Journal des débats (Hansard) of the Committee on Transportation and the Environment
Version préliminaire
43rd Legislature, 1st Session
(November 29, 2022 au September 10, 2025)
Cette version du Journal des débats est une version préliminaire : elle peut donc contenir des erreurs. La version définitive du Journal, en texte continu avec table des matières, est publiée dans un délai moyen de 2 ans suivant la date de la séance.
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Wednesday, May 10, 2023
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Vol. 47 N° 11
Special consultations and public hearings on Bill 20, an Act to establish the Blue Fund and to amend other provisions
Aller directement au contenu du Journal des débats
Intervenants par tranches d'heure
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Jacques, François
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Charette, Benoit
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Lemay, Mathieu
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Grondin, Agnès
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McGraw, Désirée
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Zaga Mendez, Alejandra
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Jacques, François
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Zaga Mendez, Alejandra
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Charette, Benoit
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Bogemans, Audrey
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Bogemans, Audrey
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Jacques, François
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Montigny, Yves
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Grondin, Agnès
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McGraw, Désirée
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Zaga Mendez, Alejandra
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Montigny, Yves
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Jacques, François
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McGraw, Désirée
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Zaga Mendez, Alejandra
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Jacques, François
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Charette, Benoit
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Montigny, Yves
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McGraw, Désirée
11 h (version révisée)
(Onze heures vingt-quatre minutes)
Le Président (M. Jacques) : Bonjour
à tous. Ayant constaté le quorum, je déclare la séance de la Commission des
transports et de l'environnement ouverte.
La commission est réunie afin de procéder
aux consultations particulières et aux auditions publiques sur le projet de loi
n° 20, Loi instituant le Fonds bleu et modifiant d'autres dispositions.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. M. Grandmont (Taschereau) est remplacé par Mme Zaga Mendez
(Verdun) et M. St-Pierre Plamondon (Camille-Laurin)
est remplacé par M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine).
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Mme la secrétaire. Nous entendrons ce matin les organismes suivants : l'Association
des brasseurs du Québec ainsi que la Fondation Rivières conjointement avec Eau Secours!
Comme la séance a commencé à 11 h 24,
nous... y a-t-il consentement pour poursuivre nos travaux au-delà de l'heure?
Consentement? Est-ce qu'il y a consentement?
Des voix : Consentement.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Consentement. Donc, je souhaite la bienvenue aux représentants de l'Association
des brasseurs du Québec. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes
pour faire votre exposé, après quoi nous procéderons à la période d'échange
avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous présenter et à
commencer votre exposé.
M. Roy (Philippe) : Merci
beaucoup. Merci, M. le Président. Alors, je me présente, Philippe Roy,
directeur général de l'Association des brasseurs du Québec. Je suis accompagné,
à ma droite, de Mme Marie-Antoinette Diop, qui occupe le poste, chez nous,
de directrice, politiques et stratégies. Je voudrais aussi souligner la
présence de deux de nos brasseurs qui nous accompagnent, donc M. François
Lefebvre, de chez Molson Coors, et Mme Amélie Toupin, de la brasserie
Sleeman Unibroue.
Alors, rapidement, l'Association des
brasseurs du Québec, en fait, on est la référence pour l'industrie brassicole
au Québec. On représente, depuis 80 ans maintenant, cette année, à peu
près tous les membres... tous nos membres québécois et canadiens qui oeuvrent,
évidemment, dans l'industrie brassicole, auprès des gouvernements, des
partenaires, des organismes gouvernementaux et des <médias...
M. Roy (Philippe) :
...auprès
des gouvernements, des partenaires, des organismes gouvernementaux et des >médias.
Nos trois grands membres brasseurs de
l'ABQ, qui sont les brasseries Labatt, Molson Coors et Sleeman Unibroue,
réalisent ensemble près de 90 % de toutes les ventes de bière au Québec.
Et de toutes ces bières vendues au Québec par les trois grands brasseurs, il
est important de rappeler que 85 % de toutes ces bières-là sont faites ici,
au Québec, par des Québécois.
L'industrie brassicole fait clairement partie
du quotidien de tous les Québécois par sa présence historique et active partout
dans la province. En effet, le Québec a une longue histoire d'amour avec la
bière. Rappelons que c'est ici, au Québec, à Québec, dans la ville de Québec,
en 1667, qu'a vu apparaître les premières bières en Amérique du Nord. C'était
une initiative de l'intendant Jean Talon. Rappelons également que c'est à Montréal,
en 1786, que va naître la première brasserie commerciale en Amérique du Nord, celle
évidemment initiée par M. John Molson. C'est toujours à Montréal qu'on
verra naître la première consigne de bières en Amérique du Nord, toujours
encore initiée par M. Molson.
Rappelons-le, la bière au Québec, c'est
43 000 emplois directs et indirects, une présence active dans chacune
des régions du Québec et près de 3,5 milliards de dollars en retombées
économiques. En raison de la forte présence économique des brasseurs et de leur
ancrage résolument local, tout un écosystème brassicole s'est développé au
Québec auprès de 2 000 fournisseurs. Cet écosystème comprend, entre
autres, une des plus importantes malteries du continent nord-américain, une des
deux seules usines de fabrication de contenants alimentaires de verre au Canada
et un des plus importants centres de recherche et de développement
d'équipements de production de breuvages en Amérique du Nord. Finalement,
mentionnons que l'industrie brassicole est, après l'industrie laitière, le
deuxième plus important joueur dans le domaine de la transformation
alimentaire.
On est invité aujourd'hui à parler
évidemment du projet de loi n° 20, alors le projet de loi n° 20 qui
institue le Fonds bleu qui... Fonds bleu qui sera utilisé pour financer toute
mesure que le ministre de l'Environnement, de la Lutte contre... ministre de
l'Environnement peut réaliser en lien avec la protection, la restauration, la
mise en valeur et la gestion de l'eau. Ce fonds sera financé notamment par la
hausse des redevances sur l'eau et permettra de soutenir des projets en lien
avec la protection, la restauration, la mise en valeur et la gestion de l'eau.
Ce projet de loi permettra d'augmenter les redevances sur l'eau de près de
900 %.
L'Association des brasseurs du Québec et
ses membres accueillent favorablement le principe du projet de loi et ses
mesures qui visent à encourager la gestion responsable de l'eau au Québec. C'est
un pas important vers un avenir durable.
Rappelons d'entrée de jeu que l'eau est un
des ingrédients principaux de la bière et des autres boissons à base de malt.
L'eau est non seulement utilisée pour constituer une importante partie de la
bière elle-même, mais elle est également utilisée dans le processus de
brassage, y compris les étapes de maltage, d'empâtage, d'ébullition et de
fermentation. L'eau est également utilisée pour le processus de nettoyage,
évidemment, d'entretien des cuves et des installations de nos brasseries ainsi
que pour le processus de lavage des bouteilles de bière réutilisables, les
fameux CRM. Sans eau, il est impossible de produire de la bière.
• (11 h 30) •
Compte tenu de l'importance de l'eau dans
la production de nos produits, il est normal que notre industrie soit
grandement interpelée par la modernisation des redevances mises de l'avant par
le gouvernement. Toute modification des coûts de l'eau ou de sa disponibilité a
un effet direct sur les activités brassicoles, sur la chaîne
d'approvisionnement et sur la rentabilité de l'industrie brassicole du Québec.
L'Association des brasseurs du Québec a donc produit un mémoire dans lequel
elle énumère certaines demandes et recommandations. Ce mémoire vous a été
envoyé hier. Compte tenu du peu de temps qu'on a aujourd'hui, nous aimerions
aborder certaines de ces recommandations.
La première concerne la question de la
transformation alimentaire. Nous comprenons la décision du gouvernement
d'exonérer le secteur agricole des redevances d'eau au Québec. À la lumière des
défis auxquels le secteur agricole a été confronté ces dernières années, cette
exemption représente un soulagement considérable pour les agriculteurs et les
entreprises agricoles du Québec.
Nous croyons que la même approche pourrait
s'appliquer aux entreprises qui oeuvrent dans le domaine de la transformation
alimentaire. Il est important de rappeler que les brasseurs n'emballent pas de
l'eau. La bière est le résultat d'une transformation agroalimentaire complexe.
En effet, la bière est un amalgame d'eau, de houblon, de malt, de levure, de
blé et de plusieurs autres ingrédients naturels, tous des produits d'origine
agricole. Nous proposons dans notre mémoire une exonération des redevances pour
l'utilisation de l'eau qui vise... à des fins de transformation alimentaire.
Deuxième recommandation, au cours des
dernières décennies, nos brasseurs ont posé un grand nombre de gestes...
11 h 30 (version révisée)
M. Roy (Philippe) : ...de
transformation alimentaire.
Deuxième recommandation. Au cours des
dernières décennies, nos brasseurs ont posé un grand nombre de gestes afin, un,
de diminuer considérablement l'empreinte environnementale de leurs activités, deux,
de faire face aux défis liés aux changements climatiques et, trois, de
contribuer à une gestion responsable de l'eau. En fait, les brasseries
québécoises ont toujours encouragé l'utilisation des technologies de plus en
plus propres et cherchent constamment à réduire les coûts associés à l'utilisation
excessive d'eau.
Quelques exemples s'imposent. Pensons à la
brasserie Molson Coors qui a déménagé sa vieille et historique brasserie sur la
rue Notre-Dame, à Montréal, vers la nouvelle brasserie à Longueuil. En
construisant l'usine de Longueuil, Molson Coors a mis en place des technologies
d'avant-garde pour réduire considérablement sa consommation d'eau et procéder à
un recyclage de l'eau de brassage et des eaux usées. On parle actuellement,
pour la même production, d'une baisse de consommation de 35 %, ce qui est
énorme, et l'objectif de Molson Coors est, pour 2025, d'atteindre le 40 %
de diminution.
Pour sa part, la brasserie Labatt, de
LaSalle, est complètement autonome dans son utilisation d'eau. En fait, elle
est la seule brasserie de Labatt, en Amérique du Nord, à posséder ses propres
installations de traitement d'eau. Le circuit fermé du système d'eau qui la
caractérise et la présence d'une tour d'eau et d'une usine de traitement des
eaux complètement privée lui permettent de réduire abondamment son empreinte
environnementale. Labatt s'est donné un objectif de faire des économies de 1,5 million
d'hectolitres par année, objectif qui est maintenant battu car elle chiffre
maintenant ses économies en eau à plus de 2 millions d'hectolitres.
Tous nos brasseurs, petits et grands, ont
mis en place des programmes de réduction de consommation d'eau. En modernisant
leurs installations et en utilisant des technologies plus propres et plus
efficaces, les brasseurs poursuivent exactement le même objectif que le projet
de loi sous étude : réduire la consommation d'eau.
Pour encourager un plus grand nombre de
ces investissements en des technologies qui optimisent l'utilisation d'eau,
nous proposons l'inclusion d'un tarif particulier. Ainsi, toute entreprise...
posant, pardon, des gestes significatifs pour diminuer sa consommation d'eau se
verrait récompensée par une charge moins importante associée aux redevances sur
l'eau.
Troisième recommandation concerne,
évidemment, les fameux CRM, alors les contenants à remplissage multiple. Il
faut savoir que les brasseurs gèrent, de façon totalement privée, un système de
consigne des bouteilles de bière et celle des fûts. Ce système est un grand
succès, on parle d'un taux de récupération qui dépasse les objectifs à chaque
année. Et, en plus d'atteindre un très grand... un grand succès, il alimente et
soutient tout un écosystème économique qui s'est greffé à lui au cours des
décennies.
En fait, petite anecdote toute québécoise,
je l'ai mentionné au début, c'est au Québec qu'a vu apparaître les premiers
contenants consignés. C'est l'homme d'affaires montréalais John Molson, encore
lui, qui a lancé le système de contenants consignés en Amérique du Nord, en
1808. Depuis 1808, à chaque mois, les brasseurs récupèrent des bouteilles et
les lavent de façon à réduire considérablement l'empreinte environnementale de
leurs activités.
Actuellement, chaque mois, ce sont des
millions de bouteilles de verre et de fûts en métal qui sont récupérés par nos
équipes, qui sont ensuite lavés pour être ensuite réutilisés. Ces bouteilles en
verre réutilisables ont de loin la plus faible empreinte carbone de tous les
contenants actuellement consignés au Québec. Elles serviront en général plus de
15 fois, parfois même 18 fois. Recyclables à 100 %, les
bouteilles à remplissage multiple et les fûts de bières, les «kegs», s'appuient
sur les principes de l'économie circulaire comme la réduction de l'utilisation
de matières premières, le réemploi et le recyclage.
Ces bouteilles CRM vivent actuellement une
crise. De moins en moins populaire auprès des consommateurs et des détaillants,
on constate une décroissance constante de l'utilisation. Et voici que l'arrivée
d'un élargissement de la consigne et une hausse des redevances de l'eau
viennent rendre encore plus incertain l'avenir du CRM. Il nous apparaît évident
que le fait d'ajouter une nouvelle contrainte, celle de payer davantage l'eau
qui sert à laver les bouteilles CRM, viendra mettre un frein supplémentaire à
ce système écologique respectueux de la hiérarchie des trois RVE et de l'économie
circulaire.
Nous demandons donc que les CRM soient
exemptés des tarifs en lien aux redevances de l'eau. Cela enverrait un signal
fort du gouvernement qu'il souhaite soutenir ce système vert...
Le Président (M. Jacques) : En
terminant.
M. Roy (Philippe) : ...un
encouragement bien accueilli aux promoteurs.
Le Président (M. Jacques) : En
terminant.
M. Roy (Philippe) : En
terminant, oui. Bien, écoutez, en terminant, je veux juste rappeler à quel
point les <brasseurs...
M. Roy (Philippe) :
...
terminant, oui. Bien, écoutez, en terminant, je veux juste rappeler à quel
point les >brasseurs soutiennent le principe du projet de loi. Non
seulement on le soutient, mais on pose déjà des gestes très, très, très actifs
et agressifs pour réduire notre consommation d'eau et on accueille
favorablement, donc, le projet de loi. Et on est disposés à répondre à vos
questions.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup pour votre exposé. Je cède maintenant la parole à M. le ministre pour
une période d'environ 15 minutes.
M. Charette : Merci, M. le
Président. À vous deux, merci d'être avec nous ce matin, merci de nous apporter
un petit peu votre éclairage. J'ai votre mémoire sous les yeux, j'ai eu
l'occasion de le parcourir. Peut-être juste réitérer un principe, au départ.
L'instauration du Fonds bleu, la hausse des redevances ne vise d'aucune façon à
engranger de l'argent pour engranger de l'argent. On veut surtout, à travers
ça, favoriser un changement de comportement, s'assurer que l'on puise moins à
partir de cette ressource qui est l'eau. Et vous nous dites
essentiellement : C'est possible, parce que vous avez des installations
qui ont fait des efforts considérables et qui ont donné des résultats
importants, 35 %, 40 % de réduction de la consommation d'eau. Donc,
c'est signe que c'est possible et c'est le but derrière le projet de loi n° 20
et, ultimement, la majoration des redevances. Donc, on ne veut pas engranger de
l'argent pour engranger de l'argent.
En même temps, je vais être bien, bien
honnête avec vous, je lis et je vous ai entendu dire que vous souhaiteriez
exonérer. Il n'y aura pas d'exonération. Les groupes qui étaient visés le
demeurent, on n'ajoute pas de nouveau groupe. C'est le taux et le niveau de
redevances qui est modifié. Donc, on n'exonère pas, j'aime mieux le mentionner
dès le départ, et on hausse avec la même logique qui s'appliquait déjà,
c'est-à-dire : on a des entreprises qui utilisent l'eau sans la capter, un
taux différent, des entreprises qui utilisent l'eau en en captant une partie,
avec un taux qu'on peut comprendre plus élevé.
Et pourquoi ce taux majoré? C'est très,
très simple. L'eau, ce n'est pas... ça n'appartient pas aux brasseurs, ça
n'appartient pas au gouvernement du Québec, ça n'appartient pas à une
entreprise en particulier, c'est une ressource qui est commune, donc il faut
lui donner une valeur. Donc, les demandes d'exonération... Puis vous n'êtes pas
les seuls, tous les groupes qu'on entend avec des intérêts particuliers ont de
très, très bonnes raisons, à leur sens, d'être exonérés de ce système-là. Mais,
on ne peut pas, on ne peut pas aller dans cette logique-là. Au niveau
alimentaire, au niveau agricole, on l'a mentionné encore hier, oui, il y a des
exceptions, ces exceptions-là sont maintenues, mais on n'en ajoute pas de
nouvelles.
• (11 h 40) •
Là où je peux, par contre, vous rassurer,
et je vous le disais, le but, ce n'est pas de faire de l'argent avec les
redevances, vous parlez s'il pouvait y avoir des programmes d'aide pour aider,
ou favoriser, ou accélérer cette transformation-là : le projet de loi le
permet, permet de mettre en place un programme qui viendrait aider un grand
utilisateur d'eau à diminuer sa consommation. Mais, là aussi, je dois mettre un
bémol, et je l'ai réitéré aux intervenants, là, qui vous ont précédés, il ne
faudrait pas penser qu'une entreprise puisse puiser dans le Fonds bleu pour faire
des transformations majeures. Une entreprise pourra, à tout le moins, récupérer
la redevance qu'elle a elle-même payée, donc ça ne pourra pas excéder la
redevance qu'elle a elle-même payée, pour une diminution substantielle de la
consommation d'eau. Donc, oui, des mesures d'aide, des mesures d'atténuation,
mais je dois quand même être bien, bien clair, là, pour ne pas susciter
d'attentes, là, qui seraient déçues par la suite.
Vous parlez également... Bon,
l'exonération, j'en ai parlé, les... pas les récompenses, mais les
compensations, je l'ai évoqué. Vous parlez de prévisibilité. C'est important,
cette prévisibilité-là, et je le conçois. C'est la raison pour laquelle, dès le
départ, on dit : On ne répétera pas l'expérience passée, c'est-à-dire
laisser des années, voire plus d'une décennie, sans qu'il y ait une majoration.
Donc, on précise dès le départ que, oui, une augmentation importante pour le 1ᵉʳ
janvier prochain, mais après ce sera une indexation de 3 % à chaque année.
Donc, au niveau de la prévisibilité, c'est de nature à aider vos activités.
Sinon, sinon, bien, en fait, c'était
surtout des commentaires par rapport à vos préoccupations. Mais, depuis le
départ, on veut réellement, là, donner l'heure juste. Oui, les demandes
d'exonération ou d'exception sont nombreuses, mais on ne peut réellement pas
aller dans cette avenue-là.
Donc, c'est les commentaires que je
voulais vous partager. Si vous voulez réagir à mes commentaires, sentez-vous
bien à l'aise de le faire. Sinon, j'ai des collègues qui auraient peut-être des
questions plus précises pour vous.
M. Roy (Philippe) : Bien, <simplement...
M. Charette :
...
auraient peut-être des questions plus précises pour vous.
M. Roy (Philippe) :
Bien, >simplement vous remercier d'avoir parlé de la prévisibilité. Je
n'ai pas eu le temps, mais c'est bien inscrit dans notre mémoire.
Effectivement, on accueille cette idée-là d'un retour, à chaque cinq ans,
d'études sur les redevances, parce que, pour l'entreprise privée, apprendre,
dans l'espace de 18 mois, que les taux vont augmenter, dans certains cas,
de 900 %, c'est très difficile pour l'entreprise privée d'aller de l'avant
et d'avoir des plans sur une décennie d'investissements, sans savoir ce qui
s'en vient. Donc, oui, on accueille favorablement la question de la
prévisibilité.
M. Charette : Et un
petit clin d'oeil, si vous me permettez. Oui, une augmentation importante sur
le premier 12 mois, mais, j'espère, une reconnaissance comme quoi vous
l'avez eu pour à peu près gratuitement, cette eau-là, pendant des années. Et ça
aussi, il faut le considérer. Donc, une hausse qui se justifie, mais pour
corriger, malheureusement, une... une incohérence qui prévalait depuis trop
longtemps. Donc, merci pour votre présence. Et j'ai mon collègue, là, qui
aimerait prendre la relève.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le ministre. Je cède maintenant la parole au député de Masson.
M. Lemay : Merci, M. le
Président. Merci, M. Roy, Mme Diotte ainsi que ceux qui vous
accompagnent, M. Lefebvre et Mme Toupin. Très content de vous avoir
aujourd'hui.
Juste pour revenir sur la question puis
l'élément de réponse que vous venez de faire avec le ministre, dans l'échange
sur la prévisibilité, tu sais? Parce que, je comprends, vous avez mentionné des
investissements, vous regardez ça sur une période d'une décennie, mais
pouvez-vous nous donner plus de détails, là, sur votre... Ça m'intéresse de
savoir, là, tu sais, selon vous, ça a été quoi, vos attentes par rapport à ça. Dans
le sens que, quand vous parlez d'une décennie, on ne retardera pas d'une
décennie l'entrée en vigueur, là, tu sais, bien, tu sais, je veux dire, selon
vous, dans un... Je me serais attendu à avoir quelque chose... un court laps,
plus court qu'une décennie.
M. Roy (Philippe) : Bien,
écoutez, chaque brasseur a son propre plan de développement. Ils ont tous,
actuellement, dans les cartons ou en production des programmes pour réduire
leur empreinte environnementale, c'est très clair. Alors, lorsqu'ils se dotent
de budgets sur cinq, six, 10 ans, ils doivent avoir tous les... tous les
facteurs en main pour que... pour que ça passe et que ça fonctionne avec la
question de la rentabilité de l'entreprise. Alors, c'est là que je disais :
D'avoir une prévisibilité de ce qui s'en vient, quelles sont les intentions du
gouvernement, ça permet aux entreprises de pouvoir bien faire entrer là-dedans
leurs programmes d'investissement.
M. Lemay : D'accord. Et
j'aimerais revenir, parce que, bien entendu, on a reçu votre mémoire hier, puis
j'aimerais avoir plus de détails sur ce que vous pensez comme critères
écoresponsables. Parce que vous l'avez mentionné dans votre mémoire que vous
auriez aimé ça avoir des critères écoresponsables, dans la grille tarifaire, à
l'intention des entreprises qui investissent dans une amélioration de leur
bilan environnemental et de leur consommation d'eau. Ça fait que j'aimerais ça
un peu avoir plus de détails sur votre vision de cette... de ce concept.
M. Roy (Philippe) : Bien,
écoutez, ça peut être beaucoup de choses. Essentiellement, ici, on parle de
redevances de l'eau, alors le premier... le premier critère qui saute aux yeux,
c'est évidemment la consommation de l'eau ou, en fait, la capacité de faire
baisser sa consommation d'eau. Ce serait sûrement un des... un des critères les
plus importants à prendre en compte. Mais là on peut, après ça, élargir, on
peut parler des critères GES, des critères de développement durable en termes
de déplacement des... Il y a beaucoup, beaucoup de choses, là. Mais nous, on
pensait surtout, à l'ABQ, la question, vraiment, de la gestion de l'eau au sein
de la brasserie, donc notre capacité à réduire notre consommation d'eau et à
rejeter une eau beaucoup plus propre.
M. Lemay : OK. Puis
j'aimerais avoir plus de détails, là, quand vous parlez des contenants à
remplissage multiple. C'est quoi, l'impact financier que vous voyez? Dans le
sens que, tu sais, je comprends que tout impact financier supplémentaire à ce
que vous payez aujourd'hui a un impact direct. Mais, tu sais, jusqu'à quel
point êtes-vous au point mort ou au seuil de rentabilité concernant le
remplissage multiple? Tu sais, c'est quoi, la marge de manœuvre que vous avez
de ce côté-là? Est-ce que c'est quelque chose que vous pourriez donner plus de
détails?
M. Roy (Philippe) : Bien,
on a beaucoup d'échanges, actuellement, avec le cabinet du ministre sur ce
point-là. Ce qu'on veut passer comme message aujourd'hui, c'est que le CRM, qui
est vraiment une fierté des grands brasseurs, là, il est en danger, il est dans
une position qu'on n'a jamais vue. Et ça s'explique par plein de facteurs, mais,
comme j'ai dit dans mon mémoire, ça s'explique, un, par des habitudes des
consommateurs, des préférences des consommateurs, qui pour l'instant préfèrent
la canette que du... de la bouteille. C'est... Ça s'explique aussi peut-être
par des demandes des détaillants, qui, eux aussi, préfèrent <peut-être...
M. Roy (Philippe) :
...
peut-être par des demandes des détaillants, qui, eux aussi, préfèrent >peut-être
gérer de la canette plus que de la bouteille. Donc, ce qu'on... On essaie,
nous, de voir comment on va pérenniser, quand même, le CRM, dont on est très
fiers. Et c'est là que, là, il y a deux nouveaux enjeux qui viennent d'arriver :
on parle des redevances de l'eau, on parle de la consigne, voir comment,
peut-être, ces deux nouvelles interventions gouvernementales là pourraient nous
donner un coup de pouce pour garder le CRM aussi efficace qu'il l'est
actuellement.
Alors, c'est sûr que, le CRM, bien, il y a
le coût de faire des bouteilles, il y a le coût du transport qui est assumé
par, évidemment, les brasseurs, puis ensuite il y a le coût de laver les
bouteilles. C'est un des gros postes de dépenses de notre système CRM. Et, pour
laver des bouteilles, bien, on consomme énormément d'eau. Alors là, on propose
que ça pourrait être une des façons qu'on pourrait avoir un... recevoir de
l'aide pour garder le système CRM.
M. Lemay : Très bien.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Je cède maintenant la parole à Mme la députée d'Argenteuil.
Mme Grondin : Il me reste
combien de temps, M. le Président?
Le Président (M. Jacques) : Il
vous reste 4 min 45 s.
Mme Grondin : Parfait. Je
vais tout de suite poursuivre avec les CRM. Je comprends que vous en êtes
fiers, parce qu'effectivement je salue le travail qui a été fait à ce
moment-là. Et votre enjeu avec la réalité d'aujourd'hui, dans le fond, si je
comprends bien, c'est de pérenniser ce système-là qui fonctionne, qui a un
grand succès et dont vous êtes fiers. Puis je pense que vous n'êtes pas les
seuls à être fiers de ça.
Avez-vous d'autres... Vous dites que vous
explorez, dans le fond, diverses stratégies, ou scénarios, ou solutions. Est-ce
que vous pouvez nous en parler davantage? Là, vous nous proposez un élément,
mais est-ce que vous avez pu explorer d'autres scénarios?
M. Roy (Philippe) : Bien,
écoutez, à la suggestion du ministre, on a créé un comité de travail, lequel on
a invité nos amis des microbrasseries, nous, les grands brasseurs, RECYC-QUÉBEC
s'est joint à nous. Et ce comité de travail là a déjà eu une rencontre, on a
une deuxième rencontre de prévue sous peu, et c'est le mandat de cette... de ce
comité-là d'arriver avec des solutions très, très concrètes. Effectivement, on
peut parler d'écofiscalité, on peut parler de plein de choses, mais je vais
laisser le comité arriver avec des recommandations plus... plus détaillées. On
a également mandaté une firme de consultants pour nous aider à travers cette
réflexion-là. On a le rapport, actuellement. Donc, avec tout ça, on espère,
dans les prochaines semaines ou avant les vacances d'été, d'être en mesure
d'arriver avec des propositions au gouvernement.
• (11 h 50) •
Mme Grondin : C'est vraiment
intéressant de combiner différentes expertises sur cette question-là. Il me
reste encore un peu de temps, M. le Président?
Le Président (M. Jacques) : ...
Mme Grondin : Oui? Moi,
j'aimerais ça revenir sur la question de la prévisibilité. Puis vous ne serez
pas surpris... En fait, c'est plus un commentaire. Je comprends l'importance,
pour des entreprises, d'avoir une prévisibilité. Je comprends que, dans le
fond, pour atteindre un succès au niveau de l'entreprise, on doit avoir un plan
d'affaires ou une prévisibilité sur du moyen, long terme parce que ça exige
énormément d'investissements.
Moi, je voulais juste vous rappeler que,
dans le fond, depuis l'an 2000, on a adopté une approche de gestion par
bassin versant. En 2009, on a adopté une loi sur l'eau qui dit que c'est un
bien commun, c'est un bien collectif. Par la suite, il y a eu des redevances,
et donc là, pendant 12 ans, on a donné une valeur économique à cette
ressource-là qui est un bien commun, qui est une ressource nationale, qui est
un besoin vital, un montant qui est assez ridicule.
Moi, ce que je... Quand vous parlez de
prévisibilité, je comprends, dans l'avenir, l'importance de dire : Il va y
avoir une révision aux cinq ans, il va y avoir une indexation sur ces taux-là. Tant
mieux, ça donne une certaine prévisibilité. Mais, en même temps, j'ai de la
difficulté... vous avez des équipes de marketing, vous avez... j'ai de la
difficulté à comprendre pourquoi vous n'avez pas vu ça venir, depuis l'an 2000,
l'importance qu'à un moment donné il y aurait un coût, qui est un coût réel, à
cette ressource-là qui est un besoin vital.
M. Roy (Philippe) : Bien, si
je peux me permettre, peut-être, juste de réagir. Bien, un, je tiens à le
redire à nouveau, on ne s'oppose pas du tout au principe des redevances de
l'eau. Nos brasseurs, c'est des entreprises du Québec qui font vivre des <Québécois...
M. Roy (Philippe) :
...
l'eau. Nos brasseurs, c'est des entreprises du Québec qui font vivre des >Québécois,
leurs familles. Tout le monde, tout le monde partage cette préoccupation-là de
l'eau comme un bien commun québécois. Donc, on n'est pas... on est tous du même
côté.
Pour ce qui est de la prévisibilité, nous,
on ne parle pas du passé, on parle de l'avenir, on dit : Il faut, puis ça
a été reconnu par le gouvernement puisque ça a été... c'est prévu dans le
projet de loi... il faut permettre à l'entreprise privée d'avoir une
prévisibilité sur ce qui s'en vient. Alors, c'est juste... On est conscients
que peut-être que l'eau a été... n'a pas été vendue à sa juste valeur, dans le
passé, mais nous, on regarde vraiment pour l'avenir, voir comment on peut au
moins assurer que les entreprises qui fonctionnent bien au Québec puissent
avoir une prévisibilité.
Mme Grondin : Et je suis
d'accord avec vous qu'on regarde l'avenir, donc...
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup. Ceci termine la première intervention. Je cède maintenant la parole à
l'opposition officielle. Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme McGraw : Merci, M. le
Président. Et merci d'être avec nous ce matin, merci pour le mémoire et aussi
la présentation. Et, si je comprends bien, vous êtes tout à fait d'accord avec
le principe, mais vous avez des préoccupations au niveau pratique. Et
j'aimerais avoir plus de précisions sur les recommandations. Donc, une
question, ce serait par rapport à vos innovations en termes de... bien,
justement, pour préserver, pour sauvegarder l'eau. Est-ce que vous pouvez nous
parler un peu des innovations plus récentes et ce que vous prévoyez dans les
prochaines années dans ce sens?
M. Roy (Philippe) : Oui. Je
ne rentrerai pas dans les détails parce que c'est vraiment pour chaque
brasserie, mais je peux vous dire que 100 % de nos brasseries ont
actuellement des programmes de valorisation de l'eau et des programmes de façon
à faire diminuer leur consommation d'eau. Quand je parle de nos brasseries, je
ne parle pas juste de nos trois grandes brasseries. On a beaucoup de petites...
de microbrasseries qui sont dans notre association. Alors, pensons à le Trou du
diable, à Shawinigan, pensons à Unibroue, à Archibald, à Québec, ici, c'est
toutes des entreprises qui doivent, et qui reconnaissent, et qui travaillent
actuellement à diminuer leur consommation d'eau.
Mme McGraw : Vous avez parlé
des microbrasseries. Justement, c'est une question que j'ai posée hier, est-ce
que vous... Évidemment, la première recommandation, c'est l'exonération. On a
très bien entendu le ministre — d'un gouvernement majoritaire,
évidemment. Mais, à l'intérieur de votre membership, vous avez des grandes
entreprises puis vous avez des petites et moyennes entreprises. Est-ce que vous
pourriez peut-être même entrevoir une distinction tarifaire entre les... selon
l'utilisateur, selon vos membres?
M. Roy (Philippe) : ...
Mme McGraw : Sur la taille.
M. Roy (Philippe) : Non,
nous, on ne recommande pas du tout, du tout cette approche-là. Toutes les...
Que ce soient les micros, que ce soient les brasseries moyennes ou que ce soient
les grandes brasseries, ils sont tous dans le même modèle commercial, et
favoriser certains groupes par rapport à d'autres ferait juste créer une
inégalité au sein de l'industrie. Alors, non, ce n'est pas du tout quelque
chose qu'on souhaite.
Mme McGraw : Parfait. C'est
important de bien comprendre. Vous avez parlé aussi de... Bien, donc, est-ce
que vous pouvez élaborer sur la structure tarifaire, donc, que vous proposez?
Est-ce qu'il y a des détails que vous voulez proposer, ajouter?
M. Roy (Philippe) : Bien, non,
on aborde la question dans notre mémoire, c'est une suggestion qu'on lance, on
ne s'est pas... on n'a pas proposé une grille particulière. Mais ce qu'on
souhaitait, c'est peut-être, justement, moduler cette grille tarifaire là en
fonction, notamment, de notre proposition écofiscale, donc, si une entreprise
propose un geste majeur d'investissement pour réduire sa consommation d'eau,
qu'elle puisse être récompensée en conséquence.
Mme McGraw : Donc, vous avez
été clairs, pas la taille, mais, justement, sur le type d'utilisateur. Et puis
les mesures écoresponsables, donc, c'est la deuxième recommandation. Donc, dans
la grille tarifaire, est-ce que vous avez des ajouts à faire à ce... sur cette
deuxième recommandation?
M. Roy (Philippe) : Non, non.
Mme McGraw : Parfait. Est-ce
que, sur la troisième recommandation, vous pouvez élaborer? Donc, vous demandez
que des sommes du Fonds bleu ne soient pas... ne soient destinées qu'à des
projets et des initiatives visant une utilisation plus responsable et à la
protection d'eau. Et, dans un deuxième temps, vous <demandez...
Mme McGraw :
...
plus responsable et à la protection d'eau. Et, dans un deuxième temps, vous
>demandez que les sommes puissent être mises à la disposition des
entreprises. Je pense qu'on... Est-ce que vous pouvez élaborer sur ce point ou
un peu mettre en valeur vos arguments?
