Journal des débats (Hansard) of the Committee on Health and Social Services
Version préliminaire
43rd Legislature, 1st Session
(November 29, 2022 au September 10, 2025)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
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Tuesday, June 3, 2025
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Vol. 47 N° 97
Special consultations and public hearings on Bill 103, an Act mainly to regulate supervised consumption sites in order to promote their harmonious cohabitation with the community
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10 h (version non révisée)
(Dix heures trois minutes)
Le Président (M. Provençal)
:Alors, bon matin à tous. Ayant
constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission de la santé et des
services sociaux ouverte. La commission est réunie afin de procéder aux
consultations particulières et auditions publiques sur le projet de loi no 103,
Loi visant principalement à réglementer les sites de consommation supervisée
afin de favoriser une cohabitation harmonieuse avec la communauté.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
emplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Abou-Khalil (Fabre) est remplacée par Mme Boivin-Roy
(Anjou-Louis-Riel); Mme Caron (La Pinière) par Prass (D'arcy-McGee); et M.
Arseneau (Îles-de-la-Madeleine), par Mme Gentilcore (Terrebonne).
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. Nous débuterons ce
matin par les remarques préliminaires puis nous entendrons les témoins suivants :
l'Association des intervenants en dépendance du Québec et la Ville de Québec.
J'invite maintenant le ministre
responsable des Services sociaux à faire ses remarques préliminaires. M. le
ministre, vous disposez de six minutes. Je vous donne la parole.
M. Carmant : Merci beaucoup, M.
le Président. Je suis très heureux d'être de retour ici aujourd'hui pour ce
projet de loi qui témoigne de notre volonté de mieux préparer l'implantation
des sites de consommation supervisée au Québec, notamment à l'égard de leur
emplacement.
Tout d'abord, j'aimerais vous saluer, M.
le Président, ainsi que les équipes ici, mes collègues de la banquette
gouvernementale, les collègues des oppositions qui sont également avec nous
aujourd'hui, ainsi que les représentants et représentantes des différents
groupes aujourd'hui et demain.
Alors, ce projet de loi modifie diverses
lois, notamment en matière de services de garde éducatifs, d'enseignement
privé, d'instruction publique et de santé et services sociaux, afin de
favoriser une cohabitation harmonieuse entre les sites de consommation supervisée
et les communautés dans lesquelles ils se trouvent. On cherche ainsi à établir
un équilibre juste et durable entre la nécessité des services de consommation
supervisée sécuritaires, encadrés par les bonnes pratiques professionnelles, et
les préoccupations bien réelles exprimées par des citoyens, notamment en ce qui
concerne l'exposition des mineurs fréquentant les écoles et les garderies à
proximité, à des événements et des situations pouvant affecter leur santé et
leur sécurité. De cette manière, on pourra renforcer le sentiment de sécurité
des citoyens et une meilleure compréhension du rôle des services de
consommation supervisés comme étant un lieu pour rejoindre les personnes là où
elles se trouvent et leur offrir des soins, et ce, tout en favorisant une
cohabitation harmonieuse dans la communauté.
Les modifications apportées par ce projet
de loi, comme je le soulignais tantôt, permettront de renforcer le rôle stratégique
des sites de consommation supervisée. Il faut le dire très clairement :
Les sites de consommation supervisée sauvent des vies. Ils permettent d'éviter
des surdoses mortelles, ils créent un lien précieux entre des personnes
marginalisées et notre réseau de la santé et des services sociaux, et mon
objectif est qu'ils offrent une porte d'entrée vers le traitement des
dépendances et des maladies chroniques.
Je rappelle qu'au cours des dernières
années le nombre de sites de consommation supervisée a considérablement
augmenté au Québec, passant de quatre, en 2020, à 14 en 2024. Et j'insiste, il
va falloir en implanter d'autres, surtout au niveau de l'inhalation supervisée,
dans les prochaines années pour continuer de répondre à cette urgence...
M. Carmant : …de santé
publique. Notre gouvernement reconnaît leur pleine importance et c'est
justement pour cela qu'il faut tenir compte des préoccupations légitimes des
communautés locales pour préserver leur développement.
Ces dernières années, plusieurs de nos
compatriotes… et je pense aux parents, commerçants, élus municipaux qui nous
ont interpelés, particulièrement en raison de la proximité de certains sites de
consommation supervisés avec des écoles, des garderies et d'autres lieux
fréquentés par des enfants. Ce qu'on note, c'est que… c'est ce besoin pour la
population de préserver la confiance et la sécurité de leur quartier. On est
capable de tenir compte de cet enjeu, tout en poursuivant les efforts… les
efforts d'implantation des sites de consommation supervisés.
Ce projet de loi est donc un… représente
une solution équilibrée. Il instaure un régime d'autorisation claire, sous la
supervision du ministre, pour encadrer l'installation des sites de consommation
supervisés. Cette autorisation reposera sur une analyse rigoureuse de Santé
Québec, mais aussi précédée par une consultation auprès du ministre de
l'Éducation, de la Famille ainsi que les municipalités concernées.
Le régime prévoit l'interdiction
d'autoriser un site qui se situerait à moins de 150 mètres d'une école,
d'un centre de la petite enfance ou d'une garderie. Ces autorisations seront
valables pour une période de quatre ans, avec des modalités claires de suivi,
de renouvellement ou de révocation. En plus, il est possible d'adjoindre aux
autorisations d'autres conditions qui pourraient mettre l'accent sur des
éléments de sécurité, propreté et tranquillité dans les environs immédiats.
Pour qu'il ne puisse pas y avoir de
rupture de services, il est également prévu des dispositions transitoires afin
que tous les organismes offrant actuellement des services de consommation
supervisés soient réputés titulaires d'une autorisation pour quatre ans au
moment de la sanction de la loi. Cela permettra d'intégrer progressivement ces
organismes dans le nouveau cadre réglementaire, sans interruption des services
pour les bénéficiaires. Ce projet de loi témoigne aussi d'une volonté forte de
mettre en place une trajectoire de soins plus coordonnée qui ne laisse personne
de côté. En plus de donner accès à des lieux sécuritaires pour l'usage de
substances, on veut qu'ils deviennent des portes d'entrée vers un traitement
rapide et adapté pour celles et ceux qui le souhaitent, une occasion
d'encourager l'adhésion volontaire aux soins et services chez les personnes
réfractaires à recevoir de l'aide, une occasion d'offrir des soins et des
services spécialisés sur place et une démarche visant la rétention dans les
soins lorsque cela est nécessaire.
Et ce n'est qu'avec la mobilisation de
tous les partenaires qu'on va pouvoir réussir. C'est d'ailleurs pour cela que
je salue l'intégration à ce projet de loi de l'élaboration d'un plan de
cohabitation, lequel témoignera de la collaboration intersectorielle requise
avec tous les partenaires avant le dépôt du projet. La crise de surdoses est
une réelle… une réalité douloureuse et elle affecte autant les personnes qui en
sont victimes que celles qui les entourent. Elle bouleverse des vies, crée de
la peur, du rejet, de la stigmatisation et parfois de l'incompréhension. On
parle de plus de 50 personnes décédées par mois pour le compte de
l'année 2024, selon les données de l'INSPQ. Derrière ces chiffres, ce sont
des vies, des familles et des drames qui sont tout à fait évitables. Les
actions que nous posons maintenant permettront de maintenir ces services, de
s'assurer que le déploiement des sites de consommation supervisés se fasse dans
un cadre respectueux, sécuritaire et socialement acceptable. Évidemment, je
suis plus qu'ouvert à entendre les commentaires et suggestions afin d'améliorer
le projet de loi que je vous propose et je remercie les représentantes et
représentants des groupes invités d'être parmi nous aujourd'hui. Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup, M. le ministre. Alors, je vais maintenant
inviter la porte-parole de l'opposition officielle et députée de D'Arcy-McGee à
faire ses remarques préliminaires pour une durée de trois minutes
36 secondes. Je vous cède la parole.
• (10 h 10) •
Mme Prass : Merci, M. le
Président. Également, je voudrais d'entrée de jeu remercier toutes les équipes,
tous les collègues, tous les organismes qui ont déposé des mémoires, qui vont
faire partie des consultations. Votre expertise, vos connaissances vont
alimenter justement nos travaux par la suite.
Donc, on se trouve aujourd'hui dans le
cadre du projet de loi intitulé Loi visant principalement à réglementer les
sites de consommation supervisés afin de favoriser une cohabitation harmonieuse
avec la communauté. On se comprend que dans les dernières années, l'enjeu de
l'itinérance a explosé au Québec. La crise des opioïdes a explosé au Québec. Et
là, on essaie... Le gouvernement essaie de faire un petit peu de rattrapage.
On se comprend qu'il y a des éléments, par
exemple une absence de logements adéquats destinés aux personnes en situation
d'itinérance ou en situation de toxicomanie qui sont disponibles et que, s'il y
avait une meilleure disponibilité de ces services, on n'aurait peut-être pas à
devoir adresser l'enjeu avec ce projet de loi de la façon dont on le fait.
C'est notre responsabilité d'étudier ce
projet de loi, d'essayer de le bonifier compte tenu de ce que nous allons entendre
et ce qui va nous être exposé. Toute la question de cohabitation en est une qui
se discute davantage dans les dernières années. Et on voit l'absence de la
présence du gouvernement par des programmes, par des… par du financement pour
aider les organismes…
Mme Prass : ...organismes et
des communautés, justement, à avoir un dialogue qui ferait en sorte qu'ils
pourraient arriver à une situation de cohabitation harmonieuse, justement.
Donc, remettre la responsabilité uniquement sur les organismes communautaires,
je pense, est un élément très problématique avec ce projet de loi, que nous
pourrons discuter lors de l'étude détaillée.
En fin de compte, on est là pour la
sécurité de tous ceux qui sont concernés, autant nos tout-petits, autant nos
familles, autant les personnes avec des enjeux de dépendances, qui, eux aussi,
sont les enfants d'individus. Donc, ce n'est pas pour défendre une réalité plus
qu'une autre, c'est vraiment pour faire le portrait de la situation et voir
comment on peut tous... parce qu'on a tous un rôle à jouer dans cette
réalité-là, comment on peut tous venir ensemble et collaborer pour justement
s'assurer que nous sommes dans une société où nous avons tous un sentiment de
sécurité et que chacun, indépendamment de... néanmoins de ses vulnérabilités
soit pris en considération et se sente dans une société où ils sont soutenus,
et que les moyens sont là pour, justement, voir cette réalité.
Donc on a hâte d'entendre ce que les
groupes ont à dire. On a hâte de commencer les travaux, parce qu'il y a
beaucoup d'éléments qui devront être bonifiés dans le projet de loi, et nous
espérons, et nous attendons que le ministre soit ouvert, justement, à ces
discussions-là pour que, comme j'ai dit, on puisse bonifier le projet de loi au
bénéfice de tout le monde. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. Alors, je vais
maintenant céder la parole au porte-parole du deuxième groupe d'opposition et
député de Saint-Henri-Sainte-Anne pour ses remarques préliminaires.
1 min 12 s
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup, M. le Président. D'abord, bonjour au ministre, bonjour aux collègues
députés, bonjour aussi au groupe qui commence, l'AIDQ et la coalition
aujourd'hui, là, qui vient nous parler, projet de loi important, M. le
Président. On va l'étudier avec grande ouverture, mais qui arrive dans un
contexte particulièrement difficile. Un contexte où les surdoses,
malheureusement, explosent au Québec. Les chiffres de 2023, 459 décès par
surdose et de janvier à septembre 2024, 485 surdoses mortelles
malheureusement, donc en hausse de 33 %. Ce qui nous démontre que, oui, il
y a des questions à évaluer, il y a des questions à étudier, mais il ne faut
certainement pas limiter et complexifier l'accès aux services.
Les organismes en surdose, dépendance et
ceux qui opèrent des SCS sont des gens qui sauvent des vies au quotidien. Je
les ai visités la plupart. Ils me disent pour certains qu'ils renversent des
surdoses à tous les jours, donc à tous les jours. On est très, très
reconnaissants du travail qu'ils et elles font sur le terrain. Il va évidemment
y avoir des enjeux de financement, des enjeux de responsabilisation sur à qui
revient les objectifs de cohabitation. On va en parler. C'est tout le temps que
j'avais, M. le Président, mais évidemment, on va travailler très fort dans
l'étude du projet de loi. Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Je vous remercie beaucoup, M. le député. J'invite
maintenant la députée de Terrebonne à… Ça va?
Mme Gentilcore : …ça va.
Le Président (M. Provençal)
: Ça va?
Mme Gentilcore : Oui, merci.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup, Mme la députée. Alors, étant donné qu'on a
terminé le volet des remarques préliminaires, je vais débuter les auditions, ce
qui me permet maintenant de saluer et de souhaiter la bienvenue à l'Association
des intervenants en dépendance du Québec, qui sont représentés par la
directrice générale et trois partenaires présents pour les échanges. Alors,
vous avez 10 minutes pour votre présentation et par la suite, on procédera
aux échanges. Je vous cède immédiatement la parole.
Mme Vadlamudy (Sandhia) :
Alors, M. le Président, membres de la commission, à titre de directrice de
l'AIDQ je vous remercie de nous donner la parole aujourd'hui. Je suis en
compagnie de trois collègues, Rémi Pelletier, représentant des personnes qui
font usage de drogues, Simon-Xavier Perreault, qui représente les services de
consommation supervisés que nous nommerons SCS et Pénélope Boudreault,
représentante des services de santé.
Ainsi, notre groupe, avec l'AIDQ, porte la
voix de 30 organismes et acteurs engagés en santé publique. On le sait, le
Québec traverse une crise de surdoses et le manque de ressources et de
logements. Dans cette lutte, les SCS sont reconnus comme essentiels pour sauver
des vies et améliorer les environnements. La jurisprudence et un tout récent
rapport du coroner Julie Kim Godin sont sans équivoque là-dessus.
Le projet de loi n° 103 met les SCS
en péril, notamment en imposant un régime d'autorisation très complexe. Et
Simon-Xavier nous en parlera davantage. Le projet de loi transfère la responsabilité
de la cohabitation sociale sur les épaules des organismes, alors qu'elle
devrait être…
Mme Vadlamudy (Sandhia) :
…partagé. Il y a d'ailleurs plusieurs exemples probants, dont celui de PACT de
rue, à Montréal, en ce moment même. Nous estimons que les dispositions prévues
par le projet de loi sont contre-productives, stigmatisantes envers les
personnes qui consomment des substances ou vivent en situation d'itinérance,
Rémi pourra nous en parler, inefficaces quant aux causes profondes de la crise et
inéquitables entre les SCS communautaires et des SCS sous l'égide de Santé
Québec.
Ainsi, nous recommandons d'emblée au
gouvernement de retirer le projet de loi n° 103 et de mener avec les
parties prenantes une réelle consultation. Et, bien que l'approche législative
ne nous convienne pas, nous estimons tout de même essentiel de porter à
l'attention du gouvernement les angles morts et les risques de ce projet de
loi.
Et là-dessus je cède la parole à Rémi.
M. Pelletier (Rémi) : Merci,
bonjour. Je m'appelle Rémi Pelletier. Je travaille à l'AQPSUD. Par le passé,
j'ai été à la fois militant, consommateur et même conseiller municipal, dans
l'ordre et dans le désordre. Aujourd'hui, il est probable qu'au sein même de
cette salle des jeunes ici, vos parents, vos frères, vos sœurs ou vos enfants
utilisent les SCS. Certains ont probablement été sauvés. Si on leur retire cet
accès, il va sans dire que c'est délibérément que toutes ces personnes se
voient placées en situation de risque plus élevé. Imaginez l'impact que ça aura
sur les gens que vous aimez.
Premièrement, le p.l. n° 103
imposera plusieurs changements irréalistes dans la vie des consommateurs. Eux,
qui sont généralement déjà mal vus dans la société, devront s'adapter à de
nouvelles conditions d'accès aux soins. Imaginons un instant qu'un SCS se
retrouve aux abords d'un parc industriel plutôt que dans Hochelaga-Maisonneuve,
pas d'école, pas de garderie. En fait, pour y accéder, il y a deux arrêts de
bus aller-retour. Les jours passent, madame X fait deux heures de bus tous les
jours pour aller consommer. Elle est vue dans ce parc par tous les employés qui
y travaillent. Vous pensez qu'elle ne serait pas stigmatisée, vous? Le fait que
les SCS soient situés dans des endroits passants lui donne un anonymat nécessaire
dont elle a… qu'elle a perdu dans ce parc. Au final, madame X retourne
consommer dans la rue, à 150 mètres d'une garderie, là où se trouvait
précédemment un SCS. Pire encore, elle n'a plus accès à du matériel stérile.
Elle risque donc de contracter une STS et même de mourir d'une surdose.
Alentour, plus personne n'est formé pour l'aider.
C'est à ça que nous expose le p.l. n° 103. Pourquoi la prémisse du p.l. n° 103
est une fausse réalité, une «fake news», à savoir que les SCS nuisent au
développement des enfants? Aucune donnée probante ne va dans ce sens. En
adoptant le p.l. n° 103, le gouvernement légitimise
ces idéologies infondées et contribue à la stigmatisation et à l'isolement des
personnes qui consomment. Au lieu de projets de loi qui marginalise les
personnes qui consomment, les stigmatisent et les isolent, on devrait plutôt
prendre leur avis. La manière de faire est évidente. Il faut traiter avec les
OBNL qui leur dispensent les services qu'ils choisissent d'utiliser, dont ceux
des organismes parés pour.
En conclusion, le gouvernement a
l'obligation de veiller à ce que toutes les lois relevant de sa compétence
respectent et défendent les droits de tous les membres de la communauté. Ils
sont protégés par les chartes québécoise et canadienne des droits et libertés.
Les valeurs personnelles, les intérêts économiques et les sentiments de confort
personnel ne peuvent jamais l'emporter sur cette obligation légale, éthique et
humaine. C'est chaque Québécois qui a un ou des proches qui consomment qui est
concerné. Je vous rappelle que l'article 7 de la Charte canadienne des droits
et libertés, selon laquelle chaque personne a droit à la vie et à la santé… et
cela inclut les personnes utilisatrices de drogues. Merci. Je vais céder la…
• (10 h 20) •
M. Perreault (Simon-Xavier) : Salutations
à tous, à toutes. Je me présente, Simon-Xavier Perreault, coordonnateur de
L'Interzone et sortant à la maîtrise en psychoéducation.
Aujourd'hui, nous faisons face à une crise
de santé publique sans précédent. Partout au Québec, les surdoses sont en
hausse, 645 morts en 2024, plus de 30 % d'augmentation, et pourtant, dans
les sites de consommation supervisée, on ne recense aucune surdose mortelle.
C'est, selon moi, la meilleure statistique, la plus belle. C'est une donnée
fondamentale, chaque intervention permet non seulement de sauver des vies, mais
aussi de désengorger nos urgences, de réduire les coûts d'hospitalisation. Ce
sont des économies pour notre système de santé, mais surtout ce sont des
personnes qui restent en vie.
Comme il est mentionné dans le mémoire de
la coalition, les SCS sont déjà soumis à un processus long et coûteux afin
d'obtenir une exemption à la loi fédérale. Les organismes qui offrent ce type
de service sont désormais… devront désormais fournir un deuxième ensemble de
documents, avec les exigences équivalentes au gouvernement du Québec. Selon…
2022, le milieu et l'approche communautaire sont des piliers, des fondements
dans l'opération des sites de consommation supervisée. Encore une fois, le
public sous-estime la charge qu'il lui demande à travers cette masse
bureaucratique…
M. Perreault (Simon-Xavier) :
...ne sont pas seulement des lieux de prévention, ce sont aussi des portes
d'entrée vers la réaffiliation sociale et les soins, notamment pour les
personnes les plus vulnérables souvent en rupture avec les institutions. En
offrant des espaces sécuritaires autant physiquement, socialement et même
judiciairement, ces lieux permettent de retisser des liens, de reconstruire la
confiance et de redonner accès aux services publics. Ils jouent également un
rôle clé dans la réduction de la criminalité et la judiciarisation.
Là où on implante un SCS, la gestion
collaborative de l'espace public contribue à une cohabitation plus harmonieuse
avec le voisinage. On observe moins de consommation visible, moins de seringues
dans les rues et une meilleure qualité de vie pour tous. Et surtout,
l'efficacité des SCS est documentée. On pense à... et al. dans une revue de 22
études, qui concluent que les sites de consommation supervisés réduisent les
risques de surdoses et de décès, augmentent l'accès aux soins et limitent la
criminalité dans le voisinage. On pense à Marshall et al. 2011, qui démontrent
que l'ouverture d'Insite à Vancouver entraîne une baisse significative des
décès par surdoses. On pense à Potier et al. 2014, qui soulignent également
leur rôle dans la réduction des ITSS et l'amélioration de l'accès aux services
sociaux.
Alors, oui, les SCS sont efficaces. C'est
même la prémisse de mon essai qui porte sur les interventions en sites de
consommation supervisée. Au-delà des chiffres, il est essentiel de documenter
davantage les interventions concrètes qui s'y déroulent, de valoriser
l'expertise développée sur le terrain et de soutenir le déploiement à l'échelle
provinciale. Merci.
Mme Vadlamudy (Sandhia) :
Donc, pour conclure, le projet de loi n° 103 suscite,
vous l'avez entendu, de vives préoccupations. Plutôt que d'améliorer la
situation, son application va l'aggraver en contraignant les personnes en
situation de vulnérabilité à consommer dans des environnements non
sécuritaires, au détriment de leur santé, de leur sécurité et surtout de la
cohabitation sociale, en imposant un fardeau supplémentaire et inégal aux
organismes communautaires, de surcroît.
Nous constatons que plusieurs dispositions
du projet de loi semblent en contradiction avec les orientations
gouvernementales, notamment avec la Stratégie nationale de prévention des
surdoses, qui, elle, privilégie des approches basées sur la réduction des
risques et des méfaits et la concertation avec le milieu communautaire.
Les SCS sont des services de santé à part
entière reconnus dans les orientations nationales et protégés dans la
jurisprudence canadienne. Ils ne peuvent être traités comme des exceptions à
réglementer, par suspicion ou par crainte. Le gouvernement a le devoir de les
reconnaître explicitement comme des services de santé essentiels en leur
assurant un cadre réglementaire stable fondé sur les données probantes en santé
publique et les principes de réduction des risques et des méfaits. Merci
beaucoup.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, M. le ministre, nous allons initier immédiatement
la période d'échange. Alors, vous avez la parole pour
16 min 30 s.
M. Carmant : Bien, merci
beaucoup pour cet échange. Je pense que, sur le fond, on dit la même chose,
c'est-à-dire que les centres de consommation supervisés sont importants, il
nous en faut d'autres à travers le Québec. L'enjeu, maintenant, c'est pour...
Avec le projet de loi actuel, on impacte deux des centres existants, puis
maintenant l'enjeu, ça va être surtout, pour les prochains qu'on veut ouvrir,
où est-ce qu'on va les situer.
Le seul commentaire avec lequel je n'étais
pas d'accord, c'est qu'on dit que ça n'a pas d'impact sur les enfants. Mais y a
beaucoup de données probantes qui montrent que le stress parental influe sur le
développement des enfants. Donc, un parent stressé, quelle que soit la raison,
ça impacte le développement de ses enfants. Ça, c'est... je suis neuropédiatre,
là, de carrière, donc, ça, je pense qu'il n'y a aucun doute là dessus.
Maintenant, la question c'est vraiment comment faire pour s'assurer que ça se
fasse de façon harmonieuse.
Moi, ce que j'ai constaté... Moi, j'ai été
impliqué dans l'ouverture d'un seul de ces sites-là, là, puis ce que j'ai
remarqué, c'est que la cohabitation n'était pas préparée en amont. Et ce qu'on
veut s'assurer, avec ce projet de loi, c'est que cette cohabitation se fasse
lors du dépôt du projet. Donc, c'est pour ça que, contrairement à dire qu'on on
met le fardeau à l'organisme, nous, on veut que ça se fasse en collaboration
avec...
M. Carmant : ...qui va être
Santé Québec, avec l'organisme communautaire, et que les ressources vous soient
données pour faire... pour s'assurer que les choses se passent bien.
Maintenant, ce que j'aimerais savoir,
c'est comment vous... comment... comment vous exprimeriez ça dans vos mots pour
s'assurer que ça se passe le mieux possible?
Mme Boudreault (Pénélope) : Bien,
je pense que, comme on disait tout à l'heure, il faut s'asseoir avec les
organismes puis avec les personnes qui consomment. Puis on est aussi sensibles
à la réalité des parents qui sont inquiets. Ça fait que c'est tous ensemble
qu'on doit réfléchir à ça. Parce qu'il y a déjà un système qui est extrêmement
complexe, puis je comprends, vous parlez de cohabitation qui va être une
affaire de tous, mais c'est quand même les organismes qui, dans leur mission,
vont développer un site de consommation supervisée, par exemple. Et là ils vont
devoir aller vers... chercher des ressources, chercher des personnes qui vont
les aider à développer un plan de cohabitation ou développer des corridors de
services, parce qu'on parle aussi d'avoir accès dans le système de santé. Ça
fait que, quand on parle de fardeau qui est remis sur le dos des organisations
communautaires, c'est ça qu'on veut dire, parce que, dans la réalité,
l'organisme communautaire se développe. Il doit se chercher un secteur parce
que c'est difficile aussi de trouver un endroit où se localiser. Que tu aies un
site de consommation supervisée ou pas, c'est déjà extrêmement complexe
d'offrir des services à cette population-là qui vit dans les rues puis dans nos
secteurs où il y a des écoles, des garderies et des CPE. Donc, c'est juste de
rajouter un fardeau sur une réalité...
Puis les parents sont inquiets. Moi, je
suis infirmière, j'ai travaillé à Sainte-Justine, j'ai deux enfants, je suis
dans le milieu de la rue à Médecins du Monde depuis 20 ans. On comprend
cette inquiétude-là. Les parents sont inquiets tout le temps, à propos de tout.
Ce n'est pas nécessairement à cause des projets de consommation supervisée. La
drogue est présente dans les écoles, est présente dans d'autres milieux. Est-ce
que c'est vraiment la solution de réglementer sur un service qui sauve des
vies, qui est un milieu d'accès à un milieu de la santé puis à un «step-up»
pour les personnes qui consomment parce qu'elles sont entourées de personnes
qui sont spécialisées, avec plusieurs spécialités, des intervenants, des pairs,
des personnes qui consomment elles-mêmes, des infirmières, des intervenants,
des travailleurs de rue. Il y a des personnes qui se déplacent, du système de
la santé, des infirmières de proximité. Il y a des médecins, il y a des IPS qui
viennent dans ces milieux-là. C'est un milieu de santé dans le communautaire.
M. Carmant : Mais on va
rester sur la cohabitation, c'est... Ce qui est arrivé, cependant, c'est que,
quand j'ai demandé à certains... à des organismes de rehausser la cohabitation,
on m'a dit : Ce n'est pas de mon ressort. Ça fait que je peux comprendre,
mais c'est du ressort de qui, dans ce contexte-là? J'ai fait la même remarque à
la Santé publique. Ils m'ont dit également : Ce n'est pas de mon ressort.
Donc, ce qu'on vient, ici, je pense,
faire, c'est, en passant par le mécanisme qui est établi ici, s'assurer que
toutes les parties prenantes jouent un rôle dans ce phénomène de cohabitation.
Mme Vadlamudy (Sandhia) : Je
pense que ça fait partie de notre message essentiel, de dire que cette
cohabitation concerne l'ensemble des parties prenantes, pas seulement les
groupes communautaires, qui en font déjà beaucoup à travers leurs missions et
qui vont tous les jours au-delà de leurs missions.
Maintenant, pourquoi il y a... Parfois,
vous entendez certainement des réponses, de dire : Ce n'est pas de notre
ressort? C'est parce qu'il y a un grand manque de moyens. Il manque de
ressources, il manque de moyens, il manque de plans rassembleurs de tous ces
acteurs dans la communauté. Et le projet de loi qui a été déposé n'annonce pas
de moyen non plus qui vient du gouvernement pour soutenir ces démarches en
amont et après, en continu, parce que c'est la clé.
• (10 h 30) •
M. Carmant : Bien, on
s'entend là-dessus, mais une règle que vous ne connaissez pas, c'est que, dans
un projet de loi, on ne peut pas mettre de règle financière, mais le passage
par Santé Québec pour le déploiement passe... doit s'assurer implicitement que
le financement soit inclus pour cette mission-là, vous comprenez?
Mme Vadlamudy (Sandhia) : Je
l'entends bien. Pour l'instant, nous ne sommes pas rassurés parce que, par
exemple, en ce moment, on est dans une situation où la Stratégie nationale de
prévention des surdoses n'est pas confirmée auprès des groupes communautaires.
On attend encore les sommes et on est obligé de mettre des projets qui sont
structurants pour lutter contre les surdoses dans chacune des régions du
Québec, et on doit mettre ces projets-là en attente de confirmation de
financement, qui devrait arriver au milieu de l'automne. Ça, c'est un non-sens
et ça fait partie des inquiétudes, quand on ne voit pas ce soutien-là...
10 h 30 (version non révisée)
Mme Vadlamudy (Sandhia) : …transparaître
à travers une initiative qui est déposée par le gouvernement. On a aussi des
groupes communautaires qui sont porteurs déjà de la SCS et qui attendent la
confirmation de leur financement… d'un financement qui avait été confirmé il y
a deux ans et qui n'est toujours pas reçu pour cette année, un financement qui
devrait être structurant pour les SCS à Montréal.
M. Carmant : Il y a eu une
transition. Il y a eu une transition peut-être un peu difficile l'an dernier, là,
j'en conviens, puis on a eu plusieurs échanges là-dessus, mais on me souffle à
l'oreille justement que les lettres vont être rendues d'ici la fin de l'été et
que, comme je vous l'ai dit lors de nos échanges précédents, les sommes vont s'y
rendre. Donc, je pense que… Il faut que vous compreniez que l'intention du
passage via Santé Québec, c'est un… c'est plus dans l'intention de s'assurer
que toutes ces mesures de cohabitation soient couvertes.
Une autre chose dont je ne sais pas si
vous êtes au courant, là, mais j'ai tenu quelques rencontres avant… avant le
projet de loi, là, sur une base personnelle de ministre, là, où on a discuté de
développer une trajectoire de soins pour la toxicomanie parce que mon
observation sur le terrain, c'est qu'il y a beaucoup de silos. Il y a ceux qui
travaillent très fort dans la réduction des méfaits, il y a ceux qui
travaillent dans le traitement des surdoses avec de la toxicomanie, mais la
relation entre les deux n'est pas très fluide… entre ces deux groupes-là n'est
pas très fluide. Et je me suis assis avec quelques-uns d'entre vous qui sont
dans la salle ici pour amorcer les discussions, et j'avais demandé au ministère
de continuer ces discussions-là. On me dit que les lettres devraient arriver
sous peu, mais on va créer un comité pour développer les trajectoires de
toxicomanie, et le premier projet pilote va être à Montréal, et on veut
continuer à vous impliquer là-dedans.
Donc, je comprends que les discussions n'ont
pas été faites de façon soutenue en amont du dépôt du projet de loi, mais on
compte bien les continuer, là, puis ça, ça va être important aussi. Et je pense…
et je pense que j'aimerais que vous me parliez peut-être de votre rôle dans ces
discussions-là puis comment vous voyez votre apport à ces comités-là… à ce
comité-là.
Mme Vadlamudy (Sandhia) :
Bien, notre rôle, on le voit comme étant très proactif, et je pense que c'est
un rôle qu'on a mis de l'avant auprès de vous, auprès du gouvernement, dans les…
certainement de façon intensive, au cours de la dernière année, dernière année
et demie. Les discussions sur cette trajectoire, oui, on a entendu parler de
ces discussions. Certains en ont été partie prenante, mais les discussions se
sont arrêtées en janvier dernier, et depuis on n'a pas eu de nouvelles, bien qu'on
a tenté de recevoir des nouvelles à plusieurs reprises.
On a également communiqué avec vous, comme
coalition, en janvier pour vous offrir de travailler en collaboration pour
cerner le rôle qu'on peut jouer à l'intérieur de de cet… de tous ces enjeux
liés aux crises et de ce mouvement au niveau gouvernemental qui affecte les
groupes, parce que non seulement il y a la stratégie de prévention des surdoses
qui inquiète, mais il y a également des coupures, au niveau de Montréal, de 24 %
de l'enveloppe de prévention ITSS qui affecte actuellement les groupes. Donc,
il y a énormément de préoccupations sur les moyens à disposition pour pouvoir
contribuer à la hauteur de ce que voudraient faire les groupes.
M. Carmant : D'accord. Et donc
ça, ça va être un processus, là… Comme je vous dis, les lettres devraient
arriver sous peu puis le comité devrait être actif également dans les
prochaines semaines, au plus tard au début de l'automne. Donc, ça, ça va être
quelque chose d'important aussi.
Bon, une chose sur laquelle aussi je suis
très sensible, là, c'est… Vous mentionnez la complexité de l'autorisation.
Pouvez-vous m'en dire un peu plus, là, actuellement, comment ça se fait et puis…
parce que le but n'est pas nécessairement de complexifier… le but est d'avoir
un filtre.
M. Perreault (Simon-Xavier) :
En fait, on a fait déjà une demande fédérale avec toutes les autorisations qui
vont être similaires, probablement, à celles demandées par Santé Québec. Donc,
on vient tout simplement doubler la charge de travail des organismes qui
tiennent un site de consommation supervisée, déjà qu'ils sont débordés. Et je
me permettrais aussi de revenir quelques minutes plus tôt…
M. Perreault (Simon-Xavier) : ...vous
avez dit qu'un site de... les sites de consommation supervisée en place vont
être peu impactés par le projet de loi, mais je tiens à dire qu'à Québec nous
sommes le seul site de consommation supervisée d'interzones. On déborde. Et on
espère avoir un deuxième site de consommation supervisée. Cependant, un projet
de loi comme celui-là vient nuire à la mise en place d'un deuxième site et
vient mettre un clou, peut-être, dans le cercueil de notre espoir d'avoir un...
de cesser de déborder.
Et, en fait, je reviendrais aussi quelques
minutes plus tôt : Est-ce que... est-ce que vous vous engagez, en fait,
à... qu'il y ait un financement octroyé pour la cohabitation? Est-ce que Santé
Québec s'engage à ça?
M. Carmant : C'est un peu atypique,
là, d'habitude, on ne me pose pas des questions. Mais j'ai clairement mentionné
que le but de passer par Santé Québec est de s'assurer que le financement
octroyé soit adéquat. L'intention est claire, là, l'intention est vraiment
claire, ça ne peut pas être plus clair que ça. Puis l'autre chose qui est
importante aussi de mentionner... bien, d'ailleurs, pour Maison Benoît Labre,
pour ne pas la nommer, on a sorti du financement additionnel, un, pour
l'organisme, et, deux, pour un autre organisme qui effectue les patrouilles
quand l'organisme lui-même ne voulait pas le faire. Tu sais, c'est... Donc, on
est rendus là puis on pense que c'est nécessaire de soutenir ces
initiatives-là. Puis pour la Capitale-Nationale, oui, on travaille sur un autre
site, et ne perdez pas espoir, s'il vous plaît. C'est très important de
continuer à développer ces sites-là, puis je l'ai dit d'entrée de jeu aussi.
Mme Boudreault (Pénélope) : Je...
Est-ce que je peux me permettre...
M. Perreault (Simon-Xavier) :
Oui, allez-y.
Mme Boudreault (Pénélope) :
...de rajouter sur le comment... bien, le fardeau, mais aussi, comment on peut
travailler avec vous. Je pense que la question est extrêmement bonne, puis
c'est ce qu'on est en train de faire ici. Les groupes se sont tous mobilisés,
et tout le monde va venir, de Montréal, ou de Québec, ou d'autres régions, pour
vous rencontrer, pour parler avec vous. Ce qu'on vous demande, c'est : En
quoi le projet de loi va faciliter ces discussions-là? On a une expertise, on
peut répondre à plusieurs questions sur ce qu'on vit sur le terrain, ce que...
les personnes elles-mêmes qui consomment, qui ont cette expérience-là. Est-ce
qu'il y a eu ces moments-là, pour que nous, on puisse s'asseoir avec vous puis
partager notre expertise?
Il y a plusieurs problématiques dans le
projet de loi actuel. Le fait que les... Vous dites que ça affecte peut-être
seulement deux sites. En fait, nous, à Médecins du Monde, on s'est fait
demander : Pourriez-vous le faire, parce qu'il manque beaucoup de sites, vous
pourriez, dans votre... dans votre motorisé, le faire? Mais nous, on se remet
en question, parce qu'avec un... ce qui plane au-dessus de nos têtes est-ce
que, dans quatre ans, ça pourrait... est-ce que, s'il y a des plaintes de
certains citoyens... Qu'est-ce qui va faire que, dans quatre ans, on pourrait
se le faire enlever? Ça fait que tout le fait, autour, que ça peut être
révocable, ça concerne tous les organismes, pas seulement les deux qui sont à
moins de 150 mètres. Ça fait que ça, c'est vraiment inquiétant pour les
groupes.
• (10 h 40) •
M. Carmant : L'autre versant
de la médaille, parce qu'il y a toujours un autre versant, c'est
qu'actuellement, à cause de l'inquiétude générale dans la population on n'est
même pas capables d'ouvrir de l'hébergement pour personnes en... tu sais, qui
sont prêtes à sortir de l'itinérance, puis... Donc, il faut venir sécuriser la
population que les choses vont être faites de façon ordonnée, pour s'assurer
que, quand on... quand quelque chose ouvre, bien, il n'y a pas... il n'y a plus
d'enjeu, et les règles sont claires pour tout le monde.
Puis je vous ai entendus, là, je vous
entends bien que vous trouvez que c'est trop strict. C'est pour ça qu'on passe
par le processus de la commission parlementaire. Et moi, je suis quelqu'un de
très à l'écoute. On va s'assurer de... que tout ce qui est fardeau excessif,
là, soit allégé le plus possible. Mais je pense qu'on a... ça répond également
à un besoin de la population, pour s'assurer qu'on puisse développer des sites
de consommation supervisée, mais également de l'hébergement. Parce
qu'actuellement, le... mon besoin principal, c'est de développer du logement de
transition et du logement supervisé, et c'est moi qui me dois... qui doit me
déplacer, avec les organismes communautaires, dans les communautés, pour les
rassurer, là. Tu sais, je suis allé à Rosemont, je suis allé à Ahuntsic, je
suis allé à Montréal, partout, là, il faut que le ministre soit là. Ça n'a pas
de bon sens. Il faut qu'il y ait des règles claires qui vont rassurer la
population et qui vont être tenues dans tous les projets. Comme ça, les choses
vont se faire beaucoup plus facilement, selon moi. Merci.
Le Président (M. Provençal)
:Je vais maintenant céder la parole à
la députée de D'Arcy-McGee, pour 9 min 54 s.
Mme Prass : Merci, M. le
Président. Je sais que toute la question...
Mme Prass : ...la
cohabitation vous rejoint également. Ce n'est pas une question des parents qui
sont concernés et vous qui n'êtes pas concernés. Le ministre dit que dans le
passé, par exemple, la maison Benoît Labre, qui est l'organisme, n'a pas voulu
faire les mesures de... rehausser les mesures de cohabitation, mais tel que
mentionné, il n'y avait pas de budget additionnel pour qu'ils le font. Déjà,
c'est beaucoup du financement par projet pour laisser les CSES et tout l'argent
que vous avez doit évidemment aller à la mission de ce que vous faites qui est
d'aider les gens. Donc, une de vos recommandations, puis on vient de l'évoquer
à un certain point, c'est qu'il y ait un financement justement pas seulement
pour les mesures de cohabitation, mais également, ça tombe dans la même
catégorie, les mesures d'atténuation, parce que ça se peut que vous ayez fait
du travail en amont. Une fois que vous ouvrez, vous voyez que ça ne répond pas
nécessairement à la réalité. Et il faut rajouter les mesures qui vont... les
mesures qui vont être en place, mais vous avez besoin des moyens pour le faire.
Avez-vous une idée, à une moyenne, ça demanderait combien d'argent, sans qu'il
y ait de fonds additionnels qui vous soient octroyés? Est-ce que c'est un
10 % de votre financement, un 5 %, un 15 % que vous... que les
organismes, les CSES auraient à dédier pour les mesures de cohabitation et
d'atténuation?
Mme Vadlamudy (Sandhia) :
Moi, je ne parlerais pas de budget en ce moment parce que je pense que ce n'est
pas réaliste de commencer à émettre un chiffre en ce moment et surtout pas de
l'accorder complètement au groupe communautaire qui est responsable du SCS.
Donc c'est une démarche que l'on pense importante d'être faite de manière
concertée, à l'intérieur d'un plan qui implique une multitude d'acteurs et qui
est porté par l'ensemble de ces acteurs également. Donc je... De mon côté, je
pense que mettre un chiffre n'est pas une bonne idée en ce moment. Est-ce que
tu veux ajouter quelque chose?
Mme Boudreault (Pénélope) :
...à ajouter que je suis d'accord complètement avec Sandhia. Ce n'est pas une
question de chiffre, c'est une question aussi de volonté. C'est l'affaire de
tous de travailler en cohabitation. Ça inclut les citoyens, ça inclut le
gouvernement. Tout à l'heure on parlait de sentiment de sécurité dans la
population. C'est un peu un «statement», excusez l'anglais, fort du
gouvernement, et de la population, et de la société de dire : On veut
prendre soin de ces personnes-là qui consomme, ça fait que travaillons
ensemble. Ce n'est pas nécessairement en... Parce qu'il n'y aura jamais assez
d'argent pour convaincre des gens de travailler ensemble puis de réfléchir
ensemble.
