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(Quinze heures trente-quatre minutes)
Le Président (M. Rochefort): À l'ordre, s'il vous
plaît. La commission élue permanente de l'industrie, du commerce
et du tourisme entreprend ses travaux aux fins d'étudier article par
article le projet de loi no 75, Loi modifiant la Loi sur l'aide au
développement industriel.
Les membres de la commission sont: MM. Blais (Terrebonne), Biron
(Lotbinière), Dussault (Châteauguay), Fortier (Outremont), Leduc
(Fabre), Lavigne (Beauharnois), Vallières (Richmond), Maciocia (Viger),
Paré (Shefford), Payne (Vachon), Scowen (Notre-Dame-de-Grâce).
Les intervenants sont: MM. Beaumier (Nicolet), Polak (Sainte-Anne),
Champagne (Mille-Îles), Dubois (Huntingdon), Grégoire (Frontenac),
Rocheleau (Hull), Tremblay (Chambly), Vaillancourt (Orford).
Est-ce qu'il y a une proposition pour un rapporteur?
M. Fortier: Est-ce que vous avez fait, M. le Président,
les changements que je vous avais demandés?
Le Président (M. Rochefort): Oui. C'est-à-dire M.
Vallières (Richmond) à la place de M. Leduc (Saint-Laurent); M.
Polak (Sainte-Anne) à la place de M. Bélanger
(Mégantic-Compton).
C'est cela?
M. Fortier: C'est cela.
Le Président (M. Rochefort): Une proposition pour un
rapporteur de la commission?
M. Dussault: M. le député de Shefford
peut-être, M. le Président.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Châteauguay propose M. le député de Shefford.
Adopté?
Une voix: Cela va.
Le Président (M. Rochefort): M. l'adjoint
parlementaire.
M. Dussault: M. le Président, je viens de parler avec M.
Biron au téléphone. Il quitte le CRIQ au moment où je vous
parle. Il sera ici sans doute, au plus tard, dans dix minutes et il m'a
prié de demander à l'Opposition si elle consentait à
commencer les travaux en posant des questions à M. Lebrun, de la SDI,
puisqu'il était, de toute façon, prévu que cela se
passerait ainsi.
L'Opposition a accepté et M. Biron se présentera ici quand
il arrivera.
Le Président (M. Rochefort): Si je comprends bien, il y
aurait une période de questions préalable à l'étude
des différents articles du projet de loi.
M. Fortier: C'est cela que j'avais proposé au ministre, M.
le Président, et on avait convenu, de part et d'autre, qu'avant de
commencer l'étude article par article il y aurait certaines
précisions d'ensemble que nous pourrions obtenir et que le ministre
s'arrangerait pour que le président de la SDI soit ici. Je crois, dans
un esprit de collaboration, que nous sommes prêts à commencer et
on pourra continuer l'étude du projet de loi article par article un peu
plus tard.
Bien sûr, on aurait voulu commencer vers 15 heures pour pouvoir
collaborer et finir à 18 heures. En tout cas, je ne peux rien promettre,
mais nous allons faire notre possible. Il y aurait une première partie
d'information générale.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre, bienvenue.
Est-ce que vous avez quelques commentaires d'introduction avant que nous
entreprenions la période de questions d'information sur le projet de loi
pour, ensuite, aborder l'étude des différents articles du projet
de loi no 75?
M. Biron: M. le Président, d'abord, je vous remercie de me
souhaiter la bienvenue à cette commission parlementaire. Je m'excuse du
retard. J'avais, d'ailleurs, avisé hier le député
d'Outremont que je devais procéder cet après-midi à la
réception du rapport annuel du Centre de recherche industrielle du
Québec. Je sais que le député d'Outremont
s'intéresse particulièrement aussi à ce dossier; il est
allé lui-même visiter le centre. Nous avons voté, cette
année, un projet de loi donnant davantage d'argent au Centre de
recherche industrielle du Québec. C'est ce qui explique mon léger
retard cet après-midi.
Je ne veux pas parler longtemps, M. le Président, sauf pour dire
que j'apprécie la
collaboration que j'ai reçue de tous les membres de
l'Assemblée nationale, de part et d'autre de la Chambre, à
l'occasion de la deuxième lecture du projet de loi no 75. Tout le monde
est d'accord sur le principe; il s'agit maintenant de s'ajuster sur les
modalités, c'est-à-dire article par article, au cours de cette
commission parlementaire.
J'ai accepté, à la demande de mon collègue, le
député d'Outremont, de demander au président de la
Société de développement industriel du Québec, M.
François Lebrun, d'être ici pour répondre aux questions des
membres de l'Assemblée nationale et en particulier aux questions du
député d'Outremont. Alors, c'est avec grand plaisir, M. le
Président, que je demanderai à M. Lebrun, président de la
Société de développement industriel du Québec, de
répondre en mon nom aux questions qui seront posées par le
député d'Outremont ou par les autres membres de cette commission
parlementaire.
Le Président (M. Rochefort): Merci. M. le
député d'Outremont.
Période de questions sur l'activité de
la SDI
M. Fortier: Dans un esprit de collaboration, je remercie le
ministre de nous fournir cette occasion. Bien sûr, lors de l'étude
des crédits, nous avions déjà commencé à
explorer certains des nouveaux programmes, mais le projet de loi, quand
même, a précisé qu'on donnait une ampleur beaucoup plus
grande à la SDI, et on y reviendra tout à l'heure.
Lors de l'étude en deuxième lecture, j'avais
mentionné, bien sûr, cette expansion de la SDI - si on regarde les
statistiques -qui s'est manifestée par l'augmentation des crédits
qui ont été donnés par le gouvernement. En principe, nous
ne sommes pas contre une mesure ou des mesures qui pourraient aider
manifestement l'entreprise québécoise à être plus
efficace, à être mieux administrée, à être
plus agressive sur les marchés internationaux. Alors, sur la question
des principes, tout le monde est pour la maternité. C'est la raison pour
laquelle tout le monde est d'accord. Mais, quand même, dans un premier
temps, les questions que j'aimerais poser reviendraient à faire un
bilan, peut-être pas depuis que la SDI existe, pour savoir dans quelle
mesure les sommes qui ont été consacrées au
développement d'entreprises ont été utiles.
Je demandais au ministre hier si le président pourrait nous
donner quelques précisions sur ce que j'appellerais un profil historique
de certaines firmes qui ont reçu de l'aide. Bien sûr, lorsqu'on
donne des subventions, lorsqu'on fait un prêt, au moment où on le
fait, l'avenir semble toujours très prometteur. Les gens nous disent
qu'ils vont créer tant d'emplois, qu'ils vont pouvoir, avec cet
argent-là, cette aide-là, développer de nouvelles
technologies. Ayant été moi-même dans l'industrie, je sais
qu'au moment où on soumet des plans au conseil d'administration, c'est
toujours tout beau et tout rose, mais il est bon, avec un peu de recul, d'y
revenir et ensuite d'en mesurer l'efficacité.
Avant d'approuver un projet de loi qui, de toute évidence,
permettra au gouvernement, par décret, d'ajouter de nouveaux volets aux
différents programmes existants et comme on voit par les statistiques
qu'il y a eu une augmentation manifeste des sommes consacrées à
cette forme d'aide à l'industrie, je me demandais si le président
avait tracé un bilan. J'ose espérer qu'il l'a fait puisqu'il y a
eu, durant la dernière année, une étude en profondeur de
la SDI. Il y a eu un comité tripartite, je crois. Dans le journal Les
affaires, on y faisait allusion. Il y a eu un comité qui a
examiné l'efficacité, si j'ose dire, de cette forme d'aide et on
s'est posé des questions pour savoir si l'aide accordée, qui
s'accroît de façon exponentielle, si justement cet
argent-là était dépensé à bon escient.
Je ne remets pas en doute, par principe, cette forme d'aide, mais la
question que je poserais au ministre et à laquelle le président
pourrait répondre, c'est: Est-ce que vous avez établi un bilan de
l'activité de la SDI? Est-ce que vous avez examiné l'aide que
vous avez donnée, disons, il y a cinq ans à certaines entreprises
et de quelle façon ces entreprises se sont-elles
développées par la suite? Autrement dit, est-ce qu'on peut dire
que l'aide accordée il y a cinq ans a été
bénéfique? Est-ce que les espoirs qu'on avait mis dans certaines
industries se sont révélés, en moyenne, corrects?
M. Biron: Évidemment, dans le cadre du bilan global de la
SDI depuis qu'elle existe, bilan qui a été amorcé au
printemps dernier et qui a débouché sur de nouvelles
orientations, on a effectivement essayé de voir si les sommes qu'on
avait versées sous diverses formes avaient été utiles. On
peut probablement dire que, dans l'ensemble, les entreprises qui ont
été aidées par la SDI ont largement répondu aux
attentes. Évidemment, il y a tellement d'entreprises qui ont
bénéficié de notre aide que là, je vous parle
réellement d'un tableau d'ensemble. Pour avoir une idée plus
précise, si M. le ministre est d'accord, on a, par exemple, la liste des
subventions qui ont été autorisées par le ministre au
cours de l'année dernière. Vous allez voir qu'il y a beaucoup
d'entreprises québécoises qui ont bénéficié
de nos différents programmes.
D'une façon générale, on peut dire que le bilan est
positif. Il y a toutefois des
nuances. On a eu l'impression qu'on donnait parfois peut-être
à trop d'entreprises dispersées à travers le territoire et
on a voulu, en quelque sorte, être un peu plus sélectif à
l'avenir quant à certaines formes d'aide. C'est le bilan de la SDI qui
nous a permis d'en arriver à cette conclusion. En vertu du nouveau
programme d'aide aux industries de pointe, on voudrait essayer d'être un
peu plus sélectif que par le passé, pour bien s'assurer que les
aides sont réellement le plus utiles possible.
Je ne sais pas si vous souhaitez qu'on cite certains exemples
d'entreprises - c'est peut-être embêtant de le faire publiquement -
pour voir si la croissance de l'entreprise est reliée directement
à l'aide de la SDI. Je voudrais peut-être ajouter qu'il y a une
façon pour nous de voir si l'aide qu'on donne correspond aux attentes!
Je pourrais illustrer cela à partir d'un dossier. Quand nous versons des
subventions, ces subventions sont en général
échelonnées dans le temps sur une période de cinq ans et
chaque versement est lié à la réalisation de certaines
conditions, des conditions en termes d'achat de matière première,
en termes de création d'emplois. (15 h 45)
J'ai un exemple ici. Je n'identifierai pas du tout la compagnie. Pour le
premier versement, on exige, par exemple, qu'elle ait engagé un certain
nombre de diplômés universitaires québécois; pour le
deuxième versement, qu'elle ait vendu, en dehors du Québec, un
certain nombre de ses produits, un certain pourcentage; qu'elle ait
acheté une certaine quantité de sa machinerie au Québec.
Cela peut s'échelonner sur une base maximum de cinq ans. Alors, pendant
au moins cinq ans, on peut s'assurer annuellement que la compagnie
répond aux attentes qui ont été posées sous forme
de conditions.
Il y a des compagnies, qu'on connaît tous, qui ont
bénéficié de notre aide. La compagnie Bombardier en est
une, la compagnie Marconi. Il y a également beaucoup de PME sur tout le
territoire. On a probablement plusieurs centaines d'entreprises. Il serait
peut-être présomptueux de dire que c'est grâce à la
SDI que ces entreprises ont connu du succès. Je pense qu'il faut
être prudent en cette matière. J'ai l'impression que, dans
certains cas, notre aide a été décisive et dans d'autres,
incitative.
Je voudrais vous donner un exemple, parce qu'il est maintenant public.
Dans la revue Commerce du mois de novembre 1981, il y avait un article sur la
compagnie Welfab, et une entrevue du président, M. Doucet, qui faisait
état de l'évolution de cette compagnie, qui est une de nos PME
dynamiques dans le domaine de l'acier. C'est une compagnie qui a grandi
rapidement. À un moment donné, elle a voulu acheter une autre
entreprise et M. Doucet disait que, sans l'intervention de la SDI, à un
moment de l'évolution de cette compagnie, elle n'aurait pas pu
acquérir une autre compagnie qui a été un point tournant
pour lui permettre de prendre plus d'expansion. Donc, un bon exemple d'une aide
qui non seulement a été utile, mais, au dire même du
président de la compagnie, d'une aide qui a été
indispensable à la croissance de cette compagnie, la compagnie de
gestion Welfab.
Alors, voilà comme réponse préliminaire. On a fait
le bilan, on a dégagé un certain nombre de conclusions.
M. Fortier: Est-ce que, d'une façon générale
- je ne sais pas si les chiffres sont publiés, je n'ai peut-être
pas assez examiné vos rapports financiers - l'aide va plutôt, en
volume, à la grande entreprise ou à des filiales, peut-être
à de petites filiales associées à de grandes entreprises,
ou si elle va, en volume, à de petites entreprises naissantes?
M. Biron: Ça se répartit effectivement en fonction
de nos deux programmes d'aide à l'investissement. Disons qu'il y en a un
qui est surtout conçu à l'intention des grosses entreprises,
alors qu'il y en a un autre qui est plutôt conçu à
l'intention de la PME québécoise. Dans le dernier rapport annuel,
je pense qu'on pourra vous donner des chiffres là-dessus.
Une voix: La grosse industrie québécoise.
M. Biron: Oui, oui. La grosse entreprise.
M. Fortier: La définition de grand, c'est quoi? On parle
de quoi? Le volume d'affaires?
M. Biron: Le volume d'affaires. On vise essentiellement des
entreprises comme Bombardier, Westinghouse...
M. Fortier: Le plus grand, c'est quoi? M. Biron: 25 000
000 $ disons. M. Fortier: 25 000 000 $ M. Biron: Et plus. M.
Fortier: Et plus.
M. Biron: Pour l'année 1981-1982, au titre des subventions
pour ce programme, il y en a eu, en nombre, 222, pour un montant total de 67
000 000 $ d'autorisation d'aide financière, alors que pour le programme
qui est plutôt conçu pour la petite et la
moyenne entreprise, le programme qu'on appelle pour les entreprises
dynamiques et innovatrices, il y a eu 176 subventions accordées, donc
sensiblement le même nombre, sauf que les subventions sont moins
importantes en général, pour un total de 16 000 000 $. Il faut
dire que nos subventions sont conçues en fonction du montant des
investissements et, en général, les investissements sont plus
importants quand ils proviennent des grosses entreprises.
M. Fortier: Maintenant, lorsque vous donnez de l'aide, soit des
prêts, il y a des remboursements qui se font sur une période de
temps, - je ne sais pas si ça existait dans le passé - mais, au
bout de cinq ans, vous pouvez annihiler la dette ou la réduire à
zéro. Dans quelle mesure y a-t-il remboursement effectif de ces
prêts? Est-ce qu'il y a une différence marquée entre la
grande entreprise et la petite entreprise?
M. Biron: II y a un certain nombre de remboursements qui nous
sont dus en vertu d'un programme qui est maintenant disparu, parce que,
autrefois, on faisait des prêts à taux réduit, ce qu'on ne
fait plus maintenant; les prêts qu'on effectue sont des prêts au
taux du marché. Ceci étant dit, pour les prêts au taux du
marché, c'est évident que, dans le contexte actuel, on a un
certain nombre de cas en arrérages. Ce sont donc surtout de petites
entreprises québécoises qui sont en difficulté et qui sont
un peu en retard dans leurs paiements de remboursement de capital et
d'intérêt.
M. Fortier: Les arrérages ne sont pas montrés au
bilan comme tels. Est-ce que c'est volumineux en terme de millions de
dollars?
M. Biron: Ce n'est pas montré au bilan parce que ce que
l'on fait au titre du financement...
Fortier: Ce n'est pas montré sous "mauvaises
créances", vous espérez toujours les récupérer.
M. Biron: Cette année, on va probablement avoir une
année différente des années dernières, comme toutes
les autres sociétés.
Une voix: 3 500 000 $ en arrérages. M. Fortier:
Combien?
M. Biron: 3 5000 000 $ en arrérages, au moment où
l'on se parle.
M. Fortier: J'imagine que vous avez fait une analyse en
profondeur de la question que je soulevais, à savoir l'efficacité
de l'aide. Est-ce que vous avez fait une étude systématique? Il y
avait eu l'étude de Major et Martin - je ne sais pas si elle est ici
-qui s'étaient penchés là-dessus en 1975.
M. Biron: Oui.
M. Fortier: Est-ce que vous avez refait cette
étude-là?
