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Etude du projet de loi no 71
(Vingt-trois heures)
Le Président (M. Marcoux): A l'ordre! La commission du
tourisme, de la chasse et de la pêche est réunie pour faire
l'étude, article par article, du projet de loi no 71, Loi modifiant la
Loi de la conservation de la faune.
Les membres de la commission sont: M. Chevrette (Joliette-Montcalm)
remplacé par M. Jolivet (Laviolette); M. Desbiens (Dubuc), M. Duhaime
(Saint-Maurice), M. Grenier (Mégantic-Compton), M. Lévesque
(Kamouraska-Témiscouata) remplacé par M. Mercier (Berthier); M.
Marchand (Laurier) remplacé par M. Pagé (Portneuf); M. Michaud
(Laprairie), M. Perron (Duplessis), M. Picotte (Maskinongé)
remplacé par M. Gratton (Gatineau); M. Samson (Rouyn-Noranda).
Les intervenants sont: M. Brassard (Lac-Saint-Jean), M. Gravel
(Limoilou), M. Grégoire (Frontenac), M. Le Moignan (Gaspé), M.
Marquis (Matapédia), M. Roy (Beauce-Sud) et M. Verreault (Shefford).
A la fin de la session, le président agit d'office comme
rapporteur des travaux de la commission. Je vous en informe.
Remarques générales
Avant d'appeler l'article 1, est-ce que le ministre a des remarques
générales?
M. Duhaime: Non, M. le Président. Mes remarques ont
été largement élaborées en deuxième lecture
cet après-midi.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que M. le
député de Portneuf a des remarques générales avant
l'appel de l'article 1?
M. Pagé: Oui, M. le Président. Merci, M. le
Président. Effectivement, il me fait plaisir de revenir à mes
anciennes amours, si je puis dire cela comme cela, remplacer au pied
levé mon bon ami et collègue de Maskinongé, qui est
occupé ce soir et qui ne peut malheureusement se joindre à nous
pour l'étude du projet de loi 71, article par article. Cependant, M. le
Président, le député de Maskinongé a très
bien énoncé la position adoptée par l'Opposition
officielle ici à l'Assemblée nationale avant-hier soir, dans la
nuit, lorsque celui-ci fut appelé à faire son discours sur le
projet de loi 71. C'était une intervention, M. le Président, qui
définissait la position de notre parti, qui l'énonçait et
qui faisait part au gouvernement que l'Opposition officielle souscrivait au
principe du projet de loi déposé à l'Assemblée
nationale par l'honorable ministre du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche et député de Saint-Maurice.
Je ne voudrais pas, M. le Président, reprendre ici tout le
débat, toute la question des différents aspects que
soulève le projet de loi 71, que ce soit le chapitre de la conservation
de la faune, que ce soient les pouvoirs, les attributs que le ministre se
confère par le projet de loi 71. Cependant, je voudrais vous indiquer M.
le Président, que j'apprécierais dans un premier temps que le
ministre, dans ce que je souhaite être un dialogue des plus cordiaux, un
dialogue bien franc, nous donne sa version sur ce qu'on a soutenu, sur ce qu'on
a demandé lors de l'étude en deuxième lecture. On se
rappellera, M. le Président, qu'en plus de souscrire au principe, on a
formulé des recommandations, on a demandé des modifications dans
ce projet de loi, notamment en ce qui concerne le contrôle. Le ministre
du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche se rappellera que j'ai
moi-même, et ce à plusieurs reprises, souligné que, dans
cette approche globale, dans cette approche générale du
gouvernement du Québec, la critique principale que j'avais
formulée se situait au niveau du contrôle... Le ministre du
Tourisme, de la Chasse et de la Pêche, M. le Président, sait
pertinemment que le député de Portneuf a toujours souscrit au
principe suivant, que ce soit en matière de tourisme ou que ce soit en
matière de faune, que les biens, le patrimoine, les équipements,
servent aux nationaux d'abord. Cependant, M. le Président, même si
le ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche a
énoncé ce principe et cela, si ma mémoire est
fidèle, c'était le 12 ou le 22 décembre l'année
dernière, le principe du déclubage, c'est un principe qui
était très défendable, mais là où j'ai eu
l'occasion d'exprimer des réserves, c'était au chapitre du
contrôle. A la lumière de l'expérience d'une année,
le gouvernement devrait, normalement, selon moi, être placé face
à des constats qui aboutissent à des conclusions et à des
positions.
Au chapitrede la conservation, une première. On a demandé,
lors de notre débat en deuxième lecture que soit rétabli,
dans les délais les plus brefs pour que cela puisse s'appliquer lors de
la prochaine saison de pêche, le permis de pêche. Selon nous, M. le
Président, le permis de pêche présente l'avantage pour le
pêcheur des questions d'assurance et tout ça, mais c'est aussi le
moyen légal et juridique d'assurer un contrôle, si
élémentaire et si minimal soit-il.
J'aimerais bien que le ministre me fasse part de sa position
là-dessus. J'aimerais bien, de plus, qu'il nous fasse part de ses
commentaires, suite à la demande que nous avons formulée visant
à ce que les pénalités, dans les cas de suspensions de
permis de chasse, notamment pour une période de quinze mois... On se
rappellera que le ministre veut, par le projet de loi 71, assouplir toutes ces
questions.
Je vous dirai, M. le Président, non pas comme
député mais pouravoirvécu de ces cas comme avocat, que
pour un garde-chasse, pour une personne qui a à vivre de la conservation
de lafaune à longueur d'année, pour une personne qui a à
évoluer dans ce secteur, ce n'est pas toujours facile. C'est bien
souvent après de longues enquêtes mes collègues
qui
ont des territoires de chasse et de pêche dans leur comté
pourront certainement abonder dans le même sens que moi que les
agents de conservation de la faune ont l'occasion, lorsqu'ils ont cette
occasion, de présenter des poursuites en Cour des sessions de la paix,
ce qu'on appelle la cinquième division.
M. le Président, nos mécanismes judiciaires étant
ce qu'ils sont, on y voit régulièrement, le mercredi
après-midi, des personnes acquittées, après que de longues
et laborieuses enquêtes aient été menées,
rédigées, bien souvent pour un motif d'absence de preuve, bien
souvent pour une preuve qui est contradictoire, des choses comme
celles-là. Je conviens que notre société a peut-être
passé l'étape où la punition était le meilleur
remède à un acte reprochable. Notre société a
peut-être suffisamment évolué pour que dans certains cas on
mette de côté cet aspect de nos mécanismes judiciaires que
constituent les pénalités. Mais il va de loi que dans le secteur
de la conservation de la faune, quand une personne sait pertinemment que si
elle enfreint une loi ou un règlement elle risque de voir son permis
suspendu pour une période de quinze mois, c'est particulièrement
incitatif pour ne pas dire coercitif, M. le Président.
