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Commission permanente
des richesses naturelles
et des terres et forêts
Etude des crédits du ministère des
Terres et Forêts
Séanne du mercredi 7 mai 1975
(Dix heures)
M. Lafrance (président de la commission permanente des
richesses naturelles et des terres et forêts): A l'ordre,
messieurs!
Nous reprenons l'étude des crédits du ministère des
Terres et Forêts. On m'informe que l'honorable ministre a un
dépôt de document à faire.
Droits de coupe
M. Drummond: M. le Président, j'ai ici un document sur le
paiement différé de droits de coupe pour les concessionnaires
forestiers. On peut le déposer tel que demandé par le
député de Beauce-Sud.
M. Roy: Je remercie beaucoup le ministre. Est-ce que le
deuxième document est prêt?
Réserve des trois chaînes
M. Drummond: Est-ce que le député de Beauce-Sud
parle de ses questions sur la réserve des trois chaînes. Je pense
que je vais répondre verbalement en ce qui concerne cette question. M.
le Président, comme je l'avais souligné à maintes
reprises, toujours, dans mon esprit, la question des trois chaînes
méritait d'être étudiée dans le cadre de
l'élaboration d'une politique foncière concernant les terres
publiques. A cet effet, il y a eu un comité interne composé de M.
Jean-Noël Poulin, directeur général du domaine territorial,
M. Noël Lizotte, directeur du service de la concession des terres.
M. Roy: Un instant.
M. Drummond: Jean-Noël Poulin, il est sous-ministre adjoint
et directeur général du domaine territorial. M. Noël
Lizotte, directeur des services de la concession des terres; M. Pierre
Lefebvre, directeur du service de l'aménagement des terres et M. Raymond
Moisan, responsable du service de l'intégrité du territoire. Ce
groupe a étudié la situation et a examiné les
différentes options que le ministère des Terres et Forêts
pouvait adopter dans ce domaine. On m'informe que ce comité s'est
réuni ici à Québec environ dix fois et ses recommandations
ont été discutées au niveau de la direction du
ministère, au niveau des sous-ministres et du ministre. Dans mon esprit,
j'aurais voulu un rapport final sur cette question avant la fin de
l'année, malheureusement c'était impossible d'arriver à un
rapport final. Alors, on a discuté les grandes lignes qui semblaient se
développer en ce qui concerne l'administration des terres publiques.
A la suite de ces discussions, on a préparé un
mémoire en ce qui concerne la question de la réserve des trois
chaînes, qui a été envoyé au conseil des ministres
et qui a été discuté il y a trois semaines ou un mois, je
pense...
M. Roy: Trois semaines?
M. Drummond: Trois semaines ou un mois, il faudrait
vérifier la date. La conséquence de cela a été
l'établissement d'un comité interministériel pour discuter
des implications des mémoires préparés par le
ministère des Terres et Forêts. A cet effet, ce comité doit
se réunir d'ici une dizaine de jours. On veut laisser au
ministère le temps d'étudier le document et, ensuite, je
convoquerai la réunion.
M. Roy: Si on me le permet, M. le Président, le ministre
pourrait-il me dire si cette question va être tranchée avant
je reviens avec une question que j'ai posée en Chambre, mais,
à la suite de ce que vous venez de nous dire ce matin, il y a
passablement d'éléments nouveaux l'adoption de la loi
concernant le crédit forestier? Si je pose cette question, c'est parce
qu'on sait que les institutions prêteuses, en l'occurrence le
crédit agricole comme le crédit forestier, réclament des
titres clairs et nets de façon que les servitudes soient bien
établies dans les actes pour savoir, effectivement, quels sont les
terrains et quels sont les droits advenant le cas où on serait
obligé de reprendre le terrain en guise de paiement, advenant le cas de
l'utilisation des clauses de dation en paiement qu'il y a sur tout acte
hypothécaire.
Je sais qu'au niveau du crédit agricole comme au niveau de
certaines institutions qui, jusqu'à maintenant, ont fait des prêts
concernant l'établissement des cultivateurs, même des fils de
cultivateurs et même des personnes qui se sont construites des
résidences sur la ferme familiale, mais près d'un petit cours
d'eau, cela pose de fichus problèmes jusqu'à ce jour. J'aimerais
bien savoir de l'honorable ministre, ce matin, si on pourra connaître
l'orientation du gouvernement, les décisions gouvernementales à
ce sujet.
M. Drummond: Le seul problème est que cela créerait
peut-être un délai en ce qui concerne l'acceptation de bills sur
le crédit forestier et, comme l'a souligné hier le
député de Beauce-Sud, cela va prendre un certain temps,
même après l'adoption de la loi sur le crédit forestier,
pour faire marcher un système. Je ne veux pas retarder l'adoption de la
loi sur le crédit forestier pour régler nécessairement la
question de la réserve des trois chaînes.
Je suis bien conscient que c'est une question assez délicate, la
réserve des trois chaînes. Après l'étude, par les
autres ministères impliqués, ce sera discuté au niveau du
conseil des ministres, au caucus. Il faudra en arriver à une
décision où le gouvernement veut présenter son
orientation
comme définitive ou, peut-être le choix serait d'avoir des
audiences publiques sur le sujet.
Je ne veux pas dire à ce moment-ci quelle sera la démarche
là-dedans et je ne veux pas une décision précipitée
à ce sujet. Mon impression sur le "timing", je veux passer
l'étude des crédits forestiers et être certain en ce qui
concerne l'approche concernant la réserve des trois chaînes.
M. Roy: Je veux être d'accord avec le ministre
là-dessus, il ne faudrait pas retarder l'adoption de la loi du
crédit forestier. Mais, si j'ai posé ma question, c'était
pour tâcher qu'on avance le plus rapidement possible les travaux et les
études qui se font au niveau de ce fameux problème qu'on appelle
la loi des trois chaînes.
Je suis très heureux, ce matin, d'apprendre que le gouvernement a
bougé. Il y a quelque chose qui se fait actuellement, de façon
très positive. Le conseil des ministres a été saisi de la
question et je suis d'autant plus heureux, que le ministre nous parle
d'audiences publiques pour étudier cette question.
Je pense qu'il y a une possibilité...
M. Drummond: Comme possibilité, ce serait une
décision qui serait prise en temps et lieu, après en avoir
discuté à fond.
M. Roy: Je voulais justement faire la suggestion au ministre de
convoquer une commission parlementaire spéciale pour étudier
cette question. On sait que le département de recherche de
l'université Laval, des professeurs de droit ont fait des études
là-dessus, je pense à M. Giroux et à M. Kenniff ; il y a
aussi la Chambre des notaires, dont le notaire Cossette si ma
mémoire est bonne avait publié un mémoire et avait
écrit une série d'articles dans les journaux à ce
sujet-là.
Je pense que la Chambre des notaires est très
intéressée sur ce plan. Le ministre avait eu des communications
l'an dernier avec M. Henri-Paul Gagnon du Saguenay-Lac Saint-Jean, qui est le
président de la Fédération des producteurs de bois du
Québec...
M. Drummond: Je pense que c'était l'UPA en soi qui...
M. Roy: L'UPA, mais M. Gagnon est le président de la
Fédération des producteurs de bois.
M. Drummond: II était là, mais je pense que
c'était M. Couture, si ma mémoire me sert bien, lorsque cela a
été décidé.
M. Roy: M. Couture de l'UPA, c'est cela.
M. Drummond: Alors, c'était l'UPA qui avait
présenté son point de vue. A part cela, j'ai eu une autre
réunion. La Chambre de commerce avait aussi des suggestions
là-dessus. Evidemment, ce n'est pas toute la gamme des opinions en ce
qui concerne la réserve.
M. Roy: Au niveau de cette fameuse réserve des trois
chaînes, si on me le permet, M. le Président, j'aurais deux
questions à poser au ministre, si mon collègue de Saguenay n'y a
pas d'objection, j'en ferais une question et je n'aurais pas besoin de revenir,
suite aux informations que nous a données, ce matin, le ministre, durant
l'étude des crédits.
Le ministre nous a déclaré, l'an dernier, qu'il
suspendait, dans une certaine mesure, l'application de la Loi des trois
chaînes. Le ministre pourrait-il nous dire si son ministère a
donné des droits de passage, des droits de coupe de bois sur des
terrains, propriétés privées, mais que le ministère
aurait agi dans ce sens, à l'intérieur de la limite des trois
chaînes? Le ministre est-il au courant, d'abord, que cela s'est fait?
M. Drummond: Aux propriétaires présumés?
M. Roy: Non, le permis de coupe de bois a été
donné à un club sportif.
M. Drummond: Peut-être que M. Daigneault pourrait en parler
plus longuement, mais je pense, en ce qui concerne le droit de coupe, non, mais
il peut arriver qu'il y ait eu un droit de passage donné. Mais, en tout
cas, je pense que le député ■de Beauce-Sud avait
souligné certaines questions concernant ces affaires et j'avais
demandé qu'on nous informe de ce qui pourrait peut-être arriver et
on en ferait l'étude. Peut-être que ce serait une bonne
idée. On peut le faire à la prochaine séance, même
si ce qu'on avait écrit, on l'a déposé, soit
l'arrêté en conseil, ce qu'on a envoyé aux régions
en ce qui concerne l'application sur la réserve des trois chaînes.
Peut-être que cela peut aider en démontrant comment on a assoupli
l'application de la loi.
M. Roy: Je suis bien d'accord. On reprendra, parce qu'on est en
train de s'engager dans un débat qui risque de se prolonger. On pourra
reprendre, à l'occasion d'une prochaine séance, à partir
du moment où le ministre nous fournira les documents et les informations
qu'on lui demande ce matin.
M. Lessard: Suite...
M. Roy: Je m'excuse, mais il y a des personnes... Je veux aussi
le dire à l'attention du ministre, pour tâcher de donner une
orientation à ceux qui auront des recherches à faire, que ce
seraient des cas qui se sont produits sur la rivière Métis, dans
la région de Rimouski. Il y a des personnes qui étaient
propriétaires de terrains qui, à un moment donné, se sont
rendues sur leur propriété pour réaliser qu'un chemin
avait été construit. On avait coupé du bois. Elles ont
communiqué avec le ministère des Terres et Forêts.
Evidemment, on avait donné des permis à ces gens.
En tout cas, j'aurai le dossier au complet à une prochaine
séance, mais ce que je veux dire, c'est ceci: II s'agit peut-être
d'un cas d'exception.
M. Drummond: Non, ce dont je veux m'assurer quand même,
c'est que les officiers du ministère sont au courant de cas
précis pour avoir la documentation de notre part.
M. Roy: Bon.
M. Lessard: Pour faire suite, M. le Président...
Le Président (M. Lafrance): Le député de
Saguenay.
M. Lessard: ... ce que j'aimerais aussi comme information
à obtenir, ce serait: Est-ce que le gouvernement du Québec a
vendu, depuis que le ministre nous a annoncé la suspension de
l'application de la réserve des trois-chaînes? Est-ce que le
ministère des Terres et Forêts aurait vendu la réserve
à quelque particulier?
M. Drummond: Je vais vérifier. Lorsqu'on a assoupli le
règlement là-dessus, on n'a pas défendu. Si quelqu'un
arrivait pour acheter la réserve, on disait: Oui. Ce qu'on a fait, c'est
de ne pas forcer à acheter.
M. Lessard: D'accord, j'aimerais...
M. Drummond: Chaque transaction aurait été faite
sur la base d'une demande de l'individu ou...
M. Lessard: Si c'est le cas, j'aimerais savoir combien
d'acheteurs se sont...
M. Drummond: On peut obtenir cette liste.
M. Lessard: Le ministre comprendra que, si certains acheteurs ont
négocié et ont acheté, et selon le règlement qui
pourra être concrétisé par le ministère, cela peut
modifier passablement à un moment donné les...
