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Commission permanente des institutions
financières,
compagnies et coopératives
Etude du rapport Gauvin
Séance du mardi 12 novembre 1974
(Dix heures quarante-deux minutes)
M. PICARD (président de la commission permanente des institutions
financières, compagnies et coopératives): A l'ordre,
messieurs!
La commission des institutions financières, compagnies et
coopératives continuera ce matin l'étude du rapport du
comité d'étude sur l'assurance-automobile, le rapport Gauvin.
Pour la séance d'aujourd'hui, M. Mercier (Bellechasse) remplace M. Assad
(Papineau) et M. Dufour (Vanier) remplace M. Marchand (Laurier).
J'aimerais, au nom de la commission, souhaiter la bienvenue aux
porte-parole de même qu'aux membres de l'Association des avocats de
province. On m'indique ici que c'est Me André Biron, le
président, qui sera le porte-parole de l'association. D'accord?
Association des avocats de province
M. BIRON: C'est ça.
LE PRESIDENT (M. Picard): Je cède immédiatement la parole
à l'honorable ministre.
M. TETLEY: Soyez les bienvenus, messieurs. Pourriez-vous procéder
sans autre délai?
M. BIRON: M. le Président, M. le ministre, messieurs les
députés, est-ce que je dois comprendre qu'on parle assis?
LE PRESIDENT (M. Picard): Oui.
M. BIRON: Nous vous présentons le mémoire de l'Association
des avocats de province. Les avocats de province sont les avocats de la
province de Québec, en dehors de Montréal et Québec,
c'est-à-dire que notre association groupe environ 900 avocats. Les
avocats de province, comme la plupart des autres, d'ailleurs, se sentent
touchés particulièrement par la portée du rapport
Gauvin.
Nous avons étudié le rapport Gauvin avec une grande
attention et nous avons conclu qu'il ne pourrait être adopté sans
préjudicier gravement au public en général et
également aux avocats, nous ne faisons pas de cachette â ce sujet.
Nous savons bien que votre principal but n'est pas de déterminer si les
avocats seront touchés ou non, mais de voir si l'intérêt
public sera bien servi. Nous vous soumettons respectueusement que si vous
appliquez les dispositions, les recommandations du rapport Gauvin
intégralement, les intérêts du public ne seront pas bien
servis.
J'ai examiné ce rapport, je l'ai examiné au complet, et
j'en suis venu à la conclusion que Gauvin s'était demandé
comment faire pour payer toutes les victimes d'accidents d'automobile, toutes
les personnes impliquées.
Il a pris ça, à mon sens, comme son principal mandat. Pour
les payer toutes, il a conclu: Abolissez la notion de faute; abolissez les
recours aux tribunaux, payez-les toutes.
Nous avions cru, nous, que son mandat n'était pas uniquement de
trouver ce moyen magique, miracle, mais plutôt de trouver un moyen qui
répondrait aux désirs de la population, qui s'inquiétait
gravement du coût élevé de l'assurance. Nous avions cru
qu'on avait demandé à ce comité de proposer des moyens qui
pourraient diminuer le coût de l'assurance, diminuer le coût des
primes.
J'ai su que M. Gauvin n'était pas très heureux de notre
mémoire, il s'en disait offensé, mais je l'ai relu, après
avoir su ça, et je n'ai rien à retrancher à ce
mémoire de ce côté, sauf le cas de mutilations, dont je
pourrai parler tantôt.
Il a trouvé bon d'abolir la faute, il a fait des affirmations, il
a dit qu'actuellement les victimes d'accidents d'automobile n'étaient
pas adéquatement compensées, que ceux qui avaient de petits
dommages l'étaient trop, ceux qui en avaient de gros ne l'étaient
pas assez. Lorsqu'on lit le rapport, par exemple, lorsqu'il dit que ceux qui
ont de petites réclamations sont trop payés, on voit que, pour
faire cette affirmation, il ne tient pas compte des douleurs, comme si les
douleurs n'existaient pas et ne devaient pas être indemnisées. Ne
tenant pas compte des douleurs, il regarde le montant payé et il dit:
Ceux qui ont de petites réclamations sont trop payés.
Il dit ensuite que les tribunaux sont trop lents, que c'est difficile de
déterminer qui est en tort dans un accident. Et, pourtant, on lit dans
le rapport, bien clairement, que 1 p.c. seulement des réclamations
aboutissent devant les tribunaux. Alors, s'il y en a 1 p.c. seulement qui
aboutissent devant les tribunaux, comment dire qu'il est très difficile
de déterminer la faute? Cela ne doit pas être si difficile que
ça de déterminer la faute s'il y en a seulement 1 p.c. qui
finissent devant les tribunaux.
Lui-même, un peu plus loin dans son rapport, quand il vous propose
les options pour les dommages matériels, l'option A, l'option B,
l'option C, quand il parle de l'option À, il dit dans son rapport que
ça couvre 40 p.c. des cas, c'est-à-dire des cas tellement
évidents qu'il n'y a pas de contestation possible; il y en a 40 p.c.
Quand il passe à l'option B, il omet les hypothèses, par exemple
le gars qui passe sur un feu rouge. Mais qui va dire lequel était sur le
feu rouge? L'assureur ou l'assuré ou les témoins ou ainsi de
suite? Cela il n'en parle pas, mais il dit que ce sont des cas faciles. Et,
à l'option B, il dit qu'il couvre 70 p.c. des cas. Cela ne doit pas
être si compliqué que ça de déterminer la faute.
II y a des moyens de la déterminer. Incidemment, dans mon
rapport, je dis et vous me permettrez de le glisser ici que si
des instructions étaient données à la Sûreté
du Québec pour que les rapports d'accidents comprennent les versions des
victimes, il y en aurait encore moins qui aboutiraient devant les tribunaux. Si
c'est ça qu'on veut, on a des moyens faciles, sans brimer personne. Ce
n'est pas si difficile que ça de déterminer qui est en faute.
Quand on a lu les rapports de police, qui comprennent des versions
données, quand on a pris la déposition des témoins, c'est
bien facile de déterminer la faute. Alors, dire: C'est facile, on n'est
pas capable, c'est peut-être difficile pour M. Gauvin. Je sais qu'il est
actuaire au lieu d'être avocat. Mais, pour les avocats, ce n'est pas
difficile.
Il dit: Les tribunaux, c'est très lent. C'est long. Nous, nous
allons payer dans les 30 jours. Oui, mais 30 jours de quoi? Il dit quelque part
dans son rapport que 42 p.c. des dommages matériels sont
réglés après trois mois et que dans les plus gros, c'est
plus long. Bien, c'est facile à comprendre que dans les plus gros
dommages matériels, c'est plus long. C'est plus long, pourquoi? C'est
parce que cela tombe sous le sens si les dommages
matériels sont élevés, il y a de bonnes chances que les
gens, dans les autos, soient blessés. Malheureusement, les blessures,
cela ne revient pas aussi vite qu'on l'aimerait ou qu'on le voudrait.
Quand bien même il dirait, lui, qu'au bout de 30 jours ils vont
payer... Ils vont payer quoi? Ce n'est rien, ça. Les assureurs, quand
les montants sont entendus, ils paient en dedans de 30 jours. Cela prend quinze
jours, cela prend trois semaines. Ils paient. Mais payer
immédiatement... Il dit qu'il y a des causes, un pourcentage de causes
qui, après deux ans, ne sont pas réglées. Mais comment
a-t-il déterminé ça, d'abord? D'abord, ils ont
écrit au protonotaire dans les palais de justice et ils ont
demandé la date d'émission des brefs et ils ont
vérifié si le dossier était fermé. Cela n'est pas
une méthode adéquate.
La première des choses, c'est que lorsque le bref est
émis, on est censé, mais ce n'est pas obligatoire dans le code,
déposer à la cour une déclaration de règlement hors
cour. Il peut y avoir de très nombreuses causes qui sont
réglées, le bref a été émis, il n'y a rien
qui paraît au dossier, mais elle est réglée. Mais il dit:
Cela se prolonge encore. Bien, c'est un moyen technique auquel il est facile de
remédier. Vous savez qu'actuellement, la loi nous oblige à
prendre action action dans le délai d'un an pour blessures corporelles.
Et, au bout de l'année, très souvent, dans les blessures
sérieuses, ce n'est pas guéri encore. Que faut-il faire?
Il faut prendre action et attendre que cela guérisse. Autrement,
si on règle avant de savoir toutes les conséquences de ces
blessures, la victime risque de ne pas être indemnisée
adéquatement.
Ceux qui sont dans la pratique savent cela. J'en ai eu un exemple hier
après-midi. J'avais un client, devant moi, auquel je soumettais une
offre de $20,000. Pourtant, voilà deux ans, j'avais une lettre du
même avocat, pour la même compagnie d'assurance; au même
individu, pour le même accident, il offrait $3,500. Si on avait
réglé dans ce temps-là autour de cela, qu'est-ce que cela
aurait donné? Mais le gars n'était pas guéri.
J'en ai un autre qui a subi, à ce jour, 16 ou 17
opérations. Est-ce qu'on était pour régler pendant que la
plaie coulait encore et que l'infection était dans cela? On peut dire
qu'il faut que cela se règle vite, oui, mais vite au détriment de
qui? Des victimes?
Alors, la cause est inscrite. Quelqu'un qui va au greffe, à
Drummondville, va voir mon bref, qui a été émis en 1972,
qui n'est pas réglé. Cette cause aurait pu être entendue.
Je n'ai pas voulu la faire entendre avant de savoir toutes les
conséquences de la blessure. Quand cela va être guéri,
quand les médecins vont pouvoir se prononcer, on va passer la cause si
on ne la règle pas avant.
Alors, d'arguer de la lenteur des tribunaux... A part ça, tout le
monde sait qu'en cour Provinciale ce n'est pas long maintenant. Il y a des
délais de deux ou trois mois, à Montréal. Ce n'est pas
long dans les autres districts. Cela, c'est pour les causes jusqu'à
$3,000, c'est-à-dire qu'on couvre quasiment tous les cas de dommages
matériels. Vous avez vu, dans le rapport, que c'est 65 p.c. des pertes
qu'ils paient, les dommages matériels. Alors, cela tombe en cour
Provinciale, quand ce n'est pas joint à des blessures corporelles. Ce
n'est pas long.
En cour Supérieure, cela peut être plus long. Mais
n'oublions pas, toujours, qu'on a une cause qui peut être là en
suspens, délibérément, pour laisser guérir. Mais,
encore là, on a juste à nommer des juges à la cour
Supérieure. Il y en a qui sont nommés à la cour
Provinciale. J'en vois ici. Mais, à la cour Supérieure, on peut
en nommer. Je sais que le juge en chef de la cour Supérieure a
demandé 24 juges, récemment. On en a accordé cinq. Mais si
24, cela faisait mieux... Oui?
M. TETLEY: Avez-vous un intérêt personnel?
M. BIRON: Dans le sujet?
M. TETLEY: Oui, la nomination des juges à la cour
Supérieure.
M. BIRON: Ah non! pas du tout. Au contraire. Pas pour le moment.
M. LEGER: Vous vous réservez pour un autre temps!
M. TETLEY: C'est sans préjudice.
M. BIRON: Puisque c'est sans préjudice, je vais dire que ce n'est
pas pour le moment.
Alors, cela, c'est la question des délais. Il dit: C'est bien
trop long. On n'est pas capable de déterminer la faute. Après
cela, il dit: Malgré tout cela, les gens sont bien mal payés. Pas
pour les dommages matériels. Ils sont bien payés pour les
dommages matériels. Il dit cela. Et il dit que c'est 65 p.c. des
pertes.
Chose étrange, ils sont bien payés actuellement pour les
dommages matériels et il dit qu'ils sont mal payés pour les
blessures corporelles. Là, il vous propose des barèmes, il va
changer cela, mettre tout le monde dans le même moule et ce sera
meilleur. Tout le monde sera bien indemnisé. Pourtant, quand on regarde
cela, pour un fils ou une fille, un enfant, on va accorder, jusqu'à 12
ans, $500 c'est merveilleux et après cela on va augmenter
de $100 par année jusqu'à $1000. Quand on a dit cela, on a bien
indemnisé les victimes. On sait qu'actuellement on peut obtenir $5,000
ou à peu près pour un enfant de deux, trois ou quatre ans
j'en ai eu récemment qu'on peut facilement obtenir $8,000, que
des jugements atteignent et dépassent même $15,000. Or, pour mieux
indemniser les victimes, on va ramener tout cela à $1,000, et tout le
monde sera dans le même moule. Que ce soit le fils du cultivateur qui
fait les travaux avec son père sur la terre, que ce soit le fils du
millionnaire ou le fils de n'importe qui, peu importe l'aide que l'enfant ou la
fille peut donner à ses parents, c'est $1000. C'est merveilleux! Et
$1,000, c'est quand on est au-dessous de l'échelle, à 17 ans.
Adoptez cela et vous allez voir si les gens vont être heureux.
Pour une épouse qui n'a pas d'enfant, c'est $1,500. Si elle en a
deux, trois, quatre, cinq ou six, on monte à $2,500. C'est merveilleux,
une indemnisation comme celle-là. Vous devriez voir comment les
associations de femmes réagissent à cela quand on en parle. Parce
qu'il nous arrive de parler du système proposé. Elles
réagissent. Vous savez, l'épouse qui tient le foyer, ce n'est pas
le soutien de famille. Le soutien de famille, il est défini à la
page 320: c'est celui qui pourvoit principalement aux besoins de sa famille.
Alors, quand on dit principalement, ça veut dire qu'il y en a un, et
pour l'épouse, en tout cas, c'est bien dit, c'est $2,500. Actuellement
on peut percevoir des montants, pour une mère de famille, qui peuvent
aller de $25,000 à $40,000. Il y a des jugements que certains
confrères me soumettent où j'en ai même vu un de $63,000.
Mais lui, il va ramener tout cela à $2,500. C'est parfait. Il dit: Tout
le monde va être indemnisé adéquatement.
Maintenant, parlons des blessures. D'abord, je pense bien qu'il n'est
plus question de parler de ces petites tables. Il nous a sorti des petites
tables abrégées qui partaient de 1946. Il donnait $500 ou $900
pour un enfant en 1946.
On nous parle de ça en 1974. Je soumets respectueusement que
toutes les indemnités antérieures à ce qui se donne
aujourd'hui ne sont pas pertinentes, elles n'auraient pas mérité
d'être là, mais on fait ça quand même.
