Journal des débats (Hansard) of the Committee on Transportation and the Environment
Version préliminaire
43rd Legislature, 1st Session
(début : November 29, 2022)
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Tuesday, February 18, 2025
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Vol. 47 N° 78
Clause-by-clause consideration of Bill 81, An Act to amend various provisions relating to the environment
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9 h 30 (version non révisée)
(Neuf heures et quarante-huit minutes)
Le Président (M. St-Louis) :
À l'ordre, s'il vous plaît! Ayant constaté le quorum, je déclare la séance
de la Commission des transports et de l'environnement ouverte.
La commission est réunie afin d'entreprendre
l'étude détaillée du projet de loi n° 81, Loi modifiant diverses
dispositions en matière d'environnement.
Mme la secrétaire, y a-t-il des
remplacements?
La Secrétaire : Oui, M. le
Président. Mme Blouin (Bonaventure) est remplacée par Mme Gendron (Châteauguay);
M. Montigny (René-Lévesque) est remplacé par Mme Picard (Soulanges);
M. Derraji (Nelligan) est remplacé par Mme McGraw (Notre-Dame-de-Grâce);
M. Grandmont (Taschereau) est remplacé par M. Leduc (Hochelaga-Maisonneuve);
et M. St-Pierre-Plamondon (Camille-Laurin) est remplacé par M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine).
Le Président (M. St-Louis) :
Merci, Mme la secrétaire. Avant de débuter, je dépose les mémoires qui ont
été reçues depuis la fin des consultations publiques.
Nous en sommes maintenant aux remarques
préliminaires pour lesquelles chaque membre dispose de 20 minutes. J'invite
le ministre à faire ses remarques préliminaires. M. le ministre, la parole est
à vous.
M. Charette : Merci
beaucoup, M. le Président. Je serai assez bref à ce moment-ci. On aura, je
pense, amplement le temps de parler du projet de loi. Peut-être, vous parler de
la volonté, par contre, du gouvernement. Et cette volonté-là, elle est tout
simplement d'établir un équilibre entre ce qu'on a pu entendre au moment des
consultations, notamment. Je pense, par contre, que la base est solide. La
plupart des groupes ont salué le dépôt du projet de loi. Certains y voyaient
des mesures peut-être un petit peu trop ambitieuses. D'autres, au contraire,
trouvaient que c'était trop sévère. Et d'une perspective gouvernementale, ça
veut dire essentiellement qu'on est à la bonne place. Cependant, on sera très
ouverts aux commentaires des collègues. Donc, si on a la possibilité de le
bonifier, nous le ferons avec plaisir. Et mon intention est de déposer le plus
rapidement possible à chacune des fois les amendements, de sorte que l'on
puisse travailler ensemble sur une base commune. Donc, dès ce matin, les
amendements pour les premiers articles sont déposés, en fait, déposés au
secrétariat depuis hier. Donc, en espérant que ça puisse aider les collègues à
faire leur travail.
• (9 h 50) •
Et déjà remercier tout le monde qui
passeront sans doute quelques semaines ensemble à étudier le projet de loi :
les collègues du gouvernement, bien évidemment, les collègues de l'opposition,
les gens qui nous accompagnent dans ce travail-là. Et vous constaterez une
présence très appréciée aussi des responsables au niveau du ministère de l'Environnement.
On a une fonction publique de très haut calibre et au ministère en particulier.
Donc, ce sont des gens qui se rendent disponibles pour répondre aux questions
qui pourraient être plus techniques. Donc, déjà, on les remercie de nous
accompagner dans cette démarche-là. Et à toutes et à tous, une bonne étude
détaillée.
Le Président (M. St-Louis) :
Merci beaucoup, M. le ministre. J'invite maintenant le porte-parole de l'opposition
à faire ses remarques préliminaires. Mme la députée, la parole est à vous.
Mme Dufour : Merci, M.
le Président. Je vais être un peu moins brève que le ministre. Alors, d'abord,
je vous salue et je salue l'ensemble... je salue évidemment le ministre et l'ensemble
de ses collègues de la banquette ministérielle. Et je salue mes collègues, la
députée de Notre-Dame-de-Grâce ainsi que les collègues des autres oppositions.
Nous allons, effectivement, je crois, être ensemble pendant quelques semaines
pour étudier cet important projet de loi qui modifie pas moins de 13 lois
environnementales et un règlement.
Nous avons jusqu'à maintenant reçu 60 mémoires
concernant ce projet de loi. Ça démontre à quel point il y a de l'intérêt et ça
continue de rentrer, parce que quand j'ai fait mon allocution sur le principe,
bien, j'étais rendue à 50 mémoires comptés. Et là, aujourd'hui, on est,
quelques jours plus tard, à 60 mémoires. Alors, ça témoigne donc de l'importance
que la population accorde à ce projet de loi.
Et vous savez, M. le Président, nous avons
voté contre le principe du projet de loi, parce que nous sommes préoccupés par
plusieurs éléments qui se trouvent dans... plusieurs éléments, là, qu'on
retrouve dans le projet de loi. Et pour nous, il y a plusieurs reculs. Il y a
des nouveaux problèmes qu'on pense qui sont créés. Puis d'ailleurs il y a
plusieurs acteurs qui sont venus nous le dire dans leurs mémoires, mais aussi
en commission parlementaire. D'ailleurs, on a entendu 22 groupes...
Mme Dufour : ...à ce sujet. Et
plusieurs étaient quand même critiques envers le projet de loi. Il y a donc
plusieurs enjeux mais aussi un bémol général. Et je comprends, M. le ministre
va... nous a mentionné qu'il allait déposer les amendements le plus tôt
possible, dans son cas. Mais, l'enjeu, c'est qu'on ne connaît pas les
intentions réglementaires. Donc, il y a plusieurs éléments dans le projet de
loi qui font référence à des règlements futurs, et, comme on ne connaît pas la
nature de ceux-ci, bien, il est difficile, là, de savoir où va... où ça va s'en
aller, le projet de loi. Et, ça, ça amène beaucoup d'incertitude pour les
groupes, notamment économiques. Mais aussi même les groupes communautaires qui
sont venus témoigner ou qui ont rédigé des mémoires, qui nous ont indiqué à
quel point c'était... ça amenait une incertitude, à savoir, bien, ça va aller
où. Le ministre dit : Bien, moi, je pense aller vers ça, mais on ne le
sait pas vraiment. On va le savoir quand les règlements vont être adoptés.
Ici, on va poser beaucoup, beaucoup de
questions. Mais ça reste qu'à tout moment ça peut changer. C'est sûr qu'à
chaque fois qu'on intègre un règlement, bien là, il y a un élément
d'incertitude qui s'ajoute. Et, avec la situation actuelle qu'on vit avec la...
au sud de la frontière, je peux vous dire que les entrepreneurs, les
entreprises, tout le monde ne veut pas de davantage d'incertitude. Alors, tout
ce qu'on peut préciser et prévoir dès le début, ça enlèverait un niveau
d'incertitude qui nuit malheureusement trop souvent aux investissements.
Il y a plusieurs blocs de changements, que
ce projet de loi là s'attaque à plusieurs blocs d'éléments distincts. Je vais
m'attaquer, là, je vais présenter point par point, un peu, là, les éléments qui
sont de nature, là, à soulever des inquiétudes.
D'abord, il y a la question des véhicules
lourds, la norme zéro émission pour les véhicules lourds. Ça, c'est un des
premiers blocs qui sera d'ailleurs discuté. Article 1, ça touche à ce
sujet-là. Ce qu'on a constaté, c'est que ça semblait précipité, que la
technologie ne semblait pas mature ni adaptée aux usages lourds. Certes, il y a
certains... certains usages qui semblent... qui semblent bien, disons, adéquats
à ce type de véhicule. Mais l'enjeu principal qui nous a été soulevé, c'est
qu'on dicte les moyens plutôt que les objectifs.
Alors, ce qu'on nous a dit, c'est :
Est-ce qu'on vise... Si on vise une diminution des GES, bien, laissez-nous
trouver la façon de le faire, c'est possible que l'électrification, ce ne soit
pas la meilleure solution dans tous les usages.
Un des éléments majeurs, c'est
l'infrastructure de recharge qui serait requise pour ce type de véhicule lourd,
s'il devenait électrique. On nous a... On nous a parlé, là, que le type, tu
sais, de câble, par exemple, connecté, c'est... c'est extrêmement gros et que,
si on avait à faire une petite station de recharge pour des camions, bien, ce
serait l'équivalent en électricité d'une petite ville... une ville.
Actuellement, je ne pense pas qu'on nage dans les surplus d'électricité. Du
moins, ce n'est pas ce qu'Hydro-Québec nous semble... semble nous dire. Alors,
il y aura beaucoup d'éléments à discuter dans cette portion-là avec la partie
ministérielle.
Il y a toute la question du cycle de vie
complet qu'on aimerait mieux comprendre. Parce qu'on semble... La norme semble
vouloir s'appuyer surtout sur les émissions à la combustion plutôt que
l'ensemble du cycle du véhicule. Puis on sait que, pour les véhicules légers,
bien, il faut circuler au moins 30 000 kilomètres avant d'arriver à
un... disons, à un équivalent d'un véhicule à essence pour ce qui est de la
production du véhicule en... les GES produits à la production du véhicule.
C'est quand même énorme. Alors, il semble... ça semble être un enjeu au niveau
des camions, il faudra donc regarder ça davantage.
Il y a aussi les coûts qui sont
extrêmement élevés. Et là, on peut se poser des questions, si on a
financièrement les moyens, comme société, de soutenir des programmes de
subvention qui seraient nécessaires pour atteindre les objectifs d'une norme
zéro émission pour les véhicules lourds. On a vu, le ministre a dû suspendre le
programme temporairement pour les véhicules légers. Mais, pour les véhicules
lourds, on parlerait de sommes substantiellement plus importantes. Est-ce qu'on
en a les moyens? Ça, ce sera des discussions qu'on devra avoir.
Et il y a toute la question de l'hydrogène
qu'on peut se poser parce que ça fait partie du projet de loi. Mais il y aura
aussi des éléments qui concerneront... qu'on va... on va discuter concernant
les véhicules légers également, parce qu'il y a une portion, là, du projet de
loi qui modifie notamment la portion des crédits, comment les crédits des
constructeurs sont calculés...
Mme Dufour : ...alors, ça, on
va... on va en discuter, on aura beaucoup de questions à ce sujet là.
Maintenant, un des deuxièmes... le
deuxième bloc, c'est la procédure d'évaluation et d'examen des impacts. Le
gouvernement nous... a mentionné d'emblée, dans les différents documents qu'on
a consultés, qu'on voulait simplifier le processus pour tout le monde, mais les
groupes sont venus nous dire que ça semblait plutôt être le contraire, qu'on
semblait plutôt complexifier les procédures. Il y a un élément, aussi,
concernant, bien, l'avis d'intention, que... qui remplacerait l'avis de projet,
et là ce qu'on est venu nous dire, bien, si on nous demande de faire... tu
sais, de déposer davantage de documents plus tôt, bien, peut-être que,
finalement, on va nuire à la possibilité d'avancer des projets qui, des fois,
ne sont pas rendus à cette étape-là, et donc on nous dit que, peut-être,
finalement, que ça va... ça va plus nuire qu'autre chose. Donc, ça, il y aura
des éléments, des questionnements à cet effet. Il y a des groupes, d'ailleurs,
qui nous ont proposé, là, de peut-être... d'offrir les deux choix, c'est-à-dire
de choisir l'avis d'intention ou l'avis de projet, et ça, ce sera à étudier
avec le ministre.
Mais, de prime abord, on nous a dit :
On n'a pas l'impression qu'on crée les conditions gagnantes avec la façon qu'on
propose de fonctionner, notamment pour la question des travaux préalables, de
permettre que des travaux soient faits avant l'analyse. Ça semblait
problématique pour plusieurs groupes. Il y en a d'autres qui étaient... qui
étaient d'accord, notamment Hydro-Québec. Mais il y a quand même... plusieurs
groupes nous ont dit : Bien, est-ce que ce n'est pas... tu sais, ce n'est
pas plutôt... ça ne pourrait pas plutôt risquer de nuire à l'acceptabilité
sociale du projet d'aller trop vite? Et même le BAPE est venu nous dire :
Bien, comment, nous, on va pouvoir être légitimes à faire des... à faire des
consultations avec la population si des travaux sont déjà en cours? On risque
de perdre toute crédibilité avec le processus. Donc ça, ça, c'est inquiétant,
il faudra... il faudra s'y pencher.
Hydro-Québec a mentionné qu'il y avait les
postes de distribution qui étaient une possibilité, que c'était ce genre de
travaux là qu'ils avaient en tête de faire au préalable, avant que les analyses
complètes soient terminées. Mais le problème, c'est qu'on voit ces temps-ci,
qu'il y a beaucoup d'enjeux avec les postes de distribution. On a parlé... moi,
j'avais parlé avec eux lors de l'étude... lors des consultations, j'avais parlé
de celui... du poste face à la Grande Bibliothèque, à Montréal. Ils nous ont
dit : Non, non, mais ça, c'est sûr que ça, ce serait plutôt sous le BAPE.
Mais on a constaté, depuis, qu'il y a d'autres postes qui sont problématiques.
Notamment, à Brome-Missisquoi, actuellement, il y en a un qui... là, il y a une
levée de boucliers, même, des MRC dans ce secteur-là... de la MRC, des villes
concernées. Et donc quel genre de travaux, vraiment, on pourrait faire
préalablement sans qu'il y ait d'impact? Il faudra vraiment bien baliser... Ça,
ça fera partie des échanges qu'on aura dans le projet de loi.
• (10 heures) •
Il y a... il y a toute la question aussi
des pouvoirs réglementaires, où le ministre... le ministère, plutôt, pourrait
mettre fin à la procédure d'évaluation. Ça, ça inquiète beaucoup les groupes,
notamment, économiques, qui disent : Bien, si, nous, on est... tu sais, si
les entreprises mettent des sous, avancent dans les études, qui sont très,
très, très coûteuses, bien, pourquoi est-ce qu'à tout moment ça pourrait... il
y aurait l'épée de Damoclès, que ça pourrait tomber pour ne pas seulement...
seulement ne pas respecter certains délais, qui sont, somme toute, parfois,
assez serrés, compte tenu de ce qu'on demande comme informations? Et c'est
d'autant plus inquiétant quand le ministère lui-même, souvent, ne respecte pas
ses propres délais. Alors, il y a ici une grande inquiétude, et il faudra en
discuter. Bien, voilà.
Et par rapport à l'avis d'intention, je
terminerais en disant que ce qu'on nous disait c'est qu'avant il était possible
d'avancer dans les projets, mais, maintenant, il faudrait comme tout analyser
avant d'avoir, même, l'assurance d'avoir le O.K. Et ça, ça a été mentionné par
le président de l'UMQ, qui faisait... qui parlait des projets municipaux pour
l'adaptation aux changements climatiques, qui coûte extrêmement cher en études,
mais qu'ils ont toujours encore une fois, cette épée de Damoclès là de ne pas
savoir si ces projets-là pourraient avancer. Et ça, on peut se poser des
questions, à ce moment-là. Est-ce que... est-ce qu'il y a moyen de faire mieux
pour simplifier les choses? Et, comme je disais, le projet de loi,
actuellement, tel qu'il est écrit, il y a plusieurs acteurs qui ne semblent pas
penser que ça simplifie le processus.
Il y a aussi l'analyse d'évaluation
environnementale, sectorielle ou régionale qui a été... qui a été discutée. On
a eu, d'ailleurs, des mémoires...
10 h (version non révisée)
Mme Dufour : ...qui nous en
fait état que... bien, en fait, il y a... il existe un outil similaire qui
était l'analyse d'évaluation environnementale stratégique. Il existait, mais la
réglementation pour la mettre en place n'a jamais été adoptée. Alors, on se
peut se poser la question pourquoi on a créé une nouvelle... un nouvel... un
nouveau type d'analyse et qu'est-ce qui arrivera avec l'autre qui existait, qui
semble avoir des objectifs similaires? Donc, on n'est pas contre, mais est-ce
que c'est utile, puis est-ce qu'il y aurait moyen de plutôt d'adapter la
précédente? Il faut se poser la question, et c'est pourquoi il y aura... et,
tout à l'heure, vous allez voir, on aura une motion préliminaire pour entendre
l'Association québécoise pour l'évaluation d'impact, qui nous a beaucoup parlé
de ça, l'évaluation environnementale stratégique, qu'ils voyaient du bien. Il y
a plusieurs groupes qui nous ont dit : Bien, pourquoi, pourquoi est-ce qu'on
a les deux maintenant? Et voilà. Alors, on y reviendra.
La question de la conciliabilité avec les
règlements municipaux a aussi fait l'objet de beaucoup d'échanges, M. le
Président, et c'est une demande historique des municipalités depuis plus de 50 ans.
Donc, pour l'Union des municipalités du Québec et la Fédération québécoise des
municipalités pour les deux groupes, c'est clair que ça viendrait réduire les
risques de poursuites de faire cet... cet ajustement-là. Du moins, ce que ça
fait pour... pour ceux qui nous écoutent et qui ne connaît... connaissent pas
exactement les détails, c'est que ça fait en sorte que des règlements
municipaux pourraient être adoptés dans des domaines de l'environnement, alors
qu'actuellement, avant l'adoption du projet de loi, mais une municipalité ne
peut pas adopter un règlement municipal qui toucherait une même matière en
environnement que le ministère de l'Environnement réglementerait. Et donc, par
exemple, il y a des municipalités qui ont encadré des pesticides. Ça, ça s'est
fait. Mais c'est lorsque certaines ont voulu encadrer la gestion des... des
eaux usées, par exemple, bien là, il y a eu des contestations, et c'est allé en
cour alors qu'il y avait des besoins réels de réglementer. Alors, on comprend
tout à fait le besoin ici.
Par contre, il y a des groupes qui nous ont
dit : Oui, mais il y a un risque que, là, on se retrouve avec une
multitude de réglementations distinctes à travers le Québec. Il y a une crainte
à ce niveau-là, particulièrement de la part des producteurs forestiers du
Québec et de l'union des productions agricoles... l'Union des producteurs
agricoles, pardon, qui nous ont... qui nous ont parlé, notamment dans leur cas,
de la crainte, justement, pour les pesticides. Les municipalités, certes,
pouvaient le faire, mais là, ils craignent qu'en libérant ce... ce pouvoir-là,
que finalement ça devient très disparate, les... les réglementations et que,
finalement, dans certains cas, ça puisse empêcher la... la production agricole.
Alors, il faudra se poser la question : Est-ce que le ministre a envisagé
une exception pour le monde agricole dans certains sujets? Parce qu'il y en a
pour lesquels c'est tout à fait pertinent que les municipalités puissent l'encadrer,
comme je disais, notamment les eaux usées où là, des fois, les municipalités
vivent des réalités vraiment distinctes.
Il y a les matières résiduelles aussi qu'on
va... qu'on va traiter dans ce projet de loi là. Il y a... Bien, en fait, le...
le ministre... le ministère pourra notamment venir réglementer les plastiques à
usage unique. Ça, déjà, plusieurs municipalités l'ont fait, et donc ils s'inspirent,
je crois... va vouloir s'inspirer de ce que des municipalités ont fait à
travers le Québec, ce qui est bien. Par contre, il faudra faire attention de ne
pas créer d'autres enjeux, notamment par les alternatives. Malheureusement, à
certains endroits, c'était une crainte qui avait été exprimée. Mais lorsqu'on
est venu empêcher l'utilisation, par exemple, de... de petits contenants en
plastique, ça a été remplacé par du carton avec un film de PFAS. Ce n'est pas
mieux, c'est pire. Ça fait que les PFAS, c'est des contaminants éternels, alors
il faut s'assurer qu'on l'encadre bien, c'est que les municipalités qui ont
voulu aller précurseurs, malheureusement, je pense, n'avaient pas vu venir et,
ça, ça crée d'énormes enjeux dans les centres de... les sites d'enfouissement.
Mais je pense qu'un jour on constatera aussi que ça peut créer des problèmes
dans les centres mêmes de recyclage où ces petits contenants finissent par se
retrouver malheureusement.
Il y a aussi des enjeux... bien, justement
Éco Eentreprises Québec qui est venu nous dire : Bien, la... le fameux
concept de conciliabilité des règlements municipaux, bien ça pourrait, eux,
leur être problématique pour eux, qui doivent en fait étendre la... la collecte
sélective à travers le Québec de façon uniforme, et ils craignent que certaines
municipalités utilisent les règlements municipaux pour... pour venir finalement
contraindre, par exemple, les... les moments de collecte...
Mme Dufour : ...venir
finalement contraindre, par exemple, les moments de collecte. Alors, ça, il
faudra aussi s'assurer de le baliser, je crois.
Je vais continuer parce que, là, je vois
que mon temps avance vite. Les milieux humides et hydriques, en fait, tout ce
changement-là qui est proposé dans la Loi sur les milieux humides hydriques
semble venir d'un rapport de la Commissaire au développement durable qui avait
souligné, ou de la commissaire plutôt, qui avait souligné qu'il y avait quand
même des lacunes importantes dans la façon d'appliquer la loi, la Loi sur les
milieux humides et hydriques. Mais tel que le projet de loi est rédigé
actuellement, en tout cas, les groupes sont venus nous dire qu'on ne corrige
pas les lacunes qui avaient été identifiées. Et donc le principe de zéro perte
nette, on ne semble pas vouloir... On ne va pas... On ne va pas l'atteindre
avec les changements qui sont proposés ici. Évidemment, nous, on aura des
amendements à ce sujet, à moins que le ministre soit déjà en train de
travailler sur des amendements pour corriger sa loi. Il y a aussi un enjeu avec
les sommes où, là, on voudrait pouvoir permettre que 15 % des sommes
soient... Diversion? En tout cas, qu'elles puissent aller ailleurs, dans
d'autres régions. Ça, la Fédération québécoise des municipalités a été claire
qu'elle s'opposait absolument à 100 % contre à cet élément-là.
Et il y a plusieurs groupes qui nous ont
dit : Bien, l'enjeu, c'est que si un milieu humide est détruit à un
endroit, bien, il faudrait idéalement, si ce milieu-là avait un usage de
régulation des eaux, notamment dans le sud du Québec, bien, il ne faudrait pas
qu'il soit recréé ailleurs parce que ça ne va pas réduire les risques dans ce
secteur-là. Et donc il faudra se poser la question s'il pourrait y avoir un
régime différencié entre le Nord-du-Québec et le Sud-du-Québec, le Sud, où il y
a beaucoup, beaucoup de milieux humides et le Sud... le Nord, pardon, où il y a
beaucoup, beaucoup de milieux humides actifs, et au sud où il n'y en a presque
plus. C'est vraiment deux réalités distinctes. Et ça, on aura des échanges à ce
sujet-là, assurément.
Il y a la question aussi de
l'article 120 qui vient, qui vient dire finalement que les études de
caractérisation des milieux humides et hydriques pourraient être signées par d'autres
groupes que des biologistes. Ça, ça semble être problématique, puisque les
biologistes sont ceux qui semblent avoir la meilleure connaissance de la
régulation des milieux humides et hydriques. Alors, il faudra se poser la
question si cet article-là est pertinent et qu'est ce qu'on tente d'obtenir
exactement. Il ne faudrait pas, encore une fois, finalement, rendre finalement
plus à risque le maintien des milieux humides et hydriques parce qu'évidemment,
quand des entrepreneurs ont un projet en tête, bien, c'est sûr qu'ils aiment
bien quand l'étude reflète ce qu'ils souhaitent sur le terrain. Alors, il faut
s'assurer que ce soit vrai des professionnels et qui ont la loi...
• (10 h 10) •
Alors là je pense que j'arrive au bout,
hein, M. le Président?
Le Président (M. St-Louis) :
20 secondes, Mme la députée.
Mme Dufour :
20 secondes. Alors, écoutez, il m'en restait d'autres éléments.
Malheureusement, j'avais oublié de partir mon «timer» au début. Alors, sur ce,
je pense que vous comprendrez qu'il y aura de nombreux échanges sur ce projet
de loi. Je vous remercie beaucoup.
Le Président (M. St-Louis) :
Merci beaucoup, Mme la députée. J'invite maintenant le porte-parole du deuxième
groupe d'opposition à faire ces remarques préliminaires. M. le député, la
parole est à vous.
