus
différent. Est-ce que cela répond à la question du
député?
M. de Bellefeuille: Oui. Le ministre nous donne des chiffres
quant au dollar.
Mais, quant aux affectations de personnel, quant aux ressources
humaines, il nous dit qu'il y en a plus aux USA qu'en France. Est-ce qu'il
pourrait nous donner des chiffres là encore?
M. Landry: Oui. On a 95 personnes aux États-Unis
d'Amérique et on a 91 personnes en France, en comptant tout.
M. de Bellefeuille: Cela comprend la délégation
proprement dite, les affaires francophones et le CQCI.
M. Landry: Oui, tout est compris.
M. de Bellefeuille: Est-ce que le ministre pourrait nous dire
pourquoi MM. Blondeau, qui était directeur des affaires
américaines, et Croft, qui était directeur des affaires
européennes, ont, si mes renseignements sont exacts, demandé
d'être mutés à d'autre ministère?
M. Landry: D'abord, on me dit qu'ils ne l'ont pas demandé,
on le leur a offert. Je crois que dans un des cas il y a une raison intuitu
personae. La façon dont un fonctionnaire veut orienter sa
carrière ne regarde même pas vraiment le ministre. Dans un cas,
c'est intuitu personae, parce qu'il y a eu un déplacement à la
tête du ministère. Je pense qu'un fonctionnaire a suivi l'ancien
sous-ministre, dans le cas de...
M. de Bellefeuille: Dans le cas de?
M. Landry: ...M. Croft. Dans le cas de M. Blondeau, il est
allé aux Affaires internationales canadiennes. M. Blondeau s'occupe des
délégations au Canada, mais n'oubliez pas que c'est notre ancien
délégué à Toronto et n'oubliez pas que, maintenant,
les délégations au Canada relèvent du ministère des
"Aff. inter can."; donc, il est plutôt resté dans sa
spécialité puisqu'il s'était illustré comme
excellent délégué d'ailleurs, aux louanges
générales, à Toronto.
M. de Bellefeuille: Dans un tout autre domaine - et ce sera ma
dernière question -M. Jacques Vallée s'est acquitté
brillamment des responsabilités qu'on lui avait confiées dans le
cadre de la visite du pape. Quelle est l'affectation actuelle de M.
Vallée?
M. Landry: M. Vallée, effectivement -et c'est en toute
justice que vous le soulignez - a bien dirigé le Commissariat à
la visite du pape; il l'a tellement bien dirigé qu'on a
décidé de faire de lui notre personne-ressource clé pour
tout ce qui est événement spécial du même genre ou
de même nature. Au lieu de reformer du personnel chaque fois, lorsqu'une
chose un peu particulière se présente, qui n'est pas toujours de
l'ampleur de la visite du pape, qui est une chose absolument exceptionnelle, on
aura recours aux excellents services de M. Jacques Vallée.
M. de Bellefeuille: Qui demeure donc en poste à
Québec.
M. Landry: À Montréal.
M. de Bellefeuille: À Montréal.
M. Landry: Oui.
M. de Bellefeuille: Est-ce qu'il est en poste au bureau du
ministère des Relations internationales à Montréal, dans
la tour de la Bourse?
M. Landry: Non, nous n'y sommes plus...
M. de Bellefeuille: Le ministère n'est plus dans la tour
de la Bourse.
M. Landry: ...M. l'ex-adjoint; on a essayé de concentrer
les activités internationales du gouvernement...
M. de Bellefeuille: Oui, je me souviens.
M. Landry: ...dans un quartier plus international qui est
Sherbrooke-Ouest, à proximité de l'Organisation de l'aviation
civile internationale. En fait, dans la tour Mercantile.
M. de Bellefeuille: C'est là que se trouve M.
Vallée.
M. Landry: II n'est pas encore là, on est en train de
conclure des transactions sur les locaux et les meubles. Mais c'est une
question de jours.
M. de Bellefeuille: Dans vos projets immédiats, M. le
ministre, combien y aura-t-il de personnes à ce bureau de
Montréal des Relations internationales?
M. Landry: Une demi-douzaine, à peu près.
Une voix: Douze, à peu près.
M. Landry: En comptant le soutien, douze; en comptant les
secrétaires. Cela me donne l'occasion aussi, si le député
me le permet, de préciser qu'il n'est pas mauvais que le
ministère ait une bonne petite antenne montréalaise. C'est un
ministère essentiellement québécois, à vocation
centrale, et il doit être dans la capitale nationale, cela ne fait pas
l'ombre d'un doute; comme il est vrai que le ministère du Commerce
extérieur doit être à Montréal et
il est essentiellement à Montréal.
Cependant, en raison de la présence de très nombreux
diplomates étrangers à Montréal, tous les consuls, par
exemple, tous les fonctionnaires internationaux de l'Aviation civile
internationale, en particulier, et les organismes de coopération, nous
avons trouvé utile d'avoir cette petite antenne montréalaise.
Vous savez que cela n'augmente pas le nombre des fonctionnaires du
ministère, ce n'est pas une expansion comme telle, c'est un
redéploiement géographique.
M. de Bellefeuille: Le ministre a fait allusion au corps
consulaire à Montréal. Est-ce que le ministère a
développé, amplifié son action auprès du corps
consulaire à Montréal?
M. Landry: Oui, je peux dire qu'on a développé et
amplifié notre action. Il y a cette rencontre annuelle, qui est toujours
un événement majeur, qui se fait à Québec; il y a
aussi des rencontres plus spécialisées pour étudier les
grandes politiques du gouvernement, pour mettre au courant les diplomates
étrangers. La présence du ministère du Commerce
extérieur et maintenant celle du MRI à Montréal sont
encore amplifier ces contacts quotidiens en facilitant les rencontres
plutôt que de faire venir les gens à Québec chaque
fois.
Ce qui a, je crois, beaucoup aidé à l'amélioration
des relations, c'est le fait que nous n'ayons plus, à toutes fins
utiles, de demandes concernant des trivialités importantes pour les
diplomates. Toutes ces histoires de taxes, d'impôts, de
privilèges, d'exemptions, c'est réglé; on n'a plus aucun
contentieux avec personne. Nous sommes assez contents de cela et les diplomates
sont contents.
M. de Bellefeuille: On pouvait noter une certaine
difficulté dans les relations entre le gouvernement du Québec et
le corps consulaire, cette difficulté résidant dans le fait que
les consuls ne passent que peu de temps à Montréal,
évidemment. Ils sont en poste, en général, pour trois ans
ou des périodes de cet ordre-là. Ils ne sont pas toujours
suffisamment prévenus avant leur arrivée du fait que le
Québec constitue ce que tout le monde est convenu d'appeler une
société nationale distincte. Donc, à moins d'un effort
délibéré, on risque d'avoir affaire à des gens qui
ne se rendent guère compte qu'ils sont en poste justement auprès
d'une société nationale distincte. Montréal étant
une ville plus cosmopolite que Québec, on peut parfaitement passer deux
ou trois ans à Montréal sans apprendre à connaître
vraiment le Québec. Il y a donc eu, dans le passé, un certain
nombre de consuls généraux à Montréal qui
quittaient le Québec sans l'avoir aussi bien connu qu'on aurait pu le
souhaiter.
Au-delà des relations commerciales et diplomatiques normales
dont, je suis sûr, les deux ministères s'acquittent
convenablement, il me semble qu'il serait très souhaitable que le
gouvernement du Québec, par l'intermédiaire de votre
ministère, M. le ministre, multiplie les activités visant
à initier les membres du corps consulaire à Montréal
à la vie québécoise, non seulement à la vie
culturelle québécoise, mais aux réalités
québécoises au-delà de Montréal, dans l'ensemble du
Québec, par des activités prévues expressément
à cette fin. Cela s'est déjà fait dans le passé. Il
y a déjà eu... Je me souviens, par exemple, d'une partie de sucre
qui avait été organisée pour le corps consulaire.
Évidemment, une partie de sucre ne dure que quelques heures. On peut
imaginer des activités de plus longue durée et plus soutenues.
Dans ses cahiers, est-ce que le ministre a des projets de ce genre?
M. Landry: D'abord, je dois dire que si, d'aventure - et j'ai mes
réserves là-dessus -un diplomate étranger arrive au
Québec sans savoir qu'il arrive dans une société
très particulière, s'il arrive dans cet état-là, il
ne repart jamais dans cet état-là, parce qu'il est dans l'essence
même de la carrière diplomatique de changer de poste aux trois
ans, mais je les vois arriver et je les vois partir. J'ai la visite d'accueil
et la visite d'adieu. Je peux assurer le député que, même
à l'arrivée, on ne voit plus guère de diplomates
étrangers arrivant à Montréal sans savoir qu'ils arrivent
au Québec et sans savoir quelle est la signification du gouvernement du
Québec. En dépit de cette appellation, dont nous avons
discuté hier, de provinciale, il n'y en a pas un qui considère le
Québec comme une province. Ils se présentent ici, à leur
visite d'accueil, pour prendre contact avec un grand gouvernement et ils savent
à quoi s'en tenir.
Je remarque aussi maintenant, ce qui n'était pas le cas avant -
quand j'étais dans l'Opposition, je voyais beaucoup de diplomates
étrangers comme responsable des affaires internationales du parti -
qu'il n'y en a pratiquement plus qui ne parlent pas notre langue à
l'arrivée. Cela veut dire que le pays qui nous envoie ici un diplomate
est parfaitement conscient que cette personne aura des difficultés
à remplir son rôle si elle ne parle pas la langue officielle du
lieu.
En termes d'activités, l'année 1984 en a été
une de faste. Nous avons amené tout le corps diplomatique au
départ des grands voiliers; nous avons amené tout le corps
diplomatique au départ de la course Trans-Atlantique; nous avions eu
notre activité annuelle et on prévoit pour le printemps d'autres
genres d'activités, des fois en apparence un peu superficielles. Vous
avez
parlé de parties de sucre, mais on a autre chose en
tête.
Une voix: On a autre chose en tête, mais ce n'est pas
confirmé.
M. Landry: Le sucre d'érable, c'est important, mais il
faut diversifier. On a des activités du genre qui s'en viennent, plus,
évidemment, nos contacts réguliers avec le corps consulaire.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le
député de Deux-Montagnes. M. le député de
Fabre.
Coopération avec la France
M. Leduc (Fabre): Parmi les activités importantes qui sont
notées, d'ailleurs, dans le cahier qu'on nous a remis, on retrouve la
formation d'un groupe de réflexion et d'action sur les enjeux de la
francophonie, groupe qui est actuellement au travail et dont un des objectifs,
d'après ce qu'on a cru comprendre, est de revivifier la
coopération entre le Québec et la France après 20 ans de
coopération. Est-ce que vous pourriez nous dire, M. le ministre,
où en est rendu ce groupe de réflexion et d'action? Quand doit-il
remettre son rapport? Dans quelle perspective travaille ce groupe de
réflexion qui, normalement, devrait avoir un impact important sur notre
coopération avec la France? (16 h 15)
M. Landry: Ce groupe a pour mandat d'ajuster ce qu'on appelle la
francophonie aux conditions d'aujourd'hui. Les rapports entre francophones,
tant au sein de l'agence que les rapports bilatéraux, se sont beaucoup
colorés au cours des dernières années dans le sens du
virage technologique. La dimension culturelle de la francophonie, encore une
fois, cela va de soi, c'est facile. La dimension économique n'allait pas
de soi. Des efforts ont été faits et nous lui avons donné,
à cette dimension économique, des proportions comparables
à celles des échanges culturels. Ce que ce groupe doit faire
maintenant, c'est de réorienter vigoureusement l'action vers la science,
la technologie, les transferts technologiques, l'informatique, la recherche
fondamentale. Ce groupe est à l'oeuvre. Il y a eu plusieurs rencontres
de part et d'autre de l'Atlantique et le premier rapport substantiel devrait
arriver en juillet 1985, dans quelques mois.
M. Leduc (Fabre): Est-ce qu'on pourra parler, à ce
moment-là, d'un rapport d'étape ou si on prévoit un
rapport final?
M. Landry: Oui, c'est un rapport substantiel, mais
préliminaire.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Fabre, je remarque que nous sommes rendus dans les questions du programme 2.
À ce stade-ci, je demande si le programme 1 est adopté? Non?
M. Lincoln: Non, on a beaucoup de questions au sujet du programme
1. Comme vous le savez, le programme 1, c'est le programme principal...
Le Président (M. Gagnon): D'accord.
M. Lincoln: ...et je pense qu'on voudrait...
Le Président (M. Gagnon): C'est simplement que les
questions qui ont été posées au cours des 20
dernières minutes concernaient plutôt le programme 2. Mais je n'en
fais pas de remarques plus que cela. On peut même étudier
l'ensemble des programmes. Alors, on revient au programme 1,
élément 1. M. le député de Nelligan.
M. Lincoln: Oui, je pense que le programme 1, ce sont les
Affaires internationales. Je pense que c'est là où on se situe.
J'aurais voulu demander au ministre... Vous avez parlé dans votre
déclaration d'ouverture et, encore une fois, aujourd'hui, de
l'énoncé de politique que vous allez déposer
bientôt. Est-ce que le ministre pourrait nous dire, dans un premier
temps, quand exactement l'échéancier de cette politique sera
connu, sera rendu public?
M. Landry: On peut parler de quelques semaines. Je suis en
contact avec le bureau du leader, parce que c'est une commission qui en sera
saisie. C'est cette commission des institutions. Cela dépendra du
calendrier de travail de la commission. Comme nous devons aussi convoquer des
agents à comparaître devant la commission et qu'il y a des
questions de délais impartis par la loi et par nos règlements de
l'Assemblée nationale...
M. Lincoln: Oui.
M. Landry: ...disons que nous serons prêts au mois de mai.
On me dit que la commission pourrait être prête au début de
juin.
M. Lincoln: Avant que la commission se réunisse pour
examiner l'énoncé de politique, est-ce que le ministre a
l'intention de rendre les conclusions, les commentaires ou les constatations
publics soumis à une discussion dans le public avant que cela retourne
en commission ou si la discussion va se faire principalement en commission?
M. Landry: Non. Je consulte en même
temps l'Opposition, parce que les commissions fonctionnent souvent sur
la base de coopération. Voyez-vous, il y a beaucoup d'agents qui ont
participé aux deux phases du sommet et qui ont travaillé à
la préparation, au fond de cet énoncé. Nous leur demandons
de venir comparaître devant nous pour nous parler de leurs
réactions à l'énoncé. Dans ces conditions, il
serait probablement plus délicat et plus opérationnel de
communiquer les textes auparavant à ces gens qui vont venir nous
parler.
M. Lincoln: Oui, je suis d'accord.
M. Landry: Je pense que le député serait d'accord
qu'on serait peut-être mieux de provoquer, avant que la commission n'ait
lieu...
M. Lincoln: Oui, oui.
M. Landry: ...une vaste discussion dans la société
québécoise et chez les gens intéressés.
M. Lincoln: Je suis tout à fait d'accord avec cela. Vu que
l'on présente un énoncé de politique qui va situer les
objectifs, les critères, l'action et tout, est-ce que je comprends bien
le ministre que, dans un premier temps, le document va être prêt
dans les deux ou trois semaines qui vont suivre, que cela va être
diffusé parmi les organismes et les intervenants du milieu et en
général dans le public, surtout parmi ceux qui ont
participé au sommet, et qu'ensuite, après un certain laps de
temps, cela va revenir en commission et que ces mêmes
intéressés vont pouvoir être entendus et déposer
leurs commentaires et leurs suggestions?
M. Landry: C'est ce qui va se passer. Je pense bien qu'il y aura
un délai d'examen de 30 jours des participants avant que la commission
ne siège.
M. Lincoln: Je comprends bien, M. le ministre, que d'ici le 21
juin on va ajourner ici, une partie du travail sera faite, la commission aura
eu le temps de démarrer.
M. Landry: Ah! Oui. Mais je pense qu'on aura même
terminé le travail. Je souhaite vivement qu'on ait terminé le
travail.
Accès aux documents des organismes
publics
M. Lincoln: Est-ce que je peux poser des questions sur toute la
question de la loi sur l'accès à l'information qui nous
intéresse particulièrement, comme Opposition, parce que, pour
nous, on vit les documents qu'on peut étudier?
Je voyais, à la page 14 du bilan, que l'on disait que la
direction et le système d'information du ministère étaient
chargés principalement de l'implantation de la bureaucratique au
ministère, de l'application de la loi sur l'accès à
l'information. Comme Opposition, on se demandait, par exemple, quel genre de
documents sont touchés par la loi sur l'accès à
l'information, quels sont les critères que vous avez pour décider
si des documents sont d'ordre qui peuvent être passés à
l'Opposition ou d'ordre restrictif, par exemple, les rapports des
délégations, les rapports des missions internationales. Avez-vous
des critères, avez-vous une liste de critères principaux qui nous
situeraient par rapport à quels documents vous considérez des
documents qui sont sujets à l'application de la loi sur l'accès
à l'information? Naturellement on avait des vues à cet
égard, mais on voudrait savoir les vôtres.
M. Landry: Le ministère a mis en branle son processus pour
satisfaire è la loi sur l'accès à l'information. La loi
nous demande d'être prêts pour le 1er juillet 1985. C'est cela?
Alors nous sommes en train de nous livrer à une vaste opération,
assez fastidieuse d'ailleurs, de repenser tous les fichiers du
ministère, tous les documents, voir ce qui se trouve là-dedans et
décider ensuite quand il est d'intérêt public ou non de
rendre ces documents accessibles au public.
Il y a des dossiers nominatifs en particulier qui contiennent des noms
de personnes. Il ne faut, en aucun cas, que les droits de la personne soient
menacés, les droits à la réputation, etc., par
l'accès à l'information. Il y a également des
impératifs stratégiques, négociations serrées avec
un pays ou l'autre en matière politique ou en matière
commerciale. Alors, il faudra s'attendre à un certain nombre
d'exclusions tenant à l'intérêt public en raison des
stratégies que nous avons à suivre avec nos interlocuteurs
étrangers. C'est prévu par la loi, bien sûr.
Mais il s'agit maintenant... On a une équipe au sein du
ministère qui est en train de voir comment la loi s'applique à
des cas pratiques et à l'ensemble des dossiers du ministère des
Relations internationales.
M. Lincoln: Je vous comprends bien, alors que d'ici le 1er
juillet, avant le 1er juillet, nous aurons une idée concrète du
genre de documents qui vont être soumis à l'application de la loi
sur l'accès à l'information et nous pourrons savoir de quoi il
s'agit.
M. Landry: C'est cela. La loi vous le dit déjà,
mais au 1er juillet elle vous le dira dossier par dossier.
Coordination sectorielle
M. Lincoln: D'accord. Est-ce que nous pourrions parler de la
coordination sectorielle au sein du ministère? Je parle des actions du
ministère dans certains secteurs définis, qui sont définis
du reste dans les crédits du ministère sur les plans culturel,
éducatif, scientifique, économique, etc?
En étudiant les crédits, nous avons constaté que
malgré qu'il y ait une énumération de projets
spécifiques, il y a absence d'évaluation précise par
rapport à la performance du ministère dans chacun des secteurs.
Il semble que les crédits eux-mêmes ne définissent pas
tellement la répartition des budgets dans ces secteurs. Je voudrais vous
demander, par exemple, quelle tranche du budget global est consacrée
à chacune des missions sectorielles, culturelle, éducative,
sociale et institutionnelle, scientifique, économique. Quelle a
été l'évolution des dépenses affectées
à chacune de ces missions et des montants qui leur sont consacrés
depuis l'installation du ministère, enfin, pour aller au moins deux ou
trois années en arrière pour savoir quelle est
l'évolution... Parce que dans les crédits, on a des chiffres
globaux. On ne sait pas l'évolution. Par exemple, quels sont les accents
que vous mettez dans une mission ou une autre? Parce que vous retirez de
l'argent une année dans le secteur éducatif pour le mettre
plutôt dans le secteur scientifique ou économique, etc. Les
crédits sont très peu révélateurs là-dessus.
Est-ce que les objectifs sont d'une année à l'autre? Est-ce que
les budgets varient?
M. Landry: Cela m'étonne un peu que vous nous demandiez
cela aujourd'hui, parce qu'on a présenté les crédits comme
le ministère les a toujours présentés du temps des "Aff.
inter" à aujourd'hui sans qu'il y ait eu de protestation.
M. Lincoln: Non, ce n'est pas une protestation. Chaque
année, nous essayons de retirer dans les crédits les
matières qui nous frappent. On ne veut pas revenir sur la même
chose que l'année dernière; mais cette année, on a
commencé à nous intéresser à cette question de
réaliser qu'on a des informations, mais on a des informations pardessus
des projets spécifiques. Dans les secteurs eux-mêmes, il manque
d'information pour rallier ce que nous pouvons déceler aux objectifs
dans les secteurs, parce qu'il y a sûrement une corrélation entre
les deux ou une priorité.
M. Landry: Encore une fois, vous me prenez un peu au
dépourvu. Je comprends que ce que vous voulez faire, c'est de ne pas
critiquer. Moi, ce que je veux faire, c'est de ne vous cacher aucune
espèce d'information. Si vous trouvez que la présentation n'est
pas suffisamment claire, je veux bien qu'on continue l'an prochain, mais je ne
peux pas vous dire beaucoup plus que cela aujourd'hui à la suite d'une
question comme celle-là. On a une répartition géographique
qui complique les choses aussi. Il y a les secteurs appliqués aux
États-Unis, il y a les secteurs appliqués à la France,
à la Belgique... nous pensions que nos présentations
étaient suffisamment claires. Si ce n'est pas le cas, on peut bien
réfléchir pour essayer de faciliter la tâche l'an prochain
et nous la faciliter aussi. Si les chiffres se présentent pour une
analyse plus facile, on en sera les premiers bénéficiaires. C'est
tout ce que je peux vous répondre pour l'instant.
M. Lincoln: Oui, d'accord. Sans demander quelque chose
d'immédiat, nous comprenons très bien que vous ne pouvez pas...
Est-ce que vous pouvez nous donner, par exemple, ce que je recherche? C'est le
critère ou les objectifs qui disent que, par exemple, d'une année
à l'autre on met tant pour cent du budget dans un objectif sectoriel par
rapport à un autre, les secteurs que vous définissez
vous-même dans le livre des crédits sur le plan culturel,
éducatif, etc. Est-ce que, par exemple, on pourrait avoir, si ce n'est
pas aujourd'hui, dans deux semaines, ce n'est pas tellement important que cela
de faire cela tout de suite, des répartitions des budgets en secteurs,
quels sont-ils?
M. Landry: On a cette répartition. Vous allez la retrouver
dans nos documents à l'intérieur des secteurs
géographiques. Je vous fais remarquer aussi qu'une grande partie de la
défense internationale ne se retrouve pas dans le budget du
ministère des Relations internationales parce qu'il y a beaucoup de
ministères sectoriels qui, à même leur budget, font des
choses en rapport avec les Relations internationales. Nous, on a la
coordination, mais c'est dans les crédits de tous les autres
ministères que vous allez trouver cela. Qu'on vous fasse une
présentation globale pour le gouvernement, l'idée n'est pas
mauvaise. En tout cas, je suis accompagné ici de ' tous les
fonctionnaires supérieurs du ministère qui ont
écouté avec soin votre question. Si on peut en faire notre profit
et le vôtre, je vous remercie de la suggestion.
