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(Dix heures deux minutes)
Le Président (M. Gagnon): Â l'ordre, s'il vous
plaît. La commission des institutions se réunit aujourd'hui avec
le mandat de faire l'examen des orientations, des activités et de la
gestion de la Commission de police du Québec.
Nous avons comme invités M. le juge Gosselin, M. le juge Raymond
Boily, M. Jean-Marie Beaudet et M. Jacques Fafard.
Comme il n'y a pas de remarques préliminaires, je crois, nous
allons immédiatement, en vous souhaitant la bienvenue... Juste avant, je
vais demander au secrétaire s'il y a des remplacements à cette
commission.
Le Secrétaire: II y a un remplacement. M. Baril
(Rouyn-Noranda-Témiscamingue) est remplacé par M. Tremblay
(Chambly).
Le Président (M. Gagnon): Alors, encore une fois, je vous
souhaite la bienvenue. Je vous invite à nous livrer votre message.
Après, nous passerons à la période de questions.
Exposé du président de la commission M.
Roger Gosselin
M. Gosselin (Roger): Si vous le permettez, M. le
Président, j'aimerais vous indiquer qu'il y a aussi, en plus des quatre
personnes que vous avez nommées, deux autres membres de la commission
qui sont ici présents: M. Réjean Breault et M. Jacques
Oufort.
La Commission de police, comme vous le savez, a été
créée en 1968 et a comme rôle principal la
responsabilité de favoriser l'efficacité des services policiers
au Québec. Nous avons aussi des pouvoirs à exercer dans divers
domaines: dans le domaine quasi judiciaire, dans le domaine administratif et
dans le domaine de la réglementation.
Les activités de la commission se déroulent sur tout le
territoire du Québec. Chaque année nous produisons un rapport
annuel de nos activités, par année de calendrier et non par
exercice financier.
Dans le domaine quasi judiciaire, la commission peut être
appelée, à la demande du gouvernement, à la demande du
ministre de la Justice et Procureur général, à la demande
d'une municipalité ou même à la demande d'un citoyen
à entreprendre des enquêtes portant tantôt sur
l'administration et les opérations de corps policiers, tantôt sur
la conduite de membres de ces corps policiers.
La commission peut aussi entreprendre de telles enquêtes de sa
propre initiative. Je dois dire que nous avons un volume considérable de
travail dans ce domaine. Nous avons aussi, en matière d'appel, à
recevoir des appels de directeurs ou membres non salariés de corps
policiers qui peuvent faire l'objet d'une destitution ou d'une réduction
de traitement.
Nous sommes appelés aussi, depuis les amendements de 1980,
à procéder à des enquêtes pour vérifier si
les municipalités qui ont l'obligation de maintenir un corps policier
maintiennent et assurent des services policiers adéquats. De telles
enquêtes peuvent être entreprises sur requête du Procureur
général, d'un groupe de citoyens ou d'une association de
policiers reconnue. Il peut arriver aussi - bien que ce soit très rare -
que la commission soit appelée à enquêter pour
déterminer le statut d'un policier municipal qui agit à titre
d'agent de la paix à l'extérieur du territoire de la
municipalité qui l'emploie.
Nous devons aussi, dans le domaine administratif, et afin d'assurer une
meilleure efficacité des corps policiers, soit à la demande des
autorités municipales ou de la direction des corps policiers, conduire
des études qui portent sur l'administration et les opérations des
corps policiers. Nous avons aussi la responsabilité de procéder
à l'inspection de tous les corps policiers du Québec. Il faut
savoir qu'au Québec, il y a actuellement 179 corps policiers. Il y a la
Sûreté du Québec, qui maintient sur le territoire 106
postes. Il y a le service de police de la communauté urbaine qui
maintient, je crois, 28 postes. Et il y a 177 autres corps policiers
municipaux.
L'ensemble des membres des corps policiers au Québec est
réparti comme suit: environ un tiers à la Sûreté du
Québec, près d'un tiers ou un peu plus du tiers dans le Service
de police de la Communauté urbaine de Montréal et un autre tiers
dans les 177 autres corps policiers municipaux. C'est donc dire que, pour
procéder à l'inspection de l'ensemble des corps policiers, cela
prend du personnel. Notre volume de travail, dans ce
domaine, est aussi considérable. Je dois vous dire que nous
avions commencé à faire des inspections à titre
d'expérience pilote. Nous avons perfectionné nos méthodes
de travail.
Au cours de l'année, nous n'avons pas réussi parce que
nous avions établi un programme triennal pour l'inspection des corps
policiers. Nous n'atteindrons probablement pas notre objectif au cours de
l'année, puisque jusqu'à maintenant nous avons
complété l'inspection de vingt corps policiers, mais c'est de
beaucoup supérieur aux inspections des deux années
précédentes.
Nous offrons aussi divers services aux municipalités. On sait
qu'il existe un règlement pour déterminer les qualités et
les conditions requises pour devenir directeur d'un corps policier municipal.
Nous offrons aux municipalités, à titre de service, de
procéder à l'évaluation des candidats au poste de
directeur de police, d'un corps policier municipal, j'entends.
Je dois dire que de plus en plus les municipalités prennent
avantage de ce service. Après avoir procédé à un
premier examen des curriculum vitae des candidats au poste de directeur d'un
corps policier municipal, ceux qui satisfont à ces normes et
prérequis nous les invitons à passer un examen écrit; par
la suite il y a des entrevues. Les comités d'évaluation pour
procéder aux entrevues sont constitués de cinq personnes dont
trois représentants de la Commission de police, un représentant
de l'Association des chefs de police du Québec et un représentant
de la Sûreté du Québec.
Depuis les modifications à la loi - on sait qu'autrefois toute
municipalité qui avait le statut de ville devait établir sur son
territoire un corps policier - qui sont entrées en vigueur le 1er juin
1980, ce n'est plus le statut de la municipalité qui entre en ligne de
compte, mais la population. Si bien qu'aujourd'hui, toute municipalité
dans laquelle la population est de 5000 personnes ou plus, a l'obligation
d'établir un corps policier à moins d'en être
dispensé par le gouvernement.
Toute municipalité de ville dans laquelle la population est
inférieure à 5000 personnes qui avait établi un corps
policier pourrait maintenant l'abolir à la condition d'y être
autorisée par le gouvernement. Aussi, toute municipalité qui
désire réduire l'effectif de son corps policier doit y être
autorisée par le gouvernement. En vertu des dispositions de la loi,
toute demande de cette nature adressée au gouvernement est
reportée à la commission et le gouvernement ne peut prendre une
décision relativement aux demandes de cette nature avant d'avoir
reçu l'avis du gouvernement. Si bien que, dans chaque cas, la commission
procède à une vérification de la situation dans les
municipalités concernées; elle examine l'indice de la
criminalité; elle examine les possibilités d'ententes avec
d'autres municipalités; elle examine aussi le sort qui pourrait
être éventuellement réservé aux policiers pouvant
être affectés par une diminution ou une abolition; enfin elle
soumet son avis au gouvernement.
Dans le domaine de la réglementation, la commission a le pouvoir
d'adopter des règlements sur les divers sujets mentionnés
à l'article 18 de la Loi de police. Lorsque ces règlements sont
adoptés par la commission, ils doivent être publiés
à la Gazette officielle et ils sont soumis à l'approbation du
gouvernement qui peut alors les modifier.
Avoir la responsabilité de favoriser l'efficacité des
corps policiers, cela comporte aussi des responsabilités accessoires.
C'est ainsi que nous organisons des réunions régionales pour y
rencontrer les directeurs et représentants des corps policiers
municipaux et de la Sûreté du Québec, pour y rencontrer les
maires et conseillers des municipalités qui maintiennent des corps
policiers. Nous avons des comités de travail sur divers sujets
d'intérêt pour les policiers ou concernant les activités de
la commission. Nous publions aussi des guides qui constituent des outils de
travail pour l'ensemble des policiers du Québec ou pour la direction des
corps policiers.
Avant de nous présenter ici, nous avons, au cours des mois
précédents, transmis à votre commission divers documents,
soit un échantillonnage de nos travaux dans les divers domaines de nos
responsabilités. Ces guides sont utiles, selon ce qu'on nous indique, et
je pense qu'ils permettent aux corps policiers d'améliorer leur
efficacité et leur administration.
L'ensemble de nos travaux a donc pour but d'assurer que l'exercice des
fonctions policières s'effectue dans le respect des droits de chacun et
de favoriser un accroissement de l'efficacité policière en vue
d'assurer à la population une protection adéquate.
Nous avons évidemment divers objectifs, notamment de
réduire les délais dans l'audition des enquêtes publiques,
Dans le domaine de la réglementation, il y a lieu d'apporter des
modifications à notre règlement déterminant les
qualités et les conditions requises pour être admis dans un corps
policier du Québec. Nous voulons aussi activer notre programme
d'inspection et maintenir notre programme de réunions régionales.
Enfin, nous voulons procéder à la révision de certains
guides et maintenir notre bulletin d'information à l'intention des
policiers du Québec.
Nous devons évidemment conseiller les municipalités et les
corps policiers en matière policière ainsi que la
Sûreté du Québec. A cette fin, nous avons l'intention de
maintenir ces objectifs qui pourront être atteints dans la mesure
où nous aurons les
effectifs requis pour nous acquitter de toutes ces
responsabilités. Je dois dire que dans certains domaines, nous accusons
certains retards, plus particulièrement dans le domaine de l'audition de
nos enquêtes publiques.
Je pense, M. le Président, vous avoir brossé un tableau
général des activités de la commission et si, par vos
questions, vous désirez que nous élaborions davantage, nous
pourrons le faire. Je vous remercie.
Le Président (M. Gagnon): Merci. M. le
député de D'Arcy McGee.
Période de questions
M. Marx: Merci, M. le Président. J'aimerais remercier le
président de la Commission de police du Québec ainsi que les
autres membres de la commission pour s'être présentés
devant la commission des institutions afin d'expliquer le rôle et le
fonctionnement de la Commission de police du Québec. Je désire
aussi remercier votre commission pour avoir offert sa collaboration à
notre commission parlementaire et avoir fourni un certain nombre de documents
et d'explications.
Ma première observation - cela m'a un peu étonné
quand j'ai étudié les rapports de la Commission de police du
Québec - c'est que depuis 1968, depuis la formation de la Commission de
police, sur un total de 29 membres, jamais il n'y eut de femme comme membre de
cette commission. C'est là une remarque non partisane dans le sens que
depuis 1968, on a vu trois gouvernements au pouvoir de trois partis
différents. Dans une semaine ou deux, on aura une commission qui va
toucher les programmes d'accès à l'égalité et un
prochain gouvernement devrait penser à trouver une, deux, trois ou
quatre femmes qualifiées pour siéger à cette commission.
Cela va de soi que le président et les membres actuels de la commission
ne sont pas en faute, mais je pense que cela démontre comment les
gouvernements antérieurs ont envisagé la nomination des personnes
aux organismes du Québec.
J'ai beaucoup de questions... J'ai des questions sur le rôle, sur
le budget, sur le pouvoir de réglementation, sur les normes d'embauche,
sur les enquêtes, sur la formation policière, sur la
prévention, sur l'inspection et j'en passe. Je me demande si on va avoir
le temps, étant donné que tous les députés autour
de la table peuvent poser des questions sur chacun de ces points.
Normes d'embauche
J'aimerais commencer par les normes d'embauche. Vous avez le
règlement no 14 relatif aux normes d'embauche des agents et cadets de la
SQ et des corps de police municipaux. Je vais faire un historique avant de
poser ma question.
Le règlement no 7 sur les normes d'embauche a été
adopté en décembre 1970, approuvé par le gouvernement le 3
février 1971, et il est entré en vigueur le 20 février
1971. En 1974, un comité a été chargé de le
modifier. Les modifications ont été adoptées par la
commission le 21 août 1975. Ces modifications prévoyaient
l'entrée de candidates féminines dans les services de police,
ainsi que l'assouplissement des normes de taille pour les hommes,
c'est-à-dire, de cinq pieds huit pouces à cinq pieds sept
pouces.
 la fin de 1975, ces modifications n'avaient pas encore
été approuvées par le gouvernement. Le rapport - quand je
parle de rapport, c'est toujours le rapport de la Commission de police du
Québec - de 1979, à la page 32, précise que des
modifications ont été apportées au règlement
relatives aux normes d'embauche des policiers. On prévoit
l'arrivée de candidates de sexe féminin dans les corps de police
du Québec; l'âge d'admission est porté de 30 à 35
ans; la taille minimale pour les hommes est diminuée de cinq pieds et
huit pouces à cinq pieds et sept pouces et elle est fixée
à cinq pieds et trois pouces pour les femmes; le poids, dans chaque cas,
doit être proportionnel à la grandeur.
Ma première question - je vais revenir sur le sujet - est la
suivante: Comment ces critères de sélection ont-ils
été établis à l'époque? En 1980, la
Commission des droits de la personne a formulé à la Commission de
police des représentations relatives à certaines dispositions
concernant les normes d'embauche des agents et cadets de la SQ et des corps de
police municipaux. Certaines dispositions, notamment à l'égard
des normes de taille et de poids exigées des candidats, seraient
susceptibles de constituer une dérogation à la charte. C'est dans
votre rapport de 1980, à la page 34.
En 1981, la Commission de police avait pour objectif de réviser
les normes d'embauche édictées par les règlements 7 et
7.1, afin que toutes les clauses de ces règlements soient en
conformité avec les dispositions de la Charte des droits et
libertés de la personne. C'était, en gros, une citation de votre
rapport de 1981, à la page 11. Voir aussi votre rapport de 1980 à
la page 15. Notons en passant que le service de police de la Communauté
urbaine de Montréal a demandé des modifications aux normes de la
taille et du poids.
Les travaux de révision du règlement poursuivis depuis
1980 et une étude d'un groupe de recherche en performance motrice de
l'Université Laval devaient se terminer en juillet 1985. C'est dans
votre rapport de 1984, à la page 32. Si je me souviens bien, cette
étude coûtait 59 800 $; c'est une
étude concernant le poids et la taille des candidats.
Ma première question est: Comment avez-vous établi vos
critères à l'époque, c'est-à-dire en 1979? Ma
deuxième question est la suivante: Cette étude, qui est
censée être faite par l'Université Laval, est-elle
maintenant terminée et quelles sont les conclusions relatives aux normes
de la taille et du poids?
M. Gosselin: Relativement à votre première
question, M. Marx, je dois vous dire que lorsque nous avons établi ce
règlement relatif aux normes d'embauche dès le début, en
1971, je crois, ou en 1970, nous avons fait une étude de ce qui existait
non seulement dans l'ensemble des corps policiers du Canada, mais aussi
à l'extérieur. Nous avons établi ces normes sauf que,
quant aux normes médicales, nous avions réuni un médecin
du ministère de la Santé du Québec, un médecin qui
s'occupait des examens médicaux pour la Sûreté du
Québec et un médecin du service de police de la Communauté
urbaine de Montréal, anciennement, c'était le service de police
de Montréal, avant la fusion. Nous avons donc établi ces
normes.
 un moment donné, on a attiré notre attention sur
le fait que cinq pieds huit pouces, ce n'était pas une taille
essentielle. Nous avons un comité qui a travaillé sur la question
et les recommandations de ce comité, constitué des principaux
intervenants, allaient dans le sens qu'il y aurait lieu d'abaisser la taille
à cinq pieds sept pouces. C'est ce que nous avons fait.
Par la suite, nous avons constaté que les normes
édictées par notre règlement étaient susceptibles
d'être contestées devant les tribunaux. Nous avons donc
créé et mis sur pied un comité constitué des
principaux intervenants et il a été recommandé que nous
fassions faire une étude de la question. Nous avions soumis ce projet
d'étude à l'Université de Montréal, section
polytechnique, et par la suite nous avons joint nos efforts à ceux de la
Commission de la fonction publique, devenue depuis l'office de sélection
du personnel ou l'Office des ressources humaines du gouvernement du
Québec, parce qu'on avait commencé à appliquer aux agents
de la paix du gouvernement du Québec les mêmes normes que nous
appliquions aux policiers. Ces normes étaient discutées et
discutables.
Après avoir uni ces efforts à ceux de l'Office des
ressources humaines du gouvernement du Québec, nous avons eu des
contacts avec des recherchistes de l'Université Laval. Ces recherchistes
ont soumis une proposition qui a été acceptée et le
contrat a été octroyé non pas par la Commission de police,
mais par l'Office des ressources humaines du gouvernement. Et je pense que
c'est au mois de septembre ou octobre dernier que les fonds nécessaires
à cette étude étaient dégelés et
octroyés par le Conseil du trésor, si bien qu'il y a eu un
délai avant que cette étude, qui comportait diverses phases, soit
entreprise.
Vous me demandiez, dans votre deuxième question, si cette
étude était terminée. Mes informations - les
dernières qui sont en date de cette semaine - vont dans le sens que les
recherchistes de l'Université Laval sont dans la rédaction de
leur rapport final et que ce rapport devrait être prêt d'ici
à une quinzaine de jours. On nous avait même dit plus tôt,
vers la fin d'août, que le rapport serait prêt pour le mois de
septembre. On nous a informés tout récemment qu'il y aurait
encore un délai de quinze jours. Nous aurions pu, évidemment,
adopter et calquer nos normes sur celles qui existaient à certains
autres endroits, mais nous voulions nous assurer que les normes que nous
adopterions colleraient à la réalité, seraient "job
related", comme on le dit souvent dans le langage du travail, et qu'elles
puissent subir l'épreuve de toute contestation et des tribunaux.
L'état du dossier présentement est que nous attendons ce
rapport final. Dès ce rapport final remis, nous serons en mesure de
procéder à la modification de notre règlement.
Évidemment, à ce moment-là, nous abolirons cette exigence
quant à la taille et au poids pour y substituer des tests d'aptitude
afin de s'assurer que les candidats à la fonction policière
puissent répondre aux exigences de la fonction. Nous n'aurions pas pu,
nous, établir de telles normes; il fallait qu'elles soient
établies par des spécialistes, et ces spécialistes sont en
voie de compléter leur rapport.
M. Marx: M. le Président, j'aimerais demander au
président de la Commission de police comment il peut justifier que cela
prenne plus de cinq ans pour adopter un règlement sur les normes de
taille et de poids. Cinq ans! Ce n'est pas un an, ce n'est pas deux ans, ce
n'est pas trois ans, c'est cinq ans, maintenant! Cela ira jusqu'à la fin
du XXe siècle si on continue comme cela, car ce délai sera
nécessaire au ministère pour étudier les rapports qui ont
été faits, qui ont été modifiés, etc. Si on
continue comme cela, on en a encore pour trois ou quatre ans.
M. Gosselin: J'ai l'impression, M. le député, qu'il
sera possible de compléter à brève échéance
les modifications. Maintenant, il faut vous dire que cette étude n'a pas
pour but de déterminer quelle sera la grandeur requise ou quel sera le
poids requis; les critères du poids et de la grandeur seront abolis,
mais il nous faudra substituer à cela des tests pour s'assurer que tous
les
candidats puissent répondre aux exigences de la fonction. (10 h
30)
M. Marx: Je comprends qu'on aura un règlement pour
prévoir que le poids sera proportionnel à la grandeur, mais si je
compare à d'autres juridictions, d'autres villes en Amérique du
Nord, d'autres provinces, d'autres institutions, d'autres organismes, ils n'ont
pas pris cinq ans pour adopter un tel règlement.
J'ai ici un communiqué de la Commission canadienne des droits de
la personne. Je vais vous lire ce communiqué, il n'a qu'une page et
j'aimerais vous démontrer que cela fonctionne plus vite au
fédéral.
Ottawa, le 19 septembre 1984. Le Service correctionnel du Canada a aboli
son exigence relative à la taille minimale pour les agents
d'unité résidentielle après que huit femmes, qu'on avait
refusé d'embaucher parce qu'elles mesurent moins de cinq pieds et cinq
pouces, la taille exigée, se sont plaintes de discrimination sexuelle.
Quatre de ces femmes travaillent maintenant comme agent d'unité
résidentielle. La Loi canadienne sur les droits de la personne
n'interdit pas les normes relatives à la taille, mais stipule qu'il
incombe à l'employeur de prouver que de telles exigences sont
nécessaires à l'exécution des fonctions d'un poste. Au
cours de l'instruction collective des plaintes par la Commission canadienne des
droits de la personne, le Service correctionnel du Canada a
éliminé son exigence relative à la taille. Cela a
été fait du jour au lendemain. Cela n'a pas pris cinq ans. Avec
l'aide d'un conciliateur, les parties se sont entendues sur le montant de
l'indemnité à verser aux plaignantes. La Commission des droits de
la personne du Canada a approuvé le règlement lundi, au cours de
sa réunion de septembre. Tout cela pour dire que cela n'a pas pris cinq
ans au Service correctionnel du Canada pour modifier cette norme. Cela n'a pas
pris deux ans ou un an, cela a pris une couple de mois au plus. Je trouve qu'il
est difficile de justifier un travail de cinq ans chapeauté, à la
fin, par une étude de 60 000 $ qui n'est pas encore terminée. On
n'a encore rien fait.
Le service de police de la communauté urbaine, par exemple, a
aussi demandé que les normes soient changées. Il y a des cas -le
ministre de la Justice a reçu des plaintes aussi - de femmes qui
mesurent cinq pieds et deux pouces ou cinq pieds et deux pouces et demi qui ne
sont pas acceptées par les corps policiers parce qu'elles ne
répondent pas aux exigences du règlement.
C'est inimaginable pour moi que cela prenne autant de temps pour faire
un si petit travail. C'est le point.
M. Gosselin: Évidemment, si on décidait d'abolir
les critères de la taille et du poids, cela pourrait se faire
très rapidement, comme vous le dites. Je pense qu'il fallait avancer
d'un cran additionnel et s'assurer que les normes qui s'appliqueront aux
candidats à la fonction policière soient à
l'épreuve de toute contestation et ne soient pas discriminatoires. Il
nous fallait aussi substituer à ces normes de la taille et du poids des
tests d'aptitude et s'assurer que le candidat à la fonction puisse
exercer les fonctions policières. On sait que le travail du policier
n'est pas toujours facile et, bien que ce ne soit pas à tous les jours,
il arrive, à un moment donné, qu'un policier soit obligé
de fournir un effort maximal. Il faut que ce policier ait la capacité de
le fournir. Si le candidat à la fonction policière n'est pas
capable de porter un certain poids ou de courir sur une certaine distance, je
pense que le fait d'abolir la norme de la grandeur et du poids ne
répondra pas à la question.
Vous me dites qu'il y a d'autres organismes ou d'autres corps policiers
qui ont déjà aboli les normes quant à la grandeur et au
poids et qui ont adopté des tests d'aptitude. Il faut encore que ces
tests soient validés, parce qu'à adopter arbitrairement des tests
d'aptitude sans qu'ils ne soient validés on risque de se faire dire par
les tribunaux que les tests que nous avons adoptés ne sont pas
reliés à la fonction, ne sont pas "job related". C'est ce que
nous avons tenté de faire. Nous sommes sur le point d'aboutir. Je
comprends que cela a été long. Une période de cinq ans,
comme vous le dites, c'est long, mais pour procéder à une telle
étude, même si cela coûte 59 000 $, il faut avoir affaire
à des experts. De nos jours, les services de spécialistes de
quelque nature ou de quelque discipline que ce soit, ce sont des services qui
coûtent assez cher. Il s'agit d'une étude qui comporte plusieurs
phases.
Le Président (M. Gagnon): Merci. M. le
député de Vachon.
M. Payne: Merci, M. le Président. M. le président
de la commission, une question très simple. Au milieu du territoire
inuit, est-ce qu'il existe des normes semblables à celles qui existent
dans le Sud quant à la taille de vos...
M. Gosselin: Au milieu de quoi, dites-vous? Je n'ai pas...
M. Payne: Au milieu du territoire inuit. M. Gosselin: Oui.
M. Payne: Dans le Nord du Québec. Est-ce qu'il existe les
mêmes normes que dans le Sud en ce qui concerne la taille de
l'aspirant?
M. Gosselin: Les Inuit ne sont pas
soumis à ce règlement; ils en ont été
dispensés, sauf que s'ils voulaient adhérer à un corps
policier municipal du Québec, ces normes s'y appliqueraient
actuellement.
M. Payne: Non. Ce n'est pas là ma question. Sans rapport
au règlement, sans rapport à l'endroit où le policier
aspirant exercerait ses fonctions, ma question c'est que, en territoire inuit,
est-ce qu'il existe les mêmes normes que dans le Sud?
M. Gosselin: Ce n'est pas que cela relève de notre...
M. Payne: Entre d'autres termes, quelles est la taille qui est
demandée dans votre...
M. Marx: Juste une question pour expliquer. Les Inuit qui font
partie des corps policiers autochtones sous l'autorité de la SQ
doivent-ils répondre à ces normes?
M. Payne: Est-ce que je peux continuer?
M. Marx: Oui, oui. Je pense que cela...
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Vachon, vous avez la parole. Est-ce que M. le juge...
M. Payne: II cherche la réponse.
M. Gosselin: Voilà. Je suis en train de vérifier.
Je sais que nous n'avons jamais eu à adopter de normes
particulières pour les Inuit. Je suis à me demander s'il n'y a
pas, dans la loi, une dispense de l'application de nos règlements; mais
je le fais vérifier.
M. Payne: Je pourrais clarifier un peu la situation. Il y a des
ententes selon lesquelles le peuple inuit reçoit, par exemple, sa
formation par une entente avec le gouvernement pour faire en sorte qu'il puisse
avoir son entraînement par la Sûreté du Québec.
M. Gosselin: L'information qu'on vient de me donner indique que
ce sont tous des constables spéciaux qui ne seraient pas soumis à
ces normes, parce qu'ils ne sont pas membres de corps policiers municipaux.
M. Payne: Mais vous constaterez avec moi que je n'ai pas encore
la réponse à ma question qui est pourtant très simple.
Quelles sont les normes visant la taille de l'aspirant dans le Nord? Une fois
qu'on a établi quelle est la taille, on peut facilement constater s'il y
a une disparité ou non.
M. Gosselin: Quant à nous, il n'y en a pas. Nous n'en
avons jamais établi. Je ne pense pas qu'il soit de notre juridiction
d'en établir non plus.
M. Payne: Bon.
M. Gosselin: Mais quelles sont-elles...
M. Payne: Je vais poser une autre question analogue.
M. Gosselin: Je vais demander à M. Beaudoin.
Peut-être qu'il pourrait me passer le renseignement.
Ce sont des constables spéciaux et on me dit qu'il n'y a aucune
norme qui s'applique pour leur sélection quant à la grandeur ou
au poids. Il n'y a pas de norme qui leur est appliquée.
M. Payne: Bon. Alors, il n'y a pas de norme. Donc, il n'y a pas
de limite. Donc, il y a une disparité entre le Nord et le Sud dans le
sens que le Nord, dans le Grand-Nord je veux dire, en territoire inuit, il n'y
a aucune norme qui touche la taille.
Maintenant, on se trouve dans le même territoire en ce qui
concerne le Québec. Lorsqu'on s'adresse au problème qui concerne
les droits de la personne, est-ce que vous êtes d'accord personnellement
pour qu'on doive avoir les mêmes normes dans tout le Québec? On
touche quand même la personne humaine.
M. Gosselin: Je suis d'avis, M. Payne, qu'il faudrait que les
normes édictées par la commission ne soient pas discriminatoires
et soient les mêmes dans tout le Québec. Sauf que pour les Inuit
qui ne relèvent pas de notre juridiction, est-ce qu'on devrait exiger de
leur part les mêmes efforts physiques qu'on pourrait exiger des autres?
C'est une question qu'il y aurait lieu d'étudier. Répondre
immédiatement et vous donner mon avis sur les exigences des fonctions
des Inuit, je ne pourrais pas le faire sans qu'on examine la question, parce
que cela ne relève pas de notre juridiction.
M. Marx: Non, mais...
Le Président (M. Gagnon): Si vous le permettez, M. le
député de D'Arcy McGee, sur la même question...
M. Marx: Sur la même question, allez-y. Oui, allez-y.
M. Payne: J'essaie de faire abstraction de toute discussion
administrative pour toucher la question de fond. La question de fond est
celle-ci: Est-ce qu'il y a une certaine discrimination voulue ou non dans cette
affaire? Ma question est la suivante: Est-ce que vous croyez que les
tâches demandées de la part des policiers du Grand-
Nord, même si c'est une autre juridiction... pensez-vous que ces
tâches sont telles qu'il ne devrait pas y avoir les normes
spécifiques visant la taille et que, par contre, dans le Sud, on devrait
avoir les exigences particulières même si les tâches sont
semblables?
M. Gosselin: À mon avis, les normes relatives à la
taille et au poids doivent être abolies, mais il faut substituer à
ces normes de taille et de poids des tests d'aptitude. Qu'il n'y ait pas de
discrimination à l'égard de qui que ce soit et que ces normes
soient les mêmes pour tous.
M. Payne: Je terminerai avec un simple commentaire. J'imagine
qu'étant donné que vous avez des ententes avec les Inuit en ce
qui concerne l'entraînement de leurs policiers, vous avez sûrement
acquis une certaine expérience pour justement séparer les
tâches auxquelles ils sont appelés à répondre,
qu'ils sont appelés à remplir et à ce moment, vous serez
peut-être déjà en mesure de modifier le règlement en
conséquence et appliquer l'expérience que vous avez acquise dans
le Nord.
M. Gosselin: Si on nous en donnait la responsabilité, on
examinerait sûrement la question. Il faut dire qu'actuellement, cela ne
relève nullement de notre juridiction. Les ententes qui peuvent exister
ne sont pas entre la commission et les représentants des groupements
inuit; elles peuvent l'être avec la Sûreté du Québec
ou avec le gouvernement lui-même; mais ces ententes ne relèvent
pas de notre juridiction et nous ne sommes pas au courant de toutes ces
ententes.
M. Payne: Pour les fins de la discussion, je fais abstraction de
la question de la juridiction. C'est au niveau des opinions que je voudrais
amener la discussion.
M. Gosselin: Oui. Qu'il s'agisse d'Inuit ou d'autres, je pense
qu'il faut certaines normes qui soient applicables à ceux qui se
destinent à la fonction policière qu'elle s'exerce dans le Nord
ou dans le Sud, j'ai l'impression qu'on ne peut pas ouvrir la porte à
tout le monde. Ce qu'il y a d'important, c'est qu'il n'y ait pas de
discrimination.
M. Payne: Merci beaucoup.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le
député de Vachon. M. le député de D'Arcy McGee,
ensuite, M. le député de Châteauguay.
M. Marx: En ce qui concerne le poids et la taille, comme j'ai
déjà dit, la Commission des droits de la personne du
Québec a trouvé les normes d'embauche discriminatoires. Le
ministre de la Justice, M. Johnson, a dit que c'était discriminatoire.