M. Biron: C'est-à-dire que nous nous en sommes largement
inspirés, parce qu'elle datait de 1976, comme vous le disiez. Nous nous
sommes trouvés à la mettre à jour. Nous avons tenu des
consultations à l'extérieur au cours de ce processus
d'évaluation. Nous avons fait nous-mêmes nos études pour
voir si, effectivement, notre aide était utile. Nous avons tenu compte
de cette étude-là et de certaines autres, des rapports qui nous
ont été soumis par l'Ordre des ingénieurs, de façon
à ouvrir des secteurs qui n'étaient pas couverts par la
société. Nous nous occupions uniquement du secteur manufacturier,
comme vous le savez. Nous nous élargissons. Nous avons largement tenu
compte des suggestions qui nous sont venues de l'extérieur.
M. Fortier: Une autre dimension du problème qui nous
intéresse beaucoup, c'est le fait que, lorsque vous donnez de l'aide,
j'imagine que la société doit remplir une formule pour dire: Si
vous nous donnez un million de dollars, cela créera tant d'emplois. Sans
vouloir commencer un débat ici, cet après-midi, de toute
évidence, l'information, d'après nos vérifications, semble
très sujette à critique. Bien sûr, j'imagine que la
société qui demande un prêt ou une aide peut avoir tendance
à exagérer. Pour susciter l'enthousiasme de l'agent de la SDI qui
examinera le dossier, la personne ou la compagnie peut facilement
exagérer la portée de la création d'emplois.
La première question que j'aurais est celle-ci: Acceptez-vous ces
chiffres-là à leur face même ou faites-vous des
vérifications? Dans de nombreux cas, les chiffres produits par la SDI et
ensuite communiqués au ministre ne semblent pas correspondre à la
réalité.
M. Biron: Je vaudrais dire un mot sur le critère de la
création d'emplois qui est actuellement retenu par la SDI. Par
création d'emplois, on entend le nombre d'emplois qui sont
créés dans les trois ans suivant la réalisation du projet.
Donc, ce sont des emplois qui peuvent découler soit directement de la
réalisation du projet, soit indirectement de la réalisation du
projet. Je pense que c'est bien important, dans un premier temps, de comprendre
ce que l'on entend par critère de création d'emplois.
Deuxièmement, c'est évident que l'on
se fie, d'abord, aux données qui nous sont fournies par les
entreprises. Effectivement, les chefs d'entreprises qui viennent nous voir
doivent remplir un questionnaire et nous leur demandons un certain nombre de
données; parmi celles-là, il y en a une qui porte sur les
emplois. Nous demandons aux chefs d'entreprises de nous préciser, selon
leurs prévisions, quel est le nombre d'emplois qui seront
créés par l'entreprise au cours des trois prochaines
annnées, directement ou indirectement, à la suite de la
réalisation du projet.
On a parfois des questions sur certaines données qui nous sont
soumises, aussi bien sur celles qui portent sur les emplois que sur d'autres.
D'ailleurs, cela peut être les prévisions des ventes qui nous
paraissent parfois exagérées ou les taux de productivité.
Donc, nous posons des questions et nous essayons de faire en sorte que les
données qu'on nous soumet, qu'on approuve et qui font parfois l'objet de
conditions additionnelles qu'on peut vérifier par la suite, comme je
l'indiquais tantôt, soient les plus réalistes possible. Sans
s'embarquer dans un processus trop tâtillon sur le plan bureaucratique,
on essaye quand même d'être non seulement attentif, mais de poser
le plus de questions possible. J'ai l'impression que maintenant on surveille
d'un peu plus près les critères de création d'emplois pour
bien s'assurer que ce qu'on nous dit est exact. Il s'agit là de
prévisions sur trois ans et ça peut évoluer en cours de
route. Dès le début, les chiffres soumis sont
vérifiés le plus possible, à la lumière des moyens
dont on dispose, et on amène maintenant très souvent les
entreprises à corriger les données qu'elles nous soumettent dans
un premier temps; ça, c'est dès le départ. En cours de
route, à l'occasion des versements, on s'assure que les données
qui nous ont été soumises lors du dépôt du projet
correspondent à la réalité. Dans certains cas - je vous
donnerai l'exemple d'une condition qu'on a posée, c'est le nombre X
d'universitaires qui devaient être engagés pour le deuxième
versement et qui ne l'ont pas été - on produit un amendement et
on change le montant de l'aide. Or, si les entreprises ne se conforment pas aux
conditions qui ont été négociées - ce ne sont pas
des conditions qui sont imposées, c'est une discussion qui s'engage - on
peut changer en cours de route le montant de l'aide initiale.
M. Fortier: Mais j'imagine que la création d'emplois comme
telle est seulement une vague promesse; je veux dire que ce n'est pas une
condition légale pour l'obtention de la subvention.
M. Biron: Ce n'est pas un prérequis, sauf dans les cas
où on en fait nous-mêmes une condition pour certains versements.
Dans ce cas-là, par exemple, pour avoir le deuxième versement,
l'entreprise devra avoir engagé X diplômés universitaires.
Là, on en fait une condition pour un versement.
Maintenant, si on nous soumet un dossier qui pourrait requérir
une subvention assez importante et que le projet ne suscite aucun emploi
nouveau, évidemment, là, on se pose de sérieuses questions
à savoir pour quelles raisons. Dans un certain nombre de cas, notamment
des cas de fusion d'entreprises, il arrive qu'il n'y ait pas de création
d'emplois nouveaux, mais il y a maintien d'emplois qui disparaîtraient si
ladite fusion ne se faisait pas. Il y a aussi des cas d'entreprises à
haute technologie où le nombre d'emplois créés n'est pas
important en soi, ça peut être relativement minime, mais il nous
apparaît quand même que, compte tenu du mandat qui nous est
confié, l'investissement mérite une aide de la part de la
société.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, j'ai une couple de questions
à M. Lebrun. Depuis un an que je suis député, je suis
membre de la commission des engagements financiers. Chaque mois, on
reçoit le détail des subventions de chaque ministère et
celles qui m'intéressent, justement, beaucoup, ce sont celles de la SDI,
depuis avril 1981, alors que les études ont commencé. Au tout
début, je ne connaissais rien là-dedans, mais, quand quelque
chose me frappait un peu, je posais des questions et le ministre
Bérubé me répondait, en tant que président du
Conseil du trésor.
Tout à l'heure, vous avez dit que pour toutes ces subventions,
grosso modo, ça va bien, sauf, évidemment quelques exceptions.
Mais, moi, je me demande sérieusement si la marge d'erreur n'est pas
trop grande. Je vais vous donner un exemple. On a noté, au tout
début: "nombre d'emplois créés". Je ne vous blâme
pas, M. Lebrun, mais je me base seulement sur les documents qu'on reçoit
aux engagements financiers. Je vais vous donner un exemple que j'ai sous les
yeux: "Subvention au Domaine du Lac-Delage Inc." - c'est un hôtel-motel -
pour la rénovation de chambres. Vous n'avez accordé que 33 000 $.
Il est inscrit, "nombre d'emplois créés: 52 permanents, 66
occasionnels". Cela m'a frappé - par hasard, je connais cet hôtel
- et j'ai demandé au ministre Bérubé: Mais 52 emplois
permanents, qu'est-ce que ça veut dire? C'est ce qui est écrit et
c'est ce qu'on nous dit, etc.
Mais ce n'est pas un cas exceptionnel; chaque mois on trouve une liste
de trois ou quatre pages de ce genre de subventions et les chiffres sont
vraiment très suspects. Nous
avons dû poser des questions pendant quatre mois avant d'obtenir
la réponse: Création, ça inclut rétention. Mais, si
c'était vrai que ce n'était pas 52 emplois créés,
mais 42 qui ont été retenus, on aurait dû dire retenus 42,
créés 10. (16 heures)
Je me dis qu'à la fin de l'année un autre ministre va se
servir de ces chiffres pour nous lancer devant l'Assemblée nationale:
Voici, il y a eu tant d'emplois créés au Québec. Je ne
critique pas du tout le ministre de l'Industrie, du Commerce et du Tourisme,
mais on en a eu un exemple justement hier, lors d'un échanqe entre le
ministre et le député de Richmond au sujet d'emplois
créés. Apparemment, il y a une grande différence
d'opinions entre le ministre et le député. Il se peut que le
ministre se soit basé sur des renseignements reçus de la SDI; le
député en a fait la vérification et, selon lui, ce n'est
pas tout à fait la même chose.
Moi, je veux vous dire une chose. Il y a un mois, juste avant
Pâques, j'ai reçu le grand livre et j'ai fait un peu de
vérification moi-même. C'est difficile d'appeler une compagnie en
disant: Je suis député de l'Opposition, voulez-vous me dire... Il
y en a beaucoup qui ne veulent rien dire du tout. Donc, j'ai pris trois cas de
compagnies que je connaissais personnellement. Par hasard, pour l'une, je
connaissais le gérant et, pour l'autre, c'était un client
à moi. Je leur ai dit: Bon, voici, tant de subvention, tant d'emplois
créés. Je vous félicite, ai-je dit à cette
compagnie. La première compagnie m'a répondu: Le "deal" n'a pas
fonctionné du tout, on n'a rien eu du tout parce qu'on n'a pas pu avoir
le financement pour le reste de notre emprunt - cela n'a rien à faire
avec la SDI - donc, il n'y a rien là, vous êtes mieux de rayer
cela. Mais ce n'était pas ce qui était devant nous; devant nous,
on voyait: 40 emplois créés.
La deuxième a dit: Minute! 40 emplois créés, c'est
vrai. Cette année, trois, et on espère, sur une période de
temps, en arriver à 40. On espère. On n'a pas menti sur notre
formule de demande, vous venez d'ailleurs le confirmer. Mais ce n'est pas ce
que disent les chiffres devant nous. Ici, on nous dit: 40 emplois
créés. Je me suis dit: Dans ce cas-là, peut-être
qu'il faut changer de modèle: première année, trois
emplois créés et une espérance, sur une période de
trois ans, d'en arriver à un nombre optimal de 40.
Ensuite, j'ai demandé au ministre Bérubé quel
était le suivi. Qu'est-ce qui arrive si le gars, la première
année, crée quatre emplois et que la deuxième
année, ça ne va pas bien? Est-ce qu'on fait quelque chose, le
"follow-up"? Il m'a répondu, d'une façon tout à fait
contraire à ce que vous venez de me dire, qu'il n'y avait pas de
système de suivi parce qu'on n'a pas les effectifs pour le faire. C'est
moi qui ai suggéré, à un moment donné, vu qu'on a
des tablettés, pourquoi ne pas s'en servir pour faire au moins des "spot
check"? J'ai l'impression qu'il n'y a pas assez de vérification des
faits exposés par les gens qui s'engagent sur une formule de demande.
Est-ce que ces emplois sont vraiment créés?
Il y a un autre problème, le fameux problème des
intermédiaires. Je sais - je ne veux pas mentionner de noms - qu'il y a
des gens à Montréal, par exemple - il y en a peut-être
même un ou deux qui ont déjà travaillé pour le
ministère - qui se lancent en affaires comme intermédiaires,
c'est leur droit. Ils vont solliciter une compagnie et disent: Voulez-vous
avoir une subvention? Je peux l'obtenir. Très honnêtement, ils
vont dire: Vous allez me payer un pourcentage si je réussis, parce que
je connais le déroulement du système. Là, au point de vue
de la création d'emplois, vous êtes mieux de dire 40, parce que
cela passera mieux.
Je n'accuse personne d'être malhonnête là-dedans; ces
gens-là utilisent leur droit, le ministère est là pour
vérifier. Mais il y a tant de ces cas! Notre chef d'équipe m'a
demandé de venir ici avec ces cas. Je peux vous citer des cas où
cela ne tient pas debout. Par exemple, un poste d'essence, un "gas-bar"
à Saint-Pacôme, pour 71 000 $, 30 emplois créés. Le
ministre ne savait même pas où Saint-Pacôme se trouvait. Il
a donné la réponse: Peut-être s'agit-il de 30 personnes qui
sont passées par Saint-Pacôme pendant l'été.
Pour un aquarium et des cages d'oiseaux, 121 000 $; nombre d'emplois
créés: 23. Le ministre a répondu: Peut-être qu'il
s'agit des oiseaux et des cages. Ce ne sont pas les seuls exemples, j'en ai un
paquet comme cela. Je peux vous donner des noms, ce n'est pas possible!
À Rimouski, un restaurant qui reçoit 45 000 $. Nombre d'emplois
créés: 32. J'ai reçu un appel d'un journaliste
là-bas qui m'a dit: M. Polak, il n'y a pas un restaurant dans Rimouski
qui compte 32 employés, excusez-moi. De quel restaurant s'agit-il? Je
n'ai rien à cacher, il s'agit de telle compagnie. Il a
vérifié et m'a rappelé. Ils étaient quatre, mais,
maintenant, c'est fermé, ils sont en faillite. Là, on se pose des
questions. Si c'était un, deux ou trois cas, je ne serais pas ici
aujourd'hui.
Le ministre commence à me critiquer; chaque fois que je pose une
question, il me dit: Bobine no 4, c'est encore le député de
Sainte-Anne qui se lance dans l'affaire. On prend des "spot check", je n'ai pas
le temps de tout vérifier non plus, c'est très difficile, mais on
commence vraiment à s'inquiéter. Un autre cas: Bar Chavigny,
Trois-Rivières, 80 000 $ pour des chambres d'hôtel. Nombre
d'emplois créés: 10. Ce n'est pas vrai. Je n'ai rien contre cela,
mais le ministre dit: Bon, vous n'acceptez pas cela? À l'avenir, on
ne vous dira rien là-dessus. Je dis: C'est encore pire. Au moins,
l'élément création ou rétention d'emplois joue un
rôle important.
Il y a peut-être quelque chose qui ne fonctionne pas dans le
système. Il faudrait peut-être y voir quand cela vient devant
nous, aux engagements financiers. J'ai demandé au ministre
Bérubé, à la fin de l'année, de totaliser tout ce
monde. Je vais vous le dire, cela fait un paquet de monde. Ce sont des milliers
et des milliers d'emplois créés, si on se fie à cela.
Personnellement, je sais que, dans beaucoup de cas, c'est un non-sens, c'est
exagéré.
Il n'y a pas de "follow-up", pas de suivi et ça, pour moi, c'est
une marge d'erreur qui peut devenir très sérieuse. On parle ici
d'une boulangerie de Québec, 160 000 $. Ce n'est pas une petite somme.
Qu'est-ce qu'on a fait? Probablement que la compagnie était en train de
faire faillite. Donc, on a accordé un prêt. Un autre groupe a
acheté les actions de ceux qui étaient là. Parfaitement
raisonnable pour moi. Nombre d'emplois créés, 50. C'est là
qu'on est tombé sur la définition de "retenus". J'ai dit: La
boulangerie, par votre subvention, a réussi à rester en vie. Je
suis content pour ça, très heureux pour les ouvriers qui
étaient là. Mais qu'on ne vienne pas dire, à la fin de
l'année - je n'accuse pas le ministre de l'Industrie, du Commerce et du
Tourisme, ni un autre ministre sur un plan plus élevé - en
prenant tous ces chiffres: Voici ce qu'on a créé. Pour moi, c'est
un problème grave. On a besoin de plus de contrôle. On a
l'impression qu'il n'y a pas assez de contrôle là-dessus et
surtout au point de vue du suivi. L'autre jour, j'ai eu un cas encore, une
compagnie de textile à Montréal, qui a eu une subvention assez
élevée, et qui est tombée en faillite quatre mois plus
tard. Je ne dis pas que vous auriez dû le savoir, mais quand on
étudie ce critère, quand on sait que la compagnie est sur le
bord, presque de la faillite, peut-être que ces 100 000 $, on aurait pu
les placer ailleurs. Vous allez me dire peut-être: Vous soulevez juste
les cas d'exception. Si c'étaient des cas d'exception, je ne serais pas
ici, mais, il y en a trop. Cela donne vraiment l'impression qu'on joue avec ces
chiffres. Je n'accuse personne. Cela peut être tout à fait
honnête. C'est la première fois, finalement, que j'entends
quelqu'un me dire: Le nombre d'emplois créés, c'est sur une
période de temps. On ne dit jamais cela à la commission des
engagements financiers. Je ne sais pas, mais quand le ministre donne à
la fin de l'année, le total, il devrait dire: Cette année, trois
et, sur une période de quatre ans, on espère 40. Cela donne une
tout autre impression aux chiffres qui sont cités.
Donc, c'est à peu près les questions que j'avais: les
subventions données, vérifier les chiffres, création
d'emplois, grosso modo.
