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Étude des crédits du
ministère
du Tourisme, de la Chasse
et de la Pêche
(Dix heures dix-huit minutes)
Le Président (M. Marcoux): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du tourisme, de la chasse et de la pêche est
réunie pour faire l'étude des crédits budgétaires
du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. Les membres
de la commission sont M. Chevrette (Joliette-Montcalm), M. Desbiens (Dubuc), M.
Duhaime (Saint-Maurice), M. Grenier (Mégantic-Compton), M.
Lévesque (Kamouraska-Témiscouata), M. Michaud (Laprairie), M.
Pagé (Portneuf), M. Perron (Duplessis), M. Samson (Rouyn-Noranda), M.
Verreault (Shefford). Les intervenants sont M. Blank (Saint-Louis), M. Brassard
(Lac-Saint-Jean), M. Gravel (Limoilou), M. Grégoire (Frontenac), M. Le
Moignan (Gaspé), M. Mailloux (Charlevoix), M. Marquis
(Matapédia), M. Mercier (Berthier), M. Roy (Beauce-Sud).
Le député de Laprairie accepterait-il d'être
rapporteur?
M. Michaud: M. le Président, je vous proposerais M.
Desbiens de Dubuc.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que M. Desbiens de Dubuc
accepte?
M. Desbiens: Oui.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que les membres de la
commission sont d'accord pour que M. Desbiens soit rapporteur?
Des voix: D'accord.
Le Président (M. Marcoux): Oui? M. le ministre, vous avez
la parole.
Remarques préliminaires M. Yves Duhaime
M. Duhaime: M. le Président, mes collègues de
l'Assemblée nationale voudraient, avant que d'entrer dans les
détails et les éléments de programme, présenter
à la commission un bilan sommaire des activités de l'année
écoulée, de même que des projets envisagés pour
l'année en cours. Mais avant que d'aborder ces deux points, je voudrais,
pour le bénéfice des membres de la commission, vous
présenter les fonctionnaires de mon ministère qui m'accompagnent.
Mon sous-ministre, M. Michel Duchesneau, qui est à l'administration; M.
Langlois qui est au budget; M. Moisan qui est à la faune, M. Gauvin qui
est au personnel. M. Ronald Clark, sous-ministre adjoint qui s'occupe de la
direction des opérations régionales, viendra nous rejoindre en
cours de nos travaux, de même que M. Michel Roy, sous-ministre adjoint au
Tourisme, qui a été nommé en cours d'année en
remplacement de M. Richard Pouliot qui est aujour- d'hui sous-ministre adjoint
au ministère des Affaires intergouvernementales. Il y a aussi M. Roland
Champagne qui est sous-ministre adjoint et qui s'occupe des équipements.
Je devrais peut-être ajouter que M. Robert Prévost, qui autrefois
était sous-ministre adjoint au Tourisme, a été
nommé commissaire général au tourisme en France. Il est en
poste actuellement à Paris.
M. le Président, contrairement à la commission d'avril et
mai de l'année dernière, c'est la première année
d'administration complète au ministère du Tourisme de la Chasse
et de la Pêche. J'ai l'honneur de demander à l'Assemblée
nationale des crédits pour l'exercice 1978/79.
Je dirai d'abord que c'est avec une certaine fierté que nous
pouvons offrir un cahier de réalisations durant les douze mois
écoulés, que ce soit dans le secteur du tourisme, de la faune, de
la réorganisation du ministère, de la régionalisation. Le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche a
peut-être travaillé avec précipitation dans certains
dossiers, mais jamais dans l'improvisation. Nous avons fait des pas de
géant dans à peu près tous les secteurs. Vous allez me
permettre de remercier, de façon bien particulière, tous les
fonctionnaires du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche, à partir de mon sous-ministre en titre, les sous-ministres
adjoints, les directeurs de services et tout le personnel de soutien, aussi
bien dans les régions que dans les postes d'autorité, à
partir du poste le plus inférieur du ministère jusqu'au plus
élevé. Nous avons demandé à nos gens, cette
année, au ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche, de déployer des énergies. Ils ont fourni un effort
sans précédent pour répondre aux décisions qui
avaient été prises au niveau du ministre aussi bien qu'au niveau
du gouvernement. Je pense que cela mérite d'être souligné.
C'est une machine qui fonctionne aujourd'hui de façon très
efficace.
Si nous avons pu mettre en oeuvre plusieurs des grandes politiques que
nous avions envisagées à l'automne 1976, c'est dû d'abord
au fait que nous avons procédé. Je pense que c'était, de
mémoire, le 22 décembre 1976, que la décision avait
été prise de réorganiser le ministère du Tourisme,
de la Chasse et de la Pêche. C'est en cours d'année que nous
venons de terminer que cette réorganisation a été
complétée.
Au ministère, dans le rapport annuel 1976/77, à la toute
fin, vous avez des organigrammes comparatifs qui vous indiquent le nouvel
organigramme. Ce que je voudrais souligner, c'est que nous avons
créé six nouvelles directions générales. Dans
certains cas, c'est complètement nouveau. Dans d'autres, ce sont de
nouvelles appellations purement et simplement. Je voudrais les
énumérer. La direction générale de la faune, du
tourisme, des parcs et plein air, les équipements, administration,
opérations régionales, de même que nous avons
créé quatre nouvelles directions: la direction de la
planification, la direction du développement touristique, la direction
des communications et une direction du plein air.
Je voudrais ajouter un mot sur les activités de chacune des douze
régions qui existent actuelle-
ment au ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche.
Dans chacune de ces régions, un administrateur régional est
nommé en permanence, sauf dans un cas où il y a une nomination
par intérim. Le but a été de mettre d'abord en place une
structure régionale pour nous permettre, en cours de l'année que
nous allons vivre, une déconcentration maintenant que nous avons
commencé à décentraliser. Je ne voudrais pas parler de
"dé-concentralisation". Nous avons mis sur pied le squelette et nous
avons maintenant les outils nécessaires pour être en mesure de
passer des pouvoirs de décision dans nos régions.
L'objectif poursuivi par cette réorganisation, c'est d'abord et
avant tout de rapprocher l'administration publique du ministère, de nos
concitoyens et de la population en général et, dans un
deuxième temps, de spécialiser, bien sûr, les
activités du ministère. Au niveau de Québec, nous parlons
toujours de planification, de programmation, de normalisation et de
contrôle, mais c'est dans les régions que nous donnons les
responsabilités de réalisation, quitte à ce qu'en cours
d'année ou dans les années qui viendront, au fur et à
mesure que la structure régionale prendra forme et corps, on pourra
déléguer de plus en plus de responsabilités dans les
régions. Enfin, il nous est apparu important de traduire sur le plan des
structures de fonctionnement du ministère certaines des
caractéristiques particulières de chacune des régions du
Québec.
Nous avons pu, bien sûr, mettre à l'épreuve cette
structure régionale. Nous l'avons grandement utilisée. Nous
continuerons de le faire en cours d'année, principalement dans le
secteur de la faune où c'est en s'appuyant sur cette structure
régionale que nous avons pu mettre en place et rendre fonctionnelle
l'opération accessibilité ou encore l'opération gestion
faune. Je voudrais simplement donner les grandes étapes. Je suis
convaincu qu'on pourra y revenir avec soit les questions des membres de la
commission ou encore à l'étude un peu plus précise de
chacun des éléments des programmes concernant le secteur de la
faune.
Je voudrais rappeler, d'abord, qu'au printemps 1977 nous avons mis sur
pied les trois comités dont nous avons parlé en de très
nombreuses occasions: d'abord, un mandat confié au Conseil de la faune;
deuxièmement, un comité ministériel de
députés chargés de ce dossier; également, un
comité ad hoc composé de fonctionnaires, de biologistes, de
techniciens de la faune à l'intérieur de mon ministère.
Ces trois comités ont travaillé chacun de leur côté
pendant de longues semaines pour ensuite tenir des réunions conjointes.
Des avis ont été donnés et ces avis ont été
retenus, de sorte que, le 21 décembre, le Conseil des ministres
était en mesure de prendre une décision concernant
l'accessibilité aux territoires de chasse et de pêche, et c'est le
lendemain, le 22, sous forme de déclaration ministérielle, que la
décision du gouvernement devenait officiellement connue et rendue
publique.
À la suite de cette annonce, dès janvier nous avons
donné les détails les plus complets et qui nous semblaient,
à ce moment, être les plus pertinents...
(10 h 30)
À la suite de cette annonce, dès janvier, nous avons
donné les détails les plus complets et ce qui nous semblait,
à ce moment, être le plus pertinent dans l'opération
gestion faune, et nous avons entrepris une tournée d'information dans
tout le Québec, de la fin janvier jusqu'au début de mars; 17
villes ont été visitées dans les 28 jours de cette
tournée. À chaque endroit: conférence de presse, rencontre
des exécutifs de clubs ou encore d'associations de chasse et
pêche; dans maints endroits, assemblées publiques.
Il est bien certain qu'au fur et à mesure que la tournée
se déployait, en même temps entraient au ministère des
propositions de gestion, des propositions qui nous venaient d'associations de
chasse et pêche déjà structurées ou en train de se
structurer. En s'appuyant sur la structure régionale, nos
administrateurs dans les régions ont été chargés de
négocier les protocoles d'entente, d'amorcer les discussions, de
compléter les accords avec ces groupes de chasseurs et de
pêcheurs, de procéder aussi à des arbitrages; ainsi nous
avons pu annoncer le 20 avril la mise en place et l'agrément de 18
associations de chasseurs et pêcheurs au Québec. Vendredi dernier,
nous en étions à 46. Ce matin, nous allons agréer une
nouvelle association, de sorte que depuis le début de l'opération
gestion faune, 47 associations de chasseurs et pêcheurs ont
été reconnues et agréées, à qui on va
confier, suivant les protocoles d'entente qui sont signés, les
opérations de gestion et d'exploitation sur les territoires du
Québec. On peut ainsi dire aujourd'hui qu'environ 12 000 milles
carrés du territoire sont maintenant couverts et confiés aux
associations sur un total possible de 16 000 milles carrés, qui
constituaient la superficie totale occupée par les clubs privés
au Québec.
Il est bien certain que l'opération va bon train. Parfois, des
cloches d'alarme sonnent ou même carillonnent lorsque les agents de
conservation procèdent à des saisies ou encore constatent des
infractions. Il faut bien comprendre qu'il y a des dizaines de milliers de
pêcheurs, chaque fin de semaine, de façon plus intense, mais
à la journée, sur le territoire du Québec. Le nouveau plan
de protection qui a été mis en vigueur cette année nous
permet de suivre les activités dans chacune des régions et de
recevoir les rapports habdoma-daires de toutes les régions du
Québec. Du sentiment général du service de protection de
la faune au ministère, de même que des avis de nos administrateurs
dans les régions, il semblerait que, même si on doit, à
l'occasion, constater des infractions déplorables, dans l'ensemble nos
concitoyens du Québec réagissent très bien à cette
nouvelle prise de responsabilités en forêt et que nous devrions
connaître une saison absolument fantastique à cet
égard.
Je voudrais également mentionner un point important à
l'intérieur de cette opération gestion faune, c'est la question
des piscicultures privées qui a fait l'objet de plusieurs chroniques
dans nos journaux. C'est un dossier complexe qui était,
depuis cinq ou six ans, en ballottage entre le ministère de
l'Agriculture et le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche. Mon collègue, Jean Garon, et moi avons signé au
cours de l'année une entente ou un protocole concernant les
piscicultures privées, de sorte que les pisciculteurs aujourd'hui, pour
toute la partie agro-alimentaire de leurs activités, sont maintenant
reconnus comme étant des producteurs agricoles et ont droit à des
sources de financement au même titre que tout autre agriculteur; donc,
ils ont droit au crédit agricole. Cependant, ce qui reste de la
responsabilité du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche, c'est toute la partie non agro-alimentaire comme telle,
c'est-à-dire l'autorisation d'exploiter une pisciculture, la
qualité du poisson, les catégories, etc.
Nous avons pu également donner un coup de main à
l'entreprise privée, entre autres aux transporteurs de brousse. Notre
première approche était, cette année, de nous porter
acquéreurs d'appareils, d'aéronefs pour la surveillance
aérienne du territoire. Nous avons décidé, plutôt,
d'aller en soumissions et en contrats avec les entreprises, les compagnies
d'aviation, principalement les transporteurs de brousse, et de leur confier des
heures de surveillance pour un nombre assez important. Nous comptons
dépenser environ 8000 heures en cours d'année. Que ce soit pour
les transporteurs de brousse ou encore pour les pisciculteurs privés, je
pense que, cette année, nous avons répondu à ces deux
demandes qui étaient en dossier au ministère, et nous y avons
répondu à la satisfaction tant des pisciculteurs privés
que des transporteurs.
Je voudrais donner un détail qui n'apparaît peut-être
pas au rapport annuel du ministère. L'année dernière, en
1977/78, sur le plan de la protection, avec la surveillance aérienne et
tout le réseau de communication qui est maintenant en place, nos agents
ont constaté 10 277 infractions dans tout le territoire; cela comprend,
bien sûr, les deux saisons de chasse et pêche, et ceci veut dire
que, sur le nombre d'infractions constatées, il s'agit d'une
augmentation de 22%. M. le Président, nous aurons, certes, l'occasion de
revenir sur les détails de l'opération gestion faune, j'en suis
convaincu, et pour répondre aux questions de mes collègues.
Je voudrais aborder brièvement le secteur tourisme qui a
été un des éléments d'activité intense au
ministère cette année. Je voudrais d'abord rappeler que nous
avons, en cours d'année, amendé la Loi des agents de voyages. Je
profite de l'occasion pour remercier mes collègues, tant
ministériels que de l'Opposition officielle ou de l'Union Nationale, de
leur contribution aux travaux de la commission parlementaire entourant les
discussions. À la suite de propositions qui nous ont été
formulées, je pense que nous pouvons dire que cela a été
dans la collaboration que cette Loi des agents de voyages a été
votée. Sauf erreur, nous étions unanimes sur cette loi.
Je voudrais rappeler, suite à un engagement pris l'année
dernière, suivant lequel nous avions l'intention d'ouvrir de nouveaux
bureaux, pour ce qui est de la promotion du tourisme à
l'extérieur, que cela a été fait. Nous avions dit
également que nous voulions étoffer notre représentation;
cela a été fait aussi. Je voudrais simplement, pour
mémoire, mentionner que nous avons ajouté, si je vous disais que
nous avons doublé les effectifs à Paris, cela pourrait sembler
impressionnant, mais nous avons porté le nombre de nos conseillers en
tourisme de un à deux, à Paris, de même de un à deux
à Dusseldorf. Nous avons ouvert un nouveau bureau de tourisme à
Washington qui s'occupe spécifiquement de la promotion des
congrès, et en cours d'année, nous prévoyons nommer des
conseillers en tourisme à Londres, à Toronto, Atlanta, Los
Angeles.
Nous avons également, toujours à l'étranger,
présenté à Chicago un manuel sur le voyage motivation, qui
est une première en Amérique du Nord et je tiens
là-dessus à souligner le travail de la direction du tourisme, de
même que le travail de M. Letendre, commissaire général au
tourisme, qui est en poste à Montréal. Simplement pour rappel
également, je voudrais dire que nous allons cet été,
répéter l'expérience du pavillon du Québec à
Terre des hommes à la Société des festivals populaires du
Québec, parce qu'il m'apparaît important de permettre à
chacune des régions d'avoir au moins une semaine de l'année
à Montréal, d'autant plus que cela est chacune des régions
qui se charge de l'animation de ses séjours au pavillon du
Québec. L'année dernière, le pavillon du Québec a
remporté son premier championnat, une affluence de 400 000 visiteurs;
c'est le pavillon le plus achalandé de Terre des hommes, comparativement
à un 23e rang à l'été de 1975, qui était
à ce moment-là la dernière participation du gouvernement
du Québec, avant le changement de gouvernement. Je voudrais aussi
indiquer à la commission qu'en cours d'année nous avons beaucoup
insisté sur la promotion du tourisme interne au Québec. Si vous
vous souvenez, l'année dernière, nous avions retenu comme slogan
"C'est beau chez nous". Cette année, dans le prolongement de ce slogan,
nous avons retenu "Prenez le tour du Québec", en mettant en
lumière ce qui peut-être vu dans chacune de nos régions.
Entre autres, les journaux, même d'hier, proposaient "Prenez trois jours
de Gaspésie" ou "Prenez deux jours de chasse'' ou encore "Anticosti" ou
"Prenez trois jours au Saguenay-Lac-Saint-Jean"; cela nous est apparu important
de continuer d'inciter les Québécois à voyager d'abord au
Québec, surtout durant les mois d'été.
Le changement cette année est bien sûr que nous sommes en
mesure de faire des propositions concrètes. J'aurai possiblement
l'occasion, demain ou après-demain, d'avoir un premier exemplaire d'un
guide sur des tours du Québec, des circuits de voyage qui sont
proposés il y en a au-delà de 82 ou 84 de sorte
que, au lieu de simplement indiquer qu'il faut aller voyager au
Saguenay-Lac-Saint-Jean, on est en mesure, avec un tel guide, d'offrir un
produit touristique bien précis, des propositions de séjour, des
endroits à visiter.
Je voudrais aussi indiquer qu'il y a à peine quelques semaines
nous avions l'occasion de rendre publique, pour la première fois, une
entente avec trois compagnies québécoises qui s'occupent de
transporter les touristes québécois ou autres par autobus.
C'est la première fois au Québec qu'une telle entente
intervient, permettant entre autres, avec une de ces trois entreprises, un
voyage de dix jours pour $49, kilométrage illimité et, pour les
enfants de moins de douze ans, pour la somme de $25. Une autre compagnie
propose des circuits précis dans des régions, les ententes
étant faites avec l'hôtellerie de même qu'avec des
entreprises de location de voitures suivant que les voyageurs se
déplacent à partir d'une ville ou d'une autre. C'est un fait qui
mérite d'être souligné. C'est nouveau et c'est la
première fois que cela se produit au Québec. Les trois compagnies
ensemble sont en mesure d'offrir cet été à nos concitoyens
et concitoyennes 44 circuits touristiques de voyage. C'est en cours.
D'après les informations que nous avons reçues, c'est
déjà un succès.
Je profite aussi de l'occasion pour remercier les propriétaires
de ces trois compagnies d'avoir négocié et complété
cette entente avec le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche.
Également, M. le Président, en cours d'année, nous
en sommes finalement arrivés à une entente avec le gouvernement
fédéral pour signer, de part et d'autre, l'entente auxiliaire sur
le tourisme qui, comme vous le savez, était en négociation depuis
1972 ou 1973. Cette entente porte sur un montant global de $76 millions
réparti entre trois ministères: le Haut-Commissariat, le
ministère des Affaires culturelles et le ministère du Tourisme,
de la Chasse et de la Pêche, celui-ci étant, bien sûr, le
ministère le plus important dans cette entente puisque le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche recevra, par la
signature de cette entente, un montant de $37 millions. Le reste du montant,
soit $29 millions qui seront dépensés par le Haut-Commissariat et
les Affaires culturelles, a des incidences touristiques. (10 h 45)
Je dois souligner également, M. le Président, que nous
avons pu en arriver à cette entente avec le gouvernement
fédéral tout en maintenant, de façon très ferme,
très nette et très catégorique, ce que nous avons toujours
dit, à savoir que si une entente auxiliaire sur le tourisme se signait,
il ne serait pas question en aucun moment de la cession d'une partie, si infime
soit-elle, du territoire du Québec au gouvernement fédéral
pour l'implantation de parcs fédéraux. Nous avons maintenu cet
engagement en maintenant également sur la table la proposition que nous
avons eu l'occasion de faire à de nombreuses reprises, à savoir
que nous sommes toujours disposés en ce qui a trait plus
particulièrement au parc Saguenay, à en faire nous-mêmes
l'aménagement suivant les critères que le Québec
retiendra, ayant déjà indiqué que nous étions
prêts également à satisfaire aux exigences internationales
sur l'implantation de parcs de même qu'aux exigences canadiennes. Nous
avons dit que le gouvernement du Québec était disposé
à recevoir tout montant qui pourrait venir du gouvernement
fédéral pour la réalisation du parc Saguenay, mais que
nous avions à la fois le cerveau, la gérance et tout ce qu'il
faut pour faire la mise en oeuvre et l'implantation de ce parc, ajoutant que
c'était à cette seule et unique condition que nous étions
disposés à négocier le parc Saguenay en dehors de toute
question de cession de territoire.
Je voudrais finalement évoquer la décision prise par le
gouvernement et annoncée en cours d'année. Le 5 janvier 1978, le
gouvernement annonçait qu'il y aurait un concours pour le choix de
professionnels pour procéder à l'élaboration des plans
pour la construction du Centre international de congrès à
Montréal. Nous avions dit, lors de l'étude de nos crédits
de l'année dernière, que nous tâcherions, en cours
d'année, d'arriver à une décision. Cela est fait. Le
gouvernement a pris la décision le 18 novembre 1977. C'est en janvier
1978 que le concours a été annoncé. Depuis ce temps, cinq
équipes de professionnels ont été retenues. Il y a une
modification mineure pour ce qui est du choix du site de construction. Il reste
toujours sur l'autoroute Ville-Marie, dans l'axe Place des Arts, Place d'Armes,
tout près de Jeanne-Mance.
Les cinq équipes de professionnels: architectes,
ingénieurs en mécanique, ingénieurs en
électricité, urbanistes qui sont à pied d'oeuvre
actuellement doivent, bien sûr, se conformer au cahier des besoins qui
émane du ministère des Travaux publics. Normalement, le jury
constitué devrait faire un choix dans le cours du mois d'août 1978
pour être en mesure de retenir une équipe de professionnels parmi
les cinq, à la suite de ce concours, pour l'élaboration des
plans. Je crois que le délai minimum pour la confection des plans et
devis est de 32 semaines, de sorte que j'envisage que nous pourrions
raisonnablement parler de mise en chantier et de début des travaux pour
l'automne 1979. En comptant un délai de deux ans pour la construction,
cela nous mène à l'automne 1981.
Il est bien certain que nous envisageons, cependant, une certaine
réserve dans les délais. Nous devrions commencer à donner
des options à ces associations internationales de congrès pour
être en mesure de boucler ferme, si je puis dire, les premiers grands
congrès internationaux à Montréal au printemps 1982. Si le
centre de congrès était prêt à l'automne 1981, je
pense que nous n'aurions pas beaucoup de difficultés à nous
tourner vers le marché canadien, vers le marché
québécois et peut-être même américain, si la
construction était avancée pour nous permettre d'avancer
l'échéancier des opérations.
Je voudrais dire un dernier mot également sur le plan de
l'aménagement du territoire et simplement rappeler que nous avons
adopté en cours d'année la loi 19, la Loi sur les parcs. Pour le
bénéfice des membres de la commission, cette loi, bien sûr,
nous permet maintenant de créer des parcs, de les classifier soit comme
parcs de conservation ou encore comme parcs de récréation. Mais
en ce qui est des quatre parcs provinciaux existant par des lois
spéciales, c'est-à-dire Ie
parc de la Gaspésie, le parc du Mont Orford, le parc du Mont
Tremblant et le parc des Laurentides, la loi 19 nous donne un délai de
deux ans pour que ces quatre parcs provinciaux tombent sous le coup de la loi
19. Je sais que, lors de l'étude de cette loi 19, il y a eu beaucoup de
questions sur les plans d'aménagement de ces parcs, sur les dates
d'avis, etc. Je peux confirmer, M. le Président, que dans les semaines
qui viennent, nous ferons publier les avis dans la Gazette officielle du
Québec en ce qui est du parc de la Gaspésie, de sorte que nous
pourrons, au cours de cet été 1978, procéder à la
tenue des audiences publiques prévues par la loi 19 pour ce qui est de
la fixation de la limite du nouveau parc de la Gaspésie.
Pour ce qui est des trois autres, Orford, Mont-Tremblant et le pac des
Laurentides, nous avons beaucoup de travail sur le plan de la planification et
aussi beaucoup d'échanges à avoir avec d'autres de nos
collègues, particulièrement des Terres et Forêts et des
Richesses naturelles, de sorte qu'il faudrait voir de façon
réaliste le printemps 1979 avant d'envisager que l'on puisse publier les
avis dans la Gazette officielle pour ce qui est de la limite de ces trois
derniers parcs.
En terminant, M. le Président, je voudrais dire que sur le plan
de l'aménagement, toujours l'année dernière, le
ministère a pu bénéficier, dans le cadre des programmes de
soutien de l'emploi et de stimulation de l'économie, de deux montants
successifs de $8 600 000 et d'une autre tranche de $1 500 000, ce qui fait en
gros $10 millions, ce qui nous a permis, au cours de l'année qui vient
de s'écouler, d'accélérer une partie de la programmation
d'investissement au ministère.
Également, cette année, vous allez retrouver, M. le
Président, que le ministère pourra compter à nouveau sur
un programme de relance pour un montant global de $15 millions, $12 millions
étant à l'intérieur de nos parcs, de nos réserves,
et $3 millions étant à l'extérieur, ce qu'on appelle le
linéaire hors parcs.
Je voudrais, en conclusion, et simplement pour lancer le débat ce
matin, parler un peu des projections 1978/79, à la lumière des
crédits que nous aurons à étudier, et dire, M. le
Président, qu'avant la fin de la présente session,
c'est-à-dire avant le 23 juin, j'aurai l'occasion de déposer un
projet de loi modifiant la Loi de la conservation de la faune. Ce sera une
refonte complète de cette loi qui n'a pas été
modifiée, je pense, depuis neuf ou dix ans.
Dans un premier temps, pour clarifier certains aspects de la loi, je ne
voudrais pas entrer dans les détails, mais simplement indiquer que c'est
un travail de clarification et également de nouveaux moyens mis à
la disposition du service de la protection de la faune, de même qu'un peu
plus de réalisme, d'une part, dans la mécanique judiciaire et,
d'autre part, sur le plan des montants d'amendes qui sont laissés
à la discrétion des tribunaux, lorsque des infractions seront
constatées à la suite de plaidoyers de culpabilité ou
après procès sur reconnaissance de culpabilité.
Je voudrais aussi indiquer que, cette année, nous allons
poursuivre un travail commencé pour ce qui est des pourvoiries et pour
ce qui est des rivières à saumon. Nous avons indiqué en
décembre dernier, lors de l'annonce de l'opération
accessibilité, qu'un moratoire d'un an serait tenu pour ce qui est des
pourvoiries et des rivières à saumon. Vous me permettrez, M. le
Président, d'indiquer que, pour ce qui est des pourvoyeurs, il n'a
jamais été question de ne pas renouveler les baux à des
pourvoiries. Nous avons continué de renouveler les baux, mais nous avons
convenu dans ce moratoire de n'émettre aucun bail à de nouveaux
pourvoyeurs jouissant de droits exclusifs sur leur territoire.
Nous avons l'intention, en cours d'année, de terminer
l'élaboration d'une politique un peu plus globale sur les pourvoiries,
en ayant en tête différentes catégories de pourvoyeurs, en
ayant en tête aussi un zonage ou encore une classification
géographique un peu plus réaliste, également la mise en
place d'une politique de développement et d'aide à la pourvoirie.
Cela va déboucher sur une programmation d'aide et de possibilité
de financement et, également, la question des droits exclusifs sera
évoquée. Je tiens à souligner tout de suite que nous
considérons les pourvoiries du Québec comme étant un outil
essentiel pour permettre à nos concitoyens et concitoyennes
l'utilisation de cette ressource qu'est le plein air, le loisir en forêt,
les activités de chasse et de pêche. Ce moratoire ne met pas en
cause l'existence des pourvoiries; au contraire, il va nous permettre
d'établir une politique qui va nous conduire vers la consolidation des
pourvoiries commerciales dans les forêts du Québec.
Pour ce qui est du saumon, je voudrais dire que le Conseil du saumon a
déjà commencé à travailler à cette question,
le Conseil du saumon étant un organisme du ministère qui est
chargé de conseils, chargé d'avis auprès de la direction
de la faune. Je voudrais dire aussi que nous allons mettre sur pied un
comité de députés ministériels pour faire
l'étude des impacts régionaux...
M. Grenier: Ministériels seulement.
M. Duhaime: Oui, j'ai également confié un mandat au
Conseil de la faune, à cet égard, et nous avons aussi l'intention
de tenir un symposium sur le saumon, sur le pêcheur de saumon, bien
sûr, l'objectif étant de rendre accessibles les rivières
à saumon au plus grand nombre de Québécois. Ce que nous
allons faire durant tout ce moratoire, c'est de voir comment cette politique
d'accessibilité pourra se réaliser, en ayant en tête que
nous poursuivons autant un objectif d'accessibilité qu'un objectif de
conservation. (11 heures)
Je voudrais donner une indication sur l'intention du ministère de
poursuivre l'accentuation que nous mettons maintenant, de plus en plus, sur le
concept de la gestion des ressources de la faune et surtout sur le fait qu'avec
de plus en plus d'insistance, dans l'avenir, nous allons faire porter nos
efforts sur le renouvellement de la ressource. C'est dans ce sens que nous
travaillons actuellement
avec les associations agréées par le ministère dans
le cadre de l'opération gestion faune. Nous entendons
déléguer les responsabilités aux associations en leur
indiquant qu'il ne s'agit pas que de faire du gardiennage, mais qu'il s'agit de
faire la gestion de la ressource, de faire l'exploitation en mettant l'accent
sur le renouvellement et non seulement sur un simple effort de protection.
En cours d'année, bien sûr, nous allons continuer de suivre
le déroulement de l'opération gestion faune en consolidant
l'excellent travail qui a été amorcé par ces associations.
Je profite de l'occasion, M. le Président, à travers cette
commission, pour les remercier d'abord d'avoir accepté cette
collaboration avec le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche. Je voudrais aussi les féliciter en même temps pour la
débrouillardise dont elles font preuve et également souligner
l'intérêt qu'elles manifestent envers cette opération
gestion faune depuis le tout début de l'annonce de cette politique
d'accessibilité.
En terminant, M. le Président, je voudrais rappeler quelques mots
d'un de mes homologues au niveau du gouvernement fédéral, le
titulaire du ministère de l'Industrie et du Commerce et responsable du
tourisme, que j'ai eu l'occasion et l'honneur de rencontrer à Ottawa,
lors de la réunion des ministres du tourisme, M. Jack Horner, qui disait
que la survivance de la nation passera par le tourisme. Je voudrais souligner
aux membres de la commission que je suis parfaitement d'accord avec ce point de
vue et que nous allons continuer cet effort de régionalisation entrepris
en consolidant, en cours d'année, les associations touristiques
régionales qui, dans beaucoup de coins, sont à l'oeuvre, d'autres
étant dans l'attente d'une décision finale pour ce qui est de
leur programmation budgétaire pour l'année en cours.
Nous avons l'intention, au cours de l'année, de continuer de
mettre l'accent sur le développement et sur la promotion du tourisme
interne au Québec. Je pourrais peut-être rappeler, M. le
Président, que dans le tourisme notre premier client, c'est d'abord le
Québécois et sa famille: nos gens dépassent, dans ce qu'il
est maintenant convenu d'appeler la deuxième grande industrie du
Québec, une somme de $650 millions sur un total d'activités de $1
milliard. Nos premières obligations sont d'abord et avant tout envers
les gens de chez nous. C'est ce que nous avons l'intention de faire en nous
appuyant, bien sûr, sur les structures régionales, tant sur le
plan du ministère que sur le plan des associations touristiques
régionales.
Tout en ce faisant, nous allons continuer nos efforts à
l'étranger pour faire davantage connaître le Québec. J'ai
eu l'occasion de l'indiquer tout à l'heure. Nous allons procéder,
cette année, à l'embauche d'un conseiller en tourisme qui sera
affecté à la délégation du Québec à
Toronto et nous allons également assigner un conseiller en tourisme
à la délégation du Québec à Atlanta, en
Géorgie.
C'étaient les brèves remarques, M. le Président,
que je voulais faire en guise d'introduction à cette commission
parlementaire pour le budget 1978/79 du ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pèche.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Portneuf.
M. Michel Pagé
M. Pagé: Merci, M. le Président. Il est
généralement de mise, au début des travaux d'une
commission comme celle-là, de faire ce qui est communément
appelé une déclaration d'ouverture. Je me limiterai à
quelques brefs commentaires, préférant et me réservant le
droit de faire ma déclaration à la fin des travaux de cette
commission qui est chargée d'étudier les crédits du
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche.
M. le Président, une commission comme celle-là n'a pas
uniquement pour but de voir au cent ou au dollar près les sommes qui
sont dépensées par un ministère; elle n'a pas pour but
seulement, somme toute, de voir où les sommes sont affectées,
comment elles sont affectées. L'essentiel et le principal d'une
commission comme celle-là, c'est de voir dans quelles perspectives tout
cela est fait, quelles sont les impulsions qui seront données au
ministère par les sommes demandées ou requises pour adoption.
C'est de voir quelle est l'orientation du ministère, quelle est
l'approche à l'égard de certaines priorités ou de
certaines obligations compte tenu des besoins de la population ou encore compte
tenu du programme politique que le parti qui forme le pouvoir a vendu à
la population lors d'une campagne électorale.
Cette étude des orientations, des perspectives est
assurément liée à l'enveloppe budgétaire qui est
allouée à un ministère. Je dois vous dire, M. le
Président, que ce n'est pas avec gaieté de coeur et ce n'est pas
avec une joie débordante, ce matin, que je viens représenter
l'Opposition officielle avec mon collègue de Charlevoix et, un peu plus
tard, mes collègues des comtés de Saint-Louis et de Shefford,
pour échanger avec le ministre du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche et ses collaborateurs sur son ministère.
M. le Président, on était en droit de s'attendre cette
année, et ce pour plusieurs motifs qu'on aura l'occasion
d'évoquer et de regarder plus attentivement au cours de la quinzaine
d'heures qu'on aura à délibérer, à une augmentation
de l'enveloppe budgétaire du ministère, parce qu'il y a des
obligations nouvelles, parce que vous avez des engagements nouveaux, parce que
le ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche avait
évoqué à quelques reprises la position dans laquelle il
était où il se voyait comme étant le ministère qui
serait le plus privilégié dans la distribution des sommes
alllouées.
On va appeler les choses par leur nom, puis on va regarder les choses
telles qu'elles sont. Peut-être que ma nomenclature vous paraîtra
un peu longue, mais ce sont les faits. Le ministère des Affaires
culturelles a vu son budget augmenter de $60 millions à $64 millions,
une différence de plus de $3 800 000. Les Affaires
intergouvernementales, de $32 millions à $35 millions, avec encore
là plus de $3 millions. Les Affaires municipales, de $252 millions
à $285 millions et encore là
plus de $33 millions. Les Affaires sociales, de $3 895 000 000 à
$4 400 000 000, plus de $505 millions. L'Agriculture, de $242 millions qu'elle
avait, est passée à $255 millions. L'Assemblée nationale,
de $26 millions à $30 millions. Les Communications, de $80 millions
à $89 millions, près de $9 millions de plus dans ce secteur. Le
Conseil du trésor, $39 000 de plus, passant de $3 911 000 à $3
951 000. Les Institutions financières, la même chose avec $1,5
million ou à peu près de plus. L'Éducation, avec plus de
$133 millions. Les Finances, avec plus de $142 millions. La Fonction publique,
avec plus de $5 millions. L'Immigration, avec plus de $1 204 000. L'Industrie
et le Commerce, avec plus de $9 millions. La Justice, $25 millions. Le Revenu,
$26 millions. Les Richesses naturelles, $12 millions. Les Terres et
Forêts, plus de $14 millions. Les Transports, $57 millions qui seront
dépensés de plus que l'année passée. Le Travail et
la Main-d'Oeuvre, $586 000. Les Travaux publics et l'Approvisionnement, $205
millions comparativement à $193 millions l'année passée.