M. Drummond: Tout à fait d'accord.
M. Roy: J'aimerais savoir aussi du ministre... Cela fait suite un
peu à la question du député de Saguenay, parce que j'ai
une question d'inscrite au feuilleton de la Chambre depuis l'été
dernier, qui a été inscrite à nouveau lorsque la nouvelle
session a repris. J'ai demandé des détails concernant le nombre
de personnes qui avaient acheté la réserve des trois
chaînes, j'ai demandé le nombre, les montants d'argent qui avaient
été perçus par le gouvernement. J'ai demandé toute
une série de détails. Je n'ai pas la question devant moi, mais
j'aimerais demander au ministre si nous sommes à la veille d'avoir une
réponse?
M. Drummond: Je pense bien, M. le Président.
M. Roy: Parce que j'aurais aimé l'avoir pour
l'étude des crédits. J'aurais bien aimé l'avoir. Comme
c'est mercredi aujourd'hui, c'est la journée où, par excellence,
le leader du gouvernement nous fait part de ses réponses.
M. Drummond: Ce pourrait être la semaine prochaine, mais je
pense que le travail est...
M. Roy: Bon. Est-ce que le ministre peut nous dire qu'un effort
particulier sera fait pour qu'au plus tard, la semaine prochaine, nous
puissions l'avoir?
M. Drummond: Au plus tard, quoi?
M. Roy: Au plus tard, la semaine prochaine, nous puissions
Lavoir.
M. Drummond: Je pense bien, M. le Président.
M. Roy: Je vois qu'on prend des notes. Cela me rassure.
M. Drummond: Peut-être si...
M. Lessard: ...concernant le document.
M. Drummond: Oui, d'accord! Quel document?
Droits de coupe (suite)
M. Lessard: Le document que vous venez de déposer, au
sujet des paiements des droits de coupe différés pour les
concessionnaires forestiers. J'aurais quelques questions qu'on pourrait poser
immédiatement et cela réglera le problème.
D'abord, on n'a pas l'intention de renouveler cette entente cette
année.
M. Drummond: Ce n'était pas en vigueur l'année
dernière.
M. Lessard: Pardon?
M. Drummond: C'était une entente de deux ans. Cela a
été respecté intégralement.
M. Lessard: En 1971 et renouvelé...
M. Drummond: Non, ce n'est pas renouvelé pour une
troisième ou une quatrième année.
M. Lessard: Y a-t-il une entente entre les compagnies
forestières pour le paiement, parce qu'on constate qu'il y a quand
même $11 millions qui auraient normalement dû être
payés sous forme de droits de coupe au ministère? On se rappelle
qu'en 1971 les compagnies forestières étaient venues nous voir,
au moment du livre blanc, en commission parlementaire, et avaient aussi
rencontré le premier ministre et avaient demandé indirectement
des subventions de $25 millions. On avait décidé, à ce
moment, ou plutôt le gouvernement avait probablement décidé
non pas de verser directement $25 millions, mais probablement d'appliquer le
paiement des droits de coupe différés ou de différer le
paiement des droits de coupe.
On constate qu'en deux ans, la somme totale
de l'exemption du paiement des droits de coupe équivaut à
$11,110,627.97. Je vois: N.B. en bas du document: Passé les
échéances du 1er novembre 1975 et du 1er novembre 1976, ces
droits de coupe porteront intérêt à un taux ne devant pas
dépasser le taux officiel fixé par le gouvernement du
Québec.
Voici la question que je voudrais poser. Est-ce que les compagnies qui
se sont prévalues de cette proposition du ministère vont
être soumises à un échéancier pour le paiement? Ou
peuvent-elles tout simplement rembourser selon leur désir, selon leur
volonté, quitte à payer pendant dix ans ou quinze ans un taux
d'intérêt tel que prévu, à savoir le taux
d'intérêt officiel fixé par le gouvernement du
Québec? Y a-t-il un échéancier de paiement? Est-ce que
cela va se faire à l'intérieur de cinq ans ou à
l'intérieur de deux ans ou à l'intérieur de dix ans?
M. Drummond: Je devrai vérifier les termes de
l'arrêté en conseil parce que c'est ce qui prévaut en ce
qui concerne les arrangements faits avec les compagnies. Peut-être
serait-il aussi opportun de signaler que lorsqu'on est arrivé à
ce programme de rapport de droits de coupe, le rapport était directement
lié à des investissements spécifiques en ce qui concerne
l'équipement et ces droits pour combattre la pollution. Alors, ce
n'était pas un rapport sans obligation de la part des compagnies.
M. Lessard: Donc, le ministre aimerait mieux suspendre la
discussion pour ce matin pour en discuter au moment où nous
étudierons cet élément. Pour ma part, je n'ai pas
d'objection.
M. Drummond: Je n'ai aucune objection.
M. Roy: J'aurais quelque chose à ajouter ici parce que
j'avais demandé ce document hier, car, dans ceux qu'on nous avait
fournis l'an dernier, on disait que les chiffres n'avaient pas
été compilés pour le cas de la compagnie Domtar. Or, je me
suis souvenu qu'à la suite des discussions qui avaient eu lieu à
l'Assemblée nationale même, lors surtout de périodes de
questions, il avait été question que les difficultés que
connaissaient les compagnies, à cause de la grève de
Trois-Rivières, c'est ce qui avait semblé, à un certain
moment, justifier le gouvernement d'accorder ce délai pour le paiement
des droits de coupe des compagnies.
Je suis quand même assez surpris de constater que la compagnie
Domtar ne s'en est pas prévalue, alors qu'il nous a semblé que
c'était elle surtout qui avait des problèmes particuliers. D'un
autre côté, on constate ici que la compagnie qui en a
bénéficié le plus largement est la Consolidated Bathurst
avec $3,700,000 sur $11,100,000, ce qui est exactement le tiers.
J'aimerais que le ministre nous dise ici, malgré qu'on nous donne
quand même des explications, pour des raisons qui sont siennes, la raison
pour laquelle la compagnie ne s'est pas rendue à l'invitation qui lui a
été faite d'entrer en communication avec notre M. Marcel
Létourneau, ingénieur forestier, attaché au bureau du
mesurage, pour connaître les exigences relatives aux modalités
d'application desdits arrêtés en conseil. C'est donc dire que,
dans ce cas, il n'y a pas eu de droits de coupe différés. Je suis
un peu étonné que la plus grosse compagnie du Québec n'ait
pas jugé bon de...
M. Drummond: Comme je l'avais souligné, lorsque nous
l'avions fait, il y avait un quiproquo en ce qui concerne le rapport des droits
de coupe. C'était pour toute compagnie de faire approuver son propre
programme ou certains investissements qu'elle allait faire pour combattre la
pollution.
Si quelque compagnie ne s'est pas prévalue de ce rapport, c'est
parce qu'elle n'a pas présenté de plan jugé acceptable
à l'intérieur des conditions de l'arrêté en
conseil.
M. Roy: Est-ce que cela veut dire que c'est en guise de refus...
Je m'excuse, M. le Président, de préciser davantage. Est-ce qu'il
s'agit tout simplement d'un refus de la compagnie Domtar d'accepter des
recommandations du gouvernement en ce qui a trait au combat qui doit être
fait contre la pollution ou si cette compagnie a bénéficié
indirectement d'une exemption de droit de coupe pour des travaux afin de
combattre la pollution dans leur territoire ou à leurs usines?
M. Drummond: Disons, en ce qui concerne les règles du jeu
pour la pollution, que cela relève du ministère des Affaires
municipales. C'est clair et il a un calendrier à suivre. Ce qui est
peut-être arrivé, c'est qu'il n'y avait aucun problème
à Lebel-sur-Quévillon, par exemple, il faudrait vérifier,
mais c'est une assez nouvelle usine. Probablement que c'était conforme.
Il se peut... La compagnie a vendu une usine à Trois-Rivières;
plus tard peut-être qu'elle a décidé de ne pas investir
là-dedans. C'est cette sorte de décision, probablement, qui est
arrivée au niveau de la compagnie.
M. Roy: Nous sommes au niveau des hypothèses. Nous n'avons
rien de bien sûr.
M. Drummond: Si ces gens n'ont pas voulu présenter leurs
plans ou si leurs plans n'étaient pas approuvés, ce n'est pas
notre faute. Lorsque je pose des hypothèses... En ce qui concerne la
pollution, ils ont des règles de jeu à suivre qui sont
établies par un autre ministère. En ce qui concerne leur propre
programme d'investissements à cet égard, il fallait, en ce qui
concerne ce programme, présenter quelque chose à l'approbation de
notre ministère et des Affaires municipales.
M. Roy: Remarquez que je ne reproche pas à cette compagnie
de ne pas s'être prévalue de cette disposition; au contraire. Ce
n'est pas là l'objet de mes remarques. J'imagine que si cette compagnie
ne s'en est pas prévalue, c'est qu'elle avait des raisons très
particulières et ce sont ces raisons très particulières
que j'aimerais bien connaître.
M. Drummond: Je ne suis pas dans les secrets de la compagnie pour
savoir pourquoi elle a suivi un plan. En ce qui concerne la seule question de
fond qui me semble valable, ce serait si, oui ou non, une compagnie
donnée respecte les lois concernant le niveau de pollution permis.
M. Roy: Ces exemptions de droit de coupe ne faisaient pas partie
d'un programme pour combattre la pollution.
M. Drummond: Oui, c'est cela. C'est bien cela.
Ce qui est arrivé, si on me permet, c'est qu'aucun
concessionnaire forestier ne pouvait bénéficier de droits de
coupe différés à moins que ce ne soit dans le cadre d'un
programme de combat contre la pollution et cela se faisait par
l'intermédiaire du ministre responsable de la qualité de
l'environnement. Cela veut dire que tout concessionnaire qui demandait des
droits de coupe différés était référé
au ministère pour connaître les modalités
d'exécution de l'arrêté en conseil devait présenter
un programme qui recevait l'acceptation du ministre responsable de
l'environnement et, si celui-ci était d'accord, le ministère des
Terres et Forêts, les deux ministres conjointement produisaient un
certificat d'attestation qui permettait de différer les droits de coupe
pour la période concernée.
M. Roy: Je vous remercie, je suis bien heureux de la
précision que vous nous apportez. Cela m'amène encore à
poser la question. J'aimerais qu'on puisse nous donner, à une
séance ultérieure, clairement, non pas au niveau des
probabilités, mais ce qu'il y a eu avec la compagnie Domtar à ce
sujet.
Si la compagnie Domtar, au point de vue de la pollution, n'était
pas en règle, il aurait appartenu au ministère de
l'environnement, d'indiquer à la compagnie qu'elle devait se soumettre
aux exigences gouvernementales et la compagnie elle-même aurait
approché le ministère pour bénéficier des
avantages. Je crois que la question devrait se poser au ministre responsable de
l'environnement, lorsque les crédits seront étudiés, pour
demander comment il se fait que, dans le cas de Domtar, il n'y a pas eu
d'action prise de ce côté, ce qui laisserait supposer que son
organisation, ses usines répondent aux exigences du gouvernement.
M. Roy: Cela peut laisser supposer aussi un autre fait, que la
compagnie n'aurait pas voulu bénéficier de ce programme,
peut-être aussi à cause c'est toujours hypothétique
de toutes les implications que cela pourrait donner, parce que la
compagnie Domtar n'a pas seulement l'usine de Lebel-sur-Quévillon...
M. Drummond: D'accord...
M. Roy: Elle a d'autres usines, ce ne sont pas des usines
neuves.