Maintenant, dans les blessures, il va y avoir une rente payable. Une
rente, c'est $200 brut, c'est-à-dire que des $200 on va dire: Là,
il faut déduire l'impôt que le gars paie au provincial, au
fédéral; peut-être qu'il va tomber à $164 par
semaine et on va lui payer ça pendant son incapacité totale; tant
qu'il va être incapable de travailler, on va lui payer ça. Mais,
par exemple, il n'y a pas de dédoublement; si le gars retire une somme
de la Commission des accidents du travail, il ne retirera pas la rente. Il ne
faut pas qu'il y ait de dédoublement pour retirer ces $164.
Ceux qui ont des salaires plus élevés, organisez-vous!
Prenez d'autres assurances et payer pour. Cela va augmenter les primes, mais
n'en parlons plus des primes parce que, enfin, pour être indemnisé
adéquatement, il va falloir s'assurer, payer plus. Je pensais, moi qu'il
devait chercher des moyens pour essayer que ça coûte moins cher
aux citoyens du Québec, mais ce n'est pas ça. Il dit: On va
prendre un régime de base, les autres, organisez-vous, payez, ça
coûtera plus cher d'assurances mais on n'en parlera pas; on va dire que
le régime coûte moins cher en primes parce que vous autres, on va
vous sortir du régime pour l'excédent.
Mais parlons de la blessure. Le gars vous frappe. Il s'en vient un
chauffeur au volant qui vous frappe par en arrière et qui vous envoie
à l'hôpital pour trois mois. Vous avez des fractures aux deux
jambes, des pesées aux deux jambes pour s'assurer qu'il n'y a pas de
racour-cissement et, au bout de trois mois, vous retournez chez vous,
clopin-clopant mais pas mutilé. Parce que mutilé, d'après
le dictionnaire j'ai regardé hier, peut-être que les
membres de la commission ont une autre définition c'est le
retranchement d'un membre. Alors, si on est mutilé, on a droit à
un autre montant bien merveilleux dans son optique. Mais, si on n'est pas
mutilé, on a droit à l'indemnité durant
l'incapacité totale et rien pour les douleurs, rien pour la perte de
jouissance de la vie. Parce que ça, les douleurs et la perte de
jouissance de la vie, ça s'applique dans le cas de mutilation ou
défiguration. Défiguration, d'après le dictionnaire,
ça veut dire gâter la figure. Mais les autres cicatrices, les bras
brûlés, les jambes brûlées des femmes, ça ce
n'est pas défiguré parce que ce n'est pas dans le visage. Il faut
croire que ça ne vaut rien.
A tout événement, vous retournez chez vous et, au bout
d'une semaine, vous reprenez vos fonctions de député. Qu'est-ce
que vous allez recevoir dans cette affaire? Vous n'êtes pas
mutilé, vous avez eu des pesées au bout des pieds et ce
n'était pas très confortable pendant trois mois.
Mais vous ne retirerez à peu près rien. Si vous retirez
votre indemnité de député de la même façon,
vous n'avez rien à retirer, il ne faut pas qu'il y ait
dédoublement. C'est un de ses principes: pas de dédoublement.
Alors, vous allez endurer tout cela parce qu'un gars saoul vous a
frappé. Vous revenez au parlement clopin-clopant, mais comme vous
n'êtes pas mutilé, vous n'avez rien, vous l'endurez. Pourquoi?
Vous allez avoir moins pour pouvoir payer le gars d'en arrière,
parce que le gars d'en arrière, lui aussi, est blessé et, lui
aussi, il a une famille, des enfants, tout cela. Alors, il dit que les
victimes, ce n'est pas juste le gars qui est blessé, ce sont les enfants
du gars qui était saoul, eux aussi ce sont les victimes. Dans un cas
comme celui-là, vous qui avez enduré cela, votre épouse et
vos enfants ont également enduré, vous n'êtes pas des
vraies victimes, mais le gars qui était saoul, lui, tombe dans la
catégorie des vraies victimes et on vous en donne moins à vous
pour que le gars d'en arrière en ait lui aussi.
Il dit que l'on va être indemnisé plus adéquatement.
Ce n'est pas le cas du tout, en aucune façon, parce qu'il dit
qu'après avoir fait tout cela, payé le gars qui frappe à
l'arrière, le gars qui monte sur les trottoirs, sur les parterres, qui
brûle les feux rouges, qui ne fait pas ses arrêts, cela coûte
seulement 103 p.c. de plus de la prime. Qu'est-ce que cela veut dire? Si cela
coûte seulement 3 p.c. de plus pour payer ceux qui sont dans lé
tort comme ceux qui ne le sont pas, et dans certains cas il dit qu'il y en a 38
p.c. actuellement qui ne sont pas indemnisés, si cela coûte
seulement 3 p.c. de plus pour en indemniser 38 p.c. de plus, moi, je vois juste
une explication à cela, c'est que les victimes innocentes qui avaient
droit à un montant considérable ne l'auront plus.
Dans les blessures, comme je vous l'ai dit, à l'indemnité,
il ajoute au maximum de $10,000 pour les mutilations. Alors une mutilation
totale avec un maximum de $10,000, je présume que cela veut dire que le
gars est mutilé s'il perd les deux mains ou les deux bras, on ne le dit
pas dans le rapport, mais on dit que c'est le montant maximum. Il a droit
à $10,000 en plus de sa pension, il a droit à 25 p.c. de ce
montant pour les souffrances, douleurs, inconvénients. Alors si, au lieu
de perdre les quatres membres, il en perd juste un, je présume que ce
serait le quart, il aurait $2,500 pour son bras, et 25 p.c. de ce montant, $625
pour les douleurs, la perte de jouissance de la vie et sa pension. Et la
pension, bien cela c'est pendant le temps qu'il est totalement incapable de
travailler parce que s'il travaille, il retire son salaire, il n'a pas de perte
économique.
Moi, avocat, même si je perdais le bras droit, je gesticulerais du
bras gauche, mais je continuerais à plaider mes causes; ce n'est pas une
perte économique, ça. Le gars qui perdrait le bras aurait ce
montant j'imagine le quart, parce qu'il met son montant à $10,000
de $2,500 ou $3,000 pour la perte de son bras.
Moi, je vous soumets que ça n'a pas grand bon sens, des
indemnisations semblables. Par ailleurs, on dit dans le rapport que ceux qui
ont des avocats sont mieux payés que les autres. Comme trouvaille, lui,
pour régler le cas, il dit: Abolissez les avocats et laissez tout
ça dans les mains des compagnies d'assurance. On s'aperçoit, en
fin de compte, à la lecture de ce rapport, que c'est pas mal bien pour
les compagnies d'assurance parce qu'elles vont en vendre plus. D'abord, tous
ceux qui ne sont pas couverts adéquatement devront prendre d'autres
polices d'assurance, devront payer.
Dans le rapport, maintenant, il n'y a pas que du mauvais; il y a les
recommandations sur la sécurité routière qui sont
parfaites. Nous autres, nous disons que ce n'est pas payer moins ceux qui sont
en tort qui va régler le cas; c'est voir à ce qu'il y ait moins
d'accidents et à ce que ça coûte moins cher. Il y a deux
recommandations sur la sécurité routière sur lesquelles,
personnellement, je ne suis pas d'accord. C'est celle qui dit qu'on va obliger
le port de la ceinture de sécurité, sans que cela ait de
conséquences pour quelqu'un qui ne la porte pas. On est d'accord
là-dessus, nous autres. C'est très bon, la ceinture de
sécurité, ça peut réduire les accidents, mais il
faudrait inciter les gens à la porter en leur disant: Si vous ne la
portez pas, ça va réduire votre indemnisation. C'est la meilleure
façon de les forcer à la porter. Le rapport Gauvin dit que
ça doit être sans conséquence sur le paiement de
l'indemnité, qu'ils l'aient ou qu'ils ne l'aient pas.
Maintenant, il voudrait faire percevoir les amendes par le gouvernement
provincial. Personnellement, je ne suis pas d'accord là-dessus parce
que, d'une part, il dit à la police de surveiller davantage et, d'autre
part, au lieu de faire percevoir les amendes par la municipalité, il va
envoyer cela au gouvernement. Actuellement, il ne faut pas se faire de
cachette, il y a bien des corps de police de la province qui sont payés
par les amendes perçues par les gens qui surveillent la vitesse, les
feux de signalisation et les arrêts obligatoires. Je dis que cette mesure
serait de nature à diminuer la surveillance sur les routes et c'est
ça qu'on voudrait avoir davantage pour réduire les accidents.
Nous, ce que nous proposons, en définitive, ce sont des mesures
de sérucité accrues. Rendre l'assurance obligatoire pour tout le
monde, cela va réduire les primes d'environ 3 p.c. à 4 p.c.
Arrêter les recours de l'assurance-hospitali-sation, ça va
être encore 3 p.c. ou 4 p.c. Actuellement, c'est gratuit,
l'hospitalisation, pour le blessé, mais pour celui qui l'envoie à
l'hôpital, par sa faute, ce n'est pas gratuit. Nous disons, nous, que la
victime d'accident d'automobile doit être traitée à
l'hôpital de la même façon que celui qui se rend malade
à prendre un coup. On le traite et on n'en fait pas rembourser d'autres.
La victime d'accident d'automobile devrait être sur le même pied
que les autres. Si
on arrête ces recours subrogatoires, les primes vont baisser
encore de 3 p.c. à 4 p.c; avec la sécurité accrue,
ça va baisser encore.
Dans le rapport, il mentionne que, lorsqu'on est un groupe pour
s'assurer, ça coûte moins cher.
On peut faire de la publicité là-dessus, pour que des
groupes se forment de façon que le coût de l'assurance soit
réduit.
En somme, nous, ce qu'on veut, c'est garder la notion de faute, les
recours aux tribunaux, l'assurance obligatoire.
Quand il disait ce n'est pas marqué dans mon
mémoire ...
LE PRESIDENT (M. Picard): A l'ordre, s'il vous plaît! Me Biron,
est-ce que je pourrais vous demander de résumer un peu?
M. BIRON: Je suis rendu là.
LE PRESIDENT (M. Picard): Vous avez déjà
dépassé le temps alloué de cinq minutes et cela a pour
effet de réduire le temps qui sera accordé au ministre et aux
représentants...
M. BIRON: En résumé, on est pour la sécurité
routière accrue, pour l'assurance obligatoire et le maintien du recours
devant les tribunaux dans tous les cas.
LE PRESIDENT (M. Picard): Merci, Me Biron. L'honorable ministre.
M. TETLEY: Merci, M. le Président. Je note qu'il est onze heures
six minutes. Me Biron, si je comprends bien, à la page 24 de votre
mémoire, recommandation no 1 de l'Association des avocats de province,
vous recommandez que le gouvernement adopte des mesures de
sécurité routière de nature à réduire la
fréquence et la gravité des accidents de la route,
c'est-à-dire toutes les recommandations avec l'exception de la ceinture
de sécurité...
M. BIRON: C'est ce que j'ai dit.
M. TETLEY: Toutes les recommandations?
M. BIRON: Oui.
M. TETLEY: Et pour la ceinture de sécurité, vous voulez
une espèce de sanction civile dans la loi.
M. BIRON: C'est ça.
Il y a certains jugements qui la...
M. TETLEY: Oui... Certains quoi?
M. BIRON: Certains jugements qui, actuellement, peuvent tenir une
victime en faute si elle n'avait pas de ceinture de sécurité.
M. TETLEY: Oui, d'accord.
Deuxième question: Quelle est votre opinion au sujet de la
vitesse? Gauvin avait parlé de plus de policiers et membres de la
sécurité, plus de surveillance sur les routes, mais quelle est
votre opinion au sujet de la vitesse elle-même? Une vitesse de 70 milles
sur les grandes routes, 60 ailleurs, etc.? Est-ce qu'il faut l'abaisser?
M. BIRON: Mon opinion là-dessus est la suivante. Je sais que le
Barreau recommande une vitesse de 55 milles à l'heure: ce n'est pas vite
et il va falloir s'habituer à rouler plus lentement. Je crois que
l'expérience des Etats-Unis, qui a démontré que lorsqu'on
roulait moins vite, les accidents étaient réduits, ne peut pas
être écartée du revers de la main et que le moins qu'on
pourrait faire est de tenter l'expérience, d'abaisser la limite de
vitesse et voir ce que ça va donner comme résultat.
M. TETLEY: De la baisser à 55 milles à l'heure?
M. BIRON: S'il le faut, oui, certainement.
M. TETLEY: Vous avez dit que c'était votre opinion. Est-ce que
c'est l'opinion de votre Association des avocats de province ou votre
opinion?
M. BIRON: Le mémoire est le rapport de l'association.
M. TETLEY: Le mémoire ne parle pas de la vitesse.
M. BIRON: Mais vous savez, M. Tetley, que nous avons notre
congrès en fin de semaine, auquel vous avez accepté de
participer. Il y aura certainement une résolution proposée sur la
vitesse elle-même, et je crois que notre association va se rallier
à cette vitesse de 55 milles à l'heure.
M. TETLEY: Les avocats de province, c'était autrefois le Barreau
rural?
M. BIRON: C'est ça.
M. TETLEY: Combien de membres êtes-vous?
M. BIRON: 900. M. TETLEY: 900. M. BIRON: Oui.
M. TETLEY: Sur combien d'avocats au Québec?
M. BIRON: 4,500.
M. TETLEY: Et, pour être membre du Barreau rural, quelles sont les
qualifications, à part...
M. BIRON: Bien il faut...
M. TETLEY: ... d'être avocat?
M. BIRON: Oui. Mais il faut pratiquer en dehors de Montréal et
Québec et payer la cotisation prévue.
M. TETLEY: Bon, un avocat de Sherbrooke, Trois-Rivières...
M. BIRON: Absolument. Il y en a ici de Sherbrooke et
Trois-Rivières.
M. TETLEY: Quelqu'un de Laval?
M. BIRON: Laval? Actuellement, je crois que les gens de Laval se
considèrent dans Montréal et ne font pas partie de notre
association. Mais, à Sainte-Thérèse, ils font partie de
notre association.
M. TETLEY: Bon.
M. BIRON: Ceux qui pratiquent là font partie de notre
association.
M. TETLEY: Quelle est votre opinion au sujet des recommandations, dans
le rapport Gauvin, quant aux courtiers?
M. BIRON: Je suis contre l'abolition des courtiers parce que je
considère que les courtiers rendent de grands services aux
assurés. On voit ça tous les jours.