M. Lincoln: Quelle est l'implication du ministère au sujet
de ces critères spécifiques ou de ces missions
spécifiques? Je sais qu'il y a des budgets qui sont au sein des
ministères pour leur vocation intergouvernementale et pour lesquels vous
faites la coordination. On peut parler de l'immigration, de la culture, de
toutes sortes
de chevauchements qui se font. Quelle est votre application à
déterminer, par rapport à des objectifs sur la scène
internationale, l'importance de l'une ou de l'autre, lorsque cela
dépasse le ministère sectoriel? Quelle est votre... (16 h 30)
M. Landry: En fait, il s'agit toujours de confrontation de points
de vue et d'itération entre les visées du ministère
sectoriel et les visées du ministère qui est chargé de la
coordination. Si le ministère de l'Agriculture nous montre une forte
preuve, à savoir que l'effort doit être fait sur le Japon,
l'expertise agricole est à cedit ministère. On va travailler avec
lui, en commande, MRI-MCE, pour que le ministère de l'Agriculture, des
Pêcheries et de l'Alimentation réalise ses objectifs au Japon. Les
objectifs des ministères viennent ensuite s'inscrire dans les objectifs
généraux du ministère des Relations internationales, qui
eux, je vous le dis, existent mais seront communiqués de façon
plus systématique avec l'énoncé de politique
internationale.
Mais, encore' une fois, coordonner l'action internationale ne veut pas
dire la monopoliser et ne veut pas dire que nous avons, au MRI, l'expertise
universelle en éducation, en affaires culturelles. C'est mon
collègue des Affaires culturelles qui dit: Un effort important devrait
être fait dans tel pays, sous telle ou telle forme. Nous faisons valoir
notre vision des choses. Si c'est un pays qui n'est pas dans nos
priorités ou qui est à un rang secondaire, c'est l'unification
des deux visions des choses qui fait la politique.
M. Lincoln: Pour revenir au ministère des Relations
internationales et les budgets qu'il consacre à des missions
spécifiques, ce que j'aurais voulu savoir si c'est possible, en temps et
lieu, quand le ministère pourra le fournir, c'est le genre d'application
du ministère à travers ses propres budgets pour commencer, parce
que l'autre est une vaste opération, des objectifs par missions,
éducative, culturelle, etc.. Parce que là, même dans le
cahier, on parle d'activités géographiques sans situer la
répartition des budgets. C'est cela qu'on cherche à avoir, parce
que cela nous intéresse maintenant, de voir qu'il y a sûrement une
relation entre les objectifs précis. Je sais qu'on n'a pas posé
la question l'année dernière, c'est un fait. Mais on cherche des
matières qui nous intéressent. Là, on a constaté
que c'était une question qui pouvait être très
intéressante à définir.
M. Landry: Vous avez raison. Le sous-ministre m'annonce qu'on a
déjà commencé à réaliser une telle
opération, non seulement à l'intérieur du
ministère, mais également dans l'ensemble de l'appareil. Mais on
n'est pas suffisamment avancé pour vous communiquer des choses
significatives, aujourd'hui.
M. Lincoln: Est-ce que le sous-ministre pourrait nous dire,
à travers le ministre, s'il y a un échéancier quelconque
dans ce travail par rapport au ministère d'abord, le travail global: Je
comprends que c'est une grosse affaire? Est-ce qu'il pourrait nous situer un
peu sur les échéanciers?
M. Landry: Nous pensons qu'au cours de l'année, on a
réussi à atteindre cet objectif. Mais comme on va le sortir par
tranches, déjà, dans quelques mois, il y aura des
résultats visibles et publiables.
M. Lincoln: Est-ce qu'on aurait pu... Pour poser une question
spécifique par rapport aux crédits, tout le programme de
transferts du ministère, qui est un important programme, 15 600 000 $,
ce qui représente quelque chose comme le quart du budget, d'abord,
pourriez-vous nous situer sur les critères qui s'appliquent,
d'année en année? Parce qu'il nous est très difficile de
savoir, par genre d'activité, quels sont les critères dont vous
vous servez, parce que c'est un chiffre global. Est-ce que le ministère
pourrait nous donner des listes d'organismes, d'individus, d'associations,
d'intervenants qui ont été les sujets de ces transferts, lesquels
se chiffrent par...
Institutions d'enseignement
M. Landry: D'abord, il y a un bloc des transferts qu'on peut
régler rapidement, c'est, pratiquement le tiers, ce sont les
collèges Stanislas et Marie-de-France. Vous savez qu'on a des
traités avec la Réplique française...
M. Lincoln: Oui, oui.
M. Landry: ...et que, déjà, à ce seul poste,
vous en avez pour 4 700 000 $, ce qui règle le tiers du cas, à
peu près. Dans les documents qu'on vous a soumis, je pense que vous
aurez une information assez détaillée sur ce que vous
demandez.
Quant à l'autre aspect de la question, tout cela passe à
la commission des engagements financiers. Tout est statutaire, tout est
normé et tout est examiné par une autre commission que la
nôtre. On peut le déposer aujourd'hui, mais ce serait purement
formel. Ce sont des documents que vous avez déjà.
M. Lincoln: Par exemple, pour en revenir à Marie-de-France
et à Stanislas, je réalise que c'est un programme qui a
été commencé, en fait, du temps du gouvernement
libéral. Loin de nous de le critiquer, au contraire. Mais ce qui nous
frappe, c'est que, par exemple, en 1981-1982, je pense que les chiffres qui
s'appliquaient à la subvention
Marie-de-France et Stanislas, c'était quelque chose comme 2 400
000 $ ou 2 500 000 $ et là, cela est monté - si nos chiffres sont
exacts, c'était 2 490 000 $ en 1981-1982 -aujourd'hui à 4 000 000
$.
M. Landry: Vos chiffres ne sont pas tout à fait corrects.
Avant que vous ne continuiez peut-être, je vais vous donner les
miens.
M. Lincoln: Oui, oui.
M. Landry: Stanislas et Marie-de-France, en 1980-1981, 3 100 000
$; 1981-1982, 3 000 000 $; 1982-1983, 4 000 000 $; 1983-1984, 4 300 000 $;
1984-1985, 4 500 000 $, pour finir en 1985-1986 à 4 700 000 $. On
applique à la progression de ces dépenses les normes du
ministère de l'Éducation en fonction des clientèles. C'est
assez mécanique.
M. Lincoln: II y a une chose qui m'a intéressé
particulièrement. C'est qu'en lisant la ventilation géographique
des crédits consacrés aux établissements français
d'enseignement à l'extérieur en 1983, les Français
dépensaient en 1983 pour leurs établissements d'enseignement en
Amérique du Nord, toute l'Amérique du Nord, un peu moins de 19
000 000 de francs. Si on prend les chiffres d'aujourd'hui, c'est environ 3 000
000 $. J'ai trouvé cela dedans. Je me demandais si on ne pourrait pas
faire ressortir à la France que nous, on fait un effort
considérable par rapport è deux collèges, par rapport
à ce que les Français eux-mêmes font pour l'enseignement en
dehors de la France, en Amérique du Nord, de seulement 19 000 000 de
francs. Je me demandais si c'était possible de la part du ministre,
quand il rencontrera la contrepartie française de son ministère,
de souligner que notre effort dans ce sens est considérable par rapport
à celui des Français. En fait, si on prend le chiffre
d'échange actuel, je pense qu'on dépense plus pour
Marie-de-France et Stanislas que les Français ont dépensé
en 1983 pour tous les établissements d'enseignement en Amérique
du Nord.
M. Landry: Non. Là, il y a une petite erreur dans votre
analyse. Je ne sais pas quel document français vous invoquez, mais ce
qu'on me fait valoir, c'est qu'en général, la France ne
comptabilise pas, dans ses dépenses d'enseignement à
l'étranger, les salaires. Tous ses coopérants, tous ses
fonctionnaires, cela se retrouve ailleurs. Or, comme c'est souvent le gros
bloc, je pense que les chiffres que vous donnez, sous réserve -
j'aimerais les examiner - ne sont pas significatifs. Deuxièmement,
n'oubliez pas que Stanislas et Marie-de-France ne sont pas des
établissements français au Québec. Ce sont des
établissements québécois participant à un programme
pédagogique et à une tradition pédagogique
française - il est vrai -mais les enfants qui sont à Stanislas et
à Marie-de-France pendant qu'on étudie les crédits, ils
sont aussi Québécois que vous et moi, sauf peut-être un
certain nombre d'enfants de diplomates qui n'ont pas la nationalité,
mais ils sont de passage, ceux-là.
M. Lincoln: M. le ministre, il y a deux commentaires que je
voudrais faire.
M. Landry: Mon prédécesseur était
diplômé du collège Stanislas...
M. Lincoln: Oui.
M. Landry: ...par exemple. Vous le savez bien. Cela se voyait
à son accent.
M. Lincoln: Oui.
M. Landry: Moi, cela paraît plus que je viens du
séminaire de Joliette.
M. Lincoln: Non, mais il y a deux commentaires que je voulais
faire, M. le ministre. Nous sommes d'accord, mais de toute façon, nous
savons que Stanislas et Marie-de-France relèvent de la loi sur les
lycées français. Nous sommes d'accord que ce sont des
établissements sur le sol québécois et qu'un grand nombre
de Québécois les fréquentent. C'est sûr. Mais en
même temps, ce sont des établissements qui sont spécifiques
et qui ne dépendent pas directement du ministère de
l'Éducation du Québec. J'ai tiré mes chiffres du rapport
annuel du ministère des Affaires extérieures français. On
y disait: En Amérique du Nord, la ventilation géographique des
crédits consacrés aux établissements français
d'enseignement en 1983, en millions de francs: Amérique du Nord,
personnel, 17 700 000 francs; fonctionnement, 1 200 000 francs; pour un total
de 18 968 000 francs. Je ne le savais pas et cela m'a frappé.
M. Landry: Je m'en doutais, M. le député. Je ne
veux pas vous interrompre indûment, mais c'est ce dont je me doutais. Ce
sont les crédits du ministère des Affaires extérieures de
France. Oui. Mais les coopérants émargent au budget de la
Défense nationale. Les enseignants émargent au budget de
l'Éducation nationale. Ils sont en détachement. Il serait
peut-être mieux de faire... Il semble que les Français ne
présentent pas les chiffres mieux que nous ne les présentons
nous-mêmes, puisque la vue des choses que vous avez n'est pas
satisfaisante.
M. Lincoln: Ce que je voulais surtout
faire ressortir, c'est que...
M. Landry: Ensuite, comme me le fait remarquer le sous-ministre,
un jeune Américain qui va dans un lycée français, il paie.
Ce n'est pas la France qui paie. Ici, c'est la même chose. On ne demande
pas, en dépit de notre amitié avec la République
française, aux contribuables français d'éduquer les
enfants québécois, ni l'inverse, sauf dans les programmes de
coopération. On a plusieurs Québécois qui étudient
en France et l'inverse. Mais là, il y a une compensation
automatique.
M. Lincoln: Enfin, tout ce que je voulais souligner, c'est que
cela m'avait frappé en lisant ce rapport, à savoir que notre
effort par rapport à celui des Français, pour les
activités d'enseignement... Je suis sûr que les collèges
Marie-de-France et Stanislas reçoivent des subventions de
l'étranger, de la France, comme faisant partie du programme sur les
lycées. Il me semblait que peut-être...
M. Landry: Comme je vous le dis, M. le député,
n'allez pas trop loin dans cette voie. La République française
paierait un salaire au collège Stanislas. Un seul. Ce ne sont pas les
Français qui paient pour cela, c'est nous. Si de jeunes étudiants
américains vont dans un lycée français, encore une fois,
ce n'est pas la France qui paie, c'est le jeune Américain. Mais cela ne
paraît pas au budget de la République française; cela
paraît au budget des parents de la personne.
M. Lincoln: Tout ce que je peux vous dire, M. le ministre, c'est
que je peux vous donner des exemples spécifiques de plusieurs
institutions d'enseignement dans la francophonie qui sont sous la loi sur les
lycées français et où la France fait des efforts
considérables en fait. La liste est là.
M. Landry: C'est parfait, mais on n'est pas au tiers monde
ici.
M. Lincoln: Non, ce n'est pas tout à fait le tiers monde.
Je ne parle pas du tiers monde quand je parle, par exemple, de l'Europe de
l'Ouest. Je ne parle pas du tiers monde où les Français mettent
164 000 000 de francs. J'ai trouvé que nous faisions un effort
considérable. Si les Français paient un salaire, peut-être
qu'ils devraient en payer deux ou trois. Je pensais, quand vous rencontrerez
votre collègue...
M. Landry: J'imagine qu'à l'étude des
crédits du ministère des Affaires extérieures
françaises, au Palais Bourbon, cela pourrait être
évoqué. Ce serait plus l'endroit qu'ici.
M. Lincoln: Non, mais quand vous les rencontrerez, vous pourriez
peut-être souligner l'effort qu'on fait comparativement à eux.
Après tout, ce sont nos crédits.
Est-ce qu'on pourrait revenir à la question de la
représentation?
M. Landry: Je m'excuse de vous interrompre, mais...
M. Lincoln: Oui.
M. Landry: Si je suis obligé de m'absenter pour aller dire
aux Français votre message, est-ce que vous allez voter contre le
gouvernement pendant mon absence?
M. Lincoln: Oui, certainement.
M. Landry: Parce que vous savez que les chiffres sont
serrés.
M. Lincoln: Certainement.
M. Landry: Bon. Alors j'écrirai plutôt.
M. Lincoln: D'accord.
M. Rivest: Tous les moyens seront bons.
M. Lincoln: Tous les moyens seront bons. Oui, on peut vous
répondre cela sans hésiter.
M. Rivest: Quitte même à faire élire M.
Bourassa au besoin.
M. Landry: Dans le comté de Nelligan?
Jumelage des délégations
M. Lincoln: Est-ce qu'on pourrait parler encore une fois des
délégations? Je sais qu'on a commencé la discussion
lorsque le député de Deux-Montagnes a parlé de cela. Il
vous avait posé la question: Est-ce qu'il y a des jumelages des
délégations entre le Québec et Ottawa dans le cas de
Singapour, de Hong Kong et de Bogota? Vous avez dit non, ce qui est le cas.
Mais je sais que, lors des premiers échanges que vous avez eus avec le
député de Jean-Talon, il a été question de votre
position par rapport à une représentation qu'on appelle
condominium, que le gouvernement conservateur fédéral aimerait
voir s'installer. Est-ce que vous pourriez resituer votre opinion par rapport
à cette considération, disons, que nous ayons une
délégation en août en Amérique du Sud, un exemple
entre beaucoup? La Chine est un exemple peut-être plus typique, parce
qu'on va s'y installer un de ces jours. Au lieu d'avoir une toute petite
délégation qui nous coûte très cher, seriez-vous
prêt à considérer deux ou trois délégations
qui seraient en condominium au sein d'une ambassade fédérale
où le Québec serait tout à fait
séparé dans ses actions, tout en économisant tout
ce qui touche le personnel de soutien, les bâtiments et le système
de soutien? (16 h 45)
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Landry: Ce n'est pas évident. Les
fédéraux ne nous ont pas dit qu'ils allaient nous faire des
cadeaux. Ils ont mis cette formule è l'étude, mais il va falloir
payer notre écot. Les économies dont il parle ne sont pas
évidentes, surtout - cela, je pense que c'est une chose admise - que les
diplomates québécois ne vivent pas sur le même pied et
n'ont pas le même train que les diplomates fédéraux. De ce
point de vue, proportionnellement, notre réseau nous coûte
beaucoup moins cher. Il est modeste en volume, il est modeste en budget, il est
très efficace et très actif et on y trouve un grand avantage pour
le Québec, pour les PME en particulier, mais aussi pour les citoyens
québécois d'avoir un endroit géographique qui s'appelle
Bureau du Québec, Maison du Québec, comme la population a
tendance à appeler notre délégation générale
à Paris.
Tous les Québécois savent que rue du faubourg
Saint-Honoré il y a un hôtel particulier merveilleux qui abrite
l'ambassadeur du Canada et que, avenue Montaigne, il y a des services plus
oppulents encore, mais ils aiment mieux aller rue Pergolèse, dans des
installations modestes, mais qui sont les leurs, qui sont plus
accueillantes.
C'est cela, la rationalité des réseaux. Pour les hommes
d'affaires en particulier, se pointer chez M. le High Commissioner du Canada
à Londres, ce n'est pas une mince affaire, mais ils vont aller voir
Patrick Hyndman, délégué du Québec,
spontanément, facilement, qui a des bureaux au centre-ville, ce qui
donne à cela une tournure beaucoup plus d'affaires.
Le truc des condominiums, cela ne me tente pas tellement,
personnellement, à ce jour. Mais j'ai bien dit que dans les pays
où nous ne pourrions pas avoir de délégation ou de
réseau significatif, alors que la conjoncture économique le
justifierait, qu'on utilise, en payant pour, certains services de l'ambassade
du Canada ne me paraîtrait pas une aberration. Les pays souverains le
font entre eux. Vous savez, il y a des pays qui se font représenter par
d'autres à l'étranger pour une période de temps et,
parfois, pour des périodes très longues, alors qu'un pays assume
les affaires d'un autre. Si cela se fait entre pays souverains, cela pourrait
se faire entre le Québec et le gouvernement du Canada. Ce sont des
choses qu'on va étudier cas par cas, étape par étape, et
ne déduisez en aucune manière qu'on veut sacrifier le
réseau québécois ou son expansion. On vient de
l'étendre de quatre postes.
Au Sommet Québec dans le monde, je n'ai pas entendu une
protestation contre cela; je n'ai pas entendu une protestation dans la
société québécoise un tant soit peu significative
contre l'expansion du réseau. J'en conclus que c'est ce que la
population veut. Ce que les libéraux ont commencé à faire
en 1960, d'étendre le réseau québécois,
répond aux désirs de la population en général, aux
gens d'affaires en particulier, et c'est ce qu'on va continuer à
faire.
M. Lincoln: Sans statuer sur le mérite des
délégations québécoises actuelles, nous ne disons
nullement qu'il faudrait les réduire ou appliquer des décisions
hâtives sur leur expansion en disant que c'est la voie à suivre
dans l'avenir, mais la question a été soulevée, elle est
à l'étude par le fédéral et je voulais savoir si
cela fera partie de votre étude lorsque l'énoncé de
politique sera discuté en mai. Est-ce que cela va couvrir toute la
question des critères des délégations, l'expansion des
délégations, les objectifs de l'expansion des
délégations?
M. Landry: Ce qui s'en vient comme énoncé de
politique c'est, comme le mot le dit, un énoncé de politique; ce
ne sont pas des questions de gestion, à savoir si on est dans tel local
ou dans tel autre ou si on paie notre loyer au gouvernement du Canada ou
à une firme de Düsseldorf. Comme je vous le dis, on va
étudier ce que le gouvernement du Canada pourrait nous proposer, sans
préjugé.
M. Lincoln: Je ne voudrais pas qu'on pense que je ne sais pas la
différence entre un énoncé de politique et une affaire de
gestion. Je pense qu'il y a beaucoup plus qu'une affaire de gestion et de
bâtisse, que c'est une question de principe dans beaucoup de choses.
M. Landry: Nos fonctionnaires de l'immigration sont logés
dans les ambassades du Canada. Il n'y a pas eu de principe
d'évoqué à ce moment-là. Ce sont les accords
Cullen-Couture. C'est de la gestion administrative. Des fois, l'ambassade n'a
pas de place; cela vient de nous arriver à Bonn. On voulait envoyer
notre conseiller à Bonn. L'ambassadeur a dit: Je ne peux pas le loger.
On l'a logé dans la délégation du Québec à
Düsseldorf. C'est purement administratif, il n'y a pas de question de
principe là-dedans.
Représentation à
l'étranger
M. Lincoln: On a ouvert à Stockholm, Singapour et Hong
Kong. En plus de ces trois nouvelles délégations, on a
ajouté douze nouveaux postes à l'étranger. C'est à
peu
près le même nombre qu'en 1984-1985, où il y en
avait eu quatorze: Boston, Düsseldorf, Mexique, Milan et Rome, New York;
affaires francophones: Port-au-Prince et CQCI à Paris. Auriez-vous pu
nous faire un tableau des critères qui ont demandé l'augmentation
de ces délégations par rapport à d'autres? Vous auriez
peut-être pu nous donner les raisons pour lesquelles il y a eu cette
augmentation dans ces postes-là.
M. Landry: En général, cela tient à
l'augmentation du volume des affaires; affaires au sens très large, y
compris les affaires non économiques; le flot de coopération.
J'aurais un document qui pourrait vous résumer cela plus
particulièrement.
M. Lincoln: Prenons par exemple DUsseldorf pour les affaires non
économiques. Pourquoi aurait-on besoin de trois personnes? Est-ce du
personnel de soutien? Est-ce qu'il y a une raison particulière?
M. Landry: Vous avez dit: Düsseldorf, une affaire
économique?
M. Lincoln: Non, non. Vous avez dit que c'était surtout
pour les sujets non économiques.
M. Landry: Non, ce n'est pas ce que j'ai dit. J'ai dit que cela
est relié à l'augmentation du volume des affaires, mais affaires
au sens large. Cela peut être l'économie comme le flot de
coopération culturelle. Düsseldorf, c'est essentiellement un poste
relié à l'expansion des affaires. DUsseldorf a la vocation sur la
Confédération helvétique aussi.
On peut parler surtout plus d'ajustement que d'addition
véritable, si vous regardez les chiffres. Entre 301 et 323, la
différence est pratiquement dans l'ouverture des nouveaux bureaux. On a
22 personnes de plus.
M. Lincoln: Je voulais savoir par exemple si Düsseldorf...
J'avais pris DUsseldorf comme exemple où c'est un bureau, nous sommes
d'accord, à vocation prioritairement économique, c'est
évident. Pourquoi ces trois personnes ne relèvent-elles pas
plutôt du ministère du Commerce extérieur, si ce sont des
affaires économiques? Quels sont les critères qui décident
si c'est le budget du ministère des Relations internationales ou le
budget du ministère du Commerce extérieur? Est-ce en fonction du
budget de l'un ou de l'autre? Quels sont les critères qui
décident que ce sera une place ou l'autre?
M. Landry: Dans ces tableaux, vous avez tout le personnel, qu'il
soit du MRI ou du MCE qui a le plus grand nombre; Immigration; Tourisme... Ce
n'est pas seulement du personnel MRI. Vous avez "autres ministères".
M. Lincoln: D'accord. Pourriez-vous nous dire si, à
Düsseldorf, les nouveaux fonctionnaires sont du MRI ou du MCE?
M. Landry: Ils ne sont ni de l'un ni de l'autre. Ils sont du
ministère des Communautés culturelles et de l'Immigration. C'est
l'exemple que je vous donnais tout à l'heure. II était question
d'aller à Bonn et il n'y avait pas de place à l'ambassade. Ils
sont allés à Düsseldorf. Il s'agit d'un conseiller et d'une
secrétaire.
M. Lincoln: C'est ce qu'on voulait savoir. D'accord.
Pour revenir à la question qu'on a discutée l'année
dernière sur l'évaluation de la performance des
délégations, si vous vous souvenez, il y avait eu un débat
et vous m'aviez dit: C'est impossible d'évaluer cela parce qu'on parle
de diplomatie. Mais ensuite, vous avez découvert qu'il y avait un
rapport que vous aviez commandé et que, sans doute, vous et moi avons
lu. Il disait exactement ce que nous avons dit, qu'il y avait des façons
d'évaluer la perfprmance des délégations et, en fait, le
rapport, comme vous le savez, faisait des critiques assez catégoriques
sur le manque de critères et d'objectifs pour une évaluation du
personnel, une évaluation de la performance des
délégations, une évaluation des
coûts-bénéfices. En fait, il y avait quelque chose comme
douze différents commentaires qui suggéraient qu'on devrait
changer toute l'approche et qu'on devrait définitivement faire une
évaluation systématique des délégations et du
personnel. Est-ce que vous pourriez me dire où on se situe par rapport
à cela? Je sais qu'il en a été question au sommet
Québec dans le monde. Si vous pouviez nous dire où on en est et
si cela va être une partie de votre énoncé de
politique.
