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Camionnage en vrac au Québec
(Dix heures quatorze minutes)
Le Président (M. Jolivet): La commission des transports
est réunie pour entendre des mémoires concernant le transport en
vrac pendant trois jours, soit les 26, 27 et 28 août 1980, aux heures
normales des séances.
Les membres de cette commission sont: MM. Baril (Arthabaska), de
Belleval (Charlesbourg), Goulet (Bellechasse), Gratton (Gatineau),
Grégoire (Frontenac) remplacé par M. Bertrand (Vanier), MM.
Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), O'Neill (Chauveau), Proulx
(Saint-Jean), Samson (Rouyn-Noranda) et Verreault (Shefford).
Les intervenants à cette commission sont: MM. Beauséjour
(Iberville), Bordeleau (Abitibi-Est), Fontaine (Nicolet-Yamaska), Mailloux
(Charlevoix), Mathieu (Beauce-Sud), Michaud (Laprairie), Ouellette
(Beauce-Nord) et M. Perron (Duplessis).
Est-ce qu'on peut nommer un rapporteur, M. Proulx?
M. Michaud: Je pense que je pourrais vous suggérer le
député de Vanier, M. Bertrand.
Le Président (M. Jolivet): Le député de
Vanier, M. Bertrand, est nommé rapporteur de cette commission.
M. le ministre avez-vous quelque chose à dire au début de
cette séance?
Remarques préliminaires
M. Denis de Belleval M. de Belleval: M. le
Président...
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. de Belleval:... il me fait plaisir de souhaiter la bienvenue
à tous les participants à cette commission et, en particulier,
à ceux qui viendront au cours de ces trois jours nous exposer leurs vues
sur l'avenir du transport, du camionnage en vrac au Québec.
Comme vous le savez, le but des travaux de la commission est de faire le
point sur la santé de l'industrie du camionnage en vrac au
Québec, de même que d'éclairer plus
précisément les revendications de l'Association nationale des
camionneurs artisans. Ces travaux permettront entre autres au gouvernement
d'évaluer sa propre action face à cette industrie et d'ajuster,
s'il y a lieu, les politiques et réglementations existantes.
Je dois également rappeler que cette commission ne sera pas
nécessairement en position pour résoudre tous les
problèmes du camionnage en vrac puisque les actions gouvernementales
sont loin d'être les seuls éléments qui façonnent
cette activité et déterminent sa santé économique.
Il ne faut donc pas aborder les travaux de cette com- mission parlementaire
dans l'espoir d'y découvrir la panacée à tous les
problèmes qui pourraient se poser à cette industrie.
D'ailleurs, la commission Lippé, qui s'était
déjà penchée sur le camionnage en vrac, en 1965, et qui a
alors proposé certaines solutions, avait constaté qu'il y avait,
à cette époque, un surplus évident d'offres de services
ou, si vous voulez, de camions ou de camionneurs, compte tenu des demandes des
fournisseurs d'ouvrage.
Par contre, plusieurs des recommandations de cette commission ont
été retenues et ont été appliquées en tenant
compte de l'évolution de la situation. Il y a cependant une
recommandation importante de la commission Lippé qui n'a pas
été appliquée. Celle-ci avait pour but de permettre aux
entrepreneurs et sous-entrepreneurs d'utiliser leurs propres camions sans
restrictions. On sait que ce n'est pas ce qui se produit actuellement, puisque
les entrepreneurs et sous-entrepreneurs doivent accorder aux postes
d'affectation 75% des besoins de transport pour les travaux effectués
au-dessus de la ligne d'infrastructure dans le cas des travaux routiers
exécutés sous la responsabilité du ministère des
Transports. L'ANCAI revendique maintenant, d'ailleurs, au nom des postes et
sous-postes d'affectation, 75% de tout le travail non seulement au-dessus, mais
aussi au-dessous de cette ligne d'infrastructure.
De plus, tel que le recommandait la commission Lippé, une
réglementation a été élaborée et est
appliquée depuis 1973. Elle régit le nombre des permis, qui sont
gelés, d'ailleurs, actuellement, les taux applicables et la
répartition du travail. Depuis le début de 1980, un commissaire
de la Commission des transports du Québec est mandaté en
exclusivité à l'application de cette réglementation.
Ayant été souvent amendée depuis 1973, la
réglementation n'a pu faire réellement ses preuves, pas plus
qu'il n'a été possible de voir les effets de la dernière
modification apportée en 1980, quoique les indices permettent un certain
optimisme.
Voilà qu'un certain nombre de transporteurs ont
revendiqué, entre autres, une plus grande part de travail, une
observation plus rigide de la réglementation. Est-ce que ce sont
là des indices d'un malaise plutôt circonscrit ou, au contraire,
d'un malaise plus fondamental? Il ne faut pas oublier que, face aux
revendications des camionneurs en vrac dits artisans, d'autres secteurs de la
collectivité ou même de l'industrie désirent
protéger leurs intérêts. Ceci nous amène d'ailleurs
à cette commission parlementaire puisqu'il faut tenter de
déterminer, au cours des prochains jours, la nature réelle des
problèmes et la nature réelle des intérêts qui
s'opposent.
En effet, si ces problèmes sont surtout conjoncturels, on peut
supposer qu'une solution sera relativement facile à trouver. Au
contraire, si les problèmes sont plutôt de nature structurelle et
s'ils mettent en cause l'organisation même de l'industrie, toute solution
sera beaucoup plus ardue.
II faudra également se demander si le secteur possède
suffisamment de dynamisme, d'initiative et de ressources pour assurer son
propre développement et résoudre à moyen terme ses
problèmes par lui-même. Si ce n'est pas le cas, serait-il alors
avisé que l'Etat protège de plus en plus les activités de
camionnage en vrac et mette celles-ci à l'abri des aléas et des
incertitudes de la concurrence et des fluctuations économiques?
La commission parlementaire devra examiner les problèmes actuels
du secteur et envisager les solutions nouvelles à apporter. Dans ce but,
la commission devra mettre à profit, d'une part, les efforts des
camionneurs en vrac eux-mêmes, et d'autre part aussi, ceux du
gouvernement, en tant que législateur et autorité
réglementaire, et en tant qu'utilisateur important de services de
transport en vrac. Dans ce sens, le ministre des Transports porte deux
chapeaux, puisqu'il est effectivement responsable de la réglementation
et qu'il est aussi en même temps un des principaux utilisateurs des
services de l'industrie qu'il est chargé de régulariser.
Il faudra, de plus, examiner le marché du camionnage en vrac et
évaluer l'état d'équilibre ou de
déséquilibre entre l'offre, c'est-à-dire le nombre de
camionneurs en vrac, et la demande, c'est-à-dire l'importance des
travaux de transport en vrac disponible.
Ceci est primordial puisque l'équilibre du marché
recèle invariablement les solutions les plus profondes et les plus
durables à des problèmes d'ordre économique, comme ceux
auxquels fait face présentement le camionnage en vrac. De ce point de
vue, je n'ai pas à faire état de mes propres
préférences, elles sont assez connues. Je suis partisan de
laisser autant que possible les forces du marché trouver le juste
équilibre entre les différents intervenants. Tant qu'il est
possible de réduire au minimum la réglementation, je pense que
c'est la voie que nous devons suivre.
Quoiqu'il en soit je suppose que nous aurons les points de vue
des intervenants et des membres de la commission à ce sujet il
n'en reste pas moins que, même s'il assure des conditions optimales de
fonctionnement, cet équilibre du marché libre ne s'établit
jamais sans peine, car il nécessite, entre autres, une concurrence plus
intense et une variation plus libre des taux de transport.
Lorsqu'il faut pallier de manière artificielle le
déséquilibre de marché qui existe peut-être
trop grand nombre de permis, pénurie chronique de travaux, etc.
il est loin d'être certain que ce secteur de transport puisse finalement
trouver une solution satisfaisante à ses problèmes. Aussi,
puisque les camionneurs eux-mêmes ont la principale responsabilité
de la bonne santé et du bon fonctionnement de leur secteur
d'activité, devront-ils démontrer leur bonne administration,
ainsi que le bon usage des permis qui leur ont été
accordés.
L'Etat possède également une responsabilité
importante, dans la mesure où c'est lui qui réglemente cette
activité. A ce titre, il y aura lieu de se demander si la
réglementation existante est adéquate et si son application est
efficace et équitable. Devrons-nous, suite à l'expérience
des sept dernières années, poursuivre dans la voie de la
réglementation où des modifications réglementaires doivent
constamment être apportées pour solutionner les problèmes
que l'ancienne réglementation n'a pas su résoudre ou devrons-nous
plutôt accorder, comme je viens de le dire, aux forces du marché
un rôle plus important dans la régulation des activités de
l'industrie du transport en vrac?
D'autres Etats, dont l'Ontario, ont choisi cette dernière option
et ne semblent pas connaître des problèmes aussi aigus que ceux
constatés au Québec. La structure en vigueur en Ontario ne
comprend aucune fixation de taux par la Commission des transports, et encore
moins des secteurs réservés en faveur de certains
transporteurs.
Les seules interventions réglementaires touchant le marché
sont la fixation d'un taux minimum applicable par le ministère des
Transports et à ses propres contrats et le contrôle de l'offre en
zone rurale seulement par le biais des plaques d'immatriculation.
L'Etat joue, par ailleurs, un rôle supplémentaire en tant
que client du camionnage. Les travaux gouvernementaux ne représentent
toutefois qu'une proportion relativement faible du volume d'affaires
transigées par les camionneurs en vrac, de sorte que, même s'il
est important que l'Etat assure à ces derniers une proportion
significative de ses travaux, la seule intervention gouvernementale ne pourra
pas assurer la survie de tous les camionneurs, ni résoudre tous les
problèmes de l'industrie si les déséquilibres fondamentaux
dont j'ai parlé tantôt et dont parlait la commission Lippé
en 1965 sont toujours présents.
En effet, les besoins totaux de transport de marchandises en vrac du
ministère des Transports représentent moins de 30% et
probablement même moins de 25% je dirais entre 20% et 25%
des besoins de l'ensemble de la capacité de transport offerte par les
détenteurs de permis de vrac. Je pense qu'il est important que nous
ayons ces chiffres en tête. Quand on regarde l'ensemble de l'offre de
transport en vrac faite par les détenteurs actuels de permis, le
ministère des Transports lui-même et les ministères qui
collaborent avec lui comme le ministère de l'Energie et des Ressources,
le ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche, se rendent
compte que nous ne pouvons satisfaire qu'environ 20% à 25% de l'offre
qui existe actuellement, compte tenu du nombre de permis dans le domaine du
camionnage en vrac. Nous sommes donc un client important, sans doute le client
le plus important, mais comme on le voit, un client quand même fortement
minoritaire.
Ces besoins du ministère sont déjà assumés
par les détenteurs de permis VR dans une proportion de 70%. Autrement
dit, tous nos besoins de transport de matières en vrac, 70% de tous ces
besoins sont actuellement remplis par des camionneurs artisans.
Considérant que seulement 11% du coût des contrats de
voirie sont effectivement consacrés au transport en vrac, il faudrait
donc augmenter considérablement le budget du MTQ ministère
des Transports consacré à la voirie pour résoudre
le problème du surplus de l'offre de camions, ce qui, d'ailleurs, ne
correspond pas aux besoins du Québec et, donc, aux priorités
gouvernementales.
Je vais répéter rapidement ces chiffres. Quand nous avons
un budget de voirie, pour chaque dollar consacré à ce budget de
voirie, environ $0.10 ou $0.12 de ce dollar sont consacrés à du
transport de matières en vrac. Et de ces 12%, 70% vont
déjà aux camionneurs artisans.
En conclusion, il apparaît que cette commission parlementaire aura
à se pencher sur des problèmes extrêmement variés.
Je souhaite donc qu'elle apporte un éclairage suffisant sur ceux-ci et
qu'elle permette de dégager des solutions adéquates qui pourront
subséquemment être appliquées en respectant à la
fois les besoins des camionneurs et les intérêts collectifs.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Merci, M. le ministre. M. le
député de Gatineau.
M. Michel Gratton
M. Gratton: M. le Président, mes premiers mots sont, bien
entendu, pour souhaiter la bienvenue à tous ceux qui voudront bien venir
éclairer les membres de cette commission sur les problèmes que
nous connaissons dans le domaine du transport des marchandises et plus
particulièrement du transport en vrac. (10 h 30)
Quant à nous, de l'Opposition officielle, il serait inutile de
rappeler que le Parti libéral du Québec a été le
premier à démontrer d'une façon tangible son
intérêt à l'industrie du transport et aux camionneurs, en
étant le premier à adopter une réglementation qui a subi,
au cours des dernières années, plusieurs modifications, et qui
est maintenant remise en cause par certains intervenants.
C'est d'ailleurs à mon collègue de Charlevoix, qui nous
accompagne ce matin, le député de Charlevoix, M. Mailloux, que
l'on doit le premier règlement en matière de transport en vrac.
Le ministre rappelait tantôt que, jusqu'à il n'y a pas tellement
longtemps, était camionneur celui qui avait ses entrées chez le
parti au pouvoir.
Le député de Charlevoix me rappelle que c'est sous le
ministère de M. Pinard que la première réglementation a
été adoptée, justement avec le concours très
précieux du ministre d'Etat et adjoint parlementaire, le
député de Charlevoix. Quoi qu'il en soit, quant à moi, je
reconnais au député de Charlevoix le mérite d'avoir
innové dans le domaine et je suis certain que plusieurs camionneurs
partagent mon point de vue.
M. le Président, la réglementation sur le camionnage ne
répond certes pas à toutes les attentes. On avait établi,
en 1973, que les objectifs de cette réglementation étaient de
rentabiliser l'industrie du camionnage en vrac, d'améliorer les
conditions de travail des camionneurs artisans et des entrepreneurs, de mettre
fin au malaise social qui existait dans le secteur et d'améliorer le
service à la clientèle. Je disais tantôt que, plus souvent
qu'autrement, les camionneurs qui faisaient le travail dont la plus grande
partie relève du gouvernement, surtout du ministère des
Transports, étaient susceptibles de connaître la faillite au
rythme des changements de gouvernement. C'est à cela qu'a voulu mettre
fin la réglementation du transport en vrac au Québec.
Il y a eu, depuis 1973, quelque 17 amendements qui ont été
apportés à cette réglementation qui visait trois objectifs
principaux: premièrement, limiter l'entrée dans l'industrie par
le biais de l'émission de permis; deuxièmement, distribuer le
travail par le mécanisme des postes d'affectation et,
troisièmement, faire disparaître la guerre des prix par la
fixation de tarifs. On doit admettre qu'on a réussi plus ou moins bien
à atteindre chacun de ces trois objectifs. Chose certaine, nous
demeurons convaincus que nous avons mieux atteint ces objectifs avec la
réglementation que nous n'aurions même pu rêver le faire
sans aucune réglementation sous l'ancien régime de
laisser-faire.
On remet maintenant cette réglementation en cause. Le ministre
parle même de la possibilité de déréglementer. Il
nous semble, M. le Président, qu'avant d'abandonner une
réglementation on devrait tout au moins en faire un essai loyal et
valable, ce qui, à notre avis, n'a pas été fait depuis
l'accession du Parti québécois au pouvoir en 1976. J'emploierai
la comparaison suivante, parce que dans le domaine de la sécurité
routière on sait qu'on n'a pas tellement bien réussi non plus au
Québec, ni sous l'ancien gouvernement, ni, surtout, sous le
présent gouvernement. Pourtant, si, en 1979, le nombre de personnes
tuées et le nombre de personnes blessées dans des accidents de la
route a atteint des sommets encore inédits dans toute notre histoire, la
solution que préconise le ministre actuel des Transports n'est pas de
déréglementer et d'abolir la réglementation par rapport
à la sécurité routière. Au contraire, il nous parle
même d'augmenter les amendes de $10 qu'elles sont pour le non-respect du
port obligatoire de la ceinture à $100, comme si cela avait quelque
effet que ce soit sur la motivation qu'ont les policiers de faire respecter la
loi.
En fait, nous l'avons dit, l'augmentation de cette amende aurait
exactement l'effet contraire. Les policiers qui n'arrêtent pas ceux qui
contreviennent à cette mesure je sais que ça vous fatigue,
mais on va y revenir interviendraient encore moins souvent si l'amende
était plus élevée.
Ici, dans le camionnage en vrac, on voulait faire croire à la
population et, ce qui est encore pire, aux premiers intéressés,
c'est-à-dire les camionneurs que, possiblement, c'est la
réglementation qui est mauvaise, alors qu'on n'a aucune volonté
et qu'on n'en a eu aucune depuis quatre ans de la faire respecter.
On a même signé en 1977, et je suis surpris de constater
que le ministre n'en parle pas du tout, il faut se rappeler qu'en 1977, le
ministre des Transports d'alors, Lucien "Stop" Lessard a signé un
protocole d'entente avec l'Association nationale des camionneurs artisans. On
en a copie de cette entente. Or, on a presque l'impression parce qu'il
faut se replacer dans le contexte où il y avait quelque 2000 camionneurs
qui manifestaient devant le parlement qu'il s'est passé une ou
deux choses en juin 1977. On voulait mettre fin à cette manifestation
coûte que coûte au ministère des Transports et on a agi soit
inconsciemment en signant un protocole d'entente sans savoir ce qu'on signait
on y reviendra souvent, M. le Président, au cours de cette
commission parlementaire, à ce protocole d'entente ou bien on
savait trop bien ce qu'on signait, mais on savait déjà qu'on
n'aurait aucune volonté de le faire appliquer et, pire, qu'on
instituerait des moyens de contourner certaines des clauses de ce protocole
d'entente.
Il ne faut donc pas se surprendre si, aujourd'hui, les camionneurs
revendiquent et demandent que soit appliquée, que soit respectée
l'entente qui est intervenue en 1977. On peut se demander pourquoi des
manifestations ont eu lieu en 1980 et pourquoi il n'y en a pas eu en 1974 ou
1975. Je pense que c'est dans la nature du camionneur, surtout celui qui est
artisan, qui gagne sa vie de par son métier, qui est probablement le
symbole le plus clair de ce qu'est la petite entreprise, l'initiative
privée de l'individu, l'initiative individuelle.
Quand les camionneurs ont de l'ouvrage à faire, ils ne perdent
pas leur temps à manifester devant le parlement, ni à
réclamer ou à revendiquer du gouvernement. Ils travaillent, ils
font vivre leur famille honorablement et c'est ce que les camionneurs ont
toujours voulu. Mais, forcément, lorsque dans une conjoncture
quelconque, il n'y a plus de travail, lorsqu'un gouvernement, dans ses discours
parlent du gel des permis, ne trouve pas le moyen de les geler dans les faits,
lorsque en fin de compte, c'est là le fond du problème, M.
le Président le nombre de camionneurs est trop grand pour le
travail à faire, c'est bien sûr que ceux parmi les camionneurs qui
ne trouvent pas de travail revendiquent du gouvernement des façons
d'obtenir au moins un minimum de revenus pour permettre à leur famille
de subsister.
Encore là, M. le Président, il faut souligner ce
n'est pas le ministre des Transports qui va le faire que depuis
l'avènement du Parti québécois au pouvoir en 1976, les
sommes consacrées à la construction de routes, que ce soient les
autoroutes, les routes régionales et même les routes locales
parce que c'est là qu'est le principal volume d'affaires, de
travail pour les camionneurs, qu'ils soient artisans ou entrepreneurs
ont diminué et de façon constante, très
régulière et très significative. Dans le cas des
autoroutes, c'est de 31,7% que les montants consacrés à leur
construction ont diminué, depuis quatre ans, et ce n'est sûrement
pas parce que les coûts de construction, eux, ont diminué. Au
contraire, ils ont continué d'augmenter sous la poussée
inflationniste. Mais, malgré l'augmentation des coûts, 31% de
moins ont été consacrés à la construction
d'autoroutes. Il ne faut pas se surprendre donc qu'il y ait moins de travaux de
voirie en cours dans la province de Québec et qu'il y ait donc, par
conséquent, moins de travail pour les camionneurs.
Dans le cas de la construction de routes dites régionales, c'est
de 25% que les sommes consacrées par le ministère des Transports
ont diminué depuis quatre ans. Donc, M. le Président, le
problème fondamental que nous devons étudier et sur lequel nous
invitons les participants à cette commission parlementaire à se
pencher, ce problème fondamental, c'est simplement qu'il y a un trop
grand nombre de camionneurs pour effectuer un trop petit volume de travail et
en déréglementant tout simplement, est-ce qu'on atteindrait
l'objectif de justice sociale pour ceux qui, parmi notre société,
ont décidé de gagner leur vie dans le camionnage?
Quant à nous, M. le Président, nous abordons cette
commission parlementaire avec l'esprit le plus complètement ouvert. S'il
devait s'avérer, à la suite des auditions que nous aurons en
commission parlementaire, que nous devions constater l'échec de
certaines parties de la réglementation dont nous avons été
les auteurs, nous le reconnaîtrons volontiers, M. le Président.
Mais il me semble qu'avant de parler de déréglementation,
qu'avant de parler et de placer tous les torts sur une association quelconque
on doive étudier le problème de la façon la plus ouverte
possible.
Je dirai à cet égard que je trouve pour le moins curieux
c'est d'ailleurs absolument inusité, à ma connaissance, en
huit ans de parlementarisme, c'est la première fois que je vois cela
que le ministre publie, avant même le début des travaux
d'une commission parlementaire destinée à entendre un certain
nombre d'intéressés, une réponse aux demandes et
revendications d'une association qu'on entendra aujourd'hui. Il me semble que
si on veut réellement savoir ce que les intervenants, les
intéressés pensent de la situation, proposent comme solution, on
devrait au moins avoir, sinon la décence, tout au moins la courtoisie de
les entendre avant de réfuter un à un les points de leur
argumentation dans un texte que personne n'a encore eu le temps malheureusement
d'étudier à fond, où il est relevé certaines
anomalies.
C'est d'ailleurs ce qui a fait craindre le pire à l'Association
nationale des camionneurs artisans qui demandait au ministre des Transports,
dans une lettre récente, de faire en sorte que lors de la
présentation des mémoires par les divers
intéressés, le choix des intervenants ne soit pas laissé
strictement au ministère, l'association craignant qu'on ne fasse
comparaître dans cette première journée que les camionneurs
artisans et leurs représentants pour ensuite noyer leurs
témoignages dans ceux qui suivront au cours des deux derniers jours par
d'autres associations, soit d'entrepreneurs ou de transporteurs. (10 h 45)
II me semble que, le ministre ne s'étant pas rendu à cette
demande fort légitime de l'association, on pourrait, au tout
début de nos travaux ce
matin j'en fais la suggestion à la commission
assurer l'Association nationale des camionneurs artisans, puisque c'est celle
qui représente le plus grand nombre de camionneurs artisans, qui sont
les premiers intéressés par les travaux de cette commission, que
si cela s'avère utile ou nécessaire, on pourrait à nouveau
l'entendre lors de la troisième journée, c'est-à-dire
jeudi de cette semaine à cette commission, même si elle aura
comparu au troisième rang aujourd'hui.
En terminant, je répète que nous, de l'Opposition
officielle, abordons cette commission avec la plus grande ouverture d'esprit
possible face aux suggestions qui nous viendront de la part de nos
invités. J'avoue, cependant, très franchement que nous aurons un
peu plus de méfiance à l'égard des propos du ministre des
Transports, compte tenu de sa présentation, à moins qu'il ne
fasse amende honorable. Dans sa présentation, nulle
référence n'a été faite à ce protocole
d'entente signé par son prédécesseur en juin 1977. A ma
connaissance et à la connaissance de tous, c'est de cela qu'il s'agit
pour les camionneurs, non seulement les camionneurs artisans, mais l'ensemble
des camionneurs qui font le transport des marchandises. C'est à cela
qu'on devait s'adresser. Quant à nous, nous verrons, par nos questions
à nos invités, à faire en sorte que le ministre ne se
défile pas indéfiniment devant les questions fondamentales qui
intéressent cette commission. Je vous remercie.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Bertrand Goulet
M. Goulet: Merci, M. le Président. M. le ministre, mes
collègues, en plus de saluer les membres de la commission, bien
sûr, j'aimerais souhaiter la bienvenue aux différents intervenants
du monde du transport en vrac. Je peux vous assurer, M. le Président, de
mon entière collaboration, au cours de ces travaux que je veux, à
tout le moins, constructifs pour tenter d'apporter la lumière et, je
l'espère, des éléments de solution au problème du
transport en vrac.
Il est inutile de vous rappeler que ce secteur a connu des moments plus
que mouvementés depuis quelques années: règlements,
ententes, amendements, manifestations, le tout accompagné
d'enquêtes et de commissions parlementaires, à commencer par le
rapport Lippé, qui reste encore aujourd'hui très au fait des
problèmes de ce secteur, même s'il a été
complété il y a quinze ans maintenant. C'est donc dire que bien
des années ont passé, beaucoup de mesures ont été
prises, mais les résultats, en fin de compte, ne sont pas très
reluisants.
Il est très facile de s'en prendre aux différents
gouvernements qui, tout en apportant des solutions ou en tentant d'en apporter,
ont été incapables de faire respecter, par les parties
concernées, les ententes et règlements intervenus. On peut avoir
certaines réserves à l'endroit d'un gou- vernement lorsqu'il
devient, en quelque sorte, juge et partie, lorsqu'il dicte des
règlements et signe des ententes d'un côté et de l'autre,
lorsqu'il essaie de faire faire des travaux à moindre coût en
contournant, parfois, ses propres règlements et les ententes qu'il a
lui-même signées. Je pense que c'est là le fond du
problème.
Il est facile également ou il serait facile de lancer la pierre
à l'adversaire, mais beaucoup plus difficile d'admettre que de chaque
côté, chaque partie a probablement ses fautes, d'après ce
qu'on nous dit. Chaque partie aurait, semble-t-il, selon les mémoires
qui nous seront présentés, abusé de la situation pour en
tirer le meilleur parti possible. D'autre part, il est vrai que le secteur du
transport en vrac est très complexe et ses problèmes, nombreux.
De fait, la commission parlementaire est l'aboutissement d'un malaise profond,
mais qu'on pourrait traduire par une volonté de redéfinir les
règles du jeu pour que chacun puisse retrouver sa juste part du
gâteau.
Tous admettent volontiers qu'il y a un surplus considérable de
camions. Je pense que là-dessus, il n'y a pas d'équivoque
possible; on s'entend, il y a un surplus de camions. D'ailleurs, le rapport
Lippé le mentionnait, il y a déjà quinze ans. Le rapport
Lippé mentionnait aussi que "nous faisons face à une situation
économique difficile, que nous avons subi un hiver très doux,
avec les conséquences que cela a entraînées". Il est assez
particulier de noter qu'en lisant ce rapport, aujourd'hui, on se demande si
l'auteur ne fait pas allusion à l'hiver dernier. Ce rapport a
été, comme je le disais tout à l'heure,
rédigé il y a quinze ans.
Par ailleurs, on sait que dans le domaine du transport en vrac, comme
dans tous les autres domaines, personne ne veut mourir, chacun emploie des
moyens et revendique des solutions qui ont l'avantage de le favoriser, lui, et
c'est normal.
Par contre, lorsque je rencontre, à mon bureau, des hommes qui
n'ont, comme seul gagne-pain, que leur camion pour faire vivre une famille et
faire honneur à leurs obligations, lorsque je rencontre des hommes qui
ont du mal à se trouver du travail dans leur région bien
souvent ceux qui se sont présentés chez moi sont des hommes qui
font ce métier depuis au-delà d'une vingtaine d'années et
qui ne font que ce métier je ne vous cache pas que je suis
tenté de favoriser ce genre de camionneurs et tous ceux qui sont dans
une situation similaire. Il ne s'agit pas pour autant de favoriser
indûment une catégorie de travailleurs et d'en brimer une autre.
Je pense que ce serait déplacer le problème et non le
régler. Il faut être capable, je pense, d'apporter des solutions
pour obtenir justice et équité pour tous et je suis confiant
qu'on pourra y arriver à l'intérieur des travaux de cette
commission ou à la suite des travaux de cette commission.
Peut-être que certains diront que je rêve en couleur, M. le
Président, mais j'espère, en tout cas, pour l'industrie du
camionnage en vrac ou du transport en vrac et pour la population en
général que ces gens-là se trompent.
Essentiellement, cette deuxième crise que connaît le
gouvernement actuel depuis qu'il est au pouvoir ne repose pas seulement sur un
problème de stuctures, mais aussi sur un manque de travail, un partage
de l'assiette financière disponible et sur l'application plus stricte
des règlements édictés par l'Etat, mais non suivis dans
bien des cas par l'Etat lui-même. L'Etat ne suit même pas les
règlements qu'il a lui-même édictés. Je donne un
exemple et on y reviendra au cours des travaux de cette commission
la fameuse clause 75-25, M. le Président, est
interprétée à peu près par tout le monde de
façon différente, pour autant que ça fait son affaire. Il
faudrait spécifier davantage. Si cette entente peut être
interprétée de différentes façons, c'est parce
qu'elle n'est pas satisfaisante. Il faudra aller plus à fond au niveau
de la définition des règles du jeu et, si les règles sont
vraiment définies, que tout le monde respecte l'entente
ça, c'est une parmi les douze et surtout le gouvernement
lui-même devrait respecter les ententes qu'il a lui-même
signées.
Dans le rapport que le ministre nous a remis ce matin et dont a fait
mention le député de Gatineau, rapport que j'ai parcouru
très très rapidement, justement, au niveau de ces ententes qui
ont été signées, le ministre semble nous dire que tous les
points ont été respectés. Bien, il faudra vraiment y
revenir au cours des travaux de cette commission parce que, justement, je pense
que la raison première pour laquelle nous sommes ici ce matin, c'est que
certaines personnes nous disent que ces fameux règlements, cette fameuse
entente n'a pas été respectée. Le ministre, ce matin, dans
un beau document qu'il nous remet, nous mentionne les douze points de l'entente
et nous dit à chaque paragraphe que l'entente a été
respectée. Le ministre nous répond par un oui, M. le
Président; il écrit oui, oui, oui et on ne voit pas de non. Je ne
sais pas si c'est une déformation professionnelle, il aurait pu
écrire "entente respectée", mais, en tout cas, on y reviendra
tout à l'heure.
J'espère, M. le Président, qu'au cours des prochains jours
nous pourrons identifier les vrais problèmes, même si nous en
connaissons déjà plusieurs, et les causes profondes du malaise
qui sévit actuellement au sein du camionnage en vrac. Est-ce vraiment un
problème de structures, un manque de travail ou encore serait-ce une
lutte de pouvoir comme certains le prétendent? Je pense qu'il va falloir
en parler aussi durant les travaux de cette commission.
Nous aurons dans ces mémoires, dont nous avons pu prendre
connaissance il y a quelques jours, des affirmations aussi contradictoires les
unes que les autres. Il y a une chose qui est sûre: les deux peuvent
avoir raison, mais certainement pas les deux en même temps. Je souhaite
que cette commission nous permette de savoir qui dit vrai. Est-ce vrai que ces
ententes ont été respectées, comme nous le dit le ministre
dans le document qu'il nous remet ce matin, ou est-ce vrai que ces ententes
n'ont pas été respectées? Il y a certainement quelqu'un
qui a raison, mais pas les deux en même temps, M. le Président, et
j'aimerais, d'ici à la fin des travaux, qu'on puisse savoir qui dit
vrai.
On dit souvent, M. le Président, que, pour être objectif,
il ne faut pas avoir de préjugés, qu'ils soient favorables ou
défavorables. Quant à moi, c'est empreint de cet esprit
d'objectivité que je voudrais participer aux travaux de cette
commission. Nous avons plusieurs questions à formuler, à la suite
des mémoires qui nous seront déposés. J'en profite
également, M. le Président, pour appuyer le point qu'a
soulevé le député de Gatineau, le premier intervenant de
l'Opposition, à savoir que, compte tenu de l'ordre dans lequel nous
entendrons ces mémoires, on puisse, au cours de la dernière
journée, prendre quelques minutes pour permettre aux premiers
intervenants de venir nous dire, s'ils le jugent opportun, ce qu'ils pensent
des propos qui ont été tenus à cette commission.
Au cours d'un procès, M. le Président parce qu'une
commission parlementaire comme on fait ce matin, c'est pour faire la
lumière, alors je vois cela un peu comme un procès il y a
des accusés parfois, et il faudrait permettre aux accusés de
pouvoir se faire entendre, s'ils le désirent. J'aimerais que le
ministre, qui fait signe que oui, puisse répondre favorablement à
cette demande, que ce soit dix minutes, une demi-heure, ou une
demi-journée, quant à moi, je n'ai pas d'objection, mais, compte
tenu de l'ordre des mémoires, j'accepterais qu'on permette à ces
gens de revenir à la table, si les membres de la commission ou ces
personnes le jugent opportun.
M. le Président, quant à moi, je suis prêt à
entendre les mémoires et j'aurai des questions à formuler en
temps et lieu.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre. M. Denis de
Belleval
M. de Belleval: Rapidement, justement pour permettre d'entendre
le premier mémoire, j'accepte volontiers les suggestions des
députés de Bellechasse et de Gatineau en ce qui concerne à
la fin des travaux les représentations éventuelles de
l'Association nationale des camionneurs artisans.
J'accepte aussi volontiers le défi du député de
Gatineau à savoir qu'il faut que le ministre aussi soit prêt
à fournir des réponses claires et franches aux questions qui
seront posées. Là-dessus, je pense que c'est un défi que
nous devrions tous cependant relever.
Rapidement, avant de donner la parole aux gens de l'Association des
camionneurs artisans, je voudrais quand même rectifier ou, en tout cas,
éclaircir le plus fortement possible ma position en ce qui concerne un
premier point qu'a soulevé le député de Gatineau à
savoir que j'aurais déjà pris position en faveur d'une des
réglementations de ce secteur de l'activité économique. Il
n'en est pas question dans mon esprit du tout. Je pense,
comme je l'ai dit, que j'ai des préjugés favorables en
faveur du système de libre entreprise, en général.
Là-dessus, je pensais que, compte tenu du discours actuel du chef
de l'Opposition, j'aurais eu des félicitations de la part du
député de Gatineau pour cette profession de foi, mais je me rends
compte que, effectivement, souvent l'Opposition officielle au Québec
tient un langage d'une certaine façon, mais, quand vient le temps de
passer aux actes, elle en tient un autre. Ce parti, qui est soi-disant en
faveur de l'initiative individuelle et qui nous blâme, nous, d'être
en faveur d'une espèce de collectivisme dans la société,
quand vient le temps d'étudier des problèmes concrets, se
révèle cependant étrangement collectiviste.
On aura le temps, je suppose, durant les prochaines semaines,
d'éclaircir ce discours de l'Opposition officielle, mais on en voit un
bon exemple dans la déclaration d'ouverture du député de
Gatineau.
Pour prendre une autre analogie, puisque vous avez parlé d'un
autre secteur d'activité qui me concerne, celui de la
sécurité routière, cela me fait penser au discours que
vous tenez actuellement sur le zonage agricole: vous dites que vous êtes
en principe favorables au zonage agricole, mais, quand vient le temps
d'appliquer ce zonage, il faudrait le confier aux municipalités. C'est
comme si vous disiez que vous êtes en faveur de la bonne santé des
poulets, mais que vous confiiez le poulailler au colonel Sanders. On le voit
aussi, ce matin, dans le cas du dossier qui nous intéresse. Vous
êtes en faveur de la libre entreprise, mais quand vient le temps de
parler d'essayer parce que c'est mon but, de simplifier la
réglementation et de respecter le plus possible les lois du
marché, on se rend compte que, de toute évidence, la
détermination de l'Opposition n'est pas aussi forte. (11 heures)
Donc, je vais être clair là-dessus, il n'est pas question
de revenir au statu quo ante; je pense que ce serait impossible. Mais il est
quand même important que nous examinions toutes les hypothèses qui
sont devant nous et que nous regardions comment la réglementation
actuelle pourrait être simplifiée le plus possible, et en ayant
toujours comme guide, entre autres, ces forces fondamentales qui
réglementent toute l'activité économique dans nos
sociétés libérales, démocratiques et
industrialisées, libres, à savoir les lois du marché.
Je n'ai pas voulu, dans le document que je rends public ce matin et que
je distribue à tous les participants, fournir une réponse
d'avance aux revendications, entres autres, de l'Association des camionneurs
artisans. Si vous lisez ce document, que vous n'avez pas eu le temps de lire
encore par conséquent, je vous demanderais de ne pas me faire de
procès d'intention ou de déjà décrire ce document
comme une réponse, puisque vous n'avez pas eu le temps de le lire, je
vous l'ai donné il y a à peine quelques minutes quand vous
l'aurez lu, vous verrez qu'il ne s'agit pas d'une réponse comme telle
aux revendications qu'on nous fait, mais tout simplement un exposé sur
l'état actuel de la réglementation et sur un certain nombre de
statistiques vitales qui donnent le portrait économique de cette
industrie.
Finalement, en ce qui concerne quelques affirmations, cette fois
grossièrement fausses, que le député de Gatineau a faites,
je voudrais apporter les correctifs; j'ai les chiffres devant moi, les
journalistes pourront les prendre et les vérifier, c'est dans les
comptes publics. En ce qui concerne le budget du ministère des
Transports, en 1976-1977, le budget du ministère des Transports qui
était consacré aux dépenses d'entretien et de construction
du réseau routier était de $755 000 000 et il est maintenant de
$765 000 000. Donc, cela ne correspond pas aux diminutions dont le
député a parlé tout à l'heure.
M. Gratton: Question de règlement.
M. de Belleval: Est-ce que je pourrais terminer?
M. Gratton: Question de règlement!
M. de Belleval: Est-ce qu'il y a des questions de
règlement possibles ici?
Le Président (M. Jolivet): Cela dépend de ce que
vous voulez dire.
M. Gratton: Imaginez-vous qu'il y a des questions de
règlement partout, surtout lorsqu'on fausse la vérité
comme le fait le ministre actuellement. Ce que j'ai dit je peux lui
fournir les chiffres c'est que dans la construction d'autoroutes
je n'ai pas parlé de l'entretien des routes, mais de la construction
d'autoroutes il y a eu une diminution de 31,7% entre 1976-1977 et
1980-1981, et je mets le ministre au défi de me prouver le contraire. Je
lui ferai grâce des chiffres, mais de $204 000 000 à $139 000 000,
c'est bien 31,7%.
M. de Belleval: Vous avez cité aussi d'autres chiffres et,
quoiqu'il en soit, l'impression que vous vouliez laisser était que,
effectivement, les marchés que nous donnons en matière de
transport en vrac avaient diminué puisque les travaux de construction
routière, notamment, comme vous venez de le dire, les autoroutes,
avaient diminué. Je veux rectifier cette impression et cette affirmation
puisqu'il se peut fort bien que les travaux de construction d'autoroutes aient
diminué comme tels; il faut savoir aussi, d'ailleurs, que les
constructions d'autoroutes ne sont pas ce qui, en proportion, donne le plus de
travail aux transporteurs en vrac, comme vous le savez, puisque dans le cas de
la construction d'autoroutes une grande partie du budget va à des
structures de béton, donc non pas au transport de matières en
vrac.
Je termine en disant que ce qui est important, je pense, c'est le total;
comme le dirait Steinberg, c'est le total qui compte; ce n'est pas simplement
les travaux d'autoroute ou les travaux régionaux,
comme vous l'avez mentionné, c'est l'ensemble des marchés.
Les marchés sont passés de $755 000 000 à $765 000 000.
Plus précisément en ce qui concerne le transport en vrac, en
1976-1977, les dépenses que nous avons faites pour le transport des
matières en vrac ont été de $42 800 000 et, en 1979-1980,
de $58 500 000.
N'oubliez pas, comme je l'ai dit, que, de toute façon, notre part
du marché est fort minoritaire, entre 20% et 25%, et qu'il faudrait
augmenter le budget du ministère des Transports dans des proportions
considérables pour pouvoir changer l'équilibre actuel.
Finalement, en ce qui concerne le protocole d'entente, vous avez dit que
c'était signé par le ministre Lessard et le président de
l'ANCAl le 23 juin 1977. J'ai effectivement mis dans ce document un tableau
explicatif de chacun des points de ce protocole d'entente. Et dans la colonne
"remarques", il ne s'agissait pas seulement d'un oui ou d'un non, M. le
député de Bellechasse, j'ai indiqué sous quelle forme
cette réponse favorable avait été donnée. Mais je
suis d'accord avec vous pour dire que nous aurons le loisir de revenir sur
chacun de ces points à l'occasion et que nous pourrons examiner le
bien-fondé non pas simplement des oui et des non austères que
j'aurais pu donner, mais des explications quand même
circonstanciées qui sont fournies.
Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): Pour l'ensemble des personnes
ici présentes, je donne l'ordre des groupes qui doivent venir ici
à l'avant.
En premier lieu, l'Association nationale des camionneurs artisans Inc;
deuxièmement, le Poste d'affectation région 01 Inc;
troisièmement, le Poste d'affectation de la région 02 Inc;
quatrièmement, Association des manufacturiers de bois de sciage du
Québec; cinquièmement, Corporation poste d'affectation
région 04 Inc; sixièmement, Poste d'affectation région 05
Inc; septièmement, Poste d'affectation région 06 Inc;
huitièmement, Poste d'affectation région 09 Inc;
neuvièmement, Poste d'affectation région 09 Inc;
dixièmement, Poste d'affectation région 09 Inc, sous-poste de
Sept-lles Inc; et onzièmement, Scierie des Outardes Enr. C'est
l'ensemble des groupes que l'on doit entendre aujourd'hui.
Compte tenu du nombre de groupes, je pense qu'on devrait se fixer au
moins un maximum de temps, en sachant que dans certains cas le minimum pourrait
être celui des mémoires plus ou moins épais et des
discussions sur l'ensemble du sujet si on y revient. Je pense qu'on devrait
fixer une heure, comme temps alloué, en étant peut-être un
peu souple on verra en cours de route par mémoire. Je dois
aussi tenir compte qu'on a deux autres journées ou un total d'environ 30
mémoires qui doivent être entendus.
Le président de l'Association nationale des camionneurs artisans
Inc, représenté par M. Gérard Dubé. J'aimerais que
vous nous présentiez les membres qui vous accompagnent afin que vous
puissiez commencer ensuite.
ANCAI
M. Dubé (Gérard): Merci, M. le Président. Je
voudrais d'abord remercier l'honorable ministre des Transports, M. Denis de
Belleval, et ses collègues de l'Assemblée nationale qui ont
permis une commission parlementaire. Je voudrais remercier également
l'Opposition officielle et M. Goulet, de l'Union Nationale. J'espère que
cette commission parlementaire pourra faire la lumière sur le transport
en vrac au Québec.
Pour présenter le mémoire de l'Association nationale des
camionneurs artisans Inc, j'ai avec moi Me Bernard Piuze, Me Pierre Beaudet qui
sont également procureurs de l'ANCAl, et M. Michelin
Déchênes, technicien en transport au service de l'ANCAl.
Avec votre permission, Me Piuze pourrait procéder à la
présentation du mémoire. Merci.
Le Président (M. Jolivet): Allez!
M. Piuze (Bernard): Merci, M. le Président. M. le
ministre, messieurs les membres de la commission. Je dois comprendre, M. le
Président, que tout à l'heure vous avez accordé le droit
à l'Association nationale des camionneurs artisans Inc. de revenir la
dernière journée. Evidemment, ce droit comporte aussi celui de
répondre au document qui semble nous concerner puisqu'il est
intitulé: Le marché du transport de marchandises en vrac au
Québec et les demandes soumises par l'Association nationale des
camionneurs artisans Inc. Je n'ai pas lu le contenu mais je présume
qu'on est concerné, d'après sa face même. On devrait
peut-être le lire avant de pouvoir vous répondre.
Si vous me permettez maintenant, je vais faire lecture du mémoire
de l'Association nationale des camionneurs artisans.
L'ANCAl est fière de pouvoir s'adresser aujourd'hui à ceux
que les citoyens québécois ont élus
démocratiquement.
C'est un plaisir pour l'ANCAl et ses membres de pouvoir enfin traiter
des problèmes des transporteurs en vrac avec des gens qui peuvent et ont
intérêt véritablement à trouver des solutions.
Depuis le 11 juin 1977, l'ANCAl demande une commission d'enquête
ou une commission parlementaire afin de pouvoir cerner les problèmes et
se mettre à la recherche des véritables solutions.
Ce mémoire remonte au rapport Lippé qui avait
constaté, au cours des années 1960, des malaises profonds dans
l'industrie du camionnage.
Dans la recherche de solutions sérieuses, nous nous devons
d'abord de quantifier le volume de travail et d'identifier le transporteur en
vrac.
Selon le rapport CEGIR, 50% du volume de transport des matières
en vrac sont manoeuvres à la suite des réquisitions des
différents ministères du gouvernement québécois et
des entrepreneurs qui ont obtenu les contrats desdits ministères. De 25%
à 30% viendraient des gouvernements municipaux qui, selon nous, sont
subventionnés dans une grande partie par les gouvernements provincial et
fédéral. Les derniers 20%, toujours suivant
le rapport CEGIR, représenteraient le transport en forêt et
le marché domestique.
Si nous parlons de 10% pour le marché domestique, le transporteur
en vrac est donc, dans 90% des cas, ni plus ni moins qu'un employé tel
un menuisier, dont le coffre d'outils est très dispendieux. Il agit
à chaque fois comme un employé soit du gouvernement, de ses
entrepreneurs ou encore des municipalités. De toute manière, le
transporteur en vrac n'est que dans une proportion de 10% de son temps le
propriétaire d'une petite entreprise avec laquelle il fait son compte
propre.
Pour bien identifier le titulaire de permis de transport en vrac, nous
pouvons dire immédiatement que 80% de ces transporteurs possèdent
un camion et vivent presque exclusivement de ce transport. 15% des titulaires
de permis sont propriétaires ou actionnaires majoritaires d'entreprises
d'excavation, d'asphalte ou de construction de routes. Ils possèdent
généralement plus d'un camion muni d'un permis de vrac et souvent
possèdent des camions sans permis pour faire leur compte propre. 5% des
transporteurs sont constitués par des garagistes, cultivateurs et
même d'un ' avocat, en somme, de gens pour qui le camionnage en vrac est
un à-côté.
Le transporteur en vrac a presque toutes les caractéristiques
d'un salarié à l'oeuvre sur un chantier de construction. Il doit
changer d'employeur fréquemment, son emploi est, en pratique, saisonnier
et il est à la merci des règles économiques de la
construction.
L'enquête Lippé a souligné explicitement ces
similitudes entre un salarié et le transporteur en vrac faisant partie
des 80%.
Cependant, le transporteur en vrac ne bénéficie pas de
convention collective, ni de bénéfices maginaux, comme
l'assurance-chômage qui est à la disposition du salarié. Le
salarié de la construction est protégé contre l'intrusion
dans son secteur.
Un comité paritaire et l'Office de la construction
protègent jalousement le secteur avec des moyens efficaces que le
législateur a mis à sa disposition.
Maintenant que nous avons quantifié le volume de travail et
caractérisé le transporteur en vrac, nous nous devons
d'identifier immédiatement les problèmes aigus que nous
retrouvons pour la plupart depuis 1960.
Au cours de l'année 1965, l'enquête faite par MM.
René Lippé, G.-E. Legault et Jacques Pari-zeau décelait
clairement les nombreux problèmes du camionnage en vrac.
Quinze ans après cette enquête, les problèmes de
cette époque se retrouvent aujourd'hui avec la même
intensité.
L'enquête Lippé dénonça principalement les
situations suivantes: 1. Le nombre de camions qui sont disponibles pour des
travaux de chantier dans la province de Québec est beaucoup trop
considérable. 2. En dépit des protections accordées aux
camionneurs par le ministère de la Voirie, les entrepreneurs de travaux
publics ont tendance à embaucher les camionneurs qui sont disponibles au
moindre coût. 4.Lorsque des travaux s'annoncent dans un secteur
donné, les gens achètent des camions et, lorsque les travaux se
terminent, on retrouve un excédent considérable de camions. 5.Un
nombre croissant de camionneurs est amené à travailler à
peu près à n'importe quel prix, à la condition que ce prix
lui permette au moins de payer la compagnie de finance. 6.La menace continuelle
de la substitution qui provient des travaux publics et des compagnies de
transport à chaque fois que les taux payés aux artisans sont
supérieurs aux coûts d'opération d'un camion. 7.Seules les
surenchères à la baisse des petits propriétaires de
camions et la restriction quant à l'emploi des camions locaux
empêchent que cette menace de substitution puisse s'exercer pleinement.
8.Le revenu du camionneur est trop bas, les taux ne sont pas respectés
et le nombre de camions est beaucoup trop considérable dans un grand
nombre de comtés. 9.Certains camionneurs, dans le but de suppléer
à l'insuffisance des taux de transport, font des pressions sur les
préposés aux balances pour faire majorer leurs factures.
Ces extraits du rapport Lippé confirment à peu près
tous les malaises que les transporteurs en vrac rencontrent de nos jours. C'est
le rapport Lippé qui a suggéré aussi que les clauses de
protection soient régionales.
A ces situations dénoncées s'ajoute évidemment le
transport sans permis, puisque dans le temps, les camionneurs en vrac n'avaient
pas besoin de permis.
Depuis les années soixante-quatorze, un nouveau moyen est apparu
pour déjouer les taux des règlements de transport, la
pseudo-location, sujet sur lequel nous reviendrons plus tard.
A la suite du rapport Lippé, l'ordonnance 13, émise en
vertu de la Loi du salaire minimum, a régi jusqu'au 27 juillet 1973 le
camionneur en vrac, que l'on peut qualifier d'artisan. (11 h 15)
A cette époque, le camionneur en vrac artisan était celui
qui possédait un camion et le camionnage en vrac était sa
principale occupation.
Le 14 avril 1972 devint une date mémorable dans l'organisation du
camionnage en vrac au Québec. Le gouvernement québécois et
l'Association nationale des camionneurs artisans Incorporée signaient
à cette époque une entente qui reconnaissait des secteurs de
travail réservés aux camionneurs en vrac que l'on qualifiait
d'artisans. De cette entente, on peut dégager les principes suivants: le
gouvernement reconnaîtra légalement un groupe de camionneurs
québécois comme organisme responsable et représentatif du
métier. On accepta aussi le concept de la régionalisation pour la
répartition équitable du travail. On protégera le
détenteur de permis; cependant, on tentera de réduire le nombre
de camions. On accepta
enfin de définir des secteurs de travail réservés,
ainsi que l'arbitrage obligatoire des taux par la Commission des transports du
Québec. A la suite de cette entente, du 27 juillet 1973 au 11 juin 1977,
le camionneur en vrac artisan fut décrit comme le propriétaire
d'un camion qu'il conduisait lui-même. Ce dernier pouvait alors faire
partie des associations régionales des camionneurs artisans et
bénéficier ainsi des secteurs du travail promis le 14 avril 1972
et respectés par le gouvernement à cette date.
L'entente du 14 avril 1972 a été respectée en
principe par les parties en cause. Au cours de l'année 1974, sans
discussion ou entente entre les parties, le ministre des Transports faisat
disparaître le transport du béton bitumineux comme partie de la
clause 75-25. Malgré l'entente Lippé et l'entente du 14 avril
1972 qui souhaitaient une limitation des permis, la Commission des transports
du Québec, suivant nos propres observations et celles du rapport CEGIR,
a émis d'une façon très libérale des attestations
de permis et, par la suite, des permis. Tous ceux qui avaient un
véhicule immatriculé avant le 14 avril 1972, peu importe qu'ils
aient transporté des matières en vrac ou des matières
appartenant au transport général, ou encore qui n'avaient qu'un
véhicule commercial, se sont tous vu émettre par la Commission
des transports des attestations de permis s'ils en avaient fait la demande. En
somme, le seul critère retenu par la commission était de savoir
si le requérant était propriétaire d'un véhicule au
14 avril 1972.
Les recommandations de l'enquête Lippé et l'esprit de
l'entente du 14 avril 1972 venaient d'être sabotés. Sans douter un
instant de l'intégrité des membres de la Commission des
transports du Québec, nous nous interrogeons tous à savoir s'il y
a eu une étude économique sérieuse effectuée par la
Commission des transports avant l'émission des permis. Cependant, la
Commission des transports du Québec qui avait le mandat de fixer les
taux et tarifs a toujours entendu toutes les parties intéressées
avant de fixer les taux. Ce genre d'arbitrage obligatoire a été
accepté de toutes les parties, mais le respect des ordonnances de la
commission a donné lieu à des problèmes majeurs. Cette
période de 1973 à 1977 a permis au camionneur en vrac artisan de
vivre d'une façon convenable sans cependant cesser de lutter
farouchement pour la conservation de son secteur de travail
réservé.
Les règlements concernant le camionnage en vrac de juin 1977
à janvier 1980. Constatant la prolifération des permis, le
ministère des Transports imposa le gel des demandes de permis.
Cependant, il était trop tard et le nombre considérable de
camions sur le marché ne pouvait être réduit par cette
mesure. Ce règlement avait pour but de permettre à ce trop grand
nombre de permis émis de partager les secteurs de travail
réservés avec ceux qui gagnaient leur vie dans le camionnage en
vrac. Bien entendu, l'affluence des permis VR aux postes d'affectation a fait
diminuer les revenus des camionneurs en vrac artisans et ce, d'une façon
sensible. Cette nouvelle structure de poste d'affectation aurait pu être
un succès si les réquisitions de services avaient toutes
été dirigées vers le titulaire du permis de courtage. De
plus, la compétition libérale que pouvaient faire les membres des
postes d'affectation entre eux, d'une part, et au poste d'affectation, d'autre
part, détruit la règle de la répartition équitable
du travail. Selon le vice-président de CEGIR, "l'importance des
investissements nécessaires pour mettre sur pied une entreprise de
service public et l'obtention d'une rentabilité acceptable impliquent
généralement l'absence de concurrence ou une diminution non
négligeable de celle-ci."
A la suite de ce règlement, une entente est survenue entre
l'ANCAl et le ministère des Transports. C'est l'entente de 1977. Au mois
de juin 1977, les camionneurs artisans se sont réunis au parlement avec
leurs camions. Ils étaient 2800. Trois jours de
délibérations et de rencontres ont amené le gouvernement
du Québec, par son ministre des Transports, l'honorable Lucien Lessard,
et l'ANCAl, par son président, M. Gérard Dubé, à
signer un document qui s'intitulait "Entente entre les parties."
A l'article 1 de cette entente, il était clairement dit que "les
camionneurs regroupés au sein de postes d'affectation régionaux
décidaient eux-mêmes de leur mode de regroupement au sein d'une
association professionnelle provinciale". Or, dans le règlement
actuellement en vigueur, nous retrouvons des structures locales, des structures
régionales, mais aucune structure provinciale.
A l'article 2, 100% du transport en régie des différents
ministères devait être confié aux postes d'affectation. Il
est très facile pour un ministère d'abolir ses programmes en
régie pour les convertir en programmes de subventions qui ne profitent
souvent qu'aux multinationales, comme nous le verrons lorsque nous parlerons du
programme du ministère de l'Energie et des Ressources.
A l'article 3 de ladite entente, le ministre des Transports a
écrit et paraphé de sa main ce qui suit: "Que 75% du transport de
matières en vrac sur les contrats donnés par le ministère
des Transports soit effectué via le poste d'affectation".
Le texte est clair et parle par lui-même. Il n'est pas
nécessaire de faire une recherche élaborée pour comprendre
ce que le texte veut dire. L'ANCAl a signé une entente surtout à
cause de cette disposition où l'Etat compensait par un volume
additionnel de transport donné aux postes d'affectation l'augmentation
du nombre de titulaires de permis qui profiteraient désormais des
clauses. Ces clauses étaient réservées autrefois
exclusivement aux camionneurs artisans qui n'avaient qu'un seul camion et le
conduisaient eux-mêmes.
Avec la réglementation de 1977, 1600 titulaires de permis sont
venus grossir les rangs des camionneurs en vrac artisans pour effectuer le
transport dans la petite clause 75/25 au-dessus de la ligne d'infrastructure.
Les 1600 nouveaux titulaires de permis représentaient au minimum 2500
camions additionnels.
A l'article 7, il avait été prévu que "dans le
cas
de transport effectué en bas des taux, non seulement le
transporteur serait pénalisé, mais aussi le requérant de
services".
Lorsqu'un titulaire de permis transporte en bas des taux, c'est celui
qui l'emploie qui l'a généralement incité à agir
ainsi. Nous avons vu des cas où des transporteurs ont été
poursuivis pour avoir effectué du transport en bas des taux. Nous
n'avons eu connaissance d'aucun cas où un requérant de services
qui a fait transporter quelqu'un en bas des taux a été
poursuivi.
Au mois de mai 1978, certains amendements ont été
apportés au règlement de juin 1977 pour corriger des lacunes
techniques, tel le choix d'une première partie des compagnies et autres
détails.
Cependant, les fonctionnaires du ministère des Transports, ayant
constaté la force des associations des camionneurs artisans, ont
inséré dans le règlement que la
représentativité des camionneurs s'établirait par le
nombre de camions en limitant cependant ce règlement aux
détenteurs de permis de quatre camions et moins.
Encore une fois, les camionneurs en vrac artisans ont trouvé bien
étrange cette manière de diminuer leur force.
Par contre, ayant, par cette formule de représentativité,
donné un peu de vigueur aux associations de camionneurs entrepreneurs et
aux coopératives, ce règlement consacrait en théorie le
droit à l'association.
Pour vendre ce règlement, Me Pierre Angers, mandataire du
gouvernement dans l'instauration des permis de postes d'affectation, a
déclaré à plusieurs reprises aux camionneurs en vrac que
l'augmentation des secteurs de travail promis par le gouvernement se
transposerait par des augmentations de $120 000 000, et je retiens, c'est hors
texte, les déclarations du ministre tout à l'heure où on
parlait, en 1977, de $46 millions.
Le lendemain de l'instauration du dernier poste d'affectation
prévu, Me Angers, l'homme de $120 millions, disparaissait du
décor et était remplacé par M. Jean-Yves
Dupéré. Ce dernier a pris comme politique de ne plus dialoguer et
d'ignorer totalement les associations qui, pourtant venaient d'être
reconnues. En plus de cette ignorance totale des associations, il conseilla au
ministère de contrôler l'information et rapporta
secrètement, ce qui n'est plus un secret, évidemment, puisqu'on
vous le dit, que les autres ministères devant fournir, nous le
supposons, les $120 000 000 de Me Angers, fermaient les portes aux titulaires
de permis de postes d'affectation en manifestant leur hostilité et leur
méfiance vis-à-vis des camionneurs en vrac.
C'était la période où M. Jean-Yves
Dupéré offrait à des camionneurs, pour les épater,
d'aller les reconduire, avec les camions du ministère, dans leur
région. C'était l'époque où des fonctionnaires du
ministère des Transports pensaient s'être
débarrassés des associations de camionneurs aux revendications
syndicales.
Après le départ de M. Dupéré et de son
équipe, les négociations reprirent avec le "département"
du transport terrestre des marchandises.
Ce règlement de décembre 1979 permettait aux associations
sans but lucratif de détenir des permis de sous-postes autonomes avec un
code d'éthique distinct. Cependant, malgré ce qui avait
été convenu, la reconnaissance d'un permis de poste provincial
était retirée et remplacée par une tutelle formelle de la
Commission des transports du Québec qui peut même aller
jusqu'à fixer des modalités d'élection ou refuser un
budget.
Cette tutelle de la commission n'a jamais été
demandée par qui que ce soit et cette ingérence dans les
règles de régie interne est contraire aux droits des associations
et à l'expression de la majorité. En dix ans d'expérience,
les associations sans but lucratif des camionneurs artisans n'ont jamais
demandé, M. le Président, un seul cent à l'Etat pour
s'administrer.
En somme, ces derniers paragraphes représentent nos impressions
sur la réglementation passée et présente. Nous passerons
maintenant aux questions à débattre.
Il est essentiel que les camionneurs en vrac qui le désirent
puissent se regrouper au sein d'associations sans but lucratif, comme ce droit
est déjà donné à d'autres classes de la
société. D'ailleurs, on retrouve dans le rapport Lippé la
recommandation suivante, et je la cite: "Etant donné le très
grand nombre de camionneurs indépendants au Québec, le
regroupement de ces camionneurs dans diverses formes d'associations est devenu
une nécessité absolue. Quelles que soient la valeur et
l'efficacité des contrôles que le gouvernement peut mettre en
place, ils ne pourront jamais remplacer les mécanismes de défense
collective que les camionneurs indépendants peuvent et doivent
établir".
Dès 1965, des hommes dont la compétence est plus
qu'établie reconnaissent ce rôle essentiel que les associations
peuvent et doivent jouer pour les petits transporteurs dans l'actuel
règlement sur le camionnage en vrac. Les associations peuvent obtenir un
permis de poste ou de sous-poste à certaines conditions. Il y aurait
certainement lieu de spécifier clairement dans le règlement que,
dès que la majorité des camionneurs qui désirent
s'inscrire au poste ou au sous-poste de leur région en fait la preuve
par son association, ladite association puisse obtenir le permis de poste ou de
sous-poste dans les plus brefs délais.
C'est le principe de la représentation de la majorité qui
est un des principe de base d'une saine démocratie et qu'on applique
dans le droit du travail. Les groupes minoritaires, dans notre système
démocratique, peuvent jouer deux rôles: l'un qui est positif et
l'autre qui est négatif. N'est-ce pas, M. le Président, positif
que de collaborer avec la majorité pour s'assurer de structures et de
services adéquats à l'industrie dans laquelle on
"opère"?
D'autre part, n'est-ce pas négatif d'être à
l'extérieur des structures de la majorité et de ne trouver que
des critiques destructives sans jamais apporter rien de constructif? Il est
évidemment beaucoup plus facile de critiquer les actes de ceux qui en
posent que d'en poser soi-même. Il y aurait
donc lieu que le règlement sur le camionnage en vrac consacre,
une fois pour toutes, le principe que l'association qui regroupe la
majorité des titulaires de permis de camionnage en vrac qui veulent se
regrouper pourrait être celle qui, non seulement serait titulaire de
permis de poste ou de sous-poste, mais aussi serait le porte-parole officiel de
la majorité puisqu'elle la regroupe.
Quant aux minorités, qu'elles participent avec la majorité
à la construction de leur industrie et qu'on cesse d'accorder plus
d'importance à des minorités qui ne veulent jamais construire,
mais détruire. C'est ce qui existe déjà dans le domaine
syndical depuis longtemps et il est temps, en 1980, que ce principe soit
consacré dans le camionnage en vrac.
Dans l'entente de juin 1977, le ministre s'était engagé
à consacrer le principe de donner la priorité aux premiers
camions. En vertu de ce principe, on devait faire travailler tous les premiers
camions avant de faire appel au deuxième camion, etc. Il est vrai que ce
principe se retrouve à l'intérieur du règlement.
Cependant, il a été faussé dès le début de
son application par deux lacunes que l'on apercevait dans la
réglementation: premièrement, nous ne retrouvons dans le
règlement aucune obligation pour les titulaires de permis d'inscrire
tous leurs permis. Ainsi, celui qui a plusieurs camions peut n'en inscrire
qu'un seul au poste s'il le désire. Celui-ci est considéré
comme un premier camion et, si les travaux augmentent au poste, il peut
décider d'en inscrire un deuxième qui, lui aussi, sera
utilisé constamment. Pendant ce temps, ses autres camions munis de
permis travaillent sur des contrats qui ne sont pas inclus dans la clause de
protection.
Deuxièmement, les propriétaires de plusieurs camions
utilisent les camions qui leur appartiennent immatriculés avec des "F"
pour effectuer le transport sur leurs propres contrats. Le législateur
devrait obliger le camionneur à inscrire tous ses permis. D'autre part,
il arrive aussi que les titulaires de plusieurs permis transfèrent
à de nouvelles corporations, à leur épouse, à leurs
fils, à leurs neveux, à leurs nièces, à leurs
oncles des permis. Ainsi, tous ces camions sont devenus des premiers camions.
Ce sont autant de petits transporteurs qui ont dû perdre une partie de
leurs revenus pour les donner à ces nouveaux premiers camions.
Les permis de location n'ont jamais été si populaires dans
le camionnage en vrac qu'en 1980. C'est le moyen rêvé pour
contourner la réglementation, les postes et les sous-postes. (11 h
30)
A titre d'exemple, Electro Métallurgie SKW Inc. fait effectuer du
transport en vrac par une compagnie de location qui, depuis plusieurs
années, a mis à la disposition de cette compagnie une escorte de
douze semi-remorques. Ces semi-remorques effectuent du transport 24 heures sur
24, et cela depuis au moins cinq ans. Les camionneurs en vrac de
Bécancour à Tadoussac n'ont eu d'autre choix, pendant ces cinq
ans, que de regarder passer, jour et nuit les camions de location.
Il y aurait lieu, et cela dans les délais les plus
rapprochés, que la réglementation prévoie qu'aucun
véhicule avec permis de location ne puisse être utilisé
pour du transport de camionnage en vrac tant et aussi longtemps qu'il y aura
des permis de camionnage en vrac disponibles dans les postes et les
sous-postes. La seule exception serait le cas d'un titulaire de permis de
camionnage en vrac qui louerait un camion en remplacement du sien brisé,
et cela pendant la période de la réparation.
A l'article 10 de l'entente du 23 juin 1977, le ministre s'engageait
à ne pas concurrencer les camionneurs en vrac et à ne pas grossir
indûment sa flotte de camions. Les camions à six roues du
ministère des Transports sont devenus des camions à dix roues.
Les pick-up du ministère sont devenu des dix roues et certains
responsables de divisions de voirie, pour éviter des coupures de budget,
achetaient des camions à profusion pour le ministère. Nous avons
même vu, après l'entente signée avec le ministre, l'achat
de nouveaux camions, dans une division de voirie de la région 06, pour
une somme de $1 250 000. Nous avions d'ailleurs à l'époque
signalé au ministre cette anomalie.
Dans plusieurs districts du Québec, les camionneurs en vrac se
plaignent que le transport est effectué par les camions jaunes du
ministère, pendant que leurs véhicules sont dans les cours. Il
est essentiel que le ministère des Transports respecte l'entente de 1977
et que l'Etat laisse aux transporteurs professionnels la possibilité de
transporter.
Une des particularités du Règlement sur le camionnage en
vrac est la création du permis de courtage exclusif.
L'ANCAI considère comme essentiel que ce permis de courtage soit
émis à des corporations sans but lucratif,
contrôlées à la base par les camionneurs. Ces corporations,
dès l'instant qu'elles regroupent la majorité des titulaires de
permis qui désirent un permis de courtage, devraient avoir droit
à un permis de courtage, et cela peu importe le nom qu'elles
portent.
Le lieutenant-gouverneur en conseil devrait prévoir trois sortes
de permis de courtage: le permis de courtage local, le permis de courtage
régional et le permis de courtage provincial.
Le permis de courtage local devrait être accordé à
une corporation sans but lucratif sur un territoire donné à
l'intérieur d'une région lorsque la majorité des
titulaires de permis du territoire donné qui désirent s'inscrire
à un permis de courtage local en exprime le désir. Ce permis de
courtage aurait une vocation plutôt locale et donnerait à son
titulaire des pouvoirs particuliers comme nous les retrouvons dans le
règlement actuellement en vigueur.
Le permis de courtage régional couvrirait une région au
sens du Règlement sur le camionnage en vrac et devrait être, lui
aussi, accordé à toute corporation sans but lucratif qui
représente la majorité des titulaires de permis qui
désirent un permis de courtage régional.
Enfin, pour assurer la coordination du courtage entre les
différentes régions du Québec, il y aurait lieu de
prévoir la création d'un permis de courtage provincial qui
devrait être émis à une corporation sans but lucratif.