On a demandé au ministre de maintenir cet ordre ou ce
degré de pénalité. On a demandé, de plus, que le
service de la conservation de la faune soit maintenu tel qu'il est
actuellement, car, selon nous, un ministre du Tourisme s'attribuedes pouvoirs
exorbitants et je suis convaincu que mes collègues, si ceux-ci veulent
s'inscrire et s'engager dans un débat qui se veut franc, sérieux,
vont abonder dans le même sens que moi.
M. le Président, je peux peut-être faire confiance au
ministre du Tourisme actuel, le député de Saint-Maurice; il sait
pertinemment cependant que ce ne sera pas toujours le député de
Saint-Maurice qui occupera le fauteuil du ministère du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche. Cela pourrait éventuellement... le
député de Laviolette semble avoir des réserves à ce
sujet. Cela pourrait éventuellement entraîner des abus, ça
pourrait éventuellement entraîner des modifications
d'interprétation et autres.
M. le Président, c'était là l'essentiel de mes
commentaires au tout début des travaux de cette commission. Avant
même d'aborder l'étude du projet de loi article par article,
j'aimerais que le ministre me réponde sur les différents aspects
que j'ai voulu soulever. Peut-être que cela pourra, par la suite,
éviter des questions de débat.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Mégantic-Compton.
M. Grenier: M. le Président, très rapidement,
à l'heure où on commence l'étude de la loi... On sait
qu'on doit ajourner à minuit si on n'a pas terminé. Je ne
voudrais pas être trop long. Lorsqu'un avocat prend la parole, on a
tendance à compter les minutes, lorsque c'est un député,
on compte les heures, et quand c'est un avocat-député, je pense
qu'on doit regarder le calendrier.
M. Pagé: Le principal, c'est d'être
intéressant, mon cher collègue.
M. Grenier: La loi qu'on a déposée ici... M.
Pagé: ...
M. Grenier: ... comprend 50 articles et vient corriger une loi
qui avait été déposée par le ministre no 1 du
Tourisme, qui était M. Loubier, et qui a été
sanctionnée le 12 décembre 1969. C'était une excellente
loi qu'on est obligé d'adapter avec le temps.
M. Duhaime: Vous allez me permettre de dire au
député de Mégantic-Compton que ce qu'il vient de dire est
vrai.
M. Grenier: Cela commence bien. Espérons qu'on va
s'entendre. Il s'agit de l'accessibilité à la chasse. On verra ce
que cela peut donner. Cette protection de la faune va être faite par une
réglementation qu'on a en main, où le ministre sera conscient
qu'il peut accepter certains articles de modification. Il y a
déjà des amendements qui sont déposés et qu'on va
faire aux articles dans quelques instants.
Je ne voudrais pas éterniser, mais je veux vous dire qu'on est
ici pour collaborer, afin d'améliorer cette loi. Je pense que le
ministre va être assez souple également pour accepter nos
propositions au fur et à mesure qu'on va avancer dans l'étude du
projet de loi.
Le Président (M. Marcoux): M. le ministre.
M. Duhaime: M. le Président, je remercie mes
collègues de l'effort qu'ils doivent fournir à cette heure-ci. Je
dois souligner que le mois de décembre est certainement le meilleur mois
pour s'occuper des affaires de la faune. Ce n'est pas un
précédent que nous avons créé lorsque nous avons
élaboré la politique de l'Opération gestion-faune et qu'on
l'a annoncée le 22 décembre 1977. Le chef, non pas de l'Union
Nationale, M. le député de Mégantic-Compton, mais le chef
de Unité Québec...
M. Grenier: ... de l'époque.
M. Duhaime: Par la suite, le 12 décembre
c'était en décembre, en 1969 a fait adopter et sanctionner
par l'Assemblée nationale, la loi no 58.
C'est cette loi que nous voulons modifier par le projet de loi 71 qui
est devant nous ce soir. Je pourrai très certainement disserter sur
chacun des articles, de même que sur les quelques amendements que j'aurai
à vous présenter, en vous disant tout de suite, au départ,
que la grande majorité des amendements sont, ou bien mécaniques
ou de concordance et quelques-uns impliquent des questions de fond que je vous
soulignerai.
Je voudrais peut-être dire tout de suite à mon
collègue, le député de Portneuf, qui, soit dit en passant,
est un des rares députés de l'Opposition qui est
préoccupé par l'état des cheptels au Québec, qui
s'occupent des questions de la faune, et je suis convaincu que
déjà l'ennui s'empare de
lui dans les affaires du travail et qu'il regrette son poste dans le
"shadow cabinet"...
M. Pagé: ... du travail, d'ailleurs.
M. Duhaime:... sur les questions du tourisme, de la chasse et de
la pêche.
Le député de Portneuf sait pertinemment que ce n'est pas
dans la loi que l'on traite du permis de pêche...
M. Pagé: C'est dans le pouvoir réglementaire.
M. Duhaime:... mais que c'est dans le pouvoir
réglementaire du lieutenant-gouverneur en conseil, et qu'il n'est pas
question que l'on rétablisse les permis de pêche au Québec.
Ils n'existent plus en Ontario, ils n'existent plus dans les Maritimes, dans
beaucoup d'Etats américains. Je voudrais peut-être simplement
redire ce que j'ai eu l'occasion d'expliciter à des dizaines de
reprises, à savoir qu'au cours de l'année 1977, qui a
été la dernière année où un permis de
pêche devrait être détenu, nous en avons émis environ
700 000.
Le permis de pêche donnait droit, bien sûr, contre paiement,
à une limite quotidienne et permettait aux agents de conservation de
contrôler la limite de possession. Or, nous atteignons exactement le
même objectif, sans permis de pêche, pour une raison assez simple,
c'est que la limite de possession est la même et que nous avons
déjà suffisamment, dans nos poches, des cartes-soleil, des cartes
Régie d'assurance-maladie...
M. Pagé: Bientôt carte d'électeur? (23 h
15)
M. Duhaime: Non, il n'en est pas question. Comment
l'appelle-t-on, celle du fédéral? L'assurance sociale. Il faut
bien comprendre que, pour le gouvernement, c'était beaucoup plus
l'émission d'un permis pour aller chercher des fonds. Si vous multipliez
simplement 700 000 par $3.25 ou $3.50, cela vous donne une idée du
montant d'argent qu'on allait chercher avec cela. Et, à partir du moment
où on en est venu à vouloir établir une politique
d'accessibilité et un nouveau climat de liberté, si je puis dire,
où l'ensemble de notre société devait normalement
contribuer à ces activités sportives qui sont pratiquées
je parle de la pêche et de la chasse essentiellement par
à peu près toutes les familles du Québec, de la même
manière que le fonds consolidé contribue à financer des
arénas, à financer des centres de skis, à financer le Parc
olympique c'est un détail, mais il est quand même là
on s'est dit que, si on donnait des possibilités de financement
aux associations de chasse et de pêche agréées,
responsables du territoire qu'on leur confiait et cela a
été fait pour la première fois cette année
une possibilité d'aller chercher des fonds en exigeant un paiement de
$15, pour toute une famille, on rejoignait à peu près les
mêmes montants d'argent.
