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Étude des crédits du ministère
des Transports
(Dix heures treize minutes)
Le Président (M. Dussault): À l'ordre,
messieurs!
Nous allons reprendre les travaux de cette commission à l'effet
d'étudier les crédits de la commission élue permanente des
transports.
Sont membres de cette commission: M. Baril (Arthabaska), M. Chevrette
(Joliette-Montcalm), M. Lessard (Saguenay), M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), M. Gratton (Gatineau) remplace M. Mailloux
(Charlevoix), M. Marquis (Matapédia), M. Perron (Duplessis), M. Russell
(Brome-Missisquoi), M. Samson (Rouyn-Noranda) et M. Vaillancourt (Orford).
Les intervenants sont M. Bellemare (Johnson), M. Brassard
(Lac-Saint-Jean), M. Desbiens (Dubuc), M. Grégoire (Frontenac), M.
Lefebvre (Viau), M. Ouellette (Beauce-Nord), M. Roy (Beauce-Sud) et M.
Larivière (Pontiac) remplace M. Verreault (Shefford).
À l'ajournement de nos travaux, hier, nous avions adopté
les programmes 1 et 2 ainsi que l'élément 1 du programme 3. Lors
de la séance d'hier matin, nous avions convenu que, dès ce matin,
au début de nos travaux, nous passerions au programme 6, profitant de la
présence de M. le juge, président de la Commission des
transports.
M. Lessard: M. le Président, je pense qu'on avait
gardé le dernier élément du programme. Maintenant,
étant donné que M. le juge Prévost est ici, on s'est
entendu qu'on pourrait revenir après que M. le juge aura répondu
à toutes les questions.
Je voudrais en profiter pour déposer le rapport sur les services
professionnels, c'est-à-dire le rapport concernant le budget de
publicité du ministère des Transports, tel que demandé par
le député de Gatineau, hier.
Commission des transports du Québec
Je suis heureux de vous présenter M. le juge Adolphe
Prévost, président de la Commission des transports du
Québec; il est accompagné de M. Maurice Ferland, administrateur
de la Commission des transports, ainsi que de M. Ravanel, directeur des
finances. Je laisse aux membres le soin de poser des questions à M. le
juge s'il y en a qui le veulent.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. Chevrette: La première question que je voudrais poser
à M. le juge dit-on M. le juge ou M. le président?
M. Lessard: Comme vous voudrez.
M. Chevrette: II a les deux chapeaux.
M. Lessard: On va mêler les deux présidents.
M. Chevrette: La première question, M. le juge, d'abord,
c'est concernant l'acquisition ou encore le transfert des permis sur camions.
C'est peut-être un cas d'exception, mais on m'a dit qu'il y avait
plusieurs cas d'exception du même type. Ce sont les fameux bonshommes qui
se présentent à la régie pour obtenir leur permis et qui
se voient retournés chez eux, en se faisant dire: Vous reviendrez plus
tard, dans quelques semaines. Ils reviennent après le 1er avril, par
exemple, puis il faut qu'ils recommencent tout le baratin de la
procédure et même dans certains cas, ils sont, à toute fin
pratique, dans l'impossibilité d'obtenir ce permis; ils perdent des
contrats, dans des régions, par exemple, comme Saint-Donat de
Montcalm.
Ce n'est pas un cadeau d'abord de se déplacer vers
Montréal et deuxièmement, perdre des contrats dans ce coin, cela
veut dire, à toute fin pratique, une faillite. Je pourrais citer des
cas, vous les avez peut-être en tête. Mais qu'est-ce que vous
pensez de cela comme président de la régie, une telle
démarche aussi lourde, puis aussi onéreuse pour les camionneurs
ou les entrepreneurs en question?
M. Lessard: M. le député, il faut distinguer tout
d'abord entre ceux qui demandent des nouveaux permis et ceux qui veulent
transférer le permis qu'ils détiennent. Lorsqu'une demande de
permis est introduite, deux procédures ou deux avenues s'ouvrent aux
requérants. La procédure régulière c'est que nous
faisons publier dans la Gazette officielle du Québec la demande avec une
indication selon laquelle suivant le règlement, toute personne peut
s'occuper ou intervenir dans les 21 jours de la publication. S'il y a
opposition ou intervention, l'affaire doit être considérée
en audience publique. Si par ailleurs, il n'y a pas d'opposition, ni
d'intervention, l'affaire est référée à un membre
seul de la commission, qui en décide, étant obligé de
convoquer le requérant, s'il n'est pas disposé à faire
droit à sa demande.
En somme, il convoque le requérant pour lui demander de montrer
cause, pourquoi son permis ne sera pas accepté. Après, la
décision est publiée à la Gazette officielle du
Québec et elle entre en vigueur quinze jours après sa
publication. D'autres procédures spéciales sont aussi ouvertes
à certains détenteurs de permis ou postulants détenteurs,
lorsqu'ils désirent, par exemple, un permis spécial; à ce
moment, ils publient dans les journaux quotidiens, pendant trois jours, leurs
demandes et le délai d'opposition est de quatre ou cinq jours
après la publication dans les journaux.
Avec ces résultats que lorsque quelqu'un utilise la
procédure spéciale, ou un permis spécial,
généralement la décision est rendue dans les quinze ou
vingt jours après les publications, si c'est suivant la procédure
régulière, en tenant
compte des deux délais réglementaires, celui de 21 jours,
pour recevoir les oppositions et celui de quinze jours pour mettre les
décisions en vigueur, sujettes à révision ou appel; cela
peut prendre environ 80, 90 jours avant que la décision soit rendue.
La date du 1er avril, à laquelle vous avez
référé, est une date qui occasionne beaucoup de travail
à la commission, en ce sens que tous les permis expirent le 31 mars
cette année, c'est le 31 mars, mais ce pourrait être le 28
février l'année prochaine ou toute date que le ministre
déterminera pour mettre la fin à la date de l'immatriculation.
Pour ceux qui ne vont pas renouveler leur permis par l'immatriculation, en
payant les droits d'immatriculation et les droits de commission pour faire du
transport public, leur permis expire et ils doivent s'adresser à la
commission pour demander un permis identique instanter, qui est émis
facilement sur paiement du droit de commission majoré de 10%.
Pour la question des transferts, c'est la même procédure
qui peut s'appliquer: ou la procédure régulière ou la
procédure spéciale. Il arrivera à chaque année,
dans les derniers jours ou les dernières semaines
précédant le délai réglementaire pour la fin de
l'immatriculation, que des gens aient des demandes pendantes, mais nous n'y
pouvons rien. Si quelqu'un introduit sa demande de transfert une semaine ou dix
jours avant la fin du délai réglementaire, il est bien
évident qu'il devra renouveler son permis pour qu'il puisse être
transféré ensuite.
Évidemment, ce que je viens de mentionner constitue l'armature,
si vous voulez, ou les règles très générales avec
lesquelles nous agissons. Dans certains secteurs d'activités, il y a
également des gels de permis qui ont été
décrétés, par exemple, en matière de camionnage en
vrac et, également dans certaines affaires de location, avant
l'entrée en vigueur le 1er avril du règlement concernant la
location de camions, tracteurs, remorques et semi-remorques.
Dans le domaine du taxi, il ne s'agit pas d'un gel tel quel, mais le
gouvernement, utilisant les pouvoirs qui lui sont conférés par la
loi, a déterminé un nombre minimal et maximal de permis dans
chaque agglomération et dans chaque région et la
discrétion de la commission est de déterminer, entre le minimum
et le maximum, si des permis peuvent être accordés. Par exemple,
dans l'agglomération de Montréal, lorsque le nombre de permis est
bien supérieur au nombre maximal, il est évident qu'aucun permis
ne peut être accordé et cette règle s'applique
également dans plusieurs autres agglomérations et régions
du Québec.
Si vous avez d'autres questions ou sous-questions...
M. Chevrette: J'aurais une sous-question. Dans le cas de ceux qui
se présentaient de bonne foi pour faire faire le transfert et à
qui on conseillait de revenir...
M. Lessard: Je ne comprends pas qu'on ait demandé de
revenir.
M. Chevrette: Je vous dis cela, si cela se fait et je
pourrais avoir des affidavits confirmant ce que j'avance, il n'y a pas de
problème, j'ai même écrit au ministère
là-dessus je trouve très grave qu'une personne qui a des
témoins se présente, qu'elles soit retournée chez elle, et
qu'on lui dise de revenir dans deux semaines ou dans quinze jours, ce qui est
après le délai de prescription légale. Je trouve que c'est
de la discrimination pure et simple.
M. Lessard: Ce ne sont certainement pas les instructions que nous
donnons à nos fonctionnaires. Nous insistons beaucoup auprès de
nos fonctionnaires pour qu'ils aident la clientèle.
Évidemment, pour introduire une demande, i' faut remplir un
formulaire; il faut donner certains renseignements et il faut également,
suivant le règlement, déposer $50 à titre de
cautionnement, soit par chèque certifié ou en argent comptant. Il
est évident que si le client vient et qu'il n'a pas son chèque
certifié au montant de $50 ou son cautionnement, on va lui dire
d'envoyer le cautionnement ou de venir porter de l'argent à son choix.
Il est évident, également, que s'il n'a pas les renseignements
voulus pour que la commission puisse considérer son affaire, comme, par
exemple, lorsque des polices d'assurance sont obligatoires, lorsque la
description de véhicules est obligatoire et, si c'est une corporation,
il nous faut les lettres patentes pour savoir s'il s'agit vraiment d'un citoyen
corporatif et si les lettres patentes autorisent cette corporation à
faire du transport contre rémunération. Je ne puis comprendre et
j'aimerais bien avoir les cas où des gens auraient été
refusés sans raison. Qu'on leur ai dit de compléter le dossier,
cela est absolument normal, mais je ne peux absolument pas comprendre la raison
pour laquelle on leur aurait dit de s'en retourner chez eux et de revenir dans
deux ou trois semaines, pour aucune raison.
M. Russell: M. le Président, je ne veux pas soulever de
point d'ordre mais je pense qu'on parle de deux choses. On pose une question
sur un règlement de permis et vous parlez d'émission de nouveaux
permis. Je pense que la question est mal interprétée.
M. Lessard: Le renouvellement c'est ce que je voulais
préciser tantôt je pense qu'en ce qui concerne
l'émission de nouveaux permis, tout le monde connaît la
procédure. Il y a un délai de 90 jours; c'est long; on va essayer
de trouver des moyens pour réduire, c'est très long.
M. Chevrette: Le contingentement.
M. Lessard: Actuellement, avec le nouveau règlement, en ce
qui concerne les permis de vrac, il y a un gel dans toutes les régions
du Québec. Donc, normalement, à part des demandes de permis qui
étaient déjà inscrites devant la Commission des
transports, il ne peut pas s'inscrire de nouvelles demandes d'émission
de permis. Mais, M. le juge, je pense bien que la question du dé-
puté de Joliette-Montcalm c'est, en ce qui concerne les
transferts, quand, par exemple, quelqu'un décide de vendre son camion
à un autre et l'acheteur demande un transfert ou, encore, que ce soit
don de camion à un enfant, etc. C'est certain que dans le cas de
transfert, il doit y avoir des informations à obtenir.
Dans le cas de transfert, la procédure est exactement la
même que pour un nouveau permis. Il faut qu'une demande soit faite,
qu'elle soit publiée dans la Gazette officielle, à moins que la
venue de la publication dans les journaux soit utilisée.
Est-ce que, dans le cas de transfert, vous publiez dans la Gazette
officielle?
Oui.
Vous êtes obligé de publier dans la Gazette officielle.
Est-ce que vous publiez dans les journaux régionaux?
Nous ne publions pas mais les requérants peuvent opter de publier
dans les quotidiens.
Ils peuvent opter par rapport à la Gazette officielle?
Oui, c'est cela. Cela va beaucoup plus vite; évidemment, dans les
quotidiens, ils peuvent faire publier cela le lendemain.
Donc, dans le cas où il y a publication dans les quotidiens, il
n'y a pas publication dans la Gazette officielle?
Non.
Pourquoi n'établirions-nous pas les deux?
Ah! cela, évidemment, je n'aurais aucune objection à ce
que la procédure soit changée. La procédure est
édictée par le gouvernement, en consultation avec la commission.
Si la procédure pouvait être raccourcie, j'en serais
moi-même très heureux. Mais, vous savez, dans la Gazette
officielle, ce délai de 21 jours a déjà été
de 15 jours. Le problème, c'est que la Gazette officielle est
datée du samedi mais n'est pas toujours mise à la poste le
samedi; elle n'est pas mise à la poste comme envoi de première
classe. Évidemment, aussitôt que nous recevons une demande, cela
nous prend une journée, deux jours, à monter le dossier et
à l'envoyer à la Gazette officielle. Si nous sommes le lundi, il
y a peut-être des chances que cela paraisse dans la Gazette officielle du
samedi suivant mais si la demande arrive le mercredi ou le jeudi, c'est
évident qu'elle ne sera pas publiée le samedi. Il arrive
même, parfois à ce que l'administrateur me dit que
la Gazette officielle ait réservé tant de pages et s'il arrive
plus de demandes, cela va à la semaine suivante.
Alors, transfert ou permis, pour nous, c'est la même
procédure. L'administrateur me dit que si le client opte de publier sa
demande de transfert dans les journaux, il peut avoir sa décision
environ dix jours après, en autant que ce n'est pas contesté,
évidemment.
M. Chevrette: Le seul point d'interrogation, c'est le
renouvellement, à ce moment-là. Advenant que je puisse vous
fournir...
M. Lessard: ... vérifier.
M. Chevrette: ... une preuve, je communique directement avec
l'administrateur?
M. Lessard: Avec l'administrateur, il n'y a aucun
problème; on va vérifier le dossier et on fera un rapport au
ministre.
En ce qui concerne le renouvellement, il est certain que, cette
année comme je l'ai indiqué au début de cette
commission parlementaire il s'est présenté un certain
nombre de problèmes étant donné que la date limite pour
renouveler les permis était le 1er avril, comparativement au 1er mars
l'an dernier.
C'est cela.
Alors, il y avait eu extension d'un mois parce qu'il y avait eu, dans
l'immatriculation, une extension aussi d'un mois. Certains n'ont pas
renouvelé leur permis et c'est pourquoi nous avons dû prendre des
procédures très rudimentaires, par l'intermédiaire de M.
Ferland, par l'intermédiaire de la Commission des transports, pour que
ces permis se renouvellent automatiquement en autant qu'ils paient leur droit
d'immatriculation ainsi que les droits à la commission, plus la
majoration de 10%, étant donné qu'ils n'avaient pas
renouvelé leur permis. II faut bien dire aussi qu'il y aura toujours une
date limite de renouvellement; il faut quand même, au point de vue
administratif, avoir un certain contrôle. (10 h 30)
M. Chevrette: C'était sur un point, parce qu'il y a une
délégation qui est arrivée; je me suis dis tout de suite,
c'est un cas de discrimination et si une chose qui se fait est mauvaise, il
faut que les autorités de la commission soient mises au courant de
cela.
M. Lessard: Absolument, mais je voudrais quand même bien
expliquer que tous les permis, sauf certains permis saisonniers, les permis
spéciaux, les permis de transport de produits nommés, se
renouvellent de la manière la plus simple au monde. Le bureau des
véhicules envoie la carte, comme celle que l'on reçoit pour nos
véhicules personnels et le montant à payer est indiqué. Si
le détenteur du permis envoie son chèque, ou va au bureau des
véhicules automobiles avant le 31 mars, son permis est renouvelé
automatiquement sans aucune formalité. Celui, par exemple, qui attend au
1er avril, il faut qu'il revienne à la commission, il faut qu'il demande
un permis identique instanter. Nous en avons eu, depuis le 1er avril, au-dessus
de 1000, et je peux vous dire que le vendredi 31 mars nous avons laissé
nos bureaux à Québec et à Montréal ouverts
jusqu'à 21 heures le soir, M. Ferland, de manière à
faciliter les échanges de documents avec le bureau des véhicules
automobiles.
