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Etude du projet de loi no 92
(Quinze heures dix-huit minutes)
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente de la présidence du conseil et de la
constitution est réunie pour continuer l'étude article par
article du projet de loi no 92, Loi sur la consultation populaire.
Les membres de cette commission: M. Bédard (Chicoutimi), M.
Bisaillon (Sainte-Marie) remplacé par M. Godin (Mercier); M. Charbonneau
(Verchères), M. Clair (Drummond) remplacé par M. Gravel
(Limoilou); M. Garneau (Jean-Talon) remplacé par M. Lavoie (Laval); M.
Grenier (Mégantic-Compton), M. Laberge (Jeanne-Mance), M. Levesque
(Bonaventure) remplacé par M. Lalonde (Marguerite-Bourgeoys); M.
Paquette (Rosemont), M. Roy (Beauce-Sud) et M. Samson (Rouyn-Noranda).
Les intervenants: M. Bertrand (Vanier), M. Brochu (Richmond), M.
Dussault (Châteauguay), M. Guay (Taschereau), M. Lavoie (Laval)
remplacé par M. Ciaccia (Mont-Royal); M. Levesque (Taillon), M. Morin
(Louis-Hébert) et M. Raynauld (Outremont) remplacé par M.
Saint-Germain (Jacques-Cartier).
L'objet de la consultation
Au moment où nous avons ajourné nos travaux, à
minuit, hier, nous en étions à l'étude de l'article 8. Je
vous rappelle que les articles 3, 6 et 7 ont été suspendus. M. le
ministre.
M. Bédard: M. le Président, avec l'accord des
membres de la commission tel que vous l'avez dit, il y a certains
articles qui sont en suspens je demanderais qu'on suspende
l'étude de l'article 8 sur lequel nous discutions pour revenir aux
articles 6 et 7. Je pense que cela peut aller assez rapidement. On aurait une
proposition précise, une décision précise qui, je
l'espère, fera l'unanimité des membres de la commission sur ces
deux articles, Vous n'avez pas d'objection?
M. Roy: M. le ministre pourrait peut-être se rapprocher un
petit peu de son micro. Je ne sais pas si j'ai de la difficulté à
entendre.
M. Bédard: D'accord.
M. Grenier: Ce n'est pas l'âge.
M. Roy: Cela doit être l'âge.
Alors, je comprends que les membres de la commission n'ont pas
d'objection. M. le Président, sur l'article 7, j'ai eu l'occasion, tel
que je le disais, hier soir, de réfléchir sur l'ensemble des
arguments qui ont été présentés par les membres de
l'Opposition concernant la proposition faite par le gouvernement de dire que le
débat de la proposition était privilégié, avait
priorité sur toute autre question, y compris le débat sur le
discours inaugural. Nous avions ajouté certaines réserves
concernant les discours du premier ministre, des chefs des partis d'Opposition.
M. le Président, je garde, disons, la conviction que le fait de rendre
cette motion privilégiée prioritaire sur le discours inaugural ne
brimait, à mon humble opinion, en aucune façon les parlementaires
de leur droit de parole puisque l'effet de cet amendement n'était pas
d'enlever je pense que le député de Rouyn-Noranda l'a bien
explicité aussi le droit de parole aux parlementaires sur le
discours inaugural, mais de le suspendre s'il y avait une motion qui
était apportée.
Le député de Rouyn-Noranda et j'exclus certaines
parties de son discours où il y avait un petit peu de provocation, mais
où il y avait aussi des arguments de fond qu'il fallait
considérer a amené un argument qui me convainc, puisqu'on
discute d'une loi-cadre. Si, d'une part, nous reconnaissions l'importance
capitale d'une motion privilégiée telle que celle que nous
discutons dans ce projet de loi; si, d'autre part, cette motion d'importance,
de grande importance se devait d'être débattue à
l'Assemblée nationale; si, en plus elle revêtait un
caractère d'urgence et qu'à ce moment j'espère que
j'ai bien compris l'argumentation du député de Rouyn-Noranda
notre règlement prévoyait que, même dans le temps
réservé pour le discours inaugural, lorsqu'il y a une motion
d'urgence et que l'urgence est vraiment prouvée, à ce moment,
elle peut être acceptée, à partir de ce moment, je me dis,
M. le Président, que nous sommes dans une loi-cadre, qu'il est normal
que le débat sur une proposition de consultation populaire soit
très important, et si cela revêt un caractère d'urgence, ce
sera non seulement au gouvernement actuel mais aussi à ceux qui voudront
se prévaloir de cette disposition de faire la preuve qu'en plus
d'être important, c'est urgent.
Nous sommes disposés à donner suite, tenant compte de cet
argument apporté par le député de Rouyn-Noranda, à
son amendement. Je crois que cela réglerait l'article
définitivement.
M. Samson: M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Bédard: Si vous me permettez, cela veut dire que
l'article se lirait comme suit, avec l'amendement: "Le débat de cette
proposition est privilégié et a priorité sur toute autre
question, sauf le débat sur le discours inaugural".
M. Samson: M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, je désire remercier
sincèrement le ministre d'accepter cet amendement qui, je pense, va
répondre aux désirs de l'Opposition, d'une part, et du
gouvernement,
d'autre part. On arrive au moins sur cette question à un
consensus, parce que les deux y trouvent ce qu'ils recherchent. Le ministre
avait absolument raison de dire qu'il y a, dans notre règlement, une
clause qui fait qu'en cas d'urgence, il y a quand même possibilité
de procéder. Cela se retrouve à l'article 23,
sixièmement.
M. le Président, l'amendement que j'ai apporté et qui
faisait l'unanimité de l'Opposition est maintenant agréé
par le gouvernement. Cela me donne entièrement satisfaction. J'en
remercie le ministre.
M. Lavoie: Juste une remarque.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Tel que rédigé, nous sommes d'accord
avec cela. Mais je me demande s'il n'est pas superflu et superfétatoire.
Je pense que l'amendement du ministre n'est même pas
nécessaire...
M. Bédard: Du député de Rouyn-Noranda?
M. Lavoie: ...tel que formulé présentement. Il
aurait été nécessaire si vous l'aviez limité aux
chefs des partis. Une fois que le message inaugural est passé, le
débat est passé, tel que prévu au règlement, le
leader du gouvernement appelle la motion qu'il veut.
M. Bédard: Je comprends.
M. Lavoie: Je pense qu'il est tout à fait superflu. Il
n'est même pas nécessaire.
M. Bédard: En tout cas, je pense que cela rencontre les
vues de tout le monde.
M. Lavoie: Trop fort ne casse pas.
M. Bédard: Oui, trop fort ne casse pas.
M. Paquette: Le discours du budget est-il
privilégié? Je suis en train de me demander si le discours du
budget n'est pas une matière qui a priorité également.
M. Lavoie: L'article 23.6 du règlement dit: "Tant que le
débat sur le message inaugural n'est pas terminé cela veut
dire que le débat sur le message inaugural est privilégié
il n est procédé à aucune affaire importante, sauf
en cas d'urgence une loi d'urgence, pour mettre fin à une
grève par exemple mais il est permis de former des commissions et
de les faire siéger, de présenter des projets de loi en
première lecture; présenter veut dire en première lecture
seulement de déposer des rapports, de déposer le budget
principal, de déposer et de voter un budget supplémentaire, de
voter des crédits provisoires, de prononcer le discours du budget, de
poser des questions et d'y répondre et de soulever des questions de
privilège". Cela veut dire que ce ne sera pas nécessaire, votre
amendement.
M. Bédard: Je comprends votre argumentation, mais parfois
trop fort ne casse pas. Cela va être clair dans la loi. Si vous n'avez
pas d'objection, je ne pense pas qu'on se crée des
difficultés.
M. Roy: Est-ce qu'on voudrait bien relire l'article 7, avec
l'amendement qui vient d'être adopté?
Le Président (M. Clair): Je peux le faire, de sorte qu'on
pourrait procéder immédiatement à l'adoption de l'article
7.
M. Roy: J'aimerais, M. le Président, qu'on relise
l'article.
Le Président (M. Clair): Le relire?
M. Roy: Et je voudrais me réserver le droit si c'est
nécessaire...
Le Président (M. Clair): Cela va. M. Roy: ...
d'intervenir.
Le Président (M. Clair): Je vous le relis tel que moi, je
l'ai noté. "L'Assemblée nationale du Québec peut, sur
proposition du premier ministre, adopter le texte d'une question devant faire
l'objet d'une consultation populaire. Le débat de cette proposition est
privilégié et a priorité sur toute autre question, sauf le
débat sur le discours inaugural".
M. Roy: Et cela se termine là.
M. Bédard: C'est cela.
Le Président (M. Clair): Point.
M. Roy: Le seul commentaire que j'ai à faire, c'est que je
suis entièrement d'accord. Cela garde la priorité du discours
inaugural. Comme j'ai eu I'occasion de le dire hier soir je ne veux pas
reprendre mes propos le discours inaugural doit constituer
l'élément majeur de l'ouverture d une session, il faut lui garder
son caractère officiel et son caractère privilégié.
(15 h 30)
Comme il y a des dispositions dans le règlement qui
prévoient des cas d'urgence, à ce moment-là il s'agira
d'envisager la question ou les sujets qui comporteront un caractère
d'urgence et prendre la meilleure attitude qui prévaudra dans les
circonstances.
M. Lavoie: Juste une petite modification de forme qui serait plus
concordante avec la rédaction de notre règlement. Au lieu de
dire: le débat sur le discours inaugural, si on veut respecter le texte
de l'article 22, c'est le débat sur le message inaugural qu'il faudrait
dire.
M. Bédard: D'accord.
M. Lavoie: Je pense que vous avez corrigé, si tout le
monde est d'accord.
M. Bédard: Tout le monde est d'accord. M. Lavoie:
C'est le débat sur le message. M. Bédard: Sur le
message inaugural.
M. Lavoie: Oui, c'est parce qu'on dit ici, dans l'article 22:
"... et du message inaugural prononcé, au nom du gouvernement, par le
premier ministre". Hier soir, on a fait, au nom de l'Opposition officielle, des
représentations, on désirait qu'il y ait une exception
également pour le discours du ministre des Finances et du premier
orateur des partis d'Opposition, lors du débat sur le budget.
M. Bédard: J'y ai réfléchi, M. le
Président, et lorsqu'on a amené cette question, de la part de
l'Opposition...
M. Lavoie: Le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Bédard: ...on a eu soin de mentionner qu'il y avait
on le sait tous une tradition parlementaire bien établie
suivant laquelle, lorsqu'un discours du budget est lu, il est évident
qu'il est suivi immédiatement des répliques des chefs des partis
d'Opposition. Je ne crois pas qu'il soit nécessaire de faire un article
pour cela. Je verrais mal, étant donné cette tradition
établie depuis longtemps, un gouvernement qui veut aller consulter la
population, qui fait un acte de foi, à mon sens, à la
démocratie, commencer ses activités avec ce qui me semblerait
être une action inappropriée par rapport à la tradition qui
est établie de prononcer un discours du budget sans permettre aux chefs
des oppositions de se prononcer, tel que cela a toujours été dans
notre tradition parlementaire. Si on commence à faire des exceptions,
chacun peut avoir...
M. Lavoie: Vous êtes d'avis que, dans notre tradition
parlementaire, s'il y avait un discours du budget, par le ministre des Finances
qui, hypothé-tiquement parlant, dans un contexte
référendaire, alors que la télévision sera en
action à ce moment-là, vous êtes d'opinion, à titre
de parlementaire, que cela ne pourrait se faire sans permettre aux critiques
financiers de chacun des partis de l'Opposition de faire leur discours en
réponse au discours du budget?
M. Bédard: Je trouverais cela totalement inacceptable.
C'est aussi simple que cela.
M. Lavoie: Est-ce que je peux avoir si on ne fait pas une
bataille pour exiger l'amendement approprié pour les fins du
journal des Débats, et pour que cela soit utile éventuellement,
au cas...
M. Bédard: Je l'ai dit sachant que c'était
enregistré au journal des Débats.
M. Lavoie: Je ne voudrais pas que cela soit fait en votre nom
personnel, mais je prendrais votre parole si vous nous dites clairement ceci
pour le journal des Débats. Dans un cas où la question de
règlement serait invoquée ou que le premier ministre voudrait
amener la résolution sur la question immédiatement après
le discours sur le budget, avant que les critiques financiers de l'Opposition
puissent s'exprimer, vous, en tant que ministre de la Justice, au cas où
il y aurait une difficulté de procédure, vous prenez
l'engagement, au nom du gouvernement, que, dans un cas de telle
difficulté, il y aurait consentement unanime de votre part, du
moins pour que les critiques financiers de chacun des partis de
l'Opposition puissent s'exprimer avant que la question soit soumise à
l'Assemblée.
M. Bédard: Je suis prêt à prendre cet
engagement.
Le Président (M. Clair): Messieurs, afin de faciliter la
tâche pour le procès verbal, est-ce que le député de
Rouyn-Noranda accepterait de reprendre je pense que c'est lui qui avait
soumis cet amendement à son compte la motion d'amendement afin
d'ajouter à la fin de l'article 7 la phrase suivante: "Le débat
de cette proposition est privilégié et a priorité sur
toute autre question, sauf le débat sur le message inaugural"? C'est
bien là votre motion d'amendement, M. le député de
Rouyn-Noranda?
M. Samson: D'accord.
Le Président (M. Clair): Cette motion d'amendement
sera-t-elle adoptée?
M. Ciaccia: Adopté.
M. Grenier: Oui.
Le Président (M. Clair): Adopté.
M. Grenier: M. le Président, j'aimerais bien que les gens
et en particulier le ministre discutent de ceci. Au début de l'article,
dans la première partie... C'est la deuxième partie que vous
faites accepter?
Le Président (M. Clair): C'est l'amendement qui a
été adopté. L'article 7 n'a pas encore été
adopté.
M. Grenier: Pas de problème, ça va. Adopté
pour cela.
Le Président (M. Clair): Adopté. L'article 7,
maintenant, tel qu'amendé.
M. Grenier: J'ai une question là-dessus. C'était
notre intention de proposer un amendement, mais je ne le fais pas comme tel. On
disait que nous aurions voulu voir changer "sur proposition du premier
ministre" par "sur présentation d'un
projet de loi en ce sens de la part du premier ministre". Pouvez-vous
nous garantir le même temps?
M. Bédard: Non, voici, c'est même un projet de loi,
il y a même plus de temps prévu, on aura l'occasion d'en parler,
un peu plus loin, dans les autres articles, mais je pense que si on veut
être logique avec l'article 6, où on prévoit deux processus
distincts, soit par la présentation dune question, ou encore la
présentation d'un projet de loi, on ne peut pas rédiger autrement
cet article. Lorsque nous arriverons à l'article 8, sur l'autre
processus par projet de loi, je pense que cela sera le temps d'en discuter
à ce moment-là.
M. Grenier: Bon.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Beauce-Sud.
M. Roy: M. le Président, j'ai bien remarqué la
question qui a été posée par mon collègue de
Mégantic-Compton et la réponse que vient de donner le ministre.
Je ne sais pas pour la bonne gouverne et la bonne construction du projet de
loi, si dans l'article 7, il n'y aurait pas lieu, justement, d'apporter un
éclaircissement, une précision à ce sujet. Parce que
l'article 8, c'est un article, tel qu'il est rédigé
présentement, qui a pour objet de limiter le débat. Mais
lorsqu'on va arriver à l'article 8, il y a une chose qu'il va falloir
commencer par établir. Le débat va avoir lieu sur quoi? Sur une
motion privilégiée, une motion de fond en vertu de l'article 94?
Est-ce qu'il y aura une disposition particulière qu'on pourra
peut-être retrouver dans le projet de loi pour préciser les
règles du débat qui doit avoir lieu, si nous serons à
débattre un projet de loi?
M. Bédard: Tout de suite, je peux dire il y aura
lieu de faire la discussion dans les articles qui suivront qu'hier soir,
nous nous sommes livrés chacun des membres de la commission
à une réflexion à haute voix qui a commencé,
en fait, par certaines représentations du député de
Beauce-Sud, du député de Mégantic-Compton et de tous les
membres de l'Opposition, sur une question qui était très
appropriée et sur laquelle on a eu le temps de se pencher. Je puis dire
d'avance que quand nous serons rendus à cet article nous serons en
mesure de préciser quel genre de débat.
M. Roy: Vous êtes en mesure de nous dire, à ce
moment-ci, que ce sera l'article suivant?
M. Bédard: Oui. Tout de suite à l'article suivant,
parce qu'on...
M. Roy: Je ne ferai pas de débat de virgules, M. le
ministre.
Le Président (M. Clair): Messieurs, l'article 7 tel
qu'amendé est-il adopté?
M. Grenier: Adopté. M. Roy: Adopté.
M. Bédard: M. le Président, à l'article 6,
je ne veux pas reprendre toute une argumentation que j'avais faite à la
suite...
Le Président (M. Clair): On revient à l'article 6,
M. le ministre?
M. Bédard: Oui, à l'article 6.
Le Président (M. Clair): A l'article 6.
M. Bédard: ...des propos tenus par les membres de
l'Opposition hier soir et d'une façon particulière par le chef de
l'Opposition, concernant un amendement qui avait été fait par
l'Opposition officielle...
Le Président (M. Clair): Le texte de l'amendement qui a
été reçu.
M. Bédard: ... qui se lisait substantiellement comme ceci:
"Dans le cas d'une consultation populaire portant sur le statut constitutionnel
du Québec, le gouvernement doit déposer à
l'Assemblée nationale un document définissant son option
constitutionnelle au moins trois mois avant l'émission du bref
référendaire."
M. le Président, là-dessus, j'avais reconnu et je
reconnais encore une préoccupation de l'Opposition que nous partageons,
à savoir qu'une information adéquate soit donnée non
seulement aux parlementaires, mais également à l'ensemble des
citoyens qui auront à exercer un choix ou à indiquer une
préférence face à une question précise qui leur
serait posée.
Je crois que cet amendement provenait d'un souci et d'une
préoccupation qui était l'information du public et de certaines
obligations, quel que soit le genre de référendum, qu'on peut
exiger d'un gouvernement face à une décision qu'il a prise de
consulter la population sur un sujet important. Si vous me le permettez,
j'avais fait des remarques sur cet amendement, à savoir que ce qui
était important, ce n'était pas le délai de trois mois
je pense que nous étions d'accord là-dessus qui
était contenu dans l'amendement, mais le désir que la population
soit informée et d'avoir des garanties en ce sens.
J'avais également laissé entendre que l'amendement, tel
que proposé, nous aurions de la difficulté à l'accepter,
puisqu'on particularisait en spécifiant que c'était dans le cas
d'une consultation populaire, alors que nous croyons que non seulement dans le
cas d'une consultation populaire sur le statut constitutionnel, mais dans toute
consultation il y a un droit fondamental du public à être bien
informé pour prendre une décision éclairée. Cette
préoccupation d'information la plus objective possible de la population
était, d ailleurs, partagée par la commission des droits de la
personne, qui, à l'article 5 de leur in-
formation, à la fin des commentaires préliminaires qu'elle
faisait parvenir aux membres de la commission parlementaire concernant le livre
blanc sur les consultations populaires, s'exprimait en ces termes concernant le
droit à l'information, tel que proclamé pa| la Charte des droits
et libertés de la personne a l'article 44. Le texte de cette
préoccupation était exprimé comme ceci: "La commission
considère en effet que l'égalité des chances entre les
diverses options ne va pas sans le droit du public à une information la
plus objective et la plus complète possible non seulement sur les
aspects financiers de la campagne référendaire, ce qui est
garanti par le livre blanc, mais sur l'ensemble de ses aspects techniques et
politiques, enjeux et options en présence. ' (15 h 45)
Elle proposait donc: "Si on s'inspire de l'exemple britannique, que la
commission étudie, premièrement, la possibilité de publier
et de distribuer, sous la responsabilité et avec l'accord des options en
présence, une brochure explicative sur chacune des options
proposées par référendum; deuxièmement, la
possibilité d'attribuer des périodes de temps égales
à la radio et à la télévision à toutes les
parties en présence". Cette partie de la recommandation de la
commission, non seulement sur l'occasion mais le fait d'attribuer des
périodes de temps égales à la radio et à la
télévision à toutes les parties en présence, c'est
réglé par le projet de loi. Le gouvernement a donc donné
suite à cette recommandation.
Quant à l'autre recommandation, nous avons eu l'occasion de
réfléchir là-dessus. Alors, tenant compte de l'amendement
fait par l'Opposition officielle qui demandait que le gouvernement informe la
population sur tous les aspects techniques et politiques du
référendum, tenant compte de la recommandation de la commission
sur cet aspect, à savoir de publier, de distribuer, sous la
responsabilité et avec l'accord des options en présence, une
brochure explicative sur chacune des options proposées par
référendum, nous a-vons préparé, M. le
Président, un amendement qui peut se situer à l'article 6 et qui
tient compte de l'amendement libéral; il tient compte aussi des
recommandations de la Commission des droits de la personne et tient compte
surtout du droit du public à l'information. Cet amendement se lirait
comme suit: "Le gouvernement doit publier et faire distribuer un document utile
à la compréhension des électeurs relativement aux aspects
financiers, techniques et politiques de la question ou du projet de loi qui
fait l'objet de la consultation'.
Comme vous pourrez le constater, M. le Président, nous avons
repris presque textuellement les termes de la Commission des droits de la
personne. Si vous me permettez, M. le Président, je sais que cet
amendement ne règle pas toute la question du droit fondamental du public
à l'information; en conséquence, nous avons également
préparé un article additionnel qui se situerait un peu plus tard
j'aime autant donner le tableau complet dans l'étude de ce
projet de loi, à savoir à la section 1-A qui serait
intitulée Droit à l'information et qui contiendrait un article
qui serait l'article 24 A et qui, substantiellement, dirait ceci cela
fait encore suite directement à l'opinion émise par la Commission
des droits de la personne: "Le directeur général des
élections doit publier et distribuer, sous la responsabilité et
avec l'accord des comités nationaux, une brochure explicative sur
chacune des options proposées soumises à la consultation. Cette
brochure assurera à chaque comité national un espace
égal".
J'en fais distribuer une copie à tous les membres de la
commission. Je pense que ces deux articles répondent ou essaient de
répondre aux préoccupations énoncées par
l'Opposition officielle dans son amendement où on voulait créer
certaines obligations à un gouvernement, quel qu'il soit, à
l'occasion d'un référendum de quelque nature qu'il soit.
Egalement, ils donnent suite à l'opinion de la Commission des droits de
la personne qui se référait à la procédure qui a
été adoptée par le Parlement britannique, lors de
consultations.
Alors, M. le Président, je ne voudrais pas m'étendre plus
qu'il ne le faut sur ces deux résolutions, mais je crois personnellement
que le droit à l'information du public est fondamental, de la même
façon j'ai eu l'occasion de le dire que j'ai la conviction
qu'une question piège ou ambiguë ne mène absolument nulle
part losqu'on veut avoir une réponse précise de la part d'une
population. De la même façon, je crois que si nous voulons donner
toute la chance à la population d'être claire et précise
dans sa réponse, il faut quand même nous assurer qu'un minimum
d'information objective sera mis à la disposition du public afin que
celui-ci puisse exercer son jugement face à la consultation.
Le Président (M. Clair): Messieurs, dans le but de
clarifier la situation, il y avait un amendement qui avait été.
proposé par le député de Marguerite-Bourgeoys à
l'article 6. On avait suspendu l'étude de l'article 6 et l'étude
de la motion d'amendement. Le ministre nous fait lecture d'un nouvel article 6.
La discussion s'engage maintenant sur le nouvel article 6, de sorte qu'à
compter de maintenant... Oui.
NI. Bédard: Avec votre permission, M. le Président,
vous remarquerez que les amendements n'ont aucun rapport avec un type de
consultation précise, le statut constitutionnel ou encore des
consultations sur quelque autre sujet. Je pense que c'est nécessaire, du
point de vue démocratique, que nous trouvions un moyen d'assurer, dans
une loi-cadre comme celle que nous faisons, l'information du public, non
seulement dans les référendums concernant un statut
constitutionnel, mais également dans tous les référendums
de quelque nature que ce soit.
Le Président (M. Clair): Ce que j'étais en train de
dire, c'est simplement qu'étant donné que lorsque nous avons
suspendu l'étude de l'article 6, nous en étions à
l'étude d'une motion d'amendement à l'article 6, avant de revenir
à l'article 6 en suspendant la motion d'amendement, je voudrais le
consentement pour procéder ainsi.
M. Lavoie: C'est sûr, M. le Président, que nous
n'acceptons pas de retirer l'amendement, qui est dûment
déposé et qui a été dûment reçu par la
présidence, pour remplacer notre amendement par ce semblant de formule
qui est loin d'être acceptable. Je pensais que vous aviez un certain
culot, mais vous en avez encore plus; vous avez vraiment un front à
toute épreuve pour nous soumettre...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Laval, si je comprends bien, vous demandez qu'on reprenne le débat sur
la motion d'amendement dont la commission était saisie au moment
où nous avons suspendu l'étude de l'article 6. Nous en revenons
donc à l'étude...
M. Lavoie: Comme vous voulez... M. Bédard: M. le
Président...
M. Lavoie: Si vous voulez qu'on continue à le
suspendre...
M. Bédard: ... je pense que nous faisons...
M. Lavoie: ... je n'ai pas d'objection qu'on avance dans le
projet de loi parce que...
M. Bédard:... aussi bien de vider la question à ce
sujet.
M. Lavoie: ... on ne s'entendra certainement pas sur cette
question.
M. Bédard: Voici peut-être une manière de
procéder, puisque déjà le leader de l'Opposition
officielle a indiqué qu'il n'était pas question de retirer son
amendement et que nous venons d'expliciter pourquoi nous ne sommes pas
je l'ai d'ailleurs déjà fait d'accord avec son amendement,
mais que, d'autre part, étant d'accord avec le souci qui sous-tend cet
amendement, nous venons avec une proposition nouvelle. Alors, peut-être
qu'il y aurait lieu de continuer, si telle est l'intention des leaders, sur
l'amendement de l'Opposition sur lequel nous nous exprimons dans le sens que je
viens de dire; ensuite, nous passerons à l'autre.
Le Président (M. Clair): Pour clarifier encore un peu plus
la situation, sur la motion d'amendement, il n'y avait qu'un intervenant qui
avait utilisé complètement son droit de parole, soit le
député de Bonaventure, et nous en étions rendus, si ma
mémoire est fidèle, au député de
Mégantic-Compton. Alors, M. le député j'ai fait faire des
photocopies de la motion qui est actuellement en discussion. C'est écrit
de ma main, mais je pense que cela peut être utile quand même.
M. le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, si quelqu'un avait à
intervenir immédiatement, je préférerais céder mon
tour à un autre et j'interviendrai immédiatement
après.
Le Président (M. Clair): La motion d'amendement est-elle
adoptée?
M. Lavoie: Non. Un instant, s'il vous plaît!
Le Président (M. Clair): Est-ce que le
député de...
M. Lavoie: Je peux commencer, comme vous voulez. Je ne voudrais
pas priver le député de Rouyn-Noranda de son droit de parole sur
l'amendement.
M. Bédard: On parle sur votre amendement, on continue.
Le Président (M. Clair): Je compte le temps sur
l'amendement.
M. Samson: Très bien, M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rouyn-Noranda, vous avez la parole.
M. Samson: M. le Président, à l'article 6, il est
clairement établi que "le gouvernement peut ordonner que les
électeurs soient consultés par référendum: a) sur
une question approuvée par l'Assemblée nationale du Québec
conformément aux articles 7 et 8, ou b), sur un projet de loi
adopté par l'Assemblée nationale du Québec
conformément à l'article 9". L'amendement sur lequel nous
discutons présentement, tel que revu par vous, M. le Président,
viendrait ajouter ceci: "Dans le cas d'une consultation populaire portant sur
le statut constitutionnel du Québec, le gouvernement doit déposer
à l'Assemblée nationale un document définissant son option
constitutionnelle au moins trois mois avant le jour fixé pour
l'émission du bref référendaire".
M. le Président, bien sûr, je suis d'accord avec cette
motion; je n'apprends rien de nouveau à personne en me disant d'accord
avec cette motion. Il me semble que les événements connus depuis
pas mal de temps, pas seulement depuis l'arrivée au pouvoir du
présent gouvernement, mais depuis une dizaine d'années environ,
font que nous discutons sur un projet de loi visant les consultations
populaires, mais toujours en regard d'un engagement qui a été
pris par le gouvernement, que nous connaissons tous. Il s'agit d'un
référendum qui devra venir pour demander aux
Québécois de se prononcer sur une option constitutionnelle du
Parti québécois. (16 heures)
C'est assez important, M. le Président, qu'on le souligne, parce
qu'il n'y a pas un autre parti qui a, dans son programme à la
dernière élection, à moins que ma mémoire ne soit
pas fidèle, proposé de soumettre une option constitutionnelle par
référendum. Les positions constitutionnelles des autres partis
étaient définies et proposées par voie de programme. Mais
ce qui nous amène et ce qui m'amène surtout à appuyer cet
amendement. M. le Président, c'est que plus nous voyons évoluer
les ténors du gouvernement ou du Parti québécois.
selon le cas, cela peut être des gens qui ne sont pas dans le
gouvernement mais qui sont quand même des porte-parole, plus il nous
semble que c'est un peu obscur et qu'il y a un vocabulaire
spécialisé d'où découlent différentes
façons de présenter la marchandise. Selon qu'il fasse soleil ou
que nous ayons de la pluie, la marchandise est présentée d'une
façon différente. Selon que l'on soit devant l'Assemblée
nationale ou devant un auditoire partisan, ou encore devant un auditoire d'un
autre pays, le vocabulaire est différent. Il est tellement
différent que même si on dit parfois que l'habit ne fait pas le
moine, il semble que le "tuxedo ' du premier ministre à l'Economic Club
de New York lui a fait changer sa position, comparativement à certaines
autres positions prises dans le passé et après.
Je prends à témoin des déclarations qui sont
rapportées dans la Presse du 22 décembre 1976, un mois et
quelques jours après la prise du pouvoir du gouvernement. Le titre de
cela: "Référendum en premier lieu". "Le PQ devra rectifier son
programme, selon M. Lévesque". Il est important de lire cela, parce que
cela va nous faire comprendre pourquoi on aimerait que le gouvernement aille au
moins jusqu'à accepter de se définir, au moins une fois dans la
vie de ce parti, au moins une fois clairement. On y dit ceci: "Le premier
ministre du Québec, M. René Lévesque, est d'avis qu'il
faudra rectifier l'article premier du programme du PQ, qui préconise la
mise en branle du processus d'accession à l'indépendance
préalablement à la tenue d'un référendum". Cela
veut dire qu'on n'a pas toujours dit la même chose. On a placé un
certain appât à un certain moment, et je pense que nous nous
rappelons tous qu'il y avait un certain appât pour les élections
de 1970, un appât semblable pour les élections de 1973. Mais, pour
les élections de 1976, il y avait là un appât assez
différent, ce qui a donné un résultat différent
aussi, ce qui a contribué à jeter beaucoup de confusion
après l'élection du Parti québécois, confusion
d'abord parce que même ceux qui ont voté pour le Parti
québécois ont eu la surprise de leur vie de voir ce parti au
pouvoir.
M. Godin: Ce n'est pas comme les vôtres. Ce n'est pas comme
vos électeurs.
M. Samson: Et nous les comprenons, M. le Président. Parce
que même les députés qui ont été élus
ont eu la surprise de leur vie de se faire élire. Alors, comment
voulez-vous que les électeurs n aient pas été surpris? Je
continue donc, M. le Président, à citer la Presse. Est-ce qu'il
est accepté des discours accessoires, M. le Président?
Le Président (M. Clair): Absolument pas, M. le
député de Rouyn-Noranda.
M. Paquette: Excusez-moi, M. le Président.
Le Président (M. Clair): Et j'invite tous les membres
à respecter votre droit de parole, M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: Merci, M. le Président. Dans une entrevue
accordée à Michel Lacombe et diffusée à
l'émission Présent Québec ce n'est donc pas
là une interprétation de journaliste, mais quelque chose qui a
été diffusé à la radio et repris, il y a donc des
traces et l'enregistrement à l'émission Présent
Québec, de Radio-Canada, dis-je ce matin, le chef du gouvernement admet
qu'il y a là une ambiguïté qu'il faudra dissiper. Le
programme formel du Parti québécois précise en effet que,
peu après son élection, un gouvernement du PQ doit mettre
immédiatement en branle le processus d'accession à la
souveraineté, en proposant à l'Assemblée nationale une loi
l'autorisant à négocier le transfert des pouvoirs d'Ottawa
à Québec, ainsi que les modalités techniques de
l'opération, notamment le partage des dettes et des biens publics. Ce
même programme indique, dans sa forme écrite toujours, que ce
n'est que dans le cas où il lui faudrait procéder
unilatéralement que le gouvernement procéderait par
référendum. Or, comme vous voyez, M. le Président, il y a
beaucoup de différence entre ce qui était dit avant 1976 et ce
qui a été dit un peu avant et surtout au cours de
l'élection de 1976. L'appât était pas mal différent.
D'ailleurs, c'est en continuant la lecture qu'on retrouve l'explication. Je
continue donc à citer la Presse du 22 décembre 1976 où,
faisant parler le premier ministre, il est dit ceci: A l'occasion de la
dernière élection qui a porté le Parti
québécois au pouvoir, les dirigeants du PQ ont, en quelque sorte,
renversé la proposition parlant de la tenue d'un
référendum d'abord, suivi d'une négociation ensuite, sur
les modalités d'accès à l'indépendance.
M. Paquette: M. le Président, question de
règlement...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rouyn-Noranda. Le député de Rosemont invoque le
règlement.
M. Paquette: Je m'excuse d'interrompre le député,
mais je pense, M. le Président, que le député est en
dehors du débat et j'aimerais que vous l'invitiez à respecter la
pertinence du débat. La motion d'amendement porte sur la
définition par le gouvernement du Québec de son option, du
contenu de son option. Le député, depuis tout à l'heure,
nous parle des mécanismes, des moyens, de la démarche menant
à la souveraineté. A mon avis ce n'est absolument pas pertinent
à la motion d'amendement.
Le Président (M. Clair): Alors, M. le député
de Rouyn-Noranda, je vous invite à continuer...
M. Samson: ... à continuer, merci, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): ... et à vous en tenir
à la pertinence du débat.
M. Samson: Vous avez raison, M. le Président, parce que
l'argument de faiblesse qui vient d'être invoqué ne pouvait pas
vous convaincre.
M. Paquette: M. le Président, je pense que vous avez
rappelé M. le député à la pertinence du
débat, sauf erreur.
M. Samson: On m'a demandé de continuer, cela n'est pas la
même chose.
Le Président (M. Clair): J'ai demandé au
député de Rouyn-Noranda de continuer...
M. Paquette: C'est sûr que vous allez continuer.
Le Président (M. Clair): ... en lui disant de prendre soin
de rester dans la pertinence du débat, comme c'est le devoir de tous les
députés, d'ailleurs.
M. Samson: Je suis soumis à vos directives, M. le
Président, à un point tel que la pertinence du débat
m'oblige à vous lire le paragraphe suivant. Cette modification de
programme, affirme M. Lévesque... Il me semble que c'est pertinent.
Est-ce que votre premier ministre n'est pas pertinent? Si vous le trouvez
impertinent, mais je suis bien d'accord avec vous autres.
M. Paquette: Cela dépend, si vous le faites parler sur une
autre motion que celle qu'on a devant nous, cela n'est pas pertinent.
M. Samson: Si vous trouvez votre premier ministre impertinent, je
suis d'accord avec vous.
M. Godin: Non pertinent, pas impertinent, il y a une nuance.
M. Samson: Vous voyez, M. le Président, comment cela n'est
pas clair.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rouyn-Noranda, vous savez fort bien, comme moi, que la pertinence du
débat, c'est la pertinence par rapport à la motion qui est devant
nous.
M. Samson: Je suis d'accord avec vous, M. le Président, la
pertinence exige que je vous explique et je tente de convaincre mes
collègues du bien-fondé de l'amendement à partir de
comparaisons et à partir surtout de la connaissance de la situation qui
nous amène à apporter ce genre d'amendement. L'honorable chef de
l'Opposition officielle, hier, a eu recours à semblable historique pour
tenter de convaincre ses collègues; il me semble que c'est absolument
pertinent. Je continue, donc, M. le Président, en vous disant ceci, et
en citant toujours la Presse du 22 décembre 1976. "Cette modification de
programme, affirme M. Lévesque, s'est faite avant l'élection et
s'est dessinée tout au cours de la campagne électorale devant
tout le public ". Je vous passe la partie de l'article qui ne serait pas
pertinente et je continue avec un autre paragraphe où il est dit: "...
mais, sur le fond, il n'est pas question, ni de près ni de loin, de
délayer notre engagement très précis qui est qu'il n'y
aura pas d'indépendance du Québec, tant que le "bargaining power
" cela, c'était avant la loi 101, par exemple, on doit
l'admettre...
M. Paquette: C'est pour le faire comprendre aux Anglais.
M. Samson: C'est dit par le premier ministre, cela. Ce n'est pas
moi. Si c'est pour le faire comprendre aux Anglais, je trouve cela drôle
que ce soit écrit dans la presse française. "... tant que le
"bargaining power" décisif n'aura pas été confirmé
par une consultation de tous les citoyens du Québec par voie de
référendum", d'ajouter M. Lévesque.
Voilà pourquoi les membres de l'Opposition sont un peu
méfiants, non pas à l'endroit du ministre je pense qu'il
faut se comprendre mais à l'endroit de certaines techniques
utilisées par la machine du Parti québécois. Ces
techniques font qu'on ajuste le débat selon l'auditoire. Pour s'y
retrouver là-dedans comme une chatte ne retrouverait pas ses
chats, ce n'est pas facile il faudrait une espèce de recueil de
poèmes. Dans le cas présent, on pourrait l'appeler le recueil des
désirs... En tout cas, trouvez le mot qu'il faut. M. le
Président, ce serait un drôle de recueil quand même parce
qu'il y aurait pas mal de positions. Il y en aurait peut-être autant que
les 100 000 positions de l'ancien premier ministre. Ceci dit en toute
caricature.
M. Godin: Acceptez-vous cela, des allusions comme cela, vous
autres?
M. Lavoie: On accepte la démocratie, la liberté de
parole, monsieur, ce qui est différent de vous.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Godin: Ah, bien! Mon Dieu, seigneur! Notre donneur de
leçon.
M. Lavoie: Vous pouvez continuer.
M. Samson: Vous voyez, M. le Président, comment la
démocratie en marche, à votre gauche, peut faire la leçon
à la démocratie en démarche, à votre droite.
M. Charbonneau: L'aile droite du Parti libéral. M.
Samson: M. le Président. M. Lavoie: Continuez!
M. Samson: Attendez, vous autres! Quand vous allez amener votre
projet de loi sur le "fumage ", vous allez voir le "filibuster" de votre
premier ministre. Il va être bien pire que le nôtre. Je continue
donc.
M. Bédard: Vous admettez que c'est un "filibuster".
M. Samson: Pardon?
M. Bédard: Vous n'admettez pas que c'est un
"filibuster"?
M. Samson: Présentement? On n'en est pas encore rendu
là. Cela ce pourrait, bien sûr. On n'a rien à cacher, M. le
Président. Les "filibusters "... A part cela, ce n'est pas le PQ qui
pourrait nous en montrer la-dessus et ce n'est pas nous qui pourrions lui en
montrer non plus.
M. Bédard: Non, mais on le disait.
M. Samson: Pardon?
M. Bédard: On le disait quand on faisait un.
M. Samson: Vous le disiez?
M. Bédard: Oui, comme vous venez de le dire en
comparant...
M. Samson: Non. Vous n'aviez pas besoin de le dire. Cela
paraissait.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Bédard: Je m'excuse de vous avoir interrompu.
M. Samson: M. le Président, je ne fais que taquiner le
ministre. J'ai participé avec lui à des "filibusters " heureux et
qui ont donné des résultats malheureux.
M. Bédard: Le 15 novembre.
M. Samson: Non, mais c'est vrai. Le "filibuster" du PQ,
c'était bon. Vous auriez dû voir cela, M. le Président. Un
soir, on s'est passé le même discours à huit. On l'a relu,
deux fois, à quatre. Cela, c'était de la performance.
