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Commission permanente
des richesses naturelles
et des terres et forêts
Rapport des activités de l'Hydro-Québec
Séance du mercredi 3 juillet 1974
(Seize heures dix-sept minutes)
Préliminaires
M. LAFRANCE (président de la commission permanente des richesses
naturelles et des terres et forêts): A l'ordre, messieurs! Avant de
commencer les travaux de la commission, je voudrais mentionner qu'il y a des
changements parmi les membres de la commission: M. Morin (Sauvé)
remplace M. Bédard (Chicoutimi), M. Massicotte (Lotbinière)
remplace M. Carpentier (Laviolette), M. Houde (Limoilou) remplace M. Drummond
(Westmount), M. Bacon remplace M. Larivière et M. Saint-Pierre remplace
M. Shanks.
La commission est heureuse de recevoir les membres du bureau de
direction de l'Hydro-Québec, ainsi que de la Société de
développement de la baie James. Je demanderais au président de
l'Hydro-Québec de nous présenter ses invités et de nous
faire son rapport, si ça lui plaît.
M. GIROUX: Merci, M. le Président. Je crois que, pour
débuter, ce seront les gens de l'Hydro-Québec
particulièrement... Si la commission est consentante, on nettoiera les
problèmes de l'Hydro-Québec proprement dits et, après, on
prendra les problèmes de la Société d'énergie.
Alors, les gens...
M. LESSARD: M. le Président... M. GIROUX: Pardon?
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Un instant, s'il vous plaft, M. Giroux.
M. LESSARD: Malheureusement, M. le Président, je ne sais pas s'il
y a un problème de microphone, mais nous n'entendons pas M. Giroux.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): II n'y a pas de microphone?
M. GIROUX: II n'y a pas de haut-parleur. On peut faire venir les
ingénieurs.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Alors, on va leur demander de parler plus
fort. Est-ce enregistré quand même? Bon, d'accord. Alors, s'il
vous plaît, M. Giroux, on vous demanderait de parler un peu plus fort
afin que tous les membres puissent comprendre, étant donné qu'il
y a des petits problèmes; il fait chaud, on est obligé de garder
les fenêtres ouvertes.
M. GIROUX: Alors, messieurs, à mon extrême droite, je crois
que les gens reconnaissent M. Dozois, M. Boyd et, à
l'extrémité de la table, M. Gauvreau, M. De Guise et M. Charuk
qui m'accompagnent pour parler de ces problèmes. Si vous me le
permettez, nous allons faire l'exposé des bilans de
l'Hydro-Québec pour répondre aux questions qui regardent
l'Hydro-Québec; c'est la façon dont nous avons
procédé l'an dernier. Après, nous prendrons les
problèmes de la Société d'énergie; encore une fois,
c'est ainsi que nous avons procédé l'an dernier.
Si vous me le permettez, je vais commencer la présentation pour
ne pas retarder cette commission. Il nous fait plaisir, à mes
collègues de la commission et à moi-même, de nous retrouver
pour faire le point sur nos activités.
M. LESSARD: M. le Président, je m'excuse auprès de M.
Giroux, auprès des responsables de l'Hydro, ainsi qu'auprès du
public, mais il semble qu'on ait très mal choisi la salle. Il y a
actuellement à la salle 81 une commission de la justice qui
n'amène certainement pas autant de gens et il me semble qu'il serait
normal que nous échangions les deux salles. Ce serait, je pense, bien
utile pour tout le monde qui est ici.
M. MORIN: Et, M. le Président, comme nous avons quelque
difficulté à suivre le rapport oral de M. Giroux, est-ce que le
texte pourrait en être distribué aux membres de la commission?
M. GIROUX: II est disponible immédiatement.
M. LESSARD: II n'y a pas de monde de l'autre côté.
M. MORIN: J'aperçois deux ministres qui semblent avoir le texte.
Est-ce que l'Opposition pourrait aussi en avoir un exemplaire?
M. GIROUX: Nous avons des textes disponibles immédiatement. Si
vous voulez en faire la distribution.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Je pense qu'il y a deux problèmes qui
se posent, soit celui de la salle et celui des textes. Je demanderais de ne pas
distribuer les textes tout de suite si on décide de changer de salle.
Maintenant, je peux suspendre les travaux de la commission pour quelques
instants afin de m'informer s'il y a moyen de faire le changement.
M. LESSARD: D'accord. DES VOIX: D'accord. (Suspension de la
séance à 16 h 21)
Reprise de la séance à 16 h 26
LE PRESIDENT (M. Lafrance): A l'ordre, messieurs!
Vous avez pu constater l'efficacité du vice-président du
caucus, qui a réussi à nous trouver une salle beaucoup mieux
adaptée pour la circonstance. Je crois que tous les membres de la
commission ainsi que nos témoins et tous les invités en sont
heureux. Je remercie le vice-président du caucus.
M. Morin, le chef de l'Opposition officielle, m'a demandé de dire
un mot avant l'exposé de M. Giroux, si vous le permettez, M. Giroux.
M. MORIN: M. le Président, en vue de faciliter la marche de nos
travaux, à la suite du rapport de M. Giroux, puis-je proposer que nous
suivions l'ordre du jour suivant? J'en donne un exemplaire au ministre ainsi
qu'à vous-même. 1 ) L'estimation des besoins et des nouveaux
projets autres que ceux de la baie James; 2)le projet de la baie James; 3)la
tarification; 4) l'accord Churchill Falls Company avec l'Hydro-Québec;
5)les inondations; 6)le régime de retraite; 7 ) les questions
diverses.
Le seul but de ma proposition est d'activer la marche des travaux
après le rapport que M. Giroux est sur le point de nous faire.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable ministre des Richesses
naturelles.
M. MASSE: M. le Président, je pense qu'à la lecture de
l'allocution du président on verra qu'il y a également une forme
de proposition des discussions. Si on suit l'une ou l'autre des formules, cela
permet la discussion des sept points que suggère le chef de
l'Opposition.
M. MORIN: M. le Président, je n'ai pas d'objection qu'on adopte
un autre ordre des travaux. Le seul but est de mettre quelque ordre dans nos
questions. L'expérience des années passées, la lecture des
Débats nous enseigne que, si nous n'agissons pas de la sorte, les
questions se promènent dans tous les sens.
M. MASSE: D'accord, mais est-ce qu'on ne pourrait pas entendre
l'allocution de M. Giroux, quitte à revenir sur cette question par la
suite?
M. MORIN: Oui, oui.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable député de
Beauce-Sud.
M. ROY: J'aimerais revenir puisqu'on parle de l'ordre des travaux. Je
n'ai aucune objection que la commission accepte l'ordre prévu par le
chef parlementaire du Parti québécois, mais j'estime qu'il y a un
point qui devrait être ajouté à cela, et c'est le
financement de l'Hydro-Québec. A plusieurs reprises, depuis trois ans,
nous insistons toujours pour qu'on discute du financement de
l'Hydro-Québec comme tel et de quelle façon on va financer ce
projet-là. J'estime que ce point devrait être ajouté dans
l'ordre du jour soumis avant qu'on discute d'inondation. Chaque fois qu'on est
arrivé pour discuter de ce sujet-là devant la commission
parlementaire, la commission parlementaire a été ajournée
sine die.
Ainsi on n'a jamais pu discuter de cette question à fond. Si on
engage des milliards et des milliards du Québec dans ce financement,
j'estime qu'on devrait savoir quel sera l'ordre de grandeur et de quelle
façon le gouvernement du Québec entend financer tout ça de
concert avec l'Hydro-Québec. Alors, j'aimerais bien qu'on en
discute.
M. GARNEAU: Si ma mémoire m'est fidèle, M. le
Président, l'an dernier cela avait été discuté,
mais l'opposition créditiste s'était retirée de la salle,
après un exposé ou un monologue du chef parlementaire des
créditistes. De toute façon, je ne voulais certainement pas
laisser passer l'affirmation du député de Beauce-Sud sans
souligner que ce problème avait été discuté.
M. ROY: Ce problème a été discuté, je dois
rectifier un peu ce que vient de dire l'honorable ministre, je n'ai pas
l'intention d'engager un débat de procédure là-dessus,
mais j'ai assisté moi-même à la commission parlementaire et
c'est moi-même qui avais insisté pour que cette question soit
discutée. On n'a qu'à relever le journal des Débats, la
commission parlementaire avait été ajournée sine die.
M. GARNEAU: On va le relever pour montrer que ce n'est pas vrai.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, si le Parti créditiste a
toujours manifesté beaucoup d'intérêt vis-à-vis des
questions de financement. Je pense que le Parti québécois avait
également manifesté, sinon une opinion biaisé, tout au
moins beaucoup d'intérêt vis-à-vis de la filière
nucléaire. Peut-être qu'il y aurait lieu de mettre à jour
des comparaisons entre des options qui ont été
épousées dans le passé par l'Hydro-Québec et
acceptées par le gouvernement et les thèses maintes fois
répétées, de même que les erreurs sur le plan de la
filière nucléaire, avec une comparaison de coûts pour
savoir si le contribuable québécois est effectivement bien servi
par une décision qui a été prise par
l'Hydro-Québec, il y a deux ans, de poursuivre le programme de la baie
James.
M. MORIN: Cette question nous intéresse au plus haut point, M. le
Président, et je ne vous cache pas que sur le chapitre de la baie James,
nous avions bien l'intention d'examiner et le financement pour répondre
à la question du député de Beauce-Sud, et la question de
la comparaison avec d'autres sources d'énergie.
Peut-être convient-il maintenant d'écouter le
président de l'Hydro-Québec, après quoi nous pourrons
peut-être nous mettre d'accord sur l'ordre des travaux.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Alors, M. Giroux, on s'excuse pour ce
minidébat et on vous cède la parole.
Etats financiers de l'Hydro-Québec
M. GIROUX: Merci, Messieurs. Je ne sais pas si vous m'entendez mieux,
malheureusement, c'est le mieux que ma vieille voix peut faire, parce qu'il en
manque des morceaux.
On disait tantôt qu'il nous fait plaisir, à mes
collègues de la commission et à moi-même, de nous retrouver
devant vous pour faire le point sur nos activités. Vous avez en main les
états financiers et statistiques 1973 de notre rapport annuel, ainsi que
notre rapport d'activité qui renferme une quantité importante de
détails sur les multiples facettes de l'activité de l'entreprise
durant l'année.
C'est la première fois que nous publions et déposons un
tel rapport, dont le contenu déborde largement les seuls aspects
financiers et statistiques de nos opérations. Il vise à vous
fournir, ainsi qu'au public québécois en général,
une information plus complète sur les actions de l'Hydro-Québec.
Il répond aussi, je le souhaite, au voeu exprimé par certains
d'entre vous dans le passé.
Puisque vous êtes en possession de ces documents, vous me
permettrez, dans mon allocution, de déborder quelque peu leur contenu
afin de mettre en lumière certains faits ou événements qui
s'y rattachent.
Je vous présenterai d'abord les faits saillants de l'année
1973 en ce qui concerne la consommation d'électricité et nos
résultats financiers. Ensuite, je vous entretiendrai de la demande
d'électricité que nous prévoyons, du programme
d'équipement que nous avons choisi pour satisfaire cette demande et,
finalement, du défi que l'Hydro-Québec devra relever durant les
prochaines années.
La consommation de l'électricité au Québec. Au
cours de l'année 1973, nous avons pu constater au Québec une
forte hausse de la demande d'électricité, qui s'est
manifestée dans tous les secteurs et, en particulier, dans les secteurs
domestique et industriel.
Je veux d'abord souligner que le nombre de nos abonnements a franchi le
cap des deux millions au cours de l'année, soit une augmentation de 3.8
p.c. Depuis 1964, la croissance annuelle moyenne des abonnements a
été de 3.4 p.c.
Les Québécois ont consommé 53.2 milliards de kWh en
énergie souscrite, soit une augmentation de 8 p.c. par rapport à
1972 et de plus de 77 p.c. de nos ventes totales, qui ont été de
68.7 milliards de kWh. Cette augmentation est fortement supérieure
à celles de 5.8 p.c. et de 3.6 p.c. des deux années
précédentes, ce qui traduit assez bien l'intensité de
l'activité économique depuis la fin de 1971.
Le secteur domestique. Comme je l'indiquais plus haut, le secteur
domestique a connu une forte augmentation en 1973. Les abonnés ont
consommé 14.13 milliards de kWh ou 11.2 p.c. de plus qu'en 1972, alors
que le secteur agricole a augmenté sa consommation de 9.1 p.c.
Cette hausse de la consommation d'électricité dans le
secteur domestique mérite que nous nous y arrêtions pour en
chercher les principaux facteurs.
Le nombre d'abonnements du secteur domestique s'est accru de 4.2 p.c, ce
qui est nettement supérieur au taux annuel moyen d'accroissement de 3.4
p.c. enregistré depuis 1964. Comme vous le savez, l'augmentation des
abonnements domestiques est surtout attribuable à la formation de
nouveaux ménages et non pas à l'accroissement de la
population.
D'autre part, la consommation moyenne par abonnement domestique a
été de 8,456 kWh, soit une hausse de 7.3 p.c. C'est la
deuxième année de suite que nous connaissons une hausse aussi
importante. Elle était de 6.4 p.c. en 1972 alors que de 1967 à
1971, le taux moyen d'augmentation annuelle n'avait été que de
3.3 p.c.
Il n'est pas facile de déterminer avec certitude les facteurs
qui, en 1973, ont contribué à cette forte augmentation de la
consommation domestique. On peut toutefois croire que l'augmentation du revenu
personnel disponible, associé à l'intensité
économique, contribue largement à accroître la consommation
d'électricité.
Etant donné que près de 56 p.c. des nouvelles
unités de logement ont adopté le chauffage électrique, il
est certain que la construction domiciliaire au Québec a
influencé la croissance et la consommation en 1973.
L'augmentation du prix de l'huile à chauffage vers la fin de
l'année peut avoir eu un certain impact sur la consommation
d'électricité. Plusieurs abonnés se sont
équipés de chauffage électrique d'appoint et le nombre de
demandes de conversion du système de chauffage à l'huile au
chauffage électrique qui nous est parvenu a dépassé toutes
nos prévisions. Quoi qu'il en soit, l'effet de l'augmentation du prix de
l'huile à chauffage sur la consommation d'électricité se
fera davantage sentir au cours des prochaines années.
Dans le même ordre d'idées, je dois souligner que la crise
du pétrole nous a amenés à repenser notre politique de
mise en marché.
L'objectif principal de cette politique tend à encourager plus
fortement nos abonnés à utiliser rationnellement
l'énergie. L'utilisation rationnelle de l'énergie, dans le cas de
l'hydroélectricité, ne signifie pas le rationnement, mais
plutôt une utilisation de cette ressource naturelle qui soit la plus
efficace et la plus rentable pour le Québec. Nous avons, par exemple,
atténué certaines politiques incitatives et orienté nos
messages publicitaires vers l'information du consommateur sur les moyens
à prendre pour atteindre l'objectif fixé. C'est dans cet esprit
que nous avons intégré et amélioré, en 1973, nos
services à la clientèle que vous pourrez mieux connaître en
parcourant notre rapport d'activité.
Dans les secteurs commercial et industriel, la commission
d'électricité a été de 6.9 p.c. supérieure
à celle de 1972, ce qui est nettement plus fort que celle des trois
dernières années. Dans le secteur industriel, la consommation
d'énergie des grandes entreprises a connu des hausses significatives: 7
p.c. dans l'industrie électrométallurgique, 5.4 p.c. dans
l'industrie chimique et électrochimique, 11.5 p.c. dans l'industrie
minière et de 20.8 p.c. dans l'industrie manufacturière.
Il faut toutefois signaler que la consommation de l'industrie des
pâtes et papiers, notre plus important consommateur industriel, a
diminué de 1.8 p.c. Le ralentissement de la demande de cette industrie
est sans doute surtout attribuable aux grèves qui ont ralenti son
activité en 1973.
Je voudrais terminer mes commentaires sur la consommation
d'électricité en 1973 en ajoutant un mot sur nos ventes
d'énergie excédentaire dans la province.
L'énergie excédentaire consommée au Québec
est passée de 2.1 milliards de kWh en 1972 à 3.5 milliards en
1973, soit une augmentation de plus de 66 p.c. Ce volume d'énergie
excédentaire est l'équivalent d'environ 100 millions de gallons
de mazout, ce qui a certainement contribué à réduire
l'impact de la crise du pétrole au Québec.
L'énergie excédentaire est, en fait, un surplus temporaire
d'énergie attribuable surtout à des excédents
hydrauliques. En d'autres mots, la productibilité de nos centrales est
intimement liée à la quantité d'eau disponible et à
la durée de cette disponibilité. Il arrive parfois que ces
quantités d'eau dépassent le volume requis pour répondre
à la demande d'énergie souscrite. Les turbines peuvent alors
continuer de fonctionner à pleine capacité, même aux heures
où la demande souscrite diminue. Cette production excédentaire
nous permet alors de retirer des revenus supplémentaires.
Comme vous avez pu le constater dans notre rapport d'activité, la
valeur énergétique des apports hydrauliques a été
relativement élevée en 1973: 65.4 milliards de kWh, soit 11 p.c.
de plus que la moyenne. Du début à la fin de l'année, la
quantité d'eau de nos réservoirs, exprimée en kWh, est
passée de 27.11 à 34.96 milliards de kWh.
L'eau tient la place de combustible dans les centrales du Québec
et, de ce fait, nous avons eu l'avantage en 1973 de ne pas être
affectés par la pénurie de combustibles fossiles qui a
été ressentie par la plupart des autres réseaux. Il en
résulte que nous avons été en mesure non seulement de
répondre à la demande d'énergie souscrite mais de produire
d'importantes quantités d'énergie excédentaire.
Cette énergie excédentaire, lorsque nous en avons, est
offerte à notre clientèle québécoise,
c'est-à-dire surtout à nos abonnés industriels. En 1973,
notre capacité de production d'énergie excédentaire a
coincidé avec les besoins accrus de notre clientèle industrielle.
En définitive, 82.5 p.c. de nos ventes d'énergie souscrite et
excédentaire ont été réalisées au
Québec. Le reste a été vendu aux réseaux
voisins.
La quantité d'énergie que nous avons exportée peut
vous paraître importante. Elle l'est effectivement. Cela est dû en
bonne partie au devancement de la production de la centrale Churchill Falls qui
nous procure un surplus d'énergie important qu'il est profitable de
revendre. C'est aussi une conséquence des conditions hydrauliques
favorables que nous avons mentionnées tout à l'heure. En
définitive, qu'elle soit sous forme souscrite ou excédentaire,
selon notre jargon, l'énergie exportée représente toujours
un surplus qui dépasse les besoins du Québec.
A partir de 1977, comme vous le savez, notre seul engagement au chapitre
des exportations est le contrat d'interconnexion que nous avons signé
avec la Power Authority of the State of New York. Cette entente illustre bien
ce que nous entendons par l'exportation de surplus. Elle prévoit que
nous vendrons à New York une certaine quantité d'énergie
durant les mois d'été, qui constituent un creux dans la demande
québécoise et, pour New York, une pointe à cause de la
climatisation massive des immeubles. Cette entente prévoit aussi un
mécanisme d'échange qui nous permettra, à l'occasion,
d'importer de New York certaines quantités d'énergie durant notre
période de consommation de pointe, c'est-à-dire l'hiver.
Pour l'Hydro-Québec et, par conséquent, pour tous ses
abonnés, ces exportations constituent une source intéressante de
revenus. En 1973, par exemple, qui fut une année exceptionnelle à
cet égard, nos ventes hors Québec sont responsables de 20 p.c. de
l'augmentation de nos revenus de ventes. D'une certaine manière, ces
revenus sont des suppléments en partie imprévus, puisqu'ils
dépendent des besoins des réseaux importateurs et de la
productibilité de nos centrales. Cet apport contribue en outre à
maintenir nos tarifs internes au plus bas niveau.
J'aimerais cependant qu'il soit bien compris que notre programme
d'équipement n'est pas conçu en fonction des exportations que
nous pouvons réaliser mais uniquement pour répon-
dre à la demande québécoise. Nos exportations sont
des surplus temporaires qui peuvent être d'une journée ou de
plusieurs mois qui résultent des caractéristiques propres d'un
réseau de production hydroélectrique.
Permettez-moi maintenant d'analyser les revenus produits par ces ventes
en 1973, ainsi que les dépenses que nous avons dû encourir.
Comme vous pouvez le lire dans le rapport annuel, ces revenus ont
atteint $654 millions, soit un accroissement de $93 millions. Ce revenu
additionnel se repartit ainsi : 9 p.c. provient de la demande des nouveaux
abonnements enregistrés au cours de l'année, 35 p.c. de
l'augmentation de la consommation des abonnés existants au début
de l'année et 33 p.c. de l'augmentation des tarifs en avril 1973. En
d'autres termes, 77 p.c. du revenu additionnel est dû aux ventes
d'énergie souscrite au Québec. D'autre part, 3 p.c. provient de
nos ventes d'énergie excédentaire au Québec alors que 20
p.c. est attribuable à nos exportations aux réseaux voisins.
En 1973, nos charges globales, c'est-à-dire la somme des
dépenses et des intérêts, se sont élevées
à $573 millions soit une hausse de $73.6 millions ou 14.7 p.c. par
rapport à 1972.
Nos frais d'exploitation, d'entretien et d'administration et autres
dépenses ont augmenté de 17 p.c, en 1973, pour atteindre $201.6
millions. Près de 69 p.c. de cette somme a été
versée en salaires. Par rapport à 1972, la masse salariale a
augmenté de 16.8 p.c. Cette augmentation est attribuable à la
croissance du salaire de base des employés au cours de l'année
(8.5 p.c), à la croissance des effectifs permanents (3.2 p.c) et des
emplois temporaires (5.1 p.c).
Quant aux dépenses autres que les salaires, qui comprennent le
matériel roulant, le matériel et les fournitures, les services
achetés et divers articles, elles ont représenté 31 p.c.
de nos dépenses d'exploitation et d'administration en 1973. Par rapport
à leur niveau de 1972, elles accusent une hausse de 17.4 p.c. Cette
hausse est surtout attribuable à la hausse générale des
prix des biens et services que nous avons tous subie en 1973. Vous avez entre
les mains un document qui traite d'une façon plus
détaillée la hausse des coûts et de ses
répercussions sur l'Hydro-Québec.
Vous avez sans doute remarqué, dans nos états financiers,
que nos achats d'énergie ont presque doublé par rapport à
l'an dernier. Cette augmentation est essentiellement attribuable à nos
achats de l'énergie produite par la centrale Churchill Falls qui est
à la veille d'atteindre sa puissance installée maximum.
J'aimerais maintenant dire un mot de nos dépenses
d'intérêts, qui, en 1973, ont atteint $191.1 millions. Il s'agit
là d'une hausse de 9.9 p.c. par rapport à 1972, attribuable
principalement à l'augmentation en volume de la dette à long
terme.
Les intérêts de la dette à court terme ont
diminué parce que nous avons moins fait appel à cette source de
financement qu'au cours de l'année précédente.
Enfin, les intérêts imputés aux travaux de
construction en cours sont passés de $22.4 millions à $25.5
millions dans le cas de ceux exécutés pas l'Hydro-Québec,
et de $3.4 à $14.7 millions pour les travaux de notre filiale, la
Société d'énergie de la Baie James. En effet, les travaux
en cours à l'Hydro-Québec représentaient, à la fin
de 1973, un investissement de $374.9 millions, soit une hausse de 18.2 p.c. par
rapport à 1972. Par contre, les investissements dans le cadre du projet
de la baie James ont augmenté de 155 p.c. pour atteindre $377.1
millions.
Il se dégage de tout ceci que le revenu net avant
intérêt sur réserves a été de $120.6 millions
en 1973, soit une hausse de 21.9 p.c. par rapport à 1972. Je vous fais
remarquer cependant qu'il est inférieur à celui de 1971 qui
était de $127.8 millions.
L'état consolidé de provenance et d'utilisation des fonds
révèle que les fonds générés par
l'entreprise sont passés à $204.3 millions, une augmentation de
19 p.c. sur 1972. Toutefois, les marchés financiers n'étant pas
propices à l'écoulement d'obligations, surtout dans le dernier
trimestre de l'année 1973, nous avons choisi de ne pas réaliser
le programme d'emprunts que nous avions prévu au début de
l'année. Nous avons emprunté un montant de $465.2 millions, $35
millions de moins qu'annoncé l'an dernier. Cependant, une tranche de
$32.5 millions n'a été livrée qu'en janvier 1974, de sorte
que le produit net de nos emprunts à long terme, déduction faite
des frais d'émission, a été de $429.6 millions.
Nos dépenses d'immobilisations de l'année se sont
considérablement accrues pour atteindre $550.1 millions. Je dois
préciser cependant que depuis 1968, grâce au projet Churchill
Falls, notre programme de construction a été sensiblement
réduit. Il a repris de l'ampleur en 1973 afin que nous soyons en mesure
de répondre aux besoins d'électricité des années
1976 à 1986. Ainsi, l'an passé a marqué le début
des travaux du projet La Grande; nous atteindrons cette année la pointe
des travaux au chantier de Manic 3.
En définitive, nos états financiers de 1973
révèlent une bonne année à plusieurs égards.
Ils reflètent la croissance vigoureuse de la consommation
d'électricité dans tous les secteurs. Nous avons, par ailleurs,
maintenu un "ratio" de couverture des intérêts à un niveau
acceptable, soit 1.31 comparativement à 1.33 en 1972. L'autofinancement
dans les immobilisations de l'année a été de 11.2 p.c.
à cause des échéances élevées de la dette
à long terme qu'il nous a fallu respecter, soit $95.7 millions. Il n'en
demeure pas moins qu'à la fin de 1973 notre capital propre constitue
26.1 p.c. du capital investi. Le taux effectif de nos emprunts a
été de 8.14 p.c. comparativement à 8.5 p.c. en
1972, à 8.58 p.c. en 1971 et 9.68 p.c. en 1970. Nos états
financiers contiennent cependant aussi des indices qui nous permettent de
penser que l'avenir pourrait être plus difficile, notamment aux chapitres
de la hausse des coûts et du financement.
Depuis 1971, l'augmentation annuelle moyenne de nos revenus globaux a
été de 11.8 p.c. tandis que celle de nos dépenses globales
a été de 15.8 p.c. De plus, au cours des prochaines
années, les investissements requis pour réaliser notre programme
d'équipement seront très élevés. Les conditions des
marchés de capitaux risquent d'être plus sévères
comme on a pu le constater dès la fin de 1973 et la hausse des taux
d'intérêt aura un impact sérieux sur nos charges globales.
Sans vouloir paraître pessimiste, j'estime que l'augmentation des
coûts, due à l'inflation et au financement de nos projets, nous
posera un solide défi pour la prochaine décennie, défi que
nous entendons bien relever et dont nous parlerons plus loin.
J'aimerais maintenant faire quelques commentaires sur notre
prévision de la demande d'électricité. N'ayez crainte,
messieurs, je n'entrerai pas ici dans le détail de l'argumentation qui
sous-tend cette prévision. Nous pourrons y revenir en réponse
à vos questions et nous pourrons même vous remettre un document
sur la question.
Certaines personnes reprochent à l'Hydro-Québec de faire
reposer son programme d'équipement des quinze prochaines années
sur un taux de croissance de la demande trop élevé. Ces personnes
font souvent l'erreur de confondre la demande d'électricité
prévue pour le Québec en général et celle qui
s'adresse à l'Hydro-Québec. Il ne faut pas oublier, en effet, que
l'Hydro-Québec ne répond actuellement qu'à environ 75 p.c.
de la demande d'énergie électrique au Québec. Le reste de
la demande est satisfait par des autoproducteurs et son taux de croissance est
nettement inférieur à celui que connaît
l'Hydro-Québec. Ceux qui font ce genre d'erreur voudraient que nous
utilisions les taux de croissance qu'ils prévoient pour l'ensemble du
Québec, soit parfois aussi peu que 4 p.c. par année.
La prévision de la demande d'électricité n'est pas
une question que nous traitons à la légère et nous ne
voyons pas quel serait notre intérêt de grossir indûment
cette prévision. D'ailleurs, la réalité nous ferait
mentir. On ne peut quand même pas refuser de voir la
réalité telle qu'elle est. En 1973, la demande
d'électricité à l'Hydro-Québec a été
de 8 p.c. supérieure à 1972. Il s'agit là de
l'augmentation des ventes internes facturées d'énergie souscrite.
D'autre part, de 1954 à 1973 le taux annuel moyen de croissance a
été de 7.4 p.c La demande consolidée à
l'Hydro-Québec et aux compagnies nationalisées a donc plus que
doublé à tous les dix ans. J'apporte intentionnellement cette
dernière précision car on nous reproche, à tort, de fonder
nos prévisions sur un historique non consolidé.
De 1950 à 1970, c'est-à-dire au cours des vingt
années qui ont précédé la crise
énergétique, la part de l'électricité dans le bilan
énergétique du Québec s'est accrue de façon
significative. Or, depuis 1970, le prix des hydrocarbures ne cesse de grimper,
en particulier celui de l'huile à chauffage qui a plus que
doublé. Dans ce nouveau contexte, je me demande donc s'il est
réaliste de penser que la part de l'électricité va baisser
ou même qu'elle se maintiendra à son niveau actuel.
Voilà quelques-unes des raisons pour lesquelles nous
prévoyons pour les quinze prochaines années un taux de croissance
annuel moyen de près de 8 p.c.
De plus, lorsqu'on sort de nos frontières
québécoises, on constate que, partout dans le monde,
l'évolution de la demande d'électricité est à peu
près la même que chez nous, c'est-à-dire un doublement
décennal. Dans des pays comme la France, l'Allemagne et le Japon, on
note une stabilité étonnante de la croissance de la demande. Dans
une province en plein développement comme le Québec, il est
normal que l'augmentation prévue de la demande d'énergie
électrique soit au moins aussi grande que celle de régions
déjà fortement industrialisées comme les Etats-Unis et
l'Ontario. Or, ceux-ci prévoient des taux de croissance du même
ordre de grandeur que le nôtre.
Il n'est pas du tout exagéré de prétendre qu'un
jour l'électricité couvrira la quasi-totalité des usages
énergétiques. La majorité des experts s'entendent, partout
dans le monde, pour dire qu'en l'an 2,000 la part de
l'électricité dans la consommation totale d'énergie sera
proche de la moitié. En effet, non seulement l'électricité
est-elle susceptible de desservir les mêmes usages que les combustibles
fossiles qu'on pense seulement au chauffage et au transport terrestre
mais elle bénéficie de l'exclusivité de plusieurs
autres usages, tels l'éclairage, la force motrice, la transmission des
données, etc.
Permettez-moi maintenant de vous présenter le programme
d'équipement qui a été choisi afin que nous puissions
rencontrer la demande prévue.
Comme vous le savez, nos besoins additionnels en énergie
électrique seront largement comblés jusqu'en 1976 grâce
à la production de la centrale Churchill Falls.
L'accroissement de la demande d'énergie de base des années
1976 à 1980 sera satisfait principalement par les centrales Manic 3,
Outardes 2 et Gentilly 2.
Manic 3, d'une puissance de plus de 1 million de kilowatts, sera mise en
service à partir de 1975.
Quant à Outardes 2, dont la construction avait été
suspendue en 1968, les travaux y ont repris en avril dernier. D'une puissance
de 454,000 kilowatts, cette centrale sera mise en service en 1978. Sa
construction avait été reportée à plus tard par
suite d'une révision du programme d'équipement et de la signature
du contrat d'achat d'énergie avec la Churchill Falls
(Labrador) Corporation. Il est important de souligner que la mise en
service de cette centrale marquera la fin de l'aménagement du complexe
Manic-Outardes, qui aura nécessité en tout vingt ans de travaux.
La puissance du complexe sera alors portée à 5.5 millions de
kilowatts.
Nous avons, d'autre part, entrepris la construction de Gentilly 2,
première centrale nucléaire commerciale importante de notre
réseau de production. Elle est du type CANDU à eau lourde
pressurisée. Les travaux dureront six ans et, selon les estimations
préliminaires, ils coûteront $385 millions. D'une puissance de
637,000 kilowatts, Gentilly 2 sera exploitée à sa pleine
capacité au début de 1979.
Durant les années 1978 et 1979, il nous faudra, en outre,
répondre à des besoins en puissance de pointe. Cette demande
additionnelle sera satisfaite, en 1978, par un achat temporaire de 150,000
kilowatts de l'Alcan, et, en 1979, par les sources suivantes: d'une part, nous
comptons faire un achat temporaire de 200,000 kilowatts au Nouveau-Brunswick;
d'autre part, nous poursuivons cet été nos études sur le
Bas Saint-Maurice en vue d'installer une puissance de 420,000 kilowatts. S'il
s'avère, à la suite de ces études, qu'il est impossible
d'installer économiquement une puissance aussi élevée,
nous devrons compléter ce projet par l'installation de turbines à
gaz ou encore n'installer que des turbines à gaz pour 420,000
kilowatts.
Pour répondre aux besoins qui se manifesteront à partir de
1980, nous ferons appel progressivement à la production des centrales du
complexe La Grande. Comme nous l'avions annoncé l'an dernier, les
études d'optimisation de ce projet ont été
réalisées en 1973. Ces études ont amené la
modification du programme de production du complexe, ainsi qu'une
révision des coûts de réalisation. Le nouveau projet La
Grande que nous recommandons aura une puissance installée de 10,340,000
kilowatts et une production annuelle, après 1985, de 69 milliards de
kwh.
Le président de la Société d'énergie de la
baie James vous expliquera en détails les résultats de ces
études d'optimisation ainsi que les nouvelles estimations de coût
du complexe.
Nous croyons que notre recommandation est la plus économique pour
les consommateurs québécois, car le coût de
l'énergie du complexe La Grande sera inférieur à celui de
projets nucléaires équivalents. L'énergie du complexe La
Grande permettra non seulement de satisfaire les besoins sans cesse croissants
du consommateur québécois, mais elle constituera également
un attrait certain pour l'industrie et un facteur important du
développement économique du Québec.
En 1973, nous avons annoncé que l'énergie qui sera
produite par les futures centrales de la baie James sera transportée
vers les centres de consommation par un réseau à 735 kV.
Avant toutefois d'en arriver à ce choix, nous avons
étudié les autres modes de transport possibles, soit un
réseau à 1,100 kV et un réseau en courant continu. Nos
études nous ont toutefois démontré que le réseau
à 735 kV est le plus économique des modes étudiés.
Il offre suffisamment de flexibilité pour s'adapter à des
modifications du programme de production du complexe. Cette solution est, en
outre, la plus sécuritaire et la plus fiable du point de vue de
l'entretien et de l'exploitation.
Le réseau de transport d'énergie du projet La Grande
comportera cinq lignes construites dans trois corridors distincts. Ces lignes
s'intégreront au réseau actuel, d'une part, dans la région
de Montréal et, d'autre part, dans la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean.