En ce qui concerne les femmes, en ce qui concerne les Asiatiques et
probablement comme le député de Vachon l'a soulevé, en ce
qui concerne les Inuit qui veulent faire partie d'un corps de police...
M. Gosselin: Je veux dire, M. Marx, qu'il n'y a jamais eu de
décision de la Commission des droits de la personne du Québec
relativement aux normes applicables. De fait, nous avons invité un
représentant de la Commission des droits de la personne à faire
partie, à titre d'observateur, de notre comité de travail qui
avait la responsabilité de réviser les normes d'embauche.
À ce moment, on avait reçu une plainte de la part d'un candidat
de sexe masculin qui n'avait pas cinq pieds et sept pouces et qui disait qu'il
y avait discrimination dans les normes d'embauche parce qu'on exigeait de la
part des candidats de sexe masculin une taille de cinq pieds et sept pouces,
alors qu'on n'exigeait que cinq pieds et quatre pouces pour les femmes. C'est
la plainte sur laquelle il n'y a pas encore eu de décision. Parce que la
Commission des droits et libertés de la personne qui avait
été invitée à titre d'observateur à faire
partie de ce comité savait que nous avions l'intention de modifier ces
normes et qu'une étude avait été confiée pour
établir des tests d'aptitude. (10 h 45)
M. Marx: Sur cette question entre les hommes et les femmes, il y
a une décision que j'ai lue hier de la Commission des droits et
libertés de la personne de l'Ontario. Juste une dernière
question. Je répète, je trouve difficile à comprendre
pourquoi cela peut prendre cinq ans, peut-être parce qu'ici on a
l'habitude de travailler plus vite. On peut toujours expliquer pourquoi cela
prend cinq, six, sept, huit, neuf ou dix ans.
Est-ce que vous avez fait des études ou est-ce qu'un autre
organisme a fait des études pour avoir une idée à savoir
combien de candidats ou combien de personnes ont voulu faire des études
en technique policière et ont été refusés à
cause de cette norme? J'ai un certain nombre de cas, mais je n'ai jamais fait
une étude...
M. Gosselin: Quant à nous, nous n'avons pas fait
l'étude de la question, parce que les cégeps publient, dès
le début, des normes qui seront exigées lorsqu'ils seront
embauchés dans un corps policier. Je présume qu'il y en a
probablement un certain nombre qui auraient voulu se destiner à la
fonction policière et qui n'ont pu le faire connaissant à
l'avance les normes qui seraient exigées à leur entrée
dans les corps policiers. Quant au nombre de personnes que cela peut
représenter, quant à nous, nous n'avons pas
de statistique sur la question.
M. Marx: Est-ce que j'ai raison de dire qu'en technique
policière, un étudiant qui veut s'inscrire et qui ne satisfait
pas aux normes, signe un document indiquant qu'il ou qu'elle accepte le fait de
ne pas satisfaire aux exigences des normes d'embauche? Par conséquent,
cette personne est au courant qu'elle ne pourrait pas être
recrutée par un corps de policier.
M. Gosselin: Ceux qui décident de s'inscrire à
l'option technique policière dans les cégeps sont informés
dès le point de départ des normes qui pourraient être
exigées d'eux à leur sortie lorsqu'ils seront prêts
à entrer dans un corps policier. Cela ne les empêche pas pour
autant de s'inscrire à l'option, de faire leurs études et de se
destiner vers un marché secondaire.
M. Marx: C'est-à-dire travailler pour une compagnie
privée en tant que gardien ou même poser sa candidature à
l'extérieur du Québec. Merci.
Le Président (M. Gagnon): Cela va. M. le
député de Châteauguay.
Les "Peacekeeper"
M. Dussault: Merci, M. le Président. Ma question concerne
la juridiction de la Commission de police du Québec en relation avec les
"Peacekeeper" de la réserve indienne de Kahnawake. Vous avez sans doute
entendu parler récemment des événements qui se sont
produits où les "Peacekeeper" ont enlevé, ont confisqué le
matériel, bateau, cannes à pêche, etc., à trois
jeunes de la région de Châteauguay. Je voudrais savoir si la
Commission de police a juridiction sur les "Peacekeeper". Je sais qu'ils
s'entraînent à Nicolet. Je sais que c'est un corps policier
reconnu. Est-ce que vous avez juridiction sur eux de façon telle que
s'il y avait une plainte qui était portée à l'égard
de l'attitude d'un des "Peacekeeper", dans ce cas, vous auriez à
intervenir?
On sait, par exemple, que les jeunes se plaignent qu'ils ont
été menés au poste de police de la réserve à
la pointe du fusil. Ces événements ne méritaient sans
doute pas ce genre de traitement. Est-ce que vous avez juridiction sur...
M. Gosselin: Nous n'avons nullement juridiction sur les
"Peacekeeper" des réserves qui sont nommés par les conseils de
bande, sauf pour ceux qui pourraient être en même temps
nommés constables spéciaux avec l'autorisation du Procureur
général du Québec. Ce qui est arrivé
particulièrement à Kahnawake, c'est qu'anciennement, il y avait
des constables spéciaux de nommés avec l'autorisation,
l'approbation du Procureur général mais, à un moment
donné, ils ont été remerciés de leurs services par
le conseil de bande. Le conseil de bande a nommé des "Peacekeeper" sur
lesquels, suivant les opinions juridiques que nous avons reçues, nous
n'avons aucune juridiction. Il y a trois ou quatre ans, je pense, nous
arrêtions des automobilistes qui passaient sur le territoire à
grande vitesse. Nous avons fait étudier cela, et on nous a
informés que la commission n'y avait aucune juridiction.
M. Dussault: À votre connaissance, quelqu'un qui voudrait
intervenir, advenant une attitude inconvenante de la part de l'un des
"Peacekeeper", à qui devrait-il s'adresser pour qu'il y ait redressement
ou une meilleure précaution afin que cela ne se reproduise plus?
M. Gosselin: Je pense que ce serait au conseil de bande qu'il
devrait s'adresser. Cela dépendrait de la bonne volonté du
conseil de bande. Si un crime était commis sur le territoire, ce serait
différent. Si c'était un crime reconnu par le Code criminel, ce
serait différent, la Sûreté du Québec pourrait
intervenir sur le territoire de la réserve et des accusations
criminelles pourraient être portées; mais la commission n'aurait
pas juridiction pour enquêter sur la conduite de ce "Peacekeeper".
M. Dussault: Vous voulez dire que, si c'était un crime
commis par l'un des "Peacekeeper", vous pourriez intervenir?
M. Gosselin: Non pas nous, mais la Sûreté du
Québec pourrait intervenir et porter des accusations criminelles. Ce ne
serait pas une intervention pour enquêter sur la conduite d'une personne,
à moins qu'un acte criminel ait été commis et que les
tribunaux aient décidé de la culpabilité ou non de cette
personne.
M. Dussault: Donc, il n'y a pas d'organisme de surveillance en
dehors des pouvoirs publics, qu'ils soient issus d'une légitimité
indienne ou de la nôtre, il n'y a pas de pouvoir de surveillance du
travail du policier de la réserve?
M. Gosselin: C'est que la Loi sur les Indiens permet au conseil
de bande de désigner des "Peacekeeper". Dans certaines réserves,
certains sont des constables spéciaux, avec l'approbation du
gouvernement du Québec. Dans ces cas, nous avons juridiction sur leur
conduite, non pas sur la conduite de l'ensemble du corps policier, mais sur la
conduite d'un policier en particulier; mais s'il s'agit de "Peacekeeper"
nommés par le conseil de bande qui ne sont pas des constables
spéciaux, quant à nous,
nous n'y avons pas juridiction.
M. Dussault: Ce corps policier de la réserve est quand
même reconnu par un organisme fédéral.
M. Gosselin: II y a quelques années, une charte avait
été émise par le gouvernement fédéral, en
vertu de cette partie de la loi qui touche les compagnies à but non
lucratif. On avait créé une commission qui avait sensiblement les
mêmes pouvoirs que la Commission de police, je ne connais pas la
définition des normes à cette commission, etc., mais celle-ci
n'avait pas à enquêter sur la conduite des corps policiers. C'est
un ancien membre de la Sûreté du Québec, je pense, qui
était président ou directeur de cet organisme. Je ne sais pas
s'il est encore là, mais, il y a quelques années, c'était
lui. Cette charte ne touchait que les policiers améridiens et non les
"Peacekeeper".
M. Dussault: Là, vous faites une distinction.
M. Gosselin: Oui.
M. Dussault: Des constables spéciaux, vous dites qu'il n'y
en a plus dans la réserve, qu'il y a des "Peacekeeper", et vous vous
reportez à un autre corps policier qui pourrait exister dans la
réserve.
M. Gosselin: Non pas à cet endroit. M. Dussault: Non.
M. Gosselin: II y en avait anciennement.
M. Dussault: Vous m'auriez appris quelque chose de nouveau.
M. Gosselin: Oui, mais le conseil de bande a décidé
de les remercier de leurs services et il a désigné des
"Peacekeeper" qui ne sont pas des constables spéciaux et sur lesquels on
n'a aucune espèce de juridiction.
M. Dussault: On peut dire que c'est un peu inquiétant
comme situation.
M. Gosselin: C'est un peu anormal, parce que certaines situations
peuvent se produire et il n'y a pas d'organisme du Québec qui a le
pouvoir d'enquêter, à moins qu'un crime ne soit commis. Ce sont
alors les corps policiers qui peuvent intervenir et traduire les
délinquants devant les tribunaux de juridiction criminelle.
M. Dussault: Je vous remercie beaucoup.
M. Gosselin: Je vous en prie.
Le Président (M. Gagnon): Merci, M. le
député de Châteauguay. M. le député de D'Arcy
McGee.
Formation des policiers
M. Marx: Merci, M. le Président. J'aimerais poser des
questions sur la formation policière. En vertu de la Loi de police, les
programmes de formation et de perfectionnement sont élaborés par
l'Institut de police du Québec en collaboration avec le ministre de
l'Éducation et la Commission de police du Québec. Depuis 1982, la
Commission de police du Québec insiste dans son rapport annuel sur la
nécessité de contingenter le nombre d'étudiants inscrits
au programme de techniques policières dans les cégeps en raison
de la diminution de l'embauche dans les corps de police. En 1984, les
inscriptions au programme de techniques policières ont augmenté
de 7 %. Rien, selon la Commission de police du Québec, ne justifie
l'admission d'un si grand nombre d'étudiants en techniques
policières. Ça c'est inscrit dans votre rapport de 1984, à
la page 48.
Comment concilier cette opinion - je peux développer sur cette
opinion de la Commission de police du Québec - avec la
déclaration du directeur de police de la Communauté urbaine de
Montréal, à savoir que c'est difficile de trouver des candidats
au Québec parce qu'il y a un manque de candidats.
Effectivement, le service de police de la Communauté urbaine de
Montréal a publié des annonces dans 30 journaux de Terre-Neuve
jusqu'en Colombie britannique pour recruter des candidats policiers. En
même temps, au Québec, nous avons près de 250 000 jeunes
qui sont au chômage. On sait que la carrière policière,
c'est une belle carrière. En effet, au service de police de la
Communauté urbaine de Montréal, après quatre années
de service, un policier gagne 35 000 $ annuellement. C'est un salaire de
député au moins, parce qu'ils ont d'autres avantages sociaux,
etc.
J'aimerais que le président nous donne des explications sur toute
cette question de contingentement dans les cours de techniques
policières.
M. Gosselin: Nous avons, M. le Président, il y a quelques
années, fait une étude et un inventaire pour tenter de
connaître les possibilités d'embauche et les prévisions
d'embauche dans les corps policiers. Nous avons présenté dans
l'un de nos rapports le résultat de cette étude qui indiquait que
nous formions beaucoup plus de
policiers que ce dont nous avions besoin au Québec, si bien que
les policiers qui étaient formés à l'Institut de police du
Québec à grands frais par l'État devaient se destiner soit
vers un marché secondaire ou vers des corps policiers pour servir dans
d'autres provinces. C'est ainsi que plusieurs candidats ou
diplômés de l'institut se sont dirigés vers Calgary pendant
un certain nombre d'années pour la Gendarmerie royale du Canada et vers
certains autres corps policiers, à Ottawa, etc. C'est que nous formions
beaucoup plus de policiers que ce dont nous avions besoin.
J'ai ici un rapport de l'Institut de police du Québec,
daté du 31 juillet 1985, qui indique qu'à ce moment il y avait
256 diplômés dont 64 de sexe féminin et 192 de sexe
masculin qui n'avaient pas trouvé de travail. Si on ajoutait à ce
nombre de 256 diplômés au 31 juillet dernier - cela fait deux mois
- ceux qui sont dans un marché secondaire et qui pourraient à un
moment donné encore se destiner à la fonction policière,
je dis qu'il y a tout de même actuellement une réserve de
candidats qui pourraient oeuvrer et servir dans les corps policiers du
Québec. (11 heures)
Les prévisions qui avaient été faites...
Évidemment, il y a des cycles dans l'embauche. On a vu par le rapport
qui avait été produit par M. Rizkalla, qui a fait une
étude des perspectives d'embauche de 1985 à 1993, le nombre de
candidats dont les corps policiers auront besoin au cours desprochaines
années. On constate, par exemple, que si on examine le nombre de
retraites obligatoires et le nombre d'embauchés prévus, pour
l'année 1985, ce serait 305; pour l'année 1986, ce serait 297;
pour l'année 1987, ce serait 341 et cela commence à augmenter en
1988 pour atteindre un maximum de 519 en 1991.
Ce sont les perspectives, à la condition que tous ceux qui sont
admissibles à la retraite la prennent. Mais il semble aussi que les
policiers admissibles à la retraite ne la prennent pas tous et
continuent leurs services pendant un plus long temps. La difficulté du
service de police de la Communauté urbaine de Montréal repose
sûrement sur le fait qu'elle veut embaucher des représentants des
minorités, soit anglophones ou même d'autres. Cela peut être
des Asiatiques, etc.
Peut-être que le bassin de recrutement de ces représentants
au Québec est-il insuffisant? Je ne pense pas qu'il soit insuffisant du
côté des anglophones, sûrement pas, mais du
côté de diverses ethnies, cela pourrait être l'une des
causes pour lesquelles on a annoncé à l'extérieur du
Québec.
Mais il y a tout de même actuellement 256 diplômés de
l'institut qui sont disponibles plus ceux que l'institut continue à
former de mois en mois.
M. Marx: Quelle serait votre conclusion? Est-ce qu'il faut
maintenir le contingentement?
M. Gosselin: Actuellement, oui, mais il va falloir le
réviser très rapidement.
M. Marx: S'il faut le réviser, c'est de ne pas le
maintenir, alors, on ne peut pas faire les deux en même temps.
M. Gosselin: C'est-à-dire que si on ne contingente pas et
qu'on ouvre les porte? à tout le monde, l'État devra payer pour
la formation de personnes qui voudraient se destiner à la fonction
policière, mais que le marché ne pourra absorber parce qu'on en
forme trop.
M. Marx: D'accord.
Le Président (M. Gagnon): Mme la députée de
Jonquière.
Mme Saint-Amand: Merci, M. le Président. J'aimerais savoir
de la part du président de la Commission de police du Québec,
compte tenu des statistiques qu'il nous donne à l'heure actuelle, il y a
256 finissants qui n'ont pu se trouver de poste et qui sont disponibles, ils
sont dans une banque...
M. Gosselin: C'était à la date du 31 juillet
dernier.
Mme Saint-Amand: D'accord, ils sont dans une banque de candidats
policiers susceptibles de tenir un poste. J'arrive difficilement à faire
un contre poids avec ce que vous nous disiez tout à l'heure, sans jeu de
mots, lorsque nous discutions des critères de poids et de grandeur.
Vous nous disiez que les candidats qui se présentent dans un
cégep, les étudiants et étudiantes qui se
présentent dans un cégep pour suivre le cours en techniques
policières ne sont pas obligés de répondre à ces
critères. Ils peuvent donc compléter leur formation sans
être en mesure de remplir ces critères de grandeur et de poids.
Est-ce qu'il y a un départage - dans les statistiques que vous nous
donnez de 256 candidats disponibles - de fait entre ceux qui répondent
aux critères actuellement en vigueur et ceux qui n'y répondent
pas?
M. Gosselin: Non, parce que ceux qui ne répondraient pas
aux critères actuellement en vigueur ne seraient pas admis à
l'Institut de police. Ils pourraient faire leur cours inscrits à
l'option policière dans les cégeps, mais ils ne seraient pas
admis à l'Institut de police. Les 256, selon le rapport qui
m'était
transmis par l'Institut de police au 31 juillet dernier, sont 256
candidats admissibles et répondant à toutes les normes exigibles
de la fonction.
Mme Saint-Amand: Une autre question, M. le Président.
Lorsqu'on parle d'une ouverture possible ou d'un manque de candidatures venant
de différentes communautés ethniques - on fait ici
référence aux Asiatiques à qui je songeais tout à
l'heure en écoutant le président - le président peut-il
nous assurer que, dès que les critères de grandeur et de poids
auront disparus, une plus grande ouverture sera faite aux candidatures
asiatiques?
M. Gosselin: Je pense que oui, mais faudra-t-il aussi qu'ils
démontrent un intérêt envers la fonction policière.
Évidemment, il y a aussi d'autres critères: les normes
académiques, l'examen médical et certains autres critères
auxquels il faut répondre, comme l'âge aussi. J'ai l'impression
que si on abolit les normes quant à la taille, c'est probablement cette
norme qui aurait lieu de constituer une discrimination à l'égard
des Asiatiques. Quant à l'abolition de cette norme, ils pourront avoir
accès à la fonction en autant qu'ils manifestent un
intérêt envers cette discipline.
Le Président (M. Gagnon): Merci, Mme la
députée de Jonquière. M. le député de D'Arcy
McGee.
M. Marx: Oui...
M. Gosselin: Je pourrais peut-être ajouter...
Le Président (M. Gagnon): Oui, M. le président.
M. Gosselin: ...une information qu'on me passe. Le service de
police de la Communauté urbaine de Montréal, à ce qu'on me
dit, rejette environ 60 % des candidats à cause de normes
médicales plus exigeantes que celles prévues aux
règlements. Il semble que certains corps policiers soient plus exigeants
que ce qui est prévu aux règlements. C'est une note qu'on me
passe, mais nous n'avons pas étudié la question.
Perspectives d'emplois
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
D'Arcy McGee.
M. Marx: Oui, M. le Président. Le président de la
Commission de police a fait référence à l'étude
"Perspectives d'emplois et modèle de formation en techniques
policières" qui a été réalisée par Louise
Gagnon Gaudreau et Samir Rizkalla; elle s'est terminée en 1985. Le
président de la Commission de police a-t-il pris connaissance d'autres
études concernant les perspectives d'emplois?
M. Gosselin: Pour les perspectives d'emplois au Québec,
nous avions nous-mêmes fait notre propre étude à la
commission il y a deux ou trois ans et nous en avons publié les
résultats dans l'un de nos rapports annuels.
M. Marx: Oui, j'ai cela. Mais avez-vous pris connaissance
d'autres études? Par exemple, y a-t-il une étude de l'Institut de
police sur cette question?
M. Gosselin: Pas que je sache ou du moins pas depuis une date
récente. Mais je dois vous dire que nous avons collaboré à
cette étude entreprise par M. Rizkalla et Louise Gagnon Gaudreau. Nous
avions fourni des statistiques; nous avions aussi fait des comparaisons avec
l'étude que nous avions entreprise deux ou trois ans auparavant.
M. Marx: Dans cette étude de Gaudreault et Rizkalla
réalisée à la demande de la direction
générale de l'enseignement collégial et avec l'appui du
président de la Commission de police, si je peux m'exprimer de cette
façon, sur la formation policière et les perspectives d'emplois,
on nous révèle clairement que les contingentements imposés
au cégep ne sont aucunement justifiés. Il est faux de
prétendre que la situation du chômage chez les finissants en
techniques policières est alarmante. Ainsi, en dépit de la
réduction notable de l'embauche au début des années
quatre-vingt, les finissants de 1980, 1981 et 1982 ont trouvé un emploi
pertinent dans une proportion de 62,3 %. De plus, 25,5 % ont trouvé un
emploi connexe, c'est-à-dire agent de sécurité,
surveillant de prison, et seulement 8,9 % étaient en chômage au
moment de l'étude qui a été rendue publique en 1985. Il
est également intéressant de constater que si tous les effectifs
engagés de 1975 à 1983 avaient été des
diplômés du cégep, ces derniers n'auraient pas
été capables de répondre totalement à la demande
puisque l'embauche par la Sûreté du Québec et les corps de
police municipaux a été de 2139 policiers, alors que le nombre de
diplômés n'était que de 2098. Le creux de l'embauche semble
avoir été atteint en 1982 et déjà, en 1983, une
reprise s'amorçait. Par ailleurs, on peut déjà
prévoir, compte tenu des contingentements actuels, que les cégeps
ne pourront pas suffire à la demande de nouveaux policiers au cours de
la période 1984-1993. Les nombreux engagements de policiers
effectués au cours des années soixante entraîneront sans
aucun doute de nombreuses mises à la retraite très
bientôt.
Selon les prévisions plutôt modérées des
différents corps de police eux-mêmes, il faut prévoir 4129
départs pour ce motif au cours des années 1984 à 1993,
soit une moyenne de 413 départs par année. À cette moyenne
annuelle, il faut certes ajouter une centaine d'autres départs pour des
raisons autres que la retraite, décès, démissions,
congédiements, etc., ce qui nous donne une moyenne de plus de 500
policiers qu'il faudrait remplacer annuellement au cours des prochaines
années.
Or, avec les limites actuelles dans l'admission, les cégeps ne
peuvent s'attendre à produire pendant la période 1983 à
1993 plus de 3675 finissants, soit 86 % de la demande éventuelle. Ce
sont des statistiques qui viennent du rapport Gaudreau et Rizkalla. Ce
pourcentage est optimal puisque, comme dans toutes les professions, tous les
diplômés ne font pas nécessairement carrière dans le
domaine de leurs études. De plus, on peut s'attendre qu'un certain
nombre de diplômés optent pour la sécurité
privée -agence de sécurité et d'investigation -domaine qui
a connu un développement considérable depuis quelques
années, ou encore pour certains corps de police fédéraux
comme la GRC, la police des ports nationaux et ainsi de suite. Dans cette
perspective, les corps policiers du Québec n'auront donc pas d'autre
choix pour combler les postes disponibles que de faire appel à des
personnes répondant aux seuls critères minimaux établis
par la loi et à les envoyer suivre un cours de 20 semaines à
l'Institut de police du Québec. On est alors loin, dans un tel cas, des
trois années d'études qui président à la formation
de diplômés en techniques policières.
J'aimerais savoir, compte tenu des prévisions, en gros - j'ai
cette information du rapport Gaudreau et Rizkalla - ce que la Commission de
police propose.
M. Gosselin: Le contingentement dans les cégeps ne
dépend pas de notre juridiction, sauf que nous avons attiré
l'attention de la Direction générale de l'enseignement et du
gouvernement par la publication de notre rapport, sur le fait que parmi les
policiers qui étaient formés aux frais de l'État au
Québec, les candidats à la fonction policière, plusieurs
ne trouvaient pas leur place sur le marché du travail. Et je pense que
ce qu'il peut y avoir de plus frustrant pour un jeune, c'est de se destiner
à une fonction quelconque que le marché du travail ne pourrait
par la suite absorber. Quand on examine les résultats des études
faites par M. Rizkalla, on constate qu'il tient pour acquis que tous ceux qui
seraient admissibles à leur retraite prendront leur retraite, mais si on
prend l'exemple de 1984 pour laquelle il avait fait des prévisions, il
avait prévu qu'en 1984, pour suffire aux besoins des corps policiers, il
faudrait 390 policiers. Quand on examine l'année 1984, on constate qu'il
y a eu 427 départs des corps policiers, mais qu'il n'y a eu que 332
recrues d'embauchées par les corps policiers. Cela a été
inférieur parce que les effectifs ont diminué. Il y a le service
de police de la Communauté urbaine de Montréal qui, à un
moment donné, si on retourne cinq ou six ans en arrière, avait un
effectif d'environ 5200 policiers; il a baissé considérablement
depuis et procède à une nouvelle embauche. Quand on dit que cela
prendra 500 policiers par année, ce chiffre, la première
année où on le rencontre, c'est en 1989, alors qu'on aura besoin
de 518 policiers. (11 h 15)
Les prévisions mêmes de M. Rizkalla, même si elles
sont optimistes, prévoient 305 postes pour 1985, 297 pour 1986, 341 pour
1987 et 423 pour 1988. Lorsque je disais précédemment qu'il nous
faudrait réviser quant au contingentement, c'est toujours en tenant
compte des besoins des corps policiers parce qu'il y a des cycles d'embauche
dans les corps policiers. Il y a certaines années où plus de
personnes prendront leur retraite que certaines autres années et il nous
faudra évidemment tenir compte de cela. Mais il n'en reste pas moins
qu'à ce jour, il y a encore 256 candidats qui cherchent un emploi et qui
ont été formés à l'institut, sans compter ceux qui
sont destinés au marché secondaire.
Vous pouvez être assuré que le jeune qui choisit l'option
"techniques policières" dans les cégeps, ce n'est pas dans le but
de se destiner à un marché secondaire, c'est dans le but d'avoir
accès à un corps policier. Mais s'il ne trouve pas d'emploi dans
un corps policier parce qu'il y a trop de candidats qui sont formés, il
se destinera à ce marché secondaire.
M. Marx: Si je comprends bien, la Commission de police n'est pas
tout à fait d'accord avec les prévisions de l'étude
Gaudreau et Rizkalla.
M. Gosselin: Ce n'est pas ce que j'ai dit, M. le
député.
M. Marx: Vous dites que les prévisions ne sont pas tout
à fait correctes.
M. Gosselin: Les prévisions quant à l'embauche sont
peut-être un peu optimistes. Mais même si on dit qu'elles sont
optimistes et qu'on doive former en conséquence, ce n'est qu'en 1989
qu'on aura besoin de 518 policiers formés au Québec. Si on en
forme trop rapidement... Il semble qu'il y ait une tendance chez les corps
policiers de ne pas embaucher ceux qui ont été formés il y
a deux ou trois ans et qui n'ont pas trouvé de travail, on prend ceux
qui viennent de sortir des cégeps et non ceux qui ont été
formés
deux ou trois ans auparavant et qui n'ont pas trouvé leur place
sur le marché du travail.
M. Marx: Donc, si on veut former des policiers....
M. Gosselin: À tort ou à raison.
M. Marx: ...pour 1989, il faut commencer tout de suite parce que
cela prend presque trois ans au cégep. Il faut commencer cette
année ou l'an prochain, il ne faut pas attendre 1988, ce sera trop tard.
Bon, qu'est-ce que vous proposez? Est-ce qu'on ouvre les portes?
M. Gosselin: Pas trop grandes. M. Marx: Qu'est-ce qu'on fait? M.
Gosselin: Pas trop grandes.
M. Marx: Bon, "pas trop grandes", mais jusqu'à quel
point?
M. Gosselin: II y a tout de même une réserve
actuellement.
M. Marx: Non, mais, moi, je veux...
M. Gosselin: Sans compter ceux qui sont formés cette
année. On continue à en former de mois en mois. Si on arrive
à la fin de l'année avec un bassin de 400 policiers
formés, 400 diplômés de l'institut, formés,
prêts à entrer sur le marché du travail, je dis qu'il ne
faut pas ouvrir les portes immédiatement.
M. Marx: Bon, cela, c'est une
généralité.
M. Gosselin: Peut-être dans un an.
M. Marx: Je pense que la Commission de police devrait avoir,
comment dirais-je, une position plus précise. Est-ce que vous avez une
proposition? Allez-vous dire au gouvernement qu'il faut ouvrir la porte? Si
oui, j'aimerais savoir, en chiffres, jusqu'à quel point il faut ouvrir
la porte. C'est là ma question.
M. Gosselin: Dans ce domaine, nous n'avons aucune espèce
de juridiction. Quand nous avons proposé, dans nos rapports
précédents, de limiter le nombre d'admissions dans les
cégeps, c'était pour éviter que des candidats qui se
destinaient à la fonction policière ne soient frustrés
parce qu'ils ne trouvaient pas leur place sur le marché du travail. Mais
cela ne dépend pas de nous. Nous devons à l'occasion, sur
certaines questions, attirer l'attention du gouvernement sur certains dangers
qui peuvent se présenter.
M. Marx: Admettons que vous n'avez pas de juridiction. Vous avez
une certaine influence.
M. Gosselin: On l'espère.
M. Marx: On va dire que l'influence égale la juridiction
ici. Cela se pourrait; souvent c'est même plus important. Avez-vous une
proposition à faire au gouvernement concernant l'ouverture des portes?
Pouvez-vous préciser cette ouverture, attacher un chiffre à cette
ouverture?
M. Gosselin: Je dis qu'il faudra tenir compte des
prévisions d'embauche. Notre étude, faite il y a environ trois
ans, nous avait indiqué des prévisions d'embauche et l'embauche a
été de beaucoup inférieure à ce que les corps
policiers avaient prévu à ce moment-là. Je dis que les 256
jeunes qui sont formés sont probablement des personnes qui seront
frustrées si elles ne trouvent pas leur place sur le marché du
travail. C'est ce qu'on veut éviter.
Vous donner un chiffre et dire: II faudra que le Québec forme 400
ou 500 policiers par année? Je dis qu'avec ceux qui sont disponibles
présentement plus ceux qu'on continue à former au cours de
l'année, on va sûrement pouvoir suffire à la demande pour
1985; mais l'an prochain cela diminue, c'est 297 dont on aura besoin. Je dis
qu'il faudra ouvrir, mais en fonction des perspectives d'avenir, et ce n'est
qu'en 1989 que ce sera 518 policiers dont on aura besoin.
M. Marx: La conclusion que je tire, c'est que ce n'est pas
nécessaire d'ouvrir la porte pour 1985. Est-ce nécessaire
d'ouvrir la porte pour 1986?
M. Gosselin: Non.
M. Marx: 1987?
M. Gosselin: 341, possiblement.
M. Marx: Donc, vous êtes totalement en désaccord
avec le rapport Gaudreau et Rizkalla.
M. Gosselin: Je ne dirais pas que je suis totalement en
désaccord...
M. Marx: Presque totalement.
M. Gosselin: Je le trouve optimiste. Non, pas presque,
totalement. Vous voulez me faire avouer des choses...
M. Marx: Non, non, sûrement pas.
M. Gosselin: ...que je ne veux pas dire.
M. Marx: On garde donc la porte
fermée pour 1985, vous l'avez déjà dit. Pour 1986
on garde la porte fermée...