Nous avons également laissé nos bureaux ouverts dans la
première semaine d'avril et la première moitié de la
deuxième, tant qu'il y avait du monde le soir, jusqu'à sept
heures, huit heures, afin qu'ils obtiennent leur permis identique
instanter.
Il y a une chose aussi qu'on envisage actuellement, toujours dans le
cadre d'une réforme pos-
sible, c'est une décentralisation de la Commission des transports
vers les régions, c'est-à-dire des bureaux régionaux de la
Commission des transports.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: M. le Président, on a parlé tout
à l'heure du renouvellement des plaques d'immatriculation pour le vrac.
On sait que cela devait se faire pour le 1er avril, cette année. Dans le
cas des camionneurs artisans, disons, s'il y en a plusieurs qui n'ont pas
renouvelé, qui n'ont pas fait de demande de renouvellement, est-ce qu'il
y a un laps de temps pour faire cette demande, premièrement, et s'il y a
laps de temps de 45 jours ou 60 jours pour faire la demande de renouvellement,
si ce laps de temps est écoulé, est-ce que le camionneur-artisan
perd automatiquement son permis de vrac?
M. Lessard: Le règlement prévoit que, dans les 180
jours après le 31 mars cette année, toute personne qui avait un
permis peut demander un permis identique instanter en payant, comme M. le
ministre l'a mentionné, les droits d'immatriculation, les droits de
commission, ceux-ci majorés de 10%. Dans les 90 jours à
l'intérieur de ce délai, l'administrateur publie à la
Gazette officielle une liste de tous ceux qui n'ont pas renouvelé leurs
droits sur paiement de l'immagriculation et des droits de commission, et leur
envoie même un avis leur donnant la date ultime qui est le 180e jour au
cours duquel ils peuvent demander un permis identique instanter. Cela se
terminait l'année dernière, je crois que c'était le 30
septembre.
M. Perron: Est-ce que cet avis est envoyé
enregistré, ou si c'est un avis normal dans le courrier?
M. Lessard: C'est un avis normal dans le courrier, mais tous les
camionneurs reçoivent la Gazette officielle et ils voient leur nom
dedans. En plus, on leur envoie un avis qui dit sommairement: Le dernier jour,
le délai ultime au cours duquel vous pourrez renouveler votre permis, ou
enfin, obtenir un permis identique instanter je corrige ce n'est
pas renouvelé, c'est obtenir un permis identique instanter, ce sont 180
jours après le 31 mars. Et là encore, quand ces délais
arriveront, on va ouvrir nos bureaux tant qu'il y aura du monde le soir. Et
vous savez, il y en a peut-être qui sont partis, mais il faut bien
comprendre, que le lundi 3 avril, cette année, nous avons eu la visite
d'environ 200, 250 clients qui n'avaient pas immatriculé à temps
et qui voulaient avoir leur permis identique instanter.
Pour éviter les critiques, nous avons fait comme dans certains
magasins, nous avons utilisé, des séries de numéros. Le
premier arrivé se voit numéroté "un", le deuxième
"deux". Évidemment, s'il en arrive 200 dans une heure, on ne peut pas
tous les traiter en même temps. Il faut que les fonctionnaires
préparent le dossier, regardent les pièces du dossier pour savoir
si tout est en ordre, si les rapports d'exploitation ont été
fournis. Il faut ensuite que ce soit référé à un
membre de la commission, pour que la décision soit rendue. Il faut
qu'elle soit numérotée et on leur remet leur permis
instanter.
Évidemment, s'il y en a qui se sont présentés
à 8 h 30 et qu'à 10 heures ils ont décidé de s'en
aller, on ne pourra jamais avoir le nombre de fonctionnaires pour recevoir 250
personnes et régler leur cas dans dix minutes, le 2 ou le 3 avril.
M. Perron: Dans le même contexte, M. le ministre, tout
à l'heure, a parlé du gel de l'émission des permis.
Pourrait-on connaître la date du gel en question?
M. Lessard: Au début de juillet. M. Perron: De
juillet 1977?
M. Lessard: C'est vers le 20 juillet. Il y a eu deux gels, il y
en a eu dans deux régions au début, et ensuite, un autre gel est
arrivé dans les autres régions, mais à quelques jours
d'intervalle dans le mois de juillet.
M. Perron: Dans le cadre du gel de l'émission des permis
pour le transport en vrac, cela voudrait dire qu'il n'y avait aucun permis de
transport en vrac émis après cette date, mais qu'on
considérait les demandes antérieures.
M. Lessard: C'est exact. On ne peut pas geler
rétroactivement.
M. Perron: D'accord.
M. Lessard: Les demandes qui étaient déjà
inscrites dans le système étaient naturellement
considérées.
M. Perron: Mais les nouvelles demandes ne devaient pas être
considérées tant et aussi longtemps que le gel dure.
M. Lessard: Non. Mais faites attention, cela dépend
quelles demandes.
Il y a des exceptions pour les permis additifs encore,
évidemment, mais le permis additif est un permis ou l'individu a quand
même son permis de transport en vrac. Laissons faire cela. Il n'y a pas
de nouvelles demandes qui doivent se faire. Actuellement, quelqu'un qui n'a pas
de permis de transport en vrac, qui n'a pas de VR ne peut pas inscrire une
demande devant la Commission des transports.
M. Perron: Cela voudrait dire qu'à partir de ce moment la
Commission des transports du Québec se devait de refuser toute nouvelle
demande.
M. Lessard: Oui, c'est exact.
M. Perron: La commission a-t-elle accepté des demandes
après?
M. Lessard: Nous avons opté, dérogeant un peu,
peut-être, à notre procédure, pour les retourner
administrativement. En somme, on recevait une demande avec $50 et on les
retournait en disant: Monsieur, c'est gelé. On vous retourne cela.
En principe, lorsque quelqu'un adresse une demande à la
commission, l'administrateur dit toujours: Bonne ou mauvaise, elle va
être entendue par la commission. Étant donné que, dans les
deux règlements qui ont décrété le gel, le
gouvernement avait pris la précaution d'indiquer que le dégel,
s'il y en avait, serait assorti de mesures faisant de la publicité de
manière qu'on ne tienne pas compte des demandes introduites après
cette date, nous les avons retournées administrativement, calculant que
nous posions un geste valable, parce que nous ne pouvions nous mettre dans
l'idée de faire revenir ces gens deux mois plus tard pour une audience
publique et leur dire: Vous êtes venus ici pour rien, vous avez perdu
votre temps.
Il y a eu au moins un cas où un avocat a dit: Je veux que ma
cause soit entendue quand même et vous devez m'entendre. Nous l'avons
fait publier dans la Gazette officielle. Il viendra exposer son cas, mais nous
l'avons bien mis au fait que c'était gelé.
M. Perron: Merci, M. le Président. Maintenant, j'aurais
d'autres questions à poser, mais dans un autre contexte. Est-ce qu'on
continue sur ce sujet?
Le Président (M. Dussault): Est-ce relatif au programme
6?
M. Perron: Oui, c'est relatif au programme 6, par contre, cela
concerne un autre sujet.
Le Président (M. Dussault): Vous pouvez épuiser
votre droit de parole. Vous avez vingt minutes, de toute façon.
M. Perron: Je voudrais savoir sur quels critères la
Commission des transports se base pour déterminer si une entreprise de
transport est à caractère extraprovincial ou encore
interprovincial?
M. Lessard: Le transport interprovincial est régi selon
les règlements du gouvernement du Québec et les ordonnances
générales adoptées par la Régie des transports et
maintenues en vigueur par l'article 167 de la Loi des transports. Le transport
extraprovincial ou international est régi en vertu d'une loi
fédérale qui s'appelle la Loi sur le transport par
véhicule à moteur. Cette loi fédérale
délègue à notre commission le pouvoir de considérer
des demandes de permis, mais la loi fédérale dit qu'en
considérant de telles demandes, nous devons appliquer les mêmes
règlements que nous appliquons au transport intraprovincial. Lorsque
nous délivrons, par exemple, à un Québécois un
permis de transport extraprovincial, pour aller dans une autre province ou dans
d'autres provinces, ou aux États-Unis, ce permis ne vaut, quant à
lui, qu'en autant qu'il obtienne, en plus de notre permis que nous
appelons un permis de base un permis complémentaire des autres
provinces ou des États-Unis, où il veut aller. Autrement dit, on
n'a pas juridiction ailleurs mais on donne aux Québécois le droit
de franchir les frontières à destination d'un certain nombre de
points et de retour, s'il y a lieu.
M. Perron: Merci. Dans l'affaire de Chimo Shipping, la commission
a jugé que les activités de cette compagnie étaient
à caractère extraprovincial et s'est basée sur ce fait
pour refuser d'émettre un permis de transport maritime pour ses
activités qui se déroulent au Québec.
L'interprétation restrictive de la commission n'équivaut-elle pas
à nier, à moyen terme, toute juridiction de la commission sur les
activités de transport maritime les moindrement importantes?
M. Lessard: Là, je ne savais pas de quoi vous vouliez
parler. Je dois faire une mise au point ou une rectification. La Loi sur le
transport par véhicule à moteur, la loi fédérale
qui nous délègue ce pouvoir concerne le transport routier et non
pas le transport par bateau caboteur ou quoi que ce soit. Enfin, ce que je vous
ai dit concernant la Loi sur le transport par véhicule à moteur
concerne tout le transport routier, que ce soit par autobus, par camion, ou par
taxi.
En autant que les caboteurs sont concernés au Québec, nous
devons les traiter dans le cadre de l'ordonnance générale 3N,
adoptée par la Régie des transports avant l'institution de la
Commission des transports du Québec. Cette ordonnance, selon moi, traite
de transport de passagers et de marchandises par eau, à
l'intérieur des limites territoriales du Québec. La navigation,
selon moi, est, à l'heure actuelle, de juridiction
fédérale. J'ai lu cette décision, à laquelle vous
référez, et je ne sais pas s'il y eut des procédures
d'appel à la suite de cette décision, mais je voudrais bien que
les membres de la commission comprennent qu'il est difficile pour moi, devant
cette commission, de justifier ou de commenter les décisions de la
commission dans l'exercice de son pouvoir quasi judiciaire parce qu'il y a des
tribunaux d'appel pour cela.
M. le Président, suite à cela, d'abord vous affirmez que
la navigation est de juridiction fédérale. Il y a quand
même l'ordonnance 3N qui exige que la navigation intraprovinciale, en
fait, que tout caboteur ou transporteur qui désire faire de la
navigation à l'intérieur du Québec doive avoir un permis
de la Commission des Transports. N'est-ce pas exact?
Oui, un permis pour naviguer selon notre interprétation,
qui pourrait être corrigée devant les tribunaux d'appel
d'un point du Québec à un autre point du Québec. (10 h
45)
Maintenant, quand une compagnie demande un tel permis pour faire de la
navigation entre deux points du Québec, est-ce que c'est normal que la
Commission des transports du Québec, qui fonctionne en vertu des
règlements du Québec, se
désiste de sa responsabilité de ce côté et
dise tout simplement que ce n'est pas de sa juridiction? Ne serait-il pas plus
normal que la Commission des transports décide tout simplement
d'émettre le permis, selon l'ordonnance 3N, si d'autres instances
décident de faire appel de la décision de la Commission des
transports, ces instances feront appel de la décision de la Commission
des transports. Alors qu'il me semble que dans ce cas-ci,
particulièrement Chimo Shipping, la Commission des transports s'est tout
simplement désistée à interpréter la loi ou
à interpréter sa juridiction, de telle façon que si, par
exemple, je ne suis pas d'accord avec la décision de la Commission des
transports, je suis obligé de faire appel de la décision de la
Commission des transports. Comme ministre des transports, responsable de la
commission, je suis dans l'obligation de faire appel et de plaider que vous
avez juridiction sur ce sujet, sur ce secteur.
Je me dis une chose et c'est peut-être dans ce sens que le
député de Duplessis se dirigeait, c'est qu'il me semble que la
Commission des transports doit décider des permis intraprovinciaux, j'en
conviens, et doit émettre les permis lorsque les permis sont
demandés, quitte à avoir des contestations, s'il y a lieu, par
exemple, sur sa juridiction et non pas décider elle-même qu'elle
n'a pas juridiction dans tel secteur. Évidemment, c'est le
problème de la régie des services publics, dans la
câ-blodistribution.
Quand la régie des services publics a pris une décision,
à un moment donné, dans la région de Rimouski, elle ne
s'est pas posée la question, à savoir si elle avait juridiction
ou non. Une demande de permis a été faite, la régie a pris
une décision, elle a donné le permis à un tel individu.
L'autre individu a fait appel jusqu'à la Cour suprême. Nous avons
perdu devant la Cour suprême, mais au moins, ce n'est pas le gouvernement
du Québec qui est allé en contestation de la décision
d'une de ses commissions.
J'ai lu évidemment des décisions dans des affaires de la
régie des services publics, mais ce n'est pas moi qui ai rendu cette
décision, je n'y ai pas participé. C'est la commission. Tous les
membres de la commission sont là pour exercer leur juridiction, en
autant qu'ils agissent en quorum, un juge et deux commissaires, et
c'était le cas de cette affaire. Mais je suis un peu mal à l'aise
pour commenter les décisions de mes collègues, je voudrais que
les membres de la commission comprennent que je n'ai pas d'autorité sur
les décisions qui sont rendues. Les membres de la commission sont soumis
à mes instructions pour les assignations, mais ne sont pas soumis
à mes idées, quant au contenu des décisions à
être rendues.
Lorsque la commission calcule qu'elle a juridiction, elle l'exerce tout
le temps, mais lorsqu'elle prétend qu'elle n'a pas juridiction,
évidemment, je ne peux pas dire aux membres: Rendez telle
décision, si vous ne croyez pas que vous avez le soutien
réglementaire ou le soutien légal pour le faire. La Régie
des services publics a rendu sa décision sans doute croyant qu'elle
avait juridiction.
M. Perron: II y a une question que je me pose, M. le
Président, et je me demande ce que la décision, dans le cas de
Chimo Shipping... Pourquoi la commission, à un moment donné, si
ma mémoire est bonne, a-t-elle décidé de faire allusion
à la câ-blodistribution en rapport avec cette question de
transport maritime? Parce qu'à mon sens, ce sont deux dossiers qui sont
totalement différents et c'est là que je me pose la question.
Pourquoi la commission attendait-elle la décision sur la
câblo-distribution qui était en Cour d'appel, avant de prendre
elle-même sa décision, si ma mémoire est bonne?
M. Lessard: Si je peux corriger, c'est le ministère qui
attendait la décision de la càblodistribu-tion.
M. Perron: C'est le ministère?
M. Lessard: Le ministère est intervenu d'ailleurs, dans la
cause. Il y avait eu un délai demandé. Je comprends la situation,
en fait, de M. Prévost, M. le juge, c'est qu'il y a quand même des
commissaires et chaque commissaire est autonome dans ses décisions.
M. Perron: Mais, M. le juge, par contre, suit les dossiers
presque toujours régulièrement.
M. Lessard: Je ne les connais peut-être pas tous, parce que
nous rendons 15 000 à 20 000 décisions par année; je ne
voudrais pas avoir la vantardise de vous dire que je lis tout, mais nous avons
un système par lequel nous faisons distribuer, pour le
bénéfice des membres et également pour le
bénéfice des hauts fonctionnaires de la commission, toutes les
décisions qui disent vraiment quelque chose qui n'a peut-être pas
été dit, que ce soit dans un sens ou dans l'autre. Nous avons
même ébauché un système de jurisprudence de
manière que les parties, les avocats, puissent savoir quelle est la
pensée de la commission dans ses décisions les plus
importantes.
