(Neuf
heures quarante-sept minutes)
Le
Président (M. Bachand) : Bonjour, tout le
monde. Content de vous retrouver. Ayant constaté le quorum, je déclare la
séance de la Commission des institutions ouverte.
La commission est
réunie afin de poursuivre l'étude détaillée du projet de loi n° 14, Loi
modifiant diverses dispositions relatives à la sécurité publique et édictant la
Loi visant à aider à retrouver des personnes disparues.
Avant de débuter, Mme
la secrétaire, y a-t-il des remplacements?
La
Secrétaire : Oui, M. le Président. M. Zanetti (Jean-Lesage) est
remplacé par Mme Ghazal (Mercier).
Étude
détaillée (suite)
Le Président (M. Bachand) : Merci beaucoup. Alors, je vous rappelle que nous étudions le projet de
loi n° 14 par sujets. Lors de l'ajournement de nos travaux, le
jeudi 1er juin 2023, nous en étions à l'étude du sujet n° 3
intitulé Mission, compétence et
indépendance, et il avait été convenu, par ailleurs, de suspendre l'étude de
l'article 17, sujet n° 2 du projet de
loi. De façon plus particulière, nous avions amorcé l'étude de
l'article 95 du projet de loi, et Mme la députée de Westmount—Saint-Louis
souhaitait déposer un amendement.
Donc,
Mme la députée de Westmount—Saint-Louis, bienvenue, content de vous retrouver, et puis on vous écoute.
Mme
Maccarone : Merci. Et moi également, je suis contente de retrouver
tous les collègues et, évidemment, toutes
les équipes qui nous accompagnent aujourd'hui. Contente de vous retrouver, M. le
Président. Ça fait que, oui, on était situés... on était à
l'article 95, et j'avais un amendement. Ça fait que l'amendement se
lit : L'article 95 du projet de loi est remplacé par le
suivant :
95.
L'article 304 de cette loi est modifié par l'ajout :
1°
après les mots «a la responsabilité de déterminer», des mots «, après
consultation du Conseil sur les services policiers du Québec,»;
2° à la fin du
premier alinéa, de la phrase suivante :
«Elles sont portées à
l'attention des corps de police concernés par écrit et sont rendues publiques.»
Alors, pour situer
les gens qui nous suivent en ce qui concerne cet article puis le sens de
l'amendement en question, M. le Président,
c'était suite à ce que nous avons déterminé qui a été écrit dans le rapport
Chamberland, que ça aurait été
souhaité, à l'intérieur de cet article, de s'assurer qu'on a l'avis des
recommandations du Conseil sur les services policiers du Québec. Et, pour nous, ce n'était pas clairement écrit dans
l'article 304 de la loi. Ça fait que ce qu'on souhaite ici, c'est d'amener de la clarté, de s'assurer que
ce sera fait, suite au rapport Chamberland puis suite aussi aux recommandations
de tous les groupes concernés qui ont dit que ce serait une bonne affaire.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup.
Bon, comme vous savez, tout le monde, on a des problèmes informatiques, alors donc, ce n'est pas la demande
d'aucun député, homme ou femme, c'est moi qui vais demander une
suspension pour qu'on puisse, que vous puissiez avoir copie de l'amendement.
Mais on risque d'avoir des problèmes une partie de la journée, malheureusement.
Alors, je suspends
quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à
9 h 50)
(Reprise à 9 h 51)
Le
Président (M. Bachand) : À l'ordre, s'il
vous plaît! La commission reprend ses travaux. Puis j'aimerais remercier l'ensemble des techniciens et
techniciennes qui travaillent fort, aujourd'hui, pour régler tous ces
problèmes.
Alors donc, Mme la
députée de Westmount—Saint-Louis,
je ne sais pas si vous vouliez compléter.
Mme Maccarone :
Bien, M. le Président, je dirais
que c'est complet, à moins que le ministre a quelque chose qu'il souhaite contribuer. Comme j'ai dit, ce que
je souhaite, c'est d'avoir la clarté de s'assurer que... puis même, si
ça peut situer les gens qui nous suivent, on
peut trouver la recommandation sur le rapport Chamberland, c'est sur la
page 167, cette recommandation pour bonifier l'article 304 pour
rejoindre la recommandation de consulter, comme j'ai dit, le Conseil sur les
services policiers du Québec.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. M. le ministre,
s'il vous plaît.
M.
Bonnardel : ...commentaire, M. le Président. L'article 304 de la
loi indique clairement qu'il revient au ministre de la Sécurité publique de
«déterminer les grandes orientations en matière d'organisation policière et de
la prévention de la criminalité», et, à cet
égard, il peut — ce
n'est pas "il doit", il peut — bénéficier
des avis et recommandations du Conseil sur les services policiers du
Québec.
Donc,
il peut, alors on peut faire... ou faire une demande d'information, s'il y a
lieu, sur différentes politiques, ou autres,
au conseil de... du Conseil sur les services policiers du Québec, pardon.
Alors, on ne veut pas avoir les mains liées, dans une certaine mesure, avec un «doit», comme l'amendement le
mentionne, là, donc, «après consultation du Conseil». Alors, on peut déjà, comme c'est mentionné, là,
qu'il y ait... avoir bénéficié de ces avis et recommandations, mais on
ne va pas se lier les mains avec ça.
Le
Président (M. Bachand) : Merci. Mme la
députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone :
Oui. Et, comme le ministre a dit
avec justesse, ce qu'on souhaite, c'est de s'assurer que ce sera un fait, que ce ne sera pas un «peut» mais un
«doit». Ça fait qu'au lieu de seulement changer le mot, on souhaitait
avoir plus de clarté pour s'assurer que le
conseil, à chaque fois qu'il y aura un changement à émettre, ce sera une
consultation, un fait qui sera. Ça fait que c'est pour ça que nous avons écrit
l'amendement en question.
Je comprends que le
ministre ne veut pas que ça soit quelque chose qui est écrit en béton, veut
avoir la flexibilité. Nous, on pense que ce serait juste de suivre la
recommandation du rapport Chamberland pour s'assurer qu'il y aura quand même une consultation chaque fois qu'il y a lieu, et
pas un choix, mais un «doit», par cette consultation. Parce que c'est quand même eux qui sont sur le
terrain, c'est eux qui comprennent, c'est eux qui sont... ils ont ce
contact. C'est une neutralité aussi, hein, ça fait qu'on pense que ce serait
avec beaucoup de justesse que leur point de vue serait pris en considération.
Ça donne quand même
la liberté au gouvernement puis au ministre d'émettre leurs propres avis. On
parle de consultation, ce n'est pas... Ça
aussi, les recommandations qu'eux ils vont émettre, le gouvernement pourrait
choisir d'en prendre ou d'en laisser,
mais la consultation, ça fait partie de la preuve de transparence puis le
travail d'équipe qu'on pense est nécessaire, surtout rendus où nous
sommes aujourd'hui dans toute notre actualité.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup,
Mme la députée. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'amendement de la
députée de Westmount—Saint-Louis?
S'il n'y a pas d'autre intervention... Mme la députée de Westmount—Saint-Louis?
Mme
Maccarone : ...s'il vous plaît, M. le Président.
Le
Président (M. Bachand) : Alors donc, on va
mettre l'amendement à la mise aux voix. Donc, un vote par appel nominal. Mme la
secrétaire, s'il vous plaît.
La
Secrétaire : Pour, contre, abstention. Mme Maccarone
(Westmount—Saint-Louis)?
Mme
Maccarone : Pour.
La
Secrétaire : M. Bonnardel (Granby)?
M.
Bonnardel : Contre.
La Secrétaire :
M. Asselin (Vanier-Les Rivières)?
M. Asselin :
Contre.
La Secrétaire :
Mme Bourassa (Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme
Bourassa : Contre.
La Secrétaire :
Mme Schmaltz (Vimont)?
Mme
Schmaltz : Contre.
La Secrétaire :
M. Lemieux (Saint-Jean)?
M. Lemieux :
Contre.
La Secrétaire :
Mme Ghazal (Mercier)?
Mme Ghazal :
Abstention.
La Secrétaire : M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M. Bachand) : Abstention.
Donc, l'amendement est rejeté. Donc, on revient à l'article 95.
Interventions? Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'article 95?
S'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que l'article 95 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le
Président (M. Bachand) : Adopté. Merci
beaucoup. M. le ministre.
M. Bonnardel :
Donc, M. le Président, si je ne
me trompe pas, on change de bloc, on s'en va à Main-d'oeuvre policière
spécialisée et formation, article 13.
Le
Président (M. Bachand) : ...l'article 13
était suspendu. C'est...
M.
Bonnardel : Non, c'était le 17 qui était suspendu.
Le
Président (M. Bachand) : C'est le 17 qui
est suspendu?
M.
Bonnardel :
Oui.
Le
Président (M. Bachand) : Parfait. Alors donc, Main-d'oeuvre
policière. Allez-y, M. le ministre.
M. Bonnardel :
Alors, l'article 13, donc,
se lit comme suit : L'article 115 de cette loi est modifié par
l'insertion, après le quatrième alinéa, du suivant :
«Le gouvernement
peut, par règlement, déterminer les domaines dans lesquels une personne qui ne
remplit pas la condition prévue au
paragraphe 4° du premier alinéa peut être embauchée comme policier pour exercer
des fonctions d'enquête, dans un corps de police autre qu'un corps de
police spécialisé, ainsi que les critères de sélection et les qualités
minimales requises, dont la formation, pour être embauché à ce titre.»
Commentaires :
L'article 13 du projet de loi propose de modifier l'article 115 de la
loi afin de permettre au gouvernement de déterminer par règlement les domaines
dans lesquels une personne qui n'est pas diplômée de l'École nationale de police du Québec peut être embauchée comme policier
pour exercer des fonctions d'enquête dans un corps de police autre qu'un corps de police spécialisé ainsi que les
critères de sélection de même que les qualités minimales requises pour
être embauchée à ce titre. Il précise par ailleurs que la formation peut
constituer une qualité minimale.
Donc,
juste à titre d'exemple, là, j'en avais déjà parlé, là, le gouvernement
pourrait déterminer que les fonctions d'enquête
dans différents domaines, exemple, de cybercriminalité ou de crime
économique... pourrait être important ou être utile, pour ces corps de
police, d'avoir, donc, des personnes qui ont un bagage, un bagage d'expérience
dans un domaine spécialisé, après un certain
nombre d'années, et de répondre, donc, à une certaine demande pour résoudre,
là, des crimes plus complexes. Voilà.
Le
Président (M. Bachand) : Merci. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme
Maccarone : Oui. J'ai beaucoup, beaucoup, beaucoup de questions pour
cet article puis je ne veux pas que ça donne l'impression qu'on est contre.
C'est plus pour mieux comprendre, hein, parce qu'on a beaucoup de questionnements. On a parlé avec beaucoup de
parties prenantes, on a parlé avec beaucoup de policiers. Ça fait que ce
qu'on veut mieux comprendre, c'est peut-être la mise en oeuvre, je dirais, de
ce nouveau policier qui va travailler avec les autres policiers qui vont être
enquêteurs, mais qui vont suivre une autre formation. On voit ça un peu comme
un «fast-track» pour les policiers.
Ça
fait que ce qu'on veut savoir... parce que, maintenant, ça nous donne, en tout
cas, l'impression qu'il va y avoir deux
catégories de policiers. Ça fait que nous, on voulait mieux comprendre comment
ça fonctionne, parce que malgré que,
ces deux catégories de policiers, ils vont être assujettis aux mêmes règles de
déontologie, aux mêmes règles de Code civil, par exemple, ils vont
fonctionner de la même façon, je présume. Ça fait que ça, c'est quelque chose à
clarifier. Est-ce qu'ils vont être armés comme les autres policiers? Parce
qu'on comprend, dans autres articles qui vont suivre, tout ce qui est gendarmerie, ça ne fait plus partie de la formation
requise. Ça fait que, comme je dis, ça soulève beaucoup de
questionnements.
Alors, je dirais,
peut-être, la première question, ce serait de... Est-ce que les policiers
auront les mêmes droits et les mêmes obligations que les autres policiers qui
auront suivi toute la formation, tout le cheminement, que ce soit à Nicolet ou
au technique?
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup.
M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Bonnardel :
Oui, bien, premièrement, c'est
une recommandation du CCRP, je pense que la députée est bien au fait, là, d'introduire, dans la Loi sur la police,
pour tous les services de police, un processus d'entrée, on va appeler
ça en fonction parallèle pour des experts civils, là, je l'ai mentionné tantôt,
pour des crimes hyperspécialisés, que ce soit la cybercriminalité ou autres.
Puis juste la
parenthèse, avant d'aller plus loin, oui, ça va devenir un policier en bonne et
due forme, là, policier, policière en bonne et due forme, tout comme on l'a
fait aussi pour... depuis 2020, pour le Commissaire à la lutte contre la corruption. Le commissaire peut
lui aussi, là, donc, avec l'entrée parallèle, aller chercher des
expertises très nichées pour être capable d'épauler.
Puis
je ne dis pas que nos enquêteurs, nos hommes et nos femmes, nos policiers ne
peuvent pas faire le travail, mais tu arrives, des fois, dans des
secteurs, là, très spécialisés où tu as une expertise que... la personne qu'on
va aller chercher, qui peut décider, là... À
40 ans, après 15 ans d'expérience, 20 ans d'expérience dans un
domaine x, bien, cette personne pourrait déjà être enquêteure dans le
privé, dans le privé, a développé une spécialité x puis là, bien, un jour ou
l'autre, décide soit d'aller au Commissaire à la lutte contre la corruption, ou
au SPVM, ou à la Sûreté du Québec.
Donc,
je pense que c'est un outil additionnel qu'on va donner aux corps de police
d'être capable d'aller chercher... Puis
combien... si vous me posez la question, combien on va en embaucher, je n'ai
aucune idée, aucune idée combien on va être capables d'aller en
embaucher. Mais on va donner au moins cet outil, cet outil aux corps de police,
en se disant : Bien, c'est une
expertise x sur laquelle le SPVM pourrait ne pas répondre. Je ne pense pas que
les petits corps de police vont aller, tu sais, chercher une expertise,
bon, parce que ce sont des petits corps, mais là on va peut-être plus parler
des niveaux Québec, Laval, Montréal, peut-être Gatineau, peut-être Sherbrooke.
Je pense qu'on parle surtout... puis Sûreté du Québec. On parle surtout aux
gros corps qui sont impliqués à temps plein dans différents corps d'enquêtes,
là, qui sont d'une importance capitale.
Donc, c'est un outil
additionnel qui, pour nous, est important, puis surtout aussi que, la recommandation,
on la trouvait utile pour le travail des policiers dans le futur.
• (10 heures) •
Mme
Maccarone : C'était une recommandation de la SQ. Puis, dans le fond,
je n'avais pas la question de combien est-ce
qu'on souhaite engager, parce que je pouvais imaginer que ça va être établi par
région, mais les questions, en ce qui
concerne combien, c'est plus comment. Parce qu'on peut imaginer comment est-ce
que les policiers municipaux, SQ, par exemple, comment est-ce qu'ils
vont être compétitifs. Quand on sait, vous l'avez évoqué, dans le secteur privé, par exemple, ces spécialistes, entre autres...
mais ils peuvent être engagés. On voit la même chose dans le réseau
scolaire. On voit la même chose dans le réseau de santé, hein, nos
psychologues, au lieu d'oeuvrer dans les réseaux scolaires, pour... ce n'est
pas compétitif pour eux, bien, ils restent dans le privé parce qu'ils gagnent
plus cher.
Ça fait que... est-ce
qu'il y a une vision pour ça aussi, pour aider les policiers à faire le
recrutement de ces spécialistes, parce que,
dans le fond, il faut être compétitif, ou bien est-ce que nous sommes en train
d'adopter quelque chose qui va être
très difficile de mettre à l'oeuvre, parce que dans... ça va être difficile de
faire du recrutement, parce qu'on ne
peut pas être compétitif avec le privé? Mais je comprends le besoin,
100 %, ça fait que ça, c'est peut-être question n° 1.
Puis la deuxième
question que je dirais, c'est qu'ils ont déjà ce pouvoir, n'est-ce pas? Ils
peuvent engager un spécialiste, s'ils ont
besoin d'avoir un spécialiste pour leur... accompagner, pour la
cybercriminalité ou crime fiscal, par exemple.
Ils ont déjà le pouvoir de faire cet engagement. Ça fait qu'entre-temps, s'ils
ne sont pas en mesure de combler ces postes, ils ont toujours un
recours, «right»?
M.
Bonnardel : Bien, c'est ça, le but, dans tout ça, ce n'est pas
nécessairement, avec la présence ou l'arrivée de
cette nouvelle personne, qu'on crée une équipe. Souvent, c'est un ajout, c'est
un ajout d'expertise nichée, spécialisée, dans une équipe x. Il y a une échelle salariale qui est respectée, si on
est, exemple, au SPVM. Est-ce qu'on peut signer un contrat spécifique?
Peut-être, je ne connais pas tous les paramètres, là, du SPVM, pour ce processus
d'embauche comme tel, mais il ne faut pas oublier que cette personne, la seule
chose qu'elle n'a pas fait, là, c'est son parcours académique au cégep. Exemple, son... elle a fait l'école nationale... il
a fait ou elle a fait l'École
nationale de police au complet et vient épauler ses collègues par son
expertise du privé qu'elle est allée chercher.
Donc, est-ce que...
Encore une fois, est-ce que tous les corps d'importance vont l'utiliser?
Peut-être, peut-être pas, tout dépend de leur capacité à vouloir aller
chercher, là, la... peut-être celle ou celui qui manque, là, pour donner le
dernier petit coup, là, pour avoir l'équipe la plus forte possible.
Mme Maccarone :
...quelque chose qui est prévu
pour les policiers qui sont patrouilleurs, qui ont souhaité être enquêteurs? Parce que je peux imaginer, dans leur
place, ils voient ça un peu comme un passe-droit, parce que, là, on a des gens qui vont venir, qui ne vont pas suivre le
même cheminement, la même formation qu'eux. Ils vont être des policiers
à part entière, mais eux, ils ne sont pas enquêteurs, mais eux, oui. Ça fait
que... est-ce qu'il y a quelque chose qui est prévu pour accompagner nos
patrouilleurs qui aspirent aussi de devenir enquêteurs?
M. Bonnardel :
C'est normal que les policiers...
je le savais qu'en allant de l'avant avec cette recommandation, il allait y avoir certaines inquiétudes. Puis je
veux dire aux hommes et aux femmes, aux membres des différents corps de police, du jour au lendemain, en tout cas, je ne
crois pas que, parce qu'on fait cet... qu'on ajoute cet article que, du
jour au lendemain, il va rentrer
150 enquêteurs spécialisés dans les différents corps de police. Il reste
que, pour un gendarme, un homme ou
une femme qui sort de l'école nationale, qui est gendarme puis qui aspire à
devenir, peut-être, un jour, enquêteur ou... bien, se dit : J'ai
encore ma place, parce que j'ai gagné, moi aussi, mon expérience dans... sur le
crime organisé, gangs de rue, ou autres, ou
autres, ou autres, drogues, ou peu importe, là, proxénétisme. Donc, il reste
que ces hommes et ces femmes qui vont... qui auront acquéri cette
expérience vont pouvoir continuer.
Mais c'est pour ça
que je fais bien attention à mes mots, là, c'est très niché, là, très ciblé sur
quelque chose que le policier ou la
policière, dans son parcours de 10 ans, 12 ans, avant de dire :
Moi, là, je suis rendu là, là, dans mon parcours où je veux devenir enquêteur, bien, il y a peut-être ce petit
quelque chose, là, dans l'équipe mixte qu'exemple la SQ, le SPVM aurait formée, qu'il manque ce
petit... cette petite qualité additionnelle ou cette petite touche
additionnelle que je n'ai peut-être pas
acquise ou qu'on n'a peut-être pas acquise puis qui fait que, bien, on va aller
voir à l'extérieur, comme on le fait pour le Commissaire à la lutte
contre la corruption.
Mme
Maccarone : Puis, comme j'ai dit, ce n'est pas une question d'être
contre, c'est juste une question de comprendre,
parce qu'avec justesse je pense qu'on devrait s'inquiéter de comment que ça va
être aperçu sur le terrain. On devrait peut-être avoir la crainte de ne
pas dévaloriser ceux qui viennent de terminer toute la formation, parce que, veux veux pas, c'est un «fast track» pour ces
personnes, parce qu'ils n'auront pas fait la même formation. Ils vont
sortir peut-être de l'université, ou je ne
sais pas quelle autre formation qu'eux, ils auront besoin pour amener cette
spécificité, cette formation. Puis ils
seront tout de suite enquêteurs, qui n'est pas le cas d'un patrouilleur, c'est
ça, mais je comprends, avec du temps
sur le terrain, avec une expertise qu'ils auront accomplie après plusieurs
années, ils vont pouvoir toujours devenir enquêteurs. Il n'y a rien qui
leur empêche de le faire, mais c'est juste... On parle d'une comparaison d'un
qui vient de terminer ses études puis
l'autre... mais il ne pourra pas devenir enquêteur, bref, mais l'autre oui.
C'est juste ça. Je voulais savoir si ça, c'était pris en considération
puis si on a quelque chose qui est prévu pour accompagner ces patrouilleurs qui
ont quand même ces aspirations.
Le
Président (M. Bachand) : ...M. le
ministre, puis, après ça, j'aurais la députée de Mercier. M. le ministre.
M.
Bonnardel : On a eu des discussions avec les différents corps. Puis,
comme je vous le mentionne, je suis assez transparent pour vous dire que je le
savais que ce point allait titiller certains. Mais il faut bien comprendre que,
quand... je le répète, quand on est très
niché, exemple, dans un crime économique... bien, crime économique, quand
tu as passé ta vie comme gendarme ou que tu
as grandi sur... peu importent les épisodes sur lesquels tu as eu à travailler,
drogues, ou autres, proxénétisme, trafic d'armes, des fois, crime économique,
je vous donne cet exemple, là, mais c'est moins quelque chose sur lequel tu as
approfondi tes connaissances ou tu as travaillé, plus souvent qu'autrement.
Donc,
c'est peut-être plus là-dessus, tu sais, que je dirais aux... à ces hommes et
ces femmes : Ils auront... Il y aura toujours, toujours, toujours
de la place pour eux pour grandir dans une organisation. Puis là-dessus, comme
je le mentionnais, on pourrait s'en reparler dans un an, deux ans, trois ans.
On va le voir, ces trois prochaines années. Je ne crois pas que, du jour au lendemain, ça va exploser, partout au
Québec, en se disant : Mon Dieu! On manque d'expertise à la SQ, on manque d'expertise dans tel... au
SPVM. Je pense que, quand... les services combinés, les escouades
organisées qui sont mis en place, on voit qu'il y a peut-être une demande ou une
spécificité qui ne répond pas à... avec l'équipe qu'on a. Je pense que c'est...
Tout vient en termes de leadership de la part des commandants, des hommes et
femmes qui disent : Bien, regardez, la
gang, là, voici l'équipe que le gouvernement ou nous, on a décidé de former, on
a peut-être un petit bémol sur ça, qu'est-ce que vous en pensez? On va
aller voir à l'extérieur.
Le
Président (M. Bachand) : Merci.
Mme
Maccarone : ...
Le
Président (M. Bachand) : Rapidement, oui,
parce que...
Mme Maccarone :
...la parole, s'il te plaît?
C'est juste, est-ce que ces policiers vont être en mesure de devenir directeurs, par exemple, de monter l'échelon?
Est-ce qu'eux ils auront les mêmes droits, malgré qu'ils n'ont pas suivi
la même formation?
M.
Bonnardel : Il se pourrait, il se pourrait.
Mme
Maccarone : ...peut devenir directeur... Est-ce qu'il peut devenir
patrouilleur?
M.
Bonnardel : Mme Beausoleil, de la SQ, n'a pas un parcours comme
gendarme, là, ou comme policière, initialement, là, Mme Beausoleil.
Mme Maccarone :
Est-ce que Mme Beausoleil
travaille comme patrouilleur de temps en temps ou... Non, voilà, parce
que ça prend une formation.
M.
Bonnardel : C'est ça, mais ils ne sont pas patrouilleurs aussi, ceux
qui vont entrer, là. Ils vont être nécessairement nichés dans un domaine
d'enquête x, là.
Mme
Maccarone : Mais ils ne vont pas devenir patrouilleurs. Juste pour que
ce soit clair, ça prend une formation pour ça, mais ils pourront monter
l'échelon pour devenir directeur.
M.
Bonnardel : Si cela arrivait, oui.
Le
Président (M. Bachand) : Merci. Mme la
députée de Mercier, s'il vous plaît.
Mme Ghazal : Oui,
très bien. Merci beaucoup, M. le Président. Bonjour, tout le monde. Je suis
vraiment très contente d'être ici puis de remplacer mon collègue le député de Laurier-Dorion,
qui est en train de travailler sur un autre projet de loi très, très important,
sur le logement, le projet de loi n° 31.
Donc,
juste avant d'oublier, moi, j'ai une lettre... je ne sais pas si c'est le bon
moment de le faire, là, parce que je veux déposer un amendement, mais, avant,
une lettre de la Ligue des droits et libertés. Je pense qu'elle avait été reçue
par la commission, mais je veux la déposer de façon officielle ici, dans cette
commission.
Des voix : ...
Mme Ghazal : Très bien, merci. Oui. Donc, moi, j'ai... En fait,
c'est une intervention en lien avec l'alinéa n° 1 de
l'article 13, là, l'article qui modifie l'article 115 de la loi. Je
vais commencer par le lire tout de suite. Ça a déjà été envoyé, ça fait qu'il
est sur Greffier, je pense, ou je vais demander une suspension, juste pour être
sûre.
Document déposé
Le
Président (M. Bachand) : Bien, de toute
façon, la lettre est sur Greffier maintenant. Ça fait que lisez votre
amendement, puis on va aller... problème technique, on va aller vérifier, si
c'est bien sur Greffier.
Mme Ghazal : Mais je vais demander quand même une suspension
pour l'amendement, pas pour la lettre, pour l'amendement. La lettre, c'est bon, c'est déposé, mais je vais demander
une courte suspension, si ça ne vous dérange pas.
Le
Président (M. Bachand) : Est-ce qu'on est
prêts maintenant? Oui? Voulez-vous une suspension immédiatement?
Mme Ghazal : Oui,
s'il vous plaît.
Le
Président (M. Bachand) : Oui. Alors, on va
suspendre quelques instants. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à
10 h 10)
(Reprise à 10 h 27)
Le
Président (M. Bachand) : À l'ordre, s'il
vous plaît! La commission reprend ses travaux. O.K., Mme la députée de Mercier,
pour la lecture. Oui, Mme la députée de Mercier, s'il vous plaît.
Mme Ghazal : Oui,
très bien. Donc, voici l'amendement, qui est disponible sur Greffier, si vous y
avez accès. Donc, article 115 :
Ajouter au premier paragraphe de l'article 115 de la loi, proposé par
l'article 13 du projet de loi, «ou résident permanent».
Donc,
le premier paragraphe va se lire comme ça, de l'article 115, se lit
ainsi : «Être citoyen canadien ou résident permanent».
Et
donc je peux commencer avec les explications. Je pense que le ministre ne
serait pas... Oui, je peux y aller?
Le
Président (M. Bachand) : Oui, allez-y,
parce qu'on a des petits problèmes techniques aussi à régler entre-temps, là.
Allez-y, Mme la députée.
Mme Ghazal : Mais
c'est très simple, c'est juste ajouter «ou résident permanent» après «être
citoyen canadien». Puis le ministre, donc,
de la Sécurité publique n'est pas surpris de cet amendement-là. En fait, il y a
beaucoup, beaucoup, beaucoup d'arguments
pour soutenir le fait... En fait, je vais commencer par... bien, il faut que je
l'explique, hein? Je ne commencerai pas par
une question. Je voulais demander au ministre pourquoi est-ce que «résident
permanent» n'est pas inclus. Je vais commencer par ça pour commencer, tiens.
M.
Bonnardel : Bien, réponse courte, on a décidé, on a fait le choix de
garder le fait d'être citoyen canadien. De
l'autre côté, on a fait le choix aussi d'augmenter le nombre d'attestations
d'études collégiales qui répond en grande majorité aux minorités visibles. On a passé... on va passer de 90 à 230
sur les 1 000 formés à l'École nationale de police. Donc,
c'est un signal important qu'on envoie principalement aux minorités pour être
capable d'avoir aujourd'hui un pourcentage de 23 % de ses cohortes qui
viennent des minorités visibles.
Mme Ghazal : Pour
les minorités visibles, c'est-à-dire, c'est quoi, là, les chiffres que vous
avez... que le ministre a mentionnés? 90 à 200...
M.
Bonnardel : Avant, il y avait 90... pas permis, ce n'est pas le bon
mot, là, mais il y avait 90 attestations d'études collégiales pour les
minorités visibles. On a augmenté, donc, ces attestations de 90 à 230. Donc,
c'est une augmentation assez substantielle qui répond principalement, donc, à
une augmentation... pas juste un souhait... ou une volonté d'augmenter le
nombre de minorités visibles dans les différents corps de police.
• (10 h 30) •
Mme Ghazal : C'est-à-dire que je
comprends que le ministre dit : Bien, moi, peut-être que l'amendement que je fais, l'objectif, c'est d'augmenter la
représentativité des personnes des minorités visibles. Ça peut être aussi,
de façon générale, là, la représentativité générale de la
population. Il y a des gens qui viennent ici, qui veulent devenir citoyen canadien, qui ne le sont pas encore, mais
qui peuvent travailler, peuvent exercer plein de métiers au Québec sans être citoyens canadiens, sauf policier. Et un
des moyens que... par lequel le ministre veut y arriver, ce n'est pas en
accordant le droit de travailler comme policier, en étant... en ayant comme
exigence minimale le fait d'être résident permanent, mais c'est plutôt en y
allant par augmenter des attestations d'études, en disant : Bien, comme
ça, on va augmenter ça.
Mais le problème reste entier, parce qu'il y a
des gens, au Québec, qui sont résidents permanents, qui veulent travailler comme policier, surtout en cette
période de pénurie de main-d'oeuvre. Ça, c'est un des arguments. Il y a
une pénurie, ça pourrait faciliter. Puis
aussi, tu sais, si on se compare, par exemple, au reste du Canada, c'est le...
de ce que je sais, c'est... le seul
endroit, c'est au Québec, le seul unique endroit, partout au Canada, où on
décide de fermer la profession d'être policier aux résidents permanents.
Pourquoi est-ce que, dans les autres provinces, ils n'ont pas des... ils ont
pris cette décision-là alors qu'ici on décide d'être une exception?
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Bonnardel : Bien, je ne veux
pas parler pour les autres provinces canadiennes, c'est leur propre choix législatif. Nous, on a fait le choix de demander
la citoyenneté canadienne, mais d'augmenter les cohortes d'attestations d'études collégiales qui sont dictées
précisément... principalement, je devrais dire, principalement aux minorités
visibles. Donc, cette augmentation, pour
nous, est importante pour être capable d'avoir une représentativité encore plus
importante de ces minorités dans les différents corps de police.
Mme Ghazal : Puis la
représentativité dont vous parlez, est-ce qu'elle va avoir un impact en
fonction des régions, c'est-à-dire est-ce
que tout le monde... les attestations qui sont données, 100 % de ces
attestations-là pourraient être à Montréal, comme ça, à Sherbrooke, où
il y a une unité...
M. Bonnardel : Bien, je ne peux
pas décider pour un citoyen ou une minorité. Une personne d'une minorité visible, qu'elle soit à Sherbrooke, soit à
Montréal, au Saguenay—Lac-Saint-Jean ou en Abitibi, si elle décide de changer de plan de vie... puis qu'à 37 ans, là, je me dis : Je veux
devenir policier ou je veux même... j'ai une spécialité x, moi, comme...
je pourrais avoir un atout additionnel parce que j'ai une spécialité en
cybercriminalité ou en crime économique,
bien, cette personne pourrait faire... pourrait aller passer, donc, son
attestation d'études collégiales puis son école nationale par la suite.
Mme Ghazal : Parce que, sur la
question de la représentativité, je veux dire, tout le monde, tout le monde, tout le monde est pour la tarte aux pommes et tout
le monde veut que le corps policier soit représentatif de la population.
Après ça, c'est les moyens. Je comprends que
le ministre dit : Bien, moi, je fais le pari que, si j'augmente les
attestations pour les personnes issues des
minorités visibles, elles pourraient... on pourra augmenter, on pourra avoir un
résultat, parce que ce n'est pas
comme la première fois. Ce n'est pas juste depuis quelques années qu'on parle
de ça, de la représentativité, surtout dans les corps policiers. Ça fait
extrêmement longtemps, puis les résultats ne sont pas présents.
Je comprends
que le ministre renferme ça aux minorités visibles. C'est vrai que c'est un des
enjeux importants, mais les gens qui n'ont pas la résidence permanente
pourraient venir d'autres pays qui ne sont pas nécessairement uniquement
faisant partie de la minorité visible. Ça peut être des minorités audibles ou
d'autres sortes de minorités. Je comprends
que les attestations, c'est uniquement pour les minorités visibles, mais il
faut regarder la représentativité de la population de façon beaucoup, beaucoup plus large. Il y a un moyen d'y
arriver, encore plus de... pour s'assurer d'avoir des résultats, pas
juste des bonnes intentions, mais s'assurer d'avoir des résultats. Ça, c'est un
moyen qui est utilisé partout ailleurs. Pourquoi est-ce qu'au Québec on ferait
bande à part?
Puis ça a été
aussi une recommandation du Comité consultatif sur la réalité policière de
2021, que je suis certaine que le ministre connaît. Il connaît les
recommandations. Donc, je comprends que le ministre a décidé de rejeter du
revers de la main une des recommandations du comité consultatif. Est-ce que sa
réponse, c'est juste : Bien, moi, je vais
y passer par l'augmentation des attestations? Peut-être que ça faisait aussi
partie, là, des recommandations du comité.
Ce qui est important aussi, il y a un autre élément...
mais, le ministre, est-ce qu'il est conscient que c'est une recommandation du
comité consultatif?
M. Bonnardel : Oui,
tout à fait. Je vous l'ai mentionné, on a fait le choix de garder la
citoyenneté canadienne, mais
d'augmenter le nombre qui sont... à cause de l'attestation d'études
collégiales. Comme je l'ai mentionné tantôt, le pourcentage sur 1 000, c'est quand même 23 %. C'est une
augmentation substantielle de ce qui existait avant. Donc on est fiers
de ça. On est fiers de tout ça puis on est persuadés qu'avec cette mesure on va
être capables d'augmenter la représentativité de ces minorités.
Mme Ghazal : Mais c'est quoi,
le risque de faire les deux? Tu sais, on peut marcher et mâcher de la gomme en même temps. On peut augmenter les attestations
puis donner aussi la résidence permanente. Comme ça, on se donne tous les moyens. On les met de notre côté pour
s'assurer d'avoir des résultats, pour ne pas que, dans quelques années,
on se repose encore la même question. Pourquoi est-ce qu'on ne fait pas les
deux? C'est quoi, le risque qui a été évalué par le gouvernement de ne pas
octroyer le droit de pratiquer cette...
M. Bonnardel : La réponse est
la même, madame.
Mme Ghazal : ...ce
métier-là pour les résidents permanents?
M. Bonnardel : Ma réponse est
la même. On a fait le choix d'augmenter les attestations d'études collégiales.
Mme Ghazal : Mais c'est quoi,
le risque pour... C'est quoi, le risque, qui a été évalué par le gouvernement,
de ne pas l'accorder aussi aux gens qui ont la résidence permanente, comme pour
d'autres métiers?
M. Bonnardel : C'est un choix.
C'est un choix que nous avons fait de garder la citoyenneté canadienne. C'est
tout.
Mme Ghazal : Mais c'est un
choix basé sur quoi?
M. Bonnardel : C'est un choix
qu'on a fait, parce que nous, on souhaitait augmenter les attestations d'études
collégiales.
Mme Ghazal : Mais c'est la
seule et unique raison pour quoi est-ce qu'on ne l'a pas fait aussi en même temps que... Bien, peut-être qu'il y a un élément,
là, moi, qui m'échappe. Peut-être qu'il y a une raison particulière puis
qui pourrait être tout à fait légitime.
Parce que je comprends que l'objectif qui est... (panne de son) ...de la
population. Le gouvernement a dit : Bien, nous, on va y arriver pour les
minorités visibles uniquement. Puis je répète que la diversité, ce n'est pas juste les minorités visibles. Mais je comprends
que c'est quand même un enjeu particulier pour la police, donc on va y
aller par les attestations.
Mais c'est quoi, la raison d'avoir rejeté le
fait d'aussi l'accorder pour les gens qui ont la résidence permanente, comme ça se fait ailleurs, et surtout,
surtout comme c'est recommandé par le comité consultatif? C'est quoi...
M.
Bonnardel : Je n'ai
pas d'autre...
Mme Ghazal : Je veux juste savoir
c'est quoi, les éléments? C'est quoi, l'aspect négatif qui fait...
M.
Bonnardel : J'ai expliqué ma réponse. J'ai expliqué ma
réponse, M. le Président. La réponse, c'est celle-là : on a
fait le choix de garder la citoyenneté canadienne puis d'augmenter le nombre...
les minorités, pardon, donc, en attestation d'études collégiales de 90 à 230.
Mme Ghazal : Mais, en fait, moi,
j'ai la réponse de : C'est quoi, le moins... J'ai la réponse. La réponse
du ministre répond à la question suivante : Quel est le moyen que le
gouvernement a décidé de prendre pour augmenter la représentativité des minorités visibles d'un corps policier? Donc, la
réponse du ministre, c'est d'augmenter... d'y aller par les attestations
d'études collégiales.
Maintenant, moi, ma question qui n'est toujours
pas répondue, c'est : Pourquoi le gouvernement a décidé de ne pas octroyer
la possibilité de pratiquer le métier puis devenir policier pour les résidents
permanents, comme ça se fait ailleurs et
comme ça a été proposé par le comité consultatif? Ça, je n'ai pas encore
entendu de réponse. Puis il y a peut-être une bonne réponse, c'est juste
que je ne l'entends pas.
M. Bonnardel : Je répète une
dernière fois, M. le Président, on a fait le choix de garder ça et d'augmenter
le nombre d'A.E.C. pour répondre à la représentativité qu'on souhaite avoir
dans les corps de police.
Mme
Ghazal : Bien, moi, j'aimerais savoir, sans avoir tous les
détails, là, mais j'imagine que l'ancienne ministre de la Sécurité publique, qui est actuelle ministre
des Transports et vice-présidente... vice-première ministre, plutôt, du gouvernement... quelle discussion ils ont eue
ensemble, puisque l'ancienne ministre, à la dernière législature, en
décembre 2021, a déposé le projet de loi
n° 18, dans lequel on avait ajouté, là, le fait que... le statut de
résident permanent comme une des conditions minimales pour devenir
policier. Ça a été fait dans le projet de loi de l'ancienne ministre, mais ce
projet de loi est mort au feuilleton.
Qu'est-ce qui est arrivé entre ce moment-là, en
décembre 2021, et aujourd'hui pour que le ministre actuel de la Sécurité
publique décide : Bien, finalement, on a changé d'idée? C'est-à-dire que
la décision avait été prise de l'accorder pour le résident permanent, mais le
même gouvernement, puisque c'est ce gouvernement-là qui a été élu, a décidé de
changer d'idée. Quelles sont les raisons de ce changement de cap autre que le
changement de ministre?
M.
Bonnardel : La réponse, je vous l'ai donnée. Je vais vous la
répéter pour une autre fois, là, c'est le choix qu'on a fait, c'est l'augmentation des... d'augmenter les
attestations d'études collégiales. On est passé de 50, en 2020, à 230.
Donc...
Mme Ghazal : Quand est-ce que ce
choix... ce changement-là a été fait?
M. Bonnardel : Dans le dernier
budget.
Mme
Ghazal : Donc, après le dépôt du projet de loi. Puis est-ce
qu'il y a eu de la représentation de certains groupes qui disaient que ce n'était pas une bonne idée
puis qui a fait que le gouvernement a décidé d'y aller par un autre
moyen?