M. Landry: Je pense que c'est rêver en couleur que de
penser à faire des analyses scientifiques un tant soit peu
significatives du rendement d'une diplomatie. D'abord, parce que toutes les
diplomaties du monde ont essayé de le faire. Il y a la Grande-Bretagne
qui avait eu, il y a quelques années, un succès relatif avec un
ressort, mais la conclusion était quand même, de toute
façon, que l'opération était impossible.
Je vais vous citer un auteur québécois qui écrit
régulièrement dans le Devoir. D'ailleurs, je profite de la
séance de notre commission pour le complimenter. Il s'agit de M.
Painchaud. Inlassablement, M. Painchaud se penche sur la politique
internationale, écrit et fait connaître des opinions que je
ne partage pas toujours mais, au moins, il maintient la réflexion
internationale dans ce grand journal qu'est le Devoir. M. Painchaud que je vous
cite - je ne vous applique pas le qualificatif par lequel il commence son
article, mais c'est pour vous dire la difficulté de l'opération -
dit qu'il y a une façon quétaine de penser la politique
internationale du Québec. Par exemple, lorsque certains journalistes,
plus soucieux de sensationnalisme que d'analyse, cherchent à faire une
manchette avec les frais de déménagement ou de
représentation que le gouvernement doit payer pour ses fonctionnaires
à l'étranger ou, encore, lorsqu'on veut mesurer à tout
prix dans certains milieux - je ne sais pas s'il pensait à vous - la
rentabilité des délégations du Québec par le nombre
d'emplois qu'elles créent...
J'espère qu'il ne pensait pas à vous. Tout cela pour vous
dire que je ne crois pas, honnêtement, que l'on puisse faire une analyse
coûts-bénéfices qui vaudrait plus cher que le papier sur
lequel elle est écrite. Je pourrais mobiliser dix ou quinze
fonctionnaires pour essayer, mais je n'ai pas la croyance intellectuelle que
cela peut se faire et aucun pays n'a développé d'expertise pour
le faire, même si la plupart des grands pays ont une activité
diplomatique depuis 150 ans et davantage. Alors, j'attends que des pays aux
moyens plus puissants, plus riches, développent une bonne
méthodologie. Si jamais ils le font, nous l'appliquerons à notre
machine mais, pour l'instant, je pense que ce serait du temps perdu.
M. Lincoln: M. le Président, c'est un peu étonnant
que le ministre cite M. Painchaud. C'est sans doute qu'il n'a pas retenu aussi
bien tous les articles de M. Painchaud, parce que, moi aussi, j'ai lu ses
articles. Je vais citer un article paru dans le Devoir du lundi 15 octobre
1984. Quand on parle de coûts-bénéfices, naturellement, on
peut dire qu'on doit avoir des prix sur les délégations, sur
l'élément diplomatique et politique d'une
délégation. Ce n'est nullement ce que nous avons proposé.
Ce qu'on dit, c'est qu'il faut qu'on essaie d'évaluer
l'efficacité de notre action dans les délégations. Par
exemple, ce que M. Painchaud dit dans l'article du lundi 15 octobre 1984 et qui
m'a frappé, je le cite: Par conséquent, si le gouvernement du
Québec est sérieux dans ses prétentions internationales,
il mettra un terme à l'improvisation qui préside, à
l'heure actuelle, au choix de ses représentants à
l'étranger et il se dotera d'une politique du personnel cohérente
et à long terme.
M. Landry: C'est ce qu'on a. On a une politique de personnel
cohérente et à long terme.
(17 heures)
M. Lincoln: Vous avez cité M. Painchaud. Lui, il ne
partage pas votre point de vue.
M. Landry: J'ai commencé par dire que je n'étais
pas toujours d'accord avec Painchaud. Je le complimente parce qu'au moins il
s'occupe de questions internationales, il écrit dans les journaux, il
donne l'exemple à beaucoup de monde et il fait réfléchir
beaucoup de monde, y compris moi-même. Mais j'ai commencé par dire
que je n'étais pas toujours d'accord avec lui.
M. Lincoln: D'accord. Il disait aussi, par exemple, dans le
même article: La déplorable attitude qu'on a prise depuis quelque
temps de nommer des délégués à contrat.
M. Landry: Cela est faux.
M. Lincoln: Ce que je veux vous dire, c'est qu'il y a...
M. Landry: On a à peu près deux
délégués à contrat sur 32.
M. Lincoln: II ne faudrait pas que le ministre s'emporte parce
qu'il a cité les mots de M. Painchaud.
M. Landry: Je ne m'emporte pas. Arrêtez de dire des...
M. Lincoln: Je veux dire que même M. Painchaud, pense qu'on
devrait avoir certains critères de personnel. Le rapport de l'ENAP qui a
été mentionné par un des sous-ministres l'année
dernière donne plusieurs catégories de critères où
il y a certaines façons. Vous avez parlé de l'exemple des
Britanniques. Sûrement qu'il y a une façon. Par exemple, le
député de Deux-Montagnes a dit: Devrait-on, par exemple, pour nos
représentants à l'étranger, les garder là pour
trois ans? Devrait-on les garder là pour cinq ans? Quel est le
système de recyclage que nous avons pour ces
délégués à l'étranger? Quelle est la
formation professionnelle de nos futurs diplomates? Toutes ces questions de
personnel tellement critiques, le député lui-même... On
pourra donner des exemples au ministre qu'il doit savoir sûrement bien
mieux que moi de délégués à l'étranger qui
reviennent de façon systématique parce que leur mandat est fini,
qui ne trouvent pas de poste qui corresponde réellement à leur
évolution pendant ce temps dans un pays étranger, qui sont des
experts qu'on perd parce que quelques fois ils sont obligés de revenir
ici.
M. Landry: On gagnerait du temps, M.
le Président, s'il nommait quelques cas pour qu'on puisse
épouiller cela. À quoi vous sert de dire des choses que vous
n'êtes pas capable d'étayer? Si vous voulez rendre service au
Québec, à vous-même et au gouvernement, donnez-moi un cas,
je vais le régler.
M. Lincoln: Non, non. Écoutez, je ne veux pas entrer dans
des questions qui, comme vous le savez, sont des questions personnelles. Il y a
des gens qui nous disent des choses. Ce que je veux vous dire c'est: Est-ce
que, par exemple, c'est la meilleure façon...
M. Landry: Ne mettez pas de noms. Parlez par X, Y ou Z.
M. Lincoln: Non, non.
M. Landry: Dites-moi, X est revenu de l'étranger et on ne
lui a pas trouvé de job.
M. Lincoln: M. le ministre, vous n'allez pas m'intimider. J'ai
mon droit de parole. Voici tout ce que je veux vous dire. Est-ce que, par
exemple, il est mieux pour le Québec d'avoir des
délégués qui restent trois ans à l'étranger,
quatre ans à l'étranger, cinq ans à l'étranger?
Est-ce que vous avez étudié la question depuis des années
que l'Opposition ici vous pose la même question et que vous la retrouvez
dans les crédits du ministère? C'est vous aujourd'hui,
c'était votre prédécesseur, M. Jacques-Yvan Morin; du
temps de monsieur...
M. Landry: C'est cela que vous me posez?
M. Lincoln: M. le Président, est-ce que...
M. Landry: Si c'est une question que vous posez, je vais vous
répondre. On l'a décidé. Le mandat est de trois ans.
M. Lincoln: Attendez une minute. Est-ce que le ministre voudrait
me laisser... Je sais que cela l'énervé. Il a cité M.
Painchaud qui le contredit. Il est un petit peu de mauvaise humeur. J'ai envie
de finir...
M. Landry: Ah! Ne pensez pas cela, M. le Président. Je
suis d'une excellente humeur. Cependant, je pensais qu'on était à
la période des questions, les exposés préliminaires ayant
été faits longuement à la première séance.
Si on veut reprendre les exposés préliminaires, on va se lancer
chacun dans un exposé de 20 minutes, puis on verra après.
Le Président (M. Leduc, Fabre): M. le député
de Nelligan, si vous voulez poursuivre.
M. Lincoln: Oui. Tout ce que je veux demander au ministre quand
je lui parle des critères d'évaluation, c'est d'essayer de nous
montrer si, demain, il pense faire des énoncés de politique et
qu'il nous dise que toute la question des critères de
délégation, c'est un peu - j'ai oublié le mot qu'il a dit
-de la foutaise de penser que c'est possible dans les questions de relations
internationales. Il y a des gens assez sérieux qui pensent, comme
l'ENAP, comme M. Painchaud, que certains critères sont essentiels et
devraient se situer... Est-ce que cela va être une partie de son fameux
énoncé de politique qui va paraître en mai? Je pense que
mon collègue aussi a une question additionnelle à poser sur le
même sujet.
M. Landry: C'est quoi la question? Il y a 50 000 questions dans
ce qu'il a dit.
M. Rivest: Je pense que la question que le député
veut soulever au ministre, c'est la formation, la mobilité, la gestion
des ressources humaines au niveau du ministère des Relations
internationales. Ce qu'il demande, c'est un énoncé de politique.
Cela peut inclure la formation. Vous savez très bien que plusieurs de
vos collègues dans d'autres ministères, avec l'ENAP entre autres,
ont des programmes de formation, de recyclage du personnel de leur
ministère qui font des stages à l'ENAP, suivent des cours,
reviennent. Ce que mon collègue de Nelligan essaie d'évoquer,
parlant de l'évaluation de la performance de l'ensemble de nos
délégations, pas des bâtisses mais des personnels, c'est
quel est le... Par exemple, une question bien simple que je pourrais vous
poser: Quel est le nombre de personnel actuellement au ministère des
Relations internationales qui suit et qui est en stage de formation ou de
recyclage, ce que vous avez à la gestion de votre personnel? L'objectif,
je pense, qu'a très clairement exprimé le député de
Nelligan, c'est qu'il veut que notre personnel diplomatique soit formé,
soit préparé, qu'il soit en poste à l'étranger,
qu'il revienne ici, qu'on ne coupe pas sa carrière. Que
prévoyez-vous? Est-ce que ce sont des préoccupations que vous
avez au ministère des Relations internationales ou si, très
simplement, parce que la réponse que vous avez donnée, M. le
ministre, la lecture que j'en ai faite c'est que vous dites: Après deux
ans, trois ans ou cinq ans, la personne revient... Là, on
l'intègre de nouveau au ministère. Est-ce purement un
critère mathématique de cet ordre qui définit et illustre
la politique de gestion de votre personnel et toujours dans le souci de
créer du personnel qui est bien formé pour remplir leur
rôle qui est quand même très particulier, très
spécifique? C'est cela la préoccupation. Avez-vous une politique
dans
ce domaine?
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Landry: Bien sûr qu'on a une politique.
M. Rivest: Bon! Alors laquelle?
M. Landry: En particulier, pour le perfectionnement, on a d'une
façon générale 5 % de personnes-année de notre
personnel qui est en recyclage, perfectionnement dans les diverses
écoles, facultés, etc. Deuxièmement, est-ce qu'il y a un
plan de carrière? Contrairement à ce qui s'est fait dans le
passé sous d'autres administrations - il y a eu quelques cas dramatiques
qui s'appelaient X, Y et Z - nous évitons de perturber la
carrière des diplomates qui entrent et nous avons ajouté à
cela un critère de temps. Rapidement, ces gens sont affectés
à d'autres postes, ou - des fois ils retournent à
l'étranger - sont gardés ici, parce que la rotation est
importante en ces matières. En général, on est en poste
à l'étranger pendant trois ans. Nous ne voulons pas que des
diplomates en poste trop longtemps sans revenir au Québec se coupent de
la réalité québécoise.
On s'arrange pour les garder quelques années à
Québec et les retourner en poste pour ceux qui sont destinés
à faire une carrière totalement à l'étranger. Les
autres, comme on n'a pas une diplomatie très vaste et qu'on n'a pas
beaucoup de postes, on ne peut pas jouer à la chaise musicale comme une
grande diplomatie qui est représentée dans 121 pays par exemple.
Souvent, c'est dans d'autres secteurs de l'administration publique dans les
ministères sectoriels à des niveaux de salaires et de
responsabilités équivalents que ces gens vont poursuivre leur
carrière pour éventuellement revenir et faire de
l'étranger, par la suite, si des occasions se présentent.
M. Rivest: Est-ce que le ministre pourrait déposer devant
la commission un document ou un exposé de la politique de gestion du
personnel de son ministère des Relations internationales qui
intégrerait - il a souligné un certain nombre
d'éléments -d'une façon rationnelle, cohérente et
engagée les objectifs, les moyens pour former? D'abord, est-ce qu'un tel
document existe?
M. Landry: Je ne dis pas que je pourrais le faire...
M. Rivest: Un tel document n'existe pas.
M. Landry: Un instant.
M. Rivest: Vous n'avez pas de politique dans ce domaine.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre, vous avez la
parole. S'il vous plaît! M. le ministre, vous avez la parole. À
l'ordre, M. le député de Jean-Talon.
M. Rivest: M. le Président, la vérité a ses
droits.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jean-Talon, c'est M. le ministre qui a la parole.
M. Landry: Le député puise dans ses souvenirs du
temps où, eux, s'occupaient de ces choses.
M. Rivest: Pas du tout, on a fait la commission Bisaillon,
monsieur, au niveau de la fonction publique...
Le Président (M. Gagnon): À l'ordre! M. le
député de Jean-Talon.
M. Rivest: Vous n'avez pas de politique dans ce domaine.
M. Landry: Le député puise dans ses souvenirs
à l'époque où tout allait à vau-l'eau. Il n'y avait
même pas de ministère des Relations internationales, de toute
façon. C'était le ministère des Affaires
intergouvernementales et il y avait des gens là-dedans qui s'occupaient
des relations avec Ottawa, d'autres qui s'occupaient des relations avec les
autres pays.
M. Rivest: Vous n'avez pas de politique. Causez!
M. Landry: Ce que je dis, c'est qu'une équipe
particulière au ministère actuellement, dirigée par M.
Jean-Marc Léger qui a un rang de sous-ministre et qui est un des
diplomates québécois les plus expérimentés, qui a
été le premier secrétaire de l'Agence de
coopération culturelle et technique, en particulier, qui a
été le secrétaire fondateur de l'AUPELF, est en train de
réviser totalement notre politique et que le document qui serait
disponible de façon préliminaire, aujourd'hui, mérite
encore des raffinements et ce ne serait pas rendre justice à M.
Léger que de le déposer, je ne le déposerai donc pas
aujourd'hui.
M. Rivest: Le document que M. Léger modifie, la politique
antérieure, je suppose qu'elle existait. M. Léger est
peut-être en train d'en préparer une, fort bien, mais il n'y en a
jamais eu avant.
M. Landry: II est en train de réviser nos politiques.
M. Rivest: C'est ça la vérité. Il n'y en a
jamais eu avant.
M. Landry: Quand on a hérité de vous, c'est
sûr, il n'y avait pas de politique dans rien, même pas dans
l'électricité où on annonçait l'aménagement
de trois rivières et ce sont trois autres qui ont été
faites après, dans des choses qui coûtaient des milliards de
dollars. Alors, imaginez-vous quand on arrivait dans le détail des
relations internationales...
M. Rivest: Encore là...
M. Landry: ...si c'était l'absence totale de politique.
Mais, ces politiques se sont bâties au fur et à mesure. Là,
on est en train de les réviser. C'est ce que M. Jean-Marc Léger
fait. Quand il aura fini son travail, pour lui rendre justice, je l'enverrai
à cette commission ou au député de Jean-Talon
personnellement.
M. Lincoln: M. le Président...
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: ...c'est ce qui m'étonne de la part du
ministre. Il vient de nous dire, il y a quelques minutes, qu'on avait une
politique pour les délégués qui était formidable,
que tout marchait très bien, que M. Painchaud se trompait quand il
disait qu'il n'y en avait pas. Là, il nous admet que M. Jean-Marc
Léger a été assigné pour réviser la
politique.
M. Landry: Bien oui, cela prouve qu'il y en a une.
M. Lincoln: Si la politique...
M. Landry: On ne révise pas une chose qui n'existe pas,
voyons donc! Le sens des mots en français, vous le comprenez autant que
moi.
M. Lincoln: Oui, je le comprends très bien.
M. Landry: Vous venez de dire "réviser la politique".
M. Lincoln: M. le Président...
M. Landry: Réviser quoi? Complément d'objet direct.
Réviser la politique. Donc, la politique existe, elle est en
révision.
M. Lincoln: ...dites au ministre de se calmer. Je ne sais pas ce
qui lui arrive aujourd'hui, il a mangé du taureau, cela ne va pas
m'intimider du tout. La première chose que je vais demander...
M. Landry: C'est surtout, M. le Président, que j'ai peur
que le député vous ennuie mortellement et que vous vous
endormiez.
M. Lincoln: Oui, oui.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre, à
l'ordre, s'il vous plaît: M. le député de Nelligan.
M. Lincoln: Je veux demander au ministre, puisqu'il y a une
politique qui est en révision - c'est la première nouvelle pour
nous, on le lui a demandé l'année dernière, il n'y en
avait pas, l'année d'avant, il n'y en avait pas - s'il pourrait
déposer l'ancienne politique.
Une voix: C'est cela.
M. Lincoln: On lui demande de déposer l'ancienne
politique. Quand M. Léger aura révisé l'ancienne
politique, on pourra avoir la nouvelle. Mais, entre-temps, je vais lui citer,
cela est la première demande, puisqu'il nous disait que cela marchait
tellement bien dans les délégations... La nouvelle
déléguée du Québec à New York, Mme
Dionne-Marsolais, disait, le lundi 5 novembre, dans un article du Devoir, de
Jean Chartier, envoyé spécial du Devoir: La
déléguée, entrée en fonction en juin dernier, doit
aussi redresser une délégation dans un état de
désorganisation rarement vu au bureau du Québec à New York
- cela n'était pas du temps des libéraux...
M. Landry: Continuez la lecture.
M. Lincoln: ...puisque la presque totalité des conseillers
en fonction à la délégation sont en voie de
remplacement.
Voilà ce qu'on voulait dire au ministre.
M. Landry: Non, non, continuez à lire si vous voulez
être honnête, où la déléguée dit que ce
n'est pas la faute du gouvernement et que c'est tout à fait
normal...
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre!
M. Landry: Passez-moi le papier, on l'a nous aussi.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre!
M. Landry: II y a des limites à se moquer du monde et
à tronquer des textes.
M. Lincoln: Non, non.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre, on va laisser le
député de Nelligan
terminer sa question. Après, vous aurez la parole.
M. Rivest: Du calme!
M. Landry: Passez-moi donc le texte.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Je crois que le ministre est en train montrer ses
couleurs. Ces questions le gênent parce que cela l'embête. Toutes
les années on revient là-dessus.
Le Président (M. Gagnon): Voulez-vous, M. le
député de Nelligan...
M. Lincoln: Oui, oui...
Le Président (M. Gagnon): ...compléter votre
question, s'il vous plaît.
M. Lincoln: ...je vais revenir, je vais revenir. Tout ce que je
voulais demander au ministre... Certainement, il veut nous faire croire que
tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes, mais ce n'est pas le cas.
M. Painchaud dit que ce n'est pas le cas. Mme Dionne-Marsolais dit que ce
n'était pas le cas à New York. Il y a toutes sortes de gens qui
disent qu'on n'a pas de politique pour situer le personnel. Il dit qu'on en a
une. Je lui demande de déposer la politique de l'année
dernière, premièrement. Deuxièmement, quand est-ce que M.
Jean-Marc Léger... Quel est l'échéancier pour la
révision de la politique? Quand sera-t-il en mesure de déposer la
nouvelle politique?
Le Président (M. Gagnon): Merci. M. le ministre.
M. Landry: Premièrement, pour le cas de Mme Marsolais, si
le député avait été un tant soit peu honnête,
il aurait continué sa lecture. Mme Marsolais dit que ce n'est pas la
faute du gouvernement. Parce qu'il arrive que des mouvements de personnel dans
une compagnie, au gouvernement ou dans le secteur privé, se fassent tous
en même temps. Alors, la période où tout le monde change,
ce qui peut durer un ou deux mois, ou trois semaines, donne lieu à une
période de chaise musicale, évidemment, normale. Par exemple, Mme
Marsolais remplace M. Gosselin, à New York; M. Gosselin
démissionne pour des raisons personnelles avant terme; normalement, il
n'aurait pas dû partir à ce moment-là. Alors, le
délégué part et un certain nombre d'autres membres du
personnel clef partent. On les remplace dans l'espace de deux mois, ce que Mme
Marsolais d'ailleurs a présidé comme opération et qu'elle
a fait brillamment, de l'avis de tout le monde.
Alors, cela est normal que dans la vie d'un poste diplomatique... Il
m'arrive souvent de visiter des ambassades du Canada où il n'y a pas
d'ambassadeur, où il y a un chargé d'affaires, parce que
l'ambassadeur est en mutation, ainsi que deux ou trois autres conseillers.
Personne ne fait un drame de cela. Personne n'a jamais écrit d'article
dans les journaux pour dire cela non plus.
M. Rivest: Quelle belle planification! Franchement, n'essayez
donc pas de défendre ce qui est indéfendable!
M. Landry: On était tellement en voie de
réorganisation que M. Jean Chartier, qui a signé l'article,
envoyé spécial du Devoir, s'était présenté
au concours pour devenir agent d'information à la
délégation du Québec. Malheureusement, malgré ses
mérites énormes, ses services n'ont pas été
retenus, on a engagé une autre jeune femme qui s'appelle Mme Nicole
Gladu. Comme il n'a pas eu le job, il lui est resté du temps libre,
alors il a pu écrire un article sur la délégation.
M. Rivest: Ce n'est pas sérieux! (17 h 15)
M. Lincoln: M. le ministre, pour revenir, est-ce que vous allez
me dire quand vous allez déposer la politique actuelle, sujette à
révision par M. Jean-Marc Léger, et quand M. Jean-Marc
Léger va avoir fini la révision de la politique, quand elle
pourra être déposée?
M. Landry: Oui, je vais vous dire cela, mais avant, je vais citer
ce que le député de Nelligan n'a pas cité. Mme
Dionne-Marsolais qu'il a évoquée, qui est notre brillante
déléguée de New York, a expliqué au Devoir que ce
n'est pas la faute du gouvernement si ses deux prédécesseurs ont
démissionné en cours de mandat. Ce sont des choses qui
arrivent.
M. Rivest: Voyons donc! Ce serait bien le restant.
M. Landry: Ce sont des choses qui arrivent.
M. Rivest: Ce serait bien le restant que ce soit la faute du
gouvernement.
M. Landry: Donc, toute la démonstration du
député de Nelligan, incomplète, tronquée, presque
volontairement tronquée et incomplète d'ailleurs, est
démolie par la déléguée elle-même qu'il est
en train de citer.
Deuxièmement, j'ai dit que, quand M. Jean-Marc Léger aura
terminé son travail de révision des politiques, cela me ferait
grand plaisir... D'ailleurs, probablement que la loi
sur l'accès à l'information pourrait nous forcer à
la publier, mais même sans être forcés cela nous fera grand
plaisir de la remettre au député de Nelligan et à cette
commission.
M. Rivest: L'ancienne politique, la politique qui va être
modifiée.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jean-Talon, vous ne m'avez pas demandé la parole. Est-ce que vous
demandez la parole? M. le député de Nelligan.
M. Lincoln: Non, le ministre essaie de s'esquiver et de me faire
dire que j'ai tronqué un article. Je pense que tous les gens qui ont lu
l'article - s'il pense que l'article est favorable - n'ont jamais mis en cause
le travail que Mme Dionne-Marsolais a fait pour réorganiser la
délégation. Je pense que tout ce que le ministre nous a dit, les
remplacements en bloc, en touffe, cela montre qu'il manquait justement une
politique, qu'on est en train d'installer quelque chose à la
délégation de New York qui devrait se faire à
l'échelle de tous les endroits, parce qu'il manque de politique. Je
pense qu'il ne nous a pas répondu...