M. TETLEY: Gauvin ne veut pas les abolir mais...
M. BIRON: Oui. Il voudrait que l'assuré paie des honoraires de
consultation au courtier. Bien, si vous faites ça, il va en avoir juste
assez pour s'acheter la Presse en fin de semaine; à part les gros
industriels...
M. TETLEY: Avez-vous...
M. BIRON: ... qui pourront payer des honoraires...
M. TETLEY: Est-ce votre opinion ou celle de votre association?
M. BIRON: Bien, c'est difficile. Disons je n'ai pas appelé les
900, un par un. Mais je soumets que c'est l'opinion de notre association que ce
serait mauvais d'abolir les courtiers d'assurances sous prétexte d'un
conflit. Combien de fois j'ai vu des courtiers travailler et travailler contre
la compagnie, pour l'assuré, pour qu'il ait satisfaction, pour en
obtenir davantage. De là à dire qu'il est placé dans des
conflits d'intérêts, je veux dire qu'on ne peut pas
légiférer, vous le savez très bien, pour les cas...
M. TETLEY: Connaissez-vous l'expérience du Manitoba quand vous
faites votre déclaration au sujet des courtiers?
M. BIRON: Oui. Mais l'expérience du Manitoba est récente.
Si mes informations sont bonnes, il y en a qui en reviennent un peu du
système; ils ne le trouvent pas aussi merveilleux que ça.
M. TETLEY: Au sujet des courtiers?
M. BIRON: Bien, des courtiers, je ne peux pas vous dire exactement. Je
ne fais pas l'affirmation. Mais des ligues sont rendues à se former pour
l'évaluation des dommages matériels et tout ça;
c'était beau sur le papier, mais, en pratique, cela va être un des
problèmes.
M. TETLEY: Mais avez-vous, Me Biron, étudié le
système du Manitoba?
M. BIRON: Complètement...
M. TETLEY: Oui.
M. BIRON: ... je ne vous ferais pas...
M. TETLEY: Ou en Colombie-Britannique?
M. BIRON: ... cette affirmation, M. Tetley.
M. TETLEY: Oui.
M. BIRON: Mais j'ai vu ce qui s'écrivait sur le sujet...
M. TETLEY: Oui.
M. BIRON: ... dans les revues et les journaux.
M. TETLEY: Parfait.
Au sujet des compagnies, votre mémoire ne parle pas
nécessairement des compagnies. Vous avez parlé des compagnies
dans votre préambule, qui est parti en plusieurs directions. Vous avez
touché les compagnies. Vous avez dit même, je crois, que le
rapport Gauvin favorise les compagnies.
M. BIRON: Bien, il me semble...
M. TETLEY: Les compagnies sont venues ici avec une opinion
contraire.
M. BIRON: Oui? Il faudrait voir ce qu'elles pensent par en
arrière, par exemple, parce que je ne suis pas le seul à penser
ça. Si je prends l'éditorial de la Tribune, 16 mai,...
M. TETLEY: Oui.
M. BIRON: ... il est dit que les courtiers et les avocats auront
avantage à critiquer un tel système qui semble fabriqué
pour assurer la
protection des compagnies mais fort peu celle de ces professions jouant
traditionnellement un rôle de protection des droits du consommateur. Le
rapport Gauvin est un si bon plaidoyer pour l'entreprise privée qu'il
nous permet de croire que la réforme de l'assurance-automobile nous
donnera des assureurs mieux assurés. Lui aussi pense ça.
M. TETLEY: Bon. Cela est votre source? M. BIRON: Ah non! Pas ma
source... M. TETLEY: Vous n'avez pas...
M. BIRON: Dans mes sources, je considère que tous les clients que
j'ai vus en 18 ans de pratique et j'en ai vu quelques-uns et je serais
prêt à discuter d'expérience pratique avec des membres de
la commission...
M. TETLEY: Ma question était au sujet des compagnies. En tout
cas, les recommandations de M. Gauvin au sujet des compagnies sont à
l'effet qu'il faut couper les dépenses des compagnies et leurs
coûts d'administration, pas tout simplement les honoraires des
courtiers.
M. BIRON: Oui, mais me permettez-vous de dire ceci, M. Tetley? C'est
assez amusant de voir que M. Gauvin compare le système du Québec
à celui de Saskatchewan et du Manitoba. Il dit que les frais de mise en
marché, au Manitoba, coûtent 4 p.c. un régime
étatique et qu'au Québec, ils coûtent 12 p.c. Alors,
il y a un écart de 8 p.c. Les frais de règlement des sinistres,
au Manitoba, coûtent à peu près 8 p.c, et au Québec,
12 p.c. Donc, il y a un écart de 4 p.c. dans les frais de
règlement et de 8 p.c. dans la mise en marché. Chose amusante,
c'est qu'au lieu de dire: Mettez cela étatique, vous allez sauver 8 p.c,
on dit: Ne touchez pas à cela, laissez cela à l'entreprise
privée. Mais les avocats et les courtiers qui ont 4 p.c. dans le
règlement, abolissez cela, ce n'est plus bon. C'est cela qu'il dit.
Il continue. On a combien de compagnies, au Québec? 164. Je n'ai
pas d'objection, moi, à l'entreprise privée, mais de là
à dire que M. Gauvin a produit un rapport contre les compagnies
d'assurance, je n'admettrai certainement pas cela.
M. TETLEY: Non. En tout cas...
M. BIRON: C'est beau de leur dire: Réduisez vos frais. Tout le
monde veut cela. Mais ils ont tous des bureaux d'administration et ainsi de
suite.
M. TETLEY: Le Barreau vient un bon jour. Je crois que c'est le 3
décembre. Le Barreau a présenté, à une
conférence de presse, son mémoire, mais il attend certains
chiffres de ses actuaires. Si vous me permettez, cher confrère, je
trouve, peut-être, une faiblesse dans votre présentation. Vous
avez très bien présenté vos arguments, mais sans argument
de base ou sans chiffres.
M. BIRON: Mais croyez-vous, M. le Président, que l'Association
des avocats de province, qui reçoit une cotisation de $3 par membre,
était pour reprendre les études faites par le Barreau et son
actuaire?
M. TETLEY: Non...
M. BIRON: On continue à être membres du Barreau. Je fais
partie du comité administratif du Barreau du Québec. Je connais
parfaitement les travaux qui sont faits par le Barreau, à notre demande,
combien cela nous coûte, ce que cela va donner. Je n'étais pas
pour reprendre intégralement le mémoire du Barreau, que j'ai en
ma possession depuis fort longtemps.
M. TETLEY: Oui.
M. BIRON: Alors j'ai ajouté à cela. Cette partie, sur les
arguments techniques, les chiffres, le Barreau lui-même y pourvoira de
façon à éviter la répétition.
M. TETLEY: Parfait. Non mais la commission Gauvin avait quatre
commissaires, dont deux avocats.
M. BIRON: Les deux avocats, je ne veux pas faire d'affirmations...
M. TETLEY: Mais pas de membres de compagnies, ni de courtiers, mais au
moins deux avocats.
M. BIRON: Oui, mais les avocats, je n'aime pas bien ça mais je
voudrais bien voir leur expérience pratique. Si mes informations sont
bonnes, Me Claude Belleau, qui a été admis en 1959, a
travaillé deux ans pour la compagnie d'assurance L'Industrielle, a
été à Londres, au London School of Economics, il a un
doctorat d'Etat de Paris, il a été secrétaire et
conseiller de différentes associations, il enseigne à Laval. Mais
la pratique avec des clients blessés, des adversaires et des
procès, je ne la vois pas là-dedans. Vous avez peut-être
d'autres informations que je n'ai pas.
Relativement à l'autre avocat, Me Bouchard, que je n'ai pas le
plaisir de connaître personnellement, on me dit qu'il se
spécialise en droit corporatif et en fiducie. Cela, disons que c'est une
information qui m'est transmise par un membre du comité administratif du
Barreau. Si vous avez d'autres informations, vous pourriez peut-être nous
le dire.
Dans ceux qui rencontrent des clients... On en a fait une
expérience, hier. Je parlais justement à Me Vincent O'Donnell,
qui est président du comité du Barreau, et j'avais une cliente
dans mon bureau. Elle dit: Pensez-vous qu'il y a des chances pour que cela
passe, ce
système? Qu'est-ce que cela donnerait? On a
vérifié. J'avais son rapport d'incapacité. Sa jeune fille
blessée aurait retiré $100 avec le rapport Gauvin et elle va en
retirer $3,000 avec le système actuel. Je trouve que le système
actuel...
M. TETLEY: $100 par mois?
M. BIRON: Non, non, $50, deux semaines. Elle est allée à
l'hôpital. Elle s'est fait casser une jambe. Elle a été
dans le plâtre trois mois, mais elle n'a été que trois
semaines sans aller à l'école.
Elle ne voulait pas perdre son année, elle ne l'a pas perdue,
elle est retournée à l'école. Trois semaines
d'incapacité, je lui ai dit: $150, mais en réalité ce
n'était que $100 parce que dans le rapport Gauvin on ne paie pas pour la
première semaine, il y a un délai de carence de sept jours.
Alors, $100 au lieu de $3,000. Elle n'a pas trouvé cela
merveilleux, je peux vous le dire.
M. TETLEY: Mais est-ce que vous croyez que pour une jeune fille qui n'a
rien souffert...
M. BIRON: Ah oui! elle n'a rien souffert, M. Tetley...
M. TETLEY: ... l'Etat, le gouvernement ou la population doive payer
$3,000 parce qu'elle avait un bon avocat qui était vous?
M. BIRON: Non, non! je ne me donne pas des vertus que je n'ai pas. Vous
dites qu'elle n'a rien souffert...
M. TETLEY: Vous avez la compétence...
M. BIRON: L'accident est arrivé au mois de mars. Je l'ai vue
à mon bureau hier et il lui reste une plaque jaune sur la jambe, le
tibia, où c'était fracturé. J'ai dit: Montrez-moi donc
cela. Elle relève son pantalon, je mets le doigt, Oups! elle a dit: Cela
fait mal.
M. TETLEY: Dans ces conditions, Gauvin aurait donné beaucoup plus
que $200.
M. BIRON: C'est $100, d'après M. Gauvin. Elle n'était pas
mutilée, il n'y a aucun membre de retranché, ils sont tous
là, à la même longueur qu'avant. C'est encavé, par
exemple, et ça fait mal, c'est brun, ce n'est pas joli pour une jeune
fille et ça fait mal encore, elle a été trois mois dans le
plâtre. Mais pour cela, Gauvin, que voulez-vous, dit: C'est tellement
difficile de fixer des montants arbitraires. Jusqu'ici on a bien réussi
sans lui. Mais c'est tellement difficile, abolissons cela. On règle les
problèmes, c'est beau.
M. TETLEY: En tout cas, Gauvin, Bouchard et Belleau reviennent: ils
répondront à vos affirmations. Dans votre mémoire,
messieurs les avocats sont experts en droit, n'est-ce pas, sur tous les
problèmes à la cour, le coût des avocats, les délais
et la justice à la cour, s'il y a vraiment de la justice à la
cour. Ces trois choses-là, les délais, les frais d'avocats et
s'il y a vraiment justice à la cour ce qui est assez bien
documenté dans le rapport Gauvin ne sont pas, en effet,
touchées dans votre mémoire.
M. BIRON: M. Tetley, me permettez-vous d'ajouter que quand on voit dans
son rapport qu'il a fait une enquête sur 2,200 dossiers, n'est-ce pas,
qui est-il allé voir? Il est allé voir dix compagnies d'assurance
et des victimes. Et aux pages 192 et 193 du rapport, vous allez voir qu'il n'a
consulté aucun avocat dans son enquête. C'est toute une
enquête, ça! Les avocats oeuvrent dans cela à la
journée, voient des victimes, voient comment cela se fait à la
cour et, dans le rapport, aux pages 192 et 193, il dit qui ils sont
allés voir: "Nous avons étudié les dossiers des assureurs
et complété les renseignements recueillis par des entrevues
auprès des victimes elles-mêmes." Nulle part il ne dit qu'il est
allé voir des avocats.
M. TETLEY: Mais c'étaient des cas réglés, pas des
cas nécessairement sans avocat.
M. BIRON: Oui, mais pensez-vous, M. Tetley, que quand on fait une
enquête qui base ses conclusions sur 2,200 dossiers et qu'on ne va pas
faire enquête auprès des avocats, on a fait une enquête
complète? Quels renseignements, quelles questions ont-ils posées
aux compagnies d'assurances pour obtenir les réponses qu'ils ont eues?
S'ils avaient pris des informations, fait enquête aussi auprès des
avocats, peut-être que les réponses données ne seraient pas
les mêmes. Je dis que cette enquête n'a pas été faite
auprès des avocats. Il ne faut pas prendre les avocats pour des gens qui
ne sont pas capables de répondre objectivement aux enquêtes. Ils
ne sont pas venus nous voir et tout le rapport est inspiré de la
philosophie du professeur français Tunc. Pour lui, c'est tout bon, c'est
parfait. Mais il n'y a pas que le professeur Tunc dans le monde qui a
écrit sur le sujet. Où est l'opinion des autres là-dedans?
Où? Où? Nulle part. Ils sont partis avec une idée, ils ont
trouvé cela bon, eux, et ils l'ont développée tout le
long. Mais dans le monde, il y a d'autres penseurs que Tunc qui ont des
idées différentes, et ce sont ces idées que nous faisons
valoir.
M. TETLEY: Lesquelles?
M. BIRON: Lesquelles? Tous ceux qui ont parlé de la cause...
M. TETLEY: A part Biron et...
M. BIRON: ... à part Biron, non, je n'ajoute pas, je ne parle que
comme avocat président de l'Association des avocats de province. Je ne
suis pas un auteur qui ai écrit sur le sujet. Vous connaissez
certainement le professeur Linden,
de Osgoode Hall, qui a écrit sur le sujet. Il n'a pas l'opinion
de Tunc. Il y en a d'autres. Si c'est si merveilleux que cela, il n'y a que la
Nouvelle-Zélande qui a adopté ce système. Ailleurs, on ne
l'a pas encore adopté. Il est en train de réinventer la roue,
mais est-ce que les citoyens du Québec doivent en faire les frais?
M. TETLEY: Bon! je vous remercie de votre explication. Vous êtes
très bon plaideur, c'est pourquoi vos clients gagnent des
règlements aussi élevés; peut-être même que
vous gagnez avant le procès. En tout cas, je vous remercie, Me
Biron.
M. BIRON: Merci.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Lafontaine,
porte-parole de l'Opposition officielle.
M. LEGER: M. le Président, j'ai vaguement l'impression que vous
n'êtes pas d'accord sur les recommandations Gauvin en
général.