L'Environnement, $21 millions à $29 millions.
M. le Président, il y a deux seuls parents pauvres dans le
gouvernement du Québec actuellement, deux seuls ministères, et un
qui n'est probablement pas un ministère, c'est le Conseil
exécutif qui a vu son enveloppe diminuer de $10 millions. On a
évidemment le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche qui, lui, a $6 090 300 de moins cette année que
l'année passée. Et cela sans compter, d'une part, l'inflation,
d'autre part, l'augmentation très sensible des salaires en vertu de la
convention collective, sans compter les dépenses effectuées par
le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche à
l'extérieur et particulièrement aux États-Unis.
Le ministre nous a parlé tout à l'heure des efforts, bien
louables, selon lui, qui ont été faits par son ministère,
par son gouvernement, aux États-Unis pour la promotion du tourisme au
Québec. Cette année, avec la dévaluation du dollar
canadien, les mêmes sommes que l'an dernier, vous aurez quand même
moins de résultats en raison de la dévaluation de notre
dollar.
Cette diminution du budget vient poser tout le problème de la
volonté gouvernementale de faire du ministère du Tourisme non
seulement ce qu'il devrait être, mais ce qu'on a voulu qu'il soit, ce que
les programmes énoncés par le gouvernement ont laissé voir
ou laissé croire qu'il serait. C'est pourquoi je vous disais que ce
n'est certainement pas avec gaieté de coeur et avec enthousiasme qu'on
aborde l'étude de ces crédits. On aura l'occasion de scruter cela
plus à la loupe, on aura l'occasion de voir l'impact sur plusieurs
programmes, plusieurs parties de la structure, on aura l'occasion de discuter,
de voir ce qui est fait dans le cadre des associations touristiques
régionales. M. le ministre, tout à l'heure, on en a parlé.
Mais il ne suffit pas d'en parler, M. le Président. Il faudra qu'on
agisse à ce chapitre-là. Nos commentaires iront dans le sens de
favoriser une intervention. Pas une intervention seulement ponctuelle, mais une
intervention intégrée qui s'inscrit dans le cadre d'une
perspective bien définie d'actions de la part du ministère.
On aura l'occasion de scruter à la loupe les dépenses de
l'Institut de tourisme et d'hôtellerie, pour voir jusqu'où des
organismes comme ceux-là non seulement jouent le rôle qui leur est
dévolu, mais jusqu'où des organismes comme ceux-là
administrent les sommes qui leur sont affectées.
On aura l'occasion évidemment d'aborder le Centre d'étude
sur le tourisme qui, pendant la dernière année, a
été menacé de disparaître, organisme qui joue un
rôle non seulement valable et concluant, mais combien important pour le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche lui-même
et aussi pour l'information et la recherche dans le domaine touristique.
Je vous disais au début que je n'avais pas l'intention de faire
de déclaration d'ouverture, me réservant le privilège d'en
faire une à la fin de nos travaux. Si j'en avais fait une, je vous
aurais dit que le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche a été administré à la petite semaine,
depuis un an, et je pèse bien mes mots en disant cela. Vous savez, M. le
Président, quand je parlais de l'obligation qu'un gouvernement a, qu'un
ministre a, un ministre n'est pas seulement là pour signer, pas
seulement là pour parader, il est là pour donner une impulsion,
lancer des initiatives dans son ministère. Et on était en droit
de s'attendre, particulièrement, non pas seulement en lisant votre
programme, mais on était en droit de s'attendre à une impulsion
nouvelle qui devait être donnée pendant la dernière
année.
Je me réfère à ce que le ministre
énonçait, lors de l'étude des crédits,
l'année dernière. Et je vais citer le ministre: "Cependant, je
voudrais vous dire tout de suite que cette année, en dehors des
considérations de crédit, je voudrais vous dire tout de suite que
cette année, en dehors des considérations de crédit, nous
allons d'abord travailler. C'est déjà presque en route. On est au
stade de bâtir et de constituer des comités de travail pour
qu'à la fin de l'année 1977 on puisse publier trois livres verts:
un sur le tourisme, un autre sur la faune et un autre sur le plein air".
C'était après que le ministre nous eut déclaré,
pendant un certain temps, qu'il y aurait un livre blanc sur ces sujets. On se
rappellera combien on a insisté là-dessus parce que
c'était important. C'est important pour définir les avenues et
les orientations du ministère dans le cadre du développement
touristique, ce qu'on appellerait l'aspect économique du tourisme.
C'était important aussi pour déterminer, préciser
jusqu'où la volonté d'action du ministère du Tourisme
s'associerait à une volonté sociale du tourisme au Québec.
(11 h 15)
J'ai mis le ministre du Tourisme en garde l'année
dernière. Je vais me permettre de me citer. "Son approche, M. le
Président, dans cette notion de rentabilité économique
dans le tourisme, risque de nous faire considérer le tourisme seulement
comme un moyen d'expansion économique. Dans ce contexte de
stratégie de développement économique que vous pourriez
élaborer risque de ne tenir compte que des seuls aspects
économiques
telle la nécessité de combler le déficit de la
balance des paiements d'un Québec indépendant, comme vous l'avez
déjà déclaré."
M. le Président, on convient, comme le ministre, que l'industrie
touristique est la deuxième grande industrie du Québec. On
convient de l'impact sur notre économie. On convient de l'importance,
mais encore là, M. le Président, le moment le plus choisi,
c'était l'énoncé d'un livre vert sur la question pour
pouvoir échanger et, si possible, collaborer avec le ministre à
donner une orientation plus précise et plus ferme aux politiques en
matière de tourisme.
Le ministre a beau nous parler d'un employé de plus à
Paris, de l'ouverture d'une maison à Washington, mais cela n'est pas
intégré. Ce sont des actions ponctuelles. C'est ce pourquoi je
soutiens que, cette année, le ministère du Tourisme a
été administré à la petite semaine et dans
l'improvisation. M. le Président, nous n'avons même pas eu notre
livre vert; je m'attendais que le ministre mette l'accent là-dessus ce
matin comme un des nombreux dossiers envers lequel le ministre s'était
engagé, pendant l'année 1977. On n'a pas eu de résultats
ou encore cela est passé dans un dédale de mécanismes, de
procédure, d'études et d'analyses; c'est probablement
relégué aux calendes grecques, et c'est très
inquiétant.
Même chose, M. le Président, dans cette volonté que
le gouvernement doit avoir dans ses investissements en matière
touristique, de penser, d'agir et de concevoir ses programmes en fonction des
nationaux plutôt que de les concevoir en fonction du développement
économique. Je me permets encore de faire part au ministre, croyant
qu'il n'a pas compris l'année passée et espérant qu'il
comprendra cette année, de ce que je lui disais: Une prise de position
semblable risque de placer le Québec sous la dépendance des
clientèles extérieures qui peuvent, à tout moment, se
désintéresser du produit québécois, surtout en cas
de crise économique comme nous pouvons le prévoir si
l'affrontement avec les autres provinces canadiennes devait se poursuivre."
M. le ministre, il n'est pas suffisant de parler du tourisme social pour
en faire. Il faut considérer le tourisme comme un loisir et
l'accès aux loisirs comme une nécessité commune
d'intérêt public. C'est important. Quand on investit, par exemple,
dans le parc du mont Sainte-Anne, ce sont des investissements importants qui
ont un impact sur le tourisme comme tel, mais on a pensé avant tout aux
nationaux. On a pensé avant tout aux gens du Québec. D'accord que
le ministre en a évoqué quelques mots à la fin de son
intervention. On serait en droit de s'attendre, quant à l'entente
auxiliaire qui vient d'être signée, à laquelle le ministre
a fait référence dans son exposé, que le ministère
du Tourisme, par défaut d'avoir un livre vert et d'avoir une politique
précise, invite des groupes, des associations, des intervenants du
milieu préoccupés par les aménagements touristiques, par
cette obligation qu'on a en tant que collectivité d'associer les gens du
Québec à vos investissements. Vous avez le moment opportun et
choisi dans le cadre de la réalisation des projets décou- lant de
l'entente auxiliaire. Je présume que le ministre pourra expliquer cela
dans les quelques minutes qu'il aura pour répliquer.
Quand je parlais d'improvisation et d'administration à la petite
semaine, j'ai bien pesé mes mots et l'étude de nos crédits
le démontrera. Le ministre nous a beaucoup parlé des associations
touristiques régionales et de l'importance que cela avait au niveau du
développement dans le milieu. Ces associations n'ont pas encore
l'assurance de leur survie. Ces associations ont dû poser des gestes qui
témoignent d'un désespoir, par l'envoi de
télégrammes il y a quelques semaines.
Hier soir, j'ai été informé que le sous-ministre du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche avait déclaré, en fin
de semaine, que dès mercredi une prise de position, de la part du
Conseil des ministres, contribuerait à régler le problème
des associations touristiques. C'est encore là de l'improvisation, dans
le sens que cela ne s'inscrit pas dans une approche et une politique globale.
C'est ponctuel. C'est limité.
Le ministre a évoqué le dossier du Centre des
congrès à Montréal. On a eu l'occasion de débattre
cette question à l'Assemblée nationale à plusieurs
reprises. Ce qui témoigne encore de l'improvisation et de
l'administration à la petite semaine, c'est la déclaration du
ministre, l'année passée, à l'ouverture des travaux de
cette commission. Je cite sa déclaration, qui est au journal des
Débats du 19 mai 1977. Je cite le ministre du Tourisme, de la Chasse et
de la Pêche, le député de Saint-Maurice, qui disait,
à ce moment-là: "J'ai eu l'occasion, cet après-midi, de
rendre publique une décision du gouvernement de pousser de l'avant et de
réaliser un centre international des congrès à
Montréal... " Bla-bla-bla, comme d'habitude.
Je continue: "... mais j'entends bien mener à bien ce projet
cette année, c'est-à-dire sa mise en chantier ". Cela,
c'était le 19 mai 1977. On est aujourd'hui le 30 mai 1978 et on nous dit
que des appels d'offres, des concours, la désignation de cinq bureaux
d'architectes ont été faits pour concevoir des plans qui,
éventuellement, auront à passer devant un jury, qui,
éventuellement, seront approuvés, qui, éventuellement,
aboutiront peut-être sur une autorisation d'études plus
poussées dans le sens de la confection de plans, génie,
mécanique, etc., pour en arriver éventuellement à une
réalisation.
De deux choses l'une. Soit que le ministre du Tourisme, de la Chasse et
de la Pêche, en mai 1977,n'avait pas suffisamment d'expérience
administrative et gouvernementale pour peser le sens des mots mise en chantier
cette année ou, encore, cela est excusable mais, vous le savez, pas trop
longtemps... C'est excusable quelques mois. Après l'élection d'un
gouvernement, on peut se permettre d'effacer, on peut se permettre de dire:
D'accord, le gars est jeune, il n'a pas beaucoup d'expérience. Cela va
venir. Ils vont le casser et il va faire ses classes. Mais aujourd'hui, le 30
mai 1978,il vient nous parler de la réalisation éventuelle et
lointaine en nous disant: Cela va très bien et il n'y a pas de
problèmes, de deux choses l'une.
Soit que le ministre ne connaissait pas son dossier en 1977 cela,
c'est excusable, mais jusqu'à une certaine limite ou, encore, il
en était conscient. Les déclarations qu'il faisait, à
l'époque, il savait pertinemment qu'elles n'avaient pas beaucoup de
fondement ou qu'elles n'allaient pas se réaliser dans le cadre du
calendrier qu'il s'était fixé.
Même chose dans l'intervention sur la faune. Le ministre
s'attendait probablement que, dans mes commentaires, j'intervienne beaucoup,
que je mette l'accent sur les gestes posés par son ministère dans
le cadre de l'opération gestion faune. On va en parler. On a une
quinzaine ou une vingtaine d'heures de débat qui s'en viennent. On en a
probablement jusqu'à mercredi de la semaine prochaine. On va en parler.
On va en parler mais dans une approche constructive, comme on l'a fait, mais
cela n'a pas toujours été perçu comme cela par le ministre
du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. Tantôt, quand je parlais
de cette association, de cette obligation que le gouvernement a de s'associer
avec les gens pour les faire bénéficier des équipements,
les faire bénéficier des investissements, les faire
bénéficier de ce qu'on a chez nous, d'accord; dans cette veine,
je souscris au principe et j'y ai toujours souscrit. L'Opposition officielle a
toujours souscrit au principe de l'opération menée par le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. Là
où on n'était pas d'accord c'est là-dessus qu'on va
revenir c'est que cela a été fait dans l'improvisation. Je
pense que tout le monde est unanime à le constater, sauf le ministre.
Même ses collègues du Conseil des ministres constatent aussi que
cela a été fait sans consultation.
D'accord, il y a eu de l'information. Le ministre du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche nous en a parlé ce matin. Vous savez, c'est
très facile de tenter de noyer le poisson. Il a parlé d'une
séance d'information qui a été menée partout dans
le Québec. Entre information et consultation, il y a une
différence. C'est de la consultation que le ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche aurait dû faire. Cette
approche est peut-être valable en termes de principe, dans le sens
qu'elle ouvre maintenant les portes à tous les pêcheurs du
Québec, d'accord, on y souscrit. Mais c'est concrétisé et
réalisé de telle façon qu'on n'a pas les garanties et que
le gouvernement ne s'est pas donné les garanties d'une protection
adéquate du territoire, d'une protection adéquate de la faune et
d'une conservation de cette faune. C'est là qu'est le noeud du
problème. C'est toujours dans ce sens qu'ont été nos
remarques. Encore aujourd'hui, demain, après-demain, et jusqu'à
ce que les travaux de cette commission se terminent, c'est dans ce sens
qu'iront nos remarques, non pas sur le principe. Le principe, on y souscrit.
Cela va dans le sens des énoncés pour lesquels on plaide et qu'on
revendique depuis deux ans. Cette volonté d'associer les gens du
Québec à notre potentiel faunique, à nos
équipements, on y souscrit, on est d'accord. C'est très bien. On
dit que c'est bien et merci. Mais il y a la façon dont c'est fait. C'est
fait avec de l'improvisation et un manque de consulta- tion. On n'a pas les
garanties de protection et de conservation de la faune. On va en reparler.
M. le Président, c'étaient là mes commentaires au
début des travaux de cette commission. J'aurai évidemment des
questions générales à poser au ministre avant d'aborder le
programme I, élément 1.
Encore une fois, M. le Président, je me réserve le droit,
à la fin de nos travaux, de faire une déclaration, cette fois non
pas d'ouverture, mais de fermeture. En terminant, M. le Président, je
voudrais remercier les collaborateurs du ministre qui sont avec lui ce matin.
Je suis assuré qu'ils seront en mesure de contribuer comme d'habitude
très valablement et très positivement aux travaux de cette
commission. Je les en remercie et je cède immédiatement la parole
à mon collègue, le député de
Mégantic-Compton.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Fernand Grenier
M. Grenier: M. le Président, l'an dernier, je
commençais mes commentaires à l'étude de vos
crédits, en date du 19 mai, par ces mots: "Permettez-moi, M. le
ministre, de vous féliciter de ce poste avant l'étude de vos
crédits. Le pape des journalistes (M. Ryan) vous qualifiait au
début de la semaine de ministre compétent à la hauteur de
la situation. On sera en mesure de le juger au cours de la présente
étude des crédits. Il avait l'air de trouver que vous auriez
même pu faire un superministre". C'étaient les propos du chef du
Parti libéral l'an dernier et je ne sais pas cette année, s'il
était autour de la table, s'il aurait la même opinion. Je devrais
répondre à ce chef: Hors de l'Eglise, point de salut, mais hors
du Parlement, point d'élus.
M. le Président, mon commentaire se fera sous forme de questions
et je voudrais tout d'abord savoir du ministre même ce qu'il ne dirait
pas à son propre confesseur. Je voudrais examiner les six points
particuliers qu'il nous présentait l'an dernier comme étant les
six points majeurs qui retiendraient l'attention de son ministère durant
l'année écoulée. On en a fait état il y a quelques
instants. J'en ai également fait état et le ministre en a fait
état lui-même. Ensuite, nous étudierons attentivement ce
qu'il ambitionne de faire cette année avec les crédits dont il
sollicite l'adoption. Lors de l'étude des divers programmes et
éléments, j'aurai des questions particulières à
formuler comme c'est la coutume. Je dois d'abord m'excuser si je ne pourrai
participer à l'étude de tous les crédits parce que je
présume qu'on nous annoncera en Chambre cet après-midi le nouveau
titulaire de la loi 92 et j'ai à peu près la conviction qu'on
devra commencer à l'étudier dès demain, puisque c'est
l'intention du gouvernement de passer à l'action, de faire voter ce
projet de loi avant la fin de la présente session. Je devrai donc me
diriger vers une autre commission et envoyer un autre représentant de
notre formation politique
qui viendra prendre la relève. Sur les six points dont vous avez
fait état l'an dernier dans votre discours d'inauguration, mes questions
sont les suivantes. Qu'advient-il des trois livres verts que vous nous aviez
promis pour la fin de 1977, soit le livre vert sur le tourisme, le livre vert
sur la faune et le livre vert sur le plein air? Je veux que le ministre fasse
toute la lumière sur ce premier point majeur. Deuxièmement,
j'aimerais savoir ce qu'il advient de la réorganisation du
ministère, qui devait se faire, selon lui, principalement en nommant un
administrateur pour chacune des régions, devant avoir autorité
sur les trois secteurs traditionnels du ministère. Je veux que le
ministre nous fasse toute la lumière sur ce deuxième point qu'il
nous annonçait l'an dernier.
J'aimerais savoir ce qu'il est advenu de son programme d'emplois, qui
devait créer 1200 emplois grâce à un montant de $6 millions
qui devaient également permettre de commencer ou de terminer des travaux
d'infrastructure principalement dans les réserves et les parcs
existants. Je veux que le ministre également fasse la lumière sur
les emplois et les infrastructures de son troisième point majeur.
Quatrièmement, qu'est-il advenu de sa volonté de
réorganiser complètement la promotion touristique du
Québec, tant à l'intérieur du Québec qu'à
l'extérieur? C'était là, l'an dernier, son
quatrième point et j'aimerais que le ministre, là-dessus, nous
fasse encore toute la lumière.
Ensuite, sur le Centre international des congrès, je voudrais
voir exposer par le ministre le dossier complet. J'aimerais avoir tous les
détails techniques, financiers, juridictionnels et promotionnels dont on
a largement fait état l'an dernier. Enfin, ce n'est pas le moindre, je
veux tout savoir du programme d'accessibilité aux ressources on
en a fait état il y a quelques instants qu'on devait mettre en
application durant l'année qui vient de s'écouler. Ce qui s'est
fait représente-t-il l'ensemble du programme? Sinon, quels aspects de ce
programme n'ont pas été appliqués et pourquoi? (11 h
30)
Quant au plan d'accessibilité à la faune mis de l'avant
par le gouvernement actuel, on peut dire, à tout le moins, qu'il suscite
de nombreuses questions qui demeurent encore sans réponse. Nous avons
maintes et maintes fois approuvé la philosophie d'accessibilité
aux ressources fauniques. Déjà, l'Union Nationale, entre 1966 et
1970, avait fait grand état de cela, et je pense que sous
l'administration de M. Loubier, principalement, les régions près
de Québec et de Montréal avaient déjà
commencé à profiter de cette possibilité
d'accessibilité aux ressources fauniques.
Ce gouvernement dont je faisais partie en 1970 a été le
premier, à mon sens, à poser des gestes concrets en ce sens et
à entreprendre une campagne d'éducation populaire à ce
sujet. Nous avions formulé des réserves à la formule
actuelle, parce qu'elle nie des principes que tout gouvernement
démocratique a le devoir de respecter. D'abord, il nous semble de plus
en plus évident, plus l'expérience progresse et plus les
témoigna- ges du milieu nous parviennent, que cette action a
été improvisée et vient d'une décision politique de
mettre fin aux baux privés le 1er avril, sans tenir compte de l'accord
et de la participation des gens du milieu. L'infrastructure en personnel et en
équipement n'était pas prête pour assurer la protection de
la faune. Vous nous parliez tout à l'heure de 47 associations sur une
possibilité de...? On ne le sait pas, mais à mon point de vue, il
me semble que toutes les associations auraient dû être mises sur
pied avant de procéder à cette fin des baux privés.
On vient de connaître le nom des premières ZEC
accréditées et des endroits où les cartes de membres sont
en vente. De plus, le processus d'accréditation mène droit
à la bureaucratie. Des interventions locales doivent être
approuvées à Québec, mettant en branle tout le processus
habituel de l'estampillage puis du "red tape " qu'on connaît dans chacun
des ministères. Également, ce genre de structure mène, et
cela c'est encore plus grave, à l'abandon de tout le système de
bénévolat et d'aide qui existait dans ce secteur, les gens se
reposant maintenant sur l'association.
Vous n'êtes pas sans savoir que de nombreux excès ont
déjà été rapportés par différents
media. On en a fait état les semaines dernières, même
à l'occasion de questions qui ont été posées en
Chambre. Ce n'est pas mon intention de soutenir qu'il n'y en avait pas
auparavant, bien au contraire, mais je veux souligner au ministre les dangers
d'ouvrir un territoire sans campagne d'éducation populaire qu'il nous
avait pourtant bien promise.
À mon sens, il y a eu, dans ce secteur, trop d'improvisation et
un manque de consultation avec le grand public. Ce sera aussi, comme on l'a vu
dans certains secteurs, alors qu'on a municipalisé les loisirs, ce sera,
pour une grande partie, la fin du bénévolat, à ce
niveau.
J'aimerais aussi le ministre n'en a pas fait état à
l'occasion de ces projets pour l'année en cours attirer son
attention sur un projet important qui se développe au niveau de mon
comté je ne le ferais pas à ce moment-ci, si ce
n'était pas un projet à caractère provincial c'est
l'étude du mont Mégantic avec l'observatoire astronomique qui est
maintenant ouvert depuis la semaine dernière.
M. Michaud: Astronomique.
M. Grenier: Oui, astronomique. Le ministre a survolé cet
endroit et a déclaré que c'était un bel endroit. Il ne
faudrait pas, à mon sens, que cela reste un bel endroit mais un endroit
accessible. J'aimerais entendre de façon beaucoup plus précise
quelles sont les intentions du ministère et du ministre dans le
développement du mont Mégantic. Le ministre des Transports, la
semaine dernière, s'est engagé à nous donner, dès
cette semaine, le résultat de l'étude sur le développement
routier dans ce secteur, un développement important qui se fera d'ici
1980. Si on possède dans le Québec cet observatoire, qui a
été fait en collaboration avec le ministère de
l'Éducation, des universités de Montréal et Laval, je
pense qu'il faut maintenant être capable de s'y rendre par le
réseau routier et
que le public sache ce qui peut se développer autour de cela.
Est-ce que vous réussirez à convaincre le cabinet de
l'opportunité d'y mettre là des sommes d'argent importantes? Je
commence à en douter.
L'an passé, quand vous nous avez parlé de votre
thème "C'est beau chez nous", on s'est rendu compte que les ministres ne
vous ont pas cru; ils ont cru que c'était plus beau à Ogunquit,
au cours de l'été. Cette année, vous nous parlez du tour
du Québec. On vient d'avoir une lettre du président de la Chambre
qui nous parle de jumelage des circonscriptions. J'ai peur encore que les
ministres ne vous croient pas et qu'ils aiment mieux faire le tour de l'Europe
que le tour du Québec. Il faudrait peut-être utiliser toute la
compétence dont vous a qualifié le chef libéral l'an
passé, alors qu'il était journaliste, de ministre
compétent, à la hauteur de la situation et qui aurait pu faire un
superministre, se servir de vos compétences pour donner au mont
Mégantic les deniers dont il a besoin pour un développement. Je
sais bien qu'il ne peut pas se faire uniquement au cours de l'exercice actuel,
mais se faire au moins sur une période triennale ou quinquennale, vous
serez en mesure de juger, mais je pense qu'on ne peut pas laisser passer une
occasion si propice de permettre à l'ensemble des
Québécois d'accéder à cet observatoire
astronomique.
Je suis parfaitement conscient de mes demandes. Qu'on me réponde
d'une façon un peu plus exhaustive; nous serons ici quelques jours, bien
sûr, ce n'est pas une raison pour éterniser les crédits.
Mais celui qui dirige les destinées du tourisme est certainement plus
doué pour le faire, je pense, que mon voisin libéral de
Shawinigan qui n'a cessé, non pas de se mettre les pieds dans les plats,
mais de chercher des casseroles pour s'y mettre les pieds; je suis
assuré que le ministre se servira de son autorité pour continuer
de donner à son ministère le regain de vie dont il a besoin. On
sait que c'est l'un des premiers ministères créateurs d'emploi au
Québec. Nous serons là, M. le Président, pour continuer
cette étude des crédits et être l'aiguillon dont le
ministre a besoin pendant cette année.
Le Président (M. Marcoux): Et-ce que M. le ministre veut
ajouter quelques commentaires, en guise de réponse, avant qu'on passe
aux questions générales.
M. Yves Duhaime
M. Duhaime: M. le Président, je voudrais reprendre une
remarque de mon collègue, le député de Portneuf,
concernant l'enveloppe totale des crédits du ministère et le
mettre en garde contre une habitude qu'on est peut-être tenté
d'accepter et qui consiste à comparer les dépenses réelles
encourues avec les prévisions budgétaires. Ce que je voudrais,
c'est que l'on compare les chiffres avec les chiffres et dire que les
prévisions budgétaires du ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche, en 1977/1978, qui apparaissaient aux livres des
crédits de l'année dernière, les prévisions de
dépenses étaient de $106 614 700 et que nos prévisions de
dépenses, pour cette année, sont de $110 294 200. Quand on
compare les prévisions de dépenses avec les prévisions de
dépenses, on se rend compte qu'il y a une augmentation.
Là où il y a une diminution et je vous le
concède c'est que globalement les dépenses réelles
encourues en 1977/78, comparativement aux prévisions de dépenses,
vous avez une diminution de 5,2%. Ce que je veux cependant vous souligner,
c'est que, pendant l'exercice financier 1977/78, à partir d'une
prévision de dépenses de $106 614 700, nous avons effectivement
dépensé $116 384 000.
M. Mailloux: Est-ce que le ministre me permet de faire une
remarque?
M. Duhaime: Juste une seconde. Il y a lieu de penser qu'à
partir des prévisions de dépenses de $110 294 000, bon an mal an,
nous devrions maintenir à peu près la vitesse de croisière
que vous avez vous-même connue particulièrement vous, M. le
député de Charlevoix, qui avez occupé des charges
ministérielles et que le fonds de suppléance existe, qu'un
budget supplémentaire existe aussi même si, à chaque
année, on dit toujours: II n'y aura pas de budget supplémentaire.
Je pense que, depuis les dernières années au Québec, il ne
s'est pas passé une seule année sans qu'il y ait, à un
moment ou à un autre, un budget supplémentaire. C'était la
première remarque que je voulais faire et peut-être accrocher, en
même temps, le premier des points soulevés par mon collègue
de Mégantic, qui a été également
évoqué par le député de Portneuf.
Il est vrai que, l'année dernière, lorsque nous avons
parlé des livres verts, nous avons parlé de livres verts sur le
tourisme, sur la faune et le plein air. J'en ai bien parlé, j'ai
même relu nos délibérations, il n'y a pas tellement
longtemps. Ce que je veux vous dire, M. le Président, c'est que nous
devrions être en mesure de rendre public le livre vert sur le tourisme
dans les mois qui viennent.
Le travail est très bien amorcé, j'ai eu l'occasion de
rencontrer régulièrement les gens qui y travaillent et je pense
que je serai en mesure de proposer à mes collègues ou au
gouvernement de déposer ce livre vert au cours de l'été
1978. Pour ce qui est de la faune et du plein air, bien sûr, le travail
se continue, particulièrement le volet plein air. Vous êtes au
fait sans aucun doute que mon collègue du haut-commissariat a
publié un livre vert et que nous sommes en consultation à cet
égard. J'espère que nous pourrons donner suite dans les meilleurs
délais à cet engagement de publier les livres verts concernant la
faune et le plein air également au cours de cette année.
Je voudrais ajouter un mot sur les six points qu'a mentionnés mon
collègue de Mégantic et dire que, sur les six, cinq ont
été complètement réalisés. Je voudrais vous
donner l'assurance que la réorganisation du ministère est
complétée, comme j'ai eu l'occasion de l'évoquer tout
à l'heure, que des administrateurs régionaux sont en poste
par-
tout, dans toutes les régions du Québec, et qu'ils ont
maintenant l'autorité sur les secteurs traditionnellement isolés
dans les régions.
Je voudrais vous dire également que nous avons
dépensé, pour ce qui est des programmes d'emplois dans le cadre
de la relance économique, davantage d'argent que nous ne l'avions
même espéré au début. J'ai eu l'occasion d'indiquer
que nous avions dépensé $10 100 000, soit une première
tranche de $8 600 000 et $1 500 000 qui est venu s'ajouter par la suite. Je
pourrais peut-être dans le courant de cet après-midi vous donner
le nombre exact des emplois créés, mais de mémoire je sais
que c'est au-delà de ce que nous avions envisagé,
c'est-à-dire 1200.
Tout cela a été rendu possible même en adoptant une
politique rigoureuse pour ce qui est de l'embauche du personnel occasionnel
qui, en 1977, et de nouveau en 1978, est complètement sorti des bureaux
de comté des députés ministériels. Toute l'embauche
est faite par les centres de main-d'oeuvre du Québec dans les
régions, pour ce qui est des occasionnels adultes. Pour ce qui est de
l'embauche des étudiants, c'est par le ministère du Travail, par
le biais des bureaux je n'ai pas l'expression exacte, ce n'est pas le
centre de main-d'oeuvre, c'est le bureau de placement étudiant, je crois
du service de placement étudiant, qui est administré par
le ministère du Travail, en collaboration avec les administrateurs des
régions.
Nous avons également insisté énormément sur
la promotion touristique du Québec. J'ai eu l'occasion de dire que,
possiblement demain ou après-demain, je serai en mesure d'avoir le
premier exemplaire de propositions de voyages au Québec donnant, de
façon bien claire, des circuits touristiques. Nous avons
également mis en chantier ce sera publié cette
année un guide unique pour le tourisme au Québec. J'aurais
espéré que nous puissions le publier beaucoup plus tôt
cette saison, mais c'est un recueil d'information générale de
plusieurs centaines de pages. Nous sommes présentement à
évaluer les coûts de cette publication et si le tout se
déroule suivant les renseignements obtenus jusqu'à
présent, nous serions en mesure de le publier cette année. (11 h
45)
Pour ce qui est du Centre international des congrès, je ne
reviendrai pas là-dessus même si on semble, en face de moi, mettre
en doute cette décision. Il est important de rappeler que nos
prédécesseurs au gouvernement se sont amusés, en quelque
sorte, avec ce dossier pendant six ou sept bonnes années où on
entrevoyait non seulement un centre international de congrès, mais
également un centre international de commerce qui était, à
mon point de vue et du point de vue du gouvernement aussi, un
éléphant blanc. Nous avons décidé, d'abord, de
rapatrier au bon endroit le dossier du centre de congrès qui
était, dans le passé, pendant plusieurs années entre deux
chaises et pendant une couple d'années au ministère de
l'Industrie et du Commerce. Nous avons décidé de retenir la
proposition qui nous semblait la plus réaliste compte tenu de
l'évolution du marché des congrès en Amérique du
Nord et du besoin manifesté par l'hôtellerie et la restauration
dans la région métropolitaine particulièrement. Si des
délais sont survenus dans la mise en chantier, l'explication est toute
simple. Nous avons considéré la possibilité, pour la
première fois au Québec, de mettre sur pied un concours pour
permettre à différents bureaux d'architectes et
d'ingénieurs de s'associer et de faire des propositions à un
jury. Les dates d'échéancier sont très fermes, très
claires et c'est au cours du mois d'août que le jury devrait retenir une
équipe et, ensuite, procéder à la confection des plans et
devis, l'échéance pour le début des travaux étant
à l'automne 1979.
Je voudrais aussi, sur le sixième point qu'a soulevé le
député de Mégantic-Compton, lui donner l'assurance que
notre préoccupation dans le dossier de l'accessibilité aux
ressources fauniques a été, bien sûr, de nous associer avec
les utilisateurs. C'est à travers les associations de chasseurs et de
pêcheurs au Québec que le bénévolat, qui a toujours
existé en forêt et dans les activités de plein air et de
loisir d'une façon générale, continue effectivement de se
manifester aujourd'hui. Nous avons dit et nous tiendrons cet engagement
que nous mettions à la disposition des associations un fonds de
péréquation de $1 million. D'ores et déjà, les 47
associations, aussitôt qu'elles sont agréées,
reçoivent un chèque de $4500, qui est un montant de
démarrage et qui est automatique. Quelque $160 000 ont
déjà été versés à ce chapitre. Les
associations vont nous faire ensuite tenir leur programmation budgétaire
et, suivant l'évaluation que nous en ferons, nous pourrons ensuite leur
donner le coup de main financier nécessaire.
Mais, pour l'avoir constaté moi-même au cours de
très nombreuses réunions avec les exécutifs d'associations
et d'assemblées publiques, je sais que le bénévolat
continue et doit nécessairement continuer pour la mise en oeuvre de
cette politique. Les premiers intéressés dans l'application de ce
programme sont, bien sûr, les utilisateurs, et c'est la première
fois qu'un gouvernement reconnaît de façon légale dans un
premier temps et dans toute la réalité de la signification de
cette expression qu'on appelle un agrément l'existence même
d'associations de chasse et de pêche qui, dans le passé,
n'étaient même pas responsables d'un territoire et
n'étaient pas reconnues, non plus, comme étant des interlocuteurs
par le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche.
Je veux aussi dire que, sur le plan de la publicité et du message
de conservation que nous voulons livrer à toute la population du
Québec, nous avons mis sur pied vous l'avez sans doute vue
à la télévision une programmation avec Jean-Guy
Moreau sous le thème "Profites-en bien, mais prends-en soin".
Également, nous avons retenu le raton laveur, puisqu'il est un des
animaux les plus propres de la création et qu'on le retrouve au
Québec, comme étant l'animal thème pour faire en sorte que
les Québécois qui vont en forêt l'utilisent proprement, se
ramassent, en
d'autres mots, et fassent attention à l'environnement. Nous
allons continuer ces efforts que nous faisons à travers les media
d'information, soit la télévision et les journaux, comme nous
l'avons entrepris.