Le Président (M. Clair): Messieurs, j'ai l'impression
qu'on s'éloigne un peu du corridor qui devrait être le
nôtre.
M. Samson: Vous avez raison, M. le Président. Je me suis
éloigné. Je m'en excuse parce que vos chastes oreilles n'auraient
pas dû entendre cela.
Dans le journal de Québec du 2 février 1977, Normand
Girard écrit ceci: "L'édition 1975 du programme politique du
Parti québécois devra subir des retouches sérieuses lors
du congrès de mai à la suite soit des attitudes
déjà prises par le gouvernement Lévesque, soit du discours
qu'il a prononcé récemment à New York". Il se
réfère au discours en "tuxedo ". Il appartiendra au nouveau
conseiller au programme du PQ, l'économiste Pierre Harvey, qui a
succédé à Me Pierre Marois, de concilier les attitudes
nouvelles tiens! Les attitudes nouvelles! énoncées
depuis le 15 novembre par le premier ministre principalement ". (16 h 15)
Cela fait à peu près un an et demi que les attitudes
nouvelles sont arrivées. On se demande pourquoi, du côté
gouvernemental, on présente un amendement disant que, "dans le cas d'une
consultation populaire portant sur le statut constitutionnel du Québec,
le gouvernement doit déposer à l'Assemblée nationale un
document définissant son option constitutionnelle au moins trois mois
avant le jour fixé pour l'émission du bref
référendaire ". M. le Président, cela fait tellement
longtemps que c'est confus que trois mois pour démêler cela,
après une position établie clairement, ce ne sera pas trop pour
la population. Cela fait dix ans qu'ils mêlent la population. Trois mois
pour la démêler, il me semble que ce ne sera pas trop.
Le journaliste continue, M. le Président, en disant: "L'exemple
le plus frappant qui découle du discours prononcé par M.
Lévesque à New York concerne les futures relations
internationales d'un Québec indépendant et la défense".
C'est une autre affaire, cela, la défense. Vous avez entendu comme moi,
M. le Président, dans les argumentations données par le
même parti, il n'y a pas tellement longtemps, mais c'était avant
les élections, bien sûr? Avec l'indépendance du
Québec, on va sauver est-ce un demi ou un milliard? Les chiffres
changent tellement souvent avec eux, en tout cas un demi-milliard par
année qu'on donne pour la défense. Nous autres, on n'en aura pas
besoin de la défense, on va être paisible. J'ai entendu cela bien
souvent.
Mais là, à New York, il n'a pas dit la même chose.
Cela concerne les futures relations internationales d'un Québec
indépendant et la défense. A la page 13 de son discours à
New York, M. Lévesque a rassuré les Américains. Il n'a
rassuré personne d'entre nous. Il est allé rassurer les
Américains, de l'autre bord, vous savez, au sud. Les
Québécois, il ne faut pas les rassurer. Les Américains, il
faut les rassurer, par exemple, parce qu'ils ont, comme on dit en
français, vous savez, de l'argent qu'ils prêtent. A ce chapitre,
l'honorable premier ministre actuel et son ministre des Finances n'ont rien
inventé de ce qu'ils dénonçaient avant leur prise du
pouvoir. Ils vont emprunter de l'argent exactement aux mêmes sources que
les gouvernements précédents, à la même place. Ils
se costument en "tuxedo " pour que cela fasse plus sérieux et que cela
paraisse mieux, mais ils paient plus cher, par exemple.
M. Ciaccia: Mais ils paient plus cher, par exemple.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: Je continue, M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rouyn-Noranda, je m'excuse de vous interrompre.
M. Samson: Quelqu'un qui demande de poser une question?
M. Godin: Oui. Aimez-vous mieux qu'on aille à Moscou ou
à Pékin, vous qui êtes un fervent admirateur de Mao
Tsé-Toung?
M. Samson: M. le Président, le député sait
bien que ses alliés naturels ne lui prêteraient pas d'argent
tellement ils ne se font pas confiance dans ce gang. C'est pour cela qu'ils
vont là où les pays prennent des chances. Les Américains,
dans le cas présent, avec le PQ au pouvoir ici, prennent des chances pas
mal. Je continue, M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rouyn-Noranda, avant que le député de Mercier vous pose une
question, j'allais vous signaler que vous avez commencé à exercer
votre droit de parole à 15 h 45. En soustrayant les minutes qui ont pu
être utilisées pour des questions de règlement ou pour le
temps où vous avez été interrompu, vous avez quand
même actuellement utilisé 20 minutes de droit de parole, de sorte
que je vous prierais de conclure, s'il vous plaît.
M. Samson: Je m'excuse, M. le Président. Evidemment, je
n'ai pas regardé l'horloge. Je vous regardais.
Le Président (M. Clair): C'est ma tâche.
M. Samson: Je ne pouvais pas. Mais je vous remercie de m'accorder
une minute pour conclure, M. le Président. Je dis donc que le
gouvernement, ayant été des plus confus depuis son accession au
pouvoir et huit ans et demi avant, je pense qu'il est temps qu'on ait une
position claire au moins avant un référendum. C'est pourquoi la
motion d'amendement, telle que revue par vous, M. le Président, avec la
grande sagesse qu'on vous connaît, me semble acceptable. C'est un minimum
que l'Opposition, tout en faisait son devoir, peut exiger de ce gouvernement.
Je vous remercie, M. le Président, de votre bonne attention.
Le Président (M. Clair): Merci, M. le député
de Rouyn-Noranda. On pourrait peut-être passer, à moins que le
député de Mégantic-Compton qui avait cédé
son droit de parole, sa priorité...
M. Grenier: Oui, pour revenir après.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, je n'utiliserai pas la
période qui m'est allouée. J'aimerais quand même ici faire
une intervention qui va dans le sens de l'amendement qui est apporté.
Pour bien se situer, il faut se rappeler que l'amendement que nous apportons
s'applique à cet article de loi qui dit: "Le gouvernement peut ordonner
que les électeurs soient consultés par référendum:
a) sur une question approuvée par l'Assemblée nationale du
Québec conformément aux articles 7 et 8 ou b) sur un projet de
loi adopté par l'Assemblée nationale du Québec
conformément à l'article 9". Nous voulons ajouter par cet
amendement qui est proposé par le député de
Marguerite-Bourgeoys: "Dans le cas d'une consultation populaire portant sur le
statut constitutionnel du Québec, le gouvernement doit déposer
à l'Assemblée nationale un document définissant son option
constitutionnelle au moins trois mois avant le jour fixé pour
l'émission du bref référendaire".
Je pense qu'il est temps qu'on clarifie certaines situations. Ce n'est
pas d'aujourd'hui qu'on entend, du côté de l'Opposition, dire au
gouvernement: Clarifiez votre position, et qu'on entend le gouvernement
répondre à l'Opposition: Trouvez-nous des définitions de
nouveaux liens, des définitions de constitution renouvelée, de
fédéralisme nouveau. C'est une bataille qui n'est pas neuve. Je
dois avouer, M. le Président, que nous demandons au gouvernement de
faire le premier pas, puisqu'il est un autre palier de gouvernement qui doit
faire des pas. On n'a pas l'autorité là que nous avons ici. Nous
sommes en mesure d'exiger davantage de notre gouvernement qu'on ne peut exiger
de l'autre gouvernement, du gouvernement central.
Aux nouvelles que j'écoutais à la radio, hier soir, on
annonçait que le premier ministre canadien déposerait, la semaine
prochaine, des amendements à la constitution canadienne. Apparem-ment,
ils sont dans la Presse d'aujourd'hui. Les semaines sont courtes dans la
province voisine, elles sont plus courtes qu'elles ne le sont ici. On en
prendra connaissance puis on verra quelle sorte de proposition on nous
fait.
M. Charbonneau: Pas grand-chose.
M. Grenier: Maintenant, ici au Québec j'entends la
réflexion: pas grand-chose, mais ici on en a encore moins on ne
sait pas à quoi s'en tenir.
M. Charbonneau: On parlera de cela, tantôt.
M. Grenier: Ce serait joliment intéressant de savoir ce
qu'est la situation du gouvernement et ce qu'est la position du
gouvernement.
Une Voix: Des élections à l'automne.
M. Grenier: J ai un autre document, que j'ai lu et auquel je n'ai
pas droit ici de faire allusion, qui ne rend pas plus claire la situation qui
pourrait nous être proposée incessamment. Nous voulons
connaître la position du gouvernement, la définition de ses
termes. A cet effet, le chef de l'Union Nationale, M. Biron, a proposé
un débat ici dans cette salle, il y a quelques semaines, où
était convoqué le ministre des Affaires intergouvernementales
pour définir les termes de souveraineté et d association qui
semblent être les termes nouveaux choisis par le gouvernement pour faire
que le débat trouve là, dans ces deux termes, des
éléments de solution.
On n'est pas encore trop avancé dans ces définitions.
Pourtant, ce n'est pas du nouveau, cela fail un petit bout de temps qu'on parle
de souveraineté-association. J'ai été témoin en
Chambre, M. le Président...
Il n'y aurait pas moyen de remplir les bocaux ailleurs?
M. Godin: Cela viole les droits fondamentaux de nos amis d'en
face que d'entendre les paroles...
Le Président (M. Clair): Je vais m'en occuper.
M. Lalonde: Est-ce que vous êtes nerveux, quand vous
entendez de la glace dans les verres?
Une Voix: Ce n'est pas nous qui avons soulevé la
question.
M. Lalonde: Non, attendez il est 4 h 15. Une Voix: On vous
trouve gelés un peu.
M. Grenier: Des gens appellent cela un "coffee break", nous on
appelle cela une récréation.
Les définitions de souveraineté-association. Je faisais
allusion hier soir, alors que nous déposions ici un projet de loi sur la
consultation populaire en Chambre, à un autre article. Je suis intervenu
en disant qu'il fallait le corriger afin de permettre que les
députés indépendants puissent intervenir, alors qu'on
parlait sur le débat; il n'y aurait eu que les chefs de partis. Je
faisais allusion à ce moment, qu'au moment du dépôt de
notre projet de loi sur le référendum, on aurait privé de
leur droit de parole l'actuel premier ministre, M. René Lévesque,
et on aurait privé Yves Michaud, on aurait privé
Jérôme Proulx, Antonio Flamand puis le Dr Gaston Tremblay qui
étaient des députés indépendants. Mais à ce
moment, on parlait de souveraineté-association déjà.
Pourtant, dans un journal du Parti québécois de ce temps
il est jauni un peu mais il est du temps on définissait en ces
termes et vous verrez que c'est loin d'être précis
la souveraineté: "La constitution comprendra deux types de dispositions:
les dispositions du préambule définiront les principes qui
devront guider la société et l'Etat québécois, mais
elles n'auront pas force de loi; les autres, de beaucoup plus nombreuses,
garantiront les droits civils et collectifs des Québécois,
délimiteront les territoires, définiront et structureront les
institutions politiques et les organes étatiques et distribueront les
compétences découlant de la souveraineté ".
Quant au terme association on en dit ceci: "L'association conclue entre
le Québec et le Canada devra faire l'objet de pactes ou traités.
Ceux-ci définiront les objectifs et les structures de l'association. Les
partis devront pouvoir les remettre en question en tout ou en partie, de
façon relativement fréquente ". C'est tout ce qu'on savait, il y
a une dizaine d'années il y a même exactement dix ans
de ces deux expressions.
Aujourd'hui, on n'en sait pas encore trop long. Un débat a
été proposé autour de cette table comme je l'ai dit
tout à l'heure et il y avait le ministre des Affaires
intergouvernementales. Il fut proposé par notre formation politique et y
participaient le Parti libéral, de même que les
députés de Rouyn-Noranda et de Beauce-Sud. Il n'a pas
donné d'autres développements à ces deux termes.
Je pense, M. le Président, qu'on est en droit de s'attendre
à des définitions de termes. On est en droit d'exiger qu'on
clarifie la situation devant la population. On exige trois mois avant le jour
fixé pour l'émission du bref référendaire. Il me
semble que trois mois, pour donner aux Québécois de l'information
sur ce que le Québec sera ou pourrait être une fois souverain ou
une fois indépendant, n'est pas faire preuve d'exigence.
On a évolué dans ce parti; j'y faisais allusion hier soir
quand j'ai pris la parole. Au tout début un dénommé Marcel
Chaput parlait de séparation; ce terme est devenu tabou. On a
parlé ensuite d'indépendance; ce terme est également
devenu tabou. On parle actuellement de souveraineté-association et il
est possible que ce terme devienne tabou avant le référendum. On
pourra peut-être parler également, à ce moment-là,
d'autonomie et on parlera peut-être ensuite de plus de pouvoirs pour les
provinces. C'est ce qui faisait dire au chef de l'Union Nationale, et cela a
été repris aussi par le chef du Parti libéral, que
peut-être on votera oui au référendum puisqu'on se rend
compte que ces termes pourraient glisser vers des expressions plus acceptables.
On se rend compte qu'on n'est pas sûr que ces expressions de
séparatisme, d'indépendance et même de
souveraineté-association vont faire l'affaire du public.
J'ai personnellement fait un sondage au niveau de ma pirconscription
électorale à la suite d'un questionnaire qu'on a envoyé
à chacun de nos électeurs. Sur 1087 formules-réponses,
nous en avons codifié 989. La question était la suivante:
Mégantic-Compton est, à mon sens, une image assez fidèle
du Québec. C'est pourquoi comme whip du parti j'aimerais connaître
votre point de vue sur ces quelques sujets afin d'orienter mon opinion et celle
de mes collègues. Je voulais savoir si le député avait
à défendre...La question était la suivante: Lors du
référendum, quelle thèse aimeriez-vous voir
défendre par votre député? Incrivez 1, 2, 3, 4, 5 selon
votre préférence. 1. la séparation; 2.
l'indépendance; 3. la souveraineté-association; 4. la
constitution renouvelée; 5. la constitution actuelle. La compilation a
donné les résultats suivants, et c'est assez intéressant:
78,22 étaient des francophones, 18,24% étaient des anglophones.
Cela est assez fidèle avec un pourcentage un petit peu plus fort
d'anglophones à ma circonscription. 3,5% étaient
favorables à la séparation, 3,15% étaient favorables
à l'indépendance...
M. Lalonde: Cela a augmenté.
M. Grenier: 8,7% étaient favorables à la
souveraineté-association. Quant à la constitution
renouvelée et la constitution actuelle, 82% y étaient
favorables.
Alors, j'imagine qu'on peut faire différents autres sondages qui
auraient peut-être des aspects pas mal semblables. Ils seront
peut-être mieux faits par des maisons réputées, mais ne
seront pas moins corrects probablement que celui-là. Le gouvernement
n'est pas sans avoir des formes de sondage semblables à ceux-là.
C'est peut-être pour cela qu'on glissera vers des expressions qui seront
plus près de la population.
Remarquez bien que je n'ai pas d'objection personnellement, parce que je
suis favorable au référendum; notre parti l'a déjà
eu dans son programme en 1970 et en 1973. Nous avons hâte de
connaître les volontés des Québécois et c'est pour
cela que nous sommes en faveur de nous donner un instrument qui pourra
permettre de savoir ce qu'en pensent les Québécois. Depuis trop
longtemps, on parle de cette question et nous sommes toujours sans
réponse. On a vu un Duplessis qui a parlé d'autonomie pendant
plus d'un quart de siècle; on a connu un autre parti qui s'est fait
élire en 1960 en parlant de "Maîtres chez nous"; on a connu un
autre parti qui s'est fait élire en 1966 en parlant
d'égalité ou d'indépendance. Là, on vient de
connaître un parti qui s'est fait élire en ayant à son
programme je ne dirai pas que c'était sur la page principale
l'indépendance. (16 h 30)
Je pense que le levier est maintenant beaucoup plus fort pour le
gouvernement central, afin qu'on puisse savoir la volonté bien
précise des Québécois sur ce point de vue. M. le
Président, des gens se sont penchés sur ce problème. Nous
l'avons fait comme formation politique et nous avons hâte
également que le gouvernement fasse son bout de chemin. Nous ne sommes
pas une formation indépendantiste. Nous sommes une formation
caractérisée fortement comme nationaliste et nous voulons
connaître l'opinion des citoyens du Québec. Nous avons
clarifié la situation quant à l'Union Nationale dans un document
qui a été déposé devant la commission
Pépin-Robarts, l'automne dernier. Au sujet de ce document que j'ai
déposé moi-même au nom du chef du parti, nous avons eu
bien sûr que les opinions sont certainement contraires d'un bord
ou de l'autre de la table, tout dépend de quel côté on se
situe un accueil chaleureux de la part des membres de la commission. Mme
Chaput, M. Robarts et M. Pépin avaient l'air de trouver que
c'étaient des éléments de solution valables et acceptables
pour quelqu'un qui se dit Canadien. Nous les avons ensuite
résumés et nous les avions aussi à notre programme
électoral, de façon plus large ou plus
détaillée.
Je pense que comme formation politique qui représente 20% de la
population, qui a dix députés en Chambre, nous avons fait du bon
boulot de ce côté. Notre formation politique est partie avec 4%
des voix, avec un député, et dans une seule élection elle
a gagné la faveur de 20% des électeurs ou à peu
près. Je pense que nous avons fait un bout de chemin et il serait
peut-être intéressant que d'autres formations fassent de
même. Mais la première formation a qui on est en droit de demander
d'avoir une position claire, c'est celle du gouvernement. C'est lui qui a en
main les destinées des Québécois. C'est lui, ce n'est pas
l'Opposition, ce n'est pas nous. On est bien heureux de pouvoir
présenter des documents, mais ce n'est pas à nous de
présenter des documents pour faire avancer la situation. Cela appartient
au gouvernement, et l'actuel gouvernement s'est fait élire en nous
parlant un peu de cela; pas tellement, mais un peu. Il l'avait mis à la
page 33, pour cette élection, alors que c'est en première page
pour la campagne de 1973.
Comme il s'est rendu compte que c'était un petit peu dangereux,
on l'a repoussé un peu plus loin pour être sûr de mieux le
faire passer. Là, on en entend parler pas mal depuis l'élection.
Quand on entend le ministre des Finances nous dire que depuis qu'il est
élu, en tout cas c'était sa déclaration, tous ses gestes
convergent vers l'indépendance du Québec, c'est un peu
surprenant. J'ai eu l'occasion de déclarer l'autre jour en Chambre que
le gouvernement, depuis son élection, me faisait penser un peu à
une poule qui a couvé des oeufs de canard, elle ne reconnaît plus
ses petits à l'éclosion.
C'est assez surprenant, mais il reste une chose. Plus on en parle, plus
il me semble que cela presse de préciser cette position. Je pense qu'on
ne doit pas attendre les documents de ce genre-là ici, pour nous faire
avancer notre position. Ce projet de loi de référendum
déposé sur la table du fédéral pour venir dire aux
Québécois ce que devrait être leur avenir, je pense que ce
n'est certainement pas une pièce de travail qui doit être
citée en exemple autour de notre table, d'abord; deuxièmement je
pense que c'est une pièce de trop pour faire avancer le dossier.
Personnellement, j'aimerais qu'on le fasse avec conviction, qu'on se
décide et qu'on le donne de façon claire et précise. La
motion qui est ici sur la table demande un minimum de trois mois. Ce n'est pas
moi qui ai fait l'amendement, c'est le député de
Marguerite-Bourgeoys. Si je l'avais fait, j'aurais mis plus de temps que cela,
moi, avant l'émission du bref. Il me semble que trois mois est un strict
minimum. C'est bien sûr que la presse et les media d'information ne sont
plus ce qu'ils étaient en 1930, mais je pense que trois mois sur une
question qui est aussi importante que celle-là, c'est un strict minimum.
Si j'avais écrit cet amendement, je pense que je n'aurais pas mis moins
de six mois, pour qu'on puisse être capables de faire connaître
cette option. Remarquez bien que je ne sais pas de quelle catégorie elle
sera, mais faire connaître cette option.
On a besoin d'informer nos gens et surtout dans ce domaine. On sait fort
bien que les gens, leur préoccupation première, c'est d'abord de
vivre, avoir du travail et être capables de vivre économiquement.
Cette question intéresse, on le sait, ce n'est pas moi qui le dis. Il y
a longtemps que des sondages nous le prouvent. C'est une question chez les gens
qui ne sont pas des politi-
ciens ou près des politiciens; c'est une question qui n'est pas
la préoccupation première de nos citoyens, à plus forte
raison doit-on avoir du temps pour faire connaître cette option.
Je voyais un autre document qui peut nous être remis,
éventuellement, document dont je ne peux parler à cette table. Si
on pouvait, en politique, se faire une confiance réciproque et toujours
bien respecter sa parole, ce qui n'est pas toujours vrai, je pense que tout le
monde est bien d'accord qu'on devrait avoir des pièces en main le plus
tôt possible. Mais, comme on est en train d'élaborer une loi et
qu'il ne faut pas laisser passer l'occasion de forcer la main du gouvernement
afin qu'il nous donne ce document dont on a besoin, je pense que l'amendement
est des plus justifiés et, au nom de ma formation politique,
j'appuierai, bien sûr, cet amendement.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, l'amendement qui est devant
nous actuellement, à mon avis, enfonce une porte ouverte parce que nous
avons eu un débat semblable, il y a quelques semaines, à
l'Assemblée nationale, sur une motion de l'Opposition, qui a
été adoptée à l'unanimité, y compris par
tous les députés ministériels, disant que le gouvernement
devrait définir son option dans les meilleurs délais ou sans
délai.
M. Lavoie: Ce n'est pas meilleurs délais; c'est sans
délai.
M. Paquette: Sans délai. M. Lavoie: Le 12
avril.
M. Ciaccia: Deux mois!
M. Paquette: J'aimerais pouvoir continuer à parler, si
c'est possible.
Le Président (M. Clair): Vous avez la parole, M. le
député de Rosemont. Messieurs, veuillez respecter le droit de
paroles des autres, s'il vous plaît.
M. le député de Rosemont.
M. Paquette: Dans le débat sur cette motion, nous avons
expliqué quelle était la démarche du gouvernement, les
études en cours, les prises de position à adopter avant que le
gouvernement puisse déposer un document définitif devant
l'Assemblée nationale et devant la population. Par conséquent, M.
le Président, nous avons répété depuis toujours, et
nous le répétons, que nous avons l'intention de définir
clairement l'option gouvernementale dans les détails, parce que je
soutiens que sur le fond elle n'a jamais varié depuis le début et
je vais le démontrer tantôt. Mais sur les détails, sur les
modalités, nous avons l'intention c'est ce que nous avions dit
lorsque nous avons adopté cette motion de définir la
souveraineté-association dans les meilleurs délais, et
suffisamment d'avance pour que les Québécois puissent se faire
une idée claire de la proposition que nous leur faisons.
C'est tout simplement une question de responsabilité, de
démocratie, et tout simplement parce qu'on croit à notre option
et qu'on veut que les Québécois l'appuient en connaissance de
cause. On ne pense pas que l'indépendance d'une peuple puisse se faire
à la sauvette, sans que les gens sachent de quoi il s'agit. Je ferai,
d'ailleurs, remarquer aux députés d'en face que, malgré
les statistiques du député de Mégantic-Compton, dans
presque tous les sondages, que ce soit le sondage CROP, Reader's Digest,
Gallup, Pinard, il y a entre 30% et 40% des citoyens du Québec qui
trouvent déjà cela assez clair, par rapport à ce qu'on a
actuellement comme régime constitutionnel, pour l'appuyer. Maintenant,
il reste à dire quelle va être la nature de l'union
douanière, du marché commun, du type d'association
économique, des organismes communs qu'il faudra définir au niveau
de l'association entre le Québec et le Canada.
Je pense que la proposition qui est devant nous, en plus de
défoncer une porte ouverte, fait encore partie de cette mentalité
où l'Opposition, tout en présentant des motions recevables
M. le Président, je ne conteste pas votre décidion trouve
le moyen de réintroduire dans le projet de loi l'idée d'un projet
de loi spécial, alors qu'il s'agit d'une loi organique touchant à
tous les référendums. Encore une fois, on a une motion
d'amendement qui touche principalement le référendum sur l'avenir
du Québec. C'est contraire à l'esprit du projet de loi, M. le
Président, non pas au principe qui a été adopté en
deuxième lecture parce que, encore une fois, je ne veux pas remettre
votre décision en cause. Je tiens à affirmer que les deux
amendements que le ministre a présentés sont supérieurs
à cet amendement parce qu'ils obligent le gouvernement à
présenter un document utile à la compréhension des
électeurs sur les modalités du référendum, sur les
enjeux du référendum, un document impartial qui va être
distribué à tous. Avant que la campagne
référendaire débute, une définition de la position
des deux comités préfé-rendaires, et ceci sur quelque
référendum que ce soit, pas seulement sur celui concernant
l'avenir constitutionnel du Québec. Quand on arrivera là, il y
aura longtemps que le gouvernement aura défini sa position,
conformément à la motion que nous avons appuyée à
l'Assemblée nationale. Quand on dit qu'on n'a pas toujours dit la
même chose, M. le Président et cette espèce de
méfiance, c'est le but principal de cette motion d'amendement on
voudrait créer l'impression, chez les Québécois, qu'on
adapte notre option, le vocabulaire, les termes, aux exigences d'une
espèce de stratégie où on voudrait embrouiller les
Québécois. Encore une fois, je le répète, ce n'est
absolument pas dans l'intérêt de ceux qui croient à la
souveraineté-association.
Notre option fondamentale et même les termes pour la
définir, pour la décrire n'ont pas varié
depuis le début. C'est en 1957 que le terme d'Etats
associés ou souveraineté-association a été
lancé dans un article de l'Action nationale par Jean-Marc Léger.
Je l'ai ici, dans ce bouquin de Georges-A. Vachon, présenté
à la Commision Lau-rendeau-Dunton, en 1965, où il rapporte
l'origine du terme Etats associés.
Dans un bouquin publié en 1972 par Richard Arès et qui
fait l'historique de la formule des Etats associés, il nous dit
ceci...
M. Lavoie: M. le Président, je ne voudrais pas être
désagréable envers le député de Rosemont, mais je
crois qu'il n'est pas conforme à la pertinence du débat.
M. Paquette: M. le Président, sur la question de
règlement...
M. Lavoie: Laissez-moi terminer très calmement.
Enervez-vous pas. On ne voudrait pas que vous...
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s il vous
plaît!
M. Lavoie: ... fassiez un "filibuster " de votre projet de loi.
Dans la motion, on demande au gouvernement de montrer ses couleurs,
d'établir, de produire un document trois mois avant le
référendum, établissant sa position. Je ne vous demande
pas de mexpliquer souveraineté-association, ce n'est pas cela que je
vous demande.
M. Paquette: Ce n'est pas cela que je vous expliquais, non
plus.
M. Lavoie: On dit, dans la motion: l'obligation pour le
gouvernement de produire, d'établir sa position trois mois avant le
référendum. D'ailleurs le député de Rosemont n'est
pas en mesure, n'est pas en état, il n'a pas la responsabilité de
la donner, même s'il déviait de la pertinence du débat et
s'il allait au fond. Il n'a pas l'autorité. Il n'est pas un membre du
gouvernement. Ce n'est pas cela qu'on veut.
M. Paquette: Sur la question de règlement. M. le
Président...
M. Lavoie: Vous êtes à faire un "filibuster" avec
votre propre loi. actuellement.
Le Président (M. Clair): Je peux en disposer
immédiatement.
M. Paquette: Ce sera très bref. M. le Président, je
ne suis pas en train de définir la souveraineté-association. Le
principal argument et tout le discours du chef de l'Opposition,
député de Bonaventure, portait sur l'ambiguïté, et
c'est la raison principale de l'amendement. On allègue une
prétendue ambiguïté de l'option fondamentale. Je veux
expliquer que cette motion d'amendement défonce une porte ouverte,
qu'elle n'est pas né- cessaire, que le gouvernement a l'intention de
préciser son option. Je suis en train de réfuter le principal
argument qui a été amené par à peu près tous
les députés de l'Opposition, à l'effet que l'option
fondamentale, l'orientation fondamentale du gouvernement n'est pas claire. Je
n'ai pas l'intention de définir ici la
souveraineté-association.
Le Président (M. Clair): Pour disposer de cette question
de règlement, M. le député de Rosemont, comme je l'ai fait
tantôt pour le député de Rouyn-Noranda, je vous invite
à respecter la pertinence du débat, et j'attends de vous autant
de compréhension que j'en ai eue de la part du député de
Rouyn-Noranda. Vous avez la parole.
M. Paquette: Très bien, M. le Président. Je pense
que cet argument principal qui a été invoqué par les
députés de l'Opposition est qu'il y a une confusion dans les
termes et tout cela. On mentionne, ici. deux Etats souverains qui s'associent
sur une base d'égalité en une véritable
confédération binationale. On nous a dit, du côté de
l'Opposition, que le terme "vraie confédération", c'était
une invention récente pour jeter de la poudre aux yeux.
En 1965. la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal
présentait également un mémoire à la Commission
Laurendeau-Dunton où elle disait ceci "Quant au Québec, il
cessera d'être une simple province et deviendra un Etat souverain,
c'est-à-dire un Etat associé qui s'unira au Canada anglais pour
former une véritable confédération".
M. Lavoie: C'est encore plus ambigu qu'avant.
M. Paquette: On a mentionné le cas de Marcel Chaput.
auteur du bouquin "Pourquoi je suis séparatiste". M. le
Président, c'était avant la création du Parti
québécois. Avant cela, l'Alliance Laurentienne employait le terme
d'association, et après cela, lorsque René Lévesque a
fondé le mouvement qui a donné le sens à notre parti, cela
a été appelé le Mouvement souveraineté-association.
La position n'a pas dévié d'une ligne. L'article 1 du programme
du Parti québécois dit: S'engage à faire du Québec
un Etat indépendant, associé sur le plan économique avec
le reste du Canada. C'est l'article 1 de notre programme, il n'a pas
changé, M. le Président. Je pense que l'ambiguïté,
elle est dans la tête des gens de l'Opposition. Cela prend un certain
culot. On pourrait se demander ce qu'est le fédéralisme
renouvelé. Depuis 1887 qu'on parle de la réforme du sénat,
de transfert des compétences. Lors de la conférence
interprovinciale de 1887. à l'initiative du premier ministre Mercier, on
parlait déjà de fédéralisme renouvelé, de
réforme du sénat. (16 h 45)
On nous dit: Le premier ministre Trudeau vient de définir sa
position. Le premier ministre Trudeau ne nous dit pas comment va se faire le
transfert des compétences, il dit: Le fédéral pourra en
transmettre aux provinces, et inversement, dans le meilleur
intérêt du fonctionnement. Ce n est pas une définition,
cela, non plus.
Je pense que cette motion d'amendement défonce d'abord une porte
ouverte parce que, si notre position n'a pas varié depuis le
début, nous sommes conscients qu'il va falloir donner des détails
plus précis. Comment va se faire exactement l'union douanière, la
libre circulation des personnes? Y aura-t-il un passeport commun de la
communauté canadienne en plus des passeports de chacun, selon la
question du député de Laval?
M. Lavoie: Voulez-vous répondre a cela?
M. Paquette: Non, vous m'avez dit tantôt que ce
n'était pas pertinent au débat. Je pourrais vous donner mon
opinion personnelle là-dessus mais je ne vous la donnerai pas.
M. Lavoie: Du fait que le président ne vous ramené
pas à l'ordre, on est aussi bien de s'enliser dans le débat.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Paquette: On fera un séminaire, M. le Président,
avec les députés de l'Opposition et je leur expliquerai ma
position personnelle là-dessus, si cela les intéresse.
M. Lalonde: Non, c'est ici le forum.
M. Lavoie: Ce n'est pas votre position, c'est celle du
gouvernement qu'on veut.
M. Paquette: Là, on est en train de parler de
l'amendement. M. le Président, je ne voudrais pas sortir de la
pertinence du débat.
M. Samson: Prudent!
M. Lalonde: II a reculé dans la pertinence.
M. Paquette: M. le Président, cette motion d'amendement
défonce une porte ouverte. Notre position n'a pas varié depuis le
début. Nous reconnaissons qu il faudra préciser certaines
modalités. Je signale que les positions ont beaucoup de chemin a faire
la-dessus également. Cette proposition, parlant d'un
référendum particulier, n'est pas dans l'esprit du projet de loi.
Elle a un but essentiellement tactique de faire croire à la population
que le gouvernement varie, change de position et change de terminologie comme
il change de chemise alors que les deux n'ont pas varié depuis le
début.
Les amendements proposés par le ministre, au contraire, ont un
contenu. Ils vont amener le gouvernement, dans tous les
référendums... Ils sont conformes à l'esprit du projet de
loi aussi. Dans tous les référendums, le gouvernement devra
informer la population sur les aspects financiers, techniques et politiques de
la question ou du projet de loi qui fait l'objet de la consultation. Le
deuxième nous assure que non seulement le gouvernement, non seulement le
comité du oui dans le comité du oui, il n'y aura pas
seulement le gouvernement, il va y avoir d'autres organismes aussi
définira sa position, mais aussi le comité du non définira
sa position.
Les deux seront publiés et cette information sera neutre. Elle
sera équilibrée, elle sera égale et elle sera
définie...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rosemont...
M. Paquette: Je termine là-dessus, M. le Président.
Elle sera définie par les deux parties au moment ou cela compte, au
moment de la campagne référendaire. Les deux amendements du
ministre sont beaucoup plus larges, couvrent tous les référendums
et assurent une meilleure information de la population, une information plus
objective dans le meilleur respect de la liberté d'information des
citoyens.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rosemont, vous avez terminé? Je ne vous laisserai certainement pas
si large que je puisse vouloir l'être embarquer
immédiatement sur d'autres articles. M. le député de
Laval, sur la motion d'amendement.
M. Lavoie: Oui. Je parle sur la motion déposée par
le député de Marguerite-Bourgeoys. C'est un des points que nous
considérons les plus importants dans ce débat actuel, en vue d'un
référendum bien particulier que tout le monde a a l'esprit et
dont a traité pendant un bon bout de temps, d'ailleurs, le
député de Rosemont.
Je lis l'amendement: "Dans le cas d'une consultation populaire portant
sur le statut constitutionnel du Québec, le gouvernement doit
déposer a l'Assemblée nationale un document définissant
son option constitutionnelle au moins trois mois avant le jour fixé pour
l'émission du bref référendaire". Je crois que c'est un
strict minimum que l'Opposition, au nom d'un segment important de la
population, un strict minimum que nous devons exiger du gouvernement.
D'ailleurs, c'est le gouvernement actuel qui s'est engagé,
particulièrement le 15 novembre, lors de l'élection, de tenir un
tel référendum. L'ambiguïté que nous décelons,
que nous ne sommes pas les seuls à déceler depuis un an et demi,
dont nous nous plaignons, même si un groupe politique est né il y
a une dizaine d'années qui s'appelait Souveraineté-Association
avant de prendre le nom de Parti québécois... A moins
d'être aveugle, à moins de ne rien comprendre, je pense que les
media, la population en général et même le Parti
québécois vont reconnaître qu il y a une multitude
d'options sur ce sujet au sein même du Parti québécois.
D'ailleurs, je ne voudrais pas vous rappeler les litanies de
déclarations qui ont été faites ici même à
l'Assemblée nationale par le premier ministre qui, lui,
définissait... Il y a beaucoup de manières, d ailleurs,
j'arriverai à cela tout à l'heure, de définir ce qu'est
une souveraineté-association. Ce n'est pas un système politique
qui est bien établi dans
l'histoire. Je ne connais pas d'expériences qui ont
été vécues, qui ont existé, même dans
l'histoire récente, si vous voulez, ou depuis cinq ou dix
siècles, de système de souveraineté-association. Le
député de Rosemont a mentionné une
confédération. Une confédération, on sait ce que
cela veut dire. Encore là, il y a un paquet de sortes de
confédérations comme une multitude de sortes de
fédérations.
Le système fédéral canadien n'est pas le
système fédéral américain. Le système
fédéral indien n'est pas le système fédéral
ouest-allemand. La Confédération helvétique peut
être différente d'autres confédérations. C'est pour
cela qu'on vous demande en toute honnêteté de définir ce
que veut dire votre propre souveraineté-association. Je pense que les
six millions de Québécois ont le droit de savoir. La
souveraineté-association, ce n'est pas établi comme le mot
république. La république, c'est établi, on sait, on
connaît les grandes lignes d'une république. Ou un système
parlementaire, le régime parlementaire, cela est encore établi.
La seule expérience, à mon point de vue, qu'on a eue de
souveraineté qui ressemble un peu à la
souveraineté-association, à ma connaissance, je vais vous en
donner un exemple qui a existé il y a quelques années, c'est la
République arabe unie qui a été une espèce
d'association entre la Syrie et l'Egypte où les deux étaient
autonomes, mais il y avait une certaine association. On sait que cela n'a pas
duré longtemps.
M. Ciaccia: Cela n'a pas marché beaucoup.
M. Lavoie: C'est pour cela qu'on vous demande tout simplement et
je pense que la population vous le demande, avant l'enjeu
référendaire, avant que la population puisse décider,
d'établir, et là c'est tout à fait dans la pertinence du
débat, de montrer vos couleurs. Je pense que c'est un strict minimum.
D'ailleurs, le premier ministre à l'Assemblée nationale, lui,
interprétait de la façon suivante la
souveraineté-association à la suite de nos questions. Cela a pris
du temps. Cela a pris des mois pour lui arracher, au mois de mai 1977, que la
souveraineté-association, je vais me rappeler ses mots, est un genre de
"self government", qu'il s'agissait d'aller chercher à Ottawa toutes nos
compétences, qu'on n'aurait plus à faire élire des
représentants du Québec à Ottawa, que tous les
impôts resteraient au Québec. Quelques mois après, on a
réussi à savoir qu'on n'aurait plus de citoyenneté
canadienne, qu'on ne s'appellerait plus des Canadiens. Quelques semaines
après, on a réussi à lui arracher, de peine et de
misère, qu'on n'aurait plus de passeport canadien, qu'on aurait un
passeport québécois. C'est la définition que le premier
ministre a donnée.
M. Paquette: Ce n'est pas la première fois qu'il dit
cela.
M. Lavoie: Des bribes d'information. Il y a dix jours à
peine, suite à des questions, le ministre des Finances on
connaît ce qui doit exister dans un cabinet, une certaine
solidarité a dit: Moi, je montre mes couleurs, je suis un vrai
indépendantiste. Je suis un indépendantiste, c'est clair. Il ne
nous a pas parlé de souveraineté-association et c'est quand
même un membre important du cabinet. A un certain moment, le
député de Mercier c'est vrai qu'il n'est pas un membre du
gouvernement, mais c'est un membre de l'équipe
ministérielle a répété dans l'Ouest canadien:
On ne veut pas séparer le Canada, on ne veut pas briser le Canada.
M. Paquette: On ne veut pas briser le Canada.
M. Lavoie: Si on ne le brise pas, de la manière que je le
comprends, le Québec reste partie intégrante du Canada.
M. Bédard: Pas nécessairement.
M. Lavoie: Non? Bien, vous allez m'expliquer cela.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Laval, vous avez la parole, mais ne posez pas de questions.
M. Lavoie: J'établis l'ambiguïté...
M. Bédard: On peut vouloir le bien du Québec et le
bien du Canada, ce qu'il y a en Australie.
M. Lavoie: ... qui m'envahit.
M. Paquette: C'est la différence entre la
copropriété et être locataire.
M. Lavoie: D'ailleurs, mes collègues se rendent compte que
je suis après devenir maboul avec toutes ces propositions que vous nous
faites.
M. Godin: Peut-être que vous l'étiez avant. M.
Lavoie: Laissez-moi finir. Une Voix: C'était
déjà fait. M. Lavoie: Je vais vous dire...
M. Godin: C'est faible là-dedans s'il suffit de cela.
M. Lavoie: ... comment je suis, en tant que député
responsable, mêlé dans ce débat. Grâce à la
contribution du député de Rosemont, je suis encore plus
mêlé actuellement. Il a ajouté encore une autre bribe
d'incertitude et d'ambiguïté. Il nous a parlé aujourd'hui
d'une vraie confédération.