M. Drummond: D'accord, mais à ce moment c'est le
ministère concerné qui doit intervenir auprès de la
compagnie en cause, si celle-ci, de l'avis du gouvernement, ne respecte pas les
exigences contre la pollution et non pas le ministère des Terres et
Forêts. Le ministère des Terres et Forêts ne vient que
reporter des droits de coupe pour permettre le financement des
opérations nécessaires.
M. Roy: D'accord.
M. Drummond: M. le Président, ce que j'aimerais
suggérer à la commission, c'est peut-être un peu
irrégulier, mais, étant donné que la compagnie Rexfor est
impliquée dans les opérations forestières dans la province
et, évidemment, a des liens directs avec le ministère des Terres
et Forêts, étant donné aussi, que, dans plusieurs
régions forestières de la province, la compagnie Rexfor a des
exploitations, j'aimerais suggérer, étant donné que M.
Albert Côté, le président de Rexfor est ici aujourd'hui,
que les députés profitent de l'occasion de poser certaines
questions à M. Côté, concernant les exploitations de cette
compagnie.
M. Lessard: M. le Président, comme je sais que M.
Côté est un homme très occupé et doit vaquer
à des travaux fort importants dans tout le Québec, on pourrait
peut-être en profiter ce matin, étant donné qu'il est
à notre disposition, pour voir le dossier Rexfor en
général, quitte à le libérer, par la suite, pour
aller concrétiser des projets que nous espérons voir
réaliser, que ce soit sur la Côte-Nord ou dans la région de
l'Abitibi ou ailleurs.
Je serais d'accord pour accepter la suggestion du ministre et
même, je demanderais à M. Côté, tout à
l'heure, de nous faire un bilan comme tel. J'ai lu le rapport mais j'aimerais
bien qu'on puisse discuter de certaines activités qui touchent mon
comté et d'autres régions du Québec.
Tout à l'heure, M. Côté, si le député
de Beauce-Sud et le ministre veulent bien, pourra nous faire un tour d'horizon
des activités REXFOR dans le Québec et on pourra, par la suite,
poser des questions concrètes sur chacune de ces activités.
Le Président (M. Lafrance): La suggestion est
acceptée par la commission. Alors, M. le ministre, ou M.
Côté, au nom du ministre, si vous voulez faire un bilan de vos
activités.
Activités de REXFOR
M. Drummond: M. le Président, pour brosser le tableau des
activités de REXFOR, je dois signaler que REXFOR doit remettre son
rapport le 30 juin de chaque année. Actuellement, nous sommes à
fermer nos livres de l'année qui vient de se terminer, le 31 mars. Le
vérificateur doit se présenter à nos bureaux pour faire sa
vérification annuelle, qui sera suivie du rapport annuel.
Il me fait plaisir de brosser un tableau des activités de REXFOR.
Si vous voulez, on va commen-
cer par la Côte-Nord, étant donné que M. Lessard en
a parlé.
M. Roy: Voulez-vous parler plus haut, s'il vous plaît?
M. Drummond: Natashquan, Mingan et Rivière-au-Tonnerre ont
construit, en collaboration avec le ministère des Terres et
Forêts, dans le cadre de l'Opération placement et MIDER, des
centres de formation et de main-d'oeuvre, avec cette particularité que
REXFOR a garanti, aux gens qui viendraient suivre ces cours de formation sur
différents types de machinerie et d'équipement, du travail, par
la suite, étant donné qu'on a un marché pour le bois qui
serait produit, chez Rayon ier.
Ces trois centres fonctionnent assez... Le but, c'est de former une
cinquantaine d'ouvriers, à chaque endroit, par année. Natashquan
est en avance, un peu, sur les deux autres endroits, c'est-à-dire Mingan
et Rivière-au-Tonnerre.
A Rayonier, nous terminons l'accord qui avait été conclue
avec Rayonier, c'est-à-dire que REXFOR s'occupait d'acheter pour $19
millions d'équipement et de machinerie. Nous sommes rendus à
$18,500,000 d'investissement selon cet accord.
Aux Outardes, M. Lessard sait qu'on a un projet de scierie depuis
plusieurs années. Actuellement, on a fait beaucoup de travaux avec les
manufacturiers de scierie, d'équipement. On a même fait notre
demande au ministère de l'Expansion économique régionale
pour une subvention et nous avons obtenu la réponse verbale avant-hier,
qui sera confirmée par M. Mireault et le ministre Jamieson
prochainement.
Une subvention serait accordée pour la scierie des Outardes, ce
qui nous amène, étant donné que cela fait quelque temps
que cela a été fait, à réviser nos chiffres et
à les vérifier pour s'assurer de la rentabilité du projet,
étant donné la période inflationnaire. Les coûts
changent tellement rapidement aujourd'hui.
Plus haut sur la Côte-Nord, c'est-à-dire à
Sacré-Coeur et sur les Outardes, on construit, pour le compte du
ministère des Terres et Forêts, des chemins d'accès qui
serviront différents industriels, c'est-à-dire SAMOCO et
probablement la scierie des Outardes.
A SAMOCO on a une participation de 12% dans les actions ordinaires et de
$738,000 dans les actions privilégiées, en ce qui concerne
SAMOCO.
REXFOR, en plus, a incité la population à la
participation, dans INTRAFOR pour que la population joue son rôle, ou le
rôle prévu, c'est-à-dire atteindre 29% à 30% de
participation dans SAMOCO. Dans INTRAFOR, REXFOR a contribué pour
$150,000.
Disons que, pour la Côte-Nord, c'est à peu près le
portrait. Si vous voulez, je peux peut-être vous parler un peu de TEMBEC.
Vous savez qu'il y a quelques années, cela fait deux ans, c'est en 1973,
le gouvernement, par REXFOR, avait contribué à remettre
l'ancienne usine de CIP en marche avec la collaboration de quatre fondateurs,
quatre ex-cadres du CIP.
Dans ce cas, REXFOR avait investi $2.5 millions en actions ordinaires et
en actions privilégiées. Dans TEMBOIS, c'est-à-dire la
compagnie qui devait fournir le bois à cette usine, le gouvernement, par
l'entremise de REXFOR, fournissait un fonds de roulement de $10 millions pour I
approvisionnement en bois.
Cela se passe très bien, dans ce coin. TEMBEC a
réalisé des profits assez fantastiques, dès la
première année. Elle nous a remis, en décembre ou janvier,
$1.8 million en actions privilégiées qui ont été
rachetées, sur $2.4 millions, en se basant sur l'entente de protocole du
début.
Dernièrement, nous sommes intervenus auprès de la
Fédération des chantiers et coopératives de l'Est
québécois, qui était en difficulté, lors de la
construction d'un scierie à Taschereau. Si nous sommes intervenus
là, c'est parce qu'il y avait une vingtaine de coopératives
impliquées dans le projet, qui étaient en difficulté
également, qui étaient impliquées dans l'histoire. C est
une usine qui n'est pas terminée. La fédération a
été mise en faillite par un créancier. Par suite d'une
entente avec la Société de fiducie, la Banque canadienne
nationale, les coopératives et tous les gens impliqués, REXFOR
s'est portée garante pour payer une partie des créances,
c'est-à-dire qu'elle s'est portée garante pour $2,383,000 sur des
créances possibles de $2.8 millions. Les créanciers ont
accepté cette propostion. Cela doit être homologué depuis
vendredi dernier. Aussitôt que les délais légaux seront
respectés, REXFOR interviendra en ce sens que la
fédération détiendra 80% des actions ordinaires et que
REXFOR détiendra 20%. Tant et aussi longtemps que les dettes de la
fédération n'auront pas été remboursées, les
actions de la fédération seront sous écrou et REXFOR
dirigera...
M. Roy: Les actions de la fédération...
M. Drummond: ...seront sous écrou. tant que les dettes ne
seront pas remboursées.
M. Roy: S'agit-il d'actions communes?
M. Drummond: Des actions ordinaires.
M. Roy: C'est dans la Loi des coopératives, des
associations coopératives.
M. Drummond: Oui, c'est la fédération qui devient
actionnaire d'une nouvelle compagnie, qui va exploiter la scierie pour
elle.
M. Roy: Ah bon! Il s'agit d'une compagnie qui prend la
propriété de l'usine.
M. Drummond: C'est cela.
M. Roy: Cette compagnie, naturellement, procède selon la
Loi des compagnies avec du capital-actions. REXFOR va en être
propriétaire d'une partie.
M. Drummond: Oui, et la fédération d'une autre
partie.
M. Roy: La fédération va être
propriétaire de 80%.
M. Drummond: 80%.
M. Roy: Quelle est la proportion de...
M. Drummond: 80%, pour la fédération et 20%, pour
REXFOR.
M. Roy: Cela n'est pas terminé actuellement?
M. Drummond: Non, c'est en route. Les sommes impliquées
dans ce projet totalisent environ $6.5 millions. REXFOR mettra $2.5 millions
à pari passu avec la Société de fiducie qui maintiendra
ses obligations premières. Le reste va pour le fonds de roulement,
$500,000 ou $600,000 pour terminer l'usine et $400,000 pour le
démarrage. Ce sont les montants prévus.
On a parlé des chemins qu'on construisait à
Sacré-Coeur et sur les Outardes. En Abitibi, on construit
également des chemins d'accès pour le compte du ministère
à partir de Val-d'Or en direction du lac Alfred et de
Témiscamingue pour permettre aux différents industriels de
transporter leur bois avec des camions un peu spéciaux,
c'est-à-dire hors route.
Oui, je reviens au sud. On examine actuellement le cas d'une autre
coopérative qui est en dif-iiculté, la Coopérative
forestière de Témiscamingue, à Béarn, qui a
construit une usine d'une capacité de 35 millions à 40 millions
de pieds de bois. Elle l'a exploitée pendant quatre à cinq mois,
mais faute de moyens financiers, elle a été obligée de
fermer ses portes. Actuellement, on examine la situation pour intervenir dans
ce cas. afin de sauver les épargnes des coopérants et de faire
revivre un peu cette usine qui était très importante pour la
région du Témiscamingue.
Disons qu'en Gaspésie, si on revient au sud du Saint-Laurent, sur
les Appalaches l'an dernier, on a commencé des travaux avec la
collaboration du ministère des Terres et Forêts encore. On nous a
confié, si vous voulez, l'aménagement de la forêt domaniale
des Appalaches, qui comprend les terrains publics des comtés de
Bellechasse, Montmagny, L'Islet. C'est une expérience nouvelle,
c'est-à-dire que c'est un aménagement total, pour lequel on a
signé un protocole avec le ministère sur une base de cinq ans. Ce
qu'il y a de particulier dans cette entente, c'est que les profits qui sont
réalisés à même ces opérations, s'il y en a,
seront réinvestis dans les mêmes forêts, dans les
mêmes endroits.
L'an dernier, le ministère avait demandé de faire certains
travaux. Pour les travaux un peu spéciaux qui comportent des
déboursés d'argent qui ne sont pas rentabilisés
immédiatement, le ministère nous a remis $50,000 ou $60,000. Avec
cet argent ou d'autre chose, et en amortissant nos investissements sur une base
de cinq ans, nous avons réussi à dépenser ou à
provoquer de l'em- ploi pour $2 millions dans la région des Appalaches.
On a coupé une cinquantaine de mille cunits de bois.
Au cours de l'année, on a participé à la
car-tonnerie de Cabano dans laquelle REXFOR détient 30% des actions,
pour un déboursé de $975,000. Nos actions ont cette
particularité qu'elles peuvent être rachetées par la
population lorsqu'elle le désirera ou lorsqu'elle aura les moyens de le
faire. C'est en construction. L'usine n'est pas terminée, mais la
bâtisse elle-même est terminée. On est en train d'installer
la machinerie à l'intérieur.