Vous comprendrez que je me contenterai ce matin de vous
réitérer mon intérêt pour l'observatoire du mont
Mégantic, de même que ces lieux que j'ai eu l'occasion de visiter.
J'ai même eu l'occasion de voir de si proche le mont Mégantic que
je pensais y rester.
Une voix: Vous êtes mieux de ne pas y retourner.
M. Duhaime: Ce dossier est au ministère et il est à
l'étude, pour être bien franc. Nous ne prévoyons pas faire
des investissements au mont Mégantic cette année. Il faut qu'on
fasse d'abord une planification. Je suis également au fait des
intentions du ministère des Transports pour les aménagements
routiers dans cette région. Je pense que c'est nécessaire que les
deux programmations se fassent en étroite consultation pour en arriver,
un jour ou l'autre, à faire en sorte que le mont Mégantic puisse
être vu et apprécié par le plus grand nombre de
Québécois. Ce matin, en commission parlementaire, je vois mal
comment je pourrais parler davantage sur ce sujet.
Discussion générale
Le Président (M. Marcoux): Nous allons maintenant passer
aux questions générales. M. le député de
Charlevoix.
M. Mailloux: M. le Président, si vous me le permettez, il
y a une observation que je voulais faire tantôt, relativement à ce
que disait mon collègue de Portneuf, quant aux crédits
votés et à la baisse que l'on constate comparativement aux
crédits de l'an passé pour l'exercice 1977/78. Le ministre vient
de répondre, il y a quelques minutes, que les prévisions de
dépenses sont une chose, que la dépense comme telle en est une
autre, et qu'incidemment, dans son ministère, par le biais de fonds de
suppléance ou de budget supplémentaire, il a réussi
à dépenser, au cours de l'exercice qui vient de se terminer, une
somme d'environ $10 millions de plus. Il y a une omission de la part de tous
les ministres qui ont défendu leur budget depuis quelques semaines et
que je ne suis pas en mesure de comprendre. Probablement que les hauts
fonctionnaires qui entourent le ministre peuvent donner, dans les minutes qui
suivent, le montant exact que sollicite l'Oppositon.
Je sais que, comme titulaire d'un ministère, le ministre a raison
de dire que ce ne sont pas les intentions de dépense, mais la
dépense finale qui compte dans chacun des ministères. Au
ministère des Transports, en cours de route, il m'a été
donné d'aller chercher un budget supplémentaire par le biais dont
venait de parler le ministre. Le gouvernement a annoncé, à grand
renfort de publicité, des crédits supplémentaires, au
cours de l'exercice 1977/78, principalement pour les ministères à
vocation économique. Il a parlé d'un programme de relance
économique. Le leader parlementaire adjoint devra répondre
à une question que je poserai en Chambre prochainement: Pourquoi a-t-on
refusé systématiquement, dans les autres ministères, tels
que les Transports, de dévoiler le montant des crédits
périmés d'un ministère semblable alors qu'on sait
pertinemment qu'un poste budgétaire comme le poste 3 aux Transports est
le programme de construction des routes et qu'il y a un montant de $50 millions
ou $60 millions qui a été retourné au ministre des
Finances pour éviter des emprunts supplémentaires pour balancer
son budget? Je pense que chacun des ministres devra répondre en Chambre
de l'importance des crédits périmés et à quel poste
budgétaire ces crédits ont été retranchés.
On verra peut-être le pourquoi de l'importance accrue du chômage
dans la province dans certains ministères à vocation
économique.
Si le ministre a raison de dire, je prends sa parole, le fait qu'il y
ait $10 millions de plus de dépensés, je veux croire que, dans
d'autres postes budgétaires où il n'y a pas possibilités
de transfert, il n'y a pas eu de crédits périmés de
demandés au ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche
également. Il annulerait les $10 millions en question.
M. Duhaime: Vous m'avez peut-être mal saisi. Je n'ai pas
dit $10 millions de plus. J'ai dit: Les prévisions de dépenses...
Oui, c'est cela, $106 millions à $116 millions. C'est même
au-delà de $10 millions. J'ai les chiffres au 31 décembre 1977.
J'aurai sans doute aujourd'hui le chiffre final à la fin de l'exercice,
en mars 1978. L'année dernière, nous avons
bénéficié d'un programme de relance de l'ordre de $10
millions, ce qui nous a permis d'accélérer nos
immobilisations.
M. Mailloux: Cela va confirmer que le sous-ministre en titre du
ministère et le chef du budget savent, à deux minutes
près, quelle est l'importance des crédits périmés
qui ont été retournés au ministre des Finances à sa
demande, question à laquelle on a refusé de répondre
catégoriquement à certains ministères à vocation
économique.
M. Duhaime: C'est ce que vous retrouvez au livre des
crédits, les renseignements supplémentaires pour le budget
1978/79, à la page 39. Si vous me permettez de vous lire un court
paragraphe: "Les crédits du secteur loisirs et récréation
de plein air diminuent de 13,1% par rapport à ceux de 1977/78 ". Ce sont
essentiellement les éléments de programmes dans les
immobilisations et les équipements. "Cette baisse se retrouve
principalement par un ajustement de plus de $10 millions au budget
d'immobilisation dû au fait que celui-ci a profité, en 1977/78 de
crédits totaux de $30 700 000, ce qui a permis au ministère
d'accélérer la réalisation de sa programmation. Alors,
c'est l'explication pour laquelle les prévisions de dépenses,
cette année, par rapport aux dépenses réellement
encourues, sont en baisse de 5,12%.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Merci, M. le Président. Une
première question. Évidemment, avant de commencer les questions,
je vais demander au ministre du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche...
Le Président (M. Marcoux): À moins qu'il y ait
consentement unanime. Normalement, l'ordre de la Chambre, c'est jusqu'à
12 h 30.
M. Pagé: Consentement unanime, M. le Président,
pour midi. Je poserai une seule question parce que l'aiguille fuit.
Le Président (M. Marcoux): Avant de commencer les
questions générales, on peut...
M. Pagé: Non, c'est seulement une question
préliminaire avant d'amorcer les questions générales. Le
ministre acceptera certainement de déposer je l'espère
avant la séance de demain après-midi, la liste des membres
de son cabinet, leur date d'entrée en fonction, leurs
responsabilités, leur salaire, leur...
M. Mailloux: ... statut matrimonial.
M. Pagé: ... compte de dépenses pour frais de
séjour et de subsistance ou autres frais depuis leur date
d'engagement.
M. Duhaime: II faudrait peut-être répondre tout de
suite.
M. Mailloux: Leurs sorties, leur sexe, ou quoi!
M. Duhaime: M. le Président, pour indiquer qu'il y a
déjà une question au feuilleton, à l'Assemblée
nationale...
M. Pagé: ... à laquelle on n'a pas répondu,
M. le Président.
M. Duhaime: ... qui date de deux semaines, je pense. Je n'ai
aucune espèce d'objection à indiquer les noms de tous les membres
de mon cabinet. Je suis très fier de les avoir-dans mon équipe.
Cependant, si vous voulez avoir leurs dépenses, depuis qu'ils sont
entrés en fonction...
M. Pagé: Je peux vous le demander ici, M. le
Président. Vous me le permettrez. C'est l'endroit choisi pour poser de
telles questions, au début des travaux d'une commission parlementaire
chargée d'étudier les crédits d'un ministère. Vous
savez que la performance du ministre du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche, dans les réponses à donner aux questions
posées au feuilleton, n'est pas du tout de nature à ce que le
ministre se félicite lui-même. Cela prend non seulement du temps
mais des semaines et des mois avant d'avoir des réponses. Je vous
demande aujourd'hui, à l'ouverture des crédits je suis en
droit de le demander abstraction faite de la question posée au
feuilleton la liste des membres de votre cabinet, leur date
d'entrée en fonction, leur salaire, leur statut et leur compte de
dépenses, leurs frais de séjour et de repas et autres, depuis
leur date d'entrée en fonction. Je suis en droit de le demander.
D'ailleurs, j'ai constaté que le ministre s'était donné un
nouveau chef de cabinet et qu'il aura peut-être, je l'espère, le
plaisir de nous le présenter éventuellement, osant croire qu'il
porte mieux son nom... (12 heures)
M. Duhaime: Je peux vous le présenter tout de suite. Je
crois qu'il est ici. C'est M. Luc Roy.
M. Pagé: Vous êtes le bienvenu.
M. Duhaime: II était déjà, à mon
cabinet, plus spécialement chargé du dossier de la faune. Il
remplace votre excellent ami M. Bellehumeur.
M. Pagé: Je présume que vous portez mieux votre nom
que votre prédécesseur.
M. Duhaime: On déposera cela, sauf les comptes de
dépenses qui suivront au feuilleton de la Chambre. Je ne peux pas vous
donner cela à deux jours d'avis.
M. Pagé: M. le Président, nous donnons notre
consentement pour reprendre à 14 heures. J'aurai d'autres questions
d'ordre général à ce moment.
Le Président (M. Marcoux): La commission du tourisme, de
la chasse et de la pêche ajourne ses travaux à 14 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 1)
Reprise de la séance à 16 h 10
Le Président (M. Marcoux): À l'ordre,
messieurs!
La commission du tourisme, de la chasse et de la pêche est
réunie pour poursuivre l'étude des crédits
budgétaires du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche. Les membres de la commission sont: M. Chevrette
(Joliette-Montcalm), M. Desbiens (Dubuc), M. Duhaime (Saint-Maurice), M.
Grenier (Mégantic-Compton), M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata), M. Michaud (Laprairie), M. Pagé
(Portneuf), M. Perron (Duplessis), M. Samson (Rouyn-Noranda), M. Verreault
(Shefford).
Les intervenants sont: M. Blank (Saint-Louis), M. Brassard
(Lac-Saint-Jean), M. Gravel (Limoilou), M. Grégoire (Frontenac), M. Le
Moignan (Gaspé), M. Mailloux (Charlevoix), M. Marquis
(Matapédia), M. Mercier (Berthier), M. Roy (Beauce-Sud).
M. Pagé: Est-ce que vous avez nommé M. Verreault
(Shefford)?
Le Président (M. Marcoux): Oui. Nous en étions aux
questions générales après les exposés d'ouverture.
M. le député de Portneuf.
M. Duhaime: M. le Président, si mon collègue le
permettait, je pourrais donner des précisions à une question
posée ce matin par le député de
Mégantic-Compton.
M. Pagé: Si c'est pour lui, j'y consens.
M. Duhaime: On aurait les réponses. J'aurais une
précision pour vous également, M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Si c'est pour moi, raison de plus d'y
consentir.
M. Duhaime: Dans vos six questions, vous avez
référé au programme d'emploi de l'année
dernière. Nous avions abordé, bien sûr, le programme de
relance en évoquant la possibilité d'embaucher 1200 personnes. Je
voudrais apporter les précisions suivantes:
Dans la première phase, nous avons embauché 1842
personnes...
M. Grenier: Les noms.
M. Duhaime: ... dans le premier bloc de $8 600 000 et nous avons
pu embaucher ensuite, temporairement, bien sûr, mais lors de la
deuxième phase du programme de relance, 522 personnes, pour un grand
total de 2364.
Je voudrais également donner des chiffres pour faciliter la
comparaison des budgets au livre des crédits 1977/78, soit la somme de
$106 millions comparativement à la somme de $110 millions au livre des
crédits 1978/79 et apporter les précisions suivantes:
Si l'on distrait les montants d'immobilisation, autant pour l'exercice
1977/78 que 1978/79, nous devons faire le calcul mathématique suivant:
Enlever de $110 millions prévus à l'exercice 1978/79 les chiffres
d'immobilisations de $18 200 000, ce qui nous laisse $92 millions de
dépenses de fonctionnement.
Si on se reporte à 1977/78; les dépenses réelles au
31 décembre 1977, nous devons soustraire les $30 millions qui ont
été mobilisés l'année dernière pour un solde
de $85 700 000 aux seules dépenses de fonctionnement, ce qui fait qu'on
peut maintenant opposer $85 700 000 aux dépenses de fonctionnement
1977/78 à $92 millions aux dépenses de fonctionnement 1978/79,
soit une augmentation de 7,2%.
M. Grenier: Seulement une précision. M. Duhaime:
Cela va.
M. Grenier: Vous avez dit, à la première phase,
1842 nouveaux employés permanents.
M. Duhaime: Non, ce sont des emplois occasionnels.
M. Grenier: Occasionnels, d'accord.
M. Duhaime: ... temporaires pour le program- me de relance. Que
ce soit à l'intérieur ou à l'extérieur des parcs et
réserves, c'est le programme de relance de l'année
dernière, de sorte qu'au total ce sont deux phases du programme de
relance. Nous avons pu faire l'embauche de 2364 personnes pour des emplois
occasionnels, donc temporaires, ce qui était exactement le but
visé par le programme de relance.
M. Grenier: ... en mettre plus sur l'assurance-chômage.
C'est un job en permanence, six mois d'été dans les parcs et six
mois payés par le fédéral. C'est rentable le
fédéral, vous savez!
M. Duhaime: Sauf que ce n'est pas une conversion de yens en
dollars, ce sont nos impôts québécois qui reviennent
purement et simplement.
M. Grenier: Je n'ai rien contre cela.
M. Lévesque (Kamouraska-Témiscouata): De plus en
plus rentable depuis un an et demi.
Une voix: C'est l'esprit qui guide le
fédéralisme.
M. Duhaime: C'étaient les deux précisions que je
voulais apporter, M. le Président.
Une voix: Merci!
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: M. le Président, ce matin j'ai mis un peu
d'insistance sur toute la question du livre vert. Le ministre du Tourisme, dans
une déclaration qu'il faisait à la Presse le 17 mai dernier,
disait: "Les deux charnières de ce livre vert, explique le ministre du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, seront le tourisme interne et la
régionalisation. Enfin, on s'intéressera plus au comment faire
pour améliorer notre tourisme interne plutôt qu'au comment faire
pour aller chercher plus de devises étrangères ". Vous auriez
même dit que le livre devrait être court et pas compliqué.
Dans votre esprit à vous, cela veut dire quoi? Comment cela va-t-il se
concrétiser?
M. Duhaime: En fait, M. le Président, les deux
charnières qu'évoque mon collègue de Portneuf et que
j'avais l'occasion de rappeler dans une déclaration qui est
rapportée j'ignore où, le 17 mai...
M. Pagé: Le 17 mai dernier dans la Presse.
M. Duhaime: Dans la Presse, c'est parfaitement exact. Cela reste
essentiellement une des problématiques de travail, une des approches de
ce comité qui est à pied d'oeuvre à la rédaction du
livre vert sur le tourisme. Essentiellement, la première proposition
rejoint la promotion du tourisme interne, ce qui signifie d'abord qu'il est
orienté vers les besoins des familles du Québec et que,
deuxièmement, nous voulons concrétiser cette promotion du
tourisme interne par le biais
des régions, tant par le biais de l'administration
régionale du ministère que par la concertation au niveau des
agents économiques dans chacune des régions du Québec.
J'entends "agents économiques ' dans son sens le plus large,
c'est-à-dire tous les intervenants possibles dans le domaine du tourisme
y seront, bien sûr, et ont déjà commencé cette
concertation nécessaire pour être capables de mettre en oeuvre
cette approche de promotion du tourisme interne au Québec.
M. Pagé: Est-ce à dire que, par le travail qui se
fait sur ce livre vert sur le tourisme, vous mettez de côté le
livre vert sur la faune et un autre sur le plein air, tel que vous nous
l'indiquiez l'année dernière à la même commission,
soit le 19 mai 1977?
M. Duhaime: Non, le travail qui est en excellente voie de
réalisation pour le livre vert sur le tourisme n'exclut pas pour autant
que d'autres comités travaillent actuellement sur les deux autres livres
verts. J'ai eu l'occasion d'indiquer ce matin que, dans l'ordre, ce serait
probablement le livre vert sur le tourisme qui sortirait le premier, et les
deux autres, en cours d'année.
M. Pagé: Ce matin, vous nous disiez que celui sur le
tourisme sortirait cet été, et, dans cet article, vous parliez de
l'automne. À quel moment croyez-vous que le livre vert sur le tourisme
pourra sortir?
M. Duhaime: Possiblement dans le courant de l'été
1978.
M. Pagé: Et les deux autres sur le plein air et sur la
faune?
M. Duhaime: Pour les deux autres, j'aime mieux être plus
prudent. Je me suis rendu compte que cela ne va pas toujours à la
vitesse que l'on souhaiterait. Si on était capable de déposer au
moins un des deux en cours d'année, je serais très heureux, mon
objectif étant de tenter l'impossible pour déposer en 1978,
après le livre vert sur le tourisme, celui sur la faune et celui sur le
plein air.
M. Grenier: Je m'excuse, mais est-ce que vous avez
mentionné une date?
M. Duhaime: Non, je n'ai pas mentionné de date.
M. Grenier: Au cours de l'année? Avant le
référendum?
M. Duhaime: J'ai l'expérience qui m'enseigne maintenant de
ne pas trop avancer de dates.
M. Pagé: Enfin! Il est temps. Dans un autre ordre
d'idées...
M. Grenier: Vous avez appris cela des vieux partis.
Application des nouvelles lois
M. Pagé: ... nous avons eu, au cours de la dernière
session, à adopter quelques projets de loi présentés par
le ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. J'aimerais que le
ministre nous fasse une revue de l'application de ces projets de loi on
se rappellera qu'on a eu la loi sur les agences de voyage; on se rappellera
qu'on a eu la loi sur les parcs deux projets de loi, entre autres, qui
prévoient de la mécanique, qui prévoient des
réglementations, qui prévoient des actions de son
ministère. J'aimerais savoir où cela en est rendu, tant dans un
projet que dans l'autre.
M. Duhaime: Quant aux amendements de la Loi des agents de voyages
je ne résumerai pas ici toutes les discussions que nous avons
eues ensemble à la commission parlementaire les conditions
d'émission des permis ont été modifiées. Cependant,
nous avons tenu mordicus à ce que, dans la loi, on puisse conserver
cette notion de fonds de roulement excédentaire. Par ailleurs,
relativement au fonds d'assurance, tant individuel que collectif, et
malgré les appréhensions que nous avions en 1977, sur
l'application de la Loi des agents de voyages comme telle, nous avons pu en
arriver à faire en sorte que je n'ai pas les chiffres en main de
façon précise toutes les agences de voyages du
Québec se soient conformées à la Loi des agents de voyages
et aient obtenu leur permis de fonctionnement. Des poursuites ont
été intentées dans certains cas, mais je pense que cette
année, ça devrait se faire avec beaucoup plus de
facilité.
À l'avenir, cependant, plutôt que d'émettre chaque
année un permis de fonctionnement, et de recommencer dossier par dossier
avec chacune des agences de voyages, je songerais à émettre un
permis d'une plus longue portée, quitte à ce que, en cours de
route, les contrôles se fassent pour s'assurer qu'on satisfait aux
exigences de la loi.
Vous me permettrez d'ajouter, M. le Président, que d'ores et
déjà, les personnes âgées du Québec ont
commencé à se prévaloir de la nouvelle disposition de la
Loi des agents de voyages, qui permet, en fait, à tout le monde
d'organiser un voyage au Québec, d'une durée n'excédant
pas 72 heures, sans avoir l'obligation de retenir les services d'un agent de
voyages. Cette mesure a été souhaitée, a été
demandée et a été aussi très bien accueillie par
tout le milieu du public voyageur au Québec. À cet égard,
sauf erreur, mes collègues de l'Opposition étaient parfaitement
d'accord avec cette mesure, quoique nous ayons eu une longue discussion, entre
autres, sur les circuits frontaliers. Les informations que j'ai reçues
et selon mes contacts aussi avec les gens de l'âge d'or qui le
souhaitaient, qui ont demandé en de très nombreuses occasions...
Ce n'est pas une exception à la loi. Il n'y a aucune formalité
à remplir, aucune demande de dispense à obtenir du
ministère. Bref, il n'y a aucune paperasse. Un groupe qui organise un
voyage au Québec pour une durée de 72 heures n'a pas à
recourir à une agence de voyage et à retenir ses services.
Pour ce qui est de la Loi des parcs, j'ai eu l'occasion...
M. Verreault: Je m'excuse, M. le Président. Sur le
même sujet, concernant les agences de voyages, j'aimerais savoir si le
ministre a l'intention de ou prévoit limiter le nombre de permis au
Québec. On rencontre le phénomène au niveau des
municipalités en ce qui concerne les stations-services; les
municipalités limitent le nombre de permis de façon à
permettre aux exploitants de pouvoir exercer leur métier de
manière adéquate. Dans le cas des agences de voyages, on constate
actuellement qu'il y a un nombre assez aberrant d'agences qui se multiplient,
qui essaiment ici et là dans toutes les municipalités. On peut
quand même croire que ce nombre va devenir dangereux plus tard.
M. Duhaime: En fait, notre préoccupation, par le biais de
la Loi des agents de voyages, n'est pas, en aucune façon, d'intervenir
sur un libre marché où une concurrence effrénée
s'exerce, il faut bien l'admettre. Mais les objectifs poursuivis par la Loi des
agents de voyages, c'est de s'assurer que nous accordons une protection
maximale aux voyageurs qui avancent des montants d'argent à ces agences
pour que l'on puisse en faire l'administration dans des comptes en
fidéicommis et de s'assurer que les agences de voyages ne touchent pas
au compte en fidéicommis afin de financer leurs opérations
courantes. Le but de la loi est d'accorder une protection au public.
Il est bien certain, cependant, que la loi ne prévoit pas quelque
contrôle que ce soit sur le nombre de permis ou le découpage
géographique. J'aimerais mieux qu'on laisse la libre concurrence jouer
et que les plus forts restent debout, comme dans tout autre secteur de
concurrence. Tant et aussi longtemps qu'on rencontre les exigences du
cautionnement individuel ou collectif, que les fonds de roulement sont
excédentaires, que les comptes en fidéicommis sont bien
administrés et qu'enfin les exigences de la loi sont satisfaites,
à ce moment-là, je suis en mesure de dire que notre public
voyageur est protégé et c'est le but visé par la loi.
M. Verreault: Voici, M. le Président...
M. Duhaime: La question de la concurrence est une question qui
n'est pas du ressort de la Loi des agents de voyages comme telle.
M. Verreault: Non, je suis d'accord. Je comprends très
bien le principe du ministre. Mais je voudrais quand même faire un
parallèle pour faire comprendre le point que je soulève
actuellement. À l'époque, dans le service d'ambulances,
c'était un genre de "free for all" et le gouvernement s'est mis le nez
là-dedans pour pouvoir permettre, quand même, une exploitation
rentable. Évidemment, on a mis des critères assez difficiles et
sévères à rencontrer pour permettre à ces
gens-là de fonctionner d'une manière équitable, comme je
le mentionnais. Maintenant, on émet des permis, par l'entremise du
ministère des Affaires sociales, à qui veut en avoir et le
problème de la non-rentabilité des années passées
recommence aujourd'hui et les mêmes problèmes vont revenir
même si les normes sont plus rigides et c'est le pourquoi de la question
soulevée tout à l'heure relativement aux agences de voyages. Il y
a déjà un peu d'agences, mais maintenant toute personne qui se
conforme aux critères de la loi peut obtenir un permis et on
réalise que dans des municipalités, dans des régions moins
populeuses je prends les Cantons de l'Est, mais si vous prenez la
Gaspésie ou d'autres régions moins populeuses il y a des
agences de voyages à tous les coins de rue. Donc, on verra bientôt
des personnes qui pourront peut-être se conformer aux normes, à la
loi, mais indirectement pénaliseront les consommateurs, si vous les
appelez ainsi, par des faillites, parce que la non-rentabilité veut dire
fermer les livres. Je vous disais tout à l'heure qu'il y aurait
peut-être moyen de prévoir, au niveau de la loi, une
possibilité aux municipalités de réglementer le nombre
d'agences dans leur municipalité comme on le fait pour les
stations-service.
M. Duhaime: Je ne suis pas en mesure de vous dire si la Loi des
cités et villes ou le Code municipal permet un pouvoir de
réglementation aux cités, aux villes, aux villages, régis
par ces deux lois...
M. Verreault: Le problème deviendra de plus en plus
important, M. le Président.
M. Duhaime: Si tel était le cas, à ce
moment-là, les municipalités pourraient le faire. Ce que je peux
vous répondre aujourd'hui là-dessus, c'est qu'il n'entre pas dans
mes intentions, du moins dans l'immédiat, de commencer à mettre
sur pied une espèce de régie qui serait appelée à
statuer sur l'émission de nouveaux permis à des agences de
voyages. Un peu pour reprendre un autre parallèle, qui pourrait
peut-être être aussi boiteux parce que tous les exemples
vont clocher là-dedans comme la Commission de contrôle sur
les permis d'alcool, par exemple, on pourrait dire: Pour un bassin de X
population, on va permettre un certain nombre d'agences de voyages. On risque,
à ce moment-là, de créer peut-être des
marchés captifs et je ne suis pas certain que sur l'échange le
public y serait gagnant.
M. Verreault: M. le Président, je me demande
jusqu'à quel point le consommateur sera préservé d'une
négligence quelconque d'une agence si toutefois les agences se
multiplient et qu'à un moment donné plusieurs font faillite.
M. Duhaime: Si une agence de voyages faisait faillite, il est
bien entendu que les dispositions du compte en fidéicommis, en tenant
pour acquis que c'est observé, le cautionnement collectif et individuel
est là aussi. Jusqu'à maintenant, sauf erreur, nous n'avons
encouru aucune perte. Il n'y a
personne au Québec qui ait encouru des pertes, à cet
égard.
M. Verreault: M. le Président, le ministre sait
très bien qu'en cas de faillite, un homme d'affaires n'a rien à
perdre.
M. Duhaime: Pardon?
M. Verreault: J'ai dit en cas de faillite, face à une
faillite éventuelle, un homme d'affaires ou une agence de voyages n'a
rien à perdre. Au lieu de déposer directement le compte en
fidéicommis, comme vous le dites, il peut le dépenser
ailleurs.
M. Duhaime: C'est le cautionnement qui est là.
M. Verreault: C'est la question que je posais en
complément. Ce serait bon de prévoir.
Le Président (M. Marcoux): ... sur l'autre loi?
M. Duhaime: Pour ce qui est de la Loi sur les parcs, M. le
Président, cette loi a été votée à
l'Assemblée nationale l'année dernière.
Déjà, nous nous sommes attaqués à voir à
l'application de cette loi dans le délai prévu de deux ans, pour
régler de façon définitive la question des quatre parcs
provinciaux. J'avais l'occasion de dire ce matin que nous tiendrons les
audiences publiques cet été. Probablement que nous tiendrons ces
audiences quelque part en Gaspésie, pour permettre au plus grand nombre
de nos concitoyens de faire valoir leur point de vue sur le
périmètre éventuel du parc, que ce soit dans sa partie
conservation ou dans sa partie récréation. (16 h 30)
J'ai indiqué également qu'au début de 1979, nous
serions en mesure de donner des avis pour ce qui est des trois autres parcs,
chacun des trois parcs, que ce soit Orford, Mont-Tremblant ou le parc des
Laurentides, particulièrement ce dernier parc, à cause des
approvisionnements en bois; pour le parc de la montagne Tremblante, il y a la
question de la délimitation des terrains à régler. Nous
visons le printemps 1979. Pour ce qui est de l'utilisation de la Loi sur les
parcs, qu'on appliquera au territoire qui est actuellement constitué en
réserve, en vertu de la Loi de la conservation de la faune, la direction
de la planification au ministère est en train de faire une
ébauche là-dessus.
C'est cette année et l'an prochain que, graduellement, au fur et
à mesure que les dossiers seront prêts, nous serons en mesure
d'utiliser cette loi pour faire la classification de nos parcs.
M. Pagé: Dans la loi, le ministère se donnait un
délai de deux ans pour produire les plans d'aménagement de chacun
des parcs visés par la loi. Est-ce que le ministre pourrait nous dire
plus exactement où en est la confection de ces plans
d'aménagement?
M. Duhaime: Je ne voudrais pas aborder aujourd'hui la question
des plans d'aménagement.
Il y a des travaux préliminaires qui ont été faits.
Mais je pense que ce qui est d'abord et avant tout important, c'est de fixer
les contours ou les périmètres de ces parcs. Il faut, bien
sûr, poursuivre nos discussions, nos négociations, avec nos
collègues du ministère des Terres et Forêts et des
Richesses naturelles, principalement. Si nous en arrivons à conclure une
entente à cet égard, nous mettrons en marche immédiatement
le mécanisme prévu à l'article 7, je crois, de la Loi des
parcs.
Mais nous allons d'abord fixer le périmètre et lorsque les
audiences publiques auront lieu à ce sujet, je pense qu'on sera
prêt également à parler des plans d'aménagement, ce
qui nous reporte à la fin d'août, pour être plus
précis, pour ce qui est des audiences publiques du parc de la
Gaspésie.
M. Pagé: Et en ce qui concerne les trois autres parcs?
M. Duhaime: Au printemps 1979. M. Pagé: Printemps
1979? M. Duhaime: Oui.
M. Pagé: Est-ce qu'il y a du travail qui se fait
actuellement sur la classification des réserves? Comment ce travail se
fait-il? Où en sont les études à l'égard...?
M. Duhaime: Je ne crois pas qu'il y ait de classification au
sujet des réserves. La classification va se faire au niveau des parcs de
conservation, de récréation...
M. Pagé: J'entends dans l'intégration de ces
réserves ou de quelques réserves, sous l'égide de la Loi
des parcs.
M. Duhaime: Tant et aussi longtemps que les amendements à
la Loi de la conservation de la faune n'auront pas été
votés, il est bien certain que nous n'aurons qu'une sorte de
réserve. Mais il est prévu dans un des amendements je
pense que c'est dans le pouvoir de réglementation qu'on va le retrouver
la possibilité de classifier les réserves. J'ai
indiqué ce matin que j'entendais déposer ce projet de loi avant
l'ajournement de l'été pour tenir une commission parlementaire
à la rentrée et voter en cours d'année les amendements
à la Loi de la conservation de la faune, pour entreprendre les saisons
de pêche et de chasse 1979 avec une nouvelle loi.
M. Pagé: En vertu d'une nouvelle loi?
M. Duhaime: En vertu d'une nouvelle loi. En fait, ce ne sont pas
simplement quelques amendements, c'est une refonte complète de la
loi.
M. Pagé: Est-ce qu'on peut présumer que des
réserves deviendront des parcs en vertu de la Loi des parcs?
M. Duhaime: On peut le présumer. En fait, ce
sont des territoires à l'intérieur des réserves. Il
y a quand même des aberrations qu'on vit. Le parc du mont Sainte-Anne est
constitué en réserve en vertu de la Loi de la conservation de la
faune. Il est évident que le mont Sainte-Anne, pour un...
M. Pagé: ... De récréation.
M. Duhaime: ... qui est actuellement une réserve, va
devenir un parc de récréation, sans beaucoup de discussions.
M. Pagé: D'accord. Est-ce que les études qui se
font actuellement touchent l'ensemble des réserves, ou seulement
certaines réserves, ou seulement certains territoires à
l'intérieur de ces réserves? Est-ce que vous pourriez nous en
faire la nomenclature?
M. Duhaime: En fait, de façon prioritaire, ce que nous
voulons faire le plus rapidement possible, c'est classer les quatre parcs
provinciaux. C'est notre première priorité. Dans un
deuxième temps, aussitôt que les amendements à la Loi de la
conservation de la faune auront été votés, on pourra jouer
avec la classification des réserves, la classification des parcs,
redonner à des réserves actuelles leur véritable vocation
de parcs de récréation et, dans certains cas, il est bien certain
que ce seront des morceaux de réserve qui seront classifiés en
parcs de récréation ou encore en parcs de conservation. Mais ce
sur quoi nous travaillons d'abord et avant tout, pour l'instant, c'est sur les
quatre parcs provinciaux dont j'ai fait mention.
M. Pagé: Oui, mais vous nous disiez tout à l'heure
qu'il y avait du travail qui se faisait sur certaines réserves. Il y
aurait certainement possibilité de savoir lesquelles. Jusqu'où
est-on avancé dans ces dossiers?
M. Duhaime: Je pense que c'est préliminaire. Le travail
qui se fait, c'est simplement une ébauche bien superficielle, bien
éloignée.
M. Pagé: Comment expliquez-vous que cette Loi sur les
parcs, qui a été adoptée l'année dernière,
ne soit pas plus avancée en termes de réalisation? Est-ce parce
que vous n'avez pas les effectifs au ministère? J'en doute. Il me semble
que vous avez des gens compétents à côté de vous.
Comment expliquez-vous que vous ne soyez pas plus avacés à ce
chapitre?
M. Duhaime: Oui, c'est un ministère qui regorge de gens
compétents. Il fallait quand même attendre d'avoir la sanction de
la loi avant de pouvoir l'utiliser. Cela ne fait pas un an.
M. Pagé: Cela fera un an cette année.
M. Duhaime: La Loi sur les parcs? Non, elle a été
sanctionnée au mois de novembre.
M. Verreault: Le temps passe si vite. Entre l'adoption et la
sanction, il s'est écoulé un laps de temps assez long.
M. Duhaime: Nous ne sommes en aucune façon en retard sur
l'échéancier prévu.
M. Pagé: Comment l'expliquez-vous?
M. Duhaime: II faut quand même attendre d'avoir une... Ce
sera la même chose pour ce qui est de la Loi sur la conservation de la
faune. Je ne peux pas vous parler beaucoup plus en détail de la
classification des réserves éventuelles au Québec. Tant et
aussi longtemps que l'Assemblée nationale ne se sera pas
prononcée sur la classification, je ne voudrais pas qu'on invoque
l'article 49 et qu'on me fasse une question de privilège.
M. Pagé: D'accord.
M. Mailloux: Quand la loi va arriver, il ne restera plus de
choses à conserver. Il n'y aura pas de problème.
M. Pagé: M. le Président...
M. Duhaime: Ce ne sont pas des parcs de
récréation.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: ... je reviens à ma question. Je
rappellerai à l'ordre mes collègues des deux côtés
de la table.
M. Chevrette: Ne commence pas ça!
M. Pagé: Si on vous dérange, dites-le, soyez bien
à votre aise.
M. Chevrette: On se retirera, allez-y, jasez.
M. Pagé: Comment expliquez-vous je ne me l'explique
pas qu'on se devait d'adopter cette loi en 1977 c'est d'ailleurs
pourquoi vous nous l'avez présentée à ce moment-là
une loi qui vous permette des interventions, une loi qui vous donne
certaine latitude, comment expliquez-vous qu'à ce moment-ci, soit quand
même près d'un an après son adoption, on ne soit pas plus
avancé? Le nombre d'études nécessaires à
l'application bien concrète de cette loi qu'on a adoptée
implique-t-il autant de délais? Si oui, pourquoi?
M. Duhaime: Je voudrais d'abord rectifier une chose. Si la Loi
sur les parcs avait été votée six mois plus vite à
l'Assemblée nationale, on serait probablement six mois plus
avancés. La loi a été votée au mois de
novembre.