M. BIRON: Sauf sur la sécurité routière, on n'est
pas d'accord.
M. LEGER: Vous ne me cachez rien. Est-ce que vous pouvez me dire votre
évaluation du coût des dépenses d'avocat ou de jugement ou
de procédures, en moyenne? Par exemple, à la page 194, vous avez
le rapport compensation/perte pour les victimes de blessures corporelles. On a
pris une moyenne de perte au Québec de $2,168; d'après vous, quel
est le coût d'une procédure totale pour une réclamation de
$2,168?
M. BIRON: $2,168. Disons qu'un client arrive au bureau; si je
perçois pour lui $2,168 cela va lui coûter 15 p.c. de ce
montant.
M. LEGER: C'est la même chose pour la moyenne des dommages
matériels. A l'autre page, là on voit le rapport
compensation/perte pour les dommages...
M. BIRON: Pour des blessures, c'est 15 p.c.
M. LEGER: ... $489 dans des accidents avec dommages matériels
seulement. C'est encore 15 p.c?
M. BIRON: Oui, monsieur.
M. LEGER: Bon. Maintenant, vous avez dit tantôt que vous
souhaitiez que, dans le rapport de la police qui prend des notes sur un
accident, les victimes puissent indiquer leurs impressions, qu'elles donnent
leur...
M. BIRON: Leur version.
M. LEGER: ... version. Je me rappelle fort bien cela
démontre comment les grosses compagnies sont capables de s'organiser
contre les petits citoyens la façon dont agissaient les
compagnies de savon qui avaient des voyageurs sur la route à qui on
fournissait l'automobile. Dans la façon de régler les accidents,
c'est-à-dire de se comporter dans les accidents, il y avait tout un
mémoire: premièrement, vous faites ça;
deuxièmement, troisièmement. Entre autres, on disait aux
voyageurs: Immédiatement, à l'occasion d'un accident, ne
déclarez absolument rien, ne faites aucun rapport qui pourrait vous
incriminer.
M. BIRON: Sauf à la police.
M. LEGER: Ne déclarez jamais que vous êtes coupable,
même si vous l'êtes.
M. BIRON: Oui.
M. LEGER: Deuxièmement, si c'est possible, voici une formule que
vous faites remplir à l'autre personne si elle est coupable et si elle
veut signer cela. Cela va nous faire gagner du temps. Je comprends, ce que vous
dites là...
M. BIRON: Voici la position...
M. LEGER: L'effet du choc, c'est une des raisons. Quand il y a un choc
émotif, ce n'est pas tellement bon de s'exprimer; on peut le regretter
par la suite.
M. BIRON: C'est-à-dire que mon expérience démontre
qu'après deux ou trois mois, quand ils ont mesuré les
implications financières de leur déclaration faite
spontanément, il y en a plusieurs qui aimeraient corriger cela et dire
que ce qui était noir est devenu blanc. C'est mon expérience.
Maintenant...
M. LEGER: D'accord.
M. BIRON: ... de dire: Ne dites jamais un mot. Vous voyez ça dans
la police. Ne faites aucune déclaration. Mais c'est ajouté: sauf
à la police. Dans mon expérience de 18 ans, j'ai vu une seule
personne qui avait eu un accident et qui a refusé de donner sa version
à la police. C'était écrit dans le rapport : A
refusé de donner une version. Elle n'a rien dit. J'ai vu ça une
fois.
Les autres fois, on a des versions. Cela fait au moins deux ou trois ans
que le Barreau demande d'avoir les versions dans les rapports. On ne les a pas,
ce n'est pas bon, cela fait des procès. J'ai plaidé une cause
dans le cas d'un camion qui, en en dépassant un autre, l'a
accroché. Le camion s'est renversé. Il y a eu $15,000 de dommages
à la cargaison. Le procès a eu lieu parce que le camionneur qui
dépassait disait que l'autre lui avait subitement coupé le chemin
en changeant de voie. On a plaidé là-dessus et le policier est
arrivé avec son rapport où c'était marqué, comme
version du camionneur qui dépassait: "A un moment donné, en
dépassant, il y a eu un petit brouillard de neige, je l'ai
perdu de vue et je l'ai frappé". L'action a été
rejetée, cela n'a pas été long, mais cela a
coûté cher pour savoir cela. Si on avait eu le rapport de la
police avant, il n'y aurait jamais eu de cause. Cette cause n'aurait pas pris
la place d'une autre sur le rôle. Elle ne serait jamais venue là.
Mais on a su cela le matin du procès, parce que, actuellement, quand on
nous envoie le rapport de police, on met un papier sur les versions et le
photostat est blanc. Il n'y a rien pour les versions. Tout ce qu'on sait, c'est
le nom, l'adresse et l'endroit où l'accident est arrivé. Des
petites choses comme cela, qu'on sait d'avance, quand les personnes ne sont pas
sans connaissance après l'accident.
M. LEGER: Votre version est basée sur la conservation de
l'idée de la faute. A ce moment, il est toujours question de vouloir
obtenir le plus de renseignements possibles, tous les détails techniques
possibles pour gagner le point d'un des deux antagonistes.
M. BIRON: M. Léger, vous appelez cela des détails
techniques, moi j'appelle cela de la justice. Celui qui n'est pas en
faute...
M. LEGER: Disons les points de droit qui permettent aux gens de gagner.
Comme de raison la faute légale n'est pas nécessairement la faute
morale, c'est pour cela que, dans le rapport Gauvin, il y a la philosophie
d'une personne qui peut être coupable en vertu d'un point de droit, selon
la loi, mais qui, moralement, ne peut pas être coupable. Il y a aussi
l'inverse.
Je vais vous poser la question suivante puisque vous avez
mentionné que cela coûtait plus cher avec un plan "no fault",
parce que les gens seraient obligés de s'assurer pour une somme
supplémentaire pour leurs propres besoins, avez-vous une idée de
l'importance du coût supplémentaire pour une protection
additionnelle à une protection de base pour tout le monde?
M. BIRON: Aujourd'hui, M. Léger, je ne puis vous donner de
chiffres précis sur ce coût. Il est certain que si on veut une
protection complète, un gars qui gagne $30,000 par année, au lieu
de $200,000, comme prévu, pour être payé $30,000, cela va
certainement lui coûter un montant considérable en primes. Mais,
excusez-moi, je ne peux pas vous dire combien. Cela varie nécessairement
sans doute avec l'âge, ainsi de suite. Je ne peux pas vous dire le
montant exact, mais pour ceux-là, actuellement, d'abord, il n'y a pas de
délai de carence. On est payé à compter de la
première journée où on est incapable de travailler, et on
est payé à 100 p.c.
M. LEGER: Pour votre information, pour ce qui est du régime sans
responsabilité des compagnies d'assurance, dans leurs propositions
celles-ci nous ont dit que la différence de coût entre l'assurance
de base et un risque allant jusqu'à $200,000 serait, au point de vue des
primes, de $14 à $20.
M. BIRON: C'est drôle, je ne suis pas capable d'en acheter
à ce prix.
M. LEGER: Actuellement, non.
M. BIRON: J'en ai, mais on ne m'assure pas au plein montant.
M. LEGER: Mais vous êtes dans le régime actuel. Dans
l'autre régime, étant donné que tout le monde est
obligé de s'assurer, que les risques sont répartis sur un plus
grand nombre de personnes et que le pourcentage de ceux qui ont des
réclamations à l'intérieur du barème de base est de
85 p.c, donc c'est seulement pour les 15 p.c. supplémentaires.
C'est pour ça que ça ne coûterait pas tellement cher
pour le supplément.
M. BIRON: Mais ça, ce n'est pas écrit dans le rapport
Gauvin.
M. LEGER: Non, non.
M. BIRON: C'est écrit que ça va coûter $14.
M. LEGER: C'est le Bureau des assurances du Canada qui nous a
donné ces chiffres.
M. BIRON: II ne doit pas y avoir de plans comme ça sur le
marché, dans le moment.
M. LEGER: Non, le "no fault" n'est pas encore établi.
Etant donné que vous êtes certainement
intéressé à ce que les délais soient raccourcis,
que les frais sont réduits...
M. BIRON: Oui.
M. LEGER: ... si on gardait le système actuel de la
responsabilité, est-ce que vous seriez d'accord, pour éviter les
frais inutiles et les délais, que le seuil permettant de poursuivre par
la Loi des petites créances soit augmenté de $300 à
$500?
M. BIRON: Votre but est bon, mais le moyen est mauvais, M. Léger.
Vous devriez voir les gens qui vont à la cour des petites
créances, voir les résultats et comment ça se
déroule. Il y a toujours un gagnant et un perdant, évidemment, ou
parfois on sépare entre les deux, mais ce n'est pas une panacée
extraordinaire. Il y a des gens mécontents dans les corridors; avant,
ils pouvaient toujours se plaindre de leur avocat mais là, c'est du
juge. Il n'y a plus d'avocat, alors le juge est comme ci, le juge est comme
ça. Des plaintes comme ça, il y en a beaucoup.
M. Léger, quand un juge, dans une journée, entend 20
causes, pensez-vous qu'il a pris le
temps d'écouter tout le monde à fond et toutes les
versions? Moi, je prétends que non. Il rend des jugements; ils sont
rendus, ça va vite, mais $300 c'est amplement. Si vous augmentez le
montant $300, ça s'endure vous déséquilibrez
joliment des budgets en dépassant ce seuil. La meilleure preuve de
ça, c'est que vous avez des causes j'en ai plaidé
moi-même où le juge trouve notre client en faute à
50 p.c. en cours des petites créances. Je représentais quelqu'un
à la cour Provinciale pour un montant qui dépassait $2,000. La
compagnie d'assurance me demande mon opinion et je lui dis: D'après moi,
le juge n'a pas apprécié la preuve comme il le faut et on devrait
plaider ça. On plaide et on gagne à 100 p.c. A la première
cour, le juge avait divisé mais il n'avait pas entendu tous les
témoins à fond. Il y a des gens qui sont capables de s'exprimer
et il y en a d'autres qui ne sont pas capables, qui ont de la
misère.
S'il y a des avocats depuis l'Antiquité, ce n'est pas un hasard,
c'est parce que, à mon sens, c'est nécessaire. Il y en aura
toujours qui, même avec un bon droit, tout seuls, ne seront pas capables
de le faire valoir. C'est commode d'avoir un avocat pour faire valoir ce
droit-là. Jusqu'à $300, on ne dérange pas la vie de
quelqu'un indéfiniment mais, quand vous dépassez ça, ce
sont des sommes qui sont importantes pour bien du monde. Combien de gens, M.
Léger et messieurs les membres de la commission, voit-on... Il y en a un
qui m'a téléphoné hier, il avait une cause de $64 et il
fallait qu'il aille à Montréal faire valoir ça. Il a dit:
Laissons faire. Lui, c'en est un qui n'est pas payé, il ne veut pas
l'être. Qu'est-ce que vous voulez faire de ça?
Il y en a d'autres qui essaient de trouver des moyens pour augmenter
ça en haut de $300 pour être sûrs d'avoir un avocat; ils en
veulent un et ils sont prêts à le payer. Ce n'est pas pour rien.
Il y en a qui sont allés à la cour des petites créances et
ont dit: On ne veut plus repasser là. Cette expérience, ils ne
veulent plus l'avoir. Il y a des cas où ça va très bien,
mais $300, je dis que c'est assez haut.
M. LEGER: On peut dire quand même qu'il y a des gens, aussi, qui
ne veulent pas retourner à la cour Supérieure.
M. BIRON: D'accord.
M. LEGER: Tantôt, vous avez donné un argument valable, du
moins je le trouve bien, concernant les délais pour les dommages
incluant des blessures corporelles. C'est sûr qu'il faut attendre
exactement la somme qui va être réclamée, parce que la
personne n'est pas complètement rétablie, etc. Mais même
dans le domaine uniquement des dommages matériels, actuellement, il y a
une cause sur trois qui n'est pas payée après 90 jours, justement
à cause des délais d'inscription en cour et toute la
procédure normale. Vous ne trouvez pas que c'est un peu long, dans le
système actuel? On ne peut pas dire que ce n'est pas exact, c'est
très long.
M. BIRON: M. Léger, si on considère ce qui se fait dans le
monde, un règlement dans 90 jours, c'est bon. Franchement...
M. LEGER: Moi je disais qu'un sur trois, en 90 jours, n'était pas
réglé. Je n'ai pas dit qu'il était réglé en
90 jours, n'était pas réglé.
M. BIRON: Oui, n'était pas réglé, je le sais. Bien
objectivement, bien franchement, des plaintes des citoyens là-dessus,
quand les délais d'audition en cour Provinciale... A Montréal,
ça va très très vite. Votre cause est inscrite en cour
Provinciale, vous pouvez passer ça deux mois après. Les citoyens
ne trouvent pas ça long, dans le moment, ces délais. Chez nous,
à la cour Provinciale, on peut passer dans six mois. Mais quand on est
obligé de dire aux gens: Cela va prendre deux ans, comme cela a
déjà été le cas, c'est long, c'est franchement
long.
Mais l'enquête a commencé en 1971. Il y a eu bien des
améliorations depuis 1971. Ils voudraient corriger des problèmes
qui ont existé, mais qui ont été corrigés par la
Loi d'indemnisation qui est franchement formidable, qui a changé
l'indemnisation d'une façon incroyable pour les victimes. Avant cette
loi, on allait aux enquêtes du coroner, une personne avait
été tuée, puis tout le travail de l'avocat des parents de
la victime était d'essayer d'établir que l'autre n'était
pas "en boisson", parce que s'il était "en boisson", son assureur ne
payait pas. La loi a changé ça, c'est une loi très bonne
qui favorise l'indemnisation et avec justice.
M. LEGER: Maintenant, vous êtes au courant que, même dans le
régime sans responsabilité, l'assuré, qui se sent
lésé par la décision de la compagnie d'assurance de
l'indemniser d'une somme qui ne correspond pas à celle qu'il juge bon de
réclamer, peut quand même utiliser les services d'un avocat pour
la réclamer.
M. BIRON: A quel tribunal? Ce n'est pas indiqué.
M. LEGER: Non, mais...
M. BIRON: On dit: le tribunal compétent. Est-ce qu'ils vont faire
un petit tribunal spécial pour les compagnies d'assurance?
Puis deuxièmement...
M. LEGER: Remarquez bien que je comprends votre point
d'interrogation...