Le coût de construction des lignes et postes de la baie James est
estimé à près de $3.3 milliards. Un document sur le
détail du projet vous sera d'ailleurs remis.
Voici maintenant quelques-unes de nos actions en 1973 qui
témoignent de notre préoccupation pour la qualité de la
vie.
Nous avons créé une direction générale de
l'environnement dont la tâche principale est d'intervenir à toutes
les étapes d'un projet, de manière que sa réalisation
s'insère le mieux possible dans notre environnement physique et humain.
C'est ainsi, par exemple, qu'elle participe étroitement au projet des
lignes de transport de la baie James. Cette direction, qui regroupe des
spécialistes de plusieurs disciplines, agit également comme
consultant auprès des autres unités administratives de
l'entreprise qui font appel à ses services.
Il nous paraît essentiel qu'une entreprise comme
l'Hydro-Québec se dote de principes et de règles de conduite en
matière de protection de l'environnement. C'est dans cet esprit que nous
avons, d'une part, travaillé très étroitement avec les
autres entreprises canadiennes d'électricité à la
rédaction d'un code de l'environnement qui sera complété
au cours des prochaines semaines, pour le compte de l'Association canadienne de
l'électricité. Par ailleurs, l'an dernier, nous vous avions fait
part de notre projet de rédaction d'un code de l'environnement. Nous
nous sommes résolument engagés dans la rédaction de ce
code qui, nous croyons, répondra davantage à nos objectifs
particuliers et sera mieux adapté au milieu dans lequel nous
évoluons.
Au cours des prochaines années, l'Hydro-Québec
évoluera dans un climat économique marqué d'incertitudes
et sur lequel elle a peu de prise. Le contexte économique
québécois sera influencé par la conjoncture
internationale. L'Hydro-Québec devra alors relever le défi de
trouver la main-d'oeuvre, les biens et services ainsi que les capitaux
nécessaires à la réalisation du programme
d'équipement que je viens de décrire.
Actuellement, il nous est possible de former une main-d'oeuvre
qualifiée, adaptée à nos besoins futurs par la gestion
efficace et la
formation du personnel existant. Pour ce qui est des ressources humaines
extérieures à l'entreprise, la seule façon d'influencer la
main-d'oeuvre qui nous sera disponible dans le futur est de faire
connaître nos besoins au gouvernement et au monde de l'enseignement afin
que ceux-ci permettent à la population qui formera cette main-d'oeuvre
de s'orienter vers des secteurs où l'Hydro-Québec constituera un
débouché intéressant.
Historiquement, par notre pouvoir d'achat, nous avons toujours pu
influencer un peu le marché des biens et des services
québécois. Comme 1'Hydro-Québec achète pour
près de $300 millions par an sur le marché local, elle peut
exercer une certaine influence sur l'offre des biens et services. Dans le
climat actuel de déséquilibre où la demande est
supérieure à l'offre, la situation défavorise les
consommateurs. A ce titre, l'Hydro-Québec pourrait voir diminuer le
pouvoir de négociation qui, à ce jour, lui a permis de s'assurer
un approvisionnement en biens et services répondant à ses normes
de qualité et à des prix acceptables.
Durant les dix dernières années, l'Hydro-Québec
s'est taillé une place sur le marché des capitaux. Le maintien
d'une saine gestion financière devrait l'aider dans sa recherche future
de capitaux. L'Hydro-Québec n'est toutefois pas la seule entreprise du
secteur énergétique canadien à envisager des
investissements importants. On estime que d'ici 1980, les investissements dans
le secteur énergétique seront de l'ordre de $60 milliards au
Canada. Sur le marché des capitaux, nous sommes donc en concurrence
directe avec un ensemble d'entreprises, autant privées que publiques, au
Canada ainsi qu'à l'étranger. Le défi financier des
prochaines années est très grand et il est essentiel que
l'Hydro-Québec maintienne une image financière saine et
équilibrée, si elle veut garder une place de choix dans cette
course aux capitaux.
L'inflation exerce des pressions sur la taille des capitaux
demandés et en fait monter le prix. Même si, par diverses mesures,
les gouvernements parvenaient à contrôler l'inflation, les taux
d'intérêt demeureraient élevés par rapport à
ce qu'il en coûte pour les dettes déjà contractées.
Même dans une situation générale de coûts croissants,
il faut maintenir un équilibre financier sain et rendre
l'électricité disponible au plus bas coût pour le
consommateur québécois. C'est afin d'assurer au consommateur
québécois un approvisionnement en électricité au
plus bas coût à long terme que l'Hydro-Québec a choisi de
s'engager dans un programme hydraulique.
Pour maintenir une saine administration financière, nos sources
de financement, aussi bien l'autofinancement que la dette, devront
croître au même rythme que nos besoins de capitaux.
Etant donné l'envergure des projets prévus dans nos
programmes d'équipement, les pressions inflationnistes que nous aurons
à subir ainsi que le prix plus élevé des emprunts, nous
estimons présentement qu'au cours des cinq prochaines années, il
faudra augmenter nos tarifs non plus d'un minimum de 4 p.c. par an mais d'un
minimum de 10 p.c. en moyenne annuellement. Ce taux est avantageusement
comparable à ce que prévoient les compagnies
d'électricité qui ne peuvent bénéficier comme nous
d'un projet hydroélectrique et à ceux qui sont prévus pour
les autres formes d'énergie.
Voilà, messieurs, j'ai tenté de vous brosser, dans ses
grandes lignes, le portrait de l'Hydro-Québec qui se dégage des
opérations de 1973 et le défi que nous aurons à relever au
cours des prochaines années. Je vous remercie de votre attention. Nous
sommes maintenant disposés à répondre à vos
questions, après quoi, si vous le permettez, le problème de
l'Hydro, la majeure partie des questions étant vidées, le
président de la Société d'énergie de la baie James,
M. Boyd, vous livrera un exposé sur les travaux d'aménagement du
complexe La Grande.
M. Le Président, nous sommes à votre disposition.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Avant de passer aux questions, le ministre
des Richesses naturelles aurait un commentaire.
M. MASSE: D'abord, je voudrais remercier le président de l'Hydro
de l'exposé qu'il vient de nous faire, et aussi les membres de la
commission, qui sont ici en grand nombre, pour répondre aux questions
des députés de l'Assemblée nationale.
Je pense que pour revenir à la question du début, à
savoir un ordre de discussion, M. Giroux, selon la structure de son texte,
répond, je pense, un peu à la demande des membres de
l'Opposition. Il y aurait peut-être lieu, au départ, qu'il y ait
des questions d'abord sur les activités de la dernière
année de l'Hydro-Québec. En deuxième point, il pourrait y
avoir un exposé sur la demande future d'électricité. En
troisième point, de quelle façon l'Hydro-Québec entend
répondre à cette demande. C'est-à-dire que les points deux
et trois sont le point un du chef de l'Opposition.
Je pense qu'à la façon de répondre à cette
demande, il est assuré que nous aurons à toucher à la
tarification et au financement et, enfin, on pourrait aborder le projet La
Grande et les autres questions mentionnées qui pourraient
intéresser les députés.
M. MORIN: M. le Président, avant d'entrer dans l'ordre des
travaux, ne serait-il pas possible que nous soyons saisis de tous les documents
dont on a fait état? Par exemple, je n'ai pas encore sous la main le
document sur le coût de construction des lignes de transmission, dont
nous aimerions prendre connaissance le plus tôt possible.
De même, M. Boyd, je crois, doit nous faire un exposé sur
la Société d'électricité de la baie James. Il nous
paraît important de
prendre connaissance de tous ces documents le plus rapidement possible
si nous voulons être en mesure d'interroger intelligemment nos
invités. Est-ce que ces documents pourraient nous être remis
immédiatement et est-ce que nous pourrions avoir le temps de les
consulter avant de commencer l'interrogatoire des comparants?
M. MASSE: Est-ce que M. Giroux aurait un commentaire sur cette
question?
M. GIROUX: II y a certainement une partie des documents je suis
positif qui peut être distribuée mais il y en a
peut-être d'autres qui sont à être imprimés ou
à une correction finale. Je pense bien qu'on pourrait donner une liste
de ceux qui pourraient être distribués immédiatement. Je ne
sais pas si vous avez...
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, est-ce qu'il n'y a pas
justement le danger qu'on retombe dans l'abus et l'incompréhension que
manifestait le chef de l'Opposition? Je pense que nous nous sommes entendus sur
un ordre assez logique pour aborder la question, les prévisions de la
demande; on peut demander s'il y a un document disponible et on l'obtient, on
le parcourt et on le discute à fond. Une fois que la demande est
réglée, on n'en parle plus, on passe à la prochaine
étape qui consiste à savoir comment satisfaire cette demande.
Là on peut prendre tous les documents disponibles sur les solutions
à cela. Lorsqu'on a fini ça, suivant le cheminement même du
chef de l'Opposition, on passe à une autre étape pour voir
quelles sont les solutions nucléaires, thermiques, le coût de la
baie James. On pourrait procéder par étapes, sinon on risque de
se faire remettre des briques importantes et d'avoir des questions qui se
promènent d'un document à l'autre.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable député de
L'Assomption.
M. PERREAULT: Je crois que nous avons en main, depuis un certain temps,
le rapport annuel de l'Hydro-Québec. Il a été
distribué à tous les députés. Je pense qu'on
pourrait aborder dès maintenant la discussion sur le rapport annuel.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable chef de l'Opposition.
M. MORIN: Je ne suis pas en désaccord avec le ministre de
l'Industrie et du Commerce sur l'ordre qu'il faut instaurer dans nos travaux.
Toutefois, il est important, tant pour le gouvernement que pour l'Opposition,
que nous ayons sous la main rapidement tous les documents dont nous allons
discuter au cours des jours qui viennent. Dans le passé nous avons, du
côté de l'Opposition, revendiqué, réclamé que
les documents nous soient remis à l'avance pour que nous ayons le temps
d'en prendre connaissance.
Plusieurs de ces documents sont d'un contenu hautement technique. Quand
nous allons, tout à l'heure, plus tard, examiner le coût
actualisé du mil au kWh nous voulons avoir tous les chiffres sous les
yeux avant de nous lancer dans cette discussion.
Je n'ai pas d'objection à suivre le raisonnement du ministre de
l'Industrie et du Commerce, mais je désirerais que nous ayons, sous les
yeux, tous les documents au départ pour que nous puissions, au cours des
heures qui viennent, au cours de la nuit qui vient au besoin, passer au travers
et nous faire une idée des questions que nous aurons à poser
à nos invités.
D'autre part, est-ce qu'il ne serait pas opportun que M. Boyd nous
présente immédiatement le rapport sur la SDBJ? Cela forme un
tout, du point de vue des questions que nous avons à poser sur les
investissements, avec le rapport de l'Hydro-Québec.
Je proposerais donc que nous entendions immédiatement M.
Boyd.
M. MASSE: M. le Président, le chef de l'Opposition lui-même
a voulu que nous dissociions l'ensemble des questions. D'abord l'estimation des
besoins, par la suite les investissements nécessaires pour y
répondre et, en troisième lieu, qu'on examine d'une façon
plus particulière le projet de La Grande et la Société
d'énergie de la baie James.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable député de
Beauce-Sud.
M. ROY: M. le Président, je pense qu'il y a deux points qui sont
en discussion à l'heure actuelle, il y a d'abord la question de l'ordre
de nos travaux. Je suis entièrement d'accord avec le ministre de
l'Industrie et du Commerce et le chef de l'Opposition lorsqu'ils disent qu'on
doit procéder selon un ordre de travaux. Mais le fait de procéder
selon un ordre dans nos travaux n'implique pas le fait qu'on ne doit pas avoir
les documents entre les mains. J'estime qu'il est bien important que nous ayons
tous les documents entre les mains de façon que nous puissions les
consulter, les étudier, les analyser. Je pense que ça va nous
permettre de procéder avec beaucoup plus de
célérité lorsqu'il s'agira de poser des questions à
nos invités. En effet, si on entreprend d'étudier un rapport
seulement et que c'est le rapport de M. Giroux, par exemple, et que par la
suite d'autres documents nous sont remis, il sera nécessaire de revenir
sur les premiers sujets.
Alors, je pense qu'on risque que la commission perde
énormément de temps. Si on avait tous les documents pour
être en mesure de savoir exactement ce dont il sera question, et
connaître tous les chiffres et tous les éléments que
l'Hydro-Québec a à nous fournir, par la suite on procédera
selon un ordre de travaux bien défini, bien précis et on pourra
procéder de façon beaucoup plus intelligente. Je ne
voudrais pas, M. le Président, le croire, mais on veut nous faire
avaler un document à la suite de l'autre de façon à ce
qu'on arrive à une conclusion inévitable.
M. MASSE: Je pense que le président de l'Hydro-Québec a
répondu à la question du chef de l'Opposition qu'il y a des
documents qui sont disponibles. Je pense qu'il n'aura pas d'objection à
ce que ceux-là soient distribués, quitte à ce que les
autres qui sont à l'impression le soient plus tard.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable député de
Trois-Rivières.
M. BACON: M. le Président, je ne suis pas en désaccord
majeur avec aucun des ordres du jour proposés. Seulement, je ne voudrais
pas qu'on oublie pour une fois, cette année, il semble que je ne
sois pas le seul à vouloir en parler à la commission les
discussions qu'on devrait avoir autour du régime de retraite des
employés de l'Hydro-Québec.
M. MORIN: Oui, c'est le sixième point dans l'ordre du jour que
j'ai proposé.
M. BACON: C'est parce qu'on n'en parlait plus, et j'avais peur de tomber
seul encore comme l'an passé et l'année d'avant.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable député de
Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, il faut tenter, à un moment
donné, de se placer dans la position de l'Opposition. Nous recevons tout
à coup, à la commission parlementaire des richesses naturelles,
à la fois de la part de l'Hydro-Québec et à la fois cette
année de la part de la Société de développement de
la baie James...
M. SAINT-PIERRE: Société d'énergie.
M. LESSARD: ... d'énergie de la baie James, d'accord, une
série de documents qui sont éminemment techniques, et ce que nous
voulons justement il est cinq heures vingt c'est tenter d'obtenir
ces documents. Il me semble qu'il aurait été beaucoup plus
logique que nous les ayons quelques jours avant la commission parlementaire.
C'est toujours la même demande que nous faisons chaque année et,
malheureusement, bien souvent c'est le cas de plusieurs commissions
parlementaires. Il va tout à l'heure y avoir une suspension entre six
heures et huit heures quinze. Si nous pouvions obtenir ces documents je
comprends que ça devrait normalement prendre beaucoup plus de temps pour
regarder ces documents ça nous permettrait, à nous de
l'Opposition, dans cette période de suspension, de revoir les points
principaux, par exemple, du rapport de l'Hydro-Québec qui a
été présenté par M. Giroux et, en même temps
ça ne touche pas à la modification de l'ordre du jour
de regarder le rapport du président de la Société
d'énergie de la baie James. Parce que, dans le rapport de M. Giroux, il
y a justement des relations avec le prochain rapport qui nous sera fait,
à savoir celui de M. Boyd.
Alors, ce que nous demandons au cours de cette séance, c'est de
passer à tous les exposés, de recevoir les documents et, par la
suite, il me semble qu'il serait logique de suspendre la séance
jusqu'à huit heures quinze. Nous ne sommes malheureusement pas capables
de prendre connaissance immédiatement des documents; on veut au moins
avoir deux heures, deux heures quart pour nous permettre de prendre
connaissance de ces documents, ce qui me paraît tout à fait
logique.
D'autant plus, M. le Président, et nous l'avons constaté
tout à l'heure lorsque nous sommes arrivés en commission
parlementaire, que le ministre des Richesses naturelles, le ministre de
l'Industrie et du Commerce avaient déjà en leur possession le
rapport du président de l'Hydro-Québec. Le ministre des Richesses
naturelles, comme le ministre de l'Industrie et du Commerce, comme le ministre
des Finances ont déjà des informations que nous avons
demandées à plusieurs reprises, ont déjà des
informations qu'ils ont pu consulter eux-mêmes. Nous demandons au moins
d'avoir un certain équilibre dans cette commission parlementaire et nous
demandons justement de pouvoir recevoir ces documents, ce qui me parait juste
et équitable.
M. MASSE: M. le Président, première chose, est-ce qu'on
s'entend sur l'ordre du jour que je proposais qui était peut-être
le même; votre point 1 est en deux points. Si on est d'accord sur cette
procédure, je pense qu'il n'y a pas de problème à ce que
les documents disponibles maintenant soient distribués et que nous
attendions, la suite des discussions sur les besoins futurs et les projets ou
les investissements, pour y répondre, et que nous examinions ensuite le
projet de la baie James avec M. Boyd.
Dans toutes les estimations des besoins et des investissements
nécessaires pour y répondre, on a, je pense, fait aussi de la
part de l'Hydro-Québec, cette distinction pour ce qui est du projet de
la baie James. Alors, je ne vois pas, il n'y a pas de possibilité
de...
M. MORIN: Est-ce que j'ai bien compris le ministre? Nous nous mettrions
d'accord sur l'ordre des travaux et puis viendrait, immédiatement
après, l'exposé de M. Boyd? Mais je vous avoue, M. le
Président, que je commence à sentir de la stratégie
là-dedans et que...
M. SAINT-PIERRE: II n'y a pas de stratégie.
M. MORIN: ... je suis inquiet de la tournure des choses. Je ne vois pas
pourquoi nous n'aurions pas devant nous, immédiatement,
tous les documents de façon que nous puissions travailler.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le ministre de l'Industrie et du
Commerce.
M. SAINT-PIERRE: M. Giroux, comme documents, qu'est-ce que vous pouvez
rendre disponibles?
M. GIROUX: Pour les documents, on n'a pas d'objection. La seule chose
c'est que certains documents doivent être donnés avec les
explications en déposant les documents. Par exemple, pour celui qui
couvre la Société d'énergie de la baie James, il y a le
document principal et il y a des annexes. La prévision de la demande est
un gros document et il y a quatre grosses annexes. Pour bien déposer ces
documents, il faut les expliquer et les commenter en même temps. Moi, je
n'ai pas d'objection à ce qu'ils soient déposés pour
autant qu'on ait l'occasion de les commenter en les déposant.
M. MORIN: C'est bien sûr, M. le Président, que ces rapports
se tiennent par eux-mêmes et que, si les commentaires du président
de l'Hydro-Québec sont utiles pour les comprendre, ils ne sont
peut-être pas absolument essentiels.
M. GIROUX: Ce n'est peut-être pas essentiel, mais des
interprétations peuvent faire perdre énormément de temps.
C'est pourquoi une interprétation qui pourrait être facilement
donnée par un spécialiste, devrait l'être au tout
début, je crois.
M. MORIN: Seulement, il faut bien comprendre que si vous nous remettez
le document en même temps que vous faites l'exposé, nous n'avons
pas le temps de parcourir le document. Donc, nos questions risquent de tomber
à côté et c'est là que nous perdrons du temps.
M. GIROUX: M. Morin, je ne crois pas qu'on ait besoin de questionner une
seconde après qu'on a déposé et expliqué le
document. Vous avez des documents qui doivent se tenir, n'est-ce pas? Si on
fait le développement de la baie James, il faut prouver qu'on en a
besoin, donc ça dépend de la demande. Voici, prenons les
côtés pratiques de l'affaire. Si on explique la demande et si on
explique le programme de la baie James, si on le commente à ce
moment-là, on ne répond pas aux questions; on donne des
explications sur les documents qui sont déposés.
M. MORIN: Non, M. le Président, je regrette, il y a là une
différence de conception dans le déroulement des travaux de cette
commission qui me semble tout à fait fondamentale. L'Opposition, pour sa
part, soutient qu'elle doit être saisie de l'ensemble des documents pour
se faire une idée synthétique des problèmes, et je crois
me rendre compte que l'Hydro-Québec veut révéler ses
activités pièce par pièce; au fur et à mesure que
nous aurons fini de commenter l'une des pièces, on nous
présentera l'autre. Bien, ce n'est pas notre façon de travailler,
je regrette. Nous voulons avoir devant nous l'ensemble des faits.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le député de Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, je voudrais ajouter aussi, en
réponse justement à M. Giroux, que cette commission
parlementaire, à ce que je sache, ne siégera pas pendant deux ou
trois semaines. Ce que nous voulons justement, nous de l'Opposition, avant de
recevoir un exposé massif comme celui que vous venez de faire en ce qui
concerne votre rapport, c'est justement de pouvoir vous interroger par la suite
intelligemment. Puisqu'il y a des documents qui suivent ce rapport, pour avoir
la possibilité de le faire, il faut prendre connaissance de ces
documents.
Je pense qu'il est important, actuellement, que M. Boyd puisse faire
aussi son rapport, parce qu'il y a certainement une relation entre le rapport
que vous avez fait et le rapport que fera M. Boyd. C'est ce que nous vous
demandons. Si, par exemple, nous pouvions ajourner à demain la
commission parlementaire pour avoir la possibilité au cours de la nuit
de prendre connaissance de tous ces documents, peut-être que nous ne
ferions pas exactement la même demande. Mais ce qu'on vous dit, par
exemple, c'est que nous avons deux heures et quart, au cours de la
période de suspension, pour prendre connaissance d'un certain nombre de
rapports qui auraient dû normalement, à mon sens, parce que c'est
toujours la même chose chaque année, nous être
envoyés au moins quelques heures avant la commission parlementaire.
Or, ce n'est pas le cas. Comment voulez-vous que nous, de l'Opposition,
puissions faire notre travail? Actuellement, vous autres, vous avez toutes les
informations, le ministre des Richesses naturelles, le ministre de l'Industrie
et du Commerce, le ministre des Finances possèdent toutes les
informations nécessaires. Ce que nous demandons, c'est un juste
équilibre. Nous demandons de recevoir au moins ces informations à
cinq heures trente, au cours de cette commission parlementaire, afin que nous
puissions justement vérifier ces informations au cours de la
période de suspension de cette commission.
M. GIROUX: M. le Président, on ne refuse pas de donner les
documents. Il ne faut pas donner de fausses interprétations. On dit que
les documents doivent être commentés en les déposant. Si
vous voulez, on va tout déposer. Moi, ça ne me fait rien. L'heure
du souper, je peux m'en passer et puis vous les lirez toute la nuit.
Maintenant, on n'a aucune objection; la
seule chose qu'il y a, je retiens l'heure, ça fait une demi-heure
et on aurait fini deux documents.
M. MORIN: M. le Président... M. ROY: M. le
Président...
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable député de
Beauce-Sud.
M. LESSARD: C'est toujours la même chose.
M. GIROUX: Ce n'est pas toujours la même chose, vous les auriez
entre les mains.
M. ROY: Je regrette. Je ne voudrais pas être
désagréable à l'endroit de nos invités mais la
commission parlementaire est maîtresse de ses travaux.
M. GIROUX: Bien oui. M ROY: Premièrement.
M. PERREAULT: Pas le député de Beauce-Sud.
M. ROY: Je ne voudrais pas être désagréable, mais je
trouve qu'il est tout simplement normal que les membres de la commission
demandent à ceux qu'ils ont convoqués devant la commission de se
rendre à la demande des parlementaires. Nous avons, ici aujourd'hui,
à la suite d'une demande qui a été faite,
l'Hydro-Québec qui comparait devant nous. La commission demande que les
documents soient déposés de façon que nous puissions les
examiner. Il n'y a rien de plus normal que cela. Il n'appartient pas à
l'Hydro-Québec d'accepter ou de refuser cette demande, c'est à la
commission parlementaire de prendre cette décision. Je fais motion,
immédiatement, pour que les documents soient déposés.
Qu'on discute de la motion et qu'on mette la motion aux voix, mais ici
même, au niveau de la commission.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Est-ce qu'il y a des membres de la
commission qui ont des commentaires à faire sur la motion du
député de Beauce-Sud?
UNE VOIX: Est-ce qu'on pourrait avoir le texte?
M. SAINT-PIERRE: Le texte de la motion?
M. LESSARD: Non, nous n'avons pas à présenter de
texte.
M. SAINT-PIERRE: C'est quoi? Répétez-la donc, votre
motion.
M. ROY: Je fais motion pour que les docu- ments, dont il a
été question dans le rapport de M. Giroux et dans le rapport de
M. Boyd, soient déposés immédiatement.
M. GARNEAU: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable ministre des Finances.
M. GARNEAU: ... j'ai l'impression qu'on est après tourner en
rond. Ce que le ministre de l'Industrie et du Commerce vient de dire, ce que le
président de l'Hydro-Québec vient de dire c'est qu'on va les
déposer, les documents. Si vous arrêtez de parler, ils vont
déposer les documents à demande. Ne posez pas de question, on va
les laisser aller, ils vont déposer le document sur la
Société d'énergie de la baie James, ne posez pas une
question, ils vont déposer tous les documents, et vous placoterez
demain. Arrêtez de placoter tout de suite et on va demander à M.
Giroux de nous donner le document à demande, tel que
suggéré par vous-même au début.
M. MORIN: M. le Président, nous serions prêts, en vue
d'accélérer les travaux, à accepter cette proposition.
Qu'on dépose tous les documents, avec tous les commentaires qu'on voudra
dès maintenant. Ensuite, nous aurons également le placotage du
ministre des Finances.
M. MASSE: Ce n'est pas le ministre des Finances qui placote, je
pense.
M. SAINT-PIERRE: On peut avoir le document sur la demande.
M. ROY: Donc, on peut conclure que la motion a été
adoptée.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): On ne peut pas conclure que la motion du
député de Beauce-Sud a été adoptée.
M. PERREAULT: Elle n'est pas adoptée.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Je crois qu'il y a eu une autre motion,
alors, si on veut discuter de la motion.
M. LESSARD: M. le Président, question de règlement. A
moins d'un amendement, M. le Président, il ne peut pas y avoir deux
motions devant la commission. S'il y a eu amendement à la motion, M. le
Président, d'accord.
UNE VOIX: Cela recommence.
M. LESSARD: Non, on ne recommence pas. Est-ce que l'intervention du
ministre des Finances veut dire qu'il y a dépôt des documents et,
en même temps, aussi rapport du président de la
Société d'énergie de la baie James? Si c'est le cas, nous
sommes complètement d'accord avec la proposition; arrêtons d'en
parler et passons.
M. ROY: Je suis prêt à retirer ma motion si on est
prêt à accepter cela, de façon à
accélérer les travaux.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): ... du chef de l'Opposition qu'on acceptait
la proposition du ministre des Finances, de la part de l'Opposition officielle.
A cette condition-là, il faudrait retirer la motion du
député de Beauce-Sud.
M. MORIN: Si le député de Beauce-Sud est d'accord.
M. SAINT-PIERRE: Alors, passons à la prévision de la
demande. C'est fondamental, il faut s'entendre sur cela, et le rapport.
M. LESSARD: Pas la prévision de la demande.
M. SAINT-PIERRE: Bien oui. La prévision de la demande est avant
l'exposé.
M. LESSARD: Le dépôt du document?
M. GIROUX: Voulez-vous mon régime de retraite?
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Alors, M. Giroux...
M. BACON: Vous n'avez pas le document?
M. GIROUX: Je vais vous donner cela dans deux minutes.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): ... on vous demande de nous faire part de
votre document sur les prévisions de demande.
M. MORIN: M. le Président, est-ce qu'il est clair que nous aurons
également le rapport de M. Boyd avant le dîner pour que nous
puissions en prendre connaissance? Je vois que le ministre de l'Industrie et du
Commerce donne son assentiment. Espérons que ça correspond
à la stratégie de l'Hydro-Québec.
M. ROY: C'est une des conditions de la motion.
M. BOYD: Cela fait plusieurs fois qu'on me le demande et qu'on ne
s'entend pas. Personnellement, je suis prêt à lire mon rapport
depuis longtemps. Si vous voulez, on va vous distribuer les documents qui vont
avec, à mesure que je vais le dire. Les documents en annexe, vous les
lirez à loisir et vous nous questionnerez à loisir. Je pense que
c'est ça que vous voulez. J'en ai probablement pour vingt minutes, une
demi-heure à lire ça. Je pense que cela répondrait
à la demande de tout le monde.
UNE VOIX: D'accord.
M. MORIN: Un instant, M. le Président, il y a une question de
principe là. Pourquoi nous remettre les documents au fur et à
mesure? Pourquoi ne pas nous donner le paquet au départ?
M. BOYD: Je vous donne mon texte.
M. MORIN: Je n'aime pas, M. le Président, que ce ne soit pas la
commission qui soit maîtresse de ses travaux. L'Hydro-Québec est
venue nous renseigner, nous apporter les renseignements. Ses
représentants doivent déposer sur la table ce que la commission
leur demande, et ne pas traiter les membres de la commission comme si
c'étaient des petits garçons.
M. SAINT-PIERRE: Un instant, un instant, M. le Président. Le
ministre des Finances, je pense, en tentant de régler la question, a
fixé un déroulement qui me paraît parfaitement logique.
Connaissant peut-être la façon et la capacité de certains
membres de votre parti d'interpréter des chiffres, comme il y a beaucoup
de chiffres dans ces choses, on voudrait bien que personne ne se mêle
là-dedans, en particulier le consommateur et le public. Donc, on a dit
que tous les documents, on va les distribuer. Ils vont être
commentés et, demain ou ce soir, si possible, on posera toutes les
questions et on les étudiera à fond. Mais on aimerait, pour
retenir votre première suggestion, avoir un ordre logique dans
ça. L'ordre logique implique que, dans un premier temps, on parle des
prévisions de la demande d'électricité, parce que, s'il
n'y a pas de besoin, on va arrêter le projet de la baie James, on va tous
retourner chez nous, mais s'il y a des besoins, il va falloir les combler.
Là, on laissera à l'Hydro-Québec le soin de suivre l'ordre
logique qu'on a déjà indiqué.
M. LESSARD: M. le Président...
M. SAINT-PIERRE: C'est terrible, M. le Président! Je suis certain
que, si on avait fait l'inverse aujourd'hui, si on vous avait donné
ça d'épais de documents, on se serait fait accuser par le
député de Beauce-Sud et l'Opposition officielle de tenter de
mêler l'Opposition.
M. MORIN: Nous avons toujours demandé ces documents à
l'avance, pour pouvoir en prendre connaissance.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, ça fait trois semaines
qu'on a le rapport annuel et pas une question n'a été
posée sur le rapport annuel, même si ça fait une heure et
demie qu'on est ici.
M. MASSE: Alors, M. le Président, est-ce qu'on peut demander
à M. Boyd de faire son exposé?
LE PRESIDENT (M. Lafrance): M. Boyd, la parole est à vous.
Société d'énergie de la baie
James
M. BOYD: D'accord, Merci, M. le Président. MM. les membres de la
commission s'il vous plaît, distribuez le texte et ceux qui vont
avec.
Dans l'exposé que nous avons fait devant les membres de cette
commission permanente des richesses naturelles...
M. CHARUK: Nous demandons quelques secondes pour que le texte soit
distribué.
M. BOYD: M. le Président, dans quelques secondes, vous aurez tout
le texte. Si vous me le permettez, je vais le lire immédiatement.
Dans l'exposé que nous avons fait devant les membres de cette
commission permanente des richesses naturelles, en avril 1973, nous avons
déclaré que, pour respecter chaque étape du cheminement
critique conduisant à la mise en service de la centrale LG 2...
M. ROY: Un instant, on distribue les documents et il y a toutes sortes
de choses en même temps; je suggérerais qu'on attende trente
secondes et, après ça, on pourra entendre M. Boyd.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): On demanderait à tous les membres de
la commission de se tenir tranquilles, afin que nous puissions écouter
avec beaucoup d'intérêt M. Boyd. Alors, M. Boyd, si vous voulez
procéder.
M. BOYD: Alors, je peux procéder?
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Oui, M. Boyd.
M. BOYD: Dans l'exposé que nous avons fait devant les membres de
cette commission permanente des richesses naturelles, en avril 1973, nous avons
déclaré que pour respecter chaque étape du cheminement
critique conduisant à la mise en service de la centrale LG 2, au
début de 1980, il fallait entreprendre dès 1973 des travaux de
dérivation temporaire de la rivière La Grande à
l'emplacement du barrage principal.
Nous disions également que les études
détaillées d'optimalisation du complexe permettront
d'établir avec exactitude la puissance et le nombre de groupes
générateurs à LG 2 et apporteront des précisions
concernant les dérivations et les déversoirs.
Au début de cet exposé, je me dois donc de faire savoir
aux membres de cette commission que nous avons effectué nos
études d'optimalisation, que nous avons poursuivi, non sans
difficultés, les travaux entrepris et que nous nous proposons de prendre
tous les moyens pour respecter l'échéancier général
malgré les avaries survenues en mars dernier.
Nous aborderons donc, dans cet exposé, les sujets suivants:
les activités, travaux et difficultés survenues depuis le
printemps 1973; la description du schéma d'aménagement
retenu suite aux études d'optimalisation; et finalement les
coûts du projet. Résumé des activités. Dans notre
rapport d'activité pour l'année 1973 rapport que vous avez
en main nous apportons des précisions sur chacun des aspects de
nos travaux. Je me contenterai donc ici de ne faire qu'un bref survol du
contenu de ce document.
A l'emplacement de LG 2, la plus importante des centrales du complexe La
Grande, on effectuait en 1973 la phase finale des explorations et des travaux
de déboisement pendant que des ingénieurs-conseils
préparaient les plans et devis du barrage.
En même temps, le contrat de percement des galeries de
dérivation progressait selon les prévisions pendant qu'un autre
entrepreneur creusait, à 340 pieds sous terre, une galerie d'exploration
à l'emplacement même de la centrale.
Sur le plan du logement à LG 2, l'activité ne manque pas
au cours de l'année. En février, on ajoute des dizaines de tentes
au campement d'exploration qui devient le campement provisoire du chantier; en
mai, on porte sa capacité à 450 hommes; en août, on
commence déjà à le démonter pour reloger les hommes
au campement principal, un mille plus loin, où, en fin de 1974, on
pourra loger 2,000 personnes.
Quant aux travaux effectués à l'emplacement des autres
centrales, ils se résument à l'installation à LG 3 d'un
campement à l'intention des géologues et arpenteurs et à
de l'exploration, tant à LG 3 qu'à LG 4.
Au cours de l'été, la SEBJ mettait la dernière main
aux installations prévues à l'aire de manutention de
Matagami.
A propos d'infrastructure, notons que la route Matagami LG 2
Fort George était, l'hiver dernier, carrossable sur la
moitié de sa longueur, praticable à divers degrés sur le
reste de son parcours et que les travaux progressaient au pont de la
rivière Eastmain, le dernier des ouvrages importants non encore
terminé.
Je passe rapidement sur la question du transport pour mentionner l'achat
par notre société d'un cargo aérien, un Lockheed de type
Hercules, qui peut transporter une cargaison utile de 25 tonnes. C'est un
appareil d'une grande maniabilité qui peut même se poser sur une
piste de glace. Cet avion est surtout affecté au transport vers les
postes qui ne sont pas reliés par route aux autres chantiers.
