Journal des débats (Hansard) of the Committee on Transportation and the Environment
Version préliminaire
42nd Legislature, 1st Session
(November 27, 2018 au October 13, 2021)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
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Thursday, October 22, 2020
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Vol. 45 N° 76
Special consultations and public hearings on Bill 65, An Act to amend mainly the Environment Quality Act with respect to deposits and selective collection
Aller directement au contenu du Journal des débats
Intervenants par tranches d'heure
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St-Pierre, Christine
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Charette, Benoit
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Campeau, Richard
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Campeau, Richard
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St-Pierre, Christine
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Benjamin, Frantz
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Leitão, Carlos J.
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Ghazal, Ruba
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Perry Mélançon, Méganne
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St-Pierre, Christine
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Charette, Benoit
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Campeau, Richard
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Leitão, Carlos J.
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Benjamin, Frantz
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St-Pierre, Christine
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Ghazal, Ruba
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Perry Mélançon, Méganne
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St-Pierre, Christine
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Charette, Benoit
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Campeau, Richard
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Benjamin, Frantz
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Benjamin, Frantz
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St-Pierre, Christine
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Leitão, Carlos J.
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Ghazal, Ruba
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Perry Mélançon, Méganne
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Charette, Benoit
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Charette, Benoit
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St-Pierre, Christine
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Campeau, Richard
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Leitão, Carlos J.
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Benjamin, Frantz
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Ghazal, Ruba
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Perry Mélançon, Méganne
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Perry Mélançon, Méganne
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St-Pierre, Christine
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Charette, Benoit
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Campeau, Richard
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Campeau, Richard
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St-Pierre, Christine
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Leitão, Carlos J.
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Benjamin, Frantz
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Ghazal, Ruba
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Perry Mélançon, Méganne
11 h 30 (version révisée)
(Onze heures trente-six minutes)
La Présidente (Mme St-Pierre) : Alors,
bonjour à vous tous et à vous toutes. Je vous dis : À l'ordre, s'il vous
plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission des
transports et de l'environnement ouverte. Je demande à toutes les personnes
dans la salle de bien vouloir éteindre la sonnerie de leurs appareils
électroniques.
La commission est réunie afin de
poursuivre les auditions publiques dans le cadre des consultations
particulières sur le projet de loi n° 65, Loi modifiant principalement la
Loi sur la qualité de l'environnement en matière de consigne et de collecte.
M. le secrétaire, y a-t-il des remplacements?
Le Secrétaire
: Oui, Mme
la Présidente. M. Leitão (Robert-Baldwin) remplace <Mme
Charbonneau (Mille-Îles)…
La Présidente (Mme St-Pierre) :
...
réunie afin de poursuivre les auditions publiques dans le cadre des
consultation
s
particulières sur le
projet de loi n° 65, Loi modifiant
principalement la Loi sur la qualité de l'environnement en matière de consigne
et de collecte.
M. le secrétaire
,
y
a-t-il
des
remplacement
s?
Le Secrétaire
:
Oui,
Mme la Présidente
.
M. Leitão (Robert-Baldwin)
remplace >Mme Charbonneau (Mille-Îles) et Mme Perry Mélançon (Gaspé)
remplace M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine).
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Cet avant-midi, nous entendrons l'organisme Boissons gazeuses Environnement et
la coopérative Les Valoristes. Alors, M. Bisson, vous êtes avec nous
présentement. Je vous cède la parole. Vous avez 10 minutes.
M. Bisson (Normand) : Merci, Mme
la Présidente. Vraiment désolé à tous les membres de la commission, il y a eu
un petit problème technique. On n'aura malheureusement pas la chance de se
parler en se regardant à la caméra. Donc, mon est Normand Bisson. Je suis
président de Boissons gazeuses Environnement, BGE. Et, au nom de BGE et de ses
membres, je vous remercie de nous permettre d'exprimer notre opinion découlant du
rôle de BGE dans la gestion du système de consigne actuel au Québec.
BGE est un organisme sans but lucratif
dont les objectifs principaux sont de contribuer à la protection de
l'environnement en favorisant la récupération et le recyclage des contenants de
boissons gazeuses à remplissage unique. On agit comme administrateur du système
de consigne. Les activités de DGE sont régies, depuis 1999, par l'Entente
portant sur la consignation, la récupération et le recyclage des contenants à remplissage
unique de boissons gazeuses qui est intervenue entre BGE, le ministre de
l'Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, RECYC-QUÉBEC,
l'Association des embouteilleurs de boissons gazeuses du Québec, ainsi que les
adhérents récupérateurs et non récupérateurs qui font partie de l'entente.
Plusieurs intervenants, dont les
embouteilleurs de boissons gazeuses, participent dans le processus de
récupération des contenants consignés. Le rôle de BGE consiste à administrer le
système de consigne et maximiser son efficacité. Plus précisément, BGE s'assure
du bon fonctionnement du système et du respect de leurs obligations réglementaires
par les adhérents à l'entente, les détaillants et les conditionneurs
accrédités. BGE gère les flux financiers du système et s'assure de la probité
des données de vente et de récupération; s'assure que 100 % des contenants
qui sont retournés pour la consigne sont acheminés pour recyclage; détecte les
fraudes potentielles, dont les mouvements transfrontaliers; s'assure d'une
couverture entière du territoire en soutenant les retours de contenants
consignés en régions éloignées.
Comme, par exemple, on a des ententes de
transport terrestre qui proviennent de la Baie-James, on a des ententes de
transport maritime qui viennent du Nunavik. On a aussi des ententes pour
rapporter les contenants des Îles-de-la-Madeleine, et tout ça se fait par
transport maritime. Donc, on s'assure d'une couverture complète de la province.
DGE répond évidemment aussi aux plaintes
des citoyens lorsqu'il y en a. On répond aussi à leurs questions relatives au
système. Et BGE met en place... <en oeuvre...
M. Bisson (Normand) : …
des
Îles-de-la-Madeleine, et tout ça se fait par transport maritime. Donc, on
s'assure d'une couverture complète de la province.
DGE répond évidemment aussi aux
plaintes des citoyens lorsqu'il y en a. On répond aussi à leurs questions
relatives au système. Et BGE met en place... >en oeuvre un programme
d'installation d'infrastructures de récupération dans les lieux publics et des
activités d'information, sensibilisation et éducation, regroupées sous le programme
Consignaction.
Donc, les installations d'infrastructures,
c'est beaucoup de l'installation de bacs de récupération pour les contenants
consignés. Dans les restaurants, vous les voyez souvent, les boîtes blanche et
verte, dans les campings, des écoles, vraiment partout où il y a un besoin d'infrastructures
pour récupérer les contenants à l'extérieur du foyer.
Nos programmes de sensibilisation, ça
inclut entre autres une tournée des écoles. On visite 100 écoles primaires
par année. On fait de la sensibilisation aussi via l'affichage dans des cégeps,
sur les campus universitaires. On est présents sur les médias sociaux. On fait vraiment
un effort multimédia.
• (11 h 40) •
En 2019, 2,15 milliards de contenants
consignés de boisson gazeuse et de bière à remplissage unique ont été vendus au
Québec. Sur ces 2,15 milliards de contenants, 1,5 milliard a été retourné
pour la consigne. Ces chiffres excluent les bouteilles de bière en verre. Il
importe ici de préciser des nuances lorsque nous parlons de taux de
récupération. L'entente portant sur la consigne sur les boissons gazeuses
fournit des définitions que je résume de la façon suivante.
Tout d'abord, il y a le taux de consignes
remboursées. Ça, c'est le pourcentage des contenants vendus qui sont retournés
pour le remboursement de la consigne. En 2019, ce taux-là, pour les contenants
qui portent une consigne à 0,05 $, c'est 68,5 %.
Et il y a aussi le taux de récupération
des contenants consignés. C'est le taux de consignes remboursées, mais auquel
on ajoute aussi les contenants qui sont mis à la collecte sélective sans être
retournés pour la consigne. En 2019, le taux était de 74 %. Donc, on peut
noter, entre autres choses, qu'à 74 % le système de consigne actuel
atteint déjà presque l'objectif de 75 %, le premier objectif pour 2025.
Les définitions de «consignes remboursées»
et de «taux de récupération» sont essentielles, parce qu'il y a souvent des
comparaisons inexactes qui sont faites entre les taux de consignes remboursées
présentés sur le site de RECYC-QUÉBEC et les taux officiels d'autres
juridictions qui répondent à la définition de «taux de récupération».
Finalement, je vous mentionne également
que, dans le système de consigne québécois, 100 % des contenants qui sont
retournés pour la consigne sont recyclés. Il n'y a aucune perte de contenant, communément
appelée «yield loss», contrairement à ce qui se produit dans certaines
juridictions. La notion est importante puisque le projet de loi prévoit des
objectifs afférents au taux de recyclage des contenants consignés. Donc, c'est
important de bien connaître <les trois…
M. Bisson (Normand) : …
aucune
perte de contenant, communément appelée «
yield loss», contrairement à ce
qui se produit dans certaines juridictions. La notion est importante puisque le
projet de loi prévoit des objectifs afférents au taux de recyclage des
contenants consignés. Donc, c'est important de bien connaître >les trois
notions… les trois définitions de taux. De par son rôle et sa structure de
gouvernance, BGE gère une forme de système de responsabilité des producteurs,
une REP, et supporte pleinement l'intention de donner la gestion du système
modernisé de consigne à un organisme de gestion désigné, un OGD, qui relèvera
de l'industrie. La performance du système actuel de consigne démontre la valeur
de la REP.
Notre expérience nous enseigne que, pour
qu'un système de REP fonctionne bien, une ligne claire doit être tracée entre
la gestion du système par les OGD et les représentations individuelles de ses membres.
Il est également important de s'assurer que les distributeurs des contenants de
chaque type de matière couvrent leur juste part des coûts en évitant un
interfinancement entre les matières.
Le système de consigne actuel est un
système performant, mais dont la porte d'entrée passe par les surfaces de
magasins. Les enjeux potentiels reliés à cette situation ont été mis en
évidence au printemps avec la pandémie. Malgré leur bonne volonté, les
détaillants doivent parfois faire des choix, et leur rôle premier demeure la
vente de denrées alimentaires. Si le nouveau système repose sur un retour chez
les détaillants, il serait important de tenir compte de cet aspect.
L'efficacité du système modernisé de
consigne dépendra aussi largement du nombre de points de retour et de leur
emplacement. Les citoyens sont habitués à un réseau de plusieurs milliers de
points de retour qui ne nécessitent pas de déplacement spécifique en voiture ou
en transport en commun. Ils retournent leurs contenants lorsqu'ils effectuent
leurs emplettes. Une réduction du nombre de points de retour pourrait avoir un
impact négatif sur le taux de récupération. La cartographie des points de
retour est donc primordiale, et, en ce sens, la proposition d'une participation
optionnelle des détaillants, qui reste à définir, n'est pas optimale.
Avec l'élargissement de la consigne, il
sera requis d'intégrer des transporteurs régionaux au modèle logistique. Les
récupérateurs actuels ne disposent pas des ressources nécessaires pour ajouter le
nouveau volume de contenants dans leurs opérations de camionnage. Et donc
l'utilisation de transporteurs régionaux sera nécessaire, et permettra
également d'optimiser la logistique en centralisant les activités de
répartition et en établissant des fréquences de collectes selon les volumes
retournés. Le futur gestionnaire du système devra établir des normes de service
et mettre en place les outils de mesure et de contrôle requis. Une technologie
permettant le transfert des données requises pour optimiser le transport devra
aussi être déployée.
Il est présentement projeté que la
consigne sera imposée <sur les contenants…
M. Bisson (Normand) : ...et
mettre en place les outils de mesure et de contrôle requis. Une technologie
permettant le transfert des données requises pour optimiser le transport devra
aussi être déployée.
Il est présentement projeté que la
consigne sera imposée >sur les contenants de deux litres et moins. Cette
position reflète l'intention de viser des contenants de plus petits formats,
prêts à boire. Il faut cependant noter que cette proposition exclue de la
consigne future des contenants de 2,2 litres, 2,25 litres et 2,5 litres
qui sont présentement sous consigne.
Afin de réduire des mouvements
transfrontaliers de contenants, que ce soit à la distribution par des
grossistes ou au retour par les citoyens habitant les zones limitrophes, il est
avantageux d'harmoniser les taux de consigne avec les provinces voisines
lorsque c'est possible de le faire. Présentement, les contenants de la LCBO, en
Ontario, portent une consigne de 0,20 $. Au Nouveau-Brunswick, la consigne
est de 0,20 $ aussi pour les contenants de plus de 500 ml. Comme le
transport de verre n'est pas pratique, les risques sont relativement réduits,
mais, quand même, l'harmonisation des taux de consigne est un facteur à
considérer, surtout pour les contenants faciles à transporter.
Des compensations possibles entre les
systèmes de consigne et de collecte sélective ont été mentionnées. Si une
compensation intersystème est établie, elle devrait reposer sur les coûts réels
plutôt que sur une valeur arbitraire comme la consigne et devrait être facturée
aux entreprises qui ont mis en marché des produits.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. Bisson.
M. Bisson (Normand) : Oui.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Est-ce que vous en avec encore pour très longtemps.
M. Bisson (Normand) : J'ai à
peine une minute.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Parce que vous avez dépassé votre 10 minutes, là.
M. Bisson (Normand) : Ah! une
seule petite minute et j'ai terminé.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, M. le ministre accepte d'emprunter sur son temps. Allez-y, continuez.
M. Bisson (Normand) : Merci,
M. le ministre. La modernisation de la consigne offre une opportunité en or au
Québec de développer un système à l'avant-garde qui deviendra le modèle à
suivre. Beaucoup de moyens technologiques n'existaient pas lorsque d'autres
juridictions ont développé leur modèle élargi de consigne. Elles sont
maintenant en mode d'automatisation graduelle, mais elles doivent cependant
évoluer à l'intérieur de contraintes avec lesquelles nous n'aurons pas à
composer. Il est ainsi important de tenir compte des enseignements des modèles
élargis existant, tout en gardant en tête que nous pouvons aller plus loin.
Certains membres du consortium sur la
modernisation ont mentionné les délais serrés qui leur sont imposés. N'étant
pas impliqué directement dans leurs travaux, BGE ne peut pas évaluer cette
hypothèse. Cependant, nous soulignerons qu'il est primordial de prendre le
temps nécessaire pour faire les bons choix car ils vont influencer la
performance du système de consigne et la qualité de notre environnement pour de
nombreuses années. Merci beaucoup, Mme la Présidente et M. le ministre, pour le
temps supplémentaire qui m'a été donné.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Merci, M. Bisson. Alors, M. le ministre, vous avez la parole.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Monsieur, merci de votre temps ce matin. C'est d'autant plus
intéressant de vous entendre que vous êtes le premier OGD, en quelque sorte,
que nous entendons dans <le cadre des travaux...
M. Bisson (Normand) : …
Mme
la Présidente et
M. le ministre, pour le temps supplémentaire qui m'a
été donné.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Merci, M. Bisson. Alors,
M. le ministre, vous avez la parole.
M. Charette : Merci,
Mme
la Présidente. Monsieur, merci de votre temps ce matin. C'est d'autant plus intéressant
de vous entendre que vous êtes le premier OGD, en quelque sorte, que nous
entendons dans >le cadre des travaux de cette commission, et le seul,
aussi, véritable. Peut-être nous rappeler un petit peu les débuts de la
consigne des contenants que vous avez à superviser, comment ça s'est fait, ce
partenariat, notamment, avec les entreprises pour lesquelles vous récupérez les
produits, comment le mécanisme s'est établi avec RECYC-QUÉBEC, et dans quel
délai tout ça s'est fait.
Et pourquoi je vous pose la question? On
a, oui, une consigne élargie que l'on étudie présentement. Certains acteurs se
sont montrés réticents. Peu se sont montrés réticents, mais certains ont
démontré avec véhémence leur réticence en prétextant que c'était quasiment
mission impossible. Donc, vous qui êtes passé par là, peut-être nous résumer un
petit peu l'historique de cette démarche-là.
M. Bisson (Normand) : Oui.
Donc, au début des années 80, les embouteilleurs de boissons gazeuses ont
décidé d'arrêter de mettre en marché des contenants à remplissage multiple et
aller plutôt vers des contenants à remplissage unique. Et à ce moment-là le gouvernement
avait la crainte que ça allait générer des déchets sauvages. Donc, il y a une
réglementation qui a été mise en place pour qu'il y ait une consigne et forcer
le retour des contenants chez les détaillants, donc, finalement, maintenir un
retour chez le détaillant qui existait avec les remplissages multiples, mais
qui n'allaient peut-être pas nécessairement exister avec les contenants à
remplissage unique.
• (11 h 50) •
<Au fil des années... >Donc, RECYC-QUÉBEC
a été créé pour gérer le système. Et, au fil des années, les embouteilleurs,
étant donné que ça représentait quand même beaucoup de contenants en
circulation, ils ont voulu reprendre le contrôle du système, parce qu'on leur
demandait quand même de rencontrer certaines obligations en termes de taux de
récupération puis ils considéraient que ça allait être plus facile de pouvoir
les atteindre en gérant le système par l'industrie elle-même.
La même chose ne s'est pas produite du côté
des brasseurs, parce qu'à ce moment-là presque tous les contenants étaient des
CRM. Alors, ils ont adapté la gestion pour le côté de la bière à RECYC-QUÉBEC.
Depuis le temps, évidemment, comme vous savez, le nombre de CRU de bières a
grandement augmenté, mais sauf que ce n'était pas la situation à ce moment-là.
Alors, une entente a été conclue, et BGE a commencé à gérer le système pour
l'industrie. On a développé 100 % des processus d'affaires, et tout.
Puis à ce moment-là on avait développé un
programme de subvention pour l'acquisition de récupératrices en magasin, parce
qu'il avait été déterminé que faire la manipulation d'une quantité de
contenants, qui devenait importante, d'une façon manuelle était vraiment trop
lourde pour les détaillants. <Alors, on a…
M. Bisson (Normand) : …
pour
l'acquisition de récupératrices en magasin, parce qu'il avait été déterminé que
faire la manipulation d'une quantité de contenants, qui devenait importante,
d'une façon manuelle était vraiment trop lourde pour les détaillants. >Alors,
on a subventionné l'acquisition de récupératrices au début des années 2000,
et on a maintenu le système jusqu'à présent.
Le système, initialement, il était basé
sur la récupération par les récupérateurs… par les embouteilleurs, parce qu'ils
avaient des réseaux de camionnage avec lesquels ils faisaient la récupération à
la livraison. Maintenant, c'est beaucoup moins le cas, la plupart de la
récupération se fait avec des routes de transport uniques. Donc, du côté des
embouteilleurs, ce n'est plus fait à la livraison.
M. Charette : En fait, vous
avez anticipé la deuxième et la troisième question que je pouvais avoir. Vous
avez parlé de modernisation de l'équipement, donc un système qui a été instauré,
dans votre cas, au début des années 80. On a introduit vers les années 2000
ce que l'on peut appeler communément les gobeuses. Donc, au départ, c'était
essentiellement de la manipulation manuelle. Est-ce exact de dire
qu'aujourd'hui l'essentiel de ces millions de contenants que vous gérez se fait
de façon automatisée à travers ces machines-là?
M. Bisson (Normand) : Oui,
tout à fait. Présentement, environ 70 % des contenants qui sont récupérés
sont récupérés à travers les récupératrices automatisées, environ 30 %
sont récupérés ronds. Le 70 %, c'est récupéré à travers environ
2 500 récupératrices automatisées qui sont installées dans environ
entre, mettons, autour de 1 200... ça varie toujours, évidemment, là, mais
peut-être entre 1 200 et 1 500 magasins et grandes surfaces qui
ont des récupératrices. Les contenants qui sont récupérés manuellement,
présentement, c'est ceux qui passent par les dépanneurs, puis beaucoup parce
que le volume ne justifie pas l'installation, présentement, de machines
automatisées.
M. Charette : Ça, c'est un
élément important. S'il y a manipulation manuelle... c'est redondant, là, mais,
s'il y a cette manipulation par les employés des différents détaillants, ce
n'est pas que la technologie n'existe pas, c'est que le volume n'est pas
suffisant pour permettre, justement, l'acquisition… ou rentabiliser
l'acquisition d'équipements plus avancés, là, technologiquement parlant.
M. Bisson (Normand) : Oui,
c'est le cas présentement. Ça va évidemment changer avec l'élargissement de la
consigne.
M. Charette : Parfait. Et vous
avez aussi abordé la question du transport. Ça aussi, les opposants aiment
rappeler qu'établir une consigne élargie c'est mettre plus de camions sur les
routes, donc augmenter les GES, faire en sorte que l'on vienne contrecarrer les
bénéfices environnementaux de la réforme. Vous, essentiellement, il y a une
logistique qui s'est établie avec les années. J'imagine, <un petit peu
comme la…
M. Charette : ...qu'établir
une consigne élargie c'est mettre plus de camions sur les routes, donc
augmenter les GES, faire en sorte que l'on vienne contrecarrer les bénéfices
environnementaux de la réforme. Vous, essentiellement, il y a une logistique
qui s'est établie avec les années. J'imagine, >un petit peu comme la
bière, c'est un système qui est excessivement bien rodé. Vos camions... bien, c'est-à-dire,
le camion de l'entreprise qui vient livrer ses produits est-il le même camion
qui ramène un certain nombre de contenants vides?
M. Bisson (Normand) : Pour les
70 % de contenants qui sont récupérés, écrasés dans les magasins, la
réponse est non. Ça prend une route de transport distincte. Pour les 30 autres
pour cent, ça dépend, parfois, la logistique permet de récupérer à la
livraison, souvent aussi c'est récupéré avec un transport unique. Donc, c'est
sûr que la récupération à la livraison, ce n'est pas quelque chose qui est
possible quand on a un très gros volume de contenants à récupérer.
M. Charette : Parfait. Et
autrement, avec les années, vous avez modernisé vos façons de faire. Quelle est
la prochaine étape? Si je me permets ou si j'ose, quelle serait la prochaine
étape pour vous? Comment pensez-vous vous améliorer encore davantage ou vous
pensez-vous en mesure d'améliorer encore vos pratiques?
M. Bisson (Normand) : Oui. Présentement,
un des projets sur lesquels on est en train de travailler... C'est vrai qu'il y
a un nouveau système qui s'en vient, bientôt, mais on a encore quand même deux
ans avant que ça arrive, alors ça vaut la peine de faire quand même certains
tests pour optimiser, entre autres, le transport. Alors, ce qu'on est en train
de regarder, dans une région donnée, c'est d'avoir un transporteur régional qui
récupérerait pour l'ensemble des récupérateurs. Et ça, ça aurait l'avantage de
permettre d'optimiser les routes de transport. Tu sais, présentement, les
récupérateurs, évidemment qu'il y a un équilibre qui se fait par soi-même, au
fil du temps, mais comme c'est deux compagnies différentes qui vont récupérer,
selon leurs calendriers, bien, évidemment, ça peut se produire, des fois où
deux camions se suivent pour aller au même... chez le même détaillant en même
temps, et tout. Puis, comme vous devinez, quand ça se produit, ce n'est vraiment
pas optimal. Donc, on va travailler, pour les deux années qui viennent, à
essayer d'optimiser à certains endroits pour... éventuellement, même, ça
deviendra une information utile à transférer aux gestionnaires du futur système.
M. Charette : Merci beaucoup.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de Bourget.
M. Campeau : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, M. Bisson. Il y avait un humoriste qui disait :
Quelle est la voie sur la route qui est la plus lente? C'est celle dans
laquelle je suis. Moi, mon expérience est avec les gobeuses. Quelle gobeuse va
faire défaut? C'est : si je suis devant, elle devrait faire défaut. Mais je
suis content de vous parler quand même.
Vous parlez d'un taux de retour total de
74 %. <Est-ce que je me trompe...
M. Campeau : ...laquelle je
suis. Moi, mon expérience est avec les gobeuses. Quelle gobeuse va faire
défaut? C'est : si je suis devant, elle devrait faire défaut. Mais je suis
content de vous parler
quand même.
Vous parlez d'un taux de retour total
de 74 %. >Est-ce que je me trompe? C'est bien ça?
M. Bisson (Normand) : Non,
c'est bien ça. Puis ça, c'est pour les contenants qui portent une consigne de
0,05 $. Je n'entre pas dans ces chiffres-là le taux pour les bouteilles de
bière en verre.
M. Campeau : Ce qui veut dire
que, même avec un système bien rodé, on est à 75 %. On peut dire :
Bien, on a déjà atteint presque le 75 %, c'est bon. Mais, en même temps,
ça veut dire qu'avec des nouveaux contenants qui vont arriver, rejoindre 75 %,
c'est tout un défi. Est-ce que vous voyez ça comme ça aussi ou vous pensez que
ça va bien aller?
M. Bisson (Normand) : Je pense
qu'il y a un défi important au niveau logistique. Je pense que c'est important
d'être capable d'offrir des solutions qui vont être simples et qui ne nécessiteront
pas beaucoup de déplacements aux citoyens. Je pense que les contenants qui ne
sont présentement pas sous consigne, il y a probablement un plus grand
pourcentage de ces contenants-là qui sont consommés à l'extérieur du domicile,
comme les bouteilles d'eau, souvent, des boîtes de jus dans les écoles. Donc,
il y a aussi l'aspect hors foyer qui va devenir très important.
Présentement notre 74 % de taux de
récupération, il est basé sur le fait qu'on a à peu près, là, là, je vous donne
des chiffres ronds, <à peu près >autour de 90 % de
récupération à domicile, puis dans les 50 % pour ce qui est consommé à
l'extérieur du domicile. Alors, c'est sûr que tout l'aspect hors foyer va être
très important pour être capable de maintenir et améliorer les taux de récupération.
M. Campeau : Je comprends. Une
autre chose qui me dérange, moi, c'est quand vous parlez des contenants de deux
litres. Est-ce qu'il y a un danger que certaines personnes aient la joyeuse
mauvaise idée d'aller à 2,1 litres pour s'exclure de la réglementation?
M. Bisson (Normand) : O.K. Je
pense que les entreprises internationales... comme Coca-Cola, Pepsi, les grands
brasseurs, tout ça, je ne pense pas qu'il n'y ait personne qui ait intérêt. Tu
sais, c'est quand même un marché qui est mondial. Alors, je pense que non.
Sauf que, bon, je me pose un petit peu la
question, en fait, puis je vous envoie la question. En fait, je voulais juste
vous informer de ce fait-là, parce que, quand même, il reste que, bien, si, par
exemple, il y a un contenant de deux litres dont le compétiteur est à 2,25 litres,
est-ce qu'un pourrait considérer que c'est un désavantage compétitif par
rapport à l'autre ou... tu sais, là? Puis est-ce qu'on va créer de la confusion
au niveau des citoyens : Pourquoi celui-là je le rapporte? Pourquoi lui je
ne le rapporte pas? Donc, je fais juste vous mentionnez. Tu sais, je ne vous
dis pas que c'est une obligation de ne pas maintenir cette limite-là, mais sauf
qu'elle apporte quand même certains enjeux potentiels.
Présentement, au niveau du système de
consigne, vu qu'il n'y a pas beaucoup de contenants de jus et d'autres types de
produits, il n'y en a pas beaucoup, mais je ne connais pas le volume pour les
produits qui ne sont pas présentement sous consigne.
• (12 heures) •
M. Campeau : Bien, je pense
qu'il n'y a pas beaucoup de questions dans ce que je vais vous dire, mais...
12 h (version révisée)
M. Bisson (Normand) : ...sauf
qu'elle apporte quand même certains enjeux potentiels. Présentement, au niveau
du système de consigne, vu qu'il n'y a pas beaucoup de contenants de jus et
d'autres types de produits, il n'y en a pas beaucoup, mais je ne connais pas le
volume pour les produits qui ne sont pas présentement sous consigne.
M. Campeau : Bien, je pense
qu'il n'y a pas beaucoup de questions dans ce que je vais vous dire, mais plus
un commentaire. Mais il y a peut-être un risque, si jamais on allait vers... et
j'ai déjà vu au Pérou, là, je pense que c'est la chicha, qu'on appelle, il y a
un contenant de trois litres qui était très populaire. Si jamais les colas
évoluaient vers du trois litres, vu que c'est pétillant, est-ce que ça va
rester pétillant? Ce n'est peut-être pas pareil. Puis il y a peut-être un
danger d'exclure un marché qui n'est pas encore développé, qui pourrait, à ce
moment-là, être exclu juste parce qu'on a marqué en quelque part deux litres.
Ça, j'ai une petite inquiétude par rapport à ça.
M. Bisson (Normand) : Oui.
Vous avez... C'est sûr. C'est pour ça que je l'ai mentionné. Tu sais, je ne
suis pas en train de dire qu'il faut nécessairement questionner le deux litres,
mais je pense que ça vaut la peine, au moins, de s'arrêter à une analyse rapide
pour s'assurer qu'on n'est pas en train de mettre un critère qui,
éventuellement, va nous créer des zones grises ou des complications plus tard.
Je le dis seulement dans le sens qu'il faudrait vraiment regarder, si ça serait
une idée, de l'augmenter ou non en fonction des données qu'on a aujourd'hui.