Mme Vadlamudy (Sandhia) :
Oui. Et ce travail doit être fait de manière, de manière unique, dans chaque
milieu également. Un élément important aussi à retenir pour effectuer une
démarche qui soit cohérente avec le milieu, c'est de ne pas faire une approche
qui convient à tous, parce qu'il n'y a pas un milieu qui est pareil. Dans un
certain milieu, 150 mètres à côté d'une garderie, il est possible que ça
ne cause pas d'enjeux, mais il faut prendre le temps d'en prendre la mesure,
d'en discuter et de voir avec l'ensemble des parties prenantes qu'est-ce qui
fait sens pour ces personnes-là en fonction de la configuration et de
l'existence des services dans le milieu où s'implante ou existe le SCS. Et ça,
le milieu communautaire le fait depuis longtemps, mais en partenariat avec les
autres organisations de sa communauté.
Mme Prass : ...que tout
le monde a un rôle à jouer. Il faut que tout le monde soit impliqué. Par
exemple, l'idée d'avoir, dans le cadre des mesures de cohabitation, l'idée
d'avoir par exemple un comité de bon voisinage, mais qui est permanent, qui
rejoint la police, l'organisme, les gens dans la communauté, est-ce que c'est
quelque chose que vous pensez?
Mme Vadlamudy (Sandhia) :
C'est une avenue fort pertinente, mais il faut faire attention à ce que ce
comité-là ne soit pas l'unique et seule responsabilité du groupe communautaire
à avoir à coordonner et mobiliser parce qu'il est une partie prenante
importante. Donc, d'avoir un comité qui se rencontre. Mais qui a aussi une
coordination qui soit un... qui ait une certaine neutralité dans cette
coordination-là, c'est un facteur important dans le succès de ce type de
démarche.
Mme Prass : Et, entre
autres, vous recommandez de jumeler la demande avec la demande qui est faite
auprès du fédéral pour ne pas faire du dédoublement. Quels sont les éléments
qui sont demandés au niveau fédéral? Et est ce qu'il y a des éléments de
cohabitation également qui vous sont...
Mme Prass : ...dans le cas de
ces demandes.
Des voix : ...
Mme Vadlamudy (Sandhia) : O.K.
Non, il n'y a pas d'éléments de cohabitation sociale demandés dans la demande
fédérale. Par contre, cette demande au fédéral comporte tous les éléments
budgétaires, les éléments de concertation avec le milieu, avec les instances de
santé, tous les règlements qui sont imposés pour les opérations de la salle de
consommation supervisée. Donc, c'est une démarche qui est assez colossale à
mener et la démarche qui serait en ajout au niveau provincial pour obtenir le
permis ne semble pas être collée avec cette démarche-là. Et c'est-à-dire que de
mener une démarche, c'est suffisant. Donc, on a tous les éléments à travers
l'obtention de cette exemption pour que... pour qu'on soit rassuré sur la
qualité du service qui va être offert. Et dans la... le... dans les éléments de
permis qui sont nommés dans le projet de loi, on va aussi en consultation de
plusieurs ministères. Ça, ça ouvre la porte aussi à toute une durée, hein, et à
se dire : Bon, mais, O.K., mais tout ça, toute cette démarche-là, combien
de temps elle va durer dans le temps et de quelle manière le groupe va être
capable, en fait, de soutenir les travaux pendant toutes ces consultations?
Mme Prass : Et justement
vous, vous parlez, entre autres, de la création d'un fonds d'appui provincial
et un soutien financier pour cibler des organismes. Pouvons-nous nous donner
une idée, justement, des besoins qui ne sont pas... auxquels... bien, les
besoins qui combleraient... ce que ce fonds comblerait? Parce qu'on comprend,
c'est souvent par là un projet, on comprend que l'argent à la mission n'est
jamais à la hauteur des besoins. Donc, quels sont les éléments, justement, que
ce fonds pourrait couvrir qui présentement ne vous sont pas accordés?
M. Perreault (Simon-Xavier) : En
fait, dans un VCS, en fait, il y a plusieurs facteurs. Le facteur principal, en
fait, c'est la sécurité d'un site de consommation supervisée. C'est
probablement le schème et la valeur qu'on doit préconiser et mettre de l'avant.
Donc, mise en place de locaux sécuritaires accessibles pour les gens qui
utilisent les services, de la façon qu'ils les utilisent, et pour les personnes
qui y travaillent. Donc, premier élément, je crois que ce serait vraiment au
niveau de la sécurité. Je passerais la parole. Je n'ai rien d'autre à ajouter à
ce niveau-là.
Mme Boudreault (Pénélope) : Bien,
je sais qu'il faut s'adapter, ça fait qu'il faut déjà que l'espace soit adapté,
là, parce qu'on ne peut pas juste dire : ah, il y a une salle ici, puis on
va consommer dans cette salle-là. Il y a des systèmes de ventilation, il y a
des autorisations, il y a des assurances. Je sais qu'avec Benoît Labre ça avait
été extrêmement difficile de juste faire assurer la bâtisse à cause de ce
site-là. Ça fait que c'est beaucoup, là... Même pas au niveau gouvernemental,
au niveau des demandes, il y a plusieurs autres documentations, administration
à faire.
• (10 h 50) •
Puis, comme on le mentionne dans la
mémoire, bien, un site de consommation supervisée, c'est un espace de soins, il
y a des intervenants, ça fait que là, il faut payer les intervenants, il peut y
avoir des travailleurs de rue parce qu'il y a de l'espace à l'extérieur, ce
n'est pas seulement le site, toute la proximité, aller vers les gens, aller les
rejoindre. On travaille avec des pairs, des personnes qui ont un savoir
expérientiel, ce n'est pas des bénévoles, c'est des personnes qu'on embauche
pour leur savoir, pour leur expertise, pour leurs compétences. Ça fait que
soutenir tout le réseau des personnes qui travaillent autour, parce que ce
n'est pas... elles n'ont pas un titre d'infirmière ou de médecin, mais c'est
des gens qui font de la santé à tous les jours en étant là, assis à prendre un
café avec quelqu'un qui vient consommer, en étant une oreille attentive pour
quand ils viennent s'asseoir puis ils ont passé une journée difficile. Ça fait
que toutes ces personnes là, ça fait que, pour moi, le font, c'est de payer
pour tout ça. Puis on a une équipe aussi.
Et rédiger ces demandes-là, ça prend
beaucoup de temps, ça prend des gens qui ont des compétences en finances, ça
prend... On n'a pas tout ça dans les organismes. Souvent, vous allez rentrer
dans un organisme, puis le directeur, c'est lui qui fait les communications, il
fait la reddition de comptes, il fait le... puis l'intervenant, il nettoie les
toilettes, il va servir le café, il va... C'est ça, les organismes
communautaires au Québec, là. Ils sont sous financés puis c'est des gens qui en
font beaucoup plus que ce qu'on peut réaliser dans le système de santé, pour
avoir travaillé, moi-même comme infirmière dans le système de santé. Ça fait
que ce fonds-là servirait à soutenir une mission qui est extrêmement large...
Le Président (M. Provençal)
:...Alors, je vais maintenant céder la
parole au député de Saint-Henri Sainte-Anne pour trois minutes
18 secondes.
M. Cliche-Rivard : Merci, M.
le Président. D'abord, je vous remercie pour votre mémoire, votre présentation,
puis merci au quotidien aussi du travail que vous faites. Vous sauvez des vies,
tous et toutes, puis on est extrêmement reconnaissants. Je pense que c'est le
plus de ressources... en fait, le fait qu'il y ait plus de ressources qui va
améliorer la cohabitation sociale puis pas le contraire. Donc, pour nous, vous
êtes la solution, la clé et non pas le contraire. Donc, je voulais le préciser.
À l'article 15, le ministre parle
depuis tout à l'heure, là, que ça impacte deux organismes, mais, finalement, ça
impacte tous les organismes, incluant les organismes en situation d'itinérance.
C'est vrai, le 150 mètres, mais l'ensemble du régime d'autorisation, puis
on le verra par règlement plus tard dans l'étude du projet de loi, pourra aussi
concentrer l'ensemble des ressources en itinérance. Donc, ce n'est pas
seulement l'affaire que de deux organismes à 150 mètres, là, c'est
l'ensemble du tissu social de cohabitation, en fait, d'itinérance et de
consommation supervisée qui est visé par ledit projet de loi. Je voulais quand
même le réitérer puis le placer. C'est assez important.
La cohabitation, je pense que c'est le
nœud de l'affaire, puis la cohabitation, c'est l'affaire de tous. Et là il y a
un rôle disproportionné du communautaire dans la version actuelle du projet de
loi, c'est ce que je vois. 667.4, la cohabitation, il faut le relire, vous
devez déposer... vous devrez déposer un plan de cohabitation détaillant les
mesures qu'ils entendent prendre pour mitiger les inconvénients. Donc là, il
n'y a pas de mention de la police, il n'y a pas de mention de la santé
publique, il n'y a pas de mention de ceux et celles qui ramassent les déchets,
des pouvoirs municipaux, il n'y a pas de mention de la ville, là. Il y a une
mention de votre obligation.
Et vous, un peu plus tard, 667... je n'ai pas
les... 14, ou 15, ou 16, vous, vous pouvez perdre votre autorisation si votre
plan de mitigation, qui par ailleurs concerne des éléments pour lesquels vous
n'avez pas de pouvoir directement corrélé, pour lesquels vous ne pouvez pas
agir... si vous appelez les services pour du nettoyage puis qui ne viennent
pas, si vous appelez la police puis elle ne vient pas, je veux dire, vous allez
être responsable et l'unique responsable d'une perte d'autorisation.
Donc, elles sont où, les obligations,
selon vous, dans le projet de loi, des autres partenaires? Parce que le
ministre dit : On fait ça en partenariat, on fait ça en... collectivement.
Mais moi, je vois seulement des obligations fondées envers les organismes
communautaires. Est-ce que je me trompe? Est-ce que vous avez la même lecture
que moi?
Mme Vadlamudy (Sandhia) : Nous,
on a eu la même lecture, et je pense que le mémoire qui a été déposé traduit
bien cette lecture-là. On a besoin de ressentir que cette responsabilité-là,
elle est partagée et qu'il y a une reconnaissance du travail qui est fait à
tous les jours par les groupes, une reconnaissance qui n'est pas associée aussi
avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête de ces organisations-là, qui
peuvent perdre leur permis pour ne pas avoir répondu à une responsabilité qui
est impossible à porter pour une seule organisation, que même la société
entière, avec toutes les parties prenantes, n'arrive pas à porter en ce moment.
Donc, c'est irréaliste de faire porter tout ça à un groupe communautaire pour
pouvoir opérer un service de santé.
M. Cliche-Rivard : Bien, on
va y veiller. Puis j'entends le ministre vouloir collaborer là-dessus. Je pense
que le ministre en est conscient aussi, que les obligations de
collectivisation, puis d'harmonisation, puis de cohabitation sociale... Vous,
vous donnez un service. Vous, vous nous permettez d'y arriver, mais vous ne
pouvez pas y arriver seul. Ce serait impossible. Et on doit vraiment voir, ici,
une responsabilisation, une coresponsabilisation de cet enjeu-là dans
l'article 667.4.
Le Président (M. Provençal)
:...M. le député. Je vais maintenant
céder la parole à la députée de Terrebonne pour conclure de premier échange.
Alors, je vous cède la parole, Mme.
Mme Gentilcore : Merci, merci
beaucoup d'être ici. Toujours agréable d'échanger avec vous. Deux petits
points. Puis le premier, évidemment, la paperasse, tout ce qui administratif,
ça me préoccupe énormément parce qu'on l'entend tellement sur le terrain. Là,
de devoir remettre à chaque quatre ans ces documents-là, qu'est-ce que ça
représente pour vous? Quatre ans, est-ce que vous avez été consultés pour cette
durée-là? Comment vous voyez ça? Est-ce que vous, vous jugiez nécessaire, dans
quelque mesure que ce soit, justement, de périodiquement revenir là-dessus?
Puis comment vous entrevoyez ça?
Mme Vadlamudy (Sandhia) : On
juge que ce n'est pas du tout nécessaire en ce sens où il y a déjà toute une
démarche d'exemption pour repérer un SCS, et cette démarche-là s'opère avec
Santé Canada et réunit l'ensemble des éléments qui sont importants pour pouvoir
opérer un SCS de manière à la fois sécuritaire et cohérente.
Le faire aux quatre ans, c'est doubler
encore la charge parce qu'avec Santé Canada, je le répète, toute cette
démarche-là a déjà lieu. Et là non seulement on vient doubler cette charge-là,
mais en plus on la colle avec un renouvellement potentiel de permis, donc... et
ce permis-là peut être révoqué après, suite à une plainte qui peut venir de
n'importe quelle instance, là...
Mme Vadlamudy (Sandhia) : ...ce
qu'on lit dans le... dans le projet de loi, c'est que la plainte peut venir
d'une personne. Et, si elle n'est pas réglée en 10 jours, le permis peut
être révoqué.
Mme Gentilcore : ...
Mme Vadlamudy (Sandhia) : Une
très grande incertitude. Et c'est de... c'est à partir notamment de cette
incertitude que l'ensemble des groupes qui portent des SCS sont affectés par ce
projet de loi. Parce qu'ils sont inquiets de se dire : Comment on va... on
va renouveler le permis, avec quelles ressources et de quelle manière on va
être exposés à des plaintes qui pourraient faire en sorte que le permis soit
révoqué?
Mme Gentilcore : Avez-vous
pensé à des outils qui vous permettraient d'assurer un certain suivi auprès du
ministère, c'est-à-dire de rendre des comptes, d'une certaine façon, mais de
manière peut-être plus étendue, sans devoir remettre en jeu votre permis à
chaque quatre ans? Est-ce que c'est déjà en place même?
Mme Vadlamudy (Sandhia) : Les
outils sont bien en place. Il y a des redditions de comptes qui sont très
détaillées, en continu, entre les groupes et le ministère. Et je pense que tout
est là déjà pour pouvoir avoir un bon suivi. L'important, c'est de le faire en
collaboration.
Mme Gentilcore : Puis, est-ce
que vous trouvez qu'en ce moment, dans le projet de loi, c'est bien encadré, ce
que vous auriez à remettre aux quatre ans? Est-ce que vous trouvez que c'est
clair? Est-ce que vous avez des craintes par rapport à l'ouverture, là, qu'il y
a dans cet article-là?
Mme Boudreault (Pénélope) : Bien,
on est extrêmement inquiets, parce que, non, ce n'est pas clair, qu'est-ce qui
va être demandé, qu'est-ce qui peut faire qu'un permis peut être révoqué. Puis
j'ai juste envie de rappeler que ça impacte les organismes qui sont... en ce
moment, qui le font déjà, mais ça a un impact majeur sur les organismes qui
pourraient penser. Ça fait que, d'un côté, on dit : Il faut en ouvrir
davantage, on est conscients, c'est la crise des surdoses, c'est des milieux
importants, ça sauve des vies, il faut en ouvrir davantage, mais clairement,
les organismes ne se lanceront pas dans des démarches comme ça, qui sont
fastidieuses. Pour se faire dire ou risquer de se faire dire aux quatre
ans : Bien, finalement, vous ne pouvez plus opérer.
Le Président (M. Provençal)
:Mme la députée, c'est... le temps est
écoulé. Alors, je remercie l'Association des intervenants en dépendance du
Québec pour leur participation à nos travaux et surtout la contribution que
vous y apportez.
Sur ce, je suspends les travaux pour
permettre au prochain groupe de prendre place. Merci beaucoup de vous être
déplacés.
(Suspension de la séance à 10 h 58)
11 h (version non révisée)
(Reprise à 11 h 03)
Le Président (M. Provençal)
:Alors nous reprenons nos travaux.
Nous recevons maintenant la ville de Québec et le maire de Québec, M. Bruno
Marchand ainsi que des membres qui vont l'accompagner. Alors, M. Marchand, vous
avez 10 minutes pour votre présentation, et par la suite nous poursuivons
les échanges. À vous la parole.
M. Marchand (Bruno) : Merci
beaucoup, M. le Président. Content de vous revoir, M. le ministre également. Merci
de nous accueillir. Députés et membres du Parlement, on est contents d'être ici
avec vous et de prendre ce temps-là. Merci à vous de prendre le temps.
Alors, d'entrée de jeu, pour nous, ce qu'il
est important de dire, c'est qu'on comprend l'intention qui guide le projet de
loi. On comprend également tout ce qui explique la réflexion menant à sa
rédaction, on y souscrit, à ces préoccupations-là, et effectivement il y a
matière à, certainement, y réfléchir.
Puis vous n'êtes pas sans savoir, à Québec
comme ailleurs au Québec, c'est, nous dirons, deux grandes problématiques qui
nous concernent : entre 2020 et 2023, c'est 116 décès par surdose, qu'on
a vécus; et comme L'Interzone vous l'a dit, c'est en augmentation, à la fois
les services, mais aussi cette malheureuse réalité-là est en augmentation. Et
on est conscients des défis que représentent à la fois traiter, soutenir,
guérir et en même temps cohabiter. Je n'ai pas besoin de vous parler d'itinérance
davantage. Vous savez l'explosion de l'itinérance, c'est le cas à Québec
également. On attendra le prochain décompte pour statuer, mais tous les
intervenants terrain nous disent qu'il y a augmentation.
Toutefois, ce qui nous surprend et ce à
quoi nous sommes assez convaincus, c'est que le moyen choisi, pour nous, n'est
pas le bon, le moyen choisi dans le projet de loi. Et je fais référence à
quelques éléments, puis on pourra en discuter avec vous, notamment sur la
question du 150 mètres. Alors, je comprends le contexte politique dans
lequel s'inscrit le 150 mètres, un projet de loi qui est venu d'un autre
parti, toute la situation à Montréal. En même temps, à mes yeux... et si ma
compréhension est infidèle, vous me direz, M. le ministre, mais elle soustrait
le ministre à tout pouvoir d'agilité, à tout pouvoir d'agilité et à toute
capacité de discernement.
Et je vous donne des exemples qui sont
théoriques, mais qui pourraient arriver à Québec et pour lesquels le 150 mètres
devient assez fictif. On pourrait avoir, d'un côté et l'autre de la rivière
Saint-Charles, deux entités, deux institutions qui s'excluraient mutuellement
parce qu'elles seraient à 150 mètres de distance, mais au final, à des
kilomètres pour se rejoindre l'une et l'autre. On pourrait avoir, à travers... Et
encore là, c'est théorique, mais ce n'est pas théorique... arbitraire ou utopique,
on pourrait avoir, avec la falaise qui garnit Québec de sa Haute-Ville et de sa
Basse-Ville... avoir des éléments très proches l'un de l'autre, mais être à
très grande distance parce que séparés par une barrière naturelle...
M. Marchand (Bruno) : ...je
vous parle des barrières naturelles, mais on pourrait parler des autres
obstacles, on pourrait parler de boulevards et d'autoroutes qui font que
parfois ces quartiers-là sont divisés et, de manière proximale, peuvent être
sous le 150 mètres, mais finissent par avoir des distances qui peuvent être
énormément plus grandes parce que séparées par des barrières qui font en sorte
que des quartiers ont des difficultés à communiquer entre eux par ces
barrières-là. Je... Et je ne vous parle pas... et la mairesse de Gatineau,
lorsque je serai de retour avec elle, pourra en parler cet après-midi, mais
d'endroits où le 150 mètres n'est pas respecté présentement au Québec, il y a
un exemple probant à Gatineau, qui ne créent pas de problème.
Alors, le 150 mètres, je comprends la
volonté, M. le ministre, de dire : Il faut statuer quelque part, mais je
pense qu'on a besoin d'avoir, dans les mains d'un ministre, un discernement et
un pouvoir de tenir compte à la fois de topographie de barrières naturelles, de
barrières qui ont été érigées par l'humain et aussi de contextes et de
circonstances qui font qu'à travers cette intention qui guide le projet de loi
on ne se met pas des barrières qui vont faire en sorte que, dans les villes et
dans leur densité, on arrive à des impossibles, ou on arrive à corriger des
situations qui ne méritent pas d'être corrigées, ou on arrive à avoir un remède
qui est beaucoup plus grand que le problème. Ça, pour nous, c'est un enjeu à la
lecture du projet de loi.
On ne comprend pas pourquoi, dans ce
projet de loi là, on amène la question de l'itinérance et de ce qui pourrait,
et je vais dire «pourrait» au conditionnel, nous amener dans une situation
similaire. C'est un projet de loi qui vise la question des sites de
consommation supervisée. Cette question de l'itinérance, qui vient dans des
articles un peu après, nous semble amener de façon concomitante deux
problématiques qui ont des enjeux de cohabitation mais qui sont totalement,
plus souvent qu'autrement, divisées, séparées ou qui tiennent compte de
d'autres réalités, et pas les mêmes.
Alors, je comprends, sans mauvaise
intention... je ne le présume nullement qu'il y ait de mauvaises intentions,
mais on a voulu inclure la question de l'itinérance là-dedans, mais on se
retrouve avec faire un amalgame pour lequel il y a des enjeux de cohabitation,
c'est vrai, mais pour lequel ils sont totalement différents. Alors, oui,
l'enjeu de cohabitation est réel dans les deux cas, mais pour lequel on a des
enjeux, des problématiques, des défis qui sont complètement différents. Et je
ne pense pas qu'on envoie un bon message politique en les jumelant, les deux.
Je ne pense pas qu'on envoie un bon message politique sur tous les efforts qui
sont faits en itinérance pour expliquer que c'est une problématique complexe
qui ne vient pas seulement de quelques enjeux faciles à identifier mais qui est
beaucoup plus complexe. Et je pense que... je pense qu'on fait erreur là aussi.
Dans mes deux derniers éléments, M. le
Président, après ça, je... on pourra conclure... La question de la réciproque
par rapport à l'implantation de services scolaires, d'écoles, garderies versus
la réglementation qui est présupposée dans le projet de loi qui est à l'étude
présentement fait en sorte que... et, encore là, je vais être théorique, mais
on connaît, par historique, comment... comment se font les choses, qu'est-ce
qui va arriver quand on va avoir besoin d'écoles dans un quartier, devant les
grands besoins d'une population, et qu'on va dire : Non, vous ne pouvez
pas vous installer, si c'était le cas, parce qu'à 150 mètres du lieu
d'installation choisi il y a empêchement? Bien, nécessairement, ce qui va
arriver, c'est qu'on va dire à un centre de consommation supervisée :
Bien, tu dois te déplacer, parce que c'est beaucoup plus facile déplacer un
centre que de déplacer une école pour laquelle on a déjà de la misère à trouver
des lieux dans certains quartiers. On va toujours avoir le réflexe facile de
dire : Quel est le moindre mal? Et ça va être le centre qu'on va déplacer,
et on va recréer des problèmes parce qu'on veut répondre à des normes. Alors,
est-ce que l'inverse, dans le projet de loi, fera pour ainsi dire créer ce que
j'amène ici? Nous, on pense qu'il y a un risque. Après ça, vous pourrez
clarifier et me dire que j'ai... on a peut-être la mauvaise lecture.
• (11 h 10) •
Sur la question du plan de cohabitation,
les intervenants précédents en ont parlé, mais je pense qu'ils sont justes. Un
milieu... Un groupe communautaire va difficilement pouvoir coordonner avec les
services policiers, avec le CIUSSS, avec la ville de dire : Bien, voici,
j'arrive à établir un plan de communication... un plan de cohabitation. Et on
comprend son importance. Moi, je souscris à son importance, et que vous ameniez
cette idée-là, je pense, c'est nécessaire, mais je pense que c'est très
difficile pour un groupe communautaire, pour y avoir oeuvré, de dire :
Bien, maintenant, je vais... Ce n'est pas ce que le projet de loi dit, mais, si
on veut déposer un plan qui a du sens, il faut avoir des alliés partenaires qui
vont y collaborer. Ça se pourrait qu'un service policier dise : On n'a pas
le temps de le faire, on n'a pas le temps de contribuer avec vous, on y... on
le verra en temps et lieu, et ça va placer le milieu communautaire dans une
réciprocité de trouver les façons d'écrire un plan de cohabitation... au-delà
des ressources manquantes, et vous en avez parlé tantôt, j'étais content de
vous entendre, ça place le milieu communautaire face à des obligations pour
lesquelles il n'a pas les moyens. Je ne parle pas juste de moyens financiers,
mais moyens de dire à des partenaires : Bien, il faut travailler ensemble
et il faut que vous m'aidiez dans mon plan de cohabitation pour que je puisse
convaincre le ministre qu'il y a un bon plan de cohabitation.
Alors, on souscrit à l'idée, on souscrit à
l'idée que ça prend un plan de cohabitation. Et je suis d'accord avec vous...
M. Marchand (Bruno) : …M. le
ministre, ce que vous disiez tantôt, c'est que si on ne se soucie pas de la
cohabitation, on va avoir d'autres problèmes et d'autres problèmes qui vont
traiter avec inhumanité des gens pour lesquels on a besoin d'amener de
l'humanité. Vous avez tout à fait raison.
Maintenant, je pense qu'il y a des choses
à revoir dans le plan de cohabitation si on veut arriver à l'objectif. Et je
termine en disant sur… et c'est la première recommandation de notre rapport, de
notre mémoire, vous nous soustrayez, en matière de zonage municipal, des
pouvoirs du projet de loi. Pour nous, ce n'est pas de bon augure, au sens de
cette capacité qu'on a de collaborer, on a besoin que le zonage municipal ne
soit pas mis en… mis en deuxième zone ou en quelque chose qui est… qui est
beaucoup moins important et auquel le projet de loi peut dire : Bien, on
peut faire fi du zonage municipal. Le zonage municipal est construit justement
pour faire… créer des villes en fonction des différents besoins. Présentement,
le projet de loi, ce qu'il dit, c'est : Bien, le zonage municipal, on ne
s'en soucie pas. Nous, et vous l'avez vu dans notre première recommandation, on
a besoin que le zonage municipal reste un outil que le projet loi considère et
qui n'est pas… j'ai envie de dire, mis de côté par le projet de loi, ça nous
semblerait assez problématique, à la fois pour les villes, à la fois pour
l'autonomie municipale, mais à la fois pour la capacité de construire les
villes dans une prévision à long terme et avec des zonages municipaux qui
doivent tenir compte de ces enjeux-là.
Et là, vous me direz : Oui, mais
est-ce qu'on ne développera pas une espèce de pas dans ma cour où on ne pourra
le faire nulle part, si le zonage municipal ne le permet pas, et que les villes
veulent le transformer. Bien, nous, ce qu'on vous propose, c'est dans le cas…
et la ville de Québec a ça, mais dans le cas où on irait vers ces types de
modalités là, bien, c'est de le soustraire à des processus référendaires, parce
qu'on sait qu'en processus référendaire, c'est très difficile de faire passer
ce type d'organisation là, mais au moins ne pas soustraire au zonage municipal.
Je m'arrête là-dessus, M. le Président.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup, M. le maire. Alors, M. le ministre, vous
débutez cet échange avec les représentants de la ville de Québec.
M. Carmant : Bien, beaucoup,
M. le Maire, pour vos commentaires, à votre équipe également qui vous
accompagne. Bien, restons justement sur cette notion de zonage. Une des raisons
pourquoi c'est introduit dans le projet de loi, c'est que, pour donner comme
exemple la maison Benoît Labre, moi, j'ai été avisé de son ouverture quand tout
était déjà créé. Et on m'a dit que le zonage le permettait. Donc, nous, ce
qu'on essaie de mettre en place, c'est un moyen de s'assurer que les instances
soient avisées de la création d'un centre de consommation supervisée et que… et
que… et les instances municipales et les instances du Québec soient... en
soient avisées et que ça ne puisse pas se faire comme… sans que personne ne le
sache.
M. Marchand (Bruno) : C'est
ce qu'on comprend. Puis, si vous me permettez, M. le Président, j'aurais dû
faire ça bien avant. Je suis accompagné de ma précieuse collègue Marie-Pierre
Boucher, qui est membre de l'exécutif, qui travaille sur les dossiers,
notamment de l'itinérance. Je suis accompagné du directeur des affaires
juridiques, monsieur… Me Serge Giasson, sa collègue madame… est derrière ici,
et Sylvie Roy, directrice section de l'intervention communautaire. J'aurais dû
faire ça, bien avant, je m'en excuse.
Pour répondre à votre question, je pense
que vous pourriez dire… le projet de loi pourrait prévoir, puis c'est la
dernière ligne de notre page quatre, « comme condition de délivrance d'une
autorisation par le ministre, l'attestation par la municipalité sur le
territoire de laquelle elle se situe dans un local visé par la demande de
conformité du projet à sa réglementation ». Vous avez des moyens de dire à
un groupe qui fait la demande : En avez-vous fait la demande à la ville?
Est-ce que vous respectez l'ensemble des règlements nécessaires? Faites-m'en la
démonstration ou obtenez par la ville un appui sous quelque forme que ce soit
qui vous permet dans votre analyse de dire : Ah! Je vois que ça respecte
le zonage, mais ça respecte aussi cette ville dans laquelle on veut s'implanter
ou dans laquelle on veut ajouter des services. Il y a des moyens autrement que
de rendre le zonage municipal caduc. De un, vous, êtes informés et, deux, de le
tenir en considération quand vous émettez votre autorisation.
M. Carmant : D'accord. L'autre
point… bien, je… le point du 150 mètres et des barrières physiques. C'est
bien… C'est bien compris. Puis ce qui est important pour nous, c'est vraiment
la proximité physique, là, dans… entre les... entre les deux… entre les sites.
Maintenant, pour ce qui est des ressources en itinérance, comme vous le savez,
je pense, déjà, on est en train de développer des ressources qui sont
spécialisées en santé mentale et en toxicomanie. Je pense que ça va être
important de le spécifier pour expliquer pourquoi on inclut ces ressources-là
dans le projet de loi. Mais je pense que c'est important aussi de dire que les
citoyens nous mentionnent leur inquiétude...
M. Carmant : ...quiétude. Puis
je pense que L'Interzone, par exemple, c'est une ressource qui est fondamentale
à Québec, qui est 30 fois plus utilisée que les autres ressources au
Québec, là, c'est des 10 000 personnes par trimestre, là, versus
1 000 dans... pour plusieurs autres régions, mais, quand même, ça a un
impact sur les gens du quartier. Moi, je les ai rencontrés. Je pense qu'il faut
s'assurer que cette cohabitation soit harmonieuse.
M. Marchand (Bruno) : Nous
sommes tout à fait d'accord. Mais si on attend... Je vais vous donner un
exemple tiré de l'itinérance sur la question des maisons modulaires qu'on
installe dans le secteur est de la ville. Alors, les gens, ils ont déjà
l'itinérance présente dans leur quartier, et on est un peu excentrés, et on
l'installe là, pas pour amener des itinérants, des personnes itinérantes du
centre-ville, mais on l'installe là parce qu'il y a des réels besoins de gens
qui maintenant vivent l'itinérance dans ces secteurs là de l'est de la ville.
L'itinérance a beau être présente, si on n'avait pas accéléré les choses, on se
serait fait dire non, parce que les inquiétudes sont légitimes, vous avez tout
à fait raison de le dire. Et si on... on ne peut pas dire aux
inquiétudes : Mais vous n'avez pas raison d'être inquiets puis c'est
une... vous êtes juste des citoyens qui ne considérer pas les autres. Faire ça,
c'est très grave. C'est très, très grave. Ça fait que votre préoccupation qui
est sincère parce que je vous connais, elle est nécessaire. Si on ne travaille
pas la cohabitation, si on ne travaille pas avec les gens, c'est vrai qu'on va
avoir plus de problèmes que moins.
Maintenant, ce qui est difficile à placer,
puis c'est ce qu'on vit au quotidien, puis Marie-Pierre tu pourrais ajouter, ce
qui est difficile à placer, c'est le curseur entre avoir l'unanimité, puis je
ne dis pas que c'est ce que vous souhaitez, là, pas du tout, je fais juste dire
entre des citoyens qui veulent s'objecter, et peu importe ce qui arrivera, ils
vont vouloir s'objecter, on a eu à Québec des gens, il y avait un lieu pour
diabétiques, pour aider les personnes diabétiques à s'implanter, une petite
maison, puis les gens se plaignaient qu'ils avaient trouvé des aiguilles
partout, on est loin d'un centre de consommation supervisée, là. Imaginez
comment les gens... parfois la peur peut gagner et faire en sorte qu'à travers
des arguments qui sont partagés dans la population, on finit par dire :
Non, on ne veut pas ça. Bien, il y a des choses comme ça, qu'on est obligé
d'écouter les peurs, d'entendre, de discuter, de dialoguer, d'expliquer, d'être
pédagogue, mais, au final, on n'aura pas l'unanimité.
C'est la même chose. Alors, vous me dites
L'Interzone, avec... puis ces défis et avec ces grands résultats, vous avez
raison. Mais on ne peut pas s'en aller dans le champ où il n'y a personne
autour, parce que si on est loin des clientèles et des personnes qu'on veut
servir, bien, ils n'y iront pas, ils n'y iront tout simplement pas. Les axes de
désir en matière de transport, que ce soit collectif, vélo, auto, et autres,
sont des indicateurs pour nous dire qu'est-ce que les citoyens veulent. Puis on
le sait que quand on force un chemin alors que les axes de désir sont ailleurs,
mais les gens n'y vont même pas, même si le chemin est à 50 ou 100 mètres
à côté. C'est la même chose dans le cas des grandes problématiques humaines. On
aurait beau trouver le lieu idéal loin de tout, si on n'est pas proche d'où les
problématiques se vivent, il sera inutilisé. Alors, oui, L'Interzone, il est
dans un secteur où les personnes qui en ont besoin le fréquentent. Oui, ça
crée... et ce n'est pas parfait, ça crée parfois des conditions de cohabitation
qui méritent d'être toujours réfléchies, discutées et débattues pour améliorer
les choses. Si on attend le moment parfait, puis ce n'est parce que vous dites,
mais si on attendait de convaincre tout le monde, on n'en aurait jamais. Puis
L'Interzone n'aurait jamais vu le jour.
Si vous permettez. Veux-tu rajouter?
M. Carmant : Oui. Vas-y,
vas-y, vas-y.
Mme Boucher (Marie-Pierre) : En
fait, si L'Interzone n'existait pas, probablement que les gens continueraient à
s'injecter probablement dans le parc de l'école des Berges, probablement dans
un secteur un petit peu... où il y a des enfants quand même, mais ils ne
seraient pas accompagnés. Le parc n'est pas un lieu de soins, la cour d'école
non plus, mais les besoins sont présents. Donc, quand on vit les enjeux de
cohabitation, c'est souvent aussi parce que les besoins sont grandissants, et
pas répondus à la hauteur des besoins, et non à cause que ce n'est pas à la
bonne place. Donc, je pense qu'il est plus là, l'enjeu, là.
• (11 h 20) •
M. Carmant : Puis je vous
entends à propos de la hauteur des besoins, parce que le... ce qui entraîne les
situations, encore une fois, c'est les gens à l'extérieur de L'Interzone. Mais,
encore une fois, ça a pris une visite de ma part pour dire aux... à l'établissement,
le CIUSSS, mais il faudrait peut-être développer des services pour ces gens qui
font la file dehors.
M. Marchand (Bruno) : C'est
vrai.
M. Carmant : Alors, ce que le
projet de... tu sais, l'intention derrière le projet de loi, c'est de s'assurer
que tout ça soit pensé en amont et que les citoyens savent que, quand quelque
chose s'implante dans leur quartier, ça a été bien réfléchi et bien fait.
Donc...
Mme Boucher (Marie-Pierre) : Mais
la responsabilité, elle est partagée sur la cohabitation, il y a les organismes
communautaires qu'ils le travaillent, mais nous, de la façon qu'on le
travaille, c'est autant avec le CIUSSS, avec les services de police, avec
l'équipe de la...
Mme Boucher (Marie-Pierre) :
...donc c'est ce volet-là qui est très, très, très important au niveau de la
cohabitation, plutôt que le laisser reposer sur les seules épaules d'un
organisme communautaire.
Et ce n'est pas à tous les quatre ans non
plus qu'il faut le réviser. C'est une cohabitation qui doit être vue en continu
avec les acteurs sur place. Donc, vous avez tout à fait raison de l'importance
de travailler cette cohabitation-là, et elle est au centre, en fait, de nos
préoccupations quand on travaille avec les... avec notre milieu, mais ça doit
être une responsabilité qui est partagée.
M. Carmant : Oui, puis je
suis d'accord. Puis, en fait, moi, à ma lecture du projet de loi, je ne sentais
pas que toute la pression était sur les organismes communautaires, là, mais je
l'ai bien entendu, puis on va venir corriger ça, là. Il n'y a pas de... J'en
suis bien conscient. Puis le rôle de la Santé publique là-dedans est
fondamental parce que la Santé publique a tous les pouvoirs pour organiser les
services aux alentours. Donc, ça, c'est clair pour moi.
Dernier petit point, peut-être, c'était la
collaboration, justement, que vous aviez avec la Santé publique, et puis dans
la gestion de l'interzone, puis comment on pourrait améliorer ces
partenariats-là.
Mme Boucher (Marie-Pierre) :
Bien, on a de très bonnes relations, en fait, avec... avec la Santé publique
pour... pour s'assurer, justement, d'identifier les enjeux puis de venir...
venir le travailler. C'est certain qu'on a, tu sais, on a davantage de besoins,
les besoins sont grandissants. Je pense qu'on a plus davantage besoin de
multiplier les sites pour pouvoir venir répondre aux besoins que de grandir un
site en soi. Donc... Mais les besoins sont toujours grandissants, et il faut y
répondre, parce qu'effectivement, après ça, c'est les enjeux de cohabitation
qu'on vit tous, là.
M. Carmant : O.K. Puis, en
tout cas, je ne sais pas si vous êtes au courant, mais on travaille sur un
projet, là, pour un autre site, parce que le groupe précédent n'était pas
certain, mais je tiens à vous le dire. Puis une des choses qu'on essaie aussi,
qui est intrinsèque au projet de loi puis que les gens semblent... ne
mentionnent pas, c'est qu'on privilégie aussi certains modèles où il y a une
collaboration intrinsèque, là, entre le réseau de la santé puis les organismes
communautaires. Nous, on a un bel exemple et un bel exemple à Montréal, où...
avec Dopamine, où c'est dans un CLSC que les locaux sont partagés. Vous,
comment voyez ça, cette collaboration-là entre le réseau de la santé et les
organismes communautaires?
Mme Boucher (Marie-Pierre) :
En fait, c'est majeur. C'est important. Puis on a la chance, à Québec, d'avoir
d'excellentes relations, réseau de la santé, organismes communautaires, ville.
En fait, tous les acteurs travaillent conjointement pour arriver à répondre aux
besoins. C'est vraiment une des forces de l'écosystème de Québec. Puis il faut
continuer à le tisser, il faut continuer à le préserver, à le travailler, mais
c'est majeur, en fait, pour pouvoir autant implanter que de s'assurer de la
survie et du bon fonctionnement de ces... de ces services-là, et, en même
temps, bien, pour... pour entendre les besoins des citoyens qui peuvent vivre
les impacts, des fois, là, de ce qui se passe aussi, là.
M. Carmant : Parfait. Une des
choses qui est importante aussi pour nous, c'est de développer les trajectoires
de soins. Puis j'ai lu, dans votre mémoire, que vous aviez hâte que les
services en toxicomanie se développent. Mais je pense que, déjà, avec ce qu'on
a fait au niveau de l'ouverture de Lauberivière, là, des lits PRISM, on a déjà
un plus... une plus-value. Vous, est-ce que vous avez vu un impact ou...
Comment vous voyez ça, cette ouverture-là, là, de lits pour les personnes en situation
d'itinérance avec problèmes de toxicomanie puis santé mentale?
M. Marchand (Bruno) : Je vais
laisser Marie-Pierre répondre spécifiquement, je vais y aller globalement, ce
avec quoi on était tout à fait d'accord. L'enjeu qu'on a globalement
présentement, puis vous le savez, c'est qu'on... il y a beaucoup d'efforts qui
est mis, plus qu'avant, plus de ressources, puis je l'ai toujours dit puis je
ne me gêne pas pour le dire, mais, puis ce n'est pas de votre faute, mais
jamais à la hauteur de la problématique qui, elle, augmente. Ça fait que, là,
Marie-Pierre va pouvoir répondre sur le volet spécifique de votre question,
mais, sur le volet global, le citoyen ne voit pas d'amélioration. Et ça, c'est
problématique parce que ça veut dire qu'il y a... la fatalité par rapport à
l'itinérance et aux autres problématiques, qu'elle soit concomitante ou non, la
fatalité augmente. Les gens nous disent : Il n'y a rien à faire, c'est
comme ça, puis on est pris avec quelque chose. Et vous savez à quel point j'en
suis profondément... je suis profondément opposé à cette idée de fatalité.
Puis, si j'ai... si j'ai un commentaire par rapport à ce projet de loi qui est
arrivé quand même assez rapidement, puis je m'adresse à tous les partis, c'est
que le citoyen a besoin de savoir que le gouvernement a décidé — et
le gouvernement et les futurs gouvernements ou pas futurs gouvernements, ce
n'est pas important, je ne fais pas de...
M. Marchand (Bruno) : ...sur
la prochaine élection. Je fais juste, d'une seule voix, de dire : Nous
allons, au Québec, atteindre l'itinérance zéro et se donner tous les moyens
pour le faire et d'arriver à mettre les ressources suffisantes, même dans un
contexte difficile. Présentement, vous avez fait énormément plus qu'avant. Mais
la problématique, contre votre gré, malgré vous, elle augmente, et on ne voit
pas globalement les gains. Et on a besoin d'atteindre ce point de bascule qui
va faire en sorte de donner des ailes à ceux qui y travaillent, de montrer les
effets, de montrer que la cohabitation s'améliore encore plus. Et, pour ça, on
a besoin d'un engagement multiparti pour dire : il est temps qu'on soit
ambitieux, puis qu'on s'engage, et qu'on engage le Québec. Ça prendra
15 ans, ça prendra 20 ans, peut-être, plus personne d'entre nous ne fera
de la politique, mais on aura été ceux qui auront dit : Ce n'est pas vrai
qu'on va attendre, ce n'est pas vrai qu'on va se dire : Bien, on fait des
choses, puis c'est vrai qu'on en fait, puis on en fait plus, M. le ministre,
vous êtes aux premières loges et vous en faites plus, mais il est temps qu'on
aille beaucoup plus loin que ça. Je me permets ce commentaire global mais on va
revenir à votre question.
Mme Boucher (Marie-Pierre) : Merci.