M. Roy (Philippe) : Bien, le
contexte de cette demande-là, de cette proposition-là, c'est de s'assurer, puis
je pense que M. le ministre l'a mentionné aussi... c'est de s'assurer que
l'argent qui va être recueilli au sein même du Fonds bleu ne soit pas envoyé
vers d'autres dépenses gouvernementales. Donc, c'était une façon de juste
réitérer que, nous aussi, on croit l'importance que l'argent doit revenir à des
initiatives pour encourager la diminution de la consommation d'eau.
Mme McGraw : Et, si j'ai bien
compris la réponse du ministre, l'idée que les entreprises, on parle
spécifiquement des entreprises, pourraient peut-être accéder à des redevances,
mais pas plus qu'ils ont payé... Et ça, comment vous réagissez à cette
approche?
M. Roy (Philippe) : Bien,
écoutez, n'importe quelle initiative que le gouvernement mettrait de
l'avance... de l'avant, pardon, pour encourager des initiatives vont être bien
accueillies. Je ne commencerai pas à quantifier si c'est suffisant ou pas, mais
il y a un souhait commun, il y a un souhait de l'industrie comme, clairement,
du gouvernement de mettre en place des initiatives et de baisser radicalement
la consommation d'eau, au Québec, de façon plus responsable. Alors, on va tous
travailler ensemble à ce niveau-là.
Mme McGraw : Merci. Quatrième
recommandation, on parle des CRM, et vous parlez un peu des doubles... avec les
changements au niveau de la consigne puis des redevances, vraiment, ça crée des
changements importants qui ont un impact important sur votre industrie, alors...
Et on parle aussi du système d'économie circulaire, qu'on ne voudrait pas juste
soutenir, mais approfondir, effectivement. Est-ce que vous avez des ajouts à ce
niveau-là?
M. Roy (Philippe) : Non. Peut-être,
juste renchérir. Écoutez, c'est un des plus bels exemples d'économie
circulaire, le CRM. Je ne sais pas si certains d'entre vous ont eu la chance
d'aller voir les... il y a des usines privées qui font le lavage des
bouteilles, il y en a une à Saint-Bruno-de-Montarville, et c'est vraiment
impressionnant, là. On parle de millions de bouteilles qui passent et qui sont
lavées, stérilisées, d'une pureté incroyable, pour pouvoir être réutilisées
pour la consommation. D'autres brasseurs le font à même leurs installations,
donc le lavage des bouteilles se font chez eux. Donc, c'est vraiment toute une
opération et c'est vraiment impressionnant à voir. Donc, si vous avez une
chance de voir ça, surtout, j'invite M. le ministre, si ce n'est pas déjà
fait... Ah! C'est déjà fait? Bon, c'est assez impressionnant.
Mme McGraw : Excellent. Et,
cinquième recommandation, on parle de prévisibilité. Encore une fois, le projet
de loi prévoit un 3 % par année. Est-ce que... Puis aussi la clarté, il me
semble que... je sais que le secteur privé, les entreprises, ont besoin de
clarté, de pouvoir prévoir et pouvoir prendre des décisions éclairées. Des
ajouts à ce sujet-là?
M. Roy (Philippe) : Non,
bien, on en a déjà parlé, puis je pense que notre mémoire est assez clair, là,
ce n'est pas quelque chose d'énorme sur lequel on veut insister. C'était un
rappel, tout simplement, que c'est dans la bonne gouvernance de pouvoir avoir
une prévisibilité, pour les entreprises privées, de savoir où on s'en va.
• (12 heures) •
Mme McGraw : Parfait. Alors
une autre question. On sait que c'est un enjeu d'avoir des données sur
l'utilisation de l'eau et on sait que ça implique, dans certains cas, des
secrets industriels. Selon vous, est-ce que vous pensez que la transparence, la
transparence qui est prévue dans le projet de loi, est adéquate ou est-ce que
vous avez des commentaires sur la transparence, l'approche du PL n° 20?
M. Roy (Philippe) : Vous avez
vu notre mémoire, on n'en fait pas mention pour la bonne raison qu'on n'a pas
de problème avec ça. Donc, nous, on croit que... Les entreprises qu'on
représente croient que la transparence a sa place, surtout dans un domaine
comme celui-là. Alors, on n'a pas soulevé ce point-là dans notre mémoire.
Mme McGraw : Parfait.
Excellent. Et finalement est-ce qu'il y a des angles morts ou d'autres sujets
que vous aimeriez aborder, avec le temps qui nous reste? Je peux... Donc, je
vous invite, en conclusion, si vous avez des ajouts, avant que je...
M. Roy (Philippe) : Bien, c'est
gentil, on a... je ne veux pas répéter tout ce que j'ai dit, mais on est... le
mémoire explique assez bien tout ce que... toute la position de notre
industrie.
Mme McGraw : Excellent. Donc,
M. le Président, je cède le reste de mon temps.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Mme la députée, je cède maintenant la parole à Mme la députée de Verdun, pour
environ 7 minutes.
Mme Zaga Mendez : Merci
beaucoup, M. le Président. Merci pour votre présentation. Il y a plusieurs
questions...
12 h (version révisée)
Le Président (M. Jacques) : ...de
Verdun pour environ sept minutes.
Mme Zaga Mendez : Sept
minutes? Merci beaucoup, M. le Président. Merci pour votre présentation. Il y a
plusieurs questions que j'avais, qui ont déjà été répondues. Donc, comme vous
le dites, je ne veux pas vous faire répéter, mais je suis curieuse de savoir...
avoir un peu plus de détails sur les effets des redevances sur vos coûts de
production. Tout à l'heure, vous nous disiez qu'il y a des effets, par exemple,
pour le traitement des CRM, etc. Est-ce que vous vous êtes penchés sur quelle
est la portion des... dans vos coûts d'opérationnalisation, quelle est la
portion qui, en ce moment, est destinée aux redevances et comment... et, par la
suite, dans le futur, quel sera ce pourcentage-là comparé aux coûts d'opération
moyens dans votre industrie?
M. Roy (Philippe) : Oui, j'ai...
malheureusement, on n'a pas ces chiffres-là. C'est chaque entreprise privée qui
gère ses coûts d'opération et qui garde le contrôle sur ses marges de profit ou
sur ses investissements. Donc, je n'ai pas... mais c'est sûr que ce qu'on peut
dire, et je l'ai dit dans le mémoire, l'eau non seulement est la partie la plus
importante du contenu qu'on appelle la bière, mais l'eau sert aussi au
fonctionnement des brasseries, l'eau sert au nettoyage des cuves, l'eau sert,
on en a parlé déjà, aux CRM. Donc, l'eau est omniprésente dans le monde
brassicole. Alors, c'est sûr que ça a un coût important, de gérer et d'acheter,
évidemment, cette matière première là.
Mme Zaga Mendez : Alors, vous
n'avez pas eu la chance de...
M. Roy (Philippe) : Bien, je
ne peux pas aller de l'avant avec des montants.
Mme Zaga Mendez : C'est le
genre d'information, bien, si jamais vous voulez nous la partager, ça nous aide
à comprendre l'impact, entre autres, sur les coûts d'opération, parce qu'on
nous parle beaucoup de ça puis ça... des fois, ça vire en un débat théorique,
mais plutôt d'aller voir dans la pratique... parce que j'imagine que ce n'est
pas la même chose pour des microbrasseries que des entreprises plus grandes, là.
On sait que le...
M. Roy (Philippe) : Sûrement,
sûrement. J'ai vu ma collègue Marie-Antoinette prendre des notes, là. Donc, je
pense qu'on va faire le suivi pour cette question-là.
Mme Zaga Mendez : Merci. J'avais
des questions sur le point 2, mais vous avez répondu à ma collègue. Sur l'inclusion
des critères d'écoresponsabilité, je ne sais pas si vous voulez élaborer un peu
plus là-dessus, sur votre...
M. Roy (Philippe) : Bien,
écoutez, encore une fois, la question première devrait être celle de la
capacité d'une entreprise à diminuer ou à gérer de façon plus responsable son
eau. Donc, ça devrait être le critère numéro un dans le cas du projet de loi
qui nous occupe.
Mme Zaga Mendez : Puis,
dernière question, j'avais eu cette discussion avec d'autres industries, est-ce
que vous vous êtes penchés ou pensez-vous vous pencher... entre ce qu'on
appelle les coefficients pour la réduction... Là où ça devient bénéfique,
réduire la consommation de l'eau, est-ce que vous vous êtes penchés sur ce type
d'analyse là?
M. Roy (Philippe) : Bien, ce
type d'analyse là, non, pas concrètement, mais c'est certain que ça fait
longtemps que notre industrie et, je pense, toutes les grandes compagnies au
Québec ont compris qu'investir massivement dans la lutte aux changements
climatiques, dans la diminution de notre empreinte, que ce soit en GES... c'est
rentable. Je pense que tout le monde s'entend pour ça et tout le monde s'en va
dans la même direction. Donc, est-ce qu'on a calculé les coûts-bénéfices? Non.
En tout cas, moi je ne l'ai pas. Nous, on est une association qui représentons
des entreprises privées. J'imagine que ces entreprises privées le font, et,
comme ils investissent massivement dans les changements climatiques,
clairement, c'est payant de le faire.
Mme Zaga Mendez : Bien, je
vous remercie. Je ne sais pas si vous avez d'autres choses à ajouter. Merci
pour votre temps.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup. Je vous remercie pour les échanges et votre contribution à la
commission.
M. Roy (Philippe) : Merci
beaucoup.
Le Président (M. Jacques) : Et
nous allons suspendre quelques instants pour accueillir le prochain groupe.
(Suspension de la séance à 12 h 05)
(Reprise à 12 h 12)
Le Président (M. Jacques) : Je
souhaite maintenant la bienvenue aux représentants de la Fondation Rivières,
conjointement avec Eau Secours! Je vous rappelle que vous disposez de
10 minutes pour votre exposé, après quoi nous procéderons à la période
d'échange avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous
présenter puis à commencer votre exposé.
Mme Pétrin (Rébecca) : Merci
beaucoup. Bonjour. Mon nom est Rébecca Pétrin. Je suis la directrice
générale de l'organisme Eau Secours! Je suis accompagnée de mon collègue
André Bélanger, directeur général de l'organisme Fondation Rivières, et de
Corinne Voyer, à distance, en visio, qui est la directrice de la Coalition
Poids. Donc, nous partageons le temps à trois. Nous allons aller vite.
Donc, présentation d'un portrait mondial
publié par l'UNESCO en mars, il y a 3 % de l'augmentation de la
consommation d'eau dans le milieu municipal, 5 % de la consommation d'eau
dans le milieu agricole, une légère diminution de la consommation d'eau dans le
milieu industriel, surtout dû à la baisse de l'énergie thermique dans le monde.
Ce que le portrait de l'UNESCO révèle, c'est qu'il y a de plus en plus de
concurrence et de compétition entre les milieux municipaux et les milieux
agricoles pour l'accaparement de la ressource en eau. Ceci est surtout dû au
développement économique, la croissance démographique et l'augmentation des
conditions socioéconomiques.
Le Québec, malheureusement, ne pourra pas
éviter ça non plus. Au Québec, on a déjà un historique de compétition, entre le
milieu municipal puis le milieu agricole, qui existe pour l'accaparement des
terres. Malheureusement, on ne peut pas se permettre d'ajouter un autre niveau
de compétition, entre ces deux secteurs indispensables, qui est l'accaparement
de ressources en eau. Il y a une seule solution à ça, c'est de prévenir les
conflits d'usage, prévenir les pénuries d'eau, avoir une gestion en amont,
avoir une bonne connaissance de notre territoire et avoir une bonne
connaissance de qui utilise l'eau, quels sont nos besoins prioritaires et
comment est-ce qu'on fait pour assurer un approvisionnement sécuritaire à tous.
Donc, le projet de loi n° 20 et les
modifications des deux règlements arrivent à brûle-point. Il était temps qu'on
modifie ces règlements-là justement pour incorporer les nouvelles réalités des
changements climatiques et de cette croissance-là. Ce qu'Eau Secours! a
présenté dans son mémoire, en fait, c'est une augmentation de la déclaration...
une augmentation des déclarations, d'abord, en abaissant le seuil de
déclaration. Il est présentement mis à 50 000 litres par jour par
préleveur. Nous, ce qu'on demande, c'est que ce soit abaissé à 20 000 litres
par jour par préleveur. C'est un taux, en fait, qui est largement répandu en
Europe, mais également dans d'autres provinces canadiennes, ce qui permettrait
également d'avoir un seuil différent d'avec le taux de taxation, en fait, de la
redevance. Donc, on peut déclarer beaucoup plus, sans frais, que ce qu'on
demande, de paiement, pour la redevance.
Ce qu'on demande également, c'est qu'il y
a beaucoup plus d'usages de l'eau qui déclarent leur quantité d'eau prélevée.
Je cite, dans mon mémoire, le modèle de la France, également de la
Colombie-Britannique, de l'Alberta, qui, entre autres, vont chercher les usages
dans le milieu agricole, par l'irrigation également, tous les volets
récréotouristiques, donc l'utilisation de l'eau pour les canons à neige, pour
les piscines, pour les golfs, et autres, mais également de l'eau turbinée, donc
l'eau qui passe dans les barrages hydroélectriques. Donc, ce seraient des
déclarations, en fait, qu'on pourrait bonifier. En France, en 2011, ils ont
créé, en fait, une instance indépendante pour compiler les données
d'utilisation d'eau, et ces données-là sont rendues publiques à l'ensemble des
acteurs qui prennent des décisions, qui proposent des solutions pour le partage
de cette ressource-là.
Parlant de transparence, c'est l'autre
enjeu qui, pour nous, chez Eau Secours!, est indispensable. Donc, on est
l'organisme qui est derrière la poursuite pour avoir plus de transparence sur
les quantités d'eau prélevées par les embouteilleurs d'eau. Ça nous tient
vraiment à cœur, et on le sait, que, pour l'ensemble des acteurs au Québec, ces
données-là sont indispensables. On a entendu plusieurs propos vis-à-vis les
autres personnes qui sont passées ici avant nous. Donc, il y a eu des
propositions d'agrégats, et tout. C'est des belles propositions, mais
malheureusement ça ne répond pas aux besoins de la communauté québécoise. On a
besoin des quantités d'eau qui sont prélevées en temps réel et avec une
position géographique pour qu'on puisse assurer une gestion par <bassins
versants...
Mme Pétrin (Rébecca) :
...avec
une position géographique pour qu'on puisse assurer une gestion par >bassins
versants, qui a été... dans la Politique nationale de l'eau, il y a plus de
20 ans de ça. Donc, on doit se donner les moyens d'atteindre les objectifs
qu'on avait à l'époque.
Je vais terminer aussi en rappelant que
l'eau, c'est une ressource qui est commune. Elle n'appartient à personne, et
c'est une responsabilité commune, en fait, de prévenir les dérives qu'elle
peut... qu'il peut y avoir, et on doit toujours remettre les citoyens au cœur
de la priorisation, donc l'accès, protéger nos accès à nos municipalités en
amont.
Et je vais laisser la parole à mon collègue
André Bélanger.
M. Bélanger (André) : Oui,
merci. On fait ça vite, mais on essaie d'être efficaces. Écoutez, nos deux
mémoires sont très différents, portent sur deux approches différentes, mais on
partage les mêmes points de vue. Donc, on partage exactement le même point de
vue quant aux redevances.
Notre mémoire portait sur... On part du
fait que ça fait déjà presque un an qu'on a fait une quarantaine d'entrevues
avec des experts, des représentants d'organisations, d'entreprises, de
syndicats et beaucoup de citoyens engagés et agissants. C'est comme ça qu'on
définit ceux qui font le changement dans les régions. Et le Fonds bleu, pour
nous, bien, c'est un peu... ça fait depuis... En fait, depuis 20 ans, on a
eu une politique de l'eau, on a une stratégie, on a une loi sur l'eau, on a une
meilleure réglementation, et tout le monde en convient, mais là, pourtant, la
situation s'améliore à la marge. Il y a encore des problèmes importants qui ne
se résolvent pas malgré la concertation, malgré les bassins versants, malgré
tous ces efforts-là qui ont été faits.
Donc, ce qu'on voit du Fonds bleu, en
fait, c'est un extraordinaire levier. C'est un moteur de lancement et de
changement qui doit être utilisé autrement et pensé autrement que simplement un
nouveau fonds d'investissement. C'est, en réalité, l'occasion, on pense, nous,
d'être stratégique, de mobiliser les forces vives de la société et de faire en
sorte que tout ce... que ce qui est mis de l'avant soit pertinent, et ce que
les consultations nous ont appris, c'est qu'il y a peu d'analyses sur les
résultats. Donc, on insiste sur la question de la gestion par résultats,
gestion... car les bassins versants... les organismes de bassins versants sont
mandatés pour faire la mise en œuvre des actions. Mettre en œuvre des actions,
ce n'est pas des résultats, nécessairement.
Quand on fait le tour des PDE, on se rend
compte que, dans certains cas, il y a des actions qui se traduisent par des
résultats et des objectifs de résultat, dans d'autres cas, ça reste au niveau
des actions, et c'est pour ça que nous, on considère qu'il faut penser le Fonds
bleu comme une extraordinaire occasion d'appliquer, en fait, la Loi sur la
fonction publique, qui prévoit la gestion par résultats. Et, dans ce sens-là,
on s'est intéressés à l'article 15.4.44, où ça indique clairement que le
ministère privilégie une action... une gestion axée sur les meilleurs
résultats. Quant à nous, il faut confirmer cette intention-là. La privilégier,
c'est... ça veut dire laisser d'autres options que celle-là, mais il faudrait
s'assurer que ça soit la seule façon de gérer, selon nous.
• (12 h 20) •
Et l'autre élément qui est important,
c'est la transparence totale, la capacité de dresser un bilan de l'eau et d'avoir
des redditions de comptes publiques sur l'atteinte des résultats, et c'est
important parce que, quand on parle, nous, avec des citoyens engagés, agissants,
là, la première chose qu'on a, on a deux catégories, la catégorie... Ils se
sont butés à des refus, des problèmes, de l'information imparfaite, et ils se
sont mis en colère, et ils viennent... ils ont essayé de faire appel à
différents groupes, ils viennent nous voir, puis nous, on veut transformer
cette colère-là ou cette indignation en action, puis, pour le faire, il faut
que l'information soit publique. Il faut qu'ils sachent que, oui, il y a des
efforts qui ont été faits, que ces efforts-là, ils ont porté fruit ou ils n'ont
pas porté fruit, puis on sait pourquoi, et on corrige le tir. Ça, c'est pour la
transparence.
L'autre élément, bien, les OBV n'ont pas
de mandat formel d'évaluation des résultats présentement. Donc, nous, on
recommande qu'on se dote... on dote les OBV, qui vont être sur le terrain, qui
sont ceux qui sont le plus proche des actions qui vont être mises en œuvre,
d'avoir des mandats... un mandat formel d'évaluation et d'inclure ça dans la
démarche de concertation, parce que, de fait, ils vont réunir les acteurs entre
eux ensemble pour s'entendre sur des actions, mais ils doivent aussi s'entendre
sur les résultats, puis, ultimement, c'est là-dessus qu'on devrait pouvoir les
juger.
Finalement, la quatrième recommandation,
bien, c'est de penser en mode écoconditionnalité, bonus-malus. Si on prend
l'exemple qu'on a illustré dans le mémoire, qui est celle des bandes riveraines
dans les terres agricoles, ça fait longtemps qu'on sait que c'est un problème,
ça fait longtemps qu'on connaît la solution, et ce que les agriculteurs nous
disent : Bien oui, nous, on veut bien le faire, mais, si on sacrifie
10 mètres <de terrain de culture, il faut...
M. Bélanger (André) :
...sacrifie
10 mètres >de terrain de culture, il faut être compensé. Bien, s'il
faut être compensé, il y a des mécanismes. On a vu des initiatives où on se
sert des crédits carbone pour compenser une partie de ces terres-là par la
plantation d'arbres. Le Fonds bleu pourrait compenser cette compensation-là, mais,
en parallèle, si on veut que ça fonctionne, il faut que ce soit la rivière au
complet qui soit corrigée, là, pas juste trois agriculteurs, puis il en reste
deux qui ne le font pas, là, parce que, dans le domaine de l'eau, ce sont un
ensemble de petites sources de pollution qui font une pollution globale.
Ça fait que ça, ça résume nos éléments de
réflexion, puis je ne sais pas si on... Corinne?
Le Président (M. Jacques) : 15
secondes.
Mme Pétrin (Rébecca) : Bien,
j'invite les parlementaires, en fait, à poser des questions à Mme Voyer,
entourant son mémoire sur l'accès à l'eau, en fait, l'eau municipale, voilà.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup pour votre exposé. Je cède maintenant la parole à M. le ministre.
M. Charette : Merci, M. le
Président. Bonjour à vous trois. Un plaisir de vous recevoir ce matin. Merci,
également, je le dis, à ceux qui se présentent et qui font partie du Forum
d'action sur l'eau. Merci aussi pour votre implication à ce niveau-là. Ça fait
partie du montage vers le dépôt du projet de loi, les projets de règlements.
Donc, vous avez contribué ou vous continuerez de contribuer, là, pour la suite
des choses, assurément. C'est davantage des commentaires, mais, si vous voulez
réagir, n'hésitez pas à le faire par la suite. Et j'ai des collègues qui
voudront intervenir également.
Vous parlez de gestion des résultats, on
en est, c'est ce que nous souhaitons, et l'image que j'aimerais donner, c'est
un petit peu ce qu'on a amené au niveau des changements climatiques comme
changements, avec une reddition de comptes très précise, qui, parfois, nous dit
qu'on fait bien les choses, qui, parfois, nous dit : Ça ne donne pas les
résultats escomptés. Il faut avoir ce portrait-là pour pouvoir s'adapter, et
surtout améliorer les pratiques lorsque ça ne donne pas les résultats, là,
anticipés au départ.
En décembre dernier, au niveau des
changements climatiques, on a mis en ligne un tableau de bord qui est
disponible à tout le monde et on peut voir l'état d'avancement de chacune des
mesures. Est-ce que c'est exactement la même chose qui sera reproduite? On y
réfléchit, mais, à tout le moins, on veut s'assurer, là, que les mesures qui
seront financées puissent donner les résultats escomptés, et surtout une
transparence. On exige cette transparence-là au niveau des préleveurs d'eau,
mais on veut aussi être transparents sur les résultats obtenus à travers les
mesures qui seront appuyées.
Vous avez parlé... Je pense, c'était
davantage... J'ai les résumés, là, sous les yeux, je pense, c'est davantage
Fondation Rivières, dans votre mémoire, qui souhaitait que ce soit un conseil
d'administration autonome qui gère les sommes. Je suis moi-même transparent, ce
n'est pas du tout, du tout, l'orientation que l'on préconise ici à ce
moment-ci. Moi, ça me rappelle un petit peu l'expérience du Fonds vert, avec
des lacunes, là, qui ont été relevées au fil des années. C'est réellement un
gouvernement qui est responsable, et surtout qui est redevable, de la gestion
du Fonds bleu, mais ce qu'on a évoqué hier par rapport à certains groupes que
l'on recevait, le Forum d'action, actuellement, a le mandat de mettre en
place... c'est-à-dire, d'évoquer des éléments à prioriser. C'est le mandat qui
lui a été donné, mais, une fois ce travail-là terminé, il n'est pas interdit de
penser que le Forum d'action pourrait se voir confier d'autres mandats, dont,
peut-être, justement, assurer le suivi collectif, là, des revenus du Fonds bleu,
mais il n'y aura pas un conseil d'administration autonome comme, peut-être,
c'était votre souhait, puis peut-être vous donner la chance d'intervenir sur la
question pour expliciter davantage.
Et, sinon, la question que j'ai posée à
certains groupes... 500 millions de dollars, ça peut sembler beaucoup.
C'est effectivement beaucoup par rapport à ce qui se faisait par le passé. C'est
500 millions de nouveaux dollars, mais, en même temps, c'est bien peu,
compte tenu des besoins, et c'est encore moins si on considère toutes les
attentes de certains groupes. Vous avez peut-être vu hier, il y a l'UMQ qui
demandait... C'est une bonne idée, le Fonds bleu, mais on le veut à nous. Ça ne
pourra pas être ça. On veut réellement que ce soit l'ensemble des partenaires,
notamment du Forum d'action, qui détermine quels sont les éléments à prioriser.
Bien, peut-être nous parler de votre
vision de la priorisation, donc, conseil d'administration, je suis intéressé à
vous entendre, la priorisation. Et je sais que le temps est limité, je sais que
j'ai des collègues qui voudront intervenir aussi, mais on pourrait <commencer
par ces deux éléments-là...
M. Charette :
...intervenir
aussi, mais on pourrait >commencer par ces deux éléments-là.
Mme Pétrin (Rébecca) : Je
vais prendre la parole. Pour le 500 millions, effectivement, c'est une
très bonne nouvelle de savoir qu'il y a 500 millions qui sont réservés
pour les dossiers d'eau, pour la protection de l'eau. La vision que j'en fais,
en fait, c'est que ce 500 millions là ne doit justement pas être distribué
selon les priorités de chacun. Il doit servir de levier de mobilisation puis
d'engagement de tous les acteurs importants autour de l'eau. Donc, l'objectif,
c'est de voir comment que cette petite somme, qui, on l'espère, va grossir au
fil des années, peut servir à rassembler puis vraiment mobiliser un ensemble de
personnes.
Donc, quand les... quand un groupe vient
pour, disons, chercher de l'argent, on devrait leur renvoyer la question de... Qu'est-ce
que vous allez faire avec cet argent-là pour aider la cause de l'eau? Comment
est-ce que vous allez mobiliser autour de votre action... Comment est-ce que
vous pensez que votre action va aider le Québec au grand complet? Parce qu'on
ramène toujours l'enjeu d'eau, que l'eau, elle n'appartient à personne, mais
que c'est une responsabilité élargie de la protéger. Donc, en quoi votre action
va aider l'ensemble du Québec à s'en sortir? Ça fait que c'est un peu ma
lecture.
M. Charette : Beaucoup, beaucoup
plus diplomate que moi. Moi, j'ai dit non. Je me limite à dire non à la
question posée, mais je m'inspirerai de votre diplomatie pour les prochaines
demandes en ce sens-là.
M. Bélanger (André) : Moi, je
vais tenter de répondre à la question du conseil d'administration, parce que
c'est... Le conseil d'administration, c'est une forme ici, mais ce qui est
important, c'est le principe derrière. Le défi des actions de concertation,
c'est que c'est une concertation où c'est très difficile, pour les acteurs qui
ont des intérêts particuliers, de faire abstraction de leurs intérêts
particuliers. Ici, ce qui nous intéresse, c'est que le Fonds bleu soit géré sur
la base d'un plan d'affaires ou d'un peu... Je dirais que c'est un petit peu
comme un fonds d'investissement qui permettrait, par exemple, d'identifier
quelles sont les actions prioritaires à faire en fonction des résultats et qui
serait en mesure de le faire sans se préoccuper des doléances des uns et des
autres.
Et c'est là où la notion de participation
des acteurs de la science, de la mesure, l'équivalent d'un observatoire,
l'équivalent d'un mécanisme permettant de mesurer tout ça doit dépasser des
actions ou des organisations de type concertation. Est-ce que c'est un conseil
d'administration autonome? Est-ce que c'est une forme plus proche du ministère?
Ça, je vous laisse le soin d'y nous revenir, mais je trouve que la force du
Fonds vert est justement d'avoir des indicateurs clairs, puis on veut la même
chose en matière d'eau, mais comment ferons-nous pour nous assurer que ce soit
dépolitisé des intérêts particuliers, c'est ça, notre préoccupation.
M. Charette : J'apprécie
beaucoup la nuance. C'est là où je mentionnais... C'est peut-être le Forum
d'action qui, après ce mandat-ci, complété, pourrait se voir confier un mandat
plus large, dans la perspective que vous mentionnez, mais c'est un élément de
réflexion important, là, de notre côté.
Merci beaucoup. J'ai mes collègues, là,
qui souhaitent intervenir aussi.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le ministre. Je reconnais maintenant la députée d'Iberville.
Mme Bogemans : Merci
beaucoup, M. le Président. Bienvenue. Bonjour aux collègues. Moi, j'avais une
question, dans le fond, parce qu'on disait, au départ, que la photo générale et
globale était essentielle pour bien comprendre la situation. Est-ce que vous
croyez que les citoyens au Québec comprennent bien la situation de l'eau
actuellement?
• (12 h 30) •
Mme Pétrin (Rébecca) : Chaque
fois qu'on prend la parole, que ce soient des citoyens ou quelconques autres
acteurs, on a encore le préjugé de s'imaginer qu'on a de l'eau ad vitam
aeternam. C'est un tabou qu'on ne cesse d'essayer de casser. La ressource
diminue jour après jour. La consommation augmente jour après jour. Il y a un
point de rupture à un endroit. Et la problématique, aussi, c'est
l'accessibilité à l'eau. Donc, on a beaucoup d'eau au Québec, 3 % de la
ressource en eau douce. La majorité de l'eau est au Nord-du-Québec, puis le Sud
du Québec, c'est là où la demande, elle est, puis la ressource, elle n'est pas
accessible là. Donc, il y a cette disparité-là aussi qui existe puis qui est
une réalité avec laquelle on doit vivre.
Mme Bogemans : ...vous pensez
que la photo globale, finalement, qu'on est en train de mettre sur pied,
pourrait aider...
Mme Pétrin (Rébecca) : Bien,
ça va être de mettre en relation, en fait, c'est quoi, les quantités d'eau qui
sont consommées, disons, par secteur, par bassins versants... mis en relation
avec c'est quoi, le taux de renouvellement de notre eau aussi par source d'eau.
Donc, ce n'est pas le même niveau de renouvellement de l'eau d'une place à une
autre, et puis c'est quoi... Dans le fond, l'objectif, c'est de calculer la
durabilité de notre ressource en eau. Donc, on doit s'assurer de ne pas
prélever plus d'eau que qu'est-ce que le renouvellement apporte dans notre
milieu, puis on a des chercheurs qui travaillent très fort à calculer les taux
de renouvellement et de quantifier la ressource en eau, entre autres, la
souterraine. Donc, il faut avoir notre consommation réelle aussi pour mettre ça
en relation.
M. Bélanger (André) : Moi,
j'aimerais compléter sur le fait qu'il y a des mythes qui perdurent, hein?
Nous, on essaie de s'attaquer...
12 h 30 (version révisée)
M. Bélanger (André) : ...Moi,
j'aimerais compléter sur le fait qu'il y a des mythes qui perdurent, hein?
Nous, on essaie de s'attaquer à ce mythe-là qu'on ne peut pas se baigner nulle
part dans les rivières au Québec parce que c'est trop pollué. Ça, ce n'est pas
vrai, il y a eu des améliorations à cet égard-là. Et c'est important, puis on
en a parlé un peu dans notre mémoire, c'est important que l'accès à l'eau... c'est
presque une condition essentielle de sensibiliser... sensibilisation aux gens
et de les mobiliser, parce qu'on aime ce qu'on connaît, puis on va protéger ce
qu'on aime. Et donc, si on ne le connaît pas, on n'y a pas accès. Ça fait que
ça, c'est très, très important comme enjeu.
Les choses plus inquiétantes, c'est les...
des trucs comme les émissions d'azote qui se retrouvent à provoquer des
mortalités dans... une anoxie, une perte d'oxygène dans le golfe du
Saint-Laurent. Ce sont des choses beaucoup plus dangereuses ou risquées pour la
santé des cours d'eau, mais que le citoyen ne comprend certainement pas, là.
Mme Bogemans : Bien, moi, c'était
un petit peu, dans le fond, pour faire un lien, parce qu'on parlait... maintenant,
on passe du taux de 70 litres à 50 litres au niveau... puis on
parlait d'aller jusqu'à 20, puis qu'en Europe avec les piscines, par exemple, c'est
contrôlé, puis tout ça. Est-ce que vous trouvez qu'avec la photo globale et les
données qu'on va mettre de l'avant, vous pensez que, pour le citoyen, ça
pourrait justifier le coût, par exemple, de l'eau dans leur piscine?
Mme Pétrin (Rébecca) : Bien,
en fait, c'est deux seuils qui sont différents. Le seuil de 20 000 qu'on
propose, c'est seulement pour les déclarations, donc il n'y a pas de coûts liés
à ça. Le 50 000 pour la redevance serait maintenu. Donc, le but, ce n'est
pas d'aller chercher plus d'argent. Le but, c'est d'aller chercher plus de
données.
Mme Bogemans : Parfait. Merci
beaucoup.
Mme Pétrin (Rébecca) : Puis
peut-être renchérir un peu là-dessus, c'est... la problématique qu'on a en ce
moment, quand on a une pénurie d'eau au Québec, souvent, c'est les
municipalités qui sont en aval d'un bassin versant qui vivent cette pénurie-là.
Et les seules mesures qu'on met en place, c'est de demander aux citoyens de la
ville qui est impactée de réduire leur consommation d'eau. Donc, en gros, ce qu'on
envoie comme message, c'est : Vous, vous avez des restes d'eau, puis vous
allez vous diviser les restes d'eau entre vous, puis on ne regarde pas ce qui
se passe en amont.
Quand on parle de responsabilité élargie,
c'est qu'en ayant accès à ces données-là on va pouvoir regarder, dans l'ensemble
du bassin versant, c'est qui qui consomme de l'eau, puis c'est qui qui doit
mettre l'épaule à la roue aussi pour réduire leur consommation d'eau. On va
faire face à des épisodes de grave pénurie d'eau. On ne pourra pas s'en sortir
malheureusement. Mais il faudrait qu'on soit prêt à faire face à ces pénuries-là
et puis qu'on sache, en fait, qui qui doit participer à réduire leur
consommation d'eau.
Mme Bogemans : Oui. Plus on
va en parler, plus on va être sensibilisés.
Mme Pétrin (Rébecca) : Exactement.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Je cède maintenant la parole au député... M. le député de René-Lévesque.
M. Montigny : Merci beaucoup.
Vous savez, la circonscription de René-Lévesque, c'est sur la Côte-Nord, donc
une région à l'est et au nord, avec des grandes centrales hydroélectriques, des
rivières d'eau douce immenses, avec cette eau douce qui se déverse dans le
golfe du Saint-Laurent, eau salée. Alors, évidemment, il y a des municipalités
là qui prennent leur eau dans la Manicouagan. C'est le cas de la ville de Baie-Comeau,
où j'ai été maire pendant quand même cinq ans. Bon, usine de traitement d'eau,
etc., la production industrielle, évidemment, qui peut consommer de l'eau, mais
il y a aussi du traitement de l'eau, pour être réutilisée dans des procédés
industriels innovants, qui peut se faire dans ces régions-là.