M. Leduc : Merci, M. le
Président. Salutations à tout le monde. Content de faire ma première étude
détaillée avec mon nouveau ministre. J'avais déjà un ministre préféré. C'était
le ministre du Travail. Je ne sais pas s'il va y avoir une concurrence saine
entre le ministre de l'Environnement et le ministre du Travail. On va apprendre
à travailler ensemble. Parce que là, la semaine passée, à la période des
questions, il y avait des rumeurs que ce n'était pas facile avec la
prédécesseure, là, mais il m'a confirmé que non, au contraire, c'est très
agréable. Ça fait que je ne sais pas si j'ai une meilleure réputation ou une
moins bonne réputation que la collègue de Verdun. Ça sera une découverte
certainement dans les prochains jours, les prochaines semaines, même. Parce que
c'est quand même assez costaud comme projet de loi si on est pour embarquer sur
le fonds directement, M. le Président, une soixantaine de pages d'articles. En
tout cas, ça ne sera pas réglé deux, trois jours, comme d'autres projets de loi
qui peuvent être un peu plus succincts. C'est correct parce que c'est des
enjeux importants.
Je ne m'étalerai pas, là, pendant
20 minutes, là, mais je vais quand même souligner, là, quelques thèmes
que, moi, je vais vouloir aborder un peu plus frontalement pendant l'étude
détaillée. Bien sûr, la norme VZE, là, qui a été à débat, ma collègue en
parlait à l'instant aussi, de l'opposition officielle, qui est quelque chose
qu'on va vouloir traiter abondamment. La question de l'hydrogène aussi.
Qu'est-ce que de l'hydrogène vert? Peut-être qu'on aurait besoin de préciser
qu'il faut que ça soit fait avec des énergies renouvelables, l'hydrogène vert,
sinon ce n'est pas très vert. Et toute la question, bien sûr, des zones
protégées, des mécanismes de compensation qui sont peut-être un peu déficients
parce qu'ils n'atteignent pas tout à fait leurs objectifs, et...
M. Leduc : ...et je reprends
les propos de ma collègue aussi à l'instant, là, tout l'enjeu des travaux
préliminaires qui nous inquiètent un peu. On en a parlé abondamment pendant
l'étude, pendant les audiences. Moi, j'ai posé des questions aux différents
groupes là-dessus. J'étais quand même inquiet de voir qu'il y avait beaucoup de
pressions du milieu des affaires, je l'appellerai ainsi, pour élargir cette
demande-là ou, du moins, cette initiative-là du gouvernement au secteur privé.
J'espère que le ministre a résisté à ce chant des sirènes et qu'il maintiendra,
en tout cas, tel quel son p.l. J'aimerais mieux que ça... qu'il n'y ait plus
référence à ça, mais je serai encore plus inquiet qu'il l'élargisse davantage
que ce qui nous est proposé. Ça fait que c'est à peu près les thèmes, là.
Évidemment, il y aura d'autres choses dans ces études, détails-là. J'aime
beaucoup comprendre aussi la loi, comment elle fonctionne, surtout que j'arrive
dans le dossier. Donc, c'est possible que je pose des questions au ministre. Je
sais que ça va lui faire plaisir de me répondre ou de faire peut-être répondre
des gens de son cabinet, que je salue aussi. Et puis voilà. C'est aussi la
première étude détaillée, je pense, d'un de nos stagiaires Bonenfant, Clovis,
qui est avec nous aujourd'hui, alors je lui souhaite de bien s'amuser avec nous
dans les prochains jours.
Une voix : ...
M. Leduc : Oui, on lui
souhaite de s'amuser. Parfait. Bonne journée. Merci beaucoup.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le député. J'invite maintenant le député des Îles-de-la-Madeleine à faire
ces remarques préliminaires.
M. Arseneau : Merci beaucoup,
M. le Président. Alors, bonjour, tout le monde. M. le ministre, chers collègues
des partis d'opposition. Je salue également mes nouveaux collaborateurs et
collaboratrices, mon attachée politique, Charlotte, qui est toute nouvelle, et
également mon stagiaire Bonenfant, Arnaud, qui sont très enthousiastes à l'idée
d'entreprendre l'étude de ce projet de loi là, qui est assez costaud, qui
modifie beaucoup de... beaucoup de lois également, qui donc nous intéresse
beaucoup aussi, parce qu'évidemment tout ce qui touche à l'environnement puis à
l'avenir de notre planète et du territoire québécois nous préoccupe au plus
haut point. Et ce qu'on veut surtout, c'est qu'à l'aboutissement de ce projet
de loi là on ait un certain nombre d'assurances à l'effet qu'on a fait du
chemin pour réduire les gaz à effet de serre, pour améliorer la protection des
milieux naturels. Et ça sera notre préoccupation de tous les instants, de
connaître les intentions du ministre au-delà du projet de loi, tout ce qui a
trait aux règlements qui s'en suivront, comme le disait tout à l'heure ma
collègue. Donc, la question des véhicules lourds, de renforcer la norme zéro
émission. En fait, ce qu'on a compris autour... au cours des consultations
particulières, c'est que le ministre voulait se donner le pouvoir habilitant
d'intervenir, de réglementer, mais tout en se faisant rassurant auprès d'un
certain nombre de témoins qui semblaient vouloir nous convaincre qu'il ne fallait
pas aller trop vite, puis ne pas être trop ambitieux, puis essayer d'harmoniser
nos pratiques avec celles du reste du continent nord-américain, ce contre quoi
on n'en a pas vraiment, mais, en même temps, on nous a fait, grâce à la
production d'un certain nombre d'exemples... nous a fait une certaine
démonstration que le Québec peut être plus ambitieux, que nous pouvons, grâce à
la réglementation, améliorer l'offre et de produits, donc, zéro émission, et
que l'on peut modifier l'approche des manufacturiers pour pouvoir, justement,
améliorer notre bilan. Donc, cette question-là nous apparaît fort, fort
intéressante.
On a également une préoccupation
concernant les évaluations environnementales. On nous dit vouloir accélérer
l'évaluation environnementale. Tant et aussi longtemps que l'on reste aussi
rigoureux, même davantage, nous, on est d'accord. Et c'est la raison pour
laquelle toute la question des travaux préalables nous préoccupe, comme elle a
été signifiée, cette préoccupation-là, par un certain nombre de témoins. On
nous rassure sur la portée des projets qui serait plus large, plus ambitieuse
et d'intérêt public, mais encore faudra-t-il définir jusqu'à quel point on peut
justement qualifier cet intérêt public là pour que l'on n'arrive pas à un
système où, de façon discrétionnaire et subjective, on n'appuie à peu près tous
les projets qui sont présentés et qu'on commence les travaux en négligeant
d'aller jusqu'au bout de l'exercice des évaluations nécessaires en préalable.
Il y a déjà des exemples qui nous démontrent que des décisions...
M. Arseneau : ...ont pu être
prises pour des raisons parfois pas tout à fait aussi documentées qu'on
l'aurait souhaité pour des projets de grande envergure, qu'on pense à Northvolt
notamment.
La question des milieux naturels. Il y a
eu, je trouve, beaucoup d'interventions qui ont été fort pertinentes sur la
question de l'évitement, qui doit être le facteur principal et qu'on a
malheureusement tendance à négliger pour plutôt arriver à, en fait, axer plutôt
sur le volet minimisation des impacts des interventions en milieu naturel et de
se concentrer presque exclusivement sur la compensation à travers le versement
de sommes qui, aujourd'hui, on le voit bien, ne sont pas utilisées pour
véritablement compenser des milieux perdus. Et toute cette démarche-là, là,
d'identifier peut-être des terrains propices, et ainsi de suite, nous semble
intéressante quand même. Est-ce qu'on doit le faire dans le milieu immédiat ou
dans le milieu avoisinant les endroits où on a dû intervenir ou est-ce qu'on
peut le faire de façon plus large? Plusieurs nous ont dit qu'il fallait que ce
soit dans les mêmes secteurs, dans les mêmes territoires. Ce avec quoi on a
tendance à être plutôt d'accord. Mais plus fondamentalement on semble, je pense,
avoir perdu cet objectif de vue, je dirais, d'avoir comme principe celui de
l'évitement et que ce soit en désespoir de cause ou en dernier recours d'opter
pour la minimisation et la compensation, ce qui ne semble pas être l'approche
actuellement. Donc, on va avoir, je pense, de bonnes discussions à cet égard
pour éviter, justement, de remettre à plus tard les décisions, les orientations
dans une réglementation. Je pense que les parlementaires sont en droit de
s'attendre à ce que l'on soit le plus précis possible dans le cadre législatif.
• (10 h 20) •
Et, à cet égard, je pense que, sans
présumer de la bonne ou de la mauvaise foi des ministres qui se succéderont,
là, à la tête du ministère de l'Environnement et de la Lutte aux changements
climatiques, il faut que les obligations ne soient pas uniquement dans la cour
des promoteurs, que ce ne soit pas uniquement dans la cour de ceux qui ont à
cœur la protection de l'environnement, mais que le ministre aussi soit
contraint à un certain nombre, je dirais, d'obligations, parce qu'il est, qu'on
le veuille ou non, là... il a plutôt cette responsabilité-là supérieure au sein
du gouvernement, d'assurer d'abord et avant tout la conservation des milieux
naturels, s'assurer de l'atteinte de nos objectifs en matière de réduction de
gaz à effet de serre, mais qu'il doit le faire dans un cadre qui lui était
imparti. Donc, je pense que le ministère, comme le gouvernement, doit aussi
avoir un certain cadre dans lequel... un certain périmètre dans lequel il doit
fonctionner, sans nécessairement qu'on puisse constamment invoquer des
argumentaires qui permettent de passer outre aux règles élémentaires, là, de
protection de l'environnement des milieux naturels, ou qu'on puisse reporter
les objectifs en matière de cibles à atteindre à tous égards. Je...
En fait, je vais m'arrêter là-dessus en
remerciant tous les groupes qui nous ont partagé leurs points de vue, leurs
propositions également, leurs mémoires aussi. Puis je pense que c'est important
de le mentionner, M. le Président, que pour se prononcer sur un projet de loi
aussi vaste, bien, ça prend beaucoup d'énergie, d'efforts, de temps, de
compétences, ce que nous ont démontré chacun des groupes. Et ça, c'est... je
pense que c'est important de le mentionner. Et au-delà de la vingtaine de
groupes qu'on a rencontrés, je pense que les mémoires sont beaucoup plus
nombreux. Je sais que c'est probablement la même chose pour mes collègues
aussi. Nous avons été interpellés en marge des travaux des consultations
particulières pour avoir des rencontres avec un certain nombre de groupes qui
voulaient nous détailler, là, leurs propositions et leur point de vue dans
l'élaboration... qui ont mené à l'élaboration de leurs mémoires pour être bien
certain qu'on saisisse leurs points de vue. Alors, c'est beaucoup de... je
dirais, de deux temps, beaucoup d'efforts qui, j'espère, seront récompensés au
terme de l'étude de ce projet de loi là qui devrait durer quand même quelques
semaines. Alors, je nous souhaite de bons travaux et...
M. Arseneau : ...je vous
remercie, M. le Président, de vous assurer que l'on puisse le faire de façon
constructive, rigoureuse et efficace. Merci.
Le Président (M. St-Louis) : Alors,
merci, M. le député. Y a-t-il d'autres membres de la commission qui souhaitent
faire des remarques préliminaires? Alors, Mme la députée, la parole est à vous.
Mme McGraw : Merci, M. le
Président, et bonjour aux collègues. Je salue tout d'abord, évidemment, le
ministre responsable de l'Environnement, la Lutte contre les changements
climatiques, la Faune et les Parcs, ainsi que les collègues du ministère et
aussi la banque ministérielle, évidemment, les collègues, de notre côté, qui
forment des formations en opposition. Mais aussi je veux souligner la présence
et l'excellent travail de ma collègue la députée de Mille-Îles, qui travaille
dans ce domaine de l'environnement depuis longtemps, non seulement en tant que
notre porte-parole en matière d'environnement, en changements climatiques, mais
aussi elle était la responsable des dossiers environnementaux à la ville de
Laval. Donc, elle amène toute une expertise, un engagement très fort. Et,
justement, elle a souligné le fait que notre formation va voter contre... a
voté contre le principe, pas parce qu'on... parce qu'on est contre
l'environnement, au contraire. Comme je dis, ma collègue travaille dans ce
domaine depuis longtemps, et moi aussi, vous le savez peut-être, que j'ai même
fait mes études supérieures. La thèse, c'était sur les négociations de la
Convention sur la biodiversité. J'ai été rapporteur pour l'ONU pour suivre les
négociations sur les changements climatiques, la biodiversité, et j'ai cofondé
le projet d'Al Gore au Canada, Réalité climatique Canada. Donc, ça nous tient à
cœur, l'environnement, les changements climatiques. Mais il y a quand même des
éléments positifs du projet de loi, mais des éléments quand même inquiétants.
Alors, on veut s'attarder, mais c'est sûr qu'on va travailler de façon
constructive, pour bonifier le projet de loi.
Alors, comme ma collègue a déjà souligné,
il y a des... c'est... c'est... c'est robuste comme projet de loi. C'est un
omnibus. Vraiment, il y a beaucoup d'aspects qui changent... qui modifient non
moins de 13 lois et un règlement. D'ailleurs, le projet de loi contient 178 articles,
alors, il y a beaucoup de «stock», il y a beaucoup de contenu. On prend notre
rôle en tant qu'opposition officielle et nos rôles de législateurs et
législatrices très au sérieux. Alors, il y a du travail à faire. On trouve
qu'il y a quand même des éléments intéressants, notamment sur les mesures de
contrôle environnemental, sur les matières résiduelles, la conciliabilité entre
les règlements municipaux et provinciaux.
Par contre, le projet comporte également
des préoccupations, entre autres et surtout l'octroi, certains pouvoirs
discrétionnaires au ministre qui n'ont... sont de nature à nous inquiéter. Et,
ça, surtout parce qu'on n'a pas les intentions réglementaires. Alors, il y a
beaucoup qui va se faire. Et c'est le... c'est la pratique de ce gouvernement
de faire beaucoup par règlement. Beaucoup se fait par règlement, et moins se
retrouve dans le projet de loi, et c'est plus difficile pour nous, en tant que
législateurs et législatrices, de faire notre travail parce que beaucoup se
fait par règlement. Il y a beaucoup de pouvoirs discrétionnaires au ministre et
on n'a même pas... On avait demandé les intentions réglementaires, on ne les a
pas toujours, on ne les a pas reçus. Donc, ça demeure inquiétant à cause de ces
pouvoirs discrétionnaires, le fait qu'on ne connaît pas les intentions
réglementaires. Et c'est... Je suis désolée de le souligner, M. le Président,
mais c'est la pratique de ce gouvernement de se faire beaucoup par règlement et
de ne pas éclairer c'est quoi vraiment les intentions réglementaires. Alors, la
porte ou la demande demeure. On aimerait recevoir les intentions
réglementaires. On va y revenir. Mais en tout cas, première préoccupation,
c'est les pouvoirs discrétionnaires au ministre.
Aussi, le ministre... Bien, d'ailleurs,
dans ce contexte-là, le ministre de... Le droit est accordé au ministre de
permettre des travaux préalables sur le terrain avant même que le BAPE n'ait
terminé ses travaux. On va... On a entendu beaucoup de groupes environnementaux
aussi, il y a des mémoires des Premières Nations, avec beaucoup de
préoccupations. On a déjà vécu le... avec Northvolt. On a vu qu'il y a des
problèmes si on ne fait pas les... si on ne fait pas nos devoirs, si on ne fait
pas les choses en ordre. Oui, on comprend qu'il faut aller plus vite avec la
transition énergétique, tout à fait d'accord. Mais il faut quand même bien
faire les choses et faire les choses en ordre. Et il faut mettre en place les
conditions gagnantes pour réussir...
Mme McGraw : ...cette
transition énergétique. Et ça, il faut toujours regarder le triple bilan,
c'est-à-dire est-ce que ça fait du sens au niveau de l'économie, est-ce qu'il
va y avoir des retombées économiques pour le Québec, est-ce qu'il y a
l'acceptabilité sociale et est-ce que c'est viable au niveau de
l'environnement? Alors, si on veut réussir cette transition énergétique, si on
veut que le Québec reste un leader en matière d'énergies propres, on a le
devoir de bien faire les choses, de les faire en ordre. Alors, de commencer
avec des travaux préalables avant que les travaux soient complétés du BAPE,
c'est préoccupant. Donc, comme je dis, oui, il faut aller plus vite, il faut
aller plus vite, mais il faut bien faire des choses et faire les choses en
ordre, alors...
Et même on a des préoccupations. Je sais
que le Centre québécois sur le droit de l'environnement, ils ont parlé, une de
leurs préoccupations, c'est de la possibilité de cession, c'est-à-dire que pour
les entités gouvernementales qui s'occupent de la transition énergétique, entre
autres le ministère de l'Environnement et de l'Énergie, ils ont parlé de la
possibilité d'une cession que le ministère est-ce qu'il pourrait céder aux
entreprises privées. C'est des préoccupations, M. le Président, qu'on nous a
soulevé. Alors, il faut s'y attarder.
Évidemment, il nous faut de l'énergie
propre. On est... je pense, tout le monde est d'accord pour dire qu'il faut
réduire nos GES. On veut que le Québec demeure et renforce même sa position en
tant que leader au Canada, en Amérique du Nord mais dans le monde en tant que
chef de file en matière d'énergies propres. On est très fiers que le Québec...
et la le ministre le sait très bien, il était là pour l'annonce que le Québec
soit le premier État fédéré qui copréside BOGA, Beyond oil and gas alliance.
C'est toute une fierté pour le Québec. Il faut continuer de mériter ce poste de
leadership. C'est sûr que nous, notre formation, on va souligner le fait qu'on
est rendus là à cause de décisions aussi de gouvernements antérieurs, des
mesures structurantes qui ont été mises en place par des gouvernements
libéraux, de Jean Lesage à Jean Charest en passant par Robert Bourassa,
nationalisation d'Hydro-Québec, marché du carbone, Baie-James, etc. Ça fait que
ça a été des décisions structurantes et on ne veut surtout pas qu'on atteigne
nos nouveaux objectifs en matière de changement climatique en compromettant nos
objectifs en matière de biodiversité, M. le Président. On comprend très bien
que les solutions basées sur la nature, sur la biodiversité nous aident à
contrer les changements climatiques. Ça fait qu'en soi la protection de la
nature, la biodiversité, ce sont des objectifs louables en soi mais aussi ça
nous aide à être plus résilient, à combattre, à atténuer mais aussi à s'adapter
au changement climatique, ça fait qu'il faut bien faire les choses. On ne peut
pas couper les coins pour... Donc, il faut regarder ça de façon... dans son
entier et vraiment regarder, comme je dis, le triple bilan : respecter la
nature, la conservation de la nature, être conscient de l'impact sur
l'environnement lorsqu'il y a des projets en matière de transition énergétique
pour bien faire les choses.
• (10 h 30) •
Aussi, certains groupes ont exprimé leur
inquiétude face aux mesures sur les VZE... pardon, les véhicules lourds. Ils
nous disaient que c'était trop précipité... camionnettes. En tout cas, ma
collègue, elle en a parlé. On va en parler davantage aussi. Donc, on voulait
souligner qu'on a entendu beaucoup de groupes là-dessus.
Au niveau des évaluations environnementales,
comme je dis, Hydro-Québec est venue nous parler. On comprend qu'Hydro-Québec a
beaucoup d'expérience dans le domaine de la transition énergétique, en énergies
propres. Quand même, leur partenaire clé, c'est-à-dire les Premières Nations,
dans leur mémoire, ont souligné des préoccupations sérieuses face à... bon,
contourner, ou éviter, ou minimiser un BAPE...
10 h 30 (version non révisée)
Mme McGraw : ...pour aller
plus vite. Alors, avec l'exemption, on va dire, des travaux préalables, il y a
eu des inquiétudes qui ont été exprimées. Nous-mêmes, on a participé. Moi-même,
j'ai pu participer au projet de loi, maintenant la Loi sur le Fonds... le Fonds
bleu, une belle loi, un bon projet de loi, une belle loi. Et on a entendu la
grande cheffe de la nation mohawk, à Kahnawake, qui nous a parlé de ce projet
de loi là, de... le fonds... pardon, aussi l'interconnexion Hertel-New York et
leur appui pour ce projet, ce projet important. Et, nous-mêmes, on l'a appuyé,
ce projet de loi, en partie à cause de l'appui de la communauté autochtone
comme vrai partenaire avec Hydro-Québec. Et la gouverneure de New York, elle a
même dit qu'ils ont choisi Hydro-Québec en partie... en grande partie à cause
de l'appui des communautés autochtones. Donc, ce partenariat-là, cet appui-là n'est
pas de deuxième classe. C'est hyperimportant. Donc, lorsqu'on a des Premières
Nations qui expriment leurs préoccupations face à l'exemption vis-à-vis les
travaux préalables, il faut les écouter, M. le Président.
Alors... Et c'est dommage qu'on n'a pas pu
entendre directement des Premières Nations venir nous parler pendant les
consultations particulières. Mais on a quand même plusieurs mémoires qui ont
été soumis, parmi les soixantaines, comme souligne ma collègue, les
soixantaines, et ça continue. Alors donc, c'est... c'est... c'est à souligner.
Donc, comme je le dis, la transition
énergétique et le développement économique ne doivent pas devenir une excuse
pour justifier l'atteinte aux droits des Premières Nations. Il faut travailler
en partenariat. Il faut respecter ce triple bilan.
Aussi, on a entendu des recoupements des
organismes environnementaux en énergie. Ils ont souligné le fait que l'élargissement
des pouvoirs discrétionnaires du gouvernement relatif à certains travaux
préalables... ils ont... ils ont souligné... ils ont... en tout cas, ils ont
souligné des préoccupations. Donc, Premières Nations, regroupements des
organismes environnementaux en énergie, ils ont souligné le fait qu'il faut
vraiment prioriser la décarbonation des usages existants. Et aussi, évidemment,
les groupes environnementaux.
Comme je le dis, j'ai déjà cité le Centre
québécois du droit de l'environnement, qui nous ont parlé de leurs
préoccupations concernant la possibilité de cession. Par exemple, le ministère
de l'Économie et de l'Énergie qui pourrait céder leurs droits à des entreprises
privées. Donc, comme je dis, il faut bien faire les choses.
Ils ont aussi exprimé leurs préoccupations
quant aux impacts potentiels du projet de loi sur la protection de la
biodiversité, mais aussi la participation démocratique. Encore une fois, ils
soulignent l'octroi d'un pouvoir discrétionnaire au gouvernement, qui pourrait
permettre de soustraire en tout ou partie l'obligation d'assujettissement à la
PEEIE, d'un projet présentant des risques environnementaux élevés. Ensuite, ils
privilégient, vis-à-vis des milieux naturels, une approche fondée sur la compensation,
une méthode largement reconnue comme inefficace au détriment de mesures axées
sur la protection telles que l'évitement. Et on nous a rappelé, les groupes, qu'il
faut parler d'éviter, minimiser, compenser, et dans cet ordre-là. Donc, il faut
toujours commencer avec évitement. Un peu comme les 3R, le recyclage, c'est à
la fin. Il faut réduire, il faut réutiliser, ensuite, recycler. Si on est juste
sur le recyclage, on n'y arrive pas. Donc, si on est juste sur la compensation
et on oublie d'éviter de minimiser, on n'y arrivera pas. M. le Président.
Canards Limités... Illimités Canada, ils
ont... ils ont aussi souligné, entre autres, qu'effectivement il est
présentement plus facile pour un promoteur immobilier privé à but lucratif de
détruire des milieux humides que pour un OBNL de restaurer afin de compenser
pour les dommages causés. Ça fait qu'il est vraiment important de renverser
cette tendance...
Mme Garceau : ...et ce, le
plus rapidement possible. Ma collègue en a parlé. Je ne veux pas qu'on va
parler davantage pendant l'étude détaillée, même certaines motions
préliminaires.