M. Perron: Bon. Vous venez de parler de décisions de la
Commission des transports. Est-ce que les décisions de la Commission des
transports ne devraient pas, à vos yeux, être basées
strictement sur des motifs juridiques ou si les critères
socio-économiques peuvent entrer en ligne de compte dans vos
décisions?
M. Lessard: Les deux sont vrais. La loi nous oblige à
motiver nos décisions mais la loi dit également que nous devons
émettre des permis ou en refuser dans le cadre des règlements. En
somme, c'est le règlement du lieutenant-gouverneur en conseil, ou les
ordonnances de la régie que le gouvernement peut modifier, que nous
appliquons. Les critères socio-économiques, nous les appliquons
dans la majorité des cas. Il y a, par exemple, des cas où nous ne
pouvons pas toujours les appliquer. Je comprends que la situation s'est
résorbée; par exemple, lorsque le règlement du camionnage
en vrac est arrivé, il était indiqué
clairement, à l'article 12.14, que ceux qui avaient des droits
acquis, qui possédaient un camion avant le mois d'avril 1972, n'avaient
pas à faire la preuve de nécessité.
C'est évident que, quand la personne n'a qu'à prouver,
suivant le règlement de 1973, qu'elle avait un camion à telle
date ou qu'elle en a hérité d'un de son père ou de sa
mère, je ne vois plus de critères socio-économiques; elle
n'a pas à prouver la nécessité. C'est un droit acquis que
la commission était appelée à conserver.
La même chose est arrivée dans le transport par taxi
où tous ceux qui détenaient des permis de l'autorité
municipale devaient avoir un permis, indépendamment des normes. À
ce moment-là, nous n'avons pas eu à examiner les critères
socio-économiques.
Nous avons l'intention d'accentuer ce programme et de faire des
enquêtes, que nous appelons socio-économiques, dans les
régions administratives du Québec, sur les besoins du transport
et sur la manière dont ces besoins sont comblés, s'il y a lieu.
Nous aimerions avoir des données plus complètes, de
manière à savoir combien de camions à permis si
vous voulez circulent régulièrement sur telle route;
est-ce qu'ils circulent à charge complète ou à 50%, ou
à 40%? Est-ce qu'ils peuvent avoir un droit de retour ou est-ce qu'ils
doivent revenir vides? Nous aimerions également avoir plus de
données sur le camionnage privé parce que, évidemment, le
camionnage privé et le camionnage à permis se font une
concurrence.
Lorsque, par exemple, les camionneurs viennent nous demander des
augmentations de taux, nous pourrions accorder tout ce qu'ils demandent si nous
n'examinions pas à fond le dossier. Mais il faut bien réaliser
que si nous acceptions leurs demandes à 100%, probablement que beaucoup
d'expéditeurs s'achèteraient des flottes de camions et que ce
serait peut-être leur rendre un mauvais service d'accéder à
toutes leurs demandes. Si cela coûte trop cher de faire transporter par
des camions à permis, à ce moment-là, les gens vont aller
s'acheter des camions. Le camionnage privé est une dépense
d'énergie parce qu'il ne peut jamais assurer de retour, sauf pour ses
propres marchandises.
Ce sont ces critères que nous utilisons au niveau de notre
tarification. Nous avons développé, depuis quelques
années, ce que nous appelons des fixations générales de
tous les tarifs. Nous avons commencé par le taxi par une seule
décision, nous avons fixé des taux et tarifs pour toute la
province. Ensuite, nous sommes allés dans le domaine du camionnage en
vrac. Après, nous sommes allés dans la charte-partie pour
autobus. Subséquemment, nous sommes allés dans le "fer-routage"
lorsque le règlement sur le "ferroutage" est sorti. Nous avons
attaqué, ensuite, le problème des tarifs de transport de fret
aérien entre Mirabel, Dorval et le Montréal métropolitain.
Nous avons en chantier, au niveau des audiences publiques, un projet de
fixation générale de tous les tarifs de transport par remorquage,
ce qui est appelé, en langue anglaise et peut-être malheureusement
encore utilisé trop souvent à l'époque où nous
vivons, le "haul-away". Nous avons, en chantier également, au niveau des
audiences publiques, une fixation générale de taux et tarifs pour
le transport des maisons mobiles et nous aurons, à brève
échéance, une fixation générale pour la location de
camions, tracteurs, remorques et semi-remorques.
Au cours de l'année à venir, nous allons attaquer le
problème des déménagements et nous allons procéder
à une fixation générale. Ces fixations
générales n'ont pas d'effet magique mais elles ont au moins le
bénéfice de réunir, dans un même volume, tous les
tarifs pour chaque secteur d'activité, avec le résultat que, par
exemple, pour le taxi, en ne consultant qu'un seul volume, on peut
connaître tous les tarifs qui ont été fixés. Vous
connaissez les problèmes du déménagement; à chaque
année, grâce à la collaboration du ministre des Transports,
les patrouilleurs routiers surveillent les déménageurs dans les
derniers jours de juin et les premiers jours de juillet. Il y a une
série considérable d'infractions, plusieurs
déménageurs exigeant, en pleine semaine, les tarifs à
temps double du dimanche ou les tarifs à temps et demi.
L'an prochain, nous aurons un fascicule donnant tous les tarifs de
déménagement à travers la province. À chaque
année, nous les révisons selon l'indice du coût de la vie
ou les conditions économiques. Nous modifions quelquefois quelques
éléments tarifaires et, à un moment donné,
l'administrateur me fait le message que nous aurons, dans un seul recueil, tous
les tarifs de transport au Québec, qui sont disponibles actuellement
pour les secteurs d'activité auxquels nous avons procédé
à les fixer.
M. Perron: Merci, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): Oui, M. le ministre.
M. Lessard: J'aurais une question. Est-il exact que 95% des
demandes d'augmentation de tarifs ont été acceptées devant
la Commission des transports?
Je vais vous dire, 95%, je n'ai pas de statistiques, je les aurai dans
le prochain rapport annuel que je vous soumettrai. Je serais porté
à trouver cela exagéré. Cela dépend beaucoup de la
discipline de transport. Par exemple, en matière de camionnage en vrac,
dans une décision que la commission rendra ces jours-ci, il y a eu des
augmentations demandées de plus de 100%, dans certains cas, et la
commission n'accédera pas à ces demandes.
C'est difficile de qualifier cela quantitativement et qualitativement.
Il faut dire également que vu la grande concurrence, en particulier dans
le transport général, les transporteurs généraux
sont assez prudents dans leurs demandes d'augmentation de tarifs. Ils savent
bien que s'ils dépassent le seuil de rentabilité, ils vont perdre
beaucoup de
clientèle. Généralement, les associations de
transporteurs vont doucement dans leurs demandes d'augmentation mais, dans de
nombreux cas, nous les avons refusées. Le Bureau des tarifs du
Québec, par exemple, qui représente environ 200 ou 225
camionneurs, s'est vu refusé, à plusieurs reprises, en partie,
des augmentations de tarifs.
Le Président (M. Dussault): Messieurs, sur ma liste des
droits de parole, dans l'ordre, j'ai M. le député d'Arthabaska,
ensuite M. le député de Rouyn-Noranda et M. le
député de Gatineau. M. le député d'Arthabaska.
M. Baril: M. le Président, j'aurais aimé avoir
quelques explications sur une décision rendue par la Commission des
transports en date du 28 février 1978, ce n'est pas tellement loin. Je
comprends très bien la difficulté que M. le juge a à
commenter certaines décisions de la commission mais, tout de même,
j'en ferai allusion pour le sensibiliser sur une décision que la
commission a rendue et que, selon moi, je trouve un peu injuste pour une flotte
de transport de chez nous. (11 heures)
Une compagnie de transport, existant depuis 1971, avait demandé
un permis de transport entre Victoriaville, Plessisville je ne nommerai
pas toutes les places et Grand-Mère, aller-retour, en ligne
directe, sans passer par Québec ou Montréal.
C'est un service qui n'était pas donné en ligne directe.
C'était dans le but de raccourcir les délais de livraison d'au
moins de deux à trois jours. Il y avait une insatisfaction
vis-à-vis de tous les industriels de cette région, qui se
plaignaient que le transport était beaucoup trop lent. Donc, la
compagnie de chez nous a fait une demande en 1971, pour avoir un tel permis, en
1972, qui lui fut refusé. En 1975, elle a fait une autre demande qui est
passée devant la commission le 22 février 1977.
M. Lessard: En 1975.
M. Baril: La demande est passée en audience le 22
février 1977. Le permis lui fut encore refusé, parce que, dans la
décision, on disait que la compagnie, la requérante avait du
transport illégal, puisque déjà, depuis quelques
années, elle faisait un transport sans permis, ce que le
propriétaire n'a absolument pas nié. Par contre, il a
déposé devant la commission des copies de factures d'une autre
compagnie qui faisait le même transport dans l'illégalité
puisqu'elle n'avait pas de permis non plus. Donc, depuis le refus du 22
février 1977, deux autres compagnies ont obtenu ce contrat de transport,
dont une, entre autres, était américaine, soit la Direct Motor,
qui a obtenu le permis. Une autre compagnie, soit Michel Transport, où
il avait été prouvé qu'elle avait elle-même fait du
transport illégal, s'est vu accorder un permis le 22 février
1978, justement.
Pour le même trajet, la différence qu'il y avait entre la
demande de Dion Transport et celle de
Michel Transport c'est que la compagnie Dion Transport demandait un
permis pour du transport général, sur une longue distance, route
restreinte. La demande de la compagnie Michel Transport était pour du
transport général, sur une longue distance, mais seulement route.
Selon mes renseignements, cela fait depuis nombre d'années que la
commission n'accorde plus de permis de route seulement, parce que la
différence qu'il y a entre le permis route et le permis route restreinte
est bien définie. Avec un permis de route restreinte, les endroits
où un type peut aller sont bien définis et il ne peut pas sortir
en dehors. Quand c'est seulement inscrit "route", le gars peut rattacher
à ce même permis d'autres permis déjà existants pour
d'autres villes ou d'autres endroits où il fait de la livraison. Je ne
sais pas ce que vous pensez d'une telle décision, puisque le premier
transporteur avait lui-même fondé ou créé, si vous
voulez, cette route puis, actuellement, il n'a pas de permis et là ce
sont quatre autres compagnies qui rendent le service. Dans la décision
de la commission, on disait que, déjà, il y avait assez de
services dans ce secteur.
Elle vient de rendre une dernière décision, en date du 22
février 1978, où elle accorde encore un permis à un autre
transporteur.
M. Lessard: Vous vous référez à une
décision concernant Dion Transport et à une autre concernant
Michel Transport. J'ai lu les décisions, je ne sais pas si les
règlements de la commission le permettent, mais si vous aviez la
gentillesse de nous montrer les décisions... J'aimerais d'abord, pour
faire suite à la remarque de M. Lessard, quant aux dates, parce que je
n'ai pas apporté, évidemment, tous les documents, mais je ne veux
pas vous y obliger; ce sont des documents qui émanent de nous, parce que
je ne savais pas sur quoi il y aurait des questions. La décision de Dion
à laquelle vous référez a été publiée
dans la Gazette officielle du 8 mai 1976 et la décision a
été rendue le 25 mai 1976 à la suite d'audiences tenues
à Drummondville le 22 février 1977 et le 4 avril 1977 parce que
75, vous trouvez cela...
La décision a été rendue... Quand la demande de
permis a-t-elle été faite?
Le 8 mai 1976, date de la publication. Peut-être quelques jours
avant... Il est certain qu'elle a été publiée dans la
Gazette officielle le 8 mai 1976.
Cela veut dire quinze jours après?
Elle a été publiée...
C'est-à-dire quinze jours avant? Si elle a été
publiée le 8 mai, cela veut dire quinze jours avant.
Il est sûr que cela a été publié dans la
Gazette officielle du 8 mai. Je ne sais pas si...
Cela veut dire avril 1976.
Oui, la demande a été faite en avril 1976, probablement.
Comme cela a été entendu, je vais répondre à toutes
les questions dans la mesure du possible. Probablement je n'ai pas le
dossier ici que ces gens avaient demandé d'être entendus
à Drummondville. Évidemment, parfois, nous pouvons aller aussi
vite lorsque nous siégeons en province, mais nous ne pouvons pas aller
dans
tous les endroits du Québec, à toutes les semaines. Nous
nous déplaçons environ 30 fois par année dans tout le
Québec, mais lorsqu'on demande un endroit spécifique, il faut
trouver une date.
Évidemment, à Montréal et à Québec,
nous siégeons tous les jours de la semaine. Dans cette affaire de Dion,
j'ai déjà pris connaissance de la décision et j'y vois que
le requérant reconnaît que cette dernière a
été condamnée depuis environ un an, pour au moins dix
infractions à la loi des transports commises pendant l'année 1975
et que, d'une manière générale, depuis quatre ans, elle
fournit des services de transport plus étendus que ceux autorisés
par son permis. La commission a dit dans sa décision: "Si la commission
peut modifier, suspendre ou révoquer le permis d'un transporteur
déclaré coupable d'une infraction visée à l'article
35 de la loi, il lui apparaît en particulier, s'il n'en résulte
aucun inconvénient pour le public et les usagers, qu'il est
justifié de refuser d'autoriser l'extension des services que peut
fournir un transporteur lorsqu'il lui est démontré, comme c'est
le cas présentement, qu'il a non seulement été
déclaré coupable de plusieurs telles infractions, mais qu'il a
aussi violé et continue de violer la loi."
Il faut dire qu'à la suite d'amendements intervenus en 1975, je
crois, pour préciser les pouvoirs que la commission avait dans la loi de
1972, que la commission a établi un programme pour suspendre,
révoquer ou modifier le permis des transporteurs qui ne suivent pas la
loi.
Nous recevons du ministre des Transports, à tous les mois, une
liste des camionneurs ou des propriétaires d'autobus ou de taxi qui ont
commis des infractions et qui ont été condamnés par un
tribunal de juridiction compétente, à savoir la Cour des sessions
de la paix et les Cours municipales de Montréal, de Québec et de
Laval.
Notre contentieux, à ce moment, fait un tri et amène
devant la commission ces gens avec des sommations les enjoignant de
comparaître devant nous pour expliquer pourquoi leur permis ne serait pas
suspendu, révoqué ou modifié.
Je n'ai pas participé à cette décision, mais les
motifs que la commission invoque... En somme, ce requérant a commis
plusieurs infractions, il admet continuer à en commettre et on ne doit
pas, si on a le pouvoir de suspendre le permis qu'il demande, le lui accorder.
Le cas de Michel Transport, je n'ai pas lu la décision ces jours
derniers... Je vais vous répondre. C'est une demande introduite,
publiée dans la Gazette officielle du 8 septembre 1976. Il y a eu des
audiences à Québec le 16 juin, les 22, 23, 24, 25 novembre 1977
et la décision a été rendue le 22 février 1978
publication ici. Neuf mois après.
Il est certain... Je me rappelle très bien de cette cause. On
l'avait fixée pour le 16 juin. Voici comment nous procédons. Ces
causes ont certainement été appelées au rôle et
à l'appel du rôle, nous demandons aux avocats quelle sera la
durée probable de leur cause. Je ne veux pas traiter de ce cas
particulier, mais il n'est pas normal qu'il ait demandé cinq jours et
qu'on ne les lui ait pas ac- cordés. Probablement qu'il a
commencé sa cause le 16 juin et qu'il avait demandé deux heures
ou une demi-journée ou une journée ce que je pourrais vous
dire en vérifiant le dossier et que, par la suite, il s'est
aperçu qu'il avait besoin de plusieurs autres jours et là, la
commission lui a fixé les dates des 22, 23, 24 et 25 novembre.
Parfois, nous ne pouvons accommoder les gens en leur accordant une
journée dans la semaine suivante ou deux semaines après. Parfois
aussi, ce sont les requérants et les avocats qui demandent de reporter
à tel mois parce qu'il y en a qui vont en vacances ou qu'il y a des
témoins qui ne sont pas disponibles, tout cela. Sur la face de la
décision, c'est cela.