D'ailleurs, la formule d'association locale, d'association
régionale et d'association provinciale n'est pas un fait nouveau puisque
nous la retrouvons un peu partout. Dans le domaine économique, les
caisses populaires l'utilisent, les personnes âgées sont
regroupées ainsi, les ouvriers syndiqués ont tous des syndicats
selon cette structure et, enfin, beaucoup d'autres organisations fonctionnent
de cette façon.
La différence fondamentale entre ce que nous proposons et les
structures que nous venons de citer est que le camionneur dans chacune des
corporations est personnellement membre. Il déciderait donc
personnellement dans les assemblées générales,
élirait les administrateurs et ratifierait personnellement les
budgets.
L'émission de permis de sous-postes. Le Règlement sur le
camionnage en vrac prévoit, à l'article 43, la possibilité
pour la commission de délivrer des permis de sous-postes, et je cite:
"La commission peut délivrer un permis de sous-poste à toute
corporation sans but lucratif ou à toute association
coopérative".
Au paragraphe a) du même article, on prévoit deux
conditions particulières pour que la commission émette un permis
de sous-poste: "a) qu'au moins les deux tiers des titulaires de permis de
camionnage en vrac de la zone soient abonnés et qu'un permis de poste
ait été délivré dans la région".
Pour la première obligation, à savoir que les deux tiers
des titulaires de permis de camionnage en vrac de la zone soient
abonnés, il y aurait lieu qu'on lise plutôt: la majorité
des titulaires de permis de camionnage en vrac qui se sont engagés
à s'inscrire au poste dans la zone le désire. Quant à la
deuxième condition, à savoir qu'un permis de poste
aitété délivré dans la région, il y aurait
lieu d'enlever cette obligation puisque, de toute manière, il y a des
permis de poste d'affectation qui existent. De plus, le fait pour la commission
de refuser un permis de poste à une association n'aurait pas comme
conséquence de l'empêcher de statuer sur les requêtes pour
l'obtention d'un permis de sous-poste.
Le gouvernement du Québec devrait modifier cet article dans les
plus brefs délais afin que la Commission des transports puisse entendre
les causes pour les demandes de permis de sous-poste, et cela aussitôt
que possible. La commission ne devrait même plus, à notre avis,
statuer sur aucun dossier des régions qui sont titulaires de permis de
poste d'affectation, mais porter toute son attention et tous ses efforts pour
que les sous-postes obtiennent leur permis et deviennent opérationnels
dans les plus brefs délais.
C'était le voeu unanime des camionneurs artisans au
congrès de l'ANCAl de 1979, que l'accent soit mis, dans le cadre du
nouveau règlement, particulièrement sur les sous-postes. Par les
dis- positions du règlement actuel, il y a certaines lacunes qui
empêchent cette réalisation. Le ministre des Transports pourrait
facilement corriger ces lacunes, et la Commission des transports du
Québec pourrait dès lors s'attaquer immédiatement au
problème des sous-postes.
Il y aurait peut-être lieu que le lieutenant-gouverneur en conseil
nomme trois commissaires ad hoc pour s'occuper des permis de courtage. En
effet, nous savons que les audiences demanderont beaucoup de travail et qu'avec
trois commissaires, l'équité pourrait être mieux
assurée. L'un de ces commissaires pourrait venir du secteur du vrac, ce
qui aiderait probablement au travail de la commission. Ces commissaires
pourraient être nommés pour le temps de mettre en place les permis
de poste et de sous-poste.
En vertu du règlement actuellement en vigueur, un sous-poste ou
un poste peut accepter comme abonné une personne qui détient
quatre permis de camionnage en vrac ou moins.
Un poste ou un sous-poste ne devrait accepter qu'un titulaire qui
inscrit tous ses permis. Par cette formule, les titulaires de permis qui
s'inscriraient au poste ou au sous-poste seraient incités à agir
d'une manière professionnelle et à partager
équitablement.
En effet, n'avons-nous pas vu de petits constructeurs de routes ou des
titulaires de permis, pour qui le vrac n'était qu'un
à-côté très secondaire, inscrire leur camion avec
leur permis au poste et se racheter d'autres camions pour faire le transport de
compte propre? Il est évident que non seulement on pénalisait un
petit transporteur qui devait céder sa place à cet entrepreneur,
mais aussi on favorisait l'entrepreneur en lui permettant de jouer sur les deux
tableaux.
Le seul moyen de mettre fin à tout ce système, c'est
d'obliger l'inscription de tous les camions puisque, par ce moyen et le
principe de la priorité du premier camion, celui qui exécuterait
ses contrats ne profiterait plus des clauses en pénalisant un petit
transporteur professionnel.
En vertu de l'article 32 de la Loi des transports, la commission peut,
dans le cadre des règlements, fixer des taux et tarifs, lesquels peuvent
comporter soit un minimum, soit un maximum, soit un minimum et un maximum.
En vertu de la section 8, de la section III du règlement sur le
camionnage en vrac intitulé "Les normes de taux et tarifs", la
commission peut et a effectivement, dans le passé, fixé des taux
et tarifs des matières en vrac.
Il est évidemment essentiel que la Commission des transports du
Québec ait le pouvoir exclusif de fixer les taux et tarifs du camionnage
en vrac.
La commission agit dans un cadre judiciaire et, à ce titre, son
importance ne peut être mise en doute. Toute partie
intéressée peut faire les représentations qu'elle jugera
nécessaire à la Commission des transports du Québec lors
des audiences de taux et tarifs.
Le rôle que joue la commission dans ce domaine est d'une
importance double. Dans un
premier temps, elle permet au public en général
d'être assuré d'une certaine justice quant aux taux et tarifs en
évitant que certains transporteurs, par leur situation monopoleuse,
fixent arbitrairement des taux exorbitants pour le transport qu'ils
effectueraient.
Dans un deuxième temps, la commission permet au transporteur en
vrac de faire du transport à des taux qui lui permet de vivre
convenablement.
Le règlement sur le camionnage en vrac a été
modifié en 1976 pour permettre aux titulaires de permis de camionnage
général de faire des options leur donnant le droit de transporter
des matières en vrac. La Commission des transports du Québec a
été saisie, à l'époque, de plusieurs centaines de
demandes de la part des titulaires de permis émis en vertu de
l'ordonnance générale no 4995 sur le camionnage.
La Commission des transports du Québec a accordé à
la très grande majorité des requérants le droit de faire
du camionnage en vrac. Les camionneurs en vrac étaient convaincus que
toute cette question était réglée puisque le
règlement alors en vigueur indiquait que les titulaires de permis de
camionnage général devraient avoir fait leur demande avant le 31
mai 1977.
Voilà que dans la réglementation actuelle, on a
redonné encore la possibilité aux titulaires de permis de
camionnage général de refaire des demandes. Il est évident
que, par cette disposition, on vient à rencontre du gel des permis dans
le camionnage en vrac en permettant à des gens qui ont
déjà plus que leur part dans le camionnage de venir enlever
à ceux qui végètent le peu qui leur reste.
Il est plus qu'urgent d'abroger dans le règlement toutes les
dispositions qui permettent aux titulaires de permis de camionnage
général d'obtenir des permis de transport des matières en
vrac.
Les constructeurs de routes qui obtiennent des contrats du
ministère des Transports sont assujettis, en vertu du règlement
concernant les contrats de construction du gouvernement, par les articles
suivants: "14 b) le soumissionnaire doit fournir avant la signature du contrat
une garantie d'exécution du contrat et une garantie des obligations de
l'entrepreneur pour gages, matériaux et services: "i) chacune pour 50%
du prix du contrat, émises par une compagnie légalement
habilitée à se porter caution si ces garanties sont sous forme de
cautionnement, auquel cas l'entrepreneur doit utiliser les formules, etc." Je
passe à l'autre page. "ii) correspondant à 10% du prix du contrat
dans le cas de travaux relatifs aux bâtiments, si ces garanties sont sous
forme de chèque visé à l'ordre du ministre des Finances ou
de l'organisme selon le cas, ou sous forme d'obligations conventionnelles au
porteur, etc." Je m'en vais à la page 35.
Lorsque les camionneurs ne sont pas payés par les constructeurs
de routes, ils sont dans l'obligation de prendre des recours judiciaires contre
ces derniers. Si les compagnies étaient obligées de fournir une
garantie d'exécution de contrat et une garantie des obligations de
l'entrepreneur pour gages, matériaux et services, chacune pour 50% du
prix du contrat émis par une compagnie habilitée à se
porter caution, les camionneurs subiraient beaucoup moins de pertes en cas
d'insolvabilité. Il existe des constructeurs de routes avec lesquels
nous n'avons jamais eu de problème. Or, il en est d'autres que nous
avons dû poursuivre et qui, heureusement, avaient sur leurs contrats une
garantie de main-d'oeuvre émise par une compagnie qui s'était
portée caution. Lesdites compagnies ont payé intégralement
les camionneurs. Lorsque le camionneur a perdu de l'argent, c'est toujours
lorsqu'il n'y avait pas de compagnie qui s'était portée caution.
En effet, nous retrouvons plutôt des chèques visés pour
garantir que les travaux seront exécutés. Ces chèques sont
souvent accompagnés d'une cession de créance en faveur d'une
banque. Le gouvernement doit s'assurer que les garanties qu'il exige de ses
entrepreneurs seront de nature à assurer aux transporteurs en vrac les
montants qui leur sont dus.
L'application de la réglementation. Comme nous avons pu le
constater dans l'historique, les mêmes malaises dans l'industrie du
camionnage se retrouvent quinze ans après l'enquête Lippé,
époque où la réglementation était très
légère. Nous nous devons de nous interroger sur les causes de
l'échec de la réglementation. D'abord, les sanctions
prévues par la loi sont dérisoires surtout lorsqu'on parle de $50
pour une première infraction et qu'on n'a jamais donné d'avis de
récidive sur une deuxième infraction. Un règlement ou une
loi ne peut avoir de vigueur sans la prévision de sanctions
sérieuses. De plus, un organisme muni de pouvoirs efficaces devrait voir
à l'application des taux.
Dans le domaine de la chasse et de la pêche, le législateur
prévoit pour des premières infractions des peines de $300 et
même la confiscation d'armes à feu et de véhicules servant
à la commission du délit. On a même vu des avions saisis
sur la Côte-Nord, dans le comté de l'ex-ministre des Transports.
Dans le domaine de la construction, des peines minimums de $200 sont
prévues pour ceux qui offrent leurs services sans détenir de
permis ou encore pour ceux qui engagent des salariés sans permis.
Contrairement au Code civil, la réglementation et les lois
provinciales ont un caractère d'exception et on se doit de les
interpréter restric-tivement. Plus souvent qu'autrement, les articles
des règlements servent à régler des cas localisés
dans une région donnée ou chez un certain nombre de transporteurs
donnés.
Souvent, l'article conçu pour régler une situation
crée trois autres problèmes à d'autres transporteurs. Il
faut absolument que la réglementation en soit une de principe et qu'elle
puisse être interprétée suivant les principes de base
émis. Il faut absolument que la Commission des trans-
ports du Québec garde son caractère d'indépendance
et son caractère judiciaire. Un dossier comme celui-là a un
caractère politique et la commission ne devrait pas être
l'organisme qui exécute les volontés du ministère. Le
ministère des Transports devrait être considéré
comme une partie et non le patron.
Il faut absolument que le législateur mette en évidence
les principes des années 1965 afin d'assurer les requérants de
services et les camionneurs en vrac d'une continuité logique. L'entente
du 14 avril 1972 et le règlement 12 concernant le camionnage en vrac
faisaient preuve au 27 juillet 1973 de continuité. Cependant, les quinze
amendements adoptés entre 1973 et 1977 ont créé plus
souvent des problèmes qu'apporté des solutions. En conclusion,
une réglementation saine, basée sur des principes et non sur des
situations localisées, pourrait améliorer le sort des
transporteurs en vrac munis de permis.
Depuis 1973, le ministère des Transports du Québec a pris
la responsabilité de protéger le camionneur en vrac artisan.
Cependant, le ministère des Transports a un autre rôle à
jouer, soit celui d'employeur. C'est le plus important requérant de
services en matière de vrac. (11 h 45)
Nous avons entendu, lors de rencontres, le ministre des Transports, qui
parle de la loi brutale de l'offre et de la demande qui fait apparemment partie
des règles du jeu dans le domaine du camionnage en vrac.
Nous sommes donc devant un ministère des Transports qui
contrôle directement ou indirectement 40% des réquisitions de
services dans le transport des matières en vrac. A ce titre, a-t-il
réellement intérêt à ce que la réglementation
et la loi soient appliquées d'une façon rigide?
Depuis deux ou trois ans, le ministre des Transports, par l'entremise de
ses hauts fonctionnaires, laisse entrevoir le spectre de la
déréglementation.
Au mois d'avril 1979, le sous-ministre Hugues Morissette vantait devant
l'Association du camionnage du Québec les grands avantages de la
déréglementation. Bien sûr, pour le ministère des
Transports, principal employeur dans le secteur vrac, la
déréglementation diminuerait les coûts de transport, parce
que, dans le moment, l'offre de camions est beaucoup trop considérable
par rapport aux réquisitions de services.
D'ailleurs, le ministre des Transports a déjà
déclaré sur les ondes d'un réseau radiophonique
qu'accorder des secteurs de travail aux camionneurs artisans augmenterait les
coûts de la construction.
Bien sûr, déréglementer le secteur pourrait diminuer
les coûts du ministère des Transports employeur, mais pour combien
de temps? Le temps, évidemment, que les petits crèvent et que les
gros transporteurs créent des empires économiques.
Le libéralisme économique et la loi brutale de l'offre et
de la demande sont des règles que le gouvernement, à titre de
protecteur du citoyen, a modifiées et assouplies afin de donner de la
force aux employés vis-à-vis de l'employeur. Si, demain matin, le
citoyen québécois avait le droit d'engager le menuisier qu'il
désire, d'engager le maçon qu'il désire, d'engager
l'électricien qu'il désire ou, encore, n'importe qui à ce
titre, le coût de la construction baisserait sensiblement. Ces
salariés viendraient de retourner sous le joug de la loi brutale de
l'offre et de la demande auquel le ministre faisait allusion.
Meurtris au cours des dernières années par certains
fonctionnaires intrigants, nous ne pouvons pas nous empêcher d'ajouter
que si le gouvernement avait le choix d'engager le fonctionnaire qu'il
désire, en tenant compte du moins dispendieux, et le nombre qu'il
désire, il sauverait tellement d'argent que le public en serait
émerveillé. Heureusement, en ce qui concerne le salarié,
le gouvernement fait abstraction de cette démagogie.
Selon nous, le ministère des Transports employeur n'est pas
intéressé à voir une réglementation efficace
s'instaurer.
En plus de ces propos de déréglementation que la plupart
des fonctionnaires ont à la bouche, le ministère des Transports
nous a démontré encore dernièrement que le respect des
taux n'était pas tellement intéressant pour lui. Ainsi, la
compagnie Arco, de Plessisville, applique les taux de la manière
suivante et ça, à la connaissance du ministère des
Transports. Elle exige un nombre de voyages défini et applique le tarif
horaire. Si le camionneur ne fait pas tant de voyages, on lui enlève des
heures.
Après avoir ouvertement contesté cette politique de la
compagnie Arco au ministère des Transports, nous apprenons dans la
même journée que cette même compagnie obtenait un contrat de
$8 400 000, soit $600 000 en dessous des évaluations du ministère
des Transports. Pourtant, le contrat lui est accordé, même si le
ministère des Transports sait très bien qu'il y a un seul moyen
pour faire le contrat avec un profit: engager les camionneurs à forfait
et les payer à l'heure. De cette façon, un camionneur perd 25% de
ses revenus.
Cette attitude fausse la concurrence entre les entrepreneurs
sérieux qui veulent respecter l'esprit de la tarification et ceux qui
veulent construire les routes sur le dos des transporteurs.
Au ministère des Transports, les fonctionnaires trouvent
génial qu'un titulaire de permis de poste d'affectation ait
demandé à la Commission des transports la diminution de taux
après que cette même commission eut fixé des taux minimaux.
Ce poste d'affectation qui fait le jeu du ministère des Transports
employeur bénéficie de l'appui du ministère et de la
commission.
Toutes ces attitudes ne peuvent que nous faire découvrir un
ministère des Transports employeur qui se sert de sa loi, de ses
règlements, de sa commission dans le but de servir ses
intérêts pécuniaires et particuliers.
Nous ne pouvons plus croire, à la suite des
événements, que le ministère des Transports est
intéressé à ce qu'une réglementation
efficace existe.
L'entente du 14 avril 1972, intervenue entre le ministère des
Transports et l'Association nationale des camionneurs artisans consacrait un
secteur de travail réservé aux camionneurs en vrac artisans. Ce
secteur de travail, bien que limité, a permis de régionaliser le
transport en vrac, d'ouvrir les premiers postes d'affectation et de faire vivre
pendant un certain temps une catégorie de transporteurs dont la
principale source de revenus était le camionnage en vrac.
A cette clause se sont ajoutés, entre 1972 et 1977, les travaux
en régie de plusieurs ministères et le transport du sel sur les
routes entretenues par la voirie provinciale.
En 1977, le règlement concernant le camionnage en vrac faisait
disparaître la distinction entre artisan et entrepreneur. Les obligations
imposées aux artisans avaient eu pour effet d'augmenter sensiblement,
comme nous l'avons vu précédemment, le nombre de
détenteurs et le nombre de permis inscrits dans les postes
d'affectation.
Cette clause que le gouvernement avait insérée en 1972
devenait évidemment insuffisante pour assurer une vie convenable
à tous les détenteurs de permis qui voulaient faire partie des
postes. Il ne faut pas oublier que la prolifération des permis et la
création de nombreux premiers camions ont réduit sensiblement les
revenus des camionneurs en vrac artisans qui faisaient partie de la classe
privilégiée des années 1973 à 1977. De plus, la
clause 75-25 a été diminuée dans l'année 1974
lorsque le ministère des Transports a décidé d'enlever le
transport du béton bitumineux comme secteur de travail
réservé.
Cependant, depuis 1979, ce secteur est revenu sous une forme
mitigée. L'entrepreneur, après avoir utilisé tous ses
camions, munis de permis ou pas, se doit d'employer les camions inscrits au
poste d'affectation. 70% des 96% des titulaires de permis de vrac admissibles
se sont inscrits au poste de courtage. Les abonnés au poste
représentent donc la très grande majorité des
transporteurs qui détiennent des permis actifs. Vu cette augmentation du
nombre de camionneurs, ainsi que du coût de la vie, il faut absolument
que le gouvernement, requérant de services donne directement ou
indirectement aux détenteurs de permis de poste un minimum de 75% des
réquisitions de services de transport en vrac, que ces travaux soient
effectués en régie ou par des entrepreneurs.
Les secteurs de travail réservés favorisent une relation
normale entre l'employeur et l'employé. Lorsque le transporteur ne
travaille pas dans le cadre des secteurs de travail réservés,
l'employeur peut le remercier à toute heure du jour et sans raison. De
plus, il peut facilement, lorsque l'offre de camions est trop
considérable, le faire travailler en dessous des taux pourtant
jugés minimums par un tribunal d'arbitrage obligatoire. Le transporteur
est souvent obligé de faire tous les travaux difficiles. Lorsque le
travail est facile, il est remercié de ses services sans avis ni raison.
Nous pourrions, par la présente, vous donner mille exemples de
transporteurs en vrac à la merci des employeurs. Nous ne pouvons
comprendre que le gouvernement, qui, pourtant, a décrit en 1977 le poste
d'affectation comme la formule de salut pour les petits camionneurs, refuse de
confier la majorité de ses propres travaux à ces mêmes
postes d'affectation. Les secteurs de travail réservés
établiront entre les détenteurs de permis de poste et les
requérants de services des relations d'égal à égal
dans la négociation des conditions de travail. Le secteur de travail est
donc le moyen pour établir des rapports normaux entre le
requérant de services et le transporteur. Si le transporteur n'a pas le
droit de négociations il disparaîtra. S'il est courageux, il
revendiquera avec bruit les avantages fondamentaux auxquels il a droit. Si le
ministère de l'Energie et des Ressources a les moyens de subventionner
les multinationales forestières et leur donner le contrôle total
de la voirie forestière, le gouvernement a sûrement les moyens de
donner aux transporteurs le contrôle d'une partie importante du
transport.
De plus, dans la région atlantique délimitée
à l'ouest par la route Kennedy, couvrant les provinces maritimes
à l'est, le gouvernement fédéral donne pour le transport
en forêt des subventions aux transporteurs. Ces subventions qui sont de
l'ordre de 17,65% au-delà des taux minimums fixés par la
Commission des transports du Québec devraient normalement être un
atout additionnel au taux minimum fixé par ladite commission.
Aucune compagnie forestière ne respecte cette disposition. Elles
enlèvent 17,65% sur les taux minimums fixés par la commission et
disent aux transporteurs de réclamer au fédéral la
différence. Il est plus que temps que cette situation
éhontée cesse, puisque la subvention fédérale pour
la région atlantique est une subvention additionnelle au taux du reste
du pays et qui vise à aider les transporteurs et non les compagnies
forestières. Il s'agit là d'un argument additionnel justifiant
l'obligation pour les compagnies forestières de passer obligatoirement
par les titulaires de permis de courtage. Il faut absolument que 80% des
réquisitions de transport en forêt soient adressées aux
postes d'affectation.
Nous ne pouvons croire qu'après de multiples démarches
faites au gouvernement par toutes les catégories d'associations de
transporteurs en vrac le ministère des Transports ne puisse comprendre
que le seul moyen d'établir la paix sociale dans le camionnage, c'est
d'accorder des secteurs de travail réservés dans un pourcentage
qui permettra à 70% des détenteurs de permis inscrits au poste
d'affectation de gagner leur vie convenablement, suivant des conditions
normales et minimales de travail. Nous réclamons donc, non pour nous,
mais pour les titulaires de permis inscrits dans les postes d'affectation, les
titulaires de permis inscrits chez les titulaires de permis de courtage, 75% du
transport en vrac confié directement ou indirectement par le
ministère des Transports et 80% du transport en forêt.
L'Association nationale des camionneurs artisans Inc. recommande au
gouvernement du Québec ce qui suit: Premièrement, une
réglementation
saine et efficace basée sur des principes; deuxièmement,
une réglementation appuyée par des sanctions sérieuses;
troisièmement, la création immédiate d'un comité
efficace pour le respect des taux et tarifs décrétés par
la Commission des transports du Québec; quatrièmement, la
réglementation doit tendre à considérer le camionneur en
vrac comme un salarié; cinquièmement, la réglementation se
doit de protéger le transporteur et de lui confier le transport public;
sixièmement, reconnaissance des associations majoritaires comme
titulaires de permis de courtage. Septièmement, la disparition de la
tutelle imposée par le règlement et administrée par la
Commission des transports du Québec; huitièmement, la limitation
des permis de transport de matières en vrac; neuvièmement,
maintenir le gel établi des permis par l'entente du 23 juin 1977;
dixièmement, la Commission des transports doit garder son
caractère judiciaire; onzièmement, les titulaires de permis
émis en vertu de l'ordonnance générale no 4995 du
camionnage ne doivent plus obtenir, dans leur permis, des matières en
vrac; douzièmement, éligibilité de l'association
majoritaire pour l'obtention d'un permis de courtage; treizièmement, le
gouvernement du Québec réglera le problème s'il admet que
le transport public des marchandises en vrac appartient aux transporteurs qui
paient le permis prescrit par le gouvernement: -75% du transport des
matières en vrac requis ou subventionné par le gouvernement du
Québec, directement ou indirectement, devrait être confié
aux titulaires de permis de courtage. -Dans le domaine forestier, 80% du
secteur devrait être aussi confié aux titulaires de permis de
courtage. Quatorzièmement, que la Commission des transports du
Québec émette, suite aux modifications du règlement,
immédiatement les permis de sous-postes.
L'Association nationale des camionneurs artisans tient à
remercier les membres de la commission parlementaire des transports d'avoir
accepté d'entendre ses représentations. Nous demeurons à
la disposition de la commission pour de plus amples informations et pour
répondre à vos questions et nous vous soumettrons un
mémoire, s'il y a lieu, là-dessus.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. de Belleval: M. le Président, rapidement, sur certains
points et, en particulier, sur le point fondamental qui est cet
équilibre à obtenir entre l'offre et la demande dans ce secteur
d'activité économique. J'ai tenté, tout à l'heure,
de faire le point sur ces grands équilibres en matière d'offres
de services par les différents intervenants. Vous êtes revenu,
à quelques reprises, dans votre mémoire, peut-être pas
directement mais par la bande, sur certains aspects de ces grands
équilibres. C'est là-dessus que je voudrais
réitérer certains chiffres.
Tout d'abord, l'activité même du ministère faite
pour son propre compte, avec sa propre flotte de camions; pour vous, c'est un
point important. Je tiens à dire là-dessus que, depuis 1972, la
flotte du ministère des Transports n'a pas varié de 1% et que,
deuxièmement, l'importance de cette flotte est extrêmement
marginale par rapport à l'offre de camions faite par les
détenteurs de permis en vrac. On a vu qu'il y a environ une douzaine de
milliers de permis en vrac émis. Le ministère des Transports
lui-même possède moins de 200 de ces camions dix roues qui font du
transport pour le compte du ministère et qui constituent sa flotte
minimale pour effectuer les travaux marginaux qu'il doit effectuer dans le
cours normal de ses opérations.
Comme on le voit, ce n'est pas de ce côté que nous
pourrions être blâmés et que nous pourrions aussi obtenir
des solutions. Je pense que si on s'attaque à des points comme
ça, cela peut faire image lorsqu'on fait des affirmations gratuites,
mais quand on examine les chiffres très concrètement et qu'on
voit les équilibres en présence, les grands équilibres,
les 12 000 camions d'une part et les 200 ou 300 camions du ministère,
d'autre part, qui, de toute façon, sont absolument nécessaires au
ministère, on se rend compte qu'on ne parle pas des mêmes
choses.
Deuxièmement, quand on regarde aussi les travaux qui ne sont pas
faits en régie, c'est-à-dire les travaux pour le compte du
ministère, mais qui sont donnés à contrats, on se rend
compte que les camionneurs dits entrepreneurs, c'est-à-dire les
camionneurs qui possèdent leurs propres camions et qui, eux aussi, comme
le ministère, doivent avoir une flotte minimale pour faire leurs propres
travaux comme entrepreneurs, ces camions représentent 23% de tous les
camions utilisés sur nos chantiers actuellement, tandis que 77% sont des
camionneurs artisans. Les chiffres absolus, c'est 510 camions, plus ou moins,
d'entrepreneurs contre 1682 camionneurs artisans. (12 heures)
Comme on le voit, là encore, si on veut aller plus loin et
restreindre davantage les camionneurs dits entrepreneurs, on se rend compte
qu'on ne peut jouer que sur 23%. J'ai ensuite démontré que, de
toute façon, quand on regarde l'ensemble des contrats donnés par
le ministère, nous ne pouvons satisfaire qu'environ 20% à 25% de
l'offre que ces 12 000 camions dont j'ai parlé tantôt
représentent. On le voit dans les chiffres absolus, 1682 camionneurs
artisans.
Alors, le déséquilibre entre l'offre et la demande est
tellement grand et le rôle que nous pouvons avoir directement sur
certains points particuliers constituent tout simplement à ajuster
si je peux dire la vis du carburateur pour passer de 20 à
20,5 milles au gallon, mais on ne pourra certainement pas passer aux 40 milles
au gallon dont vous parlez, en tout cas, au déséquilibre dont il
est question actuellement.
J'aurais une question à poser dans cet examen des grands
équilibres en cause. J'aimerais vous poser une question que le rapport
Lippé aussi posait en 1965, à savoir comment rétablir un
plus juste équilibre entre l'offre et la demande.
Là-dessus, vous avez, bien sûr, mentionné les
recommandations du rapport Lippé, vous avez loué le rapport
Lippé, mais n'oubliez pas qu'il y avait une recommandation du rapport
Lippé qui est contraire à toutes vos revendications, à
savoir ne pas restreindre, en aucune façon, la possibilité pour
un camionneur entrepreneur d'utiliser ses propres camions. Et, comme vous le
savez, cette recommandation en particulier n'a pas été
observée. Vous avez, au contraire, obtenu un secteur
réservé dans une proportion pour des travaux donnés. Mais,
on voit que malgré le fait que justement les gouvernements qui se sont
succédé n'ont pas respecté la recommandation du rapport
Lippé là-dessus, malgré le fait que vous ayez actuellement
un secteur réservé, on se rend compte que le
déséquilibre fondamental que soulevait le rapport Lippé
n'a pas été résolu et que les chiffres en présence
nous démontrent bien qu'à première vue, ce n'est pas la
voie à suivre, comme je l'ai expliqué tout à l'heure,
puisque le déséquilibre est trop grand.
Alors, je reviens à ma question et à la question, donc, du
rapport Lippé: Est-ce que, d'après vous, il y a moyen de
rétablir cet équilibre du côté de l'offre de camions
et quels seraient les mécanismes, par exemple, qui nous permettraient de
retirer des permis de la circulation pour qu'il y ait un meilleur
équilibre entre l'offre et la demande?
Vous allez peut-être me répondre: Ce n'est pas en
réduisant le nombre de permis, c'est en augmentant plutôt
l'ouvrage. C'est ce que j'ai expliqué tout à l'heure; il faudra
augmenter nos travaux dans des proportions de $300 000 000, $400 000 000 ou
$500 000 000 simplement pour faire varier à même le 10% de ces
$400 000 000 ou $500 000 000 les proportions qui sont en cause. Vous avez
reçu $58 000 000 de travaux cette année. Pour en obtenir $100 000
000, par exemple, il faudra augmenter le budget du ministère des
Transports de $500 000 000 puisque seulement 10% de ces $500 000 000 se
retrouveraient finalement dans le transport en vrac. Avez-vous des... Je vois
dans votre mémoire que vous n'avez pas de suggestion de ce
côté-là. On dirait que personne dans le passé n'a
voulu s'attaquer à ce problème fondamental. Comment
réduire le nombre de permis, puisqu'on le voit, c'est là
certainement que se situe la principale solution compte tenu du
déséquilibre si flagrant entre le nombre de camions, le nombre de
permis et les possibilités d'ouvrage?
M. Piuze: M. le ministre, Me Beaudet va répondre à
votre question étant donné que j'ai parlé pendant une
heure. Juste avant, vous nous avez cité un chiffre pour les camions du
ministère de 200 véhicules. Or, un de vos sous-ministres qui est
encore là je ne le nommerai pas, je ne crois pas que ce soit
nécessaire nous déclarait, il y a deux ans, qu'il y en
avait 850. Alors, je ne sais pas si les camions ont diminué depuis ce
temps-là, mais...
M. de Belleval: Ecoutez, vous avez les chiffres dans le document
que je vous ai donné. Les chif- fres exacts sont les suivants: pour les
camions de dix roues, soit le type qu'on retrouve normalement maintenant parmi
les permis émis par la Commission des transports et qui sont au nombre
d'environ 10 000 ou 12 000, nous en avons 191. Vous avez d'ailleurs dans ce
document la répartition de ces camions par région administrative.
Vous pourrez vérifier ces chiffres. Nous avons, en plus de ces 191
camions à dix roues à benne basculante, environ 431 camions
à six roues et il y a d'autres pièces d'équipement:
"pépines", petits "pick-up" et autres genres d'équipement. Mais
si on regarde, là encore, les chiffres dans leur brutale clarté,
ce ne sont pas ces 191 camions à dix roues qui viennent faire
concurrence actuellement à vos 12 000 camions, d'autant plus que, comme
je l'ai expliqué, la politique suivie par mes
prédécesseurs cela inclut, d'ailleurs, le
député de Charlevoix c'est de conserver la flotte du
ministère pour les besoins minimaux que nous devrions avoir de toute
façon, en particulier pour faire l'entretien l'hiver quand
l'équipement des camionneurs privés n'est pas disponible
c'est le cas pour de nombreuses régions, pour certaines routes que les
camionneurs privés ne veulent pas desservir pour les petites
commandes à gauche et à droite qu'un district doit remplir tous
les jours, qui nécessitent un travail immédiat et, par
conséquent, ne nécessitent pas un recours aux postes
d'affectation. On voit bien que ce n'est pas là qu'il faut chercher la
solution au déséquilibre.
Votre affirmation que nous avons augmenté notre flotte ne se
vérifie pas puisque, comme je l'ai dit, depuis 1972, cette flotte n'a
pas varié de 1%. Vous m'avez fait des représentations
là-dessus. J'ai fait les vérifications, j'ai revu tout le dossier
au ministère et les chiffres que je dépose ce matin
démontrent que non seulement depuis un peu moins d'un an que je suis au
ministère, mais même sous l'administration de M. Lessard et
même sous l'administration du ministre Mailloux, ce point en particulier
n'est pas le point fondamental. Vous allez me dire: C'est juste un petit point!
Ce n'est peut-être pas le point le plus important dans votre
mémoire, mais ce que je veux souligner, c'est tout simplement un exemple
du fait que l'approche via cette explication du ministère ou cette
action du ministère sur l'industrie m'apparaît très
limitée et qu'au contraire c'est plutôt du côté de
l'offre de camions qu'il faut agir.
M. Piuze: Si vous me le permettez, M. le ministre, nous allons
prendre connaissance de votre rapport. On ne veut pas mettre en doute vos
chiffres. Dans les rapports que vous allez entendre cet après-midi au
niveau des régions, vous allez voir que c'est un problème
épineux dans certaines régions et important. Je pense qu'au
niveau régional ils seront en meilleure position pour donner des
chiffres là-dessus. Si vous me le permettez, M. le Président, je
demanderais à Me Beaudet de continuer.
M. Beaudet (Pierre): M. le ministre, sur votre question de savoir
ce que propose notre mémoire, il est bien évident que nous
pensons que la so-
lution est les secteurs de travail réservés aux postes
d'affectation parce que, de 1972 à 1977, malgré certains
problèmes qu'on a eus, cette solution des secteurs de travail
réservés a permis aux camionneurs artisans de vivre
convenablement. Maintenant, votre position de l'offre et de la demande
présuppose une élimination naturelle des camionneurs. Si on s'en
va sur le marché de l'offre et de la demande, il y en a qui vont
survivre et les autres vont crever. En 1978, le ministre Lessard est venu
à notre congrès et ce n'est pas dans ce sens qu'il s'est
adressé aux camionneurs. Aujourd'hui, on parle des bienfaits de la loi
de l'offre et de la demande, mais, dans le temps, il nous disait ceci:
"Serais-je devenu en l'espace de quelques années un ennemi des
camionneurs? Non, mais j'ai conservé, cependant, les mêmes
idées que je prônais en 1965, de même que celles que
prônait le premier ministre actuel, qui était ministre des
Richesses naturelles du temps, M. René Lévesque, lorsqu'il est
venu dire dans notre région aux camionneurs: Arrêtez de vous
battre. Regroupez-vous dans des structures régionales efficaces
et là, il disait entre parenthèses dans ses notes, "ce que vous
avez fait d'ailleurs et nous vous donnerons du travail". Aujourd'hui, je
ne vous blâme pas, M. le ministre, mais votre message à la
commission, lui, dit: Fiez-vous maintenant à votre initiative
personnelle; allez-vous-en sur le marché avec la loi de l'offre et de la
demande. Vous allez survivre en baissant les coûts automatiquement parce
que vous parlez de coûts artificiels qui sont créés.
Quant au nombre de permis, nous prétendons justement que c'est
vrai que la Commission des transports a émis d'une façon
très libérale des permis entre 1973 et 1977. Cependant,
aujourd'hui, le gouvernement a pris une responsabilité et le
problème du ministère des Transports, c'est qu'il est à la
fois employeur et législateur, comme vous l'avez souligné.
Quand il vient nous dire qu'il protège le petit, il faut qu'il
pense au gouvernement et à son programme politique, mais quand il est
l'employeur, il est un vrai employeur et il prend même la peine de
préparer un contre-mémoire la veille pour démolir nos
revendications ou apporter des précisions qu'il juge raisonnables. Cette
position du ministère des "Transports comme employeur, nous avons de la
misère à la prendre, surtout qu'il y a des liens très
étroits entre la Commission des transports, qui est le tribunal
judiciaire, et le ministère des Transports qui, selon nous, ne devraient
pas exister, parce que si la Commission des transports est là pour
appliquer des règlements ou des lois dans lesquels le ministère
des Transports est employeur et partie, il faudrait absolument que la
Commission des transports conserve son caractère d'indépendance
et n'ait pas d'intervention directe dans le jeu des postes d'affectation et ne
soit pas, autrement dit, sous la tutelle, parce que, là, on arrive
devant la Commission des transports avec des camionneurs en tutelle et un
ministre des Transports à la fois employeur et employé.
Il y a deux parties qui jouent au ministère des
Transports. Je ne vous blâme pas, vous êtes mal pris avec
cela, mais ce que nous disait M. Lessard quand il vendait les postes
d'affectation et ce que vous nous dites cette année dans votre message
du congrès, ce sont deux choses complètement différentes.
C'est vrai que les camionneurs aiment cela transporter mais ils n'aiment pas se
faire transporter comme cela dans l'offre et la demande, dans l'Etat
protectionniste et dans trois ans dans d'autres domaines.
Pour répondre à votre argument sur le rapport Lippe, qui
disait qu'on prendrait les camions des entrepreneurs et ensuite les camions du
poste, aujourd'hui on se doit de... On a signé des ententes en 1972 avec
le ministre des Transports du temps, on a signé une entente avec le
ministre Lessard qui semble être contestée par votre document,
mais il reste une chose, c'est que les parties ont convenu que des secteurs
réservés pouvaient aider les camionneurs. De toute façon,
M. Lessard, quand il a vendu les postes d'affectation, disait toujours: Je vais
m'occuper de vous trouver des travaux en régie et des travaux dans les
autres ministères. Est-ce qu'à ce moment-là il reniait les
clauses de travail qui sont reniées aujourd'hui lorsque vous nous parlez
de la loi et aussi de l'offre et de la demande.
Ma réponse est un peu dans ce sens. Je ne veux pas prendre un ton
de guerre même si on a mis les gants de boxe avec l'Association des
camionneurs artisans, mais il reste que nous ne pouvons pas dire autre chose
à nos membres, que vous êtes à la fois employeur, que vous
avez des méthodes d'employeur et que vous dites en outre: On vous
protège messieurs, allez-vous en dans les postes d'affectation. C'est
cela qu'on n'est pas capable de prendre.
M. de Belleval: Je vous écoutais et me demandais si
j'écoutais M. Laberge ou M. Rodrigue...
M. Beaudet: Une chance que vous n'avez pas dit un autre nom.
M. de Belleval:... quand vous parliez de nous comme employeur. Je
suis sorti d'un secteur où j'étais directement l'employeur de
plusieurs dizaines de milliers de personnes et je me retrouve donc avec des
revendications un peu du même ordre. J'essaie de vous suivre. Je vous ai
quand même donné des statistiques tantôt qui
démontraient que, comme employeur, justement, et comme protecteur des
petits camionneurs, des camionneurs artisans, mon dossier n'était pas
mauvais puisque, cette année, sur mes chantiers de construction, 77% des
camionneurs que j'emploie ou que mes entrepreneurs emploient sont des
camionneurs artisans. Je veux bien qu'on trouve des moyens pour augmenter cela
à 78%, 79%, 80%, mais il n'en reste pas moins que, de toute
évidence, le préjugé favorable dont parlait M. Lessard, on
le retrouve dans ces chiffres.
Rappelez-vous ce que j'ai fait à la fin de l'hiver quand j'ai pu
dégager une vingtaine de millions de
dollars dont le plus clair est allé dans les poches des
camionneurs artisans pour leur permettre de passer un mauvais moment. Cela
démontre bien que notre préjugé favorable envers les
individus que vous représentez est respecté.
Une fois ceci dit, on se rend compte que, malgré tout, on n'a pas
réglé le problème de toute évidence et qu'on se
retrouve encore une fois devant un déséquilibre très
grand. Il n'est à peu près pas "comblable", compte tenu des
chiffres dont je viens de parler, par une extension dans la même voie des
politiques passées qui nous ont amenés au problème
où on est actuellement. Si les politiques passées avaient
été des politiques aussi bonnes que cela, sans doute qu'on ne se
retrouverait pas ici aujourd'hui. (12 h 15)
Alors, la question que je pose est la suivante: Continuer dans ce
même genre de politique je ne parle pas d'une mesure ou d'une
autre, vous en avez souligné plusieurs qui me paraissent fort valables
est-ce dans la voie de l'amélioration, du "fine tuning", excusez
l'expression, de l'ajustage du carburateur de ces mesures qui nous ont
mené à la situation actuelle ou s'il ne faut pas reprendre le
problème comme, justement, la commission Lippé l'avait
proposé et revoir comment rétablir un certain équilibre du
côté de l'offre et de la demande? Je ne dis pas d'appliquer
brutalement les principes de l'offre et de la demande, la preuve en est que ce
n'est pas ce qu'on fait. La preuve en est aussi que les chiffres que je viens
de donner démontrent très bien que les effets de ces politiques
et de ces attitudes sont de favoriser les camionneurs artisans, mais cela ne
résout pas le problème.
Je repose ma question parce que je pense que vous n'y avez pas
répondu. Dans votre mémoire, vous ne nous proposez rien en ce qui
concerne les moyens que nous pourrions prendre pour diminuer l'offre de
camions. Vous dites: On va les laisser mourir à petit feu. Cela, c'est
un moyen, on peut laisser mourir des gens à petit feu, mais je suis
certain que ce n'est pas la solution que vous proposez. Donc, ce serait quoi,
la solution, si ce n'est pas de les laisser mourir à petit feu? Quand,
par exemple, des tabaconistes ouvrent des magasins au coin des rues et qu'il
s'en ouvre cinq ou six et que le lendemain il y en a un septième et le
surlendemain il en vient un huitième, la loi pure de l'offre et de la
demande joue; c'est ce qu'on retrouve dans la plupart des secteurs
d'activité économique de notre société. A un moment
donné, il y a un tabaconiste qui fait faillite parce qu'il y en a un de
trop, deux ou trois, ou ils réussissent à vivre mais ils vivotent
plutôt parce qu'ils partagent tous le même paquet de
cigarettes.
Dans votre cas, ce n'est pas ce que vous proposez sans doute comme
solution. Je vous écoute et, de toute évidence, ce n'est pas ce
genre de solution que vous proposez, mais est-ce qu'il y en aurait, en
auriez-vous à nous proposer qui sont autres que la simple application
brutale, que je ne propose pas moi-même, de l'offre et de la demande? Je
ne voudrais pas être mal compris, je ne propose pas de laisser les choses
aller brutalement, mais je vous dis qu'on ne peut pas non plus faire
abstraction de ces mécanismes fondamentaux de notre économie.
Comment maîtriser ces mécanismes, mais dans le bon sens? Je repose
ma question.
Le Président (M. Jolivet): M. Beaudet.
M. Beaudet: M. le ministre, la réponse nous semble claire.
Les secteurs de travail réservés sont la clef du succès.
Naturellement, cela ne fera pas augmenter le volume d'ouvrage. Vous parlez de
votre statistique de 77%; même si on n'en avait strictement que 70%... On
ne demande pas au gouvernement de faire des travaux artificiels, mais le fait
que nous ayons un secteur réservé nous permettrait de discuter
avec notre employeur d'égal à égal. Si nous n'avons pas de
secteur réservé, l'employeur peut nous faire venir à 8
heures le matin et nous dire à 10 heures: Va-t-en chez vous. Il peut
aussi nous imposer à travailler en dessous des taux minimums pourtant
fixés par un tribunal d'arbitrage obligatoire. Le poste d'affectation
est la manière de partager équitablement le travail.
Bien sûr, il y en a qui vont souffrir, mais ceux qui occupent le
poste... Tout le monde est à peu près admissible à 96%.
Bien sûr, nous serons victimes de la conjoncture économique, mais,
comme le poste d'affectation est là suivant vos volontés pour
partager équitablement le travail et comme tout le monde peut faire
partie, à 96% des cas, du poste, tout le monde partagera
équitablement le travail suivant des taux fixés par un tribunal
d'arbitrage obligatoire qui est la Commission des transports et nous pourrons
négocier avec les patrons d'égal à égal. Dans le
moment, c'est: Toi, on ne veut pas te voir ce matin! Toi, tu t'en vas chez
vous! On a des problèmes qui remontent à avant l'encyclique Rerum
novarum parce qu'on n'a aucun droit, aucun pouvoir de négociation sans
le secteur de travail réservé qui nous a été
donné. C'est ça, notre problème, l'employeur a le
contrôle total. On sait que ça ne va pas bien, la conjoncture
économique; ce n'est pas votre faute s'il n'a pas neigé cet
hiver, on ne vous demande pas des travaux artificiels, on vous demande de
partager équitablement le travail entre tous les détenteurs de
permis de vrac et non pas seulement dans l'Association des camionneurs artisans
au moyen du poste d'affectation que vous avez mis au service des camionneurs
auxquels vous avez dit que vous donneriez le mécanisme pour partager
équitablement le travail. Nous sommes entièrement d'accord avec
cela. A ce moment-là, on ne fausserait pas la compétition par les
jeux de taux. C'est ça qui est un peu notre problème.
Naturellement, nous nous servons de notre entente aujourd'hui pour
discuter, avec le ministère, de secteurs de traval. Mais notre solution,
secteurs de travail réservés, comme vous, on n'en voit pas
d'autre, parce que l'offre et la demande, pour nous, c'est d'envoyer des
transporteurs, se faire
concurrence. Avec la surenchère de la baisse des coûts,
à la première nouvelle, II y en a la moitié qui vont
mourir, les autres vont survivre. Et il va arriver des gros contracteurs qui
vont dire au gouvernement, le lendemain matin que ça coûte cher un
voyage de terre, ça va changer le prix, comme ça s'est fait dans
le domaine du pétrole et dans d'autres domaines. Il est vrai que nous
sommes dans un bien petit domaine, mais on a besoin de votre protection et on a
besoin de vos postes d'affectation, suivant des règles de partage
équitables. Après ça, on pourra parler, M. le ministre, du
partage équitable non seulement entre les transporteurs, mais du partage
équitable du transport entre les transporteurs et les contracteurs.
Depuis 1973, on vend des permis aux camionneurs, permis qui sont dispendieux,
on leur a donné un champ d'activité, alors, aujourd'hui, on veut
au moins que le champ d'activité leur soit réservé, comme
les salariés de la construction ont des champs réservés
dans le domaine de la construction.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, Me Beaudet mentionne, en
terminant, le secteur de la construction. Je pense que l'ANCAl devrait au moins
se réjouir, ce matin, qu'une des solutions proposées par le
gouvernement ne soit pas celle qui est appliquée présentement
dans le placement dans l'industrie de la construction. La situation, comme vous
le savez, est analogue; il y a trop de travailleurs soi-disant de la
construction pour le travail à effectuer.
Donc, on a retenu, au gouvernement, par l'entremise de l'OCQ, la
solution de dire: A compter du 1er juillet 1978, toute personne qui n'a pas
travaillé un certain nombre d'heures dans la construction,
l'année précédente, ou un certain nombre d'heures sur cinq
années, qu'elle ait 25 ans de compétence comme menuisier, comme
électricien ou comme quoi que ce soit, n'a plus le droit de travailler
parce qu'elle ne détient pas un certificat classe A.
Je sais que ce n'est pas ça que vous voulez, mais je ne peux pas
m'empêcher de faire l'analogie entre les deux. Cependant, le
problème est le même, c'est toujours trop de camionneurs, trop de
personnes pour un travail qui n'est pas assez volumineux. Vous nous parlez des
secteurs de travail réservés. Nul doute que ça fait
partie, à mon avis, des éléments de solution.
Justement, dans le document, qu'a déposé le ministre ce
matin, on a, à l'annexe 2, copie de l'entente entre les parties; je
pense que ça porte sur 16 points au total. C'est une entente qui avait
été signée lors de la manifestation des 2800 camionneurs,
devant le parlement. C'est évident que la présence des 2800
camionneurs est pour quelque chose au contenu de l'entente. Mais le fait
demeure que, quand vous nous parlez des secteurs de travail
réservés vous le reprenez d'ailleurs dans votre
mémoire, ce matin vous récla- mez 75% de tous les travaux
effectués par le ministère des Transports et 80% dans le domaine
forestier. A vos yeux, aviez-vous acquis ça, en juin 1977, au moment
où le ministre des Transports, Lucien Lessard, a signé l'entente
qui apparaît en annexe?
M. Beaudet: Dans l'idée de nos clients, à qui nous
avons montré l'entente qui était là, il était
évident que 75% du transport venant du ministère des Transports,
directement ou indirectement, passeraient par le biais des postes
d'affectation. Il est évident que nos clients pensaient avoir agrandi le
secteur de travail. Le gouvernement nous demandait, à ce moment,
d'augmenter le nombre de camionneurs. Comme on en avait à peu
près juste assez en tant qu'artisans, pour vivre convenablement, on a
pensé qu'en augmentant le nombre de camionneurs dans le poste, d'un
autre côté, le gouvernement augmenterait notre secteur. C'est ce
à quoi on s'attendait et c'est dans ce sens que nous avons signé
le document. C'est dans ce sens que M. Dubé l'a signé. C'est lui
qui est le signataire et je pense qu'on va lui laisser donner les
explications.
M. Dubé: II est certain que nous ne demandions pas
les 2800 camionneurs dont vous faisiez mention tout à l'heure et nous
avons une association de près de 4000 75% en haut de la ligne
d'infrastructure. Nous n'étions tout de même pas des
imbéciles; nous l'avions déjà depuis 1972. Il est clair de
voir que nous demandions une augmentation; c'est pour ça qu'on
s'était déplacé. Quand on vient nous dire qu'on demandait
en haut de la ligne de 75%, c'est malheureux, mais on l'avait
déjà depuis le 14 avril 1972. On demandait une augmentation
comme Me Beaudet l'a dit tout à l'heure parce qu'il y
avait une augmentation de permis qui venait accroître les postes
d'affectation.
Quand on nous avait parlé d'enlever l'asphalte, on disait qu'il
fallait le laisser pour les autres, en 1975, comme j'en ai fait mention. Les
autres, c'étaient les 1500, 1600 ou peut-être les 2500 camions qui
venaient rejoindre. Dans notre esprit et dans l'esprit de tous les gens,
c'étaient les autres. Donc, les autres venaient dans le poste
d'affectation et on augmentait l'assiette, comme le disait M. Lessard. C'est
là-dessus que j'ai signé l'entente et M. Lessard la signait
sûrement dans cet esprit-là; mais après, on a appris que ce
n'était pas ainsi dans son esprit, mais c'était ainsi sur le
papier. Je pense qu'on en a encore des copies. On a encore l'original et c'est
ce qui y est marqué.
M. Gratton: D'ailleurs, c'est quand même significatif que
dans l'orginal, justement, cette clause a été ajoutée
à la main, de façon manuscrite.
M. Dubé: Mais c'est clair que nous n'aurions pas
signé si cela n'avait pas été mis là. Le ministre
l'a écrit lui-même de sa main. Il l'a paraphée. D'ailleurs,
il y avait ses conseillers et son procu-
reur. Il y avait aussi son chef de cabinet. Cela n'a pas
été fait en cachette et en tordant des bras. Cela a
été fait bien officiellement devant les caméras en
plus.
M. Gratton: Remarquez bien qu'on...
M. de Belleval: Puis-je dire quelque chose là-dessus, M.
le Président? Me le permettez-vous, M. le député?
M. Gratton: Oui, oui.
M. de Belleval: Quand même, je voudrais parler au nom de
mon collègue, M. Lessard, qui était ministre des Transports
à ce moment-là et qui est directement et personnellement
impliqué, je pense qu'il pourrait venir à cette commission et
fournir lui-même la réponse d'ici les deux ou trois prochains
jours; mais cette réponse, il l'a déjà donnée. Elle
a déjà été communiquée à l'ANCAl et
à l'ensemble de la population du Québec la même
journée où cette entente a été signée au
mois de juin 1977. Les circonstances sont bien connues. Cette clause a
justement été ajoutée à la main et le document est
public. Vous l'avez entre les mains. Les journalistes l'ont entre les mains.
Ils ont une copie de l'orginal. Actuellement, on ne cherche pas à le
cacher. Cette clause a été écrite à la main et on a
été obligé de l'ajouter parce que, justement, le ministre
ne jugeait pas important d'ajouter cette clause puisque, comme vous venez de le
dire, M. Dubé, elle existait déjà; mais vous avez quand
même insisté pour que l'ancienne clause soit reconduite, ce qui a
été fait. Il ne s'agissait pas d'élargir le secteur et
vous l'aviez très bien compris comme tel. Le 26 juillet 1977, à
l'Assemblée nationale, d'ailleurs tout de suite quelques minutes
après la signature de cette clause, la rectification a été
faite et tout le monde s'entendait que c'était effectivement la
reconduction de l'ancienne clause et non pas un élargissement de la
clause actuelle. Ici même, dans cette Assemblée nationale, au
moment où une commission siégeait, le 26 juillet 1977, M. Lessard
avait déclaré à ce moment-là devant
vous-mêmes, d'ailleurs, des représentants de l'Association des
camionneurs artisans: "M. le Président, je dois d'abord dire que
l'entente, telle que signée de bonne foi et telle que
précisée le 23 juin au soir au président de l'Association
nationale des camionneurs artisans indépendants, en particulier la
clause 75-25 en haut de la clause de l'infrastructure, sera respectée.
Et elle fut très bien comprise par toutes les personnes qui assistaient
à cette négociation, à savoir le conseil d'administration
de l'Association nationale des camionneurs artisans indépendants
accompagnés, d'ailleurs, de leurs avocats soit MM. Beaudet et Piuze.
Cette entente a été signée de bonne foi et toutes les
clauses avec interprétation qui a été donnée
à ce moment-là seront respectées, parce que le ministre
était de bonne foi." Cette déclaration a été faite
à l'Assemblée nationale même, à cette époque.
Le débat a été terminé à ce moment-là
et vous ne l'avez d'ailleurs pas repris à ce moment-là, parce que
vous étiez d'accord avec le fait qu'il ne s'agissait pas d'un
élargissement de la clause. Il ne faudrait pas revenir maintenant sur
cet aspect d'une question qui a été réglée
dès les mois de juin et juillet 1977.
Le Président (M. Jolivet): Me Beaudet.
M. Beaudet: M. le Président, je voudrais faire remarquer
au ministre je pense bien que c'est une petite erreur technique
que ce qu'il vient de nous lire, c'est un mois et quatre jours après
avoir lu la clause à l'Assemblée nationale. Naturellement,
lorsque nous avons négocié avec le gouvernement, il y a eu des
négociations qui ont suivi. On a esssayé de nous le changer pour
les $120 000 000 que nous promettait M. Pierre Angers qui était le
mandataire. Il nous a promis, devant 2000 personnes, que ce que le gouvernement
augmenterait, cela représenterait $120 000 000. A ce moment-là,
on commençait à trouver que cela avait du bon sens et que cela
touchait pas mal au 75% qu'on avait demandé, mais les $120 000 000 ne
sont pas venus eux non plus. (12 h 30)
Naturellement, le ministre des Transports du temps nous avait
écrit dans une lettre que, selon lui, ce n'était pas cela que
cela voulait dire. C'est vrai qu'il nous a écrit cela. Le document est
là et il est signé, mais nous avons une lettre du 14 juin du
ministre Lessard qui nous dit qu'il connaît parfaitement le dossier et
profondément et qu'il s'engageait à le signer lui-même.
D'ailleurs, quand il l'a lu, si M. Lessard connaissait très bien le
dossier, je me demande pourquoi il n'aurait pas écrit "en haut de la
ligne d'infrastructure". Il me semble que c'est évident que cela aurait
dû être ajouté à ce moment-là parce qu'il nous
dit qu'il connaît parfaitement le dossier.
M. de Belleval: Juste un point, M. le Président, pour
terminer là-dessus. Justement, cette clause a été
rédigée à la main, rapidement, dans un climat tendu, comme
on le sait. Tout de suite après le paraphe, la correction a
été faite. D'ailleurs, si vous-même aviez
considéré, à ce moment-là, que le ministre,
quelques minutes après avoir signé de bonne foi cette entente et
avec votre accord, de mauvaise foi revenait sur ses engagements, les camions ne
seraient pas repartis ou, s'ils étaient repartis, ils seraient
revenus.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gatineau.
M. Beaudet: Cela s'est fait un mois après.
M. Gratton: M. le Président, ce n'est sûrement pas
essentiel à la solution du problème qu'on revienne
là-dessus, mais je voudrais bien que cela soit clair dans l'esprit de
tout le monde qu'en juin 1977 il y avait une manifestation devant le parlement
contre un ministre des Transports qui avait fait un certain nombre de
promesses, qui avait pris un certain nombre d'engagements auprès des
camionneurs; un ministre des Transports qui se disait bien au courant de
la situation, qui connaissait son dossier et qui nous avait même dit,
à l'Assemblée nationale ici: Ne vous inquiétez pas; moi,
je vais régler cela, cette affaire-là, parce que je connais cela,
le transport et nous, du Parti québécois, les petits travailleurs
et les camionneurs, on va les protéger.
La façon dont le ministre d'alors a protégé les
camionneurs, c'est qu'il est allé écrire de sa propre main les
mots suivants: "Que 75% du transport de matières en vrac sur les
contrats donnés par le ministère des Transports soient
effectués via le poste d'affectation". Et c'est initialé L.L.,
Lucien Lessard. Comme le ministre lui-même le soulignait, si le ministre
qui connaît bien son dossier avait voulu limiter cela à ce qui
existait déjà dans la réglementation de toute
façon, c'est-à-dire 75% au-dessus de la ligne d'infrastructure,
il aurait écrit les trois mots "au-dessus de la ligne d'infrastructure";
c'est cinq mots. Mais non, il a voulu faire croire... Là, je
n'étais pas partie aux discussions, mais j'aime autant croire M.
Dubé, le président de l'association, qui nous dit aujourd'hui que
leur compréhension de cela, c'était qu'on leur accordait 75%.
Qu'on ait eu tort ou raison de le faire, cela a peu d'importance pour les
besoins de la discussion, mais on l'a fait croire aux dirigeants de l'ANCAl
qui, eux, ont rapporté cela à leurs membres, les 2800 qui
étaient devant le parlement, et c'est à partir de cela que ces
gens-là sont repartis chez eux. Un mois et demi plus tard... Quand le
ministre nous dit: Comment se fait-il qu'ils ne sont pas revenus? Je pense
qu'il y a plusieurs explications dont certaines nous ont été
données par Me Beaudet.
Je reviens là-dessus simplement pour avertir les camionneurs
artisans qu'on va être en période électorale très
bientôt, qu'une élection s'en vient, qu'il va y avoir des
politiciens, des péquistes, des libéraux et des unionistes, qui
vont prendre des engagements électoraux...
M. Goulet: Beaucoup.
M. Gratton: Beaucoup d'unionistes, me dit le député
de Bellechasse.
Une Voix: Ceux qui ne sont pas passés au Parti
libéral.
M. Gratton: Je dis aux camionneurs artisans de se rappeler les
engagements qu'on a pris du côté du Parti québécois
et de juger les engagements, autant les nôtres que ceux que voudront bien
faire les membres du gouvernement actuel, avant d'accorder leur appui à
la prochaine élection. Le problème du camionnage en vrac n'a pas
été réglé au cours des quatre dernières
années; au contraire, il a été empiré. On a fait
croire des choses aux camionneurs artisans, à leurs dirigeants. Les $120
000 000 dont vous parlez, ce n'est pas la première fois qu'on en entend
parler non plus dans les cercles qui s'occupent de camion- nage. On a fait
avaler tout cela et maintenant le grand défenseur de l'entreprise
privée, le député de Charlesbourg, c'est la meilleure de
toutes, vous dit que le gouvernement péquiste va maintenant devenir le
défenseur de l'entreprise privée après qu'il l'a
bafouée depuis quatre ans dans tous les textes de loi, dans toutes les
réglementations qu'il a adoptées. On ne fera pas trop de
politique ce matin, mais je dirai simplement aux camionneurs artisans et
à tous les autres camionneurs: Méfiez-vous.
Quant à nous, M. le Président, on pense que les
recommandations que l'association fait ce matin méritent beaucoup plus
que d'être repoussées du revers de la main comme le fait le
ministre en présentant son document et en laissant savoir aux
représentants, ici ce matin: On verra. Nous aussi, on verra. On va
analyser la situation à la lumière, bien entendu, des
représentations de l'association, mais aussi à la lumière
de ceux qui viendront nous dire des choses complètement
différentes de ce que vous nous dites ce matin. Chose certaine, on ne
vous fera pas accroire, si jamais on est placé dans une situation
semblable, qu'on vous donne 75% au-dessus de l'infrastructure, quand on n'a
aucune intention de vous le donner, simplement pour se débarrasser du
problème qu'on peut avoir dans l'immédiat.
Je terminerai, M. le Président, en posant une question au
représentant de l'association. Le ministre l'a posée d'une
façon différente tantôt. En revenant toujours au fond du
problème qui est qu'il y a trop de camionneurs qui détiennent un
permis, il y a, nous dit-on, 11 500 détenteurs de permis de camionnage
en vrac, dont 4000 font partie de votre association, il y en a donc 7500 qui ne
sont pas représentés ce matin et qu'on va probablement entendre
au cours des trois prochains jours. Ce n'est pas cela? En tout cas...
Ce que je voudrais savoir, c'est si l'association, votre association
à vous serait disposée à un moment donné à
discuter et peut-être bien à négocier avec les
autorités compétentes des modalités en dehors de toutes
les recommandations que vous faites quant aux secteurs de travail
réservés, à l'utilisation des postes d'affectation et tout
cela, pour en venir à réduire le nombre de permis. Je n'entends
pas là seulement le nombre déterminé des autres que les
camionneurs artisans, mais en incluant ceux que détiennent
présentement les camionneurs artisans. Ce n'est sûrement pas
j'y reviens une méthode qui serait autre aussi que celle
obtenue dans le cas du règlement pour le placement dans l'industrie de
la construction. Cela pourrait être un rachat de permis. Je pose
simplement une question très générale. Est-ce que votre
association serait prête à discuter sur cette base?
M. Beaudet: M. Gratton, il est évident que nous sommes
ouverts à tout dialogue avec les autorités compétentes et
c'est bien évident que le nombre de détenteurs de permis est de
8692. C'est parce que parfois on est porté, vu le problème,
à mêler le nombre de camions et le nombre de
détenteurs. En 1972, le ministre Pinard du temps et les
autorités de l'association avaient trouvé une façon moins
cruelle, diminuer le nombre de camions au lieu de diminuer le nombre de
détenteurs. C'est un petit peu moins douloureux parce qu'avec un camion
on a démontré qu'on pouvait vivre convenablement. Ceux qui ont
dit à la Commission des transports qu'il y avait des besoins
épouvantables, qui sont allés chercher des camions, des
attestations et des permis, c'était effrayant comment il y avait du
transport à faire; il faudrait qu'ils commencent par réduire le
nombre de camions avant de penser à réduire le nombre de
détenteurs et c'est dans cet esprit que nous sommes prêts à
négocier de n'importe quelle question. Mais, comme vous avez vu,
après un certain moment, peut-être qu'avec l'Association nationale
des camionneurs artisans, on a commencé à dire qu'elle
était hors du contexte réglementaire, les postes d'affectation,
qui sont des corporations puis un peu des bureaux de placement, vont
négocier avec le gouvernement. Eux autres sont isolés
régionalement. Il serait bon que les dirigeants de postes d'affectation
et ceux des associations représentant les camionneurs du
ministère des Transports se rencontrent franchement et peut-être
qu'on peut trouver une solution. Naturellement, nous mettons de l'avant nos
demandes. Nous autres, nous sommes là pour protéger les
transporteurs et nous demandons pour les transporteurs, mais nous sommes
ouverts à tout dialogue. Nous sommes ouverts aussi à toute
commission d'enquête sur les administrations de camionneurs artisans au
Québec et surtout ce qui a touché le vrac depuis trois ans. Nous
sommes ouverts en n'importe quel temps à dialoguer devant une commission
d'enquête, devant vous, devant n'importe qui, pourvu qu'on nous donne le
droit de parole. Je vous remercie.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Merci, M. le Président. Bien sûr, si nous
sommes tous ici ce matin, c'est parce qu'il y a des problèmes; quant
à moi, ces problèmes reposent sur trois points plus importants
peut-être que d'autres. D'abord, je soutiens encore qu'une partie de ce
problème est reliée au manque de travail et je soutiens encore
que les budgets consentis au ministère des Transports ont
diminué. Même si, en chiffres, de $755 000 000, nous sommes
allés à $765 000 000, je soutiens encore qu'en chiffres nets de
travaux réalisés, le ministre ne devrait pas s'en vanter, cela a
diminué et on a une perte nette de 8%.
On a une augmentation de budget de quelque un pour cent, mais au niveau
de l'inflation, du coût des travaux, ainsi de suite, on a une
augmentation de 9% à quelque 19%. Il y a une diminution nette de 8%.
Là-dessus, je soutiens que cela n'a pas aidé. Quand vous dites
que les budgets ont augmenté, ce n'est pas en augmentant le budget de 1%
quand l'inflation augmente... En termes de travaux réalisés
on va parler pour se comprendre dans le champ, cela a
diminué.
M. de Belleval: Non, on a augmenté, M. le
député.
M. Goulet: En tout cas!
M. de Belleval: Le chiffre je le rappellerai très
brièvement c'est de $48 000 000 à $58 000 000 de contrats
pour le transport en vrac.
M. Goulet: En termes de travaux au niveau de la province, vous
avez dit on ne commencera pas à aller chercher les autoroutes et
le transport en chiffre total, $765 000 000 comparativement à
$755 000 000. Il y a donc une augmentation de $10 000 000, ce qui veut dire
1,3% ou 1,4%. Le taux d'inflation, tout le monde s'entend pour dire qu'il a
augmenté d'environ 9%. Donc, il y a une diminution nette en termes de
travaux réalisés.
M. de Belleval: Pas pour le vrac.
M. Goulet: Pour les travaux réalisés; je reviens
exactement sur le point que vous avez touché en réponse au
député de Gatineau, un minimum de 8%.
M. de Belleval: Pour cela, d'accord.
M. Goulet: Cela, c'est un premier problème qui est
attribuable, non pas à Pierre, Jean, Jacques, mais au gouvernement
actuel et je pense que vous devrez assumer votre part de responsabilités
là-dessus.
Il y a également le non-respect des ententes on y
reviendra tout à l'heure sur au moins quatre points. C'est facile
de dire qu'on l'a respecté alors qu'on ne l'a pas respecté;
à un moment donné, il faudra qu'on tranche la question. Il y a au
moins trois ou quatre points sur lesquels j'aimerais revenir.
Troisièmement, après avoir pris connaissance de ces
mémoires et après avoir pris connaissance du document qu'a
déposé le ministre, quelle est la définition d'un
camionneur artisan. Quand on a contingenté dans l'entreprise de la
construction qu'on soit pour ou contre on a défini ce
qu'était un travailleur de la construction. Un travailleur, un permis.
Le problème du camionnage en vrac, ce n'est pas cela. On peut avoir,
à un moment donné, un camion et deux chauffeurs, l'épouse
peut être propriétaire d'un camion, le fils peut être
propriétaire du camion. Dans la construction, le menuisier qui va
travailler, c'est lui qui tient le marteau et c'est lui qui a les
compétences, tandis que le propriétaire du camion, ce n'est pas
nécessairement lui qui le conduit, ce n'est pas nécessairement
lui qui possède les compétences.