M. BIRON: ... c'est un droit d'appel.
M. LEGER: ... parce qu'on travaille sur un rapport qui stipule des
principes à adopter, selon un choix du gouvernement. On ne peut pas
parler, le gouvernement n'a pas fait son choix encore...
M. BIRON: M. Léger...
M. LEGER: ... il y a beaucoup de choses qui manquent là-dedans,
que le gouvernement doit faire, à la suite des recommandations. On ne
sait pas quel tribunal, parce que le rapport ne le dit pas.
M. BIRON: C'est un droit d'appel qui va être exercé
après des procédures. Cela va passer dans quel délai,
ça aussi? Vous allez recommencer un procès là-dessus? Cela
va en prendre un si le gars n'est pas satisfait de l'indemnité de
mutilation. Le premier juge, juge et partie, l'assureur, il va regarder
ça. Puis il dit qu'il va réduire les coûts j'ai
oublié de mentionner ça tantôt avez-vous
pensé combien ça va coûter pour réviser les
indemnités annuellement comme il dit qu'il va faire? Une révision
des indemnités, c'est à la page 324 du rapport. Au bout d'un an,
il va réviser ça, réviser les salaires, si le gars gagne
plus qu'avant, réviser pour voir s'il est plus ou moins mutilé
qu'avant.
Combien cela va coûter, ces révisions d'indemnités?
Est-ce que la baisse hypothétique qu'il prévoit dans les primes
va être mangée par ça? Parce que c'est juste
hypothétique, son affaire. A la page 331, il est dit, bien clairement:
"La présente évaluation ne vise pas à déterminer
les taux qui devront être utilisés; mesurer
précisément l'impact des changements mentionnés sur le
coût ne sera possible qu'à la lumière de
l'expérience de quelques années". Alors, on peut avoir de jolies
surprises. Voyez-vous ça, après avoir adopté une loi
basée sur ce rapport, que les primes se mettent à augmenter
considérablement et que les indemnités baissent? Ce serait joli.
Mais ce n'est pas impossible; il n'est pas capable de mesurer le coût. Ce
sont des hypothèses qu'il fait.
M. LEGER: Maintenant, M. Biron, dans votre association, vous êtes
environ 900 avocats. La moyenne de revenus des avocats dans votre association
se situe dans quels barèmes?
M. BIRON: Là, vous me posez une question difficile...
M. LEGER: La moyenne. Je ne parle pas...
M. BIRON: ... parce que je ne vois pas les rapports d'impôt de
chacun. Mais je sais qu'on paie notre part d'impôt adéquatement.
Je peux vous dire ça. On ne prétend pas qu'on vit mal. On ne
prétend pas ça.
M. LEGER: Non, mais vous n'avez pas de chiffres là-dessus.
M. BIRON: On prétend qu'on rend des services. Non, je ne peux pas
vous dire le salaire ou le revenu des avocats. Je peux vous dire combien les
avocats, qui commencent à salaire, gagnent. Je peux vous dire
ça.
M. TETLEY: Combien?
M. BIRON: Bien, il y en a qui commencent à $150. Cela monte
à $200, $250. Cela augmente aussi. Quand ils montent dans
l'échelle, ils commencent à partager les profits nets du bureau.
Disons qu'on ne se plaint pas, nous, de ne pas gagner adéquatement notre
vie. On prétend qu'on vit bien, les avocats. Mais on prétend
qu'on rend des services aussi. Les avocats en dehors de Québec et de
Montréal je ne dis pas qu'ils ne le font pas à
Montréal ; je ne parle pas pour eux dans le moment à part
s'occuper des causes d'accidents d'automobile, s'occupent de bien d'autres
choses que ça, pour lesquelles ils ne sont pas payés. On a des
présidents de Croix Rouge. On a des présidents de collèges
secondaires. On a des présidents de clubs sociaux. On a toutes sortes
d'affaires pour lesquelles on n'est pas payés. Mais on rend ces
services-là aussi, cela entre dans le tout.
M. LEGER: M. Biron, étant donné que vous n'avez pas de
chiffres, je ne vous laisserai pas aller plus loin dans cette direction. Tenons
donc pour acquis que vous avez un revenu conservateur de $25,000, net, avant
impôt. Vous avez dit dans votre mémoire que la moitié des
revenus provient justement de l'assurance-automobile; c'est donc dire que,
juste dans le domaine de l'assurance-automobile, c'est près de $10
millions à $12 millions que cela coûte actuellement pour la
poursuite. Je comprends que vous vous défendez; vous avez bien le droit
de le faire. C'est important de le dire ici pour que le gouvernement et
l'Opposition puissent tenir compte de ça, mais, dans le coût
global de l'assurance, il faut quand même admettre que, si c'est la
moitié, ce n'est pas loin de $12 millions uniquement pour les 900
avocats. Si on prend le total des avocats du Québec, ce n'est pas loin
de$45 millions à $50 millions, uniquement en frais d'avocats, et cela
à part les coûts de la poursuite.
M. BIRON: Mais ce qu'il ne faut pas oublier, M. Léger, c'est
qu'il y a 900 avocats dans l'association, mais qu'il n'y en a pas 900 dans la
pratique privée. Les avocats fonctionnaires, les avocats de la couronne,
les avocats de l'aide juridique ne sont pas dans ce domaine et ils sont des
avocats de province.
Ils sont dans notre association. Ceux qui font du droit corporatif,
c'est la même chose.
Mais ce qu'on dit, dans notre rapport, c'est que les avocats qui sont
dans la pratique privée, comme nous autres, il est bien évident
que c'est une partie très importante de leur revenu. Quand même je
vous dirais: On va leur dire que cela ne nous fait pas si mal que ça, il
n'y a personne qui va me croire là-dessus. Je dois vous dire que des
avocats, j'en ai rencontré beaucoup, dans toute la province. Ils sont
tous terriblement inquiets. Quand même je vous dirais le contraire, c'est
se compter des histoires. Ce n'est pas vrai. Ils sont tous très
inquiets, très, parce qu'ils ne savent pas de quoi demain sera fait pour
eux.
M. LEGER: Je vous comprends. Si je fais de l'empathie, je me mets
à votre place, je serai à même d'essayer de défendre
une source de revenu importante de votre profession.
Il faut quand même admettre que nous autres, on est ici en face
des problèmes des assurés d'abord, en tenant compte aussi des
intermédiaires, qui ont une responsabilité aussi. Mais le rapport
Gauvin dit bien que le coût d'une assurance qui tient compte de la
responsabilité de la faute se situe entre $0.15 et $0.20 dans le dollar.
Cela veut dire une économie énorme de ce
côté-là.
Alors, je comprends qu'il y a peut-être des points dont il faut
tenir compte, qui feraient qu'il y aurait peut-être d'autres
augmentations ailleurs, mais est-ce que vous admettez quand même que, si
on se place dans la peau des assurés, ils paient actuellement, dans un
régime où il faut toujours prouver qui est coupable pour le faire
condamner et le faire payer, 15 p.c. à 20 p.c. de plus?
M. BIRON: Disons que cela coûte quelque chose, certainement. On ne
peut pas dire que cela ne coûte rien. Mais demandez aux victimes
elles-mêmes si elles se sentent lésées de ce pourcentage et
elles sont bien contentes d'avoir des avocats.
Voici ce que j'ai constaté depuis 18 ans. Au début de ma
pratique, les gens venaient nous voir à la toute dernière minute,
quand ils n'avaient pas réussi à obtenir un petit montant
quelconque des assureurs, dans le temps que tout le monde disait: N'importe
quel règlement est meilleur qu'un procès. Cela est passé
de mode. Vous seriez très surpris de voir combien les gens sont
éveillés à la responsabilité et ils veulent que
ceux qui leur causent un dommage par leur faute payent.
Autrefois, les gens disaient: C'est un accident. Il n'a quasiment rien.
Il a un bras raide un peu mais il n'a quasiment rien. Cela n'existe plus. Si
vous changez le système juridique pour dire qu'il y a juste les
mutilations qui vont changer, vous allez changer la mentalité, vous
allez essayer de changer la mentalité des gens parce que c'est
dépassé.
Il n'est pas rare du tout de voir les gens venir à notre bureau
alors que la victime est encore au salon funéraire. On ne voyait pas
cela, autrefois, mais cela a changé. Ce n'est plus comme c'était.
Des gens à l'hôpital, c'est fréquent, on a des mises en
demeure d'envoyées et on n'a pas vu le patient parce qu'il est encore
à l'hôpital, parfois il est dans le coma.
Ce n'est plus comme c'était. Les gens trouvent que ce qui est
payé à l'avocat en indemnité, ça rapporte, c'est
même écrit dans le rapport Gauvin. Ceux qui en ont sont mieux
indemnisés, c'est vrai.
M. LEGER: M. le Président, je n'ai pas d'autre question. Je vous
remercie, M. Biron d'avoir si éloquemment défendu le point de
votre association. Merci.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député du comté
d'Iberville.
M. TREMBLAY: M. le Président, j'aimerais poser une question
additionnelle à M. Biron, qui fait suite à une question qui lui a
été posée tout à l'heure par le
député de Lafontaine, au sujet des honoraires.
En supposant qu'un règlement hors de cour survienne, pour les
fins de la discussion, mettons le montant à $30,000 au tarif
mentionné à votre réponse précédente, ce
serait 15 p.c?
M. BIRON: Oui, monsieur.
M. TREMBLAY: Est-ce payable par l'assureur ou par l'assuré?
M. BIRON: Par le client.
M. TREMBLAY: Est-ce que c'est payable par le client via l'assureur?
M. BIRON: Non.
M. TREMBLAY: II y a un cas, par exemple, que je vous soumettrais, dont
l'indemnité est de $30,000. Il y a des frais d'avocat qui ont
été réclamés à l'assureur au montant de,
disons, $2,500.
M. BIRON: Cela arrive, monsieur...
M. TREMBLAY: Est-ce que, au même moment, le même avocat va
réclamer ses 15 p.c. de son client?
M. BIRON: Voici. Vous soumettez le cas, on va l'éclaircir
complètement.
M. TREMBLAY: C'est pour cela que je vous le pose.
M. BIRON: Très franchement, la situation c'est la suivante: s'il
y a des procédures judiciaires, la compagnie d'assurance va payer les
frais judiciaires et des honoraires, et l'avocat, possiblement, peut demander
à son client 15 p.c. Est-ce qu'il le fait, est-ce qu'il ne le fait pas?
Là, il reçoit deux chèques. Là je vous parle de cas
de procédures judiciaires.
Parlons du cas...
M. TETLEY: ... deux chèques, 15 p.c. chacun?
M. BIRON: Non, non, non, non, non!
M. TETLEY: La plupart du temps, n'est-ce pas, M. Biron?
M. BIRON: Non... Pardon?
M. TETLEY: La plupart du temps.
M. BIRON: Je regrette, M. Tetley. Les com-
pagnies d'assurance vont payer 15 p.c. dans les petits montants, mais
n'essayez pas de leur faire payer 15 p.c. dans les gros montants, c'est
passé de mode. C'est peut-être 7 p.c. peut-être 8 p.c. Mais,
des 15 p.c, il ne s'en paie plus.
M. TETLEY: Qu'est-ce que c'est un gros montant? Pardon, mon ami.
M. BIRON: Rendu à $3,000, ils trouvent cela
élevé.
Disons qu'ils vont payer cela, parfois $450 de frais...
M. TETLEY: Jusqu'à $3,000 c'est 15 p.c. plus 15 p.c,
c'est-à-dire $900.
M. BIRON: Cela varie d'une compagnie à l'autre, mais des
compagnies qui paient 15 p.c. des gros montants, il n'y en a plus.
Maintenant, pour répondre bien franchement à votre
question, à supposer qu'il n'y ait pas de procédure judiciaire,
il arrive que des compagnies vont payer un montant de frais et que l'avocat va
exiger 15 p.c. de son client.
Maintenant, j'ai deux choses à ajouter là-dessus...
M. TREMBLAY: Entre parenthèses, avant que vous continuiez, au
moment où l'avocat perçoit les honoraires de l'assureur, est-ce
qu'il le dit à son client qu'il est payé par l'assureur en sus
des 15 p.c. qu'il lui réclame?
M. BIRON: Voici: Pour aller au fond des choses, c'est ceci,
complètement...
M. TREMBLAY: Je ne l'ai pas inventée, cette question-là;
vous l'attendiez de toute façon.
M. BIRON: Oui, je vais vous répondre franchement.
M. TETLEY: La réponse est non.
M. BIRON: Je vais vous répondre franchement là-dessus.
M. TREMBLAY: Vous l'attendiez de toute façon.
M. BIRON: Le règlement du Barreau prévoit que, sur
demande, l'avocat doit dévoiler à tous ses clients les honoraires
qu'il reçoit de la partie adverse. Je dois vous dire qu'en 18 ans cela
m'a été demandé une fois, mais de la partie adverse.
Maintenant, vous n'ignorez pas, par le sens de votre question sans doute,
qu'actuellement le Barreau est à négocier ses tarifs avec
l'honorable ministre de la Justice M. Desjardins est bien au courant
et la négociation porte sur notre tarif qui date de 1920.
Actuellement, les représentants du ministère en font une
condition de l'adoption du tarif, que le règlement soit modifié
de façon que l'avocat, dans tous les cas, que ce soit demandé ou
non, dise à son client: Voici les montants que j'ai reçus ou que
nous recevons.
Alors, ce tarif est sur le point d'être en vigueur et c'est une
des conditions du gouvernement pour qu'il soit adopté, que le
règlement soit modifié.
M. TREMBLAY: Que l'avocat soit...
M. BIRON: Qu'on dise au client: Voici, on retire tant.
M. TREMBLAY: ... obligé par la loi...
M. BIRON: C'est ça. Vous savez, actuellement, qu'aux Etats-Unis
les honoraires des avocats, ce n'est pas 15 p.c, c'est 30 p.c, le tiers, et
puis...
M. TREMBLAY: Mais, si je ne m'abuse, dans le moment, nous parlons des
avocats du Québec.
M. BIRON: Oui. Alors, les avocats du Québec, dans le moment,
peut-être que ça peut se rendre à 20 p.c, 25 p.c; cela
dépend des cas.
M. TREMBLAY: Dans un cas patent comme celui-là, que ce soit le
montant que l'on veut, trouvez-vous raisonnable, vous, par exemple, pour un
règlement hors cour en plus de ça il n'y a pas eu de
procès; il n'y a pas eu de plaidoirie devant les juges, etc. que
l'avocat exige de l'assureur, disons, 5 p.c. vous dites que ça
peut se situer entre 5 p.c. et 8 p.c; mettons le minimum, 5 p.c et, en
plus de ça, qu'il se tourne de bord et aille chercher également
15 p.c. de son client? Cela fait 20 p.c...