M. Gosselin: Je ne dis pas qu'on la garde fermée.
M. Marx: Mais on la garde...
M. Gosselin: Je dis qu'on ne doit pas en former trop.
M. Marx: Cela veut dire qu'on va former le nombre qu'on forme
maintenant...
M. Gosselin: Je pense qu'il faut maintenir...
M. Marx: Maintenir le nombre pour 1985.
M. Gosselin: ...le contingentement.
M. Marx: Pour 1986. Qu'est-ce qu'on fait en 1987?
M. Gosselin: Par la suite, à cause du programme de trois
ans, il faudra commencer à ouvrir les portes. Il faudra examiner aussi
si les prévisions de 1985-1986 se sont avérées exactes et
si cela a été inférieur à ce qui avait
été prévu dans les études qui ont été
faites.
M. Marx: Donc ce sera possible seulement à la fin de 1986
de nous dire quoi faire avec la porte en 1987.
M. Gosselin: On donnera, par la voie de notre rapport annuel,
notre avis sur la situation qui existera à ce moment-là.
Peut-être le ferons-nous aussi à la fin de 1985 en
prévision de l'avenir. Mais vous donner un chiffre aujourd'hui, non.
M. Marx: Non. Parfait. Vous êtes d'accord, si je comprends
bien que, de façon générale, une exigence de base pour
devenir policier doit être un diplôme d'études
collégiales en techniques policières.
M. Gosselin: Oui. De façon générale je
dirais oui. Je dirais que depuis quelques années, pour les
dernières années ce sont des diplômés de l'institut
qui ont été embauchés par les corps policiers. Ce qu'on
appelait anciennement les policiers conventionnels, c'est presque totalement
disparu.
M. Marx: C'est cela, sauf que, dans les annonces du service de
police de la Communauté urbaine de Montréal qu'on publie de
Terreneuve à la Colombie britannique, ce ne sont pas là les
exigences. Les exigences consistent à avoir dix-huit ans et demi comme
dans votre règlement. Dans les annonces, on n'exige même pas un
diplôme secondaire. Je pense qu'on peut tenir cela pour acquis. J'ai fait
des vérifications. Dans les annonces on ne voit pas cela. Je peux vous
lire les annonces on ne voit pas cela. Je peux vous lire les annonces qu'ils
ont mises. Ils en ont mis une dans la Presse de Montréal aussi. Donc,
j'ai la version française.
Voici. La Presse de Montréal, samedi le 27 juillet 1985.
C'était la même annonce en anglais dans 30 autres journaux
répartis dans tout le Canada. "Vous devez, pour être policier
à Montréal, être âgé entre 18 ans et demi et
30 ans, 35 ans dans le cas d'un policier actif, avoir une bonne connaissance du
français et une connaissance d'usage de l'anglais, être de
citoyenneté canadienne et résident dans le territoire de la CUM
ou vous engager à le devenir dans un délai d'un an, avoir la
taille, le poids, l'état de santé, les qualités
personnelles appropriés. "Outre une ambiance physiquement et mentalement
vivante de même que l'appui d'officiers compétents..." et ainsi de
suite.
Voilà les exigences, c'est-à-dire que le service de police
de la CUM est tout à fait prêt à engager des candidats qui
n'ont pas un diplôme en techniques policières.
M. Gosselin: Selon les exigences actuelles, il n'est pas
essentiel qu'un candidat soit diplômé en techniques
policières d'un cégep. S'il est embauché comme
conventionnel, dans la réglementation actuelle il peut se rendre
à l'Institut de police - s'il possède les autres qualités
requises - y suivre son cours de formation de base de 20 semaines et entrer au
service d'un corps policier.
Mais pour les corps policiers qui ont procédé à
l'embauche depuis quelques années, les conventionnels sont presque
totalement disparus. Le nombre de conventionnels embauchés l'an dernier,
il n'y en avait pratiquement pas. C'étaient des diplômés
qui étaient passés par le cégep d'abord à l'option
techniques policières, à l'Institut de police du Québec.
Évidemment, cela fait des candidats de qualité parce qu'ils sont
au cégep pour une période de deux ans et demi et ils vont
compléter leur stage pratique à l'Institut de police du
Québec. Ils ont presque trois ans de formation au moment où ils
entrent dans un corps policier, alors que le conventionnel, lui, n'aura que 20
semaines de formation à l'Institut de police du Québec.
C'est presque totalement disparu, mais la loi n'exige pas que les
candidats embauchés dans les corps policiers, que les nouvelles recrues
soient des diplômés de cégep.
M. Marx: Je comprends ce qu'il y a dans votre règlement,
mais c'est à vous de le changer, au moins d'en rédiger un nouveau
et de le proposer au gouvernement pour
adoption. Si vous voulez, vous pouvez bien proposer un règlement
pour exiger que chaque candidat ait un diplôme d'études
collégiales en techniques policières, ce que vous n'avez pas
fait.
Si je lis les annonces de la SPCUM, c'est évident qu'ils vont
engager des conventionnels. Comment voyez-vous cela? Lorsqu'on met une annonce
dans les journaux en Colombie britannique il n'y a pas beaucoup
d'étudiants là-bas qui ont étudié les techniques
policières. Cela est sûr et certain. On n'a pas de cégep,
pour commencer, et on ne donne pas cela à l'université ni au
secondaire. Donc, il n'y a pas de problème.
M. Gosselin: Qu'est-ce qu'ils vont embaucher? Je ne le sais pas.
Ce n'est que lorsque l'embauche aura été faite. Je pense que
les...
M. Marx: Mais est-ce que vous êtes d'accord pour qu'ils
engagent des gens qui n'ont pas, d'une façon significative, un DEC en
techniques policières? Vous devez avoir une opinion.
M. Gosselin: Si vous voulez une opinion, je pense que je ne suis
pas convaincu qu'il soit bon de fermer à 100 % la porte aux
conventionnels. Il peut y avoir des candidats, parce que l'âge
d'admission est de 18 ans et demi à 35 ans, qui ne soient plus
d'âge à fréquenter le cégep et à s'inscrire
à l'option policière, mais qui pourraient faire d'excellents
policiers. Je pense qu'il faut laisser la porte quelque peu ouverte pour les
conventionnels bien qu'on ne doive pas généraliser. (11 h 30)
Si, à un moment donné, il devait y avoir un excès
de ce côté, je pense qu'il faudrait peut-être réviser
le règlement. Dans l'état actuel du règlement, je dirais
qu'il n'y a sûrement pas eu d'abus dans l'embauche de conventionnels
parce qu'il n'y en a pratiquement plus.
M. Marx: Je me demande, parce que ce n'est pas clair ce que vous
dites. Vous dites: Je suis pour une formation en techniques policières,
mais il faut avoir des exceptions. Or vous ne précisez pas les
exceptions. Moi, je peux préciser des exceptions. Supposons qu'on
veuille engager un directeur de police pour une municipalité, lequel
vient d'un autre corps de police et n'a pas de DEC, je comprends. Si on veut
engager un policier accessible à d'autres corps de police comme de la
GRC, quelqu'un qui n'a pas un diplôme d'études collégiales
en techniques policières, cela est une autre exception. Mais de
là à faire une exception générale, à mettre
des annonces dans les journaux de tout le Canada pour demander des jeunes
à devenir policier, cela est une autre exception.
M. Gosselin: Oui, là, vous touchez à la politique
d'embauche de la Communauté urbaine de Montréal, et il ne
m'appartient pas de m'y prononcer sauf si c'est à l'intérieur des
cadres fixés par la réglementation et par les lois.
M- Marx: Qu'en pensez-vous? C'est à vous de décider tout
cela. Si vous décidez, si votre politique à la commission c'est
qu'en général vous voulez que chaque candidat ait un DEC en
techniques policières et qu'il y ait des exceptions, rédigez un
règlement pour tenir compte de cette politique. Mais votre
règlement n'est pas cela. Si vous avez une politique que vous voulez
qu'on suive au Québec, rédigez un règlement, faites
adopter le règlement par le gouvernement et ce sera bien clair pour tout
le monde. Ce n'est pas cela maintenant. Maintenant, votre règlement
n'exige pas un DEC en techniques policières, donc, on permet aux corps
de police municipaux d'engager n'importe qui qui a 18 ans, 18 ans et demi et
qui satisfait aux exigences de taille et de poids. Si vous envisagez cela d'une
autre façon, il faut agir en conséquence, à mon avis.
Oui.
M. Gosselin: Je voulais vous indiquer mes vues en cette
matière. Vous me demandez quelle était mon opinion. Je vous ai
indiqué que, dans la majorité des cas, il n'y avait presque plus
de conventionnels, mais que j'étais d'avis qu'il ne fallait pas fermer
la porte à 100 % aux conventionnels.
M. Marx: Pardon, j'ai manqué ça.
M. Gosselin: J'ai dit que je suis d'avis qu'il n'y a pas lieu de
fermer à 100 % la porte aux conventionnels qui n'auraient pas de DEC
à l'option policière.
M. Marx: Vous avez juridiction dans ce dossier.
M. Gosselin: On aurait juridiction pour adopter un
règlement indiquant que, pour être embauché dans un corps
de police, il faille nécessairement avoir un DEC en techniques
policières. On aurait juridiction pour le faire. Je ne suis pas
d'opinion qu'il faille le faire maintenant.
M. Marx: Oui, mais vous pouvez faire cela en prévoyant des
exceptions. C'est ça. Je pense que le président...
Le Président (M. Gagnon): Compte tenu que vous allez
être sur la sellette une bonne partie de la journée, je pense que
ce serait normal qu'on suspende nos travaux pour cinq ou dix minutes et qu'on
se reprenne plus tard. Les travaux sont suspendus pour dix minutes.
(Suspension de la séance à 11 h 34)
(Reprise à 11 h 48)
Le Président (M. Gagnon): Nous allons poursuivre nos
travaux. Lors de la suspension, le député de D'Arcy McGee
était en train de poser des questions au juge de la Cour provinciale qui
est le président de la Commission de police du Québec.
M. Marx: Merci, M. le Président. Quand j'ai dit que ce
serait peut-être souhaitable, d'une façon générale,
que les candidats policiers aient un DEC en techniques policières, je
voulais dire également qu'ils pourraient avoir des équivalents.
Quelqu'un qui a un bac en sociologie ou en sciences politiques ou qui est
membre d'une corporation professionnelle, qui est travailleur social, cela peut
être un autre équivalent.
Tel que rédigé aujourd'hui, le règlement permet aux
corps policiers d'engager ceux qui ont 18 ans et demi et qui satisfont aux
exigences de taille, de poids et qui ont un diplôme secondaire. Je pense
qu'il y a place à modifier le règlement, le cas
échéant, sans empêcher ceux qui n'ont pas un DEC en
techniques policières de ne jamais avoir la possibilité
d'être embauchés, c'est-à-dire de permettre aussi à
ceux aussi qui n'ont pas un DEC en techniques policières d'être
engagés, mais de peut-être serrer le règlement d'une
certaine façon.
La manchette dans la Presse du 31 juillet 1985 disait: "Faute de
candidats valables, la police de la CUM doit recruter à
l'extérieur du Québec". Avez-vous discuté cette situation
à la Commission de police?
M. Gosse lin: Évidemment, nous avons vu l'article, mais
nous savions que l'institut en 1984 avait formé 454 candidats, qu'il y
en avait au 31 juillet 256 de disponibles sans compter ceux qui sont
destinés à un marché secondaire et qui auraient pu aussi
devenir disponibles. Parmi les demandes d'emploi qui sont reçues au
service de police de la Communauté urbaine de Montréal, je ne les
connais pas, mais je présume qu'il y a probablement des candidats
admissibles à la fonction policière qui ont peut-être
été formés il y a un an, deux ans ou trois ans, candidats
qui se sont destinés à un marché secondaire et qui
pourraient devenir disponibles. Probablement que plusieurs d'entre eux vont
aussi faire une demande d'emploi au service de police de la CUM.
Évidemment, l'embauche ne dépend pas de la Commission de police.
La responsabilité de la Commission de police était
d'établir un règlement pour déterminer les qualités
et les conditions requises pour devenir policier, mais il appartient à
chaque municipalité de procéder à l'embauche et
d'embaucher qui elle veut, pour autant que la personne réponde aux
normes édictées par le règlement.
La CUM aurait-elle pu combler ses besoins avec le bassin actuel de
disponibilités? Je pense que la CUM se propose d'embaucher environ 400
policiers dans les prochains mois. Avec les disponibilités actuelles et
les gens du marché secondaire déjà formés
admissibles à la fonction, elle aurait peut-être pu trouver ce
dont elle avait besoin, à part les représentants de certaines
ethnies et, encore là, je ne sais pas s'il pourrait y avoir plus de
candidats valables à l'extérieur du Québec qu'au
Québec. Je ne peux pas me prononcer là-dessus, parce que je ne
connais pas le bassin de ces diverses ethnies dans toutes les provinces
canadiennes.
M. Marx: Je ne pense pas que des groupes minoritaires,
c'est-à-dire des gens qui ne sont ni anglophones ni francophones, des
anglophones de certains groupes ethniques ont une connaissance suffisante du
français pour travailler au Québec. De toute façon, vous
savez que - c'est dans toutes les juridictions en Amérique du Nord -
l'on veut que le policier habite la ville dans laquelle il travaille, qu'il ait
une certaine connaissance du milieu. C'est peut-être mieux d'avoir des
policiers à Montréal qui connaissent Montréal que
d'engager quelqu'un de Chicoutimi ou de Jonquière. A l'inverse, je pense
que...
Mme Saint-Amand: Et vice versa.
M. Marx: Ah oui! vice versa. Je pense que ce ne serait pas
souhaitable, bien qu'on le fasse. À la Sûreté du
Québec, je pense que c'est nécessaire d'envoyer des
Montréalais à Jonquière, mais, de façon
générale, on aimerait que les policiers viennent du milieu,
qu'ils aient une certaine connaissance du milieu. Ici, on voit que la
Communauté urbaine de Montréal est en train de chercher des
policiers dans l'Ouest et dans l'Est du Canada. Ce n'est sûrement pas
là qu'elle va trouver beaucoup de candidats qui connaissent
Montréal.
M. Gosselin: II faut dire que l'inverse se produit aussi,
à l'occasion. La police de Calgary est venue recruter au Québec.
La GRC est venue recruter au Québec des gens pour servir dans d'autres
provinces et l'inverse s'est déjà produit.
M. Marx: Oui, en Ontario, on est déjà allé
en Angleterre.
M. Gosselin: Oui.
Mme Saint-Amand: Des "bobbies".
M. Marx: Comme Mme Saint-Amand l'a
dit, on est ailé chercher des "bobbies". Je pense que c'est une
mauvaise politique, en général, d'aller chercher des jeunes
à l'extérieur du Québec, lorsqu'il y en a 250 000qui ne travaillent pas ici. Je ne dis pas que les jeunes doivent devenir
des policiers au Québec parce qu'ils sont en chômage, mais il faut
au moins que le gouvernement - la Commission de police pourrait peut-être
influencer le gouvernement en ce sens - ait une politique pour servir ces gens
en premier, avoir un programme d'urgence afin de prendre toutes les mesures
nécessaires, même des mesures incitatrices pour s'assurer que nos
corps de police puissent trouver leurs candidats ici.
Dans la Loi de police on prévoit que vous avez comme
responsabilités l'amélioration de l'efficacité
policière, la normalisation et la surveillance de l'exercice des
fonctions policières, de vous assurer que le travail policier s'effectue
dans le respect des lois et des droits de chacun, etc. Vous avez une
responsabilité assez grande, mais quel sera votre conseil au service de
police de la Communauté urbaine de Montréal, à ce
moment-ci?
M. Gosselin: Je pense que, dans l'état actuel de la loi et
de la réglementation, il n'y a pas de restriction quant à la
provenance des candidats à la fonction policière. Nul doute que
le Québec pourrait satisfaire à combler les besoins du service de
police de la CUM. Nous avons un comité qui procède à la
révision des normes d'embauche. Soyez assurés que j'enregistre
bien toutes vos remarques et qu'elles seront soumises au comité.
Le comité n'a pas siégé dernièrement parce
que nous attendons le rapport final du groupe de travail de l'Université
Laval, qui est en voie de rédaction, de façon à examiner
l'ensemble du règlement. Il n'y a pas que cette question de taille et de
poids qui disparaîtra, mais d'autres normes seront aussi
révisées.
M. Marx: Je comprends que cela va prendre encore du temps. Il y a
des comités qui vont siéger, qui vont étudier et faire des
rapports.
M. Gosselin: Ce ne sera pas si long que cela, quant à
nous.
M. Marx: Moi, bien que j'ai passé 20 ans à
l'université, je suis un homme d'action. Il faut agir en fonction des
études, bien sûr, mais il faut agir. Qu'est-ce qu'on dit au
service de police de la Communauté urbaine de Montréal de faire
demain? Qu'est-ce que vous conseillez au gouvernement de faire dans ce dossier?
Est-ce qu'on va continuer de recruter à l'extérieur du
Québec ou si on peut faire quelque chose demain pour avoir des candidats
québécois et québécoises?
M. Gosselin: Quant à nous, on ne peut pas s'immiscer dans
les politiques d'embauche des municipalités si elles respectent les
dispositions légales ou la réglementation qui est en vigueur.
Nous n'avons pas le pouvoir d'aller nous immiscer dans cela et je pense qu'on
se plaindrait vite d'une ingérence indue qui ne relève pas de
notre juridiction. Nous avons le pouvoir sans doute d'adopter une
réglementation. C'est en voie de révision, mais, entre cela et
aller s'immiscer dans les politiques d'embauche des municipalités, ce
n'est pas de notre pouvoir.
Vous disiez tout à l'heure qu'on semble, en Amérique du
Nord, vouloir que le policier réside toujours dans la
municipalité qui l'emploie, mais cela n'existe pas partout. Dans
certaines municipalités, cela fait partie de la réglementation,
mais dans d'autres municipalités on n'exige même pas que le
policier demeure dans la même municipalité.
M. Marx: Je ne vous demande pas de vous immiscer dans la
politique d'embauche de la SPCUM, mais vous avez quand même une certaine
responsabilité en ce qui concerne les normes d'embauche. Vous pouvez
donner un conseil au gouvernement. Vous pouvez donner un conseil au service de
police de la Communauté urbaine de Montréal. Vous pouvez leur
indiquer quoi faire pour empêcher qu'on engage des gens de
l'extérieur du Québec, alors qu'en ce moment nous avons un taux
de chômage fort élevé au Québec parmi les jeunes.
Vous pouvez - comment dirais-je - rédiger une proposition pour que le
gouvernement fasse l'étude et prenne les mesures nécessaires. Il
n'est pas nécessaire que ce soit dans un règlement. Au
Québec, vous êtes censé avoir l'expertise dans ce domaine.
Si ce n'est pas vous qui faites quelque chose, personne ne fera quoi que ce
soit. (12 heures)
M. Gosselin: Remarquez bien que j'ai bien l'impression que la CUM
va pouvoir combler ses cadres dans le bassin qui existe au Québec. Si
des personnes de l'extérieur étaient embauchées par le
service de police de la Communauté urbaine de Montréal, je
présume qu'il s'agirait de personnes qui doivent combler les cadres pour
que les diverses ethnies soient représentées au sein de ce
service de police.
Je pense, de ce côté, que nous n'avons pas à
intervenir tant et aussi longtemps que la Communauté urbaine respecte la
loi et les normes existantes dans sa politique d'embauche. Si nous devions
avoir d'autres exigences que celles qui existent présentement, c'est par
voie de règlement qu'il faudrait le faire, mais nos règlements
sont soumis, comme vous le savez, à l'approbation du gouvernement, qui
pourrait
les modifier s'il n'était pas satisfait de la philosophie qui se
dessine derrière l'adoption de ces règlements.
M. Marx: Est-ce que le gouvernement vous a demandé un
conseil sur ce problème? Est-ce que le SPCUM voua a déjà
demandé un conseil?
M. Gosselin: Le SPCUM nous a communiqué une
résolution, c'est-à-dire pas le SPCUM lui-même, mais la
Communauté urbaine de Montréal nous a communiqué les
résolutions qui avaient été adoptées il y a
quelques mois demandant à la commission de réviser ses normes de
taille et de poids. Nous l'avons informée - d'ailleurs, elle
était déjà au courant - qu'il y avait une étude en
cours par un groupe de spécialistes de l'Université Laval et que
dès que les résultats de cette...
M. Marx: Oui, mais ce n'est pas cela, le problème. Le
problème est plus large que juste le poids et la taille.
M. Gosselin: Sur cela, non, on n'a pas eu de demande, ni du
gouvernement, ni du SPCUM, ni de la Communauté urbaine de
Montréal.
M. Marx: Et vous n'avez pas donné de conseil. Vous avez lu
dans les journaux qu'on embauche à l'extérieur du Québec
et votre réaction a été: ils n'enfreignent pas le
règlement; ils peuvent faire ce qu'ils veulent; on n'a pas de
responsabilité dans ce dossier.
M. Gosselin: C'est ça.
Le Président (M. Gagnon): Mme la députée de
Maisonneuve.
Mme Harel: Merci, M. le Président. Sur cette question, je
comprends très bien que peut-être les seules pressions qui
puissent venir sont celles de l'opinion publique elle-même à ce
moment, compte tenu de la réglementation en vigueur. Je crois que c'est
souhaitable qu'il y ait, sans doute, une pression de l'opinion publique
à l'encontre du fait, par exemple, que des sommes que l'on dit assez
importantes ont pu être dépensées dans les médias
d'information à l'extérieur, dans des villes de l'Ouest ou de
l'Est, pour provoquer cette embauche.
Ce que je voulais savoir de vous, c'est s'il serait souhaitable et
possible qu'il puisse y avoir, par exemple, un critère qui se
réfère à la connaissance du milieu concerné, ce
qu'on retrouve assez fréquemment dans maintes déterminations de
critères de sélection pour plusieurs fonctions, enfin, une
connaissance générale difficile à évaluer, mais une
connaissance du milieu concerné. Parce que tout ne se joue pas juste par
la dextérité, l'habileté, la force, l'endurance. Vous
savez, l'expérience de la fusillade qu'on a eue nous a
démontré qu'elle a cessé non pas à la suite d'une
intervention de force, mais à la suite d'un contrôle
psychologique.
Alors, il y a toute une connaissance d'un milieu. À ce moment,
n'y a-t-il pas utilité à ce que dans les critères soit
introduite cette notion de connaissance du milieu? Parce que cela peut
être légitime d'aller embaucher à l'extérieur dans
la mesure où on ne trouve pas à satisfaire ses besoins chez soi.
Mais je trouve que le député de D'Arcy McGee a raison -
malgré que vous n'ayez pas tort - de soulever la question devant
l'opinion publique d'une embauche qui se fait lorsqu'on ne sait pas vraiment si
cette embauche n'aurait pas pu être complétée ou ne
pourrait pas être complétée avec des candidats ou des
candidates d'ici.
M. Gosselin: Remarquez bien que les normes relatives à
l'embauche qui s'appliquent au Québec sont les mêmes pour la
Sûreté du Québec que pour les corps policiers municipaux.
On sait, par exemple, qu'à la Sûreté du Québec il y
a une mobilité. La nouvelle recrue de la Sûreté du
Québec pourra servir dans un district judiciaire quelconque pendant une
certaine période et, à un moment donné, être
transférée dans un autre district. Pour ce qui est d'une
municipalité comme Montréal, les étudiants du cégep
Maisonneuve ne sont pas nécessairement des résidents de la ville
de Montréal ou de la Communauté urbaine de Montréal. S'il
y avait dans la réglementation une exigence que le candidat devant
servir dans un corps policier vienne de la même municipalité, cela
pourrait être discriminatoire à l'égard d'autres personnes
qui peuvent faire d'excellents candidats et apprendre à connaître
le milieu. Cela se fait généralement par ce qu'on appelle la
formation interne des corps policiers. Les nouvelles recrues embauchées
soit à Montréal soit à la Sûreté du
Québec ou dans certains grands corps policiers font l'objet
d'exposés et d'études pour connaître le milieu dans lequel
elles auront à oeuvrer. Cela pourrait possiblement être une
exigence de certaines municipalités. D'ailleurs, la loi permet aux
municipalités d'exiger dans leur réglementation que les membres
de leur corps policier aient leur résidence dans la municipalité.
Je ne pense pas qu'il faille l'inclure dans les normes d'embauche applicables
à l'ensemble des policiers du Québec.
Mme Harel: Oui, là, évidemment, il ne faut pas
confondre l'obligation de résidence avec la...
M. Gosselin: Non, non.
Mme Harel: ...connaissance du milieu.
M. Gosselin: La connaissance du milieu, oui, oui.
Mme Harel: Parce qu'il y a déjà obligation de
résidence, par exemple, pour l'ensemble des employés municipaux
de la ville de Montréal, mais la connaissance du milieu peut quand
même s'apprécier. Il peut y avoir un apprentissage, mais entre
deux candidats, à compétence égale...
M. Gosselin: Oui.
Mme Harel: ...je pense qu'il faut d'abord choisir celui qui a
cette connaissance.
M. Gosselin: Là, je suis d'accord avec vous, mais ce sont
généralement les comités de sélection qui le
feront.
Mme Harel: Mais dans la mesure où on reconnaît la
connaissance du milieu concerné, dans la mesure où on
l'apprécie comme étant un critère. Il y a une
difficulté présentement, pour moi qui suis de Maisonneuve et qui
ai parfois des relations avec les étudiants qui sont en techniques
policières. D'ailleurs, il y a de plus en plus d'étudiantes qui
sont en techniques policières, malgré les difficultés
qu'elles vivent à l'intérieur, enfin c'est un autre
problème. Il reste qu'actuellement il va y avoir embauche, et il est
rare qu'un corps policier renouvelle ses effectifs quantitativement de
façon aussi importante. Quelle belle occasion justement de redresser la
situation d'absence chronique pour certains groupes à l'intérieur
du corps policier. Le fait qu'il n'y ait pas ce rapport final dont vous parlez,
qu'il n'y ait pas reconsidération des critères,
m'inquiète. C'est que, finalement, ce renouvellement ne se reproduira
pas avant bien longtemps et on ne pourra pas profiter de l'occasion pour
redresser la situation.
M. Gosselin: Évidemment, l'embauche au service de police
de la Communauté urbaine de Montréal est en voie de se faire, le
besoin est actuel. Comme le disait M. Marx, malheureusement cette étude
a été longue. Nous avions obtenu une première offre de
l'École polytechnique pour procéder à l'étude de
normes. Finalement, cela a été fait par un groupe de
l'Université Laval et, malheureusement, cela a été
très long, mais nous sommes sur le point d'aboutir. Pourrait-on,
dès maintenant, modifier le règlement seulement sur une petite
partie pour avoir ce critère de connaissance du milieu, comme vous le
dites, et ne pas réviser l'ensemble? Quand on parle des 256 candidats
qui sont actuellement disponibles, ils viennent de toutes les régions du
Québec. Quant à ceux qu'on forme à l'Institut de police du
Québec, on en a formé 454 en 1984 qui venaient des cégeps
et on a formé 24 policiers conventionnels, ce qui fait un total de 478.
Ces personnes venaient des divers milieux du Québec. Connaissaient-elles
le milieu de Montréal particulièrement ou le milieu de
Québec? Les corps policiers, lorsqu'ils reçoivent de nouvelles
recrues, leur donnent ce qu'on appelle la formation interne, qui est
particulière au milieu dans lequel elles auront à oeuvrer. Est-ce
qu'on devrait l'inclure comme critère dans les normes d'embauche? Si on
l'inclut comme critère, cela veut dire qu'il faudrait former plus de
policiers qu'on n'en forme peut-être à Montréal
actuellement et presque fermer l'option dans les autres cégeps ou la
contingenter davantage.
Le Président (M. Gagnon): Oui?
Mme Harel: Quand on parle justement de l'occasion qui est
donnée de renouvellement ce qui n'est pas fréquent, quand
même, ce n'est pas que par rapport à ce critère. Les autres
critères, demeurant en vigueur, ne permettent pas non plus
l'introduction d'une composition plus diversifiée du corps policier.
Mais en regard de ce critère en particulier, je pense que l'intervention
policière ne se fait pas dans un terrain neutre, si vous voulez. Je ne
le restreins pas simplement à Montréal, parce que connaissance du
milieu... Je dirais que dans n'importe quelle société, d'une
certaine façon, l'intervention policière se fait sur un terrain
d'échelle de valeurs, d'une certaine façon. Je crois qu'on peut
bien se comprendre, parce que l'intervention dans un conflit de travail, par
exemple, ne se fait pas de la même façon partout. L'intervention,
par exemple, lors d'occupation, pour l'avoir vécue, cela se fait
différemment maintenant, d'ailleurs, que cela se faisait il y a dix ans.
Tout cela évolue dans un contexte culturel, dans un contexte -comment
dirais-je - de valeurs sociales.
M. Gosselin: II y a une évolution.
Mme Harel: Oui.
M. Gosselin: Oui, il y a une évolution.
Mme Harel: Ce n'est pas indifférent qu'on habite...
M. Gosselin: Non, non.
Mme Harel: Je ne dis pas Montréal et Longueuil, et
même je pense qu'il y a pas mal de ressemblance entre Chicoutimi et
Montréal, mais cela peut être fort différent quand
même d'une province à l'autre.
M. Gosselin: Je suis d'accord avec vous que les mentalités
peuvent différer, spécialement pour quelqu'un qui vivrait, pour
les fins de la discussion, dans l'une quelconque des provinces. La
mentalité peut être différente, mais j'ai l'impression que
la CUM va pouvoir combler - et pourrait combler - ses besoins actuels avec le
bassin actuel de candidats formés et qui connaissent le milieu du
Québec. J'ai cette impression. Dans leur politique, ils ont
décidé de publier des annonces dans tout le pays. Qu'est-ce
qu'ils recevront comme demandes d'emploi? Je ne le sais pas mais je pense qu'on
pourrait satisfaire à leurs besoins par le bassin actuel du
Québec et je pense que la préférence et la
préséance devraient être données aux candidats
admissibles du Québec.
Le Président (M. Gagnon): Mme la députée
de... Cela va, Mme la députée de Maisonneuve?
Mme Harel: Oui.
Le Président (M. Gagnon): Mme la députée de
Jonquière.
Recrutement chez les femmes
Mme Saint-Amand: Merci, M. le Président. J'aimerais savoir
s'il existe actuellement des données qui nous indiqueraient, par
exemple, au prorata des diplômes masculins et féminins... des
statistiques sur l'embauche des diplômées féminines par
rapport à leurs collègues masculins qui ont terminé le
même cours, qui ont donc la même formation, qui ont donc
répondu aux mêmes critères de sélection, en fait.
(12 h 15)
M. Gosselin: Oisons qu'en 1980, au total, il y avait dans les
corps policiers du Québec 77 femmes. Je peux vous le donner par
année, si vous le désirez. En 1981, il y en avait 90; en 1982, il
y en avait 95; en 1983, il y en avait 115 et en 1984, il y en avait 152.