Comme le disait M. Beaudet vous avez posé la question
à trois ou quatre reprises comment doit-on faire pour diminuer
les permis? Je dis qu'il faudrait d'abord définir ce qu'est un
camionneur artisan et le définir clairement. On l'a défini, mais
un camionneur artisan, cela peut être un camionneur avec trois camions,
cela peut être l'épouse qui ne le conduit jamais; c'est son droit,
on est dans un pays libre, mais, à un moment donné, il
faut définir cela. Si je prends un permis pour aller travailler
sur la construction demain matin, c'est moi qui vais aller travailler sur la
construction; je ne prendrai pas un permis au nom de mon fils ou au nom de mon
épouse. Il y a vraiment un problème au niveau de la
définition d'un camionneur artisan, au niveau du principe à
savoir qu'est-ce qu'un travailleur.
M. de Belleval: ... vous avez remarqué, n'est pas
favorable à ce qu'on prenne des analogies dans le secteur de la
construction.
M. Goulet: J'ai bien dit, M. le Président, qu'il y a un
problème, on cherche une solution. Je pense qu'il y a vraiment un
problème au niveau de la définition du travailleur et M. Baudet
en a touché un volet tout à l'heure. D'un autre
côté, est-ce que l'ANCAl nous dit, ce matin, que la seule
façon je voudrais m'assurer de vos propos de régler
le problème serait d'abord l'exclusivité des commandes pour un
secteur donné, le principe d'exclusivité? Est-ce que la seule
façon de régler le problème serait également le
principe de l'obligation d'être membre, comme on le voit dans d'autres
syndicats? Par exemple, à l'UPA, pour bénéficier, on doit
obligatoirement être membre, tandis que, chez vous, on n'est pas
obligé d'être membre pour faire affaires avec un poste. Est-ce
que, ce matin, vous soutenez ces deux principes à savoir que la seule
façon de régler le problème serait l'exclusivité
dans un secteur donné il y a là un très grand
principe et l'obligation d'être membre, ce qu'on retrouve dans
d'autres syndicats?
A la lecture de votre mémoire, j'ai cru déceler que c'est
ce que vous demandiez.
M. Beaudet: Evidemment, c'est en partie la solution que vous
venez de nous expliquer. C'est vrai que nous réclamons que l'association
majoritaire ait au moins le droit de conduire tout en respectant la
minorité dans le partage équitable du travail, mais que lorsqu'on
fait des demandes à la Commission des transports pour des taux, par
exemple, que tout le monde partage également.
Dans les associations majoritaires, on vient bien nous dire que les
postes d'affectation peuvent être neutres. Je suis bien d'accord que le
poste qui distribue le travail peut être neutre, mais il ne faut pas
oublier que le poste est une association sans but lucratif qui détient
le permis de poste. Et quel que soit son nom, l'association majoritaire devrait
être reconnue. Dans le moment, le poste d'affectation n'est qu'une
association majoritaire sans but lucratif. (12 h 45)
C'est un peu dans ce sens-là qu'on veut aller. Après avoir
essayé toutes sortes de choses, on a l'impression que la seule solution
vitale c'est les secteurs de travail réservés et
l'exclusivité. Quand on parle d'exclusivité, c'est surtout sur
les deniers publics. Lorsque c'est dépensé par le gouvernement,
notre gros employeur, comme les employés de la construction
vis-à-vis leur gros employeur, qu'on ait le droit de négocier.
C'est vrai qu'on a 78% du transport, mais aux conditions uniques de
l'employeur. Ce qu'on veut, ce sont des conditions pour négocier
d'égal à égal, et le seul moyen pour l'obtenir, c'est le
secteur de travail défini. On nous dit: Vous êtes des gens
d'affaires. C'est bien beau, des gens d'affaires, mais on est de la petite
entreprise et il y a bien des classes dans les gens d'affaires. Nos gens font
partie de la petite entreprise qui ont toutes les caractéristiques
beaucoup plus d'un salarié que d'un homme d'affaires qui possède
des flottes de camions.
D'ailleurs je lisais, dans la revue de l'Association du camionnage
général du Québec, qui présente un mémoire
peut-être dans un autre sens, le gros problème dans son industrie
c'est la double concurrence créée par le compte propre et par les
autres transporteurs.
M. Goulet: La première question que j'avais à
formuler était de savoir la définition d'un camionneur artisan.
Est-ce que vous en viendriez à recommander au ministre ou aux membres de
la commission qu'un camionneur artisan soit celui qui conduit son propre
camion? Voulez-vous en revenir à cette définition-là?
Est-ce que c'est l'intention de l'ANCAl d'aller jusque là?
M. Beaudet: Ce n'est pas...
M. Goulet: Si vous permettez, M. Beaudet, il y a des
problèmes qui émanent de là et je vous donne un exemple.
Il y a des entrepreneurs qui ne sont pas contents et qui n'étaient pas
contents du service offert par des camionneurs en vrac. Ils ont loué des
camions et ils nous donnaient comme réponse je prends un
entrepreneur entre autres : Lorsqu'on a permis de mettre deux ou trois
chauffeurs sur un camion et de le faire fonctionner pendant peut-être 24
heures je parle ici d'un cas de la baie James au bout d'une
semaine ou quinze jours, le camion a besoin de réparation. Quand il n'y
avait qu'un seul conducteur, il faisait ses dix ou onze heures, ensuite il
réparait son propre camion et le lendemain, il était
intéressé à donner un bon service. Au moment où on
a permis de mettre deux ou trois chauffeurs sur le camion, après quinze
jours le camion a besoin de réparation. Qu'est-ce qu'on dit? On part
cinq ou six camionneurs et on va descendre au bord, comme on dit dans le
métier. On va faire réparer le camion, on descend deux ou trois
jours et on dit: On ne peut pas monter là pour jeudi, on va attendre
à la semaine prochaine.
A l'autre bout, l'entrepreneur commence à crier et à dire:
je n'ai pas de service. Que faites-vous? Ou vous envoyez d'autres camions et,
à un moment donné, vous êtes trop sur la job. Ou, encore,
le contracteur dit: Un instant, je vais avoir du service, je vais aller me
louer des camions et je vais être boss.
Quand je parlais d'un homme un permis, je me demande s'il ne faudrait
pas en venir là. Je ne vous dis pas que je suis favorable à cela,
mais je pose la question: Est-ce qu'on devra en venir là?
M. Beaudet: Cela dépend, M. Goulet, du contexte, dans
quelle législation on va évoluer. Cela dépend des autres
normes qui vont venir avec. Là, dans le moment, l'ANCAl avait
écarté cette possibilité, parce qu'on voyait, nous, tous
les transporteurs en vrac aux postes. Il y a des entrepreneurs, comme on a dit
tout à l'heure, même des avocats, toutes sortes de gens ont des
camions. Alors, on prévoyait que, pour ne pas punir ces gens-là,
qui se sont regroupés et à qui on a dit de se regrouper en 1977,
qu'ils seraient peut-être mieux d'avoir le secteur de travail
réservé, quitte à faire évoluer les premiers
camions, la priorité aux premiers camions, que l'on respecte les
camionneurs, mais en autant que l'ouvrage passe par là. Si l'ouvrage ne
va pas là, ça ne donne rien d'être aux postes
d'affectation.
M. Goulet: M. le Président, si vous permettez, je pense
que ce mémoire est assez important les autres aussi on va
prendre les points de l'entente. On va en prendre quelques-uns. On ne prendra
pas les seize.
Le Président (M. Jolivet): M. le député...
M. Goulet: Oui?
Le Président (M. Jolivet): ... avant de continuer, il faut
dire qu'on doit terminer vers 13 heures, pour reprendre vers 15 heures...
M. Goulet: Oui, d'accord.
Le Président (M. Jolivet): ... mais je voudrais savoir
d'abord s'il reste beaucoup de questions à poser pour éviter de
revenir cet après-midi, parce qu'on s'était donné une
heure. On l'a dépassée largement jusqu'à maintenant.
M. Bertrand: M. le Président, de ce côté-ci,
s'il fallait prolonger cinq ou dix minutes pour permettre à l'ANCAl de
terminer, on est tout à fait d'accord.
M. Goulet: M. le Président, quant à moi, il y a des
mémoires qui ont une page ou deux, j'imagine qu'on va s'en tirer en
moins d'une heure. Par contre, le premier mémoire est...
Le Président (M. Jolivet): Selon l'habitude de la
présidence...
M. Goulet: ... le débat...
Le Président (M. Jolivet):... on indique que ce n'est pas
si vrai que ça. En tout cas...
M. Goulet: Non? Si vous permettez, je vais essayer
d'abréger, M. le Président.
On va en prendre quelques-uns, prenons le point 2 de l'entente, par
exemple. On dit: Toutes les réquisitions venant des différents
ministères passent pas le poste d'affectation. Le transport à
faire effectuer en regie par les différents ministères sera
confié à 100% au poste d'affectation.
L'honorable ministre des Transports nous dépose, ce matin, un
document et il marque à côté: Oui, cela a été
respecté. Est-ce que cela a été respecté, oui ou
non? Vous n'avez pas l'air d'accord avec le point 2.
M. Beaudet: II y a certaines choses et certains moyens de
contourner ça. Là, on va être obligé d'attaquer un
peu le ministre de l'Energie et des Ressources qui vient de faire son
entrée.
M. Goulet: II n'est pas gras...
M. Beaudet: Ce qui est arrivé...
M. Goulet: ... ne lui faites pas trop mal.
M. Beaudet: Vous voyez comment on interprète le point des
travaux en régie. Au ministère de l'Energie et des Ressources,
l'an dernier, il y avait $15 000 000 de travaux en régie. Nos
camionneurs bénéficiaient de ça. Cette année, il y
a $8 000 000 ou $7 000 000 qui ont été pris et qui ont
été subventionnés avec des ententes
fédérales-provinciales aux compagnies forestières en leur
donnant le contrôle du transport.
Nous passons de $15 000 000 à $7 000 000. Le ministre nous
répond: Vous allez l'avoir, tout le travail. C'est 85% des transporteurs
artisans. C'est vrai qu'on va l'avoir, le travail, mais aux conditions strictes
de la compagnie qui est là-bas, ou en dessous des taux, parce qu'elles
peuvent produire, elles, en dessous des taux. C'est très important.
Elles peuvent prendre leurs propres camions, créer un emploi, avoir des
subventions là-dessus et, de cette façon, elles ne sont pas
intéressées à engager des camionneurs. Si elles les
engagent, c'est à leurs seules et uniques conditions. Tandis que quand
les travaux étaient faits par le ministère et que ça
passait par le poste, il y avait des normes qui étaient
respectées. Les taux étaient respectés, l'emploi des
camionneurs était respecté, parce que ça passait par le
poste d'affectation. Mais quand on envoie $8 000 000 aux compagnies
multinationales et on leur dit: Maintenant, vous allez prendre le
contrôle du transport et qu'on se présente là, vous allez
avoir des exemples de ce qui s'est passé dans les postes d'affectation
avec les millions qui ont été envoyés dans les compagnies
de transport.
M. Goulet: M. le Président, je voudrais être
sûr d'avoir bien compris. Je ne voudrais pas que cela ait l'air d'un
contre-interrogatoire. Est-ce que vous avez bien dit, M. Beaudet: C'est vrai
qu'on va l'avoir, le 85% ou c'est vrai qu'on peut l'avoir?
M. Beaudet: C'est-à-dire, on l'a, mais non pas par
l'intermédiaire du poste. L'employeur peut nous appeler et dire à
n'importe quel camionneur: Viens ici, toi, et je t'engage pour la
journée. Non, tu ne fais pas l'affaire, j'en engage un autre le
lendemain. Non, pas toi, cela ne marche pas. Il a tous les droits
vis-à-vis du camionneur tandis que le camionneur qui s'en va là
est à la merci de l'employeur. C'est une règle qui n'est plus
valable en 1980. C'est ce qu'on dit au gouvernement. C'est bien beau de nous
dire qu'on va avoir 80%, mais à quelle condition. Il se peut que celui
qui reçoit les subventions s'achète des camions pour faire les
contrats vu que l'entente dure jusqu'en 1984. Cela veut dire que nos travaux en
régie au ministère de l'Energie et des Ressources, cette
année, passent de $15 000 000 à $7 000 000 ou $8 000 000. Alors,
au lieu de parler de travaux de $15 000 000, on tombe à $7 000 000. En
1980, on a augmenté le nombre de nos camionneurs et on diminue les
secteurs de travail. On pense que la clé, c'est le secteur de travail,
même en régie.
M. Goulet: M. le Président, au niveau de la clause 75-25,
je pense qu'on en a assez discuté. Là-dessus, il s'agit de savoir
si c'est bien ce que le ministre voulait signer ou si le ministre a
signé cela pour se débarrasser des camions qui étaient
devant le parlement. On ne le saura peut-être jamais, mais en tout cas...
Je ne fais pas...
M. de Belleval: Est-ce que je peux avoir une permission de votre
part, M. le député?
M. Goulet: Oui. On ne sait pas les intentions, on n'était
pas là. Il y a seulement celui qui l'a signé qui connaît
ses intentions.
M. de Belleval: Simplement pour terminer sur ce point vous
avez raison, on ne peut pas s'éterniser là-dessus
j'aimerais quand même déposer la lettre de M. Lessard à M.
Gérard Oubé, le 29 juillet 1977, qui faisait le point sur cette
question. On laissera, évidemment, aux lecteurs de cette lettre le soin,
comme vous venez de le dire, de juger de l'un ou de l'autre. Je voudrais
seulement lire un passage clé de cette lettre, à la page 3. On
dit: "J'ai toujours affirmé tant à l'Assemblée nationale
qu'en conférence de presse, ainsi qu'au cours des négociations
que cette clause serait maintenue et extensionnée à d'autres
ministères à la suite d'ententes avec mes collègues. Pour
le confirmer, je n'ai qu'à relater les faits suivants: Lorsque nos
mandataires à la négociation restreinte ont eu fini de
rédiger la convention, vos représentants sont retournés
devant vous et vos membres participants pour soumettre leur texte. " Le texte
auquel on a fait allusion tantôt. "Il avait été entendu
que, si vous étiez d'accord avec cette proposition, nous serions
appelés, vous et moi, à signer l'entente. Cet accord ayant
été donné, je me suis présenté pour signer
l'entente. Je l'ai lue, et tous les camionneurs autour de la table
étaient d'accord avec son contenu. C'est seulement lorsque vous et moi
avons commencé à signer qu'un camionneur a signalé que la
fameuse clause 75-25 n'apparaissait pas dans le document." On l'a vu dans le
document original, elle n'apparaît pas. "Par courtoisie envers ce
camionneur et conscient de l'importance de la reconfirmation de cette clause
pour les camionneurs, j'ai signé de ma main sa reconduction." On voit
que, justement, cela a été fait à la main. "Mon chef de
cabinet, M. Régean Séguin, a alors souligné de nouveau que
c'était là la même clause 75-25, telle que connue et
appliquée jusqu'alors. Cela a été dit sur place. Cela a
été compris par tout le monde, tous les participants y ont
acquiescé, de même que vos conseillers juridiques, MM. Beaudet et
Piuze. Lors de notre rencontre du 19 juillet, Me Beaudet, votre conseiller
juridique, n'a pas nié ces faits..." et ça continue.
Alors, on voit très bien dans quelles circonstances, comme je
l'ai expliqué tantôt, cette fameuse clause s'est retrouvée
dans le texte original.
M. Goulet: M. le Président, je suis bien d'accord...
M. de Belleval: Et je vous remercie de m'avoir permis de lire
cette lettre, M. le député.
M. Goulet: ... je ne mets absolument pas la bonne foi du ministre
du temps en doute, mais il faut se rappeler, quand ces gens sont venus ici, la
chaleur qu'il faisait, l'activité qu'il y avait autour du parlement:
c'est un peu comme quand on négocie un contrat, M. le Président.
Le camionneur s'en va chez un marchand de camions et il dit: Qu'est-ce que tu
demandes pour ce dix-roues? $40 000, $42 000? Bon! On négocie, on
revient; on négocie, on revient. A un moment donné, on lui dit:
Si tu me le donnes avec tel équipement, un jacob, des miroirs, des pneus
plus gros, je vais te signer ça à $40 000. D'accord? Ecris-moi
ça sur le contrat. C'est comme cela que ça c'est
passé.
Mais ce n'étaient pas deux enfants d'école de 12 ans ou de
15 ans qui signaient une entente, c'était d'une part un ministre, un
membre de l'exécutif. A un moment donné, qu'on prenne la peine,
deux mois après, d'expliquer ce qu'on voulait dire dans une lettre... On
m'a toujours dit: Avant de signer, penses-y deux fois. On peut toujours revenir
sur sa parole, ça paraît mal, on peut toujours le faire, mais, sur
sa signature, quand on commence à s'expliquer, ce n'est pas le "fun".
C'est là où, je pense, il y a eu vraiment un vice. Que ce soit
fait, je comprends le contexte, il y avait bien du monde dans la rue, autour du
ministre, etc., mais ce n'était pas un petit contrat de $0.55,
c'était un gros contrat que le ministre signait. Il disait à 2500
camionneurs, et à des gens qui en représentaient peut-être
8000: Les boys, allez-vous en à la maison, c'est réglé,
l'affaire, je vous l'accorde. On négocie un contrat et, à un
moment donné, on veut avoir des pneus plus gros et le vendeur dit:
D'accord, je vais te les accorder. C'est ça qui s'est passé.
C'est malheureux, mais, d'après moi, le problème est
là. D'accord, il y a plusieurs autres points comme le gel des permis, on
peut en discuter. Il y a le transport effectué en bas du taux.
Apparemment, même le ministère aurait fait effec-
tuer du transport comme ça, venant même en contradiction
avec les taux que la commission a elle-même fixés.
On nous disait à l'article 9, M. le Président, le ministre
révisera la notion de permis de location afin qu'elle ne nuise pas aux
propriétaires de permis de camionnage en vrac. Le ministre nous dit: La
réglementation qui existe dans le secteur de la location a résolu
le problème. Dans la réponse que vous nous donnez ce matin dans
votre document, ce n'est pas ce qu'on nous dit dans ce document-là. Cela
ne semble pas avoir résolu le problème.
Ce sont là, M. le Président, les faits. Il y a des gens en
place qui ont signé une entente parce que ça pressait. On dit:
Quand ça presse, c'est le temps de prendre son temps, et ce n'est pas
ça que le ministre a fait à ce moment-là. Tout simplement,
on a signé une entente. Mettez-en des points. Le vendeur qui dit:
Envoie, mets-en, mets-en, mets-en et, un moment donné, quand est venu le
temps de payer, on n'avait pas ce qu'il fallait. C'est là le
problème, M. le Président. Il y a bien d'autres petites choses
autour de ça, mais soyons donc conscients. Alors, ou on revient et on
écrit un nouveau... Il y a des gens de part et d'autre qui sont de bonne
foi et qui nous disent: C'est comme ça que cela s'est passé et ce
n'est pas ça qui s'est dit. Justement, quand on interprète un
contrat, si les paroles ne font pas, on prend les écrits. Les paroles
s'envolent, les écrits restent. Ce matin, c'est ce que ces
gens-là font, ils prennent les écrits du ministre du temps. Les
écrits disent: 75-25, les "boys" on vous donne tout ça et, ce
matin, le gouvernement actuel dit: Non, ce n'est pas tout à fait
ça qu'on voulait dire, comme dans l'annonce qu'on voit. C'est là
qu'est le problème.
C'est malheureux, le ministre sourit, je comprends qu'il est de bonne
foi, mais il faudrait le régler, ce problème-là, un moment
donné; ça fait deux ans. Depuis que ça a été
signé en 1977, on est revenu sur sa parole, même pas sur sa
parole, sur sa signature.
M. le Président, je sais qu'il est une heure. Quant à moi,
j'aimerais revenir cet après-midi encore avec l'ANCAI. J'aurais d'autres
questions à formuler également au ministre, et je pense
que...
M. de Belleval: M. Bérubé voudrait aussi
répondre cet après-midi, M. le ministre de l'Energie et des
Ressources, pardon.
Le Président (M. Jolivet): Maintenant, juste pour se
quitter sur une entente, j'aimerais savoir toujours en tenant compte que
nous devons siéger de 15 à 18 heures et de 20 heures à
épuisement de la liste qui est ici, vous avez encore dix autres
mémoires à entendre si vous vous fixez un temps limite cet
après-midi pour terminer avec les gens de l'association qui sont devant
nous ou si on file jusqu'à ce qu'il y ait épuisement des
questions.
M. Gratton: M. le Président, si vous me permettez de
suggérer, on pourrait peut-être nous limiter à un
intervenant par parti. On a parlé du ministre de l'Energie et des
Ressources, de notre côté, il y aurait le député de
Charlevoix et, bien entendu, le député de Bellechasse qui a
déjà commencé mais qui n'a pas terminé.
Le Président (M. Jolivet): Donc, nous pouvons suspendre
les travaux jusqu'à 15 heures.
Suspension de la séance à 13 h 8
Reprise de la séance à 15 h 7
Le Président (M. Jolivet): A l'ordre, s'il vous
plaît.
Nous allons reprendre les travaux de la commission des transports. Au
moment où nous nous sommes quittés, à 13 heures, M. le
député de Bellechasse m'a indiqué qu'il laisserait le tour
normal de parole pour ensuite revenir vers la fin.
Est-ce qu'il a d'autres personnes qui veulent intervenir, à moins
que M. le député de Bellechasse pose sa question tout de
suite?
M. Goulet: Comment ça, il n'y a plus personne qui...
Le Président (M. Jolivet): II va y en avoir d'autres,
semblerait-il.
M. Goulet: S'il venait dans le décor, il y en a plusieurs
qui perdraient...
Une Voix: ...
Le Président (M. Jolivet):...
M. Goulet: M. le député de Shefford me parlait
de...
Le Président (M. Jolivet) Tenez ça mort.
M. Goulet:... parlait de M. Drapeau. C'est bien mieux qu'il ne
vienne pas, parce qu'il y en a plusieurs qui perdraient leur "job" à ce
moment-là!
M. le Président, cela va.
Le Président (M. Jolivet): Je vous ai pris au
dépourvu là.
M. Goulet: D'être un bon joueur et donner ma place aux
autres. On continue, M. le Président?
Le Président (M. Jolivet): Oui.
M. Goulet: On disait ce matin qu'au niveau des
réquisitions je voulais faire dire aux gens présents... Le
ministre, dans son document, nous disait que toutes les réquisitions
auraient dû passer par les postes d'affectation, et il semblerait que
ça n'ait pas toujours été le cas. Au sujet de la clause
75-25, comme je disais avant l'heure du
lunch, on en a beaucoup discuté et je pense que c'est le point
extrêmement important, j'aurais une question. Dans votre rapport
je m'adresse aux représentants de l'ANCAl vous n'avez pas l'air
satisfait de ce qui a été fait quant au gel des permis. Lorsque
vous aviez rencontré M. Lessard, en 1979, il avait promis qu'il verrait
à ce gel de permis. Vous semblez dire dans votre rapport que cela n'a
pas été fait. Par contre, M. le ministre nous a dit ce matin que
cela a été fait. Qu'est-ce que vous avez à reprocher
là-dessus au niveau de ce gel des permis?
M. Piuze: M. le Président, effectivement, lors de la
signature avec M. Lessard, il a été question du gel des permis et
il est vrai que le principe du gel des permis on le retrouve dans le
règlement actuellement en vigueur. Au moment où on le retrouve
dans le règlement actuellement en vigueur, il reste qu'à la
Commission des transports du Québec, au moment du gel, il y avait
beaucoup de requêtes qui étaient déjà pendantes, sur
lesquelles évidemment la commission a statué. Il y a aussi le
phénomène suivant. Si yous gelez les permis de vrac d'une main
aux titulaires, de gens qui n'ont que des permis de vrac, qui n'en ont pas du
tout, et qui en demandent, il faudrait peut-être les geler aussi pour
ceux qui détiennent des permis émis en vertu de l'ordonnance
générale sur le camionnage? Parce que le gel que vous faites pour
des gens qui ne détiennent pas de permis, qui ne peuvent plus en
obtenir, si vous l'ouvrez à ceux qui détiennent des permis du
général, vous avez peut-être 1200 ou 1500 entreprises qui
ont utilisé ce droit qui était prévu dans le
règlement. Au moment où on pensait que tout était
réglé cela on le dit dans notre mémoire
alors qu'il y a un arrêté en conseil qui est repassé et
dans lequel on donne le droit encore à ces titulaires de permis de venir
refaire des demandes, cela fausse le principe, bien sûr, du gel des
permis. C'est cela qu'on voulait dire.
M. Goulet: II y a également un autre point auquel nous
n'avions pas eu de réponse avant l'heure de l'ajournement. Au niveau du
fameux problème de la location, dans votre mémoire, vous proposez
quelque chose à la page 24, qui a beaucoup de bon sens, mais toujours
dans le document présenté par le ministre, on nous dit que la
réglementation qui existe actuellement pour le secteur a résolu
le problème. D'après le gouvernement, le problème est
résolu, d'après vous autres, il ne l'est pas; même vous
donnez des cas spécifiques, vous parlez de la SKW, mais on peut parler
de...
M. Piuze: C'est cela. Effectivement, avec votre permission, M. le
Président, la location est un problème dans le camionnage en
vrac, probablement pas seulement là. En demandant à l'Association
du camionnage, les gens ont probablement le même problème.
Seulement, il est évident que si par la location vous pouvez passer
à côté de la réglementation, c'est peut-être
injuste pour ceux qui sont dans le milieu qui vivent professionnel- lement du
camionnage en vrac. Lorsque le ministre a signé l'entente, il a
parlé de la location, il nous a dit que, effectivement, il prendrait des
mesures c'est l'article 9 "Le ministre révisera la notion
de permis de location afin qu'elle ne nuise pas aux propriétaires de
permis de camionnage en vrac."
Or, la location actuellement est utilisée probablement comme
jamais dans le domaine du vrac et probablement ailleurs aussi dans d'autres
secteurs du transport. Ce qu'on voudrait, c'est que la location ne puisse
être utilisée que dans la mesure où les titulaires de
permis de vrac inscrits auprès des titulaires de permis de courtage que
ce soit de postes ou de sous-postes, ne sont plus disponibles, qu'on puisse
louer parce qu'autrement vous passez à côté des taux, vous
passez à côté des clauses, vous passez à
côté d'un paquet de règlements auxquels le type qui a un
permis de vrac est soumis.
M. Goulet: M. le Président, j'aurais deux courtes
dernières questions. On avait parlé du béton bitumineux
lors de la réunion qui avait eu lieu au Hilton et je vous pose la
question directement: Est-ce qu'il est vrai que vos membres aiment autant ne
pas faire de transport de béton bitumineux et que c'est une des raisons
pour lesquelles le gouvernement je pense que c'était dans le
temps du précédent gouvernement avait enlevé le
transport de béton bitumineux, parce que les gars étaient plus ou
moins intéressés à en faire? Est-ce que c'est vrai? (15 h
15)
M. Piuze: Concernant le béton bitumineux, nos gars sont
prêts à en faire le transport. D'ailleurs, dans le passé
je me reporte en 1974; je vous donne un exemple on avait eu un
problème avec la compagnie Sintra à Drummondville. A
l'époque, il n'y avait pas de taux horaire fixé par la Commission
des transports du Québec. C'étaient des taux à la
tonne/mille. Nos camionneurs transportaient, passaient une journée de
dix ou douze heures sur le contrat et gagnaient $52 ou $60 par jour. Cela
n'avait définitivement pas d'allure. On avait à ce
moment-là pris une entente avec le ministre des Transports et, sur ces
contrats-là, on avait convenu que les camionneurs auraient un minimum
assuré. Depuis que nous avons les tarifs horaires, c'est évident
qu'on peut compenser parce que les problèmes de production sur
l'asphalte ne sont pas nécessairement les mêmes que l'on rencontre
ailleurs. Avec la tarification horaire et avec les demandes futures que nous
allons présenter à la Commission des transports du Québec
en particulier sur le béton bitumineux, très probablement que ce
problème que nous avons connu dans les années 1972, 1973, 1974
pourra être réglé. Je pense bien que M. Dubé
pourrait confirmer que nos camionneurs sont prêts à faire cela,
mais, encore là, à des conditions qui ont de l'allure.
M. Dubé: Est-ce que je peux ajouter que, lorsque cela a
été enlevé de nos clauses, il y avait
une autre sorte de postes d'affectation qu'on appelait
communément "les autres"? On était d'accord d'en laisser pour les
autres. Maintenant que ceux qu'on appelle encore les autres sont revenus, sont
dans les postes d'affectation ou ont au moins la liberté d'y aller,
c'est-à-dire les deux ou trois camions qu'on supprimait de l'Association
des camionneurs artisans, évidemment, ce qu'on pensait qui pourrait
servir aux autres doit aller dans le poste d'affectation où tout le
monde est censé se rencontrer.
M. Goulet: M. le Président, j'aurais une dernière
question pour M. le ministre. Ce matin, à deux ou trois reprises, il a
posé la question ou formulé le désir de connaître
l'opinion des gens, à savoir comment peut-on contingenter ou diminuer le
nombre de camions pour régler justement ce problème. J'aimerais
lui demander s'il ne croit pas que la permission de location est l'une des
causes je ne dirais pas la cause majeure importantes du malaise
que les camionneurs artisans connaissent actuellement. J'aimerais qu'il nous
dise ce qu'il pense de la recommandation qu'on retrouve à la page 24 du
rapport qui nous est présenté, à savoir qu'on devrait
permettre le recours à l'utilisation de camions loués seulement
lorsqu'il n'en reste plus dans la région, comme on fait, par exemple,
pour les permis de construction.
Est-ce qu'on est d'accord avec ce principe ou si on ne l'est pas? Je
pense que ce serait peut-être une des façons de régler le
problème, car on contourne justement le règlement en allant louer
des camions et on se réveille avec des gens qui ont payé des
permis, qui ont payé leur cotisation, qui ont payé des taux
d'enregistrement très coûteux et, à la fin de
l'été, ils ont travaillé peut-être dix, douze jours.
J'ai vu des types, l'autre jour, qui ont travaillé pas plus de neuf
jours, et nous sommes rendus à la fin d'août. Le transport en vrac
dans nos régions, surtout dans Bellechasse, cela remonte au mois de mai,
parce que nous n'avons pas eu droit, ou à peu près pas, à
votre budget de gravier des mois de février et mars; cela veut dire que
cela se résume chez nous de mars peut-être jusqu'à la fin
de septembre ou le début d'octobre.
Il y a des gens qui, au moment où on se parle, ont
travaillé environ neuf jours avec des camions de $40 000 à $50
000 au minimum; il y en a même un entre autres, que je connais, qui a un
camion de $125 000. Le ministre ne croit-il pas qu'il y a là un
élément de solution à la page 24 de ce rapport quand on
nous dit qu'on devrait avoir recours à la location seulement quand il
n'y a plus de permis dans la région ou encore quand un camionneur brise
son camion? Durant le temps de la réparation, on pourrait louer un
camion. Je trouve cet élément de proposition assez valable et
j'aimerais savoir ce que le ministre en pense. Il n'est pas obligé de se
prononcer, mais...
M. de Belleval: II faudrait savoir de la part de l'ANCAl
l'étendue du problème. L'ANÇAI dit qu'il y a un
problème avec les camions loués. Si l'ANCAl dit qu'il y a un
problème de ce côté, elle doit avoir des chiffres disant
combien de camions loués on retrouve un peu partout à travers le
Québec, dans chacune des régions, quelle est l'ampleur du
phénomène. On a parlé tantôt de 10 000 à 12
000 camions; à son avis, il y a combien de camions? Si elle dit qu'il y
a un problème, c'est parce qu'elle a dû faire un recensement pour
savoir combien il y a actuellement de camions qui sont loués, à
son avis, où et par qui. Là, on pourrait examiner si oui ou non
c'est un problème important et comment on peut le régler. J'avoue
ne pas avoir ces renseignements pour l'instant.
Le Président (M. Jolivet): Me Beaudet.
M. Beaudet: M. le ministre, naturellement, nous n'avons pas un
budget pour faire des études comme celui dont le ministère des
Transports dispose. Cependant, le problème de la location vous est
souligné, tant par le camionnage général que par les
camionneurs artisans, depuis longtemps; non seulement dans ce mémoire,
mais nous en avons parlé et je suis convaincu que le ministère
des Transports est au courant de ce problème de location. D'ailleurs, il
prétend avoir apporté une solution au problème et nous
aimerions vous souligner que nous vous donnons des exemples. Nous ne pouvons
pas dire le pourcentage de camions loués, mais nous pouvons vous dire
que nos membres, dans plusieurs régions du Québec, se plaignent
que des camions loués, tels ceux de SKW, transportent. Nous soumettons
le problème au ministère des Transports et nous pensons que vous
avez déjà commencé à étudier le
problème, de même que ce qui regarde le transport
général qui a le même problème.
M. de Belleval: Je note qu'effectivement je n'ai pas eu de
réponse à ma question, autre qu'un cas particulier qu'on cite
dans le cas de SKW et qu'on pourrait d'ailleurs décortiquer. Il y a une
très grande différence entre le problème de la location de
camions dans le transport général et dans le transport en vrac;
c'est un problème qui affecte effectivement le transport
général, mais, à ma connaissance, qui n'affecte pas, de
façon importante, le transport en vrac.
Il faut bien voir qu'une entreprise a le droit, pour son compte propre,
d'avoir ses propres camions. Je suis certain que le Parti libéral, qui
est un parti qui, comme on le sait, favorise la libre initiative des individus
et le droit inviolable de la personne privée de faire ce qu'elle veut,
va être d'accord avec moi pour dire qu'on va respecter le reste de
l'Amérique du Nord là-dedans et qu'on va permettre aux gens de
transporter leurs propres marchandises. C'est un droit qui existe dans toutes
nos lois, comme dans le reste de l'Amérique du Nord ainsi que dans le
reste du monde libre, que les entreprises ont le droit de transporter leur
propre marchandise. Je suis certain que le député de Bellechasse,
qui est un homme d'affaires, en particulier, s'il a des marchandises à
faire transporter et s'il désire s'acheter un camion pour transporter sa
propre marchandise, ne voudrait
pas qu'une loi vienne lui interdire d'acheter son camion et de
transporter sa marchandise.
Certains entrepreneurs ou certains manufacturiers qui ont de la
marchandise à faire transporter pour leur propre compte peuvent
décider, comme vous le savez là encore, le
député de Bellechasse, qui est un homme d'affaires, connaît
bien ce genre de phénomène qui se développe un peu
partout, il connaît ces phénomènes de location-bail,
d'achat-location ou de location à long terme plutôt que
d'acheter carrément des camions, de les louer à long terme ou de
les louer selon les formules modernes d'achat-location. Cela fait partie de la
liberté d'entreprise et du corollaire, comme on le disait tantôt,
pour une entreprise, de transporter sa propre marchandise. La location,
à ce moment-là, devient souvent une forme de financement, comme
vous le savez, ou une forme d'amortissement pour fins d'impôt, etc. Il
faut faire la distinction entre ce type de location et d'autres types de
pseudo-location qu'on retrouve. A ma connaissance, là-dessus, nous
n'avons pas, je pense, trouvé, dans le cas du camionnage en vrac,
beaucoup de problèmes. Franchement, il faudrait s'attaquer aux vrais
problèmes et ne pas arriver avec un cas particulier et en faire un mal
général. A ma connaissance, ce problème n'est pas
répandu dans le camionnage en vrac.
Je veux bien chercher, mais si je ne trouve rien, je ne vois pas
pourquoi je dépenserais de l'argent. Il ne suffit pas à l'ANCAl
de répéter qu'un problème existe pour qu'un
problème existe si, elle-même, n'est pas capable d'arriver avec
quand même autre chose qu'un ou deux cas particuliers et qui sont
d'ailleurs loin d'être probants. Je ne veux pas entrer dans le
détail du cas de SKW, mais on pourrait, évidemment, en parler
longtemps. Je pense bien que ce n'est pas le but de cette commission de
s'attarder indéfiniment sur un cas particulier. Si on avait beaucoup de
cas particuliers et qu'on puisse en faire une règle
générale, je pense qu'on pourrait l'étudier, mais il ne
semble pas que ce soit le cas.
Le Président (M. Jolivet): M. Piuze.
M. Piuze: Oui, M. le Président. M. le ministre, M. Lessard
a quand même signé un document où, à l'article 9, on
dit très bien que le ministre révisera la notion de permis de
location, d'une part. D'autre part, on est d'accord avec vous que l'individu
qui produit ses produits qui sortent de son usine, de son entreprise a le droit
de les transporter avec son équipement ou celui en location. On n'a rien
contre ça. Là où on en a, c'est qu'il y a des gens qui
utilisent la location pour contourner la réglementation dans le vrac
avec de faux connaissements ou des documents qui ne sont pas
nécessairement la vérité. Ils prétendent que ce
sont leurs produits qu'ils transportent. C'est contre cela qu'on en a. Si le
ministre des Transports de l'époque a signé une entente
où, à l'article 9, on voit cette notion, on aimerait bien
qu'aujourd'hui le gouvernement dise: On va faire au moins un effort pour
essayer de l'appli- quer. M. le ministre, lorsque vous aurez les
mémoires tout à l'heure des différents postes
d'affectation, vous allez assurément avoir des exemples plus concrets et
des chiffres plus à jour là-dessus.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, je voudrais une information
relativement au problème dont parle le député de
Bellechasse quant à l'exemple que vous avez mentionné de SKW. Le
ministre s'interroge, évidemment, à savoir si c'est un
problème qui est généralisé. Vous mentionnez quand
même un phénomène où environ 100 000 tonnes sont
transportées entre une région du Québec et une
région assez éloignée. Est-ce que je fais erreur en
pensant que les artisans, lors du premier contrat, se sont
présentés devant la Commission des transports possédant
les équipements requis, ont soumissionné, je pense, sur le prix
minimum qui était fixé et le contrat ne leur a pas
été accordé malgré qu'on l'ait accordé
à l'entreprise de location à la même condition.
M. Beaudet: Effectivement.
M. Mailloux: Ce que je voulais vous demander, c'est ceci: Est-il
vrai ou non, alors que tous les détenteurs de permis sur place qui
possédaient l'équipement requis pour effectuer ce
transport-là, que la compagnie de location qui a pris le contrat la
première fois ne possédait pas l'équipement requis et l'a
acheté ajoutant autant de camions sur le circuit?
M. Piuze: Effectivement, M. Mailloux.
M. Mailloux: Elle ne possédait pas de camions.
M. Piuze: C'est une compagnie qui a été
créée pour cela.
M. Mailloux: Forte d'un contrat qu'elle avait eu respectant le
prix de la Commission des transports, comme vous le respectiez.
M. Beaudet: Ce qui est le plus important aussi, c'est qu'au
début, avant de louer des camions, la compagnie SKW s'était
adressée à la Commission des transports pour faire ce transport
en bas des taux par des camionneurs en vrac. La commission leur a refusé
le droit de faire ce transport en bas des taux. Le lendemain matin, on
créait une compagnie de location, on louait les camions et on louait les
chauffeurs d'une autre entreprise. Ce qui nous surprend aussi, c'est que dans
le contre-mémoire qui nous a été remis ce matin, il est
bien marqué: "Le ministre révisera la notion de permis de
location afin qu'elle ne nuise pas aux propriétaires de permis de
camionnage en vrac", et on marque: "Oui" à cette
réponse-là, comme quoi le ministre a rempli son engagement
dans le temps à ce sujet. Aujourd'hui, on dit qu'on n'a pas
entendu parler de ce problème.
M. Mailloux: Mais la question vous a été
posée... M. de Belleval: Un instant, s'il vous plaît!
M. Gratton: Ils disaient oui à n'importe quoi dans ce
temps-là.
M. de Belleval: Quand je dis que je n'ai pas... Je ne dis pas que
je n'ai pas entendu parler de ce problème. Je ne me souviens pas m'avoir
entendu dire cela il y a quelques minutes. Ce que j'ai dit, c'est qu
'effectivement, si le problème continuait à demeurer à la
suite des amendements qui ont été faits, si à votre avis,
il reste encore des trous et qu'il y a des exemples nombreux de cela, on
regardera le problème. Mais à notre avis, effectivement, comme le
document le dit, nous avons réglé ce problème par la
nouvelle réglementation. A mon avis, le problème actuellement
n'est pas important en ce qui concerne la location. Je ne veux pas, encore une
fois, entrer dans le détail du cas de SKW, mais, à mon avis,
c'est un très mauvais exemple et vous n'avez pas beaucoup d'exemples de
ce genre, de toute façon, à me donner. Je pense que le
problème en ce qui concerne la location est réglé
actuellement. Il l'a été comme on le met dans notre document et
conformément à la promesse de M. Lessard, dans le temps. C'est
cela, la réalité.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre de l'Energie et
des Ressources.
M. Bérubé: Dans votre mémoire, à la
page 47 qui réfère à la page 48, mais celle-ci
n'apparaît pas, vous traitez plus spécifiquement du
problème du transport du bois. J'ai l'impression que la partie la plus
passionnante de votre mémoire a sauté, ce qui fait que c'est
difficile pour moi d'essayer de poser des questions plus précises que
finalement ce que présente votre mémoire. Ce qui me frappe dans
votre intervention, c'est d'abord que vous soulevez et vous l'avez
évoqué tantôt la question des contrats vous venant
du ministère de l'Energie et des Ressources. Vous reconnaissez que tous
les contrats, 100% des contrats du ministère de l'Energie et des
Ressources sont donnés en passant par les postes d'affectation
actuellement.
M. Beaudet: L'an dernier, oui. M. Bérubé:
Oui.
M. Beaudet: M. le ministre, cette année, je pense qu'il y
a des postes d'affectation qui auraient des remarques à faire à
la commission. Là, je ne voudrais pas parler pour eux.
M. Bérubé: On les entendra, mais disons que j'avais
bien l'impression que non seulement ce n'était pas un partage de 75-25
que notre ministère pratiquait, mais un partage 100-0.
M. Piuze: En régie.
M. Bérubé: On s'entend pour les travaux en
régie. Alors, cela fait déjà au moins un point d'acquis.
On est allé plus loin que la promesse de l'ancien ministre des
Transports et je tiens à le souligner. (15 h 30)
Le deuxième point que j'aimerais souligner, c'est celui plus
général des problèmes de construction des chemins. Ce que
nous avons dû constater, de 1974-1975 à 1978-1979, c'est que le
coût de construction au mille croissait par un taux à peu
près annuel moyen de 40%. Il est passé de $17 000 le mille
à au-delà de $100 000 le mille en l'espace de quatre ou cinq ans.
Les raisons ne sont pas nécessairement vous cherchez tout de
suite la réponse à cela dans l'inefficacité
gouvernementale puisque très souvent ces contrats sont donnés
à sous-contrat par des entrepreneurs à des camionneurs artisans.
Ce n'est pas lié à cela. C'est lié davantage à ce
que les exigences des normes étaient très grandes un peu partout
au Québec et que très souvent on construisait des chemins qui
n'étaient pas nécessairement adaptés aux besoins.
C'était cet effet combiné des normes et d'une certaine lourdeur
administrative qui faisait finalement qu'on observait une croissance des
coûts de construction au mille de nos chemins forestiers, qui
était très rapide et qui n'avait pas de bon sens. On a
constaté que l'entreprise privée, qui, elle, construisait des
chemins peut-être plus à la mesure des besoins, avait des
coûts de construction qui étaient la moitié
inférieurs aux nôtres, premièrement. Je vous soulignerais
qu'en donnant une subvention de 50% pour la construction des chemins, cela veut
dire que chaque mille nous coûte maintenant le quart de ce que cela nous
coûtait antérieurement pour faire des chemins, mais, en même
temps, quand vous parlez des subventions aux entreprises forestières,
vous ne soulignez pas que nous avons aboli la redevance forestière qui
représentait justement le quart des coûts de construction.
En d'autres termes, ce que le gouvernement fait, c'est qu'il redonne
tout simplement à l'entreprise privée le soin de construire les
chemins et, comme autrefois on leur payait un quart, on dit: Pour cinq
années ce que nous allons faire purement et simplement, c'est que nous
allons vous donner une subvention. On fait donc quatre fois plus de chemins
pour le même montant. La conséquence, c'est que cette
année, c'est en plus des $9 000 000 de travaux en régie que nous
ferons, contre $16 000 000 que vous mentionnez pour l'année
dernière, il y a pour $35 000 000 de voirie forestière faite par
l'industrie, ce qui est beaucoup plus que ce que nous avons jamais
accordé. Or, comme l'industrie forestière n'a pas les moyens ou
ne s'est pas équipée en camions pour effectuer ces travaux, en
pratique, et vous le savez, plus de 80% de ces travaux sont donc donnés
aux camionneurs artisans. J'en tire la conclusion que cette politique que vous
dénoncez a triplé la quantité de travaux donnés aux
camionneurs artisans ou à
peu près et je ne vois pas en quoi elle vous aurait
affectés. J'aimerais cela que vous développiez ce point.
M. Piuze: M. le Président, avec votre permission,
concernant votre premier point, M. le ministre, lorsque vous dites que vous
avez rempli plus que ce que M. Lessard avait signé. Je vous ferai
remarquer qu'à l'article 2 de l'entente, M. Lessard nous avait
signé un document où il disait que toutes les réquisitions
en régie passeraient à 100% par les postes et votre
ministère a respecté l'entente quant à cet article. Vous
n'avez pas fait plus que l'entente, vous avez fait ce que l'entente disait
là-dessus.
Deuxièmement, concernant les équipements en forêt,
on a déjà signalé à votre bureau que les
compagnies, par les subventions que vous avez créées, n'utilisent
pas nécessairement nos services. Cela, les postes pourront vous le dire
tout à l'heure. Je peux personnellement vous informer que des compagnies
que nous avons rencontrées, à qui vous avez accordé des
millions en subventions, à qui nous avons offert nos services comme
transporteurs par les postes d'affectation, nous ont répondu: On est
prêt à vous prendre, mais à 25% en bas des taux. On a dit:
A ces conditions, on n'arrivera pas. A ce moment-là, elles nous ont dit:
On va s'acheter des camions et on va effectuer notre transport, on a droit
à des dégrèvements et à des subventions pour nos
chauffeurs, etc., et comme vos plans sont quand même sur une
période de quatre ou cinq ans, il est évident que l'absorption du
coût, elles vont la chercher là.
Je pense que Me Beaudet avait autre chose à ajouter.
M. Beaudet: M. le ministre, ce que nous voyons comme solution
je pense qu'on a eu le temps d'en discuter, aussi, à un moment
donné c'est qu'il aurait été si simple,
étant donné que c'est l'argent du gouvernement, d'inclure une
clause stipulant que, lorsque vous accordez une subvention à une
compagnie, vous lui dites: Dans une proportion de 50% ou de 75%, vous passerez
par les postes d'affectation afin que les taux soient respectés. Vous
pensez qu'elles vont construire plus de chemins, mais nous nous sommes
aperçus qu'elles font beaucoup de localisation et qu'elles
étudient naturellement les chemins à construire. Nous ne sommes
pas sûrs que les compagnies que vous avez subventionnées
malgré que ce n'est pas notre problème, elles ont le droit de
vivre soient si en peine pour construire des chemins de voirie. Suivant
votre ancienne politique, au moins, vous aviez le contrôle du transport,
et nous pouvons vous dire combien c'est important d'avoir le contrôle du
transport dans la construction de routes. C'est là-dessus qu'on ne
s'entend pas.
Bien sûr, cela a généré des travaux pour $35
000 000, mais, demain matin, nous allons avoir tous les secteurs, 100% du
transport, si on y va gratuitement. Suivant votre théorie, on y va
à 85%, mais à un taux où on change quatre $0.25 pour $1
parce que l'offre de camions est tellement grande par rapport à la
demande qu'on est aux prises avec un marché libre quand ça ne
passe pas par les postes d'affectation. C'est cela, notre problème.
M. de Belleval: Juste un moment. Si je comprends bien, vous
n'êtes pas capables de concurrencer le marché libre. Autrement
dit, les taux fixés par la commission seraient trop élevés
par rapport au marché libre parce que, quand vous arrivez sur le
marché libre, vous n'êtes plus capables de concurrencer; c'est ce
qui fait que les compagnies trouvent plus intéressant de transporter
leur propre matériel que d'utiliser vos services. C'est cela, le
problème?
M. Beaudet: M. le ministre, c'est exactement cela le
problème, parce que les taux je ne dis pas que c'est la faute du
gouvernement ne sont pas respectés. Les ordonnances de taux de la
commission qui ont pourtant été fixés après avoir
entendu toutes les parties ne sont pas respectées, à moins de
passer par le poste. Si les postes d'affectation veulent respecter la loi, les
camionneurs ne travaillent pas et le partage équitable qui se fait entre
eux, c'est le partage de zéro, parce que personne ne sera
intéressé à passer au poste s'il peut avoir des camions
à 25% en bas du prix.
M. de Belleval: Examinons cela de façon très
précise pour décortiquer, justement, le mécanisme du
marché qui s'établit. C'est la même chose que dans le cas
de SKW tout à l'heure. Vous allez offrir vos services à des
donneurs d'ouvrage, SKW, par exemple, ou une compagnie forestière. La
compagnie forestière dit: On est prêt à te donner le
contrat, pour autant que tu nous assures du nombre de camions sur une
période, à part ça, souvent non simplement d'une semaine,
quinze jours ou trois semaines, mais, dans certains cas, c'est pour des
contrats à long terme, ce qui pose aussi un problème
supplémentaire, vous le savez. Et, à ce moment-là, elle
veut négocier avec vous un taux compétitif compte tenu du
marché. On se rend compte alors que les taux que vous leur chargez en
vertu des tarifs de la commission seraient trop élevés par
rapport à ce que le marché fixerait comme taux. Les taux du
marché au fond, les taux véritables, parce que le marché
c'est ça, sont moins élevés. A ce moment-là SKW ou
une compagnie forestière, dans le cas que vous soulevez, trouve plus
intéressant d'utiliser sa propre main-d'oeuvre, d'avoir ses propres
camions parce qu'elle se dit: Je suis capable de faire le même travail
à meilleur compte.
On se trouve là véritablement devant un problème de
type économique et de type... Quoi faire entre une réglementation
qui n'est pas réaliste, qui n'est pas en accord avec les lois du
marché, et les lois du marché qui reviennent toujours en
arrière prendre leur véritable place parce que ces lois-là
sont plus fortes que la police, comme on dit, ou que les règlements?
C'est ça, fondamentalement, le problème.
Une façon de le régler serait peut-être de permettre
aux postes d'affectation de négocier des taux, particulièrement
en ce qui concerne les contrats à long terme, qui soient tels que
l'entreprise privée va trouver plus intéressant de travailler
avec vous que de s'équiper de ses propres camions. Il me semble que
c'est une des voies de la solution, n'est-ce pas?
M. Beaudet: M. le ministre je comprends exactement ce que vous...
Vous l'avez dit d'ailleurs ce matin, vous êtes un peu un partisan de la
loi de l'offre et de la demande, mais...
M. de Belleval: Je m'excuse, ce n'est pas que j'en suis un
partisan. On ne peut pas dire qu'on est partisan de la loi de la
gravité. Elle est là et c'est comme ça. On n'a pas
à en être partisan. Si on essaie de s'envoler ici tous ensemble,
on ne réussira pas...
M. Beaudet: Je comprends...
M. de Belleval: C'est la même chose pour les lois du
marché. On n'a pas à être pour ou contre. Le
problème c'est que toute l'économie vit comme ça. C'est
comme l'air qu'on respire, on ne le choisit pas.
M. Beaudet: J'ai parlé des partisans de la loi de l'offre
et de la demande, mais je peux vous dire que toutes les lois de la
Législature, tous les règlements qui sont faits dans le domaine
de la construction pour les salariés ou qui que ce soit, ce sont des
modifications et des restrictions à la loi de l'offre et de la demande.
Ce que vous nous proposez comme solution, c'est le marché totalement
libre et ce n'est pas ce qui nous était offert en 1977.
D'ailleurs vous avez fait faire des rapports et des enquêtes qui
ont coûté beaucoup d'argent au gouvernement par CEGIR et
même le vice-président de CEGIR dit bien qu'il faut absolument
éliminer dans une majeure partie la concurrence pour réussir
à faire vivre les compagnies de transport au Québec.
M. de Belleval: Je comprends votre point de vue, M. Beaudet. Je
pense qu'au fond on saisit les mêmes choses même si parfois on ne
s'exprime pas de la même façon; vous vous rendez compte cependant
que la conclusion de ce que vous dites et notre analyse là-dessus
concordent, c'est que ça veut dire par exemple dans le cas de SKW
qu'elle devrait accepter de payer plus cher, donc d'être moins rentable.
Dans le cas d'une compagnie papetière aussi, ou d'une compagnie
forestière, de payer plus cher, donc d'être moins rentable.
C'est un choix économique que nous pouvons faire comme
société, c'est-à-dire décider que par des lois nous
allons pénaliser une autre entreprise, et dans l'ensemble, donc, un
secteur économique québécois, pour favoriser un autre
secteur économique québécois, à savoir, par
exemple, les gens que vous représentez. Mais vous vous rendez compte que
c'est un dilemme qui ne peut pas être tranché d'une façon
non approfondie.
C'est un problème sérieux que vous posez. Je pense que
vous avez raison de le poser. C'est le problème fondamental. De ce point
de vue là, je pense effectivement que cette commission est en train de
faire du chemin, parce qu'on voit bien où se situe le noeud du
problème.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, le ministre vient de dire
à deux reprises que le problème de SKW est un problème
similaire à celui-là, alors que c'est complètement faux.
Tantôt si...
M. de Belleval: Je vais retirer mon exemple, si vous voulez.
M. Mailloux: Non, mais...
M. de Belleval: Si cela affaiblit mon argumentation, de votre
point de vue, je vais le retirer.
M. Mailloux: M. le Président, c'est parce que
tantôt, j'ai bien dit que la compagnie de location, qui ne semblait pas
posséder de camions, et les artisans avaient soumissionné au prix
de la commission. Je n'ai pas dit, je pense, que, vu l'offre et la demande, je
peux penser que si on l'a donné à une compagnie qui n'avait pas
de camions, elle a, sous la table, demandé un prix moindre que celui que
la commission fixait.
M. de Belleval: Retirons, si vous voulez, l'exemple de SKW. De
toute façon, je prends celui de M. Beaudet. Ce n'est pas le mien; c'est
le sien et c'est celui des compagnies forestières dont il parlait
tantôt. Mais ne vous en faites pas, je suis prêt à le
retirer pour les fins de la discussion. Mais, en pratique, on sait très
bien que c'est effectivement ce qui se passe, même dans le cas de
SKW.
M. Mailloux: M. le Président, si c'est exact que ça
se passe comme ça, qu'on peut se présenter devant la Commission
des transports et, tout de suite après, réduire les taux, il est
grand temps qu'il y ait une intervention dans le cas des locations.
M. de Belleval: Non, ce que je veux dire, c'est que ce que fait
SKW actuellement est tout à fait légal, si elle le fait, c'est
parce qu'elle trouve plus avantageux, sur le plan économique, de
procéder de cette façon.
Le Président (M. Jolivet): Je m'excuse. Nous en
étions toujours au ministre de l'Energie et des Ressources.
C'était un aparté.
M. Bérubé: ... excuse, M. le Président, de
ce long aparté.
M. Mailloux: ... comprend plus...
M. Bérubé: Dans les bienfaits du secteur de travail
réservé, vous mentionnez, par exemple, que le secteur
réservé favorise une relation normale entre employeurs et
employés et, par exemple, vous parlez d'une réduction du prix de
vos services en-deçà des taux. Vous dites aussi que le
transporteur est souvent obligé de faire tous les travaux difficiles et,
lorsque le travail est facile, il est remercié de ses services sans avis
ni raisons. Il m'est parfois arrivé d'entendre le point de vue
contraire, c'est-à-dire que l'inconvénient de passer par un poste
d'affectation, c'est que les travaux difficiles, le camionneur qui en
héritait les refusait et, souvent, l'entreprise qui était aux
prises avec cette décision en subissait des pénalités.
Alors, on se posait la question justement. Vu de l'autre côté,
c'est-à-dire que le poste d'affectation vous permettant d'imposer vos
conditions, vous pourriez, à ce moment-là, ne prendre que les
travaux intéressants et laisser, par exemple, aux entrepreneurs les
travaux les plus difficiles à faire. Est-ce qu'on peut retourner
l'accusation?
M. Beaudet: M. Bérubé, je pense que nous sommes
obligés, en vertu du règlement, et j'espère que tout
règlement nous y obligera, à offrir tous les services et à
donner tous les services aux entrepreneurs et pas seulement à faire le
beau. Si on décidait de donner des secteurs réservés, il
faudrait obliger ces camionneurs à donner le service complet. On veut
absolument ça. On ne vient pas chercher des secteurs de travail pour
faire seulement ce qui est beau. On ne veut pas faire l'inverse. Soyez
assuré de ça. On ne serait pas surpris d'une norme
gouvernementale qui nous imposerait de donner le service totalement.
Maintenant, est-ce que vous me permettez une dernière
intervention? Je comprends la politique de M. de Belleval, mais, demain matin,
moi, si j'ai à me faire construire une maison et que je peux engager le
maçon que je veux, le menuisier que je veux, le plombier que je veux, au
lieu de me coûter $40 000, ça va me coûter $20 000. J'ai
l'impression que c'est ça, la loi de l'offre et de la demande et qu'elle
est réellement faussée par la loi ou modifiée par la loi.
Les gens sont obligés d'accepter des prix aujourd'hui qui sont
peut-être en dehors de la concurrence, mais qui permettent aux individus
de vivre.
Alors, c'est dans ce sens-là, nous, qu'on voudrait des
modifications à la loi de l'offre et de la demande.
M. de Belleval: Vous savez très bien, dans l'exemple que
vous venez de donner, que c'est exactement ce qui se passe, qu'on a
créé, en vertu des règlements sur la construction, une
classe d'artisans qui peut faire exactement ce que vous venez de dire,
c'est-à-dire construire une maison pour $20 000 au lieu de $40 000.
C'est tout à fait légal. C'est justement pour obvier à la
rigidité d'un système protégé que, finalement,
l'Etat est obligé d'intervenir et de créer, entre autres, des
catégories d'artisans dans le domaine de la construction pour assouplir
le système. D'ailleurs, vous savez que l'Opposition nous a
réclamé à grands cris justement ce genre
d'assouplissement.
M. Mailloux: Eh, verrat!
M. de Belleval: Alors, si vous pensez qu'avec l'Opposition, vous
allez être mieux qu'avec le gouvernement...
Le Président (M. Jolivet): Est-ce qu'il y a d'autres
questions? On avait essayé de se maintenir un peu au même niveau,
je ne sais pas si M. le ministre a encore d'autres questions.
M. Bérubé: Oui, c'est pour le transport du bois.
Là, nous avons parlé surtout du transport pour la construction de
chemins forestiers. J'ai l'impression qu'à la page 48 qui manque, il
doit y avoir un développement intéressant sur le transport du
bois. Là, nous avons simplement un premier paragraphe qui me met l'eau
à la bouche puisqu'on s'attaque au ministre de l'Energie et des
Ressources. On tourne la page pour voir l'objet de l'attaque, il n'y a pas de
page 48. On arrive à 49 où on conclut qu'effectivement le
ministre de l'Energie et des Ressources n'a pas fait son travail. J'aimerais
savoir...
M. de Belleval: Vous pouvez passer la page 48...
M. Bérubé: Oui, la page 48 qui traite plus
spécifiquement du transport du bois. J'aimerais vous entendre discuter
un peu cette question.
M. Piuze: M. le Président, si vous me permettez,
effectivement, même dans les nôtres qu'on a ici, la page n'est pas
là. Elle existe. Comme on a un droit de réplique...
M. de Belleval: M. le Président, que personne ne sorte!
(15 h 45)
M. Piuze: ... on l'apportera lorsqu'on reviendra.
Une Voix: C'est une erreur d'impression sûrement.
M. Piuze: Comme vous pouvez voir, M. le ministre de l'Energie et
des Ressources, on ne pense pas en mal de vous, la page n'est pas là. On
va voir ce qu'il y a dedans.
Une Voix: Vous l'avez retirée à la dernière
minute.
M. Piuze: Non, elle n'a pas été retirée,
c'est par erreur. On n'a pas eu de subvention, nous autres, pour...
M. Bérubé: D'accord. Ce que je veux savoir, c'est
lorsque l'on parle du transport du bois, on m'apporte souvent comme argument,
qu'à vos demandes, il est important pour l'entrepreneur
forestier d'établir un lien assez étroit avec les
camionneurs qui travaillent avec lui, d'abord, parce que le bois est souvent
éparpillé un peu partout en forêt, qu'on n'est pas sur les
routes nationales du Québec, et que, par conséquent, il faut
aller identifier le bois; deuxièmement, que souvent, la machinerie pour
charger et décharger est là-bas sur le terrain; enfin, on
m'apporte des arguments selon lesquels l'entrepreneur forestier voudra souvent
pouvoir négocier un contrat ferme avec un entrepreneur de manière
que ce soient toujours essentiellement les mêmes camionneurs, et non pas,
comme ce qui peut se passer à un poste d'affectation, où le
premier rendu est le premier servi, où enfin, tout le monde passe avec
son camion une fois, ce qui fait que vous avez continuellement des camionneurs
qui circulent, et vous ne faites jamais affaires avec les mêmes. Vous
pouvez parfois avoir des camionneurs qui sont plus lents, qui sont en retard.
Enfin, il y a des inconvénients qui peuvent se produire. On aime bien
pouvoir faire affaires avec ses camionneurs. Qu'est-ce que vous répondez
à cet argument?
M. Piuze: Avec votre permission, M. le Président. M. le
ministre, dans les postes d'affectation, la priorité au premier camion
ne s'applique pas en forêt. C'est une exception. Incidemment, en
forêt, les transporteurs inscrits aux postes qui sont là...
M. Bérubé: Un instant! C'est parce que vous n'avez
pas l'exclusivité, mais le jour où vous allez avoir
l'exclusivité, ce ne sera pas pareil, vous allez mettre vos
conditions.
M. Piuze: II y a des requêtes pendantes devant la
Régie des marchés agricoles là-dessus. Si jamais la
régie venait à la conclusion qu'on pourrait avoir droit à
l'exclusivité par nos permis de courtage, il est évident que le
conseil d'administration prendra ses responsabilités et que les
camionneurs qui travailleront dans le domaine seront des camionneurs
équipés. Nous avons des gens inscrits aux différents
postes d'affectation du Québec qui ont quand même des chargeuses
et des équipements pour donner ce service. Je ne peux malheureusement,
M. le ministre, trop détailler, étant donné que toute
cette question est pendante devant la Régie des marchés
agricoles, actuellement.
M. Bérubé: D'accord. Si je comprends bien, il y a
un engagement moral, au moins de votre part, de faire en sorte que cela
fonctionne bien.
M. Piuze: Oui.
M. Bérubé: Si vous avez l'exclusivité, les
recours de l'entrepreneur, si jamais cela fonctionne mal, sont limités.
C'est peut-être le problème.
M. Piuze: Ces recours ne sont pas limités. Il y a les
tribunaux civils et la Régie des marchés agricoles. Les plans
conjoints sont régis par elle.
M. Bérubé: Voici l'autre aspect. J'aimerais savoir
combien vous avez de camionneurs à l'intérieur de vos postes
d'affectation qui font du transport du bois, et quel impact une telle mesure
aurait sur les travailleurs qui sont déjà en forêt, qui
font déjà du camionnage en quantité importante et qui,
à ce moment, forcément, travaillent peut-être pour des
entrepreneurs, travaillent pour la compagnie forestière, mais ne sont
pas, à strictement parler, des camionneurs artisans, et qui verraient
leur emploi menacé. Quel est le pourcentage de Québécois
qui perdraient leur emploi, de manière qu'on puisse les remplacer par
des camionneurs artisans en passant par les postes d'affectation?
M. Piuze: M. le Président, le pourcentage des camionneurs,
je ne peux pas vous le donner. Les postes, on pourra vous les donner tout
à l'heure. Il reste une chose. Etant donné que la priorité
au premier camion ne s'applique pas sur le transport en forêt... vous
allez voir par les conseils d'administration, par les présidents des
postes qui vont passer tout à l'heure devant vous, qu'on est prêt
à un certain assouplissement sur cette question pour éviter, dans
le cas où des accréditations nous seraient accordées, que
des gens qui sont dans le milieu depuis longtemps soient
pénalisés. Incidemment, dans le règlement actuel on
le dit dans notre mémoire on est limité à quatre
permis pour avoir le droit d'être inscrit au poste. On est prêt
à le retirer ce maximum. On est prêt à dire: N'importe qui
pourra y inscrire ses camions, mais à la condition de tous les inscrire
ou de ne pas en inscrire.
Ceux qui sont en forêt actuellement, qui transportent
déjà là, dans le cadre des plans conjoints, par exemple,
puisqu'on est devant la régie là-dessus, il est évident
que, du jour au lendemain, on ne les pénalisera pas. Plus que ça,
en vertu de la loi, s'ils sont titulaires d'un permis de camionnage en vrac, on
est même obligé de leur donner le service dans le cas où on
obtiendrait l'accréditation. C'est la loi qui le dit.
Le Président (M. Jolivet): S'il n'y a pas d'autres
questions, je vous remercie de votre présentation et j'inviterais le
Poste d'affectation de la région 01 Inc., dont M. Anicet Proulx est le
président. Vous restez toujours à la disposition de la commission
pour la troisième journée?
M. Piuze: On aura la page 48 pour le ministre.
Le Président (M. Jolivet): C'est le mémoire no 13,
pour l'information des membres de la commission. M. Proulx, voulez-vous nous
présenter les personnes qui sont avec vous?
Poste d'affectation de la région 01
Inc.
M. Proulx (Anicet): M. le Président, MM. les ministres,
MM. les députés, ça nous fait plaisir, pour des gens qui
viennent de si loin, de la région 01, d'avoir l'honneur de vous
soumettre quel-
ques lignes dans le court mémoire que nous présentons.
Celui qui vous lira le mémoire est nul autre que le président du
Poste d'affectation de la région 01, M. Raoul-Yvon Lepage. Nous avons
aussi à nos côtés Me Bernard Piuze. Je laisse la parole
à M. Lepage.
M. Lepage (Raoul-Yvon): Je m'excuse, je suis le directeur du
poste de la région 01. Nous remercions le Conseil des ministres, de
même que MM. les députés d'avoir bien voulu nous entendre
à cette commission parlementaire. Ce mémoire n'est qu'un
exposé sommaire des problèmes du transport en vrac à cause
des délais trop courts entre la réception de l'avis et sa
présentation. Nous allons tâcher, cependant, d'apporter certains
éléments de solution, mais le tout d'une manière
très incomplète à cause des contraintes
précitées et de celle invoquée dans la conclusion de ce
mémoire. En suivant l'ordre suggéré sur l'avis de
convocation, nous allons tâcher d'expliquer la situation dans la
région 01 sans procès d'intention, mais bien dans l'esprit de
recherche d'une solution la plus hâtive.
Règlementation des permis. 1977, le gel des permis VR
décrété par le ministère des Transports. Depuis
cette date, des flottes de camions VR sont apparues comme jamais. En voici
certaines: Joseph Lefrançois, d'Amqui; Marcel Paquet, du même
endroit, 12 camions (il n'en avait que six en 1977); Gallagar et Leblanc (7
vans) achète le permis de Jean-Guy Wagner, le camion ayant passé
au feu en septembre 1978... permis 503048 devient le no 507040, mais sans
camion; Marcel Trépanier transfère à Gallagar et Leblanc
son permis, dans la Gazette officielle du 26 janvier 1980, à la page
963; aucune vente de camion puisque le transfert avait déjà eu
lieu de Marcel Trépanier à Yvan Caron, dans la Gazette officielle
du 3 février 1979, à la page 712. René-Omer Couture est
transféré au même acquéreur, dans la Gazette
officielle du 19 janvier 1980, page 440; aucune vente de camion. Il en est de
même pour Roland Bujold, Gazette du 5 janvier 1980, page 87;
Adéodat Fraser, 19 janvier 1980, page 439.