Alors, pour répondre bien clairement à mon collègue
de Portneuf ce n'est pas à regret, d'ailleurs, que je ne me rends
pas à sa demande il n'est pas question pour nous de
rétablir le permis de pêche.
Sur le deuxième point, nous avons été, bien
sûr, très sensibles à cette espèce d'émoi qui
a été créé parce qu'on abrogeait l'article 49 de la
loi 58 et qu'on le référait à l'article 77b de la loi 71,
qui était le pouvoir réglementaire; 77b, l'article 45 du projet
de loi se lit comme suit: "établir les motifs, conditions,
modalités et périodes de suspension du certificat du chasseur."
C'était essentiellement le pouvoir réglementaire et il faut bien
comprendre et je pense que cela mérite une explication que
la loi actuelle est complètement aveugle dans le sens suivant: Peu
importe la nature de l'infraction, qu'elle soit mineure, majeure, que ce soit
une récidive ou non, c'est automatiquement la suspension, non pas du
certificat, mais du permis, dans la loi 58. La suspension du certificat est
venue par la suite, par un pouvoir réglementaire qui aurait pu, et je le
dis sous toute réserve, être contesté.
Nous retenons l'intervention de mon collègue, le
député de Maskinongé, de même que de beaucoup
d'organismes qui s'intéressent à ces questions et je vais tout
à l'heure, lorsque nous arriverons à l'article pertinent, vous
proposer un amendement.
Nous allons retenir la suspension automatique, et ce sera l'amendement
que je développerai peut-être tantôt, mais, en gros, pour
les infractions que nous appelons majeures, que nous allons "lister", si vous
me passez l'expression, cela entraînera la suspension du certificat de
chasseur.
Pour les infractions que l'on appelle mineures, nous allons vous
demander, par le même amendement, d'ouvrir une mécanique qui
pourrait nous permettre d'implanter un système de points de
démérite. Je vous donne un exemple: Au mois de juillet, quelqu'un
tue 10 orignaux femelles ou de sexe indéterminé, peu importe. Il
est évident que, s'il était condamné pour une telle
infraction, que j'appelle majeure, cela entraînerait automatiquement la
suspension de son permis.
Par ailleurs, celui qui prendrait au collet un lièvre de plus que
sa limite permise, pour lui aussi, on suspend le permis.
Cela nous apparaît que, dans la balance, il y a une contradiction,
non pas une contradiction, mais cela ne nous apparaît pas normal, pour
deux types d'infraction aussi différents dans leur gravité, que
cela entraîne le même effet, quant au maintien du permis, pour
l'instant, et du certificat.
Alors, pour ce qui est des infractions mineures, et c'est une intention,
je le dis bien, d'introduire au ministère un système de points de
démérite qui rejoindrait à peu près la formule qui
est retenue en ce qui est des infractions au Code de la route, de sorte que le
cumul se ferait sur un délai de deux ans.
Je pense que nous retenons les interventions de nos collègues de
l'Opposition, nous retenons également les interventions de la
Fédération québécoise de la faune, du Conseil de la
faune, de l'Association ou de la Fédération
québécoise des SACERF, qui sont allés dans le même
sens, de la
Fédération nature 2000 également et nous allons
nous rendre, pour une très large partie, à cette demande de
l'Opposition.
Il faut bien vous dire aussi que de la façon que nous avons
déposé le projet de loi, nous espérons obtenir de nos
collègues de l'Opposition un consensus unanime sur cette loi, parce
qu'elle a des dents.
On y reviendra tantôt, parce que le chef de l'Union Nationale a
sûrement été induit en erreur, lorsqu'il a dit, cet
après-midi, en deuxième lecture, que cette loi réduisait
les peines ou les amendes attachées aux infractions, alors que la loi 71
les augmente.
Le troisième point du député de Portneuf: II s'agit
du service de la conservation et je vous renvoie à l'article 2 du projet
de loi et je pense que cela réfère aussi à l'article 2 de
la loi 58. Je vous lis l'article 2 du projet de loi 58: "Un service de la
conservation de la faune est institué au ministère du Tourisme,
de la Chasse et de la Pêche. Ce service est formé du directeur de
la conservation de la faune, des directeurs adjoints ainsi que des agents de
conservation et des autres fonctionnaires et employés jugés
nécessaires."
Je pense qu'on va s'entendre tout de suite au départ pour dire
que le service est mis sur pied et que le reste de l'article 2 de la loi 58 est
déclara-toire ou simplement descriptif.
Ce que nous faisons, dans l'amendement, ce n'est pas abolir le service
de la conservation. J'ai l'organigramme du ministère dont mon
collègue pourra prendre connaissance; dépendant de la direction
générale de la faune, il y a le service de la protection de la
faune. Ce que nous voulons faire avec la modification proposée, c'est
donner dans la loi une responsabilité que le ministre a dans les
faits.
Je pense que mes collègues de l'Opposition qui suivent le dossier
de la faune sont les premiers à poser, de temps à autre, des
questions à l'Assemblée nationale en disant: II y a du
braconnage, il y a des infractions, il y a ceci et cela. On ne pose pas ces
questions au service de la protection, on les pose au ministre qui, lui, dans
les faits, est responsable de ce service, parce que l'article 2 dit: "Le
ministre doit veiller à la conservation de la faune. A cette fin..."
Une Voix: C'est implicite.
M. Duhaime: Non, ce n'est pas implicite; ce n'était pas
dans la loi 58. "A cette fin, des agents de conservation, fonctionnaires ou
autres employés sont nommés et rémunérés
suivant la loi de la Fonction publique. Les agents de conservation sont
notamment chargés de veiller à l'application de la loi et des
règlements, etc." Ce qui veut dire que dans les faits, le ministre de ce
portefeuille est responsable devant l'Assemblée nationale du service de
protection. Ce sont des employés du ministère comme tous les
autres. Alors, on ne modifie rien. Ce n'est pas le service de protection qui
disparaît, au contraire, il est maintenu et on ajoute une
responsabilité ministérielle.
Je termine mon intervention là-dessus, M. le Président, en
vous disant qu'il n'y a pas de drame pour ce qui est du service de la
conservation. Il existe, il est là et il est clairement écrit
maintenant dans la proposition que nous faisons, dans le projet de loi 71; le
ministre du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche est responsable. Je
vais vous donner le texte exact: "Le ministre doit veiller à la
conservation de la faune. A cette fin," etc. Alors, je termine mes remarques,
M. le Président.
M. Pagé: M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): M. le député de
Portneuf.