C'était l'effectif de femmes policières, si l'on veut, au 31
décembre 1984. Évidemment, l'inventaire que nous faisons de
l'ensemble des corps policiers du Québec se fait toujours en date du 31
décembre. Ce nombre a sûrement été augmenté
depuis, mais dans quelle proportion, je ne pourrais pas vous le dire. Au 31
décembre, il y avait 152 femmes en service dans les corps policiers du
Québec.
Mme Saint-Amand: Au moment de l'embauche des candidats, sur les
personnes qui postulent un emploi, les candidatures féminimes et
masculines, est-ce qu'on a des statistiques qui nous disent quel est le
pourcentage de femmes dont la candidature est retenue comparativement aux
candidatures masculines?
De plus, vous serait-il possible de nous dire également si les
motifs de rejet d'une candidature féminine sont les mêmes que les
motifs de rejet d'une candidature masculine?
M. Gosselin: Quant aux motifs de rejet, la taille exigée
des candidates n'est pas la même que celle des candidats. Il y a aussi
des particularités à l'examen médical qui s'appliquent
plus particulièrement aux personnes de sexe féminin. Je ne peux
vous donner la proportion, parmi les nouveaux policiers embauchés, de
femmes diplômées par rapport au nombre de candidats de sexe
masculin, les statistiques, je ne les ai pas. Sauf que dans l'ensemble des
policiers que l'on disait disponibles au 31 juillet dernier, on constate que
sur 256 diplômés, il y avait 64 diplômées de sexe
féminin et 192 de sexe masculin. Cela, c'était au 31 juillet.
Maintenant, est-ce que tous ces diplômés postuleront un
emploi au service de police de la Communauté urbaine de Montréal?
Je ne le sais pas, mais le nombre de femmes dans les corps policiers augmente
graduellement. Il faut dire que la GRC avait commencé à embaucher
des femmes avant le Québec. J'ai lu, dans un article publié dans
le Globe & Mail du mois d'avril dernier, qu'il y avait actuellement en
service, sur un total de quelque 12 000 policiers à la GRC, 449 femmes.
Et cela, c'est suivant le responsable de l'embauche à la GRC qui
était interviewé au mois de mai 1985. C'est un article du Globe
& Mail qui date du 8 mai 1985 et qui indique que sur une force totale
à la GRC de 12 622 membres, il y avait 449 femmes.
Mais il faut dire que ce corps de police de 12 622 membres de la GRC ne
compte pas les constables spéciaux qui sont environ 3000 car l'effectif
global de la GRC serait probablement de 15 000 policiers. Alors, il y en avait
449. C'est supérieur à ce que l'on a au Québec pour un
corps de police sensiblement semblable, sauf qu'au Québec cela augmente
graduellement et je présume, avec l'embauche qui va se faire à
Montréal cette année, que le nombre des femmes ira en
augmentant.
Mme Saint-Amand: J'aimerais également savoir si les
pouvoirs d'enquête de la Commission de police lui permettent de
vérifier auprès des municipalités quels sont les motifs
qui leur ont fait rejeter des candidatures féminines par rapport aux
motifs invoqués qui leur ont permis de rejeter des candidatures
masculines. Vous savez que dans la lettre qui accompagne une candidature
rejetée, habituellement, sur les motifs invoqués il faut savoir
aussi, dans certains cas, lire entre les lignes. Il nous est permis de croire,
en tout cas, selon les confidences qui nous sont faites par les candidates qui
ont été rejetées, que les
motifs invoqués dans la lettre ne sont pas nécessairement
le cas. Est-ce que le pouvoir d'enquête que vous avez vous permet d'aller
chercher ces motifs? Est-ce que ce pouvoir d'enquête vous permet de
savoir également... On a ici une coupure de presse qui nous informe que
19 nouveaux agents ont été engagés à
Montréal, dont trois femmes. Combien y avait-il de candidatures
masculines pour postuler ces emplois comparativement aux candidatures
féminines? Est-ce que les normes sont à peu près
équivalentes pour les diplômés masculins par rapport aux
diplômés féminins?
M. Gosselin: Quant à nos pouvoirs d'enquête, nous
pouvons enquêter évidemment sur la conduite, les opérations
et l'administration des corps policiers. Nous n'avons pas de pouvoir pour
enquêter sur les politiques des municipalités elles-mêmes,
sauf si elles sont en rapport avec la police. Le genre de plaintes dont vous
parlez relèverait de la Commission des droits de la personne du
Québec. Normalement, de telles plaintes iraient devant la Commission des
droits de la personne du Québec.
À l'occasion d'une inspection, nous pourrions vérifier la
politique d'embauche de la municipalité et formuler des recommandations
mais nous n'avons que des pouvoirs de recommandation. On n'a pas strictement un
pouvoir d'enquête qui nous permettrait d'assigner des témoins qui
seraient contraignables, de les interroger sous serment et de tirer des
conclusions. Nous n'avons pas ce pouvoir en rapport avec le problème que
vous soulignez. Ce serait une question discriminatoire qui relèverait
plutôt de la Commission des droits de la personne.
Mme Saint-Arnand: M. le Président, si vous alliez
jusqu'à poser la question aux dirigeants d'un corps policier municipal
ou à la Sûreté du Québec, d'après vous,
est-ce que les dirigeants du corps policier auraient l'obligation morale de
répondre à vos questions? Vous avez la possibilité quand
même de vous informer.
M. Gosselin: Auprès des corps policiers, oui. Si on
demandait à la municipalité des renseignements sur les motifs qui
l'ont incitée à embaucher un nombre supérieur,
proportionnellement, de candidats de sexe masculin ou de sexe féminin,
on pourrait avoir des réponses mais on ne pourrait pas les exiger de
droit.
Mme Saint-Amand: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Vachon.
M. Payne: Dans le règlement de 1981,
M. le Président, la question de l'établissement de
comités de la Commission de police du Québec pour favoriser la
prévention et la détection du crime et l'efficacité des
services de police...
Le Président (M. Gagnon): Je m'excuse, M. le
député de Vachon. Vous commencez sur un autre sujet. Comme M. le
député de D'Arcy McGee voudrait poser des questions sur le
même sujet, on pourra vous reconnaître plus tard. Cela va?
M. Payne: Le député vient de changer de sujet.
M. Marx: C'était sur les normes d'embauche chez les
femmes.
Le Président (M. Gagnon): Vous avez le droit de parole.
C'est pour suivre une certaine...
M. Marx: Je n'ai pas d'objection. Si le député de
Vachon veut poser des questions sur ce dossier après, on va
enchaîner sur ce dossier. J'ai aussi des questions sur ce dossier.
Le Président (M. Gagnon): Cela va?
M. Marx: Donc, il peut poser des questions.
Le Président (M. Gagnon): M. le député de
Vachon.
M. Gosselin: Est-ce que je réponds à la question du
député de Vachon, M. le Président?
M. Marx: On va revenir sur cela parce qu'on ne veut pas
changer...
Sur la question des femmes policiers, selon votre rapport de
décembre 1984, à la page 57, il y avait 13 165 policiers au
Québec dont 154 femmes, c'est-à-dire 1,16 %; la SQ avait 4398
policiers dont 35 femmes, soit ,79 %; le SPCUM avait 4434 policiers dont 73
femmes, soit 1,64 %; les corps de police municipaux avaient 4333 policiers dont
46 femmes, soit 1,06 %. Si on fait la comparaison que vous avez faite avec la
GRC, le pourcentage des femmes dans la GRC est d'environ 3 %, ce qui est
beaucoup plus élevé que dans les corps de police au
Québec.
Dans le rapport de 1974, à la page 23, on apprend que la
commission de police a procédé au cours de l'année 1974
à une étude concernant les femmes policiers. Des données
ont été recueillies sur les normes exigées des femmes
policiers dans les corps de police au Canada, aux États-Unis et en
Europe, notamment en ce qui concerne les conditions physiques et les fonctions
occupées
dans les corps de police.
Quelles furent les conclusions de cette étude de 1974? Parce que
cela fait déjà dix ans qu'on travaille sur le dossier et on
n'arrive à rien.
M. Gosselin: C'est qu'à ce moment-là, le règlement
de la commission prévoyait dans les normes médicales les normes
qui étaient applicables aux candidats de sexe masculin. Cette
étude nous a amenés à modifier le règlement pour
préciser les normes sur lesquelles l'examen médical des
candidates de sexe féminin devaient procéder. Ces renseignements
ont été fournis aux médecins qui ont procédé
à la préparation des normes médicales applicables aux
candidates. C'est ce qui a amené la modification de notre
règlement en 1975 ou 1976.
M. Marx: Cela n'a pas beaucoup changé, n'est-ce pas?
C'est-à-dire qu'il n'y a pas beaucoup plus de femmes vraiment...
M. Gosselin: Non, non. Il n'y a pas plus de femmes mais là
c'était pour les normes médicales qui devaient leur être
appliquées. On n'aurait pas pu appliquer aux candidates les mêmes
normes médicales qu'aux candidats.
M. Marx: Mais vous êtes d'accord pour dire qu'il y a une
sous-représentation des femmes dans les corps de police au
Québec.
M. Gosselin: Je suis d'accord pour dire que cela doit augmenter,
et considérablement. Mais il faut dire qu'on a commencé, comme je
le disais, après la GRC à embaucher des femmes dans les corps
policiers du Québec. Je pense qu'il y a du rattrapage à faire de
ce côté. Je suis d'accord avec vous.
M. Marx: D'accord. Cela va de soi que si on a un contingentement
dans les cégeps et si on accepte des candidats sur dossiers, comme on
fait, par exemple, à la faculté de droit, on va avoir beaucoup de
femmes candidates. Parce que si ce sont les notes qu'elles ont eues au
secondaire - c'est cela l'exigence pour faire un cours de techniques
policières - il va y avoir beaucoup de femmes parce que les femmes sont
assez fortes dans leurs études, aussi fortes que les hommes. Très
fortes, me dit Mme la députée de Jonquière. Je sais cela
aussi parce que j'ai une fille qui est très forte dans ses
études.
J'aimerais vous poser une question. J'espère que la
réponse ne sera pas que ce n'est pas sous votre juridiction. Est-ce que
vous êtes pour les programmes d'accès à
l'égalité en ce qui concerne les corps de police au
Québec? Je m'explique tout de suite. D'ici à deux semaines, cette
commission, la commission des institutions, va entendre des groupes, des
organismes, sur les programmes d'accès à l'égalité
parce que le gouvernement a déjà déposé un
règlement. Cela va nous épargner beaucoup de temps ainsi
qu'à vous si vous nous dites tout de suite ce que vous pensez.
M. Gosselin: Je suis d'accord sur les programmes d'accès
à l'égalité. Je suis contre les quotas. Vous me demandez
mon opinion personnelle.
M. Marx: Oui. Cela est clair.
M. Gosselin: Je suis contre les quotas qu'on peut voir dans les
programmes Affirmative Action. Je ne suis pas d'accord avec les quotas si les
quotas ont pour effet de baisser les normes des nouvelles recrues parce que je
ne pense pas qu'il y ait lieu d'abaisser les normes.
Il n'y a personne non plus, même dans les groupes minoritaires,
qui désire que les normes soient abaissées pour leur permettre
l'accès au corps policier, mais on veut que les normes ne soient pas
discriminatoires. Quant aux programmes d'accès, je suis absolument
d'accord avec cela et je pense qu'il y a du rattrapage à faire pour le
nombre de femmes qui servent dans les corps policiers du Québec.
M. Marx: Bon, dans deux semaines, si les gens posent cette
question, je vais dire que le président de la Commission de police du
Québec est d'accord avec des programmes d'accès à
l'égalité pour les femmes policiers et pour les gens de groupes
minoritaires mais qu'il est contre les quotas.
M. Gosselin: Vous pourrez me citer. Quand j'avance quelque chose
je n'ai pas peur d'être cité. (12 h 30)
M. Marx: C'est la commission qui parle maintenant. C'est
enregistré. Je trouve qu'il faut donner un coup de pouce à tout
le monde parce que dans ce dossier, cela va trop lentement. Cela va prendre...
D'une saison à l'autre, on entend les mêmes choses, les
mêmes raisons et on n'avance pas. Si on prend les pourcentages des femmes
policiers, on n'est pas beaucoup avancé. Je pense que ce sera
nécessaire d'avoir un programme d'accès à
l'égalité pour encourager les corps policiers à engager
des femmes policiers. La Communauté urbaine de Montréal en a
engagé sept la semaine passée. Sur 34, 7 étaient des
femmes policiers. Je trouve que c'est une amélioration; mais je pense
que les attentes sont tellement grandes dans la population, surtout
auprès des femmes, qu'il faut faire quelque chose d'une façon
plus positive pour qu'on atteigne au moins le nombre qu'il y a dans d'autres
juridictions.
 la GRC, je pense que c'est 3 %, 4 %. Ici, c'est à peine 1
%. Donc, je pense qu'il y a des progrès à faire au Québec
sans vraiment bousculer qui que ce soit.
M. Gosselin: Vous avez raison. Je pense que déjà la
situation s'améliore. Par exemple, on constate qu'en 1985, il y a 414
inscriptions dans les cégeps et, sur ces 414 inscriptions, il y a 121
femmes. C'est-à-dire que cela est au cours de base de l'institut. 414
inscriptions, 121 femmes. En 1984 -l'année n'est pas terminée -
il y a 128 femmes qui ont gradué de l'institut. En 1983, 103 et en 1982,
100. On constate que les femmes s'intéressent de plus en plus à
la fonction policière. Cela représente actuellement presque le
tiers des étudiants de l'institut.
M. Marx: C'est ça. Il y a un tiers des candidats à
l'institut qui sont des femmes. Mais il n'y a pas un tiers des engagements qui
sont des femmes. Donc, il y a des femmes qui ne deviennent pas policiers.
M. Gosselin: II faut dire que les engagements dans les corps
policiers ont été considérablement au ralenti ces
dernières années et le nombre de départs a
été inférieur. Vous avez raison, on n'a pas engagé
la proportion de femmes par rapport aux candidats de sexe masculin qui
étaient admissibles à la fonction.
M. Marx: Je pense que cela nous éclaire.
Le Président (M. Gagnon): Cela va. Sur le même
sujet, Mme la députée de
Jonquière, ensuite, ce sera au député de
Vachon.
Mme Saint-Amand: C'était sur les programmes d'accès
à l'égalité. Compte tenu de l'ouverture que M. le
président de la Commission de police fait au programme d'accès
à l'égalité, est-ce que, face à deux candidatures
d'égale valeur, répondant aux critères, les normes, bon,
la compétence est reconnue et tout ça, vous iriez jusqu'à
recommander qu'on favorise une candidature féminine jusqu'à ce
qu'on ait atteint les proportions dont on vient de parler?
M. Gosselin: Si j'étais le responsable de l'embauche dans
un corps policier, je pourrais voir à ce que les femmes aient leur place
et aient une proportion valable dans l'embauche, dans le nombre de nouvelles
recrues. Est-ce qu'on doit l'imposer par règlement? Si on l'impose par
règlement, est-ce que cela n'équivaudrait pas à imposer
des quotas et dire: Si vous avez dix nouveaux policiers à remplacer,
vous devez prendre 25 % ou 30 % qui soient des femmes. Je ne le sais pas si on
peut procéder par quotas. Parce que, parmi les candidats qui sont
admissibles à la fonction, il y en a qui peuvent avoir ce qu'on appelle
des plus. On exige, si vous voulez, un secondaire V, mais présumons que
quelqu'un ait 16, 17 ou 18 années de scolarité, j'ai l'impression
que dans bien des corps policiers, ce sera le candidat qui sera choisi. Si
c'est une femme, tant mieux, mais ce ne sont pas toujours des femmes.
Qu'on puisse avoir une ouverture plus grande pour les femmes dans les
corps policiers, je suis absolument d'accord.
Mme Saint-Amand: Est-ce que dans le pouvoir de recommandation,
vous la recommanderiez aussi ouvertement?
M. Gosselin: On pourrait sûrement, à l'occasion
d'une inspection, en examinant la situation, dans une municipalité
quelconque, constatant les embauches faites, indiquer à la
municipalité qu'elle n'a pas embauché suffisamment de femmes et
recommander de remédier à cette situation.
Mme Saint-Amand: Merci.
Le Président (M. Gagnon): Merci. M. le
député de Vachon.
Prévention et détection du crime
M. Payne: C'est la question touchant la prévention et la
détection du crime. Seulement pour le répéter, le
règlement sur l'établissement de comités à la
commission pour favoriser la prévention et la détection du crime
est en vigueur, je pense, depuis plusieurs années. Ma question est
celle-ci: La commission a-t-elle déjà établi ces
comités? Si oui, quels sont les rapports qu'on pourrait avoir?
M. Gosselin: Je dois vous dire que la commission avait la
responsabilité de promouvoir la prévention de la
criminalité jusqu'en 1980. Pendant la période où nous
avions ce pouvoir, nous avions établi des comités de
prévention dans les diverses régions du Québec. Ces
comités se réunissaient une fois par mois. Il y avait
présence à ces comités, mais toute cette
responsabilité de la prévention de la criminalité a
été, par une loi en vigueur depuis le 1er juin 1980,
donnée au Procureur général du Québec et c'est
devenu la responsabilité de la Direction générale de la
sécurité publique. Si bien que nous n'avons plus juridiction
à ces comités de prévention, mais c'est la Direction
générale de la sécurité publique qui s'occupe
d'assurer une présence auprès de ces comités,
d'établir des politiques et des programmes de prévention. Lorsque
les programmes sont établis et que
nous procédons soit à des études sur les corps
policiers ou à des inspections et qu'on constate que l'indice de la
criminalité augmente dans une municipalité, nous pouvons
recommander que les programmes préconisés par la DGSP soient mis
en vigueur dans la municipalité; mais nous n'avons plus leleadership et la responsabilité dans ce domaine.
M. Payne: Comment conciliez-vous ce que vous dites avec l'article
2 du règlement qui dit, et je cite: "La commission peut établir
un comité de prévention et de détection du crime dans
toute région du Québec qu'elle détermine." Fin de la
citation du règlement.
M. Gosselin: C'était dans l'ancienne loi, mais ce n'est
plus dans la nouvelle.
M. Payne: C'était en 1981.
M. Gosselin: Ce règlement est devenu caduc du fait que
cette responsabilité ait été donnée à la
Direction générale de la sécurité publique. Nous
avions établi ces comités, mais ce pouvoir et cette
responsabilité que nous avions en 1974, nous ne les avons plus depuis le
1er juin 1980.
M. Payne: Mais je cite un article de 1981.
M. Gosselin: Vous dites 1985? Des voix: 1981.
M. Payne: Je lis le règlement de 1981. Vous dites que
c'est caduc.
M. Gosselin: Je vais vérifier.
M. Payne: La référence exacte, dans les
Règlements refondus du Québec 1981, est 7-959.
M. Gosselin: C'est un règlement qui avait
été adopté par la commission. Lors de la refonte, les
officiers en loi du gouvernement ont refondu cette entente de règlement.
Même en 1980 ou 1981, au moment de la refonte, ce règlement est
devenu caduc, parce que ce n'était plus notre responsabilité et
nous n'avions même plus juridiction en la matière. Ce qui est
arrivé, par les amendements à la loi, en décembre 1979,
qui sont entrés en vigueur le 1er juin 1980, c'est que la
responsabilité de la prévention de la criminalité est
passée directement au Procureur général qui a fait assumer
cette responsabilité par la Direction générale de la
sécurité publique. Dans la refonte, même si le
règlement était caduc, les officiers en loi l'ont simplement
reproduit tel qu'il existait anciennement.
M. Payne: Alors ce n'est plus en vigueur?
M. Gosselin: Pas quant à nous. Quant à la Direction
générale de la sécurité publique, je sais qu'il y a
encore des comités de prévention qui existent. Et ce n'est plus
en vertu de ce règlement qui est devenu caduc, mais selon les directives
qui peuvent être données par la Direction générale
de la sécurité publique, parce que ce n'est plus la
responsabilité de la commission...
M. Payne: ...
M. Gosselin: II y a deux...
M. Payne: Cependant, il n'y a pas eu d'abrogation de ce
règlement.
M. Gosselin: Non. Nous ne l'avons jamais abrogé, parce que
nous ne voulions pas, à ce moment-là, qu'il y ait une
période pendant laquelle ces comités puissent cesser de
fonctionner. Il y avait tout de même une transition à assurer. On
a laissé le règlement en vigueur, parce que dans les diverses
régions, ces comités ont continué à fonctionner,
mais ce n'était plus notre responsabilité.
M. Payne: La deuxième partie de ma question - c'est
peut-être la partie la plus substantielle - est la suivante: Est-ce que
vous avez des rapports de ces comités? Est-ce que vous avez des
informations sur le travail, sur les objectifs qu'ils se sont donnés?
Est-ce qu'il y a une cohérence, une concordance entre les objectifs de
chaque comité? Est-ce que la commission a un intérêt
continu dans le travail des comités?
M. Gosselin: Non, pas dans le travail même des
comités, mais par les programmes de prévention qui peuvent
être préparés par la Direction générale de la
sécurité publique. Ce que nous connaissons de ces comités,
c'est par le rapport du ministère de la Justice qui fait état des
activités de la Direction générale de la
sécurité publique. Quant à ces comités, M. Verdon
qui est ici pourra peut-être vous renseigner davantage. Mais ce ne sont
plus des comités qui relèvent de la commission. Ce ne sont pas
des comités où nous assurons une présence, nous de la
commission. Sauf que, lorsque nous procédons à des inspections,
à des études générales et que nous constatons que
la criminalité dans certains domaines ou certains champs
d'activité peut augmenter, nous recommandons que les programmes de
prévention applicables soient mis en vigueur.
M. Payne: II me paraît évident que ce serait
souhaitable d'avoir une cohérence entre les objectifs de chaque
comité, non pas
pour uniformiser le travail, mais pour qu'ils puissent avoir un certain
objectif commun. Par exemple, nous avons souvent, nous, les
députés - c'est intéressant - des demandes de la part de
regroupements ad hoc de citoyens qui voudraient s'associer à d'autres
groupes plus ou moins formels, comme la police, pour travailler à la
prévention et à la détection du crime. Souvent, il y a un
manque de clarté quant à la possibilité pour la police
d'offrir un certain nombre de services aux citoyens. C'est pour cela que je me
demandais si la commission a jugé bon d'évaluer davantage le
travail qui est fait, pas seulement en offrant Ies programmes de
prévention mais aussi dans l'évaluation des travaux des
comités.
M. Gosselin: II faut dire que la Direction générale
de la sécurité publique organise, à l'occasion, des
colloques et réunit les représentants de ces comités de
prévention. Quant à nous, d'aller vérifier si les
objectifs qu'on s'est fixés sont atteints, ce serait intervenir
directement dans les fonctions du Procureur général. Nous avions
cette responsabilité anciennement, mais le gouvernement a
décidé de scinder les responsabilités que nous avions.
Quant à la cueillette des statistiques criminelles qui nous appartenait
auparavant, c'est passé au Procureur générai. Quant
à la prévention de la criminalité et à
l'étude des moyens de détection et de répression du crime,
c'est passé au Procureur général. Celui-ci a
décidé de faire assumer ces responsabilités par la
Direction générale de la sécurité publique. Sur ce
point, je pense que M. Verdon pourrait vous renseigner davantage. M. Verdon est
le sous-ministre responsable de la Direction générale de la
sécurité publique. (12 h 45)
Le Président (M. Gagnon): M. Verdon. Il est le directeur.
Voilà! M. le député de D'Arcy McGee. Est-ce que cela va,
M. le député de Vachon?
M. Marx: Sur ces questions concernant la prévention,
j'aimerais faire deux citations: une de Jérôme Choquette "La
justice contemporaine" à la page 79, de 1975, et je cite: "Le partage
des tâches devrait être tel que la commission conserverait sa
fonction normative et sa fonction d'enquête alors que la direction
générale s'occuperait principalement de la prévention, de
la criminalité et de la coordination de l'action des forces
policières". Fin de la citation.
Dans le rapport Saulnier "Groupe de travail sur l'organisation et les
fonctions policières au Québec" à la page 372, de 1978, et
je cite: "En 1974 fut créée au sein du ministère de la
Justice, la Direction générale de la sécurité
publique. Cette direction ne fait-elle pas double emploi quant aux
responsabilités administratives avec la
Commission de police du Québec". Fin de la citation. Donc, la loi
a été modifiée en 1979 pour, j'imagine, répondre
à cette question qui a été soulevée dans le rapport
Saulnier.
La CECO
Sur cette question de prévention de la criminalité,
j'aimerais que le président nous explique un peu les travaux de la CECO,
la Commission d'enquête sur le crime organisé. Je vois que cela
coûte cher chaque année, 400 000 $ durant la dernière
année financière, et je me demande ce qu'on a eu pour notre
argent? Cette année je sais qu'il y a neuf volumes dans le rapport, cela
fait à peu près 50 000 $ chacun.
M. Gosselin: Au cours des années, la commission a produit
divers rapports dont j'ai ici la liste. On sait que les membres de la
commission qui siégeaient à cette division chargée de la
tenue de l'enquête sur le crime organisé ont, au cours des
années, été changés. Ce ne sont pas les membres du
point de départ qui ont oeuvré sur chacune des facettes
étudiées par cette division de la commission.
Quant au dernier rapport évidemment, il n'a pas été
rendu public par le ministre de la Justice, mais je peux vous dire que cette
enquête, qui portait sur l'industrie du vêtement, a comporté
l'audition de 525 témoins, qu'il y a eu 477 séances dont les
notes sont rapportées dans 474 volumes de notes sténographiques
comprenant au total 47 000 pages de notes sténographiques, et que 1195
exhibits ont été produits devant cette division de la
commission.
M. Marx: Le ministre de la Justice nous a dit il y a quelques
mois qu'il n'y avait pas - comment dirais-je, je ne veux pas mal citer le
ministre - de matière criminelle pour faire des poursuites. Donc, il a
demandé un complément d'enquête policière dans ce
dossier. Pensez-vous que la dernière enquête sur l'industrie du
vêtement a été utile?
M. Gosselin: Je pense que toutes les enquêtes de la
commission sur diverses facettes du crime organisé ont été
utiles.
M. Marx: Dans cette enquête, le ministre a conclu qu'il n'y
a pas de crime organisé. Le ministre a dit en commission parlementaire:
II n'y a pas de crime organisé dans l'industrie du vêtement et de
la fourrure. Donc, vous avez fait une enquête sur une industrie où
il n'y a pas de crime organisé.
M. Gosselin: On a fait enquête suivant le mandat qui nous
était donné par le gouvernement et le gouvernement demandait
à la commission d'entreprendre une enquête dans l'industrie
du vêtement. Cette enquête a été tenue. Un rapport
constitué de neuf volumes a été produit au gouvernement,
mais quant au contenu du rapport lui-même et aux conclusions que peut en
tirer le ministre, je pense qu'il lui appartiendrait de le dire lui-même.
Je n'ai pas, moi, à commenter le rapport. Je ne pense pas que ce soit ma
responsabilité. Notre travail s'est terminé par le
dépôt de ce rapport au Procureur général.
M. Marx: Est-ce que vous avez demandé un nouveau mandat au
ministre dans ce dossier?
M. Gosselin; Quant à nous, non. M. Marx: Jamais? M.
Gosselin: Non.
M. Marx: Vous n'avez pas demandé un nouveau mandat pour
continuer votre enquête?
M. Gosselin: Une extension de mandat?
M. Marx: De poursuivre votre enquête davantage.
M. Gosselin: Vous me demandez mon opinion?
M. Marx: Non, je vous demande si la commission...
M. Gosselin: Parlez-vous uniquement de l'industrie du
vêtement?
M. Marx: Sur ce dossier, oui. M. Gosselin: Non.
M. Marx: Vous n'avez pas demandé d'extension...
M. Gosselin: On a demandé dans les années
passées des extensions de délai pour compléter le travail.
Mais les travaux se sont terminés au 30 novembre 1984 et on n'a pas
demandé une extension de délai pour compléter.
M. Marx: Vous étiez toujours président de la
commission lors des enquêtes de la CECO?
M. Gosselin: Je l'étais depuis le début, M. le
député.
M. Marx: Oui, c'est ça. Je veux dire que vous étiez
le premier et le seul président de cette commission de police pour ceux
qui ne sont pas au courant.
J'aimerais savoir si ces enquêtes ont été utiles, au
sens de savoir s'il faut continuer a avoir des enquêtes sur le crime
organisé au Québec.
M. Gosselin: Cela, c'est une autre question.
M. Marx: Peut-être que cela a été utile au
début des années soixante-dix. Je ne veux pas qu'on
remonte...
M. Gosselin: Moi, je vais vous faire part de mon opinion
personnelle. Je pense que ces dispositions doivent demeurer dans la loi pour
que le gouvernement, à certaines occasions, puisse charger soit la
commission ou un autre organisme, s'il décidait de le faire,
d'enquêter sur certaines facettes du crime organisé. Je ne suis
pas d'avis que cela doive avoir une continuité et que cela doive devenir
un organisme permanent.
Je pense qu'à certaines occasions, il peut être souhaitable
pour le gouvernement de s'enquérir d'une situation quelconque, mais je
ne vois pas de permanence à de telles enquêtes. Je pense que pour
le moment, il est préférable de marquer le temps, de voir et de
bien analyser et ce n'est que le résultat d'enquêtes
policières qui pourrait ultérieurement décider le
gouvernement à donner d'autres mandats à la commission ou
à un autre organisme s'il le désirait, ou de modifier sa Loi sur
les commissions d'enquête. Je pense que, pour le moment, il est bon de
marquer le temps pour une certaine période.
M. Marx: J'ai essayé d'apprendre quel était le
coût par année de la CECO. J'ai trouvé cela très
difficile. Je me demande si j'ai les coûts ici. Oui, je pense que j'ai
cela. Je vais juste vous donner le budget qu'on retrouve dans les rapports
annuels pour la CECO. En 1977, c'était, en chiffres ronds, 450 000 $; en
1978, c'était près de 500 000 $; en 1979, c'était 760 000
$; en 1980, 440 000 $; en 1981, 340 000 $; en 1982, 383 000 $; en 1983, 567 000
$ et en 1984, 403 000 $.
M. Gosselin: En fait, chaque année dans notre rapport
annuel, en indiquant le budget de la commission, nous faisons une distinction
avec la division du crime organisé. Nous indiquons dans nos rapports
annuels ce qu'il en a coûté pour chacune de ces années
à la commission pour la tenue de l'enquête sur le crime
organisé.