Il y a aussi la SNAP qui a souligné quand
même beaucoup de préoccupations au niveau de l'exemption pour les travaux
préalables et ils ont souligné le fait que ça ouvre la porte à des travaux
potentiellement irréversibles qui seraient effectués avant que leur impact a
été évalué adéquatement. On connaît tous et toutes le principe de précaution en
matière de santé humaine, d'environnement. Et si, dans le doute, on n'a pas de
réponse, on n'a pas la certitude, il faut être... il faut procéder avec
précaution. Et des experts nous ont parlé du fait que la science nous confirme
qu'une fois qu'un habitat, des milieux naturels sont détruits, c'est
irréversible dans beaucoup de cas. Alors, il faut procéder avec caution, M. le
Président. La SNAP aussi a souligné le fait que les efforts de réduction de GES
ne doivent pas se faire au détriment de la protection de la biodiversité. Il
faut être intelligent, M. le Président, bien faire les choses, s'assurer que la
lutte contre les changements climatiques se fasse en lien avec la lutte contre
la perte de la biodiversité. Ce sont des enjeux qui sont très interreliés. Les
changements climatiques ont un impact sur la biodiversité mais aussi la
destruction de la biodiversité a un impact sur les changements climatiques. Il
faut bien faire les choses. Il faut tout attacher, procéder avec sérieux, mais
avec caution. Oui, aller plus vite avec la transition énergétique, mais bien
faire les choses en ordre. Aussi, a souligné la SNAP que... bon, c'est ça,
d'extraire les travaux dans les... il faudrait exclure les travaux dans les
habitats d'espèces menacées et vulnérables, car l'atteinte à leur habitat
risquerait d'être irréversible. Donc, dans cette direction.
Je pourrais continuer à citer. On va avoir
plus de temps évidemment pendant l'étude détaillée, mais, juste pour revenir,
il y a des enjeux importants. On est là parce qu'on croit, on est là pour
protéger l'environnement. Il faut procéder avec la transition énergétique. Il
faut avoir toujours en tête le triple bilan. Il faut bien faire les choses, M.
le Président. Donc, avec ce projet de loi qui est robuste, qui comporte... qui
a beaucoup de contenu, on va travailler avec sérieux, de façon constructive
pour bonifier le projet de loi, pour s'assurer que l'approche du triple bilan
est toujours... nous guide dans nos efforts, dans nos discussions. Et on a bien
hâte de procéder à l'étude détaillée, M. le Président. Alors, merci.
• (10 h 40) •
Le Président (M. St-Louis) : Alors,
merci beaucoup, Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce. Y a-t-il d'autres
membres de la commission qui souhaitent faire des remarques préliminaires?
Comme il n'y en a pas, et avant de débuter l'étude article par article, est-ce
qu'il y a des motions préliminaires?
Une voix : ...
Le Président (M. St-Louis) :
Oui, Mme la députée des Mille-Îles, je crois que votre motion est déjà déposée
sur Greffier.
Mme Dufour : Une première,
oui.
Le Président (M. St-Louis) : Nous
allons donc la mettre à l'écran et vous permettre de le lire.
Des voix : ...
Le Président (M. St-Louis) :
Nous allons suspendre quelques instants et prendre le temps d'afficher la
motion déposée sur Greffier. Merci.
(Suspension de la séance à 10 h 42)
(Reprise à 10h43
)
Le Président (M. St-Louis) : À
l'ordre, s'il vous plaît! La commission reprend ses travaux.
Des voix : ...
Le Président (M. St-Louis) : S'il
vous plaît! Merci. Je cède donc maintenant la parole à l'auteur de cette
motion, la députée des Mille-Îles. Mme la députée, la parole est à vous.
Mme Dufour : Oui, juste...
Oui, merci, M. le Président. Alors, conformément à l'article 244 du
règlement de l'Assemblée nationale, je fais motion afin :
«Que la Commission des transports et de
l'environnement, dans le cadre de l'étude du projet de loi n° 81, Loi
modifiant diverses dispositions en matière d'environnement, demande au
ministère de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques,
de la Faune et des Parcs de transmettre à la commission, dès que possible la
réponse du ministre au constat émis par le Commissaire au développement durable
du Québec dans son rapport de 2023 concernant les milieux humides et hydriques.»
J'imagine que c'est à partir de ce
moment-ci que commence mon 30 secondes... 30 minutes, c'est bien ça?
Le Président (M. St-Louis) : C'est
déjà commencé en vous cédant la parole.
Mme Dufour : Parfait. Alors,
M. le Président, je l'ai mentionné tout à l'heure dans mes remarques
préliminaires, il y a tout un aspect, là, du... toute une portion du projet de
loi qui concerne le projet de loi n° 81, qui concerne les milieux humides
et hydriques et qui viennent modifier la... la gestion, en fait, la... la façon
qu'on... qu'on va autoriser les... les destructions de milieux humides, et ça,
bien, on nous dit que c'était en réponse du... au rapport de la Commissaire au
développement durable qui avait été déposé en 2023, puis que c'était pour corriger
des lacunes, notamment dans l'utilisation des fonds, les fonds, là, pour...
justement pour remettre en état des milieux humides et hydriques. Mais l'enjeu,
c'est que beaucoup de groupes sont venus nous dire : Bien, en fait, non,
on ne semble pas du tout attaquer en fait ou corriger les bons éléments, les
éléments qui avaient été soulevés d'ailleurs par la Commissaire au
développement durable, mais qu'au contraire, là, il y a des éléments qui
risquent même d'empirer, donc ça, il y a vraiment beaucoup de groupes qui se
sont exprimés sur le sujet, alors c'est pour ça qu'on voudrait savoir qu'est-ce
que le ministère a fait avec le rapport du développement durable... le rapport
de la Commissaire au développement durable pour pondre cette portion-là du projet
de loi, puisqu'il ne semble pas y avoir d'adéquation entre ce que le rapport a
mentionné et ce qu'on vient corriger.
Et là je vais... je vais vous évidemment
soulever des éléments du rapport. Donc, je vais je vais vous lire des extraits
où on vient dire, là que... qu'à ce moment-là... Et puis là je vais retourner
en arrière, je vais dire, en... c'est en 2017 que la... la Loi concernant la
conservation des milieux humides et hydriques a été adoptée, donc sous un
précédent gouvernement. Et moi, j'étais venue à ce moment-là, en commission
parlementaire, lorsque le projet de loi a été étudié, j'étais venue défendre la
position de la ville de Laval. J'avais... ma collègue l'a mentionné, là,
j'étais responsable des dossiers environnementaux comme élue à la ville, et
c'est moi qui étais venue présenter le mémoire de la ville. Donc, c'est un
projet de loi que j'avais quand même bien étudié puis j'avais beaucoup d'espoir
parce que, quand je me suis lancée en politique municipale, ce qui me
préoccupait le plus à Laval, c'était justement la destruction des milieux
humides et hydriques, particulièrement de milieux humides, là, parce qu'à
Laval, les milieux hydriques, c'est des grosses rivières, donc ça, elles ne
sont pas en train de disparaître. Mais les milieux humides, ça, c'était la
catastrophe, il y avait beaucoup, beaucoup d'autorisations de projets qui se
faisaient malheureusement dans les milieux naturels de grande valeur.
Ironiquement, en 2017, nous avons subi d'importantes inondations dans tout le
bassin, là, du Saint-Laurent. Il y a eu d'énormes inondations, et c'est assez
clair, je pense que tout le monde s'entend pour dire que les milieux humides et
hydriques permettent, mais les milieux humides surtout, permettent de réguler
l'eau et donc de réguler les inondations. Mais quand il n'y en a plus, bien, à
un moment donné, c'est ça, ça déborde, hein. S'il n'y a plus ces... ça... ça
sert comme d'éponge ces milieux humides là, ils servent d'éponge à accueillir
de l'eau, mais s'ils sont détruits, ils sont pavés, ça devient de la terre,
bien, l'eau, elle va aller à quelque part...
Mme Dufour : ...détruit son
pavé, ça devient de l'asphalte, bien, l'eau, elle va aller en quelque part.
Elle va aller en quelque part. Puis, ici, la rivière est pleine, bien, elle va
aller chez les gens. C'est... C'est... C'est naturel. Il n'y a pas moyen de
faire autrement. Ça fait qu'à ce moment-là, le gouvernement de l'époque avait
dit : Bien, il y a un enjeu, il va falloir qu'on cesse de détruire ces
milieux humides là. Par contre, il considérait qu'il y avait quand même des cas
où c'était possible ou nécessaire de les détruire, mais pour ce faire, il y
avait ce fonds-là qui permettait de venir compenser, donc compenser avec de
l'argent, mais pour reproduire ailleurs des nouveaux milieux humides et
idéalement dans le même secteur.
Et l'objectif de la loi concernant la
conservation des milieux humides et hydriques était très, très clair, là,
c'était le début de la loi, là, c'était zéro perte nette. Ça, c'était
l'objectif. Et, force est de constater qu'on est très, très, très loin de ce
résultat depuis sa mise en application. Et l'enjeu, ce n'est pas la loi
elle-même, mais c'est plutôt... et ça, plusieurs groupes nous l'ont dit, mais
c'est plutôt son application. Et c'est ce que d'ailleurs la commissaire au
développement durable a constaté. C'est que ce n'était pas appliqué de la façon
que c'était supposé dans la loi. Ça fait que, ça, c'est un élément.
Puis, peut-être, je vais revenir en
arrière. Précédemment, avant l'adoption de cette loi-là, la façon... dans le
fond, il fallait que les groupes avisent les municipalités. Donc là, il y avait
aussi une certaine... Il y avait une politique d'échange avec les
municipalités. Mais, bon, à la ville où j'étais, ce n'était pas une ville, à
cette époque-là, avant que je sois élue, qui se préoccupait de ça, et donc
c'était automatique, les destructions étaient autorisées. Mais, par la suite,
une fois qu'on a eu la possibilité, donc, de savoir que des demandes étaient
déposées, bien là, on pouvait intervenir, mais malheureusement, là, il y avait
peu de moyens. Donc c'est sûr que la loi venait corriger des éléments. Mais,
comme je dis, le problème, c'est qu'elle n'a pas été appliquée. Ça, la
commissaire est venue le dire. Et elle a été très, très claire, là. C'était
dans sa section, la première page, où elle disait : «Nous avons relevé
plusieurs lacunes qui mettent à risque l'atteinte de cet objectif, qui était
l'objectif d'aucune perte nette. Le ministère n'utilise pas de manière efficace
les mécanismes prévus à ces fins.» Et là, elle nous disait, bon, qu'il y avait
la désignation sur plan, puis, ça, c'était... c'était... c'était prévu dans la
loi, qu'il y avait la possibilité de désigner sur plan des milieux humides,
mais que le ministère n'avait toujours pas recommandé. Et là, on est en 2023,
là. La loi a été adoptée en 2017. En 2023, donc cinq ans plus tard, le
ministère n'avait recommandé aucun milieu à désigner à son ministre, et ça,
même si la valeur écologique de certains d'entre eux était connue depuis
plusieurs années.
• (10 h 50) •
On a aussi soulevé, à ce moment-là, qu'il
y avait un retard dans le dépôt de plusieurs plans régionaux des milieux
humides et hydriques, et conséquemment dans leur mise en œuvre. Mais ce qui
était... ce qui est étonnant, que, moi, je vous avoue, j'ai été surprise, qu'on
a dit : «Le ministère n'a prévu aucun suivi de cette mise en œuvre avant
2033.» Une loi qui a été adoptée en 2017. Ça commence à faire très long.
Et, ça, la Fédération québécoise des municipalités,
dans son mémoire, nous en a parlé aussi. Ils nous ont dit, bien, dans leur
cas... parce qu'à ce moment... en 2023, lorsque le ministère a... pardon, la
commissaire au développement durable a déposé son mémoire, elle soulignait
qu'une majorité, là, de MRC n'avait pas... n'avait pas déposé encore leurs
plans régionaux, milieux humides et hydriques, mais que, pour celles qui
l'avaient fait, bien, en fait, il n'y avait pas... les autorisations n'avaient
pas été données. Puis là, on nous disait que ça prenait... c'était supposé de
prendre six mois, mais qu'il y en avait une majorité, là, en fait, qu'on
n'avait pas respecté ces délais-là.
Là, on était en 2023. En 2025, donc, on
reçoit le mémoire de la Fédération québécoise des municipalités. Puis ils nous
disent : «Bien que l'ensemble - là, ils nous disent ici, là - ensemble des
MRC ont déposé leur plan régional de milieux humides et hydriques en 2023... ce
n'était pas... il y en avait plusieurs qui ne l'avaient pas fait, mais là,
maintenant, tout le monde le fait. Ils disent : «Plusieurs MRC sont
toujours en attente de l'approbation ministérielle de leur plan. Ils ne sont
donc pas rendus au stade de la mise en œuvre, expliquant en partie le peu de
projets déposés par certains dans certains territoires.» Donc, au moins, on
peut dire que toutes les MRC ont déposé leur plan, mais on constate qu'elles
n'ont pas été... ils n'ont pas été tous approuvés. Bien, ça, évidemment, c'est
un des éléments qui avait été soulevé, et on ne semble pas encore avoir corrigé
ça. Mais on veut... on dit qu'on veut pouvoir...
Mme Dufour : ...envoyer des
sommes dans d'autres régions, parce que les sommes du fonds... du fonds... je
cherche son nom exact, là, mais le fonds, en tout cas, pour refaire les milieux
humides et hydriques... on dit que ce fonds là, bien, les sommes ne sont pas
assez utilisées. Puis c'est vrai, c'est un constat, elles ne sont pas assez
utilisées. Mais, dans les faits, on constate qu'il y en a plusieurs qui
voudraient les utiliser, mais leur plan n'a pas encore approuvé par le même
ministère. Et là on vient dire, bien, on va pouvoir... on va permettre que
15 % de ces sommes-là aillent ailleurs. Et là la Fédération québécoise des
municipalités l'a dit, ils sont en profond désaccord avec ces modifications-là,
parce qu'en fait ils disent : Les sommes payées en compensation doivent
être réinvesties le plus près possible du site où les milieux humides et
hydriques ont été atteints, soit les municipalités ou les MRC, au maximum, les
bassins versants. Et donc ça, c'est un enjeu.
Et je vous ai parlé de la ville de Laval,
où j'ai... j'ai été plusieurs années, pendant huit ans. Bien, dans leur
mémoire, eux aussi soulignent cette crainte-là. Ils disent : «Les villes
de Laval et de Montréal font partie d'une vaste zone intégrée de l'eau, du
Saint-Laurent. Cette zone, administrée par la Table de concertation régionale
du Haut-Saint-Laurent et du Grand Montréal, s'étend de Cornwall à Lanoraie et
compte un grand nombre de municipalités et de MRC. Le changement envisagé
mettrait notamment les sommes mises en réserve pour le territoire lavallois à
la disposition de l'ensemble de ces acteurs, ce qui pourrait réduire
considérablement l'aide accordée à la ville de Laval et sa capacité à restaurer
ses écosystèmes.»
Laval, c'est une île. Si on détruit un
milieu humide sur cette île-là et qu'on s'en va le recréer à Montréal, à
Sainte-Thérèse, à Longueuil, ça ne va absolument pas aider l'île de Laval à
réguler ses eaux. Donc, c'est important que les restaurations se fassent là où
ça peut se faire. Par contre, il y a un enjeu, les sommes, les sommes qui sont
nécessaires pour acheter des terrains dans ces zones-là, par exemple, Laval,
mais Montréal, c'est la même situation. La Rive-Sud, la Rive-Nord de Montréal,
la ville de Québec, même chose. Les coûts des terrains ont monté beaucoup,
beaucoup, beaucoup, et donc pouvoir faire des projets, ça devient plus
difficile, parce que c'est extrêmement coûteux.
Là, il y a un enjeu aussi avec les sommes,
puis je vais souligner que les sommes qui étaient prévues lors de l'adoption de
la loi, les sommes en compensation ont été réduites par le ministre qui est ici
présent, et donc c'est sûr qu'il y a un manque à gagner. C'était prévisible, en
réduisant les sommes de cette ampleur-là. Par contre, il y avait un enjeu par
rapport au Nord, au Nord-du-Québec, où il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de
milieux humides. C'est une autre situation. Mais la vallée du Saint-Laurent,
c'est problématique, et c'est là qu'on a les plus grands enjeux d'inondations
récurrentes. Il va falloir permettre... il va falloir qu'on puisse agir
localement. Est-ce qu'il y aurait possibilité de permettre que les sommes dans
le Nord aillent ailleurs? Ce serait à regarder, mais ça ne peut absolument pas
être l'inverse. Les sommes qui partent du sud, ça, particulièrement le long de
la vallée du Saint-Laurent, ne peuvent pas être utilisées pour recréer des
milieux humides dans des zones où il y en a... il y a moins de besoins, mais
parce qu'elles... elles coûtent moins cher. Et c'est ça, la crainte, c'est ça,
l'enjeu possible.
Bref, la commissaire... Je reviens à la
Commissaire au développement durable, qui a souligné, donc, qu'il y avait des
enjeux avec la façon que la loi était appliquée, je disais, bon, par rapport
aux plans régionaux des milieux humides et hydriques, mais aussi dans la
séquence d'atténuation, éviter, minimiser et compenser. Puis ça, on en a parlé,
on en a parlé beaucoup, là, lors de l'étude... en fait, les consultations
particulières, plusieurs groupes qui nous en ont parlé, qui nous ont dit, en
fait... bien, c'est ça, que la loi... la loi, comme elle était modifiée, bien,
elle n'aurait pas, là... elle ne répondrait pas aux lacunes identifiées par la
commissaire.
Et là je vais vous détailler ce que la commissaire
mentionnait, là, là-dessus. Elle disait : «L'application rigoureuse de
l'étape», donc, «d'éviter, minimiser et compenser n'est pas assurée par le
ministère lorsqu'il analyse les demandes d'autorisation ou des projets réalisés
dans de tels milieux. Par ailleurs, le ministère n'a pas l'assurance que les
mesures pour réduire au minimum l'impact des projets sur les milieux humides et
hydriques prévues dans les autorisations qu'il a délivrées sont appliquées. La
majorité des autorisations délivrées au cours des 10 dernières années n'ont pas
été inspectées.»
Ce n'est pas un enjeu de la loi, ici
aussi, là, ce n'est pas un enjeu avec la loi, c'est la façon qu'on l'applique
qui est soulevée. Et la preuve qu'on ne l'applique pas, actuellement...
Mme Dufour : ...la loi, ce
sont les.... c'est la quantité de milieux humides qui ont été détruits dans les
dernières années. C'est... c'est hallucinant. On a des chiffres. La ministre...
La commissaire nous soulignait que ça, c'était avant l'adoption de la loi, donc
une analyse qui avait eu lieu en 2013, qui estimait que, dans les basses-terres
du Saint-Laurent, en zones agricoles et urbaines, il y avait de 40 % à
80 % des superficies de milieux humides qui avaient été détruites
historiquement. Donc là, il y avait un constat en 2013, il faut faire quelque
chose. Et il y avait eu une accélération. Entre 1990 et 2011... 1990 et 2011,
19 % des milieux humides avaient été perturbés ou détruits dans les
basses-terres du Saint-Laurent. Donc, c'est pour ça qu'à ce moment-là il y
avait un drapeau rouge. Il fallait faire quelque chose.
Donc, cette loi-là, la Loi sur la
conservation des milieux humides et hydriques, a été adoptée en 2017, mais,
depuis, malheureusement, on constate que les quantités de milieux détruits n'ont
pas diminué du tout. Je vais donner des chiffres ici. Ça, c'était dans le
mémoire de la Société pour la nature... SNAP, la nature et les parcs du Canada,
section Québec. Ils nous disaient qu'entre 2017 et 2022 la destruction de
14 900 000 mètres carrés de milieux humides et hydriques a été
autorisée, alors que seulement 1 775 000 avaient été compensés. Donc,
on est très, très, très loin de l'objectif de zéro perte nette. Et le problème,
c'est ça, c'est qu'il y a une.... il y a une séquence, puis la commissaire le
mentionne, qui est éviter, minimiser et compenser, mais on semble avoir
tendance à s'en aller vers la compensation beaucoup, beaucoup plus rapidement.
D'ailleurs, elle souligne que l'étape de... tu sais, d'éviter, elle semble très
peu être utilisée, en fait, être prise en compte. Il y a même... ça, ça m'a...
ça m'a surprise quand j'avais lu ça, on dit que c'est dans les... une directive
du ministère qu'on disait finalement, que ce n'était pas nécessaire d'aller
vers l'évitement, là. J'essaie de le retrouver. C'était quand même...
• (11 heures) •
O.K., je vais revenir aussi dans le plan
stratégique. Parce que là, j'ai parlé de la loi, mais il y avait aussi un plan
stratégique que le ministère s'était... s'était doté, il avait adopté, qui
disait qu'il devait y avoir un dépôt d'une méthodologie d'identification des
milieux humides et hydriques remarquables ou rares qui devait être fait en
2018, et la protection de cinq milieux humides ou hydriques à l'horizon de
2020, en ayant recours au pouvoir de désignation de son ministre qui lui
octroie... que lui octroie la Loi sur la conservation du patrimoine naturel. Ça
fait que ça, ça aurait aussi permis de peut-être protéger davantage... en fait,
protéger quelques-uns des milieux humides.
Malheureusement, semble-t-il que... Malgré
qu'effectivement, on a produit un document qui venait identifier les milieux
humides remarquables. Ça a été fait en 2018. Le document identifiait près de
50 % de la superficie totale des complexes de milieux humides recensés dans
les basses-terres du Saint-Laurent comme d'intérêt pour la conservation. C'est
énorme, là, c'est 1 563 kilomètres carrés de milieux humides qui avaient
été identifiés comme d'intérêt pour la conservation. On disait qu'il y avait
plusieurs sites, là-dedans, qui étaient à haute valeur écologique, qui étaient
connus depuis plusieurs années, et donc on... ils méritaient une protection
adéquate. Donc, ça, c'est connu, là, depuis 2018, mais ils n'ont pas été
désignés depuis ce temps-là, ça n'a jamais été fait, malgré que c'est dans le
plan stratégique. Donc, ça, ça a été souligné par la commissaire.
Et là je revenais à la séquence d'éviter,
minimiser, compenser. Ça fait que non seulement on n'a pas désigné sur plan,
donc on n'a pas protégé des milieux, en plus, bien, on n'a pas... on n'a pas
appliqué la séquence qui est prévue dans la loi de façon rigoureuse, et
particulièrement pour l'évitement, qui n'a pas été assuré. Donc, ce que je
disais, c'est que, normalement, selon la Loi sur la qualité de l'environnement,
bien, il devrait y avoir une démonstration qu'il n'y a pas... puis là je cite
le mémoire de la... pas le mémoire, mais le rapport de la commissaire :
«Il devrait y avoir une démonstration qu'il n'y a pas, pour les fins du projet,
d'espaces disponibles ailleurs sur le territoire compris dans la MRC concernée,
et que la nature même du projet nécessite qu'il soit réalisé dans ces milieux.»
Et ça, cette démonstration-là, normalement, devrait permettre au ministère de
prendre en considération la possibilité...
11 h (version non révisée)
Mme Dufour : ...éviter de
porter atteinte aux milieux humides et hydriques. Mais en fait, à compter de
septembre 2020, je le rappelle encore, loi adoptée en 2017, en septembre 2020,
le ministère a déterminé dans sa directive administrative des situations pour
lesquelles la démonstration de l'impossibilité d'éviter de porter atteinte au
milieu pourrait être jugée satisfaisante. Et là on dit, par exemple, s'il
existe... il n'existe pas d'autres espaces disponibles sur le territoire de la
MRC dans les aires permettant la réalisation du projet, ces situations sont
présentées dans la section Renseignements additionnels. Et là, ils
disent : Le ministère mentionne que dans les cas où le contexte du projet
ne correspond à aucune situation, il serait préférable d'éviter les milieux
humides et hydriques. Bon. Ça fait que ça, c'est posé dans la directive. Mais
par contre, quand la commissaire a audité pas moins de 35 autorisations
ministérielles, bien, en fait, ils ont réalisé qu'il n'y avait pas de démonstration
de l'impossibilité d'éviter de porter atteinte au milieu. Il y avait plutôt des
démonstrations, dans 69 % des cas, des justifications pour dire :
Bien, voici pourquoi il faut réaliser le projet à cet endroit-là. Donc, au lieu
de démontrer pourquoi, tu sais, de démontrer pourquoi ce n'est pas possible de
faire le projet nulle part ailleurs dans la MRC, bien 69 % des cas sont
plutôt venus dire : Non, mais voici pourquoi il faut que je le fasse, là,
ce projet-là. Absolument.