J'ai une tonne d'exemples; je relève des feuilles à chaque
mois, sur ça et ça nous inquiète beaucoup.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Biron: M. le Président, je remercie le
député de Sainte-Anne de citer quelques exemples. Il y a environ
un mois et demi -je sais qu'il y a beaucoup de questions à la commission
des engagements financiers - j'ai remercié le député de
Brome-Missisquoi de poser des questions sur des cas précis, ce qui nous
permet, à nous en tout cas, de vérifier ce qui passe dans la
machine.
M. Polak: Juste pour le journal des Débats, vous avez
remercié le député de Brome-Missisquoi, mais
c'était moi.
M. Biron: J'espère que le député de
Brome-Missisquoi n'a pas gardé les remerciements pour lui et vous les a
transmis. Cela nous permet, à nous, de vérifier, de temps
à autre ce qui passe dans la machine. Il en passe beaucoup, et ça
nous permet de nous arrêter quelques instants et de vérifier.
C'est grâce à des questions qui sont posées par des
députés de tous les côtés de la Chambre qu'on a
finalement réfléchi encore plus profondément sur la Loi
sur la Société de développement industriel et qu'on veut
apporter les changements qu'on présente aujourd'hui.
Quant aux questions précises posées par le
député, il y a des programmes qui vous passent entre les mains,
comme le textile, la chaussure. Nous donnons des subventions pour moderniser
les entreprises. Cela veut dire qu'à la fin de l'année il y a
peut-être un peu moins d'emplois qu'il n'y en avait au début.
Mais, par contre, on a fait une étape considérable dans la
modernisation.
Le gouvernement fédéral va dans le même sens, dans
le fond, avec l'Office canadien de renouveau industriel. On se dit que si on
laisse nos entreprises telles qu'elles sont présentement, dans deux ans,
trois ans ou cinq ans, lorsque les quotas d'importation seront levés,
disons, dans la chaussure, nos entreprises ne seront pas prêtes à
concurrencer le marché mondial. On a enlevé les quotas, on les
fait mourir. Il faut plutôt leur donner une chance, mais pas rester dans
le statu quo. Il faut avoir des programmes, prendre les meilleures de ces
entreprises et les rendre encore plus dynamiques. Lorsqu'elles sont dynamiques,
on leur dit: Là, maintenant, on peut enlever les barrières
artificielles qui vous protègent et vous êtes capables de
concurrencer à travers le monde. Cela veut dire que ces programmes ne
créent pas de nouveaux emplois, mais assurent au moins que les emplois
existants vont rester là, parce que si on ne fait rien,
on est sûr de les perdre.
Vous avez cité aussi plusieurs exemples de crédit
touristique. On est à revoir de fond en comble le crédit
touristique. Lorsque cela a été voté, il y a trois ans,
à peu près, cela s'adressait à des entreprises, des
hôtels, des restaurants, des auberges. On a fait d'excellents coups. On a
aidé des entreprises à se moderniser, à se restructurer.
Par contre, on a fait des erreurs aussi, dans le crédit touristique,
parce que c'était au tout début, les renseignements nous
arrivaient à gauche et à droite, nos gens n'avaient pas
d'expérience, ce n'était pas structuré. Mais je peux
assurer le député de Sainte-Anne, qu'on est en train de faire un
ménage important. Il n'est pas question maintenant de continuer à
subventionner des réparations de toiture de restaurant. Cela existait
autrefois parce que le restaurateur modernisait son restaurant et faisait la
réparation de sa toiture en même temps. Il y a des choses; si
j'avais les cas un par un, je pourrais probablement donner des réponses
précises, même dire au député: C'est vrai qu'on a
fait une erreur là-dedans; dans tel autre cas, c'est pour telle et telle
raison.
M. Polak: On a juste trois heures, mais on est bon pour deux
jours.
M. Biron: Mais sans passer par la commission parlementaire,
j'invite le député à me faire parvenir ses cas, soit par
la commission des engagements financiers ou directement. Et au moins je lui
apporterai les réponses précises sur ces cas. S'il veut les
pousser plus loin après, ce sera libre à lui. Mais c'est
sûr qu'au crédit touristique il y avait des choses à
changer; nous sommes en train de les changer pour être beaucoup plus
dynamiques et répondre à de petites entreprises dans le domaine
du crédit touristique.
Quant au nombre d'emplois, je suis, moi aussi, surpris d'entendre cela.
Il y a aussi des sommes d'argent qui sont votées, donc qui doivent
être acceptées par les engagements financiers, mais qui ne sont
pas payées la première année et qui vont
s'échelonner sur quatre ou cinq ans. L'entreprise qui fait faillite
trois mois après n'a souvent même pas reçu le premier
montant ou a peut-être reçu le premier des cinq versements. Alors,
il y a peut-être des choses à vérifier là-dessus.
Quant à nous, aussitôt que c'est décidé à la
SDI, que c'est signé par le ministre, on transmet cela au Conseil du
trésor; donc, c'est accepté par les engagements financiers, c'est
un engagement. C'est payé sur une période de quatre ans, de cinq
ans, et souvent c'est payé lorsque l'entreprise a fait les
dépenses nécessaires, les immobilisations nécessaires.
Donc, le premier versement peut souvent prendre un an avant d'arriver,
tant et aussi longtemps que la preuve ne nous a pas été fournie
que les premières conditions sont remplies. Alors, il y a
peut-être des montants qui ont été votés, sur
lesquels vous avez critiqué, mais qu'on n'a jamais payés parce
que l'entreprise n'a pas rempli ses engagements propres. Quant à nous,
on dit: C'est telle, telle condition, on fait passer cela dans la machine, au
moins pour être protégé avant que ce soit voté par
le gouvernement.
La boulangerie que vous avez citée, c'est un programme gui est
suspendu et qui est maintenant terminé, selon la nouvelle loi. Cela a
été excellent; un bout de temps, on a aidé des entreprises
à fusionner, mais je pense qu'on a fait l'étape nécessaire
et on n'a pas à aider davantage. Ce qui est arrivé, c'est qu'on a
aidé deux entreprises - l'une a acheté l'autre - à
fusionner et on a souvent enlevé des emplois. On a peut-être rendu
l'entreprise plus dynamique, c'est vrai. Vous avez dit tout à l'heure
que, si on n'avait pas fait cela pour la boulangerie, peut-être qu'on
aurait perdu des emplois. On a jugé, après l'étude des
derniers cas adoptés au cours de la dernière année, que ce
programme de fusion d'entreprises n'avait plus sa raison d'exister; alors, on
l'a tout simplement suspendu.
D'ailleurs, dans la nouvelle loi, vous voyez que le programme est
complètement disparu, de même qu'un autre programme qui est
disparu dans la nouvelle loi et qui était une prise à charge
d'intérêt sur les exportations. Chaque fois qu'on exportait et
qu'on augmentait les exportations de 20% sur l'année
précédente, on payait 2%, quant à nous, sur toutes les
ventes des entreprises. Alors, dans l'espace de trois mois, on a monté
un compte de 125 000 000 $ à ce budget, alors qu'on avait un budget de
10 000 000 $ pour l'année. Ce qu'on a fait, c'est qu'on a ramassé
les grandes entreprises, on leur a dit: Ton compte de 20 000 000 $, on va le
régler pour 250 000 $. On a mis un maximum de 250 000 $, même si,
souvent, cela avait passé aux engagements financiers pour un montant
plus élevé. On a revu les entreprises en disant: C'est 250 000 $
au maximum. Alors, toutes les petites et moyennes entreprises qui n'avaient
jamais exporté ont pu avoir le petit coup de pouce nécessaire.
Les grandes entreprises recevaient 250 000 $ et on a suspendu le programme.
C'est un programme qui a été suspendu.
Il y a un point important que vous nous donnez: les
vérifications. À cela aussi, on veut porter une attention tout
à fait spéciale. On a d'ailleurs - j'en ai parlé à
quelques reprises - un programme qui s'en vient au ministère pour
être plus présent en région. Ce qui arrive, c'est qu'on est
trop loin du chef d'entreprise ou des entreprises, on ne peut pas les suivre de
très près. On n'a pas, non plus, les éléments
nécessaires en
région parce qu'on a une centaine de personnes seulement en
région pour suivre toutes les entreprises. Alors, avec les maisons de
l'industrie dans chacune des régions où l'on va
déconcentrer notre action ce ne sera pas juste à Québec et
à Montréal, mais, dans chacune des régions, on aura des
représentants de la SDI et du MIC - on estime qu'on sera en position de
suivre de plus près les entreprises qu'on va aider pour faire une
vérification plus sévère. Certainement qu'il y a des
choses qui ont dû nous échapper parce qu'on n'était pas
présent et qu'on n'avait pas assez de personnel en région, mais
les décisions sont prises dans ce sens pour pouvoir faire un suivi plus
précis. Lorsqu'on aide une entreprise financièrement, ce n'est
pas tout. Je pense qu'il faut lui aider aussi pour la gestion et lui donner des
idées sur le commerce extérieur. On doit aussi l'encourager
à aller chercher d'autres programmes qui existent ailleurs, en
particulier au gouvernement fédéral, où il y a aussi 200
programmes aux entreprises. Nous en avons 200 et eux autres en ont 200. Ce
serait un peu ridicule de dire aux entreprises: Tu ne profites pas du MEER; il
y a une subvention là, va la chercher.
Cela m'amène au dernier point que vous avez soulevé et que
je n'ai pas touché: les intermédiaires pour subventions. Je
termine une tournée à travers le Québec et ce qui m'a
frappé, c'est que les chefs d'entreprises, mettons, d'une centaine
d'employés et plus, ou de 5 000 000 $ à 6 000 000 $ en chiffres
d'affaires et plus, ont quelqu'un dans leur bureau qui s'occupe des subventions
des 200 programmes québécois et des 200 programmes
fédéraux. Cette personne-là s'occupe de remplir les
formulaires nécessaires, de la bureaucratie, de répondre aux
questions de nos fonctionnaires ou des fonctionnaires d'Ottawa, puis,
finalement, d'avoir la subvention. (16 h 15)
Lorsqu'on tombe sur une entreprise qui fait moins que 4 000 000 $, 5 000
000 $ de chiffre d'affaires et a moins que 50 employés, beaucoup m'ont
dit: Nous, on ne s'occupe pas des subventions parce qu'on perd trop de temps,
vous nous posez trop de questions, il y a trop de bureaucratie, puis,
finalement, les programmes, on ne se casse pas la tête avec cela. Il y a
tellement de programmes que les gens ne sont pas au courant. Lorsqu'on lui dit:
Tel programme, regarde, c'est facile, ça va te prendre une heure pour
remplir le formulaire, envoie-le-nous et on va juger facilement, le gars dit:
Si c'est juste une heure ou deux, c'est correct. Mais le chef d'entreprise -
j'en ai encore vu un cette semaine - dit: Je suis propriétaire de mon
entreprise, je suis gérant des ventes, je suis surintendant, je suis
contremaître, comptable, je fais tout, je n'ai pas le temps de remplir
des paperasses et je ne veux pas m'occuper de cela. J'ai dit: Prends donc une
heure ou deux, un samedi après-midi, pour remplir cela, tu vas pouvoir
avoir ta subvention. Il dit: C'est correct. Il a le droit de l'avoir, il entre
en plein dans le cadre, mais il ne s'en occupe pas.
Dans ce sens-là, les intermédiaires sont utiles pour les
petites entreprises. Les moyennes entreprises ne vont jamais passer par un
intermédiaire parce que la commission de X%, cela coûte trop cher.
Mais le propriétaire de la petite entreprise, qui n'a pas le moyen
d'engager une personne à plein temps dans son bureau pour remplir les
formulaires nécessaires, autant à Québec qu'à
Ottawa - ce n'est pas une critique que je fais à l'un ou à
l'autre, c'est une constatation - il est mieux de passer par un
intermédiaire et de dire: D'accord, je te donne tant pour cent si tu vas
chercher la subvention. Si tu ne vas rien chercher, ça ne me coûte
rien, mais au moins je ne perds pas de temps et je m'occupe de mon entreprise.
Il existe de ces intermédiaires-là. Nous, on estime que dans nos
maisons régionales de l'industrie on va pouvoir remplir la paperasse et
remplir une partie du rôle de ces intermédiaires-là, mais
je pense qu'il restera toujours des gens qui, à commission, vont remplir
la paperasse nécessaire pour aller chercher des subventions du
gouvernement. Est-ce que c'est bon ou pas bon? Je prétends que c'est bon
pour la petite entreprise qui n'a pas le moyen d'engager du monde, mais la
grande entreprise ou la moyenne n'engagent pas de ces
intermédiaires-là, à ce que je sache, aujourd'hui.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Sainte-Anne.
M. Polak: M. le Président, j'accepte ce que le ministre
vient de dire. D'ailleurs, je suis content de noter qu'à cause de nos
questions on commence déjà à changer le système.
C'est mieux pour tout le monde. Là où il y a un problème,
c'est au point de vue des rapports que l'on reçoit aux engagements
financiers. Il faut faire la distinction entre les emplois retenus et les
emplois créés ou sur la période de temps parce qu'on parle
toujours des mêmes chiffres. Ça crée de la confusion et
ça met du doute dans l'esprit. Au point de vue des
intermédiaires, je suis d'accord avec vous. C'est vrai que les petites
entreprises n'ont pas de personnel capable de le faire, etc., mais il y a aussi
des désavantages. Je connais, à Montréal, des cas
où l'intermédiaire se présentait en disant plus ou moins:
C'est moi qui suis capable d'obtenir votre subvention. Si je ne l'obtiens pas,
ça ne coûte rien; si je l'obtiens, tu me paies un bon
pourcentage.
M. Biron: C'est comme les bureaux d'avocats.
M. Polak: Non, pas mon bureau d'avocat, peut-être d'autres
bureaux, je ne sais pas. Mais je suis content d'avoir soulevé un peu ce
problème-là. Entre-temps, aussi longtemps qu'on n'aura pas vu ces
changements pour le bien de tout le monde, je continuerai à poser les
mêmes sortes de questions pour éviter le grand problème qui
a existé entre le ministre et le député de Richmond. C'est
un exemple concret que ce qui se trouve dans le champ et ce que les chiffres
disent, selon les rapports, ce n'est pas la même chose, il y a un
écart très grand.
M. Biron: C'est parce que le député de Richmond
n'était pas au courant de ce qui se passait dans son comté.
M. Polak: Non, il a vérifié dans le champ et je
pense que...
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: M. le Président, le rapport annuel pour le
dernier exercice n'est pas disponible, n'est-ce pas?
M. Biron: Non, il n'est pas encore imprimé, on attendait
les états financiers et les discussions avec les représentants du
Vérificateur général ne sont pas terminées.
M. Scowen: Je vais vous poser quelques questions sur le bilan,
pour commencer, sur la base de 1981-1982, ce serait intéressant. Mais
juste en passant, j'ai remarqué, dans le rapport annuel, pour l'exercice
qui se terminait à la fin de mars 1981, que vous aviez réduit
d'une façon assez importante l'information qui était disponible
dans le rapport. La plupart sont des chiffres qu'on peut sortir avec un peu de
travail, mais les deux éléments que vous avez laissé
tomber et qui m'intéressaient toujours, c'étaient,
premièrement, les chiffres cumulatifs.
M. Biron: À la fin, je pense. M. Scowen: Je ne
pense pas.
M. Biron: On a fait le bilan de dix ans, à la fin.
M. Scowen: Vous l'avez fait sur la question de l'aide, selon la
forme; vous avez fait cela pour les dix dernières années, mais
vous aviez avant des tableaux, avec l'année et la date. Vous l'aviez non
seulement...
M. Fortier: À la page 10.
M. Scowen: ... par financement et subventions, mais vous l'aviez
aussi par région et par secteur. Est-ce que je me trompe?
M. Fortier: À la page 10, on l'a par subvention,
financement.
M. Scowen: Vous l'avez, je ne l'ai pas. Par secteur?
M. Fortier: Par secteur, je pense que c'est à la page 10.
Page 24? À la page 10, c'est la même chose.
M. Scowen: C'est ce qu'on trouve à la page 11?
M. Biron: C'est-à dire qu'à la page 10 c'est pour
l'année. Vous dites cumulatif. Vous voulez dire depuis les débuts
de la SDI?
M. Scowen: Oui.
M. Biron: Alors, c'est à la page 24, chiffres
cumulatifs...
M. Scowen: Ce qu'on voit aux pages 10 et 11, est-ce
cumulatif?