Vous avez parlé tout à l'heure, et c'est
là que ça m'a interpelé, que la vaste majorité de la consommation de l'eau n'était
évidemment pas dans la région de la Côte-Nord où je suis député, mais c'est
nous qui avons la majeure partie de l'eau douce au Québec. Alors, comment vous
voyez, à plus long terme peut-être, je vous donne une petite piste, là, sur la
favorisation d'habiter le Nord, d'habiter nos régions, là où il y a des
ressources disponibles, alors qu'on concentre peut-être beaucoup dans certains
endroits... Alors, j'aimerais ça vous entendre sur cette vision, parce que vous
avez parlé d'un 3 %, tout à l'heure, là, puis j'aimerais ça que vous
expliquiez ça en tenant compte du contexte, puis de ce qu'on dépose comme...
comme projet de loi aujourd'hui.
Mme Pétrin (Rébecca) : En
fait, on avait participé justement, en définissant la redevance, à définir
des... des zones, en fait, puis ça se fait dans beaucoup de régions dans le
monde où ils imposent une taxe à l'eau en fonction de la disponibilité en eau,
ce n'est pas... ce n'est pas présent dans la première mouture, là, du règlement,
peut-être que ça viendra éventuellement. Mais effectivement ce serait
intéressant de mettre un tarif plus élevé lorsque la ressource est plus rare. Dans
les régions où la ressource est plus disponible, bien, peut-être que le tarif
pourrait être plus bas pour justement favoriser l'utilisation de la ressource
là où elle est disponible.
Je suis une fervente admiratrice du Nord-du-Québec.
Je viens de l'Abitibi-Témiscamingue. Donc, je suis d'accord avec vous, on
devrait décentraliser, mais malheureusement, mis à part la redevance, en ce
moment, je ne vois pas comment on pourrait vraiment favoriser les autres vers
les régions.
M. Montigny : Une dernière question
là-dessus. Si vous voyez que... tantôt, vous disiez qu'il risque de <manquer...
Mme Pétrin (Rébecca) :
...autres
vers les régions.
M. Montigny :
Une
dernière
question
là-dessus. Si vous voyez que... tantôt, vous
disiez qu'il risque de >manquer de ressources dans certains secteurs et
que dans d'autres secteurs du Québec, c'est abondant, vous voyez comment la
redistribution? Voyez-vous quelque chose? On y va-tu juste par la
réglementation ou si on regarde d'autres... d'autres façons?
Mme Pétrin (Rébecca) : Je
ne sais pas si vous voulez aller dans le terrain d'exporter l'eau d'une région
à une autre, OK?
M. Montigny : En fait,
ce que je veux voir, c'est si vous avez des pistes de solution. On y va-tu,
comme gouvernement, uniquement par la réglementation, ou par ce qu'on met en
place avec notre fonds puis notre projet de loi, ou s'il y a d'autres choses
que vous voyez, vous?
Mme Pétrin (Rébecca) : La
première chose qui est à faire, c'est de pouvoir se donner les moyens de
prioriser les usages de l'eau. Si on décide au Québec que c'est
l'approvisionnement des citoyens qui prime, on doit se donner un outil pour
dire à d'autres secteurs : Vous cessez l'utilisation d'eau, on manque
d'eau pour nos municipalités puis on priorise l'eau. En ce moment, on n'a pas
d'outils juridiques légaux qui nous permettent de prioriser ça. C'est les
premiers qui accaparent la ressource qui ont la priorité de l'utiliser.
Par la suite, dans les autres usages,
disons, après les citoyens, peut-être que ça va être en fonction des réalités
de chacune des régions. Peut-être que les organismes de bassin versant seraient
en mesure de dire : C'est qui est-ce qui utilise le plus d'eau, c'est à
qui? C'est de la concertation, après, région par région. Tous les bassins
versants sont différents. Peut-être que chacun des bassins versants, chacune
des MRC pourrait mettre de l'avant qui est-ce qu'on priorise dans l'utilisation
de l'eau. Ce serait... c'est des... ce seront des conflits d'usages
indispensables, l'octroi de la ressource en eau va devoir être tranché par une
instance un jour ou l'autre, évidemment.
M. Montigny : ...bien,
merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le député. Je cède la parole à Mme la députée d'Argenteuil.
Mme Grondin : ...
Le Président (M. Jacques) : Avec
42 secondes.
Mme Grondin : Ah!
Avez-vous quelque chose que vous aimeriez rajouter?
Une voix : ...
Mme Grondin : Mme Voyer,
elle n'a pas... elle n'a pas... peut-être... Il reste 30 secondes.
Mme Voyer (Corinne) : Si
je peux me permettre, rapidement, moi, le seul angle mort que j'inviterais
gouvernement aussi à évaluer, c'est les stratégies de contournement du projet
de loi au niveau des embouteilleurs. On le voit beaucoup au niveau du
marketing, là, la promotion, par exemple, là, de... d'eau avec l'ajout de
minéraux pour essayer... ou de... même de sucre, là, pour essayer de contourner
l'esprit de la loi. Donc, je voulais juste lever, peut-être, un petit drapeau,
là, dans la réflexion, pour vraiment s'assurer qu'on préserve le terme «eau» à
son juste usage puis que l'osmose inversée, par exemple, ou l'ajout
d'électrolytes ne permettent pas à l'industrie de contourner l'esprit de la
loi. Moi, c'est la seule... le seul ajout.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup. Ceci termine le premier bloc. Et j'invite donc maintenant
l'opposition officielle, avec Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce, pour un
temps de parole de plus de 12 minutes.
Mme McGraw : Merci, M.
le Président. Donc, justement, j'enchaîne sur ma collègue et j'inviterais
Mme Voyer de prendre quelques minutes. Vous avez parlé d'angle mort, donc,
est-ce qu'il y a d'autres angles morts? Est-ce que vous... élaborer ou des
points que vous voulez souligner? Donc, je vous invite à...
• (12 h 40) •
Mme Voyer (Corinne) : Bien,
en fait, oui. Bien, c'est certain que, nous, un des produits qu'on voit qui
peut être... en ce moment, qui est déjà sur le marché, pour donner un exemple,
les eaux vitaminées, Vitaminwater, qui sont essentiellement de l'eau...
l'osmose... je ne me souviens plus comment le conjuguer, là, mais donc il y a
un traitement au niveau de l'eau aqueduc qui est fait pour pouvoir la
transformer, on ajoute des nutriments, puis on le vend comme de l'eau, alors
que c'est un marketing qui est trompeur, c'est une boisson sucrée.
Donc, c'est ce... c'est là où je pense que
c'est important de bien encadrer la nomination de l'eau, de s'assurer qu'il y a
des liens qui sont faits avec le ministère de l'Agriculture, le MAPAQ, pour
s'assurer aussi que ce soit cohérent dans les pratiques, puis que l'industrie
ne s'en sauve pas au niveau de ce qu'on anticipe, là, d'interdire, là, la vente
d'eau embouteillée, là, qui provient de l'aqueduc.
Mme McGraw : Merci.
Est-ce qu'en matière de gouvernance... on a entendu un peu les collègues,
est-ce que vous avez des commentaires en matière de gouvernance et, plus
particulièrement, est-ce que les mesures qui... prévues dans le projet de loi
sont adéquates pour que les sommes prévues soient utilisées aux fins prévues?
Mme Voyer (Corinne) : En
termes de gouvernance, je vais laisser mes coéquipiers, là, pouvoir vous en
parler davantage. Moi, par contre, ce que j'aimerais mettre en lumière, c'est
dans l'esprit... les intentions de la loi actuelle, l'idée, ce serait bien
qu'on valorise l'eau municipale qui est notre bien commun, qui est... les fonds
publics servent actuellement à assurer cette qualité de l'eau. Donc, quand on
parle de valoriser notre eau, bien, ça s'appelle aussi de s'assurer qu'on la
rende disponible par des fontaines <publiques....
Mme Voyer (Corinne) :
...notre
eau, bien, ça s'appelle aussi de s'assurer qu'on la rende disponible par des
fontaines >publiques dans plusieurs lieux. Présentement, il y a encore
des places au Québec où on est obligé d'acheter une bouteille d'eau si on a
soif. Donc, ce sont des... nous, des façons, là, de s'assurer qu'on investisse
davantage de sommes sur les fontaines et l'accès à l'eau de cette manière-là
pour les citoyens.
Mme McGraw : Merci. Donc,
j'inviterais les collègues... vous avez une discussion sur les... un CA,
d'autres... d'autres approches vis-à-vis la gouvernance. Est-ce que vous avez
des éléments que vous vouliez ajouter au niveau de la gouvernance?
Mme Pétrin (Rébecca) : Oui,
en fait, j'ajouterais que l'eau est indispensable pour à peu près tout ce qu'on
fait, là, l'eau, c'est la vie. Il faut... il ne faudrait pas avoir la
malheureuse finalité de mettre l'eau dans une petite enveloppe du gouvernement.
Donc, l'eau fait partie de toutes les décisions qu'on prend, donc les enjeux de
protection d'eau sont vraiment transversaux. Nous, on idéalise la gouvernance
de l'eau au Québec comme touchant tous les ministères, toutes les décisions
politiques qui sont prises. Donc, si on travaille très fort avec le ministère
de l'Environnement pour protéger l'eau et puis que, derrière, les autres
ministères viennent déconstruire ce qu'on fait, on a l'impression que c'est un
peu vain. Donc, s'il vous plaît, amener de la transversalité dans la gestion de
l'eau. Merci.
Mme McGraw : Est-ce que vous
avez des ajouts, M. Bélanger?
M. Bélanger (André) : Bien, peut-être
le fait qu'il y a des solutions qu'on connaît puis il y a des solutions qu'on
ne connaît pas pour régler les problèmes, et le Fonds bleu doit se concevoir
comme une... j'aime bien parler d'un fonds d'investissement qui a des start-up,
là, puis qui essaie de les faire grandir vers des solutions matures. Donc, il y
a des... il va y avoir... il y a des... il doit y avoir des volets
expérimentaux. Je ne parle pas de technologies, là, je parle de volets, souvent,
c'est des habitudes sociales, des mécanismes, des changements dans les
habitudes, des changements dans les comportements. Et il doit y avoir une
espèce d'équilibre entre : on explore, on va chercher de la connaissance,
on met à l'échelle des solutions. Et, au niveau de la gouvernance, il faut
vraiment s'assurer de... que ce ne soit pas du saupoudrage et d'en faire égal
pour tout le monde. On n'arrivera pas à quelque chose d'égal pour tout le
monde. Il faut vraiment garder en tête qu'il va y avoir des gains qu'on peut
faire et on va cibler des gains précis qui doivent être... qui doivent être
rencontrés, auquel cas il y aura beaucoup d'insatisfaits, là. À 500 millions,
il y aura beaucoup d'insatisfaits, ça fait qu'il faut... il ne faut pas que le
débat se fasse, qu'il y ait une négociation entre les acteurs. Cette
négociation, il faut qu'il y ait un... il faut que la négociation se fasse sur
la base des faits scientifiques et de la... et de la démonstration que c'est le
bon geste à poser pour régler le problème qu'on a identifié. Et ça, c'est un
peu le défi de la concertation, c'est... la force de la concertation, c'est
d'entendre tout le monde. Le défi, c'est de trancher. Alors, j'aime beaucoup,
quand M. le ministre, tout à l'heure, tranchait en disant : Il n'y aura
pas d'exception pour les embouteilleurs, il n'y aura pas d'exception à la loi.
Je pense qu'il faut avoir aussi cette attitude-là de rigueur et de... et de
fermeté lorsqu'il s'agira d'appliquer des solutions qui ne feront pas l'affaire
de tout le monde, là.
Mme McGraw : Merci. On
confirme que c'est une position et c'est important de clarifier et d'insister
là-dessus. Je voulais demander à Mme Pétrin, vous n'avez pas eu beaucoup
de temps dans votre présentation, l'exemple et les bonnes pratiques, tant au
niveau du Canada que la France, l'Europe. J'aimerais vous demander d'en parler
davantage, les leçons apprises, les meilleures pratiques. Puis là j'ai des questions
plus spécifiques, mais j'aimerais vous entendre là-dessus pour nous parler de
ces exemples.
Mme Pétrin (Rébecca) : La
base, c'est vraiment la quantification des usages qu'on fait de l'eau. Donc, ce
qui est de plus en plus courant... dans mon mémoire, j'ai passé un chapitre,
là, à parler de la circularité de l'eau. Donc, c'est comment voir, en fait,
l'eau dans un cycle circulaire. Parce que faire des grosses économies d'eau
potable, si c'est déjà dans un réseau circulaire, c'est une action qui est
bien, mais qui n'est pas prioritaire à essayer d'économiser l'eau qui part, en
fait, du circuit.
Donc, il y a un niveau où aussi on peut
intégrer, dans ce système-là, pas juste la quantité d'eau, mais la qualité des
eaux. Quand on rejette des eaux usées, il y a un pouvoir de dilution qui est
indispensable par la suite pour atteindre des seuils qui sont autorisés. Donc,
ça aussi, c'est une consommation d'eau.
Dans des contextes comme la France où ils
vivent des stress hydriques beaucoup plus importants qu'au Québec, ils sont
rendus à l'obligation, en fait, de revoir tout leur système d'utilisation d'eau
pour en faire des boucles fermées. En Colombie-Britannique également, il y a
des <régions...
Mme Pétrin (Rébecca) :
...d'eau
pour en faire des boucles fermées. En
Colombie-Britannique également, il
y a des >régions qui sont très humides, mais il y a des régions qui sont
très sèches, là où l'agriculture est. Donc, c'est la même disparité qu'on a
aussi, au Québec, entre des régions très humides au nord et très sèches au sud.
Donc, les réalités sont vraiment, vraiment différentes.
Il faut avoir une bonne conscience du
cycle de l'eau à l'échelle provinciale mais à l'échelle très locale. Les
meilleures décisions, souvent, qui sont à prendre sont à petite échelle. Donc,
un bâtiment qui se construit, une ville qui se développe, même une MRC ou un
organisme de... un bassin versant ou une province, c'est toute la même
dynamique des fluides de l'eau. Les petites actions vont avoir un impact sur
l'ensemble du cycle de l'eau de la province. Donc, vraiment de voir c'est quoi,
la réalité du petit milieu, ce sont quoi, les petites actions qu'on peut
déployer, l'échelle... bien, l'ensemble de ces petites actions là vont avoir un
potentiel à l'échelle de la province.
C'est les modèles qu'on développe
beaucoup, justement, dans les autres régions du monde où ils ont des enjeux de
gestion d'eau plus importants que chez nous. La base, c'est évidemment l'accès
aux données, et transparent, parce que, quand on parle d'action locale, on
parle d'acteurs locaux, et les acteurs locaux ont besoin de l'ensemble des
données pour pouvoir prendre des décisions très éclairées et efficaces.
Mme McGraw : Alors, on a...
il y a certains groupes qui sont venus pour parler de la tarification puis de...
justement, l'approche égalité n'est pas nécessairement l'approche équitable.
Donc, on a entendu des propositions par rapport aux risques, la pénurie de
l'eau, on a... propositions en termes d'utilisateurs, usages, santé publique,
sanitations, matières premières. Est-ce que vous avez... Est-ce que vous voulez
commenter là-dessus, les collègues, un ou l'autre?
Mme Pétrin (Rébecca) : La
redevance demeure un outil indispensable. Donc, quiconque prélève de l'eau sur
le territoire du Québec doit en assumer les coûts, en fait. Certains acteurs
sont passés devant nous et puis déploraient que la redevance allait être trop
chère, et ci, et ça. On accote... on va assez rejoindre les autres... les
autres réglementations dans les autres provinces. On reste même vraiment en bas
de d'autres pays, dont de l'Europe, qu'on s'est comparé à maintes reprises. Je
crois que cette tarification-là est juste. Est-ce qu'elle sera efficace? C'est
les années qui vont nous le dire.
Donc, la redevance, son objectif numéro
un, c'est d'inciter à la réduction de la consommation, donc c'est probablement
en mettant cette redevance-là en action qu'on verra si, effectivement, les
grands consommateurs d'eau réduisent leur consommation d'eau. Si ce n'est pas
le cas, on révisera. Dans cinq ans, c'est prévu qu'il y ait une révision de la
tarification, donc peut-être ce sera nécessaire d'augmenter la redevance pour
que l'incitatif soit encore plus élevé. Dans tous les cas, c'est certain qu'il
ne faut pas revenir derrière parce que la ressource n'est pas renouvelable
autant qu'on le veut, et puis il faut... il faut inciter toujours à réduire.
Mme McGraw : Est-ce que vous
êtes en faveur, peut-être vous n'avez pas de réponse, à une tarification qui
prend en considération, par exemple, la taille d'une entreprise ou...
Mme Pétrin (Rébecca) : La
taille de l'entreprise va déjà refléter sur la quantité d'eau qu'ils vont
consommer, donc je ne vois pas pourquoi qu'on ferait une séparation comme ça.
J'irais beaucoup plus avec un modèle qui prend en compte la disponibilité en
eau que de prendre en compte la taille de l'entreprise. Si certains secteurs
ont plus de difficultés à payer la redevance en eau ou pas et qu'ils ont besoin
d'un accompagnement, je pense que les gens du ministère, du gouvernement ont
déjà commencé à penser à des solutions, là, pour les accompagner. Donc, je
crois qu'on devrait plus aller dans un accompagnement provisoire que d'aller
vers une tarification différente.
• (12 h 50) •
Mme McGraw : Parfait. C'est
une tarification progressive, c'est comme un peu le système d'impôt, que ceux
qui gagnent plus d'argent paient plus et un pourcentage plus élevé, les deux.
Alors, est-ce que vous avez, les collègues, des choses à ajouter? Il me reste,
je pense, une minute. Est-ce qu'il y aurait des points en conclusion que vous
voulez souligner, Mme Pétrin, Mme Voyer, M. Bélanger?
M. Bélanger (André) : Bien,
moi, je reviendrais sur un élément important de la connaissance de la
consommation de l'eau. Tu sais, je pense qu'un des programmes... on en a
discuté, un des programmes qui pourrait être financé, c'est l'installation de
compteurs d'eau, là, pour être capable, justement, de connaître les... la
consommation, pour être capable de prévoir à l'avance s'il va manquer d'eau,
s'il y a un besoin et si la tarification reflète bien les particularités du
bassin versant.
Parce qu'évidemment on va découvrir, au
fil du temps... la Montérégie sera une région qui va s'assécher et là où il y a
beaucoup d'agriculture. Comment va-t-on réussir à composer avec les aléas des
changements climatiques? Bien, il faut le mesurer, on ne peut pas agir si on ne
le mesure pas. Ça fait que ça, je pense, c'est extrêmement important, sans
parler de nouvelle tarification, mais au moins être capable de voir d'avance
puis d'avoir des modèles.
Puis sur... l'autre élément, bien, c'est
la notion de <transparence...
M. Bélanger (André) :
...puis
d'avoir des modèles.
Puis sur... l'autre élément, bien,
c'est la notion de >transparence. Plus il y a d'informations, plus cette
information, elle est rendue publique et plus on peut être surpris de ce que
les citoyens vont nous... vont mettre en lumière comme information nouvelle que
nous n'avons même pas imaginée. Donc, la capacité de croiser les données, la
capacité de faire de la lumière, de faire de l'information à partir de la
donnée, c'est essentiel que le gouvernement soit le premier...
Le Président (M. Jacques) : Merci.
M. Bélanger (André) : ...le
premier...
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup. Ceci met fin aux échanges. Je cède maintenant la parole, pour 4 minutes,
à Mme la députée de Verdun.
Mme Zaga Mendez : Merci. Je
veux remercier aux trois groupes, Eau Secours!, Fondation Rivières, mais
également, on vous a moins entendue, Mme Voyer, la Coalition québécoise
sur les problématiques du poids. Ça fait que ma question est pour vous. Tantôt,
vous nous avez fait une mise en garde, rapidement, contre le marketing de
certaines entreprises, mais je ne sais pas si vous voulez prendre un peu de mon
temps pour élaborer vos autres recommandations dont on n'a pas pu entendre.
Mme Voyer (Corinne) : Bien,
en termes de d'autres recommandations, je les ai quand même soulignées au
niveau de la valorisation de l'eau municipale de l'aqueduc. Je pense qu'il y a
des efforts à faire pour aussi informer les citoyens à l'effet que l'eau
municipale, elle est bonne, elle est de qualité, elle est meilleure que l'eau
embouteillée, elle a des meilleurs suivis au niveau aussi de... de salubrité.
Donc, il y a cet effort-là, je pense, qui est à faire, puis ça va passer
notamment en valorisant davantage les installations de fontaines d'eau
publiques, en s'assurant aussi d'un peu forcer la main aux différents commerces
que, si quelqu'un veut un verre d'eau parce qu'il a soif, bien, il n'a pas
besoin de payer pour avoir un verre d'eau, c'est un bien commun, comme on l'a
dit.
Donc, moi, c'est vraiment les
importants... les éléments que je voulais amener aujourd'hui, donc... puis je
pense que ça complète bien. Il y a des éléments de réponse aussi dans le
mémoire, au niveau des ajustements qui peuvent être faits directement à même le
projet de loi... je ne suis pas avocate, mais c'est des suggestions à prendre
en considération.
Mme Zaga Mendez : Merci.
Bien, une autre question, c'est pour la fondation Eau Secours!, vous parlez
dans votre mémoire des zones de tarification selon les différents stress
hydriques présents. Je ne sais pas si vous voulez nous en dire un peu plus.
Mme Pétrin (Rébecca) : En
fait, c'était une proposition de faire une zone... de définir deux zones, une
zone où il n'y a pas eu, jusqu'à présent, de stress hydrique, donc on peut
citer entre autres la Côte-Nord, et puis une zone où il y a déjà eu, dans
l'histoire de cette zone-là, des pénuries d'eau. Donc, ce serait vraiment de
tarifer plus pour de l'eau utilisée sur une zone où il y a déjà des pénuries
d'eau et moins, en fait, sur une zone où il y a suffisamment d'eau.
Mme Zaga Mendez : Merci. Puis
j'ai une question plus générale, on en parlait tantôt, là, des besoins des
municipalités puis des régions, tout dépendant des besoins en eau. Est-ce que
vous avez des suggestions en termes d'adaptation aux changements climatiques
pour l'utilisation du Fonds bleu puis un peu la direction que le PL pourrait
prendre?
Mme Pétrin (Rébecca) : Bien,
en fait, dans le chapitre que je propose sur l'économie circulaire de l'eau,
justement, on cible le fait qu'en quantifiant la consommation d'eau bleue,
d'eau verte et d'eau grise on arrive à cibler, en fait, par région, où est-ce
que c'est le plus important d'investir. Si c'est de l'eau grise qui est
surconsommée, bien, ça veut dire que c'est des rejets d'eaux usées qu'il faut
nettoyer. Si c'est de la consommation d'eau verte, ça veut dire que c'est les
eaux de pluie qu'on gère mal, donc on doit mettre de l'avant des solutions
nature, protection des milieux naturels, infrastructures vertes. Si c'est le
bilan de consommation d'eau bleue, bien là, c'est des mesures de réduction de
la consommation à la base qu'il faut mettre de l'avant. Donc, je ramène
toujours sur l'effet local, donc c'est vraiment l'aménagement du territoire à
petite échelle qu'il faut regarder pour trouver des bonnes actions.
Mme Zaga Mendez : Il me
resterait combien...
Le Président (M. Jacques) : 45 secondes.
Mme Zaga Mendez : ...est-ce
que vous voulez ajouter?
Mme Pétrin (Rébecca) : Je
peux peut-être terminer avec une chose sur... au niveau de la transparence,
nous, dans notre poursuite judiciaire, donc, on a perdu, au mois de mars, au
mois de mai dernier, sur des quantités d'eau qui étaient prélevées, donc, on a
demandé les quantités d'eau prélevées des embouteilleurs. Suite à cette
défaite-là aux services juridiques, il y a une confusion qui est restée auprès
du ministère de l'Environnement sur les demandes d'accès à l'information. On a
fait deux demandes d'accès à l'information sur les permis octroyés, et non pas
les quantités prélevées, et cela nous a été refusé.
Donc, je rappelle la recommandation du
CQDE d'aller changer la loi sur l'eau, l'article 7, plutôt que d'aller
agir sur chacun des règlements séparément, pour vraiment lever cette
confusion-là. Et malheureusement on m'a demandé de retirer le tableau en
annexe 1 de mon mémoire pour la publication publique.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup pour votre contribution à nos travaux.
Et nous suspendons... la commission
suspend ses travaux jusqu'à <15 heures...
Le Président (M. Jacques) :
...>15 heures.
(Suspension de la séance à 12 h 56)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 06)
Le Président (M. Jacques) : Bonjour
à tous. La Commission des transports et de l'environnement reprend ses travaux.
Nous poursuivons les consultations
particulières et les auditions publiques sur le projet de loi n° 20, Loi instituant
le Fonds bleu et modifiant d'autres dispositions. Cet après-midi, nous
entendrons les organismes suivants : L'Alliance des villes des Grands Lacs
et du Saint-Laurent, l'Association canadienne des boissons, l'Association des
gestionnaires régionaux des cours d'eau du Québec et le Conseil du patronat du
Québec.
Je souhaite maintenant la bienvenue aux
représentants de l'Alliance des villes des Grands Lacs et du Saint-Laurent. Je
vous rappelle que vous disposez de 10 minutes...
Le Président (M. Jacques) : ...pour
votre exposé, après quoi nous procéderons à la période d'échange avec les
membres de la commission. Je vous invite donc à vous présenter puis à commencer
votre exposé.
Mme Vallières-Roland (Catherine) :
Merci. Merci. M. le Président, M. le ministre, chers membres de la
Commission, bonjour et merci de nous accueillir aujourd'hui et de nous
permettre, donc, de réagir au projet de loi n° 20. Nous en sommes vraiment
très reconnaissants. Alors, je me présente, je suis Catherine Vallières-Roland,
mairesse suppléante à la ville de Québec. Je suis également membre du conseil
d'administration de l'Alliance des villes des Grands Lacs et du fleuve
Saint-Laurent. Je suis accompagnée aujourd'hui de madame Maja Vodanovic, qui
est mairesse de l'arrondissement de Lachine, également responsable de l'eau au
comité exécutif de la ville de Montréal et membre du conseil d'administration
de l'alliance. Monsieur Frédérick Desbiens, responsable des politiques
canadiennes au sein de l'alliance, et madame Marie-Line Pedneault, directrice
de la section eau et environnement à la ville de Québec, nous accompagnent
également pour répondre à vos questions.
Alors, l'Alliance des villes des Grands
Lacs et du fleuve Saint-Laurent est une organisation internationale
multilatérale qui a été créée en 2003. Elle représente plus de 230
municipalités canadiennes et américaines, dont plus d'une soixantaine
proviennent du Québec. Elle se consacre principalement à la protection et à
l'exploitation durable des Grands Lacs et du fleuve Saint-Laurent, qui
représentent plus de 20 % des réserves mondiales douces... d'eau douce,
pardon, de surface et qui fournissent de l'eau potable à plus de
40 millions de personnes. L'alliance a notamment pour mandat d'effectuer
des représentations auprès des autres paliers de gouvernement et mène des
actions articulées autour de quatre grands piliers fondamentaux que sont la
protection et la restauration des écosystèmes, l'équité en matière d'eau,
l'adaptation aux changements climatiques et l'économie bleue. Au début de
l'année 2023, l'alliance a créé un conseil consultatif québécois dont
l'objectif sera justement d'accroître la représentation des intérêts des villes
québécoises tant au sein de l'alliance, mais également auprès des autres gouvernements.
Mme Vodanovic (Maja) : Alors,
tout d'abord, nous accueillons très favorablement le projet de loi et nous nous
réjouissons que le gouvernement du Québec prenne si au sérieux la protection de
l'eau et mette sur pied un fonds dédié à sa protection, sa restauration, sa
mise en valeur et la gestion durable de la ressource. En revanche, nous
aimerions suggérer quelques recommandations qui pourraient même améliorer ce
projet de loi.
Alors, nous aimerions insister sur l'une
des actions que le fonds pourrait soutenir, et il s'agit bien évidemment que
d'optimiser les infrastructures d'eau municipales. La question de
l'optimisation des infrastructures de l'eau et la possibilité de construire
davantage d'infrastructures vertes pour mieux répondre aux changements
climatiques est tellement importante. D'un autre côté, en raison de
l'augmentation de la fréquentation et de l'intensité des vagues de chaleur,
nous pensons également que l'aménagement d'accès aux plans d'eau pour les
citoyens, pour qu'ils puissent s'y rafraîchir, devient un incontournable.
• (15 h 10) •
Pour ce qui est des redevances, nous
sommes contents de voir que les sommes payées par les usagers commerciaux, dont
les embouteilleurs, seront augmentées, ce qui leur permettra de se rapprocher
de la valeur réelle de la ressource, qu'on évalue, à Montréal et à Québec, à
environ, en moyenne, 2 500 $ par million de litres. C'est le coût de
l'eau au robinet. Nous pensons cependant qu'il serait pertinent d'augmenter
aussi le montant des redevances pour les usagers industriels. Ces redevances,
une fois augmentées, contribueront à assurer la gestion durable et équitable de
l'eau au Québec à travers le Fonds bleu. Il est aussi important de se donner la
possibilité d'augmenter plus fréquemment qu'aux cinq ans les redevances afin de
pouvoir ajuster le prix selon les pressions externes exercées sur notre
ressource. Enfin, puisque l'exploitation de l'eau est une activité économique
qui dépend, dans bien des cas, de la capacité des municipalités à offrir un réseau
d'aqueduc fiable et sécuritaire, nous pensons qu'une partie importante de ces
redevances devrait servir à renforcer le réseau d'égout et d'aqueduc des
municipalités.
Mme Vallières-Roland (Catherine) :
Concernant l'article 118.3.3 de la Loi sur la qualité de
l'environnement, nous rejoignons d'autres acteurs consultés, dont l'Union des
municipalités du Québec, qui mentionne que cet article limite le pouvoir des
municipalités d'agir et d'innover dans la lutte contre les changements
climatiques. Il est donc important de modifier cet article pour en garantir...
garantir cette capacité d'action. Nous appuyons par ailleurs l'ajout d'un...
Mme Vallières-Roland (Catherine) :
...dans l'article 53.28 de la Loi sur la qualité de l'environnement
qui permettra au gouvernement d'agir sur la vente et la distribution des
produits dans contenants ou emballages à remplissage unique. Il est par contre
important que les règlements adoptés en vertu de cet article ne rendent pas
inopérante la réglementation municipale préexistante sur les articles à usage
unique. Sur ce point, nous sommes ravis de constater que le gouvernement
provincial est sur la même longueur d'onde que de nombreuses municipalités.
Permettez-moi de vous rappeler maintenant
quelques-unes des positions plus spécifiques qui appartiennent à la Ville de
Québec et à la Ville de Montréal. Nos deux villes accueillent également
favorablement le fonds bleu et saluent le fait qu'il puisse servir au
financement d'initiatives municipales. Les villes sont des gouvernements de
proximité incontournables, et il serait par conséquent important que le projet
de loi reconnaisse le rôle de premier plan que jouent les municipalités en
matière d'aménagement, d'approvisionnement en eau potable et de protection de
l'environnement en leur apportant un soutien financier conséquent et
prioritaire. La loi doit par ailleurs rester agile et souple afin que les
villes puissent travailler en fonction de leur réalité respective.
Autre remarque générale, nous sommes très
satisfaits que le gouvernement mette en place un fonds qui est véritablement
dédié au financement de mesures en lien avec la protection, la restauration, la
mise en valeur et la gestion de l'eau. Nous ne saurions toutefois insister trop
sur les deux éléments suivants : le premier, qu'on s'assure de la
cohérence du fonds avec les autres fonds administrés par le gouvernement; le
second, qu'on s'assure de prendre les mesures nécessaires pour assurer la
prévisibilité et la pérennité du financement. Le Fonds doit notamment nous
permettre de mieux collaborer dans l'atteinte d'objectifs communs. Cette
réalité, nous la vivons à Québec, dans le cadre du bassin versant du lac
Saint-Charles, principale prise d'eau de la ville qui alimente 300 000 citoyens
et dont le bassin versant touche plusieurs municipalités.
Nous sommes par ailleurs très satisfaits
dans le projet de loi de l'augmentation des redevances, une mesure
d'écofiscalité servant spécifiquement, dans ce cas-ci, à la protection de
l'eau. D'autres mesures d'écofiscalité innovantes du gouvernement du Québec
pourraient venir s'ajouter et bonifier le montant de ces redevances en matière
notamment d'économie d'eau potable, de protection des milieux naturels des
écosystèmes aquatiques et de plantation d'arbres. L'objectif est ici, bien sûr,
de diversifier les sources de revenus des villes en leur donnant toute
l'autonomie dont elles ont besoin pour assumer pleinement leurs responsabilités
grandissantes et leur rôle de gouvernement de proximité.
Mme Vodanovic (Maja) : En
conclusion, nous sommes ravis de constater que le Fonds bleu vise la bonne
gestion de l'eau par la protection de ses bassins versants, mais il ne faut pas
oublier toutefois que le fleuve Saint-Laurent fait partie d'un bassin versant
qui chevauche plusieurs provinces et États. La stratégie du Québec ne doit donc
pas se limiter à intervenir sur la qualité de l'eau seulement une fois qu'elle
se retrouve dans le fleuve Saint-Laurent. Force est d'admettre que nous
abdiquons un très grand nombre de leviers pour agir concrètement sur la
situation. L'histoire nous l'enseigne, la qualité de l'eau dans le bassin
dépend directement des décisions prises en amont par plusieurs autres
juridictions. La majorité des avancées qui ont eu lieu dans les années 70
dans le bassin sont à bien des égards le fruit direct de la collaboration entre
les différentes parties prenantes, qu'elles soient provinciales, nationales et
même internationales. L'eau ne connaît pas de frontières, et sa gouvernance
implique donc une collaboration avec les intervenants... avec différents
intervenants et différents États. À ce titre, le Canada mettra bientôt sur pied
l'Agence canadienne de l'eau, et les États-Unis réaliseront une étude
exhaustive sur la résilience côtière dans le bassin. Nous avons tous donc
intérêt de collaborer, car la décision de l'un aura un impact direct sur
l'autre, donc sur nous, ici, sur notre population au Québec. Là-dessus, chers
commissaires, on vous laisse la parole pour nous poser vos questions.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup pour votre exposé. Et, dans le premier bloc d'échanges, je cède la
parole à M. le ministre pour... 30 secondes.