M. Landry: Qu'est-ce qu'il ne faut pas entendre!
M. Lincoln: ...sur la politique actuelle, sa politique actuelle.
Où est-ce que c'est? Est-ce qu'il va la déposer? Parce qu'il ne
répond pas. Je ne sais pas s'il y a une politique actuelle. Où
est-ce qu'elle est? Est-ce qu'elle va être déposée? Est-ce
qu'elle est sur papier ou est-ce une politique dans les nuages que M. Jean-Marc
Léger va aller réviser?
M. Rivest: C'est cela.
M. Landry: C'est incroyable ce qu'il faut entendre de la part du
député de Nelligan qui, pourtant, a des périodes de
lucidité plus grande et de cohérence plus grande - je le
reconnais - d'aller mettre sur le dos du gouvernement le fait qu'un
fonctionnaire, légitimement, décide pour des raisons personnelles
de démissionner. Est-ce qu'il préconiserait un régime
autoritaire et dur dans lequel les gens n'auraient pas le droit de
démissionner? Ce ferait une sacrée bonne fonction publique,
interdiction de démissionner. Ce n'est sûrement pas ce que le
député de Nelligan veut dire. Il s'est laissé
entraîner par la partisanerie politique. M. Gosselin a
démissionné et je crois que 30 jours plus tard, Mme Rita
Dionne-Marsolais était déjà assise dans le bureau de
délégué général du Québec à
New York. En 30 jours, nous avons réussi à recruter une personne
de cette qualité, à remplir toutes les formalités voulues
et à la mettre en poste.
Deuxièmement, quand le député de Nelligan dit qu'on
n'a pas de politique, autre erreur profonde. Il le sait, c'est lui-même
qui a fait allusion au fait qu'on garde nos diplomates en poste à
l'étranger pendant trois ans. C'est lui-même qui a
évoqué le fait que nous avons des contractuels, oui, très
peu. On a deux contractuels en poste importants et c'est aussi une de nos
politiques, d'avoir quelques contractuels; les autres diplomates étant
tous et toutes des employés permanents du gouvernement du Québec.
C'est bon de se garder une souplesse. C'est le fait d'avoir ouvert la porte
à des contractuels qui nous a permis, par exemple, d'embaucher
rapidement Mme Marsolais et, en moins de 30 jours, combler un poste vacant dans
une délégation importante comme celle de New York. J'ai dit
également que nous avions pour politique de ne pas laisser les postes
vacants indûment et, en général, en 30 jours, une vacance
importante dans une délégation est comblée. J'ai dit
également que nous avions comme politique de ne pas briser la
carrière des fonctionnaires qui reviennent ici. Cela a été
fait, réalisé. Je lui ai demandé de me citer des cas,
même par X ou Y - parce que je ne veux pas qu'il mette de noms pour ne
pas nuire à ces personnes - et il n'a pas été capable de
le faire. Nous avons également comme politique d'empêcher que des
fonctionnaires québécois des services internationaux ne se
coupent de la réalité québécoise. Et nous avons
également comme politique d'empêcher que nos fonctionnaires
manquent de recyclage. C'est pour cela que 5 % de notre personnel est en
formation, comme je le lui ai dit. C'est cela, une politique.
M. Lincoln: Je voulais...
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Lincoln: Oh, pardon!
M. Bisaillon: Non, cela va, si vous voulez terminer.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de...
Bon! C'est parce que...
M. Lincoln: Cela va. Je vais y revenir.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Nelligan, je vous ai laissé aller.
M. Lincoln: Tout à fait d'accord.
Le Président (M. Gagnon): Je pense que cela fait environ
45 minutes. Mais il y a d'autres personnes qui ont aussi demandé la
parole.
M. Lincoln: C'est parfait.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Sainte-Marie.
M. Bisaillon: Mais c'est toujours sur le même sujet, M. le
Président. Je ne sais pas si le ministre est conscient que, par les
questions adressées par le député de Nelligan et le
député de Jean-Talon, le fait de vouloir connaître la
politique du ministère à l'égard de ses ressources
humaines, cela appellerait davantage de chiffres, me semble-t-il, de la part du
ministre. On n'en a pas eu beaucoup, en tout cas, depuis que j'assiste è
cette partie du débat. N'est-il pas exact, par exemple, en ce qui a
trait aux délégués du Québec, dont un certain
nombre d'entre eux ont le statut d'administrateur d'État, il ne faudrait
pas oublier cela... Ce n'est donc pas seulement interne au ministère des
Relations internationales, mais cela couvre l'ensemble. Leur plan de
carrière, donc, peut se réaliser à l'intérieur de
l'ensemble de la fonction publique et non uniquement è
l'intérieur du ministère concerné.
N'est-il pas exact qu'un certain nombre de ces cadres s'ils ne l'ont
été que dans les derniers mois, au moins dans les mois qui
viennent, seront tous, ou pour un bon nombre, en même temps en fin de
mandat? Si la politique du ministère est de faire des mandats de trois
ans et qu'on se retrouve du jour au lendemain avec une quinzaine de
délégués qui sont en fin de mandat, quand il s'agit de
combler la vacance, cela va bien, mais cela ne fait pas nécessairement
partie d'une politique complète. Qu'est-ce qu'on fait avec les quinze
qui reviennent? Comment les réintègre-t-on, à
l'intérieur du ministère, à d'autres fonctions? Comment
les réintègre-ton à la fonction publique? Quelles sont les
mesures qui sont prévues et comment ces mesures s'intègrent-elles
à d'autres mécanismes gouvernementaux? J'aimerais qu'on ait des
chiffres un peu là-dessus.
Quand le ministre nous dit que 5 % sont accordés au
ressourcement, au développement, au perfectionnement des ressources
internes du ministère, que représentent ces 5 % sur l'ensemble
des effectifs en termes de personnes, de jours-année de ressourcement ou
de perfectionnement?
M. Landry: Je règle tout de suite la dernière
partie de la question. C'est 5 % des personnes-année justement.
M. Bisaillon: Cela vaut combien de jours-personnes-année?
Combien de jours-année?
M. Landry: Cela devient du calcul.
M. Bisaillon: C'est parce que je ne connais pas les effectifs.
Combien avez-vous d'employés?
M. Landry: Votre base est de 375. Alors, faites les calculs.
M. Bisaillon: De tous les niveaux, M. le ministre.
M. Landry: Oui.
M. Bisaillon: C'est autant au niveau du personnel
d'encadrement...
M. Landry: De tous les niveaux.
M. Bisaillon: ...du personnel professionnel...
M. Landry: De tous les niveaux.
M. Bisaillon: ...des professionnels en situation de
gérance...
M. Landry: Oui.
M. Bisaillon: ...et du personnel de soutien et
assimilé.
M. Landry: Exactement.
M. Bisaillon: Mais comment cela se répartit-il à
l'intérieur? Parce que la catégorie visée sont les
employés de haut niveau. Est-ce que les 5 % s'appliquent uniquement
à ces employés de haut niveau ou si c'est pour l'ensemble du
personnel du ministère? Cela fait quand même une
différence.
M. Landry: On me dit que c'est pour l'ensemble du personnel du
ministère.
M. Bisaillon: Est-ce que vous pourriez nous donner la
précision concernant le personnel de haut niveau?
M. Landry: Sans doute.
M. Bisaillon: Qu'est-ce qui est attribué au personnel de
haut niveau, soit celui dont on s'inquiète actuellement?
M. Landry: D'abord, avant, pendant que les fonctionnaires font
des calculs, je voudrais répondre à votre question sur les
chiffres et les mouvements de personnel. On a quinze personnes qui doivent
entrer dans les mois qui viennent.
M. Bisaillon: Le chiffre de quinze que j'ai donné
était à peu près exact.
M. Landry: C'est cela. Les quinze sont placés et
réaffectés. Il y a un cas qui ne relève pas de nous, parce
que c'est une
personne d'un autre ministère, qui est en suspens. Donc, un sur
quinze. La moyenne est bonne. Tous les autres ont devant eux ou elles une
fonction qui leur sera offerte et qui leur permettra de continuer leur
carrière. On a vraiment fait très attention, depuis que je dirige
ce ministère, et j'imagine que mon prédécesseur faisait la
même chose, pour ne pas frustrer les diplomates qui rentrent et ne pas
les mettre en situation d'attente trop longue pour retrouver une situation
analogue, soit aux Relations internationales, mais comme le
député l'a bien souligné, dans leur ministère
d'origine. On a un délégué qui est rentré d'Europe
dernièrement, par exemple. Il est de haut niveau, administrateur
d'État III. Il va quitter la diplomatie, mais il va aller dans un poste
clé de l'administration publique québécoise qui convient
à ses talents, à sa formation, etc. On ne veut pas non plus qu'il
soit prisonnier de la diplomatie.
M. Bisaillon: Mais cette affectation se fait par le
secrétariat aux emplois supérieurs ou directement sous
l'impulsion du ministère?
M. Landry: Cela dépend des personnes. Quand il s'agit de
personnes qui relèvent de nous, vous savez que nous sommes les
affectants du personnel, mais ce sont souvent les sectoriels qui les
fournissent et qui les sortent de leur rang. Quand cela relève de nous,
ce sont des décisions internes. Quand il s'agit d'un ministère
sectoriel, c'est le ministre sectoriel qui réaccueille son ancien
diplomate et qui le réintègre dans sa hiérarchie. Quand il
s'agit de fonctions relevant de l'État central, de l'État comme
administration centrale, ce sont les mécanismes habituels de choix des
cadres supérieurs du Conseil exécutif, c'est M. Jean-Noël
Poulin qui est saisi immédiatement du cas et qui trouve une
affectation.
M. Bisaillon: Est-ce que je vais avoir une réponse
à ma deuxième question, M. le Président? On m'a dit que 5
% étaient affectés au ressourcement, au perfectionnement, au
développement des ressources humaines, des ressources internes, mais je
voulais savoir ce qui s'appliquait aux employés de haut niveau. On
devait me faire les calculs tantôt.
Deuxièmement, j'aimerais savoir, en fric, dans le budget du
ministère, qu'est-ce que représente 5 %. Quelles sont les sommes
affectées au développement des ressources humaines? Est-ce que le
ministre, qui nous dit qu'il a une politique qu'il est en train de
réviser, est conscient que dans les années qu'on vit et que dans
celles qui viennent la question du développement des ressources humaines
va se présenter peut-être comme la question la plus importante?
Comme c'est la plupart du temps dans ce secteur qu'on coupe toujours les
budgets, quelles sont les intentions du ministre à cet égard?
Trouve-t-il que 5 % sont suffisants, compte tenu du personnel
spécialisé qu'il doit regrouper dans son ministère?
Trouve-t-il que 5 %, c'est suffisant en termes de développement de
ressources humaines pour aborder les besoins futurs qu'on va avoir à
rencontrer et est-ce qu'il entend consacrer des énergies additionnelles
en termes de budget, et non pas en termes de belles paroles, en termes d'argent
et d'actions concrètes?
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Bisaillon: Le ministre n'est pas avare... le ministre n'est
jamais avare de belles paroles, mais j'aimerais...
Le Président (M. Gagnon): Je m'excuse, la parole est au
ministre.
M. Bisaillon: Oui, bien sûr.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Landry: On a quinze personnes-années qui sont
touchées par ces mesures de perfectionnement. Cela peut faire beaucoup
plus de personnes, évidemment, parce qu'il peut y avoir un stage de
trois mois... Des quinze, en général, cinq, c'est-à-dire
le tiers, sont des cadres supérieurs. Cela, je pense, répond de
façon chiffrée assez précisément à la
question du député.
Maintenant, quand j'ai fait allusion aux travaux de M. Jean-Marc
Léger, je n'ai peut-être pas dit qu'une de ses
responsabilités aussi consiste à raffiner les questions de plan
de carrière et de formation. En termes de budget - le
député a manqué la séance inaugurale de nos travaux
- j'ai bien dit que mon ambition n'était pas tellement de faire galoper
les budgets du ministère à la hausse. Nous sommes dans une phase
d'économie des ressources, nous sommes dans une phase de rationalisation
et de réaffectation. Et la preuve est qu'on a réussi à
avoir quatre postes diplomatiques de plus à l'étranger, avec tout
leur personnel, sans subir de hausse réelle des budgets du
ministère. Cela veut dire qu'on a comprimé ailleurs, qu'on a
coupé ailleurs. Notre ambition n'est pas de faire galoper les budgets,
ce sont toujours les contribuables qui paient.
La fonction publique québécoise est dans une phase de
rationalisation. Il y a vingt ans, ce dont on se vantait - j'ai vécu
cette période - dans les salons de Grande-Allée, c'est: J'ai
ajouté tant de personnel, j'ai deux adjoints et je n'en avais qu'un
autrefois. Maintenant, ce n'est pas cela. Je pense que la tendance s'est
ajustée à la conjoncture et c'est une tendance saine de
dire: J'ai réussi à faire plus avec pas plus de monde et
parfois avec moins de monde.
C'est de ne pas s'attendre à des hausses spectaculaires de
ressources.
M. Bisaillon: Comment pourra-t-il faire plus en termes de
développement des ressources humaines avec moins? Comment allez-vous
affronter les besoins futurs en termes de développement des ressources
humaines avec les mêmes sommes d'argent que vous dépensez
actuellement? Comment allez-vous pouvoir réussir cela, vous?
M. Landry: D'abord, il y a de la réaffectation de
programmes; il y a des programmes qui vont disparaître, il y a des
transferts qui vont être diminués. Le budget du ministère
n'est pas gelé jusqu'à la fin des temps. 3e dis que c'est de la
fuite en avant de toujours chercher dans l'extension des budgets
l'amélioration des activités. Ce n'est pas ce qu'il faut faire.
Le contribuable ne veut plus de cela.
M. Rivest: Vous nous avez donné des chiffres. Je vous
signale, d'une façon générale, que de toutes vos
réponses, et surtout des réponses que vous avez fournies au
député de Sainte-Marie - d'ailleurs, c'est un peu
généralisé, je sais qu'il y a des contraintes
budgétaires - la préoccupation de la formation des ressources
humaines me paraît récente, si elle existe. Si elle est
récente, consolons-nous en disant qu'elle va exister. Nos questions,
celles des députés de Nelligan, de Sainte-Marie et moi-même
sont pour vous sensibiler à cet aspect-là. (17 h 30)
Vous nous avez donné un certain nombre de chiffres en nombre
d'heures-années. On sait maintenant à quel niveau cela se situe.
Une fois qu'une personne du ministère participe à un programme de
perfectionnement, où va-t-elle? Quels sont les programmes qu'on lui fait
suivre? Est-ce qu'il y a une politique dans ce domaine-là? Avez-vous des
priorités? Que lui fait-on faire? Qu'est-ce qu'on essaie de combler dans
sa formation? Qu'est-ce qu'on essaie de lui faire acquérir? Qui donne
les cours? Est-ce qu'on peu avoir, par exemple, des documents qui nous
indiqueraient quels cours sont disponibles? C'est cela au fond le contenu de la
politique, On essaie de voir exactement... Est-ce que cela existe? Est-ce qu'il
y a un cahier où on peut voir les cours donnés? Êtes-vous
satisfaits actuellement des cours donnés? Bonne chance dans votre
réponse, je suis convaincu que cela n'existe pas.
M. Landry: Si vous ne voulez pas savoir ce qu'on fait, si cela ne
vous intéresse pas, pourquoi posez-vous des questions?
M. Rivest: Surprenez-moi. Je demande à être
surpris.
Le Président (M. Gagnon): La parole est au ministre. S'il
vous plaît!
M. Landry: Premièrement, la préparation des
fonctionnaires qui vont à l'étranger, leur préparation
immédiate - je ne parle pas de leur formation professionnelle - est
particulièrement soignée. Nous n'envoyons personne à
l'étranger, ni notre ministère ni les autres ministères
d'ailleurs, on le fait aussi pour les gens de l'Agriculture que nous affectons
ou les gens des Affaires culturelles, sans préparation immédiate,
et cela peut aller jusqu'à 25 jours de préparation
immédiate avant le départ de la personne et son affectation
réelle à l'étranger.
Nous avons également des étudiants à l'École
nationale d'administration publique, qui existe justement pour cela, et toute
la mobilité des personnels est conçue en fonction de leur
perfectionnement, de leur recyclage, de l'approfondissement de leurs
connaissances ou de la possibilité d'en acquérir de nouvelles,
mais le ministère n'est pas une école, en fin de compte.
M. Rivest: Je connais l'ENAP assez bien, mais quels sont les
programmes spécifiques qui y existent? Pouvez-vous nous en
établir la liste, nous la transmettre? Cela m'intéresserait de
voir le contenu de ces programmes-là qui existent pour des fins propres
de représentation du Québec à l'étranger. C'est
cela qui m'intéresse.
M. Landry: Oui. Vous parlez des programmes qui sont chez nous ou
à l'ENAP?
M. Rivest: Par exemple, mettons que je suis à la Maison du
Québec à Boston. Je reviens, je m'inscris dans la politique que
vous dites avoir. J'ai une formation générale, une
expérience dans la fonction publique. Je veux continuer de faire
carrière dans le service diplomatique, soit ici, soit à
l'étranger. Qui me donne le cours adapté à mon plan de
carrière qui se situe, à ce moment, dans le domaine de la
diplomatie et de la représentation? Quel programme particulier me
fait-on suivre? Quelle est la formation spécialisée à
laquelle j'ai accès? C'est cela la réalité; sans cela,
à l'ENAP, on donne un paquet de cours qui sont, en
général, de formation générale. Est-ce qu'il y a
aussi un programme particulier dans le domaine des relations internationales?
C'est cela que je veux savoir. Autrement, si cela n'existe pas, on ne peut pas
parler de programmes de ressources humaines et de perfectionnement propres aux
besoins d'un ministère et d'une action extrêmement importante, qui
est celle des relations
internationales. Où est-ce que je m'adresse? Qu'est-ce qu'on a
à m'offrir? Qui m'enseigne? Qui est formé? Enfin, c'est cela que
je veux savoir.
M. Landry: Je pense que la meilleure façon de
répondre à votre question, c'est de vous déposer des
cheminements d'individus et des programmes, parce que nous adaptons nos
programmes aux besoins de la personne. Si c'est un économiste de haut
niveau, si c'est un spécialiste en sciences politiques, je pourrais vous
déposer des écrits décrivant des cheminements d'individus
qui ont bénéficié de ces programmes.
M. Rivest: Je m'excuse d'intervenir. C'est l'autre versant que je
veux avoir. C'est pour des fins propres de représentation du
Québec. Un économiste peut compléter sa formation, etc.
J'en conviens volontiers, il y a des cours à gauche et à droite,
mais quelle est la singularité qu'on introduit dans ces cours de
perfectionnement et qui risque d'en faire non seulement un meilleur
économiste mais un meilleur représentant du Québec
à l'étranger, parce qu'il a des fonctions de
représentation?
Autrement dit, est-ce qu'il y a une spécificité propre des
programmes de formation de ressources humaines au domaine des relations
internationales ou si ce sont des espèces de cours
généraux qui peuvent servir à la personne qui peut aussi
bien aller aux Affaires municipales avec intérêt? Si cela n'existe
pas, ne venez pas nous dire qu'il existe pour le personnel diplomatique des
programmes de formation propres au perfectionnement. Il n'y en a pas.
M. Landry: Cela existe justement. Je vous ai dit que la meilleure
façon de vous répondre serait de vous soumettre le cheminement
d'un certain nombre de fonctionnaires qui ont participé à ces
programmes, récemment. Les fonctionnaires m'en soumettent un: M. Gilles
Loiselle, qui est pourtant un diplomate chevronné, qui a
représenté le Québec à Paris et à Londres,
vient de partir pour l'Italie. Avant de partir, en plus des cours d'italien, ce
qui est évidemment assez fondamental, il a suivi un stage d'un mois et a
participé à un programme de formation et de recyclage
dessiné pour lui, qu'il a suivi, avant même de partir en Italie.
C'est un cas, et je pourrais vous donner ce qu'on fait dans un certain nombre
d'autres cas et vous dire quelles sont nos procédures. On n'a pas ces
documents avec nous, mais ils sont disponibles.
M. Rivest: J'imagine que le programme portait sur les
institutions italiennes ou quelque chose comme cela?
M. Landry: Tout ce qui pouvait toucher à sa nouvelle
affectation, y compris la langue mais un certain nombre d'autres choses.
M. Rivest: J'aimerais vraiment que le ministre nous communique la
nature des programmes qui sont offerts effectivement. On cite le cas de M.
Loiselle, je comprends, mais c'est un fonctionnaire de haut niveau. Il me
semble qu'il devrait y avoir des programmes plus élaborés, ad
hoc.
M. Landry: Encore une fois, on peut vous les donner...
M. Rivest: Oui?
M. Landry: ...sauf qu'on ne traite pas cela en vrac. Si une
personne va en Italie, elle n'a pas besoin exactement des mêmes stages
qu'une personne qui va à Port-au-Prince. Un conseiller en immigration
n'a pas la même formation qu'un délégué
général. C'est très adapté et je pense que c'est
une bonne façon de faire la formation du personnel. Au lieu de regrouper
dans des salles de cours - bien que cela se fasse aussi - des gens qui ont des
préoccupations totalement différentes, on leur propose un
cheminement adapté qui serait l'éducation idéale. Si on
pouvait le faire pour l'ensemble du système d'éducation, le
député de Sainte-Marie, qui est un spécialiste de ces
questions, le confirmerait: ce serait l'idéal, si chaque étudiant
pouvait suivre son cheminement. Nous, comme on n'a pas beaucoup
d'étudiants et qu'on travaille avec de petits volumes, on leur fait
suivre un cheminement personnel où, quelquefois, il y a des troncs
communs. Par exemple, moi, je rencontre toujours pour une séance de
travail tous les partants à l'étranger. En général,
je les rencontre en groupes, celui de l'Immigration comme celui du Tourisme,
comme celui du MRI ou du MCE. C'est l'un des éléments d'un
cheminement de préparation qui, comme je l'ai dit, peut durer
jusqu'à un mois et davantage.
M. Rivest: On se comprend bien, je ne veux pas prolonger le
débat indûment. Ce sont plus que des cours de langue et de
géographie, pour employer une expression un peu carrée. Quand on
envoie quelqu'un en Italie, on lui donne une formation additionnelle sur
l'Italie. La façon dont on conçoit les programmes de formation
pour le personnel diplomatique, j'ai l'impression que c'est plus que cela quand
on veut perfectionner un diplomate, c'est plus que de lui donner des
instruments pratiques d'action et d'opération dans un pays donné.
C'est plus que cela, ce dont on parle en ce moment.
M. Landry: C'est pour cela qu'on fait
plus que cela. Mais, en général, le candidat sait à
l'avance lire, écrire, compter. Quelquefois, il a une maîtrise en
sciences politiques.
M. Rivest: Je conclus et je termine là-dessus. Prenons le
cas de M. Loiselle, dont on connaît tous l'expérience; s'il y
avait des cours de perfectionnement pour faire en sorte que notre personnel
à l'étranger acquière la dimension qu'a acquise M.
Loiselle à force d'expérience, ce serait merveilleux. C'est ce
qu'on vise, n'est-ce pas?
M. Landry: Je vais vous dire qu'on est dans un raffinement
tel...
M. Rivest: Cela, je le comprends.
M. Landry: ...que même un diplomate chevronné comme
Gilles Loiselle a voulu, accepté et suivi un programme pour se
préparer à aller en Italie. Cela veut dire que cela commence
à être assez sophistiqué. On ne montrera pas à Guy
Lafleur à jouer au hockey, mais si Guy Lafleur demande du
perfectionnement, imaginez ce que cela donne.