M. Paquette: Vous lirez cela, c'est parce que vous ne vouliez pas
que je vous le lise au complet.
M. Lavoie: Des confédérations, il n'y en a pas
tellement, mais il y en a une, je crois. Peut-être qu'elle s'est
transformée vers une fédération, mais
on a parlé longtemps de la confédération suisse qui
a une très longue histoire. Mais, dans la confédération
suisse, tous les Suisses, qu'ils soient du canton de Genève ou de
Zurich, s'appellent des Suisses et les femelles s'appellent des Suissesses. Ils
ont le même nom.
M. Bédard: Et ils s'assoient sur les...
M. Lavoie: Je vous dis pourquoi je ne comprends plus rien, M. le
Président.
Une Voix: Vous ne comprendrez jamais rien.
M. Lavoie: Je voudrais non seulement comprendre, mais que les 4
millions de Québécois qui vont être appelés à
voter au référendum, comprennent quelque chose. C'est bien beau
de rigoler, mais quand même! D'ailleurs, la position des Oppositions dans
ce débat constitutionnel, je vous ferais remarquer qu'on va la faire
connaître en temps et lieu, mais ce n'est pas nous qui avons promis aux
Québécois un référendum. C'est vous. Vous voulez
provoquer justement les positions constitutionnelles des Oppositions. Le
meilleur moyen, c'est d'établir, dans un document qu'on vous demande,
votre propre position. Là, vous provoquerez justement ce débat
public des Oppositions, libérale, Union Nationale, créditiste et
autre, en réponse à la position publique que vous prendrez. C'est
cela de la saine démocratie et un débat public. Tirez les
premiers, messieurs les Anglais. C'est vous qui avez promis.
M. Bédard: Vous admettez que vous aurez à vous
définir à l'occasion d'un référendm.
M. Lavoie: Cela, on le fera en temps et lieu. C'est bien moins
compliqué, notre affaire, et c'est bien moins mêlé que
vous.
M. Godin: On verra, on verra, on verra.
M. Bédard: Vous vous permettez de fixer le temps.
M. Lavoie: Messieurs, là.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs, s'il vous
plaît!
M. Lavoie: Je vais terminer mon intervention. Le
Président (M. Clair): M. le député de Laval.
M. Lavoie: D'ailleurs, je pense que vous qui parlez
d'honnêteté depuis dix ans, vous en parlez vous qui
parlez de moralité publique, vraiment c'est un langage que nous, les
inféodés, n'avons pas. Nous, nous sommes aux crochets de tout le
monde.
M. Godin: C'est vous qui le dites.
M. Lavoie: Nous sommes à la crèche de tout le
monde, d'après vos prétentions. L'honnêteté, c'est
vous qui l'avez. La population du Québec est en droit de vous exiger de
la moralité publique sur une question de fond comme cela. Cela fait un
an et demi que cela dure. Cela peut durer encore un peu. Si votre
référendum ne se tient qu'à la fin de 1979, vous pouvez
attendez, je vois votre signe de tête "flâser"
encore, continuer ce scénario joliment embrouillé, cette
insécurité. Ce qu'on vous demande continuer encore deux ou
trois mois c'est une échéance qui est raisonnable; trois
mois avant que les quatre millions de Québécois s'expriment. Ne
trouvez-vous pas que ce serait normal de montrer vos couleurs? On ne vous
demande pas demain; on ne vous demande pas dans un mois; on ne vous demande pas
dans deux ans. Cette motion exige votre position trois mois avant le
référendum. Si vous êtes lents à ce point,
sous-amendez-le pour dire deux mois. On acceptera peut-être. Mais pour
nous, trois mois est un strict minimum. (17 heures)
J'ai connu le premier ministre actuel. Il a toujours eu cette
auréole de moralité publique. Je me demande où elle est
maintenant, cette honnêteté d'antan qu'on lui a toujours
accordée alors qu'il appartenait à un autre parti. Je pense que
c'est un appel que je fais au ministre de la Justice et surtout au ministre de
la Justice, lui qui est responsable de la justice au Québec.
Je pense que vous devriez vous appuyer auprès du cabinet,
même s'il y en a dans le cabinet qui ne veulent pas montrer leur vraie
position. Vous, comme responsable, comme jurisconsulte du Québec, comme
protecteur de la justice au Québec...
M. Bédard: Vous pouvez sourire à votre tour.
M. Lavoie: ...je me demande comment vous allez faire pour refuser
une telle motion. C'est un strict minimum qu'on vous demande, au nom des
Québécois.
M. Bédard: ... par mes amendements; on y arrivera.
M. Lavoie: D'ailleurs, nous ne sommes pas les seuls à vous
demander cela. Je ne répéterai pas tous les arguments du leader
parlementaire du gouvernement, mais la CSN et la CEQ le demandent; il y en a
beaucoup qui vous demandent d'établir vos positions.
M. Bédard: II faut que le public soit bien
informé.
M. Lavoie: Si quelqu'un me définissait la
souveraineté-association, si elle était définie d'une
certaine manière, peut-être qu'on serait d'accord avec vous. Si le
mot "souveraineté " était dans le sens de Lord Acton, du Conseil
privé, qui a défini...
M. Bédard: C est intéressant.
M. Lavoie: ... le terme de "souveraineté", si vous nous
dites que le Québec est souverain en vertu des articles 92 et 93 de
l'Acte de l'Amérique du Nord britannique dans le domaine de
l'éducation...
M. Godin: C est un cas spécial.
M. Lavoie: ... de l'administration des tribunaux, des affaires
municipales et tout...
M. Godin: Continuez, continuez.
M. Lavoie: Je ne vous les citerai pas tous; il y a une page et
demie pour les articles 92 et 93.
M. Godin: Peut-être qu'on va s'entendre.
M. Charbonneau: Etes-vous d accord actuellement?
M. Lavoie: La souveraineté totale dans le domaine de
l'éducation, nous l'avons. La souveraineté de l'Assemblée
nationale dans les compétences provinciales, nous l'avons.
Des Voix: Oui.
M. Lavoie: Si vous nous dites que I association veut dire...
M. Charbonneau: ... la souveraineté juridique.
M. Lavoie: ... qu'il n'y a pas de retrait définitif de
l'ensemble du fédéral, si vous nous dites que nous sommes
souverains avec une association qui nous garde dans le grand continent
canadien, si vous voulez, si vous nous dites que nous ne perdons pas, dans
votre souveraineté-association, notre citoyenneté canadienne, si
vous nous dites que, tout en étant souverains-associés, nous
avons encore des représentants au gouvernement fédéral, si
vous nous dites que nous avons encore une monnaie commune et tout cela,
peut-être qu'on sera d'accord. Parce que nous avons actuellement la
souveraineté, et l'association, c est un genre de
fédéralisme. Si c'est cela votre interprétation de la
souveraineté-association, peut-être que tout le monde va
être d'accord et que...
M. Charbonneau: Vous pouvez bien être
mêlé.
M. Lavoie: ... le référendum ne sera même pas
nécessaire.
M. Bédard: Un point intéressant.
M. Lavoie: Pourquoi ne pas nous définir ce qu'est une
souveraineté-association?
M. Godin: Cela s'en vient.
M. Lavoie: C'est peut-être dans le sens d un
fédéralisme renouvelé aussi.
M. Paquette: ... 30 secondes.
M. Lavoie: Vous allez demander à quelqu un la
définition de souveraineté-association, vous le demandez à
25 personnes; vous pouvez avoir 25 définitions différentes. Tout
d'un coup que la vôtre va dans le sens d'un fédéralisme
renouvelé? Souveraineté dans les compétences
québécoises et association genre système
fédéraliste, on en prend et on en donne.
Je sais sans doute que M. Parizeau ne sera pas d'accord sur ce projet
parce que, lui, c est un vrai indépendantiste.
Une Voix: Ah! oui.
M. Lavoie: C est cela.
Une Voix: II n'est pas tout seul.
Une Voix: Tout le monde l'est, tout le monde est parti.
M. Lavoie: Très brièvement maintenant, M. le
Président, je ne sais pas combien de temps il me reste: il doit me
rester quelques minutes.
Le Président (M. Gravel): II vous reste trois minutes:
vous avez commencé à 16 h 58.
M. Lavoie: Soyez assuré, M. le Président, qu'on n
acceptera pas cet amendement du ministre de la Justice pour remplacer...
M. Bédard: On verra en temps et lieu...
M. Lavoie: Ecoutez! Vous m avez invité à en
parler.
M. Bédard: Non, je vous ai dit qu'on en discutera en temps
et lieu.
M. Lavoie: C est à l'article 6 ici. Vous avez
déposé ce document. Le gouvernement doit publier et faire
distribuer à titre de rechange...
M. Bédard: M. le Président...
M. Lavoie: Ils vont me refuser de parler de cela maintenant.
M. Bédard: Non, je vous demande une directive. Tout
simplement, pour les fins du débat. Je ne suis pas un
procédurier. Je veux avoir les mêmes droits que les autres.
D'accord?
M. Lavoie: Je vous donnerai le droit d'en parler.
M. Bédard: Simplement ce que je voulais demander au
président, c'est une directive. Quelle est (attitude à adopter
concernant l'amendement qui est proposé par le Parti libéral face
à des amendements que j'ai annoncé que j'apporterais? Est-ce qu
on peut discuter sur des amendements qu'on doit devoir apporter, qu'on a dit
qu'on apporterait ou encore si on doit, pour être dans la pertinence du
débat, s'en tenir à l'amendement
qui est présentement devant la commission parlementaire? Si c'est
un droit pour le leader parlementaire, si vous me dites que c'est cela, je vais
le reconnaître. Ce sera un droit pour moi aussi, lorsqu'on aura à
discuter.
M. Lavoie: Je n'ai pas d'objection. J'accorderai le même
droit.
M. Bédard: Non pas que...
Le Président (M. Clair): Non, mais techniquement je pense
que...
M. Bédard: Le président est là pour les
règlements.
Le Président (M. Clair): Techniquement, je pense que la
situation est la suivante. On avait suspendu l'étude de l'article 6 et
au moment de la suspension on en était à une motion d'amendement
relativement à l'article 6 tel qu'il était alors formulé.
En conséquence, immédiatement après que la commission aura
disposé de la motion d'amendement du député de
Marguerite-Bourgeoys, je considérerai que l'article 6 n'est plus celui
qu'on a actuellement entre les mains, soit celui qui était
déjà produit au projet de loi, mais celui "amendé", entre
guillemets, par le ministre, du moins tel que proposé par le ministre.
C'est la tradition qui veut, encore une fois, que le ministre, au moment
où il amène des amendements au niveau de la deuxième
lecture, ces amendements soient considérés comme faisant partie
de l'article intégral. Alors, étant donné que l'amendement
proposé par le député de Marguerite-Bourgeoys l'a
été face à un article 6 tel qu'il était
libellé dans le projet de loi, on ne peut pour l'instant
considérer que ce que le ministre a annoncé comme ajout à
l'article 6 fait partie de cet article 6. En conséquence, même si
les membres de la commission en sont informés, on ne peut, selon moi, en
discuter immédiatement.
M. Lavoie: Question de règlement, M. le
Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: ... je ne veux contester d'aucune façon, non,
je veux vous dire pourquoi je voudrais peut-être en parler. De toute
façon il me reste trois ou quatre minutes.
Le Président (M. Clair): Au maximum.
M. Lavoie: Je vais vous dire pourquoi. C'est parce qu'au
début, lorsqu'on a abordé l'article 6, le ministre du
moins c'est enregistré au journal des Débats, cela fait partie du
débat a proposé cet ajout, ce genre d'amendement qui a
été lu. Il nous a offert à titre d'échange, si on
voulait retirer notre motion, qu'il proposerait cette formulation. Le
gouvernement doit publier, faire distribuer un document utile. Le ministre n'a
pas annoncé qu'il en ferait un amendement formel. Il ne l'a pas dit.
Le Président (M. Clair): De toute façon, vous avez
peut-être raison sur ce point-là, peut-être qu'il n'a pas
dit qu'il avait l'intention de l'intégrer comme tel. Ces
paroles-là n'ont peut-être pas été
prononcées, mais de toute façon, si je prends votre
interprétation, elle va dans le sens que la commission n'est pas saisie,
comme contenu à l'article 6, du document, du papillon qui a
été distribué.
M. Lavoie: Oui, mais je crois qu'il y a eu d'autres intervenants
tout à l'heure; le député de Rouyn-Noranda dans son
intervention l'a mentionné, je crois, la proposition du ministre.
Le Président (M. Clair): Effectivement, vous avez raison,
j'ai toléré une allusion du député de
Rouyn-Noranda, mais vous vous souviendrez sûrement que j'ai
mentionné au député de Rosemont, à la toute fin de
son intervention, que je ne le laisserais pas déborder sur ces
documents.
M. Lavoie: Très bien. Ecoutez, si vous voulez, avec votre
permission, je peux y faire allusion; du fait qu'il a déjà fait
partie de la discussion, il fait partie du débat actuel. Très
brièvement, il est sûr que nous n'accepterons pas et cela nous
allons faire une bataille acharnée...
M. Godin: Je m'excuse, une directive. Il n'est plus question, ce
n'est plus une allusion à mon avis...
M. Lavoie: Ecoutez, est-ce qu'on peut parler, non?
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mercier, je devine votre question de règlement, mais à ce
moment-ci je pense que le député de Laval n'a quand même
pas parlé assez longtemps pour que je puisse vraiment considérer
qu'il fait dévier le débat.
M. Godin: Ce n'est pas une allusion. Il dit qu'il vote
contre.
M. Lavoie: Nous on a établi notre position. Une Voix:
Faites-le clairement.
Le Président (M. Clair): De toute façon, si cela
peut vous aider, il reste deux minutes au député de Laval pour
conclure.
M. Lavoie: Vous m'aviez dit trois minutes, je n'ai pas
parlé encore.
M. Godin: M. le Président, une question de
règlement, une directive encore. Je n'ai pas terminé sur cette
directive, ce n'est pas une question de temps. Le député de
Gatineau, l'autre jour, a déposé, avant l'ajournement, un
document; on n'en a pas parlé. On a attendu que lui expose les raisons
pour lesquelles il déposait et on lui a laissé l'initiative de le
présenter avec un préambule. Je pense que si vous brisiez cette
règle, cela créerait
un précédent qui serait dangereux pour la
présentation dans la perspective de la transparence et de l'information
soumise d'avance aux députés membres de cette commission. Je vous
demande de réduire la portée des allusions au strict minimum et
de ne pas permettre un jugement préalable sur la décision qu'ils
prendront quand il sera présenté.
M. Lalonde: Vive la liberté! Je pense qu'à cause du
fait qu'un ministre a déposé un bout de papier, il ne faut pas se
laisser traumatiser. En défendant l'amendement que nous proposons afin
que le gouvernement dépose à l'Assemblée nationale un
document qui définit, etc.. ce qui est l'amendement, tout
député a amplement le droit de dire pourquoi c'est cet amendement
qu'il veut avoir et non pas un document qui sera publié par le
gouvernement. Parce que je vais le faire de cette façon-là si
vous ne me permettez pas de le faire autrement! Je pourrais vous dire dix
autres amendements que je ne voudrais pas apporter parce que je veux
défendre celui-ci. C'est parfaitement dans l'ordre de se
référer à autre chose.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bougeoys. messieurs, vous savez tous que je n'ai pas le talent du
député de Prévost, mais je vais quand même essayer
de vous résumer la situation. Nous en sommes à l'étude de
l'article 6, tel qu'apparaissant au projet de loi. Une motion d'amendement est
proposée. Sur cette motion d'amendement, on peut dire tout ce qu'on
veut, sauf qu'il faut demeurer dans la pertinence du débat et qu'il ne
faut pas engager le débat sur des choses qui ne sont pas encore devant
cette commission. C'est à l'intérieur de ce corridor que j'ai dit
au député de Laval qu'il pouvait éventuellement faire
allusion à des choses dont il a connaissance par ailleurs, mais qu'on
n'engagera pas le débat sur un article 6 nouveau, pour lequel il n'y a
pas de motion officielle. Il n'y a pas eu d'intégration de la
proposition du ministre à l'article 6. de sorte qu'on ne peut en
débattre.
M. Lalonde: Ce sont de spéculations. Le
Président (M. Clair): Effectivement. M. Lalonde: D'accord. On
peut spéculer. Le Président (M. Clair): M. le
député de Laval.
M. Lavoie: Je ne me référerai pas à ce
document, mais je vous dis que ce que nous voulons dans notre amendement, c'est
un engagement du gouvernement sur sa position constitutionnelle, trois mois
avant le référendum. Nous n'accepterions jamais une
supposition que le gouvernement, pour respecter les directives de la
Commission des droits de la personne, distribue à l'échelle du
Québec un document à sens unique où il pourrait
éventuellement expliquer l'aspect financier, l'aspect technique ou
surtout l'aspect politique, à sens unique. Cela se fait dans certains
pays totalitaires, soit d'extrême gauche ou d'extrême droite,
où la liberté n'existe pas.
M. Godin: Exemple. Trudeau!
M. Lavoie: Et si, éventuellement, il y avait une
proposition du gouvernement en ce sens, soyez assurés que notre lutte
deviendrait vraiment farouche sur un amendement de la sorte.
M. Paquette: M. le Président, est-ce que je peux poser une
question au député...
M. Lavoie: A la fin, je termine...
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît!
Donnez-moi une chance!
M. Lavoie: Je vous dis maintenant, M. le Président, que je
ne peux pas comprendre que le gouvernement, le ministre de la Justice en
tête, puisse voter contre notre amendement. Parce que, textuellement,
cela signifierait que le ministre de la Justice du Québec et le
gouvernement actuel se dédiraient parce qu'il a déjà
voté et l'Assemblée nationale a déjà voté
à l'unanimité, le 12 avril 1978, une motion identique à
nos exigences. Identique. Comment expliquer aujourd'hui que vous avez
voté le 12 avril sur une motion qui dit: Que cette Assemblée est
d'avis que le gouvernement doit définir clairement et sans délai
sa théorie de la souveraineté-association afin que les
Québécois soient en mesure de bien connaître les
implications du projet indépendantiste véhiculé par le
présent gouvernement"? Vous avez tous voté pour cela le 12 avril.
Et notre motion... "Et sans délai...". Même notre amendement,
aujourd'hui, vous donne un meilleur délai. Parce que si le
référendum n'a lieu que l'année prochaine, vous ne serez
tenu de le faire que trois mois avant le référendum!
Le Président (M. Clair): Je vous prie de conclure.
M. Paquette: ... logique dans votre position. M. Lavoie:
Je vous dis que ce serait...
M. Bédard: Je voulais justement me référer
à cette...
M. Lavoie: Oui, mais vous avez voté unanimement pour cela!
Pourquoi allez-vous voter contre aujourd'hui?
M. Bédard: ... motion qui était...
M. Paquette: Ce n'est pas nécessaire de massacrer le
projet de loi pour cela! (17 h 75)
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Bédard: C'est là que vous ne comprenez pas ce
qu'est une loi-cadre. Il y a déjà eu un engagement du
gouvernement là-dessus. On est dans une loi-cadre et vous voulez
commencer à mettre des délais.
Le Président (M. Clair): A l'ordre!
M. Lalonde: Vous l'avez violé, cet
engagement-là.
M. Lavoie: Vous interviendrez dans le débat.
M. Lalonde: Cela fait deux mois que vous l'avez violé.
C'était sans délai et cela fait deux mois.
Le Président (M. Clair): Messieurs, à l'ordre, s'il
vous plaît! J'entends, de part et d'autre de cette table, des
affirmations à l'effet qu'on ne se comprend pas et je suis convaincu que
ce n'est pas en parlant tout le monde en même temps qu'on va se
comprendre. M. le député de Laval, votre temps est expiré.
Si vous voulez, une phrase pour conclure.
M. Lavoie: Je dis qu'en votant contre notre amendement je n'aurai
jamais connu une telle contradiction de la part du gouvernement.
M. Bédard: C'est le contraire.
M. Lavoie: C'est un dédit public. C est une honte, c'est
un manque de respect total...
M. Paquette: Bon.
M. Lavoie: ... du Parlement.
M. Paquette: C'est vous qui manquez de respect au Parlement.
M. Lavoie: Un vote négatif sur notre amendement, nous
ouvre la porte à un prochain recours qui serait un vote de blâme,
un vote de censure contre le gouvernement qui, après avoir adopté
à l'unanimité une motion le 12 avril, voterait contre notre
amendement aujourd'hui.
M. Bédard: Présentez nous cet amendement-là
et on va l'accepter tout de suite.
M. Paquette: Est-ce que je pourrais poser ma question au
député de Laval?
M. Bédard: Mais on ne pourrait même pas l'accepter
dans une loi-cadre; c'est cela que vous ne comprenez pas.
Le Président (M. Clair): Est-ce que le
député de Laval a terminé? Vous permettez une
question?
M. Lavoie: Oui, certainement.
M. Paquette: M. le député de Laval nous dit que
c'est un manque de respect de rejeter son amendement alors qu'on a voté
pour une position même plus contraignante à l'Assemblée
nationale. Je dis: Est-ce que vous ne trouvez pas que c'est l'inverse? C'est
votre position qui manque de respect envers le Parlement, parce que vous ne
trou- vez pas suffisante une motion votée a l'Assemblée
nationale; il vous en faut une autre qui va massacrer le projet de loi.
M. Lavoie: Je réponds à cette question.
Le Président (M. Clair): Brièvement,
brièvement.
M. Lalonde: M. le Président, un instant, il y a une
question importante et vous dites "brièvement". Ecoutez, est-ce que vous
consentez à ce qu'il réponde?
M. Lavoie: Préférez-vous que je ne réponde
pas?
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s il vous plaît!
M. le député de Laval, auriez-vous l'amabilité de
répondre à la question du député de Rosemont, assez
brièvement?
M. Lavoie: C'est pour vous dire notre méfiance et notre
manque de confiance à l'égard du gouvernement. Cette motion a
été adoptée le 12 avril, cela fait deux mois. La motion
dit: "sans délai". Vous avez voté pour. Le ministre des Affaires
intergouvernementales a dit: Oui; nous sommes d'accord, sans délai. A ce
moment-là, il était question d'élections
fédérales. Laissez-moi donc répondre; je vous ai
laissé poser votre question, non!
M. Paquette: Maudit, ce n'est pas cela qu'il a dit.
Le Président (M. Clair): A l'ordre!
M. Lavoie: Retirez-vous. J'étais témoin en Chambre,
il a dit: Je ne peux pas le faire immédiatement; cela ne serait pas
juste...
M. Bédard: Oui. sans délai.
M. Lavoie: ... parce qu'il y avait une élection
fédérale.
M. Bédard: Ce n'est pas ce que vous essayez de lui faire
dire.
M. Lavoie: Mais la, il n'y en a pas. d'élections
fédérales imminentes; cela fait deux mois et cela n'a pas
été fait. C'est la raison pour laquelle nous revenons à
charge. Premier point: nous n'avons pas confiance, parce que vous vous
étiez engagés a le faire et après deux mois, vous ne
l'avez pas fait. Deuxième point. M. le Président, c'est une
question, si vous voulez, constitutionnelle. Un engagement par
résolution de l'Assemblée n'a pas le même poids qu'un
engagement qui est contenu dans un texte de loi et qui est sanctionné
par le lieutenant-gouverneur. Là, cela devient un engagement juridique,
alors qu'un engagement par une résolution de l'Assemblée n'a pas
plus de valeur que vous ne semblez lui en donner, parce qu'après deux
mois vous n'avez pas encore apporté la réponse.
Le Président (M. Clair): Le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci. M. le Président.
Le Président (M. Clair): Le député de
Verchères.
M. Ciaccia: Non, allez-y.
M. Charbonneau: D'accord, on ne passera pas quinze minutes
à se demander qui va parler. Je vais juste reprendre quelques points, M.
le Président. Quand on lit la motion de l'Opposition, on se rend compte
d'une chose, c'est que finalement leur objectif du moins, c'est ce
qu'ils prétendent c'est de mieux informer les
Québécois sur I'enjeu qui va leur être proposé. A
partir de ce principe du droit des Québécois à
l'information maximum, je pense qu'il serait plus logique, dans l'optique d'un
projet de loi qui se veut un projet de loi-cadre, d'étendre ce droit
à l'information à l'ensemble des référendums.
Actuellement, finalement, si on acceptait cet amendement, on réduirait
d'une certaine façon le droit du public à l'information, du moins
les garanties que semble vouloir obtenir l'Opposition, car ce serait uniquement
sur une question constitutionnelle. Qu'est-ce qui garantirait aux
Québécois, sur les autres sujets importants...
M. Lavoie: Est-ce que le député me permettrait une
question?
M. Charbonneau: Oui, allez-y!
M. Lavoie: Bon. Si vous trouvez que c'est trop limitatif, notre
amendement qui dit que le gouvernement doit établir sa position trois
mois avant le référendum, sous-amendez notre affaire pour dire
que, dans tout référendum c'est ce que vous voulez pour
que la population soit bien renseignée? le gouvernement, trois
mois avant, devra donner sa position sur quelque sujet que ce soit.
M. Charbonneau: ... trois mois.
M. Lavoie: Sous-amendez! On va voter pour.
M. Charbonneau: C'est parfait.
M. Lavoie: On passe à l'article.
M. Lalonde: Trois mois, ce n'est pas assez. Il faut six mois.
M. Charbonneau: On vient de clarifier un point, finalement. C'est
que tous les arguments qui ont été invoqués avant, le
"taponnage" qu'on a fait ici...
M. Lavoie: Arrêtez de "taponner"! On va voter pour.
M. Charbonneau: ... pour empêcher un amen- dement que le
ministre voulait déposer tantôt, était inutile finalement;
l'argument de fond, semble-t-il, c'est les trois mois. Si on revient à
cet argument de fond, j'ai l'impression qu'on lie le gouvernement, d'une
certaine façon là, on va revenir à I'amendement sur
une question constitutionnelle qui est l'exécutif des
Québécois, à une stratégie quelconque pour les
négociations constitutionnelles. C'est une négociation qui
s'engage. On est tous d'accord sur une chose, ici. Du moins, la plupart des
gens, ici, se sont prononcés sur une chose. Ils se sont prononcés
contre le statu quo. Ils se prononçaient donc pour une
récupération d'une partie de nos instruments collectifs, de nos
pouvoirs qui sont actuellement entre les mains d'un gouvernement
fédéral où on est minoritaire. On était tous
d'accord sur cela. On est tous d'accord, à moins qu'on soit vraiment
pour le statu quo, auquel cas il faudrait peut-être se prononcer une fois
pour toutes.
Depuis le 15 novembre, tout le monde se dit contre le statu quo. Tout le
monde se dit pour un processus de négociations qui s'amorcerait pour
récupérer des pouvoirs au profit du gouvernement du
Québec, au profit du peuple québécois et de son
gouvernement national.
A partir du moment où on est d'accord sur cet article, on peut
différer d'opinion sur le pourcentage de pouvoirs à
récupérer. On voudrait lier I'exécutif de la base des
Québécois, l'exécutif du peuple québécois
dans une future négociation en lui disant, au départ, quels sont
les délais qu'il doit respecter pour amorcer sa négociation. Je
pense qu'il n'y a aucune logique dans cela. De deux choses I'une, comme je l'ai
indiqué: ou on est sincère quand on parle de l'avenir du
Québec. Dans ce sens, on conçoit cet avenir pour les
Québécois comme un processus de négociations et de
récupération d'une partie de nos instruments collectifs qui sont
à Ottawa, quelles que soient les différences qu'il peut y avoir
entre nous autres, sur le pourcentage de pouvoirs à
récupérer. Prenons I'exemple de n'importe quelle
négociation de convention collective. Comment justifierait-on qu'au
départ un exécutif syndical doit lié par sa base et qu'on
lui donne les délais fixés?
Je pense qu'il faut avoir une certaine logique, si on veut respecter la
logique de cet amendement qui veut porter uniquement sur la question
constitutionnelle. La question constitutionnelle est une question de
négociation. C'est une question de récupération de
pouvoirs. Dans ce sens, c'est absolument illogique de lier le gouvernement du
Québec, I'exécutif des Québécois à quelque
date que ce soit, à quelque contrainte de temps que ce soit. Je pense
qu'un exécutif qui a la confiance de la base doit avoir la latitude de
manoeuvrer efficacement pour arriver à l'efficacité.
L'efficacité, pour les Québécois, c'est de réussir
à sortir de l'impasse, c'est de réussir à
récupérer des pouvoirs. Ne nous faisons pas d'illusions. La
négociation n'est pas à venir. Elle est commencée depuis
qu'on a signé le contrat. Elle s'est accentuée depuis 20 ans,
cette négociation. On s est rendu compte d'une chose. C'est qu'on n'a
abouti à rien
et qu'on a passé 20 ans à négocier sans obtenir
aucune concession.
M. Lavoie: Question de règlement, M. le Président.
On parle des négociations fédérales.
M. Charbonneau: Non, je m'excuse, M. le député de
Laval. Je parle de votre amendement qui parle de l'option constitutionnelle.
C'est vous autres qui définissez, qui particularisez.
M. Lavoie: II l'a définie.
M. Lalonde: Oui. On n'en aurait pas besoin. On va retirer
l'amendement. Il l'a définie.
M. Lavoie: Un autre membre du gouvernement.
M. Paquette: Sur la question de règlement, M. le
Président. Je pense que le député de Laval est pas mal
intolérant. Cela fait peut-être trois minutes où cela
commence à s'éloigner.
M. Lavoie: Ce n'est pas à vous que je l'ai
demandé.
M. Paquette: Vous avez soulevé une question de
règlement. J'ai le droit de parler dessus. Est-ce que j'ai le droit de
parler sur une question de règlement? Vous n'avez pas fini votre
question de règlement?
M. Lavoie: Vous m'avez interrompu, je n'ai pas pu finir ma
question de règlement.
M. Paquette: Je ne pense pas. Vous étiez en train de
parler avec le député de Mont-Royal.
M. Lavoie: Je vous laissais parler, vous m'avez interrompu.
M. Ciaccia: II me consultait.
M. Paquette: Ah, il vous consultait.
M. Lavoie: Très brièvement.
M. Paquette: Je pensais que vous aviez un trou de
mémoire.
M. Lavoie: La pertinence du débat, c'est l'obligation
qu'on demande au gouvernement de déposer un document définissant
son option constitutionnelle. Le dépôt, c'est une question de
forme. Je ne demande pas de débattre la question constitutionnelle de
fond.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Verchères, soyez pertinent au débat et je vous redonne la
parole.
M. Charbonneau: Merci, M. le Président. Je constate donc
que vous avez également indiqué que j'étais dans la
pertinence parce que, quand je parle de l'option constitutionnelle, je parle
effectivement de l'amendement qui demande au gouvernement de définir
dans un délai fixe, avant un éventuel référendum
sur l'avenir du Québec, son option. C'est ce que le député
de Laval n'a pas semblé avoir compris ou plutôt n'a pas voulu
comprendre ou donner l'impression d'avoir compris. C'est différent.
C'est qu'effectivement toute cette question d'option constitutionnelle, de
référendum sur l'avenir constitutionnel du Québec
s'inscrit dans un processus de négociation et de
récupération des pouvoirs pour le peuple québécois.
On ne nous contera pas de romances ici. C'est juste cela l'enjeu.
Le problème, d'ailleurs, des oppositions, en particulier de
l'Opposition officielle, c'est qu'ils ne sont pas capables actuellement de
définir le pourcentage de pouvoirs qu'ils sont d'accord pour
récupérer. Quand vous nous dites: Définissez votre option,
vous nous demandez finalement de dire aux Québécois quel
pourcentage. Il y a 50% de nos instruments collectifs qui sont au Parlement
fédéral. Vous voulez récupérer. Nous autres on dit:
On va vous le dire le pourcentage. Dites-nous également quel pourcentage
vous voulez récupérer. Les Québécois vont
peut-être comprendre une chose. C'est quoi la différence entre les
deux options. Ils vont peut-être également comprendre une chose.
C'est important, quelle que soit la différence, de donner un mandat
important à leur Exécutif pour récupérer, que ce
soit le minimum ou le maximum. Mais nous, même si nous sommes d'accord
avec cette approche, ce qu'on vous dit c'est que c'est une loi-cadre. Le
principe pour nous d'une loi-cadre et du droit du public à
l'information, ce n'est pas de limiter le droit à l'information
uniquement à une question constitutionnelle, si importante à nos
yeux soit-elle.
Quels que soient les référendums qui auront lieu dans
l'avenir, les électeurs et les Québécois ont le droit
d'être informés au maximum. Je pense que, dans une optique d'une
loi-cadre, on ne peut pas présumer, encore moins quand on ne
connaît pas d'autres questions évetuelles qui pourraient
être soumises à l'attention des Québécois, qu'il
serait important d'avoir trois mois ou fixer un délai particulier.
D'ailleurs, ils nous ont dit: Fixer le délai pour tous les
référendums. C'est justement. Ne connaissant pas les
référendums qui auront lieu, sauf celui qui a déjà
été annoncé, ne connaissant pas les questions qui seront
soumises à l'attention du peuple québécois et du public
québécois, pourquoi, dans une loi-cadre, geler dans le ciment des
possibilités d'un gouvernement, quel qu'il soit?
Cette loi, peut-être, dans 20 ans, dans 30 ans, sera encore
utilisée par les gouvernements à venir. Si on acceptait cet
amendement ou un amendement modifié de la façon dont le
suggérait le député de Laval, on gèlerait dans le
ciment des possibilités d'intervention et d'action de n'importe quel
gouvernement du Québec dans l'avenir à partir de maintenant. M.
le Président, en terminant je pense qu'il serait important qu'on
règle cette
question d'amendement et qu'on passe à l'amendement qui est
près d'être soumis par le ministre de la Justice qui
représente le gouvernement à cette table. Sur la base de cet
amendement qui respecte beaucoup plus les droits des Québécois
à être informés, on discutera.
Pour terminer, je répondrai à l'argumentation du
député de Mégantic-Compton qui disait, se
référant toujours à l'amendement qui nous est
proposé et qui concerne uniquement l'avenir constitutionnel du
Québec: Le gouvernement du Québec doit parler le premier.
Effectivement. Mais il n'est pas le seul à devoir parler, par exemple.
Si on est tous contre le statu quo ici, il va falloir se commettre à un
moment donné. Malgré tout le respect et l'estime que je peux
avoir pour le député de Mégantic-Compton, je suis
obligé de lui dire, pour avoir lu attentivement le document de son
parti, qu'on ne retrouve dans son document et dans le document de l'Union
Nationale aucune précision quant au pourcentage, quant aux pouvoirs
qu'il faudrait récupérer d'Ottawa vers Québec. (17 h
30)
Aujourd'hui, quand on lit la Presse, on se rend bien compte que toute
cette question est une question de négociation. Quand on lit les
propositions du fédéral, on se rend compte qu'il est plus que
temps qu'il y ait une attitude ferme de la part des Québécois et
qu'on précise les pourcentages, parce que eux, ils n'ont rien
précisé. Ce qu'ils disent, c'est , comme le député
de Rosemont le disait tantôt, qu'on va faire un "deal", on va
échanger des pouvoirs. Nous, on dit: On n'échange rien, on
considère que les pouvoirs qui sont à Ottawa, il y en a
déjà trop, il faut en récupérer. Il n'est pas
question d'aller en donner à Ottawa, il est question d'aller en
récupérer, on s'entend tous sur cela.
A partir de ce moment, eux, non seulement ne précisent pas les
pouvoirs qu'ils seraient d'accord à laisser aller, mais ils nous disent:
Non seulement on est prêt peut-être à en laisser aller, mais
sans savoir lesquels, ils ne précisent aucunement lesquels ils
voudraient qu'on leur donne.
On a joué en fous assez longtemps au Québec. Les
négociations ont assez tourné en rond. Il me semble qu'avec la
tradition de négociation que ce peuple a développée depuis
l'apparition, entre autres, du syndicalisme au Québec, on devrait avoir
appris une chose: c'est qu'à un moment donné, il faut
créer des situations claires et des rapports de force efficaces. Dans ce
sens, l'amendement qui est présenté devant nous ne vise
qu'à réduire les pouvoirs d'un exécutif
québécois, qui est le gouvernement du Québec, dans
l'amorce de sa négociation la plus importante concernant son avenir
collectif.
Le Président (M. Gravel): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Je considère
que l'article 6 et la motion que nous débattons maintenant sont assez
importants. Je crois que c'est un article et une motion clés de tout ce
projet de loi. Je dirais que le refus même du gouvernement d'accepter
cette motion aurait quasiment l'effet de rendre inutiles beaucoup des autres
articles du projet de loi.
M. le Président, la question qu'on se pose c'est: Pourquoi le
gouvernement craint-il tellement de fournir des informations? C'est le seul
objectif visé par la motion du député de
Marguerite-Bourgeoys. Pourquoi le gouvernement craint-il de nous informer? En
adoptant cette attitude, le gouvernement suscite une certaine crainte dans
certains secteurs de la population. Je crois que les gens sont bien
fondés dans leur crainte devant l'attitude du gouvernement qui veut
engager leur avenir dans une décision qui sera la plus importante qu'ils
n'auront jamais eu à prendre. Ils voient l'approche et la manière
dont le gouvernement agit.
Le ministre de la Justice nous dit: La question sera claire et
précise. Il nous donne toutes sortes d'assurances, même le
député de Rosemont. Mais pourquoi avez-vous peur de traduire ces
assurances que vous nous donnez dans le projet de loi? M. le Président,
c'est du "double talk ". C'est absolument incroyable que vous refusiez de
traduire en termes concrets tous les bons voeux, les voeux pieux, les
déclarations que vous faites. Le député de
Verchères, je ne sais pas si on devrait vraiment prendre au
sérieux quelques-unes de ses propositions ou si vraiment il comprend ce
qu'il nous a dit. Il nous a dit: On est engagé dans une
négociation.
Je voudrais signaler que le projet de loi... On discute ici d'un projet
de loi qui affecte toute la population du Québec. J'espère que le
député de Verchères ne veut pas nous faire entendre qu'on
est engagé dans une négociation avec le peuple du Québec,
parce que c'est la conclusion de ses propos.
M. Charbonneau: Avec un autre peuple.
M. Ciaccia: Non, on ne discute pas d'un projet de loi sur lequel
les gens de l'Ontario seront appelés a voter. On discute d'un projet de
loi sur lequel les gens du Québec vont être appelés
à se prononcer. J'espère que le ministre de la Justice va nous
éclairer et va raffermir certains principes de base.
M. Bédard: Une loi-cadre, c est un des principes de
base.
M. Ciaccia: Vous n'êtes pas engagés dans une
négociation avec le peuple du Québec.
M. Charbonneau: Non, avec le peuple Canadian '.
M. Ciaccia: Vous vous êtes engagés a lui soumettre,
d'une façon claire et précise, des questions sur son avenir et,
afin qu'il puisse se prononcer, vous avez l'obligation de lui donner de
I'information. C'est pour cela que la Commission des droits de la personne vous
a même invités à être
plus objectifs, à donner de l'information le plus objectivement
et le plus complètement possible. Elle ne vous a pas invités
à nous faire de la propa gande. Elle ne vous a pas invités
à essayer de détourner chaque motion que nous faisons pour
obtenir de l'information pour donner un semblant d'information. Dans la motion
du député de Marguerite-Bourgeoys, on spécifie qu'on veut
que le gouvernement donne un document définissant son option
constitutionnelle. On ne veut pas qu'il nous donne son opinion sur les aspects
financiers, sur les aspects techniques ou sur certains aspects politiques de la
question du projet de loi; ce n'est pas cela qu'on a demandé. On n'a pas
demandé, non plus, que l'information soit donnée par des
comités nationaux et qu'on restreigne même la façon dont
ces comités nationaux pourront donner cette information.
Vous traduisez la motion du député de Marguerite-Bourgeoys
par un semblant d'information, qui est vraiment une façon, de votre
point de vue, de détourner et de faire de la propagande. C'est cela
qu'on ne comprend pas. Voulez-vous cesser de nous dire que c'est une loi-cadre
et qu'elle ne touche pas le référendum constitutionnel? On n'est
pas Alice aux pays des merveilles.
M. Lalonde: Mentez, mentez.
M. Ciaccia: Vous le savez et on le sait que c'est le statut
constitutionnel.