M. Pagé: Cela n'est pas une réponse à
donner. Il va de soi que, si la loi avait été adoptée six
mois plus vite, cela aurait été plus vite, mais je vous demande
pourquoi on n'est pas plus avancé.
M. Duhaime: Je vous ai indiqué longuement que nous
travaillons sur les périmètres de ces parcs, que nous travaillons
également au niveau interministériel avec nos collègues
des Terres et Forêts et des Richesses naturelles, au niveau aussi du
ministère d'État à l'aménagement, au comité
ministériel permanent de l'aménagement et je pense qu'on ne peut
pas aller beaucoup plus vite que le rythme de travail que nous nous sommes
imposé à cet égard.
Si on pouvait régler la question du parc de la Gaspésie en
tenant les audiences au mois d'août 1978 et possiblement en arriver
à faire une classification de ce parc cette année, en 1979, nous
pourrions aborder la question des trois autres parcs et, parallèlement
à cela, si nous sommes prêts, avec la nouvelle Loi de la
conservation de la faune, on pourra entreprendre la classification des
réserves.
M. Pagé: Est-ce à dire ou est-ce qu'on doit
définir cette question des périmètres des parcs comme
étant la réponse à plusieurs questions portant sur
l'utilisation de la ressource en présence, sur le potentiel d'accueil,
sur le potentiel en termes de vocation ou d'orientation de chacun des parcs?
Est-ce que vous incluez dans ce périmètre des parcs
l'aménagement du territoire qui peut être assurément
très distinctif d'une région à une autre, compte tenu des
besoins de la population, compte tenu du potentiel, etc.?
M. Duhaime: En fait, c'est presque un dilemme à trancher
jusqu'à un certain point, en utilisant la Loi des parcs dans son
application concrète. Il est bien certain que nous avons une
première préoccupation comme gouvernement, qui est celle d'un
rendement économique, dans une région bien donnée, bien
précise. Par ailleurs, nous avons également consacré, dans
la Loi sur les parcs, une espèce de caractère de
pérennité d'une ressource. Il s'agit de réconcilier
ensemble ces deux pôles, ces deux objectifs. C'est ce que nous ferons.
Nous aurons l'occasion d'ailleurs, c'est prévu dans la loi
de tenir des audiences, de recevoir les mémoires, les points de vue de
l'ensemble de la population. C'est essentiellement sur ces deux pôles que
la discussion va s'engager, étant entendu que l'aménagement comme
tel, l'exploitation et la gestion de la ressource vont aussi tenir compte des
besoins et des demandes de la population du milieu, une fois que l'on aura
d'abord et avant tout arrêté l'étendue, la superficie, le
périmètre de ce parc.
La Loi sur les parcs a quand même des dents. Une fois qu'un parc
est classifié comme parc de conservation ou de récréation,
c'est la fin des exploitations forestières. C'est la fin de
l'exploration et de l'exploitation minière aussi. C'est l'interdiction
à l'Hydro-Québec d'y passer de nouvelles lignes de transmission.
Cela veut dire qu'avant d'utiliser un tel instrument, il faut être
certain que nous avons fait le tour de table nécessaire, que toutes les
consultations ont été faites par ceux qui sont impliqués,
en particulier d'autres ministères avec qui nous poursuivons les
discussions à ce sujet.
M. Pagé: Si je comprends bien j'espère bien
comprendre, parce que si je comprends bien, je vais vous rendre hommage
avant de prendre...
Une voix: On va prendre cela en note.
M. Pagé: Quand je parle d'une Opposition constructive,
vous en aurez, probablement, compte tenu de la réponse du ministre, une
preuve éclatante. Si je comprends bien, avant d'agir en fonction de la
Loi sur les parcs, avant de classifier, vous croyez qu'il est opportun de voir
quel est le territoire exact, dans le cas des quatre parcs existants, comme
dans le cas d'autres qui pourront être éventuellement
classifiés; vous voulez déterminer le territoire exact qui devra
être placé sous la juridiction de ce parc, vous voulez en faire un
inventaire conique, vous voulez en déterminer l'aménagement non
pas nécessairement à partir de critères
généraux, mais à partir d'une certaine
spécificité, compte tenu du potentiel du territoire; vous voulez,
par surcroît, ajouter une consultation avec les gens
intéressés par l'aménagement de ce parc, et vous voulez
que ceux-ci soient liés au processus décisionnel par le biais de
la consultation. C'est seulement une fois que tout cela sera
déterminé, que tout cela sera précisé, que vous
serez en mesure de classifier un parc sous le vocable de parc de conservation
ou de récréation. Si j'ai bien compris, cette démarche
devra obligatoirement être faite pour les quatre parcs déjà
existants et pourra être, éventuellement, faite pour les parcs que
vous allez classifier, elle devra aussi...
M. Duhaime: Devra aussi.
M. Pagé: ... être faite pour les réserves ou
les territoires qui deviendront parcs éventuellement?
M. Duhaime: II me reste à recevoir vos hommages, parce que
c'est ce que nous allons faire.
M. Pagé: M. le ministre, j'avais eu d'ailleurs, l'occasion
de vous faire part de commentaires qui étaient parfois assez
sévères, lors de l'étude du projet de loi sur les parcs,
j'en conviens. Là-dessus, je vous rends hommage, parce qu'on doit, selon
moi, avant d'intervenir dans l'aménagement, avant de procéder
à toute intervention, procéder comme vous le faites en vertu de
la Loi sur les parcs, et ce, dans le but non seulement de la sauvegarde d'un
patrimoine qui nous appartient, mais aussi d'une utilisation rationnelle du
territoire. Vous êtes d'accord avec cela? (16 h 45)
M. Duhaime: II faut faire attention à une chose. Je crois
qu'il y a quelque chose qui sous-tend votre remarque. Je voudrais être
bien sûr qu'on parle de la même chose.
M. Pagé: Non, c'est dit en toute liberté d'esprit,
vous savez, M. le Président...
M. Duhaime: D'abord, il y a une chose...
M. Pagé: ... personne ne m'a tordu le poignet pour lui
dire ça.
M. Duhaime: ... qu'il faudrait peut-être éclair-cir
tout de suite. Que ce soit un des quatre parcs provinciaux existants en vertu
d'une loi spéciale ou toute autre partie du territoire, la seule
distinction qu'il y a entre les quatre parcs et le reste du territoire, c'est
le délai de deux ans. C'est exactement le même mécanisme de
consultation, d'audiences publiques, d'avis dans la Gazette officielle
prévu à l'article 7 de la Loi sur les parcs.
Ce qui est important dans l'application de la Loi sur les parcs, c'est
qu'à partir du moment où un territoire est classifié
conservation ou récréation, si, ultérieurement, on veut
modifier la classification ou on veut changer quelque partie que ce soit de la
frontière de ce parc une fois qu'elle est établie, il faut
recommencer le mécanisme prévu à l'article 7 en donnant un
avis d'audiences publiques, il faut recevoir les mémoires, etc., de
sorte que c'est une loi qui est très contraignante.
Ce que j'ai voulu indiquer par mes remarques, et je pense que vous avez
bien saisi, c'est le fait qu'il nous faut concilier les objectifs de
conservation, de protection et de durée face à la ressource
faunique en éliminant toute forme d'exploitations à
caractère économique ou commercial, si je peux dire, comme
l'exploitation de la forêt à des fins d'utilisation pour des
moulins de pâtes et papiers ou pour du sciage, toute exploitation
minière et même l'exploration minière. C'est une dimension
telle que, avant d'utiliser une telle loi et de l'appliquer, on va tenter, au
niveau du gouvernement, de faire un consensus entre les intervenants au niveau
des ministères. Il est bien certain qu'une fois que l'avis sera
donné par la Gazette officielle, que le délai de 60 jours sera
écoulé pour recevoir les mémoires et que les audiences
publiques seront faites, le gouvernement prendra ensuite une décision
finale et la fera connaître.
M. Pagé: Alors, je suis heureux de l'obligation que vous
vous êtes donnée et de l'engagement, par le fait même, que
vous avez pris par l'adoption de cette loi, c'est-à-dire
d'étudier avant d'agir et de consulter avant d'agir par la Loi sur les
parcs.
M. Chevrette: ... l'expérience du passé nous avait
servi énormément.
M. Pagé: M. le Président, demandez donc au
député de Joliette-Montcalm...
M. Chevrette: C'est parce que c'est bien important de vous le
dire.
M. Pagé: Je ne doute pas que l'expérience du
passé vous ait servi et continuera à vous servir. Demandez-lui
donc s'il vous plaît, M. le Président, et
j'intercède...
M. Chevrette: Pour éviter des gaffes.
M. Pagé: ... pour qu'il nous écoute et qu'il
demande la parole...
M. le Président, vous savez, si je fais le tour de la loi 21,
c'est que... Je voulais quand même démontrer les intentions et les
orientations qui ont été prises par le ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. Là-dessus, le ministre
abondera certainement dans mon sens quand je lui dirai que cette Loi sur les
parcs était à presque un iota près pas seulement
à un iota, mais à quelques exceptions était
l'ancienne Loi sur les parcs qui avait préalablement été
préparée. Alors, on peut facilement conclure que dans cette
démarche pour laquelle je viens de rendre hommage au ministre, celui-ci
s'était inspiré d'un projet de loi que nous avions
préparé avant l'avènement malheureux du 15 novembre. Mais
quand je vous disais, M. le Président, et c'était là le
sens de ma deuxième question...
M. Duhaime: Vous permettez, M. le Président, d'ajouter une
chose, c'est que je suis très heureux que le député de
Portneuf se soit rendu compte que la Loi sur les parcs, telle que votée
à l'Assemblée nationale, n'est pas la même loi
présentée ou déposée à l'Assemblée
nationale et jamais votée. La clé de cette loi, c'est le
processus obligatoire de consultation ou de tenue d'audiences publiques qui
n'était pas prévu dans le premier projet qu'évoque le
député de Portneuf, pas plus, d'ailleurs, que le gouvernement
antérieur n'avait retenu le processus de consultation dans la loi qui a
été votée par le gouvernement qui nous a
précédés et la loi qui crée les réserves
écologiques.
M. Pagé: C'est parce qu'il y avait des jeunes
députés qui se bataillaient à ce moment pour et au nom de
la consultation.
M. Duhaime: La Loi sur les réserves écologiques
mériterait, à mon sens, d'être amendée...
M. Pagé: Vous n'étiez pas là, mais je tiens
à vous en faire part.
M. Duhaime: ... pour obliger à un processus de
consultation...
M. Pagé: Très bien!
M. Duhaime: ... et ce qui est prévu à la Loi sur
les parcs...
M. Pagé: Très bien!
M. Duhaime: ... devrait être imité.
M. Pagé: Oui, cela doit être imité, M. le
Président, et c'est le sens de mon deuxième sujet.
M. Duhaime: Bravo! On se comprend parfaitement.
M. Pagé: On se comprend sur ce point-là. Quand je
vous disais, M. le Président, ce matin,
que, si j'avais eu à faire une déclaration, je l'aurais
faite sous l'égide de l'administration à la petite semaine. Je ne
me serais pas trompé.
Je vais vous dire pourquoi, M. le Président. Le ministère
du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche a une obligation d'intervention
sur le territoire du Québec, comme d'autres ministères, à
des titres différents. Le ministère du Tourisme, de la Chasse et
de la Pêche est intervenu par une mesure réglementaire, par un
énoncé de politique qu'il a formulé à
l'Assemblée nationale le 22 décembre dernier. Dans cette
politique d'opération gestion faune, il y a quand même deux
volets: celui de l'action et celui de l'opération, qui sont bien
distinctes, soit des zones d'exploitation contrôlée et des zones
d'aménagement et de conservation.
Les zones d'aménagement et de conservation sont, somme toute, des
zones dans lesquelles le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche pourra intervenir, pourra procéder ou susciter des
initiatives pas nécessairement au chapitre de la chasse et de la
pêche mais au chapitre du loisir, de la récréation,
etc. Mais là, ou je n'y comprends rien je n'y comprends rien
c'est que, d'une part, le ministère du Tourisme, de la Chasse et
de la Pêche ait autant de volonté au chapitre de l'étude
à faire avant d'agir, la consultation en ce qui concerne des territoires
qui sont directement placés sous sa juridiction, soit des parcs et,
éventuellement, des parcs qui viendront des réserves, et que le
même ministère que l'on pourrait qualifier d'un peu
sévère en fonction de la loi 21, en fonction de la Loi sur les
parcs, soit sévère envers lui-même, envers ses politiques,
envers l'aménagement et que ce même ministère nous est
arrivé avec des politiques de zones d'aménagement et de
conservation pour lesquelles la même politique s'applique à
travers le territoire du Québec et, pour lesquelles il n'y a pas eu
d'études. Il n'y a pas eu non plus une décision par un
arrêté en conseil, il n'y a pas eu de consultation. Par
surcroît, M. le Président, le même ministère, avec le
même chapeau, avec normalement les mêmes orientations, les
mêmes intentions d'action ou les mêmes réserves, la
même sévérité, auxquels on serait en droit de
s'attendre mais pas du tout nous annonce le 22 décembre
qu'il procède à l'abolition pure et simple des clubs
privés. Il crée des zones d'aménagement et de conservation
sans plus d'étude ou d'analyse que le strict énoncé que le
fait de dire qu'à l'avenir et à compter de la fin du mois de mars
prochain date de l'abolition des clubs privés il y aura
des zones d'aménagement et de conservation dans le décor.
Mais, pour cela, M. le Président, il n'y a pas eu d'étude
et il aurait dû y en avoir. Il n'y a pas eu de consultation et il aurait
dû y en avoir. Il n'y a pas une ZAC qui a déterminé
l'aménagement à l'intérieur de son territoire à
date. Pourtant, tout cela est déjà en vigueur. Ce que je ne
comprends pas et ce que je ne m'explique pas, c'est que, d'une part, le
ministère soit sévère à l'égard des parcs
et, éventuellement, des réserves qui deviendront des parcs en
fonction de la Loi des parcs, et pourquoi le ministère du Tourisme, de
la Chasse et de la Pêche ne s'est pas, dans un geste de continuité
et de logique, astreint au même exercice avant de procéder
à l'abolition des clubs privés.
C'est dans ce sens-là que nos commentaires allaient. Vous vous
rappellerez que, le 22 décembre, lorsque le ministre a fait sa
déclaration ministérielle, j'ai insisté comme mon
collègue, le député de Johnson, sur l'obligation que le
gouvernement avait de se donner un délai pour, d'une part,
procéder aux études nécessaires avant de passer à
la modification de la structure, prendre, s'il le fallait, un délai de
deux ans ou trois ans, tenir une expérience pilote dans cinq, six, sept
ou huit régions du Québec. Parce que, M. le Président,
l'aménagement dans une ZAC, ici, dans la région de Québec
ne sera pas nécessairement l'aménagement du territoire d'une ZAC
sur la Côte-Nord; ce ne serait peut-être pas nécessairement
le même aménagement ou encore le même potentiel ou encore le
même besoin, compte tenu de la clientèle ou du potentiel dans la
région de Montréal.
C'est là le sens de nos représentations d'alors.
Aujourd'hui ce que je veux quand même vous démontrer, c'est que
non seulement le ministère aurait dû le faire, mais le
ministère, pour ses propres territoires, placés sous sa
juridiction, se donne cette obligation d'études, d'analyses et de
consultation. Par surcroît, M. le Président, il n'y a pas eu de
consultation. Cela a été une tournée d'information pour le
public. On lui a dit: Écoutez, c'est cela à partir du 31 mars. Ce
n'est pas de la consultation. C'est de l'information.
M. le Président, je ne m'explique pas cela du tout et j'aimerais
que le ministre nous dise comment il entrevoit l'avenir des zones
d'aménagement et de conservation; comment l'aménagement, dans
tout cela, se fera; qu'est-ce qui déterminera s'il est
préférable d'y aller dans le sens du loisir dans la région
de Québec par rapport aux loisirs dans la région de la
Côte-Nord ou de Montréal.
Je me rappelle fort bien, M. le Président, que j'avais une
vingtaine de questions, de commentaires ou d'interrogations le 22
décembre. Le ministre en a presque été outragé. Ce
sont des questions comme celles-là que je me posais. Nauriez-vous pas
dû maintenant c'est chose faite tenir une expérience
pilote dans certaines régions et confectionner des plans
d'aménagement à partir des inventaires des capacités, du
potentiel et des besoins avant d'agir? Cela aurait été, selon
moi, beaucoup plus rationnel et cela se serait d'ailleurs inscrit dans le cadre
de la politique mise de l'avant par le ministre du Tourisme, de la Chasse et de
la Pêche et le gouvernement dans sa Loi sur les parcs.
M. Duhaime: M. le Président, je peux essayer
d'éclairer des lanternes et d'abord dire qu'implanter ou utiliser la Loi
sur les parcs par des interventions sur le territoire, cela n'a aucune commune
mesure...
M. Pagé: M. le Président, je m'excuse, je vais
rectifier tout de suite. Je ne vous demandais pas d'intervenir en vertu
de la Loi sur les parcs. Dans la Loi sur les parcs, vous vous fixez un
processus que vous auriez dû suivre dans l'autre.
M. Duhaime: J'ai compris tout cela. Je vais vous répondre
là-dessus et vous expliquer que ce n'est pas la même chose du
tout. Quand le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche
fait le retrait des droits exclusifs de chasse et de pêche à des
groupes d'individus, cela n'a aucune espèce de conséquence pour
l'exploitation forestière, pour l'exploitation minière, pour les
concessions pour le passage des lignes hydroélectriques. On parle
purement et simplement de modalités de fonctionnement sur un territoire
donné.
Je m'étonne un peu de la remarque du député de
Portneuf, parce que pendant plusieurs années il a fait partie et il a
appuyé un gouvernement qui a étudié longuement cette
question. Je dirais que cela a été étudié pendant
à peu près 20 ans sous tous les angles possibles et sous toutes
les coutures sans jamais qu'une décision, que j'oserais qualifier de
courageuse, ne soit prise. J'ai relu les discours de l'ancien premier ministre
du Québec, M. Bourassa, qui, en 1972, disait qu'en 1973 les droits
exclusifs sur les territoires de chasse et de pêche au Québec
auraient disparus.
Notre approche, M. le Président, en délimitant des zones
d'aménagement et de conservation... c'est un simple découpage que
vous allez retrouver dans la revue Chasse et Pêche que vous tenez en
main; je crois qu'il y en a 51. C'est un découpage sur le plan
administratif. Nous avons utilisé la Loi de la conservation de la faune
pour ériger en réserves des zones d'exploitation
contrôlées, pour ensuite en confier la gestion à des
groupes d'utilisateurs. Je me souviens qu'en commission parlementaire
l'année dernière, mon collègue de Portneuf, à la
page B-3141, me faisait une suggestion qui était, à ce
moment-là, déjà mon intention et que j'ai retenue. Vous
allez me permettre de vous citer au texte.
M. Pagé: Allez, mais dans le contexte. M. Perron:
Dans le contexte. M. Pagé: Dans le contexte.
M. Duhaime: Je vous cite, M. le député: "J'ai
été à même de connaître et de' voir
fonctionner des associations de chasse et de pêche et je peux dire
qu'à la lueur des quelques expériences que j'ai connues, cela a
été très concluant en termes d'accessibilité.
M. Pagé: C'est vrai.
M. Duhaime: "Quand on voit une association de chasse et
pêche qui a peut-être 250 membres, où il y a un taux de
fréquence assez élevé, qui a seulement un lac, ils ont
déjà vu cela. Dans certaines associations de chasse et
pêche, d'ailleurs, des membres étaient investis de pouvoirs de
garde-chasse, on a vu cela aussi. Au niveau de la protection de la faune, au
niveau de la protection du territoire, je pense qu'il y a des choses
très valables de faites par les associations de chasse et pêche.
"
M. Perron: Mais pourquoi avoir tant peur de cela aujourd'hui? (17
heures)
M. Duhaime: On va fermer les guillemets.
M. Perron: ... après avoir fait une telle
déclaration?
M. Duhaime: Vous poursuivez en disant que...
M. Pagé: Pas question. M. le Président, j'invoque
le règlement.
M. Duhaime: ... je me permets de dire au ministre que...
M. Pagé: J'invoque le règlement, M. le
Président.
M. Perron: Cela veut dire qu'il va commencer à charrier
encore.
Le Président (M. Marcoux): Un instant, le
député de Portneuf.
M. Duhaime: Vous permettez, pour ne pas déplacer la
citation du député?
M. Pagé: J'invoque le règlement.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Portneuf, sur une question de règlement.
M. Pagé: Je n'ai pas le droit de poser de question de
privilège...
M. Duhaime: Je me permets de dire au ministre que je l'encourage
dans cette veine.
M. Pagé: M. le Président, j'invoque le
règlement. Le député de Duplessis, d'une part, n'a pas
à poser de question et, d'autre part, s'il veut intervenir, il demandera
la parole tantôt. J'hésite à croire que ce sera
valable.
M. Chevrette: On jurerait que c'est un président de
commission.
M. Pagé: Je voudrais dire au ministre, M. le
Président, que non seulement je reprends ce que j'ai dit, mais je le
réitère et je reviendrai.
Le Président (M. Marcoux): C'est la fin de la question de
règlement.
M. Pagé: C'est la fin de la question et je me
réserve des commentaires, après que le ministre aura
répondu.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre.
M. Duhaime: Je ne vois pas tellement où est la question de
règlement, mais en tout cas. Cela m'avait impressionné d'entendre
cela et je l'ai retenu, c'est ce que nous avons fait. Nous l'avons mis en
application et nous avons évalué, au ministère, que si
nous arrivions à cet objectif qui était d'agréer 50
associations de chasseurs et de pêcheurs, avec des responsabilités
de gestion au niveau des zones d'exploitation contrôlée pour la
fin de mai 1978, nous en sommes au chiffre de 47, peut-être qu'on va se
rendre à 48 ou 49, de toute façon, on va être tout
près de 50, nous avons évalué, dis-je, en tenant compte
des rapports que nous font les associations quand nous les rencontrons dans les
régions que, d'ores et déjà, des associations comptent
500, 1000 et, dans certains cas, 2000 membres qui ont payé une carte
familiale.
J'ai eu l'occasion de déclarer que j'envisageais qu'en cours
d'année, possiblement 100 000 familles du Québec cotiseraient
auprès de l'une ou l'autre des 50 associations agréées. M.
le Président, cela s'appelle participation et mise en oeuvre d'une
politique d'accessibilité. Qu'on fasse un parallèle entre le
retrait des droits exclusifs de chasse et pêche à des clubs
privés et l'application de la Loi sur les parcs qui entraîne une
contrainte sur le plan économique, je vous avoue franchement que si vous
n'arrivez pas à comprendre la différence entre les deux
opérations, je ne veux pas vous expliquer davantage ce que je viens de
vous dire, M. le député.
M. Pagé: Comment l'aménagement sera-t-il fait
à l'intérieur des ZAC?
M. Duhaime: Des politiques d'aménagement seront
établies, dans un premier temps, au niveau des régions, avec les
équipes maintenant de plus en plus homogènes que nous sommes
à constituer; en ce sens que des groupes du ministère, qu'ils
soient administrateurs, techniciens de la faune, biologistes, ou agents de
conservation, vont se concerter et nous aurons, au niveau de chacune des zones
d'aménagement et de conservation, une équipe homogène.
Dans une même région, sur le plan administratif toujours,
vous allez retrouver, suivant le découpage, trois, quatre ou même
cinq zones d'aménagement et de conservation. Ces plans
d'aménagement seront sous la responsabilité d'administration
régionale. L'élaboration de ces plans d'aménagement sera
faite aussi, bien sûr, de concert et en étroite collaboration avec
les associations, les utilisateurs, qui ont des responsabilités au
niveau de chacune des zones d'exploitation contrôlée à
l'intérieur des zones d'aménagement et de conservation.
C'est de cette façon que, cette année, nous avons mis en
place la structure, que nous avons investi de pouvoirs, par
délégation, par des protocoles d'entente, des associations de
chasse et de pêche. Cette année, en cours d'année et l'an
prochain, pour la première fois au Québec, dans le territoire
qu'il est maintenant convenu d'appeler "déclubé ", nous allons
pouvoir parler d'aménage- ment de la ressource plutôt que de
parler essentiellement d'exploitation.
M. Pagé: Comment avez-vous fait pour déterminer le
périmètre des ZAC, s'il n'y avait pas d'études qui avaient
été préalablement faites?
M. Duhaime: Des études avaient été faites,
nous avons suivi de façon assez fidèle le découpage
forestier, plus précisément les unités de gestion du
ministère des Terres et Forêts. C'est donc dire que plutôt
que d'étudier encore pendant un an ou deux, nous avons mis à
profit les études qu'un autre ministère avait poussées, de
sorte que nous étions en mesure, rapidement, à quelques
modifications près, d'utiliser le découpage des unités de
gestion du ministère des Terres et Forêts. Je pense que le nombre
est même identique.
M. Pagé: Mais quand même, vous conviendrez que vous
avez déterminé, vous avez établi des actes avant que
l'aménagement puisse en être précisé. Dans votre
réponse antérieure, vous dites que l'aménagement va se
faire.
M. Duhaime: Cela n'a rien à voir. La zone
d'aménagement et de conservation n'est qu'un découpage du
territoire pour des fins administratives et, en partant du découpage des
unités de gestion que nous avons dû modifier, tantôt
à cause de bassins hydrographiques, tantôt à cause de
l'existence d'un parc ou d'une réserve, nous nous sommes ajustés
au terrain, suivant les régions. Mais ce n'est pas parce qu'une zone
d'aménagement et de conservation offre telle ou telle superficie sur le
territoire que cela va influencer pour autant l'aménagement qui sera
fait à l'intérieur. Cela n'a rien à voir.
Ce qu'il est important de souligner, c'est que, sur le territoire du
Québec qui était confié à bail exclusif à
des clubs privés, dans le passé, non seulement le
ministère n'y a pas eu accès, n'a pas fait la protection de ce
territoire, mais jamais il n'y a même eu une seule étude
biologique faite sur un seul lac, dans le passé.
On n'a pas besoin d'étudier dix ans de temps pour savoir que cela
presse que le ministère intervienne sur cette partie du territoire.
C'est ce que nous avons décidé de faire en 1977 et c'est ce que
nous ferons, maintenant que la décision est prise, cette année.
J'ai voulu que l'on associe à tout ce processus de gestion,
d'exploitation, d'administration et de développement, en termes
d'aménagement et de renouvellement de la ressource, les premiers
concernés, ceux qui utilisent la forêt à des fins de
loisirs, de chasse, de pêche, de plein air, purement et simplement,
c'est-à-dire nos concitoyens qui sont les premiers impliqués.
Nous avons reconnu leurs associations pour la première fois, nous
leur confions les territoires, nous leur avons permis de cotiser leurs membres,
et ce, de façon non exclusive, parce que vous-même, vous avez
l'embarras du choix d'entrer dans l'association qui vous plaît le plus.
Une fois que vous êtes membre d'une association, vous avez
également la faculté de vous déplacer partout sur le
territoire de l'une ou l'autre des associations
agréées, sans payer aucun droit d'accès
additionnel.
C'est sûr que, si vous requérez des services que vous
devriez payer, cela représente... Je tiens à le souligner parce
que ce passeport, en quelque sorte, c'est un des objectifs que nous visions et
je suis convaincu que, malgré quelques contraintes de projections
budgétaires que quelques associations vivent actuellement, nous
pourrons, dans l'avenir, maintenir un prix unique d'accès, comme membre
d'une association, et qu'un citoyen, une fois membre d'une association, va
continuer d'avoir accès à tout le territoire du Québec,
avec sa famille.
M. Pagé: J'ai terminé sur ce sujet, M. le
Président. On aura d'ailleurs l'occasion de revenir sur cette
opération gestion, dans le cadre du programme, avec beaucoup plus de
spécificité. On se propose d'y revenir, d'ailleurs, parce qu'on a
beaucoup de questions à poser.
Je ne suis pas convaincu quand même par les commentaires du
ministre, car je continue à soutenir ce que j'évoquais au
début, à savoir qu'il y a eu, d'une part, de l'improvisation et,
d'autre part, ce à quoi le ministère du Tourisme s'astreint dans
sa politique, son orientation, dans ses parcs, ses réserves, il aurait
dû, par souci de continuité, agir de la même façon
dans son opération gestion de la faune, car cela impliquera
évidemment de l'aménagement. Cela impliquera aussi des prises de
position, des orientations.
De toute façon, l'avenir nous démontrera bien des choses
à ce chapitre. Si mon collègue de Mégantic-Compton a des
questions sur le même sujet, je vais lui céder la place. Mais
j'aurai quand même d'autres questions avant d'aborder
l'élément 1 du programme 1.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Mégantic-Compton.
Propriété du fonds
M. Grenier: Très brièvement, M. le
Président. J'ai écouté avec beaucoup d'attention, parfois
même avec intérêt, les discussions qui viennent de se
dérouler. J'ai dit parfois. J'ai une question bien
générale. J'aimerais savoir du ministre s'il a été
sensibilisé, si son ministère a été
sensibilisé aux problèmes qui se posent dans différentes
régions. Je pense bien que c'est de la saine administration, mais
parfois, on pousse l'administration peut-être un peu vite sur des
terrains qui doivent être enlevés à des
propriétaires j'ai déjà soulevé la question
en Chambre des gens qui sont un peu trop étendus sur les lacs
pour agrandir leur propriété. J'ai fait parvenir certains
dossiers. Je les ai peut-être envoyés à votre
ministère. Je ne sais pas si vos fonctionnaires ont été
saisis de ce travail. Le ministère des Richesses naturelles intervenait
principalement sur ces lacs. Je sais que ce n'est pas uniquement un
problème dans ma circonscription, c'en est un aussi ailleurs. On semble
vouloir y aller de façon rapide, puisqu'on a donné des
échéances comme le début de juin pour liquider les
avancés de terrains au niveau de certains lacs. On voit que c'est
poussé dans certaines régions. Ailleurs, on ne semble pas
attacher d'intérêt à d'autres qui sont peut-être des
matières plus polluantes, suite à des études qui ont
été faites au niveau de certains lacs. J'aimerais savoir si votre
ministère a été saisi de ces démarches faites par
le ministère des Richesses naturelles.
M. Duhaime: Bien sûr, nous sommes au courant que le
ministère des Richesses naturelles s'occupe de certains dossiers, mais
le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche n'a pas
d'implications directes dans le règlement des problèmes que vous
évoquez. Je me demande même si cela ne relève pas
carrément du ministère des Terres et Forêts et de
l'environnement. Si on pousse cela au bout, notre collègue, le ministre
d'État au développement culturel, va s'en mêler. Nos
interventions se font sur le territoire public à des fins de chasse et
de pêche et de loisirs en forêt. Là, vous soulevez le
problème de la propriété du fond comme tel qui
relève beaucoup plus des Richesses naturelles ou encore des Terres et
Forêts.
M. Grenier: J'ai soulevé cela en Chambre à
l'endroit du ministre des Richesses naturelles, mais je le fais ici parce qu'il
semble que les plaintes venaient de propriétaires de bateaux. J'avais
l'impression que cela pouvait relever du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche. Les cas qui nous sont donnés ne sont pas des
matières polluantes, c'est ceux de gens qui se sont agrandis aux
dépens des lacs et qui ont enfreint la loi. On se rend compte que des
gens avec des matières polluantes, comme le bran de scie, ont agrandi et
ils n'ont pas été trop dérangés, il arrive que,
soudainement, ceux-là doivent absolument rétrocéder,
remettre au ministère les terrains qui n'étaient pas les leurs.
Il serait bon que le ministre qui couvre ces secteurs soit celui des Terres et
Forêts, ou du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, ou même
celui de l'environnement...
M. Duhaime: Permettez-moi de vous indiquer, pour le genre de
problème que vous évoquez concernant le bran de scie, que
quelqu'un qui aurait eu la lumineuse idée de vouloir régler le
problème d'un fond boueux dans un lac en étendant durant l'hiver
un immense plastique pour ensuite décharger là-dessus de la
gravelle et du sable en pensant qu'avec le dégel, au printemps, cela
réglerait le problème du fond du lac, comme brio, c'est un des
sommets qui ait été atteint. Bien sûr, lorsque le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche est
avisé de telles actions, il les rapporte immédiatement aux
Services de la protection de l'environnement, qui interviennent dans des cas
comme celui que je viens de décrire très efficacement, je dois
dire, et très rapidement aussi.
M. Grenier: Le parc Frontenac couvre deux
circonscriptions. Vous en avez fait mention, je pense, mais si vous
l'avez fait, c'est de façon très succincte. Quelle vocation y
voyez-vous? Dans l'immédiat, qu'est-ce que vous prévoyez
entreprendre dans le parc Frontenac cette année?
M. Duhaime: Si vous vouliez retenir votre question...
M. Grenier: Attendre les crédits...
M. Duhaime: ... lorsqu'on sera aux immobilisations et aux
équipements, M. Roland Champagne, mon sous-ministre adjoint, sera ici,
mais tout ce que je peux vous indiquer d'ores et déjà c'est que
le parc Frontenac a été inclus à l'intérieur de
l'entente auxiliaire sur le tourisme. Les investissements que nous
prévoyons je dis bien qu'il s'agit d'une prévision
étaient de trois quarts de million de dollars, cette année,
incluant les budgets d'acquisition. Je pense que, lorsque nous arriverons au
programme 5, je pourrai vous donner plus de détails. (17 h 15)
Mode d'attribution des emplois
M. Grenier: Sur les emplois créés que vous avez
mentionnés tout à l'heure, aux phases 1 et 2, ce qui fait un
total de 2364, je voudrais attirer votre attention je le fais bien
brièvement sur un fait qui est peut-être bien
appréciable. C'est qu'on a pensé dégager les bureaux des
députés afin qu'ils n'aient pas à donner des "jobs", mais
le travail se fait à l'envers. C'est quand les "jobs " sont
donnés que les gens viennent nous voir maintenant. Ils nous demandent
pourquoi c'est telle personne qui a eu telle chose. Je ne vous cache pas que
j'aimerais être capable de leur répondre. Comme un
député est supposé être au courant de tout ce qui se
passe, on aimerait avoir au moins quelques bribes d'information, parce qu'on
peut leur répondre pendant dix minutes, quand on est un petit peu
loquace, qu'on a certains arguments, mais, si on creuse un peu, on n'a pas de
renseignements. Pour les personnes qui obtiennent le travail, je peux vous dire
que c'est un pas, mais je ne suis pas sûr que ce soit le meilleur pas
qu'on ait fait, en arrangeant cela comme cela. On peut bien répondre
à la Chambre, ici: C'est pour éviter du patronage. Je pense bien
que c'est dépassé, il y a longtemps que c'est
dépassé. Dans le moment, ce sont des machines qui
décident. Il y a des machines qui ne décident pas toujours dans
le meilleur intérêt. Je ne suis pas sûr que le pas qui a
été fait dans ce sens a été le bon.
J'aimerais qu'on ait au moins des renseignements sur les personnes. Si
le système gouvernemental est bien long habituellement, c'est
bien long il y a bien des risques que les gens ne viennent plus
s'informer, parce que, pour le gars qui a eu son travail au mois de juin comme
étudiant, on aura peut-être la raison pour laquelle c'est lui qui
a été choisi, mais on aura cela au mois de septembre, quand cela
n'intéressera plus personne de le savoir.