Je ne me rappelle pas suffisamment pour pouvoir dire si cette
décision traite également de transport illégal.
Peut-être...
M. Baril: Dans la décision, il n'est pas fait mention de
transport illégal, mais il y avait quand même eu des
pièces, des preuves qui avaient été amenées devant
la commission comme quoi il y avait eu des facturations de faites au niveau de
l'industrie, de compagnies et on n'en fait aucunement mention dans cette
décision. C'est cela que je trouve un peu...
M. Lessard: Je pourrais volontiers vérifier le dossier
disponible. Vous comprenez qu'aujourd'hui que je n'ai pu apporter mes 44 000
dossiers, mais je donnerai suite à votre demande.
M. Baril: Je comprends bien votre position. Par qui sont
nommés les commissaires?
M. Lessard: Les membres de la commission sont nommés
suivant la Loi des transports par le lieutenant-gouverneur en conseil. La
commission est formée de 18 membres, six juges et douze
commissaires.
M. Baril: Au niveau juridique, j'avoue que je ne connais
absolument rien, mais lorsqu'on sait qu'un des commissaires est un ami intime
du requérant, cela n'aurait-il pas été mieux de nommer un
autre commissaire?
M. Lessard: Ma règle sur cela, parce que c'est moi qui
fais les assignations... Il est arrivé, à diverses reprises
ce ne fut pas fréquent, mais c'est peut-être arrivé
dix ou quinze fois que des membres m'ont dit: Je préfère
ne pas être assigné à telle cause pour diverses raisons.
Dans les tribunaux ordinaires, on appelle cela la récusation.
N'importe quelle partie peut demander à un membre de se
récuser et suivant le Code de procédure civile, il y a des
règles applicables à cela. Chaque fois qu'un membre de la
commission m'a dit qu'il aimait mieux ne pas siéger parce qu'il pouvait
connaître ou avoir de l'amitié pour des transporteurs, j'ai
toujours changé le banc.
Dans ce cas, je puis vous affirmer, sous mon serment d'office, que je
n'ai eu aucune représentation et que ces causes ont été
fixées dans le cours ordinaire des choses.
M. Baril: Mais les opposants auraient pu demander, comme vous
dites...
M. Lessard: Ils auraient pu demander la récusation de
n'importe quel membre qui est appelé à siéger comme cela
se fait devant tous les tribunaux et jusqu'à maintenant, c'est
arrivé quelquefois que des gens m'ont même
téléphoné et m'ont dit: J'aimerais mieux que le membre X
ne siège pas sur telle affaire et je l'ai remplacé volontiers
parce qu'on n'est pas payé, en somme, suivant le nombre de causes que
nous entendons et s'il devait apparaître que justice n'est pas rendue,
cela ne sert à rien de tenir une commission et de rendre des
décisions.
Il faut aussi souligner ceci. La Commission des transports, pour
éviter que le ministre des Transports soit dans l'obligation de prendre
des décisions concernant tel individu ou tel autre, a été
constituée justement pour être autonome devant le ministre des
Transports. C'est un organisme quasi judiciaire et même judiciaire,
c'est-à-dire que tous les règlements qui existent devant une cour
de justice existent aussi devant la Commission des transports, de telle
façon que vous pouvez penser que vous avez une excellente cause. Mais si
vous avez un avooat qui défend mal votre cause, il peut arriver que la
décision ne soit pas rendue favorablement en votre faveur. (11 h 15)
C'est la même chose. Il y a des gens qui viennent se plaindre
à nos bureaux que des décisions ont été rendues par
des juges et qu'ils ne sont pas d'accord parce qu'ils auraient aimé
gagner leur cause; malheureusement, ils ne l'ont pas gagnée. À ce
moment-là, on est obligé de dire: Écoutez! Vous avez des
possibilités d'appel. Nous ne pouvons pas moi, comme ministre ou
nous, comme députés intervenir personnellement dans des
décisions de la Commission des transports. De même que le juge en
chef du Québec je ne sais pas qui ne peut pas donner des
ordres à ses avocats, dans telle ou telle cause, de même M.
Prévost ne peut pas non plus donner des directives précises
à ses avocats, à ses commissaires.
M. Baril: Ce n'est pas ce à quoi je voulais faire allusion
soit que le juge dise aux commissaires: Ce sera ceci, ce sera cela. Absolument
pas. Vous comprendrez quand même qu'un propriétaire d'une flotte
de camions, qui s'est lui-même tracé une route de transport et qui
s'est toujours vu refuser le permis pour différentes raisons et que ce
permis est accordé à d'autres compagnies, se pose de
sérieuses questions. Quand on a des copies de lettres à l'appui
de compagnies qui utilisaient les services de Dion Transport et qui
étaient très satisfaites parce qu'elles avaient un service
adéquat, je vous avoue que même s'il y a des choses qui se sont
passées... en tout cas, je ne m'aventurerai pas sur ce sujet parce que
j'irais trop loin.
M. Gratton: Parfois, il y a des ministres qui vont faire des
représentations devant la commission.
M. Baril: II y a quand même une demande qui date de votre
temps, monsieur. Quand on connaît les compagnies qui ont obtenu des
permis et que Dion Transport n'en a pas eu, là on peut se poser des
questions.
M. Lessard: C'est ainsi devant tous les tribunaux du monde. J'ai
pratiqué le droit pendant 23 ans; j'aimais gagner des causes comme tous
les avocats. Parfois on allait devant le tribunal bien confiant d'avoir une
bonne cause, parce que notre client nous avait dit que M. le témoin X ou
M. le témoin Z témoignerait dans tel sens. Si, au moment de
l'audience, le témoin dit juste le contraire, que voulez-vous? Nos
espoirs s'évanouissent. C'est ainsi devant tous les tribunaux du monde.
Je n'ai pas présidé ces audiences; je ne peux pas vous dire ce
qui s'est passé. Je vois bien que, dans la cause de Michel Transport,
Dion était l'un des opposants. Que voulez-vous? Chaque fois qu'on a
quelque chose à décider ou à arbitrer, c'est
évident qu'on fait des heureux ou des malheureux. Les décisions
doivent être motivées. Je pense bien que Dion Transport aurait
très bien pu s'adresser au tribunal des transports pour demander que la
décision de la commission soit corrigée, en supposant qu'il n'en
était pas heureux.
Il y a peut-être une cinquantaine ou une centaine d'appels par
année. Il y en a eu un plus grand nombre récemment dans les cas
que nous avons convenu d'appeler les choix en matière de camionnage en
vrac. Il est arrivé des cas où le tribunal des transports a
corrigé la décision de la commission. Tant mieux pour celui qui
réussit à convaincre le tribunal que nous nous sommes
trompés en droit; tant mieux pour lui. Aussitôt qu'une
décision est rendue par le tribunal des transports pour autant que cela
me concerne, c'est la vérité, même si cela corrige ce qu'on
a déjà dit; parce que le législateur a voulu que ce
tribunal puisse rendre les décisions qu'on aurait dû rendre si on
faisait des erreurs en droit.
M. Baril: En tout cas. Comme vous l'avez mentionné tout
à l'heure, si vous pouvez me donner les informations au sujet des
plaintes qui avaient été formulées contre Michel Transport
qui faisait du transport illégal et dans la décision de la
Commission des transports on n'en fait aucunement allusion, on livre un permis
à Michel Transport...
M. Lessard: Si je comprends bien, dans la décision
concernant Dion Transport, on rejette la demande de permis à cause du
transport illégal et non pas parce qu'il n'y avait pas
nécessité. On ne parle pas de nécessité...
M. Baril: On n'y fait pas allusion.
M. Lessard: On n'y fait pas allusion. Peut-être que la
commission aurait pu juger qu'il y avait nécessité, mais,
étant donné que le transport est illégal, on rejette la
demande. Il reste que si la preuve a été faite aussi, en ce qui
concerne l'autre, qu'il y avait eu transport illégal, je ne peux
pas...
Ce que je peux faire, M. le député, j'enverrai au ministre
le dossier complet, avec toutes les pièces que vous pourrez y
afférer. Je préférerais que ce soit envoyé
directement au ministre, parce que nos règlements exigent de charger
$0.25 par page pour les dossiers que nous transmettons. Le règlement
dispense le ministre de ce paiement. J'enverrai donc au ministre le dossier
complet de Michel Transport, si vous voulez, et également celui de Dion
Transport.
M. Baril: II n'y a pas seulement le ministre.
M. Lessard: Les organismes de transport des autres provinces
peuvent aussi recevoir des documents à titre gratuit.
M. Baril: Une dernière question. Au sujet du permis que
j'ai mentionné tout à l'heure, un permis de route restreinte et
seulement de route, est-ce vrai qu'il y a un bon bout de temps que la
commission n'émet plus de permis simplement je ne sais pas comment
exprimer cela pour la route?
M. Lessard: Pour un point précis?
Il n'y a pas de règle. C'est évident que, par exemple, des
permis de transport général, la commission n'en délivre
pas beaucoup. Toute la question est de savoir si les Québécois
sont bien servis avec les détenteurs de permis actuels. Si nous
ajoutions, par exemple, au parcours Montréal-Québec et à
tous les parcours lucratifs, 30 ou 40 nouveaux camionneurs, c'est à se
demander qui ferait faillite et qui ne ferait pas faillite. Nous avons
délivré quelques permis de transport général.
Enfin, c'est le plus vaste permis qui puisse se délivrer. Par exemple,
dans la Gaspésie, nous en avons délivré un, je crois, il y
a trois ou quatre ans, parce que la preuve nous avait convaincus qu'il y avait
simplement un transporteur et que le public serait mieux servi s'il y avait une
concurrence. Mais ce n'est pas à tous les endroits que nous pouvons
délivrer des permis. Vous voyez dans ces décisions que, dans la
cause de Michel Transport, une dizaine de personnes s'étaient
opposées. Il y avait dans la cause de Dion Transport une quinzaine de
personnes qui s'étaient opposées. C'est évident qu'avant
de rendre la décision, nous devons, bien sûr, écouter le
requérant et ses témoins, mais nous devons également
écouter les opposants et leurs témoins.
La décision dans l'affaire de Dion Transport dit clairement, par
exemple, que le public sera quand même bien servi, même si ce
permis n'est pas accordé. Peut-être que la commission a
évolué depuis deux ou trois ans et devient beaucoup plus
sévère sur le transport illégal, mais je dois vous dire
que cela ne sert à rien d'avoir une Commission des transports, cela ne
sert à rien d'avoir plus de 100 autos de patrouilleurs routiers à
travers la province, si tout le monde se fout de la loi, des patrouilleurs, du
ministre et de la commission. En somme, un permis confère un droit. Cela
permet, autant que possible, à ceux qui savent bien l'exploiter, de
faire de l'argent, de faire des revenus raisonnables. Si tout le monde va
à l'encontre des permis, je serais bien prêt à dire au
ministre: Abolissez tout cela. Cela ne sert à rien de considérer
cette cause pendant cinq jours pour en arriver à une décision si,
ensuite, le gars qui n'a pas son permis fait le transport quand même.
M. Baril: J'ai quand même hâte de voir le dossier.
Vous avez dit que, depuis deux ans environ, la commission était beaucoup
plus sévère pour le transport illégal. Tout à
l'heure, je vous ai fait mention qu'il avait été prouvé
que Michel Transport avait fait du transport illégal mais on n'en fait
aucune mention là-dedans. Or, la décision a été
rendue le 22 février 1978. Cela ne fait pas deux ans.
M. Lessard: Vous pouvez l'examiner. J'enverrai à M.
Lessard aujourd'hui ou demain les deux dossiers complets avec tous les exhibits
et, pour autant que c'est après la transcription obligatoire, je pourrai
même vous transmettre verbatim ce qui s'est dit aux audiences.
M. Baril: Je vous remercie.
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Rouyn-Noranda.
M. Samson: M. le Président, j'aimerais revenir à un
sujet qui concerne le camionnage en vrac, qui concerne également le
problème qui s'est posé après le 1er avril pour certains
camionneurs qui n'ont pu, pour une raison ou pour une autre, renouveler leurs
plaques avant cette date. M. le juge, vous avez mentionné tantôt
qu'il y a, dans ces cas-là, une majoration de 10%. Est-ce que cette
majoration de 10% est absolument nécessaire? Deuxièmement, est-ce
que tous les cas où il n'y a pas eu renouvellement avant le 1er avril
il y a nécessairement demande de renouvellement
retrouveront le permis qu'ils détenaient auparavant?
M. Lessard: Si vous me permettez, avant, les 10% s'appliquent sur
les droits de la Commission des transports et non pas sur
l'immatriculation.
M. Samson: Le droit, c'est $50?
M. Lessard: C'est plus que ça. Dans le cas du camionnage
en vrac, c'est 5% du coût d'immatriculation. Alors, si c'est $1000,
ça veut donc dire que le droit à la Commission des transports est
de $50. Cela dépend du poids total en charge.
M. Samson: 5% du droit, dans un cas où le permis est de
$700.
M. Lessard: C'est $20 de base plus 5% du coût de
l'immatriculation. Si on peut vous donner des cas, c'est selon le poids total
en charge. Vous l'avez dans le livre bleu que je vous ai fait parvenir
d'ailleurs.
M. Samson: M. le ministre doit comprendre qu'avec tout ce qu'on
fait de ce temps-là, on n'a pas le temps de tout lire. On est un peu
comme le ministre. Écoutez, je ne demande pas qu'on aille en profondeur.
Ça me satisferait si on me donnait un exemple.
M. Lessard: Je vais vous donner un exemple. Prenons un
véhicule moyen, de dix roues...
M. Samson: Donnez-moi un véhicule qui coûte $700,
à immatriculer.
M. Lessard: D'accord. $700, ça fait un gros
véhicule.
M. Samson: C'est à peu près un dix roues.
M. Lessard: $700, c'est pour un véhicule de poids total en
charge de 74 000 à 75 000 livres. Les droits de la Commission des
transports sont de $57, ce qui veut dire que 10%, ça fait $5.70.
Pourquoi 10%? Pour encourager les gens à respecter la date limite de
renouvellement de leur permis; sinon on va être obligé de
recommencer continuellement.
M. Samson: II n'y a pas de problème là-dessus, M.
le Président, c'est une réponse qui me satisfait quant aux 10%.
Je pensais que c'était 10% sur l'ensemble. D'accord. Est-ce que tous les
permis pourront être renouvelés?
M. Lessard: Généralement, nous ne faisons pas de
difficulté à ceux qui veulent obtenir des permis identiques
instanter. Dans le domaine du vrac je voudrais bien nuancer ma
réponse s'il s'agissait, par exemple, d'un opérateur de
camions généraux qui a 110 ou 115 véhicules sur la route
et qui n'irait immatriculer aucun véhicule avant le 31 mars pour sauver
son permis, la commission s'interrogerait sérieusement sur la
nécessité du service qu'il donne. Enfin, s'il a un permis, qu'il
peut faire vivre 100 camions et qu'au mois d'avril il ne les ferait pas
immatriculer, laissant ainsi en plan des centaines de citoyens qui ont besoin
de ses services, je pense qu'on s'interrogerait sérieusement.
En matière de camionnage en vrac, nous calculons qu'à la
période où se termine l'immatriculation, il y a
généralement peu de travaux à cause du dégel. C'est
évident que si les gens viennent au mois de juin, ils n'ont pas de
problème. Comme je le mentionnais tantôt, 90 jours après le
31 mars, l'administrateur leur envoie un avis, leur disant: II vous reste 90
jours pour demander votre permis identique instanter. Si vous ne le demandez
pas, c'est terminé pour vrai. En plus, on publie leurs noms dans la
Gazette officielle, ce qui veut dire qu'à la fin de septembre nous
pouvons faire un ménage et rayer de nos listes tous ceux qui ont
été retardataires une première fois et qui n'ont
même pas voulu bénéficier du délai de grâce de
180 jours que le gouvernement leur avait donné. (11 h 30)
M. Samson: À titre d'exemple: un camionneur qui voudrait,
cette semaine, renouveler sa plaque, est-il obligé de retourner devant
la commission ou s'il peut le faire par l'entremise d'un bureau?