En plus des formations de flottes, il y a le transport illégal.
Après avoir plus que doublé l'immatriculation des VR depuis trois
ans soi-disant pour protéger leurs secteurs de travail, les
immatriculés F transportent le vrac où ils veulent sans aucun
problème, sauf un abonnement de $52 d'amende à toutes les deux ou
trois semaines.
Tous les trucs imaginables sont utilisés pour contourner la loi
ou les règlements. Pourtant, dans la Gazette officielle du 23 juin 1977,
à la page 1627, il est bien dit par le ministre des Transports d'alors,
au cinquième paragraphe de l'entente intervenue entre le gouvernement et
les camionneurs, et je cite: "La définition du compte propre que l'on
retrouve dans le règlement no 112 sera modifiée de façon
à éliminer du compte propre le transport des matières en
vrac achetées pour être transportées et revendues à
des tiers. On élimine là l'illégalité du compte
propre."
Rien n'a été fait dans ce sens. On achète les bancs
de gravier (Benoît Leblanc, Amqui) ou autre matière de vrac et on
les revend, transport inclus. On signe des contrats de coupe de bois et
ça nous permet de transporter le bois même si le bois a
été coupé par un autre entrepreneur, par exemple, le
contrat signé entre Vadnais et Vadnais et Gallagar et Leblanc pour du
bois qui avait été coupé par un individu de
Rivière-Blanche et Jean-Yves Otis.
Le service de surveillance envoie le contrat au contentieux du
ministère et, après que le transport est terminé, on nous
apprend que c'était un contrat faux. Des recommandations ont
été faites en ce sens au ministre des Transports et à
celui de l'Energie et des Ressources. Dans l'une d'elles que nous avons incluse
comme annexe no 1, nous suggérions même les mots qui devaient
être changés pour éliminer, dans la définition du
compte propre, les possibilités de contourner la loi. Une lettre
explicative précédait la suggestion. Les postes d'affectation
détiennent l'exclusivité du courtage. Comment expliquer les
placements de camions sur les chantiers sans que le poste en soit au
courant?
Si vous permettez, M. le Président, je vais me reporter à
l'annexe no 1. En date du 6 avril 1979, cette lettre était
adressée à l'honorable Lucien Lessard. "Monsieur le ministre,
"Vous trouverez ci-inclus un extrait du procès-verbal du conseil
d'administration du Poste d'affectation de la région 01 qui s'explique
de lui-même. "Permettez-moi cependant d'apporter certains aspects du
problème forestier. Lorsque le poste s'est formé, il y avait, par
exemple pour une compagnie X, 20 transporteurs de produits forestiers non
ouvrés. Dix de ces 20 transporteurs ont versé leurs $125 de base,
se sont inscrits au poste d'affectation pour un an, ont signé leur code
d'éthique et ont payé leur cotisation au poste. Aujourd'hui, les
dix non-membres ont eu les mêmes gains que les dix qui sont membres; ils
ont bénéficié des mêmes conditions de travail et
vont être rappelés au travail de la même manière et
au même temps que les autres à partir des listes de
"seigneurité" de la compagnie. "Les dix membres du poste nous disent
maintenant: Pourquoi avons-nous payé au poste? Quels avantages ça
nous a apportés? Pourquoi continuerions-nous à faire partie du
poste puisque, sans être membres, nous allons retourner travailler au
même endroit et nous bénéficierons des mêmes
avantages. "Ceci n'est qu'un exemple pour illustrer le grave problème
que nous vivons afin que vous puissiez apporter une solution urgente. "Ce que
nous vous suggérons, ce serait d'ajouter à l'article 3 de la
section no 2, nonobstant ce qui est mentionné dans la section no 2,
article 3, alinéa 2 i), ii), iii), iv): "Tout camion n'appartenant pas
en propre à la personne physique ou morale visée aux "items"
précités doit faire partie d'un poste d'affectation et en
être membre en règle".
"J'espère que ces quelques informations vous permettront de
solutionner ce problème dans les plus brefs délais afin
d'éviter que notre poste ait à subir des difficultés
insurmontables. (16 heures) "Au nom du poste, nous allons remercier le ministre
de sa très bonne compréhension".
Dans le secteur des forêts, la confusion est encore plus grande
à cause du manque de possibilité de contrôle des
quantités devant les différents modes de mesurage par
échantillonnage. La pesée est la seule solution. De plus,
certains employeurs retiennent de la paie des camionneurs des sommes
injustifiables pour avantages sociaux. Il y en a même qui accaparent la
subvention fédérale de 17,62% attribuée pour aider les
transporteurs de l'Est en retenant une somme équivalant au montant que
les camionneurs peuvent réclamer, même si ce sont ces derniers qui
doivent en faire la réclamation à la Commission des
transports.
M. le Président, me permettriez-vous de me reprendre? J'ai
vraiment fait une erreur de page.
Le Président (M. Jolivet): II était question des
taux de transport.
M. Lepage: D'accord, je vous remercie. C'était le
début de l'article que j'ai terminé. Dans le cadre de l'entente
entre le ministre des Transports et les camionneurs, l'article 7 dans la
Gazette officielle du 23 juin 1977, page 1628, faisait dire au ministre ce qui
suit: "Dans le cas de transport effectué en bas des taux, non seulement
le transporteur sera pénalisé, mais aussi le requérant de
service".
Qui a la responsabilité de surveiller l'observance des taux. Au
temps du comité de surveillance, on nous disait qu'il y avait des
pénalités de prévues dans le code d'éthique.
D'accord, mais contre qui avons-nous le pouvoir d'ajouter des journées
de travail? Contre nos abonnés seulement. C'est dire qu'on aurait le
droit de sévir contre nos abonnés qui travaillent pour la ville
de Rimouski entre $18 et $22 l'heure pour des camions à dix roues et de
laisser libre cours aux non-abonnés.
Lorsqu'un camionneur équipe son camion pour un travail
spécifique sur une courte distance avec de l'équipement de
moindre qualité pour des travaux en terrain non accidenté et
qu'il utilise par surcroît cet équipement au maximum,
c'est-à-dire jour et nuit et sept jours par semaine, il est assez facile
de faire des travaux choisis sous les taux. Pour donner le service dans les
postes d'affectation, un abonné se doit d'être
suréquipé pour oeuvrer dans toutes les conditions de travail. Il
ne peut choisir seulement ce qui fait son affaire et laisser tomber les autres
travaux. Les non-abonnés peuvent le faire. C'est pourquoi le respect des
taux est fondamental et essentiel pour un service de qualité et le
ministre est le seul à posséder les outils pour les faire
respecter.
Dans le secteur des forêts je l'ai lu tout à l'heure
si vous permettez, je vais passer ce paragraphe.
Impact économique. L'industrie du camionnage en vrac dans la
région 01 n'a pas besoin d'être analysée bien longtemps
pour réaliser qu'elle est vitale à l'économie de la
région. Que l'on pense seulement aux achats de camions chez les
distributeurs en termes d'équipement et de carburants de tout genre pour
savoir que, si ce n'était d'eux, ceux qui oeuvrent dans le domaine des
services ne pourraient offrir la même qualité et la même
diversité de choix aux autres utilisateurs de leurs services. Les
flottes de camions n'utilisent généralement pas ces services
locaux.
L'application de cette réglementation. La réglementation
touche à tous les intervenants et devrait mettre de l'ordre et
établir une complimentarité des parties. Malheureusement, les
événements qui ont précédé les postes
d'affectation n'ont pas favorisé l'harmonie dans ce secteur. Il y a eu
plusieurs erreurs de parcours.
Le mandat qui avait été donné aux associations
rivales de former des postes d'affectation avec représentation au sein
du conseil d'administration au prorata de leurs membres s'est
avéré un échec parce que des préjugés ont
été créés entre deux clans et tout en voulant
démocratiser, les exécutants favorisaient nettement la
minorité. C'est ainsi qu'en juin 1978, on exigeait intégralement
le versement des $125 et signature des codes d'éthique correspondant
à une liste assermentée de tous les membres de l'une des
associations pendant qu'on acceptait une lettre de marge de crédit d'une
banque qui ne correspondait aucunement à la liste de l'autre association
qui n'a pas produit non plus la signature du code d'éthique. Bien plus,
on a exigé de la première association que les 8 et 9 juin 1978,
une photo pour chacun des VR inscrits sur la liste assermentée soit
fournie. Ce travail a été fait dans ces deux nuits par les
camionneurs chefs de file. Consciemment ou inconsciemment, on a entretenu cette
rivalité par le non-respect de la réglementation qui avait
établi les règles du jeu et en entretenant chez les
contestataires minoritaires un espoir inavoué qu'ils règneraient
sur la majorité. Les $125 n'ont jamais été
déposés au poste. Plusieurs se sont dissociés et ont
été traités équitablement par le poste, mais nous
demeurons convaincus que les divisions entre les camionneurs ont
été provoquées et entretenues pour des raisons
obscures.
Une partie du Règlement 112 a été modifée
par l'arrêté en conseil 3159-79 en date du 11 décembre
1979. Cette nouvelle réglementation apporte différentes
modifications, entre autres, elle limite les abonnés à ceux qui
ne possèdent que quatre VR ou moins. Or, les abonnés qui en
possédaient plus que le nombre admissible ont été
avisés que, malheureusement, ils ne pourraient plus être
considérés comme abonnés au poste à partir du 1er
mai 1980. Nous vous soumettons, en annexe 2, une lettre d'un officier de la
commission démontrant ce qu'on a proposé à ce monsieur
pour contourner la loi nouvellement adoptée. Un haut fonctionnaire du
ministère avait déclaré au poste, le 1er août, que
suite à des interventions politiques, un officier de la commission
avait
conseillé à ce détenteur de VR de mettre un de ses
camions sous un autre nom.
M. le Président, l'annexe 2, en date du 4 août 1980, est
adressée au Poste d'affectation de la région 01 Inc., à
l'attention du directeur: "Monsieur, "Par la présente, je vous informe
que M. Ernest Normand a introduit une requête à la Commission des
transports pour obtenir l'autorisation de transférer le permis de
camionnage en vrac numéro Q-501,166-001 qu'il détient pour
transporter des matières en vrac dans la région 01, en faveur de
Les Industries E. Normand Inc." "Je vous prie d'agréer l'expression de
mes sentiments les plus distingués." Et c'est signé: "Jacques
Hadnault, chef de la division des demandes, transport de matières de
vrac, bureau de Québec. Copie conforme à M. Camillien
Saint-Onge."
Une autre modification apportée par la nouvelle
réglementation, c'est l'obligation de faire des nouvelles demandes de
poste. Or, nous nous sommes rendus à toutes les exigences de la nouvelle
loi; cela nous a exigé trois mois de travail. Une convocation de tous
les détenteurs de VR a été expédiée par la
Commission des transports pour une séance qu'elle est venue tenir
à la Grande Maison de Sainte-Luce. Suite à la tenue de cette
séance, les exigences, dont je vous inclus une copie en annexe 3,
démontrent encore que la minorité a beaucoup plus de poids que la
majorité en ce qui concerne le vrac. Nous vous soulignons que
c'était dans une période où les effectifs du poste
étaient des plus réduits. Nous avions pratiqué le sens de
l'équité entre les abonnés du poste en ne tenant aucun
compte de l'association à laquelle ils appartenaient
antérieurement et nous avons voulu faire une continuité de ce
principe en se gardant d'insérer le nom d'une association à notre
nouvelle demande de permis, ce qui semblait être dans l'esprit de la loi.
Maintenant, nous nous voyons obligés par la décision de la
commission de faire volte-face. Ce n'est plus la minorité qui est
à côté qui doit regarder le train, mais la majorité,
qui est dans le train, qui doit céder le pas à ceux qui n'ont
jamais voulu embarquer.
Je vous réfère, si vous me le permettez M. le
Président, à cette annexe III: La partie requérante, Poste
d'affectation de la région 01 Inc., devra faire parvenir à la
commission d'ici au plus tard le 30 avril 1980, une liste à jour de ses
membres abonnés, ladite liste devant inclure le nom, l'adresse, le
numéro de permis et être accompagnée d'une copie du
certificat d'enregistrement pour l'année 1979 ou l'année 1980
s'il a été renouvelé.
Cette liste devra inclure ou être accompagnée d'une formule
d'adhésion au poste signée par chaque titulaire constituant
ladite liste.
On devra considérer comme abonné tout titulaire de permis
selon la définition de l'article 37.1 a) de la sous-section 1 de la
section 4 du règlement sur le camionnage en vrac.
La partie requérante devra faire la preuve que son conseil
d'administration est ou sera formé conformément aux dispositions
de l'article 44 du règlement sur le camionnage en vrac de chaque
comté municipal qui sont abonnés au poste.
Que la partie requérante fasse la preuve à la commission
que son code d'éthique, article 44, que son programme d'opération
et son budget de revenus et de dépenses, article 41.2, soient soumis
pour approbation à ses abonnés et acceptés par la
majorité de ceux-ci.
Que sur réception de ladite liste et de la preuve de
l'acceptation par les abonnés du code d'éthique, du programme
d'opération et du budget de revenus et de dépenses, la commission
procède à un ou des scrutins effectués par la poste parmi
tous les abonnés en vue de la délivrance d'un permis
demandé par la partie requérante, de l'approbation du code
d'éthique et de la considération du programme d'opération
et du budget de revenus et de dépenses.
La commission continuera la considération de ces affaires, s'il y
a lieu, et rendra la décision appropriée après la tenue
dudit scrutin.
Le permis de poste d'affectation actuellement détenu par la
partie requérante étant toujours en vigueur, la commission pourra
considérer les demandes de permis de sous-postes qui seront introduites
en autant qu'un permis de poste soit délivré et que les permis
détenus par Poste d'affectation de la région 01 Inc., soient
convertis en permis de poste et qu'ils se conforment à toutes les
dispositions, obligations et conditions prévues à la section 4 du
règlement sur le camionnage en vrac.
Pertinence d'accorder des secteurs de travail. Quand on pense à
ces gens qui ont peiné 15 à 18 heures par jour à conduire
toute leur vie un camion, on n'a pas à se demander si on doit les
protéger dans leur secteur de travail ou les recycler dans un autre
métier. C'est donc impératif pour tous ceux qui gagnent leur vie
uniquement à effectuer du transport en vrac que non seulement les
secteurs déjà protégés leur soient conservés
mais que d'autres secteurs leur soient protégés. Laissé
à la concurrence, le petit propriétaire ne peut concurrencer une
organisation qui peut se permettre de fonctionner à perte pour un temps
déterminé et prendre ensuite le contrôle lorsque les autres
n'auront pu survivre. La deuxième partie de l'article 3 de l'entente
entre le gouvernement et l'ANCAl disait: "Le ministre s'engage à ce que
75% du transport de matières en vrac sur les contrats donnés par
le ministre des Transports soit effectué via le poste d'affectation."
Jusqu'à cette année, il fallait s'informer à chaque
contrat si la clause 75-25 était inscrite. La saison dernière,
Pavage des Monts, sur sept contrats, la clause n'y était que sur deux
seulement et ce, toujours dans la partie du contrat au-dessus de la ligne
d'infrastructure, contrairement à l'entente. (16 h 15)
Le rôle du gouvernement à titre de requérant: 1°
planifier les travaux du ministère des Transports pour qu'il y ait du
travail sur une période de cinq à six mois. Les taux de la
Commission des transporte devraient être établis avec le
début de l'année du calendrier afin de permettre les estimations
des contrats au tout début de l'année, suivies des soumissions et
de l'exécution dès que
la saison le permet. De même, certains travaux en terrain
avantageux pourraient être "cédulés" plus tard dans la
saison selon les possibilités des facteurs intervenants; 2°
s'assurer que les garanties nécessaires au paiement complet de tous les
camionneurs soient données lors de la signature des contrats.
Construction Forillon Inc., via Jean-Paul Morin, projet de Gaspé, en est
le plus bel exemple. (Imbroglio judiciaire depuis un an) 23 camionneurs ont
dû rembourser à leur banque respective ce qui leur avait
été payé par l'employeur. Un contrat de cette année
de plus de $300 000 ayant comme seule garantie un chèque de $7000.
3° compte tenu que les quantités transportées sont sous la
surveillance directe du ministère, s'assurer que la clause 75-25 soit
respectée. A titre d'exemple, le contrat no 107-0109-9 dont les travaux
sont effectués par Irenée Saint-Laurent et Fils Inc., partie du
contrat en annexe no 4. Sur ce chantier, six semi-"trailers" et deux camions
dix roues transportent du matériel depuis le début de juin et les
camions du poste ont transporté à ce jour 103 815 tonnes; 340 500
tonnes métriques étaient couvertes par la clause 75-25. A
Pointe-à-la-Croix, un autre contrat no 104-0915-9 dont les travaux sont
effectués par Morin Inc., et Rely Construction Inc., annexe no 5, quatre
camions de 35 tonnes et plus, six camions dix roues et trois "scrapers" y
travaillent depuis la fin de mai. Les camions du poste ont effectué
à cette date 105 jours de travail. Il est sûrement superflu de
dire que le sous-poste de Bonaventure a le plus faible taux de travail de tous
nos sous-postes. Les annexes 4 et 5 démontrent la partie couverte par
les 75%; c'est une photocopie des contrats où des quantités sont
déterminées. Pour le contrat de Saint-Laurent, il s'agit de 102
000 tonnes dans l'emprunt classe A; 100 000 tonnes d'agrégats et 38 500
tonnes d'agrégats concassés. Dans l'autre contrat, il s'agit de
265 000 tonnes, 136 000 tonnes et 45 000 tonnes. Tous ces montants devaient
être inclus dans la clause 75-25.
Je reviens à la page 6, M. le Président. Il est
pratiquement impossible de donner une image réelle de la situation car
les problèmes les plus aigus ne peuvent être abordés sans
mettre en danger des gens qui ont besoin de continuer de travailler pour gagner
leur vie et qui ne peuvent fournir les preuves des injustices qu'ils subissent
sans risquer de perdre leur emploi. Le même problème se pose
lorsqu'il s'agit des permis mystérieux qui grossissent les flottes ou
lorsqu'il s'agit du non-respect des taux ou des transporteurs sans permis. Il y
a toujours des témoins clés qui ne peuvent apporter les preuves
sans avoir à subir des répercussions. C'est pourquoi nous venons
à la conclusion, sans pour cela minimiser les compétences de la
commission parlementaire, qu'une enquête publique couvrant tous les
aspects concernant le transport de matières en vrac serait la seule
manière d'avoir les lumières nécessaires pour permettre
aux législateurs de donner justice aux intervenants de cette industrie
importante. Nous sommes convaincus que des choses extrêmement graves
sortiraient d'une telle enquête et que les intérêts de tous
les citoyens seraient des plus protégés de ces crimes
économiques. En attendant cette enquête, pour assurer un minimum
de chance de survie aux camionneurs actuels, les ententes de 1977 devraient
être respectées intégralement.
M. le Président, honorables MM. les ministres et MM. les
députés, merci de nous avoir entendus.
Le Président (M. Jolivet): Merci. M. le ministre.
M. de Belleval: M. Proulx, M. Lepage, je vois que M. Piuze est
assis à la table; je suppose qu'il est aussi le procureur du poste
d'affectation 01?
M. Proulx (Anicet): II n'est pas le procureur du poste
d'affectation 01 ; nous avons notre procureur, mais j'ai cru que ça
coûtait assez cher aux camionneurs et que je pouvais en prendre un
à Québec.
M. de Belleval: Pardon?
M. Proulx (Anicet): J'ai cru que je pouvais en prendre un de
Québec sans devoir en amener un de Rimouski, car c'est assez
dispendieux.
M. de Belleval: Alors, c'est votre procureur actuellement?
M. Proulx (Anicet): II n'est pas notre procureur, dans le dossier
que nous avons là, mais M. Piuze est au courant.
M. Lepage: Permettez-nous, M. le Président, M. le
ministre, de préciser que notre procureur est de Rimouski; par contre,
Me Piuze a été demandé pour nous représenter ici
parce qu'il est au courant des problèmes que nous avons vécus
dans la région 01 quand même. C'est dans ce sens que le
président a demandé à Me Piuze de venir avec nous, ici,
à la table. Par contre, Me Piuze n'avait même pas le
mémoire en main avant que nous ne lui en donnions une copie ici
même.
M. de Belleval: D'accord. Ceci étant dit, vous terminez
votre mémoire sur une note assez inquiétante. Vous dites que nous
devrions faire un genre de commission d'enquête, si je comprends bien, de
style presque policier, une commission royale d'enquête, comme on dit,
selon le langage accepté. C'est ce que vous pensez qu'on devrait faire,
si je comprends bien?
M. Lepage: C'est ce que nous préconisons, M. le
ministre.
M. de Belleval: Parce que, dites-vous, il y aurait des faits
très graves qui seraient liés, si je comprends bien, à des
agissements criminels ou autres, ou quelque chose comme ça?
M. Lepage: II est peut-être prématuré de
parler de criminalité...
M. de Belleval: Mais vous parlez de crimes économiques,
c'est...
M. Lepage: C'est un crime économique, c'est d'accord;
lorsque l'on pense aux méthodes qui peuvent être utilisées
pour obtenir certains contrats et travailler sous les taux de toutes les
manières possibles. Lorsque j'ai élaboré ma pensée
sur le compte propre, je pense que j'en ai dit pas mal, à savoir qu'il y
a des enquêtes qui pourraient être assez approfondies et faire
découvrir des choses qui seraient peut-être intéressantes
pour toute la population.
M. Belleval: Vous voulez dire quoi? Du chantage, des choses comme
ça ou quoi? Du cassage de bras, du cassage de jambes ou quoi?
M. Lepage: Je préférerais que l'enquête
puisse prouver justement ces choses.
M. de Belleval: Si je comprends bien, vous-mêmes, vous
êtes des missionnaires actuellement comme directeurs du poste
d'affectation 01.
M. Lepage: Vous êtes très bien informé, M. le
ministre.
M. de Belleval: Si je comprends bien, aussi, en vertu de la
nouvelle réglementation, le permis a été refusé au
poste 01 ?
M. Lepage: C'est exact.
M. de Belleval: Et le poste risque de perdre son permis
définitivement, au mois d'octobre, lorsque ce permis viendra en
révision devant la Commission des transports si, d'ici là, il n'a
pas réussi à faire la preuve qu'il se conforme à la
réglementation en vigueur. Est-ce que c'est vrai aussi?
M. Lepage: C'est une possibilité.
M. de Belleval: C'est une possibilité; autrement dit, vous
connaissez actuellement de graves difficultés internes qui vous
empêcheraient, entre autres, de faire la preuve que vous
représentez un tiers, par exemple, des camionneurs artisans, des
détenteurs de permis en vrac de la région. C'est un des aspects
qui pourraient vous empêcher d'obtenir votre permis?
M. Lepage: M. le ministre, je pourrais peut-être ajouter
que j'ai travaillé 18 ans aussi pour le ministère des Terres et
Forêts, mais je sais que vous en êtes au courant. Mais la
santé ne me permet plus de donner mon plein rendement à une
tâche, mais je suis capable de céder ma place pour le bien de
l'organisme pour lequel je travaille et c'est ma conscience qui me le dicte
pour conserver ma santé en même temps que celle de ma famille.
M. de Belleval: Oui, M. Lepage. Je ne faisais pas allusion
à votre démission. Au contraire. Je pense que votre
réputation comme directeur du poste 01 n'est pas à faire. Les
raisons que vous avez de laisser maintenant sont personnelles, mais la question
que je vous posais n'est pas en relation avec votre démission, mais,
cette fois, avec le poste comme tel qui ne serait pas capable d'être
accrédité actuellement en vertu de la réglementation. Une
des raisons serait que vous n'êtes pas capables de faire la preuve
quand je dis "vous", je m'excuse, c'est peut-être là où il
y a eu un malentendu le poste n'est pas capable de faire la preuve qu'il
représente le tiers des camionneurs.
M. Lepage: M. le ministre, nous n'avons pas été
capables de faire la preuve dans les délais et le sursis, même,
qui nous avaient été accordés à cause du
surcroît de travail. Vous connaissez la région 01 et son
étendue...
M. de Belleval: Oui.
M. Lepage: ... et, à partir de là, les budgets sont
assez restreints au niveau des postes d'affectation puisque c'est
dépendant d'une cotisation. A partir de là aussi, lorsque les
demandes que j'ai citées en annexe nous ont été
formulées, nous n'avions pas de directeurs de sous-postes sur le
territoire. C'était assez difficile pour nous de pouvoir passer chaque
camionneur et essayer de trouver une machine à photocopier si
vous me permettez l'expression pour pouvoir avoir des photocopies de VR.
Lorsque vous parlez d'avoir le tiers, nous avons présenté une
liste assermentée. Je crois qu'il y a des gens assez responsables pour
justifier sous serment une liste qui dépasse les deux tiers du nombre
des permis dans la région.
Lorsque je fais allusion dans le mémoire à une
réunion que la Commission des transports a convoquée à
Sainte-Luce avec tous les délais légaux possibles en vue de
l'émission du permis, je pense que cette réunion était
valable devant le fait, cependant, de l'étendue de la région. Il
est entendu qu'il n'y avait peut-être pas la majorité des
camionneurs qui étaient présents, mais ceux qui avaient pu se
déplacer étaient là pour essayer de défendre leur
point de vue. Un vote à main levée a été pris
à savoir si les personnes présentes étaient en faveur du
poste d'affectation, oui ou non. Je pense qu'il n'y avait pas beaucoup
d'opposition.
M. de Belleval: Je comprends. Normalement, de toute façon,
cette question pourra être réglée dans le courant du mois
d'octobre prochain.
M. Lepage: Je ne crois pas que ce soit un problème.
M. de Belleval: Bon! Je voudrais maintenant relever d'autres
points de votre mémoire qui m'apparaissent importants, un entre autres
où vous dites que vous trouvez inadmissible qu'on permette à un
camionneur qui possède plus de quatre camions de se mettre en
règle pour adhérer au
poste d'affectation. En particulier, vous faites allusion à un
entrepreneur qui désire se mettre en règle et se départir,
donc, d'un cinquième, d'un sixième ou d'un septième permis
de façon à pouvoir devenir membre du poste d'affectation.
J'aimerais savoir pourquoi vous trouvez qu'un camionneur qui aurait cinq
camions n'aurait pas le droit de se mettre en règle.
M. Lepage: M. le ministre, si j'ai apporté cette annexe,
c'est pour deux raisons. Premièrement, dans les postes d'affectation, le
premier principe du code d'éthique est celui des premier,
deuxième, troisième et quatrième camions consacré
par le ministre, je crois, chaque fois qu'il émet un permis de poste
d'affectation. La personne en cause qui possédait cinq VR était
justement venue me voir à cet effet. Elle voulait continuer à
être membre du poste et nous étions heureux de la garder avec
nous. On aurait voulu trouver une solution réelle à son
problème. Elle m'avait même dit: Je vois une chose. Je vais faire
annuler un VR. J'en ai cinq, il y en a un dont je ne me sers pas du tout.
D'accord? Mais elle a voulu faire une autre chose et c'est dans ce sens que
j'ai voulu faire voir, je ne parle pas d'illégalité, mais du
moins d'un certain contournement de la loi quand même puisque ce
monsieur, avec la clause du premier camion, se trouve à avoir deux
premiers camions. (16 h 30)
M. de Belleval: Comment ça?
M. Lepage: En entrant au poste un camion au nom de sa nouvelle
raison sociale, il va rentrer aussi un autre camion abonné à son
nom personnel. Il a deux camions premiers camions. Le jeu peut se faire, M. le
ministre, avec quatre camions. Il n'y a qu'à mettre un autre camion au
nom de son enfant et un autre au nom de sa femme. Il va avoir ses cinq camions
premiers camions et là c'est grave.
M. de Belleval: Autrement dit, vous dites qu'il y a des
camionneurs qui possèdent des camions sous des prête-noms et qui,
par conséquent, peuvent faire inscrire effectivement des camions sous le
nom de ce prête-nom, ce qui en fait un premier camion. Mais il n'en reste
pas moins que vous ne contestez pas à un individu le droit de vendre un
de ses permis de bonne foi et de se mettre en règle. Vous êtes
d'accord avec cela?
M. Lepage: Je suis d'accord. Par contre, ce que j'ai voulu
souligner, c'était le problème que cette histoire soulevait.
Deuxièmement, c'est la première fois, depuis que le poste existe,
qu'il reçoit un avis de la Commission des transports, à savoir
que quelqu'un a transféré un camion.
M. de Belleval: Oui, mais...
M. Lepage: Je n'ai jamais reçu d'avis au niveau du poste
d'affectation.
M. de Belleval: Mais ceci étant dit, c'est tout à
fait correct qu'un individu se mette en règle et vende un de ses
permis.
M. Lepage: Légalement, oui, M. le ministre.
M. de Belleval: Bon! Vous n'êtes pas contre cela.
M. Lepage: Bien.
M. de Belleval: Bon! Il y a une autre question que je voudrais
vous poser. Si j'ai bien compris votre opinion personnelle votre
mémoire le reflète vous dites: Ce que nous essayons de
faire, c'est de faire en sorte que tous les camionneurs, quelles que soient
leurs allégeances par rapport à une association en particulier
qui pourrait les représenter par ailleurs, puissent adhérer sans
problème au poste d'affectation, et qu'en conséquence le permis
sera demandé au nom de l'ensemble des camionneurs à la suite
d'une assemblée générale et non pas au nom d'une
association en particulier. Si je comprends bien, vous êtes d'accord pour
que le poste soit au nom des camionneurs de l'organisation ou, enfin, de
l'assemblée générale des camionneurs comme telle, et non
pas via une association particulière qui pourrait exister par
ailleurs.
M. Lepage: Dans le mémoire, je cite que, compte tenu que
nous avions respecté ce principe, à savoir qu'on ne voulait pas
tenir compte de la provenance d'un abonné, de l'association d'où
il venait comme on dit on ne faisait aucune distinction et tout
le monde était traité sur le même pied. Lorsque la nouvelle
loi est arrivée, et à partir du fait qu'on n'obligeait plus un
abonné à faire partie d'une association en particulier, on s'est
dit: Bien, on va essayer d'y aller encore plus dans l'esprit de la loi,
peut-être, et on va faire notre demande de permis, notre nouvelle demande
de permis de poste au nom suivant: Poste de courtage, région 01 Inc.,
sans autre chose. On s'est dit: II nous semble que c'est honnête, on
montre notre bonne foi et on a donné tout ce qu'on a pu jusque
là. Maintenant, la suite nous a déçus et vous comprenez
pourquoi.
M. de Belleval: Pour les raisons auxquelles on faisait allusion
tout à l'heure, entre autres. Autrement dit, à cause de la
grandeur de la région, des difficultés, vous n'avez pas pu encore
vous conformer aux dispositions du règlement.
M. Lepage: C'est exact, les photocopies de VR aussi et
également des formules d'adhésion.
M. de Belleval: D'accord. Maintenant, j'aurais une
dernière question, M. le Président, si vous me le permettez. Dans
le cas du monsieur de tout à l'heure, disons, qui avait cinq camions et
qui décide d'en transférer un en le vendant à une autre
entreprise, ce monsieur pourrait maintenant devenir membre du poste
d'affectation. Il n'a qu'à faire sa demande, quoi, et vous allez
l'accepter maintenant?
M. Lepage: Voici, M. le ministre. Il y a peut-être
certaines réglementations internes au niveau du poste qui pourraient
changer dans ce sens.
M. de Belleval: Pourquoi? De quoi s'agirait-il?
M. Lepage: Vous me pardonnerez si je ne puis citer la date,
depuis environ deux semaines, à l'avant-dernière réunion
du conseil d'administration, il a été décidé
qu'à partir de cette date tout nouveau membre devra être
accepté par le conseil d'administration avant d'être
considéré comme abonné.
M. de Belleval: Vous vous rendez compte qu'en vertu de la
nouvelle réglementation et du Code d'éthique qui doit être
approuvé, un tel droit de censure ne peut exister.
M. Piuze: Si vous me permettez, M. le Président, M. le
ministre, c'est peut-être normal que quelqu'un qui s'adresse à une
corporation le fasse d'abord par écrit et c'est peut-être normal
que son conseil d'administration en soit saisi. M. Lepage ne dit pas qu'ils
vont les refuser. Il dit seulement qu'à l'avenir, au lieu d'être
automatique, on devra vérifier si un permis est en règle. Parce
que au bureau des véhicules c'est peut-être cela que M.
Lepage aurait dû vous dire tout à l'heure lorsque la
commission nous demande de fournir les preuves d'immatriculation, le moyen le
plus facile serait de le faire par l'ordinateur du BVA; mais tout le monde sait
qu'il n'y a pas possibilité d'avoir des renseignements de l'ordinateur
du BVA. Alors, avant d'entrer au poste de la région 01, le conseil
d'administration probablement veut s'assurer que les dispositions de la loi
concernant le permis, etc., sont respectées. Cela doit être cela,
M. Lepage-
M. Lepage: Veut s'assurer, oui, que le type est qualifié
pour être abonné au poste, s'il remplit les conditions
nécessaires, sauf qu'auparavant, c'était le directeur qui en
avait l'autorité. Maintenant, c'est le bureau de direction qui en a pris
la responsabilité.
M. de Belleval: Maintenant, dans le même ordre
d'idées, est-ce qu'en vertu des règlements du poste je
pose la question à M. Proulx il faut être membre de l'ANCAl
pour être membre du poste?
M. Proulx (Anicet): Pas besoin d'être membre, M. le
ministre, d'aucune association. C'est pour cette raison que M. Lepage tout
à l'heure ne l'a pas ajouté, cela doit lui être
passé à l'esprit. Il faut mentionner que cela fait douze ans que
je travaille dans le camionnage en vrac. J'ai vu en 1977, une chose. J'ai
été obligé de parcourir la région no 01 pour
ramasser les VR, tous les papiers d'immatriculation, pour me faire dire le soir
qu'ils n'avaient plus besoin de cela. Donc, je me suis dit: C'est encore un
mode de quêtage pour que je fasse le tour pour me faire dire encore une
fois qu'ils n'en ont pas besoin. C'est pour cette raison qu'ils n'ont pas
été fournis. Je vais être très honnête avec
vous.
M. de Belleval: A savoir que...
M. Proulx (Anicet): C'est pour cette raison que cette fois-ci je
n'ai pas fait le tour de la région 01 pour les ramasser, parce qu'en
1977, on a passé une nuit au mois de juin et qu'est-ce que cela a
apporté? J'avais tout ramassé cela, j'avais pris la peine de
monter des $125 pour les déposer dans la brique d'acier ici, tel que le
règlement le demandait, et on s'est ramassé le soir avec des
marges de crédit et ces affaires-là. Quand on vient, la
deuxième fois, c'est dur à digérer pour les
camionneurs.
M. de Belleval: D'accord, merci. M. Lepage: M. le
Président... Le Président (M. Jolivet): Oui.
M. Lepage: ... me permettriez-vous simplement d'ajouter qu'au
poste d'affectation actuellement, il y a comme abonnés au moins une
centaine de camionneurs qui, à mon sens, n'étaient pas membres de
l'ANCAl auparavant. S'ils étaient membres d'une autre association, c'est
possible, mais peut-être qu'ils n'étaient pas membres d'aucune
association. Il y a au moins une centaine de membres comme cela.
M. de Belleval: D'accord, merci beaucoup.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. Lepage, les réponses que vous avez
données aux questions que vous a posées le ministre m'ont
éclairé quant à un certain nombre de choses que j'aurais
moi-même voulu savoir.
Vous dites à la page 5 de votre mémoire que la saison
dernière des contrats de Pavage des Monts, la clause 75-25 n'y
était que sur deux. Dans votre esprit à vous, depuis 1977, 75-25
devrait s'appliquer à l'ensemble des travaux de voirie et non seulement
aux travaux au-dessus de l'infrastructure.
M. Lepage: C'est qu'au début du poste M. le
Président, il est sûr que le ciel n'était pas au beau fixe
entre l'employeur et les postes d'affectation. L'an dernier, c'était
reconnu qu'à partir du fait que les postes d'affectation étaient
juridiquement en place ils avaient cette clause de 75-25 sur les contrats du
ministère des Transports. A partir de là, par contre, pour la
compagnie que j'ai citée, Pavage des Monts, comme je l'ai dit, sur sept
contrats, il y a seulement deux contrats et ce n'étaient pas les
plus gros où la clause apparaissait. Pour les autres contrats, on
a essayé de placer nos camions et tous les camionneurs allaient
eux-mêmes se placer là, des non-mem-
bres. Et quand on essayait de prendre des mesures un peu plus
agressives, on nous disait: C'est regrettable, mais la clause a
été omise ou cela a été signé avant juin et
on s'est servi des anciennes formules et la clause n'y est pas; on ne peut rien
y faire.
M. Gratton: Ce dont je veux m'assurer, une première
précision: le 75-25 dont vous parlez, est-ce que c'est seulement celui
au-dessus de l'infrastructure ou dans l'ensemble?
M. Lepage: Dans l'ensemble.
M. Gratton: Dans l'ensemble. Dans votre esprit, il n'y a pas de
méprise là-dessus, c'est l'ensemble des travaux routiers.
M. Lepage: Absolument.
M. Gratton: Vous savez depuis ce matin que ce n'était pas
cela qui était dans l'esprit du ministre des Transports d'alors.
M. de Belleval: Ce n'est pas depuis ce matin qu'on sait cela.
M. Gratton: II faudrait le demander aux camionneurs qui sont
ici.
M. de Belleval: Je comprends que vous n'êtes pas un expert
dans ce domaine, vous avez été nommé récemment par
votre chef là-dedans, mais tout le monde sait, dans le secteur, que,
depuis juin 1977, c'est comme cela.
M. Gratton: Je ne pensais pas qu'il fallait être un expert
en quoi que ce soit pour savoir lire et pouvoir comprendre ce que les mots
disent.
M. Piuze: M. le Président...
Le Président (M. Jolivet): M. Piuze.
M. Piuze: ... il y avait des camionneurs qui étaient comme
le député de Gatineau.
M. Gratton: Vous me faites bien plaisir, parce que j'aime mieux
être comme les camionneurs qu'être comme le ministre et son
prédécesseur.
M. le Président, je veux savoir ceci de M. Lepage. Le 75-25,
indépendamment de la confusion qui existait dans l'esprit du ministre
des Transports, le fait demeure qu'il a toujours existé depuis 1972 ou
1973. Dans les contrats, en particulier de Pavage des Monts, n'y avait-il
aucune disposition à ce sujet? Est-ce que cela ne fait pas partie du
contrat type entre le ministère des Transports et un entrepreneur que le
75-25 s'applique au-dessus de l'infrastructure?
M. Lepage: La clause 75-25, dans les contrats de 1978-1979, a
été ajoutée par un addenda au contrat et, justement,
c'était cet addenda qui n'était pas inclus. Vous me questionnez
sur avant 1978; je n'étais pas dans le domaine, je ne m'y connais pas du
tout, malheureusement.
M. Gratton: Une dernière question, M. le Président.
Vous mentionnez également d'ailleurs, l'ANCAl y avait fait
référence ce matin la question de la garantie du paiement
à des camionneurs qui travaillent pour des entrepreneurs. On sait que
dans la construction d'édifices, par exemple là, je dois
plaider ignorance, le ministre va sûrement s'en réjouir un
sous-entrepreneur qui travaille pour le compte d'un entrepreneur peut
enregistrer une créance privilégiée, ce qu'on appelle en
anglais le "mechanics lien Act". Est-ce qu'une disposition je pose
autant la question au ministre, s'il en connaît la réponse,
qu'à n'importe qui ici; peut-être que Me Piuze peut nous
éclairer analogue existe pour les travaux routiers?
M. Piuze: Effectivement, cela existe; c'est prévu au Code
civil, mais cela s'applique aux fournisseurs de matériaux ou à
l'ouvrier. Comme le camionneur n'est ni un fournisseur de matériaux, ni
un ouvrier, cela ne s'applique pas à lui.
M. Gratton: Dans le mémoire du poste d'affectation, on
mentionne que le gouvernement devrait veiller à garantir le paiement. En
tant que député d'un comté où il y a beaucoup de
camionneurs artisans, je vis assez régulièrement le cas
très pénible d'un camionneur qui a fait pour $2000, $3000 ou
$4000 de travaux; très souvent, ce sont les mêmes entrepreneurs
qu'on retrouve d'un comté à l'autre qui prennent l'habitude et
font même une spécialité de ne pas payer leurs camionneurs.
Forcément, le ministère ne peut pas apprécier ce genre de
chose quand il octroie un contrat à un entrepreneur. Dans votre
mémoire, vous ne le suggérez pas de façon précise;
vous dites: Le gouvernement devrait garantir le paiement. Est-ce que ce serait
là une façon de le garantir, d'inclure le camionneur dans
l'éventail de ceux qui peuvent être protégés? (16 h
45)
M. Piuze: M. le Président, avec votre permission, ce que
nous avons suggéré ce matin, et c'est probablement ce que
suggère le Poste d'affectation de la région 01, c'est que le
gouvernement du Québec n'accorde des contrats que lorsqu'il y a une
police d'assurance qui garantit l'exécution du contrat, les
matériaux et la main-d'oeuvre.
A ce moment-là, le camionneur qui fait le transport est
assuré, grâce à la compagnie d'assurance, d'être
payé, faillite ou pas faillite, loi fédérale ou pas loi
fédérale.
M. Gratton: Vous êtes sans doute conscient comme moi qu'il
y a des entrepreneurs qui, pour toutes sortes de raisons qui sont souvent
très valables, ne peuvent pas obtenir ces cautionnements
d'exécution, ces bons de garantie. Je pense que cela existe dans tous
les domaines, dans n'importe quelle construction, cette possibilité de
remplacer ce bon de garantie par 10%. Est-ce qu'il ne serait pas plus facile,
compte tenu de cela, de
préserver aux entrepreneurs cette possibilité, cette
alternative, de pouvoir remplacer le cautionnement par un chèque
visé, mais en fournissant au camionneur la possibilité pour lui
d'enregistrer une créance privilégiée auprès de
l'entrepreneur ou auprès du ministère par le biais de
l'entrepreneur?
M. Piuze: Ce serait une possibilité, il faudrait changer
le Code civil.
M. Lepage: M. le Président... Le Président (M.
Jolivet): Oui.
M. Lepage:... pour répondre à cette question, je
pense que, dans le mémoire, lorsque je fais allusion à 23
camionneurs qui ont dû rembourser ce qu'ils avaient gagné, c'est
justement ce que j'appelle un imbroglio juridique remarquez bien que je
ne suis pas avocat, je ne sais pas au juste si j'ai le vrai terme mais
il reste que c'est quelque chose encore pendant. Il y avait apparemment toutes
les garanties possibles. Si on place cela dans l'article "recommandations",
c'est dans le but que le ministère puisse protéger
éventuellement les camionneurs qui sont dans de tels cas dans la partie
des non-garantis. Donc, dans toute déclaration de faillite par exemple,
les camionneurs sont considérés comme les non-garantis.
Donc, que ce soit par une police bon de garantie d'exécution, que
ce soit par un chèque visé, pourvu que la garantie soit
signifiante. J'ai mentionné un contrat actuellement en cours dans notre
région de plus de $300 000. Il y a un chèque visé de $7000
pour garantir ce contrat. Je pense que c'est inconcevable. A ce moment, il me
semble que si le ministère prenait au moins la précaution de ne
pas verser les paiements sans s'assurer que les camionneurs ont
été payés, il y aurait déjà pour eux une
protection valable.
M. Gratton: M. le Président on me permettra... Comme vous,
M. Lepage, je ne sais pas trop quelle est la solution, mais il me semble qu'en
principe on devrait tous reconnaître que le ministère a une
responsabilité vis-à-vis des camionneurs qui travaillent pour des
entrepreneurs à qui le ministère a octroyé un contrat et
on devra sûrement trouver une solution, une façon de leur donner
un minimum de protection, malgré que les camionneurs ne sont pas
considérés comme salariés.
Une dernière question, si on me permet. Vous dites à la
première page de votre mémoire, en parlant du gel des permis et
je cite: "Depuis cette date, c'est-à-dire 1977, les flottes de camions
VR sont apparues comme jamais". Voudriez-vous préciser votre
affirmation, parce que je sais que, de l'autre côté, on va dire:
Les méchants libéraux ont été responsables
d'augmenter sensiblement le nombre de permis au cours de leur mandat?
Effectivement, mon collègue de Charlevoix est mieux placé que moi
pour en témoigner, il y avait quand même des droits acquis qu'on a
considéré du devoir du gouvernement de protéger et c'est
ainsi que le nombre de permis VR a été beaucoup plus
considérable au bout de trois ou quatre ans qu'il ne l'était au
début.
Depuis 1977, il ne s'agissait pas de reconnaître des droits
acquis, il s'agissait... D'ailleurs, c'est très concret. C'est
très spécifique, parce que vous donnez une série de cas
particuliers. Je voudrais que vous nous assuriez qu'on a bien compris que,
depuis 1977, comme vous le dites, des flottes de camions VR sont apparus comme
jamais et pas nécessairement en fonction de droits acquis par qui que ce
soit.
M. Lepage: Ce sont des flottes qui ont grossi, qui sont apparues.
Mon terme est précis. Il nous serait difficile d'expliquer la provenance
de tout ça, mais il reste que c'est quand même un peu
contradictoire avec le principe établi au début.
M. de Belleval: M. Lepage, je pourrais vous l'expliquer
très simplement.
M. Lepage: Je vous en remercie.
M. de Belleval: Comme dit le député de Gatineau, il
ne faut pas imputer ça aux méchants libéraux ou aux
méchants gouvernements qui nous ont précédés,
quoiqu'il vient d'admettre que, bien sûr, c'est le parti politique qu'il
représente qui a inscrit dans la loi et les règlements ces droits
acquis.
Le problème avec les droits acquis, c'est que, quand vous les
acquérez, vous les acquérez pour toujours, et quand quelqu'un
veut les faire valoir, que ce soit à un moment donné ou à
l'autre, vous êtes obligés de les reconnaître.
Effectivement, on continue à reconnaître...
M. Mailloux: ...
M. de Belleval: ... des droits acquis, mais le principe
lui-même provient...
M. Mailloux: Le règlement...
M. de Belleval:... comme le disait lui-même le
député de Gatineau, de ces méchants libéraux.
M. Mailloux: M. le Président, je pense que le ministre me
permettra de dire que c'est faux, ce qu'il vient de dire, puisqu'il y avait une
date limite pour reconnaître des droits acquis.
M. Gratton: Le ministre est encore dans les patates.
M. de Belleval: ...
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
Une Voix: Les deux pieds dans les plats.
M. Goulet: Merci. Je voudrais savoir combien il y a de permis de
transport en vrac dans la région 01?
M. Lepage: 712 ou environ.
M. Goulet: Combien y a-t-il de membres en règle?
M. Lepage: 500.
M. Goulet: ... avoir de la difficulté à vous
reconnaître comme...
M. Lepage: C'est la raison pour laquelle j'ai dit que dans le cas
dont le ministre parlait tout à l'heure en ce qui concerne le permis du
poste, je ne voyais pas de problème et, à ce moment-là, je
croyais qu'il reliait ma démission à ceci.
M. Goulet: Mais, dans la région 01, quel pourcentage de
permis y aurait-il en trop, d'après vous? On dit: II y en a en trop.
Est-ce qu'ils sont tous dans la région 01 ou s'il y en a dans d'autres
régions? Quel est le pourcentage de permis qui, d'après vous,
serait en trop?
M. Lepage: Je l'ignore. Par contre, ça évoque, si
vous permettez, une solution qui a été demandée tout
à l'heure, à savoir quelle solution on pourrait apporter
étant donné qu'il y a trop d'offres pour la demande. La
première solution, ce serait justement de contrôler les taux,
comme je le fais dans mon mémoire. Parce qu'en contrôlant les taux
vous allez éliminer les équipements utilisés à
outrance, comme on dit, les équipements qui sont utilisés sept
jours par semaine et 24 heures par jour. A ce moment-là, c'est une
industrie; ce n'est plus du travail pour gagner son pain.
Alors, je pense que ce serait déjà une diminution
indirecte du nombre des permis ou, du moins, une augmentation du travail pour
les détenteurs de permis.
M. Goulet: Ce matin... Oui, M. Piuze?
M. Piuze: Je m'excuse, M. le Président. C'est en
réponse à une question du député de Gatineau
tantôt. C'est une réponse que je viens d'avoir, je m'excuse.
M. Goulet: Ah bon! Cela vient à retardement. Cela ne fait
rien.
M. le Président, le monsieur au centre parlait d'un
élément de solution. J'ai cru comprendre, dans une réponse
qu'il a donnée au ministre ou au député de Gatineau qu'il
favoriserait pour contingenter, si on peut employer ce terme, ou diminuer le
nombre de permis, de faire affaire d'abord avec le
propriétaire-chauffeur je ne sais pas comment m'exprimer
celui qui possède un camion et celui qui le conduit lui-même. De
cette façon, ce dont vous venez de parler, sept jours par semaine, 24
heures par jour, cela n'existerait pas; le gars prendrait au moins une
demi-heure par jour pour dormir, et une autre pour graisser son camion, ce
serait normal. Deuxièmement, dans cette réponse, j'ai cru
comprendre que vous seriez favorable je ne veux pas vous le faire dire,
je ne veux pas dire que c'est ce que je pense à une telle
mesure?
J'ai cru comprendre cela dans une réponse
précédente.
M. Lepage: M. le député, je vais biaiser ma
réponse, malheureusement. Nous voudrions améliorer le sort des
camionneurs, cela va. Le gros problème, c'est le respect des taux. Si
les taux étaient respectés, il n'y aurait pas ce qu'on appelle la
piraterie, il n'y aurait pas de travail de nuit, il n'y aurait pas de travail
hors saison et toutes ces choses qui diminuent le travail lorsque le temps est
venu. C'est le point principal, je crois. Si l'on veut réglementer
quelque chose, je pense qu'il faut d'abord prendre les mesures
nécessaires pour en faire respecter les clauses, le respect des taux.
Les postes d'affectation sont là non pas seulement pour essayer de
revendiquer. Ils sont là premièrement pour essayer de donner un
service de qualité. Pour donner ce service de qualité, il faut
que chaque abonné puisse avoir sa part du gâteau pour être
en mesure d'avoir un équipement valable. A partir de là, il va
pouvoir prendre le fort et le faible. Actuellement, les pirates prennent
seulement le fort. Ils vont prendre, par exemple, les transports qui sont
courts, les transports qui sont sur le planche, les transports qui sont faits
à l'heure, parce qu'ils ont de la machinerie, qu'ils ont de
l'équipement qui n'est pas en ordre. Ils ne feront pas partie du poste
d'affectation. Le poste d'affectation, il faut qu'il donne le service complet,
avec toute la qualité possible. C'est dans ce sens que je dis qu'en plus
d'améliorer le sort des camionneurs, qu'on donne une fois pour toutes
aux postes d'affectation le contrôle du camionnage. La qualité des
services va être de beaucoup améliorée. Tout le monde va
mieux vivre. Pour cela, il ne faut pas laisser croire à ceux qui vont
sous les taux ou contre la réglementation qu'ils vont avoir la
possibilité de régner sur ceux qui ont la majorité.
M. Goulet: Vous avez, en effet, contourné habilement ma
question, mais je reviens à la charge, parce que...
M. de Belleval: ... le député de Gatineau.
M. Goulet: Ne vous en faites pas, monsieur, cela fait quatre
ans...
M. Gratton: M. le ministre, il est resté, le
député de Gatineau, contrairement à celui de
Charlesbourg.
M. Goulet: A vous entendre répondre, on dirait que vous
avez assisté depuis quatre ans aux réponses qu'on a à
l'Assemblée nationale. Ce que je veux savoir, farce à part, c'est
si, demain matin, dans la région 01, on était pris pour prendre
un vote, on a un problème, c'est qu'il y a trop de camionneurs et pas
assez d'ouvrage. Qu'est-ce qu'on fait? Est-ce qu'on doit d'abord favoriser le
petit propriétaire, celui que j'appelle propriétaire d'un camion
et chauffeur? Est-ce qu'on doit d'abord favoriser ce gars, oui ou non? Ou si on
doit continuer à peu près comme maintenant, je
peux avoir un camion au nom de ma femme, un autre au nom de mon fils, un
autre au nom de mon voisin, et ainsi de suite. Vous avez dit, tout à
l'neure, que le haut fonctionnaire a dit à quelqu'un comment contourner
la loi. Demain matin, le ministre des Transports ou le gouvernement ou qui que
ce soit vous dit ceci: On veut trouver une solution, il y a 800 permis dans la
région et il y a du travail pour 500. A qui donne-t-on ce travail?
Quelle serait votre solution? Est-ce que vous voteriez pour cela ou contre
cela? Vous n'êtes pas obligé de me répondre, mais je vous
pose la question.
M. Lepage: Je vais répondre oui. Je vais répondre
d'abord qu'au niveau du poste d'affectation, il est sûr que l'on va
préconiser le principe du premier camion en est la meilleure
preuve l'idée de donner du travail et d'encourager celui qui
gagne sa vie, parce que c'est une industrie qui est valable dans la
région. (17 heures)
M. Goulet: Lorsque vous parlez d'un premier camion, je veux qu'on
s'entende bien, c'est peut-être très minime, mais lorsqu'il s'agit
d'un premier camion conduit par son propriétaire, c'est-à-dire
que le gars qui gagne vraiment sa vie avec ça a un premier camion, c'est
lui qui le conduit, c'est lui qui l'entretient, il travaille avec son camion.
Lorsque vous parlez du premier camion, vous avez donné un exemple tout
à l'heure, cela peut être mon épouse qui a un premier
camion, ou mon frère, mais ça ne règle pas le
problème. Lorsque je parle d'un premier camion, je parle du premier
chauffeur, c'est le propriétaire qui le conduit.
M. Lepage: La réglementation des postes d'affectation ne
fait pas la distinction entre un premier camion conduit par le
propriétaire lui-même...
M. Goulet: Elle ne le fait pas. Ecoutez, je m'excuse de vous
interrompre, elle ne le fait pas, bien sûr, mais s'il y avait une
distinction, est-ce que vous seriez d'accord? C'est ma question.
M. Lepage: Oui.
M. Goulet: D'accord.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
de...
M. Goulet: M. le Président, si vous permettez, j'aurais
une autre question.
Le Président (M. Jolivet): D'accord.
M. Goulet: Je ne veux pas être désagréable.
Je ne sais pas si j'ai bien compris tout à l'heure. Est-ce qu'il y a un
racket de protection dans votre région pour le camionnage? Est-ce ce que
vous avez tenté de nous dire tantôt, dans la dernière page
de votre mémoire? Est-ce qu'on connaît chez vous ce qu'on a connu
dans la construction, un certain local de plombiers, est-ce ce qui existe, oui
ou non?
M. Lepage: II y a des effets étranges, mais on ne peut pas
en trouver les causes.
Le Président (M. Jolivet): Le député de
Beauce-Sud.
M. Mathieu: J'aurais une remarque, M. le Président. Quand
on parle de premier camion, il faudrait peut-être une solution mitoyenne,
parce que quelquefois le conducteur du premier camion peut être malade.
Alors, s'il y en avait un de malade, il ne faudrait pas que les camions restent
dans la cour.
M. Goulet: On n'est pas malade à l'année.
M. Mathieu: M. Lepage, quand on parle de pirates qui
échappent au contrôle du poste d'affectation 01, pourriez-vous
mettre une proportion, 10%, 30% ou 50%?
M. Lepage: Environ 20%.
M. Mathieu: Une autre question rapide. Vous parlez, à la
page 1 de votre mémoire, du gel des permis qui devait avoir lieu en
1977. Si le gel avait eu lieu, effectivement, est-ce qu'aujourd'hui, vous vous
ramasseriez avec beaucoup de camions supplémentaires ou si ce
phénomène se serait pas mal résorbé?
M. Lepage: II me serait impossible de répondre
honnêtement à cette question, M. le député, parce
que je n'ai pas les données nécessaires. Il est sûr que le
sort serait sûrement amélioré.
Le Président (M. Jolivet): Merci.
M. Piuze: M. le Président, si vous permettez, suite
à une question du député de Gatineau tout à l'heure
concernant les privilèges des camionneurs pour les assurer qu'ils ne
perdront pas d'argent avec les entrepreneurs, il y a une chose que j'avais
oubliée, c'est que lorsque le gouvernement prend possession de la route
qui est construite, elle devient, bien sûr, propriété de la
couronne et vous ne pouvez pas avoir de privilèges de la part de la
couronne.
Il y aurait peut-être une disposition qui pourrait se prendre,
indépendamment des polices de garantie dont je parlais tantôt,
c'est qu'en vertu du règlement concernant les contrats de construction
du gouvernement qui régit justement les dépôts de
chèques, etc., le gouvernement pourrait modifier ce règlement et
retenir 10% ou 15% pour s'assurer du paiement des camionneurs.
Le Président (M. Jolivet): Merci. J'inviterais maintenant
le Poste d'affectation de la région 02 Inc., représenté
par Michel Duchesne, président, mémoire 14M.
M. Duchesne, si vous voulez présenter les personnes qui vous
accompagnent.
Poste d'affectation de la région 02 Inc
M. Duchesne (Michel): D'abord, je voudrais vous faire remarquer
que Me Beaudet est ici seulement à titre de conseiller juridique, ayant
eu le mandat au poste d'affectation, il nous représente strictement aux
fins juridiques.
Je voudrais d'abord...
Le Président (M. Jolivet): Voulez-vous, s'il vous
plaît, nous rendre service et approcher votre micro pour qu'on
comprenne.
M. Duchesne: Très bien, oui. Je voudrais, tout d'abord,
remercier le ministère des Transports, en particulier le ministre des
Transports, de m'avoir invité, à titre de président du
conseil d'administration de la région 02, à participer à
cette commission parlementaire. Je dois vous avouer bien franchement que, si
j'avais su, en 1972, lorsque j'ai commencé à faire du transport
en vrac, qu'aujourd'hui je me retrouverais ici dans le but de débattre
les problèmes du vrac, il est fort probable que je n'en aurais jamais
fait. Cependant, étant donné qu'on ne doit jamais regretter ce
que l'on entreprend, c'est quand même un plaisir et un honneur pour moi
d'être ici devant vous aujourd'hui dans le but de démontrer, le
mieux possible, les problèmes que nous vivons également chez
nous.
Messieurs les membres de la commission, au nom du Poste d'affectation de
la région 02 Inc., je viens ici exprimer ma joie de pouvoir participer
à une commission parlementaire sur les problèmes du vrac.
Cependant, vous comprendrez que j'éprouve certaines craintes, sans
vouloir être pessimiste, sur le résultat de cette commission.
Etant dans ce domaine depuis 1972, soit un an avant l'entrée en
vigueur du règlement no 12, qui fut accepté par
l'arrêté en conseil 2389-73 du ministre Pinard, qui était
au ministère des Transports à ce moment-là, je suis en
mesure de pouvoir élaborer et tirer des conclusions sur le
problème que nous vivons depuis que le transport est
réglementé. Cela ne m'empêche pas, cependant, d'être
très au courant des problèmes du vrac avant cet
arrêté en conseil, ayant dans ma famille et dans mon entourage des
gens qui font ce métier depuis 30 ans.
Pourquoi cette crainte sur le résultat de cette commission? Elle
s'explique de cette façon: depuis 1977 en particulier, il s'est
passé tellement de choses invraisemblables au ministère des
Transports qu'on ne peut faire autrement que se demander si, pour une fois, les
gens qui vous écoutent et plus particulièrement ceux qui vous
mènent ne viendront pas vous dire encore une fois qu'ils ne sont pas
sûrs d'avoir bien compris et qu'il faudrait étudier encore plus
profondément les problèmes avant de prendre toute
décision, en espérant peut-être prendre suffisamment de
temps pour qu'un nouveau ministre ou de nouveaux fonctionnaires prennent la
relève et qu'à leur tour ils recommencent à
étudier.
J'ai assisté depuis surtout 1977 à tellement de
changements de direction du règlement sur le camionnage en vrac que l'on
pourrait croire qu'on a voulu faire comprendre aux camionneurs que, s'il y
avait des problèmes dans le vrac, c'était parce qu'ils
étaient dans une association mal structurée plutôt que de
leur donner les outils vraiment nécessaires pour régler ces
problèmes. Vous me permettrez certainement cette remarque: On n'est
jamais à l'abri dans une maison en changeant les poteaux continuellement
si on ne finit pas les murs complètement.
Pourquoi le gouvernement actuel, qui s'est toujours dit au courant du
problème, n'a-t-il pas su améliorer ce que le gouvernement
précédent avait cru nécessaire de créer?
Pourquoi le gouvernement actuel ne s'est-il pas servi du rapport qu'il a
presque lui-même fait et le ministre Parizeau sait ce dont je
parle soit le rapport Lippé et pourquoi d'autres rapports comme
celui qui fut monté dans la région 02 en 1979 par les agents du
ministère et qui traite du transport illégal qui s'y fait,
ont-ils été jetés à la poussière?
Pourquoi le gouvernement actuel, qui a prêché que l'ancien
gouvernement parlait au nom des petits pendant qu'il couchait avec les gros,
a-t-il fait exactement la même chose?
Pourquoi le gouvernement actuel n'accepte-t-il pas dans le vrac, comme
il l'accepte partout ailleurs, que ce soit la démocratie et le voeu de
la majorité qui prime, sans toutefois négliger la
minorité?
Pourquoi le gouvernement actuel n'aurait-il pas tenté de
comprendre en premier lieu qui était gros ou qui était petit,
soit un entrepreneur évalué à lui seul autant qu'une
trentaine de camionneurs réunis?
Pourquoi le gouvernement actuel n'a-t-il rien fait pour améliorer
le fonctionnement de la Commission des transports après qu'une
commission parlementaire a eu lieu il y a plus d'un an afin d'expliquer les
problèmes qu'elle vivait?
Voilà certainement au moins quelques points qui pourraient en
faire réfléchir plusieurs et même les laisser sceptiques.
Si les camionneurs ont manifesté dans les rues malgré qu'ils
savaient qu'il y aurait une commission parlementaire, ce n'est pas par manque
de maturité, mais plutôt par crainte envers ceux qui
prétendent être de grandes personnes et dont on ne doit pas
douter. Vous comprendrez que les camionneurs voulaient seulement être
bien sûrs qu'on ne les oublierait pas, car il vous sera peut-être
plus difficile de nous mettre sur les tablettes, comme ce fut le cas pour
certains rapports.
La deuxième partie consiste à démontrer les
situations qui existent et qui ont contribué à empirer les
problèmes du vrac, des problèmes qui auraient certainement
été moindres si le ministre des Transports avait respecté
l'entente qu'il avait signée avec l'Association des camionneurs en
1977.
Le premier point portera sur le transport illégal.
Le ministre comprenait la nécessité de détenir un
droit de propriété absolu ou d'emphytéose sur
le matériel qui est considéré comme du vrac et qui
était transporté par des camions qui n'étaient pas
licenciés VR ou LV, pour ceux qui détiennent des permis
généraux, option vrac. Il aurait dû prendre les moyens de
prouver qu'ils étaient dans l'illégalité. Je parle ici,
bien entendu, du compte-poids. Cela aurait permis un pourcentage
d'amélioration. Deuxièmement, les fausses locations. Il y en a
différentes sortes. 1. On loue soit des camions licenciés F
d'autres entrepreneurs ou de concessionnaires. 2.Les camions licenciés
LZ de compagnies de location où les chauffeurs sont d'autres compagnies
de location ou encore les camions licencés VR qui proviennent de gros
détenteurs de permis.
Le ministre savait que le règlement accordait la permission de
louer un camion dans le cas de remplacement d'un camion brisé, et ce,
pour une certaine période ou encore lorsqu'il n'est plus possible de
trouver de camions disponibles dans la région et même dans la
province. Le ministre aurait donc dû prendre les mesures
nécessaires pour faire respecter le règlement. Encore là,
un pourcentage d'amélioration, si le ministre avait su prendre ses
responsabilités.
Troisièmement, la vente déguisée. Le ministre
savait que certaines compagnies, surtout forestières, vendaient des
camions à leurs chauffeurs, tout en faisant croire qu'ils leur
appartenaient toujours. Etant donné qu'ils n'avaient pas de permis
émis par la commission je dis bien pour transporter
pourquoi n'a-t-il pas pris les mesures nécessaires pour forcer ces
compagnies à marcher dans la légalité? Ceci aurait eu
comme conséquence de forcer les dites compagnies à engager les
détenteurs de permis, plutôt que de mettre dans une situation
plutôt précaire ceux qui se sont fait attraper dans ces achats et
qui se sont réveillés plus souvent qu'autrement avec des
problèmes jusqu'au cou, tout en causant des problèmes à
ceux qui détenaient des permis de vrac. Un autre pourcentage
d'amélioration, si la création d'un comité de surveillance
avait été instaurée, tel que promis.
Quatrièmement, selon l'arrêté en conseil 3092-79,
pourquoi a-t-on permis à ceux qui détiennent déjà
des permis de transport général de faire une nouvelle demande?
Vous comprendrez que je ne crois pas tellement que c'est parce qu'ils ont
oublié ou qu'ils n'ont pas eu le temps de faire leur choix, soit faire
du général ou du vrac, au moment où le ministre a
décidé de geler les demandes de permis dans le vrac. C'est
là un autre pourcentage de problèmes qui auraient pu être
évités.
Cinquièmement, les transferts de permis. Le ministre, en donnant
priorité au premier camion, savait qu'il fallait prendre
également des mesures pour empêcher un détenteur de
plusieurs permis de transférer un permis à chacun des membres de
sa famille ou formant plusieurs petites compagnies, tout en étant
l'unique propriétaire, pour réussir à faire de tous ces
camions des premiers camions qu'il pouvait inscrire au poste d'affectation et
ainsi recevoir une part du transport qu'il n'aurait jamais eue autrement.
Il y a également les permis qui ont été
transférés, alors qu'il n'y a jamais eu de camions
rattachés à ces permis, si ce n'est des pick-up ou d'autres
véhicules de ce genre. Ou, encore, le propriétaire faisait
faillite et, généralement, son permis aurait dû être
éliminé après un an, si ce propriétaire
était dans l'impossibilité de s'acheter un autre camion.
Comme il est aussi difficile de convaincre la Commission des transports
de rejeter ces demandes de permis que de vendre un réfrigérateur
à un Esquimau, nous n'avons presque jamais réussi à faire
rejeter ces demandes de transfert. J'aurai certainement des exemples à
donner tout à l'heure, si j'en ai l'occasion, qui pourraient le prouver
également. (17 h 15)
Enfin, ceux qui détiennent un permis devraient posséder
une carte du genre Chargex ou assurance sociale pour que la police du transport
puisse vérifier si ceux qui ont des camions immatriculés VR ont
bien un permis qui s'y rattache ou qui ne serait émis que pour une
certaine catégorie de transport. Il y aurait là certainement un
autre pourcentage d'amélioration si cela était fait.
Sixièmement, les secteurs de travail. Première partie du
transport. Pour bien faire le point sur la situation causée par le
manque de secteurs de travail, vous me permettrez de faire une
rétrospective de ce que recevaient les camionneurs avant la venue des
postes d'affectation uniques et par le règlement 112, ce qui va
contredire ceux qui ont prétendu que les postes d'affectation avaient
tout reçu et qu'il était impossible de faire plus.