M. Bédard: Oui, cela va le toucher, lui comme tous les
autres. On le sait.
M. Ciaccia: Arrêtez, chaque fois que vous serez
obligés de donner...
M. Lalonde: Mentez, mentez, il en restera toujours quelque
chose!
M. Ciaccia: ... des informations spécifiques, de dire: Ah!
c'est une loi-cadre. Vous vous cachez derrière cela.
M. Godin: Voltaire.
M. Ciaccia: Ecoutez! Soyons honnêtes. Pourquoi avez-vous
peur d'être honnêtes?
M. Lalonde: Parce qu'ils vont perdre. C'est cela, leur
problème.
M. Ciaccia: Ecoutez! Avec le marketing que vous voulez
faire...
M. Godin: Ne coupez pas la parole à votre
collègue.
M. Lalonde: II a posé une question.
M. Ciaccia: ... vous ne devriez pas être surpris quand
certaines gens font des critiques de votre gouvernement, en disant que vous
employez des tactiques qui ne sont pas dans nos traditions dé-
mocratiques. Vous ne devez pas être trop surpris, vous ne devez pas
être surpris.
M. Charbonneau: War Measures Act.
M. Paquette: Ils ont sorti leurs canons. Ils sont mal pris.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît,
messieurs!
M. Ciaccia: S'il y a eu des erreurs de l'autre gouvernement, cela
ne justifie pas les vôtres aujourd'hui.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs!
M. Ciaccia: Retrouvez-vous donc.
M. Charbonneau: On n'est pas pour faire pareil, certain. Vous
pouvez être sûr de cela.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Est-ce que j'ai dit quelque chose de vraiment...
M. Lalonde: Vous avez dit des choses vraies qui font mal.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mont-Royal, je vous invite, comme je l'ai fait pour d'autres
déjà, à vous en tenir à la pertinence du
débat.
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président (M. Clair): J'attendrai de vous la même
compréhension que j'ai obtenue de ceux à qui je l'ai
déjà demandée.
M. Ciaccia: Très bien. M. le Président, j'ai
l'im-pression clairement que la raison pour laquelle vous ne voulez pas donner
le document, c'est parce que vous voulez donner différents messages
à différents secteurs de la population. C'est malhonnête et
dangereux dans cet aspect. Dans le passé, tous les gouvernements ont
fait la même chose; ils veulent rester au pouvoir et ils ont toutes
sortes de pratiques pour convaincre la population de quelques-unes de leurs
politiques.
M. Paquette: Pour rester au pouvoir, qu'est-ce qu'on ferait?
M. Ciaccia: Mais quand vous vous engagez dans...
M. Paquette: Laisse-le donc faire.
M. Ciaccia: ... l'avenir constitutionnel puis l'avenir de chacun
des citoyens, vous n'avez pas le droit d'employer ces tactiques. Et vous le
faites de façon qui dépasse tout ce qui aurait pu être
fait
par n importe quel gouvernement dans le passé. Quand je regarde
le député de Mercier et votre collègue, le
député de Deux-Montagnes, j'ai clairement l'impression, quand je
vois vos articles dans le Montreal Star...
M. Charbonneau: Cela vous énerve. Une Voix: Cela
vous fatigue.
Une Voix: Vous n'êtes pas capable d'en écrire dans
la Presse.
M. Ciaccia: ... je suis tout à fait en faveur...
M. Paquette: Pour une fois que les anglophones entendent un autre
son de cloche.
M. Ciaccia: ... de la liberté d'information. M. le
Président, je voudrais avoir les mêmes privilèges dans la
presse francophone.
M. Lalonde: Si on dérange le gouvernement on pourrait s'en
aller.
M. Ciaccia: ... avoir les mêmes privilèges dans la
presse francophone.
M. Charbonneau: Vous faisiez la même chose
tantôt.
Le Président (M. Clair): A Tordre, s'il vous plaît,
messieurs.
M. Charbonneau: Tous ceux qui sont là ont dit...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Verchères, M. le député de Mont-Royal, j aimerais obtenir
le silence. Habituellement, quand le président prend la parole, les
autres se taisent, alors j'aimerais juste vous donner le temps à tout le
monde de devenir respectueux du droit de parole des uns et des autres,
respectueux du règlement. M. le député de Mont-Royal.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. La raison pour
laquelle nous voulons ce document que mentionne la motion du
député de Marguerite-Bourgeoys, c'est spéciquement pour
éviter les différents messages des différents secteurs de
la population. J'ai clairement cette impression, comme je le disais
tantôt, qu'il y a certains députés qui semblent avoir eu le
mandat de votre gouvernement d'aller calmer les autres provinces du Canada et
d'essayer de calmer certains secteurs des minorités au Québec. Et
le message que j'entends du député de Mercier, je voudrais bien
savoir si c'est vraiment le message du gouvernement...
M. Godin: Vous me posez une question? M. Ciaccia:
Après.
M. Godin: Non, mais est-ce que vous me posez une question?
M. Ciaccia: Non, non, vous pourrez y répondre.
M. Godin: C est une formule oratoire. D'accord. D'accord. Je
répondrai ultérieurement, M. le député.
M. Ciaccia: Je me demande vraiment...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: ... Je me demande si vous avez été
mandaté pour aller donner une certain message aux minorités du
Québec et à la communauté canadienne hors du
Québec. Mais ce message n est pas le même que celui que j'entends
ici du député de Verchères, je ne dirai pas du ministre de
la Justice, mais d'autres membres du gouvernement. Et c'est inquiétant,
si cela fait partie de votre marketing. Avant que le leader parlementaire ait
été obligé de nous quitter, il a commencé à
écrire des articles dans certains journaux du West Island. Le principe
et je veux bien que ce soit compris j'accepte le principe de
liberté d'information et je ne mets pas en doute votre droit de vous
exprimer, que ce soit dans la presse anglophone, francophone, dans les
journaux, la presse ethnique. Mais je ne vois pas une cohérence, je ne
vois pas le même message qui est donné dans tous les secteurs. Et
peut-être, pas peut-être, assurément, un des buts que moi je
vois dans l'amendement du député de Marguerite-Bourgeoys, c'est
que toute la population va recevoir le même message.
Quelquefois on demande aux minorités: Allez-vous accepter la
volonté des francophones, de la population du Québec si elle se
prononce sur le référendum? Je vous le dis d avance; oui, on va
I'accepter. Je trouve malheureux qu'il y ait beau-cup de gens qui quittent le
Québec et, vous savez comme moi que cela arrive. Je ne suis pas de ceux
qui ont cette intention. Mais vos actions sont inquiétantes. Si vous
voulez vraiment accepter la volonté de la population du Québec,
ayez au moins la décence de lui donner le même message et de lui
fournir la vraie information. Le droit à l'information fait partie de la
liberté d'un peuple. Et si vous croyez et il y en a quelques-uns,
parmi vous si vous êtes sincères quand vous vous exprimez
sur la question de la liberté individuelle, le droit à
I'information, la liberté de la population, il faudra que vous
concrétisiez et que vous nous démontriez que vous êtes
sincères. Le gouvernement a cette obligation. Il faut éviter de
donner différents messages parce qu'on n'est pas en train de
négocier avec la population du Québec. Je m excuse, M. le
député de Verchères. On veut leur demander, basés
sur des informations exactes et précises, ce qu'ils veulent pour leur
avenir. Vous pouvez aller négocier avec Ottawa, certainement. Et cela
soulève une autre question. Est-ce I indépendance que vous voulez
ou négocier? Vous parlez de récupérer. C'est une autre
ambiguïté que vous venez nous donner. (17 h 45)
M. Lavoie: Ce n'est pas l'opinion des députés!
M. Ciaccia: Je l'ai dit, mais je vais l'expliciter encore. Une
des raisons pour lesquelles nous voulons que le gouvernement adopte la motion
du député de Marguerite-Bourgeoys, c'est que nous ne voulons pas
l'opinion individuelle de chaque député. Nous voulons celle du
gouvernement. La position du gouvernement. Et nous voulons une position pour
toute la population. Nous ne voulons pas que différentes informations
aillent à différents secteurs de la population parce que la
question à laquelle nous faisons face est trop importante. Et ce genre
de marketing, si vous voulez le faire dans d'autres projets de loi, si vous
voulez le faire à d'autres endroits, je vous supplie de ne pas le faire
dans le cas de l'avenir constitutionnel.
M. Bédard: On n'a pas l'intention de le faire. Ne jouez
pas avec les mots.
M. Ciaccia: Si vous n'avez pas l'intention de le faire, je vous
inviterais à adopter cette motion parce que là vous nous
prouverez que vous n'avez pas l'intention de le faire.
M. Paquette: On va vous le prouver par nos actes. Soyez
patients!
M. Ciaccia: Mais, quand j'entends vos explications trop faciles,
je deviens encore plus inquiet.
M. Charbonneau: C'est parce que vous n'êtes pas capables
d'y répondre!
M. Ciaccia: Si c'est ce que vous voulez faire, pourquoi ne pas le
dire? J'attends de vous que vous disiez: Oui on veut faire cela. On a
même une motion à l'Assemblée nationale que nous avons
acceptée. Je n'ai pas le libellé exact, c'était... Que
cette Assemblée est d'avis que le gouvernement doit définir
clairement et sans délai sa théorie de la
souveraineté-association afin que les Québécois soient en
mesure de bien connaître les implications du projet
indépendantiste véhiculé par le présent
gouvernement. Cela a été unanime! Vous savez que, juridiquement,
cette motion on peut la jeter au panier. Moralement, elle vaut quelque chose,
mais juridiquement cela ne veut rien dire.
M. Lalonde: Cela ne veut rien dire.
M. Ciaccia: Pour lui donner un effet juridique, je n'ai pas
besoin de rappeler cela au ministre de la Justice, vous devez l'insérer
dans le projet de loi. Vous n'êtes pas liés par cela. Cela fait
encore partie de votre marketing de dire: Oui, nous avons accepté devant
la population de dire: Vous ne pouvez pas voter contre.
Prouvez votre bonne intention. Incluez-le dans le projet de loi.
Peut-être qu'on aura moins peur de votre gouvernement, on aura moins de
craintes. Et peut-être pourrez-vous réussir à garder les
gens au Québec. Une des raisons pour lesquelles les gens s'en vont,
à part la situation économique, c'est la crainte de l'avenir. Ils
ne savent pas ce que vous allez faire. Ils ont une crainte. Je n'accepte pas
qu'ils agissent de cette façon, mais cela arrive. Il y en a eu 70 000
l'année dernière qui l'ont fait.
M. Paquette: 77 000 en 1970.
M. Ciaccia: Chaque fois que je donne le chiffre de 70 000, je me
fais dire qu'en 1970 il y a eu le même nombre. J'espère que vous
ne comparez pas votre gouvernement aux événements d'octobre 1970.
Je ne voudrais pas que vous fassiez cela.
M. Paquette: Vous pensez qu'entre la fin d'octobre et les
Fêtes, il y a 77 000 personnes qui sont sorties. Voyons donc!
M. Ciaccia: Je suis fatigué de me faire dire cela.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rosemont, à l'ordre, s'il vous plaît!
M. Ciaccia: C'est un autre ballon qu'on jette.
M. Paquette: C'est de l'écran de fumée. C'est vous
qui faites de l'écran de fumée là-dessus. S'il y a 77 000
personnes qui sont sorties, ce n'est pas relié aux
événements d'octobre.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît!
M. le député de Rosemont.
M. Ciaccia: Lors des événements de 1970, la terreur
a existé en certains milieux. J'espère que vous ne vous comparez
pas au terrorisme de ce moment.
M. Charbonneau: Elles étaient sorties avant.
M. Paquette: II n'y en a pas 77 000 qui sont sortis du
Québec en novembre et décembre. Ils étaient sortis
avant.
M. Ciaccia: Je ne voudrais pas vous imputer cela, mais c'est
vous-même qui avez fait la comparaison.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, M. le
député de Rosemont! M. le député de
Verchères, à l'ordre!
M. Charbonneau: Vous ne vous êtes pas souvent levé
en octobre 1970 pour défendre les droits de l'homme. Où
étiez-vous en octobre 1970 pour défendre les droits de
l'homme?
Le Président (M. Clair): M. le député de
Verchères, à l'ordre!
M. Charbonneau: Qu'avez-vous dit publiquement?
Le Président (M. Clair): A l'ordre!
M. Ciaccia: Je vous invite à regarder... M. Charbonneau:
Dans votre salon!
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mont-Royal, vous avez encore quatre minutes.
M. Ciaccia: Merci, M. le Président. Pour toutes ces
raisons, pour créer un meilleur climat je vais le faire d'une
façon assez calme... Dans certains milieux au Québec, il y a eu
une certaine perturbation sociale et certaines inquiétudes. Si vous
êtes vraiment de bonne foi et si vous voulez calmer et assainir ce
climat, je vous invite à démontrer votre bonne foi et à
vous engager, dans l'amendement proposé, à définir votre
option constitutionnelle, à fournir un document, à accepter cette
motion. Là, vraiment, nous pourrions dire que le gouvernement a
démontré une certaine sincérité, qu'il veut
vraiment connaître l'opinion du public, qu'il ne veut pas l'obtenir par
tricherie ni par des moyens inacceptables et qu'il veut vraiment consulter.
C'est le titre de votre loi: Loi sur la consultation populaire. Je vous invite
à ne pas faire la même chose que vous avez faite pour le projet de
loi 44. Vous prêchez la démocratisation des institutions et dans
ce projet de loi vous enlevez certains droits aux municipalités et aux
citoyens de ces municipalités. Vous leur enlevez des droits qui existent
dans leur démocratie, et vous le faites au nom de la
démocratisation.
M. Paquette: Quels droits?
M. Ciaccia: M. le Président, je vous demanderais la
même chose.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rosemont. M. le député de Verchères. J'imagine que pour le
député de Mont-Royal, c'est très désagréable
d'avoir en face de lui...
M. Paquette: II y a des limites! C'est encore plus
désagréable d'entendre des mensonges comme cela.
M. Lalonde: Vous pouvez vous retirer, si vous ne voulez pas les
entendre. Il a le droit de parler. Vous n'êtes pas obligé de
rester.
Le Président (M. Clair): Surtout dans la situation
physique où nous nous trouvons, les intervenants les uns en face des
autres, je comprends que cela puisse être difficile des deux
côtés de la table, mais ne vous demandez pas comment cela peut
fonctionner, si on interrompt sans cesse celui qui a la parole. C'est bien
certain...
M. le député de Verchères, je vous rappellerai que
je suis quand même président.
M. Charbonneau: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Clair): Je me dois de maintenir l'ordre
et, à un moment donné, il y a des limites. Il ne faut pas qu'on
interrompe tout le monde, à tout moment. Sans cela, il n'y a plus de
règlement. M. le député de Mont-Royal, je vous prie de
conclure, s'il vous plaît!
M. Ciaccia: Oui. En concluant, M. le Président,
j'inviterais le ministre, si c'est vraiment un projet de loi sur la
consultation populaire et s'il a vraiment l'intention de consulter la
population, à inclure dans son projet de loi des mesures qui vont
vraiment lui permettre de consulter et qui vont nous assurer qu'il aura
l'obligation de le faire d'une façon honnête et qu'il donnera tous
les renseignements nécessaires à la population.
M. Lavoie: Bravo!
Le Président (M. Clair): La motion d'amendement...
M. Grenier: J'ai terminé. C'est pour la mettre aux
voix?
Le Président (M. Clair): ... du député de
Marguerite-Bourgeoys qui se lit comme suit, soit d'ajouter, à la fin de
l'article 6...
M. Paquette: M. le Président, le ministre voudrait ajouter
quelques remarques en conclusion.
Le Président (M. Clair): M. le ministre.
Une Voix: Ce n'est pas nécessaire, les votes vont
arriver.
M. Samson: Ce n'est pas nécessaire, les votes
arrivent.
M. Paquette: Ce n'est pas nécessaire, M. le
Président?
M. Bédard: C'est parce qu'on m'avait indiqué que le
député...
M. Samson: Non, c'est parce que vous avez risqué de
manquer de votes.
M. Bédard: D'accord.
M. Lalonde: On pourrait suspendre l'article 6, si cela fait
plaisir au député de Mercier.
M. Bédard: ... avait l'intention de parler.
Le Président (M. Clair): Comme le député de
Mercier est revenu et que j'avais effectivement cherché à gagner
du temps, puisque le député de Mercier m'avait manifesté
le désir d'intervenir plus tôt, au cours de la séance, M.
le député de Mercier, si vous voulez intervenir, c'est le
temps.
M. Godin: Temps supplémentaire.
Une Voix: Pour y soustraire du temps supplémentaire.
Le Président (M. Clair): La motion d'amendement du
député de Marguerite-Bourgeoys, qui a
pour but d'ajouter, à la fin de l'article 6, l'alinéa
suivant: "Dans le cas d'une consultation populaire portant sur le statut
constitutionnel du Québec, le gouvernement doit déposer à
l'Assemblée nationale un document définissant son option
constitutionnelle, au moins trois mois avant le jour fixé pour
l'émission du bref référendaire", est-elle
adoptée?
M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Vous avez relu la motion. A la lecture, j'ai
été impressionné par son bien-fondé. J'ai
pensé que cela mériterait qu'on asse un autre effort pour
convaincre les députés ministériels.
M. Paquette: M. le Président, avez-vous appelé le
vote? Il me semble que vous avez appelé le vote.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, je ne voudrais pas avoir à sortir le journal des
Débats d'hier, mais est-ce qu'au moment où le
député de Bonaventure a pris la parole...
M. Lalonde: Je venais de présenter ma motion, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): Vous veniez de présenter
la motion.
M. Lalonde: Vous l'avez déclarée recevable. Je n'ai
pas parlé sur la motion.
Le Président (M. Clair): Ce n'est pas votre droit de
parole qu'a exercé le député de Bonaventure?
M. Lalonde: Non, il était intervenant lui-même.
Le Président (M. Clair): II était intervenant
lui-même?
M. Lalonde: Vous avez vérifié sur la liste, vous
vous en souvenez?
Le Président (M. Clair): Ah oui, c'est vrai. Une Voix:
II était intervenant.
M. Lalonde: Oui. Il était intervenant. Il a
été inscrit au début de la journée. Il est
intervenu hier après-midi ou hier soir. Vous pouvez vous informer.
M. Godin: Je ne mets pas en doute la parole de mon
collègue.
M. Lalonde: ... M. le Président, sur l'article 6, et j'ai
conclu en présentant mon amendement que vous avez déclaré
recevable. On a eu quelques discussions sur la recevabilité, vous l'avez
déclaré recevable et j'ai laissé mon droit de parole,
c'est-à-dire que je ne l'ai pas laissé... Vous m'avez
donné la parole à ce moment pour défendre mon amen- dement
et j'ai demandé au député de Bonaventure de parler, mais
ce n'est pas mon droit de parole que j'ai cédé.
M. Charbonneau: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rosemont, sur une question de règlement.
M. Charbonneau: Je pense, M. le Président, que, d'une
part, le député de Marguerite-Bourgeoys avait exercé son
droit de parole lorsqu'il a présenté la motion. Là n'est
pas le principal. M. le Président, je pense que vous avez appelé
le vote, et quand le vote est appelé, il faut demander le consentement
unanime de la commission pour permettre à un autre député
de parler.
M. Lalonde: Sur la question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): Sur la question de
règlement, M. le député de Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: C'est étrange comme on peut interpréter
le règlement de différentes façons. Vous vous souvenez de
votre longue expérience comme président, à moult reprises,
lors d'un débat comme celui-ci. On appelle l'article 6 pour les fins de
la discussion. L'article 6 sera-t-il adopté? Tout à coup
quelqu'un demande le droit de parole et vous le donnez, nécessairement.
Lorsque vous dites: Que ceux qui sont en faveur... ou J'appelle le vote,
peut-être le député de Rosemont pourrait-il avoir un
commencement de semblant de quart de moitié de raison, mais ici c'est
absolument clair que vous avez relu ma motion. Je vous en remercie parce que
c'est quand même un peu inusité. Vous n'êtes pas
obligé chaque fois, disons, de lire les motions. Mais elle
méritait d'être lue sans aucun doute.
Le Président (M. Clair): Elle méritait d'être
lue.
M. Lalonde: II n'y a aucun doute, que, premièrement, je
n'ai pas exercé mon droit de parole. Deuxièmement, j'ai
demandé le droit de parole avant que le vote soit appelé. Si cela
les dérange tellement que je parle...
M. Lavoie: M. le Président, je crois que ce qui vous
embêtait, c'est que, dès le moment où le
député de Marguerite-Bourgeoys a voulu intervenir, vous vous
êtes posé la question s'il avait épuisé son droit de
parole, hier, avant le chef de l'Opposition officielle. La formule la plus
facile, si c'est cela qui vous embête, comme il est 17 h 58, je pense que
vous pourriez suspendre et vérifier, parce que moi, je me rappelle
très bien d'ailleurs, je vous demanderais de vérifier
vous-même au journal des Débats d'hier que, dès que
vous avez reçu la motion, le premier intervenant a été le
député de Bonaventure, chef de l'Opposition offi-
cielle. et !e député de Marguerite-Bourgeoys n'est pas
encore intervenu sur sa motion. Vous pourriez vérifier cela à
l'heure du dîner.
Le Président (M. Clair): Messieurs, à moins que
quelqu'un n'ait une opposition, nous allons considérer qu'il est 18
heures...
M. Godin: M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mercier.
M. Godin: ... j'avais consenti à céder ma place sur
le rôle, comme on dit en cour, à mon collègue, le ministre,
mais la situation est considérablement changée puisque mon
suivant devient le député de Marguerite-Bourgeoys. Là, je
vous demande en grâce de me remettre au point où j'étais et
de me faire parler avant le député de Marguerite-Bourgeoys.
Le Président (M. Clair): On essaiera de...
M. Lalonde: Oui, M. le Président, certainement.
M. Lavoie: Sur cette question-là, très
brièvement...
Le Président (M. Clair): Le député de
Marguerite-Bourgeoys consentirait?
M. Lalonde: Je n'ai aucune objection. Vous voyez comme on est
pour la liberté, nous.
M. Ciaccia: La liberté et le droit de parole.
Le Président (M. Clair): La commission suspend ses travaux
jusqu'à 20 heures.
(Suspension de la séance à 17 h 58)
(Reprise de la séance à 20 h 27)
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission permanente de la présidence du conseil et de la
constitution reprend ses travaux pour continuer l'étude article par
article du projet de loi 92, Loi sur la consultation populaire. Au moment ou
nous avons suspendu nos travaux, après avoir échangé des
politesses, c'était le député de Mercier qui avait la
parole sur l'amendement puisque, après vérification, on ne peut
considérer légalement que le vote était appelé et
les intervenants, de part et d'autre, conservaient leur droit de parole.
M. le député de Mercier.
M. Godin: En vertu du principe, M. le Président, que
l'appétit vient en mangeant, je voudrais entendre le
député de Marguerite-Bourgeoys. J'ai faim de l'entendre et je lui
cède donc mon droit de parole.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lavoie: Avez-vous faim de l'entendre ou si vous avez le
goût du pouvoir?
M. Paquette: On n'a pas le goût du pouvoir.
M. Lalonde: M. le Président, je pense qu'il faut prendre
acte du fait que le député de Mercier n'a rien à dire
à ce stade-ci. J'espère que mes propos vont l'inspirer. Les
dîners inspirent aussi peut-être un peu de stratégie ou des
bons conseils.
M. le Président, c'est assez étrange le retour des choses
et on en a une illustration, un exemple ici dans cet amendement qui est
probablement un des plus, sinon importants, du moins des plus réalistes,
des plus concrets, un des plus vrais qu'on va avoir dans le débat sauf
ce qui peut arriver à l'avenir.
Vous savez lorsqu'on s'installe dans l'ambiguïté...
Le Président (M. Clair): Messieurs, messieurs!
M. Lalonde:... on s'entoure de contradictions. Le Parti
québécois qui a promis le référendum pour prendre
le pouvoir, mais qui ne veut pas que le référendum
l'éloigne du pouvoir, s étant caché derrière une
loi générale, honnit avec véhémence toute tentative
de l'Opposition, qui représente quand même une majorité de
la population, de forcer le gouvernement à parler des vrais
problèmes. (20 h 30)
J ai déjà mis de côté l'argument du
gouvernement a savoir que, dans une loi-cadre, on ne doit pas parler de
référendum constitutionnel, et c est I'argument le plus
délavé qu on nous sert depuis quelques jours, et pourtant on y
croit ou on semble y croire de l'autre côté. Je ne suis pas
sûr que la population y croit tant que cela, mais on reviendra à
cela un peu plus tard.
M. le Président, on n'a pas que des bonnes nouvelles, depuis
quelques jours. Le gouvernement a tout d abord refusé d'impliquer
davantage l'Assemblée nationale, tel que rédigé par la
Commission des droits et libertés de la personne, dans le processus
référendaire, en refusant la majorité qualifiée des
deux tiers, qu'un amendement de I'Opposition officielle suggérait. Le
gouvernement a ensuite refusé de s'engager à une question qui
donne ouverture à une réponse de oui ou non, donc à une
question claire et précise.
Le gouvernement a de plus combattu nerveusement la recevabilité
d'une motion libérale qui l'aurait forcé à s'engager
à respecter le résultat du référendum. Et enfin,
maintenant, le gouvernement péquiste refuse de s'engager à
informer I'Assemblée nationale de son option constitutionnelle assez
longtemps avant le référendum pour que la population sache de
quoi I'on parle. L'Assemblée nationale devra donc, à l'ombre de
la
guillotine, à peine consacrer une trentaine d'heures à la
question, puisqu'il semble que le refus du gouvernement va nous amener à
discuter de notre avenir que sur une question.
Je ne parlerai pas de l'amendement faramineux et timoré du
ministre, non déposé ici à cette commission parlementaire
et qui, quant à moi, est une autre tentative de noyer le poisson. Ce
n'est pas le plus gros poisson que le ministre de la Justice a tenté de
noyer depuis un an et demi, M. le Président. Il y en a eu des gros et il
y en a des frétillants. Si on faisait le tour de l'aquarium
ministériel du ministre de la Justice, M. le Président, on aurait
des cadavres de poissons partout.
Et quand je parle d'aquarium, les députés savent de quoi
je parle.
M. Samson: II y aurait même des anguilles.
Le Président (M. Clair): J'ai l'impression, M. le
député de Marguerite-Bourgeoys que vous sortiriez du corridor qui
est actuellement le vôtre pour la pertinence du débat.
M. Bédard: Je ne vous répondrai pas, voulant faire
avancer le débat, puis j'ai remarqué un sourire du
représentant de l'Opposition.
M. Lalonde: M. le Président...
M. Paquette: C'est son vaudeville du vendredi.
M. Lalonde: ... le député de Rosemont nous a servi
encore l'argument de l'angélisme qu'il nous a fait, il nous en fait
souvent le coup d'ailleurs, avec l'allure et je dirais même le ton
nécessaire pour tenter de nous en convaincre.
M. Samson: Le thon c'est une autre sorte de poisson.
Une Voix: Toujours à l'aquarium.
M. Lalonde: Nous serons honnêtes, disent-ils. Comment
pourrons-nous être autrement qu'honnêtes, disent-ils avec un air
scandalisé, nous fusillant du regard!
M. Bédard: ... avec le cinéma.
M. Lalonde: Je vais vous dire comment ils peuvent ne pas
être honnêtes. Simplement en faisant ce qu'ils ont fait
jusqu'à maintenant.
M. Ciaccia: ... document nécessaire.
M. Grenier: Je pense encore à l'allégorie de
l'aquarium.
M. Lalonde: Elus non pas pour faire l'indépendance, c'est
ce que ce gouvernement fait depuis un an et demi. Donc, comment pouvons-nous
croire le député de Rosemont quand il nous dit d'un air presque
surpris: Mais allons donc! Nous allons être honnêtes! Comment
peut-on le croire puisque, depuis un an et demi, le gouvernement qui a
été élu pour ne pas faire l'indépendance l'a fait
petit à petit, par l'indépendance agricole, le séparatisme
municipal.
M. Paquette: Vous n'êtes pas très exigeant.
M. Lalonde: ... ou de toute autre manière. Et l'argument
massue qui est d'ailleurs le même argument que le ministre nous a servi
pour voter contre mon amendement, c'est que le gouvernement a l'intention de
définir son option. Alors, on devrait être content et nous en
aller chez nous. Mais pourquoi ne sommes-nous pas contents et ne nous en
allons-nous pas chez nous et nous ne sommes pas prêts d'y aller? C'est
que ce même gouvernement a voté, il y a deux mois, en faveur d'une
motion de l'Opposition officielle par laquelle il s'engageait à
définir la souveraineté-association sans délai.
M. Paquette: Dans les meilleurs délais!
M. Lalonde: Sans délai.
M. Paquette: Vous lirez le journal des Débats.
M. Lalonde: Sans délai. M. le Président, je
regrette!
M. Paquette: Vous relirez le journal des Débats, quand on
a accepté la motion, mon cher monsieur!
Le Président (M. Clair): A l'ordre!
M. Lalonde: M. le Président, je suis interrompu encore une
fois. Le 12 avril 1978, je ne sais pas si le député de Rosemont
qui m'interrompt a voté à ce moment-là, c'est
possible.
M. Paquette: J'ai surtout suivi les débats. Le
Président (M. Clair): A l'ordre!
M. Lalonde: Je ne peux pas en témoigner, on pourrait
consulter... J'étais sûrement là. On a tellement de votes,
M. le Président, qu'il faudrait que je consulte le journal des
Débats pour voir si le député de Rosemont a
voté.
M. Paquette: Vous lirez ce que le député de
Louis-Hébert a dit là-dessus.
M. Lalonde: Les députés ministériels ont
voté en faveur. Or, la motion dit que cette Assemblée est d'avis
que le gouvernement "doit" pas "peut", pas "pourra", pas "devrait"
définir clairement même clairement, M. le
Président vous avez purgé ma motion du mot "clairement".
Je sais que c'est peut-être par atavisme que vous avez fait cela, pour ne
pas qu'il y ait une inference partisane quelconque. Il n'y a rien de clair, en
fait, dans la motion. Je n'impose rien de clair au gouvernement dans la motion.
Mais dans cette mo-
tion, on disait... Et le député de Rosemont a voté
pour cette motion; il pense le député de Rosemont
que cette assemblée, l'Assemblée nationale, est d'avis que le
gouvernement doive définir clairement et sans délai; pas dans les
meilleurs délais, mais sans délai, pas de délai; sans:
S-A-N-S. pas cent: C-E-N-T, sans délai.
M. Bédard: N'en mettez pas.
M. Lalonde: Sans délai. Donc, cela va faire deux mois, M.
le Président, dans quelques heures, que cette motion je pensais
que c'était le 10 deux mois dans deux jours, que cette motion a
été adoptée. On devrait croire le gouvernement? Croire les
promesses du député de Rosemont et les promesses du ministre qui
disent...
M. Paquette: Vous verrez bien.
M. Lalonde: ... Nous allons définir, oui, attendez, nous
allons définir cela honnêtement.
M. Charbonneau: Etape par étape.
M. Lalonde: Etape par étape et ce sont eux qui vont
décider quand les petits-enfants de la population seront prêts
à écouter. Cela me fait penser à ce que le premier
ministre disait: II ne faut pas publier nos rapports trop vite, les gens ne
comprennent pas. Ils ne comprennent pas comme nous autres on voudrait qu'ils
comprennent. C'est effrayant, M. le Président, la liberté pour le
gouvernement de faire comprendre les affaires comme ils le veulent. C'est une
liberté fondamentale, cela.?
M. Bédard: C'est une question, cela?
M. Lalonde: II faudrait sûrement que la Commission des
droits de la personne nous dise que le gouvernement a le droit de faire
comprendre comme il le veut les rapports qu'il va nous donner.
M. Charbonneau: Demandez-lui!
M. Lalonde: C'est complètement ridicule. C'est pour cela
qu'on ne croit pas du tout aux promesses vides. Le député de
Rosemont, quand il parle ainsi parle comme un homme qui a une option à
faire passer quelque part. Il ne parle pas comme un législateur
qui...
M. Godin: M. de La Palice a dû passer par là.
M. Lalonde: ... doit, suivant son mandat, faire en sorte que la
loi soit claire et complète. Le député de Verchères
va un peu plus loin. Il veut un mandat de négocier...
M. Ciaccia: ... avec la population...
M. Lalonde: Le député de Mont-Royal a
soulevé un point très pertinent, à savoir est-ce que c'est
avec la population du Québec que le gouvernement veut négocier?
C'est cela qu'il fait actuellement. Il négocie à cache-cache,
avec des passe-passe. Ce n'est pas rassurant quand je m'aperçois qu'un
député qu'on a envoyé ici à cette commission
importante...
Ce doit être un député important, M. le
Président...
M. Charbonneau: C'est sûr.
M. Lalonde: ... qui a fait une intervention remarquée,
sinon remarquable...
M. Charbonneau: Remarquée, cela...
M. Lalonde: Cela ne me rassure pas quand il dit que cela ne sera
peut-être pas un référendum qu'on va faire, que cela va
être une négociation.
M. Charbonneau: Ce n'est pas du tout ce que j'ai dit.
M. Lalonde: Puis, comment publier d'avance notre position?
dit-il. Dans les syndicats qui s'en vont en grève, on ne publie pas
d'avance notre position. Alors, la population va toute s'en aller en
grève, d'après ce que je comprends, et on ne saura pas du tout ce
que le gouvernement va nous proposer.
M. Charbonneau: Quel article pour corriger nos propos?
M. Lavoie: Selon l'article 96.
M. Charbonneau: Là, on va les corriger trop souvent.
M. Lalonde: On doit conclure que le député de
Verchères est contre le référendum.
M. Bédard: Qu'est-ce qu'il nous faudra trouver que vous
n'avez pas dit pour trouver le moyen de parler?
M. Lalonde: II faudra une question. Un référendum,
cela prend une question. Si elle est claire, si elle est précise, cela
veut dire qu'on va déshabiller notre position. C'est
épouvantable. Comment allons-nous négocier? Si la question est
toute faramineuse et enveloppée, le résultat du
référendum ne vaudra pas le papier sur lequel il va être
écrit. A ce moment-là, pas besoin de référendum
pour le député de Verchères. On comprend qu'il soit contre
l'amendement.
M. le Président, on a commencé à douter de la bonne
foi du gouvernement à l'égard de la loi 92 lorsqu'il a
rejeté notre amendement du oui ou du non. On en a eu plusieurs preuves
depuis ce temps. Après ces preuves de fermeture hermétique de la
part du gouvernement, quant à moi, je suis convaincu qu'il n'est pas de
bonne foi. Il se sert de cette loi non pas pour obtenir le plus objectivement
possible l'opinion des gens mais pour mousser son option.
Tout est préréférendaire, a d'ailleurs avoué
un ministre de ce gouvernement. Le Parti québécois a toujours
maintenu l'ambiguïté dans laquelle il
s'est installé en passe-passant l'indépendance au
référendum. Comme parti, il a promis de consulter le peuple
québécois mais comme un gouvernement qui représente 100%
des Québécois, il devrait agir non pas corne représentant
simplement une partie de la population. Il est responsable, à titre de
gouvernement, de l'honnêteté du référendum à
l'égard de tous les Québécois. Le Parti
québécois se sert du pouvoir pour mousser son option. C'est
déjà, quant à moi, une violation de la promesse de confier
la séparation au référendum. Que le Parti
québécois se serve du pouvoir à 41% pour s'appropier le
référendum et en faire un élément de
stratégie pour faire adopter son option, je pense, à ce
moment-là, que le Parti québécois illustre la
contradiction dans laquelle il s'est installé lorsqu'il a tenté
de mettre sous le tapis la séparation aux dernières
élections, et le corridor dans lequel il s'engage devient de plus en
plus étroit. On le voit à l'étude de ce projet de loi. Le
risque que le gouvernement prend, à ce moment-là, c'est que le
référendum ne sera pas cru parce qu'il ne sera pas
crédible.
Pourquoi ne sera-t-il pas crédible? Parce que de plus en plus la
population s'apercevra que le gouvernement se sert du référendum
non pas pour avoir l'opinion de la population, mais pour manipuler I opinion
publique, M. le Président. C'est ce que le gouvernement fait lorsqu'il
refuse de parler du vrai référendum qu'on a tous à
l'idée lorsqu'on discute de la loi 92. M. le Président, c'est
malheureux, parce que ce référendum a été la
promesse du Parti québécois; il est maintenant l'engagement d'un
gouvernement qui représente 100% de la population et qui, comme
gouvernement, doit se préoccuper du résultat, doit se
préoccuper de l'honnêteté de ce référendum;
mais il semble de plus en plus se cacher derrière la loi 92 pour en
faire encore là une décision
préréférendaire, en faire une autre partie de
scénario préréférendaire.
M. le Président, on a offert, quant à nous de l'Opposition
officielle, notre collaboration au gouvernement pour que cette opération
référendaire règle un problème qui existe. Il ne
faut pas se mettre la tête dans le sable, il est là. Il faut le
régler. Mais l'attitude du gouvernement qui affirme être d'accord
avec ce qu'on propose de mettre dans la loi et qui vote contre, illustre bien
la contradiction dans laquelle le gouvernement s'est installé et met en
danger l'opération référendaire elle-même. J'en
avertis le gouvernement parce qu'il va devoir vivre avec le
référendum, avec son résultat, comme nous. Lorsque le
référendum sera déclenché, ce ne sera plus le
référendum du Parti québécois, M. le
Président. Ce ne sera même plus le référendum du
gouvernement.
Cela va être le référendum de la population. Si le
résultat est entaché d'ombres et de nuages, de doutes et de
soupçons, à cause de l'attitude actuelle du Parti
québécois et du gouvernement lors de l'étude de la loi 92,
celui-ci refusant d'inscrire dans la loi des amendements qui ne sont quand
même pas partisans; on ne demande pas d'inscrire dans la loi qu'il faut
être membre du Parti libéral pour voter, on dit simplement: Mettez
les balises qu'il faut pour qu'on ait un résultat sérieux, un
résultat clair, un résultat honnête, un résultat
avec lequel tout le monde va pouvoir vivre. Mais le gouvernement a
refusé jusqu'à maintenant. Et le refus du gouvernement... Ce
n'est quand même pas un caprice qu'on demande. Combien de personnes
demandent, personnes sérieuses qui ne sont pas des partisans de
l'Opposition officielle, demandent la définition de la
souveraineté-association. (20 h 45)
M. Godin: J'espère que vous n'êtes pas
sérieux.
M. Lalonde: J'essaie d'enlever la partisanerie de cette
question.
M. Bédard: Hein?
M. Lalonde: Lorsque la CSN demande au gouvernement...
M. Bédard: Il n'est pas ridicule.
M. Lalonde: Ce n'est pas moi qui le dis. Je cite la
résolution de la CSN d'il y a quelques jours: "Tout est entouré
de mystère, cette attitude relève-t-elle seulement de la tactique
vis-à-vis des forces fédéralistes?" C'est cela, M. le
Président, que le gouvernement est en train de faire. C'est de la
tactique et de la stratégie avec la loi référendaire. A ce
moment, M. le Président, le gouvernement démissionne, le
gouvernement n'accepte pas ses responsabilités. Le gouvernement veut
s'emparer, s'approprier le référendum comme partie de sa
stratégie référendaire pour faire gagner son option. Je
comprends que la marge est mince entre le Parti québécois qui
veut faire triompher son idée de façon démocratique et le
gouvernement qui, lui, comme gouvernement des 100% des Québécois
doit faire en sorte que toute l'opération référendaire
soit faite conformément à l'honnêteté, à la
clarté et aux intérêts fondamentaux de tous les
Québécois.
Mais, il me semble qu'on devrait s'efforcer un peu plus de l'autre
côté de voir dans nos amendements des tentatives de faire en sorte
que, justement, le résultat de toute l'opération soit
"above-board ", comme ils disent en anglais, soit au-dessus de tout
soupçon. Je pense que les députés qui sont ici sont assez
intelligents pour s'apercevoir... Il y en a quelques-uns, il y en a un qui me
dit merci, l'autre a encore un doute et c'est inversement proportionnel,
souvent, à la réalité...