M. Rivest: Notre ami Gilles Loiselle va nous aimer. Je
souhaiterais que tout le personnel, ce soient des Gilles Loiselle, et prenez
les moyens, M. le ministre, pour qu'ils le deviennent.
M. Landry: Je vais avoir des problèmes en diable, parce
que je n'ai pas assez de postes de délégués et, s'il
fallait que tout le personnel du ministère soit du calibre de Gilles
Loiselle, le ministère ne serait pas administrable plus de 20
minutes.
M. Rivest: Vous devriez prendre cela comme objectif.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que le programme 1...
M. Lincoln: Non, il ne faut pas se presser. Le programme 1 est la
clé de tout. Il y a beaucoup de choses dans le programme 1.
Le Président (M. Gagnon): Je voulais seulement vous faire
remarquer qu'il y a aussi d'autres programmes et que...
M. Lincoln: Non, non, je sais.
Le Président (M. Gagnon): ...l'heure passe.
M. Lincoln: Oui, je le réalise. Mais le programme de
gestion administrative...
Le Président (M. Gagnon): Alors, vous avez... M. le
député de Nelligan.
M. Lincoln: Je pense qu'on a une entente pour dépasser
l'heure.
M. Landry: II y a une certaine souplesse dont j'avais convenu
avec le député de Jean-Talon. En fait, premièrement je
suis à la disposition de l'Opposition. Deuxièmement, je
m'étais engagé, puisque nous avons raté une soirée
de travail, à avoir une certaine souplesse pour...
Le Président (M. Gagnon): Lorsque je mentionnais que
l'heure passe, c'est qu'il y a une entente de sept heures et demie pour
étudier les programmes du ministère. Ce que je vous dis, c'est
ceci: En supposant qu'on n'arrête pas à 18 heures pour le souper,
cela se termine autour de 20 h 30. Je faisais seulement...
M. Lincoln: Dix-neuf heures et demie.
Le Président (M. Gagnon): C'est cela. À 20 h 30. Je
ne faisais que vous faire remarquer qu'il y a d'autres programmes aussi
à étudier. Nous sommes toujours au programme 1,
éléments 1 et 2, je présume.
M. Lincoln: Une dernière question sur les
délégations. Ensuite, je passerai à autre chose. Est-ce
que le ministre est au courant que, d'après la liste des gens dans le
ministère, nous comptons 323 personnes en poste à
l'étranger? Là-dedans, il y a quelque chose comme 125 d'entre
elles, quelque chose comme 41 % des gens qui ont été
nommés après le 1er janvier 1984; ils sont déjà en
poste depuis un petit peu plus d'un an seulement. Il y avait seulement 110
personnes qui étaient déjà en poste avant le 1er janvier
1982. Est-ce que cela n'est pas le signe d'ajustements, d'un manque de
politique à long terme qu'un tel mouvement, un tel roulement de
personnel, quand on a quelque chose comme 40% de ce personnel en poste à
partir du 1er janvier 1984, sur 323 personnes?
M. Landry: C'est essentiel à l'activité
diplomatique. Les mouvements de personnel sont la marque de commerce même
de ce genre de métier. Comme il y en a peu qui restent plus de trois ans
au même endroit, on est engagé dans une rotation continuelle et
constante. Les chiffres que vous dites, cela donne à peu près le
tiers du personnel qui a été en mouvement récemment. C'est
tout à fait normal.
M. Lincoln: Non, cela donnait quelque chose comme 38 % ou 40 %.
Il semblait que c'était...
M. Landry: C'est aussi dans l'acceptable, je vous le dis, c'est
un métier qui est essentiellement un métier de mouvement.
M. Lincoln: On ne le discute pas du tout. Tout ce qu'on dit, on
demande dans quelle proportion devrait se faire ce mouvement du personnel et
selon quels critères. C'est cela qu'on voulait situer. Alors...
M. Landry: Le critère, c'est 36 mois. Au bout de 36 mois,
en général, la personne est mûre pour un
déplacement. Parfois, on ne la déplace pas. Pourquoi? Parce
qu'elle travaille sur un grand dossier particulier dont on attend
l'aboutissement ou bien il y a une visite de chef d'État. En
général, le fonctionnaire en poste à l'étranger
accompagne le chef d'État étranger qui vient nous visiter.
Parfois, on va prolonger son stage de six mois pour cela. La politique et le
critère sont d'une simplicité extrême: mouvement, rotation,
36 mois.
M. Lincoln: Alors, est-ce que cela est figé dans le ciment
ou si c'est possible que...
M. Landry: Bien sûr que ce n'est pas figé dans le
ciment, je viens de vous le dire. Je vous ai dit que, parfois, pour des
circonstances particulières, cela pouvait être quatre ans au lieu
de trois et, parfois, la personne peut démissionner, comme M. Gosselin
avait démissionné. Alors, à ce moment, au lieu de trois
ans, cela a été deux ans.
M. Lincoln: Non, ce n'est pas ce que j'ai demandé. Tout ce
que j'ai demandé, c'est si M. Jean-Marc Léger va étudier
cette question particulière pour peut-être décider que cela
devrait être quatre ans ou cinq ans ou deux ans ou quoi? Est-ce que cette
question est à l'étude?
M. Landry: Ah! Oui, je comprends bien la question du
député. Nous avons choisi trois ans comme la plupart des
diplomaties du monde. Ce n'est pas un chiffre magique, c'est vrai. Au lieu de
36 mois, on pourrait penser à 48. Mais c'est là une question de
chiffrage. C'est regardé effectivement régulièrement.
M. Lincoln: Est-ce qu'on aurait dépassé... Puisque
le temps presse, regardons la question de l'effort culturel international du
ministère. Je voyais, dans vos perspectives, à la page 17, que
vous dites ceci: II sera proposé une politique générale
d'intervention ministérielle à l'égard des
événements culturels majeurs se déroulant au
Québec. Il sera proposé également une politique
d'intervention en matière de diffusion culturelle à
l'étranger en concertation étroite avec tous les intervenants
publics et privés.
Est-ce que le ministre peut nous dire ses commentaires? Est-ce qu'il est
d'accord avec les constatations, les conclusions de la récente
étude de l'ENAP sur les relations culturelles internationales du
Québec, étude 1984, par Georges Cartier et Lucie Rouillard, sur
les relations internationales du Québec, où il y a plusieurs
constatations par rapport à l'implication de nos efforts culturels sur
le plan international? (17 h 45)
M. Landry: L'étude est intéressante, mais vous
allez voir vous-même qu'elle est très incomplète, parce
qu'elle ne tient pas compte de tout ce qui se fait, par exemple, en
matière culturelle du côté de l'éducation et c'est
là qu'est l'essentiel. Par exemple, on a pour 15 000 000 $ d'exemptions
de frais de scolarité à des étudiants étrangers qui
émargent au budget du ministère de l'Éducation. C'est
bien, cette étude. C'est un bon départ. C'est une bonne approche,
mais cela mérite d'être complété et d'être
raffiné. Si l'ENAP ne le faisait pas, il n'est pas dit qu'on ne le
ferait pas nous-mêmes.
M. Lincoln: Est-ce que, par exemple, vous acceptez, dans cette
constatation que l'étude fait, que le gouvernement
québécois manque de données précises sur ses
relations culturelles internationales et, plus loin, que personne n'a
développé d'instruments propres à mesurer les comptes
culturels du Québec, pas plus à l'intérieur qu'à
l'extérieur de ses frontières? Ils disent: Toute nouvelle
tentative d'élaboration de politique ou seulement de stratégie
d'intervention risque toujours d'achopper à cause de cette lacune,
justement, de données précises. Est-ce que le ministre est
d'accord sur cette constatation?
M. Landry: Je ne suis pas d'accord. Il y a des données
précises dans les comptes du ministère, dans les comptes
nationaux, dans les budgets, aux engagements financiers. Je reviens sur ce que
j'ai dit précédemment que c'est rêver en couleur que de
vouloir évaluer une diplomatie et une action culturelle par
bénéfices-coûts. Je veux bien que des étudiants bien
intentionnés, même accompagnés de quelques professeurs
s'essaient à l'opération. S'il y en a un qui réussit, il
va avoir bien mérité de la patrie. J'ai bien entendu l'expression
"comptes culturels". C'est bien cela que vous avez lu, l'expression "comptes
culturels"?
M. Lincoln: Oui, ils ont dit: À mesurer les comptes
culturels du Québec. J'ai compris cela dans son sens très
large.
M. Landry: Cela fait 50 ans que tous les économistes de la
planète travaillent pour
faire simplement les comptes nationaux. On fait des découvertes
d'imprécisions et d'erreurs à tous les six mois. Là, on
est dans l'économie. On compte du charbon, de l'acier et des barils de
pétrole. Là, il y a une gentille personne qui vient nous parler
des comptes culturels. Il y a Leontief qui a eu le prix Nobel pour ses travaux
sur les comptes nationaux, mais cela ne sera pas le prix Nobel sur les comptes
culturels, je pense.
M. Lincoln: Je vais soumettre les belles paroles du ministre
à M. Georges Cartier et à Lucie Rouillard, de l'ENAP. Je pense
que nous, quand on a lu cette étude, on a dû penser que les
comptes culturels, cela voulait dire quelque chose de beaucoup plus grand que
les comptes. Il y a des comptes figuratifs. Il y a des comptes qui ne sont pas
des comptes purement en chiffres. On parle de bilan général. Ils
disent: Le gouvernement québécois manque de données
précises sur les relations culturelles internationales. Quand on parle
de comptes culturels, on parle de toute l'action culturelle, des mesures, de la
façon d'évaluer l'impact de nos relations culturelles. C'est
comme cela que j'ai compris cela, moi. Naturellement, il faut mesurer cela par
rapport à ce qu'on y investit, par rapport à ce qui ressort de
cela dans son plus grand terme.
M. Landry: J'ai dit que je trouve que l'étude est
incomplète. Si ce docte professeur veut la compléter et nous
envoyer une méthodologie convenable - d'ailleurs, c'est le rôle de
l'ENAP de faire cela, d'enseigner et de faire de la recherche - on sera ravi de
recevoir cela.
M. Lincoln: On me faisait voir...
M. Landry: ...et de l'examiner. Mais les comptes culturels, je
trouve cela vraiment sympathique comme expression.
M. Lincoln: Oui, enfin, c'est sympathique. Mais, par exemple,
dans le Devoir du samedi 15 décembre 1984, il y a un article qui dit:
Québec dans le monde. Les organismes culturels et de loisirs sont
insatisfaits des réponses de l'État - alors, il n'y a pas que
nous qui sommes insatisfaits des réponses du ministre, qui
représente l'État. Les 117 associations de loisirs et une
trentaine d'organismes culturels participant au sommet socio-économique
sur le Québec dans le monde ont exprimé mardi, à
Montréal, leur insastisfaction à l'égard des nouveaux
engagements du gouvernement du Québec dans la promotion internationale
de la culture et des loisirs québécois.
C'est-à-dire qu'il y a sûrement des constatations qui se
font. On ne dit pas au ministre qu'à chaque fois qu'il y a une critique,
c'est nécessairement une critique personnelle, c'en est une qu'on fait
dans un ordre global, de dire qu'il y a des choses à revoir. Est-ce que
vous avez des données précises, avant d'exprimer une politique
-comme le ministre en parle dans le cahier des crédits, page 17 - et sur
quelles données précises est-ce que vous vous basez pour lancer
une politique? Il y a des gens de l'ENAP, peut-être, qui ne sont pas
aussi fins que d'autres, cela est sûr. Mais, au moins, ils ont fait
l'effort de présenter un rapport qui m'a l'air très bien
étoffé et qui est sûrement sérieux.
Tout ce qu'on dit au ministre, c'est ce que les 117 associations de
loisirs et de culture disent aussi au ministre: On ne pense pas que votre
action internationale culturelle est efficace; c'est de prendre garde, il y a
des gens qui disent que ce n'est pas assez, qu'on ne fait pas cela assez bien.
C'est tout ce qu'on demande au ministre.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre, est-ce que
vous... Non? M. le député de Jean-Talon.
M. Rivest: Quelques commentaires. Vous voyez, depuis le
début, à entendre le ministre, on dirait que c'est le joyeux
monde de Bernard Landry: tout est beau. Ce n'est pas tout beau et ce n'est pas
parfait au ministère des affaires intergouvernementales, vous savez, ou
dans les relations internationales. J'ai dit "le merveilleux monde de Bernard
Landry" et non de Yves Martin. Mais aussitôt qu'il y a une critique...
Quand il y a des critiques, il y a des choses énormes à faire. Le
ministre adopte une attitude... Finalement, on dirait qu'il est très
craintif. Il faut que vous admettiez que, dans bien des domaines, l'action du
ministère est encore embryonnaire et incomplète. Quand, dans
l'étude, par exemple - ici, ce sont quand même des gens qui se
sont penchés sur la question - ils disent, à la page 153: "S'il
existe au gouvernement québécois une politique de relations
culturelles internationales - s'il existe - il n'est guère facile pour
des observateurs externes, qui ont consacré un temps considérable
et qui ne sont pas politiques, de la déceler dans son ensemble; tout au
plus, pouvons-nous identifier certaines de ses lignes de force."
Il y a des critiques là-dedans, ils fournissent un instrument de
mesure de ce qu'évoquait... J'aimerais bien que le ministre, d'une
façon générale, sur cette question, sur celle des
ressources humaines, accepte qu'il y a des choses à tout le moins
perfectibles dans son ministère et qu'il soit davantage peut-être
ouvert à la critique. C'est bien beau d'avoir encensé une
étude, de dire que c'est une excellente étude, mais il y a quand
même des recommandations précises qui, à tort ou à
raison, soulèvent des inquiétudes
ou, enfin, des interrogations sur les insuffisances du ministère.
Ces insuffisances, elles existent. J'aimerais bien que le ministre, à
l'occasion des crédits, dans les autres sujets qu'on va aborder, le
reconnaisse. Quand on vous pose cette question, que le député de
Nelligan, moi-même ou d'autres, nous disons cela, on ne va pas
régler toute la question par la critique ou l'inquiétude qu'on
formule; on veut qu'il y ait une espèce de réception, que vous
soyez réceptif. On en demande plus, on demande un meilleur
ministère. C'est dans ce sens-là. Cette étude, je trouve
que vous l'avez encensée, mais il y a des choses dedans qui sont quand
même extrêmement critiques à l'endroit du ministère
et il y a aussi des propositions. Étudiez-la. Est-ce que vous vous
engagez à l'étudier sérieusement au ministère,
à la mettre en oeuvre, à la compléter et à en
mettre en oeuvre les recommandations? C'est cette attitude que j'aimerais avoir
de la part du ministre.
M. Landry: Vous pensez bien qu'on n'a pas à s'engager
à étudier ce document, on l'a étudié, mais, encore
une fois, il y a l'ENAP et divers autres chercheurs, dont le professeur
Painchaud, que j'ai mentionné et qui n'est pas toujours très
tendre vis-à-vis de l'action du ministère. M. Paul Painchaud y
joue un rôle essentiel en écrivant régulièrement
dans le Devoir sur l'action internationale du Québec. Il est le seul
à le faire avec une telle régularité et, rien que pour
cela, il mérite notre estime, de même que les chercheurs de
l'ENAP, sauf que les chercheurs se meuvent dans un univers théorique
avec la liberté universitaire, la liberté "académique".
Heureusement!
Heureusement! Les chercheurs n'ont pas à vivre l'action
quotidienne du ministère avec ses vicissitudes, avec la
bénédiction de notre personnel ou l'addition d'un autre ou le
brio plus ou moins évident des éléments qui travaillent
dans le ministère, mais, malgré cela, ils nous rendent
d'énormes services. Tous ces organismes, y compris l'Opposition, qui est
plus qu'un organisme - c'est un rouage essentiel de notre gestion publique
-contribuent au perfectionnement des institutions. De ce point de vue, on
accueille la critique constructive, mais on n'accueille pas n'importe quoi. Que
l'idée de comptes culturels soit promise à un avenir brillant ou
se termine avec un destin mineur, pour l'instant, je crois que les deux
hypothèses sont ouvertes. Ce n'est pas insulter un universitaire que de
lui dire que peut-être qu'il a une bonne piste et peut-être qu'il
n'a pas une bonne piste non plus.
M. Lincoln: M. le Président, je vais citer...
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: ...deux petits exemples assez intéressants de
cette étude qui démontrent que, lorsqu'un parle de comptes
culturels, on ne parle pas seulement des chiffres, qu'ajouter cinq et cinq,
cela fait dix, mais il y a certains chiffres qui sont éloquents. Par
exemple, les auteurs disent, dans une étude, à la page 63 de
l'étude de l'ENAP: "Enfin, il est remarquable que la dépense de
nos relations culturelles avec les pays de langue anglaise se fasse à
l'étranger beaucoup plus qu'au Québec, 70% contre 30% dans les
pays de langue anglaise, alors qu'avec les pays de langue française,
c'est le contraire, 28% contre 72%." Je trouve cela très
intéressant. Cela dégage une conclusion qui est très
intéressante, parce que cela montre que, peut-être, il faudrait
changer les proportions de nos efforts. C'est ce genre de choses qui
appelle...
M. Landry: J'aimerais l'entendre, la conclusion du
député.
M. Lincoln: La conclusion que je fais, c'est qu'on dit que
peut-être que les efforts culturels envers la francophonie devraient se
faire à l'étranger sur une échelle beaucoup plus large.
C'est ce que j'en ai compris, Or, au contraire, dans le cadre de nos efforts,
on agit beaucoup plus à l'extérieur, dans les pays de langue
anglaise, qu'on ne le fait au Québec. Je parle de nos relations.
M. Landry: Et vous tirez quelle conclusion de cela? Parce que
vous avez deux fois peut-être. Une conclusion ne commence jamais par
peut-être.
M. Lincoln: Je vous ai dit quelle conclusion je tirais de cela.
C'était très clair.
M. Landry: Oui.
M. Lincoln: Je dis qu'ils disent, eux, qu'on devrait mettre plus
l'accent sur nos efforts culturels dans les pays de langue française,
sans doute dans les pays de la francophonie du tiers monde, par exemple, qu'on
ne le fait actuellement. C'est ce que j'ai décelé.
Une voix: Et que voulez-vous prouver ainsi?
M. Rivest: Cela veut dire que les activités culturelles
dans les échanges internationaux, pour la plupart, ont lieu ici. Alors
qu'on a un produit culturel, cela veut dire qu'on devrait faire davantage
d'efforts pour l'exportation de nos biens culturels, entre autres dans les pays
francophones. Assez curieusement, quand il s'agit de la
culture anglaise, on exporte plus qu'il n'y a de situations de
création qui se font ici. C'est aussi simple que cela. C'est ce que cela
veut dire. C'est une orientation qu'ils vous proposent. Est-ce que vous
êtes réceptif à ce genre de préoccupation? C'en est
une parmi vingt-cinq dans l'étude. On pourrait vous sortir d'autres
études.
M. Landry: Je crois avoir répondu d'avance à la
question. Nous sommes réceptifs à l'étude, à
l'analyse, et, ensuite, le gouvernement gouverne.
M. Rivest: C'est incroyable! Quelle suffisance!
M. Landry: C'est la base même de notre régime
démocratique. Ce ne sont pas les études de celui-ci ou de
celui-là, quels que soient les mérites de ces études, qui
font que cela devient une décision gouvernementale.
M. Lincoln: Je vais vous donner un autre exemple qui me semble
assez frappant. Ensuite, je vais passer à autre chose. L'étude
dit "que le Québec se prévaut peu des accords culturels que signe
le Canada". Je ne sais pas si c'est exact ou non...
M. Rivest: Cela ne vous intéresse pas.
M. Lincoln: Mais, en fait, c'est une étude de gens assez
sérieux qui citent des auteurs pour dire qu'on devrait peut-être
se prévaloir plus des accords culturels signés par le Canada
qu'on ne le fait maintenant. Vous, comme ministre, vous avez beaucoup plus de
façons que nous de savoir exactement à quel degré nous
profitons des accords signés ou non par le Canada. On pourrait vous
demander quelles mesures concrètes vous prenez pour profiter au maximum
des accords culturels internationaux, des ententes culturelles internationales
que conclut le Canada, par exemple. D'après ce rapport, on n'en profite
pas assez. C'est ce genre de choses qu'on vous dit. Nous n'avons pas toutes les
réponses. On n'a aucune réponse, parce qu'on n'a pas les
effectifs pour chercher ces choses-là. Mais, à votre
ministère, est-ce que vous prenez des mesures pour vous assurer que le
Québec justement profite au maximum des ententes internationales
culturelles signées par le Canada? Eux disent non.
M. Rivest: On veut une politique qui a de l'allure, pas des
mots.
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre.
M. Landry: D'abord, il ne faut pas confondre le gouvernement du
Québec et le
Québec. Il y a beaucoup de citoyens québécois,
d'institutions du Québec qui vont profiter des accords culturels
signés par le Canada et tant mieux, c'est très bien comme cela.
Cela ne passe pas par le gouvernement du Québec. Le gouvernement du
Québec, lui, poursuit une politique de coopération culturelle
qui, dans le cas particulier où nous avons eu les coudées
franches et où le gouvernement du Canada ne nous a pas mis trop
d'entraves, a donné des résultats spectaculaires.
Aucune province du Canada, par exemple, n'a un flot de relations avec
quelque pays que ce soit comme les relations culturelles entre la France et le
Québec. Vous n'avez pas la même chose entre l'Ontario et la
Grande-Bretagne ou la Nouvelle-Écosse et la partie nord du Royaume-Uni.
C'est un succès extraordinaire qui est dans la mouvance du gouvernement
du Québec lui-même. Les accords culturels qui ont
été signés au cours des années, qui ont
été mis en pratique, ont donné aux deux
communautés, à la communauté française et à
celle du Québec, des retombées culturelles absolument
extraordinaires.
Que le gouvernement du Canada, en même temps, ait servi
l'intérêt d'un certain nombre de citoyens du Québec, je
l'espère aussi, mais il faut distinguer les deux choses. Le gouvernement
du Québec n'a pas comme rôle d'actualiser les politiques du
gouvernement du Canada. En tout cas, cela peut arriver, mais subsidiairement.
Nous avons comme rôle de pousser nos propres politiques culturelles.
Le Président (M. Gagnon): Programme 1.
M. Lincoln: Tout ce que je peux souhaiter, en quittant ce sujet,
c'est que le ministre accepte qu'il y ait des gens qui disent des choses.
Peut-être qu'ils se trompent, mais peut-être aussi qu'il y a du
vrai là-dedans; on devrait peut-être voir qu'il y a des gens
sérieux qui font des études, et que ce n'est pas pour rigoler.
Ils font des études pour dire qu'il y a des choses qu'on pourrait faire
et qu'on ne fait pas maintenant. C'est tout ce qu'on veut porter à
l'attention du ministre. S'il ne le fait pas, on le fera, nous, dans un avenir
prochain.
M. Rivest: C'est vrai! (18 heures)
M. Landry: Je pense que le député vient de laisser
tomber une phrase qui s'applique bien au-delà des travaux de notre
commission, mais qui résume un peu la condition humaine, quand il dit
qu'il y a des choses que nous devrions faire et que nous ne faisons pas
maintenant. Je pense que finir notre commission sur un tel niveau de profondeur
ne peut que créer l'unanimité
parmi nous.