Reculons en 1973 où le ministre des Transports du temps avait
accordé aux camionneurs artisans membres de l'ANCAl la clause 75-25
au-dessus de la ligne de l'infrastructure sur l'octroi des contrats de
construction de routes, en plus de la correction et de l'asphalte, de
même que 100% des travaux qu'elle exécutait elle-même en
régie et du transport du sel. Seuls la correction et l'asphalte ont
été enlevés en 1975 ou une demande de camions importante
pour le Nord québécois donna la chance aux entrepreneurs de faire
perdre cette clause pour réussir à placer le surplus de leurs
camions. Bien entendu, ils invoquaient la raison que les artisans ne voulaient
pas donner le service et pour cause.
Cependant, les camionneurs artisans recevaient de la part des autres
ministères, tels que Tourisme, Chasse et Pêche, Terres et
Forêts, Richesses naturelles, 100% des travaux qu'ils exécutaient
en régie, seul le ministère des Affaires municipales ne donnait
rien. Cependant, dans certaines régions comme la 02, les artisans et les
entrepreneurs réussissaient à obtenir des clauses de transport
des municipalités les plus importantes. Avec le nombre de camionneurs
que l'ANCAl possédait à ce moment-là, nombre d'ailleurs
qui est sensiblement le même aujourd'hui, avec le transport qui lui
était accordé, ceux qui en étaient membres recevaient des
revenus supérieurs de 25% à 30% à ceux que nous recevons
aujourd'hui, par rapport à l'inflation et au coût de la vie qui
monte continuellement.
Maintenant regardons ce que pouvaient recevoir comme transport ceux qui
étaient membres de l'Association des camionneurs entrepreneurs; tout
d'abord, les entrepreneurs qui exécutaient des contrats pour le
ministère des Transports donnaient à l'AQECV tout le transport
sous la ligne d'infrastructure qu'ils ne pouvaient exécuter
eux-mêmes en plus des 25% au-dessus de la ligne lorsqu'ils ne pouvaient
les exécuter avec leurs propres camions. Il était donné
également aux entrepreneurs le transport exécuté sur les
contrats d'entreprises privées et vous savez sans doute que plusieurs
entrepreneurs faisaient partie de cette association. Il y avait
également les compagnies forestières dont le transport
était exécuté par les deux associations en proportion du
pourcentage des camionneurs que chacune possédait.
Secteur de travail. Deuxième partie. Dans la région,
voyons maintenant ce que le poste d'affectation peut donner aux membres des
deux ou trois associations réunies; je n'en ai nommé que deux, je
voudrais faire remarquer qu'il y en avait également une troisième
qui était l'Association coopérative des camionneurs. Je m'excuse
si je n'ai pas mis cette association dans mon mémoire, il s'agit tout
simplement d'un oubli. Tout d'abord, les camionneurs artisans, qui
étaient près de 325 en 1977, à qui on a ajouté un
nombre de 125 entrepreneurs et de coopératives, se sont rejoints pour se
départager les clauses de transport qui suivent: 1°: Du
ministère des Transports, toujours la clause 75-25 au-dessus de la ligne
d'infrastructure, le sel et les travaux en régie à 100%, la
correction et l'asphalte quand l'entrepreneur n'a pas suffisamment de camions
pour le faire seul s'il ne veut pas en acheter pour les exécuter.
2°: Le transport sur les contrats du ministère des Transports sous
la ligne d'infrastructure à la condition que l'entrepreneur n'ait pas
assez de ses camions ou encore s'il ne décide pas d'en acheter comme
cela se produit à 90% du temps; pourtant ce transport était
donné aux camionneurs de l'AQECV auparavant. Encore là, je peux
facilement donner des exemples qui sont assez frappants. 3°: Les
municipalités qui avaient donné un pourcentage de transport
auparavant aux associations ont accepté de redonner ces clauses aux
postes d'affectation uniques. Cependant, cela est devenu plus difficile
à faire respecter pour la raison que des entrepreneurs
généraux qui étaient avec les entrepreneurs trouvent
maintenant qu'ils n'en ont plus assez mais continuent cependant à
acheter des camions. C'est à ne rien y comprendre. 4°: Les
ministères tels que ceux du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche,
des Richesses naturelles, des Terres et Forêts ont continué
à collaborer comme auparavant. Ils ont donné 100% de leurs
contrats en régie. Cependant, il faut déduire de cela les
subventions qui, cette année, viennent d'être accordées aux
compagnies forestières pour l'exécution des chemins de
pénétration. Vous comprendrez que pour nous, ces subventions ne
sont pas tombées dans des mains d'alliés car, avec la venue des
postes d'affectation uniques, les compagnies forestières ont
attrapé le virus galopant. Il y en a peut-être qui vont se poser
des questions à savoir ce que c'est. Je veux dire par là qu'on
nous a littéralement fui car aucune n'a voulu reconnaître les
postes et aucune ne veut vraiment collaborer pour répartir le transport
qu'elles font exécuter. Nous pouvons même fournir des lettres qui
le prouvent. J'en ai d'ailleurs une copie ici; s'il y en a qui veulent que je
la lise tout à l'heure, il me fera plaisir de la lire. 5°: Le
transport que les entrepreneurs généraux donnaient sur ces
contrats privés aux membres de l'ANCAl a été perdu en
totalité par le poste si ce n'est que quelques bons amis à qui
certains entrepreneurs continuent de donner du transport et ce, directement.
6°: Hydro-Québec, qui vient d'accorder une clause 75-25 sur ses
contrats qui est censée être au-dessus de la ligne
d'infrastructure, a oublié que s'il est facile de trouver où se
situe cette ligne sur la construction des routes que fait exécuter le
ministre des Transports, cela est beaucoup plus difficile à
déterminer sur la construction d'une digue pour barrage ou sur la
construction de chemins construits temporairement et qui ne contient qu'une
seule sorte de matériel, soit du gravier brut. Cependant, en
régie, la part du poste est comme auparavant. 7°: Pour le transport
du bois, ce fut presque la catastrophe. Pour les raisons décrites
précédemment via les compagnies forestières, le poste
d'affectation se vit dans l'impossibilité de négocier avec les
compagnies forestières, de sorte que tous les camionneurs qui se sont
inscrits au poste en juillet 1978 l'ont tous quitté trois mois plus tard
quand les compagnies forestières ont décidé, à
partir de ce moment-là, qu'elles ne négocieraient avec aucun
organisme ou association mais seulement avec les camionneurs directement. Il y
a même des membres qui se sont vus menacés d'expulsion si ceux-ci
ne quittaient pas le poste dans l'immédiat. 8°: Sur les contrats
donnés par Tourisme, Chasse et Pêche, Terres et Forêts,
Richesses naturelles, Travaux publics, aucune clause n'a jamais
été donnée sauf des belles lettres remplies de
promesses.
En conclusion, suite à cette rétrospective, vous trouverez
sans doute, sans qu'on ait besoin nécessairement de les nommer, les
vrais bénéficiaires des belles promesses du ministre des
Transports, M. Lessard, aux 5500 membres des postes, en 1977, dont 5200 en font
encore partie.
Vous comprendrez que si le transport qui était
exécuté dans la région par les 325 camionneurs artisans,
en plus du transport exécuté par les 125 entrepreneurs ou
coopératives, avait été octroyé au poste
d'affectation unique, on ne serait jamais tombé dans l'entonnoir
où nous nous retrouvons aujourd'hui. Il vous appartient de ne pas faire
de cette commission parlementaire une risée des camionneurs qui n'ont ni
les moyens ni le temps de se faire remettre continuellement aux calendes
grecques par des études interminables, des chan-
gements continuels de structure et des fausses promesses.
Vous savez, les camionneurs ne se laisseront pas ridiculiser. Vous savez
que la situation est présentement explosive et pourrait devenir
très grave. Vous seriez peut-être les premiers à
blâmer. Messieurs, vous n'êtes peut-être pas au courant que
dans certains endroits la guerre est déjà ouverte entre les
camionneurs ou entre camionneurs et entrepreneurs pour savoir qui va
s'approprier le plus de transport.
Le premier ministre du Québec, qui a déclaré qu'il
était dommage que les camionneurs perdent leurs camions mais que
malheureusement il ne pouvait rien y faire, aurait dû y
réfléchir auparavant. Il a tout simplement démontré
qu'il était mal informé.
Je ne connais personne qui, lorsqu'il a faim ou qu'il est à la
veille de tout perdre, surtout si celui-ci a de l'honneur et Dieu sait
si les camionneurs en ont hésitera à prendre les moyens
à sa disposition pour se faire entendre.
Messieurs, il vous appartient donc d'agir en connaissance de cause et de
faire en sorte de rétablir le respect de la démocratie, de la
majorité, de la justice et de la légalité dans le
transport en vrac. Pour ce faire, servez-vous de l'entente de 1977 et d'autres
rapports qui ont déjà été soumis sur les
problèmes que nous connaissons maintenant.
Même si au début de ce mémoire j'ai fait part de mon
appréhension sur le résultat de cette commission parlementaire,
je n'en ai pas moins une certaine confiance, car je crois qu'aujourd'hui
personne ne peut prétendre être mal informé, surtout vous,
messieurs du gouvernement. Dans la région 02 comme ailleurs, les
camionneurs artisans comme les entrepreneurs ont accepté d'être
réunis au sein d'un poste d'affectation et, c'est logique, n'acceptent
pas de voir qu'ils y crèvent tous.
J'espère enfin que nos hommes politiques ont compris que ce n'est
pas un problème de structure que nous avons, mais bien un
problème de secteur de travail et une application du règlement
qui rend justice à la démocratie.
Merci de votre attention. Si vous avez des questions, je suis
disposé à y répondre.
Le Président (M. Jolivet): Merci. M. le ministre.
M. de Belleval: Si j'ai bien compris, un peu comme dans le cas du
poste 01, votre procureur est aussi celui de l'ANCAl, M. Beaudet.
M. Duchesne: Disons que Me Beaudet a été
engagé pour un mandat par les postes d'affectation sur certains
points.
M. de Belleval: Si je comprends bien, votre poste est un peu dans
le même cas que le poste 01, en instance actuellement devant la
commission, parce qu'on a refusé de vous accorder un permis en vertu de
la nouvelle réglementation.
M. Duchesne: Le Poste d'affectation de la région 02,
présentement, fonctionne toujours selon le permis qui lui a
été accordé en 1978, sous l'ancien règlement
dû au fait qu'une demande de permis de poste d'affectation par
l'Association des camionneurs artisans de la région 02 a
été refusée par M. Jean-Guy Alain lors de l'audience de
mai dernier, je crois.
M. de Belleval: Pensez-vous être capable de vous conformer
à la nouvelle réglementation là encore avant que votre
permis soit finalement révoqué?
M. Duchesne: Dès que la Commission des transports aura
procédé à la révision présentement en cause,
si l'Association des camionneurs artisans n'obtient pas son permis de poste
d'affectation, je pense que les camionneurs agiront dans le but de se conformer
au règlement.
M. de Belleval: C'est un point important. Vous vous souviendrez
que le projet de la nouvelle réglementation avait été
discuté avec l'ANCAl et il y avait eu accord entre le ministère
et l'ANCAl sur cette nouvelle réglementation, en particulier, sur le
fait que les postes d'affectation devenaient des postes publics et non pas des
postes de l'ANCAl comme telle.
M. Duchesne: Personnellement je n'ai jamais entendu dire que
l'ANCAl était d'accord avec le ministère pour que celle-ci n'ait
pas le droit de demander de permis de poste.
M. de Belleval: Ecoutez, rephrasons cela autrement. Une chose
sûre et certaine, l'ANCAl était d'accord avec la
réglementation.
M. Duchesne: L'ANCAl était d'accord avec la
réglementation, mais l'ANCAl n'a jamais été d'accord avec
le ministère ou ne s'est jamais mise d'accord avec le ministère
sur ce que vous avez dit tout à l'heure.
M. de Belleval: A savoir que...
M. Duchesne: A savoir que l'ANCAl ne pourrait jamais demander de
permis de poste.
M. de Belleval: Je pense que c'est très clair dans la
réglementation que les postes sont demandés au nom de
l'assemblée générale des membres et non pas au nom d'une
association en particulier. Je pense qu'on avait été très
clair. Cette précision avait été très claire entre
nos fonctionnaires, moi-même, M. Dubé et M. Piuze, entre autres,
qui était l'autre procureur de la commission présent à
cette discussion. (17 h 30)
M. Duchesne: Etant donné que je n'étais pas
présent à cette rencontre...
M. de Belleval: Bien sûr, vous n'y étiez pas
vous-même.
M. Duchesne: ... peut-être permettriez-vous à M.
Beaudet d'y répondre.
M. Beaudet: M. le ministre, je ne sais pas quelle sorte d'entente
à ce moment, je n'étais pas à l'ANCAl mais
il y a une chose qui est sûre: ce qui est écrit dans votre
règlement fait présentement l'objet d'un bref d'évocation
à la Cour supérieure pour décider si justement l'article
permet aux associations de camionneurs artisans de demander le permis, tel que
c'est écrit dans le règlement.
M. de Belleval: Selon votre interprétation du
règlement.
M. Beaudet: Selon ce qu'on prétend être écrit
dans le règlement. C'est en Cour supérieure et cela doit passer
le 16 septembre, un bref contre la commission.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, je voudrais que le ministre
me renseigne sur une réglementation qui fut adoptée par son
collègue. Est-ce que je comprends bien que, dans la région du
Lac-Saint-Jean, quand il y a eu obligation de créer des postes
d'affectation, l'ANCAl, qui est là-bas majoritaire, aurait refusé
aux autres transporteurs en vrac la possibilité d'être inclus dans
le poste d'affectation? Est-ce bien ça que j'ai compris?
M. de Belleval: Non, ce que j'essaie de souligner par mes
questions, c'est que, dans le cas de la région 02 comme dans le cas de
la région 01 actuellement, il y a un problème: on n'est pas
capable de former les postes d'affectation parce que les dispositions de la
nouvelle réglementation ne sont pas respectées. On se rend
compte, au fond, que l'ANCAl est très active dans ces deux
régions, que les postes d'affectation, qui sont censés être
des postes d'affectation publics, sont quand même
représentés actuellement par des procureurs, entre autres, de
l'ANCAl. Donc, il y a une espèce, sinon de conflit
d'intérêts, du moins certainement d'ambiguïté entre le
caractère public du poste et le fait que le poste, de toute
évidence, est encore dirigé comme si c'était un ancien
poste de l'ANCAl, en vertu des anciens règlements que vous connaissez
bien. On se rend compte que ces problèmes internes empêchent que,
finalement, les postes d'affectation, en vertu de la nouvelle
réglementation, ne puissent être mis sur pied. Moi, ça
m'inquiète beaucoup, je dois le dire, parce que je suis très
sympathique, par ailleurs, à toutes les inquiétudes que vous
manifestez.
Le Président (M. Jolivet): M. Beaudet.
M. Duchesne: Peut-être pourrais-je donner certains
chiffres. D'abord, la première des choses, je vous ai bien dit que
c'étaient des mandats spécifiques pour telle chose. Maintenant,
je vou- drais vous faire remarquer, puisque vous avez donné dans votre
rapport certains chiffres, qu'au mois de juin dernier, par exemple, 97% des
dépenses encourues par le Poste d'affectation de la région 02
l'étaient par des camionneurs artisans.
D'ailleurs, d'une façon ou d'une autre, avec les chiffres que je
vous ai donnés également sur les camionneurs qui ont fait partie,
dès sa création en 1978, du poste d'affectation unique, on peut
voir qu'il y a une différence assez importante, si on pense, par
exemple, qu'à sa création il y avait tout près de 500
camionneurs détenteurs de permis qui en faisaient partie et
qu'aujourd'hui on en retrouve entre 350 et 375, dont 97% font partie de
l'Association des camionneurs artisans.
M. de Belleval: Je comprends bien ce que vous me dites, mais je
ne peux pas m'empêcher de voir que, tantôt, votre
prédécesseur, M. Lepage, je pense, ainsi que M. Proulx, ont
indiqué que, pour eux, le poste de la région 01, c'est le poste
de tous les camionneurs et non pas simplement le poste des camionneurs artisans
et qu'ils font tous les efforts en ce sens. Par ailleurs, vous avez vu qu'ils
étaient accompagnés de M. Piuze à la table. J'ai bien
compris les explications. Maintenant, on se retrouve avec un autre poste, le
poste 02, qui est dans les mêmes difficultés, à toutes fins
pratiques, que le poste 01, mais qui tient un discours différent. Pour
vous, il ne devrait pas y avoir de différence entre le poste
d'affectation et l'appartenance à l'ANCAl comme telle et, maintenant,
vos deux procureurs sont M. Piuze et M. ... qui est aussi procureur de
l'ANCAl.
M. Beaudet: Je ne sais pas si M. le ministre... M. le ministre,
l'ancien règlement, celui qui a précédé
celui-là, reconnaissait les associations et jusqu'à ce qu'il y
ait un nouveau permis émis selon la nouvelle réglementation,
c'est l'ancienne qui s'applique. Naturellement, dans le temps, le jeu des
associations faisait partie du poste. Vous aviez tant d'administrateurs par
groupe de délégués, par association. Or, les camionneurs
artisans dans la région 01 représentaient peut-être 90% du
poste d'affectation et c'est la même chose dans le moment. Comme il n'y a
pas de permis de poste émis selon la nouvelle réglementation,
c'est normal que l'Association des camionneurs artisans, qui est majoritaire
dans le poste, puisse embaucher des gens de l'Association des camionneurs
artisans. Je pense bien que vous ne pouvez avoir quoi que ce soit contre
ça. D'ailleurs, on va dans le même ordre d'idées. On
demande des choses où il n'y a absolument rien de contradictoire avec ce
que demande l'ANCAl là-dedans. Nous autres, on est peut-être de
simples avocats ou des avocats simples, mais, de toute façon, on est des
avocats et nous ne pouvons pas être identifiés à un seul
client toute notre vie. On a le droit d'avoir plus d'un client et nous ne
sommes pas en conflit d'intérêts, surtout avec cette
réglementation qui était basée sur les associations. A
l'avenir, naturellement, si les associations disparaissent, est-ce
qu'il sera interdit aux postes d'affectation de faire affaires avec les
procureurs de l'ANCAl, qui sont des procureurs à temps partiel? Je
serais un peu surpris de ça. D'ailleurs, que ça s'appelle
artisans, postes d'affectation ou bureau de placement, si on représente
90% des gens qui sont là, ces gens-là, à tort ou à
raison, vont faire confiance à ceux que la majorité veut.
M. de Belleval: D'accord, M. Beaudet, mais vous admettrez
cependant avec moi que, premièrement, je posais des questions.
M. Beaudet: Oui, oui.
M. de Belleval: Je n'ai pas fait d'affirmation. Je voulais
essayer d'éclaircir la situation. Deuxièmement, la nouvelle
réglementation est en vigueur et son esprit doit être
respecté. Aussi, quand je vois des lettres au nom du Poste
d'affectationde la région 02 qui est, comme je le dis, un poste public
maintenant, en vertu de la nouvelle réglementation, et que ces lettres
sont signées par M. Dubé au nom de l'ANCAl, je me dis qu'il y a
certainement un problème.
M. Duchesne: II faudrait...
M. de Belleval: Un poste public, c'est un poste public, et
l'ANCAl, c'est autre chose. Si vous ne voyez pas, vous, de conflit
d'intérêts, c'est votre opinion, mais je pose la question: Est-ce
que d'autres ne peuvent pas y voir un conflit d'intérêts,
notamment, des camionneurs qui ne sont pas membres de l'ANCAl?
M. Duchesne: M. le ministre...
M. de Belleval: C'est la question que je pose. C'est tout.
M. Duchesne: ... vous pourriez peut-être m'en montrer une
d'abord, parce que je n'en ai jamais vu.
M. de Belleval: J'en ai ici. Je peux vous les montrer. J'en ai
une ici qui est datée...
M. Duchesne: Une lettre du Poste d'affectation de la
région 02?
M. de Belleval: Oui, du Poste d'affectation de la région
02, par Gérard Dubé, président. La signature est
là.
M. Duchesne: II faudrait que ce soit prouvé parce que,
moi, personnellement, je peux vous dire une chose, c'est qu'il n'y a jamais eu
d'autre personne que moi qui ait été président du Poste
d'affectation de la région 02 et qui ait été
autorisée à signer des lettres. C'est assez curieux. Je pense que
c'est plutôt un tour qu'on vous a joué, j'en ai l'impression.
M. de Belleval: On va...
M. Duchesne: A la suite de vos questions, je voudrais faire quand
même remarquer à cette commission que le but de mon mémoire
n'était pas nécessairement non plus de vanter les mérites
d'une association quelconque, c'était plutôt de faire ici une
clarification de la situation, à savoir que le problème qu'on
avait dans la région 02 comme ailleurs était un problème
de transport et pas un problème de structures. Comme je l'ai
déjà dit au début, quand on bâtit une maison, si on
ne finit pas les murs, on n'est jamais à l'abri. Quand même on
changerait les structures continuellement, je n'ai pas l'impression qu'on va
régler le problème en vrac. Présentement, dans la
région 02, on a un groupe de camionneurs qui a présenté un
mémoire qui va probablement être lu ici devant cette commission.
Ces camionneurs manquent de travail et, en manquant de travail, ils prennent
des dispositions pour tenter d'en obtenir plus et, dans le but peut-être
de monopoliser un certain transport dans un secteur, ils demandent un permis de
sous-poste qui va obligatoirement créer le danger d'exposer encore plus
à la famine le reste des camionneurs de ce secteur.
Je dois dire que le but du Poste d'affectation de la région 02,
à mon avis je l'ai dit plusieurs fois au ministre des Transports
du temps, M. Lessard il y avait au moins une bonne chose que je trouvais
dans le règlement 112: c'était la répartition juste et
équitable du transport. Je pense que le ministère des Transports
devrait s'occuper de ce que le transport soit réparti
équitablement plutôt que de se buter, si on veut, à tenter
de détruire une association qui, à mon avis, n'a pas fait autre
chose qu'essayer d'aider les camionneurs à mieux vivre. Lorsqu'on se
fait poser des questions comme celles que vous nous avez posées tout
à l'heure c'est une impression on a l'impression que vous
cherchez à blâmer une association plutôt qu'essayer de
trouver vraiment le problème.
M. de Belleval: Non, je ne veux pas blâmer une association,
mais je ne peux pas m'empêcher de me rendre compte, puisque votre
procureur vient de dire que vous êtes majoritaire dans ces
régions, les régions 01 et 02, qu'il ne devrait pas être
difficile, puisque vous avez d'ailleurs accepté la nouvelle
réglementation, de faire en sorte que les postes d'affectation soient
organisés le plus rapidement possible au profit, comme vous le dites, de
vos camionneurs. Je partage entièrement votre objectif de ce point de
vue.
M. Beaudet: M. de Belleval, l'article 39 de votre
règlement ne parle pas de poste public, de poste neutre. Il dit: Les
permis de courtage sont délivrés au nom de corporation sans but
lucratif nous en sommes une ou d'associations coopératives
nos concurrents, eux, ont le droit d'être là celui
de sous-poste se rapporte à une zone à l'intérieur d'une
région et celui de poste à une région. Alors, on parle
d'émettre des permis de poste à des corporations sans but
lucratif. Même si on s'appelle artisans, on est une corpora-
tion sans but lucratif. C'est là-dessus que sont nos
prétentions, à savoir qu'on a le droit d'en demander un. Les
postes publics, ce n'est écrit nulle part, si vous avez voulu viser
cela, d'après nous, ce n'est pas dans le règlement.
M. de Belleval: Quand je disais poste public, c'est un poste qui
est constitué en vertu des règlements d'une loi et qui, par
conséquent, procède de cette autorité de la loi.
M. Beaudet: Mais on est une...
M. de Belleval: Maintenant, vous avez des prétentions,
comme vous le dites, qui seront débattues éventuellement.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, je voudrais être
informé le plus valablement possible. Je suis peut-être trop loin
des postes d'affectation et de leur création. Si je comprends bien le
règlement qui a été adopté décrétant
des postes d'affectation uniques par région, auxquels postes l'ANCAl et
les camions en vrac appartenant aux coopératives ou à d'autres
associations pouvaient avoir accès, c'est forcément le droit
d'une association sans but lucratif d'avoir une majorité. Est-ce que je
comprends de votre mémoire... A la fin, vous mentionnez un nombre de
camions différent du début. Etant donné que l'ANCAl est
majoritaire chez vous, là-bas, fortement, est-ce que je comprends que le
droit aux coopérateurs qui sont des transporteurs en vrac
également et aux autres transporteurs aurait été
refusé...
Une Voix: Présentement...
M. Mailloux: Est-ce que tout transporteur en vrac avait le droit
de faire partie du poste?
M. Duchesne: Oui, tous les transporteurs en vrac avaient le droit
sauf, selon les dispositions du règlement, bien entendu, les moins de
quatre permis, de faire partie du poste et ont fait partie, à un moment
donné, du poste, ceux qui l'ont bien voulu, bien entendu.
Il est survenu beaucoup de choses en cours de route, surtout au niveau
des transports forestiers, mais on n'a jamais refusé, à venir
jusqu'à aujourd'hui, en tout cas, à un détenteur de
permis, qu'il soit artisan, entrepreneur ou coopératif, ou camionneur
simplement, de faire partie du poste d'affectation.
M. Mailloux: Vous mentionnez deux chiffres dans votre
mémoire, quant au nombre des camions. A la page 7 de votre
mémoire, vous parlez de 325 en 1977, à quoi on a ajouté un
nombre de 125 entrepreneurs et coopératives, forcément vous avez
le droit d'aller au poste d'affectation, cela fait 450. Quand vous concluez
votre mémoire, là vous parlez de 375. En raison des
problèmes forestiers que vous avez rencontrés, il y en a
évidemment qui se sont détachés, qui ne voulaient plus
rien savoir, et quand vous faites référence aux problèmes
que vous avez connus avec les compagnies forestières, c'est à ce
moment qu'ils sont disparus? (17 h 45)
M. Duchesne: Oui. C'est exactement ce qui s'est produit. Au tout
début, il y avait environ 70 à 75 détenteurs de permis,
qui ne faisaient que du transport de bois, qui ont adhéré au
nouveau poste d'affectation unique, en 1978. A la suite du travail qui a
été tenté et l'Impossibilité de se faire
reconnaître par les compagnies forestières, ces gens, après
trois mois, ont presque tous quitté sauf quelques-uns.
Je veux mentionner ici un point qui est bien important et la commission
des transports est au courant: A un moment donné, le conseil
d'administration du poste forêt puisque chez nous il y a eu un
poste forêt qui avait été créé avait
sans mon accord, d'ailleurs, puisque j'étais contre ce principe
soumissionné sur du transport de "chips" pour une compagnie de
transport, pour une compagnie forestière, qui est Donohue
Saint-Félicien, et dans le but d'obtenir ce contrat, il avait même
soumissionné sous les taux de transport établis par la Commission
des transports. A ce moment, j'étais contre, parce que je disais tout
simplement ceci: Cela va ouvrir une porte et je suis convaincu qu'autant le
ministère que la commission et les compagnies forestières vont
entrer dedans. C'est ce qui s'est produit, d'ailleurs. On n'a pas eu le
contrat, de toute façon. C'est une compagnie de location qui s'appelle
Asselin Transport qui a eu le contrat. La réponse que la compagnie
Donohue a donnée à ce moment, a été que nos taux
étaient encore trop élevés. Je crois qu'on était,
si je me souviens bien, 10% à 12%, je crois, en dessous du taux et
c'était encore trop élevé! C'est ce qui a fait qu'à
un moment donné les camionneurs transporteurs forestiers, lorsqu'ils ont
vu qu'il était impossible de collaborer... Je pourrais vous rappeler des
exemples des rencontres qu'on a tenté d'obtenir avec des compagnies
forestières. Ces compagnies ont carrément refusé de nous
rencontrer prétextant qu'elles ne rencontraient plus les associations ou
les organismes, seulement les camionneurs individuels. Tout à l'heure,
je vous parlais d'une lettre, si vous me permettez, je vais vous la lire, et la
compagnie en question, je ne sais pas si c'est permis de la nommer...
Une Voix: Oui.
M. Duchesne: C'est Consolidated Bathurst Inc. qui écrivait
ceci à l'attention de MM.' Piuze, Cantin, avocats. C'est à la
suite d'une demande de réclamation de tansport faite par un camionneur
de chez nous qui transportait à la verge cube. Alors que le taux
était à la verge cube-kilomètre, on le faisait transporter
à la verge cube-mille. La différence sur la facture, pour la
réclamation... on lui avait donné $1782.30 alors que normalement,
selon le
taux, il aurait dû recevoir $2252.52. Je dis bien qu'il
transportait à la verge cube-mille. La compagnie dit ceci: "En
réponse à votre lettre du 22 octobre, et bien que nous n'ayons
aucune obligation envers le Poste d'affectation de la région 02, il nous
fait plaisir de vous donner quelques informations concernant nos transports de
gravier. Il va sans dire que nous sommes bien au courant des nouveaux tarifs de
la Commission des transports pour l'année 1979. Nous veillons de ce fait
à ce que les gains des transporteurs soient supérieurs au montant
que donneraient les tarifs minimaux de la commission. Dans le cas sur lequel
vous attirez notre attention, nous pouvons vous assurer après
vérification que les gains à l'heure réalisés par
nos employés sont de beaucoup supérieurs au tarif minimum de
$24.75 l'heure exigé par la commission, et cela sans tenir compte des
bénéfices qui y sont rattachés".
Si vous comprenez bien, la compagnie payait à la verge
cube-kilomètre, alors qu'elle aurait dû payer à la verge
cube-mille. De plus, elle se basait sur le fait que ce que le camionneur
gagnait était supérieur à $24.75 l'heure. Je pense que
cela n'a jamais été de cette façon que les taux ont
été établis. Je dirais même que le camionneur en
question, qui avait présenté cette facture, n'avait pas mis de
nom parce que celui-ci craignait justement, s'il l'écrivait dans une
lettre... dans ce temps, c'était M. Robert Lavoie qui était
directeur de poste, et il disait: Si tu crains que je peux nuire à mon
ancienneté, ne bouge en rien; si tel n'est pas le cas, vas-y. Je vous
dirai que cette compagnie a réussi à trouver le nom du camionneur
en question, l'a fait venir dans son bureau et a dit au gars: Tu vois, sur le
mur, c'est l'ancienneté que tu possèdes; si tu n'es pas content
du taux de transport qu'on paie, tu as le choix: tu t'en vas chez vous ou tu
fermes ta gueule et tu continues à transporter. Le camionneur n'a pas eu
d'autre choix que de dire au directeur de poste: Arrête tout, sinon je
suis dehors.
C'est pour de telles raisons que les camionneurs transporteurs
forestiers ont quitté le poste d'affectation. Je dirais même plus.
L'hiver dernier, on a tenté, malgré qu'il n'y a presque plus de
transporteurs forestiers qui sont membres du poste, de faire le maximum pour
eux, parce qu'il y a des camionneurs qui transportaient pour d'autres
compagnies, comme Gagnon & Frères de Roberval, alors que ceux-ci
gagnaient jusqu'à $45 de moins du voyage que le taux minimum horaire.
Ces camionneurs n'étaient pas membres du poste, mais on a quand
même accepté de prendre ces gars et d'essayer de faire des
réclamations pour qu'ils reçoivent ce qu'ils auraient normalement
dû recevoir.
Il est bien entendu qu'en cours de route, c'est tombé à
l'eau parce que, encore une fois, le camionneur a décidé que,
s'il faisait quelque chose, cela pouvait être dangereux pour son
travail.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: Est-ce que vous représentez également
la région de Saint-Félicien?
M. Duchesne: Oui.
M. Mailloux: Le secteur forestier est forcément un des
volumes les plus importants dans le transport en vrac. J'avais moi-même
invité, il y a quelques années, les compagnies forestières
qui oeuvrent dans la transformation des matières premières et des
richesses naturelles, à tâcher de céder autant que possible
le transport à des transporteurs publics.
Je voudrais que vous m'informiez de l'attitude d'une compagnie qui est
établie dans votre région, alors qu'au moment où
j'invitais ces compagnies à aller vers les transporteurs publics dans
Charlevoix, l'ANCAl avait réussi, à des prix que fixait la
Commission des transports, à monopoliser l'ensemble du transport
forestier de la compagnie Do-nohue à Clermont, quelque 100 000 cordes.
Je pense que la compagnie a vendu ses camions et a été satisfaite
des résultats.
La question que je voudrais vous poser est la suivante: Cette même
compagnie, qui appartient d'ailleurs en partie au gouvernement, est
établie dans la région de Saint-Félicien. Je comprends que
le transport qu'elle a à faire effectuer n'est pas tant du bois de
quatre pieds, mais principalement des copeaux ou du bois de sciage, etc. Quelle
attitude la compagnie a-t-elle dans votre région là-bas? Est-ce
qu'il est facile de négocier avec elle ou si sa philosophie est
différente?
M. Duchesne: D'abord, Me Piuze pourrait plus facilement
répondre à cette question, mais je vais quand même vous
expliquer un petit peu la façon dont certaines choses se sont
passées, plus spécialement l'hiver dernier lorsque la Commission
des transports a siégé pour l'audition sur l'augmentation des
taux. La compagnie Donohue Saint-Félicien présente sa propre
demande d'augmentation de taux qui, généralement, se situe entre
3% et 6%, si je ne me trompe pas, plus bas que les taux établis par la
Commission des transports. Je fais peut-être erreur, mais c'est quelque
chose de ce genre-là.
A un moment donné, la compagnie Donohue Saint-Félicien
nous a même convoqués dans le but d'essayer de nous faire accepter
ces demandes de taux là. Cependant, elle refusait carrément de
s'engager à prendre de nos camions. Elle disait tout simplement ceci: On
va peut-être en prendre, mais on n'en prendra peut-être pas non
plus. Mais on vous demanderait quand même d'accepter ces taux-là.
En plus de cela, la compagnie Donohue Saint-Félicien a deux ou trois
compagnies qui font du transport pour elle, dont les taux ont été
acceptés par la Commission des transports sous le taux établi
dans d'autres régions parce que la compagnie Donohue
Saint-Félicien a fait signer des contrats de transport à ces
compagnies-là dont, entre autres, Gérard Larouche, pour une
longue durée et ce contracteur-là, soi-disant est
d'accord avec la compagnie pour transporter à tel taux. C'est la
façon de procéder de la compagnie Donohue
Saint-Félicien.
Pour ce qui est de la collaboration au niveau du poste d'affectation,
elle est assez minime, si on peut dire.
M. Mailloux: C'était pour du transport
spécialisé à ce moment-là.
M. Duchesne: Du transport de "chips".
M. Mailloux: Du transport de "chips' pour lequel les personnes ou
les compagnies que vous avez nommées étaient déjà
évidemment équipées. Elles avaient déjà
offert des services à d'autres.
M. Duchesne: Oui, mais au moment même où le Poste
d'affectation de la région 02 avait déjà
soumissionné pour obtenir un transport, on avait déjà
plusieurs camionneurs qui étaient équipés et qui pouvaient
faire ce transport. Pour ce qui est du taux de transport, comme je vous le
disais tout à l'heure, que la compagnie Donohue de Saint-Félicien
a voulu nous faire accepter, c'était également pour du transport
de gravier en chemin de pénétration.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse, en vous rappelant qu'il reste cinq minutes.
M. Goulet: Très rapidement, M. le Président, avant
la création des postes d'affectation, combien l'ANCAl avait-elle de
membres dans votre région?
M. Duchesne: Cela s'est toujours situé entre 300 et 325.
Le chiffre n'a pas changé, sauf peut-être dernièrement,
depuis ce printemps, quand un nombre assez important de
camionneurs-entrepreneurs ont décidé, étant donné
qu'ils ne possédaient presque plus d'organismes, tout simplement de
rentrer dans les rangs de l'Association des camionneurs artisans.
M. Goulet: Actuellement, combien de membres a-t-elle? Le
même nombre, même si, à un moment donné, il est venu
environ 150 à 200 membres s'y ajouter? Cela veut dire, comme vous avez
répondu au député de Charlevoix, qu'il y en a qui ont
quitté les rangs?
M. Duchesne: Oui.
M. Goulet: Or, ceux qui ont quitté les postes
d'affectation, est-ce que c'étaient des membres de l'ANCAl ou des
membres de...
M. Duchesne: Non, il y a quelques membres de l'ANCAl, mais, en
grande partie, ceux qui faisaient du transport forestier étaient des
membres de l'association coopérative. Il y avait aussi quelques membres
entrepreneurs et quelques membres artisans.
M. Goulet: Actuellement, dans quelle proportion les membres qui
sont inscrits aux postes d'affectation sont-ils membres de l'ANCAl?
M. Duchesne: A 97% environ, membres artisans.
M. Goulet: Actuellement?
M. Duchesne: Actuellement, depuis le début de mai.
M. Goulet: Je ne veux pas être méchant. Mais je vous
pose la question, parce que j'ai pris connaissance d'autres mémoires qui
vont venir demain. Est-ce que les gens qui sont membres du poste d'affectation
et qui ne sont pas membres de l'ANCAl, doivent s'attendre aux mêmes
services que les autres?
M. Duchesne: Monsieur, je vous l'ai dit tout à l'heure,
j'ai trouvé au moins une bonne chose au règlement du camionnage
en vrac, c'était la répartition juste et équitable du
travail. Je peux vous garantir une chose, c'est que si, demain matin, vous
êtes capable de prouver que j'ai fait de l'incitation ou que j'ai
travaillé dans le sens contraire, je suis prêt à remettre
ma démission ici même et ça ne me gêne pas du tout.
Parce que, pour moi, ce qui est important, c'est que la répartition du
travail soit juste et équitable, peu importe que le gars soit membre
d'une association ou d'une autre. Ce qui est important, c'est que le travail
soit réparti équitablement.
Je peux dire au moins une chose, c'est que j'ai peut-être la
chance d'être parmi ceux qui sont arrivés au même moment ou
à peu près que le règlement 12 de 1973, qui
régissait le transport en vrac. Je n'ai donc pas connu personnellement,
si je puis dire, le patronage qui pouvait se faire avant ces années. Je
ne veux blâmer qui que ce soit dans ce temps-là, mais il reste que
je sais que ça existe puisque, comme je l'ai dit, je travaille avec des
camionneurs qui ont quand même 30 ou 35 années d'expérience
et j'ai des gens dans ma famille qui font du camionnage. Dans ce temps,
c'était comme cela. Avec la venue du règlement 12, en 1973, cela
a commencé à disparaître lorsque les postes d'affectation
des associations se sont créés et qu'il y a eu des agents
d'affaires nommés dans les comtés et les régions. A ce
moment-là, c'est là que le partage équitable du travail
s'est fait. Je peux dire qu'avec le nouveau règlement 112 cela s'est
encore amélioré à ce niveau, mais, à l'autre
niveau, on ne peut pas dire que cela a amené plus de travail. Ce serait
faux de le prétendre. Dans mon mémoire, je vous donne des
chiffres qui sont exacts. Il y a des clauses de protection ou des clauses de
transport qui étaient données aux artisans dans le temps, et il y
en a d'autres qui étaient données aux entrepreneurs ou à
la coopérative. Les clauses qui étaient données surtout
aux entrepreneurs et à la coopérative, ces clauses ont
été perdues. Effectivement, on s'est ramassé avec moins de
transport.
M. Goulet: M. le Président, la réponse me
satisfait. Je dois même féliciter monsieur, qui a
présenté ce rapport parce que, franchement, il touche plusieurs
points importants. Je vois qu'il revient également... Il aimerait voir
au moins l'application du rapport Lippé, même si cela fait quinze
ans qu'il a été conçu. Je sais qu'il est 18 heures, mais
j'aurais une dernière question à poser au ministre des
Transports. La Commission des Transports, qui a juridiction là-dessus?
Est-ce le ministre des Transports ou si ce sont des membres nommés par
l'Assemblée nationale? C'est un tribunal créé par le
gouvernement.
M. de Belle val: M. le député de Bellechasse, avant
de répondre à votre question, seulement une petite remarque.
Quand vous dites que le Poste d'affectation 02 serait en faveur des
recommandations du rapport Lippé, est-ce cela? (18 heures)
M. Duchesne: Je peux dire certainement que le rapport Lippe, dans
l'ensemble, a révélé exactement ce qui se passait dans ce
temps et ce qui se passe aujourd'hui. C'est sensiblement la même chose.
Cet avant-midi, à un moment donné, vous disiez ce que vous
pensiez du fait qu'on n'a pas retenu que le rapport Lippé
préconisait que les entrepreneurs généraux aient le droit
de prendre leurs camions à volonté. Je peux quand même dire
que c'est presque fait par contoumement. Si on prend l'exemple suivant: II y a
un contrat de construction de route qui se fait à la sortie du parc des
Laurentides, à l'entrée de Chicoutimi; le même entrepreneur
a eu deux contrats d'affilée, et, depuis deux ans, celui-ci s'est
acheté sept camions qu'il a immatriculés F. Il fait tout le
dessous de la ligne de l'infrastructure. Pourtant, le matériel ne lui
appartient pas. Le matériel est propriété du
ministère des Transports ou du vendeur de gravier qui est à
côté.
Si le ministère des Transports avait pris des dispositions pour
qu'il soit prouvé, par ces entrepreneurs ou ces transporteurs ainsi que
par les postes d'affectation, qu'ils étaient bien propriétaires
du matériel, ces sept ou huit camions détenteurs de permis qui
auraient fait le transport, je suis convaincu d'une chose, c'est que cela
aurait certainement amélioré la situation.
M. de Belleval: Je n'en doute pas en ce qui vous concerne, mais
on a aussi démontré ce matin que vous avez 77% du transport du
camionnage en vrac sur nos routes alors que les entrepreneurs n'en ont qu'un
peu plus de 22% et que c'est sur ces pourcentages qu'on joue. Je comprends, je
l'admets sans réticence que ce que vous voulez. C'est le plus possible,
parce que comme vous l'avez démontré tantôt, le
marché n'est pas dans une expansion fulgurante et il y en a plusieurs
qui veulent le même marché.
Je pense que le ministre de l'Energie et des Ressources
démontrait aussi tantôt que, finalement, tout ça va aboutir
à déplacer des camionneurs ou du travail d'un camionneur à
l'autre et vous prenez l'intérêt de vos membres. Je ne peux pas
vous le reprocher.
Quant à votre question, effectivement, la Commission des
transports est un organisme quasi judiciaire et dans ce sens, le ministre des
Transports n'est pas le père de la Commission des transports. C'est un
organisme autonome.
M. Goulet: M. le Président, je ne sais pas si le ministre
des Transports trouve ça curieux, moi, je trouve ça curieux qu'un
tribunal créé par le gouvernement, qui fixe des taux, accepte que
des entreprises gouvernementales mettent des travailleurs au pied du mur pour
leur faire accepter des taux en bas du prix qu'elle a elle-même
fixé.
M. de Belleval: Ecoutez, un instant, il y a des tribunaux, il y a
des façons de régler ce problème, ce n'est pas le ministre
des Transports qui est à la fois législateur, police et juge. Il
y a un système judiciaire pour ça et si, effectivement, les
réglementations ne sont pas respectées, il y a des moyens
juridiques pour obtenir le redressement.
M. Goulet: M. le Président...
M. de Belleval: Je dois dire là-dessus qu'on est conscient
au ministère que notre réglementation peut parfois, dans
l'état actuel de la loi, être difficile à faire respecter,
entre autres les amendes. Vous faites très bien ressortir, comme
d'autres d'ailleurs, que les amendes, en cas d'infraction, sont tellement
ridicules qu'actuellement ça n'incite pas les gens à respecter la
loi. J'ai déjà dit que nous allions changer la loi cet automne
pour faire en sorte que ces trous soient bouchés, que la
réglementation soit mieux respectée. Je pense que c'est certain,
je suis d'accord avec vous là-dessus.
Le Président (M. Jolivet): D'une façon ou de
l'autre, vous aurez l'occasion de revenir à cette question, si vous ne
voulez pas prendre trop de temps. En terminant, M. Duchesne.
M. Duchesne: J'aurais peut-être une dernière
question. La région 02 est la seule c'est une coïncidence
qui a bénéficié l'année dernière
j'en parle un peu dans mon mémoire de la présence
de deux agents du ministère des Transports, puis, un rapport a
été rédigé sur le transport illégal qui s'y
fait. Ceux qui possèdent des L, qui normalement devraient avoir des LV
ou encore qui ont des licences F, qui font du transport illégal; ils ne
devraient pas en faire. Je ne comprends pas, je ne m'explique pas comment il se
fait que ce rapport-là n'est pas rendu public et que les moyens ne sont
pas pris afin d'éliminer une fois pour toutes ce transport
illégal. Ce rapport a été préparé
l'année dernière. Cela nous a pris, je dirais, sept à huit
mois pour savoir où il était rendu. Finalement, quand on l'a su,
on nous a dit que c'étaient les bleus qui l'avaient, mais qu'il n'y
avait pas de monde à y consacrer. Le ministère des Transports
devrait, immédiatement, prendre des mesures pour que ce
rapport-là soit rendu public et prendre les mesures nécessaires
pour corriger cette situation-là.
M. de Belleval: Rapidement, il est évident que des
rapports qui doivent donner lieu ensuite à des poursuites judiciaires ne
peuvent pas être rendus publics, savoir des rapports d'enquête de
ce type-là. Cela dit, j'ai examiné ce problème, non
seulement avec vous, mais aussi avec d'autres associations qui s'occupent du
camionnage, pour faire en sorte qu'on débloque la machine pour que les
poursuites soient intentées. Cela dit, vous savez qu'avec le type
d'amende que nous avons actuellement et le type de système, c'est
très difficile. Il faut changer le système lui-même, il
faut changer la loi, il faut changer les amendes; c'est ce que nous allons
faire cet automne. Est-ce que vous avez une autre question ou une
sous-question?
M. Duchesne: Seulement un mot pour relater un fait, par exemple,
chez nous, au sujet des affectations de la région 02, l'année
dernière. Après une injonction contre une entreprise qui faisait
du courtage illégal, ça a coûté $18 000 au Poste
d'affectation de la région 02 seulement pour prouver, en fait, que le
règlement sur le camionnage en vrac donnait un droit exclusif au poste
du courtage. Mais, en réalité, on peut dire que ça n'a
presque rien donné puisque ça fait seulement prouver
ça.
M. de Belleval: C'est un bon exemple qui illustre la
difficulté d'application de toute cette réglementation. Parce
que, de toute façon, en vertu de notre système
démocratique, il faut donner aux justiciables le droit de contester
s'ils le veulent. Si des gens se mettent à contester, c'est
évident que ça va en cour et que ça entraîne des
frais. Je pense que ce que vous avez expliqué, ce que vos
collègues tantôt ont si bien expliqué aussi au niveau de la
région 01, et ce que vous exprimez vous-mêmes avec beaucoup de
force, avec beaucoup de conviction et beaucoup de compétence,
démontre que ce n'est pas pour rien si, finalement, les autres
provinces, les autres Etats américains ne sont pas embarqués dans
ce genre de patente-là. C'est que, effectivement, ça amène
toutes les difficultés que vous soulignez, qui sont très
réelles, je le reconnais. Ce n'est pas pour rien que tous les autres
ministres des Transports ont dit: Eloignez de moi ce calice.
Le Président (M. Jolivet): Merci. Je vais suspendre les
travaux jusqu'à 20 heures. Nous entendrons alors l'Association des
manufacturiers de bois de sciage du Québec.
Suspension de la séance à 18 h 7
Reprise de la séance à 20 h 10
Le Président (M. Jolivet): A l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission des transports continue ses travaux et, comme on en
faisait mention, il y a encore huit mémoires à entendre. Nous
étions rendus au quatrième avec l'Association des manufacturiers
de bois de sciage du Québec, représentée par M.
Réal Sureau. J'aimerais que M. Sureau présente la personne qui
est avec lui.
Association des manufacturiers de bois de
sciage
M. Lacasse (Richard): M. le Président, M. le ministre,
messieurs les députés, mesdames et messieurs, je dois faire une
correction immédiatement. M. Sureau était dans
l'impossibilité de venir présenter son mémoire. Alors,
c'est le directeur général de l'Association des manufacturiers de
bois de sciage, Richard Lacasse, accompagné du directeur de la
foresterie de la même association, M. Benoît Lamontagne, qui vont
présenter le mémoire et répondre à vos
questions.
Je profite de l'occasion qui nous est donnée, à
l'Association des manufacturiers de bois de sciage, qu'on appelle couramment
l'AMBSQ, pour vous remercier de nous avoir donné l'occasion de
présenter notre point de vue sur le transport en vrac.
L'Association des manufacturiers de bois de sciage du Québec est
une corporation légalement constituée en vertu de la
troisième partie de la Loi des compagnies du Québec et regroupe
près de 150 entreprises représentant plus de 85% de la production
de sciage du Québec, ainsi que la majorité des requérants
de service de transport de copeaux de bois et de bois n'ayant subi aucune autre
opération que la coupe transversale, l'ébranchage et
l'écorçage.
Le transport des matières forestières de l'industrie
québécoise du sciage s'effectue à longueur d'année
et implique pour les entreprises précitées le versement aux
camionneurs d'une somme globale d'environ $170 000 000 annuellement. Compte
tenu notamment de son caractère de représentativité et des
incidences financières pour ses membres de toute modification aux
règlements, taux et tarifs du camionnage en vrac, l'AMBSQ désire
intervenir dans le présent dossier dont le but est d'examiner la
situation qui prévaut actuellement dans le transport en vrac.
Dans le passé, l'AMBSQ a déjà, à maintes
reprises, fait valoir certains points de vue, en particulier lors des audiences
de la commission permanente des transports de juillet 1979 concernant
l'étude de la Commission des transports par CEGIR.
L'AMBSQ tient à soumettre ses recommandations sur les articles
énumérés ci-après et sur lesquels cette commission
fera porter son étude. Alors, ce sont la réglementation actuelle
au niveau des permis, la fixation des taux de transport, l'impact
économique, l'application de cette réglementation et la
pertinence d'accorder des secteurs de travail.
Au niveau de la réglementation actuelle et au niveau des permis,
la majorité des produits forestiers sont actuellement transportés
par des détenteurs de permis VR et des détenteurs de permis
L.
La réglementation actuelle cause de graves préjudices
à nos membres. Nous croyons le moment opportun pour informer la
commission de notre position à ce sujet, position qui, disons-le
immédiatement, n'affectera en rien le niveau de l'emploi dans les deux
secteurs de transporteurs.
Nous vous demandons de confier en exclusivité aux
détenteurs VR le transport sur chemins publics de toute matière
ligneuse du lieu d'exploitation à la première usine de
transformation et aux détenteurs L l'exclusivité du transport de
tous les produits issus de cette première usine de transformation vers
les différents marchés.
Il appartiendrait au ministère des Transports de faire en sorte
que cette nouvelle répartition soit équitable pour l'ensemble des
transporteurs, en tenant compte des permis actuellement émis pour les
types de transport ci-haut mentionnés.
Enfin, l'AMBSQ demande au ministère des Transports que les permis
VR ne soient plus rattachés à une région
particulière. La réglementation actuelle cause des
problèmes à plusieurs de nos membres qui, ayant des
opérations dans deux régions contiguës, se voient
forcés d'utiliser des détenteurs de permis VR de régions
différentes.
Les besoins en matière de transport varient d'une région
à une autre et cette latitude permettrait à tous les
détenteurs de permis VR de bénéficier d'une plus grande
flexibilité dans la recherche d'emplois. (20 h 15)
La fixation des taux de transport. L'association croit toujours qu'il
n'appartient pas à la Commission des transports de fixer les taux en
raison des particularités qui existent d'une région à une
autre et même d'un contrat à un autre.
Nous souhaitons que la commission se retire entièrement du
domaine de la fixation des taux de transport des produits forestiers et qu'elle
laisse à nos membres l'entière liberté de négocier
avec les transporteurs des taux réalistes tenant compte des contraintes
économiques et techniques.
D'ailleurs, au cours des derniers temps, des taux ont été
négociés entre certains de nos membres et des transporteurs. Ces
taux ont été déposés et, dans certains cas, ils
étaient même inférieurs au taux minimal de la commission.
Cela se fait de plus en plus et cela semble satisfaire les parties tout en
répondant à la réalité de l'offre et de la
demande.
Cette nouvelle attitude de la commission nous laisse croire que nous
pourrons enfin voir nos membres jouir d'une liberté d'action dont ils ne
connaissent maintenant que le nom.
L'impact économique. Nous vous mentionnons au tout début
que les versements de l'industrie québécoise du sciage à
l'industrie du transport par camion se sont élevés à
près de $170 000 000 en 1978; de ce montant, les transporteurs de vrac
ont récolté $90 000 000 et ce, pour du transport d'arbres en
longueur, de billots, de copeaux, de sciures, de planures, d'écorce et
de gravier.
Par ailleurs, le transport est une composante très importante
dans l'établissement du coût de nos produits. En effet, le
coût du transport représente 20% du coût total de notre
matière première livrée à l'usine et 24% du prix de
vente moyen du produit fini livré sur le marché de
Montréal. Le marché de bois de sciage suit la conjoncture
économique, tantôt à la baisse, tantôt à la
hausse; il est impérieux que l'accroissement des frais de transport de
nos produits forestiers s'effectue sans hausses excessives comme ce fut
malheureusement le cas dans les années passées. Ces chiffres
révélateurs démontrent l'importance que revêt pour
l'industrie du sciage toute politique reliée au transport de ces
produits.
Quatrièmement, application de cette réglementation et
pertinence d'accorder des secteurs de travail protégés.
L'Association des manufacturiers de bois de sciage du Québec s'oppose
à ce que l'Etat et tout autre organisme interviennent dans les affaires
de l'entreprise privée pour lui imposer tel transporteur. Actuellement,
plusieurs camionneurs ont des ententes avec certains de nos membres, ils font
même partie du syndicat local. Il ne faut pas qu'un mécanisme tel
que le poste d'affectation, considéré comme un service de
camionnage, vienne perturber d'une façon quelconque les activités
de nos membres.
En réponse à l'une des revendications de l'ANCAl visant
à forcer nos compagnies à embaucher leurs membres pour des
travaux de construction de chemins de pénétration en forêt,
notre association s'y oppose fermement et s'oppose à ce que le
gouvernement leur garantisse une proportion desdits travaux; ce serait
là, pour l'Etat, faire preuve d'un favoritisme malvenu à
l'endroit d'un petit groupe de transporteurs ne représentant pas plus de
20% de l'ensemble des transporteurs de vrac du Québec. Nous croyons
toujours que l'employeur doit avoir le droit d'embaucher les camionneurs qu'il
juge les plus aptes à effectuer ces travaux. En matière de
transport on devrait, là comme ailleurs, laisser jouer les forces de
l'offre et de la demande.
En terminant, M. le ministre, M. le Président, MM. les membres de
cette commission, l'AMBSQ tient de nouveau à vous remercier de
l'occasion qui lui a été offerte d'exposer son point de vue et
elle tient à vous assurer de son entière collaboration dans la
recherche d'une solution équitable pour toutes les parties.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. de Belleval: Si j'ai bien compris, vous trouvez que les taux
fixés par la commission sont trop élevés, en ce qui vous
concerne?
M. Lacasse: Les taux ne sont pas nécessairement toujours
trop élevés, mais il y a certains taux qui sont trop
élevés, et des taux dans certaines régions sont trop
élevés.
M. de Belleval: Quand vous dites que vous voudriez qu'il n'y ait
plus aucune réglementation en ce qui concerne la fixation des taux,
est-ce que vous vous opposeriez au système ontarien de
dépôt des taux, avec possibilité d'opposition si
certains croient que les taux sont trop élevés ou pas assez
élevés? Autrement dit, laisser les parties décider
ensemble des taux et les déposer à la commission pour
révision exceptionnelle, s'il y a lieu?
M. Lacasse: C'est une politique qui a déjà cours au
Québec depuis quelque temps déjà; il y a des parties qui
se sont entendues, certains de nos membres et des transporteurs ont
négocié des taux en deçà des taux de la commission
et qui ont même été déposés à la
commission, taux qui ont été négociés à la
satisfaction des deux parties. Alors, c'est le genre de négociations
qu'on voudrait, ce genre de libre concurrence entre les transporteurs et
l'industrie privée.
M. de Belleval: C'est ce que vous dites d'ailleurs dans votre
mémoire, finalement.
M. Lacasse: Oui.
M. de Belleval: Actuellement, quels sont les types de camionneurs
que votre association utilise pour les chemins de pénétration en
forêt? Est-ce que vous utilisez des camionneurs artisans ou si vous
utilisez votre propre machinerie et vos propres employés?
M. Lacasse: Si vous le voulez, je demanderai à M.
Lamontagne de répondre. Je dois dire que, étant en fonction
depuis peu à l'Association des manufacturiers de bois de sciage, je ne
voudrais pas induire cette Assemblée en erreur...
M. de Belleval: D'accord.
M. Lacasse: ... mais M. Lamontagne peut répondre à
cette question.
M. Lamontagne (Benoît): M. le ministre, dans notre
mémoire on parle d'un pourcentage de 80% de nos matières
forestières qui sont transportées par des détenteurs de
VR; ça inclut les artisans. Donc, en forêt, pour les chemins de
pénétration, c'est le même pourcentage qui demeure que pour
l'ensemble de nos autres produits forestiers.
M. de Belleval: Mais pour la construction des chemins
eux-mêmes, utilisez-vous surtout des camionneurs artisans ou des
entrepreneurs?
M. Lamontagne (Benoît): Des "vracistes " à80%. Je ne
peux pas vous dire exactement, des 80%, le pourcentage d'artisans. Je pourrais
peut-être vous donner un ordre de grandeur soit 30%.
M. de Belleval: 30% seraient des artisans, et les autres, des
entrepreneurs.
M. Lamontagne (Benoît): Exactement. Ce serait un ordre de
grandeur.
M. de Belleval: Pourquoi vous opposez-vous à l'utilisation
des postes d'affectation? Pourquoi ne pas utiliser les postes d'affectation
quand même?
M. Lacasse: On ne s'oppose pas, en principe, aux postes
d'affectation, mais seulement lorsque les postes d'affectation interviennent
dans les affaires des membres de l'association d'une façon indue. Par
exemple, lorsqu'il y a un roulement trop élevé de transporteurs
en vrac qui sont dirigés vers certains de nos membres, ce qui cause des
problèmes d'adaptation entre le transporteur et le membre et des
dépenses indues. Il y a avantage, entre les deux parties, à nouer
des liens, à se connaître mutuellement; tout d'abord, à
avoir l'équipement requis pour le type de transport que nos membres
veulent bien leur faire transporter. Il arrive qu'au niveau des
équipements, cela cause des problèmes. On n'a pas toujours les
transporteurs avec les équipements voulus. Il y a aussi des conditions
de transport qui varient chez un même membre d'une région à
une autre, par exemple. En soi, on n'est pas opposé aux postes
d'affectation. On est en faveur du statu quo de ce côté-là,
contrairement à d'autres gens de l'industrie privée, mais on
voudrait quand même qu'on n'intervienne pas dans les affaires de nos
membres.
M. de Belleval: Si les postes d'affectation pouvaient traiter
directement avec vous, déterminer directement avec vous les tarifs,
faire des ententes bilatérales du poste d'affectation avec vos membres
et, aussi, remplir certaines conditions au niveau d'une certaine permanence des
effectifs qui vous sont envoyés, conclure des contrats à long
terme et avec une certaine stabilité de la main-d'oeuvre, après
entente, effectivement, sur les équipements, etc., est-ce que vos
membres ne seraient pas alors plus favorables à l'utilisation des postes
d'affectation?
M. Lacasse: Je ne pense pas qu'on serait opposé, en
principe, à une telle procédure, mais je ne vois pas ce que cela
pourrait apporter de plus à nos membres d'avoir un intermédiaire
entre eux et les transporteurs. Pourquoi ne pas laisser les parties
concernées négocier elles-mêmes des tarifs qui tiennent
compte des conditions particulières de chaque contrat? On a parlé
des conditions de chaque région, mais je dis même de chaque
contrat.
M. de Belleval: Vous admettrez avec moi, quand même, que le
poste fait du courtage. Donc, il est en mesure de rassembler de la
main-d'oeuvre, de l'équipement, ce qui est un service pour ceux qui
demandent de tels services. Il y a un aspect de régulation des relations
entre le transporteur et celui qui requiert les services qui est utile, qui
protège aussi, d'une certaine façon, les intérêts de
celui qui transporte, qui se trouve à fixer quand même un cadre de
coopération plutôt que de tout simplement négocier avec des
camionneurs indépendamment les uns des autres, dans le cas où
vous n'utilisez pas un entrepreneur. Un entrepreneur, au fond, c'est ce qu'il
fait pour vous. Il a une main-d'oeuvre, sa machinerie, etc., et il vous
assure une certaine stabilité. Au fond, c'est ce que vous aimez
aussi, je suppose, dans le fait que vous établissez des rapports comme
ceux-là avec des entrepreneurs, disons, en transport. Mais si le poste
d'affectation vous offrait, au fond, le même genre de services, la
même stabilité! Au niveau de la négociation des taux, il ne
s'agit pas d'un intermédiaire de plus que celui que vous avez quand vous
négociez avec un entrepreneur. Vous négociez directement avec
l'entrepreneur. Le poste d'affectation, dans ce sens-là, est un
entrepreneur qui regroupe des transporteurs qui sont peut-être
indépendants en ce qui concerne la propriété du camion,
mais qui, pour les fins d'un contrat, se regroupent et désignent un
représentant pour négocier en leur nom.
M. Lamontagne (Benoît): Le fait demeure qu'il y aura
toujours, si cela passe, comme vous dites, par le poste d'affectation, une
imposition de la part des postes d'affectation.
M. de Belleval: De quoi?
M. Lamontagne (Benoît): De certains camionneurs. Cela fait
que nos membres sont réticents à se faire imposer des camionneurs
qui n'ont pas l'équipement approprié ou qui ne remplissent pas
les conditions.
M. de Belleval: Mais quand un entrepreneur négocie avec
vous, vous ne vérifiez pas d'avance quel chauffeur il va employer. Il
peut avoir tel chauffeur pendant un mois, deux mois; après cela, il peut
avoir un autre chauffeur avec les mêmes problèmes que vous
retrouvez en termes de stabilité, etc. Ce qu'il vous apporte, c'est une
garantie en termes d'équipement et une garantie en termes de
main-d'oeuvre avec un prix négocié. Pour le reste, au niveau du
chauffeur, vous ne savez pas quel chauffeur il va nous amener. Il peut vous en
amener des bons, des moins bons, des gens qui connaissent cela ou qui ne
connaissent pas cela. Lui aussi doit avoir un roulement de main-d'oeuvre. Si on
vous assurait d'une certaine stabilité, etc., autrement dit, si les
règles du jeu étaient élaborées conjointement entre
vous et les postes d'affectation, chacun étant obligé,
évidemment, de s'en tenir à ces règles, est-ce qu'il n'y
aurait pas moyen d'envisager une utilisation plus grande des postes
d'affectation à ce moment?
M. Lamontagne (Benoît): C'est qu'on croit difficilement au
bon fonctionnement des postes d'affectation dans cette situation.
M. de Belleval: C'est un problème de confiance, si je
comprends bien, en partie?
M. Lamontagne (Benoît): On pourrait dire en partie.
M. Lacasse: II y a aussi le fait qu'il s'établit souvent
des relations humaines entre l'entreprise et l'employé, entre celui qui
est chargé de s'occu- per des questions de transport et des
transporteurs de la région. Alors, il peut effectuer un certain choix
qu'il ne pourrait pas effectuer lorsqu'on lui imposerait simplement des camions
avec les chauffeurs desquels il pourrait avoir certaines difficultés
d'adaptation, si vous voulez. Il y a aussi ce facteur humain qui joue entre
l'homme d'affaires et les transporteurs en vrac de la région. Il peut y
avoir certaines conditions qui peuvent être posées, qui peuvent
être autant à l'avantage du transporteur que de l'industriel,
conditions qu'on ne pourrait pas retrouver dans des arrangements entre
l'industriel et le poste d'affectation.
M. de Belleval: Vous fonctionnez cependant avec des
coopératives qui transportent votre bois, avec des coopératives
de transport? Je pense au Saguenay, en particulier, au
Saguenay-Lac-Saint-Jean.
M. Lacasse: Ce n'est pas la coutume.
M. de Belleval: Ou bien fonctionnez-vous seulement avec des
entrepreneurs privés comme tels, d'une part, et parfois avec des postes
d'affectation, d'autre part? (20 h 30)
M. Lamontagne (Benoît): Disons que je ne suis pas familier
avec la question des coopératives. C'est plutôt le deuxième
point.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gatineau.
M. Mailloux: Charlevoix.
Le Président (M. Jolivet): Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, en écoutant le
mémoire de l'Association des manufacturiers de bois de sciage, il est
dit dans un paragraphe que, lors d'une négociation avec des
transporteurs, l'association avait réussi à obtenir de meilleurs
prix que ceux fixés par la commission, des prix plus bas. Je pense que
c'est ce que dit votre mémoire. C'est un exemple qui fait que si on
laissait les forces du marché s'exercer, il y aurait possibilité
de tenir vos coûts le plus bas possible dans la concurrence que vous fait
le marché étranger, que vous auriez des prix moindres.
Il me semble, si ma mémoire est fidèle je ne sais
pas si c'est lors des auditions sur le rapport CEGIR que le porte-parole
de l'Association des transporteurs, devant une question qui aurait
été posée à savoir s'il y avait un commerce
important de bois de sciage vers l'Ontario, avait répondu oui. On a
ensuite précisé la réponse en disant que, malgré
les prix que fixe la commission pour le transport du bois alors qu'il n'est pas
ouvré et malgré les sommes que vous avez à payer à
ceux qui font du transport à longue distance quand le bois est devenu
ouvré, vous répondiez quand même très facilement
à la concurrence ontarien-ne. Est-ce que je fais erreur en tâchant
de me rappeler ce qui avait été dit dans le temps? Est-ce
que, aujourd'hui, vous faites encore facilement concurrence au
marché du bois de sciage de l'Ontario?
M. Lacasse: Ecoutez, je n'étais pas, à ce
moment-là, avec l'association...
M. Mailloux: Ah! excusez. En fait, je pourrais peut-être
commencer par vous demander s'il y a une vente importante vers la province
voisine, dans le volume qui est vendu par l'ensemble de l'association.
M. Lacasse: II y a environ 20% de notre production, au
Québec, qui sont expédiés vers l'Ontario. Bien sûr,
dans certaines régions de la zone limitrophe Québec-Ontario, il y
a aussi du bois rond que certains de nos producteurs expédient,
transportent ou manoeuvrent, environ 20%.
M. Mailloux: Je comprends forcément l'association et ses
membres, devant la concurrence qu'elle va rencontrer, d'essayer d'obtenir les
meilleurs prix. Quand on se met à la place du législateur qui,
tout en vous laissant exploiter les forêts du Québec, doit
également tendre à ce que celui qui assure aussi le transport y
trouve également son profit, on est placé dans un dilemme et on
voit que votre intérêt ne correspond pas forcément à
leur intérêt. Je vous remercie.
M. Lacasse: Je voudrais ajouter là-dessus que 20% de notre
production sont expédiés vers l'Ontario et l'an dernier, en 1979,
55% à 60% de notre production ont été dirigés vers
les Etats-Unis. On doit faire face à la concurrence de l'Est des
Etats-Unis et même de l'Ouest canadien qui, par des volumes importants et
des transports bien organisés, un transport maritime bien
organisé, réussit à nous concurrencer sur le marché
de la côte de la Nouvelle-Angleterre et du "Mid-Atlan-tic" excusez
l'expression anglaise un peu plus bas, de sorte que, pour nous, ces
marchés ne sont pas acquis d'emblée. On concurrence des
régions aussi bien organisées que celles-là, l'Ontario,
l'Est des Etats-Unis et, plus au sud, on rencontre les régions du Sud
des Etats-Unis, les Etats du Sud américain qui ont une main-d'oeuvre
meilleur marché que la nôtre, qui ont des transporteurs moins bien
rémunérés que les nôtres, des coûts de
transport ferroviaire inférieurs aux nôtres. Il arrive une zone
où on doit concurrencer ces gens et, naturellement, toute
économie qu'on peut faire dans la fabrication de notre produit nous
permet de satisfaire ce marché local.