M. Bonnardel : Bien,
pas une bonne idée... je vois mal comment certains groupes pourraient dire, du
jour au lendemain, augmenter la représentativité des minorités n'est pas une
bonne nouvelle, personne qui est passé ici en consultation
puis a qui a dit : Mon Dieu! Ça n'a pas de sens qu'on passe de 50 à 90, de
90 à 230. Je pense que la plupart des gens étaient heureux.
Mme Ghazal : Bien, moi, je ne parle
pas de ça. Puis je... Regarde, je vais le dire au ministre, c'est une bonne
chose, c'est une bonne mesure que le gouvernement met en place. Bravo!
Félicitations.
Maintenant, moi, ce que je parlais... des
représentations, pas par rapport aux attestations d'études collégiales, je parlais à des représentations au fait de
dire : Non, non, non. Aïe! Le gouvernement, on a vu le projet de loi de
l'ancienne ministre, puis c'était écrit
qu'elle voulait donner le droit de pratiquer le métier de policier pour les
résidents permanents. Ce n'est pas
une bonne idée. Enlevez donc ça dans le nouveau projet de loi. Moi, c'est cette
question-là... c'est : Est-ce qu'il
y a eu des représentations pour dire que ce n'était pas une bonne idée ou
est-ce qu'il y a eu des nouvelles informations au gouvernement à l'effet que ce n'était pas une bonne idée d'accorder
le droit de pratiquer et de devenir policier pour les résidents
permanents? Ça serait intéressant que les membres de la commission et le public
puissent connaître ces raisons-là qui ont amené ce changement d'idée de la part
du gouvernement.
• (10 h 40) •
M. Bonnardel : J'ai expliqué
pourquoi on a pris cette décision, M. le Président. Je n'irai pas plus loin.
Mme Ghazal : Mais je n'ai pas de réponse,
M. le Président.
M.
Bonnardel : Mais
vous en avez une.
Mme Ghazal : Il y a des gens qui
attendent.
M. Bonnardel : Non, non. M. le
Président, ça fait six fois que je lui répète la même chose, là. J'ai expliqué
pourquoi...
Mme Ghazal : Mais c'est une réponse
à une autre question.
M.
Bonnardel : Non,
non. Écoutez, Mme la députée, j'ai expliqué, entre le projet de loi n° 18
et celui-ci, pourquoi on a pris cette décision. On a pris cette décision parce
qu'on a décidé d'augmenter les attestations d'études collégiales de 90 à 230.
C'est tout. Voilà.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée, oui.
Mme Ghazal : Cette réponse-là n'est
pas une réponse à ma question sur le résident permanent.
M. Bonnardel : Ce n'est pas la
réponse que vous souhaitez avoir, mais c'est la réponse que je vous donne parce
que c'est la bonne réponse, Mme la députée.
Le Président (M.
Bachand) : Juste une personne à la fois,
puis évitez qu'on parle un par-dessus l'autre. Mme la députée, oui.
Mme Ghazal : Est-ce que le ministre
est fier qu'au Québec, les services policiers du Québec, qu'ils soient les plus homogènes au Canada? Est-ce qu'il est
fier avec cette comparaison-là? Est-ce qu'il trouve que c'est une bonne
statistique puis que ça nous représente bien dans ce pays étranger qu'est le
Canada?
M. Bonnardel : Bien, la statistique
que je vous donne, Mme la députée, c'est que les attestations d'études
collégiales, en cinq ans, sont passées de 50, à 90, à 230.
Mme Ghazal : Jusqu'à quelle année?
En quelle année on va atteindre ce résultat-là?
M. Bonnardel : 230 pour cette année.
230.
Mme Ghazal : 230. Puis ça, ça fait
combien pour tous les corps policiers?
M. Bonnardel : Sur
1 000 policiers qui sont formés à l'institut national de police,
23 %. 230 sur 1 000.
Mme Ghazal : Mais, en ce moment,
c'est-à-dire que... Mais, en ce moment, par exemple, dans le rapport, là, qui a été fait en 2021 — puis
là vous allez dire, peut-être, que la situation a changé — où
on dit : Les services policiers... Il y a des services policiers
d'envergure, que ce soit la Fédération des policiers et policières municipaux
du Québec, la ville de Sherbrooke, et d'autres, il n'y a aucun représentant des
minorités visibles ou ethniques dans leurs rangs.
Est-ce que la mesure de passer de... jusqu'à 230
cette année permet de régler puis de faire en sorte que ce ne soit pas zéro
policier issu d'une minorité visible dans la Fédération des policiers et
policières municipaux et à la ville de Sherbrooke, un exemple? Est-ce que c'est le
cas? Moi, ma question, c'est : Est-ce que ça donne des résultats dans
ces endroits-là où il n'y a aucun représentant des minorités visibles?
M.
Bonnardel : On va le voir, Mme la députée, peut-être dans deux
ans, trois ans, quatre ans. Il faut se donner quand même du temps. Les
services de police municipaux sont indépendants, sont autonomes. Donc, on leur
donne aujourd'hui des outils en termes de formation pour que cette augmentation
soit plus que visible, perceptible, donc, en termes de minorité dans les
différents corps de police du Québec.
Mme
Ghazal : Puis qu'est-ce qu'on va faire si, quelques années
plus tard, on se dit : Ah! bien, finalement, cette mesure-là qui a
été mise en place par le ministre, finalement, elle n'a pas donné de résultats,
on devrait faire une autre mesure? Pourquoi
est-ce qu'on attend après de voir les résultats puis qu'on ne se donne pas
toutes les cordes à notre arc pour
enfin arriver avec des résultats en matière de représentativité et non pas
uniquement avec des voeux pieux comme ça a toujours été le cas? On
voudrait l'augmenter. Ça serait bien que ça soit représentatif. Tout le monde
est pour ça. C'est bon pour la société,
c'est bon pour aussi l'image des corps policiers puis la confiance du public.
Pourquoi est-ce qu'on n'ajoute pas quelque chose qui se pratique
ailleurs?
Puis ce n'est
pas comme si j'étais en train de proposer quelque chose d'incroyable, là, en
disant... même, résident permanent...
en étant résident permanent, on peut pratiquer d'autres métiers. On peut avoir
le... On a même le droit de pratiquer
la médecine en étant résident permanent. On a le droit de pratiquer la médecine
en étant résident permanent. On a le
droit d'enseigner, on a le droit de devenir pompier. On a le droit de faire
beaucoup, beaucoup de choses en étant résident permanent, mais, ah, on
ne peut pas devenir policier. Ça, barrière. Si ça vous tente de devenir
policier puis que vous ne voulez pas attendre de devenir citoyen canadien,
allez ailleurs. Est-ce qu'on peut se permettre ça en pleine pénurie de
main-d'oeuvre même dans le corps policier?
Moi, ce que je suis en train de proposer au
ministre, c'est d'autres solutions, en plus de celle qu'il a répétée maintes et
maintes fois, d'autres solutions pour arriver à des résultats pour qu'on arrête
d'être dans les voeux pieux quand il s'agit de représentativité.
Le Président (M.
Bachand) : Intervention, M. le ministre?
M. Bonnardel : Bien, l'analyse de la
députée de voeux pieux, je lui dirais que c'est plus que des voeux pieux, c'est 23 % du nombre total d'aspirants
policiers, policières formés qu'on souhaite voir arriver en termes de
minorités visibles. Pas juste des voeux pieux, là, c'est concret, là, concret.
On passe de 90 à 230, puis je n'ai personne ici qui est passé en consultation
qui a dit : Ça n'a aucun sens, ce que vous mettez en place.
Mme Ghazal : Bien, moi, je vais
ajouter à tous ces commentaires des gens qui n'ont pas dit que c'était une
mauvaise chose. Moi aussi, je viens de le faire, je félicite le ministre pour
cette mesure. Mais c'est une seule mesure pour un problème qui dure depuis
longtemps puis qui est extrêmement important dans la confiance du public dans
notre corps policier puis sa représentativité. C'est extrêmement important.
Puis je n'arrive pas à comprendre... Puis ce
n'est pas moi seulement qui me pose la question. Je la pose pour les gens qui n'ont pas droit de parole ici puis
qui nous écoutent. C'est quoi, le risque, ou quel est le désavantage, ou
quel est l'élément négatif à l'effet de
permettre aux résidents permanents d'être policiers, et qui est peut-être une
bonne raison qui a permis... qui a
amené le gouvernement à changer d'idée puis à enlever le fait d'être résident
permanent du projet... de son projet de loi, puisque c'était contenu
dans le projet de loi précédent, qui est mort au feuilleton, qui avait été
déposé par l'ancienne ministre de la Sécurité publique. Juste nous dire c'est
quoi, l'effet négatif de permettre aux résidents permanents de pratiquer le
métier de policier.
M. Bonnardel : J'ai déjà assez
répété, à la même question, mon élément de réponse. On a fait le choix de
garder la citoyenneté pour augmenter le nombre d'attestations d'études
collégiales.
Mme
Ghazal : Puis, dans l'analyse, pourquoi... Bien, en fait,
la question, c'est... J'imagine qu'il y a eu une analyse qui a été faite et il y a eu un choix qui a été fait. Il
y a même eu un changement d'idées que le gouvernement a fait. Peut-être que ça a été fait pour des bonnes raisons,
mais, en ce moment, les gens qui nous écoutent... et moi, puis les
membres de la commission, je n'arrive pas à comprendre c'est quoi, l'élément
négatif. Je n'ai pas de réponse à ça. C'est quoi... Est-ce que...
Tiens, je vais y aller autrement. Est-ce qu'il y
a un effet négatif au fait de permettre aux résidents permanents de devenir
policiers?
Le Président (M.
Bachand) : Intervention?
M. Bonnardel : Pas de commentaire,
M. le Président. J'ai déjà tout dit.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée.
Mme
Ghazal : Bien, je n'ai pas de réponse. Est-ce qu'il y a un
élément négatif à l'effet d'être résident permanent puis devenir
policier? Sans me dire quoi, juste oui ou non.
M. Bonnardel : ...M.
le Président.
Mme
Ghazal : Bien, je ne suis tellement pas satisfaite de cette
réponse-là. Je m'attendais vraiment, vraiment, M. le Président, à avoir une réponse, en ce moment, en mettant... en
soumettant cet amendement-là, qui est d'une simplicité extrême. Je m'attendais vraiment à avoir une
réponse et surtout des explications sur... ou une présentation sur les
éléments qui ont amené le gouvernement à changer d'idée. Parce que le
gouvernement, en décembre 2021, était d'accord, était d'accord à l'effet qu'un
résident permanent, que le fait d'être... d'avoir le statut de résident
permanent, que ce soit une des conditions
minimales pour devenir policier. C'était même écrit, là, aux paragraphes 6
et 88... et 85, pardon. Aux paragraphes 6 et 85, c'était écrit dans
le projet de loi n° 18 qui est mort au feuilleton. C'était écrit.
Donc, il y
avait une raison pour laquelle on l'a mis et donc il y a une raison pour
laquelle on a décidé de l'enlever. Et moi, cette raison-là, je n'ai pas
de réponse. Quand je demande au ministre : Quelle est la raison de
l'enlever?, la seule réponse que j'obtiens : On a décidé d'augmenter les
attestations d'études collégiales. Je ne comprends pas. C'est une réponse à une
autre question. Et j'ai félicité le ministre. Bravo pour ça, pour cette
mesure-là. Mais je n'ai pas de réponse à ma question.
Le Président (M.
Bachand) : Interventions? Est-ce qu'il y
aurait... La députée de Westmount—Saint-Louis, s'il vous plaît.
• (10 h 50) •
Mme Maccarone : Pas pour mettre de
l'huile sur le feu, mais je suis d'accord qu'on n'a toujours pas de réponse à
la question. Moi, je suis favorable à l'amendement en question et je pense que ça
mérite d'être répété. On est la seule province ou territoire au Canada qui ne
laisse pas les résidents permanents devenir policiers.
Le point aussi est très bon, qu'on peut devenir
médecin, on peut devenir infirmière, on peut devenir enseignant, on peut devenir technicienne, il y a plein de postes que
nous pouvons occuper si nous... résidents permanents, sauf le métier de
policier. Et au-delà du désir de vouloir augmenter la visibilité de nos
minorités visibles puis des communautés
culturelles au sein de nos corps de policiers... mais on est frappés aussi avec
une pénurie de main-d'oeuvre très
importante. On a un manque de ressources sur le terrain. On le voit dans le
temps supplémentaire obligatoire qui est demandé de nos corps policiers. C'est anormal de demander à un policier
de travailler 80 heures par semaine. Les policiers sont favorables
à un tel amendement, alors... Bien, dans le fond, on n'a pas entendu quoi qu'il
soit de quelqu'un qui dit qu'ils sont contre.
Alors, ce que
moi, je voudrais savoir, c'est... parce que je comprends que le gouvernement a
fait un choix. Est-ce qu'on peut
avoir un dialogue pour avoir un revirement de ce choix ou bien est-ce qu'il y
avait un avis à cet effet? Parce que face à vraiment la pénurie de
main-d'oeuvre puis le manque de ressources que nous avons actuellement...
Et aussi, les gens qui viennent ici, ce n'est
pas toutes les minorités visibles. On a des gens qui viennent ici de la France,
par exemple, qui souhaitent être embauchés, puis de travailler, et de devenir
citoyens canadiens, puis évidemment de vivre leur vie ici, au Québec.
Ça fait que est-ce qu'il y a un avis à cet égard
qui nous dit le contraire, que l'offre n'est pas favorable? Puis là je ne parle pas des attestations, je parle
vraiment de juste de compléter le réseau. On a presque plus de départs que
nous avons de policiers qu'on embauche. Alors, c'est un moyen pour nous de
combler des postes, n'est-ce pas? Ça nous donne beaucoup plus de flexibilité.
Alors, est-ce que ça, c'est quelque chose qui a été regardé par le
gouvernement?
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Interventions?
M.
Bonnardel : Bien, un court commentaire pour répondre à la
question de la députée. En termes de pénurie, bien, on a justement augmenté la cohorte d'aspirants policiers
et policières à l'institut national de police de 650 à 1 000 pour y
répondre et, de là, on a décidé d'augmenter à 23 % sur ces 1 000 la
représentativité de ces minorités visibles. Alors, c'est le choix qu'on a fait.
La réponse est la même que j'ai donnée tantôt.
Mme
Maccarone : Dans notre arsenal, dans notre coffre à outils, ce
serait un autre outil que nous pouvons utiliser pour s'attaquer à la pénurie de main-d'oeuvre. C'est des mesures qui
sont importantes, puis je pense que tout le monde est d'avis qu'il faut
combler les postes. Il faut aider ceux qui nous protègent, c'est très
important, mais ça nous donne un autre bassin de candidats potentiels que nous
pouvons avoir pour nous aider à combler ces postes. Parce que c'est regrettable, mais le temps supplémentaire
obligatoire est phénoménal. Nous avons des policiers, ça a été médiatisé
cet été, qui gagnent un salaire qui est très important puis pas parce qu'ils
sont trop payés, mais parce qu'ils travaillent 80 heures par semaine,
alors d'où l'importance de mettre tout ce que nous pouvons sur notre côté pour
engager du personnel, de qualifier du monde, avoir plus de gens qui peuvent
aller chercher une attestation.
Encore une fois, oui, c'est vrai, c'est très
important pour avoir une représentativité au sein de nos corps policiers, mais
aussi parce que nous avons beaucoup de postes à combler.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Interventions? Mme la
députée de Mercier.
Mme Ghazal : Bien, pour vrai, là,
moi, je trouve que le silence du ministre sur le changement d'idée du
gouvernement est pire que s'il m'avait donné une réponse. Même si je n'avais
pas été convaincue, ce n'est pas grave. C'est quoi, l'impact qu'un résident
permanent devienne policier? Est-ce qu'on a peur que, tout d'un coup, il y en
ait trop, de policiers? Je ne le sais pas.
J'essaie... Je me fais des hypothèses.
Depuis tantôt, j'essaie de trouver la raison. C'est quoi, l'impact? Peut-être
qu'il pourrait dire : Bien, le fait
d'avoir des résidents permanents, ça pourrait désavantager... Je ne sais pas
trop. Je n'ai aucune idée. J'essaie
de trouver une réponse. C'est comme une façon de dire : Bien, on ne veut
pas faciliter l'entrée de trop de gens dans les corps policiers? On veut
qu'il y ait des barrières un peu plus?
Je veux dire, même en
médecine, où est-ce qu'on sait que c'est très difficile, puis ça a toujours été
l'exemple parfait, là, on va
voir un chauffeur de taxi puis qu'il nous dit : Ah! moi, j'ai été médecin ou
j'ai été... j'avais tel, tel, tel métier dans mon pays, mais je n'arrive
pas à obtenir les équivalences, je n'arrive pas à pratiquer. Mais là, pour
policier, j'essaie de comprendre, surtout que c'est un enjeu criant dans notre
société.
Puis
pourquoi je parlais de voeux pieux? Moi, je m'en rappelle, il y a très, très,
très longtemps... ça fait longtemps, là,
que... Moi, je m'étais présentée aux élections pour Québec solidaire en 2007‑2008. On parlait de la représentativité des minorités de
toutes sortes, là, de façon générale, de la diversité dans la société, dans la
fonction publique puis, encore aujourd'hui, on n'atteint pas les cibles.
Ça
fait que je comprends que le ministre me parle de l'entrée. On va travailler
pour que, dans ceux qui vont avoir une
attestation pour devenir policiers, on va augmenter l'entrée, en espérant qu'au
bout il y ait suffisamment de policiers puis que ça soit représentatif.
Ça fait qu'on souhaite que ça le soit à un moment donné, mais ça fait longtemps
qu'on souhaite ce genre de choses là, puis
là on n'a pas le choix, c'est une responsabilité du gouvernement d'avoir des
résultats. Puis avoir des résultats, c'est
de ne pas avoir un autre rapport une autre fois, dans deux, trois ans, qui va
nous dire que, ah, la police n'est pas... est toujours la plus homogène,
elle n'est pas représentative de la population, puis qu'on soit encore pas
fiers du fait que notre police ne soit pas représentative de la population.
Donc, ici, nous, on
arrive avec une solution. En fait, on reprend une solution qui était amenée par
le gouvernement. C'était le gouvernement.
C'était écrit noir sur blanc dans le projet de loi de la CAQ, et, je répète, il
y a peut-être des bonnes raisons de
l'avoir enlevé. C'est juste que je n'ai pas de réponse de la part du ministre,
puis, son silence, je le trouve inquiétant. Je me dis : Il y a
anguille sous roche.
Est-ce que... Je vais
répéter ma question, qui se répond par oui ou non. Est-ce qu'il y a un risque à
l'effet d'ouvrir le métier de policier aux
résidents permanents, comme on le fait pour enseignant, comme on le fait pour
médecin, comme on le fait pour pompier, comme on le fait pour plein d'autres
métiers au Québec?
Le
Président (M. Bachand) : M. le ministre.
M. Bonnardel :
On est fiers, M. le Président, on
est fiers d'augmenter la représentativité du nombre de policiers,
policières, pour ce qui est des minorités visibles, en augmentant de 90 à 230
sur 1 000, sur 1 000 aspirants policiers, policières à l'École
nationale de police, un pourcentage de 23 % qui n'a jamais, jamais, jamais
été mis de l'avant dans les 10, 15,
25 dernières années au Québec. Donc, on fait un pas important, important
pour augmenter ces minorités dans tous les corps de police du Québec.
Le
Président (M. Bachand) : Je reconnaîtrais... juste une
intervention de Mme députée d'Anjou-Riel... Louis-Riel, pardon. Oui.
Mme Boivin
Roy : Oui. Merci, M. le Président. Bien sûr, je m'en remettrai à votre
décision, mais j'aimerais soulever l'article 209 de nos règles de procédure,
qui indique qu'un «député peut s'exprimer une seule fois sur un même sujet». Je pense que la députée revient à
nouveau. Elle a posé la question au moins six fois, le ministre a
répondu six fois, peut-être pas à sa satisfaction, mais il a répondu à la
question.
Le
Président (M. Bachand) : Mais ça... On
laisse aller le débat. Je pense que le ton est bon, et puis on laisse le
débat... Puis il vous reste moins de deux petites minutes, Mme la députée.
Mme Ghazal : C'est
ça. Je vais prendre mon temps pour poser des questions sur un enjeu important
de société. Est-ce que le ministre... Tiens,
je vais sortir des minorités visibles. Est-ce que le ministre trouve que le
fait, par exemple, d'augmenter, de donner la possibilité à des personnes
qui ont la résidence permanente de devenir policiers, est-ce que ça permet, par
exemple, d'améliorer la... de contrer la pénurie de main-d'oeuvre?
M. Bonnardel :
On a fait le choix d'augmenter de
650 à 1 000 le nombre de policiers et policières formés à l'École
nationale de police pour répondre à la pénurie de main-d'oeuvre et d'augmenter
l'attestation d'études collégiales.
Mme Ghazal : Il
me reste très peu de temps. Je laisse une dernière chance au ministre de
répondre. Pourquoi est-ce qu'ils ont changé d'idée?
M.
Bonnardel : On a fait le choix d'augmenter le nombre d'attestations
d'études collégiales de 90 à 230.
Mme Ghazal : Et qu'est-ce qui fait que c'était bon avant, que les résidents
permanents puissent être policiers, comme
ça se fait partout, sauf au Québec, partout au Canada, où nos chiffres ne sont
pas très bons parce qu'il y a une grande homogénéité du corps policier? Ça, c'est une mauvaise nouvelle.
Qu'est-ce qui fait qu'il y a eu ce choix-là du gouvernement?
M. Bonnardel : On a fait le choix,
comme critère, de garder la citoyenneté canadienne, mais d'augmenter la
représentativité des minorités visibles sur les cohortes d'aspirants policiers,
policières à Nicolet.
Mme Ghazal : J'espère
seulement que, dans deux ans ou trois ans, on ne va pas se dire : Le
gouvernement aurait dû écouter une des
recommandations du Comité consultatif sur la réalité policière 2021, puis
qu'on prenne encore du retard. Moi,
je pense que c'est ça qui va arriver. Et je trouve ça dommage que ça ne soit
pas la décision du gouvernement et je trouve encore plus dommage de ne
pas avoir de réponse à ma question. Merci, M. le Président.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
• (11 heures) •
Mme Maccarone : Oui. Moi, je veux
juste dire que je trouve qu'on manque à saisir d'une opportunité non seulement
pour les arguments qui ont déjà été mis vers l'avant pour combler nos cibles
qu'on souhaite avoir en termes de représentativité de nos minorités visibles,
mais, oui, pour aider à combler les postes, parce que nous avons une pénurie de
main-d'oeuvre très importante.
Je veux juste partager les statistiques que nous
avons de la SQ en termes de temps supplémentaire obligatoire pour faire la comparaison, pour qu'on comprenne
d'où ce qu'on y va puis qu'est-ce que nous sommes en train de manquer comme opportunité, si on vote contre cet
amendement. En 2017, le total général... Puis là, juste pour que tout le
monde comprenne de quoi on parle, les chiffres que je partage considèrent
uniquement le temps supplémentaire enregistré et approuvé. Alors, ça se peut que c'est encore plus élevé. Mais la
comparaison de 2017, c'était 209 893 heures, avec 2022,
363 558 heures. L'augmentation de temps supplémentaire obligatoire
est de 73 %. C'est important quand on fait la comparaison de 2017 à 2023... on
n'a pas les chiffres encore pour 2023, évidemment, 2017 avec 2022.
Alors, je
dirais qu'on a vraiment une occasion en or de mettre tous nos outils à l'oeuvre
pour combler les postes qui sont vacants. On a des gens qui souhaitent
travailler, qui souhaitent oeuvrer, qui souhaitent devenir Québécois à part entière, Canadiens. Ce serait une occasion pour
eux de contribuer à notre société, à un métier que nous devons valoriser.
Alors, voilà, je vois vraiment une occasion pour nous de combler des postes
vacants.
Puis je répète encore une fois, M. le Président,
on est en retard avec le reste du Canada. C'est tous les provinces ou
territoires qui ont dit oui à cette possibilité. On peut combler les autres
postes, présentement, des ordres professionnels qui donnent la possibilité à
ces gens de combler les postes. C'est dommage, si on n'accepte pas cet
amendement, parce que ça fait 25 ans depuis qu'on n'a pas eu un débat sur la
Loi de la police. J'espère qu'on ne va pas attendre un autre 25 ans pour donner
toutes les possibilités à nos corps policiers de combler tous les postes. C'est
fort essentiel, ce rôle.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Interventions?
Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'amendement de la députée de
Mercier? Il vous reste 35 secondes, Mme la députée de Mercier. Je ne sais
pas si vous voulez les prendre.
Mme Ghazal : Je n'ai pas envie de
reposer une question à laquelle je n'aurai pas de réponse.
Le
Président (M. Bachand) :
Merci. Alors, s'il n'y a pas
d'autre intervention, est-ce que l'amendement est adopté?
Mme Ghazal : ...un vote par appel
nominal...
Le Président (M.
Bachand) : Vote par appel nominal. Merci.
Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme Ghazal (Mercier)?
Mme Ghazal : Pour.
La Secrétaire : M. Bonnardel
(Granby)?
M. Bonnardel : Contre.
La Secrétaire : Mme Boivin Roy (Anjou—Louis-Riel)?
Mme Boivin Roy : Contre.
La Secrétaire : M. Asselin (Vanier-Les Rivières)?
M. Asselin : Contre.
La Secrétaire : Mme Bourassa (Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Bourassa : Contre.
La Secrétaire : Mme Haytayan (Laval-des-Rapides)?
Mme Haytayan : Contre.
La Secrétaire : M.
Lemieux (Saint-Jean)?
M. Lemieux : Contre.
La Secrétaire : M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention.
La Secrétaire : Mme Maccarone
(Westmount—Saint-Louis?)
Mme Maccarone : Pour.
Le
Président (M. Bachand) :
Merci. Donc, l'amendement est
rejeté. Donc, on revient à l'article 13. Interventions? Mme la députée
de Westmount—Saint-Louis,
s'il vous plaît.
Mme Maccarone : Oui. Bon, pour
revenir au débat que nous avons eu auparavant en ce qui concerne les nouveaux
policiers spéciaux, je pense que la question qui se pose, pour moi, c'est
vraiment le pourquoi. Pourquoi qu'on a besoin d'avoir le titre de policier pour
ce rôle, quand les policiers, quand les services policiers ont déjà la
possibilité d'engager des spécialistes quand ils ont ce besoin, que ce soit en
cybercriminalité ou autre? Comme le ministre
avait mentionné, quand on parlait, par exemple, des gangs de rue ou de la
mafia, par exemple, on peut engager des spécialistes, on peut engager
des criminologues pour venir aider les enquêteurs et les corps de police.
Pourquoi qu'on a besoin de leur donner le titre de «police»?
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. M. le ministre.
M. Bonnardel : Bien, ça devient...
Dans ce changement de vie que certains ou certaines pourraient souhaiter, bien, ils ont une expérience acquise qui est
importante dans un domaine très niché, très spécialisé. On ne leur
demande pas de retourner faire leur... pas leur formation, leur diplôme
d'études collégiales en techniques policières, on leur dit : Grâce à
l'expérience que vous avez acquise pendant 10, 12, 15 ans dans un domaine
niché, bien, on a besoin de vous pour épauler notre équipe spécialisée en x, y,
z. Cette personne dit oui, elle entre à l'École nationale de police, fait son
parcours et est embauchée par le service de police X.
Donc, oui, ça
va devenir un policier ou une policière en bonne et due forme, mais c'est un
outil additionnel, qui était une
recommandation du CCRP. On n'a pas tout pris ce qu'il y a dans le CCRP, on en a
pris aussi parce qu'on trouvait que ça répondait à des besoins, à des
besoins spécifiques. Maintenant, ce sera à définir pour les différents corps de
police, à savoir si besoin est pour utiliser
cet article qui va leur permettre, tout comme on l'a permis aussi au
Commissaire à la lutte contre la corruption depuis 2020, d'aller chercher de
l'expertise additionnelle à l'extérieur.
Mme Maccarone : Est-ce qu'ils vont
être assujettis à la même échelle salariale? Est-ce que c'est un nouveau poste
avec un nouveau salaire?
M. Bonnardel : Même, même, même
échelle salariale, là. C'est le même...
Mme Maccarone : Comme n'importe quel
autre enquêteur.
M. Bonnardel : Oui.
Mme Maccarone : Ça fait que...
est-ce qu'on peut voir que c'est peut-être une mesure économique, la raison
qu'on fait ça? Parce qu'on peut imaginer qu'en engageant des spécialistes à part...
on comprend qu'on engage du monde du privé.
Alors, je ne
sais pas qu'est-ce qu'il charge, un criminologue ou quelqu'un qui se spécialise
dans la cybercriminalité, mais, si on se base, par exemple, avec un
psychologue, qui charge 160 $, 180 $ à l'heure, est-ce que c'est une
mesure économique parce que ça nous permet de sauver de l'argent, parce que,
là, on va engager du monde qui vont faire partie de notre bassin des employés?
M. Bonnardel : Bien, je ne pense pas
qu'on peut dire que c'est une mesure économique. C'est une personne qui rentre
dans le service de police, donc qui a les mêmes outils, les mêmes privilèges
qu'un policier, une policière a, avec les
outils de son expérience dans le passé, là, qui vient épauler le service de
police. Donc, le service de police peut toujours continuer d'embaucher
un consultant, s'il le souhaite, mais maintenant elle a sous la main
l'expertise qu'elle souhaitait avoir, parce que personne, dans le corps de
police, ne pouvait y répondre. Donc, c'est ça qu'on ajoute aussi dans cet
article, qui va nous permettre un peu plus... d'être un peu plus versatiles en
termes de possibilités pour le recrutement.
Mme
Maccarone : Mais ça ne va pas leur empêcher d'engager aussi
des spécialistes à part, s'ils le souhaitent. Ils vont toujours avoir
cette possibilité-là.
M.
Bonnardel : C'est leur décision à eux.
Mme
Maccarone : Parce que, dans le mémoire de la SQ, et je les cite, c'est
sur leur page 8, ils disent que... elle
estime que «la mesure proposée permettrait non seulement de favoriser un apport
de compétences nécessaires», oui, pour
faire face à une criminalité en constante évolution, mais ça va aussi générer
des économies en matière de formation. Ça fait que... est-ce qu'on prévoit, peut-être, dans le prochain dépôt du
budget, qu'on va avoir des économies prévues puis des coupures parce que
ça leur donne les moyens de sauver de l'argent?
M.
Bonnardel : Écoutez, on va parler de formation un peu plus loin, là,
dans... On en a déjà parlé, on va en parler
encore dans le projet de loi, on en a déjà aussi discuté maintes et maintes
fois, là, pendant les consultations, mais, comme je le mentionne, là, il
y a... Je pense que c'est bien vu, là, c'est un outil additionnel pour aller
chercher une expertise nichée pour les différents corps de police. Puis est-ce
que, dans la prochaine année, ce sera trois, quatre, cinq de ces hommes et
femmes, là, qui pourraient participer, dans ce parcours, à devenir policiers,
policières? On va l'évaluer, mais je pense
que c'est un bon outil à leur donner, puis on verra comment les différents
corps de police vont embarquer ou non là-dedans, si besoin est.
Mme
Maccarone : Bien, encore une fois, ce n'est pas une question d'être
contre, c'est plus une question de compréhension de pourquoi qu'on a cette
nécessité, pourquoi qu'ils ont besoin d'avoir le titre de policier, s'ils ont
déjà les moyens d'engager tous les spécialistes dont ils ont besoin. Ça fait
que, là, on demande à ces spécialistes de devenir
policiers, d'être armés, mais ils n'auront pas tout à fait la même formation.
Je pense que les questions se posent. Je trouve ça un peu particulier.
Ce n'est pas une question d'être contre, puis je fais confiance dans le moyen
que ce sera mis en place. Je souhaiterais voir, évidemment, le règlement, puis
de savoir qu'est-ce qui est prévu pour être mis dans ce règlement pour encadrer
ce nouveau poste, parce que, comme j'ai dit, je peux imaginer qu'on va avoir
des économies prévues.
Puis
l'autre question qui se pose : Pourquoi qu'on se limite... Si on lit
l'article en question, on parle des deux
catégories, le crime économique puis la cybercriminalité. Est-ce qu'on se
limite à ces deux, puis, sinon, pourquoi qu'on n'a pas énuméré autres
domaines?
M.
Bonnardel : On ne se limite pas à rien de particulier, là. C'est des
domaines très nichés, très particuliers, puis que la police veut... définit.
Elle le fera par elle-même.
Maintenant, pour
répondre à une inquiétude que vous aviez, là, un consultant qui est spécialisé,
qui est embauché par le service de police ne
va pas participer à l'opération policière, tandis que le nouveau policier,
policière qui a cette spécialité va être sur
le terrain, là, va être dans les opérations, directement sur le terrain, ce que
l'autre ne pouvait pas faire, donc,
grâce à son expertise. Parce que l'autre ne porte pas l'arme, n'a pas la
possibilité d'arrêter ou, en tout cas, tous les... parce que tu n'es pas policier. Donc là, cet enquêteur
spécialisé, lui, il est là, là, il est sur le terrain, là, puis il
visualise puis il donne, peu importe, là,
les ordres, s'il a à donner des ordres ou non, là. Donc, c'est l'énorme
différence entre un consultant... qui
est très, très haut dans ses opérations puis qui ne peut pas être sur le
terrain pour donner ces informations, pertinentes, oui ou non, là.
• (11 h 10) •
Mme
Maccarone : Bien, ça m'amène à la question de formation, d'abord,
parce que je comprends puis... j'imagine une
scène où on a ce policier spécialisé, enquêteur spécialisé qui va faire partie
de l'intervention. Bien, il n'a pas
tout à fait la même formation qu'un autre policier, alors ça amène un
questionnement pour moi, puis je ne suis pas la seule, c'était écrit
dans plusieurs de nos mémoires. Je ne les ai pas tous, mais, exemple, la
fédération des policiers municipaux du
Québec, qui disent... puis là je cite leur mémoire, mais ils disent que «faire
des enquêtes dans l'encadrement très
strict que constitue le droit criminel entraîne des conséquences importantes
pour la poursuite des dossiers judiciaires. Au-delà de s'assurer que
chaque policier reçoive une formation adéquate, il faut que chaque policier
reçoive la même formation de base, puisqu'ils sont assujettis aux mêmes
obligations disciplinaires, déontologiques.» Et même L'APPQ a dit la même chose, il y a plusieurs organisations qui
représentent les policiers qui ont dit la même chose. Je pense que c'est
une inquiétude car ils ne vont pas suivre la même formation, mais ils vont être
assujettis au même règlement, le même Code criminel, le même Code civil.
Ça
fait que... est-ce qu'on a des risques de dérives parce qu'il y a quelqu'un qui
n'a peut-être pas suivi la même formation? Rendu sur place, une
interpellation, on dit souvent, les décisions sont prises dans une seconde, ils
ont très peu de temps à agir, on peut
peut-être faire des erreurs. Est-ce que ça risque de peut-être mettre des
freins dans les procès judiciaires, par exemple? On sait déjà qu'on fait
face à beaucoup de difficultés. Est-ce que ça, ça a été analysé, puis, si oui,
quelle est la solution pour ça? Est-ce qu'on envisage peut-être d'autres
formations plus tard? Comment que ça, ça va être attaqué?
M.
Bonnardel : Bien, rapidement, M. le Président, cette personne va faire
l'École nationale de police au complet, là, pas au tiers, à moitié ou aux trois
quarts, là, fait l'École nationale de police au complet. Et depuis 2020, le
Commissaire à la lutte contre la corruption a les mêmes outils.
J'étais là lors de
l'assermentation, à Nicolet, là, de cette première cohorte d'enquêteurs
spécialisés, là. J'étais là. Ils ont passé
tout le processus de l'école nationale au complet. Donc, depuis trois ans, ces
enquêteurs sont assermentés, font le travail avec tous les outils qui
leur sont octroyés, là, pour faire un travail de policier enquêteur.
Mme Maccarone : Sauf
qu'on a des articles que nous allons adopter par la suite de celui-ci, où on va
faire le débat... Je ne sais pas si on va les adopter, c'est précoce de ma
part, je suis désolée, M. le Président, mais on parle d'éliminer la formation de gendarmerie. Ça fait que ce ne serait plus
nécessaire pour poursuivre à un poste, alors... d'un poste d'enquêteur,
par exemple. Ça fait que, là, c'est des personnes qui vont rentrer tout de
suite comme enquêteurs, qui n'auront pas eu l'obligation de suivre cette
formation de gendarmerie, mais on parle de les avoir sur le terrain, armés,
pour agir comme un policier qui a suivi toute cette formation. Ça fait que, il
me semble, c'est une différence assez importante.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. M. le ministre.
M. Bonnardel : ...spécification que
le sous-ministre va vous expliquer par la suite, là. On n'enlève rien, tu sais. On l'enlève dans le cadre de l'article qui
correspond à l'article 13, là, mais ce n'est pas dans l'analyse que vous
croyez, là, d'enlever cette formation-là comme telle.
Mme Maccarone : ...être ramenée à
l'ordre, ça fait qu'avec consentement...
M.
Bonnardel : Non, non, mais l'article, là, si vous avez des
questions, là... mais, non, voilà, je pense que j'ai tout dit sur cet
article, M. le Président, là. On répond à une complexité, à un besoin x.
L'École nationale de police va recevoir ses nouveaux... ses nouvelles recrues,
avec leur expérience acquise dans le privé, avec la même formation que les
policiers, policières ont présentement à l'École nationale de police. Le
Commissaire à la lutte contre la corruption a ses outils depuis 2020. Il n'y a
pas eu de problème, comme tel, depuis trois ans, puis on reste convaincu qu'il
va peut-être y avoir quelques embauches qui vont permettre de greffer puis
d'épauler ces spécialistes-là dans des équipes très nichées pour combattre le
crime.
Mme Maccarone : Si vous me
permettez, je peux faire le parallèle avec le réseau de l'éducation, où on voit
qu'on a plusieurs profs non qualifiés qui
font partie de notre réseau. On a un besoin d'avoir du monde, on a un
besoin criant de personnel dans le réseau scolaire puis on voit maintenant que
ça pose beaucoup de problèmes. Ça fait que c'est un peu l'alignement du
questionnement.
Ça fait que je souhaite peut-être mieux
comprendre, d'abord, ça va être quoi, la formation pour ces policiers
spécialisés. Parce que, de la façon que c'est écrit, le libellé, ça ne précise
pas que la formation va être exactement de la même façon que tous les policiers
qui vont devenir patrouilleurs, par exemple, tous les policiers qui peuvent,
qui souhaitent, peut-être, devenir
enquêteurs plus tard dans leur carrière, après des années d'expérience. La
façon que c'est rédigé, ça rouvre la porte à l'embauche de policiers qui
ne seraient pas, peut-être, adéquatement formés pour effectuer des tâches
d'enquête normalement accomplies par des policiers.
Puis là, si
on... parce que je comprends qu'on ne parle pas uniquement de, peut-être,
cybercriminalité ou les crimes, mais,
si on parle de quelqu'un qui se spécialise dans les gangs de rue, bien, nos
policiers ont cette expertise puis ont cette formation. Alors, ça
amène... Bien, moi, je suis inquiète. Je suis inquiète. Je pense que ce n'est
pas clair pour moi, ce qu'ils vont recevoir comme formation.
Ça fait que,
si le sous-ministre souhaite peut-être nous expliquer ça va être quoi, la
différence entre la formation pour
ces policiers spécialisés, moi, je serais très à l'aise de l'entendre. Même
que, je dirais, ça va peut-être être rassurant parce que je pense qu'on
a besoin de comprendre ça va être quoi, la formation de base pour devenir un
policier spécialisé, qui amène cette
spécificité. Parce que j'ai vraiment l'impression que c'est très différent de
la formation d'un autre policier,
surtout suite aux amendements qui suivent, mais je veux juste vraiment
comprendre ça va être quoi, la différence.
M. Bonnardel : Bien, pour la
gouverne de la députée, il nous fera plaisir de communiquer la formation, la formation comme telle de l'École nationale de
police pour ces enquêteurs spécialisés. On va lui envoyer... on va
demander à l'école nationale de vous envoyer ça.