M. Charette : Merci beaucoup,
M. le Président. Merci à vous d'être avec nous cet après-midi. Un réel plaisir
de vous entendre. Seize minutes, c'est court, d'autant plus que je les partage
avec mes collègues. Déjà plusieurs, plusieurs petites notes par rapport à ce
que vous avez mentionné. Hier avec l'UMQ j'ai semblé bien, bien méchant, selon
un titre de La Presse, comme quoi je disais non de façon catégorique. Il faut
juste mettre les choses en perspective avec le fonds bleu...
M. Charette : ...ce n'est pas
un fonds, mais je sais, là, que ça faisait partie de vos souhaits... ce n'est
pas un fonds qui sera dédié à l'entretien des infrastructures municipales. On
convient que c'est un défi important, on convient que c'est un défi qui est
nécessaire aussi, mais ce n'est pas le but du fonds bleu de financer des infrastructures
de cette nature-là. Le fonds bleu va davantage financer la qualité de notre eau
dans nos lacs et rivières, la lutte contre les espèces envahissantes. Donc,
c'est davantage sur les plans d'eau eux-mêmes que le travail se fera ou les
interventions se feront. Mais, en disant ça, je ne veux pas paraître méchant et
sans-cœur, c'est juste que c'est d'autres missions, à travers le MAMH,
notamment, qui doivent répondre et qui répondent à ces éléments-là.
Il y a un petit élément pour nous rassurer
et réconforter. Dans le dernier budget, on est venu, du côté du MAMH, renforcer
les sommes disponibles pour justement l'entretien des réseaux d'aqueduc et de
traitement d'eau. Donc, je ne suis pas méchant, je vous le confirme, mais je
voulais réitérer quelle était la finalité du fonds bleu.
Sinon, plusieurs éléments que vous avez
mentionnés, vous parliez notamment des contenants à remplissage unique ou sinon
à usage unique. Vous avez peut-être vu dans le projet de loi. C'est une
disposition que l'on en a. Le projet de règlement n'est pas encore prêt, mais
on s'en va vers ça. On veut interdire la vente de l'eau qui est tout simplement
puisée à partir d'aqueducs municipaux, essentiellement parce qu'il n'y a
aucune, aucune plus-value. On a de l'eau de qualité, au Québec, à travers nos
réseaux municipaux, et c'est une mauvaise appropriation de notre eau que de
vendre ces produits-là. Donc, vous rassurer, on réfléchit, on a prépublié deux
projets de règlement, au cours des derniers jours, qui traitent davantage des redevances,
de la transparence mais éventuellement on reviendra avec un projet de règlement
pour interdire, sinon limiter la vente d'eau d'aqueduc qui serait tout
simplement, pour ne pas dire tout bêtement, embouteillée pour la revente. Mais
hier les gens de l'UMQ nous ont aussi parlé, là, d'une réglementation qui, par
moments, peut limiter la volonté d'une municipalité de s'impliquer au niveau de
la protection de l'environnement. Il y a des discussions avec le ministère de
l'Environnement, avec le cabinet, notamment, et le milieu municipal, voir
comment qu'on peut répondre à cette préoccupation-là, parce que notre but n'est
certainement pas de freiner l'ambition, là, des municipalités.
Donc, un petit élément que je voulais vous
mentionner, vous parliez d'une hausse des redevances plus fréquente qu'aux cinq
ans. Le projet de loi... en fait, pas directement le projet de loi, le projet
de règlement évoque une indexation, déjà, de 3 % à chaque année, donc, sur
cinq ans, c'est 15 % supplémentaire. Ça peut paraître bien peu, mais ce
que l'on dit aussi, dans la réglementation et dans le projet de loi, c'est que,
dorénavant, il y a une révision aux cinq ans qui va se faire. Non seulement
l'indexation, elle est automatique, mais aux cinq ans... dans cinq ans, là, c'est
une hausse essentiellement de 900 % que l'on propose. Si, dans cinq ans,
le gouvernement de l'époque... le futur gouvernement devait convenir que ça n'a
pas généré suffisamment de réduction au niveau de la consommation, peut être
qu'il y aura une autre hausse aussi d'importance dans cinq ans, mais déjà, dans
l'intervalle, il y a un 3 % d'indexation. Donc, je voulais le mentionner.
Vous disiez, là, ça va peut-être
nécessiter une petite question de ma part... est-ce que j'ai compris que vous
souhaiteriez qu'on augmente encore davantage la redevance pour le secteur
industriel? Est-ce que c'est ce que je dois comprendre de votre propos, et
quels secteurs industriels en particulier?
• (15 h 20) •
Mme Vodanovic (Maja) : Oui.
L'ensemble du secteur industriel. Vous avez augmenté, pour l'eau, c'était à
500 $ par million de litres, qui reste quand même très peu, ça fait juste
0,5$, ça fait 50 sous par mètre cube, qui est quand même bas comparé à d'autres
villes européennes, là. Et ce qui est pour... vous l'avez augmenté pour
l'industrie à... 0,03$, jusqu'à 0,03$ par mètre cube et 0,15$ par mètre cube.
On pense qu'on peut aller plus haut, quand des villes, des pays européens, par
exemple, comme l'Angleterre, c'est 4,5 $, jusqu'à 10$ et même 11 $.
Alors, on pense qu'il y a une marge de manœuvre et il y a même des études qui
disent qu'on pourrait aller chercher jusqu'à 400 millions de dollars par
année dans le fonds bleu avec des redevances. On fait juste dire qu'il y a une
marge de... On comprend qu'on était très bas, alors pour monter à 30 millions,
c'est...
Mme Vodanovic (Maja) : ...beaucoup,
mais on était tellement bas, puis l'eau est tellement précieuse. Et, comme je
vous dis, juste l'eau de l'aqueduc municipal, c'est presque 3 $ le mètre
cube. Alors, on pense que l'industrie devrait payer, également, plus.
M. Charette : C'est,
définitivement, trop bas actuellement, il n'y a aucun, aucun doute. Ce qui,
moi, me désole encore davantage, c'est qu'il n'y ait pas eu d'indexation, là,
depuis plusieurs années. Donc, on vient corriger ces deux éléments là. Je
comprends l'exemple européen. Nous, on est dans un contexte nord-américain, et
en Amérique du Nord, avec les taux que l'on propose, franchement, on vient
occuper une position de leadership.
Mais ce que je mentionnais aussi hier,
l'utilisation des sommes n'est pas la même du côté européen. Vous parlez en
mètres cubes. Nous, souvent, pour simplifier la discussion, on parle de
millions de litres. C'est peut-être un petit peu plus facile à considérer ou à
visualiser. Mais du côté du Danemark, par exemple, on peut être à
10 000 $ le million de litres, mais l'usage qui est fait de ces
sommes-là est complètement différent. Le Danemark va financer le développement
de son réseau d'aqueduc avec les redevances sur l'eau, ce qui n'est pas
l'approche, là, que l'on retient. Mais, encore une fois, je le mentionnais, il
faut le financer, ce réseau d'aqueduc là, et c'est là où c'est davantage avec
des crédits budgétaires, là, gouvernementaux, là, que le financement se fait.
Mme Vodanovic (Maja) : Est-ce
que je pourrais...
M. Charette : Bien sûr, bien
sûr.
Mme Vodanovic (Maja) : Je
veux juste... J'aimerais juste répondre à ce que vous avez dit pour la gestion
de l'eau, que le Fonds bleu ne cadre pas avec votre vision, qu'il ne pourrait
pas payer les infrastructures de l'eau. Mais vous souhaitez que le Fonds bleu
protège la qualité de l'eau, et il n'y a rien de plus performant que des
systèmes performants d'égouts des municipalités. Parce que, même, le ministère nous
demande, nous exige de mettre des normes très, très sévères dans nos
infrastructures, et simplement enlever l'azote de l'eau de Montréal, ça va nous
coûter 2,5 milliards de dollars d'investissements. Enlever les
virus et les bactéries, ça nous coûte presque 1 milliard, en ce moment,
pour le système d'ozonation. On fait juste dire que c'est les municipalités,
avec leurs égouts, qui polluent le plus les bassins en ce moment, alors ne pas
vouloir financer, à la hauteur des besoins, ces infrastructures-là ne nous aide
pas à assainir l'eau. Ça reste très, très peu pour la quantité qu'on peut
faire.
M. Charette : Je comprends
tout ce que vous dites, mais ce n'est pas ce que je dis. Ce n'est pas qu'on ne
veut pas vous aider, ce n'est pas le Fonds bleu qui est le bon outil pour vous
aider à ce niveau-là. C'est davantage des programmes comme le PRIMEAU, qui a
été rehaussé, notamment...
Mme Vodanovic (Maja) : D'ailleurs,
j'aimerais juste vous dire, sur le PRIMEAU, je vous remercie énormément pour le
PRIMEAU, mais c'est surtout sur les conduites. Mais... Et on vous remercie pour
l'argent qui a été versé à Montréal, mais c'est insuffisant. Alors, comme vous
le savez, les villes ont besoin de 2 milliards par année pour combattre
les changements climatiques et les inondations. Alors, je veux juste vous dire
que 100 millions par année, c'est bien, mais c'est insuffisant.
M. Charette : Le
2 milliards par année, on pourra en discuter. Ça peut même être autour
d'une bière, éventuellement.
Mme Vodanovic (Maja) : Avec
plaisir.
M. Charette : Mais on déborde
largement, mais largement le cadre du Fonds bleu. Et même, dans ces
revendications-là, on est dans des lieux qui nous éloignent passablement de
l'eau, lorsqu'on parle, par exemple, du réseau routier à entretenir, et, là
aussi, je suis d'accord. Donc, on se rejoint là-dessus, mais ce n'est pas
l'objet du projet de loi.
Vous parliez également, là, de collaborer
pour déterminer et retenir l'intérêt commun. C'est la raison pour laquelle ça
ne peut pas être un seul secteur qui soit le principal récipiendaire des fonds
du Fonds bleu. Et c'est la raison pour laquelle on a mis en place le Forum
d'action sur l'eau. Merci d'y contribuer. Et dans ce forum-là, le but de
l'exercice, c'est le suivant : chaque acteur joue un rôle incontournable
au niveau de l'eau, mais chaque acteur doit s'oublier un petit peu, dans ces
travaux-là, pour, justement, déterminer l'intérêt commun. Donc, les villes sont
représentées, le secteur agricole est représenté, le secteur scientifique, mais
quand les villes parlent, mon souhait, c'est que les villes ne parlent pas dans
le seul intérêt des villes, quand le secteur agricole parle, qu'il ne parle pas
que dans le seul intérêt du secteur agricole, mais que tous ensemble arriviez à
parler d'une seule voix pour la protection de l'eau, en général. Parce que, si
on réunit des acteurs qui ne parlent que pour leurs propres, je dis, intérêts,
pas de façon péjorative, là, mais selon leur seule mission à eux, bien, ça n'a
pas de pertinence, là. Donc, chacun doit s'oublier un petit peu pour arriver à
mettre de l'avant l'intérêt commun.
Et le forum d'action, jusqu'à...
M. Charette : ...donne des
résultats drôlement intéressants à ce niveau-là. J'ai drôlement hâte de voir le
prochain rapport, qui viendra nous aider à orienter ou à prioriser ce qui
devrait être financé par le Fonds bleu, mais ce ne sera pas qu'une vision
municipale, ou qu'une vision agricole, ou qu'une vision scientifique, c'est
réellement l'ensemble des visions qui, je vais le souhaiter, vont se retrouver,
là, dans ce rapport. C'est dans quelques mois. Je sais que ma collègue
d'Argenteuil pilote les travaux de main de maître, mais je suis à distance ces
travaux-là avec beaucoup d'intérêt, et j'aurai aussi beaucoup de plaisir et de
curiosité à vous lire, ultimement.
Là, je regarde mes collègues, je sens que
j'ai déjà trop parlé. Peut-être une petite dernière intervention.
Lac-Saint-Charles, c'est une très belle
illustration du type de collaboration que l'on veut générer à travers, oui, le
Fonds bleu, mais le forum d'action. Lorsqu'on a fait l'annonce, il y a quelques
mois maintenant, on venait toucher différents secteurs, autant protéger les
milieux humides avoisinants, autant s'assurer que les systèmes sanitaires
privés puissent être mis aux normes. Donc, on est venus s'attaquer à plusieurs
facteurs de détérioration, mais avec une collaboration autant de la ville, que
du milieu environnemental du secteur, que du gouvernement du Québec. Donc,
c'est une belle illustration de ce que pourra permettre, je pense, le Fonds
bleu. Et, oui, le lac Saint-Charles, pour la région de Québec, c'est un
incontournable, donc il fallait s'y attaquer et s'y attarder, là, de façon
particulière.
Donc, pour ne pas me faire reprocher de
trop parler par mes collègues, je vais laisser...
Mme Vallières-Roland (Catherine) :
M. le ministre...
M. Charette : Oui, bien sûr.
Mme Vallières-Roland (Catherine) :
...est-ce que vous me permettez de réagir à vos propos concernant votre
souci d'impliquer aussi d'autres acteurs? Puis je tiens à vous rassurer à
l'effet qu'il existe aussi des mécanismes pour, justement, nos municipalités
pour prendre le pouls des préoccupations aussi du milieu. Donc, il y a vraiment
des espaces de concertation, et je vous en donne un exemple : la Table de
concertation sur la gestion intégrée du fleuve Saint-Laurent, sur laquelle je
siège, qui permet justement de prendre, disons, le pouls à la fois des
organismes de bassin versant, des entreprises, puisque le milieu des affaires y
siège également, le milieu agricole. Donc, on a exactement le même souci que
vous de prendre en compte, je dirais, leurs préoccupations. La nôtre, bien sûr,
est reliée à l'ensemble des responsabilités que possèdent les villes que ne
possèdent pas les autres organismes, donc, du fait que nous avons aussi à gérer
cette précieuse ressource. Alors, c'est la raison pour laquelle on insistait
sur ce point.
M. Charette : C'est gentil.
Merci beaucoup.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le ministre. Je cède maintenant la parole à M. le député de René-Lévesque.
M. Montigny : Merci beaucoup,
M. le Président. Bon, il ne nous reste presque pas de temps. Je vais essayer de
me concentrer sur l'essentiel. Alors, je connais l'organisation que vous
représentez, j'ai été maire de Baie-Comeau pendant cinq ans, on a eu déjà des
discussions ensemble. Ça fait plaisir de vous retrouver.
• (15 h 30) •
Évidemment, comme maire, on a toujours
cette demande constante d'augmenter les budgets municipaux en demandant à
Québec de faire ça. Moi, j'ai envie de voir avec vous, avec le temps qu'il me
reste, qu'est-ce que vous pouvez faire pour contribuer, comme municipalités,
particulièrement votre groupement, qui sont des municipalités en forte croissance
dans des régions populeuses, versus d'autres municipalités comme où j'ai été
maire, où il y a une décroissance, qu'est-ce que vous pouvez faire, vous, comme
villes en forte croissance, dans le secteur particulièrement vers les Grands
Lacs, pour contribuer à ce qu'on est en train de mettre en place comme nouvelle
législation, le Fonds bleu, etc. Comment vous pouvez contribuer?
Mme Vodanovic (Maja) : Je
pense qu'il faut arrêter de se voir... C'est-tu correct? Je pense qu'il faut
arrêter de se voir en opposition, les villes vis-à-vis le gouvernement, le
gouvernement vis-à-vis les autres États, parce que l'urgence climatique nous
pousse à dire : On va s'asseoir tous autour de la même table, un peu comme
vous voulez faire, M. le ministre, mettre tout le monde autour de la même table
et dire c'est quoi, les solutions qu'on peut amener ensemble, tu sais, c'est
quoi. Les villes doivent taxer davantage, oui. Comme la province de l'Ontario,
eux, ils ont une obligation de taxer et que leur système d'eau soit autofinancé
à travers les taxes municipales. Est-ce que le gouvernement du Québec veut
imposer ça aux municipalités, qui sont déjà... nos citoyens sont déjà surtaxés?
Alors, qu'est-ce qu'on peut faire ensemble? Moi, je pense qu'il faut s'asseoir
ensemble...
15 h 30 (version révisée)
Mme Vodanovic (Maja) : ...municipalités
et notre gouvernement pour voir quelles sont les solutions pour un financement
durable de notre ressource et de nos infrastructures. C'est primordial.
M. Montigny : ...secondes?
Le Président (M. Jacques) : 40 secondes.
M. Montigny : 40 secondes.
Bien, simplement, nous dire... Tu sais, vous avez demandé au fédéral, en
janvier, de s'investir davantage. Vous leur avez demandé quoi, au fédéral?
M. Desbiens (Frédérick) : Je
peux répondre. Alors, nos représentations ont principalement porté sur le...
sur le plan d'action sur... C'est très anglais, hein, lorsqu'on est au fédéral,
alors, c'est le... c'était pour renforcer le Plan d'action sur l'eau douce, l'amener
à 1 milliard sur les 10 prochaines années. Ils l'ont fait jusqu'à 620 millions,
si je ne me trompe pas. Donc, de ce côté-là, on se compare assez favorablement.
Puis, de la même manière, on a fait
beaucoup de représentations auprès de l'Agence canadienne de l'eau, bien, pour
concrétiser cette agence-là, parce qu'on pense effectivement que toutes les
juridictions qui sont impliquées dans la gestion durable de l'eau doivent être
à la table pour faire avancer les connaissances, partager les meilleures
pratiques, etc. Donc, c'est... ça a été essentiellement le sujet de nos
représentations auprès du gouvernement fédéral.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup pour cette période d'échange. Je cède maintenant la parole à l'opposition
officielle et à Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce pour 12 min 20 s.
Mme McGraw : Merci, M. le
Président. Et bienvenue, merci d'être avec nous, pour la présentation, le
mémoire très intéressant, des recommandations très intéressantes. Et d'ailleurs
je vais commencer avec le point sur l'Agence canadienne de l'eau. Je sais qu'en
crédits... le ministre le sait, et le ministre Roberge aussi, qu'on a été déçus
que le Québec ne s'est même pas porté comme candidat pour recevoir. Malgré les
ressources, malgré notre or bleu, on ne s'est même pas porté candidat pour être
le candidat, justement, pour recevoir cette agence-là. Parce qu'on sait que c'est
une vraie richesse au Québec, c'est une force, et on peut jouer un rôle de
premier plan. Donc, je souligne ça.
Alors, j'ai des questions. Première
question, Mme la mairesse, ce serait de... Bien, je sais qu'il y a deux madames
la mairesse. La valorisation de l'eau à Montréal et Québec, si je comprends
bien, on le valorise, vous le valorisez à 2 500 $ par... C'est bien
ça, 2 500 $? Est-ce que vous pouvez élaborer le calcul? C'est des...
c'est des services écologiques. Est-ce que vous pouvez en discuter ou
détailler?
Mme Vodanovic (Maja) : Oui. À
Montréal, en fait, c'est 2 900 $, et, à Québec, c'est 2 300 $,
c'est ça, qu'on calcule. Alors, ça, ça inclut le coût des infrastructures et du
maintien des infrastructures, le coût des usines de filtration, la mise à
niveau des usines de filtration, mais ça n'inclut pas tout... encore tous les
coûts de mise aux normes qu'on doit faire, mais juste la gestion de tout le
réseau pour prendre l'eau brute, la traiter, l'acheminer jusqu'à la maison et,
après, prendre cette eau et la purifier avant de la rejeter. Et Montréal, on
traite plus que 50 % des eaux usées du Québec, alors on a une valeur d'infrastructures
de 33 milliards de dollars.
Mme McGraw : Merci. C'est
bien intéressant. Et d'ailleurs, si je comprends bien, vous proposez une
approche intégrée. Parce qu'on reconnaît, si je comprends bien, par exemple,
les égouts, le rôle, la pollution des eaux, et, justement, c'est l'investissement
dans les infrastructures, si je comprends bien. Si je comprends bien, il y a un
déficit de 38 milliards de dollars, et on comprend que ça pourrait
venir... pas nécessairement du Fonds bleu, parce que, déjà, avec un 500 000 $,
je pense que... C'était un 650 millions qui a été promis, au début, on est
rendu avec 500 millions, donc c'est... le déficit... le déficit est
beaucoup plus large.
Alors, ce serait intéressant d'en savoir
plus, d'avoir des exemples plus concrets par rapport à... avec un
investissement plus poussé ou même avec un 2 milliards, par exemple, à quoi
pourraient servir... avec des exemples... concrets, je devrais dire, le 2 milliards
par an qui a été demandé par le Parc vert des municipalités. Vous savez
peut-être, ce matin, j'ai posé une question là-dessus. Donc, je vous écoute.
Mme Vodanovic (Maja) : Moi, j'aimerais
juste dire deux choses, une chose sur l'Agence canadienne de l'eau, je pense,
qu'une collègue de l'administration a posée : Qu'est-ce qu'on peut faire
pour améliorer les choses, qu'est-ce que les municipalités peuvent faire? Bien,
il y a une chose, en ce moment, il y a énormément de... comme on dit en
anglais, de «red tape», hein? C'est très, très, très difficile d'avoir les permis
pour réaliser nos infrastructures vertes, pour contrer les changements
climatiques. C'est très difficile. Alors, il y a des... il y a des normes
fédérales qui s'ajoutent aux normes provinciales et il y a plusieurs niveaux de
normes de ministères, fédérales, alors on aimerait que le Québec participe à
l'Agence canadienne de l'eau pour <essayer...
Mme Vodanovic (Maja) :
...fédérales,
alors on aimerait que le Québec participe à l'Agence canadienne de l'eau pour >essayer
de réduire... pas de réduire les normes, on veut quand même que ce soit
performant puis qu'on fasse les bonnes choses, mais de simplifier et adapter à
la réalité des villes en 2023. En ce moment, on est pris dans une sorte
d'imbroglio de normes qui se chevauchent. Alors, aidez-nous pour ça, on va
s'aider entre nous avec ça. De un.
De deux, on a besoin d'investissements
dans les infrastructures de l'eau qui sont vieillissantes, parce que, quand un
tuyau, un collecteur... quand il brise, quand il n'est pas maintenu, bien là,
ça coûte 10 fois plus à une municipalité pour le réparer. Et nous, en ce
moment, à la ville de Montréal, et vous avez tous les chiffres parce qu'on doit
rendre compte à tous les ans au gouvernements du Québec, on a un besoin
d'investissements minimal de 1 milliard à Montréal et on arrive juste à
mettre 500 millions pour maintenir notre infrastructure. Et là il y a
plein de normes qu'on doit... qu'on doit... comment qu'on dit, des normes qu'on
doit respecter, on doit respecter certaines normes.
Et d'ailleurs l'usine d'ozonation est
faite pour respecter une certaine norme, et cette usine va enlever 99 %
des bactéries du fleuve pour les villes qui sont en amont de la ville de
Montréal. Alors, on contribue directement à la qualité de l'écosystème du lac
Saint-Pierre et à la qualité de l'eau de la source d'eau potable pour toutes
les villes qui se trouvent après Montréal. Alors, c'est des gains énormes pour
les municipalités quand on investit dans nos infrastructures.
M. Desbiens (Frédérick) : Si
vous me permettez juste d'ajouter un petit élément. Alors, vraiment rapidement,
sur la question de l'élargissement, là, du champ d'action du fonds, qui est un
peu ce dont il vient d'être question, l'idée, ici, ce n'est pas nécessairement
de faire une concurrence entre différents programmes, etc. La raison pour
laquelle on parle d'optimisation, dans notre recommandation, c'est qu'on pense
qu'à bien des égards il y a certains moments, dans la réglementation, etc., et
dans le financement des mesures par d'autres programmes, que ça devient très
difficile pour les municipalités d'avoir des petites... de poser des petits
gestes très, très, très concrets qui permettent de mettre en place une nouvelle
technologie, par exemple.
Et cette technologie-là, elle porte
directement sur le fait... elle porte directement sur la protection de l'eau,
là. On ne parle pas de... on ne parle pas nécessairement d'investir des
milliards par le biais du Fonds bleu dans la protection, dans la mise à jour de
nos infrastructures, on parle de trouver des petits endroits spécifiques qui
permettent d'obtenir de très grands gains.
Mme Vodanovic (Maja) : Et
d'ailleurs... j'aimerais juste renchérir là-dessus, d'ailleurs, les villes ont
besoin de sommes prévisibles, parce que planifier la remise en œuvre d'une
infrastructure, ça prend 10 ans. Alors, on ne peut pas avoir juste un
petit programme par-ci, par-là. On a besoin de stabilité pour faire du bon
travail.
Mme McGraw : Merci d'avoir...
Puis vous avez parlé de la prévisibilité et de la pérennité aussi du
financement. Donc, on sait qu'il y a des groupes qui sont venus nous parler du
38 milliards de dollars pour l'investissement dans le maintien des
actifs en infrastructures. Est-ce que vous avez d'autres choses à ajouter? Comment,
concrètement, cet investissement de protection de l'eau pourrait protéger les
écosystèmes de l'eau? Est-ce que vous avez d'autres choses à ajouter là-dessus?
Mme Vodanovic (Maja) : Bien,
je pense que si... M. le ministre disait tantôt que ça englobe les
infrastructures en général, mais la moitié de ça, c'est les infrastructures de
l'eau. Et les villes ont vraiment besoin d'innover en ce moment pour faire des
infrastructures vertes, parce qu'en ce moment, il y a tellement d'eau qui tombe
d'un coup que nos infrastructures ne sont pas suffisantes, alors les gens
s'inondent. Alors, oui, il y a de l'inondation sur les berges avec les fleuves
et les rivières, mais les villes inondent de l'intérieur parce que nos égouts
ne suffisent pas.
• (15 h 40) •
Alors, il faut innover à faire en sorte
d'enlever de l'asphalte sur nos rues et faire des bassins verts qui absorbent
l'eau, planter des arbres. Et ça, ça prend énormément de planification et de...
mon Dieu!, de flexibilité, d'argent pour le faire, pour protéger nos citoyens à
l'intérieur de nos villes. Alors, en fait, Montréal vit plusieurs épisodes
d'inondations. En tout cas, vous le voyez un peu partout, en arrivant ici, à
Québec, je le voyais.
Alors, en fait, on tend la main, là, on ne
veut pas dire... je ne veux pas être ici en train de dire : On a besoin
d'argent, M. le ministre. Je fais juste vous dire l'état des choses, puis qu'on
veut contribuer à dépolluer notre fleuve, puis qu'on a besoin de trouver des
solutions communes, ensemble, puis on est contents que vous ameniez ce
fonds-là. Voilà.
Mme McGraw : Et tout le monde
est d'accord que le fonds, c'est un pas important dans la bonne direction, c'est
absolument ça, mais, si je comprends bien, vous parlez d'une approche intégrée,
cohérente, coordonnée au niveau du fonds, mais le fonds aussi avec d'autres
fonds, et qu'il y a un défi plus... encore plus large en ce qui... <l'infrastructure...
Mme McGraw :
...au
niveau du fonds, mais le fonds aussi avec d'autres fonds, et qu'il y a un défi
plus... encore plus large en ce qui... >l'infrastructure d'eau, qu'on
peut faire un pas en avant important, mais des pas, en arrière avec les
infrastructures vieillissantes, etc., si je comprends bien.
Mme Vodanovic (Maja) : ...exemple
concret de ce qu'on fait maintenant à la ville de Montréal dans les
infrastructures : à chaque fois qu'on change un tuyau important dans une
rue, on ne refait jamais la rue à l'identique, on ajoute des trottoirs avec des
saillies drainantes, on ajoute de la verdure, on ajoute des arbres. Ça coûte
plus cher, oui, mais, à la longue, ça va faire une ville plus résiliente. Et ça
prend beaucoup plus de temps à planifier, mais... Et aussi ça nous demande de
rapiécer plusieurs différents programmes, là, et que la ville de Montréal est
très efficace à faire.
Mme Vallières-Roland (Catherine) :
...
Mme McGraw : Oui, s'il vous
plaît. Oui.
Mme Vallières-Roland (Catherine) :
Vous parliez d'approche intégrée. C'est effectivement l'approche, là, qu'on
adopte, à l'Alliance. Il y a, bien sûr... individuellement, chacune de nos
villes peut, bien sûr, investir dans nos infrastructures, mais il y a... on
peut agir aussi à d'autres niveaux, donc, au niveau réglementaire, au niveau
des normes. Et c'est à cet égard-là qu'on travaille, justement, avec vous, avec
le gouvernement du Québec, mais aussi où on fait pression sur le gouvernement
fédéral, justement, pour avoir notre juste part.
Et il y a aussi... À travers l'Alliance,
il y a des représentations que les villes québécoises peuvent faire auprès du
gouvernement fédéral américain et des États américains, qui, comme vous le
savez... dont les décisions ont un impact vraiment très, très important sur,
justement, notre capacité à protéger notre eau. Et le message, aussi, je tiens
à le réitérer : Qu'on a besoin de vous pour, également, transmettre ce
message, à la fois au gouvernement... au gouvernement canadien pour aller
chercher les sommes et aussi la souplesse dont Maja parlait tout à l'heure sur
le plan réglementaire et législatif.
M. Desbiens (Frédérick) : Si
vous me permettez, rapidement, lorsqu'on parle de l'importance d'agir en
collaboration avec les autres juridictions, c'est très important de comprendre
qu'à l'échelle de l'histoire, là, les plus grandes avancées qui se sont faites
dans le bassin... puis, nous, notre unité de référence, c'est vraiment le
bassin des Grands Lacs et du fleuve Saint-Laurent, bien, la plupart du temps,
ça a lieu par le biais d'un accord international. Je vous donne, par exemple,
le cas de l'Accord sur la qualité de l'eau dans les Grands Lacs. C'est vraiment
suite à cet accord-là, qui a été adopté dans les années 60, à peu près,
là, que les villes dans tous les Grands Lacs autour... dans tous les... tout
autour des Grands Lacs ont pu se doter d'infrastructures qui allaient faire en
sorte, finalement, que les rivières... parce qu'à l'époque, c'était le cas, que
les rivières arrêtaient de partir en feu.
Donc, c'est des images assez fortes, mais
c'est vraiment par le biais de ces accords-là que, finalement, on a des impacts
concrets. Parce que chacune des juridictions, finalement, adopte une norme et
l'applique de manière cohérente sur l'ensemble du territoire. Donc, si on ne le
fait pas, bien, les microplastiques, par exemple, c'est quoi, notre réel levier
d'action là-dessus? Les PFAC... PFAS, c'est quoi, notre levier d'action
là-dessus, si on ne s'engage pas avec le fédéral et les États-Unis? Alors, je
pense que poser la question, c'est y répondre.
Mme McGraw : Donc, je crois
qu'il me reste quelques secondes. Donc, si vous avez... J'ai d'autres
questions, mais est-ce que vous avez, en conclusion, quelque chose à ajouter?
Sinon, je...
Mme Vodanovic (Maja) : Bien,
je pourrais dire, rapidement, là, une des raisons pour laquelle on devrait
vraiment prêter une bonne oreille envers les États-Unis... On y est allés,
dernièrement, à Washington, et il y a vraiment des discussions. Les gens des
États-Unis, que, vous savez, ont soif d'eau, en Californie, bien, ils pensent
venir prendre l'eau des Grands Lacs. C'est des discussions en cours.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup. Ça termine l'échange. Et j'invite maintenant la députée de Verdun à
prendre la parole pour 4 min 7 s.
Mme Zaga Mendez : Merci. Merci
beaucoup. Merci beaucoup pour votre présentation. Tout à l'heure, on parlait un
peu des objectifs du Fonds bleu vis-à-vis les besoins des municipalités.
Donc, je voulais un peu vous entendre
sur... Est-ce que, selon vous, le Fonds bleu, tel que proposé dans le PL n° 20,
répond à l'ensemble des besoins des municipalités en termes de gestion et
préservation de l'eau?
Mme Vodanovic (Maja) : Bien,
moi, je peux dire que le Fonds bleu est une très bonne chose, c'est un bon
premier pas, mais c'est sûr qu'avec 100 millions par année, on ne va pas
loin. Mais c'est très bien, par exemple, qu'il va s'occuper des fosses
septiques autour des lacs, tu sais. Il y a plusieurs actions qui sont
absolument nécessaires, le contrôle de l'eau embouteillée dans les... tout ça,
c'est des excellentes initiatives, mais ça reste insuffisant. Même combiné avec
les autres fonds, c'est insuffisant pour vraiment rendre en sorte que Québec
soit résiliente face à l'urgence climatique.
Mme Zaga Mendez : Et si... On
a peu de <temps...
Mme Vodanovic (Maja) :
...soit
résiliente face à l'urgence climatique.
Mme Zaga Mendez :
Et
si... On a peu de >temps, mais, si vous voulez développer un peu plus
sur le besoin des 2 millions... milliards de dollars par année. Quels types
d'activités seraient financées avec ces fonds-là?
Mme Vodanovic (Maja) : Je
pourrais y aller. Une des activités, c'est nécessairement les infrastructures
vertes, immuniser les immeubles, les gens qui sont de plus en plus inondés dans
les villes, faire des bassins de rétention. Un bassin de rétention et des
élargissements de conduites, ça peut coûter entre 50 et
100 millions de dollars à la ville de Montréal. Ça, c'est pour capter
les eaux combinées de pluie et d'égout, les retenir dans un bassin sous terre
avant qu'elles ne soient rejetées... pour ne pas qu'elles ne soient rejetées
dans le fleuve. Alors, on contribue directement à protéger la qualité de la
source d'eau potable pour les villes autour de l'île de Montréal. Alors, ça,
c'est une action.
Puis l'autre action, c'est de moderniser
nos usines d'eau potable, et une autre action pour que la qualité de l'eau soit
meilleure est de colmater les fuites. La ville de Montréal a encore 30 %
de son eau qui disparaît sous terre, dans des fuites, et ça, ça demande, bien
sûr, beaucoup de... beaucoup de travail, beaucoup de gestion, d'auscultation
pour réparer tout ça. Et, bien sûr, investir dans nos usines d'épuration, c'est...
Le travail est infini.
Mme Vallières-Roland (Catherine) :
...
Mme Zaga Mendez : Allez-y,
allez-y.