Et c'est pour ça qu'une très, très grande
majorité des demandes ont été, en fait, autorisées. Et on ne s'est pas rendu à
éviter. On a peut-être tenté de minimiser dans certains cas, mais on constate
qu'il y en a beaucoup, beaucoup, beaucoup qui ont, en fait, été compensés financièrement,
plutôt que constituer un fonds quand même important aujourd'hui. Mais on
réalise qu'on est loin, loin, loin de zéro perte nette, ce qui était visé. Et
là, la commissaire nous dit que depuis 2020 le ministère mentionne, malgré la
loi qui est claire à l'effet de la séquence, bien là on vient dire dans la
directive administrative que la séquence éviter, minimiser, compenser constitue
une approche globale d'atténuation. Il indique que les trois éléments ne
constituent pas les étapes d'une séquence dans laquelle il faut satisfaire les
critères de la première étape avant de passer à la seconde. Le ministère donne
comme exemple que la démonstration satisfaisante de l'impossibilité d'éviter de
porter atteinte à un milieu humide ou hydrique n'est pas un préalable avant de
passer à l'analyse des mesures de minimisation prévues.
Ça fait que cette directive-là va à l'encontre
de la propre loi de laquelle elle découle. Qu'est-ce qui s'est passé entre 2017
et 2020 pour qu'on en arrive là? Ça, c'est une bonne question. Mais c'est clair
que, moi, j'aimerais entendre, j'aimerais voir qu'est ce qu'il y a... qu'est ce
que le ministère a répondu à ces constats-là. Parce qu'on vient... On propose
une loi. On dit qu'on corrige des éléments problématiques soulevés dans le
rapport, mais ce qu'on propose, ça ne répond pas à ces éléments-là qui sont en
rapport. Alors, qu'en est-il, là?
Alors, moi, j'aimerais vraiment voir cette
réponse du ministre aux constats qui ont été émis par la commissaire pour qu'on
atteigne enfin notre zéro perte nette. Les groupes sont sans équivoque à ce
sujet là. On a de cesse de perdre de la superficie. Il y a des inondations qui
empirent. D'ailleurs, il y a, si je ne me trompe pas, c'est Canards illimités,
dans leur mémoire, qui nous disait : Bien, c'est un peu... C'est un peu
incohérent de la part du gouvernement de, d'un côté, ils offrent des
subventions et de l'argent pour créer des infrastructures vertes, pour comme
corriger dans le fond des problèmes d'inondation qu'il y aurait à des places,
mais de l'autre côté, dans les mêmes secteurs, ils vont autoriser la
destruction de nouveaux milieux humides. Donc, on vient dire : On veut
atténuer quelque chose, mais d'un même côté, on accorde de nouvelles
autorisations qui vont empirer ce qu'on essaye d'atténuer. Ça fait qu'on se
tire dans le pied dans les deux cas. Donc, on n'a pas le choix, il va falloir,
il va falloir revoir sérieusement cette loi pour arriver à ce qu'on visait au
départ, c'est-à-dire d'être... d'avoir zéro perte nette de milieux humides et hydriques.
Il y a plusieurs groupes qui ont mentionné
qu'il serait peut-être nécessaire aussi de créer une banque de projets de
restauration. Donc...
Mme Dufour : ...ce qui est
proposé là, dans le projet de loi puis qui est soulevé par rapport au... à
l'utilisation des fonds, mais est-ce que de permettre une dispersion des fonds
de 15 % ailleurs, est-ce que vraiment ça va faire en sorte qu'ils vont
être plus utilisés, les fonds? Plusieurs groupes disent que non, sauf s'il y
avait une banque de projets de restauration, puis ça, il y a Canards illimités
qui en a parlé. Mais il y a aussi le ROBVQ, c'est le regroupement des
organismes de bassin versant du Québec qui disait qu'il faudrait créer un
répertoire de milieux humides potentiels pour la restauration. En ayant des
projets comme ça, bien là, au moins on pourrait... pourrait voir des sommes...
les sommes être utilisées. La ville de Laval nous a souligné — et ça,
attendez, je vais juste ouvrir ici voir le chiffre — qu'ils avaient,
si je me ne trompe pas, 13 hectares, 15 hectares, 15 hectares
déjà identifiés qu'ils pourraient restaurer. Ça fait qu'il y en a eu. Mais par
contre, c'est ça, ils ont besoin du... du financement du fonds de protection en
question, et c'est pour ça que pour eux, il n'est pas question que l'argent
aille ailleurs, là, ça c'est certain, parce que sinon ils n'y arriveront même
pas. Puis il y a plusieurs groupes qui nous ont mentionné, puis ça, je pense
que c'est avec l'Union des municipalités du Québec, qu'on avait eu ces échanges
où on avait soulevé... où c'est peut-être la FQM, je ne suis plus certaine,
mais on avait... j'avais posé la question : Est-ce que les sommes
actuelles qui sont présentes dans le fonds, est-ce qu'elles sont suffisantes
pour compenser? Puis on nous a dit non, c'est certain, parce que les coûts du
terrain ont beaucoup monté depuis, ça fait que ça, ça, il y a un enjeu à ce
niveau-là, mais en parallèle, on continue à détruire.
D'ailleurs, toujours, la ville de Laval me
disait qu'entre 2017 et 2022, ils avaient perdu 21 hectares de milieux
humides et hydriques, et ça, ce n'est pas là.... on ne parle pas pour un
hôpital ou quelque chose d'essentiel, là, c'est principalement pour des
constructions résidentielles ou industrielles. Puis là, on nous dit qu'il y a
toujours d'énormes pressions, puis que les projections... les projections les
plus récentes estiment les pertes à venir à 11 hectares supplémentaires.
Ça, c'est juste une ville, c'est juste Laval qui est un peu quand même, somme
toute, un petit territoire par rapport au reste du Québec. Donc, si on ne
revoit pas la façon de faire réellement, bien, on ne changera pas la tendance,
et donc c'est pour ça qu'il faut... il faut savoir qu'est-ce que... qu'est-ce
qui a été analysé suite au rapport de la ministrère... de la Commissaire au
développement durable, de la part du ministère, qu'est-ce qu'ils ont analysé
puis qu'est-ce qu'ils ont répondu pour voir... pourquoi, en fait, on propose
les changements qu'on propose présentement qui ne semblent pas corriger du
tout, du tout les problématiques.
• (11 h 10) •
Tu sais, le ministère a un rôle important
à jouer dans la protection. Ils ont aussi des... des activités de contrôle à
faire. Tu sais, il y a la séquence éviter, minimiser, compenser, bien, le
minimiser par exemple, mais même ça, quand ils y arrivent, même ça le éviter,
ça n'arrive à peu près jamais. Mais le minimiser, ça, même ça, il n'est pas
contrôlé. Ça, la commissaire au développement durable a fait le constat que,
malheureusement, il y a seulement... en fait, c'est moins de 40 % des
autorisations ministérielles délivrées qui ont donné lieu à une inspection de
conformité. Ça veut dire que 60 % des cas, au moins 60 % des cas n'ont
pas été inspectés par le ministère. Ça fait que, non seulement on passe très
rapidement d'éviter à minimiser, à compenser, mais en plus, puis souvent on se
rend direct à compenser. Mais en plus, quand on choisit la deuxième qui est de
minimiser, qui serait comme au moins ça serait déjà ça, bien, on ne valide pas
pour que ce soit vraiment fait.
Il y avait un exemple qui avait été
soulevé, c'était dans les Laurentides notamment, un milieu humide qui avait
été... il devait être en fait remblayé pour corriger un problème de drainage.
Puis là, il devait y avoir une petite barrière de sédiments pour protéger des
sédiments, que ces sédiments- là ne se rendent pas dans le milieu humide. Bien,
en fait, ça n'a jamais été mis en place, cette barrière de sédiments là. Et ça,
c'est un cas qui a été trouvé, mais il y en a combien qui n'ont pas été trouvés
parce qu'ils n'ont pas été inspectés?
Puis d'ailleurs, dans... il y a eu sept
des 25 mesures vérifiées qu'ils ont constaté qu'elles n'avaient pas été
appliquées conformément. Donc ce n'est pas rien. Quand on dit 28 % des cas
qui ont été inspectés, des rares cas qui ont été inspectés, bien, on a trouvé
que ça... ça n'avait pas été fait conformément. Alors, le ministère ne joue pas
son rôle présentement. Et là, on change une loi quand même d'une façon
substantielle sur la base d'un rapport, mais on ne sait pas qu'est-ce que
Mme Dufour : ...dans une
loi quand même de façon substantielle sur la base d'un rapport, mais on ne sait
pas qu'est-ce que le ministère a répondu à ce rapport-là à l'époque. Donc,
c'est pourquoi j'ai fait cette motion préliminaire là, M. le Président. Merci.
Le Président (M. St-Louis) :
Alors, merci, Mme la députée. Avant de céder la parole au prochain intervenant,
j'aimerais rappeler aux membres de la commission que, lors du dépôt d'une
motion préliminaire, une seule intervention par membre est permise, et ce, sans
droit de réplique. Donc, ce n'est pas une discussion ni un débat. Est-ce que
j'ai d'autres intervenants? Mme la députée, la parole est à vous.
Mme McGraw : Merci, M.
le Président. Donc, pour enchaîner sur les remarques de ma collègue, pour nous,
c'est un enjeu très important, et je veux juste souligner le fait que, pour
donner et renforcer la confiance des Québécois dans nos institutions, que le
Bureau de la Vérificatrice générale, d'où découle la Commissaire au
développement durable, c'est important que le gouvernement, que le ministère,
que le ministre réponde à ces constats. Donc, cette motion, on demande que le
ministre réponde aux constats émis par la commissaire en 2023, M. le Président,
sur des enjeux importants. C'est une question de confiance dans nos
institutions. Et je ne doute pas que si le bureau de la vérification générale
aurait fait des constats vis-à-vis d'autres organismes, de ministères
gouvernementaux, j'espère qu'on aurait eu une réponse. Alors, l'environnement,
les milieux humides et hydriques sont... ne sont pas moins importants pour un
gouvernement qui se dit vouloir être vert et respecter le développement
durable.
Alors, ce n'est pas rien que la
Vérificatrice générale prenne le temps, fait ses analyses, revient avec des
constats. Et on attend toujours la réponse du ministre. Alors, c'est le sens de
cette motion préliminaire. Et je souligne aussi le fait que le Québec a été
hôte, est hôte à Montréal de la Convention sur la biodiversité. La diversité
biologique se trouve à Montréal, et c'est à Montréal, et c'est pour cela qu'en
2022, en novembre, décembre 2022, le Québec a été hôte de la COP15. On parle
beaucoup de la COP. On pense souvent aux changements climatiques, mais aussi
une COP, c'est une conférence des parties vis-à-vis la Convention sur la
diversité biologique. Et à la COP15 à Montréal, où le Québec était hôte avec le
Canada, le Québec s'est engagé à hautes ambitions, le groupe de hautes
ambitions, pour protéger nos moins de 30 % de notre territoire d'ici 2030.
Alors, comment y arriver? On sait que...
Et cette protection, cette conservation ne peut pas juste se faire dans le nord
du Québec. Comme ma collègue, elle l'a souligné, l'idée d'un régime différencié
nord-sud, je pense que c'est très prometteur. Alors, je souligne ce
contexte-là, le rôle de leadership du Québec en matière de biodiversité, en
matière de conservation et de protection de l'environnement. Et là s'inscrit...
Et c'est là où s'inscrivent justement les constats de la commissaire
spécifiquement en lien avec les milieux humides et hydriques.
Alors, elle a fait trois constats. Je
vais... Ça prend... Ça vaut la peine de le souligner, que le ministre, et ça
c'est en 2023, on est rendus en 2025, deux ans plus tard, toujours pas de
réponse. Alors, le ministère n'utilise pas de manière efficace les mécanismes
prévus pour assurer la protection et l'utilisation durable des milieux humides
et hydriques malgré les pertes importantes de ces milieux que le Québec a
connues depuis plusieurs décennies. Le ministère n'a pas... Donc, un deuxième
constat. Le ministère n'a pas l'assurance que les mesures de minimisation
prévues dans ses autorisations ministérielles pour réduire au minimum l'impact
des projets sur les milieux humides et hydriques soient appliquées. Ça fait que
le ministère n'a pas l'assurance que ses propres, ses propres mesures sont
appliquées. C'est grave, M. le Président. Troisième constat le ministère ne
gère pas les programmes de restauration et de création des milieux hydriques et
humides de manière à compenser...
Mme McGraw : ...efficacement
les pertes que ces milieux ont subies.
Je reviens sur les mémoires qui ont été
soumis par plusieurs groupes qui ont... qui, justement, ont souligné
l'importance de mettre en œuvre... de répondre aux constats de la commissaire
en matière de développement durable. D'ailleurs, dans le mémoire Mouvement
d'action régionale en environnement, ils ont souligné... d'ailleurs le Journal
de Montréal qui a fait un reportage entre... qui a fait un reportage,
justement, sur la Loi concernant la conservation des milieux humides et
hydriques de 2017. Ils ont regardé ce qui s'est passé en 2017 et 2022, qui a
mené au constat de la... de la commissaire, et ils ont souligné le fait que le
ministère a accordé 1 331 autorisations pour des projets en milieux
humides contre une compensation monétaire et qu'il en a finalement refusé 29. C'est
donc 98 % des demandes d'autorisation portant atteinte à ces milieux qui
ont été acceptées pendant cette période de cinq ans, M. le Président. Les faits
rapportés dans le Journal de Montréal ainsi que l'audit de performance de la
LCCMHH, effectué par le commissaire... la commissaire au développement durable,
dans son rapport qui a été publié en avril 2023, montre que le ministère n'a
pas mis en place les mesures permettant de garantir que la première étape de la
séquence, c'est-à-dire l'évitement, soit utilisée efficacement. Effectivement,
on évite l'évitement, qui est la première phase qui devrait être prioritaire.
En effet, le ministère n'a pas que... n'a fait que pelleter les problèmes par
en avant, en plus de ne pas savoir respecter sa propre loi. Et, aujourd'hui, à
notre avis, selon ce mémoire, les propositions du projet de loi n° 81 sont
insuffisantes pour empêcher la... la perpétuation du saccage des milieux
humides et hydriques au Québec, car elle n'offre pas de réponses adéquates aux
problématiques relevées. Alors, ça, c'est le Mouvement d'action régionale en
environnement.
• (11 h 20) •
Le Centre québécois en droit de
l'environnement, ils ont souligné le fait que les modifications proposées par
le projet de loi n° 81, je cite : «ne permettent pas de répondre aux
constats soulevés par la commissaire au développement durable». Au contraire,
elles perpétuent des lacunes identifiées, notamment le fait que, et je cite, on
cite le rapport : «L'application rigoureuse de l'étape de l'évitement
n'est pas assurée lors de la délivrance des autorisations ministérielles, en
précisant que près de 70 % des autorisations ministérielles auditées sont
accompagnées d'une justification de réaliser le projet à l'endroit prévu,
plutôt qu'une réelle démonstration de l'impossibilité d'éviter de porter
atteinte aux milieux humides et hydriques, comme l'exige la Loi sur la qualité
de l'environnement». Et que la directive administrative mentionne que la
détermination... pardon, la démonstration satisfaisante de l'impossibilité
d'éviter n'est pas un préalable pour passer à l'analyse des mesures de... En
somme, ce qu'on dit, c'est qu'on passe trop vite à minimiser et compenser. On
n'est pas sérieux en ce qui a trait à nos engagements en matière d'évitement,
et c'est ça le stade numéro un. Comme j'ai dit, M. le Président, comme le trois
r, si on ne réduit pas notre consommation, qu'on ne réutilise ce qu'on... ce
qui est possible d'être réutilisé et qu'on ne fait que recycler, on ne va pas
résoudre le problème. Le défi est trop large. Donc, c'est la même chose, il
faut éviter... il faut être sérieux en termes d'éviter, ensuite organiser et
compenser. Ça fait que c'est vraiment là-dessus.
La SNAP aussi ont souligné le fait qu'ils
ont aussi des préoccupations majeures par rapport aux milieux hydriques et
humides et soulignent l'importance du rapport de la commissaire.
Nature Québec. Il y a propose d'ailleurs,
en matière de milieux humides et hydriques, cinq recommandations qui vont...
Mme McGraw : ...pour...
effectivement qui s'inspire des constats de la commissaire, entre autres. Donc,
une recommandation c'est respecter l'ordre de priorité, la séquence... évité,
minimisé, compensé, qui doit... qu'il soit clairement inscrit dans la loi que
l'ordre de priorité de la séquence est vraiment évité, minimisé, compensé.
Concernant les... les atteintes aux milieux humides et hydriques, que ce soit
rigoureusement appliqué et l'encadrer par des balises précises, renforcées,
complètes et consolidées.
Recommandation numéro 11 - c'était 10 -
Nature Québec recommande de rendre obligatoire la compensation, qu'il soit
clairement inscrit dans la loi que des mesures compensatoires soient
obligatoires en cas d'atteinte inévitable aux milieux humides et hydriques. Recommandation
numéro... 12, pardon, prioriser les mesures compensatoires concrètes, que
l'exécution de mesures compensatoires concrètes, c'est-à-dire création, mais
aussi restauration des milieux humides et hydriques, soit prioritaire au
versement d'une compensation monétaire. Recommandation numéro 13,
responsabilité... responsabiliser les requérants, que les requérants soient
responsables, à leurs propres frais, d'identifier l'emplacement de leur projet
de compensation, de la conception, de la réalisation et du suivi jusqu'au
moment où l'efficacité est démontrée. Et, finalement, recommandation 14,
maintenir une proportion de projets compensatoires à l'échelle provinciale, que
soit maintenue la proposition d'allouer 15 % des contributions financières
perçues, à titre de compensation, pour l'atteinte à des milieux humides et
hydriques, à des projets situés en dehors du territoire de la MRC ou de la zone
de gestion intégrée de l'eau où ces atteintes ont été autorisées.
Alors, comme je le dis, il y a plusieurs
mémoires, il y a plusieurs groupes qui se sont attardés... beaucoup d'autres
groupes sur les milieux hydriques et humides, mais, en particulier, en
s'inspirant, entre autres, du rapport de la commissaire. Et je pense que ma
collègue, elle a très bien expliqué les enjeux, elle a cité... Donc, je ne vais
pas répéter les éléments clés, les constats, les détails dans le rapport de la
commissaire, mais ça a été émis. J'étais là dans le temps. J'étais là en
commission. Effectivement, on a reçu ce rapport de la Commissaire au
développement durable en avril 2023. On est rendus en février 2025, on n'a
toujours pas de réponse. Donc, je souligne l'importance de cette motion. On
aimerait avoir des précisions, une réponse complète du ministère face à ces
constats importants. Si vraiment l'objectif de perte... de zéro perte nette, si
on le prend au sérieux, c'est la moindre des choses.
Donc, on espère que le ministre va
répondre dans l'affirmative, oui à cette motion, pour avoir justement une
réponse complète et éclairée. Merci, M. le Président.
Le Président (M. St-Louis) : Merci
beaucoup, Mme la députée. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? M. le député
des Mille-Îles, la parole est à vous.
M. Arseneau : Il y en a une
douzaine, en fait, dans l'archipel des Îles-de-la-Madeleine.
Le Président (M. St-Louis) : Excusez-moi.
Je vous ai débaptisé, M. le député. Îles-de-la-Madeleine.
Une voix : ...
M. Arseneau : Oui, oui, exact.
Donc, un peu moins de mille îles dans l'archipel des Îles-de-la-Madeleine. Oui,
simplement pour appuyer la motion, et merci à ma collègue, justement, des
Mille-Îles de nous ramener à cette... à ce rapport-là fort important qui nous
avait, rappelons-le, quand même, passablement ébranlés en 2023 - ça fait déjà
deux ans de cela - nous démontrant essentiellement que le ministère lui-même ne
respecte pas ses propres objectifs en matière de protection des milieux
naturels. Et je pense que c'est un élément qui nous a été rappelé pendant les
consultations particulières, aussi par plusieurs des participants et qui l'ont
si justement fait valoir que, normalement, on doit éviter toute perturbation et
que la démonstration à faire, c'est que c'était absolument impossible d'aller
de l'avant avec un projet à un endroit donné, et ça semblait tout simplement
être disparu...
M. Arseneau : ...où les gens
passent directement à l'idée de justifier pourquoi ils vont proposer de
développer un projet spécifiquement dans une zone donnée et ensuite, bien,
évidemment, développer une certaine proposition de minimiser les impacts ou
encore de les compenser. Donc, dès le départ, il semble... et c'est la
Commissaire au développement durable qui nous en faisait la démonstration, on
ne semble pas être assez exigeant pour que l'argumentaire nous démontre qu'il
n'y avait absolument aucun autre endroit où réaliser ce projet-là.
Deuxième élément, évidemment, c'est à
savoir qu'est-ce que... qu'est-ce qu'on fait pour minimiser. Et, quand le
rapport indique que le ministère ne fait pas de suivi approprié, c'est encore
là inquiétant, c'est encore là lancer le signal que ce n'est pas si important
puis qu'on donne, essentiellement, un chèque en blanc aux entreprises, aux
promoteurs. Une fois qu'ils ont eu leur autorisation, bien, c'est comme si, à
partir de ce moment-là, ils ont payé leurs 200 $, ils ont passé go, et
puis il n'y a plus aucune barrière, il n'y a plus aucune condition, il n'y a
plus aucune reddition de comptes, il n'y a plus aucune mesure qui leur sont
imposées, et ça, c'est dramatique parce qu'on ne peut pas se permettre, là, de
laisser aller.
Troisième élément, on en a parlé aussi
abondamment, c'est qu'il n'y a pas de projet. Essentiellement, là, le
pourcentage est tellement minime, il y a... On accepte tout. C'est le bar
ouvert. Alors, à partir de ce moment-là, on peut se demander si la loi sert
véritablement à quelque chose. Et, lorsqu'on accumule des sommes importantes et
que les projets de compensation, eux, ne sont pas réalisés, bien, on recule à
chaque fois, on en a parlé avec les gens qui étaient venus nous rencontrer en
consultations particulières. Puis, comment on va rétablir l'équilibre entre,
justement, les milieux qu'on perd... alors qu'on a cet objectif-là de zéro
perte nette, mais qu'en réalité plus ça avance, plus le temps passe, plus cet
objectif-là nous échappe et moins on peut envisager, de façon réaliste, de
récupérer le temps et surtout le territoire et les espaces perdus? Puis là on
en vient à dire : Oui, oui, mais on pourrait le faire ailleurs, on
pourrait le faire autrement. On sait que les fonctions écologiques des milieux
ne sont pas les mêmes, que ce soit un étang ou un milieu humide ou différentes
caractéristiques, différents écosystèmes, et c'est comme si on relativisait
tout ça de façon presque banalisée, normalisée.
• (11 h 30) •
Je pense que la motion, ici, a la grande
valeur de nous ramener, essentiellement, à un constat qui est... qui est
important, qui est même accablant et à l'idée, encore une fois, qu'après avoir
répondu, là, sur le champ, de... à froid un peu, là... Je me souviens des
réactions du ministre, c'était : Bien oui, mais peut-être que le rapport
au moment où il a été rédigé n'a pas pris en compte que, depuis la
réglementation a évolué, les pratiques ont peut-être changé. Il faut en...
quand même, là, je pense, qu'on puisse avoir des réponses officielles, et
rigoureuses, et complètes face à l'ensemble des constats qui sont dressés par
une institution aussi importante que celle du Commissaire au développement
durable, qui est associé, vous le savez, au Vérificateur ou à la Vérificatrice
générale. C'est le b.a.-ba. Je pense que c'est l'essentiel. Ensuite, on peut
développer un projet de loi pour améliorer les choses, espère-t-on, pour
modifier les lois. Mais on ne peut pas faire abstraction de ça, on ne peut pas
tourner la page comme si ce rapport-là n'existait pas.
Donc, j'appuie la motion qui est... la
motion préliminaire qui est déposée par ma collègue députée de Mille-Îles. Et,
essentiellement, j'aimerais bien entendre sur la réponse ou au moins qu'on nous
donne un calendrier à savoir quand est-ce que la réponse... on peut s'attendre
à l'obtenir, pour pouvoir justement en tirer un certain nombre de conclusions.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le député des Îles-de-la-Madeleine. Vous m'excuserez mon lapsus, je n'ai pas
voulu vous changer de circonscription, je vous rassure. Est-ce que j'ai
d'autres interventions sur la motion déposée par la députée des Mille-Îles? M.
le député, la parole est à vous.
M. Leduc : Oui, je vais être
assez bref, M. le Président. Je voudrais remercier l'opposition officielle pour
la motion, parce qu'ils ont fait un...
11 h 30 (version non révisée)
M. Leduc : ...assez éclairant
sur la pertinence de pouvoir entendre, là, la réponse au constat émis par le
commissaire au développement durable. C'est vrai que c'est un rapport qui
commence à dater, presque deux ans maintenant, concernant les milieux humides
et hydriques, puis ce serait quand même un préalable intéressant et fondamental
pour les discussions que nous aurons aujourd'hui et dans les prochaines
semaines.