M. Lessard: Comme M. le juge l'a expliqué tout à
l'heure, il demande le renouvellement d'un permis instanter. J'ai
été informé hier qu'ils n'ont qu'à communiquer avec
M. Maurice Ferland et tout se déroule normalement.
M. Samson: À la commission?
M. Lessard: Oui, à la commission.
M. Samson: C'est là la question que je posais.
M. Lessard: Vous êtes obligé de...
M. Samson: Si quelqu'un ne s'est pas présenté avant
le 1er avril, c'est automatique, il faut faire une demande devant la
commission. Et cela devient impossible.
M. Perron: Cela se fait très vite.
M. Samson: Cela se fait vite.
M. Perron: C'est même très vite, dans ce cas.
M. Lessard: Ce que je voulais souligner, c'est qu'il n'y a pas
d'audition.
M. Samson: II n'y a pas d'audition, il n'y a pas de comparution,
il n'y a pas de délai. C'est tout simplement une formalité
à remplir, faire la demande auprès de M. Ferland et cela se
règle. D'accord.
M. Lessard: On en a passé 1200 dans deux semaines, vous
savez.
M. Samson: II y en a peut-être 1201 avec celui que j'ai ce
matin.
Vente de camion et changement de camion. Il m'a semblé et
j'aimerais avoir l'avis de M. le juge là-dessus que, dans les cas
de vente de camions en vrac, ou de changement de camion pour un
propriétaire, il y avait certaines difficultés quant au
délai.
M. Lessard: II faut bien distinguer. Le changement de camion ne
nécessite aucunement l'intervention de la commission au niveau de ses
membres. Nous avons une formule que nous appelons CTQ-500. C'est une formule
que l'administrateur émet et c'est un mot de passe, si vous me passez
l'expression, au BVA, disant: Immatriculez ce nouveau camion au lieu de
l'ancien camion, tel numéro de série, telle marque, etc. Cela se
fait d'une manière administrative.
Le transfert d'un permis, c'est différent parce que la Loi des
transports et le règlement sur le vrac disent qu'une demande doit
être faite. Alors, suivant les deux procédures que j'ai
établies tan-
tôt, à l'option du requérant, ou bien la
procédure de publication dans les journaux, ou bien la Gazette
officielle, avec ce résultat qu'à la suite d'une publication dans
les journaux, une décision peut être rendue, s'il n'y a pas
d'opposition, environ 15 jours après; si on va à la Gazette
officielle, cela peut aller entre 60 et 80 jours après, pour autant
qu'il n'y a pas d'opposition.
Évidemment, nous avons peut-être été un peu
plus sévères. Par exemple, le règlement sur le camionnage
en vrac exige que les détenteurs de permis soumettent un rapport annuel
de leurs activités et de leur exploitation sur une formule prescrite par
le gouvernement, qui est en annexe au règlement 12.
Ces formules sont très utiles au ministère lorsqu'il
s'agit d'établir des normes de taux et tarifs ou même d'imposer un
gel, ou de faire un dégel des permis. Ces rapports nous sont infiniment
utiles également lorsque nous en arrivons à fixer ou à
modifier les taux et tarifs de camionnage en vrac.
Il y en a qui ne fournissent pas les rapports. Quand arrive un
transfert, on dit au requérant cédant: Commencez par nous fournir
le rapport de vos activités et de votre exploitation. On veut au moins
voir s'il a fait du camionnage. S'il n'a rien fait de l'année, s'il n'a
même pas eu de camion, on n'est tout de même pas pour
transférer un permis. La Loi des transports dit très bien que le
transfert s'accorde lorsqu'il y a exploitation.
M. Samson: Dan le cas de demande de transfert où vous
devez faire une publication dans la Gazette officielle, si j'ai bien compris
tantôt, vous laissez l'option au client de la faire paraître
plutôt dans un journal local.
Est-ce que, selon votre expérience, il serait valable d'en
arriver il y aurait peut-être nécessité de certains
changements, bien sûr à une publication dans un journal,
que ce soit un quotidien ou un hebdomadaire, plutôt que d'exiger la
publication dans la Gazette officielle? Si je pars du principe qu'on offre
l'alternative, c'est dire qu'à la commission, on calcule cela comme
valable.
Peut-être que serait-il valable d'en faire une politique
générale, parce que j'ai pris connaissance que la Gazette
officielle vous cause certains problèmes quant à sa
possibilité d'inclure vos demandes. Est-ce que ce ne serait pas mieux
d'en faire une politique générale?
M. Lessard: J'aimerais autant que le ministre réponde
parce qu'il est maître des règlements.
Je m'excuse, vous voulez dire faire une politique générale
concernant la parution de tous les transferts dans la Gazette officielle?
M. Samson: Des transferts dont il a été fait
mention tantôt et dont M. le juge nous dit qu'ils peuvent offrir
l'alternative aux clients de les faire paraître plutôt dans un
journal existant.
M. Lessard: Régional.
M. Samson: Si c'est valable dans le sens qu'on l'a
déjà, je me demande s'il ne vaudrait pas mieux le
généraliser par un règlement pour éviter de
surcharger la Gazette officielle?
M. Lessard: De surcharger, vous voulez dire qu'on devrait faire
un règlement général pour publier dans les journaux?
M. Samson: Les cas qui ont été mentionnés
tantôt.
M. Lessard: II y a un danger aussi. Ce que permet la Gazette
officielle, c'est une certaine période de temps pour avoir la
réaction des opposants, tandis que si on permet, par exemple, de publier
dans n'importe quel quotidien, le lendemain, il y a publication. Y a-t-il un
délai par la suite pour l'audition?
Cinq jours pour l'opposition ou l'intervention?
Il y a cinq jours, alors que, dans le cas de la Gazette officielle, il y
a 21 jours. Il y a un respect des deux parties. Je suis bien d'accord pour
diminuer un certain nombre de délais, mais il faut être
assuré, en même temps, que ceux qui ont déjà des
permis, qui donnent déjà des services et qui paient des droits
à la Commission des transports aient la possibilité, d'une part
de savoir qu'il y a une demande d'inscrite à la Commission des
transports et que, d'autre part, par exemple, il y ait une période, un
délai pour faire opposition. Même avec 21 jours pour la Gazette
officielle, j'ai déjà eu l'occasion, alors que je n'étais
pas ministre, de me présenter devant la Commission des transports pour
m'opposer à l'augmentation de tarifs... Parce que les camionneurs
reçoivent la Gazette officielle, mais ce n'est pas le public. C'est
pourquoi on va regarder cela pour qu'au moins, dans les journaux
régionaux, on ait la publication aussi de certaines choses. Dans le
cadre de l'augmentation des tarifs, par exemple, des traversiers, le public,
bien souvent, voit cela un peu en retard. Dans notre cas, nous autres, nous
étions en retard de 21 jours et la commission a accepté que nous
puissions quand même présenter notre opposition.
Il y a un respect des deux côtés qu'il s'agit
d'équilibrer.
M. Samson: Ce que j'aimerais, M. le Président, ce serait
de nuancer mes propos pour ne pas être mal interprété. Je
sais que si on allait dans le sens de la demande que je fais,
c'est-à-dire de généraliser cette pratique...
M. Lessard: Cela réduirait les délais.
M. Samson: ... cela réduirait les délais, mais si
on le faisait pour tous les cas il y aurait des inconvénients. Ce
à quoi je me rattache c'est aux cas qui ont été
spécifiés tantôt par M. le juge, les cas de transferts
où on offre déjà l'alternative. C'est-à-dire que si
on offre déjà au client de publier dans un journal local
plutôt que dans la Gazette officielle, si c'est déjà acquis
que cela se fait, ce serait injuste envers d'autres qui...
M. Lessard: J'ai reçu des représentations justement
de la part de l'Association de camionnage
qui me dit qu'elle désirerait que ce soit plutôt
nécessairement inscrit dans la Gazette officielle pour lui permettre,
d'une part, d'en prendre connaissance puisque les camionneurs reçoivent
la Gazette officielle et, d'autre part, de faire opposition.
M. Samson: Là, il y a un problème qui se pose quant
aux transferts.
M. Lessard: C'est dans le cas des transferts.
M. Samson: Évidemment, il faut faire une bonne
différence entre un transfert et une demande de nouveau permis. Un
transfert, c'est déjà un permis existant, ce n'est pas un permis
nouveau.
M. Lessard: Oui, mais tout camionneur peut quand même
s'opposer à un transfert.
Le ministère peut soustraire à notre juridiction
aussi.
M. Samson: Oui, bien sûr, je sais cela, c'est une fosse aux
lions cette affaire. Je pense qu'il faut comprendre et il faut peut-être
aussi prendre certaines responsabilités, parce que s'il fallait qu'on
aille dans le sens de toutes les demandes possibles, il y a toujours quelqu'un
dans cette société qui n'est pas toujours
équilibré...
M. Lessard: Je le sais.
M. Samson: ... qui veut manger son voisin. Je ne me situe pas, ni
d'un côté, ni de l'autre de la clôture, je me situe au
centre, autant que possible, dans une question de justice. La justice me dicte
que, quand un permis existe, c'est parce que la preuve a déjà
été faite de son besoin. Assujettir cela à des
oppositions, cela me semble placer un détenteur de permis qui veut
vendre son camion à quelqu'un d'autre qui veut faire la même chose
que lui, cela me semble les assujettir à des personnes qui voudraient
abuser de la situation. C'est dans ce sens que je dis qu'on va trop loin quand
on exige des délais et des parutions et qu'on permet des oppositions. On
ne devrait même pas permettre d'opposition dans le cas d'un permis qui
existe. On ne devrait même pas permettre cela. Puisque cela se fait
déjà, puisqu'on permet à des gens de faire seulement
paraître dans le journal local plutôt que dans la Gazette
officielle, si cela se fait déjà, je dis que le règlement
doit s'établir pour tout le monde, de la même façon.
M. Lessard: Ce n'est pas cela qu'on me dit. On me dit que c'est
dans les quotidiens, parution dans les quotidiens. Ce qui veut dire...
M. Samson: Écoutez, là, vous avantagez
Montréal et Québec, comparativement à des
régions.
M. Lessard: C'est justement. Ce n'est pas tout le monde qui lit
le Devoir. C'est cela qui peut être dangereux.
M. Samson: Ce n'est pas tout le monde qui lit les journaux, les
quotidiens dans les régions.
M. Lessard: II faudrait, par exemple, peut-être amender
pour dire qu'au moins...
M. Samson: Hebdos.
M. Lessard: ... un peu comme on le fait pour la Commission de
contrôle des permis d'alcool, il y ait publication dans un hebdo
régional.
M. Samson: C'est justement là. Vous arrivez au point
culminant. À la Commission de contrôle des permis d'alcool, on
exige des parutions dans les journaux locaux.
M. Lessard: Est-ce qu'on l'exigerait à deux reprises?
M. Samson: Je pense que ce serait encore plus vite que la Gazette
officielle, compte tenu du fait que la Gazette officielle, sans qu'on ne lui
fasse de reproches inutilement, est surchargée et que, comme M. le juge
l'a dit tantôt, elle opte pour un certain nombre de pages et vous
êtes obligés d'utiliser ce que vous pouvez et vous gardez le reste
dans le frigo. Cela crée des délais qui pourraient être, je
pense, amoindris.
M. Lessard: Je connais bien le problème. La publication
dans les journaux est bonne, elle est rapide, mais il y en a qui essaient de
mettre cela dans la colonne des décès. Autant que possible, c'est
rare qu'on paie pour mettre cela en première page.
Dans les petites annonces.
La commission pourrait, si le règlement était
modifié en conséquence, publier elle-même, comme la
Commission de contrôle des permis d'alcool, des listes dans les journaux.
Ce n'est pas plus difficile pour nous d'envoyer cela aux journaux que d'envoyer
cela à la Gazette officielle. Pour nous, c'est une liste à
envoyer. L'envoyer à n'importe qui, cela ne nous dérange pas. Le
règlement n'est pas ainsi fait, mais tout règlement peut
être modifié. Ce n'est pas moi qui le modifie. C'est le
gouvernement. Ma philosophie personnelle, c'est qu'il ne faut pas être
l'esclave des lois, qu'il faut adapter les lois et les règlements pour
le bien-être des citoyens. Vous savez, il faudra quand même laisser
toujours quelque temps, à moins que le gouvernement ne dise: En
matière de transfert en vrac, il n'y a plus de publication, il n'y a
plus d'opposition possible. Là, il va toujours bien falloir laisser
quelques jours aux gens, parce que ce n'est pas tout le monde qui lit le
journal de page en page pour voir s'il doit protéger ses droits. Les
grandes associations, l'Association du camionnage, l'Association des
propriétaires d'autobus ont des lecteurs. Elles surveillent tous les
journaux et elles avisent leurs membres qui leur paient une cotisation, qu'une
telle affaire peut nuire à leur permis. Tu es mieux de t'en occuper pour
faire opposition ou quoi. C'est tout le système. Nous
autres, nos procédures sont publiques. Elles sont au grand jour.
On avise les gens, ou bien les gens s'avisent par les journaux ou bien nous, on
le dit à la Gazette officielle. Vous savez, M. le député,
les gens trouvent parfois que c'est compliqué et que cela prend trop de
temps pour avoir un permis de transport, mais aussitôt qu'ils l'ont, ils
veulent faire de leurs pieds et de leurs mains pour qu'un concurrent n'arrive
pas. C'est la nature humaine. Que voulez-vous? On ne pourra jamais changer
cela.
M. Samson: C'est exactement ce que j'ai soulevé
tantôt, M. le juge. Tout le monde veut que tout le monde l'aide pour
obtenir un permis. Le jour où il l'a, il ne veut pas que le voisin en
ait un aussi. Je pense qu'on l'a établi. Mon intervention se situe
seulement au niveau des transferts de permis existants dont la preuve du besoin
a déjà été faite. Je pense que cela se
défend très bien. La philosophie de base étant celle qu'on
doit publier, la publication dans la Gazette officielle vous occasionne des
délais que vous ne voudriez pas avoir. C'est contre votre
volonté. Par cette machine, cela vous occasionne des délais qui
pourraient être autrement réduits si on utilisait, par vos bons
soins, les journaux. C'est une demande que je fais de réviser le
règlement, parce qu'il faudrait le réviser.
M. Lessard: Je suis entièrement d'accord avec le
député. Je pense qu'il est absolument normal, au moins, qu'on ait
une publication dans un journal hebdomadaire, parce que si c'est publié
dans le Devoir ou dans le journal de Québec, il y a certains
hebdomadaires qui ne se vendent pas dans les régions. Pardon, il y a
certains quotidiens...
Une voix: Quotidiens, oui.
M. Lessard: ... qui ne se rendent pas dans des régions. On
va voir à réviser le règlement. Je ne suis cependant pas
prêt, par exemple, à accepter que, dans les cas de transfert, ce
soit automatiquement parce que, dans certains secteurs, dont
particulièrement le vrac avant 1972, la preuve de
nécessité n'avait pas à être faite. Actuellement,
dans des régions, on a beaucoup plus de permis qu'on en a besoin.
Certaines régions, par exemple, ont des surplus de permis par rapport au
travail qui se fait, vous le savez, dans la région chez vous, et
généralement globalement dans le vrac... C'est pour cela que nous
avons gelé temporairement je dis bien temporairement, parce qu'on
ne gèlera pas continuellement pour essayer de voir où on
en était rendu. Il faut voir, à un moment donné, le nombre
de permis émis dans chacune des régions et essayer d'analyser
quels sont les véritables besoins.