M. Lincoln: Ah oui! Justement, le ministre parlait de la
francophonie. Est-ce qu'on pourrait revenir à la question du sommet de
la francophonie dont le ministre s'est entretenu avec le ministre des affaires
étrangères du Canada? Je pense que mon collègue a
posé quelques questions hier à ce sujet-là, sur le
Nouveau-Brunswick et sur la politique du ministre par rapport à
l'implication du gouvernement fédéral et à quel
degré le gouvernement du Québec pourrait se rallier à un
système, surtout dans le nouveau climat profédéral du
gouvernement du Québec. Est-ce que le ministre pourrait nous dire s'il
accepterait, par exemple, des formules dont je pense que le gouvernement
fédéral actuel a parlé, une formule quelconque qui
reconnaîtrait le symbolisme de l'identité canadienne comme
puissance souveraine en titre dans le cadre du sommet de la francophonie
où, par exemple, l'ouverture d'une session se ferait avec les pays
souverains comme le Canada, la France et les autres pays, le
Sénégal et d'autres, et où il y aurait un bris de session
symbolique, que ce soit un lunch, une journée, que ce soit une heure
quelconque qui montrerait la démarcation entre l'aspect de
l'identité internationale des pays représentants et, ensuite, il
y aurait des sessions plus sectorielles auxquelles le Québec
participerait? Est-ce que le ministre...
M. Landry: Ce n'est pas notre proposition au gouvernement du
Canada, pas du tout. Ce n'est pas du tout cela que j'ai demandé au
ministre...
M. Lincoln: Le ministre m'a mal compris. Ce que nos informations
semblent nous dire, c'est que c'est le genre de formule que le gouvernement
fédéral serait prêt à considérer,
d'après ce que j'ai pu concevoir, de ce que nous avons entendu.
M. Landry: De ce point de vue là, vous êtes mieux
informés que nous parce que le gouvernement fédéral ne
nous a pas donné de telles informations. Ce que vous reproduisez, par
ailleurs - et cela ne me surprend pas du tout - c'est la position de l'ancien
gouvernement; votre maison mère quand elle était au pouvoir avant
le tremblement de terre du 4 septembre, elle proposait cela. Que vous le
sachiez, cela ne m'étonne pas, mais on n'a pas eu cette information du
nouveau gouvernement fédéral.
M. Rivest: Est-ce que le ministre affirme que dans sa rencontre
avec M. Clark ce n'est pas la nature de la proposition qui lui a
été faite par M. Clark ou ses collaborateurs?
M. Landry: M. Clark ne...
M. Rivest: Soyez très prudent quand vous répondez
parce que je pense qu'on est en mesure d'établir que c'est exact.
M. Landry: M. Clark ne m'a pas fait...
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jean-Talon, vous avez terminé votre question? M. le ministre.
M. Landry: M. Clark ne m'a pas fait de propositions. Il a
écouté la mienne et il a évoqué des
hypothèses.
M. Rivest: Et cette hypothèse-là en particulier.
Oui ou non?
M. Landry: Telle que décrite par le député
de Nelligan, non.
M. Rivest: Voulez-vous qu'on vous la lise au texte?
M. Landry: Ce serait peut-être plus clair, oui.
Le Président (M. Gagnon): Au programme 1, les
éléments 1 et 2 sont-ils adoptés? Est-ce que le programme
1 est adopté?
M. Rivest: Le beau risque.
M. Lincoln: Pour revenir à la question, afin qu'on soit
tout à fait spécifique, qu'il l'ait proposé ou non, on a
beaucoup de raisons de croire que l'ancien gouvernement fédéral,
que vous l'appeliez maison mère ou non, vous semblez maintenant avoir
votre propre maison mère à Ottawa... En tout cas, vos propres
contacts très...
Le Président (M. Gagnon): Vous avez la parole, M. le
député de Nelligan.
M. Lincoln: Je cite un document que j'ai lu sur la participation
du Québec. Par exemple, le ministre québécois affirme que
le MAE peut être assuré que le Québec admet le principe de
l'unicité de la voix et que le cabinet fédéral donne les
mandats.
M. Landry: Je pense que c'est dans un autre sujet.
M. Lincoln: Oui.
M. Rivest: Vous connaissez très bien cette
note-là?
M. Landry: On connaît cette note par coeur.
M. Rivest: D'où émane-t-elle? De vos
services.
M. Landry: Et puis après?
M. Rivest: Alors, ne venez pas nous dire que M. Clark ne vous a
pas parlé de cela.
M. Landry: II ne parle pas du tout du même sujet,
là.
M. Rivest: Non. Il s'est trompé de page, mais il va le
citer au texte.
M. Landry: Il parle des institutions internationales comme le
GATT.
M. Rivest: II va le citer au texte.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Jean-Talon, vous n'aviez pas la parole, vous ne l'avez pas demandée non
plus. La parole était au député de Nelligan ou au
ministre.
M. Rivest: C'est très rare que je la demande.
Le Président (M. Gagnon): Pardon? Cela va?
M. Lincoln: Par accord tacite et rigoureux, il s'abstiendrait de
traiter des questions de guerre et de paix, de questions internationales. Il
interviendrait sans limite en éducation, formation, santé; en un
mot, pour les domaines rattachés à ses compétences. Le
Québec veut éviter deux niveaux et participer actuellement...
M. Landry: C'est cela. Alors, c'est le contraire de ce que vous
avez dit tout à l'heure, exactement le contraire. Vous, vous avez
proposé deux niveaux dans ce que vous avez dit et c'est exactement le
contraire que, nous, on propose.
M. Rivest: Mais ce que le fédéral vous a
proposé...
Le Président (M. Gagnon): Cela va?
M. Landry: Ils sont obligés de se mettre à deux
pour analyser les fuites qu'ils provoquent dans les ministères. C'est
incroyable!
M. Rivest: Non, ce ne sont pas des fuites.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que, M. le
député, vous demandez la parole?
M. Rivest: D'accord, je n'avais pas l'intention de vous... Oui,
je demande la parole.
M. Lincoln: Oui, oui.
M. Rivest: Dans une note rédigée par les services
de votre ministère en date du 16 janvier 1985... Je n'avais pas
l'intention de la rendre publique et, même, j'hésite à la
rendre publique, parce que je sais que c'est un dossier extrêmement
délicat. Je pense que le ministre en est conscient. D'accord?
M. Landry: C'est cela. Que le député de Jean-Talon
pense aux intérêts supérieurs du Québec est une
chose qui l'honore.
Sommet sur la francophonie
M. Rivest: Oui, et j'en suis profondément convaincu, mais
je n'accepte pas, M. le ministre, que vous nous indiquiez que, lors de la
rencontre avec M. Clark, il n'a pas été évoqué de
la part de la partie fédérale - et c'est exactement ce que le
député de Nelligan a indiqué - qu'en ce qui concerne le
sommet sur la francophonie l'on indique exactement ce que le
député a signalé, à savoir qu'il y aurait deux
types de rencontres. Dans la première rencontre, pour respecter la
souveraineté des pays, le Québec n'étant pas un
État souverain, au sommet sur la francophonie, ce serait le Canada qui
parlerait au nom du Québec, ce qui ne correspond absolument pas à
la position du gouvernement du Québec. D'accord? C'est ce qu'on veut
simplement dire. Et on vous demande...
M. Landry: La position du gouvernement du Québec, je ne la
réexpliquerai pas pour la nième fois. On l'a
expliquée...
M. Rivest: Non, non, je ne veux pas vous demander...
M. Landry: ...en l'absence du député de
Nelligan...
M. Rivest: M. le Président, est-ce que je peux finir?
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre, on va laisser
terminer le député de Jean-Talon.
M. Rivest: Non, laissez continuer le ministre. Allez-y.
Le Président (M. Gagnon): Bien, vraiment!
M. Landry: En l'absence du député de Nelligan, j'ai
bien exprimé la position du gouvernement du Québec et j'ai bien
dit que nous sommes toujours dans l'attente d'une réponse du
gouvernement du Canada qui ne s'est borné jusqu'à ce jour
qu'à évoquer des hypothèses. C'est exactement la
meilleure
façon de décrire ce qui s'est passé. Nous avions
une position précise, le gouvernement du Canada avait des
hypothèses.
M. Rivest: Mais est-ce que...
M. Landry: Et l'hypothèse à deux paliers a
été, évidemment, refusée par nous.
M. Rivest: Est-ce que, concernant le sommet sur la francophonie,
il n'a pas été dit par les représentants du gouvernement
fédéral, lors de votre rencontre, que le gouvernement canadien
actuel - pas l'ancien - propose qu'à l'ouverture du sommet sur la
francophonie, le premier ministre du Canada parle au nom de l'ensemble de la
francophonie canadienne, y compris la francophonie québécoise?
Est-ce que cela n'a pas été évoqué lors de votre
rencontre?
M. Landry: Non, j'ai évoqué... M. Rivest: De
la part du...
M. Landry: Encore une fois, entendons-nous sur le sens des mots.
Le secrétaire d'État aux Affaires extérieures du Canada
nous a dit qu'il nous communiquerait une proposition, ce qu'il n'a pas fait.
Et, au cours de la conversation, lui et les fonctionnaires ont
évoqué diverses situations et on n'a pas réagi à
cela comme si elles avaient été des propositions fermes. On a dit
ce qui nous était inacceptable. Et tout ce qui va en deçà
du statut de l'agence, que je ne redéfinirai pas pour la nième
fois, nous est inacceptable.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Nelligan.
M. Lincoln: Si, par exemple, il y avait une proposition dans le
sens d'une réunion d'ouverture où le Canada parlerait au nom du
Canada, incluant le Québec, et qu'ensuite il y avait une réunion
qui continuerait après un bris symbolique, est-ce que vous voulez dire
que c'est tout à fait inacceptable pour le Québec, que ce sera
rejeté d'emblée?
M- Landry: J'attends que le gouvernement du Canada me fasse une
proposition, mais je vous ai dit que ce qu'on a proposé, c'est le statut
de l'agence, qui est bien connu, et on n'ira pas en bas de cela. Ce serait
desservir les intérêts du Québec et ce serait desservir 25
ans d'action internationale du Québec.
M. Rivest: D'accord, je vais vous lire l'extrait: M. Clark
indique que le but du présent exercice est de faire avancer le dossier,
non de le résoudre. L'exclusion du Nouveau-Brunswick ajoute une
complication au dossier.
Quant aux deux volets, ce dont a parlé spécifiquement le
député de Nelligan, idée empruntée des
conférences du Commonwealth où il y a des conférences
formelles et informelles, votre note du ministère des Relations
internationales dit: C'est l'option préférée du
gouvernement fédéral. Donc, il y a quelqu'un du gouvernement
fédéral qui vous a dit que c'était son option. C'est
exactement la question du député de Nelligan. Alors, ne venez pas
nous dire que cela n'a pas été évoqué par le
gouvernement fédéral.
M. Landry: Écoutez, je vous réitère, M. le
Président... Vous comprenez cela facilement, vous préférez
si c'est précisément un mot comparatif. Ils ont
évoqué une série d'options...
M. Rivest: Bon. Merci. C'est tout ce qu'on voulait savoir.
M. Landry: Ils ont évoqué une série
d'options et ils ne nous ont pas fait de propositions fermes. Le
député a justement lu que le secrétaire d'État aux
Affaires extérieures du Canada, Clark, dit précisément
qu'il n'est pas là pour régler quoi que ce soit. Il est là
pour explorer. Alors, il est allé à la pêche.
M. Rivest: Une dernière question. En parlant de cette
chose-là, n'est-il pas vrai, M. le ministre, que votre note de vos
services du ministère dit: C'est là - à deux niveaux -
l'option préférée du gouvernement canadien.
M. Landry: Le mot "préférée" et le mot
"option" sont essentiellement des choix. "Option", cela veut dire choix et
"préférée" cela veut dire que, si on en
préfère une, c'est qu'il y en a une ou d'autres, au pluriel.
M. Rivest: Très bien.
M. Landry: Alors c'est ce que je vous dis depuis
déjà plusieurs minutes et ce que j'avais dit dans la
première séance d'ouverture.
M. Lincoln: Est-ce que ce dossier... Pour le moment, ce que vous
attendez pour faire avancer le dossier par rapport qu'au Québec, c'est
précisément la réponse ou une proposition
fédérale concrète... Est-ce que la suite a
été, de la part de M. Clark et de vous, que M. Clark allait vous
communiquer une proposition concrète ou si cela se ferait sous forme
d'options et vous choisirez celle qui vous convient le mieux? Est-ce que vous
savez quel est le cheminement de cela? Est-ce que cela se produira dans les
semaines à venir? Est-ce que c'est quelque chose d'indéfini ou
quoi? Parce que si le dossier attend cela pour débloquer, est-ce que
vous
ferez un rappel à M. Clark de se presser pour faire une
proposition quelconque au Québec?
M. Landry: Il y a deux types de suites. Il y a une proposition
ferme du gouvernement du Canada qui n'est pas venue et, entre-temps, il y a des
discussions entre les fonctionnaires qui se continuent de semaine en
semaine.
Le Président (M. Gagnon): Le programme 1 est-il
adopté?
M. Lincoln: Non, il n'est pas adopté, non. Au Conseil de
la francophonie, est-ce que vous pourriez nous dire où on se situe
maintenant par rapport à la représentation
québécoise? Il y a deux représentants du Québec.
Est-ce que vous pourriez nous dire brièvement quel est le statut des
représentants du Québec? Est-ce que c'est un mandat à
titre bénévole? Est-ce que ces représentants sont
nommés sans doute sur la recommandation du Québec? Est-ce qu'ils
touchent des honoraires? Est-ce que c'est un organisme qui dépend
purement des décisions françaises ou si nous avons droit au
chapitre sur la question du renouvellement des mandats, etc.?
M. Landry: II s'agit d'une initiative du président de la
République française qui a décidé de convier
à titre individuel des personnages de la francophonie à faire
partie du conseil. C'est une affaire strictement française et je ne suis
pas en mesure, sauf pour ce qui tombe sous le sens, de répondre aux
questions du député. Ce n'est pas une institution
québécoise. Il n'y a pas de mandat donné par le
Québec aux ressortissants québécois qui font partie du
conseil. Ils ont été appelés là à titre
individuel par le président de la République.
M. Lincoln: Alors le gouvernement français nomme ces
représentants du Québec sans recommandation du gouvernement du
Québec. Est-ce que nous avons droit au chapitre dans les
recommandations?
M. Landry: Parlons sur le technique. Il ne s'agit pas de
représentants du gouvernement du Québec. Il s'agit de gens qui
sont appelés là intuitu personae. Le gouvernement français
s'est livré à diverses consultations mais connaît quand
même bien le milieu francophone international et les
Québécois qui y ont participé. C'est ce qui a dû
guider son choix.
Le Président (M. Gagnon): Est-ce que le programme 1 sera
adopté?
M. Lincoln: Vous êtes vraiment impatient, M. le
Président...
Le Président (M. Gagnon): Oui, oui. Je suis impatient
parce que je vois d'autres programmes aussi qu'il faudra adopter d'ici...
M. Lincoln: Oui, oui. Écoutez, il y a un programme de
gestion et d'administration.
Le Président (M. Gagnon): Cela va. Je vous laisse la
parole.
M. Lincoln: Je ne pense pas qu'on va faire beaucoup de chiard
là-dessus. Le programme de l'organisation
franco-québécoise de la jeunesse. Mon collègue va poser
quelques questions là-dessus. Mais on voudrait se concentrer sur le
programme 1, si vous voulez.
Le Président (M. Gagnon): Quand je vous demande si vous
adoptez le programme je fais seulement mon devoir de président. Alors
vous dites non. Vous avez d'autres questions à poser. Posez-les. (18 h
15)
M. Lincoln: Oui, j'ai d'autres questions à poser. Vous
avez dit au printemps 1984, je pense, au cours de l'étude des
crédits l'année dernière, que vous pourriez nous donner
des précisions plus concrètes sur la formation d'un lobby
à Washington à partir de l'automne 1984. Est-ce que c'est
toujours un projet concret du gouvernement du Québec que de faire un
lobby québécois à Washington?
M. Landry: Cela n'a jamais été un projet concret du
gouvernement du Québec. Si cela ne l'a jamais été, cela ne
peut pas toujours l'être. C'est une demande d'un certain nombre d'agents
non gouvernementaux à la première phase du sommet où se
retrouvaient des syndicalistes, des gens des milieux d'affaires qui n'ont pas
refait la proposition à la deuxième phase.
M. Lincoln: Est-ce que vous pensez que l'idée... est-ce
que c'est une idée purement des intervenants des milieux d'affaires, qui
demandaient la chose? Est-ce que je comprends, par votre réponse, que le
gouvernement du Québec de lui-même n'est pas
intéressé à poursuivre l'idée- avec les
intervenants?
M. Landry: Si les intervenants étaient revenus à la
deuxième phase, je trouvais que l'idée pouvait présenter
un certain intérêt que des groupes québécois
syndicaux, en particulier - les grands syndicats québécois
souvent d'ailleurs sont rattachés à des organisations centrales
à Washington - se joignent aux milieux d'affaires et aillent rendre
certains services de lobbying sur la place de Washington. Je trouvais
l'idée intéressante, mais malheureusement, elle n'est pas revenue
à la deuxième phase qui
était la phase décisionnelle, la phase des consensus.
M. Lincoln: La raison pour laquelle je vous demandais cela, c'est
que vous disiez l'année dernière: "Ce n'est pas ma proposition,
l'idée d'un lobby, ce n'est pas celle du gouvernement. En effet, c'est
celle de deux grandes instances privées fondamentales, le monde patronal
et le monde ouvrier." Là vous disiez: "Le gouvernement prendra position
au cours de l'été et à l'automne prochain sur une telle
suggestion." Moi, je croyais que la balle était dans le camp du
gouvernement de décider si, oui ou non, il appuyait l'idée.
M. Landry: Cela aurait été ça si
l'idée était revenue à la deuxième phase.
Malheureusement, elle est, comme on dirait, morte au feuilleton.
M. Rivest: À Washington, Québec connaît des
succès remarquables, par contre.
M. Lincoln: Est-ce qu'on pourrait revenir à la question
des forums internationaux? Je sais que mon collègue en a fait mention
l'autre jour. Est-ce que vous pourriez nous dire de façon
concrète: dans les forums internationaux, par exemple, au sujet des
accords du GATT qui vont venir, on va discuter de toutes sortes de questions
internationales qui sont économiques, mais qui vont plus loin que
l'économie, il va de soi, et où on aura a prendre une
décision de principe qui sera sans doute prise par le ministère
des Relations internationales, le ministère responsable de la question
d'implication internationale du Québec. Pourriez-vous me dire quelle
serait l'attitude du Québec s'il y avait une approche de "pooling" des
rôles provinciaux au sein du GATT, considérant qu'il serait
presque physiquement impossible que le Canada ait une délégation
canadienne, plus une délégation de plusieurs provinces
canadiennes - cinq, six, sept des principales - s'il y avait un système
de "pooling" qui était suggéré?
M. Landry: Ce qu'on a demandé, et dans la première
partie de la séance j'avais dit au député de Jean-Talon
qu'on avait de bonnes chances d'obtenir ce qu'on avait demandé, c'est de
participer à la délégation canadienne avec un
fonctionnaire du gouvernement du Québec, représentant le
gouvernement et les intérêts du Québec au sein de la
délégation canadienne. C'est une vieille demande. Ce n'est pas la
première fois qu'on la fait, mais nous croyons être sur le point
d'aboutir plus que jamais. Il y a deux jours, j'ai fait état de la
situation, quand on a eu la première séance des crédits,
et j'avais fait la vérification dans la matinée. Je me disais que
les choses allaient bien.
Est-ce qu'il y aura d'autres provinces qui se prévaudront de
cela? Probablement que l'Ontario le fera. Peut-être certaines autres.
Plusieurs autres n'en feront rien.
M. Lincoln: Considérant que cette question est chaude et
qu'elle revient sur le tapis constamment, et qu'il faudra, par exemple, prendre
des décisions bien à l'avance là-dessus en principe,
est-ce que c'est une question à laquelle vous attendez une
réponse du gouvernement fédéral dans un avenir prochain ou
si là aussi, on attend des propositions concrètes du gouvernement
fédéral avant de décider exactement quelle sera notre
position là-dessus? Est-ce le contraire qui se fait? Avez-vous
proposé quelque chose pour le Québec et attendez-vous une
réaction du gouvernement fédéral? Ou encore attend-on des
propositions de sa part?
M. Landry: Comme je vous l'ai dit, on a proposé, on a eu
une réaction fédérale, elle est encourageante et on
continue les pourparlers.
Aide au développement international
M. Lincoln: Pourriez-vous nous parler de toute la question de
l'aide au développement international? Je pense que nous avons eu des
questions en Chambre à ce sujet. Pourriez-vous nous dire, dans l'optique
de la politique extérieure du Québec, telle que vous la concevez,
comment vous voyez le rôle d'une province au point de vue constitutionnel
le rôle d'une province dans l'aide au développement international
et jusqu'à quel point vous voyez la...
M. Landry: Lui, il aime cela.
M. Lincoln: ...coopération et le jumelage de toutes les
actions...
M. Landry: Cela le ravit.
M. Lincoln: ...internationales par rapport à l'aide au
développement international?
M. Landry: D'abord, toute l'action internationale du
Québec, comme vous le savez, est fondée sur des bases juridiques
extrêmement solides, autant de doctrine que de jurisprudence, un
arrêt fameux du Conseil privé à la fin du siècle
dernier plus un certain nombre d'écrits dont ceux de Paul
Gérin-Lajoie à savoir que le Québec projette à
l'étranger ses souverainetés internes. Pour l'aide, cette
philosophie s'applique également. Comme le Québec a une
quasi-souveraineté dans les matières de santé, par
exemple, dans les matières d'éducation, nous essayons
d'acheminer nous-mêmes toute l'aide qui tourne autour de la
santé et de l'éducation, de faire notre effort en personnel, en
matériel, en argent. Alors on a, je l'ai dit, 15 000 000 $ d'aide
simplement à titre d'exemption de frais de scolarité
d'étudiants étrangers venant du tiers monde et qui
étudient au Québec. Au cours des derniers mois de 1984, le
gouvernement, dans un tout autre type d'aide, l'aide humanitaire d'urgence
à l'Ethiopie en particulier, a investi 3 000 000 $.
Il est entendu que le statut provincial tel qu'il existe actuellement et
tel qu'il a été conçu de façon restrictive sous
l'ancienne administration fédérale complique
énormément les choses et complique énormément nos
contacts avec les pays étrangers. Cela ne veut pas dire qu'ils sont
inexistants. On a eu des succès considérables en matière
d'aide et en matière de coopération internationale en
interprétant comme elles doivent l'être les dispositions de la
constitution actuelle du Canada qui nous permettent une certaine latitude.
M. Lincoln: Le 1er décembre 1983, dans le Devoir on lisait
ceci sur votre prédécesseur: M. Jacques-Yvan Morin a dû
reconnaître devant l'Association québécoise des organismes
de coopération internationale que son ministère n'avait pas de
politique ni de priorités à l'endroit des pays du tiers monde
malgré les liens multiples que des milliers de Québécois y
ont noués depuis des décennies.
Je conçois que dans toute la participation des organismes de
coopération internationale au sommet Québec dans le monde, il a
beaucoup été question de redressement et d'y mettre plus
d'accent. Cela, nous le concevons. Je présume - c'est ma première
question - que toute cette question va faire l'objet d'une politique assez
définie au sein de votre énoncé de politique qui va
être déposé en mai.
Ma deuxième question: II y a eu tous les articles du Journal de
Québec, sur lesquels j'ai déjà posé une question en
Chambre à la période des questions, et vous m'avez
vous-même souligné que cela devrait se faire lors des
crédits parce qu'il y a une confusion tout à fait significative
dans toute la question de... Par exemple, il disait dans son article que le
Québec songe à porter de 37 000 000 $ à 100 000 000 $ sa
participation au développement international et de créer trois
nouveaux organismes en la matière. J'ai essayé de voir à
quoi se rapportaient les 37 000 000 $ et les 100 000 000 $, j'ai essayé
de rapprocher cela des recommandations du Sommet Québec dans le monde.