M. Biron: ... à la fin.
M. Scowen: C'est à la fin.
M. Biron: Cumulatif depuis qu'on existe comme
société, à la page 24.
M. Scowen: Page 20?
M. Biron: Chiffres cumulatifs selon les programmes, à la
page 24, à la fin. Ensuite, page 25, chiffres cumulatifs selon les
régions...
M. Scowen: Vous avez parfaitement raison.
M. Biron: ... et selon les formes d'aide, pages 26 et 27.
M. Scowen: C'est par secteur?
M. Biron: Je peux vous dire qu'on va l'avoir cette
année.
M. Scowen: D'accord. Il y a une autre chose qui est
intéressante, c'est que vous aviez toujours les formes d'aide d'une
façon un peu plus diversifiée que ce que vous avez fait en 1981.
Par exemple, il est impossible, selon les tableaux de la page 26, de savoir
combien vous avez en capital-actions et combien en financement, si vous voulez,
en dette. Tandis qu'avant il y avait: prêts, subventions, participation
au capital-actions et garantie de prêts et autres. Je
pense que l'aspect capital-actions comparé aux dettes, c'est
quelque chose qu'il est intéressant de savoir.
M. Biron: On l'a pour l'année. Vous souhaitiez qu'on le
présente de façon cumulative. Effectivement, de façon
cumulative, on distingue uniquement le financement des subventions, à la
page 26. Pour l'année, vous avez la répartition des
différentes formes d'aide à la page 10.
M. Scowen: Oui, c'est cela.
M. Biron: Je pourrais vous dire aussi honnêtement que l'an
dernier cela coïncidait avec mon arrivée à la SDI et, compte
tenu de ce facteur...
M. Scowen: Excusez-moi. M. Biron: Oui.
M. Scowen: À la page 10, ce n'est pas exactement cela.
M. Biron: Vous l'avez selon les formes d'aide.
M. Scowen: D'accord, parfait, oui. Je vois maintenant.
M. Biron: On distingue: prêts, garanties de prêts et
capital-actions.
M. Scowen: Oui, c'est vertical plutôt qu'horizontal.
Maintenant, je comprends.
M. Biron: Je peux vous dire que si on le compare à
certains rapports précédents, c'est certain que celui de l'an
dernier, d'abord, est plus sobre, il a coûté beaucoup moins cher
et il y a moins de pages blanches.
M. Scowen: Oui.
M. Biron: Comme c'était une année de transition, on
n'a pas insisté beaucoup et on n'a pas fait d'efforts particuliers pour
que cela soit très volumineux.
M. Fortier: Les pages blanches ne nous intéressent pas
trop.
M. Biron: Je peux vous dire que cette année il va
être aussi sobre, mais, par rapport à celui-ci, on va avoir la
liste des secteurs qu'on a enlevée l'an dernier pour
économiser.
Quant au point de vue du financement, prêts et garanties de
prêts, évidemment, ce sont des données assez
confidentielles. Donc, on ne pouvait pas donner les détails, comme vous
l'imaginez sans doute, on ne peut donner que des données globales;
même chose pour le capital-actions. Les subventions, c'est public. On a
fait la liste des subventions de 1981-1982. On a la liste complète des
subventions autorisées ici; c'est déjà public. Je crois
que c'est la première fois que cela a été
rassemblé. On pourrait vous distribuer cela, si M. le ministre est
d'accord.
M. Scowen: C'est un détail dont je vous parlais. Vous avez
épargné quatre pages et je vous en félicite. Si vous
pouviez rendre l'année et les cumulatifs par catégorie le plus
facile possible à lire, cela aiderait beaucoup les membres de
l'Opposition qui n'ont pas beaucoup de recherchistes à leur disposition
pour réorganiser les tableaux.
Est-ce que je peux vous poser une question sur la provision pour
pertes?
M. Fortier: Excusez-moi, je vais être absent cinq
minutes.
M. Scowen: À la fin de l'année 1981, cela a
été 6 600 000 $ et à la fin de l'exercice 1982, cela a
été combien?
M. Biron: L'exercice qui se termine?
M. Scowen: Oui, qu'on vient de terminer.
M. Biron: On est en train de terminer le tout. Je pense que ce ne
serait pas opportun que je dévoile le résultat ici. On est encore
en discussion avec les représentants du Vérificateur
général.
M. Scowen: Est-ce que c'est beaucoup plus
élevé?
M. Biron: Je pense que je ne peux pas... Il m'apparaît
embêtant de le dévoiler.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Biron: C'est encore à l'état de projet.
Ce sera certainement plus élevé parce que le gros
coût, c'est Admiral où les investissements ont été
faits, il y a je ne sais combien d'années, deux ou trois ans, sous forme
de capital-actions. Ce n'est pas, théoriquement, complètement
perdu, mais le Vérificateur général va probablement
décider de compter cela comme perdu. Alors, c'est un montant
important.
M. Scowen: Mais cela va compter, dans le bilan de 1982, pour
combien?
M. Biron: M. Lebrun dit qu'il n'a pas encore le chiffre
définitif, mais...
M. Scowen: Je pense qu'il a dit que, pour le moment, il attend
votre permission
pour le dévoiler, si je comprends bien.
M. Biron: Oui, il y a cela, mais il y a surtout le fait que nos
discussions avec le Vérificateur général ne sont pas
terminées.
M. Scowen: En ce cas, je n'ai pas beaucoup d'espoir pour les
autres questions, mais je vais essayer quand même. Les programmes OSE.
Vous avez accepté de participer à deux programmes OSE et j'ai
l'impression que c'est fini, en ce qui concerne du moins les nouveaux
engagements. Dans les deux programmes, vous avez pris combien en
engagements?
À la fin de mars 1981, c'était 15 000 000 $ dans les PME
et 16 000 000 $ dans le secteur traditionnel.
M. Biron: C'est fusionné maintenant avec le portefeuille
régulier, mais on pourra vous sortir ces deux chiffres-là.
M. Scowen: Est-ce que ce serait possible de me sortir les
déboursés cumulatifs au 31 mars 1982, les pertes dans ces deux
programmes et la provision pour pertes?
M. Biron: Oui, si le ministre est d'accord, pas de
problème.
M. Scowen: Est-ce que vous avez une idée, en ce
moment?
M. Biron: Des engagements?
M. Scowen: Pendant l'année 1982, est-ce qu'il y en avait
beaucoup?
M. Biron: Le programme est fini depuis 1981. C'est un programme
qu'on a administré pendant deux ou trois ans.
M. Scowen: Est-ce que vous avez pris des engagements après
le 31 mars 1981?
M. Biron: Non. Je n'étais pas là, on me dit
non.
M. Scowen: Une autre question qui touche le bilan. Les sept
interventions pour raison d'État, comme on les appelle; il y avait la
grosse, pour Marine ou SIDBEC, je ne me le rappelle plus, et six autres, si ma
mémoire est bonne. Où en sommes-nous dans ces interventions?
Est-ce qu'elles sont encore au bilan? Cette année, je ne les vois pas;
avant...
M. Biron: II n'y a pas eu d'intervention depuis quinze mois
certainement ou quatorze mois. Les autres, c'était avant. Il faudrait
peut-être savoir exactement ce que c'était. Vous voulez parler de
Bellevue, Tricofil, Admiral.
M. Scowen: À la fin de mars 1980, il y avait des
engagements, des interventions pour des raisons d'État qui montaient
à 141 000 000 $. Le plus gros engagement était les 110 000 000 $
que vous avez prêtés... Est-ce à Marine ou SIDBEC?
M. Biron: C'est Marine et c'est effacé
complètement. La SDI n'a rien perdu. C'était pour les bateaux
grecs. Les bateaux ont été vendus avec un léger profit;
alors, cet engagement est complètement éliminé.
M. Scowen: II y avait ensuite à peu près 30 000 000
$ dans six autres engagements que vous avez pris pour des raisons
d'État, concernant Tricofil, Bellevue, et je ne me rappelle pas qui. Si
vous n'avez pas les réponses aujourd'hui, est-ce que je peux avoir une
liste des interventions pour raisons d'État qui étaient sur le
bilan du 31 mars 1980 - je parle des sept et - des dispositions que vous avez
prises avec chacune de ces sept compagnies, soit Marine et les six autres? (16
h 30)
M. Biron: Oui, il y a la Société populaire des
pâtes et papiers, à Cabano. D'accord, on va retrouver les sept, M.
le député de Notre-Dame-de-Grâce, et on vous fera parvenir
une liste de cela.
M. Scowen: J'aurai toujours l'impression que la provision pour
pertes dans cette société n'était pas assez
élevée. Je ne sais pas ce que vous avez l'intention de faire
cette année, mais je pense que ce n'est pas une question de faire
plaisir à vos banquiers. Vos banquiers sont la population et c'est
intéressant d'avoir une perspective la plus réaliste
possible.
M. Biron: C'est exact, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, mais je dois dire que les prêts de la SDI
s'appelaient, autrefois, les prêts de dernier recours. Alors, lorsque les
autres institutions financières ne voulaient pas y aller...
M. Scowen: Oui.
M. Biron: ... ou dans certaines régions où il n'y
en avait à peu près pas, la SDI a accordé des prêts
ou a fourni des garanties de prêts aux entreprises. Cela veut dire que
les risques de perdre sont beaucoup plus élevés qu'avec les
institutions financières régulières, mais ce sont des
décisions qui, d'après le ministère, la
société et le gouvernement, profitent au développement
économique du Québec en prenant de plus grands risques, c'est
exact. Nous devrions revoir ces chiffres-là, puis vous
énumérer, exactement, les différents cas qui sont sur la
liste possible de pertes. Mais c'est sûr que, tant et aussi longtemps que
la société va
accorder des prêts ou fournir des garanties de prêts
à des entreprises en espèce de dernier recours lorsque les autres
institutions financières ne veulent pas y aller, les chances de pertes
seront toujours plus considérables.
M. Scowen: Oui, la question...
M. Biron: J'aimerais ajouter là-dessus, si vous le
permettez, que, cette année, on a créé un comité de
vérification à la SDI pour bien s'assurer que tout ce qu'on
faisait était conforme aux règles de comptabilité
généralement bien reconnues. Ce comité de
vérification était présidé par quelqu'un de
l'extérieur qui est lui-même comptable. Je pense que, pour nous,
la société est un instrument utile qui peut nous aider à
revoir certaines choses et, au besoin, on va se fier beaucoup à ce
comité. Je peux vous dire qu'on l'a utilisé beaucoup, que les
discussions avec le Vérificateur général ont eu lieu en
présence des représentants de ce comité. Donc, on se fie
aux avis de ceux qui connaissent le boulot - les comptables en particulier -
pour ces questions-là.
M. Scowen: Les critiques qu'on posait n'étaient jamais en
fonction de vos politiques, mais plutôt en fonction du réalisme de
votre comptabilité.
M. Biron: On est aussi en train - je devrais peut-être
l'ajouter - de s'informatiser. La SDI a pris beaucoup d'ampleur. On commence
à avoir un portefeuille impressionnant. Il y a beaucoup d'aide et, en
plus de ce comité, il y a un certain nombre d'outils au plan de la
gestion, au plan interne, qui sont en train d'être mis en place. On
informatise complètement la gestion de la SDI, en particulier la gestion
comptable.
M. Scowen: J'ai d'autres questions qui seront peut-être
plus à leur place quand on commencera à étudier le projet
de loi article par article, parce qu'il y en a qui concernent le mandat. Je
n'ai jamais compris le rôle de la SDI, pas en fonction de son mandat,
mais en fonction des autres institutions concurrentielles; je parle maintenant
des institutions privées qui accordent des prêts et la BFD, si
vous voulez. En attendant le retour de mon collègue, peut-être
pouvez-vous, soit le ministre, soit le président, simplement essayer
d'exprimer comment vous voyez l'espace que doit occuper la
société, non pas par rapport aux objectifs sectoriels ou globaux
dans le sens de la transformation de la structure industrielle, mais dans le
cas des institutions financières qui existent. Premièrement, dans
le cas des prêts, il me semble toujours qu'il existe très peu de
clients ayant des possibilités intéressantes à qui une
institution financière privée n'est pas prête à
accorder de prêt. Quand j'ai travaillé dans ce domaine, j'ai
toujours trouvé que, même si le bilan n'était pas parfait,
si vous étiez capable de démontrer que vous avez des clients
intéressants, à long terme, il y avait toujours quelqu'un qui
était prêt à vous accorder un financement. La BFD, je me le
rappelle très bien, m'a refusé, par deux fois, un prêt que
je voulais obtenir, parce qu'ils disaient: Vous n'êtes pas dans une
situation assez faible pour qu'on puisse se permettre de faire concurrence avec
le secteur privé. Maintenant, je vois que vous avez tendance à
aller beaucoup plus dans le domaine de subventions directes ou indirectes qui
sont une tout autre affaire. Est-ce que la Société de
développement industriel est une banque? Si oui, quelle est sa
clientèle?
M. Biron: M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, lorsqu'on va arriver à l'étude article
par article, vous allez voir exactement la philosophie, parce que le nouvel
article sur le financement est très clair là-dessus. Il dit: "La
Société peut, conformément, aux programmes d'aide
financière, offrir un financement complémentaire à celui
des institutions financières aux entreprises des secteurs manufacturier,
touristique ou tertiaire moteur." Dans une partie de mon mémoire, je
disais: Les besoins de financement des entreprises devront continuer
d'être satisfaits en priorité par le secteur financier
privé. Cependant, les institutions financières sont toujours
hésitantes à financer le démarrage d'entreprises,
particulièrement celles qui n'offrent pas de garanties suffisantes.
D'autre part, dans certaines régions du Québec, la concurrence
entre intermédiaires financiers est faible. Il est important, du point
de vue économique, que les projets démontrant de bonnes
perspectives de rentabilité et une bonne gestion trouvent du financement
même s'ils ne satisfont pas à tous les critères de
crédit des institutions financières. Le financement de la SDI
visera essentiellement à combler ces lacunes et s'adressera donc aux
nouvelles entreprises ou à celles qui, de par leur nature, leur
croissance rapide, ne peuvent offrir les garanties habituelles.
Or, la Société de développement industriel ne veut
pas entrer en compétition avec quelque institution financière que
ce soit. C'est tout simplement complémentaire, pour le montant qui
manque, lorsqu'on juge que c'est une entreprise qui a des chances d'avenir,
mais qui manque de garanties financières nécessaires. Souvent, la
SDI va donner les garanties nécessaires aux banques ou aux autres
institutions financières. Dans notre plan d'urgence, je voyais ce matin,
sur mon bureau une entreprise qui a passé par la Banque
fédérale de développement. Elle a eu
son prêt par la Banque fédérale de
dévelopement. On a une entente avec la BFD. On dit: On ne donne pas de
garantie à la banque fédérale comme on donne une garantie
à la Banque Nationale, mais on prend charge de la différence
d'intérêt. C'est entendu comme cela. C'est le seul bout de chemin
qu'ils font. Dans tous les cas, la SDI ne fera jamais concurrence aux
institutions privées, sauf pour une complémentarité ou une
garantie additionnelle lorsque les institutions privées en ont besoin.
Ce n'est pas une banque; c'est une société de
développement.
M. Scowen: J'ai d'autres questions de ce genre que je vais vous
poser quand on arrivera aux articles concernés, mais votre
dernière déclaration a donné l'occasion à mon
collègue de soulever le cas.
M. Fortier: Est-ce que la SDI est responsable...
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Châteauguay, vous aviez demandé la parole avant qu'on amorce
l'étude article par article. Je sens que nous sommes sur le point de le
faire.
M. Dussault: Oui. Je pense que ce n'est pas une question à
laquelle on répondrait à l'occasion de l'étude des
articles du projet de loi. Les premières questions qui ont
été posées portaient sur le souci d'efficacité de
la SDI. Il y a peu de temps, nous sommes allés à Ottawa. Nous
étions un certain nombre de députés, dont le
député d'Outremont et mon collègue de Shefford; nous avons
eu l'occasion de rencontrer plusieurs organismes qui nous ont fait voir les
politiques fédérales sur le plan économique et nous avons,
entre autres, rencontré les gens de la BFD, avec M. Lavigueur, et je me
rappelle lui avoir posé une question quant à la relation qui
s'établissait entre la SDI et la Banque fédérale de
développement. Cela m'intéressait de savoir quel est le type de
relation, de collaboration qui s'établissait. M. Lavigueur avait
répondu affirmativement à une question que je lui avais
posée, à savoir: Est-ce qu'il y a des automatismes qui se
créent de la part de la BFD à l'égard de la SDI?