M. Marx: Supposons qu'on prenne l'année 1984 où
votre budget total était de 3 054 614 $, dont 403 498 $ étaient
pour la CECO, ces 400 000 $, ce n'est pas le vrai coût de la CECO, parce
qu'il y avait des policiers qui étaient secondés à la
CECO. Il y a des descentes qu'on a fait faire par la
Sûreté du Québec ou par le SPCUM, et ainsi de suite.
Avez-vous déjà établi le vrai coût de la CECO pour
une année donnée?
M. Gosselin: Non, parce que ces policiers émargeaient des
budgets de leurs corps policier respectifs. Ils n'étaient pas
comptabilisés dans nos budgets et on n'a jamais établi ce qu'il
pouvait en avoir coûté pour les services de ces policiers.
M. Marx: Parce que...
M. Gosselin: II faut dire que les équipes de policiers ont
diminué considérablement. Si on retourne à cinq, six ou
sept ans en arrière, il y avait beaucoup plus de policiers qui
étaient prêtés à la Commission d'enquête sur
le crime organisé que ces dernières années.
M. Marx: Mais supposons qu'ils ont fait des descentes. Le SPCUM
ou la Sûreté du Québec, une centaine de policiers qui ont
fait des fouillies ici et là, j'imagine que cela a coûté
cher ce jour-là au corps de police...
M. Gosselin: Si on avait...
M. Marx: ...et quand ils étaient en train de faire ces
descentes, ils n'étaient pas sur les autoroutes pour surveiller les
accidents d'automobiles.
M. Gosselin: On n'a pas comptabilisé ces coûts.
M. Marx: Est-ce que ce serait possible de comptabiliser tout
cela?
M. Gosselin: Pour les comptabiliser, il faudrait vérifier
exactement - parce qu'il y avait un "turnover" aussi - combien de policiers
étaient au service de la CECO pour chacune des années, chacun des
mois...
M. Marx: Supposons qu'on prend une année juste pour avoir
une idée de combien cela coûte, parce que...
M. Gosselin: Cela pourrait sûrement se comptabiliser. Si on
sait, pour les fins de la discussion, qu'au cours d'une année
donnée, il y avait dix policiers prêtés à la CECO,
en établissant leur traitement, il serait possible d'en établir
le coût. Cela pourrait se comptabiliser.
M. Marx: Mais tous les autres frais, tous les autres corps de
police qui étaient impliqués en faisant des descentes qui n'ont
rien donné, l'étude de tous ces documents qui n'a rien
donné ou presque, et ainsi de suite, parce que j'imagine que la
dernière enquête sur l'industrie du vêtement n'a pas
donné grand-chose, si je peux me fier aux réponses du ministre,
cela a coûté beaucoup, des millions, j'imagine.
Mais je pense que la CECO, comme vous l'avez dit au début - si
j'interprète bien vos paroles - c'est un peu dépassé
aujourd'hui. Je pense qu'il a d'autres façons...
M. Gosselin: Je pense qu'il faut marquer le temps pour une
certaine période et bien analyser la situation avant de décider
de donner un nouveau mandat d'enquête dans ce domaine pour le moment.
Le Président (M. Gagnon): Nous allons marquer le temps
nous aussi et suspendre nos travaux jusqu'à 15 heures cet
après-midi.
(Suspension de la séance à 12 h 58)
(Reprise à 15 h 9)
Le Président (M. Gagnon): Â l'ordre, s'il vous
plaît! La commission des institutions se réunit avec le mandat
d'examiner les orientations, les activités et la gestion de la
Commission de police du Québec. Lorsque nous avons suspendu nos travaux
pour le déjeuner, la parole était au député de
D'Arcy McGee, je crois.
M. Marx: Je pense qu'on a terminé avec la question de la
prévention.
Une voix: La CECO.
M. Marx: La CECO, oui c'est cela.
M. Gosselin: La prévention dépend maintenant de la
Direction générale de la sécurité publique.
M. Marx: C'est cela, oui, j'ai vu que c'était
modifié par la loi.
Le Président (M. Gagnon): Les dernières questions
que vous avez posées étaient sur la CECO.
Inspection des corps de police
M. Marx: Les dernières questions étaient sur la
CECO, mais dans le cadre de la prévention. La réponse du
président était assez claire. J'aimerais passer à un autre
dossier, celui qui touche l'inspection. La Commission de police du
Québec a pour fonction de "favoriser l'efficacité des services de
police au Québec". C'est l'article 17 de la Loi de police. "Â
cette fin, la commission doit notamment: a) assurer un service
général d'inspection chargé de conseiller, en
matière policière, les municipalités, la
Sûreté du Québec et les corps policiers municipaux et d'en
faire
l'inspection." C'est l'article 17 de la loi. La Commission de police a
donc établi la direction des conseillers de l'inspection et la
commission a, depuis le 1er janvier 1980, l'obligation de procéder
à l'inspection des corps policiers du Québec. Au 31
décembre 1983, la commission avait complété l'inspection
de dix corps policiers, dont un en 1982 et neuf en 1983.
Comme vous l'avez souligné, il y a actuellement au Québec
179 corps policiers municipaux et la Sûreté du Québec y
maintient 106 postes. La commission considère qu'il pourrait
s'écouler plusieurs années, compte tenu de son effectif actuel,
pour compléter l'inspection de tous ces corps policiers. C'est dans
votre rapport de 1983 à la page 22. En 1984, six corps de police
municipaux ont fait l'objet d'une inspection. C'est dans votre rapport de 1984
à la page 35. Au terme de l'année 1984, il restait à la
commission à approuver et transmettre les rapports d'inspection des
corps policiers dans quatre cas sur les six. Vous voyez qu'il y a des gens qui
lisent sérieusement vos rapports.
M. Gosselin: Oui. C'est pour cela d'ailleurs qu'on les
prépare et qu'on les détaille.
M. Marx: Oui, c'est cela. Quant à la Sûreté
du Québec, la commission adoptait en 1984 une politique et une
procédure relatives à l'inspection des postes de la
Sûreté du Québec. Cependant, je cite votre rapport de 1984,
page 34s "En raison de circonstances hors de son contrôle, la commission
a dû reporter l'inspection des postes de la Sûreté à
une date ultérieure." Je me demande si c'était à cause de
la grève à la Sûreté du Québec, mais... La
commission parle d'inspecter tous les corps de police du Québec selon un
programme triennal. C'est dans votre rapport de 1984 à la page 68. Je
pense que vous avez repris cela ce matin. Je me pose la question et je vous
pose la question: Est-ce que c'est réaliste? Selon le plan d'inspection,
la première étape consiste à informer le conseil
municipal, le secrétaire-trésorier ou le directeur
général de la municipalité et le directeur du service de
police qu'une inspection des services concernés serait effectuée
à une date déterminée. Quel est le délai de
préavis et pourquoi? Et "la mise en oeuvre des programmes d'inspection
des corps policiers du Québec constitue un outil majeur pour
améliorer l'action policière", dit votre rapport de 1983 à
la page 65. "C'est un élément essentiel pour accomplir sa mission
de favoriser l'efficacité policière au Québec." La
Commission de police du Québec visite-telle, comme cela se fait par la
Commission de police au Manitoba, les lieux de détention? Ce sont mes
deux questions: Est-ce réaliste et est-ce que vous visitez les lieux de
détention?
Le Président (M. Gagnon): M. le président de la
Commission de police.
M. Gosselin: II semble que le programme d'inspection sur une base
triennale puisse être un programme valable, mais les effectifs dont nous
disposons actuellement à notre direction des conseillers et de
l'inspection ne sont constitués que de sept professionnels, soit un
directeur du service et six conseillers qui sont chargés non seulement
de faire l'inspection, mais aussi des études générales sur
les corps policiers et sur la situation prévalant dans les
municipalités qui demandent soit de réduire leurs effectifs,
d'abolir leur corps policier ou d'en être dispensé.
Quand vous me demandez si ces projections sont réalistes, je vous
dirai qu'avec les effectifs dont nous disposons actuellement, c'est non. Depuis
le début de l'année 1985, nous avons entrepris 21 inspections.
Nous en avons complété 20 et même si d'ici à la fin
de l'année on pouvait en compléter encore une dizaine, on serait
bien en deçà de l'objectif que nous nous étions
fixé. Il faudrait, pour en venir à un programme triennal, pouvoir
inspecter au moins 70 corps policiers par année.
M. Marx: Vous avez parlé du personnel de la commission,
c'est un autre dossier.
M. Gosselin: Oui.
M. Marx: On pourra l'aborder tout de suite après, si vous
voulez.
M. Gosselin: Oui.
M. Marx: C'est dire que ce n'est pas réaliste. Donc, ce
que vous avez écrit dans votre rapport de 1984, à la page 68,
c'est irréaliste et cela ne sera pas réalisé.
M. Gosselin: Nous constatons que c'est irréaliste avec les
effectifs dont nous disposons présentement.
M. Marx: Pour répondre à cette question
d'effectifs, c'est une plainte qui date de 1968-1969 qu'il n'y a pas assez
d'effectifs. Tout le monde peut donner comme raison qu'on n'a pas accompli son
mandat parce qu'il n'y a pas suffisamment d'effectifs.
M. Gosselin: Vous savez, avec 179 corps policiers au
Québec, nos conseillers, qui se rendent sur place pour faire la
cueillette des renseignements et qui procèdent à l'inspection ou
aux études des corps policiers, doivent passer un certain nombre de
jours à faire la cueillette des données. Dans un
premier temps, quand nous avons entrepris nos inspections à titre
d'expérience pilote, nous examinions au complet tout ce qui pouvait
concerner l'administration et le fonctionnement des corps policiers. Par la
suite, à cause de l'expérience acquise dans nos diverses
enquêtes, on a constaté que certaines failles se
répétaient d'un corps policier à l'autre. On a cru qu'il
fallait d'abord régler ces problèmes-là et placer l'accent
de l'inspection sur ces points, si bien qu'on a tenté d'établir
un programme qui nous permette de visiter les corps policiers suivant un plan
triennal en espérant qu'à un moment donné on puisse
obtenir des effectifs additionnels. Six personnes pour visiter 179 corps
policiers et s'occuper aussi des études générales, c'est
insuffisant.
M. Marx: Le problème, c'est qu'on peut adopter une bonne
loi à l'Assemblée nationale qui ne sera jamais appliquée.
Les gens qui liront cela ailleurs diront: Au Québec, ils ont une
excellente loi. Ils liront les rapports de la Commission de police du
Québec et diront: Là, il y a une inspection triennale. On peut
penser que tout marche bien ici au Québec concernant l'inspection des
corps de police mais, dans les faits, très peu d'inspections est
fait.
Vous pouvez peut-être changer les priorités à
l'intérieur de la commission, faire moins de recherche et plus
d'inspection ou faire moins d'une autre chose et plus d'inspection. Je ne sais
pas comment se fait la distribution des effectifs à l'intérieur
de la Commission de police mais peut-être pourriez-vous mettre l'emphase
sur l'inspection, le cas échéant.
M. Gosselin: Quant à la distribution de nos effectifs,
vous les avez à la page 17 du rapport annuel 1962. Pour les fins de la
discussion, on pourrait décider d'aller visiter les corps policiers,
faire des visites qui ne soient pas suffisantes pour permettre de sentir le
pouls et les failles du corps policier et soumettre des rapports d'inspection,
mais je pense que ce serait un travail bien incomplet. Nous
préférons y mettre la qualité plutôt que la
quantité.
Pour les fins de la discussion, si on devait visiter 70 corps policiers
dans l'année avec un effectif de six conseillers, je vous dis que ce ne
serait pas un travail de qualité. On a tenté d'activer. Il faut
dire qu'au début nous étions dans une procédure
expérimentale. Nos conseillers eux-mêmes se sont
familiarisés davantage avec cette procédure d'inspection mais
n'étant que six pour faire le tour du Québec, c'est
assurément insuffisant.
M. Marx: Oui, mais c'est à vous de décider ce que
vous allez faire en premier lieu.
M. Gosselin: Oui, mais...
M. Marx: ...soit l'inspection, soit la recherche sur le poids et
la taille.
M. Gosselin: ...vous savez, notre service de la recherche...
M. Marx: Je prends cela comme exemple.
M. Gosselin: Oui, oui.
M. Marx: Peut-être qu'il y a d'autres directions où
on peut... Dans d'autres organismes, j'ai retrouvé le même
problème. On dit: On n'a pas assez d'effectifs. Mais, une fois qu'ils
ont réarrangé leurs effectifs, changé leurs
priorités, ils voient qu'ils ont assez de monde pour faire leur travail
en laissant de côté un travail qui était peut-être
moins important dans le mandat général de l'organisme en
question.
M. Gosselin: On ne peut pas prendre n'importe qui pour
procéder à l'inspection des corps de police. Il nous faut des
policiers chevronnés, de qualité, et qui non seulement vont
examiner, mais vont avoir des entretiens avec le directeur de police et lui
indiquer comment perfectionner son administration et ses activités. S'il
nous fallait prendre n'importe qui pour procéder aux inspections, je
vous dis franchement que ce qui pourrait ressortir de ces inspections ne serait
pas toujours valable. Alors, cela prend des spécialistes. Recruter des
spécialistes, ce n'est pas facile non plus. Ce n'est pas facile, parce
que les échelles de traitement de nos conseillers et enquêteurs se
sont détériorées avec les années et sont
inférieures à ce qu'ils pourraient gagner s'ils étaient
demeurés dans leur corps policier. Partant de là, je dis que le
recrutement de tels conseillers n'est pas facile. Cela ne prend pas quelqu'un
qui sortirait de l'institut pour procéder à des inspections et
avoir des entretiens avec le directeur de police pour lui dire comment
organiser ses activités et son administration. Cela prend des gens qui
connaissent le métier.
M. Marx: J'espère que la commission n'a pas l'intention de
chercher des experts à l'extérieur du Québec.
M. Gosselin: Pardon?
M. Marx: De chercher des experts à l'extérieur du
Québec.
M. Gosselin: Non. M. Marx: Ah bon! M. Gosselin: II y en a
suffisamment au
Québec. Il s'agit de pouvoir les intéresser par des
échelles de traitement valables.
M. Marx: Bon, j'accepte cela comme réponse, parce que je
ne peux pas avoir la réponse que j'aimerais entendre. Quel est le
délai du préavis avant que vous fassiez une inspection et
pourquoi?
M. Gosselin: II arrive souvent qu'il y ait des activités
particulières dans une municipalité. Par exemple,
l'été dernier, ici même à Québec, nous avions
au programme l'inspection du service de police de la ville de Québec. On
savait que le service préparait la venue des grands voiliers. On a
communiqué avec les autorités policières et municipales
qui nous ont dit: Actuellement, ce ne serait pas le bon moment, nous sommes
trop occupés avec ce dossier. À certains endroits, il peut y
avoir un festival quelconque ou quelque chose de semblable et le moment n'est
pas propice. Si, par exemple, il y a des moyens de pression qui s'exercent
aussi dans la municipalité, ce n'est pas le temps propice. Alors, il n'y
a pas de délai précis sauf que nous communiquons par
téléphone avec le directeur de police, avec le gérant de
la ville pour indiquer que nous serions prêts à procéder
à l'inspection dans trois semaines, un mois ou dans un mois et demi. On
nous dit s'ils sont disponibles et on y va à ce moment-là.
On n'arrive pas là par surprise pour tenter de prendre qui que ce
soit en défaut. On ne va pas là pour prendre qui que ce soit en
défaut, mais pour tenter d'améliorer et de bâtir pour
l'avenir.
M. Marx: Bon, voilà. Si le patron d'une compagnie dit au
gérant d'une succursale qu'on va l'inspecter à la loupe d'ici
à un mois, il va se préparer en fonction de cette inspection. On
va arriver et tout sera propre. C'est comme un ministre qui dit qu'il va
inspecter la prison dans six mois. Ils vont avoir six mois pour se
préparer, pour mettre tout en ordre, avoir un repas de steak le jour
d'arrivée du ministre et ainsi de suite. On veut que les gens ne soient
pas tellement préparés.
M. Gosselin: Ce n'est pas une enquête de conduite.
Même si on les informait, pour les fins de la discussion, que nous allons
procéder à une inspection un mois plus tard ou un mois et demi
plus tard et que les correctifs qui doivent être apportés le
seraient avant notre arrivée, je dirais: Tant mieux!
M. Marx: Tant mieux! Dîner de steak pour le ministre, tant
mieux! Tous les détenus bénificient du lunch.
Une voix: Ou pour le député de D'Arcy McGee.
M. Marx: Ou pour le député de D'Arcy McGee. J'ai
déjà mangé en prison. Les blagues du député
de Rousseau... La commission visite-t-elle les lieux de détention, comme
cela se fait au Manitoba et ailleurs?
M. Gosselin: Lorsqu'on procède à l'inspection des
corps policiers, nous visitons l'ensemble des locaux du corps policier. De
fait, nous avons, il y a trois ou quatre ans, procédé suivant un
échantillonnage d'environ, si ma mémoire est bonne, 25 % des
lieux de détention de tous les corps policiers du Québec-. On
avait visité des lieux de détention de la Sûreté du
Québec, de la CUM et, dans divers corps policiers, il y a eu beaucoup de
correctifs qui ont été apportés mais, à l'occasion
d'inspection, on visite aussi les quartiers de détention.
On a même publié sur le 3ujet un guide à l'intention
des corps policiers sur les quartiers de détention dans les corps
policiers du Québec, sur les normes qui doivent s'appliquer et les
normes de sécurité tant pour la personne détenue que pour
les policiers eux-mêmes.
M. Marx: Avez-vous visité les cellules de la SQ à
Parthenais?
M. Gosselin: À Parthenais, non.
M. Marx: La SQ y a des cellules, une cinquantaine.
M. Gosselin: Non.
M. Marx: Pas encore. Vous avez sans doute lu le livre de Guy
Tardif "Police et politique au Québec", écrit en 1974. M. Tardif
est maintenant ministre au gouvernement du Québec. Cela a l'air qu'il va
retourner bientôt à l'Université de Montréal pour
continuer sa carrière de professeur. Il a parlé dans son livre,
aux pages 439 et suivantes, de l'ingérence politique dans le travail
policier. J'aimerais demander au président de la commission si la
commission a mis fin à cette ingérence politique dont il a
parlé dans son livre?
M. Gosselin: Je pense que oui. Lorsque la commission a
été établie, on a constaté dès le
départ qu'il y avait plusieurs municipalités où il y avait
de l'ingérence dans les activités du corps policier. Il est
arrivé même que, souvent, des directeurs de police soient
destitués, je dirais, dans certains cas sans cause. Les premières
années de la commission, nous recevions environ 25 à 30 appels
par année de directeurs destitués alors que, maintenant, on
en reçoit trois ou quatre par année. Parmi les trois ou
quatre que nous recevons, il y en a toujours une couple qui se désistent
en cours de route, si bien qu'on reste avec une couple d'appels dont nous avons
à disposer.
Je pense que, d'une façon générale, on peut dire
que l'action de la commission a eu pour effet de mettre fin à
l'ingérence de la petite politicaillerie dans l'administration et les
activités des corps policiers.
M. Marx: Autrefois, vous disiez que c'était surtout au
niveau du remplacement, du congédiement du directeur, concernant
l'engagement.
M. Gosselin: Cela allait plus loin que cela. On a vu une
municipalité, par exemple, où, à un moment donné,
le maire se présentait au bureau du chef de police tous les soirs pour
examiner toutes les plaintes, non seulement les noms des plaignants, mais des
suspects. On a mis fin à cela et la Loi de police a été
modifiée de façon que le contenu des enquêtes criminelles
demeure aux policiers et ne soit pas accessible aux membres du conseil. Je
pense que c'était valable parce qu'il y avait eu certains abus dans ce
domaine. (15 h 30)
M. Marx: Je pense qu'en vertu du droit administratif ou en vertu
du droit public, en vertu de la loi, le directeur de police a un pouvoir
autonome. Cela veut dire qu'il détient son pouvoir de la loi ou du
"common law", dans le sens que ce n'est pas nécessaire qu'il
réponde au maire en ce qui concerne ces enquêtes et ainsi de
suite.
M. Gosselin: Je n'irais pas aussi loin, M. Marx. Quant à
l'administration même du corps policier, le directeur ne peut pas
décider de l'embauche, il appartient aux municipalités de le
faire, quant aux dépenses aussi. Quant à l'activité
policière elle-même, cela relève de sa juridiction.
Les autorités municipales peuvent demander des redditions de
comptes, tout au moins quantitativement, sans que des renseignements
confidentiels provenant des dossiers d'enquêtes policières ne
soient révélés aux membres du conseil. Si cela va mal dans
une municipalité, on peut demander au directeur de police ce qu'il fait
pour remédier à la situation.
L'effectif
M. Marx: La conclusion de tout cela, c'est que ce serait
impossible de faire l'inspection de tous les corps de police selon un programme
triennal. Pour vraiment faire le travail, vous avez besoin de plus d'effectifs,
plus d'argent.
M. Gosselin: Dans ce domaine, oui.
M. Marx: Cela veut dire combien de personnes?
M. Gosselin: J'ai l'impression que, si on avait cinq ou six
personnes de plus à notre direction des conseillers, on pourrait arriver
à compléter notre programme triennal.
M. Marx: Les postes autorisés pour votre commission en
1984 étaient au nombre de 77; postes occupés: 74. Donc, vous
voulez dire que vous avez besoin de 33 à 85 postes autorisés.
M. Gosselin: D'environ 83, 85. Il faut dire qu'on a une partie de
notre effectif, plus particulièrement chez les membres, qui était
occupé au secteur du crime organisé jusqu'au 30 novembre dernier.
Depuis le 30 novembre dernier, on a quatre membres qui sont devenus disponibles
pour nos activités générales; c'est ce qui nous a permis
de commencer à reprendre une partie des retards accumulés au
chapitre des enquêtes.
Pour compléter nos inspections selon un programme triennal, je
pense qu'on aurait besoin d'environ cinq à six personnes de plus.
M. Marx: Est-ce que vous pouvez congédier les six pour
avoir les autres six?
M. Gosselin: Non. Les six que nous avons sont d'excellents...
M. Marx: Je ne veux dire pas les six qui font l'inspection, mais
six employés qui font autre chose à la commission pour...
M. Gosselin: Non. Qu'est-ce que vous vouiez? On a une
responsabilité en...
M. Marx: Pas congédier, je veux dire transférer
quelque part ailleurs au ministère de la Justice.
M. Gosselin: Non. On a besoin...
M. Marx: On a besoin de plus de monde.
M. Gosselin: On a besoin de tout le personnel que nous avons
présentement, et encore plus.
M. Marx: On a soulevé la question du personnel de la
commission. Dans chacun de vos rapports depuis 1970, vous dites que vous n'avez
pas assez de personnel; c'est toujours la même chose. En gros, l'effectif
autorisé, qui était de 83 postes en 1978, incluant les membres de
la commission, s'est stabilisé à 67 personnes au cours des
dernières années. En 1982, postes autorisés: 67; postes
occupés: 67. En 1983, postes autorisés: 67; postes
occupés: 67. En 1984, postes autorisés: 67; postes
occupés: 74. Comment se fait-il que
vous ayez besoin de personnel et qu'il y ait trois postes qui ne sont
pas comblés? C'est surprenant.
M. Gosselin: Il y avait un poste de conseiller juridique...
M. Marx: Mais il y a trois postes.
M. Gosselin: ...et un poste de conseiller était libre. Il
faut dire que, pour...
M. Marx: C'est un poste. Il y en a trois.
M. Gosselin: Oui, un conseiller juridique... Attendez un peu.
Une voix: Postes vacants.
M. Gosselin: Un conseiller juridique, un conseiller en
matière policière, un analyste en matière
policière. Ces trois postes étaient vacants. Depuis, on a
comblé un poste de conseiller juridique. Il reste deux postes à
combler, dont l'un est un conseiller, mais l'un de nos conseillers vient
d'être nommé directeur d'un corps policier. Il quitte la
commission et ce sera un autre poste à combler.
M. Marx: J'aurais pensé qu'une commission qui se plaint de
ne pas avoir assez d'effectifs aurait comblé ces postes assez vite.
M. Gosselin: On voudrait bien les combler. Les concours ont
été annoncés par le gouvernement. On a reçu
plusieurs demandes et aucune n'a fait le poids. Pour combler ces postes, nous
avons besoin de policiers d'expérience et, à cause de
l'échelle de salaire qui leur est offerte, ils ne sont pas
intéressés parce que, dans leur corps policier, elle augmente
beaucoup plus rapidement que dans l'appareil gouvernemental.
M. Marx: Donc, vous avez besoin de gens qui sont bien
payés?
M. Gosselin: D'abord, des gens bien formés qui ne
perdraient pas en venant chez nous.
M. Marx: Est-ce que les membres du personnel de la commission
sont surtout recrutés parmi d'anciens policiers?
M. Gosselin: Oui. Dans le secteur des enquêtes, tous nos
enquêteurs sont d'ex-membres de corps policiers, qui ont
démissionné de leur corps policier pour entrer dans la fonction
publique du Québec. Pour nos conseillers en matière
policière, c'est la même chose. Quant aux autres, c'est un
personnel...
M. Marx: Combien d'enquêteurs avez-vous?
M. Gosselin: Dix.
M. Marx: Dix. Combien de conseillers en matière
policière?
M. Gosselin: Six, plus un directeur.
M. Marx: Cela fait sept. Dix plus sept, cela fait dix-sept. Il
reste soixante personnes.
M. Gosselin: Actuellement, aux enquêtes, on a douze
personnes: un directeur, un adjoint au directeur à Montréal, un
adjoint au directeur à Québec et neuf enquêteurs.
M. Marx: Cela fait beaucoup de directeurs et de directeurs
adjoints pour neuf enquêteurs.
M. Gosselin: Oui, mais vous savez que le territoire du
Québec est grand et que les enquêtes que nous avons à faire
sont assez approfondies lorsqu'elles nous arrivent. Cela évite, dans
certains cas, d'entreprendre des enquêtes inutiles et de nuire à
des réputations inutilement, s'il n'y a pas, prima facie, des faits qui
justifient la tenue d'une enquête. Il faut y mettre le temps, parce qu'un
travail sérieux, cela ne se fait pas tout simplement en surface et je
pense qu'il faut l'approfondir, à l'occasion.
M. Marx: II y a trois chefs et neuf employés.
M. Gosselin: II y a un directeur du service...
M. Marx: Deux directeurs adjoints.
M. Gosselin: ...un directeur adjoint à Montréal, un
directeur adjoint à Québec et neuf enquêteurs.
M. Marx: Cela fait douze. Combien y a-t-il de conseillers en
matière policière? Sept?
M. Gosselin: II y a six conseillers et un directeur. Il y en a
sept.
M. Marx: Cela fait sept. Cela fait dix-neuf personnes. Il reste
donc cinquante-huit personnes à la commission.
M. Gosselin: Vous avez, à la page 17 du rapport de 1984,
la ventilation complète de nos effectifs et vous pouvez disséquer
l'ensemble du personnel de la commission.
M. Marx: Dans votre rapport de 1968, à la page 15, la
commission établit à 28 personnes, incluant les membres, le
personnel requis pour accomplir adéquatement sa tâche et
satisfaire aux devoirs et obligations imposés par la loi. Dans son
deuxième rapport annuel de 1969, à la page 13, la commission
estime qu'elle a besoin d'un effectif de 35 personnes. Dans son
troisième rapport annuel de 1970, à la page 18, la commission
prévoit que l'effectif devrait être porté à 40
personnes si l'on veut qu'elle remplisse adéquatement sa tâche et
qu'elle puisse satisfaire dans des délais raisonnables aux devoirs et
obligations imposés par la loi. Dans le rapport de 1971, à la
page 13, la commission disait que l'effectif devrait être porté
à brève échéance à 67 personnes. Dans le
rapport de 1978, page 12, la commission disait et je cite: "II est
évident que l'effectif actuel est insuffisant pour lui permettre de
satisfaire à toutes ses obligations dans des délais
raisonnables." Fin de la citation. Dans le rapport de 1979, page 18, la
commission disait que le nombre de postes requis était de 96, dont 92
postes permanents et 4 occasionnels. Dans le rapport de 1980, aux pages 20
à 22, la commission disait qu'il lui fallait 101 postes pour lui
permettre de s'acquitter dans des délais raisonnables des obligations
qui lui étaient dévolues par la loi. Dans le rapport de 1983,
page 21, la commission mentionne que l'effectif dont elle dispose est
insuffisant pour lui permettre de s'acquitter de ses responsabilités
dans des délais raisonnables dans deux domaines particuliers: celui de
la tenue d'enquêtes publiques et celui de l'inspection des corps
policiers. Dans son rapport de 1984, à la page 19, la commission
mentionne qu'elle vise à favoriser le programme gouvernemental
d'égalité d'accès à la fonction publique. Comment?
Cela n'était pas dit.
Premièrement, comment la commission, qui a toujours souffert d'un
manque d'effectif, a-t-elle pu s'acquitter de son mandat? Deuxièmement,
il y a quelques années, on a demandé un effectif de 101,
aujourd'hui on nous dit que 83 personnes cela serait suffisant.
M. Gosselin: Première des choses, puisque vous
référez à chacun des rapports depuis 1968, il faut vous
dire que d'année en année le volume de nos activités a
augmenté dans des proportions assez grandes. Vous avez dans chacun de
ces rapports le volume de travail dont nous avions à disposer. Il est
évident que le nombre d'enquêtes ou de demandes d'enquêtes
qui nous était formulé par les citoyens ie3 premières
années de la commission était beaucoup moindre qu'il ne l'est
présentement.
En 1980, quand de nouvelles obligations nous ont été
attribuées par les nouvelles dispositions de la loi, aucun effectif
additionnel ne nous a été octroyé. On nous a donné
l'obligation de procéder à l'inspection des corps policiers, mais
sans effectif additionnel, si bien que nos conseillers qui, jusqu'à ce
moment-là, s'occupaient de faire des études en profondeur sur les
corps policiers étaient les mêmes qui devaient aussi
procéder à l'inspection.
M. Marx: L'inspection, c'était en 1980?
M. Gosselin: Oui. La loi a été modifiée en
décembre 1979, mais les modifications entraient en vigueur le 1er juin
1980.
M. Marx: D'accord.
M. Gosselin: On a également eu l'obligation, à ce
moment, d'examiner la situation dans chacune des municipalités qui
demandaient d'être dispensées par le gouvernement d'abolir ou,
encore, de réduire l'effectif de leur corps policier, parce que la loi
prévoit que le gouvernement ne puisse pas prendre une décision
sans avoir obtenu l'avis de la commission. Alors, dans ces cas, il nous faut
examiner la situation qui prévaut dans la municipalité.
Nous devons, d'abord, suivant les dispositions de la loi, examiner
l'indice de la criminalité. Nous devons examiner les possibilités
d'ententes avec d'autres municipalités et aussi le sort
réservé aux policiers qui pourraient être affectés
par une abolition ou une réduction d'effectif.