M. Mailloux: Quand vous dites expédier une quantité
extrêmement importante vers les Etats américains, est-ce à
dire que c'est expédié via rail, via bateau ou camion? Quelle est
la prooortion entre les différents systèmes de transport?
M. Lacasse: Par bateau, c'est à peu près
insignifiant. Les exportations par bateau, du Qué- bec, c'est
plutôt vers l'Europe et le Moyen-Orient, l'Afrique du Nord. Je dirais que
le camionnage pour les Etats-Unis doit représenter, à moins que
je ne me trompe, environ 75%. Il y a peut-être des gens dans la salle qui
pourraient me corriger, mais je pense que ça peut être 75%
à 80%. On a même livré jusqu'à Miami, en camion.
C'est pour la flexibilité qu'on utilise le camion, pas toujours en
raison de l'économie.
M. Mailloux: Vous me faites sursauter un peu quand vous dites que
la proportion est aussi importante par camion pour le transport à longue
distance. Tantôt vous avez fait référence, dans votre
mémoire, à l'importance des coûts du transport pour le prix
complet du bois qui est mis en marché. Est-ce que le coût de
transport à longue distance vers ces marchés-là n'est pas
passablement plus élevé que le transport du bois d'oeuvre vers
l'usine ou si c'est l'inverse qui se produit?
M. Lacasse: C'est-à-dire...
M. Mailloux: Je ne vous ai pas entendu critiquer les taux que
vous devez payer aux transporteurs à longue distance qui vont vers les
régions qu'on a mentionnées et vous avez fait reproche à
la commission de fixer des taux que vous pouvez négocier
inférieurement si vous allez de société à
entreprise. Je voudrais connaître la différence entre ce que
ça coûte pour amener le bois à l'usine et le transformer et
après transformation. Est-elle donnée?
M. Lacasse: On a dit dans notre mémoire que le coût
de transport de la matière première de la forêt à
l'usine de sciage s'élevait à environ 20% du coût de cette
matière. Le coût de transport global, c'est-à-dire
transport des bois ronds, que j'appellerais, plus le transport des bois
usinés vers le marché de Montréal, au total,
s'élevait à 24%.
M. Mailloux: Je prends connaissance de cela, mais vous mentionnez
le marché important que vous avez vers les Etats américains. Ce
ne doit pas être 24% forcément pour le prix vers les Etats
américains, ça doit être davantage que sur le marché
de Montréal.
M. Lacasse: C'est effectivement davantage sur le marché
américain. Naturellement, il y a le fait de la distance. Plus les
distances sont longues, ce n'est pas nécessairement proportionnel, comme
vous le savez. Je ne peux pas vous donner de chiffres ici, on n'a pas fait le
calcul, mais on s'est limité, comme exemple, à prendre le 2" par
4" livré sur le marché de Montréal. Forcément, sur
les marchés américains, c'est encore plus élevé,
malgré que ce n'est pas proportionnel.
M. de Belleval: Si vous avez de l'argent à
épargner, c'est sur le transport entre la forêt et la
première usine, ce n'est pas nécessairement entre l'usine et le
marché de Montréal.
M. Lacasse: C'est surtout là, M. le ministre, parce que
c'est à ce moment-là qu'on transporte des produits,
c'est-à-dire qu'on transporte du volume qui ne sera pas
transformé en produits utilisables et vendables toujours. J'entends
quand même les copeaux, c'est aujourd'hui un produit vendu par les
scieries, qui est nécessaire à la rentabilité des
scieries, mais vous avez effectivement de l'écorce qui n'est pas
vendue.
Dans le volume, vous avez de l'air aussi, vous avez... Alors la
différence de 20% à 24% vient du fait qu'il y a les copeaux qui
ne sont pas présents dans ce transport-là de l'usine sur le
marché du bois de sciage, sur le marché de Montréal.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Merci, M. le Président. Trois courtes questions
dont deux au niveau des principes seulement. Si je comprends bien, vous
reprochez aux postes d'affectation de ne pas vous donner le service
adéquat pour vos besoins, parce que vous avez certaines
spécificités. D'après ce que j'ai cru comprendre, vous
n'êtes pas satisfaits des services offerts par les postes d'affectation.
Est-ce ce que vous voulez dire? Vous n'êtes pas satisfaits des services,
il y aurait lieu d'améliorer ces services-là? Est-ce que ce ne
serait pas plutôt une question d'attitude?
Je vois, entre autres, dans votre mémoire, à moins que je
fasse erreur, que vous demandez que les copeaux soient transportés par
les propriétaires, les déteneurs de permis L au lieu de permis
VR. Naturellement, si on part avec des recommandations comme ça, il n'y
a rien pour arranger les choses et avoir de meilleures relations avec les
transporteurs du vrac ou avec les postes d'affectation comme tels qui
s'occupent de ces transporteurs-là. Est-ce que je me trompe si je
raisonne ainsi?
M. Lacasse: Les postes d'affectation ne nous apportent pas
grand-chose de valable, en règle générale. Par contre,
lorsqu'on a consulté nos membres, on s'est aperçu qu'un certain
nombre d'entre eux, dans certaines régions c'est inégal
d'une région à l'autre avait des opinions
différentes. Dans certaines régions, il n'y a aucun
problème avec les postes d'affectation, je ne l'ai pas en mémoire
et malheureusement, on ne l'a pas inscrit dans notre mémoire, il y a des
postes d'affectation avec lesquels on a moins de difficulté qu'avec
d'autres.
M. Goulet: Mais pourquoi recommandez-vous que les copeaux soient
transportés par les L plutôt que par les VR?
M. Lacasse: On nous demande notre opinion, on est ici pour donner
une opinion franche et nette. Je pense qu'il existe actuellement un malaise
dans le transport et c'est une vérité de La Palice d'en convenir.
Il y a des VR en forêt, il y a des VR sur les routes transportant des
produits finis; il y a des L qui sont en forêt et il y a des L qui sont
sur les routes transportant des produits finis.
On pense que si on limitait le transport en forêt aux VR et le
transport des produits finis ou les produits issus des usines de transformation
vers des marchés utilisateurs, on mettrait de l'ordre dans la cabane,
comme on dit. Cela simplifierait l'opération, ce qui permettrait, dans
certains cas, d'abaisser des coûts de transport d'autres marchandises.
Si, par exemple, un camionneur L peut transporter des copeaux, il peut revenir
dans sa région avec du transport général, ce qui ferait
que c'est sa région qui en bénéficierait, alors que dans
le moment, ça ne peut pas se faire. Alors, ce serait un des avantages
particuliers.
M. Goulet: Vous parlez souvent dans votre mémoire, au
début et à la fin, de la loi de l'offre et de la demande. Je vais
vous poser une question. Est-ce que dans ce secteur que vous
représentez, les compagnies de bois de sciage n'ont jamais
été subventionnées au Québec dans différents
domaines, différents secteurs?
M. Lacasse: Ce secteur a été subventionné au
niveau des chemins de pénétration pour donner accès
à certaines usines qui sont de plus en plus éloignées de
la matière première, de façon à permettre aussi une
utilisation rationnelle de la forêt québécoise. On a une
forêt, c'est notre richesse, alors, lorsqu'il arrive des zones où
il n'est pas possible d'exploiter économiquement des bois, parce qu'on
ne pourrait pas les vendre à profit, à ce moment-là, il
n'y a personne, il n'y a pas de Samaritain au Québec pour faire ce genre
de bénévolat.
Il est sûr qu'en certaines occasions, lorsque les prix du
marché sont tellement à la hausse, on peut pénétrer
certaines régions, même sans subventions, ça se fait,
ça s'est toujours fait. On n'a pas toujours besoin de subventions pour
construire des chemins de pénétration en forêt. Mais je
pense que le ministère de l'Energie et des Ressou-ces serait mieux
préparé que moi pour exposer ses arguments.
M. Goulet: Non, ma question était...
M. Lacasse: Maintenant, il y a aussi, si vous me permettez, des
subventions qui sont accordées par le ministère de l'Expansion
économique régionale, à Ottawa, pour l'expansion des
usines. Mais le Québec comme tel ne finance pas l'expansion des usines
de sciage.
M. Goulet: Ma question était au niveau du principe. Ce que
je voulais dire, c'est que si certains secteurs ont besoin d'être
subventionnés pour pouvoir passer à travers, il faut comprendre
que d'autres secteurs peuvent avoir besoin d'être protégés,
non pas subventionnés, seulement protégés, pour passer eux
aussi à travers. C'est la question de principe que je voulais
soulever.
L'autre question. Je me réfère à la page 3 de
votre mémoire ce sera ma dernière question, M. le
Président où vous parlez de la fixation des taux de
transport: "L'association croit toujours qu'il n'appartient pas à la
Commission des transports de fixer les taux en raison des particularités
qui existent d'une région à une autre et même d'un contrat
à un autre". Vous renchérissez en disant ceci: "Nous souhaitons
que la commission se retire entièrement du domaine de la fixation des
taux de transport des produits forestiers et qu'elle laisse à nos
membres l'entière liberté de négocier avec les
transporteurs des taux réalistes tenant compte des contraintes
économiques et techniques". (20 h 45)
Vous me corrigerez si je fais erreur, mais est-ce qu'il est possible que
l'an passé, disons il y a environ un an, justement, votre association
ait demandé, par le biais d'une lettre, d'un rapport ou d'un
mémoire que la Commission des transports fixe le taux du transport des
"chips", des copeaux de bois? Est-ce que votre association n'a pas
formulé une telle demande à la commission ou au ministre, ou un
rapport quelconque qui aurait circulé? Vous ne vous en souvenez pas.
M. Lamontagne (Benoît): Pas à notre
connaissance.
M. Goulet: J'étais persuadé...
M. Lamontagne (Benoit): Peut-être des ententes de quelques
membres, des ententes particulières, mais l'association
même...
M. Goulet: J'ai été énormément
surpris lorsque j'ai vérifié dans votre mémoire; j'ai fait
de la recherche à l'heure du souper et je n'ai pas pu le trouver,
remarquez bien. J'espère que je le trouverai d'ici la fin des travaux.
Il me semblait que j'avais déjà vu quelque chose concernant
justement votre association qui aurait demandé à la commission de
fixer les taux du transport des copeaux et là, vous lui demandez de se
retirer dans un autre domaine. Je voyais là deux poids, deux mesures ou
deux principes différents. Ecoutez, je sais que votre président
n'est pas ici ce soir, mais j'apprécierais beaucoup si vous pouviez vous
informer auprès de votre association ou de votre président pour
savoir si depuis un an ou deux il n'y a pas eu une telle demande
formulée à un niveau quelconque. J'apprécierais,
même si les travaux de la commission sont finis, recevoir une
réponse à cet effet parce que je demeure encore convaincu que
cela ça déjà été fait. Là, vous
dites: Probablement, il est fort possible que ça ait été
fait par quelques-uns de vos membre? sans que ça passe par l'association
comme telle. Je vais faire des recherches de mon côté et je vous
invite à faire la même chose du vôtre. Si vous avez une
réponse, je l'apprécierais beaucoup et même,
peut-être, vous pourriez la faire parvenir aux membres de la commission.
En effet, je voyais là deux poids, deux mesures ou deux principes et
ça m'étonnait. Vous dites que vous ne vous en souvenez pas.
Alors, je prends cette réponse.
M. Lacasse: Notre intention n'était pas de demander de
revenir devant la commission, mais on peut revenir sous forme de lettre ou sous
forme d'information qui serait livrée au président de la
commission et dont vous pourriez prendre con-naissance. Alors, on fera le
nécessaire.
M. Goulet: Je l'apprécierais. Merci, M. le
Président; je n'ai pas d'autres questions.
M. de Belleval: Une dernière question. Vous dites,
à la page 5 de votre mémoire, qu'il ne faut pas accepter la
revendication de l'ANCAl d'embaucher leurs membres en leur garantissant une
proportion des travaux en forêt parce que ce serait faire preuve de
favoritisme pour des transporteurs qui ne représentent pas plus de 20%
de l'ensemble des transporteurs en vrac du Québec. Alors, vous avez des
chiffres établissant que l'ANCAl ne représente pas plus que 20%
des transporteurs en vrac du Québec?
M. Lacasse: M. le Président, ce sont des chiffres que nous
avons relevés dans nos statistiques, dans nos mémoires qui ont
été obtenus lors d'audiences précédentes et
même certaines statistiques viennent du ministère des Transports.
Il semble y avoir deux sortes de statistiques: les statistiques de l'ANCAl
je ne peux pas dire si elles sont plus officielles que celles du
ministère des Transports et les statistiques du ministère
des Transports. Il se peut que celles-ci originent du ministère des
Transports et non pas de l'ANCAl.
M. de Belleval: Autrement dit, si on calcule 10 000 camionneurs
en vrac, il y en aurait environ 2000 qui sont membres de l'ANCAl ou sur 12 000,
environ 2800 ou 2500, quelque chose comme ça: D'accord.
Corporation Poste d'affectation région
04
Le Président (M. Jolivet): Merci. Je demanderais à
la corporation Poste d'affectation région 04 Inc.,
représentée par le directeur, M. Yvonnic René, de se
présenter en avant. M. René, vous nous présentez les
membres qui sont avec vous.
M. René (Yvonnic): Ici, à ma droite, Me Bernard
Piuze, mandaté par le poste d'affectation pour le représenter
à la commission parlementaire, et aussi M. Richard Charest, adjoint au
directeur au poste d'affectation.
Depuis le 14 juin 1978, la corporation Poste d'affectation région
04 Inc., détient un permis de courtage exclusif en matière de
transport en vrac émis par la Commission des transports du
Québec.
Cette corporation regroupe 536 détenteurs de permis de camionnage
en vrac, propriétaires d'environ 567 camions, munis d'une plaque
d'immatriculation VR. La corporation a divisé le territoire en neuf
sous-postes qui voient à la redistribution du transport entre les
abonnés. Les services offerts par le poste d'affectation et ces
sous-
postes coûtent à chaque détenteur de permis, en
moyenne, $40 par mois.
Le poste d'affectation met au service des requérants de services
des camions de tout genre. On peut trouver le nombre de camions suffisant et
adéquat au poste d'affectation pour répondre à n'importe
quelle sorte de réquisitions.
En 1980, les dirigeants du poste d'affectation ont constaté une
très importante diminution du volume du transport. Par rapport à
la même période de 1978 et1979, le poste d'affectation a connu une
diminution d'au delà de 30% du volume de transport.
Devant une telle situation, les dirigeants ont tenté de trouver
les causes de cette situation plus que dramatique. Pensant que la
qualité de service avait peut-être diminué de la part des
transporteurs, les dirigeants ont pu vérifier qu'il fallait rejeter
cette éventualité. En effet, les entrepreneurs qui se plaignaient
de la qualité des services étaient les mêmes qui offraient
de passer à 100% par le poste si les dirigeants acceptaient de faire le
transport en bas de taux fixés par la Commission des transports du
Québec. Dès lors, il devient plus qu'évident que la seule
préoccupation de ces entrepreneurs était les coûts du
transport.
Il est évident que les dirigeants des postes d'affectation ne
peuvent et ne doivent pas accepter de travailler en dessous des taux
fixés par la Commission des transports. Ces taux sont d'ordre public. En
tant que corporation publique, nous n'avons pas à jouer avec les taux,
parce que nous avons une responsabilité face aux camionneurs et aux
requérants de services.
Dans notre région, le transport illégal est devenu une
institution. Nous nous appliquerons, dans les paragraphes qui vont suivre,
à vous démontrer le genre de transport que les détenteurs
de permis ne peuvent accepter. La compagnie Malette-Waferboard a confié
à M. Jean Gauthier le transport du bois qu'elle a à faire
effectuer. M. Jean Gauthier, qui n'a aucun permis, a redonné en
sous-contrat le transport à des propriétaires de camions, sans se
soucier s'il avait le droit ou non de faire le transport.
La compagnie Déry Express est une de celles à qui le
transport a été confié. Cette compagnie est titulaire d'un
permis émis en vertu de l'ordonnance générale sur le
camionnage. Elle a le droit de faire du transport dans un rayon de 30 milles de
Shawinigan. Or, elle fait du transport sur une distance d'environ 110
kilomètres à l'extérieur de son rayon de 30 milles. De
plus, en vertu de dispositions sur le courtage dans les règlements sur
le camionnage en vrac, tous les camions dont M. Gauthier a besoin devraient
être demandés au poste d'affectation, qui a le seul permis de
courtage dans la région 04. Mais ce n'est pas le cas. Le soir, à
la brunante, c'est en procession que des camions immatriculés de F ou de
L se présentent chez Malette-Waferboard et les camionneurs sont
payés par chèques tirés sur le compte de banque de M. Jean
Gauthier. M. Jean Gauthier nous a déjà demandé des
camions, mais à un taux de $26.50 le cunit, alors qu'il en reçoit
de $28 à $29.
Ce transport emploie en moyenne 25 camions par jour pendant huit
à dix mois. Malette-Waferboard a reçu des subventions du
gouvernement du Québec. Le même M. Jean Gauthier fait le
même jeu avec la John Lewis Industrie Limitée de La Tuque. La
compagnie Déry Express participe elle aussi à ce petit jeu et
John Lewis Industrie Limitée a reçu, comme la compagnie
Malette-Waferboard, de grosses subventions du gouvernement du
Québec.
Eloi Guillemette, qui est propriétaire de plusieurs camions munis
d'une plaque d'immatriculation L, prend des contrats de transport qui
dépassent la capacité de ses unités. Au lieu de s'adresser
au poste d'affectation, tel que stipulé par la loi, il distribue de
l'ouvrage à ses amis, et à quelles conditions! Parmi les contrats
importants, il y a l'enlèvement de la neige de la ville de
Trois-Rivières.
La compagnie ARCO de Plessisville engage des camionneurs en vrac
à forfait et les paie au tarif horaire. Si les camionneurs ne
réussissent pas, au cours de la journée, à faire onze
voyages de 50 kilomètres chacun, elle coupe une heure de transport par
voyage manquant. Chaque camionneur perd en moyenne $100 par jour. Cette
méthode permet à ARCO de faire une concurrence déloyale
aux autres constructeurs de routes qui basent leurs soumissions sur les tarifs
fixés par la Commission des transports du Québec. La
dernière soumission accordée à ARCO Construction est
d'environ 10% inférieure à l'estimé du ministère
des Transports. Les camionneurs en vrac devront-ils encore payer la note?
Depuis un an, le ministère des Transports exige que
l'entrepreneur qui obtient un contrat d'asphalte passe par les postes
d'affectation pour obtenir des camions autres que les siens. La
vérification est très difficile et certaines compagnies qui
possèdent des filiales transfèrent tous les camions
possédés par ces dernières à la compagnie qui
obtient le contrat. Comme l'entrepreneur n'a pas besoin de VR pour son
transport considéré comme du compte propre, le transfert de ses
camions munis de F peut se faire dans l'intervalle d'une demi-heure.
Naturellement, le rôle du poste d'affectation n'est pas celui d'un corps
policier. Lorsqu'il y a une entente entre un requérant de services et un
transporteur à un taux réduit, il est très difficile de le
prouver.
Dans l'année 1975, la Corporation
électrométallurgique SKW avait tenté d'obtenir de la
Commission des transports la réduction des taux de transport de la
pierre blanche entre Saint-Urbain, comté de Charlevoix, et Gentilly,
comté de Nicolet. La Commission des transports refusa de diminuer les
taux. Cette corporation loua des camions de Location Chouinard Inc. et loua des
conducteurs de camions de Transport Marcel Rodrigue Inc. Depuis 5 ans, SKW
contourne la décision de la Commission des transports sans que la loi et
les règlements puissent interdire une telle situation. Par contre, SKW a
reçu des subventions du gouvernement provincial pour un minimum de $10
000 000. Depuis quatre ans, nous soulevons ce problème. L'an dernier, le
poste
d'affectation a soumissionné pour ce transport. La soumission que
nous avons déposée était aux taux minimums. SKW nous a
répondu qu'il y en avait des plus basses et qu'ils gardaient la
nôtre au dossier. Enfin, au mois de janvier 1980, la Commission des
transports a tenu une audience pour annuler les permis de Location Chouinard
Inc. Aucune décision n'est encore rendue et ce genre de transport
continue toujours.
Voilà donc des exemples que nous vivons chaque jour et qui
jettent le discrédit sur le ministère des Transports et la
Commission des transports, qui ont à contrôler l'application de la
loi.
Nos camionneurs qui paient près de $500 pour faire partie d'un
organisme qui devrait être protégé, qui paient en moyenne
$2000 en droits, permis et assurances, chaque année se demandent quel
rôle le gouvernement entend jouer pour mettre fin à ces situations
et pour encourager ceux qui ont choisi de respecter la loi à continuer
à le faire.
Nous avons l'impression que les transporteurs qu'on appelait pirates,
fantômes ont pris le contrôle du marché. En plus de tout ce
transport déguisé, des problèmes sérieux de
perception d'argent sont souvent causés par l'obtention de contrats
à des entrepreneurs dont la solvabilité est douteuse. Beaucoup
d'entrepreneurs ont des cautionnements de main-d'oeuvre. Seulement, d'autres
entrepreneurs n'ont qu'à déposer un chèque qui garantit
l'exécution des travaux. Ce chèque est, dans plusieurs cas,
accompagné d'une cession de créance en faveur d'une banque.
Aucune garantie n'est accordée pour la main-d'oeuvre. Le salaire du
camionneur n'est pas privilégié en matière de faillite.
Ces contrats accordés à des entrepreneurs qui ne peuvent
même pas obtenir une garantie de solvabilité ont fait perdre de
l'argent à nos camionneurs. Pourtant le gouvernement nous oblige en tant
que poste d'affectation à fournir une garantie de solvabilité.
Depuis trois ans, le ministère des Transports est au courant, mais
n'intervient pas.
Voyant leur industrie menacée par les transporteurs
illégaux, le poste d'affectation et les camionneurs demandent au
gouvernement de mettre de l'ordre dans ces domaines. Nous avons l'impression,
depuis un an, de vivre dans une période de
déréglementation. Ceux qui paient la note sont ceux qui
respectent la loi. La réglementation est essentielle dans le camionnage
en vrac. La juridiction de la Commission des transports du Québec ne
l'est pas moins. Il est du devoir de l'Etat de faire respecter la loi, les
règlements et la décision de la Commission des transports du
Québec. Les honnêtes citoyens sont en droit d'attendre que l'Etat
intervienne pour les protéger contre ceux qui n'ont aucun respect des
lois.
Nous soumettons qu'une réglementation saine et même faite
de bonne foi ne peut être suffisante pour assurer l'ordre dans le
transport. Il faut idéalement que tous les camionneurs détenteurs
de permis de vrac s'inscrivent au bureau de courtage et que tous les
requérants de services confient leurs demandes au bureau de courtage
qu'est le poste d'affectation. Le travail sera ainsi réparti
équitablement entre tous les détenteurs de permis. Sur tous les
contrats donnés par le ministère des Transports, 75% du volume
total du transport en vrac doivent être donnés
immédiatement aux postes. C'est cela que le gouvernement du
Québec nous avait donné en 1977 et qu'il n'a jamais
respecté. Le gouvernement du Québec a établi un
mécanisme de distribution de travail qui était
considéré comme essentiel en 1977 à la survie du
camionneur. Il faut que vous respectiez cet engagement qui privilégie le
poste d'affectation. C'est la seule voie pour réellement atteindre un
partage équitable. Le transport public devrait être confié
à ceux qui passent par les permis de courtage.
Le ministre M. Yves Bérubé nous a fait part qu'il avait
donné des subventions aux compagnies forestières de
différentes régions du Québec pour aider les camionneurs
artisans à résoudre une partie de leurs problèmes. Nous ne
voulons pas douter de sa bonne foi, mais en vertu des règlements du
camionnage en vrac, pour pouvoir résoudre une partie des
problèmes des camionneurs, il faut que les réquisitions soient
adressées au poste d'affectation qui doit les partager
équitablement entre tous les détenteurs. (21 heures)
Par le biais des subventions, les compagnies forestières pourront
engager des camionneurs aux conditions et aux taux qu'elles voudront bien
déterminer. Nous aurions préféré qu'une bonne
partie du transport soit contrôlée par le poste d'affectation.
Dans la région 04, le ministre Bérubé a donné $1
135 300 à trois compagnies en même temps que le contrôle du
transport.
Le ministre Bérubé, le 18 juillet 1980, déclarait
qu'il avait agi ainsi dans le but d'aider les camionneurs. Qui peut
sérieusement soutenir une telle affirmation lorsque le contrôle du
transport est passé dans les mains des compagnies
forestières?
Parcs Canada a accordé, en 1980, à la firme Continental
Asphalte, de Shawinigan, un contrat de correction de chemin dans le parc
national de la Mauricie. Cette compagnie a donné tout son transport non
pas au poste d'affectation mais au transporteur Jules Millette Inc. Or, ce sont
les abonnés du poste d'affectation qui avaient fait la partie la plus
difficile du transport, de 1973 à 1979.
Les camionneurs qui ont usé leur camion pour ce transport
regardent aujourd'hui passer les camions de Jules Millette Inc. Au moment
où les camionneurs inscrits au poste d'affectation auraient pu
transporter, dans des conditions idéales, donc plus rentables,
voilà qu'on les écarte, et cela alors qu'il n'y avait que ce
contrat en marche. Lorsque les camions de Jules Millette Inc. se rendent sur le
chantier le matin, ils sont tous chargés de sable qu'ils livrent
à la firme Continental Asphalte. Les camionneurs se posent de
sérieuses questions sur cette manière d'agir; serait-ce que les
taux sont coupés?
Par ailleurs, malgré nos oppositions
répétées à la multiplication des permis, la
Commission des
transports a créé, de concert avec le ministère des
Transports, une flotte imposante de transporteurs en vrac. Des promesses de
privilèges de juin 1977 devaient compenser cela. Aujourd'hui, vous vous
devez de donner le contrôle du transport en vrac aux titulaires de permis
de courtage.
La région 04 a toujours effectué le transport au
Lac-Edouard qui est situé dans la région 03. Les transporteurs en
vrac de la région 03 doivent faire au minimum 185 kilomètres pour
se rendre au Lac-Edouard; les transporteurs en vrac de la région 04
n'ont que 55 kilomètres à faire pour se rendre au même
endroit. Il serait donc logique que le territoire du Lac-Edouard, où on
ne peut accéder que par la région 04, soit inclus à
l'intérieur de la région 04.
Philippe Lamothe Inc., qui a obtenu un contrat du ministère des
Transports, en 1979, a décidé, en 1980, de retenir 8% sur les
paies des camionneurs parce qu'ils ont décidé de faire valoir
leurs droits. Philippe Lamothe, qui fait attendre les camionneurs pendant
plusieurs mois avant de les payer, vient de décréter qu'ils n'ont
plus le droit de manifester pacifiquement pour protéger leurs droits. Il
s'est fait juge et partie et sa sentence est de 8% sur le montant dû aux
camionneurs. C'est un vrai tribunal islamique!
Pavage Nicolet Inc., à qui la Commission des transports du
Québec avait accordé plusieurs permis de camionnage en vrac, n'a
jamais utilisé, à notre connaissance, ses permis comme
transporteur public. Cette compagnie a vendu ses permis et a continué
à le faire pour son propre compte; c'était autant de camionneurs
additionnels qui se sont inscrits au poste et qui ont pris l'ouvrage des petits
transporteurs.
Recommandations. 1) Le gouvernement du Québec doit prendre des
mesures énergiques immédiates pour s'assurer du respect des
décisions de la Commission des transports. 2) Le gouvernement du
Québec devrait donner à ses services d'enquête et aux
tribunaux les moyens pour inciter les citoyens à respecter la loi et les
règlements dans le camionnage. 3) Le gouvernement du Québec se
doit de respecter l'entente signée en 1977, en particulier, en donnant
immédiatement 75% du volume sur les contrats du ministère des
Transports aux titulaires d'un permis de courtage. 4) Le gouvernement du
Québec se doit d'obliger les constructeurs de routes à fournir
des garanties pour que les transporteurs en vrac soient assurés
d'être payés. 5) Le territoire du Lac-Edouard devrait être
transféré dans la juridiction de la région 04. 6) II
devrait y avoir des sanctions de prévues contre l'entrepreneur qui
impose unilatéralement des amendes aux camionneurs qui revendiquent
pacifiquement leurs droits. 7) La Commission des transports du Québec
devrait avoir le pouvoir de refuser et d'annuler le transfert de tout permis
qui n'a pas servi régulièrement pour effectuer du transport pour
autrui. 8) Le gouvernement du Québec se doit de forcer les compagnies
forestières à utiliser dans une proportion de 80% du nombre de
camions pour le transport en forêt en s'adressant, pour leurs
réquisitions, aux titulaires de permis de courtage. 9) Le gouvernement
devrait obliger les municipalités à passer par les titulaires de
permis de courtage pour 75% de leurs travaux.
M. le Président, au nom du conseil d'administration et des
abonnés, nous remercions la commission parlementaire de nous avoir
donné la possibilité de nous faire entendre. Nous espérons
que le gouvernement donnera suite à nos recommandations. Merci.
Le Président (M. Jolivet): Merci. M. le ministre.
M. de Belleval: M. le Président, le
phénomène de la chaise musicale continue, d'après ce que
je peux voir, on retrouve de nouveau Me Piuze à côté des
représentants du Poste d'affectation de la région 04. On retrouve
aussi le fait que le poste d'affectation 04 n'est toujours pas reconnu en vertu
de la nouvelle réglementation, puisque la décision de la
Commission des transports a été suspendue jusqu'à ce que
les causes, dont nous avons parlé tout à l'heure pour la
région 01 et la région 02, soient réglées devant
les tribunaux.
Maintenant, je suppose que Me Piuze nous dira que la situation est
normale de ce point de vue, mais j'aimerais lui poser une question. S'il arrive
un conflit entre l'ANCAl comme telle, et des camionneurs non-membres de
l'ANCAl, mais membres du poste d'affectation, comment allez-vous réagir
par rapport à ces demandes de camionneurs non-membres de l'ANCAl et qui
sont en conflit par ailleurs avec l'ANCAl?
A titre de procureur du poste d'affectation, vous devez prendre les
intérêts de tous les camionneurs, y compris ceux qui ne sont pas
membres de l'ANCAl, mais, en tant que procureur de l'ANCAl, vous devez prendre
les intérêts de l'ANCAl. Aurez-vous des problèmes à
concilier toutes ces choses ou si ça fonctionne très bien et que
vous pouvez changer de chapeau sans aucune difficulté, comme
l'expliquait tantôt Me Beau-det en disant que vous pouvez avoir plusieurs
clients et que ça ne cause pas de problème?
M. Piuze: M. le Président, M. le ministre, effectivement,
j'ai des mandats de l'Association nationale des camionneurs artisans, j'ai des
mandats aussi très particuliers, dans certains cas, de la corporation
Poste d'affectation de la région 04, comme j'en ai d'autres associations
et d'autres gens.
A l'intérieur de l'association et de la corporation Poste
d'affectation de la région no 04, il y a des clients, des gens, des
individus qui donnent des mandats à Me Beaudet ou à moi; je ne
vois rien de contradictoire là-dedans. Quand je défends les
intérêts du poste, comme ce soir, j'ai un mandat pour ça,
je parle au nom du conseil d'administration et de l'assemblée
générale qui a ratifié, bien sûr, le document que je
vous ai soumis ce soir. Quand je parle au nom de l'ANCAl, c'est la même
chose; advenant le cas où il y aurait un conflit, je pense que nous
sommes assez honnê-
tes, Me Beaudet et moi, pour informer, comme on l'a déjà
fait dans certains cas, notre conseil d'administration.
Je vois mal pourquoi le ministre se fatigue ou semble se poser des
problèmes qui pourraient peut-être l'empêcher de dormir
puisque, de toute manière, on essaie de respecter la loi du Barreau qui
nous régit et, à ma connaissance, je ne suis pas en conflit sur
les mandats que j'ai eus jusqu'à maintenant.
M. de Belleval: Mais je suppose que, comme membre du Barreau,
comme avocat, ça ne vous est jamais encore arrivé d'être
à la fois avocat de la défense et avocat de la poursuite dans une
même cause?
M. Piuze: On ne peut pas.
M. de Belleval: C'est impossible, n'est-ce pas? Vous ne pouvez
pas défendre un condamné à mort et être procureur de
la couronne en même temps.
M. Piuze: C'est ça. Comme le ministère des
Transports...
M. de Belleval: Alors, j'aurais un cas à vous soumettre et
vous me direz comment vous réagissez. Je pense que, à partir des
cas concrets, on pourrait peut-être se comprendre un peu mieux.
A la suite des manifestations de l'ANCAl, il y a quelques semaines, il
s'est produit un certain nombre de phénomènes, en particulier
dans la région 04, où des camionneurs qui ont refusé
d'aller manifester ont été pénalisés par le poste
d'affectation quand est venu leur tour d'obtenir de l'ouvrage par le poste
d'affectation. Ces gens nous ont écrit et ont écrit à la
Commission des transports; ils se plaignent de cette situation.
Normalement, ces personnes pourraient aller voir Me Piuze et lui
demander de bien vouloir conseiller au Poste d'affectation 04 de prendre leur
intérêt comme membres du poste d'affectation. Mais, par ailleurs,
comme procureur de l'ANCAl, je me demande dans quelle situation vous êtes
pour conseiller à votre président de rendre justice à ces
gens qui se plaignent.
Dans un cas, donc, vous seriez avocat de la défense et, dans
l'autre cas, avocat de la poursuite. Je me pose effectivement des questions. Ce
n'est pas que ça me fatigue personnellement, mais ça fatigue
drôlement le bonhomme qui est dans cette situation, c'est certain. Vous,
je me demande si ça vous fatigue. Je vous pose la question.
M. Piuze: Cela ne me fatigue pas, d'une part, parce que je
n'étais pas au dossier de cette manifestation à laquelle vous
faites allusion. D'autre part, je suis informé par le président
que cette manifestation était faite par le Poste d'affectation de la
région 04. Troisièmement, je n'ai aucun client qui est venu me
voir pour me demander ce que vous me dites. Vous êtes chanceux parce
qu'ils vous écrivent à vous...
M. de Belleval: Vous comprenez que... M. Piuze: ... le
plus gros employeur.
M. de Belleval: ... ce serait assez surprenant que quelqu'un qui
est poursuivi par un avocat aille demander à ce même avocat de le
défendre, mais on a des cas. J'ai des lettres. Je voudrais faire part de
ces lettres à la commission. On y dit, entre autres, que des
transporteurs se sont vus pénaliser de cinq jours de travail et
même de dix jours de travail de moins parce qu'ils ne se sont pas rendus
manifester à la demande de l'ANCAl. Evidemment, le poste d'affectation
n'est pas là, je suppose, pour faire de la discipline auprès des
membres d'une association en particulier qui refusent de manifester, à
moins que vous ne me disiez que, dans votre esprit, c'est tout à fait
correct, que c'est normal, si un membre du poste 04 refuse d'aller manifester
contre le ministère des Transports, à un moment donné,
qu'il soit pénalisé et qu'on lui enlève des
journées de travail. Cela se peut bien, d'ailleurs. Je vois que, comme
vous le dites, cela ne vous fatigue pas beaucoup. Vous êtes difficile
à fatiguer et peut-être qu'effectivement, dans ce cas-là
non plus, cela ne vous fatigue pas, mais je vous pose la question.
M. Piuze: M. le ministre, je vous ai dit tout à l'heure
que c'était le poste d'affectation qui avait organisé la
manifestation. L'ANCAl n'a rien à voir avec la manifestation à
laquelle vous faites allusion. C'est le poste d'affectation. Personne ne m'a
demandé quoi que ce soit. Aucun membre ne m'a demandé quoi que ce
soit là-dessus. Ne vous dérangez pas, parce que ça fait
peut-être quatre ans que je me fais fatiguer par des gens qui occupent
certains postes et je n'en suis pas plus malade pour ça.
M. de Belleval: Autrement dit, Me Piuze, tous les articles de
journaux qui faisaient allusion à des manifestations de l'ANCAl,
évidemment, tout ça, c'était une espèce de mythe
entretenu par de mauvais journalistes. Ces manifestations-là, l'ANCAl
n'a rien eu à voir avec ça.
M. Piuze: M. le Président, le ministre me parle d'une
manifestation dans la région no 04. Il fait allusion à des
camionneurs qui ont été arrêtés. Je lui
réponds que c'est une manifestation...
M. de Belleval: Non, je m'excuse. Je ne fais pas allusion
à des camionneurs qui ont été arrêtés. Je
fais allusion à des camionneurs qui ont refusé d'aller manifester
et qu'on a pénalisés en leur refusant leur tour d'emploi au poste
d'affectation. Je vous pose de nouveau une question très simple.
Oublions donc votre situation difficile, puisque, comme vous le dites, votre
situation, de toute façon, n'est pas difficile, ni fatigante. Je vous
pose une question maintenant comme procureur du poste d'affectation et non pas
comme procureur de l'ANCAl.
M. Piuze: Dans ce dossier-ci.
M. de Belleval: Dans ce dossier-ci. C'est ça, exactement.
C'est difficile de jouer les Madeleine de Verchères et de changer de
chapeau, mais je vois que vous suivez son exemple sans problème. Je vous
pose la question, cette fois-là, sous le chapeau du poste d'affectation
no 04. Qu'est-ce que vous répondez à un monsieur du poste
d'affectation no 04 qui s'est fait refuser son tour d'affectation parce qu'il
n'est pas allé manifester au nom du poste no 04? On s'entend bien: tout
ça se fait à l'intérieur du poste 04 et n'a rien à
voir avec l'ANCAI.
M. Piuze: D'abord, il faudrait qu'il vienne me poser la question.
Deuxièmement...
M. de Belleval: Oui. Si je vous pose la question en son
nom...
M. Piuze: Si vous me la posez en son nom, d'abord, je ne peux pas
vous imposer d'honoraires. C'est la première des choses et...
M. de Belleval: Non. Ce serait bien le bout, n'est-ce pas?
M. Piuze: ... j'ai le droit de vous refuser comme client. Je n'ai
pas à répondre à une question hypothétique. Cela ne
m'a pas été demandé.
M. de Belleval: D'accord. Disons que tout ça n'existe pas,
mais, si ça existait, qu'est-ce que vous me répondriez?
M. Piuze: Je n'ai pas à vous répondre. Cela ne
m'est pas demandé.
M. de Belleval: Je vous la pose, moi, la question.
M. Piuze: Je suis procureur du poste pour ce dossier-ci et je
vous dis que, lors de la manifestation, je n'étais pas procureur du
poste. Je n'avais pas ce mandat-là.
M. de Belleval: Autrement dit...
M. Piuze: Le poste, M. le Président, et les membres, ce
sont deux choses différentes.
M. de Belleval: Oui, bien sûr.
M. Piuze: Vous pouvez être membre de Bell Canada et les
procureurs de Bell n'ont rien à voir avec les actionnaires, à
moins que vous ne vouliez avoir les mêmes procureurs.
M. de Belleval: C'est ça. Le fait d'avoir le
téléphone ne vous rend pas actionnaire de Bell Canada, on
comprend ça. (21 h 15) .
Revenons a nos moutons. Je poserais dans ce cas-là la question
à M. Charest ou au président.
Est-ce qu'il est vrai que vous avez refusé à certains de
vos membres leur taux d'affectation parce qu'ils n'étaient pas
allés manifester? Est-ce que c'est vrai?
M. Charest (Richard): Non, ce n'est pas dans ce sens-là
que cela a été fait. Tous ceux qui sont venus à la
manifestation ont eu un cadeau de cinq jours.
M. de Belleval: Ah! Autrement dit, vos
pénalités...
M. Charest: Ceux qui ne voulaient pas avoir de cadeau ne sont pas
venus.
M. de Belleval: Au lieu de donner des amendes, vous, ce sont des
cadeaux plutôt.
M. Charest: Oui, ils disent que ce n'est pas défendu de
faire des cadeaux. En ce qui concerne les journaux, qui parlent toujours de
l'ANCAI, de la région 04, au sujet de la manifestation, le ministre
lui-même, quand il parle, la plupart du temps, c'est de l'ANCAI.
N'importe quel fonctionnaire du gouvernement à qui on a affaire, c'est
toujours l'ANCAI. Le nom de poste d'affectation passe toujours en
deuxième parce qu'ils sont tellement habitués à appeler
les camionneurs artisans l'ANCAI qu'ils ont toujours ce mot-là à
la bouche. C'est toujours la même chose qui se produit.
M. de Belleval: Mais vous comprendrez qu'on a raison d'être
mêlés. Je regarde cela depuis dix heures ce matin et,
effectivement, j'ai de la difficulté à suivre ce qui se passe
ici, parce qu'on change d'interlocuteur, mais je vois toujours Me Beaudet et je
vois toujours Me Piuze. Vous comprenez que cela explique pourquoi on peut
être mêlés, nous, un peu parfois.
M. Charest: Si on prend ces procureurs, c'est qu'à 90%,
les montants payés aux postes d'affectation sont payés par les
camionneurs artisans. Le système de communication qui est fourni dans le
Poste d'affectation de la région 04 est fourni par les camionneurs
artisans. Le "scout", les bureaux et ainsi de suite, à 90%, tout est
fourni par les camionneurs artisans. Les camionneurs artisans paient une
cotisation à une association provinciale dans laquelle il y a des
procureurs et on verrait bien mal d'aller se payer d'autres procureurs encore
une autre fois et de les faire payer encore par des artisans qui paient
déjà à un endroit.
M. de Belleval: Je termine là-dessus, M. le
Président. Si je comprends bien, vous n'avez pas pénalisé
ceux qui n'avaient pas manifesté, mais vous avez fait un surplus
d'affectation à ceux qui étaient allés manifester.
Autrement dit, vous confirmez les faits que j'expose. Vous êtes d'accord
avec cela, mais c'est présenté à votre façon et non
pas à la mienne, d'accord?
M. Charest: C'est cela.
M. de Belleval: On se comprend bien.
M. Charest: C'est cela.
M. de Belleval: D'accord. Merci beaucoup, M. le
Président.
M. Beaudet: M. le Président.
Une Voix: Un instant! M. Beaudet.
M. Beaudet: M. le ministre des Transports, vu que vous m'avez
nommé, j'aurais naturellement une question aussi à poser. La
Commission des transports du Québec est un tribunal quasi judiciaire qui
a à juger les camionneurs et qui a à juger le Procureur
général et le ministre des Transports, qui intervient devant ce
tribunal. Ce soir, le commissaire Alain, lui, membre du tribunal quasi
judiciaire, qui doit être indépendant, conseille le ministre et le
ministère des Transports et personne trouve cela anormal.
M. de Belleval: Est-ce que je pourrais vous dire qu'effectivement
je parle au commissaire Alain, mais je vous ai vu tantôt parler au
commissaire Alain et je n'ai pas vu de difficulté à cela. Je
suppose que tout le monde peut parler au commissaire Alain. Si vous avez des
conseils à demander au commissaire Alain, allez-y; moi, cela ne me
dérange pas du tout.
M. Beaudet: M. le ministre, tout de même, je parlais avant
la réunion au commissaire Alain comme vous parlez à d'autres
personnes, mais quand il s'est approché de vous, sûrement, tout
à l'heure, c'était pour vous demander des conseils. Je n'ai pas
l'impression que vous parliez de la pluie et du beau temps comme on fait
ensemble parce que, à part cela, on s'engueule parfois à la cour.
Je pense bien qu'il était là pour vous donner des conseils et,
plus que cela, le commissaire Alain, cette semaine, était même
avec le sous-ministre Vincent pour préparer la commission.
M. de Belleval: Mais, écoutez, M. Beaudet!
M. Beaudet: C'est un pouvoir quasi judiciaire.
M. de Belleval: On n'est pas ici à des audiences de la
Commission des transports. Je suppose que cela vous arrive de parler à
des juges et de parler à des avocats de la couronne et même de
parler au commissaire Alain, et personne ne trouve rien à redire
là-dessus. C'est évident que le commissaire Alain ou le juge
Prévost, je leur dis bonjour et on parle des problèmes de la
commission de temps en temps. Je pense que la population serait la
première surprise si elle savait que, chaque fois que je rencontre des
fonctionnaires ou des représentants de la Commission des transports, on
parle seulement de la dernière partie de golf. C'est évident
qu'on parle d'autre chose que cela. Quand on se rencontre, règle
générale, on parle des problèmes de la commission, on
parle des revendications de tout le monde, on parle des difficultés
d'administration de la réglementation, on parle de toutes ces
choses-là. Je ne vois pas le problème.
M. Beaudet: M. le ministre.
M. de Belleval: Une chose sûre et certaine, je ne
représente pas à la fois l'ANCAl et la population du
Québec, je représente l'ensemble de la population...
M. Beaudet: M. le ministre...
M. de Belleval: ... mais vous, je me rends compte que vous
représentez à la fois l'ANCAl et que vous représentez des
membres du poste d'affectation qui ne sont pas membres de l'ANCAl et il y a des
conflits parfois entre l'ANCAl et des membres d'un poste d'affectation qui ne
sont pas membres de l'ANCAl. Cela me pose des questions. On l'a vu...
M. Beaudet: M. le ministre, nous ne représentons pas des
membres du poste d'affectation, nous représentons un poste
d'affectation; il y a une distinction entre les deux. Que la Commission des
transports...
M. de Belleval: Vous voulez dire que le poste d'affectation
n'appartient pas aux membres?
M. Beaudet: Le poste d'affectation appartient aux membres, mais
c'est la corporation qu'on représente, et un poste d'affectation est
distinct de ses membres. C'est la première chose qu'ils nous montrent en
droit des compagnies, une distinction entre les membres et la corporation, et
nous ne représentons pas non plus comme tels les membres de l'ANCAl,
mais l'Association nationale des camionneurs artisans. Naturellement, ce sont
les membres qui paient au bout la facture de tel ou tel avocat. Je suis bien
d'accord avec cela. Mais s'il y a un conflit entre le poste d'affectation et
l'Association nationale des camionneurs artisans, naturellement, nous
n'interviendrons pas dans le dossier mais, s'il n'y a pas de conflit, nous
avons le droit d'intervenir dans les deux. Je pense bien qu'on a des
règles du Barreau et si vous avez des plaintes à faire faites-les
au Barreau. Quant à nous on se plaint que la Commission des transports
est très familière et très près du ministre des
Transports même si elle a un pouvoir quasi judiciaire et qu'elle devrait
avoir un caractère d'indépendance.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, je vous avouerai franchement
que je suis un peu déconcerté par la tournure des
événements. J'étais venu ici à titre de
représentant de l'Opposition officielle pour entendre les
intéressés s'exprimer sur les problèmes que les
camionneurs et tous les intervenants dans le domaine du transport en vrac
rencontrent pré-
sentement. Je ne pensais pas qu'on avait été
convoqués pour faire le procès de l'Association nationale des
camionneurs artisans Inc. ou de ses procureurs, bons ou mauvais, de couleur
partisane ou pas. Cela ne me surprend pas tellement que le titulaire actuel du
ministère des Transports se comporte de la façon qu'il le fait
depuis le début de nos travaux. Il aime cela jouer au cow-boy, le
député de Charlesbourg. C'est un gars qui est bien fort pour
dénicher des situations dangereuses à l'aide de certains
commissaires de la Commission des transports qui viennent lui fournir des
informations.
Mais moi, M. le Président, j'aurais de loin
préféré que le ministre et les commissaires qui
travaillent avec lui viennent nous dire ce qu'ils pensent des
allégations de votre association, de votre poste d'affectation. Pas un
seul mot de la part du ministre. Cela passe à côté parce
qu'il semble y avoir un problème extraordinaire, un conflit de
personnalités extraordinaire avec Me Piuze et Me Beaudet. Moi, je le dis
franchement, je les rencontre pour la première fois ce soir ou
aujourd'hui et, même si je les avais rencontrés cet
après-midi quelque part, cela n'aurait rien changé dans la
perception de ce qu'ils sont comme procureurs. Je ne suis pas avocat, le
ministre non plus, mais il me semble que cela saute aux yeux qu'un procureur,
cela représente son client quel qu'il soit.
M. le Président, le ministre s'interroge sur la démarche
du Poste d'affectation de la région 04 qui a donné un cadeau de
cinq jours à ceux qui ont participé à la manifestation.
Seulement, il ne peut pas comprendre cela, lui; dans son esprit, quand on est
shérif, quand on est le cow-boy avec le fusil, on impose des amendes, on
fesse. On ne fait jamais de cadeau à personne, voyons donc. C'est tout
à fait contraire à sa perception des choses. M. le
Président, je vous dis franchement, j'ai l'impression qu'on perd notre
temps et qu'on va tourner en rond longtemps à cette commission parce que
le ministre a déjà décidé, lui, que l'ANCAl, M.
Dubé et son président et tous les autres sont des gens dont il
faut se méfier. Ils représentent 4000 camionneurs. Cela,
après tout, qu'est-ce que c'est? Qu'est-ce que c'est pour un
gouvernement si fort? Si fort, ce bon gouvernement qui d'ailleurs devait
régler tous les problèmes. C'est bien plus facile de s'attaquer
aux personnes que de réaliser que pendant près de quatre ans de
mandat on n'a pas fait sa job. Après avoir blâmé les
gouvernements antérieurs et avoir dit: C'est eux autres qui
étaient la cause de tous les maux, on s'aperçoit que, non
seulement on n'a pas réglé les problèmes, mais on les a
empirés et on en a vu une démonstration ce matin en
signant des protocoles d'entente qu'on était empressé de renier
par des lettres deux mois plus tard, alors que les camionneurs n'étaient
plus devant le parlement, en manifestation.
M. le Président, comment veut-on interroger les gens de la
région de Trois-Rivières qui viennent nous faire part qu'ils ont
des intérêts? Imaginez-vous que les gens de l'ANCAl aussi bien que
les gens de l'Association des manufacturiers de bois de sciage ont des
intérêts à défendre. Y a-t-il quelque chose de plus
normal que cela? Quand on prend une décision, au gouvernement ou
ailleurs, et que cela m'affecte dans ma vie privée, que cela affecte ma
famille, je me débats comme un fou. Pourquoi? Parce que c'est dans la
nature des choses de défendre ses intérêts. L'ANCAl vient
défendre ses intérêts ici et elle a engagé des
procureurs qu'elle juge compétents. Malheureusement, le ministre ne les
aime pas. Le ministre, du haut de sa hauteur, peut se permettre de juger, lui
qui a jugé, au ministère de la Fonction publique, pendant un
certain temps, jusqu'à ce qu'on le mute là où il est,
jusqu'à ce que la population de son comté le mute aux
oubliettes.
Je me limiterai à cela. D'ailleurs, le député de
Charlesbourg s'amuse à dire que je n'ai hérité du dossier
des transports pour l'Opposition officielle que depuis quelques mois. En effet,
je suis pas mal moins connaissant que lui, je n'ai pas été
fonctionnaire au ministère des Transports, je n'ai pas été
ministre des Transports et je ne le serai probablement jamais. Mais une chose
est sûre, c'est que si je voulais régler le problème du
camionnage en vrac, il me semble que la façon de procéder ne
serait pas de commencer par insulter ceux qui viennent défendre leurs
intérêts de façon légitime.
C'est le ministre lui-même qui a dit: On va tenir une commission
parlementaire pour entendre les intéressés. Il ne voulait pas de
manifestation, de la même façon que son prédécesseur
avait signé n'importe quoi, en juin 1977, et je pèse bien mes
mots, il a signé n'importe quoi pour que les camionneurs retournent
tranquillement chez eux, en juin 1977. Cela, mes chers amis, c'est votre
gouvernement transparent, le gouvernement de la transparence qu'on a élu
en 1976. Le ministre disait tantôt qu'il parlait au nom de la population.
Je m'excuse, il ne parlera jamais en mon nom, il ne parle pas au nom de 59% de
la population et, bientôt, si on peut avoir des élections, il ne
parlera plus au nom de personne parce que personne ne va l'écouter. J'ai
terminé, M. le Président.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, nous avons pris connaissance
d'un mémoire concernant le Poste d'affectation de la région 04.
lis ont soulevé au moins six points importants sur lesquels j'aurais
aimé que le ministre puisse se prononcer. Au lieu de cela je ne
suis pas d'accord moi non plus il a choisi de faire le procès de
deux individus et cela représente des problèmes. Ici, j'ouvre une
parenthèse pour dire que, que ce soit un cadeau de cinq jours ou une
punition de cinq jours, personnellement, je ne suis pas d'accord avec cela
parce que le poste d'affectation doit représenter tout le monde et il y
a une liberté de choix au niveau de l'association. Je suis favorable
à ce principe et, personnellement, je n'accepte pas ce genre de
punition.
Ceci dit, j'aurais aimé que le ministre dépense
autant d'énergie qu'il l'a fait pour tenter de discréminer
une association ou ses représentants... En passant, j'imagine que les
membres du poste d'affectation ont nommé un bureau de direction, et ce
bureau de direction a fait appel à un procureur. Si le procureur ne fait
pas un travail satisfaisant, ce sera aux membres, lors d'une réunion
générale, de le dire à leur bureau de direction et
à changer les procureurs; je pense que ce n'est pas au ministre à
se prononcer là-dessus. (21 h 30)
J'aurais aimé par exemple, M. le ministre, que vous
dépensiez beaucoup d'énergie justement pour nous dire comment il
se fait qu'on ne vous a pas entendu, depuis six mois ou depuis un an, formuler
publiquement des plaintes ou dénoncer le fait que la Commission des
transports ne fait pas respecter les taux qu'elle a elle-même
fixés.
Ce n'est pas à vous, comme vous m'avez dit avant l'heure du
dîner, de jouer au policier et de faire le travail qu'est censé
faire ce qu'on appelle l'organisme quasi judiciaire ou le tribunal qu'est la
Commission des transports. Ce n'est pas au ministre des Transports à
faire ça et je suis d'accord avec vous, mais il me semble que cela
aurait été d'abord et avant tout au ministre des Transports
à dénoncer le fait, à le dire publiquement, parce que la
Commission des transports est un organisme gouvernemental et le ministre des
Transports aurait dû dénoncer le fait que la Commission des
transports n'avait pas l'autorité suffisante ou ne faisait pas le
nécessaire pour faire respecter ces taux-là. Depuis ce matin,
différents mémoires nous disent de façon non
équivoque, avec preuve à l'appui, que les taux fixés par
cette commission n'ont pas été respectés. Or, si le
ministre veut amener un élément de solution au problème du
transport en vrac, ce serait d'abord de dire à la commission, par le
truchement de la radio, des journaux et de la télévision: Faites
respecter d'abord ces taux, je vous le demande en tant que ministre des
Transports.
Egalement depuis ce matin, nous avons des mémoires qui se
plaignent qu'il se fait énormément de transport illégal au
Québec. On nous a donné des plaintes, on a été
même jusqu'à nous citer des noms, avec l'adresse et quasiment les
numéros de téléphone. Que veut-on de plus? On nous a
donné des exemples de compagnies qui contournent les règlements,
qui contournent la loi. Voilà ce qu'on a demandé depuis le matin,
et il en sera ainsi, j'imagine, pour les trois jours, parce que j'ai pris
connaissance des mémoires. On peut être contre une loi, je suis
bien d'accord, mais tant qu'elle existe, elle doit être respectée.
Moi aussi, il y a des lois que je n'aime pas au Québec.
M. de Belleval: Je peux répondre à votre
question?
M. Goulet: Oui, je pourrai compléter... Comme vous
voulez.
M. de Belleval: On va répondre tout de suite à
cette question-là et ensuite...
M. Goulet: Certainement.
M. de Belleval: Bon, d'accord. D'abord je suis très
heureux de voir que le député de Bellechasse n'approuve pas des
mesures discriminatoires contre des membres des postes d'affectation.
M. Goulet: C'est-à-dire que je l'ai dit au niveau d'un
principe.
M. de Belleval: Oui, d'accord, je suis heureux de savoir
ça.
M. Goulet: De liberté d'association. Je veux être
objectif au cours des travaux, je l'ai dit ce matin. Il n'est pas question de
faire de la politicail-lerie.
M. de Belleval: Je n'ai que des félicitations à
vous faire. Je suis heureux que vous soyez en principe contre la discrimination
parce que, comme vous l'avez dit, le poste d'affectation doit
représenter tous les membres du poste et non pas seulement les membres
d'une association en particulier. Je suis content que vous fassiez cette
affirmation.
Evidemment, le député de Gatineau a un point de vue
totalement contraire, mais je lui laisse la responsabilité de son point
de vue. Je suppose qu'il représente l'Opposition officielle quand il a
ce point de vue-là. On pourra juger un peu plus tard. La population
jugera c'est elle qui a d'ailleurs le dernier mot, heureusement, dans
notre système la sincérité de gens qui disent
qu'ils sont en faveur des libertés individuelles, mais qui ne se
scandalisent pas quand ces libertés individuelles sont mises en cause
par une discrimination évidente.
Cela dit...
M. Gratton: Question de règlement, M. le
Président.
M. de Belleval: ... je ne veux pas faire le procès...
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre, question de
règlement.
M. Gratton: Je ne sais pas si le ministre dans sa remarque fait
allusion à son droit individuel que j'aurais brimé...
M. de Belleval: Mon droit?
M. Gratton: Laissez-moi finir ma phrase.
M. de Belleval: Non, je vous dis non, ce ne sont pas mes
droits.
M. Gratton: Ce que j'ai voulu dire, c'est qu'en venant ici, on
avait l'impression de venir étudier le problème du camionnage en
vrac...
M. de Belleval: Où est la question de règlement, M.
le Président?
M. Gratton: J'y viens. Je veux que vous compreniez, donc, je vais
prendre le temps qu'il faut pour que vous compreniez... non pas pour faire le
procès de quelque association que ce soit, de quelque
personnalité que ce soit, mais étudier, dans le calme et la
sérénité, les solutions au problème du camionnage
en vrac. Or le ministre, par son comportement depuis le début de nos
travaux, a fait en sorte que c'est devenu presque impossible de faire du
travail valable. C'est ce que j'ai voulu dénoncer, et je n'ai pas
voulu...
Le Président (M. Jolivet): Je m'excuse, M. le
député, mais j'essaie de faire le joint avec ce que le ministre
venait de dire. Il parlait de la discrimination qui avait eu lieu et c'est sur
ce point de vue qu'il a eu à parler. Donc, si vous avez quelque chose
à dire...
M. Gratton: M. le Président, justement, sur la question de
règlement, je n'ai fait aucune allusion au problème dont parle le
ministre et qu'a soulevé le député de Bellechasse. J'ai
parlé du comportement du ministre et je réitère que le
comportement du ministre, au moment où on doit essayer de trouver des
solutions au problème du camionnage en vrac, n'est pas de nature
à trouver ces solutions, mais est de nature à envenimer la
situation encore plus. C'est tout. Qu'il ne me prête pas d'intentions,
qu'il ne vienne pas me parler des libertés individuelles à ce
moment-ci.
Le Président (M. Jolivet): D'accord. M. le ministre.
M. de Belleval: M. le Président, de nouveau, je laisse au
député de Gatineau la responsabilité de l'affirmation
qu'il a faite tantôt en disant qu'il ne voyait rien de
répréhensible à ce qu'on ait un comportement
discriminatoire à l'intérieur du poste 04, tel que je l'ai
expliqué.
M. Gratton: M. le Président, question de
règlement.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: Le ministre est soit sourd ou complètement
incapable de comprendre. Ce n'est pas cette question, du tout. La question de
discrimination dans les postes d'affectation, je n'en ai pas parlé. S'il
y a eu discrimination quelque part, je la condamne d'avance. Je n'en ai pas
parlé. Alors, qu'il cesse de me prêter des propos que je n'ai pas
tenus. Le ministre est peut-être mal à l'aise, je n'en sais rien;
il est peut-être indisposé, sait-on jamais!
Le Président (M. Jolivet): Votre point d'ordre est fait.
M. le ministre.
M. de Belleval: Les gens qui écoutent ces débats et
qui lisent ces débats pourront relire les déclarations
antérieures du député de Gatineau et se rendre compte
qu'il vient de virer à 100 milles à l'heure sur un dix cents,
bout pour bout, sans doute suite à une conversation qu'il vient d'avoir
avec le député de Charlevoix.
M. Gratton: Est-ce qu'il y en a un autre que vous voudriez
insulter? Le député de Shefford?
M. Mailloux: M. le Président...
M. de Belleval: Revenons à la question du
député de Bellechasse.
M. Gratton: Me Piuze, on est ensemble; on est des pas bons.
M. Mailloux: M. le Président, je m'excuse infiniment,
mais, comme le ministre des Transports vient de m'imputer la
responsabilité des paroles qu'a dites mon collègue de Gatineau,
j'affirme devant la commission que je n'ai donné aucun conseil, ni d'une
façon, ni de l'autre, à mon collègue, mais ce qu'il a dit,
je l'endosse entièrement, quant à la façon dont il a
traité les procureurs et l'ANCAI.
M. Gratton: Mets ça dans ta pipe, beau "smart"!
M. de Belleval: Parfait. Ceci étant dit, la question qui
est devant nous est beaucoup plus importante que ce que peuvent penser les
députés de Charlevoix ou de Gatineau. Nous avons institué
un nouveau système de postes d'affectation en vertu de la
réglementation adoptée l'automne dernier et ces postes
d'affectation, actuellement, dans certaines régions, ont de la
difficulté à s'organiser. Cela n'est pas étranger au fait
que cette commission siège actuellement, ces difficultés, et le
rôle de l'ANCAI n'est pas étranger au fait que nous tenons
actuellement cette commission. Ce que j'ai voulu faire ressortir par mes
questions et par de simples questions, c'est la situation qui, à mon
avis, est irrégulière entre les positions de certaines personnes
en autorité ou en conseil au sein de l'ANCAI et l'organisation
même des postes d'affectation qui, comme vous l'avez fait remarquer, M.
le député de Bellechasse, doivent fonctionner dans la plus grande
équité, dans l'équité la plus parfaite envers tous
les camionneurs, qu'ils soient membres de l'ANCAI ou qu'ils n'en soient pas
membres.
Il y a une chose qui est importante et dont il faut se rendre compte,
c'est que le camionnage en vrac au Québec, c'est une chose et l'ANCAI,
c'est une autre chose. Les postes d'affectation, c'est une chose et l'ANCAI,
c'est autre chose. Il y a des individus, actuellement, qui sont victimes de
situations particulières, qu'on appelle ça des cadeaux ou des
amendes, parce que justement ils sont pris, eux simples individus, en sandwich,
comme la cacahuète dans le casse-noisettes, entre justement des postes
d'affectation, d'une part, qui sont censés les protéger et
l'ANCAI, d'autre part, qui poursuit ses objectifs.
Je ne veux faire le procès de personne; je veux tout simplement
mettre devant la population et devant les députés de cette
Chambre la situation difficile devant laquelle on est et qu'illustrent les
exemples que je viens de mentionner. Je pense que ça touche directement
aux travaux de notre commission.
Pour répondre à votre question sur ce qui arrive quand les
taux de la commission ne sont pas respectés, et qu'il y a des plaintes
de portées, nous avons des enquêteurs au ministère des
Transports, des plaintes sont ensuite portées devant les tribunaux et
des jugements sont rendus par les tribunaux. C'est ce que nous faisons. C'est
ce qui se fait au ministère depuis de nombreuses années. C'est ce
que nous continuons à faire. Cependant, comme je l'ai mentionné
tout à l'heure, les pénalités, les amendes qui peuvent
être imposées à la suite d'un non-respect de la
réglementation sont actuellement trop basses; elles doivent être
révisées; donc, la loi doit être changée. Je me suis
engagé d'ailleurs, devant l'ANCAl, devant les procureurs de l'ANCAl,
devant le président de l'ANCAl, publiquement, devant tout le monde,
à présenter une législation adéquate pour que notre
loi ait davantage de dents et qu'on puisse faire respecter véritablement
la lettre et l'esprit de la réglementation.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: Oui, M. le Président, je ne pensais pas que mes
questions allaient susciter autant de commentaires. Pour être bien
compris du ministre, M. le Président, j'ai bien dit que encore
là, ça n'a pas été prouvé s'il y
avait eu discrimination de certains camionneurs parce qu'ils n'étaient
pas membres de l'ANCAl, ce n'est pas au président ou au directeur
général du poste d'affectation à les punir. Je le
condamne, si c'est ça qui est arrivé. On va entendre
tantôt... Il y a une loi, comme on dit je ne suis pas avocat,
mais, comment est-ce qu'on dit ça audi alterem partem?
M. de Belleval: Je lui ai posé la question et il l'a
admis, c'est tout, très franchement, d'ailleurs, je le
félicite.
M. Charest: D'accord, je l'ai dit bien franchement: c'est
à la suite d'une assemblée des membres. Ils ont dit: Ceux qui ne
viendront pas à la manifestation, on demande au conseil d'imposer ce
qu'on a dit tout à l'heure. Ce sont les membres eux-mêmes qui
l'ont demandé. C'est pour cette raison que ç'a été
fait.
M. de Belleval: M. Charest, je vous remercie de votre
franchise.
M. Goulet: Comme ça se fait dans d'autres associations, M.
le Président, les membres l'ont décidé ainsi et la
direction a tout simplement agi.
Maintenant, le ministre et ça, je n'aime pas cela, parce
que ça va revenir probablement à tous les autres mémoires
semble tenter de mettre toutes les causes à ces malaises sur le
dos de procureurs ou d'une association. Le ministre parle des gens qui sont
pris en sandwich entre peut-être une association et un poste
d'affectation dont ils sont membres. Mais, depuis ce matin qu'on nous dit qu'il
y en a des gens qui ont été pris en sandwich. On vous a
même parlé quasiment de cassage de bras et de jambes, de personnes
ou de compagnies subventionnées par le gouvernement, et on a même
mentionné des compagnies qui appartiennent pour une certaine part au
gouvernement et qui, elles aussi, mettent certains individus en sandwich et
disent: Si tu ne marches pas à des taux inférieurs à ceux
fixés par la Commission des transports, tu ne travailleras plus. Et le
ministre a laissé passer ça comme du beurre dans la poêle,
comme l'eau dans la rivière.
J'aurais aimé que vous mettiez autant d'énergie à
ce moment-là à dénoncer ça, ce que des gens de
Rimouski sont venus nous dire, des gens de Jonquière sont venus nous
dire, ce que des gens de Trois-Rivières viennent de nous dire. Premier
point.
Si le gouvernement, par le biais de son ministre des Transports du
temps, a singé une entente qu'elle soit bonne ou pas bonne, ce
n'est pas là où j'en suis en 1977 et que ça ne fait
pas son affaire, et qu'elle n'est pas respectée et que c'est la cause de
tous les malaises, il ne faudrait toujours pas mettre ça sur le dos
d'une association ou d'un ou de deux procureurs.
C'est pour ça que je rappelle le ministre à l'ordre
si je peux me permettre ces propos-là, M. le Président
pour lui dire de ne pas prendre un petit pou, à un moment donné,
ou une épingle dans un voyage de foin pour tenter de se laver ou de
laver son gouvernement, parce que son gouvernement, et surtout des gens qui
l'ont précédé et peut-être lui depuis qu'il est
là, ont des torts. C'est ça que ces gens sont venus nous dire:
Mettez donc autant d'énergie pour nous expliquer vos torts ou les
accusations qu'on formule contre vous et votre gouvernement plutôt que de
tenter de faire de la discrimination contre une ou deux personnes.