M. Pagé: Est-ce qu'on peut se permettre d'être assez
large dans le débat avant d'aborder l'étude de l'article 1? Cela
nous permettra, si vous me le permettez M. le Président,
d'échanger comme cela, d'aller peut-être un peu plus vite tout
à l'heure dans l'adoption des articles. Vous me le permettez, M. le
Président?
Le Président (M. Marcoux): Oui.
M. Pagé: M. le Président, j'aurais une question
à poser au ministre. Je conviens que ce soir il nous dise: Le lit du
gouvernement est fait, l'opinion du gouvernement est arrêtée, il
n'est pas question de rétablir le permis de pêche. Le ministre, en
alléguant qu'il ne devait pas en tant que ministre du Tourisme, de la
Chasse et de la Pêche rétablir le permis de pêche, a surtout
insisté sur l'aspect financier, l'aspect des rentrées d'argent
qu'impliquait le maintien du permis de pêche. Ce sur quoi le ministre ne
s'est évidemment pas hasardé à intervenir, c'est sur
l'aspect strictement des contrôles.
Il faut tenir pour acquis que des infractions à la chasse et
à la pêche, il y en a eu, même si les possibilités
d'accès étaient plus limitées qu'elles ne le sont
aujourd'hui. Des infractions de chasse et de pêche, M. le
Président, il y en a eu et ce, même si on avait un service de
protection de la faune qui était des plus vigilants.
On se retrouve, M. le Président, avec les zones d'exploitation
contrôlées. Dans mes échanges avec les représentants
des zones d'exploitation contrôlées, un dénominateur commun
de leurs remarques a été toute cette question de la protection et
de la conservation.
Qu'on prenne un cas bien spécifique, M. le Président, le
bonhomme qui se fait arrêter, le pêcheur qui se fait arrêter
par un agent de conservation; on constate qu'il a commis une infraction. M. le
Président, lorsque le permis de pêche existait, il y avait une
possibilité de recours pour limiter ce pêcheur en suspendant son
permis. Le danger de perdre ce permis était certainement très
incitatif. La possibilité pour lui de contrevenir à nos
lois...
Aujourd'hui, un pécheur ne risque plus de perdre son permis de
pêche parce que le permis a
été aboli. Je me dis que cela a un impact, qui est
peut-être difficilement appréciable, qui est peut-être
difficilement calculable, j'en conviens, mais qui est certainement important,
selon moi. D'ailleurs, M. le Président, le ministre du Tourisme
il y a un an, ou à peu près, le 12 décembre, dans son
comté même, à Shawinigan, dans le comté de
Saint-Maurice, à dix jours du dépôt de la nouvelle
politique, ici, à l'Assemblée disait à un groupe de
pêcheurs que, non seulement le permis de pêche serait maintenu,
mais qu'il serait augmenté à plus de $5. Du jour au lendemain, et
ce n'est peut-être pas la place ici pour faire écho de tout le
dossier, le ministre, curieusement ou non, a changé d'opinion. Oui,
curieusement ou non; vous ne saviez pas cela, mon cher collègue de
Mégantic-Compton? Dans un délai de dix jours, vous savez que
samedi, si ma mémoire est fidèle, ce n'était pas le 12,
c'était le 10...
M. Perron: ...
M. Pagé: ... c'est le 10 décembre que le
député de Saint-Maurice, ministre du Tourisme, de la Chasse et de
la Pêche, devant une assemblée bondée, à Shawinigan,
dans son comté, disait: Le permis de pêche sera maintenu. Non
seulement il disait qu'il serait maintenu, mais il plaidait en faveur du permis
de pêche, celui-ci devenant un moyen incitatif et coercitif pour limiter
les infractions et faire réfléchir tout pêcheur
désireux de contrevenir aux règlements. Il ajoutait même,
M. le Président, que non seulement il serait maintenu, mais il serait
augmenté. Dix jours après, du jour au lendemain ou à peu
près, suite à des incitations, pour ne pas dire autre chose, le
ministre change d'idée. Il présente c'était avant
la fête de l'Esprit-Saint, M. le Président sa politique et
abolit purement et simplement le permis de pêche.
Je conviens que c'était peut-être emballant, motivant,
édifiant pour le gouvernement, pour les fonctionnaires, pour les
collaborateurs du ministre qui ont vendu cette idée au titulaire du
ministère d'essayer une première année d'enlever le permis
de pêche, étant donné que cela s'inscrivait dans une
approche globale. C'était défendable, peut-être, ce n'est
pas ce que je dis, mais peut-être. Je lui donne le bénéfice
du doute. (23 h 30)
Aujourd'hui, on a l'expérience d'une année; un des
éléments importants de la constatation des conseils
d'administration des zones d'exploitation contrôlée, c'est le fait
qu'au chapitre des contrôles, il y a un manque, et un des
éléments pour ajouter au contrôle, si contrôle il y
a, dans certains cas, c'était le permis de pêche, ce serait le
permis de pêche et ce pourrait être le permis de pêche. C'est
essentiellement, M. le Président, ce pourquoi on a demandé, au
nom de l'Opposition officielle je vais vous dire bien humblement qu'on a
participé et j'ai participé personnellement à
l'étude, l'analyse de ce projet de loi qu'on prenne position. Or,
un des éléments que l'Opposition défend et que je
défendrai, M. le Président, c'est le maintien de ce permis de
pêche.
Sur l'autre aspect, en plus d'en faire un commentaire, je vais poser une
question. Je conviens que le chapitre des pénalités, le nouveau
système de points de démérite ou "demerit marks", c'est
intéressant. Ce sera cependant compliqué. Cela impliquera du
"listing" dans la réglementation. Cela impliquera des jugements de
valeur, nécessairement, de la part du ministre, à savoir si ce
sera plus grave de tuer un mâle qu'une femelle, si ce sera plus grave de
prendre un lièvre que de tuer une perdrix.
M. Perron: II ne faut pas couper les cheveux en quatre. Un
orignal demeure un orignal.
M. Pagé: Non, cela peut être éventuellement
cela. Je conviens que le député de Duplessis ramène son
dialogue à couper les cheveux en quatre, mais ce n'est pas mon intention
ce soir. D'ailleurs, vous n'en couperiez pas beaucoup. N'en coupez pas trop.
N'en abusez pas. Or, sérieusement, M. le Président, je vais vous
dire que cela obligera... Le député de Laviolette devra en couper
des cheveux, en quatre, par exemple, M. le Président, et il aurait de
quoi à en couper. Sérieusement, M. le Président, cela
impliquera un jugement de valeur, cela obligera le gouvernement à porter
un jugement de valeur sur certaines infractions.
Je conviens que le ministre a donné l'exemple du type qui descend
une dizaine d'orignaux, au mois de juin ou au mois de juillet. Vous savez, ce
gars-là, quand même on lui suspendrait son permis de 15 mois, ce
n'est pas ce qui va l'inciter à tuer des orignaux, parce que ce
gars-là, c'est ce que j'appelle un carpon et un "faucher" et un
braconnier.