J'aimerais savoir si votre perception est la même et quelle est, ensuite,
le type de collaboration qui s'établit de la SDI à l'égard
de la BFD.
M. Bîron: Je dirais que, aussi bien à l'égard
de la BFD que du MEIR, l'ancien MEER, les relations sont fréquentes,
presque quotidiennes, d'autant plus qu'on travaille soit dans le même
édifice ou tout près les uns des autres. Donc, très
souvent, sur un même dossier, on peut avoir une intervention de la BFD,
qui peut faire un prêt, du MEIR, qui peut accorder une subvention et,
également, de la SDI, qui peut aussi accorder une subvention. Donc, il
est très fréquent que, sur un même dossier, il y ait trois
ou quatre intervenants et, donc, ça donne lieu à de nombreux
échanges et consultations entre les organismes impliqués.
M. Dussault: J'aimerais savoir si le travail de collaboration se
fait seulement quand une compagnie intéressée à recevoir
une subvention a fait une démarche et du côté de la BFD et
du côté de la SDI ou si, parce qu'il y a eu une démarche
auprès de l'une ou de l'autre, l'une et l'autre se mettent en
communication.
M. Biron: Si on entend parler d'un projet d'investissement qui
pourrait avoir le Québec comme point de chute, il arrive assez
fréquemment qu'on se parle, qu'on se consulte. Il n'y a pas de
mécanisme formel, automatique d'établi. Il n'y a pas d'entente,
il n'y a pas de comité conjoint tel quel, mais, dans certains cas, on
s'appelle. Il m'est arrivé de communiquer avec le sous-ministre
Montreuil et vice versa à propos d'un cas précis pour que, de
part et d'autre, on fasse tous les efforts voulus pour avoir un investissement
au Québec. La même chose se passe avec la BFD. J'ai
rencontré M. Lagacé, en particulier, qui est le
vice-président responsable du Québec, à deux ou trois
reprises sur des cas d'entreprises en difficulté pour voir si on pouvait
ensemble les aider à survivre.
M. Fortier: Excusez-moi, mais la question est très
pertinente. Ce que vous répondez au fond, c'est dans quelques cas. Je
pensais que la question allait plus loin que ça. C'était pour
dire que, lorsque les gens font une demande, ils ont, bien sûr, des
problèmes financiers. S'ils sont un peu aguerris, ils font faire une
demande partout, à la BFD, à la SDI, même à la
banque et tout ça. Je pense bien que le sens de la question
était: Quels sont les moyens qui peuvent faire que les - j'étais
pour dire les fonctionnaires - banquiers à l'intérieur de votre
organisme ou les agents de distribution de l'aide collaborent au jour le jour?
C'est un peu le sens de la question, de la même façon que dans le
secteur privé on va prendre le téléphone pour appeler le
banquier de la compagnie X qui veut faire affaires avec nous pour nous dire:
Quel est son crédit, est-ce qu'elle a un bon crédit, est-ce que
ce sont des gens classifiés? Alors, cela se fait d'une façon
quotidienne. La réponse que vous avez donnée, c'est que, quand
ça va mal, il y a deux ou trois cas par année sur lesquels on se
consulte. Je pensais que le sens de la question était: Dans quelle
mesure y a-t-il une collaboration constante pour
échanger de l'information?
M. Biron: Non, il n'y a pas d'entente, il n'y a pas de
mécanisme formel, de comité conjoint, mais il y a collaboration
constante. La BFD a, en l'occurrence, des dossiers que moi-même j'ai
discutés avec M. Lagacé et c'étaient des dossiers
d'entreprises en difficulté. Mais, à d'autres niveaux, quand
ça concerne le MEIR, ce ne sont pas des entreprises en
difficulté; là, c'est quotidien. Les analystes ont leurs
interlocuteurs. La semaine dernière, par exemple, un investisseur
étranger dans le domaine de la haute technologie est venu nous voir et
on lui a suggéré de s'installer dans une zone
désignée par l'OCRI de façon à
bénéficier d'un financement additionnel qui pourrait
intéresser l'entreprise et la décider à s'implanter au
Québec plutôt qu'en Ontario. Donc, au niveau des individus, il y a
des relations quotidiennes selon les dossiers.
M. Fortier: II doit y en avoir.
M. Biron: La complémentarité dont le ministre
faisait état s'applique non seulement au financement, mais aux
subventions. On va sûrement revenir là-dessus. Notre programmation
a été conçue de façon à ne pas faire double
emploi avec ce qui existe déjà. Je pense qu'on est conscient
qu'il y a un problème de surplus de programmes. Les industriels sont
déjà un peu perdus dans la paperasse, la masse de programmes et
nous faisons tout, de notre côté pour leur faciliter la
tâche. Si ça veut dire de leur suggérer d'aller rencontrer
tel analyste au MEIR, on le fait. On donne le nom et on prend nous-mêmes
le rendez-vous et ils font inversement la même chose.
M. Fortier: Parce qu'ici j'ai des statistiques...
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Châteauguay.
M. Dussault: Je voulais m'expliquer davantage sur la
préoccupation que j'avais. Ma préoccupation, fondamentalement,
vient de ce que beaucoup d'hommes et de femmes d'affaires nous disent qu'ils
doivent courir à différentes sources d'aide et que c'était
détestable de devoir s'éparpiller comme ça. On a
pensé à la maison régionale de l'industrie à
guichet unique, mais c'est la notion de guichet unique qui est au plus profond
de ma préoccupation. On s'en va vers ce type de chose, si j'ai bien
compris. J'en avais perception quand M. Lavigueur m'a parlé d'un
automatisme. J'ai pris sa réponse comme tout à fait
véritable, mais j'avais la perception que dans le milieu, auprès
des hommes d'affaires, ce n'était pas si rose que cela. La
réponse était plus intéressante que la
réalité que je constatais régulièrement avec les
hommes d'affaires. (16 h 45)
J'ai donc la conviction encore plus grande, à la suite de vos
propos, que le guichet unique est essentiel à cause de la relation qui
doit exister entre la SDI et les autres intervenants pour ce qui est des
services québécois, mais il faudra un jour s'arrimer. Il faudra
donc qu'eux s'arriment sur le service que l'on mettra en place pour faire en
sorte que l'homme d'affaires n'ait pas à courir après ce service,
qu'il puisse avoir dans un lieu unique, à un guichet unique, ce dont il
a besoin comme aide financière. Cela fait partie de cette
préoccupation. C'était plus large encore que celle que le
député d'Outremont me donnait.
Le Président (M. Rochefort): M. le député
d'Outremont.
M. Fortier: J'ai juste un dernier cas et, ensuite, on pourra
passer à l'analyse article par article. À titre
d'intérêt, j'ai appelé la banque pour obtenir le volume de
prêts au Québec; c'est assez intéressant, le domaine des
prêts. En 1980-1981, c'était 113 000 000 $, ce qui
représentait 23,4% de tous les prêts faits par la Banque
fédérale de développement. En 1981-1982, c'était
163 000 000 $, ce qui représentait 35,6%. Pour la capitalisation,
j'imagine qu'il doit y avoir un programme d'achat d'actions, de capitalisation
comme telle. En 1980-1981, c'était 43 000 000 $ au Québec, ce qui
représentait 31,6% de cette forme d'aide et, en 1981-1982, 47 000 000 $,
ce qui représentait 30,1%. On s'aperçoit qu'en ce qui concerne
les prêts, en particulier en 1981-1982, cela a augmenté
considérablement et je crois que cette aide est venue, en particulier,
à cause de la difficulté qu'ont connue les Caisses d'entraide
économique. Mais il y a un cas que je voudrais relever, que m'a
rapporté un de mes électeurs. Est-ce que la SDI est responsable
du programme OSE?
M. Biron: Cela dépend de quel volet il s'agit. Est-ce que
c'est PECEC?
M. Fortier: Non, c'était au sujet d'Uniformes Le Grand, la
relance Scott-Lasalle. C'est dans le domaine des manufactures d'uniformes.
M. Biron: Est-ce que c'est Textile-vêtement? Cela doit
être Textile-vêtement.
M. Fortier: Je pense que cela vaut la peine de donner les grandes
lignes. À un moment donné, Scott-Lasalle, je crois, a fait
faillite. Les gens qui m'ont contacté ont cru bon, de leur propre
initiative, de se lancer là-dedans. Ils ont demandé de l'aide
aux
différents gouvernements, fédéral et provincial, et
l'un et l'autre ont refusé. Ils se sont équipés, ils ont
investi de l'argent là-dedans. Par la suite, ils ont engagé 25
personnes parmi celles qui travaillaient auparavant à la compagnie
Scott-Lasalle qui, à ce moment-là, en engageait 450. Par la
suite, les gens qui travaillaient à Scott-Lasalle ont obtenu de l'argent
du programme OSE. Ils ont fait faire une analyse par des consultants et,
finalement, ont obtenu de l'aide. Ils ont obtenu 275 000 $ du programme OSE,
une subvention du fédéral, par l'entremise de PAEC, de 250 000 $
et ils ont obtenu un financement de 500 000 $ de la Banque
fédérale de développement. En plus, une aide leur est
venue des individus qui se sont joints à cela.
Là où les choses se gâtent, c'est que justement,
à cause de cette forme d'aide et à cause du fait que le
marché est extrêmement restreint, cette nouvelle
société, qui était la continuation, après un
certain laps de temps, de l'ancienne qui avait fait faillite - c'étaient
des individus qui voulaient repartir cela - a mis en difficulté
financière la société qui, elle, était partie de
son propre chef sans aucune forme d'aide, à un point tel qu'elle s'est
fait voler son personnel. On lui a offert de racheter son équipement en
la menaçant que, si on ne l'achetait pas, de toute façon, elle
tomberait en faillite. C'est gens-là ont écrit, je ne sais pour
quelle raison, au ministre Pierre Marois. Est-ce que le ministère du
Travail est responsable d'une certaine façon de ce genre d'aide?
M. Biron: M. le député, c'est ce que l'on appelle
le PECEC, programme expérimental de création d'emplois
communautaires. Avec le ministère du Travail, qui était
responsable, par l'intermédiaire de l'OPDQ, de ce programme, on est en
train d'arrimer une forme d'analyse de chacun des cas. Il est malheureusement
arrivé quelques cas comme ceux que vous citez.
M. Fortier: C'est un cas flagrant où des individus ont
investi leur propre argent pour essayer de faire quelque chose en pensant qu'il
y avait un marché parce qu'une autre société avait fait
faillite; ils n'ont obtenu aucune forme d'aide et, par la suite, en
parallèle, le PECEC est allé donner une aide considérable
- d'ailleurs aidé par le fédéral et par la Banque
fédérale de développement en plus de ça - pour
mettre en faillite les gens qui avaient fondé une compagnie de leur
propre initiative, sans aucune forme d'aide. Là, c'est
complètement farfelu, on ne vit certainement pas dans le même
monde!
M. Biron: C'est ce que je vous dis, M. le député.
On est en train d'arrimer, justement avec les gens du PECEC, une analyse
sectorielle de chacun des cas. D'autant plus que nous, à la SDI ou au
MICT, lorsqu'on donne une subvention à l'entreprise, on s'assure qu'il y
a un marché potentiel au Québec. Parce que, autrement,
subventionner une entreprise pour transférer des emplois de LaSalle
à Outremont ou vice versa, ce n'est pas bien agréable. Ce qu'on
veut faire, c'est au moins s'assurer qu'il y a un marché potentiel. Une
fois qu'on est moralement sûr qu'il y a un marché, on aide
l'entreprise, alors que la vision du PECEC est plutôt du cas par cas.
Donc, si une entreprise mérite d'être aidée, on le fait
sans se soucier si, à côté, l'autre va tomber. C'est
pourquoi on est en train d'arrimer, avec M. Marois et les gens de l'OPDQ et du
PECEC, un système par lequel le MICT va pouvoir donner un avis sectoriel
en disant si, oui ou non, c'est bon pour l'économie du Québec en
général.
M. Fortier: Mais quel était le but du PECEC?
C'était de créer des emplois genre aide sociale ou...
M. Biron: C'étaient, au début, des emplois
communautaires et expérimentaux lorsqu'un groupe de travailleurs
voulaient se réunir pour sauver leur entreprise, mais cela a pris un peu
d'expansion et on est rendus dans des cas un peu compliqués.
J'apprécierais que vous me donniez copie de la lettre. Je vais
vérifier le cas au complet et je vous donnerai un rapport
là-dessus...
M. Fortier: Je vais vous la faire connaître.
M. Biron: De même, je m'engage à vous informer de ce
que nous ferons au cours des prochains mois, parce que c'est important. Il y a
quelques cas, particulièrement dans les domaines du textile et du
vêtement, où c'est arrivé comme ça et je pense que
ce n'est pas bon pour le Québec de faire fermer des entreprises avec
notre argent.
M. Fortier: Je ne pensais pas que c'était PECEC, parce que
je voyais PECEC comme aidant, par exemple, deux personnes qui vont vendre des
suçons durant l'été. Mais là, quand on est rendu
avec une subvention de 275 000 $, plus une subvention du fédéral
pour assumer les pertes de fonctionnement des deux premières
années jusqu'à concurrence de 250 000 $, on est rendu dans la
grande ligue. Et, si on a un tel programme, c'est que vous défaites de
la main droite ce que le ministère de l'Industrie et du Commerce essaie
de faire de la main gauche. C'est-à-dire que ce n'est plus une
aide légère apportée, c'est une aide
réellement substantielle.
Alors je vais vous écrire à ce sujet, M. le ministre.
J'avais l'intention de le faire, mais je ne savais pas exactement de quel
ministère c'était la responsabilité. Vous avez bien
identifié le problème et il faudrait, à mon avis, non
seulement que vous fassiez une analyse sectorielle pour voir s'il y a un
marché qui existe, mais j'oserais recommander - je pense que je vais le
faire dans ma lettre - qu'on réévalue le PECEC, parce que si le
PECEC s'intègre dans un processus de création d'emplois sur une
très grande échelle, sur une base permanente, il peut mettre en
danger l'entreprise privée où des gens investissent. Alors, il
faudrait qu'il y ait une révision du PECEC sur une très grande
échelle.
M. Biron: Sur ce côté-là, cela a
été un programme expérimental en place il y a quelques
années et qui était excellent au début, surtout pour
quelques emplois comme ceux-là. Mais aussitôt qu'on commence
à grandir et à prendre une place qui revient à
l'industrie, c'est la raison pour laquelle on commence à s'arrimer,
parce qu'on est peut-être passé tout droit dans certains cas.
Merci de votre collaboration là-dessus et je vous avise du
développement.
Le Président (M. Rochefort): Merci. Les commentaires
d'introduction étant terminés, j'appelle l'article 1.
Étude article par article
M. Biron: L'article 1, c'est le changement du titre de la loi. La
loi s'appelait Loi sur l'aide au développement industriel et nous
voulons changer le titre pour que ce soit maintenant Loi sur la
Société de développement industriel. La SDI deviendra donc
un véritable guichet unique et l'instrument privilégié du
gouvernement en aide financière aux entreprises.
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que l'article est
adopté?
M. Fortier: Article 1 adopté.
Le Président (M. Rochefort): L'article 1 est
adopté. J'appelle l'article 2. Si vous le voulez, nous allons y aller
par paragraphe. Paragraphe 2?
Objectifs
M. Fortier: J'ai des commentaires, M. le Président, je
crois que le changement est fondamental. Auparavant, dans la loi existante, on
définissait ni plus ni moins chacun des programmes dans les objectifs.
Ici, ce qu'on dit c'est: "La société a pour fonction
d'administrer des programmes d'aide financière, conformément aux
objectifs économiques définis par le gouvernement." C'est vague
à souhait et je ne sais pas si c'est ici ou plus loin qu'on voit que le
gouvernement, par décret, peut créer n'importe quel nouveau
programme. Jusqu'à ce jour, depuis la fondation de la SDI depuis 1971 -
j'ai eu l'occasion de le dire lors de l'étude du projet de loi en
deuxième lecture - il y a eu quelques révisions à la loi.
Chaque fois, cela a permis aux parlementaires de l'Opposition en particulier de
faire une révision, une revue des objectifs, une évaluation de la
SDI. D'ores et déjà, même si je comprends que ce sera plus
flexible et plus facile à administrer pour le gouvernement, cela
enlève aux parlementaires toute possibilité, j'allais dire de
contrôle, mais au moins de réévaluation des programmes
existants ou des programmes qui pourraient être créés. On
sait que, lorsque le gouvernement procède par décret, cela se
fait sans aucun débat à l'Assemblée nationale et sans
nécessairement que les parlementaires en soient informés.