Mme
Maccarone : Ça fait que... est-ce que ça veut... on va
entendre la réponse à ça va être quoi, la formation, maintenant, ou
est-ce qu'on suspend, ou...
M. Bonnardel : Je vais demander à
l'école nationale de nous envoyer le parcours comme tel. Vous allez le
recevoir, j'imagine, dans les prochains jours, là.
Mme Maccarone : Ça fait que...est-ce
qu'on peut suspendre l'article en question, d'abord, jusqu'à tant qu'on reçoive
cette réponse?
M. Bonnardel : Non.
Mme Maccarone : En tout cas, comme
je dis, j'ai un malaise. Je trouve particulier... parce que, vraiment, la façon que c'est écrit, ils n'auront pas la même
formation. Ils n'auront vraiment pas la même formation, puis c'est
vraiment une expérience indispensable, je
pense, la formation. Puis surtout que, vous savez, M. le Président, depuis le
début de cette commission, avec
toutes les personnes qui sont venues en audition, la formation, c'est le nerf
de la guerre. Tout le monde a évoqué
l'importance de suivre une formation importante. On parle de bonifier, même, la
formation, de la façon qu'on forme nos policiers
ainsi que nos enquêteurs. Je ne pense pas que les questions sont banales, c'est
vraiment une inquiétude.
Puis encore
une fois, je répète, je ne suis pas la seule qui a amené le bémol. C'est
peut-être parce que la façon que c'est rédigé, ce n'est pas clair, mais
ça donne vraiment l'impression que ça va être un «fast track» pour un policier
spécialisé, qu'ils ne vont pas suivre la même formation qu'un policier
patrouilleur, par exemple, mais on leur demande d'être sur la scène dans une
interpellation puis d'agir comme un policier, comme tous les autres policiers qui ont reçu une formation très importante pour
agir comme il faut. Ils sont assujettis aux mêmes règles déontologiques,
le même cadre juridique. J'ai une inquiétude
que ça nous amène peut-être et... ça va nous amener à faire fausse route
parce qu'on leur demande à agir comme un policier, mais ils n'auront pas eu la
même formation.
M. Bonnardel : Mme la députée, avec
tout le respect que je vous dois, on le fait déjà, là. On le fait déjà, là. On
le fait déjà au Commissaire à la lutte contre la corruption, on fait déjà ce
qu'on va mettre en place pour permettre aux services de police municipaux
d'embaucher des enquêteurs spécialisés. On le fait déjà depuis trois ans.
Mme Maccarone : D'abord, la question
se pose : Pourquoi qu'on a besoin de l'avoir dans la loi? Pourquoi qu'ils
ont besoin... pourquoi qu'on a ce besoin?
M. Bonnardel : C'est ça, bien, on le
fait pour le commissaire, mais on ne le fait pas pour les autres corps de police
là.
Mme Maccarone : Oui, bien, en tout
cas, peut-être que c'est moi qui ne comprends pas, M. le Président, mais, comme j'ai dit, il y a beaucoup de gens qui
ont posé la question. Le SPVM a posé la question, l'APPQ a posé la
question, la FPMQ a posé la question. Est-ce qu'on le fait pour... D'abord,
est-ce que ça veut dire qu'on le fait pour l'UPAC, mais on ne le fait pas pour
les autres? Parce que c'est ma compréhension de la réponse.
• (11 h 20) •
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Bonnardel : Bien, on répond à ce
qui se fait déjà puis on répond à la recommandation du CCRP pour permettre un
outil additionnel aux corps de police municipaux.
Mme Maccarone : Je pense que ça va
nous aider, peut-être, juste de connaître l'orientation des groupes qui sont venus témoigner, M. le Président. Quand M.
Francoeur est venu, des fraternités des policiers, et je cite son
intervention, lui, il nous a dit, quand on a
parlé des policiers spéciaux, des enquêteurs spéciaux, il dit... parce que moi,
ça fait un petit bout de temps que je
suis là, mais là, depuis 20 ans, l'objectif... en tout cas, du Service de
la police de la ville de Montréal, quand on nous parlait d'entrées
latérales, c'était d'aller chercher des spécialistes, admettons, en crime
informatique, qui auraient coûté moins cher qu'une police. Et c'était juste ça,
l'objectif. Sauf qu'aujourd'hui, essayez de trouver un spécialiste en informatique au salaire d'une police, je vous souhaite
bonne chance. Ou il ne sera pas bien bon... ça fait ça, mais... Puis les entrées latérales ou les
enquêteurs spécialisés, que ce soit en crime économique ou quoi que ce soit,
bien, il faut aussi qu'ils connaissent la
réalité terrain. Tu sais, faire un dossier de violence conjugale quand tu n'as
jamais arrêté, quand tu n'as jamais répondu à un appel de violence
conjugale, les enfants qui crient, la madame qui est blessée, qui est
hystérique, le conjoint qui est violent... C'est bien beau, de faire des
dossiers sur papier, puis arriver à la cour, puis montrer un dossier de cour,
là, mais quand tu ne l'as pas vécu, tu n'es pas sensible à ça. Puis d'ailleurs
c'est une approche qu'ont pris les tribunaux
depuis plusieurs années, effectivement, pour avoir une approche plus humaine
avec les victimes, donc je pense qu'il ne faut pas oublier ça. Et, si on y va
d'entrées latérales, il faudra prévoir une formation minimale à l'École
nationale de police en matière de patrouille, gendarmerie, formation initiale
et, ensuite, en milieu policier, un stage en auto-patrouille aussi pour savoir
c'est quoi, la réalité, pour être sensible aux réalités.
Ce n'est pas moi qui le dis, je n'ai pas cette
expérience, mais je partage son inquiétude. Comme je disais, je pense que tout le monde autour de la table, les
gens qui nous écoutent, on peut imaginer la scène d'avoir quelqu'un qui n'a pas eu la même formation, qui se présente.
C'est une question aussi de protéger ce nouvel enquêteur spécialisé
aussi, de s'assurer que cette personne aura
une formation accrue pour agir comme il faut pour être en... parce que, là,
c'est une police, c'est un policier,
il va être armé, mais il n'aura pas eu la même formation. Moi, ce que je
souhaite, c'est d'être rassurée que, la formation, ce sera la même
formation que toutes les autres personnes qui doivent agir sur une scène de
crime, de violence, d'attaque, de meurtre. Puis je pense qu'on mérite ça, je
pense que les policiers méritent ça puis je pense que les personnes qui vont
entrer dans ces nouveaux postes, eux aussi, ils méritent d'avoir cette
formation.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Interventions?
Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Il me reste combien
de temps, M. le Président?
Le Président (M.
Bachand) : Je vais vous dire ça, là,
avec... ce ne sera pas très long.
Mme Maccarone : Il n'y a pas de
problème — on
a des problèmes techniques — je
peux continuer, parce que, comme j'ai dit, là, j'ai parlé de M. Francoeur,
qui a lancé son cri du coeur puis nous a peint un portrait vibrant de qu'est-ce
qui peut arriver sur le terrain, mais le SPVM, dans leur mémoire, eux, ils ont
dit : La formation de l'École nationale de police du Québec n'est pas une formation anodine ou
banale. Faire des enquêtes dans l'encadrement très strict que constitue le droit criminel entraîne des conséquences
importantes pour la poursuite des dossiers judiciaires. Il faut
également s'assurer de la formation adéquate pour les policiers eux-mêmes, qui
sont assujettis aux mêmes obligations
disciplinaires, déontologiques et même criminelles que les policiers ayant été
formés à l'École nationale de police
du Québec, parce que le libellé actuel ne cible pas les postes de sergent
détective ultra spécialisés qu'on pourrait imaginer et ouvre la porte à l'embauche de policiers qui ne seraient pas
adéquatement formés à des tâches d'enquête usuelles.
C'est ça, la réalité de ce que nous sommes en
train de dire. Puis moi, je n'ai pas... J'ai un malaise. Ça fait que ce n'est pas une question de dire qu'on est contre
la position ou l'entrée de poste. Je comprends l'argument d'avoir des nécessités. Je sais que c'est la SQ qui souhaitait
l'avoir puis je comprends qu'on va toujours avoir la possibilité
d'engager des spécialistes quand on aura le
besoin, mais moi, ce que je ne comprends pas, c'est vraiment au niveau de...
formation. Je pense sincèrement qu'on fait
fausse route, si on ne peut pas amener de la clarté puis mieux comprendre ça va
être quoi, la formation de base de
ces personnes, surtout si ça ne suit pas la même formation de base des autres
policiers qui doivent agir sur une
scène de crime, une scène de violence, qui doivent agir au sein de la
population, auprès de personnes qui peuvent être très dangereuses... les
états mentaux perturbés. Ils ont besoin d'avoir cette formation. Ils ne savent
toujours pas aujourd'hui qu'est-ce qui attend derrière la porte quand ils vont
sur scène pour faire une interpellation.
Le Président (M.
Bachand) : Il vous reste un peu plus de
20 minutes, parce que c'est... il y avait 40 minutes pour l'étude de
l'article 13, au total.
Mme Maccarone : Ça fait que mon
temps est écoulé?
Le Président (M.
Bachand) : Non, non, il vous reste encore
20 minutes.
Mme Maccarone : Encore 20 minutes?
Le Président (M.
Bachand) : Oui, oui, oui. On est généreux
aujourd'hui, il me semble que c'est...
Mme Maccarone : On est généreux
aujourd'hui.
Le Président (M.
Bachand) : ...avec la température
extérieure.
Mme Maccarone : C'est rare.
Le Président (M.
Bachand) : Non, on suit le règlement.
Mme Maccarone : Bien, j'aime ça,
c'est une nouvelle façon de fonctionner. Ça fait que je ne veux pas avoir un
monologue, mais je pourrais continuer, parce que je pense, encore une fois, que
le point est très important.
Moi, ce que
je souhaite, c'est d'être rassurée. Ce n'est pas une question, même de voter
contre l'article en question, mais je pense que c'est important qu'on
vide la question en ce qui concerne ce nouveau poste qu'on va mettre à
l'oeuvre, surtout quand on parle de la formation, dans le mémoire de l'APPQ,
encore une fois, je cite leur mémoire : C'est
donc avec scepticisme que nous avons pris connaissance que l'intégration de
civils concerne, dans le projet de loi, des postes enquêteurs qui
relèvent d'un domaine, sans autre précision. Il est souhaitable de qualifier ce
domaine de spécialisé ou avec une expertise particulière. Bien que le règlement
puisse pallier cette lacune en déterminant quels sont ces domaines, le terme utilisé dans sa loi habilitante est beaucoup
trop général et peut laisser place à une interprétation qui va bien
au-delà de l'objectif initial du législateur. Ainsi, avec l'utilisation de
l'expression large et générique du «domaine»,
il sera possible que ces civils sans aucune expérience policière puissent faire
n'importe quel type d'enquête criminelle. Ces derniers seraient, en
conséquence, intégrés aux équipes de bureaux d'enquêtes actuels.
Ça fait
qu'encore une fois c'est un autre angle, mais je comprends l'inquiétude qu'ils
abordent. C'est vraiment large. Puis,
comme j'avais dit d'emblée, M. le Président, ils amènent quand même... Nos
policiers ont une expertise, ils ont une formation très spécifique. On
ne devrait pas leur enlever leur possibilité d'agir comme spécialistes dans ces
rôles. Ça fait que je pense que ça, ça va être important à clarifier.
Je continue.
L'APPQ aussi nous dit que l'idée même de l'introduction de civils pour faire
des enquêtes criminelles en lieu et
place de policiers formés et expérimentés nous procure le sentiment qu'un tel
changement pourrait bien provenir d'une idéologie, d'une forme de
condescendance ou de mépris à l'égard des policiers en place. C'est, en tout
cas, la perception qu'auront nos membres
lorsqu'ils seront confrontés. Ça, c'est sur la page 6 de leur mémoire. Et ils
continuent, ils nous disent que nous sommes
conscients des difficultés de recrutement qui... les différents services de
police au Québec. Toutefois, il
appartient au gouvernement de même qu'aux organisations policières de relever
le défi en prenant les moyens nécessaires afin de rendre cette
profession attractive pour les générations montantes. Sur ce point précis, un
véritable plan d'action visant à développer
et mettre en oeuvre une stratégie agressive pour un recrutement proactif serait
davantage la solution. Ce changement de
paradigme que semble suggérer le projet de loi nous semble clairement être une
mesure allant dans le sens inverse.
Ça fait que je pense
que, pour eux, tu sais, c'est un cri du coeur, c'est important. Ce qu'ils
demandent, pour moi, c'est de valoriser la profession. On devrait faire
attention de ne pas banaliser ce que nous sommes en train de parler ici, la
nécessité d'avoir des spécialistes qui accompagnent nos spécialistes, nos
policiers. C'est très important. Ce n'est pas une question d'être contre, mais je pense que nous devons
vraiment vider la question de ça va être quoi, le rôle, comment qu'ils vont être formés. On dit
qu'ils vont être des policiers entiers, ça fait qu'ils vont agir sur le
terrain, sur des interpellations, mais ils n'auront pas la même formation.
Sincèrement, c'est comme... on joue avec le feu, puis ce n'est pas comme ça qu'on va redonner la confiance
à la population. On parle, depuis le début, de la formation, c'est le nerf de la guerre. On a besoin d'équiper ces
personnes, surtout si elles vont oeuvrer comme des enquêteurs, un poste
qui est très important. Honnêtement, moi, je
souhaite avoir de la clarté. On a des experts, on souhaite avoir des experts,
mais, si on a des policiers sur le terrain, ils devront être formés comme des
policiers.
M.
Bonnardel : Il faut faire la part des choses...
Le
Président (M. Bachand) : M. le ministre.
M.
Bonnardel : 30 secondes, M. le Président, là. Il faut faire la part
des choses, là. On ne demandera pas à un enquêteur spécialisé dans les crimes
économiques, exemple, de répondre à un appel 9-1-1, là, d'aller cogner à une porte, là. C'est un enquêteur spécialisé, là. On
ne demandera pas, comme la députée semble dire... il n'ira pas cogner à
une porte pour un appel de violence conjugale, ou autre, ou autre, là. C'est un
enquêteur spécialisé. Oui, il a été formé à l'école nationale, mais il n'a
pas... on ne lui demandera pas d'aller avec un policier sur une patrouille pour
un cas de 9-1-1, là. Il faut faire la part des choses, là.
• (11 h 30) •
Mme
Maccarone : ...dans le règlement, ça, ça va être énuméré puis ça va
être clairement indiqué, parce qu'ils vont
avoir le titre de police, ils vont agir comme police. Le ministre a dit
auparavant qu'ils vont être... ça va être un policier à part entière. Avec la pénurie de main-d'oeuvre dont nous
faisions face, est-ce que ça veut dire qu'il va y avoir un critère qui va être écrit, qu'on ne pourra pas
demander à ces personnes qui n'ont pas eu la même formation de remplir
les postes? Est-ce que ça, ça va être écrit
dans un règlement? Tu sais, je pense que la question se pose. Puis le ministre
a dit, juste avant que je parlais de
ce que les groupes nous ont témoigné ou ce qu'ils ont partagé dans leurs
mémoires, il dit : Bien, on
souhaite qu'ils sont sur les scènes puis de se déplacer sur les scènes. Ils
doivent agir comme des policiers, mais là on vient de comprendre que ce
ne serait pas la demande qu'ils vont avoir. Ça fait qu'encore une fois je suis
confuse, mais je ne comprends pas comment eux, ils vont agir. C'est des
policiers à part entière, mais ils ne feront pas la même chose que les autres
policiers qui ont eu une formation différente.
Le
Président (M. Bachand) : Interventions?
M.
Bonnardel : M. le Président, on n'a pas besoin de mettre ça dans un
règlement, là. Il faut faire la part des choses
et faire confiance aux directeurs des services de police, à savoir que, lorsqu'un
enquêteur spécialisé est demandé sur un crime spécialisé, bien, il sera
sur ce crime spécifique. Ce n'est pas à nous, là, à définir que vous devez...
Je pense que l'expérience qu'ils ont... Plus souvent qu'autrement, un gendarme
patrouilleur qui devient enquêteur au bout
de cinq, six, huit ans, c'est rare qu'on lui demande de retourner sur la
patrouille. Il y a des cas particuliers que ça peut arriver, là, mais c'est très, très rare. Donc, c'est dans le même,
même, même état d'esprit où on dit à ce spécialiste qui est enquêteur du jour au lendemain : Bien, tu
vas répondre aux besoins, sur ce à quoi on est allés te chercher, c'est
les crimes nichés, spécialisés. C'est aussi
simple que ça, là. On ne va pas demander à un spécialiste, un enquêteur X, qui
a été 20 ans sur une spécialisation, d'aller répondre à un cas de violence
conjugale. Je pense que les services de police sont assez... je vais arrêter
ça, là, qu'ils ont assez d'expérience pour comprendre la différence entre les
deux.
Mme Maccarone :
Sauf que tout ça, ce n'est pas écrit nulle part. Dans le document qui a été
partagé par le gouvernement, on dit qu'un
cadre réglementaire est en préparation en vue de l'étude détaillée. Ça fait que
je demanderais... Je demande si le
règlement peut être déposé, qu'on puisse l'étudier ici. Je pense que ça va nous
aider à mieux comprendre les
orientations du gouvernement, parce que ce que le ministre, il dit, ce n'est
pas écrit dans la loi, ça n'apparaît pas du tout dans aucun article.
Alors, je ne nie pas qu'est-ce que le ministre, il dit, puis oui, moi aussi, je
crois dans le beau gros sens, mais, quand on
voit le temps supplémentaire obligatoire augmenter juste pour la SQ, quand on
sait que nous avons une pénurie
d'effectifs, quand nous savons que nous avons des besoins criants sur le
terrain, quand nous savons que la formation, c'est le nerf de la guerre,
pour moi, tout ça, ce n'est pas écrit en noir et blanc.
Alors, si le
règlement est prêt, bien, je souhaite le voir puis le consulter avant que ça
devienne public. Ça peut être uniquement
pour les membres de cette commission. Le diable est dans les détails. Puis je
pense qu'on mérite, comme j'ai dit,
de vider la question puis aller au fond de ces détails parce que c'est un
changement assez majeur pour nos corps policiers,
puis il y a des craintes, pas des... non, pas des gens qui ont dit qu'ils ne
souhaitent pas avoir cette possibilité, mais il y a des inquiétudes. Puis je pense qu'on a la responsabilité de
répondre pour que... pour la population qui nous suit, pour les corps
policiers qui posent ces questions, de répondre pour qu'ils sachent qu'on a
compris que c'est un changement pour les personnes qui vont oeuvrer que ça soit
dans les crimes spécialisés ou autres. Ça fait que, est-ce que ça, c'est une possibilité?
Le
Président (M. Bachand) : Est-ce qu'il y a
intervention?
M.
Bonnardel : Non.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée.
Mme
Maccarone : Bien, c'est dommage, parce que le règlement, je pense que
ça aurait pu nous aider. Puis les
règlements, comme on le sait tous, sont assujettis à une période de
consultation de 45 jours, mais je pense que tout le monde souhaite
être consulté avant que le règlement soit déposé, parce que les questions que
je pose ne sont pas nécessairement mes questions, mais c'est les questions des
corps de police et des policiers à qui nous avons parlé aussi. Il y a une inquiétude parce qu'il manque de clarté. Puis c'est dommage
qu'on n'a pas de réponse parce que les gens qui nous suivent, les gens
qui nous accompagnent, les gens qui sont présents aujourd'hui, ça fait partie
des questions qu'eux, ils ont. Ce qu'on fait
ici, M. le Président, c'est très important. Je dis souvent : Au moment
qu'on dépose un projet de loi, ce
n'est plus le projet de loi du gouvernement, mais c'est le projet de loi des
citoyens et citoyennes du Québec. Ça fait
qu'eux, ils méritent avoir une réponse sur la place publique pour mieux
comprendre ce qu'on... où on souhaite aller.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup.
Autres interventions?
Mme Maccarone :
...M. le Président. Ça fait que,
si on peut suspendre temporairement, on va le présenter, à moins que le
collègue souhaite intervenir.
Le Président (M. Bachand) : Temporairement. On est revenus de l'été. On est tous en forme. Donc,
l'efficacité est au rendez-vous pour les amendements, s'il vous plaît.
Alors, on suspend
quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à 11 h 35)
(Reprise à 11 h 39)
Le
Président (M. Bachand) : À l'ordre, s'il
vous plaît! La commission reprend ces travaux. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis,
s'il vous plaît.
• (11 h 40) •
Mme
Maccarone : Oui. Je propose l'amendement pour... L'article 13 du
projet de loi est modifié dans son deuxième alinéa :
1° par l'insertion,
après les mots «les domaines», du mot «spécialisés»;
2° par l'insertion,
après les mots «des fonctions d'enquête», des mots «dans des domaines
spécialisés».
L'article modifié se
lirait ainsi :
L'article 115 de
cette loi est modifié par l'insertion, après le quatrième alinéa, du
suivant :
«Le gouvernement
peut, par règlement, déterminer [des] domaines spécialisés dans lesquels une
personne qui ne remplit pas la condition prévue au paragraphe 4° du
premier alinéa peut être embauchée comme policier pour exercer des fonctions
d'enquête dans des domaines spécialisés, dans un corps de police autre qu'un
corps de police spécialisé, ainsi que les
critères de sélection et les qualités minimales requises, dont la formation,
pour être embauché à ce titre.»
J'explique, M. le
Président. Je l'ai touché un peu quand j'ai lu un extrait du mémoire de l'APPQ.
Dans le fond, c'est un amendement qui est
proposé par l'association des policiers et policières du Québec, et je la
remercie pour la recommandation. Et pourquoi qu'ils font cette
recommandation, c'est... comme je l'ai mentionné d'emblée, M. le Président, c'est de s'assurer qu'on n'engage pas
n'importe qui pour faire n'importe quoi. Les domaines spécialisés, ça nous amène quand même une spécificité... dont nous
n'allons pas remplacer la formation, qui est très importante, parce qu'on parle beaucoup de la formation ce matin,
mais ça ne pourra pas remplacer la formation du terrain que les
policiers ont reçue et la spécificité de leur formation.
Ça fait que, par
exemple, quand on parle des crimes majeurs, quand on parle de la mafia, quand
on parle des gangs de rue, les corps de
police, les directeurs pourront toujours engager un spécialiste, une aide
supplémentaire, qui ne sera pas une
police, mais un expert-conseil. Mais ici, quand on parle d'avoir des
policiers-enquêteurs spécialisés comme un «fast track», parce qu'ils ne
vont pas suivre la même formation, bien, ceci, ça va encadrer un peu. Ça fait
que ça ne limite pas la possibilité d'engager ce personnel qui... c'est une
recommandation intéressante, mais ça va le baliser un peu. Ça fait que je
trouve que c'est juste puis c'est bien. Ça ne dénature pas ce qui est souhaité,
non plus, par le gouvernement avec l'article en question. C'est une
bonification qui, je pense, nous amène à ne pas faire fausse route, mais
d'encadrer l'article en question. Et, encore une fois, je répète, c'est une
recommandation de l'association des policiers et policières du Québec.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup,
Mme la députée. M. le ministre, s'il vous plaît.
M.
Bonnardel : Non, je comprends la volonté de la députée, là, de cibler
le mot «spécialisés», mais c'est dans le cadre du règlement qu'on va définir
les domaines qui vont être touchés, qui vont être définis. «Spécialisés», c'est
un terme... Les enquêtes spécialisées à l'UPAC, oui, il y a un lien direct,
mais là on est... pour tous les corps de police du Québec. Donc, je comprends.
Je comprends que le mot «spécialisés» pour... mais, après vérification avec les
juristes, c'est dans le règlement qu'on va définir les domaines qui vont être
définis... qui vont être définis comme nichés, si je peux le dire ainsi, là,
pour la possible embauche de ces personnes.
Mme Maccarone : Bien,
comme vous le savez, M. le Président et M. le ministre, nous, nous n'avons pas
vu le règlement. Alors, je comprends l'inquiétude...
M. Bonnardel : Bien, moi, je ne l'ai
pas vu non plus, là.
Mme
Maccarone : Bien non, ça ne se peut pas. C'est écrit, dans le
document que vous avez partagé avec nous, que le cadre réglementaire sera prêt pour l'étude détaillée. On est en
étude détaillée. On en parle présentement. Ça fait que ce serait bien,
au moins, même si le règlement n'est pas prêt, si on peut savoir c'est quoi,
les orientations. Puis que ce soit dit au
micro, puis que ce soit clair, bien, ça aussi, ce serait bienvenu parce
qu'aussi, les orientations, on ne les a pas. Ça fait que je comprends
les inquiétudes du terrain que ça donne... Si ce n'est pas balisé, ça se peut
qu'on peut aller au-delà de l'objectif initial du législateur, puis ça, ce ne
serait pas la faute du ministre, c'est parce que l'interprétation sur le
terrain, ça peut vraiment varier.
Alors, oui, c'est important d'avoir un
règlement, mais nous avons aussi une occasion aussi de le baliser, puis de le baliser d'une façon que, je pense,
humblement... que ça va non plus dénaturer ce que le ministre peut mettre
dans son règlement pour consultation avec
les personnes concernées. C'est un encadrement, je pense, qui va dans le sens
de ce qu'on souhaite. Même dans le document que nous avons reçu, on parle
uniquement des besoins en cybercriminalité puis
les crimes fiscaux. Ça fait que c'est ça qui était évoqué comme besoins. Je
pense que le ministre vient d'utiliser le mot «niche». Ça fait que je
pense qu'on est sur la même page... C'est les crimes économiques, excusez-moi.
Ça fait qu'on... cybercriminalité puis crimes
économiques, je pense qu'on est vraiment sur la même page. Le ministre a utilisé le mot «niche». Ici, eux, ce
qu'ils souhaitent, c'est ne pas utiliser «niche», mais «spécialisés»,
«dans les domaines spécialisés», qui peut
être interprété aussi différemment dans chaque territoire, tout dépendamment le
besoin, mais ça ne laisse pas interprétation qu'on peut remplacer une
expérience ou une expertise du terrain d'un policier.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Interventions?
M. Bonnardel : Bien, on répond... La
députée répond un peu au règlement qui, un jour, va être écrit, là, les crimes
économiques, cybercriminalité, puis je peux l'assurer que ces deux enquêtes
nichées seront dans le règlement. S'il y en a d'autres, ça va être à discuter
avec nos différents partenaires.
Mme Maccarone : Sauf qu'encore une
fois moi, je... On n'a toujours pas vu ce règlement. Ça fait que le ministre nous demande d'écrire un chèque en blanc,
puis ça, je trouve ça inquiétant. Moi, mon rôle, c'est de poser des questions. Je trouve que c'est important de
baliser. J'aurais souhaité avoir preuve de souplesse en ce qui concerne
ceci. C'est une demande qui vient du terrain. C'est une demande qui vient des
organismes qui font partie du ministère de la Sécurité
publique, puis je partage leurs inquiétudes, puis je pense que ce serait
bienvenu par les gens qui nous écoutent, par les gens sur le terrain,
puis ça amène un peu de clarté. Puis, encore une fois, je répète, ça ne
dénature aucunement ce qui peut être émis dans un règlement. C'est un
encadrement, une spécification qui va soulager les gens sur le terrain, qui va
empêcher un peu une interprétation trop large de cet article en question.
Le
Président (M. Bachand) :
Merci beaucoup. Interventions?
Pas d'autre intervention? Mme la députée, oui.
Mme Maccarone : Bien, je n'aurais
pas d'autre intervention, M. le Président. C'est dommage. Comme j'ai dit, je pense qu'au moins ici on aurait pu faire
quelque chose pour avancer le projet de loi puis le bonifier d'une
manière qui répond aux besoins du terrain, qui répond aux besoins de
l'opposition officielle. Comme je dis, je pense que c'est dommage qu'on ne peut pas faire preuve de
souplesse dans cet enjeu, parce qu'encore une fois, je répète, ça ne
dénature pas du tout l'amendement...
l'article, ça ne dénature pas ou élimine les possibilités du gouvernement
d'émettre un règlement qui peut mettre de la clarté dans ce que le
ministre vient de dire en termes de niche. Ça fait que je vais demander un vote
par appel nominal, s'il vous plaît.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Donc, s'il n'y a pas
d'autre intervention, on va procéder par l'appel aux voix. Mme la secrétaire,
s'il vous plaît.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention, Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis)?
Mme Maccarone : Pour.
La Secrétaire : M. Bonnardel
(Granby)?
M. Bonnardel : Contre.
La Secrétaire : Mme Boivin Roy
(Anjou—Louis-Riel)?
Mme Boivin Roy : Contre.
La Secrétaire : M. Asselin
(Vanier-Les Rivières)?
M. Asselin : Contre.
La Secrétaire : Mme Bourassa
(Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Bourassa : Contre.
La Secrétaire : Mme Haytayan
(Laval-des-Rapides)?
Mme Haytayan : Contre.
La Secrétaire : M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Contre.
La Secrétaire : Mme Ghazal
(Mercier)?
Mme Ghazal : Pour.
La Secrétaire : M. Bachand
(Richmond)?
Le
Président (M. Bachand) : Abstention. Donc, l'amendement est rejeté. Donc, on
revient à l'article 13. Interventions? Mme la députée de Westmount—Saint-Louis,
s'il vous plaît.
Mme Maccarone : Oui... de votre
patience, M. le Président. Je souhaite déposer un autre amendement.
Le Président (M.
Bachand) : Alors, on va suspendre quelques
instants. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 11 h 48)
(Reprise à 11 h 53)
Le Président (M.
Bachand) : À l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend
ses travaux. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis, s'il vous plaît.
Mme Maccarone : Oui, merci, M. le
Président. Je propose l'amendement suivant à l'article 13.
L'article 13 du projet de loi est modifié, dans son deuxième alinéa, par
l'insertion, après les mots «embauchée comme policier», des mots «, lorsqu'il
est impossible de combler le poste à l'interne,».
L'article se lirait ainsi :
L'article 115 de cette loi est modifié par
l'insertion, après le quatrième alinéa, du suivant :
«Le gouvernement peut, par règlement, déterminer
les domaines dans lesquels une personne qui ne remplit pas la condition prévue au paragraphe 4° du premier alinéa peut être
embauchée comme policier, lorsqu'il est impossible de combler le poste à l'interne, pour exercer des
fonctions d'enquête, dans un corps de police [...] qu'un corps de police
spécialisé, ainsi que les critères de
sélection et les qualités minimales requises, dont la formation, pour être
embauché à ce titre.»
Le but de cet amendement, M. le Président...
parce que, maintenant, nous sommes en train d'introduire une nouvelle catégorie
de policier, un policier spécialisé qui va rentrer tout de suite comme
enquêteur. On a dit : C'est un «fast track», mais ce qu'on souhaite, quand
même, c'est de prioriser, si nous pouvons, les gens qui ont suivi autres formations, qui ont fait le terrain, qui
souhaitent aussi... eux aussi monter l'échelle dans leur organisation, d'être
priorisés dans la mesure du possible, parce
qu'on comprend qu'on a besoin aussi de souplesse, mais ce qu'on souhaite...
Puis c'est pour ça qu'on n'a pas
changé le règlement. Puis, juste pour clarté, quand on parle du paragraphe 4°,
paragraphe 4°, pour le lire,
c'est : «Être diplômé de l'École nationale de police du Québec ou
satisfaire aux normes d'équivalence établies par le règlement de
l'école.»
Alors, ce qu'on souhaite, c'est vraiment
prioriser les gens à l'interne qui ont suivi cette formation, parce que je pense que c'est important pour la valorisation
de ce rôle et d'éviter des dérives. Alors, voilà notre humble
proposition pour l'accueil, j'espère, favorable du ministre.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Donc, interventions sur l'amendement
de la députée?
M. Bonnardel : Oui, un court
commentaire. Quand je lis ça, j'ai l'impression que la députée s'adresse aux
états-majors des services de police en leur disant : On ne vous fait pas
confiance. Je suis abasourdi par cet amendement.
J'ose croire qu'en 2023, si l'expertise est là, on va chercher le poste avec la
personne qui a cette formation. Ça va
de soi, là, ça va de soi. Quand je lis ça, c'est comme si on leur disait :
Bien, on ne vous fait pas confiance, là, il faut écrire ça dans
l'article de loi. Non.
Mme Maccarone : Bien,
la réponse à ça, ce n'est pas du tout ce que j'ai présenté quand j'ai fait
l'explication de l'amendement en question à
l'article 13. Comme j'ai dit, c'est une question de valorisation du rôle, c'est
une question de s'assurer que, quand
on parle d'augmentation, quand on parle de promotion, quand on parle
d'engagement, c'est la valorisation du poste de police. Ce n'est pas une
question de manque de confiance en personne. Je pense que les gens qui nous écoutent nous comprennent. C'est vraiment
une question de valorisation du rôle, puis je pense que c'est important,
parce qu'un policier qui est en train
actuellement de faire... qui est patrouilleur, par exemple, qui souhaite être
enquêteur, qui nous écoute, je pense que
lui, il a quand même un petit bémol parce que lui, il se dit qu'une personne
peut rentrer par la porte à côté, la porte latérale, pour devenir
enquêteur, même si ça fait partie de ses souhaits, mais lui, il a dû... suivi
une autre formation complètement différente, mais lui aussi souhaite devenir
enquêteur.
Alors, ce qu'on souhaite, c'est de valoriser
l'expertise des policiers, et c'est pour ça qu'on a dit «lorsqu'il est impossible de combler». On donne quand même une
certaine souplesse parce qu'on comprend la réalité sur le terrain. Ce qu'on souhaite, évidemment, c'est d'avoir la
meilleure personne au meilleur poste possible. Je pense que tout le
monde souhaite ça, mais, de valoriser le
travail des policiers sur le terrain, c'est ça, le souhait en termes de dépôt
de cet amendement, c'est de s'assurer qu'eux, ils comprennent que leur
rôle est important, puis on souhaite vraiment valoriser leur contribution puis
la formation qu'ils ont reçue.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Est-ce qu'il y
a d'autres interventions sur l'amendement? Mme la députée, oui.
Mme
Maccarone : Bien, encore une fois, c'est dommage qu'on ne peut
pas avoir un échange là-dessus. Est-ce qu'il
va y avoir des orientations qui vont être écrites dans un règlement, qui vont
prendre ça peut-être en considération, d'abord, si on ne peut pas le
mettre dans la loi, dans l'article en question, mais de s'assurer qu'on
comprend qu'il y a quand même une différence dans la formation dans ces deux
policiers, qui vont être des policiers à parts égales, selon le ministre, mais
qui n'ont pas suivi la même formation?
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Autres
interventions?
Mme Maccarone : Je demanderais un
vote par appel nominal, s'il vous plaît, M. le Président.
Le
Président (M. Bachand) :
Donc, on est prêts à passer à la
mise aux voix. Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis)?
Mme Maccarone : Pour.
La Secrétaire : M. Bonnardel
(Granby)?
M. Bonnardel : Contre.
La Secrétaire : Mme Boivin Roy (Anjou—Louis-Riel)?
Mme Boivin Roy : Contre.
La Secrétaire : M. Asselin (Vanier-Les Rivières)?
M. Asselin : Contre.
La Secrétaire : Mme Bourassa (Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Bourassa : Contre.
La Secrétaire : Mme Haytayan
(Laval-des-Rapides)?
Mme Haytayan : Contre.
La Secrétaire : M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Contre.
La Secrétaire : Mme Ghazal
(Mercier)?
Mme Ghazal : Abstention.
La Secrétaire : M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M. Bachand) : Abstention.
Donc, l'amendement est rejeté. Donc, on revient à l'article 13. Alors,
interventions? Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Oui. M. le
Président, j'aurais un autre amendement à déposer.
Le Président (M.
Bachand) : Alors, on va suspendre quelques
instants. Merci.
(Suspension de la séance à 11 h 59)
(Reprise à 12 h 06)
Le Président (M.
Bachand) : À l'ordre, s'il vous plaît! La
commission reprend ses travaux. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis,
s'il vous plaît.
Mme Maccarone : Oui, désolée, M. le
Président, c'est... on a des difficultés techniques. Alors, je propose un amendement à l'article 13. L'article 13
du projet de loi est modifié par l'insertion, à la fin de l'article, de
l'alinéa suivant :
«Un policier qui exerce les fonctions d'enquête
sans avoir rempli la condition prévue au paragraphe 4° ne peut [pas] être affecté qu'aux escouades
spécialisées, sous la supervision d'enquêteurs ayant complété l'ensemble
des conditions prévues à l'article 115
et ne peut accéder à d'autres fonctions tant que la condition prévue au
paragraphe 4° n'est pas remplit.»
Je répète, M. le Président, le
paragraphe 4°, c'est «être diplômé de l'École nationale de police du
Québec ou satisfaire aux normes d'équivalence établies par règlement de
l'école.» C'est une autre façon de revenir pour parler, encore une fois, de la formation. Puis, encore une fois, ce n'est pas
d'être contre d'avoir des policiers spécialisés, mais c'est de s'assurer, comme le ministre, il dit...
Puis lui aussi, il a peint une scène de : On ne va pas demander à cette
personne qui n'a pas eu la même formation de
se présenter, par exemple, intervenir sur un appel de violence conjugale, par
exemple. Mais nous, ce qu'on souhaite, c'est que ça, ce soit écrit, puis que ce
soit clair, puis que tout le monde a la même compréhension
que, s'ils n'ont pas reçu la même formation, bien, on ne va pas leur demander à
agir comme un policier.
Parce que les
policiers ont quand même eu cette formation, il y a une distinction. Puis, tant
que ce n'est toujours pas clarifié que ça va être quoi, la formation
puis ça va être différent sur le terrain, je pense, encore une fois, qu'on ne fait pas fausse route de faire des demandes,
auprès de ces enquêteurs, d'agir comme des policiers, tant qu'ils n'ont
pas rempli les conditions de formation qui sont requises pour les policiers qui
oeuvrent sur le terrain.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Interventions?
M. le ministre.
M. Bonnardel : Bien, la députée,
indirectement encore, elle essaie de laisser sous-entendre qu'un enquêteur spécialisé, très niché, embauché par un corps de
police, on pourrait lui faire la demande d'aller sur la patrouille ou...
parce que, quand tu es sur la patrouille, tu peux avoir des appels 9-1-1
pour des cas x, y, z. Je pense que le gestionnaire principal, le directeur ou
la directrice est bien au fait que cette personne a été embauchée pour ses qualifications
très précises, très précises, et que ce n'est pas sur la patrouille que cette
personne a été embauchée.
Donc, je fais confiance aux états-majors, aux
gestionnaires des services de police. Je ne pense pas qu'on a besoin d'un article pour dire : Bien oui, tu
as passé l'École nationale de police, mais tu ne retourneras pas, après 20
ans de spécialisation dans un domaine x, à la patrouille, parce que tu n'es pas
là pour faire de la patrouille.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Mme la députée.
• (12 h 10) •
Mme
Maccarone : Et je pense que le ministre est en train de
banaliser ce que nous avons entendu des groupes qui sont venus témoigner
puis ce qui est émis dans les mémoires qui étaient partagés avec nous. Je peux
relire tous les témoignages, mais, quand on parle des directeurs, c'est les
directeurs qui nous disent qu'ils sont quand même inquiets. C'est les
directeurs, c'est M. Francoeur lui-même qui nous peint un portrait des
inquiétudes que nous avons actuellement, parce que ce que le ministre, il dit
n'est pas écrit dans sa loi. Ce n'est pas écrit en noir et blanc dans sa loi.
Alors, ça va être important de le clarifier, sinon ça peut... on peut avoir des
dérives.