Dans l'ensemble, ces services nécessitent du personnel pour s'en
occuper. On nous a également donné comme responsabilité
additionnelle le soin d'enquêter lorsqu'un groupe de citoyens, le
Procureur général ou une association de policiers reconnue
demandent à la commission de vérifier si une municipalité
dispense des services policiers adéquats.
Encore là, cela nécessite des effectifs pour faire tout
cela et ce sont toujours les mêmes effectifs auxquels on ajoute des
responsabilités, mais sans augmentation de ces effectifs. Si, d'une
année à l'autre, on a demandé des effectifs additionnels,
c'était à cause de l'accroissement du volume des affaires dont
nous avions à disposer.
M. Marx: Mais les chiffres clochent quelque part. En 1979, dans
votre rapport, vous dites que vous avez besoin de 96 postes. L'inspection a
été ajoutée en 1980, donc, vous n'avez pas l'inspection en
1979. Depuis, on a enlevé la prévention. Vous avez 77 en
effectifs maintenant et vous dites que vous avez besoin de seulement six
à sept pour avoir un organisme efficace. Je suis tout mêlé
dans mes chiffres maintenant.
M. Gosselin: C'est parce que là vous
n'avez considéré que ce dont on avait besoin à
l'inspection. À l'inspection, je vous dis que six à sept
pourraient combler nos besoins pour procéder suivant un plan triennal
à l'inspection des cadres policiers. Mais dans les enquêtes, nous
allons avoir besoin de plus d'enquêteurs et c'est ce qui s'est produit
cette année. Depuis le début de l'année, à cause
des retards accumulés dans ce domaine, il faut dire que pendant une
période d'environ un an et demi, nous n'avions qu'un membre disponible
pour présider de telles enquêtes. (15 h 45)
On a accumulé des retards et, depuis le 1er janvier,
on a au moins deux divisions par semaine qui ont siégé dans toute
la province dans les divers districts judiciaires pour reprendre le temps
perdu. On prévoit qu'il nous faudra encore y mettre environ un an pour
reprendre tous les retards accumulés; parce qu'on avait dit, dans nos
rapports antérieurs, que la situation souhaitable serait de pouvoir
procéder à la tenue d'une enquête dans les cas où il
y avait lieu à la tenue d'une enquête, parce que des faits prima
facie justifiaient la tenue d'une enquête, qu'on puisse l'entreprendre
dans les six mois de la réception de plainte. On n'a pas encore
réussi à pouvoir atteindre cet objectif.
M. Marx: On va passer à cette question plus tard, mais
vous avez parlé de six autres effectifs pour l'inspection.
M. Gosselin: Oui.
M. Marx: Combien d'enquêteurs vous manque-t-il,
d'après vous?
M. Gosselin: Nos enquêteurs ont été
occupés depuis le début de l'année aux enquêtes qui
se tenaient dans les divers districts, si bien qu'on a des plaintes qui nous
ont été formulées par des citoyens dont les faits n'ont
pas encore été vérifiés. Alors, j'ai l'impression
qu'il nous faudra encore quatre enquêteurs pour combler nos besoins dans
ce domaine.
M. Marx: Quatre enquêteurs, six effectifs pour
l'inspection. Manque-t-il d'autres effectifs? On veut régler cela d'un
seul coup.
M. Gosselin: Actuellement, tous les membres de la commission sont
pairés pour l'utilisation des secrétaires. Il n'y a pas de
membres, sauf le président et le vice-président, qui ont une
secrétaire attitrée. Actuellement, nos secrétaires sont
obligées de suffire à deux ou trois personnes, soit à deux
membres, soit à un conseiller juridique plus deux autres membres, etc.
Ce pairage évidemment... À un moment donné, il nous faudra
quelques secrétaires de plus. On a un autre inconvénient.
M. Marx: Oui, je vais chiffrer cela avant qu'on l'oublie: six,
quatre, trois secrétaires là.
M. Gosselin: Approximativement.
M. Marx: Quatre professeurs à l'Université de
Montréal à 60 000 $ se partagent une secrétaire, mais on
veut être plus généreux avec la Commission de police.
M. Gosselin: II ne s'agit pas d'être
généreux, il s'agit de pouvoir, dans des délais
raisonnables, assurer au public les services auxquels il a droit.
M. Marx: Trois secrétaires, quatre...?
M. Gosselin: Cela n'irait pas mal. Trois secrétaires, cela
irait très bien.
M. Marx: Trois secrétaires. On est rendu à 13
personnes. Il vous en manque 13...
M. Gosselin: Oui. Avec les 77 dont nous disposons
présentement comme effectif autorisé, cela ferait 90; avec cela,
on va pouvoir s'organiser. Tous nos professionnels auront pris aussi de
l'expérience au cours des années, si bien que des
responsabilités où il nous fallait nous faire la main, si vous
voulez, avant de les entreprendre, ont été
améliorées. Mais encore là, cela dépendra du
volume, M. Marx. Si notre volume d'enquêtes va en s'accroissant, il est
possible que l'an prochain, si vous nous invitez à revenir
comparaître devant vous - cela nous fera plaisir - on vous dise: M. Marx,
l'an dernier, on vous a dit qu'il nous fallait treize personnes additionnelles,
mais ce n'est plus cela, parce qu'on a un accroissement de volume. Au lieu
d'avoir reçu 250 ou 275 plaintes...
M. Marx: Avez-vous un accroissement de volume depuis quelques
années?
M. Gosselin: On en a toujours eu sauf que, pour 1984, le nombre
de demandes d'enquêtes a diminué par rapport à 1983. Cette
année, on va dépasser le nombre de demandes d'enquêtes que
nous avons reçues l'an dernier. Il y a aussi le fait qu'on a certaines
enquêtes qui ont été assez longues. On a une enquête
en cours actuellement qui est rendue à sa septième semaine. On en
a une autre qui est rendue à sa cinquième semaine. Il faut mettre
le temps pour ces enquêtes. Quand il y a une batterie d'avocats, qu'il y
a plusieurs intérêts en jeu, il faut écouter tout le monde
et certaines enquêtes sont longues. On ne peut pas prévoir la
durée des enquêtes, sauf vous dire
qu'année après année, on a un certain nombre
d'enquêtes qui sont plus longues que d'autres et il faut y mettre le
temps. Pendant que ces enquêtes fonctionnent, nos enquêteurs ne
sont pas disponibles pour vérifier les faits à la suite des
plaintes que nous recevons.
M. Marx: II faut admettre que la CECO a été
enlevée.
M. Gosselin: Oui.
M. Marx: Maintenant, cela...
M. Gosselin: Ce qui nous a justement permis, à la fin des
travaux de la CECO, de récupérer quatre membres dont trois
peuvent maintenant présider des enquêtes. C'est ce qui nous permet
graduellement de reprendre le temps perdu.
M. Marx: Bon, voilà. Maintenant, nous sommes en 1985, vous
avez 77 effectifs autorisés, vous avez 74 postes occupés et vous
dites qu'avec treize effectifs additionnels pour faire des postes
autorisés de 90, vous aurez assez de personnel pour faire un travail
superexcellent.
M. Gosselin: Je dirais que le travail que nous faisons
présentement, sans vouloir nous tirer des fleurs - parce que ce n'est
pas à nous de le faire...
M. Marx: Cela est super...
M. Gosselin: ...je dirais qu'il est excellent et qu'il est de
qualité, sauf qu'il y a des lenteurs qui...
M. Marx: D'accord. C'est ce que j'ai voulu dire par
"superexcellent". Le "super", c'est pour combler les lenteurs.
M. Gosselin: C'est cela.
M. Marx: Mais dans son rapport de 1980, aux pages 20-22, la
commission disait qu'il lui fallait 101 postes pour lui permettre de
s'acquitter dans des délais raisonnables des obligations qui lui
étaient dévolues par la loi. En 1980, c'était 101 postes.
Aujourd'hui, c'est seulement 90. Qu'est-ce qui a fait que vous avez besoin de
moins de postes aujourd'hui qu'en 1980? On vous a enlevé la CECO. Je
pense que...
M. Gosselin: Oui, c'est justement. N'ayant plus la CECO, on n'a
plus besoin d'autant de personnel. Il faut dire aussi que notre personnel est
réparti... La grosse partie du personnel, des effectifs, est
située dans nos bureaux de Québec. Nous avons au palais de
justice de Montréal trois modules au quatorzième étage qui
ne sont pas reliés les uns aux autres, mais qui sont sur le même
étage. On avait aussi une autre partie de nos effectifs dans
l'édifice de Parthenais. Ce qu'on voudrait faire, c'est pouvoir
centraliser pour la région de Montréal tous nos effectifs au
même endroit, de façon qu'il y ait quelqu'un qui puisse avoir la
charge et la responsabilité...
M. Marx: Oui, mais comment... Pour moi, il manque un peu de
logique dans tout cela. Car en 1979, dans votre rapport, vous demandez 96
postes. En 1980, vous demandez 101 postes. Aujourd'hui, cela est réduit
à 90. Il manque une logique dans les chiffres. Peut-être que vous
pouvez expliquer cela. Je vous le dis: pour quelqu'un qui vous a
écouté, quelqu'un qui a lu tous les rapports, les demandes ne
semblent pas logiques. Peut-être que ce n'est pas logique aujourd'hui.
Peut-être que ce n'était pas logique en 1979. Peut-être que
ce n'était pas logique en 1980. Mais je ne sais pas comment vous pouvez
faire un travail rapide - excellent, on tient cela pour acquis - aujourd'hui
avec 90 personnes, alors qu'en 1980, cela aurait pris 101.
M. Gosselin: On avait la CECO à ce moment-là pour
laquelle il y avait certains effectifs, et on espère pouvoir centraliser
notre bureau de Montréal ensemble. L'expérience nous
démontre qu'avec 90 et le volume présent d'activités, on
pourra réussir. Si le volume devait augmenter, il nous faudrait
augmenter encore.
M. Marx: Peut-être que si on attend une couple
d'années, quand vous allez revenir à la commission, les effectifs
requis seraient de seulement 80. Le problème serait réglé
par lui-même. Vous parlez dans votre rapport de 1984 de favoriser les
programmes gouvernementaux d'égalité d'accès à la
fonction publique. Comment? Comment voulez-vous faire cela?
M. Gosselin: Quant à nous, évidemment,
l'accès à nos postes... tous les postes sont accessibles à
toute personne et je vous dirai que si on parle d'accès à des
femmes, j'ai déjà même tenté d'intéresser des
femmes à venir à la commission et j'ai l'impression que cela les
intéressait grandement, mais qu'elles préféraient prendre
une expérience ailleurs avant de venir chez nous. Évidemment, ce
n'est pas nous qui faisons les nominations, sauf que pour les domaines
spécialisés tels les enquêtes et l'inspection, il nous faut
des personnes spécialisées en la matière.
M. Marx: Mais c'est sûr que si on n'engage pas de femmes
policières, on ne forme pas d'experts. Donc, il n'y a pas de personnel,
pas de femmes pour engager à la commission, mais...
■
M. Gosselin: C'est... M. Marx: Oui, M...
M. Gosselin: Les femmes qui se sont engagées dans les
corps policiers n'auraient pas encore atteint l'expérience requise pour
agir comme conseillères en matière policière. Cela prend
plus que quatre ou cinq ans d'expérience.
M. Marx: Est-ce qu'il y a des Québécoises dans
d'autres corps de police, dans la GRC ou...
M. Gosselin: Oui.
M. Marx: Ce serait peut-être une bonne idée.
M. Gosselin: Sûrement, si on peut leur offrir un traitement
équivalent et qu'elles ne perdent rien. Mais on ne pourra
intéresser qui que ce soit, même d'un corps policier du
Québec, à venir à la commission si on ne peut leur offrir
une échelle de traitements qui soit comparable à celle des corps
policiers selon l'expérience requise pour les travaux que nous avons
à leur faire faire à la commission. On ne peut pas prendre des
recrues qui sortent de l'institut et les désigner comme conseillers ou
comme enquêteurs; cela prend des policiers d'expérience et la
difficulté de recrutement dans ce secteur, c'est l'échelle de
traitements.
M. Marx: Quand le gouvernement nomme des membres à la
commission, est-ce que vous êtes consulté?
M. Gosselin: Oui.
M. Marx: N'avez-vous jamais suggéré le nom d'une
femme comme membre de la commission?
M. Gosselin: Oui.
M. Marx: Vous avez suggéré le nom de femmes comme
membres de la commission et cela a été refusé par le
gouvernement.
M. Gosselin: Non.
M. Marx: Cela n'a pas été retenu.
M. Gosselin: Non, ce n'est pas cela, c'est que les femmes dont
les noms ont été suggérés n'ont pas consenti
à venir à la commission.
M. Marx: Comme membre de la commission.
M. Gosselin: Comme membre de la commission.
M. Marx: En quelle année?
M. Gosselin: Au cours des deux dernières
années.
M. Marx: Est-ce que des hommes ont refusé de devenir
membres de la commission aussi?
M. Gosselin: Par nous? M. Marx: Oui.
M. Gosselin: Nous n'avons jamais refusé qui que ce
soit.
M. Marx: Non, mais vous dites que les femmes ont refusé de
devenir membres. Est-ce qu'il y a des hommes qui ont déjà
refusé aussi?
M. Gosselin: Oui.
M. Marx: Donc, c'est la même chose. Il faut mettre d'autres
noms sur la table.
M. Gosselin: II faut dire que nous avons un effectif
autorisé de onze membres à la commission et, actuellement, nous
avons onze membres à la commission. Il ne se produit pas de vacance de
jour en jour et ce n'est qu'à l'occasion d'une vacance qu'il est
possible de tenter d'intéresser des personnes à devenir membres
de la commission.
M. Marx; Je vous ai posé cette question en fonction de
votre rapport de 1984. Vous avez mentionné que la commission vise
à favoriser le programme gouvernemental d'égalité
d'accès à la fonction publique, mais comment envisagez-vous de le
faire?
M. Gosselin: Je pense que, si une femme était
nommée membre de la commission, ce serait excellent. Je pense que
pour...
M. Marx: Mais cela ne dépend pas de vous, cela
dépend...
M. Gosselin: C'est le gouvernement qui les nomme.
M. Marx: Oui, mais qu'est-ce que vous allez faire, dans votre
commission?
M. Gosselin: Nous...
M. Marx: Non pas engager des secrétaires féminines;
cela, on le sait.
M. Gosselin: Non, je c omprends, vous parlez de conseillers,
d'enquêteurs ou de
membres.
M. Marx: D'enquêtrices, oui.
M. Gosselin: Pour ce faire, il faudrait que des femmes
d'expérience en fassent la demande et que leur expérience soit
reconnue valable pour les travaux qu'elles auront à faire chez nous.
Mais, comme je vous le disais, puisque cela ne fait que quelques années
que des femmes sont embauchées dans des corps policiers, il y en a
très peu - je doute même qu'il y en ait -parmi les femmes ayant
été embauchées il y a quatre ou cinq ans, qui pourraient
avoir l'expérience requise pour agir comme conseillères en
matières policières ou comme enquêteuses à la
commission.
M. Marx: Mais peut-être qu'il serait bon d'engager une
couple de femmes avocates, une couple de femmes criminologues, une couple de
femmes... je ne sais pas, dans d'autres spécialités.
M. Gosselin: Nous sommes d'accord avec cela.
M. Marx: Parce qu'on forme d'excellentes criminologues au
Québec, sans parler d'excellentes avocates.
M. Gosselin: Vous avez parfaitement raison.
M. Marx: Dans les facultés de droit, elles sont 50 %, les
femmes; il ne faut pas faire de discrimination consciente, si je puis dire. On
fait de la discrimination systémique et, pour toutes sortes de raisons,
les femmes sont un peu exclues.
Cela me fait bien plaisir d'entendre que la commission est prête
à favoriser un programme d'accès à l'égalité
et je pense qu'il faut prendre des mesures concrètes et non pas laisser
cela au hasard. La porte ouverte, ce n'est pas assez. Il faut aller les
chercher dans d'autres corps de police, au cas où vous voudriez engager
des policiers pour ces postes, ou il faut vraiment demander au directeur de
l'École de criminologie de l'Université de Montréal s'il y
a telle ou telle personne. Il faut demander au doyen de la Faculté de
droit de l'Université de Montréal. Vous voyez que je ne parle que
de l'Université de Montréal; j'ai un préjugé.
J'imagine que si vous faites un effort conscient pour vraiment aller
chercher des femmes pour des postes vacants vous allez en trouver, et comme
vous avez trois postes vacants il serait peut-être bien de commencer
là. (16 heures)
M. Gosselin: Parmi les trois postes vacants vous avez deux postes
de conseillers en matières policières et un poste de
secrétaire. Comme je vous l'ai dit.
M. Marx: Secrétaire, cela va.
M. Gosselin: Secrétaire de la commission.
M. Marx: Le secrétaire est un avocat.
M. Gosselin: Le secrétaire de la commission? On en a un et
je pense...
M. Marx: Non, le secrétaire que vous avez
demandé.
M. Gosseiin: Je n'ai pas d'objection à cela.
M. Marx: Et l'autre cas, conseillers en matières
policières.
M. Gosselin: Non, ce n'est pas possible parce qu'il n'y a pas de
femmes actuellement...
M. Marx: Avez-vous jamais essayé d'en trouver une?
M. Gosselin: Non.
M. Marx: Comment savez-vous qu'il n'y en a pas?
M. Gosselin: On n'a pas essayé d'en trouver mais les
concours sont publiés partout dans la province. On reçoit des
applications, mais encore faut-il que les personnes qui appliquent aient
l'expérience requise pour pouvoir exécuter les travaux de
conseillers. On ne peut pas envoyer quelqu'un qui a trois ou quatre
expériences dans la police discuter avec un directeur de police de
l'administration de son corps policier et des opérations
policières. Il faut un policier chevronné.
Le Président (M. Gagnon): Mme la députée de
Jonquière.
Mme Saint-Amand: Ma question serait peut-être la suivante,
M. le Président.
M. Gosselin: Si vous me permettez, j'ajouterais quelque chose. Au
dernier concours qui a été ouvert pour les conseillers - c'est M.
le juge Boily qui a présidé le comité de sélection
- il y avait trois femmes et aucune n'avait l'expérience requise pour
remplir le poste de conseiller.
M. Marx: Peut-être l'expérience requise pour le
poste de conseiller favorise-t-elle les hommes?
M. Gosselin: Non, cela ne favorise pas
les hommes, mais il faut que ce soit des policiers
d'expérience.
M. Marx: Je vous conseille bien gentiment de consulter la
Commission des droits de la personne et de voir comment il serait possible pour
la Commission de police de faire un pas en avant dans ce dossier des programmes
d'accès à l'égalité. Je n'ai pas l'expertise et je
pense que les gens autour de la table ne l'ont pas non plus, mais il serait bon
de demander à la Commission des droits de la personne de voir comment on
pourrait faire pour engager des femmes. C'est bien drôle. À la
Commission des droits de la personne il y a beaucoup de femmes cadres. Dans
d'autres organismes cela manque. Il serait peut-être utile pour la
Commission de police de consulter la Commission des droits de la personne afin
de voir comment on pourrait faire en sorte d'avoir plus de femmes à la
commission en respectant les lois, etc.
M. Gosselin: Encore faudrait-il que nous ayons des vacances.
M. Marx: II y en a deux. M. Gosselin: Oui.
M. Marx: Deux ou trois. Peut-être quelqu'un va-t-il
démissionner, sera muté ou peut-être le gouvernement vous
donnera-t-il les treize postes qui vous manquent.
M. Gosselin: On a peut-être ce risque là parce que,
parmi nos conseillers et nos enquêteurs qui sont des policiers de grande
valeur, certains sont susceptibles d'être attirés par des
municipalités pour devenir directeur de leur corps policier. Au cours
des années, il est inévitable qu'on perde de nos effectifs
actuels qui sont bien formés et qui sont des gars de valeur. Ce pourrait
être des femmes de valeur aussi si elles avaient
l'expérience requise.
Le Président (M. Gagnon): Mme la députée de
Jonquière.
Mme Saint-Amand: M. le Président j'aimerais savoir du
président, lorsqu'il parle de policiers chevronnés, de policiers
de carrière, ce que cela peut être un policier chevronné.
Est-ce quelque chose qui se calcule au nombre d'années au cours
desquelles il ou elle a exercé sa profession ou si c'est plutôt en
termes de qualité de son service au poste qu'il ou elle a pu occuper.
Comment évaluez-vous cela? J'imagine qu'il y a des critères de
sélection quand même.
M. Gosselin: Je vais demander à M. le juge Boily, qui
préside ces comités...
Mme Saint-Amand: Oui.
M. Gosselin: ...de répondre à votre question. Il va
vous donner une réponse encore plus précise. Mais la
qualité et l'expérience des personnes en cause qui font une
demande d'emploi chez nous entrent en ligne de compte.
Le Président (Mo Gagnon): M. le juge Boily.
M. Boily (Raymond): II faut cinq ans d'expérience
policière, Mme la députée, et quatorze ans de
scolarité.
Mme Saint-Amand: Cinq années d'expérience
policière...
M. Boily: Oui, il y a...
Mme Saint-Amand: ...peu importe le poste qu'ils ont
occupé.
M. Boily: Conseiller.
Mme Saint-Amand: Ce n'est pas nécessaire qu'ils aient
été chef de police ou...
M. Boily: Excusez-moi, c'est seize ans de scolarité.
Mme Saint-Amand: Seize ans?
M. Boily: Seize ans de scolarité, cinq ans
d'expérience policière.
Mme Saint-Amand: Mais pas nécessairement comme chef de
police?
M. Boily: Non, non. Cinq ans d'expérience
policière, pas nécessairement dans un corps de police reconnu. Ce
pourrait être, par exemple, policier aux ports nationaux. Mais cela prend
cinq ans d'expérience dans les activités policières et
3eize ans de scolarité. Au dernier concours, il y a trois dames qui se
sont présentées. Évidemment, seize ans de scolarité
et cinq ans d'expérience en matière policière,
déjà, cela mène un candidat un peu au-delà de la
trentaine, vous imaginez bien. Aucune de ces candidates ne remplissait les
normes requises. Il y en a une, par exemple, qui était avocate, qui
avait deux ou trois ans d'expérience au Barreau, mais aucune
expérience policière. Sa formation académique était
certainement valable, mais l'expérience policière n'y
était pas.
Mme Saint-Amand: Est-ce que vous...
M. Boily: Remarquez bien qu'on a dû éliminer
certains candidats pour la même raison. Leur dossier académique
était
excellent, mais ils n'avaient pas d'expérience
policière.
Mme Saint-Amand: Est-ce que vous reconnaîtriez comme de
l'expérience policière, par exemple, une personne qui oeuvre dans
le milieu carcéral comme directeur d'institution ou autrement?
M. Boily: Je ne sais pas. Ce serait sujet à
appréciation. Vous dites dans le milieu carcéral comme
gardien?
Mme Saint-Amand: Oui, ou encore comme directeur ou directrice de
prison, je ne sais pas. Une personne qui oeuvre dans les milieux...
M. Marx: À Kingston, c'était une femme.
M. Boily: Évidemment, il va y avoir un problème.
Cette personne qui aurait été dix ans directeur de prison
serait-elle en mesure de conseiller un directeur de police dans les
activités policières? Vous savez, ce n'est pas le même
domaine du tout. En apparence, c'est connexe, mais est-ce que ce sont bien des
activités policières au sens où on le requiert? Je doute
fort que ce soit reconnu comme valable.
Mme Saint-Amand: Merci.
Le Président (M. Gagnon): Cela va? M. le
député de D'Arcy McGee.
M. Marx: Juste une question très précise. Quand
nous avons adopté les crédits du ministère de la Justice,
on a étudié le contrat 15513351-9 - je m'excuse, c'était
plutôt un engagement financier. Je cite le contrat: "Contrat de services
pour agir à titre de chargé de recherche afin d'effectuer un
relevé des dossiers concernant les diverses facettes de la
criminalité au Québec pour lesquels la Commission de police du
Québec a procédé à des enquêtes en vue de
dresser un bilan des activités de la commission dans ce domaine pour une
période de 30 semaines. Fournisseur: Richard Casimir...
Une voix: Kedzior.
M. Marx: ...Kedzior, Montréal. Montant de l'engagement: 27
600 $. Imputation budgétaire 1984-1985, 11 830 $; 1985-1986, 15 770 $."
Est-ce que vou3 pouvez nous expliquer quel est l'objet de ce contrat? Et qui
est ce M. Kedzior?
M. Gosselin: M. Kedzior est de l'École de criminologie de
Montréal, M. Cordeau aussi, Pierre Tremblay aussi, Daniel Élie
aussi. Il y avait aussi le professeur Patrice Garant de l'Université
Laval qui a procédé à l'étude du cadre juridique
d'une telle enquête.
M. Marx: À Kedzior c'était un contrat. Ce n'est pas
un contrat à quatre personnes. C'est un contrat à une
personne.
M. Gosselin: Non. C'est-à-dire que c'est un contrat
individuel avec chacune de ces personnes pour un certain nombre d'heures de
travail, mais le CT était global.
M. Marx: Je m'excuse, M. le Président. Est-ce que vous
voulez dire qu'il y a quatre contrats à 27 600 $, ou s'il y en a un seul
et l'argent sera partagé entre quatre personnes? Dans l'engagement
financier que nous avons approuvé, nous avons vu que le fournisseur est
M. Kedzior. On n'a pas vu d'autres noms.
M. Gosselin: Dans la demande de CT et dans le CT lui-même
on voit les autres noms - suivant mon souvenir. Il y a une série de
contrats passés avec chacune de ces personnes. Pour M. Kedzior il y
avait 27 000 $ qui étaient prévus; pour M. Cordeau, on avait
prévu 9374 $ et quelques cents; pour Pierre Tremblay, on avait
prévu 5835,46 $; pour Daniel Élie, 2200 $, si bien que le total
se répartissait sur deux exercices financiers, soit 15 000 $ sur
l'exercice 1984-1985 et 36 826 $ sur l'exercice 1985-1986.
L'autorisation était pour un montant global de 60 900 $ mais,
selon ce que m'indique le directeur de l'administration ici, le coût de
l'étude a été de 51 826,70 $.
M. Marx: Est-ce que tout cela était approuvé? Le CT
était approuvé. Tout était approuvé.
M. Gosselin: Ah! Oui. Le CT était approuvé et
m'autorisait, à titre de président de la commission, à
signer un contrat individuel avec chacune de ces personnes.
M. Marx: Donc, c'est un montant total de 51 000 $ à peu
près.
M. Gosselin: C'est-à-dire que l'autorisation était
pour 60 900 $, mais le coût global a été de 51 826,70,
selon ce qui m'est indiqué par le directeur de l'administration.
M. Marx: Et M. Kedzior est payé à même ce
montant.
M. Gosselin: À même ce montant. Ils ont tous
été payés à même ce montant.
M. Marx: Donc, il nous manque des engagements financiers.
C'était peut-être dans un autre mois.
Le Président (M. Gagnon): II nous reste à
étudier les engagements financiers d'avril, mai et juin. Alors, on doit
avoir l'explication dans un prochain engagement financier.
M. Marx: Quand avez-vous signé ces contrats?
M. Gosselin: Si ma mémoire est bonne, cela a
été signé, je pense que c'était au mois de janvier
ou février 1985. Nous avons demandé le décret au cours du
mois de décembre, si ma mémoire est bonne, ou au début de
janvier. Dès qu'on l'a eu, on a signé tous les contrats avec ces
intervenants.
M. Marx: Est-ce que la recherche est terminée ou non?
M. Gosselin: La recherche est terminée et le rapport a
été transmis au ministre de la Justice au cours du mois de
juillet 1985.
M. Marx: Bon, il n'a pas eu le temps de le lire parce qu'il est
pris avec d'autres choses.
M. Gosselin: Je ne lui ai pas demandé s'il l'avait lu. Il
faudra le lui demander.
M. Marx: Est-ce qu'il a envoyé un accusé de
réception?
M. Gosselin: Ah! Oui.
M. Marx: II a fait cela. Bon. Est-ce que la commission peut avoir
une copie de ce rapport?
M. Gosselin: Je pense qu'il appartiendrait au ministre de la
Justice de décider s'il le rend public.
M. Marx: Vous êtes un organisme autonome.
M. Gosselin: On est un organisme autonome, mais lorsque des avis
sont transmis au ministre de la Justice, je pense qu'il lui appartient de les
communiquer.
M. Marx: Est-ce que cette étude a été faite
à votre propre suggestion ou est-ce que le ministre a
demandé...
M. Gosselin: Le ministre de la Justice nous avait demandé,
lors du dépôt du rapport sur la dernière facette
enquêtée par la division de l'enquête sur le crime
organisé, de faire procéder à une évaluation de
l'ensemble de l'enquête de la commission sur le crime organisé; de
plus, d'examiner les effets de ces enquêtes et aussi les propositions
d'avenir. Alors, cette enquête a été faite par ce groupe
quant à l'évaluation des travaux de la commission, par ce groupe
de travail soit MM. Kedzior, Cordeau, Tremblay, et le professeur Êlie.
Quant au professeur Garant de l'Université Laval, il a
préparé une étude du cadre juridique d'une telle
enquête et nous avions aussi demandé à la
Sûreté du Québec de nous brosser le tableau de la situation
de la criminalité au Québec dans le domaine du crime
organisé en se replaçant, si vous voulez, au début de
1985, rapport qui nous a été soumis par la Sûreté du
Québec et qui a été aussi remis au ministre de la
Justice.
Ce rapport au ministre de la Justice comprenait le rapport du groupe
Kedzior, avec un deuxième volume contenant des annexes, l'étude
du professeur Garant et aussi le rapport de la Sûreté du
Québec.
Le Président (M. Gagnon): Au sujet de l'engagement
financier que vous avez mentionné, je pourrais vérifier à
savoir qu'il y a seulement M. Kedzior qui apparaît à l'engagement
que vous avez mentionné. C'est que les autres ne montaient pas à
25 000 $. Ce sont les engagements d'au-dessus de 25 000 $ qui paraissent dans
les engagements financiers.
M. Marx: C'est ça. M. le Président, est-ce qu'on
pourrait...
M. Gosselin: On pourrait vérifier. Je pense que j'ai
peut-être une copie du CT.
M. Marx: Nous acceptons cette explication du président que
c'est en bas de 25 000 $ et que ce n'était pas nécessaire que ce
soit approuvé par l'Assemblée nationale. Peut-on demander au
secrétaire de notre commission de demander au ministre de la Justice une
copie de son rapport? J'imagine qu'il n'y a pas de secret d'État
là-dedans.
Le Président (M. Gagnon): Nous allons transmettre...