Concernant le projet PRISM, plus spécifiquement, il y a un impact positif. Ce
qu'on entend des organismes, particulièrement de l'Auberivière, là, qui est le
porteur finalement dans le milieu, c'est que ça a vraiment un impact spécifique
pour les personnes qui l'utilisent. Mais, comme... comme le maire le mentionne,
les besoins sont tellement grandissants qu'on le voit peu dans la rue, cet
impact-là. Pour l'organisme, comme tel, c'est important. C'est important parce
que les gens qui sont dans ces lits-là, c'est des gens de moins qui sont en
crise dans la rue. Donc, ça a un impact sur l'humain qui a ces services-là...
qui avaient besoin de ces services-là. Donc, chaque personne qui est sauvée,
chaque personne qui reçoit cette main tendue là, qui offre... qui reçoit le
service dont il a besoin, c'est une personne de moins qui est dans la rue.
C'est une personne... puis je vais revenir sur les sites d'injection
supervisée, donc c'est une personne de moins qui se retrouve à aller s'injecter
dans la rue dans des conditions qui sont... qui sont inadmissibles. Donc,
chaque personne, elle est importante parce que ça a un impact global. Pour le
citoyen qui le voit, qui regarde l'ensemble, il ne le voit pas encore.
M. Carmant : Puis comment on
peut accentuer en... justement en créant un site pour la toxicomanie? Est-ce
que... Est-ce que ce sera plus visible ou...
Mme Boucher (Marie-Pierre) : Bien,
chaque pièce de casse-tête est importante, je pense. Quand on arrive avec un
service, que ce soit PRISM ou que ce soit le projet dont vous parlez, c'est une
pièce de casse-tête qui vient contribuer à l'image globale du soutien social
qu'on veut... qu'on veut faire à notre communauté. L'enjeu qu'on vit, c'est que
notre casse-tête de 500 morceaux est rendu un casse-tête de
1 000 morceaux. Puis actuellement, il monte à 1 500 puis à
2 000 morceaux. Donc...
M. Marchand (Bruno) : Peut-être
10 000!
Mme Boucher (Marie-Pierre) : Oui.
C'est ça. Donc, chaque pièce, elle est importante parce qu'elle contribue à
venir créer ce tout-là. Mais il faut qu'on en mette assez pour diminuer le
nombre de pièces plutôt que de juste venir rajouter une à la fois.
M. Carmant : O.K. Juste pour
conclure, je dirais qu'on commence des mesures de prévention, là, qui, nous, on
pense, vont vraiment changer la donne, là, au niveau de la jeunesse, les
sorties carcérales et d'autres mesures qui vont vraiment diminuer le robinet,
là, que vous décrivez, là, qui sont la... qui tombent vers l'itinérance.
Mme Boucher (Marie-Pierre) : C'est
des... C'est des... C'est majeur comme...
M. Carmant : Merci à vous!
Mme Boucher (Marie-Pierre) : Merci.
Le Président (M. Provençal)
:Alors, nous allons procéder
maintenant avec la députée de D'Arcy-McGee.
• (11 h 30) •
Mme Prass : Merci, M. le
Président. Premièrement, je voudrais saluer votre implication, M. le maire, et
votre vision. Vous êtes à la tête du comité de l'UMQ pour l'itinérance et vous
avez été très vocal au cours des dernières années pour dire que nous avons tous
un rôle à jouer, justement.
Et, comme vous dites, oui, il y a de
l'augmentation au financement pour tout ce qui est question itinérance, mais on
ne voit pas les résultats. On ne voit pas qu'il y a une vision à long terme. Et
ce que ce que vous suggérez, entre autres, c'est que la ville puisse, avec les
terrains que vous aurez donnés, puisse faire la suggestion au ministre, au
gouvernement pour les emplacements. Quels sont les critères que la ville se
donne? Parce qu'évidemment vous êtes préoccupés par toutes les questions de
cohabitation également. Ça concerne tous vos citoyens. Et vous voulez justement
qu'il y a une vie harmonieuse dans la communauté. Donc, quels sont les critères
que la ville se donne justement pour octroyer ces zonages-là que vous...
ensuite vous suggérez au gouvernement, en prenant en compte toute la question
de la cohabitation?
M. Marchand (Bruno) : Marie-Pierre
va compléter ma réponse pour être plus spécifique. Mais la nature inhérente de
la politicienne ou du politicien municipal, c'est d'être à distance du pied du
citoyen. C'est le seul politicien ou politicienne qui est à distance de pied du
citoyen. Non pas que vous ne recevez pas vos volées de bois vert périodiques,
là. Ce que je veux dire, c'est que je... pour bien connaître la politique
municipale, cette réalité-là, elle incombe aux politiciens municipaux parce
qu'ils en entendre parler.
Alors, on va revenir sur la question des
critères, mais c'est impossible d'être un...
11 h 30 (version non révisée)
M. Marchand (Bruno) : ...politicien
municipal ou une politicienne municipale et de ne pas se soucier de ça, parce
qu'ils en entendent parler dans leurs conseils de quartier, ils en entendent
parler quand ils font l'épicerie, ils en entendent parler au bureau d'arrondissement,
ils en entendent parler au conseil de ville parce que les citoyens se
présentent. Et sur ces dossiers-là, ils se présentent fort.
Alors, à la ville, on va vous présenter qu'est
ce qu'on a mis en place. On travaille ça avec Santé publique et CIUSSS, mais ça
reste imparfait parce que ça suppose de l'agilité, parce qu'il n'y a pas un
territoire, il n'y a pas un quartier, il n'y a pas une rue pareille. Parce que
chaque fois, chaque fois, il y a une levée de boucliers, même avec des critères,
les citoyens ont une levée de boucliers.
Écoutez, il y a des endroits où, à Québec,
il y a des citoyens qui refusent qu'il y a une garderie à côté de chez eux
parce que ça fait du bruit. C'est arrivé, là, c'est un exemple réel, là, ce n'est
pas théorique, là. Il y a des citoyens qui ont refusé qu'il y ait une garderie,
là. On part de loin, dans certains cas.
Ça fait qu'on s'est mis des critères qu'on
garde en état d'agilité. Et la nature inhérente du politicien de proximité,
bien, c'est de faire en sorte d'être toujours à l'écoute et de nous ramener ces
éléments-là. Ça demeure imparfait, mais on a quand même une bonne base.
Marie-Pierre.
Mme Boucher (Marie-Pierre) : C'est
certain qu'on regarde le lieu-environnement... lieu-environnement. Dernièrement,
on a... bien, justement, M. le Maire parlait des modulaires... D'ailleurs, les
modulaires, on est à l'intérieur du... on a une garderie en dedans de 150 mètres,
mais on a fait le pari que la façon qu'on faisait l'implantation, le travail qu'on
a fait et la relation qu'on est allé établir avec les organismes du secteur...
on est allé rencontrer aussi le CPE pour voir comment on pouvait travailler
cette cohabitation-là. C'est une façon qui nous permet de... un, d'être en
amont, de planifier comme il faut le projet, même au niveau de l'implantation.
Des fois, juste l'implantation, la façon qu'on pose les infrastructures fait en
sorte que la zone tampon où les gens se retrouvent, ils ne sont pas
nécessairement dans un secteur où ils sont dans une cohabitation qui est plus
difficile.
Donc, on regarde le lieu-environnement, on
regarde la sécurité des locaux aussi parce qu'on utilise souvent des locaux qui
sont déjà existants. Donc, on veut s'assurer d'avoir un local qui répond aux
besoins. Des fois, ne serait-ce que comment la toilette, elle est installée,
là, pour pouvoir s'assurer que les gens y sont en sécurité, mais aussi que l'environnement
est en sécurité.
Tout à l'heure, je vous disais la zone
tampon, là, comment ce milieu de vie là permet d'accueillir des gens qui,
parfois, sont à l'extérieur aussi, c'est un des éléments qui est important. C'est
très, très simple, là, pour l'instant, les éléments que je vous nomme, mais on
y va vraiment du cas par cas parce qu'on veut s'adapter aussi au milieu.
Mme Prass : Et je suis
curieuse. Le travail que vous avez fait en amont, justement... Parce qu'on a...
j'ai parlé avec d'autres organismes, puis on dirait que c'est vraiment un
élément qui fait la différence, le travail qui se fait en amont. Est-ce que
vous l'avez fait tout seuls? L'avez-vous fait en concert avec la police? L'avez-vous
fait en concert avec les organismes communautaires? Quelle était l'équipe,
disons, que vous avez mise sur pied, justement, pour faire cette
sensibilisation auprès de la communauté?
Mme Boucher (Marie-Pierre) : On
l'a fait avec les organismes, on l'a fait avec les équipes de la ville, les
équipes avec... du réseau, avec le réseau de la santé. On a vraiment fait un
partenariat, jusqu'à faire la consultation publique où la ville était avec
aussi le réseau de la santé. Donc, on était ensemble pour venir répondre aux
questions des citoyens. On était ensemble, tu sais, puis je pense que c'est
vraiment le central de cette capacité de réponse aux besoins là, le travailler
ensemble.
Donc, quand on a une personne qui vient
questionner plus spécifiquement sur le type de service puis comment ça répond,
bien, le réseau de la santé est en mesure de venir répondre spécifiquement à
ces éléments-là qui sont plus spécifiques, qui sont plus du réseau de la santé.
Le milieu communautaire est capable de répondre sur sa capacité de gérer ce
lieu-là aussi. Puis, après, la ville, bien, pourquoi nous, on vient identifier
que c'est un lieu qui est correct pour venir implanter un type de service.
Donc, c'est cette collaboration-là qui nous permet vraiment de venir s'implanter.
Puis c'est aussi ce qui s'était passé dans
le travail pour le site à Québec, pour le site de consommation supervisée, il y
avait eu un gros travail en amont pour arriver avec l'implantation de ce
site-là. Ça a pris un certain temps avant qu'on vive les enjeux de
cohabitation, parce qu'au départ il n'y avait pas... il n'y avait pas d'enjeu,
il n'y avait pas d'enjeu de cohabitation. Quand le problème est devenu plus
grand, quand il y a eu davantage de personnes qui, finalement, n'avaient pas de
place à l'intérieur des services, c'est plus ça, l'enjeu qu'on a vécu, c'est le
manque de place à l'intérieur des services, et non le lieu et la façon que c'est
travaillé, parce qu'il y a eu un travail de concert, important avec le réseau
de la santé, avec la ville, puis avec les organismes communautaires.
Mme Prass : Et, dans cette
perspective-là, on a parlé avec le groupe tout à l'heure, la possibilité qu'il
y ait un financement pour les organismes communautaires, pour les mesures de
cohabitation, atténuation. Pensez-vous que les municipalités...
Mme Prass : …parce que le
travail que vous faites, des fois, c'est d'avoir une présence policière accrue
dans ces endroits-là. Pensez-vous qu'il serait utile qu'il y ait aussi un
programme de financement pour les municipalités dans cet esprit de cohabitation
là?
M. Marchand (Bruno) : Oui,
mais oui, oui, oui, tout à fait, mais il n'y a pas de… Ce que je veux dire,
c'est… Il y a une partie de ce qu'on fait pour laquelle on n'a pas besoin de
financement de plus. Il y a une partie qui nous incombe, il y a une partie qui
est dans notre champ de responsabilité, et c'est à nous de faire notre travail,
mais on a besoin de le faire de façon concertée. Mais il y a une autre partie
qui n'est pas dans notre champ de compétence, pour laquelle, là, on a besoin
d'être soutenus.
Alors, ma réponse n'est pas celle
traditionnelle de dire : Oui, on veut plus d'argent en tout temps pour
tout. Ça ne se peut pas, ça n'arrivera pas puis, selon moi, c'est une mauvaise
demande de faire ainsi. Donc, on va s'occuper… on va continuer de s'occuper de
sécurité publique. C'est notre responsabilité. Ça fait partie de notre devoir.
On va s'occuper de l'entretien, de la voirie. On va s'occuper, avec des
partenaires… Vous voyez, on a mis des programmes en place présentement pour
soutenir les commerçants dans des contextes difficiles. Ça fait partie de notre
travail, puis certains… Dans certains cas, on le fait avec le gouvernement du
Québec parce qu'on obtient des sommes, mais le gouvernement du Québec doit se
concentrer sur la portion qui est vraiment la sienne dans son champ de
compétence santé et services sociaux, puis ce n'est pas à moi de faire quelque
apprentissage que ce soit en cette matière pour venir là puis faire en sorte
qu'on ait les moyens nécessaires, «on» n'étant pas la ville, «on» étant le
collectif, pour qu'on ait les moyens nécessaires pour que ça se passe.
Le ministre a raison, puis je pense que
tout le monde l'est, d'être préoccupé de cohabitation. Si on ne se préoccupait
pas de cohabitation, on va mal desservir d'en dedans les personnes souffrant de
différentes problématiques. Pourquoi? Parce qu'il va se créer de la haine, il
va se créer de la division puis il va y avoir des attentes qu'on rentre avec
des tags puis qu'on amène le monde dans des champs, loin de tout, loin de tout,
et ça ne sera jamais la bonne réponse. Attendre à un problème, ça ne sera
jamais la bonne réponse, mais, pour le faire, il y a des rôles que le
gouvernement et les services de la santé doivent jouer pour être cohérents avec
le milieu communautaire et le milieu municipal pour qu'on joue tous notre rôle.
Mme Prass : Et vous avez…
Excusez-moi. On a parlé tantôt de… que les mesures de cohabitation, plans de
cohabitation, ça ne peut pas être quelque chose qui est présenté au début, on
travaille, puis ensuite ça se perd de… Évidemment, les municipalités sont des
partenaires premières dans cette réalité-là. Et est-ce que vous serez ouverts à
l'idée que, justement, il y ait un rôle du municipal pour qu'il y ait une
conversation ou un dialogue continu avec les différents partenaires dans
l'esprit de, justement, maintenir cette cohabitation qui… Comme vous l'avez
mentionné, d'un jour à l'autre, il y a une augmentation du nombre de personnes
desservies. Donc là, ça pourrait créer des enjeux. Donc, justement, d'avoir ce
comité ou ce groupe en continu pour pouvoir répondre aux différentes réalités
qui pourraient apparaître…
M. Marchand (Bruno) : Absolument,
c'est ce qu'on fait déjà, et, absolument, la relation de confiance ne doit pas
attendre que le champ soit rempli de mauvaises herbes pour qu'on décide de se
demander qu'est-ce qu'on fait pour enlever les mauvaises herbes. Il est trop…
Il est souvent trop tard, parce que la relation de confiance s'effrite. Donc,
cette relation continue dont vous parlez, elle est absolument nécessaire et
elle évite d'amplifier les problèmes qui prennent, plus tard, beaucoup plus de
temps à régler, et pour lesquels on a perdu des relations de confiance
importantes, et qui sont difficiles à regagner, donc, cette nécessité-là de le
faire en continu…
Il y a des choses qui ne sont pas
prévisibles quand on implante ce type de service là. On travaille avec des
humains puis on suppose des mouvements humains qui nous semblent, à travers nos
expériences, possibles, puis on s'aperçoit qu'exactement ce que le ministre a
dit, c'est que, maintenant, on se retrouve avec des gens devant le centre, puis
là il y a des choses qui se passent. Il faut être capable de réagir en continu,
et ça suppose cette relation de confiance, mais cette communication et ce
respect pas des responsabilités des autres, mais cette imputabilité de ces
responsabilités. Dans ces groupes-là, souvent, ce qui arrive, c'est que c'est
la faute de l'autre, tout type de table de concertation, et, à partir du moment
où c'est la faute de l'autre, on n'arrive à rien.
Mme Prass : Merci beaucoup.
• (11 h 40) •
Le Président (M. Provençal)
: Je vais maintenant céder la parole au député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup, M. le Président. Merci pour votre mémoire, pour votre présentation.
Je vais aller rapidement.
On est dans une dualité, là, puis vous en
parliez tantôt, entre les responsabilités de la ville, aussi ceux du
communautaire, aussi ceux de la santé publique, du ministre. Le communautaire,
tout à l'heure, nous disait : Oui, mais on ne peut pas supporter à nous
seuls le plan de cohabitation. Puis il nous disait : Moi, j'ai parlé avec
des organismes sur le terrain, moi, quand j'appelle la police, bien, pour gérer
une situation, ce n'est pas toujours qu'elle vient. Ils n'ont pas un contrôle
sur la force policière. Quand il y a eu des déchets, du débordement, puis que
j'appelle, bien, les travaux publics pour venir ramasser, des fois, ils ne
viennent pas.
Donc, il y a un enjeu de
responsabilisation de la ville. Là, le projet de loi tel quel, quand même, met
la seule responsabilité, de la manière que je le lis puis que les organismes
communautaires le lisaient, sur le communautaire d'assurer le respect du plan
de cohabitation. Là, on ne veut pas nécessairement non plus ne responsabiliser
que les villes. Sur le plan de cohab aussi, il y a le rôle de Québec…
M. Cliche-Rivard : ...bref,
dans la disposition législative ou dans votre vision, vous disiez chacun avoir
son carré de sable. Là, le carré de sable semble limité aux organismes. Est-ce
qu'il y a un meilleur balancement? Et à quel point est-ce que la ville pourrait
ou voudrait être impliquée dans le plan de cohabitation de manière aussi...
paraître contraignante, là, mais à quel point il y aurait un rôle législatif
puis d'application de la coresponsabilité de la médication sociale?
M. Marchand (Bruno) : Moi,
j'ai la même perception, même si le ministre nous dit que ce n'était pas
l'intention, et je le crois... j'ai la même perception que présentement on fait
reposer sur le milieu communautaire une responsabilité qu'il n'est pas capable,
pas par ses compétences, mais par son incapacité et ses rôles, il est incapable
d'assumer. Et donc ça veut dire que ça pourrait bien aller, dans certains cas,
s'il y a déjà des collaborations au préalable, mais, dans d'autres cas où il
n'y a pas ces collaborations-là, on ne sera pas capables de présenter un plan
de cohabitation qui va être crédible et sérieux parce que les vrais partenaires
autour ne seront pas... ou seront un peu en porte à faux. Ça, c'est la première
chose. Et ça pourrait être une façon pour certaines... certains endroits sur
cette terre, au Québec, de dire : Bien, pour ne pas en vouloir, on a juste
à ne pas collaborer au plan de cohabitation, ils n'auront jamais un plan de
cohabitation crédible. Donc, ça peut être une façon de «not in my backyard»,
là, «pas dans ma cour», pour dire : Regarde, on a juste à ne pas
collaborer, le ministre va bien voir que le plan de cohabitation ne tient pas
la route et ne pourra pas donner son aval.
Donc, comment on force les gens — dans
certains cas, il faut les forcer — à travailler ensemble? Nous, comme
ville, on assume parfaitement de jouer nos rôles. Alors, on a un rôle, et nos
responsabilités sont claires, et on doit le jouer, mais on a besoin de... Et
comme ville, je pense qu'on assume un bon rôle de leadership, et ça fait une
différence. On a besoin d'avoir cette capacité à dire : O.K., comment on
rallie les acteurs? Alors, si je m'extirpe de Québec... Parce que présentement,
Québec n'aurait pas besoin d'arbitre, on est capables de s'arbitrer. Peut-être
qu'il y a des municipalités qui auraient besoin qu'un ministre puisse
dire : Bien, vous allez devoir travailler ensemble parce que vous, là,
vous êtes... c'est complètement le bordel, c'est un foutoir et vous n'êtes pas
capables de travailler ensemble. Mais, si je parle juste pour Québec
aujourd'hui, puisque j'en suis le représentant, on n'a pas besoin d'avoir un
arbitre ou une pression, on a déjà cette réalité-là qui va bien et pour
laquelle on trouve des solutions. Mais ça ne peut pas juste être le
communautaire, ça ne peut pas juste être la ville, mais la ville doit jouer son
rôle.
M. Cliche-Rivard : ...d'un
deuxième site? Vous êtes...
M. Marchand (Bruno) : Oui,
oui, tout à fait, tout à fait.
M. Cliche-Rivard : Puis
est-ce que ce projet de loi le facilite ou non?
M. Marchand (Bruno) : C'est
une très bonne question. Je ne le sais pas. As-tu une réponse?
Mme Boucher (Marie-Pierre) :
Oui. En fait, c'est qu'il y a un volet qui ne nous appartient plus dans
l'identification du lieu où, on pense, ce serait la meilleure place. La ville
est probablement... en fait, pas probablement, la ville, on est les mieux
placés pour connaître notre territoire et savoir où sont les besoins, avec le
milieu communautaire, avec le réseau de la santé, ils sont où, les besoins.
Parce que l'idée, c'est de venir implanter un service où les besoins sont.
Donc, ils sont où, les besoins? Où on pense est le mieux?
Et on l'a prouvé à travers les expériences
qu'on a mises en place ici, à Québec, pour être capables de montrer, puis
d'identifier, et de créer le meilleur lieu, et assurer cette cohabitation-là
qui n'est pas toujours facile, là, on en convient. Puis on le sait que les
citoyens nous le nomment, que ce n'est pas toujours facile. Mais on a cette
sensibilité-là aussi de maintenir cette relation et ce dialogue-là avec le
citoyen, sachant très bien que ce n'est pas toujours facile. Donc, on pense,
actuellement, que ça pourrait même ralentir, si on n'a pas le pouvoir de le
travailler entre nous, parce que ça va se travailler sur un autre palier.
Puis je pense aussi qu'il y a un volet
dans ce qu'on a fait comme proposition. Quand M. le Maire dit «pas dans ma
cour», bien, pas dans ma cour, ça peut être pas dans ma ville aussi, hein?
Donc, mettons, à la grandeur Capitale-Nationale, ce type de besoins là peuvent
être aussi dans d'autres villes de la Capitale-Nationale puis venir... s'il y a
une obligation d'intégrer aux grilles de zonage, pour d'autres municipalités.
Parce que ça fait partie des propositions qu'on a faites, aussi, dans le
mémoire, que ce soit même une obligation pour les municipalités d'identifier
des lieux où ce type de service là pourrait être offert. Puis je dis «à hauteur
de municipalités», mais ça peut être à hauteur de MRC aussi, là, donc, que
chacun vienne de répondre aux besoins de sa communauté aussi.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup.
Le Président (M. Provençal)
: Mme la députée de Terrebonne, vous allez compléter cet échange.
Mme Gentilcore : Oui. Merci
beaucoup. J'aimerais continuer là-dessus parce que c'est un sujet qui
m'intéresse. Donc, vous étiez au courant qu'il y avait ce projet-là qui était
en développement du côté du... Est-ce qu'on vous a consultés déjà, justement,
par rapport aux emplacements potentiels, et tout ça, ou, en vue de la loi qui
va être mise en application, déjà, vous êtes écartés de ce processus-là?
Comment ça se passe, à date, dans ce projet-là?
Mme Boucher (Marie-Pierre) :
Bien, on n'est pas écartés, il n'y a pas... pour l'instant, on ne sent pas
qu'on est mis de côté.
Mme Gentilcore : Non, non, très
bien. Donc, vous avez été consultés par rapport à ce projet-là, vous avez déjà
des endroits qui ont été prédéterminés, peut-être potentiels, pour installer...
M. Marchand (Bruno) : C'est
un travail qui se fait le CIUSSS, c'est un travail qui se fait avec les
autorités de santé publique.
Mme Gentilcore : O.K. Donc, ça
avance. Donc, ça avance. Donc, la seule crainte, de votre côté, c'est que
peut-être que ce projet de loi là pourrait retarder un peu le développement des
travaux, alors que c'est une urgence, quand même, pour la ville Québec?
M. Marchand (Bruno) : À voir.
Mme Gentilcore : À voir, à
voir.
M. Marchand (Bruno) : Oui.
Mme Gentilcore : Est-ce qu'il
y a des éléments dans ce projet...
Mme Gentilcore : ...ce projet
de loi là que vous conserveriez ou vous, vous... Comme, le groupe précédent a
demandé de retirer le projet de loi. C'est quoi, votre vision par rapport à ça?
Est-ce qu'il y a des trucs dans le projet de loi que vous, vous conserveriez?
M. Marchand (Bruno) : Bien,
il y a beaucoup de trucs. Notre mémoire... Notre mémoire ne dit pas : Il
ne faut prendre le projet de loi puis le mettre à la poubelle. Notre mémoire
dit : Bien, on doit faire attention à la question du zonage municipal. On
pense qu'il y a quelque chose qui est pernicieux là-dedans, qui
est... puis qui... pour laquelle, je pense, qu'il y a une tendance qui est
plutôt inverse à ne pas subordonner le municipale à une façon de le voir comme
étant un petit enfant d'école à qui on dit quoi faire, comment le faire. Donc,
notre première recommandation, c'est ça. Il y a du zonage, il peut y avoir des
modifications, comme vient de le préciser ma collègue, mais ça, c'est
important. La question du 150 mètres, pour moi, c'est... Je comprends, je
comprends l'étiquette politique qu'on a besoin d'avoir quand on veut agir
fortement, quand on veut...
Mme Gentilcore : L'image
mentale pour les gens.
M. Marchand (Bruno) : Oui,
c'est important, ça, parce que les gens ne sont pas dans le fin détail. Je le
comprends, pourquoi le ministre amène ça. Il reste que... Moi, je pense qu'il
soustrait son pouvoir d'agilité à quelque chose qui est, sans mauvaise foi, à
l'étiquette politique qui va nous compliquer la vie dans les centres urbains,
qui va compliquer la vie, énormément, à plusieurs égards. Ça fait qu'est-ce
que... Est-ce qu'il faut que ce soit un 150 mètres? Est-ce qu'il faut que
ça reste en 150 mètres, mais que ça ne soit plus une suggestion, et, sous
d'autres aspects, le ministre peut décider autrement? Il faut se garder un
pouvoir, un pouvoir de dire : Sur ce terrain-là, compte tenu de ces
conditions-là, on a la capacité de le faire, même si c'est à 75 mètres.
Mme Gentilcore : Donc, pour
vous, un mur-à-mur dans le cadre des sites d'injection supervisée, ce n'est pas
une bonne façon de voir les choses.
M. Marchand (Bruno) : Je ne
le pense pas. Maintenant, qu'on ait un projet de loi qui vienne préciser des
choses, qui vienne donner des orientations, pourquoi pas. Mais je pense qu'il
faut éviter de se cadenasser avec une étiquette politique qui viendrait nuire à
la capacité d'implanter dans des secteurs où, même si c'est 50 mètres, ça
peut être possible, alors qu'ailleurs ça devrait être 250.
Mme Gentilcore : ...à exercer
un jugement puis discernement par rapport à ça. Parfait. Merci beaucoup.
Le Président (M. Provençal)
:Alors, je remercie les représentants
de la ville de Québec pour leur contribution à nos travaux.
Sur ce, je vais suspendre les travaux
jusqu'après les avis touchant les travaux des commissions. Alors, merci
beaucoup.
(Suspension de la séance à 11 h 48)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 15)
Le Président (M. Provençal)
:Alors, bonjour à tous. Nous reprenons
nos travaux. La Commission de la santé et des services sociaux reprend ses
travaux. Nous poursuivons les consultations particulières et auditions
publiques sur le projet de loi n° 103, Loi visant principalement à
réglementer des sites de consommation supervisée afin de favoriser une
cohabitation harmonieuse avec la communauté. Puis, cet après-midi, nous
entendrons les témoins suivants : la ville de Montréal, la ville de
Gatineau conjointement avec l'Union des municipalités du Québec et le Réseau
Solidarité Itinérance du Québec. Alors, nous allons... Dès maintenant, je
souhaite la bienvenue à la ville de Montréal et à ses représentants, c'est-à-dire
Mme Blanco, M. Therrien et M. Lemaire. Et vous avez 10 minutes
pour votre présentation et nous procéderons aux échanges. Alors, je vous cède immédiatement
la parole. Vous pouvez y aller, madame...
Mme Blanco (Josefina) : ...Merci
beaucoup. Bonjour, M. le président de la commission, M. le ministre responsable
des services sociaux, Mmes, MM. les députés. La ville de Montréal remercie la
commission pour l'occasion qui lui est donnée de présenter ses commentaires au
sujet du présent projet de loi. Je me présente, je suis Josefina Blanco, je
suis conseillère de la ville de Montréal, Responsable de la diversité, de
l'inclusion sociale, de l'accessibilité universelle, de la condition féminine,
de la jeunesse et des personnes aînées au sein du comité exécutif de la ville,
donc l'action de la ville en matière de réduction des méfaits révèle... relève,
en partie, de ma responsabilité. Aujourd'hui, je suis accompagnée de M. Jean
Therrien, directeur du Bureau des relations gouvernementales et municipales de
la ville de Montréal, ainsi que de M. Pier Alexandre Lemaire, conseiller de
planification au sein du Service de la diversité et l'inclusion sociale.
Permettez-moi d'abord de citer le contexte
dans lequel s'inscrit notre intervention. La ville de Montréal est la plus
grande ville du Québec, avec une population de plus de 1,8 million
d'habitants sur l'île. Sa densité urbaine est la plus élevée au Québec, avec
plus de 4 800 habitants au kilomètre carré, soit trois fois plus que la
moyenne des 10 plus grandes villes de la province. Cette densité
exceptionnelle, combinée à la rareté des terrains disponibles, rend chaque
décision d'aménagement particulièrement stratégique et unique, mais surtout,
dans le contexte actuel, Montréal concentre une partie importante des enjeux
sociaux du Québec : pauvreté, itinérance, dépendance, inégalités.
C'est dans ce contexte que je vous
présente aujourd'hui la position de la ville de Montréal concernant le projet
de loi n° 103, visant principalement à réglementer les sites de
consommation supervisée afin de favoriser une cohabitation harmonieuse avec la
communauté, dont l'étude est faite aujourd'hui. Vous allez retrouver notre
position et des propositions que nous vous soumettons dans le mémoire déposé
par la ville.
D'entrée de jeu, le projet de loi n° 103... avec le projet de loi n° 103, la ville de
Montréal veut saluer la volonté du gouvernement du Québec de favoriser une
cohabitation harmonieuse entre les personnes visées par les sites de
consommation supervisée ainsi que par les services en itinérance, en général,
et les communautés avoisinantes. La ville de Montréal reconnaît aussi
l'importance de favoriser une cohabitation harmonieuse sur son territoire, dans
le respect des droits et des besoins de toutes les personnes qui y vivent. Elle
comprend les préoccupations exprimées par de nombreux citoyens et citoyennes
face aux impacts de la crise des surdoses et de l'itinérance sur leur
quotidien. Ces enjeux sont réels, complexes et, parfois, difficiles. Nous nous
engageons d'ailleurs à poursuivre nos efforts et à continuer d'assumer
pleinement notre rôle en ce domaine avec l'ensemble des partenaires concernés.
Nous tenons tout de même à rappeler que
les sites de consommation supervisée sont des lieux de santé publique
essentiels, qui sauvent des vies et préviennent les infections dans un contexte
urbain qui concentre une grande partie des problématiques liées à la crise des
surdoses. Cette crise est bien réelle. Selon l'Institut national de santé
publique du Québec, les intoxications suspectées aux opioïdes sont en hausse
constante. Le nombre de décès liés à ces substances a triplé entre 2000 et
2020. En moyenne, cinq personnes meurent chaque semaine, au Québec, d'une
surdose, et 81 % de ces décès surviennent lorsque les gens consomment
seuls. Les sites de consommation supervisée permettent de prévenir ces drames.
Ils offrent un environnement qui est sécuritaire, encadré par des
professionnels, où les personnes peuvent consommer tout en ayant accès à des
soins, à de l'écoute, à de la prévention. À Montréal, cinq sites de
consommation supervisée fixes et un site mobile ont desservi plus de
28 000 personnes uniques entre 2020 et 2025. Il est aussi important de
mentionner qu'entre janvier 2017 et février 2025 aucune surdose
mortelle n'a eu lieu dans un site de consommation supervisée au Canada.
• (15 h 20) •
Nous sommes à l'écoute des préoccupations
exprimées par les citoyens et au besoin d'assurer une cohabitation harmonieuse,
mais il faut rappeler que l'enjeu de cette crise est, avant tout, un besoin
important, non comblé, de services en santé et services sociaux, notamment en
matière de dépendance et de toxicomanie. Nous estimons aussi qu'il est
fondamental de ne pas confondre deux réalités qui sont bien distinctes, la
crise des surdoses et la crise de l'itinérance. La crise des surdoses est une
grande urgence de santé publique. Elle est liée à la toxicité croissante du
marché des drogues, à la présence de substances imprévues, comme le fentanyl ou
les nitazènes, dans les drogues consommées par les individus. Elle touche des
personnes de tous les horizons, dont une partie seulement sont en situation
d'itinérance. Les sites de consommation supervisée sont une réponse médicale,
sociale et sécuritaire à cette crise. Ils ne sont pas des refuges, mais des
lieux de soins, qui sont encadrés...
Mme Blanco (Josefina) : …des
professionnels de la santé. La crise de l'itinérance, quant à elle, est une
crise sociale et structurelle. Elle est exacerbée par la pénurie de logements,
l'inflation, les évictions, les inégalités socio-économiques. Elle se manifeste
par une hausse du nombre de personnes en situation d'itinérance, visibles ou
non, et par des tensions dans l'espace public. Les services en itinérance, que
ce soient des haltes chaleur, hébergements d'urgence, centres de jour,
répondent à des besoins de base. Confondre ces deux types de services peut
mener à la mise en place de politiques inadaptées. Restreindre l'accès aux
sites de consommation supervisée pour répondre à des enjeux liés à
l'itinérance, c'est risquer d'aggraver la crise des surdoses, sans résoudre les
causes profondes de l'itinérance.
Nous sommes d'avis qu'une réponse efficace
à ces deux crises doit reposer sur une approche qui est différenciée,
complémentaire et coordonnée. Considérant donc les éléments mentionnés
précédemment, la ville de Montréal propose 14 recommandations pour le
projet de loi n° 103. Notamment, devant l'ampleur de la crise des surdoses
et celle de l'itinérance, nous estimons que le gouvernement du Québec doit
investir de manière encore plus importante, prévisible et soutenue en
habitation, en santé physique et mentale et en services sociaux. La véritable
solution à long terme passe par un réengagement fort du gouvernement du Québec,
en partenariat avec les villes et les organismes communautaires, dans ces
secteurs clés. Autrement, les enjeux de cohabitation, de sécurité publique et
de qualité de vie ne feront que s'aggraver.
Ensuite, nous sommes d'avis qu'il faut
retirer les articles du projet de loi qui confèrent au ministre le pouvoir de
soumettre à autorisation tout local destiné à accueillir principalement des
personnes en situation d'itinérance. Une telle centralisation des pouvoirs
soulève plusieurs enjeux comme de ralentir les interventions et l'ouverture des
nouvelles ressources dans un contexte d'urgence sociale et de compromettre
l'accessibilité des services essentiels de première ligne. De plus,
l'application uniforme d'une distance minimale de 150 mètres entre
11 sites de consommation supervisée et un établissement scolaire ou un
service de garde éducatif à l'enfance ne tient pas compte des contraintes
propres aux milieux urbains denses. Cette exigence uniforme rendrait très
difficile l'implantation de nouveaux sites de consommation à Montréal, alors
que les besoins sur notre territoire sont plus que pressants.
Nous soutenons donc qu'il est essentiel de
permettre de déroger, sous réserve d'un avis conforme de la Direction régionale
de la santé publique, aux réductions de la distance minimale dans les zones à
forte densité urbaine ou de manière à tenir compte les différentes réalités
locales. Les sites de consommation supervisée déjà en activité doivent aussi,
quant à eux, être protégés pour éviter des fermetures injustifiées dès 2028.
Une telle mesure, appliquée sans analyse de risques, pourrait avoir des effets
nuisibles sur la santé publique. Une hausse des surdoses, pertes des liens avec
le service, entre autres, et aussi sur la cohabitation dans l'espace public,
comme par exemple voir une augmentation de la consommation et de la présence de
matériel de consommation dans l'espace public.
Il faut donc garantir que tous ces sites
de consommation supervisée en activité à la date de la sanction de la loi
puissent poursuivre ses activités pour une période de quatre ans renouvelable
de plein droit, sauf incident majeur, justifié par un avis conforme de la DRSP.
La Ville de Montréal soutient aussi qu'il
est essentiel d'ajouter une mention explicite à l'effet que le projet de loi
s'applique uniquement aux sites de consommation fixes et non mobiles pour ne
pas freiner une solution qui est souple, efficace et complémentaire aux sites
de consommation fixes. Le projet de loi impose aux organismes l'obligation de
produire un plan de cohabitation sans toutefois en définir les attentes, la
structure ou les critères d'évaluation. Cette absence de balises crée une
insécurité juridique pour les organismes, risque de ralentir le processus
d'autorisation ou de renouvellement et de nuire à l'équité dans une évaluation
des projets. Nous recommandons de produire un guide précisant la structure des
indicateurs et des meilleures pratiques pour l'élaboration du plan de
cohabitation. Cela permettra de standardiser les pratiques, de soutenir les
organismes et de faciliter l'analyse des dossiers. Finalement, il faut
impliquer les municipalités dès le début du processus d'implantation d'un site
de consommation supervisée. Elles connaissent leur territoire, les enjeux et
les communautés.
En conclusion, soyez assurés que nous
partageons vos objectifs. Une cohabitation harmonieuse, des quartiers
sécuritaires, des services accessibles et efficaces, une quantité adéquate pour
répondre à la crise de vulnérabilité exacerbée dans la métropole, même si nous
saluons la volonté de légiférer dans ce sens, le projet de loi n° 103,
dans sa forme actuelle, comporte des risques pour la santé publique, pour
l'autonomie des milieux et surtout pour la sécurité et la santé des personnes
les plus vulnérables. En créant un amalgame entre les enjeux liés à la
consommation supervisée et à l'itinérance et en imposant des contraintes
uniformes et centralisées, le projet de loi pourrait aggraver les problèmes
qu'il cherche à résoudre. La ville de Montréal…
Mme Blanco (Josefina) : ...de
Montréal appelle donc à des ajustements législatifs qui tiennent compte des
réalités urbaines, respectent les compétences municipales et soutiennent les
approches communautaires fondées sur la réduction des méfaits, la proximité et
la dignité. Merci.
Le Président (M. Provençal)
:...alors, M. le ministre, je vous
invite à débuter cette période d'échange.
M. Carmant : Oui, merci
beaucoup, M. le Président. Merci beaucoup pour votre exposé, Mme Blanco, et
bonjour à vos collègues.
Une chose que j'aimerais clarifier. Puis,
depuis les commentaires que j'entends ce matin, c'est... je ne suis pas... je
ne suis pas certain que c'est clair. Quand on parle des sites accueillant les
gens en situation d'itinérance, la distance ne s'applique pas du tout, là. On
s'entend là-dessus. Ce qu'on parle, c'est peut-être ajouter des règles de
cohabitation, surtout quand on développe des sites - et vous le savez à
Montréal - qui vont toucher spécifiquement les personnes avec des problèmes de
santé mentale et avec des problèmes de toxicomanie. Et, même là, vous croyez
qu'il faudrait enlever cet alinéa-là?
Mme Blanco (Josefina) : Oui.
Je veux bien clarifier. Vous faites mention du 150 mètres pour les sites
de consommation supervisée.
M. Carmant : C'est ça. Il ne
s'applique pas pour les autres.
Mme Blanco (Josefina) : Non.
Ça, je comprends. Nous, nous croyons que, pour les sites de consommation
supervisée, appliquer une mesure mur à mur, ce n'est pas la bonne... la bonne
réponse. Que, des fois, je pense que, comme on demande, les municipalités, puis
je pense que Montréal n'est pas la seule municipalité à demander la même chose,
du moment où on est impliqués du début du processus, bien, l'analyse peut, des
fois, montrer qu'un site qui ne respecte pas le 150 mètres peut aussi
répondre et être tout à fait adéquat, peut-être, qu'un site qui se trouve à
180 mètres. Donc, je pense que la... c'est... nous, on fait mention
précisément, les 150 mètres appliqués pour l'ouverture, l'installation des
sites de consommation supervisée.
M. Carmant : O.K. Mais on ne
fait pas d'amalgame avec les sites accueillant des personnes en situation
d'itinérance. La distance ne s'applique pas. Je veux juste être clair
là-dessus.
Mme Blanco (Josefina) : O.K.
M. Carmant : Si je comprends
votre commentaire, si c'était à refaire, vous donneriez le feu vert à
l'ouverture de la Maison Benoît Labre?
Mme Blanco (Josefina) : Je
pense que ce qui prouve cet exemple, c'est qu'on a la place à l'amélioration
quant au processus de collaboration et concertation avec les parties prenantes.
Et, en disant ça, je fais mention autant du moment où on demande... l'exemption
est demandée au fédéral, la province est impliquée, de notre compréhension,
aussi dans ce processus. Mais vient la municipalité ainsi que l'arrondissement
concerné doivent être impliqués et informés très rapidement. Et c'est pour ça
qu'on parlait de la proximité et la connaissance fine. Et viennent évidemment
les organismes qui vont porter les proches. Et je pense qu'il y a une grande
place à l'amélioration, à un meilleur arrimage de concertation et de partage
d'information... un service comme... de telle sorte peuvent... peuvent ouvrir
pour qu'on s'assure qu'on est dans la meilleure piste de solution.
M. Carmant : Parce que vous
savez qu'avant d'accorder le financement, j'ai eu une lettre d'appui du maire
d'arrondissement, j'ai une... d'appui du député de Saint-Henri-Sainte-Anne
m'assurant que la cohabitation était adéquate. Et, pourtant, c'est moi qui ai
dû aller rencontrer le comité citoyen en bout de ligne.
Mme Blanco (Josefina) : Je
pense que...
M. Carmant : Donc,
qu'est-ce... qu'est-ce... quelle a été la difficulté, selon vous, quand...
Comment vous lisez ça?
Mme Blanco (Josefina) : Oui.
Je pense qu'un élément intéressant du projet qui est présenté aujourd'hui, du
projet de loi, c'est justement cette volonté de travailler en amont les plans
de cohabitation sociale pour une cohabitation plus harmonieuse. Et c'est un
élément intéressant. Toutefois, on croit qu'il faudrait mieux peut-être le
définir et l'encadrer pour que ce soit plus clair aussi pour les organismes.