On est en
train de ne pas valoriser leur rôle, on est en train de banaliser leur rôle,
parce qu'on n'est pas en train d'écouter aussi les gens sur le terrain
qui ont partagé leurs inquiétudes. Que ce soit le SPVM, que ce soit l'APPQ, que ce soit la FPMQ, les gens ont partagé des
inquiétudes en ce qui concerne les postes d'enquêteurs spécialisés. Ce
n'est pas précisé, on ne sait pas ça va être
quoi, leur formation. Ça aussi, ce n'est pas précisé. On va parler de la
formation par la suite, après cet
article, on va aller à l'article 87. J'espère que, quand on parle de la formation
spécifique, on va pouvoir peut-être le mentionner, à l'article 87
qui s'en vient, mais je souhaite prévenir tout ceci. Je pense qu'on a besoin
d'avoir des balises, parce que ce n'est pas moi qui le dis, c'est le terrain,
c'est les acteurs sur le terrain qui sont venus témoigner, qui ont partagé leurs points de vue, qui nous ont dit... ils
ont même déposé des recommandations, en termes d'amendements, parce
qu'il y a des inquiétudes. Il faut avoir des critères, parce que les questions
se posent.
Encore une fois, un policier spécial, ce n'est
pas une question de dire qu'on ne peut pas l'avoir, mais il faut vraiment vider
la question. Parce que le ministre a dit lui-même : Ça va être un policier
à part entière, ils vont être armés. Puis je comprends, c'est du gros bon sens,
ce qu'il dit, qu'ils ne vont pas être appelés d'oeuvrer sur une scène où ils n'ont pas eu une
formation. Mais ça, ce n'est pas écrit nulle part. Ce n'est pas un secret, là.
Ce n'est pas dans la loi. On souhaite que ce soit écrit dans la loi pour
que tout le monde ait la même compréhension de ce que le ministre a dit, si on
parle d'un policier spécialisé qui n'a pas suivi la même formation qu'un
policier pour oeuvrer au sein d'une scène de crime violent. Que ce soit la
violence conjugale, un état mental perturbé, on a besoin d'avoir des gens qui
sont formés, parce que déjà le rôle est assez dangereux, puis il faut faire
plus pour les protéger. Là, on est en train de dire que ça se peut qu'on va
avoir quelqu'un, qui n'est pas formé, qui va peut-être le faire.
Parce que le ministre, il dit aujourd'hui au
micro que ce ne serait pas le cas, on mise sur le gros bon sens des gens. Mais le gros bon sens des gens, là, ils nous
ont dit... ils sont inquiets puis ils souhaitent que ça soit balisé dans
la loi. Je peux relire, si vous souhaitez, M. le Président. M. Francoeur, il
dit... il a peinturé un portrait, dit... parce que, pour moi, ça fait un petit
bout de temps, je suis là, mais, depuis 20 ans, l'objectif d'aider, en
tout cas, le Service de police de la ville de Montréal, quand on nous parlait
d'entrée latérale, c'était d'aller chercher des spécialistes, admettons, en
crime informatique, qui auraient coûté moins cher qu'une police.
Parce que ça,
c'est autre chose, M. le Président. On pense que c'est une mesure économique.
On fait ça parce qu'on pense que ça
va coûter moins cher d'engager un policier spécialisé que d'engager un
spécialiste qui nous charge plus cher parce qu'il vient du réseau privé.
Mais, si on va engager ces personnes, si on va les mettre à l'oeuvre, puis ils
vont travailler comme policiers à part
entière, ils vont avoir le titre de policier... M., Mme Tout-le-monde, là,
quand il va parler, quand il va cogner sur une porte : Bien, moi,
je suis policier, moi, je suis policière, bien, ils vont penser que c'est une personne qui a reçu exactement la même formation,
qui peut oeuvrer comme un policier qui a eu une formation de l'École
nationale de la police, qui n'est pas nécessairement le cas, parce que ça va
être moins de formation. Il n'y aura pas de gendarmerie, ils n'auront pas ça,
qui est quand même un critère assez important quand on demande à quelqu'un de
se déplacer. Puis ce n'est pas écrit que ce ne serait pas le cas. Quand tu n'as
jamais vécu, quand tu n'as jamais vu un dossier
de violence conjugale, quand tu n'as jamais arrêté, quand tu n'as jamais
répondu à un appel de violence conjugale, quand les enfants, ils crient,
la madame est blessée, qui est hystérique, que le conjoint est violent, c'est
bien beau de faire des dossiers sur papier, mais... puis d'arriver à la cour
puis monter un dossier de la cour, mais, quand tu n'as pas vécu, tu n'es pas
sensible à ça.
Bien, le
ministre a dit, dans un de ces exemples : Ils ont besoin d'être policiers,
ils ont besoin d'avoir ce titre pour accompagner les escouades,
peut-être, quand ils vont se déplacer. Bien, ça, ça veut dire, ils doivent
rester dans l'auto, ils ne doivent pas
débarquer de l'auto? Je ne sais pas, ce n'est pas clair. Ils n'ont pas la même
formation. Ça fait qu'encore une fois on essaie, M. le Président, de
comprendre puis de mettre des balises en place, parce que... non seulement pour
protéger ces escouades spécialisées, mais de protéger les policiers aussi qui
ont eu autre formation. Parce que ça reste que ça va être juste une autre
personne pour eux à s'occuper sur une scène, quand déjà ça peut être très
sérieux puis que ça peut dégénérer.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Interventions?
Mme la députée.
Mme
Maccarone : Oui, mais c'est dommage, M. le Président, comme
j'ai dit avant, d'avoir la preuve de souplesse du gouvernement. Au moins, tu sais, nous, on est parlables, ici, à
l'opposition officielle, s'il y a une contre-proposition du
gouvernement. On essaie, comme vous avez vu depuis le début, d'essayer de
comprendre puis de mettre des balises, de protéger toutes les personnes qui
font partie de cette discussion, quand on parle de mettre à l'oeuvre un nouveau
policier spécialisé. Nous, on est prêts à parler avec le gouvernement pour voir
s'il y a peut-être un amendement que nous pouvons mettre en place qui va nous
rassurer, parce que, dans le fond, comme je dis, c'est des inquiétudes, c'est
des questions qui se posent.
J'ai dit
d'emblée, M. le Président, qu'on n'était pas contre de mettre en place un
policier spécialisé. Je comprends que
c'est une demande du terrain, je comprends que la Sûreté du Québec, eux, ils ont dit que : Nous, on souhaite avoir ça, on souhaite avoir cette flexibilité. Mais nous, on
souhaite savoir c'est quoi, les balises, que... contre-proposition, que
le ministre dépose son projet de règlement. Peut-être les inquiétudes vont
disparaître parce qu'on va mieux comprendre c'est
quoi, les orientations du gouvernement. Mais, tant qu'on n'a pas vu ça, M. le
Président, je pense que les questions, elles se posent. Et comme j'ai
dit, encore une fois, je répète, ce n'est pas seulement nous qui se posent ces
questions, c'est tous ces groupes, c'est toutes les personnes qui sont venues
témoigner, qui nous ont posé cette question. Puis probablement, la population
se pose des questions. Qu'est-ce que ça veut dire? On ne sait rien. C'est un
manque de transparence, puis ça va être
important de mieux comprendre ça va être quoi, les orientations, avant que la
loi soit adoptée.
On continue, on a d'autres articles qui vont
parler aussi de cette formation, puis qu'on va éliminer, puis on va rayer des besoins de formation. Prochainement, on
ne va plus parler de gendarmerie, pour poursuivre aux postes. Puis ça,
on fait ça pour s'assurer que les enquêteurs spécialisés vont pouvoir monter
les échelles de l'organisation, qu'ils vont pouvoir devenir enquêteurs, parce
qu'on a besoin de leur donner ce titre. Je ne sais pas pourquoi. Ce n'est
toujours pas clair pour moi, pourquoi qu'on
a besoin d'avoir ces policiers qui, apparemment, ne vont pas agir comme un
policier parce que... bien, parce qu'ils n'ont pas reçu la même formation.
Puis c'est vraiment bizarre. On parle de
sécurité publique mais, dans les prochains articles, on va dire, sur noir et blanc : Ils n'auront pas besoin de
suivre la même formation. On fait ça pour eux. Mais ils ont le même titre,
ils vont être assujettis aux mêmes règles
déontologiques, au même cadre juridique. Ils vont être assujettis, ça se peut,
aux mêmes situations. On ne sait pas. Ça se peut qu'on va leur demander de
combler des postes. Ça se peut, parce qu'on a une pénurie de main-d'oeuvre importante, on a du temps supplémentaire
obligatoire très important, ça fait que ça se peut... Puis la population
veut savoir. Je ne suis pas la seule autour de la table qui souhaite savoir. La
population souhaite savoir ça va être quoi puis comment ils vont agir. Ce n'est
pas une émission de télé, là, ce n'est pas CSI, là, tu sais. Mais les gens vont
imaginer que c'est le cas, qu'on va avoir des gens qui vont être armés, qui
vont se présenter, qui vont agir comme des policiers, mais ils n'auront
pas eu la même formation.
Encore une fois, M. le Président, je répète,
eux, ils sont à risque. La population est à risque. Les policiers qui ont suivi la formation, eux aussi vont être à
risque. Ce n'est pas sain. Ce n'est pas sain. Mais je dis tout ça, ça se
peut, dans le projet de règlement, tout va
être écrit, puis tout va être élaboré, puis tout va être clarifié. Mais moi, je
n'ai pas une boule en cristal, M. le
Président, ça fait que... j'ai perdu ça, ça fait des années, ça fait que je ne
peux pas prévenir qu'est-ce que le
gouvernement ose partager avec nous. C'est pour ça que je pense que, quand on
parle de ça, ça va être important de faire preuve de transparence puis
de partager avec nous c'est quoi, les orientations du gouvernement, pour mieux comprendre où on s'en va, parce que ça peut
engendrer beaucoup de choses comme la dévalorisation du rôle. Parce que
c'est une porte d'entrée latérale pour beaucoup de gens qui sont présentement
patrouilleurs, qui souhaitent devenir enquêteurs.
Mais là ces postes-là vont peut-être être comblés par autres personnes qui ont
une spécificité. On a essayé de parler d'une spécificité pour au moins
s'assurer qu'eux ils ne seront pas dévalorisés pour ça, parce que c'est une
porte d'entrée latérale.
Ça fait qu'on
dépose des amendements mais ce n'est toujours pas clair parce qu'on n'a pas vu
le règlement. Mais un policier qui n'est pas formé comme policier, pour
moi, ce n'est pas un policier. On devrait trouver un autre titre. Ça fait qu'on
peut déposer un autre amendement pour changer le titre, que ça ne devient pas
un policier, mais que ça devient un spécialiste. On a essayé un peu, dans
l'autre amendement, M. le Président, quand on parlait des domaines spécialisés.
On peut trouver un autre titre, mais on leur... on dit, à la population, qu'ils
vont oeuvrer comme des policiers, mais ils n'ont pas eu la même formation.
C'est même presque mentir. Ce n'est pas la même chose.
Le Président (M.
Bachand) : On fait attention, là.
• (12 h 20) •
Mme Maccarone : C'est parce que j'ai
besoin d'un autre synonyme, puis, c'est ça, peut-être, ce n'est pas facile pour
moi de trouver un autre synonyme. C'est de faire fausse route. Mais ce n'est
pas clair, c'est un manque de transparence, mais c'est de ne pas dire la
vérité, en termes de leur rôle. Les gens vont voir, ils vont... sincèrement,
ils vont penser : Il y a quelqu'un qui
cogne sur la porte puis il dit : Je suis policier, mais non, je ne peux
pas aider, parce que moi, je n'ai pas
eu cette formation. Ou peut-être ils vont agir puis ils vont faire quelque
chose, puis je peux imaginer, devant le tribunal... Bien, c'est vrai, on
peut imaginer. Ils n'ont pas eu la même formation puis là ils vont être
assujettis aux mêmes règles judiciaires. Puis il y a quelqu'un qui va avoir...
vont pouvoir dire : Bien non, tu sais, ce policier, il n'a pas eu la même
formation. Ça fait que, devant un juge, ça se peut que ça... on va avoir des
dérives.
Le
Président (M. Bachand) :
Juste vous rappeler de faire
attention au choix de mots, bien sûr. Vous connaissez le règlement.
Alors, interventions?
M. Bonnardel : Bien oui.
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Bonnardel : Deux minutes, là. Là,
la députée qui dit que la population est à risque, M. le Président... Là, un
instant, là, un instant, là, il y a des... Je suis capable d'accepter beaucoup
de choses, de la part de l'opposition, là, mais dire que la population est à
risque, quand on parle peut-être d'un article de loi qui va permettre trois,
quatre, cinq embauches, peut-être 10 pour
les grands services de police, les gros services de police... Ce n'est pas
Granby, du jour au lendemain, là, qui va embaucher un enquêteur pour les
crimes économiques, là, on s'entend, là. SQ, Montréal, Laval, peut-être
Longueuil... Et là dire que la population est à risque parce qu'elle ne sait
pas si le policier qui porte une arme est un vrai policier, Mme la députée, là,
un instant, un instant, là.
Mme Maccarone : ...
M. Bonnardel : Non, non, un instant.
Vous n'avez pas le droit, comme députée, d'inquiéter la population en laissant
croire qu'il y a deux sortes de polices, maintenant. Les enquêteurs, ce sont
des enquêteurs. La différence, je l'ai dit et je le répète, là, les
états-majors, là, ne vont pas envoyer un enquêteur sur les crimes organisés ou
pour un cas de violence conjugale, là. Un instant, là, il faut dire les choses
comme elles sont, là, comme elles sont. Ce n'est pas vrai que, demain matin, le
gars qui est là pour la cybercriminalité, qu'on l'envoie sur la patrouille dans
le quartier 21 à Montréal, là, un instant, là. Dites les choses comme elles
sont, ne pas laisser croire à la population que, demain matin, parce que cet
article est déposé, qu'il y a deux sortes de polices, au Québec, ou deux sortes
de policiers. Ce n'est pas vrai, ce que vous dites.
Le Président (M.
Bachand) : Attention dans les choix de
mots, s'il vous plaît. Mme la députée.
Mme Maccarone : Je dis les choses
comme elles sont. Je dis ce qui n'est pas dans la loi. Ce n'est pas dans la loi
du tout. C'est drôle, ce que le ministre vient de dire. Ce n'est pas moi qui
fais peur à la population. C'est un projet de loi qui n'est pas clair, on n'a
pas de balises... qu'on dit que c'est un policier qui va être sur le terrain,
qui n'est pas policier, qui n'a pas suivi la même formation, mais... parce que
le ministre, lui, il dit : Ça se peut que... trois, quatre, cinq
embauches. Si c'est seulement trois, quatre, cinq embauches, je le mets au défi
pourquoi qu'on a besoin d'avoir cet article, tout craché, parce que les corps de police ont déjà la
possibilité d'engager des spécialistes pour leur aider dans les enquêtes, s'ils ont besoin. Ça fait que, dans
le fond, si c'est seulement pour trois, quatre ou cinq embauches, peut-être,
on n'a pas besoin d'avoir un policier
spécialisé qui n'a pas suivi la même formation, mais... parce que le ministre,
il dit : Ah! bien, ça, c'est
sûr, ils ne vont pas faire ça. Mais moi, je n'ai pas preuve de ça ici, moi, je
n'ai pas un règlement en main, ce n'est pas écrit dans la loi qu'ils ne
vont pas faire les mêmes tâches que les autres policiers qui sont formés.
Ça fait que,
pour le commun des mortels, pour M. et Mme Tout-le-monde, là, ils ne suivent
probablement même pas nos travaux,
c'est inquiétant. C'est inquiétant parce que ce n'est pas clair. Ce n'est pas
une question de faire peur à la population,
c'est d'éviter d'avoir des dérives, c'est de s'assurer qu'on a un encadrement
puis de la clarté. C'est ça qu'on souhaite
faire. C'est pour s'assurer que tout le monde est protégé. C'est ça qui est
important dans cet article. C'est pour ça qu'on pose plein de questions
puis c'est pour ça qu'on dépose des amendements, M. le Président. C'est parce
que les questions se posent.
Puis, comme
j'ai dit, encore une fois, ce n'est pas uniquement les questions de
l'opposition officielle, c'est les questions du terrain, c'est les
questions des corps de police, qu'eux ils disent... ils ne comprennent pas eux
non plus, parce que ces policiers que, le
ministre lui-même dit, sont des policiers à part entière, à part entière...
Mais un policier à part entière....
Puis là on dit : Mais vous, vous ne faites pas ça, vous, vous ne faites
pas ça, vous, vous ne faites pas ça. Mais ça, ce n'est pas écrit nulle
part.
On peut imaginer qu'on peut avoir des dérives,
on peut imaginer que ces personnes, ça se peut qu'elles vont être appelées à faire autre chose où ils vont
accompagner des policiers à un appel, une intervention, parce que ça fait
partie de leur spécialité. La cybercriminalité, peut-être, ils vont se déplacer
parce que ça va être important d'être là sur le terrain, parce qu'ils
souhaitent prendre possession des ordinateurs, je ne sais pas quoi, je ne suis
pas spécialiste en TI, mais ça se peut qu'on
va demander à cette personne de se déplacer, puis ça se peut que la situation
peut dégénérer, puis cette personne n'a pas eu la même formation.
Il y a une
faille. Nous, notre rôle, comme législateurs, ici, c'est de s'assurer qu'on
dépose, qu'on adopte, éventuellement, un projet de loi qui est bonifié,
un projet de loi où... Puis ce projet de loi, crois-moi, M. le Président, est perfectible, mais, chaque fois qu'on dépose un
amendement, c'est toujours non. Il y a zéro preuve de souplesse de la
part du ministre. Nous, on souhaite avoir un dialogue, on souhaite mieux
comprendre, mais, sans avoir toutes les informations, ça va être impossible
pour nous. «It's blurry», il y a un flou, ce n'est pas clair.
Puis, les
questions, le ministre n'a pas répondu. Puis ce n'est pas parce qu'il le dit au
micro que c'est plus dans sa loi. La
seule façon de modifier, c'est d'avoir un amendement à l'article ou de nous
dire qu'il va y avoir des amendements qui
suivent, pour les autres articles que nous allons débattre plus tard
aujourd'hui, l'article 3 et l'article 87, où on parle de rayer
la formation pour ces enquêteurs. Parce que c'est ça... parce que moi, j'ai
toujours... Le sous-ministre dit non, mais
je n'ai toujours pas entendu le sous-ministre me ramener à l'ordre, me dire
que : Mme la députée, vous n'avez pas raison. Bien, explique-moi, je souhaite comprendre. Moi, je souhaite
voter pour l'article, mais, tant que je ne comprends pas, ça va être
quoi, la formation, puis qu'on n'a pas de clarté, bien, ça risque d'être très
difficile.
Bien, parce
que moi... l'interprétation que nous, nous avons, qui s'en vient, là, c'est
qu'on va rayer la formation pour s'assurer que ces personnes vont
rentrer comme enquêteurs puis ils n'auront pas le besoin ou la nécessité de suivre des cours de gendarmerie. Mais c'est une
police... c'est une police, c'est un policier comme tous les autres
policiers. Ça fait qu'on va avoir des attentes. Ils vont suivre les mêmes
règles déontologiques, ils vont être assujettis au même cadre juridique, ils
vont... ça va être les mêmes critères, les mêmes règles. Tu sais, on peut
présumer qu'il ne va pas effectuer les mêmes tâches d'enquête. Mais, comme je
le dis, encore une fois, on peut présumer. Je ne souhaite pas présumer. Moi, je souhaite que ça soit clair
qu'ils... ou bien qu'ils reçoivent... tout le monde, à part entière, qui suit
la même formation, il n'y aura pas de porte d'entrée à côté, latérale,
que tout le monde va suivre la même formation, même formation de base, parce
que c'est les mêmes règles déontologiques, c'est les mêmes règles disciplinaires.
S'ils font une erreur, est-ce qu'eux, ces
policiers qui n'ont pas suivi toute la même formation, vont avoir un
passe-droit? C'est une autre question que j'aurais. Ils n'ont pas suivi
les mêmes règles, ils n'ont pas suivi la même formation. Ça fait que, quand on
parle de discipline...
Puis bientôt, ça aussi, on va en débattre, de
déontologie. Ça fait que, si on ne vide pas la question ici, je vous préviens,
M. le Président, je vais poser des questions en ce qui concerne les policiers
spécialisés, quand on parle des règles
déontologiques. Parce que, quand on parle des règles déontologiques, bien,
est-ce qu'eux ils vont être assujettis à autres règles parce qu'ils n'ont pas suivi la même formation? La
discipline, est-ce que ça va être différent pour eux parce qu'ils n'ont
pas suivi la même formation? Parce qu'il va y avoir de la discipline, il va y
avoir de la déontologie, il va y avoir des gens qui vont se présenter devant le
tribunal. Est-ce que ça va être différent pour eux parce qu'ils n'ont pas suivi
la même formation? Parce que ce n'est pas tout le monde qui comprend ça.
Ça fait que moi, je souhaite comprendre. Ça fait
que, s'il y a quelque chose que le sous-ministre souhaite partager avec moi
avant qu'on poursuive... Moi, je ne souhaite pas continuellement déposer des
amendements, je souhaite vraiment,
sincèrement, comprendre qu'est-ce qu'ils vont recevoir, comme formation, puis
pourquoi c'est différent que les autres policiers.
Le
Président (M. Bachand) :
Merci. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder
à la mise aux voix. Madame...
Mme Maccarone : M. le Président,
est-ce que je peux au moins comprendre, avant qu'on poursuive...
Le Président (M.
Bachand) : Il reste quelques secondes,
oui.
Mme
Maccarone : Ce que je veux comprendre, c'est, quand on va poursuivre à
l'article 87 puis là on va parler de diminuer la formation, est-ce que
c'est en lien directement avec les enquêteurs, ici, qu'on parle?
M. Bonnardel :
...M. le Président, qu'on va...
Mme
Maccarone : Article 1 puis l'article 113...
M.
Bonnardel : C'est à l'article 1, M. le Président, qu'on va
déterminer, par cohérence, pourquoi on enlève la formation sur la gendarmerie,
parce que c'est déjà écrit à l'article 1 de la Loi sur la police. Donc,
par cohérence, quand on sera rendus à l'article 1, on va pouvoir
l'expliquer à la députée.
Mme
Maccarone : Vous allez comprendre, M. le Président, j'ai évidemment...
j'ai un malaise de poursuivre puis adopter cet article, tant qu'on ne comprend
pas ça va être quoi, les implications des articles qui suivent. Mais on peut
voter, au moins, avant la fin de notre séance, sur cet amendement, si vous
souhaitez, M. le Président.
Le
Président (M. Bachand) : Parfait. Donc, on
va procéder à la mise aux voix. Par appel nominal? Mme la secrétaire, s'il vous
plaît.
La
Secrétaire : Pour, contre, abstention, Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis)?
Mme
Maccarone : Pour.
La
Secrétaire : M. Bonnardel (Granby)?
M.
Bonnardel : Contre.
La
Secrétaire : Mme Boivin Roy (Anjou—Louis-Riel)?
Mme Boivin
Roy : Contre.
La
Secrétaire : M. Asselin (Vanier-Les Rivières)?
M. Asselin : Contre.
La
Secrétaire : Mme Bourassa (Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme
Bourassa : Contre.
La
Secrétaire : Mme Haytayan (Laval-des-Rapides)?
Mme
Haytayan : Contre.
La
Secrétaire : M. Lemieux (Saint-Jean)?
M. Lemieux : Contre.
La
Secrétaire : Mme Ghazal (Mercier)?
Mme Ghazal : Abstention.
La
Secrétaire : M. Bachand (Richmond)?
Le
Président (M. Bachand) : Abstention. Donc,
l'amendement est rejeté.
Et, compte tenu de
l'heure, la commission suspend ses travaux jusqu'après les affaires courantes.
Bon lunch. Merci.
(Suspension de la séance à
12 h 30)
(Reprise à 15 h 18)
Le Président (M. Bachand) : À l'ordre, s'il vous plaît! Bonjour, tout le monde. La Commission des institutions reprend ses
travaux.
Nous poursuivrons donc l'étude détaillée du
projet de loi n° 14, Loi modifiant diverses dispositions relatives à la
sécurité publique et édictant la Loi visant à aider et à retrouver des
personnes disparues.
Lors
de notre suspension, cet avant-midi, nous étions à l'étude de l'article 13.
Donc, interventions sur 13? Mme la députée de Westmount—Saint-Louis,
s'il vous plaît.
Mme
Maccarone : Bien oui, M. le Président, j'ai une autre
question. Je souhaite que le ministre nous explique c'est quoi, un expert en cybercriminalité. Est-ce
qu'il y a une formation qu'on souhaite? Est-ce qu'il y a une
spécificité, un profil qui est cherché?
M.
Bonnardel : Bien, premièrement, c'est l'état-major d'un
service de police ou les responsables d'une section créée x, exemple,
sur la cybercriminalité ou sur autres... autres définitions ou souhaits que les
services de police pourraient avoir ou les discussions que nous aurons lors de
la création du règlement.
Comme je l'ai mentionné, si on y va sur les
crimes économiques, sur la cybercriminalité, parce qu'on a nommé ces deux
particularités, ces deux domaines spécifiques, bien, il se peut... bien, pas
«il se peut», la majorité, sinon la totalité des policiers n'ont pas été formés
en cybercriminalité, ils n'ont pas nécessairement aussi été formés pour les crimes économiques. Alors, il se peut
très bien que la Sûreté du Québec ait besoin de spécialistes qui ont eu des années d'expérience en enquête, peut-être même
privée ou autre, pour des organisations importantes, que je ne nommerai pas mais que... Le service de police pourrait
trouver plus qu'intéressant à bonifier, donc, leurs équipes spécifiques,
leurs équipes intégrées et d'avoir une personne qui va leur apporter ce que...
ce petit quelque chose de plus qu'ils n'ont pas, peut-être, dans leur équipe
spécialisée.
• (15 h 20) •
Mme Maccarone : C'est juste... Je
pense que ça va être important de comprendre un peu qu'est-ce qu'on recherche
comme profil puis comme formation. Dans le passé, pendant la période de la
pandémie, votre collègue le ministre
responsable de la Cybersécurité, lui, il avait dit qu'il paiera des hackeurs
s'ils trouvent des bogues informatiques sur les systèmes du gouvernement
dans l'espoir de rehausser la sécurité et de trouver les vulnérabilités sur ses
actifs. Ça fait que... est-ce que ça veut dire qu'on est prêt à accueillir des
hackeurs pour qu'ils deviennent policiers? Est-ce qu'on cherche plutôt un
profil universitaire, cégep? Est-ce qu'il y a un minimum ou bien est-ce qu'on
est prêt à accueillir vraiment n'importe qui?
M. Bonnardel : Là, à votre question,
là... Ça va être le service de police, l'état-major ou peu importe qui qui
va... qui vont définir ce qu'ils ont besoin, le profil qu'ils ont besoin,
l'expérience de la personne dans un domaine particulier,
puis ce n'est pas moi, ce n'est pas vous, ce n'est personne ici qui va
définir : telle ou telle personne devrait avoir ceci ou cela. Si le
service de police est intéressé par une personne x parce qu'elle a une
expérience qui a été prouvée, étudiée, bien,
ça sera au corps de police de définir si besoin est de cette embauche. Ce n'est
pas nous qui va... qui allons commencer à définir, dans le
règlement : vien, tu as besoin d'un... de telle formation, de tel diplôme
ou de tel ceci ou cela. Non, ça, c'est... ça leur appartient puis c'est eux qui
vont définir si ce besoin est important pour eux.
Mme Maccarone : Alors, il n'y a
aucun frein. Ça peut être un ex-criminel, par exemple, qui pourra occuper ce poste. Je comprends l'intervention du ministre,
puis ce n'est pas une question de vouloir substituer pour leur décision qu'ils vont prendre sur le terrain. C'est vrai,
c'est eux qui comprennent le mieux ce qui est nécessaire, mais ça reste
que, même ici, si on regarde
l'article 115 de la loi, il y a des critères. On a une opportunité puis
une occasion de le bonifier pour
mettre, peut-être, en place une mesure ou un critère qui disent qu'on a quand
même un profil de base qui est cherché.
Le Président
(M. Bachand) : M. le ministre.
M. Bonnardel : Bien, comme je
l'ai répété, le règlement va définir les domaines spécifiques à laquelle on croit que ces domaines ne sont pas répondus par la
formation des policiers à l'École
nationale de police. Et, par la
suite, bien, on va laisser libre cours, dans
une certaine mesure, aux services de police pour aller chercher la personne
adéquate qui va répondre à un besoin qu'ils ne peuvent avoir dans leurs propres
services. Donc, ce sera aux corps de police de définir de quelle façon puis
pourquoi ils choisissent telle ou telle personne.
Là, ce n'est
pas un... ce n'est pas le temps de faire un procès aux états-majors, là, puis
leur dire : Bien, vous devez absolument suivre ceci, cela, puis là,
bien... Ces gens ont besoin d'attraper des criminels. Alors, il faut aller
chercher les meilleurs. Alors, les meilleurs... Que cette personne ait
25 ans d'expérience, qu'elle ait un D.E.C., ou un bac, ou un
secondaire V, peu importe, si elle a une expérience qui peut amener ce
service ou cette équipe spécialisée à mieux performer puis à arrêter des
personnes, elle fera le choix de l'embaucher.
Mme Maccarone : M. le
Président, on ne fait pas une enquête, ce n'est pas un procès, mais oui, c'est
vrai, je pose des questions, parce que je souhaite mieux comprendre les
intentions puis les orientations du gouvernement. Je répète encore une fois, moi, je n'ai pas le règlement en main. Ça fait
que je pense que les questions sont pertinentes, parce qu'encore une
fois, avec tout le respect que j'ai pour le ministre puis à ce qu'il vient de
partager... oui, on souhaite avoir la meilleure personne sur le terrain pour
occuper ce poste, mais ça reste que, s'il n'y a aucune balise, ça peut être un
ex-criminel qui va être policier puis... parce qu'encore une fois c'est une
personne qui va être policier...
Ça fait que
ce qu'on cherche, c'est vraiment de savoir c'est quoi, les intentions. À moins
que le gouvernement serait prêt de
partager les orientations qui vont faire partie du règlement, c'est difficile
pour nous d'imaginer. Je suis d'accord, ça peut être quelqu'un qui n'a
pas un D.E.C. ou qui n'a pas de maîtrise, on cherche quelqu'un avec un profil,
mais, si on se base sur les commentaires de son collègue, lui, il était prêt à
engager des hackeurs pour trouver des bogues d'information...
des bogues informatiques pour nous aider ici. Ça fait que... est-ce que ça veut
dire... on a des limites ou non?
M. Bonnardel : Vous savez,
c'est facile, dans l'opposition, de laisser sous-entendre par un petit mot, M.
le Président, dire : Bien, ça pourrait
être un criminel. C'est marqué, dans le texte actuel : «être citoyen
canadien», «être de bonnes moeurs», minimalement. Vous pensez deux
secondes que la police va engager un criminel, même s'il a une expérience dans la criminalité, sur la
cybercriminalité ou autre? Vous pensez vraiment deux secondes que la police
va engager un criminel avec un passé, là,
gros comme ça? On ne peut pas laisser sous-entendre... ou par des sous-entendus
que peut-être que, si... Non, c'est... Cet article donne des outils aux corps
de police municipaux pour aller chercher la connaissance ou la personne
additionnelle qui va donner tous les outils possibles pour arrêter des bandits
pour des crimes économiques, pour la cybercriminalité. On ne peut pas laisser
des sous-entendus puis, ah, peut-être qu'un criminel... peut-être qu'il y
aurait un hackeur.
On leur donne des outils aujourd'hui, là, puis
ces outils, ils seront dans la loi, puis les corps de police municipaux vont définir si besoin est d'aller
chercher cette personne. Donc, c'est un outil qu'on leur donne, là. S'ils
n'ont pas, dans leurs propres corps, ces
outils, ces policiers, policières qui ont l'expérience acquise, requise pour
aller plus loin, ils auront la
possibilité d'aller à l'extérieur comme on le fait présentement avec l'UPAC,
comme on le fait présentement avec l'UPAC depuis trois ans, trois ans.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée, oui.
Mme Maccarone : Je suis quand même
surprise de la réponse du ministre. Lui-même, il a fait partie de l'opposition. Alors, s'il y a quelqu'un qui doit comprendre
c'est quoi, le rôle, ça doit être quelqu'un qui a déjà occupé ce poste. Mais, à n'importe quel moment, s'il
souhaite échanger de siège, il me ferait grandement plaisir, parce que
moi, il m'aurait fait plaisir de répondre à ses questions, par mesure de
transparence, pour que tout le monde qui sont ici, autour de la table, tous les
gens qui suivent la commission auront des réponses à des questions qui sont
pertinentes. C'est pour ça qu'on a des commissions parlementaires, pour faire
un débat pour un projet de loi, c'est pour mieux comprendre, même si ce n'est
pas pour adopter des amendements.
Ça fait que, juste pour faire un suivi, M. le
Président, j'ai posé plusieurs questions : Est-ce qu'ils vont avoir...
Est-ce que ces nouveaux policiers vont avoir les mêmes droits, mêmes
obligations que les policiers? La réponse était oui, mais ça crée deux catégories de policiers. Est-ce qu'on envoie un
mauvais message aux policiers patrouilleurs qui veulent devenir enquêteurs? Est-ce qu'on est en train de dévaloriser?
Parce que c'est quand même un passe-droit, ils rentrent par la porte latérale. Est-ce que ça veut être
quelqu'un qui est qualifié, pas qualifié? Ça va être quoi, la formation?
Ça, c'est toujours des questions qui restent non répondues, parce qu'on sait...
ils peuvent toujours engager des personnes spécialisées,
ce n'est pas nécessaire qu'ils ont le titre de policier, alors pourquoi on a
besoin de ce poste? Toujours pas de réponse. Pourquoi qu'ils ont besoin
d'avoir ce...
Une voix : ...
Mme Maccarone : Pourquoi qu'ils ont
besoin d'avoir le titre de policier? On ne sait pas. Même qu'on s'est fait dire
que ça se peut que c'est trois, quatre, peut-être cinq. On ne sait même pas si
ça va fonctionner, mais on dit que l'article en question est important.
On souhaite savoir si c'est une mesure
économique. Le ministre a dit non, mais ça reste que la Sûreté Québec nous dit
que ça reste qu'on va épargner de l'argent, parce que, c'est clair, on ne va
pas engager du monde du monde privé, parce que, là, on va engager du personnel
qui vont faire partie du cadre financier côté salaires.
On dit : Est-ce qu'on va aller au-delà des
crimes économiques et cybercriminalité? Ça se peut. Tout ça, c'est dans un
règlement qu'on n'a pas vu. Alors, est-ce qu'on devrait se limiter? On ne sait
pas. On n'a toujours pas un profil de c'est
quoi, une personne, un expert en cybercriminalité, en crimes économiques. On
dit qu'apparemment, dans leur propre
document... qu'on a un cadre réglementaire qui devrait être prêt pour l'étude
détaillée. On n'a pas vu ceci. On dit que c'est une entrée latérale.
Est-ce que c'est un risque? Tu sais, je m'excuse, M. le Président, mais est-ce
qu'ils vont... Ils n'auront pas la même formation, ils n'auront pas une
formation de gendarmerie. On sait que les policiers souhaitent qu'ils ont une
formation... qu'ils suivent la même formation que tous les autres corps de
police, parce qu'ils sont assujettis aux mêmes règles déontologiques, au même
code disciplinaire, au même cadre juridique, mais on n'a toujours pas de réponse à ces questions. Ça fait que c'est...
c'est l'impression que nous avons. Je comprends que...
Le Président (M.
Bachand) : Juste faire attention, s'il
vous plaît...
Des voix : ...
Le Président (M.
Bachand) : Non, mais, écoutez...
Une voix : ...
Le Président (M.
Bachand) : O.K. On arrête tout ça ici maintenant, O.K.? Depuis
ce matin, il y a beaucoup de redondance. Alors, ça ne veut pas dire que ça va à
l'encontre du règlement. Alors, il faut vivre avec ça. Ça fait partie du règlement, il y
a des temps opportuns, mais il faut faire attention, cependant, si on insinue
des choses. C'est juste ça que je vous demande, d'être très prudents, de
garder un ton positif. Mais c'est sûr que ça peut être dur pour... et
l'opposition de se faire donner des réponses redondantes, que je ne juge pas...
et ça peut être la même chose du côté du gouvernement, de dire : C'est
toujours les mêmes questions. Ce n'est pas à moi de juger de la redondance,
O.K.?
Alors, j'applique simplement le règlement, mais
je vous demande d'être patients aussi. On y va selon les règles établies par
règlement. Alors donc, on fait attention au choix de mots, s'il vous plaît.
Alors, Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
• (15 h 30) •
Mme Maccarone : Oui. Bien, en
conclusion, M. le Président, on a déposé beaucoup d'amendements pour avoir plus
de clarté, pour avoir des balises, pour bonifier cet article dans cette loi
parce qu'on trouve que c'est important...
C'est un changement majeur pour le corps policier. Encore une fois, ce n'était
pas une question d'être contre, mais
ce qu'on ne souhaite vraiment pas faire, c'est de banaliser la profession.
C'est de valoriser la profession, de redonner la confiance à la
population puis d'éviter de jouer avec le feu.
Ici, on a une
occasion en or de mettre en noir et blanc tout ce que le ministre était prêt à
dire au micro mais pas mettre dans sa loi. Alors, nous, on souhaitait
sincèrement avoir quand même des balises, ça fait qu'on est déçus de ne pas
voir preuve de souplesse de la part du gouvernement.
Le
Président (M. Bachand) :
Merci. Autres interventions sur
l'article 13? S'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que
l'article 13...
Une voix : ...
Le Président (M. Bachand) : Bon, mise aux voix de l'article 13, par
appel nominal, Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La Secrétaire : Pour, contre,
abstention. M. Bonnardel (Granby)?
M.
Bonnardel : Pour.
La Secrétaire : M. Asselin
(Vanier-Les Rivières)?
M. Asselin : Pour.
La Secrétaire : Mme Boivin
Roy (Anjou—Louis-Riel)?
Mme Boivin Roy : Pour.
La Secrétaire : Mme Bourassa
(Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme Bourassa : Pour.
La Secrétaire : Mme Haytayan
(Laval-des-Rapides)?
Mme Haytayan : Pour.
La Secrétaire : M. Lemieux
(Saint-Jean)?
M. Lemieux : Pour.
La Secrétaire : Mme Ghazal
(Mercier)?
Mme Ghazal : Contre.
La Secrétaire : M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M.
Bachand) : Abstention.
La Secrétaire : Mme Maccarone
(Westmount—Saint-Louis)?
Mme Maccarone : Abstention.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Donc, l'article 13
est adopté. M. le ministre, s'il vous plaît.
M.
Bonnardel : M. le Président, on s'en va donc à l'article 1 :
L'article 2 de la Loi sur la police (chapitre-13.1) est modifié par
la suppression de la deuxième phrase du deuxième alinéa.
Commentaires. L'article 1 du
projet de loi propose de modifier l'article 2 de la Loi sur la police afin
de retirer l'exigence de compléter la
formation initiale en patrouille-gendarmerie pour accéder aux formations
initiales en enquête policière et en
gestion policière. Donc, comme je vous l'ai mentionné tantôt, le sous-ministre
va vous expliquer pourquoi l'acquisition
de la... dans le texte, là, qui est proposé, là, «l'acquisition de la formation
initiale en patrouille-gendarmerie est nécessaire pour accéder à la
formation initiale dans les deux autres pratiques policières», a été enlevé.
C'est une question de cohérence, et le sous-ministre va vous l'expliquer.
Le
Président (M. Bachand) : Est-ce qu'il y a
consentement pour donner la parole au sous-ministre? Consentement. Alors, M. le
sous-ministre, d'abord, vous identifier, bien sûr. Vous avez la parole.
M. Morneau
(Louis) : Oui, Louis Morneau, sous-ministre associé des affaires
policières. Effectivement, là, c'est... on
est dans un article de cohérence compte tenu qu'il y a l'article 13, là,
qui vient d'être adopté. L'idée derrière ça, c'est que, lorsque le policier
suit son parcours normal, là, l'aspirant policier s'en va à l'École nationale
de police, il doit passer par son programme de patrouille... formation initiale
en patrouille-gendarmerie, mais on n'a pas...