Donc, bien, écoutez, sans plus de détails,
je voulais vous signaler, donc, que j'allais appuyer la motion préliminaire de
ma collègue. Merci.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le député. Est-ce qu'il y a d'autres interventions? M. le ministre. La
parole est à vous.
M. Charette : Merci, M. le
Président. Tout à l'heure, d'entrée de jeu, je mentionnais que, le plus
rapidement possible, j'allais déposer les amendements pour que l'on puisse
collaborer de façon constructive. Si jamais l'opposition, et c'est son plein
droit, souhaite déposer des motions de cette nature-là, qu'elle n'hésite pas à
nous les partager également. Parce que la réponse aurait pu être donnée très,
très rapidement...
(Interruption) ...pardon, dès la fin du
mois de septembre 2023 le plan d'action a été présenté à la CAP. Donc, c'est un
document qui a déjà été transmis. Et, dans les journées qui ont suivi, en
octobre de la même année, la Vérificatrice générale a répondu ceci dans sa
lettre réponse : Ce plan d'action satisfait l'ensemble des exigences du
Vérificateur général. Donc, je comprends que les collègues ont pris 1 h
pour défendre une motion, mais on aurait pu régler ça en quelques secondes. Ce
sont des documents qui sont déjà disponibles à la CAP. Et, non seulement les
documents sont disponibles, la Vérificatrice générale s'est dite entièrement
satisfaite par le plan d'action qui a été présenté par le ministère.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le ministre. S'il n'y a pas d'autre intervenant, nous allons passer à la
mise aux voix de la motion préliminaire déposée par la députée de Mille-Îles.
Des voix : ...
Le Président (M. St-Louis) : Mme
la secrétaire, par voix nominale.
La Secrétaire : Mme Dufour
(Mille-Îles)?
Mme Dufour : Pour.
La Secrétaire : Mme McGraw
(Notre-Dame-de-Grâce)?
Mme McGraw : Pour.
La Secrétaire : M. Charette
(Deux-Montagnes)?
M. Charette : Contre.
La Secrétaire : M. Lemay
(Masson)?
M. Lemay : Contre.
La Secrétaire : Mme Grondin
(Argenteuil)?
Mme Grondin : Contre.
La Secrétaire : Mme Tardif
(Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif : Contre.
La Secrétaire : Mme Picard
(Soulanges)?
Mme Picard : Contre.
La Secrétaire : Mme Gendron
(Châteauguay)?
Mme Gendron : Contre.
La Secrétaire : M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire : Et M. St-Louis
(Joliette)?
Le Président (M. St-Louis) : Abstention.
Alors, la motion est rejetée. Est-ce qu'il y a d'autres motions préliminaires, Mme
la secrétaire?
Des voix : ...
Le Président (M. St-Louis) : Alors,
on va suspendre quelques instants, le temps de déposer la motion au Greffier
pour que tous les membres de la commission puissent la lire. Merci.
(Suspension de la séance à 11 h 35)
(Reprise à 11 h 41)
Le Président (M. St-Louis) :
Alors, la commission reprend ses travaux. Je cède maintenant la parole au
député d'Hochelaga-Maisonneuve afin que vous puissiez présenter la motion que
vous avez déposée. La parole est à vous. Vous disposez de 30 minutes.
M. Leduc : Merci, M. le
Président. Dans le fond, je vais la lire :
«Que conformément à l'article 244 du
règlement de l'Assemblée nationale, la commission des Transports et de
l'Environnement, avant d'entreprendre l'étude détaillée du projet de loi
n° 81, Loi modifiant diverses dispositions en matière d'environnement,
tienne des consultations particulières et qu'à cette fin elle entende
M. André Beauchamp et M. Louis-Gilles Francoeur, respectivement
ancien président et ancien vice-président du Bureau d'audiences publiques sur
l'environnement, le BAPE.»
Puis M. Francoeur a été longtemps
journaliste au Devoir, si ma mémoire est bonne, qui avait été spécialisé
en environnement, que je lisais avec beaucoup de sérieux. Les études détaillées
sont toujours intéressantes parce qu'on peut aller plonger dans la matière,
dans les articles. Par contre, les audiences publiques sont tout aussi
intéressantes, M. le Président, et nous permettent de mettre un peu le cadre du
débat à venir. Les études détaillées... Les études? Les audiences, pardon, les
audiences publiques que nous avons eues il y a quelques semaines déjà ont été
intéressantes, mais il manquait beaucoup de joueurs alentour de la table. On
aurait pu faire la longue liste. Moi, j'ai reçu des coups de téléphone,
notamment du milieu syndical, de la FTQ entre autres, qui était très déçue de
ne pas s'être fait inviter, malgré le fait qu'on avait placé des demandes à cet
égard-là et que c'est un acteur important dans la transition écologique et
énergétique, le milieu du travail. Mais moi, personnellement, de ceux qui m'a
le plus surpris, qui n'aient pas été invités, c'est vraiment MM. Beauchamp
et Francoeur, qui avaient des choses à dire, des choses pertinentes à dire. Et
ils ont communiqué un mémoire assez intéressant...
M. Leduc : ...assez
substantiel. Je pense que c'est eux, d'ailleurs, qui ont... qui ont utilisé
pour la première fois le concept de clause Northvolt, pour faire référence à
l'article 88 du projet de loi, si ma mémoire est bonne, et qui permet les
travaux anticipés. Ils nous... ils nous disaient : Faites attention, ça
va... ça va refaire l'exemple Norhtvolt. Ça a été évoqué pendant les audiences.
M. le ministre n'adhérait pas à ce parallèle-là, en disant que c'était dans le
privé et que nous, ça allait être plus du secteur public.
Cela étant dit, au-delà de public-privé,
le parallèle avec l'idée de démarrer des travaux rapidement, trop rapidement,
avoir même une étude en bonne et due forme, devrait nous inquiéter. Et MM.
Francoeur et Beauchamp font de nombreuses recommandations, de nombreuses
références. Ils ont une expertise que, je pense, on aurait dû vouloir
rechercher, qu'on aurait dû vouloir entendre alentour de la table. Or, ça n'a
pas été possible. Moi, je tiens à les remercier publiquement, donc, à micro
ouvert, de leur contribution. Je pense qu'ils ont mis la table sur plusieurs
éléments puis je suis convaincu qu'on va faire référence à leur mémoire à de
multiples reprises pendant l'étude détaillée.
Cela dit, il n'est pas trop tard.
Évidemment, avec ce genre de motion là, on est bien conscients que c'est
rarement accepté une fois l'étude détaillée... les audiences terminées. Mais
j'ai été, donc, deux ans leader parlementaire, M. le Président, puis je peux
vous confirmer que le terme «négociation des groupes» est un terme un peu
galvaudé, en ce sens que c'est le gouvernement qui tranche, et puis on passe au
prochain appel. Puis même que, des fois... je dis «le gouvernement»... c'est le
bureau... beaucoup le bureau du leader qui tranche. Des fois, j'ai même eu à
négocier, avec un ministre, l'ajout de groupes, puis lui, il était prêt à en
rajouter plus, mais c'était le bureau du leader qui avait mis un maximum, parce
que lui, il gère la machine associée à des projets de loi, puis il faut que ça
procède, puis il n'a pas le temps de s'enfarger dans des... dans des audiences
trop longues. Ça fait en sorte, dans ce cas-ci, qu'on a échappé des
intervenants aussi pertinents que MM. Beauchamp et Francoeur, d'autres
intervenants que j'aurais pu rajouter aussi. Je vais me contenter de cette
seule motion aujourd'hui, M. le Président. Mais au regard de leur grande
expertise et de leur contribution, il me semblait incontournable de faire cette
motion-là pour les saluer et les remercier de leur contribution. Merci.
Le Président (M. St-Louis) : Alors,
merci, M. le député. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur cette motion?
Mme la députée des Mille-Îles, la parole est à vous.
Mme Dufour : Merci, M. le
Président. Alors, d'abord, je remercie le député de la deuxième... deuxième,
oui, deuxième opposition, pardon, pour sa motion. Je vous avoue que ce
mémoire-là m'avait échappé, parce qu'il est rentré dans... avec l'ensemble des
60 mémoires, que je disais, et la motion m'a permis, en fait, d'en prendre...
de prendre conscience qu'ils avaient déposé un mémoire fort éloquent,
effectivement, et deux personnes qui... des anciens membres du BAPE, le Bureau
d'audiences publiques sur l'environnement. Le BAPE, lui, je m'étais assurée
qu'il fasse partie de notre liste de groupes préliminaire, lorsqu'on avait
commencé à négocier des groupes avec la partie gouvernementale, qui avait été
acceptée, d'ailleurs, mais le BAPE s'était désisté des audiences. Donc, ça, ça
a été une de mes déceptions, parce que j'aurais aimé les entendre. Mais ils ont
fourni un rapport, un rapport intéressant... un mémoire, pardon, intéressant,
mais j'aurais aimé pouvoir échanger avec eux, et donc... parce que c'est un
point de vue... il y a des éléments, dans le projet de loi, qui vont avoir un
impact sur les travaux du BAPE, il y en a quand même plusieurs. Et donc de
pouvoir comprendre l'étendue de ces changements-là, de l'impact pour les
audiences publiques notamment, mais pour la crédibilité, aussi, de l'organisme,
ça aurait été... ça aurait été intéressant de pouvoir échanger.
Il y a quand même des éléments, dans le
rapport du BAPE, qui sont intéressants, mais M. Beauchamp et M. Francoeur
apportent un éclairage différent, ils vont plus loin dans plusieurs éléments, dans
leur rapport, c'est fort intéressant. Je vais vous donner des exemples de ce
que le mémoire du BAPE soulignait. Pour eux... bien, ils soulignent... En
passant, ce n'est pas rien là, ils ont... ils ont confié... le BAPE s'est vu
confier par le ministre plus de 1 100 mandats, dont 720 périodes
d'information publique depuis sa création. On s'entend que ce n'est pas par ce
ministre, c'est l'ensemble des ministres de l'Environnement. Donc, ils ont
une...
Mme Dufour : ...une grande
expertise sur des... des consultations publiques et il souligne que plus de
95 % des mandats qui m'ont été confiés au BAPE découlent de la procédure
d'évaluation et d'examen des impacts sur l'environnement qui est prévu par la
Loi sur la qualité et l'environnement. Donc, ça, c'est... cette procédure-là,
elle est modifiée dans le projet de loi. Et comme on voit, là, c'est 95 %
des des mandats au BAPE qui découlent de cette... de cette loi-là. Alors, les
changements qui sont proposés dans le projet de loi, bien, ce serait intéressant
de voir à quel point ça aura des impacts sur les mandats qui seraient confiés
au BAPE.
Il y a un élément qu'il... qu'il soulève,
qui le préoccupe... qui le préoccupe particulièrement, ce sont les fameux
travaux préalables qu'on a abondamment parlé tout à l'heure. Les collègues,
particulièrement, justement, le collègue de la deuxième opposition en a parlé,
le député d'Hochelaga-Maisonneuve, et le BAPE est préoccupé par le fait, puis
là, je vous lis, là, une portion de leur mémoire qui dit :
«Par le fait qu'une telle disposition
permette au gouvernement de soustraire certaines composantes d'un projet à la
procédure régulière et éventuellement à un examen public du BAPE lors de ses
activités d'information et de consultation sur le projet, le BAPE risque de se
retrouver dans une position délicate devant un public qui remettrait en cause
la légitimité de ses actions, alors que certains travaux sont déjà en cours de
réalisation. Cela pourrait affecter non seulement la crédibilité des processus
d'information et de consultation publique, mais également celle de la procédure
dans son ensemble.»
Et donc ça, ici, puis je l'ai... je l'ai
souligné, là, Hydro-Québec nous avait mentionné que le genre de travaux
préalables qu'ils imaginaient, c'était l'installation, par exemple, de
postes... postes de distribution, mais on l'a vu que, même des postes de
distribution peuvent soulever les passions.
En fait, tu sais, je vous disais, je suis
une ancienne élue municipale et je peux vous dire que tout ce qui touche le
citoyen le plus proche de chez lui a toujours un impact sur l'acceptabilité,
puis c'est... Ça fait que, de faire les choses à l'envers, on n'est pas
nécessairement gagnants si on permet de faire des travaux avant que l'analyse
se fasse. Bien, non seulement les gens peuvent se braquer, les citoyens, puis
ça, je l'ai vu souvent au niveau municipal, plusieurs projets municipaux. C'est
important de les inclure dans le processus dès le début. Mais... mais si les...
les citoyens se braquent, puis que ça a un impact sur la crédibilité du BAPE,
bien, finalement on ne sera pas gagnants parce que, tu sais, les gens ne
croiront plus rien, aucun... aucune portion du processus. Et tu sais, à l'ère
de la désinformation, les réseaux sociaux, on le voit comment les informations
circulent à une vitesse phénoménale aujourd'hui, bien, le BAPE, c'est une des
institutions qui est encore... qui est crédible, puis que les gens, les gens,
je pense, ils lui accordent beaucoup d'importance. Les rapports du BAPE, moi,
en tout cas, je n'ai pas entendu, là, d'éléments majeurs qui disaient :
Non, non, ils sont... c'est un groupe qui est... qui est biaisé ou quoi que ce
soit. Tu sais, ça a encore cette crédibilité-là. Alors, il ne faudrait pas
alors que toute notre démocratie semble s'éroder, il ne faudrait pas venir
donner flanc à la possibilité de... de dénigrer cette institution-là.
• (11 h 50) •
Et je reviens à MM. Beauchamp et
Francoeur, bien, ils nous disent que c'est important, c'est... il y a des
risques importants ici pour... pour le BAPE, et ce sont quand même deux
ex-président et vice-président du BAPE, donc je pense que... Puis, de mémoire,
là, M. Francoeur, il a été là, je pense, 10 ans si je me trompe pas...
Non, il a été là cinq ans de 2012 à 2017. Puis, pour ce qui est de M.
Beauchamp, je ne le sais pas, mais... mais ce qui est clair, c'est que je pense
qu'ils ont une... une expertise importante concernant le BAPE et ils nous
offrent effectivement, dans leur mémoire, des éléments vraiment intéressants.
D'ailleurs, ils abordent des éléments que personne d'autre n'a abordés, et donc
de les entendre, ça, ça serait... ça serait effectivement pertinent.
Je vais abonder dans le même sens que mon
collègue, là, on a entendu beaucoup de groupes, 22, mais pour moi, ce n'était
pas suffisant, puis d'ailleurs, ma... la liste que j'avais soumise était quand
même plus importante que ça, puis il y a d'autres groupes qu'on aurait pu
entendre. Puis je l'avais dit, là, d'emblée dans mes remarques préliminaires,
là, l'Association des biologistes, notamment du Québec, parce qu'il y a un...
un élément, dans le projet de loi, qui... qui vient modifier leur rôle de façon
importante. En tout cas, j'aurais aimé entendre, mais bref, ces deux
personnes-là, l'ancien président et vice-président du BAPE...
Mme Dufour : ...mais
bref, ces deux personnes-là, ancien président et vice-président du BAPE, nous
amènent beaucoup à la prudence dans les modifications à faire au rôle du BAPE
et ce qu'ils disent, bien, il y a des risques dans le fond de perte de
crédibilité, ça, ils le soulignent, mais il y a aussi qu'ils disent, ça, c'est
intéressant, ils disent que le ministre de l'Environnement pourrait se placer
en situation de conflit d'intérêts. Ça, personne ne nous a parlé de ça dans
d'autres mémoires, en tout cas, à ma connaissance, là. Ils parlent toujours des
fameux travaux préliminaires ou préparatoires, pardon, préalables aux travaux
préparatoires d'un grand projet. Et ce qu'ils disaient, ils disent, c'est que,
pour eux, il faudra au minimum confier l'examen de la justification d'un tel
feu vert aux travaux préparatoires d'un grand projet à la commission d'enquête
du BAPE, donc de redonner cette approbation-là au BAPE, qui devra
éventuellement l'analyser et le soumettre à une consultation publique. Seule
cette solution offrirait des garanties de transparence, de rigueur et
d'indépendance qu'offre la... la CIEIE. C'est la... C'est quoi le... institut
d'Europe... environnementale. C'est un long acronyme, bref, et la Loi des
commissions d'enquête.
Ce qu'ils nous disent, c'est qu'une telle
commission, qui en viendrait à la conclusion, par exemple, que les informations
fournies sont suffisantes pour autoriser les travaux préliminaires, aurait un
poids beaucoup plus important qu'une consultation dirigée par le ministère,
surtout pour un projet proposé et appuyé par un gouvernement dont le ministre
de l'Environnement fait partie, ce qui risque de le placer en situation de
conflit d'intérêts.
Donc ça, je trouvais que c'était un angle
fort intéressant qu'on n'a pas vu ailleurs. Mais d'autres groupes nous ont
mentionné que les travaux préalables préparatoires pourraient faire en sorte
que des... qu'on détruise des milieux alors que ce n'était peut-être pas
nécessaire ou que c'était prématuré. Et puis c'est sûr que la loi prévoit de
pouvoir remettre en état, mais on s'entend que quelque chose qui a été détruit,
un milieu naturel détruit, là, ça ne se refait pas en criant ciseau, là. On ne
peut pas juste dire : Bien, je vais mettre... je vais mettre de l'argent
puis ça va se refaire. Un milieu naturel, ça prend des décennies et des
décennies à se créer.
Puis d'ailleurs MM. Beauchamp et
Francoeur nous le soulignent. Ils nous disent : «Tous comprennent qu'un
gouvernement aime bien rencontrer les échéances de ses agendas politiques, mais
prendre prétexte du fait qu'il faut raccourcir d'un an ou deux l'examen d'un
projet de complexe hydroélectrique, par exemple, alors qu'il va modifier
l'environnement pour des siècles ne se justifie pas. L'échelle temporelle de la
lutte aux changements climatiques et la transition énergétique se calculent en
décennies. Les retards qu'accusent souvent les gouvernements dans le lancement
des grands projets, généralement causés par un manque de vision à moyen et à
long terme, ne doivent pas se solder par des entorses à une évaluation
environnementale qui sera débattue et analysée globalement, y compris en
incluant les travaux préparatoires des grands projets».
Là, je souligne un des exemples de projet
gouvernemental qui a eu des grands délais, mais pas du tout par la faute du
processus du BAPE, le troisième lien. Le troisième lien, c'est un projet qui a
été promis, qui a été dépromis et qui a... On a finalement décidé de reculer.
Après ça, on est retourné en... On retourne en proposition, en appel de
propositions. Bien là, aujourd'hui, là, ce projet-là, ça fait longtemps que ça
a été promis, mais ce n'est pas parce que ça... Les délais, ils ne viennent pas
du procédure de la... le processus du BAPE. Ça, c'est un exemple. Mais là,
est-ce qu'on va vouloir rattraper les retards qu'ils ont en faisant des travaux
plus rapidement? Bon, je comprends que ce n'est pas un projet énergétique,
mais, tu sais, il y a, disons, des entorses qui pourraient être faites à plein
de projets qui... On peut se poser la question, puis le... si c'était
nécessaire. Puis le collègue d'Hochelaga-Maisonneuve mentionnait que
MM. Beauchamp et Francoeur ont été les premiers à mentionner l'article
Northvolt. Puis effectivement c'est écrit dans leur mémoire, là, et ils disent
dans le fond que ça, c'était un projet... C'est un projet qui est, supposément,
qui est supposé d'aider à la transition énergétique du Québec, là, je dis bien
supposément, là, ce n'est pas démontré. Là, il y a eu des travaux qui ont été
autorisés. Les travaux se sont tenus avant que toute l'étude du projet se soit
faite. Là, les...
Mme Dufour : ...le
débroussaillage du terrain, c'est fait, milieux humides ont été remblayés, les
arbres ont été coupés. Puis là, boum! Problème de liquidité financière. On ne
sait même pas si le projet va se faire à ce stade-ci. Le président n'est plus
là, le président en Suède n'est plus là, le président au Canada n'est plus là.
C'est un projet qui bat de l'aile réellement. Mais tous les milieux humides et
le boisé a déjà été fait. Alors, est-ce qu'on peut vraiment prendre ces
risques-là? Moi, c'est... c'est... c'est quelque chose. Puis, dans un
secteur... je vous parlais tout à l'heure de la commissaire au développement
durable, mais dans un secteur où il n'y en a plus, de milieux humides. Dans ce
secteur-là de la Montérégie, il n'y en a plus. Alors, ce qui a été détruit,
bien, ça va être difficilement, en plus, remplacé, même si l'entreprise
s'est... s'est... s'est engagée à refaire un milieu humide. Mais il faudra voir
où ça va être fait. Mais, pour l'instant, c'est surtout la compensation
financière qui a été faite.
Alors, il est clair que si Messieurs
Beauchamp et Francoeur auraient beaucoup... on aurait beaucoup d'intérêt à les
entendre, à échanger avec eux. Et ils donnent un exemple. Ça, j'ai trouvé ça
intéressant. Ils disent : «Les projets d'une ampleur telle qu'il serait
justifié de... quelques mois sur la procédure normale d'évaluation ne sont pas
nombreux. Si le gouvernement se retrouvait devant une réelle urgence, il
conviendrait plutôt qu'il demande à l'Assemblée nationale, dans le cadre d'un
projet de loi spéciale, d'autoriser de tels travaux préalables en modifiant,
par exception, l'application de la LQE, la Loi sur la qualité de
l'environnement, y compris en débattant la question publiquement en commission
parlementaire. Cette démarche serait plus conforme au caractère d'exception du
projet qu'un simple décret gouvernemental.» Alors, ici, il y a une solution qui
est proposée pour accélérer les projets dans les cas peu nombreux qu'ils
soulignent, où une telle... un tel caractère d'exception serait nécessaire.
Donc, et ça, je pense que je vous l'ai déjà mentionné. C'est ça.
Puis, après ça, bien, ils nous parlent
aussi d'un autre élément qui les préoccupent, que le BAPE... Je ne suis pas
certaine que le BAPE lui-même en a parlé dans leur mémoire, donc ça aurait été
intéressant de les entendre. Ils disent que la proposition de donner au BAPE le
mandat de vérifier l'admissibilité des demandes d'audiences constituerait une
sorte de préjugement sur la valeur des arguments invoqués par des demandeurs
devant la commission d'enquête éventuellement chargée de l'examen d'un projet.
Et là, ce qu'ils disent, c'est : «La jurisprudence en matière de frivolité
est suffisante pour que les règles actuelles continuent de s'appliquer. Il ne
faut surtout pas... et ça, c'est très important, il ne faut surtout pas refiler
cette tâche au BAPE, dont on doit préserver la crédibilité et la neutralité, ce
que je vous parlais tout à l'heure en lui confiant le moins possible de
missions administratives en lieu et place des responsabilités du ministre et de
son ministère.» Alors, ici aussi, ça aurait été intéressant de les entendre.
• (12 heures) •
Et, par la suite, ils parlent du système de
compensation financière. Et, ça, j'en ai parlé tout à l'heure lors de la
motion... de la motion préliminaire sur la commissaire au Développement
durable. Mais ils mentionnent comme quoi, normalement, le système de
compensation... Ils disent : «Le système de compensation financière a
transféré les risques inhérents à ce type de travaux au gouvernement, à la
société, à l'environnement en cas d'échec. Rien dans le système actuel de
compensation ne maintient la responsabilité à long terme des promoteurs en cas
d'échec du projet de restauration, de création du ou des milieux humides censés
compenser leurs projets afin d'atteindre l'objectif zéro perte nette.» Mais,
ça, ce système de compensation là, il est aussi proposé maintenant dans le
projet loi 81 pour les espèces fauniques. Donc, on vous... Pardon, les
espèces floristiques. Donc, on voudrait proposer, donc, de pouvoir compenser la
destruction d'espèces floristiques, ce qui n'est pas le cas présentement. Et
ils soulignent clairement ici que ça ne fonctionne pas. Ça devrait... Ils
disent : «Le projet de loi n° 81 devrait restaurer la responsabilité
des promoteurs et le système de compensation financière devrait s'appliquer
seulement par exception, au lieu d'être la règle générale.»
Donc, moi, ça va compliter... compléter
mon intervention sur la présence de Messieurs Beauchamp et Francoeur, que je
trouve qu'il serait très pertinent de les entendre pour mieux comprendre, comme
le BAPE a refusé, dans le fond... bien, s'est désisté de participer aux
travaux, mais que ces gens-là pourraient peut-être mieux nous éclairer sur les
impacts du projet de loi n° 81 sur le BAPE. Merci, M. le Président.