Lorsqu'ils sont dans un processus... c'est lourd, c'est difficile, il y a
beaucoup d'allers-retours. Donc, le plus clair et le plus de prévisibilité
qu'on peut donner aux organismes, je pense que c'est le mieux. Donc, avoir un
gabarit, je dirais, un gabarit de départ on sait à quoi l'organisme doit
s'attendre, comment on va mesurer, quels sont les indicateurs.
• (15 h 30) •
Toutefois, je vais faire aussi référence à
nouveau au fait qu'un plan de cohabitation ne peut pas être un copié-collé au
Sud-Ouest, Plateau-Mont-Royal, Villeray, Saint-Michel, Parc-Extension. Il doit
y avoir quand même une flexibilité pour s'adapter à la réalité locale. Et, même
à ça, on voit qu'un plan de cohabitation est mis en place, mais il faut le
suivre, il faut s'ajuster, et il faut... Et, ça, ça se fait en concertation, en
partenariat.
M. Carmant : D'accord. Et
actuellement quelles sont les mesures mises en place par la ville pour
améliorer la cohabitation sociale?
Mme Blanco (Josefina) : Je
vais faire motion plutôt, peut-être, à ce qui concerne le volet plus lié à
l'itinérance. C'est un constat on l'a vu surtout depuis la pandémie et dans
différents arrondissements, de plus en plus, on a mis en place... on...
15 h 30 (version non révisée)
Mme Blanco (Josefina) : ...les
organismes communautaires à mettre en place des plans de cohabitation sociale.
D'ailleurs, ce qui... Dans les dernières années, c'est quand on s'est rendu
compte que la collaboration entre les arrondissements était très présente, parce
qu'on le sait, on allait s'inspirer des autres. Mais chaque plante demeure
unique à la ressource, au contexte local. Et ça, ça a été un apprentissage fort
intéressant. J'irais plus loin. Ce constat est tellement présent que c'est pour
ça qu'on a mandaté l'OCPM, l'Office de consultation publique de Montréal,
justement, pour aller plus loin. Et son rapport sera rendu très bientôt, je
pense que c'est le mois de juin, sur la cohabitation sociale. Mais là je vais
faire vraiment la distinction qu'ici on parle de ressources pour des personnes
en situation d'itinérance et non des sites de consommation supervisés.
Je voudrais aussi être très sensible à la
réalité des organismes communautaires à qui on demande déjà beaucoup. Donc, c'est
important aussi de prendre en considération qu'en ayant... en leur donnant de
la prévisibilité, il faut aussi prendre en considération que ça doit venir avec
un soutien financier pour que cet organisme puisse mettre en place et répondre
aussi à cette attente. Je peux bien évidemment garantir ou continuer à dire que
la ville va continuer à être présente. La ville, c'est clair. Et les
arrondissements vont prendre vraiment en charge tout ce qui touche l'espace
public en général. Mais ces plans de cohabitation, en général, sont travaillés
en concertation. Je pense que vous en connaissez plusieurs de ces plans-là.
M. Carmant : D'accord. Puis
un des buts du projet de loi, c'est vraiment de s'assurer que ça se... que ça
se fasse en amont, et c'était le but de donner cette responsabilité-là quand le...
quand le projet est déposé à Santé Québec. Et c'est sûr qu'il faut impliquer la
santé publique beaucoup plus, là. Je suis tout à fait d'accord. Et il faut que,
dans cette planification-là, il y ait des planifications budgétaires. Ça, je
pense que c'est intrinsèque à la demande du projet de loi.
Vous voyez, par exemple, quand on parle de...
de cette situation là, une de mes premières demandes pour alléger la situation
a été de déplacer le centre de consommation supervisée au CLSC, qui n'est pas
très loin de la maison Benoît Labre. Puis l'avantage d'avoir cette cohabitation
là, même si le centre de consommation supervisée peut toujours être géré par l'organisme,
c'est de mieux pouvoir contrôler l'extérieur du site. Parce que j'ai fait
plusieurs demandes. Et évidemment que l'organisme est autonome, donc peut
accepter ou pas de répondre aux demandes du ministre. Donc, comment vous voyez
ça, vous, cette cohabitation, là, des organismes communautaires dans les... dans
des sites du réseau de la santé, un peu comme Dopamine qui est un modèle que j'aime
beaucoup, là?
Mme Blanco (Josefina) : Oui.
Je crois que de toute façon, vous allez entendre l'organisme en question demain.
Donc, je laisserai le soin à l'organisme proprement parlant de pouvoir s'étendre
plus sur cette question. Et je pense que ça prend plusieurs... Ça prendre
autant de ressources dans le réseau et la santé, mais ça prend aussi également
des ressources qui sont directement menées par les organismes communautaires. On
le sait, qu'en répondant à des besoins de personnes qui, des fois, sont très,
très éloignées du système déjà de la santé, donc, les organismes communautaires
ont la confiance. C'est sur eux. Ils sont la porte d'entrée et ils sont des
gens qui peut-être n'iront pas... Ce n'est pas tout le monde qui va aller vers
le réseau de la santé. Donc, je pense que ça prend entre les deux. Ça prend
également, puis je le mentionne lors de mon allocution, les sites de consommation
mobile. C'est une autre réponse qui est flexible. Et à notre compréhension, les
sites ne sont pas concernés, mais peut-être ça vaudrait la peine de le
clarifier parce qu'à Montréal, on a quelques cas puis c'est important que cette,
aussi, cette option demeure disponible sur notre territoire.
M. Carmant : O.K. Et quel
serait votre souhait pour favoriser cette concertation-là? Comme qui devrait l'animer,
cette concertation? Puis je pense que c'est... Tout le monde dit un peu la même
chose, là, c'est qu'il manque cette concertation-là. Qui devrait l'animer selon
vous?
Mme Blanco (Josefina) : Je
vous dirais que pour ce qui concerne l'itinérance, la ville a commencé dans les
dernières années, a pris un rôle assez important, comme pour concerter tout le
monde et s'assurer que chaque partie est à la table. En ce qui concerne les
sites de consommation supervisée, je voudrais quand même...
Mme Blanco (Josefina) : ...prend
plus de précautions qu'on parle vraiment d'une question de santé publique comme
compétence exclusive du gouvernement du Québec. Donc, je pense que ça demeure.
On veut que la concertation se fasse, que ça se fasse rapidement, les
municipalités ainsi que les arrondissements, on doit être à la table. Est-ce
que c'est à la ville de l'amener? Je pense que la responsabilité devrait être
peut-être plus définie entre la santé, l'organisme qui porte. Mais c'est sûr et
certain que la ville va être là pour continuer à répondre comme on le fait en
itinérance, pour tout ce qui concerne plutôt la gestion de l'espace public.
M. Carmant : Je pense
qu'effectivement que la santé publique régionale a un rôle clé à jouer, là,
là-dedans, puis quelque chose qu'il faudrait peut-être clarifier.
M. le Président, je passerais la parole à
la députée.
Le Président (M. Provençal)
: La députée de Louis-Riel.
Mme Boivin Roy : Merci, M. le
Président.
Le Président (M. Provençal)
: Allez-y.
Mme Boivin Roy : ...Donc,
vous nous avez dit qu'effectivement il y a sept sites de consommation
supervisés à Montréal, incluant L'Anonyme avec le site mobile et puis que
Montréal est l'épicentre pour ce qui est de la situation des opioïdes. Le
rapport de l'OCPM qu'on attend au mois de juin, donc il est très attendu, vous
le savez ça fait presque un an, qu'est ce que vous vous attendez de retrouver
dans ce rapport là avec la discussion d'aujourd'hui?
Mme Blanco (Josefina) : Oui.
Je vais revenir sur une... pour clarifier encore que le rapport de l'OCPM,
c'est vraiment pour la cohabitation liée aux ressources, pour les ressources,
pour les personnes en situation d'itinérance et non spécifiquement pour les
centres de consommation supervisée. Je pense qu'on va voir... En l'attendant,
il y a eu beaucoup des consultations auprès des personnes concernées, des
organismes, la ville, des arrondissements. Donc, je pense que ça va être un
rapport qui va consolider et peut-être, je l'espère, plusieurs apprentissages
qu'on a eus dans les dernières années, puis comme je le disais tout à l'heure,
surtout après la pandémie. On l'a vu, on l'a vu, là, dans les derniers
recensements des personnes en situation d'itinérance, la situation a explosé
non seulement à Montréal, dans d'autres villes du Québec, dans des petites
villes. Donc, on est très sensibles à cette question, de qu'on s'assure que
quand nos ressources arrivent, mais ce soit travaillé le mieux possible en
amont et l'aspect de la cohabitation sociale est essentiel. On est conscient
que ça bouleverse, ça change des habitudes, ça peut créer des perceptions
d'insécurité. Donc, il ne faut pas... on ne néglige pas cette sensation qu'ils
peuvent avoir peut-être les personnes aînées, les familles, on veut être
sensible, on est sensibles à cette réalité, mais c'est possible de travailler
en amont. Donc, on espère que le rapport va faire peut-être vraiment constant
puis va sortir des pistes de solutions plus claires un peu comme on demande
pour le plan de cohabitation pour les sites de consommation supervisée. Est-ce
que ça va nous permettre à nous, à la ville, d'établir une sorte de gabarits
qui après ça va pouvoir être adapté à chaque contexte? Sûrement, je l'espère,
mais je me garde une réserve à l'attente de la sortie de rapport.
Mme Boivin Roy : Parfait.
Merci. M. le Président, j'ai le temps pour une autre question?
Le Président (M. Provençal)
:Oui.
Mme Boivin Roy : Merci
beaucoup. Quand vous dites que la ville, vous êtes sensible à la réalité sur le
terrain, comment la ville évalue les impacts de la cohabitation urbaine
justement dans des quartiers spécifiques comme, entre autres, Saint-Henri ou le
Village?
Mme Blanco (Josefina) : Mais
de plus en plus on est capables de voir même les investissements que la ville
peut... même au niveau financier, que la ville peut faire quand il y a des
ressources ou des... liées à l'installation de ressources pour personnes en
situation d'itinérance. Je ne sais pas si on a quelqu'un... Si tu veux
compléter, peut-être quelques chiffres pour donner un ordre d'idée. Ce n'est
pas mal lié à des questions de propreté, des fois, d'éclairage, de ramassage de
matériel qui peut traîner. On va donner différents contrats avec... même avec les
organismes communautaires qui sont dans le secteur, on va faire des activités
de sensibilisation. On pourrait... Oui.
• (15 h 40) •
M. Lemaire (Pier Alexandre) : 2026
à 2028, on a le programme Milieux inclusif et itinérance, où est-ce qu'on va...
en appel d'offres, 22... plus de 22 millions de dollars, 7 millions par
année, pour les trois prochaines années qui s'en viennent. Simplement pour un
site, mettons, de consommation supervisée, puis on ne finance pas la
cohabitation sociale pour chacun des sites de consommation supervisée en tant
que tels, mais ça peut être entre 350 000 $ et 550 000 $
juste pour la cohabitation. Donc, quand on dit de mettre... Pardon? Je peux...
je n'ai pas compris, mais je peux essayer de vous répondre. On parle ici de...
à la fois du travail de milieu qui peut être de 100 000 $ à
150 000 $ pour avoir une à deux ressources temps plein seulement,
donc pour offrir une présence en tout temps. Des activités d'inclusion pour
favoriser l'intégration sociale et réduire l'isolement, ici,
100 000 $ à 150 000 $. Une brigade de propreté pour
entretenir les lieux environnants, que ce soit pour les seringues, les
déchets...
M. Lemaire (Pier Alexandre) : ...quoi
que ce soit, déjà, c'est 150 000 à 250 000 $. Ça, c'est des coûts que
la ville engage dans ses appels de projets, que... les organismes peuvent faire
la demande à l'intérieur de ces appels de projets là. Il y a aussi toute la
partie de travail de rue qui n'est pas prise en compte, par contre, dans ces
appels de projets là, parce que c'est une compétence de santé, que ça peut
aller jusqu'à 250 000 $, deux à trois travailleurs. Ça, la ville ne peut
pas financer ça parce qu'on parle ici de suivi psychosocial, évidemment. Donc,
ça rentre dans... Il y a beaucoup de financement qui est donné. Ce n'est pas
tous les sites de consommation qui sont... auxquels on octroie de l'argent.
Pour Benoit Labre aussi, justement, je pense que vous faisiez référence à
l'appui de... la construction des logements aussi, là, le SCS, en fait. On ne
l'a pas appris au même moment nécessairement que l'arrivée des logements.
Donc, ça, c'est des choses à prendre en
compte, mais moi, je vous parle juste point de vue fonctionnaire, là, je ne
suis pas en train de vous remettre en question, inquiétez-vous pas, mais dans
ce plan de cohabitation là, en fait, qu'est-ce qui pourrait être intéressant,
justement, c'est vraiment avoir cette communication-là. Dès qu'il y a une
demande en cours pour l'ouverture, que tant la ville puis l'arrondissement, on
soit avisé, avec les partenaires, pour qu'on puisse déjà entamer le plan de
cohabitation. On soutient des plans de cohabitation, déjà, mais il y a beaucoup
d'organismes qui ont déjà l'expertise, là, pour en faire, là, qui en font
régulièrement quand il ouvre des nouveaux services, là, puis parfois on fait
juste les accompagner pour les plans de cohabitation.
Puis, justement, dans l'idée de faire...
dans nos recommandations, il y avait l'idée aussi d'émettre un guide,
justement, un guide ministériel en lien... cohabitation. C'est intéressant,
justement, pour avoir des meilleurs indicateurs de qu'est-ce qui est attendu
quand on... je parle ici juste des sites de supervision... de consommation
supervisée, là, qu'est-ce qui est attendu en termes de consommation, pour
pouvoir mieux jauger, pour que les organismes aient l'heure juste sur les
demandes réelles, là, qui seraient... qui passeraient au travers de ce projet
de loi là.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. Alors, nous sommes
maintenant rendus avec la députée de D'Arcy-McGee.
Mme Prass : Merci, M. le
Président. Merci de votre présentation, du travail pour le mémoire. Vous
demandez que la ville soit incluse dans l'implantation depuis le début du
processus pour les futurs CES. C'est... excusez-moi... SCES. Donc, j'ai deux
questions pour vous. D'après vous, quel devrait être le rôle que la ville
devrait jouer dans cette démarche? Et, justement, quand il y a eu
l'implantation de la maison Benoît Labre, n'étiez-vous pas justement là pour
les aider depuis le début, puis il y a eu un manquement, vraiment, d'analyse
puis également de travail en amont, en matière de consultation et d'information
auprès de la population? Donc, si... Vous voulez être là depuis le début, mais,
dans ce cas-là, vous avez été là depuis le début, puis ça a été un petit peu
mal mené, disons.
Mme Blanco (Josefina) : Peut-être,
je vais préciser quelques éléments puis je laisserai éventuellement mon
collègue compléter. Ce qu'il faut comprendre, c'est que le projet de Benoît
Labre, c'est un projet qu'il y a différentes... Dans un seul projet, il y a
autant de logements, comme au centre de jour, comme un centre... un site de
consommation supervisée, deux cubicules, par injection et inhalation. Donc, la
ville, et je pense... Pierre-Alexandre, je pense que c'est ça que tu faisais
mention, on a été impliqué du début pour le volet plutôt logement, et les
étapes suivantes sont arrivées plus tard.
Et donc c'est là où, certes, il y a la
place à l'amélioration et il y a la place à qu'on puisse mieux partager les
infos et se concerter pour qu'on s'assure que l'arrivée d'un site, d'un
service, d'une ressource, qui est nécessaire... parce que ça, il faut se le
rappeler, la ressource est nécessaire, mais qu'elle arrive mieux accompagnée
dans le milieu où elle souhaite s'installer.
Mme Prass : Alors, hypothèse,
le projet Benoit Labre ne comportait pas de logement. C'était le CES...
excusez-moi, SCES. Est-ce que vous auriez eu le même... est-ce que vous auriez
fait les mêmes démarches? Est-ce que vous seriez arrivés aux mêmes conclusions,
par exemple, pour l'implantation, ou est-ce que vous dites, parce que
c'était... vous avez approché ça comme du logement, tout est arrivé par la
suite, puis là vous avez réalisé qu'il pourrait y avoir des enjeux de
cohabitation?
Mme Blanco (Josefina) : Je
pense qu'on ne fait pas, peut-être, exactement la même lecture. Je pense que,
si les services étaient au centre de jour ainsi qu'au site de consommations
supervisée... Il faut comprendre que les organismes vont faire la demande
d'exemption au gouvernement fédéral. Ma compréhension, c'est aussi que le
gouvernement provincial est consulté ou impliqué, et, peut-être, et il y a
encore de la place à l'amélioration, à comment on s'arrime avec la ville et les
arrondissements pour qu'on s'assure que tout le monde a ces informations puis
qu'on travaille tous en concertation et en collaboration, en amont.
L'autre question que peut-être il faut
aussi se rappeler par rapport à Benoît Labre, c'est qu'un des enjeux qu'il y a
eus, c'est plus en lien avec...
Mme Blanco (Josefina) : ...le
centre de jour qui peut-être n'était pas ouvert autant d'heures qu'on l'aurait
souhaité, et donc... parce qu'en fait, ce qui concerne le site de consommation
supervisée, il faut se rappeler qu'on parle des deux cubicules. Donc, il y a
une capacité d'accueil qui est quand même limitée. Par contre, peut-être qu'il
y a l'intérêt à... qu'on s'assure que, quand il y a un centre de jour aussi...
bien, que les organismes ont les ressources nécessaires, financières, humaines,
pour que ces services-là puissent être coordonnés, coordonnés autant des temps
d'ouverture et capacité d'accueil.
Ce qui... aussi, c'est le dernier élément
que je viendrais ajouter, est-ce que peut-être il y a eu des attroupements de
beaucoup de gens? Mais parce que c'est la réalité à la métropole. On voit qu'il
y a une crise d'opioïdes, de... Donc, il faut qu'on ait, en fait, plus de
services où les gens se trouvent. Et peut-être la réponse aussi, ça passe pour
décentraliser puis s'assurer qu'on a plus de services disponibles pour plus de
population qui en a besoin ailleurs.
Mme Prass : Bien, je pense
qu'on est tous d'accord...
M. Lemaire (Pier Alexandre) :
Est-ce que je peux ajouter?
Mme Blanco (Josefina) : Oui.
Je laisserais peut-être...
Mme Prass : Ah! je vous en
prie. Allez-y.
M. Lemaire (Pier Alexandre) : ...un
petit point aussi. C'est difficile de faire une corrélation directe entre les
services de consommation supervisés et les enjeux de cohabitation en tant que
tels. En fait, c'est presque impossible de la faire étant donné le panier de
services qui est offert à Benoît Labre : centre de jour, logement et SCS.
C'est loin d'être le seul... le seul lieu à Montréal où est-ce qu'on a des enjeux
de cohabitation importants depuis la pandémie, ça a explosé dans les dernières
années. Le nombre de personnes en situation d'itinérance visible a aussi
considérablement augmenté à Montréal. Et le déplacement, évidemment, de
services d'une zone à l'autre entraîne l'affluence de personnes en situation
d'itinérance, et ce n'est pas la seule source qui a entraîné un déplacement de
population. Il y a d'autres zones qui sont occupées par des personnes en
situation d'itinérance à Montréal où est-ce que le niveau de sécurité n'est
plus le même puis qu'il y en a qui vont se déplacer aussi, par la force des
choses, vers d'autres lieux, notamment proches des métros.
Donc, la question des CLSC est
superintéressante aussi, là, parce que là c'est de voir... Lui, il est à cinq
minutes, MBL. Le CLSC est à 10 minutes. Ça a l'air un peu basique de dire ça de
même, là, mais il n'y a... tu sais, quand on va au centre de consommation
supervisée, on le fait à pied, à proximité d'un métro, ça fait que le rayon a
une très grande importance, là, pour ne pas perdre ces gens-là.
Puis l'autre chose, c'est que tu as deux
cubicules et ce n'est pas ouvert à chaque jour, étant donné des enjeux de
ressources humaines, et... Oui, c'est ça. C'est là j'allais. Donc, deux
cubicules, ce n'est pas ouvert à chaque jour, donc c'est un nombre assez faible
comparativement au reste de la population qui occupe le territoire dans le
secteur. Merci.
Mme Prass : Et vous avez
mentionné qu'il y avait eu d'autres enjeux de cohabitation dans le cadre de
sites supervisés d'injection. Moi, ça me dit... Bien, je veux dire, à
l'extérieur des centres de jour?
M. Lemaire (Pier Alexandre) : ...en
général, avec les personnes en situation d'itinérance, là, dans d'autres
secteurs, pas nécessairement en lien avec le SCS, où est-ce qu'une part
importante aussi a un logement. La majorité des cas de surdose ont lieu en
logement, aussi rarement dans l'espace public. Donc, c'est à prendre en compte
ici. Ça ne veut pas dire qu'ils ont des logements permanents, évidemment, là,
il y en a que c'est des logements en instabilité résidentielle, mais il n'y a
pas de corrélation directe entre les surdoses et l'itinérance, automatique, au
niveau des... de qu'est-ce qu'on voit dans les SCS. Mais, au niveau de la
cohabitation, comme je vous dis, ce n'est pas nécessairement en lien avec les
SCS, ce que je vous dis, c'est en lien avec où est-ce qu'on a des
concentrations importantes de personnes en situation d'itinérance.
Mme Prass : D'accord.
Mme Blanco (Josefina) : ...pardon,
que, lors de mon allocution, je faisais aussi référence que, dans les
dernières... je reviendrai sur la période de temps, mais il n'y a pas eu
dernièrement de décès lié à une surdose quand les gens consomment à l'intérieur
d'un site de consommation supervisée, ce qui est une bonne nouvelle. Les gens
le font en toute sécurité.
• (15 h 50) •
Mme Prass : Et je pense qu'on
est tous d'accord, surtout étant la ville municipale, pour dire que la question
est... de cohabitation est importante. C'est question de sécurité de tous nos
citoyens. La vulnérabilité, c'est l'âge, c'est la situation, c'est l'état
physique, etc. Je pense que vous serez d'accord avec les groupes qu'on a
entendus ce matin également pour dire qu'il doit y avoir... il doit y avoir une
implication financière de la part du gouvernement justement pour accompagner
ces organismes-là, pas seulement dans l'élaboration du plan, mais avec toutes
les mesures d'atténuation qu'on peut leur demander par la suite. Et le ministre
a mentionné ce matin qu'il n'y avait pas d'engagement financier qui pouvait se
faire dans un projet de loi du gouvernement, mais ce n'est pas le cas. C'est
nous qui... c'est les membres... c'est les partis d'opposition qui ne peuvent
pas soumettre un élément financier dans un projet de loi, mais le gouvernement
peut le faire, et on s'en parlera durant l'étude détaillée.
Mais tout ça pour dire, par exemple,
l'implication de la ville dans toutes les mesures de cohabitation, l'idée
d'avoir des comités de bon voisinage en continu et qu'il y ait justement une
présence pour s'assurer qu'il y ait toujours quelqu'un pour répondre aussi
aux...
Mme Prass : ...sur le
terrain. Parce que je pense que ce qu'on a vécu dans la dernière année, c'était
beaucoup de citoyens qui trouvaient, bien, la ville rejette la balle au
gouvernement, le gouvernement nous dit que c'est la ville, puis les gens
sentaient qu'ils n'avaient plus où se tourner. Il n'y avait plus personne qui
les écoutait.
Donc, qu'est-ce que la ville est prête à
faire davantage pour s'assurer, justement, que la population ne se sente pas
délaissée dans ce sens-là?
Mme Blanco (Josefina) : Oui.
Merci pour votre question, parce que c'est un excellent point, puis ça me
permet aussi de l'aborder un petit peu plus. En fait, un des constats qu'on a
faits depuis les dernières années, surtout lié, si je parle plus au... au
centre pour les personnes en situation d'itinérance, c'est une bonne pratique
qu'on a commencé à développer de plus en plus, mettre en place des comités de
bon voisinage, parce que, je le tiens... je tiens à réitérer, les Montréalais,
les Montréalaises sont solidaires, et je pense qu'ils comprendront les besoins
et l'importance de soutenir les personnes qui peuvent vivre différentes
situations de vulnérabilité. Donc, cette volonté est là.
Toutefois, on reconnaît que, des fois, la
situation peut devenir plus difficile, et donc il faut qu'on puisse les
entendre. Donc, par exemple, on a parlé du rapport qui va s'en venir de l'OCPM.
J'ai vraiment hâte de voir quelle va être la recommandation à cet égard. Mais
on voit de plus en plus dans les dernières années, ce sont des pratiques qu'on
a mises en place pour les ressources des personnes en situation d'itinérance.
Ça pourrait être aussi quelque chose d'intéressant à regarder pour ce qui
concerne spécifiquement aussi le site de consommation supervisée. C'est clair
que ce dialogue est nécessaire.
Mme Prass : Et, je pense, dans
le...
Le Président (M. Provençal)
:Merci, Mme la députée...
Mme Prass : Ah! c'est terminé.
Merci beaucoup.
Le Président (M. Provençal)
:Alors, nous allons... je vais
demander maintenant au député de Saint-Henri—Sainte-Anne de poursuivre cet
échange-là.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup, M. le Président. D'abord, bonjour, Mme Blanco. Content de vous
voir ici, à l'Assemblée nationale. On se voit habituellement à Montréal, donc
c'est bien de se voir ici. Je voudrais juste quand même rétablir quelques
éléments, là. M. le ministre nous parlait du CLSC Saint-Henri tout à l'heure.
Bon, ça, c'est à proximité d'un CPE, là. Donc, on ne va quand même pas
déménager un site de consommation supervisée sur la problématique liée à
l'école primaire pour le déménager proche d'un CPE, là. Je pense que, là, on
ferait fausse route. Donc, je veux quand même clarifier ça en amont, pour avoir
une connaissance du terrain comme vous l'avez vous aussi.
Je veux quand même aussi dire : le
ministre a raison de dire que l'interdiction à 150 mètres ne s'appliquera pas
pour la question des locaux qui accueillent des personnes en situation
d'itinérance. Ceci dit, ces gens-là sont soumis à l'article qui dit que le
ministre peut, par règlement, prévoir des interdictions. Puis, ça, il y a rien
qui empêche que le ministre n'émette pas 150 mètres dans le règlement. Donc,
c'est vrai et ce n'est pas tout à fait exact en même temps. Le ministre aurait
le pouvoir, là c'est la différence entre les deux, là. À 150 mètres, il n'y a
pas ce pouvoir discrétionnaire là dans l'application du projet de loi pour les
sites de consommation supervisée, il aurait tout à fait le pouvoir d'émettre ou
non l'autorisation à 150 mètres pour un site de... des personnes en situation
d'itinérance. C'est quand même des éléments qui sont importants dans la nuance.
Est-ce que, vous, Mme Blanco, ou votre
gouvernement... en fait, votre arrondissement et la ville centre ont été
consultés dans l'élaboration du projet de loi qu'on étudie aujourd'hui?
Mme Blanco (Josefina) : Je
ne peux pas dire que moi, j'ai été consultée directement. Il faut comprendre
aussi que, moi, c'est une responsabilité que je partage avec mon collègue
Robert Beaudry, qui est responsable de l'itinérance. Mais, pour nous, c'est
important aussi de faire la distinction dans le projet de loi aujourd'hui, qui
est à l'étude entre les sites de consommation supervisée, une question vraiment
liée à la santé publique, et les services pour les personnes en situation
d'itinérance, qui fait... ça répond... c'est une autre réalité : une crise
sociale, économique et structurelle.
M. Cliche-Rivard : Donc, à
votre connaissance, Montréal, qui accueille l'ensemble... la grande majorité de
ces sites-là n'a pas été consultée, à votre connaissance.
Mme Blanco (Josefina) : Non.
À ma connaissance, non.
M. Cliche-Rivard : Merci. Il
y a un enjeu de concentration aussi des ressources à l'ouest, à Saint-Henri.
Nous, après ça, ça s'arrête, hein, en situation d'itinérance ou en situation de
sites de consommation supervisée. Il n'y a rien Verdun, il n'y a rien à NDG, il
n'y a rien à Dorval, il n'y a rien... si on suit, là, à Beaconsfield,
Pointe-Claire, etc., ce qui fait en sorte qu'il y a un... les gens descendent,
hein? Il y a une concentration des ressources puis des services. C'est la même
chose en matière d'itinérance. Il faut aller jusqu'à AJOI, là, pas mal plus
loin dans l'ouest de l'île, pour retrouver une seule situation... une seule
ressource en situation d'itinérance.
Est-ce qu'il n'y a pas un enjeu aussi de
déconcentration puis de responsabilisation de chaque quartier, chaque
arrondissement de la ville, pour être sûr qu'au final, effectivement, il n'y
ait pas une centralisation des ressources qui fasse en sorte que la
cohabitation devienne effectivement plus difficile? Je pense à Hochelaga-Maisonneuve,
je pense à Saint-Henri, je pense à d'autres quartiers.
Mme Blanco (Josefina) : Oui.
Oui, c'est un excellent point, celui que vous soulevez. C'est pour ça que,
souvent, on parle puis on peut utiliser d'autres termes d'équité territoriale.
Puis, en fait, c'est une réalité, un constat, les personnes en situation
d'itinérance, la situation s'est exacerbée partout. Historiquement, à Montréal,
on les voyait dans les quartiers centraux. C'est de là où il y a une
concertation et une diversité de ressources qui vont répondre à différentes
réalités, mais, aujourd'hui, ce n'est plus le cas...
Mme Blanco (Josefina) : ...et
c'est pour ça que, dans les dernières années, on a vu comment la situation a
évolué au Plateau—Mont-Royal, Mercier, Hochelaga-Maisonneuve, Villeray et
d'autres quartiers. Mais l'intérêt d'avoir des ressources plus petites dans les
secteurs où les gens se trouvent, ça, ça va éviter ces attroupements. C'est
normal que les gens aillent où il y a des ressources, donc c'est important de
pouvoir répondre aux besoins où les gens se trouvent. Et oui, on croit qu'avoir
des ressources dans d'autres arrondissements plus petits, ça va... c'est... Ça
peut paraître anodin, mais non, on croit fermement que d'avoir.... parce que
les organismes vont pouvoir répondre de façon plus adéquate, de façon plus
humaine aux besoins de ces personnes-là, et ça va... la cohabitation sociale va
être naturellement plus harmonieuse. Donc, c'est... Pardon?
Une voix : ...
Le Président (M. Provençal)
: ...on va compléter cet échange avec les représentants de
la ville de Montréal. Et c'est Mme la députée de Terrebonne.
Mme Gentilcore : Merci, M. le
Président. Bonjour. Bienvenue. Ce qui revient quand même fréquemment dans votre
rapport, c'est les zones de flou, et vous trouvez qu'il manque de clarté par
rapport à la définition de plusieurs termes. Premièrement, j'aimerais parler...
bon, les pouvoirs discrétionnaires que le ministre s'accorde dans ce projet de
loi là. Et là vous dites qu'il manque de clarté par rapport à cohabitation
harmonieuse, ce qui est très clair, et inconvénients normaux du voisinage. À
votre avis, est-ce que c'est possible d'arriver à des définitions suffisamment
claires de ces termes-là pour faire du mur-à-mur et l'appliquer à l'ensemble
des ressources? Première question. Puis, complément de question par rapport à
ça, si oui, comment on y arrive, de quelle façon on arrive à cette
définition-là?
Mme Blanco (Josefina) : Merci
pour votre question. Concernant le pouvoir discrétionnaire, pour la question de
la localisation pour les sites pour les personnes en situation d'itinérance, on
pense que ce n'est pas une bonne idée de garder ce pouvoir discrétionnaire.
Toutefois, il faut qu'on puisse mieux se concerter, mieux travailler,
collaborer entre les arrondissements, la ville, et le réseau, et la Santé pour
retrouver... Il faut prendre en considération que, puis vous le savez, un
milieu qui est un milieu densément peuplé, très, très... ce n'est pas une tâche
mineure, trouver un site qui réponde aux besoins de ces personnes, aux besoins
de l'organisme. Mais il y a des efforts, il y a la place, certes, à
l'amélioration à cet égard.
Par rapport à la cohabitation harmonieuse,
il faut tenter de mieux la définir collectivement, oui. Et, quand j'ai fait ma
mention d'avoir un gabarit, c'est plus pour donner une meilleure prévisibilité
aux organises quand ils sont dans le processus de demande. Par contre, on ne
croit pas qu'il y a une solution mur à mur qui va répondre à chaque... à chaque
réalité.
Mme Gentilcore : ...s'applique
à chaque cas de figure, et on peut juste appliquer la recette, là?
Mme Blanco (Josefina) :
Savoir à quoi on s'attend, quand on demande un plan de cohabitation
harmonieuse, qu'est-ce qu'on va dire, à quoi s'attendre, lesquels paramètres,
les objectifs, avec quels indicateurs on va travailler. Parce qu'en plus, en
suivant l'évolution, pour l'organisme, c'est prévisible de comment mesurer, ça
va bien, ça ne va pas bien, comment on s'ajuste. Mais je réitère aussi que c'est
important, par la suite, c'est un gabarit de départ qu'il va falloir pouvoir
l'ajuster selon la réalité où le centre est implanté, selon l'organisme. Mais
c'est évolutif aussi, une fois qu'on adopte... Puis je ferais la référence au
plan de cohabitation en itinérance qu'on adopte à la ville, dans les quartiers.
Mais ce n'est pas qu'on le sort, puis ça reste comme ça. Ça évolue, ça change,
et on le travaille.
Mme Gentilcore : Mais qui
devrait définir? Qui devrait arriver à cette définition-là?
Mme Blanco (Josefina) : Nous,
on croit que c'est à... ça doit venir du ministère, mais évidemment les parties
concernées doivent être consultées.
Mme Gentilcore : Voilà. Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. Alors, je tiens à vous remercier de vous
être déplacés puis de venir bonifier et échanger avec nous pour le projet de
loi n° 103.
Sur ce, je vais suspendre les travaux
temporairement pour permettre au prochain groupe de prendre place. Merci
beaucoup.
(Suspension de la séance à 16 h 01)
16 h (version non révisée)
(Reprise à 16 h 07)
Le Président (M. Provençal)
:Alors, nous poursuivons nos travaux.
Nous recevons maintenant la ville de Gatineau, qui est représentée par Mme
Maude Marquis-Bissonnette, mairesse de Gatineau et membre du comité sur l'itinérance
de l'UMQ, M. Bruno Marchand, président du comité sur l'itinérance, UMQ, et
maire de Québec, Mme Annabelle Martini, conseillère aux politiques, et M.
Christian Tanguay. Alors, vous avez 10 minutes pour votre présentation, et par
la suite, on procédera aux échanges. Alors, je vous cède immédiatement la
parole.
M. Marchand (Bruno) : Merci beaucoup,
M. le Président. Merci, M. Provençal, merci, M. Carmant, merci, mesdames, messieurs
de la commission, les députés. Je vais prendre un bref temps de parole et je
vais céder à Maude Marquis-Bissonnette le reste du plancher. Vous m'avez déjà
entendu, je ne voudrais pas vous endormir, déjà que vous avez une journée quand
même assez exigeante. Mais merci de donner l'opportunité à l'Union des
municipalités du Québec de vous présenter les différentes recommandations que
nous avons... nous avons soumises pour le projet de loi n° 103. Je veux
juste vous rappeler qu'on représente 85 % de la population du Québec,
quand même, l'UMQ, c'est une grosse organisation, pas juste de grandes villes,
comme, des fois, l'impression donne, là, mais des villes de tout le territoire
de l'ensemble du Québec, et ça représente une vaste partie des Québécois.
Aujourd'hui, plus que jamais, pour nous,
la situation exige une réponse urgente et ciblée face à deux crises bien
distinctes. L'UMQ juge essentiel de distinguer la crise de l'itinérance de la
crise des surdoses. Chacune présente des dynamiques propres, nécessite des
réponses adaptées, je vous en ai parlé ce matin. Mais ces deux crises, à nos
yeux, évoluent aussi de manière parallèle et sont... et se sont
considérablement aggravées au cours des dernières années. Alors, nous réitérons
l'importance de faire de la prévention de l'itinérance, vous le savez, une
priorité nationale, et on compte sur chaque parti politique pour en faire un
débat apolitique, et pour qu'on mette le Québec sur une... dans une direction
qui ressemble à celle de la Finlande, où on est arrivés à de grands résultats avec
un plan d'action structuré, structurant, financé adéquatement, évidemment, et
coordonné à l'échelle gouvernementale, avec des données probantes, des
objectifs précis, des cibles et des financements adéquats. Ce leadership
gouvernemental est indispensable et devrait prendre la forme d'un engagement
clair du premier ministre — nous l'avons déjà dit publiquement — et
du Conseil des ministres à inscrire la rédaction de l'itinérance à l'agenda
politique.
Les municipalités... puis vous le savez,
puisque vous êtes... vous représentez presque... de nombreuses régions du
Québec, et vos collègues vous en parlent... les municipalités de toute nature,
de toutes grandeurs sont confrontées à ces crises, notamment la crise de l'itinérance,
des endroits où il n'y en avait pas il y a même encore cinq ans, et agissent en
première ligne en regard de cette problématique, malgré des ressources
limitées. Toutefois, cette mobilisation ne peut pas remplacer l'engagement du
gouvernement du Québec. Il est impératif, à nos yeux, que ce dernier soutienne
activement les efforts municipaux et communautaires, tant sur le plan financier
que réglementaire, afin de garantir une réponse cohérente, efficace et humaine
à la crise de l'itinérance.
Le projet de loi... le projet de loi
prévoit de permettre au ministre de conditionner par règlement l'utilisation de
locaux destinés à accueillir des personnes en situation d'itinérance. Or, dans
un contexte d'urgence sociale, il est essentiel de privilégier des
interventions souples et rapides. L'ajout de contraintes réglementaires supplémentaires
risque de nuire à l'accessibilité des lieux d'accueil et à la coordination des
actions sur le terrain. Le choix de recourir à un règlement pour définir les
modalités d'application de ces articles entraîne des enjeux, à notre... à nos
yeux, de transparence. De plus, les solutions terrain apparaissent plus
efficaces pour atteindre les objectifs visés. C'est pourquoi nous vous
demandons le retrait des articles 667.25, 667.26 contenus dans ce projet de
loi.
Je cède maintenant la parole à Mme Marquis-Bissonnette,
mairesse de Gatineau.
Mme Marquis-Bissonnette (Maude) :
Merci. Bonjour, M. le Président. M. le ministre, députés, les équipes,
membres de la commission, merci de nous accueillir aujourd'hui. Évidemment, l'implantation
des sites de consommation supervisée dans nos quartiers peut susciter des
préoccupations, des inquiétudes, qui sont tout à fait légitimes, en lien avec
la sécurité des personnes, la tranquillité, aussi, des espaces publics, puis en
particulier, aujourd'hui, ce qui nous occupe, c'est la proximité des garderies,
des CPE et des écoles. Évidemment, c'est nécessaire de répondre à ces
préoccupations-là, mais aussi de continuer d'offrir des services aux personnes
les plus vulnérables dans nos communautés. L'approche de réduction des méfaits,
qui est celle qui est sous-jacente aux sites de consommation supervisée, c'est
une approche auquel on croit, comme le gouvernement, d'ailleurs, et on doit
continuer de renforcer, et non de restreindre, la capacité d'intervention des
services de première ligne.
• (16 h 10) •
Je vous parlerai aujourd'hui un petit peu
du cas de Gatineau, pour mettre quelques images, peut-être, sur quelques
principes qui sont introduits, là, dans le mémoire de l'Union des municipalités
du Québec. Puis je pense que le cas de Gatineau est intéressant pour plusieurs
raisons, notamment parce que Gatineau est la ville qui connaît la plus forte
augmentation de l'itinérance, selon le plus... et de loin, là, selon le plus
récent recensement du réseau de la santé...
Mme Marquis-Bissonnette (Maude) : ...la
préoccupation de Gatineau concernant l'itinérance est grande. On est en action,
comme le gouvernement du Québec l'est aussi. Gatineau est une des six villes au
Québec à avoir un site d'injection supervisée, un site de consommation
supervisée permanent, et notre site de consommation supervisée, qui est géré
par un organisme qui s'appelle le BRAS, que vous allez rencontrer demain en
commission parlementaire, serait fermé avec l'adoption du projet de loi tel
qu'il est présenté aujourd'hui, donc, s'il n'y a aucun changement au projet de
loi no 103. On croit au bien-fondé du projet de loi, on est donc ici en
mode ajustements. On veut vous proposer des solutions pour que ça fonctionne
dans nos communautés puis pour vous aussi.
Donc, vous me permettrez d'aborder
quelques points. D'abord, la notion du 150 mètres. Donc, la proposition
est simple, puis l'idée, ce n'est pas d'arriver avec des problèmes, mais
vraiment des solutions, c'est qu'au lieu que ce soit un critère d'exclusion,
que ça devienne un critère d'évaluation du projet du site de consommation
supervisée, donc à tenir compte dans le plan de cohabitation, qui est une
excellente idée qui est introduite dans le projet de loi. Pour vous dire,
l'effet de ce critère-là de 150 mètres d'exclusion à Gatineau aurait comme
effet de fermer notre site de consommation supervisée. Il y a deux garderies
qui se trouvent à moins de 150 mètres de notre site de consommation, et,
sur l'île de Hull, donc dans le centre-ville, il y aurait très peu de
possibilités, voire pas de possibilité d'en ouvrir d'autres si jamais on
fermait celui-là. Donc, avec l'effet d'enlever un service qui est essentiel à
des personnes vulnérables, il y a 40 % des gens qui fréquentent notre site
de consommation supervisée qui sont des personnes en situation d'itinérance,
60 %... c'est donc dire que 60 % sont des travailleurs. Pourtant,
avec le projet du BRAS, il n'y a aucun appel au 3-1-1 et aucune requête aux
services policiers. Notre corps policier ne gère pas cet endroit-là. Là où ils
interviennent... évidemment, il y a une augmentation des interventions
policières liées aux personnes en situation d'itinérance, c'est dans notre
campement, évidemment, puis dans nos centres de jour, donc notamment la soupe
populaire, qui est quelques coins de rue plus loin.