En fait, on a pris le
choix, là, à l'article, de le retirer de ce... de l'article comme tel, mais ça
demeure quand même, puisque l'article 115... il est écrit à
l'article 115. Je ne sais pas si vous l'avez près de vous, là, les
conditions... on va revenir juste sur 115, je vais le ressortir, excusez-moi,
là... Oui, c'est ça, c'est que... attendez un petit peu, à 115, on dit que
le... pour être policier, là, il faut être diplômé de l'École nationale de
police et satisfaire aux normes équivalentes. Ça, c'est le quatrième. Donc, ça,
ça demeure.
Et ce que ça veut
dire, c'est que, pour être diplômé de l'école de police, lorsqu'on est policier
qui a le profil standard, bien, il faut
qu'il fasse son programme de patrouille-gendarmerie, de toute façon. C'est ça,
son diplôme, donc, il va l'avoir quand même. Tu sais, la majorité des
policiers, la règle de base, c'est qu'un aspirant policier rentre à l'école de
police, et il fait son programme de patrouille-gendarmerie. C'est une formation
habilitante.
Et peut-être je
pourrais vous référer à l'article 1 de la loi. Ce n'est pas l'article 1
du projet de loi, mais la Loi sur la police. Ce qu'on dit là-dedans, c'est que
les programmes de formation professionnelle qualifiante... bien, on a le
programme de patrouille-gendarmerie. Donc, par cohérence, le diplôme en
question, c'est le programme de patrouille-gendarmerie qui arrive à ça.
L'article 2, on a retiré ça, parce que, compte tenu qu'on a adopté... vous
avez adopté l'article 13, bien, on veut
s'assurer qu'on est cohérent, dans le sens que ces nouveaux enquêteurs, qui
vont arriver d'une trame un peu différente, qui n'auront pas le profil
de base, bien, ils n'auront pas à faire le programme de patrouille-gendarmerie
dans son ensemble. Ils vont avoir à faire un programme de formation spécialisée
à l'école.
Comme
le ministre le disait tout à l'heure, comme c'est le cas pour les enquêteurs du
Commissaire à la lutte contre la corruption... Le Commissaire à la lutte contre la corruption, il peut engager des
policiers de carrière qui sont enquêteurs, mais maintenant, dans son
règlement, il y a un programme de formation spécifique où est-ce qu'il passe
entre les mains du programme... de l'École nationale de police, mais il n'a pas
à suivre le Programme de formation initiale en patrouille-gendarmerie. Il y a
un genre d'équivalence puis une spécialisation pour être enquêteur ou
Commissaire à la lutte contre la corruption.
Donc,
c'est ça, la différence, mais peut-être pour vous rassurer, là, c'est ça, là,
je répète, là, mais, les policiers, il va
falloir... les policiers standards... parce que, là, ce qu'on parlait tantôt,
dans l'article 13, c'est un peu une exception, mais, la norme de
base, il faut qu'ils passent par le programme de patrouille-gendarmerie, même
si on le retire de cet article-là. C'est fait comme ça. Il va avoir un diplôme
de l'école de police et, pour avoir son diplôme, il faut qu'il ait la
patrouille-gendarmerie.
Le
Président (M. Bachand) : Merci. Mme la
députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme
Maccarone : D'abord, pourquoi que c'était là avant? Parce que ça ne
fait pas partie des propositions de changement quand on regarde le 115, tu
sais, quand on regarde le 115, je veux dire, la loi actuelle. Si ça faisait
toujours partie de ce programme, pourquoi on a eu la nécessité de l'avoir, un
libellé dans l'article 2 de la loi? Puis, tu sais, c'est pourquoi que
si... Je ne dis pas que ce que vous dites n'est pas vrai, c'est juste par
mesure de concordance, comme vous dites.
D'abord, pourquoi
qu'on n'a pas... C'est la raison que je voulais avoir les précisions
auparavant. C'est parce que, pour moi, quand je regarde le 115, qui est
l'article 13 de la loi, je questionnerais d'abord, dans le paragraphe 4°, pourquoi
qu'on ne fait pas référence à la formation de gendarmerie. Si ça fait partie de
cette formation, par mesure de concordance,
pour moi, j'aurais été rassurée. Ça va changer la teneur de nos débats, parce
que j'ai d'autres questions, mais il...
pour moi, j'ai l'impression qu'on vient de manquer une opportunité, encore une
fois, d'amener de la clarté pour que tout le monde comprend la même
chose. Je ne vous ai pas inventé des choses, là. Ce que je vous ai lu, c'est le
libellé des gens qui sont venus témoigner en commission parlementaire. C'est
des extraits des mémoires. Si ce n'est pas
clair pour eux puis ce n'est pas clair pour moi, mais ce n'est pas clair pour
personne... On aurait pu le clarifier ici.
M. Bonnardel :
Bien, à la fin, l'exercice reste
le même que les discussions qu'on a eues pendant deux heures. C'est que le futur policier-enquêteur n'aura pas à
passer la formation standard, entre guillemets, de la gendarmerie
patrouille, parce qu'on va le chercher, lui, avec 15, 20, 25 ans
d'expérience dans un domaine spécialisé. Donc, je vous disais que l'ENPQ va vous envoyer le parcours. C'est certain
que, si vous allez voir celui de l'UPAC, qui est déjà sur Internet, ça va... ça pourrait ressembler à ce que vous
allez avoir là, mais l'exercice qu'on fait, c'est qu'à la fin ce policier ou
cette policière, qui arrive à 42 ans,
45 ans, peu importe, avec son expérience, mais n'aura pas... n'aura pas le
parcours standard. Je ne sais pas si... Allez-y.
M.
Morneau (Louis) : ...ajouter aussi, dans le fond, l'article, aussi,
de la façon qu'il est écrit présentement, la difficulté qu'on aurait... c'est que ça dit : «L'acquisition de la
formation initiale en patrouille-gendarmerie est nécessaire pour accéder
à la formation initiale dans les deux autres pratiques policières.» Donc, les
enquêtes, qu'on pense, entre autres... donc,
ce que ça voudrait dire, si on laissait là, c'est qu'il faudrait que nos
enquêteurs qui arrivent d'une entrée parallèle
passent par ce programme de formation initiale là. Et là on veut faire, dans le
fond, ce qui... pas le projet, c'est de faire comme pour le Commissaire
à la lutte contre la corruption qui ne passe pas par ce programme-là. Puis ça,
on a une disposition dans la Loi concernant la lutte contre la corruption pour
lui éviter de passer par le programme de...
M. Bonnardel : ...
M. Morneau (Louis) : C'est dans le
processus normal, c'est ça. Donc, c'est pour ça qu'il faut le retirer de là
pour lui permettre... permettre à ces corps de police, qui auront des
enquêteurs qui rentrent par entrée parallèle, de ne pas avoir à passer ce
processus-là pour accéder à des formations aussi en perfectionnement puis en
formations autres après. Parce que c'est vraiment une condition de base qui est
là, mais qui ne s'adapte pas.
Puis le
parallèle qu'on peut faire, c'est que, pour le Bureau des enquêtes indépendantes, aussi, il y a une disposition, qui est prévue plus loin dans la
Loi sur la police, qui existe déjà, qui fait en sorte que c'est ces
personnes-là qui font partie de ce corps de
police spécialisé là aussi, parce que lui aussi, c'est un corps de police spécialisé,
bien, il n'a pas à faire le programme
de patrouille-gendarmerie. Donc... mais, comme je vous disais tout à l'heure,
pour le Commissaire à la lutte contre la corruption, dans son programme
de formation spécifique pour ses enquêteurs, il y a quand même... il y a des
éléments de base aussi qui sont importants pour lui, là, dans sa formation de
ses policiers, comme, par exemple, le tir, et tout ça.
• (15 h 40) •
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Mme la députée.
Mme Maccarone : Je pense que ça va
m'aider, si on peut décrire la formation de, exemple, quelqu'un qui se spécialise en cybercriminalité ou crimes
économiques. Lui, sa formation, ça va être quoi, en comparaison avec la
formation d'un policier qui va être patrouilleur, ainsi que la personne, comme
M. le ministre, il dit, qui a x, y, z nombre d'années d'expérience, qui
souhaite peut-être poursuivre sa carrière? Ça fait que, si on peut juste avoir
ce portrait de comparaison, ce serait
gentil. Pour moi, ça va m'aider à mieux comprendre de quoi on parle, en termes
de comparaison de formations, si c'est possible.
M. Bonnardel : Bien, ce qu'on
pourrait vous imprimer, on pourrait vous imprimer les règlements pour la formation de l'UPAC. Déjà là, c'est une base que
vous pourriez avoir. Puis, par la suite, l'ENPQ et les corps de police,
on va travailler ensemble pour voir si on garde le même, même, même cadre
d'enseignement, je vais le dire ainsi, là, de ceux qui sont formés à l'UPAC
pour devenir policier enquêteur.
Donc, vous allez avoir... Si vous allez sur le
site, là, on peut vous donner l'adresse, vous allez avoir pas mal le portrait,
là, de ce qui existe déjà pour les membres policiers enquêteurs de l'UPAC.
Mme Maccarone : C'est une copie
conforme de qu'est-ce qu'on fait...
M. Bonnardel : ...bien, ça va y
ressembler. Ça, c'est certain que ça va y ressembler. Ce que vous avez là, là,
vous allez le retrouver sur le site de l'UPAC.
Mme Maccarone : Est-ce qu'il y a une
différence dans le nombre d'heures de formation? Tu sais, je peux l'ouvrir, là,
on est en train de l'ouvrir, mais...
M. Bonnardel : Ça va être à
déterminer, là. Je n'ai pas le nombre d'heures sur le programme de formation du
commissaire, là, mais...
M. Morneau (Louis) : Dans le cas du
commissaire, il y a comme trois grandes catégories. La première, c'est comme la
formation de base, là, un rééquilibrage pour avoir la base comme policier, et
ça, c'est 15 semaines. Après ça, il y a
la formation en enquête puis, après ça, il y a le troisième volet, c'est la
formation spécialisée pour le commissaire, donc la lutte contre la
corruption.
Mme Maccarone : Puis, pour être
patrouilleur, c'est les 15 semaines plus la gendarmerie qui est à part.
M. Morneau (Louis) : Le 15 semaines,
c'est le Programme de formation initiale en patrouille-gendarmerie.C'est
ça, le programme qu'ils doivent suivre à l'École nationale de police.
Mme Maccarone : O.K. Parce que...
Encore une fois, merci, mais je sais que je ne suis pas la seule qui n'a pas compris les orientations dans cet article. Le
FPPVQ, eux aussi, ils nous ont proposé même un amendement, parce qu'ils disent que «la proposition de retirer l'obligation
de posséder la formation initiale en patrouille-gendarmerie, pour accéder
à la formation dans les deux autres
pratiques policières, est relativement préoccupante à nos yeux, considérant que
les attentes légales et déontologiques
envers les policiers sont de plus en plus élevées et considérant que plusieurs
coroners ont émis des
recommandations pointues en ce qui a trait à la formation des policiers. Il
nous apparaît dépourvu de sens que de rendre optionnelle ladite
formation de base.»
Ça fait que, si, eux, leur interprétation, c'est
que, dans le fond, on enlève la formation, est-ce qu'on peut se permettre de rêver, M. le Président, de rêver
d'avoir peut-être un amendement qui dit ce que vous venez de dire, que...
dans le fond, parce que la formation
initiale de patrouille-gendarmerie est comprise dans le paragraphe 4° de
l'article 115, qui est notre article 13. Est-ce qu'il y a moyen de
reformuler pour que ce soit clair?
M. Bonnardel : Bien, Mme la députée,
c'est clair. Si vous allez lire le programme de formation, ce que vous avez lu, là, du syndicat, si je ne me trompe pas,
on parle de conduite. Dans la formation, on parle, dans le volet ENPQ,
là : Intervenir en tant qu'enquêteur
lors de la prise en charge d'un événement; intervenir en intégrant un processus
de prise de décision rapide et adapté; utiliser le pistolet; conduire un
véhicule d'urgence, ça va de soi; intervenir physiquement auprès des personnes;
s'engager dans sa formation et sa profession.
Donc, c'est une formation plus que minimale, qui
devrait rassurer le syndicat ou les syndicats dans ce genre de... Si cela
fonctionne du côté de l'UPAC, je ne vois pas en quoi ça ne pourrait pas
fonctionner du côté des corps de police, là. Puis, dans les trois dernières
années, là, les cohortes ont passé le processus à travers du cursus académique
qui leur a été dédié, puis tout va bien, là.
Mme Maccarone : Mais, pour devenir
enquêteur, il n'y aura pas une formation supplémentaire, c'est ça?
M. Bonnardel : Bien, ils ont... là,
je suis le programme du Commissaire à la lutte contre la corruption. C'est pour
ça que je vous dis, le volet que vous allez voir là, ça va ressembler pas mal
à... ça pourrait ressembler pas mal à ce qu'on va mettre de l'avant pour les
polices, les services de police municipaux.
Maintenant, il va y avoir des discussions.
Est-ce qu'il y a des petites choses qu'on va ajouter là-dedans? Possiblement,
ça va faire partie de nos discussions. Donc, vous avez le Programme de
formation préparatoire en enquête, le programme de formation... Bien, le
commissaire à la lutte à la corruption, ça ne sera pas celui-là, là, mais le Programme de formation initiale en enquête
policière, tout ce que le sous-ministre vous a mentionné, là, tantôt,
là...
Mme
Maccarone : Mais ce serait... il n'y aura plus de prérequis
que... Je comprends qu'il y aura une formation, mais il n'y aura plus de
prérequis pour occuper un poste d'enquêteur. Il va y avoir peut-être des choses
qui vont être comprises dans un règlement, mais, dans le fond, selon la loi,
maintenant, il n'y aura plus de prérequis pour monter à ce poste.
M. Bonnardel : C'est certain qu'on
va définir... Exemple, vous l'avez dit tantôt, là, on n'engagera pas un criminel qui a un passé... un passé x, y, là, ça
va être quand même des critères minimaux qu'on va établir avec les
services de police. Déjà là, être de bonnes moeurs, ça englobe pas mal de
choses là-dedans. Donc, on veut nécessairement quelqu'un qui a des aptitudes
pour, un jour, porter l'arme, puis être enquêteur, puis exactement... puis
avoir un profil qui correspond, exemple, à ceux de l'UPAC, mais qui vont servir
du côté des grands corps de police qu'on connaît.
Mme
Maccarone : Je vous entends. Je n'ai pas eu la chance de lire
le cadre législatif et réglementaire d'UPAC pour...
M. Bonnardel : ...l'ENPQ, l'École
nationale de police, puis vous allez avoir le programme de formation du
Commissaire à la lutte contre la corruption.
Mme Maccarone : J'y vais
directement, mais, comme j'ai dit, je pense que le questionnement, c'est... Je
comprends que tout le monde va avoir la même formation de base, ça fait que je
comprends ce qui est expliqué en ce qui concerne la concordance. Parce que,
dans le fond, on n'a pas besoin de faire la mention, parce que c'est les règles
de l'art, tout le monde doit suivre la même
formation de base, peu importe le type de policier que nous sommes.
Qu'on est... qu'on oeuvre au sein d'UPAC, qu'on est un policier spécialisé,
qu'on est patrouilleur, tout le monde suit la même formation de base.
Mais, si je comprends bien, pour devenir
enquêteur, peu importe si j'ai suivi la formation pour être policier patrouilleur, là, maintenant, il n'y aura plus de
formation pour moi à suivre. Ce n'est pas nécessaire peut-être, ça se
peut que ce ne serait plus un prérequis,
puis ce serait la même chose pour toutes ces personnes, les trois, cinq, 10
peut-être, qui vont occuper le poste de policier spécialisé, parce
qu'ils amènent un profil spécifique que nous avons besoin, parce qu'eux ils
vont avoir le titre d'enquêteur. Ça fait que, dans le fond, c'est pour ça qu'on
fait ça, c'est pour éviter qu'ils ont encore plus de formation pour accéder au
poste.
O.K. Bien,
c'est ça, ça me ramène toujours à les mêmes préoccupations. Je comprends ce
qu'on souhaite faire puis je comprends le besoin d'avoir des personnes
qui amènent un profil spécialisé pour aider les policiers. Ça fait qu'un
policier spécialisé... mais je partage les inquiétudes... Allez-y, M. le
ministre.
M.
Bonnardel : ...compréhension de ma collègue, là, sur le site,
des critères de sélection, exemple, qui pourraient ressembler : qualités intellectuelles,
compétences opérationnelles, motivation et intérêt, connaissances, expérience.
C'est ce que l'UPAC a comme critères. Donc, ça pourrait ressembler à ça.
• (15 h 50) •
Mme Maccarone : Mais,
pour les autres policiers, mettons, patrouilleurs qui souhaitent devenir
enquêteurs, eux, ils vont être assujettis
aux mêmes règles. Ça, ça veut dire, je suis patrouilleur puis je souhaite
devenir enquêteuse, ça fait que je n'aurai pas une formation spécifique
à suivre d'abord.
M. Bonnardel : Bien, vous avez une
formation si, un jour, vous voulez devenir enquêteur. Après 12 ans de
patrouille ou de gendarmerie, vous allez aller... vous allez suivre une
formation pour devenir enquêteur.
Mme Maccarone : Mais la suppression
de cette phrase, dans le paragraphe 2°, on n'est pas en train de dire que
ça, ça va s'appliquer à tous les policiers?
M.
Bonnardel : Non, non. C'est là la question de cohérence qu'il
vous expliquait, là, que, pour les policiers... futurs policiers
enquêteurs, ils ne seront pas assujettis à cette formation de gendarmerie
patrouille.
Mme
Maccarone : Non, mais c'est parce que ça ne dit pas «les
futurs», ça dit : «La formation professionnelle...»
M. Bonnardel : ...pour ceux qui ont
une entrée parallèle, là, il faut faire attention, là, entrée parallèle.
Mme
Maccarone : Ça fait que c'est... ça fait que, pour eux, ça
s'applique uniquement... uniquement pour eux. Où est-ce que ça dit que
c'est uniquement pour ce policier spécialisé dans l'article en question?
Le Président (M.
Bachand) : ...sous-ministre, oui.
M. Morneau
(Louis) : Bien, c'est ça, dans le fond, c'est en
interprétant la loi qu'on arrive à cette conclusion-là. Puis c'est... Je vous parlais tantôt de l'article 115,
il faut obtenir un diplôme de l'école de police pour être policier. Et,
dans le fond, ce diplôme-là, lorsque la... on a un aspirant policier standard,
bien, son diplôme, ça va être son diplôme qui
va lui donner la formation qualifiante, là, en patrouille-gendarmerie. Et là il
faut prendre 115, en se disant : O.K., voici, ça prend un diplôme
de l'École nationale de police pour être policier. Et comme pour être policier,
ça prend la formation qualifiante en patrouille-gendarmerie, ça, on l'a à
l'article 1 de la Loi sur la police.
Là, on ne l'a
pas, dans le projet de loi, parce que, lui, on ne vient pas le modifier, cet
article-là, mais vous voyez, là, la...
il faut lire les deux, quant à moi, là, c'est... Et vous voyez que, pour être
policier, bien, ça prend... la première étape, ça prend
patrouille-gendarmerie, et ça, c'est le fameux... c'est le fameux cours de la
formation initiale en patrouille-gendarmerie de l'École nationale de police,
formation de 15 semaines. Donc, en... il faut voir l'ensemble, là, un
diplôme à l'école puis le diplôme... le premier diplôme, c'est
patrouille-gendarmerie.
M. Bonnardel : Puis, pour votre
gouverne, l'article suivant, 113, on le mentionne, là, qu'on enlève la... à
l'article 113, la formation en patrouille-gendarmerie, là.
Mme Maccarone : On abroge à...
M. Bonnardel : ...du Règlement sur
le régime des études de l'école nationale.
Mme Maccarone : Excusez-moi,
peut-être c'est moi qui ne suis pas, là, mais... Encore une fois, merci pour
les explications, mais moi, quand je lis le projet de loi, le 1... pas le
projet de loi, mais la loi actuelle, la Loi sur la police, puis je lis
l'article 1, bien, on ne parle pas des policiers spécialisés. L'article 2,
bien, on parle d'un... l'enquête policière, oui, mais, pour l'article 2,
on ne parle pas que ceci va s'appliquer uniquement à des nouveaux policiers qui
vont rentrer en poste dans le futur. On ne
sait pas combien, on ne sait pas... on ne sait pas où. J'ai hâte à le voir à
l'oeuvre pour mieux comprendre comment ça fonctionne sur le terrain, mais ça ne
dit nulle part que ça s'applique uniquement à ce nouveau corps de police.
Puis, quand je retourne à l'article 13, qui
modifie le 115, bien là, nous sommes en train de le modifier. On a introduit
quelque chose là-dedans. On n'a pas dit que cet article, ça s'applique
uniquement à ce nouveau policier spécialisé.
On a ajouté un paragraphe, parce qu'on voulait donner la possibilité d'engager,
d'embaucher des personnes comme
policiers pour exercer des fonctions d'enquête. Ça fait que ça devrait tout
s'appliquer. Ça fait que ce qu'on voit dans le 2, ce qu'on voit dans le
1, ça s'applique à tous les policiers et pas uniquement aux policiers... les
nouveaux policiers spécialisés.
Le Président (M.
Bachand) : M. le sous-ministre, oui.
M. Morneau (Louis) : Bien, le 2, là,
en l'enlevant, ce que ça veut dire, c'est que le policier qui prend son... l'aspirant policier qui nous arrive du cégep, il
doit aller à l'école de police faire son programme de patrouille-gendarmerie
quand même. Il n'a pas le choix, là, tu
sais, c'est ça, la... c'est ça la formation à l'école de police. 115.4, on dit
que ça te prend un diplôme de l'école
de police. Bien, la norme, c'est le patrouille-gendarmerie. Donc, ça, ça ne
change pas, on n'a pas besoin de l'écrire là.
Puis le... on se dit
qu'il faut le retirer, parce que, si on le laisse là, ça devient incohérent
puis ça pourrait faire en sorte que les
policiers qui font des entrées parallèles pour devenir enquêteur, bien, ils
auraient affaire avec le Programme de formation
initiale en patrouille-gendarmerie, alors que qu'est-ce qu'on vient dire, pour
eux, c'est : Il va y avoir un règlement
qui va définir leur formation spécifique avec trois composantes, la composante
de base, là, pour mise à niveau. Il faut
dire que ces gens-là vont peut-être venir avec d'autres qualités aussi, mais ça
prend la base policière adaptée, et puis, après ça, bien, c'est le programme d'enquête puis, après ça, les
enquêtes spécialisées. Dans le fond, ces deux articles-là sont vraiment
interreliés, c'est comme ça qu'il faut l'interpréter.
Mme
Maccarone : Est-ce qu'on peut suspendre juste deux petites minutes?
Merci.
Le Président (M. Bachand) : Aucun souci. On va suspendre quelques instants. Aucun problème. Merci
beaucoup.
(Suspension de la séance à
15 h 56)
(Reprise à 16 h 03)
Le
Président (M. Bachand) : À l'ordre! La commission reprend ses
travaux. Merci beaucoup. Donc, M. le ministre, je vous cède la parole.
M.
Bonnardel : Bon,
alors, on revient après cet échange des trois, quatre dernières minutes qui a
été productif. Je comprends, de notre
côté... du côté de l'opposition officielle, des inquiétudes face au fait qu'on
enlève cette formation, mais qu'on ne
précise pas pourquoi et ce à quoi elle va répondre, aux entrées parallèles des
policiers enquêteurs. Et c'est vrai que l'interprétation juridique que
les juristes font, du ministère, c'est qu'on présume, quand on lit ça, que ça
répond à un besoin... pas à un besoin, à une volonté dans les anciennes lois ou
les anciennes écritures de ces articles puis de ces lois précédentes.
Pour
rassurer tout le monde, rassurer l'opposition puis nos collègues policiers, on
va rouvrir... Ce que j'ai demandé, c'est
juste de préciser, dans l'article 13 que nous venons d'adopter, de
mieux préciser, donc, ce pour quoi nous faisons cela. Et, lors de la prochaine... pas rencontre, là,
mais la prochaine séance que nous aurons, jeudi, si je ne me trompe pas,
là, je donnerai, donc, l'amendement pour
ouvrir l'article à l'opposition. Si cela vous convient, puis ça devrait vous
convenir, là, parce que je pense qu'on va répondre à votre inquiétude, on va
ouvrir le 13 et adopter avec l'amendement, et je leur donne ma parole que ça va
être fait, comme ça on pourra continuer les autres articles concernant la
main-d'oeuvre policière spécialisée et formation.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup.
Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme
Maccarone : Oui. Je remercie le ministre. C'est rassurant parce que...
puis je suis contente. C'est la raison,
comme j'ai dit d'emblée, quand on était au 13 qui modifie le 115, je souhaitais
vraiment parler des articles qui suivaient pour amener cette clarté. Ça
fait que je remercie le ministre de cette preuve d'ouverture parce que je pense
que ça va vraiment rassurer tout le monde, surtout que, hors micro, ce qu'on
disait, c'est, en supprimant cette phrase, bien, tout ce qui est patrouille,
gendarmerie est rayé partout dans la loi. Ça fait que ça se peut que, dans le
futur, la formation peut changer. On espère que ça va... si ça change, c'est
une amélioration, mais ce serait vraiment perdu. Alors, je pense que ça amène une certaine sécurité aux gens qui ont
partagé leurs préoccupations, comme la Fraternité des policiers et
policières de la ville de Québec, l'APPQ. Voilà. Merci.
Le
Président (M. Bachand) : Merci. Autres
interventions sur l'article 1? S'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce
que l'article 1 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le
Président (M. Bachand) : Adopté. Merci
beaucoup. M. le ministre, pour la suite des choses.
M.
Bonnardel : On s'en va à l'article 113, là, qui est le suivant.
On l'a déjà un peu discuté tantôt, là. Alors, l'article 113,
qui est le Règlement sur le régime des études de l'École nationale de police du
Québec, qui se lit comme suit :
Les
articles 8 et 10 du Règlement sur le régime des études de l'École
nationale de police du Québec (chapitre P-13.1, r.4) sont abrogés.
Donc,
l'article 13 du projet de loi propose d'abroger les articles 8 et 10
du Règlement sur le régime des études de l'École nationale de police du
Québec en cohérence avec la modification proposée à l'article 2 de la Loi
sur la police par l'article 1 du projet de loi concernant le retrait de
l'obligation d'avoir acquis la formation initiale en patrouille-gendarmerie
pour accéder à la formation initiale en enquête ou en gestion et qui est
lui-même en cohérence avec la modification proposée à l'article 115 de
cette loi par l'article 13 du projet de loi.
Donc, c'est pour cela que je disais tantôt que
nous enlevons la portion de formation initiale en patrouille-gendarmerie.
Le
Président (M. Bachand) : Mme la députée.
Mme
Maccarone : Même argument que tantôt, M. le Président. Je pense que
lors de nos échanges, quand on va reprendre nos travaux jeudi, pour donner la
chance à l'équipe du ministre de rédiger un amendement, on ne va pas perdre la notion de cette formation, qui est fort
importante. Ça fait que je suis à l'aise de rayer, étant donné que nous allons
corriger le tir dans l'article 15... l'article 13, excusez-moi.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup.
Autres interventions sur l'article 113? S'il n'y a pas d'autre
intervention, est-ce que l'article 113 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le
Président (M. Bachand) : Adopté. Merci. M.
le ministre, s'il vous plaît.
M. Bonnardel :
On s'en va à l'article... On
revient à l'article 3 maintenant. Donc, l'article 3 se lit comme
suit :
L'article 43
de cette loi est modifié par l'insertion, à la fin du premier alinéa, de «et
des membres des corps de police spécialisés, à l'exception de ceux dont
les services sont prêtés au Commissaire à la lutte contre la corruption
conformément au deuxième alinéa de l'article 14 de la Loi concernant la
lutte contre la corruption (chapitre L-6.1)».
Commentaires :
L'article 3 du projet de loi propose de modifier l'article 43 de la
loi afin de prévoir le versement, par le gouvernement à l'École nationale de
police du Québec, d'une contribution annuelle basée sur la masse salariale des
membres du Bureau des enquêtes indépendantes et du corps de police formé à
l'article 8.4 de la Loi concernant la lutte contre la corruption, à
l'exception des membres de ce corps de police dont les services sont prêtés au
Commissaire à la lutte contre la corruption. Cette contribution ne peut excéder
1 % de leur masse salariale.
Donc, je ne sais pas
si vous comprenez le fait que les corps de police... puis le gouvernement paie
1 % de la masse salariale pour la formation à l'École nationale de police.
Le sous-ministre pourra approfondir un petit peu plus la... là, c'est
d'assujettir, donc, les nouveaux corps à ce 1 %. Est-ce que je me trompe?
Une voix : ...
M.
Bonnardel : C'est ça. Oui, c'est ça.
Mme
Maccarone : Ça fait que le 1 %... ça veut dire que le 1 %,
ça va s'appliquer aussi à des nouvelles polices spécialisées. C'est ça que nous
sommes en train de dire, que ça va s'appliquer aussi à eux?
M. Morneau
(Louis) : Oui. Ça va s'appliquer au Bureau des enquêtes indépendantes
et au Commissaire à la lutte contre la corruption, qui sont deux corps de
police spécialisés. Un peu comme... même si ce n'est pas spécialisé, la Sûreté
du Québec est sur ce 1 % là, les corps de police municipaux aussi.
Mme Maccarone :
Puis est-ce qu'on a... c'est quoi, le... Moi, j'avais écrit plein de notes
pour ceci, parce que c'était une notion que je voulais juste mieux comprendre.
Est-ce qu'on a un budget prévu pour ça? C'est quoi, le budget pour le 1 %?
Puis est-ce qu'on prévoit un gros changement dans ce cadre?
M.
Bonnardel : Bien, c'est des... je ne dis pas que c'est des sommes pas
importantes, là, mais c'est des petits corps, quand même, là, de police
spécialisée, là.
M. Morneau
(Louis) : Bien, c'est dans les budgets des corps de police comme tels,
là.
M.
Bonnardel : Oui, c'est ça. Le 1 % vient de leur masse salariale à
eux, là. Exemple, la Sûreté du Québec, nécessairement, c'est le gouvernement,
là, mais le SPVM, ou SPVQ, ou Laval, bien, c'est 1 % de leur masse à eux
qui est transféré à l'école nationale pour répondre aux besoins de l'école
nationale pour former les aspirants.
• (16 h 10) •
Mme
Maccarone : Mais on n'a pas budgété ça va être quoi, l'impact pour des
municipalités?
M. Morneau
(Louis) : Bien, ça ne change rien pour les municipalités.
M.
Bonnardel : Ça ne change rien, ça. Ça, il n'y a pas d'impact, là.
Mme
Maccarone : Ça ne change rien pour eux?
M.
Bonnardel : Non, non. Ça, pour le moment, il n'y a pas d'impact
là-dessus, là.
Le
Président (M. Bachand) : Merci. Autres
interventions à l'article 3? S'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce
que l'article 3 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le
Président (M. Bachand) : Adopté. Merci. M.
le ministre.
M. Bonnardel : On s'en va à
l'article 87, qui est le dernier article de ce petit bloc. Alors,
l'article 87 se lit comme suit :
L'article 264 de cette loi est modifié par
l'insertion, après «notamment,», de «du nombre de policiers ayant participé à
une activité de formation visée à l'article 116 ou à une activité de
maintien des compétences, en spécifiant l'activité de formation ou de maintien
des compétences suivie et le nombre d'heures qui y ont été consacrées,».
Donc, l'article 87 du projet de loi propose
de modifier l'article 264 de la loi pour que soient ajoutées, dans le rapport d'activité que doit transmettre
annuellement le directeur de tout corps de police au ministre, certaines
informations concernant la formation pour exercer des fonctions d'enquête ou de
gestion ou toute autre fonction au sein d'un corps de police ainsi que la
formation continue et le maintien des compétences.
Donc, c'est le portrait, est-ce que je pourrais
dire complet, ou presque, là, de la formation et du maintien des compétences,
là, des différents corps de police.
M. Morneau (Louis) : Reddition de
comptes?
M. Bonnardel : Oui, reddition de
comptes, on peut dire ainsi, là.
Mme Maccarone : Et est-ce que c'est
un rapport qui est public?
M. Bonnardel : Non.
Mme Maccarone : Pourquoi?
M.
Bonnardel : On ne sent pas le besoin d'informer... Vous savez,
dans ces conditions, là, les corps de police sont souverains, mais c'est
quand même important pour nous, comme ministère, de le recevoir puis de s'assurer,
là, s'assurer que les différents corps de
police ont répondu aux demandes des syndicats, des policiers, là, qui se
disent : Bien, nous, là... Nous aussi, en réalité, parce que moi,
j'ai souvent parlé de formation, puis eux aussi, de formation ou de maintien
des compétences.
Donc, on veut
s'assurer qu'un minimum soit fait quand on aura défini par règlement... Vous
savez, là, les articles auparavant que nous avons déjà eus, là, on va
définir par règlement un minimum de formation continue, maintien des
compétences qui existent déjà. Donc, les policiers... pas les policiers, les
corps de police vont nous... le directeur va nous informer, donc, du portrait
global de formation de ses employés.
Mme Maccarone : Puis les
informations qui sont transmises au ministère, est-ce qu'elles sont uniformes?
On a un rapport que tout le monde remplit, c'est uniforme, comme ça on a une
base de comparaison?
M. Bonnardel : Ce serait l'idéal.
Mme Maccarone : Ça fait que la
réponse est : Non, ce n'est pas uniforme?
M.
Bonnardel : Ce serait l'idéal, mais là, ce n'est pas encore
défini, de quelle façon ça va être fait, mais, veux veux pas, ça ne me
tente pas de recevoir 22 analyses différentes, là. On va essayer d'avoir
un canevas, là, qui va être assez facile puis que tout le monde va pouvoir
utiliser, là. Ce ne sera pas compliqué à créer, là, mais...
Mme Maccarone : La raison de la
question, c'était pour savoir s'il y a des indicateurs. Est-ce qu'il y a des
indicateurs qui sont déjà ciblés qu'on souhaite étudier? Parce que, ça, c'est
quelque chose qui existe déjà, mais on ajoute maintenant, ça fait que les
indicateurs doivent déjà exister.
M. Bonnardel : Bien, c'est peut-être
un peu trop tôt comme analyse, là. C'est tout nouveau, ce qu'on va... Bien, tout nouveau, la formation... la
requalification existe, la formation continue, c'est inégal, je vais le dire
poliment de cette façon, là, entre les différents corps. Donc, c'est sur un
horizon de trois à cinq ans qu'on pourra voir s'il y a des bons joueurs ou
mauvais joueurs. Mais les mauvais joueurs, on va leur dire : Ça ne
fonctionne pas, là, tu sais, si...
Mme Maccarone : Ils sont tous des
bons joueurs.
M. Bonnardel : C'est ça, c'est ça.
Donc, c'est par règlement...
Mme Maccarone : C'est juste des gens
qui ont besoin d'avoir un accompagnement.
M. Bonnardel : D'être suivis.
Mme Maccarone : Voilà.
M.
Bonnardel : D'être suivis. Donc, c'est pour ça que, quand on va
définir, par règlement, les différents besoins
en termes de formation puis de requalification, bien... Puis je vois mal, là...
tu sais, je vois mal pourquoi les corps de police, à la base, ne
lèveraient pas la main, là. Je pense, tout le monde est conscient comment la
police de demain doit travailler, comment elle doit être
accompagnée, être meilleure. Donc, ça va de soi. Je reste convaincu que tout le
monde va être bon joueur.
Mme
Maccarone : Je suis vraiment contente que le ministre ait évoqué le
mot «requalification», parce qu'il doit s'en
souvenir, plus au début de ce... le bloc précédent, le ministre avait promis
que, rendu à l'article 87... On l'a noté, on n'a pas oublié que... parce qu'on avait demandé... on avait eu le
débat sur la notion de «requalification» — le ministre, sans doute, s'en souvient — parce
que ce n'est pas la même chose que «formation», la requalification. Ça a sorti
aussi dans les médias dernièrement, des gens
qui ont dit que ce n'est pas la même affaire, puis il y a quand même un désir
de vouloir l'inclure dans la loi pour avoir
les deux notions, pour s'assurer que ce n'est pas un oubli, parce qu'une
requalification pour utiliser un Taser, par
exemple, ou leur arme, c'est très important, puis nous savons qu'il y a
plusieurs policiers qui n'ont pas pu suivre la requalification pour
l'utilisation du Taser, par exemple, ou «teaser», comme on dit en français.
Mais, en anglais, «teaser», «it's not the same». Je veux juste dire, là, c'est
vraiment Taser.
En
tout cas, cela de côté, le ministre avait dit que c'est ici que nous pouvons
inclure la notion de «requalification». Ça fait que je voulais savoir,
si on déposait un amendement, par exemple, si ce serait bienvenu par le
gouvernement, parce que le sens de
formation... puis je salue qu'on ait, sur la reddition de comptes... je pense
que c'est très important. J'aurais
souhaité que ce soit public parce que je pense que, quand on parle de sécurité
publique puis toute la notion de policiers, même, que je dirais... ils
ne seront pas en désaccord, mais la notion de requalification, il me semble,
c'est important de le mettre comme une obligation, même ici, au moins, dans une
reddition de comptes.
M. Bonnardel :
Bien, je me souviens du débat,
là. J'allais juste valider quelques infos, là. On a mis «maintien des compétences», parce que c'est un libellé qui
est déjà écrit dans d'autres lois. Alors, l'article, ce qu'il dit, c'est
que, oui, on va devoir recevoir, de la part
des corps de police, le rapport de formation et le rapport de maintien de
compétences. Alors, si la députée veut déposer un amendement, je le dis tout de
suite qu'on va garder le maintien des compétences. Mais je comprends qu'on
avait eu cette discussion, mais le terme «maintien des compétences» est déjà
utilisé dans d'autres lois, alors c'est ça qu'on va garder.
Mme
Maccarone : Sauf que, si on regarde, mettons, dans le dictionnaire,
«maintien de compétences» puis «requalification»,
ce n'est pas la même affaire. C'est pour ça qu'on souhaitait l'ajouter. Je
comprends que peut-être ça ne paraît
pas ailleurs, mais là on est dans la Loi de la police. Je ne peux pas assister
à toutes les commissions parlementaires puis tous les débats sur toutes les lois. In est ici, c'est pour ça
qu'on aurait souhaité l'avoir. Puis, comme je dis, je ne suis pas la seule, il y a plusieurs gens qui nous ont
posé la question : Ça va être quoi, les indicateurs, puis pourquoi
«requalification» n'apparaît pas? On
a eu des appels des journalistes pendant l'été, que nous, on a dit : On va
attendre parce qu'on va rouvrir la
loi... on va rouvrir la loi, on va retourner en commission, puis là ce serait
le moment de repartir le débat à l'article 87.
Ça fait que nous, ce
qu'on souhaite, c'est d'avoir cette clarté. On peut l'ajouter. Je ne dis pas de
supprimer «maintien des compétences», mais «requalification»... comme
amendement, pour s'assurer que cette notion est aussi comprise quand on parle de l'article en question puis ce qu'on souhaite.
Ça fait que de transmettre au ministre, chaque année, un rapport
d'activité... mais il faut que ça comprenne la requalification, parce que ce
n'est pas la même chose que le maintien des compétences.
Le
Président (M. Bachand) : Interventions? M.
le ministre.
M.
Bonnardel : On est dans un débat de sémantique, là, dans une certaine
mesure. Les juristes et... même moi, je
trouve que «maintien des compétences», ça va de soi, là, ça répond au besoin
que l'on souhaite voir des policiers, policières qui ont besoin donc de
suivre ce maintien pour... que ce soit le tir, que ce soit l'utilisation du
véhicule, ou autre, ou autre, ou autre, le
Taser, peu importe, là. Alors, «maintien des compétences» répond... bien,
répond et rassure, dans une certaine mesure, je pense que rassure les
policiers et policières. Quand on parle de formation et de maintien des
compétences, je pense que tout le monde sait de quoi on parle.
Le
Président (M. Bachand) : Merci. Mme la
députée.