Afin de nous situer exactement, pouvez-vous nous dire où on se place
maintenant? Où est-ce qu'on s'en va? L'article était-il
erroné lorsqu'il parlait d'une centaine de millions ou si
c'étaient des prévisions pour l'avenir? Où est-ce qu'on
s'en va, parce que vraiment, il semble que c'est très embrouillé,
cet article, si cela cite vraiment des chiffres... On parle là d'un
document de travail de la direction de la planification du ministère des
Relations internationales.
M. Landry: D'abord, comme mon collègue que vous avez
cité parlait à l'AQOCI, notre subvention à l'AQOCI
était la moitié de ce qu'elle est aujourd'hui. Nous l'avons
doublée depuis deux ans. Nous l'avons fait passer à 600 000
$.
Quant à l'augmentation substantielle, significative de l'effort
québécois en matière d'aide au tiers monde, cela a
été un consensus clair et général au Sommet
Québec dans le monde. Le gouvernement partage cette vue exprimée
par les agents de développement international que nous devons augmenter
notre aide aux pays exemplaires en additionnant, bien sûr, la partie
canadienne - parce que c'est toujours le contribuable québécois
qui paie - et la partie québécoise de l'effort et tenter
d'arriver, pour les pays exemplaires, entre 0,7 % et 1 % du PNB par
année. J'avais dit une fois en réponse à une question du
député de Nelligan, précisément à
l'Assemblée, que je croyais totalement irréaliste de pouvoir
augmenter notre montant d'aide dans un seul exercice budgétaire au
niveau dont il est question dans l'article qu'il a cité et qui est un
document de travail. Je crois personnellement que le gouvernement devrait
augmenter de quelques centaines de millions - je pense que ce sont 280 000 000
$ selon nos calculs - son aide aux pays en voie de développement, mais
je suis persuadé que cela ne pourra se faire que sur une certaine
période de temps, que le contribuable québécois ne peut
pas assumer d'un seul coup une hausse aussi considérable de l'aide et
que les mécanismes de dispensation de cette aide ne pourraient pas
être mis sur pied pour passer à 280 000 000 $ de dépenses
de plus par an dans une seule période d'un an. Je pense que cela
pourrait être un horizon raisonnable de cinq ans pour augmenter
substantiellement le niveau de notre aide.
M. Lincoln: Quand vous dites cinq ans pour augmenter
substantiellement, est-ce qu'il y a des chiffres quelconques que vous pourriez
nous citer de façon concrète parce que, ici, on a avancé
des chiffres selon le document de travail qui disait justement de porter cette
aide de 37 000 000 $ jusqu'à même 100 000 000 $. Est-ce que vous
pourriez nous dire quel genre de programme vous voyez dans les prochains cinq
ans, jusqu'à quel niveau? Est-ce que vous pouvez nous donner un ordre de
grandeur quelconque, parce qu'il y a un
document de travail qui a étudié les chiffres?
M. Landry: D'abord, en fait, c'est un document de travail.
Deuxièmement, la demande d'un ministère, quel qu'il soit, est
toujours soumise aux arbitrages du Conseil du trésor, du comité
des priorités et des disponibilités du ministre des Finances. Je
ne suis pas en mesure d'établir un échéancier
précis. Personne ne serait en mesure de le faire non plus. Celui qui
aurait fait cela, par exemple, avant la récession économique se
serait retrouvé avec des prévisions tout à fait
théoriques. Cela dépendra des disponibilités
budgétaires et des arbitrages qui seront faits à
l'intérieur du gouvernement. Ce que le ministère s'est
borné à faire jusqu'à maintenant, c'est d'établir
un horizon - cinq ans - et un chiffre, autour de 280 000 000 $, en souhaitant
que le société québécoise et son gouvernement
pourront arriver à cet idéal le plus rapidement possible.
M. Lincoln: Est-ce que vous pourriez nous dire où, au
cours de votre énoncé de politique qui va suivre bientôt,
vous allez situer les critères ou les objectifs de cette aide
internationale? Par exemple, je voyais récemment - en mars 1985 - que le
gouvernement fédéral songeait à lier son aide aux pays en
voie de développement au respect des droits et libertés dans les
pays bénéficiaires de l'aide canadienne. Cela a été
indiqué le 8 mars par le Secrétaire d'État, M. jos Clark.
Il disait: "Le gouvernement a maintenant l'intention de se pencher sur la
question difficile que pose le lien à établir entre notre aide
bilatérale et le bilan du pays bénéficiaire dans des
domaines comme celui des droits de l'homme." Est-ce que vous avez eu des
pourparlers avec le gouvernement fédéral sur cette question?
Est-ce que ce genre de critère va être un des sujets qui vont
être discutés lorsqu'on va étudier votre
énoncé de politique? Est-ce que ce genre de critère, par
exemple, va être étudié? (18 h 30)
M. Landry: La réponse est oui. On a eu des conversations
avec le gouvernement fédéral. Je vous signale qu'il a
participé au sommet et que ces sujets ont été largement
évoqués au sommet. Je veux quand même rajouter aussi qu'on
n'a laissé personne dans la confusion, à savoir que
déjà nous utilisons certains critères reliés aux
libertés fondamentales, au niveau de démocratie dans les pays du
tiers monde que nous aidons.
M. Lincoln: Par exemple, parfois, la seule façon pour nous
de nous renseigner c'est par ce qui se passe dans les journaux, les fuites,
comme vous l'avez dit, de documents qui arrivent dans les mains des
journalistes. Il y avait un autre document dans le Journal de Québec du
26 janvier 1985 qui disait: Le Québec compte avoir sa présence en
Afrique. On parlait d'un document où il était question d'un
endroit en Afrique, par exemple, Abidjan, parce que c'était
considéré comme un pays sympathique. On n'allait pas au
Sénégal parce que le Sénégal était
profédéral. On n'allait pas au Cameroun parce que le Cameroun
avait une dimension bilingue française-anglaise.
Est-ce que cela existe, ce genre de critères? Est-ce qu'on prend
des décisions par rapport à la sympathie peut-être
temporaire d'un gouvernement au pouvoir pendant un certain temps ou quant
à sa façon de voir les choses ou si un gouvernement est bilingue
ou pas, si un gouvernement est plus sympathique au gouvernement
fédéral ou s'il regarde plus vers le Canada que vers le
Québec? Est-ce ce genre de critères qu'on utilise par rapport aux
investissements en aide que nous faisons, par exemple, en Afrique, pour citer
ce document? Est-ce que ce document, en d'autres mots, est un document concret,
véridique du ministère?
M. Landry: Premièrement, à Abidjan, on y est
déjà. Vous le savez? C'est le seul endroit en Afrique où
on est déjà présent.
M. Lincoln: On parlait de l'établissement d'une
délégation séparée.
M. Landry: Non, on n'a pas de projet immédiat,
premièrement, pour établir des délégations en
Afrique, on n'a pas de projet immédiat, on n'est pas rendu au stade
décisionnel. Deuxièmement, le document auquel vous faites
allusion n'a jamais servi au processus décisionnel à un point tel
que moi-même, je ne l'ai jamais eu entre les mains. C'est donc une
analyse très théorique et à un niveau du ministère
qui peut être utile pour la recherche mais qui n'est pas
décisionnel.
M. Lincoln: En d'autres mots, toutes ces questions quant à
la relativité d'un endroit ou l'autre, d'après ce que vous me
dites, les critères ne sont pas encore établis.
M. Landry: Ce que je vous dis, c'est que ce n'est pas ce document
qui sert de base aux critères.
M. Lincoln: Pourriez-vous nous dire qu'est devenue la proposition
d'un conseil consultatif sur les relations internationales? Où en sont
rendues les démarches pour créer ce genre d'organisme? Est-ce
à l'état latent? Est-ce toujours actif? Où en est-on avec
le dossier?
M. Landry: On s'est engagé à suivre cette
recommandation à peu près unanime des agences. Ce n'est pas le
gouvernement qui était le plus chaud pour cela, mais il s'est
rallié au consensus général. Des travaux
préparatoires à la naissance de ce conseil sont en voie
d'exécution au sein du ministère.
M. Lincoln: Pouvez-vous nous dire quel est le mandat qu'aura ce
genre d'organisme ou si ces questions sont toujours à l'étude?
Est-ce que cet organisme aura un statut quasi autonome de conseil consultatif
qui sera financé en partie ou en totalité par le
ministère? Quelle sera l'implication gouvernementale? Est-ce que vous
êtes arrivé à ce stade de vos démarches, de vos
discussions?
M. Landry: Oui, à ce stade de nos discussions, mais pas de
nos décisions. C'est pour cela que je ne peux pas répondre de
façon précise à la question du député pour
l'instant.
M. Lincoln: Pourriez-vous nous dire, par exemple, quand vous
envisagez que ce projet va devenir réalité? S'il devient
réalité, est-ce que vous avez un échéancier
quelconque que vous pourriez nous donner aujourd'hui?
M. Landry: Ce ne sûrement pas avant le dépôt
et la discussion de l'énoncé de politique. Je souhaite que ce
conseil soit en place au cours du présent exercice.
M. Lincoln: Est-ce que vous pourriez nous parler un peu des
relations Québec-États-Unis, surtout de la nouvelle
déléguée générale du Québec, Mme
Marsolais. En fait dans cet article elle disait qu'elle pensait qu'il manquait
de cohérence dans la présence québécoise aux
États-Unis. Elle suggérait des rapports plus pragmatiques entre
le Québec et les États-Unis. Est-ce que vous pourriez nous
situer...
Le Président (M. Gagnon): II ne voudrait tout de
même pas revenir sur ce dont on a parlé abondamment au
début... Relations Québec-États-Unis
M. Lincoln: Non, ce n'est pas la même chose du tout.
J'aurais voulu entendre quelles sont vos priorités par rapport aux
relations avec les États-Unis - priorités comparatives avec la
France, ce n'est pas cela du tout le sens de ma question - et comment vous
voyez l'avenir du point de vue des États-Unis, les
délégations futures s'il y en a, où votre action se
portera dans l'avenir ou bien est-ce que vous envisagez le statu quo par
rapport à notre action actuelle, intervention du gouvernement dans nos
missions aux
États-Unis actuellement?
M. Landry: Comme vous le savez, notre action aux
États-Unis est déjà très pragmatique. Vous n'avez
qu'à voir les localisations de nos délégations et
où on fait porter l'effectif pour vous rendre compte que c'est de grands
États en général, dans de grandes capitales
économiques, qu'il s'agisse de New York, de Dallas, de Boston, Chicago
ou de Los Angeles. Au rythme où croissent nos exportations aux
Etats-Unis, à bon rythme, au rythme surtout où les PME et les
entreprises de dernière fabrication s'impliquent dans l'activité
économique aux États-Unis vous pouvez vous attendre à une
extension qui soit proportionnelle à nos affaires, à nos
marchés, à nos intérêts économiques.
M. Lincoln: Est-ce que vous avez des plans plus concrets que cela
pour l'avenir, par exemple pour l'année en cours? Je sais que vous avez
déposé l'échantillon des délégations mais
pour l'avenir à moyen terme, est-ce que vous pouvez nous dire un dans
quel sens vous vous orientez? Est-ce que cela dépendra de la conjoncture
de notre apport économique aux États-Unis, de l'exportation,
etc., où vont se diriger nos délégations?
M. Landry: Je ne dirais pas de la conjoncture, parce qu'il y a
toujours des à-coups de conjoncture et on n'est pas pour réduire
notre travail à l'étranger en période de basse
conjoncture, c'est plutôt le contraire qu'il faut faire. Si le commerce
va moins bien on se rabat sur les investissements, sur les transferts et les
technologies. Pour l'instant, nous pensons beaucoup plus en termes de
consolidation de nos activités aux États-Unis que d'extension du
réseau. Donc, on ajoute des attachés commerciaux, des
recrutés locaux, quelques conseillers touristiques et on travaille sur
les grands dossiers qui sont ceux de l'environnement, des échanges
d'énergie, ceux du transport. On a des accords de signés avec 30
États américains comme vous le savez en matière de
transport. On espère qu'on pourra couvrir une plus grande partie du
territoire américain dans l'avenir. Tout cela n'est pas une extension de
réseau ou un changement de politiques, c'est une consolidation et une
augmentation en volume quand c'est nécessaire.
M. Lincoln: Par rapport aux relations avec les États-Unis,
une question qui est tout à fait secondaire, je le réalise, mais
qui a tout de même des possibilités, des conséquences qui
entraînent possiblement de très grands coûts. Toute la
question de la liaison ferroviaire Montréal-New York où il y a
une étude de préfaisabilité, est-ce que cela
implique votre ministère, directement ou indirectement, est-ce
que cela implique...
M. Landry: D'aucune façon, c'est un projet qui a
été piloté, comme vous le savez, par le maire de
Montréal à la suite d'une recommandation du sommet
Montréal-Laval-Rive Sud et où le gouvernement s'était
engagé à contribuer à des études
préliminaires. La contribution a été versée, les
études préliminaires ont été faites, le tout est
entre les mains de la municipalité de Montréal actuellement.
M. Lincoln: Pour revenir aux relations avec la France, la
francophonie, dans une des annexes du livre des crédits on parle du
procès-verbal d'une session de la commission permanente de
coopération franco-québécoise contenant un document de
réflexion qui constate: "Un essoufflement marqué deséchanges et de la coopération universitaire avec la France
depuis 1979." Est-ce que vous pouvez nous dire quels sont les moyens concrets
que le ministère est en train de prendre pour redresser la
situation?
M. Landry: C'est vrai qu'il y a eu un essoufflement qui, comme
dans toute opération bilatérale, doit tenir compte aussi de la
situation, de la conjoncture budgétaire chez le partenaire. Or, l'Europe
de l'Ouest a connu une crise économique assez profonde, en est sortie
moins vite que l'Amérique du Nord et il s'est établi une certaine
morosité dans les administrations de notre partenaire quant aux
possibilités de consentir des efforts supplémentaires. Nous, nous
sommes disposés à réactiver la coopération
universitaire. Nous sommes prêts à y consacrer certaines
ressources supplémentaires, oui, mais surtout à faire de
l'animation auprès de nos propres universités et à inciter
celles-ci à participer davantage à la coopération
universitaire avec la France. Mais il faut toujours tenir compte du fait que le
partenaire français a vécu plusieurs années
consécutives sous des contraintes encore plus pénibles que les
nôtres.
M. Lincoln: Je voyais dans le cahier des crédits que vous
notiez une diminution de 297 000 $ des activités reliées aux
programmes de coopération avec l'Afrique, le Moyen-Orient, la France,
l'Asie et l'Océanie. Est-ce que vous pouvez nous dire si ces programmes,
qui ont été réduits, incluent la coopération
universitaire? Quels sont les programmes qui sont affectés?
M. Landry: II ne faut pas oublier qu'avec le protocole dont on a
parlé, il y a de la coopération économique qui va
être traitée plus par le ministère du Commerce
extérieur que par le ministère des Relations internationales. Il
y a des transferts de postes, des transferts d'argent et je pense qu'on est
plutôt en face d'un effet de vases communicants qu'autre chose.
Office franco-québécois pour la
jeunesse
M. Lincoln: M. le Président, est-ce que je peux
suggérer qu'on suspende brièvement le programme 1? J'ai une ou
deux questions sur lesquelles je voudrais revenir si on a du temps et laisser
mon collègue parler de l'Office franco-québécois pour la
jeunesse qui relève de sa compétence.
Le Président (M. Gagnon): M. le
député...
M. Rivest: Peut-être que le ministre pourrait terminer,
parce que j'en aurai pour plus longtemps que je ne le croyais avec l'Office
franco-québécois.
M. Landry: Moi, je suis à votre disposition, M. le
Président.
Le Président (M. Gagnon): Si vous avez encore une ou deux
questions, M. le député de Nelligan, on pourrait terminer le
programme 1.
Le Président (M. Gagnon): Ah bon!
M. Rivest: Je prends cinq minutes, M. le Président, pour
l'office franco-québécois. D'accord? Le ministre est
là.
M. Landry: D'accord.
Le Président (M. Gagnon): Voilà! Alors, nous
suspendons le programme 1 pour passer au programme: Office
franco-québécois pour la jeunesse. M. le député de
Jean-Talon.
M. Rivest: Oui, à ma surprise, je constate qu'il y a un
nouveau ministre responsable de l'office franco-québécois. Je ne
sais pas exactement son nom. M. Brassard, c'est cela?. D'abord, j'accueille le
ministre. Qu'est-ce que le ministre a à dire à propos de l'Office
franco-québécois pour la jeunesse? Orientation, choses
importantes a signaler?
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre du Loisir, de la
Chasse et de la Pêche.
M. Brassard: M. le Président, je dois dire qu'il n'y a
pas, quant à l'Office franco-québécois pour la jeunesse,
pour l'année 1985-1986, de changements majeurs dans les orientations, ni
dans l'ensemble des programmes. La plupart des programmes qu'on connaissait
vont continuer d'être appliqués. Je pense en particulier aux
programmes Dialogue, Priorités, Exploration. Là où
il y a quelques changements qui vont apparaître pour cette année,
c'est qu'on met en place un programme qui n'existait pas auparavant qui
s'appelle Séjour de travail. Par ce programme, l'office s'associe
à des organismes non gouvernementaux afin de leur faciliter la mise en
place de programmes de coopération de nature privée. Donc, cette
collaboration de l'office devrait être réalisée par le
biais d'une implication plus légère quant aux moyens à
mettre en oeuvre pour la réalisation du voyage. Aussi, ce qui est
nouveau également cette année et ce qui s'explique par le fait
qu'on souligne l'Année internationale de la jeunesse, il y a le
programme qu'on a baptisé Diversifications qui vise à financer un
certain nombre de projets dans le cadre de l'Année internationale de la
jeunesse. Ce sont là les quelques changements qui, comme vous pouvez le
voir, ne sont pas majeurs. (18 h 45)
M. Rivest: M. le ministre, cela va être très bref.
Une des inquiétudes que j'ai vues, c'est la nature des programmes
d'échange dans le domaine économique, dans le secteur
économique; on a signalé dans la Presse ou je ne sais trop que
certains programmes coiffés sous l'étiquette économique
étaient assez loin des préoccupations. J'ai trouvé la
référence ici. Par exemple, dans le secteur économique, il
y a eu des programmes. Je donne cela, mais je ne veux pas apprécier la
valeur propre. Il me semble qu'on pourrait peut-être faire un effort pour
rendre des vrais programmes dans le secteur économique. On me donnait
l'exemple ici de l'élevage du lapin, les droits des usagers du transport
en commun, ceci toujours dans le secteur économique. C'est l'article de
Mme Gagnon que vous avez sans doute vu. La buanderie... Mme Gagnon disait: En
quoi l'expérience française peut-elle être pertinente? Le
syndicalisme dans le système bancaire français et les
régimes syndicaux français et québécois, le train
des travailleurs immigrants qui, en France, est un problème beaucoup
plus social qu'économique, etc.
Peu importent les programmes que je viens de signaler, la
détermination, il me semble qu'il y aurait moyen au niveau de l'Office
franco-québécois d'imaginer des programmes de nature
économique qui soient peut-être - malgré que tout cela soit
relatif davantage importants ou significatifs. Disons, par exemple - j'en vois
un - gestion des petites entreprises ou des trucs comme cela. Il me semble que
ce serait plus dynamique que des sujets qui, tout en ayant leurs mérites
respectifs - je n'ai rien contre les buanderies et les lapins, mais il me
semble qu'il y aurait moyen de faire attention un peu. Peut-être que le
ministre peut me répondre à cette préoccupation.
M. Brassard: En réponse, tout ce que je peux vous dire
c'est que vous avez peut-être raison, M. le député, mais il
faut dire aussi que l'office ne doit pas non plus empiéter sur des
programmes qui existent déjà dans d'autres ministères. Je
pense au ministère du Commerce extérieur. Il y a un certain
nombre de programmes qui sont évidemment de nature économique,
comme vous le souhaitez. Il faut essayer d'éviter aussi que les
programmes de l'office dédoublent, en quelque sorte, d'autres programmes
existant dans d'autres ministères. Mais il y a peut-être un effort
accru qui peut et qui doit peut-être être fait.
M. Rivest: En fait, la préoccupation, je pense, c'est
d'avoir des programmes peut-être plus dynamiques et plus essentiels, on
ne peut pas tout faire en même temps, mais qui touchent vraiment... Si on
coiffe cela de secteur économique, que ce soient des programmes qui
s'inscrivent au coeur de l'activité primaire économique et non
pas qu'on se répande dans tous les horizons en essayant de faire
passer... Je suppose que le "lobby" des buanderies... Il me semble que dans le
domaine économique il y aurait eu des choses peut-être plus
pratiques à faire pour nos jeunes que le secteur des buanderies ou
l'élevage des lapins. Évidemment, ma question a un aspect
caricatural, mais ce sont des programmes qui ont existé. D'accord?
Deuxièmement, on me dit que la définition
également, ceux qui participent à cela - c'est peut-être le
moment de se poser la question - ceux qui déterminent, ceux qui
négocient cela, les jurys du module économique, il y a des
secteurs syndicaux, patronaux, la CSN, la FTQ, CSD, les chambres de commerce...
Y aurait-il moyen d'élargir cela parce que ce sont toujours les
mêmes qui sont là? Est-ce qu'il y a une rotation au niveau du
personnel? Enfin, ma préoccupation, c'est de rendre cela un peu plus
dynamique. Cela va très bien. Remarquez que les questions que je pose ne
présument aucunement de la valeur objective des programmes, mais
avez-vous des idées là-dessus? Êtes-vous satisfait de la
façon dont les jurys fonctionnent? N'y a-t-il pas là un certain
atavisme ou une certain inertie qui risque de s'installer? Est-ce que vous
êtes préoccupé par cette dimension?
M. Brassard: Je dois quand même signaler que, pour ce qui
est des comités consultatifs qui ont à déterminer les
priorités et les objectifs, il y a un renouvellement continu des membres
qui composent ces comités consultatifs et qui sont là à
titre individuel. Ils peuvent bien provenir de certains groupes, comme les
centrales syndicales, mais ils sont quand même là à titre
individuel. Ils ne représentent pas les
organismes.
M. Rivest: Est-ce que vous pouvez vraiment m'assurer... Le danger
là-dedans, c'est qu'il y ait des gens qui prennent des habitudes et que
cela devienne plus ou moins leur chose. Je suis content que le ministre me dise
que lui-même et à l'office, ils se sont préoccupés
de cela pour éviter que cela ne devienne la chasse gardée d'un
certain nombre de personnes. C'est une de vos préoccupations?
M. Brassard: Effectivement et, depuis une couple d'années,
il y a eu un net effort pour renouveler les membres qui constituent, qui
composent ces comités consultatifs. Non seulement cela se fait, mais,
depuis deux ans, il y a un effort assez important qui a été fait
dans cette direction. En espérant, évidemment, que cela aura pour
effet d'insuffler ce dynamisme que vous souhaitez.
M. Rivest: En termes budgétaires, est-ce qu'il y a des
modifications significatives de croissance ou de compression dans les
budgets?
M. Brassard: On doit subir une compression encore cette
année, qui n'est pas considérable, qui est de quelque 100 000 $,
ce qui ramène le budget ou la subvention que le gouvernement du
Québec doit verser à l'office à 1 910 000 $. On a subi
encore cette année une compression.
M. Rivest: D'après votre évaluation, M. le
ministre, est-ce que cela risque de se traduire au niveau des jeunes qui vont
participer à une diminution ou si vous essayez d'être suffisamment
productif pour maintenir le nombre des participants à un même
niveau, ce qui serait étonnant - pas de la part de l'office, mais de la
part du gouvernement - de réussir pareil exploit, par les temps qui
courent?
M. Brassard: Non, le nombre des stagiaires devrait se situer au
même niveau qu'au cours des années précédentes.
M. Rivest: Malgré les compressions. M. Brassard:
Malgré les compressions.