J'aimerais que le ministre nous donne les motifs véritables de
cette modification puisque, de toute façon, dans l'ancienne loi, il y
avait toujours un article qui disait que le gouvernement avait le droit, en
plus des objectifs qui étaient déjà énoncés
de façon explicite, de demander à la SDI de faire certaines
choses même si ce n'était pas prévu de façon
explicite. Je crois que l'aide touristique était un exemple de ce qui a
été fait dans le passé.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Biron: Le crédit touristique, on a réussi
à le faire par une autre loi. Il est arrivé des programmes
spécifiques, qui ont été conçus rapidement, qui
n'étaient pas dans la loi de la SDI, comme Innovation-meuble,
Innovation-chaussure, Textile-vêtement, qui ont dû être
administrés par le ministère directement, alors qu'à notre
point de vue les vrais spécialistes de l'analyse financière des
entreprises se trouvent à la Société de
développement industriel.
Il est arrivé aussi certains programmes pour lesquels on
était coulé dans le ciment dans la loi, c'est-à-dire qu'il
fallait simplement couper les budgets si on voulait arrêter ces
programmes. On ne pouvait pas y faire de changements sans revenir avec une
autre loi. C'est dans ce sens-là que les objectifs de la loi sont vagues
à souhait, pour permettre beaucoup plus de flexibilité au
gouvernement et lui permettre d'innover dans de nouveaux programmes avec un
budget défini, mais aussi un programme bien défini. Les
programmes que nous présentons, nous nous attendons d'y mettre une
guillotine, c'est-à-dire qu'ils seront d'une durée de 24
ou 36 mois afin de nous obliger à revoir ces programmes au bout de tant
de mois, pour voir si on ne les a pas oubliés sur les tablettes ou s'ils
s'appliquent encore.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Je dois dire que je n'aime pas tellement l'article 2.
Peut-être que le ministre peut me persuader du contraire, mais je
voudrais simplement lui souligner deux ou trois objections.
Premièrement, c'est une drôle d'affaire de voir qu'une
organisation, qui a été formée pour faire un virage
technologique, se retrouve avec un changement de mandat. Vous lui enlevez cet
aspect de son mandat d'une façon spécifique, au moment où
votre collègue, le ministre d'État au Développement
économique, découvre, pour la première fois, semble-t-il,
le même objectif. Cette idée de l'utilisation d'une technologie
moderne était au coeur de la charte originale de la SDI qui a
été fondée en 1971. C'était là le virage
technologique, en partie. Le slogan "Bâtir le Québec phase 2" est
emprunté aux discours qui ont entouré la deuxième lecture
de la loi de la SDI à l'époque. J'aurais pensé, même
si vous désirez ajouter quelques autres éléments, que cet
élément serait retenu comme un élément très
important.
Deuxièmement, il est clair que "la société a pour
fonction d'administrer des programmes d'aide financière", mais vous
ajoutez que ces programmes d'aide financière doivent avoir comme
objectif des choses aussi générales que "la participation accrue
de la population à l'activité économique" et aussi
spécialisées que "l'amélioration de la qualité de
la gestion des entreprises" qui est, finalement, quelque chose qui n'est pas
principalement une question de finance, mais de personnel, et, enfin, de
"meilleures relations entre les activités des entreprises". Là,
ce n'est pas clair, si vous parlez des activités à
l'intérieur de l'entreprise ou entre les entreprises. Finalement, vous
parlez de "la création de nouveaux emplois". (17 heures)
Je peux poser des questions sur chacun de ces éléments
parce que j'imagine que vous y avez réfléchi. En
général, il me semble que si vous avez, dans votre objectif,
quelque chose que vous avez défini, vous n'avez pas le droit de ne pas
le faire. Ce ne sont pas des choses que vous pouvez faire, ce sont des choses
que vous devez faire. Je me demande quels sont les programmes qu'on va avoir
d'ici quelques semaines, quelques mois, sur le plan de l'aide
financière, pour l'amélioration de la qualité de la
gestion des entreprises. Je ne peux pas présumer que vous avez
l'intention de vous lancer vous-même comme conseiller en gestion, mais
vous allez peut-être justifier un prêt à quelqu'un qui veut
donner un contrat à quelques conseillers en gestion avec cet objectif.
Je peux comprendre ça. Ce serait un programme qui va venir
bientôt, qui va permettre à la SDI de subventionner une compagnie
qui veut engager à temps partiel, pour une période
limitée, des conseillers en gestion. Si je comprends bien cet aspect,
cette partie de votre objectif, c'est possible de le concevoir, du moins.
Mais "la participation accrue de la population à
l'activité économique", normalement, c'est tout un mot dans le
vocabulaire de l'industrie du XXe siècle. Est-ce que cela veut dire la
participation en actions? Est-ce qu'on va donner de l'argent à la
population, un programme d'aide financière à la population en
général pour qu'elle puisse acheter des actions? Est-ce que cela
veut dire que vous allez, par contre, prendre une autre définition de
participation et donner des subventions aux compagnies qui veulent
développer des programmes internes et encourager la participation entre
les travailleurs et les patrons? Le mot peut dire n'importe quoi. Je le
répète: Je pense que vous avez l'obligation de nous proposer des
programmes spécifiques à court terme pour réaliser chacun
de ces objectifs que vous avez mis dans le document.
Je vous ai posé des questions sur les deux premiers, je vais
brièvement passer aux deux autres. "De meilleures relations entre les
activités des entreprises", cela pourrait être de la participation
aussi, si l'amélioration à laquelle vous pensez, c'est celle
à l'intérieur. Ou peut-être avez-vous l'intention de
subventionner, donner de l'aide financière aux compagnies qui veulent
devenir membres d'une association sectorielle. C'est une autre façon de
définir les "meilleures relations entre les activités des
entreprises"? Les gens qui veulent aller à un colloque international
à Paris, ce sera subventionné. C'est une autre façon de
concevoir cet objectif, mais ce n'est pas clair. Je le répète,
j'attends un programme pour réaliser l'objectif.
Finalement, pour moi, "la création de nouveaux emplois" n'est
pas, ne doit pas, en soi, devenir un objectif comme tel de la
Société de développement économique parce que
c'est, dans un sens, à l'encontre, à court terme, de l'objectif
de base qui était la technologie moderne qui est souvent, comme vous
l'avez dit tantôt, complètement opposée à l'objectif
de création d'emplois à court terme. Finalement, la
création de nouveaux emplois, c'est l'objectif de toute activité
économique gouvernementale, quant à moi; c'est effectivement le
seul objectif que je retiens de tout ce qu'on fait ici.
Je vous ai posé des questions sur l'objectif qui s'appelle "la
participation accrue de la population", sur "l'amélioration
de la qualité de la gestion", sur "de meilleures relations entre
les activités des entreprises" et je vous ai donné une opinion
très formelle sur le quatrième, le dernier, si vous voulez, qui
est "la création de nouveaux emplois". J'aimerais que vous expliquiez un
peu ce que vous voulez dire par les trois premiers et, finalement, que vous me
donniez quelques bonnes raisons afin qu'on ne propose pas de biffer
complètement le dernier élément.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Biron: D'abord, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, dans notre programmation, vous verrez que notre plus
important programme à l'investissement, c'est encore le programme d'aide
à l'investissement pour les entreprises à technologie moderne et
innovatrice. C'est le premier et le plus important de nos programmes d'aide
à l'investissement qu'on retrouvera un peu loin, grâce à
l'article 5 qui nous permet d'administrer des programmes d'aide
financière établis par règlement. C'est d'ailleurs ce
qu'on a déposé à votre collègue, le
député d'Outremont.
S'il y a beaucoup de conditions ici, c'est que cela fera partie des
conditions exigées, dont on discutait tout à l'heure, par la
Société de développement industriel pour le premier, le
deuxième, le troisième et le quatrième versements.
Amélioration de la gestion: c'est possible qu'avant le troisième
versement on exige d'une entreprise, mettons, de type familial, d'avoir au sein
de son conseil d'administration un industriel choisi par le chef d'entreprise
de la région. Or, si on constate qu'il n'y a pas de comité de
gestion qui siège avec assiduité ou au moins
régulièrement, il est possible qu'on exige des réunions de
comité de gestion, sans nécessairement que la SDI dise: Nous,
nous allons vous dire comment gérer. Au contraire, ce sera une des
conditions.
D'ailleurs, la plupart de ces conditions se trouvaient dans l'ancienne
loi qui date de 1971, pas à l'article 2, mais à l'article 18
qu'on a fusionné un peu avec l'article 2 et qui disait: "... la
transformation de la structure industrielle du Québec, en favorisant une
meilleure interrelation des activités des entreprises - on retrouve
ça dans l'ancienne loi - une participation accrue des
Québécois à l'activité économique et la
création d'emplois par l'octroi de l'aide financière
prévue à la présente loi". Cela aussi se retrouve dans
l'ancienne loi.
Alors, il se peut fort bien que nous donnions une aide financière
ou une subvention à une entreprise en disant: Parfait, cette
année, l'an prochain ou dans deux ans, vous ne créerez pas de
nouveaux emplois, mais, avant de vous donner le troisième ou le
quatrième versement, vous devrez avoir créé 25, 50 ou tant
de nouveaux emplois. En fait, ce qui existe ici, c'est un peu ce qui
était dans l'ancienne loi et cela fait en sorte que la SDI peut mettre
des conditions à l'octroi d'une subvention ou d'une aide
financière à une entreprise.
M. Scowen: Alors, effectivement, ce que je cherche dans l'article
2, ce sont les objectifs principaux, parce qu'essayer de rédiger un
texte qui définisse les objectifs, c'est choisir de biffer et de laisser
de côté les objectifs secondaires. Si c'est le cas, ces
critères, qui étaient les effets secondaires intéressants
du programme de la SDI, si vous voulez, sont devenus les activités et
les objectifs principaux. Vous avez dit: On va toujours continuer de
s'intéresser à la technologie moderne, parce que c'est dans un
programme, mais on enlève des objectifs qui sont écrits dans la
charte. Pour moi, c'est un choix que vous avez fait. Vous avez mis de
côté la technologie moderne et vous avez ajouté "la
participation accrue de la population à l'activité
économique".
Alors, si, moi, je suis une personne de l'extérieur et que je
regarde les objectifs qu'on avait avant et ceux qu'on a maintenant, je dis:
C'est une société qui se transforme en société qui
veut harmoniser les agents sociaux et économiques de la
société; ce n'est plus une société qui a pour
objectif, d'abord, la technologie moderne. C'est une question de choix, M. le
ministre, et je pense que - je parle en mon nom personnel - si j'étais
président de la SDI, je ne serais pas très content de ces
objectifs. Parce que ce sont vos priorités, nous avons le droit,
à la fin de chaque année, de vous demander: Qu'est-ce que vous
avez fait pour satisfaire à ces priorités? Ce sont de grosses
affaires, là: "améliorer la qualité de la gestion des
entreprises". Tout ce que vous allez faire, c'est encourager les petites
sociétés à ajouter une personne de l'extérieur au
conseil d'administration. C'est votre geste à l'égard d'une
meilleure gestion des entreprises, à l'égard de la participation
accrue de la population. Pour moi, la façon dont vous les avez
décrits m'indique que ce ne sont pas les objectifs principaux, mais les
petites choses additionnelles, comme acheter au Québec ou je ne sais
quoi, que vous allez ajouter comme objectifs secondaires. Ce n'est pas clair;
c'est moins clair qu'avant, quant à moi.
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Biron: M. le député, on a voulu rendre la loi un
peu plus claire qu'elle ne l'était. D'ailleurs, à l'article 6,
vous allez retrouver à peu près le mot à mot de l'ancien
article 2 que vous voulez: "La
société peut, conformément au règlement,
accorder une aide financière à une entreprise pour: a) favoriser
des investissements au Québec en vue de l'expansion et de la
modernisation de cette entreprise;
M. Scowen: À l'article 6?
M. Biron: À l'article 6: "b) favoriser des
activités de recherche et d'innovation." Je crois que vous avez à
peu près tout, mais on a voulu le faire par secteur, parce que, à
cause de notre programmation, ce sera beaucoup plus flexible. Mais ce que vous
recherchez, vous allez le retrouver un peu plus loin.
M. Scowen: Quant à moi, ce que je recherche à
l'article 2, ce sont les objectifs fondamentaux de la société. Si
vous me dites qu'ils sont là - on va voter pour ou contre, je vais
consulter mes collègues - mais je vous dis honnêtement que, si ce
sont les objectifs principaux de la société, ce n'est pas une
banque d'affaires, ce n'est pas une société pour stimuler la
transformation de l'industrie du Québec; c'est plutôt une
société qui se dirige vers un mandat, socio-économique.
Pour moi, une mission socio-économique, si je parle de cela à un
professeur de l'Université de Paris et lui demande: Quelle est cette
société? Il va demander: Qu'est-ce qu'ils font ces gens? C'est
cela qu'il va dire.
M. Biron: Je pense, M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce, que vous devez regarder la loi dans son ensemble et
non pas un point. C'est sûr qu'on l'étudie article par article,
mais si vous regardez la loi dans son ensemble, vous allez trouver ce que vous
cherchez dans la loi.
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que le paragraphe 2
est adopté?
M. Fortier: Sur division.
Le Président (M. Rochefort): Sur division. Paragraphe
3?
Financement
M. Fortier: Financement. "La Société peut,
conformément au programme d'aide financière, offrir un
financement complémentaire à celui des institutions
financières aux entreprises." Qu'est-ce que les institutions
financières comprennent?
M. Biron: Lorsque vous vous êtes absenté quelques
minutes tout à l'heure, j'ai répondu à votre
collègue de Notre-Dame-de-Grâce que ce qu'on vise, c'est que les
besoins de financement des entreprises devront continuer d'être
satisfaits en priorité par le secteur financier privé. Cela veut
dire que, lorsque des institutions financières, soit toutes les
institutions financières incluant la Banque fédérale de
développement, ne peuvent y aller, lorsque le gouvernement ou la
société de développement juge que c'est important pour le
développement d'une région ou d'un secteur de l'activité
économique du Québec, nous pouvons soit donner des garanties de
prêt ou être complémentaire de l'institution
privée.
M. Fortier: Moi, je suis bien heureux qu'on ait écrit "un
financement complémentaire à celui des institutions
financières", ce qui semble laisser croire que c'est surtout les
institutions privées. Ce qui n'est pas clair - ce que vous m'avez dit et
que j'aimerais voir inscrit ici - c'est que vos activités, quand viendra
le temps de l'exportation, vont être également
complémentaires à la SEE.
M. Biron: Ah oui! Même...
M. Fortier: Ce n'est pas dit ici.
M. Biron: ... qu'à l'heure actuelle, c'est
complémentaire.
M. Fortier: Je sais...
M. Biron: C'est complémentaire à la SEE...
M. Fortier: ... mais ce n'est pas écrit là.
M. Biron: ... à l'heure actuelle. Je ne sais pas si vous y
étiez, mais je parle du plan d'urgence. On travaille avec la BFD, on a
déjà une demande de la BFD. À eux, on n'a pas besoin de
donner des garanties parce que c'est un organisme gouvernemental comme le
nôtre, mais nous prenons charge du montant d'intérêt, la
différence et la garantie de prêt sont assumées en
totalité par la BFD. Donc, là-dessus, on est vraiment
complémentaire. Ce sera la même chose vis-à-vis de la SEE
aussi. D'ailleurs, tous nos programmes à l'exportation sont
conçus pour être complémentaires avec la SEE; autrement,
nous ne voulons pas, non plus, doubler les subventions aux entreprises. Cela
n'a pas de bon sens. L'entreprise n'a pas besoin d'autant.
Le Président (M. Rochefort): Le paragraphe 3 est
adopté.
M. Biron: On considère la SEE comme une institution
financière.
M. Scowen: Oui, je veux simplement soulever le fait que,
dès sa fondation, la
Société de développement industriel oeuvrait
surtout dans les prêts. Cette définition de la
complémentarité était claire. Maintenant, vous êtes
surtout dans les subventions. Cette idée de la
complémentarité est beaucoup moins claire parce qu'à ma
connaissance il y a très peu d'institutions du secteur privé qui
sont dans les subventions. C'est un monopole gouvernemental, effectivement, les
subventions, soit fédérales, soit provinciales. (17 h 15)
M. Biron: M. le député, le développement, ce
sont les subventions; le financement, c'est tout simplement un prêt, une
garantie de prêt ou des actions...