M. Charbonneau: On n'en attendait pas moins de vous.
M. Lalonde: M. le Président, je suis sûr que ce
gouvernement comporte assez de conscience pour s'apercevoir du danger dans
lequel il engage, non seulement son sort à lui parce que le sort
du gouvernement, quant a moi, m'importe peu, je le voudrais le plus mauvais
possible, !e plus tôt possible. Je voudrais qu'il devienne tellement
transparent, que la seule façon de l'être ce serait
de le faire disparaître, mais c'est le sort des
Québécois qui m'intéresse.
M. Samson: Ils n'ont pas besoin de faire d'efforts, ils font bien
cela.
M. Lalonde: C'est le sort des Québécois. Je pense
que le traumatisme intellectuel de ce gouvernement à savoir que c'est
possible que son option ne fonctionne pas, ne soit pas acceptée par la
population, le porte à oublier les valeurs plus larges, plus
importantes, plus fondamentales à savoir le sort des
Québécois, et le besoin des Québécois de savoir ce
sur quoi ils vont décider. Il me semble que...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys...
M. Lalonde: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Clair): ... je m'excuse de vous
interrompre, mais votre droit de parole tire à sa fin.
M. Lalonde: S'éteint.
M. le Président, s'il fallait que le gouvernement refuse que
l'Assemblée nationale nous fasse ainsi l'obligation de dire clairement
aux Québécois en quoi consiste au juste son option
indépendantiste de la souveraineté-association, il ferait preuve
je pense d'un mépris inqualifiable à l'endroit de
nos institutions démocratiques. Je laisserai le gouvernement vivre avec
son option, sa décision en lui disant en terminant, M. le
Président ceci: Un nouveau gouvernement qui est constitué
d'un nouveau parti, qui a établi ses assises sur ce qu'il y a de plus
honnête, fondamental, moral, a pu, depuis quelques temps, croire qu'en
affirmant une chose, on la réalisait. On appelait cela de la
crédibilité. Elle était entière le 16 novembre,
elle était à 200%, elle a été à 100%
longtemps, mais je le mets en garde parce que cela s'étiole, cela
diminue petit à petit à force de s'en servir. C'est comme le
crédit: crédit, crédibilité. Je le mets en garde
contre l'exercice suivant de dire: Je suis en faveur de votre amendement, mais
je vote contre, parce que même la crédibilité du
gouvernement péquiste peut ne pas survivre à ce genre
d'exercice.
Merci, M. le Président.
M. Charbonneau: M. le Président, en vertu de l'article 96,
remarquez que je pourrais également utiliser le droit de parole qu'il me
restait tantôt, mais je ne le ferai pas. Le député de
Marguerite-Bourgeoys, qui manie d'une façon plus habile que moi,
d'ailleurs, le sarcasme et l'ironie, a voulu résumer mon argumentation
en disant que j'avais dit qu'il ne fallait pas négocier, expliquer notre
position, d'une part, et qu'on n'avait pas besoin de référendum,
d'autre part. Dans aucun des deux cas, ce n'est pas ce que j'ai dit. J'ai
expliqué plutôt au député de Marguerite-Bourgeoys
ses collègues n'ayant pas voulu comprendre et je le com- prends
qu'il ne s'agissait pas de ne pas expliquer la position, mais dans une
optique de négociations où tout le monde s'entend que I'enjeu
c'est la récupération des pouvoirs, une partie quel que soit le
pourcentage parce que c'est la où on diffère d'opinion, mais une
récupération de nos pouvoirs qui sont actuellement à
Ottawa, dans cette optique, où c'est une négociation, il importe
de ne pas geler dans le ciment l'exécutif du peuple
québécois qui est son gouvernement par des délais qui sont
inscrits dans la motion qui est devant nous.
C'est le premier point. Le second point: Quand le député
de Marguerite-Bourgeoys indique que j'ai affirmé qu'on n'avait pas
besoin de référendum à cause de cette position ou
affirmation que j'ai faite, je n'ai jamais indiqué qu'on n'avait pas
besoin de référendum. Au contraire, M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, le référendum va exactement faire ce qu'on
a besoin; c'est de donner à l'exécutif du peuple
québécois le mandat fort dont il a besoin pour continuer les
négociations qui sont déjà entreprises depuis des
décennies.
M. Lavoie: C'est cela la question: le mandat a l'exécutif
daller négocier à Ottawa.
M. Charbonneau: Certainement.
M. Lavoie: C'est cela?
M. Lalonde: On l'a.
M. Charbonneau: Vous êtes tous...
M. Lalonde: On l'a la question.
M. Charbonneau: Non, ce n est pas cela la question. J ai
l'impression que vous n'avez pas...
Le Président (M. Clair): J'ai l'impression. M. le
député de Verchères, que dans votre...
M. Ciaccia: Ce n'est pas l'article 96.
Le Président (M. Clair): M. le député,
à I'ordre, s'il vous plaît! En vertu de l'article 96, M. le
député de Verchères, vous avez tout à fait le droit
de revenir pour expliquer ce que vous avez pro- noncé, mais vous n'avez
pas le droit de donner...
M. Lavoie: Donner la formulation.
Le Président (M. Clair): ... des éléments
nouveaux, vous n'avez pas le droit d'apporter des éléments
nouveaux dans le débat.
M. Charbonneau: M. le Président, j'ignore si...
M. Lalonde: Consentement, M. le Président, s il nous donne
la question ce soir, on ne sera pas resté ici pour rien.
M. Charbonneau: ... vous pouvez m indiquer
ce que sont des éléments nouveaux. J'ai l'impression, M.
le Président, que cela fait des années finalement qu'on dit la
même chose, que cela fait des années qu'on dit aux
Québécois qu'on a entrepris déjà des
négociations. Si les messieurs d'en face avaient eu l'idée, je ne
dirais pas la brillante idée, mais la simple idée de lire les
livres par exemple que le ministre des Affaires intergouvernementales a
déjà écrits sur les négociations qui ont
déjà eu lieu, qui ont déjà commencé, qui
durent déjà depuis des décennies, ils se seraient rendu
compte que l'enjeu ce n'est pas de commencer des nouvelles négociations,
c'est de les continuer avec un mandat plus fort, et c'est dans ce sens...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Verchères, j'ai écouté attentivement votre
information...
M. Samson: M. le Président, on lui donne le
consentement.
M. Lalonde: On a la question, là on va lui donner la
réponse.
M. Samson: Laissez-le aller.
Le Président (M. Clair): Je suis quand même gardien
du règlement, M. le uéputé de Verchères.
M. Lavoie: Le consentement unanime est au-dessus de cela.
M. Samson: II reste encore du temps, M. le Président, et
on devrait le lui laisser. Je suis en faveur de cela.
M. Lalonde: Je suis d'accord, sûrement,
complètement.
M. Samson: Ah oui, le droit de parole c'est sacré.
M. Charbonneau: Je n'en attendais pas moins de vous. Ceci
étant dit, M. le Président...
Le Président (M. Clair): Je vous prie de conclure, M. le
député.
M. Charbonneau: ... pour respecter votre directive, je crois que
ce sont les deux éléments que je voulais préciser. Donc,
je répète pour les fins du journal des Débats et je prends
de cela les techniques du député de Laval j'ai
l'impression souvent qu'on parle plus pour ceux qui nous liront dans dix ans
que pour ceux qui nous écoutent aujourd'hui mais c'est dans ce
sens où, comme je le disais au début, le député de
Marguerite-Bourgeoys peut très bien manier le sarcasme et l'ironie, cela
ne paraît pas dans le journal des Débats, mais je veux dire, qu'il
ne peut certainement pas déformer la pensée des gens qui ne sont
pas de son avis. Merci.
Le Président (M. Clair): Le député de
Mercier.
M. Lalonde: M. le Président, est-ce que le
règlement me permet de rectifier les faits?
M. Lavoie: Oui, sur un discours l'article 96...
M. Lalonde: M. le Président, le député m'a
accusé d'avoir...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys, à l'article 96 on y lit ce qui suit: Le
député qui prend la parole pour donner des explications sur le
discours qu'il a déjà prononcé ne peut le faire que
lorsque le discours qui les provoque est terminé, et le
député de Verchères, je pense, ne faisait pas un discours,
mais justement il exerçait son droit en vertu de l'article 96.
M. Lalonde: II peut faire un discours là-dessus en vertu
de l'article 96.
Le Président (M. Clair): Je l'ai empêché de
faire un discours.
M. Samson: Non, non, j'ai donné le consentement.
M. Lalonde: M. le Président, il a fait des interventions,
appelez cela discours comme vous voulez, il a dit que je déformais sa
pensée, M. le Président. Même si j'avais tenté de le
faire, je n'aurais pas pu déformer sa pensée, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mercier.
M. Charbonneau: On a souvent reçu des tapes sur la gueule;
on va peut-être apprendre à en donner aussi à un moment
donné.
Le Président (M. Clair): Messieurs, est-ce que le ministre
voudrait ajouter quelque chose, avant que je mette la motion aux voix?
M. Bédard: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. le ministre.
M. Bédard: M. le Président...
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs, s'il vous
plaît!
M. Bédard: Seulement quelques mots, je pense que tout a
pas mal été dit concernant cette motion tant les arguments
à l'appui de la motion que ceux aux fins de ne pas l'accepter.
L'Opposition, par la voix de son dernier représentant, essaie de nous
faire des leçons d'honnêteté, afin d'assurer la
crédibilité du référendum qu'il a toujours à
l'esprit, que d'ailleurs tous les membres de l'Opposition ont à
l'esprit, alors que nous discutons quand même d'une loi-cadre. Il ne faut
jamais l'oublier, qu'on le veuille ou non. Ce n'est pas le gouvernement qui
nous a dit de nous en tenir à
une loi-cadre, c'est l'Assemblée nationale qui, effectivement,
lors de la deuxième lecture, a très bien défini ce
principe, un de ces principes fondamentaux de cette loi qui a pour but d'en
faire non pas une loi spécifique, non pas une loi particularisée,
non pas une loi spéciale pour un référendum, mais d'en
faire une loi-cadre. Quand j'ai assumé la continuation de ce dossier,
au-delà de ce que le gouvernement peut avoir comme intention,
au-delà de ce que, personnellement, on peut avoir comme intention, il y
a quand même un respect fondamental que nous devons avoir pour
l'Assemblée nationale qui, en deuxième lecture, a voté ce
principe-là. Même si l'Opposition n'était pas d'accord, je
pense qu'il y a un respect fondamental pour un mandat, qui nous est
donné par l'Assemblée nationale, qui est très
précis.
Le député de Marguerite-Bourgeoys essaie de laisser croire
que le gouvernement se cache derrière une loi-cadre pour ne pas discuter
du référendum qu'il a à l'esprit. Je serais porté
à croire le contraire. Je pense que le gouvernement relève
plutôt un défi quand il essaie, avec le concours de l'Opposition,
de définir une loi-cadre pour tenir, non pas "un" mais "des"
référendums. Autrement dit, le gouvernement relève un
défi d'essayer de construire, avec l'apport de l'Opposition, quand elle
veut nous donner son appui, un instrument qui ne sera pas parfait, mais qui
sera le plus démocratique possible et qui permettra, non seulement au
gouvernement qui est en place à l'heure actuelle mais à tous les
gouvernements qui peuvent lui succéder, de se servir de cette loi comme
étant un instrument de première qualité, nous
l'espérons, pour consulter la population, pour associer la population
à une prise de décision majeure. Et je pense que c'est un
défi qui n'était pas facile à relever et que nous
espérons réussir. Parce que mon opinion est qu'un
référendum, une consultation de la population est quelque chose
d'extrêmement important, aussi important qu'une élection peut
l'être. Quelle que soit l'importance d'un référendum
il n'y a pas de référendum qui ne soit pas important. Ils le sont
tous à moins d'avoir un gouvernement irresponsable qui ferait un
référendum pour une raison qui ne serait pas suffisante, et la
population serait en droit de lui rappeler son irresponsabilité
lorsqu'une élection générale suivrait. Je crois que c'est
relever un défi que d'essayer de définir une loi-cadre qui
permette de tenir n'importe quelle sorte de référendum, selon des
principes démocratiques qui puissent vraiment nous permettre d'essayer
d'obtenir de la population une réponse claire et précise sur un
sujet donné. (21 heures)
Le député de Marguerite-Bougeoys prétend que ceci
peut affecter la crédibilité du référendum qu'il a
à l'esprit; au contraire, je crois que c'est de nature à
augmenter la crédibilité, cette crédibilité
à laquelle il attache tant d'importance. Je sais une chose, l'Opposition
demande au gouvernement et avec raison l'assurance, lorsque le
référendum sera tenu que son option soit clairement
définie. Dans une résolution qui a été
passée, dans une motion qui a été passée à
l'Assemblée nationale. qui a été acceptée à
l'unanimité, le gouvernement s'est engagé à définir
très clairement ses objectifs. C'est un engagement, ce n'est pas dans
une loi. qu'on me dit. mais c'est un engagement moral de première
importance. Quand le gouvernement, quand le Parti québécois, lors
de la dernière élection, s'est engagé à tenir un
référendum, ce n'était inscrit dans aucune loi, mais la
population, le Parti québécois, dis-je. savait à ce moment
qu'il s'engageait moralement envers la population à tenir un
référendum, et c'est cette promesse qu'il est en train de donner
carrément la preuve qu'il va respecter parce que le Parti
québécois, ou le gouvernement, sait très bien, autant que
l'Opposition, jusqu'à quel point les législations sont
importantes, jusqu'à quel point aussi puisqu'on parle
d'honnêteté les engagements moraux peuvent être
importants. Parce que la population a toujours à juger un gouvernement,
non seulement sur ses législations, mais elle a à le juger aussi
sur ses engagements moraux.
On en a pris un. et je réfère ici à la motion qui a
été votée à l'Assemblée nationale, et nous
le tiendrons. M. le Président. Nous avions pris, avant le 15 novembre
1976, l'engagement de tenir un référendum afin de consulter la
population: nous en tiendrons un référendum. M est clair dans mon
esprit, comme dans l'esprit de tous mes collègues, qu'il n'y a pas
cinquante manières de gagner un référendum. La seule
manière de gagner un référendum, c'est de s'expliquer
clairement auprès de la population, c'est de définir clairement
ce sur quoi on veut que la population se prononce. C'est d accepter, autrement
dit, de s'adresser à l'intelligence des Québécois. Et
cela, nous le savons que c'est la seule manière de gagner un
référendum et c'est cette manière que nous prendrons,
à savoir bien définir notre option. Je pense que le gouvernement
a le droit, lui aussi, d'exiger le temps nécessaire pour en arriver
à cette clarification à savoir décider quand, elle croit,
dans le plus profond respect des Québécois, devoir engager le
processus qui mène à la consultation populaire.
M. le Président, le gouvernement aussi s'est engagé
moralement à ce qu'un référendum soit tenu en respectant
l'égalité des chances. Vous êtes à même de
constater que, par le projet de loi-cadre, cette égalité des
chances, nous essayons de la réaliser par un autre principe de la loi
qui est le contrôle des dépenses sur lequel nous aurons à
travailler un peu plus tard.
M. le Président, l'Opposition sait très bien que quand
nous avons à définir une loi-cadre, accepter son amendement, ce
serait accepter daller à l'en- contre d'un des principes fondamentaux de
cette loi. Moi, je ne me vois pas autorisé à violer ou a aller
à l'encontre de la décision clairement exprimée par
l'Assemblée nationale lors du vote de deuxième lecture.
Je pense qu'il n'y a pas nécessité de revenir sur d'autres
points qui ont été explicités par mes collègues. Je
crois que le mieux à faire serait de passer au vote sur cet amendement.
Encore une fois, je le dis en terminant, l'option de n'importe quel
gouvernement, lors d'un référendum pas seulement le
gouvernement qui existe maintenant
devrait être de définir clairement ce sur quoi il
veut que la population se prononce. Je vous le dis très franchement. Je
sais en cela exprimer les convictions de mes collègues, à
l'Assemblée nationale, les convictions des membres de mon parti. Je sais
très bien que ce n'est pas en truquant les questions qu'on gagne un
référendum, qu'on obtient les vraies réponses auxquelles
ont droit les Québécois.
On en a connu des référendums truqués. Cela n'a
rien donné à ceux qui ont voulu les faire. Je pense, par exemple,
à la question truquée du référendum qui avait
été tenu concernant la conscription par le Parti libéral
ayant à sa tête, à ce moment-là, M. Mackenzie King.
Malgré le truquage de la question, les Québécois ont vu
clair et ont donné la réponse qu'ils voulaient donner et non pas
nécessairement celle que, par un piège, un truquage ou par une
astuce le gouvernement libéral en place avait voulu obtenir par fausse
représentation des Québécois.
Je pense qu'il faut faire confiance à l'intelligence des
Québécois. A partir du moment où on y va avec ce principe,
un gouvernement, ce que nous représentons à l'heure actuelle, est
capable de définir une question on l'a dit déjà
claire, précise, qui amène une réponse
précise, capable de définir aussi clairement son opinion.
Le Président (M. Clair): Pour éviter d'allonger le
débat, je ne relirai pas la motion. Est-ce que la motion du
député de Marguerite-Bourgeoys est adoptée?
M. Paquette: Rejeté, M. le Président.
Le Président (M. Clair): Appel nominal. Veuillez indiquer
si vous êtes pour ou contre l'adoption de la motion d'amendement. M.
Bédard (Chicoutimi)?
M. Bédard: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Godin (Mercier)?
M. Godin: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Charbonneau
(Verchères)?
M. Charbonneau: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Gravel (Limoilou)?
M. Gravel: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Lavoie (Laval)?
M. Lavoie: Pour.
Le Président (M. Clair): M. Grenier
(Mégantic-Compton)?
M. Grenier: Pour.
Le Président (M. Clair): M. Laberge (Jeanne-Mance)?
M. Laberge: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Lalonde
(Marguerite-Bourgeoys)?
M. Lalonde: Pour.
Le Président (M. Clair): M. Paquette (Rosemont)?
M. Paquette: Contre.
Le Président (M. Clair): M. Roy (Beauce-Sud)?
M. Grenier: Pour.
Le Président (M. Clair): Disqualifié.
M. Lavoie: C'est bien l'Union Nationale!
M. Paquette: Ce sont les télégraphes. La machine
à télégraphes.
M. Lalonde: Ça vient d'outre-tombe.
Le Président (M. Clair): M. Samson (Rouyn-Noranda).
M. Samson: Pour, M. le Président.
Le Président (M. Clair): Le résultat est le
suivant: Pour la motion: 4; contre: 6. La motion est rejetée.
M. Lavoie: II ne nous en manque pas beaucoup. Quelques-uns de
plus et on revient.
M. Bédard: C'est important le vote simple en
majorité simple.
M. Lalonde: C'est inversement proportionnel au vote
populaire.
Le Président (M. Clair): Nous reprenons donc
l'étude de l'article 6.
M. Lavoie: On est prêt à voter.
M. Bédard: M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le ministre.
M. Bédard:... à l'article 6, je voudrais
déposer, non pas un amendement, parce que cela fera partie
intégrante de l'article.
M. Lavoie: Ce serait un amendement.
M. Bédard: Selon ce qu'on nous a explicité sur la
procédure qui était suivie...
M. Lavoie: Un instant!... Vote de deuxième lecture, c'est
un amendement. Cela n'a pas été accepté en Chambre, voyons
donc! C'est un amendement du ministre, si amendement il y a.
M. Lalonde: Est-ce que je pourrais vous expliquer ceci? Vous le
savez, d'ailleurs. C'est que généralement, pour les fins
simplement de la délibération, on accepte les amendements comme
motions principales. Dans ce cas-ci, cela prendrait un consentement pour
l'accepter comme motion principale et nécessairement pour faciliter la
discussion. Dans ce cas-ci, par exemple, M. le Président, connaissant d
avance I amendement, nous aimerions qu'il soit traité comme un
amendement.
Le Président (M. Clair): Vous êtes bien conscient
des conséquences de ce que vous dites à l'égard...
M. Lalonde: Bien oui, cela veut dire qu'on ne peut pas
sous-amender...
M. Paquette: Sur la question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, dans à peu
près toutes les commissions parlementaires auxquelles j'ai
assisté lors de l'étude article par article d'un projet de loi en
deuxième lecture, les amendements déposés par le ministre
étaient inclus dans le projet de loi comme s'ils avaient fait partie du
projet de loi en deuxième lecture. Cela servait de base à la
discussion. A ma souvenance, jamais la présidence n'a demandé le
consentement unanime pour ce faire, dans le cas de la loi 101, dans le cas de
la loi de l'amiante, dans le cas de l'assurance automobile, je ne pense
pas.
M. Lavoie: Ecoutez, c'est un principe quand même. On ne
veut pas faire de procédurite, mais c'est tellement clair.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, quand on considère les
amendements qui sont déposés par le gouvernement comme faisant
partie intégrante de la loi, je pense qu'il faut quand même
nuancer. Lorsque le gouvernement au tout début nous a proposé sa
série d'amendements, il nous les a donnés à l'avance. Il
me semble que cela, sur le plan du consentement, parce que cela prend toujours
un consentement, autrement, c est un amendement. Mais sur le plan du
consentement, il n'y a pas de problème pour l'avoir. Mais il se trouve
que là, on est devant un amendement qui n'a pas été
déposé au début et qui vient attendez, laissez-moi
finir, vous allez comprendre mon point de vue après un autre
amendement et qui vient peut-être dans ce cas-ci comme dans un
autre cas qui pourrait venir plus tard une fois que des
députés ont épuisé leur droit de parole sur I
amendement principal; et c'est là que la nuance est importante, pour ne
pas priver des députés qui voudraient parler à
nouveau.
Cela ne veut pas dire que je veux parler à nouveau sur la motion
principale. Mais pour ne pas brimer des députés qui voudraient
parler sur cet amendement, je pense que lorsque le gouvernement nous
présente un amendement qui n'est pas parmi ceux déposés
à l'avance, cela devrait être considéré comme un
amendement au même titre que ceux qu'on fait, nous autres, afin de ne pas
brimer des droits de parole. Je pense que c est important comme nuance.
M. Paquette: M. le Président, à ce sujet, je
reconnais qu'il y a un fondement dans l'intervention du député de
Rouyn-Noranda dans le sens suivant, c'est qu on a déjà
commencé à discuter de I article 6. Il y a déjà eu
un amendement. Peut-être la situation est-elle différente et
j'aimerais que vous statuiez sur les autres amendements. Est-ce qu'il faudra,
chaque fois que le ministre voudra déposer un amendement, obtenir le
consentement unanime de la commission? A mon avis, non. Dans le cas de cet
article 6, possiblement, puisqu'on avait déjà commencé
à discuter de l'article 6 et qu il y a déjà eu même
un amendement à ce sujet et I amendement du ministre arrive par la
suite. C est peut-être différent.
Le Président (M. Clair): J'ai peut-être
manqué. Est-ce que j'ai, en cherchant dans mon règlement...
M. Paquette: Nous serions d accord dans le cas de l'article 6 en
tout cas, pour considérer que cet amendement du ministre ne fait pas
partie actuellement de l'article 6. Mais je voudrais savoir si votre
interprétation va dans le sens que c'est la même chose dans le cas
des autres?
M. Lavoie: Si un membre du côté ministériel
vous dit que c est considéré comme un amendement, je ne voudrais
pas vous forcer et faire perdre le temps de la commission. Mais de toute
façon, je veux établir que de notre côté, au point
de vue procédure, il est évident que tout changement au projet de
loi tel qu'il nous est arrivé de la Chambre, après la
deuxième lecture, que cela vienne de I Opposition ou du gouvernement,
à moins qu'il y ait un consentement dans des discussions amicales ou un
projet de loi qui ne soulève aucune difficulté, il s'agit
à ce moment de consentement unanime. Mais, autrement, c est
nécessairement un amendement. Je pourrais vous donner quatre ou cinq
principes entre autres où il est dit que les amendements du ministre
passent avant les amendements de l'Opposition. C est reconnu cela. Une autre
idée c'est que souvent, dans des articles il y a des principes dans le
projet de loi, c'est-à-dire qu'on ajouterait aux principes. Je
n'argumente pas plus longuement.
M. Bédard: M. le Président, je voudrais...
Le Président (M. Clair): Sur cette question de
règlement.
M. Bédard: Je voudrais présenter un...
Le Président (M. Clair): Juste pour clarifier la
situation, d'une part sans vous indiquer mon opinion personnelle comme
président et d'autre part sans rendre de décision, sans rendre de
directive, mais en considérant qu'il y a un consentement, à ce
moment-ci, pour considérer qu'il s'agirait d'une motion d'amendement, je
vous indiquerai qu'en vertu de l'article 3 du règlement, je dois
m'inspirer d'abord des lois, du règlement, des règlements
adoptés pour la durée d'une session, des ordres spéciaux
et des précédents établis à la suite de
l'interprétation des lois et du règlement, je ne rends pas de
directive, je veux simplement rappeler aux membres de la commission, pour
être certain qu'on ne s'engagera pas dans des discussions aujourd'hui sur
ce point que, le 11 août 1977, le vice-président de
l'Assemblée nationale, alors qu'il présidait la commission qui
étudiait, article par article, la loi 101, a rendu une directive qui se
lirait comme suit: "Lorsque le ministre qui présente un projet de loi
introduit des amendements, ils sont considérés ipso facto comme
faisant partie du projet de loi".
M. le député de Laval, je vous dis bien...
M. Lavoie: Je ne voudrais pas que ce précédent qui
est peut-être malheureux, parce que vous savez, les décisions des
présidents, comme tout président en rend des bonnes et des
mauvaises... mais je vous dis une chose que, si vous invoquez le
précédent qui est arrivé avant, le précédent
et la coutume ne priment pas sur le règlement écrit. Même
s'il y a eu dix décisions rendues sur la coutume, le règlement
écrit a priorité sur tout antécédent et
précédent.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Laval. M. Lavoie: Je ne peux pas accepter.
Le Président (M. Clair): ... je vous ai bien
indiqué que je ne rendais pas de directive. C'est peut-être dans
le but d'éviter d'engager le débat justement là-dessus que
je vous dis qu'il y a déjà eu une directive en ce sens. C'est
simplement au niveau factuel. Le problème ne se présente pas
puisque le député de Rosemont...
M. Bédard: M. le Président, si vous me
permettez.
Le Président (M. Clair): Oui.
M. Bédard: Sans préjuger d'une décision que
vous auriez à rendre ou sans préjuger d'une décision
déjà rendue, sur le projet dont on parle, je voudrais
présenter un amendement.
M. Lavoie: C'est dans l'ordre.
Le Président (M. Clair): Un amendement.
M. Bédard: Un amendement à l'article 6 qui se
lirait comme suit et qui aurait pour effet d'ajouter après l'article tel
que libellé le paragraphe suivant: "Le gouvernement doit publier, faire
distribuer un document utile à la compréhension des
électeurs relativement aux aspects financiers, techniques et politiques
de la gestion ou du projet de loi qui fait l'objet de la consultation populaire
".
M. Lavoie: Vous êtes mieux de solliciter quelque chose,
parce que le débat va reprendre. Je vous préviens. On n'acceptera
pas de l'information politique unilatérale de la part du gouvernement.
Trouvez le moyen de mettre fin à cela.
M. Bédard: Ne recommencez pas là. M. le
Président, ce n'est pas dans le but de mettre fin à quoi que ce
soit. Je dépose cet amendement, étant donné qu'il y a eu
des réserves exprimées de la part de l'Opposition officielle
nous avons eu l'occasion d'en discuter et étant
donné aussi le fait que cet amendement, tel que je l'avais
exprimé cet après-midi, est relié quant au droit à
l'information à un autre amendement que nous voulons apporter à
l'article 24a, amendement qui se lirait comme suit: "Le directeur
général des élections doit publier et distribuer sous la
responsabilité avec l'accord des comités nationaux une brochure
explicative sur chacune des options proposées soumise à la
consultation. Cette brochure assurera à chaque comité national un
espace égal". Fin de la citation.
Je vous demanderais, M. le Président, pour faciliter la
discussion en ce qui a trait à l'information du public, d'une
façon générale, à l'intérieur du projet de
loi, de suspendre l'étude de cet amendement pour que nous passions
à l'article 8 étant donné que nous aurons plus tard
l'occasion d'étudier cet amendement en relation avec l'autre amendement
que je vous ai cité à l'article 24a.
M. Samson: C'est une suspension de l'article 6.
M. Bédard: On suspendrait l'article 6. M. Grenier:
Après avoir, à l'article 8... Le Président (M.
Clair): Sur l'article 8.
M. Lavoie: Vous faites une motion de suspension de l'étude
de l'amendement que vous proposez à l'article 6...
M. Bédard: Puisqu'il y aura lieu de l'étudier... M.
Lavoie: ... et qu'on y revienne plus tard.
M. Bédard: ... plus tard en relation avec un autre
amendement que j'ai mentionné...
M. Lavoie: La campagne référendaire.
M. Bédard: C'est cela... que j'ai mentionné tout
à l'heure à l'article 24a.
M. Lavoie: Si vous faites une motion de sus-
pension de l'étude, nous acceptons cette suspension.
M. Bédard: D'accord. Alors, nous allons passer, M. le
Président, à l'article 8.
Le Président (M. Clair): Nous revenons donc à
l'article 8.
M. Grenier: M. le Président, à la suite...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mégantic-Compton, je vous indique que vous aviez déjà
exercé un droit de parole de deux minutes.
M. Grenier: M. le Président, bien brièvement encore
une fois, après avoir adopté l'article 1...
M. Lalonde: Toujours bien brièvement.
M. Grenier: C'est toujours en dedans de mon temps. Après
avoir adopté l'article 7 et après être intervenu hier soir
sur cet article 8, j'ai fait connaître à cette commission que
l'article qui comprenait un temps minimal d'étude de 30 heures, tel
qu'il était rédigé, me semblait incomplet et j'avais fait
allusion au fait et j'avais dit même clairement que je proposerais,
à l'article 8, un amendement afin de faire connaître que cet
article devait comporter également un temps maximal d'étude. Pour
les raisons qu'on connaît je pense bien que je n'ai pas à
les énumérer j'aurai à revenir sur cet article un
peu plus tard. Je voudrais immédiatement faire connaître l'objet
de cet amendement pour ensuite pouvoir y revenir avec votre permission.
Alors, l'article 8 que je propose est un nouvel article et je le
remplace par les mots suivants: "Lors du débat sur la proposition
prévue à l'article 7, tout député peut proposer une
motion cvamen-dement ou de sous-amendement, mais cette motion ne restreint pas
le droit des autres députés de présenter une telle motion,
ni de traiter à la fois de la motion principale et des motions
d'amendement ou de sous-amendement. Dès que le débat a
duré trente-cinq heures, le président de l'Assemblée
nationale ou le vice-président qui le remplace doit mettre
successivement aux voix, dans l'ordre qu'il détermine, la motion
principale et les motions secondaires qui s'y rattachent. " Fin de
l'amendement.
M. Lavoie: Si vous en aviez une copie.
M. Lalonde: C'est le même dactylo que vous autres.
M. Bédard: M. le Président...
Le Président (M. Laberge): Oui. M. le ministre.
M. Bédard: Je pense qu'il y aurait lieu d'expliquer ceci.
Hier, on sait qu'on a suspendu l'étude de l'article 8 alors que nous
nous interrogions tous sur les difficultés que pouvait présenter
un débat privilégié, un débat sur une motion
privilégiée. Chacun avait explicité certaines
idées, certaines réflexions concernant une limite maximale de
temps à imposer à un débat pour permettre une meilleure
répartition du temps.
On avait également parlé de préciser la
procédure à l'occasion d'une telle motion. J'ai dit a
l'Opposition, avant même la tenue de la commission, que j'avais eu
l'occasion de rencontrer le député de Mégantic-Compton et
d'échanger puisque c'est lui le premier qui avait
énoncé certaines réflexions concernant la
nécessité d'un maximum et de clarifier le genre de
débat qu'on devrait avoir à ce moment-la. Le député
de Rouyn-Noranda en avait discuté ainsi que le député de
Beauce-Sud et les autres députés de lOpposition. Ce qui explique,
M. le Président, le débat remontant au député de
Mégantic-Compton, la résolution présentée par ce
dernier.
Le Président (M. Laberge): Est-ce que quelqu'un veut
s'exprimer... Sur la recevabilité est-ce qu'il y a consensus?
M. Paquette: II n'y a aucun problème. M. le
Président.
Le Président (M. Laberge): M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, je n aurai que quelques
brèves remarques; si c'est nécessaire je reviendrai plus tard,
mais je ne crois pas que ce soit nécessaire d'avoir plus que quelques
brèves remarques. Je confirme que I article 8, j'en ai discuté
hier soir avec le ministre, j'ai fait certaines suggestions bien sûr et
j'ai demandé qu'on les étudie. L article qui nous est maintenant
proposé, le nouvel article 8, remplit à ma satisfaction les
demandes que je faisais pour qu'on l'étudie cet article. Il vient
bonifier grandement l'article 8 en permettant d'abord un peu plus de temps pour
le débat et en permettant et c est surtout là-dessus que
je veux insister de pouvoir présenter des amendements et des
sous-amendements tout en ne restreignant pas le droit de chaque parlementaire
de pouvoir s'exprimer sur le fond de la question à sa guise et pouvoir
faire connaître son opinion sur le fond de la question autant que sur les
amendements, bien sûr s'il le veut.
Cela devient donc un débat du genre de ceux que nous avons
occasionnellement par voie de consentement unanime, quand on discute de motions
d amendement et de motions principales en même temps. Ce genre
d'amendement constitue a mon sens un accommodement pratique pour le
débat qui aura lieu. Je suis donc, M. le Président, d accord avec
l'amendement proposé par mon collègue de
Mégantic-Compton.
Le Président (M. Laberge): La séance est suspendue
pour cinq minutes.
(Suspension de la séance a 21 h 28)
(Reprise de la séance à 21 h 38)
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît!
La commission reprend ses travaux. La motion d'amendement du
député de Mégantic-Compton sera-t-elle adoptée?
M. Lavoie: II faudra enlever "ou le vice-président qui le
remplace", c'est tout à fait superflu. La présidence n'est pas
divisible.
Le Président (M. Clair): ... personnes en Dieu.
M. Lavoie: Nous sommes contre le principe, nous allons voter
contre cet amendement. Parce que nous ne pouvons pas accepter une clôture
automatique. C'est la première fois que cela existe dans une loi. Soyez
assurés que nous allons nous exprimer contre cela. Nous ne pouvons pas
accepter cette clôture automatique. C'est un principe. Je me rappelle
bien les prouesses passées du député de Chicoutimi, alors
qu'il siégeait à gauche du président au lieu de
siéger à droite, et je sais fort bien qu'il n'aurait jamais
accepté une telle clôture, une telle guillotine automatique pour
un député de l'Opposition. Cela me surprend d'ailleurs un peu que
cette motion vienne d'un député de l'Opposition, parce qu'une
clôture automatique doit venir... Je parle! J'ai le droit de parler sur
le principe. Je suis vraiment surpris qu'une telle proposition puisse venir
d'un député de l'Opposition parce que, dans l'Opposition, dans
notre tradition parlementaire, on peut voter contre, on a le droit, et c'est un
devoir pour nous de voter contre une clôture ou un couperet automatique.
C'est notre droit sacré.
M. Bédard: ... je pourrai expliquer, peut-être, un
peu tantôt.
M. Lavoie: Maintenant, quelques remarques au point de vue de la
rédaction: "Lors du débat sur la proposition prévue
à l'article 7, tout député peut proposer une motion
d'amendement ou de sous-amendement. Mais, cette motion ne restreint pas le
droit des autres députés de présenter une telle motion, de
traiter à la fois de la motion principale et des motions d'amendement et
de sous-amendement. Dès que le débat a duré 35 heures, le
Président de l'Assemblée nationale doit mettre successivement aux
voix, dans l'ordre qu'il détermine, la motion principale et les motions
secondaires qui s'y rattachent". Je me demande au point de vue de la
rédaction s'il ne serait pas mieux de dire: Dans l'ordre qu'il
détermine, les motions secondaires...
M. Grenier: ... et la principale.
M. Lavoie: ... et la motion principale, parce qu'on vote toujours
à la fin sur la motion principale, on commence toujours par les motions
secondaires. C'est une suggestion que je ferais, peut-être, ici, cela
existe à quelques endroits dans notre règlement pour aplanir les
difficultés parfois. Là, vous donnez à la
présidence toute la respon- sabilité de l'ordre des motions.
C'est peut-être une idée que j'émettrais: Dans l'ordre
qu'il détermine après une conférence des leaders
parlementaires.
M. Bédard: C'est dans le règlement, tout
débat on a vérifié limité, il y
a...
M. Lavoie: Non, le règlement dit que le débat
limité est organisé par le président, mais il ne parle pas
des votes à l'article 10.
M. Bédard: Après une conférence entre les
leaders parlementaires...
M. Lavoie: "Après une conférence avec les leaders
parlementaires des partis reconnus, il organise les débats restreints
nonobstant les dispositions des articles 94 et 102". Il organise les
débats, mais cela ne prévoit pas l'ordre des votes.
M. Bédard: Cela va quand même être
prévu dans la loi que nous étudions.
M. Lavoie: Non, mais il peut se présenter, au point de vue
pratique, qu'il y ait, peut-être... il peut fort bien arriver trois
motions d'amendement, disons, une au nom du Parti libéral, une au nom du
Parti de l'Union Nationale et une au nom du Ralliement créditiste,
à la question principale. Il se peut qu'il y ait trois autres
sous-amendements, c'est-à-dire, un sous-amendement à chacune
d'elles, cela veut dire trois, cela ferait six, cela ferait sept votes. Je
pense qu'au point de vue logique, il doit commencer par le sous-amendement
je ne le sais pas c'est assez compliqué à organiser
le vote.
M. Bédard: II commence par les sous-amendements, les
amendements...
M. Samson: ... dans l'ordre de leur présentation.
M. Bédard: ... et la motion principale pour respecter,
justement, le déroulement que vous avez vous même mentionné
comme étant celui qu'on doit tenir sur les motions secondaires et la
motion principale. (21 h 45)
M. Lavoie: Dans l'ordre que le président détermine
de vous laisser à discrétion, le fardeau d'organiser
peut-être sept votes. C'est sûr qu'il y en a un qui est le dernier.
C'est la motion principale. Les six autres, il y a une certaine organisation
pour le vote.
M. Bédard: Pour ce qui est du président, sans
même qu'il en soit fait mention, voulant terminer par la motion
principale, il me semble qu'il commence nécessairement par les motions
de sous-amendement, les motions d'amendement et la motion principale. Je ne
vois pas comment il peut en arriver autrement sans vouloir compliquer la
situation.
M. Paquette: M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, c'est extrêmement
difficile à formuler. La première qui m'est venue à
l'idée, c'était de dire: Le Président met aux voix, dans
l'ordre inverse où elles ont été présentées,
les différentes motions, sauf qu'il peut très bien arriver qu'un
sous-amendement à l'amendement c), par exemple, soit
présenté avant un sous-amendement à l'amendement c), mais
sur l'amendement a). Alors, c'est très difficile à formuler. Il
vaut mieux laisser cela à la discrétion du président.
M. Lavoie: Peut-être après une conférence
avec les leaders parlementaires.
M. Paquette: Cela, il me semble que cela va de soi.
M. Lavoie: Cela ne va pas de soi.
M. Samson: Oui, cela pourrait être dans la loi.
M. Paquette: On pourra mettre cela dans la loi.
M. Lalonde: Cela pourrait être dans la loi.
M. Lavoie: C'est dans le règlement à cinq ou six
reprises.
M. Samson: Oui.
M. Lavoie: Pour aplanir des difficultés, lorsqu'il y a une
rencontre entre les leaders, souvent cela évite une heure ou deux heures
de perte de temps sur des questions de règlement à
l'Assemblée.
M. Bédard: Bien que le débat a duré 35
heures, le président de l'Assemblée nationale,
après...
M. Lavoie: Dans l'ordre.
M. Paquette: ... qu'il détermine après consultation
des leaders.
M. Lavoie: On dit: "Après une conférence des
leaders parlementaires des partis reconnus". L article 10c dit: "Après
une conférence avec les leaders parlementaires des partis..." Est-ce que
M. Samson tient à ce que ce soit...
M. Samson: Ecoutez. Je pense que par gentil-hommerie on m'a
toujours invité, M. Roy aussi. On n'en fera pas une question...