Par ailleurs, avec le nouveau règlement, soit les postes
d'affectation, je pense qu'il va pouvoir y avoir un contrôle. Les
camionneurs regroupés vont pouvoir avoir un contrôle et faire
opposition justement devant la Commission des transports et prouver beaucoup
mieux, étant donné qu'ils sont regroupés à
l'intérieur d'un poste d'affectation, la non-nécessité, si
naturellement, ils acceptent ce règlement. Si on veut
véritablement mettre un peu d'ordre dans le camionnage, il va falloir en
arriver à un poste d'affectation qui soit uniforme dans les
régions. Lorsque les postes d'affectation seront constitués dans
toutes les régions du Québec, je n'ai pas l'intention de
maintenir le gel des permis.
M. Samson: Maintenant, monsieur...
M. Lessard: J'accepte la recommandation.
M. Samson: M. le Président, je voudrais souligner
également que je conviens, comme le ministre, que, dans certaines
régions, il y a peut-être un besoin d'élimination à
petit feu parce que c'est pas facile de le faire du jour au lendemain. Il reste
un fait qui doit être pris en considération: lorsque quelqu'un
possède un permis de vrac, il possède également un camion.
Si ce quelqu'un, pour une raison ou pour une autre raison de maladie,
par exemple est obligé de se défaire de son camion parce
qu'il ne peut plus continuer à l'exploiter, il pourrait y avoir
si on n'a pas une possibilité de transfert à un autre camionneur
capable d'exploiter ce camion perte pour le camionneur. Un camion non
immatriculé ne vaut pas cher. C'est dans ce sens que
l'élimination qui pourrait se faire devrait d'une façon je
dirais au moins ne pas porter préjudice au propriétaire
d'un camion qui, autrement, ne pourrait pas le vendre.
M. Samson: S'il ne peut pas le vendre, il subit une perte. Je
pense que cela n'est pas normal qu'on accuse des pertes.
M. Lessard: Je veux que vous compreniez, M. le
député, que le gel décrété par le
gouvernement ne s'applique pas dans le cas de transfert ou de changement de
contrôle.
M. Samson: Non, non, non, c'est une tout autre chose.
M. Lessard: On peut encore les transférer.
M. Samson: Le ministre a souligné qu'il considérait
que, dans certaines régions, il y en avait trop. Cela m éclaire
quand vous me dites cela. S'il y en a trop, cela veut dire que des mesures
seront prises pour que les transferts soient rendus plus difficiles.
M. Lessard: J'aimerais donner suite à cela.
M. Samson: Si les transferts deviennent plus difficiles, il y a
un risque de faire subir une perte à quelqu'un qui est
déjà propriétaire d'un camion, advenant le cas où
il ne peut plus continuer à travailler lui-même; cela arrive dans
plusieurs cas.
M. Lessard: Pour faire suite à la remarque du
député, lorsqu'il y a une demande de transfert, est-ce qu'elle
est faite automatiquement? Quels
sont les critères, les normes pour justifier ou accepter cette
demande de transfert?
Les règlements 12 et 112 actuels disent qu'il faut être
citoyen ou immigrant reçu; enfin, des conditions normales. Le
règlement dit également qu'il faut prouver la
nécessité du service pour lequel on demande le transfert du
permis. La commission n'a pas à agir avec une très grande
sévérité parce que, précisément, pour les
raisons que je vous donnais, si le gars achetait un camion au prix de $40 000,
qu'il doit $27 000 à la "finance", qu'il devient malade ou qu'il
décède, la femme est aux prises avec le camion. On dit: Si
c'était nécessaire au moment où on lui a donné un
permis, c'est encore nécessaire. Je pense bien qu'on créerait
autrement un malaise, un marasme social épouvantable. Je ne connais pas
de cas où des gens qui ont vraiment exploité leur permis et ont
produit leur rapport et qui ont immatriculé leurs véhicules se
sont vu refuser leur permis de transport.
À ce sujet, j'ai toujours indiqué aux camionneurs qui sont
actuellement dans le secteur du vrac, même à la suite de demandes
que j'ai reçues, que ce serait à leur désavantage de
bloquer les transferts parce que ces individus ne savent pas quand ils peuvent
devenir malades ou décéder. Si on bloquait les transferts, comme
le député de Rouyn-Noranda le soulignait, le prix du camion
pourrait baisser considérablement et ce serait à leur
désavantage.
M. Samson: J'aurais une autre question. Je vais la poser de
façon générale. Je ne veux pas faire un cas particulier.
Prenons quelqu'un qui a un VR sur un camion, par exemple 1972, et qui veut
transférer sa plaque sur un camion 1976-77, il fait une demande pour
transférer sa plaque. Quelles sont les formules pour substituer...
M. Lessard: II veut en somme substituer, dans le cadre de son
permis, un véhicule ancien à un véhicule plus
récent. Il n'a pas besoin d'intervention des membres de la commission.
C'est un papier que l'administrateur lui donne. On en envoie une copie au BVA
et on dit: Changez le numéro de série et la marque du camion.
M. Samson: Comment dois-je interpréter alors le cas d'un
type qui a fait une telle demande au cours de l'été et qui se
fait dire le 10 février, par la commission: Sujet: Changement de camion.
La commission a rendu la décision X déclarant votre dossier
fermé. Le monsieur a un VR valide jusqu'au 28 février et son
chèque a été envoyé le 12 janvier, donc avant que
cette lettre ne soit arrivée pour son renouvellement et il ne peut pas
renouveler. On l'oblige même à faire une nouvelle demande avec un
cautionnement de $50, une requête en révision. Est-ce quelque
chose qui peut être accroché à des problèmes
particuliers?
M. Lessard: J'aimerais peut-être que vous précisiez
un peu. Il s'agirait de quelqu'un qui aurait immatriculé son
véhicule pour l'année dernière.
M. Samson: II l'aurait immatriculé pour l'année
1977, le permis serait valide jusqu'au 28 février 1978 et, par extension
jusqu'au 1er avril, un VR existant.
M. Lessard: Et, en janvier, il renouvelle son permis de vrac.
M. Samson: En janvier, par un chèque certifié, il
renouvelle, au montant de $702.25 et...
M. Lessard: II obtient de nouvelles plaques VR 1978.
M. Samson: II n'obtient rien. Il n'a pas de nouvelles plaques. Il
reçoit le 10 février une lettre de la commission qui dit: Re:
Changement de camion. Votre dossier est fermé.
M. Lessard: La lettre dit seulement cela?
M. Samson: Je peux vous la lire, si vous voulez.
M. Lessard: J'aimerais, parce que...
M. Samson: "Nous accusons réception d'une formule pour un
changement de camion. "La commission a rendu la décision MCV, cause M,
en date du 18 juillet 1977, déclarant votre dossier fermé. Il est
donc impossible d'effectuer le changement demandé étant
donné la décision rendue. "
M. Lessard: Je vais relever le dossier. Il est probable
que...
M. Samson: Vous pourrez tantôt...
M. Lessard: ... en cours d'année, voyez-vous, il y a eu un
grief quelconque ou il a dû comparaître devant la commission et
qu'il ne s'est pas présenté, parce qu'une décision a
certainement été rendue et elle doit être motivée.
En la retraçant, on verra. C'est impossible, s'il a suivi tous les
règlements.
M. Samson: Advenant qu'il y ait eu une bonne raison de refuser le
changement de camion, ce que je ne comprends pas, c'est qu'on ferme le dossier
et qu'on ne lui permette même pas de renouveler son VR sur le camion qui
était immatriculé, pour lequel il a payé en janvier et
pour lequel il s'est fait dire en février...
M. Lessard: Ce n'est pas quelque chose de normal et ça me
fera plaisir de vérifier le cas et d'envoyer à M. Lessard le
dossier ou les explications pertinentes.
M. Samson: Si ce n'est pas quelque chose de normal, il se peut
qu'il y ait eu erreur administrative, je pense que ce sont des choses qui
peuvent arriver. Dans ce cas-là, je vous verrai personnellement pour
vous faire part...
M. Lessard: Si vous voulez, nos portes sont
ouvertes, nous vous donnerons tous les renseignements.
M. Samson: C'est une question particulière, parce que je
ne veux pas faire de cas particuliers à la commission.
M. Lessard: II y a eu certainement une décision prise en
juillet lui enlevant son permis ou l'annulant. La raison, la lettre ne le
mentionne pas, mais...
M. Samson: On verra.
M. Lessard: On verra par la décision.
M. Samson: II y a eu quelque chose qui m'a été
mentionné par les chauffeurs de taxi concernant un règlement, un
arrêté en conseil. Le ministre, je pense, pourrait... Je lui ai
parlé de ce problème et il devait corriger la situation; je ne
suis pas sûr que cela a été fait. En attente aux
aéroports, les chauffeurs de taxi, selon cet arrêté en
conseil que vous devez connaître par coeur, ne pouvaient pas...
M. Lessard: Les ententes dans les aéroports ne
relèvent pas de la commission.
M. Samson: Ah, ça ne relève pas de la commission.
Ah bon, c'est...
M. Lessard: Cela relève...
M. Samson: ... qui, la bête noire, le ministre? On va
attendre qu'il nous écoute dans ce cas-là. En attendant, les
tarifs pour les transports généraux sont encore fixés par
vous?
M. Lessard: Oui.
M. Samson: Quand un tarif est accepté par vous, est-ce que
c'est normal qu'un transport général qui est tenu à la
fixation de tarif par la commission se fasse amener par la commission
anti-inflation devant la cour pour des tarifs trop élevés?
M. Lessard: Oui.
M. Samson: Cela arrive.
M. Lessard: C'est possible. Nous avons eu, lorsque la
régie provinciale anti-inflation a été instituée,
pendant la période où elle a fonctionné, j'ai eu des
rencontres avec M. De Coster qui présidait cette régie et j'ai
rencontré, avec M. De Coster, les représentants de la
régie fédérale anti-inflation du fédéral.
Nous avons convenu que notre commission continuerait à fixer des taux et
tarifs dans le cadre des données socio-économiques dont j'ai
parlé plus tôt, au début des délibérations de
cette commission. Parce qu'il était impossible pour nous de savoir quels
profits un camionneur ferait avec les taux et tarifs qu'on lui fixe. Je
m'explique.
Nous pouvons lui fixer des taux et tarifs suivant lesquels il nous
convainc qu'il pourra faire un profit de 3%, 4%, 5%, ce qui est un profit assez
normal dans le camionnage en général. En haut de 7%, c'est
très rare.
Supposons qu'il ait bâti sa structure de tarif et qu'il nous ait
convaincus en nous disant qu'il voyagerait à 75% plein et que, par une
chance, si vous voulez, une nouvelle industrie ou des nouveaux clients qu'il
peut trouver, il fasse voyager ses camions à 100%, il pourra arriver
qu'il fasse un profit qui n'était pas acceptable à la
régie provinciale anti-inflation et qui n'est peut-être pas encore
acceptable à la régie fédérale anti-inflation.
Alors, nous avons fait une mise en garde sur les requêtes de
fixation de taux et tarifs et sur les décisions fixant des taux et
tarifs, disant à peu près ceci: Les décisions de la
Commission des transports du Québec n'ont pas pour effet de vous
soustraire à l'application des deux lois, la loi provinciale tant
qu'elle a existé et la loi fédérale antiinflation. Tout le
monde était bien avisé de ça.
Cela n'a pas causé de difficultés, sauf dans certains cas
où les camionneurs ont fait des profits excédentaires.
M. Samson: D'accord. Cela me donne la réponse que je
voulais. Au ministre maintenant, parce que ça relève du ministre,
apparemment; la fameuse question des chauffeurs de taxi en attente dans les
aéroports, c'est réglé? Est-ce que l'arrêté
en conseil a été adopté?
M. Lessard: Oui.
M. Samson: J'apprécierais en recevoir une copie, si ce
n'est pas trop demander. (12 heures)
M. Lessard: L'arrêté en conseil concernant les
conducteurs de taxi en attente, soit la modification de l'arrêté
en conseil qui avait été faite, demandant aux conducteurs de taxi
de rester dans leur auto.
Une voix: ... la commission.
M. Lessard: II n'y a aucun problème.
M. Samson: Je sais que le ministre avait indiqué son
intention de le régler, mais comme je ne savais pas si cela avait
été fait officiellement, je vous remercie de l'avoir fait. Je
n'ai pas d'autres questions, M. le Président.
Le Président (M. Dussault): J'avais, sur ma liste de droit
de parole, M. le député de Gatineau qui a dû sortir. Je
passe donc au suivant. M. le député de Brome-Missisquoi.
M. Russell: M. le Président, je n'ai pas tellement de
questions à poser. J'ai même indiqué au ministre au
début que, quant à moi, ce n'était pas nécessaire
de faire déplacer le juge de la commission. J'ai toutefois quelques
remarques à soumettre au ministre sur deux points en particulier.
Le premier j'ai déjà parlé de cette question
l'an dernier concerne ceux qui sont assujettis à des permis, qui
ont des camions qui viennent de la province voisine chercher les produits d'une
industrie qui existe au Québec et qui sont obligés d'obtenir un
permis du Québec. On est assujetti à tous les compétiteurs
de l'Ontario qui viennent livrer des produits au Québec, mais qui n'ont
pas de bureau au Québec, et qui ne sont donc pas obligés de
prendre ces permis.
J'ai dit que c'était discriminatoire. On s'accroche à un
vieux règlement qui date de 1930 et qui demeure dans les filières
poussiéreuses. On ne semble pas vouloir le réexaminer. Je n'ai
pas entendu dire qu'il y avait eu des changements depuis douze mois.
M. Lessard: Quel règlement?
M. Russell: Je n'ai pas le numéro en mémoire.
J'aurais peut-être dû l'apporter avec moi, mais il s'agit de ceci:
Une société qui a une usine au Québec et une en Ontario,
et que son camion vient livrer...
M. Lessard: Le camionnage privé.
M. Russell: Le camionnage privé. Ce camion, qui va venir
livrer dans la région d'Ottawa et qui va se rendre au Québec
faire un chargement ne peut le faire sans avoir un permis du Québec.
M. Lessard: Cela ne regarde pas la commission.
M. Russell: Tandis que les camionneurs privés qui ont des
usines en Ontario peuvent venir nous faire compétition sur le
marché québécois et ils ne sont pas assujettis
à...
M. Lessard: On vient de signer un accord de
réciprocité, un protocole d'entente, avec le gouvernement de
l'Ontario, le 2 février 1978, lors de la rencontre que j'ai eue avec M.
Snow, qui donne les mêmes privilèges à l'un et à
l'autre.
M. Russell: À l'un et à l'autre? M. Lessard:
Oui.
M. Russell: Maintenant, on peut venir au Québec, et il n'y
a plus de problème?
M. Lessard: C'est cela, à partir du 1er avril 1978.
M. Russell: D'accord. C'est-à-dire que le permis qu'on
nous a donné, on pourra le retourner au ministre?
M. Lessard: Oui. Vous m'en aviez parlé l'an passé
et je savais que la commission allait venir. J'ai rencontré M. Snow
dernièrement, mais il y avait eu des discussions entre fonctionnaires
depuis plusieurs mois à ce sujet. On a signé le protocole
d'entente, il y a quelques semaines.
M. Russell: Merci. Le problème est réglé.
J'ai seulement une autre remarque, M. le Président, elle est
plutôt d'ordre général. C'est une observation. À
moins que mes informations soient mauvaises, notre industrie du camionnage, au
Québec, et peut-être au Canada, est malade. Je ne parle pas
seulement du transport par camion, mais aussi du transport par chemin de fer.
Si on se compare aux pays voisins, en parlant des compagnies qui font affaires
dans les pays voisins, même l'industrie papetière s'en
plaignait... Cela leur coûtait beaucoup plus cher de faire leur transport
au Québec qu'aux États-Unis.