La conjoncture économique fait l'objet d'un chapitre dans notre
rapport d'activité 1973. C'est une question, tout comme celle de
l'environnement, qui prendra toute son importance au moment de la description
du cheminement qui a conduit la Société d'énergie à
opter pour une variante plutôt que pour une autre dans l'optimalisation
du complexe et qui a permis d'établir le coût du projet.
Si nous nous reportons à certaines déclara-
tions antérieures prévoyant un contenu canadien de 84 p.c.
et un contenu québécois de 77 p.c, pour la construction de
centrales hydroélectriques, il est intéressant de noter qu'en
pratique 82 p.c. des commandes de matériaux et contrats de construction
ou de services ont été remplis par des firmes
québécoises l'an dernier.
En somme, la Société d'énergie considère
qu'elle a pu respecter ses engagements dans les délais prévus et
qu'elle a atteint les objectifs qu'elle s'était fixés pour
l'année 1973.
Activités 1974. La situation est cependant un peu
différente pour l'année 1974. En effet, si les travaux se sont
poursuivis normalement au début de l'année, les
événements de mars dernier, soit le sac et l'incendie d'une
partie du campement LG 2, ont amené non seulement un arrêt de
travail de 51 jours mais une perturbation importante de
l'échéancier.
Nous reviendrons sur ce sujet avec un peu plus de détails dans
quelques minutes.
Nous avons donc, en début d'année, arrêté
notre choix sur les dérivations qui seront effectuées dans la
région de la rivière La Grande et défini ce que sera le
complexe La Grande optimalisé. Nous en donnerons les grandes lignes dans
un instant.
En ce qui touche la construction du barrage principal, la plus basse des
soumissions reçues se rapproche sensiblement des estimations les plus
récentes faites par la Société d'énergie.
Toutes les soumissions ont fait l'objet d'études
détaillées par divers groupes de spécialistes et le
contrat a été octroyé le 26 juin dernier.
L'appel d'offres pour la fabrication des turbines a été
lancé le 11 février. On prévoyait recevoir les documents
le 23 mai, mais les événements de mars nous ont fait reporter
l'ouverture des soumissions au 16 juillet.
Du côté de LG 1, les travaux de déboisement, les
investigations géologiques et les relevés topographiques ont
été suspendus pendant que s'accéléraient les
négociations avec les autochtones.
A LG 3, l'exploration se poursuit aux emplacements des digues et des
bancs d'emprunt. L'ingénierie des ouvrages permanents de LG 3 est en
marche. Enfin, à LG 4, on poursuit les travaux d'exploration.
A Matagami, l'aire de manutention est en place de même que les
quelques bureaux installés auparavant dans la ville même. La base
des explorations a été déménagée sur le
territoire du complexe hydroélectrique.
En ce qui concerne les campements, on peut noter qu'à LG 2 la
remise en état suite à l'incendie et au sac des
installations est complétée. Nous avons, d'autre part,
amorcé une autre phase de l'installation du campement, la phase II A,
qui consiste en l'installation d'une cuisine de 1,000 hommes, d'une soixantaine
de dortoirs et de quelques bureaux.
Ce contrat pour la phase II A prévoit aussi le déboisement
et l'installation des services essentiels. On abordera cet été la
phase II B qui comprend entre autres l'installation d'une nouvelle taverne,
d'un hôpital, d'un poste d'incendie en plus des services
récréatifs comprenant salle de quilles, gymnase, salle de
théâtre et cinéma, et arène qui, à
l'été, se transformera en court de tennis et de
ballon-volant.
Déjà, on est à monter des tentes à LG 2 et
LG 3 pouvant abriter les joueurs de ping-pong, billard, etc. Notons enfin que
le signal de la télévision française de Radio-Canada peut
être capté à LG 2 depuis déjà une quinzaine
de jours.
Le litige présentement devant les tribunaux. On sait que nos
travaux ont fait l'objet de plusieurs procédures judiciaires depuis 2
ans. En voici un bref aperçu.
Le 2 mai 1972, certains chefs Indiens et Inuit prenaient action devant
la cour Supérieure du Québec dans le but de faire cesser les
travaux de développement dans la région de la baie James.
L'action principale alléguait que la loi 50 est inconstitutionnelle et
que les travaux portent atteinte aux droits des Indiens et Inuit. Dans une
deuxième étape, soit le 2 novembre 1972, les requérants
demandaient que soit accordée une injonction interlocutoire pour
empêcher la poursuite des travaux.
L'audition de la preuve pour cette injonction interlocutoire a
débuté le 11 décembre 1972; 167 témoins ont
été entendus et 312 exhibits ont été produits. La
cause a été prise en délibéré le 21 juin
1973, et le 15 novembre l'honorable juge Malouf rendait un jugement qui
enjoignait aux intimés de cesser les travaux. Le même jour, les
intimés faisaient appel à l'encontre de cette injonction
interlocutoire. Six jours plus tard, soit le 21 novembre, ces mêmes
intimés demandaient à la cour d'Appel que soit suspendue
l'injonction. Cette demande était accordée le 22 novembre et les
travaux, interrompus depuis le 15 novembre, pouvaient se poursuivre.
Au début de décembre les requérants demandaient
à la cour Suprême la permission d'appeler de la décision
autorisant la reprise des travaux, permission qui leur fut refusée.
Le 10 juin 1973, la cour d'Appel a commencé l'audition de l'appel
du jugement rendu par l'honorable juge Malouf, le 15 novembre dernier. Le 14
juin la cause a été prise en délibéré. Les
événements de mars. Notre présentation devant cette
commission parlementaire ne serait pas complète si je ne faisais mention
des événements survenus sur nos chantiers au cours du mois de
mars dernier.
Je ne commenterai pas les faits qui ont mené à la
création d'une commission d'enquête, à des poursuites et
même à un plaidoyer de culpabilité. Je me contenterai de
rappeler que vers la mi-mars un incident des plus banal, soit la mise en
disponibilité de deux travailleurs et leur embauchage par un autre
sous-traitant, a donné lieu tout d'abord à un affrontement
intersyndical chez un employeur qui a ensuite
dégénéré en un arrêt de travail
général.
Ceux qui ont fomenté cette grève
générale
ont profité de l'occasion pour présenter de nombreuses
revendications ne relevant aucunement du conflit à l'origine du
mouvement et pour ensuite se livrer à du sabotage.
On sait que les importants dommages causés à nos
installations nous ont forcés à évacuer le campement LG 2,
à effectuer de coûteuses réparations et à garder le
chantier fermé durant plusieurs semaines afin que soient prises des
mesures permettant d'éviter la répétition de tels
incidents dans l'avenir.
A cet effet, nous avons rencontré l'honorable premier ministre
pour discuter des points suivants: Une modification des politiques
d'embauchage; une intensification des mesures de sécurité; la
révision du statut des travailleurs non régis par le
décret de la construction; le non-respect dudit décret.
On sait que depuis ce temps l'Association des employeurs de la baie
James offre à ses membres un service d'embauchage par l'entremise du
Centre de recrutement de la baie James qui reçoit les demandes de
personnel des employeurs et effectue son recrutement auprès des centres
de main-d'oeuvre du Québec ou des autres services appropriés de
personnel.
D'autre part, la Sûreté du Québec maintient un
détachement de quelques hommes à proximité de
l'aérogare de LG 2. Ce poste de la Sûreté dispose de ses
propres moyens de communication avec les centres urbains, assurant ainsi une
liaison constante quoiqu'il advienne de nos installations.
Enfin, le gouvernement a institué une commission d'enquête
qui fera la lumière sur la liberté syndicale dans le domaine de
la construction au Québec.
Quant au statut des travailleurs non régis par le décret,
cette question demeure à l'étude.
Nous n'avons pas terminé l'estimation des coûts
additionnels du projet directement reliés aux événements
de mars.
L'optimisation du complexe La Grande. Nous avons mentionné, l'an
dernier, que les études en cours permettraient de présenter
à la fin de 1973 tous les éléments nécessaires
à la formulation définitive des composantes du complexe La Grande
optimisé.
Une documentation volumineuse a été compilée, de
laquelle les spécialistes de la Société d'énergie
et de l'Hydro-Québec se sont inspirés pour rédiger un
rapport conjoint. Ce rapport a été étudié par les
administrations concernées et la décision a été
prise. J'en dégage ici les points saillants: en 1971,
l'Hydro-Québec rend publique sa décision d'opter pour le
développement du potentiel hydroélectrique des rivières de
la baie James, plutôt que d'axer son programme d'équipement
surtout sur l'énergie thermique ou nucléaire. A l'époque,
la décision est justifiée devant la commission des richesses
naturelles. Un an plus tard, un autre choix doit être fait entre ces deux
options. Il est alors convenu d'exploiter d'abord les rivières du
secteur nord de la région de la baie James, plutôt que celles du
sud. Le complexe La Grande sera donc mis en chantier immédiatement,
plutôt que le complexe NBR, c'est-à-dire Nottaway, Broadback,
Rupert. Ce choix global fait, il est entendu que le complexe La Grande fera
l'objet d'études détaillées sur la possiblité de
dériver la rivière Eastmain dans La Grande et sur
l'opportunité d'y dériver aussi les rivières avoisinantes,
plutôt que d'en faire l'aménagement individuel.
L'Hydro-Québec effectue donc des études de validation. La
Société d'énergie, de son côté, fait des
études techniques. Des études générales de
synthèse en vue du choix définitif suivent. A la fin de 1973,
tous les éléments permettant de prendre une décision sur
les dérivations à effectuer sont compilés.
Au début de 1974, le choix est fait. Un choix qui tient compte
des facteurs suivants: l'aspect économique, les contraintes techniques,
le respect de l'environnement, l'intégration du projet dans la politique
énergétique à long terme du Québec, les
problèmes de transport d'énergie.
Ce choix devait se faire entre deux options principales:
l'aménagement séparé du potentiel
énergétique de chaque rivière ou l'aménagement
regroupé par le jeu des dérivations.
On a examiné une trentaine de possibilités
théoriques à la lumière des études
antérieures pour ne retenir qu'un nombre minimal de possiblités
de regroupements de rivières, ayant toujours comme centre principal
d'aménagement la rivière La Grande et ses quatre centrales ou, en
d'autres termes, le complexe La Grande.
Ces possiblités sont composées du complexe La Grande
auquel peuvent s'ajouter les apports des rivières Eastmain, Grande
Baleine, Caniapis-cau, Rupert. Notons que la dérivation de la
rivière Opinaca dans La Grande fait partie de chaque projet
évalué, l'aménagement de cette rivière
séparément s'avérant non économique.
Ces diverses études ont permis de conclure que, du point de vue
économique, plus une option comporte de dérivations, plus elle
est intéressante. Les dérivations qui présentent le plus
d'intérêt, par ordre de préférence
économique, sont les suivantes: d'abord, la dérivation de la
Caniapiscau et de la Eastmain, puis de la Grande Baleine et, enfin, celle de la
Rupert.
A cause des contraintes économiques et d'environnement, il
ressort, par ailleurs, qu'il n'est pas souhaitable d'inclure dans le complexe
plus de deux dérivations, outre celle de la rivière Opinaca.
La solution adoptée a donc été celle de n'inclure
dans le complexe La Grande que les dérivations Eastmain et Caniapiscau,
pour obtenir une puissance installée de 10,300 MW.
Description technique du complexe. Voici en quoi consiste, sur le plan
technique la variante d'aménagement sur laquelle s'est porté
notre choix et que nous appelons "Complexe La Grande 1974." Il s'agit, en bref,
de la construction de quatre centrales sur la rivière La Grande,
nommées LG 1, LG 2, LG 3 et
LG 4; de la dérivation partielle des eaux des rivières
Caniapiscau, Eastmain et Opinaca dans le bassin de la rivière La
Grande.
La capacité totale de ces quatre centrales est de 10,300 MW. Une
description technique du complexe vous a été donnée. On y
trouve des détails sur chacun des ouvrages. Je me contenterai, ici, de
ne citer que les données principales.
Les détournements. Une digue en enrochement d'environ 130 pieds
de hauteur sur la rivière Eastmain permettra d'effectuer le
détournement des eaux du bassin supérieur de cette rivière
dans le bassin de la Petite Opinaca, puis dans celui de l'Opinaca et enfin dans
le bassin de la rivière La Grande.
A l'est du bassin de La Grande, un réseau de 29 digues permettra
la fermeture de la rivière Caniapiscau supérieure et la
création d'un réservoir dans cette même région qui
alimentera les installations sur la rivière La Grande via la
rivière Laforge.
Les centrales. La centrale LG 1, située à 23 milles de la
baie James, occupera la largeur totale de la rivière La Grande. Elle
sera composée de dix groupes de 118 MW pour une capacité totale
de 1,180 MW, sous une chute nette nominale de 88 pieds en hiver et de 93 pieds
en été. A l'emplacement de LG 2, à 73 milles de la baie,
on entreprendra sous peu la construction du barrage principal. Il sera en
enrochement avec noyau de moraine et d'une longueur totale en crête de
10,000 pieds. Le volume de remblai requis est de 30 millions de verges cubes et
un réseau de 29 digues viendra compléter la fermeture du bief
amont, réseau nécessitant quelque 25 millions de verges cubes de
matériaux de remblai.
Une vallée naturelle située sur la rive sud permet la
canalisation des eaux vers les prises d'eau et la centrale qui sont
situées à quelque trois milles en aval du barrage principal.
La puissance installée à LG 2 sera de 5,328 MW fournis par
16 groupes d'une puissance de 333 MW chacun. Cette centrale souterraine aura
une longueur totale de 1,245 pieds et une largeur de 93 pieds.
Elle sera logée dans le roc à plus de 300 pieds de
profondeur. La centrale LG 3, construite en surface à 188 milles de la
baie, comptera dix turbines de type Francis d'une puissance unitaire nominale
de 174 MW chacune. Le barrage principal sera divisé en deux sections,
coupant la rivière de chaque côté d'une île sur
laquelle sera située la centrale. Ce barrage sera en enrochement avec
noyau de moraine; un réseau de 25 digues sera également requis
sur les rives nord et sud pour maintenir le bief amont à
l'élévation 825. La longueur totale en crête de ces digues
et du barrage sera de 64,700 pieds.
La route d'accès, située au sud de la rivière La
Grande, part d'un point situé sur la route Matagami-LG 2 dans la
région du lac Yasinski; elle a une longueur de 79 milles. La centrale
souterraine LG 4 sera construite à 288 milles de l'embouchure sur la
rive nord de La Grande et comptera huit groupes d'une puissance unitaire
nominale de 257 MW sous une chute nette de 392 pieds. Le barrage principal en
enrochement avec noyau de moraine, ainsi qu'un réseau de 10 digues
permettront la fermeture des vallées secondaires. Une route
d'accès entre les centrales LG 3 et LG 4 sera construite au sud du bief
amont de LG 3, sur une longueur totale de 143 milles.
On aura donc, au total, quatre centrales comptant 44 groupes
turbine-alternateur pour obtenir une puissance installée de 10,340 MW,
fournissant 69 milliards de kwh d'énergie annuellement.
Maintenant, le coût du complexe La Grande. Le coût du
complexe La Grande, incluant l'infrastructure principale et les lignes de
transport, a été évalué, en 1972, à $5.8
milliards. Sa puissance totale prévue était alors de 8.3 millions
de KW et elle devait répondre à la prévision de la demande
du consommateur pour les années 1980 à 1984 inclusivement. Depuis
lors, quatre facteurs principaux sont venus modifier cette évaluation :
1) Le taux d'inflation exceptionnellement élevé des deux
dernières années; 2) les modifications au complexe
imposées par des contraintes techniques ou des impératifs
reliés au respect de l'environnement; 3) l'augmentation de la puissance
de nos installations dictée par les études d'optimisation et le
choix définitif des dérivations, et, enfin, 4) la révision
des prévisions d'escalade de coûts reliés à
l'inflation et au taux d'intérêt sur les emprunts à long
terme.
Les coûts prévus du complexe La Grande, en 1972, se
situaient, comme je le disais, à $5.8 milliards, soit $3.5 milliards
affectés au coût de base et $2.3 milliards devant couvrir les taux
d'inflation et d'intérêt sur les emprunts durant la
construction.
Or il arrive si on reprend chacun des quatre facteurs
énumérés plus tôt que : 1.1e taux d'inflation
entre les années 1972 et 1974, qui s'est situé au-delà de
10 p.c. par année, augmente les coûts de base de 20 p.c. pour les
porter de $3.5 milliards à $4.2 milliards; 2.les modifications
apportées aux types de barrage, à l'amplacement des
déversoirs et autres modifications imposées par les contraintes
d'ordre technique ou de respect de l'environnement apportent une majoration des
coûts de l'ordre de 17 p.c. qui nous porte à $4.9 milliards.
3.l'augmentation de la puissance installée, qui découle de nos
études d'optimisation, étant de l'ordre de 24 p.c. (soit de 8,300
MW à 10,340 MW), les coûts sont donc majorés d'autant... ou
presque. Le facteur de majoration est en fait de 22 p.c. puisque les
infrastructures et certains autres ouvrages ne sont pas touchés par
l'augmentation de puissance.
Nous voilà donc maintenant à $6 milliards.
$6 milliards pour un complexe hydro-électrique qui permettra de
faire face à la demande des consommateurs durant la période 1980
à 1985 plutôt que durant la période 1980 à 1984; 4.
les facteurs "inflation taux d'intérêt" viennent s'ajouter.
Ces facteurs sont en fait les seuls qui puissent prêter à
interprétation.
En admettant qu'ils soient les mêmes que ceux utilisés en
1972 soit 4 p.c. pour l'inflation et 8.5 p.c. pour l'intérêt
les coûts se situeraient alors à $9.9 milliards.
D'autre part, si on retient des hypothèses moins optimistes, ces
mêmes taux peuvent fort bien se situer à 7 p.c. pour l'inflation
et à 10 p.c. pour l'intérêt. Nous aurons alors à
faire face à des coûts de l'ordre de $11.9 milliards pour un
complexe La Grande optimisé, d'une puissance plus élevée
et permettant de répondre à la demande pendant au moins une
année de plus que prévu originalement.
On vous a distribué un document, il y a quelques minutes, qui
vous explique les coûts d'une autre façon. J'aimerais le discuter.
Vous avez ce tableau-là? Oui.
On répète la même chose mais c'est fait
graphiquement, c'est peut-être plus facile à suivre. Je vous ai
dit tout l'heure que les $5.8 milliards sont décomposés en $3.5
milliards pour le coût de base et $2.3 milliards pour les
prévisions d'inflation et d'intérêt.
Alors l'inflation, depuis 1972, augmente le projet de $.7 milliard, le
portant à $4.2 milliards.
Les modifications techniques et d'environnement les portent à
$4.9 p.c. milliards et l'augmentation de puissance, de 24 p.c. qui nous
coûte 22 p.c. de plus, porte l'estimation de base à $6
milliards.
Evidemment, vous avez trois possibilités, suivant que vous
êtes optimistes ou pessimistes. On a un taux d'inflation de 4 p.c. et de
81/2 p.c. d'intérêt qui vous donnent $9.9 milliards; l'inflation
à 5 1/2 p.c. et l'intérêt à 91/2 p.c. vous donnent
$10.9 milliards; 7 p.c. d'inflation et 10 p.c. d'intérêt vous
donnent un total de $11.9 milliards.
Nous avons retenu le dernier, tout en étant conservateur, et ce
sont les chiffres qu'on a cités. Vous remarquerez cependant l'influence
que peuvent avoir l'inflation et l'intérêt. Pour un projet qui est
rendu à $6 milliards, si on emploie un taux d'inflation de 7 p.c, un
taux d'intérêt de 10 p.c, vous doublez, vous passez de $6
milliards à $12 milliards.
C'est évidemment des choses qui sont incontrôlables dans
quelque société que ce soit et les augmentations du projet sont
facilement explicables, comme vous l'avez vu précédemment; il y a
$1.1 milliard qui est dû au fait qu'on a plus d'énergie, cela vaut
pour un an de plus. C'est donc de 3.5 à 4.6. Il reste que pour
l'environnement on a dû faire des travaux spéciaux assez
importants ou prévoir des travaux spéciaux importants. On a
également dû prévoir des sommes d'argent pour le
règlement avec les Indiens et les Inuit et cela est inclus dans ce
facteur.
Vous avez, évidemment, l'inflation, que tout le monde
connaît, qu'on a subie de 1972 à 1974.
M. le Président, messieurs, ici se termine ma présentation
officielle. On pourrait répondre à vos questions.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): On vous remercie M. Boyd. La commission des
richesses naturelles suspend ses travaux jusqu'à huit heures quinze
minutes, ce soir.
M. MORIN: M. le Président, avons-nous maintenant tous les
documents à notre disposition?
LE PRESIDENT (M. Lafrance): On pourrait demander...
M. MORIN: Tous les documents qui vont être invoqués?
LE PRESIDENT (M. Lafrance): M. Giroux...
M. GIROUX: Attendez un peu, je ne peux pas vérifier, je ne sais
pas ce que vous avez en main.
M. MORIN: Est-ce que, d'après vous, tout nous a été
distribué?
M. GIROUX: II manque juste les lignes de transport. Est-ce que vous
pouvez les distribuer?
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Voulez-vous l'avoir tout de suite?
M. MORIN: Oui, nous aimerions avoir tous les documents.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Alors, il en manque seulement un, M.
Giroux?
M. GIROUX: Les lignes de transport.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Les lignes de transport. Alors, on va le
distribuer immédiatement et on reviendra à huit heures quinze
minutes.
(Suspension de la séance à 18 h 4)
Reprise de la séance à 20 h 27
M. LAFRANCE (président de la commission permanente des richesses
naturelles et des terres et forêts): A l'ordre, messieurs!
L'honorable ministre des Richesses naturelles aurait une question
à poser à la suite de la présentation des
mémoires.
M. MASSE: C'est-à-dire que le ministre de l'Industrie et du
Commerce a souligné, cet après-midi, avant le souper, qu'il
faudrait faire connaître les coûts comparatifs entre le complexe
hydro-électrique de la baie James et les installations
équivalentes au nucléaire.
J'ai consulté d'autres membres de la commission et il ne semble
pas qu'on ait eu de documents de déposés cet après-midi
sur cette question. Est-ce exact?
M. GIROUX: Je ne crois pas qu'il y ait eu de tels documents de
déposés. On a certains documents en réserve si les
questions sont posées. On peut exposer immédiatement nos vues sur
le nucléaire et l'hydraulique...
M. MORIN: M. le Président...
M. GIROUX: ... et déposer les documents. On peut les
déposer tout de suite.
M. LESSARD: Déposez les documents. M. le Président, on
demande le dépôt des documents et, par la suite, on discutera des
comparaisons. On s'était entendu, au cours de la séance
précédente, nous allons parler, à un moment donné,
des prévisions de la demande et, par la suite, on parlera de la baie
James et des comparaisons entre le nucléaire et l'énergie
hydraulique.
M. MORIN: M. le Président, j'allais poser la même question
que le ministre des Richesses naturelles. En 1972, l'Hydro-Québec nous
avait remis un programme d'équipement qui contenait des tableaux de
comparaison fort instructifs. Tout à l'heure, j'ai demandé si on
nous avait remis tous les documents écrits. Il m'a été
dit: Oui. En cherchant parmi cette pile de documents, je me serais attendu
justement à trouver une mise à jour de votre programme
d'équipement, au moins en ce qui concerne une comparaison
générale entre les projets de la baie James et les projets
nucléaires, les projets d'électricité à base
nucléaire.
Or, ce document, nous ne l'avons pas. S'il existe, nous serions
également extrêmement intéressés à l'avoir et
dès maintenant. Je voudrais vous faire comprendre, messieurs, en toute
amitié, que si nous devons avoir un dialogue intelligent avec vous il
faut que nous puissions consulter les documents auparavant, et non que vous ne
nous les remettiez avec vos commentaires.
M. GIROUX: On n'a aucune objection. La seule chose, c'est que je ne sais
pas si on a un document qui est fait sur ce document qui fut
présenté en 1972. Est-ce que vous auriez ce document? Est-ce
qu'on pourrait le voir?
M. MORIN: C'est votre programme d'équipement.
M. GIROUX: Je regrette mais je ne vois pas si loin que ça.
M. MORIN: C'est intitulé: Programme d'équipement,
1978-1985. Cela émane de la Direction de la planification, génie,
de l'Hydro-Québec, c'est daté du 15 mai 1972. C'est une
comparaison d'un certain nombre de programmes...
M. GIROUX: Oui je crois qu'il y a une cinquantaine de programmes, mais
si on en a laissé tomber, cette année, on aura les programmes
simplement qu'on croit continuer et non pas ceux qu'on laisse tomber.
M. MORIN: C'est exactement ce que nous voulons.
M. GIROUX: Ah! bon.
M. CHARUK: Nous n'avons qu'un programme d'équipement.
M. MORIN: C'est-à-dire LG, la suite du programme 37.
M. CHARUK: Si vous voulez, c'est le nouveau programme
d'équipement de l'Hydro-Québec qui comprend le projet La Grande
mais aussi d'autres installations.
M. MORIN: Vous voyez, justement, il serait bon que nous sachions si vous
avez mis à jour votre ancien programme 34, c'est-à-dire La Grande
80, pointe intercalée, ou encore votre programme 37 de La Grande 80 avec
pointe après. Nous serions intéressés à pouvoir
établir une comparaison entre vos nouvelles estimations, vos coûts
de production et ceux que vous nous donniez en 1972.
M. GIROUX: II n'y a pas de programme tel quel. Nous avons un programme
qui est la comparaison des coûts de l'énergie entre le complexe
hydro-électrique de la baie James et un projet nucléaire canadien
équivalent. De projet canadien, il n'y en a qu'un, c'est le CANDU. Qu'on
le multiplie ou qu'on le réserve, on ne peut pas faire 50 genres de
programmes, on l'a fait à titre d'information, mais on ne fait pas
ça tous les ans.
M. MORIN: Je comprends. Maintenant nous aimerions avoir le document;
comme ça on saurait si vous nous parlez de Pickering ou si vous nous
parlez de Gentilly. Avez-vous fait des calculs sur Pickering? Avez-vous fait
des calculs
sur Gentilly? Comment est-ce que ça représente de mils par
kWh dans chaque cas? C'est ça qui nous intéresse.
M. GIROUX: On l'a.
M. MORIN: II faudrait nous le faire parvenir.
M. GIROUX: C'est un exposé qui n'est pas long, voulez-vous faire
l'exposé, M. De Guise?
M. DE GUISE: Cela ne me fait rien, comme la commission en
décidera.
M. LESSARD: M. le Président, vous nous dites, à la
question du chef parlementaire de l'Opposition, que vous avez le document.
J'espère, depuis que vous vous êtes présenté
à cette commission parlementaire, que vous avez révisé vos
chiffres, parce que depuis ce temps, la science a évolué,
à ma connaissance en tout cas, concernant l'énergie
nucléaire. Ce que nous vous demandons c'est: Avez-vous ce programme de
comparaison? Et nous avions aussi demandé d'autres documents qui
devaient nous parvenir. Je vois les programmes 21, 22, 24, 25 et 26 et cela
c'est en juin... c'est-à-dire que nous avions demandé ça
lors d'une commission en 1971.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Pour le bénéfice du journal
des Débats, c'est M. De Guise.
M. DE GUISE: Oui. Si vous voulez me le permettre, je vais
répondre. Nous n'avons pas absolument l'équivalent ou une mise
à jour du document que vous avez là mais je vais vous expliquer
ce que nous avons. Etant donné les échéances
évidemment, pour 1979, nous n'avons plus le temps d'étudier ou de
programmer différentes choses, il faut nous fixer. Alors, c'était
dans le programme de notre présentation; nous allons vous dire de quelle
manière nous prévoyons faire face aux charges en 1976, 1977,
1978, 1979 avec un programme arrêté, défini.
En 1980 se pose l'option et, évidemment, en 1980 La Grande doit
être prête. A ce moment-là, nous avons une option
théorique, d'aller au nucléaire ou à La Grande, et nous
avons un document qui compare le coût de La Grande, tel qu'exposé
par M. Boyd, versus une option nucléaire que nous avons choisie.
M. MORIN: De combien de MW?
M. DE GUISE: Equivalente en puissance; 9,750 MW ou treize groupes de
750.
M. MORIN: Treize groupes de 750?
M. DE GUISE: Oui, quatre centrales de Bruce, si vous voulez.
M. MORIN: Est-ce que vous avez fait aussi des études de
coût pour des centrales de 1,000 et de 1,200 MW?
M. DE GUISE: Non parce que, à notre connaissance, l'EACL n'est
pas prête à en constui-re. Elle n'a pas de design, elle n'a pas de
projet sur la table pour des centrales de cette dimension.
M. MORIN: Oui, mais enfin, M. le Président...
M. MASSE: Est-ce que c'est vraiment l'occasion ici de commencer à
questionner sur ce sujet? Il y aurait peut-être lieu...
M. MORIN: Qu'on dépose le document.
M. MASSE: ... qu'on dépose...
M. LESSARD: Qu'on dépose le document.
M. MASSE: ... et qu'on fasse un court exposé si
nécessaire.
M. LESSARD: Voici, M. le Président, pour le moment nous ne
demandons pas un exposé. Nous avons assez du document de M. Giroux. Tel
que nous l'avions prévu dès le début, il y a une demande
d'électricité, il y a une prévision de demande. Nous avons
l'intention d'interroger M. Giroux ce soir sur la prévision de demande.
Cependant, comme l'Assemblée nationale va commencer à
siéger demain matin à dix heures, entre minuit et dix heures du
matin, nous avons l'intention nous autres, de vérifier un certain nombre
de documents parce que si vous autres, vous les avez eus il y a trois, quatre,
cinq ou six mois, quant à nous nous avons reçu cette somme de
documents au cours de cette soirée, soit quelques minutes avant les
séances de la commission parlementaire.
M. MASSE: II ne faudrait pas toujours revenir sur le même point.
Ce que je dis...
M. LESSARD: Je ne reviens pas sur le même point mais qu'on
s'entende. Au lieu...
M. MASSE: ... tout ce que je dis, c'est qu'on a permis...
M. LESSARD: ... de toujours discuter, qu'on dépose donc les
documents.
M. MASSE: ... au président de l'Hydro-Québec de faire un
exposé général. Le Parti québécois a
demandé par la suite que dès maintenant on entende M. Boyd,
président de la Société d'énergie de la baie James.
Bon, alors, on a un certain nombre de documents.
Maintenant, M. De Guise et M. le président Giroux ont un autre
document à déposer sur les coûts comparatifs. Je dis
à M. De Guise que, s'il a des notes explicatives à nous donner en
le déposant, de le faire. C'est tout.
M. LESSARD: C'est que le document...
M. MASSE: Je ne parle pas d'en discuter dès maintenant.
M. LESSARD: ... de M. De Guise rejoint l'exposé de M. Boyd.
Alors, nous avons demandé, avant la suspension, le dépôt de
tous les documents. Nous demandons, actuellement non pas une information ou un
exposé de M. De Guise, parce qu'à ma connaissance nous avons
aujourd'hui à vérifier justement l'administration de
l'Hydro-Québec et l'administration de la Société
d'énergie de la baie James. Alors, une fois que nous aurons les
documents, si nous avons à interroger M. De Guise par la suite, nous
l'interrogerons, de même que M. Giroux. Mais, pour le moment, nous
demandons le dépôt du document et, pour la discussion, nous avons
l'intention de suivre le programme tel qu'il a été proposé
et accepté.
M. MASSE: C'est exactement le même procédé que je
propose, à l'exception que, s'il y a des notes explicatives à
donner au départ, M. De Guise le fasse. C'est tout.
M. MORIN: II y en a pour combien de temps, M. le Président?
Est-ce bien long ces notes explicatives?
M. DE GUISE: Evidemment, ça dépend des questions.
M. MORIN: Non, il n'y aura pas de questions pendant l'exposé.
M. MASSE: On réservera les questions.
M. MORIN: Nous y viendrons en temps et lieu.
M. DE GUISE: Je peux vous faire un exposé très bref, de
cinq ou dix minutes, si vous voulez, je peux juste les résumer.
M. MORIN: Alors, nous allons y consentir, c'est important que vous
puissiez présenter le document. Par la suite, M. le
Président...
M. MASSE: C'est la même procédure que cet
après-midi.
M. MORIN: ... je demanderai s'il n'y a pas, par hasard, d'autres
documents.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Alors, M. De Guise.
M. DE GUISE: Mon document. On peut l'avoir.
M. MORIN: S'il y en a encore beaucoup comme cela, on pourrait
peut-être nous les distribuer tous du même coup. Peut-être
que cela simplifierait les recherches.
M. BEDARD (Montmorency): Vous ne trouvez pas qu'on en a assez?
M. DE GUISE: M. le Président, est-ce que je pourrais commencer
lentement? Au début, je n'ai pas de chiffre à donner, rien, c'est
de la théorie, si on veut, ou un exposé général.
C'est comme vous voudrez.
M. LESSARD: M. le Président, c'est qu'actuellement nous n'avons
pas encore le document. Pendant que la recherche va se faire, il va y avoir
beaucoup de bruit. On aimerait bien vous suivre et, en même temps,
annoter le document. Puisque ce document va nous être
déposé à l'instant, nous aimerions bien, nous de
l'Opposition, pouvoir l'annoter en même temps.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): A l'ordre, s'il vous plaît! Le
député de Beauce-Sud.
M. ROY: M. le Président, étant donné qu'avant le
souper on nous avait dit que tous les documents avaient été
déposés et qu'on vient de nous déposer un autre document,
j'aimerais avoir ici, pour mon propre bénéfice comme pour le
bénéfice des autres membres de la commission, d'autres documents
qui seraient prêts et que nous n'avons pas reçus.
M. BOYD: M. le Président, en ce qui concerne la
Société d'énergie ou même l'Hydro-Québec, des
documents, on en a par centaines à l'Hydro-Québec. Si quelqu'un
nous pose une question sur je ne sais pas l'usage des
hélicoptères de la baie James, je vais vous répondre et je
vais vous donner le document pour appuyer ma réponse.
M. ROY: M. le Président...
M. BOYD: II y a des tas de documents ici, il y en a à
l'Hydro-Québec, puis il y en a à la société
M. ROY: M. le Président, je m'excuse, mais ce n'est pas du tout
ce que j'ai demandé. Je n'ai pas parlé des
hélicoptères du tout et je n'ai pas l'intention d'en parler, non
plus. Je comprends que ce sont des circonstances bien spéciales, mais je
n'aimerais pas me faire répondre sur ce ton, premièrement.