Nous avons également participé à F.-F. Soucy,
à Rivière-du-Loup, pour 10%, c'est-à-dire pour un
déboursé de près de $3 millions pour la construction d'une
nouvelle machine à papier, qui s'additionne à l'ancienne usine de
F.-F. Soucy. Nos partenaires, dans ce cas, sont Dow Jones et Bato Company. Si
on a participé à cela, c'est parce F.-F. Soucy nous demandait de
lui garantir un approvisionnement en bois On a dit oui, à condition
d'avoir une participation dans l'usine, parce qu'on se trouvait à
partager les risques un peu partout et à diminuer nos risques
également. A la suite de ces négociations, on a signé une
entente avec F.-F. Soucy pour lui fournir 25,000 cordes par année,
pendant 20 ans, et, en plus, on a garanti à F.-F. Soucy un genre de
contrat de suppléant, c'est-à-dire que F.-F. Soucy voulait
négocier avec les producteurs qui se sont engagés à lui
fournir 100,000 cordes par année, les petits producteurs de la
région, avec la garantie que REXFOR va compléter si jamais les
producteurs ne se rendent pas à leurs 100,000. Avec ces garanties, on a
cru opportun de participer aux bénéfices prévus à
l'usine. C'est en construction actuellement. Elle devrait commencer à
produire au début de 1976. Ce projet va très bien. C'est un
projet qu'on évalue à $46 millions, $47 millions
actuellement.
L'avantage du projet Soucy et de Cabano, c'est que les petits
producteurs de la région pourront vendre sur place ou à des
endroits peu éloignés leur bois, plutôt que de le camionner
sur des grandes distances. Soucy a convenu de payer le prix moyen qu'il paie
dans la province. Il n'a pas profité, si vous voulez, d'un seul des
avantages géographiques ou des distances.
Ailleurs, dans d'autres régions comme Roberval, Montréal,
Hull, Mont-Laurier, on conduit encore des travaux de restauration
forestière, sur instruction ou sur demande du ministère des
Terres et Forêts.
Je crois que cela résume à peu près nos
activités des dernières années.
M. Roy: J'aurais peut-être une question à poser
ici.
Vous avez fait des opérations, je pense, au cours de
l'année, pour le compte de la compagnie Quebec North Shore. Vous avez
coupé du bois. Est-ce que vous l'avez revendu à la compagnie
Quebec North Shore? Quel était le montant de cordes de bois? Quelle
était la grosseur du contrat?
M. Drummond: L'an dernier, on a coupé 58,000 cunits sur
les Outardes. Une partie de ce
bois était prévue pour la scierie. Etant donné
qu'il y eu des retards involontaires, on a eu un supplément de bois
qu'on a vendu à la Quebec North Shore, 58,000 cunits en longueur
d'arbres, et 27,000, 28,000 cordes en longueurs de quatre pieds.
M. Roy: Que vous avez vendues à la Quebec North Shore.
M. Drummond: C'est ça.
M. Roy: Par rapport au prix qu'il en a coûté
à REXFOR, avec le prix que vous avez reçu de la compagnie Quebec
North Shore, est-ce que cela a été une opération rentable
pour REXFOR?
M. Drummond: Oui. On devrait réaliser $3 la corde de
profit.
M. Roy: C'est $3 la corde net? M. Drummond: De profit,
oui.
M. Roy: Est-ce que la Société REXFOR, lorsqu'elle
coupe du bois sur les terres de la couronne, paie des droits de coupe à
la province?
M. Drummond: Non. M. Roy: Pardon? M. Drummond:
Non.
M. Roy: La Société REXFOR ne paie pas de droits de
coupe à la province...
M. Drummond: Non.
M. Roy: ... si vous vendez du bois aux compagnies?
M. Drummond: Sauf dans des cas particuliers. M. Roy: Bien,
j'ai mon voyage!
Le Président (M. Giasson): ... de donner la parole au
député de Saguenay.
M. Roy: J'ai mon voyage!
M. Lessard: On reviendra sur cela.
M. Roy: Un autre moyen détourné de faire des
cadeaux.
M. Lessard: Moi, j'aurais d'abord quelques questions
générales avant de discuter comme tels, un par un, des projets
sur lesquels j'aurais des explications à obtenir.
D'abord, quand je vois ce tableau général des
opérations de REXFOR, je constate que, si on excepte un certain nombre
de projets, c'est un peu toujours des opérations de sauvetage. Si
j'excepte quelques cas, c'est un peu toujours des opérations de
sauvetage.
Je ne veux pas être en désaccord sur le principe que REXFOR
devienne ou soit une société qui se préoccupe du
côté social, mais je voudrais que cela soit bien
caractérisé, à un certain moment, si c'est le cas, ou, par
ailleurs, si c'est une société à préoccupation
économique, je voudrais aussi que cela soit bien
caractérisé, parce que le problème, lorsqu'on a à
discuter des sociétés d'Etat, est que beaucoup de gens critiquent
énormément les sociétés d'Etat parce que ces
sociétés ne sont pas aussi rentables que les
sociétés privées. C'est-à-dire qu'on donne
énormément, à la société d'Etat, des
préoccupations sociales. On dit bien qu'en principe, dans un principe
absolu, les sociétés, même privées, devraient avoir
des préoccupations sociales, mais comme, dans l'entreprise
privée, et c'est tout à fait normal et on doit l'accepter tant et
aussi longtemps qu'on vivra dans ce système qu'on caractérise
comme étant capitaliste, le profit sera toujours la
préoccupation...
Et quand on fait une comparaison entre une société comme
REXFOR, par exemple tout à l'heure, on aura à parler un
peu des droits de coupe et une société privée, on
arrive, c'est le cas dans certaines opérations, à des
déficits et, à partir de là, on dit: Vous voyez, encore
une autre société d'Etat qui nous arrive avec des déficits
et ces sociétés d'Etat ne devraient pas exister et toute
société d'Etat, en fait, fonctionne continuellement avec des
déficits.
Je sais que toute société, qu'elle soit d'Etat ou
privée, est poignée avec ce qu'on appelle la "technostructure",
la technocratie, parce que le capital est maintenant complètement
séparé ou les propriétaires de capitaux ne sont plus
maintenant les administrateurs. Un peu comme dans la société, par
exemple, le propriétaire de REXFOR n'est pas Albert Côté
comme tel, mais Albert Côté est un administrateur.
Dans une société privée, vous avez exactement la
même chose. Mais je reviens à ma question. Il faudra un jour, je
pense, en arriver, que cela soit dans le domaine forestier ou dans d'autres
domaines mais plus particulièrement dans le domaine forestier
à bien distinguer les activités économiques de
REXFOR ou, si REXFOR n'a pas comme telle une préoccupation
économique, elle devra être caractérisée comme telle
et peut-être avoir en parallèle une société d'Etat
qui, elle, aura strictement des préoccupations économiques, de
telle façon qu'on puisse bien voir, à un certain moment, dans le
bilan définitif de REXFOR ou dans son bilan financier, plus
précisément où REXFOR fait des profits et où elle
ne fait pas de profit.
Ou REXFOR est une société à préoccupation
sociale , ou REXFOR est une société à préoccupation
économique. Actuellement je ne suis pas contre le principe
je constate que REXFOR semble être une société de sauvetage
pour un certain nombre de petites entreprises québécoises, que
cela soit dans Taschereau, que cela soit dans la région de l'Abitibi ou
dans la région de Témiscamingue, que cela soit même
là où on a créé des centres forestiers dans la
région de Natashquan. Mais là, c'est différent. C'est un
peu un sauvetage pour Rayonier Québec, former la main-d'oeuvre. Je
pour-
rais en discuter de façon plus particulière tantôt.
Et cela rejoint un peu la question que soulevait le député
concernant les droits de coupe.
REXFOR n'étant pas soumise aux mêmes normes que les
compagnies privées, il nous est extrêmement difficile d'arriver
à faire un bilan positif ou un bilan négatif. Quand je regarde
cette question, je me demande: Est-ce qu'on sauve des choses qui, de toute
façon, vont être perdues, ou est-ce qu'on ne devrait pas
plutôt, pour REXFOR et c'est toujours dans la philosophie de
REXFOR arrêter de s'étendre dans tout le Québec et
concrétiser un certain nombre de projets qui seraient
définitivement rentables? Il y a toujours le principe: Qui trop
embrasse, mal étreint. J'ai l'impression que REXFOR est en train
d'embrasser pas mal et de s'élargir pas mal et de faire un peu comme une
abeille et de se promener de fleur en fleur, mais, tout ça, ce sont des
expériences. Je ne suis pas contre les expériences, mais ce sont
des expériences et je me demande si, à la fin, cela va être
des expériences valables.
Ce serait un peu cette préoccupation que j'ai. Est-ce que REXFOR
est une société à préoccupation d'abord sociale ou
est-ce que c'est une société à préoccupation
économique? Si c'est une société qui rejoint les deux,
quels sont les projets qui sont plus particulièrement de sauvetage et
quels sont les projets où on espère obtenir un bilan positif du
point de vue économique?
M. Drummond: Nous avons noté et réalisé ce
que vous dites. C'est notre intention de séparer nos activités de
sauvetage et les autres activités dans notre prochain rapport
annuel.
M. Lessard: Vous avez l'intention de le faire.
M. Drummond: Mais cela n'a pas toujours été des
opérations de sauvetage. Si vous prenez, par exemple, Soucy et Cabano,
ce ne sont pas des opérations de sauvetage. Il y en a quelques-unes. La
scierie des Outardes ne sera pas une opération de sauvetage. Je dois
dire que le bois qu'on a coupé l'an dernier, quand on a discuté
avec le ministre M. Drummond, il a dit: Dans ce cas, il serait normal que
REXFOR paie les droits de coupe. On est d'accord là-dessus.
M. Lessard: Vous seriez d'accord pour payer les droits de
coupe.
M. Drummond: Parce qu'on a vendu le bois à la QNS dans ce
cas-là.
M. Lessard: C'est cela.
M. Roy: Je pense, M. le Président, si on me le permet ici,
étant donné les remarques que vient de faire le
député de Saguenay, étant donné les critiques
également qu'il y a vis-à-vis des sociétés
d'Etat...
M. Lessard: C'est-à-dire que ce n'étaient pas des
critiques, c'étaient des observations.
M. Roy: Non. Etant donné les critiques. Je n'ai pas dit:
Les critiques du député de Saguenay. J'ai dit les critiques qu'il
y a vis-à-vis des sociétés d'Etat. Si le
député de Saguenay a peur de s'inclure dans les critiques, je
vais m'inclure personnellement. Je pense que je ne surprendrai personne.
Je pense qu'il y a des principes de base qui doivent être retenus
et appliqués dans le cas d'une société d'Etat comme
REXFOR. Je pense que, si on veut faire des programmes d'opération de
sauvetage, des projets de sauvetage et qu'on veut faire aussi des projets sur
une base d'affaires et qu'il y a aussi des projets d'association
vis-à-vis d'autres entreprises privées dans certaines
régions, je parle d'entreprises comme les chantiers coopératifs
entre autres, nonobstant le cas particulier qui est survenu dans le cas de la
Fédération du Nord-Ouest québécois, il devrait y
avoir des principes sur une base d'affaires. Je suis très heureux
lorsque j'entends M. Côté nous dire, ce matin, que REXFOR devrait
payer des droits de coupe. Je pense que c'est élémentaire parce
que REXFOR, qu'elle le veuille ou non, pour conduire ses opérations
à bonne fin, devra inévitablement faire affaires avec des
compagnies papetières à un moment donné, soit pour un
surplus de coupe, soit pour un cas particulier dans une région
donnée ou autres. Parce qu'il faut quand même avoir des
débouchés pour le bois qui est coupé. On ne peut pas
laisser le bois pendant des années avant qu'il soit transformé
dans les entreprises de bois de sciage ou dirigé vers les compagnies de
pâtes et papiers. Il y a une limite de temps qu'on ne peut pas oublier,
dont on doit tenir compte.