Ce serait peut-être intéressant de le connaître quand
les sélections sont faites au niveau de nos comtés, pour qu'on
sache pourquoi. Ce n'est pas un contrôle, mais c'est pour être
capable de donner une réponse aux gens qui viennent nous rencontrer.
Dans le moment, je ne vous cache pas que les bureaux de députés
sont occupés par des personnes qui viennent nous voir pour savoir
pourquoi ce ne sont pas elles qui ont eu "la job ' à la voirie
parce que c'est là qu'on engage dans le moment et pourquoi ce ne
sont pas elles qui l'ont eue dans les parcs. En tout cas, on n'a eu aucun
renseignement qui nous dise pourquoi telle personne a été
engagée. Je n'ai rien contre ce fait. Je suis convaincu et je voudrais
vous convaincre que cela ne doit pas être parce que ces gens ont leurs
cartes de membres du Parti québécois qu'ils sont engagés.
Cela va passer et ils n'en auront pas connaissance!
Une voix: On vous écoute.
Une voix: C'est le contraire.
M. Grenier: Cela ne doit pas être pour cela. Je pense que
j'ai des preuves comme quoi ce n'est pas comme cela que cela s'est fait.
J'aimerais bien connaître, par exemple, le cheminement, sur quoi on se
base pour engager telle personne, et si c'est entré dans une machine et
si c'est la machine qui répond. Dans notre région,
Mégantic-Compton, les Cantons de l'Est, il y a 1900 étudiants qui
se cherchent des "jobs"; si une machine décide que ce sont les 73
premiers qui se présentent, il n'y a rien de plus mauvais que cela.
J'aimerais autant que cela retourne aux bureaux des députés.
Parce qu'à partir de là, quand on donne des "jobs" à des
personnes qui n'ont pas besoin de travailler l'été c'est
le cas, et je vous donnerai des noms, j'en ai déjà donné
dans d'autres secteurs je ne vois pas ce qu'il y a de mieux que de
laisser choisir les jeunes par les députés, parce qu'on
connaît nos problèmes, on connaît ceux qui sont dans le
besoin.
Les fonctionnaires vont bien aimer cela, ils vont être bien
satisfaits. Cela va avoir été bien fait. C'est la machine qui a
décidé. On ne peut plus intervenir. Cela nous donne de bons
arguments. On dit: Vous voyez le gouvernement, comme il est rendu proche du
monde, c'est la machine qui décide! On n'a pas un mot à dire
là-dedans. C'est bien dommage, il y a quatre "jobs" qui ont
été donnés à des personnes qui sont pleines
d'argent, qui ne savent pas quoi en faire et qui, l'hiver, laissent faire leurs
enfants qui s'en vont un peu partout dans le Sud. Ce n'est pas nous autres,
c'est le gouvernement. Il ne faut quand même pas que cela continue. Si
c'est ce pas qu'on a fait, on vous a mal orienté. Revenez tout de suite,
M. le ministre, et voyez vos fonctionnaires, parce que ce n'est certainement
pas l'élément de solution valable. On est mieux de revenir
à un autre bureau...
Ce qui a été fait l'année passée, qui
était désastreux, au ministère des Transports, c'est qu'on
a créé une commission pour donner des emplois. C'était
correct, à mon sens. On avait le
directeur du centre de main-d'oeuvre ou son représentant, le
directeur du ministère des Transports ou son représentant et le
directeur du ministère des Affaires sociales du bureau local de chez
nous ou son représentant. C'était correct. Ce qu'il y avait de
mauvais là-dedans, c'est qu'on avait ouvert "la job ' dans des
quotidiens et dans des hebdos. Il y en avait 1223 qui avaient fait la demande
pour seulement 59 "jobs " dans le comté. Il y en a environ 1100 qui
étaient en maudit quand les choses ont été finies. Il y a
certainement un autre palliatif à apporter. Le principe en
lui-même était bon, le principe était excellent, sauf qu'on
a offert à manger à bien du monde, mais qu'il n'y avait pas
beaucoup de lunchs à donner quand cela a été fini.
Dans votre ministère, cela brasse aussi fort que cela. Vos
députés doivent vous le rapporter également. J'aimerais
qu'on nous dise comment ils ont été engagés et si on a
l'intention de continuer comme cela.
M. Duhaime: Vous allez me permettre, M. le député
de Mégantic-Compton, de diverger d'opinion, je pense, de façon
fondamentale. Je pense que le rôle...
M. Grenier: Si vous me donnez des arguments, vous allez
peut-être me convaincre.
M. Duhaime: ... premier des députés, dans notre
système de démocratie, ne consiste pas à recevoir des
demandes d'emploi et à faire de l'arbitrage. Il est entendu...
M. Grenier: M. le ministre, je m'excuse. Je voudrais intervenir
là-dessus. Il y a longtemps que je défends le rôle du
député et je pense qu'ici il y en a plusieurs qui sont de mon
avis. Il y a assez longtemps que ce sont des fonctionnaires qui décident
pour des gars qui se feront battre quatre ans après. Moi, le rôle
du député, ce n'est pas seulement un gars qui fait des lois
à Québec, c'est un gars qui fait une partie de l'administration
de sa circonscription. Moi, je représente une partie du Québec
ici, et je veux savoir ce qui se passe chez nous. Le jour où on
enlèvera ce contrôle aux députés, c'est un
régime de machine qui s'en vient, à ce moment-là, et c'est
moins bon que le semblant de patronage qu'on semble reprocher aux
députés. M. le ministre, vous allez apprendre que j'ai
défendu depuis longtemps le fait que le député, c'est un
législateur, mais c'est aussi un administrateur d'une portion de
province. Le jour vient où les fonctionnaires feront battre un
député, mais ils l'ont leur "job", eux, et c'est une
sécurité. La nuit du 29 avril 1970, ce ne sont pas les
fonctionnaires qui braillaient dans leur maison, c'était moi, parce
qu'ils avaient pris les décisions à ma place. Quand le ministre
responsable du haut-commissariat me dit que c'est le ministre et le
député qui vont décider des $17 000 ou des $24 000 qu'ils
nous donnent dans notre comté pour aider nos circonscriptions,
ça, c'est un travail bien fait. Je peux vous dire ça, parce qu'on
connaît les problèmes des associations de nos comtés. Quant
au problè- me des "jobs " à donner, dans le moment j'irai
vous voir personnellement, parce qu'on est devant le micro ici et j'irai
vous dire que les machines qui ont donné des "jobs ' dans les parcs
cette année, c'est honteux, simplement ça. Je n'accuse pas les
fonctionnaires, ce sont probablement les machines qui ont répondu. Si ce
sont les machines, c'est honteux de se soumettre à ça. Ce n'est
pas bon, ça. Il faut que vous retourniez chez vos fonctionnaires pour
leur dire de trouver un autre système. De grâce, ne faites pas ce
que les vieux partis ont fait, d'aller accepter que tout est correct, parce
qu'ils vous l'ont dit. On est embourbé quand on est ministre. On l'est
aussi quand on est député, parce qu'on a moins de personnel, on a
moins de monde autour de soi. Mais accepter tout de go que ça, ça
dépolitise, c'est faux, ça! C'est faux! Cela fait une mauvaise
administration et je vous le dis, moi.
Dans nos comtés, on en a les répercussions, et vous
n'êtes pas le seul, vous le savez. Demandez ça à votre
vice-président de la Chambre, qui a été ministre de
l'Éducation. Il a été obligé de garder un
fonctionnaire dans une chambre de motel ici pendant deux jours, avant de lui
donner son voyage en Europe. Il lui a dit: Je t'enverrai là-bas quand tu
m'auras signé les quinze documents dont j'ai besoin. C'était
triste à plein, ça. Une prise en otage quasiment pour faire
signer ces documents dont il avait besoin de la part de ses hauts
fonctionnaires.
J'ai passé à votre ministère un petit bout de
temps, assez pour savoir que vous avez du monde honnête en arrière
de vous, d'habiles et d'excellents travailleurs, surtout que j'en vois un de
Lac-Mégantic en arrière de moi, ça me console...
M. Michaud: Est-ce que vous l'avez placé,
celui-là?
M. Grenier: ... ça montre que ce n'est pas le jugement qui
manque à votre ministère.
M. Michaud: Est-ce que vous l'avez placé...
M. Grenier: Mais, encore là, je vous mets en garde contre
ça, et si c'est ça que vous allez me répondre pour me dire
que vous n'êtes pas de mon avis, je le défendrai et je le
défendrai à tous les crédits, je le dirai à tous
les ministres qui seront ici, le député, ce n'est pas seulement
un gars qui vote des lois et qui s'en fout après. C'est comme ça
qu'on sera peut-être contre la loi 21 et ce qui arrivera des
règlements à la loi 21 qui sont préparés par des
fonctionnaires, sur la loi des vins, parce qu'on se rendra compte que les
règlements viennent peut-être contredire la loi qu'on a
votée en Chambre. Le député, c'est un législateur,
c'est un gars qui vote des lois, mais il doit avoir connaissance de ce qui se
passe dans son comté, puisqu'il se réveille le lendemain de
l'élection et que ce sont les fonctionnaires qui l'ont fait battre. Je
n'aime pas me faire battre, moi, je peux vous dire ça. Cela m'est
arrivé une fois et je n'ai pas trouvé ça drôle, pas
du tout! On revenait à Québec... Je venais à
l'étude des crédits
comme président de mon parti, assis sur ces chaises, et je
regardais les mêmes fonctionnaires devant moi, et il y en avait plusieurs
de ceux-là sur lesquels j'aurais pu mettre le doigt et dire: Cela
dépendait de ceci si j'ai été battu et ça
dépendait de ça si j'ai été battu. Le ministre
avait fait son gros possible, puisqu'il était dans notre gouvernement,
pour m'aider, et je me suis fait battre quand même. Cela, c'est important
en démocratie et vous le savez.
Si vous venez me répondre que la machine, c'est un gros pas sur
les anciens partis qui faisaient du fonctionnarisme, moi, je dis non à
ça, et je dirai toujours non à ça, et je dirai une fois de
plus: Voilà un ministre qui s'est fait embarquer. Je ne fais pas
ça pour les journalistes, il n'y en a pas un ici... peut-être le
journal... Ce n'est pas pour eux que je fais ça, c'est pour vous
convaincre.
M. Duhaime: Écoutez, M. le député de
Mégantic-Compton! Peut-être que vous allez réussir à
convaincre les gens de votre parti du bien-fondé de votre argumentation,
mais je vous dis au départ que vous ne me convaincrez pas. Je comprends
qu'il y a peut-être des habitudes de vie parmi les députés
qui sont difficiles à abandonner, et que c'est frustrant aussi bien pour
le député de Mégantic-Compton que le député
de Portneuf, comme le député de Saint-Maurice, qui reçoit
des électeurs tous les lundis dans son bureau...
M. Grenier: C'est bon, ça.
M. Duhaime: ... et qui demandent de l'emploi.
M. Grenier: C'est excellent, ça.
M. Duhaime: Mais vous aurez beau mettre sur pied le
système que vous voudrez, il y aura toujours beaucoup d'appelés
et peu d'élus, et je ne suis pas intéressé pour aucune
considération à retourner à l'arbitrage des élus
qui feront de l'embauche, comme ça s'est fait dans le passé au
Québec pendant des années de temps, autant sous le régime
libéral que sous le régime de l'Union Nationale, et vous savez
comme moi qu'il y a un facteur prépondérant, c'est l'appartenance
ou non à un parti, sauf exception où, sur le plan humain, les
gens peuvent dire: On va retenir M. Untel ou Mme Untelle parce qu'elle fait
pitié, etc. Je suis prêt à faire examiner les dossiers par
les gens du personnel qui s'occupent des politiques d'embauche pour s'assurer
que chance égale est donnée à tout le monde, que les
dossiers sont le mieux possible évalués. Vous aurez beau plaider
pendant cent jours et cent nuits, vous ne me convaincrez jamais qu'il faudra
que l'on retourne au bureau d'embauche dans les 110 comtés du
Québec et que, dans les comtés non représentés par
un député ministériel, il y ait le traditionnel patroneux
d'autrefois.
M. Grenier: M. le Président...
M. Duhaime: C'est sorti du climat politique, à mon
ministère en tout cas, et je pense dans les autres ministères
également. Les députés ministé- riels, et le
ministre non plus, n'interviennent pas dans l'embauche du personnel, que ce
soient des occasionnels ou encore des étudiants. Que chance égale
soit donnée à tout le monde. Je suis convaincu que tous nos
concitoyens ont droit à leurs options politiques quelles qu'elles
soient, de l'extrême gauche jusqu'à l'extrême droite en
passant par la tranquillité du centre. Ils ne devraient pas pour autant
être pénalisés à partir du moment où ils
postulent un emploi au gouvernement, à savoir s'ils sont amis ou non
avec l'organisateur de tel ou tel comté, dans le fond d'un rang ou en
plein milieu d'une ville.
Je ne suis pas intéressé à revenir sur ce genre de
tradition qu'on a vécue au Québec pendant trop longtemps. Je ne
suis pas convaincu non plus que ce système nous a apporté une
meilleure compétence dans l'administration des programmes du
gouvernement dans le passé.
M. Grenier: M. le Président...
M. Duhaime: Vous le savez comme moi, M. le député,
vous en avez vu de toutes les couleurs, vous-même ayant été
ministre. Si ce régime a vécu à votre époque,
lorsque vous étiez ministre...
Une voix: Aspirant.
M. Duhaime: ... je comprends que nous ne sommes pas à la
confesse, mais si vous vouliez vous confesser et nous dire les pressions que
vous avez eues de votre députation pour engager un tel ou un tel
à travers tous les comtés du Québec, je pense qu'on n'en
discuterait pas longtemps.
M. Grenier: M. le Président, je pense que le ministre m'a
mal compris. Je ne parle pas du fait que je veux recevoir 769 personnes qui
demandent un emploi à la voirie. Il y a longtemps que cela est acquis et
il y a longtemps que j'ai trouvé que c'était une lacune, que ce
n'était pas le système. Cela fait longtemps que cela a
été compris. Le ministre n'a pas répondu à ma
question. Je voudrais qu'on trouve une autre formule et j'ai dit que
c'était un pas de fait au ministère des Transports; c'est un pas
de fait quand on eut trouvé le triumvirat qui engageait les personnes;
c'était excellent. C'est un pas de fait. C'étaient des hommes qui
faisaient un tri au niveau d'une région. Localement, on gardait quelques
emplois; on les gardait pour nous autres.
Dans le moment, il semble que cela sort d'une machine et c'est mauvais.
Ce que je n'aimais pas dans le système des transports, c'est qu'on avait
fait trop d'offres et on avait créé des appétits pour des
gens qui avaient des emplois dont ils étaient satisfaits et qui sont
soudainement devenus insatisfaits parce qu'il y avait une possibilité
pour eux. Mais il y avait quand même un aspect humain.
Ce que je voudrais savoir, c'est ceci: Est-ce qu'on se soumet à
la décision de la machine sans autre considération? À ce
moment-là, il me semble qu'on pourrait aller chercher du monde de
l'extérieur, de certaines régions où le niveau de
chômage est bien moins élevé que dans d'autres
régions.
Chez nous, le taux de chômage est de 26%. Je vais vous dire une
chose: Si on crée quelques petites "jobs" à la voirie ou dans les
parcs, on ne détesterait pas cela que ce soit pour du monde de la
région, si possible.
J'aimerais que vous répondiez si cela est
régionalisé, si ces gens-là peuvent venir d'ailleurs quand
c'est fait, d'où ils peuvent venir et si c'est une machine qui
décide. Je ne vous cache pas que ce que je vous dis, de garder l'aspect
humain et que le député reçoive des gens dans son
comté vous avez dit cela c'est bon, c'est peut-être
cela qui fait qu'un député est apprécié au niveau
d'une circonscription. Le jour où vous allez faire cela, mon cher
ministre, ce n'est plus moi qui serai assis là, ce sera vous.
M. Pagé: Cela s'en vient.
M. Grenier: Surveillez cela et regardez cette machine
fonctionner. Je vous regarderai je serai peut-être assis de ce
côté de la table et je vous dirai: C'est bien cela; en
1978, lors de l'étude des crédits du ministère, relisez le
journal des Débats, vous êtes tombés dans le même
piège que nous autres. Plus cela change et plus c'est pareil.
M. Duhaime: M. le député, si jamais une chose
semblable m'arrive, je dirai d'abord: Cela ne dépend pas de vous et je
ne pense pas être en mesure de dire que cela va dépendre de mes
fonctionnaires. Ce que je voudrais peut-être vous indiquer, c'est que
pour l'embauche des étudiants, quand vous avez dix garçons ou dix
filles âgés de 21 ans, qui ont le même degré de
scolarité Dieu sait s'il y en a à travers le Québec
nous avons décidé, plutôt que de laisser la
discrétion ou des recommandations d'un député agir,
d'instaurer purement et simplement un système où les noms sont
tirés au hasard. Alors, de cette façon, les chances sont
égales. Pour ce qui est de l'embauche des occasionnels, maintenant...
(17 h 30)
M. Pagé: Ce sont des "loto jobs". C'est cela?
M. Duhaime: ... je pense que c'est mieux comme cela. À ce
moment-là, peu importe l'origine politique d'un candidat; il n'est
jamais pénalisé. Pour ce qui est de l'embauche des occasionnels,
les centres de main-d'oeuvre sont en consultation, dans le cas de notre
ministère, avec les gens du ministère du Tourisme, de la Chasse
et de la Pêche, pour les qualifications, ainsi qu'avec les bureaux d'aide
sociale. Ces opérations sont régionalisées dans le sens
qu'il est entendu que d'une région à l'autre, il peut y avoir des
déplacements, mais d'une façon générale les
directives émises sont de donner la priorité d'embauche aux gens
de la même région.
Mais je suis parfaitement conscient c'est dommage que notre
collègue de Charlevoix ne soit pas ici que chaque année,
par exemple, les gens de Charlevoix voudraient travailler au Manoir Richelieu,
à l'exclusion de tous les autres citoyens du Québec. Tous ceux
qui sont, de près ou de loin, intéressés au Manoir
Richelieu ont eu proba- blement les mêmes lettres, les mêmes
demandes qui viennent d'un peu partout. Dans la mesure du possible, nous
tentons de recruter sur une base régionale ou sous-régionale le
personnel occasionnel dont nous avons besoin, mais ce n'est pas
nécessairement à l'exclusion de toute autre personne, parce
qu'elle habite à dix milles ou quinze milles plus loin.
M. Grenier: D'accord, je prends cela, mais je garde mon opinion,
comme je vous le disais tout à l'heure. À ce moment, quand on a
un taux de chômage de 26% ou le quart des gens et que cela entre dans la
machine, les trois autres quarts qui ne sont pas en chômage, qui ont des
"jobs", sont aussi dans la machine. Ils ont demandé "la job " et ils ont
trois chances sur quatre de l'obtenir. C'est normal, c'est tiré au sort.
Alors, ils ont trois chances sur quatre de l'obtenir. Cela veut donc dire que
le chômeur, celui qui est dans les 25%, a une chance sur quatre d'avoir
"la job " quand c'est lui qui doit avoir les trois chances sur quatre, parce
que le fils de tel gars qui travaille a moins besoin que l'autre qui est sur le
bien-être social.
C'est pour cela que je dis que la formule qui était retenue par
le ministère des Transports avait cela de bon. On regardait les
priorités et on étudiait cela. Cela était du gros travail,
mais on étudiait, et je pense que cela a été bien fait. Je
n'en veux pas, vous m'avez amené sur ce terrain-là et je pense
bien que c'est habile vous commencez à être un habile
politicien, vous allez apprendre cela vite de se défendre en nous
accusant. Ce n'est pas cela que je veux. Je ne veux donner de "jobs" à
personne à mon bureau de député. Cela s'est passé
il y a longtemps et j'ai même combattu cela pendant que j'étais
dans le gouvernement. Je ne veux pas que ce soit cela. Que les gens viennent
nous voir pour se plaindre, c'est bon qu'ils viennent nous le dire et qu'on
connaisse les problèmes. On est là pour cela dans notre bureau de
député. Mais je ne veux pas donner les "jobs" non plus.
Mais je voudrais qu'il y ait une autre chose qui se fasse. Vos
fonctionnaires sont ici et ils entendent. Si c'est comme cela cette
année, on ne le changera pas, mais l'année prochaine qu'on mette
des hommes à la place des machines et qu'on donne les "jobs" à
ceux qui sont dans le besoin, parce que cette année, ce qui va arriver
dans mon comté et partout ailleurs, sur les quatre "jobs " qui vont se
créer... il y en a normalement le sort va faire cela trois
qui n'en ont pas besoin et un qui en a besoin. Cela va être comme
cela.
C'est le sort. Alors que des hommes se penchent sur le problème;
il y a des gens qui sont capables de bien le faire dans votre ministère,
je le sais, et ils vont trouver ce qu'il faut. Ce n'est pas facile. Tout le
monde va faire sa demande et de grâce n'allez pas faire de
publicité dans les journaux. Offrez-le aux étudiants, qu'on
arrête au moins de donner envie à tout le monde et ne rien avoir
à leur offrir. Il y aurait cela à corriger. Mais un
comité, cela va se faire à votre ministère aussi, et
dépolitisé aussi. Je suis d'accord sur cela.
M. Duhaime: Ce comité...
M. Grenier: Oui, mais ils ne se sont pas assez forcés.
Là, qu'ils sortent cela des machines, qu'ils prennent trois heures de
plus de travail et qu'ils sortent cela des machines. Cela ne peut pas
être bon. C'est meilleur; je suis d'accord avec vous. C'est
peut-être aussi bon que des politiciens qui faisaient du capital
politique avec cela et qui récompensaient l'organisateur principal. Je
ne l'ai jamais fait. Vous ne pouvez pas m'accuser là-dessus. Je vous
défie d'en trouver un. Ce n'était pas bon. On l'a corrigé
un peu, mais on vous demande d'aller plus loin. Cela doit être notre
rôle de l'Opposition de vous demander cela, tous ensemble. On doit avoir
le droit de vous demander quelque chose. Je vous dis que sur quatre 'jobs" qui
sont donnés chez nous... avec le système de la machine, il y en a
trois qui sont normalement des gens capables de gagner leur vie autrement et un
qui est dans le besoin. Je voudrais que ce soit l'inverse. Je pense que c'est
une excellente suggestion et je pense que l'année prochaine vous allez
revenir aux crédits, vous allez reprendre le journal des Débats
et vous allez me dire: à la page X, on a retenu la proposition du
député de Mégantic-Compton qui était fort
intelligente, fort brillante. On a transformé cela. Mes fonctionnaires
se sont assis, ils ont trouvé la formule et la voici. Je vais
applaudir.
M. Duhaime: Je peux vous dire d'emblée que n'importe
quelle suggestion dans le sens d'établir des rapports plus humains entre
l'administration publique et le public du Québec, pour qui on travaille,
va être très bien accueillie et d'emblée.
Il reste quand même que quand une sélection se fait, une
fois qu'elle est faite, je suis parfaitement d'accord avec vous, ce ne sont pas
les gens qui ont obtenu un emploi qui vont voir un député pour
dire: Merci au gouvernement, j'ai eu un emploi. C'est celui qui pensait
être en droit de l'avoir et qui ne l'a pas eu. C'est inévitable
que dans nos comtés, on va continuer à recevoir ce genre de
grief, pour encore plusieurs générations. Je pense que cela va
arriver encore. Ce qui est important, je retiens votre proposition de mettre
l'accent sur la régionalisation ou, dans certains cas, la
localité et d'essayer d'humaniser au maximum ces rapports. Mais je ne
pense pas qu'on soit dans un engrenage d'un mécanisme tel que celui que
vous venez de décrire. Il reste quand même qu'au niveau des
bureaux...
M. Grenier: Est-ce que la donnée...
M. Duhaime: ... d'aide sociale, le ministère client, si je
peux dire, et le centre de main-d'oeuvre se parlent. L'année
dernière, à mon ministère, nous avons engagé
beaucoup de gens sans métier, qui recevaient des prestations d'aide
sociale ou encore qui étaient en chômage, dans les parcs et dans
les réserves ou simplement pour ouvrir les sentiers pédestres
dans la nature. Dans certains coins, on m'a même dit que c'était
impossible de faire le travail, parce que ces gens étaient
déshabitués de travailler. C'est quand même une indication
que les plus défavorisés ont eu leur chance. Mais je retiens
votre suggestion.
M. Grenier: Ceux qui sont vraiment déshabitués de
travailler, ordinairement, on les nomme sénateurs à Ottawa.
J'aimerais savoir un autre détail afin de répondre aux
personnes. La réponse des gens qui faisaient une demande tenait-elle
compte des personnes qui avaient été engagées l'an
passé? Est-ce qu'il y avait priorité pour les anciens?
M. Duhaime: Cela dépend des catégories d'emplois.
Il y a des remontées mécaniques au mont Sainte-Anne, par exemple.
Il est évident que ça ne prend pas un diplôme, mais il faut
connaître la machinerie, il faut avoir une certaine expertise
là-dedans, si je peux dire. Il est évident que ceux qui
étaient en poste étaient favorisés, au départ. Mais
pour des emplois de simple journalier comme couper des branches, essoucher et
faire brûler l'abattis, celui qui était là l'année
précédente, quand il postule à nouveau l'emploi, est sur
le même pied que le nouveau. Cela aussi crée du
mécontentement...
M. Grenier: Mais oui.
M. Duhaime: ... parce qu'il y a des gens qui ont travaillé
pendant deux, trois ou quatre ans sur une base occasionnelle, qui tenaient pour
acquis qu'ils seraient automatiquement embauchés de nouveau et,
finalement, ils n'ont pas eu leur emploi, c'est un autre qui l'a eu.
M. Grenier: D'accord. Je n'ai pas autre chose, M. le
Président, quant aux questions d'ordre général.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Joliette-Montcalm, des questions générales.
M. Chevrette: M. le Président, j'ai quatre sujets, je ne
sais pas si ça se terminera par une question. Comme c'est dans le tour
de table général, je pense que j'y ai droit.
Le Président (M. Marcoux): Oui. Opération
gestion faune
M. Chevrette: J'ai lu attentivement les quelques feuilles du
ministre, ce matin, même si je n'y étais pas, pour éviter
de chevaucher. Mais il y a une nuance que je voudrais faire en particulier, en
premier lieu, sur l'opération gestion faune, puisqu'on a eu la chance
d'être associé par le ministre à l'opération gestion
faune. D'après les propos du député de Portneuf, cette
tournée n'a été qu'une tournée d'information,
disait-il. À mon sens, c'est faux d'affirmer que ce fut une
tournée pure et simple d'information. Il y avait une très grande
partie de cette tournée qui était consacrée à la
consultation, sur un grand nombre de sujets soulevés par les
intervenants. Nous demandions carrément à ceux qui participaient
à cette opéra-
tion, ce qu'ils en pensaient. Il y a même eu des décisions,
par la suite, qui ont été prises, précisément suite
aux suggestions qui étaient faites par les intervenants dans les
différents milieux.
Donc, je voudrais nuancer ce propos et dire que cette tournée
d'information et de consultation avait deux objectifs précis: le
premier, d'informer sur la décision politique quant au déclubage
ou l'aspect négatif, ou encore pour le rendre positif quant à
l'accès à toute la population à la faune. Mais il y avait
aussi une grande dimension, une grande part de consultation pour
l'opération gestion faune. C'est un premier point.
Le deuxième point, je vais poser une question et je vais donner
une opinion. Je voudrais bien savoir quels sont les critères qui ont
servi à négocier des ententes auxiliaires, qu'on me dise pourquoi
tel parc, pourquoi telle région a été retenue plutôt
que telle autre? Quels sont les critères de base qui ont servi à
ça? Parce qu'à mon avis, il peut y avoir des critères
discrétionnaires. J'aimerais tout au moins être capable de
répondre personnellement aux individus qui travaillent depuis un an,
deux ans ou trois ans dans certains milieux, pour bâtir un parc de
loisirs en forêt. Actuellement, on n'est pas en mesure de leur dire
pourquoi, par exemple, la forêt Ouareau, pour donner un exemple, n'a pas
été retenue dans les ententes auxiliaires. Pourquoi le parc de
Val-David ou Val-Morin, je ne sais trop, dans ce coin... Ce serait assez
intéressant pour moi...
M. Duhaime: Montauban aussi.
M. Pagé: Portneuf, mon comté, chez nous. C'est
encore pire.
M. Chevrette: Portneuf, C'est encore l'Opposition qui passe avant
le pouvoir.
M. Pagé: Non, cela a été
déterminé en 1974.
M. Chevrette: Mais, personnellement, j'apprécierais
connaître cela. J'ai hâte, quant à moi, qu'on se branche sur
le type de vocation qu'on entend donner à ces différents parcs.
Dans les milieux, on est presque branchés, ou on l'est, sur la vocation
même d'un parc ou d'une forêt quelconque et on a de la
difficulté, semble-t-il, du moins d'après les gens du milieu,
à obtenir une orientation formelle quant à la vocation même
d'un parc ou d'une forêt.
Il y a aussi les types de gestion. Je sais pertinemment, d'après
les discussions qui ont eu lieu au cours des commissions parlementaires l'an
dernier, au cours des discussions même en Chambre, sur le projet de loi,
que le ministère du Tourisme est très déficitaire en ce
qui regarde la gestion des parcs et des réserves, bien sûr.
Mais il me semble qu'on pourrait encourager un type de gestion
c'est une suggestion que je fais qui viserait un peu le style de projets
communautaires mis de l'avant dans le programme OSE, le programme de relance,
de stimulation économique. Si on pouvait prévoir sur trois ou
quatre ans, un certain mode de gestion où, au départ, les gens
ont l'aide gouvernementale, mais doivent et devront s'autogérer dans
quelques années, cela m'apparaîtrait une formule pour inciter les
gens du milieu à se fusionner en comités ou à créer
des corporations intermunicipales, pour faire que ce type de parcs qui se
créent présentement puissent devenir quelque chose d'assez
intéressant pour une région. C'est ce que j'essaie de
développer dans mon milieu et j'aimerais que ce soit
étudié très sérieusement et qu'on ait, à
très court terme, des réponses là-dessus, pour pouvoir
faire qu'il y ait vraiment une participation de l'ensemble des localités
ou des municipalités touchées par ce type de forêt qu'on
veut exploiter, qu'on veut développer, sur le plan touristique.
Je vais probablement faire plaisir à mon ami le
député de Mégantic-Compton, puisque je n'interprète
pas son intervention quant aux emplois, maintenant, de la même
façon qu'on a semblé l'interpréter au niveau de la
table.
M. Pagé: Au niveau de...?
M. Chevrette: Au niveau des discussions ici.
Personnellement, je suis d'accord qu'on ne fasse pas du
député l'arbitre qui doit trancher, au niveau d'un emploi
quelconque. D'autre part, je favorise la détermination de
critères bien précis, qui seront sélectifs de par
eux-mêmes, pour faire qu'on ne retrouve pas l'épouse du chef de
police de Saint-Michel-des-Saints engagée à une barrière,
dans un parc, pour faire que ce soit peut-être une personne qui
éprouve un plus grand besoin financier qui ait l'emploi. Avec le nombre
de chômeurs que nous avons chacun dans nos milieux, avant d'aller au
double emploi, cela peut être un critère, avant d'aller, par
exemple, à quelqu'un qui est en chômage temporaire, qu'on aille
à quelqu'un qui est sans emploi depuis un an et demi ou deux ans et qui
veut avoir une réinsertion sur le marché du travail. Ce sont des
critères. C'est comme cela que j'ai compris l'intervention du
député de Mégantic-Compton.
Pour ma part, je trouve que cela ne revient pas à l'ancienne
formule selon laquelle le député était arbitre. Ce sont
les critères qui, d'eux-mêmes, deviennent plus sélectifs.
Que les je ne les qualifierai pas personnes oeuvrant dans les
centres de main-d'oeuvre du Québec se sentent liées par certains
critères et prennent la peine d'étudier les dossiers qui leur
sont présentés pour les emplois auxquels les gens postulent et
qu'ils fassent une sélection à partir de critères
précis, mais bien déterminés, ces gens-là seraient
peut-être valorisés dans nos centres de main-d'oeuvre, parce
qu'actuellement ce ne sont pas les centres de main-d'oeuvre du Québec
qui ont la palme de la compétence en termes de placement dans quelque
domaine que ce soit. (17 h 45)
Pour ma part, il n'y a pas de cachette à dire à ces gens
qu'on va établir des critères précis, qu'ils devront faire
un travail sérieux dans leurs sélections et qu'ils devront placer
les gens qui sont un peu plus dans le besoin que les autres. C'est un aspect
qui, à mon sens, serait de nature à
améliorer de beaucoup le placement actuellement.
Ce qui va arriver cela court déjà parmi le public
les gens ne nous accusent pas de faire du patronage. Ils disent: Vous
êtes parfaits, vous n'en faites pas, mais qui en fait à votre
place? C'est toujours la question qui nous est posée et on est toujours
embarrassé.
Taxer un fonctionnaire de faire du patronage quand on ne lui a
même pas fixé de critères, je m'excuse, mais je ne marche
pas. C'est à nous, je pense, de nous réveiller et de fixer des
critères, de donner un droit d'appel aux individus, si jamais ces
critères ne sont pas respectés. Je pense que c'est une bonne
formule cela est accepté dans les relations de travail d'une
façon courante que de donner un droit d'appel quelconque. Au
moins, on peut répondre d'une façon adéquate à
l'individu qui vient se plaindre dans notre bureau. Pourquoi le fils du
divisionnaire Untel est-il entré au travail, alors qu'il n'a que 17 ans
et que moi j'ai quatre enfants, j'ai 45 ans et je ne suis pas capable de me
trouver "une job", je ne travaille pas? Tu dis: Je ne le sais pas.
Tu téléphones au centre de main-d'oeuvre du Québec.
On dit: J'en avais une liste, je l'ai soumise et on l'a choisi.
M. Pagé: C'est cela.
M. Chevrette: Personnellement, je préfère qu'on
fixe des critères sérieux. Je suis même prêt, je
m'offre, en tant qu'ancien syndicaliste dangereux d'ailleurs sur les bords,
à fixer des critères qui deviennent sélectifs
d'eux-mêmes, qui feraient en sorte que ces gars-là aux centres de
la main-d'oeuvre aient des balises et des normes bien précises pour
placer les gens. Cela mettrait les politiciens à l'épreuve de
toute forme de patronage possible et cela rendrait justice aux postulants. J'en
fais une suggestion formelle. La même "mo-ses" d'affaire.
M. Grenier: II est intelligent le député de
Joliette-Montcalm, il pense comme moi, vous savez.
M. Chevrette: Vous auriez été mieux de ne pas le
dire, M. le député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Cela ne me...
M. Chevrette: Je risque, de mon côté, d'être
déprécié.