Mme Vallières-Roland (Catherine) :
...on a sensiblement les mêmes besoins, mais je reviens, tout à l'heure, à
l'intervention de M. le député sur quelle est la contribution des villes. Et,
bien sûr, on demande à avoir du financement additionnel, mais, à la ville de
Québec, il faut savoir qu'au dernier budget on s'est dotés d'une réserve en
changements climatiques... en fait, pour lutter contre les changements
climatiques, à investir dans les infrastructures, donc, on a mis
15 millions de côté, mais pour atteindre la somme de 300 millions
d'ici 2028. Donc, on souhaite justement, en le faisant, faire notre part, mais,
bien sûr, ces sommes-là sont insuffisantes, et c'est la raison pour laquelle,
avec l'Union des municipalités du Québec, là, on a... Dans le fond, l'ensemble
des municipalités, là, demande à avoir le montant de 2 milliards.
Mme Zaga Mendez : Merci. Et
j'imagine que c'est... il y a un lien direct avec votre recommandation n° 2,
c'est-à-dire d'augmenter les redevances pour aller chercher plus des sous et
financer, donc...
M. Desbiens (Frédérick) : Rapidement,
en effet, pour nous, les redevances, c'est d'abord et avant tout un outil
économique qui permet de recapturer une externalité négative sur une activité
économique donnée. Alors, à ce titre-là, bien, nous, on juge qu'il y a plusieurs
activités économiques industrielles qui ont probablement un impact
environnemental assez grand...
Le Président (M. Jacques) : En
terminant.
M. Desbiens (Frédérick) : ...puis
que, donc, il pourrait y avoir des... un montant plus adapté à cet impact-là.
Mme Zaga Mendez : Merci
beaucoup.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup pour votre contribution à nos travaux.
Et je suspends quelques instants pour
recevoir un nouveau groupe. Merci beaucoup.
(Suspension de la séance à 15 h 50)
(Reprise à 15 h 53)
Le Président (M. Jacques) : Donc,
nous sommes de retour, et je souhaite la bienvenue au représentant de
l'Association canadienne des boissons. Je vous rappelle que vous disposez de 10
minutes pour votre exposé, après quoi nous procéderons à la période d'échange
avec les membres de la commission. Je vous invite donc à vous présenter et à
commencer votre exposé.
M. Pelletier (Martin-Pierre) : Merci
beaucoup, M. le Président, M. le ministre, Mmes, MM. les députés. Merci
beaucoup aux membres de la commission de nous avoir invités à témoigner devant
vous aujourd'hui. Mon nom est Martin-Pierre Pelletier. Je représente
l'Association canadienne des boissons et son chapitre québécois.
Mme Krista Scaldwell, la présidente de l'association, m'a demandé de la
remplacer aujourd'hui devant vous.
La division québécoise de l'Association
canadienne des boissons représente les compagnies qui produisent et distribuent
les boissons gazeuses, entre autres, mais aussi les autres boissons non
alcoolisées au Québec. Notre association, donc, c'est environ... plus d'une
centaine de marques de boissons gazeuses, de jus, de boissons à base de jus,
d'eau embouteillée, de boissons pour sportifs, de thé et de café prêts à
servir, de boissons énergisantes et d'autres boissons non alcoolisées. Pour
faire ça simple, là, quand vous allez à l'épicerie, la rangée des boissons,
85 % de ce que vous trouvez dans cette rangée-là, c'est nos membres qui
les produisent.
Donc, les membres de notre association
emploient directement 1 500 Québécois et Québécoises, environ
13 000 emplois au Québec aussi, indirects et répartis sur la grandeur
du territoire québécois. Donc, que ce soit en Abitibi, dans l'ouest du Québec,
en Estrie, en Montérégie, à Montréal, à Québec ou dans l'Est-du-Québec, nous
sommes vraiment très présents dans toutes les régions.
Je ne peux pas me présenter à vous
aujourd'hui sans prendre 10 secondes de mon temps pour vous parler du
système de consigne. C'est avec grand plaisir que nous avons été une des
associations qui a créé l'AQRCB, qui est l'organisme de gestion désigné par le
gouvernement. Nous envisageons le travail avec le gouvernement, puis avec
l'Assemblée nationale au complet, qui a adopté le projet de loi visant
l'élargissement de la consigne et sa modernisation... donc, nous sommes très
enthousiasmes... très enthousiastes, pardon, sur ce chantier de taille, mais
que nous allons livrer avec succès dans les prochains mois.
Maintenant, la création du Fonds bleu.
D'emblée, j'aimerais souligner aux membres de la commission que les membres de
notre association partagent les objectifs du gouvernement avec la création du
Fonds bleu. Tout comme le gouvernement et très certainement les membres de
cette commission, les membres de notre association ont à cœur la protection de
la ressource eau, et c'est pourquoi nous appuyons la mise en place d'un tel
fonds. L'eau, qu'elle soit de source ou de provenance municipale, est l'ingrédient
principal de tous les produits que nous fabriquons. Nous avons donc intérêt à
traiter cette ressource avec la plus grande diligence, et ce, pour les
générations à venir. La conservation et l'utilisation responsable de l'eau sont
les piliers centraux de l'engagement des membres de l'Association canadienne
des boissons à l'égard de la responsabilité sociale des entreprises. C'est
important pour le Québec d'aujourd'hui, de demain, tout comme pour nos
entreprises.
Avant même que le Fonds bleu soit considéré,
nos membres ont mis de l'avant plusieurs initiatives afin de réduire leur
consommation d'eau. Des exemples : des rinceuses à air ionisé, des
lubrifiants sans eau sur les lignes d'embouteillage, des boucles fermées pour
récupération de l'eau, la récupération d'eau de pluie, de la géothermie dans
nos usines. Vraiment, nous sommes à l'avant-garde de ce qui doit être fait pour
<économiser...
M. Pelletier (Martin-Pierre) :
...dans nos usines. Vraiment, nous sommes à l'avant-garde de ce qui
doit être fait pour >économiser l'eau qui est si chère pour nos
entreprises.
En ce qui concerne le projet de loi n° 20, en plus de la création du Fonds bleu, le projet de
loi vient modifier la Loi sur la qualité de l'environnement en ajoutant deux
articles préoccupants pour notre industrie puisqu'il donne au gouvernement un
pouvoir de limiter ou de bannir par règlements certains usages de l'eau
provenant d'un aqueduc et peut également déterminer les conditions ou
prohibitions applicables à l'offre de vente de produits dans des contenants à
remplissage unique. Cet article de loi confère au gouvernement ce nouveau
pouvoir et pose pour nous certaines inquiétudes.
Nous pensons que ce pouvoir doit être
beaucoup mieux encadré par la loi. À ce jour, aucune précision n'a été fournie,
si ce n'est des commentaires, encore aujourd'hui, de M. le ministre mentionnant
que des compagnies embouteillaient de l'eau municipale pour la revendre sans
aucun traitement. Il considérait cette pratique comme étant quelque chose qui
pourrait ultimement faire l'objet d'un tel bannissement, et ça nous préoccupe.
À notre connaissance, aucune entreprise au Québec n'embouteille de l'eau du
robinet pour la vendre par la suite. La grande majorité de nos membres
utilisent de l'eau municipale pour fabriquer leurs produits, tels les jus, les
boissons gazeuses, les thés glacés, une panoplie d'eau pétillante aromatisée ou
même des eaux plates. Il en va de même pour l'eau distillée que nous
fabriquons, fort utile pour nos hôpitaux et les pharmacies. Pour la fabrication
de l'ensemble de ces produits, l'eau que nous utilisons est traitée,
conditionnée pour les différents usages et profils de goût. L'eau que nous
utilisons sert à étancher la soif des Québécois. C'est l'usage le plus
important et le plus noble, d'après nous, de l'eau du Québec.
En ce qui concerne les redevances sur
l'eau, permettez-moi également aussi d'être clair sur nos propos à ce sujet.
Nous pensons qu'il est normal que l'ensemble des utilisateurs d'eau pour des
fins commerciales ou industrielles paient une redevance sur l'eau. On n'est pas
contre les redevances sur l'eau. Nous reconnaissons que le gouvernement a
l'intention de réduire l'écart entre les deux taux qui existent présentement,
mais, pour nous, l'équité pour l'ensemble des utilisateurs d'eau devrait être avoir
un taux unique. Que nous préparions des aliments, que nous l'avions des poulets
dans un abattoir ou que nous faisions pousser des tomates, que nous extractions
de la ressource naturelle ou que nous embouteillions des boissons, nous
utilisons tous de l'eau. Pourquoi mettre des taux différents en fonction de
certaines utilisations ou que certains secteurs soient complètement exclus? Le
gouvernement doit corriger cette injustice.
L'eau embouteillée et les autres boissons
ne représentent qu'une très petite partie de l'eau prélevée sur les sources
municipales et sur l'eau de source. En 2021, les données qui nous ont été
transmises, les plus récentes, le secteur des boissons au complet, donc ça
inclut notre industrie, le secteur brassicole, les spiritueux, on a utilisé
moins de 0,7 % de l'eau québécoise qui était assujettie aux redevances,
mais on a payé 17 % des redevances. C'est pour nous une injustice.
Nous nous opposons également à la surtaxe
proposée qui ajoute un montant de la redevance pour les embouteilleurs d'eau.
Le gouvernement instaure une redevance pour tenter de limiter ou réduire
l'utilisation de l'eau. Donc, le principe, derrière la redevance, c'est d'aider
ou de forcer une meilleure utilisation de l'eau en diminuant la consommation
d'eau par les entreprises. Bien, notre secteur utilise de l'eau pour les
besoins de l'hydratation humaine. Notre utilisation de l'eau est pour nourrir
les Québécois. Très difficile pour nous de réduire notre consommation d'eau. Le
corps humain a besoin d'une quantité de liquide pour fonctionner. Les femmes,
c'est à peu près 2,7 litres d'eau par jour, puis les hommes, c'est 3,7.
Donc notre capacité à réduire notre consommation d'eau est dépendante de la
quantité d'eau que les Québécois consomment. Quand je dis «eau», là, je parle
de l'ensemble des boissons.
• (16 heures) •
Le projet de loi vise également à rendre
des données publiques sur l'utilisation de l'eau. Le gouvernement désire
augmenter la transparence sur l'utilisation de l'eau pour les Québécois grâce
au projet de loi n° 20. C'est un objectif noble en
soi. L'eau étant une ressource appartenant à la collectivité, il est normal de
vouloir en informer la collectivité sur son utilisation. On est bien d'accord
avec ça. Nous croyons que le gouvernement pourrait atteindre cet objectif,
cependant, en rendant disponible au public des renseignements accessibles qui
montrent la consommation annuelle globale de chaque secteur d'activité en
fonction des quantités déclarées d'eau prélevée. Le gouvernement augmenterait
ainsi la transparence.
Invoquer l'intérêt public afin de déclarer
les quantités d'eau utilisées par les compagnies, pour nous, c'est faire fausse
route. Des analyses scientifiques en hydrologie sont effectuées pour déterminer
le niveau des permis de prélèvement d'eau. Les Québécois disposent de cette information
et peuvent ainsi savoir..
16 h (version révisée)
M. Pelletier (Martin-Pierre) : ...prélèvement
d'eau. Les Québécois disposent de cette information et peuvent ainsi savoir
combien d'eau chaque entreprise est autorisée à prendre par mois avec ces
permis, qui sont publics et sont sur le site du ministère de l'Environnement. L'émission
de ces permis par le gouvernement et le suivi du respect de ces derniers par le
gouvernement est ce qui procure la protection nécessaire à la population et à l'intérêt
public.
Là où nous avons un enjeu majeur est sur
la divulgation d'informations portant sur la quantité d'eau utilisée par chaque
entreprise. Ces informations sont confidentielles, et leur divulgation est
considérée comme préjudiciable sur le plan des données sensibles et
commerciales. Chaque entreprise traite ces données de façon hautement
confidentielle à l'interne. La quantité d'eau utilisée à l'intérieur des
limites du permis de prélèvement d'eau pour la source ou la quantité d'eau
municipale utilisée est un renseignement de nature commerciale et doit être protégé.
Les compagnies protègent ces renseignements pour qu'ils ne soient pas remis aux
compétiteurs. Nous agissons dans un secteur hautement compétitif. Divulguer le
volume d'eau annuel révélerait de façon incidente la capacité de production,
les niveaux de ventes et le chiffre d'affaires. Ces données pourraient créer
des opportunités pour des prises de contrôle par des entreprises étrangères,
pourraient avoir un impact sur les stratégies de commercialisation.
D'ailleurs, en 2010, lors de l'adoption de
la loi qui précède la loi sur les redevances... mettant en place les redevances
sur l'eau, les parlementaires avaient abordé la question de la confidentialité
de ces données et ils avaient convenu de l'importance de protéger ces
informations.
Finalement, un jugement a été rendu par la
Cour du Québec dans l'affaire Eau Secours! La Coalition québécoise pour une
gestion responsable de l'eau contre le ministère de l'Environnement et...
Le Président (M. Jacques) : En
terminant.
M. Pelletier (Martin-Pierre) : Oui.
Donc, en terminant, augmentez la transparence en publiant des données
sectorielles, mais, je vous en prie, protégez les données commerciales des
entreprises. Il me fera plaisir de répondre à vos questions.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup pour votre exposé. Nous allons commencer les discussions avec M. le
ministre.
M. Charette : Merci, M. le
Président. Merci d'être avec nous cet après-midi. J'ai sous les yeux un article
qui a été diffusé, là, qui a paru dans Le Devoir, il y a quelques
jours, tout juste. Le titre : Des embouteilleurs se disent injustement
ciblés par Québec. Vous êtes cité. Je pense que je ne peux pas être plus en
désaccord avec vos propos dans chacune de vos citations. Puis on va peut-être
les passer en revue, parce que vous les avez, entre autres, reprises dans votre
exposé.
Vous n'êtes pas injustement traités, je
vous rassure. On parle, essentiellement, là, d'embouteillage d'eau. Je sais que
vous représentez d'autres secteurs, là, mais mon propos va se concentrer sur l'embouteillage
d'eau. On convient que c'est une ressource qui ne vous appartient pas. Ce n'est
pas une ressource qui appartient au gouvernement du Québec. Ce n'est pas une
ressource qui appartient à quiconque, c'est une ressource collective. Donc, c'est
déjà un très, très grand privilège de prendre quelque chose qui ne vous
appartient pas et de vendre quelque chose, à votre profit, qui ne vous
appartient pas. Donc, quand on dit qu'on est injustement traité, je trouve qu'au
contraire il y a de grands privilèges qui ont été reconnus au cours des
dernières années, et des privilèges qui vont persister, qui vont perdurer, avec
une meilleure tarification. Donc, c'est un des éléments que je voulais dire d'entrée
de jeu.
Et pourquoi cette distinction? Vous
aimeriez qu'il y ait un taux unique. Il ne peut pas y avoir un taux unique.
Actuellement, il y a des entreprises qui utilisent l'eau et qui vont la
relâcher, dans une grande proportion, parce que, bon, c'est pour un procédé de
refroidissement, par exemple, mais, dans le cas des embouteilleurs d'eau, bien,
c'est 100 % capté, c'est 100 % embouteillé et c'est 100 % vendu
par la suite. C'est la raison pour laquelle il y a un taux distinct entre l'entreprise
qui utilise, qui rejette, et l'entreprise qui l'intègre. Et, dans certains cas,
bien qu'il n'y ait pas cette distinction-là, j'en verrais une entre une
entreprise qui l'intègre pour transformer un produit, mais, dans le cas de l'embouteillage
de l'eau, il n'y a même pas de transformation. C'est le produit tel quel qui
est pris et qui est vendu.
Le 500 $ auquel vous faites
référence, et vous parlez peut-être... ou vous évoquez une sorte de désavantage
commercial, c'est un 500 $ qui s'applique du côté ontarien. Donc, on est
venus se coller sur la réalité ontarienne. Et, de surcroît, quand vous parlez
de désavantage au niveau de la transparence, là aussi, je ne peux pas être plus
en désaccord que vous. En Ontario, ce sont des données publiques. On peut aller
chercher, pour chaque préleveur d'eau, la quantité exacte qui a été prélevée.
Et, à ce que je sache, ce sont des entreprises qui, malgré tout, continuent
d'opérer.
Et là où j'ai encore plus de misère...
Vous <dites...
M. Charette :
...entreprises
qui, malgré tout, continuent d'opérer.
Et là où j'ai encore plus de misère... Vous
>dites : Bien là, c'est nos secrets industriels. Bien, c'est une
ressource qui ne vous appartient pas, donc c'est normal qu'on soit transparent
sur ces questions-là, les Québécois le demandent, mais, même au niveau de la
gestion de l'eau, c'est nécessaire, pour nous, d'avoir ce type d'informations
là. Le gouvernement du Québec les a, mais les municipalités doivent les avoir
aussi. Lorsque vient le temps de développer leurs quartiers, lorsque vient le
temps de développer leurs secteurs industriels, ils doivent savoir quel est
l'usage de l'eau qui est fait sur leur territoire, pour savoir si telle ou
telle activité est compatible avec les disponibilités en eau. Donc, le besoin
de transparence, il est incontournable, et, là-dessus, malheureusement, vous
n'avez pas réussi à me convaincre.
Vous avez parlé d'une crainte que vous
avez. Je peux la comprendre, mais je vais vous expliquer pourquoi on va dans
cette direction-là. Oui, on veut, ultimement, limiter considérablement, sinon
interdire, l'embouteillage d'eau qui provient des réseaux d'aqueduc, parce
qu'encore une fois il n'y a aucune, aucune plus-value. On a la chance, au
Québec, d'avoir une eau municipale qui est de très haute qualité, donc,
lorsqu'on peut et lorsqu'on doit s'abreuver, bien, on a cette eau-là. Donc, il
n'y a aucune plus-value de l'embouteiller dans une bouteille de plastique pour
un usage unique.
Ça, c'est par rapport à l'eau, mais j'ai
aussi un enjeu, comme ministre responsable de l'Environnement. Ce sont
plusieurs centaines de millions de ces bouteilles-là qui se vendent sur le
marché année après année. Donc, non seulement il n'y a pas de plus-value dans
le produit qui est vendu, mais ensuite il faut gérer ces centaines de millions
de contenants de plastique vides. Donc, oui, je ne m'en cache pas, on veut
limiter la vente de ce type de produits là, mais on va avoir l'occasion de s'en
reparler, éventuellement, parce que ce n'est pas disponible dans les...
c'est-à-dire, ce n'est pas établi dans les projets de règlements qui sont
prépubliés., mais le projet de loi va nous permettre d'aller dans cette
direction-là, et je vous confirme que c'est la direction que l'on entend
retenir.
Donc, transparence, on se colle sur le
modèle ontarien, et elle est nécessaire parce que, oui, c'est quelque chose
d'utilité publique. Et peut-être, je vous dirais de vous inspirer de
l'Association des brasseurs du Québec. Je ne sais pas si vous avez eu
l'occasion de les entendre ce matin. La question leur a été posée, et,,
clairement ils ont dit : On n'a pas d'enjeu avec ça, c'est une donnée qui
doit être publique. Vous êtes dans un domaine connexe, pas exactement le même,
mais peut-être vous inspirer de leur philosophie.
Et, en conclusion, parce que je veux qu'on
puisse échanger, insister sur le fait que vous n'êtes pas injustement ciblés.
Au contraire, je pense que vous avez été particulièrement choyés de pouvoir
utiliser toute cette eau-là. Et vous pourrez continuer à l'utiliser, mais en
payant un prix qui est davantage... qui est davantage en phase avec la valeur
que l'on veut donner à l'eau.
M. Pelletier (Martin-Pierre) : Bon.
Merci, M. le ministre. Je... Vous avez énuméré plusieurs points. J'ai tenté de
prendre des notes, si j'en oublie, vous me le dites. C'est vrai qu'on est
privilégiés de faire affaire au Québec puis c'est... vous avez tout à fait
raison, certains jours moins, mais, en général, oui, mais on est privilégiés
tout autant que les autres utilisateurs d'eau. Donc, pour... Comme je le
mentionnais, on est vraiment un petit utilisateur d'eau, donc, moins de sept...
moins de 0,7 %, puis nous, on paie 17 % de la redevance. Donc, sur
cet aspect-là, M. le ministre, on... Je comprends votre point qu'on a un
privilège d'être présents ici puis d'utiliser l'eau qui appartient aux
Québécois, mais on contribue à la préserver, cette eau-là, et à la... et à
diminuer autant que possible, avec nos procédés de fabrication, notre
utilisation d'eau qui est utilisée dans les procédés. Ça, c'est...
• (16 h 10) •
Pour le taux unique, M. le ministre, vous
faites référence également au fait qu'il y a des industries qui utilisent l'eau,
mais dans leurs procédés, puis qui la laissent... qui la retournent après.
Bien, je vous dirais que nous, c'est la même situation, sauf que ça prend un
petit peu plus de temps, mais elle retourne dans le bassin hydrique du Québec.
Donc, vous achetez votre produit préféré à l'épicerie, vous l'amenez à la
maison, vous le consommez, et après ça, bien, il reste quand même au Québec,
là, vous le retournez dans les voies naturelles. Donc, nous, notre... l'eau
qu'on utilise dans nos produits, elle ne quitte pas la province, M. le
ministre, autant qu'un abattoir de poulets...
Une voix : ...
M. Pelletier (Martin-Pierre) : ...autant
qu'un abattoir... je vais juste compléter puis je vais vous laisser... autant
qu'un abattoir de de poulets qui est installé, qui a besoin d'eau pour la
sanitation à l'intérieur de ses <procédés...
M. Pelletier (Martin-Pierre) :
...de poulets qui est installé, qui a besoin d'eau pour la sanitation
à l'intérieur de ses >procédés. L'eau retourne aussi, donc. Puis le
profit qu'il fait, c'est en vendant son poulet. Nous, c'est en vendant le
produit embouteillé.
M. Charette : Ça ne vous aide
pas, là. Vous dites : Ça reste au Québec parce qu'après, à travers les
urines, par exemple, l'eau retourne dans les... Ce n'est pas le meilleur
argument, je vais vous le dire franchement, là.
M. Pelletier (Martin-Pierre) : Bien,
il n'y a pas d'eau qui est exportée, très peu, du Québec, donc ça reste au
Québec.
M. Charette : Bien, ce n'est
pas... ce n'est pas le meilleur argument. Il faut distinguer, il faut
distinguer clairement l'entreprise qui capte et qui revend le produit tel que
capté d'une entreprise qui va l'utiliser comme eau de refroidissement. Ce n'est
pas parce qu'on boit de l'eau, qu'on va à la toilette par la suite qu'on peut
dire qu'on retourne l'eau à la nature, là. Ce n'est pas... ce n'est pas
sérieux.
M. Pelletier (Martin-Pierre) : D'accord.
C'est votre point de vue. En ce qui concerne les données publiques, oui, c'est
vrai qu'en Ontario, sur l'eau de source, les données sont publiques. C'est
seulement sur l'eau de source, ce n'est pas sur les autres utilisateurs d'eau.
Nous, on a une préoccupation... Puis je suis d'accord, ce matin, les brasseurs
ont dit que, pour eux, il n'y avait pas de problème avec ça. On parle de trois
entreprises multinationales. Nous, dans notre cas, plusieurs entreprises, des
petites, des grandes... pour nous, c'est vraiment un sujet sensible. On
protège... Le meilleur exemple, c'est qu'on pourrait vous dire qu'on protège
ces données-là à l'interne pour ne pas qu'elles soient publiques. Je pense que
c'est... puis on ne le ferait pas pour le plaisir de les protéger. Donc, pour
nous, c'est la raison qui nous pousse à demander que ces données-là demeurent
protégées.
Quand vous avez également mentionné, M. le
ministre, l'importance de la publication de ces données-là afin que les villes
puissent planifier leurs projets de développement, puis tout ça, comme vous l'avez
également dit, avec raison, ces données-là sont connues du gouvernement. Afin
d'aider les villes dans la planification, j'ai entendu d'autres groupes, plus
tôt, se prononcer sur le besoin de connaître l'ensemble des utilisateurs. Comme
il y a beaucoup de pans de l'activité économique au Québec, que ce soit en
agriculture ou dans d'autres domaines, où leurs données ne sont pas connues...
Puis ça pourrait aider dans la planification de développement puis dans... pour
les municipalités. Donc, nous, on... Les municipalités connaissent la quantité
d'eau qui nous est permis de puiser via les permis qui sont conférés par votre
ministère. Donc, cette donnée-là est déjà publique.
Finalement, avec plaisir, on pourra se
parler par la suite sur le projet que vous avez, de règlement, en tête sur le
bannissement d'un certain type de boisson. Ça va nous faire plaisir de
collaborer avec vous là-dedans, comme on le fait dans d'autres domaines. Donc,
on a hâte de vous entendre, et j'espère avoir la chance... on espère avoir la
chance de pouvoir en discuter avec vous avant que le règlement soit publié.
M. Charette : En fait, le
règlement sera publié, ce qui entraîne une consultation. Vous serez tout à fait
libre de participer à la consultation, mais bon, vous avez essentiellement
répété ce que vous aviez mentionné. Je ne veux pas répéter ce que j'ai
mentionné. C'est la beauté des échanges, on n'est pas obligés d'être d'accord.
On n'est franchement pas d'accord sur ces questions-là, mais je devine que j'ai
des collègues qui souhaiteraient également intervenir.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le ministre. Et maintenant je cède la parole à M. le député de René
Lévesque.
M. Montigny : Alors, bonjour.
Merci beaucoup, M. le Président. Première question, je veux juste être bien
certain de vous avoir bien compris. À un moment donné, dans votre présentation
initiale, vous avez parlé que la consommation de la personne humaine, là, boire
de l'eau, ne diminuerait pas, etc. Est-ce que vous aviez compris que, comme
gouvernement, dans le projet de loi, on voulait amener les Québécois à boire
moins?
M. Pelletier (Martin-Pierre) : Non,
non.
M. Montigny : Je ne
comprenais pas la clarté. Qu'est-ce que ça rajoutait au débat, ce que vous avez
amené? Honnêtement, je trouvais que ça faisait de la confusion, M. le
Président.
M. Pelletier (Martin-Pierre) : Merci
de me donner l'opportunité de préciser. Ce que je voulais dire par là, c'est
que, quand le gouvernement a déposé le projet de loi puis les règlements qui
sont publiés avec... l'augmentation des redevances étaient justifiée afin
d'inciter les entreprises à utiliser moins d'eau. Donc, en augmentant la
redevance, on va ajouter une charge aux entreprises, et ça va les inciter à
utiliser moins la ressource parce que ça va leur coûter plus cher. Donc, c'est
logique, donc, de tarifer davantage, ça incite les entreprises à utiliser moins
la ressource. Donc, jusque là, ça va?
Dans notre cas, notre capacité de réduire
notre consommation d'eau est très faible puisqu'on doit... le produit fini
contient de l'eau. Donc, la petite marge qu'on peut réduire notre <consommation...
M. Pelletier (Martin-Pierre) :
...doit... le produit fini contient de l'eau. Donc, la petite marge
qu'on peut réduire notre >consommation d'eau, en tant qu'entreprise, ce
sont sur les procédés de fabrication. Donc, étant donné que les Québécois puis
la population augmentent, bien, la demande vers les boissons continue
d'augmenter, puis c'est pour ça que nous, c'est difficile de réduire notre
consommation d'eau, même si la redevance augmente.
M. Montigny : En fait, ce que
je voulais... ce que je veux ramener, maintenant, après vous avoir entendu
là-dessus, c'est, tu sais, vous avez été... ils ont été, M. le Président,
longtemps, tu sais, à prendre cette eau-là, à faire des produits avec, parfait,
à la vendre. Tu sais, moi, je ne suis pas anti-entreprise privée, là, mais je
veux juste qu'on comprenne que vous avez mentionné aussi que ça vous inquiétait
qu'on avance pour limiter l'embouteillage de l'eau, telle quelle, là, d'un
aqueduc. Moi, j'ai été cinq ans maire d'une municipalité, là, à Baie-Comeau,
une petite municipalité, mais dans une région où il y a de l'eau en masse, à
côté des barrages, de la Manicouagan, vous connaissez, puis elle se déverse
dans l'eau salée, là, OK, après être turbinée. Mais vous, là, ça vous inquiète,
alors que vous... qu'on limite ça ou qu'on contrôle ça, l'embouteillage de
l'eau d'aqueduc, telle quelle, là, mais vous dites qu'il n'y en a pas,
d'entreprises, au Québec, qui le font, mais ça vous inquiéterait pareil? C'est
quoi, vous prévoyez qu'il y en aurait dans vos membres qui le feraient puis
vous ne voulez pas qu'on le limite? C'est-tu ça?
M. Pelletier (Martin-Pierre) : Non,
c'est que, présentement, on n'a pas de précision sur le type d'usage qui va
être banni ou prescrit par la suite. Donc, c'est cet aspect-là qui nous
préoccupe. On a entendu le ministre dire que lui, ce qu'il considérait
probablement mettre dans un règlement, c'était de bannir la fabrication de
bouteilles d'eau faites à partir de l'eau du robinet. Donc, nous... Je ne
connais pas d'entreprises qui ont ce genre d'opération là, mais est-ce que...
tant qu'on n'a pas les précisions entourant le type d'usage qui va être banni,
c'est pour ça que, pour nous, ça crée un précédent préoccupant. Donc là, on
parle d'un certain type de produit, dans le futur, ça pourrait être d'autres
choses. Donc, pour nous, là, c'est une inquiétude, puis je pense que les
entreprises ont besoin de certitudes.
M. Montigny : ...tu sais, M.
le Président, c'est bon qu'il nous le partage, mais, tu sais, on n'est pas
obligés d'être d'accord.
Mais l'autre enjeu que je veux vous amener,
là, c'est, comme ancien maire, comme municipalité, imaginez, là, que j'ai une entreprise
sur mon territoire puis qu'à un moment donné, là, il vient me rencontrer pour
augmenter de façon considérable la croissance de son entreprise, puis là on est
pognés avec ça. Ce serait quoi, là, l'impact sur le citoyen, honnêtement,
d'aller là-dedans, en hausses de taxes, parce qu'il faut s'adapter, il faut
augmenter? En fait, l'enjeu, c'est la transparence. Puis nous, ce qu'on
dit, c'est qu'il faut, comme gouvernement, qu'on y mette des balises, parce
qu'on ne veut pas se retrouver avec des surprises, puis un citoyen, par manque
de transparence, se retrouve à avoir, dans un contexte, à se demander pourquoi
il y a une augmentation de taxes municipales. Ça fait que notre intérêt, il est
pour les citoyens en premier, hein, vous comprenez?
M. Pelletier (Martin-Pierre) : Oui,
je comprends très bien. Puis n'oubliez pas que vous parlez d'un secteur
d'activité qui représente moins de 1 % de l'utilisation de l'eau au
Québec. Donc, vraiment, ce n'est pas vraiment notre secteur qui va avoir une
incidence importante sur les décisions municipales, parce que l'ensemble du
secteur prend 0,7 % de l'eau qui était assujettie aux redevances en 2021.
Donc, on est vraiment un petit joueur dans le domaine, mais, pour nous, on se
sent souvent ciblés, puis c'est pour ça que je pense que c'est important qu'on
puisse mentionner nos inquiétudes à cet égard.
M. Montigny : Je vous
comprends.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup pour cet échange. Et je cède maintenant la parole à l'opposition
officielle et à Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce pour 16 minutes...
12 minutes. 12 minutes.
• (16 h 20) •
Mme McGraw : Merci, M. le
Président. Et merci d'être là, votre mémoire, votre présentation. Discussion
intéressante et importante. Écoutez, j'ai plusieurs questions. Une des
questions, parce qu'on vient d'écouter... On a rencontré avec les villes, les
municipalités et on parle beaucoup d'infrastructures vieillissantes et
l'investissement. J'aimerais savoir : Est-ce qu'il y aurait des compagnies
ou des membres de votre association qui ont des exemples? Est-ce que vous
pourriez nous parler d'exemples de responsabilités civiques? Je n'en doute pas
qu'il y a des exemples, justement, de réinvestir dans les infrastructures qu'on
utilise, des aqueducs municipaux, par exemple. J'aimerais en entendre plus
là-dessus.
M. Pelletier (Martin-Pierre) : Bien,
merci de la question. Pas beaucoup d'exemples d'investissements dans des
infrastructures municipales...
Une voix : ...
M. Pelletier (Martin-Pierre) :
Bien oui, bien, beaucoup de partenariats. Puis c'est intéressant que vous
posiez la question, parce que la mairesse de Lachine, qui était ici juste avant
nous... un de mes membres a une usine importante à Lachine, et, justement, ils
viennent de compléter une série d'investissements majeurs afin de réduire leur
utilisation d'eau. On parle de boucle fermée, donc de réutiliser l'eau qui a
été utilisée dans le processus, à l'intérieur de l'usine, pas pour
l'embouteillage de produits, mais pour des utilisations <connexes...
M. Pelletier (Martin-Pierre) :
...l'intérieur de l'usine, pas pour l'embouteillage de produits,
mais pour des utilisations >connexes, donc, pour soit nettoyer, faire...
utiliser l'eau pour d'autres nettoyage, arrosage et compagnie, donc, ce genre
d'initiatives là, collecte d'eau de pluie aussi pour servir dans... justement,
pour réduire notre impact et notre consommation d'eau, donc, collecte de l'eau
de pluie pour utiliser dans des procédés de fabrication, pas dans le produit
final, bien entendu. Plusieurs, plusieurs initiatives, là, de cette sorte-là.
Rinceuses à air ionisé... Donc, avant ça, on rinçait les contenants, avant de
les remplir de boisson, avec de l'eau. Donc, on les rinçait avec de l'eau puis
on les remplissait avec boisson gazeuse, ou de l'eau, ou du jus. Maintenant,
c'est les rinceuses à air ionisé, donc ça nous permet, encore là, d'économiser.
Donc il y a beaucoup d'investissements qui
sont faits par les entreprises, parce que, comme la collectivité québécoise, la
ressource eau, pour nous, est vraiment importante. C'est l'ingrédient principal
de nos produits. On n'est pas des grands utilisateurs d'eau, mais l'eau qu'on
utilise, on doit y faire attention parce qu'on en a vraiment besoin.
Mme McGraw : Est-ce que... Là,
on a parlé un peu de partenariat, etc., collaboration, est-ce que vous pouvez
nous parler des innovations, technologies vertes, innovations pour sauvegarder
de l'eau, ou des processus, dans le passé, et qu'est-ce que vous envisagez dans
le futur?