Le Président (M. St-Louis) : Merci
beaucoup, Mme la députée. Est-ce qu'il y a...
12 h (version non révisée)
Le Président (M. St-Louis) : ...est-ce
qu'il y a d'autres interventions sur cette motion? Mme la députée, la parole
est à vous.
Mme McGraw : Merci, M. le
Président. Je dispose de 10 minutes, maximum, juste pour confirmer?
Le Président (M. St-Louis) : 10,
oui.
Mme McGraw : Merci. Alors, j'enchaîne
sur ma collègue. Pas surprenant, dans mes remarques préliminaires, c'est un
enjeu majeur qu'on a souligné. C'est cette préoccupation par rapport à une
exemption qui devrait être exceptionnelle, et justement, le mémoire de M.
Beauchamp et de M. Francoeur. Ils disent, ils précisent que si, vraiment, il y
a une urgence d'agir, on a déjà en place des mécanismes à l'Assemblée
nationale, en commission parlementaire, pour agir vite, si on a besoin, mais ça
ne devrait pas être une nouvelle norme, cette exemption-là. Puis, à la fin de
cette section de leur mémoire, ils disent : «Ajoutons que personne ne peut
nier qu'une telle entorse, limitée aujourd'hui aux projets liés à la transition
écologique, constituerait un précédent, un précédent dans d'autres promoteurs
privés et publics voudront se revendiquer à l'avenir, ce qui pourrait, avec le
temps, multiplier les failles dans le socle de la Loi sur l'environnement.»
Et, justement, on l'a vu en consultations
particulières, que déjà des entreprises privées demandent que cette exemption s'applique
à eux. Donc, ça créerait un précédent important. Encore une fois, on est pour
la transition énergétique. On veut mettre en place des conditions gagnantes, c'est-à-dire
il faut faire nos devoirs, il faut bien faire les choses, il faut faire les
choses en ordre. Il faut regarder le triple bilan, qu'on regarde : Est-ce
que le projet est viable au niveau économique, au niveau environnemental et
est-ce qu'il y a de l'acceptabilité sociale? Le BAPE est primordial et on a le
devoir, tous et toutes, en tant qu'élus, notre premier devoir, ce n'est pas
vis-à-vis même nos comtés, c'est vis-à-vis le bien commun, c'est dans... On
travaille dans l'intérêt public. Et enlever... avoir cette exemption-là va à l'encontre
de l'intérêt public. Comme je dis, on est pour la transition écologique, il
faut bien faire les choses.
On se souvient, dans les mémoires, il
décrit ça comme l'article Northvolt, mais on se souvient très bien, dans les
premiers jours, on se souvient, ce n'est même pas clair, la position du
gouvernement : Il va-tu avoir un BAPE ou non? À l'intérieur de deux, trois
jours, il y avait la ministre de l'Environnement qui disait non. Il y avait le
ministre de l'Économie, l'Énergie qui disait oui, et le premier ministre, ce n'est
pas clair. Donc, pour éviter cette confusion-là, soyons clairs, soyons clairs
sur la nécessité de bien faire les choses en ordre et que, justement, il faut
débattre. On ne peut pas avoir d'exemptions sur des travaux préliminaires,
parce que ça... non seulement ça pourrait créer des précédents inquiétants,
mais ça pourrait aussi créer des préjugés.
Et je cite... Ma collègue a beaucoup cité
cette section-là. Donc, je ne reprendrai pas tout ce qu'elle a cité, mais dans
leur mémoire, on souligne le fait qu'«une telle entorse au principe de
prévention environnementale, qui demeure une pierre angulaire de nos droits, de
la législation environnementale, est une entorse au principe de prévention
environnementale, convaincra davantage le public et les groupes sociaux que le
projet est politiquement préautorisé dans l'esprit du gouvernement et que le
processus de consultation publique censé les impliquer dans la décision finale
n'est qu'un leurre. Il en résultera une dévaluation de la... tout à fait
contraire à l'intérêt public.»
On demande, depuis deux ans, M. le
Président, d'avoir une stratégie, une consultation nationale sur notre futur
énergétique. Notre chef, il a demandé au premier ministre en janvier 2022...
pardon, 2024... pardon, 2023 - désolée- d'avoir cette consultation nationale.
Donc, oui, on planifie. Une fois qu'on a cette consultation, on fait qu'on a le
peuple québécois que ça devrait... ça devient vraiment un projet de société. On
peut avancer...
Mme McGraw : ...mais il faut
bien faire les choses, donc pourquoi ne pas avoir de consultation maintenant?
On est... on a évidemment le plan d'Hydro-Québec, la vision d'Hydro-Québec. C'est
très bien, très important. Mais la vision globale du gouvernement,
Hydro-Québec, puis qui est primordial, important, mais où est la vision globale
de ce gouvernement sur notre avenir énergétique? Il n'y a pas... Et des
consultations publiques. On demande une commission nationale, des consultations
nationales de ce gouvernement-là parce que c'est dans l'intérêt public. Et on
travaille tous et toutes dans l'intérêt public.
Donc, aussi, je veux juste citer parce
que... risque, si on n'adopte pas cette motion que... avec, évidemment,
laquelle je suis en accord, je vais prendre le temps de lire quand même des
éléments, ce serait mieux de l'entendre directement des... messieurs Beauchamp
et Francoeur, surtout que le BAPE s'est désisté aux consultations particulières.
Mais je vais citer, justement, ils soulignent le fait que «la loi québécoise
sur la qualité de l'environnement repose sur un socle législatif basé sur une
politique de prévention des impacts négatifs des grands projets qui fait
l'envie de plusieurs dans le monde». Et il continue que «cette pierre angulaire
de la loi exige depuis près d'un demi-siècle un... examen préalable de
l'ensemble des impacts d'un projet avant qu'on ne lève la première pelletée de
terre». Ça fait que, comme ma collègue a expliqué, il y a déjà eu avec notre
Northvolt des démarches qui ont été entreprises. On a essayé d'éviter un BAPE,
ce qui fait en sorte que, ces projets-là, si on est sérieux puis on veut que ça
réussisse, il faut être sérieux, il faut faire les choses, les bonnes choses en
ordre. Et ça, ça inclut un BAPE et ça inclut pas d'exemptions. Si on veut aller
vite, s'il y a des cas exceptionnels, comme a souligné ma collègue, dans le
mémoire, on a déjà les mécanismes en place vis-à-vis... via l'Assemblée
nationale, des commissions parlementaires. Et que, justement, ces démarches
seraient plus conformes au caractère d'exception du projet qu'un simple décret
gouvernemental. Et aussi le débat, l'avantage, c'est que le débat public sur la
loi spéciale permettrait au gouvernement de sensibiliser du même coup le public
au caractère d'urgence de la situation, si tel est vraiment le cas. Mais on ne
devrait pas se trouver dans une situation d'urgence, on devrait minimiser parce
que le gouvernement, on est souvent en mode réaction. Alors, il faut être
proactif, il faut planifier, il faut avoir une stratégie énergétique. Et cette
stratégie énergétique devrait être informée, ça devrait être un projet de
société informé par le public québécois via des consultations publiques. Et là
on peut passer à l'action. Mais là, si on se trouve dans une situation
d'urgence, par définition, en matière de transition énergétique, par
définition, ça veut dire que le gouvernement n'a pas fait ses devoirs. Donc,
Northvolt, c'est une mise en garde, c'est une mise en garde de comment ne pas
faire les choses, justement. C'est une mise en garde de comment ne pas faire
des choses pour faire avancer la transition énergétique. Et ça, comme je le
dis, il y a toujours le triple bilan. Il faut faire les choses en ordre et
toujours prendre en considération la viabilité économique mais aussi les
impacts environnementaux et sociaux. Et, dans ce cas-là, c'est le BAPE qui
étant incontournable. Et il n'y a pas d'exemption parce que ça représente une
pierre angulaire de notre... de nos lois environnementales. Et on n'est pas,
avec ce projet de loi, à renverser, à revenir en arrière d'un demi-siècle de
progrès, ici, au Québec. Merci, M. le Président.
• (12 h 10) •
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
Mme la députée. Est-ce qu'il y a d'autres intervenants? M. le ministre, la
parole est à vous.
M. Charette : M. le
Président. J'accueille toujours favorablement des motions quoique certaines me
surprennent. Et celle-ci me surprend d'autant plus qu'elle est déposée par un
collègue que j'estime beaucoup, oui, mais qui, de son propre aveu, a été leader
de sa formation politique, donc il sait fort bien comment le processus se
discute entre les leaders pour ce qui est des groupes à recevoir au moment des
consultations. Donc, à la base, le premier devoir de chacune des formations
politiques est de présenter une liste des groupes et des personnes qu'on
souhaite entendre. Et sa formation politique n'a pas demandé...
M. Charette : ...à rencontrer
M. Beauchamp ni M. Louis-Gilles Francoeur. Donc, déjà, je me surprends de sa
demande aujourd'hui, et autant l'opposition officielle que la troisième
opposition n'ont pas non plus demandé à rencontrer M. Beauchamp et M.
Francoeur.
Mais, ceci dit, parmi les groupes que nous
avons entendus, c'est essentiellement et majoritairement des groupes proposés
par les oppositions. Donc, il y a eu ce travail de discussion entre les
formations politiques pour arriver à ce compromis, parce que c'en est un. On
aurait sans doute, au niveau du gouvernement, préféré entendre aussi d'autres
groupes, mais on s'est ralliés aux propositions majoritairement faites par les
collègues de l'opposition. Mais, dans tous les cas et pour tous les projets de
loi, on ne peut pas entendre l'ensemble des groupes qui se manifestent, et
c'est la raison pour laquelle on permet le dépôt de mémoires, c'est la raison
pour laquelle M. Beauchamp et M. Francoeur ont fait œuvre utile en déposant
leur mémoire, le BAPE également et d'autres organisations, et c'est une façon
tout aussi valable de participer à la bonification du projet de loi n° 81.
Donc, pour ces raisons bien précises, on
va voter contre la motion. Mais la première étape aurait été pour la deuxième
opposition de demander à entendre M. Beauchamp et M. Francoeur au moment de la
discussion. Merci.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le ministre. S'il n'y a pas d'autre intervention, nous allons procéder à la
mise aux voix de cette motion. Est-ce que cette motion est acceptée ou rejetée?
Une voix : Rejeté.
M. Leduc : Vote par appel
nominal.
Le Président (M. St-Louis) : Mme
la secrétaire.
La Secrétaire : M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire : M. Charette
(Deux-Montagnes)?
M. Charette : Contre.
La Secrétaire : M. Lemay
(Masson)?
M. Lemay : Contre.
La Secrétaire : Mme Grondin
(Argenteuil)?
Mme Grondin : Contre.
La Secrétaire : Mme Tardif
(Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif : Contre.
La Secrétaire : Mme Picard
(Soulanges)?
Mme Picard : Contre.
La Secrétaire : Mme Gendron
(Châteauguay)?
Mme Gendron : Contre.
La Secrétaire : Mme Dufour
(Mille-Îles)?
Mme Dufour : Pour.
La Secrétaire : Mme McGraw
(Notre-Dame-de-Grâce)?
Mme McGraw : Pour.
La Secrétaire : M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine)?
M. Arseneau : Pour.
La Secrétaire : M. St-Louis
(Joliette)?
Le Président (M. St-Louis) : Abstention.
Donc, cette motion est rejetée.
Est-ce qu'il y a d'autres motions
préliminaires? Mme la députée des Mille-Îles, je crois... Mme secrétaire,
est-ce que la motion est déposée?
La Secrétaire : Oui.
Le Président (M. St-Louis) : Donc,
la motion étant disponible sur Greffier, nous allons l'afficher pour que vous
puissiez nous la présenter et permettre aux collègues de la lire.
Mme la députée, la parole est à vous.
Mme Dufour : Oui. Merci, M.
le Président. Alors, cette fois-ci, ce n'est pas un groupe qu'on n'avait pas proposé
dès le début. Donc, conformément à l'article 244 du règlement de
l'Assemblée nationale, je fais motion afin que la Commission des finances
publiques... non, pas la Commission des finances publiques, la Commission — ça,
c'est une erreur — des transports et environnement dans le cadre de
l'étude du projet de loi n° 81, Loi modifiant diverses dispositions en
matière d'environnement, des consultations particulières et qu'à cette fin
d'entendre dès que possible de l'Association des biologistes du Québec.
Et je vais répondre en même temps à ce que
le ministre vient... Pardon?
Une voix : ...
Mme Dufour : Ah! si vous
voulez, on peut prendre une pause, on va le corriger, on va le retourner. Si
c'est ce que vous voulez, M. le député, je n'ai pas d'enjeu.
Le Président (M. St-Louis) : C'est
conforme, c'est bon. Continuez, Mme la députée. Merci.
Mme Dufour : Parfait. Donc,
M. le ministre, juste avant, dans la promotion... motion préliminaire
précédente, ils disaient que les groupes... les oppositions fournissent des
listes de groupes, bien, je peux vous dire que l'Association des biologistes du
Québec en faisait partie. Ce n'est pas compliqué, on avait fourni une liste de
40 groupes pour entendre. Et la première version qu'on a reçue du
gouvernement qui nous est revenu, c'étaient — un, deux, trois,
quatre, cinq, six, sept, huit, neuf — 10 groupes, donc, sur les
40, il y en avait 10 qui avaient été acceptés. Donc, on est... on est loin de
«on accepte les groupes des oppositions», là. Il y a eu beaucoup de
négociations, puis on a fini à 22, là, mais l'Association des biologistes du
Québec n'a jamais fait partie de cette liste-là. Pourtant, il y a un article
quand même important, l'article 120 dans le projet de loi, qui vient
modifier le rôle, en fait... Bien, en fait, actuellement, ce sont des
biologistes qui sont supposés de faire... de signer les études de
caractérisation des milieux humides et hydriques, mais l'article 120 vient
changer ça de façon quand même importante.
Et donc moi, j'aurais beaucoup aimé
entendre l'Association des biologistes du Québec, je l'ai dit d'emblée, dès
l'ouverture des consultations particulières...
Mme Dufour : ...ils nous
soulignent que, bien, c'est vrai qu'il y a d'autres professionnels qui ont certaines
connaissances sur les milieux humides, mais, de façon globale, disons, la
compréhension complète des fonctions écologiques, bien, il y a juste... il y a
juste les biologistes qui ont cette connaissance et cette compétence-là. Et ils
nous disent, dans... et ça, c'est intéressant, ils nous ont envoyé deux
mémoires, puis je vous en reparlerai après, mais la première version, qui est
plus... je ne suis plus certaine, ils nous disaient, bon, que «les autres
professionnels qui possèdent des expertises valables dans leurs domaines
respectifs n'acquièrent pas une connaissance approfondie de l'écologie, de la
biologie des espèces et de l'évaluation des fonctions écologiques. Or, ces
savoir-faire sont indispensables à une caractérisation et une évaluation rigoureuse
des milieux humides et hydriques». Ça fait que non seulement on a vu tout à
l'heure qu'il y a des reculs importants puis qu'on est loin du zéro perte
nette, mais là, en plus, on permettrait à des gens qui n'ont peut-être pas la
connaissance approfondie de la biologie des espèces de signer des
caractérisations.
Et donc est-ce qu'on pourrait encore plus
nuire à la conservation de la biodiversité? Je me pose la question. Je vois une
inquiétude ici et j'aurais aimé les entendre à ce sujet-là. Ils nous disent,
d'ailleurs, l'association, que ça pourrait compromettre la validité des études
de caractérisation. Ça pourrait entraîner des évaluations incomplètes ou
inexactes. Je peux même imaginer que ça pourrait amener à... mener à des
poursuites s'il n'y avait pas... s'il y avait une divergence dans ce qui est
vraiment... ce qui est produit comme études. Et surtout ce qui... c'est plus
grave, c'est que ça pourrait nuire à la conservation de la biodiversité, à la
gestion des habitats et, ultimement, à la prise de décisions éclairées, donc.
Et pour... ce qu'ils nous disaient, c'est que, pour les analystes du ministère
de l'Environnement, bien, le fait qu'il y ait une diversification des
signataires sans garantie de compétence, bien, ça compliquerait le travail des
analystes du ministère, ça pourrait entraîner des retards et des coûts
supplémentaires liés à la validation des dossiers soumis, ce qui contredirait,
finalement, les objectifs d'efficacité du projet de loi.
• (12 h 20) •
Alors, moi, je me demande pourquoi on fait
ce changement-là. Selon les informations que j'ai, il y aurait 4000 biologistes
actifs au Québec. Donc, c'est quand même substantiel. Il ne semble pas manquer
de professionnels pour signer ces évaluations-là, ces... c'est ça, ces évaluations-là.
D'ailleurs, l'Association des biologistes du Québec demande depuis de
nombreuses années, puis je vais profiter de cette tribune pour en parler, ils
demandent d'être reconnus comme ordre professionnel. Ils ont rencontré
énormément de députés, de toutes les parties, je crois, à ce sujet-là, et
incluant la partie gouvernementale, et il y a une inquiétude, par rapport à la
formation actuelle mais surtout que, dans le ministère... puis ce n'est pas
juste au ministère de l'Environnement, il y en a ailleurs, il y a certaines...
parfois, il y a des non-biologistes qui occupent des postes de biologistes au
sein de la fonction publique. Ça fait que ça, ici, il semble y avoir un enjeu.
Puis ce qu'ils nous disent, c'est que sans un ordre, un ordre professionnel, bien,
malgré qu'il y a un code de déontologie, bien, ça reste une contrainte morale,
il ne peut pas... il n'y a pas de pouvoir d'enquête, ils ne peuvent pas
l'appliquer. Donc, même s'il y avait quelqu'un qui contrevenait, un biologiste
qui contrevenait à son code de déontologie, bien, il n'y a pas grand-chose qui
peut être fait. Donc, ça, c'est l'enjeu avec le fait qu'il n'y a pas l'ordre
professionnel, mais là, en ouvrant encore davantage à des groupes qui sont...
bien, à des groupes de professionnels qui n'ont pas toute la connaissance
biologique, bien, ça pourrait être encore... amener encore plus d'enjeux.
La restauration biologique, parce que, tu
sais, un des éléments du projet de loi, c'est... on aimerait, en tout cas,
restaurer éventuellement des milieux humides qui ont été détruits. Bien, la
responsabilité, ça vient avec... pardon, la restauration biologique, ça vient
avec beaucoup d'incertitude. Donc, ce qu'ils nous disent, les biologistes...
Puis là j'ai eu des échanges avec eux, j'ai eu la chance de leur parler, mais
je pense que ces échanges-là, il aurait été pertinent que tout le monde les
entende...
Mme Dufour : ...ça aurait
amené, je pense, même d'autres groupes qui auraient écouté ces consultations-là
à... tu sais, à bonifier leurs propres mémoires, mais pour eux, ce qu'ils nous
disaient, c'est : «Il faut mettre l'argent dans la conservation, c'est...
c'est certain.»
Ils nous disaient : «L'idée initiale
du... de la Loi sur la conservation des milieux humides et hydriques était très
bonne, l'objectif est louable. L'objectif de zéro perte nette, on doit la... on
doit le viser, on doit l'atteindre.» Mais ce qu'ils nous disaient, c'est que
«malheureusement, le ministère de l'Environnement a maintenant pris la
responsabilité des promoteurs qui compensent.»
Donc, c'est... c'est... En fait, c'est ils
chargent... ils chargent une compensation aux promoteurs qui payent, puis bien
contents de payer, puis après ça, à n'avoir à faire quoi que ce soit. Mais le
ministère, lui, après, ça, il donne dans le fond, le fardeau à société civile.
C'est les organismes communautaires, c'est les municipalités, les MRC qui
doivent restaurer les milieux avec l'argent qui a été payé par les promoteurs.
Le promoteur, il n'y en a plus, là, il n'y a plus de... il n'a plus à se
préoccuper de ça, il a payé, puis c'est tout. Mais là, c'est rendu... le
fardeau est sur le reste de la population, et ça... et ça, c'est quelque chose
que l'Association des biologistes dénonce, et je pense que ça aurait été
intéressant de les entendre sur cet... cet élément-là. Et ce qu'ils nous
soulèvent aussi des échanges que j'ai eus, c'est... puis ça, je pense qu'on
peut le retrouver dans leur deuxième mémoire, c'est que la séquence éviter,
minimiser, compenser, puis ça ne change pas dans le projet de loi, ce que je
disais plus tôt avec la Commissaire au développement durable quand j'avais ces
échanges-là. Tu sais comment on pourrait faire pour que la séquence, elle soit
meilleure, mais je pense qu'on aurait pu échanger avec eux.
Ce qu'ils nous disent aussi, c'est :
«La compensation, ce n'est pas facile. On a beau dire : Bien, on met de
l'argent, mais ce n'est pas... Un milieu humide, chaque milieu humide n'est pas
équivalent à l'autre. Il y a des fonctions écologiques que chacun un milieu qui
sert», puis ça, d'ailleurs la députée d'Argenteuil en avait parlé lors des
échanges avec des groupes. Chaque milieu peut avoir une fonction distincte,
mais. Si on compense avec un milieu qui est différent, mais c'est peut- être...
tu sais, on n'aura peut être pas la même fonction écologique qu'on avait besoin
de compenser. Mais qui a cette connaissance-là? Bien, ce sont les biologistes.
Alors, c'est important qu'il soient... qu'ils soient dans... dans le... au fait
de toutes les... les procédures.
Puis il y a un élément qu'ils ont soulevé
dans leur deuxième mémoire. Pourquoi je dis «deuxième mémoire»? C'est que leur
premier était succinct parce qu'ils voulaient respecter les délais du début des
consultations, mais leur deuxième a été plus, plus approfondi. Mais ils nous
ont dit que «le délai était trop court pour une consultation approfondie»,
qu'ils disaient... Ils nous ont dit : «Si le gouvernement souhaitait
avancer de manière concertée, il serait utile de prolonger l'échéancier de
consultation afin de bénéficier pleinement de l'expertise approfondie des
parties prenantes clés, comme l'Association des biologistes du Québec.».
Donc, pour respecter les délais, ils
ont... ils ont produit un mémoire très succinct. Par la suite, ils ont pris le
temps, dans le fond, des consultations particulières pour... pour peaufiner
l'analyse du projet de loi, mais ils ont... il y a un fait, c'est que c'est un
projet de loi costaud, et pour bien l'analyser, bien, probablement qu'un peu
plus de temps aurait été souhaitable dans ce cas-ci. Mais c'est certain que
moi, j'aurais aimé pouvoir échanger avec l'Association des biologistes du
Québec.
Il y a un élément, dans leur mémoire,
qui... qui est inquiétant, puis ils parlent du fait du pouvoir discrétionnaire,
puis ça, on en a parlé, on parlait des des intentions gouvernementales...
réglementaires, pardon, ma collègue en a parlé, mais ils soulignent, dans leur
mémoire, que «le projet de loi n° 81 a recours à des termes qui donnent un
pouvoir discrétionnaire au ministre.».
On dit le mot «prévoit» et ses
déclinaisons sont utilisées 125 fois. Le mot «détermine» et ses variations
apparaissent 109 fois. Le mot «exige» et ses dérivés sont employés
49 fois, et le mot «fixe» et ses déclinaisons figurent 22 fois. Donc,
un total de 305 occurrences, 305 fois où on donne des pouvoirs
discrétionnaires au ministre. C'est beaucoup, c'est beaucoup dans un projet de
loi de 168 articles ou quelque chose comme ça, 305 occurrences. Et
là, ce qu'ils nous disent, c'est «dans la majorité des cas, ces termes
désignent des conditions, restrictions, interdictions, modalités ou exigences à
prévoir, déterminées, exigées ou fixées, mais il n'y a seulement 68 de ces
actions qui sont précisées comme devant être réalisées par règlement dans le
texte actuel. Donc, tout le reste, là, tu sais, les 305 moins 66, là, faites le
calcul, 200 et quelques, bien ça, c'est tous des pouvoirs discrétionnaires...
Mme Dufour : ...tout le reste,
tu sais, les 305 moins 68, là, faites le calcul, 200 quelques, bien, ça, c'est
tous des pouvoirs discrétionnaires qui sont accordés au ministre sans balises.