M. Lavoie: La phraséologie exacte du 10c dit:
"Après une conférence avec les leaders parlementaires des partis
reconnus".
M. Bédard: Est-ce qu'on dirait spécifique- ment:
Cet ordre est déterminé après une conférence.
M. Lalonde: Par exemple!
M. Lavoie: Non, c'est le président qui décide. Vous
laissez l'autorité au président, quand même.
M. Grenier: Les motions principales et les motions secondaires
ensuite. Cela va?
M. Samson: Si j'ai bien compris, M. le Président, c'est
que nous avions enlevé les mots "ou le vice-président qui le
remplace".
M. Bédard: Est-ce que cela irait comme cela? Dès
que le débat a duré 35 heures, le président de I
Assemblée nationale, après une conférence avec les leaders
parlementaires des partis reconnus, doit mettre successivement aux voix, dans
l'ordre qu'il détermine, les motions secondaires et la motion
principale.
M. Lavoie: On est contre, en tout cas. Je vous le garantis.
M. Grenier: M. le Président. Le Président (M.
Clair): Oui.
M. Grenier: De toute façon, si vous n avez pas d
objection, je pense qu'il faudrait s'entendre sur le texte et, ensuite, on
pourra bien être pour ou contre mais s'entendre sur le texte pour ne pas
arriver avec des amendements. Si cela va, ce texte cela ne me dérange
pas de le laisser modifier, s il est plus potable comme il est là.
Ensuite, on pourra prendre le débat sans en faire d'amendements.
Le Président (M. Clair): L'amendement se lirait comme
suit: "Lors du débat sur la proposition prévue à l'article
7, tout député peut proposer une motion d'amendement ou de
sous-amendement, mais cette motion..."
M. Bédard: "Lors du débat sur la proposition
prévue à l'article 7, un député peut proposer". Un
député?
Une Voix: Un, oui.
Le Président (M. Clair): Je reprends. "Lors du
débat sur la proposition prévue à l'article 7, un
député peut proposer une motion d'amendement ou de
sous-amendement, mais cette motion ne restreint pas le droit des autres
députés de présenter une telle motion ni... "
M. Lavoie: Au lieu de: "Des autres députés ", "d'un
autre député".
Une Voix: Peut-on m expliquer pourquoi? M. Godin: Ce que
cela laisse croire, c est que
la même motion peut revenir autant de fois qu'il y a de
députés, la façon dont je la lis, la façon dont
elle peut être interprétée.
M. Grenier: Non, pas une telle motion. S'il y avait une motion
qui ressemble à cela.
M. Bédard: C'est la même chose.
Le Président (M. Clair): Si c'est la même motion,
c'est automatiquement rejeté par le président.
M. Grenier: Je veux dire une autre motion d'amendement.
Une Voix: ... ou de sous-amendement. M. Godin:
D'accord.
Le Président (M. Clair): Lors du débat sur la
proposition prévue à l'article 7, un député peut
proposer une motion d'amendement ou de sous-amendement, mais cette motion ne
restreint pas le droit d'un autre député de présenter une
telle motion, ni de traiter à la fois de la motion principale et des
motions d'amendement ou de sous-amendement. Dès que le débat a
duré 35 heures, le président de l'Assemblée nationale,
après une conférence avec les leaders parlementaires des partis
reconnus, doit mettre successivement aux voix, dans l'ordre qu'il
détermine, les motions secondaires et la motion principale qui s'y
rattache.
M. Lavoie: Comment dites-vous cela?
Le Président (M. Clair): Et la motion principale.
M. Lavoie: Dans l'ordre qu'il détermine...
Le Président (M. Clair): ... qu'il détermine, les
motions secondaires et la motion principale.
M. Grenier: "... qui s'y rattache " avait son sens quand on
finissait avec les motions secondaires. Maintenant, cela n'a plus sa place.
Le Président (M. Clair): Plus fort, M. le
député de Mercier, pour le journal des Débats.
M. Godin: Est-ce que je peux poser une Question? Quand vous
dites, à la troisième ligne: "Mais cette motion ne restreint pas
le droit d'un autre député ... Est-ce que vous pariez de la
motion que nous avons sous les yeux?
M. Grenier: Non, je vous vois depuis tout à l'heure vous
inquiéter. Un député peut proposer une motion d'amendement
ou de sous-amendement, mais cette motion proposée n'empêche pas
d'autres députés d'en présenter une semblable. C'est ce
qu'on veut dire.
M. Paquette: Motion de même type?
M. Grenier: C'est cela.
M. Paquette: Que ce soit un amendement ou un sous-amendement?
M. Grenier: Un amendement ou un sous-amendement.
M. Lalonde: M. le Président, le député de
Mercier n'était peut-être pas ici hier soir quand on a
soulevé les problèmes que le libellé actuel
soulève, à savoir qu'étant donné que c'est une
motion de fond qui serait proposée par l'article 7, immédiatement
après le discours du premier ministre, un opinant pourrait proposer une
motion d'amendement qui restreindrait le corridor des
délibérations. Là il pourrait y avoir 20 heures de
passées sur la motion d'amendement, au bout desquelles une autre motion
de sous-amendement pourrait être proposée, avec une dizaine
d'heures là-dessus, de sorte que le député qui n'aurait
pas l'occasion de parler sur la motion principale... Et c'était notre
objection au libellé actuel hier soir et c'est pour cela que le
député de Mégantic-Compton propose cet amendement.
M. Grenier: Merci de vos explications.
Le Président (M. Clair): Messieurs, j'appelle le vote sur
cette motion d'amendement.
M. Lalonde: J'aimerais quand même m'inscri-re contre cette
motion parce que lorsqu'on l'aura votée, elle fera disparaître,
naturellement, l'article actuel et ce sera l'article adopté. Je suis
surpris, quant à moi... Tout en remerciant le député de
Mégantic-Compton d'avoir fait l'effort de clarifier le libellé et
de sauvegarder ainsi le droit des députés de parler sur la motion
principale. Je suis surpris que ce soit un député de l'Opposition
qui propose par sa motion d'amendement...
M. Bédard: ... Je l'ai expliqué tout à
l'heure...
M. Grenier: Je voudrais bien rectifier au début, si vous
me permettez, M. le Président. Je pense qu'on peut dire que c'est rare
qu'un député de l'Opposition fait cela, mais je pense que cela ne
surprend pas ceux qui ont suivi la loi 101, que j'arrive avec une telle motion.
Ceux qui ont suivi les débats de la loi 101, M. Ciaccia était
là, M. Lalonde a été là une partie de
l'été... Je pense que vous avez vu que je n'étais pas la
personne qui filait pour faire étirer les débats uniquement pour
les faire étirer. Alors, c'est dans cet esprit que cette motion est
apportée ici. Je la défendrai et j'en défendrai d'autres
aussi plus loin qui auront cet esprit.
M. Lalonde: M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: ... cela ne me convainc pas. Je pense que le principe
d'inscrire dans une loi une
guillotine est une idée tout à fait exceptionnelle qu'on
ne peut pas accepter, enfin, comme membre de l'Opposition officielle et
même comme député. Je sais que cette loi va survivre au
gouvernement actuel et j'ai de bonnes raisons de croire que le prochain
gouvernement qui va devoir vivre avec cette loi, cela sera le Parti
libéral, mais quand même, même comme membre du Parti
libéral, membre d'un gouvernement, j'aurais des hésitations, non
pas des hésitations, j'aurais honte d'inscrire dans une loi, une
guillotine.
M. le Président, que ce parti actuel le fasse... Le
député de Mégantic-Compton va quand même comprendre
que dans son effort de rafistoler un article qui ne tenait pas debout, il a
conservé le principe de la guillotine, parce qu'il était
déjà là et il vient de dire qu'il était d'accord de
toute façon. Mais je pense qu'on s'attend qu'un Parti
québécois, qui démontre ainsi son peu de souci pour la
liberté des parlementaires, construise ainsi, à grands coups de
marteau, une guillotine dans la loi. Cela va être la première fois
sur une question de fond autre que pour les débats limités
comme le discours inaugural qu'on ne peut pas amender et qui n'engage personne
de toute façon, autre que le discours sur le budget, autre que les
motions de députés qui engagent le gouvernement, de toute
façon, en aucune manière qu'on va commencer un
débat à l'ombre de la guillotine; au départ, il va y avoir
le couperet qui va descendre tranquillement, à mesure qu'on va parler.
Ce n'est pas de nature à améliorer la qualité des
débats et c'est la première fois que cela arrive, à ma
connaissance, dans notre tradition parlementaire.
Je pense qu'on doit s'opposer carrément à cette attitude
du gouvernement qui est reprise par la motion d'amendement. Quant à
nous, étant donné qu'il s'agit d'une décision du
gouvernement, à laquelle il a accroché son sort, il est inutile
pour simplement perdre le temps de tenter de la faire enlever. On sait
très bien qu'un amendement de notre part qui voudrait faire enlever
cette guillotine serait défait et n'aurait aucune chance d'être
accepté. Alors, nous n'allons pas faire autre chose que simplement nous
exprimer très vigoureusement contre cet amendement, donc contre
l'article même, une fois que l'amendement sera adopté, à
moins que quelques députés ministériels reprennent leur
conscience en main et s'opposent à cette manoeuvre
antiparlementaire.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rosemont.
M. Paquette: M. le Président, très
brièvement, j'aimerais simplement dire au député de
Marguerite-Bourgeoys, d'une part, que le projet de loi fédéral
sur les référendums...
M. Lalonde: II n'est pas bon.
M. Paquette: Non, mais simplement pour préciser les
choses, il prévoit à l'article 5 qu'une motion semblable à
ce dont nous discutons, sera débattue pendant un maximum de 40 heures;
à l'issue du débat ou à l'expiration de la
quarantième heure, l'orateur de la Chambre des communes doit
immédiatement soumettre au vote toute question nécessaire pour
liquider la motion. Bien sûr, le député peut
prétendre que cet amendement n'est pas plus justifiable dans la loi
fédérale.
J'aimerais simplement mettre en évidence le fait qu'il est
peut-être encore moins justifiable dans la loi fédérale
quand on pense, comme le disait mon collègue de Châteauguay,
à une séance précédente, qu'il y a à Ottawa
265 députés à prendre la parole. Dans notre cas, si on a
un maximum de 35 heures de débat comme le propose le
député de Mégantic-Compton, et que le débat se fait
concurremment sur la proposition principale, les amendements et les
sous-amendements, en calculant rapidement vous allez voir que, puisque notre
règlement limite de toute façon les députés
à 20 minutes, nous...
M. Ciaccia: Sur chaque motion.
M. Paquette: Bien sûr, sur chaque motion, je le sais, il
limite chaque député à 20 minutes, cela veut dire qu'avec
35 heures, 105 députés pourront parler 20 minutes. Je
concède à l'Opposition que notre règlement,
habituellement, permet une intervention de 20 minutes, non seulement sur la
motion principale, mais également sur chaque amendement et
sous-amendement. Je pense qu'avec 20 minutes par député pour
parler sur la motion principale et les amendements, nous respectons quand
même le droit des parlementaires. Ce n'est pas une guillotine
outrancière et elle évite le danger toujours possible pour un
parti de retarder indéfiniment la clôture du débat et donc
de retarder indéfiniment la tenue d'un référendum alors
qu'on peut être à la veille de l'été ou d'une
période qui n'est pas propice à la meilleure consultation
populaire possible. (22 heures)
Je pense qu'il faut un débat limité. Je pense que la
limite n'est pas excessive, qu'elle est moins grande que dans le
référendum fédéral et qu elle permet à
chaque député de s'exprimer environ 20 minutes; ce qui est tout
à fait acceptable et ce qui donnera le temps à chacun de
s'exprimer et de donner tous les arguments qu'il a à donner sur la
motion.
M. Ciaccia: M. le Président...
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mont-Royal.
M. Ciaccia: ... je voudrais poser une question au ministre. De la
façon que la motion est présentement rédigée, cela
veut dire qu'un député aura le droit de parole seulement une fois
même s'il pouvait y avoir une...
M. Lalonde: Deux amendements...
M. Ciaccia: N'importe quel nombre d amendements. S'il a
déjà parlé une fois, il ne peut pas parler une
deuxième fois. Est-ce que c'est cela?
M. Bédard: Je pense que ce qui est très clair,
comme dans tout débat limité il y en a des débats
limités sur certaines motions où il y a une conférence des
leaders préalablement et qui détermine, en fait, le temps qui est
attribué à chacun des partis pour que chacun d'eux puisse
l'employer. A l'intérieur de ce temps-là, je pense que cela
n'empêche pas un député de pouvoir parler à une ou
deux reprises.
M. Ciaccia: ...
M. Bédard: Je pense que...
M. Lavoie: Une interprétation du président qui va
être différente de la vôtre.
M. Bédard: Oui, elle peut être différente,
mais, en fait, le principe, c'est qu'il y a une conférence des leaders
qui, eux, partagent le temps et chaque parti en fait l'utilisation le temps
qu'il juge à propos.
M. Ciaccia: II semble y avoir une ambiguïté sur ce
point-là et vous prétendez qu'un député devrait
avoir le droit de parole, d'intervenir plus d'une fois, même dans le
cadre du temps limité. Enfin, je suis contre. Il y aurait lieu de
changer le libellé de la motion.
M. Bédard: Que la décision du président soit
en ce sens qu'un député peut parler une fois ou deux fois, peu
importe. Si le parti, que ce soit le parti gouvernemental ou les partis de
l'Opposition, veut faire porter une intervention sur un point en particulier,
je pense que c'est à ce parti-là à en discuter, à
agencer, en fait, l'ordre d'intervention ou encore le contenu de l'intervention
de ses députés.
M. Lavoie: M. le ministre de la Justice, c'est contre le
règlement et pour que ce que vous dites actuellement se
réalise...
M. Bédard: Je l'ai...
M. Lavoie: ... c'est soumis à un consentement parce
que...
M. Bédard: Je ne l'affirme pas.
M. Lavoie: Mais je vous le dis. On connaît les
règles normales de débat. Prenons le chef du Parti libéral
qui fait, à la suite de la proposition principale, une motion
d'amendement. Il a parlé une fois. Si le chef de l'Union Nationale, par
la suite fait une autre motion d'amendement, cela veut dire que le chef du
Parti libéral ne pourra pas revenir pour parler de l'amendement
proposé par le chef de l'Union Nationale.
M. Ciaccia: Même le premier ministre ne pourra pas revenir
et parler sur certaines des motions qui seront faites.
M. Bédard: Nous prenons les règles...
M. Lavoie: C'est très technique.
M. Bédard: Nous prenons les règles d'un
débat limité. Il faut bien penser que cette loi... et c'est ce
qui nous incite, en fait, à être d'accord avec la motion
présentée. C'est un débat qui se déroule à
l'Assemblée nationale sur une motion privilégiée et,
à la fin de ce débat, on n'a pas à décider de la
question; ce n'est pas nous qui avons à décider d'un oui, ou d'un
non, ou d'une réponse à la question, à la question qui
peut être posée. C'est dans le but d'aller à la population
et de préalablement permettre un débat.
M. Grenier: M. le Président, si vous me le permettez.
L'exemple qu'on a d'une commission, c'est un peu comme cela. Il y en a qui ont
de l'expérience, et ce n'est pas mon fort de venir parler de l'enveloppe
parce que cela a un aspect peut-être trop légal pour cela, trop
près du travail des avocats, mais le travail qu'on fait dans une
commission comme celle-ci, dans une enveloppe globale de temps qu'on accorde
à chaque député c'est dans cet esprit que je l'ai
compris chaque député pourrait revenir, on peut revenir
à deux ou trois ou quatre reprises. Ce n'est peut-être pas...
M. Ciaccia: C'est cela votre intention?
M. Grenier: ... c est la commission par l'Assemblée
nationale.
M. Ciaccia: Si c'est cela l'intention, je suggère que vous
changiez le libellé de votre motion, parce que ce n'est pas cela du tout
que la motion prévoit.
M. Charbonneau: Etes-vous d'accord pour qu'on limite à 35
heures?
M. Ciaccia: Non, je ne suis pas d'accord, mais cela c'est un
autre problème. On reviendra à ce problème. On a le
premier problème à l'effet qu'on ne peut pas intervenir plus
d'une fois, réglons ce problème. Si tout le monde semble
être d'accord et qu'on ne veut pas limiter un député
à seulement une intervention dans l'enveloppe qui sera accordée,
un député aura le droit de parole plus d'une fois parce qu'il
peut y avoir d'autres motions; je suggère que vous changiez le
libellé de cette motion que nous avons devant nous.
M. Bédard: Peut-être, en réfléchissant
tout haut, en référence, par exemple, au discours inaugural qui
constitue un débat tellement privilégié que nous n'avons
pas voulu l'affecter, vous le savez, ou l'interrompre par une motion
privilégiée, présentée en vertu de l'article 6 ou
encore d'un projet de loi à l'intérieur duquel le débat
privilégié sur le discours inaugural permet à chaque
député de parler une fois, je pense qu'il faut à un moment
donné s'astreindre à des règles à partir du moment
où nous sommes dans un débat limité qui a une importance
qui peut se comparer, je pense, avec le discours inaugural si ces règles
sont suivies.
M. Grenier: M. le Président, si vous me permettez une
question sur...
Le Président (M. Clair): Messieurs...
M. Grenier: ... si l'on dit qu'il n'a droit de parole qu'une fois
remarquez bien que le contenu de mon amendement, le but de la motion que
j'apportais ici, c'était principalement de limiter le débat
à 35 heures, l'autre partie, à savoir qu'un député
revienne à deux reprises pendant cela, je ne sais pas, en donnant une
formation politique sur un sujet aussi important que cela, c'est de toute
évidence que chaque député va vouloir se prononcer puis je
me demande, quand on aura une moyenne de, je ne sais pas, quinze à vingt
minutes par député, quand les chefs auront parlé le temps
qu'il restera, je pense bien qu'on pourra difficilement permettre à un
député de revenir à deux reprises, cinq minutes chaque
fois, qu'est-ce qu'il va dire dans cinq minutes chaque fois? Je ne sais pas si
on ne se bat pas pour des chiures de mouches?
M. Lalonde: Là je ne comprends plus rien. Tantôt, le
député de Compton disait que ce n'était pas comme cela
qu'il l'avais compris, qu'il pensait que le député pouvait
revenir à l'intérieur de vingt minutes, il a bien changé
d'idée. Mais je voudrais savoir...
M. Grenier: Non, non, non, non, le député de
Marguerite-Bourgeoys...
M. Bédard: Ne compliquons pas la situation!
M. Grenier: ... a une façon à lui de tricoter une
phrase pour nous faire dire le contraire de ce qu'on a dit ou de ce qu'on
pense, je n'ai jamais vu cela.
M. Laionde: Bien, j'ai compris tantôt...
M. Grenier: II faut être avocat pour parler comme cela.
M. Lalonde: II a dit tantôt: Je pensais qu'un
député pouvait revenir plus d'une fois dans ses vingt minutes, il
l'a dit.
Le Président (M. Clair): Messieurs, puis-je avoir votre
collaboration s'il vous plaît! Messieurs, je veux bien être le
moins formaliste possible, sauf qu'actuellement j'ai l'impression que le
débat s'engage entre des membres de cette commission et qu'on ne
procède plus conformément aux règlements. De deux choses
l'une: ou bien un intervenant, un membre de la commission demande d'intervenir
sur la motion d'amendement et quelqu'un demande si on pourrait lui poser une
question ou quoi que ce soit, mais en tout cas il faudrait que cela se fasse
dans les formes, alors je pense...
M. Lavoie: Je voudrais faire une proposition.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Laval.
M. Lavoie: Je verrais, moi, même avec toutes les
réserves contre la guillotine automatique et même si je participe
à cela pour trouver une solution sur la rédaction, tout en
réservant notre opposition totale à la guillotine...
M. Bédard: Ce n'est pas une loi comme une autre, on s'en
va vers une consultation populaire, il faut se décider à y
aller.
M. Lavoie: C'est très technique la rédaction, je
pense qu'il faudrait prévoir l'organisation du débat, je pense
que la rédaction devrait être un peu plus élaborée,
même si celle-ci, en général, est assez bien faite, je ne
veux pas critiquer personne, mais c'est tellement technique qu'il faudrait
l'élaborer davantage. Il faudrait peut-être prévoir que,
même s'il y a un peu de redondance avec l'article 10.6, que le
débat serait organisé par le président, après une
conférence des leaders. Il faudrait prévoir qu'il y ait une
enveloppe pour chacun des partis, comme cela se fait, mettre...
M. Bédard: C'est ce qui se fait.
M. Lavoie: Laissez-moi continuer, un instant! Il faudrait
prévoir une chose qui est extraordinaire, qui est en dehors de nos
règles normales de droit de parole ou de procédure; il faudrait
prévoir qu'un député, dans l'enveloppe
réservée à son parti, ait le droit d'intervenir plus d'une
fois. C'est une exception à notre règlement, mais je pense qu'il
faudrait la prévoir pour un débat comme cela. Parce qu'au sein
des partis, il y a toujours des ténors ou des intervenants
privilégiés. Autant le premier ministre, autant le chef de
l'Opposition officielle, le chef de l'Union Nationale ou le chef du Ralliement
créditiste, si on laisse l'article tel quel, ils n'auront le droit
d'intervenir qu'une fois dans le débat. Il faudrait prévoir dans
une enveloppe réservée à un parti, qu'à
l'intérieur des 35 heures, le chef du gouvernement, les chefs des partis
reconnus aient le droit, dans leur enveloppe, d'intervenir plus d'une fois. Il
y aurait lieu, peut-être, pour le chef du Parti libéral, de
l'Opposition officielle, d'intervenir sur la motion d'amendement
proposée par M. Biron, d'intervenir possiblement sur la motion
d'amendement proposée par le député de Rouyn-Noranda et
possiblement d'intervenir sur une motion d'amendement proposée par un
membre du gouvernement à la motion principale du premier ministre.
Ce que je vous proposerais, avec les éléments que je vous
donne, ce serait de suspendre l'article jusqu'à lundi pour avoir une
rédaction peut-être plus redondante mais plus claire, pour
prévoir tout cela. Si vous le laissez tel quel, cela peut créer
des fouillis de procédure. Le président n'est pas lié par
nos discussions, n'est pas lié par vos engagements, et le
président, s'il suit le règlement à la lettre, va dire que
chaque intervenant n'a le droit d'intervenir qu'une fois. Ce que vous voulez et
que nous ne voulons pas, c'est une Imite de temps
globale, et je vous suggère une enveloppe par parti.
Je vais vous donner juste un autre exemple pour lequel ce n'est pas
acceptable tel quel. J'ai fait des calculs. Dans tous les débats
limités, soit des motions de censure, d'autres débats d'urgence
ou quoi que ce soit, en général je suis bien d'accord, dans des
débats comme cela, pour que le gouvernement partage le même temps
que l'ensemble des oppositions, grosso modo. Mais j'ai calculé les 35
heures. Si chaque député de l'Opposition n'a le droit
d'intervenir qu'une fois sur 35 heures, il y aurait uniquement 14 heures
employées par l'Opposition. Si tous les députés
d'opposition ne parlaient que 20 minutes, s'ils n'avaient le droit de parler
qu'une fois, une heure pour les chefs de parti, cela donnerait un total de 14
heures à l'Opposition et cela donnerait 21 heures au gouvernement, alors
que selon notre tradition, dans tous les débats de censure et tout,
grosso modo, c'était à peu près égal pour
l'Opposition et le gouvernement. C'est pour cela que je pense qu'on ne peut pas
accepter cela ce soir.
M. Ciaccia: C'est une question technique.
M. Lavoie: C'est une question technique de rédaction, en
réservant notre droit d'intervenir sur la guillotine automatique.
M. Charbonneau: C'est le danger inverse par exemple. C'est
qu'à partir...
M. Samson: M. le Président, j'avais demandé la
parole.
M. Charbonneau: Ce n'est pas une question, mais il y a le danger
inverse pour certains qui sont tellement à cheval sur les droits des
parlementaires, qu'il pourrait y avoir...
M. Lavoie: Je serai toujours à cheval sur les droits des
parlementaires.
M. Charbonneau: Je n'ai rien contre cela! Une minute!
M. Bédard: Ayons donc une discussion normale, nous ne
sommes pas obligés...
M. Ciaccia: C'est parce qu'il est tard et que nous sommes
vendredi soir, aussi.
M. Charbonneau: Ce n'est pas mon problème s'il n'est pas
capable de se calmer le vendredi!
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs!
M. Lavoie: Jusqu'à présent on a travaillé 80
heures, cette semaine.
M. Bédard: On est obligé de travailler... Remarquez
que je les ai aussi.
M. Charbonneau: Nous aussi on les a dans le corps, autant que
vous!
M. Lalonde: Cela paraît!
M. Bédard: Vous aussi, cela paraît!
M. Charbonneau: Ce que je voulais dire c'est que j'ai
l'impression que le risque inverse serait qu'il y ait des députés
qui risquent de ne pas pouvoir parler parce que certains députés
auraient tellement la latitude de parler plusieurs fois que... Ils sont tous
égaux.
M. Lavoie: Je vais répondre à cela. C'est le
problème de votre caucus, comme c'est le problème de notre caucus
ou du caucus de l'Union Nationale. S'il y a une enveloppe, à
l'intérieur des 35 heures, de 17 heures données au parti
ministériel, ce n'est pas nous qui allons dire que tel
député du côté ministériel... C'est le caucus
gouvernemental qui va partager son temps à l'intérieur des 17
heures. Et si nous avons, par exemple, 10 heures, nous allons nous arranger,
dans le caucus libéral, pour partager nos 10 heures. C'est comme cela
que cela marche et cela a toujours marché comme cela.
M. Bédard: Le leader de l'Opposition a mentionné
tout à l'heure certaines réserves. Maintenant, je pense bien
qu'il doit y avoir une attitude, non seulement une attitude, mais c'est le
président qui décide, qui tranche la question.
M. Lavoie: ... qui tranche. Sur l'enveloppe. (22 h 15)
M. Bédard: C'est évident que le Président
est le gardien des droits de l'ensemble des parlementaires...
M. Lavoie: Je fais confiance au Président.
M. Bédard: ... et à l'intérieur des
enveloppes, je pense bien qu'il ne serait pas acceptable, pas plus pour nous,
du côté ministériel, que du côté de
l'Opposition, que tout le temps de l'enveloppe soit consacré, soit
accordé; tout simplement, du côté ministériel au
premier ministre, ou du côté de l'Opposition au chef de
l'Opposition. Je comprends qu'il puisse y avoir des latitudes, mais il va
falloir...
M. Lavoie: Les éléments que je vous ai
proposés, qu'il faudrait couvrir dans la rédaction, c'est de
répéter que le débat est organisé, en ce sens que
les enveloppes sont partagées, décidées par le
président, mais après une consultation des leaders,
premièrement. Il faudrait prévoir l'autre élément,
cet élément d'enveloppe attribué à chaque groupe
parlementaire et prévoir un troisième élément de
plus qu'un droit de parole par député. Cela est une chance
égale pour tout le monde.
M. Charbonneau: Votre deuxième élément,
c'est quoi?
M. Lavoie: L'enveloppe tranchée par le président,
accordée à chacun des groupes parlementaires. C'est ce qui se
fait toujours dans les débats restreints.
M. Bédard: Même si on prévoit plus qu'un
droit de parole pour un député, il faut prévoir,
quand même, une limite de temps pour un député, qu'il soit
ministériel ou qu'il soit du côté de l'Opposition.
M. Lavoie: Ce sont toutes des choses... parce que le droit de
parole qui est accordé normalement une heure au premier ministre ou au
parrain de la motion et vingt minutes au député et sur des
motions secondaires, il faudrait, peut-être, prévoir que le temps
est réduit de moitié. Il n'a rien de prévu dans votre
rédaction surtout si vous donnez deux droits de parole aux
députés. C'est très complexe.
M. Grenier: Une question qui est technique pour le leader de
l'Opposition; vous allez certainement me répondre. Quand le droit de
parole est donné à un député à vingt minutes
chacun, est-ce que c'est dans une loi, ou si c'est une
décision...
M. Lavoie: C'est dans le règlement. M. Bédard:
Le règlement.
Le Président (M. Clair): Le député de
Rouyn-Noranda.
M. Bédard: On peut réserver d'ici à
lundi.
M. Samson: Je n'ai pas d'objection parce que je veux aborder un
autre point de vue.
M. Grenier: Pour bien se situer...
M. Samson: On recherche, tout le monde, la meilleure solution. Ce
n'est pas un affrontement qu'on a là.
M. Bédard: Non.
M. Samson: Pour bien se situer, il faut d'abord s'accrocher
à l'article 94 de notre règlement qui fait que les motions de
fond donnent aux chefs de partis reconnus une heure de temps, donnent aux
députés vingt minutes de temps et que, sur amendement de ces
motions principales, ce temps est coupé en deux et pour les chefs de
partis et pour les députés. Donc, cela devient trente minutes et
dix minutes. C'est tel que l'article 94 le dit, à moins que je me
trompe, mais je pense qu'on le connaît par coeur depuis quelques
années. Si c'était un débat de style ordinaire, non
limité, il pourrait y avoir... on le laisse aller tel que l'article 94
le prévoit mais, comme c'est un débat que le gouvernement
prévoit limiter, là on a mis 35 heures dans cette motion. Je n'ai
pas fait de chicanes pour les 35 heures. Si on me demandait qu'est-ce que tu
préfères, bien sûr, je dirais: laissez nous aller aussi
longtemps qu'un député veut parler, mais comme le gouvernement a
décidé que cela devra être un débat limité,
qui est à négocier s'il y en a qui pensent que c'est assez ou pas
assez, ou moins; en tout cas, je ne parle pas du temps pour le moment.
Il nous faut pour bien compendre tout ce problème, il nous faut
savoir que des débats limités, prévus à notre
règlement, il y en a actuellement. Il y en a dans l'actuel
règlement, qui ont été votés à
l'unanimité. J'en dénote, au moins cinq sortes de débats
limités: le discours inaugural qui est limité à 25 heures,
les motions de censure qui sont limités à...
M. Bédard: Ce n'est pas rare les débats
limités, c'est dans notre règlement...
M. Samson: ... Oui, il y en a cinq, qu'on reconnaît. Les
motions de censure, par exemple, sont limitées jusqu'à un quart
d'heure avant l'ajournement du jour. Le budget c'est 25 heures, les motions
d'urgence finissent à 18 heures. Les motions des députés,
les mercredis... Il y a cinq sortes de débats limités qu'on peut
retrouver facilement dans le règlement. Si le gouvernement décide
que cela devient une sixième sorte de débat limité, je
pense qu'il nous faut nous raccrocher, à ce moment, pour tenter de
trouver la meilleure formule possible, au débat limité qui est
constitué par l'article 24, c'est-à-dire les motions de censure,
ou au débat d'urgence raccroché à l'article 98, où
il y a toujours une conférence des leaders et une répartition du
temps par le président. Cela permet, dans la forme de parlementarisme
que nous avons depuis le nouveau code, au moins à toutes les formations
de faire connaître leur point de vue. A ceci s'accroche un
élément nouveau, soit celui que nous ayons des amendements, et
que, d'une part je pense que le ministre de la Justice aurait avantage
à écouter ce que je vais lui dire nous voulons permettre
M. le Président, je ne peux pas penser qu'un ministre puisse
écouter et faire autre chose en même temps, j'aime mieux ne pas
courir de risque qu'un député puisse parler sur la motion
principale ou sur un amendement mais, dans son même discours. Nous
voulons le permettre, au cas où cela peut être utile à un
député. En pratique, il pourrait arriver que le premier orateur
nous arrive avec un amendement et qu'il nous bloque avec 20 heures ou 25 heures
de débats sur cela et que personne ne puisse parler sur la motion
principale, ce que nous ne voulons pas.
Cela, c est une facette. L'autre facette, c'est qu'à chaque
amendement qui va être proposé, il faut trouver le moyen de
permettre aux représentants, au moins à un représentant,
sinon plus, au moins à un de chaque parti, de pouvoir revenir pour au
moins faire connaître la position de son parti sur l'amendement. Cela
pourrait peut-être s'arranger en conciliant la limite du débat, en
conciliant ce que nous retrouvons dans notre amendement actuel, à savoir
qu'on peut parler sur deux choses en même temps sans que cela ne vienne
briser la pertinence et à savoir que l'enveloppe que le président
pourrait consacrer pourrait être utilisée par un
député, pourrait permettre à un député de
revenir plus d'une fois, à la condition qu'il demeure à
l'intérieur de son enveloppe. Or, l'enveloppe pourrait être
partielle. Supposons que
le débat est de 35 heures, l'enveloppe pourrait être
partielle, cinq heures d'enveloppe partielle dévolues au chef d'un parti
ou à son représentant, ce qui lui permet de revenir plus d'une
fois, six heures ou dix heures. Je ne sais pas trop. Je ne lance pas de
chiffres. Il faut étudier la situation. Au lieu d'être une
répartition globale, il pourrait y avoir deux formes. Il pourrait y
avoir ce débat global avec le temps qui sera connu comme limite, et une
partie minimale de ce débat global qui serait dévolue aux chefs
de partis ou à leurs représentants sous forme d'enveloppe
décidée par le président et permettant à
l'intervenant de parler plus d'une fois.
Je pense qu'on peut concilier tout cela et en formuler une motion qui,
je pense, répondrait aux désirs de tout le monde.
M. Lalonde: M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: Je sais qu'on a d'autres problèmes qu'on n'a
pas encore réglés au point de vue de la technique. Ce que
j'aimerais dire tout simplement, au cas où on arrive à une
conclusion et qu'on doive suspendre pour essayer de refignoler cela, c'est
qu'on tente de concilier deux concepts qui, à mon sens, ne sont pas
conciliables, le concept d'un débat limité et, d'autre part, d'un
débat sur une motion de fond, c'est-à-dire qui amène une
décision.
Si on prend le discours inaugural, dans les débats
limités, il n'y a pas de décision. C'est un discours inaugural.
On peut dire que le gouvernement n'est pas bon, ou ceci et cela, mais on ne
peut pas amender le discours inaugural. Une motion de censure, ce n'est pas
décisionnel.
M. Lavoie: On n'a même pas le droit de l'amender, en vertu
du règlement.
M. Lalonde: On n'a pas le droit de l'amender, en vertu du
règlement. Cela ne lie pas le gouvernement, généralement.
Au point de vue du budget, on ne peut pas l'amender non plus sur le budget. Les
motions d'urgence? Cela ne lie pas le gouvernement non plus. Ce n'est pas
décisionnel. Les motions du mercredi, on peut les amender mais,
là non plus, le gouvernement n'est pas lié. Ce n'est pas
décisionnel. Or, la question en vertu de l'article 6a et l'article 7,
c'est une décision. C'est comme une loi à un article. Dans une
loi, l'article c'est la question et on peut l'amender et le gouvernement va
être lié par la décision de l'Assemblée nationale si
la proposition du premier ministre est amendée. Donc, il faudrait se
transposer ou tenter d'injecter dans le débat les mêmes
mécanismes qui sont prévus lors d'une commission parlementaire ou
une commission plénière où les députés ont
le droit de parler plusieurs fois pour l'amender, le sous-amender, discuter de
l'amendement, en disposer et faire avancer le débat
là-dessus.
Mais je pense que dans un débat limité, c'est difficile de
prévoir d'avance. C'est difficile à pré- voir parce que
c'est le principe de la guillotine dans lequel le gouvernement s'est
enferré en faisant ce projet de loi. Quant à moi, après
avoir essayé de disséquer les principes pour tenter de trouver
une synthèse quelconque qui va nous faire concilier ces deux concepts
tant mieux si le gouvernement le trouve je pense que le gros
problème, c'est qu'on injecte le principe de la guillotine au
départ. Dans un projet de loi, on ne le fait jamais. On dit: Le
règlement prévoit naturellement le pouvoir du gouvernement de
mettre la guillotine éventuellement, mais ce n'est pas prévu au
départ et toutes les règles normales du règlement sont
applicables jusqu'à ce que la guillotine arrive.
Avant la guillotine excusez-moi, je veux terminer on ne
prévoit pas de temps limite pour les partis parce que, justement, il n'y
en a pas de guillotine. Il n'y en a pas de limite possible. Il y a des limites
au niveau des droits de parole des députés, 20 minutes, article
160 et les amendements. Il y a des règles à suivre. Mais on n'a
pas de limite globale, et c'est justement parce que le gouvernement et
c'est un reproche que je fais au gouvernement a voulu se défiler
de sa responsabilité éventuellement de devoir imposer une
guillotine, de devoir imposer une clôture à un tel débat,
qu'on se retrouve actuellement dans un fouillis de législation dont on
ne sait comment se sortir.
M. Bédard: C'est loin d'être un fouillis. Il y a...
M. Lalonde: Cela fait deux fois qu'on le remet.
M. Bédard: Et c'est normal. Cela peut faire trois fois. Il
y a bien d'autres articles qui ont pu être remis trois, quatre fois, cinq
fois. Nous réalisons tous qu'il y a un agencement technique qui est
quand même difficile à faire. Je pense qu'avec la bonne foi qui
peut résider dans chacun des membres de l'Opposition comme du
gouvernement, on est capable de réaliser que ce n'est quand même
pas facile de mettre au point cette technique tout en sachant très bien
ce à quoi on veut en arriver. Je voudrais simplement mentionner une
chose. Lorsque le député de Marguerite-Bourgeoys ou les
députés de l'Opposition officielle parlent de la guillotine, il
faut quand même faire une distinction entre les différentes
motions dont a parlé le député de Marguerite-Bourgeoys et
le débat qui aurait lieu à l'occasion du dépôt de la
motion privilégiée de la part du premier ministre parce que les
autres motions dont on a parlé ne débouchent pas, cela reste
à l'Assemblée nationale. Cela ne débouche pas vers une
consultation populaire alors qu'il ne faut jamais perdre à l'esprit que
ce débat est en fonction d'une consultation de la population, sur une
question bien précise alors que les autres débats, les autres
motions dont on a parlé ne vont pas dans le même sens.
C'est normal qu'étant donné la différence, on doive
prévoir une mécanique qui permette un débat sur la
question tout à l'heure, ce sera sur
un projet de loi qui soit valable et qui, à mon sens, ne
soit pas compliqué à un point tel qu'on en arrive à
l'obstacle qui a été souligné hier par les
députés de l'Opposition eux-mêmes à savoir la
possibilité que sur une question ou une motion principale, à
cause des amendements, des sous-amendements et des tracasseries de
procédure, on en arrive au résultat de ne même pas pouvoir
discuter de la motion principale. Et c'est dans cet esprit, je pense, qu'on
essaie de faire les ajustements techniques pour en arriver à la tenue
d'un débat qui soit valable et qui doit, contrairement à tout
autre débat, déboucher sur une consultation populaire. (22 h
30)
M. Lalonde: M. le Président, j'aimerais poser une question
au ministre à la fin, en vertu du règlement.
Le Président (M. Clair): Le ministre n'a pas fini son
droit de parole.
M. Lalonde: II me semble que le ministre a terminé son
intervention et je voudrais lui poser une question, parce qu'il a fait une
distinction entre...
M. Bédard: Je n'en suis pas sur l'exercice des droits de
parole, je pense qu'on échangeait...
M. Lalonde: ... parce que la loi à 6 et 9, ne
prévoit pas de débat limité et débouche sur une
consultation populaire de toute façon.
M. Bédard: Non, mais nous allons y venir. Là aussi,
nous avons un amendement à apporter, à cet article 9.
M. Lalonde: Une autre guillotine qui s'en vient?
M. Bédard: L'Opposition officielle peut jouer avec le
principe de la guillotine, mais, moi, je vais vous dire carrément mon
opinion, c'est qu'on est en train de mettre au point une loi-cadre. Je ne crois
pas, si on veut être sérieux, qu'on doive essayer, que ce soit
pour le gouvernement actuel ou pour les autres gouvernements qui auront
à s'en servir, d'essayer de prévoir des mécanismes de
manière à amener un odieux sur qui que ce soit. Ce qui est
important, et c'est le but qu'on doit atteindre, c'est que, suite à un
projet de loi, ou suite à une motion qui présente une question,
on trouve le moyen, comme parlementaires, de trouver un mécanisme qui
permet valablement de discuter de la question, d'avoir un débat sur la
question, d'avoir un débat et une discussion sur un projet de loi, s'il
s'agit d'un projet de loi, de manière que, ceci étant fait, on
puisse déboucher sur une consultation populaire sans essayer de faire
porter l'odieux d'une guillotine sur quelque gouvernement que ce soit qui
voudra se servir de la loi-cadre pour faire une consultation populaire.