Alors, si la société a des principes et des politiques qui
sont les mêmes que celles qu'on exige pour d'autres, c'est à ce
moment qu'on est en mesure de faire un bilan positif, un bilan réel des
activités d'une compagnie, d'une entreprise, d'une société
d'Etat. S'il y a un cas particulier, une opération de sauvetage,
ça demeure un cas particulier mais ça ne doit pas servir de
critère aux activités générales de la
société. Je pense que, là-dessus, tout le monde est
d'accord. Quand je vois et que j'apprends que la société REXFOR a
vendu des milliers de cordes de bois à la compagnie Québec North
Shore, et lorsque M. Côté nous dit que la société
REXFOR a réussi à réaliser des bénéfices de
$3 la corde environ et que, d'un autre côté, on ajoute qu'il ne
s'est pas payé de droits de coupe, je dis tout simplement que ça
équivaut à zéro.
A ce moment-là, la société REXFOR est très
mal placée vis-à-vis des contribuables, vis-à-vis des
autres entreprises, vis-à-vis de la concurrence, parce qu'il y a une
concurrence là-dedans, qu'on le veuille ou non, il y en a une. Comment
la société d'Etat peut-elle se justifier d'exploiter un moulin
à scie dans une région donnée et de mettre du bois sur le
marché pour tâcher de rendre l'entreprise rentable et d'aller
concurrencer l'entreprise, les particuliers, les gens d'une région
donnée, les gens du milieu, je ne parle d'une société
multinationale, alors qu'eux, les gens du milieu, alors qu'elle, l'entreprise
d'une région donnée, doivent payer des
droits de coupe au gouvernement? Tout de suite, il y a quelque chose qui
boite au départ, ce n'est pas normal. On devrait faire en sorte que si
on considère que la société REXFOR a un rôle
à jouer au Québec, elle parte sur des bases qui respectent les
mêmes normes, les mêmes obligations au départ des autres
entreprises. Si l'on veut faire du social avec des opérations
forestières dans une région donnée, à cause du taux
de chômage ou encore des difficultés que connaît une
région, c'est une autre affaire.
Si la société REXFOR doit être subventionnée
parce qu'elle joue un rôle social qui contribue à alléger
le fardeau d'un autre ministère, il devra y avoir une entente
particulière pour un cas donné et ça devra être
étudié de cette façon.
Mais qu'on ne travaille pas sur une base sentimentale, qu'on le fasse
sur une base d'affaires. Quand ce sera du social, ce sera du social, mais il y
aura des ententes particulières pour un programme donné et tout
ministère qui se préoccupe du social en premier lieu je
parle du ministère des Affaires sociales si, pour lui, cela
constitue une opération qui permet de sauver des dizaines et des
dizaines de milliers de dollars, voire des millions, que le participation
sociale se fasse au niveau de ce ministère.
Je pense qu'actuellement il est très difficile pour nous de faire
un bilan complet pour examiner de façon positive le rôle de la
société REXFOR. On ne sait pas trop dans quoi on est parce qu'il
y a une multitude de cas qui diffèrent l'un de l'autre, compte tenu
d'une région à l'autre. Il y a des opérations qui se sont
faites avec les coopératives, il y a des opérations qui se sont
faites au niveau d'une cartonnerie, il y a des opérations qui se sont
faites avec des compagnies papetières, il y a d'autres opérations
qui se sont faites à d'autres niveaux et tout ça veut dire
quoi?
M. Drummond: M. le Président, si je peux dire quelques
mots à ce moment-ci, je veux seulement dire que, ce matin, le fait que
M. Côté soit ici n'est pas pour donner un compte rendu formel des
activités de REXFOR, mais surtout à cause du fait que les
opérations de REXFOR sont intimement liées aux activités
du ministère des Terres et Forêts. On avait donc pensé que
ce serait intéressant et utile pour les membres de la commission de
discuter de cet aspect lorsqu'on discute des objectifs et des
généralités en ce qui concerne les opérations du
ministère.
En ce qui concerne la question du rôle social vis-à-vis
d'un rôle strictement d'affaires, je pense que les commentaires sont
à point, comme, par exemple, le fait de payer des droits de coupe,
ça me semble valable et ça l'est pour le président de
REXFOR de le faire aussi, parce que, le connaissant depuis longtemps, je suis
très certain et convaincu que M. Côté désire diriger
les activités de REXFOR sur une base efficace et concurrentielle avec
n'importe quelle autre exploitant dans la province de Québec, en ce qui
concerne les opérations forestières.
Pour parler un peu du rôle social, et du fait de séparer
cela de l'autre rôle, je dirai aussi que lors- qu'on a entrepris ce qu'on
peut appeler des opérations de sauvetage, comme TEMBEC et Taschereau,
à ce moment-ci, dans un cas, le cas de Taschereau, ce n'était
évidemment pas pour aller à la rescousse d'une compagnie
privée qui fonctionnait surtout ou seulement sur une base strictement
d'entreprise privée. C'était pour essayer d'arriver à une
solution qui sauverait les économies qu'elle aurait perdues, en ce qui
concerne les investissements des coopérants. Lorsqu'on entre
là-dedans, évidemment, on essaie d'établir les
règles du jeu pour arriver à une exploitation qui serait rentable
à moyen terme, ce qui aurait été impossible dans ces
cas-là, parce que l'entreprise aurait été acculée
à la faillite.
Ce n'est pas qu'on veuille dire qu'il n'y aura aucun profit à
l'avenir, ce n'est pas cela du tout. On pense qu'avec le temps, ce sera
rentable. Si on regarde le cas de TEMBEC, je serai le premier à admettre
qu'on a été chanceux, parce que le prix de marché des
pâtes a sauté et en même temps, le prix d'inventaire du bois
qu'on avait acheté était assez bas. Disons que c'est un bon
départ.
Mais lorsqu'on aborde de telles situations, on ne veut pas, dans ces
cas-là, continuer ou créer une entreprise privée comme les
autres. On a fait des expériences, selon les circonstances, avec des
formules qu'on veut essayer de développer pour faire participer les
travailleurs, les gens de la région impliquée, des capitalistes
et le gouvernement.
C'est compliqué, c'est plus compliqué que n'importe quelle
autre façon d'entrer là-dedans, mais je pense qu'avec le temps,
on va apprendre les faiblesses de telles formules, mais continuer à
améliorer notre approche.
Ce n'est pas tout à fait un rôle social, cet aspect des
structures mais il faut essayer, dans ces cas-là, de faire participer
les gens qui sont impliqués. Un jour, avec d'autres formules qui sont un
peu en dehors de l'ordinaire, l'objectif est quand même d'avoir une
entreprise qui sera rentable. Le problème, si on veut essayer d'aller un
peu trop loin avec les autres ministères, comme les Affaires sociales,
pour développer des contrats d'aspect social, c'est y insérer en
quelque sorte, je ne sais pas, quelque chose que je ne crois pas valable, parce
qu'il faut regarder le fait que même si nous avons un rôle social,
on désire que les entreprises soient rentables à moyen terme.
Il faut séparer les deux, en ce qui concerne les rapports de
REXFOR, d'accord, mais, quand même, ce n'est pas pour donner de l'aide
sociale, c'est pour remonter des entreprises qui ont des difficultés
actuellement et qui, on l'espère, seront rentables dans l'avenir.
Le Président (M. Lafrance): Le député de
Saguenay.
M. Lessard: M. le Président, juste une précision,
parce que je veux qu'on se comprenne. Premièrement, le ministre nous a
dit que M. Côté n'était pas ici ce matin pour discuter
comme telles les activités de REXFOR.
Il y a une question que je me pose, c'est que
nous n'avons jamais eu l'occasion, véritablement, même si
nous avons reçu le rapport, de discuter de la société
REXFOR et on ne la voit pas, même à l'intérieur du budget
du ministère.
Ce matin, quand j'ai vu M. Côté, je comprends qu'il reste
quand même que le ministère et REXFOR ont des implications
considérables, j'avais des questions concernant le projet de Natashquan,
concernant le projet TEMBEC. Et comme M. Côté est directement
impliqué, on revient indirectement, en fait, à discuter le
rôle, c'est-à-dire à discuter des différents projets
de REXFOR.
Ce matin, j'avais, en tout cas, prévu la possibilité qu'on
profite du passage de M. Côté pour discuter, peut-être pas
s'engager dans une grande discussion philosophique, mais discuter des
différents projets.
Deuxième chose que je voulais dire et que je voulais
préciser, quitte, comme je l'ai dit tout à l'heure, si on me le
permet, et si c'est là l'objectif de la commission, à aller
directement, maintenant, dans des projets comme les projets de la
Côte-Nord et les projets de l'Abitibi, et à poser des questions
sur la rentabilité de ce projet, mais je ne voudrais pas
là, c'est l'article 96, M. le Président qu'on
interprète les questions que j'ai posées, les questions
générales, comme étant une condamnation des
activités de REXFOR, en ce qui concerne particulièrement certains
projets, comme TEMBEC, par exemple...
Je pense qu'il y a certains projets où la préoccupation
sociale et la préoccupation économique sont extrêmement
difficiles à distinguer. Au début, cela peut être une
préoccupation sociale, et, à la fin, il va y avoir quand
même des conséquences économiques ou un bilan positif au
point de vue économique. Je trouve extrêmement valables les
expériences qui se font actuellement, en ce qui concerne TEMBEC et,
même, je souhaite que d'autres expériences se développent
et que REXFOR devienne encore plus intégrée à
l'intérieur du milieu, parce qu'on ne peut pas s'attendre à ce
que des travailleurs, à un moment donné, aient les capitaux
nécessaires pour s'engager dans des projets nouveaux. REXFOR peut
être, comme on le disait dans le livre blanc, un peu un organisme moteur
pour non pas les grosses compagnies, mais pour les travailleurs
québécois et les coopératives.
Mais, en fait, la question sur laquelle je voudrais bien avoir des
éclaircissements est la suivante. M. Côté, est-il ici, ce
matin, pour nous permettre de discuter, en fait, des activités de
REXFOR, comme telles, puisque cela s'intègre à l'intérieur
des projets du ministère des Terres et Forêts et du "leadership"
du ministère des Terres et Forêts?
M. Drummond: Non, ce n'est pas cela. Le seul point que j'ai voulu
soulever, c'est que ce n'est pas une analyse formelle des activités de
REXFOR telles quelles.
M. Lessard: Quand pouvons-nous le faire? M. Drummond: Je
pense que le seul problème, on avait l'idée de le faire il y a
quelques années, c'est toujours la question du manque de temps,
lorsqu'on arrive à la fin des crédits et à l'étude
des projets de loi, à la fin de la session. Je pense que REXFOR aimerait
bien avoir l'occasion de se présenter, formellement, devant la
commission. Si on peut trouver le temps de le faire, je n'y vois aucun
inconvénient et les gens de REXFOR non plus, parce que, de temps en
temps, on parle de REXFOR sans savoir ce dont on parle. Je pense que ce serait
une bonne occasion, pour REXFOR, de faire le point sur ses activités,
mais, cela doit attendre, quand même, je pense bien, après le
dépôt du rapport annuel. Si on veut le faire, d'une façon
annuelle, un jour durant, je n'y vois aucune objection. Je pense que ce serait
une bonne affaire pour tout le monde. Ce sont seulement les contraintes de
temps, qu'on retrouve de temps en temps, en ce qui concerne le fonctionnement
des commissions.