Deuxièmement, moi, ce que je veux savoir, c'est si
l'Hydro-Québec, puisqu'elle est venue se présenter devant la
commission ici, a préparé d'autres documents à notre
intention, oui ou non. Des documents que nous n'avons pas reçus. C'est
ça que je veux savoir. Est-ce que vous en avez d'autres à nous
remettre?
M. GIROUX: Les documents qui étaient mentionnés dans le
rapport que j'ai fait ont été déposés. Maintenant,
il peut y avoir des documents d'appui sur des questions qui peuvent
être posées; je ne sais pas si on peut appeler ça
des documents de présentation. Les documents de présentation ont
été faits. Ils comprenaient le document de l'exposé de la
Société d'énergie, les coûts comparatifs, les lignes
de transport et le coût de... Les lignes de transport, vous ne l'avez
pas?
M. LESSARD: Les lignes de transport, oui, on l'a.
M. ROY: Les lignes de transport, oui.
M. LESSARD: Les coûts comparatifs entre l'énergie
nucléaire et l'énergie hydro-électrique, on vient de le
recevoir.
M. GIROUX: Alors, moi, je n'ai pas d'autres documents de base que
ça. Il peut y avoir des documents qui répondent à des
annexes sur les bilans. Il peut y avoir des documents comme ça,
dépendant des points qui sont soulevés.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): La question des documents étant
réglée, on peut passer à M. De Guise qui va nous faire
l'exposé sur la comparaison entre les coûts de l'énergie du
complexe hydroélectrique de la baie James et d'un projet
nucléaire canadien équivalent. M. De Guise.
M. DE GUISE: Maintenant que vous avez le document en votre possession,
je crois qu'il n'est pas nécessaire de le lire mot à mot, surtout
si je veux être bref; je vais donc attirer votre attention sur les points
principaux.
M. LESSARD: Vous pouvez le lire, il n'y a aucun problème. Nous
sommes ici, nous autres, jusqu'au mois de septembre, s'il y a lieu; il n'y a
aucun problème.
M. ROY: On n'est pas pressé.
M. DE GUISE: Alors, je lis dans ce cas-là. Il semble exister
actuellement...
M. LESSARD: Si on a une suspension pour la chasse à l'orignal. Il
n'y aura pas de problème.
Allez-y.
M. DE GUISE: Je procède. Il semble exister actuellement une
grande confusion dans l'établissement des coûts de
l'énergie électrique produite par divers types de centrales.
Ainsi, on publie souvent des coûts comparatifs en ne tenant compte que
d'une partie de ceux-ci, ce qui amène des comparaisons boiteuses. Par
exemple, il serait faux de considérer les frais de construction à
l'exclusion de tous les frais d'exploitation. Il y a aussi cet autre genre
d'erreur qui consiste à comparer des projets dont les dates de mise en
service sont différentes et dont les coûts sont exprimés en
dollars courants d'années différentes.
En d'autres occasions, on oublie certains éléments de
coût qui diffèrent selon la nature des projets.
Ainsi, il faut tenir compte de la réserve nécessaire
à assurer une alimentation fiable puisque le montant de cette
réserve varie selon la taille et la nature des groupes (thermiques,
nucléaires ou hydroélectriques) qu'on utilise. Enfin, on omet
souvent d'énoncer tous les éléments de coût pris en
considération et de tenir compte des différentes
hypothèses de taux d'inflation, de coût de financement, etc.
Nous essaierons d'éliminer la confusion apparente en exposant la
méthodologie à suivre pour obtenir une comparaison valable des
coûts de l'énergie provenant de différentes centrales. Nous
donnerons ensuite un exemple de comparaison entre les coûts du complexe
hydroélectrique de la baie James et ceux d'un projet nucléaire
canadien équivalent.
Le but de la présente section est de mettre en évidence
les facteurs qui doivent être considérés lorsque l'on
compare différents projets de production d'électricité.
Lors de cette comparaison, on doit exiger que les projets rendent le même
service. Ceci implique que la période d'horizon considérée
pour ceux-ci doit être la même et que la fiabilité
exigée du réseau après l'intégration des divers
projets doit aussi être la même, quel que soit le projet
choisi.
Afin de respecter ces deux conditions de même période
d'horizon et de même fiabilité, voici les facteurs qui doivent
être considérés: -les coûts d'investissement; ici
j'ouvre une parenthèse, le coût d'investissement lui-même va
faire l'objet d'un examen assez serré. Je pourrais vous donner une liste
d'à peu près une page d'éléments de coûts
qui, suivant les projets, sont dans le coût d'investissement ou n'y sont
pas. Prenez, par exemple, l'eau lourde, ou bien la charge de combustible
initiale, les frais de génie, les frais de mise en route de la centrale,
etc. -les coûts de réinvestissement; là le problème
se pose lorsque vous comparez de l'hydraulique et du nucléaire. Tout le
monde admet assez facilement que l'hydraulique a une durée de 50 ans.
Vous n'avez qu'à regarder la centrale de Beauharnois, la centrale des
Cèdres, alors que le nucléaire doit être remplacé ou
déprécié après 30 ans. Evidemment, si on veut
comparer les deux mêmes choses, il faut ajouter au coût du
nucléaire le coût du réinvestissement après 30 ans.
-les frais de combustible; c'est évident. -les frais d'exploitation et
d'entretien; ils sont différents dans les deux cas parce que le
personnel est passablement plus nombreux dans le cas d'une centrale
nucléaire que dans le cas d'une centrale hydroélectrique. -les
coûts dus à l'inflation sur les frais de construction durant la
construction, les frais d'exploitation et d'entretien durant toute la vie utile
de la centrale et les frais de combustible; -les coûts de financement;
-les coûts d'intégration des projets au réseau;
évidemment, dans le cas de l'hydroélectrique, les lignes de
transport et postes de transformation coûtent beaucoup plus cher.
- la valeur des pertes de transport; dans l'hydroélectrique,
généralement les pertes sont plus élevées à
cause de la distance. - la réserve requise pour assurer la
fiabilité d'alimentation; c'est un élément des plus
importants et nous y reviendrons.
Afin d'éviter toute confusion ou toute comparaison boiteuse, il
faut particulièrement faire attention aux points suivants: 1 ) Vie utile
des projets et période d'analyse. On fixe habituellement une
période d'analyse qui servira de point de référence par
rapport à la durée des projets évalués, ce qui
facilite la comparaison. Cette durée de la période d'analyse doit
être assez longue pour englober les durées de vie
économique utile des projets comparés.
Une fois la durée de la période d'analyse établie,
il s'agit d'aligner la vie des projets par rapport à la période
d'analyse: si leur durée coincide avec celle-ci, nous pouvons effectuer
la comparaison; sinon, il faut réinvestir pour ceux dont la vie utile
est plus courte que la période d'analyse et attribuer une valeur de
récupération à ceux dont la vie utile est plus longue.
2)Estimation et méthodologie. Il est aussi nécessaire de bien
faire la distinction entre les coûts utilisés pour fins de
comparaison économique de divers projets et les chiffres cités
dans les journaux et les périodiques. Habituellement, ces derniers
réfèrent uniquement au coût de construction des projets,
c'est-à-dire aux sommes nécessaires à la construction des
ouvrages incluant l'inflation et l'intérêt durant la construction,
et dans la grande majorité des cas, les hypothèses et les
années de référence ne sont pas
énoncées.
Pour comparer adéquatement les coûts de l'énergie de
deux (2) types de centrales, il importe d'inclure toutes les composantes de
coût et de les traiter selon les méthodes économiques
reconnues. La méthode utilisée pour comparer les coûts de
deux (2) ou plusieurs projets est la méthode d'actualisation. Elle
permet de transformer tout montant ou toute série de montants
échelonnés dans le temps en un montant unique ou en une
annuité équivalente, compte tenu de l'intérêt
composé (taux d'actualisation). Ce taux est basé sur le
coût total de financement qui comprend le coût du capital propre et
celui des emprunts. 3)Façons d'exprimer les coûts de
l'énergie. On peut exprimer les coûts de l'énergie de
plusieurs façons. Celle utilisée le plus couramment par les gens
du milieu exprime les coûts en mils/kWh où un mil signifie
$0.001 que l'on détermine en utilisant les techniques
d'actualisation. Une autre façon de comparer les coûts est celle
qui utilise des dollars par kilowatt actualisés ($/kW); elle est aussi
valable que la précédente parce que les coûts et les
kilowatts sont actualisés en tenant compte des facteurs d'utilisation de
ces derniers. 4)Illustration de l'estimation du coût d'un projet
nucléaire. Le tableau 1 présente les coûts d'un projet
nucléaire tels que donnés couram- ment dans diverses publications
mais que nous avons ventilés de façon à rendre possible
une comparaison adéquate avec les coûts d'un projet
hydroélectrique. Les hypothèses et les données de
référence sous-tendant ces coûts apparaissent au bas du
tableau et son accompagnées de remarques explicatives. On
réfère au tableau de la page 5.
Nous prenons comme exemple un complexe nucléaire tel que
Pickering (filière CANDU), soit quatre (4) groupes de 500 MW chacun pour
un total de 2,000 MW et une mise en service équivalente à la fin
de 1972. Le facteur d'utilisation prévu en moyenne pour toute la
durée de la vie utile est de 80 p.c.
L'estimation du coût d'investissement en dollars de 1968 pour le
projet de Pickering était de l'ordre de $498 millions. On vous cite des
références au bas de la page. Une estimation subséquente
de $604 millions dollars de 1969 fit la manchette des journaux après sa
publication dans un rapport de l'Energie Atomique du Canada. Les
références sont données en 2, 3 et 4. Enfin, une
estimation plus récente (en dollars de 1972) des coûts de
Pickering donne $746 millions, référence 5 et 6.
Les estimations du coût d'investissement de Pickering sont donc
passées de $498 millions en 1968 à $746 millions au début
de 1972, ce qui reflète bien l'aspect inflationniste de la conjoncture
économique depuis 1968. Prenons ce coût de $746 millions comme
acquis et ajoutons-y les composantes qui permettent de déterminer le
coût total de l'énergie.
Alors, source et date de publication, puissance totale, avec une
certaine optimisation, 2,056 MW; coût d'investissement, $302 par KW en
1969; $386 actualisés, fin 1972. Vie utile, 30 ans dans tous les cas.
Taux d'intérêt durant la construction, première colonne,
les chiffres de 1971, c'était 7.5 p.c; les chiffres de fin 1972, 8 p.c.
Le coût pour fin de comparer, est conservé à 8 p.c.
Coût de financement, 10 p.c. Facteur d'actualisation, 10 p.c. Charges
annuelles fixes, c'était 8.47 p.c, évidemment, en 1971,
passé à 10.61 p.c. en 1972 et on conserve 10.09 p.c. sur une
période de 50 ans pour les fins de comparaison.
Si on revient au coût de l'énergie à partir des
données établies ci-haut et suivant les hypothèses qui
sont au bas de la page, on en arrive à "investissement" dans les
centrales; je prends le coût total pour le comparer à un projet
hydroélectrique, 5.56. Attendez un peu, il y a une
référence (1): Pour déterminer la contribution de
l'investissement au coût de l'énergie, un coût de
financement de 10 p.c. a été utilisé. La
référence est à la page 6. Pour déterminer le
coût d'exploitation et d'entretien, il faut appliquer un taux d'inflation
de 4.5 p.c. par année sur la période de 50 ans, faire les
dépenses annuelles dans chaque cas et actualiser le tout pour revenir
à la période de base. En divisant par les kWh actualisés,
vous en arrivez à un chiffre de 9.5 mils. Le renouvellement d'eau
lourde, c'est tout simplement le coût de l'eau
lourde qui subit l'inflation et qui est perdue chaque année;
c'est un chiffre assez généralement adopté. Pourquoi
est-il plus haut dans la dernière colonne? C'est parce que ce sont les
résultats de l'inflation pendant 50 ans qui est actualisée
après. Le coût du combustible, là aussi on voit le jeu de
l'inflation dans la période comparativement aux chiffres de 1971. Ce qui
n'apparaissait pas dans les chiffres de 1971/72 et qu'on doit remettre en cause
pour les fins de comparaison avec un projet hydroélectrique, c'est le
réinvestissement. Après 30 ans, vous n'avez plus de centrale;
donc, il faut dépenser de l'argent pour avoir les 20 autres
années. Cela équivaut à 9.3 de mils. La réserve,
est-ce que c'est la réserve totale? C'est 25 p.c. de réserve? Un
instant, je donne la référence. La réserve est
basée sur un taux d'indisponibilité des centrales
nucléaires dû aux pannes de 6 p.c, ce qui nécessite des
installations de réserve dont la puissance représente 25 p.c. La
différence avec l'hydraulique, c'est que, pour l'hydraulique, vous avez
des machines d'un autre type dont nous avons l'expérience. Elles ne
tournent pas à grande vitesse, elles ne sont pas sujettes à des
pressions de vapeur, etc. L'expérience nous prouve que, sur un
réseau hydraulique, avec 10 p.c. de réserve, vous vous en tirez
amplement.
Sur la réserve, comme nous n'avions pas tellement
d'expérience nous-mêmes que nous pouvions citer, nous avons
adopté tous les chiffres de l'Hydro-Ontario.
Je dois vous dire que dans les documents qui ont été
déposés devant l'Ontario Energy Board récemment
l'Hydro-Ontario prend une réserve de 30 p.c. sur l'ensemble de ses
installations, ce qui équivaut à 38 p.c. ou 40 p.c. pour le
thermique et le nucléaire seulement. Alors, ici, nous avons
conservé 25 p.c, ce que nous étudions maintenant. Ce sont des
groupes de 500 MW. Plus les groupes sont gros, évidemment, plus les
pannes dans les premières années frappent durement.
Le coût de l'énergie produite, vous avez 9.45 mils;
maintenant, dans le cas de l'énergie nucléaire, pour la comparer
à l'énergie hydraulique ou hydroélectrique, il faut se
reporter à un même poste dans le réseau;
généralement c'est la tension 315,000 volts. Alors, il y a des
dépenses à faire pour une centrale nucléaire, il faut
élever la tension à 315,000 volts, et la connecter au
réseau. Ce sont des chiffres moyens que nous avons pris et qui figurent
du côté hydroélectrique.
Il y a les pertes aussi évidemment, il y a un minimum de perte de
lignes et de postes qui est évalué. Vous retrouvez, en adoptant
notre méthodologie, un chiffre de 9.91 mils par kWh alors qu'on publiait
en 1971 les fameux chiffres de 4.5 et 4.8 mils qui ont failli nous faire
manquer le projet des chutes Churchill. A ce moment-là...
M. LESSARD: En quelle année, en 1971?
M. DE GUISE: Disons qu'on avait des chiffres encore plus bas au moment
où on discutait le projet des chutes Churchill. Il y en a qui
prétendaient...
M. LESSARD: En 1971, on ne parlait pas de 4 mils; on parlait de 12
mils.
M. DE GUISE: 4.85 mils, c'est cité dans les journaux; regardez la
première colonne que nous donnons.
M. MORIN: Mais vos chiffres à vous, en 1972...
M. DE GUISE: Oui, oui.
M. MORIN: ... pour le programme HNA 80, c'était 14.60 mils
par...
M. DE GUISE: Oui, oui, en appliquant la méthodologie.
M. MORIN: ... kWh.
M. DE GUISE: Oui, oui. Là, nous faisons simplement reprendre les
chiffres de 1971 publiés, en leur appliquant tous les
éléments que, normalement, on aurait dû appliquer si on
voulait le comparer à l'hydraulique. Maintenant, disons que c'est un
exercice intérimaire; un peu plus loin, on prend les chiffres de La
Grande et on prend les chiffres de 1974.
M. BOYD: M. De Guise, me permettriez-vous, pour éclaircir le
point soulevé par M. Morin? J'ai signalé que le tableau 1 dont M.
De Guise s'est servi, c'est pour quatre groupes de 500 MW mis en service fin
1972, et la comparaison est 9.91 mils. Les 14 dont vous parliez tout à
l'heure, M. Morin, c'était pour mise en service en 1980.
M. MORIN: Cest ça, d'accord. Oui, c'est pour 1980.
M. DE GUISE: Je pense qu'il y a une erreur de frappe en page 6, au
milieu de la page. Les estimations de coût d'investissement à
Pickering sont donc passées de $498 millions, au lieu de $598 millions,
en 1968.
Alors, je continue à la page 10 du document. On voit bien,
à la suite de la lecture du tableau I, que des coûts de
l'énergie inférieurs à 5 mils par kWh en 1972 n'avaient
aucune signification.
La deuxième colonne du tableau tient compte, dans le calcul de la
composante investissement du coût de l'énergie, de l'inflation
entre 1969 et 1972 et du coût de financement plutôt que de
l'intérêt seulement sur les emprunts durant la construction.
Toutefois, l'inflation durant la période d'exploitation et les
coûts d'intégration au réseau ne sont pas
considérés. Le résultat donne 7.466 mills/kWh, soit 2.6
mills/kWh de plus que celui de la colonne 1, une hausse de plus de 50 p.c.
Dans la troisième colonne, on considère tous les facteurs
mentionnés à la page 2 et le coût de l'énergie
s'élève à près de 10 mills/kWh pour une mise en
service à la fin de 1972. On réalise que les coûts du
projet nucléaire cités dans les journaux ne représentent,
de fait, qu'environ 50 p.c. du coût réel total de
l'énergie.
Comparaison du coût de l'énergie du projet de la baie James
à celui d'un projet nucléaire équivalent avec
données de 1974.
Pour les fins du présent document, la filière
américaine n'est pas comparée au projet de la baie James. Nous
signalons, pour les intéressés, que les coûts
d'investissement des centrales nucléaires américaines sont
maintenant du même ordre que ceux des centrales nucléaires
canadiennes, ce qui renverse la situation d'il y a quelques années alors
que la filière américaine exigeait moins d'investissement que la
filière canadienne. Toutefois, le coût du combustible dans la
filière américaine est supérieur à celui du
combustible dans la filière canadienne; il ressort que le
réacteur canadien, type CANDU, s'avère moins cher que le
réacteur américain, type PWR et BWR.
Le tableau II compare les coûts de l'énergie du projet de
la baie James à ceux d'un projet nucléaire canadien
équivalent à partir des données de référence
de 1974 et en appliquant les principes et la méthodologie
présentés dans la section précédente.
En pratique, pour répondre aux besoins du réseau, les gens
du milieu comparent des programmes d'équipements ce qui avait
été fait en 1972 dont chacun comprend plusieurs types de
centrales ayant des mises en service qui s'étalent sur plusieurs
années. Ils peuvent ainsi tenir compte des interrelations entre les
nouvelles installations et aussi avec le réseau déjà
existant afin d'optimiser son expansion. Ceci n'infirme pas les conclusions
tirées lors d'une comparaison limitée aux projets de base.
Les projets comparés ici sont de l'ordre de 10,000 MW. Ils
fournissent de l'énergie de base pendant une période
d'exploitation de 50 ans. Les mises en service sont échelonnées
de 1980 à 1986. Pour fins de comparaison, la fin de l'année 1982
a servi de point de repère au calcul du coût de
l'énergie.
Résultats.
En considérant tous les facteurs mentionnés ci-dessus et
en utilisant les données de référence de 1974 le
coût, de l'énergie livrée aux postes de répartition
du réseau pour une période d'exploitation de 50 ans (la vie utile
d'un complexe hydroélectrique) atteint 21.0 mills/kWh pour le projet La
Grande il faut bien signaler encore que c'est le prix moyen pour la vie
du complexe, 50 ans et 24.4 mills/kWh pour un projet nucléaire
équivalent, soit un écart de 16.2 p.c. en faveur du projet La
Grande. Le tableau III met en évidence la contribution des principales
composantes des projets au coût total de l'énergie
livrée.
Il y a énormément d'étapes à suivre pour en
arriver aux données du tableau no II Les hypothèses
utilisées sont données au bas de la page. Evidemment, ces calculs
valent pour les hypothèses qui ont été prises:
période d'analyse, 50 ans; vies utiles, 50 et 30 ans. Lignes et postes,
50 ans dans les deux cas. La puissance de réserve, comme vous voyez est
très différente: 940 MW dans le cas de l'hydroélectrique
et 3,713 MW dans le cas du nucléaire, ce qui équivaut à
peu près aux 38 p.c. que je mentionnais tout à l'heure. Le taux
d'inflation annuel global dans les centrales, 7 ou 6.4 p.c, suivant le cas. La
construction des lignes et postes, 6.7 p.c. Taux d'inflation annuel
après les mises en service dans le cas de réinvestissement, 5.1
p.c. Entretien et exploitation, 7 p.c. dans les deux cas. Augmentation de l'eau
lourde, 4 p.c. par année, le combustible, 3 p.c. par année. Taux
d'actualisation, 10 p.c. dans les deux cas et les charges annuelles fixes,
10.086 p.c.
Les taux d'inflation utilisés ici sont les taux d'inflation
cités par 1'Hydro-Ontario lors de sa comparution devant l'Ontario Energy
Board. Vous allez trouver, par exemple, vers le milieu de la page, dans les
coûts unitaires de l'énergie, tous les articles qui affectent le
coût du nucléaire et qui, évidemment, ne s'appliquent pas
dans le cas de l'hydroélectrique: le renouvellement de l'eau lourde, le
prix du combustible, le réinvestissement, la réserve qui est
beaucoup plus forte, évidemment, à l'avantage du
nucléaire. Aux lignes et aux postes, les pertes coûtent moins
cher.
Vous avez une série de remarques qui s'appliquent au tableau de
la page 13. Le point de repère des mises en service (fin 1982)
correspond au centre de gravité du flux monétaire et il permet la
comparaison du coût de l'énergie des projets dont les mises en
service varient de 1980 à 1985. Les coûts sont exprimés en
dollars courants actualisés et tiennent compte de l'inflation et du
financement. Dans le cas du projet hydroélectrique, l'investissement des
centrales de base comprend le coût des aménagements ainsi que
celui des installations communes complémentaires. Le coût des
centrales, l'inventaire d'eau lourde et la charge initiale de combustible sont
inclus dans l'investissement des centrales nucléaires.
Coût d'investissement en dollars pour 1973, $345 par kW excluant
l'eau lourde et le combustible; le prix de l'eau lourde, $80 du kilogramme;
prix du combustible, $55 du kilogramme d'uranium.
Le réinvestissement ne s'applique qu'aux centrales
nucléaires de base et il tient compte de la valeur de la
récupération après 50 ans. Il exclut donc les centrales de
réserve, les lignes de transport et les postes de transformation.
Le coût unitaire, actualisé en 1982 des centrales de
réserve du nucléaire, est évalué à $628 le
kilowatt de réserve. Il faut faire bien attention. Ceci comprend $289 du
kilowatt pour l'investissement et $339 du kilowatt capi-
talisé, si vous voulez, représentant les frais
d'exploitation, alors que dans le cas de La Grande, ces coûts sont de
$236 et $297 respectivement pour un total de $533. (Il s'agit ici de kilowatts
installés.)
La vie utile des postes de manoeuvre est de 50 ans tandis que celle des
autres postes est de 35 ans. Puisque le coût de ces derniers est à
peu près le même dans les deux projets, le réinvestissement
de ces postes n'a pas été considéré.
Les pertes d'énergie et de puissance dues au transport pour le
projet La Grande sont respectivement de 3 p.c. et 4 p.c, et elles sont de 1.1
p.c. et de 1.7 p.c. pour le projet nucléaire.
Enfin, en dernière page, soit pour l'hydroélectrique soit
pour le nucléaire canadien, on donne les principales composantes du
coût. Encore ici, vous voyez le cas du nucléaire où le
combustible est à 8.2 p.c, les frais d'exploitation et d'entretien, 12.6
p.c, le réinvestissement actualisé, 10.9 p.c; ce sont tous des
facteurs qui réduisent l'escalation ou qui ont été
affectés par l'escalation, chose qui n'existe pas du côté
du projet hydroélectrique. Par contre, l'investissement, si on inclut
les lignes et postes, représente 92.5 p.c. dans le cas de
l'hydroélectrique alors que c'est seulement 67 p.c. dans le cas du
nucléaire.
M. le Président, je comprends que ça fait un très
grand nombre de chiffres à absorber. S'il y a des questions ou des
explications, plus tard, cela me fera plaisir d'y répondre.
M. MORIN: M. le Président, je crois que le moment n'est pas venu
de poser des questions ou d'organiser un débat. Nous avons des chiffres
qui ne correspondent pas aux vôtres. Alors, on va scruter votre rapport
avec beaucoup de soin et quand viendra le moment, dans l'ordre des travaux,
nous pourrons avoir un débat ou une période de questions.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): M. De Guise, ne nous quittez pas.
M. MASSE: M. le Président...
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable ministre des Richesses
naturelles.
M. MASSE: ... est-ce qu'il est temps de questionner sur les
prévisions de la demande d'électricité avant de passer
à l'article 2?
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le ministre des Richesses naturelles.
M. MASSE: J'aimerais demander ceci à l'Hydro-Québec, aux
commissaires. A ma connaissance, en tout cas, je pense que l'évaluation,
les prévisions et les méthodes de calcul des prévisions de
la demande en électricité de l'Hydro-Québec sont plus
sophistiquées qu'antérieurement; est-ce que c'est quand
même une méthode qui est récente, qui a été
adoptée récemment?
M. GIROUX: M. le Président, je crois que M. Boyd peut
répondre à toutes ces questions. Il a le résumé
requis. Je dois vous dire que c'est changé légèrement
selon les vieilles méthodes, mais il n'y a pas beaucoup de
différence entre les méthodes ultra-modernes et les vieilles
méthodes dont on se servait. Si M. Boyd veut prendre ce point et
expliquer ça.
M. BOYD: M. le Président, vous avez, je crois, tous les documents
qui seraient utiles aux prévisions de la demande
d'électricité à l'Hydro-Québec.
Avant de répondre précisément à votre
question, il y a quelque chose d'important à signaler qui a fait l'objet
de certaines discussions par certains professeurs qui n'ajoutaient pas foi aux
prévisions de l'Hydro-Québec, il y a quelque temps. C'est qu'ils
oubliaient qu'au Québec l'Hydro-Québec ne fournit pas toute la
demande d'énergie électrique. Il y a des autoproducteurs, comme
l'Alcan entre autres, qui fournit une part importante de l'énergie
consommée au Québec et qui augmente sa production très peu
par rapport au reste de la province. Ce qui avait été fait, c'est
qu'ils avaient pris l'ensemble de la consommation de la province et avaient
fait la moyenne de l'augmentation de la demande de l'Hydro-Québec avec
celle des autoproducteurs. Les autoproducteurs représentent dans le
montant environ 20 p.c. de la demande de la province. Leur pourcentage va
diminuant constamment à mesure que la charge de l'Hydro-Québec
augmente pendant que la leur est stable.
M. MASSE: Excusez-moi, mais est-ce qu'on n'a pas mentionné 25
p.c. tout à l'heure ou cet après-midi?
M. BOYD: Oui, je m'excuse, vous avez à la page 3, les chiffres
exacts. La part de l'Hydro-Québec en kWh est passée de 66 p.c. en
1958 à 77 p.c. en 1972. On prévoit qu'elle atteindra 89 p.c. en
1988. C'est ce que je vous expliquais. Donc, dans un grand coup de
publicité, on a dit que nos chiffres étaient trop forts; c'est
qu'on commettait cette erreur de prendre ces 23 p.c. des autoproducteurs qui
sont presque stables et de les ajouter à ce que nous avons comme
demande.
C'est un point, je pense, qu'il était important de
préciser.
Pour répondre précisément à votre question,
depuis toujours à l'Hydro-Québec on faisait la prévision
de la demande selon les tendances historiques, c'est-à-dire on examinait
ce qui s'était passé et on projetait dans l'avenir, cinq ans, dix
ans, quinze ans en avance. A tous les ans, on révisait ces courbes en
fonction de la demande de l'année précédente, qui avait pu
être différente de ce qui avait été prévu.
Donc, c'était une courbe qui était basée sur les tendances
historiques, corrigée annuellement pour maintenir la bonne
perspective.
II en a toujours été ainsi, et c'est ce qui nous a
donné pour de longues périodes, vous avez les chiffres ici, 67.5
p.c. On nous disait que ce n'était pas assez savant cette
méthode, alors on a essayé différentes méthodes
beaucoup plus savantes.
On a même été consulter des experts internationaux,
Ebasco, qui font ces travaux pour la plupart des activités
privées américaines et publiques aussi, pour faire
vérifier nos nouvelles méthodes.
Alors, vous avez, à la page 6, quatre méthodes qui sont
énumérées; des méthodes consistant à
projeter suivant la tendance historique, c'est celle dont je viens de vous
parler, et des méthodes considérant séparément
chacun des grands secteurs de conservation. Alors, l'Hydro-Québec a fait
des modèles chronométriques et des enquêtes auprès
des différents secteurs domiciliaire, agricole, commercial, industriel,
petite industrie et grande industrie.
Troisièmement, des modèles analytiques considérant
les principaux usages de l'électricité dans chaque secteur.
Et une autre méthode analogique consistant à comparer le
Québec avec l'étranger au point de vue de l'évolution de
la demande de l'électricité.
Alors, toutes ces études et toutes ces comparaisons nous ont
apporté une confirmation de ce qu'on faisait avant, puisqu'il y a une
différence de 4 p.c. seulement, sur une période de quinze ans,
entre la méthode ancienne, basée sur l'histoire, et la
méthode sophistiquée qu'on emploie depuis 1974. Donc, ceci pour
vous dire qu'on a décidé, à la commission, pour les cinq
prochaines années, d'utiliser une méthode technique beaucoup plus
avancée, beaucoup plus compliquée pour le vérifier que
notre méthode ancienne.
M. MORIN: M. Boyd, puis-je vous poser une question?
M. BOYD: Oui.
M. MORIN: Vous avez fait allusion au professeur Khazzoom, je crois.
M. BOYD: Je n'ai pas mentionné...
M. MORIN: Non, vous n'avez pas mentionné son nom, mais, comme il
est le seul, je pense, qui se soit prononcé sur la question, qui soit un
universitaire, je pense bien que c'est à lui que vous faisiez
allusion.
Vous lui répondez en disant que cet universitaire n'a pas tenu
compte du fait que l'Hydro-Québec ne répond pas à toute la
demande d'énergie au Québec, mais à seulement environ 75
p.c. ou 77 p.c. de l'énergie.
Mais je lisais un compte rendu du témoignage du professeur
Khazzoom devant la cour Supérieure et je vois un extrait qui montre
qu'il a tenu compte de cet élément. Je vous lis le passage: "Dr.
Khazzoom said the utility's analysts had used a wrong approach by dealing with
trends rather than facts and ignoring the total electrical requirements of the
province". Et cette phrase: "He noted private firms still supply about a third
of Quebec's power needs". Donc, il a même exagéré le
pourcentage de l'énergie qui est fournie par les sociétés
privées.
Ceci m'amène à vous poser la question suivante. Est-ce que
vous avez eu l'occasion de scruter de très près le
témoignage du professeur Khazzoom? Est-ce que vous avez eu tous ses
chiffres en main?
M. BOYD: Je comprends. Je vais demander à un spécialiste
de répondre, si vous voulez.
M. MORIN: Volontiers.
M. CHARUK: Voici. J'aimerais tout simplement...
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Pour le bénéfice du journal
des Débats, identifiez-vous.
M. CHARUK: Yan Charuk. Donc, je disais, comme entrée en
matière, qu'il faut retenir que le marché de
l'Hydro-Québec est beaucoup plus dynamique que les autoproducteurs; le
marché des autoproducteurs est stagnant. Si vous voulez avoir des
précisions et si vous avez des questions à poser concernant les
témoignages ou les avancés du professeur Khazzoom, nous avons ici
M. Larochelle qui peut répondre à vos questions.
M. MORIN: Oui. Le professeur Khazzoom, en gros, en vient à la
conclusion que, vers 1975, 30 p.c. de la capacité de
l'Hydro-Québec constitueront un surplus, puisque, dit-il: "... since it
will be in use a bare 35 p.c. of the time".
Est-ce que vous avez eu l'occasion de scruter ces chiffres?
M. BOYD: Certainement, M. le Président, qu'on a scruté ces
chiffres. M. Larochelle va vous répondre du point de vue technique mais
il y a une chose que j'aimerais ajouter, avant qu'on lui cède la parole.
Si on s'était basé sur son témoignage de ce
moment-là, si on avait suivi ce qu'il proposait, on aurait
été à court d'énergie à l'automne 1973 et on
le serait en 1974.
C'est facile, pour lui, de dire qu'on devrait prévoir seulement 5
p.c. d'augmentation et non 7.5 p.c. et 8 p.c. quand il n'a pas la
responsabilité de répondre à la demande, quand il n'a pas
à venir devant la commission, ici, pour vous répondre si on est
à court d'énergie.
M. MORIN: Je n'en doute pas mais j'aimerais avoir la réponse
technique.
M. BOYD: La réponse technique va venir mais je pense qu'il est
important qu'on vous
signale que, suivant ce qu'il avait prévu dans son
témoignagne, on aurait été à court d'énergie
en 1974.
M. GIROUX: Si on se compare avec Consolidated Edison, ils ont eu des
experts qui ont prédit cela il y a sept ou huit ans. Actuellement, il
leur en manque pas mal. C'est à la province de choisir si elle veut
prendre le risque de manquer d'énergie ou d'avoir de l'énergie
pour tout le monde.
M. MORIN: Oui. Je voyais, à propos de Consolidated Edison, de New
York, qu'à part ce projet l'électricité de la baie James,
d'après les derniers calculs, serait la plus chère au monde. Mais
c'est un point sur lequel nous reviendrons par la suite. Puisque vous
mentionniez Consolidated Edison...
M. GIROUX: C'est Consolidated Edison qui a dit cela?
M. MORIN: Non, non. Ce n'est pas eux qui on dit cela. Cela se trouve
dans un article qui compare Consolidated Edison avec la Grande. Mais nous y
reviendrons par la suite. Je voudrais entendre les explications de M.
Larochelle.
M. LAROCHELLE: Ce qui est arrivé, en fait, dans les calculs du
professeur Khazzoom, c'est qu'il a étudié les statistiques de la
province au complet. Maintenant, comme le disait M. Boyd tantôt, quand on
regarde l'évolution des ventes de la province, on trouve des taux plus
bas que ceux de l'Hydro-Québec. C'est tout à fait normal puisque
la province est formée, du point de vue de la production, de
l'Hydro-Québec et des autres, notamment les autoproducteurs.
Alors comme la portion d'environ 25 p.c, selon l'année où
on se place, qui est produite par les autoproducteurs ne croît
qu'à environ 2 p.c. par année et que l'Hydro-Québec, elle,
croît au taux de 7.5 p.c. ou 8 p.c. par année, si vous prenez ces
deux chiffres ensemble, vous pouvez obtenir un chiffre de 6 p.c, de 5 p.c. Si,
en plus, vous mettez cela dans des équations plus ou moins rapidement
construites, vous pouvez obtenir des résultats qui projettent à
4p.c. pour le futur. Mais, sans entrer dans les détails techniques,
c'est une erreur aussi simple que cela que de dire: Pour la province cela donne
5 p.c, par exemple; donc, pour l'Hydro-Québec, cela va être 5 p.c.