Mme
Maccarone : Oui, mais, juste pour revenir au débat que nous avons eu
précédemment à l'article 14, on avait demandé, à cette époque-là,
d'inclure la notion de requalification parce que ce n'est pas la même notion
que maintien des compétences, puis la raison qu'on voulait l'inclure à cette
époque-là, c'est parce qu'on ne parlait ni du temps ou de l'obligation pour la
requalification. C'était pour ça qu'on disait que c'était important. Ça fait
qu'on va préparer un amendement, alors je vous demanderais une courte suspension,
s'il vous plaît.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup.
Alors, on va suspendre quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à
16 h 20)
(Reprise à 16 h 27)
Le
Président (M. Bachand) : La commission reprend ses
travaux. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis, s'il vous plaît.
Mme Maccarone :
Oui. Je propose l'amendement à l'article 87 :
Insérer dans l'article 87 du projet de loi,
après les mots «visés à l'article 116» des mots «, de requalification».
L'article se
lira ainsi : L'article 264 de cette loi est modifié par l'insertion,
après «notamment,», de «du nombre de policiers ayant participé à une
activité de formation visée à l'article 116 de requalification ou à une
activité de maintien des compétences, en spécifiant l'activité de formation ou
de maintien des compétences suivie et le nombre d'heures qui y ont été
consacrées.»
Puis juste
pour la gouverne des gens qui nous suivent un peu... le débat que nous avons
ici, en commission, parce qu'on en
parle... oui, c'est peut-être sémantique, mais c'est aussi l'utilisation de la
terminologie. Si nous, on retourne dans nos cahiers de crédits... puis
on avait posé des questions en ce qui concerne l'École nationale de police du
Québec, puis la formation, puis l'évaluation
en préparation, qui ne sont pas toujours encore offertes, mais c'est quoi, les
programmes de formation initiale en enquête et gestion policière, puis le
perfectionnement professionnel. Puis en dessous de patrouille/gendarmerie,
eux-mêmes n'utilisent pas la terminologie de «maintien de compétences». Eux,
ils disent : le tir au pistolet, mise à niveau et requalification. Et,
encore une fois, il y a : le tir au pistolet, requalification adaptée.
Ça fait que c'est une terminologie qui est
utilisée par l'École nationale de police. C'est une terminologie qui est aussi
utilisée au sein du ministère quand on fournit de l'information en ce qui
concerne le perfectionnement professionnel.
Alors, pour dire qu'il faut être concordant, je dirais qu'à la
question 255 que nous avons posée, pour les gens qui souhaitent creuser parce qu'ils aiment
ça, on voit la terminologie qui est utilisée par l'École nationale de
police, alors on pense que c'est important, puis ça, c'est dans la politique
institutionnelle d'évaluation des apprentissages. Ça fait que... puis c'était
il y a... C'est en vigueur depuis le 10 février de cette année.
• (16 h 30) •
Alors, c'est tout nouveau puis c'est une
terminologie qui est utilisée. Même si on y va dans les définitions, encore une
fois, pour les définitions, on dit : Dans la présente politique, on entend
par activités de formation : activité ayant pour objet l'acquisition la
mise à jour, le maintien et la requalification et l'enrichissement des
compétences. Les activités de formation peuvent se présenter sous différentes
modalités comme en présentiel, en ligne, hybride.
Alors, c'est une terminologie qui est utilisée
et répandue dans les politiques qui sont utilisées par ceux qui offrent de la formation. Alors, je ne pense pas
qu'on fait fausse route de l'inclure ici dans cette loi, étant donné que
ce serait une harmonisation avec quelque
chose qui est émis puis public depuis maintenant sept mois. Puis ça ne coûte
rien, puis ce serait une modification puis un
amendement que je dirais amène une bonification puis, encore une fois, ne
dénature pas l'article en question, mais amène une certaine clarté en ce qui
concerne la requalification, chose qu'on n'a pas pu modifier dans les articles
précédents, quand nous avons fait le débat sur... je pense que c'était
l'article 14, oui, voilà.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. M. le ministre,
s'il vous plaît.
M. Bonnardel : Bien, court
commentaire. Je l'ai dit juste avant, là, que c'est un débat de sémantique, là.
Je pense que tout le monde comprend, quand
on parle de formation et de maintien des compétences, maintien des
compétences versus requalification, donc je ne vois pas pourquoi... On pourrait
faire un débat, là, sur la Vitrine linguistique, là, je suis allé vérifier, là,
si oui ou non «qualification»... Eux disent qu'au pluriel, c'est un anglicisme,
que l'ensemble des connaissances et des
compétences est privilégié. Mais, bon, au-delà de tout ça, je pense que tout le
monde comprend que le maintien des compétences, la formation, ce sont
des mots que les gens comprennent et ce sont aussi l'objectif que nous avons dans cet article, de suivre comment les
corps de police vont former en continu et s'assurer du maintien des
compétences de leurs policiers pour le tir d'armes ou le... peu importe, peu
importe, le Taser ou autres, là, que le corps de police pourrait définir.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Mme la députée.
Mme Maccarone : Oui, sauf qu'un
maintien de compétences, ce n'est vraiment pas la même chose qu'une
requalification, parce qu'on parle de qualification, tu sais, ça se peut que ça
vient aussi avec une attestation. Une qualification, c'est une attestation que
vous avez le droit, par exemple, de vous promener avec votre arme à feu, vous
avez le droit de vous promener avec votre Taser. Ce n'est pas un maintien de
compétences.
Un maintien de compétences, c'est la formation
qu'on souhaite que tous nos policiers suivent pour la lutte contre le racisme,
pour éviter le profilage racial. Pour moi, ça, c'est le maintien de
compétences. On souhaite que les policiers
sont formés sur les actualités des choses qui se passent sur le terrain,
surtout s'il y a quelque chose de nouveau, par exemple, si on parle de l'état mental perturbé, on a quelque chose
de nouveau à apprendre, ça, c'est un maintien de compétences. Mais une
requalification, ce n'est pas du tout la même affaire, parce que, si on n'est
pas qualifié, on ne peut pas être armé, on ne peut pas avoir le même équipement
sur nous. Puis j'ose croire que, quand on parle aussi de requalification ou de qualification, on peut aussi
parler des caméras corporelles, il va y avoir une formation à suivre
pour tout ça. Alors, je dirais que c'est
important, puis, si on échoue la requalification, bien, ça veut dire qu'on ne
peut pas être armé ou on ne peut pas,
comme j'ai mentionné tantôt, on ne peut pas avoir un Taser sur nous. Ça prend
cette qualification.
Puis dans le cas d'un policier qui a déjà été
qualifié, il y a un temps qui écoule, alors il faut être requalifié. Ce n'est
pas du tout la même affaire comme le maintien des compétences. Le maintien de
compétences, ça arrive régulièrement, puis
avec bonnes raisons. Puis oui, on a jasé beaucoup de la formation parce que
c'est tellement important, c'est le
nerf de la guerre, puis on souhaite avoir des policiers qui sont bien formés.
L'École nationale de police du Québec, eux,
ils ont dit qu'ils sont prêts à reformuler puis changer, évoluer, faire des
formations en ligne. Ça, c'est le maintien de compétences. On ne peut
pas être requalifié en ligne pour l'utilisation d'un Taser.
Le Président (M. Bachand) : Merci
beaucoup, Mme la députée. M. le ministre.
M.
Bonnardel : Ah! 30 secondes, juste...
Le
Président (M. Bachand) : O.K. On va
suspendre quelques instants. Merci.
(Suspension de la séance à
16 h 34)
(Reprise à 16 h 37)
Le Président (M. Bachand) : Merci beaucoup. À l'ordre,
s'il vous plaît! La commission
reprend ses travaux. M. le ministre, s'il vous plaît.
M.
Bonnardel : On va accepter l'amendement, M. le Président.
Mme
Maccarone : M. le Président, je suis contente. Si vous saviez comment
je suis contente. Merci.
Le
Président (M. Bachand) : Ce qu'un morceau
de chocolat peut faire. Alors, est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
l'amendement de...
M.
Bonnardel : Il m'en reste juste un.
Mme
Maccarone : On peut en chercher d'autres, chocolats, si ça fonctionne
de même, M. le Président. On va chercher du chocolat.
Le
Président (M. Bachand) : Alors, est-ce
qu'il y a d'autres interventions sur l'amendement de la députée de Westmount—Saint-Louis?
S'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que l'amendement est adopté?
Des voix : Adopté.
Le
Président (M. Bachand) : Adopté. Merci.
Donc, on revient à l'article 87 tel qu'amendé. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions? Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme
Maccarone : Oui, j'ai juste quelques questions. Une question que je
souhaite savoir, c'est, dans le rapport qui sera transmis, est-ce qu'on va
énumérer le nombre de policiers spécialisés qui vont être en poste? Parce que,
là, on vient d'adopter tous ces articles, puis là on va avoir un nouveau corps
de police qui va voir la lumière du jour. Ça fait que, est-ce que ça, c'est
quelque chose qui pourra faire partie de ce rapport?
M.
Bonnardel : J'imagine que, sur le canevas qu'on va préparer, il sera
défini : patrouilleur, gendarme, enquêteur,
sergent, peu importe, là. Donc, on va savoir spécifiquement lequel... dans quel
rôle ces personnes ont eu une requalification, une formation, un
maintien des compétences.
Mme Maccarone :
O.K. Ça fait que ce serait
énuméré. Bien, c'est bien, parce que je pense qu'on aura... tout le monde sera curieux de voir si ça a fonctionné, si
c'est le trois, cinq, ou 10, ou peut-être 25 personnes qui sont en
poste.
Le ministre me
permettra juste de partager, parce que je sais qu'il a lu les mémoires, comme
moi, il y a plusieurs corps de police qui ont quand même soulevé quelques
préoccupations en ce qui concerne l'article 87. Ils sont préoccupés de la
fréquence, la forme de ces redditions. Qu'est-ce que nous pouvons faire pour
les rassurer? Puis comme, par exemple, le SPVM, eux, ils disent qu'ils sont...
ils s'interrogent toutefois sur l'étendue, la fréquence et la forme de
reddition, ils recommandent une reformulation en partenariat avec les corps de
police. C'est la même chose pour le SPVQ.
Eux aussi, ils souhaitent que la loi soit modifiée, qu'«après le
"notamment," de "du nombre de policiers ayant participé à
une activité de formation visée à l'article 116 ou à une activité de
maintien des compétences, en spécifiant
l'activité de formation ou de maintien des compétences suivie et le nombre
d'heures qui y sont consacrées"». Eux,
ils disent que «cette proposition ne tient pas en compte des capacités des
services de police à modifier ou bonifier leurs calendriers de formation
en temps réel. Ces derniers sont établis plusieurs mois à l'avance en
considération des besoins de l'organisation
et de la logistique qu'ils requièrent. Alors, le SPVQ est d'avis qu'il serait
plus approprié d'inclure des mécanismes de coordination et de
concertation plutôt que d'imposer de nouvelles formations à dispenser sans
égard à la faisabilité opérationnelle.»
Alors, ils se
questionnent «sur la pertinence de fournir toutes ces informations au risque de
le submerger de renseignements non standardisés et de surcroît qui risqueraient
de ne pas être comparables entre eux». Ça fait que, qu'est-ce qu'on répond à
eux, pour leur soulager... de dire qu'il y a quand même un plan, tout va être
standardisé, ça va être fait en concertation avec eux?
• (16 h 40) •
M. Bonnardel : Bien,
comme je l'ai mentionné tantôt, on veut rendre ça simple, là, un canevas qui va
être facile à comprendre : le nom du policier, de la policière, la
formation, la requalification et le maintien des compétences, peu importe ce
qui sera écrit, puis nous donner juste le portrait de ces personnes qui ont
suivi ces formations.
Alors, à la fin,
c'est de voir si les corps de police répondent aux directives du ministère, qui
souhaite avoir un minimum x de maintien des compétences, de
requalification et de formation. Donc, on ne demande pas la lune, je crois, là, on veut juste avoir un canevas qui est
assez facile à préparer. C'est un fichier PDF, x, y, qui va nous dire :
Bien, sur les 38 policiers du corps de
police de Granby, bien, la totalité ou presque, là, ont suivi une formation en
continu ou autres. Donc, il faut rendre ça simple, là. Je ne veux pas
que ça leur prenne... pour ne pas que ça prenne un employé à temps plein pour
faire ça à l'année, là. Ce n'est pas ça, le but, là.
Mme
Maccarone : Et est-ce qu'il y a moyen, dans cette reddition de comptes,
de prendre en considération le temps réel puis le calendrier que... ils ont
mentionné, peut évoluer?
M. Bonnardel :
Bien, je veux dire, il faut être
agile aussi, dans une certaine mesure, là. On ne va pas venir fou non plus, là, si on voit, là, que... je ne sais
pas, moi, il y a trois policiers qui ont suivi une formation au 13e mois,
au 13e mois de l'année, là, puis on se dit : Ah! mon Dieu,
vous ne l'avez pas fait, vous ne l'avez pas fait dans les 12 mois requis, pour des raisons x, y, le policier est malade
ou madame est... peu importe, la policière... tu sais, il faut être agile, là,
puis je pense que le ministère comprend ou... on se comprend, là. Je pense
qu'autant avec les services, les corps de police, là, le but, ce n'est pas d'être strict, rigide, puis là c'est... Tu
sais, oui, on veut obtenir les informations au 1er avril, mais, si on voit, là, qu'il... je ne sais pas, moi, il y a
5 %, 6 % des policiers qui n'ont pas suivi
leur... à temps, leur date, mais qu'on nous dit : Bien, ils vont le
suivre à telle date, on ne tapera pas sur la tête de personne, là.
Mme Maccarone :
Puis, étant donné que ça va être
simple, parce que c'est ça qui est souhaité, je ne comprends pas pourquoi que ça ne peut pas être de
l'information qui serait publiée sur le site du ministère de la Sécurité
publique, d'abord, pour comprendre que... parce que je pense que... même que ce
serait un soulagement de savoir qu'on a des policiers qui suivent cette
formation, que ce soit la requalification ou le maintien des compétences.
M. Bonnardel :
...des corps de police municipaux
veulent le faire, ça leur appartient. Personnellement, je ne sais pas... je ne sais pas où les conseils municipaux
pourraient se situer dans tout ça, mais, s'ils décident de le faire... Moi,
je ne vois pas le besoin, le besoin de
savoir que François Bonnardel a... Tu sais, je m'attends à ce que mon corps de
police, que les policiers, policières qui sont là, à toutes les années,
suivent leur formation, leur... tu sais, je m'attends à ça, donc.
Mme
Maccarone : Mais la SQ le fait... le font, eux. Ils le font?
M.
Bonnardel : Ce n'est pas public.
Mme
Maccarone : Ce n'est pas public pour eux non plus.
M.
Bonnardel : Non.
Mme
Maccarone : O.K. Merci.
Le Président (M. Bachand) : Merci beaucoup. Autres interventions sur 87? S'il n'y a pas d'autre
intervention, est-ce que l'article 87, tel qu'amendé, est adopté?
Des voix :
Adopté.
Le
Président (M. Bachand) : Adopté. Merci. M.
le ministre, pour la suite des choses.
M. Bonnardel :
M. le Président, on change de
bloc et là on... ce n'est pas une coquille, mais dans le prochain bloc, Renforcement du système de déontologie policière,
on disait de commencer par le 23. Il serait mieux qu'on commence par le
25, selon les analyses qu'on a faites, là, dans les dernières heures, parce que
23 va... s'il y avait modification dans 25, bien, 23... vous me suivez, là? Et
donc, après 25, il faudrait... puis on avait suspendu 17 au début, je ne sais pas
si vous vous souvenez, 17. Donc, après 25, il faudrait faire 17 et faire, après
ça, la panoplie, le 24, 43, 47, 48, 49, 52, entre parenthèses, et revenir à 23.
Donc, proposition,
25, 17, pour commencer, et, par la suite, les articles qui sont entre parenthèses,
et revenir à 23. Puis, après ça, on pourra faire 27, 28, 29, 32, 33, 34.
Le
Président (M. Bachand) : Est-ce que ça va pour la suite des
choses? Mme la députée de Westmount.
Mme
Maccarone : ...exactement la même préoccupation, en lisant les
articles, on a dit : On ne peut pas commencer par 23, il faut commencer
par 25. Ça fait que ça nous va.
Le Président (M.
Bachand) : Alors, si tout le monde est
d'accord, on va y aller comme ça. M. le ministre, s'il vous plaît.
M. Bonnardel : Alors,
25 se lit comme suit : L'article 43 de cette loi est remplacé par le
suivant :
«143. Toute
personne présente lors d'un événement ayant fait l'objet d'une intervention
policière peut formuler au
commissaire une plainte relative à la conduite d'un policier dans l'exercice de
ses fonctions lors de cet événement qui est susceptible de constituer un
acte dérogatoire au code de déontologie. Il en est de même d'une personne à
l'égard de qui la conduite d'un policier
dans l'exercice de ses fonctions est susceptible de constituer un acte
dérogatoire à ce code.
«Toute autre personne peut formuler au
commissaire un signalement relatif à la conduite d'un policier dans l'exercice
de ses fonctions qui est susceptible de constituer un acte dérogatoire au code
de déontologie.
«La plainte
ou le signalement est formulé par écrit ou, lorsque le commissaire le permet eu
égard aux circonstances, oralement. Le signalement peut s'effectuer sous
le couvert de l'anonymat.»
Commentaires : L'article 25 du projet
de loi propose de remplacer l'article 143 de la loi afin de prévoir qu'une plainte relative à la conduite d'un
policier susceptible de constituer un acte dérogatoire au Code de
déontologie des policiers du Québec ne peut être formulée qu'au Commissaire à la
déontologie policière et que par une personne présente lors d'un événement
ayant fait l'objet d'une intervention policière ou par celle à l'égard de qui
la conduite d'un policier est susceptible de constituer un tel acte
dérogatoire.
Cet article
propose cependant de permettre à toute autre personne de formuler un
signalement au Commissaire à la déontologie policière relatif à la
conduite d'un policier qui est susceptible de constituer un acte dérogatoire au
Code de déontologie.
Cet article établit la façon dont peut être
formulé la plainte ou le signalement. Il précise que le signalement peut être
formulé de façon anonyme.
Par ailleurs, cet article corrige une erreur de
rédaction. Ce n'est que lorsque le Comité de déontologie policière rend sa décision que la conduite
«constitue» un acte dérogatoire. Avant cette décision,
la conduite du policier est «susceptible de constituer» un acte dérogatoire
puisqu'aucune décision n'a encore été rendue à cet égard. Voilà.
Le Président (M. Bachand) : Merci beaucoup. Mme la députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Oui. Moi, j'aurais
des questions. Puis, dans le fond, encore une fois, je porte la voix, maintenant, de le SPVM, mais, avant de poser leurs
questions, moi, je veux juste que ce soit clair, c'est le commissaire
qui décide lui-même de sa propre initiative s'il va tenir une enquête. C'est
ça?
M. Bonnardel : Oui.
Mme Maccarone : O.K. Ça fait que
c'est basé sur une personne, il n'y aura pas un comité qui va prendre une
décision.
M. Bonnardel : Non, c'est la
commissaire.
Mme Maccarone : O.K. Parce que le
SPVM, eux, ils ont quand même soulevé des préoccupations ou des
questionnements. Puis, de leur mémoire, ils disent que «bien qu'il puisse être
intéressant à première vue de distinguer une
plainte, où le plaignant doit avoir été présent lors d'un événement ayant fait
l'objet d'une intervention policière, d'un signalement, anonyme ou non»,
eux, ils s'interrogent sur la finalité d'une telle distinction, parce qu'ici on
ne précise pas quel serait le processus de traitement pour le signalement.
Est-ce que ça, ça va paraître dans un autre article?
M. Bonnardel : Bien, on va en parler
un peu plus loin, du signalement anonyme, là, mais ce que l'article dit, c'est qu'avant, toute personne pouvait porter
plainte, même si elle n'était pas présente. Là, on dit : Tu dois être
présent, mais on te donne quand même la
possibilité de faire un signalement anonyme, si tu le souhaites. Et là, avec ce
signalement, la commissaire va définir si oui ou non... Exemple, il pourrait y
avoir, je ne sais pas, moi, trois signalements anonymes sur le même cas, et, selon les preuves accumulées, bien, la commissaire
pourrait définir si, oui ou non, il y a matière à aller plus loin. Donc, cet article est en lien
avec un gain et surtout une meilleure efficience du travail de la
commissaire, dans ce cas-ci.
Mme Maccarone : ...parce qu'on veut
éviter qu'on ait un «backlog» de toutes ces plaintes-là qui vont... ou bien de
donner l'impression que chaque plainte est suivie. Ça fait que je comprends le
sens, mais ils se demandent si ce n'est pas «plus judicieux de distinguer la
plainte du signalement sur l'unique critère de la personne ayant fait l'objet
d'une intervention policière». Ça fait que c'est une préoccupation qu'eux, ils
proposent. Ça fait que je ne sais pas qu'est-ce que le ministre répond à ce
questionnement.
M. Bonnardel : Bien, c'est ça, je
l'ai peut-être mal expliqué, là, mais le signalement peut être une porte
d'entrée à la plainte aussi. C'est selon, là, c'est selon. S'il y a juste un
signalement, puis, bon, c'est frivole ou peu importe, là, respectueusement,
bien, la commissaire va définir si, oui ou non, elle doit aller plus loin. Mais
le gain d'efficience surtout, dans tout ça, c'est d'être présent lors d'un
événement x. C'est d'être présent, là. Avant, n'importe qui pouvait porter
plainte, là.
Mme
Maccarone : Dans le cas d'une personne vulnérable qui a besoin
d'être accompagnée, comme un enfant, comme un aîné, un itinérant, une
personne qui a des problèmes de santé mentale, par exemple...
Une voix : ...
M.
Bonnardel : On en avait déjà discuté, mais, oui, la
commissaire a prévu d'accompagner ces personnes plus démunies, là, ou
incapables, peut-être, là, de...
Une voix : ...
M.
Bonnardel : Oui, «intimidées», c'est ça, le mot qu'on avait
déjà utilisé. Donc, oui, il y aura de l'accompagnement là-dedans pour...
c'est prévu.
Mme
Maccarone : Dans un cas où on a plusieurs plaintes anonymes,
par exemple, plusieurs gens qui appellent, c'est toutes des plaintes
anonymes, est-ce que ça, ça peut déclencher une enquête?
M. Bonnardel : Oui.
Mme
Maccarone : O.K. Parce qu'il y a aussi une question de s'assurer
que la population peut aussi s'exprimer.
• (16 h 50) •
M. Bonnardel : ...c'est ça, ce n'est
pas frivole, là, ce n'est pas parce que tu en reçois juste une... Si les
éléments de preuve du signalement anonyme permettent de croire qu'il y a matière
à aller plus loin, la commissaire, c'est son... c'est sa décision à elle, là.
Mme Maccarone : O.K. Je vais laisser
la parole à ma collègue.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. J'aurais la députée de
Mercier. Mme la députée, s'il vous plaît.
Mme
Ghazal : J'avais une question par rapport au signalement.
Si, par exemple, il y a un signalement qui est fait par une personne
tiers puis que, là, la commissaire dit : Ah! ça ne permet pas... elle juge
qu'il n'y a pas assez de faits pour que la plainte se poursuive, est-ce qu'il y
a comme un appel de cette décision ou ça se termine là?
M.
Bonnardel : Non, mais elle va quand même signaler par écrit...
«est formulé par écrit, lorsque le commissaire le permet eu égard aux circonstances, ou oralement.
Le signalement peut s'effectuer aussi sous le couvert de l'anonymat.»
Donc, si je ne me trompe pas, il y a... l'information va être donnée aussi, là,
à la personne, si ce n'est pas anonyme.Il n'y a pas d'appel.
Mme
Ghazal : Oui. Mais si, par exemple, la commissaire dit
qu'il n'y aura pas... il n'y a pas lieu de continuer, ça se termine là,
ça s'arrête là.
M. Bonnardel : Oui.
Mme Ghazal : O.K. Moi, j'aurais un
amendement.
Le Président (M.
Bachand) : Oui. Voulez-vous...
Mme Ghazal : Ça fait que je pense
qu'il a déjà été envoyé.
Le Président (M.
Bachand) : Mais on va suspendre quand même
quelques instants. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 16 h 51)
(Reprise à 16 h 54)
Le
Président (M. Bachand) :
À l'ordre, s'il vous plaît! Merci beaucoup. La commission reprend ses
travaux. Mme la députée de Mercier, s'il vous plaît.
Mme Ghazal : Oui, très bien. Ça fait
que je vais le lire... je vais lire l'amendement : À l'article 143 de
la loi, modifié par l'article 25 du projet de loi :
1° supprimer, au premier alinéa, les mots
«présente lors d'un événement ayant fait l'objet d'une intervention policière»;
2° supprimer le deuxième alinéa;
3° supprimer, au début du troisième alinéa, les
mots «ou le signalement»;
4° remplacer, à la fin du troisième alinéa, les
mots «le signalement» par «la plainte».
Et
l'article 143 se lirait ainsi : «Toute personne peut formuler au
commissaire une plainte relative à la conduite d'un policier dans
l'exercice de ses fonctions lors de cet événement qui est susceptible de
constituer un acte dérogatoire au Code de déontologie. Il en est de même d'une personne à
l'égard de qui la conduite d'un policier dans l'exercice de ses
fonctions est susceptible de constituer un acte dérogatoire à ce code.
«La plainte
est formulée par écrit ou, lorsque le commissaire le permet eu égard aux
circonstances, oralement. La plainte peut s'effectuer sous le couvert de
l'anonymat.»
Donc, j'ai déposé plus tôt une lettre de la Ligue
des droits et libertés, puis il y avait deux sujets dans cette lettre-là. Un des deux sujets, si le ministre l'a
lue, c'est qui peut porter plainte au bureau de la Commissaire à la
déontologie policière. Là, en ce moment, dans le changement que le ministre
fait, il restreint ça aux personnes... à la personne qui est impliquée dans l'acte de la police, alors
qu'il y a des personnes tiers, avant le changement du ministre, qui
pouvaient... qui étaient, par exemple,
témoin ou qui, pour une raison ou une autre, veulent porter plainte. C'est des
personnes tiers qui n'ont pas été directement impliquées. Là, on
comprend qu'elles ne peuvent plus porter plainte. Il faut qu'elles fassent un
signalement, et c'est la commissaire...
Alors que la
Ligue des droits et libertés puis aussi d'autres, des chercheurs, là, ils ont
envoyé aussi à la commission, je pense, une note supplémentaire pour
attirer à l'attention des membres de la commission et au ministre le fait que même si les tiers personnes, il y a peu...
c'est-à-dire qu'elles vont... le nombre de plaintes à la commission fait par
des tierces personnes est peu en termes de nombre, mais ça conduit quand même à
des vraies... des pénalités ou des punitions, par le Comité de la déontologie
policière, en plus grand nombre.
Donc, c'est
vraiment significatif, là. Par exemple, ce qu'ils disent, c'est que les
plaintes formulées par les plaignants tiers ne comptent que pour
3,2 % des plaintes adressées au commissaire, mais leurs dossiers
représentent 27,9 % des plaintes qui
ont mené à une sanction. Donc, ça a valu la peine que ces personnes tiers le
fassent. Et là, en leur enlevant ça, en faisant en sorte que ce soient
uniquement les personnes directement impliquées, bien, on vient d'enlever, dans
le fond, les possibilités d'avoir même des sanctions, si un policier ou une
policière a fait un acte dérogatoire.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. M. le ministre,
s'il vous plaît.
M.
Bonnardel : Bien, rapidement, M. le Président, on n'enlève
rien, là. Premièrement, je le disais tantôt, ce sont des gains d'efficience que nous souhaitons du côté
de la commissaire. Donc, les personnes présentes, qu'on soit un groupe
de cinq, qu'on soit un groupe de 10, qu'on
soit un groupe de 50, dans un parc, il arrive un événement, les personnes
sont présentes, il n'y a rien qui change, là, les personnes peuvent porter
plainte. Avant, celui qui était assis derrière sa... devant sa télé pouvait porter plainte. Là, il va pouvoir faire un
signalement, et c'est avec ce signalement, sous couvert de l'anonymat ou
non, que la commissaire va définir, s'il y a un, deux, trois signalements sur
le même cas particulier, qu'il y a matière à aller plus loin.
Donc, on y va
pour un gain d'efficience, et là-dessus, bien, pour nous, c'était important de
répondre à ce à quoi on s'attend de
la part de la commissaire, que les enquêtes puissent, oui, se faire, si besoin
est, les délais aussi peuvent se faire aussi de façon normale, en termes
de délais, entre le début de la plainte et la fin, et de répondre aussi à...
peut-être quelquefois aussi on voit des
plaignants, là, qui utilisaient cet article de loi pour porter plainte de
façon... de façon plus forte, si je
peux le dire ainsi, ou peut-être récurrent, ou, dans les dernières années,
dire : Bien, moi, je porte plainte sans arrêt, sans arrêt, parce que j'ai le goût de porter
plainte. Bien, aujourd'hui, tu vas le faire si tu veux, mais par un
signalement.
Le Président (M.
Bachand) : Mme la députée de Mercier.
Mme
Ghazal : Donc, dans le fond, ce changement-là, c'est pour
réduire le nombre de plaintes abusives, farfelues.
M.
Bonnardel : Bien, c'est premièrement pour améliorer le
processus de la déontologie, en termes d'efficience. La plainte est
toujours là, mais que la personne soit présente, c'est... je pense, ça va de
soi. Ça va de soi que les personnes présentes se disent : Bien, moi,
j'étais là, j'ai vu ceci, j'ai vu cela, donc j'ai intérêt, pour des raisons x,
y, à porter plainte. Et, si la personne n'est pas présente, bien, on lui permet
maintenant de faire un signalement, un signalement anonyme ou non, selon la
volonté de la personne. Donc, on n'enlève rien à personne.
Mme Ghazal : Parce que le nombre qui
était fait de cette façon-là était quand même peu... comme je disais, c'est
3,2 % des plaintes adressées à la commissaire par les tierces personnes.
Donc, ce n'est pas comme si c'était une quantité énorme, c'est-à-dire... Parce
que le ministre dit qu'il y a plein de monde qui peuvent le faire, et tout ça,
puis des fois il y en a qui le faisaient tout le temps, tout le temps.
M.
Bonnardel :
...c'est abusif.
• (17 heures) •
Mme
Ghazal : C'est ça. Donc, c'est abusif, mais ça ne faisait
pas en sorte... je veux dire, c'est 3,2 % de toutes les plaintes,
ce n'était pas 50 %. Là, je peux comprendre que le ministre dise :
Bien, mon Dieu, c'était vraiment abusif, puis ça ralentissait les processus ou
ça faisait... c'étaient des pertes de temps, là, dans le processus de porter
plainte. Il y en a peut-être qui sont plus importantes pendant que d'autres
sont moins pertinentes, si on veut, mais 3,2 %, ce n'était pas si... ça
n'avait pas un impact si énorme pour dire : Bien, on va le retirer.
Puis je ne sais pas si le ministre a lu la
lettre que j'ai déposée tout à l'heure, de la Ligue des droits et libertés, mais ils parlent d'un cas, c'est un exemple qu'ils
donnent et peut-être... probablement qu'il y en a d'autres, où ils
disent que c'était une bonne chose, là, ça a
valu la peine qu'une personne tiers puisse porter plainte. Et après ça, la
Commissaire à la déontologie a dit... bien, avait refusé cette plainte-là,
puis, finalement, la personne tiers a pu faire appel de cette décision-là puis elle a eu raison. Ça, c'est dans le cas...
le dossier concerne le décès de M. Koray Kevin Celik, lors d'une
intervention policière à L'Île-Bizard, le 6 mars 2017. Puis la tierce
personne qui avait formulé la plainte, elle agissait comme un citoyen, donc
comme un tiers.
Donc, elle a
fait la demande, et, finalement, ça avait été... la commissaire avait rejeté la
plainte, elle avait fermé le dossier
après enquête puis... mais la personne tiers a pu demander une révision. Et
finalement, à la fin, dans la décision, là, du comité de révision :
«Le comité est d'avis que le commissaire commet une erreur déterminante en
décidant que la force utilisée par les policiers était justifiée et
raisonnable, considérant le degré de résistance offerte par M. Celik.» Donc, le
comité de révision a donné raison à la personne tiers.
Ça fait que, si, aujourd'hui, on se retrouvait
dans la même situation qu'à cette époque-là, en 2017, cette personne... Ils ont
son nom parce que c'est public, Alexandre Popovic, s'il avait porté plainte...
s'il portait plainte aujourd'hui, dans la même situationé... puis là le
commissaire dit : Bien, non, je ferme le dossier, ça n'a pas lieu, il n'y a pas aucun recours pour, finalement,
dire : Bien non, il y a eu une force de la police puis il y a eu un acte
dérogatoire. Donc, on est en train d'enlever des possibilités de protection du
public en enlevant... en faisant ce changement-là, d'où mon amendement.
M.
Bonnardel : Quand vous faites un signalement, il y a des
bonnes chances que ce signalement soit en lien avec un événement que vous avez peut-être été tenu au
courant, ou vous avez vu, ou vous avez entendu dire qu'un ami s'est fait
ceci et cela. Avant, le tiers portait plainte directement, sans connaître trop,
trop... ou avoir entendu certaines choses, portait
plainte. Bon, pour certains, c'était abusif. Aujourd'hui, bien, le signalement,
la personne va logiquement le faire parce qu'elle a entendu dire
qu'untel ou untel... ou elle a vu peut-être même un événement à la télévision,
peut-être, ou même sur les réseaux sociaux. Alors, c'est avec ce signalement,
cette compilation de signalements sur le même cas particulier que la
commissaire va définir s'il y a matière à aller plus loin.
Si vous me
faites un signalement sur moi, comme policier, vous êtes la seule à le faire,
pour une raison x, y, bien, vous allez peut-être avoir besoin de pas mal
de preuves pour convaincre la commissaire de dire : Bien, le policier
Bonnardel a fait ceci et cela. J'étais là. Oui, mais les autres témoins qui
étaient là n'ont pas porté plainte. Là, j'image, ou je trouve une analogie, ou
je trouve une façon de vous rassurer. Donc, on n'enlève rien à personne, là,
sauf que, le signalement, si la personne est
seule à porter un signalement sur un cas particulier puis que les témoins qui
étaient présents lors de l'événement, sur le même cas, ne le font pas,
bien, c'est sûr que la preuve n'est peut-être pas assez forte, pour la
commissaire, à aller plus loin. Mais, s'il y a quatre signalements qui rentrent
en même temps, parce que ceux qui étaient au
bout du parc entendaient crier à l'autre bout du parc, puis que, là, tout le
monde se parle à la fin de la soirée, il se peut que, là, la combinaison
de tout ça ensemble font... fasse que la commissaire aille plus loin pour son
analyse et son début d'enquête, s'il y a lieu.
Alors, je
persiste, on n'enlève rien à personne. C'est juste qu'on veut des gains
d'efficience pour la commissaire et
de continuer de donner des outils aux tiers, s'il y a lieu de porter un
signalement à la commissaire, anonyme ou non.
Mme Ghazal : J'essaie juste de
comprendre. C'est-à-dire que la commissaire, son critère, ce n'est pas la
description du signalement, ce qui a été mentionné, la crédibilité ou, je ne
sais pas trop, tous ces critères-là, c'est le nombre? Peut-être que toutes les
personnes témoins, elles disent : Ah! nous, on ne va pas se mêler de ça,
là, on n'en a pas envie.
M. Bonnardel : Non, mais là je vous
donne... je vous donne un exemple possible. Est-ce qu'un signalement seulement, sur un cas particulier, peut amener une
plainte? Sûrement. Si la plainte, le signalement est fort, en termes de
preuves, et tout ça, il se peut très, très bien, même si les personnes
présentes sur la vidéo ont décidé de ne pas porter plainte, pour des raisons
qui leur appartiennent... bien, la commissaire pourrait très bien dire :
Bien, moi, oui, malgré ce signalement seul, sans plainte, je vais plus loin.
Mais ça, ce n'est pas moi qui vais définir si... pourquoi on y va, pourquoi on
n'y va pas, là.
Mme Ghazal : Puis la raison, dans le
fond, c'est... Est-ce que la raison principale, c'est parce qu'il y avait trop
de plaintes farfelues?
M. Bonnardel : Bien, il y a des
cas... oui, il y a de l'abus.
Mme Ghazal : ...c'est ça, la
raison...
M.
Bonnardel : Bien, ce n'est pas nécessairement juste la raison.
C'est un gain d'efficience, mais, oui, il y a des abus. En 2023, il y a des abus. En 2021, il y a eu
des abus. Puis dans ces circonstances, aujourd'hui, bien, je comprends
la ligue des droits... Puis, je comprends,
certains nous disent : Oui, vous nous enlevez... Non, on n'enlève rien,
là. Ce qu'on dit, c'est que le
signalement, maintenant, va remplacer la plainte comme telle, si vous n'êtes
pas présent à l'événement x. Donc, les personnes qui sont victimes sur
un cas précis vont avoir les mêmes outils de défense face à la commissaire. Si
vous n'étiez pas présent, vous ne pourrez pas porter plainte, mais vous allez
pouvoir porter un signalement, qui, à la fin, pourrait donner le même résultat.
Mme Ghazal : Mais, tu sais, moi, je dis que c'est... Selon les
chiffres, là, que j'ai ici des chercheurs, 3,2 % des plaintes au commissaire sont faites par des
personnes tiers. Est-ce qu'il y a un registre où il y a des chiffres qui
disent, de la commissaire : Bien, nous, à la fin de
l'année, voilà, de toutes les plaintes, il y en a tant qu'on juge qui avaient
été abusives, il y a tel, tel pourcentage, etc., ou c'est juste : On sent
qu'il y a eu de l'abus, donc on va changer ça?
M.
Bonnardel : Bien, ça, c'est dans le rapport annuel, là. La commissaire
ne va pas commencer à dire qu'il y a eu de l'abus sur ça, ça, ça, là. Ce n'est
pas... Elle ne va pas identifier comme tel, elle, elle dit : Bien, moi,
j'ai reçu tant de plaintes. Dans son rapport annuel, elle va définir si, oui ou
non, elle est allée... si elle a porté plainte. Le résultat, je ne le sais pas,
si, oui ou non, c'est indiqué dans le rapport, mais, si vous allez suivre le
rapport annuel de la commissaire, vous allez avoir toutes les statistiques, là,
des temps de réponse, et tout, et tout, là.
Mme Ghazal : Bien là, je ne l'ai pas devant moi, on pourrait
regarder ça, mais est-ce que... par exemple, est-ce que c'est écrit aussi, que ce soit dans le rapport
ou peu importe, le nombre de plaintes, de ce 3,2 % qui sont faites par
des personnes tiers, combien ont mené à des
sanctions? Mais, en fait, on l'a ici, les sanctions, tu as 3,2 %, il y en
a 27,9 %... c'est-à-dire que ce sont ces plaintes-là qui... dont le
cheminement déontologique, finalement, aboutit pour vrai, là. Donc, ça vaut la
peine.
M.
Bonnardel : Maintenant, ils vont le signaler.
Mme Ghazal : Mais ils ne pourront pas, s'ils signalent puis que
la commissaire dit que... non, je ferme le dossier, comme dans ce cas-là... Là, c'est un seul cas,
moi... peut-être qu'on... il existe peut-être une étude qui montre qu'il y
a bien plus de cas que ça où on donne... le comité de révision, il a donné tort
à la commissaire qui a fermé un dossier à la suite d'une plainte d'un tiers.
On se retrouve... je
répète, on se retrouve aujourd'hui avec le projet de loi, s'il est adopté tel
quel, avec cet article-là où est-ce qu'on
enlève cette possibilité-là de faire des plaintes, mais uniquement de faire des
signalements, bien, c'est fermé,
c'est terminé, il n'y a pas de possibilité de révision. Il a fait un
signalement, ça a été fermé, ça n'a pas été pris en considération par la
commissaire, et c'est tout. Ça fait que ce policier-là continue sa vie puis à
faire des abus, parce qu'il n'y a pas eu une révision du dossier, parce qu'on
n'a pas considéré... la commissaire, pour une raison x ou y, n'a pas considéré
la plainte de la personne tiers, ça fait qu'il n'y a pas de possibilité... Ça
veut dire qu'après un signalement il n'y a pas de possibilité de dire :
Bien, vous ne l'avez pas considéré, moi, j'ai fait un signalement. Je pense que
la personne, elle n'a même pas de... elle n'a même pas de retour, peut-être.