M. Lessard: Une autre critique qu'on fait je termine sur
cela, pour laisser parler mes collègues vis-à-vis de ces
sociétés d'Etat, c'est que cela devient des gouvernements
parallèles, c'est-à-dire que ce soit vrai ou faux, je dis que
cela devient des gouvernements parallèles, que ce soit
Hydro-Québec, que ce soit REXFOR, que ce soit la Société
générale de financement et on a extrêmement de
difficultés, comme parlementaires, à un moment donné,
à discuter avec... On peut le discuter sur le plan... Je n'ai pas de
difficulté du tout à rencontrer ou à
téléphoner à M. Côté, quand j'ai des
problèmes particuliers; mais, comme entreprise, nous, comme
parlementaires, avons extrêmement de difficultés, peut-être
à cause du temps, à discuter du rapport comme tel ou du bilan. Je
pense que pour les sociétés d'Etat, pour le bien-fondé des
sociétés d'Etat, il serait extrêmement important que nous,
les parlementaires, puissions avoir il y a une question de temps
disponible la possibilité de discuter des rapports de ces
sociétés; parce qu'on constate ou on remarque beaucoup de
critiques à ce sujet, tant du côté des parlementaires que
du côté de la population, lorsqu'on affirme... On crée des
sociétés. Les parlementaires créent des
sociétés et, tout à coup, ils perdent le contrôle de
ces sociétés. Cela devient des organismes parallèles.
Je suis bien prêt, ce matin, à ne pas élaborer sur
la discussion générale, quitte à attendre que REXFOR se
présente en commission parlementaire, justement pour analyser l'ensemble
de ses activités.
Mais je souhaiterais quand même et je suis assuré
que d'autres parlementaires le souhaitent aussi qu'on puisse, parce que
REXFOR a des activités dans chacune des régions du Québec,
à un moment donné, avoir une commission parlementaire
peut-être que cela pourrait durer trois heures pour étudier
l'ensemble du rapport de REXFOR.
Le Président (M. Lafrance): Le député de
Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: M. le Président, je souscris aux
commentaires que le député de Saguenay vient de donner
à la commission. Tant et aussi longtemps qu'on a demandé à
REXFOR de jouer un rôle plutôt social, cela n'avait pas une
implication aussi grande que celle que, dorénavant, la
Société REXFOR va permettre à l'intérieur de
l'ensemble forestier du Québec. Ces derniers temps, nous avons
constaté que REXFOR est sortie de ses opérations de sauvetages et
d'autres opérations où on tentait des expériences de
retour au travail. Depuis, on a vu REXFOR apparaître dans des programmes
beaucoup plus importants, de participation au capital-actions. C'est que REXFOR
a mis le pied dans l'étrier. Dans l'avenir, de plus en plus, vous devez
sentir, M. Côté, que REXFOR va être appelée dans tous
les coins du Québec à jouer des rôles qui n'étaient
pas les siens dans le passé.
Pour moi REXFOR a pris une importance capitale tout récemment,
parce qu'elle a eu un mandat exclusif d'activités et
d'aménagement de toute la forêt publique de ma région,
quand je dis ma région, je pense aux comtés de Montmagny-L'Islet
et de Bellechasse. C'est drôlement important. Toujours dans le sens des
remarques du député de Saguenay, voici une société
d'Etat qui s'en vient dans une région donnée pour contrôler
l'exploitation, les activités, la récupération,
l'aménagement, la pratique sylvicole, enfin pour administrer et couvrir
l'ensemble de ce qui est une politique forestière dans une zone
déterminée.
C'est important parce que la population qui, traditionnellement, n'avait
pas vu de société d'Etat dans le domaine forestier, avait
toujours vu l'entreprise privée opérer à
l'intérieur de cela. Cette population voit apparaître un organisme
qui devient, somme toute, roi et maître sur la forêt publique, qui
est la forêt de tous les Québécois. Cela crée une
situation qui amène énormément de commentaires, de
discussions, de critiques et de plaintes. Déjà, au moment
où je parle, on a beaucoup de petits propriétaires privés
qui sentent en la présence de REXFOR dans le milieu un
compétiteur très difficile à éliminer
vis-à-vis de la mise en marché des bois, je parle du bois de
pulpe. Sur cela, est-ce que REXFOR va tenir compte, constamment, dans le
rôle qu'elle joue chez nous, de cet impact que peut poser la
quantité de bois qu'elle coupe sur la forêt publique, lorsqu'elle
le met en marché, vis-à-vis des quantités de bois que les
petits producteurs ont dans les mains et qui, depuis quelques mois, ont de la
difficulté à écouler leur stock. Les bois sont sur les
chemins de camions, les gens se plaignent. On dit: Les remorques de REXFOR
continuent d'approvisionner les usines de pâtes et papiers. Notre bois,
on n'est pas capable de l'expédier, tant l'Office des producteurs que
les commerçants ne sont pas en mesure de le faire. Ils ont vu leur
expédition réduite considérablement.
M. Drummond: M. le Président, actuellement, sur la
forêt domaniale des Appalaches, on travaille pour le compte du
ministère. C'est le ministère des Terres et Forêts qui
reste patron. On exécute les travaux à sa demande et sur ses
indications. Main- tenant, pour répondre à cette question pour
les producteurs, on s'en soucie beaucoup. J'ai une rencontre avec eux vendredi
de cette semaine, justement, pour discuter de cette question des
approvisionnements envers les compagnies. On s'en soucie tellement qu'en
1971/72, quand on a commencé à faire des travaux de restauration
forestière, on s'est dit que, dans ces années, on va mettre
l'accent sur le bois de sciage pour ne pas embêter les petits producteurs
qui font de la "pi-toune". C'est ce qu'on a fait. On s'ajuste à tous les
ans là-dessus. Par contre, dans la région du bas-Saint-Laurent,
avec la venue de l'usine Soucy, on a créé un marché de
100,000 cordes de plus ou pratiquement.
Si on est intervenu là-dedans, c'était également
pour aider les petits producteurs à avoir un marché ou à
écouler leurs produits plus près de leur propriété.
Je pense bien qu'avec la rencontre des producteurs, on va pouvoir s'ajuster et
on va s'ajuster également avec le ministère des Terres et
Forêts quant au volume qu'on coupera dans les régions, suivant les
demandes, parce que c'est une grande loi, l'offre et la demande; je pense bien
qu'on ne peut pas faire autrement que de s'en préoccuper.
M. Giasson: Je comprends, mais au cours de l'année 1975,
on a une foule de petits producteurs qui vont être obligés de
continuer l'exploitation dans leurs forêts. Présentement, il y a
des stocks de bois qui sont invendus et non livrés. Au cours de
l'été 1975, allez-vous réduire les coupes ou les volumes
de bois à pâte?
M. Drummond: C'est exactement ce qu'on veut examiner avec les
offices de producteurs, avec M. Castonguay de cette région, et M.
Belzile et tous ces gens. On veut s'ajuster pour cela. Probablement qu'on va
réduire, parce que ce que je prévois, c'est que la demande sera
moins bonne cette année.
Mais il faudrait souligner ici que, si REXFOR a livré du bois aux
compagnies de pâtes et papiers, dans la plupart des cas, c'était
parce que les producteurs ne prévoyaient pas livrer certaines
quantités de bois, et REXFOR l'a fait, même, dans un cas
particulier, à la demande du ministère, parce qu'il n'y avait pas
d'entente entre les producteurs et l'Anglo. L'an dernier, l'Anglo voulait avoir
plus de bois que la quantité que les producteurs voulaient leur fournir,
parce qu'il faut se rappeler qu'en 1974 c'était l'inverse.
C'étaient les producteurs qui fixaient des quotas aux compagnies
acheteuses. REXFOR est intervenue dans le cas particulier de l'Anglo pour
compléter un approvisionnement que les producteurs ne prévoyaient
par fournir.
Il faut faire attention quand on dit que REXFOR vient concurrencer. Des
producteurs ont produit deux, trois fois les quantités prévues. A
ce moment, il faudrait que les producteurs eux-mêmes puissent
contrôler leur propre production, parce qu'on ne peut pas jouer au jeu de
la pendule.
M. Giasson: Mais REXFOR n'a pas livré du bois uniquement
à l'Anglo. Je parle toujours du bois qui provient des Appalaches.
M. Drummond: Non, mais elle a prévu des quantités
à d'autres compagnies, après que les producteurs eux-mêmes
eurent dit à ces compagnies quelle quantité ils livreraient.
C'est certain que cette année, en 1975, REXFOR devra surveiller cela,
mais il ne faudra pas qu'on se retrouve avec un manque de bois parce que les
producteurs vont en avoir moins coupé. Je pense que les producteurs ont
beaucoup de chemin à faire pour contrôler leur propre production.
S'ils ne réussissent pas à la contrôler, on va toujours
jouer le jeu de la pendule. Une année, il y aura trop de bois; l'autre
année, il va en manquer. Personne ne saura sur quel pied danser. Encore
là, par exemple, les producteurs disent: Ne donnez pas trop de permis
aux compagnies pour qu'on puisse vendre notre bois. Pour faire cela, il faut
quand même savoir ce que les producteurs vont mettre en marché. Ce
ne sera pas au mois de septembre que ce sera la temps de le savoir. Il faudrait
qu'ils nous disent tout de suite ce qu'ils vont mettre en marché.
M. Giasson: Mais vous savez aussi bien que moi qu'au cours des
derniers mois, si les producteurs ont fait beaucoup plus de pitoune, de bois
à pâte, c'est parce qu'ils ont cessé toute coupe dû
côté des billots. Etant donné la situation dans l'industrie
du sciage au cours de l'hiver 1974/75, les producteurs de ma région,
pour le moins, n'ont couru aucun risque. Les chantiers et les exploitations
forestières qu'ils ont faits ont servi à produire du bois
à pâte et on a délaissé complètement les
billots, puisque l'industrie du sciage n'en demandait pas, avait des prix
très faibles. Si des conditions normales, à l'industrie du
sciage, avaient existé, on aurait beaucoup moins de bois à
pâte le long des routes, parce qu'une partie de ce bois aurait
été coupée en billots.
M. Drummond: D'accord! On fait face à une situation que
personne n'a voulue et que peut-être, personne n'a prévue au
complet, mais il ne faudrait pas faire porter sur REXFOR le
problème.
M. Giasson: II y a un autre danger sérieux qui guette la
forêt du Québec, l'épidémie de la tor-deuse. Vous
savez qu'elle ast dans la région chez nous, tant dans la foret publique
que privée. S'il fallait que cette épidémie prenne encore
de l'ampleur et que, dans ce contexte, la forêt publique soit très
endommagée, quels seraient les choix que le ministère et REXFOR
auraient devant cette situation? Faire des coupes massives? Mais pendant que
REXFOR ferait des coupes massives, les producteurs seraient pris avec la
même épidémie et seraient obligés de
récupérer les bois. Que peut-on prévoir devant le danger
d'épidémie très sérieuse qui couvre la majeure
partie, je pense bien, des territoires forestiers du Québec à
l'heure actuelle?
M. Lessard: On parle même de devoir récupé-
rer, d'ici prochainement, 10 millions de cunits de bois.
M. Drummond: On ne sera pas capable de récupérer
tout cela.
M. Giasson: On ne sera pas capable et, à un certain
moment, on va avoir un choix à faire. Chez nous, si...
M. Drummond: II y aura aussi de la récupération
à faire sur les forêts privées.
M. Giasson: Oui, mais comment faire le choix?
M. Drummond: II s'agira de répartir cela. Il s'agira de
répartir les coupes...
M. Giasson: ...quitte à perdre une partie des forêts
domaniales.
M. Drummond: Sûrement. On en perd. On ne sera pas capable
de récupérer tout ce qui sera attaqué et tout ce qui
mourra. Alors, il s'agira de faire un programme de récupération
quelconque des forêts privées et des forêts publiques.