M. Campeau : Une autre
question : Ce taux-là, de 74 %, est-ce qu'on devrait être fiers de
ça? <Est-ce qu'on... >Bien, je suis sûr qu'on veut tout améliorer
mais, si on se compare à d'autres qui ont des systèmes de récupération et de
consigne, etc., est-ce qu'on est bons, est-ce qu'on on est moins bons? Est-ce
que vous avez des données là-dessus?
M. Bisson (Normand) : Oui. En
fait, si, par exemple, on regarde les taux de récupération dans le reste du
Canada, notre taux de récupération est, je vous dirais, un peu inférieur à la
moyenne canadienne, mais pas tant que ça. Puis il faut aussi tenir compte que
le président de BGE, il a le défaut d'être CPA, alors le chiffre de 74 %,
il est extrêmement précis. On déduit, quand on fait nos extrapolations, les
taux d'humidité dans les canettes retournées, on fait des calculs basés sur les
bouchons manquants, le poids des étiquettes autour d'une bouteille de plastique,
et tout. On va vraiment très loin dans notre analyse. Bien, c'est sûr que, si
on fait une extrapolation basée sur un contenant en incluant son liquide, son
étiquette, son bouchon, bien, à ce moment-là, on va avoir un taux un petit peu
plus élevé. Alors, ce que je vous dirais, c'est que notre taux est déjà bon,
puis peut-être qu'une partie de la réponse de pourquoi on est un peu inférieurs
à la moyenne, c'est peut-être parce qu'on calcule de façon plus précise parfois
que certaines juridictions.
M. Campeau : Ça veut dire que
le dernier 26 %, peut-être, c'est idéal, là. Les derniers «pour-cent» vont
être assez difficiles à aller chercher. Et comme vous l'avez mentionné, il faut
regarder le… consommation en dehors des foyers, à ce moment-là. Ça, c'est plus
dur à aller chercher.
M. Bisson (Normand) : Vous savez
que vous avez parfaitement raison, le hors-foyer est vraiment important, puis
il y a beaucoup qui peut être fait au niveau hors foyer. Puis je pense <qu'avec
un...
M. Campeau : ...
aller
chercher.
M. Bisson (Normand) : Vous
savez que vous avez parfaitement raison, le hors-foyer est vraiment important,
puis il y a beaucoup qui peut être fait au niveau hors foyer. Puis je pense
>qu'avec un élargissement de système ça rend encore plus attrayant, pour
les opérateurs de sites hors foyer, de mettre en place un système. Donc, je
pense que, comme je vous disais tout à l'heure, il va y avoir un pourcentage
plus grand de contenants hors foyer, ça va tirer… un peu vers le bas, mais un
élargissement va aussi inciter certaines personnes qui ne le font peut-être pas
aujourd'hui à mettre en place une activité pour récupérer ces contenants-là sur
leur site.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je dois vous interrompre ici. Alors, nous allons passer du côté de l'opposition
officielle. M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci. Merci, Mme la
Présidente. Merci pour votre présentation.
Vous avez évoqué le chiffre de 2 500,
de machines que vous avez qui sont déployées actuellement. Et alors ma
question. Un des enjeux qu'on a, c'est de s'assurer, évidemment, qu'il y ait, <une
véritable... >dans le cadre de cet élargissement, une véritable… une
vraie desserte de l'ensemble des régions de tous les milieux. Parlez-nous de
votre expérience, actuellement, par rapport aux 2 500 machines que
vous avez de déployées.
M. Bisson (Normand) : Bon. Tout
à l'heure, il y a un commentaire qui a été fait concernant le fait que les
machines arrêtent tout le temps quand certaines personnes se présentent devant.
Peut-être que ça peut être une question de malchance. Ce que je voudrais vous
dire par rapport à ça, c'est que les machines se sont grandement améliorées au
niveau technologique au fil des années. Les machines sont maintenant assez
efficaces, elles brisent extrêmement rarement. Ce qui peut peut-être plus se
produire, c'est, si, par exemple, une machine est pleine puis qu'il faut
changer un sac, là, ça peut peut-être expliquer pourquoi certaines personnes
doivent attendre devant la machine. Mais au niveau technologique, c'est
vraiment très bien.
Les ratios de compaction sont quand même
intéressants, on parle d'un ratio de compaction facilement d'un pour trois,
parfois un pour quatre, donc, ça, c'est toutes des routes de camion de moins et
c'est beaucoup moins d'opérations aussi chez les conditionneurs accrédités.
Donc, les machines ont vraiment une utilité très grande dans le système.
M. Benjamin : Merci. Merci
pour votre réponse. <Donc, est-ce donc... >Est-ce que, vous, avec
les 2 500 machines que vous avez, vous arrivez à assurer une très
bonne couverture, une excellente couverture de l'ensemble du territoire
québécois?
M. Bisson (Normand) : On
couvre ce qui est nécessaire d'être couvert, présentement, en fonction des
volumes actuels. Puis s'il y a un élargissement de système, il va vraiment
falloir investir pour automatiser plus d'opérations que c'est le cas présentement.
Comme je vous disais dans ma présentation, il y a beaucoup de juridictions qui
sont très manuelles. Encore aujourd'hui, ils ont des réseaux de dépôt, mais qui
est manuel, puis ils sont en train d'essayer de faire des ajustements. Mais c'est
quand même vraiment très long, <partir...
M. Bisson (Normand) : ...automatiser
plus d'opérations que c'est le cas
présentement. Comme je vous disais
dans ma présentation, il y a beaucoup de juridictions qui sont très manuelles.
Encore aujourd'hui, ils ont des réseaux de dépôt, mais qui est manuel, puis ils
sont en train d'essayer de faire des ajustements. Mais c'est quand même
vraiment
très long, >partir d'un réseau déjà existant et fonctionnel puis
l'amener ailleurs. Alors que nous, là, on a vraiment la chance de, avec le
consortium... Puis je quand je dis «nous», je pense beaucoup au consortium sur
la modernisation, c'est eux qui doivent travailler là-dessus, de déterminer
quelles vont être les meilleures pratiques puis les meilleures technologies à
mettre en place, autant au niveau de kiosques potentiels de dépôt, de machines
chez les détaillants. Puis évidemment, les réponses vont varier d'une région à
l'autre.
M. Benjamin : Certains intervenants
avant vous nous ont souligné l'importance… qu'une des conditions gagnantes, en
tout cas, pour cet élargissement, ce projet d'élargissement, ça va être le
consommateur, éviter les questions d'incohérence, d'incohésion. <Qu'est-ce
que vous voyez… >Comment vous voyez ça, par rapport… dans la perspective
du consommateur?
M. Bisson (Normand) : Ce que
je peux constater, quand je vais visiter mes pairs dans les autres provinces, c'est
qu'il y a une habitude qui existe dans d'autres provinces qui n'existe pas au Québec.
Comme, par exemple : nous, on est habitués d'aller devant une machine, si
ça prend un peu de temps, on devient impatient rapidement, puis on retourne des
contenants où on fait nos emplettes, donc aucun détour. Il y a beaucoup de
provinces où il faut faire la file avant d'arriver au dépôt parce que le dépôt
est manuel et il faut rouler plusieurs kilomètres pour arriver au dépôt le plus
proche. Je pense que ça, ça serait un frein important pour les consommateurs. Donc,
ça serait très important d'essayer de maintenir le meilleur service, le plus
simple possible, le plus rapide, propre aussi. Parce que, dans certaines
provinces, on rapporte les contenants à des dépôts manuels, bien, on met les
contenants qui sont relativement propres ou non sur des comptoirs de «stainless
steel», qui sont manipulés manuellement après par l'employé du centre de dépôt,
et tout. Tu sais, ce n'est vraiment pas quelque chose auquel on est habitués au
Québec. Donc, vraiment, <il faut… >il va falloir travailler fort
pour garder un degré de satisfaction de la clientèle très élevé pour avoir leur
engagement.
M. Benjamin : Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de Robert-Baldwin.
M. Leitão : Merci, Mme la
Présidente. Alors, bonjour. Merci, merci d'être là.
J'ai quelques questions. Le matériel<
que, vous>, bon, que vous récupérerez le plus, est-ce que c'est
l'aluminium ou le plastique?
M. Bisson (Normand) : C'est
l'aluminium, de beaucoup. Environ 85 % de la mise en marché, présentement,
c'est de l'aluminium. Donc, c'est vraiment ce qui est de loin le plus
important, qui est également le plus facile à compresser et qui est le plus <facile
à...
M. Bisson (Normand) : …C'est
l'aluminium, de
beaucoup. Environ 85 % de la mise en marché,
présentement, c'est de l'aluminium. Donc, c'est vraiment ce qui est de loin le
plus important, qui est également le plus >facile à compresser et qui
est le plus facile à compresser et qui est le plus facile à vendre, qui a la meilleure
valeur sur les marchés secondaires.
M. Leitão : C'est ça, c'était
ça, mon point. Et évidemment, l'aluminium, c'est un matériel qui est
extrêmement facile à recycler et dont nous avons déjà, au Québec, une industrie
assez importante. Et quand on parle d'économie circulaire, je pense que
l'aluminium, c'est un très bel exemple.
• (12 h 10) •
Maintenant, avec l'élargissement de la
consigne, on va trouver toutes sortes d'autres produits, du carton, plastique,
etc. Bon, ce n'est pas ça< maintenant, votre… ce n'est pas ça>,
ce que vous faites maintenant mais quelle est votre opinion? Comment vous
pensez qu'on pourrait optimiser aussi la récupération et, par la suite, le
recyclage de ces autres contenants? Parce que c'est là où, moi, personnellement,
j'ai quelques questions. Comment est-ce qu'on pourrait s'organiser pour avoir
un certain succès avec le plastique et les cartons et les autres matériaux?
M. Bisson (Normand) : Oui,
bien, c'est une très bonne question. Parce que, ça, c'est vraiment un des
points sur lesquels on est les plus fiers, de vraiment avoir 100 % de
recyclage. <C'est… >Tout ce qui est retourné pour la consigne est
recyclé. Puis vous avez raison qu'il faut vraiment être à l'affût puis
travailler sur le développement de marchés secondaires pour s'assurer que le
fameux 100 % recyclé qu'on met dans nos publicités, généralement, avec
consignation, va demeurer.
Pour les contenants de PET, présentement,
il y a des recycleurs de PET, au Québec, qui importent la matière de
l'extérieur. Donc, je sais qu'une partie de la réponse va être simplement de
pouvoir combler les besoins des industries actuelles. Par contre, vous avez
raison qu'entre autres pour <les… entre autres, >le verre, des
multicouches, bon, d'autres matières, il va falloir travailler à essayer de
trouver des débouchés.
Puis justement, cette semaine, j'étais en
discussion avec RECYC-QUÉBEC, parce qu'on est en train de regarder pour
accréditer une compagnie qui va faire le traitement de verre, dont il a été
mentionné il y a quelques jours à la commission. Alors, ce que je peux vous
dire, c'est que RECYC-QUÉBEC, déjà aujourd'hui, travaille vraiment très fort à
essayer de trouver des débouchés, et l'industrie va, évidemment, poursuivre en
ce sens-là dès qu'on va reprendre la gestion du système.
Mais oui, je pense que c'est vraiment de
s'allier avec des transformateurs locaux pour essayer de traiter les autres
matières. Mais j'ai quand même bon espoir que ça peut être fait, puisqu'on
réussit déjà à bien le faire pour les matières sous consigne, parce que la
consigne permet un tri à la source qui est essentiellement parfait. Donc, c'est
beaucoup plus facile de gérer ces <matières-là…
M. Bisson (Normand) : ...
transformateurs
locaux pour essayer de traiter les autres matières. Mais j'ai quand même bon
espoir que ça peut être fait, puisqu'on réussit déjà à bien le faire pour les
matières sous consigne, parce que la consigne permet un tri à la source qui est
essentiellement parfait. Donc, c'est beaucoup plus facile de gérer ces >matières-là,
elles sont très en demande.
M. Leitão : Merci. Une chose
qui... Je vous demande votre opinion, là, ça n'engage pas votre organisation,
mais basée sur votre expérience. On voit que, dans l'industrie de
l'embouteillage, donc, depuis quelques années, il y a une tendance vers une
plus grande utilisation d'aluminium, pour toutes les raisons qu'on vient de
mentionner. Donc, cette tendance existe déjà. Est-ce que l'État pourrait mettre
en mesure des mesures qui pourraient accélérer cette tendance-là? Donc,
l'industrie semble vouloir y aller, est-ce qu'on pourrait faire en sorte que ça
aille encore plus vite et qu'on utilise l'aluminium pour d'autres types de
produit qui sont maintenant embouteillés dans du carton ou du plastique?
M. Bisson (Normand) : Bien,
comme vous le dites, il y a déjà un mouvement qui se fait un peu dans ce
sens-là, je ne suis pas persuadé que le gouvernement devrait essayer d'imposer
une réglementation à ce niveau-là. Je pense que, de toute façon, par défaut,
dans un système élargi qui rencontre un taux de récupération de 75 % ou
plus, il risque fort d'y avoir des frais environnementaux qui vont devoir être
appliqués, puis ces frais-là vont, évidemment, être impactés par le degré de
recyclabilité des contenants. Alors, je pense que, de toute façon, déjà, à la
base, les embouteilleurs ont avantage à mettre en marché des produits qui sont
le plus facilement recyclables puis pour lesquels il y a un meilleur marché.
Donc, je ne suis pas sûr que ce soit nécessaire d'aller au niveau de la
réglementation. Mais, comme vous l'avez dit en préambule, je vous donne mon
opinion personnelle, seulement, ici.
M. Leitão : Merci. Une
dernière question rapide. Vous êtes le premier qui mentionne la question… mouvements
transfrontaliers en ce qui concerne surtout nos voisins de l'Ontario et du
Nouveau-Brunswick. Est-ce que c'est un phénomène vraiment important? Est-ce
qu'on va porter nos canettes et nos bouteilles au Nouveau-Brunswick? <Est-ce
que… >C'est la première fois, franchement, que j'entends ça. Est-ce que
c'est quelque chose de très répandu ou c'est juste un risque que vous soulevez?
M. Bisson (Normand) : C'est
quelque chose qui est... Bien, vous voyez, nous, ici, présentement, au Québec,
on a un avantage : comme on a une consigne partielle — les
contenants consignés portent la mention Consignée Québec — alors ça
facilite vraiment beaucoup le travail d'inspection et d'audit et donc on est
capables d'identifier des volumes transfrontaliers. Par exemple, on peut avoir
des grossistes qui vont aller s'approvisionner à Hawkesbury qui vont vouloir
ramener des contenants non consignés pour les vendre ici, parce que...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je vais devoir vous interrompre ici. La question était certainement pertinente,
mais, malheureusement, vous avez le temps qui est imparti pour votre groupe, M. le
député de Robert-Baldwin. <Alors...
M. Bisson (Normand) : ...
Par
exemple, on peut avoir des grossistes qui vont aller s'approvisionner à
Hawkesbury qui vont vouloir ramener des contenants non consignés pour les
vendre ici, parce que...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je vais devoir vous interrompre ici. La question était certainement pertinente,
mais, malheureusement, vous avez le temps qui est imparti pour votre groupe,
M. le député de Robert-Baldwin. >Alors, je passe la parole à la députée
du deuxième groupe d'opposition, Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Bonjour,
monsieur... j'oublie votre nom.
Une voix
: Bisson.
Mme Ghazal : M. Brisson,
oui, bonjour. Donc, moi, j'ai 2 min 45 s, je vais aller vite.
Vous avez parlé des machines, que vous en avez 2 500. Est-ce que vous
allez participer au processus d'achat de nouvelles machines, puisqu'il va
falloir en déployer dans les centres de dépôt, et tout ça? Est-ce que vous
faites partie de ces choix-là? Est-ce que vous allez faire partie des gens qui
vont aller en appels d'offres, là, consortium, et tout ça?
M. Bisson (Normand) : Présentement,
le consortium, bon, étant donné qu'on veut aller vers une responsabilité
élargie de producteurs, les industries ont demandé de former eux-mêmes un
consortium pour déterminer eux-mêmes le modèle. Et dans leurs études, ça va
inclure, entre autres, la question de la technologie. BGE n'est pas impliqué
dans le comité du consortium. On fait, avec RECYC-QUÉBEC, partie d'un comité
externe, mais nous, on ne travaille pas sur le développement des projets du
consortium à ce stade-ci. On fait juste recevoir des rapports d'avancement.
Mme Ghazal : Dans le fond,
vous avez dit qu'il y avait 2 500 machines qui sont déployées et que vous
gérez ça. Donc, il va y en avoir... il va falloir en ajouter d'autres. Vous
avez l'expertise, vous connaissez ces machines-là, et quelqu'un qui avait
évoqué la compagnie Tomra... Ça fait que je voulais juste vous entendre
là-dessus, dans le fond, par rapport à ça, par rapport à votre expertise. Mais
vous dites que vous ne serez pas vraiment impliqués dans le processus, si je
comprends bien?
M. Bisson (Normand) :
Exactement, pas au niveau du processus de choix, et tout ça. Mais sauf
qu'évidemment les membres du consortium nous consultent quand même pour nous
demander notre opinion sur certaines choses, mais on n'est pas impliqués
directement dans ce travail-là. Mais on est toujours intéressés à donner notre
expertise quand c'est demandé et on le fait régulièrement.
Malheureusement, on n'a pas beaucoup de
temps mais j'aimerais beaucoup vous parler de la qualité des machines qui
existent, présentement, le fournisseur Tomra, et aussi d'autres machines
potentielles ailleurs dans le monde. On manque un peu de temps,
malheureusement, je pense.
Mme Ghazal :
<Mais... >Puis,
dans le fond, il y a juste une phrase que je ne comprenais pas dans votre
mémoire. Vous disiez : «Elles doivent — les machines — cependant
évoluer à l'intérieur de contraintes avec lesquelles nous n'aurons pas à
composer. Il est ainsi important de tenir compte des enseignements de modèles
élargis existants, tout en gardant en tête que nous pouvons aller plus loin.»
Et je n'ai pas vraiment compris de quoi vous parlez exactement... mémoire.
M. Bisson (Normand) : O.K. Ce
que je voulais dire par là, c'est que dans les autres juridictions canadiennes,
entre autres, tous les réseaux ont été développés sur un principe de dépôt
manuel, et maintenant, tranquillement, ils sont en train de changer ça. Ils
essaient d'automatiser certaines parties de leurs systèmes, entre autres, tous
les systèmes ou les <équipements de «back office»...
M. Bisson (Normand) : ...
les
autres juridictions canadiennes, entre autres, tous les réseaux ont été
développés sur un principe de dépôt manuel, et
maintenant,
tranquillement,
ils sont en train de changer ça. Ils essaient d'automatiser certaines parties
de leurs systèmes, entre autres, tous les systèmes ou les >équipements
de «back office», et tout. Mais avant d'être capables d'en venir à mettre en
place des machines qui vont traiter carrément la reprise du contenant, ça
demande un changement vraiment très important. Alors que, nous, on a la chance,
dès le départ, entre autres, de considérer des kiosques automatisés où la
personne irait et déposerait tous ses contenants. C'est ça…
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je vais devoir vous couper ici encore.
Mme Ghazal : C'est bon.
C'était clair. Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
C'était clair? Bon. Alors, Mme la députée du troisième groupe d'opposition,
Mme la députée de... Gaspé, pardon.
Mme Perry Mélançon : Merci,
Mme la Présidente. Bonjour, M. Brisson. En fait, vous avez eu l'air
de ne pas être nécessairement en faveur du retour optionnel, là, chez les
détaillants ou, du moins, leur participation. Je voulais savoir, si, pour vous…
Bon, ce n'est peut-être pas quelque chose qui vous touche, personnellement,
mais on a quand même entendu certains groupes, là, à la défense du maintien, tu
sais, du système pour les CRM, donc les contenants réutilisables multiples... à
réutilisation multiple. Alors, je voudrais savoir est-ce que ça faisait partie
de vos observations? Est-ce qu'on devrait traiter ces deux types de contenant
là de façon distincte? J'aurais aimé avoir votre opinion là-dessus.
M. Bisson (Normand) : Oui. Je
suis content que vous me donniez l'occasion de donner mon point de vue
là-dessus. Je pense, effectivement, que les brasseurs, présentement, ont un
réseau de récupération à la livraison qui est quand même bien structuré pour la
question des bouteilles de verre de bière. C'est d'ailleurs pour ça qu'on ne
met pas ces chiffres-là dans nos taux de récupération, habituellement, parce
que c'est tellement distinct, au niveau logistique, que ça viendrait un petit
peu fausser, je trouve, les résultats. Donc, oui, je pense qu'il y a un intérêt
à évaluer la possibilité que les bouteilles de bière en verre demeurent dans
les magasins.
Mon point, par rapport à la participation
optionnelle, c'est que… comme, par exemple, en Colombie-Britannique, <les
magasins... >des contenants alcoolisés doivent être retournés chez les
magasins qui vendent des contenants alcoolisés, les magasins réguliers
récupèrent seulement ce qu'ils vendent. Alors, ça fait que, si on a un
contenant alcoolisé et non alcoolisé, il faut faire deux détours, ce qui fait
que tout le monde décide, à la place, d'aller dans les dépôts. Puis, même si on
parle d'un système hybride, en réalité, il y a juste 6 % des contenants,
en Colombie-Britannique, qui passent par les détaillants parce que ce n'est pas
pratique.
• (12 h 20) •
Mme Perry Mélançon : Merci
pour la réponse. Rapidement, vous avez mentionné plusieurs éléments — taux
de récupération qui sont essentiels, harmoniser les taux de consigne, etc., nombre
de points de retour qui doit être fixé — est-ce que vous pensez que
ça doit être vraiment fixé dans un cadre légal ou dans le règlement? C'est un
peu... À quel endroit vous voulez que ça se retrouve? Qu'on soit plus stricts
dans le projet de loi?
M. Bisson (Normand) : Vous
voulez dire au niveau des taux de récupération? <Bien, en fait, ce que je
dirais...>
Mme Perry Mélançon : Bien, de
plusieurs éléments, oui, que vous avez mentionnés.
M. Bisson (Normand) : Oui. Tout
ce que je voudrais, c'est que quand on établit des objectifs de trop, qu'on les
établisse en fonction des bonnes définitions. Puis je voulais être sûr que c'était
bien compris, la distinction entre taux de récupération, et tout ça. <Mais...
Mme Perry Mélançon :
Bien,
de plusieurs éléments, oui, que vous avez mentionnés.
M. Bisson (Normand) : Oui.
Tout ce que je voudrais, c'est que quand on établit des objectifs de trop, qu'on
les établisse en fonction des bonnes définitions. Puis je voulais être sûr que
c'était bien compris, la distinction entre taux de récupération, et tout ça.
>Mais si c'est au niveau de la loi ou du règlement, ça, je pense que ça
reste à être défini, là, je suis… Il y a des avantages à aller des deux côtés.
Mme Perry Mélançon : Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Merci beaucoup, M. Bisson, d'avoir participé aux travaux de notre
commission. Alors, je vous souhaite un beau week-end.
Et nous allons faire notre courte pause
pour maintenant entendre la coop Les Valoristes.
(Suspension de la séance à 12 h 22)
>
(Reprise à 12 h 26)
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, merci. Nous allons reprendre nos travaux pour entendre maintenant les
représentants de la coop Les Valoristes. Donc, comme vous savez, vous avez
10 minutes pour faire votre présentation. Je vous inviterais à décliner
vos noms et vos titres. Et vous avez la parole.
(Visioconférence)
M. Bourrely (Frédéric) : Bien,
écoute, Marica, je te laisse décliner ton nom et ton titre et je ferai la
présentation, peut-être.
Mme Vazquez Tagliero (Marica) :
Alors, mon nom, c'est Marica Vazquez Tagliero. Je suis coordonnatrice et
cofondatrice et vice-présidente de la coopérative de solidarité Les Valoristes.
M. Bourrely (Frédéric) : Mon
nom à moi, c'est Frédéric Bourrely, je suis consultant et j'accompagne
stratégiquement la coopérative dans son changement d'échelle et l'implantation
de ses dépôts permanents à Montréal. Si vous voulez, donc, bien, dans les
10 minutes qui viennent, on va reprendre un petit peu le contenu du
mémoire qui a été transmis. J'espère que vous avez eu suffisamment de temps,
malgré les travaux de la commission, pour en prendre connaissance.
Notre mémoire se structure en trois axes.
Le premier, c'était de rappeler notre soutien à l'élargissement de la consigne
et à la création d'un réseau de dépôt. On rappelait, dans le mémoire, les cinq
grands avantages que nous voyons à une consigne renforcée et élargie. La deuxième
partie de notre mémoire, on précisait la spécificité des dépôts à vocation
sociale comme celui des Valoristes dans le centre-ville de Montréal. Et dans la
troisième partie du mémoire, on propose des solutions pour intégrer ces dépôts
à vocation sociale dans le projet… donc, dans le futur système de gestion de la
<consigne...
M. Bourrely (Frédéric) : …La
deuxième partie de notre mémoire, on précisait la spécificité des dépôts à
vocation sociale comme celui des Valoristes dans le centre-ville de
Montréal.
Et dans la troisième partie du mémoire, on propose des solutions pour intégrer
ces dépôts à vocation sociale dans le projet… donc, dans le futur
système
de gestion de la >consigne, et, notamment, quelques balises pour obtenir
le bon équilibre entre une certaine diversité, dans cet écosystème de
récupération, une vocation sociale et, en même temps, une certaine
standardisation et une efficacité.
Je vais reprendre juste, sans les
détailler, les cinq avantages d'une consigne élargie. Le premier qu'on voyait,
ça concerne… Et puis, encore une fois, vous comprendrez, dans tout notre
témoignage, que l'expérience des Valoristes est une expérience centrée sur le
mode de vie en centre-ville, la consommation hors foyer et puis le travail très
spécifique qui est réalisé par Les Valoristes, donc ces personnes qui ramassent
des contenants consignés, qui les collectent sur les espaces publics, principalement,
et qui assurent une efficacité, une performance du système de collecte en
générant un revenu à partir de la consigne. Donc, les cinq avantages que nous
voyons, dans une consigne élargie, c'est donc de réduire les effets néfastes de
la consommation hors foyer, notamment, les déchets sauvages en centre-ville. C'est
d'agir comme un catalyseur de recyclage pour les grands événements et les
institutions, donc institutions, commerces, industries qu'on nommera ICI dans
le reste du document, simplifier le système de consigne qui, aujourd'hui, est
beaucoup trop complexe. L'élargissement permettra donc de faciliter le reste,
de simplifier les processus. Le quatrième avantage que nous voyons, c'est la
réduction à la source, qui est le premier objectif de la hiérarchie
environnementale des 3RVÉ. Et le cinquième avantage, sur lequel nous
insisterons plus aujourd'hui, qui est de renforcer les impacts sociaux positifs
de la consigne.
• (12 h 30) •
En deuxième partie de notre présentation,
on voulait insister sur la spécificité et l'aspect différenciant de dépôts tels
que celui que la coopérative des Valoristes opère depuis huit ans maintenant à
Montréal de manière saisonnière. C'est un dépôt qui a la particularité d'offrir
un accueil humain et chaleureux à des personnes pour qui la consigne est un
mode de vie, est une source de revenus, et qui sont souvent, malheureusement,
mal accueillies dans les systèmes traditionnels de récupération type gobeuse,
type machine chez les détaillants. Notre système offre des perspectives de
réinsertion sociale à des personnes exclues du marché du travail. Et tous nos
calculs, toutes nos projections montrent qu'opérer à l'année sur un volume de
contenants quatre à cinq fois supérieur que celui que nous récupérons
aujourd'hui permettrait de créer des postes permanents en réinsertion sociale.
La coopérative des Valoristes, pour ceux qui la connaissent, a un engagement
environnemental très fort, c'est dire que toutes ses activités de collecte, de
récupération, de tri, ce sont…
12 h 30 (version révisée)
M. Bourrely (Frédéric) : ...quatre
à cinq fois supérieur que celui que nous récupérons aujourd'hui permettrait de
créer des postes permanents en réinsertion sociale.
La coopérative des Valoristes, pour ceux
qui la connaissent, a un engagement environnemental très fort, c'est-à-dire que
toutes ses activités de collecte, de récupération, de tri se sont aussi
toujours accompagnées d'éducation, de sensibilisation du public, sensibilisation
des valoristes, des détaillants. La coopérative a toujours agi comme un renfort
au système officiel de récupération de consigne, notamment en partenariat avec
les détaillants qui, au centre-ville de Montréal, n'ont pas toujours l'espace
pour gérer la matière qui leur revient.
C'est une coopérative aussi qui mise sur l'innovation,
sur l'efficacité. Nous allons ouvrir, cet hiver, <c'est... >je
pense que c'est bientôt officiel, un point de dépôt au centre-ville de Montréal
que nous souhaitons équiper de machines automatisées. Et, dans nos
perspectives, donc, quand le dépôt des valoristes sera intégré dans le système
officiel de consigne, nous souhaitons miser sur les volumes, l'efficacité et la
mécanisation.