Il y a des membres qui ont choisi des procureurs. Qu'ils soient
compétents ou pas, ce n'est pas au ministre à décider
ça, ce sera au poste d'affectation et ce sera aux membres de ce poste,
et aux membres de l'association à choisir leur procureur et c'est
à eux de décider qui doit venir les représenter ici comme
la population a décidé il y a quatre ans qu'un certain
gouvernement devait la représenter, devait la diriger. Elle n'a
peut-être pas fait le meilleur choix, elle se reprendra. Si ce n'est pas
correct dans leur cas, ils feront la même chose, mais ce n'est pas au
ministre ni à aucun membre de la commission à décider quel
procureur devrait venir représenter telle ou telle association.
Il y a dans trois ou quatre mémoires des accusations de
portées contre la Commission des transports et le ministre passe
toujours sous la table pour contourner ça. Je lui demande simple-
ment de répondre. Les gens qui sont devant nous sont venus et ils
vous ont fait état d'au moins six points précis qui sont la cause
de malaises profonds. Alors, répondez donc à ça. Vous avez
répondu à un point, sur les procureurs, répondez aux six
autres. J'aimerais vous entendre là-dessus.
M. de Belleval: Je suis prêt à répondre
à une question de ce côté-là. Sur quel point
voulez-vous une réponse?
M. Goulet: On se plaint qu'il se fait énormément de
transport illégal, que c'est même une institution dans la
région 04. Est-ce que le ministre va le dénoncer publiquement ou
va demander s'il peut, je ne le sais pas publiquement à la
Commission des transports d'intervenir et de faire en sorte que les
règlements soient respectés et que les taux soient
respectés? Est-ce que le ministre s'engage à faire ça
demain matin? Cela en est un point, ça.
M. de Belleval: La réponse que j'ai donnée à
votre première question vaut exactement pour votre deuxième.
M. Goulet: Quand?
M. de Belleval: J'ai expliqué que, de toute
évidence, la loi actuelle n'a pas assez de dents et que, par
conséquent, si on veut faire respecter les taux quand il y a du
transport illégal, il faut changer la loi. Alors, demain matin, je suis
pris avec la loi actuelle. (21 h 50)
M. Goulet: M. le Président, le premier ministre nous a
dit...
M. de Belleval: II faudra changer la loi pour faire en sorte que
la force des amendes ait, entre autres, un effet de dissuasion. M. le
député, on s'en est parlé. D'ailleurs, l'ANCAl est au
courant de toutes mes réponses à ce sujet. Les questions que l'on
nous pose dans les mémoires des postes d'affectation sont exactement les
mêmes que les mémoires de l'ANCAl nous posaient ce matin,
d'ailleurs. Cela se comprend. On voit que ce sont, à toutes fins
pratiques, des mémoires qui viennent, tous les quatre, de l'ANCAl ou de
gens qui sont liés de très près à l'ANCAl. On le
voit, entre autres, par l'identité des procureurs de ces trois postes
d'affectation et l'identité des procureurs qui étaient à
la table de l'ANCAl ce matin.
Alors, les réponses que nous avons données ce matin valent
pour ces mémoires. Mais, pour revenir à votre point en
particulier, ce n'est pas avec une amende de $52, comme c'est le cas
actuellement, qu'évidemment on peut effrayer des transporteurs
illégaux. Alors, il faut changer ça. J'ai promis qu'on le
changerait. Cela vaut dans le transport général. J'ai pris le
dossier au mois de septembre et, depuis ce temps-là, je rencontre des
gens du secteur pour obtenir une bonne perception du dossier et des moyens
propres à corriger les lacunes. A la première occasion,
l'Assemblée nationale sera appelée à
légiférer là-dessus.
M. Goulet: M. le Président, je suis d'accord, mais ces
gens-là se promènent depuis 1977 au moins. Ils sont venus cet
été, en juillet. Ils ont demandé une commission
parlementaire. On leur a donné le mois d'août. Il s'en fait du
transport en vrac.
Le premier ministre nous a dit à la télévision,
hier: L'Assemblée nationale, si elle siège avant les prochaines
élections, ne siégera pas avant le mois de novembre. C'est bien
ce que le premier ministre a dit. Alors, une nouvelle loi, quand est-ce qu'on
va l'avoir? D'ici un an? Le problème se perpétue.
L'autre point, dans la recommandation no 3 de ces gens-là, on
vous demande que le gouvernement fasse respecter l'entente et qu'il donne
immédiatement 75% du volume sur les contrats du ministère des
Transports aux titulaires d'un permis de courtage. Est-ce que le ministre
s'engage à ce que ça soit fait dès demain matin?
M. de Belleval: Cela fait justement partie des revendications de
l'ANCAl que cette commission est appelée à examiner et nous
allons continuer à étudier cette question lors de la commission.
D'autres intervenants vont venir et, une fois que nous aurons tous ces points
de vue, c'est justement à ce moment-là qu'on sera en mesure de
prendre position là-dessus. C'est l'objet même de la
commission.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, une seule question. Elle
fait suite, d'ailleurs, à une observation que vient de faire mon
collègue de Bellechasse. Tantôt, le ministre a dit, avec raison,
forcément, que pour tout transport illégal, qui est quand
même une des facettes importantes du malaise qu'on rencontre dans le
camionnage, des plaintes étaient portées et que les cours de
justice avaient à décider. Je pense que c'est dans le cours
normal des choses. Est-ce que le ministre pourrait informer la commission, qui
a besoin de connaître l'ensemble des facettes du problème, du
nombre de plaintes qui ont été déposées, du nombre
de causes qui ont été plaidées et de l'importance des
amendes qui ont été versées? On en parle dans les
mémoires; c'est une industrie qui génère des centaines et
des centaines de millions.
Cela serait important que la commission sache, devant les milliers et
les milliers d'infractions contre les règlements du transport, ce que
ça donne, dans les faits, les poursuites qui sont intentées et ce
que ça coûte à ceux qui sont pris en infraction, si
c'était possible, pendant que la commission siègera.
M. de Belleval: Oui, je pourrai faire les recherches qu'il faut.
Ces renseignements sont sans doute disponibles déjà. Je ne les ai
pas sous la
main. Mais on pourra vous donner cette réponse avant la fin des
travaux de la commission. Vous avez raison de le souligner. C'est un aspect
important. La preuve, d'ailleurs, que je suis de votre avis là-dessus,
c'est que, comme je l'ai dit, je suis convaincu d'avance, sans vous donner la
réponse exacte on vous la donnera qu'à l'examen de
cette réponse vous serez d'accord avec moi pour dire qu'il faut changer
le système actuel, parce qu'il n'est pas dissuasif.
Le Président (M. Jolivet): Est-ce qu'il y a d'autres
questions ou observations? M. Charest.
M. Charest: Dans un autre mémoire, on parle d'un certain
entrepreneur qui faisait des retenues sur les paies des camionneurs pendant le
temps qu'on a fait la manifestation parce qu'il dit avoir manqué de
camions, tandis que, durant le temps de notre manifestation, il était
sur la clause 75-25 et il a tout mis ses "trailers" pour faire le transport; je
pense que ça a plutôt été rentable pour lui. Mais M.
le ministre n'a pas semblé prendre en considération cette
chose.
Je pense qu'un entrepreneur qui retient 8% sur la paie de tous les
camionneurs pour se faire justice lui-même, cela devrait valoir la peine
de prendre cette chose en considération et d'essayer de faire en sorte
que les camionneurs soient payés dans les plus brefs délais
possible, parce que depuis le mois de mai, ce même entrepreneur n'a pas
encore payé les camionneurs. Il leur envoie un chèque de temps en
temps et il donne pour raison que chaque camionneur devrait envoyer son
état de compte, cette année. L'année passée, il
n'en avait pas besoin, il les payait de même. Cette année, il dit:
Qu'ils envoient leur état de compte et nous allons les payer. Il retient
8% sur la paie. Je demande qu'au moins l'entrepreneur en question paie les
camionneurs dans les plus brefs délais possible.
M. de Belleval: Ecoutez M. Charest, il est évident que je
n'approuve aucune mesure de rétorsion, pas plus celles auxquelles j'ai
fait allusion de mon propre chef tantôt que celles que pourrait utiliser
un camionneur envers vos adhérents. Je pense que cela démontre
bien les malaises que nous avons dans cette industrie quand des gens comme
cela, que ce soit chez vous, au poste d'affectation, ou des entrepreneurs ou
ailleurs, se mettent à prendre des mesures de rétorsion contre
des membres de cette industrie. Il est évident que c'est de cela
justement qu'il faut sortir. Je suis déjà intervenu, comme vous
le savez, auprès de certains entrepreneurs, à votre demande. Dans
un cas comme cela, il me fait plaisir d'agir comme intermédiaire entre
vous-même et l'entrepreneur en question, bien que vous devez vous rendre
compte que je n'ai aucun pouvoir décisionnel sur un entrepreneur ou
l'autre qui a un contrat avec des tierces parties.
Le Président (M. Jolivet): S'il n'y a pas d'autres
questions, je vais remercier les gens de la région 04 et je vais
demander aux gens du Poste d'affectation de la région 05 Inc.,
représentés par M. Jean-Guy Perras... Oui?
M. Charest: Si c'est possible, je voudrais signaler le cas de
Déry Express qui est rendu avec 4 VR sur ses camions. Après
information, hier, à la Commission des transports afin de savoir de
quelle façon il avait acquis ces 4 VR, la Commission des transports,
répond qu'il n'a pas acquis de permis VR au nom de Jean Gauthier, de
Déry Express ou n'importe quel nom que vous pouvez sortir. On ne sait
plus sous quel nom il marche mais il a 4 VR sur ses camions. Après avoir
rencontré la Compagnie Mallette, hier matin, on a appelé Jean
Gauthier lui-même pour lui demander s'il avait bien 4 permis VR. Il a
dit: oui. Cela s'est fait dans l'espace de dix jours, quinze jours. Il a
transporté pendant quinze jours avec un X, une licence de garage, et
maintenant, il est rendu avec des VR. Son affaire est maintenant correcte, il a
ses VR.
Il y a un autre type qui transporte depuis un bon bout de temps avec un
F. Il disent, lui, il a ses papiers, il ne reste qu'à aller chercher le
VR. Il passe devant la Commission des transports, le 8 septembre, pour obtenir
son permis. On s'est renseigné auprès de la Commission des
transports, il n'a pas de permis, mais il a des VR. Il transporte
illégalement, et cela dure depuis trois ans. C'est ce que je trouve
drôle. Depuis trois ans, ce même type vient à bout de
transporter, même si les amendes sont de $50 à chaque fois qu'il
commet une infraction. S'il avait au moins une amende par jour chaque fois
qu'il agit illégalement, j'imagine qu'à $50 l'amende, au bout de
100 jours il en aurait assez de payer et il arrêterait de transporter. Il
y a quelque chose qui ne marche pas. Les officiers du ministère des
Transports sont allés vérifier chez Déry, la semaine
passée, pour voir s'il y avait effectivement des VR sur les camions.
L'officier trouve bien drôle lui aussi qu'il y ait des VR qui soient
à son nom. J'ai dit: C'est bien à son nom? Il a dit: Oui, c'est
à son nom. On a vu aucune publication dans les journaux. On ne sait plus
d'où cela vient. On ne sait plus où c'est. On se pose des
questions. On ne le sait plus.
M. de Belleval: Comme vous l'avez indiqué, vous avez
posé la question à la commission qui est responsable de
l'administration des permis. Tantôt, votre procureur, d'ailleurs, a
expliqué qu'il était favorable à l'indépendance de
la commission. Je ne peux pas intervenir auprès de la commission pour
casser des décisions ou obtenir des renseignements autres que ceux qui
vous sont déjà transmis. Quoi qu'il en soit, je demanderai des
renseignements sur les cas que vous soulevez et je vous écrirai
là-dessus. Je l'ai toujours fait, d'ailleurs. Vous savez aussi que dans
le cas d'entrepreneurs qui sont fautifs, nous avons agi, mais dans le cadre de
la loi actuelle qui, tout le monde l'admet, n'est peut-être pas des plus
efficaces pour réprimer ce genre d'abus.
Je comprends votre frustration, M. Charest. La mienne est égale
à la vôtre, mais moi aussi, je
fonctionne dans le système que l'on m'a laissé et qui
semble, d'ailleurs, créer ses propres difficultés,
indépendamment des efforts des différents ministres ou
fonctionnaires qui se succèdent dans le dossier. S'il y a un dossier qui
brûle les ministres et les fonctionnaires, c'est bien ce
dossier-là. Cela a l'air à brûler de la chair humaine, mais
ça n'a pas l'air, finalement, à donner de meilleurs
résultats à l'autre bout.
M. Charest: J'en suis bien conscient. Tout ce que je sais, c'est
que cela fait trois ans que ce camionneur transporte de la marchandise
illégalement. Comme je l'ai dit, s'il avait eu des amendes aussi souvent
qu'il était en infraction, je suis certain qu'il aurait
arrêté de transporter. Je ne sais plus s'il y a des amendes, on se
pose des questions. La question vous a été posée tout
à l'heure; y a-t-il eu des cas assez "pénalisables" qu'ils en
vaillent la peine et quel montant ce même entrepreneur aurait-il pu
payer? Je ne le sais plus.
M. de Belleval: Pour revenir aux statistiques que me demandait
tantôt le député de Charlevoix, par exemple, en 1976-1977
nous avons émis 2052 billets d'infraction. Quand on sait qu'il y a
à peine 10 000 permis, 2052 billets d'infraction pour une seule
année, je pense que ça commence à être un montant
respectable. Au cours de la même période, 461 dénonciations
furent envoyées aux procureurs de la couronne, 303 avis
préalables ont également été envoyés, 324
mises en demeure et 1120 dossiers ont été classés sans
aucune infraction.
Au cours de la même période, 658 condamnations ont
été prononcées, 113 plaintes ont été
rejetées et 185 avis préalables ont été
payés. Donc, on se rend compte que le système de surveillance, le
système d'infraction fonctionne.
Cela dit, l'aspect répressif de ce système d'infraction,
de poursuite et de condamnation n'enraie pas d'une année à
l'autre toutes les infractions. Je vous donne l'exemple de 1976-1977 et je
pourrais continuer pour 1977-1978 et pour l'année 1978-1979.
Pour 1977-1978, 2771 dossiers; pour 1978-1979, 1762 billets plus 18
dénonciations, plus 830 avis préalables, plus 1154 mises en
demeure. Pour 1979-1980, on est rendu déjà à 1009 avis
préalables et à 268 dénonciations. Autrement dit, on
fonctionne avec 1500 et 2000 infractions par année pour 10 000 ou 12 000
permis. Si quelqu'un ne voit pas un malaise là-dedans, s'il s'imagine
qu'avec encore plus de policiers, encore plus d'infractions, encore plus de
procès on va régler le problème, je lui demande quand
même de réfléchir à ces chiffres-là.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Shefford.
M. Verreault: Le ministre n'est pas tellement précis dans
ses informations. Parle-t-il de 2000 infractions relativement au transport
illégal ou s'il parle des infractions au Code de la route en
général?
M. de Belleval: Je parle des infractions dans le cas du transport
en vrac, bien sûr.
M. Verreault: Non, mais est-ce qu'on parle de transport
illégal?
M. de Belleval: De transport illégal au règlement
sur le vrac, non pas au Code de la route.
M. Verreault: Oui, mais le transport en vrac peut comporter des
infractions au Code de la route aussi.
M. de Belleval: Non, vous avez raison. Ne vous inquiétez
pas, ce ne sont pas des infractions au Code de la route, mais des infractions
au règlement sur le transport en vrac.
M. Verreault: Comme cela, c'est bien précisément
relatif au transport illégal? Est-ce du transport illégal?
M. de Belleval: C'est du transport illégal,
effectivement.
M. Gratton: M. le Président, est-ce qu'on me permettrait
de demander au ministre s'il accepterait non pas de déposer, parce qu'il
n'y a pas de dépôt en commission parlementaire, mais de fournir
aux membres de la commission ces documents?
M. de Belleval: Oui, de faire l'équivalent. Demain, ce
sera fait. On fera des photocopies, ce sera fait.
M. Gratton: D'accord.
Le Président (M. Jolivet): M. Piuze.
M. Piuze: M. le Président, c'était ma question,
à savoir si le nombre d'infractions portait sur le règlement sur
le camionnage en vrac, sur les taux ou si ça incluait la pesanteur. Le
ministre nous dit: Non, cela porte sur le règlement sur le camionnage en
vrac, ça ne concerne pas la pesanteur.
M. de Belleval: Sur le règlement sur le camionnage en
vrac.
M. Piuze: Exclusivement?
M. de Belleval: Exclusivement.
M. Piuze: Pour les gens qui n'avaient pas lettré leur
camion, etc.
Le Président (M. Jolivet): M. le député
d'Arthabaska.
M. Baril: J'aurais juste une petite question. J'aimerais savoir
si vous pouvez nous dire combien il y a eu de plaintes de formulées
depuis trois ans ou au moins depuis un an au niveau de la région 04
auprès de la commission quant au transport illégal.
M. Charest: II y en a eu plusieurs, elles n'ont pas toutes
été formulées par écrit. Vous dire le nombre...
Elles ont toutes été formulées aux officiers du
ministère des Transports, il y a un bureau à
Trois-Rivières. On appelle directement et on formule les plaintes sur du
transport illégal, sur du transport sans immatriculation
adéquate, etc. Il doit y en avoir eu, j'imagine, une centaine dans la
région 04. A un moment donné, avec le résultat obtenu
à la suite de nos plaintes, on a été une bonne
période de temps pendant laquelle on n'en faisait plus. Cela ne servait
à rien, rien ne changeait. A ce moment-là, on se décourage
et on arrête d'en faire. (22 heures)
M. Baril: Quand vous affirmez je ne veux pas contester
votre affirmation qu'il se fait beaucoup de transport illégal
dans la région 04, sur quoi vous basez-vous?
M. Charest: Si on voit passer un camion immatriculé avec
un L, par exemple, et qu'on fait sortir le dossier à la Commission des
transports pour savoir ce que cela lui permet de faire et qu'il n'a qu'un rayon
de 30 milles, alors qu'il charrie à 100 milles, il dépasse son.
rayon. On étudie la chose avant, on fait la plainte en
conséquence et il continue à transporter. Cela fait trois ans
qu'on fait continuellement des plaintes contre ce type et il continue à
transporter encore; c'est celui que je mentionnais tout à l'heure.
Depuis cinq jours à peu près, il a des VR et il continue toujours
à transporter.
On a jusqu'à des N et des X qui font du transport pour compte
propre; soi-disant, c'est du compte propre, mais c'est du compte public. Cela
aussi est illégal, comme le coupage de taux, on n'est pas supposé
couper les taux. On porte toutes ces plaintes, mais il est assez rare que nous
ayons un aboutissement ou quelque chose de concret à nos plaintes.
Le Président (M. Jolivet): Merci. Il y a eu consentement
tacite pour continuer, compte tenu qu'il y a d'autres questions. Je demande
à nouveau les gens du Poste d'affectation de la région 05 Inc.,
représentés par M. Jean-Guy Perras. Vous allez présenter
les autres membres de votre groupe.
M. Gratton: Laissez faire pour le procureur! On le
connaît.
M. Beaudet: En blaguant, je n'ai pas de conflit
d'intérêts parce que je représente deux associations de
transporteurs, mais j'aurais sûrement un conflit d'intérêts
s'il fallait que je représente le ministre des Transports!
Poste d'affectation de la région 05
Inc.
M. Perras (Jean-Guy): M. le Président, M. le ministre, MM.
les députés, d'abord, nous apprécions le fait d'être
entendus ici, aujourd'hui. J'aimerais vous présenter le
vice-président au poste d'affectation, M. Morin, et, sans plus tarder,
notre directeur du Poste d'affectation de la région 05, M. Letarte, qui
nous fera lecture de ce document.
M. Letarte (Pierre): M. le Président, M. le ministre, MM.
les députés, notre mémoire se divise en six volets. La
première partie se lit comme suit: Composition et structure du Poste
d'affectation de la région 05 Inc.
Depuis le 15 juillet 1978, la corporation Poste d'affection de la
région 05 détient le permis de courtage exclusif émis par
la Commission des transports du Québec. Dans notre région,
environ 525 détenteurs de permis de transport en vrac sont inscrits au
poste, sur une possibilité de 750.
Le poste d'affectation a divisé la région 05 en dix
sous-postes de distribution de travail dont le territoire correspond à
la carte des circonscriptions électorales de 1969.
Avant l'avènement des postes d'affectation, les camionneurs en
vrac de la région se répartis-saient le travail, à
quelques exceptions près, suivant ces lignes.
Après avoir tenté de modifier le territoire par une
superstructure, nous nous sommes aperçus qu'au point de vue de la
rentabilité et de la répartition équitable les lignes des
circonscriptions électorales de 1969 étaient plus
adéquates. Neuf des dix sous-postes possèdent des bureaux avec un
personnel de répartiteur indépendant, n'ayant aucun permis de
transport en vrac. Le poste compte sur des personnes-ressources essentielles
à sa bonne marche.
Activités et opération du poste. Le coût moyen
d'opération annuel des sous-postes et du poste s'établit
approximativement à $550 par abonné. Nous avons, au service du
public, toutes les catégories de camions dont un requérant de
services peut avoir besoin. Il n'y a aucune commande ou réquisition de
services que nous ne puissions remplir.
Volume de transport. De juillet 1978 à juillet 1980, les
réquisitions de services se sont maintenues au poste et aux sous-postes.
Cependant, le nombre de détenteurs de permis inscrits a augmenté
de 10%.
Le transport du sable, terre, gravier, chlorure de sodium est
effectué par le poste et les sous-postes dans une proportion
approximative de 40%, même si 70% des détenteurs de permis font
partie des structures actuelles.
Cette lacune est causée, d'une part, par la compétition
que les abonnés se font entre eux et, d'autre part, par la
compétition qu'ils font aux postes en s'engageant directement par
contrat ou sous-contrat. De plus, nous voyons apparaître chaque jour avec
plus d'intensité des transporteurs illégaux et, à cause de
ces faiblesses, les perspectives d'avenir du poste sont minimisées.
Dans le domaine forestier, nous n'avons à peu près pas de
transporteurs inscrits aux postes et sous-postes, étant donné que
les requérants de services dans ce domaine préfèrent
contourner la réglementation pour des motifs que nous établi-
rons dans un des chapitres suivants.
Eléments positifs du poste. Le poste d'affectation a, au cours
des deux dernières années, offert un service de qualité
aux requérants et a aussi permis de regrouper les transporteurs en vrac
sous un même toit pour assurer une meilleure répartition du
travail entre les détenteurs. Cependant, le poste ayant fait maintenant
ses preuves, il est temps de trouver les moyens qui garantiront la
rentabilité de ce dernier et de ses abonnés.
Enumération des problèmes rencontrés par le poste
avec quelques exemples à l'appui: a) transport en bas des taux, b)
transport sans permis, c) pseudo-location, transport en régie, transport
forestier et je cite, transport en bas des taux.
Nous pourrions naturellement vous donner 100 exemples du transport
effectué en contournant les ordonnances de taux. Il y a, bien sûr,
le requérant de services et le transporteur qui s'entendent
secrètement sur les taux, mais, ce qui nous surprend le plus, c'est de
voir des organismes publics embaucher des transporteurs à taux
réduits sans intervention. Ainsi, par exemple, la ville de Plessisville
a accepté des soumissions de transport en vrac dont le taux est
inférieur de 10% au taux fixé par la commission. La ville de
Plessisville a confié depuis le 14 août 1980 les travaux à
deux entrepreneurs qui avaient soumissionné en bas des taux, soit H.
Nadeau et Fils Ltée et A. Grégoire et Fils Ltée, au taux
horaire de $25, alors que le taux minimal horaire fixé par la commission
est de $27.25. Il est à noter que ces travaux sont subventionnés
en grande partie par le ministère des Transports.
Transport sans permis. Tous les jours et au nom du compte propre, des
camions immatriculés F font du transport au détriment des
détenteurs de permis VR. Cette manière de procéder est
tellement généralisée que, dans la ville de Sherbrooke
même, alors qu'il y avait une soixantaine de transporteurs disponibles,
Béton de L'Estrie Enr. faisait faire son transport par L. Gosselin et
Fils Ltée, de Thetford Mines, avec des camions immatriculés
F.
Pseudo-location. L'été 1980 ne nous a pas
épargnés sur la nouvelle façon de contourner les taux et
toutes les règles de protection accordées aux détenteurs
de permis VR. Ainsi, le ministère des Transports avait accordé
à la compagnie Béti-con Ltée un contrat de recyclage de
béton bitumineux et de correction dans le comté municipal de
Frontenac. Béticon Ltée a cédé son contrat avec
l'autorisation du ministre des Transports à Les Entreprises Bourget Inc.
de Joliette. Les Entreprises de Location Kildair Inc., compagnie parente, loua
aux Entreprises Bourget Inc. sept camions munis de VZ. Les conducteurs de ces
véhicules loués étaient payés par une tierce
personne. Cette méthode a pour premier effet de diminuer les coûts
de fonctionnement en se débarrassant de toutes les normes qui comportent
le transport public et les exigences des conducteurs, et ensuite la protection
accordée aux postes sur ces contrats de béton bitumineux est
déjouée. Pendant ce temps, 400 détenteurs de permis
inscrits attendaient pour partager le travail équitablement. Il y aurait
peut-être lieu de parler de partage équitable entre entrepreneurs
et transporteurs.
Transport en régie. Le poste se sent diminué lorsque les
camionneurs s'aperçoivent que le transport en régie qu'ils
avaient à 100% passe par d'autres canaux soit par l'augmentation du
nombre de camions du ministère des Transports ou par l'octroi de travaux
en régie par contrat. Ainsi, la firme Couillard construction Ltée
possédant des camions immatriculés F, FZ et VR effectue ces
contrats qui, dans le passé, étaient réservés au
poste. F, FZ et VR participent aux travaux même si cette compagnie a un
VR d'inscrit au poste d'affectation, et qui est admissible au partage
équitable du travail avec les autres qui la regardent transporter.
Domaine forestier. Après deux ans d'activités et d'effort
afin de regrouper les transporteurs forestiers et amener les requérants
de services à s'enquérir de nos services, nous constatons que
notre travail dans ce sens a été un échec total. Aucun
secteur de travail réservé en forêt n'a été
confié au poste d'affectation. Cependant, le plus dur coup que nous
avons subi vient de la Régie des marchés agricoles. En effet,
malgré le règlement concernant le camionnage en vrac qui consacre
au poste d'affectation un permis de courtage exclusif, voilà que la
Régie des marchés agricoles du Québec accrédite
l'Association des transporteurs de bois de l'Estrie Inc. décision
numéro 2887 du 9 mai 1980, dossier 42-11-2 pour
représenter les personnes effectuant le transport du bois des
producteurs visés par le plan conjoint des producteurs de bois de
l'Estrie. Cette accréditation a permis à cette association de se
prétendre courtier dans le transport du bois. De plus, malgré le
grand nombre de camions disponibles immatriculés VR, cette association
accréditée fait transporter des camions immatriculés F. Au
mois de mai 1980, nous avons souligné cette lacune au ministère
des Transports, mais nous attendons encore patiemment une réponse. Si le
permis de courtage exclusif ne peut être accordé au poste, ce sera
ni plus ni moins que de la déréglementation et, par le fait
même, l'application de la loi de la jungle.
Solutions suggérées. Après n'avoir
énuméré que quelques-uns des problèmes et plaintes
des transporteurs et même des entrepreneurs, nous vous suggérons
des solutions qui tiendraient compte des problèmes des transporteurs
principalement et des droits de l'entrepreneur.
Nous tenons, premièrement, à vous féliciter car le
permis de poste a servi à former une structure qui a le potentiel pour
réellement distribuer le travail d'une manière équitable.
Toutes les réquisitions de services de transport en vrac devraient
être adressées au poste. De plus, tous les transporteurs en vrac
devraient être obligés d'inscrire au poste tous leurs camions VR.
La location, tant pour le transporteur que pour l'entrepreneur, devrait
être autorisée seulement et strictement pour remplacer un camion
brisé; "depuis le règlement 12, cette formule s'applique pour le
transporteur en vrac". Les ordonnances de taux devraient ten-
dre à établir des minimums qui pourraient concurrencer le
coût de fonctionnement par un entrepreneur en tenant compte des
subventions qu'il peut recevoir et des dépréciations qu'il peut
prendre. De cette façon, le poste pourrait être un concurrent
sérieux sur le marché. La ligne entre le compte propre et le
transport public serait ainsi établie. Encore là, pour que cette
solution ait de la valeur, il faudrait que la Commission des transports du
Québec annule immédiatement tous les permis inopérants.
Pour éviter le commerce des permis, nous préconisons l'abolition
des transferts de permis de transport en vrac sans plus de délai. Avec
cette solution proposée, vous permettrez aux transporteurs en vrac et
aux entrepreneurs de se partager équitablement le transport de
matières en vrac. Si ces propositions de solutions étaient
retenues, le transport illégal serait éliminé ainsi que la
fausse location, ce qui permettrait véritablement d'atteindre le but
premier du règlement concernant le camionnage en vrac et le partage
équitable du travail entre les détenteurs de permis de vrac.
Enfin, ces solutions pourraient éliminer des camions, mais non des
détenteurs. Je vous remercie.
Le Président (M. Jolivet): M. le ministre.
M. de Belleval: II y a des choses extrêmement
intéressantes dans les suggestions que vous faites et j'aimerais les
creuser un peu. Vous dites que les ordonnances de taux devraient tendre
à établir des minimums qui pourraient concurrencer le coût
de fonctionnement par un entrepreneur. (22 h 15)
Autrement dit, vous dites: On accepte la concurrence, permettez-nous
d'être concurrentiels. Si je comprends bien, c'est ce que vous voulez.
Donc, la commission établirait des tarifs qui vous permettraient,
effectivement, de faire concurrence aux entrepreneurs. Les entrepreneurs,
alors, auraient avantage à travailler avec vous plutôt que de
prendre tout le trouble de s'équiper, etc. Au fond, c'est un peu la
formule de l'Ontario, si je comprends bien, où les taux ne sont pas
fixés comme tels par la commission, mais résultent directement de
négociations entre les donneurs d'ouvrage et ceux qui offrent l'ouvrage.
C'est ce genre de système que vous voudriez voir instaurer?
M. Letarte: Evidemment, conditionnellement à certains
faits, aux propositions qu'on fait, toutes les réquisitions de services
passent par le poste d'affectation je les ai
énumérés tout à l'heure.
M. de Belleval: Deuxièmement, aussi je pense que le point
important peu importe le moyen, il y a peut-être plusieurs moyens
d'arriver à la même fin je retiens votre suggestion
à savoir qu'il faut que le poste soit en mesure de concurrencer
l'entrepreneur privé si l'on veut qu'il y ait un avenir. Autrement dit,
assouplir la réglementation pour lui permettre de faire cette
concurrence. Moi, cela m'apparaît extrêmement valable comme
suggestion. De même, vous dites: II faut annuler les permis
inopérants, en profiter, puis quand un entrepreneur ou un artisan, je
suppose...
M. Letarte: La même chose.
M. de Belleval: ... la même chose... n'utilise pas son
permis pendant un certain nombre de mois ou d'années, le permis lui est
retiré, c'est cela?
M. Letarte: Oui, quelques mois, même quelques semaines
parce que dans la région 05, on a un énorme commerce de permis
qui se fait. Même on a des dossiers de policiers qui sont montés
actuellement. On s'attend d'aller à la commission prochainement avec ces
dossiers. Il y a même des entrepreneurs qui ont dit aux policiers qu'il
fallait qu'ils se débarrassent de leurs permis coûte que
coûte. On a demandé à quel prix et on n'a jamais pu
savoir.
M. de Belleval: C'est un peu la même chose qu'on retrouve,
au fond, dans le domaine du règlement de la construction où quand
un employé, un ouvrier n'a pas travaillé suffisamment d'heures,
il se trouve à perdre sa classification et donc il se trouve à
perdre quasiment son permis de travail dans ce cas. Je ne sais pas ce que le
député de Gatineau va dire de cela. Finalement aussi, vous dites:
Pour éviter le commerce des permis, nous préconisons l'abolition
des transferts des permis de transport en vrac sans plus de délai.
Autrement dit, le permis serait accordé à un individu ou à
un camion qui appartient à un individu en particulier. S'il utilise son
permis, c'est parfait; s'il ne l'utilise pas, il risque de le perdre en vertu
de votre suggestion précédente. De toute façon, quand il
meurt ou qu'il cesse de travailler, il perd son permis et cela vient de
s'éteindre, donc, il n'y a plus de valeur marchande accordée au
permis comme tel.
M. Letarte: Nous pensons que c'est la seule façon de
limiter les permis pour...
M. de Belleval: De limiter les permis éventuellement. Au
fond, quand je posais la question tantôt, au tout début de
l'après-midi, comment faire pour diminuer le nombre de permis, ce sont
les suggestions que vous nous faites. Est-ce que vous pensez que les gens avec
qui vous êtes en contact je vois que vous avez aussi des contacts
sont favorables à cette proposition, Me Beaudet? Est-ce que vous
êtes favorable à cela?
M. Beaudet: M. le ministre, je peux vous dire une chose, mes
clients, le Poste d'affectation de la région 05, ont
décidé en majorité de faire les revendications suivantes.
Je ne suis que le conseiller juridique. Sur la question de transfert de permis,
ils voyaient un moyen, premièrement, d'éviter le commerce des
permis, et, deuxièmement, de multiplier les premiers camions. C'est ce
que ce client prétend.
M. de Belleval: Donc, vous n'endossez pas nécessairement
ces recommandations.
M. Beaudet: Naturellement, je n'endosse pas non plus les
recommandations de l'ANCAl comme telles. J'ai un travail professionnel à
faire de conseiller juridique. Je représente mon client et je ne fais
pas moi-même les demandes, que ce soit pour l'ANCAl ou pour un autre. Les
camionneurs décident de ce qu'ils veulent et nous on vous le
présente dans un cadre juridique; nous les avocats nous sommes là
pour cela. On vous apporte une nouvelle forme de solution globale qui se tient.
Toutes les réquisitions...
M. de Belleval: Autrement dit, je devrais poser la question
directement à l'ANCAl quand l'occasion s'en présentera.
M. Beaudet: Sûrement!
M. de Belleval: D'accord, merci de votre suggestion.
M. Le tarte: Peut-être pour...
Le Président (M. Jolivet): Excusez...
M. de Belleval: Non, je vous remercie.
M. Letarte: Pour répondre à votre question, le
vice-président du poste d'affectation, qui est mon adjoint, Guy Maurais,
a fait une tournée de consultation à travers la région,
ainsi que le président, M. Perras, et il semblerait y avoir un consensus
dans la région 05 à savoir que ce serait acceptable.
M. de Belleval: Dans la région 05 à cet
égard.
M. Letarte: D'après à peu près tous les
détenteurs de permis. Evidemment, ce ne serait pas acceptable pour celui
qui est prêt à vendre dans quinze jours, mais...
M. de Belleval: Je pense que je n'ai pas besoin d'insister
là-dessus, ni vous. On saisit aussi, sans faire beaucoup de discours,
que cela soulèverait certainement des problèmes par ailleurs.
Quoi qu'il en soit, je voulais être certain d'avoir bien compris.
M. Beaudet: Mon client voudrait faire remarquer aussi que dans
cette région 100% des camionneurs, au poste d'affectation, sont membres
de l'Association régionale des camionneurs artisans, mais ils ont la
liberté dans chaque région de déterminer leur
système.
M. de Belleval: Oui, d'accord.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: Vous venez de répondre à la
première partie de ma question à savoir que 100% des camionneurs
en vrac du poste d'affection 05 appartiennent à l'ANCAl.
M. de Belleval: A l'ANCAl régionale. M. Mailloux: A
l'ANCAl régionale.
M. de Belleval: C'est bien important de faire la
différence.
M. Beaudet: A l'ANCAl provinciale aussi. M. Letarte: Oui,
aux deux. M. de Belleval: Aux deux? M. Letarte: Aux deux.
M. Mailloux: Je voulais simplement revenir sur la question que
vous a posée le ministre des Transports quant à la fixation des
taux par la commission. Vous avez bien dit, en réponse au ministre, que,
effectivement, conditionnellement au groupe de recommandations que vous faites,
qui se tiennent, les membres de votre poste d'affectation consentiraient
à ce que plutôt que des taux soient fixés pour tout type de
transport, que ce soit à partir de taux minimaux que vous seriez
prêt à accepter, ce qui vous permettrait une meilleure concurrence
avec les taux minimaux dont vous avez parlé.
M. Maurais: Ce serait peut-être des taux minimaux aussi, on
pourrait tenir compte de certains secteurs à l'intérieur de la
région parce que, selon la diversité des travaux à faire,
on a des "stock pile" à faire, ce n'est pas tout à fait le
même taux applicable que sur les contrats de construction. Cela pourrait
aussi être sur une base minimale, comme vous le dites. A un moment
donné, pour un camion, si on transporte du matériel d'une
carrière à une usine de ciment ou d'asphalte, ce ne sont pas les
mêmes coûts que pour une construction de route.
M. de Belleval: ... à tous points de vue.
M. Mailloux: Advenant que la commission fixe des taux minimaux,
si tous les requérants de services sont forcément obligés
de passer par le poste d'affectation, à ce moment-là, il n'y a
pas trop de problèmes. Là, il y aurait une possibilité de
n'avoir aucune concurrence en bas du prix minimum fixé par la
commission; il faudrait, alors que l'ensemble des requérants soient du
poste d'affectation et qu'il n'y ait pas de transport illégal. Si le
transport illégal ne disparaît pas, même s'il y avait un
taux minimum fixé, le vice que l'on constate actuellement ne serait-il
pas perpétué?
M. Maurais: Si vous le permettez, M. le Président, en
travaillant à l'intérieur de la structure qu'est le poste
d'affectation on sent bien des problèmes, on en vit et il y a toutes
sortes de choses qui se présentent. On pense, à un moment
donné, qu'il y a un secteur déterminé qui est le vrac,
avec une définition de toutes les matières. Il y a des
permis accordés à des camions pour faire ce
transport-là. On pense qu'à partir de ça il est
inadmissible que des détenteurs de permis ne soient pas tous à la
même place pour coordonner et contrôler tout ça dans le
même sens. On pense que c'est un non-sens que ce soit
réglementé pour certains groupes et que, comme cela existe
actuellement, pour ceux qui sont à l'extérieur de nos structures
ce soit facile de contrôler tout ça.
De prime abord, on pensait que l'organisation en place qu'est le
ministère des Transports on n'adresse pas de reproche, on
constate des faits pourrait mettre la même application qu'on tente
de mettre aux postes d'affectation, mais on voit par le cheminement qui est
fait que cela est impossible. Je pense que, si tous les permis étaient
à l'intérieur d'une structure, ce serait facile de
contrôler notre secteur et ce serait déjà un gros
problème de réglé.
M. Letarte: Actuellement, les gens les plus avantagés sont
justement ceux qui ne sont pas aux postes d'affectation.
M. de Belleval: Parce qu'ils peuvent concurrencer.
M. Letarte: C'est ça.
M. de Belleval: Mais à partir du moment, justement,
où la réglementation est beaucoup plus souple en termes de
tarifs, ces gens-là perdraient les avantages qu'ils ont
actuellement.
M. Letarte: Définitivement, en étant au poste
d'affectation.
M. de Belleval: Même s'ils n'étaient pas dans le
poste, vous iriez les concurrencer sur leur propre terrain.
M. Letarte: C'est-à-dire que non, pas
nécessairement.
M. Perras: On aime autant ne pas prendre de chances parce que
c'est assez délicat.
M. de Belleval: Pardon?
M. Perras: On aimerait autant ne pas prendre de chances parce que
c'est assez délicat.
M. Maurais: Mais, M. le ministre, c'est inadmissible, en partant,
comme je vous l'ai dit tout à l'heure, qu'un secteur et tous des gens
habillés pareil aient le droit de faire ce qu'ils veulent à
l'intérieur de ça. C'est comme si on prenait la police
provinciale; ils ont la même formation, l'habillement, ils sont tous
équipés pour faire le même travail. S'ils ne sont pas
sujets aux mêmes ordres, s'il y a la moitié de vos effectifs au
ministère des Transports qui s'occupe de sécurité sur les
routes, s'ils ne sont pas tous sujets au même ordre de conduite,
qu'est-ce qui va arriver?
M. de Belleval: Je comprends, mais qu'est-ce qui arriverait, par
exemple, avec les gens qui ont plus de quatre camions? Où iraient-ils?
Ils ne sont pas dans le poste d'affectation, il ne pourrait plus y avoir
d'entrepreneurs à l'extérieur, dans le camionnage en vrac.
M. Maurais: Mais, M. le ministre, justement, la misère
qu'on a aujourd'hui, c'est qu'il y en a trop qui fouillent dans le même
secteur. Je pense qu'il devra se faire une définition entre le compte
propre et le compte public. Cela va se faire de cette façon; c'est
peut-être un moyen radical, mais c'est la seule façon qu'on voit
actuellement pour régler tout ça. M. Letarte.
M. Letarte: L'entrepreneur qui détient plus de quatre
camions n'aurait qu'à s'immatriculer avec des F et à ne pas faire
du transport public et, tout simplement, à faire ses travaux.
M. de Belleval: C'est ce que je comprends bien. A ce
moment-là, ça veut dire qu'il n'y aurait plus comme transporteurs
publics que les camionneurs artisans.
M. Letarte: Inscrits aux postes d'affectation. Tous les
détenteurs de VR...
M. de Belleval: C'est ce que je veux dire.
M. Letarte: ... que ce soit dans les régions 05, 04, 03 ou
02, tous les détenteurs de VR inscrits aux postes d'affectation, toutes
les réquisitions aux postes d'affectation.
M. de Belleval: Maintenant, vous vous rendez compte qu'à
ce moment-là, il y a des droits acquis là-dedans, il y a des gens
qui ont plus que quatre camions et qui fonctionnent en dehors du système
des postes d'affectation. Je pense bien que vous avez pensé aussi
à ce problème.
M. Letarte: Dans le domaine de la forêt, en
particulier.
M. de Belleval: Dans le domaine du vrac ordinale, aussi.
Qu'est-ce qu'on ferait de ces gens? Il y a des gens qui, actuellement, sont
propriétaires de plus de quatre camions, ils en ont le droit, en vertu
de la réglementation; ils fonctionnent, vous les obligez à entrer
dans un système comme celui que vous proposez. Il va falloir que vous
les dédommagiez.
M. Maurais: Ce sont peut-être des choses à
négocier. Je pense qu'à prime abord, il faudrait tenter d'aller
vers une clarté qui va s'établir entre le compte propre et le
public. Je pense qu'à ce moment-là, ils deviendront des
entrepreneurs sans permis, pour leur propre matériel, leur propre
transport.
M. de Belleval: Oui, c'est ce que je comprends. Il n'y aurait
plus que le compte propre et
tous les gens du vrac non pour le compte propre seraient dans le poste
d'affectation. Je comprends très bien. Il reste, comme je vous dis, que
ça pose le problème de ceux qui ne sont pas actuellement dans les
postes d'affectation et qui ont le droit de fonctionner en vertu de la
réglementation actuelle. (22 h 30)
M. Maurais: Je pense que, pour vous autres, pour les surveillants
routiers, ça faciliterait de beaucoup le travail. Ce qu'on voit
actuellement, c'est que ces gars n'ont pas la tâche facile. C'est comme
quelqu'un qui se promène dans un secteur qui serait marécageux et
qui en est toujours au même point. On va porter des plaintes contre
certains camionneurs qui font du transport avec des F alors qu'on sait que ce
n'est pas leur matériel, on peut les envoyer, une fois par semaine, voir
le même type et il va toujours revenir. Autrement dit, ces gars sont
toujours au même dossier, mais ça ne rapporte jamais rien à
l'autre bout. Je pense que cette façon d'agir éclaircirait les
choses.
M. Mailloux: Je ne comprends plus du tout.
M. Goulet: Très rapidement, M. le Président. Est-ce
que je comprends bien que vous n'auriez pas objection à ce que la
commission baisse ses taux, de façon que vous deveniez concurrentiels
pour, à ce moment-là, négocier avec les entrepreneurs?
M. Perras: A la condition que toutes les réquisitions
passent au poste d'affectation. C'est très important.
M. Goulet: Vous n'auriez pas objection à ce qu'ils
baissent les taux?
M. Letarte: Selon le genre de transport qui se fait.
M. Goulet: Je m'excuse, je n'ai pas compris le dernier...
M. Letarte: Selon le genre de transport qui se fait, je pense que
M. Perras peut vous donner certains exemples.
M. Perras: On a parlé tout à l'heure du "stock
pile", ça ne se représente peut-être pas...
M. Goulet: Si vous voulez, on ne prendra pas de cas particuliers.
Vous parlez du...
M. Perras: Du "stock pile", l'amoncellement de
matériaux.
M. Goulet: Peut-être pour votre région. Mais
allons-y avec le gravier, ce qui est à peu près commun à
toutes les régions, le gravier, le concassé, le sable, ces
choses-là.
M. de Belleval:... à partir d'une carrière, d'un
amoncellement qui est à côté de la carrière,
évidemment, les coûts ne sont pas les mêmes que pour le
transport du même gravier sur de longues distances.
M. Letarte: Cela pourrait être un taux.
M. Goulet: D'accord. Pour, disons, la construction de routes
ordinaires, vous n'auriez pas objection à ce que la commission
révise ses taux quitte à les baisser et que l'entrepreneur, au
lieu de louer des camions ou n'importe quoi, puisse négocier avec
vous?
M. Perras: Non, on ne parle pas de construction de routes, on a
parlé plutôt d'amoncellement.
M. Goulet: Seulement pour l'amoncellement. M. Perras:
Oui.
M. Goulet: C'est comme un casse-pierres, par exemple, le type qui
va avoir son camion sur le casse-pierres...
M. Perras: L'amoncellement de sable, par exemple, sur une longue
distance, sur une distance de 25 kilomètres pour un chantier d'asphalte
ou de béton.
M. Goulet: D'accord. Dans votre région je regarde
le mémoire vous avez environ 500 membres...
M. Letarte: 563 membres.
M. Goulet: Au poste d'affectation et, là-dessus, il y a
environ 800 permis dans la région...
M. Letarte: Sur 719 détenteurs de permis, on a 563 permis,
c'est-à-dire pour 525 détenteurs.
M. Goulet: Sur les 563, il y en a combien qui sont membres de
l'ANCAl?
M. Letarte: 562.
M. Goulet: Est-ce qu'il y a déjà une
résolution je vous pose la question parce que apparemment
ça s'est déjà fait dans une région, je poserai la
question quand cette région viendra, mais je la pose chez vous
à l'intérieur de vos réunions de façon qu'un membre
du poste d'affectation doit obligatoirement payer une cotisation, sa cotisation
à l'ANCAl? Est-ce que c'est déjà arrivé chez vous
à votre poste qu'il y ait une telle résolution?
M. Letarte: Jamais.
M. Goulet: Ce n'est pas arrivé?
M. Letarte: Non, monsieur.
M. Goulet: Mais, ils sont tous membres quand même?
M. Letarte: Oui. M. Goulet: Sauf un.
M. Letarte: Dans la région 05, ce sont deux organismes qui
fonctionnent indépendamment l'un de l'autre.
M. Goulet: D'accord. Une dernière question, M. le
Président, vous parlez dans notre mémoire de transfert de permis
et vous aimeriez que, dès qu'un permis devient inopérant, il soit
immédiatement rappelé par la commission, si on peut employer ces
mots. Moi, Bertrand Goulet, demain matin, j'ai un permis de transporteur, un VR
et je décède. Mon permis, je le perds. Mais, si je m'appelle
Bertrand Goulet Inc., je ne meurs pas; même si je meurs, ma compagnie ne
meurt pas. Qu'est-ce qui arrive de mon permis?
M. Letarte: Non transférable. La compagnie,
écoutez, il y aurait sûrement des façons, dans la
négociation, pour trouver...
M. Goulet: Vous n'avez pas peur qu'il y ait une accumulation de
permis par les compagnies?
M. Letarte: S'ils ne sont pas transférables, il n'y aura
pas de groupe, il n'y a pas de transfert. On demande le gel des transferts de
permis.
M. Goulet: Le gel des transferts. M. Letarte: Oui.
M. Maurais: S'ils n'étaient pas transférables,
à ce moment-là, on n'aurait pas la possibilité d'en
acheter.
M. Goulet: Cela veut dire qu'une compagnie... M. de Belleval:
... indique monsieur...
M. Letarte: Si la compagnie est vendue, automatiquement, la
compagnie étant vendue, le VR tombe.
M. de Belleval: Non, mais une compagnie, vous savez, ça
peut être immortel. Les administrateurs d'une compagnie, les actionnaires
peuvent mourir, mais la compagnie ne meurt pas. La Compagnie de la Baie
d'Hudson, ça fait 400 ans qu'elle existe et elle continue toujours. La
Compagnie de Jésus aussi, dans un autre domaine. La question que vous
pose M. Goulet, c'est qu'autrement dit il n'y aurait pas de permis possibles
pour des compagnies. Seuls des individus conduisant leur propre camion auraient
le droit d'avoir un permis; c'est ça que ça veut dire à
toutes fins pratiques. Sinon, la question que vous pose M. Goulet, si ce n'est
pas ça que vous voulez, il y a un problème parce que la
compagnie, elle, ne meurt pas. Goulet peut mourir, mais Goulet Inc. ne peut pas
mourir.
M. Goulet: C'est ça. Alors, ça veut dire que ce
serait à l'avantage des compagnies, ce que vous suggérez, bien
plus que des...
M. Letarte: II faudra préconiser un système pour le
gel des transferts de permis sous toutes formes.
M. de Belleval: Mais, vous vous rendez compte?
Je comprends très bien votre position et celle de M. Goulet, mais
il faut que vous alliez jusqu'à la logique de votre recommandation. Cela
veut dire qu'effectivement les compagnies ne pourraient pas avoir de permis.
Seuls, des individus conduisant leurs propres camions pourraient avoir un
permis. Vous ne pourriez pas faire conduire votre camion par quelqu'un d'autre
que celui qui détient le permis. Sinon, comme dit M. Goulet, votre
système n'est pas applicable. Ce qui va arriver, c'est que les permis ne
mourront pas, parce que l'individu, lui, va être anonyme.
M. Letarte: Mais c'était prévu dans la
réglementation. La minute qu'il y a un changement d'actionnaire dans la
compagnie...
M. de Belleval: II n'y a pas de changement d'actionnaire. Il peut
y avoir une compagnie formée d'un seul individu. Autrement dit, prenez
deux individus qui possèdent un permis: un qui s'appelle M. Goulet. Il a
un permis et il décède à un moment donné.
Là, le permis s'éteindrait avec lui. Mais si, au lieu de
ça, c'est une compagnie qui possède le permis, alors tous les
individus auraient intérêt à s'incorporer. Le permis serait
automatiquement transféré indéfiniment à un autre
utilisateur.
M. Goulet: M. le Président, ce qui arrive, c'est qu'au
niveau des permis de boisson, sauf erreur, on me corrigera, le permis,
même s'il est à une compagnie, il est toujours au nom d'un
individu. Par exemple, l'Association de l'Auberge des gouverneurs, même
si c'est une compagnie qui s'appelle... je ne me souviens pas. En tout cas, le
permis est au nom d'un individu. Mais au niveau du transport en vrac, la
Commission des transports peut émettre des permis à une
compagnie. A ce moment, la compagnie n'est pas obligée de mourir. Elle
ne meurt pas, justement. Moi, je dis que ça serait au détriment
des petits qu'on veut protéger si on arrivait avec une solution
semblable.
M. de Belleval: De toute façon, les permis sont
délivrés pour un camion et non pas pour un individu, ce qui
voudrait dire un changement aussi de ce côté-là.
M. Goulet: La compagnie peut toujours demeurer. Même si la
compagnie changeait d'actionnaire, le camion peut toujours demeurer
propriété de la compagnie. J'aurais peur qu'il y ait une
accu-
mulation de permis. Justement, les gens qu'on veut défendre, les
petits, si on peut employer ce mot, comparativement aux compagnies, un jour ou
l'autre, c'est eux qui seraient pénalisés. Plus on irait dans le
système, plus ces gens-là seraient pénalisés.
M. Letarte: Le mode d'application serait assez délicat
à appliquer, mais il me semble qu'il devrait y avoir possibilité
de trouver...
M. de Belleval: On pourrait peut-être poser la question
à Me Beaudet. C'est un avocat. Il connaît ça et il pourrait
vous conseiller là-dessus.
M. Beaudet: M. le ministre, j'ai trouvé que vous
étiez revenu vite dans le domaine des compagnies. Vous avez compris
rapidement tout ce qui pouvait se passer. Mais, tout de même, M. le
ministre, on peut peut-être geler le transfert des actions.
Naturellement, il faudrait, pour une fois, après cette commission
parlementaire, que les gens aient le loisir de s'asseoir à une table et
dialoguer véritablement avec le ministre des Transports. Il y aurait
peut-être lieu de trouver une solution, même dans ce domaine.
M. Perras: En tout cas, vous comprenez le sens.
M. de Belleval: Ah oui, je l'ai compris rapidement.
M. Perras: C'est déjà important.
M. de Belleval: Moi, c'est la première fois que je vous
rencontre, vous, et les gens du poste 05. C'est un poste qui fonctionne bien,
d'ailleurs. C'est peut-être pour ça que je n'ai pas eu besoin de
vous rencontrer. Mais je rencontre Me Beaudet assez souvent. On a beaucoup de
dialogues. C'est la première fois que j'ai cette suggestion. Lui, ne m'a
jamais fait cette suggestion dans les rencontres que j'ai eues avec lui.
M. Beaudet: Cela dépend qui je représente, M. le
ministre. La solidarité de... De toute façon...
M. de Belleval: Je veux simplement dire que si vous venez me
rencontrer, au nom du poste 05, il me fera grand plaisir de dialoguer, comme
vous dites. On n'a jamais eu l'occasion... Mais on a dialogué beaucoup,
par ailleurs.
M. Beaudet: Je ne vous dis pas que cela me fait toujours plaisir
de vous rencontrer, mais si mes clients me le demandent, je vais sûrement
aller vous rencontrer.
Le Président (M. Jolivet): Merci. Je demanderais...
Oui?
M. Beaudet: Qu'est-ce qu'on ne ferait pas!
M. Letarte: Je voudrais apporter peut-être une
précision sur une annexe que j'ai attachée au mémoire qui
mentionnait à la commission une accréditation qui a
été donnée à l'Association des transporteurs de
bois de l'Estrie. L'objet est le suivant. C'est une demande
d'accréditation pour présenter les personnes effectuant le
transport du bois, les producteurs visés par le plan conjoint, les
producteurs de bois de l'Estrie.
Effectivement, comme on l'a mentionné, il y a eu une
décision voulant que cette association ait exactement les mêmes
privilèges que le poste d'affectation, soit le courtage. On comprend
difficilement que cette accréditation ait été
donnée par un ministère; elle va à rencontre des
règlements sur le transport. On aimerait avoir le plutôt possible
une clarification dans ce dossier.
M. de Belleval: C'est ce que nous sommes en train de chercher.
Vous n'avez pas besoin de nous le dire.
Poste d'affectation de la région 06
Inc.
Le Président (M. Jolivet): Merci. Poste d'affectation de
la région 06 Inc., représenté par M. Hubert Meilleur,
président des administrateurs. Mémoire 26. M. Meilleur.
M. Meilleur (Hubert): Bonjour, M. le Président. Bonjour,
M. le ministre. Bonjour, MM. les députés. Je vous présente
le directeur général de la région 06, M. Jean-Louis
Bradette, à ma gauche, ainsi que le procureur qui a servi pour les
changements de corporation, d'un permis de poste d'affectation en un permis de
poste. On l'a invité pour la lecture du mémoire, s'il y a
quelques petits problèmes, M. Yvon Chouinard, conseiller juridique.
Le Président (M. Jolivet): Vous avez un deuxième
document, le 26A. Est-ce à partir de ce document 26 que vous allez faire
votre lecture?
M. Meilleur: C'est le 26. Le 26A, c'est une annexe.
Le Président (M. Jolivet): Cela va. Merci.
M. Meilleur: Suite à une invitation du ministre des
Transports, M. Denis de Belleval, dans une lettre du 18 juillet 1980, nous
demandant de participer à cette commission parlementaire, le Poste
d'affectation de la région 06 Inc., se fait un devoir d'y
répondre pour essayer d'éclaircir et si possible
d'améliorer la situation qui prévaut.
Ce mémoire se veut un signe d'appréciation de la nouvelle
loi régissant le transport en vrac. Les efforts du gouvernement actuel
pour essayer de trouver une solution valable aux problèmes du transport
en vrac furent nombreux et bien intentionnés.
Etant moi-même camionneur, président des administrateurs du
Poste d'affectation de la région 06 Inc., président de
l'Association des camionneurs artisans de la région 06 Inc., et
administrateur de l'Association nationale des camionneurs artisans
Inc., je suis, je crois, assez bien placé pour vous donner une
vue d'ensemble de la situation qui nous intéresse. Le but
recherché par le gouvernement en 1977, lors de l'adoption du
règlement 112 créant les postes d'affectation, était de
régionaliser le secteur du camionnage en vrac, d'établir un poste
d'affectation unique pour chacune des régions et d'éliminer la
distinction entre camionneurs artisans et entrepreneurs, donnant ainsi à
tout camionneur intéressé le droit de participer au secteur de
travail garanti donné aux postes d'affectation régionaux. (22 h
45)
Du fait même, les chicanes d'associations rivales disparurent et
la participation des camionneurs, en ce qui concerne la région 06, fut
très appréciable. De 750 camionneurs qui
bénéficiaient de la clause 75-25, nous avons vu le nombre
augmenter jusqu'à 1100 en 1978. Ceci confirme la confiance des
camionneurs dans une réglementation juste et équitable. Le Poste
d'affectation de la région 06 Inc., après avoir fait les demandes
nécessaires à la Commission des transports du Québec pour
obtenir son permis de courtage, devint opérationnel le 1er juillet 1978.
Les étapes que nous avons dû franchir pour faire appliquer la
nouvelle réglementation furent très difficiles. La
priorité au premier camion fut contestée par quelques-uns et les
journées équitables furent contestées par d'autres.
L'augmentation des cotisations pour structurer le poste et les sous-postes fit
la manchette pour quelques mois. L'intervention de l'Association nationale des
camionneurs artisans obligeant les administrateurs du poste d'affectation
faisant partie de leur association à faire adopter une résolution
obligeant le poste d'affectation à payer $150 par membre par
année à leur association à même le budget du poste
d'affectation, créa dans le groupe d'entrepreneurs un climat
d'incertitude et de méfiance.
La situation s'étant rétablie vu le paiement des $150 par
membre, le poste d'affectation eut un peu plus d'un an pour vraiment se
structurer. Après l'engagement d'un personnel compétent, nous
nous sommes attaqués aux secteurs de travail promis par le ministre des
Transports du temps, M. Lucien Lessard. Ce n'est pas sans difficultés
que nous avons concrétisé les ententes avec Hydro-Québec
ou avec les autres ministères, mais, à force de
persévérance et de bonne volonté, aujourd'hui nous pouvons
dire que nous possédons, et d'une façon presque automatique, les
secteurs de travail que ce soit au ministère des Transports pour les
contrats de voirie, aux Terres et Forêts dans les chemins de
pénétration, autant qu'au ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche pour lequel nous faisons de gros travaux sur
l'île Charron, au ministère de l'Agriculture pour qui nous
transportons la pierre à chaux à la Raffinerie de sucre de
Saint-Hilaire pour la troisième année, ainsi que tous les travaux
occasionnés par l'agrandissement de ladite raffinerie;
HydroQuébec, depuis deux ans, dans plusieurs comtés nous a
donné plusieurs mois de travail. Il y a aussi le ministère des
Richesses naturelles pour qui nous avons fait des digues sur la rivière
des Prairies et à Saint-Michel-des-Saints. Je voudrais ajouter ici que
dans le moment nous avons un nouveau contrat avec le ministère des
Richesses naturelles pour les digues dans le comté de Deux-Montagnes,
sur le bord du Lac des Deux-Montagnes. Il y a le ministère des Affaires
sociales pour qui nous avons fait l'excavation de l'hpital Pierre-Boucher
à Longueuil et l'hôpital Valleyfield, a maintenant
inséré une clause de protection pour les postes d'affectation. Le
ministère des Affaires municipales est celui qui a le plus de
difficultés à respecter la promesse de M. Lucien Lessard.
Le Poste d'affectation de la région 06 Inc., a cerné le
problème en faisant des représentations auprès des
conseillers municipaux pour donner une clause de protection au "payeur de
taxes", membre du poste d'affectation de sa municipalité; les
succès dans ce sens furent quasi totaux.
Le transport de sel pour la voirie et le transport de neige pour les
municipalités sont aussi des secteurs de travail que le poste
négocie chaque année et, maintenant, après deux ans
d'efforts, le transport du sel pour les autoroutes est presque assuré
d'être fait par les camionneurs des postes d'affectation
concernés. En passant, en ce qui a trait au sel pour les autoroutes,
vendredi dernier, on a eu une rencontre avec M. Laporte, qui s'occupe des
autoroutes, et le sel pour les autoroutes concernées, des Laurentides
jusqu'à Sherbrooke, va être transporté par les
régions 05, 06 et 10.
Maintenant, l'entreprise privée fait l'objet de nos plus grands
efforts. Fer et Titane, de Sorel, nous fait confiance pour le
déchargement de ses bateaux. Nous sommes en négociations avec la
Dosco pour le même genre d'ouvrage et nous avons négocié
avec la compagnie Demix le transport exclusif par les membres du poste
d'affectation pour ses trois carrières.
La même entente fut conclue avec les produits Carignan, de
Désourdy Construction. Les plus petits entrepreneurs sont
sollicités presque tous les jours par nos répartiteurs, qui sont
tous reliés aux postes d'affectation de la région par leur radio
à ondes courtes, qui est la propriété du poste
d'affectation de la région 06 Inc.
Nous couvrons 22 comtés municipaux qui représentent
environ 5000 milles carrés ce n'est pas 500, c'est 5000 milles.
L'utilisation de ce système fait que nous pouvons donner un service
à la clientèle dans un minimum de temps et en tout temps. C'est
ainsi que nous contrôlons la quasi totalité des travaux qui
s'effectuent dans notre région.
Les journées ainsi travaillées par nos camionneurs sont
compilées sur une formule individuelle créée à cet
effet. Cette formule nous donne les renseignements suivants: pour qui il a
travaillé, le genre d'ouvrage qu'il a fait, le matériel qu'il a
transporté, la durée de la journée et une approximation
des sommes gagnées. Une compilation à la semaine et au mois est
effectuée pour donner justice à tous nos membres et ainsi
permettre aux postes d'affectation d'avoir des données
nécessai-
res pour présenter des demandes d'augmentation de taux à
la Commission des transports du Québec.
La réglementation du transport en vrac et le maintien des taux
fixés par la Commission des transports sont, à notre avis, la
survie du camionneur. Celui ou ceux qui pensent à abolir ces deux
critères veulent la faillite de plus de 50% des camionneurs oeuvrant
dans le domaine du vrac. Il est impensable, de la part de quiconque d'entre
nous, de faire revivre la situation des années soixante-dix où
les camionneurs étaient à la merci de tous les entrepreneurs peu
scrupuleux qui faisaient la pluie et le beau temps dans le domaine et qui
payaient ce que bon leur semblait et quand ils le voulaient.
Il est impensable de redonner aux courtiers brokers le champ libre aux
abus désordonnés pratiqués par eux au détriment du
camionneur qui a un paiement de camion à faire et une famille à
faire vivre.
Il est impensable, à notre avis, de punir tant de camionneurs
à travers la province de Québec, par la faute d'une association
qui s'agrippe à ses cotisations et à ses pouvoirs perdus.
Presque tous les problèmes que nous avons vécus et que
nous vivons encore dans plusieurs régions découlent directement
de l'Association nationale des camionneurs artisans.
La Commission des transports du Québec et le ministre des
Transports, par leurs proposés au vrac, ont pu constater les faits
à maintes reprises. Pour ce qui est de nous, du Poste d'affectation de
la région 06 Inc., nous avons eu droit, ce mois-ci, à la foudre
de cette association et, plus particulièrement, de M. Pierre Beaudet,
parce que le Poste d'affectation de la région 06 Inc., n'a pas voulu
percevoir les cotisations et que, ainsi, plus de 50% des membres n'ont pas fait
leur remise.
M. Pierre Beaudet, l'avocat et meneur de l'Association des camionneurs
artisans, accompagné de M. Gérard Dubé, prétendu
président, ont incité les camionneurs de la région 06
à ne plus payer leur cotisation au poste d'affectation et à ne
plus signer aucun contrat d'adhésion.
Ils se sont permis à la même occasion une période de
salissage contre des personnes de la Commission des transports du Québec
à la suite de certaines décisions rendues par elle-même, la
même chose au sujet de personnes en charge au ministère des
Transports, mais surtout contre les dirigeants du Poste d'affectation de la
région 06 qu'on veut écraser absolument pour démontrer sa
suprématie et ainsi, par l'intimidation, retirer les petites cotisations
tout en contrôlant le poste d'affectation.
M. Beaudet, embauché par M. Dubé, de l'Association
nationale des camionneurs artisans, au coût de $150 par jour, outrepasse
délibérément les droits que le code d'éthique des
avocats lui permet car nous croyons qu'inciter quelqu'un à porter
atteinte à une loi ou à un règlement du gouvernement est
un manque d'éthique professionnelle, surtout lorsqu'on est un avocat et
qu'on vit des manquements à ces lois et règlements. Tous ces
faits font, messieurs, que, malgré une réglementation
améliorée et très acceptable, les postes d'affectation
continuent à essayer de s'implanter dans plusieurs régions du
Québec. A cet égard, nous demandons une intervention
énergique de votre autorité pour empêcher
l'ingérence de l'Association nationale des camionneurs artisans dans le
fonctionnement des postes d'affectation. La réglementation, telle que
modifiée et ceci, à la demande de plusieurs postes d'affectation,
surtout au chapitre du nombre d'administrateurs qui siégeront à
son conseil d'administration et aussi en donnant une certaine autonomie
à des zones qui seront conformes aux exigences de la loi, ceci aura pour
effet d'avoir une plus grande participation des intéressés aux
décisions qui les concernent comme abonnés du poste.
C'était, à notre avis, les plus gros manques de l'ancienne
réglementation.
Pour compléter les secteurs de travail, les secteurs d'ouvrage
donnés aux postes d'affectation et pour éviter le problème
du coupage de taux dans le transport en vrac et, surtout, pour
régulariser la situation de l'oubli des clauses, nous annexons à
notre exposé un mémoire présenté au ministre des
Transports, M. de Belleval, au mois d'octobre 1979 et auquel nous n'avons pas
eu de réponse. Vous y trouverez des solutions vraiment valables à
plusieurs de nos problèmes. Nous sommes persuadés qu'en
contrôlant les mouvements parallèles et en formant un
comité spécial composé de gens compétents de la
Commission des transports du Québec ou du ministère des
Transports où les gens pourraient se faire entendre en cas de litiges
graves et avoir une réponse irrévocable ce serait aussi une
grosse amélioration du système; qu'il soit nécessaire
à une corporation ou poste d'affectation d'avoir l'approbation du
comité formé avant de remercier un directeur
général d'une corporation au poste d'affectation, afin d'entendre
les parties sur les raisons du renvoi. Ceci donnerait une certaine
sécurité à des hommes clés qui, souvent, se font
manipuler par un mouvement parallèle, ce qui diminue le rendement et
l'efficacité des corporations.