Cela ne peut pas être 5p.c. pour l'Hydro-Québec. Si, dans un cas,
on a plus petit que 5 p.c, il faut que dans l'autre, dans le cas de
l'Hydro-Québec, ce soit plus grand.
C'est une erreur arithmétique aussi élémentaire que
cela qui fait qu'il trouve qu'on n'a pas besoin de la baie James avant beaucoup
après 1980.
M. MORIN: 1983 plus exactement. Ecoutez, je ne veux pas éterniser
ce débat, parce que nous n'avons pas devant nous tout le
témoignage du professeur Khazzoom, mais je mentionne qu'il avait
noté que les sociétés privées fournissaient le
tiers des besoins. Je veux dire, ce n'est pas un facteur qu'il ait
ignoré complètement.
M. LAROCHELLE: Fournissaient le tiers, c'est à peu près ce
qui est dit dans le document auquel M. Boyd faisait allusion tantôt. Il
mentionnait des chiffres jusqu'à 77 p.c. et antérieurement
à cela, un petit peu plus bas, je pense que le chiffre le plus bas
était de 68 p.c. Alors il n'y a pas de contradiction. Les données
du professeur Khazzoom s'arrêtent à 1970, incidemment. Je peux
noter ici qu'on avait des chiffres, nous, pour 1971 et 1972. On lui a dit:
Voici les résultats réels de 1971 et de 1972 par rapport à
vos prévisions; notamment au secteur domestique, la
réalité est beaucoup plus grande que vos prévisions,
puisque vos données s'arrêtaient en 1970 pour des raisons de
disponibilité, à Statistique Canada. Les résultats
réels de l'Hydro-Québec, c'est qu'il y a beaucoup plus que cela.
Là, il a dit: Vous exagérez toujours. Vos chiffres ne sont pas
consolidés, ainsi de suite, alors que c'est faux.
Essentiellement, cela me fait de la peine de le dire mais ce n'est pas
un travail sérieux du tout.
Disons que la seule excuse que je peux voir est que ça a
été fait rapidement en deux semaines. S'il avait pris deux ans,
peut-être qu'il serait arrivé à quelque chose
d'intéressant.
Maintenant, du point de vue des prévisions pour la province au
complet, malgré toutes les erreurs qu'il y a dans son affaire, il ne
trouve pas tellement plus bas que nous, pour la province au complet, mais si on
isole la partie de l'Hydro-Québec là-dedans, ça ne marche
plus du tout.
Il faut distinguer la partie du tout quand on fait des calculs, des
déclarations comme ça.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le député de Saguenay.
M. LESSARD: M. le Président, suite aux explications de M.
Larochelle, j'aimerais poser une question au ministre des Richesses naturelles
qui prévoyait, en date du 27 mars 1974, une diminution du taux de
croissance de la consommation énergétique pour le Québec,
laquelle aurait tendance à diminuer progressivement jusqu'à l'an
2,000, le taux qui était annuellement de 6 p.c. entre 1960 et 1970
devant fléchir à 3 p.c. en 1990. Comme le taux de croissance
annuel de l'Hydro-Québec, selon le rapport de M. Giroux, est
estimé à 8 p.c, pour les prochaines années, j'aimerais
savoir du ministre des Richesses naturelles s'il se basait sur les chiffres du
Dr Khazzoom ou s'il se basait sur les chiffres de l'Hydro-Québec.
M. MASSE: M. le Président, c'était la tendance
générale qui semblait se manifester à partir
des statistiques officielles. Je pense qu'à partir des
données récentes que nous fournit maintenant
l'Hydro-Québec on peut constater qu'il y a maintenant une augmentation
qui s'est manifestée au cours de l'année 1973, alors que d'autre
part...
M. LESSARD: C'est le 27 mars 1974 que vous déclariez
ça.
M. MASSE: Maintenant, il faut dire que ce ne sont pas toujours les
informations que possède d'une façon plus précise
l'Hydro-Qué-bec et que dans l'ensemble c'était la tendance
générale qu'on pouvait observer. Je dois souligner cependant que
quand on mentionne des chiffres pour 1990, il est évident, quand on
regarde le tableau 2 que je regardais à l'instant et que nous
fournit l'Hydro-Québec qu'il y a une augmentation qui est plus
importante de 1973 à 1978 qu'elle ne le sera par la suite.
M. LESSARD: Maintenant, M. le Président, lorsque le ministre
déclarait ceci, le 27 mars 1974, il avait fait état
d'études préliminaires entreprises par son ministère sur
les habitudes des Québécois en tant que consommateurs
d'énergie. Ces études seront d'ailleurs complétées
au cours de l'été qui vient. Les deux constatations majeures
étaient justement cette diminution du taux de croissance. Est-ce que,
étant donné que nous avons, d'une part, les chiffres de
l'Hydro-Québec et que, d'autre part, le ministre des Richesses
naturelles faisait état d'études préliminaires, il ne
serait pas bon, pour pouvoir confirmer ou vérifier les chiffres de
l'Hydro-Québec et du ministère des Richesses naturelles,
d'obtenir ces études du ministère des Richesses naturelles dont
vous parliez le 27 mars 1974?
M. MASSE: M. le Président, on peut toujours, à partir des
statistiques officielles, fournir les statistiques à la commission, ici,
mais compte tenu des méthodes plus raffinées de
l'Hydro-Québec maintenant, compte tenu des facteurs que retient
l'Hydro-Québec, compte tenu aussi d'une situation qui peut être
différente dans l'avenir, suite à la situation
pétrolière qu'on a connue l'hiver passé, je
préfère croire les statisticiens ou les gens de la planification
de l'Hydro-Québec plutôt que les statistiques officielles qu'on
peut retrouver dans n'importe quelle revue.
M. LESSARD: Donc, vous aimez mieux qu'on utilise les chiffres de
l'Hydro-Québec que les chiffres de votre ministère. Vous avez
donc plus confiance en l'Hydro-Québec qu'aux fonctionnaires de votre
ministère qui ont fait ces études-là?
M. MASSE: Non, M. le Président, j'ai confiance en
l'Hydro-Québec et j'ai aussi confiance en mes fonctionnaires. Tout
dépend des bases qu'on prend pour arriver à des
extrapolations.
M. LESSARD: Est-ce que le ministre, pour nous permettre de comparer ce
taux de croissance estimé par l'Hydro-Québec à 8 p.c. avec
une diminution du taux de croissance estimée par les fonctionnaires du
ministère des Richesses naturelles, accepterait de déposer cette
étude préliminaire?
M. MASSE: Elle a été faite avec des documents beaucoup
moins précis. Je ne vois aucune objection à déposer ces
statistiques.
M. LESSARD: Maintenant? Quand?
M. MASSE: Bien écoutez, pas ce soir évidemment.
M. LESSARD: Demain?
M. MASSE: Bien, si possible.
M. MORIN: Bien, demain ça irait toujours, ça nous
donnerait l'occasion de comparer.
M. MASSE: Je dois dire qu'on peut trouver dans différentes revues
officielles ou magazines les statistiques officielles auxquelles on peut
accorder une certaine crédibilité, et que la méthode que
nous soumet l'Hydro-Québec actuellement me paraît, en somme tenir
compte des différents facteurs qui peuvent influencer la demande future.
D'autre part, j'aurais peut-être une question à poser, c'est que
par rapport aux quatre articles de la méthode qu'on nous mentionne
à la page 6, je ne retrouve pas nulle part si on tient compte de
situations changeantes du domaines énergétiques,
actuellement.
M. LESSARD: D'accord, M. le Président. Alors, le ministre
n'aurait...
M. MASSE: Est-ce que vous permettez à l'Hydro-Québec de
répondre?
M. LESSARD: D'accord, excusez. Je pensais que c'était une
affirmation que vous faisiez.
M. BOYD: M. le Président, si vous allez à la page 10, vous
allez voir qu'on y parle de trois hypothèses: hypothèses minimum,
moyenne et maximum. Ce qui veut dire que, si le prix du combustible ou du
pétrole continue d'augmenter au rythme où il augmente dans le
moment et s'il continue d'être aussi rare, c'est probablement vers
l'augmentation de la demande maximum qu'il faudra aller plutôt que vers
la moyenne qu'on a utilisée.
Dans le moment, l'électricité j'essaie de retrouver
les chiffres, à la page 14 vous avez de 1954 à 1973, nos
ventes d'énergie souscrite ont augmenté au taux annuel moyen de
7.4 p.c, la prévision moyenne montre une
légère accélération du mouvement à
7.8 p.c. par an, et les hypothèses faibles et fortes se situent
respectivement à 7.4 p.c. et 8.4 p.c. Alors, si la tendance qu'on sent
dans le moment se maintient, c'est-à-dire la conversion, entres autres,
du chauffage à l'huile au chaffage électrique, c'est probablement
vers 8.4 p.c. qu'il faudra aller, peut-être 9 p.c. dans l'avenir. Ici
même aujourd'hui, dans le parlement, il y a au moins trois ou quatre
personnes qui m'ont dit qu'elles convertissaient leur chauffage à
l'huile en chauffage électrique. Partout où on va, les gens nous
en parlent. Donc...
M. MORIN: C'était jusqu'à ce que les journaux annoncent
vos nouvelles augmentations de tarif.
M. BOYD: Même là je crois.
M. GIROUX: Si vous voulez prendre une hypothèse de ce qui
arrivera demain, c'est une possibilité réelle que les producteurs
d'huile augmentent le prix de l'huile de $2 le baril. A ce moment-là,
c'est très difficile de faire une prédiction sur la demande.
M. LESSARD: M. le Président, avant de nous engager dans ce
débat, je voudrais continuer à lire les estimations du
ministère des Richesses naturelles. M. Massé, à ce
moment-là, ne parlait pas n'importe où. Il parlait à
l'occasion d'un symposium sur l'énergie organisé par
l'Association des ingénieurs civils de France et l'Institut canadien des
ingénieurs à Montréal. Alors M. Massé
c'est-à-dire le ministre des Richesses naturelles que vous connaissez,
j'espère, expliquait cette baisse du taux de consommation par trois
phénomènes précis: une stagnation dans le taux de
croissance démographique, ensuite un déplacement de la croissance
du secteur secondaire au secteur tertiaire et ce dernier secteur consommant
moins d'énergie; enfin, la prise de conscience par les citoyens de la
nécessité d'éviter le gaspillage de l'énergie, ce
dont vous nous avez parlé d'ailleurs.
A ce moment-là, je pense, justement en date du 24 mars 1974, nous
vivions un peu la crise énergétique. Est-ce que vous pourriez me
dire, M. Boyd ou M. Giroux, si, dans vos estimations de croissance annuelle,
vous avez tenu compte des facteurs dont parlait M. Massé, le ministre
des Richesses naturelles, soit une stagnation dans le taux de croissance
démographique, un déplacement de la croissance du secteur
secondaire au secteur tertiaire et, enfin, la prise de conscience par les
citoyens de la nécessité d'éviter le gaspillage? D'autant
plus qu'on remarque que vous avez modifié un peu votre publicité
depuis un certain temps parce que là vous dites: Avant de modifier,
avant de transformer votre système de chauffage en
électricité, pensez-y bien, contrairement au Cascade 60 qu'on
avait, et au Cascade 30 qu'on avant avant.
M. Giroux l'a souligné un petit peu dans son rapport, mais de
façon très limitée. Alors, j'aimerais demander si vous
avez tenu compte justement, dans votre estimation, du taux de croissance de ces
critères-là dont parlait le ministre des Richesses
naturelles.
M. GIROUX: Le troisième facteur concerne la rationalisation ou la
meilleure utilisation de l'électricité; je crois que tout le
monde l'a utilisée à bon escient et qu'on a fait un effort de ce
côté. Par contre, au point de vue du développement dans les
régions, des mouvements dans les régions, c'est assez difficile
pour nous, parce qu'on prend un montant de moyenne. Remarquez bien, je suis
très épaté par tous les travaux de ces grands
spécialistes mondiaux, qui nous ont coûté
énormément cher.
M. LESSARD: Mais là je parle de M. Massé.
M. GIROUX: Oui, oui, il est inclus. Je l'ai inclus. J'ai beaucoup de
respect pour toutes ces nouvelles méthodes qui ont été
appliquées, mais, si vous prenez leurs travaux comparés à
notre vieille méthode de statistiques qui était réelle,
parce que c'est la dépense réelle qui ne s'argumente pas, il y a
4 p.c. de différence sur 15 ans. Alors, je serais
énormément surpris, honnêtement, de voir une baisse dans la
demande, même si malheureusement il arrivait une dépression
absolument rangée. Si on prend les statistiques, ce qui m'a le plus
surpris lorsque je suis arrivé à l'Hydro-Québec, c'est de
voir que, dans les années de dépression de 1930 et de 1932, que
vous n'avez pas connues, il n'y a pas eu tellement de diminution de...
M. LESSARD: Cela s'en vient, là. Avec $12 milliards, ça
s'en vient.
M. GIROUX: II faut penser à une chose, vous savez, ce
chiffre-là, je pourrai vous l'expliquer tantôt. H y a cinq ans,
quand on regardait des montants de $250 millions, on avait crainte.
Aujourd'hui, on en regarde de $2 milliards $5 millions; vous savez, tout est
relatif. Au point de vue des nouveaux ménages qui ont été
installés, probablement qu'on a tenu compte d'une considération
qu'on a expliquée. Maintenant, vous savez, toutes ces méthodes,
c'est beaucoup plus justifié par le taux réel de la consommation
au bout de cinq ans que par les prévisions. Moi, je suis encore
parfaitement d'accord sur la vieille méthode qu'on avait à
l'Hydro-Québec. Remarquez bien qu'on prend la nouvelle parce qu'elle est
beaucoup plus scientifique, mais je ne crois pas qu'on va trouver, au bout de
cinq ans, une différence énorme.
M. LESSARD: Maintenant, M. le Président, M. Giroux pourrait-il me
dire justement s'il était au courant de ces études
préliminaires qui étaient faites par le ministère des
Richesses naturelles?
M. GIROUX: Non, je ne suis pas... M. LESSARD: Donc...
M. MASSE: M. le Président, je dois souligner qu'en ce qui
concerne le facteur démographique M. Giroux, vous-même, vous
déclarez dans votre allocution que ce n'était pas dû
à une évolution de la démographie, l'augmentation de la
consommation au niveau domestique, mais surtout à cause de nouveaux
abonnés.
M. GIROUX: Nouveaux ménages. M. MASSE: De nouveaux
ménages.
M. BOYD: En fait, M. le Président, il y a une tendance
marquée ici au Québec, comme ailleurs, j'imagine. Avec le niveau
de la vie plus élevé, il y a de plus en plus de ménages.
Les jeunes partent de la maison et s'établissent en ménage de
toutes les façons, comme vous le savez et...
M. GIROUX: II n'y a pas de jalousie de votre part?
M. BOYD: C'est un commentaire gratuit, en passant. En plus de ça,
de plus en plus, les gens ont deux maisons, une maison de campagne. C'est ce
qui fait qu'il y a plus de ménages au point de vue de
l'électricité. Mais il y a une chose, dans ce que disait le
député Lessard tout à l'heure, que je n'ai pas très
bien saisie. Quand vous parliez de l'étude, est-ce que c'était
concernant l'énergie au Québec ou l'énergie
électrique?
M. LESSARD: M. le Président, je faisais mention d'une
étude qui avait été entreprise par le ministère des
Richesses naturelles et qui avait été annoncée justement
par le ministre des Richesses naturelles à l'occasion d'un symposium sur
l'énergie, organisé par l'Association des ingénieurs
civils de France et l'Institut canadien des ingénieurs à
Montréal, Justement, suite à cette étude, M. Massé
avait affirmé que le taux de croissance de la consommation
énergétique pour le Québec aurait tendance à
diminuer progressivement jusqu'à l'an 2,000. Ce taux, qui était
selon M. Massé annuellement de 6 p.c. entre 1960 et 1970,
fléchira à 3 p.c. en 1990.
Or, d'après justement le rapport de M. Giroux,
l'Hydro-Québec a estimé ce taux de croissance annuelle à 8
p.c.
Ce que je demandais à M. Giroux ou à vous-même, M.
Boyd, c'est: Est-ce que vous étiez informé de ces études?
M. Massé expliquait cette diminution du taux de croissance de
l'électricité par une stagnation dans le taux de croissance
démographique, ensuite un déplacement de la croissance du secteur
secondaire au secteur tertiaire, ce dernier secteur consommant moins
d'énergie, et enfin la prise de conscience par les citoyens de la
nécessité d'éviter le gaspillage de l'énergie.
Est-ce que dans vos études de 8 p.c. vous avez tenu compte de ces
facteurs-là? Même si vous avez tenu compte de ces
facteurs-là, vous ne semblez pas arriver aux mêmes conclusions que
le ministre des Richesses naturelles.
M. BOYD: C'était le sens de ma question. Je voulais comprendre
bien clairement ce qui avait été déclaré.
M. LESSARD: Par le ministre.
M. BOYD: Non, mais, s'il vous plaît, j'essaie de répondre
à la question...
M. LESSARD: D'accord.
M. BOYD: ... et de clarifier quelque chose qui n'est pas clair. Si j'ai
bien compris votre réponse de tout à l'heure, il parlait
d'énergie. L'énergie, c'est l'électricité, c'est le
gaz, c'est le charbon, c'est l'huile, c'est toutes sortes de choses. Dans son
discours, il parlait d'énergie. L'étude de la demande
d'énergie, ce n'est pas notre responsabilité. Nos études,
dont je vous parle ici, c'est la prévision de la demande de
l'énergie électrique. Ce sont deux choses différentes.
D'ailleurs, pour aller plus loin, nous prévoyons que notre part
du marché ou du gâteau québécois de l'énergie
va aller en augmentant. Actuellement, je ne le sais pas, disons qu'il est de 20
p.c. Selon mon opinion personnelle, dans quinze ans on va occuper 30 p.c. du
marché québécois. Donc, notre demande va en augmentant
pour l'énergie électrique. Il est probable, mais là je
n'ai pas les statistiques pour le dire, que les énergies d'autres
formes, elles, aillent en diminuant. Je ne le sais pas.
M. LESSARD: Alors, vous croyez qu'il est probable que les autres formes
d'énergie diminuent?
M. BOYD: Je ne sais pas, monsieur.
M.LESSARD: Etant donné l'augmentation de l'énergie
électrique.
M. BOYD: Si notre part augmente, il est probable que l'autre va
diminuer, oui.
M. LESSARD: Je veux dire relativement.
M. MORIN: M. le Président, une question relative au même
problème. J'imagine que, si votre part augmente, c'est parce que le
coût, pour le consommateur, est moindre par rapport aux autres formes
d'énergie. Est-ce que, dans vos projections, vous avez tenu compte du
fait que le coût, pour le consommateur, va augmenter de façon
somme toute, draconienne d'ici quelques années? J'entends le coût
d'électricité. Est-ce que vous en avez tenu compte?
M. BOYD: On en a tenu compte en partie. Vous dites draconienne; moi,
ça me fait sursau-
ter. Je ne peux pas être d'accord sur ça. On vous parle
d'une escalade de 7 p.c. par année sur une période de douze ans
qui fait doubler toute chose. Le coût du boeuf, le coût des gages,
le coût des assurances, le coût de tout, si on a effectivement une
escalade de 7 p.c. par année, tout va monter de cette
façon-là, les coûts d'électricité vont monter
de cette façon-là. On vous dit qu'à la baie James, dans la
comparaison faite par M. De Guise tout à l'heure, le coût va
être de 20 mils sur une période de 50 ans; c'est-à-dire de
1980 à l'an 2030, cela va être 20 mils. Moi, je ne peux pas
admettre que c'est astronomique ou épouvantable parce que, dans cette
période-là, l'escalade va être quoi? La livre de beurre qui
vaut tant aujourd'hui, en l'an 1990 elle vaudra combien? Si vous payez 20 mils
pour votre kWh, je pense que ce sera encore bon marché.
M. MORIN: Maintenant, M. le Président, à moins que...
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable député de
L'Assomption a une question depuis quelques instants.
M. MORIN: Je puis revenir par la suite.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): A la suite, le député de
Beauce-Sud.
M. PERREAULT: A la page 8, vous parlez de la conversion de
l'électricité, des systèmes de chauffage et aussi du
chauffage d'appoint. Vos statistiques finissent à 1973. Durant les mois
de janvier, février et mars de cette année, quel genre
d'accroissement avez-vous constaté comparé à l'an dernier?
Pour les mois de janvier, février et mars 1974 comparé à
1973?
M. GIROUX: Vous parlez du marché de l'habitation ordinaire. On a
certaines statistiques. Par exemple, en 1971, notre pourcentage de
pénétration était de 43.3 p.c. sur la mise en chantier. Il
faut prendre les nouvelles habitations. En 1972, c'était 48.4, et, en
1973, c'était 56.5 p.c. Il n'y a pas d'erreur qu'il y a...
M. PERREAULT: Mais ce qui m'intéresse un peu c'est que tous les
manufacturiers de chauffage d'appoint ont été
littéralement vidés, aux mois de janvier, février, mars de
cette année. Je me demande quelles sortes d'effets cela a eu?
M. GIROUX: On pourrait peut-être demander à M.
Saint-Jacques qui est spécialiste en la matière. Vous parlez de
tous les genres d'appoints et non pas des nouvelles maisons?
M. PERREAULT: C'est ça, les genres d'appoints. Ce genre d'appoint
qui s'est accru à cause du prix de l'huile à chauffage.
M. SAINT-JACQUES: Maurice Saint-Jac- ques. Nous avons tenté de
suivre l'évolution des chaufferettes qui font le chauffage d'appoint sur
notre réseau et on trouve que ce phénomène est
extrêmement difficile à saisir. Nous avons fait certains sondages
dans les magasins et chez tous les fabricants, et on sait que, dès la
période d'octobre, novembre et décembre, c'est un fait que tous
les magasins se sont vidés et que toutes les capacités de
production de chaufferettes ont été taxées et que, somme
toute, il y a eu un très grand engouement pour le chauffage d'appoint.
Seulement, on sait aussi que la capacité de production de ces
chaufferettes, d'une façon générale, est limitée et
que cette tendance à augmenter d'une façon considérable ne
peut pas continuer d'une façon indéfinie.
En ce qui concerne le chauffage électrique, de toute
façon, nous prévoyons évidemment depuis six mois une
augmentation assez substantielle du nombre de maisons construites qui
choisissent l'électricité comme moyen de chauffage.
M. Giroux vous indiquait des taux de pénétration
jusqu'à 56 p.c. en 1973 et on croit même qu'en 1974 et en 1975, le
pourcentage de logements construits passera de 65 p.c. et ira même
jusqu'à 70 p.c. Vous me direz que les augmentations de tarifs pourront
modifier un peu ces tendances. Il faut quand même dire aussi que ce qui
est le plus imprévisible encore, c'est l'évolution du coût
de la concurrence. On ne sait pas du tout ce que sera le prix de l'huile dans
un an ou deux. M. Boyd indiquait $2 le baril. A $2 le baril c'est une inflation
beaucoup plus considérable que ce que l'on voit pour
l'électricité à l'heure actuelle.
Alors la tendance vers le chauffage électrique dans les
résidences a certainement été une tendance
définitive dans notre milieu et qui a certainement été une
cause de l'augmentation assez importante depuis six mois et un an.
M. PERREAULT: ... sensibilisé au point de vue conversion de
bouilloires à l'huile, à eau chaude pour des bouilloires
électriques, actuellement, que les manufacturiers ont des livraisons
pour six ou sept mois.
M. SAINT-JACQUES: II y a des problèmes de fabrication et de
fournisseurs, c'est un fait.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable député de
Beauce-Sud.
M. ROY: M. le Président, après avoir lu le rapport et
après avoir écouté M. Giroux, vers la fin de
l'après-midi, et lorsqu'on regarde, dans le rapport que vous nous avez
soumis, la prévision de la demande d'électricité à
l'Hydro-Québec, dans le tableau no 2, il est évident que vous
avez parlé selon un pourcentage d'augmentation de consommation de
l'électricité qui tient compte d'une augmentation plus haute que
prévue au cours des derniers mois. Alors, à partir de là,
il y a un facteur qu'on ne peut pas
ignorer, c'est que, depuis quelques mois, il y a eu la hausse
considérable des prix des produits pétroliers. Il y a
énormément de gens qui ont changé leur système de
chauffage à l'huile pour des systèmes de chauffage
électrique, à cause des coûts. Il s'en est fait un certain
nombre, et d'ailleurs, je me réfère au rapport qu'on nous a
soumis, dans toutes les nouvelles constructions il y a un taux beaucoup plus
considérable.
Dans le rapport que vous nous avez soumis, à la page 27, vous
nous mentionnez qu'il faudra augmenter nos tarifs, non plus d'un minimum de 4
p.c. par an mais d'un minimum de 10 p.c. en moyenne annuellement. Si je fais un
parallèle, j'ai fait un calcul durant l'heure du souper, c'est que, de
1974 à 1985, en prenant votre chiffre et votre prévision qui est
d'un minimum moyenne de 10 p.c, cela veut dire que le coût de $100
d'électricité en 1974 serait porté à $259.34. Et si
le taux minimum était révisé parce qu'on peut
s'attendre qu'il pourra être révisé et était
porté à 12 p.c, $100 d'électricité coûterait
$310.57 en 1985. Comme il semble, selon vos propres données, que le
facteur du coût des différentes sources d'alimentation en
énergie peut influencer le choix du système des produits
pétroliers plutôt que du système électricité,
est-ce que, dans votre tableau, dans lequel vous avez fait toute votre analyse,
votre projection pour les années futures, vous avez tenu compte de
l'impact que pourrait avoir cette hausse de 10 p.c. minimum annuelle dans le
coût de l'électricité?
M. GIROUX: En prenant le même taux d'inflation pour tous les
produits.
M. ROY: Vous avez pris le même taux d'inflation pour tous les
produits.
M. GIROUX: Pour tous les produits. Naturellement, comme je disais
tantôt, s'il arrive un chaos où vous avez une augmentation de $2
du baril comme il était question, il y a quelques jours, à ce
moment-là, l'huile... seulement on n'a pas pris cette hausse qui peut
être possible, qui peut-être possible.
Mais si on prend les rapports des pays producteurs, comme le
Vénézuéla ou les pays arabes, qui ont dit qu'ils
maintiendraient le prix du pétrole au taux inflationniste dans les pays
producteurs, il faut s'attendre qu'ils vont suivre cette chose-là.
M. ROY: Cela, vous en avez tenu compte. M. GIROUX: Oui, on en a tenu
compte. M. ROY: Vous en avez tenu compte.
M. BOYD: M. le Président, c'est au tableau 2. Au tableau no 2,
justement, si vous prenez la première ligne, "domestique-agricole", de
1973 à 1978, on prévoit une augmentation annuelle moyenne de 9.7
p.c. tandis que pour la période plus longue, de 1973 à 1988, on
prévoit 8.3 p.c. C'est donc que pour les premières années
on pense que cela va monter plus vite et qu'ensuite cela va ralentir un peu.
Donc, il va certainement, ou on pense qu'il peut y avoir un effet de
ralentissement à mesure que l'électricité va coûter
plus cher. Mais qui peut dire ce que les gens vont vouloir acheter et consommer
en 1985? Un peu plus d'électricité ou un peu plus d'autres
choses? Cela va être suivant leurs goûts. Il y a une
possibilité que les taux plus élevés, en 1985,
amènent un certain ralentissement. Mais, à mon avis, ce ne sera
pas fort.
M. ROY: Maintenant, si je pose cette question, c'est parce qu'il est
évident qu'il y a des gens qui ont planifié à moyen terme,
lors de la construction d'une résidence, suite aux annonces qui ont
été faites que le taux d'augmentation de
l'électricité serait d'environ 4 p.c. et qu'aujourd'hui on leur
annonce 10 p.c. J'estime qu'il peut y avoir, à ce moment-là, un
changement assez marqué dans les tendances. Cela peut changer, en
quelque sorte, les prévisions que vous avez faites.
M. GIROUX: Cela peut changer. Je l'admets. M. ROY: Cela peut changer en
diminuant.
M. GIROUX: En diminuant; cela peut changer en augmentant terriblement
aussi. Parce que lorsqu'on a annoncé que le taux d'inflation
prévu était autour de 4 p.c, on parlait d'un taux d'augmentation
minimal de 4 p.c. pour les produits électriques. Par contre, à ce
moment-là, on avait, dans des études de prévisions, des
économistes reconnus qui prévoyaient 2 p.c. d'augmentation pour
les produits pétroliers. Si vous prenez ce qui est arrivé, par
exemple, entre le 14 novembre 1970, dans les pays du Golfe Persique, où
le pétrole est à $1.75 le baril, et le 1er janvier 1974,
où il est à $11.65, le baril, les taux d'inflation, cela ne se
compare plus.
Naturellement, ce qui n'est presque pas pensable, actuellement, c'est
une diminution du prix du pétrole. Les producteurs, en deux mots,
seraient beaucoup plus sages en affaires, si le prix mondial baissait, de
baisser la production. Parce qu'ils ont du pétrole pour tant
d'années devant eux et, en baissant la production, ils reconduisent
leurs revenus pour une période d'années très longue.
Alors, je ne pense pas qu'on puisse penser...
Maintenant, dans les calculs qui ont été faits, comme M.
Boyd l'expliquait tantôt, pour les premières années, on
croit qu'on va avoir une plus grande demande. Ce qui ralentit le plus les gens
ou les a ralentis le plus dans la demande durant la crise ou la demi-crise, si
vous voulez, parce qu'ici on n'en a pas eu tellement, c'est le fait qu'ils ne
pouvaient pas acquérir d'appareils électriques pour s'en servir.
Mais, actuellement...
Cette chose-là, je ne crois pas qu'elle puisse baisser de
façon draconienne. Je ne vois pas qu'elle puisse baisser. Même si,
logiquement, on fait une prévision à 8 p.c, je ne crois pas
qu'elle baisse en bas de la moyenne qui a été établie,
selon l'usage reconnu dans les quelque 30 dernières années,
à 7.4 p.c.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable député...
M. ROY: J'aimerais revenir un peu là-dessus, je m'excuse. Dans
votre rapport à la page 3 que vous nous avez lu au
début, comme je l'indiquais plus haut, le secteur domestique a connu une
forte augmentation en 1973. "Les abonnés domestiques ont consommé
14.13 milliards kWh ou 11.2 p.c. de plus qu'en 1972, alors que le secteur
agricole a augmenté sa consommation de 9.1 p.c." Alors, qu'il s'agit
vous l'avez dit plus loin d'une année de croissance
économique un peu exceptionnelle, que c'est à cause d'une hausse
des coûts des produits pétroliers, dont on ne verra pas
l'équivalent, je ne pense pas qu'on puisse prévoir
l'équivalent d'une hausse aussi spectaculaire que celle que l'on a
connue.
Vous prenez comme augmentation moyenne, de 1973 à 1978, presque
le maximum de ce que nous avons vu puisque vous parlez d'une moyenne de 9.7
p.c. Alors que le secteur agricole a augmenté sa consommation de 9.1
p.c, vous parlez de 11.2 p.c. en 1972 dans l'autre domaine.
Alors, il s'agit de choses complètement maximums. Pour en revenir
un peu à ce que je disais tanôt, à cause des facteurs
démographiques, à cause d'une possibilité de
ralentissement de la croissance économique, ne croyez-vous pas que le
taux que vous avez mis là, c'est un taux pour être à l'abri
de toute possibilité, pour être capable de faire face à
toutes les éventualités possibles mais au niveau des
maximums?
M. GIROUX: Je souhaite que vous ayez raison et j'espère qu'on ne
se trompe pas parce que, si on se trompe, il va manquer
d'électricité à quelque part.
M. ROY: Comme cela vous avez mis le maximum partout?
M. GIROUX: Non, pas nécessairement. Mais il y a un point, je
pense, qui peut illustrer. Après tout, nous ne sommes pas les seuls qui
ayons des pronostics qui ressemblent à cela, mais vous indiquez le prix
de l'énergie. Vous avez des endroits où, par exemple, cela
coûte deux fois ce que cela nous coûte ici; à certains
endroits, c'est trois fois. Leur croissance a été la même
et leur prévision pour l'avenir est la même.
Il y a Boston, qui est un de ces endroits, dont on a eu des chiffres qui
nous donnaient ces prévisions. Vous avez aussi un coin que je connais
mieux, parce que j'ai quelqu'un qui y demeure, Baltimore, où cela
coûte pratiquement trois fois ce que cela coûte ici. Leur
croissance est telle qu'ils vont avoir des problèmes probablement cette
année; il y aurait une certaine période, cet été,
de noirceur, de "brown-out".
M. ROY: Est-ce que la croissance de la demande en
électricité est proportionnée au taux de croissance de
l'économie locale?
M. GIROUX: La croissance de l'économie locale, dans Boston, n'a
pas été tellement vertigineuse, si vous prenez les rapports du
Massachusetts. Dans le Maryland, pas tellement non plus mais peut-être un
peu mieux, par exemple.
M. ROY: Mais le niveau de la consommation d'électricité se
fait surtout davantage...
M. GIROUX: C'est au domiciliaire... M. ROY: Au domiciliaire.
M. GIROUX: ... qu'ont été les augmentations dans ces deux
endroits.
M. ROY: Et, dans ces deux endroits, il y a aussi la consommation
d'été, la réfrigération des édifices.
M. GIROUX: Oui mais quel que soit le genre d'utilisation qu'on en fait,
les statistiques sont là pareil.
Le problème, c'est que c'est tout de même très
facile et même beaucoup plus facile pour nous de tromper le public et de
faire des prédictions très basses pour les cinq prochaines
années; mais seulement, dans cinq ans, il manquera
d'électricité. A ce moment-là, on dira: Ecoutez donc, on
s'est trompé. Il manquera d'électricité.
Alors il faut y aller au meilleur de son jugement et au meilleur de sa
connaissance. Là-dessus, j'ai la conviction que les gens de l'Hydro ont
fait les études. Même quand on leur a demandé de changer de
système, ils ont changé de système pour arriver aux
prévisions les plus plausibles possible. Je crois que c'est le jugement
dont on doit se servir. Le reste peut être discuté. On peut
discuter pendant des heures. Est-ce que, l'an prochain, cela va être
telle chose ou telle chose? Cela, c'est tout hypothétique.
M. BOYD: M. le Président, j'aimerais ajouter qu'il y a un facteur
très important de correction. Annuellement, on révise nos
prévisions. Alors, on ne peut pas se sauver bien loin par en haut ou par
en bas si c'est bien fait. Annuellement, vous avez des chiffres, ici, des
courbes. L'an prochain, on va en faire d'autres qui vont aller un an plus loin.