M. Pelletier (Martin-Pierre) : Oui,
bien, il y a...on a quatre piliers, donc, gaz à effet de serre... pas la
question aujourd'hui, l'électrification des transports puis l'eau, donc, c'est
nos trois piliers les plus importants. Mais un partenariat que j'ai oublié de
mentionner, puis ça m'est sorti de la tête, mais... avec les inondations qu'on
a eues récemment, au Québec, il y a beaucoup de municipalités qui nous
demandaient de l'eau embouteillée. Donc, tu sais, c'est le genre de
partenariat, donc, avec la Croix-Rouge puis avec d'autres organisations, pour
aider les sinistrés puis... Donc, c'est le genre d'initiatives aussi qu'on
fait. Puis il y a plein d'initiatives que nos membres font, mais pas
nécessairement toujours en lien avec l'eau, mais nettoyage de berges, Club des
petits déjeuners. Donc, il y a vraiment un ensemble de collaboration avec le
secteur municipal, provincial puis les différents organismes.
Mme McGraw : Parfait. Je
regarde la page n° 5 dans votre mémoire, on parle... libellé de l'article 7,
on parle de : «Le législateur a délibérément choisi de limiter cette
transparence...» Est-ce que vous pouvez juste... en ce qui concerne, pardon, le
plan régional des milieux humides et hydriques, l'article 15.9, etc., est-ce
que vous pouvez élaborer là-dessus? Parce qu'on a eu une discussion
intéressante sur le plan régional. Peut-être que c'est trop technique, comme
question.
M. Pelletier (Martin-Pierre) : À
quelle page?
Mme McGraw : Bien, 5. 5 de
votre mémoire, au milieu, paragraphe...
M. Pelletier (Martin-Pierre) : Oui,
c'est sur la confidentialité des données?
Mme McGraw : C'est ça. Exact,
oui.
M. Pelletier (Martin-Pierre) : Oui,
bien, c'est un peu technique, mais ce que... ici, ce qu'on dit, c'est qu'on
pense que l'intérêt public, puis les décisions de développement... puis que les
groupes de bassin versant, les municipalités, ils ont accès à l'eau qui est
puisée par les entreprises qui ont des permis de prélèvement. Donc, à partir de
ces informations-là, ils sont en mesure de pouvoir avoir une bonne idée de
l'autorisation qui a été accordée par le ministère de l'Environnement.
Donc, c'est une information qui est
publique puis qui est pertinente, là, dans la planification, puis c'est déjà...
Ce qui manque, là, ce que les groupes cherchent à avoir, c'est la quantité
d'eau utilisée par les usines branchées au système municipal, mais ça, les
municipalités l'ont déjà, cette donnée-là, parce qu'il y a les compteurs d'eau
qui sont présents.
Donc, nous, on pense que l'intérêt public...
Les gens qui ont à prendre des décisions sur le développement ou sur le futur
d'une région ont accès à ces données-là. Nous, ce qu'on ne veut pas, c'est que
ce soit largement répandu, pour ne pas nuire aux entreprises, les décisions
d'affaires entre compétiteurs.
Mme McGraw : Autre
question... Merci. Autre question, ça a rapport avec, justement, la
tarification. Si on comprend bien, vous proposez un tarif unique, et on a
entendu quand même plusieurs groupes qui parlaient d'une tarification dynamique,
justement, sur plusieurs... face à... les risques, par exemple, où il y a une
pénurie, par exemple, d'eau ou des risques d'avoir une pénurie, selon les
utilisateurs, par exemple, taille de l'utilisateur, l'usage, santé publique,
sanitation, matières premières.
Est-ce qu'à part de votre position tarif
unique à l'intérieur de... en ce qui concerne l'industrie des <entreprises...
Mme McGraw :
...Est-ce
qu'à part de votre position tarif unique à l'intérieur de... en ce qui concerne
l'industrie des >entreprises... est-ce que vous avez une position par
rapport à une tarification dynamique?
M. Pelletier (Martin-Pierre) : La
tarification dynamique, honnêtement, on ne s'est pas penchés là-dessus, mais je
trouve ça intéressant parce que, vous savez, si une région à un problème en
approvisionnement en eau, je pense que l'ensemble des utilisateurs de cette
région-là, donc autant les citoyens que les entreprises, vont vouloir protéger
la ressource pour ne pas, justement, nuire à la région. Donc, je pense qu'une
tarification dynamique peut être quelque chose, là, qu'on aimerait travailler
avec vous, puis regarder s'il y a des façons d'amener, justement, une
tarification qui va aider à rencontrer les objectifs politiques précis, là. Je
pense qu'on n'aurait pas de difficulté à s'asseoir puis à discuter de ce genre
de mécanisme là.
Mme McGraw : Merci. J'ai une
question spécifique, mais, avant ça, une question générale que je pose à la
plupart des groupes, c'est : Est-ce que, vous, en regardant le projet de
loi... est-ce que, selon vous, il y a des angles morts ou des sujets que vous
auriez aimé voir traités dans le projet de loi? On comprend qu'il y a des
éléments qui ne vous plaisent pas dans le projet de loi, mais est-ce qu'il y a
des angles morts ou des éléments, selon vous, qui auraient pu être inclus?
M. Pelletier (Martin-Pierre) : Bien,
il y a des affaires qui ne nous plaisent pas, mais il y a des affaires qu'on
aime aussi, là. La création du Fonds bleu, on est 100 % d'accord, on
partage l'objectif du gouvernement, c'est... puis, je pense, de l'ensemble des
parlementaires, d'ailleurs. Un angle mort que moi, je n'avais pas vu mais que
j'ai vu en entendant les différents représentants, c'est d'avoir une meilleure
connaissance sur les utilisateurs d'eau. Nous, on est un petit utilisateur
d'eau, mais il y a beaucoup de groupes qui ont parlé de l'agriculture, des
groupes qui sont présentement exclus, là, mais qui... Ce serait intéressant
pour prendre des meilleures décisions localement. Donc, moi, j'entends beaucoup
de besoins de connaissances approfondies pour prendre les meilleures décisions
locales. Peut-être que de ce côté-là, il y a peut-être des éléments
intéressants à poursuivre, à continuer, mais moi, j'ai trouvé le projet de loi
plutôt complet.
L'indexation annuelle des redevances,
peut-être que c'est une bonne idée, peut-être qu'on pourrait suivre l'inflation
plutôt que d'y aller avec un montant arbitraire, mais, encore là, c'est quelque
chose d'innovateur puis qu'on était prêt à considérer.
Mme McGraw : Et on est
d'accord avec vous que c'est... le Fonds bleu, c'est un pas important dans la
bonne direction, mais c'est sûr que le défi, c'est toujours dans les détails.
Vous avez parlé d'une proposition qu'on
trouve intéressante, si on comprend bien, puis je voudrais confirmer qu'on
comprend puis avoir plus de détails... Vous avez parlé de... vous avez fait la
distinction entre les données de consommation au lieu de données de prélèvement.
Et à partir de combien d'années les entreprises pourraient considérer publier
leurs données? Un an, deux ans?
• (16 h 30) •
M. Pelletier (Martin-Pierre) : Oui.
Bien, c'est... Merci de relever ce point-là, c'est important. Les permis de
prélèvement indiquent la quantité maximale qu'on peut utiliser, puis cette
donnée-là est déjà connue. Nous... Puis on n'a pas de misère, elle devrait être
même plus facile... plus facilement accessible, là, sur le site du ministère.
Ça, on n'a pas de problème avec ça.
Là, où on a un problème, donc... Ça, c'est
la limite maximale. Là où on a un problème, c'est de publier annuellement ou
même mensuellement la quantité qu'on utilise à l'intérieur de notre permis. Ça,
on a une problématique avec ça, justement, pour des données sensibles puis de
confidentialité, mais on pense qu'après cinq ans, ces données-là pourraient
être rendues publiques parce que ça n'aura plus d'incidence sur l'activité du
jour puis ça n'aura plus d'incidence sur les décisions d'affaires pour l'année
prochaine ou pour dans deux ans. Donc, pour nous autres, là, ça donnerait le
confort nécessaire pour éviter des pratiques commerciales inappropriées ou
dangereuses.
Mme McGraw : Dernière
question, M. Pelletier, est-ce que vous savez si les entreprises qui
embouteillent seraient ouvertes à peut-être investir pour restaurer les milieux
humides où elles prélèvent? Est-ce que ça a été... Je vous lance ça comme ça.
M. Pelletier (Martin-Pierre) : Ça
ne nous a jamais été... Puis les membres qui font partie de l'association,
peut-être qu'ils le font déjà puis que je ne suis pas au courant. Moi, je
représente des petites entreprises, comme des multinationales puis tout ce qu'il
y a entre les deux. Je suis convaincu qu'étant donné leur préoccupation...
16 h 30 (version non révisée)
M. Pelletier (Martin-Pierre) : ...et
tout ce qu'il y a entre les deux. Je suis convaincu qu'étant donné leur
préoccupation de préservation de la ressource des initiatives qui vont dans ce
sens-là sont certainement des choses qu'ils seraient prêts à considérer s'ils
ne le font pas déjà. Chacune des entreprises ont des plans de... de redonner à
la société puis de contribuer dans des sociétés où ils sont présents, donc j'imagine
que ce genre d'initiative là serait sûrement bien regardée. Parce que l'eau, c'est
l'ingrédient principal de nos produits. On n'est pas un grand utilisateur, mais
on est un utilisateur qui a à cœur de préserver cette ressource-là parce que c'est
au cœur de nos produits.
Mme McGraw : Je pense que c'est
une bonne note pour conclure. Merci beaucoup.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup pour cet échange. Je cède maintenant la parole à la porte-parole du
deuxième groupe d'opposition, Mme la députée de Verdun.
Mme Zaga Mendez : Merci, M.
le Président. Merci beaucoup pour votre présentation. J'aimerais savoir plutôt
plus pour apprendre à connaître votre association combien de membres sont
situés en Ontario comparé au Québec?
M. Pelletier (Martin-Pierre) : ...entreprises
qui sont situées au Québec et en Ontario, là, on pense à des grandes
multinationales qui sont présentes à la grandeur du pays, on pense à d'autres
entreprises qui sont situées uniquement au Québec, principalement dans l'embouteillage
d'eau. On a une entreprise importante qui est dans le jus, qui est très, très,
très présente au Québec, un peu moins dans les autres provinces. Donc, ça
varie.
Mme McGraw : ...tantôt on
parlait de redevances en Ontario, donc, j'imagine, les entreprises qui sont
situées en Ontario, elles paient des redevances depuis quelques années qui sont
plus hautes que celles du Québec. Est-ce que vous vous êtes penché sur...
M. Pelletier (Martin-Pierre) : Ça,
c'est pour les embouteilleurs d'eau.
Mme Zaga Mendez : L'embouteilleur
d'eau.
M. Pelletier (Martin-Pierre) : Parce
que les autres entreprises en Ontario qui utilisent de l'eau municipale, ils n'ont
pas les mêmes redevances du tout.
Mme Zaga Mendez : Mais, dans
le cas des embouteilleurs d'eau, est-ce que... avez-vous fait une analyse de voir,
comme, quel est l'effet dans les coûts d'opérationnalisation? Moi, je pose
cette question-là du côté de la production. Est-ce qu'on est capable de voir
quel est le pourcentage des coûts d'opération qui sont associés à une redevance
de l'eau? Puis si vous pouvez faire la comparaison, admettons, entre l'Ontario
puis le Québec.
M. Pelletier (Martin-Pierre) : Malheureusement,
je ne pourrai pas vous donner cette information-là parce que d'une entreprise à
l'autre, ça change, d'un secteur d'activité à l'autre, ça change. Donc, oui, on
a des entreprises qui sont dans le secteur de l'eau. On en a qui sont dans le
jus, boisson gazeuse, boisson... de l'eau... de l'eau pétillante aussi. Donc,
la structure de coûts d'une entreprise à une autre est différente, et la
redevance sur l'eau est un facteur parmi tant d'autres. Donc, l'emballage, le
transport, la publicité, le coût de main-d'oeuvre, il y a les taxes, il y a...
il y a plein d'autres facteurs qui jouent dans le coût du produit que vous
retrouvez sur la tablette d'épicerie. Donc, c'est un intrant, mais j'ai... Puis
je sais que vous l'avez demandé à mes collègues, plus tôt, des brasseurs, mais
on n'a pas... je n'ai pas cette information-là, puis ça varie beaucoup d'une
entreprise à une autre aussi.
Mme Zaga Mendez : Merci. Mais
ce que... ce que je comprends aussi, c'est que ça n'a pas affecté les
entreprises en Ontario. Je veux dire, elles sont encore là, puis leurs profits
sont encore stables. Je veux dire, payer une redevance de ce type-là, est-ce que
vous sentez qu'il y a eu un effet réel?
M. Pelletier (Martin-Pierre) : Je
peux me prononcer sur la présence des entreprises en Ontario, parce que oui,
elles sont toujours là. Puis l'Ontario n'est pas le seul, là, il y en a en
Colombie-Britannique aussi. Il y a une redevance, en Colombie-Britannique, qui
est payée même par le monde agricole pour leur réutilisation de l'eau. Mais
est-ce que ça a eu une incidence sur leurs profits? Probablement, parce que c'est
un coût qui a augmenté. Est-ce que c'est une grosse incidence ou une petite?
Ça, je ne le sais pas. Malheureusement, c'est un des coûts parmi plusieurs
coûts. Je sais que le coût principal dans le secteur des boissons,
habituellement, c'est le transport, parce que souvent il y a des distances
importantes à parcourir. Donc, c'est vraiment... Mais je ne pourrais pas vous
dire l'impact que ça a eu sur les profits. Malheureusement, ce n'est pas une
donnée que j'ai puis que je pourrais vous transmettre.
Mme Zaga Mendez : Il n'y a
pas de problème. Je ne sais pas si vous voulez ajouter quelque chose d'autre
avec le peu de temps qu'il nous reste.
M. Pelletier (Martin-Pierre) : Ça
va.
Mme Zaga Mendez : Merci à
vous.
M. Pelletier (Martin-Pierre) : Merci.
Le Président (M. Jacques) : Bien,
merci beaucoup d'avoir participé à nos travaux.
Et je suspends les travaux quelques
instants pour faire place au prochain groupe. Merci.
(Suspension de la séance à 16 h 36)
(Reprise à 16 h 43)
Le Président (M. Jacques) : La
commission reprend ses travaux, et je souhaite la bienvenue aux représentants
de l'Association des gestionnaires régionaux des cours d'eau du Québec. Je vous
rappelle que vous disposez de 10 minutes pour votre exposé, après quoi
nous procéderons à une période d'échange avec les membres de la commission. Je
vous invite donc à vous présenter et à débuter votre exposé.
Mme Morin (Stéphanie) : Bonjour.
Stéphanie Morin, coordonnatrice du nouveau service de l'environnement de la MRC
d'Argenteuil et présidente de l'AGRCQ.
M. Cordeau (Vincent) : Vincent
Cordeau, vice-président fondateur de l'AGRCQ et gestionnaire aux cours d'eau de
la MRC d'Acton.
Mme Chauvette (Lisanne) : Bonjour.
Lisanne Chauvette, gestionnaire de cours d'eau à la MRC de Drummond et membre
du conseil... exécutif, pardon, de la l'AGRCQ.
M. Lajeunesse (Simon) : Bonjour.
Simon Lajeunesse, directeur du service de la planification du territoire à la
MRC de la Haute-Yamaska et membre fondateur de l'AGRCQ.
M. Cordeau (Vincent) : Donc,
M. le Président, M. le ministre, Mmes et MM. les députés, membres de la
commission, merci de nous recevoir et nous donner l'opportunité de nous
prononcer sur le projet de loi no 20. L'AGRCQ tient à saluer l'initiative
du gouvernement d'instituer le Fonds bleu et souhaite, via cette présentation,
souligner à la commission ses propositions et recommandations quant au contenu
du projet de loi et à la mise en œuvre du Fonds bleu.
D'une part, qui est l'Association des
gestionnaires régionaux des cours d'eau du Québec? Fondée en 2011, elle
regroupe principalement les professionnels du domaine de la gestion des cours
d'eau oeuvrant au sein des MRC du Québec. Ses membres sont donc répartis
partout dans la province. La gestion des cours d'eau par les MRC découle des
obligations dévolues par la Loi sur les compétences municipales. Les MRC
doivent s'assurer du libre écoulement de l'eau des cours d'eau et elles ont le
pouvoir d'adopter des règlements pour régir toute matière relative à
l'écoulement des eaux. De plus, elles ont l'obligation de planifier la
conservation et la restauration des milieux humides et hydriques via les PRMHH
en vertu de la LCMHH.
Qu'est-ce que la gestion des cours d'eau
par les MRC au Québec? Elle nécessite une approche multidisciplinaire pour
prévenir, diagnostiquer, planifier et réaliser, si nécessaire, des travaux en
cours d'eau. Au-delà des obligations prévues par la LCM, les gestionnaires
doivent avoir une approche de prévention et de protection de l'environnement.
Ils doivent favoriser des projets d'intérêt collectif. Ils visent à changer les
paradigmes en corrigeant certaines erreurs du passé et en innovant au niveau
des méthodes d'intervention. De plus, ils doivent arrimer différents enjeux
comme l'aménagement du territoire et le développement économique à différentes
échelles, municipale, régionale, gouvernementale, et pour différents intérêts.
Donc, voici les trois grands thèmes
abordés pour les sept recommandations que nous vous présentons à l'instant :
les objectifs financés par le Fonds; la gouvernance du fonds; et le financement
des projets. Je donne donc la parole à Mme Chauvette, qui vous présentera
la première recommandation...
Mme Chauvette (Lisanne) : ...merci,
Vincent. Donc, notre première recommandation concerne la notion d'utilisation
durable, qui est l'une des formes de conservation reconnues mais dont il existe
de nombreuses définitions, interprétations. Donc, l'AGRCQ recommande que soit
balisée la notion d'utilisation durable qui est mentionnée au projet de loi,
notamment en lien avec les milieux hydriques et humides, afin d'en définir les
orientations possibles en matière de financement et d'opportunité de
rétribution pour services écosystémiques rendus à la collectivité. Je laisse la
parole à madame Morin.
Mme Morin (Stéphanie) : Le
deuxième objet financé par le fonds qu'on souhaite commenter, c'est le contrôle
et la prévention des inondations. Oui, le plan de protection, là, des zones
inondables a permis d'injecter certaines sommes, là, au niveau de la
cartographie des zones inondables, le cadre réglementaire et aussi la
communication des risques. C'est une étape. Par contre, c'en est un autre de
s'adapter en fonction des changements climatiques. Oui, quand on parle de
changements climatiques, on va parler d'inondations, on va parler de
sécheresse, mais c'est qui est le plus important de peut-être se rappeler,
c'est la variabilité des niveaux d'eau parce que ça va être ce vers quoi on va
devoir s'adapter. Donc, l'AGRCQ recommande d'ajouter l'adaptation aux
changements climatiques comme deuxième recommandation. Lisanne.
Mme Chauvette (Lisanne) : Comme
on le sait, les PRMHH sont une obligation des MRC, donc, à notre avis, c'est un
objet crucial à mettre au cœur de ce projet de loi, un incontournable. Donc, il
faut savoir que, mise à part le financement initial pour la rédaction puis le
Programme de restauration et de création de milieux humides et hydriques, qui
est renfloué principalement, là, par les compensations des pertes, il n'existe,
à ce jour, aucun financement, là, dédié à la mise en œuvre des actions des
plans ni de financement pour la restauration de type passive ou les pertes
historiques. Donc, on... l'AGRCQ recommande d'ajouter aux matières financées
par le fonds la conservation et la restauration des milieux humides et
hydriques ainsi que la mise en œuvre des plans régionaux des milieux humides et
hydriques. Mme Morin.
Mme Morin (Stéphanie) : Le
quatrième qu'on souhaite commenter, c'est les... en fait, qu'on souhaite faire
ajouter, c'est les compétences dévolues aux MRC en matière de gestion de cours
d'eau et protection de l'environnement. Si le ROBVQ se plaît à dire qu'il est
le département de recherche et développement en matière de gouvernance de
l'eau, nous, à l'AGRCQ, on aime bien s'identifier comme le département de
recherche et développement en sciences appliquées au niveau de la restauration
des cours d'eau. Les MRC développent plein de projets en matière de
restauration selon leur créativité, selon le milieu, avec le milieu, et ça, aux
frais des citoyens. Imaginez ce qu'on pourrait faire si on détenait un
financement acceptable.
Le cinquième objet qu'on souhaiterait
faire une recommandation, c'est au niveau de la formation des professionnels.
On a parlé beaucoup, là, dans les différentes auditions précédentes, là,
d'acquérir des connaissances, là, notamment en termes de monitoring pour les
différentes ressources en eau. Si on pense à acquérir ces connaissances-là, il
faut aussi penser au transfert des connaissances, puis ça, ça passe par la
formation des professionnels. Donc, on recommande d'ajouter, au deuxième
alinéa, la formation des professionnels en matière, notamment, de restauration
des milieux humides et hydriques. On aimerait aussi spécifier, là, d'intégrer
les municipalités locales et régionales aussi au troisième alinéa. Simon.
M. Lajeunesse (Simon) : La
sixième recommandation concerne la gouvernance du fonds. Donc, le milieu
municipal est reconnu comme un gouvernement de proximité. Les MRC ont une
compétence municipale, ont développé une expertise en gestion de travaux de
cours d'eau. Les MRC terminent l'important exercice d'élaboration des PRMHH qui
a permis d'identifier, de planifier la protection, la restauration des milieux
humides et hydriques en fonction des problématiques qui sont propres à chacune
des régions. Donc, les MRC sont des acteurs incontournables pour gérer des
projets de protection, restauration de milieux humides et hydriques.
• (16 h 50) •
Donc, à l'instar du volet 2 du fonds
région ruralité géré par les Affaires municipales qui permet une modulation des
dépenses en fonction des priorités régionales, la sixième recommandation est de
considérer l'expertise des MRC dans la gestion des cours d'eau et la protection
de l'environnement. Et on propose que les MRC soient considérées comme des
gouvernements de proximité dans la gouvernance du Fonds bleu avec une
légitimité dans la prise de décisions au niveau régional quant aux travaux à
portée collective et environnementale qu'elles réalisent dans le cadre de leurs
compétences.
Et la septième recommandation concerne le
financement des projets. Donc, traditionnellement, il y a beaucoup d'actions
qui visent à protéger les milieux humides et hydriques qui reposent sur une
meilleure application de la réglementation existante, comme la mise aux normes
des bandes riveraines, installations septiques. Cependant, l'AGRCQ est plutôt
d'avis que le fonds devrait servir à financer des mesures qui permettent
d'aller au-delà de la conformité réglementaire ainsi que des activités pour lesquelles
il existe peu ou pas d'autres sources de financement.
M. Cordeau (Vincent) : Donc,
on trouve ici, là, essentiellement, une relecture de l'article 15.44...
15.4.44, donc, avec les recommandations de l'AGRCQ. Je vous invite la
lecture...
M. Cordeau (Vincent) : ...et
j'enchaîne avec la conclusion. Donc, en conclusion, tel que mentionné dans nos
recommandations, la clé du succès passe par le financement de la mise en œuvre
PRMHH, l'outil tout désigné pour protéger, conserver et restaurer les milieux
humides et hydriques, incluant les problématiques d'inondation, de mobilité des
cours d'eau, des changements climatiques, et cetera. Et ce financement doit
être à la hauteur des ambitions du gouvernement de protéger la ressource eau.
Ainsi, les MRC et gestionnaires des cours d'eau du Québec consolideraient leur
rôle de chef de file en matière de gestion des milieux humides et hydriques au
Québec. L'AGRCQ tient donc à remercier la Commission de considérer les
recommandations proposées dans le cadre de ses travaux. Ça conclut.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup pour votre présentation. J'invite maintenant le ministre à faire...
poser ses questions pour le premier bloc d'échange.
M. Charette : Merci beaucoup,
M. le Président, à vous quatre. Merci de vous joindre à nous cet après-midi. On
a pu bien vous suivre malgré la distance et c'est apprécié. Vous avez une
vision, là, qui est importante à considérer. Vous avez évoqué différents
éléments qu'on devra considérer dans la... dans l'attribution des sommes du
Fonds bleu, mais sans faire de calculs précis, je devine qu'il y en a pour plus
de 500 millions de dollars, parce que c'est des projets ambitieux qui
sont tous importants, je le reconnais. Mais comment? Et ce sera le défi du
gouvernement, mais également des partenaires qui l'accompagnent, d'en faire une
bonne utilisation. Donc, ces 500 $ là... ces 500 $... ces
500 millions de dollars là, vous avez parlé du financement, là, des
plans régionaux. Certains groupes avant vous avaient mentionné cet aspect-là
également. Juste de ce volet-là, on peut deviner, là, que ça représenterait,
là, des engagements financiers importants. Bref, comment? Comment s'assurer
d'une saine gestion des 500 millions et comment en assurer une certaine
priorisation étant donné que tout ne pourra pas être financé? Bien que ce soit
une avancée majeure, là, qu'un budget soit pour une première fois dédié à la
conservation et la protection de l'eau.
Mme Morin (Stéphanie) : Oui.
Je vous remercie pour votre question. En fait, c'est un excellent point, hein,
vous en avez des priorités qui vous ont été présentées durant les deux derniers
jours au niveau des différentes auditions. On pense que les PRMHH devraient
être prioritaires dans tous les problèmes... dans toutes les problématiques, à
l'instar des PDE qui ont un certain financement, qui priorisent certaines
problématiques sur le territoire, les PRMHH viennent reprendre les objectifs
qui sont régionaux par bassin versant et viennent identifier ces
problématiques-là et surtout comment les régler. Les différents plans d'action
des PRMHH proposent une mise en œuvre selon une certaine priorisation, donc la
priorisation au niveau des MRC, elle est faite. Puis, à l'adresse, différentes
thématiques qui ont été abordées tout au long de la commission, notamment
l'adaptation aux changements climatiques, l'approvisionnement en eau, aussi,
c'est une problématique sur le territoire. Aussi, elle place au cœur, en fait,
les milieux dans lesquels les municipalités, la société québécoise s'implante,
hein? Le PRMHH vient vraiment mettre au Coeur les milieux naturels et vient
changer un peu le paradigme de développement. Donc, si vous financez les PRMHH,
nécessairement, vous n'allez pas juste conserver, restaurer des milieux
humides, mais vous allez changer les façons qu'on développe le territoire. Ça
fait que ça ferait un bel arrimage aussi, avec, par exemple, les démarches, là,
au niveau du ministère des Affaires municipales, au niveau de sa révision de la
politique sur l'aménagement du territoire. Donc, c'est pour cette raison que je
crois que c'est important.
M. Charette : Hier, je ne me
souviens plus si... aux représentants de l'UMQ ou de la FQM que je posais la
question, c'est un exercice nécessaire que la préparation de ces plans régionaux.
On avait eu l'occasion de financer la démarche, là, il y a un petit moment de
ça. Mais je leur demandais : Oui, on a les plans dans bon nombre de MRC,
mais qu'est-ce que ça pourrait impliquer comme engagement financier que de
financer maintenant la réalisation? Et hier, on ne pouvait pas nous donner
d'ordre de grandeur ou quel pourrait être l'investissement requis. Est-ce que
c'est une évaluation que vous avez pu réaliser de votre côté?
Mme Morin (Stéphanie) : Avec
la FQM, on avait fait une certaine évaluation, là. Tu sais, on n'a pas
encore... tous les plans régionaux des milieux humides ne sont pas encore tous
déposés. Ça fait qu'il y avait une évaluation à partir de 13 PRMHH qui
avait été déposée, puis les chiffres avancés étaient de l'ordre du
100 millions de dollars, effectivement, ça...
Mme Morin (Stéphanie) : ...le
un cinquième de votre 500 millions. Donc, comme moyenne, là, on verrait
100 millions, effectivement, ce qui est énorme, mais les actions qui
seraient financées ne seraient pas nécessairement juste la conservation ou la
restauration. Ce serait l'ensemble de la mise en œuvre, autant des actions de
sensibilisation, des actions de monitoring qui serviraient à d'autres objets,
aussi, que vous pourriez utiliser, en fait, comme opportunités, par exemple,
pour faire le monitoring des eaux souterraines, tu sais, chose qui est peu
connue, au niveau, vraiment, de la capacité des eaux souterraines à desservir
autant les grands prés verts que des populations. Donc, c'est une opportunité
que vous avez, en ce moment, en investissant ça, par exemple,
100 millions.
M. Charette : Et, selon cette
évaluation-là, c'est un 100 millions de dollars qui est récurrent ou
c'est une seule fois pour couvrir la complète réalisation?
Mme Morin (Stéphanie) : Bien,
selon l'évaluation, ça pouvait... c'était sur 10 ans pour l'ensemble des MRC du
Québec. Si vous faites le calcul, là, il y a environ 101 MRC. Ça reviendrait à
un peu plus... de mémoire, là, c'est un peu plus que 10 millions par MRC.
Ça fait que ça permettrait, sur 10 ans, selon les problématiques prioritaires,
de mettre en œuvre les projets à l'échelle régionale, mais des projets qui sont
arrimés, aussi, avec d'autres objectifs.
M. Charette : Parfait. Je
vous posais la question, mais aussi dans l'optique de faire suite à un autre
élément que vous aviez mentionné. Vous souhaiteriez que ce soit intégré
directement dans le projet de loi, le financement, là, des plans régionaux.
Déjà, vous mentionner que ce n'est pas l'optique... ou ce n'est pas la façon
dont on écrit un projet de loi, on n'est pas aussi spécifiques que ça dans un
projet de loi. Donc, ne vous surprenez pas et ne soyez pas déçus si, dans le
projet de loi, ce n'est pas écrit «afin de financer les plans régionaux». Un,
c'est une appellation qui peut changer au fil des années, et, deux, avec les
orientations qui ont déjà été données au projet de loi, ça couvre ce type
d'activité là. Donc, je vous le dis, en toute transparence, pour que vous ne
soyez pas déçus, ce n'est pas dans le libellé final du projet de loi, mais,
oui, le projet de loi permettrait le financement, là, en partie, à tout le
moins, de ces plans régionaux.
Je sais que j'ai plusieurs collègues qui
souhaiteraient intervenir, et que le temps est limité. Étant donné que je
n'aurai pas la possibilité d'aller vous serrer la main, une fois notre échange
terminé, déjà, je vous salue et vous remercie d'avoir été avec nous cet après-midi.
Merci.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
M. le ministre. Et je cède maintenant la parole à Mme la députée d'Argenteuil.
Mme Grondin : Pour combien de
temps, M. le...
Le Président (M. Jacques) : Pour
9 min 34 s.
• (17 heures) •
Mme Grondin : Parfait. Merci
beaucoup, M. Cordeau, M. Lajeunesse, Mme Morin et Mme Chauvette. Il y en a
plusieurs d'entre vous avec qui j'ai eu le privilège de travailler. Donc,
heureuse de vous voir tous réunis, et que vous puissiez nous partager un peu la
vision que vous avez.
Je pense que c'est important de rappeler
ici, pour les gens qui nous écoutent... Moi, je crois beaucoup dans
l'association des gestionnaires de cours d'eau du Québec puis je pense que
c'est important de le rappeler, vous êtes des acteurs terrain et vous
contribuez, notamment, au changement de paradigme qui est nécessaire, tu sais,
vous... Je salue les MRC qui, à travers vous, comme leaders, approchez la
gestion de l'eau non plus juste sur une question uniquement de sécurité
publique, avec l'écoulement de l'eau et les obstructions, mais vous portez des
projets comme l'Espace de liberté, comme les plans régionaux des milieux
humides et hydriques. Donc, je voulais et je tenais, devant tout le monde, à
vous saluer, dans ce sens-là. Justement, ce qui est intéressant, à travers les
exercices que vous faites, c'est que vous avez toujours... dans cette
réflexion-là d'innovation, d'innovation sociale, vous avez toujours ce
principe-là de portée collective des projets. Donc, ça, c'est aussi très
intéressant.
Vous amenez certains éléments, puis je
pense que le ministre vous l'a bien dit... dans le fond, vous amenez à travers
quels pourraient être les sujets ou les enjeux pour lesquels le Fonds bleu
serait important de contribuer, d'investir. Moi, j'ai envie de vous poser la
question : Quand on parle d'adaptation aux changements climatiques, quand
on parle de restauration des milieux humides et hydriques... c'est ce que vous
souhaiteriez qu'on rajoute... mise en œuvre...
17 h (version non révisée)
Mme Grondin : ...plans
régionaux des milieux humides et hydriques. Est-ce que vous vous retrouvez avec
la proposition initiale qui, au départ, se voulait plutôt large pour laisser
aux membres du Forum d'action sur l'eau cette possibilité-là d'identifier, à
travers une intelligence collective, quelles sont les priorités au Québec de l'eau?
Mme Morin (Stéphanie) : C'est
une excellente question. Nous ne faisons pas partie du Forum d'action sur l'eau,
donc on n'était pas nécessairement dans les fins détails de... du processus,
mais on jugeait important que certains éléments y figurent. Je n'ai pas vu,
dans le dernier rapport du Forum d'action sur l'eau, là, la mention par rapport
aux milieux humides et hydriques. C'est pour ça qu'on a... on souhaitait, par
exemple, mettre en valeur ces plans-là qui sont au cœur, je crois, du
changement de paradigme qui est voulu par le gouvernement au niveau de la
protection des ressources en eau.
L'adaptation aux changements climatiques
aussi, je pense que, tu sais, il y a plusieurs membres, dans les différentes
auditions, qui l'ont ajouté. Je pense que, dans le format du projet de loi
actuel, tu sais, on parle d'utilisation durable. L'utilisation durable, bon,
dépendant comment elle est définie, pourrait parler d'adaptation, dépendant
comment qu'elle est définie par la commission. Mais je crois que ça pourrait
être un «statement» ou... pardonnez-moi l'anglicisme, là, mais un «statement»
du gouvernement de mettre l'emphase sur l'adaptation aux changements climatiques.
Je n'ai pas eu beaucoup l'occasion d'en
parler tantôt, là, ça va vite, 10 minutes, mais, tu sais, l'adaptation aux
changements climatiques, je pense que c'est un tout autre dossier. C'est... On
le voit avec les inondations. Maintenant, on est plus au courant de comment s'opèrent
les différents aléas sur le territoire, mais maintenant le comment on s'adapte,
c'est un énorme chantier pour lequel, pour l'instant, je ne crois pas qu'on ait
les... on n'a pas l'expertise au Québec encore pour s'adapter. Adapter des
quartiers entiers aux inondations dans l'espace de liberté des rivières, pour l'instant,
les architectes, les urbanistes, on est en train d'imaginer comment le faire.