M. Marx: II est très difficile de faire le travail de
député quand on n'a pas accès aux documents et que tout le
monde y a accès sauf les députés. Il y a des documents qui
circulent au gouvernement et dans des organismes au Québec, tout le
monde en a une copie, sauf les députés de l'Opposition. Le
ministre vient souvent ici nous dire que ce sera disponible, mais cela n'arrive
jamais. Cela est un autre problème qu'on va régler avec un
changement de gouvernement ou avec le changement du ministre de laJustice, parce qu'on souhaite en avoir un bientôt à temps
plein.
Une voix: Cela est un petit message commercial?
Le Président (M. Gagnon): Là-dessus, M. le
député de D'Arcy McGee et les autres, je pense qu'on devrait
prendre cinq minutes comme on a fait dans la matinée. Je suspens les
travaux pour cinq minutes,
(Suspension de la séance à 16 h 2Q)
(Reprise à 16 h 42)
Le Président (M. Gagnon): On est prêt. On recommence
nos travaux. M. le député de D'Arcy McGee. C'est-à-dire on
poursuit nos travaux; on ne recommence pas.
Qualités requises pour devenir directeur d'un
corps policier municipal
M. Marx: J'aimerais peut-être poser certaines questions en
fonction du règlement 13 relatif aux qualités requises pour
devenir directeur d'un corps policier municipal. "Depuis quatorze ans, la
Commission dans l'exercice de son rôle-conseil, procède, sur
demande des municipalités intéressées, à
l'évaluation des candidats au poste de directeur de police et, ce, sans
frais de la part des municipalités." C'est dans votre rapport de 1984,
à la page 34. "La municipalité conserve cependant - comme on l'a
dit il y a quelques minutes - sa prérogative quant à la section
finale, c'est-à-dire qu'elle peut embaucher l'un des candidats
jugés aptes par la Commission ou tout autre candidat de son choix, pour
autant que cet autre candidat satisfasse aux exigences du règlement
numéro 13 de la Commission." Les municipalités ne sont pas tenues
de faire appel à la commission pour l'évaluation des candidats au
poste de chef de police, mais qui est mieux placé que la commission pour
faire un tel travail? C'est une question que je pose et la réponse est
évidente. Est-ce que toutes les municipalités se prévalent
de ce service?
M. Gosselin: Non, la majorité mais non pas toutes.
M. Marx: Pourquoi?
M. Gosselin: Pourquoi? Je n'ai pas de réponse à la
question, sauf celle de vous dire que, dans certaines grandes
municipalités, Québec par exemple, nous n'avons pas
été consultés, mais nous savons que M. Bergeron, directeur
général adjoint de la Sûreté du Québec, a
été nommé directeur. C'était une personne
extrêmement bien qualifiée, mais on n'a pas eu à
procéder à son évaluation.
Dans quelques municipalités, on n'a pas requis nos services pour
procéder à l'évaluation des candidats, mais, dans la
majorité des cas, on l'a fait. Généralement, on fait
parvenir la liste des noms des candidats qui ont réussi l'examen et
l'entrevue à la municipalité et elle choisit la personne parmi
ceux qui y paraissent, mais non pas nécessairement.
M. Marx: Est-ce que le règlement 13 a été
modifié récemment?
M. Gosselin: Non.
M. Marx: Les critères de sélection ont-ils...
M. Gosselin: Ce sont les mêmes. Depuis l'adoption de ce
règlement, il n'y a pas eu de modifications. De fait, c'est le dernier
des règlements adoptés par la commission. C'est le dernier qui
est entré en vigueur et c'est entré en vigueur... Je ne sais pas
si on a une date ici. Cela doit faire quatre ou cinq ans environ que ce
règlement est en vigueur et anciennement, on avait établi des
normes pour l'embauche des policiers. (16 h 45)
À la base, au début, on avait certaines exigences et quand
on arrivait a la tête, il n'y avait absolument aucune espèce
d'exigence. Je pense qu'en ayant adopté ce règlement, on assure
davantage la qualité des personnes qui seront appelées à
diriger des corp3 policiers. Cela évite aussi le favoritisme qui
pourrait exister dans certains milieux. Si on choisit une personne qui
rencontre les normes, elles ne sont pas obligés de prendre avantage de
notre service d'évaluation, sauf qu'on sait que la majorité des
municipalités n'aurait pas les personnes-ressources pour procéder
à l'évaluation des candidats et c'est probablement dans ces
cas-là qu'on fait appel à nos services. Comme je le disais ce
matin, ce comité d'évaluation est constitué de cinq
personnes, trois représentants de la commission, un représentant
de l'Association des chefs de police du Québec et un représentant
de la Sûreté du Québec.
M. Marx: C'est évident que Montréal n'a pas
consulté la commission.
M. Gosselin: Dans le cas de Montréal, c'est une exception
et vous remarquerez que le règlement 13 ne s'applique pas à la
Communauté urbaine de Montréal parce que c'est le gouvernement du
Québec qui désigne le directeur à Montréal.
M. Marx: Le directeur de police?
M. Gosselin: Oui, le directeur de police.
M. Marx: Oui, c'est cela. Vous avez raison. Les gens...
M. Gosselin: Remarquez bien...
M. Marx: Oui, je m'excuse.
M. Gosselin: ...qu'il serait peut-être
préférable que toutes les municipalités soient tenues de
se prévaloir de ce service, mais je ne pense pas que, dans l'état
actuel de la législation, on puisse, nous, par un règlement,
forcer une municipalité à prendre avantage de ce service. Je
pense qu'il faudrait que la modification soit faite dans la loi et non dans la
réglementation.
M. Marx: Les gens disent que la Commission de police est en
conflit d'intérêts ou en conflit je ne sais pas s'il faut ajouter
le mot "intérêts" - en ce qui concerne toute cette question des
directeurs de police, parce que c'est la commission qui les propose, c'est la
commission qui les sanctionne de temps à autre et ainsi de suite. Est-ce
qu'il y a un conflit? Vous comprenez ce que je veux dire.
M. Gosselin: Oui, oui. D'abord, je vous dirai que ce n'est pas la
commission qui les propose. Lorsqu'une commission fait appel à nos
services pour l'évaluation de ses candidats, notre procédure
prévoit que la municipalité doit publier un avis dans les
journaux pour offrir le poste et indiquer que le poste est vacant. Par la
suite, les candidats doivent soumettre leur curriculum vitae à la
municipalité elle-même qui nous Ies transmet. Une fois transmis),
on examine parmi ces curriculum si tous rencontrent les exigences du
règlement, à la suite de quoi il y a un examen écrit et
par la suite, une entrevue. Je ne pense pas qu'il y ait conflit
d'intérêts parce que ce n'est pas nous qui embauchons. On indique
tout simplement à une municipalité si tel candidat, qui veut
devenir le directeur, possède les qualités requises pour devenir
directeur d'un corps de police. Je ne crois pas qu'il y ait de conflit dans ces
domaines.
M. Marx: Non, mais est-ce que cela veut dire qu'il n'y a pas un
conflit peut-être ouvert, mais un conflit... pas un conflit explicite,
mais un conflit implicite. C'est parce que vous avez un mot à dire sur
le choix.
M. Gosselin: Tout simplement sur la qualité et non sur le
choix.
M. Marx: D'accord, sur la qualité...
M. Gosselin: On ne dira jamais à une
municipalité...
M. Marx: ...mais vous allez dire: C'est un bon gars et
après, la commission va faire une enquête sur la personne que la
commission a évaluée comme étant un bon choix
possible.
M. Gosselin: Non. C'est que... L'évaluation se fait de ses
qualités administratives et opérationnelles. Il est arrivé
dans certaines municipalités - je retourne en arrière et avant
l'adoption d'un tel règlement - qu'on constate qu'il y avait des normes
pour l'embauche, mais qu'il n'y avait pas de normes pour les postes de
directeur. J'ai vu dans une municipalité qu'une personne avait
été nommée directeur de police alors qu'elle n'avait
jamais oeuvré dans aucun corps policier. Cet homme est devenu directeur
parce qu'il n'y avait pas de règlement fixant des normes minimales.
Nous ne faisons pas de choix, nous indiquons simplement à la
municipalité la liste de ceux qui sont aptes, qui possèdent les
qualités requises pour remplir le poste, qui ont l'expérience
voulue pour le poste. Il est évident que s'il s'agit de procéder
au choix d'un directeur d'un corps de police de cinq policiers, on sera moins
exigeant que s'il s'agit d'un corps de 150 policiers. Les critères sont
les mêmes, sauf que les exigences, l'appréciation des
réponses données lors de l'entrevue seront moins rigoureuses, si
vous voulez, dans le cas d'un petit corps policier de cinq hommes que dans
celui d'un corps de 150 hommes. On exigera plus d'expérience pour
conduire un corps policier de 150 hommes.
M. Marx: La commission intervient quand il s'agit de la
nomination d'un directeur - d'accord? - et quand il s'agit d'une enquête
sur un directeur. Est-ce qu'il y a d'autres moments où la commission
intervient?
M. Gosselin: II peut arriver qu'un directeur qui a
été évalué par la commission comme étant
apte à remplir le poste soit destitué et vienne en appel devant
la commission. Cela peut se produire et cela s'est produit dans un cas.
M. Marx: C'est cela.
M. Gosselin: Maintenant, quand vous parlez de conflit et qu'on
semble dire dans certains milieux qu'il puisse y avoir conflit dans ce
rôle de la commission...
M. Marx: Apparence de conflit.
M. Gosselin: ...c'est la première fois que j'entends cette
remarque sur le domaine de la sélection ou de l'évaluation. Non
de la sélection, mais de l'évaluation. Nous ne
sélectionnons pas, nous ne procédons qu'à
l'évaluation. Il appartient à la municipalité de
désigner le directeur qu'elle veut.
M. Marx: J'ai voulu dire que dans ce dossier de directeur de
police, il y a une apparence de conflit. Dans différents milieux,
on parle de cela et vous devez être au courant.
Passons à une autre chose qui touche encore le directeur. Dans le
livre blanc sur la police et la sécurité des citoyens de 1971,
Jérôme Choquette signalait à l'égard des chefs ou
directeurs de police et je cite: "Une certaine lacune de formation qui se
traduisait le plus souvent par l'insuffisance des connaissances des
méthodes modernes de gestion et des techniques de direction de
personnel." Le règlement 13 a-t-il répondu à ces
préoccupations?
M. Gosselin: Depuis ce temps, l'Université du
Québec à Trois-Rivières, en collaboration avec l'Institut
de police, dispense un cours de gestion policière qui conduit à
l'obtention d'un certificat en matières policières. Plusieurs
policiers ont maintenant acquis ces connaissances et obtenu ce certificat.
D'année en année, des policiers se sont présentés,
des policiers en exercice ont suivi ce cours et ont acquis cette
expérience. Parmi ceux qui se présentent maintenant aux examens
lorsqu'une municipalité est à la recherche d'un directeur,
plusieurs parmi les candidats possèdent déjà ce
certificat.
M. Marx: Cela prend combien de temps pour obtenir un tel
certificat?
M. Gosselin: Cela totalise 450 heures de cours à raison de
45 heures pour chaque session, si vous voulez. Les policiers qui les suivent se
rendent à l'institut pour une semaine, reviennent dans leur corps
policier pour deux semaines, retournent à l'institut et cela peut
s'échelonner sur une période de cinq ans.
M. Marx: Voulez-vous dire que ce cours, cette formation
répond maintenant aux préoccupations de l'ancien ministre de la
Justice, M. Choquette?
M. Gosselin: Je dirais que cela y répond sûrement et
qu'on constate que la qualité des candidats aux examens de directeurs va
s'améliorant d'année en année, plus
particulièrement par le fait que ces cours soient devenus
disponibles.
Il faut dire que d'autres cours se donnent. Il y en a au Collège
canadien de la police qui peut même les offrir en français
à la condition qu'il y ait un nombre de candidats suffisant pour suivre
ces cours.
Quant à nous, à la commission, nous publions à
l'occasion des guides qui peuvent constituer des outils de travail pour les
directeurs de police. On en a publié sur les rapports annuels que
devront remettre les directeurs de police à leur administration
municipale. On en a publié sur les formules en usage dans les corps
policiers. Enfin, une série de guides qui constituent des outils de
travail pour la direction des corps policiers.
Il faut dire qu'au Québec il y a très peu de personnes qui
avaient écrit dans ces domaines-là. Je pense qu'on comble un vide
actuellement.
M. Marx: Dans les grands traités sur l'administration
policière comme dans le livre de Wilson et dans d'autres, une question
revient toujours, c'est l'insuffisance de connaissance des méthodes
modernes de gestion des directions de police. Ils n'ont pas parlé du
Québec, ils parlent des corps de police américains, canadiens,
anglais ou français, dans d'autres juridictions. C'est une question qui
est souvent soulevée. Peut-être faut-il faire un effort. Je vois
qu'un effort a été fait au Québec pour améliorer
ces connaissances. On peut encore se poser des questions. Je n'ai pas toute la
documentation aujourd'hui.
M. Gosselin: II y a toujours place à amélioration
mais il faut dire qu'il y a au Canada plusieurs provinces qui ont une
commission de police provinciale. Il y en a sept. L'Alberta qui a un Law
Enforcement Appeal Board" est sur le point d'adopter une loi de police pour
établir une commission de police.
Il y a dix ans, nous avions réuni pour la première fois au
Québec les représentants de toutes les commissions de police
provinciales du Canada. Cela nous a permis d'échanger divers points de
vue et aussi, comme on dit, de "compare notes" de comparer nos travaux parce
que dans les lois de police il y a certaines nuances, mais le fond de la loi
est sensiblement le même. Cela nous a permis de constater que le
Québec n'était pas en arrière.
M. Marx: Je ne dirais pas que le Québec est en
arrière.
M. Gosselin: Loin de là.
M. Marx: Dans le livre de Stenning de Toronto où on fait
la comparaison des commissions de police au Canada, le Québec n'est pas
en arrière. Le Québec doit prendre le devant de tout le monde,
pas seulement des commissions canadiennes.
M. Gosselin: C'est ce qu'on tente de faire. Je pense qu'il y a
toujours place à amélioration. On n'a pas couvert tout le terrain
encore mais je pense qu'on est en bonne voie de le couvrir.
Le problème des villes de 5000 habitants et
plus
M. Marx: J'aimerais enchaîner sur cette question -
peut-être que cela
intéressera les autres députés, surtout les
députés des comtés ruraux - le problème des villes
de plus de 5000 habitants qui doivent se doter d'un corps de police par la loi.
Comment voyez-vous cela? Tout le problème du corps de police à
Baie-Saint-Paul où il y a trois policiers sans voiture qui doivent faire
des poursuites à bicyclette. Cela se fait bien à Tokyo mais mal
à Baie-Saint-Paul. À Tokyo les policiers n'ont souvent pas de
voiture mais ils poursuivent des criminels à bicyclette et apparemment
cela fonctionne très bien. À Baie-Saint-Paul, vraiment, ils ont
besoin de voiture. J'aimerais vous demander de nous expliquer comment vous
voyez tout ce problème des villes de plus de 5000 habitants ou de moins
de 5000 habitants. Est-ce qu'il faut faire des changements et lesquels? (17
heures)
M. Gosselin: Voici ce qui arrive. Baie-Saint-Paul, qui a le
statut de ville, avait un corps policier qui était constitué de
trois policiers le 21 juin 1979. La loi prévoit que les
municipalités de ville qui maintenaient un corps policier le 21 juin
1979 doivent continuer à maintenir leur corps policier jusqu'à ce
qu'elles en soient dispensées par le gouvernement. La ville de
Baie-Saint-Paul a formulé une demande d'exemption pour être
autorisée à abolir son corps policier. Le gouvernement a
donné un accord de principe, mais a décidé de surseoir
à sa décision finale jusqu'à ce que le comité de
reclassement ait fait son rapport final. Cette résolution du conseil
demandant l'abolition du corps policier a été adoptée le 9
octobre 1981. La commission a soumis son avis au gouvernement en février
1981. Le 25 novembre 1981, le gouvernement a donné son accord de
principe à l'abolition. Par la suite, le 1er janvier 1984, la ville de
Baie-Saint-Paul embauchait un quatrième policier. Le corps policier a
été réduit par la suite.
Récemment, la municipalité a décidé de
mettre les véhicules au rancart, parce que, d'un côté, la
Commission de la santé et de la sécurité du travail est
venue à la conclusion que l'un des véhicules n'était pas
en condition pour prendre la route. Dans l'autre cas, c'est l'organisme du
gouvernement qui fait l'inspection des véhicules qui en est venu
à la conclusion que le deuxième véhicule n'était
pas non plus en assez bon état. Je dois vous dire que nous avons
reçu à la fin de la semaine dernière une requête
pour vérifier si la municipalité maintient des services policiers
adéquats.
M. Marx: Voilà pourquoi...
M. Gosselin: C'est un cas particulier.
M. Marx: Oui. C'est cela.
M. Gosselin: Mais vous me parliez de l'ensemble...
M. Marx: De l'ensemble.
M. Gosselin: Lorsque cette loi a été
adoptée, en 1979 et, au moment de l'entrée en vigueur de la loi,
le 1er juin 1980, il y avait 56 municipalités ayant le statut de ville,
qui maintenaient un corps policier et dont la population était
inférieure à 5000 habitants. Parmi ces 56 municipalités,
il y en a peut-être, au cours des années - il faudrait que je
vérifie les chiffres - qui ont demandé d'être
dispensées de l'obligation de maintenir un corps policier. Le
gouvernement, dans tous ces cas, a donné un accord de principe à
l'abolition pour les municipalités qui le demandaient, mais a
décidé de surseoir à sa décision jusqu'à ce
que le comité de reclassement ait fait son rapport final. Ce qui s'est
produit, c'est qu'à cause de la diminution dans le recrutement de
l'ensemble des corps policiers du Québec, les policiers qui sont en
service dans ces corps policiers n'ont pu trouver d'emploi dans d'autres corps
policiers ou dans d'autres services de la municipalité. J'ai
l'impression que c'est une situation transitoire et qu'avec le temps, ces
municipalités de moins de 5000 de population qui maintiennent des corps
policiers et qui voudraient s'en défaire, pourront le faire, mais cela
peut prendre un certain temps.
M. Marx: Est-ce que vous êtes d'accord avec...
M. Gosselin: Le principe?
M. Marx: ...le principe de 5000?
M. Gosselin: Je suis d'accord pour que les municipalités
de moins de 5000 âmes n'ait pas l'obligation de maintenir un corps
policier.
M. Marx: Vous pensez que 5000, c'est le seuil...
M. Gosselin: Quant à celles de plus de 5000, est-ce que le
chiffre de 5000 serait arbitraire? Est-ce que cela devrait être 7000,
8000, 9000 ou 10 000? Nous, dans des études antérieures, nous en
étions venus à la conclusion que pour donner un service valable,
il fallait que le corps policier soit constitué d'environ 16 ou 17
policiers. Dans toutes ces municipalités de moins de 5000, il n'y a pas
16 ou 17 policiers; si bien que la Sûreté du Québec est
obligée de suppléer la nuit ou encore de prendre en charge les
enquêtes criminelles ou de donner une assistance au corps policier. Mais
il est évident que des corps policiers aux petits effectifs ne peuvent
pas donner tous les services policiers adéquats auxquels les citoyens
d'une municipalité sont en droit de s'attendre.
Dans les cas où il y a encore des policiers, il faut que ce soit
comblé par la Sûreté du Québec.
M. Marx: J'aimerais vous citer ce passage que j'ai écrit
moi-même et que je reprends: "Lorsque nous examinons la composition, au
1er janvier 1984, des différents corps de police municipaux, à
l'exclusion du SPCUM, nous remarquons que 46,6 % des corps de police, soit 83
sur 178, se composaient de 10 policiers ou moins. Il y avait même 49
corps policiers municipaux, 27,5 %, où l'on dénombrait 5
policiers et moins. De plus, à la fin de 1983, 83 corps de police
municipaux s'occupaient également de la protection contre les
incendies."
Je pense qu'il y a trop de corps de police qui n'ont pas de bon sens au
Québec, étant donné que, pour une population de 6 000 000,
nous avons 179 corps de police. L'Ontario, avec 9 000 000 de population, a
seulement 125 corps de police.
M. Gosselin: Cent vingt-six, je pense, au début de la
semaine.
M. Marx: Peut-être qu'ils en ont formé un nouveau
depuis que j'ai fait mes recherches.
M. Gosselin: On m'a indiqué au début de la semaine
qu'il y en avait 126. C'est peut-être rendu à 125 ou 124.
M. Marx: Mais ils ont beaucoup moins de corps de police en
Ontario avec beaucoup plus de population que le Québec. Je pense qu'au
Québec, il faut revoir ce critère de 5000. Parce que vous avez
dit vous-même, il y a deux minutes, que cela prendrait au moins six, sept
policiers pour avoir un corps de police qui se tienne.
M. Gosselin: Qui se tienne. C'est cela.
M. Marx: Comme je vous l'ai dit, il y a 83 corps de moins de 10
policiers.
M. Gosselin: II faut dire que, dans...
M. Marx: II faut avoir des... Mais comment allez-vous
améliorer cette situation?
M. Gosselin: Voici. C'est que, évidemment, il y a des
études qui ont été faites sur l'intégration ou la
régionalisation des corps policiers. Le livre blanc de 1971 en parle
largement. Il y a eu aussi le rapport Saulnier qui a proposé que
l'ensemble du territoire du Québec soit divisé en 24 districts de
police, qui auraient à fournir des services à une densité
de population de 20 000 habitants. C'est 34 districts et non 24, 34 districts
de police pour une densité de population de 20 000 habitants.
Il semble cependant que, bien que la régionalisation... Est-ce
que cela devrait être 34 districts de police ou 50 ou 75? Je ne pourrais
pas avancer de chiffres aujourd'hui mais je pense que c'est graduellement qu'on
pourra y arriver. Mais cela ne coûtera pas meilleur marché. Alors,
je pense qu'il y a une question de...
M. Marx: Cela ne coûtera pas meilleur marché.
M. Gosselin: Je ne pense pas qu'on économiserait. Je pense
que ce serait plus dispendieux. On aurait des services d'une meilleure
qualité mais qui coûteraient plus cher.
M. Marx: Mais vous dites que, pour avoir un corps de police qui
se tienne, il faut avoir au moins sept policiers.
M. Gosselin: Oui.
M. Marx: Bien, il y a 83 corps de polices qui se composent de
moins de 10 policiers. Donc, il y a au moins 83 corps de police qui ne se
tiennent pas, d'après vous.
M. Gosselin: II y a 83 corps de police... M. Marx: Au
moins...
M. Gosselin: Quand il n'y a pas une quinzaine de policiers, c'est
insuffisant pour fournir toute la gamme des services, et il faut que la
Sûreté du Québec supplée aux services policiers qui
ne sont pas assurés par ces corps policiers.
Mais il faut aussi tenir compte du territoire dans lequel nous vivons.
Notre population est de six millions et demi sur un territoire excessivement
grand. Il y a ce qu'on peut appeler un "no man's land." Il y a certaines
municipalités qui maintiennent des corps policiers mais qui sont
situées très loin de la municipalité voisine qui peut en
maintenir.
M. Marx: En Ontario aussi. M. Gosselin: Pardon?
M. Marx: En Ontario. Mais je ne dis pas qu'il faut réduire
cela à 35 corps de police.
M. Gosselin: Non, non.
M. Marx: Je ne dirais pas cela. Comme dans le rapport Saulnier,
on a dit 34 corps plus Montréal, Québec, quelques autres, la
Sûreté du Québec. On arriverait à 40 corps
de police. Je ne suis pas prêt à dire que ce serait cela
l'idéal pour le Québec. Mais je pense qu'il faut repenser le
seuil de 5000 parce que je me demande si c'est logique de continuer avec 5000
et aussi si cela est logique de continuer d'avoir de très petits corps
de police. Il y a des corps de police d'un policier au Québec. Je ne
pense pas que ce soit très efficace, quoique les policiers qu'on a
aujourd'hui au Québec sont beaucoup mieux formés qu'ailleurs. Par
exemple, à Cape Cod où le premier ministre prend ses vacances moi
aussi de temps à autre - il y a des policiers qui sont engagés
pour l'été, qui n'ont aucune formation. Ce sont de jeunes
étudiants qui portent des revolvers sans aucun entraînement. Je
pense que ce n'est pas souhaitable au Québec. Il faut que tout le monde
ait au moins une certaine formation, aille à Nicolet aussi. Donc on a
une bonne formation en général. Je pense que c'est à
repenser et je pense...
M. Gosselin: Je pense que vous avez raison. Si on pouvait
régionaliser davantage sans arriver à 34 districts de police, il
y a sûrement des secteurs où il y a une densité de
population suffisante pour justifier une régionalisation d'un certain
nombre de corps policiers. Dans l'ensemble, il y a une question de coût
qui se rattache aussi à cela. Mon impression est qu'on
n'économiserait pas d'argent. Cela pourrait coûter plus cher, mais
on pourrait donner un meilleur service.
M. Marx: Sur la question des coûts, les villes de moins de
5000 habitants sont cotisées par la Sûreté du
Québec?
M. Gosselin: Elles ne sont pas...
M. Marx: Je m'excuse. Les villes de...
M. Gosselin: C'est pris sur le budget général du
Québec.
M. Marx: Non, excusez, j'ai fait une erreur. Je voulais dire les
villes de plus de 5000 habitants qui n'ont pas un corps de police sont
cotisées par la Sûreté du Québec. Il y a un
règlement pour...
M. Gosselin; Il n'y a aucune municipalité qui est cotisée
par la Sûreté du Québec. Pour établir les
coûts, ce qu'on a fait, c'est qu'en divisant le total du budget de la
Sûreté du Québec par la population, on a dit que cela
coûtait tant par citoyen pour maintenir la Sûreté du
Québec. Et on ajoute à cela ce qu'il en coûte pour le
maintien du corps policier municipal pour avoir un coût de revient pour
les services policiers fournis. Mais les municipalités ne
reçoivent pas de factures de la Sûreté du
Québec.
M. Marx: Les municipalités de plus de 5000 habitants qui
sont censées avoir un corps de police et qui n'ont pas de corps de
police...
Le Préaident (M. Gagnon): On va laisser le juge Gosselin
terminer. Il n'avait pas terminé sa réponse.
M. Marx: Je pense que le problème de cette discussion,
c'est que j'ai fait une erreur dès le début. J'essaie de me
corriger. Est-ce que j'ai raison de dire que les villes de plus de 5000
habitants qui sont obligées d'avoir un corps de police par la loi et qui
n'ont pas de corps de police et dont les services policiers sont assurés
par la Sûreté sont cotisées par la Sûreté du
Québec?
M. Gosselin: Pour autant que je le sache, aucune
municipalité n'a encore été cotisée pour les
services donnés par la Sûreté du Québec, même
celles qui ont une population de plus de 5000 habitants qui n'ont pas
établi de corps policier. Elles ne reçoivent pas de cotisation
pour les services de la Sûreté du Québec.
M. Marx: Quelles villes sont cotisées par la
Sûreté du Québec, ou sont censées l'être?
M. Gosselin: Pardon?
M. Marx: Quelles villes sont censées être
cotisées?
M. Gosselin: D'abord, il y avait une cotisation du gouvernement
pour le maintien du service de police de Schefferville. C'est qu'à ce
moment, nous avions recommandé que la Sûreté du
Québec puisse assurer les services à Schefferville. Mais il
était plus avantageux pour le gouvernement de conclure une entente avec
la municipalité pour payer une partie des coûts de police. Cela
s'est produit à Schefferville et aussi à Matagami. De
mémoire, ce seraient les deux seules municipalités pour
lesquelles le gouvernement...
M. Marx: II y a un document ici sur cette question.
M. Gosselin: II y a deux autres municipalités,
Lebel-sur-Quévillon et Mur-dochville pour lesquelles le gouvernement
accorde des subventions aux municipalités pour le maintien des corps
policiers.
M. Marx: II y a des villes qui ont plus de 5000 habitants et qui
n'ont pas de corps de police pour une raison ou une autre. Le gouvernement est
intervenu et a demandé à la Sûreté du Québec
de faire la police dans ces villes et celles-ci sont censées
être
cotisées. (17 h 15)
M. Gosselin: Les villes qui sont censées être
cotisées sont celles qui seraient en défaut. Or, si le
gouvernement...
M. Marx: Qui sont en défaut.
M. Gosselin: ...a dispensé ces villes de maintenir un
corps policier, elles ne sont pas en défaut.
M. Marx: C'est cela, mais les villes qui sont en défaut
sont censées...
M. Gosselin: Parmi celles qui sont en défaut, la plupart
de ces municipalités, sinon toutes, ont demandé d'être
dispensées de l'obligation d'en établir. Si vous le voulez, il y
a eu une période...
M. Marx: Ces villes ne sont pas cotisées pour leurs corps
policiers.
M. Gosselin: Non.
M. Marx: Mais il y a un règlement du gouvernement qui a
modifié le montant de la cotisation.
M. Gosselin: Oui, pour les municipalités qui seraient en
défaut, mais cela n'a jamais été appliqué, et
aucune municipalité n'a été appelée à
cotiser ni n'a reçu de facture pour les services de la
Sûreté du Québec.
M. Marx: Aucune municipalité n'a reçu de facture.
Pourquoi avoir la loi si on ne l'applique pas?
M. Gosselin: Ce serait pour les municipalités en
défaut. La municipalité, qui a atteint ses 5000 de population,
formule une demande au gouvernement pour être dispensée de
l'obligation d'établir un corps policier. Jusqu'à ce que le
gouvernement accorde cette dispense, techniquement parlant, la
municipalité est en défaut.
M. Marx: C'est cela.
M. Gosselin: Mais le gouvernement n'a pas encore, à ma
connaissance, imposé ou facturé quoi que ce soit pour les
services de la Sûreté du Québec.
M. Marx: M. le Président, êtes-vous au courant que
le règlement concernant cette cotisation a été
modifié récemment? Pourquoi modifier un règlement qu'on
n'applique pas?
M. Gosselin: L'application de ce règlement ne
relève pas de nous. C'est un règlement du gouvernement qui
prévoit que les municipalités en défaut peuvent être
appelées à payer les services de la Sûreté du
Québec, suivant le tarif établi par le gouvernement. Le
gouvernement avait adopté un premier tarif. Il vient de le modifier,
mais il n'y a encore aucune municipalité qui ait reçu une
facture. Ces municipalités pourraient éventuellement en recevoir,
mais elles n'en ont pas encore reçu.
M. Marx: On va demander au ministre pourquoi il a modifié
un règlement qu'il n'applique pas.
M. Gosselin: II pourra vous donner la réponse.
M. Marx: On appelle cela de bon droit.
M. Gosselin: Mais cela ne veut pas dire que le règlement
ne sera jamais appliqué, parce que éventuellement ces
municipalités pourraient recevoir une facture.