Et c'est révisé annuellement. On peut toujours rectifier notre
tir en plus ou en moins à tous les ans.
M. GIROUX: Alors vous demandiez, M. Roy, si on s'est servi de certains
chiffres. Un calcul rapide interne à l'Hydro, établit, que, dans
les douze mois de 1972/73, on a eu une augmentation domiciliaire d'à peu
près 10 p.c. Actuellement, dans les cinq premiers mois, on en a une de
16 p.c. Alors, on n'a pas pris ces chiffres comme des chiffres de base.
Voyez-vous, c'en est une partie des gens où il y a une demande
supérieure à la demande de moyenne qu'on a calculée. On ne
croit pas que cela va se maintenir à 16 p.c. mais cela se peut.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): M. De Guise, si vous avez des
précisions.
M. DE GUISE: Sur le plan pratique, aussi, sans que nous planifiions pour
être ou en excès ou en déficience, il faut voir ce que cela
cause.
Si on est en déficience, nous sommes pris pour acheter de
l'énergie des réseaux voisins à des prix extravagants,
parce qu'à ce moment-là ils prennent des turbines à gaz ou
ils prennent les dernières choses qu'ils ont sur le réseau et
s'en servent pour nous vendre de l'énergie. Si on a planifié un
excès dans les conditions actuelles du marché américain ou
du marché ontarien, on est certain de pouvoir l'écouler. Alors,
disons que, sans le faire exprès pour être d'un côté
ou de l'autre, il y a certainement avantage à avoir un léger
excès sur le plan pratique.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le ministre des Richesses naturelles.
M. MASSE: Le secteur domestique et commercial, c'est peut-être le
secteur le plus propice à des changements de système de chauffage
ou d'utilisation plus grande d'électricité. Je considère
que, quand vous mentionnez une prévision forte, vous tenez compte de
cette situation qui fait qu'on utilise davantage l'électricité
à la place de l'huile à chauffage, par exemple. Est-ce que vous
tenez compte de ça dans votre méthode qui dit que vous
considérez les principaux usages de l'électricité dans
chacun des secteurs?
M. BOYD: Oui.
M. MASSE: Maintenant, dans le domaine industriel, est-ce que vous avez
des prévisions par rapport à l'utilisation du pétrole?
M. BOYD: C'est le domaine le plus difficile; c'est en fonction des
industries qui vont s'établir, des industries qui vont augmenter leur
production. Dans l'étude, il y a eu des enquêtes faites
auprès de différents types d'industries pour savoir leurs
projections, ce qu'elles entrevoyaient comme augmentation de charge. Cela a
été assez exhaustif, cette enquête, même si on n'a
pas vu tout le monde, mais on a fait un échantillonnage pour avoir une
idée de ce qui était prévu par les industries pour
l'avenir.
M. MASSE: Dans l'immédiat.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le chef de l'Opposition officielle.
M. MORIN: M. le Président, tenons pour acquis, sous toute
réserve mais, pour faire avancer la discussion sur la demande,
c'est tout de même utile que vos chiffres, soient exacts et que
l'hypothèse faible soit de 7.4 p.c. et l'hypothèse forte de 8.4
p.c. Est-ce que nous pourrions maintenant reprendre, année par
année, non seulement les besoins en puissance, mais les besoins en
énergie de 1973 à 1985, en chiffrant le déficit chaque
année, sur la base de vos hypothèses?
M. BOYD: Ce que vous avez au tableau 2, c'est en énergie.
M. MORIN: En bas, il y a la puissance. C'est bien ça, en bas, la
dernière ligne, c'est en MW.
M. GIROUX: Dans le programme d'équipement, je ne sais pas si vous
l'avez, mais M. DeGuise peut le donner.
M. MORIN: M. Boyd nous avait donné comme indication le tableau 2;
je pense que c'est effectivement le tableau pertinent. Il est chiffré en
énergie pour toutes les...
M. BOYD: En énergie, oui.
M. MORIN: ... lignes, sauf la dernière; et, enpuissance,
c'est-à-dire en MW, je pense, pour la dernière ligne en bas.
M. BOYD: Vous voulez savoir, au point de vue puissance, quelles sont les
déficiences année par année?
M. MORIN: Oui. C'est ça, le déficit. Vous pouvez nous le
donner en puissance, puis en énergie.
M. CHARUK: J'aimerais intervenir ici pour expliquer une petite chose
interne. C'est que le programme d'équipement qui est établi
présentement à l'Hydro-Québec repose sur les
prévisions de la demande sur le réseau en énergie et en
puissance de l'année 1973, que nous avions effectuées l'an
dernier. Les prévisions qu'on vient de vous déposer par secteurs
de consommation énergétique, ce n'est pas au niveau du
réseau; c'est au niveau de l'abonné, si vous voulez, et c'est
pour 1974. Ce sont des prévisions qui seront utilisées dans des
nouveaux programmes d'équipement parce qu'on les revoit annuellement. Il
y a un décalage interne d'utilisation de données.
M. De Guise a ici les résultats de la prévision de l'an
dernier et c'est la base du programme d'équipement.
M. DE GUISE: II n'y a pas une grande différence entre 1973 et
1974 mais vous allez réaliser que les chiffres vous ne pouvez pas
les concilier de prévisions, basés sur les données
de 1973, amènent des charges légèrement différentes
mais à quelques pour cent près. Cela n'influe pas sur la
décision de faire tel aménagement ou tel aménagement.
M. SAINT-PIERRE: Le sens de la question, M. De Guise, je pense que
c'était plutôt d'avoir un ordre de grandeur sur le surplus ou le
déficit de puissance...
M. DE GUISE: Cest ça.
M. SAINT-PIERRE: ... pourriez-vous nous le donner année par
année?
M. DE GUISE: Oui, en puissance, évidemment, il faut que je vous
donne, par la même occasion, si vous voulez quelque chose de
compréhensible, les additions au réseau année par
année parce que, évidemment, à mesure que la croissance
agit année par année, il nous faut ajouter de l'équipement
nous aussi.
M. LESSARD: Autrement dit, en tenant compte de Manic 3, Outardes 2,
Gentilly 2, etc.?
M. DE GUISE: Cest ça.
M. MORIN: Bien. Comme nous disions tout à l'heure, nous verrons
dans le détail quels sont vos principaux projets et dans quelle mesure
ils répondent à la demande...
M. DE GUISE: Cest ça.
M. MORIN: ... mais pour l'instant...
M. DE GUISE: Alors, en 1973-1974, sur le plan puissance, nous avons de
la puissance additionnelle de Churchill Falls qui entre dans le réseau
et nous laissera un surplus de 273,000 kW. Lorsque je dis un surplus, c'est un
surplus qui tient compte d'une réserve normale d'à peu
près 10 p.c. que nous donnons toujours, c'est en plus de la
réserve de 10 p.c. Pour l'année 1974-1975, nous ajoutons
évidemment Gentilly 1 qui entre en opération et il y a encore de
la puissance additionnelle de Churchill Falls qui vient sur le réseau;
il y a un peu de puissance d'Alcan dans nos échanges de contrats
à différents endroits, qui nous laisse un surplus de 711,000 kW.
Evidemment, là nous devons accepter ce qui vient des chutes Churchill et
qui n'est pas de notre décision. Quant au montant qui arrive
annuellement; ils ont un programme de construction, ils construisent et nous
sommes...
M. MORIN: Le contrat vous oblige à accepter tout ce qui vous
arrive.
M. DE GUISE: A en disposer, oui. Il n'y a pas de problème, on
fait un profit.
M. MORIN: D'accord.
M. DE GUISE: 1975-1976, il y a encore la dernière puissance de
Churchill Falls qui entre sur le réseau, il y a Manie 3 qui commence
à produire et ça nous laisse un surplus de 636 pour
être exact en puissance, en plus de la réserve.
M. LESSARD: 636,000?
M. DE GUISE: 636,000, pardon, kW. En 1976-1977, le reste de Manic 3
entre en production nous laissant un surplus de 826,000 kW. En 1977-1978, il
n'y a pas d'addition au réseau, pas d'addition perceptible, et nous
demeurons avec un surplus de 840... attendez un peu, il y a quelque
chose qui se passe là dans la fin des contrats, un instant
1977-1978, il n'y a pas d'addition importante au réseau et on demeure
avec un surplus de 842, ce doit être le jeu des contrats d'achat et de
vente, il faudrait que j'examine cela.
M. MORIN: 842,000?
M. DE GUISE: 842,000 kW. Ce sont les contrats de l'Ontario qu'on
récupère à ce moment-là, ce sont vos ventes avec
l'Ontario qui finissent; alors, ça agit comme une production
additionnelle. 1978-1979, la mise en service de Outardes 2 nous apporte
à peu près 400,000 kW et puis nous achetons temporairement de
l'Alcan de l'énergie de puissance de pointe et là nous n'avons
qu'un surplus de 190,000. 1979-1980, Gentilly 2 entre en production avec
635,000; l'Abitibi est intégrée, alors elle entre des deux
côtes, elle entre comme charge et comme production, ce qui ne change pas
grand-chose à ce qui reste et, actuellement, si nous ne faisions pas
autre chose que d'entrer Gentilly 2 en 1979-1980, nous aurions un
déficit de 759,000 kW.
Alors, dans notre programme d'équipement pour faire face à
ce déficit, nous prévoyons acheter 200,000 kW du
Nouveau-Brunswick sur une base temporaire, rien que pour un an, et il nous
reste une décision à prendre, soit de faire le Bas Saint-Maurice
pour à peu près 420,000 kW ou d'installer des turbines à
gaz pour une puissance équivalente ou de faire une proportion de
chacune. Et puis évidemment, les 150,000 d'Alcan se reproduisent; ce que
nous achetions l'année précédente 150 MG, est encore
disponible en 1979-1980.
Pour l'année 1980/81 c'est peut-être la
dernière, si c'est un peu fastidieux nous perdons la tranche
d'Alcan, nous récupérons autre chose légèrement et,
si nous n'avons pas la baie James, il nous manque 2,429,000 kW. Alors,
ça, c'est cumulatif par rapport aux 759,000 kW, c'est-à-dire
qu'il faudrait l'ajouter.
Il nous manque 759,000 kW l'année 1980/81 et il nous manque la
différence entre 759,000 kW, puis 2,426,000. Je continue. Dans les
années suivantes, le déficit monte à 44,179,000 en 1981/82
et à 5,865,000 en 1982/83.
M. ROY: Ce n'est pas 44 millions.
M. DE GUISE: 4,179,000 kW. Je m'excuse si j'ai dit autre chose.
M. LESSARD: Puis en 1982/83?
M. DE GUISE: 5,865,000 kW, puis, là, vous avez pratiquement une
augmentation de 7 p.c. ou 8 p.c. de charge sur le réseau qui continue.
En 1983/84, 7,661,000 kW; en 1984/85, 9,686,000 kW, en 1985/86, 11,868,000 kW.
Il me reste deux chiffres à vous donner; en 1986/87, 14,536,000 kW; en
1987/88, 17,074,000 kW. Cela vous indique qu'à partir de 1979/80
jusqu'en 1987, il faut en installer plus que nous n'en avons actuellement.
M. LESSARD: Est-ce qu'il serait possible de nous faire parvenir une
copie de ce tableau, s'il vous plaît, si ce n'est pas trop vous
demander?
M. DE GUISE: Oui, on va essayer d'en trouver un qui es plus lisible que
celui que j'ai, parce qu'il est extrêmement fin.
M. LESSARD: Le gouvernement a une bonne machine à
photocopier.
M. DE GUISE: Si vous voulez la situation sur le plan
énergétique, je peux vous la résumer. Nous avons des
surplus jusqu'en 1978/79 et les mêmes déficits en énergie
commencent en 1979/80, pour atteindre un chiffre de 85 milliards en
1987/88.
M. MORIN: Où est-ce que vous entrez Gentilly 3?
M. DE GUISE: Gentilly 3 n'est pas autorisée actuellement.
M. MORIN: Non, mais, enfin, elle est annoncée.
M. DE GUISE: Non, il n'y a pas de décision de prise à
l'Hydro-Québec en ce qui concerne Gentilly 3.
M. MORIN: Ah bon! Il y a seulement une déclaration de M. Trudeau
à la faveur de la campagne électorale, à Drummondville,
l'autre jour. Le ministre de l'Industrie et du Commerce n'est pas au
courant?
M. DE GUISE: Remarquez qu'entre les années, quelque part
après le programme de La Grande, il va falloir intercaler du
nucléaire. Après les années 1985 ou peut-être avant,
il faudra certainement intercaler du nucléaire.
M. SAINT-PIERRE: II y a tellement d'investissements au Québec que
je ne suis pas capable de les suivre tous.
M. MORIN: Alors, vous n'avez pas la date d'entrée en service,
même éventuelle, de Gentilly 3?
M. DE GUISE: Je peux vous dire que ça ne peut pas être
avant 1981 pour des raisons pratiques de construction.
M. LESSARD: C'est loin de l'élection de 1974.
M. ROY: Oui, puis le ministre de l'Industrie et du Commerce risque de
s'étouffer avec le candy du fédéral.
M. DE GUISE: Le CANDU du fédéral.
M. ROY: Moi, j'aurais une question à poser ici, à ce
moment-là. Dans les rapports qui nous ont été remis, il y
a un an et demi, je me souviens d'un graphique qu'il y avait à
l'intérieur d'un rapport, qui démontrait qu'il fallait à
peu près 17 p.c, de la capacité de production pour être en
mesure de fournir 1 p.c. de la consommation à cause de la fameuse pointe
du mois de décembre. Je remarque, dans le rapport ici, qu'il y a des
échanges qui se sont faits je pense que c'est à la page 9
justement avec la Power Authority of the State of New York, à
l'effet qu'il y a un changement d'électricité
l'été, pour être capable, autrement dit, d'exporter les
surplus durant l'été, puis d'importer ce qui nous manque durant
cette période de l'année.
Est-ce qu'il y a d'autres possibilités qui s'offrent à
l'Hydro de faire des échanges avec d'autres réseaux à ce
sujet?
M. GIROUX: C'est régi par la capacité des lignes.
M. ROY: Oui, je sais qu'il est question, actuellement, d'aménager
des lignes entre l'Etat de New York c'est un programme qui a
été annoncé et la province de Québec, avec
le réseau de l'Hydro-Québec, pour pouvoir inverser du courant, de
l'exporter et d'en importer.
M. GIROUX: Si l'Etat de New York avait de plus grosses lignes, on
pourrait peut-être faire plus quand on a plus d'énergie
excédentaire en été.
M. ROY: Mais est-ce que cette question-là est envisagée
actuellement par l'Hydro-Québec? Est-ce qu'il y a des études qui
se font à la lumière des coûts que ça pourrait
impliquer pour le Québec et de la récupération
d'électricité qui pourrait se faire à prix plus modique
considérant le fait qu'il s'agirait d'un échange fait dans
d'autres périodes de l'année?
M. DE GUISE: Est-ce que je peux vous demander si vous ne pensez pas
à d'autres provinces du Canada, par exemple? Le décalage
été-hiver n'a pas lieu avec les autres provinces du Canada, il
faut aller au sud pour que la pointe soit en été.
M. ROY: II y aurait peut-être du décalage au niveau des
heures, quant au Canada, mais je pense que le décalage est beaucoup plus
prononcé du côté sud qu'il peut l'être du
côté est ou ouest.
UNE VOIX: On est trop loin.
M. ROY: Pour cela, pas besoin d'être un expert. C'est pour cela
que je parlais de nord-sud.
M. DE GUISE: Oui, nord-sud. Il y a un problème technique
pratique. Lorsque nous vendons aux Etats-Unis, dans l'échange en
question avec Power Authority of the State of New York, il faut que nous
isolions des machines de la centrale de Beauharnois qui sont
déconnectées du réseau de l'Hydro-Québec pour
pouvoir alimenter l'Etat de New York. Autrement dit, on ne peut pas connecter
les deux réseaux ensemble. Il faut qu'on sépare des machines de
notre réseau pour les relier au réseau de l'Etat de New York. Il
y a une limite pratique à ce que nous pouvons faire dans ce
domaine-là. Si on essayait de transmettre beaucoup plus que les charges
qui ont été admises, cela pourrait nous causer des
problèmes, sur le réseau de l'Hydro-Québec, au point de
vue de la stabilité ou autrement.
M. ROY: Est-ce que les investissements qui seraient requis pour corriger
ces questions techniques seraient aussi dispendieux que ceux que ça
implique dans le cas de l'aménagement, proportionnellement, de la baie
James?
M. DE GUISE: A ce moment-là, il y a un problème de
politique gouvernementale. Est-ce qu'on est prêt à vendre de
l'énergie aux Etats-Unis sur une certaine base? Pour justifier des
équipements ou des modifications appréciables, il faut
dépenser de l'argent qu'on doit amortir sur une période
relativement courte si on ne veut pas livrer d'énergie aux Etats-Unis
pour des contrats à long terme.
M. ROY: Disons que les politiques gouvernementales pourraient venir en
deuxième lieu. En premier lieu, il s'agirait de savoir si c'est
avantageux de le faire ou non.
M. DE GUISE: II n'y a pas de doute qu'on pourrait faire un profit. Avec
les conditions du marché américain, il n'y a pas de grandes
difficultés avec nos coûts de production à trouver un
profit en vendant aux Etats-Unis, mais il y a aussi nos problèmes de
financement parce que, pour réaliser cela, il faut évidemment
immobiliser de l'argent.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): L'honorable député de
Saguenay.
M. LESSARD: Dans vos estimations, vous tenez compte de la
possibilité maximum ou de l'énergie de pointe, si vous voulez.
L'heure, je pense, c'est l'hiver à cinq heures de l'après-midi;
vous arrivez vers le mois de décembre, le 18 décembre, à
un maximum. Donc, vous tenez compte, dans vos installations, de cette
énergie de pointe. Or, selon votre programme d'équipement qui
avait été déposé le 15 mai 1972, concernant les
années 1978 à 1985, vous teniez compte, à ce
moment-là, pour 1978 d'une usine de 1,200,000 MW, je pense. De la
puissance en MW. Cela n'a pas de sens.
UNE VOIX: Ce doit être des watts. M. LESSARD: Maintenant, c'est
bien...
M. PERREAULT: Des MW, c'est gros, mon gars.
M. LESSARD: D'accord, ce sont des milliers de kW. En tout cas, vous
teniez compte à ce moment-là, selon votre programme... Il est
bien indiqué MW. MW, à ma connaissance, ce sont des
mégawatts. A ma connaissance. Voici, ce n'est pas un million, c'est
1,200 MW ou 1,200,000 kW. J'aimerais savoir quelle usine d'énergie de
pointe est prévue pour 1978.
Voici c'est qu'en 1978, justement on va en parler, parce que là
il s'agit de rationaliser le réseau. C'est que l'usine de pointe permet
d'équilibrer le réseau. En 1979, vous prévoyez une autre
usine de pointe de 800 MW. Etant donné qu'il semble que vous avez
laissé tombé pour le moment la Jacques-Cartier, est-ce que vous
avez étudié d'autres possibilités?
M. GIROUX: Voici, on n'a pas laissé tomber la Jacques-Cartier, on
nous a demandé de nous retirer. C'est pas mal différent. On a
déclaré que les usines à gaz sont des systèmes
nouveaux qui polluent on ne s'en cache pas Ils étaient les
seuls moyens disponibles si on ne pouvait pas faire des usines pompées.
A ce moment-là, la seule localisation possible était la
rivière Jacques-Cartier pour arriver en 1978. Donc, pour l'année
1978 et 1979, il va falloir des usines à gaz. Vous nous avez
demandé la dernière fois de plutôt faire autre chose que la
Jacques-Cartier. C'est ça qu'il y a.
M. LESSARD: Mais il ne semble pas, d'après ce que je lis dans le
rapport annuel, que vous ayez laissé tomber complètement le
projet Champigny. En effet, je lis ceci: "Sans préjugé de la
décision éventuelle du conseil des ministres, nous avons
entièrement évacué la vallée de la rivière
Jacques-Cartier au mois d'août mais
nous avons ensuite travaillé à compiler les données
recueillies sur le terrain et commencé de préparer un rapport
préliminaire sur le projet Champigny. L'objectif initial d'une mise en
service en 1979 a été abandonné." Est-ce que pour le
moment vous avez laissé tomber les études préliminaires
complètement?
M. GIROUX: Non, on avait beaucoup de données entre les mains. Au
point de vue strictement d'une base d'affaires, on ne doit pas laisser toutes
ces statistiques, toutes ces données sans faire un rapport. Alors on a
fait faire des études sur les rapports que nous avions en main, mais
nous nous sommes retirés du terrain et nous n'y sommes pas
retournés.
M. LESSARD: Mais vous continuez les études.
M. GIROUX: Bien là c'est pas mal fini.
M. LESSARD: Vous conservez quand même une vue sur la
Jacques-Cartier.
M. GIROUX: Oui, c'est là que vous verrez l'erreur que vous avez
commise.
M. LESSARD: On verra, il reste qu'on verra. Il reste qu'il y a des
choses quelquefois qui méritent d'être conservées.
Dans votre tableau 2, vous parlez de la prévision de demande de
l'Hydro-Québec, hypothèse moyenne, vous parlez d'une puissance
calculée à partir d'un facteur de charge de 63.9 p.c. Comme je ne
suis pas ingénieur, M. le Président, est-ce que vous pourriez
m'expliquer, est-ce que c'est le taux d'utilisation de la capacité
actuelle?
LE PRESIDENT (M. Lafrance): M. De Guise voulait ajouter, je crois,
à la réponse de M. Giroux tout à l'heure; si vous voulez
procéder...
M. DE GUISE: Je pense que vous vous informiez de la capacité de
pointe de 1 million qui n'apparaissait pas. Si vous vous rappelez, dans les
chiffres que je vous ai donnés tantôt, il y a 150,000 kW de pointe
que nous achetons de l'Alcan; c'est uniquement de la pointe, il n'y a pas
d'énergie là-dedans.
Il y a 200 kW que nous achèterons du Nouveau-Brunswick, les
transactions ne sont pas terminées, ce qui fait 350,000 kW et j'ai dit
que nous avions au programme 420,000 kW de turbines à gaz ou, comme
alternative, le Bas-Saint-Maurice. Mais les coûts sont très
différents. Alors, il resterait une décision, sur le plan
économique, à prendre. Alors, 350,000 kW et 420,000 kW, cela fait
tout de même 770,000.
Je reviens à votre autre question. Vous me dites: Le facteur
d'utilisation de 63 p.c. ou 64 p.c...
M. LESSARD: A votre tableau 2...
M. DE GUISE: Oui.
M. LESSARD: ... concernant les prévisions de la demande de
l'Hydro-Québec...
M. DE GUISE: Oui.
M. LESSARD: ... vous dites justement que tous ces chiffres sont
calculés à partir du facteur de charge de 63.9 p.c.
M. DE GUISE: Voici ce que cela veut dire. M. LESSARD: Est-ce que c'est
l'utilisation... M. DE GUISE: Oui.
M. LESSARD: ... de votre capacité installée?
M. DE GUISE: C'est sur tout le réseau. Prenez une centrale au
hasard, Manie 3, par exemple, où nous installons 1,180,000 kW. Mais la
quantité d'eau qu'il y a en arrière de cette centrale et qui est
disponible, il y en a assez pour fonctionner à 1 million de kW 64 p.c.
du temps seulement.
M. LESSARD: C'est ça.
M. DE GUISE: Alors, disons que la demande varie de telle façon
qu'à un certain moment, elle est de 1,100,000 kW et, à d'autres
moments, elle baisse en bas de cela et elle s'établit à une
moyenne de 64 p.c. de 1,100,000 kW.
M. LESSARD: Mais vous êtes obligés, à ce
moment-là, d'établir votre puissance sur le maximum,
c'est-à-dire sur la pointe.
M. DE GUISE: C'est ça sur ce que le réseau est
appelé à donner.
M. LESSARD: Bon. Maintenant, est-ce que, justement, la construction
d'usines de pointe ne permettrait pas de hausser cette moyenne de charge qui me
semble un peu faible à 63.9 p.c? Est-ce qu'il n'y aurait pas un moyen de
rationaliser ou d'optimiser, si vous voulez...
M. DE GUISE: Oui.
M. LESSARD: ... cette utilisation du réseau?
M. DE GUISE: Nous partons de quelque chose qui n'est pas sous notre
contrôle, la demande des clients. Si les clients demandent, en moyenne
j'ai parlé d'un million de kW une puissance de 650,000 kW,
il faut qu'il y ait dans la rivière assez d'eau pour produire 650,000 kW
à longueur d'année. Mais leur demande n'est pas une ligne droite
comme ça. A une époque, il y a 1,100,000 de kW; à
d'autres, il y a 300,000 kW et la moyenne fait 650,000 kW.
Qu'est-ce que l'on peut faire avec la puissance de pointe? Evidemment,
on pourrait installer 200,000 kW c'est un exemple de turbines
à gaz, ce qui nous permettrait de rencontrer une pointe de 1,300,000 kW.
Mais si la moyenne d'énergie à fournir se situe à 65 p.c.
de 1,300,000 kW, il n'y a plus assez d'eau dans la rivière et la turbine
à gaz, il va falloir la faire fonctionner en brûlant de l'huile
pour faire des kW avec. Là, cela devient moins économique.
Une turbine à gaz, c'est une installation de pointe, qui ne
coûte pas cher en pointe, mais, dès que vous commencez à la
faire tourner pour un nombre d'heures appréciable, le prix monte en
flèche.
M. LESSARD: Je suis d'accord. Mais il y a moyen, quand même, de
conserver un équilibre...
M. DE GUISE: C'est ce que nous essayons...
M. LESSARD: ... entre la puissance installée et l'usine de
pointe, c'est-à-dire de rationaliser un peu le réseau, de faire
en sorte que, par exemple, il puisse y avoir une utilisation moyenne
supérieure à 63.9 p.c.
M. DE GUISE: Vous allez retrouver cela sur le réseau. Prenez, par
exemple, la centrale de Carillon, qui est près de Montréal,
près du centre de charge. On y a installé, si je me rappelle
bien, 640,000 kW ou HP. Mais il y avait de l'eau pour fonctionner seulement
200,000 kW en moyenne. Parce qu'on était près de Montréal,
malgré qu'on savait que l'énergie était limitée, on
a suréquipé la centrale et on s'est dit: On va s'en servir aux
heures de pointe. C'est généralement économique de le
faire dans des centrales comme sur le Saint-Maurice ou le Saguenay, quand on
n'est pas trop loin des centres de consommation.
Si on essayait de faire cela à la baie James, par exemple, on se
punirait soi-même parce que, pour transporter l'énergie de pointe,
il faudrait peut-être ajouter une ligne de 600 milles de longueur
qui...
M. LESSARD: Bien, je comprends que lorsque vous installez une usine de
pointe, il faut que ce soit près...
M. DE GUISE: Cela doit être assez près, oui.
M. LESSARD: ... du marché de consommation.
M. DE GUISE: Là, si vous aviez... Malheureusement, vous n'avez
pas le tableau que j'ai devant moi.
M. LESSARD: Ce qui explique, d'ailleurs, vos échanges entre New
York et...
M. DE GUISE: A un moment donné, on a un surplus de kW, on le
passe ailleurs. Si, à un moment donné, on a un déficit en
période de pointe, on essaie d'aller en chercher à Alcan ou au
Nouveau-Brunswick. Mais on essaie toujours de faire un équilibre entre
la demande de kWh et la demande en kW pour que nos installations puissent
rencontrer la pointe, mais, en même temps, n'aient pas un trop grand
surplus de kWh dont il faudrait se débarrasser à
l'extérieur.
LE PRESIDENT (M. Lafrance: L'honorable chef de l'Opposition
officielle.
M. MORIN: M. le Président, dans vos prévisions de
déficit de puissance pour les années 1983, 1984 et 1985, est-ce
que vous avez tenu compte de la possibilité de l'aménagement de
la Basse Churchill? Il a été question d'un aménagement qui
produirait 3,000 MW en février 1974. Est-ce que vous avez
été saisi de ce projet? Est-ce que vous en avez tenu compte de
quelque façon?
M. GIROUX: Nous avons été saisis du projet. Nous en avons
discuté avec les gens qui, à ce moment-là, étaient
Brinco et nos associés. Nous avons discuté avec les gens de
Terre-Neuve. Selon leurs propres experts, nous n'avions pas besoin d'une ligne
additionnelle. Nous, nous prétendions que nous avions besoin d'une ligne
additionnelle.
La conclusion a été que Terre-Neuve était
intéressée, en principe, à nous vendre du pouvoir pour une
période de temps très limitée. Alors actuellement, comme
vous le savez je pense bien qu'on peut l'expliquer tout de suite, je
comprends que c'est ailleurs à l'ordre du jour il y a eu une
transaction par laquelle Brinco a vendu ses actions de Churchill au
gouvernement de Terre-Neuve. En ce qui nous concerne, il n'y a absolument aucun
changement. Le gouvernement de Terre-Neuve naturellement, on s'est tenu
en dehors de la transaction parce qu'on n'avait pas à y participer
nous a assurés qu'il n'y avait aucun changement en ce qui
regardait l'Hydro-Québec et que, dès que leur transaction serait
faite, ils prendraient contact avec nous afin qu'on puisse regarder les
possibilités.
Actuellement, le gouvernement de Terre-Neuve complète sa
transaction, nous réinvite à nous asseoir avec eux. Il nous a
demandé de recontinuer, comme membre du bureau de direction de
Churchill, ce que les trois membres de l'Hydro-Québec vont continuer de
faire. On ne croit pas qu'il y ait intérêt à
protéger nos actions dans ce domaine. On va étudier certaines
possibilités qui existent dans la question de Lower Falls.
Maintenant, les Terreneuviens désirent cette énergie pour
eux et on ne peut pas les blâmer.
M. MORIN: A partir de quand?
M. GIROUX: A partir de quand? A partir de tout de suite, s'ils pouvaient
l'avoir.
M. MORIN: Mais il faut qu'ils la transportent.
M. GIROUX: II faut qu'ils la transportent. Ils ont un problème de
transport. Ils ont des rapports d'ingénierie en main qui leur disent que
c'est faisable, ce qui ne nous regarde pas. Nous aurons probablement une offre
pour une partie d'énergie après en avoir discuté avec eux
et on sera très consentant d'acheter, il n'y a pas l'ombre d'un
doute.
M. MORIN: Qu'est-ce que cela peut représenter comme
puissance?
M. GIROUX: Cela peut représenter peut-être 25 p.c, mais
pour une courte période, cinq ans ou dix ans, parce qu'ils veulent s'en
servir pour leur propre développement.
M. MORIN: 25 p.c. de combien de MW? M. GIROUX: 1,500.
M. SAINT-PIERRE: II n'y a jamais eu 3,000 MW.
M. MORIN: On a mentionné jusqu'à 3,000 MW, oui.
M. BOYD: Pour arriver à 3,000, il faut avoir Lower Falls et
Muskrat Falls, qui est une autre possibilité, près de Goose Bay,
et qui est beaucoup moins rentable que l'autre. Alors, dans le moment, il n'est
pas du tout question de Muskrat Falls. Il est question seulement de Lower
Falls, qui est quelque chose comme 1.5 million de kW.
M. MORIN: De kW.
M. BOYD: Ils ne sont pas intéressés à nous vendre
le tout. Ils veulent garder peut-être 70 p.c. ou 75 p.c. pour eux et nous
vendre le reste.
M. MORIN: Alors, ce serait 25 p.c. de 1,500 MW.
M. BOYD: Pour une courte période seulement.
M. MORIN: Soit dit en passant, est-ce que vous connaissez le coût
en mills de cette énergie?
M. GIROUX: Non, nous non plus!
M. MORIN: Vous n'en avez pas la moindre idée?
M. GIROUX: Remarquez bien que ce programme est arrêté
depuis deux ou trois ans. Maintenant le programme regarde les Terreneu-viens et
change beaucoup d'aspect parce qu'on veut alimenter à l'île de
Terre-Neuve. Alors là, c'est une chose qui est totalement
différente de ce qui avait été proposé
autrefois.
Je crois bien que c'est de l'intérêt de la province de
Québec que de coopérer au maximum avec les gens de Terre-Neuve
à développer cette chose parce qu'on en aura une partie.
M. MORIN: Oui. Mais dans vos prévisions, étant
donné qu'il s'agit de 25 p.c. de 1,500 MW, vous n'en avez pas tenu
compte, surtout que c'est temporaire.
M. GIROUX: C'est temporaire si on considère que dix ans, dans
l'énergie c'est temporaire, alors c'est temporaire.
Maintenant, ce qu'on peut dire, ce que les Terreneuviens nous ont
déclaré, c'est que leur intention était de le
développer pour leur propre usage.
Je pense bien qu'on ferait la même chose si nous étions
dans leur situation.
M. SAINT-PIERRE: Un programme de construction prévu, ce n'est pas
un actif. Je veux dire que vous n'avez pas la certitude d'avoir accès
à ces 25 p.c, c'est la déduction préliminaire.
M. GIROUX: Non, je crois bien que nous allons être mis au courant
de toutes leurs démarches, de tout leur développement, de leurs
études, de ces choses-là. Le gros problème, comme l'a
mentionné tantôt M. Morin, c'est la question de le transporter
dans l'île. On aura probablement accès à leur point de vue,
il nous demanderont peut-être de le regarder, ils sont très
coopératifs. D'ailleurs, il pourrait nous être utile de savoir que
ça se transporte.
M. MORIN: C'est ce que je pensais.
M. GIROUX: La seule chose est de savoir si, actuellement, ils sont assez
avancés dans ce programme. Il est difficile pour nous de nous prononcer
là-dessus parce que les gens se sont portés acquéreurs
officiellement la semaine dernière.
M. MORIN: II serait intéressant de savoir s'ils vont mettre ce
projet en chantier avant de savoir comment ils vont transporter
l'électricité. S'ils ne savent pas comment la transporter... Il y
a quand même le détroit, large de neuf milles et quart marins, au
minimum à franchir. Est-ce de 735,000 volts sous l'eau?
M. GIROUX: Ce peut être en courant direct, ce peut être
à 500. Il y a plusieurs solutions maintenant, vous savez. Il faut tout
de même. Ils ont employé dans les deux derniers mois tous leurs
gens pour compléter la transaction, ce qui est très
compliqué. La semaine dernière, avait lieu la conclusion de la
transaction. Tout de suite après nous avons eu un
contact avec eux et ce fut très ouvert, très amical.
M. SAINT-PIERRE: Je pense bien qu'il me semble impossible que les gens
de Terre-Neuve mettent le projet en chantier sans savoir, sur le plan du
marché, ce qu'ils vont faire avec l'énergie. Ce n'est pas un
gouvernement libéral, mais il ne faut pas les prendre pour des
imbéciles.