M. Giasson: Une autre chose, M. Côté. REXFOR fait de
l'exploitation dans différents coins du Québec. Sera-t-il
possible d'obtenir des écritures comptables sur chaque opération
séparée? Autrement dit, si je veux connaître les
états financiers précis de REXFOR dans la forêt domaniale
des Appalaches, sera-t-on en mesure d'obtenir cela ou y aura-t-il simplement
des écritures comptables fournies à l'information publique, de
façon globale?
M. Drummond: Je voudrais rappeler ici que, dans le cas des
Appalaches comme exemple, REXFOR a conclu un contrat avec le ministère.
Le ministère demeure le gestionnaire de la forêt domaniale des
Appalaches. REXFOR a été engagée par le ministère
pour faire les travaux d'aménagement. Alors, le plan
d'aménagement, le plan de gestion, c'est le ministère qui
continue à en être responsable. REXFOR agit comme entrepreneur
pour le compte du ministère.
M. Giasson: Oui, mais la comptabilité est faite par
REXFOR.
M. Drummond: Nécessairement, parce que nous exigeons une
comptabilité séparée.
M. Giasson: C'est le maître d'oeuvre. C'est lui qui engage.
C'est lui qui prend les décisions. C'est lui qui paie surtout. Cela fait
qu'il doit avoir une comptabilité particulière pour REXFOR.
M. Drummond: REXFOR a une comptabilité
séparée. Nous l'exigeons. C'est à la disposition du
ministère des Terres et Forêts. C'est dans l'entente de base.
M. Giasson: Si on demandait cela au ministère et si on
voulait avoir ces chiffres...
M. Drummond: On les fournit. Oui.
M. Giasson: Voici pourquoi je pose la question.
M. Lessard: Je comprends dans le cas des Appalaches, mais je
rejoins, toujours dans le sens de la discussion je sais que le
député de Témiscouata-Kamouraska a une intervention
à faire aussi le député de Montmagny-L'Islet qui
pose ainsi la question: Sera-t-il possible, dans le prochain rapport, d'obtenir
une comptabilité séparée selon les opérations de
REXFOR, et je pense que c'est très important pour la Côte-Nord
comme pour les...
M. Drummond: Je n'irais pas si loin que cela parce que les
compagnies... Souvent, vous l'avez mentionné tout à l'heure, on
est en concurrence avec les compagnies privées et on ne dévoile
pas tout notre jeu aux compagnies privées, et ce n'est pas
l'intérêt, je pense bien, de tout dévoiler. Autant que
possible, on va mettre les détails, mais quand cela ne sera pas dans
l'intérêt du gouvernement ou de REXFOR de dévoiler toutes
ces données, il ne faudra pas les mettre.
M. Lessard: Les compagnies privées doivent
présenter aussi un rapport de leurs activités.
M. Drummond: C'est cela.
M. Lessard: ...à leurs actionnaires. Or, les
parlementaires deviennent un peu les mandataires ou ceux qui ont la procuration
de la population pour...
M. Giasson: Ceci a une importance, M. Côté, chez
nous.
M. Drummond: Oui.
M. Giasson: Vous êtes une société d'Etat. Je
suis dans une région où on nourrit beaucoup de doutes à
l'endroit des sociétés d'Etat. La population sait que REXFOR ne
paie pas de droits de coupe. Si elle fait des profits d'exploitation sans payer
de droits de coupe, elle doit réinvestir dans l'aménagement.
M. Drummond: C'est cela.
M. Giasson: On fonctionne avec cela dans ce temps-ci, mais, un
jour, il faudra prouver à la population que, véritablement, les
profits sont retournés à l'aménagement et quelle sorte
d'aménagement on a fait. On ne passera pas des couleuvres à notre
population indéfiniment. Un jour, il faudra expliquer la marchandise
qu'on a tenté de vendre au début des activités. Et je ne
suis pas le gars pour raconter des histoires.
M. Drummond: II n'est pas question de passer des couleuvres non
plus.
M. Giasson: On ne veut pas passer de couleuvres, mais comme la
population met en doute l'efficacité de REXFOR, elle va faire ses
preuves. Elle a un mandat de cinq ans. Tous ses profits doivent être
réinvestis dans l'aménagement. Il va falloir savoir quelle sorte
d'aménagement et qu'est-ce que cela a coûté.
M. Drummond: II y a des travaux que l'on demande à REXFOR
qui ne génèrent pas de profits, ils sont même plus
coûteux que les revenus.
M. Giasson: D'accord, mais cela, il va falloir le savoir et
l'expliquer aux gens.
M. Drummond: Oui. C'est pour cela qu'on a passé un contrat
avec REXFOR parce que ce sont des opérations qui ne s'envisagent
quasiment pas avec un entrepreneur privé.
M. Giasson: Mais la première partie de l'opération,
lorsque vous prenez un bloc forestier, vous avez décidé d'y
pratiquer des coupes, que ce soit à blanc, sélectives, en damier
ou autrement. Pour cette partie, vous ne demandez pas un effort particulier
à REXFOR par rapport à ce qu'on peut demander à une
compagnie privée qui fait des exploitations. Vos
réinvestissements se font dans une autre activité que
celle-là.
M. Drummond: Peut-être dans la même activité
s'il y a des travaux.
M. Giasson: Si vous faites de la coupe sélective,
d'accord. Vos coûts d'exploitation sont plus élevés dans
une coupe sélective que dans une coupe à blanc ou une coupe par
bandes, mais le seul argument qu'on peut apporter aux gens de ma région,
que l'aménagement forestier fait par REXFOR a été la coupe
sélective, je vous dis au départ que ce ne sera pas fort notre
affaire, parce que les gens connaissent la coupe sélective chez nous.
Vous avez des centaines de petits propriétaires privés qui font
de la coupe sélective. Il font du jardinage dans leurs forêts. Si
on n'a pas autre chose que cela à présenter, comme justification
de l'utilisation des bénéfices réalisés par REXFOR
qui n'a pas payé de droit de coupe, je vous dis au départ qu'on
n'a pas une grosse marchandise dans les mains.
M. Drummond: II ne faut quand même pas juger sur une
année d'exploitation.
M. Giasson: Si vous me dites: On va prendre une partie des
profits pour combattre la tordeuse des bourgeons d'épinette au moins
dans les forêts publiques et les parcelles les plus endommagées,
là je suis d'accord qu'on a quelque chose qui justifie l'utilisation de
l'argent.
M. Drummond: Investir dans une coupe sélective, ce n'est
pas justifiable, d'après vous?
M. Giasson: C'est justifiable, mais investir ne coûte pas
si cher que cela. Nos propriétaires privés à 50% font de
cela.
M. Drummond: On pourra inviter je pense que REXFOR sera
d'accord là-dessus les entrepreneurs privés à faire
des appels d'offres pour certains travaux. On verra s'ils sont capables de
faire de l'argent avec cela.
M. Giasson: Quand vous faites des coupes à blanc
présentement dans les Appalaches, vous faites exactement la même
exploitation traditionnelle de l'entreprise privée. Si on n'a pas autre
chose à montrer aux gens, je vous dis au départ...
M. Drummond: II s'est fait des coupes à blanc dans les
Appalaches parce qu'à certains endroits il fallait qu'il se fasse des
coupes à blanc et c'était la première année
d'exploitation où le plan de détail n'est pas
complété. Alors, il faut commencer quelque part. Il ne faut pas
juger seulement sur un an.
M. Giasson: Je ne vous fais pas de reproche. Je vous dis que je
vous laisse aller. Je comprends cela. L'argument que vous venez d'apporter,
c'est celui que je donne; mais il va falloir qu'un matin on voie autre chose
qu'uniquement des exploitations forestières.
M. Drummond: D'accord. Cette année, dès la
première année, on a construit pour près de 40 milles de
route. Je crois que c'est un actif et c'est un apport considérable pour
une région. On négocie actuellement un contrat avec la
Coopérative de Sainte-Apolline. La Coopérative de Sainte-Apolline
nous demande on parle d'efficacité et je crois que la
coopérative a raison, en plus de cela avec son
ingénieur-conseil, $37 environ la corde pour couper le bois; alors qu'on
sait que le livrer à l'usine, c'est autour de $40, $42.
M. Giasson: Vous dites qu'à ce prix il n'y a pas de voirie
faite par le chantier coopératif.
M. Drummond: Non. La voirie a été faite par nous au
cours des travaux de restauration, les chemins sont tous faits. Il reste que,
si c'est si cher, si c'est au-dessus de la normale, c'est parce qu'il y a du
bois renversé, il y a des conditions un peu spéciales, mais si on
demande, soit à une coopérative quelconque ou à un
entrepreneur quelconque ou à REXFOR de faire des travaux
spéciaux, à des conditions spéciales, il y a des
coûts comme ça. Ces coûts ont été
négociés avec l'aide d'un bureau d'ingénieurs-conseils
pour Sainte-Apolline. Il reste à le terminer. Mais j'ai le contrat ici.
Si on nous demande de faire des travaux semblables, ça va coûter
le même prix ou à peu près.
M. Giasson: C'est ça.
M. Drummond: Je n'ai pas d'objection à le donner à
Sainte-Apolline à ce prix, mais on est sûr d'avance, on est
positif qu'en le livrant à l'usine, on va faire un déficit. Mais
il faut mettre une partie de ces montants pour améliorer et
aménager la forêt pour l'avenir. Dès cette année, on
a un déficit, mais probablement que, dans quelques années, ce
sera rentable. C'est un peu comme ça qu'il faut voir les
opérations de REXFOR dans votre coin, parce qu'il y a des situations
particulières.
M. Giasson: Je ne parle pas des opérations du chantier
pour cette année, je comprends que ce sont des conditions
particulières. Vous les envoyez dans un secteur où il y a eu de
la coupe sélective et, à la suite de cette coupe, il y a eu
énormément de "renversés" dans certains blocs à
l'intérieur des anciennes opérations.
M. Drummond: C'est l'exemple d'un endroit où il y aurait
probablement fallu couper à blanc et on a fait des coupes
sélectives pour essayer d'aller au maximum là-dedans. On est
allé un peu trop loin, on a eu un coup de vent, la forêt n'a pas
tenu le coup. Alors, ça démontre qu'on ne peut pas faire des
coupes sélectives partout, qu'à un certain moment, il faut faire
des coupes à blanc, parce qu'il n'y a rien à faire avec
ça.
M. Giasson: Oui.
M. Drummond: Ce qui veut dire que, si on avait fait la coupe
à blanc tout de suite, on n'aurait pas tous ces frais. Les gens
critiquent parce qu'on laisse faire des coupes à blanc et ils critiquent
aussi parce qu'il y a du renversé, parce qu'on a essayé de faire
des coupes sélectives. Il va falloir que quelqu'un se branche à
un moment donné et que chacun fasse face à la situation. Les
forêts ne sont pas identiques partout.
M. Giasson: Je comprends tout ça.
M. Drummond: Pour la forêt des Appalaches, l'objectif,
c'est d'en faire un modèle d'aménagement. C'est de l'argent que
l'Etat investit et il est certain qu'à un moment donné, il va
falloir que l'exploitation, dans son ensemble, fasse ses frais et devienne
rentable.
M. Giasson: Si, au lieu d'avoir donné un mandat à
REXFOR dans les Appalaches, vous aviez donné des bois de coupe à
des compagnies il y en a beaucoup qui en veulent. L'Etat aurait,
au moins, récupéré les droits de coupe.