En troisième point, je voulais vous
présenter l'arrimage que nous avons imaginé pour les dépôts d'économie sociale,
notamment celui des valoristes, dans le futur système de consigne. D'abord,
nous pensons qu'il est important d'intégrer des critères environnementaux,
sociaux dans le choix des opérateurs de dépôt pour le prochain système. Nous
pensons que le système de retour chez les détaillants et de dépôt officiel
serait potentiellement enrichi et complété avec des dépôts à vocation sociale,
notamment pour les enjeux spécifiques des centres-villes. Nous demandons au
gouvernement de s'assurer qu'un certain nombre des dépôts en milieux
environnement dense inclut une mission sociale de dialogue et d'intégration
comme nous le faisons depuis huit ans.
Nous comprenons le défi de mise en place d'un
système standardisé. Nous comprenons que ça ne peut pas être un système où
chaque intervenant à vocation sociale ou à vocation environnementale peut
participer ou peut prétendre participer au système de consigne. Nous proposons
trois balises. La première de ces balises est d'intégrer au futur système des
organismes dont la mission principale est le retour de la consigne, de
peut-être éventuellement limiter ces interventions dans les centres-villes qui
ont des spécificités en termes événementiels, ICI et puis enjeux de
consommation hors foyer, et puis de privilégier les organismes d'économie
sociale, notamment ceux qui ont un impact très fort sur le milieu en termes de
lutte à la pauvreté et d'accès à un revenu décent.
Peut-être, en conclusion, on voulait
rappeler à quel point on est... on suit de près, comme vous l'avez répété,
l'évolution de la consigne. Depuis huit ans, on l'a défendue, on a défendu
notamment sa valeur environnementale mais aussi son impact <social...
M. Bourrely (Frédéric) : ...peut-être,
en conclusion, on voulait rappeler à quel point on est... on suit de près,
comme vous l'avez répété, l'évolution de la consigne. Depuis huit ans, on l'a
défendue, on a défendu notamment sa valeur environnementale mais aussi son
impact >social. L'augmentation de la valeur de la consigne est quelque
chose qui nous tient à coeur, l'augmentation de son volume. Par contre, on
pense que c'est un système qui bénéficierait de la présence officielle et
reconnue d'acteurs d'économie sociale qui ont cette double vocation environnementale
et sociale au coeur de leur mission et puis qui ont démontré, je pense, au
cours des huit dernières années, leur résilience, leur engagement et puis leur
volonté de coopérer pour évoluer et changer d'échelle. Voilà.
Donc, après, on est ouverts à toutes les questions.
On est conscients qu'on est dans une phase très préliminaire de ce grand
mouvement. Par contre, voilà, on pense que l'intégration au plus tôt de l'économie
sociale et la reconnaissance du travail des valoristes et de la spécificité des
centres-villes seraient un facteur clé de succès. Voilà, je pense qu'on a
atteint les 10 minutes.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Merci beaucoup. Alors, M. le ministre, vous avez la parole.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. À vous deux, madame, monsieur, un plaisir de vous entendre ce
matin. J'ai eu l'occasion, là, de me pencher sur l'exemple drôlement intéressant
des Valoristes à quelques reprises, et bravo pour le travail qui est fait.
Peut-être vous mentionner, vous avez dit,
en conclusion, qu'on est au premier balbutiement d'une étape qui va
s'échelonner sur quelques années. C'est bien de le rappeler, mais peut-être
vous mentionner aussi que nous avons constitué des comités de travail, et un
s'est vu confier la tâche d'aborder la question, justement, là, du volet
sociétal, du volet accompagnement au milieu communautaire. Donc, effectivement,
ça fait partie de nos préoccupations.
Sinon, peut-être nous donner l'exemple
d'une situation idéale pour vous. Je sais que vous êtes en milieu très
urbanisé, effectivement, vous avez des espaces qui vous sont accessibles, mais
qui assure la permanence, en quelque sorte, de cet espace-là? Comment les
personnes qui viennent déposer des contenants sont accompagnées? Est-ce que
vous disposez d'équipements technologiques ou ce ne sont que des ballots ou des
sacs de contenants qui vous sont remis? Peut-être juste pour celles et ceux qui
nous écoutent... puissent mieux comprendre la situation dans laquelle vous
vivez et ce que vous souhaiteriez, éventuellement, comme évolution dans vos
opérations.
M. Bourrely (Frédéric) : Tout
à fait, merci beaucoup pour nous laisser cette opportunité. Marica, est-ce que
tu voudras... Je vais peut-être commencer par un portrait global et puis je te
laisserai compléter. Comment tu le sens?
Mme Vazquez Tagliero (Marica) :
Oui.
M. Bourrely (Frédéric) : Donc,
la coopérative des Valoristes, donc, est constituée avec, donc, des salariés et
puis rémunère aussi, donc, ses trieurs <avec...
M. Bourrely (Frédéric) : ...
merci
beaucoup pour nous laisser cette opportunité. Marica, est-ce que tu voudras...
Je vais peut-être commencer par un portrait global et puis je te laisserai
compléter. Comment tu le sens?
Mme Vazquez Tagliero (Marica) :
Oui.
M. Bourrely (Frédéric) :
Donc, la coopérative des Valoristes, donc, est constituée avec, donc, des
salariés et puis rémunère aussi, donc, ses trieurs >avec des systèmes de
per diem. Donc, aujourd'hui, c'est une entreprise qui opère, donc, depuis huit
ans au centre-ville de Montréal de manière saisonnière, donc, sous le pont
Jacques-Cartier. C'est un espace extérieur qui est très adapté à la
récupération des gros volumes, donc des volumes qui sont des... qui viennent
d'événements publics, des volumes qui viennent de tours à bureaux et les
volumes qui sont apportés par les membres de la coopérative, qui sont les valoristes,
donc, qui arrivent au dépôt avec des grands sacs, souvent de contenants
écrasés, qui sont des sacs souvent prétriés. Pour vous donner un ordre de
grandeur, cette année, c'est 2,4 millions de contenants qui ont été
récupérés par le dépôt des valoristes. C'est 5 000 dépôts environ qui
ont été réalisés cet été.
Là, on est dans une phase de changement
d'échelle, c'est-à-dire qu'à partir du mois de novembre, si tout va bien, Les
Valoristes vont pouvoir opérer à l'année dans un local fermé au centre-ville de
Montréal, donc, qui leur permettra d'accueillir tous les... enfin, peut-être
quatre jours ou cinq jours semaine, on est en train de vérifier, donc les
volumes qui seront apportés, encore une fois, par les valoristes, les
organisateurs d'événements, les tours à condos ou les ICI.
C'est un dépôt qui sera ouvert aux
citoyens, mais on est conscients que... Dans notre système idéal ou dans ce
qu'on imagine pour le retour de la consigne, nous, on travaille beaucoup avec
les détaillants qui ont une offre, en effet, mécanisée et puis de proximité qui
est très, très adaptée à la consommation régulière des citoyens et qui permet
un retour facile des contenants. Par contre, en effet, dès qu'on arrive à des
volumes plus importants, notamment les personnes qui arrivent avec trois,
quatre sacs ou avec un camion qui revient d'un événement comme Juste pour rire,
il faut bien accueillir ces volumes-là dans un espace différent du hall d'un
détaillant. Et, en même temps, il y a un certain intérêt, parce que nos valoristes
sont à pied, à vélo, à ce que cet espace, donc, de nature plus industrielle, de
nature plus commerciale de traitement de gros volumes soit en centre-ville,
soit accessible.
Aujourd'hui, de par la complexité du
système de consigne, le tri se fait manuellement dans des piscines, c'est-à-dire
dans des... c'est un tri visuel et ce ne sont quasiment que Les Valoristes qui
sont capables de le faire parce que, sur un sac qui vient de... il y a
énormément de contamination, il y a énormément de contenants non consignés, et
donc il faut être capables de reconnaître très, très rapidement quel contenant
est consigné ou pas consigné. Et cette expertise-là a été développée au plus haut
point par Les Valoristes.
Dans un futur système simplifié, élargi,
on envisage que notre dépôt au centre-ville de Montréal soit équipé de gobeuses
traditionnelles, comme chez les détaillants pour le citoyen qui viendrait avec
des petits volumes, soit équipé d'un espace de tri... En fait, il faut
absolument enlever manuellement certains contaminants avant d'arriver vers une
mécanisation plus forte. Et une première étape de mécanisation pourrait être
faite dans l'entrepôt du centre-ville des Valoristes. <Un...
M. Bourrely (Frédéric) :
...viendrait avec des petits volumes, soit équipé d'un espace de tri... En
fait, il faut absolument enlever manuellement certains contaminants avant
d'arriver vers une mécanisation plus forte. Et une première étape de
mécanisation pourrait être faite dans l'entrepôt du centre-ville des
Valoristes. >Un partenariat pourrait être fait avec l'organisme de
gestion aussi pour que, suite à une première collecte et à un premier tri, les
contenants soient acheminés vers un entrepôt plus centralisé.
Il s'agit bien d'un dépôt spécifique et
d'un dépôt taillé pour une dizaine de millions de contenants qui viennent par
un chemin particulier, donc qui est très complémentaire aux détaillants du
centre-ville et complémentaire, peut-être, à des grands dépôts régionaux
mécanisés.
• (12 h 40) •
M. Charette : Votre mission
sociale en est une notamment d'accompagnement de vos membres, notamment, mais
elle permet aussi... J'imagine, le citoyen qui désire aider vient vous porter
des contenants sans forcément récupérer le montant de sa consigne. Donc, ça
vous fait des revenus de cette façon-là.
M. Bourrely (Frédéric) : Tout
à fait. L'activité sociale des Valoristes est financée en très petite partie
mais tout de même par les contenants qui sont proposés, offerts par les
citoyens ou même les entreprises qui décident... ou les festivals qui ne
récupèrent pas leurs consignes. C'est une source de financement. Il y a des
financements traditionnels du communautaire, donc, par la ville ou par la
Caisse d'économie solidaire Desjardins, des partenaires de longue date qui
financent le volet social des Valoristes et qui permettent, en effet, d'avoir
une intervention humaine, c'est-à-dire que...
Avant tout, il y a un contact humain
quand... Bien, Marica connaît très, très bien les valoristes de Montréal, ce
sont des personnes qui parfois vivent légèrement en marge de la société ou qui
bénéficient de ce revenu parce qu'ils n'ont pas forcément accès à d'autres
réseaux plus structurés. Et donc c'est un premier contact qui est fait avec ces
personnes-là, et il y a une forme d'intervention psychosociale. Au-delà de la
chaleur et de l'accueil, il y a une intervention psychosociale structurée qui
est faite par des financements complémentaires. C'est-à-dire que, dans notre
vision, le dépôt des valoristes est un dépôt professionnel qui mérite
rémunération pour le tri qu'il fait, mais il y a d'autres voies de financement
qui nous permettent de compléter cette activité de tri avec une activité
psychosociale.
M. Charette : Merci beaucoup.
Mme Vazquez Tagliero (Marica) :
Alors, si je pourrais ajouter... Je pourrais ajouter quelque chose. Notre
mission sociale, elle est établie. On a décidé de faire cette structure, une
coopérative, une entreprise d'économie sociale pour pouvoir justement intégrer
les valoristes et d'autres citoyens dans la composition de notre entreprise.
Parce que c'est un sujet qui intéresse à tout le monde, pas juste aux
valoristes, mais la gestion des matières résiduelles intéresse tout le monde,
intéresse aussi aux citoyens.
Notre mission sociale est aussi basée dans
un besoin, un besoin. Quand on a commencé ce projet-là, on connaissait déjà le
terrain, on travaillait déjà avec des valoristes et on comprenait les besoins
de la part des valoristes mais aussi de la part des détaillants, mais des valoristes
du centre-ville de Montréal, justement au centre-ville de Montréal.
Ça fait <qu'eux...
Mme Vazquez Tagliero (Marica) :
...
besoin. Quand on a commencé ce projet-là, on connaissait déjà le
terrain, on travaillait déjà avec des valoristes et on comprenait les besoins
de la part des valoristes mais aussi de la part des détaillants, mais des
valoristes du centre-ville de Montréal, justement au centre-ville de Montréal.
Ça fait >qu'eux, avec les
événements, la quantité de gens qui viennent travailler, c'est un demi-million
de personnes qui rentrent et sortent du centre-ville, la collecte hors foyer,
ils avaient des événements, ce n'est pas juste dans les événements, c'est la
périphérie... Ça fait qu'il y en avait, maintenant, une opportunité pour ces
gens-là de ramasser des énormes quantités de contenants. Ça fait qu'eux, pour
les détaillants, ça a été un petit peu dur parce que ces gens-là venaient avec
justement d'énormes quantités de contenants. Ça fait que... C'est ça qu'on
veut, là, on veut que ces contenants, ils retournent au système de la consigne.
C'est ça, le but.
Mais qu'est-ce qui m'inquiète? Et c'est
pour ça qu'on a ouvert cette coopérative, une entreprise participative aussi, c'est
d'apporter des solutions, apporter des solutions pour les valoristes, pour les
détaillants du centre-ville. On parle toujours du centre-ville de Montréal, je
ne parle pas d'ailleurs, je ne connais pas ou ne connais peu. Ça fait que notre
mission sociale était basée surtout à donner des services à ces gens et les intégrer
dans l'entreprise parce qu'ils sont des experts de terrain, puis je connais
très bien le travail. Eh voilà! C'était une mission sociale qui est... a aussi,
comme n'importe quelle entreprise d'économie sociale, des objectifs économiques
financiers.
M. Charette : Merci beaucoup.
Mme Vazquez Tagliero (Marica) :
Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de Bourget.
M. Campeau : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour à vous deux. C'est un plaisir de vous retrouver. La
dernière fois, c'était au bureau de comté et ça avait été fort intéressant. Vous
savez déjà que je suis très sympathique à votre cause, c'est fait avec beaucoup
de coeur et beaucoup de sincérité de façon très évidente, mais vous faites
aussi quelque chose d'extrêmement utile pour la société parce que vous créez
une habitude de travail envers... pour des gens qui parfois n'en ont pas, et ça
leur donne une certaine dignité aussi avec les revenus qu'ils peuvent obtenir
eux autres mêmes. Ça aussi, c'est extrêmement intéressant.
Une chose que j'ai toujours trouvé
malheureuse, c'est l'opération saisonnière. Vous venez de dire que vous allez
pouvoir maintenant la rendre cinq jours semaine. Est-ce qu'il y a un objectif
de le rendre à sept jours semaine? Parce que, si on augmente le nombre de
contenants, peut-être que vous allez en recevoir beaucoup plus, et j'imagine
que ça devrait aider beaucoup, parce qu'on ne veut pas avoir d'accumulations
qui vont se faire pendant les deux jours où ça n'opère pas. Est-ce que vous avez
des idées en ce sens-là pour le futur?
M. Bourrely (Frédéric) : Bien
sûr, on...
Mme Vazquez Tagliero (Marica) :
Bien, absolument, absolument.
M. Bourrely (Frédéric) : Tu
veux que j'y aille, Marica?
Mme Vazquez Tagliero (Marica) :
Je te laisse commencer?
M. Bourrely (Frédéric) :
Vas-y.
Mme Vazquez Tagliero (Marica) :
D'accord. Oui, absolument. Alors, c'est sûr que, quand on a commencé le projet,
il fallait <tester...
M. Bourrely (Frédéric) : ...b
ien
sûr, on...
Mme Vazquez Tagliero (Marica) :
Bien, absolument, absolument.
M. Bourrely (Frédéric) : Tu
veux que j'y aille, Marica?
Mme Vazquez Tagliero (Marica) :
Je te laisse commencer?
M. Bourrely (Frédéric) :
Vas-y.
Mme Vazquez Tagliero (Marica) :
D'accord. Oui, absolument. Alors, c'est sûr que, quand on a commencé le projet,
il fallait >tester qu'est-ce qu'on faisait, est-ce que ça irait marcher,
puis on a vu que ça marchait. On a eu toutes sortes de moments pendant ces
années-là, mais aujourd'hui on a surtout beaucoup de connaissances du terrain
et des besoins du système des Valoristes et des valoristes.
Nous, qu'est-ce que les gens me disent,
qu'est-ce que les valoristes m'ont déjà dit, par exemple, dans le parc La
Fontaine, c'est : S'il vous plaît, ouvrez le dépôt après que le parc est
fermé, je vous donnerais une partie de mes consignes, j'ai juste besoin d'une
place pour rapporter ces contenants-là, et ce n'est pas juste moi, les gens
vont être contents de vous donner une partie de la consigne pour qu'on puisse
aller chercher d'autres contenants et se libérer de ces contenants-là. Parce
que, pour eux, c'est une difficulté. Ça fait que toutes ces choses-là sont
prises sérieusement en considération par nous.
Moi, la façon que je le vois, là, à partir
de notre expérience, c'est que, pendant l'été, ce dépôt va être ouvert tous les
jours de la semaine, un petit peu comme un écocentre. Ça va être ouvert tous
les jours de la semaine. Les horaires, il faut qu'on décide qu'est-ce... qui,
quoi, quels sont les meilleurs horaires. Peut-être avoir des dépôts mobiles qui
se déplacent pour justement aller chercher des contenants, de certains types
d'opérations des parcs, etc. Il y a toutes ces choses-là qu'on a beaucoup de
connaissances. Puis c'est une question de... Et comme la moitié des contenants
vont être... bien, plus 50 % des contenants vont être consignés, il va y
avoir en masse de contenants.
Ça fait que oui, ça, c'est sept jours semaine,
horaire à définir. On a besoin de voir ça avec nos membres. Est-ce que ça
pourrait être 24 heures? On ne sait pas, ça pourrait. Et, l'hiver, comme
il y a moins de consommation hors foyer et les choses sont un peu plus à
l'intérieur, on vise peut-être de réduire les horaires de fonctionnement,
encore une fois, comme un écocentre. Ça fait que nous, on va se baser dans les
besoins de terrain qu'on a déjà une bonne connaissance.
M. Campeau : O.K. Bien, les
gens qui sont venus faire une présentation... Le mémoire précédent, par M. Bisson,
de Boissons gazeuses Environnement, parlait du problème de récupération du...
qu'on appelle les ICI, donc les commerces et industries. Alors, c'est une chose
où vous aidez déjà, où vous pourriez même en faire plus si vous aviez plus de
moyens, j'imagine, parce que c'est une façon d'aller chercher pas mal de
contenants avec un minimum d'efforts, mais l'idée, c'est de se rendre là. Là,
actuellement, vous êtes à vélo.
M. Bourrely (Frédéric) :
Non...
M. Campeau : J'ai mal compris
ce bout-là?
Mme Vazquez Tagliero (Marica) :
...
M. Bourrely (Frédéric) : Bien,
il faut peut-être préciser, en effet, vous avez raison, ce sont les valoristes
qu'on accueille qui sont souvent à pied, à <vélo...
M. Campeau : ...c'est
une
façon d'aller chercher pas mal de contenants avec un minimum d'efforts, mais
l'idée, c'est de se rendre là. Là, actuellement, vous êtes à vélo.
M. Bourrely (Frédéric) :
Non...
M. Campeau : J'ai mal
compris ce bout-là?
Mme Vazquez Tagliero (Marica) :
...
M. Bourrely (Frédéric) :
Bien, il faut peut-être préciser, en effet, vous avez raison, ce sont les
valoristes qu'on accueille qui sont souvent à pied, à >vélo. Par contre,
la coopérative utilise des camions pendant l'été pour collecter les événements
et les ICI. Vous avez parfaitement raison sur les deux sujets que vous avez
apportés, l'ouverture trois, quatre, cinq jours semaine en été n'est pas assez.
Il y a de l'accumulation de contenants, et, avec l'élargissement de la
consigne, avec l'élargissement de notre clientèle, comme disait Marica, on va
devoir répondre au besoin et on voit arriver le moment où on sera ouverts sept
jours semaine.
Les ICI sont une clientèle complexe parce
qu'en n'étant ouvert que l'été il est difficile de pérenniser un service. Avec
le projet pilote d'ouverture en hiver qui débute bientôt et, donc, notre
capacité, on l'espère en 2021‑2022, d'opérer à l'année longue, on est sûrs de
fidéliser une clientèle ICI, c'est-à-dire de pouvoir réaliser des collectes
avec un camion Valoristes dans les tours à condos et les ICI du centre-ville.
Mme Vazquez Tagliero (Marica) :
Alors, nous, si je peux ajouter, on a quelques... On n'a jamais investi plus de
temps que ça justement à cause de qu'est-ce que Frédéric vient de dire, qu'on
n'a pas une place toute l'année, mais on a réussi dernièrement à avoir une
entente avec le complexe Desjardins pour pouvoir continuer, de façon annuelle,
depuis peut-être deux ans, la collecte des ICI, mais on ne peut pas la
développer, hein? On s'entend que, oui, le complexe Desjardins, fabuleux
partenaire à nous, nous prête des espaces en bas pour notre collecte ICI, mais
on ne peut pas la développer. Et ça, c'est quelque chose que c'est très
important pour nous, de développer ces contenants, parce que justement,
l'hiver, la consommation est intérieure, et on sait qu'il y a une grande partie
des contenants qui sont consommés à l'intérieur, les gens ne sont plus à
l'extérieur, ils sont à l'intérieur, la consommation est encore là. Ça.
• (12 h 50) •
L'autre chose, c'est que nous, on est
vraiment... on croit vraiment qu'on peut changer les comportements des
entreprises, spécialement avec une consigne élargie parce que ça devient
beaucoup plus facile de savoir que tous les contenants sont consignés, mais
qu'on peut changer les comportements de certaines entreprises à mettre de côté
ces contenants-là pour des causes comme la nôtre. Et ça, je pense...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je dois vous interrompre ici parce que c'est au tour, maintenant, de
l'opposition officielle de vous poser des questions. M. le député de
Robert-Baldwin.
M. Leitão : Merci beaucoup,
Mme la Présidente. Merci d'être là. Et je vous invite à continuer là où vous
étiez. Continuez votre pensée, s'il vous plaît.
Mme Vazquez Tagliero (Marica) :
Merci beaucoup. Ça fait que c'est ça, nous, on pense que nous et peut-être
d'autres entreprises d'économie sociale vont <pouvoir...
M. Leitão : ...
merci
beaucoup, Mme la Présidente. Merci d'être là. Et je vous invite à continuer là
où vous étiez. Continuez votre pensée, s'il vous plaît.
Mme Vazquez Tagliero (Marica) :
Merci beaucoup. Ça fait que
c'est ça, nous, on pense que nous et
peut-être
d'autres
entreprises d'
économie sociale vont >pouvoir
encourager davantage à cause, justement, de leur mission sociale, à cause que
chaque contenant, ce n'est pas juste bon pour l'environnement, mais c'est bon
pour nourrir la mission sociale de ces entreprises-là. On pense que nous, on
peut aller chercher davantage des entreprises qui participent au système de la
consigne de façon encore plus organisée, comme on l'a fait déjà dans le passé
avec certains de nos partenaires, et que ça, ça va être bon.
Et c'est à l'intérêt de l'entreprise pas
juste pour une question d'environnement ou responsabilité sociale, mais c'est
aussi une question de coût. Les contenants, les déchets leur coûtent, le poids
des déchets leur coûte, le recyclage leur coûte. Et peut-être, avec la consigne,
elle peut s'autofinancer, une consigne élargie, une consigne avec le montant le
plus élevé, comme à 0,10 $ comme vous planifiez de faire, peut-être elle
pourrait s'autofinancer.
Ça fait que ce serait aussi une question
économique qui pourrait, spécialement pour les événements aussi et pour les
ICI, davantage accroître la participation de ces établissements dans le nouveau
système et avec des entreprises d'économie sociale surtout.
M. Leitão : Très bien, merci.
Merci beaucoup. Ce n'était pas là où je voulais aller. On va élargir la
consigne. Par exemple, il va y avoir, la SAQ nous a dit hier, 200 millions
de bouteilles. 200 millions de bouteilles, <c'est... >je ne
sais pas, moi, 0,10 $ la bouteille, c'est 20 millions de dollars...
Une voix : ...
M. Leitão : 25. Donc, on
multiplie par quatre, c'est encore plus. Je ne sais pas, moi, juste à Montréal,
sur l'île de Montréal, on parle probablement de 10 à 15 millions de
dollars qui vont arriver dans ce marché-là.
Avez-vous pensé peut-être à former un
partenariat avec la SAQ? J'ai posé la question hier à Mme Dagenais, la
présidente de la SAQ, puis il me semble que la société d'État pourrait être
prête à créer une espèce de dépôt spécial réservé pour vous, par exemple,
proche de leurs entrepôts où vous pourriez amener des grandes quantités de
bouteilles avec vos camions, et ça pourrait générer beaucoup de revenus. Parce
qu'en effet, en effet, moi, je pense que vos objectifs de développer l'économie
sociale et de réinsertion sociale sont non seulement louables, mais elle a un
potentiel vraiment important. Alors, ce partenariat avec la SAQ, vous pensez
que c'est quelque chose qui peut se faire?
M. Bourrely (Frédéric) : Oui,
oui, tout à fait. Ça a été évoqué au sein de la coopérative, et puis on a, dans
nos réseaux, les personnes aux responsabilités sociales de la <SAQ...
M. Leitão : ...mais
elle
a un potentiel vraiment important. Alors, ce partenariat avec la SAQ, vous
pensez que c'est quelque chose qui peut se faire?
M. Bourrely (Frédéric) :
Oui, oui, tout à fait. Ça a été évoqué au sein de la coopérative, et puis on a,
dans nos réseaux, les personnes aux responsabilités sociales de la >SAQ
qu'on comptait approcher dès qu'on a la confirmation de notre espace cet hiver,
c'est-à-dire dans les prochaines heures. Donc, oui, oui, c'est... on pense que
la SAQ est un partenaire institutionnel majeur à la fois par le volume, par les
préoccupations qu'elle gère, comme vous l'avez dit, par sa présence à Montréal,
avec ses enjeux d'espace et puis son investissement, son implication sociale et
environnementale. On pense que c'est un partenaire majeur. Et puis merci de
nous le rappeler, je pense qu'on va faire les démarches très, très rapidement.
M. Leitão : Très bien. Et
l'autre... Et je pense que vous avez aussi mentionné ça en passant, mais je
pense qu'il y a là aussi quelque chose de très intéressant, c'est dans le...
donc, la consommation dans les foyers, donc, résidentiels. Bon, encore une
fois, sur l'île de Montréal, il y a quand même une grande densité
populationnelle, notamment avec tous les condos qui sont de plus en plus
fréquents. <Ce qu'on voit... >Je pense que je l'ai déjà mentionné
ici, ce qu'on voit à New York, par exemple... et je ne vais pas comparer New
York à Montréal, mais on voit des choses assez intéressantes qui se font entre
des organismes semblables au vôtre et certains condominiums où vous allez
directement chez les condos et vous récupérez le produit parce que certaines
personnes ne sont peut-être pas intéressées à retourner leurs bouteilles ou
leurs contenants, et vous, vous pouvez le faire. Alors, ça aussi, je pense, c'est
là une avenue intéressante de revenus additionnels pour vous. Et surtout, bon,
je reviens sur votre mission de faciliter la réinsertion sociale, je trouve que
c'est là quelque chose de très intéressant.
Maintenant, dans vos recommandations,
enfin, vos suggestions, vous revenez sur l'arrimage des dépôts à vocation
sociale dans le système à venir. Donc, vous voulez quand même un certain nombre
de balises pour ces dépôts qui vont probablement se multiplier. Pourriez-vous <nous...
>juste nous éclaircir un peu plus là-dessus?
M. Bourrely (Frédéric) : Oui, la
question des balises nous paraissait essentielle parce que c'est aussi pour
clarifier notre position aujourd'hui. On est très, très conscients que cet
élargissement de la consigne va nécessiter un certain niveau de standardisation
du système, d'intégration du système, de rationalisation, de mécanisation. Et
on n'est pas contre ça, au contraire, on pense qu'émergeront sans doute des
réseaux de collecte et de tri plus centralisés.
On pense qu'en marge de ça il existe aujourd'hui
une variété d'organismes communautaires qui collectent des contenants consignés
pour se financer. La coopérative des Valoristes n'est pas de <ceux-là...
M. Bourrely (Frédéric) : ...au
contraire, on pense qu'émergeront sans doute des réseaux de collecte et de tri
plus centralisés.
On pense qu'en marge de ça il existe
aujourd'hui
une variété d'organismes communautaires qui collectent des contenants consignés
pour se financer. La coopérative des Valoristes n'est pas de >ceux-là, c'est-à-dire
on accepte quand on nous fait des dons, évidemment, mais ce n'est vraiment pas
la source de revenus principale pour nous.
Nous, c'est une coopérative qui a une
vocation de tri professionnel et qui souhaite s'insérer dans le système de
dépôt. On parle beaucoup des millions de dollars de la consigne, et nous, comme
tous les autres acteurs, on va les rendre, c'est-à-dire qu'on va redonner aux
citoyens, aux valoristes, aux entreprises, la plupart du temps, les contenants
qu'ils vont nous apporter. Et, par contre, on souhaite que notre dépôt soit
financé par une prime de manutention comme... qui sera à déterminer par l'organisme
de gestion et, en effet, s'adressant à des clientèles particulières du
centre-ville de Montréal. Donc, on voulait, dans notre mémoire, faire la
distinction entre les entreprises d'économie sociale comme Les Valoristes qui
vont s'intégrer dans le système professionnel et commercial, finalement, de la
consigne, et avoir des rémunérations pour leur travail, tout en ayant une
vocation sociale, tout en ayant un impact social, tout en ayant des mandats d'éducation
à l'environnement, et de les distinguer peut-être de l'activité à but non
lucratif, que nous soutenons aussi mais dont nous sommes conscients qu'elle ne
pourra pas s'intégrer de la même manière dans le futur projet.