M. Grenier: ... desservira pas.
M. Chevrette: C'est la même chose dans la machinerie. Je
prends un exemple concret. Les parcs utilisent présentement de la
machinerie. Il y a un gars assis dans un bureau à Montréal,
très sage, qui dit: J'ai pris le livre des tarifs de 1978. Il
téléphone aux entrepreneurs et leur dit: Combien est-ce que tu
nous demandes pour déplacer ta machinerie de Saint-Ambroise au lac
Guillaume, à Saint-Guillaume? Je ne sais pas. Combien cela vaut... $500.
Le corniaud, s'il avait dit qu'il ne demandait rien, c'est lui qui aurait
été choisi. S'il a le malheur de fixer un prix par
téléphone, il n'est pas choisi. Quelle bouillie peut-on faire
avec cela? Quelle suspicion peut-on imaginer auprès même du
fonctionnaire? Ils vont dire: C'est le fonctionnaire qui a dit à son
"chum": Dis-moi que tu ne charges rien et c'est toi qui vas passer, et tu as la
même tarification. Je suis aux prises avec un tel problème. Je ne
peux pas expliquer quoi que ce soit au gars. Comment voulez-vous que je
l'explique concrètement? Je ne sais pas comment le gars a fait cela. Je
ne vais pas accuser le fonctionnaire d'avoir fait du patronage. Je trouve
personnellement très dangereuse la formule, et elle prête flanc
justement à ce type de suspicion. Il y aurait moyen, dans le cadre des
soumissions, de les faire fixer déjà, ce qui enlèverait
toute formule de suspicion, tout doute. Je ne vois pas pourquoi on n'essaie
pas, quand on administre, de trouver des formules qui mettent les hommes
publics, les hommes politiques à l'abri de toute suspicion. En tout cas,
c'est ce que je crois qu'on devrait rechercher dans n'importe quelle formule.
Je partage pour beaucoup ce qu'avançait le député de
Mégantic-Compton, parce que je ne crois pas du tout... on le fait pour
les prêts et bourses, je vais embarquer tout de suite sur le placement
étudiant, on analyse les dossiers de chaque étudiant et on
détermine qu'un tel a droit à tant comme prêt et qu'il a
droit à tant à titre de boursier. Ne serait-on pas capable, au
niveau du placement, d'inventer une formule où l'étudiant verrait
son dossier étudié en tenant compte des besoins familiaux? Un
enfant peut appartenir à une famille très riche, mais être
sorti complètement et vivre à ses dépens. Il faut faire
attention pour ne pas tomber non plus dans un excès contraire. Il arrive
qu'il y ait des enfants qui ont quitté. Il y en a , c'est par jeu
vous allez me dire que c'est vrai pour aller chercher le maximum de
bourses, mais cela se vérifie dans certains milieux, cela se
vérifie surtout dans les petits milieux comme les nôtres, dans les
milieux ruraux beaucoup plus que dans les milieux urbains.
Le député de Mégantic-Compton parle des
divorcés de jour...
M. Grenier: Problème comique.
M. Chevrette: Pour les fins du journal des Débats, ce
n'est pas moi qui l'ai dit.
M. Grenier: On peut bien dire que cela vient de moi, je l'ai
déjà dit.
M. Chevrette: En tout cas, je préconise je le
répète la recherche de critères sélectifs.
Je crois qu'on améliorerait de beaucoup les choses. On pourrait se
mettre à l'oeuvre pour que, dès l'an prochain, on ait de
meilleures formules à présenter, tant au niveau du placement
étudiant qu'au niveau des employés à temps partiel, parce
que la syndicalisation des employés à temps partiel, dans
certains milieux comme les nôtres, n'a pas nécessairement
apporté les fruits qu'on pensait. On n'a qu'à appeler
actuellement les divisionnaires de
voirie pour savoir pourquoi un tel n'est pas rentré, parce qu'il
est syndiqué. Là, ils te disent: II est syndiqué, mais il
a un rapport négatif. Qui lui a fait un rapport négatif?
Là, tu apprends qu'il y a un contremaître qui a fait un rapport
négatif. Tu lui dis: Qu'est-ce que tu lui reproches? Il est en retard.
Le gars est syndiqué, supposément syndiqué, il a un
rapport négatif, donc, il ne fait pas partie de la liste, et il n'a
même pas le droit de se défendre. Qu'est-ce que c'est, la
syndicalisation des occasionnels? Qu'est-ce que le syndicalisme
réellement, si tu n'as pas le droit d'appel? C'est de la bouillie pour
les chats. Ou bien tu donnes un droit ou tu n'en donnes pas. C'est comme cela
que je marche. Parfois, je suis plus nuancé, mais, là-dessus, je
suis très catégorique. Je pourrais continuer longtemps, M. le
ministre. Je vous ai posé quelques questions. J'ai nuancé quand
même ma pensée. Vous comprenez l'esprit. Ce n'est pas tout
à fait la même approche que le député de
Mégantic-Compton, mais je pense que le député de
Mégantic-Compton aurait voulu dire ce que je viens de vous dire.
M. Grenier: De ce côté, le verbe ne manque pas au
gouvernement, vous savez! La parole, on l'a!
M. Chevrette: Vous êtes d'accord avec moi, M. le
député?
M. Grenier: Ah oui! Absolument. M. Chevrette: Je le
savais.
M. Pagé: Est-ce que le député de
Joliette-Montcalm me permettrait une question sur le même sujet?
M. Chevrette: Cela va venir.
M. Pagé: Oui on présume. Au prochain remaniement,
on l'espère bien.
M. Chevrette: Je suis comme le député de
Mégantic-Compton, j'ai déjà été
aspirant.
M. Pagé: Les décisions doivent se prendre au niveau
des centres de main-d'oeuvre du Québec; les gens qui communiquent avec
les centres de main-d'oeuvre du Québec se font répondre:
Écoutez! Nous, on donne une liste de parcs à la réserve et
c'est à partir de cette liste que les noms sont choisis. D'ailleurs, le
député de Joliette-Montcalm a abondé dans mon sens
tantôt, parce que quelqu'un est allé le voir. Le centre de
main-d'oeuvre dresse une liste et soumet cette liste aux gens du milieu et la
liste revient avec des noms qui ont été choisis.
À ce moment-là, M. le Président, j'aimerais
demander au ministre quels sont les critères qui guident la
région, le parc ou la réserve pour choisir telle ou telle autre
personne sur la liste si ce n'est le centre de main-d'oeuvre?
On peut suspendre, M. le Président, si vous croyez que le
ministre a besoin de deux heures pour trouver les réponses à
cette question.
M. Duhaime: Je pourrais peut-être répondre à
votre question tout de suite, ou peut-être donner certains
éléments d'information à mon collègue, le
député de Joliette-Montcalm, je ne sais pas si ça va le
satisfaire.
Depuis le 1er septembre 1977, les directives qui sont données sur
la sélection pour les politiques d'embauche, c'est le centre de
main-d'oeuvre qui, au niveau de la région, bien sûr, au niveau
même de la municipalité, selon les cas, fait, en collaboration
avec le bureau d'aide sociale, une sélection, une première
présélection, de sorte que si vous avez à remplir un poste
de journalier, le centre de main-d'oeuvre, en consultation avec le bureau
d'aide sociale, va faire une première sélection et va sortir les
noms de trois personnes, ces trois noms ayant été
évalués par le centre de main-d'oeuvre, comme étant des
gens aptes à remplir la fonction. Le bureau d'aide sociale a
apporté un peu d'éclaircissement. Est-ce que ces gens ont besoin
de travailler ou non suivant un ordre de priorité? J'imagine. Ces trois
noms sont ensuite référés au ministère client.
Ensuite, c'est l'administration du ministère comme tel qui choisit un
des trois postulants pour remplir le poste.
M. Pagé: À partir de quels critères?
M. Duhaime: En fait, vous parlez de l'établissement des
trois ou du...
M. Pagé: Aux deux paliers. Quels sont les critères
qui guident le centre de main-d'oeuvre dans sa démarche à choisir
trois postulants sur 50 pour le poste? Quels sont les critères qui le
guident et quels sont les critères qui guident le ministère
client dans son choix de un candidat parmi les trois? Si on regarde
l'obligation de travailler de la personne qui postule, ils sont très
rares les gens qui n'ont pas besoin de travailler au Québec. Ceux qui
n'ont pas besoin de travailler ne postulent pas au ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, ni au ministère des
Transports, ni ailleurs.
M. Duhaime: Je voudrais, en toute justice, pour la directive et
la décision prise au niveau du gouvernement et du Conseil du
trésor... M. Gauvin me dit qu'on pourrait l'avoir facilement demain
matin. Je n'aurais aucune objection à ce que la commission prenne
connaissance de cette décision du 1er septembre 1977 qui est une
directive très élaborée et très
détaillée sur les critères d'embauche...
M. Pagé: Oui, mais je présume, M. le
Président...
M. Duhaime: ... sur les critères de sélection qui
se font à l'étape où le bureau d'aide sociale est
consulté par le centre de main-d'oeuvre. Par la suite, le
ministère fait son choix parmi trois noms
qui sont proposés. Vous pouvez avoir quelqu'un qui est
appelé et qui a déjà un emploi...
M. Pagé: Oui, mais, M. le Président...
M. Duhaime: ... ou qui travaille à l'extérieur; qui
n'est peut-être même pas intéressé à
travailler, à quitter son emploi.
M. Pagé: Je m'excuse, le ministre ne s'en sortira pas
facilement de cette façon. Il y a trois noms qui sont
référés par le centre de main-d'oeuvre du Québec.
Il y a un choix qui se fait vous venez de le dire de la part du
ministre, du ministère client, celui qui fait la réquisition.
Cette politique s'applique ou s'appliquerait depuis septembre. On a avec nous
M. Gauvin qui, je crois, est directeur du personnel du ministère. C'est
vous, somme toute, qui avez à administrer ces programmes. Votre
ministère a certainement été client depuis le mois de
septembre 1977. À partir de quels critères? Écoutez! Pas
besoin d'aller fouiller dans un arrêté en conseil. Vous avez le
directeur du personnel à côté de vous. Je présume
que si vous appliquez les critères depuis le 1er septembre, vous devez
être en droit de les connaître et vous devez les savoir. Si vous ne
les connaissez pas, c'est mauditement inquiétant.
M. Duhaime: En fait, une fois les trois noms choisis, ils sont
tout simplement référés au ministère par ordre, un,
deux et trois, et dans l'établissement...
M. Pagé: Cela veut donc dire que le centre de
main-d'oeuvre...
M. Duhaime: ... de la liste... Si vous me permettez de
répondre, dans l'établissement de la liste des trois...
M. Pagé: Non. On va suivre le même cheminement.
M. Duhaime: Vous avez la qualification, la compétence,
l'expérience. Le Bureau d'aide sociale donne l'information qu'il a sur
les besoins financiers. Si ce sont des gens qui retirent des prestations d'aide
sociale depuis un an, ils vont être privilégiés par rapport
à ceux qui sont là depuis deux jours. C'est dans ce
sens-là que la sélection du personnel est faite.
M. Pagé: Mais quand vous dites un, deux et trois, est-ce
à dire que le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche s'adresse nécessairement à la personne cotée
un avant de s'adresser à la personne cotée deux?
M. Duhaime: Oui.
M. Pagé: Comme cela, vous êtes liés par la
recommandation qui vous est faite par le centre de main-d'oeuvre du
Québec.
M. Duhaime: C'est exact.
M. Pagé: Une mention à chacune des personnes, un,
deux et trois. À ce moment-là, vous n'avez pas besoin de
critères, vous appelez le premier, le deuxième et le
troisième. Si le premier refuse, vous appelez le deuxième.
M. Duhaime: C'est exactement ce que je vous dis quand je vous
parle des critères de sélection. C'est le centre de main-d'oeuvre
qui, lorsqu'il fait la première sélection pour établir la
liste des trois postulants à un poste... ce n'est pas le
ministère du Tourisme qui intervient comme tel. Nous sommes le
ministère client et nous avons besoin d'un journalier. On communique
avec le centre de main-d'oeuvre qui va nous transmettre les trois noms et on va
les appeler dans l'ordre où ils nous sont indiqués sur la liste
préparée par le centre de main-d'oeuvre. C'est aussi simple que
cela.
M. Pagé: Cela s'en vient. Ce n'est pas tout le temps comme
cela.
M. Duhaime: Quand vous avez des emplois spécialisés
ou des emplois qui ne demandent pas de spécialisation, votre ordre, un,
deux et trois, peut être complètement changé à ce
moment-là. C'est évident que, quand on établit les
exigences pour un poste, avant que le centre de main-d'oeuvre fasse sa liste,
un, deux et trois, on tient compte de la qualification des gens. Si on a besoin
d'un opérateur de machinerie lourde, il est évident que celui qui
a cette compétence et cette qualification va avoir priorité
d'embauche sur l'autre qui ne l'aurait pas.
M. Pagé: De toute façon, on va pouvoir y revenir au
programme 7, mais on avait l'intention...
M. Duhaime: Je n'ai aucune espèce d'objection à
remettre la directive. Si vous me permettez de répondre à deux
autres points soulevés par le député de Joliette-Montcalm.
Pour ce qui est de l'entente auxiliaire sur le tourisme, il est...
Le Président (M. Marcoux): Si cela risque d'être un
peu long, je pense qu'on va...
M. Duhaime: Oui, alors, demain, si vous permettez, on pourra
continuer là-dessus.
Le Président (M. Marcoux): Non, ce soir. M. Duhaime:
Ce soir, d'accord.
Le Président (M. Marcoux): La commission du tourisme, de
la chasse et de la pêche suspend ses travaux à ce soir 20
heures.
(Suspension de la séance à 18 h 1)
Reprise de la séance à 20 h 15
Le Président (M. Marcoux): À l'ordre, s'il vous
plaît!
La commission du tourisme, de la chasse et de la pêche poursuit
l'étude des crédits budgétaires du ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. Le ministre s'apprêtait
à répondre à quelques questions. Je ne sais pas s'il est
toujours prêt à répondre. M. le ministre.
M. Grenier: Est-ce qu'on l'a convaincu que la "loto-jobs"
n'était pas une chose à conserver? Est-ce que le souper a
porté fruit?
M. Duhaime: C'est matière à réflexion.
M. Pagé: II y avait un consentement autour de la table de
la part des trois formations politiques.
M. Duhaime: Est-ce que le député de
Joliette-Montcalm est présent?
M. Chevrette: Bien sûr, M. le ministre et je vous
écoute avec impatience.
Le Président (M. Marcoux): Je vous inviterais à ne
pas trop solliciter son réveil.
M. Chevrette: M. le Président, arrangez-vous pas pour que
je passe une autre remarque.
Le Président (M. Marcoux): D'accord.
M. Chevrette: Si vous ne désirez que je parle, je pourrais
vous inciter à présider à la place du député
de Portneuf.
M. Pagé: Est-ce qu'on vous dérange?
Le Président (M. Marcoux): Non.
M. Chevrette: C'était juste pour vous montrer que
j'étais présent.
M. Pagé: Montrez-le à lui. Je le savais.
Entente auxiliaire sur le tourisme
M. Duhaime: M. le Président, je voudrais tout simplement
donner quelques informations sur l'arrière-plan des négociations
de l'entente auxiliaire sur le tourisme. Comme vous le savez, elle a
porté sur une somme de $76 millions dont un montant de $37 millions sur
cinq ans a été affecté au ministère du Tourisme, de
la Chasse et de la Pêche.
Dans un premier temps, je dirai que c'est avec beaucoup de plaisir que
nous avons pu sentir, à un certain moment, que nous avions convaincu nos
homologues fédéraux qu'il ne servait à rien de mettre en
question les cessions de territoire qu'on avait exigées, dans le
passé, entre autres en ce qui est du parc Saguenay. C'est avec beaucoup
d'intérêt que je lisais un commentaire que faisait
récemment mon collègue de Portneuf. Je n'arrive pas à me
rappeler dans quel journal, mais je peux dire que c'était...
M. Pagé: C'était bien.
M. Duhaime: ... une intervention remarquable.
M. Pagé: Vous avez fait vôtres les arguments que
j'ai invoqués?
M. Duhaime: Nous avons pu en arriver à conclure des
négociations avec le gouvernement fédéral qui
étaient en cours depuis 1972. Notre approche était
essentiellement régionale au niveau des deux gouvernements. Je le dis en
toute déférence et en toute amitié pour mon
collègue de Joliette-Montcalm qui a le fâcheux inconvénient
d'habiter tout proche de la grande région métropolitaine de
Montréal.
Les investissements se feront dans sept régions du Québec:
Bas-Saint-Laurent-Gaspésie, Saguenay-Lac-Saint-Jean,
Québec-Mauricie, Montréal, Témiscamingue; entre autres,
c'est l'investissement et l'aménagement du camping Ville-Marie et,
enfin, sur la Côte-Nord. Ces négociations ont été
conduites au nom du gouvernement du Québec par mon collègue, le
ministre d'État à l'aménagement et responsable de l'OPDQ,
en collaboration avec le ministère des Affaires intergouvemementales et,
bien sûr, mon ministère. Il fallait que les deux parties soient
d'accord pour qu'un projet puisse être inscrit et financé à
l'intérieur de l'entente auxiliaire sur le tourisme.
Ceci ne signifie pas, cependant, que cette entente couvre toute la
programmation des immobilisations en équipement pour le ministère
du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche sur les cinq prochaines
années, au contraire. Tout cela pour dire que nous aurons l'occasion, en
cours d'année 1978, de faire le point et de convoquer, bien sûr,
la direction de la planification du ministère du Tourisme, de la Chasse
et de la Pêche et, possiblement, le porte-parole du comté de
Joliette afin de voir si des aménagements pourraient se réaliser
dans la forêt connue sous le nom de forêt Ouareau.
M. Grenier: Pardon?
Une voix: Forêt Ouareau, prochaine entente.
M. Duhaime: Ce n'est pas parce que ce projet n'a pas
été retenu dans l'entente auxiliaire qu'il est exclu de toute
programmation par le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche, à moins qu'on puisse en arriver à faire un troc avec
les aménagements au parc de Montauban et faire un partage avec les
aménagements de la forêt Ouareau. Je dois vous avouer en toute
franchise que c'est compliqué.
Pendant qu'on parle de l'entente auxiliaire sur le tourisme, j'ai
omis...
M. Pagé: Ce ne serait pas Ouareau, ce serait haro sur le
ministre.
M. Duhaime: J'ai oublié de l'indiquer ce matin, M. le
Président. Vous allez me le permettre. Cela ne constitue pas une
diversion. Nous avons parlé, à plusieurs reprises, du Centre
international des congrès. Le gouvernement fédéral s'est
montré intéressé au financement et à une
participation
dans le financement d'un centre de congrès pour Montréal,
sauf que, jusqu'à présent, cela n'a jamais dépassé
le stade d'une déclaration d'intérêts. Nous aurions
souhaité pouvoir l'inclure tout de suite dans l'entente. Ce que nous
avons convenu, finalement, cela a été de laisser ce dossier en
suspens, quitte à ce que, de part et d'autre, l'engagement étant
pris, nous puissions rouvrir l'entente auxiliaire sur le tourisme en temps
utile pour qu'une discussion se fasse à nouveau concernant le
financement du Centre international des congrès.
Je voudrais faire enfin une dernière remarque, M. le
Président, sur une suggestion du député de
Joliette-Montcalm que je trouve excellente, qui est peut-être un nouveau
type de gestion qui mériterait d'être mis à
l'épreuve. Nous le faisons déjà dans certains coins du
Québec en déléguant des responsabilités de gestion
à des groupes, soit des formules coopératives, communautaires
devrais-je plutôt dire: dans certains cas, il s'agit même aussi de
municipalités, de sorte que l'on puisse faire la jonction entre
l'administration communautaire et privée sur des biens publics.
Il y a une chose que j'ai en tête, que je voudrais évoquer
brièvement. Il y avait dans le comté de Laviolette le "Camping
Pop Mikinac" que le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche a acquis l'année dernière. Nous en avons
confié la gestion à une corporation sans but lucratif qui
travaille sur une base de bénévolat pour une grande partie et qui
n'a pas à tenir compte de toutes les contraintes et de toutes les
règles administratives. On s'est rendu compte en cours de route que
cette expérience est heureuse et très efficace.
C'étaient les commentaires, M. le Président, que je
voulais formuler à la suite de ce qui avait été
évoqué par mes collègues, en particulier le
député de Joliette-Montcalm.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: Merci, M. le Président. En rapport avec
l'entente auxiliaire du ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche avec le gouvernement fédéral, vous avez parlé
d'un montant de $76 millions et d'une entente de cinq ans, à
l'intérieur de cela, de $35 millions. Donc, il y a une différence
de $41 millions. Est-ce que c'étaient des programmes qui étaient
déjà prévus ou si c'est à venir?
M. Duhaime: Non. Ce dont il s'agit, ce sont $76 millions qui sont
le total financé par l'entente, $37 millions étant
affectés au ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche, $29 millions étant partagés de façon à
peu près égale entre le ministère des Affaires culturelles
et le Haut-Commissariat à la jeunesse, aux loisirs et aux sports dans
des aménagements et des investissements à caractère
touristique. C'est dans ce sens que l'entente s'est négociée.
Elle s'appelle Entente auxiliaire sur le tourisme, mais elle comporte trois
volets.
M. Perron: Merci. Maintenant, en ce qui a trait à cette
même entente, en rapport avec la Côte-Nord, est-ce que vous
pourriez me donner le montant, s'il vous plaît, qu'il y avait pour la
Côte-Nord? Cela se trouve être de Tadoussac à Blanc-Sablon,
je crois.
M. Duhaime: Je dirais que c'est grand.
M. Perron: Et, si possible, les projets. Il faudrait
peut-être y aller au programme 5, M. le Président.
M. Duhaime: Je préférerais cela si vous n'y voyez
pas d'inconvénient. Ici, j'ai la programmation annuelle. On aurait,
lorsque M. Champagne sera ici, le responsable de cette direction
générale.
M. Perron: On pourrait peut-être revenir là-dessus,
M. le Président, au programme 5. Par contre, en ce qui a trait à
la question des occasionnels, ainsi que des étudiants qui devront
travailler pour certains ministères, dont le ministère du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, durant l'été,
j'abonde dans le même sens que le député de
Joliette-Montcalm, ainsi que le député de
Mégantic-Compton. Je pense qu'il faudrait faire bien attention à
la question du double emploi, parce que cela, on le rencontre dans nos
comtés. Je pense que je ne suis pas le seul à le rencontrer. On
voit très souvent aussi des fils ou des filles de familles bien nanties
qui se trouvent à travailler pour un ministère donné.
À ce moment, il y aurait peut-être lieu de prendre vraiment des
critères, comme en avait le ministère des Transports l'an
passé, pour qu'on puisse se diriger vers une politique beaucoup plus
équitable quant à l'engagement des occasionnels. Dieu sait
comment, dans certaines familles, on vit des problèmes financiers assez
cruciaux à certains moments. Le critère, je pense, qui serait
très abordable, en premier lieu, ce sont les assistés sociaux
dont on devrait tenir compte dans le cas des engagements et. ensuite, passer
aux gens de l'assurance-chômage ou dans le même sens.
Je peux vous dire, M. le Président, que je n'ai aucunement
l'intention de voir le gouvernement revenir à la politique qui existait
antérieurement en ce qui a trait à la sélection par les
députés de comté, parce que c'est une politique qui
était plus ou moins juste et même qui est très
dépassée en 1978. Je pense qu'on est mieux de s'en tenir à
la nouvelle politique, quitte à apporter des critères qui seront
meilleurs et une meilleure justice à l'intérieur de tout cela.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Portneuf, vous avez dit que vous aviez d'autres questions
générales.
M. Perron: Est-ce que vous me le permettez, M. le
député de Portneuf.
M. Pagé: Certainement, mon "fair play" habituel.
M. Perron: Oui, merci. En ce qui a trait à l'île
d'Anticosti, toujours dans le cas des occasionnels, j'ai appris l'automne
passé, et même cela s'est confirmé cette année,
qu'il y aurait sur l'île d'Anticosti des occasionnels qui viennent du
Nouveau-Brunswick. Est-ce que vous pourriez me dire si c'est exact,
premièrement? Deuxièmement, est-ce qu'il y aurait eu une entente
entre le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche suite
à l'achat de l'île d'Anticosti de la Consolidated-Bathurst en
1975?
M. Duhaime: C'est exact, il y a cinq ou six personnes qui sont
normalement domiciliées au Nouveau-Brunswick et qui travaillent à
titre occasionnel à Anticosti pour la raison suivante, ce sont des gens
qui ont passé leur vie sur l'île dans des fonctions semblables,
à l'époque où l'île était la
propriété de la compagnie Consolidated Bathurst. Ces gens ont
été maintenus dans leur fonction et ils sont
réembauchés à des tâches spécifiques, je
pense à des emplois de guides entre autres, autant pour la saison de la
pêche au saumon que pour la chasse au chevreuil. Mais il reste cinq ou
six cas qui sont des gens, semble-t-il, assez âgés; alors cela
devrait se régler avec le temps.
M. Perron: Donc on a l'intention, jusqu'à nouvel ordre, de
continuer à faire en sorte que ces gens puissent venir à
l'île d'Anticosti et y travailler, même s'ils viennent du
Nouveau-Brunswick et s'ils sont résidents du Nouveau-Brunswick? Est-ce
que j'ai bien compris?
M. Duhaime: Oui, c'est exact. On m'indique qu'il y avait une
vingtaine de ces cas et qu'il en resterait cinq ou six au maximum. Cela fait
partie, comme le vieux réservoir, de l'héritage de
l'île.
M. Perron: L'héritage de 1975. Toujours en rapport avec
l'île d'Anticosti et les occasionnels, M. le Président, on a
entendu le ministre parler, tout à l'heure, du placement régional
en rapport avec les occasionnels. Encore là, selon les informations que
j'ai reçues, il y aurait des gens de Montréal et de Québec
qui travailleraient sur l'île d'Anticosti. Est-ce que c'est encore
à peu près le même privilège qu'on donne et qui se
rapporte un peu au cas des gens du Nouveau-Brunswick?
M. Duhaime: Est-ce que c'est de l'embauche
d'étudiants?
NI. Perron: Non, ce serait de l'embauche d'occasionnels et non
pas d'étudiants. Disons que ce sont des occasionnels qui commencent
à travailler le printemps et terminent à l'automne.
M. Duhaime: À ma connaissance, il y a une personne qui
vient de Montréal, c'est le gouverneur de l'île, M. Pierre Levac.
Je ne vois pas comment on pourrait exploiter l'île d'Anticosti si on
change notre gouverneur.
M. Perron: Merci; d'ailleurs, là-dessus, je suis
parfaitement d'accord avec vous, on peut dire que M. Levac fait un assez bon
travail pour le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche. Depuis qu'il est en place sur l'île d'Anticosti, je pense
qu'il fait un bon travail de coordination en rapport avec les programmes qui
sont établis.
Je reviendrai, en ce qui a trait à l'île d'Anticosti, au
programme qu'on aura sur l'île. (20 h 30)
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Portneuf.
Associations touristiques
M. Pagé: Merci, M. le Président. Je voudrais
toucher un dernier point avant d'aborder le programme 1. Le ministre n'est pas
sans savoir que des associations touristiques lui lançaient un cri
d'alarme, il n'y a pas longtemps, et plus particulièrement le 16 mars
dernier, lorsque celles-ci émettaient un communiqué de presse
dans lequel je me permets, M. le Président, de lire quelques lignes pour
mieux resituer le ministre dans le contexte où ce communiqué
était émis.
Si l'honorable Yves Duhaime, ministre du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche, ne reçoit pas immédiatement l'appui du gouvernement
du Québec afin d'obtenir les budgets suffisants pour poursuivre sa
politique d'implantation d'associations touristiques régionales, la
survie de ces dernières est gravement menacée à court
terme. M. le Président, le ministre a évoqué ce matin,
tenté d'évoquer les efforts déployés par son
ministère au chapitre du développement touristique,
particulièrement du développement régional. Je voudrais
ajouter à ces commentaires mon opinion que ces associations sont non
seulement importantes, mais essentielles à une présence et une
intervention dans le milieu et au niveau des régions.
Le ministère avait prévu la création de 18
associations; il semble que le ministère n'ait pas cru que celles-ci se
créeraient aussi rapidement et qu'elles engendreraient par les normes
édictées au début du programme des déboursés
aussi appréciables. J'aimerais savoir du ministre si, ce soir, il peut
nous confirmer l'action que son gouvernement entend prendre à
l'égard de ces 18 associations. Est-ce que les normes
édictées au début du programme seront modifiées?
Est-ce que ces associations demeurent encore pour le ministre un outil ou un
élément privilégié d'intervention au niveau des
régions? Somme toute, quel est l'avenir qu'on peut présumer de
ces organismes?
M. Duhaime: M. le Président, peut-être que jeudi on
pourra parler de la politique du gouvernement; c'est aujourd'hui mardi, on
pourrait peut-être parler des intentions du ministre en ce qui est des
associations touristiques...
M. Pagé: On pourrait en parler demain au conseil, je
pense.
M. Duhaime: C'est inscrit à l'ordre du jour demain pour
discussion au Conseil des ministres. Nous avons vécu une
expérience très heureuse à Terre des hommes, au pavillon
du Québec, l'été dernier, où pendant chacune des
dix semaines l'animation du pavillon du Québec a été
confiée à tour de rôle à chacune de dix associations
touristiques ou du moins qui n'étaient peut-être pas
structurées sous cette forme à cette époque-là. On
s'est rendu compte qu'il y avait un potentiel absolument incroyable dans ces
régions. Il y avait une volonté de prise en main, il y avait
aussi beaucoup d'intelligence, il y avait une détermination farouche de
faire des tables rondes au niveau de chacune des régions du
Québec. Et nous avons, bien sûr, incité et suscité
la création ou la réorganisation d'associations touristiques dans
au moins quinze régions du Québec. Déjà, au cours
de l'exercice que nous venons de terminer, nous avons affecté à
ces associations, soit par des subventions directes à l'association
même ou encore par le biais des CRD ou encore par des chambres de
commerce, une somme totale de $332 825, et nous en sommes, en 1978/79, à
l'étape de la consolidation de ces associations touristiques dans au
moins 13 régions touristiques sur les 18.
M. Pagé: M. le Président, est-ce que le ministre
pourrait déposer la liste dont il vient de faire état?
Peut-être pas la déposer mais la distribuer aux membres de la
commission.
M. Duhaime: La décomposition des $332 825? Oui.
M. Pagé: La ventilation. Vous pourriez nous la remettre
demain.
M. Duhaime: Je vais vous la lire. Îles-de-la-Madeleine: $12
000 on parle pour 1977/78 Bas-Saint-Laurent-Gaspésie: $26
200; Charlevoix: $13 500; Beauce-Apalaches: $8500; Coeur du Québec:
$4009; Estrie: $4009; Richelieu-Rive-Sud: $18 200; Lanaudière: $19 875;
Laurentides: $100 000; Abitibi-Témiscamingue: $18 500;
Saguenay-Lac-Saint-Jean: $61 500, incluant la réorganisation du BRT
Bureau régional de tourisme Manicoua-gan, sur un an et
demi: $45 250, et Sept-Îles: $2500.
À mentionner que pour l'Association touristique des Laurentides,
ce montant de $100 000 compte pour à peu près 25% du budget total
de l'association.
J'ai, bien sûr, l'intention de continuer cette amorce. Pour vous
donner une idée de la progression, en 1975/76 le total versé
directement aux associations ou encore par le biais d'un corps
intermédiaire était de $104 900; en 1976/77, c'était $211
500; en 1977/78, c'était $332 825. Ces subventions ne font pas l'objet
d'un programme spécial identifié carrément comme tel. Ces
montants de subventions sont alloués aux associations à partir de
l'enveloppe globale de subventions qui, l'année dernière,
était de l'ordre de $1 550 000.
M. Pagé: Les 18 associations régionales qui
lançaient un cri d'alarme en mars dernier devraient normalement avoir
des réponses du gouvernement du Québec qui non seulement
assurerait, mais garantirait leur survie.
M. Duhaime: En fait, d'aucuns appellent cela un cri d'alarme.
D'autres appellent cela...
M. Pagé: C'est un cri d'alarme. Elles disaient qu'elles
étaient menacées de disparition purement et simplement.
M. Duhaime: ... une intervention dans le sens qu'on voudrait
peut-être qu'on aille plus vite sur cette décision. Dans les jours
ou les semaines qui viennent, nous serons en mesure d'aviser chacune des
associations de l'effort financier que le ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche est prêt à faire pour les
consolider.
Ce que nous envisageons en ce qui concerne les associations, c'est de
leur donner un coup de main pour leur permettre d'assurer au moins une
permanence. Ensuite, sur le plan de la promotion et du développement,
nous incitons l'association à solliciter son financement auprès
d'une corporation municipale dans le milieu, de corps intermédiaires,
comme la chambre de commerce ou même les CRD, des associations soit
d'hôtellerie, soit de restauration, d'organisations de loisirs ou de
sports, enfin de tout intervenant possible dans le tourisme pour faire en sorte
qu'on puisse sentir et vivre au Québec une véritable prise en
main par une région donnée.
Je pense que tout le monde va être d'accord pour dire que les gens
de Lac-Mégantic sont sûrement les mieux placés pour faire
la promotion de ce coin de pays, de la même façon qu'on peut le
retrouver dans la Mauricie ou dans Portneuf ou encore dans l'Estrie. Ce qu'on
veut, c'est privilégier les associations touristiques régionales
comme étant les premiers interlocuteurs du ministère du Tourisme,
de la Chasse et de la Pêche, dans chacune des régions. On est
à l'étape de les mettre en place. Ensuite, on pourra s'appuyer
sur ces associations pour leur demander conseil, dans un premier temps, sur les
questions de développement et, possiblement, de l'aménagement
plus tard. Du côté de l'Union Nationale, on a reçu de
l'information de je ne sais pas où. On essaie de garder en tête
aussi que les associations touristiques régionales s'inscrivent
très bien dans ces grandes politiques de déconcentration et de
décentralisation qu'évoquait tout récemment, à
l'Assemblée nationale, mon collègue, le ministre d'État
à l'aménagement, à une question du député de
Lotbinière, je pense. C'est dans cette hypothèse de travail que
nous voulons préserver la possibilité d'inscrire ces structures
d'association touristique régionale dans la programmation de
décentralisation et de déconcentration des pouvoirs.
M. Pagé: Est-ce à dire que vous prévoyez une
révision des normes dont celle indiquant que le ministère
s'engageait à couvrir 95% des frais liés à
l'administration de ces associations et 40% des frais encourus pour la
promotion?
M. Duhaime: Je ne crois pas que ce soit de l'ordre de grandeur de
95%. Pour ce qui est de la programmation, l'hypothèse de travail que
nous avons retenue, c'est que la subvention, en aucun cas, ne peut
dépasser 50% de ce que nous pourrions retenir comme programmation et 95%
dans certains cas. Dans la phase de l'implantation de l'association, cela peut
aller au-delà de 95%. Cela peut aller jusqu'à 100% de la charge
administrative inhérente au démarrage d'une association
touristique.