Donc, le risque de fermer le site de
consommation supervisée, c'est évidemment de rendre plus vulnérables des gens
qui sont déjà vulnérables, de créer aussi des enjeux de sécurité dans le
quartier. Ça, c'est le paradoxe, parce que le projet de loi vise à créer de la
sécurité, mais la réalité, c'est qu'en enlevant ces sites-là, c'est là que ça
crée des risques, à notre avis. Puis je vais vous donner un exemple concret. Il
y avait, dans une école primaire de l'île de Hull, donc du centre-ville, une
personne qui s'injectait sur le terrain de l'école. Les intervenants
communautaires du BRAS sont allés le rencontrer en lui disant : Vous
savez, il y a un site de consommation supervisée, vous pouvez y aller. Il les a
accompagnés. Depuis ce temps-là, cette personne fréquente le centre, obtient
des services dans ce centre-là. Donc, on a retiré une situation... en fait, on
a mis fin à une situation qui présentait effectivement des risques, parce qu'il
y avait une opportunité pour cette personne-là d'aller ailleurs puis de le
faire en toute sécurité, pour elle et pour les autres.
Donc, l'exemple de Gatineau, ce qu'il
démontre, c'est que la cohabitation est possible. Évidemment, il y a un enjeu
de perception au site, autour des sites de consommation supervisée, mais les
enjeux démontrent qu'ils sont davantage autour des centres de jour et des
campements.
Il y a aussi une question... deuxième
aspect, l'enjeu d'application. Que faire lorsqu'il y a une nouvelle école, un
CPE ou une garderie qui veulent élire domicile à l'intérieur du 150 mètres
du SCS? Le problème, c'est que ça va être difficile de dire non à une école, à
une garderie, donc on va se retrouver à délocaliser le site de consommation
supervisée, donc, encore une fois, à faire en sorte qu'on risque de perdre ce
service-là puis vulnérabiliser des gens qui peuvent être déjà vulnérables. Ça
crée aussi, évidemment, un manque de prévisibilité pour des organismes, des
entreprises, souvent d'économie sociale, mais qui ont aussi, eux, besoin de
planifier.
On demande donc le retrait des articles,
et M. Marchand l'a mentionné d'entrée de jeu, le retrait des
articles 667.25 et 667.26, qui portent sur le fait que l'autorisation du
ministre pourrait être requise pour destiner des locaux à des personnes en
situation d'itinérance. La crise actuelle appelle pour plus d'agilité, plus de
ressources. Évidemment, ça ajoute des contraintes, ça risque de rendre plus
difficiles nos actions face à la crise de l'itinérance, et je pense qu'il faut
plutôt les rendre simples pour être capable de mieux travailler ensemble, de
continuer de mieux travailler ensemble.
Je souligne aussi qu'il y a un empiétement
dans les champs de compétence municipale à l'article 667.23, qui indique
qu'une municipalité ne peut refuser l'émission de permis ou certificat
municipal pour un SCS lorsque celui-ci est autorisé par le ministre. Donc,
notre demande est double, c'est de clarifier comment ce pouvoir s'insère dans
le respect des principes de la LAU et garantir le respect des pouvoirs
municipaux.
Je veux souligner, en terminant, le plan
de cohabitation. Je veux saluer l'article 667.4, l'alinéa 2°. À mon avis,
c'est la bonne approche...
Mme Marquis-Bissonnette (Maude) :
…évidemment, il faut que les organismes fassent un plan de cohabitation. Je
pense que ça a été un succès dans le cas de l'organisme du BRAS à Gatineau. Ils
pourront vous en parler demain. Ils ont fait du porte-à-porte dans le quartier
avant de s'implanter. Ils ont pris contact avec les garderies, avec les parties
prenantes sur le terrain. Ils ont pris part et ils prennent toujours part à un
comité de cohabitation où est-ce qu'ils se rencontrent régulièrement.
Et donc, quand il y a un enjeu qui
survient, il y a un lieu pour en discuter puis, ensemble, trouver des
solutions. Pour nous, c'est la bonne approche, c'est l'approche gagnante.
Évidemment, il faut être capable d'outiller les organismes d'un point de vue
technique et financier pour qu'ils arrivent à développer un plan de
cohabitation, évidemment soutenu par le réseau de la santé.
Donc, à notre avis, le site de… un site ou
les sites de consommation supervisée font partie d'un continuum de services
pour répondre à la crise de l'itinérance, mais aussi celle des surdoses, et que
la cohabitation est possible. Elle est importante. Il faut s'y intéresser puis
il faut se donner les moyens, mais ça nous prend évidemment les bonnes
ressources pour le faire. Merci de nous avoir écoutés.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. M. le ministre, vous
débutez cet échange, s'il vous plaît.
M. Carmant : D'accord. Merci
beaucoup, M. le Président. Merci, Mme la mairesse, M. le maire et vos équipes,
pour cet exposé. Je l'ai mentionné tantôt et je veux juste qu'on soit… qu'on…
clarifier une situation, pour les sites d'itinérance, les distances ne
s'appliqueraient pas, là, on a bien conscience de ça, c'est vraiment l'enjeu de
cohabitation, surtout si on développe des sites où il y a des… où… pour prendre
en charge principalement des gens qui ont des problèmes de santé mentale ou de
toxicomanie. Est-ce que vous… Est-ce qu'il y a une inquiétude par rapport à ça
ou par rapport à la cohabitation dans ces contextes-là de votre côté?
Mme Marquis-Bissonnette (Maude) :
Je veux juste reprendre les articles de la loi, là, qui nous intéresse. Dans ce
cas-ci, c'est le 167.23, c'est une nouvelle clause qui, à notre… Notre
interprétation, c'est effectivement que ça ne concerne pas directement les
sites de consommation supervisée, mais ça vous donnerait, à vous, le… à vous,
M. le ministre, le pouvoir de dire quel lieu va être utilisé ou ne peut pas
être utilisé pour des personnes en situation d'itinérance, puis évidemment ça
nous inquiète parce que ça nous enlèverait de la flexibilité pour agir. Par exemple,
si on décide, puis on le fait dans le cas de Gatineau, d'utiliser un aréna
municipal ou un centre communautaire pour être capable d'offrir des services,
que ce soit l'accès à de la nourriture, de l'accompagnement, halte de
fraîcheur, halte de chaleur, on souhaite avoir cette flexibilité-là parce
qu'évidemment on s'en rend bien compte sur le terrain, quand on essaie de
continuer à développer une offre de service, là, les lieux pour le faire ne
sont pas si nombreux que ça.
M. Carmant : O.K. Alors,
vraiment, je pense qu'il y a besoin de clarification parce que plusieurs
personnes nous disent ça aujourd'hui, et le but, vraiment, c'est de s'assurer
que le choix… Au contraire, on demande aux municipalités de nous aider à
trouver les sites, c'est juste vraiment voir s'il y a besoin d'avoir des
mesures de cohabitation dans les… certains sites pour des personnes en
situation d'itinérance. Si je comprends bien, avec l'organisme Le BRAS, aucun
appel à la municipalité, aux services de police, depuis le début. L'organisme a
été proactif, et ça s'est toujours bien passé.
Mme Marquis-Bissonnette (Maude) :
Ils sauront vous le dire davantage que moi. Ça doit faire à peu près deux
ans qu'ils ont été ouverts. Puis d'ailleurs je tiens à préciser qu'il y a un
projet qui vient d'être financé par votre gouvernement, c'est aussi un projet
du BRAS, qui est le voisin, c'est une clinique médicale financée, si je me
trompe pas, par le PHAQ, ou sinon c'est des fonds fiscalisés… puis des
logements aussi. Donc, c'est géré par le même organisme. Puis, en fait, au
départ, la clinique d'injection supervisée, elle devait être dans cet
édifice-là qui devait être financé par le gouvernement du Québec, puis,
finalement, comme il y a eu des enjeux avec le site d'injection mobile, l'organisme
a fait l'achat de la bâtisse voisine, là, c'est vraiment collé, et donc opère
depuis ce temps-là. Ce site-là, il va en profiter pour mettre d'autres
services, là, dans la bâtisse, mais il y a un certain paradoxe là-dedans parce
qu'évidemment, tu sais, on vient tous d'investir, la ville… l'organisme… dans
un site pour pour mieux répondre à ces besoins-là de manière permanente.
• (16 h 20) •
Donc, effectivement, il n'y a pas d'enjeu
sur le terrain. Puis, en fait, moi, quand le projet de loi est sorti, je suis
allée voir le site. Je ne savais même pas qu'il existait. Je savais qu'il y en
avait un, mais je ne savais pas il était où, puis il est vraiment… tu sais, ce
n'est pas quelque chose qui est visible. On se promène autour, puis vous ne
pouvez pas savoir que c'est là qu'il y a un site d'injection supervisée, mais
les usagers, les utilisateurs, les organismes communautaires, eux, savent qu'il
est là, puis c'est vraiment bien fait. Donc, moi, j'ai visité l'intérieur. Il y
a vraiment un fumoir qui est à l'intérieur, tu sais, il n'y a pas de fumée qui
émane de là, puis c'est vraiment sécuritaire. Tu sais, au niveau des vitres,
là, ils sont vraiment dans les meilleures pratiques, se sont…
Mme Marquis-Bissonnette
(Maude) : ...inspiré des meilleures pratiques pour développer puis les
équipes municipales. M. Tanguay pourrait certainement en témoigner, mais les
équipes municipales m'indiquent qu'il n'y a effectivement aucune requête au
3-1-1, ça veut dire aucun voisin qui a appelé pour dire, là, je présume, mais
il y a une seringue à terre, il y a du bruit. Tu sais, il n'y a pas de nuisance
du tout qui est associée à ce site-là. Et même chose pour notre chef de police
qui a participé, là, depuis le début, à la mise en place de ce projet-là. Parce
qu'évidemment on fait partie de cette cohabitation-là, là, les services
municipaux, et qui lui présume que c'est davantage un enjeu de perception.
Quand je nous compare à Benoît Labre à Montréal, puis je n'ai pas... je n'ai
pas une connaissance infinie de Benoît Labre, l'enjeu, c'est, à mon avis, qu'il
y a le centre de jour, de l'hébergement et le site d'injection supervisée au
même endroit. Je vous laisserai faire vos analyses, je n'ai aucun doute que
vous allez le faire avec énormément de rigueur, mais je pense que ça démontre
que l'enjeu, il est peut-être au niveau de... Il est peut-être au niveau de
l'agglomération de plusieurs services au même endroit ou bien davantage liés au
service de centre de jour. Chez nous, notre centre de jour, il y a des enjeux
là. Les policiers sont là et de plus en plus présents, puis il y a des enjeux
de sécurité au centre de jour. Mais il n'est pas où le centre d'injection
supervisée, là.
M. Carmant : Quel est le
rôle de la municipalité dans la cohabitation dans ce... autour de ce site-là?
Mme Marquis-Bissonnette
(Maude) : Bien, je vous dirais qu'on est des partenaires et qu'on est
des alliés, là. C'est-à-dire que l'organisme est vraiment bien pris en charge.
Au besoin, ils savent qu'on peut nous appeler. Notre corps policier a été
interpelé dès le départ dans la mise en œuvre de ce site-là, là, mais donc un
peu un rôle de conseil de partie prenante, je dirais. Et nous, on les voit
comme une partie de la solution à apaiser. Tu sais, l'itinérance, moi, j'ai
fait une campagne électorale l'année passée à ce lancement de l'année à la
mairie de Gatineau. L'enjeu dont on m'a plus parlé d'est en ouest, et pas juste
au centre-ville, c'est l'itinérance. Chez nous, c'est une réalité qui est
vraiment prenante. Donc, évidemment, on est conscients que ça nous prend un
continuum de services qui n'a pas crû au même rythme où l'itinérance a cru à
Gatineau. Donc, ça nous prend... Là, on a... On connaît sans doute un... Puis
M. Martin est venu visiter d'ailleurs la semaine passée, mais un projet d'hébergement
transitoire dans des conteneurs qui vont nous permettre de sortir des gens de
la rue. On mise beaucoup en logement parce qu'évidemment l'itinérance, ce n'est
pas juste une question de logement, mais c'est toujours une question de
logement. Et d'ailleurs, le gouvernement du Québec investit beaucoup pour nous
aider à faire face à ce défi-là. Puis, dans ce continuum là, il y a aussi le
site de consommation supervisée, l'intervention communautaire, qui nous
permette d'apaiser la situation sur le terrain, de répondre aux enjeux puis,
ultimement, bien, de sortir les gens de la rue aussi. Ça y participe.
M. Carmant : D'accord. Et
juste aussi, un autre point à clarifier parce qu'une des raisons pourquoi on
inclut la... la consultation des autres ministres qui sont dans la liste, là,
l'Éducation, Famille, etc., c'est justement pour s'assurer qu'il n'y a pas de
projet éventuel dans les cartons à cause de la situation que vous avez décrite.
Qu'est-ce qu'on fait quand une nouvelle école se produit? Oui.
M. Marchand (Bruno) : Là
dessus, c'est une expérience qui est complètement différente de la question des
sites de consommation, où le lien qui est différent. Ce n'est pas simple,
travailler avec plusieurs centres de services scolaires au Québec pour savoir
quels seront les besoins dans le futur. Et en général, l'approche qu'ils ont,
c'est une approche très, très, très protectrice de dire : Oui, on risque
d'avoir des besoins. On ne sait pas exactement quand. Et donc ils sont très
protecteurs de certains espaces, très protecteurs de besoins à venir.
Là-dessus, on déborde. Mais la consultation des autres ministères risque de
faire comme on le fait sur les terrains municipaux pour lesquels il y a des
besoins scolaires, on nous demande des choses sans avoir tout le temps une
vision très claire du futur. Mais par prophylaxie, on nous en demande plus que
moi. Si ça arrivait lors de consultations, par exemple, avec le ministre de
l'Éducation ou le ministère de l'Éducation, vous seriez avec des réponses ou,
oui, on aura besoin d'une école dans le centre-ville de Hull bientôt, on ne
sait pas quand. Et par protection vous allez... vous allez enchâsser des lieux
qui seront inaccessibles pour des services dont les besoins sont maintenant,
pour des peut-être possibles besoins futurs, mais pour lesquels on n'a pas de
réponse. Si ça faisait... Si ça avait le même effet, ça vous contraindrait
beaucoup.
M. Carmant : D'accord.
Oui.
Mme Marquis-Bissonnette
(Maude) : L'enjeu du 150 mètres, il est celui de la densité.
C'est dans des milieux denses comme Québec, comme Montréal, comme Gatineau ou
comme d'autres villes au Québec. Puis la réalité, c'est que si, par exemple, il
faudrait qu'il y ait une nouvelle école, puis nous, on croit, là, on crée de la
densité au centre-ville du Hull. Donc, il est possible que, dans les prochaines
années, on dise : Ah bien, on a besoin d'une nouvelle école. D'habitude,
comment ça se passe? C'est le centre de services scolaire qui fait une
évaluation de ses besoins, qui définit à peu près le bassin dont il a besoin.
Après ça, il se retourne vers Québec pour avoir... J'imagine que vous validez
quand même, mais vous donnez le financement. Puis nous, bien, on est aussi
responsables, maintenant, de donner des terrains, tu sais. Et ça, il y a des
grandes contraintes qui sont associées à...
Mme Marquis-Bissonnette (Maude) : ...notamment
la disponibilité des terrains dans des milieux denses qui ne sont pas
toujours... qui ne sont pas toujours disponibles puis les coûts aussi, là.
Donc, les contraintes sont déjà assez grandes. Alors, on peut très bien
s'imaginer que si on avait un terrain pour une école, mais qui se situait à
l'intérieur du périmètre de 150 mètres, on dirait... tu sais, moi, je ne
me verrais pas dire non à une école d'enfants, là, je vais vous le dire bien
franchement. Puis, je pense, M. le ministre, vous feriez la même chose dans
notre situation. Puis même chose pour les garderies, tu sais, les garderies en
milieu familial, tu sais, on vient répondre à des besoins, puis évidemment
c'est des services qu'on souhaite également dans nos villes, dans nos
centres-villes, mais avec l'effet de chambouler le reste d'écosystèmes qui
favorise la cohabitation de tout ce beau monde-là dans nos milieux urbains qui
sont définis par une certaine densité.
M. Carmant : Parfait. On me
parle d'un service d'accompagnement à la consommation, qu'est ce que c'est
exactement?
Mme Marquis-Bissonnette (Maude) :
En fait, j'avoue que j'ai mélangé. On parle dans le projet de loi de
services de consommation supervisée, l'organisme communautaire parle de
services d'accompagnement à la consommation, mais on parle bel et bien du même
service. Oui, c'est ça, c'est des... Vous pourrez leur poser la question
demain. Je vous invite à le faire pour qu'ils vous expliquent la raison pour
laquelle ils utilisent ces termes, mais on parle vraiment.
M. Carmant : D'accord. Et par
rapport à la situation de l'itinérance, nous, on envisage, là, de... on
travaille avec votre CIUSSS pour un projet PRISM, là, également dans la région
de Gatineau. Et là encore on va avoir besoin de refuges où il va y avoir des...
avec des... spécifiques pour des problèmes de santé mentale. Dans ce
contexte-là, est-ce qu'il y a des inquiétudes de votre côté, ou comment vous
accueillez ce projet-là?
Mme Marquis-Bissonnette (Maude) :
Le projet PRISM, ce serait une excellente nouvelle, M. Carmant, chez
nous, puis ça aiderait certainement à sortir des gens de la rue, ce serait
vraiment un bel investissement. Puis on a déjà eu l'occasion de s'en reparler.
Les organismes qui seraient concernés, là, selon les discussions actuelles
qu'on a avec le CISSS O ne sont pas les organismes dont il est question ici,
c'est deux autres organismes. Je pense qu'on est toujours à l'étape des discussions,
mais donc il n'y a pas d'enjeux, ces services-là participeraient, comme le
service de consommation supervisée, à mon avis, à sortir des gens de la rue
puis préserver un climat de sécurité puis d'une plus grande équité, égalité
sociale aussi, je dirais.
M. Carmant : O.K. Et au
niveau... puis c'est un des enjeux qu'on entend beaucoup depuis ce matin, c'est
les enjeux budgétaires. Est-ce que l'organisme... ou est-ce qu'il y a du
financement qui vient de la ville pour la cohabitation autour de l'organisme
BRAS?
Mme Marquis-Bissonnette (Maude) :
Non, il n'y a pas de financement direct. Par contre, il y a une
collaboration, je dirais, des... du service de police, tu sais, dans la
cohabitation, etc., qui doit se faire autour du site. Ce sont des partenaires,
en fait.
M. Carmant : 4 minutes.
Mais je pense que... Est-ce qu'il y a d'autres questions? Moi, je pense qu'on a
fait le...
Le Président (M. Provençal)
: Ça va?
M. Carmant : Oui, ça va pour
moi.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Alors, Mme la députée de D'Arcy-McGee.
Mme Prass : Merci, M. le
Président... Désolée. D'entrée de jeu, je voudrais saluer votre innovation, le
fait que la ville ait mis 5 millions $ de son propre argent, le
programme de containers, on s'en était déjà parlé, je trouve que c'est des
beaux exemples d'une municipalité, les villes qui doivent gérer avec un enjeu.
C'est vous qui êtes sur le terrain, c'est qui vous qui êtes à proximité de ces
réalités-là. Et de prendre la responsabilité à un certain point, bien, de vous
en responsabilité, parce que vous voyez que les ressources ne sont pas
nécessairement là. Je vous salue à cet égard.
Donc, je comprends pour BRAS qu'il n'y a
pas eu de... depuis 2022, il n'y a jamais eu de situation où il y a eu des
plaintes, des signalements. Par curiosité, si ça avait été le cas, disons qu'il
y a deux signalements dans l'année, est ce que la ville, j'imagine, serait là?
Parce que je comprends que vous avez des comités de cohabitation, mais c'est
plus pour la question des différences. Puis, on se comprend, pas tout le monde
qui est itinérant a des enjeux de toxicomanie et vice versa. Donc, est-ce que
la ville serait prête à s'impliquer dans un comité ou un effort de cohabitation
pour ce qui est de BRAS et éventuellement d'autres sites d'injection ou
d'inhalation supervisée?
• (16 h 30) •
Mme Marquis-Bissonnette (Maude) :
Merci de votre question. Mais, d'entrée de jeu, vous soulignez nos
innovations. Je tiens quand même à souligner que le projet Transition Québec a
été rendu possible grâce à l'aide financière du gouvernement du Québec, là, il
y a 100 PSL qui ont... tu sais, qui est quand même énorme, là, qui ont été
donnés, là, pour nous permettre de faire vivre ce projet-là. Puis notre
souhait, c'est évidemment qu'on rende ça possible dans d'autres villes du
Québec ou ailleurs qui font face à ça. Donc, merci...
16 h 30 (version non révisée)
Mme Marquis-Bissonnette (Maude) : ...je
tiens à dire que c'est toujours du travail d'équipe quand on réussit à faire
des bons coups. Donc, votre question sur la cohabitation, c'est : Est-ce
que, nous, on serait prêts à s'impliquer dans le cadre d'un comité de
cohabitation? La réponse est : Bien sûr que c'est oui, là, dans la mesure
où on est des partenaires dans la lutte à l'itinérance, dans la sécurité
publique. Chez nous, on a une équipe unique, entre autres, qu'on appelle, là,
qui est une équipe de policiers qui sont assistés par un travailleur social, un
intervenant communautaire. Donc, c'est eux qui interviennent auprès des
personnes en situation d'itinérance sur le campement, à moins qu'il y a... il y
a des situations où... qui requièrent, je dirais, un petit peu plus de force de
bras, là, dans lesquelles, évidemment, on peut s'ajuster. Mais, oui, donc, moi,
je considère qu'on est... qu'on est des partenaires, qu'on a... c'est important
qu'on soit là puis qu'on soit capables de faire vivre ça aussi.
Ceci dit, nous, on n'a pas l'expertise en
matière de cohabitation. Je trouverais ça important qu'il y ait du soutien qui
soit donné auprès des organismes communautaires qui doivent développer un plan
de cohabitation, un plan de voisinage, une expertise, par exemple, qui
proviendrait du réseau de la santé, là, qui peut avoir une expertise puis qui
est aussi bien placée pour la diffuser entre les différentes régions ou entre
les différentes villes du Québec, où on doit mettre en place des plans de cohabitation.
Mais, nous, on pourrait certainement s'engager à le faciliter, là, puis à
favoriser, en fait, cette cohabitation-là puis ce bon voisinage là. Comme on le
fait foncièrement sur le terrain, on le fait à cet endroit-là, mais on le fait
aussi sur le site du campement, où, bien, évidemment, il y a d'autres joueurs
proches, puis notamment une école, une école secondaire pour lesquels je
voudrais que la cohabitation se passe bien, justement, parce qu'on s'y
intéresse. Tu sais, moi, je pense que le risque, c'est de ne pas... de ne pas s'y
intéresser, tu sais. C'est de faire comme si ce n'était pas un enjeu. Mais, à
partir du moment où on ouvre le dialogue, où on identifie les enjeux, tu sais,
s'il y a une situation xyz, là, qui survient, puis qu'on est capables de la
gérer rapidement, de mettre en place des mesures d'atténuation, de mettre en
place des mesures pour que tout le monde se sente à l'aise là-dedans, bien, ça
permet de... tu sais, de réduire le niveau de risque mais aussi d'apaiser
les... de répondre au sentiment de sécurité, là, qui est aussi, à mon avis,
quelque chose d'important, là. Tu sais, des fois, ce n'est pas tant la réalité
que la perception, puis c'est aussi important d'être capables d'y répondre.
Donc, oui, nous, on est partenaires là-dedans, du moins, c'est comme ça que je
le vois.
Mme Prass : Parce que je
pense que c'est aussi...
M. Marchand (Bruno) : ...
Mme Prass : Oui. Je vous en
prie.
M. Marchand (Bruno) : Exemple
de transition à Gatineau en corrélation avec le projet de loi actuel. C'est un
exemple, où, si on disait : Gatineau n'aurait pas dû le faire, on aurait
tort. Il y a une réalité au site Robert Guertin que je n'ai vue nulle part
ailleurs au Québec. Je ne connais pas tout, il manque peut-être quelques échos
à mes informations, là, mais il y a une réalité particulière qui vient d'un
historique et qui vient d'une croissance, malheureusement, de la population
itinérante, comme l'a dit la mairesse. On prendrait ça puis on dirait :
Jusqu'à date, il y a un certain succès, puis ça va continuer d'être mesuré,
puis on dirait : Toutes les villes devraient en avoir un, ce serait une
autre erreur. Parce que, je ne suis pas sûr, même si on en avait besoin, qu'on
a... on a la place, nous, pour faire ça, parce qu'on n'a pas le même
historique, parce qu'il y a une place qui est assez dédiée, qui était déjà
identifiée, qui est particulière.
Est-ce qu'il faut le faire ou pas le
faire, je ne le sais pas. Mais pour revenir à l'élément lié au projet de loi, c'est
cette souplesse-là que le gouvernement du Québec doit aussi garder. Puis que,
notamment le 150 mètres, et autres, et c'est pour ça qu'on y réagit
beaucoup, qui doit appartenir à la capacité de juger, à la capacité d'être
agile, et la capacité d'être habile plutôt que d'envoyer un message à la
population, dire : Bien, 150 mètres, ce sera toujours non. On ne le
sait pas. On ne le sait pas. Et il y a des places, ce sera 250 mètres,
puis il y a des places, ce sera peut-être 50. Et il y a des places, il y aura
des sites comme Transition Québec qui devront être reproduits parce qu'il y a
des choses intéressantes, puis il y a d'autres places où on dira : Ce n'est
pas possible. On peut... Je pense qu'on ne doit pas se substituer au jugement,
à l'important jugement de nos élus et de nos fonctionnaires, qui sont capables
de déterminer et de discriminer.
Mme Prass : Donc, il n'y a
pas de modèle unique. Chacun sa réalité. Il faut s'ajuster en conséquence.
M. Marchand (Bruno) : C'est...
À l'UMQ, c'est notre compréhension. Et surtout se fier sur les autorités
locales. Je ne le sais pas, moi, ce qui est bon à Gatineau. J'ai beau y avoir
été, j'ai beau avoir vécu là deux jours dans ma vie pendant trois ans, ou je ne
sais pas trop quoi, si on ne se fie pas aux élus locaux, qui, eux, prennent la
chaleur, qui, eux, doivent rendre des comptes, si on ne respecte pas l'autorité
municipale, le pouvoir municipal mais surtout sa connaissance, on risque encore
plus de se tirer dans le pied.
Mme Prass : Et, si jamais le
projet de loi maintenait la question du 150 mètres et le BRAS aurait à
déménager, j'imagine que ce serait la moindre des choses qu'on s'attende que le
gouvernement les accompagne de façon administrative et également de façon
financière pour trouver un lieu pour se déplacer. Parce que, quand même, le
gouvernement a trouvé bon d'investir en premier lieu, de les soutenir. Comme
vous avez mentionné, là il y a un projet, un autre projet qui vient d'être
accepté par le gouvernement du Québec, donc il faudrait... s'ils doivent
déménager en raison du projet de loi du gouvernement, qu'il doit y avoir un
accompagnement, puis un accompagnement financier, également.
Mme Marquis-Bissonnette (Maude) :
Bien, espérons. Honnêtement, je vais... je vais espérer qu'on ne se rende
pas...
Mme Marquis-Bissonnette (Maude) :
…dans la mesure où si on fermait ce site de consommation supervisée là, le
risque, c'est que… je ne sais pas si à Gatineau, on pourrait ravoir un autre
site de consommation supervisée, parce que sur l'île de Hull, ça ne nous
apparaît pas évident. Pourtant, on sait que, pour avoir un site de consommation
supervisée qui fonctionne, il faut que les gens soient à 15 ou 20 minutes
de marche, autrement ils n'iront pas. Donc, nous autres, on aurait de la place,
là, dans le parc industriel de l'aéroport, mais ça serait sans intérêt pour les
usagers de se rendre là.
Donc, si le gouvernement souhaitait
maintenir le 150 mètres comme critère d'exclusion plutôt qu'un critère
d'évaluation dans le plan de cohabitation... Puis tu sais, ceci dit, si le plan
de cohabitation, il ne marche pas au bout de quatre ans, bien, c'est là où vous
pouvez tirer la plug, là, vous pouvez dire : Là, ça ne marche pas, il y a
des enjeux de cohabitation, puis tu sais, le pouvoir, il vous reviendrait, là,
comme ministre, mais ça permet d'avoir un regard puis pas de tirer
systématiquement la plug, parce qu'il y a effectivement des cas qui
fonctionnent. Mais dans le cas où vous alliez avec un 150 mètres
d'exclusion, moi, je demanderais qu'il y a un droit acquis qui soit donné à
l'organisme Le bras, étant donné que c'est un modèle qui fonctionne. C'est un
modèle qui répond à des besoins puis c'est un modèle sur lequel on souhaite
continuer à miser.
M. Marchand (Bruno) :
…politique, puis j'utilise le mot à dessein, imaginez le fait de relocaliser un
centre qui est existant et pour lequel ça va bien, de trouver un autre lieu, de
refaire des consultations, imaginer le parcours du combattant politique qui
soulève des boucliers. Même si… la mairesse a sûrement raison quand elle
dit : On ne trouve pas d'espace, mais imaginez qu'ils en trouvaient, on
repasse par un paquet de processus de… consultatif pour lequel il peut y avoir
des milliers de levées de boucliers et pour lequel on n'en sort pas gagnant.
Donc, on crée à quelque chose qui va bien, qui répond à un besoin un paquet
d'enjeux pour lequel on ne sait même pas si on va être capable d'y répondre.
Mme Prass : Et vous, dans
votre mémoire, vous demandez une clarification de l'article 667.23 du
projet de loi sur l'interaction entre l'autorisation ministérielle et les
règlements municipaux. On en a discuté un petit peu plus tôt ce matin avec le
maire Marchand, mais je voudrais vous entendre là-dessus également.
Mme Marquis-Bissonnette (Maude) :
En fait, l'article 667.23, vous avez dit? Oui, alors « un permis ou
un certificat municipal ne peut être refusé et une poursuite en vertu d'un
règlement ne peut être intentée pour le seul motif qu'un local est destiné à
l'offre de services de consommation supervisée lorsque ce local est autorisé
par le ministre en vertu… » Ce qui veut donc dire… c'est qu'à partir du
moment où M. Carmant ou la personne du ministre responsable des… santé et
services sociaux autorise un lieu, nous, comme ville, on n'a pas de capacité de
s'y opposer. Pourtant, tu sais, on a des règlements de zonage. On a aussi une
fine connaissance du terrain, tu sais, puis c'est la raison pour laquelle
l'aménagement du territoire, l'urbanisme, ce sont des compétences exclusives
des municipalités. C'est parce qu'on connaît notre terrain, on connaît notre
monde, on connaît les ressources, on connaît les défis, mais on connaît aussi
les opportunités. Moi, je pense que ce travail-là, il doit se faire ensemble.
Tu sais, nous autres, on est capable
d'accompagner un organisme qui a besoin, par exemple, d'ouvrir un site de
consommation supervisée ou autres… autres services, que ce soit par exemple du
logement communautaire, du logement social, que ce soit un centre de jour, on
est capable de l'aiguiller vers notre fine connaissance du terrain, les données
policières, les données au 3-1-1, voire les données des voisins, là. Tu sais,
nous autres, on connaît notre monde. Donc, c'est un travail qui doit se faire
de manière conjointe puis je pense qu'on doit le faire dans le respect de nos
compétences. Et nous, notre compétence propre, c'est l'urbanisme, l'aménagement
du territoire. Mais encore une fois, l'exemple de Gatineau démontre que nous,
on a accompagné cet organisme-là, ça fonctionne, et donc on est capable d'avoir
de grands succès quand on travaille ensemble.
Mme Prass : D'accord. Merci
beaucoup.
Mme Marquis-Bissonnette (Maude) :
Merci.
Le Président (M. Provençal)
: Merci, Mme la députée. Alors, le député de Saint-Henri—Sainte-Anne,
prenez la relève.
M. Cliche-Rivard : Bien sûr,
M. le Président. Merci d'ailleurs pour votre mémoire, vos deux mémoires. Très
intéressant, l'UMQ et Gatineau, merci. J'ai posé la question de tout à l'heure
à Montréal, puis je voudrais vous la poser à vous aussi, indépendamment. Est-ce
que vous avez été consultés dans la préparation et la rédaction du projet de
loi no 103?
Mme Marquis-Bissonnette (Maude) :
Non.
M. Cliche-Rivard : M. le
maire Marchand?
M. Marchand (Bruno) : Non.
M. Cliche-Rivard : Non.
Parfait. Très clair. Est-ce que, selon vous, le projet de loi va favoriser ou
faciliter l'accès à de nouveaux services de consommation supervisée au Québec?
• (16 h 40) •
Mme Marquis-Bissonnette (Maude) :
Bien, je ne pense pas que c'est l'esprit du projet de loi.
M. Cliche-Rivard : Est-ce que
c'est un constat partagé par M. le maire Marchand?
M. Marchand (Bruno) :
J'ajouterais la nuance suivante, et où je rejoins le ministre, c'est : La
population a besoin d'entendre qu'on est préoccupés par la cohabitation et
qu'on prend les mesures et les moyens nécessaires pour faire en sorte de dire
que ce n'est pas un « free for all ». Ce n'est pas ça, mais la
perception est malheureusement parfois maître et ça crée chez certaines parties
de la population cette impression qu'on peut faire n'importe quoi, n'importe
où. Alors, comment faire pour rétablir cette perception chez certains et leur
dire qu'il y a des critères, qu'il y a des mesures, qu'il y a une prise en charge
nécessaire qui fait que les choses sont bien faites…
M. Marchand (Bruno) : ...je
pense qu'il faut avoir cette préoccupation-là. Je pense que ce qu'il y a dans
le projet de loi vise ça, mais je pense qu'on ne l'atteint pas sur certaines
dispositions.
Mme Marquis-Bissonnette (Maude) :
Puis j'ajouterais que je comprends la volonté du gouvernement d'encadrer
les sites de consommation supervisée, puis je pense qu'il y a un cas à Montréal
qui a fait la une, qui est effectivement préoccupant. Puis, si j'étais à votre
place, là, je serais aussi préoccupée. Puis là où on est capable, je pense, de
vous alimenter, c'est en faisant, en quelque sorte, un peu la part des choses
en vous amenant la fine connaissance qu'on a de notre territoire, comme élus
municipaux, pour vous dire qu'effectivement il y a un cas particulier, mais, si
on le défait puis qu'on enlève un petit peu de perception, on est capable de
voir qu'il y a des cas où ça fonctionne, tu sais, puis peut-être qu'on est
capable de tirer certaines leçons de ces cas-là pour mieux encadrer
l'implantation des sites de consommation supervisée pour être capables d'être
meilleurs collectivement, tu sais.
Donc, moi, je rejoins tout à fait M.
Marchand, effectivement, il y a des questions de sécurité publique qui sont
tout à fait légitimes, puis je pense qu'on est là vraiment dans l'esprit de
vous aider, de nous aider à être meilleurs pour répondre aux besoins de
l'ensemble des gens. Puis ça comprend les personnes les plus vulnérables, mais
ça comprend aussi les enfants qui vont à l'école, les parents qui ont envie de
savoir que leurs enfants sont en sécurité. On est des parents, on comprend
très, très bien ça aussi, là.
M. Cliche-Rivard : Dernière
question. Le BRAS nous dit : Si on doit être relocalisé, là, suivant
l'article, dans quatre ans, c'est à peu près 5 millions, tel qu'évalué
aujourd'hui. Maison Benoît Labre nous dit, dans son mémoire, c'est à peu près
7 millions. Eux, ils ont fait les étapes suivant les réglementations puis
les dispositions législatives conformes, au moment où ils ont ouvert, là. Qui
devrait assumer la facture des 5 et des 7 millions, selon vous? Est-ce que
c'est les villes? Est-ce que c'est les organismes? Est-ce que c'est Québec? Qui
devrait payer ça?
M. Marchand (Bruno) : À
partir du moment où c'est une disposition qui vient changer une mise en place
déjà établie, le gouvernement du Québec doit en assumer une très, très, très
large part. On ne peut pas demander à ces organismes communautaires qui ont,
d'arrache-pied, composé des financements, pas à eux seuls, mais avec,
notamment, des contributions, parfois municipales, mais principalement
gouvernementales ou autres, parfois dans de l'autofinancement... Il y a quelque
chose où... On doit assumer nos responsabilités. Si on change les dispositions,
bien... on en assumera les responsabilités comme gouvernement.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup.
Le Président (M. Provençal)
:On va compléter cet échange avec Mme
la députée de Terrebonne, s'il vous plaît.
Mme Gentilcore : Merci, M. le
Président. Merci d'être là. Plusieurs de mes questions ont été répondues, ça
fait que je vais en profiter pour approfondir un peu, parce que c'est
intéressant, ce que vous avez dit par rapport au fait que, chez vous, le site
d'injection supervisée, il n'y a pas de problème, il n'y a pas d'appel au
service de police, mais votre centre de jour, par contre, oui. Ça fait que je
suis curieuse de creuser ça un petit peu plus pour ma compréhension à moi.
Est-ce que vous avez des garderies, des
CPE ou des écoles dans le 150 mètres autour de votre centre de jour?
Une voix : ...
Mme Gentilcore : O.K. Puis,
en ce moment, c'est quoi, le genre de problème que vous voyez puis comment vous
évaluez, en fait, la différence entre le succès de votre site d'injection, le
fait qu'il n'y ait aucune plainte à ce niveau-là, mais le fait qu'il y en ait,
par contre, pour votre centre de jour? Quelle est la différence au niveau de la
ville?
Mme Marquis-Bissonnette (Maude) :
C'est vraiment... Merci. C'est vraiment une excellente question, puis je ne
sais pas si j'ai tous les détails à vos réponses, mais... à vos questions, mais
ce qui m'apparaît être évident, c'est que, dans le cas du centre... du service
de consommation supervisée, on a les ressources en place pour en faire un
succès, tu sais. On a fait du porte-à-porte, on a mis la table. Il y a des
ressources, aussi, adéquates, pour permettre l'encadrement de ça. Donc, on est
capable de bien gérer, puis il n'y a pas de débordement.
Dans le cas du centre de jour, là, le
grand défi, c'est que c'est un service qui a quelques années, voire quelques
dizaines d'années, puis qui a été, à mon avis, conçu... puis, tu sais, il y a
des gens qui travaillent fort, entendez-moi, des gens dévoués, puis ce n'est
pas du tout ça qu'on remet en causé, mais il a été pensé à une époque où
l'itinérance n'avait pas la même ampleur à Gatineau. Et donc le défi, c'est
d'être capable de répondre aux besoins qui, eux, sont grandissants.
Donc, par exemple, là, l'organisme a dû,
temporairement, dans les dernières années, là, fermer parce qu'il y avait un
enjeu de sécurité, puis ils n'étaient pas capables d'assurer la sécurité de
leurs travailleurs. Donc, ils ont donné des boîtes à lunch, là, pour emporter
plutôt qu'accueillir les gens sur eux... chez eux puis être capable de les
accompagner adéquatement. Donc, je pense qu'il y a un enjeu d'adéquation entre
les besoins et les ressources qui, dans le cas de notre centre de jour, malgré
toute la bonne volonté, malgré, tu sais, leur dévouement entier que je salue du
fond du cœur, je pense qu'il... je pense qu'il y a des défis de répondre à
l'ampleur des besoins.
Et je dirais que, quand il y a des
débordements, c'est souvent ça, tu sais, les gens ont faim parce que... parce
qu'ils n'ont pas de nourriture, là, tu sais, ils ont un repas par jour, donc, à
un moment donné, ils ont faim, puis c'est là où ça déborde, tu sais, ça fait
que c'est...
Mme Gentilcore : Donc là, je
comprends qu'on ne veut pas faire d'amalgame, donc on veut retirer l'itinérance
de ce projet de loi là, mais ce serait donc intéressant de s'y pencher aussi,
si je comprends bien...
Mme Gentilcore : ...peut-être
dans un autre projet de loi, mais sur les enjeux de l'itinérance et des
ressources en itinérance, pour peut-être aussi mettre plus de règles, c'est ce
que j'entends de votre côté, qu'ils aient un devoir aussi par rapport à la
cohabitation, qu'ils aient un devoir aussi. Est-ce que...
Mme Marquis-Bissonnette (Maude) :
Oui. Bien, il y a l'enjeu des ressources, tu sais, il y a la... puis l'enjeu
des ressources financières. Puis on porte, je pense, M. Marchand et moi, la
demande, je dirais, constante depuis quelques années de dire : Ça nous prend
plus de ressources pour faire face à la crise de l'itinérance parce que, ça,
c'est sûr que c'est une partie de la clé. Tu sais, la solution, c'est d'avoir
du logement, c'est d'avoir plus de ressources, que les organismes
communautaires, qui font un travail merveilleux, soient plus outillés,
soient... pour être capables de répondre à l'ampleur de la demande. Même chose
du côté de, tu sais, bon. Donc, vous comprenez l'adéquation entre les besoins
puis les ressources qui doit être travaillée. Je voulais dire autre chose, mais
ça m'a échappé.
Mme Gentilcore : Donc, pas
nécessairement plus d'encadrement. C'est vraiment des ressources financières,
pour vous.
Mme Marquis-Bissonnette (Maude) :
Bien, la question de l'encadrement, je dirais, ça dépend comment est-ce que
vous le voyez, tu sais. Nous, on est en train de travailler dans notre camping
à un... ce qu'on pourrait appeler, là, des règles de campement. Donc,
dorénavant, il va falloir, tu sais, s'installer dans tel carré puis répondre à
un code de vie. C'est du bas seuil, là, on s'entend, là, mais pour être capable
de garder un certain contrôle, un plus grand contrôle, je dirais, pour mieux
m'exprimer sur la situation.