Mais, M. le Président, qu'il soit condamné 10 fois, j'en
conviens. Qu'il paie 10 fois la pénalité, cela, c'est très
bien, j'en conviens et je suis pour cela, 10 fois 80 jours.
M. Duhaime: Non, 10 fois 8, c'est 3000 balles.
M. Pagé: Combien? Est-ce que vous imposerez un
délai minimum? un mois?
M.Duhaime: Un mois, un mois minimum, 10fois un mois.
M. Pagé: D'accord. Revenons à l'aspect de l'exemple
que donnait le ministre. Votre gars qui tue un lièvre, qui prend un
lièvre au collet de plus que le quota, ce n'est peut-être pas
grave. Maiss'il en prend un de plus que son quota tous les jours, c'est un peu
plus grave. Comment allez-vous faire pour déterminer et jouer dans ce
mécanisme, à l'intérieur d'un système de
mérite ou de démérite? Pourquoi, M. le Président,
le ministre... je conviens, M. le Président, qu'il est 11 h 30, qu'on
est à 24 heures et demie de l'ajournement de la session et ce,
même s'il reste encore une trentaine de lois au feuilleton, il y a encore
probablement 4 ou 5 heures de travaux, dans le projet 71, mais quand
même, il faut que le ministre soit plus sérieux.
Pourquoi ne prévoyez-vous pas, dans votre loi, des
pénalités minimales dans certains cas? Dans les cas où
vous considérez que c'est une infraction
mineure, pourquoi ne laissez-vous pas un pouvoir discrétionnaire
aux tribunaux, un pouvoir pour que le juge puisse déterminer
lui-même la pénalité au complet? Je vais vous donner un
exemple...
M. Duhaime: Je veux ouvrir une parenthèse.
M. Pagé: Je vais vous donner un exemple, avant votre
parenthèse. Prenons le cas d'une personne qui, en période de
chasse, est prise avec une arme de chasse qui n'est pas dans la valise ou dans
le coffre. On voit des cas, M. le Président, on peut voir des cas
où, si cette personne se promène avec une arme qui n'est pas dans
son contenant, le ministre se rappellera ses principes de la mens rea,
même si cela n'intervient pas dans cela, parce que c'est statutaire, avec
une intention, mais, M. le Président, dans d'autres cas, il peut n'y
avoir aucune intention d'illégalité, aucune intention de chasser
illégalement, aucune intention de chasser dans le véhicule.de
sortir le fusil et d'abattre l'animal.
M. le Président, selon la loi, telle qu'elle est faite,
actuellement, j'en conviens, le juge est obligé de suspendre le permis
pour 15 mois. J'ai eu un cas encore tout récemment, dans mon
comté, où, selon moi, c'est bien personnel, l'appréciation
que j'avais de la preuve et de la défense, c'était que le permis
de chasse ne devrait pas être retiré pour une période de 15
mois. Mais, dans ces cas, le juge n'a aucune latitude.
Pourquoi ne pas laisser une latitude au juge dans le cas de ces
infractions-là plutôt que d'en arriver à un système
de listes, somme toute, préférentielles parce que le ministre
devra porter des jugements de valeur sur les infractions, sur la gravité
de tuer tel genre d'animal par rapport à tel autre genre d'animal. C'est
essentiellement, M. le Président, ce qu'on demande: conserver un minimum
dans certains cas de gravité, j'en conviens et, dans un autre temps,
permettre une plus grande latitude de la part des tribunaux.
Je n'hésite pas à croire que c'est peut-être un bon
"move" que vous faites, excusez le terme; c'est peut-être une bonne
orientation que vous avez avec le système de mérite et
démérite, mais cela vous obligera à faire des jugements de
valeur par la loi ou les règlements, d'une part, et d'autre part, ce
sera encore un paquet de procédures administratives.
M. Duhaime: M. le Président, je suis heureux d'entendre le
député de Portneuf parler comme cela, parce que je pense que,
pour la première fois en deux ans, on va être d'accord sur quelque
chose. Si vous...
M. Pagé: Je suis d'accord pour d'autres choses.
M. Duhaime: Si vous regardez l'article...
M. Pagé: Rappelez-vous vos dépenses
exagérées; vous étiez d'accord avec moi
là-dessus!
M. Duhaime: ... 49 de la loi 58 que nous voulons amender par le
projet de loi, il faut bien comprendre que le certificat de chasseur n'est pas
dans la loi 58; cela n'existe pas. C'est un pouvoir réglementaire, donc
il ne peut s'agir, à cet égard, d'une discrétion de la
cour; c'est dans le pouvoir réglementaire.
M. Pagé: Oui.
M. Duhaime: Une seconde. L'article 49 dit ceci: "Toute
condamnation du détenteur d'un permis pour une infraction commise
à l'encontre de la présente loi ou des règlements
entraîne l'annulation de plein droit du permis de ce détenteur".
Au sens normal des mots, si je commets une infraction à la Loi de la
conservation de la faune à l'endroit de ce qu'on appelle le petit gibier
et que j'étais porteur d'un permis de petit gibier, l'article 49 de la
loi peut permettre l'annulation du permis de petit gibier. C'est dans le
pouvoir réglementaire que le lieutenant-gouverneur, à la suite de
l'adoption de la loi 58, a introduit la question du certificat. Nous allons
beaucoup plus loin et je voudrais que le député de Portneuf
m'écoute attentivement et il va être d'accord avec moi. La loi
actuelle ne laissera aucune discrétion à la cour pour des
infractions qu on appelle majeures; ce sera la suspension des permis et du
certificat. Dans la loi, pour ce qui est des infractions mineures, les amendes
ont été doublées. J'invite le député de
Mégantic-Compton je sais qu'il suit notre échange de
façon et d'une oreille très attentive, parce que son chef disait
cet après-midi qu'on était en train d'enlever des dents à
la loi. Je lui ai expliqué que c'était le contraire, mais au
moment où je le lui ai expliqué, il était parti. Cela m'a
fait de la peine, mais je suis convaincu qu'il va relire cela...
Une Voix: II est bien difficile à suivre.
M. Duhaime: Je vous donne un exemple: L'article 41 du projet de
loi 71, au chapitre des pénalités, pour les infractions qu'on
appelle mineures, autrefois, l'amende était de $25; elle est
portée à $50. "Quiconque contrevient aux articles 17, 20 ou 28,
etc., ou aux articles 21, 23, 25b, etc. de la présente loi commet une
infraction et est passible en outre du paiement des frais, pour une
première infraction, d'une amende de $50 et pour toute récidive
dans les deux ans, d'une amende de $200 à $400 et ceci est
important ou d'un emprisonnement de 15 jours et d'au plus, 30
jours."