M. BIRON: Bien là...
M. TREMBLAY: ... sur une réclamation...
M. BIRON: ... vous posez...
M. TREMBLAY: ... de $30,000 où il n'y a pas eu de procès?
Il y a eu probablement des échanges de papiers entre deux avocats et ce
n'est pas bien long, ce n'est pas trop compliqué; il y a eu un beau
$6,000 d'honoraires perçus là et bien payés à part
ça.
M. BIRON: Si...
M. TREMBLAY: Est-ce que vous trouvez cela raisonnable? Je vous pose la
question.
M. BIRON: Bien écoutez. Vous me posez la question. Là, on
déplace le débat sur la question des honoraires d'avocats. Est-ce
trop...
M. TREMBLAY: Je vous demande si c'est
raisonnable, parce que tout cela entre dans le contexte.
M. BIRON: Bien, pour dire si c'est raisonnable, je devrais d'abord
examiner dans chaque cas le travail fait par l'avocat. Evidemment, s'il n'a
travaillé qu'une heure, cela commence à faire cher l'heure. Mais
chaque cas est différent et puis l'expérience aussi. Le montant,
il faudrait dire à l'avocat: Trouvez-vous que c'est raisonnable? Bien,
s'il le charge, disons qu'il trouve que ce n'est pas abusif.
M. TREMBLAY: Je suis d'accord avec vous. C'est une question à
laquelle il est difficile de répondre.
M. BIRON: Bien, il faudrait voir la victime pour savoir si c'est trop.
C'est comme le gars qui va voir son médecin pour se faire opérer
et qui dit: Combien vas-tu me charger? Il lui dit: $500. Mais il lui dit: $500
pour une opération de dix minutes? Il répond: Oui, mais le gars
de l'autre côté de la rue peut te faire la même
opération, il charge le même prix que moi, mais il prend toute la
journée pour le faire. Par qui veux-tu te faire opérer?
Alors pour nous, c'est la même chose, il y a de
l'expérience dans cela. Et, si vous vous imaginez qu'il n'y en a pas, il
faut voir les victimes pour le savoir.
M. TREMBLAY: Je termine avec cette question. Est-ce qu'il est de
notoriété publique et de coutume générale chez les
gens qui vont vous voir pour des causes d'accidents d'automobile que c'est 15
p.c. d'honoraires, point?
M. BIRON: Bien, cela dépend des régions.
M. TREMBLAY: La question des honoraires en surcroit payés par
l'assureur, comment les justifiez-vous? Je me le demande. Est-ce que vous les
réclamez de l'assureur au nom de votre client? C'est ce que je me
demande.
M. BIRON: Ce n'est jamais réclamé au nom du client. C'est
un système qui est établi... Vous savez, le corollaire...
M. TREMBLAY: Les assureurs sont complices avec vous au fond de cette
surcharge d'honoraires. Quel travail faites-vous pour l'assureur?
M. BIRON: Aucun.
M. TREMBLAY: Quand vous défendez le client, vous ne travaillez
pas pour l'assureur...
M. BIRON: Absolument pas.
M. TREMBLAY: ... vous travaillez contre lui. Alors, comment se fait-il
qu'il vous paie des honoraires? Vous travaillez contre lui.
M. BIRON: Absolument pas. Cela doit s'ajouter au montant du
règlement.
M. TREMBLAY: C'est une espèce de coutume probablement que les
assureurs ont.
M. BIRON: Oui, qui existait et qui existe ailleurs. Mais je vais vous
dire une autre chose.
M. TREMBLAY: Est-ce qu'ils se font faire la vie un peu plus douce par
les procureurs à ce moment?
M. BIRON: Absolument pas parce que nous sommes payés à
pourcentage. Plus on perçoit, plus on reçoit.
M. TREMBLAY: Alors vous travaillez pour les deux?
M. BIRON: Absolument pas. On ne travaille pas pour les assureurs.
LE PRESIDENT (M. Picard): S'il vous plaît, messieurs. Est-ce que
je pourrais demander aux opinants de s'adresser à la présidence?
De cette façon, vous allez éviter ces dialogues.
M. TREMBLAY: M. le Président, je termine ici mon intervention
parce qu'on va se diriger vers la queue du poisson.
M. BIRON: M. le Président, est-ce que je pourrais
répondre, juste une chose, à cette question?
Les avocats, ce sont des hommes comme tout le monde, n'est-ce pas?
Chacun a ses faiblesses. Etablissez le système où il sera dit que
tous les honoraires doivent être dévoilés au client
cela va exister, cela va se faire mais vous savez le corollaire de
ça, n'est-ce pas? Les actions vont se prendre immédiatement. Au
lieu des règlements à l'amiable dans X mois, dans dix mois ou
dans deux ans, qu'est-ce qui va empêcher l'avocat de dire à son
client: Prenons action tout de suite? Il y a des avantages à prendre
action tout de suite, l'intérêt commence à courir
immédiatement et on est plus vite sur le rôle. La nature
étant ce qu'elle est vous vérifierez dans les registres au
palais de justice vous verrez l'augmentation du nombre des actions.
M. TREMBLAY: M. le Président, c'est justement sur quoi j'ai de la
difficulté à m'expliquer. Comment se fait-il que l'avocat
entreprend la cause au nom de son client, a le droit légitime de charger
à son client 15 p.c. du montant du règlement et qu'en plus il ne
travaille aucunement pour l'assureur mais lui réclame des honoraires?
L'explication, vous ne me l'avez pas donnée.
M. BIRON: Je vais vous la donner immédiatement, monsieur.
M. TREMBLAY: En vertu de quel critère réclamez-vous de
l'assureur des honoraires? Qu'est-ce que vous marquez sur le compte que vous
produisez?
M. BIRON: Je ne produis pas de compte, ce n'est pas comme ça que
ça fonctionne.
M. TREMBLAY: C'est formidable!
M. BIRON: D'aucune façon.
M. TREMBLAY: C'est fantastique!
M. BIRON: Je n'ai pas produit de compte.
M.TREMBLAY: Vous ne produisez pas de compte à l'assureur et vous
recevez des honoraires de lui?
M. BIRON: Certainement.
M. TREMBLAY: Recevez-vous un T-4, toujours, de l'assureur?
M. BIRON: Un T-4? On n'a pas de T-4.
M. TREMBLAY: Vous ne recevez pas de T-4 de l'assureur, en plus de
ça?
M. BIRON: Est-ce que les clients nous donnent des T-4? On ne fonctionne
pas aux T-4.
M. TREMBLAY: Ah bon!
M. BIRON: Quand je suis un juge municipal, j'ai un T-4 parce que je suis
à salaire...
M. TREMBLAY: Je vous pose la question.
M. BIRON: ... mais, pour le reste, je suis à honoraires et,
à tous les trois mois, j'envoie...
M. TREMBLAY: Alors, vous êtes payé par les deux parties,
finalement, pour régler une cause?
M. BIRON: Oui.
M. TREMBLAY: Bon, d'accord.
M. BIRON: Parfois. La réponse, voyez-vous, est celle-ci: Dans le
district de Joliette, à ce qu'on me dit, certains avocats
procèdent de la façon suivante. Le client a une cause et ils lui
disent ceci: Cela va te coûter, au maximum, 30 p.c. Ce que je pourrai
faire payer de la partie adverse va être déduit. Quand le
chèque arrive, c'est déduit et le client paie la
différence.
M. TREMBLAY: Est-ce que vous admettez...
M. BIRON: Bien ouvertement.
M. TREMBLAY: ... qu'il ne devrait y avoir que 15 p.c. d'honoraires
versés, en frais, par une des deux parties, en l'occurrence la victime,
probablement, celui qui bénéficie du règlement. Alors, si
l'assureur n'a pas à débourser, peut-être dans le cas qui
nous occupe, $2,000, ça fait une dépense de moins que la
compagnie d'assurance, elle, ferait, et peut-être que ça
contribuerait, comme dirait Réal, à la grandeur du pays, à
minimiser un peu les sommes d'argent qui sont déboursées, et
conséquemment il y aurait un reflet sur les tarifs.
M. BIRON: C'est absolument évident...
M.TREMBLAY: Mais je ne m'explique pas encore comment ça se fait
qu'un avocat puisse réclamer de son client 15 p.c, et réclamer
des honoraires de celui à qui il n'a rendu aucun service. En tout cas,
on n'en parlera plus, M. le Président, parce qu'on va
s'éterniser. Peut-être que le ministre peut nous éclairer,
il est avocat, lui aussi.
M. TETLEY: Je me trouve coupable.
M. TREMBLAY: Vous êtes peut-être moins subjectif que M.
Biron.
M. TETLEY: Non, je crois que c'est aux députés de poser
des questions, mais à la fin, j'ai quelques questions dans ce sens.
M. TREMBLAY: D'accord.
LE PRESIDENT (M. Picard): Je cède maintenant la parole au
député de Taschereau.
M. BONNIER: M. le Président, une simple question à M.
Biron. C'est sûr que vous êtes très franc dans votre
mémoire. Vous êtes très franc dans vos réponses. Je
pense que ce qui est peut-être compliqué à saisir pour les
avocats, c'est que la commission Gauvin est partie d'une philosophie un peu
différente, quant à la responsabilité sans faute. En ce
sens qu'il est peut-être normal, dans notre société, sans
se référer, par exemple, au principe moral, qu'il soit difficile
de déterminer, dans un accident d'automobiles, qui est vraiment
responsable. Cela est un des arguments de la commission Gauvin. Il y a aussi le
fait qu'au point de vue pratique, il est peut-être avantageux que, de
plus en plus, ceux qui ont des accidents puissent être indemnisés
le plus rapidement possible. Ce principe, actuellement, on l'applique dans le
domaine de l'assurance automobile, mais peut-être qu'il serait applicable
dans d'autres domaines, éventuellement également. Je pense que
c'est à partir d'un principe d'ordre pratique comme celui-là, qui
est peut-être avantageux, dans le fond, que les automobilistes, dans
l'avenir, puissent être indemnisés le plus rapidement, le plus
facilement possible et qu'on doive roder, jusqu'à un certain point,
toute la question de la réglementation. Cela n'empêche
pas que, dans le rapport Gauvin, on dit que, dans les cas où il y
aurait faute volontaire et tout ça, il y a une possibilité de
recours. Et cette possibilité de recours serait peut-être de la
part de l'assureur. Je pense bien qu'on n'enlève pas
nécessairement les possibilités de recours de la part de
l'assureur.
Mais je pense qu'on reconnaît qu'un type qui a subi un accident
comme ça a le droit, normalement, dans une société comme
la nôtre, d'être indemnisé le plus rapidement possible, que
ce soit pour des blessures corporelles ou que ce soit pour des dommages
matériels. C'est ce principe-là, à la base.
M. BIRON: M. le Président, ce dont vous parlez, c'est l'option A
selon laquelle, pour des dommages matériels causés
délibérément, une personne peut se faire indemniser. Mais
l'option A, c'est uniquement pour une période temporaire de cinq ans,
parce que le droit de recours, même contre le dommage causé
délibérément, est enlevé, il est aboli. Il y a
différentes façons. Vous voudriez que la victime soit
indemnisée plus vite. D'abord, il y a les options du chapitre B des
polices d'assurance. Actuellement, c'est $35 par semaine. Le Barreau propose
d'augmenter cela jusqu'à 80 p.c. du salaire, avec comme maximum le
salaire minimum prévu par la loi actuellement. Alors, cela serait
quelque chose qui peut se payer immédiatement.
Mais ce qu'on peut faire également, c'est adopter une disposition
qui dirait que les paiements faits par l'assureur immédiatement sont
faits sans préjudice, c'est-à-dire qu'en payant il ne se rend pas
automatiquement responsable de l'accident et de toutes ses conséquences.
Il y a des compagnies d'assurance, même si cela n'existe pas
actuellement, qui ont commencé à faire des paiements
anticipés. J'ai des cas, que je peux vous soumettre, de types qui ont
été blessés. Leur motocyclette avait été
démolie, par exemple, et, dans certains cas, la partie adverse
était clairement en tort. La compagnie d'assurance a payé la
motocyclette et elle a dit: Pour les blessures, quand ce sera guéri, on
paiera. Il y en a qui le font. Ils ne sont pas obligés de le faire. S'il
y avait une disposition dans le moment qui disait qu'un paiement fait dans ces
circonstances...
M. BONNIER: Ils ont commencé à appliquer une
recommandation du rapport.
M. BIRON: ... n'engage pas leur responsabilité, qu'ils ne se
reconnaissent pas responsables en le faisant, des paiements pourraient
être faits. C'est une de mes recommandations, d'ailleurs, dans le
mémoire.
M. BONNIER: Ce ne serait pas aussi systématique, cependant.
M. BIRON: Non, non! C'est sûr qu'actuelle- ment pour les victimes
dont l'incapacité se prolonge, ceux qui sont blessés et
incapables de travailler pendant un an ou un an et demi, cela commence à
poser des problèmes. Cela dépend des cas particuliers. Il y en a
qui demeurent avec des parents. Quand c'est des jeunes, c'est moins pire. Mais
pour un homme, qui est un an ou un an et demi sans travailler, il y a un
problème. Il faut dire que, dans la plupart des manufactures, les
employés ont des polices d'assurance qui paient dans ces cas-là
des montants importants.
A la limite, celui qui n'a rien et qui n'est pas assuré,
actuellement, les victimes d'accident bénéficient du même
régime d'assistance sociale que les autres citoyens du Québec. Le
gars qui est en chômage et qui n'a pas d'assurance-chômage retire
un montant à chaque mois. Dans les cas d'accident, actuellement, le
bien-être social leur donne tant par mois. Ils signent un document
à l'effet que, lorsqu'ils auront perçu une somme du responsable
de l'accident, ils vont les rembourser. C'est ce qu'on fait.
Disons qu'il y a bien des cas de couverts par les assurances des
employeurs, mais à la limite le bien-être social avance et on
rembourse à la fin.
M. BONNIER: Bien sûr mais ce qui serait peut-être possible,
si les recommandations du rapport Gauvin étaient adoptées, c'est
qu'il y aurait quand même un minimum de base garanti à tout le
monde.
Je voudrais également faire remarquer que dans votre argument
vous mêlez deux notions. Vous mêlez le système
proposé et les normes, c'est-à-dire les barèmes. Je pense
qu'on ne peut pas argumenter que le système est nécessairement
faux si on n'est pas satisfait des barèmes. Vous savez comme moi que les
barèmes, c'est discutable.