M. Scowen: Ah! oui?
M. Biron: ... parce qu'on a un autre...
M. Scowen: Une autre partie.
M. Biron: ... article plus loin pour le développement.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Paragraphe 3, adopté.
Paragraphe 4?
M. Scowen: La prise en charge n'existe plus.
M. Fortier: On est rendu dans les subventions. C'est dans l'autre
section, les subventions.
M. Scowen: II faut regarder le projet de loi globalement, dans
son ensemble.
M. Biron: Lorsqu'on donne une subvention, c'est un tranfert
d'argent aux entreprises, ça doit être autorisé par le
gouvernement. Mais la société, sans autorisation du gouvernement,
peut faire un prêt à une entreprise lorsqu'elle juge que ce n'est
pas un prêt risqué. Si c'est un prêt trop risqué,
ça devient ni plus ni moins une subvention camouflée; donc,
ça doit être autorisé par le gouvernement pour être
calculé comme une subvention éventuellement si on perd la somme
d'argent.
Le Président (M. Rochefort): Le paragraphe 4 est-il
adopté?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Adopté. Paragraphe
5?
Aide au développement
M. Fortier: Le tertiaire moteur n'est pas défini dans la
loi, parce que je me suis aperçu en lisant la réglementation,
malgré les grandes déclarations qui avaient été
faites dans le Virage technologique et dans les discours, que vous l'avez
limité passablement: même les grands bureaux de
génie-conseil ne se retrouvent pas là.
M. Biron: C'est-à-dire que tout ce qui regarde
l'exportation est couvert complètement; les bureaux de
génie-conseil à l'exportation, tout cela est couvert. Quant aux
subventions pour les investissements au Québec, on ne subventionne pas
dans un premier temps la construction, mettons, d'un édifice pour un
bureau de génie-conseil.
M. Fortier: Oui, mais l'aide financière, si je regarde ici
un programme - je ne sais pas si c'est le dernier - dans la
réglementation, aide financière, programme d'aide à
l'investissement, oui, c'est cela.
M. Biron: Tertiaire moteur?
M. Fortier: Oui, dans votre réglementation ici - je pense
que c'est le dernier -...
M. Biron: D'accord.
M. Fortier: Vous dites: Programme d'aide à
l'investissement pour le tertiaire moteur: La société peut
accorder une aide financière à une entreprise du secteur
tertiaire moteur pour favoriser le développement d'activités de
services qui suscitent des effets d'entraînement économique.
Alors, cela n'est pas juste pour l'exportation, c'est pour n'importe quoi.
Maintenant, vous définissez le secteur tertiaire moteur: comprend les
entreprises de services, d'informatique et de logiciel. Là, vous l'avez.
Vous excluez...
M. Biron: Dans un premier temps, on s'est dit: On va essayer de
toucher l'informatique, le logiciel et les laboratoires de recherche. On a
préparé ce programme-là avec un budget normé et on
se propose de regarder un peu les demandes parce qu'on est quand même
limité par les budgets. Tout ce qu'on va déplacer de
l'investissement pour l'envoyer au tertiaire moteur, on l'enlève
à l'investissement.
M. Fortier: Vous dites que le tertiaire moteur se retrouve dans
l'aide à l'exportation.
M. Biron: Vis-à-vis de l'exportation, parce que ce ne sont
pas de si gros montants. Alors, on peut y aller facilement, sauf les garanties
de prêts importantes.
M. Fortier: On va être les derniers à vous reprocher
de faire des choix.
M. Biron: D'accord.
Le Président (M. Rochefort): Le paragraphe 5 est-il
adopté?
M. Fortier: Oui.
Le Président (M. Rochefort): Adopté. Paragraphe
6?
M. Fortier: J'avais quelques questions: "La Société
peut, conformément au règlement, accorder une aide
financière pour "favoriser des investissements au Québec". Alors,
cela c'est le développement, oui. On a parlé du financement;
là, on est rendu au développement.
M. Biron: Actuellement, on est au développement,
c'est-à-dire les subventions.
M. Fortier: C'est cela. "Pour favoriser des activités de
recherche et d'innovation au Québec". J'imagine qu'à la SDI vous
n'avez pas de gens compétents pour juger de la recherche et du
développement. Est-ce que je peux vous demander comment
interpréter cela? Vous parlez d'aide au développement, vous
parlez de subventions. Est-ce que ça va être basé sur un
programme de recherche et de développement développé par
le CRIQ ou par un autre centre de recherche privé? De quelle
façon allez-vous juger de la pertinence du programme qui vous est
soumis?
M. Biron: Le programme va être développé par
les gens du ministère, de concert avec le CRIQ, les centres de recherche
et tous ceux qui font de la recherche et du développement. Le jugement
quant à l'opportunité va être donné par les
spécialistes du ministère, des centres de recherche industrielle
ou d'autres et, une fois que le jugement sur l'opportunité sera
donné, les sommes d'argent seront calculées par la
société de développement qui, elle, paiera. En fait, il va
y avoir une seule source de transfert de fonds aux entreprises, ce sera la SDI,
mais on ne veut pas retomber dans le problème du PECEC. On veut tout de
même être certain qu'il y a quelqu'un du sectoriel qui va juger de
l'opportunité sur le fond.
M. Fortier: À quel endroit le retrouve-t-on dans la
réglementation? Il n'est pas là; il n'y en a pas en ce
moment.
M. Biron: On ne l'a pas en ce moment. Je peux vous dire qu'il y a
un projet qui est en bonne voie d'être terminé. Les discussions se
poursuivent; d'ailleurs, je rencontre le président de l'Ordre des
ingénieurs, lundi, pour discuter à la fois du tertiaire moteur,
de nos programmes d'aide à l'exportation et du programme d'aide à
la recherche et à l'innovation dans le cadre de consultations externes.
On a un avant-projet, ici, pour la recherche-développement, mais qui
n'est pas suffisamment mûr pour qu'on le dépose à cette
table.
M. Fortier: Parce que le thème suivant c'est "favoriser le
développement des activités du secteur tertiaire moteur".
J'étais pour recommander qu'on ajoute "à l'étranger
seulement". Je serais extrêmement nerveux à l'idée que la
SDI devienne actionnaire dans des bureaux de génie-conseil, sachant
pertinemment soit que ces bureaux se débrouillent très bien
eux-mêmes ou soit que la valeur du bureau dépend uniquement des
individus qui s'y retrouvent. J'imagine que vous ne voudriez pas ajouter ce
complément pour dire que ce serait uniquement pour l'étranger
parce que il y a un programme dans d'autres secteurs que le secteur
génie-conseil comme tel.
M. Biron: C'est cela.
M. Fortier: Je serais très nerveux si le gouvernement
devenait actionnaire dans des bureaux de génie-conseil parce que ce
serait des situations extrêmement difficiles à administrer.
M. Biron: Ce n'est pas notre intention.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Je trouve l'article 6 pas mal important.
Peut-être que je ne comprends pas. Jusqu'ici, la Société de
développement industriel a travaillé et elle veut que ses
activités soient organisées autour de six programmes bien
définis. Je présume que vous allez organiser vos activités
pour l'avenir autour de ces six critères. Par exemple, il y a
déjà un programme pour favoriser l'exportation, c'est le
programme d). Il y a déjà un programme pour le crédit
touristique qui vous a été prêté par d'autres. Le
secteur tertiaire va devenir un nouveau programme; c'est quelque chose qu'on
peut comprendre. Des activités de recherche et d'innovation, cela va
devenir un nouveau programme, je présume. Nous avons les quatre autres
programmes de la SDI qui existent. Vous avez maintenant deux critères
ici qui sont très larges: a) et f), qui vous permettent de faire
n'importe quoi. Vous n'avez même pas besoin du f); avec le a), vous avez
tout ce que je peux imaginer qui peut favoriser des investissements au
Québec, investissements à long terme probablement, mais c'est
très large. Le f), c'est clair, est encore plus large.
Est-ce que vous prévoyez faire fonctionner l'entreprise avec le
même système de programmes bien définis à l'avenir?
Est-ce que les six programmes que
vous avez maintenant seront changés, quels changements
prévoyez-vous en fonction de l'article 6?
M. Biron: II y a un programme qui a été
éliminé complètement, le programme de fusion
d'entreprises.
M. Scowen: Oui.
M. Biron: II a été éliminé
complètement.
M. Scowen: Regroupement.
M. Biron: Regroupement d'entreprises. Une partie du programme
d'exportation a aussi été éliminé, celui qui
donnait 2% sur l'augmentation des exportations.
M. Scowen: Le grand problème a toujours été
la technologie moderne?
M. Biron: C'est exact.
M. Scowen: C'était, dès le départ, l'objet
de la SDI?
M. Biron: D'accord. Il est maintenu, celui-ci. C'était sur
des créneaux bien particuliers. Cette fois, nous l'avons refait avec le
programmes 2 a) et 2 c) pour ces entreprises à technologie moderne,
dynamique, innovatrice, c'est-à-dire au-dessus de la moyenne du secteur
canadien. En d'autres termes, avec le programme de technologie moderne
innovatrice et dynamique, l'entreprise qui est en dessous du secteur canadien
ne peut pas être aidée. Alors, on essaie de dynamiser davantage
les meilleures de nos entreprises. Par contre, il y a tout un flanc
d'entreprises qu'on laisse ouvert, c'est-à-dire qu'est-ce qu'on fait
avec elles par d'autres programmes. Et c'est là qu'avec le f) on peut
intervenir par le plan d'urgence qui peut être défini par
règlement pour un temps déterminé. Ce ne sont pas des
investissements. Ce n'est que pour protéger le fonds de roulement des
entreprises, mais pour un temps déterminé, avec un budget bien
fermé. Il n'est pas question qu'on ouvre des programmes sans budget
fermé comme autrefois. Ce sera un programme accompagné d'un
budget. Rendu au bout du budget, si cela prend un an, deux ans ou six mois,
cela sera terminé.
M. Scowen: Mais le paragraphe a) va se traduire dans des
programmes de la société. Comment, exactement?
M. Biron: On s'excuse, on aurait dû vous transmettre une
copie.
M. Fortier: Je lui en ai envoyé une copie.
M. Biron: Donc, le premier programme d'aide à
l'investissement recouvre l'ancien 2a) et l'ancien 2c).
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que le paragraphe 6
est adopté?
M. Fortier: Cela va pour le moment.
Le Président (M. Rochefort): Le paragraphe 7?
M. Fortier: Ici, on voit qu'on a mis sous les formes d'aide "une
acquisition d'actions d'une entreprise" et cela est ambigu à plusieurs
égards, puisque l'acquisition est une aide au même titre qu'une
subvention, c'est-à-dire quelque chose qui est donné. Cela va
être assez ambigu parce que, dans le bilan de la SDI, à la fin de
l'année, les achats d'actifs vont être intégrés
comme un actif et, si c'est une subvention, cela devra disparaître. Si
c'est un actif, cela va paraître comme un actif. Je vois bien que vous
avez voulu diviser cela entre le financement et l'aide, mais si c'est une aide,
cela ne devrait pas paraître dans le bilan de la SDI comme un actif.
M. Biron: C'est pour une raison bien spécifique. C'est
vraiment une subvention, mais payée sous forme d'actions parce que,
contrairement au MEIR qui donne une subvention déductible des
investissements, donc, sur laquelle l'entreprise paie son impôt sur une
période de 10 ans ou 20 ans souvent, nous, notre subvention - parce
qu'on ne peut pas la donner sous la même forme que le MEIR, sinon, c'est
déduit de la subvention du MEIR - pour que l'entreprise en profite, on
est obligé de la donner sous forme de rabais d'intérêt. Un
rabais d'intérêt, c'est un revenu net à l'entreprise
imposable à 100% tout de suite la première année. On
arrivait à la situation ridicule, pas vis-à-vis des PME qui ne
faisaient pas de profits, mais vis-à-vis d'une entreprise respectable
qui fait du profit, Canam Manac, Bombardier,
Westinghouse, la Compagnie générale électrique, que
trois mois après avoir donné le fisc fédéral allait
en chercher 36% et le gouvernement du Québec 13%. Alors, la subvention
de 100 000 $ de la SDI ne devenait, trois mois après, que 51 000 $.
Donc, on s'est dit que cela n'avait pas de sens. Si on donne la subvention
à l'entreprise, qu'au moins la première année ou les
quelques années après avoir investi, elle ne paie pas
d'impôts. C'est là qu'elle a besoin de plus de liquidités
et, après, cela diminue.
Donc, on s'est dit qu'on allait essayer de prendre soit des actions
privilégiées, soit des prêts sans intérêt sur
une période qui ne serait pas imposés les premières
années. Donc, l'entreprise épargnerait 49% d'impôt,
quitte à rembourser au gouvernement du Québec dans cinq,
huit ou dix ans. On n'a pas encore trouvé la formule magique pour
imbriquer tout cela, mais l'idée, c'est de laisser 100% de notre
subvention à l'entreprise au cours des premières années,
lorsqu'elle en a besoin si elle a investi de grosses sommes d'argent. Ce n'est
pas pour détourner la partie de financement; c'est juste un paiement
sous une autre forme qui ne sera pas imposable pendant les premières
années.
M. Fortier: J'ai une question de corrélation à vous
poser. On dit que l'aide peut être une subvention et, quand on regarde la
réglementation reliée au programme d'aide à
l'investissement, on retrouve a), la même chose, "b), une prise en charge
d'une partie ou de la totalité des intérêts", la même
chose, et "c), une acquisition d'actions d'une entreprise", qui est ici le d).
Ensuite, on dit un prêt sans intérêt, mais ce prêt ne
se retrouve pas dans votre définition. Autrement dit, il ne semble pas y
avoir corrélation entre la réglementation et la loi. (17 h
30)
M. Biron: Oui, c'est cela qu'il faut préciser par
règlement. On a même demandé à plusieurs entreprises
bénéficiant de subventions de la SOI de nous faire des
propositions et on attend des propositions différentes de plusieurs
entreprises et, après cela, on s'ajustera. Dans le fond, le
règlement peut être changé facilement, mais, étant
donné que la loi ne peut pas être changée si facilement que
cela, on a préféré y laisser une forme d'aide
définie par règlement. On a communiqué avec une dizaine
d'entreprises qui ont payé des impôts ou qui paient des
impôts aussitôt qu'on leur transmet une somme d'argent pour
qu'elles puissent en bénéficier en totalité.
M. Fortier: J'aurais dû poser ma question autrement. Dans
la loi, on retrouve l'article 7c: "une exemption partielle du remboursement
d'un prêt fait par la société". On ne le retrouve pas dans
la réglementation de ce programme-là en particulier. Est-ce qu'il
y a une raison particulière?
M. Biron: Cette forme d'aide se trouve uniquement du
côté des exportations.
Le Président (M. Rochefort): Le paragraphe 7 est-il
adopté?
M. Biron: Oui, on va accorder des prêts aux exportations
pour conquérir un nouveau marché...
M. Fortier: À fonds perdus.
M. Biron: ...à fonds perdus. Si l'entreprise ne fait rien,
le prêt est oublié, on assume 80% ou 50% du prêt selon la
taille de l'entreprise. Si l'entreprise a du succès sur le
marché, elle nous rembourse notre prêt.
Le Président (M. Rochefort): Adopté?
M. Fortier: Le député de Notre-Dame-de-Grâce
veut ajouter quelque chose. Cela va?
M. Scowen: Vous avez maintenant le droit d'accorder des
subventions qui n'existaient pas avant? Pourquoi avez-vous ajouté
cela?
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Biron: C'est qu'on a été obligé de
créer des programmes qui ne passaient pas par la société
autrefois comme Innovation Meubles, textiles, etc. Maintenant, avec un
programme, on va pouvoir donner une subvention directement.
M. Scowen: Vous n'y étiez pas obligés sauf par le
gouvernement, mais pas par l'Assemblée nationale. Je pose la question
parce qu'on est en train de transformer une société qui a
été conçue comme une banque en une espèce de MEIR.
Vous allez jouer le rôle, sur le plan québécois, non
seulement de la Banque fédérale, mais du MEIR aussi. La SDI, au
départ, a été conçue comme une banque; maintenant,
peu à peu, on a ajouté des éléments avec les
amendements à la charte afin...
M. Biron: Oui.
M. Scowen: ...de permettre, d'une façon cachée, de
donner de l'argent aux entreprises. Maintenant, pour la première fois,
on le dit ouvertement. C'est un moment historique, je pense. Je veux le
souligner. Je ne sais pas si le débat en deuxième lecture
était vraiment approfondi sur ce changement important, mais j'ai des
réserves.