M. Leitão : Très bien, merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de Viau.
M. Benjamin : Merci, Mme la
Présidente. Merci beaucoup pour votre présentation. J'ai tendance à croire qu'en
lisant votre mémoire et aussi en prenant connaissance de vos différentes
activités<, que> vous joignez l'utile à l'utile, et pour cela je
vous remercie.
Je vais un peu prêcher pour ma paroisse. Je
suis député de la circonscription de Viau et je regarde l'excellent travail que
vous faites dans le centre-ville de Montréal, donc. Or, les enjeux, les clientèles
auxquelles vous vous adressez, je les retrouve de plus en plus un peu partout
sur le territoire montréalais. Quelle est votre vision pour d'autres quartiers,
d'autres arrondissements de Montréal?
Mme Vazquez Tagliero (Marica) :
Alors, il faut comprendre qu'il y a un spectrum de gens qui font cette
activité-là, c'est pour ça que vous le voyez aussi. Tu sais, il y a gens...
partie qui font ça pour... (Panne de son) ...il y en a, des gens, qui ramassent
pour des causes, il y a tout un spectrum de gens qui le font. Et il y a des
gens qui le font pour une petite période, peut-être vous les voyez plus que
jamais, peut-être à cause, justement, de qu'est-ce qui est arrivé avec la COVID
dernièrement, malheureusement. Moi, j'ai... deux clients, un qui est venu, il est
passé deux semaines, il n'avait pas venu, il est arrivé, puis il avait les
cheveux coupés, et puis il a dit : Marica, vous n'irez plus me voir parce
que j'ai finalement retrouvé mon travail de concierge, ça fait que je n'ai plus
besoin de ramasser des canettes.
• (13 heures) •
Ça fait que... pour d'autres
arrondissements...
13 h (version révisée)
Mme Vazquez Tagliero (Marica) :
...il est arrivé, puis il avait les cheveux coupés, et puis il a dit :
Marica, vous n'irez plus me voir parce que j'ai finalement retrouvé mon travail
de concierge, ça fait que je n'ai plus besoin de ramasser des canettes.
Ça fait que... (panne de son) ...pour
d'autres arrondissements de Montréal, ce n'est pas trop différent de qu'est-ce
qu'on fait présentement. C'est sûr que Montréal, c'est une ville, des événements
communautaires, etc. Les Valoristes aussi se nourrissent beaucoup des journées
de collecte sélective. D'ailleurs, beaucoup de gens mettent leurs contenants à
part, dans les journées de la collecte sélective, justement, pour remercier la
madame qui va passer les ramasser. Ça fait que... Et, des entreprises, elles existent
dans tous les coins de Montréal. C'est sûr qu'il y a une accumulation au
centre-ville, mais il y en a partout.
Ça fait que moi, de la façon que... je le
vois très semblable à qu'est-ce qu'on fait. C'est sûr que chaque arrondissement
a des spécificités, c'est sûr et certain. Ça fait que c'est à ces centres-là de
faire une connaissance, comme nous on a fait du centre-ville de Montréal depuis
des années, avec la clientèle et des groupes communautaires qui travaillent
dans ces arrondissements-là.
Parce qu'il faut comprendre aussi que,
comme entreprise d'économie sociale, on est très impliqués dans notre milieu.
Ça fait qu'on travaille avec d'autres groupes communautaires, pas juste dans
notre dépôt et notre bulle. On est en train de travailler avec d'autres groupes
communautaires pour, justement, pouvoir offrir des services complémentaires à
des valoristes qui en ont besoin ou d'autres personnes.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je dois vous interrompre ici dans votre bel élan. Et nous allons aller au
deuxième groupe d'opposition. Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Merci. Merci
beaucoup. J'ai 2 min 45 s, donc ça va être rapide. Merci
énormément pour votre présentation. Tous les membres de la commission sont tout
à fait d'accord avec la mission de votre organisme. Et je suis certaine que
tout le monde est d'accord que, comme vous, <que, >partout au
Québec, dans les centres urbains, <que, >quand il va y avoir des
centres de dépôt, qu'il y en ait qui aient des volets d'économie sociale. Comment
est-ce que, dans le projet de loi, dans les règlements<, est-ce que >le
gouvernement peut vous aider à ce que vous fassiez partie prenante de cette
modernisation de la consigne puis ne mette pas des bâtons dans les roues?
Par exemple, je pense à la compensation.
Vous, vous recevez moins de compensation pour le même travail que les
détaillants, qui, eux, ne veulent pas les avoir, ils nous l'ont dit l'autre
jour. Comment est-ce que vous pouvez faire partie prenante de... Qu'est-ce qui
doit être mis dans la loi? Puis peut-être aussi nous raconter une mésaventure
que vous avez eue — vous avez l'impression qu'on mettait des bâtons
dans les roues dans des initiatives à cause de la COVID — où vous
avez fait une entente avec un détaillant et qu'on vous a dit : Non, c'est
impossible, vous ne pouvez pas le faire. Peut-être nous parler de ça parce que
les gens ne sont pas au courant.
M. Bourrely (Frédéric) : On
est conscients que la consigne, c'est un enjeu complexe avec beaucoup de
parties prenantes. On est conscients aussi que, <pendant...
Mme Ghazal : ...
dans
des initiatives à cause de la COVID — où vous avez fait une entente
avec un détaillant et qu'on vous a dit : Non, c'est impossible, vous ne
pouvez pas le faire. Peut-être nous parler de ça parce que les gens ne sont pas
au courant.
M. Bourrely (Frédéric) : On
est conscients que la consigne, c'est un enjeu complexe avec beaucoup de
parties prenantes. On est conscients aussi que, >pendant très, très longtemps,
Les Valoristes ont agi un petit peu à la marge de ce système-là, puisque,
n'étant pas détaillants, donc il n'y avait pas de rémunération officielle pour
le travail des valoristes, qui s'est donc fait par des systèmes de subventions,
de dons. On a en effet tenté, ces dernières années, une forme... On a reçu une
forme de soutien de RECYC-QUÉBEC avec une... — c'est avec la ville
de Montréal — pour avoir une sorte de rémunération pilote, un petit
peu, des valoristes.
Aujourd'hui, on souhaite une intégration
pleine et entière d'un dépôt à vocation sociale, au centre-ville de Montréal,
comme celui des valoristes. Pour ça, on est assez conscients que le projet de
loi en cours est un projet de loi de responsabilisation de l'industrie et puis
de... avec une gouvernance collective, avec un organisme de gestion désigné.
Nous, on souhaiterait... et c'est là où votre expertise en termes de politiques
et puis administration publique va jouer, c'est : Comment faire en sorte
que ce projet de loi participe de... permette à ce type de dépôt d'exister,
d'opérer officiellement, d'être rémunéré pour leur travail, et permette même de
développer ce type de dépôt-là, sans tout à fait réaliser d'ingérence dans le
futur système qui sera mis en place, au moins définir des critères, des
objectifs, sensibiliser le futur organisme de gestion pour permettre à ces
dépôts-là d'exister?
Pour l'instant, c'est ça, l'enjeu pour
nous, très clairement, c'est... On peut encore continuer de fonctionner
quelques années sur des subventions et des dons. La réalité, c'est que, pour
monter à cinq, 10, 15 millions de contenants par an, il faut une
rémunération officielle.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je dois vous interrompre ici. C'est terminé pour cette portion. Alors, nous
allons aller maintenant du côté du troisième groupe d'opposition. Mme la
députée de Gaspé.
Mme Perry Mélançon : Merci.
Bonjour à vous deux. Merci pour cette éclairante présentation. <Pardonnez-moi.
>En fait, de ce que je comprends, c'est que, si on veut pouvoir, là,
clarifier le mandat des entreprises... plutôt des organismes d'économie sociale
comme le vôtre et que ce ne soient pas seulement de courtes périodes ou, en
tout cas, que chacun, là, ait sa façon de fonctionner, il faut absolument qu'on
ait une rémunération juste, bon, pour le type d'activités, là, que vous avez.
Alors, je pense que c'est bien compris, et je vous appuie, là, dans vos demandes
en ce sens-là.
J'irais sur la... Parce qu'on sait qu'un
des gros défis, là, de ce projet de loi là, c'est un peu l'adhésion des
consommateurs, des citoyens à participer davantage et à s'assurer de bien
mettre les choses aux bons endroits, d'aller dans les points de dépôt, et tout
ça. Est-ce que votre organisme fait de la sensibilisation, de l'information, ou
est-ce qu'il pourrait jouer un rôle dans l'information qu'on donne aux citoyens
pour qu'on s'assure que ce soit un succès?
Mme Vazquez Tagliero (Marica) :
Voilà. D'ailleurs, il faut comprendre que, dans nos dépôts, <depuis le
début, on...
Mme Perry Mélançon : ...
fait
de la sensibilisation, de l'information, ou est-ce qu'il pourrait jouer un rôle
dans l'information qu'on donne aux citoyens pour qu'on s'assure que ce soit un
succès?
Mme Vazquez Tagliero (Marica) :
Voilà.
D'ailleurs, il faut comprendre que, dans nos dépôts, >depuis
le début, on reçoit des valoristes... personnes qui veulent récupérer les
contenants consignés, soit que le contenant soit à eux ou soit à d'autres
personnes ou des contenants qui sont des entreprises. On a beaucoup d'entreprises
cette année qui sont venues récupérer leurs contenants.
Alors, nous, on pense qu'on peut ajouter
au message écologique que ces contenants-là ont déjà un message... Pour accroître
la participation, on peut dire : O.K., ce contenant va aider l'environnement,
mais il peut aussi aider une personne, il peut aussi aider un groupe. Ça fait
que, si vous ne voulez pas le retourner vous-même, si vous ne voulez pas le
mettre dans le bon système, donnez-y à quelqu'un qui le veut, parce que, ça,
c'est de l'argent.
Peut-être, vous ne voyez pas, une
cannette, que c'est de l'argent. C'est de l'argent. Le monde ne le voit pas des
fois. Et, bon, <Les Valoristes ont pris... >Les Valoristes et d'autres
personnes qui ramassent ont pris... ont vu l'opportunité économique, et tant
mieux, tu sais. Mais nous, on veut beaucoup jouer dans cette... dans l'image
qui est en arrière des contenants. Et je pense que ça, ce n'est pas juste
important pour la consigne, c'est aussi important pour d'autres centres de tri,
pour que le monde sache qu'il y a des gens en arrière de ça, tu sais...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Ma tâche est très ingrate. Je pense qu'on vous aurait écouté pendant encore plusieurs
heures, mais, voilà, les règles sont ce qu'elles sont. Donc, je vous remercie beaucoup
tous les deux pour cette participation à notre commission parlementaire.
Et, pour ma part, je vais ajourner les
travaux jusqu'à 15 heures. Merci et bonne fin de journée.
(Suspension de la séance à 13 h 8)
15 h (version révisée)
(Reprise à 15 heures)
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, nous allons reprendre nos travaux. Et nos invités sont l'organisme
Réseau Environnement, Mme Christiane Pelchat, présidente-directrice générale,
M. Charles Leclerc, coordonnateur du réseau... Air, Changements
climatiques et Énergie et Réseau Environnement. Je pense que... Je ne sais pas
si j'ai bien décliné votre titre, mais bienvenue. Alors, vous connaissez la
procédure. Vous avez 10 minutes pour faire votre présentation, ensuite, ce
sera un échange avec le ministre et les députés. Allez-y.
Mme Pelchat (Christiane) : Merci,
Mme la Présidente. D'abord, bonjour, M. le ministre, Mmes, MM. les députés. J'aimerais
vous remercier de nous avoir permis d'être devant vous aujourd'hui. Réseau
Environnement est très heureux de participer à cette consultation.
Pour celles et ceux qui ne connaissent pas
Réseau Environnement, je rappelle que Réseau est un organisme sans but lucratif
qui existe depuis près de 60 ans et qui fonctionne avec des membres
experts et expertes dans le milieu de l'environnement. Donc, ce sont ces
personnes qui se réunissent, dans cinq secteurs différents, et qui prennent des
positions, qui alimentent la réflexion des politiques publiques et des lois, <comme...
>les projets de loi comme aujourd'hui, et des règlements, et qui sont
dans l'espace public depuis 60 ans.
Donc, j'aimerais rapidement rappeler que
Réseau Environnement <a choisi... >a changé sa mission depuis
février dernier, et on a choisi une nouvelle mission qui est d'être le
catalyseur de l'économie verte. Et c'est important pour nous de rappeler la
définition de l'économie verte, celle qui est donnée par l'Institut de la statistique
du Québec et, bien sûr, celle qui est donnée par l'ONU. Alors, l'économie verte
est une approche pour mettre en oeuvre le développement durable, selon
l'Institut de la statistique. C'est une économie qui entraîne une amélioration
du bien-être humain et de l'équité sociale, tout en réduisant de manière
significative les risques environnementaux et la pénurie de ressources. C'est
donc une économie qui se veut sobre en carbone, bien sûr, et ce qui est
intéressant, c'est que c'est une économie qui met au centre aussi le
développement de l'individu et la justice sociale. Alors donc, c'est avec ce
cadre d'analyse, si on veut, que nous abordons toutes les études de projets de
loi ou de règlements qui sont devant nous.
Dans notre mémoire, comme vous l'avez
peut-être vu déjà, nous soulevons cinq enjeux particuliers, dont je vais vous
parler <tout à l'heure, mais...
Mme Pelchat (Christiane) :
...de
règlements qui sont devant nous.
Dans notre mémoire, comme vous l'avez
peut-être vu déjà, nous soulevons cinq enjeux particuliers dont je vais vous
parler >tout à l'heure, mais, de manière générale, Réseau Environnement
salue la volonté du gouvernement d'appliquer le principe de responsabilité
élargie des producteurs pour moderniser et gérer la gestion des matières
résiduelles. On est très heureux. Chez Réseau Environnement, il y a longtemps
qu'on favorise la REP, communément appelée, et je pense que le gouvernement
mais particulièrement le ministre Charette fait preuve de courage. Ce n'est pas
quelque chose qui est très populaire, surtout chez certaines entreprises, mais
c'est ce qu'on appelle un courage environnemental, et nous sommes très heureux
de cette décision.
Le gouvernement se donne enfin les
pouvoirs nécessaires pour réglementer et mettre en oeuvre les principes de la
modernisation de la consigne et de la cueillette sélective. Ce n'est pas à vous
que je vais dire qu'on a connu des crises qui se sont passées depuis les 10
dernières années avec nos matières résiduelles, et je pense qu'<il est temps
qu'on... >il est grand temps que le gouvernement agisse de cette
façon-là.
Nous déplorons cependant une chose, c'est
qu'il n'y a pas, dans le projet de loi, d'obligation de traçabilité des
matières résiduelles. Et nous sommes convaincus que, pour vraiment faire...
être à la hauteur de la REP et de l'économie circulaire, bien sûr, ce serait
utile d'avoir la traçabilité des matières, et comme l'avait... le prévoyait la politique
québécoise gestion des déchets que vous avez rendue publique au début de l'année.
Donc, à ce moment-là, on prévoyait une action spécifique pour rendre
obligatoire la traçabilité des matières. Et, en lisant le mémoire de RECYC-QUÉBEC
qui a présenté... je pense, c'est mardi ou mercredi, qui disait qu'«obliger la
traçabilité complète des matières qui transitent par les systèmes, de la mise
en marché au recyclage, pour permettre une reddition de comptes transparente»...
Ça fait partie des enjeux de gouvernance, ce qu'on soulève aussi dans notre
mémoire.
Un des plus gros problèmes... Et ce n'est
pas nécessairement avec un article de loi que l'on va régler ça, mais une des
conditions pour avoir une économie circulaire qui fonctionne, c'est certainement
l'accès aux données, et l'accès aux données pour toutes les actrices et les
acteurs de cette chaîne de valeurs. Alors, l'accès aux données, c'est une
condition sine qua non, encore une fois, pour une économie verte. Et la
traçabilité est un outil< de traçage>, <excusez-moi
le jeu de mots...
Mme Pelchat (Christiane) :
…toutes
les actrices et les acteurs de cette chaîne de valeurs. Alors, l'accès aux
données, c'est une condition sine qua non,
encore une fois, pour une
économie
verte. Et la traçabilité est un outil de traçage
, >excusez-moi le
jeu de mots, de traçage de données, donc d'avoir accès à ces données.
On voit, en ce moment, puis c'est ça, la
beauté d'avoir une REP, le ministre va pouvoir regrouper en un seul endroit
toutes les sources et toutes les données, probablement en tout cas, en matière
de gestion des matières résiduelles. Ce sera probablement plus facile d'avoir
accès aux données, que ce soit les données de réemploi, les données de
recyclage, les données de réduction, qu'est-ce qu'on fait, est-ce qu'il y a des
débouchés, où vos nos matières qui sont récupérées, etc. Je pense que ça va
faciliter, parce que c'est... nos membres nous ont dit que c'était une des plus
grandes difficultés qu'ils avaient, <c'était >d'avoir accès aux
données.
Et, bien sûr, hein, on a des données qui
sont chez RECYC-QUÉBEC, on a des données qui sont chez EEQ, on a des données
qui sont au MELCC. Il y a des données qui sont chez les municipalités, les
régies intermunicipales, les MRC, etc. Donc, il est très difficile d'avoir un
portrait fiable des données. En fait, juste d'avoir les données, c'est
difficile, alors encore plus difficile d'avoir un portrait fiable.
On souligne aussi... Les membres ont
souligné qu'ils aimeraient avoir… que les données soient ventilées par filière,
donc par récupération, réemploi, recyclage, pour mieux mesurer la performance
du système. De plus, on devrait aussi voir de quel type de recyclage il s'agit.
Par exemple, est-ce qu'on parle d'un recyclage à valeur ajoutée, ce qui est dit
«upcycling» dans le jargon, ou bien du recyclage de type «downcycling»? Les
membres ont souligné cette nécessité. Les membres soulignent aussi qu'on
aimerait avoir accès... par type de filière de données aussi, les données relativement
aux coûts de gestion du système. Alors, que ce soit l'organisme désigné, quel
qu'il soit, on aimerait pouvoir avoir accès à ces données-là aussi.
Un autre enjeu qui est souligné dans le
mémoire <que nos membres nous ont demandé… >sur lequel les membres
nous demandent d'attirer votre attention, c'est le réemploi. Afin de favoriser
l'implantation d'économie circulaire, le système devrait prioriser le réemploi
des produits. C'est... D'ailleurs, en fait, il y a déjà une hiérarchisation
dans les 3RV-E. Il y a... On sait que le réemploi vient en deuxième. Donc,
c'est déjà… on prévoit déjà hiérarchiser le réemploi plutôt, même, que le recyclage
et, bien sûr, l'élimination.
Donc, les membres ont peur <que la
REP…
Mme Pelchat (Christiane) :
...dans les 3RV-E. Il y a... On sait que le réemploi vient en deuxième. Donc,
c'est
déjà… on prévoit
déjà hiérarchiser le réemploi
plutôt,
même, que le
recyclage et, bien sûr, l'élimination.
Donc, les membres ont peur >que
la REP élimine la possibilité d'avoir des initiatives individuelles, ce qu'on
appelle la RIP aussi, et que ça élimine peut-être même des systèmes qui sont
déjà existants et qui sont très performants. On a juste à penser au remplissage
de bouteilles de bière qui se fait régulièrement. Donc, c'est quelque chose qui
est mentionné.
Et aussi que le nouveau système devrait
encourager l'innovation, l'innovation à Montréal, à Québec, mais aussi en
région. On a plusieurs membres qui, malgré l'absence de débouché, par exemple
pour le verre, ont réussi< à trouver>, avec... en fait, c'est vraiment
une synergie locale, à trouver des débouchés intéressants. Je pense à la régie
intermunicipale de la Gaspésie, Nathalie Drapeau, qui, avec le verre, fait des
choses très, très intéressantes avec des constructeurs de routes. Alors, ce
genre de RIP, les membres aimeraient bien, si c'est possible, que ça reste.
Bon, je comprends que c'est peut-être plus difficile, mais l'innovation locale
ne devrait pas être complètement éliminée. Autre élément...
• (15 h 10) •
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je vais devoir vous interrompre ici. Et peut-être qu'on pourrait poursuivre les
échanges. La parole est au ministre pour 20 minutes. Oui, M. le ministre?
Ah! M. le ministre me dit que vous pouvez poursuivre votre présentation encore
quelques minutes si vous voulez.
Mme Pelchat (Christiane) : O.K.
En fait, j'ai deux points à souligner encore, c'est la consigne différenciée.
Le projet de loi introduit le concept de consigne différenciée. Pour nos
membres, ce n'est pas une bonne idée parce que cela pourrait avoir une
influence négative sur la récupération et le retour des contenants consignés
par la population, du fait que, si on a une consigne de 0,10 $, par
exemple, et qu'on retourne seulement 0,07 $ pour... quand on remet nos
contenants, ça pourrait décourager les gens à faire de la récupération, alors
qu'on sait que la consigne vise aussi une plus grande récupération. Alors, on
a... on demande au gouvernement... si les montants de gestion des consignes non
ramenées, par exemple, ne suffisent pas, bien, on préférerait qu'il y ait un
écofrais qui soit adopté.
En terminant, rapidement, les enjeux
municipaux. Plusieurs membres municipaux qui nous ont dit qu'ils avaient peur
pour les actifs dans lesquels ils ont investi puisqu'ils étaient en charge
d'une partie de la collecte. Et donc on demande de les aider à protéger <les
actifs...
Mme Pelchat (Christiane) :
...rapidement, les enjeux municipaux. Plusieurs membres municipaux qui nous ont
dit qu'ils avaient peur pour les actifs dans lesquels ils ont investi
puisqu'ils étaient en charge d'une partie de la collecte. Et donc on demande de
les aider à protéger >les actifs municipaux, et protéger aussi les
régies intermunicipales, protéger, donc, les actifs aussi des régies
intermunicipales.
On dit aussi qu'il faudrait étendre la
collecte sélective à tous les emballages imprimés et contenants. Ça, ça vient
de nos membres municipaux. Et donc, voilà, je vais m'arrêter là, Mme la
Présidente. S'il y a des questions par rapport au mémoire, il me fera plaisir
d'y répondre.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je suis certaine qu'il y a des questions. Alors, M. le ministre.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Mme Pelchat, toujours un plaisir de vous retrouver.
Généralement, on est sur une même tribune ou à tout le moins en personne pour
échanger. Là, on doit se limiter à certaines réalités. Donc, un plaisir malgré
tout, un plaisir.
Peut-être juste commencer avec certains
des éléments que vous avez mentionnés. D'abord, merci. Réseau Environnement est
effectivement un interlocuteur incontournable, là, pour ce qui est de tout ce
qui touche environnement, économie environnementale au Québec, donc votre écho
est très, très important.
Je reprends quelques éléments, là, que
vous avez mentionnés à travers votre mémoire, notamment l'absence de traçabilité.
Ça, je vous entends très, très bien. Et ce que j'ai eu l'occasion de répéter à
quelques reprises depuis le début des consultations, c'est que c'est un projet
de loi habilitant qui va permettre au gouvernement de modifier certaines de ses
lois, de mettre en place certains principes, mais le fin détail ou
l'application, elle sera, elle, déterminée par règlement. Et déjà vous
confirmer qu'on a différents groupes de travail qui sont à l'oeuvre, et la question
de la traçabilité est sujette à ces discussions-là. Donc, dans notre esprit, elle
est effectivement nécessaire pour une reddition de comptes qui soit valable,
mais ce n'est pas dans le projet loi, là, que ces éléments-là sont discutés, compte
tenu que la réflexion se poursuit.
Vous avez fait référence, notamment,
indirectement, dans les faits, à la consigne sur la bière en parlant de
contenants réutilisables de façon multiple, les fameux CRM. Là aussi, on a
reçu, dans les derniers jours, autant l'association des brasseurs indépendants,
les microbrasseries, que les plus grands brasseurs. Eux tiennent, à juste
titre, à leur consigne qui est implantée depuis quelques décennies et qui
fonctionne bien. Ça, on a tenté de les rassurer. Ce qui fonctionne bien, on ne
le change pas, en ce sens que ces consignes sont maintenues avec l'obligation pour
les mêmes détaillants de récupérer ce qu'ils récupèrent déjà. <Donc...
M. Charette : ...quelques
décennies et qui fonctionne bien. Ça, on a tenté de les rassurer. Ce qui
fonctionne bien, on ne le change pas, en ce sens que ces consignes sont maintenues
avec l'obligation pour les mêmes détaillants de récupérer ce qu'ils récupèrent
déjà. >Donc, c'était une inquiétude, là, que vous avez indirectement
abordée qu'on peut immédiatement rassurer, en quelque sorte, là, donc, parce
qu'il y a toute une industrie, il y a toute une logistique derrière ces
éléments-là qui fonctionne bien.
Et vous avez soulevé la notion
d'innovation pour l'identification de débouchés. C'est au coeur de la démarche.
On y répond ou on va faciliter cette innovation-là avec une meilleure
traçabilité, vous l'avez mentionné. Mais une consigne de quelques milliards de
contenants par année, parce que ce sera le cas, on parle d'environ
4 milliards de contenants par année, si on n'avait pas de débouchés pour
toute cette matière-là, bien, l'exercice serait vain, en quelque sorte. Au
contraire, ce serait beaucoup, beaucoup d'efforts pour une absence de
résultats.
On s'est fait confirmer, de façon unanime,
au niveau de l'aluminium, aucune inquiétude, l'aluminium est une matière qui se
recycle à l'infini. Au niveau du plastique, si on arrive avec une pureté sans
contamination, on a les débouchés pour le plastique. C'est la même chose pour
les papiers. Au départ, certains nous trouvaient ambitieux pour ce qui est du
multicouche — parce qu'on intègre le multicouche aussi dans le projet
de loi. Or, encore ce matin, le hasard fait bien les choses, un article, là,
dans La Presse où il est question de l'entreprise Fibres Sustana, sur le
côté de Lévis, qui revalorise le multicouche et qui, actuellement, doit
s'approvisionner, par exemple, au Nouveau-Brunswick ou dans d'autres provinces
où ces contenants-là sont déjà consignés, donc là où on a des gisements
suffisants.
Donc, les débouchés, dans les faits, ce
n'est plus un sujet d'inquiétude. Au contraire, on a beaucoup de conditionneurs
qui sont à la recherche, qui sont en manque de matière, qui sont obligés de
l'importer. Mais vous avez tout à fait raison de le mentionner, ce serait tout
à fait vain pour nous de mettre en place, là, des conditions sans avoir de possibilités
de valorisation par la suite.
Vous avez parlé des actifs municipaux. C'est
un autre point qui est excessivement important. On a eu le plaisir de recevoir
autant la FQM que l'UMQ, là, depuis le début de la semaine. Les deux
associations municipales appuient le projet de loi, et même, lorsqu'on a fait
l'annonce de la réforme... en fait, l'annonce s'est faite en deux temps,
janvier et début février, les associations municipales étaient à nos côtés.
Elles misent beaucoup sur cette réforme au niveau de la modernisation de la
collecte sélective, parce qu'effectivement, à travers des régies municipales, à
travers différents types de contrats, les municipalités sont en lien avec les
centres de tri. <Dans bien des cas...
M. Charette : ...
associations
municipales étaient à nos côtés. Elles misent beaucoup sur cette réforme au
niveau de la modernisation de la collecte sélective, parce qu'effectivement, à
travers des régies municipales, à travers différents types de contrats, les municipalités
sont en lien avec les centres de tri. >Dans bien des cas, elles ont
investi dans ces centres de tri là, donc elles souhaitent que ces
investissements-là soient mis à profit, en quelque sorte. Donc, l'UMQ, FQM nous
accompagnent à ce niveau.
Elles ont un enjeu au niveau de la durée
des contrats pour certains de leurs fournisseurs, au niveau de la collecte
notamment. Ça, c'est un enjeu qui est réel, qui est évalué de notre côté. Cependant,
au niveau des actifs, on n'a pas à s'inquiéter. On veut mettre l'emphase sur
l'innovation, sur la qualité. Cependant, il y aura peut-être des conditions
d'imposées. Je veux dire par là, pour qu'un centre de tri puisse continuer
d'opérer ou, à tout le moins, recevoir des subventions, par exemple, on devra
s'assurer d'un respect d'un certain standard de qualité. Étant donné qu'on veut
revendre, qu'on veut valoriser, on va miser sur les centres intéressés à
continuer à se développer.
Bref, j'essayais de couvrir les différents
éléments, là, que vous avez mentionnés à travers votre mémoire. Merci pour
votre apport. Et vos membres, de façon générale, comment voient-ils... C'est
une grosse réforme à deux volets, collecte sélective et consigne, mais comment
reçoivent-ils ces opportunités-là qui s'offrent à eux et à elles?
Mme Pelchat (Christiane) : Je
vais vous dire, vous vous souvenez, lorsque la commission parlementaire avait
tenu son mandat d'initiative...
M. Charette : Sur le verre,
oui.