M. Pagé: Par la suite, cela va jusqu'à 50%.
M. Duhaime: Non.
M. Pagé: Ce sera quoi?
M. Duhaime: La suite reste à établir. On va les
démarrer et, ensuite, on va voir. Il faut évaluer quel peut
être l'effort financier que chacune des régions peut fournir
à l'association touristique régionale avant de rétablir
quelque norme que ce soit et d'imposer un ratio de 50%, de 70% ou de 80%
à une association touristique. Si je prends simplement un exemple,
Laurentides-Labelle dépense, en budget de promotion et de
publicité, environ $900 000. Cela, c'est l'Association des
hôteliers, des centres de ski, des restaurateurs. Le budget de
l'association, comme tel, est de l'ordre, je crois, de $500 000, à part
les ententes conjointes qu'on fait en dehors de la programmation de
l'association comme telle.
M. Pagé: En fait, vous voulez vous référer
à la capacité de payer des organismes et à la
capacité de payer de l'entreprise du milieu. C'est ce qui vous guidera
dans vos démarches.
M. Duhaime: Oui, en fait. L'idée est que le
ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche suscite, dans
le milieu, et encourage la mise sur pied d'associations touristiques
régionales mais ne s'engage pas tant sur le plan des charges
administratives que sur des coûts d'opération, pour ce qui est de
la programmation ou des budgets de promotion à tout supporter. Au
contraire, il faut que l'effort financier vienne du milieu concerné dans
chacune des régions.
M. Pagé: Ce sera étudié à son
mérite.
M. Duhaime: C'est chaque cas en particulier. Je pense qu'on ne
peut faire aucune espèce de comparaison entre le
Bas-Saint-Laurent-Gaspésie et la charge administrative d'une telle
association. On me disait que simplement faire une réunion des
intervenants dans le tourisme pour le Bas-Saint-Laurent-Gaspésie ce
sont, bien sûr, des dépenses de voyage. Les distances sont
beaucoup plus grandes, tandis que l'Association touristique Richelieu-Rive-Sud,
par exemple, a besoin d'un budget de fonctionnement beaucoup plus réduit
et beaucoup plus restreint que Bas-Saint-Laurent-Gaspésie ou même
Saguenay-Lac-Saint-Jean. Alors, cela va être chaque cas en
particulier.
M. Pagé: D'accord. Quels sont les critères qui vous
guident dans l'acceptation d'une association touristique régionale?
M. Duhaime: En fait, il n'y a pas de critères
particuliers. Il est bien certain que, dans chacune des régions,
jusqu'à maintenant, et sans exception nous nous sommes appuyés
sur une association touristique déjà existante. Je pense, entre
autres, au bureau régional du tourisme pour la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean. Dans d'autres cas, nous avons versé une
subvention à un conseil régional de développement. Je
pense à la Mauricie, à l'Estrie, à la région du
Richelieu également. C'est par le biais du CRD qui a donné son
coup de main, qui a fourni son effort au niveau du secrétariat
également pour permettre la mise en place, la mise en oeuvre. On est
bien convaincu que dans chacune des régions les associations qui... (20
h 45)
M. Pagé: Une seconde. Il y a le bruit là-bas, il y
a le président, il y a vous. On va ajourner.
M. Chevrette: Vous autres vous jasez, on ne comprend rien, cela a
l'air le "fun".
M. Pagé: C'est très intéressant.
Approchez-vous.
M. Duhaime: C'est quoi le bruit dehors?
Le Président (M. Marcoux): On va le faire arrêter.
On l'a fait arrêter jeudi passé.
M. Pagé: On va faire venir la police. Ils vont les
arrêter.
Le Président (M. Marcoux): J'ai retardé parce que
j'étais convaincu que la commission de l'éducation le ferait,
parce qu'on l'a fait à deux ou trois reprises.
M. Pagé: Vous étiez à dire, M. le
ministre?
M. Duhaime: Je ne vous entends pas à cause du bruit.
Continue.
M. Pagé: Non.
Le Président (M. Marcoux): On va le faire
arrêter.
M. Duhaime: J'étais simplement à compléter
ma réponse en vous disant que jusqu'à présent, dans
chacune des régions, les associations touristiques qui sont sur pied,
qui sont prêtes à terminer leur mise en place de structures nous
apparaissent représenter les différents aspects que nous voulions
retrouver à l'intérieur des associations touristiques. On a des
gens qui détiennent des charges municipales, scolaires, il y a des
présidents de corps intermédiaires, les présidents
d'as-
sociations d'hôtels, de restaurants, de loisirs de plein air,
qu'on trouve autour de la table de l'association touristique
régionale.
M. Pagé: M. le Président, dernière question
sur le sujet. Qu'est-ce que le ministre recommanderait à une
entité, un groupe représentant quand même un bassin de
population important qui. en raison de critères géographiques ou
encore d'habitudes de vie, ne pourrait participer à une association
touristique régionale, mais devrait plutôt limiter ses structures
ou son organisation au niveau local, j'entends au niveau d'un comté?
Quels sont les commentaires du ministre à cet égard, parce qu'il
y a des comtés, il y a des coins du Québec où ils ne
peuvent participer à des régions? Cela n'enlève pas
l'authenticité, cela n'enlève pas la possibilité et le
potentiel.
M. Duhaime: En fait, il y a des associations touristiques qui
existent en dehors des associations touristiques régionales. Je pense,
entre autres, à la ville de Grand-Mère, dans le comté
voisin du mien, qui a mis sur pied une association touristique municipale et
qui délègue quelqu'un à l'Association touristique
régionale; c'est dans ce sens que la synchronisation et la coordination
des efforts peuvent se faire. Si un comté en particulier ne peut
s'intégrer dans le cadre normal des opérations d'une association
touristique régionale, je voudrais bien savoir lequel.
M. Pagé: Portneuf.
M. Duhaime: Ah! je pensais que vous parliez des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Pagé: Je parle de Portneuf.
M. Duhaime: Nous avons une association touristique
régionale pour les Îles-de-la-Madeleine qui ne regroupe qu'un seul
comté à cause des distances, à cause du caractère
insulaire de ce territoire. Maintenant, je ne savais pas que Portneuf
était dans l'île aussi.
M. Pagé: Non. M. le Président, je voudrais, c'est
très bref...
M. Duhaime: Le comté de Portneuf s'inscrit
normalement...
M. Pagé: M. le Président, c'est très rare
que je prends des minutes pendant l'étude des crédits pour mon
comté. Je me permettrai de prendre deux ou trois minutes. Vous savez, M.
le Président, le ministre l'acceptera très certainement
étant donné qu'il a le loisir d'y passer souvent...
M. Duhaime: Ce n'est pas très loin de ma
région.
M. Pagé: Chez vous. Oui. Vous savez, le comté de
Portneuf ne participe directement ni à la vie économique, ni
à la vie communautaire, ni aux organisations de la ville de
Québec ou de la région de Québec. La même chose pour
le comté de
Trois-Rivières. On a des municipalités qui, pour certains
services, que ce soit l'éducation, que ce soient les services de
santé ou autres, sont liées à Trois-Rivières ou
à la Mauricie, mais c'est vraiment une entité qui est somme toute
prise entre deux bassins régionaux, celui de Québec et de
Trois-Rivières, et on a toujours de la difficulté au chapitre de
structures régionales. Là, M. le Président, j'aimerais
bien que le ministre me donne toute son attention.
M. Duhaime: Je suis tout oreilles.
M. Pagé: II faudrait. Tout yeux aussi. Tout yeux, tout
oreilles.
M. Perron: C'est sûr qu'il n'est pas obligé de le
faire. Je suis sûr qu'il n'est pas obligé.
M. Pagé: M. le Président, demandez donc aux
députés de Laprairie et de Duplessis d'être sages.
M. Michaud: ... le monde.
M. Pagé: Écoutez, vous n'étiez pas ici,
vous, vous pouvez être libéré. Je ne demanderai même
pas le quorum, puis surtout votre absence va paraître tellement
inaperçue, tellement pas grave que vous pouvez nous quitter tout de
suite. Il n'y a pas de problème.
M. Perron: C'est très parlementaire, ce que vous venez de
dire là.
M. Pagé: J'étais à dire...
M. Perron: C'est très très parlementaire.
Le Président (M. Marcoux): À l'ordre! M. le
député de Portneuf.
M. Chevrette: Accordez-vous donc!
M. Pagé: J'étais à dire, M. le
Président, que notre comté a toujours eu le problème de
participer ou d'être doté de structures sur une base
régionale, parce qu'on ne participe directement ni à
Québec ni à Trois-Rivières. Il y a beaucoup d'efforts qui
ont été déployés au chapitre du
développement touristique, depuis une bonne dizaine d'années,
dans notre comté. La chambre de commerce, des groupes comme cela ont
toujours été intimement liés, toujours favorisés,
ont toujours travaillé sur des dossiers. Qu'on regarde le dossier du lac
Long-Montauban, qu'on regarde les efforts qui avaient été
déployés pour l'implantation de la réserve de
Portneuf.
Ne vous étouffez pas, vous savez, le lac Long-Montauban, ce n'est
pas l'entente auxiliaire, ce n'est pas votre signature qui a
réglé tout cela. Il fallait travailler pour l'avoir, il fallait
faire en sorte que ce soit dans l'entente qui a été
négociée en 1974. Ce sont des groupes comme cela qui ont
travaillé.
La chambre de commerce est à mettre au point ce qu'on appelle un
circuit touristique qui
sera spécifique au comté. Dans ce sens, le gouvernement
lui a donné en 1975 une somme de $70 000 pour préparer ce dossier
par le biais de l'OPDQ. Vous savez, tous les efforts ont été
déployés. Encore hier, on procédait au lancement d'un
bureau d'accueil et d'information à Saint-Raymond qui fera en sorte que
la chambre de commerce sera dotée des équipements et de
l'immeuble nécessaires pour dispenser une bonne information au public,
aux touristes, aux pêcheurs, aux chasseurs, etc. Oui, on va vous
inviter.
M. Grenier: Evitez-moi surtout.
M. Pagé: La chambre de commerce du comté
présentait une demande au ministre du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche en février ou mars dernier demandant que soit
agréée une association touristique dans le comté. Votre
réponse a été négative. Évidemment, cela en
a surpris plusieurs, et on revient à la charge, vous demandant de bien
analyser, de bien regarder le caractère vraiment authentique de ce
comté, de cette région qui ne peut souscrire ou participer
à une structure qui relèverait soit de Trois-Rivières ou
de Québec, car elle perdrait vraiment son caractère authentique.
Le circuit touristique est un gros dossier. On envisage éventuellement
une promotion au niveau local. Il va de soi qu'on a besoin non seulement de la
participation, mais d'une souscription d'un oui de la part du ministère
du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche.
Je comprends, M. le Président, que le ministre n'est pas en
mesure de scruter chacun des dossiers comme ceux-là à la lueur de
l'étude des crédits, mais tout ce que je lui demanderais, ce
serait d'étudier cette question avec peut-être plus d'attention
que la requête n'en a reçu, lorsqu'elle a été
présentée en février ou mars dernier, en raison du
caractère spécifique de ce comté et de la
difficulté qu'il a de s'ériger sous une structure
dépendant soit de Trois-Rivières ou de Québec. Je vous
soumets le tout respectueusement et j'apprécierais avoir vos
commentaires.
M. Duhaime: Je peux vous les donner tout de suite, parce que nous
avons étudié longuement...
M. Perron: Très sérieusement.
M. Duhaime: ... et en profondeur la délimitation de
chacune des régions et de ce que nous avons retenu comme chiffre, cela a
été 18 sur le plan du découpage du territoire. Je n'arrive
pas à comprendre que mes concitoyens du comté de Portneuf
n'arrivent pas à s'intégrer dans la région
économique du Québec, alors que juste à côté,
en Mauricie, on réussit à faire travailler la région de
Drummondville et des Bois-Francs avec la ville de Parent au nord de La Tuque et
en passant par toutes les villes de la Mauricie, incluant la capitale et les
villes comme le Cap-de-la-Madeleine, Trois-Rivières, Shawinigan,
Grand-Mère, Saint-Roch-de-Mékinac en remontant la rivière
jusqu'en haut. Nous n'avons pas retenu la proposition de la chambre de commerce
du comté de Portneuf parce que si nous reconnaissons une telle
association au niveau d'un comté, tenez pour acquis que, dans les jours
qui vont suivre, vous allez avoir 109 autres demandes, parce qu'il y a 110
comtés.
M. Pagé: Pas nécessairement.
M. Duhaime: C'est le danger qu'on retrouve des projets ou une
préoccupation à caractère trop restreint sur le plan soit
d'une localité, d'une municipalité ou d'un comté. Notre
approche est essentiellement la promotion et le développement des
régions touristiques du Québec. Dans le comté de Portneuf,
que j'ai l'occasion de traverser régulièrement, j'ai l'occasion
aussi de converser également avec quelques-uns des hôteliers et
restaurateurs de la région et je sais très bien qu'ils sont
très dynamiques, qu'ils sont regroupés à
l'intérieur d'une association. Je pense qu'il y a 32 hôteliers
membres de l'association.
M. Pagé: Oui, cela va bien.
M. Duhaime: Ce serait un actif important qui pourrait être
mis à contribution à l'intérieur de l'association
touristique de la région métropolitaine de Québec. C'est
tout près, c'est à peine à une heure de route. Si on
réussit à faire travailler des gens qui vivent à trois et
quatre heures de distance par route je pense, entre autres, au
Bas-Saint-Laurent-Gaspésie, même à la Mauricie et à
la grande région de l'Outaouais je ne vois pas pourquoi on ne
pourrait pas arriver à intégrer les activités du
comté de Portneuf avec la région économique de
Québec. D'ailleurs, je pense que vous auriez peut-être un
rôle absolument fantastique à jouer, des efforts à
déployer dans le sens d'intégrer tout ce monde à la
région économique de Québec. Par votre rôle de
député et de représentant de la population, je vous
inviterais à faire cette tentative.
M. Pagé: Je remercie le ministre de son invitation; il va
de soi que je serai en mesure, comme je le fais tout le temps, de prendre mes
responsabilités. Cependant, je suis un peu surpris, car je donnais
peut-être au ministre la plus belle chance qu'il puisse avoir de se faire
aimer dans mon comté.
M. Duhaime: Oui, mais il faut que j'en laisse passer.
M. Pagé: Vous allez décevoir des gens; je suis
convaincu qu'il y a des gens qui vont lire cela et qui vont être
déçus. On voulait enfin vous donner une chance de vous faire
aimer.
M. Duhaime: Mon Dieu, c'est hautement apprécié!
M. Pagé: On verra la possibilité d'introduire cela
dans le cadre de l'association touristique régionale.
M. Chevrette: On a peur d'en avoir trop. On sait ce qui arrive
aux gouvernements qui en ont 102.
M. Pagé: On verra cela à 72 au prochain coup. M.
Perron: En 72?
M. Pagé: On verra à 72 ce que cela fera pour vous
autres au prochain coup.
M. Chevrette: Excellent, c'est le chiffre maintenant, 72.
M. Pagé: M. le Président, on serait disposé
à passer à l'étude programme par programme.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce qu'il y a d'autres
députés qui veulent aborder des questions générales
avant d'aborder le programme 1?
M. Grenier: Brièvement, car je ne vous ferai pas
l'éternelle "swing" des députés qui font leur hebdo en
parlant de leur comté. Je vais vous poser une question simplement sur
les ZAC et les ZEC. J'aimerais savoir le budget...
M. Pagé: Est-ce que la question s'adressait à
moi?
M. Perron: Probablement, oui, c'est pas mal sûr.
M. Grenier: Non, c'est une considération que j'ai
faite.
M. Pagé: Cela ne vous arrive pas de parler de votre
comté? Vous devriez.
M. Grenier: Non, je vais vous dire une chose, M. le
Président. J'aurai pu en faire une question de règlement, mais
j'ai attendu parce que je considère le député de Portneuf.
Il y a une coutume établie en Chambre où on tolère qu'un
député ministériel qui n'intervient que trois ou quatre
fois au cours de l'année on sait que la formule est ainsi faite
vienne à une commission nous parler des problèmes locaux
de son comté. Mais qu'un député de l'Opposition, qui a
l'avantage de parler en Chambre à plusieurs reprises, nous entretienne,
même si ce n'était que pendant un quart d'heure, des
frontières très limitées d'un comté c'est un quart
d'heure de trop...
M. Pagé: C'est important.
M. Grenier: ... surtout lorsqu'on est au moment des questions
très générales au début des crédits d'un
ministère. Qu'on le fasse au cours des programmes où on a une
question à poser qui peut concerner notre comté, bien sûr,
parce qu'il y a un problème, mais qu'on prenne, au début, sur
l'entrée...
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Mégantic-Compton...
M. Grenier: M. le Président, sur une question de
règlement, s'il vous plaît!
Le Président (M. Marcoux): ... vous avez dit que vous
auriez pu la soulever; je vous inviterais à ne pas la soulever.
M. Grenier: Brièvement, je voudrais bien qu'on le
comprenne, surtout de notre côté de la table. Je pense qu'on a
affaire à un petit ministère et que, dans l'ensemble, il y a
certainement des problèmes. On n'est pas ici aux Affaires sociales ou
à l'Éducation. Je pense bien que, même si on fouillait
à la loupe pendant deux semaines, ce n'est pas là qu'on va
économiser $1,5 milliard pour la province. Ce n'est pas mon idée
et je pense que ce n'est surtout pas en s'attaquant aux problèmes d'un
comté bien isolé que cela va se faire.
M. Pagé: Continuez, vous allez vous faire aimer dans
Portneuf. Je vais envoyer cela à votre président
d'association.
M. Grenier: II y a quand même une limite, M. le
Président, à ne pas vouloir comprendre et à s'asseoir sur
sa chaise et, comme on a la parole et c'est normal qu'on donne la parole
à l'Opposition officielle à nous entretenir pendant trois
heures, alors que j'attends à mon fauteuil qu'on avance au programme 1,
de questions qui n'en sont pas, en fait. (21 heures)
Je trouve que c'est désastreux, j'ai toujours plaidé
contre cela. Si on veut réformer le système parlementaire, ce
n'est certainement pas en parlant ainsi et en posant des questions qui n'en
sont pas. Il y a des questions d'ordre général qu'on peut poser,
et cela se fait très brièvement. Ce n'est pas nouveau, aux
commissions, en Chambre c'est la même chose, des éternelles
questions qui n'en finissent plus. Si on veut réformer le système
parlementaire, ce n'est certainement pas en s'as-soyant sur son poste
d'Opposition officielle et en faisant perdre du temps aux fonctionnaires qui
sont ici. Cela a l'air d'être leur semaine de vacances quand ils viennent
ici écouter les folies qui se disent de ce côté-ci de la
table. Il me semble qu'il y a autre chose à faire que cela.
J'aimerais savoir, M. le ministre, et c'est très bref, les
budgets qui sont affectés à la formation, un budget bien
précis pour les ZEC et les ZAC. Également, j'aimerais savoir
quelle sorte d'emplois cela peut créer, si cela en crée, sinon si
c'est assimilé au bénévolat avec des subventions qui
peuvent être données. J'aimerais connaître une ZAC en
particulier et une ZEC qui est bien formée, que vous connaissez assez
bien pour me donner les détails de cela.
M. Duhaime: Votre question n'est pas posée dans le sens de
savoir quel est l'impact sur l'emploi de l'implantation...
M. Grenier: Non, non.
M. Duhaime: En ce qui est des zones d'amé-
nagement et de conservation, j'ai eu l'occasion de l'expliquer
peut-être sommairement, c'est un découpage territorial,
essentiellement à des fins administratives, qui va nous permettre de
regrouper nos équipes pour mettre un peu
d'homogénéité à l'intérieur de cela en
application de la régionalisation que nous avons entreprise.
L'opération régionalisation qui a été conduite en
1977 et 1978 va se terminer cette année par les postes qui restent
à pourvoir. Le contexte de l'opération régionale
représente en soi 50 postes nouveaux et, en termes de budget, vous
multipliez par $20 000 ou $22 000, ce qui veut dire salaire plus les incidences
d'administration et les frais marginaux. Pour ce qui est de la mise en place
des ZEC...
M. Grenier: $22 000 c'est une moyenne à peu
près?
M. Duhaime: Oui c'est une moyenne. En ce qui est, maintenant, des
zones d'exploitation contrôlée, nous avons à leur
disposition un fonds de péréquation de l'ordre de $1 million. Il
s'agit essentiellement d'un soutien financier aux associations responsables des
zones d'exploitation contrôlée, aussitôt que leur
agrément est signé, en même temps qu'on leur expédie
le protocole d'entente signé par le ministre, nous leur transmettons un
premier versement de $4500. C'est automatique pour toutes les associations. Et
lorsque nous allons recevoir leur budget un peu plus détaillé
nous avons demandé, par une directive, que la date limite soit le
15 juillet nous ferons l'examen de chacun des budgets des associations
pour être en mesure de dépenser le reste du fonds de
péréquation pour donner un coup de main aux associations au
niveau des zones d'exploitation contrôlée. Notre objectif est de
50, ce qui, théoriquement, ferait une moyenne de $20 000 par
association.
C'est bien certain que certaines associations ont déjà
obtenu $4500, et cela peut être $4500, point. D'autres peuvent obtenir
au-delà de $20 000, cela dépend d'un tas de facteurs,
principalement de la situation géographique, je dirais, et du nombre de
membres de chacune des associations.
M. Grenier: Quelles sont les régions maintenant qui sont
les plus difficiles à organiser, qui semblent les plus difficiles
à organiser vis-à-vis des ZEC?
Une voix: Le comté de Portneuf.
M. Grenier: II va de soi, je pense, que les régions les
moins potelées peuvent être un peu plus compliquées.
M. Duhaime: Dans l'ensemble, l'opération s'est
déroulée de façon à peu près égale
partout, sauf certaines demandes qui nous sont venues de la Côte-Nord que
nous n'avons pu retenir, et également des problèmes de parcours
que nous avons rencontrés en Mauricie et dans la région du
Saguenay-Lac-Saint-Jean.
M. Chevrette: Une région relativement bien
organisée est la mienne!
M. Duhaime: Pardon?
M. Chevrette: Une région relativement bien
organisée est la mienne!
M. Duhaime: Oui, je dois rendre hommage au député
de Joliette-Montcalm...
M. Chevrette: Je ne le disais pas pour cela.
M. Duhaime: ... qui a fait tout le travail à
l'intérieur du comité ministériel que nous avons
constitué, qui a fait également toute la tournée du
Québec et je dirais à certains endroits à ses propres
frais. Voulez-vous que je vous donne la liste de tout cela?
M. Grenier: Si cela pouvait être déposé,
j'aimerais cela.
M. Duhaime: Ce serait peut-être plus simple si je vous en
donnais une copie. Dans Bas-Saint-Laurent Gaspésie, vous avez
quatre associations; dans le Saguenay-Lac-Saint-Jean, vous en avez sept; dans
la région de Québec, six; la Mauricie, huit; dans l'Estrie, une
il n'y en aura d'ailleurs jamais plus d'une dans l'Estrie dans
l'Outaouais, huit; dans le Nord-Ouest, deux; Montréal, cinq: la
Côte-Nord, cinq et possiblement six, on verra.
M. Michaud: Est-ce que vous auriez une idée du nombre de
membres dans les 47 associations reconnues présentement?
M. Duhaime: Pas de façon précise, mais je n'aurais
aucune crainte à avancer que, actuellement... C'est nous qui, cette
année, faisons l'impression de la carte de membre, autant le chef de
famille que ses dépendants. Nous avons remis à ce jour aux
associations 115 000 cartes, et je dirais qu'il doit y en avoir 115 000 pour
les chefs de famille et 275 000 pour les dépendants, mais pour
répondre à votre question j'avancerais le chiffre de 50 000
possiblement vendues et payées aux associations à l'heure
actuelle. Il y a des associations qui ont déjà plus de 1000
membres; je parle à ce moment-là de 1000 personnes étant
chef de famille. Quelqu'un qui a quatre dépendants paie la même
chose, soit $15. Ce qu'il est important de souligner, parce que certains
chroniqueurs font mal leur travail à mon point de vue... On oppose les
$15 avec les $3.25 alors qu'il n'y a aucune comparaison qui tienne
là-dessus. Ces $3.25 se comparent à zéro alors que les $15
se comparent à la contribution X que quelqu'un avait à payer pour
faire partie d'un club privé autrefois.
M. Michaud: Est-il possible que les 115 000 soient vendues cette
année?
M. Duhaime: Au train où cela va, il n'y a pas beaucoup de
craintes qu'on puisse rester avec beaucoup de cartes non vendues.
Alors si vous retenez le chiffre de 100 000 cartes vendues à $15,
cela vous fait $1 500 000, plus $1 million au fonds de
péréquation; on peut calculer au départ, sans risque de se
tromper, que les associations se partageront un montant de S2 500 000
dès cette année, sans compter les montants d'argent qu'elles
pourront percevoir sur la tarification des services à leurs membres.
M. Michaud: Cela inclut la location de chaloupes et les autres
services.
M. Duhaime: C'est exactement cela
M. Perron: Vous venez de mentionner qu'il y avait environ 50 000
membres actuellement à l'intérieur des associations qui feraient
partie des ZEC du Québec. Pourriez-vous nous dire combien il y avait de
membres des clubs privés dont on a enlevé les droits
exclusifs?
M. Duhaime: II y avait 25 000 personnes qui étaient
membres de clubs privés. Nous avons dit, dans l'établissement de
cette politique, que l'ex-membre d'un club qui est propriétaire d'un
camp en forêt et qui veut continuer d'avoir accès à ce
territoire doit payer une somme de $15 à l'association qui est
responsable de ce territoire. S'il arrive des cas où le territoire qui
autrefois était sous bail exclusif n'est pas inclus dans le territoire
d'une zone d'exploitation contrôlée, il peut aller à ses
activités de chasse et de pêche sans être obligé de
cotiser à qui que ce soit.
M. Perron: Si je comprends bien, d'après ce que le
ministre vient de mentionner, on aurait à peu près quatre fois
plus de membres qui font partie des ZEC.
M. Grenier: Ce n'est pas cela qu'il faut conclure. Les 27 000
membres donnaient aussi accès à des membres de la famille ou
à d'autres. Dans le moment, on est autour de 50 000. Il n'y a pas
à s'énerver avec cela. On n'est pas encore plus loin que ce qu'il
y avait avant. On est peut-être encore en bas du chiffre réel.
M. Perron: Je comprends très bien que vous faites allusion
aux familles des membres qui faisaient partie des clubs privés de chasse
et de pêche.
M. Grenier: Oui, c'est cela.
M. Perron: Je le savais aussi, mais par contre il y a une chose
que je voulais bien identifier. C'était le nombre de membres qu'il y
avait au niveau des clubs privés de chasse et de pêche. Ce
n'était pas le nombre de familles, mais le nombre de ceux et celles qui
étaient membres.
M. Grenier: II ne faudrait quand même pas donner
l'impression qu'à cause de la formation de cela on a doublé le
nombre. Il reste une chose. C'est que les gens qui pénètrent dans
les endroits privés avec leurs permis, cela semble que c'est à
peu près le même monde. Ce n'est peut-être pas le même
nombre, mais ils ne sont certainement pas plus nombreux jusqu'à
maintenant. Ils vont peut-être augmenter. Remarquez bien que c'est sous
forme de question que je le dis.
M. Perron: D'accord, mais en même temps vous reprenez ce
que j'avais dit tout à l'heure. Je voudrais encore faire allusion aux 50
000 que M. le ministre a mentionnés tout à l'heure. Les 50 000
cartes de membres qui auraient été vendues par le biais des
associations accréditées, est-ce que cela inclut strictement les
chefs de famille?
M. Duhaime: Oui. Ce sont les chefs de famille.
M. Perron: Donc cela n'inclut pas leurs enfants. Cela annule
complètement ce que vous venez de dire.
M. Grenier: Non, mais il faut que ces gens prennent des
cartes.
M. Duhaime: Si vous me le permettez, je vais vous expliquer cela.
Nous avons remis 115 000 cartes chefs de famille aux associations et des
formulaires pour 275 000 personnes, femmes et enfants, qui sont les
dépendants. Quand je vous indique 50 000, ce sont 50 000 chefs de
famille avec ou sans dépendant. Cette année, il faudra attendre
la fin de la saison pour être capable de comparer les chiffres, mais
d'ores et déjà il y avait 25 000 membres dans les clubs
privés. À 90% près, ces personnes, pour continuer d'avoir
accès à leur ancien territoire, doivent cotiser $15 à une
association agréée. Cela vaut pour eux comme pour tout le monde.
Leur femme et leurs enfants sont automatiquement admis par le paiement des $15,
mais si on invite le beau-frère à venir à la pêche
sur ce territoire, ou la belle-mère... Vous en aviez parlé
l'année dernière, de votre belle-mère, M. le
député de Mégantic-Compton.
M. Grenier: Oui, il faudrait qu'il en soit question pendant les
crédits.
M. Chevrette: C'est le nom de votre tante que j'aimerais
avoir.
M. Grenier: Georgiana.
M. Duhaime: Vous devez apprécier beaucoup sa patience,
j'imagine.
M. Pagé: M. le Président, il faudrait revenir aux
crédits. Georgiana, la belle-mère, la grand-tante... ma patience
a des limites.
M. Grenier: Vous avez remarqué que cela n'a pas
duré une heure et quart.
M. Duhaime: Si votre beau-frère ou votre belle-mère
vous accompagne à la pêche je vous le conseille pour la
pêche et non pour la chasse il ou elle devra payer $15. Quand on
parle de 100 000 personnes qui pourraient adhérer en ex-
cluant les dépendants, c'est un chiffre conservateur parce que
cela comporte tous les membres des anciens clubs privés plus le
monde.
M. Grenier: Cela me satisfait. J'aimerais savoir si cela change
je prends une région qui n'est pas dans mon comté
par exemple, à La Tuque. Vous ne serez peut-être pas en mesure de
répondre aujourd'hui et peut-être pas pendant l'étude de
ces présents crédits, mais l'an prochain je vous le redemanderai.
Est-ce que cela a changé le nombre de personnes à La Tuque? Je ne
parle pas de Montréal ni de Québec. Il est sûr que depuis
longtemps cela devait être autour de la région de Québec et
de Montréal et que cela va augmenter le nombre de personnes, mais dans
la région de La Tuque, pour ne pas nommer Lac-Mégantic,
Saint-Georges-de-Beauce, est-ce que cela a changé le nombre de personnes
qui fréquentent maintenant les lacs privés ou si ce sont les
mêmes qui ont renouvelé leur carte? On sait bien que la pression
ne venait certainement pas de régions comme celles-là.
C'était principalement de Montréal et de Québec.
J'aimerais connaître les chiffres, pas ce soir, bien sûr,
peut-être pas cette semaine parce que vous ne les avez pas. L'an
prochain, il faudrait se préparer pour répondre à ces
questions. Cela m'intéresserait de connaître cela. (21 h 15)
M. Duhaime: On pourra se préparer à répondre
à cela l'an prochain, mais je vous indique tout de suite qu'on va
peut-être avoir certaines difficultés. Il y a des gens de La Tuque
qui vont à la pêche et à la chasse au
Saguenay-Lac-Saint-Jean. Il y en a qui vont à la Bostonnais, il y en a
qui vont dans les territoires sur la rivière au Rat ou sur la
rivière Matawin. Alors, on va avoir le nombre de personnes qui auront
adhéré à telle ou telle association responsable d'une zone
d'exploitation contrôlée, mais on ne sera pas en mesure de dire:
II y a X centaines de personnes de la ville de La Tuque qui font leurs
activités de chasse et pêche dans la région
immédiate de La Tuque. Cela va nous être impossible.
M. Grenier: M. le Président, je pense que vous comprenez
le sens de ma question.
M. Duhaime: Que ce soit à La Tuque ou ailleurs, pour les
régions qui sont en dehors des grands centres, la Mauricie, d'une
façon générale, tout le Saguenay-Lac-Saint-Jean,
l'Outaouais, le Bas-Saint-Laurent-Gaspésie, finalement, il reste
Montréal et le Québec métropolitain, il n'y aura pas
tellement d'augmentation du nombre de chasseurs et pêcheurs. Il va y
avoir certainement un déplacement sur le territoire; cela, c'est
certain, mais l'impact le plus fort va venir des régions de
Montréal et de Québec. Encore là, cela reste à
voir.
M. Grenier: Vous avez compris le sens de la question, bien
sûr. Vous êtes intelligent. M. Ryan l'a dit l'année
passée. En tout cas, prenez cela avec un grain de sel.
M. Duhaime: Oui, cette année surtout.
M. Grenier: Ce que je voulais préciser là-dedans,
c'est que...
M. Duhaime: Je pense que mon collègue de Portneuf est
d'accord là-dessus.
M. Pagé: Qu'est-ce qui arrive?
M. Chevrette: II n'y a pas plus sourd que celui qui ne veut pas
comprendre.
M. Grenier: C'est bien sûr que...
M. Pagé: Vous parliez du futur premier ministre du
Québec? Ah oui! D'accord. Merci.
M. Chevrette: Celui qui vous voue une amitié
particulière.
M. Pagé: Nos relations sont très bonnes,
très cordiales et très sereines.
M. Grenier: Ce que je voudrais savoir l'an prochain je me
réjouirai, bien sûr, si cela a rendu service à l'ensemble
du Québec c'est si vraiment cette réforme qui est
amenée du déclubage aura rendu service à peu près
également à la province ou si cela n'aura pas, comme on le
prévoyait, rendu service à deux agglomérations qui seront
Québec et Montréal principalement. C'est ce que j'aimerais savoir
l'an prochain.
M. Duhaime: Je pense qu'on va être en mesure de
répondre en grande partie à votre question, parce que nous
faisons une étude du déplacement des pêcheurs et des
chasseurs d'une région par rapport à l'autre. On va avoir des
idées sur les courants d'ensemble au niveau des régions. Je ne
vous garantis pas qu'on va être capable de vous répondre pour la
ville de La Tuque ou de Lac-Mégantic, mais on aura une idée au
niveau des régions.
Le Président (M. Marcoux): Juste une suggestion. Voyant
que la gestion de la faune vous intéresse beaucoup, est-ce qu'on
pourrait passer au programme 1 brièvement?
M. Chevrette: Je n'y reviendrai pas, si vous me permettez de le
dire.
Le Président (M. Marcoux): D'accord. Bon. M. le
député de Joliette-Montcalm et M. le député de
Duplessis.
M. Chevrette: Ce ne sera pas long. Je voudrais tout simplement
ajouter, M. le Président, que ce ne sont pas tous les membres des clubs
privés qui font partie automatiquement d'une ZEC, parce que ce ne sont
pas tous les clubs privés qui sont sur le territoire d'une ZEC. Il n'y a
pas de ZEC dans les territoires limités où les clubs
privés sont entourés de terrains privés. Donc, ce ne sont
pas
nécessairement des membres de ZEC. Ce n'est pas automatique.
M. Desbiens: Dans le cas de La Tuque en particulier...
M. Chevrette: Dans ma région également.
M. Desbiens: ... on peut compter sur 27 000 tout de suite.
M. Chevrette: Donc, cela prouve que, s'il y en a 50 000 de
vendus, nécessairement il y a eu accès à plus de
Québécois, dont moi personnellement. Je n'étais pas membre
d'un club privé. Je suis membre d'une ZEC.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Duplessis.