M. Marx: C'est l'article 64.3 de la Loi de police qui
prévoit qu'une municipalité qui est en défaut peut
demander les services de la Sûreté du Québec. Je lis, au
deuxième paragraphe: "...La Sûreté agit alors aux frais de
la municipalité. Ces frais sont calculés par le directeur
général selon le tarif établi annuellement par le
gouvernement et une demande de paiement est présentée à la
municipalité." Fin de la citation. La loi exige que les
municipalités soient cotisées et on nous dit que les
municipalités ne sont pas cotisées. Est-ce que cela peut
être... mais il y a des "peut" en droit qui veulent dire des "doit
être"? Il y a un livre sur le "peut". Cela peut vouloir dire "doit".
C'est l'ancien juge de la Cour suprême du Canada, M. Pigeon, qui a
écrit cet article ou ce paragraphe dans un livre.
M. Gosselin: Dans l'article 64.3, on traite de deux sujets, des
municipalités en défaut d'établir un corps policier, qui
ont l'obligation de le faire, et aussi de celles qui, d'après la
commission, à la suite d'une enquête, n'assurent pas des services
policiers adéquats. La loi prévoit que la commission peut
accorder un délai aux municipalités ou à la
municipalité concernée pour remédier à la
situation. À la suite d'enquêtes de la commission, on a
formulé des recommandations à une municipalité qui
était en défaut, parce qu'elle ne fournissait pas des services
adéquats, mais nous lui avons accordé un délai pour
remédier à la situation et le délai n'est pas
expiré. Â l'expiration du délai, si la municipalité
n'a pas remédié à cette situation, nous en informerons le
gouvernement qui pourra, à ce moment-là, la considérer
comme en défaut et lui imposer les frais pour les services qui seraient
assumés par la Sûreté du Québec. Quant aux autres
municipalités, à défaut d'établir un
corps policier, elles pourraient éventuellement, comme je le
disais, recevoir une facture du gouvernement. Cela ne dépend pas de la
Commission de police.
M. Marx: Non, non, je ne blâme pas la Commission de police,
bien sûr, mais l'article 64.3 prévoit que les factures seront
envoyées par le directeur de la Sûreté du Québec. On
vient de nous dire qu'on n'a jamais envoyé de telles factures. Bon! Je
pense que je vais demander au ministre, un jour, pourquoi cela fonctionne
ainsi. Si on ne le fait pas, il faut peut-être modifier la loi.
Juste en passant, sur la question des policiers-pompiers, en 1984, il y
avait 85 corps policiers municipaux qui assumaient la double fonction de
service de police et de service de protection contre les incendies. Dans la
détermination des qualifications requises pour être policier,
est-ce que la Commission de police tient compte du fait que, dans plusieurs
corps de police municipaux, le policier serait aussi un pompier?
M. Gosselin: Non, et nous n'avons aucune compétence en la
matière. Il y a au ministère des Affaires municipales une
direction qui s'occupe de ce domaine et qui donne à l'occasion des cours
aux policiers de ces corps policiers qui agissent aussi comme pompiers ainsi
qu'au services de pompiers dans les municipalités mêmes où
il y a deux services ou un service de police et un service de pompiers, mais
nous n'avons aucune espèce de compétence en la matière et,
quand nous fixons les normes d'embauche, nous ne tenons compte que de la
fonction policière. Il est arrivé que certaines
municipalités aient songé à demander l'abolition de leur
corps policier. Je pense, entre autres, à une municipalité qui
avait demandé de l'abolir, mais où les policiers agissaient aussi
comme pompiers. Cette municipalité a renoncé à sa demande
parce qu'elle s'est dit: Je comprends que, si je suis exemptée de
maintenir mes policiers, il me faudra tout de même avoir des pompiers. Je
pense qu'ils en étaient venus à la conclusion, à ce
moment-là, qu'ils n'avaient pas d'argent à épargner en
abolissant le corps policier. Dans plusieurs autres municipalités, ce
sont des pompiers volontaires qui agissent, mais...
M. Marx: Avez-vous déjà fait une étude sur
les implications que ce double rôle peut avoir sur la fonction des
policiers? Vous êtes-vous déjà penché sur ce
problème?
M. Gosselin: Nous, remarquez bien, qu'on serait d'avis qu'il
serait préférable que les policiers s'occupent de police et les
pompiers s'occupent d'incendie, mais je ne pense pas que ce soit demain qu'on
puisse voir cela. Et voici pourquoi. Si on exigeait que les corps policiers ne
s'adonnent qu'aux fonctions policières, on viendrait de doubler le
budget des municipalités dans lesquelles les policiers ont ce double
rôle, parce qu'il faut dire que des incendies, il n'y en a pas
nécessairement tous les jours. Au lieu d'avoir des pompiers en attente
dans les casernes d'incendie, ils agissent comme policiers et aujourd'hui, avec
les moyens de communications, avec les postes de radio dans tous les
véhicules, les déplacements peuvent se faire assez rapidement. Il
serait peut-être préférable que les policiers ne s'occupent
que de police, mais songer du jour au lendemain à doubler le budget de
ces municipalités où les policiers agissent aussi comme pompiers,
je pense que c'est impensable. Ce ne serait pas réaliste de notre part
que de formuler une telle recommandation.
M. Marx: Si on fait la fusion des...
M. Gosselin: Ah! Ce serait à réexaminer, mais je
vous parle...
M. Marx: ...services de pompiers et des services de police.
M. Gosselin: ...de l'état actuel, du cadre actuel dans
lequel nous travaillons.
M. Marx: Oui, d'accord. C'est bien clair, ça.
Demandes d'enquête
Passons à la question des enquêtes, des demandes
d'enquête. "La commission doit faire enquête à la demande du
gouvernement sur tout aspect de la criminalité ou sur le crime
organisé. Cela, c'est l'article 20 de la Loi de police. Selon l'article
21 de cette loi, la commission doit faire enquête sur la
Sûreté du Québec ou tout corps de police municipal à
la demande du gouvernement, sur la conduite de tout policier à la
demande du Procureur général, sur un corps de police municipal ou
sur la conduite de l'un de ses membres à la demande d'une
municipalité. La commission peut aussi faire enquête sur la
Sûreté du Québec ou sur tout corps de police municipal ou
sur la conduite de tout policier de sa propre initiative ou à la demande
d'un citoyen. Cela, c'est l'article 21 de la Loi de police.
La commission a aussi un pouvoir d'enquête pour vérifier si
une municipalité maintient des services policiers adéquats. Au
cours de 1984, la commission a reçu 237 demandes d'enquête sur des
corps de police ou sur la conduite de leurs membres. La majorité de ces
demandes, (82,8 % en 1984), provenait de citoyens (220 plaintes sur 237). Six
demandes en 1984 ont été faites à L'initiative de la c
ommission. La question que
j'aimerais poser est celle-ci: Dans quel cas la commission
intervient-elle?
M. Gosselin: La commission intervient quand elle constate qu'une
situation sérieuse s'est développée dans une région
quelconque ou dans une municipalité quelconque et qu'elle doit faire
connaître les faits au public et faire enquête dans ce domaine. Je
vous dirai cependant que ce n'est pas parce qu'on lit un article dans un
journal qu'on va partir immédiatement en peur pour faire une
enquête. On examine la situation, on peut faire une première
vérification par téléphone et partant de là, on
peut décider s'il y a justification tout au moins pour procéder
à une vérification des faits et par la suite décider de
tenir une enquête publiquement.
M. Marx: Ce doit être un peu plus qu'un article de journal.
Il y a Allo Police et d'autres journaux et j'imagine que si on lit
régulièrement ces journaux, on pourrait faire pas mal
d'enquêtes. Si on se fie aux journaux...
M. Gosselin: Si on se fie à cela, M. le
député, ce n'est plus 13 personnes additionnelles qu'il nous
faudrait obtenir, il faudrait peut-être doubler l'ensemble de nos
effectifs. Mais nous sommes plus sérieux que cela; on ne part pas en
peur avec une petite rumeur dans un journal, il faut qu'il s'agisse de quelque
chose de sérieux. Je pense que nous avons démontré au
cours des années que lorsque nous entreprenons une enquête de
notre propre initiative, c'est qu'il y a quelque chose de sérieux
à vérifier.
M. Marx: Mais donnez-nous une idée de votre façon
de fonctionner, sans nommer les personnes impliquées. Quand prenez-vous
l'initiative de faire une enquête?
M. Gosselin: Je vous dirai qu'à un moment donné il
y a tellement de publicité qui est faite autour d'une situation
quelconque - ce n'est pas seulement un petit entrefilet - qu'on en vient
à la conclusion qu'il semble y avoir quelque chose de sérieux. Il
nous est arrivé d'entreprendre des vérifications de notre propre
initiative et de constater au bout de la ligne qu'il n'y avait pas lieu de
décréter une enquête publique; cela, c'est arrivé.
Dans d'autres cas où on a procédé à des
enquêtes, les rapports ont démontré que la commission
était justifiée de les entreprendre.
Évidemment, il peut se produire, comme me le fait remarquer le
juge Boily, que l'on reçoive une plainte pour un cas particulier et
qu'à la suite de la vérification des faits par nos
enquêteurs l'on constate que le problème est plus grand et que
l'on décide d'élargir le cadre de notre enquête. À
ce moment-là, cela ne paraîtra pas dans les six entreprises de
notre propre initiative, cela sera comptabilisé comme demande du
citoyen, mais demande pour laquelle la commission a décidé
d'étendre le cadre pour tenter de corriger la situation et aller
au-delà de la plainte. 17 h 30)
M. Marx: Si je comprends bien, la majorité des demandes se
rapporte à l'éthique policière, c'est-à-dire
à la conduite des policiers: manque d'égards, brutalité,
soit en 1984, 65,4 %, 155 plaintes sur 237 plaintes. C'est dans le rapport de
1984 à la page 27.
En 1984 la commission avait à disposer de 470 demandes
d'enquête, soit 237 demandes formulées en 1984 et 233 demandes
dont elle n'avait pas encore disposé à l'expiration de
l'année précédente.
En 1984 la commission a disposé de 260 demandes d'enquête.
Ainsi, à la fin de 1984, il restait encore à disposer de 210
demandes. La commission admet qu'elle n'a pas réussi à
réduire les délais qui s'écoulent entre la
réception d'une plainte et la tenue d'une enquête publique. C'est
dans votre rapport de 1984 à la page 69.
La commission parle d'un délai de deux ans. Votre rapport de
1983, à la page 21. L'objectif serait un délai maximum de six
mois - votre rapport de 1982, à la page 11 -entre la réception de
la demande et la tenue de l'enquête et l'objectif à
réaliser à moyen terme. Votre rapport de 1978 à la page
23.
La commission dit qu'il serait possible de reprendre le retard
accumulé depuis quelques années dans l'audition des
enquêtes parce que les membres chargés de la tenue de
l'enquête sur le crime organisé sont devenus disponibles le 1er
décembre 1984. Votre rapport de 1984, page 19.
Est-ce que cette affirmation est avérée?
M. Gosselin: Oui. Depuis le 1er janvier 1985 la commission a
siégé à raison de deux divisions et même, certaines
semaines, de trois divisions par semaine. Graduellement nous reprenons partie
des retards accumulés. D'ailleurs on a distribué à votre
recherchiste copie de nos calendriers pour la période du 1er janvier
à la fin de juin et pour la période de septembre au 31
décembre ainsi que pour la période du mois d'août.
Comme on le constate, le nombre de séances d'enquête qui
ont été tenues par la commission depuis le début de
l'année a dépassé considérablement le nombre de
séances que nous avions tenues l'an dernier dans le domaine des
enquêtes. Il faut dire que l'an dernier nous ne disposions que d'un
membre pour présider de telles enquêtes et l'année
précédente aussi on n'avait qu'un membre pour une bonne partie de
l'année.
Avec la venue de quatre membres de la CECO, dont trois peuvent
présider des
enquêtes, cela nous a permis de reprendre une partie des retards
accumulés et, d'ici à la fin de décembre 1985, de
reprendre une autre partie. Remarquez bien que même si on se replace
à la fin de décembre 1985, avec le calendrier d'auditions que
nous avons établi, nous aurons encore des retards à ce
moment-là.
On évalue que pour reprendre l'ensemble de nos retards, cela nous
prendrait encore une période d'un an.
M. Marx: Donc, l'affirmation est vraie. M. Gosselin: Oui.
M. Marx: Donc, ce n'est pas nécessaire d'augmenter vos
effectifs.
M. Gosselin: Pour la présidence des enquêtes. Il ne
faut pas oublier que c'est lorsqu'il y a une enquête publique - ce n'est
pas dans tous les cas, c'est dans 13 % ou 14 % des cas - que nous avons les
retards les plus considérables. Ce qui s'est produit au cours de
l'année, c'est que lorsque la commission procède à une
enquête publique, notre enquêteur, qui est appelé à
vérifier les faits sur les plaintes que nous recevons, n'est pas
disponible parce qu'on a deux divisions qui siègent par semaine et, dans
certains cas, les enquêtes sont assez longues; si bien que plusieurs de
nos enquêteurs, actuellement, sont paralysés par l'audition de ces
enquêtes.
M. Marx: Je reviens. L'affirmation...
M. Gosselin: Mais remarquez bien que, dans les autres cas, quand
il n'y a pas lieu de faire enquête, les travaux se font beaucoup plus
rapidement.
M. Marx: Vous allez diminuer les délais dans les
enquêtes avec les effectifs que vous avez aujourd'hui. Cela va diminuer
de deux ans à six mois. C'est cela?
M. Gosselin: Remarquez bien que, pour la tenue des enquêtes
publiques, nous avions un retard d'environ deux ans. Tous les faits avaient
déjà été vérifiés par nos
enquêteurs dans ces cas, mais nous n'avions pas de disponibilité
pour faire présider l'enquête, soit par un avocat, soit par un
juge. Il y avait des cas où la commission avait déjà rendu
une décision pour la tenue d'une enquête, mais nous n'avions pas
de disponibilité pour faire présider l'enquête, si bien
qu'il s'écoulait environ deux ans avant qu'elle ne débute. Dans
certains cas, cela a même été plus long.
M. Marx: Cela sera rectifié maintenant. M. Gosselin: On ne
pourra pas rectifier cela avant un an.
M. Marx: Pas avant un an, mais avec les effectifs... Oui, un an,
cela va. Mais avec les effectifs que vous avez maintenant.
M. Gosselin: Non. Cela nous prendrait trois ou quatre
enquêteurs de plus...
M. Marx: Mais cela, c'est...
M. Gosselin: ...parce que cette année, nos
enquêteurs ont été paralysés devant les commissions.
Je comprends que vous voudriez me ramener au point de départ et me dire
qu'on n'a pas besoin des effectifs additionnels qu'on requiert.
Malheureusement, je ne peux pas vous affirmer cela, parce qu'il faut continuer
à dispenser des services de qualité et on a encore besoin des
quatre enquêteurs additionnels dont je vous ai parlé.
M. Marx: Donc, je reviens. L'affirmation n'est pas vraie, parce
que c'est une affirmation conditionnelle. La condition, c'est d'avoir plus
d'enquêteurs.
M. Gosselin: Elle est vraie pour ce qui est de l'audition des
enquêtes publiques. Mais ce n'est que dans 13 % des cas environ où
la commission en vient à la conclusion que, prima facie, il y a
matière à la tenue d'une enquête publique.
M. Marx: Donc, ce n'est pas vrai pour les enquêtes pour
lesquelles il va y avoir...
M. Gosselin: Actuellement, on va subir un décalage aussi
dans les autres cas dont on peut disposer sans la tenue d'une enquête
publique.
M. Marx: Les délais vont diminuer aussi.
M. Gosselin: Pardon?
M. Marx: Les délais vont diminuer dans ces autres cas
également?
M. Gosselin: Oui.
M. Marx: Oui. C'est parfait.
Je vous rappelle que la commission parle de problèmes de
délais pour ce qui est des demandes d'enquête dans presque chacun
de ses rapports annuels.
M. Gosselin: Oui.
M. Marx: Dans le rapport de 1976, à la page 44, la
commission dit que trois autres enquêteurs ont été
assignés au service des enquêtes. Je cite: "Le nombre
d'enquêteurs permettra à la commission de disposer des affaires
qui lui sont soumises dans des délais
plus raisonnables." On constate, à la lecture des rapports
subséquents à celui que je viens de citer, que le problème
est toujours présent. Pour régler ce problème des
délais, dont vous avez dit que ce sera peut-être possible de le
régler dans un an, faut-il que la question de la discipline des
policiers relève d'une autre instance que celle de la commission? Par
exemple, en Ontario, cela est confié au niveau local.
M. Gosselin: En Ontario, la Commission de police provinciale a
juridiction pour faire des enquêtes de première instance comme
nous le faisons au Québec. Sauf qu'au cours des années, cette
commission a conduit des enquêtes de première instance dans
très peu de cas. Au cours des cinq dernières années, je me
demande si elle en a conduit une dizaine. Mais elle a juridiction, cependant,
cette commission de police, pour entendre des appels des décisions des
comités disciplinaires des divers corps policiers. Lorsqu'elle entend un
appel, celui-ci est généralement entendu à Toronto, au
bureau de la Commission de police, alors que nous, nous dispensons nos services
sur tout le territoire du Québec. Nous avons voulu nous rendre
accessible et nous savions bien qu'il serait impensable de déplacer,
soit pour venir à Québec ou aller à Montréal, un
nombre très grand de témoins pour procéder à nos
enquêtes. Alors, nous nous sommes rendus accessibles en nous rendant dans
tous les districts judiciaires du Québec.
Toronto métropolitain a créé un comité de
citoyens. Le Manitoba a fait la même chose. Le Manitoba vient de
commencer seulement ses travaux. Au Toronto métropolitain, si vous vous
en souvenez, il y a cinq ou six ans, il y a le juge Morand, un juge de la Cour
supérieure, qui avait été chargé d'examiner divers
cas de plaintes à l'égard des policiers du Toronto
métropolitain.
Si ma mémoire est bonne, il avait, au point de départ,
à examiner 103 ou 113 cas. Finalement, il est resté avec 17 cas
sur lesquels il en est venu à la conclusion qu'il y avait prima facie
suffisamment de matière pour faire enquête. Il a fait
enquête et, à la suite de son enquête, je pense que c'est
peut-être dans 50 % de ces 17 cas qu'il en est venu à la
conclusion qu'il y avait lieu de blâmer la conduite des policiers. Mais
cette enquête de ce juge de la Cour supérieure a pris deux ans et
demi. Or, si on calcule le nombre d'enquêtes de première instance
dont nous disposons au cours d'une année, on a eu un volume
considérable.
Tous ces travaux se faisaient à Toronto. Le déplacement
prend un certain temps aussi. Si on a une division de la commission qui s'en va
siéger demain en Abitibi et qu'une autre s'en va siéger à
Percé ou à Hull, il faut prendre le temps de déplacer
notre personnel. Cela nécessite plus de temps à consacrer
à chacune de ces enquêtes.
Pour les inspections, c'est la même chose. C'est que nos
conseillers se déplacent dans toute la province pour...
M. Marx: Est-ce que vous trouvez que la nouvelle commission du
Toronto métropolitain fonctionne bien?
M. Gosselin: Je pense que cela fonctionne bien mais je pourrai
vous le dire davantage la semaine prochaine parce qu'il y a une
conférence qui a été convoquée par M. Sydney Linden
qui en est le président. Le titre de cette conférence est
"Civilian oversight of law enforcement". C'est une conférence où
on a invité des conférenciers, non seulement du Canada mais
d'autres pays. J'assisterai à la conférence à moins que je
sois retenu devant votre commission la semaine prochaine. Je pense que j'en
apprendrai davantage. Cela a donné sûrement de bons
résultats mais il faut dire que le rôle de la Commission de police
du Québec et celui de la Commission de police de l'Ontario dans ce
domaine diffèrent quelque peu puisque la Commission de police
provinciale n'entend généralement que les appels provenant des
policiers qui ne sont pas satisfaits des décisions des comités
disciplinaires, alors que nous ne siégeons pas dans de tels appels, nous
faisons des enquêtes de première instance. Le citoyen peut loger
une plainte chez nous. Il peut aussi, simultanément, la loger devant le
corps policier. Nous croyons que nous avons l'obligation de vérifier les
faits de sa plainte. C'est un peu pour cela aussi que nous avons
créé notre propre service d'enquêteurs, parce que nous nous
sommes dit que pour le citoyen, si nous n'avions pas les disponibilités
pour faire vérifier les faits, ces dispositions de la loi risquaient de
demeurer lettre morte. Si bien que tout citoyen aujourd'hui qui se plaint chez
nous peut être assuré que sa plainte sera vérifiée.
Cela ne veut pas dire qu'on en viendra à la conclusion qu'il y a lieu de
faire une enquête publique. Il faudra que les faits soient sérieux
et se tiennent. Mais les faits seront vérifiés.
Il y a aujourd'hui un organisme au Québec qui peut
vérifier ces faits et si la Commission de police n'existait pas, je
pense qu'il faudrait en créer une.
M. Marx: Oui. Cette dernière explication démontre
bien pourquoi il y a un comité des plaintes à Montréal. Il
y a encore des plaintes de Montréal à la commission,
c'est-à-dire que 42 des 237 demandes d'enquête en 1984
auprès de votre commission concernaient la SPCUM. C'est parce que les
gens logent des plaintes-(17 h 45)
M. Gosselin: Je vous ferai remarquer
que pour le SPCUM, qui compte un peu plus du tiers des policiers du
Québec, le nombre de plaintes que nous recevons à l'égard
des membres du service de police, du SPCUM, est de beaucoup inférieur au
nombre de celles que nous recevons dans les autres corps policiers. Il n'y a
pas d'erreur, les comités de discipline dans les corps policiers peuvent
régler une partie du problème. Cela n'empêche pas qu'un
citoyen puisse vouloir faire examiner les faits par la Commission de police du
Québec. Je dirais qu'actuellement notre faille est dans les
délais que cela peut prendre. Je pense qu'on est en train de reprendre
du terrain et qu'on pourra donner un meilleur service en reprenant nos retards
dans l'audition de nos enquêtes.
M. Marx: Pour ces 42 plaintes qui viennent de Montréal,
est-ce que ces personnes ont déposé des plaintes au comité
des plaintes à Montréal et à la Commission de police?
M. Gosselin: On ne le sait pas. M. Marx: On ne le sait pas.
M. Gosselin: On ne le sait pas. Il arrive qu'on le sache et que
dans certains cas un citoyen dépose sa plainte aussi bien chez nous
qu'au comité chargé de l'examen des plaintes au SPCUM, mais on ne
le sait pas toujours. Il peut arriver qu'on reçoive une plainte, qu'on
procède à la vérification des faits et que longtemps
après on apprenne que le citoyen a aussi déposé une
plainte devant le comité de discipline ou devant le comité
d'examen des plaintes du SPCUM.
M. Marx: Dans beaucoup de plaintes, pas seulement des corps de
police municipaux au Québec, mais aussi, disons, de la GRC, la personne
qui veut déposer une plainte est accusée par la police d'avoir
attaqué le policier. Elle est souvent accusée de voies de fait.
C'est-à-dire que si quelqu'un est attaqué par un policier et veut
déposer une plainte, la première chose qu'on voit, c'est que le
policier a déjà déposé une plainte contre le
citoyen, et souvent c'est un petit gars qui attaquait un assez grand policier
ou deux ou trois. C'est déjà arrivé qu'un gars soit venu
à mon bureau et il béguayait. C'était un petit gars et il
a été accusé d'avoir attaqué deux policiers.
Peut-être qu'il les a insultés verbalement, mais il ne les a pas
attaqués physiquement.
Je me demande si ce ne serait pas souhaitable de scruter ces plaintes
d'une façon spéciale, quand le citoyen accusé d'avoir
attaqué le policier veut déposer une plainte. Comprenez-vous?
M. Gosselin: Je comprends très bien. Je vous dirai que les
cas auxquels vous faites allusion se sont, dans certaines circonstances,
produits au Québec aussi.
M. Marx: Oui.
M. Gosselin: Sauf que lorsqu'une plainte est
déposée par le policier - s'il se plaint d'assaut de la part du
citoyen - ce sont les tribunaux de juridiction criminelle qui auront à
décider de la chose, mais cela ne nous empêchera pas pour autant
de procéder à une vérification des faits.
M. Marx: J'ai le cas maintenant d'un jeune homme qui a
déposé une plainte contre un policier. Le jeune homme a
déjà été accusé et trouvé coupale
d'avoir attaqué le policier. Ses chances sont minces. Sa mère
jure qu'il n'a même pas touché le policier, mais la cour
criminelle a déjà décidé qu'il est coupable. Je
pense qu'il y a là un problème aussi. Il y a le problème
que, veux veux pas, dans les faits, un policier peut accuser quelqu'un, en
vertu d'un règlement municipal ou en vertu du Code criminel, pour le
même acte. C'est une discrétion qui est souvent exercée au
détriment du citoyen. Pour une raison ou une autre, le policier peut lui
en vouloir.
M. Gosselin: Remarquez qu'en ce qui nous concerne, lorsque nous
recevons une plainte d'un citoyen, nous allons vérifier tous les faits,
même si nous sommes informés que ce même citoyen a
été accusé d'assaut envers un policier ou d'entrave
à ses travaux. Décider de la justesse de l'accusation qui est
portée contre ce citoyen, c'est de la juridiction des tribunaux
criminels, mais cela ne nous empêche pas pour autant de faire
enquête et, dans plusieurs cas, nous avons fait des enquêtes et
nous avons tenu des enquêtes publiques.
M. Marx: Est-ce que la commission a toujours la collaboration des
corps policiers lorsqu'il y a des enquêtes?
M. Gosselin: Je dirais que oui, nous avons la collaboration des
corps policiers, généralement parlant. À l'occasion, il
peut y avoir certains cas d'exception. Lorsqu'on reçoit une plainte
relativement à l'arrestation d'un individu qui se plaint de
brutalité, nous avons de la difficulté à obtenir le
dossier de police. Se basant sur certaines dispositions de la Loi sur
l'accès aux documents des organismes publics et sur la protection des
renseignements personnels, certains corps policiers croient qu'ils n'ont pas
l'obligation de nous transmettre le dossier à moins d'y être
assignés par un subpoena au moment de la tenue d'une enquête, soit
en vertu de l'article 34 ou d'une enquête publique. Cela a
occasionné,
depuis l'entrée en vigueur de cette loi, certains retards dans la
vérification des faits, parce que souvent le dossier de police nous
permet de voir la nature de la plainte qui est portée contre le citoyen
concerné. Il est évident que l'action d'un corps policier
à l'occasion d'un vol de banque ne serait pas la même qu'à
l'occasion ou ne devrait pas être la même qu'à l'occasion de
l'infraction d'un individu qui passe sur un feu rouge. Il y a des nuances. Il y
a des distinctions à faire. Pour nous, obtenir le dossier de police,
cela peut être très important. Cela nous permet d'abord souvent -
parce que le citoyen ne pourra même pas identifier le policier
concerné - de savoir qui était en devoir, qui a reçu le
citoyen dans les quartiers de détention lorsqu'il a été
amené au poste et mis en cellule, etc. Il nous faut pour cela obtenir le
dossier de police et nous ne sommes pas d'accord avec l'interprétation
donnée à cette loi d'accès par certains corps policiers.
Il n'en reste pas moins qu'on fait notre travail, mais parfois il est quelque
peu retardé par cette interprétation donnée à ces
lois par certains corps policiers...
M. Marx: Je note...
M. Gosselin: ...et dans certains cas...
M. Marx: Oui.
M. Gosselin: ...cela veut dire qu'on est obligé de
procéder en vertu de l'article 34 de la loi et d'assigner avec subpoena
pour que le dossier soit déposé.
M. Marx: Je note que le nombre de plaintes depuis un certain
nombre d'années, depuis 1978, est plus ou moins stable: autour de 240,
250 plaintes par année, en moyenne.
M. Gosselin: II y a, je pense, à la page 26 du rapport, un
tableau qui vous indique...
M. Marx: À la page 26?
M. Gosselin: Oui, à la page 26. Quant aux demandes
d'enquête qui nous sont soumises, vous allez constater qu'en 1984 il y a
eu une diminution, parce que, en 1983, on en a reçu...
M. Marx: C'est cela.
M. Gosselin: ...287. Le sommet...
M. Marx: Oui.
M. Gosselin: ...nous l'avons atteint en 1981...
M. Marx: C'est cela.
M. Gosselin: ...où nous avions reçu 296 plaintes.
On indique depuis 1970 le nombre des plaintes logées devant la
commission...
M. Marx: Oui.
M. Gosselin: ...et on constate plus particulièrement, si
on se replace en 1970, que le volume a augmenté considérablement
puisque en 1970 il y en avait 78.
M. Marx: C'est cela.
M. Gosselin: Si on se replace en 1975, il y en avait 141. Si on
se replace en 1980-1981, il y en avait 296. Cela a baissé à 258
pour aller à 287 et retomber à 237. Cette année, j'ai
l'impression que nous allons dépasser ce nombre de 237 et que nous
serons peut-être aux alentours, si cela se maintient comme ce que nous
avons reçu depuis le début de l'année de 275 plaintes.
M. Marx: 275, ce sera...
M. Gosselin: Environ, pour l'année 1985. C'est ce qu'on
anticipe de recevoir, tenant compte de ce qu'on a reçu jusqu'à
maintenant.
M. Marx: M. le Président, je vois qu'il est presque 18
heures et qu'il sera nécessaire d'ajourner. Je veux assurer le
président de la Commission de police que ce n'est pas l'Opposition qui
insistera pour qu'il soit ici au moment de la conférence à
Toronto, parce qu'on aimerait que le président revienne après
cette conférence en Ontario pour poursuivre cette discussion et nous
communiquer ses observations sur cette conférence, surtout pour savoir
si cela fonctionne bien au comité d'enquête sur le Toronto
métropolitain.
J'aimerais simplement, avant qu'on ajourne, remercier le
président et ses collaborateurs pour être venus aujourd'hui, pour
avoir été assez patients et avoir répondu à nos
questions. Vraiment, nous apprécions beaucoup cette collaboration du
président et des membres de la commission.
M. Gosselin: J'aimerais remercier M. le député de
D'Arcy McGee, M. le Président et tous les membres de cette commission de
l'accueil qui nous a été fait. Nous avons tenté de
répondre à toutes les questions qui nous étaient
posées. Je comprends que tous les travaux ne sont pas terminés.
Nous espérions bien terminer aujourd'hui, mais il semble que l'on
veuille nous revoir; nous n'y avons pas objection, évidemment, et nous
ne pourrions pas en avoir, mais je ne sais pas à quelle date vous
déciderez de nous faire revenir.
Le Président (M. Gagnon): Je remercie les membres de la
Commission de police du
Québec, MM. Gosselin, Boily, Beaudet, Fafard et Breault pour
votre présence et aussi votre patience, effectivement, à
répondre aux questions.
La commission des institutions ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 17 h 58)