• (15 h 20) •
Mme Pelchat (Christiane) :
...oui, pour le verre, là, plusieurs membres étaient sceptiques sur la consigne
parce que... à cause de l'absence de débouchés. Et donc... Mais là ce que vous
annoncez, c'est< une>, j'ai envie de vous dire, une véritable
révolution. On ne parle plus juste de la consigne, on parle d'un nouveau
système avec REP. Et ça, chez Réseau, il y a longtemps qu'on favorise ce
système de la REP. Alors, la responsabilité de l'entreprise qui met sur le
marché un emballage, un contenant, du papier, etc., pour nous, c'est vraiment...
je ne dirais pas... dans le temps, on disait... au ministère de l'Environnement,
on parlait du pollueur payeur, là, mais c'est vraiment la meilleure façon de
s'occuper de la gestion des matières résiduelles. À ce moment-là, la consigne
devient un outil intéressant, aussi le recyclage, le réemploi, bien sûr. Et
donc pour nos membres c'est certain que c'est une bonne nouvelle, cette REP.
M. Charette : Je suis content
de l'entendre, parce qu'effectivement c'est un projet à deux volets, et les
deux étaient intrinsèquement liés. On aurait pu <difficilement faire...
Mme Pelchat (Christiane) :
…
le recyclage, le réemploi, bien sûr. Et donc pour nos membres c'est
certain que c'est une bonne nouvelle, cette REP.
M. Charette : Je suis
content de l'entendre, parce qu'effectivement c'est un projet à deux volets, et
les deux étaient intrinsèquement liés. On aurait pu >difficilement faire
la consigne sans faire la modernisation de la collecte sélective, et la
modernisation de la collecte sélective à elle seule aurait eu ses limites
aussi, d'où l'intégration.
Bref, on compose avec une enveloppe de
temps qui est limité. J'ai mon collègue qui souhaiterait également vous
adresser la parole. Donc, encore une fois, à vous, à vos membres, merci de
votre collaboration. Et au plaisir de vous retrouver.
Mme Pelchat (Christiane) :
Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de Bourget.
M. Campeau : Merci, Mme la
Présidente. Bonjour, Mme Pelchat. Toujours un plaisir de vous rencontrer.
Je suis content de voir votre support très clair envers la REP. Le rôle du
Réseau Environnement, c'est bien sûr d'aider ses membres, de maximiser l'impact
que vous pouvez avoir sur vos membres. Et, dans ce cas-ci, bien, comment
voyez-vous précisément votre rôle pour vos membres et pour maximiser le taux de
recyclage?
Mme Pelchat (Christiane) :
Écoutez, d'abord, l'annonce du ministre sur les multicouches, c'est une
excellente nouvelle, parce que, ça, c'est un réel problème. Alors, je tiens à
le souligner. Et la traçabilité aussi des matières, dont parle M. le ministre,
est aussi une excellente nouvelle pour nous.
Alors, les membres, chez nous, ils sont
pour la plupart très intéressés par l'innovation technologique. Et, bien sûr,
ce qu'on souhaiterait, c'est qu'il y ait des investissements très importants
dans les innovations technologiques reliées au recyclage et, comme le dit le
ministre, reliées à des débouchés québécois. Il y a certains membres qui
s'inquiétaient, hier soir, j'ai eu des discussions, qui disaient : Oui,
mais, si on récupère, par exemple, toutes nos matières, puis qu'on les envoie
aux États-Unis pour faire — on parlait du verre — <pour
faire >de la laine minérale, ça serait dommage que ce ne soit pas
transformé ici. Alors, bien sûr, il va falloir investir dans les débouchés. Et
ça, je pense que c'est une bonne nouvelle pour nos membres, je peux vous dire
ça.
Le Réseau Environnement, <on est
prêts… et, >comme je le disais, si les données sont accessibles, on est
prêts à être un acteur, une actrice, hein — je vais parler au féminin — de
cette grande révolution qu'est la REP, et d'encourager les gens à y participer
de plus en plus. Mais, vraiment, l'accès aux données ventilées par filière est
aussi une condition du succès de la responsabilité. Et ça, les membres nous
l'ont répété plusieurs fois. Qu'on s'adresse à EEQ, à RECYC-QUÉBEC, au
ministère, des fois, ça peut prendre deux ans à avoir des données. Et, par
exemple, en ce moment, <les REP qui sont…
Mme Pelchat (Christiane) :
...aussi une condition du succès de la responsabilité. Et ça, les membres nous
l'ont répété plusieurs fois. Qu'on s'adresse à EEQ, à RECYC-QUÉBEC, au
ministère, des fois, ça peut prendre deux ans à avoir des données. Et, par
exemple, en ce moment, >les REP qui sont sur pied, on ne peut pas avoir
les données. Et Mme Gagné, la présidente de RECYC-QUÉBEC, elle
disait : Oui, mais c'est parce que moi-même, je ne les ai pas. Alors, elle
ne peut pas les inventer, bien sûr. Donc, ça, c'est quelque chose qui faudrait
vraiment qui soit resserré.
M. Campeau : Je vous comprends
très bien au sujet des données ventilées, mais, plus on ventile, plus c'est
compliqué, alors il faut peut-être trouver un optimum là-dedans. Mais ma
compréhension, c'est : meilleures sont les données, meilleure est la
prévisibilité de ce qu'on va avoir comme matériel disponible. Et ça donne le
goût à des investisseurs de créer, à ce moment-là, une entreprise, ça va
générer des investissements. C'est dans ce sens-là que vous les voyez?
Mme Pelchat (Christiane) :
Oui, absolument. Vous avez tout à fait raison. Plus les acteurs de la chaîne de
valeur auront accès aux données, plus ils auront envie... ou, en tout cas, des
données pour justifier des investissements et justifier la collaboration envers
ce nouveau système, qui est fondamental quant à moi.
M. Campeau : J'aimerais vous
poser des questions sur le... Vous avez insisté sur le réemploi. Et on ne peut
pas être contre la vertu, là, c'est bien sûr, mais là, ce n'est sûrement pas le
carton de lait dont vous parliez, là. Parlez-vous des bouteilles de bière, à ce
moment-là, ou vous parlez de plus que ça?
Mme Pelchat (Christiane) :
Bien, en fait, on parle de tout ce qui peut être réemployé — excusez-moi
le néologisme — mais c'est tout ce qui peut être réemployé, donc les
contenants, aussi, de verre qui pourraient être réemployés. Parce que dans les
3RV, les principes des 3RV, le principal, hein, on dit, c'est la réduction. On
souhaite le plus possible de réduire la mise en marché des contenants et des
matières qui seront éventuellement à éliminer. Mais, le deuxième, c'est la
réutilisation, et, en ce moment, on le fait seulement avec, comme disait le
ministre, la consigne sur les bouteilles de bière. On le fait avec un autre
produit, si je ne me trompe pas, mais on ne le fait pas suffisamment avec ce
qui pourrait être réemployé. Je n'ai pas en tête toute la liste des choses qui
pourraient être réemployées, mais il y a beaucoup plus de choses qui pourraient
l'être qu'ils ne le sont maintenant.
M. Campeau : C'est sûrement
une bonne idée de regarder ça. Par contre, quand on a parlé avec la
présidente... la P.D.G. de la SAQ, elle nous disait que, pour les bouteilles de
vin, c'est compliqué et un peu utopique peut-être, selon elle. Peut-être que ça
changera avec le temps. Est-ce que vous avez une opinion différente ou...
là-dessus?
Mme Pelchat (Christiane) :
Bien, écoutez, on ne s'est pas penchés nécessairement sur les bouteilles de
vin, particulièrement sur les bouteilles de vin, mais, en fait, c'est parce que
ce marché-là est très internationalisé, puis c'est sûr que ce serait,
effectivement, peut-être difficile. Mais il y a d'autres contenants qui
pourraient <être réutilisés...
Mme Pelchat (Christiane) :
..
.on ne s'est pas penchés nécessairement sur les bouteilles de vin,
particulièrement sur les bouteilles de vin, mais, en fait, c'est parce que ce
marché-là est très internationalisé, puis c'est sûr que ce serait,
effectivement, peut-être difficile. Mais il y a d'autres contenants qui
pourraient >être réutilisés, et ça vaut la peine d'être regardé.
M. Campeau : Vous n'en avez
pas vraiment parlé après-midi...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
...vous interrompre ici, M. le député de Bourget.
M. Campeau : Ah! Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député... Ah! M. le député de Viau. Voilà.
M. Benjamin : Merci. Merci, Mme
la Présidente. Donc, je salue Mme Pelchat. Donc, Mme Pelchat, Mme la
Présidente, si vous permettez, je tiens à saluer le travail qu'elle fait au
sein de Réseau Environnement, mais aussi, vous savez, on parle beaucoup de
réfugiés climatiques, et je vais saluer le travail qu'elle fait aussi sur la
scène internationale, puisqu'il y a des liens, notamment, à travers tout le
travail que vous faites au sein de la Fondation Serge-Marcil. Donc, je tiens à
saluer ce travail-là. Merci beaucoup pour votre mémoire, que j'ai lu avec
beaucoup d'intérêt.
Une première question. Le Réseau
Environnement a développé une expertise à travers Traces Québec, au cours des
dernières années, sur les questions de sols contaminés. Est-ce que... Qu'en
est-il? Est-ce que cette expertise-là, c'est une expertise... Quel est l'état
de la situation par rapport à l'enjeu qui nous concerne, dans le cadre de ce
projet de loi, sur les questions de traçabilité?
Mme Pelchat (Christiane) :
Écoutez, ça fait plus que deux ans, presque trois ans maintenant que Réseau
Environnement opère Traces Québec pour les sols contaminés, comme vous l'avez
bien mentionné, et nous continuons toujours à le faire ces mois-ci, là, jusqu'à
tant que ça commence à geler — l'excavation est moins facile quand
les sols sont gelés — et ça fonctionne très bien
Ce que je peux vous dire, c'est que la
traçabilité des sols contaminés, telle qu'on la fait, et qui sera entreprise
par le MELCC par la suite, nous permet d'éviter des quantités incommensurables
de sols contaminés déversés de manière illégale et de manière sauvage. Et c'est
ce qu'on pense qui pourrait arriver si on introduisait la traçabilité pour les
matières résiduelles.
Alors, et je lisais rapidement ce matin le
mémoire du CRE, du regroupement des CRE qui disait que cette... si on avait
effectivement la traçabilité des matières, probablement que ça éviterait les
déversements sauvages de matière. Et un des plus gros producteurs de matières
résiduelles, c'est les grosses compagnies de boisson, Coca-Cola et Pepsi, etc.,
et c'est souvent ces contenants-là qu'on retrouve sur le bord de la route.
• (15 h 30) •
Alors, nous, on pense que, si, rapidement,
le gouvernement imposait la traçabilité sur les matières résiduelles, bien,
dans un premier temps, on saurait où sont les gisements, hein, les gisements de
matière que l'on peut...
15 h 30 (version révisée)
Mme Pelchat (Christiane) :
...et c'est souvent ces contenants-là qu'on retrouve sur le bord de la route.
Alors, nous, on pense que, si rapidement
le gouvernement imposait la traçabilité sur les matières résiduelles, bien,
dans un premier temps, on saurait où sont les gisements, hein, les gisements de
matière que l'on peut recycler et éventuellement transformer plutôt que de les
mettre à l'élimination. Et on pense que ça favoriserait leur utilisation et,
bien sûr, ça contribue à protéger l'environnement.
M. Benjamin : Un autre aspect
que je dois souligner aussi dans votre mémoire, et, jusqu'à présent, vous
êtes... Réseau Environnement est l'un des rares groupes à aborder cette question-là,
c'est les enjeux nordiques, notamment en parlant de la question de la situation
des communautés des Premières Nations. Et ça, je tiens à le saluer et
j'aimerais vous entendre sur ces enjeux-là. Comment s'assurer d'éviter des
disparités au moment... quand viendra le temps de déployer, donc,
l'élargissement de la consigne?
Mme Pelchat (Christiane) :
Dans tous nos colloques, notamment sur les sols contaminés, on travaille... bien,
il y a les gens de la société Kativik, par exemple, qui viennent, qui
participent, mais ce qu'on voit des présentations d'entreprises, par exemple,
comme Hydro-Québec, qui travaillent dans le milieu nordique, c'est combien le développement
durable est différent du Sud, un, et, deux, combien on n'est pas... nos méthodes
ne sont pas adaptées à ces réalités.
Bon, là, le pergélisol fond un peu plus vite,
là, mais, par exemple, l'enfouissement, ce n'est pas quelque chose qui est
possible dans les milieux nordiques parce que, justement, les sols sont gelés, mais
c'est vraiment de s'assurer qu'on prenne en compte la spécificité des
communautés nordiques et qu'on travaille avec elles pour les communautés, les
peuples des Premières Nations, qu'on travaille avec elles pour développer la
solution. Et je pense que c'est ça que nos membres ont souhaité souligner,
d'autant que ça coûte plus cher. Le développement durable dans les communautés
nordiques inévitablement coûte plus cher à cause de la distance des grands
centres, bien sûr, mais aussi à cause des conditions qui sont beaucoup plus
rudes.
M. Benjamin : Rapidement, une
dernière question, parce que mon collègue de Robert-Baldwin a aussi quelques
questions, je crois. C'est sur la question de la consigne. Il y a des groupes
avant nous... un groupe avant vous qui nous a dit que ce ne serait peut-être
pas une mauvaise idée de parler d'uniformisation de la consigne notamment avec
d'autres provinces, donc. Et vous, dans votre mémoire, vous avez évoqué,
évidemment, des enjeux par rapport à des écofrais qu'on pourrait éventuellement
refiler aux consommateurs. Comment vous voyez cet aspect d'uniformisation de la
consigne?
Mme Pelchat (Christiane) :
Écoutez, bon, moi, je pense que travailler avec les autres sociétés autour de
nous, ce n'est jamais mauvais, <ça...
M. Benjamin : ...vous,
dans
votre mémoire, vous avez évoqué, évidemment, des enjeux par rapport à des
écofrais qu'on pourrait éventuellement refiler aux consommateurs. Comment vous
voyez cet aspect d'uniformisation de la consigne?
Mme Pelchat (Christiane) :
Écoutez, bon, moi, je pense que travailler avec les autres sociétés autour de
nous, ce n'est jamais mauvais, >ça pourrait être une idée quand même.
Mais les écofrais et la consigne sont deux
choses différentes. Ce qu'on disait, c'est que, pour nous, la consigne, c'est
un incitatif aux consommatrices et aux consommateurs de rapporter le bien
consigné, tandis que l'écofrais, c'est un frais qui devrait être chargé en plus
de la consigne et non pas l'inclure dans ce qu'on appelle la consigne
différenciée. Alors, c'est un peu ça qu'on disait. Donc, il ne faut pas avoir
peur d'avoir des écofrais. Les gens, la population doit se rendre compte que ça
coûte... Il y a un coût à la protection de l'environnement et il y a un coût à
récupérer nos déchets et à les traiter.
M. Benjamin : Merci beaucoup,
Mme Pelchat.
Mme Pelchat (Christiane) :
Merci, merci en pile.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de Robert-Baldwin.
M. Leitão : Très bien, merci
beaucoup. Combien de temps, je...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Quatre minutes.
M. Leitão : Ah! mon collègue
est très généreux, merci. Bonjour, Mme Pelchat, merci. Bien, mon généreux
collègue m'a volé ma question, mais ça va, ce n'est pas grave, on va quand même
demeurer amis, mais ça me fait plaisir d'entendre ce discours, parce qu'en
effet je pense que... Je parle toujours de votre troisième enjeu, donc la
consigne différenciée, et surtout de bien délimiter la différence entre
consigne et écofrais, parce que ce sont deux instruments différents. Les deux
ont leur place, et on ne devrait pas les mélanger.
Bon, maintenant, vous avez mentionné, et
vous n'êtes pas la première, et avec raison, que le projet de loi, la grande
innovation, enfin, le grand principe nouveau, c'est la REP, la responsabilité
élargie des producteurs, ce qui est tout simplement un nouveau terme pour un
concept qui existe depuis longtemps, le pollueur payeur, mais ma question... et
je suis entièrement d'accord, mais ma question, et ça m'a été soulevé par certains
groupes, certaines personnes : Étant donné que le Québec, c'est quand même
une petite économie très ouverte, nous avons beaucoup d'importations, nous
importons beaucoup de choses, et c'est pas mal difficile d'élargir cette
responsabilité quand les producteurs sont ailleurs, alors est-ce que vos
membres... Bon, d'abord, qu'est-ce que vous pensez de ça? Et est-ce que vos
membres ont discuté des moyens qui pourraient peut-être... pas protéger, mais
pourraient peut-être aider les producteurs québécois à ne pas être désavantagés
vis-à-vis leurs concurrents internationaux pour leurs ventes dans le marché
local?
Mme Pelchat (Christiane) :
Écoutez, ce n'est pas une question qu'on a étudiée à fond, mais ce que je peux
vous dire, c'est que déjà, <avec...
M. Leitão : ...aider
les
producteurs québécois à ne pas être désavantagés vis-à-vis leurs concurrents
internationaux pour leurs ventes dans le marché local?
Mme Pelchat (Christiane) :
Écoutez, ce n'est pas une question qu'on a étudiée à fond, mais ce que je peux
vous dire, c'est que déjà, >avec EEQ, par exemple, les entreprises d'ici
contribuent déjà à payer une partie du système, et c'est les mêmes entreprises
qui vont avoir la responsabilité élargie, mais, bien sûr, on a aussi une responsabilité
quand on choisit nos importations et essayer d'avoir des importateurs qui sont un
peu plus responsables aussi.
Mais déjà les entreprises qui mettent sur
le marché québécois des emballages, des contenants, etc., sont déjà membres du système.
Alors, je ne pense pas que ça fera une grande différence. Et, quand même, vous
savez, on s'aperçoit que l'achat local prend de plus en plus d'importance avec
la COVID, et je ne pense pas que ça diminue, au contraire, et je pense qu'on a
là une occasion d'encourager non seulement les produits locaux, mais les
produits qui sont aussi plus durables et qui contribuent moins à polluer et à
émettre des gaz à effet de serre. Comme vous le savez, M. le député, la gestion
des déchets, des matières résiduelles contribue pour à peu près 5 % de nos
émissions de GES. Alors, c'est en soi une grande nouvelle qu'on puisse
moderniser le système.
M. Leitão : Oui, merci, oui.
Un moyen qui a été suggéré et qu'on trouve maintenant de plus en plus dans la
littérature et dans certains organismes internationaux, c'est d'adapter les
règles de commerce international pour permettre l'imposition de tarifs à
l'importation, de tarifs écologiques pour essayer de justement avoir un peu de
«level-playing field» un peu plus égal. <Est-ce que... >Encore là,
est-ce que c'est quelque chose que vous avez pensé à ça ou...
Mme Pelchat (Christiane) :
Bien, écoutez, moi, je...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
...réponse à votre question.
Mme Pelchat (Christiane) :
Bien, moi, je pense que les ententes de libre-échange... Je pense...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Désolée, vous avez terminé votre portion, M. le député.
M. Leitão : Bon, très bien.
Bien, pensez-y.
Mme Pelchat (Christiane) :
Bien, je pense que les ententes de libre-échange nous l'interdisent.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
C'est moi, la méchante, ici, là, aujourd'hui, alors je vais être obligée de
passer, là, la parole au deuxième groupe d'opposition. Vous avez, Mme la
députée de Mercier, 2 min 45 s.
Mme Ghazal : Merci, Mme la
Présidente. Si j'avais plus de temps, je vous aurais laissé continuer pour
répondre à mon collègue, mais j'ai très peu de temps.
Juste pour corriger un truc que vous avez
dit au début, vous avez dit que le ministre a fait preuve de courage environnemental
parce qu'il est allé vers une réforme qui n'est pas populaire. En tout cas, pour
ce qui est de la consigne, c'est très, très, très populaire, tous les sondages
le montraient. Il a fait preuve de courage environnemental parce qu'il s'est
tenu debout face aux lobbyistes. Et j'espère qu'il va avoir le même courage
pour son plan d'économie verte, c'est à <voir...
Mme Ghazal : ...de courage
environnemental
parce qu'il est allé vers une réforme qui n'est pas populaire.
En
tout cas,
pour ce qui est de la consigne, c'est
très, très, très
populaire, tous les sondages le montraient. Il a fait preuve de courage
environnemental
parce qu'il s'est tenu debout face aux lobbyistes. Et j'espère qu'il va
avoir le même courage pour son plan
d'économie verte, c'est à >voir.
Par rapport à la traçabilité, tout à fait
d'accord avec vous. Et moi, j'aimerais savoir si vous avez eu la réflexion par
rapport aux REP, si vos membres seraient ouverts à ce qu'il y ait des objectifs
serrés et sévères par rapport à l'écoconception, c'est-à-dire qu'il faut
avoir... On est bons en récupération, maintenant il y a des taux de recyclage
mais aussi de l'écoconception pour réduire des matières non recyclables, le
plastique. Je comprends qu'il y ait un encouragement par le fait qu'ils paient
mais qu'il y ait des objectifs à atteindre aussi. Est-ce qu'ils seraient
ouverts à ça?
• (15 h 40) •
Mme Pelchat (Christiane) :
Moi, je pense que oui, je pense que oui, que les membres de réseau sont très
avant-gardistes et qu'ils seraient tout à fait ouverts à ça, absolument.
Mme Ghazal : Puis donc d'avoir
des objectifs, pas seulement des incitatifs ou, par exemple, s'ils n'y
atteignent pas, qu'il y ait des... Parce que, par exemple, une des choses qui,
moi, m'inquiète, c'est qu'on peut dire qu'il y a une REP, puis c'est ce que vos
membres appellent, mais ils peuvent, par exemple, dire : Bien, on paie la
pénalité, mais on continue à produire des matières difficilement recyclables.
Mme Pelchat (Christiane) :
Bien, c'est ça qu'il ne faut pas. Alors, il faut absolument... Puis vous avez
raison, c'est une bonne idée, avec les objectifs. Et j'ajoute que, si le gouvernement
lui-même adoptait une réglementation pour obliger tous les acheteurs du gouvernement
à avoir des produits recyclés dans les produits des achats gouvernementaux, déjà,
ça pourrait encourager et peut-être que ça aiderait à avoir des objectifs dont
vous parlez, ça aiderait à faire passer ce système-là aussi, mais je pense que
nos membres seraient d'accord.
Mme Ghazal : O.K. Donc, très
bien. Ça fait qu'on va pouvoir voir ça aussi dans la réglementation. Puis ce
que vous dites, c'est que c'est important aussi que le gouvernement soit un
modèle dans cette question-là, dans ses achats.
Mme Pelchat (Christiane) : Absolument,
oui.
Mme Ghazal :
<Puis... >Très
bien, parfait. Je n'avais pas d'autre question.
Mme Pelchat (Christiane) : D'accord.
Mme Ghazal : Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, nous allons aller du côté du troisième groupe d'opposition. Mme la
députée de Gaspé.
Mme Perry Mélançon : Merci.
Bonjour. Heureuse que vous soyez parmi nous aujourd'hui. Je voulais justement
parler... Bon, <on avait... >dans la liste des groupes qu'on
souhaitait entendre, on avait mentionné, effectivement, la régie
intermunicipale de la gestion des matières résiduelles de la Gaspésie. Alors,
vous semblez connaître bien, disons, la réalité, la façon qu'ils coordonnent et
gèrent, et tout ça, alors je voudrais vous entendre. Est-ce que... De quelle
façon on peut les garder comme partenaires clés pour cette réforme dans la
gestion avec le type de gouvernance qu'on souhaite implanter également? Quelle
serait votre vision par rapport à ça?
Mme Pelchat (Christiane) :
Bien, en fait, c'est qu'il faut, malgré la centralisation dans un OGD, là, un
organisme désigné, <il faut >laisser la place à des organisations
locales comme cette régie, qui est une, quant à moi, des plus performantes au
Québec, parce que c'est une femme qui la gère, peut-être, excusez-moi, c'est un
petit commentaire d'une ancienne vie, <mais...
Mme Pelchat (Christiane) :
...
désigné, il faut laisser la place à des organisations locales comme
cette régie, qui est une, quant à moi, des plus performantes au Québec, parce
que c'est une femme qui la gère, peut-être, excusez-moi, c'est un petit commentaire
d'une ancienne vie, >mais c'est une des plus performantes. Et il ne
faudrait pas... C'est ça que plusieurs de nos membres nous ont dit, il ne faut
pas éteindre les initiatives de ces joueurs-là, qui ont changé, je vous dirais,
beaucoup de choses dans leur région, et qui sont inspirants pour les autres
régions.
Donc, écoutez, je comprends qu'une REP, ça
engendre la création d'un organisme. Puis c'est bon aussi qu'il y ait un organisme,
parce que ça va rassembler tout le monde autour de cette réalité-là, mais... Et
je pense que le ministre est assez sensible aux régions pour savoir qu'il y a,
dans des régions, des organismes comme la régie qui sont très performants et
qui ne doivent pas être empêchés de continuer.
Mme Perry Mélançon : Et il
faut dire, effectivement, que la régie a piloté, justement, l'implantation du
compostage à Gaspé dernièrement, et ça a été un succès, et donc ont fait leurs
preuves, je dirais, là, pour être capables de piloter des nouvelles réformes. Alors,
j'entends le message et je partage votre souhait, là, que ce soit bien pris en
considération, là, par le ministre.
Alors, je pense qu'on doit avoir beaucoup
pris de temps, Mme la Présidente. Est-ce qu'on est encore...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Il vous reste 20 secondes, si vous voulez faire une conclusion, oui.
Mme Perry Mélançon :
15 secondes. Bien, je vous remercie d'avoir parlé au nom de la régie
intermunicipale, qui est dans mon comté, plusieurs MRC qui sont présentes dans
le comté de Gaspé, là, alors...
Mme Pelchat (Christiane) : On
a hâte d'aller les visiter.
Mme Perry Mélançon : Bien,
vous viendrez me voir également.
Mme Pelchat (Christiane) :
D'accord.
Mme Perry Mélançon : Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, merci. Merci beaucoup pour cette participation à notre commission
parlementaire. Je vous souhaite une belle fin de journée.
Et nous allons prendre une courte pause
pour accueillir le prochain groupe. Bonne journée.
Mme Pelchat (Christiane) :
Merci, merci.
(Suspension de la séance à 15 h 44)
>
(Reprise à 15 h 46)
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Donc, nous reprenons nos travaux et nous allons, cette fois, entendre le Conseil
de la transformation alimentaire du Québec. Alors, je vous souhaite la
bienvenue. Et vous connaissez la procédure : 10 minutes pour votre
présentation, ensuite vous aurez un échange avec les députés et le ministre. Donc,
voilà, la parole est à vous.
Mme Van Campenhout (Annick) : Merci,
Mme la Présidente. Bonjour, Mmes et MM. distingués membres de la commission. Je
m'appelle Annick Van Campenhout. J'occupe la fonction de vice-présidente,
Progrès alimentaire et développement durable au CTAQ. Je suis accompagnée
aujourd'hui par Mme Louise Fecteau, présidente de Gaïa Environnement, notre
conseillère dans la gestion des matières résiduelles.
À tous, merci de nous permettre de vous
présenter nos préoccupations en lien avec ce projet de loi n° 65. Le CTAQ
est le principal regroupement d'entreprises oeuvrant dans le secteur de la
transformation alimentaire. Avec plus de 550 membres représentant aussi l'intérêt
de 13 associations affiliées, nous regroupons 80 % du volume annuel d'affaires
d'une industrie de 30 milliards de dollars.
Dans le dossier qui nous occupe aujourd'hui,
nous représentons, entre autres, les négociants embouteilleurs de vin, les
microdistilleries, les petits embouteilleurs d'eau, les fabricants de kombucha,
de boisson végétale, par exemple, autant d'entreprises québécoises, des PME pour
la grande majorité, concernées par ces chantiers environnementaux majeurs.
Nous sommes la voix d'entreprises d'ici
qui sont parmi les nouveaux joueurs concernés dans le système élargi de
consigne qui implique 2 milliards de contenants supplémentaires. Rappelons
que ces <2 milliards de...
Mme Van Campenhout (Annick) :
...concernés par ces chantiers
environnementaux majeurs.
Nous sommes la voix d'entreprises d'ici
qui sont parmi les nouveaux joueurs concernés dans le système élargi de
consigne qui implique 2 milliards de contenants supplémentaires. Rappelons
que ces >2 milliards de contenants sont déjà assujettis et
concernés par le système de collecte sélective. Les entreprises sont
contributrices financièrement au système via Éco Entreprises Québec.
Il a été énoncé plusieurs fois devant vous
que la modernisation de la collecte sélective était attendue et espérée. Je
peux vous le confirmer, une nouvelle ère pour une gestion innovante des
matières est soutenue par nos membres, soyez-en convaincus. Néanmoins, ce qui
est proposé <ne représente... >représente pour nos entreprises
rien de moins qu'un chèque en blanc dans l'état actuel des choses, et je
précise : dans l'état actuel des choses.
Je vais partir d'une analogie propre à
notre secteur d'activité. Pour réussir un gâteau quatre-quarts, il nous faut
quatre ingrédients, et qu'un seul manque, le gâteau ne peut réussir. De notre
perspective, je vais vous parler de deux ingrédients manquants pour un gâteau
réussi : des analyses d'impact rigoureuses et détaillées et une véritable
REP.