M. MORIN: Non, ce n'est pas du tout ce que je disais.
Enfin, il pourrait se produire, s'ils n'arrivaient pas à
résoudre les problèmes du transport par-dessus le détroit
de Belle-Isle, que vous soyez peut-être acquéreur de toute cette
énergie, des 1,500 MW.
M. GIROUX: C'est une possibilité, mais il faut toujours prendre
en considération le fait que le gouvernement terreneuvien aura aussi
peut-être intérêt à développer la
région du Labrador. Il pourrait facilement amener là une
industrie qui pourrait se servir d'un gros bloc.
M. SAINT-PIERRE: L'aluminium.
M. MORIN: L'aluminium, peut-être. Oui, parce qu'autrement il n'y a
guère que les pêcheries.
Est-ce qu'on pourrait jeter un coup d'oeil, messieurs, sur les autres
projets qui font l'objet, je pense, d'études préliminaires
à l'heure actuelle? Le Bas-Saint-Maurice, la haute Mauricie, la Moisie.
Est-ce que vous avez des chiffres de la puissance que développeront ces
projets?
M. GIROUX: Les possibilités de puissance sur la Moisie?
M. MORIN: Oui, c'est cela, les possibilités sur tous vos projets,
le Bas-Saint-Laurent, le Haut-Saint-Maurice,...
M. GIROUX: Vous voulez dire le Bas-Saint-Maurice, le
Haut-Saint-Maurice.
M. MORIN: C'est cela, je m'excuse. Bas-Saint-Maurice,
Haut-Saint-Maurice, Moisie, Sainte-Marguerite, Chamouchouane, La Romaine,
est-ce que vous avez des chiffres là-dessus?
M. CAHILL: Mon nom est Lionel Cahill. Sur le Bas-Saint-Maurice, comme le
mentionnait M. De Guise tout à l'heure, la possibilité
d'installation d'usines de pointe est d'environ 420 MW. Sur le
Haut-Saint-Maurice, nous pouvons installer deux usines pour un potentiel global
d'environ 800 MW à un facteur d'utilisation de 25 p.c. soit plus
exactement 792 MW. Quant aux rivières de la Basse-Côte-Nord, le
potentiel approximatif que l'on pourra développer à un facteur
d'utilisation de 80 p.c. est de l'ordre de 4,500,000 kW.
M. ROY: Cela, c'est pour toutes les rivières? M. CAHILL: Pour
toutes les rivières.
M. LESSARD: Est-ce que vous avez, par exemple, une répartition
par rivières telles que la Moisie, Sainte-Marguerite?
M. CAHILL: Je peux vous les donner approximativement. J'ai un rapport
plus détaillé. Est-ce que vous voulez les avoir exactement ou
approximativement?
M. ROY: Le plus juste possible. Les meilleurs chiffres dont vous
disposez.
M. CAHILL: D'accord, parce que exactement ça va prendre un peu
plus de temps.
UNE VOIX: Les plus récents.
M. LESSARD: Comme je vous l'ai dit, nous avons jusqu'au mois de
septembre.
M. CAHILL: Ces chiffres-là demeurent approximatifs, on ne sait
pas si ce sont des potentiels qu'on pourra aménager
économiquement. La rivière Sainte-Marguerite, 319 MW, mais c'est
beaucoup trop précis actuellement ces chiffres-là, c'est de
l'ordre de 300 MW. 80 p.c. toujours.
M. SAINT-PIERRE: On a la preuve qu'il y a trop de rapports. A la page
40, comme le souligne le ministre des Richesses naturelles, du volume
d'activités, on a les moindres détails: la Moisie, 1,124,
1,366.
M. ROY: Oui, mais nous aimions vérifier quand même avec les
gens de l'Hydro-Québec.
M. SAINT-PIERRE: Cré Fabien!
M. GIROUX: On les prend au ministère des Richesses
naturelles.
M. MORIN: M. le Président, est-ce que vos études
préliminaires sont suffisamment avancées pour que vous ayez pu
établir un coût approximatif pour chacun de ces projets?
M. CAHILL: Présentement, nous avons un coût très
approximatif pour la Moisie. Nous avons un rapport d'avant-projet
préliminaire mais le coût estimé est très
élevé. Il faudra faire des études subséquentes afin
d'avoir un coût plus exact. Quant à la rivière Romaine,
nous en sommes encore à des études très
préliminaires de même que sur la rivière Natashquan, sur la
rivière Petit Mécatina. Présentement, nous n'avons pas de
coûts que nous pourrions donner qui sont significatifs.
Les coûts que nous avons actuellement sur la rivière Moisie
ne sont pas très prometteurs parce qu'ils sont relativement
élevés.
M. MASSE: Est-ce que c'est la même chose pour la
rivière...
M. CAHILL: II y a aussi un problème d'environnement
évidemment sur la Moisie, c'est-à-dire la remontée du
saumon. Je crois que le saumon remonte jusqu'à la quatrième
centrale à partir de Laval. Alors, il y a là aussi un
problème d'environnement très sérieux à
considérer et nous en sommes conscients.
Pour le moment, nous avons cessé les études sur la Moisie
et, durant l'été 1974, nous allons concentrer nos efforts sur la
rivière Romaine qui, elle, semble s'avérer beaucoup plus
prometteuse du point de vue du coût et qui a un potentiel d'environ un
million de kW, si ma mémoire me sert bien.
M. LESSARD: 1,124,000. M. CAHILL: C'est ça.
M. LESSARD: Donc, actuellement, ce sont des projets qui sont au niveau
de la recherche préliminaire et, à ce stade-ci, il ne s'agit pas
de prévoir pour l'Hydro-Québec l'entrée en activité
de ces projets à une date précise.
M. CAHILL: Non, disons que même si on faisait un programme
d'investigation, d'étude et de construction très hâtif,
très rapide, je ne crois pas qu'on puisse mettre en service aucune de
ces centrales sur ces rivières si elles étaient
économiques avant l'année 1983, par exemple. H faut se rappeler
que la rivière Petit Mécatina est à 900 milles de
Montréal, donc à une distance équivalente sinon plus
grande que la LG 4, par exemple, sur La Grande.
Donc, il y a un problème de transport, c'est-à-dire que le
coût du transport sera très élevé et que, de plus,
il faudra construire les lignes supplémentaires entre Manicouagan et
Montréal, si nous ne construisons pas ces centrales-là, disons,
plus tard, vers les années 1990 peut-être, par exemple. A ce
moment-là, les lignes entre Manic et Montréal seront
délestées d'une partie de leur charge et ça signifie qu'on
pourra avoir un transport pratiquement gratuit pour l'énergie des
centrales en question entre Manicouagan et Montréal.
M. MASSE: II n'y a pas de coût d'établi encore; c'est la
même chose, je suppose, pour la rivière Chamouchouane?
M. CAHILL: Oui, pour la rivière Chamouchouane, il y a un
coût d'établi. Un instant. Maintenant, c'est une étude
préliminaire. Sur la Chamouchouane, il y avait deux projets: un
où sous un facteur d'utilisation de 80 p.c. on pouvait produire 577 MW
et le coût en dollars par kW en 1979 était de $1,179. Cela, c'est
sans le transport. Disons qu'encore là c'est un coût qui est
très peu prometteur, c'est-à-dire qui est très
élevé, mais qui, éventuellement, pourra devenir
intéressant, quand d'autres sources d'énergie auront
été aménagées ou encore que d'autres sources
d'énergie auront augmenté par comparaison avec le coût d'un
projet sur la Chamouchouane.
LE PRESIDENT (M. Houde, Limoilou): Le chef de l'Opposition.
M. MORIN: M. le Président, dans le rapport qui nous a
été soumis par M. Roland Giroux cet après-midi, il est
question de l'exportation de surplus d'énergie, en particulier vers les
Etats-Unis. A la page 9 de votre rapport, vous nous dites qu'une entente a
été conclue avec la "Power Authority of the State of New York".
Cette entente prévoit un mécanisme d'échange qui
permettra, à l'occasion, d'importer de New York certaines
quantités d'énergie durant la période de consommation de
pointe au Québec, c'est-à-dire l'hiver. Est-ce que vous pourriez
nous donner une idée des quantités d'énergie en cause,
j'entends à l'importation?
M. GIROUX: C'est un problème. Cet échange est assez
compliqué: je demanderais à M. Villeneuve de donner le
mécanisme total de la transaction. Alors, je pense que la commission
serait éclairée du même coup sur la transaction.
M. VILLENEUVE: Mon nom est Jean Villeneuve. Le contrat que nous avons
avec PASNY prévoit, après les cinq premières
années, que l'énergie que l'Hydro-Québec exportera durant
l'été sera retournée durant les mois d'hiver à
l'Hydro-Québec par PASNY.
Seulement, comme PASNY doit payer pour la transaction et que
l'Hydro-Québec, donc, recevra en hiver de l'énergie sans payer,
c'est-à-dire sans payer pour la capacité, il est évident
que PASNY n'aura pas à retourner cette énergie durant les heures
de pointe. Nous leur en fournirons en été, au moment de la pointe
de leur réseau, alors qu'eux vont nous retourner l'énergie en
hiver en dehors des heures de pointe, mais dans la période de pointe du
réseau de l'Hydro-Québec.
Evidemment, ce sont eux qui payent pour cette capacité, alors que
nous, nous ne payons pas pour la capacité. Maintenant, le contrat
prévoit que, si au cours de ces années...
M. LESSARD: Une minute, là, je veux bien comprendre. Vous dites
que ce sont eux qui vont payer pour cette capacité. C'est quand
même une capacité d'énergie de pointe du Québec qui
s'en va justement vers la région de New York.
M. VILLENEUVE: C'est juste. Ce que je veux dire, c'est...
M. LESSARD: On a payé pour l'aménagement.
M. VILLENEUVE: Oui, et eux ont payé pour une partie
d'aménagement qui est de l'ordre de peut-être huit ou neuf fois la
partie que nous devons investir. Nous n'avons qu'une ligne de peut-être
40 milles à construire, et eux ont peut-être 200 milles de lignes
à construire ou 250, je ne me souviens pas.
Ce qu'il faut noter, c'est qu'il est possible que nous ayons de
l'énergie à vendre durant cette période et, deux ans
à l'avance, nous pourrons leur indiquer les quantités
d'énergie qui seront disponibles. Nous négocierons avec eux un
prix pour l'énergie en question. Ou on s'entend ou on ne s'entend pas
sur le prix. S'il n'y a pas d'entente sur le prix, ou si nous n'avons pas
d'énergie à exporter, automatiquement, tout ce qu'ils prendront
en été devra être retourné en hiver. Encore une
fois, eux paieront l'été pour la capacité et nous ne
paierons pas en hiver pour cette capacité-là qui nous sera remise
sur le réseau.
M. MORIN: II s'agit d'un maximum de 800 MW, si j'ai bien compris.
M. VILLENEUVE: C'est la puissance mise à leur disposition durant
les mois d'été.
M. MORIN: C'est cela. Quelle est la puissance qui est mise à
votre disposition pendant les mois d'hiver?
M. VILLENEUVE: Elle n'est pas spécifiée, ils n'ont
qu'à nous retourner un nombre donné de kWh qui est égal au
nombre de kWh qu'ils auront pris durant l'été.
M. MORIN: Bon, je comprends.
M. ROY: Avant d'aller plus loin, j'aimerais bien avoir des
précisions sur une chose qui a été dite tout à
l'heure. Vous avez parlé de l'énergie qui ne nous est pas
retournée durant les heures de pointe, là où nous en avons
le plus besoin, mais durant la période de pointe.
M. VILLENEUVE: C'est juste.
M. ROY: Est-ce que cela veut dire que si cette électricité
ne nous était pas retournée, notre réseau pourrait suffire
quand même, étant donné que l'heure de pointe est
complétée par notre réseau?
M. VILLENEUVE: L'hypothèse qu'on fait à ce
moment-là c'est que nous n'avons pas de surplus
énergétique en kWh, mais nous pouvons tirer de nos
réservoirs, durant l'été, et nous devons, durant l'hiver,
ensuite, refaire la réserve. C'est à ce moment-là que
l'énergie qu'ils nous fourniraient à toute heure... Cela pourrait
être, remarquez, à l'heure de pointe mais ce n'est pas
obligatoire. Cela peut nous être retourné durant les fins de
semaine, durant la nuit. A ce moment-là, nous pouvons réduire la
production de nos propres centrales, donc, refaire notre réserve d'eau
dans nos réservoirs. C'est de cette façon-là que nous les
aidons en déplaçant l'énergie en réserve.
M. ROY: Ils retournent l'équivalent mais, moi, je pense que le
marché est plus avantageux pour eux qu'il ne l'est pour nous du fait
qu'on leur envoie de l'électricité pendant leurs heures de
pointe, durant le temps qu'ils en ont besoin, donc, le potentiel, au point de
vue investissement de production, de la masse de production de
l'électricité devient moins nécessaire du fait qu'ils
peuvent en importer. Mais si on nous retourne de l'électricité,
à un moment donné, qui permet à nos usines
d'électricité de fermer afin de leur permettre d'augmenter leur
réservoir, le potentiel nécessaire pour le Québec pour
être en mesure de satisfaire la demande des consommateurs durant l'heure
de pointe, on ne peut pas conclure ou déduire, si vous voulez, que
l'électricité qu'on nous fournit peut nous permettre de compenser
ou de réduire, en quelque sorte, ou d'empêcher l'investissement
additionnel au niveau de la construction d'usines.
M. VILLENEUVE: Non, ça peut être une grosse économie
pour nous. Ce qui peut arriver, si l'énergie ne nous était pas
retournée, on pourrait être obligé de la produire par la
centrale thermique de Tracy, disons.
M. ROY: On pourrait, mais ça ne veut pas dire que ce serait
nécessairement ça.
M. VILLENEUVE: Si on leur dit, deux ans à l'avance, que nous ne
prévoyons pas avoir de surplus d'énergie, il est à peu
près sûr qu'effectivement, s'ils ne nous la retournaient pas, il
faudrait la produire de source thermique.
M. ROY: Mais ce n'est pas sûr. M. VILLENEUVE: Pour nous...
M. ROY: Mais ce n'est pas une chose qui est sûre.
M. VILLENEUVE: Deux ans à l'avance, on peut prévoir la
productivité de nos centrales mais les conditions hydrauliques varient
d'une année à l'autre. Le contrat prévoit qu'il est
toujours possible pour nous de modifier les quantités indiquées.
Disons qu'on leur annonce que, dans deux ans, on n'aura pas d'énergie et
qu'on s'aperçoit qu'on en a; on va leur en offrir et il est
virtuellement certain qu'ils vont être heureux de l'acheter au prix qu'on
leur demandera à ce moment-là, parce qu'ils sont toujours
acheteurs, ils sont toujours prêts à acheter tous nos surplus.
M. LESSARD: Cette énergie-là proviendra de la centrale de
Châteauguay, Beauharnois?
M. VILLENEUVE: De Beauharnois. Ce pourrait être autre chose au
cours des années parce que...
M. LESSARD: Est-ce que cela pourrait être plus tard, puisque le
contrat commence en 1977? Lorsque, par exemple, la baie James entrera en
opération, est-ce que cela pourra provenir de la baie James?
M. VILLENEUVE: Non, M. De Guise expliquait un peu plus tôt qu'on
ne peut pas, pour des raisons techniques, raccorder les deux réseaux
ensemble.
La capacité ou l'énergie de la baie James va alimenter les
charges du Québec et ce qu'on libère, c'est-à-dire la
puissance disponible de Beauharnois, est raccordé au réseau
américain.
M. LESSARD: Donc, si vous ne pouvez pas raccorder l'énergie
provenant de la baie James au réseau américain, est-ce que cela
veut dire que l'énergie de la baie James ne pourra pas être
exportée aux Etats-Unis?
M. VILLENEUVE: Le contrat que nous avons signé n'est pas
relié du tout à l'énergie de la baie James, il est
fondé sur la différence entre nos charges d'été et
nos charges d'hiver. Et dès qu'on a installé une capacité
pour fournir nos charges d'hiver, elle devient disponible en été
pour aider nos voisins. Alors cela n'a pas de relation avec la baie James ou
toute autre source qui alimente le réseau de l'Hydro-Québec.
M. MORIN: Mais pour ce qui est de la baie James, M. le Président,
il y a eu un certain nombre de déclarations sur l'exportation possible
de l'électricité qui sera produite, notamment par le vice-premier
ministre, M. Gérard-D. Levesque. Celui-ci, au cours d'une
conférence des gouverneurs de la Nouvelle-Angleterre, déclarait
qu'il serait possible probablement d'exporter de l'électricité.
Il semble que cette déclaration ait été contredite,
notamment par le pouvoir fédéral, qui lui parle plutôt d'un
pool canadien de l'énergie. Et, si je ne m'abuse, l'Hydro-Québec
a aussi fait une déclaration là-dessus. Quelle est votre position
actuellement sur l'exportation éventuelle de l'énergie de la baie
James?
M. MASSE: Est-ce que je peux apporter une précision, M. le
Président? Je pense que M. le vice-premier ministre n'a pas dit
qu'à partir de la production de l'électricité de la baie
James on pourrait exporter cette électricité en
Nouvelle-Angleterre. Il a parlé d'une décision d'aménager
les rivières du sud, je pense. Il avait conditionné sa
déclaration à la phase 2. Il a dit que l'on pourrait
peut-être examiner cette possibilité, point.
M. MORIN: Quelle est l'attitude de l'Hydro-Québec
là-dessus?
M. GIROUX: A l'Hydro-Québec, on n'a jamais prétendu qu'on
pourrait exporter. Je crois qu'on a établi très clairement que
nous aurions besoin de toute l'énergie produite à la baie James,
dans le programme de l'Hydro-Québec.
M. MORIN: Dans la déclaration, d'ailleurs, je pense qu'il
s'agissait d'énergie primaire et non pas de surplus.
M. GIROUX: Non, non, pour ce qui est des surplus naturellement, je pense
bien que c'est dans l'intérêt de tous les Québécois,
si on avait un surplus temporaire, qu'on obtienne le meilleur prix possible et
qu'on gagne le plus possible.
M. MORIN: Et d'organiser des échanges.
M. GIROUX: Oui, oui, mais seulement je pense que le vice-premier
ministre, M. Gérard-D. Levesque, parlait de la possibilité de la
phase 2. D'ailleurs, dernièrement, il me demandait si un jour on
prendrait une décision sur la phase 2. Je lui ai dit que c'était
encore prématuré.
M. MORIN: M. le Président, sur ce point, je n'ai plus de
questions. Peut-être convient-il, en raison de l'heure, d'ajourner
à demain matin.
M. ROY: Je seconde le chef de l'Opposition, étant donné
que la Chambre est convoquée pour dix heures demain matin.
M. SAINT-PIERRE: Est-ce que vous ne voulez pas profiter du fait que
l'Hydro-Québec est ici?
M. ROY: De toute façon on ne peut pas finir ce soir.
M. SAINT-PIERRE: On ne peut pas tout finir ce soir, mais on peut avancer
dans les discussions.
M. ROY: On n'a pas trois "shifts" nous autres, comme le Parti
libéral.
M. SAINT-PIERRE: Je vous demande pardon.
M. ROY: D'accord? Il vous en manque toujours 35 en Chambre, on sait que
vous fonctionnez avec trois "shifts".
M. LESSARD: M. le Président, je pense que demain nous
commençons à siéger avec le chiffre qui est prévu
par le leader du gouvernement. Il est quand même onze heures, nous avons
reçu une série de documents que nous devons consulter entre ce
soir et demain.
Alors il me paraîtrait normal, je pense, que nous puissions
ajourner puisque nous ne pourrons pas terminer avec l'Hydro-Québec. Je
ne crois pas que nous puissions terminer même si
nous siégeons jusqu'à minuit. Alors, je pense que ce
serait tout simplement logique que nous puissions ajourner à demain.
M. MASSE: II n'y a pas moyen de finir le premier point de l'ordre du
jour?
M. SAINT-PIERRE: Je ne vois pas d'objection. Est-ce que, d'habitude,
vous arrêtez à onze heures de travailler? On a encore les
gens...
M. MORIN: On nous a donné une pile de documents et nous aimerions
avoir le temps de les parcourir pour pouvoir interroger intelligemment nos
invités, demain. Si on nous avait remis ces documents il y a trois
jours, nous aurions eu le temps de les parcourir et nous ne serions pas
exposés à poser des questions oiseuses. Le ministre comprendra
facilement que, si les réponses à nos questions se trouvent dans
ces documents, nous ferions perdre leur temps de nos invités en leur
posant à nouveau les questions.
M. SAINT-PIERRE: Je pense que si vous posez les questions les gens de
l'Hydro-Québec peuvent facilement vous indiquer où se trouvent
les réponses. On peut avancer le débat. Il me semble qu'on a mis
tellement de temps à démarrer cet après-midi qu'on ne
devrait pas s'arrêter. Continuons. Il n'est pas question de terminer
aujourd'hui, mais cela nous donne une heure de temps pour poser des questions.
A tous les jours en Chambre, nous recevons des questions de l'Opposition. Vous
ne nous avertissez pas d'avance. On tente de répondre à vos
questions.
M. LESSARD: ...que le ministre ne vient pas trop souvent.
M. SAINT-PIERRE: Ah! Je vous demande pardon.
M. LESSARD: II faut dire que le ministre de l'Industrie et du
Commerce...
M. SAINT-PIERRE: ...les présences.
M. LESSARD: ...ne vient pas trop souvent.
M. SAINT-PIERRE: Trop d'investissements.
M. MORIN: A deux reprises, récemment, j'ai eu des questions
à vous poser et vous n'y étiez pas.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): On peut revenir sur la motion d'ajournement,
je crois,...
M. MORIN: Oui.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): ...et non pas sur les présences en
Chambre, si vous voulez bien avancer la discussion.
M. LESSARD: M. le Président, je fais motion pour que nous
ajournions à demain.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Est-ce qu'il y a d'autres membres de la
commission qui veulent parler? Alors, s'il y a une motion d'appelée, la
motion est la suivante: C'est que l'ajournement soit prononcé
jusqu'à demain.
M. ROY: Demain, étant donné que la Chambre commence demain
matin, à dix heures.
M. MORIN: M. le Président, je regrette d'insister. Mais si le
gouvernement avait fait en sorte que nous ayons tous les renseignements en
provenance de l'Hydro-Québec, il y a trois jours ou même il y a
deux jours, nous aurions pu les parcourir. Nous sommes aux prises avec
près de 1,000 pages de texte. Il nous faut au moins nous laisser la nuit
pour essayer de consulter les plus importants.
Je veux bien que nous procédions mais nous allons poser
nécessairement des questions qui trouvent leurs réponses dans les
documents, ce qui me paraît être une perte de temps. Je regrette
d'insister mais j'ai une impression en regardant toute la situation, la
façon dont les documents nous sont remis au dernier moment ; quelquefois
même il a fallu insister pour avoir les documents entre les mains au
moment où ces messieurs de l'Hydro-Québec commençaient
à parler. Quand je considère ça, plus le fait que vous
voulez pousser ce soir jusqu'à minuit, je me dis qu'il y a là une
tactique et je le déplore.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, la seule tactique du
gouvernement, c'est de faire travailler le plus rapidement possible l'ensemble
des commissions de l'Assemblée nationale. Nous avons beaucoup de besogne
à abattre. Je pense que les membres de l'Opposition seront les premiers,
à la mi-juillet, à nous reprocher de ne pas avoir eu le temps
nécessaire à la fois au projet de loi no 22 et à la
commission de l'Hydro-Québec.
M. MORIN: Non.
M. SAINT-PIERRE: Un instant, M. le Président. Je pense qu'il faut
se rappeler que, finalement, les gens de l'Hydro-Québec si on
recule plusieurs années en arrière, on pourra voir
l'évolution nous fournissent des documents simplement pour
faciliter l'expression d'une revue de l'année. Ce n'est pas un
interrogatoire d'un témoin qu'on fait. On ne tente pas de bâtir
une preuve. On tente, le plus logiquement possible, de revoir l'année en
cours de l'Hydro-Québec. C'est le sens de la loi. On fournit le plus de
détails possible et on tente progressivement de faire comprendre aux
membres de l'Opposition le travail qui a été accompli et quelles
sont les perspectives d'avenir. Il me semble qu'il reste encore une heure
aujourd'hui et qu'on peut faire cela.
M. LESSARD: D'abord, je dois répondre au ministre de l'Industrie
et du Commerce que ce que nous avons reproché, justement, au
gouvernement, c'est de commencer les sessions passablement en retard. Lorsque
nous commençons les sessions en retard, nous arrivons à un rythme
de travail qui est absolument inhumain. Comme le disait le député
de Beauce-Sud, c'est que nous autres, nous n'avons pas trois "shifts" comme
Opposition comme vous les avez, justement comme députés
libéraux.
M. SAINT-PIERRE: Vous avez un tiers de job et nous avons un job à
plein temps.
M. LESSARD: Je pourrais aussi poser la question suivante au ministre. Je
ne demande pas de réponse. Est-ce que le ministre a conscience que nous
jouons avec un projet de $12 milliards? Lorsque nous en avons discuté en
1972, nous avions tout prévu et ce projet était prévu au
montant de $5.8 milliards. Nous sommes rendus actuellement à $12
milliards, calculés sur un taux d'inflation de 7 p.c, ce qui veut dire
que ces chiffres ne sont encore que des estimations.
M. le Président, est-ce qu'on pourrait demander au ministre, au
moins, avant de s'engager strictement sur le projet de la baie James, que nous
ayons la possibilité, comme députés de l'Opposition, de
vérifier les documents qui ont été déposés
par M. Boyd et qui me paraissent fort importants? Ils sont d'autant plus
importants qu'il s'agit d'un projet d'une ampleur considérable.
Je pense, M. le Président, que, jusqu'ici, il a fallu se battre
pour obtenir des documents, pour obtenir des informations sur un projet aussi
important. Ce qu'on vous demande tout simplement ce qui me paraît
fort logique, puisque nous autres, c'est depuis dix heures ce matin qu'on
siège à des commissions c'est de nous permettre, entre 11
heures 10 ce soir et dix heures demain matin...
M. SAINT-PIERRE: Sept heures, ce matin. Sept heures!
M. LESSARD: ... de voir les documents qui ont été
déposés par M. Boyd. Je pense que c'est quand même fort
important.
M. MASSE: Est-ce que vous seriez prêt, justement, à passer
à ce projet de $12 milliards?
M. MORIN: Non, nous ne sommes pas prêts à passer au projet
de $12 milliards.
M. MASSE: Vous avez encore des questions sur les deux premières
parties?
M. MORIN: Nous n'en sommes pas encore au projet de $12 milliards. Nous
avons énormément de questions, dont certaines reçoivent
une réponse dans les documents qui nous ont été remis. M.
le Président, je regrette, de revenir à la charge. Ce n'est pas
l'Opposition qui a décidé de convoquer l'Hydro-Québec le 3
juillet, en fin de session, au milieu des vacances. Cela aurait pu être
fait au mois de mars ou avril ou encore au mois de mai.
M. PERREAULT: Le rapport n'était pas complété.
M. MORIN: Alors, cela aurait pu être fait en mai et, en ce qui
nous concerne, nous commençons à voir là-dedans une
tentative de nous empêcher de faire notre métier proprement.
M. SAINT-PIERRE: M. le Président, je trouve qu'il y a trop de
boulot à abattre pour perdre beaucoup de temps sur des questions de
procédure. On peut passer une heure sur la procédure et nous
allons perdre notre temps. Je pense que les députés de
l'Opposition trouvent que l'activité de 1'Hydro-Québec est fort
importante au Québec et je demande le vote sur la motion qui est sur la
table.
M. ROY: M. le Président, avant que la motion soit mise aux voix,
j'aimerais ajouter un commentaire. D'ailleurs, on se rappellera la position que
nous avons maintenue à l'Assemblée nationale lorsque M.
Gérard D. Levesque a présenté cette motion. Nous avons dit
que le gouvernement n'avait pas raison. Je pense qu'il n'y a pas un conseil
d'administration d'une entreprise le moindrement sérieuse qui
étudierait des projets de cette envergure avec la pression que semble
vouloir mettre le gouvernement. Je comprends qu'il a... Si vous n'appelez pas
cela de la pression, je me demande ce que c'est?
M. SAINT-PIERRE: Nous voulons vous donner une heure de plus.
M. ROY: Prenons le temps d'examiner les docuements qu'on nous a
donnés, de les étudier, de nous préparer et demain nous
reviendrons en commission parlementaire travailler dans des heures normales,
même si les heures normales ici, à l'Assemblée nationale,
ce n'est déjà pas normal dans les entreprises.
Je pense qu'il y a un point qu'il est important de mentionner ici, c'est
que le gouvernement lui-même ce n'est pas de moi a
considéré le projet de la baie James comme étant le projet
du siècle. On nous a parlé de $6 milliards, on est rendu à
$12 milliards; on nous a parlé d'une hausse du taux
d'électricité de 4 p.c, on est rendu à l0 p.c. on veut
encore mettre la pression pour tenter de faire en sorte que l'Opposition ne
soit pas en mesure de faire son travail. Peut-être que si on avait eu
moins de pression dans le passé, des choses auraient pu être
évitées.
Je pense que la motion devrait être acceptée
de façon qu'on ne prenne pas une heure pour la discuter pour
finalement l'accepter. Acceptons-la tout de suite et demain matin nous
reviendrons en commission parlementaire et nous pourrons continuer notre
travail d'une façon sérieuse, à tête reposée.
Si la nuit porte conseil, je pense que le gouvernement en a besoin.
M. KENNEDY: On devrait suivre la recommandation du chef de l'Opposition
de convoquer la commission au mois de mars parce que je remarque que la plupart
des documents sont datés de juin et juillet 1974. Cela aurait
été beaucoup moins long.
M. LESSARD: Si l'Hydro-Québec avait été
convoquée avant...
M. ROY: Ce qui prouve que certains ministériels ont besoin...
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Le vote a été demandé
sur la motion d'ajournement. Alors, M. Morin, pour ou contre?
M. MORIN: En faveur.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): M. Ciaccia?
M. CIACCIA: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): M. Houde (Abitibi-Est)?
M. HOUDE (Abitibi-Est): Contre.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): M. Giasson (L'Islet)?
M. GIASSON: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): M. Lessard (Saguenay)?
M. LESSARD: Pour.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): M. Massé?
M. MASSE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): M. Perreault?
M. PERREAULT: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): M. Saint-Pierre?
M. SAINT-PIERRE: Contre.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Alors, six contre, deux pour.
M. ROY: Un instant, M. le Président, je fais partie de la
commission et on ne m'a pas demandé mon opinion.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): J'ai, comme représentant du Parti
créditiste, M. Samson, et personne ne m'a demandé de faire des
changements à la commission.
M. ROY: Je m'excuse, vous me l'avez demandé au début, j'ai
dit que je prenais la place de M. Samson, lorsque nous étions dans
l'autre salle, avant d'arriver ici. Je n'ai pas cru nécessaire de
revenir sur la question. Alors, si ça n'a pas été fait, je
pense que c'est le temps de le faire.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): En tout cas, je fais le changement avec
plaisir.
M. LESSARD: Cela vait été demandé à l'autre
salle.
M. ROY: Cela avait été demandé à l'autre
salle.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Je l'ai demandé et je n'ai eu aucune
réponse. C'est pour ça que je n'ai pas considéré le
changement.
M. ROY: J'ai dit oui.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): Alors, disons que je le change pour le
moment. Alors, ça va faire trois contre six, de toute façon
c'est...
M. ROY: Bon, d'accord.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): ... pour. La commission continue
jusqu'à minuit. Est-ce qu'il y a encore des questions à poser aux
membres de l'Hydro-Québec?
M. LESSARD: II faut dire que nous avions quand même une entente ce
matin avec le ministre des Richesses naturelles qui nous permettait d'ajourner
à onze heures.
M. MASSE: M. le Président, je tiens à rectifier qu'il n'y
a jamais eu d'entente. On a dit au départ qu'on devait finir à
minuit et qu'on verrait, vers onze heures; il semble qu'on ait commencé
à discuter les prévisions de la demande et qu'on est toujours sur
cette question. Je ne vois pas pourquoi on serait à court de
questions.
M. LESSARD: Non, on n'est pas à court de questions du tout.
M. MORIN: M. le Président, le ministre fédéral de
l'Energie, M. Donald MacDonald, a annoncé récemment la
possibilité de construire deux usines d'uranium enrichi au Québec
avant 1980. Ces deux usines exigeraient chacune 2,000,000 à 2,500,000 kW
d'énergie. Est-ce qu'il y a eu consultation entre le ministère
fédéral et l'Hydro-Québec? Je pourrais poser
également la même question au ministre des Richesses naturelles.
Et comment ces projets
s'insèrent-ils dans la politique de l'Hydro-Qué-bec?
M. GIROUX: La première question, s'il y a eu une conversation
avec le ministre fédéral au sujet de l'uranium enrichi, moi je
n'en ai jamais eu, je ne sais pas si d'autres gens en ont eu. Au point de vue
de notre propre ministère, le ministère a demandé qu'on
regarde les possibilités d'établissement d'uranium enrichi dans
la province de Québec. M. le ministre a nommé une personne qui
est chargée de coordonner les différentes demandes qui nous sont
faites. Nous avons eu une demande de la firme Brinco qui a
déclaré publiquement qu'elle serait intéressée
à étudier les possibilités de créer une usine
d'uranium enrichi dans la province de Québec.
Nous avons eu la même demande d'un comité français,
dans lequel il y a des Canadiens comme participants, la possibilité de
créer un corsortium pour étudier l'établissement d'une
usine d'uranium enrichi dans la province de Québec. Tous les gens nous
ont demandé, ces deux unités, s'il nous était possible de
livrer l'énergie soit en 1979, soit en 1980. L'Hydro-Québec a dit
que nous ne croyions pas qu'il était possible de s'engager à
livrer de l'énergie dans ces chiffres demandés avant 1983.
Actuellement, il y a des démarches qui se font en Europe et ici sur ces
possibilités. Le tout représente un programme d'étude. Il
peut y avoir des études très préliminaires par exemple,
comme on peut en faire simplement pour voir la possibilité normale; il
peut y avoir des études plus poussées.
Les deux groupes concernés nous ont dit que ça prend au
moins de 18 à 24 mois pour faire des études. Actuellement, on
croit qu'il y a des gens qui sont prêts à faire des études,
mais on n'a pas eu la confirmation que ces gens feraient des études
avancées. Brinco a déclaré qu'ils avaient fait des
études préliminaires. Le groupe français a fait des
études parce qu'ils ont une usine, ils en ont construit une en France;
ils ont des études de base de faites. Il y a des annonces qui ont
été faites par le gouvernement fédéral. On a dit
dernièrement qu'ils avaient demandé aux autorités de
Washington la possibilité que le gouvernement canadien ait accès
à leurs procédés.