La loi actuelle, l'amende "plancher" si je puis dire, c'était $25
et, dans le cas de récidive, c'était $100 à $200 et
c'était "ou d'un emprisonnement d'au plus 15 jours ou des deux peines
à la fois".. C'est-à-dire, d'un emprisonnement d'au plus... il
n'y avait même pas de peine d'emprisonnement... Donc, les amendes sont
doublées et la cour n'a plus cette discrétion que réclame
justement le député de Portneuf de dire "d'au plus, trois
mois",
la sentence est automatique. C'est $50 d'amende et je ne vous dis
pas cela en faisant une ronde de pratique $50 d'amende et les frais ou,
à défaut, et pour toute récidive dans les deux ans, d'une
amende de $200 à $400 et les frais et, à défaut, un
emprisonnement d'au moins 15 jours, alors qu'autrefois, on disait: "D'au plus,
un mois".
M. Pagé: Oui, mais à quinze jours, M. le
Président, le ministre sait pertinemment, étant avocat, que le
gars va faire quatre jours.
M. Duhaime: II est mieux de faire quatre jours que de ne rien
faire parce que la loi 58 faisait en sorte qu'il ne faisait rien.
M. Pagé: C'est possible, les gars s'en tiraient
peut-être avec une journée, j'en conviens.
M. Duhaime: Tantôt, j'ai donné l'exemple où
le ministère et ce n'est pas une très longue
expérience, mais je vous la soumets, cela vaut ce que cela vaut
comme procureur de la défense, réussissait très facilement
à convaincre les juges que l'amende et la sentence devaient être
de $300 pour l'amende, dans certains cas, parfois $500 ou à
défaut, une journée de prison.
Je le disais cet après-midi, la journée de prison
consistait à passer quelques heures dans le palais de justice à
manger un petit poulet et, vers 17 heures, on s'en retournait chez soi. Comme
résultat, c'était désastreux sur deux plans.
M. Pagé: Cela coûtait plus cher d'avocat que
d'amende.
M. Duhaime: L'amende était, de façon
générale, récupérée par le procureur. Cela
avait deux conséquences désastreuses: Premièrement, le
citoyen qui était ainsi mal condamné, à mon point de vue,
ne prenait pas au sérieux les dispositions de la Loi de la conservation
de la faune, il s'en foutait royalement. La deuxième conséquence
désastreuse, c'est que ces causes, surtout après procès,
coûtent énormément d'argent. Les agents de conservation
doivent sortir de la forêt, préparer les interrogatoires, venir
à la cour, parfois de plusieurs centaines de milles de distance...
M. Pagé: Passer une journée pour une remise.
M. Duhaime: Une remise, s'il n'en était que de cela, j'ai
déjà vu 16 remises dans la même cause et les mêmes
agents de conservation...
M. Pagé: Avoir été juge, je n'aurais pas
accepté cela.
M. Duhaime: II y a des juges itinérants, surtout quand on
est dans des régions éloignées. De sorte que la loi
n'atteignait pas son but.
M. Pagé: M. le Président, le député
de Laviolette vient de faire une référence à Portneuf; je
lui dirai bien respectueusement que je n'ai pas de palais de justice ni de
district judiciaire dans mon comté.
M. Duhaime: On pourrait parler de Parent, c'est un endroit
beaucoup plus familier à mon collègue de Laviolette.
Windigo...
M. Jolivet: Weymontachingue...
M. Duhaime: ... Casey, le pays Atikamek, la Manouane. Tout cela
pour vous dire que c'étaient des frais très onéreux, qui
coûtaient des centaines et des centaines de dollars, parfois davantage,
au gouvernement, donc à tous les citoyens, et cela se résumait
à passer deux heures au palais de justice à prendre un Coke avec
le greffier. J'ai toujours trouvé cela ridicule. Je pense
qu'aujourd'hui, avec ce resserrement et j'espère que le
député de Mégantic-Compton va faire le message à
son chef, le député de Lotbinière, pour qu'il en prenne
note nous avons doublé les amendes et le plancher
discrétionnaire que les tribunaux ont exercé dans le
passé.
Je pense qu'il faut dire que les juges et je vais en nommer un,
le juge Quimper, entre autres, qui est peut-être un de ceux qui donnent
l'exemple aux Cours des sessions de la paix, surtout ceux de
Montréal, ne sont jamais allés à la chasse et ne
connaissent pas l'impact d'une telle loi.
M. Pagé: Faites attention! Il y a de très bons
chasseurs et pêcheurs parmi eux.
M. Duhaime: On a déjà chiffré dans le
passé, cela vaut ce que cela vaut, qu'un orignal coûte $10 000 au
Québec actif, colonne de gauche et quand les tribunaux
usent... A mon sens, jusqu'à maintenant, nous n'avons pas voulu laisser
cette discrétion parce qu'on n'est pas convaincu qu'elle a
été bien utilisée. Donc, nous resserrons la loi.
Les amendes pour les infractions mineures sont doublées, il n'y a
plus de pénalité de $25 et de $50.
M. Pagé: Cela fait seulement $50.
M. Duhaime: Oui, comme dirait votre collègue, le
député de Jacques-Cartier, vous avez mathématiquement
raison. Mais les amendes sont doublées; les amendes de $100 sont
portées à $200. Les récidives sont également
doublées et il y a une peine d'emprisonnement qui y est
rattachée. Je pense qu'on a fait un effort et je pense que cela
s'imposait. La Loi de la conservation de la faune va avoir des dents et je suis
très heureux que mes collègues de l'Opposition se joignent
à moi sur ce point.
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que...
M. Pagé: M. le Président, juste avant d'appeler
l'article 1, il y a une petite parenthèse que le ministre me permettra
puisqu'on discute de cette question. Tout député pourra
s'opposer, mais je
suis convaincu que cela les concerne également parce que des
problèmes comme ceux-là leur ont déjà
été soulevés. Dans les cas de saisie d'armes à feu,
est-ce qu'il serait possible, lors des ventes de ces armes, qu'il y ait une
publicité qui soit plus adéquate?
M. Duhaime: Oui.
M. Pagé: Cela, je l'espère. Vous savez, une
personne, aujourd'hui, qui se fait saisir une arme de $300 ou $400... (23 h
45)
M. Duhaime: J'écrirai avec beaucoup d'empressement
à mon collègue, le ministre des Travaux publics et
député de Hull une lettre en ce sens et je vous transmettrai
copie, au député de Portneuf, au député de
Mégantic-Compton de même que mes collègues de ce
côté-ci. On va le faire.
M. Pagé: Je l'apprécierais, M. le Président.
Il n'est pas rare aujourd'hui qu'une personne se fasse confisquer une arme de
$300 ou de $400. J'apprécierais, non pas qu'on lui remette son arme,
s'il y a un pouvoir de confiscation et si le tribunal décide que la
plainte implique confiscation, mais que cette personne ait au moins, le droit
de participer ou de soumissionner à l'enchère, peu importe le
mécanisme, pour ravoir son arme une fois qu'elle est saisie.