Mais je pense que c'est important de s'inspirer à qu'est-ce qui se fait ailleurs.
Ça fait que de le nommer dans le projet de loi, je pense que c'est un... ça
ouvre la porte à un chantier d'innovation pour le gouvernement du Québec en
matière d'adaptation, puis je pense que c'est important.
Mme Grondin : Madame Morin,
vous... j'imagine que vous avez été au cœur des réflexions dans le cadre du
plan de protection des territoires face aux inondations. On a mis en place des
bureaux-chefs, des bureaux de projet. Ça ne serait pas justement là où cette
réflexion-là doit se faire ou est-elle en train de se faire à ce niveau-là?
Mme Morin (Stéphanie) : Effectivement,
là, l'AGRCQ a eu la chance de participer dans le comité municipal, là, du...
pour l'élaboration du plan de protection du territoire face aux inondations.
Puis une des recommandations, c'était, oui, qu'il y ait des bureaux de projet à
l'échelle des bassins versants, chose qui a été faite. C'est vraiment
intéressant, c'est... Il y a beaucoup de bureaux de projet. Il y a beaucoup d'études
qui sont actuellement en cours pour mieux définir les risques associés aux
inondations, dans un... plus... non plus dans un objectif de 0-20 ans, 20-100
ans, mais par une approche par le risque. Cette approche-là est en train d'être
définie. Puis cette approche-là va permettre de voir c'est quoi, les risques
sur un territoire. Oui, va permettre aussi, via le PRAFI, de financer des
projets en résilience, en aménagement résilient. Par contre, on n'a pas... on
ne finance pas l'expertise, le chantier pour savoir comment faire ces
aménagements résilients là. Et je crois que c'est important que le Fonds
bleu... c'est une opportunité pour le gouvernement d'explorer comment on va
faire, qu'est-ce qu'on... c'est quoi, un aménagement résilient au Québec. Ça
fait que je crois que c'est...
Mme Grondin : Je vais
prendre...
Mme Morin (Stéphanie) : Oui,
les bureaux de projet sont intéressants.
Mme Grondin : Je vais prendre
la balle au bond. Et, dans... Donc, dans le fond, est-ce que c'est dans la même
vision quand vous parlez d'utilisation durable?
Mme Morin (Stéphanie) : Effectivement.
Mme Grondin : Donc, est-ce
que... est-ce que c'est la même... Pourquoi... Tu sais, ça semble un concept
assez simple. Pourquoi vous revenez dans vos... dans votre mémoire sur cette
importance-là de bien définir ce que c'est, l'utilisation durable?
Mme Morin (Stéphanie) : En ce
moment, si on parle juste des aires protégées, le concept d'utilisation
durable, là, on parle d'une certaine définition qui vise à pallier à l'intégrité,
là, des milieux naturels tout en préservant certains usages. C'est intéressant,
cette définition-là. C'est une définition basée sur l'IUCN, puis tout ça. Par
contre, je pense que c'est une opportunité de voir jusqu'où on peut aller avec
ce concept-là d'utilisation durable, jusqu'à quand on peut utiliser des
ressources biologiques ou un service écologique, parce que ça, ce n'est pas
dans les différentes définitions, là, d'un milieu humide ou hydrique, dans ce
cas-ci...
Mme Morin (Stéphanie) : ...dans...
ce qui nous a... voyons, ce sur quoi l'AGRCQ repose, là, au niveau des cours
d'eau, donc l'utilisation durable de ces milieux-là, jusqu'où on peut les
utiliser. Ça fait que de venir définir, mieux baliser comment... comment on...
c'est quoi, là, la notion de succès, qu'est-ce qui définit, en fait, qu'on
utilise durablement une ressource ou un service écologique. Ça, ce n'est pas
encore bien balisé. Puis je pense que, même à travers les aires protégées,
c'est quelque chose qui est en train d'être défini, c'est quoi, les balises de
l'utilisation durable.
Mme Grondin : Vous nous
parlez un peu de forme d'économie circulaire des services écologiques, jusqu'où
on va.
Mme Morin (Stéphanie) : Effectivement,
jusqu'où on va.
Mme Grondin : Parfait.
Mme Morin (Stéphanie) : Par
exemple, en milieu agricole, comment on peut faire de l'utilisation durable,
rendre les milieux humides intéressants pour les producteurs agricoles pour
qu'ils réutilisent pour leur propre champ, par exemple? On pourrait aller là, là.
On pourrait utiliser le fonds bleu pour accompagner le milieu agricole en
plus... en s'assurant d'être arrimé avec ce qui se fait au niveau du MAPAQ puis
les différents plans d'agriculture durable. Bien, je pense, c'est une
opportunité, là.
Une voix : ...
Mme Grondin : Une minute 20.
Donc, il reste une minute 10. Peut-être un dernier point que je trouve
important. Vous souhaitez qu'on spécifie... je ne me souviens plus, c'est la
recommandation 7, précisément, là, faire une différence entre local et
régional. Pourquoi?
Mme Morin (Stéphanie) : Trop
souvent, ça amène une confusion qu'on spécifie seulement municipalité. Je
comprends qu'en termes législatifs, qu'on écrive «municipalité», c'est la chose
à faire, mais souvent, on le voit dans le cadre d'un régime transitoire, quand
on identifie les municipalités, il y a une confusion si c'est la MRC qui
applique ou si c'est la municipalité locale. Nous, on souhaite que, dans le
cadre du fonds, les deux soient spécifiés clairement pour que les deux puissent
être ciblés par la création de ce fonds-là.
Mme Grondin : Parfait. Merci
beaucoup.
Le Président (M. Jacques) : Bien,
merci, Mme la députée. Ceci termine le premier bloc d'échanges. Et je cède la
parole maintenant à l'opposition officielle et à Mme la députée de
Notre-Dame-de-Grâce.
Mme McGraw : Merci, M. le
Président. Et merci à vous quatre d'être avec nous en virtuel cet après-midi.
Je trouve que... Et je rejoins beaucoup ce qu'a dit ma collègue députée d'Argenteuil...
votre expertise et votre... votre expérience... votre expertise et votre
expérience sur le terrain. Et je trouve que le mémoire est très bien structuré
au niveau du contenu puis la forme. Donc, je vous félicite là-dessus. Très
facile à suivre, les recommandations précises au sein aussi des amendements
proposés, donc merci pour tout ce travail. Et vos commentaires et votre mémoire
rejoint quand même plusieurs commentaires qui ont été faits lors des
consultations.
À présent, ce qui est clair, c'est que je
pense que tout le monde est d'accord que le fonds bleu, c'est un pas important
dans la bonne direction. Et ça, on tient à le souligner. Et là on est... on
fait cette... on a ces consultations, et éventuellement l'étude détaillée,
souvent, pour voir comment on peut améliorer le projet de loi. Alors, avec ça
comme contexte, est-ce que vous trouvez qu'il y a des angles morts ou des...
des sujets que vous auriez aimé voir traités dans le projet de loi? Donc, vos
recommandations, c'est basé sur ce qu'il y a maintenant dans le... Par contre,
vous avez... vous avez souligné l'adaptation aux changements climatiques, et on
appuie cette recommandation-là. C'est une... c'est une lacune qu'il faut...
qu'il faut régler. Donc, est-ce qu'il y aurait d'autres enjeux ou d'autres...
d'autres angles morts?
• (17 h 10) •
Mme Morin (Stéphanie) : Bien,
comme on a... comme on a parlé dans le mémoire, effectivement, là, il y a
l'adaptation aux changements climatiques, la mise en œuvre des PRMHH, là. Je ne
veux pas me répéter à cet effet-là, mais on croit que le financement des PRMHH
est quelque chose de majeur. J'ai compris avec l'intervention de M. le ministre
que c'était quelque chose qui était... qui était déjà envisagé, et voir comment
ça va être priorisé. Donc, c'est sûr que tout ce qu'on... tout ce qu'on a
rajouté, là, toutes nos propositions sont des ajouts qui ne sont pas
actuellement dans... dans le projet de loi. Est-ce qu'il y a d'autres choses?
C'est sûr que, si on est dans un monde de licornes, on pourrait ajouter plein
d'autres choses, notamment le monitoring, tu sais, des différents milieux ou
l'acquisition de connaissances, le développement des expertises aussi, comme je
l'ai un peu mentionné, en adaptation aux changements climatiques. C'est quelque
chose que, si on veut des...
Mme Morin (Stéphanie) : ...changement
de paradigme. Il faut former les gens. Il faut créer des opportunités pour
qu'il y ait ces changements-là, il faut s'inspirer de ce qui se fait ailleurs.
Donc, ça serait pas mal les ajouts. Je ne sais pas si Simon, Vincent ou Lisanne
si vous vouliez faire d'autres... Ça vous va.
Mme McGraw : Donc, ça,
c'est la recommandation numéro 5. En ce qui concerne... Donc là, vous
parlez de financement, vous parlez de gouvernance. Est-ce que selon vous, les
mesures qui... les mesures proposées sont adéquates pour que les sommes prévues
soient utilisées aux fins prévues?
Mme Morin (Stéphanie) : J'imagine
que votre question réfère à la reddition de comptes puis le suivi un peu du
financement.
Mme McGraw : Si la
reddition des comptes est assez robuste, mais, oui, c'est deux questions liées.
Mme Morin (Stéphanie) : Oui.
Bien, je pense que c'est intéressant, là. Il y a des très bons pas. C'est
essentiel qu'il y ait une reddition de comptes et une certaine imputabilité,
là, par rapport à... les investissements qui vont être... qui vont être faits.
Je pense que pour faire la reddition de comptes, ça doit être aussi basé sur
des données qui sont réelles, et pas juste des estimations. Puis je pense que
ça, ça avait été repris aussi au courant d'autres auditions, là. Trop souvent,
on fait des estimations, puis on passe à côté, par exemple, de certaines cibles
parce qu'on n'a pas la donnée réelle puis on sous-estime donc les impacts. Ça
fait que je pense que c'est important que ça soit basé, là, sur des données
réelles et non pas des estimations. Ça fait que ça revient à faire... à
reparler du monitoring puis ça revient à reparler aussi, par exemple, de
transparence de données dans tout plein de domaines. Donc, oui.
M. Cordeau (Vincent) : Je
me permettrais...
Mme McGraw : Oui. S'il
vous plaît.
M. Cordeau (Vincent) : Oui,
si c'est possible, je me permettrais d'ajouter pour les mécanismes de
financement, là, de... Il était souligné d'abord qu'il est souhaité d'avoir une
certaine flexibilité, donc, avec l'exercice des... des RMHH, des MRC, il n'y a
pas une action qui pareille dans une région ou une autre. Tout dépend de notre
réalité terrain. Donc, dans ce contexte-là, ça va être difficile de faire, je
pense, un programme provincial qui va pouvoir se décliner d'une manière qui est
uniforme sur l'ensemble du territoire, donc avoir un mécanisme, une flexibilité
qui est à l'instar du Fonds régions-ruralité pour dépenser les sommes. Et je pense
qu'on peut s'inspirer des mécanismes de reddition de comptes aussi. Donc, il y
a quand même des balises que le gouvernement donne au milieu municipal pour que
soit ce qu'il est possible de dépenser, les activités. Je pense que le projet
de loi est déjà bien clair dans ce sens-là. Donc, c'est ce qui est souhaité,
d'avoir un peu le même mécanisme que le Fonds régions-ruralité pour laisser une
flexibilité au milieu.
Mme McGraw : Pardon.
Merci. Dans la recommandation no 1, vous parlez des services écosystémiques.
Est-ce que vous trouvez que... Donc, ça, ça rejoint aussi comment on valorise
l'eau. Est-ce que vous avez des... des ajouts ou des précisions là-dessus?
Mme Morin (Stéphanie) : Bien,
dans le fonds, dans la recommandation 1, on parlait notamment
d'utilisation durable des ressources en eau. Donc, oui, des services
écosystémiques. Là, tu sais, quand on voit... on voit l'eau comme une ressource
plutôt que l'eau comme un milieu dans... pour lequel... Il nous rend plusieurs
services, hein? L'eau, c'est une source d'eau potable. Donc, c'est important
qu'elle soit protégée. L'eau, c'est aussi les services écologiques que les
milieux riverains, que les milieux humides aussi rendent, notamment en termes
de captation du carbone ou bien en termes de régulation, de filtration. C'est
ça, l'utilisation durable. Ça fait que quand on parle d'utilisation durable,
qu'on parle d'utiliser une ressource, nous, on suggère qu'on ne parle pas juste
d'utiliser une ressource, mais aussi des services écologiques, tu sais. Si on
amène un peu cet angle-là dans le projet de loi, ça pourrait être intéressant.
Après ça, de baliser comment on utilise un service écosystémique, puis jusqu'où
c'est durable.
Mme McGraw : Donc, au
niveau des finances, est-ce qu'on sous-estime la valeur financière des services
écologiques rendus?
Mme Morin (Stéphanie) : Eh
bien, c'est une très bonne question. En fait, les études commencent à émerger,
là, en ce moment en termes de valeur économique des milieux humides et
hydriques, là, les études de Jérôme Dupras, notamment, à l'UQO commencent un
peu partout à émerger. On a Montréal qui a été quantifié en termes de valeur
écosystémique. Il y a plusieurs autres MRC qui sont en train de faire un
certain processus, là, d'évaluer la valeur économique des milieux naturels.
Puis, bien, en ce moment, cette valeur-là, est-ce qu'on la sous-estime?
Probablement. Parce qu'on n'a pas les connaissances nécessaires pour être, tu
sais, pile-poil sur ce que vaut le milieu naturel. Puis ça revient un peu à l'acceptabilité
sociale aussi. Qu'est-ce qu'on... qu'est- ce qu'on considère, nous, comme
société québécoise, comme étant rentable ou ayant une valeur économique? Ce
n'est clairement pas... Ce n'est clairement pas, en ce moment, dans...
considéré...
Mme Morin (Stéphanie) : ...par
exemple, dans les taux de taxation au niveau municipal, tu sais, ça, c'est
quelque chose qui est absent, ça fait qu'en termes de mesures, par exemple,
écofiscales, de considérer la valeur économique des milieux naturels comme un critère
d'analyse, ça pourrait être intéressant ou que ça soit intégré dans, par
exemple, les taux de taxation, cette valeur-là plutôt que juste la valeur
foncière comme c'est fait actuellement, ça serait intéressant, en fait, d'aller
dans cette avenue-là pour préserver les milieux davantage.
M. Lajeunesse (Simon) : Si
vous me permettez de compléter, au-delà du montant qu'on peut évaluer pour la
valeur d'un service écosystémique, c'est beaucoup la question de... on est
presque tout le temps sur une propriété privée, donc le bénéficiaire du service
n'est pas nécessairement le propriétaire du milieu, et c'est là que d'avoir
accès à des fonds viendrait grandement aider les communautés à mettre en place,
à préserver nos milieux qui servent des services écosystémiques.
Mme Morin (Stéphanie) : À
portée collective, effectivement.
Mme McGraw : Oui, un point
très important. Est-ce que... on va revenir sur la question des connaissances
et des données, on a parlé de reddition de compte, vous avez parlé de données
réelles, on a aussi parlé de compteurs d'eau pour les données, est-ce que vous
avez une opinion là-dessus?
Mme Morin (Stéphanie) : Une
opinion sur les compteurs d'eau? Donc, vous parlez des compteurs d'eau au
niveau des résidences, donc des citoyens?
Mme McGraw : Non.
Mme Morin (Stéphanie) : Ou
vous parlez des entreprises?
Mme McGraw : Les entreprises.
Mme Morin (Stéphanie) : Les
entreprises.
Mme McGraw : Pas les
individuels, les résidences, mais... pas le niveau... au niveau résidentiel,
mais entre les entreprises commerciales, etc.
Mme Morin (Stéphanie) : Bien,
c'est sûr qu'en ce moment, tu sais, on a une méconnaissance de l'utilisation de
l'eau au... Je pense, le ministère a de certaines connaissances au niveau des
grands préleveurs, chose que j'ai compris qu'il y allait avoir plus de
transparence, là, si... ce qui était souhaité, c'est sûr que toutes formes
d'entreprises qui exploitent l'eau, plus on a un meilleur portrait de
l'utilisation de l'eau, mieux on va pouvoir quantifier le succès de est-ce
qu'on l'utilise durablement ou non? Mais si on n'a pas... si on a certaines
données, mais qu'on n'a pas l'ensemble de l'oeuvre de... tu sais, l'ensemble
des exploitants, bien, c'est sûr qu'on passe à côté, tu sais, mais c'est ça.
L'AGRCQ, là, on... tu sais, on s'est beaucoup plus concentrés sur la création
du fonds, puis, bon, un petit peu la reddition de comptes, mais c'est surtout
au niveau de la création du Fonds bleu, là, qui nous intéresse, là. Au niveau
des, tu sais, des compteurs d'eau, tout ça, l'Association des gestionnaires de
cours d'eau, ce n'est pas quelque chose avec lequel on travaille au quotidien.
Donc, je vous dis une opinion en lien avec les compteurs d'eau, là, basée un
peu sur mes collègues précédents ou les associations précédentes qui ont passé
en audition.
Mme McGraw : Est-ce que le
Québec, donc pour... un peu dans la même ligne de pensée, est-ce que le Québec
devrait s'améliorer en termes d'acquisition des données à ce niveau-là?
Mme Morin (Stéphanie) : Effectivement,
je crois que c'est essentiel, le mieux on... le plus qu'on a de données le
meilleur seront... les meilleures seront nos décisions. C'est toujours dans...
avec des décisions éclairées qu'on peut vraiment comprendre l'impact aussi de
nos décisions sur les territoires. Ça fait que je pense que c'est en passant
par l'acquisition de connaissances qu'on va s'améliorer au niveau, par exemple,
de l'utilisation de l'eau potable. Au niveau des eaux souterraines, en ce
moment, dans les différentes MRC, il commence à y avoir plus de connaissances à
l'aide des PACES, là, les projets d'acquisition sur les eaux souterraines...
les projets d'acquisition de connaissances sur les eaux souterraines, ça
commence à émerger dans les... dans les différents territoires.
• (17 h 30) •
On a certaines données avec l'aide des OBV
qui nous sont... qui nous sont transférées, par contre l'utilisation de ces
données-là dans un but de développer le territoire, puis de le protéger, puis
de protéger la ressource en eau souterraine, par exemple, c'est quelque chose
qu'on ne sait pas encore, c'est le prochain chantier parce que, suite à l'acquisition
de connaissances, il faut savoir quoi... qu'est-ce qu'on fait avec ces
données-là? Parce qu'avoir des données pour avoir des donnés, ça ne sert
strictement à rien, mais, par contre d'utiliser ces données-là dans le but de
protéger, dans le but de mieux aménager le territoire, c'est essentiel. Puis
ça, c'est un chantier pour l'instant qui est sous estimé. Tu sais, on parle à
certains chercheurs dans le cadre de projets de développement chez nous, dans
Argenteuil, puis on a un super portrait de, tu sais, de plus en plus précis, au
niveau, par exemple, des eaux souterraines. Par contre, qu'est-ce qu'on fait?
Cette notion-là, ce n'est pas clair. Tu sais, on peut protéger des zones de
recharge, mais qu'est-ce que ça veut dire protéger des zones de... de recharge?
C'est un peu ça.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup pour votre échange. Donc, nous allons procéder à la dernière... du
dernier bloc d'échanges avec la deuxième position et Mme la députée de Verdun.
Mme Zaga Mendez : Merci, M.
le Président. Je veux saluer l'Association des gestionnaires...
Mme Zaga Mendez : ...des cours
d'eau. Rapidement, Mme Morin, M. Cordeau, Mme Chauvette, ainsi
que M. Lajeunesse avec qui j'ai... on a eu la chance de collaborer dans
une autre vie. J'ai énuméré vos... il y a deux recommandations qui ont attiré
mon attention. Puis, avec le temps qu'on a, j'aimerais vous entendre un peu
plus sur l'ajout de l'adaptation aux changements climatiques, au paragraphe 2°,
là, c'est la recommandation n° 2, pardon. Et tantôt,
dans la discussion, moi, ce que je comprenais, c'est un besoin de ne pas
seulement décimer les coûts, de se préparer, d'avoir des budgets qui sont
substantiels à cet égard-là. Est-ce que vous sentez qu'avec le Fonds bleu on
répond en partie ou est-ce qu'on a besoin encore d'un fonds beaucoup plus
généreux pour l'adaptation aux changements climatiques?
Mme Morin (Stéphanie) : Bien,
l'adaptation aux changements climatiques, je pense qu'Ouranos va sûrement vous
en parler plus un peu plus tard, mais, tu sais, l'adaptation aux changements
climatiques en soi, c'est énorme. Si on parle d'adaptation aux changements
climatiques en lien avec l'eau, tu sais, ça va être quand même important.
Après, je pense qu'en termes financiers ça va être important, c'est un chantier
énorme. Si on parle de changements climatiques, les aléas en lien avec l'eau,
on parle des précipitations extrêmes, on parle, par exemple, de l'adaptation du
cadre bâti, des infrastructures municipales à recevoir, ces devis extrêmes là,
par exemple, on parle d'inondations... je peux continuer, là, avec les aléas de
l'eau, on parle d'approvisionnement, mais tout ça, ces variations au niveau
d'eau là, qu'ils soient extrêmes, soient en surplus, mais aussi en manque, en
carence, bien là, il faut savoir comment jauger, comment s'adapter avec ces
variations d'extrêmes là.
Chez nous, dans la municipalité de
Saint-André-d'Argenteuil, une année, on a une... historique, l'autre année, on
est en sécheresse, les puits municipaux sont à sec. Tu sais, ça va être ça de
plus en plus. Comment on s'adapte à ça? Ce n'est pas facile. Donc, ça va
nécessiter effectivement des engagements financiers.
M. Lajeunesse (Simon) : Personnellement,
je suis d'avis que tout ce qui est... une grosse partie de l'adaptation aux
changements climatiques dans le milieu municipal qui concerne les
infrastructures. Il va falloir gérer des volumes d'eau, des pluies, donc tout
ce qui est ponceau, égouts pluviaux, etc., les quartiers déjà bâtis. On parle
vraiment de programmes d'infrastructures qui vont exiger des sommes
considérables. Dans mon optique, le Fonds bleu, on devrait être plus en mode de
prévention gestion des milieux naturels, plus en mode de prévenir. Donc,
autrement dit, il y a un cours d'eau à protéger, on parle d'un espace de
liberté, toutes des choses qui vont exiger des sous ou pas nécessairement dans
des quatre bâtis très densément peuplés. À ces endroits-là, il y a... les
programmes actuels sont insuffisants ou sont inexistants. Donc, c'est... mon opinion
est qu'on devrait aller vers... Le Fonds bleu devrait servir à la préservation
des milieux hydriques dans leur intégrité, dans une optique de changements
climatiques avant qu'il soit trop tard.
Mme Zaga Mendez : Merci pour
cet ajout. Et avec le temps qu'il nous reste, peut-être vous entendre un peu
plus sur la question de la gouvernance puis l'ajout du rôle des MRC dans la
gestion de ce fonds et des actions qui vont être réalisées. J'aimerais ça vous
entendre un peu plus là-dessus.
Mme Morin (Stéphanie) : Oui.
Bien, dans le fond, c'est ça, on juge que c'est important, que les compétences
des MRC soient reconnues dans le cadre du Fonds bleu, dans la gouvernance,
puisqu'on est des acteurs de mise en œuvre. Mme la députée d'Argenteuil l'a dit
tantôt, on est des praticiens, on va prendre les différentes planifications et
on va les mettre en œuvre. Donc, on a un rôle très important dans la
gouvernance puisque ce sera nous qui devrons, à l'échelle régionale, mettre en
œuvre plusieurs projets avec nos municipalités locales qui devront notamment
s'adapter. Donc, il y a plusieurs... Les objets du fonds, nécessairement, ça va
passer par le niveau régional, les MRC et les municipalités. Donc, d'ajouter
les compétences en matière de gestion des cours d'eau, qui sont des compétences
dévolues aux MRC, en matière de protection de l'environnement aussi, va
permettre, je pense, une meilleure mise en œuvre.
Mme Zaga Mendez : Merci
beaucoup.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup pour ces échanges. Je vous remercie de votre contribution aux travaux
de la commission, et nous suspendons quelques instants pour accueillir le
prochain groupe. Merci.
Mme Morin (Stéphanie) : Merci
à vous.
(Suspension de la séance à 17 h 26)
(Reprise à 17 h 30)
Le Président (M. Jacques) : Nous
reprenons nos travaux. Et je souhaite la bienvenue aux représentants du Conseil
du patronat du Québec. Je vous rappelle que vous disposez de 10 minutes
pour votre exposé, après quoi nous procéderons à la période d'échange avec les
membres de la commission. Je vous invite donc à vous présenter puis à commencer
votre exposé.
M. Blackburn (Karl) : …M. le
Président, alors d'abord, j'aimerais remercier la Commission des transports et
de l'environnement de nous donner l'opportunité d'exprimer le point de vue de
nos membres dans cette consultation sur le projet de loi n° 20, loi instituant
le Fonds bleu et modifiant d'autres dispositions. Tout d'abord, j'aimerais
saluer mon ami le député de René-Lévesque, et je suis Karl Blackburn, président
et chef de la direction du Conseil du patronat du Québec. Je suis accompagné de
mon collègue Arnaud Champalbert, vice-président, Affaires publiques et
gouvernementales au Conseil du patronat du Québec.
Je vous rappelle brièvement qui est le
Conseil du patronat. Notre organisation, créée en 1969, est une confédération
de près de 100 associations sectorielles et représente les intérêts de
plus de 70 000 employeurs de toutes tailles et de toutes les régions du
Québec issus des secteurs privés et parapublics. Le CPQ a pour mission de se
prononcer sur les politiques publiques susceptibles d'affecter les entreprises
tant au palier municipal, provincial qu'au fédéral. La CPQ intervient également
sur de nombreuses tribunes pour faire entendre la voix des employeurs du Québec
et faire reconnaître leur contribution à l'amélioration du niveau et de la
qualité de vie des citoyens. D'entrée de jeu, le CPQ souligne l'instauration du
Fonds bleu et les objectifs...
17 h 30 (version non révisée)
M. Blackburn (Karl) : ...objectifs
de protection, de restauration, de mise en valeur et de bonne gestion de l'eau.
Le fonds serait alimenté par des redevances et par une contribution du
gouvernement, soit des crédits budgétaires. De façon générale, le CPQ appuie le
principe d'utilisateur-payeur. Ceci est d'autant plus vrai lorsqu'il s'agit d'une
ressource essentielle comme l'eau. Nous sommes en faveur de l'écofiscalité, un
concept qui s'applique bien aux redevances sur l'eau. Celles-ci incitent à
adopter des comportements désirables du point de vue environnemental.
Toutefois, pour le Conseil du patronat du
Québec, certaines mises en garde s'imposent. La prévisibilité et la
compétitivité des entreprises sont des facteurs importants à prendre en
considération dans les politiques et les actions gouvernementales pour que les
entreprises puissent continuer de contribuer au développement durable du Québec
et à sa prospérité. Ces éléments constituent à la base de nos commentaires qui
concernent aussi le projet de règlement accompagnant le p. l. n° 20.
Comme nous avons reçu une convocation
tardive, vous... veuillez nous excuser de vous avoir fait parvenir le mémoire
il y a quelques minutes à peine. Mais soyez assurés qu'on pourra répondre
amplement aux questions que vous aurez à nous poser dans les échanges qui
suivront cette présentation.
Tout d'abord, la hausse de la redevance
sur l'eau prévue dans le projet de loi et les règlements accompagnant le p. l.
n° 20 est considérable. Pour plusieurs secteurs, la redevance en place
depuis 2010 sera multipliée par 14, et ce, en l'espace d'un an. Comme d'autres
intervenants l'ont mentionné avant nous, il s'agit donc d'un choc tarifaire. Il
faut comprendre que cette hausse arrive dans un contexte particulier. Tout d'abord,
avec l'inflation qui est toujours très élevée, les secteurs visés par le p. l.
n° 20 ont aussi été affectés par d'autres hausses récentes de tarifs et de
coûts de... et de nouvelles obligations réglementaires.
Une autre de nos inquiétudes se trouve du
côté du fardeau fiscal des entreprises. Rappelons que les entreprises du Québec
sont plus lourdement taxées que celles d'autres provinces canadiennes et la
plupart des pays de l'OCDE notamment en raison des taxes sur la masse
salariale. Le poids combiné des prélèvements sur les sociétés au Québec, on
parle de 7,2 % du PIB en 2021, dépasse celui de l'Ontario, à 6.1 %,
et se retrouve au quatrième rang sur un ensemble de 38 pays et provinces. Un
équilibre doit être préservé, surtout que votre gouvernement travaille fort sur
l'allègement réglementaire.
Le CPQ estime qu'il est possible de
prévoir des modifications pour ne pas nuire à la compétitivité des entreprises
tout en respectant les objectifs du projet de loi. Le CPQ propose donc de
reconsidérer l'ampleur de la hausse prévue et de l'étaler dans le temps pour
éviter un choc et donner aux entreprises le temps de s'ajuster. Une exonération
ou modulation pour certaines activités et pour tenir compte des spécificités et
réalités des différents secteurs visés est également souhaitée.
Par exemple, le secteur des pâtes et
papiers du Québec fait partie des secteurs fortement touchés par ce projet de
loi. Ces entreprises prélèvent de grands volumes d'eau pour leurs opérations.
Or, il est à noter qu'en ce moment, en Ontario, ce secteur ne paie pas de
redevances sur l'eau. Il est aussi à noter que les usines de pâtes et papiers
retournent la quasi-totalité de l'eau prélevée après traitement et respectant
les plus hauts standards environnementaux. On devrait considérer imposer la
redevance sur la quantité consommée au net, en s'assurant évidemment de la
bonne qualité de l'eau retournée.
Par ailleurs, l'usage de l'eau dans le
secteur de la transformation alimentaire est beaucoup en lien avec des
objectifs de salubrité et de santé et sécurité. Le modèle de contenants à
remplissages multiples dans le secteur brassicole, pour sa part, représente un
modèle économique circulaire qui favorise une diminution de l'usage des
ressources et qui est à encourager et à renforcer. Ainsi, on pourrait envisager
une modulation de la redevance pour tenir compte des différentes formes et
finalités d'usage de l'eau et pour tenir compte de l'eau qui est retournée et
de la consommation nette.
Un autre point important concerne l'utilisation
du fonds. Pour le CPQ, le Fonds bleu devrait pouvoir servir à appuyer des
projets en faveur d'une meilleure utilisation et gestion de l'eau par les
entreprises, par exemple pour l'introduction d'innovations technologiques, la
recherche scientifique et le développement. Si les dispositions du projet de
loi n'empêchent pas a priori une telle utilisation, la documentation entourant
la publication du projet...
M. Blackburn (Karl) : ...de
loi et ses règlements mériteraient d'être clarifiés sur ce point. Il serait
donc important de confirmer si les entreprises qui contribueront au Fonds bleu
vont pouvoir en tirer profit pour des activités en lien avec les objectifs
d'assurer la protection, la gestion durable, responsable et efficace de l'eau.
Un parallèle en ce sens peut être fait avec le Fonds d'électrification et
changements climatiques et le marché du carbone. Le gouvernement pourrait aussi
aller plus loin avec le fonds et envisager la création d'un centre de recherche
sur l'eau qui regarderait les différentes facettes en lien avec cette richesse.
Pour ce qui est de la révision périodique
prévue aux cinq ans des dispositions réglementaires concernant les redevances
pour l'utilisation de l'eau, on considère que c'est souhaitable. Cela amène à
de la prévisibilité en milieu économique. Cette prévisibilité réglementaire
permet aux entreprises de demeurer compétitives et d'équilibrer leurs états
financiers pour éviter des chocs. Une première révision après deux ans pourrait
être ainsi indiquée. Le projet de loi prévoit également rendre publiques, dès
le 1er janvier 2024, les données relatives aux volumes d'eau déclarées par
les préleveurs assujettis à la réglementation. Le CPQ appuie les efforts de
transparence et l'utilisation de données pertinentes pour maximiser le
potentiel d'évaluation et des résultats et d'atteinte des objectifs des
politiques.
Il note toutefois l'importance du respect
des considérations commerciales et concurrentielles de confidentialité et de
sécurité. Ainsi, des données sur les volumes d'eau déclarées par les préleveurs
peuvent représenter, dans certains cas, des informations commerciales sensibles
et ne devraient pas, dans ce cas, faire l'objet de divulgation obligatoire à
grande échelle. Une solution alternative serait de rendre disponibles des
données plus agrégées, que ce soit sur une base sectorielle ou temporelle. On
atteindrait quand même l'objectif visé tout en veillant au respect de ces
considérations. Il faudrait démontrer que de nouvelles exigences auprès des
entreprises ont une réelle valeur ajoutée et démontrée compte tenu des
inconvénients potentiels.
Pour conclure, le CPQ appuie l'objectif du
projet de loi n° 20 et ne s'oppose pas à une hausse de la redevance sur
l'eau. Une telle hausse devrait par ailleurs tenir compte du bassin... du
besoin, pardon, de compétitivité des entreprises et être plus graduelle. Cela
permettrait d'offrir une certaine prévisibilité. Les redevances devraient aussi
tenir compte de l'utilisation nette de l'eau et non seulement sa captation. Le
CPQ estime que la protection de l'eau requiert des efforts concertés de tous.
Le fonds bleu fait en sorte d'offrir des incitatifs pour encourager les bons
comportements en lien avec cette ressource. Ce fonds devrait être disponible
pour les entreprises pour les soutenir dans leurs efforts de réduction de
l'utilisation de l'eau et de gestion efficace de cette ressource. Je vous
remercie beaucoup de votre attention, et nous sommes disponibles pour répondre
à vos questions.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup pour votre exposé. Et je cède maintenant la parole au ministre pour la
période d'échanges.
• (17 h 40) •
M. Charette : Merci beaucoup,
M. le Président. Messieurs, merci d'être avec nous. Toujours un plaisir d'avoir
la possibilité d'échanger sur des... des enjeux qui nous intéressent et
interpellent. Peut-être quelques éléments de commentaires par rapport à ce que
vous avez mentionné. Vous évoquez un choc tarifaire. C'est vrai que la hausse,
on ne le nie pas, elle peut sembler importante. C'est essentiellement
900 % par rapport à ce qui s'applique actuellement pour ce qui est du
fruit final, là, de cette... de cette hausse, mais, dans les faits, c'est
300 % suite à une tarification qui était définitivement beaucoup trop
basse à l'origine, donc c'est 900 % de trop peu. Donc, au final, ce n'est
pas une somme qui est déraisonnable. Et un autre élément qu'il ne faut pas
perdre de vue, il n'y a pas eu d'indexation depuis 12 ans, donc c'est
quelque chose, là, qui, dans les faits, étalé sur la durée, qui ne représente
pas un choc aussi important, là, qu'on pourrait le craindre, mais, en même
temps, je comprends que, pour une entreprise et même pour un individu, se faire
imposer de nouveaux tarifs, ce n'est jamais agréable.