Est-ce qu'après un signalement... est-ce qu'elle a un retour, si ça a été pris
en considération ou pas?
M.
Bonnardel : ...devant le juge.
Mme Ghazal : Après
un signalement, ils peuvent aller devant le juge?
M. Bonnardel : Oui, oui. Oui, c'est... Il y a toujours la
procédure, un processus, là, qui... peut-être plus compliqué, là,
mais...
Mme Ghazal : Elle
est plus compliquée.
M.
Bonnardel : Plus compliquée, mais, comme avant, tu peux aller... même
si la plainte n'était pas retenue, tu pouvais aller devant la cour.
Mme Ghazal : Mais, si la raison, c'est de rendre le système
plus efficient, plus efficace, il faudrait qu'il y ait des chiffres qui
montrent que, ah, mon Dieu, tu sais, c'était vraiment... il y avait beaucoup de
perte de temps. Est-ce qu'il y a des données
qui démontrent ces pertes de temps là, pour nous dire : Ah! bien,
peut-être que c'est une bonne chose, là, de réduire le nombre de plaintes possible par des personnes tiers?
Est-ce qu'il y a des données qui montrent que ce n'est pas... ça ralentit l'efficacité du système? Est-ce
qu'il y a des données qui montrent que c'est justifié de faire ce changement-là?
M.
Bonnardel : Il faudrait analyser les délais de réponse dans tous les
cas particuliers. Ça peut varier selon la complexité des cas, mais ça, je n'ai
pas les chiffres devant moi. Mais, pour ce qui est de la commissaire, elle, ce
qu'elle souhaite, c'est un gain d'efficience, mais, à la fin aussi, la
question, on se l'est posée aussi, là. On permet cela depuis des années, mais aujourd'hui on dit : O.K., si on enlève
cela, comment on réussit, de l'autre côté, à répondre au tiers, là, qui
considère, là, qu'on lui enlève un outil? Bien, cet outil, aujourd'hui, on lui
dit : Bien, tu l'as encore, c'est le signalement, puis, si tu portes ce
signalement à la commissaire, bien, ce signalement pourrait amener une plainte,
par la suite, ou l'ouverture d'une enquête.
• (17 h 10) •
Mme Ghazal : Donc, c'est une demande de la commissaire. Là, je
n'ai pas vu son rapport, parce que je suis en remplacement, ou son mémoire. La commissaire, elle dit : Moi, c'est
une demande que je fais au gouvernement d'enlever ce droit... pas le
droit, là, mais d'enlever la possibilité, pour des tiers, de porter plainte.
J'imagine qu'elle le justifie quelque part, elle le justifie, pour que le
gouvernement dise : Bien oui, c'est une bonne demande, on va lui accorder
puis on le met dans la loi.
M. Bonnardel : Bien, c'est une question de délai, comme je le
disais tantôt, mais ça fait partie des recommandations du CCRP, là, 96,
97, les deux recommandations. Ça disait justement «des personnes directement impliquées, et introduire
par la suite, pour une tierce personne, de signaler au commissaire». Donc, on
répond, on pense, aux victimes, oui, puis on répond aux
recommandations 96, 97 du CCRP, exactement ce qu'on fait aujourd'hui.
Mme Ghazal : Ça
fait que, cette recommandation-là, elle a été suivie. Ça dépend, «pick and
choose».
M.
Bonnardel : Bien non, mais, je l'ai dit tantôt, on n'a pas tout pris,
là. On a pris certains, certaines, puis d'autres
qu'on a dit non, mais on n'a pas tout pris. Mais ça, on considérait que c'était
important, d'être capable de... en 2023,
là, d'avoir des outils plus... pas des outils plus forts, mais de continuer de
défendre les victimes puis de se dire : Bien, avec cet outil de
plainte, ceux qui sont directement impliqués, rien ne change aujourd'hui. Puis,
de l'autre côté, pour les tiers, bien, vous avez le signalement, qu'il soit
anonyme ou non, pour...
Mme Ghazal : Mais
vous n'avez pas la crainte que ce soit perçu par la population comme une autre
façon de fermer ou, en tout cas, réduire les
possibilités des citoyens, là, de porter plainte face à des actes des policiers
qui pourraient sembler être peut-être trop forts par rapport à la
situation? Est-ce que c'est à cause de... tout le monde a son cellulaire et
tout le monde est rendu... les citoyens sont rendus... ils observent encore
plus le travail des policiers, à cause de toutes les manchettes, là, qui ont eu
lieu à cause de... depuis quelques années, là? Est-ce que c'est un peu
ça : Mon Dieu! Tout le monde est rendu
à surveiller les policiers partout, donc essayons de réduire ça pour ne pas
empêcher les policiers de faire leur
travail ou d'avoir peur de faire leur travail? Ça ne vient pas un petit peu à
l'encontre de ce vers quoi on veut
aller, c'est-à-dire de donner encore plus confiance au public puis qu'ils
puissent... quand ils voient une situation abusive de la part d'un
policier, qu'ils puissent porter plainte, qu'ils puissent avoir les outils pour
aller plus loin, pour s'assurer que ces situations-là soient arrêtées le plus
rapidement possible?
M.
Bonnardel : Bien, on continue de donner ces outils, mais, je vous l'ai
mentionné tantôt d'entrée de jeu, si le
signalement est frivole puis que la preuve démontrée ou... est ridicule, je le
dis respectueusement, bien, rapidement, le commissaire pourra dire par écrit : La personne, si elle le désire,
que son signalement ne tient pas la route pour telle ou telle ou telle raison... Bien, alors, l'outil de
signalement pour le tiers existe toujours, mais on considère aujourd'hui
qu'avec cet outil additionnel on répond aux
recommandations du CCRP, qui dit aujourd'hui : Bien, ça ne tient plus la
route, là, de donner la possibilité à un tiers, qui n'est pas présent et
qui est devant sa télé, de dire : Tiens, je porte plainte, moi, aujourd'hui, parce que ça me tente de porter
plainte, parce que je ne suis pas content de ce que je vois. Tu peux le
faire, tu vas prendre le téléphone ou tu vas écrire puis... moi, je fais un
signalement.
Mme Ghazal : Le
ministre, tu sais, je le sens plus préoccupé de ceux qui font des plaintes
abusives et pas préoccupé par ceux qui vont
perdre un droit, notamment à la révision. Est-ce qu'il n'y a pas possibilité
d'être efficace, tout en n'enlevant
pas un droit de pouvoir réviser la décision qui a été prise par la commissaire?
Parce qu'il peut y avoir des erreurs
là, et peut-être que la personne qui est impliquée, elle n'a juste pas les
moyens, ou elle-même, elle était tellement impliquée qu'elle n'a pas pu
tout voir la situation, alors qu'une autre personne, oui. Puis finalement, la
commissaire, c'est un être humain puis, même s'il y a une équipe... puis je ne
remets évidemment pas du tout, du tout en question la compétence des personnes
qui vont juger des plaintes, mais c'est humain.
Puis on a vu des cas, comme je viens de vous le
mentionner, vous êtes probablement... votre équipe est probablement au courant d'un cas où il y a eu un décès, où
est-ce que la tierce personne... la commissaire n'a pas gardé son dossier
ouvert puis elle a dit : Ah! ça n'a pas lieu d'être. Puis une chance qu'il
y avait ce droit d'avoir une révision. Ne serait-ce qu'un seul cas, je veux dire, un seul cas où il peut y avoir des
sanctions face à un acte répréhensible de la part d'un policier, s'il y
a eu un décès, encore plus, ou des blessures, un seul cas d'une personne qui
décède justifierait le fait de dire : Bien,
il y a peut-être des plaintes abusives. Puis, quand je regarde les chiffres, ce
n'est pas non plus 50 % des plaintes, là, ce n'est pas si énorme
que ça. Ce n'est pas quelque chose... ce n'est pas une protection qu'on est en
train d'enlever? C'est quand même un droit
qu'on enlève qui est important. On ne peut pas prendre ça ici, comme
législateurs, à la légère.
M.
Bonnardel : Bien, je répète une dernière fois, ça ne tient plus la
route, en 2023, de donner la possibilité à un tiers de porter plainte quand cette
personne n'est pas directement impliquée dans un événement. Ça ne fonctionne pas, là. Tu ne peux pas être devant ta télé puis
dire : Bien, moi, tiens, l'événement que je vois là ou sur les réseaux
sociaux, je n'y étais pas, mais je porte plainte. Alors, aujourd'hui, si cette
personne qui n'était pas présente dit : Bien, moi, malgré ce que je vois,
je porte un signalement, elle aura possibilité.
La
valeur d'une plainte signalement est différente. Et, face à ce signalement,
bien, la commissaire pourra définir si la
preuve est frivole : Étiez-vous présent, pas présent? Pourquoi vous portez
un signalement? Quelles sont les raisons? Bien, la commissaire va faire le même, même, même travail. C'est ce que je
vous disais tantôt, s'il y a une accumulation de trois, quatre, cinq, six, 12 signalements sur un événement x et
qu'il y a trois plaintes sur le même événement x, bien là, l'accumulation de tout ça, là, ça va amener des
éléments de preuve assez forts pour la commissaire pour se dire :
Bien là, je pousse plus loin. Puis je ne vous dis pas qu'un signalement n'est
pas susceptible d'amener une plainte, mais c'est la... ce n'est pas moi, ce n'est pas vous, ce n'est pas personne ici qui
va définir le rôle de la commissaire pour dire : Oui ou non, je
porte plainte.
Alors,
aujourd'hui, je trouve qu'on donne... on se donne des bons outils, on répond
aux recommandations du CCRP pour ce
qui est du signalement, anonyme ou non, et de porter plainte pour une personne
qui est directement impliquée lors de l'événement.
Mme
Ghazal : Mais est-ce que ce n'est pas... est-ce qu'il
aurait été possible... Je ne sais pas, est-ce qu'il y a eu une réflexion sur le fait de couper la poire en
deux? Entre un signalement d'une personne assise chez elle, à la maison
en pyjama, puis là elle appelle parce
qu'elle est bien heurtée, là, par ce qu'elle voit à la TV, entre ça, puis un
témoin réel qui a vu, puis il était
seul, par exemple, là, il est le seul à l'avoir vu, ça fait que c'est un seul,
il n'y en a pas beaucoup, puis qui a
vu des choses, il a vu des éléments, il n'a pas pu... je ne sais pas, moi, il
n'a pas pu filmer, ou peu importe, puis il a vu quelque chose. Puis là de dire : Bien, je vais l'envoyer à... je
vais avoir le droit de porter plainte, moi, alors que la personne qui est assez chez elle, elle, elle ne peut pas...
Est-ce qu'il n'y a pas une possibilité, il n'y a pas une étude de voir...
de couper la poire en deux, que ce ne soit
pas un ou l'autre : tu es impliqué, tu le fais, tu n'es pas impliqué,
c'est terminé, on t'enlève le droit?
M.
Bonnardel : On donne le signalement, donc on n'enlève pas
tout. Vous êtes présent à un événement où vous trouvez que le policier, policière a fait ceci ou cela, vous portez
plainte. Cette plainte ou cet événement, vous le voyez sur les réseaux sociaux, vous êtes assis chez vous le
soir en train de prendre un café, vous dites : Tiens, ça, ça ne marche
pas, je porte signalement, moi, le lendemain matin. Bon, bien, première chose
que la commissaire va faire ou la personne qui
va répondre : O.K., vous portez un signalement, pour quelle raison?
Étiez-vous présent? Quels sont les éléments de preuve que vous voulez
apporter? C'est l'enquête comme telle, si je peux le dire ainsi, qui va...
Donc, on n'enlève rien, là, aujourd'hui, on permet
à cette personne tiers de porter un signalement sur un événement x, même si elle n'était pas présente, même si elle n'était pas
présente. Donc, on répond aux recommandations puis on se dit
aujourd'hui : Bien, voici où on s'en va pour la suite pour être plus
efficient dans notre travail.
Mme
Ghazal : Puis c'est quoi, les critères, si, par exemple, la
personne fait un signalement puis la commissaire dit : Ah! non, ce n'est pas pertinent, je ne veux pas en tenir
compte, il n'y aura pas de... il n'y aura pas d'enquête? C'est quoi, les
critères?
M.
Bonnardel : Bien là, vous entrez dans le... vous entrez dans
le travail de la commissaire ou de la personne, là. Je n'ai pas les
éléments de définition de...
Mme Ghazal : Non, mais, par exemple,
le critère pour que la personne dise : Bien là, non, non, non, ça ne se peut pas, moi, je veux que ce soit révisé.
Qu'est-ce qu'elle fait? Elle fait un autre signalement? Qu'est-ce qu'elle fait,
si elle veut vraiment qu'on en tienne compte? C'est quoi, la procédure?
M.
Bonnardel : Bien, je peux... Le cadre d'analyse du signalement
et de la plainte reste le même. Donc, la gravité de l'événement ou les manquements reprochés, la nature des blessures, la
criminelle, s'il y en avait... s'il y avait de quoi qui est en cause. C'est la même chose que la
commissaire va évaluer dans son signalement. On fait juste enlever le
mot «plainte», mais le signalement a le même
cadre de référence, si je peux dire ainsi, ou d'analyse de la part de la
commissaire.
Mme
Ghazal : Mais comment est-ce que les personnes peuvent
faire, si c'est un signalement... parce que c'est ce qu'elles ont droit, là, de faire.... elles n'ont
plus le droit de faire... de demander une enquête ou de porter plainte. Comment
est-ce que... Voyons, c'est-à-dire qu'est-ce
qui... Comment on appelle ça? De... d'être en appel, de demander une
révision. Parce que vous avez dit, tout à
l'heure, que c'était vraiment compliqué, là, c'est plus compliqué maintenant de
demander une révision. C'est quoi, le processus pour le faire? Tu ne peux pas
demander...
M. Bonnardel : ...tu ne peux pas
demander une révision, là, c'est ça.
• (17 h 20) •
Mme Ghazal : C'est ça. Bien, c'est
ça, mais le ministre n'est pas touché par le cas que je lui mentionne, de M. Koray Kevin Celik à L'Île-Bizard, le
6 mars 2017. Le 20 juin 2020, dans une décision écrite... Là, je n'ai
pas toute l'histoire, là, devant moi, mais je suis sûre que l'équipe du
ministre la connaît. Le commissaire avait rejeté la plainte et fermé le dossier après enquête. Le plaignant,
M. Alexandre Popovic, agissant en tant que citoyen et donc de tiers, a
pu exercer son droit de demander au comité de procéder à une révision de la
décision du commissaire.
Donc, M.
Popovic, aujourd'hui... bien, après, si l'article est adopté, bien, il ne
pourra pas faire ça. Il ne pourra pas faire
ça, c'est terminé, c'est fermé, alors que la commissaire, elle, elle a tout
jugé, là, avec... selon la procédure habituelle. Ça fait que qu'est-ce
qu'il fait, M. Popovic, ou une nouvelle personne, aujourd'hui, dans la même
situation, elle fait quoi? C'est terminé, ça
se termine là. Parce que, dans sa décision, le 3 novembre 2020, le comité
écrit : «Le comité est d'avis
que le commissaire commet une erreur déterminante — je pense, je l'ai lu tantôt — en
décidant que la force utilisée par les policiers était justifiée et
raisonnable considérant le degré de...» Oui, je l'ai lu tantôt, je ne vais pas
répéter, là.
Donc, ce
qu'ils nous disent, la Ligue des
droits et libertés, puis c'est
important d'en tenir compte, là, ce n'est pas n'importe quel comité, là, c'est important ce qu'ils disent dans notre
société démocratique libre, ils disent : «Cet exemple démontre qu'il est nécessaire que toute décision
de la commissaire de fermer un dossier après enquête puisse être soumise
à une norme de contrôle externe.» Peut-être que ça pourrait ne pas être un
comité de révision, ça pourrait être une autre façon plus allégée. C'est pour
ça que je dis, depuis tantôt, peut-être qu'on pourrait couper la poire en deux,
entre éliminer totalement un droit ou faire quelque chose d'un peu moins lourd,
peut-être qu'il y a quelque chose à faire là.
M. Bonnardel :
Bien, rapidement, c'est sûr,
quand on entend... Premièrement, c'est un cas qui est judiciarisé, là, je n'en parlerai pas trop, trop, là, c'est un peu
complexe, mais c'est toujours un cas de trop quand on entend ce... À la
fin, il y a toujours d'autres recours judiciaires pour la
personne qui a porté un signalement puis qui n'est pas satisfaite de la
réponse. Donc, ça peut être la Cour supérieure, mais il y a toujours des
outils. C'est sûr que c'est des outils...
Mme Ghazal : Il
doit y avoir des frais.
M.
Bonnardel : ...des outils financiers, si je peux le dire ici, là, mais
il reste que ces outils existent, existent quand même pour les personnes qui ne
sont pas satisfaites de la réponse donnée.
Mme Ghazal : Juste
une dernière question. Donc, est-ce que le ministre considère, comme le dit la
Ligue des droits et libertés, que c'est un droit qu'on vient enlever à des
citoyens?
M.
Bonnardel : On n'enlève rien, on n'enlève aucun droit. Aujourd'hui, on
répond aux recommandations 96 et 97 du
CCRP pour les plaintes pour les personnes qui sont présentes lors d'un
événement. On permet maintenant aussi un signalement, anonyme ou non,
selon la volonté de la personne, pour être capable d'aller alimenter une preuve
forte additionnelle qui pourrait amener la commissaire à définir s'il y a
plainte ou non sur le travail d'un policier et d'une policière.
Mme Ghazal : J'aurais aimé quand même avoir des données un peu
plus précises qui justifient la demande de la commissaire. Moi, j'en
avais, de chercheurs qui ont parlé de ça, puis ce n'était pas abusif. Oui, il y
en avait peut-être, mais ce n'était pas
énorme, alors que ça a mené à des sanctions, presque 30 %... presque
30 %, ça veut dire que c'était souvent justifié, même quand c'était
fait par des gens qui n'étaient pas impliqués directement par les actes.
Le
Président (M. Bachand) : Merci.
Interventions sur l'amendement? Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur l'amendement de la députée de Mercier. S'il
n'y a pas d'autre intervention, est-ce que l'amendement de la députée de
Mercier est adopté?
M.
Bonnardel : Refusé, refusé.
Mme Ghazal : Vote
par appel nominal.
Le
Président (M. Bachand) : Vote par appel
nominal. Merci. Mme la secrétaire, s'il vous plaît.
La
Secrétaire : Pour, contre, abstention. Mme Ghazal (Mercier)?
Mme Ghazal : Pour.
La
Secrétaire : M. Bonnardel (Granby)?
M.
Bonnardel : Contre.
La
Secrétaire : M. Asselin (Vanier-Les Rivières)?
M. Asselin : Contre.
La
Secrétaire : Mme Boivin Roy (Anjou—Louis-Riel)?
Mme Boivin
Roy : Contre.
La
Secrétaire : Mme Bourassa (Charlevoix—Côte-de-Beaupré)?
Mme
Bourassa : Contre.
La Secrétaire :
Mme Haytayan (Laval-des-Rapides)?
Mme
Haytayan : Contre.
La
Secrétaire : M. Lemieux (Saint-Jean)?
M. Lemieux : Contre.
La
Secrétaire : Mme Maccarone (Westmount—Saint-Louis)?
Mme
Maccarone : Abstention.
La Secrétaire : M. Bachand
(Richmond)?
Le Président (M. Bachand) : Abstention.
Donc, l'amendement est rejeté. Donc, on revient à l'article 25. Autres
interventions? Mme la députée de Westmount—Saint-Louis, s'il vous plaît.
Mme Maccarone :
Oui. Je souhaite savoir... parce
que je comprends ce que le gouvernement essaie de faire, c'est quand même un genre de compromis, parce que,
maintenant, on va avoir la possibilité d'avoir l'anonymat puis aussi la possibilité de formuler une plainte à l'oral et
non seulement par écrit. Moi, ce que je veux savoir, c'est : Si un
signalement est retenu par le commissaire, est-ce que l'anonymat de la personne
qui a fait le signalement sera levé? Est-ce que ça reste toujours à l'anonymat?
M.
Bonnardel : Selon la volonté de la personne, de la plaignante.
Mme Maccarone :
Ça fait que comment est-ce que le
policier, dans ses questions, pourra se... venir à sa propre défense?
Parce que, lui, ça va être plutôt difficile, pour la personne concernée, à
venir se défendre. Je ne nie pas que c'est
une personne qui est peut-être une victime puis, oui, c'est important
d'accompagner cette personne, mais on a quand même deux personnes dans
le cas. Ça fait que comment est-ce que le policier doit agir?
M. Bonnardel :
J'imagine, puis là je vais
exposer, là, encore une fois, dans une situation qui pourrait exister,
si... oui, si sous le couvert de l'anonymat,
vous portez un signalement et qu'il y a matière à porter plainte pour des
raisons x, y, là, parce qu'il y a un
deuxième signalement qui a été fait, il y en a un troisième... Puis là, sur...
une sur trois décide de ne pas sortir
de l'anonymat, mais que sa preuve est plus qu'importante, là, c'est la
discussion entre le commissaire puis la personne, de dire : Bien, écoutez, vous nous amenez une preuve non
négligeable qui pourrait être utile pour la suite, est-ce que vous avez besoin d'accompagnement, pour quelle
raison? Tu sais, là, j'expose ce qui pourrait arriver, alors... ou sinon
la personne va dire : Bien non, moi, je
refuse, je ne veux pas que mon nom soit associé publiquement, ou autres, face
à cette policière ou ce policier. Donc, je pense que ça va être un travail de
médiation, peut-être, là, entre les deux personnes, pour définir si, oui ou
non, la personne sort de l'anonymat pour son signalement, là.
Mme
Maccarone : Oui, juste que je me mets à la place de la personne, le
policier en question qui est le sujet de
signalement, ça va être difficile, peut-être, mais peut-être avec le contexte,
il ou elle... il sera en mesure de se situer, mais je peux imaginer que c'est quand même difficile de
se défendre quand on n'a pas toutes les informations devant nous.
Ce
qui m'amène à une deuxième question. Je comprends la notion de l'anonymat, puis
ce n'est pas une question de n'être
pas en faveur de ceci, mais est-ce que ce serait peut-être important d'au moins
lever l'anonymat envers le commissaire puis la personne concernée, pour
au moins... Tu sais, cette personne pourra décider de garder son anonymat
devant le policier pendant qu'on poursuit, s'il y a une enquête, pas besoin de
dévoiler son nom.
Mais c'est même...
c'est une demande aussi de l'Association des directeurs de police, au moins,
envers le commissaire, que cette personne
doit lever l'anonymat. Ça amène un certain sérieux. Quand on place une plainte,
comme le ministre, avec l'échange que vous
venez d'avoir, c'est important. Tu sais, je pense que c'est important de
s'assurer que, quand on place une plainte, c'est sérieux. On ne veut pas
avoir des plaintes non fondées. On ne veut pas achalander le réseau pour rien,
mais c'est quand même une demande, puis je voulais savoir s'il y avait une
ouverture pour ceci.
M.
Bonnardel : Il faut bien comprendre, là, la plainte n'est pas anonyme.
Le signalement est anonyme, peut être anonyme, pas la plainte, pas la plainte.
Mme
Maccarone : «La plainte ou le signalement est formulé par écrit ou,
lorsque le commissaire le permet eu égard aux circonstances, oralement. Le
signalement peut s'effectuer sur le couvert de l'anonymat.» Ça fait que le
signalement reste anonyme, si la personne souhaite, mais, si on poursuit, parce
que ça devient une plainte, parce que le commissaire décide que le signalement
sera retenu, là cette personne aura... bien, cette personne doit partager son
nom, mais seulement avec le commissaire.
M.
Bonnardel : Le signalement devient une enquête. Le signalement devient
une enquête, et c'est là que la discussion
entre la commissaire et la personne, sous le couvert de l'anonymat, qui a donné
ses preuves... Puis là je vous exposais
encore le cas particulier : Est-ce qu'un signalement seul peut amener une
enquête? Peut-être. Peut-être, mais c'est
des éléments de preuve qui vont amener un, ou deux, ou trois signalements,
anonymes ou non, une plainte ou deux, parce
que les personnes étaient présentes puis qu'ils ont décidé de porter plainte
pour des raisons qui leur appartiennent. C'est les circonstances particulières qui vont définir s'il y a matière
à enquête, suite à un signalement, et là de convaincre la personne : Écoutez, là, vous avez un élément
de preuve qui est indéniablement bon pour la suite de la suite des
choses, est-ce que vous souhaitez sortir de
l'anonymat pour être capable d'aller plus loin? Vous et moi, on ne peut pas
répondre à ça aujourd'hui, là.
Mme Maccarone :
Non, mais c'est une question de
l'article, c'est une question... J'essaie juste de comprendre, parce que, la façon que c'est interprété, c'est
que la personne qui fait le signalement peut garder son anonymat tout le
long du processus. Ce n'est pas écrit que,
si ça devient une enquête, bien là, la personne aura une responsabilité de
dévoiler son nom au moins auprès du
commissaire. Je comprends que cette personne pourra garder son anonymat devant
le policier, suite à ce que le ministre vient de dire, puis, ça aussi,
ce n'est pas écrit dans l'article en question. Ça fait que je comprends le désir de l'Association des directeurs
de police. Eux, ils souhaitent que la personne qui fait le signalement
doit s'identifier au commissaire, mais peut demander à ce dernier de taire son
identité.
Mais je comprends ce que le ministre
est en train de dire. Ça fait que je me demande si c'est un mi-chemin de
dire, comme le ministre a dit : Si ça devient une enquête, bien là, il va
falloir qu'il... au moins, il s'identifie, mais que ce n'est pas nécessaire que ce soit identifié pour le policier, sauf que,
et encore une fois je répète, je pense que ça va être difficile de se
défendre quand on n'a pas tous les éléments.
• (17 h 30) •
M.
Bonnardel : Juridiquement, ce qu'on me dit puis ce qui est le... c'est
que, si on connaît le nom de la personne qui
voulait préserver son anonymat, il y a un enjeu d'accès puis de communication
de preuve. Dès que le nom est connu, vous êtes obligé de partager ce nom
avec les personnes... les personnes concernées, de là l'importance de conserver l'anonymat ou de préserver l'anonymat,
si c'est la volonté ou si c'est souhaité par la personne. Dès que vous
donnez votre nom, bien là, la preuve doit être partagée par... parce que la
communication ou l'accès à ces documents, à ces preuves, peut être demandé par
la partie, la partie intimée.
Mme
Maccarone : Puis, pour moi, c'est parce que c'est manquant, c'est
manquant dans l'article en question parce
qu'on ne parle pas d'une prochaine étape. Est-ce que la prochaine étape, si ça
devient une enquête, ça fait partie des articles que nous allons en débattre? Parce que, là, on parle uniquement
de... ici, on parle du signalement, mais la plainte ou le signalement, parce que, là, la plainte peut aussi...
Ah! c'est seulement le signalement qui peut rester sur l'anonymat. Mais la plainte, c'est parce que c'est... Oui, mais
c'est... C'est ça, le diable est dans les détails. Je pratique toutes mes
expressions. Mais, pour moi, si on dit que «la plainte ou le
signalement est formulé par écrit ou, lorsque le commissaire le permet eu égard aux circonstances, oralement...» Le signalement
peut rester... peut s'effectuer sous le couvert de l'anonymat, mais pas
la plainte.
Une voix : ...
Mme Maccarone :
Mais c'est parce qu'on ne dit pas «la plainte». Pour moi, c'est ça qui
est manquant, ça fait que... Ça fait que je
comprends l'interprétation des gens sur le terrain, qui disent : Mais, au
moins, tu sais, ça va être important de dévoiler leurs noms, si ça
poursuit.
M.
Bonnardel : Non, non, bien là, encore une question de sémantique, là,
le libellé, je pense qu'il est comprenable,
là. C'est bien : «La plainte ou le signalement est formulé par écrit,
lorsque le commissaire le permet eu égard aux circonstances, oralement, si
volonté. Le signalement...» Point. «Le signalement peut s'effectuer sous le
couvert de l'anonymat.» Ce n'est pas écrit «plainte», là, c'est ça.
Mme Maccarone :
Comment est-ce qu'on dit en
français : «It's not the hill I'm going to die on»? C'est quoi, la
traduction de ça? Personne ne sait?
M.
Bonnardel : Non.
Mme
Maccarone :
«It's
not the hill I'm going to die on.» Ça veut dire que, tu sais, je ne
passerai pas tout mon temps là-dessus,
c'est...Je ne ferai pas de bataille, mais... «Doesn't sound as good.»
En tout cas, mais... Mais voilà, je comprends, c'est juste une question
de précision.
Ça
fait que, comme je dis, je comprends le désir de l'Association des directeurs
de police de vouloir avoir ces précisions puis je comprends aussi le
désir des policiers de vouloir savoir c'est qui qui place une plainte envers
eux. Évidemment, quand on veut venir à notre propre défense, on souhaite avoir
tous les éléments. Ça fait que je souhaite savoir...
Dans l'article, on parle d'avoir accès à la preuve par le témoin. Qu'est-ce que
ça veut dire? Est-ce qu'on peut avoir une précision? Qu'est-ce que ça
veut dire, avoir accès à la preuve par le témoin, par exemple?
M.
Bonnardel : Excusez-moi, là. M. le sous-ministre?
Mme
Maccarone : Tu sais, c'est... Un policier, il peut... il doit avoir le
droit de... Excusez-moi, c'est moi qui mêle... je regarde un autre texte. Mais
un policier a le droit de se défendre puis il a le droit d'avoir accès aux
preuves du témoin, n'est-ce pas?
Une voix : ...
Mme
Maccarone : Il n'y a rien qui change? Parce que lui, il a droit à
avoir une défense pleine et entière en ce
qui concerne une plainte qui serait déposée envers lui ou elle. Ça fait que ça,
ce n'est pas quelque chose... je suis désolée, ça, ce n'est pas quelque chose qui change. Ça fait que le policier va
toujours avoir accès aux informations puis aux preuves qui seront
déposées ou partagées par...
Une voix : ...
Mme
Maccarone : O.K. Puis, si c'est une plainte orale, c'est qui qui va
enregistrer la plainte? Est-ce que c'est le commissaire? Est-ce que c'est un...
M. Bonnardel : C'est le commissaire.
Mme
Maccarone : C'est le commissaire qui enregistre la plainte orale?
M.
Bonnardel : Oui.
Mme
Maccarone : O.K. Merci.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup.
Autres interventions sur l'article 25? S'il n'y a pas d'autre
intervention, est-ce que l'article 25 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le
Président (M. Bachand) : Adopté. Merci. M.
le ministre.
M.
Bonnardel : Alors, M. le Président, on revient à l'article suspendu,
le 17, pour...
Le
Président (M. Bachand) : ...consentement? M. le ministre.
M.
Bonnardel : J'y arrive, j'y arrive. Alors, l'article 17, oui, qui
avait été suspendu le 24 mai :
1°
par le remplacement, dans le premier alinéa, de «formulée par toute personne»
par «ou un signalement formulé»;
2° par l'insertion,
après le premier alinéa, du suivant :
«Il a aussi pour
fonction d'assumer un rôle de prévention et d'éducation en matière de
déontologie policière, notamment par le
développement et la mise en oeuvre de programmes de prévention et d'information
en cette matière.»
Commentaires :
L'article 17 du projet de loi propose de modifier le premier alinéa de
l'article 128 de la loi en concordance
avec la modification proposée par l'article 25, que nous venons de faire,
du projet de loi à l'article 143 de la loi qui prévoit qu'une
personne peut formuler auprès du Commissaire à la déontologie policière un
signalement relatif à la conduite d'un policier dans l'exercice de ses
fonctions qui est susceptible de constituer un acte dérogatoire au Code de
déontologie des policiers du Québec.
De plus, cet article confie
au commissaire une fonction additionnelle visant à assumer un rôle de
prévention et d'éducation en matière de déontologie policière.
Donc,
bien, c'est ça, ça répond à la recommandation 97, là, que je vous disais
tantôt, pour ce qui est de la tierce personne, de signaler, puis la
recommandation 110. On en avait parlé, là, déjà, d'entrée de jeu, là, de
mettre en place un programme de prévention en déontologie, là, pour mieux faire
connaître le rôle de la commissaire, là. C'est pour ça, donc, qu'on ajoute
l'article à la page, juste, précédente, là, ce qui est en vert.
Le
Président (M. Bachand) : Merci. Mme la
députée de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone :
Oui, juste une question. Lors de
nos derniers échanges, moi, j'avais noté que c'était suspendu, parce que le collègue de la deuxième opposition
souhaitait qu'on suspende, mais ils sont... Ça fait que je ne sais
pas... parce que, là, je ne sais pas comment... je ne sais pas ce qu'il voulait
partager, dans le fond, puis...
M. Bonnardel :
Bien, c'était 25, parce qu'on leur a dit qu'on s'en allait...
Mme
Maccarone : Ils voulaient suspendre à cause de 25?
M.
Bonnardel : C'est ça, on suspendait 17 parce que c'était en lien avec
25.
Mme
Maccarone : O.K. Puis moi, je m'en souviens que j'avais posé des
questions en ce qui concerne le budget. Est-ce qu'on prévoit qu'il va y avoir
un rehaussement du budget, maintenant qu'on passe aux signalements? Et est-ce
qu'on sait combien que ça va coûter puis si on a besoin d'avoir d'autres
ressources? Parce qu'on change un peu les moyens, aussi, de déposer.
Maintenant, on peut placer... on peut signaler oralement, on peut déposer une
plainte oralement. Ça fait qu'est-ce qu'on prévoit plus de ressources puis
est-ce qu'on a du budget qui est prévu pour ce changement?
M.
Bonnardel : ...c'est déjà... Ça a déjà été adopté, dans le dernier
budget, donc, le budget du mois de mars dernier, donc, il y a une somme qui
était dédiée spécifiquement à la prévention. Je n'ai pas le montant exact, là,
mais on est en train de vous le... de le vérifier, là.
Mme
Maccarone : Bien, ce serait... je souhaiterais savoir, au moment qu'il
retrace les informations, mais ce serait
bien de savoir combien était budgété pour ce changement, parce que, c'est vrai,
c'est un programme en prévention, mais,
il me semble, ça va être important de savoir... puis comment ça va être
documenté, comment ça va être recensé. Est-ce
qu'on a aussi... parce que c'est totalement différent, quelqu'un qui vient
placer une plainte oralement, ça prend quelqu'un qui va taper, ça prend quelqu'un qui va quand même rédiger cette
information, chose qu'on n'a pas besoin de faire quand c'est quelque
chose qui est fait par écrit.
M. Bonnardel : Je
ne vous donnerai pas le montant exact, là, mais on est à peut-être un ou
2 millions, là, dans ces eaux-là. Je vous donnerai le montant exact
tantôt, là, quand je l'aurai, là.
Mme Maccarone :
Mais nous, on a retracé de
l'information qui dit que ce serait... ça nécessiterait
2,6 millions. Est-ce que c'est ça?
M. Bonnardel :
C'est pour ça, là, je veux juste
confirmer exactement, là, ce qui a été mis dans le budget, là, mais on
est dans ces eaux-là.
Mme
Maccarone : Puis on prévoit les quatre ressources au commissaire?
M.
Bonnardel : C'est ça. C'est ça.
Mme
Maccarone : On pense que ça va être suffisant?
M.
Bonnardel : Oui.
Mme
Maccarone : Il y a combien de plaintes qui sont déposées annuellement?
M.
Bonnardel : 2 500.
• (17 h 40) •
Mme
Maccarone : 2 500? O.K. Puis est-ce qu'on a une prévision? Parce
que... Je ne sais pas s'ils le font, dans
les autres provinces, par contre, les gens qui font des plaintes oralement. Ça
fait que, pour avoir une idée, est-ce que ça fonctionne bien, est-ce
qu'on s'est inspiré d'ailleurs, puis, si oui, est-ce que c'est une plainte...
parce que, je peux imaginer, ça va être
beaucoup plus facile pour des gens de placer des plaintes oralement. On appelle
ou on se déplace, au lieu de prendre le temps de tout écrire, qui est
souvent très long. Puis on sait aussi ici, malheureusement, on a une population
qui est beaucoup analphabète. Ça fait que... est-ce qu'on a des attentes en ce
qui concerne le nombre de plaintes prévu?
M. Bonnardel :
Difficile de définir le nombre de
plaintes dans les prochaines années. Ça, on souhaite qu'avec la
formation continue...
Mme
Maccarone : Oui, que ça réduit, oui, tout à fait.
M. Bonnardel :
...que ça soit payant, dans le
sens où il y ait moins de plaintes. Pour confirmer le chiffre que je vous disais tantôt, on est à 2,8 millions sur
cinq ans, au lieu de 2,6. Alors, non, c'est... on n'évalue pas ou on... En
tout cas, on souhaiterait toujours que ça soit à la baisse. On va le souhaiter.
On va le souhaiter, mais on ne peut pas... la commission n'a pas défini un
nombre de plaintes x, y, là. C'est pour ça que le travail de prévention aussi
va être important. On le fait pour la
police, avec PIVOT, avec l'annonce qu'on a faite hier, puis on veut aller dans
le même... de façon, pas similaire, là, mais on veut aller dans le même
axe de prévention pour bien faire connaître aussi le travail que la commissaire
fait puis que la confiance soit là.
Je
vous l'ai souvent dit, là, j'ai rencontré des groupes qui me disaient : la
confiance n'est pas forte, puis ça, c'était compliqué. Ça fait qu'on a
des points à gagner. On a des points à gagner, puis la commissaire est bien,
bien, bien humble et réaliste face à tout
ça. Puis c'est pour ça qu'on est... on a mis une somme quand même assez
substantielle pour leur donner des outils pour bien faire valoir le rôle
qu'ils ont à jouer puis d'aller chercher des petits gains de confiance avec ces
populations qui l'ont perdue. Ça, on peut le dire ainsi.
Mme
Maccarone : Bien, je m'en souviens, du témoignage qu'on a eu lors des
auditions ainsi que ce qui était évoqué dans
plusieurs mémoires. C'est vrai, on a à reconquérir des gens pour qu'ils voient
qu'il y a quand même une indépendance puis la possibilité de voir puis
représenter les deux côtés. Ça fait que je trouve ça bien. C'est juste une question de... C'est un changement, un changement
que je salue, entre autres... je trouve que c'est bien, c'est une
avancée, surtout pour accompagner des
personnes qui peut-être sont victimes, des victimes potentielles. D'ouvrir des
possibilités pour eux d'être en mesure de placer une plainte oralement, je
trouve que c'est vraiment très bien.
C'est
juste une question de voir... parce que je peux imaginer que ça va être sur
cette base, puis ça, c'est beaucoup plus
long. Ça prend beaucoup plus de temps, ça prend plus de ressources qu'une
plainte écrite envoyée, parce que, là, c'est quelqu'un, c'est le
commissaire qui va faire la lecture. Là, ça prend un rendez-vous, ça prend
quelqu'un qui va tout l'écrire, là. Après, ça va être déposé quelque part. Tu
sais, c'est beaucoup plus de travail, pas parce que ce n'est pas une bonne
chose puis pas parce que ce n'est pas possible, mais c'est juste que je peux
imaginer que le nombre de plaintes va exploser aussi, parce qu'on rouvre la
possibilité pour des gens de déposer des plaintes d'une autre façon, malgré
que, je comprends, ça ne peut pas... il faut être présent.
Ça fait que je vois
le compromis dans l'article, mais c'est juste une question. J'espère que tout
est prévu, un accompagnement, aussi, du
commissaire, parce que je ne sais pas si quatre ressources, ça va être
suffisant, étant donné que c'est
vraiment un changement majeur. Puis ce qu'on ne souhaite pas avoir, non plus,
c'est un long délai, pour la victime présumée, d'attendre avant d'être
entendue, avant d'être en mesure de procéder à un dépôt d'un signalement, une
plainte, parce qu'on est en manque d'effectifs.