Après vérification et expérience vécue, on
constate qu'on ne peut pas, aux États-Unis, faire du camionnage
privé à meilleur marché, c'est-à-dire qu'on peut le
faire faire à meilleur marché par les compagnies de transport que
de le faire nous-mêmes.
Au Québec, c'est l'inverse. Nous sommes obligés, pour
pouvoir arriver à faire concurrence, de faire notre transport
nous-mêmes pour obtenir un meilleur service, plus lucratif, et cela
coûte meilleur marché.
Je veux soulever ceci parce que tout à l'heure M. le juge disait
que c'est lui qui fixe les taux. Quand on fixe les taux, cela aide a faire
monter les coûts. Souvent, c'est parce qu'on manque de travail et qu'on
ne peut pas transporter à pleine charge qu'on demande des augmentations
de taux. Ce n'est pas toujours la solution au problème.
Si une compagnie ne fait pas de profits, c'est peut-être parce
qu'elle a une mauvaise administration. C'est peut-être qu'elle a des
itinéraires qui ne sont pas rentables. Il faut toujours se rappeler
ceci: Lorsqu'on donne un taux, c'est important, parce que toutes les autres
compagnies de transport seront obligées de les respecter. Il n'y a plus
de compétition. C'est un peu comme l'électricité et le
téléphone. Il n'y a pas de compétition et la
clientèle est obligée de payer les prix établis qui,
souvent, sont beaucoup trop onéreux dans plusieurs cas.
Ce sont les remarques que j'avais à faire. Je vous dis ceci parce
que, actuellement, même dans le Canada, on peut faire du transport d'un
bout à lautre du pays, à meilleur marché, avec nos propres
camions on revient allège et on peut le faire faire par les transports
publics.
C'est vrai pour le camionneur dans le transport public, c'est vrai pour
le chemin de fer aussi. C'est une situation ridicule, quant à moi. Je
pense qu'il est temps qu'on se penche sur ceci. Si on pouvait faire une petite
démonstration dans le Québec au moins, à la face des
autres provinces, peut-être qu'on verrait à essayer de corriger la
situation dans le Canada. Ce sont mes seules remarques, M. le
Président.
M. Lessard: Je suis bien content que le député
soulève ce problème, parce que, dernièrement, je recevais
une étude économique sur le camionnage au Québec qui
constatait justement un certain nombre de ces choses.
Il reste, comme le disait tout à l'heure M. le juge, que
l'association ou le bureau des tarifs du
Québec, qui regroupe les transporteurs généraux,
doit quand même être très prudent dans ses demandes
d'augmentation de tarifs devant la Commission des transports, parce que, de
plus en plus, pour faire face à la situation, les industries
privées, que ce soit Steinberg, que ce soit Dominion ou d'autres
entreprises, sont dans l'obligation bien souvent, pour diminuer leurs
coûts de transport, d'acheter des camions, ce qui réduit ainsi
considérablement la clientèle pour les compagnies de
camionnage.
Une des causes, je pense je vais justement parler à
l'Association du camionnage demain, je pense c'est que nous avons, au
Québec, par rapport aux États-Unis et à l'ensemble du
Canada, la réglementation la plus excessive de tout le continent
nord-américain.
J'ai regardé un peu ce qui se passait dans d'autres pays. On sait
qu'actuellement, par exemple aux États-Unis même en Ontario
il y a une grosse discussion publique pour envisager une
déréglementation graduelle, parce que, quand on donne un permis,
on donne en même temps un monopole. Bien souvent, ces permis, que ce soit
pour le taxi ou que ce soit pour le transport général, se vendent
à des prix très élevés. Même si le bureau des
tarifs doit être très prudent, puisqu'il y a une certaine
concurrence et qu'on laisse la possibilité du compte propre, je pense
qu'il y a actuellement des augmentations qui sont assez élevées.
J'ai donc regardé vers les États-Unis... Je pense bien que tous
les camionneurs, comme moi-même, suivons l'expérience de
très près.
En Australie, on avait le même problème. En 1954, on a
commencé à déréglementer le camionnage. Comme le
soulignaient tout à l'heure, je pense, le député de
Rouyn-Noranda ainsi que M. le juge, avant d'avoir un permis, les gens voulaient
avoir énormément de liberté pour obtenir ce permis. Une
fois qu'ils ont obtenu le permis, ils interviennent auprès du
gouvernement du Québec comme auprès du ministre des Transports
pour réglementer, de telle façon que personne ne pourra plus
entrer dans ce secteur. On doit se poser des questions.
L'argument qu'on nous reporte, lorsqu'on discute de
déréglementation, c'est qu'actuellement, à cause de la
fixation des tarifs de la Commission des transports, certaines compagnies de
transport sont obligées c'est exact de donner des services
à des régions périphériques. Dans ces
régions, bien souvent, les profits ne sont pas aussi intenses qu'ils le
sont dans des régions à forte densité de population. En
faisant du service dans des régions à forte densité de
population et du service dans des régions où la densité de
population est moins forte, il y a un équilibre des revenus.
Cependant, on a constaté, dans d'autres régions, tant en
Australie qu'aux États-Unis, qu'il n'y avait pas plus de faillites dans
des secteurs non réglementés qu'il y en avait dans des secteurs
très réglementés, parce que, justement, dans un secteur
très réglementé, il arrive que les camionneurs, les
transporteurs transportent seulement dans une direction et reviennent vides
dans une autre direction. On a une sous-utilisation actuellement des flottes de
camionnage et, comme vous le disiez tout à l'heure, comme il y a une
sous-utilisation, les gens sont donc obligés de demander des tarifs plus
élevés.
Peut-être pourrait-on envisager une déréglementation
graduelle, non pas peut-être, vers les régions
périphériques, parce qu'il faut que des compagnies assument le
service de ces régions, mais dans des régions comme
Montréal, comme Québec où on pourrait envisager un genre
de plus grande liberté pour le transport général. Je me
pose la question. Je vous avoue que si vous regardez aux États-Unis
actuellement, c'est vraiment une bataille rangée qui se fait. Du
côté des compagnies aériennes, on l'a accepté, mais
du côté des camionneurs, vraiment, on se livre une bataille
rangée. Comme il va certainement, si on se dirige dans ce sens, y en
avoir une parmi les associations de camionnage vis-à-vis du gouvernement
du Québec.
Depuis les mois que je suis là, je constate que chacun veut
garder son petit gâteau. On a tenté de soumettre un
règlement sur le vrac pour regrouper, parce que le vrac, depuis 1972,
surtout les camionneurs artisans qu'on appelle, "le un camion", avaient obtenu
l'exclusivité sur la clause 75/25 du ministère des Transports. Je
calcule qu'on ne peut pas perpétuer une injustice comme celle-là.
Il y a de petits entrepreneurs artisans, j'entends bien de petits entrepreneurs
artisans qui ont même un camion ou deux, il me semble qu'ils ont droit
aussi à cette part du gâteau, mais je vous avoue que ce n'est pas
facile à faire partager. Quand cela remonte à 1972, qu'on a une
certaine exclusivité et qu'un ministre décide, à un moment
donné, de les forcer à partager le gâteau et
d'éviter ainsi des chicanes continuelles, comme j'en ai vu durant des
contrats entre deux associations, puisque lorsque l'entrepreneur voulait faire
un travail avec une association, l'autre association bloquait les chantiers, je
me dis que cela va au désavantage des camionneurs. Parce que les
entrepreneurs devant ces faits, devant ces chicanes, se disent: Plutôt
que de se chicaner, on va acheter nos propres camions. Donc, les gens
continuent de ne pas travailler et les entrepreneurs achètent leurs
camions. Il y a des intérêts qui sont très forts. Ce ne
sont pas nécessairement les intérêts des camionneurs qu'on
défend actuellement, mais il y a des intérêts qui sont
très forts et qui sont difficiles à casser.
La réflexion que vous faites, je vous avoue que je la fais;
j'aimerais bien, peut-être, que l'on envisage une commission
parlementaire sur le camionnage général, ou encore, un genre de
commission d'enquête, et par la suite, on réunirait les
parlementaires. Je pense que c'est le temps qu'on se pose des questions, parce
que chacun veut avoir son secteur privé. Chacun veut avoir son secteur
propre de camionnage. Chacun veut avoir son petit royaume. Je suis rendu que je
vais être obligé de réglementer les boueurs. Après
cela, je ne sais plus ce qu'on va réglementer. Cela de-
vient assez grave. Je vous avoue, depuis que je suis entré
là-dedans, cela a été et c'est actuellement le principal
problème dans le transport, cette réglementation excessive qui
nécessite des augmentations de fonctionnaires de façon
considérable, et où la liberté... et ces gens se battent
au nom de la liberté d'entreprise... L'Association du camionnage du
Québec, lorsque je réglemente le camionnage en vrac, par exemple,
pour aider ce secteur, crie au meurtre et au scandale en disant que je veux
socialiser le camionnage, alors que pour elle-même, elle continue de
m'exiger de la réglementation, que ce soit sur la location ou que ce
soit dans d'autres secteurs. C'est vraiment le problème du petit royaume
pour chacun. Comme il y a un petit royaume pour le camionnage
général, par exemple, comme il y a un petit royaume pour le
camionnage en vrac, pourquoi pas un petit royaume pour les responsables
d'entretien des chemins d'hiver ils commencent à me le demander
pourquoi pas un petit royaume pour les locateurs de machinerie lourde,
pourquoi pas? La liberté, il n'en restera plus!
Je me pose la même question que vous et je m'interroge
énormément. Je le dis de plus en plus. Je commence à le
dire: Si vous n'êtes plus capables de vous entendre et s'il n'y a plus
moyen de prendre en considération le droit de vivre de l'autre, on va
mettre "free for all" et le problème va être réglé.
Ce sera le meilleur qui réussira.
M. Russell: M. le Président, je veux simplement faire
remarquer au ministre que j'ai été drôlement surpris. Lundi
dernier, j'examinais les taux que l'on payait aux États-Unis, c'est
presque 50% de moins il s'agit du transporteur public qu'il en
coûterait si on le faisait transporter ici par un transporteur public. Le
résultat, c'est que ces compagnies vous avez mentionné
Steinberg, je pourrais vous en donner une liste, qui augmente tous les jours,
parce que les taux sont rendus beaucoup trop élevés
s'organisent, elles font leur transport elles-mêmes, et de cette
façon, obtiennent un meilleur service, mais elles ne sont pas
intéressées à devenir des transporteurs. Elles sont tous
prêts à faire faire leur transport, à condition de payer le
tarif raisonnable. C'est une partie de la contribution à l'inflation. Je
ne sais pas comment on dit cela en français: "to price oneself out of
the market". (12 h 15)
C'est ce qu'on fait actuellement, c'est de l'autodestruction, à
laquelle on contribue quotidiennement. Je pense qu'il est temps que les gens en
place je le dis au ministre actuel, si c'était un autre, je lui
dirais la même chose prennent connaissance des faits et arrivent
avec des mesures pour corriger cela. Je m'aperçois que le transport n'en
est qu'un parmi plusieurs autres.
Le Président (M. Dussault): Messieurs, je me permets de
vous rappeler que les travaux de cette commission se termineront dans treize
minutes.
Le suivant sur la liste est M. le député de
Joliette-Montcalm, cependant, M. le député de
Montmagny-L'Islet et M. le député d'Orford n'ont pas
encore pris la parole. Je vous demanderais, M. le député,
d'être bref, s'il vous plaît!
M. Chevrette: Je vais le laisser passer, avec la courtoisie qu'on
me connaît...
Le Président (M. Dussault): Merci. Comme M. le
député de Montmagny-L'Islet est sorti pour quelques minutes, M.
le député d'Orford.
M. Chevrette: Je ne perds pas mon droit de parole,
j'espère.
Le Président (M. Dussault): Non, je vous le garde.
M. Chevrette: Le député de Montmagny-L'Islet a
dit...
Le Président (M. Dussault): II est possible qu'il
revienne, il a été demandé d'urgence. Je vais penser
à vous, soyez-en sûr, M. le député de
Joliette-Montcalm.
M. le député d'Orford.
M. Vaillancourt (Orford): M. le Président, je ne serai pas
tellement long. J'ai seulement quelques questions à poser.
Premièrement, en ce qui concerne les documents qu'on demande à la
Commission des transports, est-ce absolument nécessaire qu'ils passent
par le ministre pour être distribué aux membres de cette
commission? Ordinairement, tous les documents que les membres d'une commission
demandent sont déposés directement aux membres de la
commission.
M. Lessard: M. le Président, je pense que ce sont des
documents publics. Les députés ont le droit de communiquer avec
la Commission des transports pour obtenir certains renseignements et des
documents publics. Je pense que c'est tout à fait normal.
M. Vaillancourt (Orford): C'est un principe que je voudrais
établir, surtout une directive, parce que, assez souvent, un
député a besoin de certains documents. S'il faut qu'il passe
toujours par l'entremise du ministre, assez souvent, c'est plus long. Mais si
le ministre et le président de la commission disent que les
règlements ne défendent pas que les documents soient
envoyés aux députés, je pense que cela simplifierait
beaucoup les choses.
M. Lessard: II n'y a aucun problème. Je pense que ces
documents doivent être accessibles aux députés, d'autant
plus que les députés sont là pour avoir un certain
contrôle sur les organismes publics et parapublics. D'après la
loi, si je lis, par exemple, l'article 247, au paragraphe 2: "Nonobstant le
paragraphe 1), la commission peut fournir, sans frais, copie certifiée
de tout document émanant de celle-ci à tout bureau, office,
commission, régie, ministère ou organisme relevant du gouver-
nement du Québec, du Canada, de l'une des provinces."
Je pense bien que l'Assemblée nationale est un organisme...
M. Vaillancourt (Orford): C'est un organisme assez
représentatif...
M. Lessard: II n'y a aucun problème.
D'ailleurs, je voudrais bien dire, M. le député, que
plusieurs députés ont communiqué avec nous dans le
passé. Je pense que nous avons toujours offert la plus grande
collaboration. Je n'ai jamais calculé que, lorsque des
députés m'appellent ou appellent des fonctionnaires pour avoir
des renseignements, cela devait être considéré comme une
intervention. J'ai passé du temps, parfois, à expliquer des
choses à des députés, parce que je calcule que cela
m'évite beaucoup de problèmes, parce que les
députés font du bureau, et si quelqu'un ne connaît pas tel
article ou telle autre chose, si on peut vulgariser ainsi, je trouve que c'est
un service public et nous le faisons volontiers.
Je pense que si nos fonctionnaires ne donnaient pas aux
députés toute la collaboration voulue, j'aimerais bien en
être avisé, parce que nous l'avons toujours fait.
M. Vaillancourt (Orford): Merci, M. le Président. C'est
seulement cela que je voulais savoir, parce que je sais que, dans le
passé, nous avons toujours eu les documents demandés, surtout
lorsqu'on était membre d'une commission parlementaire et qu'on demandait
des documents, on les obtenait sans difficulté, sans passer par le
ministre. Si je comprends bien, ce n'est pas changé.
Maintenant, une autre question que j'aimerais poser au président:
Au sujet des permis pour le transport de la tourbe, y a-t-il des changements
depuis un an ou deux?
M. Lessard: Au sujet de la tourbe comme telle, évidemment,
c'est encore une matière en vrac et nous fixons les tarifs. Demain ou
après demain, nous allons avoir la décision...
M. Vaillancourt (Orford): Je ne parle pas du gazon, je parle de
la tourbe, du "peat-moss".
M. Lessard: Le "peat-moss" est un produit nommé. C'est
réglementé par le règlement numéro 21. C'est bien
pour cela que j'ai dit la tourbe, comme telle. Le "peat-moss", c'est un
transport très intéressant pour les Québécois parce
que cela fait un retour ou un aller magnifique pour le transport des fruits et
légumes. En somme, les camionneurs s'en vont aux États-Unis avec
du "peatmoss" et reviennent avec des fruits et légumes. Les
transporteurs québécois font très bien dans ce domaine et
ont une bonne part du marché avec les États-Unis.