M. Perron: M. le Président, je suis à peu
près sûr que c'est une question d'ordre général.
Cela va faire plaisir, je pense, au député de
Mégantic-Compton. En ce qui a trait aux terrains de trappe au
Québec, est-ce que vous pourriez me dire si toutes les régions du
Québec sont touchées par les terrains de trappe, ou quelles sont
les régions qui sont touchées par cette politique?
Le Président (M. Marcoux): Je pense qu'on pourrait
facilement l'intégrer au programme 1.
M. Perron: Au programme 1 ?
Le Président (M. Marcoux): Oui. Dans la section
amélioration ou protection.
M. Perron: Quelles sont les régions du
Québec...
Le Président (M. Marcoux): Ce sera la dernière
question particulière dans les questions générales.
Après cela, on va passer au programme 1.
M. Duhaime: Sur la Côte-Nord?
Gestion des ressources fauniques
Le Président (M. Marcoux): On va traiter la question.
Programme 1, Gestion des ressources fauniques. M. le ministre.
M. Duhaime: Est-ce qu'on les prend par programme ou par
élément?
Une voix: Par élément.
Le Président (M. Marcoux): Par programme d'abord, par
élément ensuite? Selon l'habitude, ce sont les remarques
générales sur le programme, les réponses ou les questions
générales sur le programme. Ordinairement, cela facilite la
discussion.
M. Duhaime: M. le Président, il y a peut-être un
point sur cet élément du programme 1 sur lequel je voudrais
revenir et qui avait été évoque Tannée
dernière lors de nos travaux. C'était l'impact sur
l'écologie et en particulier sur la ouana-niche, avec le moulin à
papier de Donohue-Saint-Félicien, où nos services de recherche
ont travaillé en collaboration étroite avec les services de la
protection de l'environnement. Je voudrais simplement rappeler aux membres de
la commission que c'est cette année que le gouvernement du Québec
a pris la décision de prendre à sa charge la construction d'un
canal pour que les eaux usées du moulin à papier de
Donohue-Saint-Félicien ne soient pas déversées dans la
rivière Chamouchouane cela s'écrit comme cela se prononce
...
M. Grenier: Pour le journal des Débats, épelez.
M. Duhaime: ... pour s'assurer que la remontée de la
ouananiche vers ses lieux de frayère puissent se faire sans aucun
risque. Nous avons dû maintenir le permis qui avait été
émis sous l'ancien gouvernement par les Services de protection de
l'environnement. L'entente qui a été conclue avec Donohue
Saint-Félicien est que le ministère des Travaux publics, à
la suite d'une commande des Services de la protection de l'environnement, se
charge, à l'heure même où on s'en parle, de procéder
aux achats de terrains requis pour la construction de cette voie
d'égouttement, si je peux dire, et les prévisions de
dépenses sont de l'ordre de $8 500 000. Les eaux usées seront
acheminées vers le lac Saint-Jean comme tel. Je me sers de cet exemple
pour souligner le travail que nos services de recherche ont pu faire, en
étroite collaboration avec les Services de protection de l'environnement
des Travaux publics. À cet élément de programme sur la
recherche comme telle, il y a une légère augmentation sur
l'année dernière. Les crédits sont de l'ordre de S1 411
900.
Maintenant, M. le Président, je préférerais
peut-être répondre aux questions de mes collègues parce que
nous traitons de méthodologie, de surveillance, d'ornithologie, d'ours
noirs, d'ours polaires, du cerf de Virginie, des ravages d'Armstrong, Barnache,
Hill Head. Nous étudions les cédrières du
Bas-Saint-Laurent, le lac Témiscouata, les arbres penchés du parc
Mont Orford, le lac Pohénégamook, sur Anticosti...
M. Grenier: Le monstre?
M. Duhaime: Nous avons également un comité
consultatif pour le cerf de Virginie. Nous étudions les modifications
à l'habitat du chevreuil. Nous étudions les moeurs et habitudes
de vie de l'orignal, du caribou, du castor, des prédateurs, le saumon,
la faune aquatique du Saint-Laurent. Nous faisons l'inventaire aérien
et, en gros, l'augmentation se traduirait à peu près par les cinq
augmentations de salaires inhérentes à l'administration courante
du ministère. Avez-vous une question sur l'ours polaire?
M. Pagé: On va y venir.
M. Duhaime: Parce qu'il se poursuit quelque chose de très
intéressant au Manitoba, tout près de Fort Churchill, qui est
l'endroit où l'ours polaire fait sa migration pour aller mettre bas ses
petits. J'ai été très heureux d'apprendre et de soutenir
l'effort du service de la recherche qui fait la liaison avec le gouvernement du
Manitoba, parce que nous pourons y recueillir des données qui peuvent
être d'une utilité chez nous, en particulier sur l'île
Mansel qui est un sanctuaire.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que vous désirez
procéder élément par élément?
M. Pagé: On va poser des questions là-dessus.
Le Président (M. Marcoux): Alors, l'élément
recherche.
M. Pagé: Est-ce que les sommes affectées au conseil
de la faune pour les mandats qu'ils reçoivent et les recherches qu'ils
ont à faire sont prises à même le fonds de recherche, le
budget de recherche qui est ici demandé?
M. Duhaime: À 7.1.
M. Pagé: On y reviendra à 7.1. Dans la ventilation
du programme 1 à l'article employés permanents, vous avez une
augmentation de 99 personnes. Combien y a-t-il de biologistes dans ce nombre de
99?
M. Duhaime: À l'élément 1, il n'y a aucune
augmentation.
M. Pagé: Dans l'ensemble du programme, est-ce qu'il y en a
à l'élément 1 de la recherche?
M. Duhaime: À la gestion faune.
À la recherche, il n'y a pas de changement.
M. Pagé: Biologistes et agents de conservation? Il n'y a
pas de changement.
On pourrait passer; ce serait peut-être plus facile...
Le Président (M. Marcoux): ... adopter
l'élément 1.
M. Pagé: ... parce que là on va être
obligé de ventiler par élément. Tout le programme en
même temps.
Le Président (M. Marcoux): Alors, continuez.
M. Pagé: Alors, ces 99 personnes, combien y a-t-il de
biologistes et combien d'agents de conservation?
M. Duhaime: II y en a 159 en tout, 99 sont permanents... Un
instant, je vais vous donner cela. 99 permanents, 65 occasionnels.
M. Pagé: Est-ce que ce sont des agents de conservation ou
des biologistes?
M. Duhaime: Opération gestion faune uniquement. 99 dont 69
sont agents de conservation.
L'opération gestion faune, si vous voulez me suivre avec les
éléments du programme, 16 biologistes et 14 techniciens de la
faune, postes permanents, total 30, plus 30 occasionnels. 69 agents de
conservation de plus en permanence, 30 occasionnels et 5 postes occasionnels
aux communications. C'est pour l'opération gestion faune seulement.
M. Pagé: Vous avez des agents de conservation qui vont
être occasionnels?
M. Duhaime: Oui. Oui, il y en aura 30 cette année.
M. Pagé: Est-ce que toutes ces personnes...
M. Duhaime: Ce sont des hommes année occasionnels.
Cela peut être 90 en trois ou quatre mois.
M. Pagé: Oui. D'accord.
Ces gens sont recrutés à partir des normes dont on faisait
état tantôt ou est-ce que vous avez l'intention de
privilégier ceux qui terminent des cours actuellement comme agents de
conservation donnés par le ministère de l'Éducation?
M. Duhaime: II faut qu'ils soient qualifiés. En fait on
parle de 30 postes occasionnels. S'ils travaillent quatre mois vous multipliez
par trois, ce qui fait 90 personnes au travail qui doivent respecter les
exigences et les qualifications comme agents de conservation,
c'est-à-dire un cours secondaire avec l'option comme agent de
conservation dans une des quatre écoles polyvalentes du Québec ou
encore les équivalences suivant les exigences établies au niveau
de la Commission de la fonction publique.
Ils ont la préférence aussitôt qu'un poste permanent
s'ouvre.
M. Pagé: C'est bien. Mais, dans le cas des occasionnels,
est-ce que les étudiants qui terminent leur cour secondaire V avec
option agent de conservation seront privilégiés?
M. Duhaime: Tous ceux qui se qualifient vont être
engagés.
M. Grenier: Votre question que vous soulevez là, tous ceux
qui se qualifient, on a posé la question nous autres en Chambre, je
pense que c'est une question du député de Portneuf et on a
posé une question additionnelle en Chambre; qu'arrive-t-il des
étudiants qui ont failli à leur examen, le nombre incalculable,
est-ce que vous avez une réponse à nous donner aujourd'hui,
là-dessus? (21 h 30)
M. Duhaime: En fait, on a eu l'occasion d'avoir toute
l'information sur cette question. Il y a eu 60% d'échecs, mais ce ne
sont cependant pas des échecs au niveau de l'école ou au niveau
de la polyvalente, pendant que l'élève est en instance de
terminer sa dernière année. Le pourcentage d'échecs a
été constaté lors du contrôle des connaissances par
la Commission de la fonction publique, lors des entrevues avec ces candidats.
Cela n'a rien à voir avec leur contrôle ou leurs examens
écrits à l'intérieur de la polyvalente comme telle. Ce
sont essentiellement des échecs dans une proportion de 60%. Je crois que
c'est le député de Gaspé qui avait soulevé cette
question à l'Assemblée nationale. Au début, de par la
formulation de sa question, j'étais sous l'impression que
c'étaient des échecs à l'intérieur de
l'école polyvalente, au niveau du cours secondaire, à la suite
d'un examen qui aurait été préparé par le
ministère de l'Éducation, alors que ce n'est pas le cas du tout.
Informations prises, les échecs ont été constatés
lors des entrevues. Je pourrais peut-être vous donner... En fait il y a
l'examen écrit de la fonction publique, au moment du concours, et il y a
l'entrevue. C'est à cette étape, cela n'a rien à voir avec
les études des étudiants comme tels. C'est au niveau de l'examen
de la Commission de la fonction publique que les échecs ont
été constatés. Pour vous donner un exemple, La Tuque: 20
candidats inscrits, dix échecs à l'écrit, dont 50%;
Mont-Laurier: 42 candidats, 10 échecs, donc 23.8%; Québec: 27
candidats, 18 échecs, les deux tiers.
M. Grenier: Ils vont à la pêche dans les piscines,
eux!
M. Duhaime: Kamouraska-Témiscouata, la ville de
Dégelis. c'est dans ce comté... C'est mon accent...
M. Pagé: C'est la ville de Dégelis. Voyons, un
membre du cabinet, mais ce n'est pas croyable!
M. Duhaime: C'est sans doute mon accent, ou c'est la
prononciation. À la ville de Dégelis: 22 candidats, 13
échecs, pour 59%. De sorte que la moyenne totale est de 45,95%, en
d'autres termes, 55% d'échecs.
Pardon, 46% d'échecs, donc 54% de réussites,
comparativement à 17,17% d'échecs l'année
dernière.
M. Grenier: Comparativement à combien?
M. Duhaime: 17% d'échecs l'année dernière,
cette année 45.9%.
M. Grenier: Est-ce que c'est votre intention de demander au
ministre de la Fonction publique de faire réviser cet examen ou
si...
M. Duhaime: Oui. J'ai eu l'occasion de communiquer avec mon
collègue, le ministre de la Fonction publique. Il m'a informé
verbalement que la préparation de ces critères et le contenu de
l'examen écrit, aussi bien que le genre de questions posées
à l'entrevue, n'étaient pas de son ressort, comme ministre, mais
relevait de la Commission de la fonction publique. La semaine dernière,
on en a reparlé, mais il attendait un rapport final de la Commission de
la fonction publique pour qu'on puisse se rendre compte si ce sont les
élèves qui manquent de connaissances pour faire face à ce
genre d'examens ou si encore les questions ont été
modifiées par rapport à l'année dernière.
Officieusement, sans que j'aie de confirmation écrite de mon
collègue, ministre de la Fonction publique, il semblerait,
d'après l'examen qui a été fait à la Commission de
la fonction publique, que les questions posées cette année et les
exigences étaient sensiblement les mêmes que l'année
dernière.
M. Pagé: Pour l'examen des personnes qui terminent un
cours. Mais est-ce que vous savez si c'est le même examen de la part de
la Commission de la fonction publique, en termes de contenu, en termes
d'exigences et de contrôles, pour une personne qui se présente
ayant suivi son cours comme agent de conservation et pour une autre personne
qui se présente comme ne l'ayant pas suivi? Est-ce le même
examen?
M. Duhaime: Les personnes qui se présentent pour le
concours d'agents de conservation, ce sont les gens qui viennent du
secondaire.
M. Pagé: C'est cela, oui. Mais l'examen que la Commission
de la fonction publique fait subir, est-ce que c'est le même examen pour
le type qui vient de l'école secondaire, le finissant qui a suivi un
cours comme agent de conservation, pour tout autre individu qui n'a pas suivi
le cours et qui participe à un concours d'agent de conservation?
M. Duhaime: Sensiblement le même.
M. Grenier: Est-ce que les échecs sont à peu
près les mêmes? Est-ce qu'il faudrait conclure que c'est mieux de
ne pas suivre de cours?
M. Pagé: Ce n'est pas le même examen. L'information
que j'ai, c'est que ce n'est pas le même examen. C'est pour cela,
d'ailleurs, que je veux le porter à votre attention.
M. Chevrette: C'est le même concours, c'est un
numéro de concours qui est ouvert.
M. Duhaime: Ce sont sensiblement les mêmes. L'examen porte,
en gros, sur les résumés de chasse et de pêche qui sont
à la disponibilité du public en général, sauf qu'il
y a plus d'insistance sur des connaissances biologiques en ce qui concerne les
étudiants finissants du secondaire.
M. Pagé: Ce n'est pas le même examen.
M. Duhaime: Pour une grande proportion, c'est sensiblement le
même.
Je m'excuse, M. le Président, celui qui vient de parler en mon
nom, c'est M. André Magny qui est responsable de tout le service de
protection au ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche.
J'ai le plaisir de le présenter à mes collègues, de la
commission parlementaire.
M. Grenier: Cela ne fait pas longtemps qu'il est à votre
ministère; il n'a pas les cheveux gris, il n'a pas encore mangé
de misère.
M. Duhaime: C'est lui qui assure la bonne marche de
l'opération gestion faune à travers le Québec et dans
toutes les régions. On pourra vérifier...
M. Pagé: Alors, on pourra vérifier.
M. Duhaime: ... si effectivement c'est le même examen que
ce soit pour un élève en classe terminale, au niveau secondaire,
avec option agent de conservation, ou encore pour un candidat qui pourrait
offrir une équivalence sur le plan scolaire ou encore sur le plan de son
expérience de travail.
M. Pagé: Cela porte quand même sur quelque chose qui
est sous votre juridiction. Est-ce que le ministère du Tourisme est
consulté pour la confection des questions et tout cela?
M. Duhaime: Oui.
M. Pagé: Oui, vous avez quelqu'un du ministère qui
y participe?
M. Duhaime: Oui.
M. Pagé: C'est préparé par vous.
M. Duhaime: Par le ministère et approuvé ensuite
par la Commission de la fonction publique.
M. Pagé: D'accord. M. le Président, j'avais toute
une série de questions à poser à M. le ministre, avec la
collaboration évidemment de M. Moisan, sur la situation de plusieurs de
nos espèces. Alors, M. Moisan pourrait peut-être résumer,
plutôt que de poser une question par espèce pour voir comment cela
va, s'il y a des études qui se font, si l'espèce est en voie
d'accroissement ou de disparition. Alors, on aimerait que vous fassiez le tour
surtout de la question du chevreuil, de la question de l'orignal. Est-ce que la
situation évolue, comment cela se dessine? Est-ce que vous avez fait des
études là-dessus?
M. Duhaime: Les études se continuent constamment. On a mis
sur pied, depuis deux ans, un comité pour l'exploitation de l'orignal et
un comité sur l'exploitation du chevreuil, qui comprend des biologistes
de la recherche et des biologistes des régions qui sont surtout
impliquées dans ces travaux. En résumé, je peux dire que,
dans le cas de l'orignal, le nombre de permis vendus et le nombre de chasseurs
augmentent continuelle- ment. Il est passé l'an dernier à 96 000
de 90 000 l'année précédente, mais ce qui est assez
réconfortant et un peu inquiétant en même temps, c'est que
la récolte, elle, reste constante. On essaie d'expliquer ce
phénomène-là, mais il est sûr que le nombre de
chasseurs ne peut pas augmenter indéfiniment et la récolte rester
constante.
Actuellement, on est à examiner plusieurs options qui nous
permettraient de réduire la pression de chasse ou au moins de
réduire la récolte. Ce qu'il y a de nouveau, pour autant que les
biologistes sont concernés, pour l'orignal, c'est qu'on s'est rendu
compte, en même temps à peu près au Canada, un peu partout,
que le nombre de mâles dans les populations d'orignaux, était
extrêmement important, que le pourcentage de mâles diminuait
partout, et qu'il y a une relation directe entre le pourcentage de mâles
et le taux de productivité. Ce qui est exactement l'inverse de ce que la
population des chasseurs en général pense, et c'est pour cela que
les chasseurs demandent la loi du mâle. C'est exactement le contraire que
nous visons actuellement. Une des façons de contrevenir à cela
c'est ce qu'on a essayé l'an dernier en Gaspésie, on est
tombé pile c'est de retarder la saison de chasse pour qu'elle
arrive après la période du rut. En faisant cela, on sauve des
mâles et, en même temps, la récolte baisse d'à peu
près 30%.
Cette année, dans les règlements de l'automne prochain, il
y a plusieurs autres régions où la période de chasse va
être retardée. On pense aussi à un système de permis
de groupe, c'est-à-dire qu'on donnerait la chance à un groupe de
chasseurs de deux, trois ou quatre, de récolter un original, ce qui
remplacerait le permis individuel.
M. Pagé: Jusqu'où est-ce accepté?
M. Duhaime: Je dirais qu'il y a 90% des chances que ce soit
l'option qui sera retenue, comparée à d'autres options qui
avaient déjà été mentionnées, comme le
nombre limité d'orignaux par zone de chasse, ce qui s'avérerait
un monstre administratif au point de vue du contrôle, distribution des
permis et le reste.
Nous n'avons aucune indication que la population d'orignaux baisse. La
récolte est constante, mais étant donné l'augmentation
constante du nombre de chasseurs, nous prévoyons devoir prendre des
mesures pour diminuer la pression.
M. Pagé: Si vous me permettez... Cette question du permis
de groupe sera rendue publique quand, et quand la décision du
ministère sera-t-elle prise? Est-elle prise?
M. Duhaime: Je pense qu'il est assez évident que ce genre
de décisions est assez facile à prendre, mais de le mettre en
pratique par la suite, étant donné la date où nous sommes
rendus, que la décision se prendra probablement dans le courant de
l'année mais elle ne s'appliquera pas l'automne prochain.
M. Pagé: À la période de chasse de
l'année prochaine.
M. Duhaime: La dernière mention que je ferais de
l'orignal, c'est qu'il est bien évident que dans la partie sud de la
province l'orignal semble augmenter par rapport à la population de
chevreuils qui semble diminuer, c'est-à-dire que l'orignal semble avoir
envahi le territoire qui était autrefois occupé par le chevreuil.
C'est vrai dans Mégantic, c'est vrai dans les Cantons-de-l'Est.
M. Grenier: Est-ce une mutation qui se fait d'une région
à l'autre? Quelqu'un m'a dit que les orignaux aimaient mieux vivre dans
les comtés de l'Union Nationale, mais je ne les ai pas crus, j'ai
trouvé que ce n'était pas scientifique. Mais sérieusement,
comment expliquez-vous cela? Est-ce une mutation ou si c'est un
agrandissement?
M. Duhaime: Vous voulez dire une migration?
M. Grenier: Une mutation, de certaines régions ils
viendraient vers l'est, vers le sud.
M. Duhaime: Je ne pense pas. On n'a jamais pu observer de
migrations de gros gibier dans notre cas. On dit, dans votre région, par
exemple, que c'est de l'orignal qui vient du Maine.
M. Grenier: D'où?
M. Duhaime: Du Maine.
M. Grenier: Ah bon! Des forêts du Maine.
M. Duhaime: C'est toujours possible, évidemment, mais
toutes les études qui ont été faites jusqu'à
maintenant prouvent que l'orignal ne se déplace pas plus de sept
à dix milles. C'est peu probable que ce soit cela. Nous, on
l'interprète, de façon générale, en fonction d'un
changement de l'habitat, c'est-à-dire que le chevreuil a diminué
parce que l'habitat n'était plus convenable pour lui, mais il est devenu
plus convenable pour l'orignal. Alors ce dernier l'a remplacé
tranquillement. C'est vrai dans le nord de Montréal et c'est vrai un peu
partout. (21 h 45)
M. Pagé: La situation de l'orignal dans la région
de Rimouski et de la Gaspésie, en général, on se
rappellera que M. Stanley George, qui est biologiste attaché à
vos services à Rimouski, avait fait une déclaration disant que la
situation de l'orignal était assez alarmante. Est-ce que c'est le cas et
que faites-vous avec cela?
M. Duhaime: C'est la région qui nous a
inquiétés le plus et c'est pour cette raison que cette
région a un traitement spécial...
M. Pagé: Un retard.
M. Duhaime: ... qui a donné, comme je le disais tout
à l'heure, le résultat qu'on avait escompté et qu'on
espérait. Dans le cas du chevreuil, évidemment, nous avons
observé une diminution considérable dans les années
soixante. Depuis 1975, on a mis la loi du mâle, espérant que la
population augmenterait. Elle augmente moins rapidement quelle le devrait
théoriquement. Elle augmente constamment lentement partout. Dans ce
cas-ci, nous portons une attention particulière à l'habitat en
travaillant très étroitement avec le ministre des Terres et
Forêts qui a un répertoire de tous les gros ravages de chevreuil
et où, avant de donner un permis de coupe, le ministère est
consulte. On donne un permis de coupe à condition que les coupes soient
faites de telle sorte que le chevreuil ne soit pas affecté. Je pourrais
terminer en disant que c'est amusant de voir les problèmes qu'on a
actuellement avec le chevreuil. Les problèmes qu'on a eus cette
année, ce sont des chevreuils qui sont en arrière du centre
commercial a Vaudreuil et qui s'en vont sur l'autoroute. Les gens appellent et
ils nous disent d'aller les chercher. Il y a des chevreuils sur la montagne de
Rigaud car des gens appellent et ils disent qu'ils meurent de faim, qu'il faut
qu'on aille les nourrir et qu'on fasse quelque chose. C'est assez
étrange. L'attitude des gens a changé
considérablement.
M. Pagé: C'est pour le mieux. J'aime autant qu'ils vous
appellent que de les manger.
M. Duhaime: Oui.
M. Pagé: Sur l'île d'Anticosti?
M. Duhaime: Sur l'île d'Anticosti, la situation est la
même. On a un projet de recherche qui se continue. C'est un contrat qu'on
a avec l'Université Laval. Le premier rapport a sorti cette
année. Il est possible que nous ayons été un peu optimiste
quant à la population. D'ailleurs c'est à peu près
impossible de déterminer un nombre exact. La population du chevreuil de
l'île d'Anticosti a des succès de reproduction qui varie d'une
année a l'autre suivant les conditions d'hiver, mais la chasse reste
bonne. C'est évidemment l'endroit le plus giboyeux en chevreuil au
Québec. Notre problème, à l'île d'Anticosti, c'est
de trouver des moyens pour amener les chasseurs sur l'île à un
coût pas trop élevé, parce que les coûts
d'exploitation sont extrêmement élevés.
M. Pagé: Cela, c'est un voeu?
M. Duhaime: C'est un voeu qui va se réaliser graduellement
à chaque année.
M. Pagé: Est-ce qu'il y a encore de 200 à 300
orignaux dans le secteur est de l'île?
M. Duhaime: Ils sont toujours là. Nos biologistes
là-bas nous disent qu'il n'y a sûrement pas assez d'orignaux pour
ouvrir une chasse à l'orignal.
M. Pagé: Et la cohabitation, cela ne représente pas
de problèmes?
M. Duhaime: Non, c'est paisible.
M. Pagé: Je ne vous demande pas si c'est paisible, je vous
demande...
M. Grenier: ... divorcer le jour...
M. Pagé: Généralement, là où
le chevreuil se trouve, il y a l'orignal. Cela peut être l'inverse.
Qu'est-ce qui arrive?
M. Duhaime: J'ai une envie maladive de vous parler de
pseudo-strougylus-tennis.
M. Pagé: Oui, allez! J'avais une envie maladive de vous
poser une question là-dessus. J'en avais vraiment envie mais
j'hésitais parce que je me disais: Mes collègues vont dire:
Où est-ce que tu as pris cela, Pagé? Allez, alors! Vous
répondez à une de mes questions.
M. Chevrette: Vous avez dû rencontrer un biologiste.
M. Duhaime: Je n'aurais pas dû soulever le problème.
Il y a un problème, en fait. Il y a un parasite qui existe chez le
chevreuil, chez pratiquement tous les chevreuils, qui ne fait aucune
espèce de dommage au chevreuil mais qui, lorsqu'il est passé
à l'orignal, fait mourir l'orignal, et le caribou encore plus. La
proximité de ces deux espèces peut toujours amener des
problèmes de ce genre. Dans ce cas-là, ce serait l'orignal qui en
souffrirait. C'est peut-être pour cela que l'orignal n'a jamais
réussi à l'île d'Anticosti.
M. Pagé: Selon vos études, est-ce qu'il en souffre
actuellement? C'était cela, le sens de ma question, parce que la
cohabitation des deux...
M. Duhaime: On n'a pas de preuves de cela, mais on pourrait
penser que s'il n'y avait pas eu de problèmes à l'île
d'Anticosti, l'orignal aurait augmenté davantage.
M. Pagé: Le caribou?
M. Duhaime: Le caribou du Nouveau-Québec se porte à
merveille. Plus on fait d'observations sur le caribou du Nouveau-Québec,
plus on se rend compte qu'on en a plus qu'on n'a jamais pensé en avoir.
Il n'y a aucun problème de ce côté. Il y a un
problème sur la Côte-Nord avec un troupeau de caribous qui voyage
de Terre-Neuve à Québec. Le travail le plus intéressant
qu'on a fait cette année sur le caribou, je pense, c'est en
Gaspésie, où on a réellement fait des efforts importants
pour connaître la distribution du caribou dans le parc de la
Gaspésie afin d'avoir des munitions pour établir les limites du
parc. Ces travaux ont eu beacoup de succès. Nous avons les
réponses que nous cherchions. Nous savons où le caribou se trouve
en été, en hiver. Nous savons qu'il y a des échanges entre
le mont-Jacques-Cartier et le mont Albert et qu'il y a du caribou jusqu'au mont
Logan. De ce côté, il reste quand même que le troupeau de
caribous de la Gaspésie reste très petit. Il a probablement 300
à 400 individus au plus. Nous devons prendre des mesures et, grâce
aux parcs, on devrait pouvoir le sauver.
Ce que je pourrais vous suggérer, si vous en avez l'occasion,
c'est de voir un excellent film documentaire qui s'appelle "La dernière
chance du caribou" et qui porte sur le troupeau de caribous du parc de la
Gaspésie.
M. Perron: M. le Président, est-ce que le caribou qu'il y
a en Gaspésie actuellement est porté à
s'américaniser, c'est-à-dire à traverser de l'autre bord
des frontières.
M. Duhaime: Encore une fois.
M. Grenier: Encore une fois, après les frontières
du Nouveau-Brunswick.
M. Pagé: The American way of life.
M. Grenier: S'il ne peut pas lui prendre l'idée d'aller
à Ottawa.
M. Duhaime: II ne peut pas traverser. Il est strictement à
l'est du lac Matane.
M. Perron: À l'est du lac Matane; donc, il ne peut pas
traverser les lignes américaines. En rapport avec l'île
d'Anticosti, M. le Président, je pense que cela entrerait
là-dedans au niveau...
Le Président (M. Marcoux): Sur la gestion de l'île,
sur les animaux, les races d'animaux ou sur le troupeau, des choses comme
cela.
M. Perron: C'est un peu en rapport avec la recherche. Est-ce que
vous avez fait une étude assez approfondie en ce qui a trait à un
certain braconnage qui pourrait exister sur l'île d'Anticosti, qui vient
autant de la côte sud que de la côte nord, pour votre
information?
M. Duhaime: On n'a pas fait de recherches...
M. Pagé: Est-ce que vous avez des motifs raisonnables et
probables de croire qu'il y aurait du braconnage?
M. Perron: C'est possible, oui.
M. Duhaime: On n'a pas fait de recherches sur le braconnage
à l'île d'Anticosti. On a recherché les braconniers et on
en a trouvé.
M. Perron: Bon.
M. Duhaime: Mais des recherches comme telles, non.
M. Pagé: C'est plus concluant.
M. Perron: C'était surtout de la côte nord ou de la
côte sud?
NI. Duhaime: J'aurais le goût d'ajouter, M. le
Président, qu'on pourra possiblement atténuer cette forme
traditionnelle de braconnage, entre guillemets...
M. Pagé: De "carpon".
M. Duhaime: ... qui m'apparaît être beaucoup plus une
forme de vie. C'est bien entré dans les moeurs de la côte nord.
Possiblement de la côte sud aussi. Nous songeons très
sérieusement à permettre l'accès à l'île
d'Anticosti pour la prochaine saison de chasse au chevreuil à partir de
Havre-Saint-Pierre. Le dossier est à l'étude actuellement.
Restera à voir de quelle façon les modalités d'application
pourront se faire. Nous pouvons d'ores et déjà annoncer cette
intention de permettre l'accès à l'île aux gens non
seulement du comté de Duplessis, mais à tous les
Québécois amateurs de chasse au chevreuil qui, par leurs propres
moyens, se rendraient à Havre-Saint-Pierre ou encore Sheldrake. On verra
de quel endroit cela pourra s'organiser et, ensuite, ils auraient accès
à l'île et ils seraient chasseurs autonomes en quelque sorte. Nous
voulons cependant conserver un certain contrôle sur l'île comme
telle et délimiter les territoires de chasse, de façon qu'il n'y
ait pas d'interférence dans les groupes qui partent de Mont-Joli sur
l'avion vers Port-Menier.
M. Perron: Maintenant...
M. Duhaime: C'est essentiellement sur une partie du territoire de
chasse sur l'île qui officiellement n'est pas exploitée.
M. Perron: Cela voudrait dire que les gens qui iraient à
Havre-Saint-Pierre pourraient traverser par bateau ou autrement et pourraient
se rendre dans la zone nord-est de l'île.
M. Duhaime: Pas nécessairement nord-est, il y a des
endroits qui restent à établir. Nous voulons éviter les
zones d'accostage difficile, entre autres, la baie des Renards ou la pointe de
la Tête-de-l'ours.
M. Perron: Combien de permis voulez-vous émettre, cette
année, sur l'île d'Anticosti, en rapport avec les permis qui sont
émis à $800 qui partiraient de Mont-Joli? Je ne vois pas pourquoi
ils partiraient de Mont-Joli d'ailleurs, je verrais plutôt qu'ils
partiraient de Sept-Îles ou encore de Havre-Saint-Pierre, ou encore de
Longue-Pointe-de-Mingan. Je ne vois pas pourquoi on part de Mont-Joli, pendant
qu'il y a un service aérien qui part directement de Montréal et
de Québec. Les gens qui sont intéressés s'en viendraient
directement à Sept-Îles, cela prend une heure et trente, à
peu près, en avion pour se rendre à Sept-Îles. De
là, on pourrait traverser directement sur l'île qui est à
90 milles de là par Port-Menier ou encore de Longue-Pointe-de-Mingan. Il
y a tout de même un service de ligne qui est établi dans ce
coin.
M. Duhaime: Ce n'est pas exclu qu'on puisse un jour envisager des
départs d'autres endroits que Mont-Joli. La tradition a voulu que ce
soit avec départs de Mont-Joli et les ententes avec Quebecair ont
toujours été faites sur cette base. Mais il n'y a rien d'exclu
que cela puisse s'en- visager. On va probablement profiter de cette
évaluation que nous faisons actuellement pour donner un accès au
côté nord de l'île à partir de la côte.
M. Perron: Combien de permis voulez-vous émettre, à
peu près, à $800 le permis, comme c'est la coutume depuis
quelques années? Avant c'était à $600, maintenant c'est
à $800 par permis.
M. Duhaime: II y a 1300 chasseurs sur l'île.
M. Perron: 1300 chasseurs. Si on entre par Havre-Saint-Pierre,
parce qu'il y a une possibilité d'entrer par Havre-Saint-Pierre, est-ce
que les recherches permettent de dire qu'on peut augmenter le nombre de permis?
Il y a des gens qui pourraient peut-être aller chasser disons
qu'un permis égale un chevreuil aller chasser sur l'île
d'Anticosti avec leurs propres embarcations, tant et aussi longtemps qu'ils ne
nuiront pas aux chasseurs qui entrent par Port-Menier?
M. Duhaime: C'est exactement ce que nous évaluons
actuellement, et le prix va être en conséquence.
C'est cette solution qui est à l'étude, et la chasse se
ferait dans une zone qui n'est pas exploitée actuellement.
M. Perron: D'accord, merci.
M. Grenier: M. le Président, si vous le permettez, une
dernière question avant de terminer. Je ne voudrais pas étirer
les débats là-dessus parce que ce fut long, mais c'est un sujet
qu'on peut discuter avant d'aller se coucher je pense; l'histoire des phoques,
surtout quand on pense à leur patronne, sujet sur lequel on peut
dormir.
M. Perron: On peut en parler de Brigitte!
M. Grenier: Pourriez-vous nous dire ce que le gouvernement du
Québec sait de cette histoire et si elle est contraire à la
version qu'on a d'Ottawa ou contraire à la version de la grande
protectrice des phoques?
M. Duhaime: Pour ce qui est des phoques, cette chasse
relève de la juridiction du ministère de l'Industrie et du
Commerce, ce n'est pas du ressort du ministère du Tourisme, de la Chasse
et de la Pêche, c'est une chasse commerciale.
M. Grenier: Excusez-moi, M. le ministre, mais l'année
passée vous nous aviez donné un bon "briefing"; j'aimerais bien
savoirsi le sujet a évolué. Je parle toujours des phoques!
M. Duhaime: C'est même l'un de ses violons d'Ingres, je
pense. Nous croyons que la version des scientifiques du gouvernement
fédéral est la bonne, il n'y a aucune espèce de
problème pour la population de phoques; cela est suivi de très
près, cela peut être exploité, mais si on prend le
côté émotif de la chose, évidemment, cela
paraît moins
gai, mais la population de phoques n'est aucunement en danger, il n'y a
aucun problème.
M. Grenier: Avec une chasse régulière comme nous
avons l'habitude d'avoir.
Le Président (M. Marcoux): Comme il est maintenant 22
heures, la commission du tourisme, de la chasse et de la pêche ajourne
ses travaux à demain, dix heures.
(Fin de la séance à 22 heures)