Et là, ce qu'ils nous disent, c'est que l'absence de balises claires pour
encadrer ces décisions, bien, ça ouvre la voie à l'arbitraire et limite la
transparence. Je ne pense pas que c'est ça que le ministre veut, là, de
l'arbitraire, mais c'est la perception que ça donne. Et c'est pour ça qu'on dit
souvent que c'est important d'avoir des balises claires. Et là, actuellement,
là, elles ne sont pas là dans le projet de loi. Ça fait que, ça, c'est
inquiétant, puis j'aurais aimé pouvoir parler avec l'Association des
biologistes du Québec pour établir quelles seraient ces balises claires là,
qu'on pourrait avoir pour avoir un projet de loi qui ne laisse justement pas place
à de l'arbitraire. Parce que, nonobstant les intentions du ministre
aujourd'hui, bien, dans deux ans, il ne sera peut-être plus ministre, ce ne
sera peut-être même plus son gouvernement qui sera au pouvoir, et là, ça va
être quoi? Tout ce qui va être ouvert comme de la possibilité, de l'arbitraire,
bien, ça peut aller dans un sens comme de l'autre. Donc, quand c'est clair dans
la loi, c'est beaucoup... il y a beaucoup moins de risque que ça dévie dans un
sens ou dans l'autre. Donc, là-dessus, moi, je pense, ça aurait été intéressant
d'entendre l'Association des biologistes du Québec, surtout sur
l'article 120, mais il y a plusieurs autres articles qu'ils mentionnent
dans leur projet de loi.
Il me reste peu de temps. Je vois qu'on va
suspendre bientôt les travaux, M. le Président, mais l'article 98 aussi.
Ils nous mentionnent qu'il est fait sans justification, que c'est un article
qui accorde au ministre le pouvoir de soustraire à l'examen tout renseignement
relatif à la localisation d'espèces menacées ou vulnérables, et que, ça, ça va
à l'encontre des engagements du gouvernement en matière de protection de la
biodiversité. Encore une fois, j'aurais aimé pouvoir entendre l'Association des
biologistes du Québec.
Je pense qu'on va conclure là-dessus, M. le
Président, mais vous comprendrez pourquoi, pour moi, c'est important qu'on les
entende. Je pense qu'on va continuer en après-midi.
Le Président (M. St-Louis) : Alors,
je vous remercie.
Compte tenu de l'heure, je suspends les
travaux jusqu'après les avis touchant les travaux des commissions. Merci.
(Suspension de la séance à 12 h 30)
15 h (version non révisée)
(Reprise à 15 h 28)
Le Président (M. St-Louis) :
À l'ordre, s'il vous plaît. La Commission des transports et de l'environnement
reprend ses travaux. Nous poursuivons l'étude détaillée du projet de loi n° 81,
Loi modifiant diverses dispositions en matière d'environnement. Lors de la suspension
de nos travaux cet avant-midi, la députée de Mille-Îles faisait la présentation
de la troisième motion préliminaire. Mme la députée, je vous invite à
poursuivre. Il vous restait 15 min 30 s.
Mme Dufour : Oui. Merci, M.
le Président. Là, je ne ferai pas 15 minutes, mais je vais juste rappeler
pourquoi c'est nécessaire d'entendre l'Association des biologistes du Québec. O.K.
Ils sont ici. Il y a quand même des inquiétudes importantes par rapport aux
modifications qui sont faites dans le projet de loi pour la préservation des
milieux naturels et particulièrement les milieux humides et hydriques, dont les
biologistes sont les plus grands connaisseurs du sujet. Et non seulement on
change certains éléments qui pourraient fragiliser la protection de ces milieux-là,
mais en plus on modifie, le projet de loi modifie un article qui fait en sorte
que d'autres professionnels pourraient signer, donc, les études de
caractérisation. Donc, c'est ce que j'avais mentionné avant notre pause. Et je
suis désolé parce que je ne me souviens pas exactement de tout ce que j'ai dit
déjà, mais certainement que c'est une inquiétude que je partage avec les
biologistes du Québec.
• (15 h 30) •
Pour avoir vu à l'époque, lorsque j'étais
au conseil municipal de la ville de Laval, il y avait quand même des
différences d'opinion, je dirais, entre des biologistes de la ville et des
biologistes des promoteurs, notamment, sur la composition d'un milieu naturel.
Je peux imaginer que si des professionnels qui ont la même formation ont des
visions différentes d'une situation sur le terrain, que si on ouvre la voie à
des gens qui n'ont même pas la formation complète pour analyser ce terrain-là
de la façon que les biologistes le font, c'est que ça risque d'amener des
différences d'interprétation encore plus importantes. Et c'est pourquoi d'ailleurs
que l'Association de biologiste nous faisait état des risques de finalement
voir des contestations davantage et peut-être même de voir des délais supplémentaires
parce que quand il y a eu contestation, on le sait, il y a des délais
supplémentaires qui s'appliquent. Alors, pour cette... Ça, ça ajoute à l'importance,
je crois, de maintenir l'association, maintenir les biologistes comme
responsables de signer des études de caractérisation biologique des milieux...
des milieux naturels, sans quoi on risque malheureusement de voir s'éroder la
protection de milieux.
Puis ça, peut-être que le ministre
répondra tout à l'heure, mais sinon on va le faire lors de l'étude détaillée
quand on arrivera à l'article 120, mais le pourquoi de ce changement-là quand
on sait qu'il y a 4 000 biologistes au Québec, donc qu'il ne manque
pas de main-d'oeuvre pour faire ce travail-là. C'est comme... Je vais faire le
parallèle avec l'Ordre des ingénieurs, et il s'adonne que je suis mariée avec
un ingénieur, l'Ordre des ingénieurs du Québec ne permettrait pas à des
architectes de signer l'attestation qu'un ingénieur peut signer. Par exemple,
en bâtiment, un ingénieur en bâtiment va signer, va appliquer son sceau
professionnel. Puis certes un architecte a des connaissances en bâtiment, mais
jamais un ingénieur ne permettrait à un architecte de signer le même document.
Donc... Mais les architectes ont aussi des éléments qu'ils peuvent approuver. Alors,
c'est vraiment un... Tu sais, peut-être que l'environnement, ça, ça semble
moins technique, mais ça l'est énormément...
15 h 30 (version non révisée)
Mme Dufour : ...la
composition des écosystèmes, l'impact si... Tu sais, je vous ai parlé... plus
tôt ce matin, on parlait d'un exemple que la Commissaire au développement
durable avait évoqué dans son rapport de 2023. Elle parlait d'une barrière de
sédiments qui n'avait pas été placée. Bien, pour peut-être beaucoup de gens,
une barrière de sédiments, qu'elle soit mise ou pas, peu d'importance, mais le
biologiste, lui, sait pourquoi il y a eu cette demande-là, et le biologiste
connaît l'impact que ça va avoir sur le milieu de ne pas faire certaines
actions. L'impact, c'est sur... tu sais, quand on parle, par exemple, qu'on
veut minimiser l'impact sur les milieux naturels, particulièrement sur les
milieux humides, qui de mieux que les biologistes peuvent vraiment évaluer l'impact
d'une minimisation?
Je me souviens d'un cas, le ministre saura
sûrement de quoi je parle, parce qu'on a eu des... on a eu, disons, un débat d'idées,
je dirais, sur le sujet. Mais il y a eu un milieu humide assez important à
Laval, où une autorisation sur le bord de la 440, Curé-Labelle, où une
autorisation de destruction de milieu humide a été octroyée par le ministère de
l'Environnement, et c'était un milieu naturel absolument magnifique.
Il y a une portion qui a été... qui a été
autorisée en premier, donc elle, elle s'est construite. La tour est là, d'ailleurs
elle est déjà en fonction. Mais du moment que cette tour-là a été construite,
mais ça a eu un impact sur le reste du milieu humide. Il y avait un petit style
de... pas d'un ruisseau, là, mais un petit cours d'eau non hydroconnecté, mais
reste qu'il était là. C'est disparu, ça a été asséché par la tour. Ça, c'est
des éléments qu'un biologiste est capable d'évaluer d'avance, prévoir, dire :
Bien, ça, ça va avoir ces impacts-là. Si... si on met d'autres professionnels
dans le... dans le bain de pouvoir faire des études, je ne sais pas qu'est-ce
que ça va donner comme... comme étude de caractérisation à ce moment-là, quand
on n'a pas toutes ces connaissances-là.
Donc... donc... Et le parallèle que je
faisais avec l'Ordre des ingénieurs, bien, l'Ordre des ingénieurs, les
ingénieurs ont un cursus scolaire à suivre, une formation, formation continue.
C'est la même chose pour les biologistes. Alors, de penser d'autres professionnels
qui n'ont pas du tout suivi ce cursus scolaire là et cette formation-là peuvent
donner le même résultat, bien, c'est... on se met à risque. On ne le ferait pas
pour un pont, on ne le ferait pas pour un métro de permettre à un architecte de
signer les plans d'ingénieur. Bien, pourquoi, pour un milieu naturel, un milieu
humide, on permettrait à un autre professionnel qui n'a pas les connaissances,
les mes compétences de biologiste?
Donc, moi, j'aimerais entendre l'Association
des biologistes du Québec pour ce projet de loi là. Comme je l'ai mentionné, j'ai
eu un échange avec le groupe qui a été extrêmement riche, très, très, très
riche, et leur mémoire, je vous invite à le lire. Mais je pense que tout le
monde ici bénéficierait d'échanger avec l'Association des biologistes du
Québec. C'est pourquoi donc j'ai déposé cette motion. Merci, M. le Président.
Le Président (M. St-Louis) : Merci
beaucoup, Mme la députée. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur cette
motion? Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce, la parole est à vous.
Mme McGraw : Merci beaucoup,
M. le Président. Alors, pour donner suite à la motion qui a été déposée par ma
collègue, et elle a confirmé effectivement que notre formation avait demandé la
participation de cet... de ce groupe aux consultations particulières. Alors, je
sais que la... je sais que la réponse du ministre par rapport à la demande
antérieure du collègue de la formation, la deuxième opposition, il a souligné
le fait que ça n'a pas été demandé. Il reste que sa demande, ça reste quand
même pertinent, mais dans ce cas-là, ce groupe-là a été demandé, leur
participation. Bien qu'on n'est pas très optimistes qu'on va avoir une réponse
affirmative de la banquette ministérielle, alors j'en profite pour souligner,
même citer quelques aspects du mémoire de cet organisme-là, effectivement, de l'Association
des biologistes du Québec.
En termes de considérations générales...
puis ils soulignent le fait que, de façon générale, l'ampleur et la complexité
d'un projet de loi omnibus tel que le projet de loi n° 81, combiné à un
échéancier restreint, rend difficile un examen approfondi et rigoureux de tous
ces enjeux. En guise de rappel, le projet de loi n° 81 a été déposé en
novembre...
Mme McGraw : ...de tous ces
enjeux.
En guise de rappel, le projet de loi n° 81
a été déposé à la fin de novembre. Des consultations publiques ont été
planifiées dès janvier, tout de suite après les fêtes, la période des fêtes.
Et, évidemment, l'association signifie qu'ils ont travaillé, en tant que
bénévoles, de bonne foi. Ils ont soumis, comme ma collègue l'a mentionné, un
mémoire plus court et, par la suite, quelque chose de plus étoffé. Et c'est
là-dessus que je me base. Donc, ils soulignent le fait que, si vraiment on veut
prendre des décisions éclairées en tant que législateurs, et c'est de notre
devoir, qu'il faut... pour prendre des décisions éclairées et réglementaires,
législatives, il faut prendre en compte les enjeux scientifiques. Il faut
s'assurer que les personnes, les professionnels qui ont l'expertise qui est
pertinente à nos décisions doivent avoir la chance de pouvoir participer, le
temps, la chance, la possibilité de... pour qu'on puisse pleinement profiter de
leur expertise professionnelle. Et ils nous suggèrent de s'inspirer du
programme d'aide financière aux participants de l'Agence d'évaluation d'impact
du Canada, qui fait en sorte qu'ils aident les OBNL et le public à participer
activement aux évaluations environnementales fédérales. Alors, ils nous recommandent,
entre autres, cette approche. Ça, c'est de façon générale.
Aussi, ils ont trois recommandations, que
je vais citer. Donc, en lien avec ça, ils recommandent : «La création d'un
programme de soutien financier pour de futures consultations législatives et
réglementaires en matière d'environnement, en particulier celles qui sont liées
à la Loi sur la qualité de l'environnement et à la Loi sur la conservation et
la mise en valeur de la faune.» Donc, non seulement donner plus de temps et la
vraie possibilité, pour ces groupes... pour que ces groupes puissent... pour
que ces experts puissent participer à nos consultations, mais même leur aider
avec le financement pour que... Là, c'est... c'est du bénévolat qu'ils ont
fait.
• (15 h 40) •
Aussi, ils soulignent l'expression...
Bien, ils se posent des questions sur l'expression, dans le projet loi,
«intérêt public». Ils disent que ce serait pertinent d'exiger du ministre
responsable... qu'il s'agisse en fonction du maintien... que cet intérêt
public, ce soit en fonction du maintien de la qualité de l'environnement, qui
est... qui est un élément essentiel de l'intérêt public et objectif principal
de la Loi sur la qualité de l'environnement. Donc, il veut qu'on soit plus
explicites dans notre définition d'«intérêt public». Donc, ils recommandent de
remplacer l'expression «intérêt public» par «maintien de la qualité
environnementale». On pourrait aussi entrevoir définir, dans le cas, dans ce
cas-là, un projet de loi qui porte sur l'environnement, on entend... c'est
quoi, l'intérêt public, dans ce contexte-là.
Ils recommandent aussi de modifier la loi
afin d'imposer au ministre de rendre publiques toutes ses décisions visant le
maintien de la qualité de l'environnement, qu'elles soient accompagnées ou non
d'un règlement, et qu'il soit redevable devant le public. Alors, ça, c'est dans
l'intérêt public. Et, bien entendu, d'autres règlements devraient également
être mis en place.
Alors, ils s'inquiètent de l'absence des
balises claires pour encadrer ces décisions. Ils craignent que ça pourrait
ouvrir la voie à l'arbitraire et limite aussi la transparence. Donc, ça, c'est
de façon générale.
Au niveau de... Ils se prononcent sur
chaque élément ou chaque thème au sein de ce projet de loi omnibus. Je vais
m'attarder aux évaluations environnementales. Donc, ils parlent aussi de la
réglementation provinciale et municipale, des matières résiduelles, des milieux
naturels, mais avec le temps qui me reste, je vais m'attarder aux évaluations
environnementales.
Et on en revient justement à cette fameuse
autorisation préalable et absence de consultations, qui, pour eux, pose un
risque pour l'environnement et l'acceptabilité sociale. Donc, ça revient à
mettre en... mettre en place les conditions gagnantes pour la transition
énergétique, c'est-à-dire qu'il faut bien faire les choses et faire les choses
en ordre. Et on comprend que les... on a les enjeux économiques,
environnementaux et sociaux.
Une voix : ...
Mme McGraw : O.K. Alors, et
là je vais citer encore leur mémoire...
Mme McGraw : ...selon
l'Association des biologistes du Québec, ils voudraient accorder une
autorisation préalable... pardon, accorder une autorisation préalable pour des
travaux liés à un projet qui n'a pas encore franchi toutes les étapes
représenterait un précédent dangereux. Le mot qu'ils utilisent, c'est un
«précédent dangereux», et «cette pratique pourrait causer des dommages inutiles
aux composantes valorisées de l'environnement, du milieu naturel,
potentiellement de manière irréversible pour certaines d'entre elles, et ce,
malgré les efforts de restauration ou de compensation floristiques et fauniques
qui pourraient être effectuées». Alors, «le ministre pourrait en effet
autoriser la réalisation de certains travaux avant même l'évaluation complète
du projet si cela permet d'éviter de ralentir l'atteinte des objectifs
gouvernementaux en matière de lutte contre les changements climatiques et de
transition énergétique». Est la question qu'ils posent : De quelle manière
serait déterminé ce risque et est-ce que de telles précisions seraient
encadrées par un règlement? Donc, c'est une question... s'ils ne sont pas
présents ici avec nous, en commission, peut-être que c'est une question qu'on
lance au ministre.
«Dans le cas où un projet serait abandonné
en raison d'un manque ou d'une absence d'acceptabilité sociale, le gouvernement
s'exposerait à devoir rembourser les frais liés aux travaux préalablement
autorisés en utilisant les deniers publics, et ceci serait en contradiction
avec l'extrait de l'article 31.4.3--et je cite : "Aucun préjudice
subi par l'initiateur du projet, si une remise en état totale ou partielle des
lieux est ultérieurement requise, ne donne droit à une indemnité, à une compensation
ou une réparation par état". Par exemple, comment serait-il possible
d'interrompre un projet de production énergétique jugé inacceptable sur le plan
social si les travaux majeurs, tels le déboisement, la construction de routes
d'accès, l'aménagement des aires de chantier, l'installation du poste de
transformation des lignes électriques, des bancs d'emprunt ou des quais de
transbordement ont déjà été réalisés et mis en fonction?» C'est pour ça qu'ils
parlent justement de précédent dangereux et de préjugés aussi. «Par ailleurs,
pourquoi un entrepreneur prendrait-il le risque d'interrompre complètement un
projet à un stade avancé au prix élevé d'une remise en état des lieux lorsque
le projet de loi no 81 stipule que le gouvernement peut autoriser de tels
travaux s'il considère que cela répond à un intérêt public. L'Association des
biologistes du Québec s'interroge sur des critères d'évaluation de cet intérêt
public, en particulier en l'absence d'un minimum de consultation sur les
travaux préalables.»
Alors, ils recommandent qu'une séance de
consultations publiques encadrée par le BAPE soit tenue avant que toute
autorisation de travaux préalables ne puisse être émise et que les résultats de
celle-ci puissent être... en être un des paramètres décisionnels. «Et de manière
plus générale, la soustraction de certains travaux, sous prétexte qu'ils sont
encadrés de manière indépendante, ne risque-t-elle pas de priver l'évaluation
d'un projet d'éléments pertinents, même essentiels? Et jusqu'où pourrait-on
banaliser les étapes restantes de l'évaluation? En l'état, ce pouvoir laisse
une pleine discrétion au ministre pour déterminer les travaux pouvant être
exemptés. L'Association, donc, recommande plutôt que ces travaux soient définis
par règlement, en précisant les composantes valorisées de l'environnement et
les impacts à protéger, ainsi que les suivis nécessaires pour assurer leur
conformité et évaluer leurs effets environnementaux. Et, pour une évaluation
stratégique des effets des filières énergétiques sur l'environnement, ils se
posent la question : «Peut-on réellement garantir que toute initiative
motivée par l'atteinte des cibles climatiques et énergétiques...
Mme McGraw : ...engendrent
automatiquement des bienfaits environnementaux? C'est la question. Parce qu'on
sait qu'il y a des impacts environnementaux avec les projets de transition
énergétique. Bien qu'on est d'accord avec l'objectif, c'est-à-dire de réduire
les GES, l'énergie propre, bien, il y a quand même des impacts. Alors, il faut
savoir c'est quoi. Puis on ne peut pas exempter, passer... sauter des étapes.
Par exemple, la construction d'ouvrages destinés à la production d'énergies
renouvelables ou à la décarbonation ne doit pas exonérer ces projets de leurs
impacts potentiels sur le milieu naturel. Agir avec des bonnes intentions ne
dispense pas de l'obligation de démontrer l'ensemble des enjeux et des
conséquences de nos actions ainsi que d'élaborer des mesures d'atténuation pour
ces effets indésirables.
Alors, encore une fois, si on veut la
réussite de cette transition énergétique, si on veut mettre en place les
conditions gagnantes, il faut avoir des BAPE. On ne peut pas exempter les
travaux préalables. Justement, c'est... Northvolt, c'est... c'était vraiment
une mise en garde. Parce que, du début, le fait que de ne pas avoir un BAPE, ce
n'était pas clair. Comme je le dis, le ministre de l'Environnement disait une
chose, le ministre de l'Économie et de l'Énergie disait autre chose, le premier
ministre disait une autre chose. Ce n'était pas clair du début. Ça a nui à
cette initiative, Northvolt. Là, par la suite, on a compris qu'il y avait
d'autres enjeux économiques aussi. Mais, si on veut mettre en place les
conditions gagnantes, il faut bien faire les choses en ordre, il faut aller
plus vite, mais il faut faire les choses en ordre et mettre en place les
conditions gagnantes.
Aussi, l'Association des biologistes du
Québec recommande que le gouvernement fournisse sans délai au BAPE les
ressources humaines et financières nécessaires pour répondre à des nouvelles
responsabilités qui seraient en lien avec le projet de loi n° 81. Aussi,
ils recommandent, dans un premier temps, que le gouvernement impose un contrôle
systématique de prédiction et de mesures d'atténuation à chaque étude d'impact
pendant la réalisation du projet, et, dans un deuxième temps, on... ils
suggèrent que ces données soient centralisées dans un registre ou une banque de
données public consacré à leur méta-analyse en collaboration avec la communauté
scientifique.
• (15 h 50) •
Dans leur premier mémoire, ils ont
souligné l'importance... bien, de l'importance de leur expertise,
effectivement, et ils s'inquiétaient du fait que les compétences des
biologistes... bien, que les compétences, l'expertise des biologistes étaient
un apport représentant un apport indispensable. Et d'ailleurs ils proposaient
d'élargir la liste des professionnels autorisés à signer des études... pardon.
Ils s'inquiétaient aussi à l'effet que l'article 120, qui propose
d'élargir la liste des professionnels autorisés à signer des études de
caractérisation des milieux naturels... Et je cite : Bien que nous
reconnaissions les objectifs du projet de loi visant à renforcer la
conservation des milieux naturels et la protection des espèces en péril, nous
exprimons de sérieuses réserves quant aux conséquences d'une telle
modification... (Interruption) ...pardon, sans un encadrement clair et
rigoureux des compétences requises. Évidemment, ils soulignent le fait... (Interruption)
...pardon, que les compétences des biologistes sont très pertinentes, même
indispensables.
Et, je souligne encore une fois, dans leur
mémoire, leur premier mémoire, la caractérisation des milieux humides et
hydriques, tel qu'exigé par l'article 46.0.3 de la Loi sur la qualité de
l'environnement, constitue une opération hautement spécialisée nécessitant une
compréhension approfondie des processus écologiques, hydrologiques et
pédologiques. Et les biologistes, grâce à leur formation spécialisée englobant
l'ensemble du vivant et de leur habitat, possèdent des compétences nécessaires
pour garantir une délimitation précise des milieux humides et hydriques basée
sur des méthodes botaniques et reconnues, décrire les caractéristiques
écologiques de ces milieux...
Mme McGraw : ...compris les
espaces... les espèces, pardon, vivantes, notamment les espèces menacées,
vulnérables et ou susceptibles de l'être, leurs habitats et leurs fonctions
écologiques. Et finalement les compétences. Ils ont les compétences nécessaires
pour évaluer les impacts d'un projet sur le milieu biologique et proposer des
mesures de mitigation adaptées. Et ces expertises uniques garantissent que les
études environnementales répondent aux normes scientifiques les plus élevées.
Et c'est ce qu'on veut. On ne veut pas prendre des décisions basées sur, par
exemple, l'idéologie, on veut prendre des décisions qui sont fondées sur des
données, sur des faits et les normes scientifiques les plus élevées.
Et ils ont aussi d'autres
objections : au libellé actuel de l'article 120, notamment l'élargissement
de la liste des professionnels autorisés à signer des études de caractérisation
des milieux naturels sans égard aux compétences spécifiques requises, soulève
plusieurs préoccupations. Et ils citent trois préoccupations. Premièrement, les
compétences limitées des autres professionnels, bien que d'autres
professionnels possèdent des expertises valables dans leurs domaines
respectifs, ils n'acquièrent pas une connaissance approfondie de l'écologie, de
la biologie des espèces et de l'évaluation des fonctions écologiques. Or, ces
savoir-faire sont indispensables à une caractérisation et une évaluation
rigoureuse des milieux humides et hydriques. Dans un deuxième temps, l'impact
négatif, ça a un impact négatif sur les évaluations environnementales, c'est-à-dire
que de permettre à des professionnels sans formation approfondie en biologie de
signer des études pourrait compromettre leur validité, entraînant des
évaluations incomplètes ou inexactes. Cela pourrait nuire à la conservation de
la biodiversité, à la gestion des habitats et, ultimement, à la prise de
décisions éclairées. Et, dans un troisième temps, l'association souligne les
enjeux pour les analystes du ministère : une diversification des
signataires sans garantie de compétence compliquerait le travail des analystes
du ministère. Cela pourrait entraîner des retards et des coûts supplémentaires
liés à la validation des dossiers soumis, contredisant ainsi les objectifs
d'efficacité du projet de loi. Alors, en conclusion, l'association des biologistes
du Québec souligne le fait que de loin de garantir une conservation renforcée
qui est le but qui est cité, l'objectif qui est cité, l'élargissement prévu
dans l'article 120 risque plutôt de produire l'infet... l'effet inverse,
en compromettant la qualité et la fiabilité des études environnementales. Cela
s'écarte des objectifs fondamentaux du projet de loi, qui sont de protéger les
espèces en péril et de favoriser une gestion durable des milieux naturels.