M. Lalonde: Une autre question, s'il vous plaît. Est-ce que
le ministre...
M. Bédard: II y a d'autres régimes, vous le savez,
dans d'autres pays où il y a des consultations, je prends par exemple la
France, et où il y a bien moins de participation parlementaire que nous
n'en prévoyons dans notre projet de loi. En France, selon les
informations que j'ai, lorsque le président c'est son droit
veut en appeler à une consultation populaire sur une question
bien précise, la procédure n'est pas compliquée, il
informe tout simplement l'Assemblée que, comme président,
exerçant son droit, il désire poser telle question à la
population.
M. Lalonde: C'est un mauvais exemple! M. Bédard:
Non, mais je vous dis... M. Lalonde: C'est un mauvais exemple...
M. Lavoie: Un instant...
M. Lalonde: ... est-ce que le ministre est au courant...
M. Bédard: Je vous parle de certains systèmes, vous
vous emportez toutes les fois qu'on essaie de discuter valablement.
M. Lavoie: M. le ministre...
M. Lalonde: On parle de quelque chose de fondamental.
M. Lavoie: M. le ministre...
M. Bédard: Vous portez des jugements de valeur dans le
temps de le dire.
M. Lavoie: M. le ministre, d'après mes...
M. Bédard: Essayez donc d'amener des solutions.
M. Lavoie: D'après mes informations, la question est
soumise...
M. Bédard: C'est loin d'être une solution. C est de
vouloir jouer avec la procédurite, à mon sens.
M. Lavoie: La question est soumise au conseil constitutionnel,
qui a un droit de regard sur la formulation de la question.
M. Bédard: C'est possible. M. Lalonde: Bon, 1
à 0.
M. Bédard: C'est possible, mais même la Commission
des droits de la personne le mentionne, peut-être que cela ne va pas
aussi loin qu'elle ne le voudrait, je ne l'ai pas textuellement, mais elle
mentionne qu'elle remarque que le gouvernement, même si c'est un
référendum d'initiative gouvernementale, permet quand même
d'associer
les députés avant que la question ne soit soumise ou que
le projet de loi ne soit soumis à la consultation de la population.
M. Lavoie: La Commission des droits de la personne permet
tellement d'associer les députés qu'elle suggère les deux
tiers de l'Assemblée nationale pour la formulation de la question.
M. Bédard: Là-dessus, elle a dit que ce
n'était pas un principe, elle a le droit de faire des suggestions, comme
vous avez le droit d'en faire. Ne recommençons pas le débat.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Verchères.
M. Charbonneau: M. le Président.
M. Lalonde: On est dans un débat, c'en est un, et
grave.
M. Bédard: Faisons-le en essayant de rechercher une
solution valable. Sur certains principes, vous pouvez ne pas être
d'accord, c'est votre droit.
M. Lalonde: Enlevez la guillotine... M. Charbonneau: M. le
Président, M. Lalonde: Vous êtes enferrés
dedans.
M. Bédard: Là-dessus, si vous n'êtes pas
d'accord, vous avez le droit de voter contre. Il y a des arguments qui militent
pour que ce soit un débat limité.
M. Lalonde: Ce n'est pas fort.
M. Bédard: Ensuite, parce qu'à un moment
donné, il faut bien déboucher sur la consultation populaire,
ensuite, la population sera à même d'observer ce qui aura eu lieu
soit sur la question ou sur le projet de loi et, à ce moment-là,
elle sera à même de se prononcer.
M. Charbonneau: M. le Président, à la suite de
l'intervention du député de Laval tantôt, il y a deux
aspects dans cette motion. L'aspect de la procédure, du débat
lui-même, et du temps, à moins que, et j'ai l'impression que je
serais surpris du contraire, on puisse arriver à des propositions qui
clarifieraient rapidement le problème de la mécanique du
débat, il serait peut-être préférable qu'on remette
la discussion de cet article à lundi. En fait, j'ai l'impression qu'on
perd du temps...
M. Lavoie: C'est la situation...
M. Charbonneau: Je me demande s'il ne serait pas temps de faire
une motion formelle de report à lundi.
M. Lavoie: Peut-être une formule...
M. Bédard: En fait, c'est une formule à trouver qui
rejoigne les préoccupations.
M. Lavoie: C'est très technique et, rendu à 10 h 30
le vendredi soir, faire de la rédaction de règlement...
M. Charbonneau: J'en fais une motion formelle de...
Le Président (M. Clair): La commission suspend
l'étude de l'article 8.
M. Bédard: Je trouve cette suggestion très
positive.
Le Président (M. Clair): Et nous en venons maintenant
à l'article 9.
M. Grenier: J'ai une autre proposition à faire; ce serait
de suspendre les débats jusqu'à lundi.
Une Voix: Appuyé si telle est la volonté de la
commission.
Le Président (M. Clair): En vertu de quel article de notre
règlement faites-vous cette motion?
M. Grenier: Je ne fais pas de motion. M. Samson: C'est
l'article 77.
M. Grenier: On va en faire un débat, s'il faut qu'il soit
débattu; je vais en faire une proposition au moins.
M. Lalonde: ... motion d'ajournement... M. Samson: 77.
Une Voix: C'est 157.
M. Grenier: Si on fait le total de nos heures de travail on doit
dépasser 80 heures cette semaine. Je n'ai pas l'impression qu'on peut
rendre bien service à l'Etat à continuer d'étudier le
projet de loi article par article ce soir.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mégantic-Compton, pour m'aider à disposer de la
recevabilité de votre motion, j'aimerais que vous m'éclairiez sur
le point qu'on a un ordre de la Chambre.
M. Grenier: Pour siéger jusqu'à minuit.
Le Président (M. Clair): Pour siéger jusqu'à
minuit. Est-ce un ordre de la Chambre qu'on a ou est-ce en vertu du
règlement qu'on doive siéger jusqu'à minuit
maintenant.
M. Grenier: Est-ce qu'on peut, avec le consentement,
ajourner?
Une Voix: Motion débattable.
M. Bédard: ...
M. Lalonde: C'est débattable?
M. Ciaccia: En vertu de 57.
M. Lalonde: On a fait cela dans les débuts de la
commission sur l'amiante; cela a été débattu. Comme
d'habitude.
M. Charbonneau: C'est une motion débattable. De deux
choses, l'une... On ne perdra pas notre temps à débattre. Si le
ministre nous indique que son intention est de continuer. J'espère que
le député de Mégantic-Compton n'a pas l'intention
de...
M. Grenier: Ce n'est pas mon intention de... J'aimerais bien
qu'on s'entende.
M. Samson: Je voudrais poser une question au ministre. Dans le
cadre de ce qui vient de se dire, est-ce que le ministre serait prêt
à considérer avec tout le monde qu'il est minuit?
M. Bédard: Non, M. le Président.
M. Samson: D'accord. Si vous n'êtes pas d'accord, c'est
votre droit.
M. Bédard: Pas pour le moment.
M. Samson: Je pensais que vous étiez d'accord.
M. Paquette: M. le Président, on va peut-être tomber
sur des articles moins controversés. On pourra...
M. Lalonde: Au lieu de suspendre les travaux, on va suspendre les
articles. Ce n'est pas grave. C'est ce qu'on fait depuis deux jours.
Le Président (M. Clair): Si je comprends bien, il n'y a
pas de proposition formelle.
M. Grenier: Si c'est pour faire perdre le temps jusqu'à
minuit à disputer sans rien avancer et en restant ici quand même,
ce que je voulais dire, c'est qu'on s'en aille. Après 80 heures de
travail, je pense qu'on n'a même plus le salaire minimum, à
l'heure qu'il est.
Le Président (M. Clair): Puisqu'il n'y a pas de motion
formelle d'ajournement des travaux...
M. Lavoie: On est prêt à adopter l'article 9 dans sa
rédaction actuelle, M. le Président, sans débat.
Le Président (M. Clair): Nous passons à l'article
9. J'appelle l'article 9.
M. Ciaccia: Vous avez un amendement?
M. Bédard: M. le Président, allez-vous le
considérer comme un amendement? C'est simplement une question de
concordance. En se référant aux articles 21 et 22, où on
parle...
M. Lalonde: Non, ce n'est pas la même loi. Le
Président (M. Clair): A l'ordre!
M. Charbonneau: Feriez-vous cela devant la
télévision, M. le député de Marguerite-Bourgeoys?
J'ai hâte que la télévision arrive.
M. Lalonde: Vous n aurez pas le coeur de faire ce que vous faites
actuellement devant la télévision.
M. Paquette: On a hâte que la télévision
arrive au programme.
M. Lalonde: C'est épouvantable l'improvisation, cela fait
deux fois que vous retirez le même article, vous ne savez pas comment
l'écrire. C'est épouvantable. Ce n'est même plus la
même loi.
M. Charbonneau: On a vu vos amendements sur le coin de la table
il y a deux jours.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs!
M. Bédard: On vous offre de travailler en collaboration,
et dès que l'Opposition a l'air de vouloir collaborer, cela a l'airà fatiguer à un point tel qu'on assiste à des
débats où on essaie de s'insulter. M. le Président, il
s'agirait...
Une Voix: On a de la suite dans les idées.
M. Bédard: ... simplement, à l'article 9, premier
paragraphe, deuxième ligne, de remplacer le mot "assujetti " par
"soumis", en concordance avec la phraséologie qu'on retrouve dans d
autres articles tels 21, 22 où on parle de projet de loi qui doit
être soumis.
Remplacer dans la deuxième ligne du premier alinéa les
mots "qu'il est assujetti" par "qu'il doit être soumis". Je ne pense pas
que c ela fasse un long débat. Cela s'en vient, le deuxième
alinéa. Adopté.
M. Samson: Soumis, quant à cela, il n'y a pas de
problème. On est toujours soumis.
M. Lavoie: On est sur le point de vous demander un amendement par
écrit.
M. Lalonde: Adopté.
M. Bédard: Je l'ai. Si vous le voulez, M. le
Président, le deuxième amendement à l'article 9 aurait
pour but d'ajouter à la fin de l'article 9, l'alinéa suivant:
"L'étude de ce projet de loi en commission élue ou
plénière ne peut excéder trente heures".
M. Lavoie: Ce n'est pas un gouvernement, c'est un bourreau.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: D'abord je vais vous dire...
M. Bédard: Vous avez le droit de vous amuser, c'est dans
le même esprit... est-ce que vous me permettez, M. le
Président?
M. Lalonde: Excusez-moi, je pensais que vous aviez fini de
parler.
C'était seulement une pause.
M. Bédard: Très rapidement, M. le Président.
De la même manière qu'on en arrive... je ne reprendrai pas
l'argumentation que nous avons donnée tout à l'heure sur
l'article précédent quant à la nécessité
d'avoir un débat limité lorsqu'il s'agit d'une question,
lorsqu'il s'agit d'un projet de loi, M. le Président, cet amendement a
pour but de donner le tableau suivant. Lorsque le gouvernement, en vertu de
l'article 6, demande que les électeurs soient consultés par
référendum sur un projet de loi adopté par
l'Assemblée nationale du Québec, conformément à
l'article 9, il y a la première lecture qui se fait selon les
règles normales de l'Assemblée nationale, il y a la
deuxième lecture qui se fait selon les règles normales de
l'Assemblée nationale qui permettent, comme vous le savez, aux
députés de s'exprimer sur le principe du projet de loi et il
s'agit, lors de l'étude en commission élue ou
plénière, de limiter le débat article par article à
trente heures.
M. Ciaccia: Pourquoi nous avoir donné le droit de le
débattre? Quant à nous donner trente heures, vous auriez pu
l'enlever totalement.
M. Bédard: Voulez-vous reprendre.
M. Ciaccia: Vous nous donnez trente heures, vous auriez pu dire
dix minutes, vous auriez pu dire une demi-heure, pourquoi nous donner le droit
de parler?
M. Lalonde: Quelle est la raison?
M. Ciaccia: Est-ce la prochaine étape, après cela
on ne pourra plus l'avoir du tout, c'est ce qui s'en vient?
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Ciaccia: Quelle est la raison? On nous enlève le droit
de parole, on nous enlève le droit de débattre les projets de
loi? C'est cela le principe de vos lois? (22 h 45)
M. Bédard: C'est loin d'enlever le droit de parole et le
droit de débattre les projets de loi.
M. Lalonde: Mais quelle est la raison?
M. Ciaccia: C'est la première fois dans l'histoire du
monde qu'on voit des choses comme celles-là.
M. Bédard: Lorsqu'on se rend compte, M. le
Président, qu'il y a la...
M. Ciaccia: II n'y a que les dictateurs, dans les autres pays,
pour faire des choses comme cela. On ne peut plus débattre des projets
de loi?
M. Paquette: Un référendum fédéral,
cela en est un. Il y a cinq types de débat limité dans notre
règlement.
M. Ciaccia: ... limité. 30 heures ici, 25 heures
là!
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous
plaît!
M. Paquette: Arrêtez de charrier! M. Ciaccia: On ne
charrie pas!
M. Lalonde: C'est vous qui charriez...
M. Ciaccia: Qu'est-ce que c'est la démocratie, pour
vous?
M. Lalonde: Cela n'a pas un commencement de bon sens.
Le Président (M. Clair): A l'ordre!
M. Lalonde: Je vais vous prouver que cela ne tient même pas
debout!
M. Charbonneau: ... démocratie libérale. M.
Bédard: M. le Président.
Le Président (M. Clair): M. le ministre.
M. Ciaccia: Vous auriez dû l'introduire à minuit
moins cinq!
M. Bédard: Je pense que, dans le contexte d'un projet
d'une loi-cadre sur la consultation populaire, dans le contexte d'une
discussion, d'une association des parlementaires, dans la discussion non
seulement sur une question, mais également sur un projet de loi, il faut
quand même en arriver à une limite de temps qui soit raisonnable,
qu'on essaie d'évaluer la plus raisonnable possible, pour pouvoir,
à un moment donné, en arriver à l'objet même du
projet de loi ou de la question qui est, effectivement, de consulter la
population. Je pense que quelque gouvernement que ce soit ne serait quand
même pas très responsable s'il ne prévoyait pas un temps
limite,
que ce soit à l'occasion d'une question ou à l'occasion
d'un projet de loi, lorsqu'il s'agit d'une consultation populaire, et prenait
le risque qu'un débat puisse être d'une durée telle, si
l'Opposition ou encore... Non seulement les membres de I'Opposition parce
qu'à l'occasion d'un référendum, il peut y avoir, que ce
soit dans un comité du oui ou du non, des membres du côté
ministériel et des membres de l'Opposition qui se retrouvent à
l'intérieur d'un même comité. Il faut quand même en
arriver à une limite raisonnable, j'en conviens, qui nous permette de
passer à l'autre étape qui est l'étape principale,
à savoir la consultation de la population.
Je sais que l'Opposition a des remarques et des représentations
à faire. Nous allons l'entendre, M. le Président, et, s'il y a
lieu, nous reviendrons sur le sujet.
M. Charbonneau: J'aurais une proposition pour la discussion.
Est-ce que les députés de l'Opposition seraient d'accord pour la
chose suivante? J'ai l'impression que si, à l'article 8,
éventuellement, le gouvernement maintenait sa décision, d'une
part, d'un débat limité et, d'autre part, d'un nombre X d'heures,
par concordance, finalement, avec ce qu'on retrouve ici, c'est la même
chose qu'on avait tantôt à l'article 8. Je me demande si ce ne
serait pas plus fructueux d'avoir une discussion sur ce principe et, une fois
qu'on aura réglé cette discussion sur ce principe,
éventuellement, la décision pourrait s'appliquer aux deux
articles qui, pour le reste, sont finalement des questions de
technicité.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Marguerite-Bourgeoys.
M. Lalonde: M. le Président, je trouve absolument ignoble
de la part d'un gouvernement qui se dit démocratique, qui nous a
charrié sa démocratie depuis un an et demi, de nous proposer,
à 22 h 30 un vendredi soir...
M. Lavoie: A 11 heures moins 10!
M. Lalonde: ... un amendement à sa propre loi...
M. Bédard: Si c'est seulement sur l'heure, comme
argument...
M. Lalonde: Laissez-moi parler! ... un amendement à sa
propre loi, non pas pour l'améliorer, pour l'élargir, comme il a
prétendu vouloir le faire pour obtenir un large consensus, mais pour y
ajouter quelque chose d'encore plus odieux dans notre régime
parlementaire, c'est-à-dire une clôture. C'est tellement odieux
que les gouvernements hésitent généralement à
l'invoquer. Pas ce gouvernement-là. On en a eu trois depuis le mois
d'août de l'an dernier! Je vais vous dire d'abord que le ministre n'a
apporté aucune preuve, aucun argument, aucune raison pour laquelle on
devrait, comme législateurs, faire une exception à ce qui est le
règlement, à la façon dont il s'applique aux débats
parlementaires.
Je me souviens du député de Mercier quand il s'est
opposé aux deux tiers que nous avions proposés pour la question.
Il nous a dit: Le règlement prévoit une majorité simple
dans les décisions de l'Assemblée nationale; nous ne devrions
pas, par une loi, changer cela. Mais par une loi on change toute
l'économie de notre droit parlementaire.
Je vais vous dire pourquoi cela ne marchera pas. Je vais vous faire le
scénario suivant: Le gouvernement propose une loi, disons, sur le zonage
agricole ou la fiscalité municipale. On en débat. C'est
adopté en première lecture; en deuxième lecture, cela va
bien, c'est adopté éventuellement. On arrive en commission
plénière ou en commission élue et tout à coup le
gouvernement décide que cela devrait aller en
référendum.
Je propose un amendement; tout de suite, le projet de loi contient une
disposition disant que cela devrait être soumis à un
référendum, on a une clôture automatique.
M. Bédard: Avant, si on veut.
M. Lalonde: Non, ce n'est pas ce que cela dit.
M. Bédard: Bien, il s'agira de le préciser, mais il
me semble, dans mon esprit, qu'il est très clair que lorsqu'il y a un
projet de loi inscrit en fonction d'être soumis...
M. Lalonde: Ce n'est pas ce que vous dites du tout.
M. Bédard: Bien voyons! C'est très clair.
M. Lalonde: Vous dites: Lorsqu'un projet de loi adopté par
l'Assemblée nationale...
M. Bédard: Lisez l'article 6. Lisez l'article 6.
M. Lalonde: ... contient une disposition selon laquelle il est
maintenant soumis...
M. Bédard: Bien oui.
M. Lalonde: ... il ne peut pas être présenté
pour sanction avant d'avoir été soumis aux électeurs par
voie de référendum.
M. Bédard: Non. Lisez l'article 6. Vous savez que les
articles se lisent en relation les uns des autres.
M. Lalonde: L'article 6 ne dit rien. M. Bédard:
L'article 6...
M. Lalonde: Excusez, M. le Président, je pense que j'ai le
droit de parole. J'ai le droit de parole.
M. Bédard: J essaie de vous donner l'explication et vous
ne voulez pas l'avoir.
M. Lalonde: Non, non, d'ailleurs...
M. Lavoie: Vous répondrez après.
M. Lalonde: ... vos explications sont aussi "méandreuses"
que d'habitude.
M. Bédard: Prenez l'article 6, on y parle d'un
référendum.
Le Président (M. Clair): A l'ordre!
M. Lalonde: On dit à l'article 6b) que le gouvernement
peut ordonner que les électeurs soient consultés par
référendum sur un projet de loi adopté par
l'Assemblée nationale. N'importe lequel projet de loi peut donc
être soumis au référendum, n'importe lequel. Le seul fait
qu'il contienne une disposition à cet effet limite à 30 heures.
Cela peut être un projet de loi dont la disposition viendra d'être
ajoutée un vendredi soir à 10 h 45 par le gouvernement, comme il
l'a fait...
M. Paquette: C'est faux. Je ne connais pas grand-chose à
l'esprit des lois, mais...
M. Lalonde: ... sur un bout de papier... C'est cela l'amendement.
Ce n'est même pas dactylographié...
M. Ciaccia: ... sur un bout de papier...
M. Lalonde: ... c'est griffonné à la main sur un
bout de papier un vendredi soir à 10 h 45.
Le Président (M. Clair): A l'ordre!
M. Godin: ... mais cela ne change rien.
M. Lalonde: Cela montre jusqu'à quel point ce gouvernement
obéit à l'improvisation.
M. Bédard: Vous en avez écrit des amendements, vous
aussi, sur le bout de la table.
Le Président (M. Clair): A l'ordre!
M. Bédard: On a été obligé d'ajourner
avant le temps parce que vous n'aviez plus d'amendements de prêts. Cette
semaine, avant-hier soir.
M. Lalonde: Quand cela?
M. Bédard: Avant-hier soir. Rappelez-vous.
M. Ciaccia: Ce n'est pas nous qui faisons la loi. De notre part,
ce n'est pas la même chose. De la part de l'Opposition, ce n'est pas la
même chose.
M. Charbonneau: Qu'est-ce que c'est, si ce n'est pas un
amendement manuscrit?
M. Bédard: Rappelez-vous, c'est le leader de l'Opposition
qui disait qu'il ne restait plus que cinq minutes et qu'il pensait avoir
d'autres amendements.
M. Lavoie: C'est l'écriture de qui cela?
M. Lalonde: Ce n'est pas nous qui faisons la loi, c'est le
gouvernement qui la propose.
Le Président (M. Clair): A l'ordre! s'il vous
plaît!
M. Lalonde: Ai-je le droit de parole, M. le Président?
Le Président (M. Clair): Vous l'aviez en droit, mais
peut-être pas en fait.
M. Lalonde: Je m'en remets à vous, M. le Président,
pour protéger mon droit de parole.
Le gouvernement propose une loi. Il arrive que des amendements qu'on
veut faire ne soient pas recevables et qu'on en écrive naturellement
à la main. Cela m'est arrivé à quelques reprises. Mais
qu'un gouvernement qui se dit préparé, après un livre
blanc, une consultation de la population, nous arrive à la
dernière minute, alors que nous sommes dans un régime de fin de
session, que nous travaillons 80 heures par semaine, avec un amendement qui a
l'air de rien, griffonné sur un bout de papier... pour quoi faire?
Changer entièrement notre régime de droit parlementaire.
M. le Président, je pense que si on ne s'y opposait pas, et de la
façon la plus vigoureuse, et nous allons le faire, à ce moment,
le gouvernement prend des risques quant à sa loi.
Une Voix: C'est de la concordance.
M. Lalonde: Ce n'est pas de la concordance. On ne fait pas de la
concordance quand on fait des choses stupides avant. On enlève la chose
stupide. On ne la répète pas. Oui, c'est vrai que vous êtes
enferrés avec l'article 8, tellement enferrés qu'hier on l'a
suspendu, que ce soir on l'a encore suspendu et que par concordance vous voulez
qu'on suspende encore l'article 9.
M. Charbonneau: On ne l'a pas suspendu à cause de ce
problème, on l'a suspendu à cause des problèmes
techniques, pas à cause des 30 heures.
M. Lalonde: Je vous ai démontré tantôt et
vous ne l'avez peut-être pas compris, que c'est à cause de
l'injection du concept de guillotine dans l'article 8 que vous êtes
enferrés dans la procédure.
M. Charbonneau: On a oublié de faire une motion, ce n'est
pas pareil.
M. Lalonde: Cela n'a aucun sens, parce que cet amendement qui
soumet le projet de loi à un référendum pourrait fort bien
arriver en commission élue, à la 29e heure. Le gouvernement est
fatigué de l'Opposition, cela arrive souvent, heureusement. A ce moment,
tout ce qu'il a à faire, c'est un amendement. Ce serait un
amendement
au projet de loi selon lequel il y aurait tout de suite une guillotine
automatique. C'est absolument ridicule. Dès lors, on va préparer
des amendements à cet amendement.
M. Bédard: M. le Président, simplement pour
répondre au député de Marguerite-Bourgeoys, je pense qu'il
est très clair qu'on doit lire les articles les uns en relation avec les
autres. A l'article 6, on dit: Le gouvernement peut ordonner que les
électeurs soient consultés par référendum, sur un
projet de loi adopté par l'Assemblée nationale du Québec,
conformément à l'article 9.
A part le député de Marguerite-Bourgeoys, il
n'était absolument aucunement dans l'intention et il n'est aucunement
venu à l'idée de quelque député que ce soit
en tout cas du côté ministériel de vouloir employer
un article qui est dans une loi-cadre pour essayer de régir des projets
de loi qui sont adoptés hors de cette loi-cadre, dans le
déroulement normal des travaux de l'Assemblée nationale.
M. Lalonde: Quelles motions d'amendement? M. Bédard:
Oui, d'accord.
M. Lalonde: Oui, vous pourriez parler comme du bon sens.
M. Bédard: Pas besoin de se fâcher pour attirer
l'attention.
M. Lalonde: Ce n'est pas grave. On n'est pas fâché.
On vous a dit notre hypothèse tout simplement.
M. Bédard: Non, mais sur l'idée de la guillotine,
vous pouvez faire vos représentations. Je n'ai aucune objection. C'est
normal que vous les fassiez dans les termes que vous voulez bien choisir. Si
vous voulez attirer l'attention sur une défectuosité qu'il
pourrait y avoir ou une ambiguïté qui pourrait se présenter,
je pense qu'on peut le faire sans employer des termes virulents. Si le
député m'avait demandé l'explication sur le point
précis dont il a parlé, je pense que si le texte n'est pas assez
clair, il y a moyen de le rendre plus clair de manière qu'il n'y ait
aucune ambiguïté.
M. Lalonde: Le ministre n'a pas donné la raison pour
laquelle on devrait par principe limiter un débat parce qu'on s'en va
consulter la population.
M. Paquette: Ne vous fâchez pas, on va en parler, nous.
M. Bédard: Laissez-nous terminer. On vous laisse
terminer.
M. Lalonde: Quelle est la dialectique là-dedans? Il n'y en
a pas.
M. Ciaccia: Vous pensez que vous avez la majorité? On n'a
pas le droit de parole.
M. Bédard: M. le Président.
M. Ciaccia: Vous pensez que vous avez la majorité? Vous
pensez cela?
M. Bédard: Je veux qu'il soit très clair dans
l'esprit du gouvernement qu'à l'article 9, lorsqu'on parle d'un
débat limité sur un projet de loi, un débat limité
sur l'étude, article par article, il s'agit d'un projet de loi
cela, c'est dit dans l'article 6 qui est introduit à
l'Assemblée nationale en fonction c'est dit dès le
départ d'une consultation populaire.
M. Lalonde: Ce n'est pas ce que cela dit.
M. Bédard: S'il y a une petite ambiguïté dans
l'esprit du député de Marguerite-Bourgeoys ou un doute dans
l'esprit du député de Marguerite-Bourgeoys, s'il y a lieu de
préciser davantage, dans mon esprit à moi, il me semble que c'est
clair lorsqu'on étudie les articles 6 et 9 en relation l'un avec
l'autre. Si le député de Marguerite-Bourgeoys a besoin d'une
assurance supplémentaire, il peut il a à travailler comme
n'importe quel membre de cette commission nous soumettre un amendement
en ce sens, et nous l'accepterons.
M. Lalonde: M. le Président, j'ai soulevé une
question technique pour montrer que cela ne marchait pas. Là, on me dit
que ce n'est pas l'intention du gouvernement. Autre résultat
d'improvisation. Une chose que je reproche au gouvernement, c'est de ne pas
avoir démontré qu'on doive, en principe et par définition,
limiter un débat devant les élus du peuple tout simplement parce
qu'on s'en va en référendum.
M. Bédard: Vous avez à vous exprimer. J'ai dit
qu'on aurait l'occasion de revenir sur le sujet.
M. Lalonde: Pourquoi ne lavez-vous pas fait? C'est vous qui
présentez la loi. Alors, donnez les raisons pour lesquelles on devrait
voter pour.
M. Bédard: J'ai explicité tout à l'heure
l'essentiel des raisons, lorsque nous avons discuté de l'amendement
présenté par le député de Mégantic-Compton
à l'article 8. J'ai pris la peine de dire, afin de raccourcir le
débat, que je n'avais pas l'intention de répéter ces
mêmes explications. Là. le député de
Marguerite-Bourgeoys essaie de m'en faire reproche.
M. Lalonde: Je ne l'ai pas dit. Quel est le principe...
M. Charbonneau: La concordance. M. Bédard: Quitte
à lui...
M. Lalonde: Non, pas la concordance. Oubliez la concordance. Quel
est le principe qui fait qu'on doive limiter un débat, à
l'Assemblée nationale, parce qu'on va en référendum?
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s'il vous plaît,
messieurs! (23 heures)
M. Bédard: Le principe, M. le Président, c'est que
contrairement à tous les autres projets de loi qui ont un cheminement au
niveau de l'Assemblée nationale, à l'intérieur de
l'Assemblée nationale jusqu'à leur adoption, un projet de loi ou
une question, mais là, parlons de projet de loi, un projet de loi qui
est introduit en vertu de l'article 6 est un projet de loi qui est
orienté définitivement vers une consultation populaire.
Dès son introduction, dès son dépôt en Chambre, il
est clair que les intentions du gouvernement sont exprimées à
savoir que ce projet de loi est orienté en fonction d'une consultation
populaire et le principe est qu'à un moment précis, c'est normal
qu'on permette des débats. Que ce soit sur une question ou sur un projet
de loi, on ne peut pas indéfiniment paralyser et risquer de paralyser
indéfiniment les travaux de la Chambre.
Il est normal qu'il y ait une discussion et on essaie de la faire sur
une période de temps qu'on estime raisonnable; mais à un moment
donné, il faut quand même déboucher sur l'essentiel du
projet de loi qui est d'aller vers une consultation populaire.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Bédard: C'est ce qui explique des débats
limités.
M. Samson: M. le Président, je pense que le gouvernement,
par l'entremise du ministre de la Justice, ne fait pas suffisamment la
différence entre un projet de loi qui devrait faire l'objet d'un
référendum ou soumis à un référendum, et une
question. Ce que nous avons discuté à l'article 8 comprend une
possibilité d'un débat limité pour les fins d'une seule
question à être présentée au public pour un
référendum. Cela a été suspendu parce qu'il y a de
la concordance à faire et des études. Mais à l'article 9,
il s'agit d'une loi. M. le Président, ce n'est plus la même chose
du tout parce que là il ne s'agit plus d'une simple question, parce que
la question en vertu du paragraphe 2 de l'article 9 doit être contenue
dans le projet de loi.
Donc, il s'agit d'un projet de loi. Or, un projet de loi, M. le
Président, par définition, peut contenir un article et peut en
contenir beaucoup plus. Nul ne saurait dire à l'avance combien
d'articles il y aurait dans un projet de loi qui serait éventuellement
soumis à un référendum. Donc, c'est pourquoi on n'a jamais
vu dans le passé et dans notre droit parlementaire, ni dans nos
traditions, un débat limité d'avance sur une loi. Jamais cela ne
s'est vu parce que cela serait illogique en soi, parce que les lois ne se
ressemblent pas. Vous pouvez avoir une loi avec un seul article et vous pouvez
avoir une loi... je vais vous donner un exemple. Si ma mémoire m'est
fidèle, c'est en juin 1973 où nous avions les projets de loi 39,
40 et 41. L'un de ces trois-là, sur la Loi qui modifiait la Loi de
l'impôt sur le revenu, avait environ 837 ou 847 articles.
Il s'agissait d'une brique de cette épaisseur. Le journal des
Débats ne le voit pas, mettons deux pouces, à peu près.
Imaginez-vous si le gouvernement, à titre d'exemple, décidait,
dans sa réforme fiscale de présenter une loi qui contiendrait
peut-être autant d'articles, parce que c'est une question de
fiscalité et on sait comment c'est compliqué, et là, il y
aurait 800 articles dans son projet de loi. Ce serait une brique de deux pouces
d'épaisseur, et on serait limité en commission
plénière ou en commission élue à 30 heures de
discussion là-dessus. On aurait l'air "d'une belle gang de niaiseux"
devant la population de lui présenter un projet de loi soumis pour
référendum alors que personne n'aurait eu le temps de
l'étudier.
Vous savez, il faut penser que la Loi sur la consultation populaire,
c'est pour permettre d'aller voir le peuple et dire: Etes-vous d'accord sur
cette loi ou non, quand il s'agit d'une loi? Etes-vous d'accord sur quelque
chose qu'on étudie au moins? Là, on risque je ne veux
prêter de mauvaise intention à personne comme c'est une
loi, à un certain moment de se retrouver, si vous nous donnez 30 heures
au maximum d'avance, après la deuxième lecture, en commission
parlementaire, vous savez combien d'heures on a de consacrées au
présent projet de loi, en tout cas, on dépasse les 30 heures, je
pense. Je ne suis pas chronométreur, mais on doit dépasser les 30
heures et on a fait pas mal de chemin, on est rendu à l'article 9 et on
en a trois ou quatre de suspendus.
Voyez-vous, regardez le présent projet de loi, admettons que
c'est un genre de projet de loi que vous voulez envoyer à la
consultation populaire et que là on est limité à 30
heures, à minuit ce soir, il faut arrêter cela et là on va
à la population et on lui dit: Voulez-vous nous accepter cela, nous
autres, on est une "gang" d'imbéciles, on n'est rendu qu'à
l'article 8, on n'a pu aller plus loin dans nos 30 heures. Elle va dire: C'est
vrai qu'à l'Assemblée nationale ils parlent, mais ils ne
travaillent pas. Il y avait une caricature comme cela cette semaine.
M. le Président, je pense que cela n'a sûrement pas
été voulu dans ce sens. Je ne veux pas prêter de mauvaise
intention, mais cela n'a pas été voulu dans ce sens, cela n'a pas
été vu dans ce sens par ceux qui ont préparé cet
amendement. D'ailleurs, c'est un amendement gouvernemental, et, dans le projet
de loi initial sur la question de principe de limitation du temps, nous
retrouvions cette différence entre une limitation de temps pour un
référendum sur une question et pas de limitation de temps pour un
référendum sur une loi. C'est cela l'histoire. Cela fait toute la
différence au monde.
D'ailleurs, le gouvernement a toutes les garanties. Il n'a pas besoin de
mettre cela à l'article 9, s'il a peur que le projet de loi qu'il
voudrait soumettre éventuellement à un référendum,
après
la troisième lecture, je pense, mais avant la sanction. Cela veut
dire que le projet de loi doit franchir la première lecture, la
deuxième lecture, la commission parlementaire et la troisième
lecture, et, avant la sanction, il y a une question qui est dedans qui est
soumise à la population. Vous n'avez même pas besoin de mettre
cela dans l'article 9, si vous avez peur que les parlementaires abusent
de la situation, vous n'avez pas besoin de cela, parce que vous avez l'article
156 du règlement qui dit ceci: "1. - Lorsqu'une commission a
étudié un projet de loi pendant une période de temps
correspondant à l'importance ou à la longueur du projet "
remarquez bien ces mots, et cela n'a pas été fait hier et cela a
été pensé et cela a été voté à
l'unanimité, donc les représentants du Parti
québécois, M. Robert Burns, étaient au sein du
comité qui a rédigé cela, le député de Laval
était là aussi. D'ailleurs, regardez votre livre du
règlement, vous avez tout cela en préliminaire et c'est
marqué que tout le monde a collaboré à cela, et cela a
été voté à l'unanimité, a commencé, a
pris effet le 15 mars 1973. "Lorsqu'une commission a étudié un
projet de loi pendant une période de temps correspondant à
l'importance ou à la longueur du projet cela veut dire qu'il peut
y avoir des projets de loi qui peuvent prendre du temps et d'autres qui ne
prennent pas de temps le leader parlementaire du gouvernement peut, sans
avis, proposer une motion énonçant les modalités d'un
accord conclu entre les leaders parlementaires des partis reconnus, au cours
d'une conférence convoquée par le président, à la
demande du leader parlementaire du gouvernement. Cette motion est
décidée immédiatement sans débat ni amendement
".
Deuxièmement, "Si, à la suite de la convocation de la
conférence des leaders parlementaires, une entente n'a pu être
conclue, le leader parlementaire du gouvernement le déclare à
l'Assemblée nationale et, après avis, il propose que le rapport
de la commission soit présenté à l'Assemblée dans
le délai qu'il indique. Cette motion ne peut subir d'amendement. A
l'occasion du débat qu'elle provoque, la durée des discours est
celle prévue aux articles 2 de l'article 94, c'est dix minutes pour les
députés et une demi-heure pour les chefs de parti.
Donc, c'est la motion de clôture telle qu'on la connaît, qui
a été utilisée trois fois. Je pense que le gouvernement la
connaît aussi. S'il arrivait que, dans un projet de loi, le gouvernement
veuille éventuellement amener un référendum, et s'il y a
une question qui servirait au référendum, après l'avoir
étudiée pendant une période de temps correspondant
à l'importance et à la longueur du projet... M. le
Président, je soutiens respectueusement que l'importance et la longueur
du projet... Si c'est un projet de 837 articles, cela prendra plus de temps que
si c'est un projet qui en contient trois. Je pense qu'il faut considérer
cela. Tout le monde sera d'ailleurs d'accord sur cela.
C'est dans ce contexte qu'il faut faire la grande différence
entre l'article 9 et l'article 8. Rien ne sert de suspendre l'article 9
seulement aux fins de préparer un amendement concordant avec l'article 8
pour les fins de la limitation du débat, parce que c'est
inacceptable.
Je souligne au ministre, M. le Président, que, tantôt, lors
de l'étude de l'article 8, j'ai souligné que, même si je
n'aimais pas cela, pour les fins de l'article 8, puisqu'il n'y avait qu'une
seule question, je donnerais mon consentement pour une certaine limite de temps
acceptable. Je pense que le ministre va le reconnaître. Je n'ai pas fait
d'affrontement là-dessus. Mais, dans le cas d'une loi, ce n'est
tellement plus la même chose que personne ne peut accepter cela. Personne
ne peut accepter dans aucun Parlement de style britannique tel que le
nôtre qu'un projet de loi soit d'avance régi par des heures
fixées pour son étude. Cela ne s'est jamais vu.
On a pris l'exemple du référendum, apparemment, avant le
livre blanc, après des études et des voyages aux Etats-Unis et
à Londres et on a surtout entendu parler du référendum de
style britannique et du parlementarisme de style britannique. Le
parlementarisme de style britannique est basé sur une chose, messieurs:
II est basé sur le droit de parole sacré de chacun des
élus du peuple. Il n'est pas basé sur des clôtures, il
n'est pas basé sur des baillons; jamais. Ce n'est que par exception,
quand il y a réellement de bonnes raisons, pour des raisons d'urgence,
que le bâillon doit être mis, que l'article 156 s'applique, quand
il y a manifestement un "filibuster" pour retarder un projet de loi et qu'il y
a eu une longueur de temps raisonnable.
Mais, M. le Président, déjà, le but du
présent règlement, qui est entré en vigueur le 15 mars
1973, est, de par la volonté de l'ensemble des parlementaires, de
vouloir réduire la longueur des débats, est déjà un
règlement qui nous astreint à des coupures de temps, parce que
nous étions régis, quand je suis arrivé en cette Chambre
en 1970, par I'ancien règlement je ne l'ai pas ici, mais je pense
que j'en ai vu un tantôt à la portée de la main; il y a 848
ou 850 articles, quelque chose comme cela nous étions
régis par ce règlement. J'ai regardé si on pouvait, de
toutes les façons possibles, retarder le débat, si nous l'avions
voulu, parce que nous avions à notre disposition, à ce
moment-là, tellement d'articles qu'on pouvait utiliser comme mesures
dilatoires; nous en avions exactement 812 en plus des sous-articles et des
sous-sous-articles. Cela en fait à peu près 2000. (23 h 15)
Nous avions tout cela à notre disposition. Nous pouvions
même, en vertu d'anciens règlements, faire appel de la
décision du président. Imaginez! On est en plein coeur d'un
discours, le président prend une décision et dit à tel
député: Vous ne respectez pas le règlement, vous
n'êtes pas dans le cadre de la discussion... Si le président
disait cela, le député se levait debout et disait: M. le
Président, question de règlement, je fais appel de votre
décision. Ce qui arrivait, c est que tous les députés
avaient un droit de parole qui, il me semble, était d'une demi-heure au
mini-
mum, tous les députés de la Chambre pouvaient parler sur
cette question de règlement pour faire appel de la décision du
président. Cela pouvait prendre trois jours et, au bout de ces trois
jours, on prenait le vote pour savoir si le président avait eu raison ou
non. Dès que cette affaire était finie, le député
se conformait, si le président avait eu raison; si le président
n'avait pas eu raison, il continuait. Mais si le président avait eu
raison, le député continuait...