M. Bonnardel : Bien,
on répond aux commentaires, on répond aux attentes de la commissaire en termes
de financement puis en termes de ressources additionnelles. Donc, on est
heureux de pouvoir l'aider là-dessus.
Mme Maccarone : Je vous dis tout de
suite, ça va faire partie des questions que je vais avoir lors des crédits budgétaires. Ça fait que tout le monde peut être
prêt, c'est sûr, on va poser ces questions, parce que ça va être
important de voir, lors de la prochaine
étape de cette loi puis quand ce sera mis en vigueur... je serai curieuse de
savoir quand ce serait mis en place. Merci.
Le
Président (M. Bachand) :
Merci. Est-ce qu'il y a d'autres
interventions sur l'article 17? S'il n'y a pas d'autre
intervention, est-ce que l'article 17 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M.
Bachand) : Adopté. Merci. M. le ministre.
M. Bonnardel : Alors, on revient, M.
le Président. Donc, 17 est adopté, donc on revient, donc, à l'article... ah!
les articles entre parenthèses, là, à 24. On est plus dans l'aspect juridique,
là, oui.
Donc, l'article 24 se lit comme suit :
L'intitulé de la sous-section 2 de la section II du chapitre I du
titre IV de cette loi est modifié par l'ajout, à la fin, de «et
signalements».
Commentaires :
L'article 24 du projet de loi propose de modifier l'intitulé de la
sous-section 2 de la section II du chapitre I du titre IV de la loi, en concordance avec la
modification proposée par l'article 25 du projet de loi à
l'article 143 de la loi qui prévoit
qu'une personne peut formuler au Commissaire à la déontologie policière un
signalement relatif à la conduite d'un policier dans l'exercice de ses
fonctions qui est susceptible de constituer un acte dérogatoire au Code de
déontologie des policiers du Québec.
Donc, articles de concordance, là, pour les
trois, quatre ou cinq prochains, là.
Le Président (M. Bachand) : Merci.
Interventions? S'il n'y a pas d'intervention, est-ce que l'article 24 est
adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M.
Bachand) : Adopté. Merci. M. le ministre.
M. Bonnardel : Alors,
article 43 : L'article 174 de cette loi est modifié par le
remplacement de «la plainte faisant l'objet d'une» par «une».
L'article 43 du projet de loi propose de
modifier l'article 174 de la loi en concordance avec les modifications apportées par les articles 25 et 41 du projet
de loi qui proposent de remplacer les articles 143 et 170 de la loi pour
prévoir notamment la notion de signalement
et les cas où une enquête est tenue par le Commissaire à la déontologie
policière.
Le
Président (M. Bachand) : Merci. Interventions sur
43? S'il n'y a pas d'intervention, est-ce que l'article 43 est
adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président
(M. Bachand) : Adopté. Merci. M. le
ministre.
M. Bonnardel : Article 47.
L'article 47 se lit comme suit : L'article 187 de cette loi est
modifié par le remplacement du premier alinéa par le suivant :
«Le commissaire peut, lorsqu'il rejette une
plainte ou ne donne pas suite à une enquête tenue à la suite d'un signalement, à son initiative ou à la demande du
ministre, communiquer au policier concerné des observations de nature à
améliorer sa conduite professionnelle et à prévenir la violation du code de
déontologie.»
Commentaires : L'article 47 du projet
de loi propose de modifier l'article 187 de la loi en concordance avec les
modifications proposées par les articles 25 et 41 du projet de loi qui
proposent de remplacer les articles 143 et 170 de la loi pour prévoir
notamment la notion de signalement et les cas où une enquête est tenue par le
Commissaire à la déontologie policière.
Le Président
(M. Bachand) : Merci beaucoup.
Interventions sur 47? Mme la députée de... Oui.
Mme Maccarone : ...pour faire
la lecture. Merci.
Le
Président (M. Bachand) : Ça va? Alors, s'il n'y a
pas d'autre intervention, est-ce que l'article 47 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président
(M. Bachand) : Adopté. Merci. M. le
ministre.
M. Bonnardel :
On s'en va à 48. L'article 190 de cette loi est modifié par le
remplacement de «la plainte sur laquelle ils font» par «une».
Commentaires : L'article 48 du projet
de loi propose de modifier l'article 190 de la loi en concordance avec les
modifications proposées par les articles 25 et 41 du projet de loi qui
proposent de remplacer les articles 143 et 170 de la loi pour prévoir
notamment la notion de signalement et les cas où une enquête est tenue par le
Commissaire à la déontologie policière.
Le Président (M. Bachand) : Merci
beaucoup. S'il n'y a pas d'autre intervention sur 48, est-ce que 48 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président
(M. Bachand) : Adopté. Merci. M. le
ministre.
M. Bonnardel : 49.
L'article 192 de cette loi est modifié :
1° par le remplacement, dans le premier
alinéa, de «plainte» par «enquête»;
2° par le remplacement, dans le deuxième
alinéa, de «ne fait pas l'objet d'une plainte et qui collabore avec le commissaire ou ses enquêteurs, lors d'une enquête
par suite d'une plainte portant sur un autre policier,» par «collabore
avec le commissaire ou ses enquêteurs lors d'une enquête portant sur un autre
policier».
L'article 49
du projet de loi propose de modifier l'article 192 en concordance avec les
modifications proposées par les articles 25 et 41 du projet de loi
qui proposent de remplacer les articles 143 et 170 de la loi pour prévoir notamment la notion de signalement et les cas où
une enquête est tenue par le Commissaire à la déontologie policière.
Le Président
(M. Bachand) : Merci beaucoup.
Interventions sur 49? S'il n'y a pas d'intervention, est-ce que
l'article 49 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président
(M. Bachand) : Adopté. Merci. M. le
ministre.
M. Bonnardel : On s'en va à
49... C'est fait. On s'en va à 52. L'article 195 de cette loi est modifié
par le remplacement de «plainte» par «enquête».
Commentaires : L'article 52 du projet
de loi propose de modifier l'article 195 de la loi en concordance avec les
modifications apportées par les articles 25 et 41 du projet de loi qui
proposent de remplacer les articles 143 et 170 de la loi pour prévoir notamment
la notion de signalement et les cas où une enquête est tenue par le Commissaire
à la déontologie policière.
• (17 h 50) •
Le Président
(M. Bachand) : Merci. Interventions
sur 52? S'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que 52 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président
(M. Bachand) : Adopté. Merci. M. le
ministre.
M. Bonnardel : Alors là, on
revient à 23. Alors, 23 se lit comme suit : L'article 141 de cette
loi est modifié :
1° par le remplacement, dans le deuxième
alinéa, de «reçues et les suites qui leur ont été données» par «et des
signalements reçus, des enquêtes tenues par le commissaire ainsi que les suites
qui leur ont été données»;
2° par l'ajout, à la fin, de l'alinéa
suivant :
«Il contient en outre tout autre renseignement
que le ministre requiert.»
Commentaires.
L'article 23 du projet de loi propose de modifier le deuxième alinéa de
l'article 141 de la loi en concordance
avec les modifications proposées par les articles 25 et 41 du projet de
loi aux articles 143 et 170 de la loi concernant la possibilité
pour toute personne de formuler, au Commissaire à la déontologie policière, un
signalement relatif à la conduite d'un policier dans l'exercice de ses
fonctions qui est susceptible de constituer un acte dérogatoire au Code de
déontologie des policiers du Québecet concernant l'enquête qui peut
être tenue par le commissaire, de sa propre initiative ou à la demande du
ministre.
Cet article
propose également de prévoir que le rapport des activités du commissaire doit
contenir tout renseignement que le ministre requiert.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Mme la députée
de Westmount—Saint-Louis.
Mme Maccarone : Est-ce que ce
rapport sera public?
M. Bonnardel : Pardon?
Mme Maccarone : Est-ce que le
rapport sera public, publié sur le site Web du ministère?
M. Bonnardel : Non...
Attendez, je ne veux juste pas me fourvoyer, là, parce que ça, c'est... On
s'inspire, là, du Bureau des enquêtes indépendantes, là, là-dessus. Laissez-moi
juste vérifier.
(Consultation)
M.
Bonnardel : Non.
Mme
Maccarone : Pourquoi?
M. Bonnardel :
Parce qu'on ne voit pas la raison
à laquelle on devrait rendre publique ce genre d'information comme tel,
là.
Mme Maccarone :
Bien, c'est le genre... de
l'information en ce qui concerne la nature des plaintes et signalements.
C'est quand même un sujet d'actualité,
plusieurs gens en parlent, de ça. On n'a pas moyen de partager ces
informations?
M. Bonnardel :
Bien, dans le rapport annuel,
vous avez beaucoup d'informations, quand même, dans ce rapport.
Maintenant, je ne vois pas en quoi, là, pour le public, les enquêtes tenues par
le commissaire ainsi que les suites qui leur ont été données, là... de rendre
public... C'est ça que vous voulez rendre public?
Mme
Maccarone : Bien, moi, je dirais que je pense qu'il y a beaucoup de
gens qui sont intéressés à lire de l'information en ce qui concerne le nombre
de signalements reçus, les enquêtes tenues, peut-être pas les informations précises en ce qui concerne la victime ou les
victimes présumées ainsi que le nom du policier ou policière, ce n'est
pas ça qu'on souhaite, ce n'est pas tous les détails, mais les informations qui
disent le nombre, que ce soient signalements ou enquêtes, peut-être ceux qui
n'ont pas été retenus aussi, ce serait intéressant de savoir.
M.
Bonnardel : ...ce que vous m'informez, là, beaucoup d'info qui est
dans le rapport annuel, là.
Mme Maccarone :
Puis est-ce que, dans le rapport
annuel, c'est aussi indiqué, mettons, la raison que la plainte ou le
signalement n'a pas été retenu?
M.
Bonnardel : Non, ça, c'est des informations...
Mme
Maccarone : On n'a pas comme une catégorie?
M.
Bonnardel : C'est général.
Mme Maccarone :
C'est tout général? Mais, dans ce rapport, est-ce qu'on aura cette
information?
M.
Bonnardel : Oui.
Mme
Maccarone : Tu sais, je pense que ce serait... encore une fois, je
pense que ce serait important de faire preuve
de transparence quand on parle des plaintes et signalements, pas pour dévoiler
les noms, même pas pour dévoiler si
c'est SPVM ou autres, mais ce serait peut-être intéressant de savoir, quand on
parle de la nature des plaintes, pourquoi elles n'ont pas été retenues.
Le
Président (M. Bachand) : Merci. M. le
ministre.
M.
Bonnardel : Donnez-moi deux petites secondes, je vais vérifier quelque
chose.
Le
Président (M. Bachand) : O.K. On va
suspendre quelques instants.
(Suspension de la séance à
17 h 54)
(Reprise à 17 h 57)
Le
Président (M. Bachand) : À l'ordre, s'il
vous plaît! La commission reprend ses travaux. M. le ministre.
M.
Bonnardel : Donc, ce qu'on statue dans cet article, et les éléments de
questionnement de la députée sont valables,
c'est qu'on statue que la commissaire va rendre... va nous donner les
informations de son rapport annuel, en réalité. Donc, les informations qu'elle nous donne vont être formulées dans son
rapport annuel qui, lui, sera rendu public par la suite. Donc, toutes les informations que nous
allons obtenir, bien, ce seront les mêmes infos que M. et Mme Tout-le-monde
pourront lire, s'ils le souhaitent.
Mme Maccarone : Ça répond à mes
questions. Merci, M. le Président.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup.
Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur 23? Sinon, est-ce que
l'article 23 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M.
Bachand) : Adopté. Merci. M. le ministre.
M. Bonnardel : Alors, 23 est fait,
on s'en va à 27. Cette loi est modifiée par l'insertion, après
l'article 143.1, du suivant :
«143.2. Un
signalement relatif à la conduite d'un policier dans l'exercice de ses
fonctions est formulé et traité conformément à la procédure établie par
le commissaire.
«Cette procédure doit notamment :
«1° préciser les modalités applicables pour
formuler un signalement;
«2° préciser les mesures de soutien
disponibles pour aider une personne à formuler un signalement;
«3° prévoir le processus de traitement d'un
signalement par le commissaire et les mesures visant à assurer, le cas échéant,
l'anonymat de la personne qui a formulé le signalement;
«4° déterminer le suivi qui doit être donné
à un signalement ainsi que le délai dans lequel il doit être réalisé;
«5° préciser le délai de traitement d'un
signalement.
«Le commissaire s'assure de la diffusion de
cette procédure.»
Commentaires :
L'article 27 du projet de loi propose d'introduire l'article 143.2 à
la loi afin de préciser que le signalement relatif à la conduite d'un
policier dans l'exercice de ses fonctions est formulé et traité conformément à
la procédure établie par le Commissaire à la
déontologie policière et en précise le contenu. Le commissaire doit
s'assurer de la diffusion de cette procédure.
Donc, bien,
ça répond un peu à ce que vous disiez tantôt, je pense. C'était votre question,
exemple, sur le soutien disponible
pour aider une personne à formuler un signalement. Donc, vous avez les
modalités comme telles, procédurales, là, de ce qui va être mis en place
pour aider, supporter ces personnes qui vont porter un signalement.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Mme la députée.
Mme Maccarone : ...puis est-ce que
le commissaire va être prêt pour l'entrée en vigueur de cette loi? C'est quoi,
les articles dispositoires? Nous, on vise un six mois après l'adoption de la
loi, un 12 mois après l'adoption de la loi?
Bref, on leur donne combien de temps pour mettre en place cet article pour être
prêts pour accueillir cette nouvelle façon de recevoir des plaintes?
• (18 heures) •
Le Président (M.
Bachand) : M. le ministre.
M. Bonnardel : Ça va être déterminé
par décret. Donc, l'entrée en vigueur de la disposition va être définie par
décret, mais ça pourrait être tout de suite après l'adoption de la loi. De toute
façon, la commissaire va...
Mme Maccarone : Je suis habituée de
l'avoir dans les dispositions, à la fin, de mieux connaître quand chaque article va rentrer en vigueur. Ça fait que
ça me désole un peu que ça va être fait par décret, parce que je pense
que ça va être important que la population
ait quand même un sens de... parce qu'on a un sens d'urgence derrière ceci. Ça
fait que, est-ce qu'on a un estimé? On pense que ça va leur prendre six mois,
12 mois?
M. Bonnardel : À une demande,
12 mois.
Mme Maccarone : À une demande, de
12 mois? O.K., ça fait que c'est ça qui est prévu. Puis pourquoi on n'a pas une date pour les précisions d'un délai de
traitement d'un signalement? Parce qu'ici je comprends qu'il va y avoir
une procédure qui va être mise en place, puis la procédure va préciser le délai
de traitement d'un signalement. Mais on ne
met pas, nous, ce qu'on trouve... serait acceptable comme un délai pour un
traitement, parce qu'on ne souhaite pas que c'est... évidemment, 24 mois, par exemple. Est-ce que le 18...
Il y a du monde qui ont dit précédemment, ce qu'on a entendu dans les témoignages, 18 mois étaient
trop longs. Ça fait que pourquoi on n'a pas mis une modalité qui donne
une précision à ceci?
M. Bonnardel : Je vais laisser le
sous-ministre vous dicter un peu le principe même derrière tout ça, là, qui est
en lien avec le protecteur, avec l'acte répréhensible possible au Protecteur du
citoyen.
M. Morneau (Louis) : Oui. O.K. Bien,
en fait, c'est ça, on s'est inspirés de l'article 10 de la Loi facilitant
la divulgation des actes répréhensibles à l'égard des organismes publics. Ça,
c'est le Protecteur du citoyen qui s'occupe de
ça, et, dans le fond, qu'est-ce qui avait été adopté à ce moment-là, son
article 10, on prévoit justement que le protecteur... va s'établir
une procédure, et ça va comprendre environ tous les mêmes éléments que
qu'est-ce qu'on a prévu aussi de notre côté.
Puis on a vu, par la
suite, que le protecteur a pris sa procédure, elle est publique. Et c'est pour
ça que, dans le fond, on a pris la même
mécanique. On s'est dit : C'est bon pour le protecteur, ça va être bon
aussi pour le commissaire. Je pense que c'est le protecteur qui était plus à même de déterminer
tous ces éléments-là, donc d'où l'idée... C'est de là qu'on est parti
pour proposer ce...
M.
Bonnardel : Donc, on part sur le principe d'un 60 jours. Si ce
n'est pas répondu en 60 jours, tout comme le protecteur le fait, le
protecteur doit aviser... bien, pas le protecteur, le commissaire doit aviser
cette personne tous les 90 jours que le traitement de sa divulgation se
poursuit jusqu'à tant qu'on y mette fin.
Mme
Maccarone : Puis ça, ce n'est pas écrit dans une loi ailleurs? Il me
semble qu'on a déjà fait un débat dans une
loi puis on avait mis ces précisions quand on parle des plaintes. Peut-être,
c'était pour la maltraitance, mais, en tout
cas, moi, je trouve qu'on ne fait pas fausse route, si on met les modalités. Je
comprends où le ministre et son équipe ont été inspirés, puis je ne dis pas que ce n'est pas une bonne affaire,
c'est juste que je pense que les gens s'attendent à savoir qu'il y a un
sens d'urgence. Puis nous, on s'engage... tu sais, un engagement de dire qu'on
s'engage qu'il y aura une réponse dans les 60 jours puis par la suite à
chaque trois mois, si c'est 90 jours. Je ne dis pas que les dates ne sont
pas bonnes. Je comprends que le processus... puis on espère même d'être plus
rapides que ça, évidemment, parce qu'on espère avoir encore moins de plaintes à
traiter ou de signalements à traiter.
Mais
moi, je serais d'avis que je pense que ce serait important que ce soit écrit
ici pour la compréhension de tout le monde,
incluant le commissaire, puis toutes les personnes qui oeuvrent au sein de
l'institution, ainsi que la population, et ainsi que les policiers aussi, qui vont être affectés par ceci, de
comprendre qu'on se met un objectif de deux mois, puis, à chaque trois
mois, c'est clair, les gens vont recevoir quand même de l'information en ce qui
concerne l'enquête.
Le
Président (M. Bachand) : Merci. M. le
ministre.
M.
Bonnardel : Bien, on parle du signalement, là. Il faut faire la part
des choses entre la plainte qui est... l'encadrement
est différent de celui du signalement. Donc, c'est implicite qu'on va suivre...
qu'on va suivre les dispositions, les dispositions sur lesquelles on
s'inspire, là, du Protecteur du citoyen. Alors, là-dessus, je pense que ce que
le protecteur fait, ça va de soi que ça répond
aux attentes. Donc, on va suivre le même principe, le même processus que
le protecteur pour ce qui est du signalement porté au commissaire...
Une voix :
...
M.
Bonnardel :
...comme disait tantôt ma collègue, c'est de réduire aussi les délais, là, si
on ne veut pas se rendre aux 90 jours, c'est certain, là. Mais je pense
que, dans ces circonstances, on donne des outils à la commissaire pour être
capable d'être plus efficiente. C'est ce qu'on dit depuis le début, là.
Mme
Maccarone : Puis, dans le rapport qu'on vient de discuter, qu'on vient
d'adopter, que maintenant ils n'auront pas le choix de fournir cette
information qui est déjà fournie quand même, est-ce que tous les délais font partie de ce rapport, ça fait qu'on va savoir s'il
y a une amélioration? Parce que moi, je ne sais pas c'est quoi, les
délais, actuellement, aujourd'hui. Ça fait que nous, on souhaite se battre,
quoi... Ça prend six mois, de traiter une plainte? Ça prend 60 jours?
Est-ce que ça prend actuellement un 60 jours ou un 90 jours? Est-ce
qu'on sait?
M.
Bonnardel : C'est indiqué dans le rapport, mais je n'ai pas le rapport
devant moi.
Mme Maccarone :
Ce serait génial de savoir parce
que... puis c'est écrit dans le rapport. Mais, si on mise vraiment une
amélioration... puis je comprends le besoin d'avoir une flexibilité, mais je
dirais que ça va être important que... Le
public va être avisé de ces délais, ça fait qu'il y aura quand même de
l'information qui va être publiée quelque part. Quand toutes ces
modalités seront écrites, ou seront adoptées, ou mises en vigueur, la
population va être avisée de ça. Comme, par
exemple, le processus, si une personne a fait un signalement, ils vont être
avisés que, d'ici 60 jours, notre intention,
c'est de revenir avec soit une réponse ou la suite de votre signalement. Ça, ça
va être partagé avec les personnes qui vont choisir de placer un
signalement?
M.
Bonnardel : Voulez-vous juste répéter, là, pour que je comprenne bien,
là?
Mme Maccarone :
Oui. Bien, ce que je... Je
comprends, le gouvernement ne souhaite pas mettre les modalités dans la
loi. On s'inspire du Protecteur du citoyen, on s'inspire d'autres lois où on
voit le délai, il est écrit. Tu sais, je comprends
qu'on souhaite avoir une certaine flexibilité, parce qu'on souhaite évidemment
réduire le plus possible, mais, de l'autre
côté, on ne veut pas développer un faux espoir. C'est ça aussi. Ce n'est pas ça
qu'on souhaite faire. Mais, quand les modalités vont être déterminées,
comme préciser le délai de traitement d'un signalement, est-ce que ça, c'est
une information qui va être partagée avec le public, c'est de l'information qui
va être envoyée, ou est-ce que c'est fait au fur
et mesure avec la personne qui dépose la plainte, tout dépendamment de la
complexité de la plainte ou du signalement, ça peut varier?
M. Bonnardel :
Bien, dans le rapport annuel de
la commissaire, là, on a même les délais moyens pour accuser la réception d'une plainte, on a les délais moyens
pour l'analyse préliminaire, on a les délais moyens pour la conciliation
puis on a les délais moyens pour la demande
de révision, s'il y a lieu, puis on a même les... puis là le total, les délais
moyens pour l'enquête complète. Ça fait que vous allez tout avoir ces infos
dans le rapport.
Mme Maccarone : Puis
le moyen pour préciser un traitement d'un signalement, c'est quoi?
M. Bonnardel : Ah non! mais le
signalement, il n'est pas là, là. Il va être ajouté...
Mme Maccarone : Bien, pour une
plainte, d'abord?
M. Bonnardel : Bien, c'est entre
trois et cinq jours pour accuser la réception, puis le délai moyen pour
l'enquête, là, c'est entre... de 2018 à 2022, ça a varié entre 153 et
214 jours.
Mme Maccarone : Une grosse
différence avec 60 et 90. C'est...
M. Bonnardel : Oui, tout ça pour
l'enquête, là.
Mme
Maccarone : Oui, je comprends, mais, tu sais, un signalement, comme
on a dit, un signalement, ça peut être
fondé puis ça peut être très important. Le sous-ministre a dit que ça se peut
qu'il y ait de l'information, une preuve qui serait déposée, et qui peut
être très importante, puis qu'on ne peut pas ignorer. Alors, ça, ça veut dire
que ce ne serait plus un signalement, à ce point-là, si je comprends bien. Ça
devient une enquête.
M.
Bonnardel : C'est
ça.
Mme Maccarone : Ça fait que, dans le
fond, ça ne tombe pas dans ce processus.
M. Bonnardel : C'est ça. C'est ça.
Mme Maccarone : O.K. Merci.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Est-ce qu'il y
a d'autres interventions sur l'article 27? S'il n'y a pas d'autre
intervention, est-ce que l'article 27 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M.
Bachand) : Adopté. Merci. M. le ministre.
M. Bonnardel : Article 28.
L'article 144 de cette loi est modifié :
1° par l'insertion, à la fin du deuxième alinéa,
de «et assurer la conservation des éléments de preuve recueillis par le
plaignant»;
2° par le remplacement du troisième alinéa par
le suivant :
«Lorsque la plainte est orale, les membres du
personnel du commissaire doivent transmettre au plaignant un écrit relatant la plainte. Lorsqu'elle est écrite,
ils peuvent, sur demande, lui transmettre une copie de la plainte. De
plus, que la plainte soit écrite ou orale, ils lui transmettent une liste des
documents et des éléments de preuve recueillis par le plaignant.»
L'article 28 — commentaire — du projet de loi propose de modifier
l'article 144 de la loi afin d'établir que les membres du personnel
du Commissaire à la déontologie policière doivent transmettre un écrit relatant
la plainte au plaignant lorsque celui-ci la
formule oralement. Lorsqu'elle est écrite, ils peuvent lui transmettre une
copie de la plainte, sur demande. Dans tous les cas, ils lui
transmettent une liste des documents et des éléments de preuve recueillis par
le plaignant et assurent la conservation de cette preuve.
• (18 h 10) •
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup.
M.
Bonnardel : Donc, c'est la portion orale, là, qui est... quand
vous regardez le texte proposé, là, qui est surtout différente entre
l'ancien libellé puis le nouveau.
Le Président (M.
Bachand) : Merci. Mme la députée.
Mme Maccarone : Oui, mais, comme
j'avais mentionné auparavant, je trouve que cette avancée de donner la
possibilité aux victimes présumées de placer une plainte ou de... un
signalement oralement, c'est une avancée. Ça fait
que je trouve que c'est très bien. Je m'inquiète un peu pour le processus puis
les effectifs, parce que, comme je dis, je peux imaginer qu'on va avoir
le besoin de planifier beaucoup de personnel, parce que je pense que ce serait
ce qui sera priorisé par la population qui souhaite utiliser ce processus.
Mais une question
qui, j'espère, les gens ne vont pas trouver banale... dans une ancienne
vie, j'étais la porte-parole pour les
personnes en situation de handicap ou autistes. Est-ce qu'on a prévu des
modifications pour accompagnement de ces personnes aussi, qui peuvent
être victimes d'une situation où, eux, ils souhaiteraient porter plainte, mais... Une personne non voyante, par
exemple, qui souhaite venir déposer une plainte oralement, qui reçoit
des documents par écrit, ça ne fonctionne pas pour eux. Ou bien une personne en
situation de handicap, qui a peut-être des difficultés en
termes de déficience intellectuelle, est-ce qu'on a prévu un accompagnement ou
des mesures pour accompagner ces personnes?
J'ai souvent entendu,
quand j'avais ce dossier, que tous les sites Web de l'Assemblée et du
gouvernement ne sont pas adaptés pour des
personnes non voyantes, pour qu'elles puissent entendre. Tu sais, il y a un
moyen de mettre un... c'est un genre
de «plug-in» pour adapter les sites Web, pour qu'eux, quand ils font une
recherche, ils ne peuvent pas voir, mais ça peut être lu pour eux.
Alors, est-ce qu'il y a des modalités pour accompagner ces personnes aussi?
M.
Bonnardel : Oui, il y a déjà... Ce qu'on me répond, là, pour les
plaintes, il y a déjà des mesures d'accompagnement. Pour le signalement, ce
sera la même chose aussi, si besoin est.
Mme Maccarone :
Ça fait que, pour une personne
non voyante, on va avoir des documents qui vont être adaptés pour eux,
parce que ça prend ce logiciel, ça prend de l'équipement pour faire ça pour
eux. Puis je comprends que ça peut être une personne sur 1 000, mais c'est
la une personne sur 1 000 qu'on oublie souvent.
M. Bonnardel :
Oui, oui. Tout à fait. Non, non,
vous avez absolument raison de le soulever, là, et la procédure va le
prévoir.
Mme Maccarone :
O.K. Bon, c'est bon, c'est noté.
Puis je dirais, avec... Je pense que ce serait bien, avec toute sincérité, que c'est une information qui serait
partagée avec les groupes concernés parce que c'est rare qu'ils sont
pris en considération. Puis je pense qu'ils
seront vraiment touchés de savoir que cet élément a été... fait partie de toute
la réflexion, que les personnes qui
sont en situation de handicap, que ce soit non-voyant ou un handicap
intellectuel, une déficience intellectuelle, qu'on a pris en
considération leurs besoins aussi. Ça fait que le processus sera adapté. Ça
fait que, juste une recommandation, vous le prenez comme vous voulez, mais moi,
je pense que ce serait vraiment bien reçu par les gens sur le terrain.
M. Bonnardel :
Bien, je sais que l'équipe du
commissaire... de la commissaire nous écoute, là, donc je tiens... je prends note de ça. Et ça va faire partie, là, du
travail de prévention, de mieux faire connaître aussi, par les différents
groupes que vous mentionnez, le processus
amélioré, si je peux le dire ainsi, que la commissaire va mettre en place pour
la suite.
Mme
Maccarone : Parfait. Merci.
Le Président (M. Bachand) : Merci beaucoup. S'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que
l'article 28 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le
Président (M. Bachand) : Adopté. Merci. M.
le ministre.
M.
Bonnardel : Article 29 : L'article 145 de cette loi est remplacé
par le suivant :
«145. Les membres du
personnel du commissaire doivent, dans les cinq jours de la réception de la
plainte, transmettre au directeur du corps de police concerné une copie de la
preuve recueillie et de la plainte ou, lorsqu'elle a été formulée oralement, un
écrit la relatant.»
Commentaires.
L'article 29 du projet de loi propose de modifier l'article 145 de la loi en
concordance avec l'article 25 du projet de loi qui propose de remplacer
l'article 143 de la loi afin, d'une part, que la plainte puisse être formulée
uniquement au Commissaire à la déontologie policière et, d'autre part, que la
plainte puisse être formulée oralement. Il est aussi modifié en concordance
avec l'article 26 du projet de loi qui modifie l'article 144 de la loi afin de
prévoir que les membres du personnel du commissaire doivent transmettre au
plaignant un écrit relatant la plainte lorsque celle-ci est formulée oralement.
Donc, encore une
fois, dans le texte proposé, là, vous voyez que c'est la portion «formulée
oralement», là, qui améliore le libellé qui existait avant.
Le Président (M. Bachand) : Merci. Ça va? S'il n'y a pas d'autre intervention, est-ce que l'article
29 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le
Président (M. Bachand) : Adopté. Merci. M.
le ministre.
M.
Bonnardel : Alors, article 32 : L'article 150 de cette loi est
modifié :
1° par l'insertion,
après «porter une plainte», de «ou de formuler un signalement»;
2° par l'insertion, à
la fin, de «ou au signalement».
Commentaires.
L'article 32 du projet de loi propose de modifier l'article 150 de la loi afin
de fixer le délai de prescription pour
formuler un signalement auprès du Commissaire
à la déontologie policière. Ce délai
est le même que pour formuler une plainte, soit un an à compter de la
date de l'événement ou de la connaissance de l'événement donnant lieu au
signalement.
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Mme la députée,
s'il vous plaît.
Mme Maccarone : D'où
vient le «un an»?
M. Bonnardel : C'était déjà là.
C'était déjà là.
Mme Maccarone : Oui, je sais, mais
c'est ça que je voulais savoir, d'où vient le «un an» puis pourquoi on a décidé qu'on garde le «un an». On ne voulait
pas un délai plus court ou plus long? Ça vient d'où, ce... parce que je
présume, pendant que vous êtes en train de
modifier l'article en question, le 30... bien, d'écrire le 32, ça existait
déjà. Excusez-moi. Je ne suis pas sur la bonne place, hein? Non, non,
32, oui. Pourquoi on a décidé de garder le «un an»? Je ne dis pas que ce n'est
pas bon, je veux juste mieux comprendre pourquoi le «un an».
M. Bonnardel : Je vais être très
franc avec vous, là, c'est des discussions qu'on a eues avec le commissaire,
qui considère que le «un an» répond aux besoins, donc, d'une possible plainte,
d'un possible signalement pour...
Une voix : ...
M.
Bonnardel : Dans la... C'est ça. Dans la très, très, très grande
majorité des plaintes, tout se fait en dedans d'un an.
Mme Maccarone : On fait à
l'intérieur d'un an.
M.
Bonnardel : Un
mois.
Mme Maccarone : Ça fait que, dans
l'éventualité que c'est une victime...
M. Bonnardel : Oui, c'est ça, même
un mois.
Mme Maccarone : Excusez-moi?
M. Bonnardel : Même un mois, pardon.
J'aurais même dû dire un mois.
Mme
Maccarone : O.K. Mais je comprends la nécessité d'agir
rapidement. C'est juste qu'on a déjà entendu... tu sais, on a eu des
commissions ici, on parle beaucoup des victimes, puis c'est sûr que, pour être
là, pour protéger les victimes, faire un accompagnement des victimes, souvent,
12 mois, ce n'est pas assez. Puis on souhaite faire un accompagnement de ces personnes. Je ne dis pas
que, le 12 mois, ce n'est pas bon. Je voulais juste mieux
comprendre c'était basé sur quoi, sur quel fait.
Parce que, des fois, un accompagnement d'une
victime, ça peut aller au-delà de 12 mois, parce qu'elles ne sont pas prêtes à venir témoigner. Une victime
présumée, là, c'est... elles ne sont pas prêtes à venir témoigner, puis
ce serait malheureux si c'est à l'intérieur
de le 13 mois ou le 14 mois que la personne concernée se fait dire
non. Ça fait que, ça aussi, encore,
j'espère que c'est une information qui va être vraiment publiée puis bien
comprise par la population.
Évidemment, on souhaite que, s'il y a une
plainte à formuler ou un signalement à faire, que les gens, ils le font
rapidement pendant que l'information est là puis déjà dans notre tête. Parce
qu'on comprend qu'avec le temps notre interprétation puis nos souvenirs de
l'événement en question, ça peut évoluer. Mais j'espère que ça va être une information qui va être partagée, vraiment, et
répandue, puis bien comprise par tous les gens, toute la population,
parce que ça se peut qu'il y a
des gens qui pensent qu'il n'y a pas de délai puis, après, qu'ils sachent que
c'était un délai de 12 mois puis, là, ils ont manqué une occasion
de venir témoigner.
M. Bonnardel : Pour votre gouverne,
l'Ontario, l'Île-du-Prince-Édouard, Terre-Neuve—Labrador ont un délai de
prescription de six mois.
Mme Maccarone : De six mois.
M. Bonnardel : La Colombie-Britannique,
l'Alberta, la Nouvelle-Écosse et nous, un an. Le Manitoba est pas mal seul dans
son coin, c'est 30 jours.
Mme Maccarone : 32.
M. Bonnardel : 30 jours.
Mme Maccarone : Il faut appeler leur
premier ministre puis leur dire de faire des modifications. Il faut nous suivre.
C'est bien. C'est bien, puis merci de me situer. J'apprécie beaucoup
l'information, de mieux comprendre où on situe aussi au sein de notre
fédération. Ça fait que merci.
Mais, comme j'ai dit, moi, ça reste que je pense
que c'est une information qui serait très pertinente puis très importante à partager avec la population pour
qu'ils comprennent aussi leurs droits. Même si ce n'est pas un
changement, moi, je ne savais pas, ça fait que je présume il y a beaucoup de
gens aussi qui n'étaient pas au courant des droits qui sont enchâssés dans la
loi, de dire que vous avez les 12 mois. Ça fait que voilà. Merci.
Le
Président (M. Bachand) : Merci beaucoup.
S'il n'y a pas d'autres interventions, est-ce que l'article 32 est adopté?
Des voix : Adopté.
Le Président (M.
Bachand) : Adopté. Merci. M. le ministre.
M. Bonnardel : On s'en va au 33. 33.
L'article 153 de cette loi est remplacé par le suivant :
«153. Le commissaire tient un registre des
plaintes et des signalements qu'il reçoit, selon les modalités qu'il détermine.
«Il envoie par écrit un avis de réception de la
plainte ou du signalement à la personne qui l'a formulé, lorsque son identité
est connue.»
Commentaires. L'article 33 du projet de loi
propose de modifier l'article 153 de la loi en concordance avec l'article 25 du projet de loi qui propose de
remplacer l'article 143 de la loi qui introduit le signalement et permet que
celui-ci soit fait de façon anonyme, comme on l'avait déjà discuté.
• (18 h 20) •
Le Président (M.
Bachand) : Merci beaucoup. Mme la députée.
Mme Maccarone : Oui. Je suis
désolée, je veux juste mieux comprendre. Ça fait que, si le signalement est
anonyme, ça veut dire qu'on ne peut pas envoyer un écrit d'avis de réception?
Le Président (M.
Bachand) : Exact.
Mme
Maccarone : Ouf! Ça fait que comment est-ce qu'ils vont... Je
ne sais pas. Il me semble que c'est bizarre. Comment est-ce qu'ils vont
poursuivre, s'ils décident que...
M.
Bonnardel : ...je
vous laisse continuer.
Mme
Maccarone : Non, mais c'est juste que j'essaie de comprendre.
Si le commissaire décide que le signalement qui a été fait par
l'anonymat est fondé, comment est-ce qu'ils vont se mettre en communication
avec la personne? Je ne sais pas. Je trouve ça bizarre.
M. Bonnardel : Oui. Ça ne veut pas
dire que c'est fondé ou pas, de là la volonté ou non de la personne de rester
anonyme dans tout ça, là. C'est ça que j'expliquais, puis on me parlait tantôt,
là. Si le signalement est vraiment fondé, l'élément de preuve...
Une voix : ...
M.
Bonnardel : C'est ça. Tu sais, tantôt, là, l'information qu'on
vous donnait, c'est que signalement, plainte, là, c'est le même cadre
procédural, si je peux le dire, ou à peu près, ainsi, là. Alors, c'est certain
que la personne qui est anonyme, qui a une preuve forte, bien, je ne vous dis
pas que la commissaire doit le convaincre ou... le convaincre de sortir de l'anonymat, mais bon, c'est une
possibilité de rester anonyme, avec les conséquences que cela amène de
dire : Bien, moi, je reste anonyme. Puis la commissaire le disait tantôt,
là, le jour où je prends... où elle dévoile, elle a le nom, elle est obligée, là, de donner cet élément de preuve, ces éléments
de preuve à la personne, au corps de police, là.
Mme Maccarone : C'est juste que,
bien, il y a deux choses pour moi. Je me mets à la place d'un policier. Un,
encore une fois, on n'a aucune idée, on n'a jamais fait un suivi auprès de la
personne concernée, qui envoie un signalement, si c'est anonyme. Ça fait que je
trouve bizarre qu'on n'aura même pas une intervention avec eux pour savoir...
ou la personne concernée ne va jamais savoir, d'abord, si on a poursuivi avec
le signalement parce qu'on ne rentre pas en communication avec eux.
Est-ce qu'il va y avoir un registre?
Une voix : ...
Mme
Maccarone : Ça fait que, dans le registre public, est-ce que
cette information sera... C'est public, le registre, je présume, oui?
M. Bonnardel : Ça va faire partie du
rapport, oui. Le rapport est public. Donc, on... C'est ça, là, ce n'est pas un
registre, un registre sur chaque cas particulier, là. La commissaire prend fait
et cause d'une situation x d'une personne anonyme, et c'est avec ça qu'elle va
aller défendre, travailler sa preuve face à la personne concernée, là.
Mme
Maccarone : C'est juste qu'on parle de le registre des
plaintes et signalements, mais le registre des plaintes et signalements, ça, ce n'est pas public. Ça fait que
la personne qui va faire un signalement à l'anonymat, il n'y aura aucun
moyen de savoir si le signalement a été retenu?
M. Bonnardel : ...on
ne rendra pas ça public, là. Savoir combien qu'il y a de personnes anonymes ou
non, là, je ne pense pas que c'est un élément...
Mme Maccarone : Comment est-ce que
le commissaire va valider que l'information... Mettons, il y a une... parce qu'aujourd'hui ce n'est pas banal de
penser... On parle beaucoup de ChatGPT, puis tout ce qui est la
cybercriminalité. On a eu des échanges, même, au salon bleu. On s'inquiète...
je sais que vous lisez la même revue de presse que moi, on s'inquiète comme
pour nos artistes, par exemple, parce qu'on sait qu'on peut tout reproduire,
leur image, leur voix. Ils peuvent parler
plusieurs langues. Comment est-ce que le commissaire va pouvoir valider que
l'information est actuelle, si tout
reste... Excusez-moi, là, je suis comme... tu sais, je vois ça vraiment gros,
là. Si l'information est toute faite sur l'anonymat, on ne fait juste
pas de suivi à la personne qui place une plainte sous l'anonymat, quelle
garantie avons-nous que cette preuve est actuelle? Parce que même «the best of
the best», là, ils...
Le Président (M. Bachand) : Merci beaucoup. Compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux sine die. Alors, belle soirée. Amusez-vous bien. À bientôt.
(Fin de la séance à 18 h 25)