M. Drummond: Je pense qu'en discutant avec REXFOR, ce qu'on va
faire, c'est donner des contrats particuliers à des entrepreneurs et
vous allez voir que, dans plusieurs cas, les gens vont nous dire: Le prix que
vous nous offrez ou ça coûte tant pour le faire, le prix à
l'usine et le temps... Dans la majorité des cas, vous allez voir qu'il
va y avoir des déficits qu'il va falloir combler parce qu'on va demander
des travaux qui ne pour-
ront pas absorber leurs frais. C'est pour ça qu'on a
embarqué REXFOR dans toute l'affaire. On a dit, au départ: On va
essayer de pousser sur l'aménagement intensif et il va falloir investir
en forêt. Nous, on n'appelle pas ça des travaux
déficitaires. Ce n'est pas vrai. On pourrait faire des travaux qui ne
soient pas déficitaires en fonctionnant traditionnellement, mais on dit
qu'on veut faire un modèle d'aménagement. Alors, pendant
plusieurs années, il va falloir investir.
Ce que vous appelez des déficits ou des pertes, c'est de
l'investissement, pour que cela devienne quelque chose de rentable plus
tard.
Si on a confié tout cela à l'entreprise privée,
dans certains cas, on n'est même pas capable d'évaluer,
exactement, les coûts parce qu'il se fait certains essais. Même
avec REXFOR, on n'est pas capable de passer un contrat ferme
d'exécution, parce qu'on n'a pas assez de détails. On n'est
même pas capable d'aller en soumissions. On fait certaines
expériences là-dedans et on peut le faire avec REXFOR, parce que
c'est une société d'Etat. On ne peut certainement pas exploiter
selon les coûts, avec un entrepreneur privé. On va être
accusé de favoriser un entrepreneur, en lui payant plus que cela
rapporte.
On investit par REXFOR, qui est une société d'Etat, et on
peut se permettre de fonctionner d'une certaine façon avec REXFOR, parce
que c'est une société d'Etat.
M. Giasson: Dans les politiques prévues au livre blanc, il
était question de retrait des concessions forestières et de la
création d'unités de gestion et d'aménagement.
M. Drummond: C'est ce qu'on a fait avec les Appalaches.
M. Giasson: Est-ce qu'on peut déduire que la
création de la forêt domaniale des Appalaches, à la suite
du retrait de deux anciennes concessions, Donohue et Collin Lumber, constitue,
dans le système actuel, une unité de gestion, tel que
prévu au livre blanc?
M. Drummond: Oui. La gestion de la forêt n'est pas
confiée à REXFOR; c'est ce qu'il faut comprendre. Le
ministère, par l'administration régionale, a un gestionnaire avec
une équipe, sur le terrain. C'est lui qui est responsable de la gestion
de cette forêt. Rexfor est là comme exécutant, comme
contractant.
Dans d'autres forêts, on va avoir la même chose, sauf que
REXFOR n'y sera pas. Ce sera un entrepreneur privé qui va suivre le plan
de gestion. On a dit: On fait de l'aménagement avancé, des
travaux sylvicoles, d'une façon poussée. On demande à
REXFOR d'intervenir, comme exécutant.
Au lieu de passer un contrat avec une compagnie privée, on l'a
passé avec REXFOR. Cela ne veut pas dire que REXFOR est le gestionnaire
de cette forêt. Ce n'est pas REXFOR qui est roi et maître. C'est le
ministère qui est gestionnaire. REXFOR exécute le programme
préparé par le mi- nistère. Il est certain qu'on en
discute avec le contractant, mais il est faux de dire que REXFOR a
remplacé un concessionnaire dans les Appalaches. C'est le
ministère qui est le gestionnaire. REXFOR est là comme
entrepreneur. Les plans sont faits par le ministère.
Quand on va arriver plus bas, Ouellette et frère fera faire la
coupe. Elle va suivre les plans qui seront faits, comme REXFOR suit ceux des
Appalaches, sauf que ceux des Appalaches sont plus poussés. C'est pour
cela qu'on a demandé à REXFOR d'intervenir.
M. Giasson: Dans l'autre engagement que REXFOR et que le
ministère des Terres et Forêts ont pris à l'endroit de
F.-F. Soucy, est-ce qu'on peut présumer qu'il y a une partie du bois
à pâte qui va être coupé dans les Appalaches qui
pourrait être acheminée vers l'usine F.-F. Soucy?
M. Drummond: Oui, c'est même prévu comme cela au
départ, mais on voudrait qu'à long terme ce bois vienne de
l'unité du Grand Portage, parce que, à moyen et à long
termes, on ne fera pas face à des surplus de bois, on va manquer de
bois.
M. Giasson: C'est parce que vous avez pris un engagement, tout de
même, vis-à-vis de F.-F. Soucy. Les offices de producteurs de bois
de La Pocatière et de Rimouski se sont engagés pour 100,000
cordes annuelles sur...
M. Drummond: Ils se sont engagés, dans la mesure du
possible, à livrer 100,000 cordes.
M. Giasson: Vous autres, 25,000 cordes, mais vous avez un autre
engagement. Si les producteurs n'alimentaient pas F.-F. Soucy dans la
proportion de 100,000 cordes, vous devez les leur fournir.
M. Drummond: C'est cela.
M. Giasson: Vous ne craignez pas que la forêt publique,
servant à alimenter déjà certaines industries de sciage
et, également, comportant des engagements à l'endroit de F.-F.
Soucy... Si les petits producteurs ne produisaient pas les quantités
requises, vous ne croyez pas que vous allez pénaliser l'industrie du
sciage par l'obligation que vous avez de garantir des quantités, le
manque à gagner des petits producteurs?
M. Drummond: Non, parce que, dans l'histoire de F.-F. Soucy, on a
exactement l'exemple d'un projet qui n'aurait pas pu se réaliser si on
n'avait pas eu un instruement comme REXFOR. On est dans une région, le
Grand Portage, où les producteurs privés sont obligés de
vendre leur bois soit au Nouveau-Brunswick ou soit aux usines de Québec
et de Trois-Rivières. Les producteurs perdent beaucoup d'argent dans le
transport. C'est-à-dire que cela leur coûte des profits, le
transport. Il y a quelqu'un qui paie le transport. On dit: II y a un
marché qui sera intéressant pour le dévelop-
pement de F.-F. Soucy. Par contre, les producteurs ne se sentent pas les
reins assez solides pour garantir formellement leurs 100,000 cordes. On tourne
un peu en rond.
Nous autres, on prétend que, s'il y a un acheteur et que le prix
est bon, les producteurs vont les livrer. Or, REXFOR est intervenue en disant:
Si les producteurs ne les livrent pas, je vais les compléter. C'est
certain que c'est un risque, mais c'est un risque calculé, parce que la
compagnie s'est engagée à payer le prix moyen payé aux
producteurs aux usines de Trois-Rivières et de Québec. Cela veut
dire que le producteur du Grand Portage, quand il va livrer à
Rivière-du-Loup, va recevoir le même prix que celui des usines de
Québec et de Trois-Rivières.
Le gars de Rivière-du-Loup qui est habitué de vendre
à Québec, la différence pour le transport, c'est dans sa
poche qu'elle va aller. Alors, on pense qu'avec ce bénéfice
accru, s'il se coupe une corde de bois dans le Grand Portage, avant de venir
à Québec, elle va aller à Rivière-du-Loup.
Il y a un risque, le risque est calculé, mais il a
été fait dans l'optique que si on ne créait pas un
marché de bois à pâtes dans le bout du Grand Portage, on ne
serait pas capable d'intensifier nos travaux d'aménagement d'une
façon poussée dans la forêt domaniale du Grand Portage et
que tout ce qu'on a en oeuvre du côté de la forêt
privée, ce serait difficile parce que les producteurs perdraient trop
dans le transport. Il y a un risque calculé, on le prend. On a un outil
pour cela, c'est REXFOR. C'est certain qu'il y a des risques. Si on ne prend
pas de risques à certains endroits, on ne fera rien.
M. Giasson: Lorsque REXFOR, dans ses opérations du Grand
Portage, doit vendre les billots qu'elle fait, elle l'a fait au cours de 1974
en fonction d'une politique ou d'un système établi, est-ce que,
M. Côté, vous avez l'impression que ce système va demeurer
ou s'il y aurait possibilité de revoir cela?
M. Drummond: Oui, on a fonctionné suivant un
système établi par le CRD, le ministère des Terres et
Forêts, ou même d'autres organismes, etc. On a demandé des
soumissions. Cela a quasiment été des soumissions à deux
ou trois utilisateurs désignés. Souvent, les prix étaient
trop bas. On a dit que cela n'avait pas de bon sens, on va renégocier
des prix. On me l'a demandé et on a dit: Continuez encore un an ce
système. Essayez cela encore comme cela.
M. Giasson: Là, je comprends.
M. Drummond: Je suis bien prêt à essayer encore un
an, mais je trouve que demander des soumissions et toutes les rejeter
après cela et renégocier, c'est laborieux.
M. Giasson: C'est parce que vous êtes arrivé une
année où l'industrie du sciage allait très mal.
Reportez-vous dans le contexte de 1973, je pense bien que vous n'auriez pas
redemandé de soumissions.
M. Drummond: On aurait réinvesti plus dans la forêt
des Appalaches. On aurait fait une meilleure opération.
M. Giasson: Vous auriez vendu le bois à un meilleur prix
et tout le monde aurait voulu avoir des billots.
M. Drummond: C'est cela.
Prenez un exemple de problèmes qu'on a en 1975. Vous dites:
Est-ce que REXFOR va faire moins de coupe cette année sur les
Appalaches? Pour produire moins de bois, il va falloir concentrer REXFOR dans
des peuplements à faible récupération en bois commercial.
Ce qui veut dire que l'investissement à faire dans ces travaux va
être plus fort nécessairement et cela va coûter plus cher.
Ceci veut dire que le ministère, dans son contrat avec REXFOR, devra
débourser de l'argent pour faire le travail.
Alors, si on fait cela un peu partout, cela n'a pas été
prévu dans nos budgets actuels. Quand on a fait ces budgets en I974, on
ne prévoyait pas que le marché était pour aller si mal que
cela, si longtemps. Or, pour pouvoir diminuer les coupes de bois, tout en
fournissant du travail et en procédant dans notre aménagement, il
faudrait concentrer REXFOR dans les peuplements où il y a le moins de
récupération possible. Mais cela va demander plus
d'investissements.
M. Giasson: Une dernière question: Les garanties
d'approvisionnement, à l'endroit de la compagnie Morigeau, sont pour une
période de combien d'années?
M. Drummond: Si je me souviens bien, c'est cinq ans.
M. Giasson: Cinq ans. Cela avait été
négocié lors d'une rétrocession de concessions
forestières.
M. Drummond: C'était avant tout ce programme...
M. Giasson: Ah bon!
M. Drummond: ... et cela avait été fait dans
l'optique où il y avait une utilisation complète de tout le
produit dans la région, une transformation complète. On ne
l'aurait pas fait si cela avait été strictement une entreprise de
sciage, qui aurait vendu son bois de sciage en dehors de la région. Dans
le cas de Morigeau, on a dit: On a l'exemple d'une entreprise qui va faire la
transformation du produit à l'intérieur même de la
région.
M. Giasson: Dans le cas des feuillus, des bois francs, le bois
mou... On n'utilisera pas nécessairement le bois mou...
M. Drummond: C'est une façon, en ajoutant
du bois mou, de compléter un peu l'approvisionnement, pour que la
scierie puisse atteindre un certain niveau de rentabilité. Cela a
été fait strictement dans cette optique.
Le Président (M. Lafrance): Etant donné l'heure, la
commission devra ajourner ses travaux et je devrai reconnaître, à
la prochaine séance concernant toujours REXFOR, parce qu'il y a
encore des questions MM.Pelletier, de Kamouraska-Témiscouata,
Roy, de Beauce-Sud et Lessard, de Saguenay, dans l'ordre.
La commission des richesses naturelles, des terres et forêts
ajourne ses travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 3)