Donc, oui, il y a... il y a des règles qui
doivent être appliquées. Puis, tu sais, on est tous dans l'innovation, les
villes, tu sais, les organismes innovent. Parce qu'on a toujours connu
l'itinérance à Guertin. Il y a toujours eu des personnes en situation
d'itinérance, 10, 15, 20. Mais là il y en a des centaines, donc, évidemment que
la solution, elle ne peut pas être la même pour y faire face, là.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup.
Mme Marquis-Bissonnette (Maude) :
J'espère que je réponds bien. Mais c'est évidemment un grand débat, une grande
discussion.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, je remercie les représentants de la ville de
Gatineau et de l'Union des municipalités du Québec de s'être déplacée en
présentiel pour faire ces échanges. C'est très structurant pour les notes qui
sont prises pour le projet de loi. Alors, merci beaucoup.
Sur ce, je vais suspendre les travaux pour
laisser place au prochain groupe. Encore merci pour votre...
Une voix : Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 49)
(Reprise à 16 h 54)
Le Président (M. Provençal)
:Nous reprenons nos travaux. Je veux
juste signaler que, normalement, les photos ne sont pas permises dans la salle.
Une voix : ...
Le Président (M. Provençal)
: Non, c'est... il n'y a pas de problème. Merci. Alors, nous
allons poursuivre nos travaux avec le Réseau Solidarité Itinérance du Québec et
leurs représentants. Alors, je vous rappelle que vous allez avoir... je vais
vous inviter à vous présenter, et par la suite, là... mais vous avez 10 minutes
pour votre présentation, et les échanges, par la suite. Alors, je vous invite à
vous présenter, s'il vous plaît.
M. Vallée Dore (Boromir) : Donc,
tout d'abord, M. le Président, Mmes et MM. les membres de la commission, nous
vous remercions de nous donner l'opportunité de nous exprimer aujourd'hui. Nous
prenons le temps aussi de remercier Karine d'avoir eu le courage de venir faire
part de son précieux témoignage devant la commission. Je me présente, Boromir
Vallée Dore, directeur général au Réseau Solidarité Itinérance du Québec.
Mme Babeux (Karine) : Et
Karine Babeux, paire aidante à L'Interzone.
Mme Guilhem (Marie-Edwige) : Marie
Guilhem, je suis organisatrice communautaire au Réseau Solidarité Itinérance du
Québec.
M. Vallée Dore (Boromir) : Donc,
sans plus attendre, j'inviterais Karine à prendre la parole.
Mme Babeux (Karine) : Bonjour,
M. le ministre, et vous aussi. Je commencerais en vous parlant des bénéfices
des SIS. En ce qui concerne L'Interzone, il est possible d'accompagner les
usagers dans l'enseignement sur les techniques de consommation sécuritaires et
sur les drogues en général. Ça leur donne un endroit pour éviter de consommer
seul dans la rue et un endroit pour se poser pour un bref moment, donc moins de
tickets pour les usagers, et aussi, le plus important, moins de surdoses
mortelles. C'est un service inclusif, anonyme et sans jugement. Les usagers ont
le choix de parler soit avec un intervenant, un pair aidant, ou encore, un
infirmier. Il est important de souligner le travail des infirmiers. Ils peuvent
faire des dépistages d'ITSS, de la vaccination, des soins de plaies et ils
prennent le lead lors de surdoses. Aussi, les intervenants sont nécessaires en
termes de soutien psychosocial et de soutien lors de surdoses...
Mme Babeux (Karine) :
...et ils gèrent beaucoup d'émotions et de détresse au quotidien. Ils font un
travail exceptionnel. Il faut... Et il faut aussi mentionner que comme
l'Interzone n'est pas un milieu de vie, il serait nécessaire d'avoir d'autres
sites de consommation supervisés à Québec avec des modèles différents afin de
diversifier l'offre en fonction des besoins des usagers. Niveau professionnel,
on ne se le cachera pas, l'Interzone m'a permis d'avoir une job. Je voulais
travailler avec les jeunes en délinquance, mais j'avais peur du cégep. Ça m'a
donné la stabilité. J'ai eu accès à des formations. Ça m'a donné le courage de
suivre une formation de pair aidant à l'AQRP avec l'Université Laval. La fierté
que, malgré ma consommation, j'étais capable de garder un emploi et surtout de
montrer aux usagers que, pour eux aussi, il était possible d'y arriver. Étant
paire aidante, je ne fais pas le même... les mêmes interventions que les
intervenants. Je connais les usagers personnellement. Donc, le lien de
confiance est déjà là. Je peux me permettre de leur dire leurs quatre vérités
lors de mes interventions. Les usagers savent que je suis transparente...
transparente, honnête et que je respecte la confidentialité. Vu que je connais
le milieu de la drogue, ils ne seront pas gênés de me parler de leur réalité et
sans se faire juger.
En étant consommatrice de drogue par
injection, je peux donner des trucs aux usagers, à savoir quelle quantité est
plus sécuritaire, quels sont les effets des différents mélanges de substances,
et les risques, et comment s'injecter à moindre risque. Je peux faire de la
sensibilisation sur le partage du matériel entre individus et leur fournir du
matériel neuf.
Ayant déjà été prostituée, s'il y a une
jeune qui commence dans un milieu, elle aura plus de facilité à me parler de ce
qu'elle vit. Je puis lui donner des conseils, de l'écoute et du soutien.
J'essaie de creuser si elle est en sécurité et, si besoin, je peux la référer à
des organismes compétents en lien avec ses besoins comme le projet Lune ou même
le CIPQ.
L'Interzone a impacté ma vie positivement.
J'ai réussi à avoir une subvention pour mon logement grâce aux intervenants, à
me sortir de l'aide sociale, d'être indépendante financièrement, d'avoir été
capable d'avoir assez de recul sur mon vécu pour m'en servir pour connecter
avec les usagers et être capable de faire des interventions pertinentes,
surtout aussi d'être heureuse dans ce que je fais. Et je travaille fort à
maintenir ce petit bonheur là...
M. Vallée Dore (Boromir) :
Merci Karine. J'inviterais Marie.
Mme Guilhem (Marie-Edwige) : Oui.
Merci beaucoup, Karine. D'entrée de jeu, nous tenons à être clairs, nous sommes
pour une bonne cohabitation sociale et c'est pour cette raison que nous sommes
contre le projet de loi n° 103. Nous défendons une cohabitation sociale
fondée sur l'inclusion, le vivre-ensemble et non sur la stigmatisation et
l'insinuation que certaines personnes de notre société sont indésirables. Le
gouvernement fédéral définit la stigmatisation structurelle comme l'adoption de
politiques publiques qui renforcent les préjugés au lieu de les combattre. En
associant la présence de certaines personnes dans certains lieux à des
nuisances, le projet de loi renforce l'idée que les personnes en situation
d'itinérance ou consommatrices sont indésirables. Vous le savez, le Québec fait
face à une crise de l'itinérance, une crise de logement et une crise des
surdoses liées aux opioïdes. Chaque semaine, nous recevons des rapports
d'enquête portant sur les décès de personnes en situation d'itinérance
disparues, trop jeunes, dans des conditions inhumaines. Du printemps 2022
jusqu'à l'automne 2024, le Bureau du coroner a recensé 459 décès par
surdose accidentelle. C'est 459 décès de trop. Derrière ces statistiques se
cachent des citoyens, des citoyennes comme Mario, Jérémy, Christine.
• (17 heures) •
Les rapports sont clairs. Si ces personnes
avaient eu accès à un logement temporaire ou permanent, à du soutien
psychosocial, à un site de consommation supervisée, elles auraient eu de bien
meilleures chances de survie. Et finalement, la cohabitation sociale, de quoi
s'agit-il réellement? Au-delà de coexistence sans aucune friction, la
cohabitation sociale suppose le partage de l'espace entre les individus selon
des modes d'entente qui comprennent autant le conflit que la tolérance et la
collaboration. Elle fait l'objet d'oppositions fondées sur des préjugés, des
enjeux de consultation ou des enjeux d'aménagement. Le p.l. n° 103
nous entraîne dans une tout autre logique, car loin de prévoir des moyens de
sensibilisation pour favoriser la cohabitation, il ouvre la porte à des
oppositions...
17 h (version non révisée)
Mme Guilhelm (Marie-Edwige) : ...citoyenne
et politique basée sur des préjugés visant les personnes marginalisées qui
seront encore confrontées au phénomène du pas dans ma cour institutionnalisée.
Par ailleurs, ce projet de loi encadre
sévèrement les centres de consommation supervisée et il ouvre la porte à
imposer ces mêmes contraintes contre-productives aux locaux accueillant des
personnes en situation d'itinérance. Par le fait même, il crée des barrières là
où il faudrait construire des ponts. Il accentue la stigmatisation des
personnes en situation de grande précarité. Il détourne la mission première des
organismes qui n'est pas de gérer des irritants sociaux ou des... des
perceptions négatives. Pourquoi nuire à ces organismes qui assurent chaque jour
un soutien, une cohésion, de l'humanité dans nos communautés et, qui plus est,
pallient les carences du réseau public?
Le RSIQ déplore que le court délai imposé
par la commission limite la qualité des consultations, nuise à ses mécanismes
internes démocratiques et à la participation des personnes concernées. Malgré
ces contraintes, le RSIQ a tenté d'être le plus représentatif possible.
Toutefois, nous nous interrogeons sur la valeur accordée à la démocratie par l'Assemblée
nationale, la plus haute instance démocratique au Québec. Si des organisations
comme la nôtre peinent à trouver leur place dans le cadre établi avec hâte.
Ce va-vite, les organismes communautaires
en itinérance le connaissent que trop bien. Vous devez savoir qu'au Québec la
lutte à l'itinérance repose sur des financements précaires d'un à trois ans, des
fonds d'urgence reçus en retard, des lettres de confirmation qui arrivent avec
des années de retard elles aussi, un plan d'action qui se termine en 2026, sans
aucun début de travail pour le suivant et sans garantie de financement
postavril 2026.
Le p.l. n° 103 représente une preuve
supplémentaire du désengagement de l'État face à ses responsabilités
fondamentales, que ce soit en matière de santé publique, d'itinérance et de
solidarité sociale. Pour preuve, celui-ci entre en contradiction avec plus d'une
dizaine de politiques et de plans d'action déjà adoptés par le gouvernement.
Nous souhaitons donc vous adresser cette question : Comment le projet de
loi reflète-t-il la responsabilité collective que le gouvernement s'est engagé
à assumer dans la politique nationale de lutte à l'itinérance?
Aujourd'hui, nous vous demandons de ne pas
adopter ce projet de loi. Pour honorer le droit à la vie et pour faire face à
vos obligations gouvernementales, nous appelons à un véritable dialogue
démocratique, à une discussion franche, inclusive et concertée sur la
cohabitation sociale. Nous sommes disposés à collaborer et croyons qu'ensemble,
nous pouvons trouver des solutions basées sur les meilleures pratiques. Nous
avons aussi une vision à offrir, celle d'une société qui prend soin de tous ses
citoyens. Merci pour votre attention.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup pour votre
présentation. Alors, M. le ministre, on débute cet échange.
M. Carmant : Oui, d'accord.
Merci beaucoup, M. le Président. Une petite phrase pour mettre mon... Mais merci
beaucoup pour votre présentation. Et Mme Babeux, merci beaucoup pour votre
témoignage, là, c'est très touchant.
Écoutez, on n'est pas d'accord, on n'est
pas situé à la même place, là, mais je vous entends. Tu sais, puis moi, j'ai...
c'est important pour moi. Puis moi, j'ai vraiment la... Je saisis toute l'importance
des sites de consommation supervisée et toute l'importance de ce que vous
faites pour lutter contre l'itinérance.
La raison du projet de loi, puis j'aimerais
vous entendre là-dessus, c'est que maintenant on est rendu à un endroit où tout
est confondu. On essaie d'ouvrir justement de l'hébergement de transition, de l'hébergement
supervisé. Et la population hésite toujours en pensant que, dès qu'on parle d'une
ressource pour aider les gens à sortir de l'itinérance, il s'agit d'un refuge à
bas seuil d'accessibilité. Donc, c'est un peu pour ça, la pensée derrière le
projet de loi, pour venir dire : Bien, écoutez, les sites de consommation
supervisée seront mieux encadrés et il n'y aura pas dans... Et faites-nous
confiance dans le processus d'implantation des différentes ressources dans
chacune des régions. Est-ce que vous êtes en accord un peu avec cette
observation que moi j'ai en tout cas? Parce que, sincèrement, je dois vous même
le dire, j'ai dû m'impliquer personnellement pour aller rencontrer des comités
citoyens parce que la réponse était non pour du logement supervisé. Tu sais, c'est
quand même inquiétant.
M. Vallée Dore (Boromir) : ...
M. Vallée Dore (Boromir) : ...à
ce propos là, une... bien, en fait, de l'analyse qu'on a pu faire, la force du
projet de loi, c'est de proposer des plans de cohabitation préventifs. En ce
moment, les plans de cohabitation arrivent souvent après qu'on ait eu des
enjeux de cohabitation. Donc, en fonction des bonnes pratiques, c'est
effectivement quelque chose qui est identifié comme positif, donc, de poser la
question est-ce qu'il y a un plan de cohabitation puis à quelle hauteur du
quartier on veut répondre aux enjeux de cohabitation. Toutefois, le projet de
loi fait reposer ce fardeau-là sur les organismes communautaires, qui, bien...
puis ça a été dit à plusieurs reprises aujourd'hui, qui n'ont déjà pas les
moyens de mener leur mission première, qui est de supporter et accompagner les
gens.
Donc, il y a quelque chose d'inéquitable,
un peu, dans le fardeau qu'on transmet. Surtout dans un contexte où est-ce que
le gouvernement du Québec vient juste de travailler sur les rôles et
responsabilités des différents ministères et des municipalités sur la question
de l'itinérance. Quand on parlait que le projet de loi était en inadéquation
avec des politiques gouvernementales, les derniers travaux, rôles et
responsabilités n'en font pas fi.
En fait, ce qu'on en... ce qu'on demande
aux municipalités, c'est de mettre en œuvre des mesures favorisant la
cohabitation harmonieuse et l'inclusion sociale dans l'espace public, la
mobilisation des équipes municipales selon les besoins ainsi que la
communication avec la population. On demande aussi de collaborer à
l'implantation des différents services auprès des personnes en situation
d'itinérance, selon les compétences municipales, et d'aménager l'espace urbain.
Donc, on vient juste de faire un travail sur les rôles et responsabilités,
qu'on a identifié, avec les municipalités, certaines responsabilités. Et là, le
projet de loi ramène ces responsabilités-là sur les organismes communautaires. Donc,
il y a une incohérence avec des travaux frais. Puis, ce napperon-là, il date de
cette année, là. Je n'ai pas la date exacte.
Une voix : ...
M. Vallée Dore (Boromir) : Novembre
2024. Donc, il y a.... C'est ce qu'on veut mettre en lumière notamment. Ça fait
partie d'une des incohérences. Actuellement, effectivement, il y a un mélange
entre l'ensemble des services. On l'a vu à TVA Nouvelles. Au réseau, on est
sortis publiquement sur notre Facebook pour délier des amalgames qui avaient
été faits, si jamais vous voulez aller voir. Oui, on l'observe aussi, mais on
n'a pas le sentiment que, ce projet de loi là, il défait ces amalgames-là. En
fait, on pense qu'il les tisse. Pourquoi? Parce que le thème du projet de loi,
donc, c'est la cohabitation harmonieuse pour réglementer les sites de
consommation supervisée afin de favoriser la cohabitation harmonieuse, et on
voit apparaître, dans le projet de loi, des articles sur les locaux qui
habitent... qui accueillent principalement des personnes en situation d'itinérance
et sans-abri. D'ailleurs, le terme «sans-abri» n'est pas utilisé dans les
politiques québécoises. On était surpris de le voir apparaître. Donc là, on
sent qu'il y a un amalgame qui se crée à l'intérieur de ce projet de loi là.
Dans le mémoire, là, on a pu l'aborder davantage.
M. Carmant : O.K. Donc, ça...
puis, ça, je l'ai mentionné auparavant, le moyen de faire cette cohabitation,
cette discussion de cohabitation, en amont, c'est vraiment en instaurant ce
dépôt de projet via Santé Québec. Donc, c'est là qu'on veut impliquer la
Direction régionale de santé publique, les organismes communautaires et les
municipalités, dans un forum où on peut établir la cohabitation. Mais on va...
on va éclaircir ça.
Puis, l'autre... l'autre point qui est
important aussi, parce que c'est plusieurs qui me le ramènent aujourd'hui,
c'est... c'est ce sentiment que, dans le projet de loi, tout revient sur les
organismes communautaires. Ce n'était pas l'intention du législateur, là. Puis,
si vous pouvez nous identifier ce qui... les points qui vous... qui vous
indiquent ça, là, que tout revient... on va s'organiser pour clarifier ça.
M. Vallée Dore (Boromir) : Oui.
C'est les articles 667.10 puis 667.12 qui ont été identifiés, là, comme
étant... qui donnaient la responsabilité de la cohabitation harmonieuse et
l'acceptabilité sociale aux organismes communautaires.
• (17 h 10) •
Et puis il y a... il y a toute l'idée des
inconvénients normaux aussi, là, qui sont décrits dans le projet de loi. Puis
c'est... c'est aussi faux de penser que, dans un quartier où il y a un
organisme communautaire qui va s'implanter pour donner des services, que le...
il va y avoir le même... comment je pourrais dire, la même situation que dans
un quartier où il n'y en a pas. C'est sûr que s'il y a une soupe populaire puis
qu'il y a des gens qui font la file, bien, versus un quartier où il n'y en a
pas, bien, il va y avoir peut-être des inconvénients autour de ça qu'on ne
retrouvera pas dans un autre quartier. Et le projet de loi, avec la question
des inconvénients normaux, fait aussi reposer une espèce de fardeau sur le
quartier de dire : Bien, il n'y aura pas de situation dérangeante.
Toutefois, la cohabitation, comme décrite par Marie, un peu plus tôt, suggère
que, des fois, il va y avoir des tensions, des fois, il n'y en...
M. Vallée Dore (Boromir) : ...pas,
des fois, il va y avoir des alliances. Ça va dépendre du... du tissu social, de
c'est quoi, les intérêts, je pourrais dire, présents dans le quartier. Donc, ça
va être évolutif dans le temps. Puis il y a des moments où est-ce que ça
pourrait faire très mal à certaines ressources. S'il y a des intérêts qui vont
à l'encontre de ça puis qui peuvent parler plus fort, là aussi, notamment des
immeubles qui veulent faire du Airbnb, qui veulent une quiétude, etc., qui
s'instaurent et qui s'installent après que les groupes soient arrivés, là.
M. Carmant : D'accord.
L'autre point qui est important pour moi, c'est l'enjeu de collectivité. Et ce
qui a été difficile parfois, c'est la raison aussi qui entraîne un peu le
projet de loi, c'est que quand on n'encadre pas cette cohabitation, un
organisme peut dire : Bien, nous, ce qui est aux alentours de de leurs
services, tu sais, ne les... ce n'est pas leur rôle de gérer l'extérieur, par
exemple, du bâtiment. Et c'est ça qui est un peu... qui me pousse à dire :
Bien, il faut prévoir ça avant l'ouverture du site. Puis, même à l'interzone,
je pense que c'est un endroit qui est extrêmement bien géré. Mais, des fois,
vous le savez, il y a des... il y a des files d'attente, il y a beaucoup de
circulation autour. Puis c'est quand moi, je suis allé faire la visite que, là,
je me suis rendu compte du besoin et, là, j'ai commencé à travailler avec le
CIUSSS pour un projet pour alléger la circulation autour du site de
consommation supervisée, tandis qu'idéalement ça aurait été réfléchi avant.
Mme Babeux (Karine) : Mais,
quand on a ouvert l'Interzone, la dame, justement, qui avait ouvert le Airbnb,
elle, elle n'était pas ouverte. Maintenant, on essaie de condenser les
personnes dehors à ce qu'ils restent tranquilles, qu'ils flânent un peu moins
dehors, qu'ils restent en dedans. Mais moi, je me dis : J'aime mieux les
voir flâner alentour de l'Interzone. S'il y arrive quelque chose, on peut réagir,
que de les voir flâner au Parvis, ou au parc des six, ou peu importe quel,
qu'il arrive une surdose puis qu'on ne peut pas réagir. Donc, on essaie d'avoir
quand même le bon voisinage avec les gens, les gens qui nous côtoient, mais, tu
sais, des fois, tu sais, vous savez, il y a tout le temps... tu sais, les
personnes sont marginales, donc ils ont chacun leur caractère. Tu sais, nous,
on essaie de faire pour le mieux, mais, en même temps, tu sais, s'ils ne nous
laissent pas la chance aussi, tu sais, si... tu sais, à nous... si les gens
nous donnent à tous les jours des... des plaintes, à un moment donné, c'est
comme : Laissez-nous un peu faire notre sécurité. Puis là, mais,
tranquillement, pas vite, on essaie, on a même... on a même engagé des gardiens,
justement, pour... pour que le bon voisinage... que se fasse, là.
M. Vallée Dore (Boromir) :
Puis après... Puis ça, c'était... Puis aussi, l'Interzone, on a vu les chiffres
ce matin, là, tu sais. Puis l'Interzone est d'accord pour dire qu'il faut
ouvrir un autre local, mais c'est extrêmement compliqué, ouvrir d'autres
locaux. Et là on semble vouloir complexifier la chose. Et puis la question de
la cohabitation, puis ce que Karine, elle nomme, c'est que les groupes
communautaires en itinérance sont à pied d'œuvre sur les questions de
cohabitation. On a fait un sondage chez nos membres, là, dans la foulée du
projet de loi, puis c'est plus de 90 % des répondants qui ont dit qu'ils
ont des actions déjà en place en lien avec la cohabitation dans leur milieu. Donc,
ces choses-là existent déjà. Il y a des bonnes pratiques, il y a eu des
essais-erreurs par le passé. Donc, on devrait plutôt s'inspirer des choses qui
fonctionnent.
On a le cas de BRAS Outaouais, qui est un
site implanté, qui ne génère pas de problématiques. Donc, on se questionne sur
c'est quoi, le méfait qu'on essaie de réduire avec le projet de loi actuel. Et
puis, oui, pour les bonnes pratiques et la cohabitation.
M. Carmant : D'accord. M. le
Président, je passerais la parole à ma collègue.
Le Président (M. Provençal)
: Alors, Mme la députée de Louis-Riel, allez-y.
Mme Boivin Roy : Merci, M. le
Président. Alors, merci à vous trois, du réseau, pour votre présence aujourd'hui.
Je comprends que vous représentez 16 concertations régionales, plus 225
organismes, donc vous êtes quand même relativement occupés. Vous vous êtes
présenté aussi aujourd'hui pour votre présentation. Merci beaucoup. Mme Babeux
également. Alors, on sait que ça prend beaucoup de courage de venir à une
commission parlementaire et puis d'être impliqué personnellement dans un
dossier, alors...
Mme Boivin Roy : ...Bravo
à vous pour votre témoignage et merci. Vous nous avez parlé du vivre ensemble dans
une société qui prend soin de tous ses citoyens. Vous nous parlez d'une
discussion qui est franche, qui est inclusive, qui est concertée. Alors,
comment vous voyez les conditions de succès pour une meilleure intégration des
ressources en itinérance dans un quartier donné?
Mme Guilhem (Marie-Edwige) : Bien,
je reviens un petit peu, du coup, à la question de la responsabilité. Pour les
questions de succès, je pense qu'il faut travailler en concertation avec tous
les acteurs qui sont impliqués dans la cohabitation, cohabitation harmonieuse.
C'est essentiel que les organismes puissent se centrer sur cet aspect-là, mais
puissent le faire aussi avec les municipalités, avec les ministères qui sont
concernés par cet aspect-là, qu'on puisse, là aussi, ne pas travailler en silo,
mais pouvoir partager cette tâche-là et que ça ne devienne pas le fardeau d'une
seule partie. Parce que dans le projet de loi, on ne voit pas à quel moment,
quelles sont les autres parties qui sont impliquées dans la cohabitation harmonieuse.
Ce n'est pas clair, en tout cas, cet aspect-là.
Mme Boivin Roy : Est-ce
que vous...
M. Vallée Dore (Boromir) :
Je me permets de rebondir aussi sur ce qui devrait être mis en place. Il y a un
travail qui a été fait, là, des pratiques d'aménagement novatrices pour une
ville solidaire en 2023. Puis en fait, ils ont identifié plus de
200 pratiques qui fonctionnent sur les questions de la cohabitation, puis
ils les catégorisent, là, en cinq grandes catégories. Donc, reconnaître le droit
à l'espace public des personnes plus marginalisées, faciliter la cohabitation
sociale, évidemment, concevoir des espaces inclusifs en mobilisant une approche
par et pour les personnes concernées, et aménager des lieux sûrs, et soutenir
l'autodétermination des personnes concernées. Puis on ne sent pas dans le
projet de loi tout ce qui est de l'autodétermination, de par et pour, de
soutenir les personnes. On ne le sent pas transparaître. Puis, pour nous, c'est
une erreur majeure parce que c'est les principales concernées, en fait.
Mme Boivin Roy : Est-ce
que vous pouvez nous donner des exemples de succès? Puis je vous dirais, en
deuxième question, il y a des mécanismes de dialogue ou de médiation qui ont
été mis en place, dont vous êtes au courant, que ce soit lignes téléphoniques,
médiateurs, rencontres, etc.
M. Vallée Dore (Boromir) :
Bien, je pense qu'on a un exemple de succès. Le Bras en Outaouais, là, il a été
nommé à plusieurs reprises par Maude, Mme la mairesse, là, juste avant. Donc,
je pense que ça, c'est un exemple qu'on pourrait aller s'inspirer. Pour ce qui
est de la médiation, oui, des équipes de médiation sociale à travers la
province, on en a vu qui ont été déployées. Il y a des fois des plans de
cohabitation qui sont plus ou moins élargis selon la communauté dans laquelle
va être implanté... Sinon, ce qu'on voit, c'est des organisations qui ont fait
du porte-à-porte. Il y a des consultations citoyennes, ils sont allés
rencontrer les voisins. Il y a... Nos membres aussi ont répondu, là, à un ensemble
d'actions qui sont présentement en place. Donc, il y a des choses qui se font
présentement sur le terrain. Puis on trouve ça navrant que le projet de loi ne
semble pas vouloir promouvoir ces choses-là.
Mme Boivin Roy : D'un
côté, on a... On peut avoir les résidents, on peut avoir les commerçants. On a
entendu aujourd'hui le témoignage de Mme Babeux. Comment vous impliquez
les personnes en situation d'itinérance dans l'identification des besoins?
M. Vallée Dore (Boromir) :
Ça, c'est... Ça, c'est une grande question. Ça demande beaucoup de doigté, de
temps. Ça demande une confiance aussi. Et évidemment, on l'a mentionné d'entrée
de jeu, cinq jours pour se préparer à discuter de ces questions là, ça ne nous
donne pas le temps nécessaire pour consulter ces personnes-là. On a été très
chanceux que Karine accepte de venir témoigner sur un délai court terme. Donc,
je pense qu'il faut qu'on se donne du temps puis qu'on soit en mesure d'aller
chercher la confiance de ces personnes-là. Puis pour le faire, bien, il faut
travailler en collaboration avec les organismes avec qui ils ont un lien puis
qui les accompagnent. Donc, en réponse, moi, je pense que c'est du temps, puis
ça fait partie de nos recommandations que de se donner le temps de bien discuter
des questions de cohabitation, là, parce qu'il y a des organismes
communautaires qui se sentent concernés aussi par cette question.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup, Mme la députée. Oui, allez-y, madame.
• (17 h 20) •
Mme Babeux (Karine) : Je
veux juste dire que, tu sais, ça fait quatre ans qu'on est ouverts. On est les
seuls à Québec puis on a plus de 34 000 visites par année. Ça fait
que, tu sais, c'est sûr qu'à un moment donné, tu sais, s'il arrive des
conflits, on ne peut pas... Mais, tu sais, on essaie vraiment de... de faire,
tu sais, d'être pour... comme sur le côté bon voisinage, là. Mais on s'entend
qu'avec 34 000 visites, on ne peut pas non plus, tu sais, faire des
miracles, là.
Le Président (M. Provençal)
: Merci. Mme la députée de...
Le Président (M. Provençal)
:...D'Arcy-McGee, je vous cède la
parole maintenant.
Mme Prass : Merci, M. le
Président. Premièrement, je vous remercie pour le travail que vous avez fait en
cinq jours. C'est quand même un mémoire, une présentation qui est assez
complet, qui fait... qui fait le tour. Je vous remercie, Mme Babeux, d'avoir
partagé votre histoire. Comme on a dit, ça prend du courage, mais aussi vous
êtes là en tant qu'exemple pour les autres de ce qu'on peut réussir quand on
croit en nous-mêmes, donc félicitation.
Vous avez... Vous venez de mentionner que,
Interzone, vous avez dû engager un gardien de sécurité dernièrement. Est-ce
qu'il a été fait à vos frais ou est-ce qu'il y a eu un financement qui vous a
été accordé?
Mme Babeux (Karine) : Non.
C'est à nos frais.
Mme Prass : Et qu'est-ce que
vous avez dû mettre de côté comme services ou comme effectifs pour pouvoir
engager ce gardien de sécurité?
Mme Babeux (Karine) : Marc-André
va répondre à cette question.
M. Lamy (Marc-André) : Ah
oui? Bien, bonjour, tout le monde! Si je peux juste corriger, par contre,
l'embauche des gardiens de sécuritaire à L'Interzone n'est pas aux frais de
L'Interzone en tant que tel. C'est le CIUSSS, en fait, qui a débloqué un budget
pour ça. Donc, on n'a pas eu à sacrifier de service pour ça.
Mme Prass : O.K. Excellent.
Parce...
M. Vallée Dore (Boromir) : ...des
questions spécifiques à L'Interzone, Karine, elle a son parcours, son vécu,
mais c'est sûr qu'elle possède moins le côté administratif, là.
Mme Prass : Bien, c'était
juste pour démontrer. Parce qu'évidemment un élément qui est demandé des
différents organismes, dans le cadre du projet de loi, c'est toute la question
de la cohabitation. Je pense qu'on est tous d'accord pour dire : C'est le
but... C'est le but auquel on voudrait arriver, qui est un sentiment de vie
harmonieux dans nos coins. Mais il n'y a pas... pour l'instant, il n'y a pas
d'engagement financier dans le projet de loi de la part du gouvernement pour
que les organismes communautaires puissent développer ce plan de cohabitation
ou mettre... mettre en œuvre des mesures d'atténuation. On sait que, déjà, les
organismes communautaires, là, vous êtes sous-financés à votre mission. C'est
souvent des appels de projets auxquels vous répondez pour avoir un certain
financement pour mettre des projets de l'avant. Donc, j'imagine... et puis ça
fait partie de vos recommandations également, que le gouvernement doit faire sa
part justement, d'être présent, côté financier, pour tout ce qui est des
mesures de cohabitation et d'atténuation. Je vous demande ça, puis évidemment,
ça va varier selon l'organisme, mais selon vous, c'est des coûts qui peuvent
représenter 5 %, 10 % du budget total qui ferait en sorte que... si le
gouvernement n'est pas là pour accompagner de façon financière, que c'est de
l'argent à la mission qui doit être amputé pour payer les services et plans qui
sont... vous sont demandés par le gouvernement?
M. Vallée Dore (Boromir) : Bien,
financement. C'est important de dire qu'actuellement, on l'a mentionné, la
lutte à l'itinérance est financée par projets, par ententes trois ans, deux
principales sources de financement, Vers un chez-soi, Plan d'action
interministériel en itinérance. Dans ces deux enveloppes là, il n'y a pas
possibilité de financer des actions qui touchent à la question de la
cohabitation. Donc, ce n'est pas quelque chose qui est actuellement finançable
et qui ne l'était pas par le passé.
Il faut faire attention pour dire combien
ça coûterait, cette question-là de la cohabitation, pour les organismes. Parce
que, ce qu'on vous dit, c'est que ce n'est pas la responsabilité des
organismes. C'est une responsabilité collective. Donc, ce fardeau-là, on pense
qu'il ne doit pas être imposé aux organismes. Toutefois, c'est important
d'avoir des actions de cohabitation. Puis il doit y avoir aussi des moyens qui
y sont arrimés, donc. Puis, c'est ça, il faut être capable de le financer. À
quelle hauteur? Je ne le sais pas. Ça dépend aussi des besoins et des réalités.
Donc, nous, évidemment, on met de l'avant un financement à la mission et du
financement de ces actions collectives là, non portées seulement par les
organismes communautaires.
Mme Prass : Puis, à la
recherche d'emplacements pour SCES, est-ce que vous pensez qu'il devrait y
avoir de l'accompagnement qui vous est offert de la part du CIUSSS, ou du
CIUSSS local, ou de la part de la ville justement pour vous assurer que vous
éviterez qu'une fois que l'emplacement est choisi, vous le soumettez à Santé
Québec, que là, il y ait des préoccupations? Parce que, si le... depuis le
début, vous êtes accompagnés dans ce processus-là, ça ferait en sorte que
justement vous pourrez éviter des situations qui engendreraient des questions
de la part de Santé Québec.
Mme Babeux (Karine) : Bien,
nous, je crois que si vraiment le CIUSSS qui... tu sais, à la base, on est
chapeautés par la SABSA. Mais, la SABSA, c'est le CIUSSS qui paie L'Interzone. C'est
ce que je peux dire comme ça.
Une voix : ...
Mme Babeux (Karine) : C'est
ça. C'est une enveloppe budgétaire, là, selon le CIUSSS, qui nous donne une
subvention à la SABSA. Et, après, la SABSA détermine le choix pour L'Interzone.
M. Vallée Dore (Boromir) : Pour
le lieu. Mais cette...
M. Vallée Dore (Boromir) : ...travail-là,
on vient juste de le faire, là, dans Rôles et responsabilités des ministères et
des municipalités. Ce qui est inscrit, c'est que les municipalités doivent
participer à la recherche des sites pour de nouveaux projets, services ou
déplacement de services existants. Donc, c'est déjà identifié, là, que c'est
dans la... ça fait partie des responsabilités des municipalités.
Mme Guilhem (Marie-Edwige) : Et
ça fait également partie de la responsabilité du ministère de la Santé et des
Services sociaux, dédier des places aux personnes les plus désaffiliées,
sous-entendu, quand même, qu'il faut apporter une aide et assurer à la
population des soins de santé et des services sociaux de proximité également.
Donc, s'il y a cette responsabilité là, sous-entendu que, là aussi, il faudrait
du soutien par rapport à ça, oui.
Mme Prass : Également. Et
j'imagine... Comme j'ai dit, on est tous préoccupés par la question de la
cohabitation. Êtes-vous d'accord, par exemple, qu'il y ait des comités de
bon... bon voisinage, excusez-moi, qui sont là de façon continue pour
s'assurer... puis, justement, avec ce que le projet de loi propose... qu'à
chaque quatre ans la demande se refasse pour la suite des choses? Est-ce que
vous pensez que c'est une bonne idée? Évidemment, avec la collectivité, pas
juste aux organismes communautaires, mais avec la police, les différents
acteurs, que ce soient des comités qui soient là en continu, justement, pour
s'assurer, tu sais, si jamais il y a une évaluation de... évolution de la
situation, que vous êtes bien équipés pour répondre aux préoccupations qui
pourraient... qui pourraient avoir lieu dans la population.
M. Vallée Dore (Boromir) : Bien,
je réitère qu'on s'oppose à l'ensemble du projet de loi là, donc. Mais, par
contre, pour ce qui est du... de la question de la cohabitation, il faudrait
faire attention pour ne pas définir une recette qu'on veut qu'elle soit
appliquée uniformément partout au Québec, donc le «one size fits all», parce
qu'il y a dans des communautés, que des voisins, ils ne sentiront pas le besoin
d'être sur un comité, d'autres, oui, des services de police qui ne seront pas
disponibles à certains moments, d'autres, oui, tout dépendant des réalités.
Donc, je pense qu'on peut proposer, soumettre des bonnes pratiques, mais de
lier ça à une autorisation qu'on redonne aux quatre ans ce serait une erreur,
là. Je pense que, dans le contexte de crise actuel, on s'enlèverait la
capacité, là, de répondre aux besoins des personnes, là.
Mme Prass : Et vous
mentionnez, dans votre mémoire, que les organismes pourraient être contraints
de choisir entre offrir certains services ou ne pas exister du tout.
Pouvez-vous expliquer en quoi les exigences du projet de loi viennent mettre en
péril la liberté d'action des organismes communautaires?
M. Vallée Dore (Boromir) : Bien,
en fait, ce qu'on nomme, c'est que le fardeau de preuve imposé à l'égard de
l'acceptabilité sociale, dans le projet de loi, c'est basé sur une norme floue,
arbitraire, imprévisible, qui, à toutes fins pratiques, annule la possibilité
d'établir ou de maintenir un service de consommation supervisée sur les quatre
ans. C'est une exigence d'accréditation. Bien, cette exigence d'accréditation,
c'est disproportionné par rapport aux règles habituelles du droit
administratif, dans le sens où on demande à des organisations de gérer les...
l'acceptabilité sociale autour d'eux. On serait curieux de savoir quels autres...
à quelles autres organisations qu'on demande l'équivalent de... pour avoir un
permis pour opérer, là.
Mme Prass : Également, dans
la... le projet de loi, on permettrait aux municipalités de restreindre des
services selon les usagers et leur clientèle. Et je ne sais pas quelles ont été
vos expériences avec les différentes villes avec lesquelles vous avez des
projets qui ont cheminé, mais, jusqu'à présent, avez-vous trouvé que ça a
été... ça a été un accompagnement ou une aide qui était utile, ou est-ce que
vous avez trouvé qu'ils vous mettaient certaines entraves justement, pour la
liberté de développer vos projets, à votre vision?
M. Vallée Dore (Boromir) : Est-ce
qu'on parle des sites de consommation supervisée ou locaux accueillant des personnes...
Mme Prass : Les sites de
consommation, oui.
M. Vallée Dore (Boromir) : Plus
spécifiquement. Je n'aurais pas la réponse spécifique à cette question là pour
les différentes expériences qui ont été faites, là, dans l'ensemble de la province.
Toutefois, on est persuadés que les municipalités font partie de la réponse,
dans le sens où ils ont des responsabilités, en lien avec l'itinérance, qui
sont centrales, qui sont importantes, elles doivent être dans le dossier. Mais
de dire qu'elles... si elles ont créé des freins, je ne pourrais pas répondre à
cette question-là.
Mme Prass : O.K. C'est bon,
merci.
Le Président (M. Provençal)
: M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
• (17 h 30) •
M. Cliche-Rivard : Merci, M.
le Président. D'abord, merci pour votre mémoire, merci aussi pour le travail
que vous faites au quotidien pour les personnes en situation de grande
vulnérabilité. Merci de ce que vous faites. J'aurais une première question, que
j'ai posée à plusieurs autres groupes : Est-ce que vous, vous avez été
consultés dans l'élaboration du projet de loi n° 103?
M. Vallée Dore (Boromir) :
Non.
M. Cliche-Rivard : Non? Bon,
question et réponse claire. J'ai en main...
17 h 30 (version non révisée)
M. Cliche-Rivard : ...puis c'est
sorti il n'y a pas si longtemps, un rapport de la coroner Me Julie-Kim Godin
sur le décès de M. Wilson à Montréal. Et une des recommandations... malheureusement,
M. Godin... M. Wilson, pardon, est décédé d'une surdose. Dans les
recommandations, c'est clair, hein, elle recommande à Santé Québec plusieurs
choses, mais notamment la mise en place de davantage de centres de prévention
de surdose à Montréal offrant des salles d'injection et d'inhalation supervisées
24/7 et la mise en place d'actions nouvelles pour faciliter l'implantation de
centres de consommation supervisée et de lieux d'hébergement dotés d'espaces de
consommation supervisée. Est-ce que vous pensez que le projet de loi n° 103
respecte les recommandations de la coroner?
M. Vallée Dore (Boromir) : Bien,
en fait, nous, dans notre mémoire, on a mis de l'avant les recommandations de
la coroner Stéphanie Gamache, qui vont dans le même sens pour à propos du décès
de M. Raphaël André. Puis on a une section, là, complète, sur l'effritement
des lieux disponibles pour ces personnes là, pour être habité, occuper l'espace.
Donc, et on fait la conclusion, en fait, que le projet de loi s'éloigne, là,
des recommandations de la coroner qui sont dans le même sens, là, que ce qui
est proposé là, qui disait notamment de rendre plus pérennes les organismes
communautaires, les lieux d'accueil, les refuges, donc là, on sent que ça vient
les fragiliser, puis de multiplier ces lieux-là, en fait, là.
M. Cliche-Rivard : On parle
de ça, puis je suis content que Mme Babeux soit avec nous, parce qu'on
parle beaucoup de... des communautés visées, mais on les voit peu, on ne les
voit pas, on les voit peu autour de cette table puis dans nos forums. Nous, ce
qu'on constate, puis ce qu'on voit, puis c'est ce que vous voyez au RSIQ
certain, c'est que ces organismes-là sauvent des vies au quotidien, là. Il y a
véritablement des gens... Je voulais vous laisser peut-être la dernière minute,
Mem Babeux. Est-ce que vous, vous avez des exemples ou des impacts directs de
vies qui ont été sauvées grâce au travail des sites de consommation supervisée?
Mme Babeux (Karine) : Vous
parlez de surdose?
M. Cliche-Rivard : Oui.
Mme Babeux (Karine) : Oui, on
a sauvé... on les a tous sauvés. On a eu combien de surdoses, donc, depuis le
début?
Une voix : ...
Mme Babeux (Karine) : Je n'ai
pas de chiffres exacts, mais on les a vraiment tous sauvés. Je sais qu'il y a
même des gens... juste le fait de venir puis... c'est con, là, mais de venir voir
travailler, qui ont été sur le chemin du travail, parce que, tu sais, ils
voyaient que même s'ils consommaient, tu n'es pas plus un minable parce que tu
consommes, là, tu es capable d'aller travailler, là. Juste le fait de
travailler, tu sais, il y a des gens en cravate qui consomment puis ils vont
travailler eux autres aussi, là. Mais, tu sais, ils sont tellement brimés, ils n'ont
pas d'endroit où rester, ils sont barrés partout, ils ont juste L'Interzone,
mettons, pour venir dire un petit bonjour ou peu importe, ça aussi ça sauve des
vies, là, je veux dire... Mais oui, on en a sauvé beaucoup.