M. Rivest: Autre préoccupation - j'en ai deux
dernières - Jeunes volontaires, étudiants; vous êtes
toujours aussi préoccupé, M. le ministre, par le fait d'assurer
que les jeunes travailleurs y trouvent leur compte aussi?
M. Brassard: Sûrement, puisque, pour ce qui est de
l'âge, d'abord, la moyenne d'âge a diminué encore cette
année. La participation des étudiants est également en
hausse assez substantielle de 1983 à 1984.
M. Rivest: Par rapport à Jeunes volontaires travailleurs,
oui? D'accord. Garçons, filles?
M. Brassard: Les étudiants et les jeunes également.
Pour ce qui est des femmes, la majorité des stagiaires, ce sont des
femmes.
M. Rivest: II faut alors rétablir l'équilibre.
M. Brassard: Non, l'équilibre est pas mal bien maintenu
puisqu'on dit que les femmes constituent 52 % de la population et on est
à 52 % de femmes stagiaires.
M. Rivest: Autre dimension. J'insiste. Je pose les questions
simplement pour insister parce que je sais que ce sont des paramètres
avec lesquels travaille l'office. Régions?
M. Brassard: Dans les régions, c'est...
M. Rivest: Maintenant qu'on a un ministre dit régional,
j'espère qu'il va être sensible...
M. Brassard: J'ai regardé cela tout de suite.
Évidemment, je me suis occupé surtout de ma région vite et
j'ai vite regardé ma région. Les régions ont leur
contingent de stagiaires. Certaines sont même favorisées, comme
l'Est du Québec, en 1984 par rapport, évidemment, à la
population ou à la proportion de la population de la région pour
l'ensemble du Québec.
M. Rivest: La mention que j'avais introduite dans les
crédits antérieurs, bon, c'est l'Office
franco-québécois, mais, au Québec, il y a également
des jeunes... Je vois que le président de l'office est en train de dire
ma question avant que je la pose au ministre. Il me voit venir. C'est
probablement la question que je repose chaque année, sur les jeunes
Québécois et Québécoises de langue anglaise. Est-ce
qu'il y en a eu cette année? On me disait que l'an passé - ne me
dites pas non parce que vous allez me décevoir - on était pour
faire un effort parce que les jeunes Québécois et
Québécoises de langue anglaise ne semblaient pas tellement
intéressés à la chose, ce dont je doute. Je suis convaincu
que, si l'office faisait un effort particulier pour les sensibiliser à
cette chance qui leur est offerte par le biais de l'Office
franco-québécois, davantage de jeunes Québécois de
langue anglaise participeraient volontiers. Cela pourrait même être
intéressant. Je suis convaincu que le député de Nelligan
serait intéressé.
M. Brassard: II y en a eu, mais nous n'avons pas de statistiques
à cet effet.
M. Rivest: Est-ce que le ministre peut me dire, parce que j'ai eu
de belles promesses de votre prédécesseur...
M. Brassard: L'an passé.
M. Rivest: ...que l'office ferait des efforts particuliers.
Est-ce qu'au moins, si vous ne pouvez pas me donner les chiffres, les efforts
ont été faits? Si vous ne les avez pas faits, va-t-on les faire
bientôt?
M. Brassard: On me signale cependant qu'il y a eu des jumelages
dans le premier programme avec des stagiaires appartenant à des
communautés ethniques.
M. Rivest: Je parle surtout des communautés ethniques.
M. Brassard: Oui, je sais, vous parliez de...
M. Rivest: Je parle des communautés ethniques, je parle
aussi des Québécois de langue anglaise.
M. Brassard: ...la communauté anglophone, oui.
M. Rivest: Le ministre trouve-t-il intéressante
l'idée de demander à l'office de faire des efforts de
façon à se faire mieux connaître dans ces
milieux-là, dans l'ensemble des communautés culturelles, dont la
communauté, bien sûr, anglophone?
M. Brassard: Je ne trouve pas cela inintéressant.
M. Rivest: Qu'est-ce que cela veut dire?
M. Brassard: Je trouve cela intéressant. M. Rivest:
Allez-vous le faire?
M. Brassard: Je vais examiner cette suggestion avec beaucoup
d'attention, M. le député.
M. Rivest: Je veux bien, mais votre prédécesseur
s'était engagé à le faire. Alors, comme vous assumez des
continuités, j'espère que vous allez respecter la volonté
de votre prédécesseur...
M. Brassard: Je vais d'abord vérifier...
M. Rivest: ...et faire mieux que lui, parce qu'il ne semble pas
avoir fait grand-chose.
M. Brassard: Ah! bien, c'est ce que je verrai! Je vais d'abord
voir si mon prédécesseur, comme vous le dites, a fait des efforts
ou a demandé qu'on fasse des efforts dans ce sens-là.
M. Rivest: J'aimerais cela, M. le Président, parler
directement au responsable de l'office, je n'aurai pas de réponse du
ministre. Je veux avoir une vraie réponse, pas une réponse de
ministre.
M. Brassard: Je vous donne la réponse que je veux bien
vous donner. Vous voulez que je m'engage formellement à ce qu'il y
ait...
M. Rivest: Oui, oui.
M. Brassard: ...non seulement des efforts... Des efforts, il peut
bien s'en faire; il s'en fait et il s'en fera sans doute dans l'avenir.
M. Rivest: Quelle réponse! Quelle réponse!
M. Brassard: Oui, c'est ce que vous me demandez de
préciser: Y a-t-il lieu de créer un programme spécifique
à cet effet?
M. Rivest: Non, ce n'est pas cela que je demande.
M. Brassard: Non? Bon, très bien.
M. Rivest: Je demande que les programmes de l'office à
l'échelle du territoire québécois...
M. Brassard: ...comptent...
M. Rivest: ...s'adressent à toutes les clientèles
parce que tout le monde a le droit de participer à ce
programme-là, qui est l'un des programmes très
intéressants de la coopération
franco-québécoise.
M. Brassard: Je peux vous assurer que, dans le cadre des
programmes existants, on va faire des efforts pour que les communautés
du Québec autres que francophones participent à la programmation
de l'OFQJ.
Le Président (M. Gagnon): Cela va?
M. Rivest: Je remercie les gens de l'office et le ministre.
Le Président (M. Gagnon): Le programme 2 est-il
adopté?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Gagnon): Adopté. Les
éléments 1 et 2 sont adoptés. Nous revenons donc au
programme 1. M. le député de
Nelligan, M. le ministre? M. le député de Nelligan.
Affaires internationales
M. Lincoln: M. le Président, une première question.
J'ai quelques questions; ensuite, je vais proposer l'adoption du programme 1.
Je voulais parler au ministre d'un article de journal qui citait des documents
de son ministère ou qui parlait d'une espèce de triangle
diplomatique, entre guillemets, secret où le Québec serait
impliqué avec la France dans une action triangulaire en Amérique
latine. Dans un procès-verbal de la deuxième séance
à l'hôtel Matignon, à Paris, sous la présidence des
premiers ministres, MM. Mauroy et Lévesque, tenue le mardi 28 juin 1983,
à 16 heures, on mentionne que M. Jacques-Yvan Morin, alors ministre des
Affaires intergouvernementales, aborde la question de la coopération
triangulaire en Amérique latine et propose que l'idée soit
reprise sous forme d'action conjuguée, c'est-à-dire que la
coopération triangulaire franco-québécoise fasse l'objet
d'une coordination et d'une information mutuelles, mais de manière
discrète, de façon à ne pas éveiller inutilement
les suspicions fédérales canadiennes.
Le ministre pourrait-il nous situer par rapport à cela?
Pourrait-il nous dire en quoi consiste exactement la coopération
triangulaire France-Québec-Amérique latine? Quels en sont les
objectifs? Où se situe-t-on par rapport à cela aujourd'hui?
Le Président (M. Gagnon): M. le ministre. (19 heures)
M. Landry: Je pense que ce serait une bonne idée, mais on
a eu un projet, qui est à l'étude, de coopération
impliquant effectivement trois points d'un triangle - le Québec, la
France et un pays d'Amérique latine - dans le domaine de la diffusion
culturelle, en particulier l'enseignement des langues, l'enseignement de la
langue française, bien sûr, mais, pour diverses raisons, le projet
n'a pas eu de suite concrète. On fait du bilatéralisme, le
Québec avec plusieurs pays d'Amérique latine et la France avec
plusieurs pays d'Amérique latine, mais cette action triangulaire, pour
l'Amérique latine et d'autres pays, est une chose intéressante.
C'est une voie à explorer davantage, c'est sûr, parce que cela
permet...
M. Lincoln: Maintenant que...
M. Landry: ...d'enlever les aspects parfois odieux du
bilatéralisme qui comporte toujours, une forte tentation, de bon aloi,
d'égoïsme national et de recherche de son intérêt
particulier, tandis que, quand on élargit le cadre de la
coopération, souvent, le pays bénéficiaire est mieux servi
et moins méfiant.
M. Lincoln: Maintenant que les relations entre le Québec
et le gouvernement fédéral sont au beau fixe - je ne sais pas si
c'est "beau fixe" ou "beau risque"... Les termes, ça change.
M. Landry: C'est un peu les deux.
M. Lincoln: Cela change, le "beau risque", "beau fixe". Est-ce
que, maintenant, cela ne se fera plus de manière discrète de
façon à ne pas éveiller inutilement les suspicions
fédérales canadiennes?
M. Landry: Je pense qu'avant le 4 septembre il le fallait, on
était acculé à une certaine discrétion, tellement
le niveau de fanatisme jaloux à rencontre de l'action internationale du
Québec était virulent à Ottawa, à tel point qu'ils
nous ont bloqué des ententes signées de coopération, par
pur fanatisme. Le Québec a signé des ententes avec certains pays
du tiers monde, en voie de développement, qui n'ont pu être mises
en oeuvre parce que les fédéraux s'y sont opposés en
tapant du pied, en trépignant et en refusant les jugements des cours et
la doctrine constitutionnelle. Mais ça, c'était avant, et
j'espère que cela ne reviendra plus jamais.
M. Lincoln: Maintenant, si je comprends bien le ministre, il n'y
a plus de triangle avec la France - la France ne s'implique plus dans le
triangle - et...
M. Landry: Ah non! Ce n'est pas ce que je dis. Je souhaite qu'on
fasse des opérations triangulaires...
M. Lincoln: Ah bon!
M. Landry: ...avec la France et avec d'autres pays. Je ne me
réexpliquerai pas là-dessus. L'action en pays tiers de deux pays
développés unissant leurs efforts pour aider un pays du tiers
monde, par exemple, est une voie d'avenir, une bonne formule, et la
différence, c'est qu'avant cela le gouvernement fédéral
voyait toutes ces initiatives avec une vision cataclysmique des choses.
Aujourd'hui, c'est plus une vision de coopération, et j'espère
qu'elle va durer.
M. Lincoln: Maintenant, à ce que je vois, à ce que
je comprends de vous, il est possible qu'on ait des opérations
triangulaires, mais dans l'ouverture et dans la sympathie mutuelle avec le
gouvernement fédéral.
M. Landry: Mais je le souhaite vivement.
M. Lincoln: On va suivre cela avec beaucoup
d'intérêt, M. le ministre.
M. Landry: Je pense qu'on en a déjà eu
quelques-unes, d'ailleurs, depuis quelques mois.
M. Lincoln: Est-ce qu'on aurait pu passer à quelques
brèves questions sur SEREQ parce que vous en faites mention dans votre
cahier par rapport à l'Afrique et au Moyen-Orient. Vous dites que, du
côté du Maroc, le ministère soumet, à compter de
septembre 1984, la gestion du programme d'enseignants 80 du ministère de
l'Éducation, administré jusqu'à ce jour par la
Société d'exportation de ressources éducatives du
Québec - SEREQ - en Afrique.
M. Landry: Là, il y a un petit problème, M. le
Président, par ailleurs, de procédure et un problème
pratique aussi. SEREQ est en voie de transfert du ministère de
l'Éducation qui en était le ministère de tutelle, non pas
au ministère des Relations internationales, mais au ministère du
Commerce extérieur, et le transfert étant en voie de se faire je
pense que je serais un très mauvais interlocuteur pour répondre
à vos questions.
M. Lincoln: Mais on y reviendra aux crédits du
ministère du Commerce extérieur parce que c'était
justement ma prochaine question. Je voulais vous demander si SEREQ était
en voie de transfert à votre ministère ou à un autre
ministère. Vous avez confirmé cela.
M. Landry: Oui, mais c'est Commerce extérieur. Je vous
suggère vivement d'y revenir à la séance des
crédits du ministère du Commerce extérieur.
M. Lincoln: Oui, oui, assurément. On pourra reprendre la
question. Je vous donne avis, M. le ministre, que, quand on va en discuter,
cela va être une des questions qu'on voudra aborder.
Vous parlez aussi, dans le cahier des crédits, de la
participation du Québec a TV 5. Est-ce que vous pourriez nous dire
où on en est à ce sujet? Je pense que vous parlez de... Je
cherche... Vous dites à la page 21: "Assurer la participation de la
télévision du Québec à TV-5,
télévision culturelle francophone diffusée dans l'ensemble
de l'Europe. Est-ce un dossier en marche? Pourriez-vous nous dire
brièvement quel est l'échéancier, où se situe votre
ministère, est-ce que vous agissez comme coordinateur des actions du
ministère des Communications surtout ou si votre ministère est
impliqué plus directement?
M. Landry: Non, nous ne sommes pas le principal ministère
impliqué, c'est le ministère sectoriel des Communications. Mais
nous avons coordonné les activités, premièrement.
Deuxièmement, mon collègue des Communications va aller à
Paris au cours d'une fin de semaine - je me demande si ce n'est pas celle qui
vient ou l'autre - précisément pour faire avancer
considérablement ce dossier qui est un dossier triangulaire, je vous le
ferai remarquer. Là, les trois pointes du triangle sont Ottawa,
Québec et Paris.
M. Lincoln: Est-ce que ce dossier est en voie d'acheminement?
M. Landry: Oui. Je ne pense pas que mon collègue puisse
apposer une signature finale dans les jours qui viennent, mais c'est vraiment
très avancé.
M. Lincoln: J'aurais une dernière série de
questions sur le programme 1. Par rapport aux études de la section J du
rapport, pourriez-vous d'abord répondre à deux questions sur les
études elles-mêmes? Quel est le sens des études sur les
activités internationales des banques établies au Québec?
Ont-elles un lien avec un projet de centre bancaire international? Quel est le
sens de cette étude? Quel est l'objectif de cette étude?
Pourriez-vous nous situer un peu là-dessus?
M. Landry: Les banques.
M. Lincoln: C'est vers la fin du cahier, dans la liste des
études qui sont au chapitre J.
M. Landry: Étude sur les activités internationales
des banques établies au Québec. M. Naji, 1500 $.
M. Lincoln: Oui.
M. Landry: Attendez un peu. Ah, oui! C'est dans le cadre des
travaux préparatoires au sommet sur le "Québec dans le monde".
Vous saviez que les banquiers occupaient un certain nombre de sièges et
j'avais insisté pour qu'on ait une étude un peu plus factuelle.
Cela a été intégré à l'état de la
situation lors de "Québec dans le monde". De ce point de vue, cela a un
rapport assez direct avec l'établissement d'un centre bancaire puisque
cela a été, encore une fois, l'un des consensus.
M. Lincoln: Sur la dernière étude en liste,
l'étude sur certains aspects constitutionnels en regard de la politique
internationale du Québec, est-ce une étude pour voir où le
Québec se placerait dans le
nouveau cadre révisionniste du gouvernement actuel ou si
c'était pour voir comment on allait amorcer une action internationale
plus indépendante dans l'avenir? Quel était le sens de
l'étude?
M. Landry: C'était ni l'un ni l'autre. C'était
l'état dans les institutions internationales, eu égard aux
grandes conventions internationales et aux grands traités, de la
situation juridique actuelle du Québec et de ses développements
futurs.
M. Lincoln: Est-ce que le ministre peut mettre ces études
à la disposition de l'Opposition?
M. Landry: Certaines, oui, d'autres, non. Cela dépend.
L'intérêt public est en cause. La plupart, je pense bien, sont
accessibles. Celles qui comportent des stratégies ne peuvent pas
être rendues publiques. Mais je ne peux pas répondre comme cela,
la liste est trop longue. Probablement que les trois quarts sont
déjà publiques, et, pour celles qui restent, il faudrait que
j'examine la question.
M. Lincoln: Est-ce que le ministre pourrait me confirmer
aujourd'hui que le sous-ministre pourra me laisser savoir lesquelles de ces
études pourront être accessibles?
M. Landry: Oui.
M. Lincoln: Et pour celles qui ne sont pas accessibles, les
raisons pour lesquelles elles ne le sont pas?
M. Landry: Parfaitement.
M. Lincoln: Les études qui sont accessibles, est-ce qu'on
pourrait les avoir bientôt?
M. Landry: J'imagine que vous les avez déjà. Par
exemple, les travaux préparatoires de Québec dans le monde...
M. Lincoln: Oui, d'accord. Je parle des études qui ne sont
pas disponibles pour nous en ce moment, mais que vous pourriez nous
envoyer.
M. Landry: On va éplucher cela et on va vous envoyer la
collection la plus complète possible.
M. Lincoln: M. le Président, avec votre accord, s'il n'y a
pas d'autres questions, je suis disposé à ce qu'on passe du
programme 1 au programme 3, s'il vous plaît.
Le Président (M. Gagnon): Oui. Est-ce qu'on adopte
immédiatement le programme 1, éléments 1 et 2?
Le programme 1 est adopté. Les éléments 1 et 2 sont
adoptés. Le programme 3.
M. le député de Nelligan.
Gestion interne et soutien
M. Lincoln: Sur la question du programme 3 j'aurais voulu situer
un petit peu. On a dit que le ministère avait une hausse
budgétaire par rapport à l'année dernière. Je
réalise que ce n'est pas une question directement reliée au
programme 3 comme tel, la première question, mais j'y reviens. Je pense
que la deuxième question est reliée au programme 3, gestion
interne et soutien. Je ne suis pas trop sûr où cela se passe
exactement mais j'espère, M. le Président, que vous ne me
chercherez pas querelle.
En page 2 du cahier... Je pense que cela aurait dû être une
question pour le programme 1 mais enfin je suis sûr que vous ne m'en
saurez pas gré. Cela traite plutôt de la gestion. Ma question est
celle-ci: on remarque que les prévisions budgétaires ont
augmenté de 2,8 %. Un peu plus loin, on voit le transfert de juridiction
entre ministères, notamment la gestion des biens immobiliers à
l'extérieur du Québec 'de la Société
immobilière du Québec; c'est 4 085 000 $ qui présument
sans doute l'entretien des bâtiments que vous avez pris et qui
étaient possédés avant par la Société
immobilière.
M. Landry: J'avais expliqué cela dans mon exposé
initial. Malheureusement, le député n'y était pas, mais
c'est exactement cela.
M. Lincoln: Est-ce que le gros de ces à 000 000 $, cela a
trait aux bâtiments, à l'entretien des biens immobiliers? Quand
vous soustrayez cela du budget, parce qu'on ne l'avait pas l'année
dernière, la gestion des bâtiments, on voit qu'il y a une
réduction...
M. Landry: Absolument.
M. Lincoln: ...du budget du ministère.
M. Landry: C'est ce que j'ai expliqué dans mon
exposé initial.
M. Lincoln: Ah bon! Est-ce que vous pourriez me dire si...
M. Landry: Par ailleurs, il y a une chose sur laquelle je dois
insister. Il y a transfert d'activités aussi dans d'autres secteurs de
l'administration publique: la coopération économique au Commerce
extérieur, par exemple. Cela ne veut pas dire que l'activité est
disparue; cela veut
dire qu'elle est disparue d'ici pour aller ailleurs.
M. Lincoln: Oui. Est-ce que le ministre prévoit, avec le
budget actuel de gestion, soutien et tous les programmes, les 54 000 000 $, si
on soustrait les 4 000 000 $ de biens immobiliers qu'on n'avait pas et qu'on
fait tous les ajustements des autres compressions etc, est-ce que vous croyez
ce genre de budget, disons, d'une cinquantaine de millions de dollars
adéquat pour les relations internationales du Québec dans un
avenir futur ou est-ce que, selon la politique que vous allez énoncer en
mai ou juin, vous aurez à demander des crédits additionnels en
cours de route par rapport à de nouvelles politiques que vous allez
installer peut-être au cours de l'année qui s'en vient?
M. Landry: D'abord, je vous ai dit au début que
l'idéal du ministère était de resserrer
considérablement sa gestion et de tenter de faire davantage avec des
ressources égales ou légèrement diminuées.
C'était la philosophie qui s'est appliquée à l'exercice
qui vient.
Par ailleurs, je vous fais remarquer que le budget du ministère
ne reflète pas l'effort global d'actions internationales du
Québec puisque des pans entiers de notre travail à
l'extérieur se retrouvent dans les crédits d'un certain nombre
d'autres ministères. Les étudiants étrangers, par exemple,
18 000 000 $, c'est un énorme effort que vous ne retrouvez nulle part
là-dedans.
Je crois que pour les années à venir et à la suite
de l'énoncé de politique économique, la
société québécoise doit se préparer à
son rythme à accroître ses efforts, en particulier, de
coopération avec l'étranger. Il n'est pas absolument sûr
que c'est dans les crédits de ce ministère que la chose se
reflétera le plus, bien que, si on parle de fonds spécial d'aide,
par exemple, qui est un de nos projets, vous allez retrouver cela dans les
crédits des années à venir. Il se peut très bien
que le ministère de l'Éducation augmente aussi ses crédits
pour donner des bourses à des étudiants étrangers venant
du tiers monde.
Globalement, je vous réitère que nous devons augmenter
notre effort international tout en pensant à nos contribuables qui
participent déjà lourdement à l'effort canadien qui
comporte des sommes énormes et des moyens fantastiques. Je vous ai
déjà dit qu'une petite ambassade du Canada dans un pays d'une
moyenne importance consomme pratiquement la moitié du budget de tout le
ministère. Il faut regarder dans quelles proportions on travaille. Je
crois qu'on ne doit pas consacrer beaucoup plus d'argent aux institutions, mais
on doit consacrer beaucoup plus d'argent à l'action et aux pays en voie
de développement, en particulier.
M. Lincoln: Une dernière question au ministre. Tout cela
s'enchaîne un peu avec la première question que j'avais
posée. Le sous-ministre nous avait fait savoir par votre entremise qu'il
y a effectivement une étude qui est faite par rapport à la
distribution globale des actions sectorielles dans les secteurs de
l'éducation, des affaires culturelles, etc., de même qu'au sein de
votre ministère, que lorsque tout cela sera prêt, cela
s'enchaînera avec les politiques que vous allez énoncer en mai ou
en juin et que, d'ici à un certain nombre de mois, on pourra voir ce
portrait global et spécifique du ministère. Est-ce que j'ai bien
compris que vous travaillez là-dessus, qu'on va bientôt pouvoir
situer les actions? Par exemple, c'est difficile de savoir, alors qu'on ajoute
tous ces programmes dans les ministères, où cela se situe,
comment cela se fait, d'avoir une idée globale à savoir où
va cet argent et quelles sommes sont impliquées par rapport aux
objectifs dont le ministère est responsable.
M. Landry: Oui, vous répétez bien ce qu'on a dit
qu'on ferait.
M. Lincoln: D'accord. Je n'ai plus de question.
Le Président (M. Gagnon): Le programme 3,
éléments 1, 2 et 3, est-il adopté?
M. Lincoln: Oui.
Le Président (M. Gagnon): Adopté. Les
crédits du ministère des Relations internationales sont-ils
adoptés?
M. Lincoln: Adopté.
Le Président (M. Gagnon): Adopté. J'ajourne donc
nos travaux sine die.
M. Landry: Merci, M. le Président. Je remercie les membres
de la commission pour leur collaboration.
(Fin de la séance à 19 h 18)