M. Bédard: C'est pour cela qu'à un moment
donné...
M. Samson: ...et il sortait encore de la pertinence du
débat, il arrivait à la même chose et il repartait sur la
même piste. C'était dans le règlement qu'il y a là,
n'oubliez pas cela. C'est le parlementarisme britannique auquel le gouvernement
fait référence régulièrement, M. le
Président, pour nous dire que c'est le meilleur style de parlementarisme
au monde. C'était ce que nous avions, mais parce que cela durait trop
longtemps parfois et que cela risquait de faire passer des étés
à certains députés qui ont le droit, je pense, d'avoir des
vacances comme tout le monde, nous avons, de consensus, et je pense que tout le
monde va le reconnaître, dit: On va se donner des règles un peu
plus sévères, on va s'arranger pour placoter moins longtemps,
pour savoir si on doit discuter du projet de loi à la table
carrée ou à la table ronde, ou à la table ovale, ou
derrière la table, ou en dessous de la table. Cela pouvait prendre,
selon l'ancien règlement, quinze jours pour décider autour de
quelle sorte de table on décide pour parler.
Mais, vous savez, on en a fait un bout depuis ce temps. On a perdu des
droits depuis ce temps. On les a perdus volontairement, par exemple, parce
qu'on s'est dit: On veut que notre Parlement soit plus efficace, que cela
procède plus rapidement. Evidemment, nous avons réduit le temps
de parole des députés, ce n'est pas une demi-heure qu'un
député parle maintenant sur une motion de fond, c'est 20 minutes;
sous l'ancien règlement, sur n'importe quelle motion de fond, le
représentant du gouvernement et le représentant de l'Opposition
officielle...
M. Bédard: C'est-à-dire que c'est moins mauvais ou
encore...
M. Non, non, attention.
M. Bédard: ...si cela a amélioré quelque
chose qu'on parle moins souvent et moins longtemps et avec moins de
procédurite?
M. Samson: M. le Président, même si le ministre ne
m'a pas demandé la permission de me poser une question, je...
M. Bédard: Bien non, il y a une différence. Le
Président (M. Clair): A l'ordre!
M. Samson: ...souligne que même si le ministre ne m'a pas
demandé la permission pour me poser une question, conformément au
règlement, cela me fait plaisir de lui répondre. Je dis que nous
avons amélioré notre sort, mais il faudrait quand même
qu'on ne nous prenne pas pour des imbéciles, du côté de
l'Opposition. On a amélioré notre sort avec cela, mais on ne veut
pas le détériorer maintenant, une fois qu'on l'a
amélioré. C'est assez de couper le droit de parole. Des
débats restreints, dans l'ancien règlement, il n'y en avait pas
comme cela. C'étaient des motions d'urgence, vous pouviez en avoir tous
les jours, de toutes les façons; des motions dilatoires, vous pouviez en
avoir aussi. Le genre de motions dilatoires qu'on pouvait faire, M. le
Président pour vous donner une idée de ce que
c'était, et c'est encore en vigueur à Ottawa cette
affaire-là et c'est encore en vigueur à Londres
présentement cela disait: M. le Président, je fais motion
pour que vous fassiez rapport. Là, le président, on faisait un
tour de table, tout le monde avait droit de parole, on prenait un vote
là-dessus, et on se faisait battre, on continuait et, dix minutes
après, on recommençait.
Voyez comme on s'est amélioré, M. le Président. On
a cédé beaucoup de nos droits de parlementaires, de
représentants du peuple, pour tenter d'être plus efficaces. Je
pense que nous avons bien fait de le faire, on a bien fait. Si j'ai fait
référence à l'ancien règlement, ce n'est pas pour
dire que je l'aimais; au contraire, parfois, il faut aller au musée pour
savoir ce qu'étaient nos ancêtres. Cela nous permet de voir ce
qu'ils étaient, mais cela nous oblige pas à les renier. M. le
Président, je dis que nous avons tellement de restrictions que je crois
que cet amendement n'a pas été vu dans cette optique, dans
l'optique que je viens de vous dire. C'est peut-être pourquoi nous
l'avons. S'il avait été vu comme cela, nous ne l'aurions
sûrement pas...
Je demande, en toute bonne volonté, parce que je ne veux pas
faire d'affrontement, M. le Président, quand c'est nécessaire,
j'en fais, mais je n'aime pas cela plus que d'autres, les affrontements, ce
n'est pas là le sens d'une franche discussion, ce n'est pas là le
moyen d'en arriver aux meilleurs conclusions, quand on s'affronte inutilement.
Et à part cela, c'est dur sur le coeur, on l'a vu et cela pourrait
arriver à d'autres. Tâchons donc de nous arranger pour rester en
santé. On a des femmes et des enfants, pour plusieurs d'entre nous, et,
à l'heure qu'il est, un vendredi soir, à part cela, je vous
assure que Ouais!
M. Bédard: La mienne est à l'hôpital, et je
continue quand même le débat!
M. Samson: Si c'était l'épouse du ministre de la
Justice qui présidait ce soir, elle dirait peut-être: Ajournez
cela sine die. Et elle aurait grandement raison, parce que je sais les
problèmes qu'une soirée comme ce soir pose aux parlementaires, M.
le Président. Je ne sors pas de la pertinence, mais
si je fais un petit accroc sur le plan humanitaire, M. le
Président, vous allez le comprendre. Je dis que le ministre va
sûrement reconsidérer cette chose en fonction de ce que cela veut
réellement dire et en fonction de l'article 156. Regardez les quatre
premières lignes de l'article 156. C'est l'esprit de notre
règlement qui est là-dedans. L'esprit de notre règlement,
c'est-à-dire: 'Lorsqu'une commission a étudié un projet de
loi pendant une période de temps correspondant à l'importance ou
à la longueur du projet. " c'est là que se retrouve toute
la patente "... correspondant dis-je à son importance et
à sa longueur", on ne peut pas d'avance, bien sûr, savoir que la
correspondance à l'importance et à la longueur d'un projet sera
de 30 heures; on ne peut pas savoir cela d'avance, à moins qu'on me dise
qu'à l'avenir tous les projets de loi vont être de la même
longueur et qu'ils vont être tous de la même importance, ce serait
là un moule quasi impossible.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rouyn-Noranda...
M. Bédard: II faudrait quelqu'un pour juger cela
équitablement, l'importance et la longueur.
Le Président (M. Clair): ... je vous prierais de conclure,
puisque, même en tenant compte des interruptions, votre droit de parole
est expiré.
M. Samson: M. le Président, je vais conclure. Le
Président (M. Clair): Rapidement, merci.
M. Samson: Le ministre vient de dire qu'il faudrait que quelqu'un
puisse juger. C'est prévu, qui doit juger, dans le règlement!
C'est prévu que le leader parlementaire, une fois qu'il a tenu compte du
temps correspondant à l'importance ou à la longueur du projet,
c'est lui qui juge et qui amène la motion de clôture. Tout est
prévu. Vous n'avez pas besoin d'autre chose que l'article 156. Mais je
sais de quoi vous avez peur! Vous avez peur d'une chose.
M. Bédard: Pas seulement pour notre gouvernement, pour
tous les gouvernements.
M. Samson: C'est le vôtre qui est au batte. C'est le
vôtre qui est au bâton, ce ne sont pas les autres. Les autres,
quand ils arriveront, s'ils n'aiment pas cela, ils changeront la loi! Mais,
pour le moment, je dis que le gouvernement a peur de s'en aller devant un
référendum en ayant mis la guillotine sur un projet de loi! C'est
de cela qu'il a peur! Parce qu'il a peur de cela, il va le mettre d'avance.
Voyons donc! Vous allez l'avoir mis quand même. De toute façon, on
va l'utiliser au maximum. Si vous le mettez comme cela, ne vous
inquiétez pas, on va faire savoir aux gens que c'est un projet de loi
qui a été guillotiné automatiquement et par une guillotine
automatique. Voyons donc! Cela n'a pas de sens!
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rouyn-Noranda, votre temps de parole est écoulé.
M. Samson: M. le Président, merci de votre bonne
attention. Je sais que, même si vous êtes sur le point de me dire
d'arrêter, vous ne voulez pas me guillotiner!
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mercier.
M. Godin: Je pense qu'il est peut-être temps, malgré
l'heure tardive... Pour moi, l'heure à laquelle un amendement est soumis
ne fait aucune différence quant a sa valeur, le temps n'a rien à
voir avec nos travaux ici, ce qui ne semble pas être apparu clairement
à nos amis de l'Opposition, je suis sensible à leurs arguments
à l'égard de la guillotine, effectivement, la guillotine, c'est
odieux en soi, dans le cas de n'importe quelle loi sur laquelle le Parlement
doit statuer. Dans des cas d'exception seulement doit-on avoir recours à
la guillotine, dans les cas, je le répète, où c'est le
Parlement qui décide du sort d'une loi, mais il s agit ici d'un
mécanisme totalement différent. Si on fait l'historique du
référendum dans notre système britannique, on se rend
compte que lorsque l'idée même d'un référendum a
été amenée devant le Parlement, devant le père ou
la mère de tous les Parlements, celui de Londres, un grand nombre de
députés se sont opposés au principe du
référendum, car ils disaient; C'est une abdication des droits des
parlementaires. Nous sommes les élus, nous sommes, par
conséquent, temporairement peut-être, mais tout de même les
souverains dans ce pays ou dans cet Etat et il nous appartient à nous
seulement de nous prononcer. Mais au cours des siècles, au fond, les
Parlements, se sont résignés à renoncer à leur
souveraineté absolue et dans certains cas particuliers,
spécifiques, précis et très limités en nombre, les
Parlements ont décidé de consulter le peuple et d'aller chercher,
avant ou après le consentement des Chambres, le consentement populaire.
Je pense que le but ultime du mécanisme dont cette loi fait état,
c'est d'aller chercher un consentement populaire. Donc, de faire en sorte que
le peuple se substitue au Parlement.
C'est le peuple, en fin de compte... ce sont les règles relatives
à la façon dont le peuple va se prononcer qui sont importantes et
non pas les règles relatives à la façon dont le Parlement
doit être consulté ou amené à se prononcer sur la
procédure. Au fond c'est cela; le Parlement n'a à se prononcer,
à mon avis, que sur la procédure de consultation du peuple par le
gouvernement. Si on ne met pas cet article qui limite le temps, on se
retrouverait dans la position absurde où on pourrait neutraliser
l'objectif ultime qui est de s'informer auprès du peuple, parce qu'a ce
moment-là le Parlement pourrait neutraliser le gouvernement. Le
Parlement pourrait, par conséquent, faire é-chec à une
tentative du gouvernement de consulter le peuple et ainsi brimer les droits du
peuple d'être consulté par son gouvernement.
Je pense que cela brime beaucoup plus les droits et libertés des
personnes que de faire en sorte que le gouvernement soit privé de ses
contacts avec le peuple par un "filibuster" qui pourrait durer
indéfiniment. Je pense, par conséquent, qu'à l'instant
où on admet le principe selon lequel la consultation populaire, par
référendum, constitue en théorie une atteinte aux droits
des parlementaires élus, il faut accepter les tenants et aboutissants de
cette théorie et dire que l'objectif doit être de raccourcir le
délai entre le moment où le gouvernement décide de
consulter le peuple et le moment où le peuple est consulté.
Une Voix: ...
M. Godin: Laissez-moi parler, mon cher collègue. C'est
l'objectif de ce qu'on appelle, dans tous les autres cas de lois qui ne sont
pas des référendums, la guillotine, mais dans le cas qui nous
occupe, ce n'est pas une guillotine. Ce n'est pas non plus une clôture.
Il s'agit de faire en sorte que, à l'instant où le gouvernement
veut consulter le peuple, le peuple le soit le plus rapidement possible.
Mon collègue de Rouyn-Noranda, mon honorable collègue,
parlait d'un projet de loi de 853 articles. Il est entendu que dans un tel cas,
la loi des impôts, il n'est pas question qu'un gouvernement aille
consulter le peuple. Imaginez-vous le bulletin de vote, cela serait un
rouleau.
M. Ciaccia: ... sur un bulletin de vote, on dirait: Appuyez-vous
tel projet de loi, oui ou non.
M. Godin: Avez-vous le droit de parole, messieurs? Le trio
lyrique.
M. Ciaccia: ... oui ou non. On suit votre exemple.
M. Lavoie: ... on parle du projet de loi... on ne veut pas que
vous disiez des choses invraisemblables.
M. Lalonde: ... le soliste.
M. Samson: On veut que vous conserviez votre bill.
M. Ciaccia: On veut vous encourager dans vos sottises.
Le Président (M. Clair): A l'ordre! (23 h 30)
M. Godin: M. le Président, l'économie du
référendum, telle que vécue et influencée par
divers parlements et raffinée au cours des siècles, nous
mène aujourd'hui... et d'ailleurs les donneurs de leçons du
fédéral, dont le ministre se promène d'un bord à
l'autre du Québec pour dénoncer le projet de loi gouvernemental
du Québec comme étant une horreur qu'il faut rejeter avec une
perche de 20 pieds, sur laquelle on doit cracher pour ne pas dire vomir, comme
il est venu le dire devant quelques clubs sociaux de la province. Ce même
donneur de leçons, dans son propre projet de loi, parle d'une limite de
40 heures ce qui, per capita...
M. Lavoie: Pas pour un projet de loi. M. Ciaccia: Pour la
question.
M. Lavoie: Question de règlement, M. le
Président.
Le Président (M. Clair): Le député de Laval
invoque le règlement.
M. Lavoie: Je veux ramener mon bon ami, le député
de Mercier, dans la bonne voie, à la pertinence du débat.
Actuellement, on ne parle pas sur la limite de temps sur une question, comme il
se réfère à Ottawa, mais sur un projet de loi.
M. Ciaccia: C'est une petite différence.
M. Lavoie: Cela, c'est complètement différent.
M. Lalonde: Vous invoquez le projet fédéral quand
cela fait votre affaire.
M. Godin: Vous êtes aussi contre les 35 heures sur la
question.
M. Lalonde: Certainement. M. Godin: Bravo!
M. Paquette: M. le Président, je pense que pour discuter
de la limite d'un projet de loi il faut également, à l'occasion,
parler du principe de limiter le débat. C'est en ce sens que mon
collègue: évoque le projet de loi fédéral.
Le Président (M. Clair): Je ne vous donnerai pas de
longues justifications, mais je vais vous indiquer que, à mon avis, le
député était dans la pertinence du débat.
M. Godin: Je suis dans la pertinence du débat?
Le Président (M. Clair): Oui.
M. Godin: Merci, M. le Président. Je reconnais en vous un
homme généreux, ouvert et dont l'exemple devrait être suivi
par tous les membres de ce Parlement.
M. Lalonde: Cela prend vraiment de la
générosité.
Une Voix: Bravo!
Une Voix: Arrêtez!
M. Godin: Donc, dans ce projet de loi du fédéral,
on met une limite de temps de 40 heures ce
qui équivaut à un per capita largement inférieur
à celui qu'on aura ici. Ces gens aussi, après avoir
consulté les mêmes auteurs que nous, mon cher collègue de
Marguerite-Bourgeoys, après avoir fait le même historique que
nous, découvrent que la mécanique est simple. Il s'agit, par
conséquent, pour un gouvernement et non pas un Parlement, de consulter
le peuple. Si c'était un Parlement qui devait consulter le peuple, si le
Parlement devait décider, il n'y aurait peut-être pas de
consultation, dans la mesure où le Parlement pourrait empêcher la
consultation et brimer ainsi, je le répète, le droit d'un peuple
d'être consulté. Par conséquent, toute comparaison qu'on
fait avec les autres projets de loi est absolument non pertinente aux
débats que nous avons ici, depuis quelques semaines, sur ce projet de
loi. C'est une loi-cadre sur la consultation. L'objectif, je le
répète, est de faire en sorte que le jour où le
gouvernement décide de consulter, que cela se fasse rapidement. En
Angleterre, les Anglais disaient, au moment du référendum:
cela a duré trois ou quatre mois The referendum is a bore." Le
référendum est un emmerdement. Ils trouvaient qu'il y avait
beaucoup trop de temps. Ce n'est que deux ou trois semaines avant que le vote
soit pris que, là, nos compatriotes anglais ou nos amis anglais se sont
mis à dire: Là, on va s'intéresser à cela. Le vote
s'en vient. Donc, on veut éviter que des mois et des mois soient perdus
en palabres de toutes sortes, alors que le peuple, qui est destiné
à être interrogé, à être consulté sur
un projet de loi, attend que les parlementaires cessent de 'filibuster" un
projet de consultation avec lequel il ne serait pas d'accord.
C'est le principe qui est derrière ce projet de loi. Ce qui se
dessine derrière l'attitude de nos amis d'en face, sûrement part
d'un bon naturel, mais cela part, me semble-t-il, d'une certaine ignorance des
principes en cause ici. Je le répète: Les principes en cause sont
simples. Nous voulons aller chercher auprès du peuple un accord ou un
désaccord sur un projet de loi. L'essentiel de cette procédure,
c'est que le peuple se prononce et non pas le Parlement.
Donc, il faut abréger le délai entre la décision du
gouvernement de consulter et le moment où le peuple se prononce, ce qui
va être déterminant...
M. Ciaccia: Pourquoi soumettre ce projet de loi à
l'Assemblée nationale?
M. Bédard: Pour permettre un débat. M. Lalonde:
Permettez-le comme il faut.
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mont-Royal. A l'odre!
M. Paquette: On a le droit d'établir des
règles.
Le Président (M. Clair): A l'ordre, messieurs, s'il vous
plaît!
M. Godin: M. le Président, me reste-t-il encore du
temps?
M. Ciaccia: Oui, continuez, je ne veux pas vous empêcher de
parler.
M. Grenier: A 23 h 35, c'est en vers!
Le Président (M. Clair): M. le député de
Mercier, si vous voulez attendre avant que je vous redonne le droit de
parole.
M. Godin: Me diriez-vous combien de temps il me reste?
M. Grenier: Le député devrait laisser la prose
à 23 h 35 et terminer en vers.
M. Godin: Combien de temps me reste-t-il?
Le Président (M. Clair): II vous reste dix minutes.
M. Lalonde: Consentement, M. le Président.
M. Godin: En général, mon cher collègue,
c'est plutôt les muses qui m'inspirent que des députés de
l'Opposition et même de mon parti.
M. Lalonde: Cela fait des vers de moins en moins libres avec ce
gouvernement.
M. Godin: Je conclus là-dessus, M. le Président. Ce
qui ressort, ce qui semble ressortir de l'argumentation de nos amis d'en face,
c'est qu'ils n'ont pas compris la "rationally ", comme disent les Anglais, ou
la logique derrière une loi-cadre du référendum. Ils n'ont
pas compris que, pour un référendum et c'est la vue
historique des choses il ne s'agit pas de demander au Parlement de se
prononcer, mais au peuple de se prononcer. Le Parlement est là comme
chien de garde, garde-fou et je regrette...
M. Lalonde: Un chien de garde muselé et attaché.
C'est cela. Il ne peut même pas aboyer.
M. Godin: II est là comme chien de garde pour le
contrôle qui doit être fait, pour garantir que le peuple soit
consulté de la meilleure manière possible, de la manière
la plus juste possible.
Le Président (M. Clair): A l'ordre! M. le
député de Verchères, à l'ordre!
M. Lalonde: Pendant qu'on peut encore parler.
M. Samson: M. le Président, ils sont en train de nous
enlever le droit de parole et vous voulez nous enlever le droit de rire!
M. Godin: L'Opposition, M. le Président, qui donne des
leçons à tout venant, est en train de transformer ceci en
"rirathon" parlementaire et non plus en commission parlementaire.
M. Samson: Question de règlement, M. le Président.
Ce n'est pas une question de rire. Si on
laisse passer cela, on va pleurer et sur leur bord à part
cela.
Le Président (M. Clair): Messieurs, si on veut revenir aux
choses sérieuses...
M. Bédard: Je pense qu'il serait temps d'avoir le droit de
s'exprimer.
M. Samson: Les pièges que vous nous tendez, vous allez
vous prendre dedans.
M. Godin: Est-ce que j'ai le droit de parole, M. le
Président?
Le Président (M. Clair): M. le député de
Rouyn-Noranda, au point de vue réglementaire, je vous ai
déjà indiqué que votre droit de parole était
expiré. Messieurs, je vous invite à être respectueux du
droit de parole du député de Mercier, à cette heure-ci,
c'est peut-être plus difficile, mais je vous invite à respecter le
droit de parole du député de Mercier.
M. Samson: M. le Président, je retire l'énergie que
j'ai mise dans mes propos. Je m'excuse auprès du député de
Mercier.
M. Godin: Exceptionnellement, comparé à vous tous,
j'ai été exceptionnellement non intervenant ce soir dans vos
propres paroles. Je conclus, M. le Président, si on me permet de finir
mes phrases et surtout de retrouver le fil d'Ariane à travers ces
pensées qui parcourent des siècles. C'est un cours des
siècles d'histoire du parlementarisme britannique, M. le
Président.
M. Samson: ... rire, avec un gars comme cela!
M. Godin: Et je comprends que les recherchis-tes du Parti
libéral sont impressionnés. C'est peut-être rare qu'ils
entendent de tels propos, M. le Président, avec les gens qu'ils
fréquentent. Mais je vais vous dire une chose, M. le Président,
M. Jolivet acquiesce du bonnet. Vous lirez le journal des Débats.
M. Lalonde: M. le Président, cela en est rendu à
une question de règlement. A se référer aux recherchistes,
le débat, vous savez...
M. Godin: On ne fait pas ces distinctions. On a autant de respect
pour les députés que pour les recherchistes. Ce que je veux dire,
M. le Président, c'est qu'il est temps que l'Opposition se renseigne,
prenne conscience qu'en fin de compte, pour des cas très précis,
le Parlement se déplace vers la population. C'est la population qui
devient le Parlement et notre tâche ici ce soir, c'est de voir à
ce que ce Parlement, qui constitue... de la population, ait la chance de
s'exprimer et, par conséquent, ce Parlement, l'institution ici, doit
abdiquer une partie de ses privilèges... Le président est saisi
d'une crise quelconque. M. le Président, à cause de l'heure, je
termine...
M. Ciaccia: ... la même chose que vous...
M. Samson: On pourrait suspendre pour vous donner le temps de
rire.
M. Godin: Je termine, M. le Président, à cause de
l'heure, veuillez excuser mes quelques égarements. Je termine
là-dessus, M. le Président. Je conclus, sérieusement. Il y
a une partie du Parlement qui se déplace vers la population et c'est
elle qui va être en fin de compte le Parlement, en l'occurrence. C'est la
raison pour laquelle il faut réduire le temps entre le moment où
le gouvernement décide de consulter et le moment où le vote
populaire se prend. Merci.
M. Lalonde: Je ne sais pas si les rires sont enregistrés
au journal des Débats, j'espère que non.
M. Grenier: ...
M. Bédard: ... la situation pour les fins du journal des
Débats, M. le Président.
Le Président (M. Clair): Quelqu'un demande la parole.
M. Lavoie: M. le Président, le ministre de la Justice,
après que le ministre des Finances m'ait indiqué qu'il
était un vrai indépendantiste, m'avait indiqué qu'il avait
l'intention possiblement de suggérer de suspendre l'étude de cet
amendement et ainsi suspendre l'étude de l'article 9. Il est 23 h 42, je
suis prêt, s'il désire proposer immédiatement la
suspension, comme il me l'avait indiqué, à interrompre
immédiatement mon intervention et nous serions prêts à
procéder à l'étude de l'article 10 du projet de loi.
Le Président (M. Clair): Entendu.
M. Bédard: Je n'ai pas d'objection, M. le
Président. Je crois que ce que nous avons avancé comme
amendement, est un amendement qui exige non seulement de la réflexion de
la part de l'Opposition, mais on peut s'attendre...
M. Samson: Vous allez en faire un peu aussi.
M. Bédard: On peut s'attendre à une argumentation
serrée, de part et d'autre, controversée, mais probablement
toujours en fonction d'un même objectif qui est d'essayer
d'améliorer la loi-cadre et d'essayer d'en faire un instrument le plus
valable possible. Il y aurait peut-être lieu de suspendre. Il y a
seulement un point qui a été soulevé par le
député de Marguerite-Bourgeoys qui me semble important. J'apporte
une lumière sur ce point pour qu'on n'ait pas à en discuter pour
rien en fonction de l'avenir, par rapport au fait que le député
de Marguerite-Bourgeoys, si j'ai bien compris son argumentation, en venait
à la conclusion que, tel que libellé, cela pourrait permettre au
gouvernement, sur n'importe quel projet de loi de décider à un
moment donné, lors de l'étude article par article, que le projet
de loi sera soumis à la consultation populaire, à ce
moment-là, limiter le débat à trente heures tel que
nous le soumettons dans l'amendement.
Je dois dire que, si les articles 6 et 9 examinés en relation
l'un avec l'autre ne sont pas très clairs, il est très clair,
dans mon esprit, que, à moins d'un consentement unanime, sauf
consentement unanime des membres de l'Assemblée nationale, un projet de
loi adopté par l'Assemblée nationale ne peut être soumis
à la consultation populaire que si, lors de son dépôt, pas
à une autre étape du projet de loi, sans contenir, dès le
dépôt du projet de loi une disposition indiquant que le texte
d'une question ou encore un projet de loi sera soumis à la consultation
populaire et que cette intention gouvernementale doive s'exprimer dès le
dépôt du projet de loi. A ce moment-là... (23 h 45)
M. Lalonde: II faudrait le préciser, si telle est votre
intention.
M. Bédard: C'est carrément notre intention, et il
ne m'est venu à aucun moment l'idée de penser qu'on pourrait
procéder autrement, qu'un gouvernement pourrait procéder
autrement. S'il y a lieu de le préciser, on le précisera
sûrement. Voilà pour cet élément.
Pour ce qui est du reste du contenu de l'amendement proposé, nous
allons suspendre et passer à... On pourra ajourner.
M. Lavoie: Nous acceptons cette proposition du ministre de
suspendre l'étude de l'article 9.
Une Voix: Adopté.
Le Président (M. Clair): L'étude de l'article 9 est
suspendue. J'appelle l'article 10.
M. Lavoie: Je n'ai qu'un seul commentaire à faire.
M. Lalonde: Je me suis posé une question tantôt en
regardant cet article avec le leader de l'Opposition. Tel que
rédigé, est-ce que le ministre pense que ce n'est qu'un projet de
loi dont la consultation populaire a appuyé les termes qui peut recevoir
la sanction? Essentiellement, on soumet un projet de loi à la
consultation populaire pour avoir son opinion. Je pense que toute la
dialectique, c'est que si la population est contre, on ne le sanctionne pas. Le
libellé dit bien: Un projet de loi soumis à la consultation
populaire peut recevoir la sanction. On ne dit pas: Si la consultation
populaire est contre, il peut encore recevoir la sanction ici.
M. Paquette: ... consultatif. La constitution ne permet pas de
tenir un référendum de valeur décisionnelle.
M. Bédard: Décisionnelle. Du point de vue
constitutionnel, on ne pourrait même pas le faire. Donc, on ne peut pas
l'indiquer dans la loi. Ce serait...
M. Paquette: C'est très clair au sens constitutionnel.
M. Bédard: ... très clairement anticonstitutionnel
de soumettre le législatif à une décision
consultative.
M. Paquette: II y a l'avis de Gérald Beaudoin, en
particulier, dans un article.
M. Bédard: Nous pouvons en faire tenir...
M. Godin: Est-ce que vous me permettez une question?
M. Bédard: C'est-à-dire, il y a des jugements
très précis qui se sont prononcés sur cet aspect. Si
l'Opposition aimait à en prendre connaissance, on peut peut-être
donner des références.
M. Lavoie: C'est une prérogative du lieutenant-gouverneur,
où on ne peut pas légiférer. C'est une prérogative
du lieutenant-gouverneur.
M. Godin: Supposons qu'il s'agit d'une loi sur lavortement, pour
prendre un exemple, est-ce que ce serait, encore là, uniquement
consultatif?
M. Bédard: Oui, ce serait encore là.
M. Charbonneau: Au sujet de lavortement, on le fera quand on sera
souverain et là...
M. Paquette: Même dans le champ des compétences
provinciales.
M. Samson: La loi-cadre est consultative.
M. Paquette: Cela peut être autre chose qu'un
référendum consultatif.
M. Lavoie: Sur cela, j'aurais un autre commentaire à
faire. Tel que c'est rédigé, cela voudrait dire qu'un projet de
loi pourrait être adopté possiblement dans la première
session d'une Législature, une Législature de quatre ans ou cinq
ans, tel que prévu en vertu de la constitution, par un gouvernement,
pour être soumis à la consultation populaire et approuvé
par la majorité des électeurs. Le gouvernement pourrait attendre
trois ans pour le faire sanctionner.
M. Lalonde: Ou ne jamais le sanctionner. M. Lavoie: Ou ne
jamais le faire sanctionner.
M. Bédard: Ecoutez, on vient de vous donner l'explication.
C'est un référendum consultatif.
M. Lavoie: Prenons le cas où le gouvernement soumet une
loi à la Législature sur la décentralisation.
Une Voix: II n'y a plus de guerre, il n'y a plus de...
M. Bédard: Sur la fluoration...
M. Lavoie: La fluoration, si vous voulez. Après son
adoption en troisième lecture, il est soumis à un
référendum. La question: Approuvez-vous tel projet de loi sur la
fluoration. La population dit: Oui. Le gouvernement pourrait attendre trois ans
avant de le faire sanctionner et même, ne jamais le faire sanctionner.
Ecoutez...
M. Charbonneau: Prenons un autre exemple, prenons un autre
exemple.
M. Lavoie: Attendez à tout à l'heure, je pose la
question au ministre.
M. Bédard: N'importe quelle loi actuellement, au niveau de
la sanction, le gouvernement peut faire sanctionner quand il lui semble
à propos de le faire. Ce sont les mêmes règles qui jouent
mais c'est encore plus clair dans le cas d'un référendum qui n'a
qu'un caractère consultatif.
C'est la même chose qui existe à l'heure actuelle pour un
projet de loi, quelque projet de loi que ce soit, que nous menons
jusqu'à la troisième lecture. Au niveau de la sanction, le
gouvernement peut le faire sanctionner, il ne peut pas faire sanctionner la
loi.
M. Charbonneau: Les conditions qui ont amené le
gouvernement à demander l'avis du peuple peuvent avoir changé et
motivé... Les conditions, c'est une initiative gouvernementale. Le
gouvernement décide d'aller consulter le peuple pour un certain nombre
de raisons. Faisons l'hypothèse...
M. Bédard: La raison fondamentale est qu'il va devant la
population pour avoir son opinion, une opinion claire et précise.
Là, nous en sommes au côté technique.
M. Lavoie: Ce qui est un peu spécial, c'est que le
gouvernement a fait son lit, a proposé à l'Assemblée un
projet de loi et il en prend la responsabilité. Le gouvernement a
décidé pour un projet de loi, l'Assemblée nationale a
décidé pour un projet de loi, et en plus de cela la population a
décidé, pour le même projet de loi, qu'il est possible que
cela ne devienne jamais une loi.
M. Bédard: C'est la même chose qui existe
actuellement pour une loi.
M. Lavoie: II y a une discrétion, je le sais.
M. Bédard: II y a la discrétion. Sauf que, ayant
adopté une loi, ayant procédé à une consultation
populaire positive, il est évident qu'il existe à ce
moment-là une pression additionnelle pour que le gouvernement prenne une
décision dans le sens de la consultation.
M. Paquette: II y a une autre raison. Il y a, bien sûr, cet
empêchement constitutionnel qui fait qu'on doit prévoir cette
chose-là.
M. Lavoie: Ce n'est pas le cas au point de vue
constitutionnel.
M. Paquette: Mais il y a une autre raison également. Pour
un référendum donné, tant qu'il n'est pas tenu, on ne peut
pas savoir dans quelles conditions il s'est déroulé. Supposons...
cela pourrait arriver. Je dis que cela pourrait être exceptionnel.
Supposons que seulement 30% de la population se rendent aux urnes. Le
gouvernement pourrait dire que même si 51% des gens sont pour ou contre,
ce n'est pas un avis déterminant et qu'on va revenir devant
l'Assemblée nationale. On va peut-être modifier le projet de loi.
C'est une soupape utile. En plus, d'après ce qu'on peut en voir, elle
est nécessaire à cause du caractère consultatif du
référendum.
Le Président (M. Clair): L'article 10 est-il
adopté?
Des Voix: Adopté.
Le Président (M. Clair): Adopté.
M. Bédard: L'article 11.
Le Président (M. Clair): Article 11.
M. Bédard: C'était une suggestion qui avait
été faite par l'Union Nationale, que nous avons reprise
intégralement, selon laquelle il ne peut y avoir au cours d'une
même Législature un référendum portant sur...
M. Lalonde: ... logique du principe...
M. Charbonneau: Vous nous avez toujours demandé de n'en
avoir qu'un.
M. Lalonde: Vous parlez du référendum sur
l'indépendance?
M. Charbonneau: Vous parlez de cela depuis le début.
M. Lalonde: Ah! c'est une loi-cadre, écoutez! M.
Charbonneau: Ce n'est pas nous autres... M. Bédard: Sur
quelque sujet. M. Charbonneau: C'est sur n'importe quoi. M. Lavoie:
En ce qui nous concerne, adopté. M. Charbonneau: Sur
l'avortement également.
Le Président (M. Clair): L'article 11 est-il
adopté?
M. Bédard: Que ce soit la fluoration ou tout autre genre
de référendum...
M. Lavoie: Article 11, d'accord.
M. Lalonde: Moi, je ne suis pas contre.
M. Bédard: Quand on regarde tout le mécanisme qu'on
doit mettre en place...
M. Lalonde: Je ne suis pas contre, mais si, jamais, à un
moment donné, il y a un référendum, sur la fluoration de
l'eau, puisque cela sort, 51% à 49%, et que le gouvernement dit: On va
peut-être changer un petit peu notre loi, il va être obligé
d'attendre un autre Parlement.
M. Bédard: Une autre Législature. M. Lalonde:
D'accord.
L'émission des brefs
Le Président (M. Clair): L'article 11 est adopté.
Article 12.
M. Lalonde: Adopté.
M. Lavoie: De toute façon, on ne prévoit pas qu'il
y en ait beaucoup, à l'exception d'un référendum
spécifique.
Le Président (M. Clair): L'article 12. M. Lalonde:
Qui est rédigé pour cela. M. Bédard: Cela,
l'avenir le dira.
Le Président (M. Clair): L'article 12 est-il
adopté?
M. Lavoie: Un instant!
M. Paquette: Vous n'avez pas assez réfléchi au
problème pour dire cela.
M. Lavoie: Oh là là!
M. Paquette: Non, mais je veux dire...
M. Lavoie: C'est vrai qu'on est tellement absorbé à
réfléchir sur...
M. Paquette: Non, ce n'est pas cela. Si, un jour, il y a un
référendum, qu'il faut se donner une constitution, il y a une
série de gestes à poser qui peuvent nécessiter l'appel au
peuple aussi, cela peut arriver. Il n'y a pas que la question des
référendums à répétition.
M. Lavoie: A $15 millions ou $20 millions du coup.
M. Bédard: C'est pour cela qu'un gouvernement responsable
doit être convaincu qu'il y a lieu de consulter la population, avant de
s'aventurer.
M. Lavoie: Adopté.
Le Président (M. Clair): Adopté. L'article 13.
M. Lavoie: M. le Président, on aurait de petits
amendements mineurs dans les délais.
M. Bédard: II est minuit moins cinq, M. le
Président, on pourrait...
M. Lavoie: On voudrait étendre certains délais.
M. Bédard: ... peut-être considérer qu'il est
minuit.
M. Lavoie: Je pense que ce serait préférable
d'ajourner.
Le Président (M. Clair): Alors, nous considérons
qu'il est minuit.
M. Samson: Bien que le ministre ait considéré ma
proposition d'il y a une heure et demie, il est minuit.
M. Bédard: On ne sait jamais. M. Lavoie: M. le
Président...
Le Président (M. Clair): A l'ordre, s il vous plaît!
M. le député de Laval.
M. Lavoie: M. le ministre, on avait discuté, à une
réunion antérieure, dans le courant de la semaine,
d'étudier ou de considérer particulièrement le rapport de
la Commission des droits de la personne, et je vous le dis, spécialement
en ce qui concerne des comités nationaux, spécialement.
M. Bédard: Comme les autres partis, on a l'occasion de les
étudier article par article, c'est la même chose concernant les
comités nationaux. Maintenant, est-ce qu'on pourrait...
M. Lavoie: Je vais vous dire pourquoi. J'aimerais peut-être
connaître la position que je souhaite révisée du
gouvernement, assouplie du gouvernement, en ce qui concerne ces comités
nationaux, cette obligation, pour tous les individus, tous les groupes, tous
les partis de se regrouper au sein de comités nationaux. Vous êtes
au courant, d ailleurs, on vous a remis une copie d'une certaine proposition
que nous avons faite. C'est sûr que la proposition globale que nous avons
faite amène la rédaction de concordance d'une multitude
d'amendements, et, au point de vue technique, c'est assez compliqué.
Nous avons commencé, nous sommes très avancés dans la
rédaction de ces articles qui donnent, en principe, plus de latitude
à l'individu, aux groupes, aux organismes d'agir individuellement et de
ne pas être tenus de s intégrer obligatoirement à des
comités nationaux, tout en imposant un contrôle très strict
des dépenses, pour empêcher cette orgie de dépenses.
Peut-être que, dès lundi, si nous pouvions tenir une
séance pour regarder la position autant du gouvernement que des
différents partis d'Op-
position, nous aurions moins de temps à perdre si c'était
une fin totale de non-recevoir de la part du gouvernement, en ce qui concerne
nos amendements ou notre proposition, nous ne voudrions pas perdre des heures
et des heures à rédiger des articles qui se tiennent ensemble, de
concordance, et tout. C'est une rédaction quasiment nouvelle du projet
de loi, en ce qui concerne les comités nationaux.
Si vous nous dites que, lors de cet exposé général,
nous avons de bonnes chances, nous allons les rédiger. Nous n'avons pas
de temps à perdre inutilement.
M. Bédard: Je suis à même de réaliser,
lorsqu'on est à faire des amendements techniques, que ce soit pour
l'Opposition, le leader le réalise présentement, que pour le
gouvernement, nous avons été à même de le
réaliser au niveau des articles 8 et 9 je comprends qu'il peut y
avoir des difficultés énormes du point de vue technique
disons que dès la reprise, lundi, sans faire une discussion globale sur
l'avis de la Commission des droits de la personne, que nous avons l'occasion
d'étudier article par article, sur le projet proprement dit des
comités nationaux, nous pourrons y revenir brièvement.
M. Grenier: J'aimerais préciser cependant que si on en
arrivait aux articles qui traitent des questions auxquelles il doit être
répondu par un oui ou par un non, cela aura une implication sur les
comités nationaux aussi.
M. Bédard: Je serai en mesure de vous donner mon
orientation.
M. Grenier: Si la question est claire pour un oui ou pour un non,
on n'a pas encore réglé le cas des articles. Mais, quand on aura
réglé ce cas, cela pourra être important aussi. Si la
question est multiple, pour les comités nationaux, cela pourra
être différent aussi.
M. Bédard: Je pense qu'il y a eu des amendements
présentés là-dessus et c'est réglé.
Le Président (M. Clair): Messieurs, il est minuit, la
commission ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 0 h 1)