M. Duhaime: Non pas cette promesse, M. le Président, mais
cet engagement sera tenu. Pendant qu'on parle de confiscation, je ne sais pas
si ledéputé de Portneuf me permettrait une question. Est-ce que
vous seriez d'accord pour que la confiscation soit élargie dans le cas
d'infractions majeures, que la cour soit tenue de confisquer les embarcations
motorisées, des véhicules ou des aéronefs dans des cas
bien précis d'infractions majeures?
M. Pagé: M. le Président, écoutez,
évidemment tout cela doit être traité au mérite de
chacune des causes. Je souscrirais à ce que le ministre s'interroge dans
les cas de récidive, d'infractions majeures.
M. Duhaime: Dans les cas de récidive seulement.
M. Pagé: M. le Président, vous savez qu'il y ait un
pouvoir, cela doit être l'automérite. M. le ministre donnait
l'exemple du type qui a tué dix orignaux au mois de juin; qu'on saisisse
son embarcation, son avion, ses fusils, qu'on saisisse le gars et qu'on le
mette dedans, pendant un mois, si on le veut, aucun problème, mais il y
a aussi le gars qui a tué un orignal ou qui a un problème avec le
fameux timbre appliqué l'étiquetage le coupon de
transport. J'ai plaidé cet été, M. le Président,
une cause que j'ai d'ailleurs gagnée, évidemment mais le
gars s'est fait confisquer sa viande. On la lui a ramenée un an
après. Dans ces cas, dans un cas, par exemple, aussi banal, selon moi,
cela peut être une erreur ou cela peut être strictement une
omission bien banale.
M. Duhaime: Une omission majeure.
M. Pagé: Encore là, on revient à ce que vous
qualifiez, à ce que vous pourrez éventuellement déterminer
comme étant une infraction majeure ou une infraction mineure.
M. Duhaime: Pas par arrêté en conseil, mais dans la
loi. Quand je vous parle d'une infraction majeure, ce seraient des infractions
bien clairement identifiées dans... Je vais vous donner un exemple.
Supposons que mon collègue de Duplessis soit un braconnier
irréductible, le propriétaire d'un appareil Cesna, il chasse le
caribou dans le Grand-Nord. Il tire des orignaux ou des caribous à
partir de son avion. Est-ce que vous seriez d'accord pour que, sur constatation
d'une telle infraction, il y ait amende et confiscation automatique de
l'appareil.
M. Pagé: Oui.
M. Duhaime: Oui. Alors, M. le Président, je me rends
compte qu'on va sauver énormément de temps, parce que c'est un
des amendements que je voulais apporter.
M. Pagé: Parfait. On est d'accord avec cela.
M. Duhaime: Dans les cas de récivide, c'est bien
sûr, l'autre cas, c'est celui où l'on pourchasserait, mutilerait
ou tuerait volontairement un animal avec un véhicule, un aéronef
ou une embarcation motorisée.
M. Pagé: D'accord, il y a une question que je me pose tout
de suite...
M. Duhaime: Ce seraient les deux seuls cas, je le dis pour mes
collègues de cette commission, et pour tout le public, qui aura
sûrement l'occasion de relire nos travaux fort intéressants, par
ailleurs, nous avons un problème sérieux au Québec et
depuis de longues années, entre autres, au nord du 50e, le 55e, c'est
encore pire, et peut-être dans certains coins du Québec. Si on
pouvait confisquer ces avions, nous n'aurions qu'à les repeindre et nous
en servir pour faire la protection de la faune. C'est une vieille tactique
japonaiseque le député de Portneuf connaît fort bien. Pour
parler sérieusement...
M. Pagé: Vous avez vu trop de films de guerre!
M. Duhaime: Si nous devions, M. le Président, assurer une
surveillance et un contrôle dans le nord, particulièrement dans le
nord, il nous faudrait, ou bien des Mirage, des Mig 21, des Phantom ou je ne
sais quelle sorte d'escadrille et à des coûts que mon
collègue Laurin qualifierait de faramineux.
Je pense que cela remonte peut-être à nos souvenirs pendant
nos humanités, mais la crainte de Dieu est le commencement de la
sagesse.
M. Pagé: On en sait quelque chose.
M. Duhaime: Arche sophias o Théou phobos. Je me demande
comment on va écrire cela. J'ai une bonne pensée pour les gens du
secrétariat.
II est bien certain qu'une telle pénalité... Certains
m'ont dit, M. le Président, que cela paraissait être une massue
pour écraser une mouche, mais je vous assure que ceux qui braconnent
avec des aéronefs... On parle d'une façon générale
d'avions, mais nous avons vu des dossiers où on chassait et où on
quadrillait le terrain à l'aide d'hélicoptères. On avait
enlevé les portes des deux côtés, on approchait du gibier
et c'était un véritable massacre. La loi actuelle ne nous permet
à peu près pas... On peut intervenir, mais c'est à la
discrétion de la cour, et il y a toutes espèces de moyens de s'en
tirer, par exemple, en invoquant le droit de propriété d'un
tiers, en invoquant un contrat de vente additionnelle. Je reviendrai
tantôt sur les amendements mais c'est sur ces deux infractions majeures
et ce seraient les deux seules, M. le député de Portneuf; si vous
étiez d'accord avec moi, je pense que cela vaudrait le coup qu'on
s'organise un voyage de chasse à vos frais.
M. Pagé: Pour l'instant, mes responsabilités
familiales ne me le permettraient pas, évidemment. Le ministre sait
pertinemment qu'après cinq ans de mariage, on est maintenant sept
à table; 40 pintes de lait par semaine, c'est bien le cas. Vous savez,
M. le Président, je fais beaucoup plus de voyages à
l'épicerie que de voyages de chasse. Mais, quand même, M. le
Président, M. Biron est un très bon chasseur.
M. Jolivet: C'est pour cela que je dis cela.
M. Pagé: On abordera cette question, M. le
Président, plus spécifiquement avec tous ses impacts, lors de
l'étude de l'amendement que proposera le ministre. Il y a
évidemment toute cette question: Est-ce qu'une latitude doit être
laissée aux juges ou si cela doit être "doit"? Qu'est-ce qui
arrivera dans les cas de propriété à un tiers, d'avions
loués, etc.? Evidemment, il y aura possibilité que des garanties
de la part des locateurs, des assurances ou je ne sais quoi puissent se
prendre, mais cela mérite certainement non seulement d'être
étudié, mais d'être pris en très sérieuse
considération et il me fera plaisir de me joindre au débat sur
cette question si je peux le faire. Vous savez qu'on n'a pas le don
d'ubiquité malheureusement; je me demande à quel moment la loi
sera ramenée demain, parce qu'il est déjà minuit moins
cinq et on a le projet de loi 110 qui doit venir demain matin.