M. Cliche-Rivard : Puis
évidemment, là, merci.
Le Président (M. Provençal)
:Mme la députée de Terrebonne, vous
complétez cet échange, s'il vous plaît.
Mme Gentilcore : Merci. Merci
pour votre présence, merci pour le témoignage. C'est vraiment très éclairant,
très pertinent. Question simple : Est-ce que vous l'aviez vu venir, ce
projet de loi là?
Mme Babeux (Karine) : Mais moi,
non, parce que je ne suis pas au courant des lois.
M. Vallée Dore (Boromir) : Bien,
pour notre part, c'est quelque chose qui se discutait depuis un moment, là, à l'Assemblée
nationale, donc là, qui a... tombé en projet de loi...
Mme Gentilcore : Mais avant
ce moment-là, avant que l'Assemblée nationale en parle, est-ce que vous, vous l'aviez
vu venir? En fait, le sens de ma question, c'est quel était l'état des
relations entre les organismes et le ministère qui se dit pourtant, tu sais,
vouloir être dans la collaboration, puis être dans l'ouverture, puis être dans
la médiation? Comment ce le projet de loi, là, peut arriver comme ça, sans que
vous soyez vraiment au courant? Est-ce que ça vient justement de l'état de la
relation entre les organismes et le ministère? Puis... Parce que vous n'avez
pas été consulté de ce qu'on a appris, là?
M. Vallée Dore (Boromir) :
Non.
Mme Gentilcore : Donc, c'est
ça, le sens de ma question.
M. Vallée Dore (Boromir) : Bien,
en fait, bien, nous, ça va faire deux fois qu'on vient en commission
parlementaire en un an. La première, c'était à la réforme de l'aide sociale. Il
faut savoir que l'itinérance prend racine dans la pauvreté. Donc, on a fait des
recommandations pour que l'aide sociale réduise la courbe de l'itinérance, donc
donne plus de moyens aux gens. Ce qui n'a pas été le cas au final. Donc là, tu
sais, c'était la première fois qu'on est allé à la commission parlementaire en
un an.
Cette fois-ci, on revient, mais cette fois-ci
dans une visée de réduire la capacité des sites d'injection supervisée de faire
leur travail. Donc, nous, ça nous ébranle un peu en contexte de crise que le
gouvernement légifère deux fois en allant à l'encontre de nous donner des
capacités de renverser la tendance en itinérance.
Mme Gentilcore : Oui. Puis
donc, vos membres, est-ce qu'ils ont été étonnés de voir que l'Assemblée
nationale parle de ce projet de loi là? Et qu'est-ce qu'il aurait aimé, en fait,
dans... Parce...
Mme Gentilcore : ...je pense
qu'on s'entend sur le fait qu'il faut encadrer, qu'il faut être dans la
cohabitation. Qu'est-ce que votre organisme aurait aimé?
M. Vallée Dore (Boromir) : Je
ne sais pas si on s'entend sur le fait qu'il faut encadrer, mais je pense qu'on
s'entend sur le fait qu'il faut qu'on se donne des capacités collectives pour
dire : Oui, on a des enjeux de cohabitation à certains égards. Qu'est-ce
qu'on fait ensemble pour se sortir de ce noeud-là? Qui peut prendre des
responsabilités? Qui peut faire quoi? C'est quoi, les bonnes pratiques?
Qu'est-ce qui fonctionne? Donc, c'est le type de discussion qu'on aurait voulu
avoir, là, entourant les pratiques de cohabitation. Puis d'ailleurs on est très
disponibles, là, pour ce type d'échange là. M. Carmant, il le sait aussi. Donc,
je pense qu'on a un travail collectif à faire à ce niveau-là. Puis les membres
sont d'accord, par l'entremise de sondages, là, qu'on a pu aller chercher.
Mme Guilhelm (Marie-Edwige) :
...quand ils ont entendu parler du projet de loi la première fois, les
réactions qu'ils ont eues, c'était une insécurité par rapport à l'incertitude
qu'amène le projet de loi, par rapport au délai de quatre ans. Ils ont aussi
nommé une incompréhension par rapport à la lourdeur administrative en disant
qu'ils ont déjà énormément de dossiers à remplir, que ça leur en rajoute un,
qu'ils n'ont pas de soutien par rapport à ça, pas de financement non plus.
C'était vraiment une colère. La cohabitation, oui, ils le nomment tous. Ils y
travaillent déjà pour, mais pas de cette manière-là, pas en encadrant, pas de
manière aussi stricte non plus. C'était de là que venait l'incompréhension.
Mme Gentilcore : Une dernière
petite question. 34 000 visites par année, ce que vous disiez. Vous êtes
combien dans l'équipe d'Interzone?
Mme Babeux (Karine) : On
n'est pas beaucoup.
Mme Gentilcore : À peu près,
là.
Mme Babeux (Karine) : On est
une douzaine, environ.
Mme Gentilcore : Vous êtes
ouverts sept jours sur sept, j'imagine.
Mme Babeux (Karine) : Oui, de
9 heures à 1 heure du matin.
Mme Gentilcore : O.K. Puis
les gardes de sécurité qui sont là, est-ce que c'est de manière permanente?
Mme Babeux (Karine) : Oui,
ils sont permanents eux autres aussi.
Mme Gentilcore : Puis
qu'est-ce qu'ils permettent de dénouer comme problèmes?
Mme Babeux (Karine) : Plus,
tu sais... Bien, on s'entend que, des fois, avec la consommation, des fois,
nous, tu sais, on est plus des femmes aussi. Tu sais, les tensions viennent,
survoltées. Donc, ils sont là pour assurer notre sécurité et même la sécurité
aussi des consommateurs, là.
Mme Gentilcore : Parfait.
Merci.
Mme Guilhelm (Marie-Edwige) : Juste
rappeler aussi, quand même, là, ce matin, j'ai visité un projet... un projet,
bien, un résultat, pardon, de recherche de l'INSPQ qui a rappelé qu'il n'y a
jamais eu de décès par surdose dans un service de consommation supervisée.
Juste le rappeler.
Le Président (M. Provençal)
: Merci de cette précision.
Alors, je remercie les représentants du Réseau Solidarité Itinérance du Québec pour leur participation à
nos travaux.
Sur ce, je suspends les travaux jusqu'à
18 h 40, où nous terminerons nos consultations d'aujourd'hui. Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 39)
18 h 30 (version non révisée)
(Reprise à 18 h 43)
Le Président (M. Provençal)
:Alors, nous allons poursuivre nos
travaux ce soir. La Commission de la santé et services sociaux reprend ses
travaux.
Nous poursuivons les consultations
particulières et auditions publiques sur le projet de loi n° 103, Loi
visant principalement à réglementer des sites de consommation supervisée afin
de favoriser une cohabitation harmonieuse avec la communauté.
Ce soir, nous entendrons les témoins
suivants : le Réseau d'aide aux personnes seules et itinérantes de
Montréal et M. Michael MacKenzie.
Comme... Je demande le consentement pour
aller au-delà de l'heure prévue, quelques minutes seulement, considérant qu'on
n'a pas commencé directement à l'heure. Ça va?
Alors, ça me permet de saluer maintenant
les représentants du Réseau d'aide aux personnes seules et itinérantes, c'est-à-dire
Mme Annie-Andrée Savage, directrice, et M. Martin Pagé, membre, RAPSIM, et
directeur de l'organisme Dopamine. Alors, je vous donne 10 minutes pour
votre présentation. Et on poursuit par la suite avec les échanges. Je vous cède
la parole immédiatement.
Mme Savage (Annie-Andrée) : Bonsoir,
M. le Président, membres de la commission. Je m'appelle Annie Savage. À titre
de directrice du RAPSIM, merci de me donner la parole.
M. Pagé (Martin) : Bonsoir.
Mon nom est Martin Pagé. Je suis également reconnaissant de pouvoir participer
aux travaux sur le p.l. 103. J'interviens aujourd'hui auprès de vous à titre de
directeur général de l'organisme communautaire Dopamine, qui est un fier membre
du RAPSIM. Notre organisme oeuvre auprès des personnes qui consomment des
drogues depuis les 30 dernières années dans le quartier
Hochelaga-Maisonneuve, à Montréal, où il est solidement implanté. L'organisme
travaille avec une approche de réduction des méfaits, appuyée par les
meilleures données probantes qui ont largement démontré dans plusieurs études
les nombreux impacts positifs de ces services sur la santé des personnes et de
la communauté en général.
Mme Savage (Annie-Andrée) : Les
organismes communautaires en itinérance, vous le savez, apportent au quotidien
un soutien à celles et ceux qui vivent des situations de grande vulnérabilité.
Ces groupes veillent à tisser autour et avec elles un filet social souvent très
effrité et, dans certains cas, absent.
De notre contribution, ce soir, on
voudrait que vous reteniez quatre messages.
M. Pagé (Martin) : Notre
premier message : les sites de consommation supervisée sauvent des vies.
Ce sont maintenant des services essentiels. Ils ont accueilli plus de 143 000 visiteurs
et renversé plus de 3 500 surdoses depuis l'ouverture des sites à
Montréal en 2017. Ce ne sont pas des chiffres abstraits. Ce sont des vies
sauvées, des visages, des histoires et des familles. Je pense que ça vaut la
peine aussi de souligner qu'à ce jour aucun décès n'a été constaté dans un SIS,
non seulement à Montréal, mais également au Québec et partout ailleurs au
Canada.
Je veux porter à votre attention l'histoire
de M. Otabie Wilson, qui avait 40 ans au moment où sa vie s'est éteinte. C'était
en septembre dernier, dans l'anonymat d'une rue du quartier Saint-Henri, hors
des heures d'ouverture de Benoit Larbre. Le rapport de la coroner informe qu'il
est mort seul d'une sorte accidentelle causée par des substances...
M. Pagé (Martin) : ...contaminé.
Il n'était pas suivi, pas hébergé, pas soutenu. Pourtant, il était tout près
d'une pharmacie. Malheureusement, c'est une situation beaucoup trop fréquente.
La plupart des décès par surdose, comme celui de M. Wilson, sont évitables.
Les recommandations du rapport de la
coroner sont claires : consolider et rehausser les services de
consommation supervisée, consolider et rehausser le continuum d'hébergement,
déstigmatiser les personnes utilisatrices de drogues, sensibiliser la
population générale pour prévenir les surdoses. Le projet de loi n° 103
complique l'implication et le maintien des SCS, aurait pour effet direct de
réduire leur accessibilité dans les quartiers où les besoins sont les plus
criants. Il risque d'accroître les surdoses mortelles, en forçant les gens à
consommer dans l'ombre. Les personnes qui meurent de cette crise sociale et
sanitaire sans précédent en ce moment doivent être vues et reconnues comme des
personnes, des familles, des adolescents, des aînés, bref, comme des citoyens,
et non comme de simples statistiques annuelles.
Mme Savage (Annie-Andrée) : Notre
deuxième message, c'est que la cohabitation harmonieuse ne peut pas être
assurée au détriment de la vie des personnes les plus vulnérables. Le projet de
loi impose présentement une distance minimale de 150 mètres entre un SCS et une
école ou un CPE. À Montréal, avec la densité urbaine, c'est tout simplement
irréaliste. Les déplacements des personnes, les déplacements des ressources ne
favorisent pas la cohabitation, ils l'aggravent. Loin d'encadrer la
consommation, on la repousse vers des lieux non supervisés, des ruelles, des
parcs, des cours d'école. On met donc à risque les personnes qui consomment, on
augmente le stress des parents, le sentiment d'insécurité dans le quartier.
Donc, la cohabitation harmonieuse ne se fait pas en cachant la pauvreté et la
détresse, qui ne cessent de s'accroître. On doit, par contre, la reconnaître,
cette détresse, et y répondre avec pragmatisme, avec diligence.
Le projet de loi met la responsabilité
d'une cohabitation harmonieuse sur les épaules des groupes communautaires.
Pourtant, ceux-ci déploient déjà des efforts constants. À CACTUS Montréal, par
exemple, il y a un comité mensuel qui rassemble des citoyens, la ville, la
police, la santé publique pour assurer le dialogue. À Spectre de rue, à la
Maison Benoît Labre, des intervenants assurent une présence aux abords des
écoles pour prévenir les tensions. Ces mesures-là fonctionnent. Ce qui crée les
tensions, ce n'est pas la présence d'un site, c'est le manque de sites. C'est
quand 40 personnes font la file dehors, par manque de places. C'est quand une
personne qui aurait besoin de soins de santé adaptés n'a que l'organisme
communautaire comme point d'ancrage. Augmenter les ressources, ce serait donc
améliorer à la fois la cohabitation et assurer le droit à la vie et à la
dignité des personnes. Les diminuer va faire l'effet inverse.
M. Pagé (Martin) : Troisième
message, le projet de loi alourdit inutilement le processus et fragilise nos
organisations. Avec les dispositions présentées du p.l. n° 103,
les organismes devront renouveler leur autorisation tous les quatre ans,
répondre à des normes floues et variables, et faire face à l'incertitude
réglementaire et financière. Ce fardeau administratif détourne des ressources
humaines et financières qui devraient pourtant être investies dans
l'accompagnement, dans les soins adaptés et de proximité, dans la création de
liens et dans la protection de la vie humaine. Ce pouvoir discrétionnaire du
ministre crée un climat d'instabilité pour l'ensemble des organisations
oeuvrant auprès des personnes en situation d'itinérance, en plus de décourager
le développement de nouvelles réponses par le milieu communautaire, ce qui est
pourtant, plus que jamais, nécessaire, vous l'avez vous-même dit ce matin.
• (18 h 50) •
Cette menace de nous faire retirer nos
autorisations peut conduire à une rupture de services, et donc, de nos liens
avec les personnes, liens qui mettent parfois plusieurs mois, voire des années
à se créer. Nos organismes sont déjà assujettis aux critères d'exemption
rigoureux élaborés par Santé Canada. Pour exploiter un SCS, il est nécessaire
d'obtenir une exemption en vertu de l'article 56.1 sur les lois sur les
drogues. Les demandes comprennent des consultations menées auprès d'un large
éventail d'intervenants au sein de la collectivité. Chaque site est examiné au
cas par cas, d'après son bien-fondé et ses impacts dans la communauté, bref, il
regarde les demandes en matière de sécurité publique et de santé publique. Avec
le p.l. n° 103, Santé Québec dédoublera le travail
bureaucratique déjà effectué par Santé Canada.
Mme Savage (Annie-Andrée) : Et,
quatrième message, le projet de loi empiète sur l'autonomie de l'action
communautaire. En imposant des conditions opérationnelles qui sont
discrétionnaires, administrées par voie réglementaire, le p.l. n° 103...
Mme Savage (Annie-Andrée) : ...réduit
les organismes à de simples exécutants des politiques gouvernementales. C'est
contraire à la politique de reconnaissance de l'action communautaire du
gouvernement lui-même, qui affirme que les organismes doivent pouvoir
déterminer librement leurs orientations et leurs approches. En étendant ces
contraintes à tous locaux accueillant principalement des personnes en situation
d'itinérance, ce projet touche des centaines d'organismes à Montréal seulement.
Cafétérias, des centres de jour, des maisons d'hébergement, du logement
communautaire avec du soutien pourraient tous être assujettis à ces exigences.
On est bien au fait des tensions sociales
actuelles, des inquiétudes des citoyens logés. On comprend ces inquiétudes, on
est des parents nous-mêmes. On comprend aussi la volonté du gouvernement d'agir
sur ces inquiétudes. Mais ce projet de loi aura des effets contraires à ceux
souhaités, en plus de nuire aux personnes les plus marginalisées. On vous
invite donc à faire un choix courageux, qui comprend que les solutions
efficaces passent par le soutien, la réduction des méfaits, l'éducation, pas
par la réglementation.
On demande donc le retrait du p.l. n° 103. On demande une reconnaissance formelle des SCS
comme des services de santé essentiels, qui sauvent des vies, tel que la Cour
suprême du Canada l'a fait, en 2011, dans un jugement unanime, qui fait
toujours jurisprudence. On demande un financement stable, et sans conditions
restrictives, pour les organismes. On demande une réaffirmation que la
cohabitation sociale est une responsabilité partagée, tel que le reconnaît la
politique nationale en itinérance. On demande un respect de la politique de
reconnaissance de l'action communautaire. Et, finalement, on demande une réelle
concertation avec les personnes concernées, les milieux communautaires, la
ville de Montréal, la santé publique pour co-construire, ensemble, les
solutions.
Les SCS ne doivent pas être vus comme un
problème à encadrer. Au contraire, ils sont une réponse humaine et efficace à
une crise de santé publique majeure. Il nous manque les outils pour agir à la
hauteur de l'urgence. Nous avons les connaissances, il faut maintenant la
volonté politique. Merci.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup pour cette
présentation. Alors, M. le ministre, je vous cède la parole pour débuter cet
échange.
M. Carmant : Oui, merci
beaucoup, M. le Président. Merci beaucoup à vous deux pour la présentation. On
est à un moment où c'est vraiment difficile pour nous d'ajouter des ressources
pour la population itinérante toxicomane. Comment envoyer un message à la
population que les ressources qui vont être développées vont être... vont le
faire... vont être... vont être... vont se développer dans une... de façon sécuritaire?
C'est ça qu'on essaie d'envoyer comme message à la population. Puis moi, je
vous dirais que le plus bel exemple, c'est qu'on essaie d'ouvrir des... même,
de l'hébergement supervisé, et il y a une fin de non-recevoir, pour laquelle,
moi-même, je dois aller intervenir auprès des comités citoyens. C'est ça,
l'enjeu profond, là, que l'on a actuellement. Comment y répondre, ce n'est pas
en se disant qu'il y a des règles claires, qui vont être suivies par tout le
monde, et que tout va bien aller.
Mme Savage (Annie-Andrée) : Je
pense qu'on en a parlé un peu hein, l'éducation, je pense que c'est la clé. La
sensibilisation fait partie du travail que les organismes communautaires font
aussi à travers leur mission. Maintenant, c'est un travail qui se fait tous
ensemble aussi, ça... L'éducation, la sensibilisation, je pense que ça pourrait
être fait, de la part de votre gouvernement, de manière beaucoup plus forte.
Je pense qu'on va rentrer dans des années
qui ne seront pas faciles, qui vont être confrontantes au quotidien. On va tous
avoir nos quotidiens impactés par la présence des personnes en détresse dans
l'espace public. Ça va être une réalité à laquelle, malheureusement, on va tous
être confrontés, et ça va se faire de longue haleine. Souvent, en itinérance,
on cherche des solutions rapides. C'est un travail à long terme que les groupes
font depuis des années, des décennies. Il y a une expertise qui s'est
développée en matière de sensibilisation, mais on ne peut pas faire ça tout
seul, ça, c'est certain.
M. Pagé (Martin) : Et on
comprend les préoccupations et les inquiétudes. On fait face à des crises sans
précédent. Il faut, je pense, d'abord, reconnaître la situation, les crises. On
fait face à des décennies de désinvestissements en santé mentale, en...
M. Pagé (Martin) : ...et ces
décennies de désinvestissement là nous rattrapent en ce moment tous, je pense.
Et je suis convaincu de la bonne volonté de tout le monde, sauf qu'il va
falloir mettre les bouchées doubles si on veut réussir à atteindre les
objectifs de tout le monde, y compris les gens qui sont les plus vulnérables en
ce moment, et ce sont les gens qui perdent la vie, les gens qui meurent à
chaque jour, à chaque semaine. La crise des surdoses au Canada a fait plus de
60 000 morts. C'est beaucoup plus que la COVID n'a fait, et donc il faut
mesurer et mettre des efforts à la hauteur de cette crise-là, selon moi.
M. Carmant : Puis
paradoxalement, là, bien qu'aucun des groupes n'a dit ça aujourd'hui, là, puis
je m'en rends bien compte, là, un des efforts que l'on fait dans ce sens-là,
c'est en passant par Santé Québec. Loin de... diminuer l'autonomie puisque, de
toute façon, il y a des demandes qui se font à ce... au fédéral, à Santé
Canada, mais ce que ça vient s'assurer, c'est que tous les besoins des
organismes et des municipalités dans la gestion de cette cohabitation-là vont
être répondus. Puis on s'entend tous que la Direction régionale de la santé
publique a tous les pouvoirs pour mobiliser tous les acteurs, pour s'assurer
que cette cohabitation soit bien faite. Jusqu'à présent, cependant, plusieurs
de mes demandes ont été, tu sais, répondues par des non. Et, encore une fois,
on a dû initier nous-mêmes des initiatives avec les établissements locaux.
Donc, moi, je pense que... je suis tout à
fait d'accord avec vous qu'il ne faut pas que le poids soit sur les organismes
communautaires, puis on va s'assurer, avec les juristes, là, de clarifier le
texte, mais êtes-vous ouverts à ce, tu sais, les... tout ce travail-là se fasse
en amont et de façon structurée? C'est ça que... c'est ça, notre demande, en
fait.
Mme Savage (Annie-Andrée) : En
fait, les groupes sont plus couverts, puis même, si on prenait l'exemple de
Benoit Labre, pour avoir suivi chacune des étapes de développement de ce
projet-là, bien en amont de l'ouverture, il y a eu énormément de travail de
fait. Ouvrir un projet comme Benoit Labre, c'est cinq, sept ans de travail
avant l'ouverture.
Donc, les groupes en général sont tous
conscients de ce travail qu'il y a à faire. Ils exercent leur mission dans leur
communauté, ils connaissent les besoins. La plupart du temps, ils sont très en
lien avec les partenaires sur différentes tables de concertation, les écoles,
les CPE, mais c'est sûr que cette cohabitation harmonieuse là, non seulement
elle ne peut pas reposer juste sur les épaules du groupe communautaire, mais
elle peut aller super bien, cette cohabitation-là et, pour un contexte x, y, z,
tout d'un coup, ça se met à mal aller. Des fois, il y a un développement
immobilier, il y a des déplacements de population, il y a des nouvelles
dynamiques qui prend racine dans la communauté et là, tout d'un coup, ça se met
à mal aller. Ça ne peut pas être le groupe communautaire qui en paie les frais,
parce que, là, médiatiquement, on s'empare de certaines situations.
Tu sais, nous, on n'est pas là pour se
dire qu'il n'y a pas de problème, on les constate au quotidien, les enjeux de
cohabitation sociale. Parfois, par contre, ça prend une grande ampleur, et on
sent que ça vient jouer un peu sur ce projet de loi là, en fait, qui est très
rattaché à tout le bruit que ça peut faire dans un contexte où l'itinérance
fait face à beaucoup de soulèvements, du « pas
dans ma cour ». Mais il y
a d'autres éléments aussi qui font... qui amènent un sentiment d'insécurité
dans l'espace public. Les groupes communautaires ne peuvent pas tout porter.
• (19 heures) •
M. Pagé (Martin) : Nos
groupes font déjà beaucoup avec peu. Nous avons fait... bien avant même le
terme de « cohabitation », nous avons toujours
communiqué ou tenté de communiquer avec nos voisins, avec nos commerçants. Nous
faisons nos efforts, nous faisons des portes ouvertes annuellement, nous
faisons des collectes de seringues dans l'environnement depuis des décennies.
Maintenant, on ne peut pas tout prendre le fardeau. Je suis content de vous
entendre là-dessus aussi. On est des acteurs de notre communauté, on n'est pas
responsable de tout, comme je vous dis, le désarroi et les décennies de
désinvestissement. On ne peut pas porter ça seuls, aussi, et nous avons besoin
d'aide pour participer dans cette cohabitation...
19 h (version non révisée)
M. Pagé (Martin) : ...parce
qu'en ce moment le financement qu'il nous est octroyé est... on en est
reconnaissant, de ce qu'on a présentement, mais sert à donner des services
aux... donner des services à notre communauté qui en ont besoin. Nous sommes là
365 jours par année. On ne ferme jamais. Alors, les efforts de notre
financement vont, à la majeure partie, à ça. On nous demande en plus d'aller
frapper aux portes, de faire des consultations citoyennes et tout ça. À un
moment donné, iI ne faut pas nous demander l'impossible. Nous avons besoin d'aide,
nous avons besoin des réponses diversifiées, et les groupes communautaires ne
peuvent pas tout porter.
Mme Savage (Annie-Andrée) : Surtout
si le financement ne peut pas être garanti à plus moyen long terme. C'est sûr
qu'avec une enveloppe par projet qui te permet d'embaucher un intervenant à
temps plein et que tu n'es pas capable de garantir ce poste-là dans le temps,
ça reste difficile de développer des réponses aussi importantes, essentielles,
qui répondent souvent à des besoins de base, alors qu'on n'est pas capables de
garantir la capacité de l'organisme à financer ce poste-là. C'est beaucoup d'énergie
mettre en place ce type de mesures. Les groupes sont prêts à le faire, mais
dans des conditions qui permettent de le faire adéquatement et de faire... de
maintenir dans le temps ces réponses-là qu'on met en place.
M. Carmant : Il faut
comprendre que ça fait partie d'un plan d'action qu'on a beaucoup bonifié, là.
Tu sais, moi, je n'aime pas tellement les chiffres, mais on est passés de 5 millions de
dollars récurrents, pour l'itinérance au Québec, à 100 millions de
dollars par année, là. Tu sais, on a fait un effort massif pour répondre. Puis
je sais qu'il y a encore des besoins, j'en suis bien conscient. Puis je pense
que cette partie-là, bien, il va falloir qu'on la regarde. Puis je pense que c'est
la... De passer par les centres de consommation supervisée, c'est... je pense,
c'est un premier pas qui pourrait nous aider. Moi, j'adore le modèle de dopamine,
là. M. Pagé, comment ça se passe pour vous puis, tu sais, comme...
M. Pagé (Martin) : Comme vous
l'avez nommé aujourd'hui, je vous ai écouté, là, j'ai écouté la commission
toute la journée, et, oui, c'est un modèle qui peut fonctionner, ça fonctionne
pour nous dans Hochelaga. J'invite cependant la commission et vous à ne pas
toujours donner une réponse pour toute la diversité des réalités dans
différentes communautés du Québec. Je ne pense pas que le modèle peut
complètement s'étendre à 100 %. On parlait de centres d'inhalation, d'ajouter
des centres d'inhalation. Imaginez-vous, avec la réglementation dans les
établissements de Santé Québec, de pouvoir fumer du fentanyl et du crystal
meth. Donc, il y a une complexité dans certains projets qui méritent d'être
regardés. Et je suis très content d'être, depuis 1999... Dopamine, aidant le
CLSC de Maisonneuve, donc, bien avant les services de consommation supervisée,
c'est une union qui a été très bénéfique pour notre communauté. Mais j'invite
également à ne pas... à s'en aller dans une prescription comme si c'était un
modèle. C'est un des modèles qui peut fonctionner. Et je nous invite à
réfléchir à d'autres modèles afin de pouvoir être agiles dans nos communautés,
et répondre, et sauver des vies.
M. Carmant : O.K. Une chose
qu'on n'a pas parlé beaucoup aujourd'hui, là, c'est aussi... je pense, je l'ai
mentionné dans mon discours d'ouverture, c'est... des fois, j'ai l'impression
qu'il y a une équipe qui fait la réduction des méfaits puis une autre équipe
qui fait le traitement de l'aspect thérapeutique. Puis un début aussi du projet
de loi, c'est de travailler plus intense tout le monde ensemble. Et d'ailleurs
on veut faire un comité trajectoire. On va avoir un premier projet pilote qui
va s'établir à Montréal, qui va inclure du logement supervisé pour les... avec
Spectre de rue. On va inclure également les refuges. Comment vous voyez ça de
votre côté, les collaborations, là, dans le réseau de la santé entre les
différents groupes?
M. Pagé (Martin) : On attend
que ça depuis des années. Et ça se fait, ça se fait à différentes échelles.
Nous, avec notre CIUSSS, on est en constante communication. On essaie de créer
des choses. Dopamine a sa propre clinique médicale, mais qu'on tient à bout de
bras, qu'on n'a pas d'aide pour soutenir cette clinique-là. On a trois
médecins, une infirmière, une paire aidante, et on tient ça à bout de bras les
mardis. On doit regarder, encore une fois, des modèles et non pas tomber dans
un modèle unique, mais plutôt regarder les différentes façons...
M. Pagé (Martin) : ...d'intervenir
et offrir une trajectoire de soins, de traitement adéquat, qui répond aussi aux
besoins des personnes qui consomment des drogues aussi. Donc, c'est plus que
souhaité. Le monde demande ça depuis très longtemps. Sauf que les... force est
d'admettre que les ressources actuelles en dépendances ne sont pas toutes
adaptés aux réalités des personnes. On doit regarder et être... offrir des
alternatives, et plusieurs alternatives, pas seulement une, pas seulement un
modèle, selon moi.
Mme Savage (Annie-Andrée) : Oui,
puis je vous ai entendu parler d'investissements, vous avez tout à fait raison.
On fait partie de ceux qui reconnaissent qu'il n'y a jamais eu autant d'argent
investi en matière d'itinérance. Il n'y a jamais eu, par contre, une réalité
aussi frontale, aussi intense, et on aurait tout l'argent du monde, le milieu
communautaire avec les meilleures pratiques, la meilleure collaboration
possible, ce n'est pas le milieu communautaire qui va régler la question de
l'itinérance. Je pense qu'il faut penser en profondeur. Et nous, on est là, le
milieu communautaire, on va rester là, on travaille idéalement en prévention,
hein, puis on souhaiterait voir des investissements en amont, qui va venir agir
sur les causes profondes, systémiques de l'itinérance. On aurait beau avoir
toutes les places du monde en hébergement, en logement transitoire, parce que
parfois ça répond aux besoins, si on n'a pas de logement permanent, social et
communautaire avec un soutien à plus ou moins intensité... si on n'a pas ce
logement-là à offrir aux personnes, on ne peut pas améliorer la situation. Si
les personnes n'ont pas accès à un revenu décent pour pouvoir subvenir à leurs
besoins de base, on travaille dans le vide, si les personnes n'ont pas accès à
des soins de santé de proximité, adaptés, exempts de stigmatisation, on
travaille dans le vide. Donc, on a besoin aussi de réponses fortes, profondes,
systémiques. Et ça, malheureusement, ce n'est pas le milieu communautaire qui
peut sortir ça de sa poche.
M. Carmant : M. le Président,
je passerais la parole.
Le Président (M. Provençal)
:Mme la députée de Louis-Riel, il vous
reste 1min 30s.
Mme Boivin Roy : Merci, M. le
Président. M. Pagé, Mme Savage je vais me permettre de vous appeler Martin et
Annie, puisqu'on se connaît bien. La balle au bond sur ce que notre ministre a
dit, sur les investissements qui sont hors du commun depuis tout gouvernement,
justement pour répondre à l'amalgame de toutes les crises.
Puis, en même temps, vous aussi, votre
travail, tout ce que vous faites depuis des années... je salue tout ce que vous
faites depuis des années. L'expertise, effectivement, a été développée et vous
êtes là sans relâche, Martin, comme tu l'as dit, sept jours sur sept.
Évidemment, vous avez... vous nous dites aujourd'hui qu'on ne peut pas prendre
un seul modèle, qu'il faut, finalement, regarder chaque dossier dans ses
particularités, dans sa complexité, mais est-ce qu'il y a quand même des
conditions, qu'on pourrait dire, qui sont réunies d'un dossier à l'autre pour
qu'on puisse dire : Bien, voici les conditions de succès pour une
meilleure intégration dans un quartier donné?
Mme Savage (Annie-Andrée) : Les
conditions de succès pour l'implantation d'une ressource, un SCS en
particulier? Je n'aime pas, moi, qu'on trace une ligne bien fine entre les SCS
et le milieu de l'itinérance. J'ai entendu des interventions qui disaient que
c'étaient des amalgames. Je ne suis pas certaine qu'on se questionne au bon
endroit. D'ailleurs, les SCS à Montréal... les personnes qui fréquentent les
SCS, il y a autour de 80 % je pense, des personnes qui sont en situation
d'itinérance. On peut même se demander qu'est-ce qui dérange vraiment. Est-ce
que c'est le fait de voir des personnes en détresse dans l'espace public, en
état de consommation, est-ce que c'est la question de la consommation? Bref,
pour l'implantation d'une ressource qui... d'abord, il faut que cette
ressource-là réponde aux besoins de la communauté. Et c'est là où, parfois,
nous on craint, quand on dit : Il faut vraiment préserver l'autonomie des
groupes. Les groupes communautaires sont les mieux placés pour connaître les
besoins des communautés avec lesquelles ils travaillent, pour faire remonter
ces besoins-là.
• (19 h 10) •
Et habituellement, quand un groupe se
lance dans un projet, ce qui est difficile et parmi les conditions du succès,
ce serait d'avoir accès à un programme de financement qui est à la mission et
qui permet de financer l'intégralité des programmes à l'intérieur de cette
réponse-là. Ce qui est difficile pour un groupe, c'est de se dire... de se
projeter dans cinq ans, de penser à la cohabitation sociale quand tu n'es même
pas sûr d'avoir tes permis pour pouvoir... quand tu n'es même pas sûr d'avoir
la portion du FAC qui va te permettre de développer la brique, quand tu
développes la brique, mais que tu n'es même pas sûr de pouvoir faire financer
ton soutien nécessaire...
Mme Savage (Annie-Andrée) :
…dans ton projet de logement ou d'hébergement. C'est vraiment des… Tu sais,
quand on dit : On travaille en silo, bien, les financements sont morcelés
aussi et c'est impossible de demander à un groupe communautaire de déjà parler
de plan de cohabitation harmonieuse quand on… il ne le sait même pas si dans
cinq ans son projet va voir le jour. Donc, une des conditions importantes,
c'est d'asseoir toutes ces personnes responsables de chacune de ces
enveloppes-là et de voir un projet dans son… de e manière holistique dans son
ensemble et de pouvoir programmer un financement à la hauteur des besoins.
Le Président (M. Provençal)
: Merci beaucoup. Mme la députée de D'Arcy-McGee.
Mme Prass : Merci, M. le
Président. Vous avez mentionné tantôt que chez Cactus… puis j'avais parlé à des
membres de Cactus il y a quelques mois qui disaient qu'avant qu'ils soient
implantés, eux, ils ont fait un travail dans la communauté justement en amont
pour aller les faire… bien, pour faire de… pour se faire connaître, pour
rassurer les gens de la communauté. Et là, vous avez mentionné qu'ils font un
comité mensuel justement avec tous les différents partenaires.
Donc, deux questions. Premièrement, je
comprends que même avant que vous dites que l'expression « cohabitation
sociale » soit un terme, vous étiez bien conscient des réalités, qu'il
fallait justement rassurer, disons, les gens du quartier pour avoir une bonne
relation. Donc, qu'est-ce qui diffère entre le travail que vous faisiez déjà de
votre propre volonté pour s'assurer justement qu'il y ait une cohabitation…
Qu'est-ce qui diffère avec ce que vous avez fait ou l'approche que vous avez
prise et ce qui vous est demandé dans le cadre de ce projet de loi, qui est de
présenter un plan de cohabitation, par exemple?
M. Pagé (Martin) : Bien, en
fait, c'est… la différence est plutôt… tu sais, premièrement, on a une réalité
sociale et sanitaire beaucoup différente qu'à l'époque en 2017. Nos équipes
sont débordées au quotidien et la différence, c'est dans les exigences d'un
plan de cohabitation, alors que quand on a fait les tournées en 2017, entre
autres dans l'ouverture des SCS, c'était d'aller discuter avec les personnes de
l'arrivée et non pas de demander si c'était correct ou pas. C'était d'aller
vers nos voisins, voisines et de discuter de l'arrivée des… des programmes
d'injection supervisée. C'était dans le cadre beaucoup plus de cohésion, je
disais, de communauté et que de demandes ou d'exigences de plans de
cohabitation en tant que tels, et etc. Donc, la différence, elle se situe un
peu là, là, dans la façon dont on est tenu… on serait tenu, du moins, par le
projet de loi, de faire ce fameux plan de cohabitation là, là.
Mme Prass : Donc, vous…
(Interruption) Excusez-moi, vous voyez une distinction avec ce qui vous est
demandé, qui remet la responsabilité sur vous d'aller chercher cette
acceptabilité sociale plutôt que de démontrer que… (Interruption) excusez-moi,
des efforts ont été déployés dans la communauté avec les différents partenaires
pour avoir ces conversations-là, pour rassurer les citoyens, Etc. Donc, pour
vous, c'est vraiment… vous avez une mission dans le plan de cohabitation qui
vous est demandé de la part du gouvernement, et c'est d'aller chercher cette
acceptabilité sociale selon votre compréhension.
Mme Savage (Annie-Andrée) :
J'aime… j'aime que vous souligniez la question de l'acceptabilité sociale. J'ai
l'impression que là, on est à mi-chemin entre on souhaite instaurer une
cohabitation harmonieuse, mais dans un contexte où il y a un manque
d'acceptabilité sociale. Et c'est là où c'est énormément de pression à mettre
sur les épaules des groupes. Le jour où il y aura une forme d'acceptabilité
sociale, un consensus fort, qu'il faut des réponses, la cohabitation sociale,
moi, j'ai confiance aux communautés, à l'expertise des différents partenaires,
les comités, la cohabitation sociale, ça va bien aller. Mais là, on a besoin de
vous aussi pour traverser ce moment-là où l'acceptabilité sociale n'est pas au
rendez-vous. Et si on politise en quelque sorte la question de l'itinérance
dans un contexte où il y a un manque d'acceptabilité sociale, c'est là où ça
fait beaucoup de pression sur les groupes communautaires.
Mme Prass : Et quand vous
dites… vous avez dit tantôt qu'il y aurait des effets contraires à ce que ce
qui est souhaité avec ce projet de loi. Pouvez-vous élaborer dans ce sens-là?
Comment est-ce que vous voyez, bien, c'est ça, qu'il y aurait l'effet
contraire…
Mme Savage (Annie-Andrée) : ...en
fait, quand on vous disait... Souvent, ce qui fait qu'il y a des enjeux de
partage d'espaces publics puis il y a une crainte des voisins, un sentiment
d'insécurité impacté, c'est souvent parce que le groupe communautaire qui
exploite une ressource, qui opère une ressource est l'unique ressource sur le territoire,
et donc il y a une grosse affluence autour de la ressource, la ressource n'est
pas en mesure de répondre à l'ensemble des besoins.
Donc, nous, ce qu'on vous dit,
c'est : Plus il va y avoir de ressources bien réparties sur le territoire
en fonction des besoins des communautés, plus ça va être gagnant en termes de
cohabitation harmonieuse et plus on va repousser les gens, les déplacer, plus
ça va créer de la pression dans les lieux où ils se déplacent. Donc, on n'a pas
le choix, comme société, de reconnaître qu'il y a un besoin. Puis on l'a
entendu, M. Carmant. C'est bien, on le... Il faut aller plus loin. Il faut
mettre les actions, il faut qu'il y ait des changements majeurs et profonds
et... oui.
Mme Prass : Un petit peu dans
la même lignée, vous mentionnez dans votre mémoire, vous dites : Il est
clair qu'un cadre de contrôle et de conformité administratif supplémentaire
qui... entraînant encore une surcharge de travail aux équipes de travail ne va
pas améliorer la cohabitation sociale. Pourquoi est-ce que vous... Pourquoi
est-ce que c'est votre point de vue?
M. Pagé (Martin) : Bien,
premièrement, on est dans l'administratif, donc dans une lourdeur
bureaucratique à laquelle... comme j'ai mentionné, que les organismes qui
détiennent une exemption par Santé Canada ont déjà fait. Donc, on vient mettre
beaucoup d'énergie dans une bureaucratie, alors qu'en ce moment les efforts
doivent être déployés sur le terrain et nos énergies devraient être déployés à
sauver des vies et à développer des programmes adaptés plutôt que de s'enfarger
dans la bureaucratie et dans des... encore une fois, dans un plan.
Donc, je pense qu'on détourne un petit peu
le focus. Et je le comprends très bien aussi, qu'on veut habiter dans des
communautés... tu sais, on veut tous cohabiter, mais la situation actuelle
n'est pas ça. La réalité actuelle, c'est que les gens ont besoin d'espaces pour
consommer, les gens ont besoin de logements, les gens ont besoin de chambres,
les gens ont besoin de place pour obtenir des soins autant physique que mental,
et ces choses-là sont absentes en ce moment. Donc, si on met nos énergies que
sur la cohabitation... Donc, j'en conçois qu'il faut en mettre, de l'énergie,
mais il ne faudrait pas oublier le travail qu'on doit faire pour se sortir de
cette crise-là, parce qu'il y en a plus qu'une crise en ce moment.
Mme Prass : Et ça, on en
reparlera avec le ministre, mais je pense que nous sommes du même avis. Vous
semblez avoir une crainte dans votre mémoire que le terme «un local destiné à
accueillir principalement les personnes en situation d'itinérance ou sans-abri»
pourrait s'extensionner à d'autres entités comme les cafétérias communautaires,
les logements avec soutien communautaire. Je ne pense pas que c'est l'intention
du ministre, puis on va s'assurer de le préciser. Mais je voulais qu'on
l'adresse devant vous puis que le ministre soit bien d'accord pour vous
rassurer, je pense... bien, je comprends que ça n'a jamais été l'intention.
• (19 h 20) •
Mme Savage (Annie-Andrée) : Bien,
le chapitre II mentionne clairement, là, que ce règlement pourrait...
cette réglementation pourrait être appliquée à tout organisme qui accueille
en... c'est écrit, en majorité des personnes en situation d'itinérance ou
sans-abri. Puis là après je comprends que la question de la distance de
150 mètres ne sera pas... n'en fera pas partie. Mais une mauvaise
cohabitation, une cohabitation qui n'est pas du tout harmonieuse peut tout à
fait se faire dans un milieu de vie où il y a plus de 200 mètres d'une
ressource en itinérance ou d'un SCS. Puis le contraire aussi, là, ça peut très,
très très bien aller à moins de 150 mètres aussi. Donc, la question de la
distance, ce n'est peut-être pas nécessairement non plus l'unique élément qui
va garantir une cohabitation harmonieuse.