Mais ce qu'on a pu mentionner depuis le
début, par contre, le but de ce projet de loi et des projets de règlement n'est
pas d'engranger de l'argent pour en engranger, c'est beaucoup pour changer des
comportements. On veut qu'à la toute fin on utilise moins d'eau. Et c'est un
petit peu le propre... Lorsqu'on a trop d'une ressource, malheureusement, on
tend à la gaspiller...
M. Charette : ...et on est
convaincu qu'à travers une meilleure tarification de l'eau, ça va inciter les
entreprises à revoir certaines de leurs pratiques, à revoir certains de leurs
procédés pour ultimement utiliser passablement moins d'eau. Et étant donné
qu'on ne fait pas ça pour engranger de l'argent, il y a une disposition du
projet de loi qui prévoit qu'il pourra... qu'on pourra mettre en place un programme
pour venir aider les entreprises qui mettront en place de nouveaux procédés qui
viendront réduire significativement leur recours à l'eau. Ce qu'on a répété,
par contre, depuis le début, et je me sens obligé de le répéter de nouveau, les
entreprises doivent être conscientes que ce programme là, lorsqu'il sera
développé, ce n'est pas dans l'optique de couvrir l'entièreté des frais de
transformation. Une usine ou une entreprise ne pourra pas récolter à travers ce
programme-là plus qu'elle n'aura versé en redevances. Mais plus la
transformation, elle est importante... ou, en fait, je vais le dire comme ça,
plus l'utilisation en eau est importante, plus les redevances seront
importantes et plus l'entreprise pourra bénéficier d'un éventuel programme, sans
toutefois dépasser, là, les tarifs qu'ils ont... qu'elle aura déjà payés.
Vous faites, comme d'autres l'ont fait,
une distinction au niveau de la transformation, à savoir ce qui est capté
versus ce qui est rejeté. On ne peut pas ne pas considérer cette distinction-là.
C'est la raison pour laquelle, à l'origine, il y avait deux taux. On maintient
deux taux, c'est-à-dire une entreprise qui capte et qui rejette une partie de
l'eau va avoir un taux différent qu'une entreprise qui intègre l'eau à son
produit, que ce soit au niveau alimentaire et même au niveau industriel par
exemple. Mais on ne peut pas reconsidérer ce principe-là, et malheureusement,
et je comprends le souhait, mais on nous a demandé dans le cas de certaines
entreprises... vous avez parlé des entreprises de pâtes et papiers, considérer
uniquement l'eau qui est ultimement captée et non pas celle qui aura été
utilisée dès le départ. Je comprends qu'il y a un traitement qui se fait, mais
ce qu'on a pu convenir hier avec les représentants de l'industrie, malgré qu'il
y a une part importante qui est rejetée, cette eau-là, elle est altérée. Oui,
elle aurait été traitée, mais ce n'est pas une eau qui se retrouve dans la même
condition qu'elle était au départ. Et ça aussi, ça doit avoir un prix. Donc, on
ne peut pas considérer uniquement, là, l'eau qui est captée et ne pas
considérer celle qui est par la suite remise à la nature.
Un autre élément, la prévisibilité. C'est
quelque chose qui est cher au milieu des affaires. C'est quelque chose auquel
on tient également et c'est prévu dans le projet de loi. On ne veut plus qu'il
y ait de gros chocs, si je dois reprendre votre expression, c'est la raison
pour laquelle on précise déjà, ce sera une indexation dorénavant de 3 %
par année. Et dans cinq ans, si on devait conclure que les changements de
comportement n'ont pas donné les fruits escomptés, bien, peut-être qu'après
cette cinquième année-là, il y aura un autre réajustement. Mais minimalement,
ça aide à prévoir, là, les investissements qui seront requis ou les dépenses
qui seront requises. Là, on parle de 3 % pour les prochaines années. Il y
a en fait... enfin le volet transparence que je voulais couvrir parce que
plusieurs entreprises ont soulevé des inquiétudes à ce niveau-là. Certaines
craignaient une certaine compétition avec leurs concurrents des autres
juridictions. Or, c'est le cas en Ontario. Si on cherche un petit peu, je vous
avoue que ce n'est pas le site le plus... le plus... comment dirais-je le
plus... j'allais dire en anglais, mais où l'usager a... je n'ai pas la
traduction exacte, mais bref, il faut vouloir trouver l'information, mais elle
est disponible, elle est publique en Ontario. Donc, les entreprises ne peuvent
pas et ne doivent pas craindre une compétition déloyale par rapport à des renseignements
qu'ils auraient à communiquer, c'est déjà le cas en Ontario. Et ce sont des
entreprises qui, je le pense, continuent d'opérer et continuent de prospérer
malgré tout. Mais la question de la transparence, elle est fondamentale. On
parle d'une ressource commune, ce n'est pas un bien qui est privé, l'eau, donc
c'est des données qui doivent être communiquées. On l'évoquait avec les gens,
autant l'UMQ, FQM, dans bien des cas, c'est des données même qui sont
nécessaires aux municipalités pour qu'elles puissent voir comment développer
leur propre milieu, est-ce qu'une nouvelle...
M. Charette : ...peut
s'installer dans leur secteur, si, par exemple, il y a déjà des difficultés en
approvisionnement en eau.
Donc, j'ai essayé de couvrir rapidement,
là, différents éléments que vous aviez mentionnés. Je ne veux pas qu'on procède
par un simple dialogue. Je veux qu'il y ait de l'espace pour échanger. Donc,
n'hésitez pas à, peut-être, répondre à ce que j'ai mentionné. Et sinon je sais
que j'ai des collègues qui seront intéressés, de la partie gouvernementale, là,
à vous poser des questions également.
M. Blackburn (Karl) : Bien,
rapidement, M. le ministre. D'abord, merci beaucoup de nous permettre de faire
cet échange, parce que c'est extrêmement important. Et, comme je l'ai mentionné
dans ma présentation, nous sommes favorables à ce que vous instaurez comme
principe l'utilisateur payeur. Mais, lorsqu'on revient sur la tarification...
Et permettez-moi d'être un peu... un peu en porte à faux avec le fait que, dans
les dernières années ou dans les 20 ou 30 dernières années, malheureusement, on
n'a pas payé assez cher cette ressource, c'est un peu comme la tarification
électrique par exemple, bien là, que, tout d'un coup, il faut faire une augmentation
tellement considérable que, oui, dans certains cas, ça apporte un choc
tarifaire. Et je comprends le principe que vous poursuivez, je comprends
l'objectif que vous voulez que ça puisse freiner rapidement, mais sincèrement,
si cette augmentation pouvait être graduelle, bien évidemment, ça permettrait,
d'une part, de rejoindre les objectifs que vous poursuivez comme gouvernement,
mais ça apporterait cette prévisibilité pour les entreprises de le faire sur
une période un peu plus longue. Et vous le savez très certainement, que les
entreprises ont été durement mises à épreuve dans les dernières années et elles
ont encore devant elles plusieurs années de turbulences, de changements
importants, tant au niveau de l'organisation que du marché international. Et,
s'il y avait cette considération qui pouvait être apportée, ça serait
certainement quelque chose qui serait bienvenu du côté des entreprises.
Au niveau, par exemple, de la consommation
nette, permettez-moi de vous donner un exemple, M. le ministre, qui devrait
vous faire réfléchir à cet élément. Je comprends le fait que vous mentionnez
que l'utilisation d'une eau qui est traitée avec les plus hauts standards, qui
est retournée dans la nature... elle est altérée. Mais imaginez, par exemple,
et c'est le cas dans certains... dans certaines usines, où la proximité de
sites industriels a permis à des sites agroalimentaires de voir le jour, de
récupérer les rejets de ces sites industriels là pour favoriser la croissance,
entre autres, de certains produits comme des légumes à l'intérieur de serres,
ce qui permet d'assurer une certaine autonomie, je dirais, alimentaire pour le
Québec. C'est bon pour l'environnement, c'est bon pour l'économie et c'est bon
pour la création de richesse dans des endroits où c'est... où c'est considéré.
Donc, l'industrie utilise de l'eau, mais qui aussi est disponible pour des
transformations alimentaires. Si on avait à considérer cet élément-là... je
comprends votre principe de l'altération, mais il y a une valeur ajoutée à ce
que l'industrie primaire... l'industrie primaire peut apporter.
Le dernier élément, puis, par la suite, on
pourra échanger avec vos collègues, sur la divulgation des données. Je
comprends l'objectif que vous poursuivez, qu'une ville qui développe de façon
effrénée des quartiers résidentiels, et qui épuise la nappe phréatique dans son
secteur, et qui fait en sorte que, malheureusement, les citoyens n'ont plus
accès à de l'eau potable en quantité et en qualité sur une base régulière, oui,
la question se pose. Mais qui a besoin d'avoir ces données? Les municipalités,
le gouvernement, les institutions qui, elles, sont en place pour légiférer et
réglementer.
• (17 h 50) •
Là où on a des inquiétudes, c'est :
qu'est-ce que pourraient faire des grands groupes internationaux de pression
avec certaines données importantes sur certaines entreprises canadiennes ou
québécoises et qui pourraient se voir attaquées sur ces marchés internationaux
là, avec, par exemple, l'utilisation de l'eau ou avec des certifications
quelles qu'elles soient, pour le bénéfice d'entreprises compétitives à
l'extérieur du Québec et du Canada? Et, dans ce contexte, l'expérience nous
démontre que certains groupes, bien organisés à travers le monde, sont capables
d'utiliser des données, malheureusement au détriment d'entreprises québécoises
et canadiennes, au bénéfice d'entreprises américaines ou internationales, d'où
notre prudence sur la divulgation des données qui devraient être, oui, entre
les mains du gouvernement, entre les mains des municipalités, mais peut-être
rendre l'accessibilité aussi difficile que ce que le gouvernement de l'Ontario
l'a fait pour ses données, pour éviter que ça puisse devenir des éléments de
pression sur les entreprises québécoises, en sachant pertinemment que l'eau
potable, l'eau douce est fort probablement un des enjeux de conflits mondiaux
dans les prochaines années, et le Québec est riche dans cette ressource. Nous
avons 3 %...
M. Blackburn (Karl) : ...des
ressources d'eau potable dans le monde, ici, sur le territoire du Québec.
Alors, donnons-nous les moyens, oui, de la protéger, de faire en sorte que ça
devienne vraiment une fierté pour le Québec, mais tentons d'éviter que la
transparence puisse permettre à des groupes avec des intérêts différents de
mettre de la pression sur des entreprises québécoises.
M. Charette : Merci beaucoup
pour vos commentaires. Effectivement, le temps file, donc, déjà, je vous
remercie, je vous salue. Je n'aurai pas le plaisir d'aller vous serrer la main
cette fois-ci, mais j'ai des collègues qui vont prendre le relais. Une belle
fin de journée à vous.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
monsieur... Et je cède la parole à M. le député de René-Lévesque pour environ
quatre minutes.
M. Montigny : Merci beaucoup.
Alors, merci, M. le Président. Je vous dis tout de suite, bien, ça se peut
qu'on manque de temps. On pourrait échanger longtemps, Monsieur Blackburn puis
moi, on va essayer de limiter. Peut-être, aussi, je passerais la parole à mon
collègue à ma gauche, on va voir. D'abord, le premier point, je veux revenir
vraiment sur votre enjeu que vous avez appelé choc tarifaire, je veux revenir
sur le fait que ça coûtait presque rien. Faites-moi pas dire que... ou à croire
que des entreprises, comme ceux qui font de la pub avec le père Noël de temps
en temps ou avec Michael Jackson, selon nos repères culturels de notre âge à
nous, elles sont capables... tu sais, elles ne sont pas capables de faire face
à cette hausse. Sérieux, c'était très peu, et l'augmentation est quand même
très peu. Alors, j'aimerais vous réentendre là-dessus. Donnez-moi un exemple
concret, là, qui va nous démontrer qu'il y a un vrai choc tarifaire.
M. Blackburn (Karl) : En
fait, si on prend l'augmentation de 900 % que mentionne le ministre, par rapport
à cette augmentation, c'est 14 fois plus que ce que ça représentait dans
la dernière année, c'est ce qui va arriver en place et en œuvre à partir du 1ᵉʳ janvier
2024. Dans certains cas, oui, ça peut paraître peu. Mais, lorsqu'on regarde la
réalité économique de ces grandes organisations quelles qu'elles soient, dans
les secteurs quels qu'ils soient, bien, c'est une addition qui se vient
s'additionner aux exigences réglementaires, qui s'en vient s'additionner à la
grave pénurie de main-d'oeuvre qui, malheureusement, occasionne des coûts
importants pour toutes les organisations. Alors, nous, ce qu'on pense, c'est
qu'il pourrait y avoir cette capacité de l'étalonner dans le temps pour éviter
que ça vienne mettre une pression trop grande rapidement sur les organisations.
L'objectif, on le poursuit puis on est d'accord, comme vous l'avez mentionné.
Mais, si on avait cette prévisibilité, cette flexibilité, ça serait
certainement quelque chose qui serait très apprécié.
M. Montigny : Bon,
maintenant, je veux vous ramener à votre conclusion dans votre mémoire :
«Le CPQ estime que la protection de l'eau requiert des efforts concertés de
tous et des indicatifs pour encourager les bons comportements en lien avec
cette ressource.» Je trouve ça très, très bon comme phrase, des bonnes choses.
Maintenant, la question que ça m'amène, c'est : Concernant, là, la
disponibilité, en fait, des ressources en eau, croyez-vous important d'adopter
des mesures pour assurer la pérennité des ressources en eau, et donc également
la pérennité des activités économiques des entreprises qui dépendent de cette
même ressource? Alors, si jamais on n'est pas capables de la préserver, bien,
on pellette pour plus tard des problèmes économiques dans la cour des mêmes
entreprises que vous défendez.
M. Blackburn (Karl) : La
réponse est rapide et simple : Oui. Et c'est pour ça, d'ailleurs, qu'on
est ici aujourd'hui parce que l'on considère que c'est important de le faire.
On vous soumet humblement des adaptations, de la souplesse dans certains
éléments parce qu'on pense que ça pourrait être facilitant pour les
organisations. Mais la réponse simple à votre question, c'est : Bien
évidemment, oui.
M. Montigny : Ça va me
permettre, à ce moment-là, d'aller sur les centres de recherche. Vous avais
parlé de centres de recherche. Ça m'a intrigué. J'aimerais ça vous entendre
davantage là-dessus. Est-ce que... Comment vous voyez ça, le Centre de
recherche sur l'eau?
M. Blackburn (Karl) : Bien,
vous me faites plaisir. Mes collègues vous diraient certainement que c'est une
question plantée. Il y a exactement 20 ans, lorsque j'étais dans votre
fauteuil, M. le député, j'avais proposé qu'effectivement... compte tenu des
besoins de la ressource, compte tenu des défis importants de celle-ci, compte
tenu du nombre de réponses que, malheureusement, nous n'avions pas tant au
niveau de l'énergie, du coût, de la recherche, de la science qui était en lien
avec cette ressource, pourquoi ne pas se doter, au Québec, justement, d'un
centre de recherche sur l'eau qui pourrait permettre au Québec de devenir un
leader mondial à ce niveau-là et pourquoi pas l'installer dans une région
ressource?
Alors, à l'époque, moi, je parlais pour le
Saguenay-Lac-Saint-Jean, mais je comprends... vous parliez pour la région de la
Côte-Nord. Mais, ceci étant dit, il y avait eu un accueil plutôt froid de la
part du ministère, et peut-être que nous étions précurseurs il y a 20 ans
par rapport à cela. Mais il est clair qu'aujourd'hui plus que jamais, si le
Québec voulait se développer vraiment une expertise à ce niveau-là dans tous
les domaines que peut représenter l'eau et la recherche...
Le Président (M. Jacques) : En
terminant.
M. Blackburn (Karl) : ...et
l'économie, bien, je pense que c'est le Québec qui sortirait grandi de cela.
Le Président (M. Jacques) : Merci
beaucoup pour cet échange...
Le Président (M. Jacques) : ...je
cède maintenant la parole à l'opposition officielle et à Mme la députée de
Notre-Dame-de-Grâce.
Mme McGraw : Merci, M. le
Président. Et merci d'être avec nous en virtuel, cet après-midi, pour la
présentation et le mémoire, qu'on est en train de lire. Effectivement, bien, ça
rejoint vos commentaires, donc c'est très clair. J'avais des questions
spécifiques et générales. Donc, je voudrais commencer avec une question
spécifique sur la révision, la période de... la révision périodique. Si je
comprends bien, vous proposez qu'une première révision serait après deux ans,
et non cinq ans. Mais vous parlez, en même temps, de prévisibilité. Donc,
j'essaie de comprendre un peu l'objectif de prévisibilité, mais de faire une
révision à l'intérieur de deux ans, et non cinq ans.
M. Blackburn (Karl) : ...amorcer,
Mme la députée, un début de réponse et je vais permettre à mon collègue de
pouvoir réagir, également, parce que je serais impoli de ne pas lui laisser la
chance de s'exprimer. D'abord, la prévisibilité, c'est, à chaque année, il est
prévu d'avoir une augmentation de 3 %. Alors, nous, ce qu'on dit, c'est
qu'on pourrait peut-être faire cette réflexion-là après deux ans, donner cet
espace de temps qui pourrait, justement, nous permettre d'évaluer l'inflation,
d'évaluer l'augmentation des coûts. Et, oui, ça apporte une prévisibilité, mais
c'est quand même une augmentation qui est considérable, dépendamment de
l'utilisation que vous en faites. Et, à ce moment-ci, bien, je céderais la
parole à mon collègue Arnaud.
M. Champalbert (Arnaud) : Merci,
Karl. Très rapidement, bien, c'est dans cette logique d'éviter un choc
tarifaire. Cinq ans, c'est la moitié du 10 ans qu'on vient de passer. Donc,
pour nous, d'avoir cette première révision après deux ans, bien, c'est une
façon de prévoir les augmentations, d'être capables d'anticiper davantage.
Donc, pour nous, c'est important d'éviter d'attendre trop longtemps. Ce deux
ans nous permet d'avoir, justement, cette prévisibilité. Et ça fait partie des
éléments qu'on appréciait du projet de loi, justement, et des règlements,
surtout, d'avoir périodiquement, aux cinq ans, cette révision, mais, pour nous,
deux ans, nous amenait davantage de prévisibilité.
Mme McGraw : Merci, très
clair. Autre question. Sur la transparence, vous parlez de données agrégées,
que ce soit sur une base sectorielle ou temporelle, qui pourraient permettre,
comme vous dites, l'atteinte de l'objectif visé, dans le respect des
considérations. Est-ce que vous pouvez élaborer là-dessus? Qu'est-ce que vous
envisagez, par exemple, au niveau des données agrégées?
M. Blackburn (Karl) : Arnaud?
M. Champalbert (Arnaud) : Bien,
pour nous, c'est surtout d'avoir un contexte et d'avoir des données
sectorielles qui permettent de donner cette transparence et répondre à certains
enjeux ou certaines questions, notamment, de la population, sans tomber dans
des données trop précises, qui peuvent, publiquement, bien, servir à des
mauvaises fins ou être mal interprétées, comme le disait M. Blackburn
précédemment. Donc, pour nous, il y a une nuance à faire entre la transparence
de... les données qu'on donne au gouvernement, les données qui servent au
gouvernement pour voir... et aux municipalités, pour comprendre comment
utiliser l'eau. Pour nous, ces données doivent être très détaillées.
Pour ce qui est de la portée publique des
données divulguées, on aimerait qu'il y ait davantage de contexte ou qu'elles
soient davantage agrégées pour permettre d'avoir ces niveaux, de voir comment
elle est consommée, mais sans tomber dans les particularités, qui peuvent
entrer avec des considérations commerciales, notamment. Donc, c'est la nuance
qu'on fait entre le public et la donnée, pour nous, détaillée que devrait avoir
le gouvernement, notamment.
• (18 heures) •
Mme McGraw : Merci. En ce qui
concerne l'utilisation du fonds, ce qui est prévu présentement, c'est vraiment
qu'un soutien financier ce serait vis-à-vis les municipalités et les OBNL
oeuvrant dans la protection, la restauration, la mise en valeur et la gestion
de l'eau. Mais vous, vous proposez que le fonds pourrait être accessible à des
entreprises, justement. Et il y aurait peut-être... le ministre, lui, a parlé
d'avoir peut-être un programme éventuel à avoir accès à un nombre, un chiffre
inférieur aux redevances. Est-ce que ça ne règle pas l'enjeu?
M. Blackburn (Karl) : Bien,
c'est une option, qui est fort intéressante, que le ministre a mise sur la
table tout à l'heure. Effectivement, si on est en mesure de pouvoir, avec ces
argents qui sont récoltés, apporter des incitatifs pour accélérer, favoriser
l'innovation, favoriser la recherche, bien, tant mieux, c'est l'économie, c'est
le Québec, c'est tout le monde qui va en profiter. Et de faire cette
utilisation en fonction de ce que le ministre a mentionné tout à l'heure, en
lien, par exemple, avec un niveau de redevances versées versus un support, de
quelque nature que ce soit, inférieur au niveau des redevances versées, ça
m'apparaît fort logique.
Mme McGraw : Parfait, merci.
Autre question. En matière de financement, de gouvernance et de financement...
c'est une question...
18 h (version non révisée)
Mme McGraw : ...que je
pose à la plupart des groupes. Est-ce que vous trouvez que les mesures prévues
sont adéquates pour que les sommes prévues soient utilisées aux fins prévues?
M. Champalbert (Arnaud) : Tu
veux que j'y aille, Karl?
M. Blackburn (Karl) : Vas-y.
M. Champalbert (Arnaud) : Oui.
Bien, c'est sûr qu'il y a encore des éléments à définir, mais avec la précision
que nous a amenée le ministre, je pense qu'on est dans la bonne direction. Et
pour nous ça remplit... En tout cas, ça rejoint nos commentaires. De ce que je
comprends, il y a un mandat qui est aussi donné aux membres du Forum d'action
sur l'eau pour définir les orientations du Fonds bleu et les recommandations.
Donc cette... cette démarche devrait aussi préciser et venir confirmer, on l'espère,
les suggestions que nous avons amenées aujourd'hui.
M. Blackburn (Karl) : Et
si je peux me permettre de faire un ajout, Mme la députée, c'est... Il faudrait
s'assurer qu'effectivement la voix économique puisse être bien évidemment
autour de la table pour s'assurer que cette... cette facette importante de
notre société puisse également participer à la hauteur des travaux puis de
notre présence, ici, aujourd'hui, puis des commentaires fort, je pense, fort
positifs et fort constructifs qu'on apporte. Bien, je pense que ça démontre au
gouvernement, ça démontre à la population qu'on est prêts à aller dans cette
direction. On veut contribuer. Maintenant, comment on peut arriver à utiliser
de meilleure... de façon beaucoup plus efficiente tous ces leviers-là pour
permettre justement de prendre ce virage qui est extrêmement important pour
notre société en général.
Mme McGraw : Et si je
lis bien, vous faites un parallèle dans ce sens avec le fonds d'électrification
ainsi que le marché du carbone, là.
M. Blackburn
(Karl) :
Exact.
Exact.
Mme McGraw : Souvent,
les entreprises travaillent de concert avec plusieurs partenaires, dont le
milieu municipal. On a une cotisation d'eau, etc. Est-ce que les entreprises
seraient ouvertes à aider à la restauration des milieux de... pardon, les
milieux où ils prélèvent l'eau?
M. Blackburn (Karl) : Bien,
j'aurais tendance à dire que, déjà, il y en a beaucoup qui le font en
réinvestissant dans les régions, dans les organisations pour réaménager,
affecter des sommes d'argent importantes pour réaménager des... des cours d'eau
et des milieux aquatiques, là, dans les municipalités. Alors, il y en a déjà
qui le font de façon importante et considérable. Ça existe déjà, ça.
Mme McGraw : Parfait.
Merci.
M. Champalbert (Arnaud) : Est-ce
que je...
Mme McGraw : Oui.
M. Champalbert (Arnaud) : Est-ce
que... Oui, juste compléter. Non, je pense que...
Mme McGraw : Parfait.
Oui.
M. Champalbert (Arnaud) : Comme
l'a dit M. Blackburn, ça se fait déjà. Ça fait partie de la protection de
l'eau. Je pense qu'on ne peut pas enlever ça de l'équation et... Et peut-être
que certaines entreprises vont développer des créneaux et peut-être que ça...
ça pourrait donner lieu à des... à l'élaboration de crédits compensatoires dans
le cadre du marché du carbone. Mais ça, c'est un autre débat.
Mme McGraw : Merci.
Autre question. Notre formation avait proposé de financer l'installation de
compteurs d'eau dans les édifices non résidentiels afin, vraiment, de réduire
la consommation et d'établir un programme volontaire pour le secteur agricole.
Est-ce que vous avez eu une réaction à l'idée de compteurs d'eau dans les
édifices non résidentiels près des entreprises, des membres?
M. Blackburn (Karl) : Votre
question, elle est intéressante. Actuellement, il y a des mécanismes qui
permettent justement aux organisations de quantifier ou de comptabiliser l'eau
qu'ils utilisent pour leur propre organisation. Est-ce que l'installation systématique
de compteurs d'eau permettrait d'atteindre les objectifs que souhaite le
gouvernement? Il faudrait faire l'évaluation de ce que ça peut représenter,
mais... mais ce n'est pas une... ce n'est pas une panacée, si je peux le dire
ainsi, là. Il faudrait faire vraiment l'évaluation de ce que ça veut dire. La
tarification, elle est extrêmement importante, on le voit bien au niveau de la
consommation électrique. Alors, la tarification est également fort importante.
Mme McGraw : Mais pour
être clair, c'est un outil. Ça ne serait pas le seul du tout, mais on voulait
juste avoir une réaction. Et dernière question. Est-ce que, selon vous, il y a
des angles morts ou il y a des sujets que vous auriez aimé voir traités dans le
projet de loi?
M. Blackburn (Karl) : Bien,
peut être rapidement, puis je laisserais peut-être mon collègue Arnaud conclure
là-dessus. Mais les trois éléments sur lesquels je suis revenu suite aux propos
du ministre nous apparaissent vraiment des éléments importants au niveau de la
prévisibilité de la tarification, l'utilisation de l'eau, du retour net de
cette utilisation de l'eau, et la cueillette des données, et surtout la
sécurité de cette... de ces données-là pour éviter que des... des voix ou des
mains malsaines puissent faire une mauvaise utilisation de ces éléments-là.
Alors, je pense que ces éléments-là devraient... devraient être considérés de
façon...
M. Blackburn (Karl) : ...importante
dans l'éventualité, là, de l'adoption du projet de loi et des règlements, tels
que proposés par le ministre. Arnaud.
M. Champalbert (Arnaud) : Pour
compléter, bien, c'est certain que, la protection de l'eau, les entreprises ont
un rôle, mais ce n'est pas uniquement sur les entreprises que repose cette
protection. Donc, c'est sûr qu'on pourrait avoir une réflexion, justement, sur
le rôle que peuvent jouer... valoriser la ressource auprès des citoyens et des
institutions aussi, et pas juste sur les entreprises, peut être... peut être
des éléments et des perspectives d'avenir dans ce... dans ces cas-là.
Mme McGraw : ...dernière
question. Il y a certains groupes qui ont parlé d'une tarification dynamique,
par exemple, où il y a eu une pénurie d'eau, où il y a un risque, regarder un
peu la santé publique, la sanitation, l'eau comme matière première. Est-ce que
vous avez eu une réaction à l'idée d'une tarification dynamique selon
l'endroit, selon l'utilisation?
M. Blackburn (Karl) : C'est
des hypothèses qui sont vraiment à considérer, mais il est clair, le premier
exemple qui nous vient en tête, c'est celui qu'on peut connaître, c'est qu'il y
a des municipalités qui développent à outrance leur... leur densité, leur
population, leur territoire, qui malheureusement ne tiennent pas compte de la
capacité d'avoir de l'eau potable en quantité et en qualité suffisante pour
alimenter leur population ne m'apparaît pas un plan de développement
stratégique très, très, très élaboré et surtout structurel et structurant pour
notre société. Alors, est-ce que... D'avoir une tarification dynamique pour ça,
est-ce que ça règle le problème? Probablement pas. Là, ça aurait été peut-être
davantage une meilleure planification stratégique qui aurait pu éviter de se
ramasser dans une situation comme celle-ci.
Mme McGraw : Merci. Donc,
s'il me reste du temps, je vais le céder au président. Merci beaucoup pour
votre présentation et votre mémoire, c'est bien apprécié.
Le Président (M. Jacques) : Merci,
Mme la députée. Et nous terminons nos échanges avec la députée du deuxième
groupe d'opposition, Mme la députée de Verdun.
Mme Zaga Mendez : Merci
beaucoup. Combien de temps qu'on a?
Le Président (M. Jacques) : 4 min 5 s.
Mme Zaga Mendez : Parfait.
Merci, Monsieur Blackburn et Monsieur Champalbert, je prononce comme il faut,
pour l'échange, la présentation. Je voulais revenir un peu, tantôt, on parlait
de l'effet du choc tarifaire, ça fait que je voulais voir avec vous si votre
organisation ou des membres de votre organisation ont fait des évaluations en
termes de l'impact sur les coûts d'opérationnalisation. Je pose cette
question-là surtout aux entreprises pour mieux comprendre les chocs tarifaires
dont vous faites référence. Alors, avez-vous un exemple ou une évaluation qui
nous montrerait, en regardant les coûts d'opération, quel est le pourcentage
que représente la redevance sur l'eau et qu'elle va représenter suite à une
hausse?
M. Blackburn (Karl) : D'abord,
bien évidemment, nous devons être prudents avant de divulguer quelque
information financière que ce soit pour des entreprises, parce que c'est de
nature privée, mais il est clair que, dans les opérations de certaines
entreprises, dans certains secteurs, il va y avoir des conséquences économiques
importantes d'augmentations tarifaires reliées à la tarification qui sera
apportée. Et il faudrait... il faudrait éviter que cette augmentation
tarifaire, peu importe la grandeur de celle-ci, en fonction du secteur de
l'activité économique de l'entreprise... il faudrait éviter que cette
tarification importante soit un désincitatif concernant, par exemple, le
nettoyage de certains produits ou de certains articles au lieu de simplement
les jeter au rebut et d'en acheter de nouveau parce que ça serait moins coûteux
de le faire de cette façon.
• (18 h 10) •
Donc, vous voyez, il peut y avoir un
équilibre qui peut être difficile, mais dépendamment de quel côté vous regardez
la situation, ça peut paraître important ou pas. Je pense que cette réalité,
elle devient... elle est propre à chacune des organisations en fonction de leur
modèle, mais il est clair que l'augmentation présentée, telle qu'on la connaît
dans le projet de loi et dans le projet de règlement, dans certains cas, va
avoir des conséquences économiques importantes. Et, comme on l'a mentionné,
lorsqu'on additionne l'augmentation considérable des frais électriques, par
exemple, pour les entreprises, pour les PME comme les grandes entreprises, qui
était bien au-delà du 3 % qui était gelé pour les citoyens, ça
s'additionne. Lorsqu'on regarde l'augmentation réglementaire qui vient ajouter
un poids supplémentaire en termes d'administration sur le dos des entreprises
et qu'on regarde devant nous et qu'il y a beaucoup d'incertitudes et
d'instabilité mondiale sur l'échiquier économique, bien, il est clair que la
prudence est de mise. Et cette prudence ne doit pas freiner la volonté du
gouvernement de faire... de protéger cette ressource, d'en faire...
M. Blackburn (Karl) : ...une
bonne utilisation avec des objectifs bien définis. Mais est-ce que cette
prudence peut nous permettre d'avoir certaines flexibilités, ajustements,
adaptations dans le temps pour tenir compte de ces éléments qui,
malheureusement, risquent de faire mal à certaines entreprises?
Mme Zaga Mendez : Tout à
l'heure, on avait... Une minute, deux minutes? Tout à l'heure, on avait une
discussion sur des mesures d'écofiscalité, donc, vous avez fait référence
rapidement au marché du carbone. Bon, on a un principe, en économie, qu'on
appelle le signal-prix, c'est-à-dire que, pour... une mesure d'écofiscalité
soit efficace, donc on arrive au résultat escompté, il faut que le prix, que ce
soit du carbone ou, dans ce cas-là, la redevance d'eau, soit substantiel pour
avoir un effet. Est-ce que vous êtes d'accord quand même avec ce principe?
M. Blackburn (Karl) : Bien,
je vais laisser mon spécialiste de faire la réponse, parce qu'Arnaud est
vraiment une personne qui a toutes les compétences à ce niveau-là. Et on est
chanceux, au CPQ, de pouvoir compter sur Arnaud. Arnaud, je pense, à cette
question fort précise de la députée, tu as certainement des éléments de réponse
fort importants.
Le Président (M. Jacques) : Rapidement.
M. Champalbert (Arnaud) : Merci,
Karl. En fait, pour répondre très rapidement, bien, c'est sûr que, pour nous,
l'écofiscalité, on la voit de deux volets, autant incitative pour faire changer
les comportements que désincitative pour faire changer les comportements. Donc,
la carotte, le bâton, on en parle souvent. Vous mentionnez davantage le volet
bâton à ce niveau-là. Donc, c'est sûr que le tarif doit permettre d'arriver à
faire changer ces comportements. Mais on amène également l'incitatif qui est
rattaché à ce bâton, et donc de soutenir les entreprises avec justement ce
retour qui leur permet de réinvestir pour mieux consommer l'eau et être plus
responsables dans la consommation d'eau. Donc, je vous dirais oui à première
vue. Reste à voir quel tarif est idéal pour faire ce changement de comportement
sans avoir un impact trop important sur les opérations.
Le Président (M. Jacques) : Merci.
Merci beaucoup, Messieurs, pour votre contribution à nos travaux.
Et, compte tenu de l'heure, la commission
ajourne ses travaux au jeudi 11 mars... 11 mai 2023, après les avis
touchant les travaux des commissions, où elle poursuivra son mandat.
(Fin de la séance à 18 h 13)