Quand je parle aux entreprises de cette
réforme, la première question que j'ai, c'est : Annick, combien ça va
coûter? Ou encore : Est-on certain d'avoir envisagé toutes les
alternatives possibles? Est-ce la meilleure solution? Les gens d'affaires ne
peuvent se satisfaire de probabilités, de flou artistique, de peut-être ou de «on
va voir». Quand une entreprise fait ses prévisions budgétaires, elle a besoin
de savoir, de connaître ses marges de manoeuvre. Une entreprise a besoin de
prévisibilité pour investir, et son banquier aussi.
• (15 h 50) •
À l'heure où le gouvernement actuel
souhaite l'autonomie alimentaire, prône l'achat local et veut soutenir la
compétitivité des entreprises d'ici pour qu'elles demeurent concurrentielles,
nous comprenons mal comment un projet aussi important n'a pas bénéficié en
amont d'une attention minutieuse pour effectuer toutes les analyses d'impact
pour obtenir des données probantes, la première étant évidemment une analyse
d'impact financier. Que dois-je répondre aux entreprises? Que cette réforme ne
leur coûtera rien? Par le simple fait d'annoncer qu'un frais internalisé, un
écofrais, sera assumé par les entreprises, c'est admettre que cela va coûter
quelque chose. La question qu'il faut se poser, c'est : À qui?
À la pièce, on pourrait dire : 0,02 $
ou 0,03 $, c'est facile à absorber pour les entreprises. Eh bien, je vous
confirme que non, ce n'est pas facile et cela diminue d'autant sa capacité à
investir. Les marges <bénéficiaires...
Mme Van Campenhout (Annick) :
...la question qu'il faut se poser, c'est : À qui?
À la pièce, on pourrait dire :
0,02
$ ou 0,03
$, c'est facile à absorber pour les
entreprises. Eh bien, je vous confirme que non, ce n'est pas facile et cela
diminue d'autant sa capacité à investir. Les marges >bénéficiaires de
notre industrie sont en dessous de 5 %, aucune improvisation n'est
possible pour nous. Il est utopique de penser qu'il n'y aura pas de
répercussion sur le prix des produits, parce que la majorité des PME que nous
représentons n'ont pas les moyens d'absorber ces coûts. Ce sont des coûts
supplémentaires. Cette réforme fragilise le pouvoir d'achat des consommateurs. Nous
croyons aussi au principe de transparence. Il nous apparaît nécessaire que le
consommateur puisse connaître la part de l'écofrais sur le prix du produit. Le
dissimuler tiendrait de la fourberie de notre part.
La deuxième analyse serait évidemment une
analyse d'impact socioenvironmental. Quelles sont les conditions gagnantes pour
optimiser les comportements adéquats des consommateurs dans toutes les régions?
Comment sommes-nous outillés pour mettre en place un système dont on n'a pas
analysé les retombées environnementales détaillées? Quand une entreprise fait
un plan d'affaires, elle doit s'assurer d'avoir fait ses analyses avant d'aller
voir son banquier. Dans ce cas-ci, je vous rappelle que les banquiers, les
bailleurs de fonds seront les entreprises elles-mêmes. Ce sont les entreprises
qui auront le fardeau de la facture et l'odieux si le système ne fonctionne
pas.
Alors, comment peut-on faire le choix des
moyens sans un minimum de données de base? Il faut dissiper les inquiétudes
légitimes des entreprises. Ce projet de modernisation est sur les planches à
dessin depuis des années. Comment se fait-il qu'encore aujourd'hui le
gouvernement n'ait pu fournir aucune donnée probante sur les impacts de cette
grande réforme pour l'industrie? Trop de questions restent encore sans réponse.
Par exemple, comment allons-nous régler le prix minimum du lait dans ce nouveau
contexte? Avons-nous pensé à l'ensemble des consommateurs, y compris les
populations défavorisées, dans ce projet? Nous réclamons ces analyses pas
seulement à travers des projets pilotes réalisés en quatre mois et dans des
conditions, vous en conviendrez, qui ne sont pas optimales puisque nous sommes
en pleine crise COVID. Des analyses effectuées par des analystes financiers,
des spécialistes en logistique, des statisticiens spécialisés en comportement
du consommateur, des génies du calcul sur les gains environnementaux, c'est ça
dont nous avons besoin.
Le deuxième ingrédient du gâteau :
nous croyons au principe de REP complet et nous souhaitons être des acteurs
responsables de ce projet de société pour le Québec. L'industrie comprend très
bien son rôle et est prête à assumer ses responsabilités. Elle le fait déjà.
Elle le <fait...
Mme Van Campenhout (Annick) : ...le
deuxième ingrédient du gâteau : nous croyons au principe de REP complet et
nous souhaitons être des acteurs responsables de ce projet de société pour le
Québec. L'industrie comprend très bien son rôle et est prête à assumer ses
responsabilités. Elle le fait déjà. Elle le >fait en investissant des
millions dans la collecte sélective, un système qui n'est pas optimisé. Vous
comprendrez la résistance de nos entreprises d'investir dans un autre système
avec autant de flou et d'inconnu.
L'élargissement de la consigne
simultanément à la réforme du système de collecte sélective déroge au principe
de REP en dictant d'emblée les moyens de récupération des contenants de
boissons. Que l'on pense aux piles, aux produits électroniques, aux peintures,
aux huiles, dans tous les cas, les producteurs ont eu le choix des moyens pour
s'acquitter de leurs obligations. Nous nous expliquons mal pourquoi il est en
autrement pour les producteurs de contenants de boissons. Le principe de REP
doit être appliqué équitablement pour tous les producteurs québécois. À
plusieurs reprises et sur plusieurs tribunes, nous avons proposé des solutions,
apporté des alternatives et des moyens. Nous avons le sentiment de ne pas avoir
été entendus.
Nous devons, nous voulons faire partie de
la solution mais dans un contexte économique viable pour nos entreprises. Il
faut convenir ensemble et collectivement des meilleurs moyens pour atteindre
nos objectifs et coconstruire le meilleur système pour tous. Nous voulons un
vrai projet de société gagnant, mettons toutes les chances de notre côté pour
anticiper le potentiel d'échec.
Je conclus en vous demandant d'entendre
nos deux principales préoccupations. Il faut reconnaître le coût important des
orientations de ce projet de loi pour les entreprises en soutenant la
réalisation de toutes les analyses d'impact préalables à une quelconque
réglementation. Avec ces analyses, nous pourrons, car nous en avons tous
collectivement l'obligation, protéger le pouvoir d'achat du consommateur.
Respecter l'autonomie des producteurs dans les règlements découle donc du
projet de loi. Une vraie REP donne au producteur le choix des moyens pour
arriver aux objectifs fixés par le gouvernement. Cela a réussi dans les autres
catégories, il n'y a aucune raison pour que ça ne réussisse pas dans la
catégorie des contenants de boissons.
Enfin, nous vous invitons à prendre
connaissance...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je dois vous interrompre ici. Ah! bon, M. le ministre me dit que vous pouvez
conclure. Terminez votre présentation.
Mme Van Campenhout (Annick) :
Faisons en sorte que ce gâteau sociétal soit composé de tous les ingrédients
nécessaires pour que ce <succès... ce >projet soit un succès collectif.
Merci, M. le ministre, de m'avoir permis de finir ma phrase.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, M. le ministre, vous avez la parole.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Madame, merci d'être des nôtres cet après-midi, un plaisir de vous
retrouver. On prend l'habitude d'échanger via un écran, c'était la même chose
il y a <quelques...
Mme Van Campenhout (Annick) :
...ce projet
soit un succès collectif. Merci, M. le ministre, de m'avoir
permis de finir ma phrase.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, M. le ministre, vous avez la parole.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Madame, merci d'être des nôtres cet après-midi, un plaisir de vous
retrouver. On prend l'habitude d'échanger via un écran, c'était la même chose
il y a >quelques jours, quelques semaines maintenant, pandémie oblige.
Écoutez, merci pour vos commentaires. Si
je comprends bien, vous avez une appréhension moins sur le volet modernisation
de la collecte sélective mais plus sur le volet consigne, de ce que je décode,
là, de vos propos. C'est exact?
Mme Van Campenhout (Annick) :
C'est exactement ça. Il y a longtemps, il y a très longtemps qu'on dit :
Modernisons la collecte sélective avant d'envisager quelque autre hausse de
système. La collecte sélective, c'est clair, n'est pas optimisée, il y a
10 ans qu'on le dit. Pour nous, c'était la prémisse avant d'envisager quoi
que ce soit d'autre comme système. Ce n'est pas le cas, mais c'était ça pour
nous. Je ne sais pas, Louise, si tu as quelque chose à rajouter?
Mme Fecteau (Louise) : Non, je
vais vous laisser continuer, M. le ministre, vous avez des questions plus...
M. Charette :
<Et
peut-être... >Merci. Peut-être, dans cette perspective-là, ceux et
celles qui nous écoutent et qui nous connaissent... qui vous connaissent moins
comme organisation, quels sont vos principaux membres? Qui représentez-vous
comme association?
Mme Van Campenhout (Annick) :
Les nouveaux joueurs, une grande partie des nouveaux joueurs, dans les produits
qui sont concernés dans la consigne... Il faut savoir que nos entreprises,
présentement, sont dans la collecte sélective, participent, paient, contribuent
financièrement, ils vont se retrouver à cheval sur deux systèmes, ne sachant
pas nécessairement combien ça va leur coûter, et c'est ça qu'on questionne, qu'est-ce
que ça va coûter.
M. Charette : Mais, au niveau
de votre membership, est-ce que vous pouvez nous nommer quelques-uns de vos
membres?
Mme Van Campenhout (Annick) :
Oui, bien sûr, bien sûr. Les négociants embouteilleurs de vin, Vins Arterra,
Vins Arista, Station 22, toutes les microdistilleries. Toutes les
microdistilleries sont membres chez nous, donc les 48 microdistilleries,
je pense. Les petits embouteilleurs d'eau, on pense à Saint-Justin, par
exemple. Les fabricants de kombucha, je n'ai pas nécessairement de nom
d'entreprise, de boisson végétale sont parmi nos membres aussi, c'est ça.
Lassonde est membre chez nous aussi, autant que chez Boissons Canada, par exemple.
M. Charette : O.K. Et
plusieurs de vos membres, je présume, vendent aussi leurs produits dans d'autres
provinces canadiennes.
• (16 heures) •
Mme Van Campenhout (Annick) :
Oui, bien sûr. J'ai envie de dire que ce n'est pas la majorité de nos membres.
Ce sont des PME québécoises pour la plupart de nos membres, 80 % de notre
membership, ce sont des PME québécoises. Ils <n'ont pas nécessairement...
>ne sont pas nécessairement impliqués dans l'exportation ou n'ont pas nécessairement...
il y en a, mais ce n'est pas...
16 h (version révisée)
Mme Van Campenhout (Annick) :
...oui, bien sûr. J'ai envie de dire que ce n'est pas la majorité de nos
membres, ce sont des PME québécoises. Pour la plupart de nos membres, 80 %
de notre membership, ce sont des PME québécoises… <n'ont pas
nécessairement... >ne sont pas nécessairement impliqués dans
l'exportation ou n'ont pas... il y en a, mais ce n'est pas l'essentiel de notre
membership.
M. Charette : Et je vous
posais la question, et vous vous en doutez bien, parce que, dans les autres
provinces, pareille consigne, dans bien des cas, est déjà établie. Et j'ai posé
essentiellement la même question aux embouteilleurs, hier ou avant-hier, là,
lorsqu'ils étaient devant nous, et effectivement, plusieurs sinon la totalité
de leurs membres vendent également leurs produits, donc des contenants, des
produits qui, actuellement, ne sont pas consignés, qui, bientôt, le seront à
travers notre réforme, mais qui sont déjà consignés dans les autres provinces.
Et ce que les embouteilleurs nous disaient : Bien, on s'adapte, ce sont
des marchés qui ont leurs spécifications, et on s'adapte. Donc, ça n'a pas
empêché ces embouteilleurs de vendre leurs différents produits dans les autres
provinces. Si on était, et je le dis bien candidement, si on était la première
province à instaurer un système de cette nature-là, je pourrais comprendre les
réticences, les craintes de raté, les craintes de surcoût, les hésitations des
uns et des autres, mais on est, au contraire, une des dernières provinces à se
joindre à cette tendance.
Et, d'un point de vue strictement
environnemental, vous avez fait allusion à certaines études qui vous semblent
manquantes. C'est probablement le sujet qui a été le plus étudié, sur la
longueur, au fil des années — au Québec, oui, mais à l'international
aussi — en matière d'environnement. Et il n'y a aucun doute sur
l'efficacité d'un système de cette nature-là lorsqu'on veut récupérer une
matière, qui est de bonne qualité, en quantité pour pouvoir alimenter les
conditionneurs. Donc, les études pleuvent à ce niveau-là.
Mais vos membres, comme les membres au
niveau des brasseurs, se sont adaptés dans les autres provinces. Et, dans les
faits, on parle de coûts internalisés, je ne doute pas que ça puisse avoir un
impact, au départ, parce que, bon, on va forcément changer une certaine
logistique, mais c'est au départ. Et ce sont des entreprises dont le profit
repose sur le volume, donc à partir du moment... Et je ne doute pas que la
marge de profit sur chaque contenant individuel est bien mince mais ce sont des
compagnies qui en vendent des millions, de ces contenus-là. Donc, au départ,
peut-être qu'au niveau de la logistique il y a un certain réaménagement qui
sera nécessaire, mais une fois que cette logique-là sera mise en place, le
surcoût n'aura plus à être assumé par l'entreprise parce que les opérations
auront <fait... auront >pris le pas sur cette modification-là.
Bref, peut-être rassurer vos membres. J'ai
eu le plaisir d'en rencontrer plusieurs, j'ai eu le plaisir d'aller en visiter
sur place parce que certains craignaient l'instauration de cette consigne, et
je <pense...
M. Charette : ...
parce
que les opérations auront fait... auront pris le pas sur cette modification-là.
Bref, peut-être rassurer vos membres. J'ai
eu le plaisir d'en rencontrer plusieurs, j'ai eu le plaisir d'aller en visiter
sur place parce que certains craignaient l'instauration de cette consigne, et
je >pense avoir rassuré celles et ceux que j'ai rencontrés qui s'en
inquiétaient. Mais je leur dis : Vous avez su vous adapter dans les autres
provinces, je ne vois pas pourquoi l'adaptation ne serait pas possible au Québec.
Mme Van Campenhout (Annick) : Peut-être...
Mme Fecteau (Louise) : …
Mme Van Campenhout (Annick) : Oui,
Louise.
Mme Fecteau (Louise) : Oui.
Bonjour. <Les... >En fait, quand on parle de... Vous évoquez
l'adaptation par rapport aux autres provinces, oui, les autres provinces... Tu
sais, en mentionnant qu'on serait en peloton de queue, parce qu'avec le
Manitoba on est les seuls qui n'auraient pas une consigne sur l'ensemble des
contenants de boisson, comme si le nombre de catégories de contenants de
boisson consignés était le seul indicateur important dans la discussion, en réalité,
dans les autres provinces, ils ont mis des années. Je veux dire, c'est des
décisions qui ont été prises, au fil du temps, qui ont été différentes. Oui, il
y a eu de l'investissement, du côté de la consigne, du côté de l'Alberta,
Colombie-Britannique ou dans les provinces maritimes, mais c'est à défaut
d'autres systèmes. Il n'y avait pas de collecte sélective implantée comme ici,
dans ces provinces-là. Dans les provinces maritimes, il y a encore des
municipalités qui se réjouissent de recevoir la collecte porte-à-porte
aujourd'hui, je veux dire, qui... la collecte s'installe aujourd'hui.
<Donc, quand on parle... >Ça
fait que j'énonce ça, parce que, quand on dit qu'il faut décortiquer
minutieusement les différentes catégories de matière, là, le postulat de
départ, c'est qu'il faut consigner tous les contenants de boisson pour faire
comme il se fait ailleurs, la première des choses, c'est que ce n'est pas le
cas en Ontario. Ça fait que dans nos secteurs d'activité économique, on a
tendance à se comparer avec la province voisine <qui a des... >qui
a une économie similaire. En Ontario, il y a de la consigne uniquement sur les
boissons alcoolisées — donc vin, spiritueux et bière — en
verre. Les autres contenants de boisson ne sont pas consignés en Ontario.
L'Ontario est aussi ambitieuse, a des plans de modernisation très ambitieux, il
est permis de se poser la question à savoir qu'est-ce qui a amené l'Ontario à
renoncer à faire comme les autres provinces auxquelles on se réfère
systématiquement.
Puis, si vous me permettez, je vais vous
donner juste un exemple très, très, très concret, là, de questions qui se posent
parmi les membres du CTAQ. Je prends l'exemple des contenants à pignon. Je sais
que c'est en deuxième voie, dans la deuxième vague de consignation. Les
contenants à pignon, donc les pintes de lait, les cartons de jus de
1,89 litre sont récupérés, au Québec, à 78 %. Donc, quand on dit :
On veut bien s'adapter à ce qui se fait ailleurs, il faut aussi tenir compte
des caractéristiques propres au Québec. Au Québec, les citoyens mettent
78 % des contenants à pignon dans le <bac. Il n'y a...
Mme Fecteau (Louise) : ...
sont
récupérés, au Québec, à 78 %. Donc, quand on dit : On veut bien
s'adapter à ce qui se fait ailleurs, il faut aussi tenir compte des
caractéristiques propres au Québec. Au Québec, les citoyens mettent 78 %
des contenants à pignon dans le >bac. Il n'y a aucune, aucune
juridiction qui consigne les contenants à pignon qui atteint ce pourcentage de
récupération là. Donc, on a 69 % en Colombie…
M. Charette : Si vous me
permettez, c'est un exemple que l'on entend souvent, et mes collègues ont eu
eux-mêmes à le répéter au cours des derniers jours, c'est une erreur, je pense,
de confondre «récupération» et «recyclage». On a de bons taux de récupération
au Québec, il n'y a aucun, aucun doute, mais c'est ce qui est fait par la suite
qui pose problème.
On a beaucoup d'éléments qui se retrouvent
dans le bac bleu, oui, mais qui, ultimement, se retrouvent au site
d'enfouissement, parce qu'à travers le traitement qu'on leur a réservé la
contamination s'est amplifiée, donc les débouchés sont inexistants. On les
renvoie par la suite au dépotoir, même s'ils ont d'abord été récupérés, même
s'ils ont d'abord passé par le centre de tri. Donc, l'exemple, malheureusement,
au niveau de la récupération, n'est pas le bon. Il faudrait regarder quel est
le pourcentage de recyclage, et c'est là où les pourcentages diminuent grandement.
Moi, j'ai un article ce matin qui m'a
interpellé, qui m'a intéressé. C'est dans La Presse, je vous invite à le
lire, La Presse+. Je peux même vous donner la page, A-15. On parle, justement,
du multicouche. On a une entreprise sur le côté de la rive sud de Québec qui
s'appelle Fibres Sustana, qui s'est spécialisée et qui veut investir plusieurs millions
pour agrandir ses installations, ultimement, mais cette matière-là, dont elle a
besoin, elle n'arrive pas à l'obtenir au Québec. Elle est obligée de l'importer
de d'autres juridictions où ce type de contenants là sont consignés. Pourquoi? Pas
parce que ça n'a pas été récupéré, pas parce que ça n'a pas été mis dans le bac
bleu, mais c'est qu'une fois ce réseau de contamination là, c'en est un… bien,
il n'y a plus de valeur possible à ajouter à cette matière-là. Donc, c'est la
différence entre «récupérer» et «recycler». C'est un enjeu de qualité pour que
nos conditionneurs, par la suite, puissent acheter les produits ou la matière
qui leur permettra de faire ce qu'ils ont à faire avec leurs contenants.
Donc, l'exemple de la récupération, qu'on
entend beaucoup chez les gens plus réticents à la consigne, n'est pas celui à
utiliser. Et l'exemple des Fibres Sustana est, au contraire, l'exemple qui nous
conforte dans notre position. Il y a un marché pour ces matières-là, en autant
qu'on puisse garantir une certaine qualité, ce qui n'est malheureusement pas le
cas. Et le bac bleu va quand même avoir sa pertinence, dans la réforme que nous
implantons. On va, oui, moderniser la <collecte...
M. Charette : …
qui
nous conforte dans notre position. Il y a un marché pour ces matières-là, en
autant qu'on puisse garantir une certaine qualité, ce qui n'est malheureusement
pas le cas. Et le bac bleu va quand même avoir sa pertinence, dans la réforme
que nous implantons. On va, oui, moderniser la >collecte sélective mais
on maintient le bac bleu. Pourquoi? Parce que, dans certains cas, pour certains
types de conditionneur, la qualité n'a pas la même importance au niveau du
verre, notamment. On a des conditionneurs qui ont besoin d'une qualité de verre
de très haut niveau parce qu'ils vont vouloir refaire du verre ou des dérivés
du verre, mais on a d'autres conditionneurs pour qui la qualité n'a pas la même
importance. Lorsqu'on parle d'additifs cimentaires, par exemple, le degré de
pureté n'est pas le même, celui qui est requis. Donc, les autres contenants en
verre qui ne seront pas consignés, qui vont se retrouver dans le bac bleu vont
pouvoir alimenter ce type de marché là, mais il faut pouvoir alimenter le type
de marché qui, lui, a besoin d'un degré de pureté plus grand, et c'est le cas
autant pour le verre, autant pour le papier, le multicouche, l'aluminium, le
verre. Bref, c'est pour ça que, partout dans le monde, depuis des années, la
consigne… je dis «partout», dans une grande majorité de pays développés, à tout
le moins, la notion de consigne est implantée. Et, si on est en retard, au
Canada, par rapport aux autres provinces, je peux vous assurer qu'on l'est
encore plus par rapport à l'Europe sur ces enjeux-là. Donc, c'est un sujet qui
a été largement documenté.
• (16 h 10) •
Et <vous parliez… >votre
collègue parlait, tout à l'heure, au niveau des délais. C'est vrai que, dans
les autres provinces, ça s'est implanté sur plusieurs années mais ce sera le
cas aussi au Québec. Nous, c'est une réforme qui a été initiée en janvier
dernier, qui sera implantée à partir de la fin de l'année 2022, donc on
parle de trois ans. Et par la suite, pour d'autres types de contenant, on
ajoute deux années supplémentaires. Donc, c'est une réforme qui, au total, aura
pris cinq à six ans à s'implanter. Donc, oui, les différentes parties
concernées auront eu amplement le temps de s'adapter. Dans l'intervalle, vous
en faites partie, dans l'intervalle, on a des comités de travail qui aident,
justement, à s'assurer que les arrimages se fassent.
J'ai malheureusement déjà beaucoup parlé.
Je sais que mon collègue va vouloir… j'ai mon collègue de Robert-Baldwin qui,
hier, a dit d'entrée de jeu : Je n'ai pas beaucoup de questions, mais,
finalement, il a réussi à remplir son temps de parole en entier. Là, je ne
voudrais pas subir le reproche de mon collègue de Bourget, donc je lui
cèderais, avec la permission de la Présidente, le mot de remerciement,
peut-être.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Merci. M. le député de Bourget, vous avez 1 min 20 s.
M. Campeau : Ah! O.K. Bien, je
vais vous poser une question complètement sur une avenue différente. Est-ce que
vos membres ont mis des initiatives de l'avant pour éviter, justement, ce
problème-là, du genre les embouteilleurs de <vin, les…
M. Charette : …
peut-être.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Merci. M. le député de Bourget, vous avez 1 min 20 s.
M. Campeau : Ah! O.K. Bien,
je vais vous poser une question complètement sur une avenue différente. Est-ce
que vos membres ont mis des initiatives de l'avant pour éviter, justement, ce
problème-là, du genre les embouteilleurs de >vin, les embouteilleurs de
jus, les… est-ce qu'il y a des initiatives qui ont été mises de l'avant?
J'imagine, réutiliser des contenants que le consommateur apporterait soi-même à
l'épicerie, par exemple? J'ai déjà vu ça en Allemagne.
Mme Van Campenhout (Annick) :
Oui. Ce que je peux vous dire, par exemple, parmi les initiatives, les
embouteilleurs de vin ont travaillé sur l'allègement du verre, de la bouteille
en verre. C'est un exemple, je ne sais pas, Louise, si tu en as d'autres,
spontanément, en tête, mais c'en est un. Sachez que l'industrie n'est pas
insensible au développement durable et à l'amélioration de leur matière, de la
matière qu'ils mettent en marché, il y a beaucoup d'initiatives qui se font.
Mme Fecteau (Louise) : Bien, il
y a surtout beaucoup d'études de cycle de vie qui se font sur les meilleurs
contenants, justement, dans un contexte d'analyse de cycle de vie. Ça fait qu'il
y a des remises en question du type de contenant lui-même. Donc, quand on a vu
migrer des contenants de verre vers des contenants de plastique ou de type
multicouche ou tout ça, bien, c'est à l'issue d'études approfondies pour
vérifier, justement, dans l'ensemble du cycle, qu'est-ce qui est le plus
approprié, qu'est-ce qui a le moins d'impact environnemental, en fin de compte,
le moins d'empreinte.
<
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je dois vous interrompre ici.
Mme Fecteau (Louise) :>
L'écoconception, c'est la même chose.
M. Campeau : Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je dois vous interrompre ici. Nous allons passer du côté de l'opposition
officielle. M. le député de Robert-Baldwin.
M. Leitão : Merci, Mme la
Présidente. J'ai fait vite pour devancer mon collègue mais je vais lui laisser
la parole, aussi généreux que M. le ministre. Bonjour, mesdames, merci,
merci d'être là. Bon. Je vais essayer de recentrer un peu le… comprendre un peu
vos objections. Vous avez dit, par vos remarques plus tôt, vous avez dit que
vous aurez souhaité un REP véritable, un véritable REP, pouvez-vous nous dire
exactement qu'est-ce que vous voulez dire par ça?
Mme Van Campenhout (Annick) :
Le principe de REP, c'est de répondre… de prendre les moyens… donc, l'industrie
prend les moyens pour répondre aux objectifs dictés par le gouvernement. Donc,
le gouvernement veut atteindre l'objectif, veut réussir le gâteau, et
l'industrie choisit les ustensiles, les ingrédients et tout ce qui va avec pour
réussir l'implantation et réussir à atteindre les objectifs. Or, ici, dans le
cas qui nous occupe, on nous donne des objectifs mais on nous dit aussi :
Voici les moyens que vous devez prendre, que vous devez prendre pour atteindre
ces objectifs.
Mme Fecteau (Louise) : Si je
peux me permettre de prendre l'exemple qui a été…
Mme Van Campenhout (Annick) :
Oui, vas-y.
Mme Fecteau (Louise) : Il y a
un exemple qui a été <cité…
Mme Van Campenhout (Annick) :
... l'implantation et réussir à atteindre les
objectifs. Or, ici, dans
le cas qui nous occupe, on nous donne des
objectifs mais on nous dit
aussi : Voici les moyens que vous devez prendre, que vous devez prendre
pour atteindre ces
objectifs.
Mme Fecteau (Louise) : Si
je peux me permettre de prendre l'exemple qui a été…
Mme Van Campenhout (Annick) :
Oui, vas-y.
Mme Fecteau (Louise) : Il y
a un exemple qui a été >cité plus tôt, l'usine de Sustana, à Lévis, qui,
justement, se disait intéressée par les contenants qui arrivent du processus de
consigne. Mais il faut savoir — puis on dit : Le gisement, au
Québec, dans l'article en question, je l'ai lu, le gisement, au Québec, c'est
18 000 à 20 000 tonnes — ces 18 000 à
21 000 tonnes là sont dans les centres de tri. Et les contenants
multicouches, on peut s'imaginer une boîte d'un litre de bouillon de boeuf, on
peut s'imaginer une boîte d'un litre de jus d'orange. Lorsqu'on... En fait, le
principe de REP, ce serait de dire au producteur : Quel est le meilleur
moyen de satisfaire ce recycleur, autrement dit d'atteindre ses exigences, dans
le processus qui est le plus économique, le plus environnementalement correct,
donc d'avoir le meilleur taux de récupération et de recyclage in fine, et
choisissez. Autrement dit : Faites les analyses approfondies pour trouver
le meilleur moyen.
Ici, le postulat de départ, c'est que les
contenants de jus... je reprends ma brique de jus d'un litre, elle va partir
vers le circuit de collecte... de consigne. Le contenant de bouillon de boeuf
va rester dans la collecte sélective. On n'a que 18 000 tonnes de
gisement, au Québec, c'est très peu. Il y a 25 centres de tri, au Québec, qui
se répartissent ces quantités-là. Les centres de tri vont devoir, si on veut
satisfaire le recycleur — parce qu'eux aussi tombent dans la démarche
de modernisation, doivent investir des sommes importantes pour faire un
meilleur tri pour satisfaire le même recycleur — donc, ils vont
devoir faire des investissements avec moitié moins de volume à traiter. Ce sont
des décisions d'affaires qui sont extrêmement difficiles. Du côté de la
consigne, on le sait, ce circuit-là est plus coûteux, donc, pour le recycleur,
c'est certain qu'on n'a aucun doute qu'il préfère recevoir la matière issue de
la consigne.