M. Duhaime: Avec le consentement de la commission, on pourrait
proposer dès maintenant l'arrêt de la pendule. Et si Dieu nous
prête vie, j'ai l'impression que, dans une trentaine de minutes, avec la
discussion très large que nous venons d'avoir, nous pourrions passer les
amendements, si vous me permettez de vider cette question.
Nous avons, en nous inspirant d'une disposition de la Loi de
l'idemnisation des victimes d'accidents d'automobile, bien cerné les cas
et je rejoins votre dernière intervention, M. le
député de Portneuf où un tiers pouvait faire
intervenir son droit de propriété. Cela se limite à celui
qui peut revendiquer en vertu d'un contrat de vente conditionnelle,
c'est-à-dire que lui n'aurait pas le droit. Une maison de finance, par
exemple, ne pourrait pas invoquer un contrat de vente conditionnelle pour faire
une requête à la cour en vertu des dispositions de l'article 15 de
la loi actuelle. Celui-là est exlu. Mais si votre beau-père
prête son avion ou votre belle-mère, peu importe le
droit de le revendiquer existe et cet appareil ne serait pas assujetti à
saisie.
M. Pagé: Quoique, bien souvent, on peut
présumer...
M. Duhaime: Ce sont les deux seuls cas...
M. Pagé: ... qu'il est prêté à la
condition d'avoir une partie de la fesse d'orignal.
M. Duhaime: Ce sont les deux seuls cas où la cour doit
confisquer et, dans les amendements qu'on va vous soumettre, pour des
infractions majeures mais d'autre nature, la discrétion est
laissée à la cour, ce sera: La cour peut confisquer.
M. Pagé: D'accord.
M. Duhaime: Je n'ai pas eu la réaction de mon
collègue de Mégantic-Compton, je vois, par l'expression de son
visage, qu'il est parfaitement d'accord.
M. Grenier: Après deux nuits sans sommeil, on semble
naturellement d'accord. Si, par exemple, on supposait que c'est un avion
prêté ou un avion loué, comment cela peut-il se
régler?
M. Duhaime: II n'y a pas de problème, à ce
moment-là. C'est le propriétaire réel de l'appareil qui
fait valoir, s'il est sous saisie, son droit de propriété
à la cour et, même avant l'étape de la cour, auprès
du ministère, et l'appareil est retourné. Le cas que nous voulons
viser, c'est le propriétaire individuel ou une corporation qui est
propriétaire d'un appareil, mais dont l'appareil est assujetti à
un contrat de vente conditionnelle, la clause classique, Household Finance,
etc. A ce moment-là, la maison de finance ne pourrait pas faire valoir
son droit de propriété éventuel, au cas de défaut
de paiement par le débiteur.
M. Grenier: Seriez-vous capable de faire détecter une
complicité du prêteur de l'avion, de l'appareil?
M. Duhaime: A ce moment-là, on portera plainte contre le
prêteur.
Une Voix: A ce moment-là, il embarque.
M. Duhaime: Je ne parle pas de la maison de finance, je parle du
beau-frère qui prête son appareil, si on est en mesure de faire la
preuve qu'il
peut être partie à l'infraction; alors, il sera reconnu
coupable, en vertu del'article 71.
Interprétation
Le Président (M. Marcoux): Est-ce que je peux maintenant
appeler l'article 1 ? Alors, j'appelle maintenant l'article 1. L'article 1
sera-t-il adopté?
M. Pagé: La définition, M. le Président.
Le Président (M. Marcoux): Oui. Est-ce que l'article 2
sera adopté?
M. Pagé: J'aimerais tout simplement savoir si la
définition de l'étui a été corrigée.
M. Duhaime: Oui, l'article 1g.
M. Pagé: Cela n'a pas été corrigé par
rapport à l'article 58.
M. Duhaime: Je pense que l'étui n'était pas
défini.
M. Pagé: II n'était pas défini. M.
Duhaime: II n'était pas défini.
M. Pagé: Parce que, tel que rédigé, c'est un
contenant spécialement conçu par sa forme et sa disposition pour
recevoir une arme à feu. On voyait que, dans certains cas, il suffisait,
et cela, on a vu cela devant les tribunaux, d'une couverture ou d'une
enveloppe... Cela, c'est fini. Cela prendra l'étui.
M. Duhaime: Ce pourrait être de fabrication artisanale ou
manufacturière, peu importe. Pour autant qu'il sera spécialement
conçu.
Le Président (M. Marcoux): Je m'excuse...
M. Pagé: Entre autres, M. le Président, avant de
procéder à l'adoption de l'article 1, je suis heureux de
constater que, selon le ministre du Tourisme, lequel a très bien suivi
cela, je présume, à la lettre, les recommandations du ministre
des Affaires intergouvernementales, en ce qu'il n'a pas suivi par la
rédaction de l'alinéa r) et de l'alinéa s), les prises de
position combien fracassantes, mais qui ont eu combien d'impact, et cela, ce
sera visible d'ici quelques semaines, lors du remaniement ministériel,
les déclarations, dis-je, du ministre actuel des Communications,
lorsqu'il disait que les Canadiens étaient des étrangers. Je suis
heureux que le ministre fasse amende honorable de la part du gouvernement et
considère que les gens du Canada sont bien des gens de chez nous.
Le Président (M. Marcoux): L'article 1 est-il
adopté?
M. Pagé: Oui, M. le Président. Cependant, M. le
Président, je me vois dans l'obligation, et j'en suis bien peiné,
de vous dire qu'on devra suspendre à minuit, non pas que je ne veuille
pas continuer, mais c'est le règlement qui prévoit qu'on doit
ajourner à minuit, d'une part. Vous comprendrez, M. le Président,
que, d'autre part, nous avons à aborder dans quelques minutes la
commission plénière sur un autre projet de loi qui peut
intéresser d'autres collègues. Par surcroît, M. le
Président, je conviens qu'on aurait peut-être pu, dans un
délai d'une heure, une heure et demie, procéder à
l'adoption des différents articles. Je ne voudrais quand même pas
enlever le plaisir, je ne veux pas faire mauvaise fortune à mon
collègue de Maskinongé qui, ce soir, au pied levé, a
dû se rendre remplacer une personne en autorité dans le parti, et
qui n'a pas pu être avec nous. Or, celui-ci, demain, M. le
Président, sera...
M. Duhaime: Le futur député d'Argenteuil!
M. Pagé: Non, M. Ryan, le futur premier ministre du
Québec est avec nous ce soir. M. le député de
Maskinongé devrait normalement, s'il est revenu, être avec nous,
demain, après la période des questions, pour continuer
l'étude du projet de loi, article par article. J'ose donc espérer
que les travaux de la Chambre me permettront de venir à nouveau
dialoguer sur tout cet aspect de la conservation de la faune avec mon bon ami,
le député de Saint-Maurice.
Le Président (M. Marcoux): Or, comme il n'y a pas
consentement, la commission du tourisme, de la chasse et de la pêche
ajourne ses travaux sine die.
Fin de la séance à 24 heures.