M. Biron: Au début, M. le député, la SDI a
remplacé l'Office de crédit industriel qui accordait des
prêts.
M. Scowen: C'est cela.
M. Biron: Alors, en héritant de l'Office du crédit
industriel, il y avait 80% de prêts, 20% de subventions. Lentement, au
cours des années, la SDI s'est mutée en Société de
développement industriel.
M. Scowen: Oui. Ah oui! Je comprends.
M. Biron: Je ne crois pas que ce soit au gouvernement d'accorder
des prêts, sauf vraiment en dernier recours lorsqu'il n'y a absolument
pas de place dans les institutions financières. Alors, on va essayer de
faire le moins de prêts possible. En fait, c'était 80% de
prêts et 20% de subventions, il y a dix ans. C'est maintenant juste le
contraire, 20% de prêts et 80% de subventions.
M. Scowen: Finalement, vous prévoyez que, probablement,
avant la fin de votre mandat, on va avoir une autre loi dans laquelle on va
biffer les articles 3 et 4.
M. Biron: Non, je crois que les prêts de dernier recours,
les garanties de prêts vont demeurer, mais vraiment en dernière
complémentarité avec les institutions privées.
Le Président (M. Rochefort): Est-ce que le paragraphe 7
est adopté?
M. Fortier: Sur division.
M. Scowen: Moi, je n'en rajoute pas.
Le Président (M. Rochefort): Sur division. Adopté.
Le paragraphe 8?
M. Fortier: Le paragraphe 8, je crois que c'était dans la
loi auparavant.
M. Biron: Oui, c'est cela. Il y a juste des modifications de
concordance.
M. Fortier: Excepté qu'en lisant les discours faits il y a
quelques années, je me suis aperçu qu'avec raison le chef de
l'Union Nationale du temps avait dit que c'était injuste pour un
entrepreneur qui avait développé une entreprise, même s'il
la vendait à des intérêts hors du Québec,
d'être obligé de remettre instantanément l'aide qu'il avait
reçue. J'imagine que cet article-là l'oblige, s'il y a un
transfert d'actifs, à remettre l'aide qu'il a reçue.
M. Biron: Cela peut être exempté. Cela a
été exempté en pratique...
M. Fortier: Oui.
M. Biron:...dans la plupart des cas.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Paragraphe 8 adopté.
Paragraphe 9?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Adopté. L'article 2,
paragraphes 2 à 9, est-il adopté? Il faut bien comprendre qu'on
étudie les articles du projet de loi 75.
M. Fortier: Adopté sur division, parce qu'il y avait des
divisions sur les articles.
Le Président (M. Rochefort): Parfait. Article 3?
M. Fortier: Vous dites l'article 3; donc, c'est l'article 12?
Le Président (M. Rochefort): C'est cela.
Une voix: L'article 3 du projet de loi 75.
Le Président (M. Rochefort): C'est cela.
M. Fortier: "Sous réserve des articles 14 et 14.1, la
Société examine la demande, détermine si l'entreprise
rencontre les conditions prévues dans la loi et les règlements
et, le cas échéant, elle peut déterminer..." Je crois
qu'il y a un changement très subtil; avant, on disait: Elle
détermine. Alors, c'est un peu arbitraire. Elle peut dire: On n'aime pas
la couleur politique du président, on peut ou on ne peut pas. Je vois
que vous voulez vous laisser une discrétion. Quelle a été
la difficulté dont vous avez fait l'expérience dans le
passé?
M. Biron: On a quelques exemples d'entreprises qui peuvent
bénéficier de subventions d'une autre forme sur des tarifs
d'électricité. GLC à Lachute et Pechiney à
Bécancour pourraient nous demander une aide financière en vertu
de nos programmes et dire: Nous demandons de l'aide financière, nous
investissons beaucoup d'argent. Or, on peut dire: Écoutez! vous avez
déjà reçu une subvention par un tarif
préférentiel sur l'électricité et on juge que c'est
assez.
M. Fortier: Mais, dans le passé, le ministre n'avait pas
le droit de le faire?
M. Biron: Cela arrivait sur le bureau du ministre, alors que,
là, c'est la société qui peut le déterminer.
M. Fortier: Je comprends bien cela. C'est la
société elle-même qui peut décider.
M. Biron: C'est surtout dans des cas où on a jugé
que l'entreprise n'en a vraiment pas besoin: une entreprise qui profite
pleinement d'une richesse naturelle comme l'électricité avec des
tarifs préférentiels. Cela n'arrivera pas souvent, mais on
voulait laisser à la société la liberté de le faire
pour ne pas engager de sommes d'argent dont l'entreprise qui demande la
subvention n'a pas besoin.
M. Scowen: Si l'administration de la société n'est
pas assez intelligente ou habile de trouver les conditions dans la loi ou
les
règlements qui ne sont pas satisfaisantes, le cas
échéant, je pense qu'on doit ajouter le mot "peut". Mais, avec un
peu d'imagination, j'imagine que vous devez toujours être capables de
trouver une raison, si vous ne voulez pas accorder de prêt à
quelqu'un.
M. Biron: Je peux vous dire que les juristes étaient
divisés là-dessus. Selon certains, dans l'ancienne loi,
c'était un automatisme et on n'avait pratiquement pas de pouvoir
décisionnel. Le MEIR fonctionne comme cela. Le MEIR n'est pas
obligé de donner une subvention. Si le gouvernement
fédéral juge que l'investissement va se faire quand même
sans subvention de la part du gouvernement, il n'est pas obligé de
donner. On veut avoir la même latitude.
M. Fortier: Je pense que mon collègue de
Notre-Dame-de-Grâce a raison. Vous avez tellement de conditions à
remplir que vous auriez pu refuser de toute façon. Alors, on est
d'accord.
Le Président (M. Rochefort): Article 3 adopté.
Article 4?
M. Fortier: Qu'est-ce qu'il y a là-dedans?
M. Biron: C'est une concordance.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Adopté. Article 5?
M. Fortier: "L'aide financière est accordée par
décision du ministre." En fait, on donne plus de travail au ministre. Il
y a quelques années, on avait enlevé cela au ministre;
maintenant, on le lui remet. Je ne sais pas pourquoi le ministre tient à
ce que tout cela vienne sur son bureau. Il signe assez de papiers.
M. Biron: C'est un transfert d'argent du gouvernement à
des entreprises. Il y a différents niveaux qu'on veut quand même
fixer par règlement, mais c'est un transfert. Même le niveau plus
élevé devra être autorisé par le gouvernement. On
fait un transfert de 5 000 000 $ à une entreprise, c'est beaucoup
d'argent à une même entreprise. Je crois qu'il y a quand
même des décisions qui doivent être autorisées.
Le Président (M. Rochefort): Adopté? M. Scowen:
Non, non.
Le Président (M. Rochefort): M. le député de
Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: J'aurais une question.
Effectivement, vous enlevez la deuxième phrase...
M. Fortier: Dans la loi actuelle.
M. Scowen: ...qui donne le droit à la
société d'accorder une aide financière elle-même
sans que vous deviez apposer votre signature à chaque cas. Je me
rappelle très bien, quand j'étais dans le cabinet du ministre de
l'Industrie et du Commerce, en 1975, si ma mémoire est bonne, qu'il
était obligé de signer tous et chacun de ces prêts. Si ma
mémoire est bonne, en 1979, on a ajouté ce paragraphe pour
permettre, non pas dans les cas de subventions, mais au moins dans le cas des
prêts, à la société d'accorder de l'aide
financière cas par cas.
M. Fortier: Sans la signature.
M. Biron: Ce qu'on veut par le dernier paragraphe où vous
voyez: "L'aide financière peut aussi être accordée par la
société dans les cas et aux conditions déterminés
par règlement", c'est fixer des niveaux pour que la
société, jusqu'à un tel niveau de subvention, puisse le
faire sans l'autorisation du ministre.
M. Fortier: À quel endroit? Oui, dans le deuxième
alinéa.
M. Biron: Dans le deuxième alinéa. M. Fortier:
Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Article 5, adopté.
Article 6?
M. Fortier: Article 6, attendez une minute. D'accord.
Le Président (M. Rochefort): Adopté.
M. Biron: Abrogé. C'est maintenant l'article 2.
M. Fortier: Oui, d'accord.
Le Président (M. Rochefort): Article 7?
M. Biron: C'est pour préciser que le mandat du
président ne peut excéder cinq ans, conformément à
la nouvelle politique. Le mandat du vice-président du conseil
d'administration et celui des autres membres ne peut excéder trois
ans.
M. Scowen: L'avocat de l'aide juridique, ici... Peut-on
interpréter l'article 7a pour dire que le mandat ne peut pas être
renouvelé? Sur le plan juridique, est-ce clair dans l'article 7a que ce
peut être renouvelé?
M. Biron: Oui.
M. Scowen: C'est clair?
M. Biron: Oui.
Le Président (M. Rochefort): Adopté?
M. Fortier: Juste pour mon information, est-ce que ces
nominations sont faites par contrat?
M. Biron: C'est fait par le gouvernement.
M. Fortier: Par le gouvernement, mais ce n'est pas contractuel.
C'est par le gouvernement, d'accord.
Le Président (M. Rochefort): Article 8?
M. Scowen: C'est contractuel, avec une prime de
séparation.
Le Président (M. Rochefort): Article 8? M. Scowen:
Bonne chance! M. Fortier: Article 8.
M. Biron: La modification proposée a pour objet de
permettre la désignation de certains employés-cadres de la SDI
sous le nom de vice-présidents. Or, dans les faits, il y a trois
vice-présidents qui seront nommés: un vice-président aux
opérations, un vice-président aux affaires professionnelles et
administratives, et le troisième poste sera celui de
vice-président aux exportations.
M. Fortier: L'article 8 dit qu'ils sont maintenant sous l'empire
de la Loi sur la fonction publique.
M. Biron: C'est cela. M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Adopté. Article 9?
M. Biron: Ce sont les directives. C'est la même chose que
les autres sociétés d'État.
Le Président (M. Rochefort): Adopté? M. Fortier:
Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Article 9, adopté.
Article 10?
M. Biron: Lorsque les sommes d'argent sont versées, il
faut qu'elles soient autorisées spécifiquement par le
gouvernement.
Le Président (M. Rochefort): Adopté.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Article 11?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Adopté. Article
12?
M. Biron: C'est le changement de nom aussi. C'est de
concordance.
Le Président (M. Rochefort): Adopté?
M. Fortier: Une minute, je ne suis pas rendu là.
Le Président (M. Rochefort): Cela va? M. Fortier:
Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Adopté. Article
13?
M. Biron: Les règlements demeurent en vigueur tant qu'ils
ne sont pas remplacés ou modifiés.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Adopté. Article
14?
M. Biron: C'est la Loi sur le Canada. C'est le "nonobstant".
M. Fortier: Là, on pourrait faire un "filibuster" pendant
longtemps. Est-ce que le ministre pourrait m'expliquer pourquoi vous inscrivez
cela dans la loi de la SDI?
Le Président (M. Rochefort): M. le ministre.
M. Biron: II a été décidé de
l'inscrire dans toutes les lois du Québec, comme une police
d'assurance.
M. Fortier: Ce qui veut dire que ceux qui font des emprunts ou
ceux qui fonctionnent à l'intérieur de la SDI seront moins bien
protégés que si cet article n'y était pas.
Le Président (M. Rochefort): L'article 14 est-il
adopté?
M. Fortier: Sur division.
Le Président (M. Rochefort): Sur division. Article 15?
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Adopté.
Le titre du projet de loi est-il adopté?
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: Vous me permettrez, comme il n'est pas 18 heures, de
prendre une minute seulement pour revenir à l'article 2.
Le Président (M. Rochefort): Si vous le permettez, avant,
on va adopter le titre du projet de loi. On reviendra à cet article et
on adoptera le projet de loi dans son ensemble par la suite. Est-ce que le
titre est adopté?
M. Fortier: Non. J'imagine que cela ne fait pas de
difficulté qu'on change le titre de la loi? Dans d'autres projets de
loi...
Le Président (M. Rochefort): On change le titre du projet
de loi?
M. Fortier: ...c'était Loi modifiant la Loi sur l'aide au
développement industriel. Maintenant, c'est la Loi sur la
Société de développement industriel. Vous êtes
satisfait de cela? Quand on va chercher dans la liste, on ne trouvera pas le
nouveau titre.
M. Biron: Les modifications sont faites de façon
automatique maintenant. Cela va être rapidement corrigé.
M. Fortier: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Le titre est adopté.
M. le député de Notre-Dame-de-Grâce.
M. Scowen: M. le ministre, si je regarde les objectifs de la SDI
contenus dans l'article 2, je suis persuadé que c'est une très
mauvaise définition non seulement des priorités que la SDI doit
avoir, mais même des priorités que vous voulez donner à
cette société. Vous avez mêlé les objectifs
principaux avec des objectifs qui sont tout à fait secondaires, à
moins que vous ne vouliez vraiment changer profondément la nature de
cette société. Si vous lisez l'article 2, il est impossible de ne
pas concevoir une société qui a comme objectif principal des
activités et des buts socio-économiques. Quand je vois ce
changement radical dans les objectifs accompagné d'un autre changement
aussi radical dans la façon explicite dont la société va
accorder de l'aide financière à ses clients, effectivement,
ouvertement par subvention, principalement par subvention, moi, je me dis que
nous avons ici, si on lit le texte de la loi, quelque chose qui change d'une
façon radicale ce qu'on avait avant. J'accepte l'aspect subvention. Je
comprends. Je pense qu'il y a quelque chose là. Le rôle d'une
banque industrielle ici au Québec, face à la concurrence dans le
domaine des prêteurs, je comprends. Je pense que c'est possible et
même souhaitable qu'on mette l'accent surtout sur le vrai rôle du
gouvernement dans ces affaires, de donner de l'aide financière. Il y en
a qui prétendent que c'est inutile. Je pense que ce n'est pas une
question qu'on va régler ici. On est là-dedans, l'État
doit le faire.
Mais si vous regardez ces objectifs, devant une série de demandes
que vous allez avoir de compagnies qui ont besoin d'aide pour des fins
strictement économiques, à court terme, moi, je pense que le
temps est venu de proposer quelque chose en troisième lecture. On doit
reprendre cette affaire et s'assurer que les objectifs économiques sont
ceux auxquels vous donnez la priorité ici. Les mots "technologie
moderne", cet aspect du mandat qui est là depuis le début
maintenant et qui est, pour le gouvernement, une grande priorité,
doivent être ajoutés, et les objectifs secondaires, qui sont les
objectifs importants quand même...
Je sais très bien que vous, personnellement, vous tenez beaucoup
à une transformation des attitudes à l'intérieur de la
structure économique, et moi aussi. Mais je suis persuadé qu'on
n'ajoute rien à la réalisation de ces objectifs quand on ajoute
des petits bouts de phrases à quelque chose qui doit être
très clair pour une société qui doit avoir un mandat - je
pense que c'est votre impression aussi et celle du président
-principalement économique, et économique avec un focus
même plus précis qu'il y avait avant. Pas dans le sens qu'elle
doit limiter ses interventions davantage, parce que j'ai toujours eu
l'impression que l'administration de la SDI était même un peu
constipée, avec toutes ces règles un peu trop bureaucratiques
à mon goût, mais au moins, les objectifs doivent être plus
clairement définis.
On a voté sur division, mais - ce n'est pas une question de
partisanerie - je pense honnêtement que, si vous regardez cette affaire
non seulement en fonction de ce que je pense, mais en fonction de ce que vous
voulez faire vous-même avec cette société, vous allez
trouver les moyens d'améliorer l'article 2.
Le Président (M. Rochefort): Brièvement, M. le
ministre.
M. Biron: M. le Président, je me rends aux arguments du
député de Notre-Dame-de-Grâce. Je me souviens que
même les notes explicatives ont été changées pour
devenir un peu plus vivantes, justement pour parler de cette technologie
moderne et tout ça. Alors, je m'engage, avant la troisième
lecture, qui sera lundi ou mardi prochain, à en discuter avec le
député d'Outremont et celui de Notre-Dame-de-Grâce et
à essayer d'apporter quelque chose qui sera vraiment encore plus
précis que le mot à mot qu'on a aujourd'hui.
Le Président (M. Rochefort): Le projet de loi no 75, Loi
modifiant la Loi sur l'aide au développement industriel, est-il
adopté?
Des voix: Adopté.
Le Président (M. Rochefort): Adopté. La commission
ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 17 h 52)