Donc, nous, pour nous, le chapitre II
ouvre la porte à... effectivement, si la cohabitation harmonieuse n'est pas au
rendez-vous, que l'autorisation qui est revue aux quatre ans... en tout cas,
comme le projet de loi est écrit présentement, on a tous compris que ça pouvait
être appliqué, là, à tout l'ensemble des ressources qui offrent des services
aux personnes en situation d'itinérance...
M. Pagé (Martin) : ...et
j'ajouterais que ça peut aussi ouvrir la porte à avoir d'autres projets de loi
pour contrôler ou encadrer d'autres types de ressources aussi. Donc, c'est une
préoccupation que plusieurs groupes ont aussi.
Mme Prass : Merci beaucoup.
Le Président (M. Provençal)
:Alors, M. le député de Saint-Henri–Sainte-Anne,
vous prenez le relais.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup. M. le Président. D'abord, je veux vous remercier tous les deux d'être
là ce soir, puis dans... la coalition que vous représentez aussi, puis à tous
ceux et celles qui font la différence au quotidien dans cet enjeu qui n'est pas
facile. Je veux vous remercie.r.
Par ailleurs, je voulais souligner, quand
même, aujourd'hui, l'Assemblée nationale du Québec a adopté une motion unanime
dans laquelle on réaffirme la nécessité de maintenir et de soutenir
adéquatement vos services, les services de consommation supervisée, partout au
Québec, dans une perspective de santé publique, de dignité humaine et de
réduction des méfaits. Donc, je voulais quand même vous le rappeler et vous
remercier.
J'ai posé cette question-là à plusieurs
autres groupes et partenaires. Est-ce que vous, de près ou de loin, vous avez
été consultés dans l'élaboration du projet de loi no 103?
Mme Savage (Annie-Andrée) : Non.
M. Pagé (Martin) : Non plus.
M. Cliche-Rivard : Et est-ce
qu'à votre connaissance... M. Pagé, par exemple, vous avez d'autres directions
générales, là, que vous connaissez bien, l'Anonyme et les autres, pour ne pas
les nommer, à votre connaissance, est-ce que des gens dans cet entourage-là,
qui opèrent des sites de consommation supervisés, ont été consultés dans
l'élaboration du projet de loi?
M. Pagé (Martin) : Non. Nous
avions... Ça a été mentionné ce matin, là, dans la première... les premiers qui
ont passé à l'audition ce matin, ça a été mentionné qu'on avait écrit au mois
de janvier au ministre pour dire que nous serions ouverts à discuter et à
échanger sur le sujet, mais on n'a pas eu de suite à cette demande-là.
M. Cliche-Rivard : ...pense à
l'AIDQ, je pense.
M. Pagé (Martin) : Oui,
exactement.
M. Cliche-Rivard : Exactement.
Parfait. À votre connaissance, parce que vous avez une connaissance terrain
assez approfondie, est-ce qu'il y a des projets en cours de développement à
Montréal actuellement, puis quel impact aurait ce projet de loi là sur les
projets en cours?
M. Pagé (Martin) : Il y a
assurément plusieurs projets en développement. Dopamine essaie de développer un
service d'inhalation aussi et d'injection à son centre de jour, donc, qui est
situé dans un autre secteur du quartier Hochelaga-Maisonneuve. Et ce projet de
loi là, effectivement, nous préoccupe aussi pour voir si on va être capable de
répondre. Il faut savoir qu'en ce moment, pour notre communauté, on a une
réponse de soir qui va bien, oui, mais les personnes...
M. Cliche-Rivard : ...
M. Pagé (Martin) : Sur
Ontario, exactement, à l'intérieur du CLSC, mais les personnes doivent... et
nécessitent d'autres services de jour parce qu'on sait que la consommation
n'est pas circonscrite juste dans des horaires de soins. Et l'inhalation est
aussi un élément qui manque à Montréal, donc, ce service-là, d'inhalation.
Donc, on a des projets en cours, je sais
qu'il y a d'autres projets aussi, de Mobile et autres, qui tentent de voir le
jour aussi. Donc, c'est sûr que les groupes sont préoccupés de voir une
réglementation appliquée là.
M. Cliche-Rivard : Tout à
l'heure, on a parlé du rapport de la coroner sur le décès de M. Wilson,
recommandation... vous l'avez notée : «Mettre en place des actions
nouvelles pour faciliter l'implantation de centres de consommation supervisée.»
Est-ce que vous sentez que ce projet de loi là est en accord ou pas avec le
projet de loi... en fait, le rapport du coroner et le projet de loi, ça va-tu
dans le même sens ou pas vraiment?
Mme Savage (Annie-Andrée) : Bien
non, pour nous, ça ne va pas dans le même sens du tout. On comprend qu'il y a
une volonté de développer davantage de ressources de SCS, de SIS, mais c'est
sûr que ce projet de loi là, pour nous, est, en quelque sorte, contreproductif
dans cette vision-là.
M. Cliche-Rivard : En vous
remerciant beaucoup pour votre temps ce soir. Très apprécié. Merci.
Le Président (M. Provençal)
:Alors, je remercie les représentants
du Réseau d'aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal pour votre
participation ce soir à nos travaux et votre contribution à notre réflexion.
Alors, sur ce, je suspends les travaux
pour laisser place à la prochaine personne qui va venir nous présenter son mémoire.
Merci.
(Suspension de la séance à 19 h 25)
(Reprise à 19 h 31)
Le Président (M. Provençal)
: Nous reprenons nos travaux. Alors, nous terminons notre
journée de travail avec la présence du docteur Michael J. MacKenzie, titulaire
de la Chaire de recherche du Canada…
19 h 30 (version non révisée)
Le Président (M. Provençal)
:...sur le bien-être des enfants et
professeur titulaire de travail social, de psychiatrie et de pédiatrie de
l'Université McGill. Vous disposez de dix minutes et, par la suite, il y aura
des échanges. Je vous cède la parole, Dr MacKenzie.
MacKenzie (Michael
J.) :
Good
evening, Mr. President, Mr. Carmant and assembled deputies of the
committee. I want to thank you for the opportunity to come before you at the
end of what is a long day for all of you, and I'm humbled by the invitation to
be here.
I want to apologize at
the outset for my lack of facility in French. I'm taking classes, but I'm only
at «niveau 4», and I'm not keeping pace with my children who are soaking it up
like sponges, thankfully. Perhaps, one day I'll have cause to come back to your
committee and without the need of translation. So, I thank you for indulging
me.
As a chair... this is an
area of work that I've been in for 25 years as an academic researcher and, ten
years before that, working in residential and care models. I suspect my
academic credentials were at the root of my invitation to be here before you
today, but I'm also here as a husband, a father, a neighbor, a youth hockey
coach and mentor and a member of the Saint-Henri community. I live within two
blocks of one of the supervised injection sites that this bill addresses, just
steps from a local elementary school.
What I'm about to share
is not academic, it's not theoretical, it's a live reality for my family, my
neighbors, and the children of our community. And even given the esteemed
nature of these halls, I want to be able to ask you to be able to speak frankly
about some of those experiences.
In many ways, I feel
ill-equipped to represent my community here today. My roots in Saint-Henri
certainly do not run as deep as many, my many neighbors, largely Francophone,
who have worked tirelessly over the last year to share what is happening in our
community and to advocate for our children, doing so with great grace and compassion
that does true justice to themselves and to our community, despite accusations
that they face regularity of being uncaring and not in my backyard people. I
know many are watching, and I want to thank them on behalf of my family for all
they've done.
So, I feel I have a sense
of duty and responsibility to represent the best I can the voices of my
neighbors, but I really urge you all to come visit Saint-Henri Ouest and meet
with our community, so you can hear from them directly. You'll find folks from
all walks of life with diverse social and economic backgrounds and the extent
to which they've been afforded opportunity in our society. But what unites us
is a deep sense of community and looking out for each other. Most aren't so far
removed from challenging circumstances themselves that they don't share a wide
sense of compassion for those who may be struggling. «Malgré tout», it's a
community that flourishes. We're very proud to be part of this community and to
be raising our children in it, and I'm proud of my neighbors, who, despite many
being victims directly of serious incidents and of having their sense of safety
compromised, have maintained their empathy and compassion for those in need.
I would like to begin
with... by being unequivocal that people have a fundamental right to be housed,
a fundamental right to adequate mental health and health care and a fundamental
right to safe substance use treatment, including harm reduction models, and
that a vast majority of unhoused people present zero risk to the children of
our community. We're in a crisis and we do not begrudge folks at all levels of
government trying things. And not everything we try will work or strike the
right balance with public health and safety, but good policy needs to be able
to pivot in the face of data, and we must be able to learn from problems and
implementation. And we also can't let idealism leave us naive about the scope
of this reality that our community has been living. I can also unequivocally
and unapologetically say that communities and children also have a fundamental
right to safety and well-being.
A community can be
compassionate and still set clear boundaries about public behavior that harms
other people. These ought not be mutually exclusive pursuits. That we've been
thrust into this false choice, whereby those two interests are seen as somehow
incompatible is a direct result of a culture of scarcity and the failure of our
society's duty of care to those in need from all levels of government. But that
failure of our society to address these issues cannot be borne on the backs of
our children and it's a particular injustice that the children who are asked to
bear that weight all too often come from lower resourced neighborhoods,
neighborhoods like Saint-Henri and Little Burgundy.
You've likely heard and
will likely hear across these hearings the phrase «evidence base» used to
describe supervised consumption sites. While there is certainly an evidence
base, I want to begin by addressing the soundness of that claim towards a more
nuanced view of the reality of that literature. The most...
MacKenzie (Michael J.) :
...a rigorous systematic review, which is a study of the studies
that I refer to in my written brief, summarized just 22 studies on supervised
consumption sites that actually included outcome data of any kind, rather than
simple descriptive studies that describe programs and services, of which there
are many more. 22 outcome studies is not reflective of a deep empirical
literature base, particularly when you realize that most of those 22 studies
focus on just a few sites. In fact, 16 of those 22 studies were about just one
model program implementation site in Vancouver. Three others are about just one
site in Australia. So, when people talk about an evidence base, the study of
the studies with outcome data shows that 19 of the 22 studies reviewed, 86% of
that reviewed literature was about just two sites. And critically, those model
sites were not located near schools or daycares. They were staffed with
professionally trained and credentialed providers, they are placed in areas
with overwhelming preexisting need and minimal prior services, and they are
largely assessed based on client self-report, not on independent community
data.
This stands in contrast
to what the SPVM data has shown in the area of Saint-Henri West, where Maison
Benoit Labre was placed, attracting large numbers of new people to the
community and concentrating them in public spaces. That's why it's so
informative to look at what's actually happening in our community. SPVM's data
show that crime impacts extended well beyond the 150 meters in the bill, so I
think it's also important to look at what the data tells us about what does
distance mean. Is there some sort of marked qualitative drop-off at 150 meters?
Why not 140? Why not 200? What does the data show? Well, the data shows out to
250 meters from the center, mischief calls increased by 800%. A 93% increase or
near doubling in crimes against people and even overdose incidents were up
300%. And even this is a very conservative undercount because many crimes are
not geotagged properly at the time of call logging.
I'm happy to, in the
question period, say more about that, we've done some spot checking on the data
that was released where we had known police report numbers and it's indicative
that it's an undercount, and that's compounded by the fact that many long-term
residents in our community simply don't feel comfortable calling the police.
And as bad as that data is, the reality on the ground is likely several fold
worse. Children are exposed routinely to unconscious individuals, open drug use,
sex acts including clearly coercive sex acts, masturbation, nudity, fighting,
people in severe psychological distress behaving in ways scary for children and
adults alike, and a marked increase in stabbings. I've seen neighbors violently
assaulted and others threatened. We've watched the same dealers selling openly
at the school crosswalk on Notre-Dame every morning for over a year. Every
morning, families are afraid. Many have changed their walking routes to school,
others have taken their children out of school entirely or moved. Well, that
option doesn't exist for most families. Teachers are worn down; parents are
angry, and children are suffering the consequences of this.
The middle childhood to
adolescent transition is a critical period for child development, a proving
ground of burgeoning independence. Children need time not to be under the
hovering eyes of adults. They need space and time to explore, to test rules, to
navigate life and conflict with peers without adults meddling and hovering, time
to grow. Sadly, we see evidence of children in our community taking a
regressive step backward in that regard. And I'd welcome the chance to unpack
that with you further in the question period while respecting the privacy of
families.
• (19 h 40) •
We were promised last
summer that the day site would be relocated before the school year began, and
that promise was not kept, and the organization operating the site continues to
receive nearly all of its funding from public money. This bill is a critical, but
insufficient step. It needs to be stronger. I urge the committee to consider
five changes. I think the buffer needs to be increased to 250 meters. We have a
SQDC limit of 250 meters for a legal substance that people buy and take home.
150 meters is not sufficient, not in keeping with what we see in the crime
data. The bill goes a long way to measuring from property lines and not from
doors and using Google Street maps, which many of the media has unfortunately
continued to do, to follow…
MacKenzie (Michael
J.) : …all the way around Atwater and Notre
Dame to… make this distance seem a lot further than the five yards, that it is,
five meters between the center and the playground. And we asked you not to
grandparent an existing violations. Four more years is almost an entire
childhood. It's unacceptable.
Honestly, what I'm
hearing from families, it feels almost worse that this four year grandparenting
was allowed for the two existing sites that motivated this bill than if you had
done nothing. At least before, our community could cling to the belief that
maybe you just didn't realize what we were living. And if we could just get you
to come visit and see it, you'd help us. But by bringing forward this bill,
what you're saying explicitly is that, you know, these organizations can do
harm if not implemented properly. But you're going to allow that to continue
for our community. Kids who were in maternelle last year when this opened are
in grade one now, and in four years will be finishing fifth grade, nearly their
entire elementary school experience will have been facing these kinds of
stressors. Deputy Prass, perhaps in the question period, we can discuss the
incidents that happened even during your brief visit to the playground.
Moving forward, the ministry
and the minister should be empowered to withhold public funding from
organizations that harm communities or break public promises. We have many
capable ethical organizations in… and in Little Burgundy, including Welcome
Mission, amongst many others, doing excellent work the right way with broad
community support, and we need a shift towards a more distributed model. Large
scale, high concentration sites are incompatible with balancing community
safety and well-being. We need many smaller, specialized services across all
neighborhoods, including affluent ones, not just Saint-Henri, Little Burgundy…
or Villeray. Everyone should share that responsibility. Thank you.
Le Président (M.
Provençal) : Merci. Alors, M. le
ministre.
M. Carmant : Oui, merci
beaucoup, M. MacKenzie. Moi, j'ai… je suis allé plusieurs fois sur le site, là,
je vous dirais presque une dizaine de fois. Avez-vous vu une différence après
le mois de septembre où on a introduit des équipes additionnelles pour
patrouiller matin, midi, soir autour du site Benoit Labre. Parce que,
justement, c'est ce qu'on veut instaurer avec le projet de loi, c'est cette
obligation de gérer la cohabitation.
MacKenzie
(Michael J.) : Thank you, Minister. We noticed
some slowdown over the winter months, which is to be expected, when there's
less outside activity. This spring has been really rough. September and October
last year actually saw a sharp uptick in stabbings that occurred after SPVM
released their report. And with all respect, it almost became sort of a little
laugh within our community. If there was a day where we noticed a real change
on the grounds of… where it was really looking great, the question was whether
the Minister or Mr. Cliche-Rivard were coming that day. Because things were put
into place. And by 3 o'clock in the afternoon after your visit, things
were back to… back to the way they were. I would hope that the police data, I
would hope that the stories from those in our community… and again, we invite
you to come and meet with parents in our community and at the school, not the
good neighborhood committee, it's controlled by the center. Should be clear
that not all organizations are going to be honest brokers of the impacts of
their services on the community. And I suspect you're seeing a big disconnect
from what you hear from community members and what you're being told. And we're
certainly living that disconnect. It's been very frustrating, and we've
certainly not seen improvements. This spring has been rough.
M. Carmant : Okay. But but I did take the time… Excusez-moi, j'ai pris le
temps d'aller rencontrer la direction de l'école, et les parents de l'école
aussi, mais vous… selon vous, d'où viennent tous ces incidents puis quelle est
la cause de tous ces incidents?
MacKenzie
(Michael J.) : The incidents are largely… I
want to be very clear that the residents of the transitional supportive Housing
program have presented no challenge to the community. There's broad support
within the community for that program. And to be honest, I think… own data
would reveal that the injection sites… consumption sites only been using… used
by, the last I heard, 6 to 8 people per day…
MacKenzie
(Michael J.) :
...I
was struck by the last speaker talking about sort of these kinds of closure
efforts could drive people into the ruelles and doorsteps. Well, that's where
they're using now. Most of the folks who are concentrating outside the center,
the largest issue is the location of the day site. They're not using in the
cubicles. They're using in our alleys, they're using in our doorsteps. This is
where we're being encouraged by the boroughs to plant our tree squares. I got a
stark reminder this weekend to double-check my tree square before I go to plant
a new plant, because I just want to throw my hands in needles. So, I mean, we
can't even count the number of needles. We're accumulating.
So, the largest issue is
what's happening outside the center. And the sort of distancing that the
centers do to what's happening outside their doorstep, I think that's one of
the largest issues. You know, the security that happened last spring before the
school year ended certainly helped for walk home and arrival to school. But
that's school yard. For those who aren't familiar, it's also the playground,
it's also our local park. Park... across Atwater, it's a little hard for the
younger kids to be able to go there on their own. This was the playground where
the kids in Saint-Henri West went to. That doesn't happen anymore. The summer
camps aren't using it. It's emptied a lot of the time. Or, when there's kids
there, they're there with an adult. And this, you know, we... Deputy Prass
visits us for about 15 or 20 minutes, I remember, it seems like we were inside
that playground during that time, witness an arrest, a fight, and a man with no
shirt and his pants undone comes screaming and running at the fence. This was
startling behavior for adults. And that part of the playground is the part of
the playground for the maternelle to Grade 2. That's one 15-20 minutes.
That's one recess worth, right? So, we're talking about four more years of
that.
M. Carmant : Et quel est
le... par exemple, le rôle du Service de police de la ville de Montréal? Vous
dites que ça consomme en avant. Quand on parle des vendeurs, vous parlez
sûrement de ceux qui sont sur les triporteurs rouges, là, qui ont été
identifiés par plusieurs groupes. Est-ce que la police vient soutenir les
activités de l'organisme?
MacKenzie
(Michael J.) :
I
was disappointed to see the updated schedule that the 15 Precinct wouldn't
be here. I think that's a great question for Commander Chase and his team. I
know the officers are very frustrated about how much of their day and resources
they're spending at the center. The sounds of children playing outside has been
replaced with the soundtrack of sirens in our neighborhood. Well, Mister...
come down a little closer and you'll see. The police are there 6-day times a
day at least, that we hear consistently. This is... The dealers are there... People
are also nervous about speaking of this directly for good reason. This
is... We're not seeing change in this.
M. Carmant : O.K. Et est-ce
que vous pensez qu'un plan de cohabitation... Pensez-vous qu'un plan de
cohabitation plus important pourrait aider? Parce que, oui, on donne quatre ans
pour relocaliser, mais peut-être qu'on pourrait agir plus rapidement sur la
cohabitation.
MacKenzie
(Michael J.) :
Yes,
I think there's two real questions before you... in your work, one is questions
about the model itself and one is about the particular implementation of that
model, in one instance. And I think, when those get blurred together, we really
run the risk of making bad policy. There are good examples of implementation of
these programs. I think we need more evidence. As I said, the evidence base is
not deep, but there's a good example of how it can be done well. I've been in
this business for a long time, and this is the worst implementation of a social
service I have ever seen, and it's the most acrimonious towards the community
that I've ever witnessed.
• (19 h 50) •
M. Carmant : Pourquoi?
MacKenzie (Michael
J.) :
I think
the discounting of people's experiences, I think the painting that the only
vulnerable people in the community are those being served by the organization.
There are many vulnerable people in our community. We've had children with
severe neurodevelopmental disabilities who have had to be protected by adults,
adults who probably put themselves at risk, in fact, in doing that. We've had
senior members of our community who've lived in our ruelle for 30-40 years, be
threatened, asked if they live alone...
MacKenzie
(Michael J.) :
...these
are, you know... The year before this open, we've got ... just even on our
little alley, we've got kids who are 11, 12, the age when they want to go to
the dép for a Freezy in the summer and walk to the park or Dollarama alone.
Important milestones for kids in middle childhood going into adolescence.
They're not asking to do that. They're not asking to do it. It's not: I want to
go... can we go? It's can you take us? Because the work I do, I have a lot of
parents will reach out to me about these kinds of questions. And one thing I'm
hearing consistently is a really increased hypervigilance of children towards
what's going on around them, acutely vigilant to that knock, you know, at the
door: Mom, is that you? These are symptoms of exposure to fear and trauma that
are not healthy for kids.
M. Carmant : Et les
municipalités nous ont demandé de retirer le 150 mètres. Vous, vous nous
demandez de l'augmenter, si je comprends bien?
MacKenzie (Michael J.) : Yes.
M. Carmant : Est-ce que
250 mètres, ça va être suffisant? Pourquoi vous donnez ce
chiffre-là?
MacKenzie (Michael
J.) :
So, I
would ask that question that when you're picking a distance, the data would be
important. We've only seen data to 250m. So, it may not be a drop off after
250m. I don't know that. Certainly, it's lower at 250m than it was at 50, but
it's still markedly high at 250m.
M. Carmant : est-ce qu'il y a
d'autres questions du groupe? Oui. M. le Président, je passerais la parole.
Le Président (M. Provençal)
:Oui. Mme la députée de Louis-Riel, à
vous.
Mme Boivin Roy : Merci, M. le
Président. Dr MacKenzie, bonsoir à vous. Merci pour vos commentaires, ce soir.Vous vous êtes exprimé publiquement sur les enjeux de cohabitation sociale,
et ce que vous me dites ce soir, vous parlez, là, du sentiment d'incompréhension,
du sentiment d'insécurité à l'intérieur de votre communauté. Vous avez aussi
insisté sur le fait, dans vos sorties publiques, sur le fait qu'on peut à la
fois défendre les droits des personnes en situation d'itinérance, en même temps
avec la nécessité de trouver des solutions qui sont viables. C'est un
exercice.... «balancing act», entre les deux, là. Selon vous, selon ce que vous
nous dites aujourd'hui, bon, vous nous dites qu'il n'y a pas beaucoup de
données, les données ne sont pas substantielles. «You're talking about evidence
space, which is not deep.» Alors, selon vous, quelles seront les conditions
gagnantes pour pouvoir avoir la meilleure possible... une meilleure intégration
d'une ressource dans un quartier donné?
MacKenzie
(Michael J.) :
I
think part of the challenge with trying to address a problem that's as stark as
it is currently across the province, and certainly in Montreal, is that any
time you move first with something, there's going to be a real concentration of
people needing that service. We need smaller resources. Smaller resources come
at a cost also, right? You lose the economies of scale that come with a larger
facility that can have an array of services in one organization. So, each of
these steps have trade-offs. We've painted ourselves in a corner, I think. This
is part of the reality. But smaller services increase the possibility that we
are offering an array of services that can meet people where they are in their
current level of need. Not all people who are unhoused need serious mental
health services. Not all people unhoused need significant substance use
support, right? Some people just need a roof. Other people on that spectrum of
services require more intensive supports. Some of that may be mandated
services. We have to acknowledge that span and we have to have a service array
that can meet that broader array. Even at MBL, most of the folks that are going
there are not suspected to... and this is where the 15th precinct could be
helpful, because it's a... it's likely a small cadre certainly that we see of
folks who are causing the majority of the significant challenges. They may be
gone for a day or two of treatment and after incident, and then they'll be
back. So, I think that's the answer, but it's more expensive. We have to decide
that we want to invest in that as a society. I think to my mind that measure of
our humanity as a society is the size of that gap between what we'll accept is
good enough for our own children, and what we'll accept is good enough for someone
else's. And I would put to you that there's not many around this table who
would accept as good enough for their...
MacKenzie
(Michael J.) :
...children
with the children of Saint-Henri West are experiencing right now. And, if your
answer is no, that it's not acceptable, then the time to act on that is now.
Mme Boivin Roy : Merci.
Le Président (M. Provençal)
:Oui.
M. Carmant : On regarde pour
une autre ressource potentielle, avec Résilience, à une... quand même pas très...
à une distance intermédiaire, je vous dirais, mais qui offrirait une autre
ressource pour la région. Est-ce que vous voyez ça positivement de votre côté?
MacKenzie
(Michael J.) :
So,
I don't know enough about... I sat in on one of Resilience's community calls. I
don't know... about their... enough about their services. Currently they're up
the hill, for those who aren't familiar with the neighborhood, they're sort of
kitty corner to the Old Montréal Forum, on the Westmount side of the hill. They're
being moved down the hill to Saint-Henri. In the similar way the... was in
Griffintown for over five decades, Griffintown, an area that's seen the highest
level of investment in condo tower development in the province over the last
five years. And... was moved from there. So, I also think we have to have some
frank conversations about these decisions about placement. And I think that's
not being discussed.
M. Carmant :
And what would you... Qu'est-ce
que vous aimeriez dire sur le... là-dessus?
MacKenzie
(Michael J.) :
I
think each neighborhood needs to have resources. It was interesting. As part of
the city's consultation, a number of neighbors, we went to a consultation
process where there was a... we were in small tables doing a workshop activity
with members of the community. And we were given a map of hypothetical
neighborhood that showed a daycare, a school, a metro, a CLSC, different things
around the neighborhood. And you had to, as part of this discussion, pick where
would you put this resource. It was very interesting that lots of members of
the community who are... who are more removed from these kinds of services
said : Well, right across from the CLSC, you're close to the services,
close to the metro, which also happen to be right next to the school. We had
two people at our table who have been unhoused and have been involved in
services for the homeless, who both picked a site that was further away. So, I
would also urge people to talk to the community. I think those of you who have
seen the site know that buildings nearby had some banners on the building. Some
of that also doesn't feel good, right, for those receiving services, being made
to feel unwelcome. I think that's part of the tension we're seeing and in the
placement around the school.
M. Carmant : Merci.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup. C'est terminé, M. le
ministre. Alors, Mme la députée de D'Arcy-McGee, je vous donne le relais.
Mme Prass : Merci, M. le
Président. Thank you for being here, Doctor MacKenzie, and for
your presentation. I'm going to address my questions to you first in terms of
your professional and academic knowledge, and then as a parent, then as a
resident.
Benoît... One of the
unique elements about Maison Benoît Labre is you have transitional housing, you
have an inhalation site and you have a day center for unhoused people.
Personally, I had never seen a combination of those services in one building
before. I'm curious if you had, in the research that you've done, and if you
think that that is part of what contributed to some of the problematic issues.
Because, as you said, everyone in the community seems to be supportive of the
transitional housing aspect. It's the combination of the three that seems to
have been problematic. Do you... Do you share that view and why do you think
that is?
• (20 heures) •
MacKenzie (Michael
J.) :
So,
there's certainly models like that that exist, that co-mingle these services.
Again, as part of the reality of... we have often large community-based
organizations offering these services, they try to take advantage of economy of
scale. They offer lots of services in... sort of... kind of a whole wraparound
array of services. So, that's happening. What I don't see is good evidence, even
in those 22 studies with data, on examples of that, of that co-mingling. So,
certainly, as someone who's worked in the area of residential and
community-based services, that presents questions that we should be looking at
more closely. I think if you put yourself in the position of someone who is in
perhaps various stages of recovery, who's... who's finally found supportive
housing, transitional or permanent supportive housing option, you've got a safe
place to keep your stuff, you've got a shower, you've got a pillow, you've got
a bed, and, every time you come downstairs in your residence, you're surrounded
by people using. Certainly, it raises questions about how challenging that
would be in maintaining a path towards recovery, which we know is marked, particularly
with opiates, marked by many... as many step back as forward...
20 h (version non révisée)
MacKenzie
(Michael J.) : ...time,
I think that compounds that challenge in serious ways.
Mme Prass : So, do you think if it had been, considering the urban setting,
considering the proximity to school and to other public… to the public space, if
you will, do you think that that is the wrong formula, having those… all those
services combined when you take into consideration the negative effects that
then… again, combined, may have on the surrounding public?
MacKenzie (Michael
J.) : Yes. I would not recommend linking those
particular services. I think it depends on the kind of housing model you're
offering as well. People within the transitional support of housing, even in
the permanent support of housing may certainly require safe and supervised...
But I think the… which has presented a lot of challenges, not just the
community, but to staff of the centre, who dealt with injury to residents of
the centre who have their own challenges with this.
So, it's… you know, I
don't think it's the model we should be pursuing, the… on those services, and
the other piece of that is that there is no apparent pathway from the day site to
the other services, and I think it's important, remember, that… particularly safe…
was not a treatment model. This was not built as a treatment model. It was
built as a stop gap in the face of the lack of treatment models, that, if we're
not going to help people, then we need to at least make sure that we keep people
safe, that we reduce needle born illnesses, that we reduce needle born
infections, that we can attend overdoses, and perhaps, with that additional
points of contact with people, we may be able to make a connection to services
down the road.
In… itself, it's not a
treatment model, and so I'd also urge you to push organizations to be clear
about, within… what is that process to transition people to recovery?
Mme Prass :
And, when you talk about smaller services, for instance, with mobile services
be something that you think would be useful and would achieve its goal as well?
MacKenzie (Michael
J.) : So, I think Mission Old Brewery has had
some success with their mobile band. I think there're other examples across the
province, not just in the city, and elsewhere, that have done that to be able
to… particularly if… where the need exists, there's not suitable infrastructure
to be able to build brick and… or to have brick and… offerings. So, certainly, that
needs to be in the mix. The presence of those vans made some difference, particularly
in the heat of last summer. We saw more people getting support, and I want to
be very clear, I know… the role of pure navigators of those who lived
experience in addiction and in homelessness in the service mix or
paraprofessional staff, but even the evidence based around the role of pure
navigators and paraprofessionals, they're not an insolation, they are in
combination with professional staff. And so, I'd also ask you to push
organizations to be more clear about what their staffery is going to look like.
We saw it with a lunch of… this is just an example, within the first three
weeks, they had to close because of significant staff… We were promised a
community meeting in October 2023 by the organization that they would have many
social workers and many nurses. I had city officials telling me… I toured. I
saw the nurses' office. I said we want nurses at the… Do you think they're
really going to have one other than coming to check the injections logs and
consumption logs and… on a periodic basis? And ask the organizations themselves,
when they come before you, how many registered members of the order of social
work do they have. The reality is we need thousands of more social workers in this
province. I would urge the ministry and the committee to work close with the Minister
of Higher Education, to support growing those capacities across the province.
We're not growing our social work programs fast enough, and the reality is it's
creating a situation that even if they want to hire social workers, they can't,
or they might have one or two on staff trying to oversee all the… services.
Mme Prass :
Do you think, if, as you mentioning social workers hiring nurses, etc., we know
that certain safety measures were asked or implemented after the fact, cameras,
guards outside, do you think that there would have… there's a parallel world in
which, if this was done the proper way, with the proper means, that a lot of the
negative effects on the community and on the school children could have been
avoided?
MacKenzie (Michael
J.) : This is the critical question, and this is where it's getting out
with this… unfortune conflation that's happened between… the model itself and…
one particular implementation. I think the community impacts could have been
mitigated significantly by better implementation. But I think it also still highlights…
MacKenzie (Michael
J.) :
...and
when organizations are doing the best they're able, there's going to be
spillover effects and cascading effects into the surrounding community, and I
think it's important that that community is not five meters away from a
kindergarten playground.
Mme Prass :
I will now ask you to wear both hats
because as you... no, no, as a parent and as a professor. As you mentioned, we
met last summer, and I was at the schoolyard with you, and as you said, for the
short time that we were there, as an adult surrounded by other adult men in
daytime, it was very disconcerting. What... And maybe you can go to some of the
things that your neighbors' children's have been witness to and the effects
that it's had on the children, but what are the consequences of exposing
children to such behavior in the long term?
MacKenzie (Michael
J.) :
This is
one of the sad realities of all of this, that many of the folks who are
involved in some of these incidents from around the center have themselves
experienced long histories of trauma around these areas. And if you look in the
literature... sort of some common elements might exist across folks who are
having some of these experiences in mental health and substance use crises.
Outside of their own family, it's often exposure to community discord and
violence, early sexualization and early substance use exposure. And those are
the three things we're exposing children to in the community. Now, that's
coming into families, some of whom have a contemporaneously supportive
environment in place. My own children have experienced things that I really
wish they had not, but we have supports in place, we're in a position where
we're able to support them through that processing and understanding it. Not
every family in our community has that ability, and I think it's important to
keep that in mind, that the tentacles of this can be far reaching for children,
particularly the things that feel uncertain and unsafe. And those are the
pieces that that we're experiencing.
My day started at
3 : 03 this morning because I looked at my phone on my table as my kids
were woken up by a man in distress on the street in front of our house last
night. So, this is, you know... I had to go back down and get them settled back
down to bed. This is sort of just in the air we're breathing right now. It's,
you know... It's... This isn't about people trying to hide their kids from
seeing poverty or seeing mental health crisis, this is not what this is. It's
very easy to dismiss this as... and people who just don't want their kids to
recognize that there's ills in the world. That's not what this is.
Mme Prass :
And you mentioned earlier, in terms of
the effects on children, regressive steps. Can you talk to us a little bit more
about that?
MacKenzie (Michael
J.) :
Yes. So,
I used the example, a few minutes ago, about just something as simple as 11-12
year olds not wanting to walk to the park by themselves, not wanting to go to
the dep, grab a freezie, a treat or something. Even when they're a year
younger, some of those kids in our alley, were doing that already much more
independently than they are now. And the big piece of this is that
hypervigilance, and I think this gets to this sort of... where does that
exposure to stress... how does that get under the skin of a kid, right, how
does our experience of stress around us in childhood become written into our
bodies through our stress hormones, through our ability to respond to stressful
situations? We become organized... we become reorganized in a way that makes us
less able to deal with stress. It's one of the most pernicious things about
early stress, it's that those who face the most of it become least equipped to
deal with it. Some degree of stress is a good thing, right? We learn
resilience, we learn that we can get back up, but this sort of chronic level of
stress is a problem for kids. And it can be lifelong consequences, particularly
the exposure to violence, sexuality and... the violence in particular.
• (20 h 10) •
Mme Prass :
And my final question, because of time,
you mentioned... you mentioned in your briefing, you mentioned orally that... a
promise by the minister and city officials to relocate the site before the
start of the 2024 school year, a promise that has been ignored by the
organization operating the site, despite receiving the vast majority of its
funding from public sources. So, I just want to understand, is the commitment
that you received at that time from the minister and city officials or was it
from the organization itself? Because earlier, you seemed to allude that it was
the organization that had made it?
MacKenzie (Michael
J.) :
No, the
organization, I think, was... we just got this in the press from the ministry
and the borough council. The organization and the... organization...
MacKenzie (Michael J.) :
...that there connected to are very
quick to sort of say: We're a private organization, you're not going to tell us
how to operate it. And I think, a piece of this bill to empower you to make
decisions about implementation is going to be really important. And not to
throw the baby out with bath water; it doesn't have to be the whole model, it
can be one implementation of it. I love Italian food, not every Italian
restaurant I've been to is good, right? That's at the crocks, it's a simple
example, it's at the crocks of implementation science. We have to deliver
services in a way that actually replicates the evidence bases that we're
drawing from. You can't look to a literature that requires professional staff
and deliver it in a different way and say you're doing the same thing. You
can't look to a literature that does this not besides of school and do it
besides a school and say you're doing the same.
Mme Prass : And do you think…
Le Président (M. Provençal)
: Merci.
Mme Prass : Oh, désolée. Thank you very much.
Le Président (M. Provençal)
:M. le député de Saint-Henri—Sainte-Anne.
M. Cliche-Rivard : Merci
beaucoup, M, le Président. Bonjour, M. Mackenzie. D'abord, je veux vous
remercier pour votre témoignage, votre témoignage très important. La voix de
tous les citoyens, de toutes les citoyennes de Saint-Henri—Sainte-Anne sont...
ces voix-là sont importantes pour moi, et j'ai écouté tous les citoyens qui
m'ont contacté puis je vais continuer de le faire à chaque rencontre; chaque
demande de rencontre qui m'a été fournie, j'ai accepté l'invitation. Et je l'ai
dit et je le redis, tous les témoignages, tous les sentiments sont légitimes,
et je l'ai reconnu, puis je vais continuer de le reconnaître.
Je veux vous remercie pour votre grand
sens de la compassion, votre partage. Aujourd'hui, je pense qu'on a un objectif
commun. L'objectif commun, c'est de faire mieux. On doit tous faire mieux, ça,
je le reconnais. Et je pense que c'est un objectif qu'on partage tous et toutes
ici sur le terrain.
J'habite Saint-Henri depuis une dizaine
d'années moi-même, ce sont mes voisins de qui vous parlez aussi. J'habite à
quelques minutes de la Maison Benoît Labre, je suis allé plusieurs... quelques
centaines de fois à la Maison Benoît Labre, donc il n'y a pas de question de
quand est-ce qu'ils m'invitent ou pas m'invite, je... ou qu'ils ne m'invitent
pas, j'habite à côté.
Je parle aux groupes locaux qui s'occupent
de nos enfants, au Gym d'à côté, les Scientifines, le Marché, la SDC,
Desjardins, la Maison des jeunes, les parents, Amitié Soleil, plus encore. Je
suis même allé rencontrer... en fait, j'ai assermenté le conseil étudiant de
l'école primaire il n'y a pas si longtemps. Donc, je suis assez impliqué dans
ma communauté. Et le parc Victor-Rousselot, je le fréquente moi-même avec mon
enfant de trois ans et demi. Mon bureau de circonscription est à 400 mètres,
donc je sais exactement de quoi vous parlez.
J'ai dit à plusieurs reprises et je ne
suis pas gênée de le dire avec vous aussi aujourd'hui, ce n'était pas la
meilleure idée du monde d'ouvrir la Maison Benoît Labre puis le centre de
consommation supervisée à 150 mètres de l'école primaire secondaire, ça,
je l'ai dit, mais je rappelle que c'était le Parti libéral qui était là en
2023, ce n'était pas moi avant 2023. Donc, moi, je... c'était Mme Anglade
qui était là comme députée. Je les prends, mes responsabilités, mais ce que je
demanderais, c'est que tout le monde soit capable de prendre ses responsabilités
dans cette affaire-là. Moi-même, j'ai soumis une lettre de soutien. Le maire
Doré a soumis une date de soutien, le conseiller Sauvé a soumis une lettre de
soutien. Les groupes de quartier ont soumis des lettres de soutien. Des
citoyens, le SPVM, le CIUSSS, un nombre considérable de partenaires ont soumis
des lettres de soutien.
Maintenant, on arrive avec là où on en est
aujourd'hui. Vous l'avez mentionné, on ne peut pas vivre ça encore quatre ans.
C'est ce que vous avez mentionné. Vous connaissez bien votre quartier. Alors,
moi, je vais vous poser une question très ouverte, là : On le déplace où,
le centre Benoît Labre? Vous connaissez bien la rue Notre-Dame, vous connaissez
Saint-Henri, la Bourgogne, vous connaissez les quartiers : Où est-ce qu'on
se déplace. Parce qu'on a besoin de services pour protéger nos populations. Où
est ce qu'on déplace?
MacKenzie (Michael J.) : Sure.
And I don't want to paint a… and nice picture that there are
no challenges in our community before the launch of MBL, certainly around
Lionel-Groulx we had challenges. But I would also point out that some of the
unhoused folks who presently on Groulx, themselves have pushed on, because of
how unsafe they felt from what's happening now. It's not easy. And I'll to your
side of the table the question of who, where, when. It's easier… it's not
easier to be here as a father, but it's easier to be on this side of the dais
when it comes to what to do next, because I don't envy the position you're in.
These are not easy. I think we've painted ourselves into corners as I said that
doesn't present easy solutions at this point. We have a lot of available
commercial real estate in Montréal right now unfortunately and globally, that's
likely to remain the case for a while giving the changing in the nature of
work, there are certainly sites that are available that are not within that
distance to a school. It's going to be easier in Thetford Mines…
MacKenzie (Michael
J.) :
…going to
be in Ville-Marie, right? But even taking that into account, I think we can… we
can do this in a way that's keeping that distance in mind. And I think just
being thoughtful, having organizations have a plan of thoughtfulness about
where people will be. So, just MVL, just as an example. Again, it's not just where
the site is, where the movement corridors are going to be? Well, the metro,
right. So, people are moving back and forth between and beyond, MVL and… Those
are foreseeable things, right? Those are foreseeable.
Before the organization
moved from their temporary site, for example, there wasn't pre site visits for
residents in a meaningful way, right? And it might not seem far. It was only a
few hundred… half a kilometer maybe down Notre-Dame. That's a long distance for
someone who knows where they can safely consume, where they can use the
restroom, where they can find some food, where they can find some safety. It
might not seem like a big distance, but it's a big distance. So, people were
thrust late in the month, mid-month, when they didn't have resources without a
lot of foresight. I think those are all little small symbols of implementation
that could have been handled better, that are foreseeable by professionals in
this space. Other organizations do that. And that could have happened here.
So, I don't have street
addresses for you of particular sites that are open and available right now.
The city owns a lot of real estate. There's a lot of empty real estate, even
within a dense area like this… People need to be close to resources. There's a
lot of considerations, but I think we can find common ground that one of those
considerations needs to be about the places where children congregate, right?
Even our sentencing guidelines for substance use and sales built into it,
special protections for places where children congregate, right? Sentencing
mandates increased significantly in those spaces. That's already built into our
laws and into our policy.
Le Président (M. Provençal)
:Merci beaucoup, Dr MacKenzie d'avoir
accepté de venir ce soir à notre commission. Merci beaucoup pour votre
présentation.
Et, sur ce, j'ajourne les travaux au
mercredi 4 juin 2025, après les avis touchant des travaux des
commissions, où elle poursuivra son mandat. Merci et bonne soirée.
(Fin
de la séance à 20 h 19)