Je ne connais pas la réponse du gouvernement
fédéral à Washington, mais le gouvernement
fédéral à Washington avait déjà
déclaré qu'il serait favorable à ce qu'il y ait une usine
d'uranium en dehors du pays. Je crois qu'on avait certainement le choix ou bien
leur idée était vers le Canada. Actuellement c'est
extrêmement prématuré. Il y a plusieurs facteurs dans ces
choses-là. Il faudra absolument qu'avant que l'Hydro-Québec
regarde ces possibilités on regarde s'il y a des meilleurs usages
à faire avec 2,500 MW. Est-ce que des usines d'uranium enrichi pourront
fonctionner avec des coûts de tarif tels qu'il faudra peut-être
leur demander avec des constructions nouvelles?
Vous pouvez prendre une rivière qui a une possibilité
d'aménagement de 2,500 MW et dire: On va le faire pour cette chose et
ils paieront le prix que ça coûtera. Ce sont des
possibilités. Techniquement, je ne suis pas convaincu que les futurs
producteurs d'uranium enrichi seraient prêts à s'engager sur ces
bases-là. Vous avez des producteurs d'uranium enrichi qui actuellement
voudraient avoir de l'énergie à 5 mils ou à 6 mils ou des
prix comme ça; c'est impensable. A ces prix-là. C'est mon opinion
personnelle. On n'est pas allé plus loin que ce domaine-là.
On est prêt à coopérer avec tout groupe qui veut
étudier et notre centre de recherche et tout ça sont à la
disposition de tout groupe. Si on pouvait économiquement avoir une usine
d'uranium enrichi au Québec, on le ferait.
M. MORIN: Pour l'exportation d'uranium enrichi?
M. GIROUX: C'est le seul moyen dont on puisse se servir dans le
moment.
M. MORIN: Non, je le sais bien; je parle de projets d'avenir.
S'il s'agit d'uranium qui est exporté, puisque, si les
Français sont intéressés, c'est sans doute parce qu'ils
veulent utiliser l'uranium enrichi chez eux, dans leurs propres
réacteurs. Il s'agit donc, en fait, d'exportation d'énergie.
M. GIROUX: Actuellement, il n'y a pas de permis accordé à
des usines d'uranium enrichi par l'Energie atomique du Canada. Il y en a
simplement sur le procédé CANDU. Il y a peut-être de
l'avenir dans cette chose-là. Remarquez bien que ça peut se
développer; il y a des choses qui peuvent se développer. C'est
pourquoi on ne doit pas ignorer ces choses-là. Mais de là
à recommander au gouvernement de se lancer dans cette chose-là;
on veut y participer, mais on veut y regarder deux fois.
M. MORIN: Mais vous êtes bien d'accord que, si l'uranium enrichi
était exporté, ce serait, en fait, de l'exportation indirecte de
l'énergie électrique québécoise.
M. GIROUX: Absolument. Pour une partie, naturellement, parce qu'on n'est
pas consommateur, actuellement.
M. MORIN: Est-ce conciliable avec vos politiques à long terme
d'exporter directement ou indirectement de l'énergie de la sorte?
M. GIROUX: Ce n'est pas notre but. Notre but, n'est-ce pas, est de
fournir de l'énergie à la province de Québec et d'essayer
d'amener le maximum possible d'industries dans la province de Québec. A
ce moment-là, est-ce qu'il y a une différence entre une industrie
qui fabriquerait et qui exporterait d'autre chose que de l'ura-
nium? C'est au gouvernement de juger si c'est valable au point de vue
des installations manufacturières.
M. MORIN: C'est parce que d'autres processus manufacturiers font appel
à de la main-d'oeuvre plus abondante et créent du
développement économique sur place, tandis qu'une usine d'uranium
enrichi, ça crée très peu d'emplois.
M. SAINT-PIERRE: II ne faudrait pas oublier lorsqu'on poursuit je
pense que le Parti québécois est avec nous des objectifs
pour changer la structure industrielle du Québec, que la transformation
pour l'enrichissement de l'uranium est peut-être le procédé
où la valeur ajoutée par homme employé, la
productivité, les salaires, l'effet bénéfique sur la
balance des paiements sont, parmi les groupes manufacturiers, sûrement
les plus grands. En d'autres termes, on peut se poser la question: Est-ce qu'un
pays qui aurait, pour différentes raisons, une partie importante des
usines d'uranium enrichi qui ont été évaluées pour
l'an 2000 à autant que quinze ou seize usines d'uranium enrichi au
monde, un pays qui aurait un marché important là-dedans,
artificiellement, peut avoir le même avantage que les pays arabes peuvent
avoir dans le moment pour l'or noir? Cela ne doit pas nous faire oublier que
les études n'ont pas été complétées sur
cela. Fondamentalement, la question demeure: Comme on n'imprime pas d'argent et
comme on ne produit pas d'électricité du jour au lendemain,
est-ce que, finalement, ce n'est pas préférable de la
réserver à d'autres types d'usage? Je pense que la question, ce
n'est ni blanc ni noir. Elle demande un approfondissement.
M. LESSARD: M. le Président, je voudrais que ça me soit
confirmé bien clairement. Dans les prévisions que vous avez
soumises cet après-midi pour 1985, je pense, n'est pas comprise la
possibilité d'installation de deux usines d'uranium enrichi.
M. GIROUX: II n'y a même pas un projet. On dit ceci: Si, par
exemple, ça devenait intéressant pour le développement
économique, il y a plusieurs facteurs à analyser pour faire face
à la situation de l'an 2000. Vous dites qu'il n'y a pas beaucoup
d'emploi. Ces chiffres-là ne sont pas les nôtres, mais les
chiffres qui ont été publiés montrent ici que, durant la
construction, vous aurez plus de 9,000 emplois directs, dont 5,000 sur place.
Les emplois indirects peuvent aller jusqu'à 20,000 ou 25,000. C'est
très haut, mais ce ne sont pas nos chiffres.
A l'exploitation, c'est environ 1,400 et ça peut employer environ
2,000 personnes indirectement. Pour nous, si cette chose s'avérait
rentable pour l'avenir c'est une longue analyse, n'est-ce pas? il
faudrait développer d'autres sites ou d'autres moyens de production
d'énergie que ce que nous avons dans nos programmes.
M. LESSARD: Ce qui m'inquiète, M. Gi-roux, lorsque je vous pose
cette question, c'est que dernièrement le candidat libéral du
comté promettait à la région de Manicouagan l'installation
d'une usine d'uranium enrichie, un autre ballon qui vient de se
dégonfler.
M. MORIN: Est-ce que je pourrais poser une question semblable au sujet
des projets d'aluminerie? Il me semble qu'au crédit du ministère
de l'Industrie et du Commerce, j'ai eu l'occasion d'interroger le ministre sur
cette question, des projets d'aluminerie, sur la Basse Côte-Nord
notamment. Le ministre avait semblé indiquer qu'il n'était pas
intéressé, qu'il avait même peut-être refusé
un projet de ce genre. Est-ce que l'Hydro-Québec a été
saisie de la possibilité d'une aluminerie considérable sur la
Basse Côte-Nord qui ferait appel à une quantité
d'électricité également considérable?
M. SAINT-PIERRE: Rectification, M. le Président, je n'ai jamais
parlé... Le projet spécifique dont on a parlé n'avait pas
été identifié à une région. J'ai dit que
dans des projets importants d'investissement, de plus en plus, depuis trois ou
quatre ans, comme l'investissement manufacturier au Québec a connu des
hausses qu'on connaît très bien, nous pouvions de plus en plus
nous permettre d'être plus sélectifs pour le type
d'investissement, de nous assurer que l'investissement pouvait apporter
à long terme des bénéfices à l'économie
québécoise.
M. MORIN: II s'agissait bien d'une aluminerie.
M. SAINT-PIERRE: Que dans le cas d'une aluminerie, nous pouvions poser
des questions sur l'effet bénéfique d'entraînement, sur le
degré de transformation et autres considérations semblables.
M. GIROUX: M. le Président, nous avons été
sollicités à différentes périodes par des groupes
étrangers. Je n'ai pas eu connaissance d'avoir été
sollicité par des groupes canadiens au sujet d'une aluminerie.
Nous avons reçu ces gens, regardé leurs projets et nous
leur avons demandé d'avoir un contact avec le ministère de
l'Industrie et du Commerce. Le ministère de l'Industrie et du Commerce a
aussi reçu ces gens et a discuté avec eux. Il n'a jamais
été question d'établir des alumineries, de réserver
des montants ou de fixer des prix ou des choses de ce genre. Seulement, nous
avons souvent de ces demandes d'étrangers qui viennent ici, qui veulent
s'installer. On les a toujours envoyés, d'ailleurs, au ministère
de l'Industrie et du Commerce avec qui on est en contact continuellement au
sujet de toute industrie. Toutes nos banques d'informations sur ce qu'on
a, où sont nos surplus, etc. sont, d'ailleurs à la disposition de
ce ministère.
M. LESSARD: M. le Président, au mois de mars 1974, le ministre
des Richesses naturelles annonçait la création d'un comité
spécial sur l'énergie dont le mandat serait de conseiller le
ministre et le conseil des ministres sur les grandes orientations à
prendre en matière énergétique. Est-ce que je pourrais
demander à l'Hydro-Québec si elle a été
consultée et si elle est membre, comme Hydro-Québec, de ce
comité spécial?
M. GIROUX: Nous avons été invités à envoyer
un représentant qui est allé aux assemblées. Ce
comité a été formé. Il y a eu une demande assez
urgente, au moment de la crise, par le ministre des Richesses naturelles, de
changer un peu l'orientation de la publicité, parce qu'il y avait une
rareté d'énergie.
Alors, jusqu'à présent, ce sont les choses que je peux
rapporter. Maintenant, ces études, je ne suis pas plus familier que
ça avec les études mêmes sur l'énergie parce que la
partie électricité, le ministère a nos programmes en main,
enfin il a nos vues.
Mais l'huile, le gaz et les autres moyens possibles sont du domaine de
ce comité et non pas de l'Hydro-Québec comme telle.
M. LESSARD: Maintenant, est-ce que le ministre pourrait me donner des
informations?
M. MASSE: Le comité a fonctionné vraiment au ralenti
depuis deux ou trois mois parce que celui qui devait être responsable, au
comité exécutif, a eu un travail urgent à effectuer. Les
réunions intensives doivent reprendre au cours des prochaines
semaines.
M. LESSARD: Bon. M. le Président, j'aurais, en ce qui me
concerne, une dernière question, pour le moment en tout cas, à
poser au président de l'Hydro-Québec concernant son rapport.
Etant donné justement cette demande considérable ou ces
prévisions considérables de la demande en énergie
électrique, est-ce que je pourrais, malgré le fait qu'on en ait
quelque peu parlé tout à l'heure, demander à
l'Hydro-Québec quelle est sa politique maintenant en matière de
promotion de l'énergie électrique? Etant donné justement
qu'on faisait beaucoup de publicité dans le passé, est-ce
que...
M. GIROUX: Au point de vue de la publicité, naturellement, on a
essayé d'avoir une publicité rationnelle, une publicité
où on fait un meilleur usage de l'électricité. Cette
publicité a été continuée. Si on a...
M. LESSARD: Mais je veux dire pour amener les gens à consommer
plus d'électricité.
M. GIROUX: Non, cela a été abandonné. M. LESSARD:
Cela a été abandonné.
M. GIROUX: Cela a été abandonné. Naturellement, il
y avait des engagements de pris envers des gens auxquels on avait fait des
promesses, s'ils s'installaient tout à l'électricité, tous
ces domaines. Tous les engagements ont été respectés.
Mais, actuellement, on ne donne plus de montants ou on ne donne plus
d'aide aux gens directement, comme on le faisait autrefois dans les campagnes,
pour promouvoir la vente du tout électrique.
M. LESSARD: Et je pense aussi que la transformation exigeait des
coûts considérables et, de plus, l'installation électrique
pour chauffer les maisons demandait des normes très strictes, qui
étaient plus ou moins appliquées.
M. GIROUX: On le conseille encore, et dans notre publicité on
conseille encore aux gens de ne pas s'installer avec des systèmes
électriques à moins qu'ils aient le système Novelec,
qu'ils aient le système d'isolateurs, qu'ils soient absolument
protégés. Je crois que c'est dans l'intérêt du
public qu'on continue cette publicité et ces campagnes.
M. LESSARD: Dernièrement, en fait, depuis la crise
pétrolière, cette publicité positive qu'on faisait sur la
promotion électrique est devenue pratiquement une publicité
négative puisqu'on dit: Maintenant, pensez-y deux fois avant de
convertir votre système de chauffage à
l'électricité. Est-ce que c'est une modification à la
promotion?
M. GIROUX: Bien, c'est une modification dans l'approche. Naturellement,
lorsque l'on fait une campagne de publicité pour vendre les
systèmes, on le fait dans le sens d'une promotion de vente.
Actuellement, on fait une promotion, comme je vous le mentionnais
tantôt...
M. LESSARD: D'épargne.
M. GIROUX: Je crois qu'il est très important que les gens ne
construisent pas ou ne changent pas leur système à moins qu'ils
soient très très bien isolés et qu'ils n'aient pas de
problèmes à surmonter au point de vue de la construction de leur
maison.
M. LESSARD: Autrement dit, actuellement, étant donné le
défi pour l'Hydro-Québec dont vous parlez, vous parlez beaucoup
plus, maintenant, dans votre publicité, d'épargner
l'électricité que d'en dépenser.
M. GIROUX: Oui, d'en faire un meilleur usage, si vous voulez. Il y a
toujours un point assez dangereux, n'est-ce pas? Une certaine compagnie aurait
fait une grande campagne
pour sauver des choses. Cela s'est avéré le meilleur agent
de vente qu'elle n'ait jamais eu. Alors, il ne faut peut-être pas
pécher par cet excès non plus.
M. MASSE: Vous dites que certaines compagnies ont fait des campagnes de
publicité pour restreindre la consommation et qu'il y a eu plus de
consommation?
M. GIROUX: Elle a augmenté. Je ne sais pas si c'était
dû à la campagne mais cela a eu un effet. Vous savez, souvent on
laisse le voisin s'occuper d'épargner de l'énergie.
M. MORIN: M. le Président, j'aimerais maintenant revenir au
déficit que nous mentionnions tout à l'heure et le comparer avec
l'entrée en service des kW de la baie James, année après
année. Est-ce que vous pourriez, M. le président de l'Hydro, nous
donner un tableau précis de l'échéancier d'entrée
en service?
M. GIROUX: Je vais demander à M. Boyd, qui a
présenté le programme de la Société
d'énergie, de donner réponse à votre demande.
M. MASSE: M. le Président, si je comprends bien, les articles 1
et 2 seraient terminés et on passerait maintenant à
l'étude du projet La Grande.
M. MORIN: C'est-à-dire qu'il y a un joint, ici, entre la demande,
qui faisait l'objet de notre entretien avec nos invités, ce soir, et la
question que je viens de poser, qui a trait à la baie James. La
charnière, c'est tout simplement que la baie James est appelée
à répondre à la demande après 1980. Donc, nous
sommes à cheval sur les deux questions.
Mais je n'aurais pas d'objection, si c'est ce que le ministre allait
proposer, à ce que nous ajournions à demain matin!
M. MASSE: Je propose qu'on passe à l'article 3.
M. BOYD: M. le Président, il me fait plaisir de répondre.
Les premières unités vont être installées à
LG 2. En 1980, il y aura 1,926 MW; en 1981, 1,926 MW; en 1982, 1,284 MW
à LG 2, 348 MW à LG3 et 210 MW à LG 1.
M. MORIN: Je m'excuse, est-ce que ces chiffres se trouvent dans l'un des
rapports que vous nous avez remis?
M. BOYD: Je ne crois pas.
M. MORIN: Alors je vous demanderais d'aller plus lentement, pour que je
puisse les noter.
M. BOYD: Parfait. Alors, en 1980... M. MORIN: 1,926 MW.
M. BOYD: 1,926 MW.
M. MORIN: Cela, c'est LG 2?
M. BOYD: LG 2, oui.
M. MORIN: Oui.
M. BOYD: Si vous voulez plus de détails, ce sont six
unités. En 1981, à LG 2 encore, 1,926 MW.
M. MASSE: C'est la répétition de 80 ou si ça
s'accumule?
M. MORIN: Six unités de plus.
M. BOYD: Pour expliquer davantage, à LG 2 il y aura 16
unités. Donc je reprends: en 1980, six unités qui donnent 1,926
MW; en 1981, six unités qui donnent 1.926MW,...
M. MORIN: Oui, additionnelles.
M. BOYD: ...1982, à LG 2, quatre unités qui donnent 1,284
MW, plus deux unités à LG 1 qui donnent 210 MW, plus deux
unités à LG 3 qui donnent 348 MW. En 1983, six unités
à LG 1 qui donnent 630 MW; six unités, à LG 3, qui donnent
1,044 MW. En 1984, à LG 1, deux unités qui donnent 210 MW;
à LG 3, deux unités qui donnent 348 MW; à LG 4,...
M. MORIN: Vous allez un peu vite, M. Boyd.
M. LESSARD: Est-ce qu'on pourrait reprendre à 1983?
M. BOYD: En 1983, d'accord. En 1983, six unités à LG
1.
M. MORIN: C'est cela, 630 MW.
M. BOYD: Six unités à LG 3,1,044 MW. En 1984, deux
unités, 210 MW; deux unités à LG 3, 348 MW; six
unités à LG 4, 1,542 MW. En 1985, deux unités à LG
4, 514 MW, et c'est tout.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): M. De Guise a quelque chose à
ajouter, je crois.
M. DE GUISE: Au cas où vous voudriez faire la
réconciliation avec les chiffres, le déficit que j'ai
donné tout à l'heure, n'oubliez pas que...
M. MORIN: Oui, c'est la question que j'allais vous poser.
M. DE GUISE: ... les déficits sont cumulatifs. Par exemple, pour
savoir ce qu'il faut ajouter entre 1980 et 1981 par rapport à 1979,
1980, il faut faire la différence entre 2426 et 759. Les déficits
sont cumulatifs, alors si on ne
fait rien en 1979-80, si on n'installe pas le 759 qui manque,
l'année suivante le déficit est de 2428. Mais si on a
comblé le déficit de 759, on n'a qu'à ajouter la
différence entre les deux ou 1,667, l'année suivante, si vous me
suivez.
L'année suivante, si on n'a rien fait les deux premières
années, il nous manque 4,179 MW. Mais si vous avez pris soin du
déficit de l'année précédente de 2,426, il ne vous
reste à ajouter, dans l'année 1981-82, que la différence
entre 4179 et 2428.
M. MORIN: Oui.
M. SAINT-PIERRE: M. De guise, dans le cas des déficits que vous
avez donnés, est-ce que vous n'utilisez pas l'année hydraulique
qui va du 1er octobre au 1er octobre, par rapport, dans le cas de M. Boyd,
à l'année civile?
M. DE GUISE: Oui, il y a cette différence-là.
M. LESSARD: Pour que ce soit plus clair, est-ce qu'on pourrait avoir,
étant donné que les unités s'ajoutent, les déficits
ou les surplus d'année en année, une fois que ces unités
sont ajoutées? On n'a pas de machine à calculer ici à
côté, malheureusement.
M. BOYD: On peut donner ça ici, si vous voulez.
M. LESSARD: Si vous avez un tableau, on pourrait le déposer
aussi.
M. BOYD: Pas d'objection, il faudrait en faire des copies, je pense
qu'il n'y en a pas pour tout le monde.
M. LESSARD: En tout cas, pas ce soir mais donnez-nous le. On pourrait au
moins, si c'est possible, en faire des copies avant minuit ce soir pour qu'on
puisse en prendre connaissance entre minuit et dix heures du matin.
M. BOYD: Alors, est-ce que vous voulez que je les cite?
LE PRESIDENT (M. Lafrance): On m'informe que d'ici dix minutes on
pourrait avoir les copies, si vous voulez nous prêter la vôtre, M.
Boyd, s'il vous plaît.
M. LESSARD: En attendant d'obtenir des copies, quitte à revenir
sur ce sujet, dans votre rapport, M. Boyd, vous parlez aux pages 8, 9 et 10 des
événements de mars. Il y a eu différentes estimations
concernant les retards que ça pourrait causer, suite à ces
événements, dans l'aménagement de la baie James. On a
même parlé de possibilité de retard d'un an. Est-ce qu'on
pourrait savoir quelles sont les estimations? D'abord, est-ce qu'on pourrait
savoir s'il est exact que ce retard peut aller jusqu'à un an? Est-ce
qu'on peut savoir quelles sont les estima- tions que vous avez faites qui
pourraient être apportées par ces retards? Est-ce que c'est
calculé dans le coût que vous nous avez donné aujourd'hui,
soit $11.9 milliards?
M. BOYD: Premièrement, il y a un chiffre qui a été
mentionné déjà, environ $1,500,000, qui était pour
les dommages directs, le feu, le saccage, etc.
M. LESSARD: $1,500,000?
M. BOYD: Environ $1,500,000, oui, pour les dommages directs. Ensuite,
les dommages indirects, par exemple, on avait un certain nombre d'entrepreneurs
qui étaient à l'ouvrage là-bas et qui avaient de
l'équipement, des matériaux, du personnel de cadre qui
était en place et qui a été obligé d'arrêter
pendant 51 jours. Donc, il y a aussi le décalage dans le temps pour
leurs contrats. Vous voyez tout de suite que tout ce monde nous a écrit
pour faire des réclamations pour l'arrêt de travail de 51 jours
qui n'était pas leur fait; c'était le fait d'autres.
Donc, il y a ces réclamations. En plus de ça...
M. LESSARD: Vous ne pouvez pas estimer pour le moment?
M. BOYD: C'est ça. Je ne voudrais pas... je vous explique
ça pour essayer de justifier ma réponse à la fin.
M. LESSARD: Je vous vois venir.
M. BOYD: Vous savez qu'une réclamation, on en a peut-être
six, sept ou huit à venir. On ne les a pas discutées, on ne les a
pas réglées encore. Si je donne un chiffre, j'ai
éventé la mèche. Il y a l'autre facteur qui est le retard
possible. C'était dans nos plans de détourner la rivière
dans les deux tunnels de dérivation, en novembre ou décembre
cette année. A cause de ces troubles, c'est impossible de le faire.
Seulement, dans notre malheur, on a été fortuné d'une
certaine façon. L'entrepreneur qui avait des contrats pour les tunnels
de dérivation, c'est Spino et l'entrepreneur qui a soumissionné
le plus bas pour le barrage principal c'est la phase suivante; on
dérive, puis on fait le barrage c'est un corsortium qui a
été formé de Impregilio-Spino. Donc, c'est plus facile de
négocier quand c'est en partie une continuation de la même
entreprise. Heureusement, également, l'entrepreneur qui a
soumissionné est un des plus considérables.
En résumé, il va être possible, à compter du
mois d'avril 1975, de dériver la rivière en faisant des travaux
supplémentaires, des corrections et un changement de programme qui va
nous permettre de rattraper le programme prévu. On va pouvoir rattraper
le retard grâce à des changements de programme; au lieu de
dériver en décembre, on va dériver avant ou après
le
mois d'avril, dépendant des crues qu'on aura le printemps
prochain.
Ce n'est pas encore défini; ce sont les crues qui vont nous le
dire. On dit après avril. Le programme de construction a
été modifié pour que le barrage soit terminé
à temps pour produire de l'énergie en 1980. Peut-être qu'on
ne les aura pas au début de 1980, peut-être qu'on les aura
plutôt vers la fin de 1980. Ce n'est pas encore définitif. Les
besoins urgents du réseau sont pour l'automne 1980.
M. LESSARD: Donc, si vous ne les avez pas au début de 1980, mais
à la fin de 1980, ça veut dire que ça pourrait aller
jusqu'à un retard d'un an?
M. BOYD: Non, ce n'est pas un retard d'un an. Vous savez comme moi que
la charge est à son minimum l'été et qu'elle augmente pour
atteindre sa pointe en décembre. Les déficits qu'on vous montre,
ce sont les déficits de décembre 1980; ce sont ceux qu'il faut
aller rencontrer. Donc, on veut avoir les unités prêtes en
septembre ou octobre pour être sûr qu'elles fonctionnent pour
décembre. Je veux dire qu'on peut respecter le programme tel que
prévu. Mais, là aussi, il y a des coûts additionnels pour
avoir changé le programme. On n'a pas finalisé tous ces
coûts, mais, si vous insistez beaucoup, on peut vous donner un ordre de
grandeur...
M. LESSARD: Un ordre de grandeur.
M. BOYD: ... qui sera global. Ne me demandez pas de détails, si
c'est pour les entrepreneurs, si c'est pour ceci ou si c'est pour
ça.
M. LESSARD: Non, non. Je comprends votre décision. Il est certain
que si vous me donnez un chiffre concernant les entrepreneurs et qu'il est
assez élevé, les demandes des entrepreneurs vont
s'équilibrer en conséquence. Je trouve cela tout à fait
normal, M. le Président. Ce que je demande, c'est justement un ordre de
grandeur.
M. BOYD: Ce pourrait être de l'ordre de $25 millions.
M. LESSARD: $25 millions, bon.
M. SAINT-PIERRE: C'est une décision importante qu'un homme a
prise cette journée-là.
M. LESSARD: Oui, bien d'accord. C'est un ex-organisateur libéral,
d'ailleurs.
M. ROY: Ce n'est pas toujours rassurant. M. MASSE: II a fait faire des
recherches. M. LESSARD: Maintenant... UNE VOIX: ... dans quel comté,
à part ça?
M. LESSARD: Dans quel comté? Est-ce que vous voulez qu'on
précise? Il y a même eu arrestation pendant la journée des
élections.
M. SAINT-PIERRE: Ce qu'il est important de tirer de cela, avec le
chiffre de $25 millions qui porte à réfléchir
c'était évoqué dans le discours de M. Boyd c'est
jusqu'à quel point, dans nos sociétés, on peut se
permettre, avec une collectivité de six millions qui est entrée
dans un projet considérable qui, sur le plan économique, c'est
pas indifférent, jusqu'à tel point dis-je, on peut être
à la merci d'un individu quel qu'il soit dans nos sociétés
pour, un bon matin, décider, en 1974, que cela a coûté...
en gros, on dit que ça peut aller à $20 millions, $25 millions,
$30 millions.
Je pense que ce qu'il est peut-être important de se rappeler
et peut-être que cela pourrait orienter l'action du gouvernement
c'est que si la même action avait été faite vers la
fin des travaux, alors qu'on a un investissement dans le sol de $11 milliards
et qu'on provoque une action, quelle qu'elle soit, qui reporte les travaux et
qui nous fait manquer la période de décembre, là, l'action
d'un individu si on s'expose aux mêmes choses ce n'est plus
$20 millions mais c'est $1 milliard qu'elle coûte. $1 milliard, c'est
substantiel.
M. LESSARD: Je suis parfaitement d'accord avec le ministre. Je suis
d'autant plus d'accord que le 29 octobre dernier la démocratie
était aussi à sa merci. Dans votre rapport, à la page 10,
vous parlez d'une modification du recrutement de votre main-d'oeuvre. D'abord,
je voudrais vous demander si, jusqu'ici, vous avez eu des problèmes de
rareté de la main-d'oeuvre dans cette région. Rareté de la
main-d'oeuvre non seulement au niveau du journalier mais au niveau des
techniciens.
M. BOYD: J'aimerais qualifier ma réponse. Ce n'est pas tellement
une rareré qu'une lenteur à les avoir.
M. LESSARD: Qu'une?
M. BOYD: Lenteur à les avoir.
M. LESSARD: Eh, monsieur, je pourrais donc vous en faire parvenir de mon
comté, si je pouvais.
M. ROY: Quelles sont les causes? On parle de lenteur. J'aimerais bien
qu'on nous indique quelles sont les causes de cette lenteur.
M. BOYD: Comme vous le savez, on a établi le système
d'embauchage dont on parle ici et on insiste pour que ça fonctionne
ainsi pour la meilleure protection de tous ceux qui y vont. Le système
est assez bon. Il y a un certain rodage à y faire, et c'est pour cela
qu'on a un peu de lenteur. On espère que ça va se corriger.
M. LESSARD: Là, vous modifiez votre embauche. Vous parlez, pas
tellement de rareté, mais de lenteur. Vous aviez, à ma
connaissance, un bureau de placement, je pense, pour la baie James. Je me
demande s'il a bien fonctionné, en tout cas, ce n'est pas... Mais
à ce moment-là, vous aviez trois possibilités comme bureau
de placement. Vous aviez les centres de main-d'oeuvre du Québec, vous
aviez les bureaux syndicaux, particulièrement, soit de la CSN soit de la
FTQ. Quand vous parlez de lenteur, est-ce que le fait que ces trois bureaux
n'étaient pas coordonnés expliquerait en partie la lenteur
d'obtenir de la main-d'oeuvre qualifiée? Vous comprenez, M. Boyd, que si
vous subissez une rareté de la main-d'oeuvre d'ici, par exemple, la fin
des travaux, ça peut aussi avoir une conséquence sur
l'échéancier des travaux.
M. BOYD: Je suis d'accord avec vous, mais ce qui m'inquiète
beaucoup plus, ce sont les grèves qui sont possibles à tout
moment, beaucoup plus que la lenteur. Je vous ai dit que le nouveau
système qu'on avait établi entrafnait une certaine lenteur qu'on
espérait roder. J'ai confiance que cela va se roder. Ce qui
m'inquiète, ce sont les grèves.
M. ROY: Là vous parlez de grève, tout à l'heure,
vous avez parlé de lenteur puis il a semblé, du moins c'est ce
que j'ai cru déceler, qu'il y avait un problème réel au
niveau de l'embauche. Maintenant, il y a évidemment des travailleurs qui
sont engagés comme manoeuvres, 0 y a aussi des travailleurs avec des
cartes de formation professionnelle, des gens qualifiés. Est-ce que vous
éprouvez les mêmes difficultés lorsqu'il s'agit d'embaucher
des manoeuvres que lorsque vous embauchez par exemple la main-d'oeuvre
qualifiée? Est-ce que vous avez à faire face aux mêmes
problèmes?
M. BOYD: C'est à peu près la même chose.
M. ROY: Maintenant, vous avez dit qu'il y avait des choses qui
étaient en train d'être corrigées, mais j'aimerais bien
savoir quelles sont les causes que vous avez décelées des
lenteurs qu'il y a au niveau de l'embauche? Si je pose cette question, c'est
parce que c'est bien important que la question soit posée. D'abord, si
le fait d'avoir énormément de retard dans l'embauche ça
peut retarder l'échéancier des travaux, comme vient de le dire le
député de Saguenay, il y a aussi des gens qui demandent des
informations, des gens qui sont intéressés à travailler
dans le territoire de la baie James puis il semble qu'il y a des
difficultés de se faire embaucher de ce côté-là.
M. BOYD: Vous savez sans doute aussi bien que moi que les syndicats
aiment à utiliser leurs centres d'embauche beaucoup plus que les centres
d'embauche du gouvernement. Nous, nous insistons pour que l'embauchage se fasse
par le centre d'embauchage de la province.
Donc, cela amène un certain tiraillement. C'est d'ailleurs un
point qui a été discuté à plusieurs reprises, soit
ici à la commission parlementaire ou soit en Chambre, d'après les
débats qu'on voit. Toujours, les instructions que la
société avait, c'était de procéder par les centres
d'embauchage de main-d'oeuvre de la province de Québec. C'était
notre accord, notre désir aussi. C'est toujours ce que l'on a voulu.
Mais ce n'est un secret pour personne que les syndicats
préfèrent leurs centres d'embauchage à eux.
M. ROY: Est-ce que vous pourriez nous donner des chiffres, par exemple,
quant au pourcentage de la main-d'oeuvre qui a pu être embauchée
par les centres de main-d'oeuvre des syndicats ainsi que par les centres de
main-d'oeuvre du Québec?
M. BOYD: Avant les événements, je ne crois pas qu'on
puisse donner de chiffres, je n'en ai pas. Depuis les changements, à peu
près tous les gens qui y montent sont engagés par notre centre
d'embauchage, qui lui travaille avec le Centre de main-d'oeuvre du
Québec.
M. LESSARD: Vous avez votre propre centre de recrutement à la
baie James. Il est situé à Montréal?
M. BOYD: Oui.
M. LESSARD: Situé à Montréal. Quelle adresse
à Montréal?
M. BOYD: Sur la rue Crémazie. Attendez une minute.
M. LESSARD: Rue Crémazie? C'est une question pratique que je
pose.
M. BOYD: 225 rue Crémazie est.
M. LESSARD: 225 rue Crémazie est. Bon.
M. BOYD: Voici comment ça fonctionne,...
M. LESSARD: C'est ça.
M. BOYD: ... si vous permettez.
M.LESSARD: C'est ça.
M. BOYD: Evidemment, la majorité des travaux sont confiés
à des entrepreneurs. Les entrepreneurs doivent indiquer au Centre
d'embauchage de l'Association des employeurs leurs besoins. Ils avisent s'ils
ont besoin de menuisiers, de plombiers, d'électriciens, ils mentionnent
les dates, etc. L'Association des employeurs ou son centre de recrutement
transmet ses demandes au Centre de main-d'oeuvre du Québec et indique
les besoins, les qualifications et les dates où les personnes sont
requises.
Le Centre de main-d'oeuvre de Québec, vous le savez a
également des bureaux à travers la province et ils font le
recrutement pour nous, à travers la province. Les candidats sont
dirigés vers le Centre de recrutement de l'Association des employeurs de
la baie James, et les candidats sont envoyés à l'entrepreneur
lui-même, qui a le dernier choix c'est normal, je pense de
l'employé.
M. LESSARD: Mais vous dites, dans votre rapport on va terminer en
ce qui me concerne, la main-d'oeuvree que le Centre de recrutement baie
James effectue son recrutement auprès des centres de main-d'oeuvre du
Québec c'est ce que vous venez de me dire et autres
services appropriés du personnel. Pourriez-vous préciser "autres
services appropriés du personnel"?
M. BOYD: Vous avez différentes possibilités qui s'offrent.
D'ailleurs, le décret de la construction le prévoit. C'est le
Centre de la main-d'oeuvre du Québec, ou si le Centre de la
main-d'oeuvre du Québec ne peut pas fournir, on peut avoir recours aux
centres d'embauchage des syndicats ou on peut laisser à l'entrepreneur
le soin de recruter certains de ses employés lui-même. Mais la
préséance est donnée au Centre de main-d'oeuvre du
Québec. Vous avez compris ma réponse?
M. LESSARD: Oui. Alors, il reste que nous sommes rendus avec quatre
bureaux de placement: Centre de recrutement baie James, Centre de la
main-d'oeuvre du Québec, les bureaux syndicaux, quatre ou cinq. En tout
cas, M. le Président, quant à moi... Il est minuit.
LE PRESIDENT (M. Lafrance): La commission ajourne ses travaux à
demain matin, après la période des questions, soit environ vers
onze heures.
(Fin de la séance à 23 h 56)