Avant de terminer, j'aimerais vous demander, messieurs, au nom de nos
1000 camionneurs du Poste d'affectation de la région 06 Inc., de bien
vouloir prendre en considération les efforts et les espoirs ainsi que
l'argent investi dans la croyance d'une bonne réglementation.
Nous tous, administrateurs et camionneurs de la région 06, sommes
convaincus de la rentabilité pour nous de la réglementation du
camionnage en vrac. J'aimerais ajouter ici que le Poste d'affectation de la
région 06 s'est structuré. Ce sont des camionneurs de la
région 06 qui ont structuré leur propre poste d'affectation. Ils
n'ont pas eu besoin de prothèse juridique.
Je vais faire la lecture du mémoire, les solutions qu'on
préconise ou bien non...
Une Voix: L'annexe.
M. Meilleur: ... l'annexe. Le secteur du camionnage en vrac est
régi par le règlement no 12
adopté en vertu de la Loi sur le transport. Le ministre des
Transports, M. Lucien Lessard, adoptait, au cours de 1977, le règlement
no 112 amendant le règlement no 12. Le but de cette nouvelle
réglementation était de régionaliser le secteur du
camionnage en vrac, d'établir un poste d'affectation unique pour chacune
des régions et d'éliminer la distinction entre camionneur artisan
et entrepreneur.
En considération du regroupement unique des camionneurs et en
retour de la collaboration dans l'application du nouveau règlement par
la principale association des camionneurs existante, soit l'ANCAl,
l'Association nationale des camionneurs artisans indépendants, le
ministre, M. Lucien Lessard, et le président de l'ANCAl signaient une
entente le 23 juin 1977. Essentiellement, ladite entente prévoyait que
le ministre s'engageait à recommander aux ministères responsables
des sociétés de la Couronne d'utiliser les services du poste
d'affectation lorsqu'ils doivent utiliser d'autres véhicules que les
leurs. Il s'engageait également à ce que 75% du transport de
matières en vrac au-dessus de la ligne d'infrastructure sur les contrats
donnés par le ministre des Transports soient effectués via le
poste d'affectation. Enfin, verbalement, le ministre s'engageait à
demander aux divers ministères d'insérer ladite clause 75-25 dans
les contrats sous leur responsabilité.
Le ministre a respecté ses engagements. La réponse des
différents ministères à la demande du ministre a
été positive.
Situation actuelle. Le mode d'application de la clause 75-25 choisi par
l'entente, c'est-à-dire par l'insertion de ladite clause dans les plans
et devis des divers ministères, s'est avéré, avec
l'expérience des deux années, insuffisant pour atteindre le but
recherché, soit une protection pour les membres du poste
d'affectation.
Absence de l'insertion de la clause 75-25. Pour différentes
raisons, et malgré la bonne foi des divers ministères, il arrive
régulièrement que la clause ne soit pas insérée
dans les plans et que l'entrepreneur soit en conséquence libre
d'utiliser ou non les services du poste d'affectation.
Lorsqu'on dit que souvent, c'est malgré leur bonne foi, c'est
lorsque le directeur d'un sous-poste ou le répartiteur s'aperçoit
que la clause n'y est pas. On communique avec le ministère en question
et on vient à bout d'avoir un addenda; on peut dire qu'à 95% la
clause est incluse plus tard.
Citons deux cas concrets: L'Hôpital Pierre Boucher de Longueil,
comté de Taillon, région 06. Lors de l'appel aux soumissions, les
responsables du projet croyaient à tort qu'un règlement
sanctionnait la clause 75-25 et, en conséquence, omettaient d'inclure
ladite clause malgré la demande du poste, ladite erreur ayant
été de toute bonne foi. Ici on a fait le contrat.
Centre d'accueil Henriette-Céré, Saint-Hubert,
comté de Taillon. Le centre Henriette-Céré est une
reproduction du centre d'accueil de La Malbaie construit en 1977, alors que la
clause 75-25 ne faisant pas partie des plans et devis du centre de La Malbaie
sans apporter les amendements subsé- quents. En conséquence,
ladite clause n'est pas incluse.
Notons que l'expérience de cette année nous montre que
toutes les parties intéressées se sont adaptées à
l'existence de la clause 75-25 et qu'aucune plainte, du moins, à notre
connaissance, n'a été portée quant à un mauvais
service de la part du poste d'affectation.
Effets de l'absence de la clause dans certains contrats. La
réglementation du camionnage en vrac comprend également la
fixation par le ministère des Transports de taux, soit à la
tonne, soit à l'heure. En conséquence, de l'inexistence de la
clause, le marché libre du camionnage entraîne souvent la
réduction illégale des prix par des sous-entrepreneurs afin
d'obtenir les contrats de transport en vrac. (23 heures)
Dans ces circonstances, la seule possibilité qui s'offre au poste
serait également de réduire les prix. En conséquence,
l'illégalité s'installe en pratique un peu partout dans les
contrats non pourvus de ladite clause.
Niveaux de remplissage réglementés inégalement.
Lorsque nous parlons de travaux d'excavation, il faut distinguer trois niveaux
principaux: a) le revêtement bitumineux; b) la fondation
supérieure (fondation au-dessus de la ligne d'infrastructure n'incluant
pas le revêtement bitumineux); c) la fondation inférieure et la
sous-fondation (fondation en bas de la ligne d'infrastructure).
La clause 75-25 jusqu'ici insérée dans les plans et devis
ne s'applique qu'à la fondation supérieure. Quant au
revêtement en béton bitumineux, le ministère des Transports
a ajouté dans ses contrats depuis le début de la présente
année une clause par laquelle "l'entrepreneur qui ne possède pas
ses propres camions doit utiliser les services du poste d'affectation." Quant
à la fondation inférieure, elle ne fait l'objet d'aucune clause,
ni réglementation dans aucun ministère. Il y aurait
peut-être lieu, afin de clarifier et de généraliser la
pratique, de prévoir une réglementation touchant aux trois
niveaux: pour les fondations supérieures, la clause 75-25 et, pour les
fondations inférieures, ainsi que le revêtement bitumineux, la
clause d'utilisation du poste dans les cas où l'entrepreneur n'a pas ses
propres camions.
Dans ce dernier cas, aucun préjudice n'est créé
envers l'entrepreneur puisque c'est seulement dans le cas où il n'a pas
de camions qu'il devrait utiliser les services du poste. On éviterait
par cette réglementation générale le problème de la
réduction illégale des prix.
Il ne faut pas oublier également que tout camionneur peut
être admis dans un poste d'affectation et qu'à prix égaux
le poste d'affection donne un service égal en termes de
compétence.
Solution proposée: vu les motifs exposés ci-avant et vu
l'évolution du dossier, il y aurait lieu de consacrer par
réglementation le principe de la clause 75-25 pour le transport de
matériaux de fondation supérieure. Ladite clause adoptée
par un règlement pourrait se lire comme suit: Lors de
l'exécution de tout contrat relevant de l'autorité de l'un
quelconque des ministères gouvernementaux, l'entrepreneur et ses
sous-traitants doivent utiliser en tout temps, dans une proportion d'au moins
75% en nombre, pour le transport de matériaux d'emprunt granulaire et de
fondation placés au-dessus de la ligne d'infrastructure, à
l'exclusion des mélanges bitumineux, les camions appartenant à
des détenteurs de permis de camionnage en vrac rattachés au poste
unique d'affectation établi conformément aux prescriptions du
règlement sur le camionnage en vrac et qui lui seront
désignés par ledit poste d'affectation.
La clause 75-25 constitue une obligation pour l'entrepreneur et ses
sous-traitants à la condition que le poste d'affectation puisse fournir
les garanties nécessaires pour rencontrer le calendrier proposé
par l'entrepreneur et accepté par le ministère de qui
relève le contrat. Si le poste d'affectation ne peut fournir 75% des
camions requis, il peut s'engager à fournir une proportion moindre
à condition d'inscrire dans l'entente le pourcentage convenu, lequel
devient immuable pour toute la durée de l'entente.
Dans un avenir rapproché et compte tenu de la satisfaction au
sujet du service fourni par les postes d'affectation, il y aurait lieu
également d'étudier la possibilité de
généraliser la protection accordée aux postes sur tous les
niveaux en ajoutant alors le paragraphe suivant: Dans le cas des
mélanges bitumineux et du transport de fondations placées
au-dessous de la ligne d'infrastructure, l'entrepreneur qui n'utilise pas ses
propres camions doit recourir aux postes d'affectation pour l'engagement des
camions requis pour le transport. L'adoption par le gouvernement du
règlement général s'appliquant à tous les contrats
sous la responsabilité d'un quelconque ministère plutôt que
par l'insertion de clauses individuelles dans les contrats permettrait de
régler tous les problèmes soulevés par la formule actuelle
appliquée, sans oublier que l'adoption d'un règlement s'inscrit
dans l'évolution de tout le dossier du camionnage.
Merci de votre attention.
Le Président (M. Jolivet): Merci. M. le ministre.
M. de Belleval: Merci, M. le Président. Juste un point
avant de commencer pour vrai l'examen de votre rapport. Il y a l'histoire du
fameux mémoire dont vous venez de parler qui m'aurait été
envoyé et auquel je n'aurais pas répondu. Effectivement, j'ai
répondu, mais il y a eu, comme vous le savez peut-être maintenant,
une espèce d'imbroglio parce que c'est un de vos procureurs, je pense,
qui m'avait écrit et j'ai effectivement répondu. J'ai d'ailleurs
la lettre ici, datée du 29 novembre 1979, adressée à Me
Martine Savard.
M. Meilleur: Ce n'est pas le procureur...
M. de Belleval: En tout cas, elle nous avait écrit.
M. Meilleur: D'accord.
M. de Belleval: Disons qu'il y a eu... Tout cela est venu...
M. Meilleur: C'est parce qu'elle ne s'est pas rendue.
M. de Belleval: II y a des connexions qui ne se sont pas faites,
je m'en rends compte.
M. Meilleur: On comprend.
M. de Belleval: Ce n'est pas votre faute et ce n'est pas notre
faute non plus, c'est une erreur d'aiguillage. Quoi qu'il en soit, j'avais
effectivement répondu. En tout cas, je vois tout simplement mettre cela
de côté.
Il est évident que vous apportez un son de cloche drôlement
rafraîchissant par les recommandations que vous faites. Je pense qu'il y
a des pistes là-dedans qui peuvent peut-être nous permettre de
trouver des solutions pour améliorer ce qui existe déjà.
Je vous réitère d'ailleurs, comme je l'ai dit ce midi, que mon
préjugé est plutôt d'améliorer ce qui existe
déjà que, comme vous dites, de retourner en arrière; ce
n'est pas possible qu'on fasse cela.
Quand on lit cela, dans le mémoire précédent du
poste 05, je pense, on voit qu'il y a des recoupements. J'aurais quelques
questions à vous poser, cependant. Entre autres, vous dites qu'au niveau
des travaux routiers on pourrait améliorer la situation existante par
rapport à l'infrastructure, à la superstructure, par les
suggestions que vous nous faites. Si je comprends bien, la façon dont
vous l'exprimez correspond en fait à ce qui existe déjà en
ce qui concerne la superstructure. Quelle est la différence par rapport
à ce qui existe déjà?
M. Meilleur: Dans le moment, c'est une entente, la clause 75-25.
C'est de cette façon-là que souvent elle est oubliée.
M. de Belleval: Autrement dit, ce n'est pas un règlement
comme tel.
M. Meilleur: Ce n'est pas un règlement comme tel et il
arrive souvent qu'elle soit oubliée parce qu'elle n'est pas incluse
automatiquement dans les plans et devis, il faut l'ajouter à tout coup.
Peut-être que, du côté du ministère des Transports,
elle est incluse, mais, du côté des autres ministères,
chaque fois qu'on sort un contrat, il faut vérifier pour voir si elle
est bien dedans.
M. de Belleval: Ou des municipalités.
M. Meilleur: On n'a pas de difficulté à la faire
inclure, mais disons qu'elle est oubliée dans à peu près
tous les deux ou trois contrats.
M. de Belleval: D'accord, je comprends.
M. Meilleur: En ce qui concerne l'asphalte, on a la clause disons
à 100% près les camions de
l'entrepreneur; nous croyons nécessaire, vu l'augmentation des
camions à l'intérieur du poste d'affectation, que cette clause
soit étendue sous la ligne d'infrastructure, mais après les
camions de l'entrepreneur. On tient quand même à respecter le fait
qu'il est tout à fait normal que l'entrepreneur qui a des camions les
utilise. Mais, avant de donner le sous-contrat, il devrait respecter le poste
d'affectation.
M. de Belleval: Autrement dit, il aurait le droit de prendre ses
camions en bas de la ligne d'infrastructure, mais, une fois qu'il aura fini
d'utiliser ses camions, il passe 100% par le poste d'affectation.
M. Meilleur: C'est cela, il ne serait pas obligé de donner
des sous-postes.
M. de Belleval: D'accord. Il y a cependant un point qui me
paraît important pour compléter vos suggestions, c'est la question
de la fixation des taux. Vous n'êtes pas sans savoir qu'actuellement,
sous beaucoup d'aspects, les taux ne sont pas concurrentiels, on l'a vu
tantôt sous d'autres aspects et c'est une des raisons pour lesquelles les
postes d'affectation ont souvent des difficultés à concurrencer.
Au fond, comme vous dites, ils ne peuvent pas couper les taux, parce qu'ils
iraient à rencontre... tandis que d'autres le font peut-être en
cachette.
M. Meilleur: Disons à ce sujet, M. de Belleval, que nous
avons négocié un contrat pour l'autoroute 30, je crois, à
Longueuil. Nous avons obtenu 100% du transport en bas de la ligne
d'infrastructure, mais nous avons dû demander à la Commission des
transports une baisse de taux.
M. de Belleval: Un taux spécial, c'est cela.
M. Meilleur: Parce que c'était un contrat
spécifique.
M. de Belleval: C'est cela.
M. Meilleur: Les camions n'ont pas de limite de charge...
M. de Belleval: C'est cela.
M. Meilleur: ... ils passent à travers le champ. On n'est
jamais allé, par exemple, en bas de la rentabilité d'un
camion.
M. de Belleval: Autrement dit, vous seriez un peu d'accord avec
vos prédécesseurs pour qu'on puisse fixer des taux minimaux,
comme vous dites, en dessous desquels cela n'a pas de sens, parce qu'on ne peut
pas faire face aux coûts minimaux. Pour le reste, on peut justement
négocier des taux comme ceux auxquels vous faites allusion.
M. Meilleur: Oui, disons qu'on pourrait s'en tenir aux taux que
nous avons à l'heure actuelle. Mais, sur des contrats
spécifiques, avec l'approbation de la Commission des transports, nous
pouvons demander des baisses de taux.
M. de Belleval: C'est ça.
M. Meilleur: Mais la formule qui pourrait être
appliquée, c'est que ça se fasse plus rapidement.
M. de Belleval: Oui, effectivement.
M. Meilleur: Lorsqu'on fait une soumission sur un contrat, assez
souvent, il faut recommencer la semaine suivante.
M. de Belleval: A ce moment-là, ils n'auraient
peut-être même pas besoin de l'approbation de la commission. Vous
feriez simplement déposer le contrat et ça finirait
là.
M. Meilleur: C'est ça. Disons qu'il y a des gens assez
compétents à l'intérieur des postes d'affectation. Ce sont
des administrateurs qui sont déjà camionneurs. Ils connaissent la
rentabilité d'un camion. Alors, on peut dire qu'à certaines
places où il n'y a pas de limite de charge, c'est normal, les taux sont
peut-être élevés. Mais, lorsqu'il y a une limite de charge,
ça nous prend on peut dire les taux actuels.
M. de Belleval: Pour reprendre le problème qu'on a
examiné avant votre venue avec l'autre poste d'affectation, vous ne
réclamez pas l'exclusivité absolue, c'est-à-dire
l'obligation pour tous les camionneurs, si on veut entrepreneurs ou
autres de passer par les postes d'affectation. Il continuerait à
y avoir des gens dans votre système qui, par ailleurs, pourraient se
trouver de l'ouvrage en dehors des postes d'affectation.
M. Meilleur: Celui qui ne veut pas s'abonner au poste
d'affectation, c'est son affaire à lui. Mais il reste quand même
que, normalement, c'est presque tous des entrepreneurs.
M. de Belleval: Oui.
M. Meilleur: Lorsque cette personne fait des contrats,
après l'utilisation de ses camions, elle passerait par le poste
d'affectation.
M. de Belleval: Oui.
M. Meilleur: II y a sûrement des ententes qui arrivent
parfois dans une zone quelconque, lorsque les 80 camions, on peut dire, sont
sortis. Si on a un "call" de camion rendu à 1 heure, on va chercher ces
entrepreneurs-là, même s'ils ne sont pas membres du poste. Pour
cinq ou six heures, pour donner le service, on les prend.
M. de Belleval: Mais comment se fait-i! que, dans votre
région, vous faites bon ménage avec ces
entrepreneurs-là?
M. Meilleur: On n'a pas de problème, nous, du
côté des entrepreneurs. Du côté des autres
associations, lorsque le poste d'affectation s'est structuré, on a eu
deux ou trois assemblées orageuses avec d'autres associations. Mais
ça s'est replacé et on s'est rallié de bonne foi comme
quoi les postes d'affectation, c'était une affaire et les associations,
c'en était une autre et ça ne nous regardait pas. Lorsqu'on parle
de postes, on parle de postes.
M. de Belleval: Vous faites bon ménage dans la
région 06 avec les entrepreneurs qui possèdent beaucoup de
camions et qui, par ailleurs, soumissionnent pour des contrats pour
différentes compagnies?
M. Meilleur: Oui, j'ai même soumissionné sur un
contrat d'Hydro-Québec où l'entrepreneur a laissé
complètement ses camions dans la cour, parce que nous lui avons fait un
meilleur prix. On a été en bas des taux de la commission. Il ne
faut pas se le cacher. Mais le contrat ne comportait aucune limite de charge et
on passait sur les chemins publics, si vous voulez. Mais le fait de ne pas
être obligé de reculer et de "domper" une tonne ou deux... Le
camionneur part et s'en va pour $0.10 la tonne sur un prix, mettons, de $1.
Cela valait $1.10, on l'a fait à $1. C'est déjà gros,
ça. On s'arrange avec l'entrepreneur et là, s'il y a une bonne
entente avec l'entrepreneur, ça fonctionne normalement sur les
chantiers. Mais lorsqu'on arrive en "poussaillant", ça ne marche pas
longtemps. C'est tout à fait normal.
M. de Belleval: D'après ce que je peux voir, vous avez eu
un certain nombre de difficultés, malgré tout, non pas à
l'intérieur de la région no 06, mais, comme vous dites, avec des
gens de l'extérieur.
M. Meilleur: Disons qu'avec les représentants de
l'association il ne faut se le cacher dans la région, il y
a eu certains comtés où c'étaient des dirigeants, si vous
voulez, des présidents d'associations qui ont tenu mordicus à
l'ancienne réglementation où c'était eux qui
"dispatchaient". Mais, avec la venue du poste d'affectation, c'est le poste
d'affectation qui est responsable de son permis de courtage. Où un
président d'association quelconque pouvait faire un mauvais "dispatch"
ou bien ne pas remplir les commandes désirées, le poste
d'affectation a été obligé, dans ce secteur, dans ce
comté, d'appliquer la loi intégrale, telle quelle. A ce moment,
ça a fait comme des genres de comtés en tutelle. Il reste que,
pour sauver le permis du poste d'affectation, on était obligé de
donner le service aux transporteurs en vrac.
M. de Belleval: Oui, je comprends.
M. Meilleur: On ne s'est pas laissé influencer par rapport
à un gars qui dit: Si tu rentres dans mon comté, je ne te paies
plus. On a dit: On va ouvrir un bureau. On a des secteurs de travail. On a un
service à donner aux corporations et on va le donner. Ceux qui veulent
embarquer dans la parade des postes d'affectation embarqueront; s'ils ne
veulent pas embarquer, ils n'embarqueront pas. On l'a fait à peu
près dans trois comtés et, dans les trois comtés, il y a
juste un comté où la Commission des transports est allée
faire une assemblée et le type en question, disons qu'il croit à
sa religion et il a invité ses 25 membres à ne pas entrer au
poste d'affectation. Mais ils sont tous dans la cour depuis le printemps.
M. de Belleval: Quel comté? Rouville?
M. Meilleur: Rouville. On vient justement de faire une
assemblée avec la Commission des transports et ils ne veulent rien
savoir de la nouvelle réglementation. Alors, on ne punirait pas 1100
membres du poste d'affectation par rapport à 25. Ils vont jeûner
une secousse. Quand ils auront fini de jeûner, ils vont rentrer dans la
nouvelle réglementation et ils vont finir par la suivre comme tout le
monde. C'est un peu normal.
(23 h 15)
M. de Belleval: Mais pourquoi ne veulent-ils pas entrer...
M. Meilleur: Je dis que ça dépend seulement du
président. On lui a chanté peut-être une bonne romance et
il réussit à entrer ça dans la tête de ses
camionneurs. Je ne vois pas autre chose parce que les camionneurs n'ont
vraiment pas raison. Le courtage se fait équitablement et on a des
formules. Un répartiteur qui ne fait pas bien son travail, on le
congédie et ce n'est pas long.
M. de Belleval: Le transport illégal, ce n'est pas un
problème chez vous?
M. Meilleur: C'est tel quel. On ne peut pas dire qu'on a du
transport illégal à flots. Les 22 répartiteurs qui sont
munis de postes de radio à ondes courtes rattachés directement
aux postes d'affectation, en plus de quatre directeurs qu'on peut dire adjoints
certains les appellent les créatures, mais, en tout cas, ce sont
quatre directeurs adjoints se promènent à journée
longue dans toute la région et le plus petit entrepreneur est
sollicité tous les jours. De ce fait, on devient ami avec les petits
entrepreneurs et on n'a pas ces problèmes.
M. de Belleval: Oui, je comprends.
M. Meilleur: On ne dit pas que ça n'arrive pas. Quand
arrive le transport de réserves de sable pour certaines
municipalités, parfois, on a des difficultés parce qu'ils
arrivent vraiment jusqu'à $3 ou $4, si vous voulez. Mettons un transport
à $5 la tonne, ils vont le vendre à $4, le sable tout fourni.
Cela arrive, mais le gars donne son matériel. On ne peut pas
l'empêcher de le donner, mais il reste qu'on a des problèmes de ce
côté-là.
M. de Belleval: Pensez-vous que les solutions que vous proposez
et la façon dont vous fonctionnez dans la région 06 sont
applicables à toutes les régions du Québec?
M. Meilleur: D'après moi, la façon appliquée
dans la région 06 serait applicable dans toute la province de
Québec, mais il faudrait faire sauter l'histoire de la partisanerie,
marcher vraiment en corporation, structurer vraiment les postes d'affectation
comme ils doivent être structurés et marcher exactement avec la
réglementation.
M. de Belleval: Si j'ai bien compris, votre association et, en
particulier, vous-même ou certains de vos adjoints étaient parmi
les principaux organisateurs de la manifestation touristique de 1977. Est-ce
vrai?
M. Meilleur: Oui, c'est officiel.
M. de Belleval: Malgré ça, cependant, vous
êtes maintenant satisfaits de l'entente intervenue, de la façon
dont c'est appliqué, de la nouvelle réglementation que j'ai
adoptée l'automne dernier et qui est maintenant en vigueur.
M. Meilleur: Selon nous, les camionneurs n'ont jamais eu une
réglementation aussi valable pour eux. C'est vraiment une
réglementation dont on peut dire qu'elle est vraiment applicable, pas
très difficile d'application. Mais nous avons des problèmes.
Encore vendredi dernier, on a eu un problème dans un comté, mais
c'est tout à fait normal. Le président en question, le meneur, si
vous voulez, est un individu de l'Association des camionneurs artisans. Il a
ouvert un bureau au nom de l'Association des camionneurs artisans et il voulait
faire du "dispatching" à même le bureau de l'Association des
camionneurs artisans. On est obligé de prendre une espèce de
tutelle, mais au fond, ce n'est pas une tutelle. C'est l'application...
M. de Belleval: De la réglementation.
M. Meilleur:... intégrale de la réglementation.
S'il n'y a pas de sous-poste, c'est le poste qui fait le "dispatch". Les
abonnés de ce secteur deviendront automatiquement des abonnés du
poste.
M. de Belleval: Autrement dit, vous qui étiez les meneurs
de 1977, en bonne partie, qui étiez tous membres de l'ANCAl, vous
êtes satisfaits de la réglementation. Cela fonctionne dans votre
région. Par contre, le nombre de vos membres maintenant, qui sont encore
membres de l'ANCAl si j'ai bien compris diminue constamment
puisque, maintenant, le système fonctionnant correctement, ils ont
peut-être moins besoin de l'ANCAl. C'est ça?
M. Meilleur: C'est ça. Pour moi, l'ANCAl, il faudrait que
ce soit complètement restructuré. Ce devrait être une
fédération provinciale. Cette fédération pourrait
regrouper les présidents de postes d'affectation et les directeurs
généraux. Il ne faut pas se le cacher. Les directeurs
généraux, on peut dire que ce sont les hommes clés de tous
les sous-postes. Ce sont des hommes qui sont instruits et qui sont capables de
faire des négociations dans plusieurs secteurs. Je crois qu'il faudrait
complètement modifier le mouvement provincial sous toutes ses formes.
Cela a déjà été proposé, mais ça n'a
pas l'air de "cliquer".
M. de Belleval: Si je vous interprète bien, autrement dit,
si on laissait les postes d'affectation s'organiser dans les régions,
comme celles qu'on a vues tantôt, 01, 02, etc., comme ils sont
organisés chez vous comme postes d'affectation, indépendamment de
l'Association nationale des camionneurs artisans indépendants Inc.
et d'autant plus que vous êtes bien placés pour le savoir
puisque vous étiez les leaders de cette association au fond, le
problème se réglerait.
M. Meilleur: Comme je le dis dans le mémoire, si ce
n'était pas de l'association qui vient faire des assemblées
depuis deux mois quasiment consécutifs, une après l'autre, pour
essayer de détruire...
M. de Belleval: Ce que vous avez fait.
M. Meilleur: ... les administrateurs du poste, on n'aurait pas de
problème, on n'aurait entendu parler de rien, absolument de rien. C'est
parce qu'ils sont partis de 800 membres l'an passé et ils sont
tombés à 500 peut-être, je ne le sais pas. Mais je n'ai
jamais dit, comme eux autres disent, qu'il était mieux de faire
brûler des lampions que de payer leur association; cela n'est pas vrai.
Moi, j'ai toujours dit aux membres: Vous savez ce que l'association a fait pour
vous autres; si vous voulez payer, payez-la, c'est votre affaire; ce n'est pas
moi qui vais vous empêcher de faire un chèque le soir sur votre
table avec votre femme ou dans votre salon. Ce ne sont pas mes
problèmes. Ce qui nous concerne, c'est qu'on a un permis de poste, on a
des obligations à remplir et on va les remplir du mieux qu'on peut.
Mon mandat achève peut-être parce qu'on a fait assez de
campagnes électorales pour essayer de me débarquer de là,
mais cela ne me fait rien. Je pourrais dire, si jamais je suis
débarqué, que la loi est là, elle a été
respectée et c'est une très bonne loi. Pour moi, la
réglementation actuelle, on peut dire que c'est la crème des
réglementations qu'on n'a jamais eue.
M. de Belleval: Et vous avez l'impression que cette attitude est
partagée par vos membres.
M. Meilleur: Moi, je croirais que c'est partagé par la
majorité des membres...
M. de Belleval: Est-ce qu'il y...
M. Meilleur: ... parce que j'ai une preuve, M. de Belleval.
Encore, vendredi dernier, le 22, celui qui est soi-disant mon remplaçant
parce que
c'est moi qui suis le président de l'Association des camionneurs
artisans de la région 06, mais on en a nommé un autre à ma
place pour représenter l'ANCAl M. Clover Lauzon, a appelé
la compagnie Desourdy et il lui a dit: Vendredi, le 22, pas de camions parce
que mes camions manifestent. La compagnie Desourdy nous a appelés
c'est justement le contrat sur lequel on a coupé les prix, soi-disant
mais nous avons déposé un bon de garantie de plus de $100
000 à ce sujet, à savoir qu'on était capable et
responsable...
M. de Belleval: Responsable.
M. Meilleur:... du contrat. La compagnie nous a dit: Si mes
camions arrêtent une journée, automatiquement tu vas perdre ton
bon de garantie. Moi, je n'ai pas un cent à faire perdre aux camionneurs
membres du poste d'affectation. J'ai fait un tour rapidement sur les zones;
cela ne prend pas de temps, cela prend dix minutes. Il n'y a pas un
répartiteur qui a dit que ses membres étaient d'accord pour faire
un grève, pas un. Surtout dans l'année qu'on vit, avec l'hiver
qu'on vient de passer, il n'y a pas un camionneur qui est capable de perdre
trois ou quatre jours d'ouvrage pour aller se promener. Nous autres, dans la
région 06 je ne dis pas que dans d'autres régions ils
n'ont pas eu raison de le faire le travail qui passe, on le prend. C'est
assez rare qu'on en manque. Je ne dis pas qu'on n'en manque pas, mais on peut
dire que 90% du transport en vrac, on le fait en ce qui concerne les
ministères.
M. de Belleval: Maintenant, si j'ai bien compris, les membres de
votre poste d'affectation qui sont aussi membres de l'ANCAl ont diminué
considérablement.
M. Meilleur: Ils ont diminué du côté de
l'ANCAl. D'après moi, ils sont rendus peut-être à 400 ou
500; exactement, je ne le sais pas. Je ne m'en occupe plus, pour être
bien franc. Cela ne me donne rien de m'en occuper. Quant à parler et
parler à un mur, j'aime autant ne pas parler du tout.
M. de Belleval: Merci beaucoup.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Gatineau.
M. Gratton: M. le Président, comme le ministre disait,
c'est en effet pour le moins différent ce son de cloche que nous donne
le Poste d'affectation de la région 06. Le ministre l'a qualifié
de rafraîchissant à ce point de vue. Je n'ai pas de parti pris. Je
dirai qu'il jette un éclairage tout à fait différent de
celui qu'on a eu, jusqu'à maintenant, aujourd'hui, et j'en remercie M.
Meilleur et son poste d'affectation.
En effet, on constate que la réglementation adoptée en
1977 peut fonctionner et je suis le premier à m'en réjouir.
Effectivement, si on recherche des solutions aux problèmes dans le
secteur du camionnage en vrac, il faut bien, compte tenu de la
complexité de la situation, tenter de trouver les meilleurs solutions
possible où qu'elles soient.
Je demanderais, cependant, à M. Meilleur de préciser, pour
ma bonne compréhension de la situation qui est peut-être
différente dans sa région de ce qu'elle est dans d'autres
régions. D'abord, vous parlez je pense que c'est en 1978
de 1100 membres ou abonnés à votre poste d'affectation. Combien y
en aurait-il maintenant?
M. Meilleur: A l'heure actuelle, on peut dire qu'il y en a
environ 1000 parce qu'il y a des deuxièmes camions qui s'étaient
enregistrés et qui ont lâché par rapport à la
priorité aux premiers camions. Il reste quand même que ces
deuxièmes camions, lorsqu'on manque de camions dans la région, on
les appelle et ils paient $10 par jour pour travailler. Disons que cette
année, on n'a pas eu à le faire. Peut-être qu'à
l'automne on aura à le faire parce qu'à chaque automne il y a un
surcroît d'ouvrage, si on peut dire.
M. Gratton: Combien peut-il y avoir de camionneurs ou de permis
dans la région desservie par votre poste?
M. Meilleur: Je crois que c'est environ 1800. Je ne parle pas des
deux ou trois "trucks", mais des permis, c'est environ 2100.
M. Gratton: Des permis qui seraient susceptibles d'être
abonnés à votre poste, oui.
M. Meilleur: On va mettre 2100 premiers permis.
M. Gratton: Alors, vous représentez plus de la
moitié, donc une majorité des camionneurs.
M. Meilleur: C'est cela, parce qu'il y a beaucoup d'entrepreneurs
là-dedans et de compagnies. Il y a beaucoup de petits entrepreneurs
privés qui ont trois ou quatre VR.
Si je regarde mon secteur de Deux-Montagnes que je connais bien, il y a
au moins trois entrepreneurs qui ont chacun trois permis VR, mais eux autres,
on les prend quand on est vraiment mal pris, parce qu'autrement ils ne font que
du privé. Ils font des petites cours d'asphalte. Le type vend un voyage
de pierre à un et il prend son VR. Disons que ce sont peut-être
des permis qu'on pourrait faire disparaître parce que, dans le fond, ce
n'est pas la principale rentabilité du tvpe. Sa rentabilité,
c'est lorsqu'il prend un contrat pour une entrée de cour et qu'il la
fait. Dans le fond, il n'aurait peut-être pas besoin de VR, mais, quand
les permis ont été donnés, tous ceux qui
possédaient des bennes basculantes pouvaient avoir un permis VR. Ils
étaient bien fous de ne pas en prendre. C'est tout à fait normal.
Tout homme d'affaires aurait fait la même chose, il faut le
comprendre.
M. Gratton: Est-ce que le poste d'affectation ou quelque autre
organisme que vous connaissez dispose de statistiques ou de données qui
peuvent démontrer qu'il se fait plus ou moins de travail au point de vue
de la construction, en tout cas, de camionnage, si vous voulez, dans votre
région que dans d'autres régions qu'on a entendues jusqu'à
maintenant aujourd'hui?
M. Meilleur: S'il se fait moins de travail dans notre
région que dans d'autres?
M. Gratton: Est-ce que l'activité au point de vue de la
construction...
M. Meilleur: Cela dépend des années, mais...
M. Gratton: On parle des trois dernières années
où cette réglementation s'applique.
M. Meilleur: On peut dire que cela s'équivaut depuis les
trois dernières années.
M. Bradette (Louis): Environ 65% des effectifs depuis les trois
dernières années travaillent régulièrement.
M. Gratton: Ce que je voudrais que vous précisiez, si vous
en êtes capables, mais peut-être bien que vous n'avez pas les
statistiques: Avez-vous l'impression qu'il se fait plus de travaux dans votre
région que dans d'autres régions, ce qui pourrait expliquer
possiblement que vos membres aussi bien que l'ensemble des camionneurs dans
votre région n'ont pas les mêmes revendications à faire que
ceux de régions où le travail n'est tout simplement pas
là?
M. Bradette: Depuis les trois dernières années,
l'Expo étant finie et les Jeux olympiques étant finis, on n'est
pas une région qui est plus choyée qu'une autre. Seulement, en
essayant de s'attaquer à l'entreprise privée le plus possible,
c'est peut-être là qu'on récupère des
journées que d'autres n'ont pas.
M. Gratton: D'ailleurs, j'ai compris cela et je vous en
félicite parce que c'est évident que vous avez fait des efforts
un peu spéciaux avec des résultats, d'ailleurs, qui
démontrent bien le succès que vous avez remporté.
Une dernière question, M. le Président, parce qu'il se
fait tard: Quand vous parlez de la fameuse clause 75-25, moi, je serais presque
porté à dire que je suis d'accord avec vous qu'elle devrait
être incluse dans une réglementation générale pour
qu'on ne soit pas obligé de la retrouver à chaque plan et devis
d'un projet donné. Je dis cela en rapport avec les travaux du
ministère des Transports. Si je comprends bien, ce que vous recommandez,
c'est que cette réglementation puisse s'appliquer non seulement aux
contrats ou au transport de matériel en vrac confié par le
ministère des Transports, mais à l'ensemble des ministères
du gouvernement du Québec.
M. Meilleur: C'est cela. On peut dire à l'ensemble des
ministères parce qu'ils nous le donnent déjà et, quand ils
s'adonnent à l'oublier, on les appelle et on l'a. Si on regarde les
Richesses naturelles, l'Agriculture, on est justement en soumission sur un
cours d'eau qui se fait et il faut transporter la terre. Il faut passer par le
député parce que lui, il dit: II n'y a pas de problème,
ils sont obligés de la mettre, mais elle n'a pas été
incluse. Là, lui est obligé d'appeler son confrère et de
dire: Là, n'oublie pas de la mettre, cela a été promis par
le ministre de l'Agriculture. C'est tout le temps de même. Ce sont ces
répétitions qui deviennent fatigantes parce qu'à un moment
donné, s'il y a un contrat, on a beau être abonné au
journal des soumissions, Québec construction, il reste quand même
qu'on en oublie des fois et, à un moment donné, on s'en
aperçoit et la clause est sortie. Celui pour lequel on a le plus de
difficultés, c'est les Affaires municipales.
M. de Belleval: Vous voudriez qu'on applique cela, donc, aux
municipalités.
M. Meilleur: Aux municipalités. Les Richesses naturelles,
les ministères concernés dans le mémoire, eux, passent par
nous autres, ce qui fait qu'ils n'auront pas de problèmes à
vouloir appliquer la réglementation. Quant aux municipalités, le
ministre des Affaires municipales semble un peu plus réticent. Pourquoi?
Je ne le sais pas. Mais nous autres, pour cerner un problème, il a fallu
faire adopter des résolutions municipalité par
municipalité.
M. de Belleval: C'est parce que, dans le cas des
municipalités, ce n'est pas le ministère qui donne les contrats.
Ce sont les municipalités qui sont des corps autonomes, tandis que, dans
le cas des autres ministères, c'est le ministre de l'Agriculture qui
signe le contrat, au fond. Ce n'est pas cela dans le cas des
municipalités.
M. Meilleur: Lorsqu'on arrive dans les municipalités, par
exemple, où ils ont de grosses subventions pour les travaux
d'égouts...
M. de Belleval: Oui.
M. Meilleur: Voyez-vous? Elles sont subventionnées
à...
M. de Belleval: A 66%, disons.
M. Meilleur: ... 66% et, des fois, 70%.
M. de Belleval: Oui.
M. Meilleur: A ce moment, on réussit à faire placer
la clause si on est bon avec la municipalité.
M. de Belleval: D'accord.
M. Meilleur: Surtout lorsqu'on est bon avec le
député, on a encore plus de chances parce qu'on
dirait qu'il les oblige. Mais, dès que c'est subventionné,
cela devrait passer par le poste d'affectation parce qu'on réussit quand
même à en avoir. Les municipalités des fois, parce que le
maire ne s'adonne pas à nous avoir dans l'oeil ou bien possède
des camions, s'arrangent pour ne pas l'avoir. Cela arrive dans au moins trois
ou quatre municipalités.
M. de Belleval: Je vous avoue que ce que j'aime de vos
suggestions, c'est qu'effectivement elles améliorent la situation
existante. Elles prennent des éléments de la situation existante,
suggèrent au fond de retenir ce qu'il y a de bon là-dedans, mais,
en même temps, vous conservez des mesures d'équilibre, entre
autres, la possibilité pour l'entrepreneur de prendre ses camions, ce
qui lui laisse quand même un certain "bargaining power" en vous en
donnant un. (23 h 30)
L'autre chose, c'est que vous permettez une négociation sur les
prix, ce qui ne vous barre pas non plus dans un système où vous
n'êtes pas capables de soutenir la concurrence.
Je trouve qu'il y a là un certain équilibre et je pense
que c'est dans ce sens qu'il va falloir examiner les solutions à venir.
Je ne vous dis pas que je retiens vos suggestions comme telles tout de suite ce
soir, mais je trouve qu'on a là des éléments de
réflexion qui m'apparaissent valables.
M. Meilleur: Pour nous, la réglementation est bonne et ce
serait bien de valeur que tant de camionneurs soient punis par une
déréglementation ou des pertes de secteurs de travail. Ils ne
sont vraiment pas capables d'absorber ce coup. Ces années-ci, il y a un
problème économique partout, non seulement ici dans la province
de Québec, on vit un problème économique et il est normal
qu'on s'épaule et qu'on s'aide et il y a sûrement moyen de s'aider
dans ce sens.
M. de Belleval: D'accord.
M. Gratton: M. le Président, je ferai remarquer à
M. Meilleur qu'il ne faudrait pas qu'il parte d'ici avec l'impression que
quiconque autour de cette table, y compris le ministre, accepte d'emblée
qu'on fasse obligation à d'autres ministères que le
ministère des Transports quant à la clause 75-25. D'ailleurs,
j'imagine que, dans votre région, il ne se fait pas de transport
forestier qui fasse partie de ce dont le ministre de l'Energie et des
Ressources nous parlait aujourd'hui...
M. Meilleur: Presque pas.
M. Gratton: ... parce que, effectivement, peut-être bien
n'auriez-vous pas eu le même succès que vous avez eu dans les
démarches que vous avez entreprises jusqu'à maintenant.
M. Meilleur: Quelques chemins de pénétration ont
été faits l'an passé. Cette année, il ne s'en fait
pas mais, l'an passé, des chemins de pénétration ont
été faits par le ministère des Terres et Forêts; il
n'y avait pas de problèmes, c'était à 100% par le poste,
parce que le ministère n'avait pas de camions mais des travaux
forestiers, je ne peux pas dire qu'on en a, on n'en a pas. On n'a pas eu
à négocier. Peut-être que, cet hiver, on va avoir à
négocier avec une compagnie. Les approches sont déjà
commencées. M. Bradette pourrait peut-être vous dire quelques mots
là-dessus. Cet hiver, il y aura peut-être une quinzaine de
semi-remorques ou quelque chose comme cela.
M. Bradette: II n'y a rien de concrétisé. Le type
est à sa coupe de bois et on lui a fait des offres de transport. Il
avait l'air bien intéressé; il va falloir le recontacter aux
premières gelées. Il nous a dit qu'il nous donnerait un coup de
fil. J'ai négocié l'année passée avec la CIP dans
le parc du Mont-Tremblant. On avait l'occasion d'aller faire du transport pour
elle mais on n'a vraiment pas l'équipement pour cela. Il aurait fallu
s'équiper et, à la dernière minute, les gars ont
laissé tomber l'affaire.
M. Gratton: M. le Président, une dernière question.
Sauf erreur, votre mémoire ne le mentionne pas, je présume que ce
n'est pas parce que le problème n'existe pas mais les garanties que
revendiquent les autres postes d'affectation pour le paiement du travail
effectué par des camionneurs abonnés de votre poste d'affectation
qui ne seraient pas payés par des entrepreneurs, est-ce que vous n'en
avez tout simplement pas de ces cas ou si vous avez une façon
particulière de donner satisfaction à vos membres?
M. Meilleur: M. Bradette va vous répondre
là-dessus. Il y a eu justement des choses comme cela.
M. Bradette: Sans conteste. Il y a peut-être eu un oubli de
la part du Poste d'affectation de la région 06. On est obligé
d'employer une certaine partie de notre budget et c'est la plus grosse partie
du budget qui est consacrée aux avocats dans le Poste d'affectation de
la région 06, c'est la' récupération des sommes d'argent
soi-disant en perte ou des entrepreneurs qui retardent de payer. On paie des
frais d'avocat en mises en demeure, en saisies avant jugement et des choses
semblables. Depuis les deux ou trois dernières années, on
pourrait dire que c'est un fléau malgré qu'on essaie de mettre
toutes les chances de notre côté en vérifiant au
départ le bon de garantie, en appelant le Better Business Bureau mais,
dans le cours de l'exécution de ces travaux, si le gars part avec la
femme d'un autre, cela coûte cher...
M. Gratton: Vous ne seriez sûrement pas réfractaire
à ce que le ministère adopte une façon quelconque de
fournir cette garantie soit en exigeant le cautionnement plutôt que le
chèque visé, soit en faisant des retenues dans ces paiements aux
entrepreneurs qui font des travaux.
M. Meilleur: Bien sûr. Le ministère, par la nouvelle
loi, nous oblige, les camionneurs, à avoir ou à fournir à
l'entrepreneur une police de garantie adéquate. Je ne verrais pas
pourquoi l'entrepreneur général ne garantirait pas aussi d'une
façon quelconque le paiement des camionneurs. Dans les contrats comme
ceux du ministère... Vous êtes sûrement au courant qu'il y a
des gens comme la compagnie MDC Construction qui prennent de gros contrats. Le
seul équipement qu'elle a, c'est une roulotte dans le fond d'un champ.
Qu'est-ce que vous allez saisir là? Il y a deux blocs de ciment dans la
cour et une roulotte qui vaut à peu près $3000.
Actuellement, il fait des travaux pour le ministère du Tourisme,
de la Chasse et de la Pèche sur l'île Charron. J'ai à peu
près 18 semi-trailers qui sont là et ça fait presque un
mois. Un semi-trailer à $600 par jour, ça fait qu'ils doivent
environ $17 000, $18 000 à chacun des camionneurs. Là, il va
falloir faire encore d'autres pressions. L'année passée, avec le
même entrepreneur, il y avait le contrat de la route 116; cela a pris
simplement un an et quelques mois et j'ai dépensé $3000 en frais
d'avocat pour aller récupérer mon argent.
M. de Belleval: Qu'est-ce qui arrive quand il y a défaut?
Est-ce qu'un camionneur artisan individuel est pénalisé?
M. Bradette: Non, les $125 que la loi nous oblige à
déposer dans un compte en fidéicommis...
M. de Belleval: Cela sert dans ce cas.
M. Bradette:... sont employés pour garantir la
solvabilité.
M. de Belleval: C'est un genre de police d'assurance que vous
vous payez vous-même.
M. Bradette: C'est bien ça.
M. de Belleval: Est-ce possible, cependant, d'avoir un contrat
d'assurance en bonne et due formule auprès d'une compagnie
d'assurance?
M. Bradette: C'est très difficile, on est à but non
lucratif. La loi dit que le compte qu'on a actuellement en fidéicomis
sert de bon de garantie pour tous les contrats en marche actuellement.
M. de Belleval: Mais ne pourriez-vous pas prendre une assurance
auprès d'un courtier d'assurances?
M. Bradette: Je me suis informé, ça prend un bilan
financier; ils sont bien prudents face à une compagnie à but non
lucratif. Il ne faudrait pas avoir d'autres emprunts sur le montant en
fidéi-commis comme quoi l'argent est déjà engagé,
surtout si une banque a priorité.
M. de Belleval: Oui, mais si vous payez simplement une prime
à une compagnie d'assurance, c'est elle qui va avoir les
réclamations.
M. Bradette: Oui, mais il faut des avoirs pour ça.
M. de Belleval: Je ne comprends pas. Si vous payez votre prime,
vous la payez!
M. Bradette: Oui, mais il faut que la compagnie prouve une
certaine solvabilité.
M. de Belleval: Oui?
M. Bradette: Nous fonctionnons de mois en mois, nous percevons
des cotisations de mois en mois, on n'est pas qualifié d'entrepreneur
solvable, si on peut dire. On ne possède pas de camions, on
possède juste un petit bureau.
M. de Belleval: On pourrait avoir peur que vous n'honoriez pas
votre prime.
M. Bradette: C'est cela, mais ce n'est pas impossible, j'ai
déjà pressenti la compagnie La Fidélité et on doit
se rencontrer avec mes bilans financiers vérifiés pour discuter
d'une police d'assurance, ce qui risquerait moins que mon argent...
M. de Belleval: C'est cela. Vous vous rendez compte que, si nous
intervenons vis-à-vis des entrepreneurs, les autres fournisseurs de ces
entrepreneurs vont demander les mêmes protections. A ce moment-là,
si l'entrepreneur est obligé de donner des bons de garantie à
tout le monde, c'est le prix des soumissions qui va augmenter et le nombre de
soumissionnaires va diminuer radicalement, c'est bien évident. C'est
là qu'on est pas mal pris aussi de notre côté.
M. Meilleur: Disons que sur certains chantiers, quand on
connaît l'entrepreneur d'avance et quand on sait que c'est un "traineux",
parfois au bout d'un mois on arrête les travaux et on lui dit: Là,
ça nous prend un chèque. Il arrive qu'on soit obligé de le
faire, ce n'est pas une méthode qu'on aime parce que cela fait perdre du
temps aux camionneurs, mais il y a certains entrepreneurs avec lesquels on est
obligé de le faire. Quand ce sont des sous-contrats, on demande à
l'entrepreneur de faire le chèque au nom du poste d'affectation et au
nom du sous-contractant; disons qu'on ne se fait pas aimer du sous-contractant,
mais, quand même, les camionneurs, eux, perçoivent leur
chèque.
Le Président (M. Jolivet): M. le député de
Bellechasse.
M. Goulet: M. le Président, je vais essayer de
procéder rapidement. Bien sûr, ce mémoire donne un autre
son de cloche. Si j'ai bien compris, tout à l'heure, en réponse
au député de Gatineau vous avez dit que grosso modo 65% de vos
effectifs travaillaient assez régulièrement.
M. Bradette: C'est bien cela.
M. Goulet: Je peux vous dire que vous êtes chanceux. Chez
nous, quand on peut en faire travailler 20%, on est chanceux.
M. Bradette: Hum! Hum!
M. Goulet: On est vraiment chanceux.
M. Bradette: Je parle de la période de pointe.
M. Goulet: Nous autres aussi, dans la période de pointe.
Sur 1100 membres, il y a une possibilité de combien?
M. Meilleur: II me semble que c'est 1800 pour permis
individuel.
M. Goulet: Cela veut dire qu'au niveau du pourcentage des gens
membres du poste d'affectation, c'est à peu près, si je comprends
bien, le même pourcentage que dans les autres régions, comme on
l'a entendu tout à l'heure. Au niveau du pourcentage, 1100 sur 1800.
Pour les autres, on avait 500 sur 700. C'est à peu près le
même pourcentage.
M. Bradette: A peu près.
M. Goulet: D'accord. A plusieurs reprises, vous avez dit que
ça semble bien aller chez vous; vous avez dit également à
plusieurs reprises peut-être une dizaine de fois même
que la réglementation est bonne, qu'elle est très bonne et bravo!
Vous avez dit cela. Par contre, vous avez dit plusieurs fois que vous ne la
respectiez pas. Vos gens travaillent. Je me demande si on n'a pas touché
à un problème. A au moins deux reprises, vous avez touché
deux cas et vous avez dit que, si vous obtenez des contrats, c'est justement
parce que vous avez négocié des taux inférieurs à
ceux fixés par la commission.
M. Meilleur: II faut dire que la commission nous a donné
son accord là-dessus.
M. Goulet: Oui, je suis d'accord, mais je parle du principe. J'ai
peur, à un moment donné, si ce système s'instaure un peu
dans tous les postes d'affectation, que tous les contrats deviennent
spécifiques. A ce moment, tous les postes d'affectation pourraient
commencer à négocier.
M. Meilleur: Automatiquement, monsieur, où il y a une
limite à charge, où le camionneur, sur un contrat, est
obligé de charger à sa limite, vous ne pouvez pas aller en bas
des taux. Il n'y a aucun membre, même, qui n'est pas au poste
d'affectation qui va aller transporter en bas des taux!
M. Goulet: C'est peut-être la solution. Ce que je veux
dire, si vous permettez...
M. Bradette: Excusez-moi, je vais vous faire une petite
parenthèse sur le même contrat. Sur le contrat spécifique
de Désourdy Construction, sur lequel nous avons demandé une
diminution de taux pour des conditions spéciales, les types qui passent
dans le chemin et dans le champ et qui chargent ce qu'ils veulent gagnent entre
$400 et $450 par jour. Sur le même contrat, on rentre du matériel
"rough" en bas de la ligne et on s'en vient avec le matériel, disons de
la pierre concassée, des agrégats, par en arrière. On fait
20 kilomètres au début de l'ouvrage. Après ça, on
marche au chaînage. Mais un dix roues a de la difficulté à
aller chercher $285 par jour.
M. Goulet: Je ne m'oppose pas à ce que le poste
d'affectation négocie des taux, surtout si les membres sont prêts
à travailler à ce taux-là. Ce que je veux dire, c'est
qu'on ouvre une porte. On peut faire ça au niveau du secteur en
forêt, par exemple, une pénétration en forêt
où le camion n'a pas affaire du tout à aller sur les routes
publiques. Le ministre disait, tout à l'heure: C'est peut-être la
solution, qu'on permette à chaque postes d'affectation de
négocier les taux. On ouvre une porte et je me demande si on ne
retombera pas dans la jugle tantôt, parce que ça, ça
deviendrait des cas spécifiques. Je n'ai rien contre ça, mais le
principe que je voulais soulever c'est que tant qu'une loi ou un
règlement existe, on doit le respecter. Ce que je ne comprends pas,
c'est qu'à deux reprises vous nous avez dit tout à l'heure, que
la commission est intervenue et vous a donné la permission.
Une Voix: Parfaitement.
M. Goulet: Parfait, on pourra faire la même chose dans les
autres postes d'affectation. Donc, un camionneur de Sept-lles pourra travailler
pour X dollars, un camionneur de Bellechasse pour X dollars. Mais, on tombe au
niveau du principe. Chez nous, dans Bellechasse, il y a 25% de chômage.
Si on me permet, demain matin, d'engager des menuisiers à $10 de l'heure
au lieu de $12 de l'heure, je peux vous dire que mon bureau de
député va devenir un bureau de placement et je vais placer du
monde. Je vais faire engager des travailleurs et je vais faire baisser le taux
de chômage. Autrement dit, on est obligé, au niveau d'un
menuisier, par exemple, de prendre M. Untel je ne parle pas d'un artisan
au niveau d'un contracteur, on est obligé de prendre M. Untel et
de le payer $12 l'heure; quant à moi, c'est le même prix pour le
gars de Rivière-du-Loup ou de Québec. On sait que chez nous, on
pourrait avoir des pères de famille qui seraient prêts à
travailler en maudit à $9 ou à $10 l'heure et ils seraient
contents de le faire.
La question de principe que je soulevais, je n'ai rien contre ça,
mais ça veut dire qu'on devrait permettre à n'importe quel des
postes d'affectation... onze jours cette année... les gars qui ont des
camions de $65 000 ou $70 000 ont travaillé onze jours. A ce moment, on
dit aux postes d'affectation: Ecoutez, les gars. Négociez-nous des
contrats en bas du taux fixé par la commission, n'importe quoi, on est
prêt, au lieu de gagner $400
par jour, à y aller à $300. On a des paiements à
faire, on a une famille à faire vivre et, au moins, on ne veut pas
perdre notre "truck". A ce moment, je me demande si ce n'est pas dangereux, si
on n'ouvre pas une porte énorme parce que la commission, l'ayant
accepté chez vous... Si, moi, j'arrive et je dis: Ecoute, j'ai 25
camionneurs qui, dans 15 jours, vont perdre leurs camions parce qu'ils n'ont
pas eu de travail, c'est une bonne raison. A ce moment, il y a tel contrat. Les
gars sont prêts à travailler à 10% en bas du taux. La
commission serait mal vue de refuser. Je n'ai rien contre cela que le poste
d'affectation négocie des taux. Si chez nous, mon poste d'affectation
décide de me négocier des contrats, je ne sais pas, moi, les
camionneurs sont prêts à travailler et ils disent: Au lieu de
travailler 20% du temps, on va travailler 40% du temps, parce qu'on arrive avec
des taux compétitifs, on ouvre une porte.
M. Bradette: Mais la commission demande aussi une
rentabilité. Elle n'acceptera pas n'importe quel taux que vous allez lui
présenter pour pouvoir travailler pour travailler. C'était
l'ancien principe, ça. J'ai vécu les deux associations, moi,
monsieur.
M. Goulet: Oui. mais...
M. Bradette: J'ai vécu l'association qu'on avait dans le
temps, la clause 75-25 au nom de l'association et dans le temps que
l'Association des entrepreneurs existait, très active dans notre coin.
Mais au printemps, qui respectait les taux? Nous, de l'association, nous les
faisions respecter intégralement. Les camionneurs de l'Association et
des entrepreneurs y allaient individuellement. Les types faisaient tout
l'ouvrage. Nous, on sortait au mois de juin et, eux, ils étaient sortis
au mois de mai. Actuellement, la commission ne donne pas à la
région 06 des permissions spéciales. Elle donne à tous les
postes d'affectation de la province de Québec la possibilité de
justifier une rentabilité en bas des taux à des conditions
vraiment spéciales. Si vous essayez de contrôler ou de prouver une
rentabilité pour un contrat donné, qu'il faut employer les
chemins publics et respecter la pesanteur au taux actuel, vous n'êtes pas
capable d'aller... (23 h 45)
M. Goulet: Non, ce que je veux dire, ce n'est pas un taux
à perte, mais si je comprends bien, on peut aller n'importe quand
à la commission en tant que poste d'affectation pour négocier un
taux qui peut, sans devenir millionnaire en réalisant ces travaux, faire
l'affaire des camionneurs, qui peut être compétitif avec
l'entrepreneur de façon que chez nous, l'entrepreneur puisse, un jour ou
l'autre, laisser son camion dans la cour, comme monsieur nous l'a dit, et faire
travailler nos camionneurs artisans. Sans devenir millionnaire, si le gars peut
faire vivre sa famille et n'a pas perdu son camion, c'est déjà
beaucoup, même s'il n'a pas mis $100 000 à la banque. Chez nous,
il y a des camionneurs qui, demain matin, c'est bien dommage, si la compagnie,
entre autres, International, ne laissait pas les camions en disant: On a pris
une décision, on laisse les camions, c'est préférable de
les laisser dans la cour chez le gars, que de l'avoir dans la cour ici, cela
ferait longtemps qu'ils auraient perdu leur camion. A ce moment-là, le
poste d'affectation pourrait peut-être négocier des taux
spéciaux.
M. Bradette: Assurément.
M. Goulet: Je serais pour ça, mais c'est une porte
ouverte. A ce moment-là, ça devient... Je me demande si la loi de
la jungle ne s'installera pas à la suite de ça, en passant par
les postes d'affectation.
M. Bradette: Oui, on a pensé à la même chose.
On a été bien hésitant avant d'embarquer dans le bateau,
mais le point principal là-dessus est de justifier la rentabilité
du camionneur. Si vous présentez à la Commission des transports
un contrat où le gars va changer quatre trente sous pour une piastre, je
suis sûr et certain que ça ne passera pas. Ils vous demandent les
plans. Ils vous demandent un contrat avec l'entrepreneur, le mode de paiement
et 56 affaires. De la paperasse, on en a en masse. Il n'y a pas de
problème là.
Cependant, si vous regardez aussi dans la Gazette officielle ou dans la
tarification de la Commission des transports, vous allez voir que toutes ou
à peu près toutes les compagnies forestières ont des taux
préférentiels ou des diminutions de taux accordées par la
Commission des transports. Le transport de "chips", de minerai, le transport le
moindrement de longue distance, même le sable à ciment
j'entendais le représentant de la région 05 dire ça tout
à l'heure c'est très facile si on est capable, avec un
"semi-trailer" de dire: On travaille six jours par semaine, on met tant de
tonnes dans un "semitrailer", on a des essieux "spreadés". Cela donne
tant. On est capable de dire à un cent près combien on va gagner
par semaine, à moins de faire une crevaison, naturellement. Il y a une
rentabilité. S'il y a rentabilité, qu'ils le présentent
à la Commission des transports et les gars viennent de se trouver un
secteur de travail.
M. Goulet: J'aurais une dernière question. Auriez-vous
objection à ce qu'on agisse, comme en Ontario, au lieu que la commission
fixe les taux, qu'on les dépose devant la commission?
M. Bradette: Non, non. Il y a...
M. Goulet: Non, mais quand ça fait l'affaire.
M. Bradette: Non!
M. Goulet: Non?
M. Bradette: On travaille pour le camionneur, pour trouver une
rentabilité chez le camionneur. Qu'on laisse
passer un gros contrat et qu'on donne à l'entrepreneur la chance
de faire $25 de plus ou même à prix égal, à profit
égal, l'entrepreneur n'a aucune rentabilité à embaucher
des chauffeurs, de faire des "payrolls" là-dessus et le "red tape",
comme on l'appelle. Il est bien mieux de les laisser là, ses camions, et
d'embaucher des camionneurs du poste d'affectation à prix égal ou
à profit égal. Même en tirant la couverture un peu de notre
bord, on peut dire: II a laissé $5000 de profit sur la table qu'il
aurait peut-être fait en plus, mais il n'a pas eu tout le problème
d'embaucher et peut-être le problème de renvoi, parce qu'ils sont
syndiqués eux aussi. Ces choses-là, vous connaissez
ça.
M. Goulet: Cela devait être ma dernière question,
mais ça va l'être, M. le Président. Ce point-là
m'intéresse, parce qu'on semble avoir trouvé un
élément de solution, mais en contournant... Non, pas en
contournant le règlement. En faisant ça de façon
légale, mais avec la permission de la commission. Avez-vous des chiffres
que vous pourriez nous donner nous démontrant le pourcentage de vos
travaux cette année, pour l'ensemble de vos camionneurs, qui ont
été réalisés en bas des taux? Avez-vous des
chiffres, 2%, 40%?
M. Bradette: Ce serait environ 2%. Il y a seulement le contrat de
Desourdy...
M. Goulet: Plus celui d'Hydro. M. Bradette: Pardon?
M. Goulet: Plus celui d'Hydro. Vous avez donné deux
exemples tout à l'heure.
M. Meilleur: Hydro, c'est un contrat qu'on a fait, il y a deux
ans. On en a fait un, peut-être qu'il est fini cette année, dans
Laprairie, ou l'année dernière... mais cette année, en
haut de la ligne d'infrastructure, il y a peut-être dix milles de route
à faire dans toute la région 06, peut-être un peu plus. Je
me trompe peut-être.
M. Goulet: C'est très minime comme pourcentage.
M. Bradette: C'est minime en haut de la ligne
d'infrastructure.
M. Goulet: D'accord.
M. Meilleur: On a fait le détournement de Saint-Jovite
l'an dernier avec la compagnie Miron. On a eu 100% du contrat. On a
négocié au prix. On a négocié avec la compagnie
Corival. On a négocié avec la compagnie Chomedey Transport, cette
année, sur la 125 à Sainte-Julienne. On est payé au taux
et on est en bas de l'infrastructure jusqu'au mois de décembre,
pratiquement. On y va dans des cas extrêmes et dans des conditions
spéciales. Il faut tracer la ligne de démarcation, se dire qu'il
ne faut pas en faire une généralité. Cela prend vraiment,
dans notre conception à nous, les administrateurs du poste, des
conditions spéciales, soit un chemin à l'extérieur des
chemins publics pour qu'ils permettent un excédent de charge pour
prouver une rentabilité quelconque.
M. de Belleval: Juste une courte question. Qu'est-ce qui arrive
dans un cas comme celui que vous nous avez souligné tantôt
où vous avez des camionneurs qui travaillent à $400 par jour,
à toutes fins pratiques, et d'autres à $250 ou $300? Cela ne
cause-t-il pas de jalousie entre le camionneur qui, lui, est affecté
à une place par rapport à l'autre?
M. Bradette: Encore là, par l'expérience, ce ne
sont pas tous les camionneurs qui vont aller mettre 25 tonnes, souvent
métriques, dans une boîte de camion. Cela prend une voiture et
cela prend un chauffeur. Je dirais que, si je prends 500 camionneurs, je trouve
environ 25 camionneurs qui veulent faire cet ouvrage.
M. de Belleval: Bon.
M. Bradette: Le reste, ce sont des boîtes d'aluminium, des
camions plus légers, des semi-"trailers", des hommes qui aiment mieux
soit travailler à l'heure, soit travailler sur les chemins publics et
charger des charges normales...
M. de Belleval: Normales.
M. Bradette: ... afin de ne pas briser. Il y a différents
goûts. Si on a plus de camionneurs qui veulent aller là qu'on a de
disponibilité, on fait une rotation normale entre les camionneurs.
M. de Belleval: Qu'est-ce qui arrive dans le cas justement
d'infrastructure? Souvent, le matériel est plus grossier, c'est plus
difficile, cela brise plus le camion, parfois il y a des "jobs" plus dures que
d'autres. Trouvez-moi des camionneurs pour tout cela ou si, à un moment
donné, il y en a qui disent: Ah! J'aime autant ne faire que cela? Ils ne
sont pas disponibles, avec le trouble que cela implique ou quoi?
M. Bradette: Sur 1100 camionneurs...
M. de Belleval: Vous en avez quelques-uns.
M. Bradette:... on en a quelques-uns naturellement. Mais, en
général, le gars suit son tour. C'est une question de logique. Je
crois qu'un camionneur qui a une boîte d'aluminium, tu ne l'envoies pas
dans le schiste. Journée pour journée...
M. de Belleval: Oui.
M. Bradette:... si tu as de l'affectation pour 50 camions, tu le
sais. On les connaît pratiquement tous par coeur. On a des gars qui
s'occupent de petits groupes de camionneurs, 50, 60; alors, ils les connaissent
tous par leur nom. Ils savent à peu près l'usure de leurs pneus
arrière même. L'en-
voyer là ou l'envoyer ailleurs, c'est à peu près le
même prix et c'est la même journée d'ouvrage. Alors, cela ne
fait pas de chialage entre les parties. En général, on n'a pas de
problèmes.
M. de Belleval: Vious avez un poste régional avec des
sous-postes locaux, si on peut dire.
M. Meilleur: Les sous-postes ne sont pas encore formés. On
attend l'administration complète du poste pour les former.
M. de Belleval: Aucun sous-poste?
M. Meilleur: Disons qu'on peut dire que, sous l'ancienne
réglementation, c'étaient des sous-postes.
M. de Belleval: Oui.
M. Meilleur: Mais dans le moment, on fonctionne avec 22
"dispatchers" dans les 22 comtés municipaux...
M. de Belleval: C'est cela.
M. Meilleur: ... qui deviendront, fort possiblement; tous des
sous-postes.
M. de Belleval: C'est cela.
M. Meilleur: Peut-être que quelques-uns n'auront pas les
deux tiers, si vous voulez.
M. de Belleval: Oui.
M. Meilleur: A ce moment-là, ils deviendront des
abonnés au poste ou peut-être qu'on trouvera une autre formule.
Disons qu'on s'arrange pour que cela fonctionne le mieux possible.
M. de Belleval: Quand tous les camions d'un sous-poste sont
utilisés, vous avez un système pour aller aux autres.
M. Meilleur: C'est cela. Cela passe par le... M. Bradette:
Le répartiteur téléphone au di- recteur du sous-poste,
qui, lui, dit: Dans tel comté, il y a moins de jours que les autres
comtés.
M. de Belleval: Oui.
M. Bradette: Alors, téléphone là et prends
tes camions là.
Le Président (M. Jolivet): Merci.
M. de Belleval: C'est moi qui vous remercie.
Le Président (M. Jolivet): Nous avons encore quatre
groupes à entendre. On m'a fait signe, compte tenu de l'heure, qu'on
aimerait voir suspendre les travaux ou ajourner plutôt jusqu'à
demain matin, dix heures. Maintenant, je dois faire mention aux membres de la
commission que les quatre groupes qui restent viennent tous de la région
de Hauterive ou de Sept-lles. Donc, je ne sais pas si vous tenez pour acquis
qu'ils seront entendus en priorité demain matin ou si on les reporte
à une date ultérieure.
M. Gratton: M. le Président, si on nous demande notre
avis, quant à nous, cela pourrait être négocié entre
vous-même, à titre de président de la commission, et les
représentants. Chose certaine, je pense qu'on ne peut pas imposer
à nos invités de comparaître à compter de maintenant
lorsqu'il en reste quatre. Même à seulement une demi-heure chacun,
cela voudrait dire deux heures avant qu'on termine. On a déjà
commencé à dix heures ce matin. Nous serions très heureux
de vous laisser le soin d'en décider.
M. de Belleval: En priorité demain matin.
M. Gratton: Si c'est ce que les gens désirent, je pense
qu'ils devraient avoir le choix.
Le Président (M. Jolivet): Compte tenu de cette
possibilité d'entente, je demanderais aux quatre groupes qui restent de
venir me voir ici et on pourra regarder la situation. J'ajourne les travaux
à demain matin, dix heures.
(Fin de la séance à 23 h 55)