M. BIRON: Oui, on peut changer les barèmes.
M. BONNIER: Peut-être que votre argument, quant aux
barèmes, est très juste mais cela ne met pas
nécessairement en cause le système.
M. BIRON: Oui mais ce que je dis, c'est ceci: On doit avoir un
système dans lequel le public va être capable de payer les primes,
n'est-ce pas? Actuellement, il vous propose un système d'indemnisation
inadéquat. Les gens vont percevoir moins qu'avant.
M. BONNIER: Les barèmes ne sont pas adéquats, que vous
dites?
M. BIRON: Les barèmes, oui. C'est ça que je veux dire.
M. BONNIER: Bon, voilà.
M. BIRON: Les barèmes sont inadéquats à mon sens et
j'ai tenté de vous le prouver. S'ils sont inadéquats, de beaucoup
inférieur à ce qu'ils devraient être, songez
qu'après avoir fait tout cela la commission Gauvin estime obtenir une
réduction de primes de 15 p.c. Elle n'est pas sûre de cela, c'est
bien clair, elle le dit. Mais si, au lieu d'avoir ces petits barèmes,
vous les augmentez, les barèmes, qu'est-ce que cela va faire sur la
prime? Vous allez peut-être avoir un système de primes que le
citoyen ne sera plus capable de payer. On reconnaît qu'elles sont
élevées dans le moment, mais augmentez-les encore. Augmentez les
indemnités. Vous dites: Gauvin n'en donne pas assez, payons. La limite
extrême, ce serait quoi? La limite extrême, ce serait que tout le
monde est payé et à la pleine valeur, son plein dommage, comme
actuellement. Mais vous allez peut-être payer trois fois la prime que
vous payez dans le moment. Les gens ne sont pas capables de mettre leur budget
sur les primes.
M. BONNIER: Mais cela reste à prouver, quand même.
D'accord. Merci.
M. TETLEY: II n'y a pas d'autres questions?
M. MERCIER: Oui. M. TETLEY: Pardon.
LE PRESIDENT (M. Picard): Le député de Bellechasse.
M. MERCIER: M. le Président, mon collègue d'Iberville a
soulevé une des questions, que je voulais transmettre au
président de l'Association des avocats de province, relativement aux
honoraires perçus par les avocats dans le règlement des causes
d'accidents d'automobiles.
Comme nous avons fait un tour tout de même assez complet de cette
question, en résumé, j'aimerais demander au président de
l'association quels sont, d'après lui, les principaux facteurs on
a énuméré un paquet de choses qui concourent
justement à établir ces coûts prohibitifs des primes
d'assurance automobile? Est-ce que vous pourriez nous résumer,
d'après vous, les points principaux sur lesquels...
M. BIRON: Pourquoi cela coûte si cher? Bien voici, c'est
évident qu'au Québec il y a plus d'accidents qu'ailleurs. Gauvin
le dit, tout le monde le dit. Cela coûte plus cher qu'ailleurs. Il nous
propose un système comme en Saskatchewan où il passe une
automobile toutes les trois minutes dans les plaines. Ils en ont moins,
d'accidents. Mais ici, on en a beaucoup et ça coûte plus cher.
Cela, c'est vrai. Nous disons: c'est bon, la sécurité...
M. MERCIER: Excusez-moi, si vous me permettez, M. le Président,
justement on sait qu'on a des accidents. Mais, qu'est-ce qui concourt à
ce que nos polices d'assurance coûtent beaucoup plus cher qu'ailleurs,
tenant compte qu'aux Etats-Unis également ils ont des accidents? Le
coût de la prime est tout de même assez prohibitif.
M. BIRON: Est-ce que nos primes sont plus chères qu'aux
Etats-Unis? C'est plus cher qu'en Saskatchewan, qu'au Manitoba. Mais je n'ai
pas lu, dans le rapport, que ça coûtait plus cher ici qu'aux
Etats-Unis.
M. MERCIER: Non, pas nécessairement.
M. BIRON: Moi, si j'ai une tablette de chocolat qui est longue comme
cela et je la vends $0.10, si je vous en donne une longue comme ça pour
$0.08, vous ne faites pas d'économie. C'est ce que nous disons; vous
allez peut-être réduire les primes mais vous allez en donner moins
aux clients.
M. MERCIER: C'est parce que vous arrivez avec une série de
recommandations dont quelques-unes touchent les facettes, si vous voulez, de
services.
M. BIRON : Me permettez-vous d'ajouter juste une réponse
additionnelle. Comment se fait-il que ça coûte si cher au
Québec? Je vais vous le dire, en plus, mon confrère m'y fait
penser, mon argument est là. C'est que les victimes, ici au
Québec, sont mieux indemnisées qu'ailleurs. On a peut-être
un des meilleurs systèmes au monde. Allez en Ontario et, passager
bénévole dans une automobile, vous ne serez pas payé
à moins que vous établissiez que votre conducteur qui n'a pas
fait son arrêt a commis une faute grossière; et ne pas faire son
arrêt, ce n'est pas une faute grossière. Cela veut dire qu'en
Ontario, et dans la plupart des autres provinces canadiennes, les passagers
bénévoles qui ne sont pas capables de prouver faute
grossière ne sont pas payés. Dans de nombreux Etats aussi, du
moment que le conducteur est en faute en partie, il n'est pas payé. Pour
être payé par la partie adverse, il faut qu'il prouve que lui n'a
commis aucune faute. Dans notre système, ce n'est pas cela. Si on a un
accident tous les deux, parce que je ne fais pas mon arrêt et que vous
venez à 80 milles à l'heure, la cour normalement va dire qu'on
est en tort tous les deux. Moi, à 50 p.c. en faute, je paie 50 p.c. de
votre dommage et vous vous payez 50 p.c. des miens.
Bien, dans de nombreux Etats, dans un tel cas, ni un ni l'autre ne
perçoit. S'il est lui-même en faute, il ne perçoit pas.
M. MERCIER: D'accord. Maintenant, M. le Président...
M. BIRON: Alors, cela réduit les primes, ça.
M. MERCIER: ... si on fait la somme, supposons qu'on applique vos
recommanda-
tions du jour au lendemain, quelle influence cela pourrait-il avoir sur
le coût des primes d'assurance éventuelles, comparativement
à ce qu'on paie aujourd'hui?
M. BIRON: D'abord, le rythme de diminution d'accidents est difficilement
appréciable, sauf qu'on sait qu'aux Etats-Unis, quand ils ont mis cela
à 55 milles à l'heure, ça a baissé beaucoup.
M. MERCIER: Ne pensez-vous pas qu'il y a d'autres facteurs qui entrent
en ligne de compte aussi?
M. BIRON: Aux Etats-Unis? M. MERCIER: Oui.
M. BIRON: Bien, il y en a peut-être d'autres, mais celui-là
semble bien apparent. Du moment où ils mettent la limite de vitesse
à 55 milles à l'heure, ça fait ça. Ne croyez-vous
pas que ça mériterait d'être essayé pour voir si
ça ne se répéterait pas au Canada?
M. MERCIER: Je soumets tout simplement à votre attention qu'il y
a d'autres facteurs qui ont dû entrer en ligne de compte.
M. BIRON: Bien, peut-être.
M. MERCIER; Diminution du parc automobile à cause de la
pénurie d'essence, à un moment donné; ç'a
influencé considérablement aussi les allées et venues des
automobiles.
M. BIRON: II y avait moins d'autos sur les routes.
M. MERCIER: Non, je ne voudrais pas orienter la discussion
là-dessus...
M. BIRON: Vous voulez savoir là...
M. MERCIER: ... mais supposons qu'on retienne vos recommandations...
M. BIRON: Bon, qu'est-ce que ça va être?
M. MERCIER: ... quelle influence cela représente-t-il sur le
coût d'une prime?
M. BIRON: Alors, disons que sur la sécurité
routjère, ça peut les baisser de combien? on ne le sait pas.
L'assurance rendue obligatoire pour tout le monde; il y en a 17 p.c. qui ne
sont pas assurés dans le moment, 15 p.c, 16 p.c. Actuellement le fonds
d'indemnisation paie pour ceux qui ne sont pas assurés; cela coûte
4 p.c. Si l'assurance est rendue obligatoire pour tout le monde, on sait que,
même si c'est obligatoire, il y en a qui ne seront pas assurés.
Peut-être 2 p.c, 3 p.c; il y en a toujours, comme ceux qui conduisent
alors que leur permis est suspendu; ils n'ont pas le droit, mais ils conduisent
quand même. Mais cela va baisser considérablement. Alors, rendez
l'assurance obligatoire pour tout le monde; tout le monde va porter la charge
également, et, là, vous allez baisser les primes de 4 p.c.
peut-être. Abolissez le recours de subrogation des organismes
gouvernementaux, tels la Commission des accidents du travail, la Régie
de l'assurance-maladie, l'assu-rance-hospitalisation et vous allez baisser les
primes de 3 p.c.
M. MERCIER: Si vous le permettez, M. le Président, justement
à la recommandation 4 qui va payer pour ça?
M. BIRON: Bien, actuellement est-ce qu'on a un régime pour tout
le monde? Si c'est pour tout le monde, c'est pour les automobilistes comme les
autres. Mais je vais vous souligner un point là-dessus: Gauvin
recommande d'abolir ça, lui. Il le recommande parce qu'il dit
qu'actuellement c'est prohibitif, ce que ça coûte au gouvernement
de percevoir cela. Je ne sais pas comment les percepteurs fonctionnent
cela ne m'a pas l'air difficile en tout cas mais, pour percevoir $7.5
millions, il semble que ça coûte quasiment $2 millions, je ne sais
pas, une somme fantastique.
M. MERCIER: Ce ne sont probablement pas les avocats de l'Association de
province.
M. BIRON: Ah! Je ne sais pas. Chez nous, on n'en voit pas, en tout cas,
de ces perceptions-là. Mais, si ça coûte un prix fou pour
percevoir cela, comme il dit là-dedans, il y a un certain
décalage.
On parle de primes d'assurance-automobile. Comme je le disais
tantôt, le gars qui s'en va à l'hôpital, parce qu'il s'est
rendu malade à prendre un coup, on paie pour lui. On paie pour ceux qui
ont besoin d'y aller. Cela pourrait être la même chose aussi, si
c'est rendu un cas social.
M. MERCIER: Je voudrais tout de même que vous ayez une suite
logique dans vos commentaires. Tout à l'heure, vous donniez le cas de la
jeune fille qui s'est fracturé une jambe, alors perte de jouissance et
tout ce que vous voulez. Mais, à un moment donné, vous dites que,
sur un autre plan, le gouvernement a des politiques pour tout le monde sur le
plan des services. Si, sur le plan personnel, la jeune fille a subi un
préjudice à la suite d'un accident, pour quelle raison le
gouvernement serait-il obligé d'absorber le coût si,
effectivement, cet accident est imputable à un autre, si on prend la
responsabilité comme telle?
M. BIRON: C'est un choix que le gouvernement fait. S'il dit: Je le
réclame des automobilistes et je ne le réclame pas de ceux qui se
rendent malades délibérément par dès abus...
M. MERCIER: Vous dites que le citoyen doit le réclamer à
la compagnie d'assurance?
M. BIRON: Réclamer la perte de la jouissance de la vie?
Certainement.
M. MERCIER: Oui, ces choses-là.
M. BIRON: La douleur, la perte de la jouissance de la vie,
l'incapacité.
M. MERCIER: Si on essaie de suivre le raisonnement de façon
logique, vous vous retournez du côté de la compagnie d'assurance,
vous réclamez tout cela. Si on prend toujours la responsabilité
comme telle, pour quelle raison le gouvernement serait-il obligé de
débourser des sommes pour lesquelles, évidemment, il n'est pas
responsable?
M. BIRON: Vous me demandiez un moyen de réduire la prime. Je dis
que la prime d'assurance va être réduite de 3 p.c. Mais,
évidemment, si le gouvernement ne perçoit plus, il faut prendre
l'argent ailleurs, sauf la somme fantastique que cela coûte pour
percevoir cela, comme l'a dit le rapport Gauvin, une couple de millions! C'est
sûr que si le gouvernement ne se fait pas rembourser et il est
loin de se faire rembourser tout ce qu'il pourrait se faire rembourser
dans le moment à l'assurance...
M. MERCIER: D'accord, c'était tout simplement une note que je
voulais apporter.
M. BIRON: ... on réduit la prime, mais je ne dis pas qu'il n'y a
pas un petit trou qui se fait ailleurs. On cherche des moyens de réduire
la prime. Si on abroge les recours subrogatoires entre assureurs, il y a
d'autres frais d'administration, d'enquêtes, ainsi de suite, qui peuvent
être réduits. Maintenant, dans mes recommandations, on peut
changer le chapitre b), l'améliorer pour rejoindre la
préoccupation d'un règlement rapide, immédiat pour tout le
monde. C'est à évaluer. On peut porter la limite du fonds
d'indemnisation à $50,000. C'est $35,000 dans le moment.
Il arrive que $35,000, ce n'est pas suffisant. Cela n'arrive pas
souvent, mais ça arrive. Les cas qui excèdent $50,000, c'est
très rare, je peux vous dire cela. $35,000, ça arrive, quand il y
a quatre ou cinq blessés dans un accident, mais pas souvent.
La recommandation dont je parlais tantôt, qu'une disposition soit
adoptée en vertu de laquelle l'assureur qui paie une somme avant le
règlement final le fasse sans assumer de cette façon une
responsabilité quelconque, ça ne coûte rien. Le rapport
Gauvin, pour rejoindre l'une de ses préoccupations, dit qu'actuellement
il y a 38 p.c. des victimes qui ne sont pas indemnisées. Dans ça,
il considère les personnes en tort, il considère l'époux,
l'épouse et les enfants. Si vous vous en allez dans votre auto et si
vous avez un accident par votre faute, vos enfants ne peuvent pas
réclamer actuellement. C'est dit dans la police d'assurance mais c'est
bien facile à abolir, ça. C'est comme lorsqu'on a
empêché les compagnies d'assurance de refuser de payer parce que
leur assuré était ivre; on a juste à changer la clause de
la police et dire que l'époux ou l'épouse, et inversement, qui
est capable de prouver une faute du conducteur, même si c'est le
père ou le conjoint, va se faire payer. C'est facile à
changer.
M. MERCIER: Mais ça ne réduira pas les primes
d'assurance.
M. BIRON: Je ne dis pas que ça va les réduire. Là,
il y a deux préoccupations...