Mais, comme producteur, la question est la
suivante. On a deux produits identiques qui partent de la maison de nos
consommateurs, de nos citoyens, qui prennent deux circuits différents pour
aboutir chez le même recycleur. Dans les deux cas, il faut se poser la
question du meilleur processus possible pour atteindre les mêmes standards.
Parce qu'on y croit, que la modernisation de la collecte sélective va
fonctionner. Tout le long de la semaine, vous avez entendu tous les
intervenants, unanimement, dire qu'ils vont mettre les ressources, les talents,
les efforts pour que ça réussisse. Donc, si on va jusqu'au bout de cette
logique, si ce chantier réussit, bien, on va se retrouver avec le respect des
standards des recycleurs du Québec. Mais l'exemple de Sustana en est un
excellent exemple. On risque de fragiliser les centres de tri en leur retirant
des matières qui pourraient nécessiter des investissements.
M. Leitão : Donc, dans ce
cas-là, et vous l'aviez dit, vous souhaiteriez qu'on aborde d'abord la <collecte
sélective… >modernisation de la collecte sélective avant de passer à un
élargissement de la consigne. C'est ça?
Mme Van Campenhout (Annick) :
Fondamentalement, c'est ça <qu'on...
M. Leitão : ...
ce
cas-là, et vous l'aviez dit, vous souhaiteriez qu'on aborde d'abord la collecte
sélective… modernisation de la collecte sélective avant de passer à un
élargissement de la consigne. C'est ça?
Mme Van Campenhout (Annick) :
Fondamentalement, c'est ça >qu'on demandait depuis 10 ans au moins.
C'était de procéder à cette modernisation de la collecte sélective, avant même
d'envisager tout autre système, de valider, d'optimiser le système de collecte
sélective.
Mme Fecteau (Louise) : Et
j'ajoute qu'il est probable que la consigne demeure la voie la plus
intéressante pour certaines catégories de matière. On parle souvent du verre, <tout…
>on fait beaucoup d'amalgames, de généralisations, on dit souvent qu'il
y a des problèmes avec la qualité de la matière. Si ce problème est uniquement
dû au verre, peut-être que le verre devra avoir sa propre voie de consigne.
Mais ce qu'on a négligé, c'est de faire toutes les analyses qui nous
permettraient de vérifier si, à titre d'exemple, le plastique clair, les
contenants de boisson de plastique clair sont récupérés à 76 % et très
bien recyclés.
Là, je rectifie ce qui a été dit
précédemment. Ce n'est pas vrai que, dans tous les cas, toutes les matières se
retrouvent au dépotoir ou sont mal recyclées. Il n'y en a pas, de problème de
filière du recyclage de plastique clair, au Québec. Mais on va retirer des
centres de tri des quantités importantes d'une matière qui a une valeur, comment
je dirais ça, précieuse. Le plastique clair, le fameux PET, c'est probablement
ce qui tire le prix moyen de vente vers le haut pour les centres de tri. Ils
vous l'ont exprimé, le centre des entreprises de technologies environnementales
vous l'a dit, ils sont très inquiets parce qu'il n'y a pas d'étude sur de
quelle façon leurs établissements vont être affectés. Donc, autrement dit, on
va retirer une matière du bac bleu pour la faire voyager dans le circuit de
collecte… de consigne sans même s'être demandé si on n'aurait pas dû la
conserver, et peut-être améliorer, là, pour aller chercher quelques points de
pourcentage supplémentaires. Ça, ça n'a pas été fait.
M. Leitão : Très bien. Je
pense que mon collègue a une question.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de Viau.
• (16 h 20) •
M. Benjamin : Merci. Merci,
Mme la Présidente. Merci pour votre présentation. Écoutez, <j'ai
l'impression, >à vous écouter, si vous permettez que j'utilise l'image
du début, j'ai l'impression que vous semblez nous dire que vous êtes le gâteau.
Donc, la question que j'aimerais vous poser... <Moi, je suis un
consommateur québécois… >Et ce qu'on sait, c'est qu'il y a une volonté
de la majorité des consommateurs québécois d'élargir la consigne. Sauf que,
moi, je suis un consommateur québécois, je vous écoute aujourd'hui, je veux
m'assurer que cet élargissement, que je souhaite, arrive avec le plus de
cohésion que possible, le plus de cohérence que possible, avec le moins
d'embûches que possible. Qu'est-ce que vous dites, à ce moment-là, à ce
consommateur québécois?
Mme Fecteau (Louise) : Si je
peux me permettre, quand on dit : Les consommateurs québécois attendent et
souhaitent la consigne, c'est relatif à la question qui leur a été posée et à
l'environnement <qui leur… >qui <était...
M. Benjamin : ...
Qu'est-ce
que vous dites, à ce moment-là, à ce consommateur québécois?
Mme Fecteau (Louise) : Si
je peux me permettre, quand on dit : Les consommateurs québécois attendent
et souhaitent la consigne, c'est relatif à la question qui leur a été posée et
à l'environnement qui leur… qui >était l'environnement au moment de la
question. Donc, si on dit aux consommateurs : Étant donné que c'est le
«free-for-all» dans les centres de tri, est-ce que vous êtes favorables à la
consigne?, évidemment, oui. Mais les consommateurs, dans les faits, avec la
consigne actuelle, ils renoncent de plus en plus, année après année, à
rapporter leurs contenants consignés chez les détaillants, le système le plus
simple qui soit.
Donc, les consommateurs, est-ce qu'on leur
a posé la question : Sachant que ça va vous coûter 0,10 $ de montant
de consigne, que vous n'aurez peut-être pas l'opportunité d'aller récupérer, si
vous êtes à mobilité réduite ou si vous n'avez pas les moyens de vous déplacer,
vous allez perdre systématiquement 0,10 $ par contenant… Et les frais de
recyclage, bien, on ne se le cachera pas, je reviens aux contenants de
plastique, en Alberta, on fait référence souvent à l'Alberta, c'est
0,08 $, 0,08 $ par contenant de plastique de plus d'un litre en frais
de recyclage, plus le montant de consigne de 0,10 $. Une personne qui
n'est pas capable de se déplacer pour rapporter ses contenants consignés va
devoir payer 0,18 $ supplémentaires. C'est de ça qu'il est question, là.
Ça fait que, dans les taux de consigne, à
l'heure actuelle, qu'on évalue à 72 % ou environ, il est important de
savoir que ces taux incluent un pourcentage de contenants consignés qui ont
voyagé par la collecte sélective. C'est quand même assez incroyable mais dans
le 72 %, il y a 14 % à 18 % des contenants qui se sont retrouvés
dans les centres de tri, les centres de tri les ont mis de côté, les ont
qualifiés, autrement dit, comme contenants consignés. Mais ce pourcentage
augmente d'année en année. Les consommateurs n'ont pas envie d'aller faire la
file devant une gobeuse déjà, maintenant. Si on retire le pourcentage qui a
voyagé dans les centres de tri pour aboutir dans le taux de récupération de
consigne, on est sous les 60 %. Il y a <58 %... >56 %
des contenants d'aluminium, 58 % des contenants de plastique, dans les
faits, qui ont été ramenés chez le détaillant. Là, le consommateur, on va lui
dire : Tu dois maintenant rapporter ton pot de jus, ta canette de jus de
V8, ta pinte de lait. Je veux dire, bien, à un moment donné, là, il faut voir,
techniquement, comment ça va se passer dans les maisons, là. Dans un trois et
demi, il va falloir mettre ça de côté, il va falloir les rapporter. Il y a des
gens qui ne sont pas nécessairement incapables de se déplacer, ils vont faire
leurs petites courses à pied, mais ils n'ont pas de voiture. Ils sont en train
de parler de centres de dépôt. On les perd, là.
Donc, on n'a pas fait ce genre
d'évaluation. Annick mentionnait d'entrée de jeu, en introduction, ces
évaluations économiques, envers les populations plus vulnérables sur le plan
socioéconomique, n'ont pas été faites.
M. Benjamin : Vous avez évoqué
tout à l'heure les questions relatives aux analyses d'impact. Vous estimez, et
c'est un chiffre qu'on a entendu par d'autres groupes, que j'ai entendu venant
d'autres groupes, un impact de 300 millions. Ces chiffres-là viennent d'où?
Pouvez-vous nous en parler un <peu?...
M. Benjamin : ...
les
questions relatives aux analyses d'impact. Vous estimez, et c'est un chiffre qu'on
a entendu par d'autres groupes, que j'ai entendu venant d'autres groupes, un
impact de 300 millions. Ces chiffres-là viennent d'où? Pouvez-vous nous en
parler un >peu?
Mme Fecteau (Louise) : Ils
viennent des documents d'analyse d'impact réglementaire qui ont été déposés. Il
y en a deux qui ont été déposés en début d'année, au moment des annonces, il y
en a un qui est plus récent, qui a été déposé au moment de... bien, le week-end
dernier, en fait. Puis les montants qui sont estimés, de consigne non
remboursée pendant les cinq premières années, là, où le taux de récupération
serait à 75 %, c'est nommément dans le document du ministère de
l'Environnement, c'est évalué à 160 millions. Et il est mentionné que ces
montants-là, ce seraient les consommateurs qui auraient décidé de ne pas
rapporter la consigne...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
C'est terminé. Je dois vous interrompre.
Mme Van Campenhout (Annick) :
Mais en réalité, ils ne décident pas. Quelqu'un qui ne peut pas se déplacer...
Oui?
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je dois vous interrompre pour céder la parole à notre représentante du deuxième
groupe d'opposition. Mme la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Merci
beaucoup. Merci pour votre présentation. J'ai 2 min 45 s, donc
ça va être très, très rapide. Écoutez, il n'y a aucun, aucun doute aujourd'hui
que notre système de recyclage ne fonctionne pas parce qu'il ne donne pas des
résultats. On est très, très forts au Québec pour récupérer de la matière, mais,
après ça, pour la valoriser puis vraiment la recycler, ça, c'est… on n'est
vraiment pas bons. Donc, le statu quo, c'est juste impossible, parce qu'on a
beaucoup, beaucoup axé notre système sur la quantité et non pas sur la qualité.
Il y a beaucoup de choses que vous avez
dites qu'il faut corriger, qui ne sont pas vraies : quand on dit que ça va
coûter 0,18 $ puis qu'on compare à ailleurs où c'est peut-être beaucoup
plus manuel. Je n'aurai pas le temps de corriger toutes les faussetés qui ont
été dites.
Moi, j'essaie... je suis en train de
regarder votre mémoire, je cherche des recommandations, je n'en ai vu aucune.
Vous dites que la responsabilité élargie des producteurs est très importante, mais
il existe quelque chose aussi dans les entreprises qui s'appelle la
responsabilité sociale et environnementale des entreprises. Vous mettez sur le
marché des produits, ça se retrouve un peu partout dans l'environnement, c'est
des gisements de matière qui sont très importants, c'est inacceptable. La
population n'a plus confiance dans notre système, et c'est très, très grave.
C'est quoi, votre... Comment vous voyez
votre rôle, vous, par rapport à la responsabilité sociale et environnementale
des produits que vous mettez sur le marché et avec lesquels vous faites des
profits?
Mme Van Campenhout (Annick) :
Oui. Je suis entièrement d'accord avec vous, on ne vous contredira certainement
pas, le système de collecte sélective, tel qu'il est maintenant, doit être
revu, clairement. Il faut, il faut que la matière soit valorisée. Mais ça fait
10 ans qu'on le dit, ça fait 10 ans que, via Éco Entreprises Québec,
on demande cette réforme-là, on demande la valorisation de la matière. Ce n'est
pas nouveau, de notre part, on ne l'a pas…
Par ailleurs, en termes de mise en marché,
on travaille énormément en amont, c'est-à-dire au moment de la production de
l'emballage, pour réduire son impact à la source. Il y a beaucoup de choses qui
sont faites qui ne sont pas nécessairement visibles du grand public, mais
énormément de choses sont <faites par nos...
Mme Van Campenhout (Annick) :
...
en termes de mise en marché, on travaille énormément en amont,
c'est-à-dire au moment de la production de l'emballage, pour réduire son impact
à la source. Il y a beaucoup de choses qui sont >faites qui ne sont pas
nécessairement visibles du grand public, mais énormément de choses sont faites
par nos entreprises. Je suis responsable du développement durable au CTAQ, je
peux vous le dire, que ça… il y a beaucoup de choses qui sont faites.
Mme Ghazal : Mais les
résultats ne sont pas là.
Mme Van Campenhout (Annick) :
On ne pourra plus retourner au pis de la vache pour boire notre lait, et il
faut le mettre dans un contenant, on s'entend. Il faut que ce contenant soit le
moins... qu'il ait le moins d'impact écologique, on est d'accord là-dessus. Mais
on n'ira pas au pis de la vache boire le lait, il faut un contenant.
Mme Ghazal : Mais les
résultats ne sont pas là. On est très, très forts pour mettre des objectifs. On
ne peut pas se permettre, encore une fois, de donner des objectifs aux entreprises,
puis, quelques années plus tard, se retrouver avec pas de résultats, c'est ce
qu'on a fait depuis les dernières années. Donc...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
C'est terminé, c'est terminé pour cette portion.
Mme Ghazal : Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, Mme la députée de Gaspé, vous avez maintenant la parole.
Mme Perry Mélançon : Merci,
Mme la Présidente. Bonjour. J'aimerais savoir, vous avez dit que vous êtes
affiliés, je pense, à l'union, là, des distilleries, si j'ai bien compris, vous
parlez au nom des distilleries? Et il y en a plusieurs...
Une voix : …
Mme Perry Mélançon : Bien,
oui, rapidement, est-ce que vous pouvez me préciser, là, l'affiliation avec
eux?
Mme Van Campenhout (Annick) :
Oui. En fait, on a des associations affiliées au CTAQ. Donc, les membres des
microdistilleries sont affiliés au CTAQ parce qu'ils transforment de la matière
alimentaire.
Mme Perry Mélançon :
<Et
qu'est-ce qu'ils en pensent... >Bien, qu'est-ce qu'elles en pensent, les
distilleries, du plan de consignation, là, que... Parce que j'ai vu plusieurs
articles dans ma région comme quoi c'est très bien accueilli, là. Alors, le
coût de production des bouteilles va diminuer, c'est des bouteilles qui sont réutilisables
jusqu'à 30 fois. Donc, je voulais juste m'assurer que c'était... que vous
aviez vraiment, là, le pouls de ces distilleries-là, qui sont en région et qui
attendent impatiemment le plan de consignation.
Mme Van Campenhout (Annick) :
Puis je le connais bien, les microdistilleries, je travaille beaucoup avec elles.
Encore une fois, on n'est pas en train de dire que la consigne n'est pas une
alternative possible. Pour les contenants de verre, par exemple, ça pourrait
être la meilleure solution pour avoir la meilleure pureté. Puis, dans les
microdistilleries, on parle vraiment de contenants de verre, donc dans cette
catégorie-là de produit, probablement qu'une fois les analyses effectuées, les
analyses effectuées ici, au Québec, pour les producteurs du Québec, peut-être
qu'on aura à se rendre compte que, pour le verre, la consignation, c'est la
meilleure.
Mme Fecteau (Louise) : Et, si
je peux me permettre, personne ne remet en question la consigne... les
contenants à remplissages multiples. Ça, je pense que c'est de ça qu'il est question
aussi, là. Les contenants à remplissages multiples, c'est clair que c'est là
pour rester tant et aussi longtemps que les consommateurs, justement, vont
aller dans cette voie-là puis qu'il y a des producteurs qui sont intéressés à
réutiliser les contenants 15, 20 et 30 fois. Ça, c'est clair, net et
précis, là. On parle des contenants plus à remplissage unique.
• (16 h 30) •
Mme Perry Mélançon : O.K., c'est
plus clair maintenant, disons. On voit qu'il y a une certaine ouverture, quand
même, pour...
16 h 30 (version révisée)
Mme Fecteau (Louise) : ...tant
et aussi longtemps que les consommateurs, justement, vont aller dans cette
voie-là puis qu'il y a des producteurs qui sont intéressés à réutiliser les contenants 15,
20 et 30 fois. Ça, c'est clair, net et précis, là. On parle des contenants
plus à remplissage unique.
Mme Perry Mélançon : O.K.,
c'est plus clair maintenant, disons. On voit qu'il y a une certaine ouverture quand
même pour des aspects de la réforme que je n'avais peut-être pas bien... que je
n'avais pas vu, là, dans la première présentation. Alors, pour ce qui est des
CRM, par exemple, vous seriez en faveur que le système soit maintenu de cette
façon-là, ou, bref, on ne parle pas des mêmes types de contenants, là, dans ce
cas-là.
Mme Van Campenhout (Annick) :
Je vous le dis...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Il reste quelques... deux secondes. C'est terminé. Alors, je vous remercie beaucoup
d'avoir participé à notre commission parlementaire. Je vous souhaite une belle
fin de journée.
Nous allons faire une courte pause
pour accueillir le prochain groupe. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 16 h 31)
<
>
(Reprise à 16 h 36)
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Bon, nous allons reprendre nos travaux. Et nous allons accueillir
Mme Clarissa Morawski, directrice générale de Reloop — ou Reloop,
je ne sais pas comment le prononcer, vous m'indiquerez. Et je vous souhaite la
bienvenue. Vous avez 10 minutes pour présenter... faire votre
présentation, ensuite, vous aurez un échange avec le ministre et les députés de
la commission parlementaire. Allez-y, vous avez la parole.
Mme Morawski (Clarissa) : Merci
beaucoup. Merci. Bonjour, tout le monde. M. le ministre de l'Environnement, MM.
et Mmes les députés et membres de la Commission de transports et de
l'environnement, bonjour à tous. Mon nom est Clarissa Morawski, et je suis la
directrice générale de Reloop Platform. Reloop est une association européenne — mais
moi, je suis canadienne, du Québec — constituée d'industries,
d'organisations non gouvernementales et de villes qui appuient collectivement
une politique proactive visant à promouvoir l'économie circulaire. Je vous
remercie de me recevoir aujourd'hui pour discuter du projet de loi n° 65
sur la consigne et la collecte sélective.
Je vais concentrer mon intervention sur la
consigne, parce qu'il s'agit de la meilleure voie à suivre pour atteindre les objectifs
de la réduction des déchets et d'enfouissement. La consigne permet d'atteindre
des taux de récupération et de recyclage que la collecte sélective n'atteindra
jamais. C'est aussi un système qui permet au citoyen d'avoir confiance dans son
geste de ramener son contenant de boisson, permettra qu'il soit recyclé
véritablement. La consigne est un élément central à la création d'une économie
circulaire locale.
Premièrement, je veux féliciter le gouvernement
du Québec d'aller de l'avant avec une modernisation importante du système de
consigne. Il s'agit d'un geste fort pour la protection de l'environnement. Le Québec
s'inscrit parfaitement dans les tendances mondiales en matière de récupération
et des contenants. De plus en plus, les gouvernements, mais aussi les
entreprises, ici, en Europe, sûrement, comme Danone, coca, Nestlé, réalisent
que la consigne est le seul système qui permet d'atteindre des taux de
récupération et de recyclage élevés.
Pour mettre en place un système de
consigne efficace et économiquement bénéfique, il faut respecter certains
principes généraux que je vais vous présenter maintenant. Ces principes sont
tirés d'échanges que nous avons depuis des années avec des entreprises et des gouvernements.
Alors, on y va :
1° le système doit être établi avec <l'objectif
de...
Mme Morawski (Clarissa) :
…respecter certains principes généraux que je vais vous présenter
maintenant.
Ces principes sont tirés d'échanges que nous avons depuis des années avec des
entreprises et des
gouvernements. Alors, on y va :
1
° le système doit être établi
avec >l'objectif de favoriser l'économie circulaire. On réussira cet
objectif si on supporte l'écoconception, combinée à un taux de retour élevé et
au recyclage de contenants. Le Québec possède des entreprises innovantes de
recyclage et elles doivent être mises en profit si on veut que la bouche de
l'économie circulaire se commence et se termine au Québec. Le gouvernement
devrait sérieusement réfléchir à l'obligation d'avoir un pourcentage minimum de
matières recyclées dans chaque nouveau contenant. Cela créerait un effet boule
de neige pour consolider l'économie circulaire. C'est ce qui est un produit...
qu'on fait ça en Europe maintenant;
• (16 h 40) •
2° les coûts du
système doivent être couverts par la vente de la matière recyclée, les
consignes non réclamées et les frais pour les producteurs et les détaillants.
Il faut éviter de refiler le coût aux consommateurs si ceux-ci rapportent leurs
contenants;
3° le rôle du gouvernement devrait être de
surveiller, fixer les taux de retour et le montant de consigne, et de
déterminer les points de retour et les pénalités. Le Québec est un leader de la
consigne grâce à son obligation… retour chez le détaillant.Ailleurs au
monde, et ici aussi, les lobbys contre sont puissants, mais leurs arguments ne
tiennent plus la route en 2020. Il est peu probable que le nouveau système
fonctionne si on diminue le nombre de points de retour;
4° le système de consigne doit avoir le
plus haut niveau possible d'agrément pour le consommateur et la plus faible
empreinte de carbone possible. C'est pourquoi il est essentiel de pouvoir
ramener nos contenants là où nous les avons achetés, pour éviter un voyage
dédié et parce que c'est un geste facile pour le consommateur;
5° le système doit être efficace et doit
prévenir la fraude par utilisation des technologies et des données. Le
gouvernement et l'organisme de gestion peuvent avoir l'accès en direct aux
données et les taux de retour et les flux de matériel. L'intelligence
artificielle permet aussi de mettre en place des routes de collecte plus
efficaces. Il existe des nouvelles technologies qui règlent les vieux enjeux, <par
exemple…
Mme Morawski (Clarissa) :
…de gestion peuvent avoir l'accès en direct aux données et les taux de retour
et les flux de matériel. L'intelligence artificielle permet aussi de mettre en
place des routes de collecte plus efficaces. Il existe des nouvelles
technologies qui règlent les vieux enjeux, >par exemple la salubrité et
le décompte manuel des contenants. D'ailleurs, la manipulation des contenants
par un employé devrait être l'exception et non la norme. Dans tous les systèmes,
en Europe, avec retour aux détaillants, moins de 10 % des contenants sont
traités manuellement; et finalement
6° l'opérateur du système devrait couvrir
tous les coûts reliés aux points de collecte et au service de transport de
matière. Si l'organisme de gestion désigné prend cette responsabilité, les
détaillants et les producteurs se retrouveront avec un service clé en main
facile d'utilisation. Le gouvernement devrait donc travailler pour que
l'organisme de gestion offre un service de qualité supérieure à tous les détaillants.
Je vous ai présenté des principes généraux
qui doivent vous guider dans la définition d'un système élargi, québécois, de
consigne. Maintenant, je me permets d'insister sur des clés de succès.
Première, il faut obliger le retour chez les détaillants. Ils ont une présence
géographique importante et les consommateurs sont déjà habitués à ramener les
contenants quand ils en achètent des nouveaux. De plus, le projet de
modernisation prévoit l'ajout de nouveaux contenants consignés à un système
déjà existant. La grande majorité des commerçants ne partent pas de zéro. Les
juridictions qui ont laissé tomber aux détaillants de sortir complètement du
système ont vu des écofrais, pour leur système, exploser.
Cependant, il faut aussi permettre des
exceptions aux petits commerces, sûrement. Il existe des dérogations si le
magasin est trop petit, par exemple, si la superficie est en dessous de 200 mètres
carrés, par exemple. On pourrait également prévoir des demandes de reprises
différentes pour des zones urbaines par rapport aux zones rurales. Bien
entendu, les détaillants non obligés peuvent s'inscrire à participer au système
de consigne s'ils le souhaitent.
Je voudrais préciser un élément qui a été
soulevé par plusieurs acteurs, celui du délai d'implantation. En 2009, la cour
européenne de justice a indiqué qu'un pays membre, en Europe, devait <accorder
un délai…
Mme Morawski (Clarissa) :
…voudrais préciser un élément qui a été soulevé par plusieurs acteurs, celui du
délai d'implantation. En 2009, la cour européenne de justice a indiqué qu'un
pays membre, en Europe, devait >accorder un délai raisonnable en faisant...
à la suite de l'adoption d'une législation pour un système de consigne pour que
les producteurs et les détaillants puissent s'adapter avant sa mise en oeuvre.
Ce délai raisonnable et suffisant a été fixé à un an pour un pays n'ayant aucun
système en place. Alors, ça veut dire qu'un an est assez. On ne doit pas avoir
deux ans ou trois ans.
En conclusion, le Québec, avec son projet
de modernisation de la consigne, est présentement en train de prendre le
leadership en matière de réduction des déchets et de hausse… recyclage. Tous nos
voisins nord-américains nous regardent. Il s'agit d'une opportunité unique de
mettre en place le meilleur système possible. Je vous trouvais chanceux de
travailler pour faire du Québec un leader en matière d'économie circulaire.
Nous avons tout ce qu'il faut... faire plus de recyclage localement, pour
réduire les GES liés au transport et pour développer une économie autour de la
réutilisation et le recyclage du verre, plastique, aluminium. Il s'agit d'un
potentiel de croissance économique énorme que je vous invite à saisir. Merci de
m'avoir écoutée. Et je suis maintenant disposée à répondre vos questions.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Merci beaucoup. Alors, maintenant, je cède la parole au ministre pour une
période de 20 minutes, et ensuite ce sera les autres groupes d'opposition.
M. Charette : Merci, Mme la
Présidente. Madame, merci d'être avec nous aujourd'hui. Il est d'autant plus
apprécié qu'il est tard là où vous êtes présentement. Et, en toute honnêteté,
je ne vous connaissais pas. C'est la première fois que j'ai le plaisir
d'échanger avec vous. Et, pour celles et ceux qui sont dans ma situation,
peut-être nous parler un petit peu de votre profil ou de votre expertise. Quel
est votre quotidien? Dans quel domaine oeuvrez-vous?
Mme Morawski (Clarissa) :
Alors, je travaille comme consultante et experte depuis 25 ans, Canada, États-Unis
et, depuis cinq ans, en Europe, sur la responsabilité élargie des producteurs
pour l'emballage. Alors, j'ai la «specialisation» dans la consigne. Alors, je
connais très, très bien les différents systèmes au monde, les technologies, les
dessins du système, les taux, les frais, tout, tout, tout. Alors, je pense que
c'est pour ça qu'on a demandé de faire un mémoire, parce que ça se peut que je
peux partager des informations que ça se peut que vous n'avez pas à ce
moment-là à Québec.
M. Charette : C'est gentil,
merci. Donc, vous avez accompagné, possiblement, d'autres juridictions à <implanter
des…
Mme Morawski (Clarissa) :
...je pense que c'est pour ça qu'on a demandé de faire un mémoire, parce que ça
se peut que je peux partager des informations que ça se peut que vous n'avez
pas à ce moment-là à Québec.
M. Charette : C'est gentil,
merci. Donc, vous avez accompagné, possiblement, d'autres juridictions à >implanter
des systèmes de consigne. C'est essentiellement votre travail?
Mme Morawski (Clarissa) :
Oui, j'ai fait ça déjà, par exemple, en France, ça fait un an, j'ai fait
aussi... et j'ai fait un mémoire avec votre comité de verre, ça fait deux ans,
dans l'été, et j'ai fait ça aux États-Unis pour des régulations pour les
consignes, etc., mais aussi beaucoup de «speeches» et beaucoup d'interventions
avec les médias, entreprises, dessineurs de systèmes de consigne, gouvernements
nationaux partout en Europe, etc.
M. Charette : Ah! bien, c'est
bien gentil, merci de nous consacrer du temps comme vous le faites. On est en
présence...
Mme Morawski (Clarissa) :
Oui, mais c'est un plaisir parce que je suis Québécoise, alors c'est proche de
mon coeur.
M. Charette : Bien oui, bien
oui. Bien, c'est bien, on apprécie. En fait, on est en présence d'un projet de
loi qui a deux volets, celui de la modernisation de la collecte sélective et
celui de l'élargissement de la consigne. Et je comprends, là, qu'on s'attarde
davantage à ce deuxième volet, là, au cours de notre échange. Moi, ce qui me
réconforte, c'est qu'actuellement le projet de loi est très bien accueilli. Je
ne peux pas dire qu'il fait l'unanimité, mais le consensus est très, très fort
à travers les différents groupes que nous avons entendus.
• (16 h 50) •
Il y a peut-être deux groupes,
actuellement, sur ceux entendus qui se sont montrés plus réticents. Je vous
nomme quelques-uns de leurs arguments, et peut-être nous aider à faire la part
des choses, quoique vous l'ayez fait déjà en grande partie pour certains
d'entre eux. La fameuse question des délais. Ça fait des années qu'on parle de
consigne au Québec et, aux yeux de ceux, toujours moins nombreux, heureusement,
qui s'y opposent, c'est tout le temps trop vite, c'est tout le temps trop
rapide, c'est tout le temps trop ambitieux pour rencontrer les échéanciers.