M. Vaillancourt (Orford): Le permis peut s'obtenir comme l'an
passé? Je pense qu'il y a une nouvelle réglementation...
M. Lessard: Très facilement. Pour le transport de produits
nommés, il y a un règlement...
M. Vaillancourt (Orford): C'est le règlement numéro
21?
M. Lessard: Numéro 21.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que vous pourriez m'expliquer
brièvement de quelle manière on peut l'obtenir?
M. Lessard: Nous pouvons même vous faire parvenir une copie
du règlement.
C'est très simple. "Nul ne peut obtenir et détenir un
permis de transport de produits nommés, à moins qu'il ne soit
domicilié au Québec où qu'il y ait une place d'affaires,
qu'il ne détienne une police d'assurance responsabilité pour
dommage... ' C'est très simple. On reçoit cela par
télégramme ou télécopieur et cela coûte $15.
$20 la première année et $15 ensuite et on émet cela bien
souvent dans la journée.
M. Vaillancourt (Orford): II n'y a pas d'auditions.
M. Lessard: II n'y a pas de publication.
M. Vaillancourt (Orford): Je sais qu'il n'y a pas d'opposition,
qu'il n'y a pas de publication. Plusieurs transporteurs se plaignent... Vous
dites dans la même journée, peut-être que si la demande est
faite directement au bureau, le type va là, il peut peut-être
l'obtenir la même journée, mais s'il l'envoie par
télégramme, il arrive assez souvent que cela prenne quatre
à cinq jours.
M. Lessard: Quatre à cinq jours? Il y a bien des gens qui
envoient la demande et qui ne joignent pas les $20 qu'on est obligé
d'avoir. Si on le fait par télégramme, on est autorisé
à le retourner par télégramme. Je suis au courant de bien
des cas où cela s'est fait dans la journée. Là encore, si
la demande arrive à 4 h 25, lorsque les bureaux ferment à 4 h 30,
on n'autorise pas toujours du temps supplémentaire. Souvent
l'administrateur me dit qu'ils n'ont pas la police d'assurance exigée
par le règlement et qu'ils doivent retourner la demande par
télégramme, en demandant de renvoyer la police.
M. Vaillancourt (Orford): Si je comprends bien, pour obtenir un
permis pour transporter du "peat-moss", cela prend une police d'assurance
cargo?
M. Lessard: La police d'assurance prévue au
règlement 21 dit: "Pour dommages résultant de l'utilisation de ce
camion ou de ce tracteur, d'une couverture d'au moins $35 000, en outre des
intérêts et des frais pour tout dommage dans un même
accident. Sauf, à déduire des dommages aux biens d'autrui de $200
et qui n'obtiennent de la compagnie, qui a émis cette police
d'assurance
un engagement écrit que cette police demeurera en vigueur
indéfiniment, à moins d'avis écrit, donné au moins
dix jours d'avance à la commission et qu'ils ne transmettent cet
engagement à la commission."
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce que c'est pour le voyage, la
cargaison?
M. Lessard: Non. Le permis est donné pour un an. Le permis
ne se renouvelle pas automatiquement.
M. Vaillancourt (Orford): Est-ce obligatoire d'avoir une
assurance pour la cargaison?
M. Lessard: Oui, c'est une assurance responsabilité pour
dommages résultant de l'utilisation de ce camion.
M. Vaillancourt (Orford): Cela ne veut pas dire que la
marchandise qui est transportée par le camion est assurée?
M. Lessard: C'est la police responsabilité civile.
Ce n'est pas la cargaison. C'est la responsabilité civile. S'il
frappe quelqu'un.
M. Vaillancourt (Orford): Je vous dis cela parce qu'il y a eu des
problèmes. Les camionneurs ont obtenu un permis et ils ne
détenaient pas de police d'assurance pour la cargaison.
M. Lessard: Je ne crois pas... Elle n'est pas exigée.
Elle n'est pas exigée.
M. Vaillancourt (Orford): Elle devrait l'être.
M. Lessard: Ce qui est exigé c'est l'assurance de
responsabilité civile vis-à-vis autrui.
M. Vaillancourt (Orford): C'est justement pourquoi je vous dis
cela.
M. Lessard: L'assurance de responsabilité civile
vis-à-vis autrui ne couvre-t-elle pas la cargaison?
M. Russell: Pour des dommages qui peuvent être
causés à la cargaison, mais pas la cargaison elle-même.
M. Lessard: On dit: Responsabilité civile pour dommages
résultant de l'utilisation de ce camion ou de ce tracteur, d'une
couverture d'au moins $35 000.
M. Vaillancourt (Orford): Je pense que, lorsque la Commission des
transports émet un permis pour transporter telle ou telle marchandise,
elle devrait exiger que le camionneur détienne un permis pour la
marchandise qu'il transporte, c'est-à-dire une assurance.
M. Lessard: Ce serait peut-être souhaitable.
Évidemment, c'est la première fois que j'ai des plaintes à
ce sujet.
Maintenant, si l'individu n'a pas d'assurance pour sa cargaison, j'ai
l'impression qu'il peut avoir des problèmes de transport à un
moment donné.
M. Vaillancourt (Orford): C'est surtout...
M. Lessard: Parce que là, cela devient la
responsabilité du transporteur. En fait, nous couvrons l'assurance qui
était semi-obligatoire avant et qui, maintenant, est obligatoire. Nous
couvrons l'assurance pour autrui mais il appartient, je pense bien... C'est la
même chose pour les transporteurs, dans les L, est-ce qu'on exige un
certificat de garantie?
Il y a une police d'assurance de prévue pour les camionneurs
étrangers, mais pas nécessairement pour la cargaison qui est
transportée. Alors, cela devient la responsabilité de l'individu
et du locateur de voir pour le locateur à ce qu'il soit
protégé.
M. Vaillancourt (Orford): Comme cela, pour les autres
permis...
M. Lessard: C'est contractuel, vous savez. Celui qui engage un
camionneur peut exiger que celui-ci s'assure. On peut en faire un taux
additionnel mais, là encore, cela pourrait être
reflété dans les taux.
M. Vaillancourt (Orford): Bon, d'accord. On en a assez.
M. Lessard: II y a des procédures civiles.
M. Vaillancourt (Orford): Maintenant, est-ce que la Commission
des transports fixe le taux, encore, pour le transport de cette
marchandise?
M. Lessard: Absolument.
M. Vaillancourt (Orford): J'ai communiqué avec la
Commission des transports et on m'a dit qu'elle ne fixait plus le taux.
M. Lessard: Pour le transport de produits nommés?
M. Vaillancourt (Orford): Pour le transport de tourbe,
"peat-moss".
M. Lessard: Qui vous aurait dit cela? Pouvez-vous me dire le nom
du fonctionnaire?
M. Vaillancourt (Orford): Je n'ai pas le nom du fonctionnaire
parce que ce n'est pas moi qui ai...
M. Lessard: Je vais vérifier cela.
M. Vaillancourt (Orford): C'est quelqu'un qui m'a dit cela.
M. Lessard: Est-ce que ce taux est fixé annuellement?
Je vais vérifier. Je vous avoue que ce ne sont pas les
décisions que je regarde le plus souvent. Je vais vous donner la
réponse cet après-midi.
M. Vaillancourt (Orford): D'accord. Je n'ai pas d'autres
questions.
Le Président (M. Dussault): Messieurs, il nous reste
à peine 30 secondes...
M. Lessard: Alors, M. le Président...
Le Président (M. Dussault): ... à moins d'un accord
unanime de la commission pour continuer nos travaux, je dois y mettre fin.
C'est un ordre de la Chambre qui devrait nous permettre de nous réunir
à nouveau selon le calendrier déjà fixé d'un accord
commun entre les parties. Il ne semble pas que ce soit dans les prochains
jours.
M. Russell: M. le Président, je n'aurais pas d'objection
si le député de Joliette-Montcalm avait une question,
peut-être pour trois, quatre ou cinq minutes.
M. Chevrette: S'il revient cet après-midi, si on
siège cet après-midi...
M. Lessard: M. le Président...
M. Russell: On pourrait peut-être adopter la...
M. Lessard: Oui. Voici, M. le Président, d'abord je tiens
à remercier M. le juge de sa disponibilité. Je pense bien que
cette discussion a été d'un grand intérêt pour
l'ensemble des membres de la commission parce qu'on se posait
énormément de questions et on se pose encore
énormément de questions sur la Commission des transports.
Cependant, certainement que nous aurons à siéger de nouveau sur
la Commission des transports lorsque nous aurons le rapport de la firme qui
étudie actuellement la gestion, l'administration et la
réglementation aussi, parce que même du côté du
ministère, il y a peut-être des choses qui sont
exagérées ou des exigences qui sont exagérées. Nous
aurons certainement à siéger à nouveau.
Maintenant, il est midi trente. Quant à moi, on peut bien
continuer et terminer ce programme parce que je pense qu'il faudrait l'adopter.
Il appartient je n'y vois pas d'objection au leader parlementaire
du gouvernement de convoquer à nouveau la commission puisqu'on avait
indiqué que cela devait se terminer ce midi. Quant à moi, je n'y
vois pas d'objection, quoique demain j'ai des engagements. Pour cet
après-midi, je n'y vois pas d'objection, si le leader parlementaire
décide de convoquer à nouveau la commission.
M. Russell: M. le Président, pour ajouter à ceci,
je serais bien prêt à demander qu'on tente de siéger cet
après-midi et conclure ce soir, à 18 heures, autant que
possible.
M. Lessard: Je n'y vois pas d'objection.
M. Chevrette: De toute façon, même si je voulais
donner le consentement, on a une réunion à midi trente.
M. Lessard: On ne peut pas. M. Chevrette: On a un
caucus.
Le Président (M. Dussault): Je pose quand même la
question: Est-ce que la commission est disposée à adopter le
programme 6?
M. Giasson: On pourrait peut-être, M. le Président,
très brièvement aborder... Pour ma part, j'aurais des
informations à obtenir, cela ne devrait pas être long.
M. Lessard: O.K., d'accord.
M. Giasson: M. le Président, si vous me le permettez,
j'aimerais savoir du président de la commission des transports...
Le Président (M. Dussault): Un instant, s'il vous
plaît, est-ce qu'on a le consentement unanime de la commission?
M. Chevrette: Je vous donne le consentement, d'autant plus que
personnellement, je pourrai ajouter aux commentaires généraux, si
on pouvait avoir un consentement pour faire quelques commentaires
généraux.
M. Lessard: D'accord.
M. Chevrette: Sur la tarification, par exemple, cela ne me
dérange pas.
M. Lessard: O.K., adopté.
Le Président (M. Dussault): Alors, allez M. le
député de Montmagny-L'Islet.
M. Giasson: Merci, M. le Président, j'aimerais savoir du
président de la Commission des transports, M. le juge, quelle est la
perception qu'a la Commission des transports d'une branche assez
spécialisée dans le monde des transports, soit celle du transport
des maisons mobiles et des roulottes, dont une large partie du marché va
vers la baie James. Cette situation implique qu'une entreprise hors du
Québec, qui s'est donné un pied à terre au Québec
pour être en mesure d'y fonctionner et d'aller y chercher son permis,
fait de la concurrence totalement déloyale à nos entreprises
québécoises de transport, d'abord en ne respectant même pas
nos règlements, soit l'obligation du dépôt de tarifs
annuellement. Cette entreprise fonctionne à partir d'utilisation de
"gypsies", comme on les appelle dans cette ligne de transport,
particulièrement, c'est-à-dire à partir de contrats
signés entre ladite compagnie, dont le National Trailer je ne
sais trop, Convoy. Ces contrats signés entre des propriétaires de
camions
deviennent à mon sens si l'information que j'en ai est
exacte de l'exploitation légalisée, parce que
déjà ladite entreprise, faisant défaut de déposer
annuellement sa tarification, a un tarif qui est nettement inférieur
à celui de nos entreprises québécoises qui déposent
leurs tarifs. En effet celle-ci engage ces gens en leur accordant une
rémunération équivalent à 60% du tarif
établi par les entreprises québécoises. À la
commission des transports du Québec, qu'est-ce que vous entendez faire,
ou avez-vous des actions de prises, vis-à-vis de ce système qui,
à mon sens, ne saurait durer chez nous?
M. Lessard: Nous sommes comme je l'ai mentionné
tantôt, à procéder à une fixation
générale de tous les tarifs pour le transport des maisons
mobiles, usines sur roues, bureaux sur roues, à travers le
Québec. Je crois que c'est hier, mardi, que nous tenions à
Montréal une audience publique sur le sujet, à la suite de la
publication d'un avis proprio motu dans la Gazette officielle, et nous avons
d'autres jours d'audience prévus, je crois pour la semaine prochaine ou
la suivante. Nous allons arriver avec un tarif pour tous les transports des
maisons mobiles qui sera dans le même petit volume et qui donnera les
taux de tout le monde, ce qui permettra aux patrouilleurs routiers d'avoir une
meilleure connaissance de tous les tarifs de transport de maisons mobiles; un
seul tarif, dans un seul volume.
M. Giasson: Un tarif uniforme.
M. Lessard: Et à ce moment, évidemment, nous ne
pourrons jamais agir sur le permis d'un détenteur récalcitrant
tant et aussi longtemps qu'il n'aura pas été condamné en
Cour des sessions de la paix, mais tout de suite après, nous le
sommerons de comparaître pour démontrer pourquoi, son permis ne
serait pas suspendu, révoqué, ou modifié s'il ne suit pas
les tarifs. Notre procédure est bien engagée, les audiences
publiques sont en cours actuellement et tout le monde a été
convoqué. Je sais qu'hier matin, on avait une audience publique sur cela
à Montréal.
Je peux ajouter que du côté du ministère des
Transports, il y a un comité qui siège concernant les permis
spéciaux, concernant le transport de roulottes, piscines, tout ce qui
est de largeur excessive. Il y a un comité qui siège
actuellement, sous la direction de M. Ghislain K. Laflamme, et un rapport
devrait m'être présenté vers le mois de mai.
M. Giasson: Merci M. le Président, je ne retarderai pas
davantage la commission.
Le Président (M. Dussault): Y a-t-il d'autres
intervenants? Est-ce que le programme 6 est adopté?
M. Russell: Adopté.
Le Président (M. Dussault): J'ajourne les travaux de cette
commission sine die.
M. Burns: M. le Président...
Le Président (M. Dussault): M. le député de
Maisonneuve.
M. Burns: Avant l'ajournement de nos travaux, je viens d'avoir
une brève consultation avec nos amis de l'Opposition, vous voyez
où je suis assis...
M. Russell: Cela vous convient bien.
M. Burns: C'est une habitude que j'ai prise pendant six ans.
Il semblerait qu'il soit possible je le mentionne à
l'endroit de la commission, et particulièrement à l'endroit du
ministre et de ses collaborateurs qu'il y ait un consentement pour que
trois commissions puissent siéger en même temps que la Chambre cet
après-midi. Ainsi, la commission permanente des transports pourra
continuer à siéger et, espérons-le, terminer ses travaux
avant 18 heures.
Si cela fait l'affaire de la commission, je ferai cette suggestion aux
membres de l'Opposition. Il semble que ce soit bien reçu, du moins de
ceux qui sont membres de la commission, du côté de
l'Opposition.
M. Lessard: Alors, on va le savoir en Chambre cet
après-midi?
M. Burns: C'est cela. M. Lessard: D'accord.
Le Président (M. Dussault): Merci, M. le leader du
gouvernement, c'est à ce titre que vous venez nous visiter.
M. Vaillancourt (Orford): Serait-il possible de le savoir un peu
plus vite?
M. Lessard: Bien...
M. Vaillancourt (Orford): On va faire nos consultations.
M. Lessard: D'accord.
Le Président (M. Dussault): Nous ajournons vraiment nos
travaux sine die.
(Ajournement de la séance à 12 h 36)