M. MERCIER: Ma question était de savoir, à la suite de
votre mémoire... Je comprends que vous défendez votre profession,
c'est compréhensible. Nous visons, nous, tout de même...
M. BIRON: II y a deux préoccupations.
M. MERCIER: ... à trouver des formules quelconques pour
réduire le coût des primes d'assurance-automobile.
M. BIRON: Premièrement, l'assurance obligatoire;
deuxièmement, les recours subrogatoires des organismes gouvernementaux
et entre les compagnies d'assurance. Par tout cela, plus la
sécurité routière, vous allez réduire les
primes.
M. MERCIER: Pour les honoraires des avocats...
M. BIRON: Je comprends votre préoccupation, là.
M. TREMBLAY: "One way", ce n'est pas "two ways".
M. BIRON: Oui, je comprends votre préoccupation, et ça
fait longtemps que je suis bien conscient que c'est un problème que le
gouvernement a vu. Comme je vous l'ai dit, cela peut vous être
confirmé. Vous êtes peut-être au comité qui sait
qu'il est exigé, pour le nouveau tarif, que ce soit
dévoilé complètement. Cela s'en vient. On espère
bien pouvoir signer ça dans les prochains jours.
M. MERCIER: M. le Président, j'avais un dernier point. A la
lumière de l'expérience que vous avez, en 18 ans de pratique,
vous avez fait tout à l'heure état de statistiques sur des
dommages matériels qui sont, je pense bien, en majorité, ce qui
arrive à vos bureaux. Vous avez une recommandation, c'est la
première, concernant la sécurité routière. Est-ce
qu'à la lumière des procès que vous avez pu avoir pour vos
clients, le facteur mécanique des véhicules entrait en ligne de
compte, suite aux rapports d'accident, les défectuosités
mécaniques...
M. BIRON: Pas souvent.
M. MERCIER: Pas souvent.
M. BIRON: Pas souvent. Je dois vous dire qu'il m'est arrivé de
voir un accident qui n'est pas explicable. Si le client vient nous voir assez
vite, on va prendre un expert pour aller examiner ça, si c'est la
conduite ou...
M. MERCIER: Le rapport d'accident ne va pas dans ces détails
comme tels?
M. BIRON: Non, absolument pas. Sauf si les freins font
défaut.
M. MERCIER: Oui. Je voulais simplement vous demander si votre
comité ou votre bureau de direction s'est arrêté sur
l'impact que pourrait avoir une politique d'inspection obligatoire des
véhicules au Québec.
M. BIRON: Pour en mesurer le résultat pratique, mais pour moi,
par exemple, mon expérience, c'est que je crois qu'il n'y a pas beaucoup
d'accidents causés par les défectuosités
mécaniques, sauf les phares qui n'éclairent pas, des choses comme
ça. Les phares, la nuit, évidemment, il pourrait y avoir un
impact.
Maintenant, me permettriez-vous d'ajouter un mot? Vous avez parlé
des honoraires d'avocats qui semblent élevés dans certains cas,
je vais vous dire...
M. MERCIER: On voulait vous taquiner un peu, parce qu'on a tout de
même été informé qu'il y avait double
rémunération.
M. BIRON: D'accord. Mais si je vous disais, par exemple, que les frais
de fonctionnement d'un bureau d'avocats sont de 50 p.c. du montant des
honoraires perçus? On paie ça, on a des secrétaires, on ne
travaille pas tout seul. Chez nous aussi les frais ont augmenté. Vous
savez que le gouvernement a multiplié les frais de timbres judiciaires
par deux ou par trois et parfois par cinq. Pour une tutelle, ça
coûte cinq fois le prix que ça coûtait.
M. MERCIER: M. le Président, j'ai bien l'impression que le
ministère de la Justice ou le comité à la justice va
étudier de près cette question.
M. BIRON: Oui. Alors, on a 50 p.c. de frais de fonctionnement, et sur le
reste, on paie une bonne petite galette d'impôt.
M. MERCIER: Dernière question, M. le Président. Quelle
serait la réaction de votre association face à cette idée,
qui a été soulevée déjà dans le
passé, d'une patrouille routière autonome sur les routes du
Québec, comparativement au Highway Patrol dans les Etats
américains?
M. BIRON: Cela peut être très bon. On dit: Les avocats
prêchent pour leur paroisse. Mais si on réduit le nombre
d'accidents, on réduit nos revenus. On est bien d'accord
là-dessus. On vous propose ça. Il y en a un qui a l'air
sceptique. Réduisez le nombre d'accidents, vous allez réduire nos
revenus.
On sera d'accord là-dessus, parce que la victime, cela peut
être aussi bien moi que vous ou nos enfants. On est d'accord.
M. TREMBLAY: C'est parce que vous connaissez bien les humains.
LE PRESIDENT (M. Picard): L'honorable ministre.
M. TETLEY: Me Biron, j'ai deux questions. Tout d'abord,
l'assurance-hospitalisation et l'assurance-maladie ont réclamé
$7.5 millions en 1972 et les frais d'avocats ou les frais ont
coûté $1.5 millions.
M. BIRON: $1,500,000.
M. TETLEY: $1,500,000. C'est à la page 213 du rapport Gauvin.
Cela est une constatation.
Ma question est la suivante: Prenez le cas, s'il vous plaît, de la
fille, votre cliente qui s'était, je crois, cassé la jambe. Vous
avez récupéré $3,000. Donc, vous avez exigé
directement de la compagnie d'assurance 15 p.c, soit $450. Vous avez aussi fait
payer à la jeune fille $450. Peut-être pas vous parce que vous
êtes beaucoup plus généreux que la moyenne, mais je parle
de la moyenne dont vous venez de parler, de l'avocat ordinaire, pas de vous. Il
avait exigé $450. La jeune fille a eu $3,000 moins $450,
c'est-à-dire $2,550. La compagnie a payé $3,000 plus $450, et
à son avocat et l'avocat de la compagnie, la compagnie a payé
aussi une autre somme.
M. BIRON: Quand il y a un procès. M. TETLEY: Non. Mais ils
ont...
M. BIRON: Non, non, très rarement, M. Tetley. Je m'excuse
là-dessus. Mais les compagnies d'assurance, on règle directement
avec elles, dans beaucoup, beaucoup de cas. Des cas, j'en ai en grand nombre,
j'en ai en défense. Les dossiers nous arrivent quand l'action est prise
en défense. Alors, avant ça, le dossier, on ne l'a pas, sauf pour
un accident très grave.
M. TETLEY: Dans le cas actuel, il n'y avait pas de procédure?
M. BIRON: Absolument pas.
M. TETLEY: Donc, la compagnie n'avait pas engagé un autre
avocat?
M. BIRON: Non, non.
M. TETLEY: Mais, si vous aviez émis votre
bref et signifié votre bref, il y aurait eu un autre avocat?
M. BIRON: Bien, pas toujours. Je dois vous dire qu'il y a une pratique
répandue de plus en plus. Quand on prend action avant d'être
prêts à régler, à cause de la prescription, les
compagnies d'assurance nous demandent un délai de comparution,
délai qu'on accorde toujours.
M. TETLEY: Par lettre?
M. BIRON: Oui. On envoie une lettre et on dit: Je suspends le
délai de comparution jusqu'à la fin de nos négociations.
Si elles échouent, je vous donnerai un autre avis.
Alors, très très souvent, il y a des pratiques qui se
répandent.
M. TETLEY: Bon! Je voulais tout simplement noter les pratiques. Merci,
au nom du gouvernement et des députés ministériels. Je
vous remercie, Me Biron, ainsi que les membres de votre association.
M. BIRON: Nous vous remercions de nous avoir entendus.
LE PRESIDENT (M. Picard): Merci, messieurs. La commission ajourne...
M. LEGER: Un instant, M. le Président. On a fini avec M. Biron,
mais je voudrais poser au ministre une question pertinente, étant
donné que je lui avais fait mentionner, à la fin de la
dernière commission, la possibilité de raccourcir les dates.
Est-ce que le ministre a gardé son idée de terminer le 5
décembre ou s'il prévoit être capable de finir avant cette
date? Quand la commission...
M. TETLEY: Nous avons coupé cela du 19... M. LEGER: Au 5. M.
TETLEY: ... au 5. M. LEGER: Du 17 au 5.
M. TETLEY: Mais, le 19, c'était Tunc, peut-être. Il faut
décider si nous voulons que Tunc revienne, ou peut-être l'autre
que quelqu'un a mentionné, le professeur de l'Université de
Toronto. Aussi, il y a la question de messieurs les commissaires, de la
commission Gauvin, etc.
M. LEGER: Justement, c'était ma deuxième question. On
avait prévu, avant l'ouverture de la session, le 29 octobre, que les
premiers à être entendus devaient être les gens de la
commission Gauvin, incluant M. Gauvin et M. Rankin. Est-ce que, dans votre
échéancier, vous prévoyez quand on rencontrera M.
Gauvin?
M. TETLEY: Immédiatement après, Gauvin et compagnie...
M. LEGER: C'est-à-dire après le 5 décembre.
M. TETLEY: Oui. Aussi, il est très possible que le gouvernement
annonce, au sujet de la sécurité routière, certaines
démarches. Le gouvernement n'est pas tenu d'attendre des solutions sur
lesquelles tout le monde est d'accord, s'il y en a.
M. LEGER: Est-ce que le ministre peut nous dire quand nous aurons soit
sa prise de position ou son projet de loi?
M. TETLEY: Je ne le sais pas.
M. LEGER: Même pas vos commentaires précis disant...
M. TETLEY: Non.
M. LEGER: ... dans quelle orientation on s'en va?
M. TETLEY: Non.
M. LEGER: Vous laissez le Québec dans l'incertitude.
M. TETLEY: Non, pas du tout. Comme je l'ai toujours dit, pour de bonnes
raisons, je vais écouter les gens. Je ne vais pas rendre une
décision avant d'avoir écouté les avocats de la province.
Voudriez-vous venir ici, le mardi, si, la veille, j'avais annoncé ma
position? J'ai l'esprit ouvert. J'espère que tout le monde, ici, les
députés de Taschereau ou de n'importe quel comté, de
Farnham, d'Iberville, etc. et même de Lafontaine ont l'esprit ouvert.
Autrement, pourquoi inviter M. Biron et compagnie à venir ici?
M. LEGER: Est-ce que le ministre veut dire par là qu'après
les avoir entendus, quand il présentera son projet de loi, il n'a pas
l'intention de redemander aux gens de venir donner leurs impressions sur son
choix de politique?
M. TETLEY: Ah cela, comme dit toujours le maire Drapeau, c'est une
question hypothétique, et j'attends.
A ce moment-là, je vais prendre la décision, et
peut-être aurez-vous des suggestions. Je suis certain que je recevrai des
conseils du député de Lafontaine. Même sans invitation, il
va me conseiller. J'en suis presque certain.
M. LEGER: M. le Président, en concluant et devant l'attitude du
ministre, ce ne sont pas des conseils, mais je ne puis faire autrement que de
dire que c'est malheureux que les gens qui seront concernés, incluant
les avocats, ne pourront pas s'exprimer sur le choix du gouvernement qui est
beaucoup plus définitif qu'un simple rapport. Je pense que le ministre
sait fort bien ce que je veux dire...
M. MERCIER: II peut y avoir une commission parlementaire.
M. LEGER: II est bien important que les gens... Actuellement, on parle
du rapport Gau-vin, mais le choix du gouvernement, qui va impliquer directement
tous les groupes qui sont venus, s'ils n'ont pas l'occasion de s'exprimer sur
ce choix, comment pouvez-vous savoir qu'il va satisfaire le plus de gens
possible?
M. TETLEY: Nous avons un rapport et je suis certain j'ai vu
l'expression sur la figure de Me Biron qu'il veut venir avant que je
prenne ma décision. Je le vois, encore une fois. Me Biron, avez-vous
jamais plaidé devant un juge qui a déjà
décidé son jugement?
M. LEGER: Le ministre joue sur les mots. Un projet de loi, ce n'est pas
une décision, c'est un projet. Cela démontre quelle est
l'intention du gouvernement, et les citoyens qui sont concernés peuvent
donner leur opinion sur ce projet, ce n'est pas une décision.
M. TETLEY: II est très possible qu'ils aient cette occasion. Je
ne le sais pas. Pour l'instant, je sais que j'ai l'esprit ouvert et je remercie
l'Association des avocats de province de sa présence et de sa franchise.
Moi, j'ai agi un peu comme l'avocat du diable ainsi que d'autres
députés. J'ai certaines hésitations parce que je suis
encore...
M. LEGER: C'est plutôt un diable d'avocat.
M. TETLEY: ... avocat. J'ai pratiqué, j'ai plaidé sans
cesse des causes d'accidents d'automobile durant deux ou trois ans. J'ai aussi
pratiqué 18 ans avant de me lancer dans une autre pratique, et je
connais votre problème.
M. MERCIER: M. le Président, est-ce qu'on pourrait demander au
ministre de nous renouveler à nouveau la mémoire sur le nombre de
mémoires qu'il reste encore à présenter?
M. TETLEY: Le 14 novembre, l'Association provinciale des marchands
d'automobiles. Le 19 novembre, la Lloyds et l'Hydro-Québec; 21 novembre,
la Confédération des syndicats nationaux, CSN; le 26 novembre, la
Fédération des
ACEF et les Prévoyants du Canada; le 28 novembre, le Club
automobile de Québec et la Fédération des commissions
scolaires. Je crois que ce sont vos électeurs.
M.MERCIER: Non, voici, on m'avait contacté, mais...
M. TETLEY: Bon.
M. MERCIER: ... je les ai refilés au secrétaire des
commissions.
M. TETLEY: Parfait. Le 3 décembre, le Barreau de Québec
et, le 5 décembre, la Ligue de sécurité de la province de
Québec.
M. MERCIER: Le 3 décembre? M. TETLEY: Le Barreau.
M. TREMBLAY: Le Barreau, le 3. Tenez-vous bien!
M. MERCIER: Et l'autre?
M. TETLEY: Après ça, la Ligue de sécurité de
la province de Québec.
M. MERCIER: Merci.
LE PRESIDENT (M. Picard): Pas d'autres commentaires?
M. LEGER: Est-ce que le ministre des Transports va annoncer ses mesures
avant d'avoir entendu la Ligue de sécurité de la province de
Québec?
M. TETLEY: Peut-être. UNE VOIX: Possiblement.
LE PRESIDENT (M. Picard): Messieurs, la commission ajourne à
jeudi, dix heures trente, même salle.
(Fin de la séance à 12 h 34)