Nous, la réforme a été annoncée en janvier
dernier, et elle sera implantée à partir de la fin de 2022. Donc, on parle de
trois ans. Et, pour certains contenants, on ajoute des délais supplémentaires
de minimum deux ans, donc au minimum cinq ans. Donc, vous me dites, selon votre
expérience, avec ce que la cour européenne a pu aussi trancher, cinq ans, on ne
les brusque pas trop, là. C'est largement, largement suffisant pour implanter
un système qui soit adéquat.
Mme Morawski (Clarissa) :
Largement, oui. Vous savez qu'en Australie ils ont mis en oeuvre après huit
mois. Alors, c'est totalement possible. Vous avez déjà un système base, alors
ce n'est pas vraiment un gros «challenge». Trois ans, c'est assez, deux ans,
c'est assez. Comme la cour a dit, un an, ça devrait être assez. <Dès
qu'on...
Mme Morawski (Clarissa) :
...
possible. Vous avez déjà un système base, alors ce n'est pas vraiment
un gros «challenge». Trois ans, c'est assez, deux ans, c'est assez. Comme la
cour a dit, un an, ça devrait être assez. >Dès qu'on sait exactement que
sont les spécificités de la régulation, ça ne doit pas prendre plus qu'un an
après ça.
M. Charette : Parfait, merci.
Un autre argument contre qu'on a entendu, là, de la part de ces deux mêmes
groupes, ce sont les débouchés de cette matière. Nous, <on inclut... >on
va plus loin que le verre, on va plus loin que le plastique, on va plus loin
que l'aluminium, on inclut le multicouche, et, pour ces deux groupes là, le
multicouche en particulier pose problème. Soi-disant qu'il n'y a pas de
débouchés, qu'il n'y ait pas possibilité de mieux valoriser cette matière-là. Quelle
est votre expérience par rapport à ce type de contenant en particulier?
Mme Morawski (Clarissa) :
Bon, alors, en général, mon approche constitue à inclure le métal, plastique et
verre. Ceci représente la grande majorité des contenants. Ils sont tous... on a
un marché recyclage très fort, comme celui, à Québec, pour Owens-Illinois pour
le verre ou Plastrec pour le plastique.
En ce qui concerne le Tetra Pak ou
multicouche, pour être honnête, je suis neutre sur ce point. Bien que, une
part, je pense qu'il est juste que ces emballages de boisson soient inclus dans
le système et devraient être recyclés, mais, en revanche, ils représentent
moins de 2 % des emballages de boissons alcoolisées vendus par SAQ, par
exemple, et moins de 10 % d'emballages de boissons non alcoolisées. On
parle donc d'un très, très petit volume.
De plus, les récipients de Tetra Pak
utilisés pour les boissons finissent généralement d'être consommés et jetés à
la maison afin qu'ils puissent aller dans le programme collecte sélective, ou
ils sont consommés dans des écoles comme des petits «juice box» où ils peuvent
être recyclés. Nous ne voulons pas... nous ne voyons pas beaucoup de petits
Tetra Pak comme déchets sauvages, par exemple, dans la nature. Alors, c'est
pour ça que je suis un peu neutre. Ce n'est pas beaucoup de volume, et je
dirais que, si c'est un problème critique pour les détaillants et une raison de
s'opposer et causer des problèmes, peut-être cela vaut la peine d'abandonner
pour la modernisation actuelle et d'y réfléchir plus tard.
Notez que la plupart des technologies de
machines, de gobeuses peuvent collecter les Tetra Pak multicouches et lire leurs
code-barres. Alors, c'est vraiment une <politique pour vous de...
Mme Morawski (Clarissa) :
...pour la modernisation actuelle et d'y réfléchir plus tard. Notez que la
plupart des technologies de machines, de gobeuses peuvent collecter les Tetra
Pak multicouches et lire leur code-barres. Alors, c'est vraiment une >politique
pour vous de gérer les différents «stakeholders», mais, vraiment, ce n'est pas beaucoup
de volume.
M. Charette : En fait, petite
précision, pour ce qui est de la réforme québécoise, c'est pour ces
contenants-là qu'on ajoute deux années supplémentaires, notamment, pour laisser
la transformation se faire. Et, un petit clin d'oeil, ceux qui s'opposent
s'opposeraient pareil même si les multicouches n'étaient pas incluses dans la
réponse... dans la réforme. Donc, ce n'est pas ce qui est à l'origine de leur opposition.
Sinon, un dernier élément — parce
que je sais que mon collègue souhaite aussi intervenir — au niveau
des coûts et de l'opération. Pour que cette opération-là, vous le disiez, soit
la plus économe, la plus efficace possible, il faut que le retour se fasse là
où le contenant... où le produit a été initialement acheté ou, à tout le moins,
le plus près possible. J'en suis. Je suis aussi d'avis que, dans certains cas,
c'est carrément impossible compte tenu de la superficie, justement, du commerce
en question. Mais, pour vous, c'est un élément clé de votre expérience. C'est
ce qui peut faire la différence entre une réforme réussie et une réforme plus
ou moins réussie?
Mme Morawski (Clarissa) : Absolument,
oui.
M. Charette : Parfait. C'est
bien gentil. Donc, je vais céder la parole à mon collègue. Mais, encore une
fois, un gros, gros merci pour votre présence avec nous aujourd'hui.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de Bourget.
M. Campeau : Bien, bonjour, ou
bonsoir, surtout dans votre cas.
Mme Morawski (Clarissa) :
Bonsoir.
M. Campeau : Vous nous dites
qu'on est chanceux de travailler sur ce projet-là, et moi, je vous trouve
chanceuse d'être à Barcelone. C'est tellement un bel endroit. Je me souviens très
bien de votre mémoire sur le verre, c'était très clair, et vous avez tendance à
toucher les sujets très précisément. Alors, moi, je voulais vous demander, quand
vous parlez d'un minimum de recyclage dans les contenants — l'idée
est très bonne, j'ai déjà vécu ça, le minimum de recyclage dans le papier
journal, et, c'est drôle, on a réussi à s'adapter — alors, c'est quoi,
le minimum. Dans certaines catégories, avez-vous des exemples de minimums que
vous viseriez ou que vous voyez visés par d'autres États?
Mme Morawski (Clarissa) :
Oui. En parlant des bouteilles en plastique... Premièrement, la raison pour
quoi on veut un minimum, c'est deux choses : un, c'est très bon pour le
marché parce que ça crée une demande, mais aussi, par perspective GES, quand on
a du contenant recyclé dans notre bouteille, <il y a beaucoup...
Mme Morawski (Clarissa) :
...c'est deux choses : un, c'est très bon pour le marché parce que ça crée
une demande, mais aussi, par perspective GES, quand on a du contenant recyclé
dans notre bouteille, >il y a beaucoup moins d'énergie pour faire ce
contenant. Alors, c'est pour ça que c'est très, très, très important, et c'est
pour ça que les producteurs veulent maintenant... ils ont des «commitments»,
des promis pour incorporer plus de matériaux au recyclage.
Alors, maintenant, on a quelque chose de
très nouveau. En Europe, depuis l'année passée, ils ont introduit une
«regulation», une directive, la directive pour les plastiques usage unique, où
on a non seulement un taux de la récupération pour les bouteilles de boisson en
plastique de 90 % par 2029, mais aussi un taux de réemploi de matériaux
recyclage de 25 % par 2025 et 30 % par 2029. Et ça, c'est pour tous
les pays dans l'Union européenne. Alors, ça, c'est nouveau, et c'est aussi...
Récemment, à Californie, ils ont... le gouverneur Gavin Newsom a passé une loi
qui dit : 50 % est le taux de contenants recyclés dans les bouteilles
en plastique de boisson par l'année 2025.
Alors, ça, ce sont des nouvelles
politiques, et ils sont vraiment ce que beaucoup, beaucoup de pays aimeraient
faire. J'ai même entendu, il y a deux semaines, le gouvernement du Canada a
annoncé des initiatives pour la réduction de plastique, et ils ont mentionné
qu'il va y avoir des taux de l'incorporation du recyclage dans les contenants.
Alors, c'est très important. Je supporte totalement, et je pense qu'on va avoir
beaucoup de pays qui vont régler ces types de «targets».
M. Campeau : Dans le projet de
loi, on se limite à 2 litres, des contenants de 2 litres. Est-ce que
vous voyez ça comme un danger que quelqu'un aille à 2,1 ou 2,2 juste pour
s'exclure de cette loi?
• (17 heures) •
Mme Morawski (Clarissa) :
Oui. On a vu, par exemple, en Allemagne, tu peux faire un Google de ça, si tu
fais Google, 2,1 litres de coca, vous allez voir des bouteilles qui sont
2,1 litres. Oui, ça peut se passer, sûrement. Je ne sais pas si ça...
passe beaucoup, parce que, normalement, c'est les producteurs qui font ces
décisions-là, et, quand les producteurs doivent payer, sinon dans le système de
consigne, ils doivent payer dans le système...
17 h (version révisée)
Mme Morawski (Clarissa) :
…ça peut passer sûrement. Je ne sais pas si ça passe beaucoup, parce que,
normalement, c'est les producteurs qui fait ces décisions-là. Et, quand les
producteurs doivent payer, sinon dans le système de consigne, ils doivent payer
dans le système collecte sélective. Et j'imagine que, si on a un système
efficace pour la consigne, qui récupère 90 % des bouteilles, c'est mieux
pour les producteurs d'être dans ce système que dans l'autre. Alors, je ne sais
pas si ça va arriver maintenant, comme on a vu ça au passé dans d'autres pays
comme Allemagne.
M. Campeau : Question
probablement rapide parce qu'il ne doit pas rester beaucoup de temps : Réutilisation
de bouteilles de vin, est-ce que vous avez des exemples où ça fonctionne? Parce
qu'il y a beaucoup de gens… ils nous disent : Ça ne marche pas. Est-ce que
vous avez des exemples où ça fonctionne?
Mme Morawski (Clarissa) :
Il y a des exemples, mais je ne peux pas parler de ça parce que c'est très
secret, mais je peux dire qu'on voit ça un peu maintenant en Californie. Il y a
des initiatives qui commencent parce qu'il y a des très, très gros producteurs
de vin qui veut travailler avec des bouteilles réutilisables. Pourquoi? Parce
que, vraiment, les bouteilles de vin qui sont fabriquées pour usage unique, ils
sont… structurellement, il peut être réutilisé. Alors, pour le prix, c'est du
bon sens.
J'imagine, si… Ce qui est très important
pour le gouvernement à Québec, c'est que le gouvernement puisse faire, pour
encourager les produits à remplissage multiple et d'assurer des règles du jeu
équitables pour la plupart des contenants de boisson, avec un système de
retourne robuste et pratique, le CRM ou les bouteilles de vin réutilisables ou
d'autres boissons. Maintenant, pour le verre, c'est en déclin et on n'aura
jamais la possibilité d'inverser cette tendance si le système modernisé ne
considère pas les options de retour les plus faciles pour les clients qui
choisit les CRM ou les bouteilles de vin qui sont réutilisées.
Alors, ça veut dire, dessiner un programme
qui est ouvert pour les contenants CRM, parce que sinon on ne va jamais voir
des nouveaux types de bouteilles, comme j'ai juste parlé avant, venir dans le
marché. Et je sais qu'à Québec, on a une très, très grande consommation de vin,
comparé à d'autres États au Canada, alors peut-être il y a un bon marché pour
ça. Mais, si on n'a pas un système de consigne pour les vins et les spiritueux
qui est équitable pour tous les contenants pour vins et spiritueux, les…
bouteilles n'ont pas de <chance…
Mme Morawski (Clarissa) :
…
Mais, si on n'a pas un système de consigne pour les vins et les
spiritueux qui est équitable pour tous les contenants pour vins et spiritueux,
les… bouteilles n'ont pas de >chance
La Présidente (Mme St-Pierre) :
<C'est… >Il reste 10 secondes, alors…
M. Campeau : Bien, je me
disais que… Vous venez de nous dire qu'on aime beaucoup le vin, qu'on est de
gros buveurs de vin, c'est peut-être pour ça que vous voulez vous identifier
comme Québécoise.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Alors, je vais passer la parole au député de Robert-Baldwin pour 10 minutes.
M. Leitão : Très bien.
Merci. <Bonjour… >Bonsoir. Merci d'être là pour nous partager
votre expérience. Après plusieurs présentations qui ont été faites par plusieurs
groupes à cette commission, je pense qu'au Québec nous avons une situation qui
est un peu particulière. Et je demande un peu votre avis là-dessus, parce que
vous avez mentionné qu'une des clés du succès, c'est le retour du contenant, le
retour au détaillant, donc là où il a été acheté.
La situation qui est assez paradoxale, à
mon avis, ici, au Québec, c'est que les grands détaillants, les grandes chaînes
de supermarché semblent être parmi ceux qui sont les plus réfractaires à
embarquer dans un système de consigne élargie, tandis que les plus petits
détaillants, surtout en région, semblent être beaucoup plus ouverts à cette possibilité.
Ça semble un peu contre-intuitif.
Alors, avec votre expérience, comment
est-ce que vous pensez qu'on pourrait amener les… Bon, on peut toujours utiliser
la méthode forte, mais comment est-ce qu'on pourrait aller à créer, susciter
une plus grande adhésion de la part des grands détaillants?
Mme Morawski (Clarissa) :
Bon, alors, donnez-leur alors les frais de traitement raisonnables, ce sont des
taux de manutention qui sont raisonnables pour les grandes surfaces, et
donnez-leur… pardon, donnez-leur plus s'ils redonnent aux transportateurs des
contenants et du matériel, les… compactés et prêts, et décomptes automatiques. Alors,
ça veut dire, s'ils ont des machins, des gobeuses, qu'ils ont investi dans des
machins, vous pouvez donner encore plus un frais de manutention, parce que tout
le matériel est prêt, prêt, prêt, et donnez un peu moins aux contenants qui
sont décomptés manuellement. Et ça, cette pratique est totalement courante
partout parce que ça facilite la chaîne.
Une autre chose qu'on peut faire, <c'est…
Mme Morawski (Clarissa) :
...un frais de manutention, parce que tout le matériel est prêt,
prêt, prêt, et donnez un peu moins aux contenants qui sont décomptés
manuellement. Et ça, cette pratique est
totalement courante partout
parce que ça facilite la chaîne.
Une autre chose qu'on peut faire, >c'est
permettre au détaillant de reprendre les types de contenants qu'il vend, pas
nécessairement tous les types de contenants consignés. Par exemple, s'il y a un
magasin qui ne vend pas de vin, est-ce qu'ils doivent récupérer les bouteilles
de vin? Peut-être, ça ne fait pas de bon sens.
On peut aussi protéger les petits
commerces avec un retour maximum par client, par jour, pour éliminer des grands
retours de volume, plus ou moins pour les petits commerces, pas pour les
grands, mais ça, c'est une idée pour les petits commerces.
On pourrait aussi demander à l'opérateur
du système d'assurer un ramassage régulier dans les magasins, les petits
magasins, les grands magasins, éliminant tous les problèmes du stockage et conteneurs.
Notez qu'il peut s'agir un ramassage régulier et un transporteur qui récupère
de nombreux points de collecte, y compris des grands magasins, des bars, des
restos et des autres points de retour.
M. Leitão : Parce que
l'autre enjeu qui est aussi soulevé dans notre cas, ici, au Québec, par la société
d'État de l'alcool, donc la SAQ, qui a le monopole de la vente d'alcool et qui
en vend... qui met en marché, ils nous ont dit... ils nous ont répété plusieurs
fois, 200 millions de bouteilles par année<… et>, qu'ils
jugent extrêmement difficile de mettre en place un système de… de recueillir
toutes ces bouteilles, notamment dans les grandes zones urbaines comme à Montréal,
où plusieurs de leurs points de vente sont relativement petits. Donc, ils
allèguent qu'ils n'ont pas la capacité d'accueillir toutes ces millions de
bouteilles qui vont leur tomber sur la tête. Bon, il y a moyen de raisonner un
peu avec eux, mais je pense quand même que l'enjeu est réel.
Alors, <vous… >ce que vous
suggérez aussi, ça serait donc mettre en place un système de collecte plus
rapide ou de ramasser les bouteilles usagées plus rapidement.
Mme Morawski (Clarissa) :
Oui. Et aussi il existe également des nouvelles options pour les détaillants,
les grands détaillants. Par exemple, ils peuvent offrir des technologies qui
fonctionnent complètement à l'extérieur du magasin, comme dans le parking du
magasin, avec des kiosques, qu'on voit par exemple en Lituanie ou en Australie,
ce qui pourrait être une solution pour certains magasins. Ou <peut-être
pour...
Mme Morawski (Clarissa) :
...à l'extérieur du magasin, comme dans le parking du magasin, avec des
kiosques, qu'on voit
par exemple en Lituanie ou en Australie, ce qui
pourrait être une solution pour certains magasins. Ou >peut-être pour...
situation <comme… > ... SAQ et un grand magasin. On peut avoir un
kiosque dehors colocalisé pour servir aux consommateurs de SAQ et d'une grande
surface. Alors, il y a toujours des techniques stratégiques pour réduire la
pression sur les détaillants et utiliser des nouvelles formes de… ... , qui ne
sont pas toujours la même chose qu'on voit maintenant à Québec, machins à
l'intérieur du magasin, etc. Il y a différentes options.
On a aussi des options qu'on voit dans
quelques États aux États-Unis, pas en Europe, ce sont des… …des
«drop-off », où il y a un magasin qui offre une place en dehors de leur
magasin, où on peut apporter nos contenants dans un bac en plastique avec un
petit coude là-dessus, et on peut laisser là. Et, après 24 heures, c'est
compté, et on reçevoit notre consigne vers le «cloud» dans notre compte, par
exemple.
Alors, ce n'est pas seulement le modèle
que vous avez introduit à Québec telle… C'est un modèle totalement nouveau
avec des nouvelles options, des nouvelles technologies et aussi la manière
d'exemption pour quelques-unes aussi…
• (17 h 10) •
M. Leitão : Très bien.
Mme Morawski (Clarissa) :
…alors il y a de la flexibilité.
M. Leitão : Très bien. Je
pense que la clé, c'est justement ça. La clé, c'est la flexibilité. Finalement,
ça nous est mentionné plusieurs fois, et je pense, c'est un peu... c'est une
explication un peu trop rapide qui vise, Ah! mais, vous savez, il fait froid au
Québec. Donc, les solutions technologiques qui existent en Europe ne pourraient
pas nécessairement se transporter au Québec. Bon, je pense qu'il fait froid
aussi en Allemagne et au Danemark, par exemple.
Alors, à votre avis, la technologie qui
existe, elle peut aussi très bien fonctionner dans un climat nordique comme le
nôtre, non, la technologie pour récupérer...
Mme Morawski (Clarissa) :
Absolument. Et non seulement Allemagne, Lituanie, Norvège, Suède, Finlande,
Islande, oui, on peut construire... comme par exemple, les kiosques, ce sont vraiment
des petites cabines chauffées avec les gobeuses <là-dedans...
Mme Morawski (Clarissa) :
...Norvège, Suède, Finlande, Islande, oui, on peut construire... comme
par
exemple, les kiosques, ce sont
vraiment des petites cabines chauffées
avec les gobeuses >là-dedans. Et ça, c'est ce qu'on a dans Lituanie ou même
dans d'autres pays au nord, où c'est très froid, oui.
M. Leitão : Très bien. Merci.
Je ne sais pas, collègue, si tu veux...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
M. le député de Viau.
M. Benjamin : J'ai
combien de temps, Mme la Présidente?
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Deux minutes.
M. Benjamin : Deux
minutes. Bien, écoutez...
M. Leitão : Je suis
généreux.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Il a été généreux.
M. Benjamin : Non, c'est formidable,
très généreux. Et générosité que j'apprécie, d'ailleurs.
Merci beaucoup, Mme Morawski, pour
votre présentation. Écoutez, vous êtes Québécoise, <vous êtes... >donc
vous connaissez ce territoire, l'étendue du territoire. Mettons-nous un instant
dans la place du consommateur. On veut travailler pour susciter l'adhésion d'un
maximum de consommateurs, et vous semblez suggérer dans votre mémoire
l'exemption des très petits commerces. Il y a des enjeux. Comment s'assurer, à
ce moment-là, selon vous, d'une équité dans les milieux ruraux, dans toutes les
régions du Québec, du déploiement d'un projet comme ça?
Mme Morawski (Clarissa) :
Bon, alors, l'équipe qui va dessiner le système doive regarder quelles sont les
caractéristiques dans toutes les villes, partout au Québec, où est-ce qu'on a
des magasins, des détaillants, des SAQ, où est-ce qu'on a une option pour
colocaliser un site de collecte, etc.
Alors, on doit vraiment regarder où sont
les points dont les consommateurs viennent visiter pour faire leur shopping et
essayer d'avoir un point de collecte qui est proche de ces points-là. Et ça, c'est
<un… >vraiment dans le dessin avec le… et les données qui parlent
du volume de personnes et les volumes de soldes, et on peut dessiner un système
où on a un volume de capacité adéquate.
Je pense que les premiers plans que j'ai
vus, c'était d'avoir non seulement… retourne à… mais aussi des mini dépôts pour
prendre et gérer par région, parce que c'est un territoire assez gros, pour
gérer les contenants qui sont collectés par les détaillants, par les bars, par
les restos, etc., et gérer plus localement. Et après ça envoyer à un point
centralisé pour tout leur «process», alors ça, c'est une très bonne idée.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je dois vous interrompre ici parce que nous devons aller au deuxième groupe
d'opposition avec la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Merci. <J'ai...
>Merci beaucoup pour votre présentation. C'est vraiment très, très clair
et très intéressant, toute votre connaissance. J'ai 2 min 45 s
Les lobbyistes anticonsigne nous <parlent...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
...
Je dois vous interrompre ici parce que nous devons aller au deuxième
groupe d'opposition avec la députée de Mercier.
Mme Ghazal : Merci.
J'ai... Merci beaucoup pour votre présentation. C'est vraiment très, très clair
et très intéressant, toute votre connaissance. J'ai 2 min 45 s
Les lobbyistes anticonsigne nous >parlent
aussi beaucoup du fait que, dans l'Ouest canadien, en Alberta, en
Colombie-Britannique, ça coûte très cher, ça a explosé. Et, comme vous avez une
connaissance de ce qui se fait ailleurs, notamment dans l'Ouest canadien,
est-ce que vous pouvez nous dire c'est quoi, les éléments surtout qui vont se
retrouver dans les règlements, parce qu'on n'a pas tous les détails dans le
projet de loi, desquels on doit s'inspirer, qui sont bien, puis les autres qu'on
doit peut-être éviter puis qui marchent moins bien dans l'Ouest canadien? Parce
que c'est ce qu'ils nous disent, les coûts ont explosé, et on ne veut pas que
la même chose arrive ici pour...
Mme Morawski (Clarissa) :
Oui, O.K.
Mme Ghazal : …d'avoir des
centres de dépôt.
Mme Morawski (Clarissa) :
Alors, je dirais deux choses qui vient à ma... «to mind» à ce moment.
Premièrement, à l'ouest du Canada, un des trop gros problèmes, c'est que les
frais du producteur… Les frais du producteur, les frais nets, normalement, ça
va aux producteurs, Coca, Nestlé, Danone, etc., mais, en Colombie-Britannique
et en Alberta, ils ont mis ces frais sur les consommateurs. Alors, quand on
achète quelque chose comme ça, je paie le prix, ta, ta, ta, je vais aux caisses,
il dit : Ah! ça, c'est 1,10 $ plus un frais de recyclage. Ça, ce sont
les frais qui doivent vraiment être payés par les producteurs. Et j'imagine, c'est
pour ça que les frais sont assez hauts, parce qu'il n'y avait pas «incentive»
pour que ces frais soient baissés et compétitifs, etc., parce que ce sont des
frais payés par les consommateurs. O.K., première chose.
Alors, s'il vous plaît, la responsabilité
élargie des producteurs et système de consigne est un système élargi, responsabilité
des producteurs, c'est un taux pour les producteurs, non pour les consommateurs,
ça doit être inclus dans le prix. On dit «internalised», internalisé, le coût
doit être internalisé, et c'est très important à Québec. Et je sais parce que<…
je sais que> les producteurs veut que c'est un frais visible pour que… c'est
payé par les consommateurs. Et vous savez ce qui va arriver avec votre
gouvernement? Les consommateurs vont voir ça, ils vont dire : Eh! ça, c'est
une taxe. Ce n'est pas une taxe. C'est la responsabilité élargie des
producteurs, ce n'est pas une taxe. Alors, ça, c'est très, très important.
Deuxième chose, <c'est... B>bon,
en Colombie-Britannique...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je dois vous interrompre encore, alors on doit aller du côté du troisième
groupe d'opposition.
Mme Ghazal : Merci. Le
temps est court, je sais.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Et c'est au tour maintenant de la députée de Gaspé de prendre la parole.
Mme Perry Mélançon :
Merci. Bonsoir, Mme Morawski.
Mme Morawski (Clarissa) :
…
Mme Perry Mélançon : C'est
vrai que vous avez la chance d'être à Barcelone, mais, en même temps, il ne
doit pas y avoir beaucoup de gens qui se promènent sur Las Ramblas en ce
moment, hein?
Mme Morawski (Clarissa) :
Non. Non.
Mme Perry Mélançon :
Alors, moi, je <viens...
La Présidente (Mme St-Pierre) :
...
opposition.
Mme Ghazal : Merci. Le
temps est court, je sais.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Et c'est au tour maintenant de la députée de Gaspé de prendre la parole.
Mme Perry Mélançon :
Merci. Bonsoir, Mme Morawski.
Mme Morawski (Clarissa) :
…
Mme Perry Mélançon : C'est
vrai que vous avez la chance d'être à Barcelone, mais, en même temps, il ne
doit pas y avoir beaucoup de gens qui se promènent sur Las RamblasV en ce
moment, hein?
Mme Morawski (Clarissa) :
Non. Non.
Mme Perry Mélançon :
Alors, moi, je >viens d'une petite région. Je suis représentante, là, du
comté de Gaspé. Alors, ma question, comme vous avez probablement eu, là, à
donner des recommandations pour ce qui est des plus petites régions, avec des
villages qui sont très loin un de l'autre… C'est parce que vous avez parlé que
dans des<... on a parlé que dans des> plus petits détaillants, c'est
difficile de prendre en consigne, là, des contenants de d'autres matériaux que
ce qu'ils vendent. En même temps, dans les régions, si on demande à des gens d'aller
dans plusieurs endroits pour faire la consigne, ils risquent de ne pas le
faire. Quelles seraient vos recommandations au gouvernement pour s'assurer de
bien moduler tout ça?
Mme Morawski (Clarissa) :
Bon, je sais qu'avec les plans, il y avait des dépôts régionaux, alors ce sont
des points où on peut récupérer tout, tout, tout, sûrement. Alors, il y a ce choix
pour le consommateur. À mon avis, les consommateurs vont adapter, parce que, normalement,
ils vont à une grande surface pour faire plusieurs de leur shopping. Et j'imagine
qu'il va y avoir quelque chose de pas mal grand dans ces petites villes où on a
des grandes surfaces comme... Normalement, il y a comme un secteur du quartier
où on fait tout notre shopping, et on peut avoir un kiosque, une grande gobeuse
ou quelque chose colocalisé dans ce marché-là. Peut-être, c'est un demi d'un kilomètre
d'un magasin et un quart de kilomètre d'un autre. Ça peut être un point de
collecte, et c'est comme ça qu'on doit dessiner un système qui est convénient.
C'est vraiment...
Mme Perry Mélançon : Tout
en obligeant les détaillants... quand même en gardant l'obligation chez les
détaillants de reprendre les contenants, alors, d'avoir les deux, finalement,
en complément.
• (17 h 20) •
Mme Morawski (Clarissa) :
Oui ou non. …des fois on a des différents exemples, mais des fois on peut avoir
l'obligation. Mais si vous ne voulez pas faire, vous devez avoir quelqu'un qui
peut faire pour toi, qui est moins d'un demi de kilomètre, par exemple...
Mme Perry Mélançon : O.K.
Mme Morawski (Clarissa) :
...dans la même zone, par exemple.
Mme Perry Mélançon : Il
faudrait mettre ça dans une réglementation, par exemple, là…
Mme Morawski (Clarissa) :
Oui.
Mme Perry Mélançon : …ce
serait plus dans une étape de réglementation.
Mme Morawski (Clarissa) :
Exactement.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Je dois vous interrompre ici, c'est terminé pour vous. Merci beaucoup pour
votre contribution. Je vous souhaite une bonne nuit, parce qu'il est tard pour
vous.
Mme Morawski (Clarissa) :
Merci.
La Présidente (Mme St-Pierre) :
Et nous disons... nous envoyons nos salutations, évidemment, aux gens de
Barcelone, qui est, effectivement, une magnifique ville. Alors, bonne soirée, bonne
fin de journée à mes collègues ici.
Et nous allons ajourner nos travaux jusqu'au
mardi 27 octobre à 10 heures. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 17 h 21)
La Présidente (Mme St-Pierre) :
...nous disons... nous envoyons nos salutations, évidemment, aux gens de
Barcelone, qui est effectivement une magnifique ville.
Alors, bonne soirée et bonne fin de
journée à mes collègues ici. Et nous allons ajourner nos travaux jusqu'au mardi
27 octobre, à 10 heures. Merci beaucoup.
(Fin de la séance à 17 h 21)