Alors, ils ont des recommandations pour... justement, pour répondre à ces
préoccupations-là. Donc, premièrement, de maintenir la responsabilité exclusive
des biologistes. Ils recommandent fermement que la signature des études de
caractérisation des milieux humides et hydriques demeure une responsabilité
exclusive des biologistes. Cette mesure garantit une expertise scientifiquement
rigoureuse et s'appuie sur un bassin large et accessible de biologiste au
Québec, facilitant ainsi son application sans coûts supplémentaires. Dans un
deuxième temps, l'encadrement législatif des biologistes recommande de... pour
maximiser leur contribution, il est impératif que les biologistes soient
encadrés par une loi professionnelle. Cela assurerait leur compétence, leur
imputabilité et leur indépendance dans la réalisation de leurs mandats. Et,
dans un troisième temps, ils veulent promouvoir la collaboration
multidisciplinaire. Bien que la responsabilité principale revienne aux
biologistes, l'Association des biologistes du Québec soutient une approche
collaborative intégrant les expertises complémentaires d'autres professionnels
dans le respect des compétences de chacun. Alors, comme je le dis, on aimerait
bien.
Mme McGraw : ...mais
entendre et écouter directement l'association. Là, je prends le temps de faire
la lecture de leur mémoire parce que je m'inquiète que la banquette
ministérielle va rejeter cette motion-là. Donc, je prends le temps de citer des
éléments clés. Mais comme je le dis, l'association se penche sur tous les
éléments de ce projet de loi, la réglementation municipale et provinciale. Ils
se penchent aussi sur les matières résiduelles. Ils ont plusieurs
recommandations dans ce sens. Évidemment, les milieux naturels et les milieux
humides et hydriques.
Alors, par exemple, ils recommandent que
la démonstration de l'évitement maximal des impacts soit confiée à des
biologistes qualifiés. Ceux-ci devraient être impliqués à toutes les étapes de
la gestion des milieux humides et hydriques, de la conception à la
planification, en passant par le suivi des programmes d'intervention. Alors,
encore une fois, ils soulignent le fait qu'il faut maximiser, il faut éviter,
il faut prioriser l'évitement. On ne peut pas juste minimiser et compenser. Il
faut commencer par l'évitement. Et leur expertise dans ce sens-là est
primordiale.
Aussi, au niveau de la compensation, leur
recommandation, c'est : «Afin de garantir une répartition équitable et
efficace des fonds compensatoires, on recommande d'établir un processus
d'approbation rigoureux et transparent. Ce processus devrait inclure la
participation active des MRC d'origine des fonds dans la décision finale de
leur réallocation». Ils recommandent aussi la mise en place d'un suivi
transparent et d'une évaluation régulière des résultats pour assurer que les
fonds compensatoires soient utilisés de manière optimale et que leur impact en
termes de conservation soit mesuré de façon rigoureuse. Ils recommandent que le
ministère fournisse des directives détaillées et précises sur la manière
d'évaluer la connectivité écologique. Ces guides techniques devraient inclure
des critères clairs sur les éléments à prendre en compte, le type d'état, les
types d'états, les obstacles à la connectivité, les seuils de fragmentation,
etc., les outils de mesure à utiliser, soit la modélisation, le suivi sur le
terrain, cartographie, et les approches à privilégier pour chaque type
d'écosystème.
• (16 heures) •
En ce qui a trait... Ça, c'est les
mesures... les manques de directives claires sur l'évaluation de la
connectivité écologique. Ils se penchent aussi sur les espaces... les espèces
menacées et/ou vulnérables. Leur recommandation, c'est que les inventaires des
espèces, les plans de protection et les suivis écologiques des espèces menacées
soient obligatoirement validés par un biologiste spécialisé. En complément,
l'association recommande un renforcement de l'encadrement légal des biologistes
afin de s'assurer que leurs évaluations soient réalisées dans le respect des
meilleures pratiques professionnelles et des exigences strictes en matière de
conservation.
En ce qui a trait aux milieux naturels
désignés par un plan, ils font la recommandation suivante : «Afin de
renforcer cette approche et de garantir la conservation effective des milieux
naturels, on recommande une évaluation initiale rigoureuse des milieux par des
biologistes qualifiés. Cette évaluation devrait permettre de dresser un état
des lieux précis et objectif des milieux naturels à protéger en s'appuyant sur
des critères biologiques standardisés. Elle doit être suivie dans la conception
des plans de restauration supervisés par des biologistes, garantissant ainsi
l'adéquation des actions entreprises avec les besoins spécifiques des milieux
concernés.
Autre recommandation, c'est l'intégration
de biologistes aux processus de conception et de suivi des projets fauniques.
Évidemment, on parle de la conservation et mise en valeur de la faune. Et
finalement recommande de remplacer l'expression, encore une fois, «intérêt
public» par pourquoi pas un concept qui est plus clair dans ce contexte,
c'est-à-dire le maintien de la qualité de l'environnement et de définir plus
clairement les situations autorisant...
16 h (version non révisée)
Mme McGraw : ...des
captures et l'abattage d'animaux.
Alors, je crois que, dans l'essentiel, ce
sont les recommandations essentielles de l'Association des biologistes du
Québec. On aurait bien aimé les entendre directement. Donc, j'ai pris le temps
de citer des éléments clés de leur mémoire. Et on comprend que c'est important
que les décisions, c'est des décisions de société, soient informées par les
meilleures compétences, par des professionnels, par des experts. Évidemment, l'expertise
des biologistes demeure indispensable. On veut que les décisions soient
éclairées et éclairées à la lumière de faits et d'enjeux scientifiques. Alors,
c'est vraiment dans ce sens-là que l'Association des biologistes du Québec, c'est
vraiment dans ce sens-là. Leurs recommandations vont dans ce sens-là. Et on
trouve ça très intéressant comme recommandations.
Et encore une fois je souligne en
conclusion, M. le Président, qu'il faut faire les choses en ordre, qu'on a
plusieurs objectifs, lutter contre les changements climatiques, atténuer, s'adapter.
Il nous faut une transition énergétique, un projet de société. Puis il faut
prendre en compte aussi la biodiversité. La biodiversité, c'est un allié des
changements climatiques. On sait que ça nous aide à atténuer et à s'adapter aux
changements climatiques. Des solutions basées sur la nature, donc, il faut regarder
ça dans son ensemble. Et donc, encore une fois, l'expertise des scientifiques
et des biologistes en particulier demeure indispensable. Et c'est pour cette
raison-là qu'on propose la motion. Cette motion-là, c'est de les entendre dès
que possible, ici, en commission parlementaire. Merci, M. le Président.
Le Président (M. St-Louis) :
Merci, Mme la députée. Est-ce que d'autres membres de cette commission souhaitent
intervenir? M. le ministre, la parole est à vous.
M. Charette : Merci, M.
le Président. En fait, juste pour répondre à la demande des collègues, on va s'y
opposer pour les mêmes raisons évoquées un petit peu plus tôt. L'opposition
officielle a confirmé avoir demandé une quarantaine de groupes. Oui, ils ont
demandé ce groupe-là en particulier, mais ce groupe-là n'a pas été demandé par
la deuxième opposition, n'a pas été demandé par la troisième opposition. Non,
mais imaginez, faisons le calcul suivant, si chaque groupe demande 40 groupes,
on est à 120 groupes. Si le gouvernement devait à son tour demander une
quarantaine de groupes, on serait à 160 groupes. C'est là où il faut faire
un tri. Et le tri se fait lorsqu'il y a une certaine unanimité, notamment chez
les groupes d'opposition. Et la plupart des groupes entendus l'ont été à la
demande des oppositions, bien plus qu'à la demande du gouvernement, pour
ajuster, justement, assurer un juste équilibre. Mais la procédure, elle est
bien faite. Même si le groupe n'est pas entendu, il a la possibilité de déposer
un mémoire. C'est ce que l'Association des biologistes a pu faire. Et d'ailleurs
son propos a été bien entendu par les différentes formations politiques, y
compris le gouvernement. Donc, on pourra en tenir compte au moment de l'étude
article par article. À ce moment-ci, je ne répondrai pas sur le fond, mais
lorsque nous serons à l'article en question, on aura l'occasion d'aborder la
question, là, sans problème.
Le Président (M. St-Louis) :
Merci beaucoup, M. le ministre. M. le député, la parole est à vous. Allez-y.
M. Arseneau : Oui. Bien,
brièvement, M. le Président. Effectivement, on n'a pas fait la demande
spécifiquement d'entendre l'Association des biologistes du Québec, mais je vous
dis, en regardant leur mémoire, qu'on aurait peut-être dû, parce que c'est
très, très intéressant, les recommandations et l'analyse de la situation qu'ils
peuvent faire. Et j'ai entendu le ministre dire qu'on allait quand même
considérer leurs propositions ou leurs recommandations. Donc, ils seront
considérés. Et je pense que c'est important. Moi, ce que je remarquais, c'est
que, bon, ils ont un point de vue pondéré, et il y a certainement des choses
qui... des avancées positives du style, notamment, dans l'élargissement des
mandats du Bureau d'audiences publiques, mais ils nous mettent en garde, puis
je pense que c'est important, là, de faire écho à ces commentaires-là et ces
recommandations. Puis moi, quand je vois ça, là, je pense qu'il faut le prendre
au sérieux. Lorsqu'on dit qu'il y a des éléments du projet qui pourraient
entraîner des dérives au détriment de la conservation de la biodiversité, je
pense qu'il faut y prêter attention. L'utilisation... Bien, mes collègues l'ont
déjà mentionné, ma collègue de Mille-Îles et de Notre-Dame-de-Grâce, concernant
l'utilisation du critère d'intérêt public qui...
M. Arseneau : ...peut vouloir
dire bien des choses, mais qu'il faudrait surtout éviter, comme le dit
l'Association des biologistes du Québec, d'instrumentaliser pour justifier des
projets qui auraient des impacts négatifs sur l'environnement. Et ils
mentionnent, et je l'avais dit, d'ailleurs, dans mes remarques préliminaires de
ce matin, que la multiplication des pouvoirs discrétionnaires accordés au
ministre risque d'affaiblir le cadre réglementaire et, disent-ils, crée un
dangereux précédent où la science et les expertises en conservation risquent
d'être contournées au profit de décisions politiques à court terme. Donc, ce
n'est pas, à l'heure actuelle, présumer de la mauvaise foi de quiconque, mais
de nous mettre en garde sur, justement, le processus dans lequel on est et
l'encadrement qu'on doit se donner pour avoir, justement, de meilleurs résultats
en ce qui concerne la protection de l'environnement à tous égards, là, dans les
différents... les différents dossiers ou différents secteurs qui sont touchés
par les amendements qui sont proposés dans ce projet de loi omnibus qui touche,
vous le savez, là, au moins huit lois.
Quand on parle des évaluations
environnementales notamment, là, l'Association des biologistes du Québec
exprime des préoccupations, je ne veux pas répéter, là, ce qui a déjà été, mais
il y a des préoccupations majeures, puis, moi, ça m'a... évidemment, là, ça a
attiré mon attention, des préoccupations majeures concernant l'accélération du
processus d'évaluation et la soustraction de certaines informations
environnementales du processus de décision. Donc, ce n'est pas à négliger. Il y
a une série de recommandations que je ne répéterai pas, mais qui... je pense
qu'on doit prendre en compte.
Le dossier, aussi, des pouvoirs municipaux
en environnement. On a entendu, évidemment, les municipalités saluer
l'initiative de permettre aux municipalités d'ajuster, jusqu'à un certain
point, ou d'adapter la réglementation à leur milieu, à leur environnement. Et
moi, je pense que c'est... J'ai toujours été un des apôtres, ici, au Québec, de
sortir du mur-à-mur, bon. Puis il y a certaines personnes qui disent :
Bon, il faut que la science prédomine. Oui, mais il y avait certains
commentaires qu'on a entendus dans les consultations particulières à l'effet
que les municipalités joueraient peut-être à l'apprenti sorcier. Et moi, je
n'achète pas cet argument-là. Je pense que, si les municipalités vont aller ou
veulent aller au-delà de la protection ou des mesures réglementaires
gouvernementales, bien, il faut leur donner la chance de se faire valoir, parce
qu'ils connaissent mieux leur milieu que quiconque, et je pense qu'ils ont
aussi accès à des données scientifiques et à des ressources, dépendamment,
évidemment, de l'instance dont on parle. Mais les MRC ont les moyens de le
faire et plusieurs municipalités également, donc, de pouvoir fixer un cadre
réglementaire qui puisse aller au-delà des normes québécoises. Et, bon, c'est
un peu le sens, je crois, de la proposition de l'Association des biologistes du
Québec.
• (16 h 10) •
On a parlé également, là, des milieux
naturels, les inventaires et suivis écologiques qui doivent être faits par...
qui doivent être faits d'abord, je pense que, ça, il faut retenir ça parce que,
selon ce qu'on peut comprendre, on peut manquer... on manque de rigueur à cet
égard-là, mais qu'ils soient faits par des biologistes qualifiés. Je pense que
c'est l'enfance de l'art. Et il faut retenir cela lorsqu'il est question de
protection de l'environnement, de l'atteinte de nos objectifs, du cadre
réglementaire et légal qu'on se donne. Mais je pense que la voix des
biologistes, des scientifiques doit être prépondérante et, en ce sens-là, que
l'on puisse réussir à les rencontrer et les entendre de vive voix dans la
commission ou non. Il faut retenir un certain nombre de ces recommandations.
Et, si on n'a pas l'assentiment du gouvernement pour les entendre, bien, sachez
qu'on pourra tout de même se faire le porte-voix, les porte-voix d'un certain
nombre de leurs recommandations, qui me semblent tout à fait pertinentes,
importantes pour les travaux de la commission et, surtout, pour obtenir des
meilleurs résultats au terme de cette analyse de... ou de cette étude détaillée
du projet de loi n° 81. Je vous remercie, M. le Président.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le député des Îles-de-la-Madeleine. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
S'il n'y en a pas, nous allons procéder à la mise aux voix. Est-ce que cette
motion est acceptée ou rejetée? Mme la secrétaire.
La Secrétaire : Mme Dufour,
Mille-Îles.
Mme Dufour : Pour.
La Secrétaire : Madame...
La Secrétaire : ...M. Charette
(Deux-Montagnes)?
M. Charette : Contre.
La Secrétaire : Mme Grondin
(Argenteuil)?
Mme Grondin : Contre.
La Secrétaire
: M. Lemay
(Masson)?
M. Lemay : Contre.
La Secrétaire : Mme Picard
(Soulanges)?
Mme Picard : Contre.
La Secrétaire : Mme Gendron
(Châteauguay)?
Mme Gendron : Contre.
La Secrétaire : M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine)?
M. Arseneau : Pour.
La Secrétaire : M. St-Louis
(Joliette)?
Le Président (M. St-Louis) : Abstention.
Donc, cette motion est rejetée.
Est-ce que nous avons d'autres motions
préliminaires? Oui, Mme la députée. Est-ce que cette motion est déposée déjà au
Greffier? Oui.
Une voix : ...
Mme Dufour : O.K. Donc, c'est
correct comme tel.
Le Président (M. St-Louis) : Nous
allons suspendre quelques instants. Mais la motion apparaît à l'écran, donc
nous allons poursuivre.
Mme Dufour : Mais avant,
avant que mon temps soit comptabilisé, je veux juste vérifier la question de
l'article 244, là, parce que le délai... On suspend, s'il vous plaît.
Le Président (M. St-Louis) : Nous
allons suspendre, s'il vous plaît, quelques instants.
(Suspension de la séance à 16 h 14)
(Reprise à 16 h 17
)
Le Président (M. St-Louis) : Donc,
la Commission reprend ses travaux. Avant de suspendre, nous avions affiché à
l'écran la motion déposée par la députée des Mille-Îles. Mme la députée, vous
disposez de 30 minutes.
Mme Dufour : Mais, merci, M.
le Président. Alors, je la lis comme suit, c'est bien ça? Alors, conformément à
l'article 244 du règlement de l'Assemblée nationale, je fais motion :
«Afin que la commission des transports et
environnement, dans le cadre de l'étude du projet de loi n° 81, Loi
modifiant diverses dispositions en matière d'environnement, demande au
ministère de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques,
de la Faune et des Parcs, de transmettre à la commission, dès que possible, une
note explicative des intentions du gouvernement concernant le déploiement des
infrastructures de recharge des véhicules lourds ainsi que le cadre des
programmes qui seront mis en place par le ministre.»
Et là, je vais... je vais donner plus de
détails, M. le Président. On l'a vu, on en a parlé à maintes reprises, on a
entendu beaucoup de groupes aussi à ce sujet...
Mme Dufour : ...entreprises.
On a entendu beaucoup de groupes aussi à ce sujet, les... la question des
bornes de recharge... pas des bornes de recharge, la question des véhicules
lourds, pardon, le fait qu'on veuille mettre une loi ou appliquer la norme zéro
émission aux véhicules lourds a soulevé beaucoup, beaucoup de préoccupations de
la part d'un très, très large nombre de personnes, de groupes. Je pense qu'à
l'exception de Mobilité électrique Canada, à peu près tous les groupes qui ont
parlé de ce sujet ont soulevé des enjeux, et autant... Et là il y a des enjeux,
évidemment, sur le fait que la technologie n'est pas... ne semble pas être
assez mature à ce jour. Notamment, mais il y a aussi le fait que
l'infrastructure de recharge est inexistante actuellement.
Et ils ont... Et là, moi, je parle dans
cette motion, je parle du... J'aimerais avoir les intentions du gouvernement
pour le déploiement des infrastructures de recharge des véhicules lourds. Là,
je sais, le ministre pourra me dire qu'il y a une stratégie. La stratégie,
là... Mon Dieu! j'ai le nom ici, la stratégie de déploiement... Stratégie
québécoise, voilà, des recharges de véhicule électrique qui a été déposée à
l'automne 2023. Elle existe. Je suis au courant. J'en ai pris
connaissance. Ce n'est pas nécessaire de dire que ça existe déjà, mais le fait
est qu'il y a très, très peu d'informations dans cette stratégie-là qui
concernent les véhicules lourds, et ça date déjà de deux ans. D'ailleurs, je
vais citer cette stratégie.
On dit : L'électrification du
transport moyen et lourd, et là on inclut là-dedans les camions, les autobus,
les autocars, les transporteurs de marchandises, mais j'y ajouterais les
véhicules agricoles, les bennes à ordures, les véhicules qui actuellement
déneigent nos villes sans arrêt 24 heures sur 24 parce qu'on a besoin de
libérer les villes qui ont été ensevelies par la neige des les deux... dans les
quatre, cinq derniers jours. Bien, ces véhicules-là, ça fait partie des
véhicules, donc c'est considéré moyen lourd. Ensuite, on dit, et ça c'est
important, on dit que les véhicules mi-lourds et lourds doivent pouvoir compter
sur des bornes de recharge rapide. Bien, en fait, c'est des BRCC, d'une
puissance pouvant atteindre 350 kilowatts. Ça, c'est beaucoup, beaucoup,
beaucoup de puissance, M. le Président. Il n'y en a pas beaucoup au Québec. En
fait, je serais curieuse de savoir il y en a combien. Quatre, cinq, six
peut-être. Je serais curieuse d'avoir le chiffre, mais ça, on l'aurait si on
avait les intentions du gouvernement, de ce qu'il y a actuellement et qu'est ce
qu'on vise à avoir.
• (16 h 20) •
Ce qu'on dit aussi, puis c'est toujours
dans la stratégie du gouvernement, là, on dit bien qu'il y ait peu de véhicules
lourds électriques sur les routes qui nécessiteront des infrastructures de
recharge coûteuses et de hautes puissances. Donc, c'est pourquoi leur
remplacement devra être stratégiquement planifié. Coûteuse et de haute
puissance. Alors, ma question, c'est un des éléments qu'on veut avoir les
échanges. Et c'est pour ça qu'on a besoin de connaître les intentions du
gouvernement. Avant de mettre une norme zéro émission sur des véhicules lourds,
bien, il faut savoir si on a les moyens de nos ambitions. Surtout qu'il existe
des alternatives moins coûteuses. Parce que là, ici, on est dans
l'électrification de cette flotte-là. On constate que la stratégie prévoit, de
2023 toujours, prévoit un budget de 35 millions de dollars pour cinq ans.
Ce n'est pas... Ce n'est pas énorme quand on considère que ce qui a été mis
jusqu'à maintenant. Puis on dit que ça s'additionnera aux 6,5 milliards...
millions, pardon, déjà annoncés pour la même période. Donc il y a déjà eu
6,5 millions de dollars qui ont été dépensés. Puis, à ma connaissance, on
n'a à peu près presque pas de bornes de 350 kilowatts qui sont requises
pour des véhicules lourds. Alors, est-ce que 35 millions, ce sera
suffisant? Ça m'apparaît très peu compte tenu du coût. Et ça, comme je l'avais
mentionné, on nous avait expliqué que c'était des... C'était très puissant. Ça
équivalait à l'électricité d'une ville, d'une petite ville. C'est quand même
beaucoup, là, une petite ville. C'est coûteux aussi, mais c'est aussi... Est-ce
qu'Hydro-Québec a la capacité? Donc, c'est pour ça qu'on a besoin de connaître
les intentions du gouvernement, pour savoir si on a les moyens de se les payer,
combien il va y avoir de prévu, est-ce que ça va être en adéquation avec le
nombre de véhicules qu'on va viser d'avoir sur nos routes, électriques, et
si...
Mme Dufour : ...l'électricité
est disponible aussi par Hydro-Québec. Il y a bien des endroits où c'est
difficile de se connecter, de connecter un immeuble résidentiel, un nouvel...
Il doit attendre. Alors, j'ai de la misère à imaginer qu'on va être capables de
connecter ou d'alimenter des gros véhicules lourds. Puis ce qui est drôle ici,
c'est qu'on parle qu'on va devoir prioriser notamment... il va falloir que ce
soit stratégique, donc on va vouloir prioriser les haltes routières notamment,
qu'on nous dit. Et là j'en profite, si des gens nous écoutent, du ministère,
pour mentionner que la halte routière, l'aire de service de Cap-de-Pierre qui
est juste avant d'arriver à Québec, il y a une seule borne électrique puis elle
est de 7 kW. J'ai eu à m'arrêter là une fois en plein hiver. Je l'ai
regretté. Mon auto consommait plus que ce qu'elle me rechargeait, la borne.
C'est tellement inefficace. Et c'est ça qu'on a dans une de nos haltes
routières. Il n'y a pas ça partout. Je le sais. Il y en a des places qu'il y a
mieux que ça. Mais ça reste qu'on est... on est loin de nos ambitions pour des
véhicules légers. Et là on dit : On veut déployer des bornes de recharge de
très grande puissance pour des camions lourds. Je suis loin d'être convaincue
qu'on va avoir les capacités de déployer ça. Et donc j'aimerais vraiment
connaître les intentions du gouvernement.
Mais il y a aussi, dans la motion que je
présente, aussi le cadre des programmes qui vont être mis en place par le
ministre. Pourquoi je parle de ça? C'est l'importance du... des aides
financières. On l'a vu que ça a été crucial, les aides financières, pour
l'adhésion des citoyens au véhicule électrique. Ceux qui en ont ont bénéficié
peut-être même jusqu'à 12 000 $ ou 13 000 $ de subvention.
Ça a fait la différence, parce qu'il y avait un différentiel de coût qui
était... qui était connu que pour développer une nouvelle gamme de véhicules,
ça coûtait plus cher. Mais le différentiel de coût entre un véhicule lourd
électrique et diesel est substantiellement... là, on ne parle plus de
12 000 $, 13 000 $, M. le Président, comme différentiel de
prix, là, là, on parle de centaines de milliers de dollars par véhicule. Donc,
qu'est-ce qui va être prévu? Est-ce qu'on a... Encore une fois, je pose la
question, là : Est-ce qu'on va avoir les moyens de nos ambitions? On est
dans, on le sait, dans des restrictions budgétaires dans plusieurs ministères
actuellement, le programme écocamionnage a été coupé court en septembre. Ça, ça
fait mal d'ailleurs à l'industrie. D'ailleurs, il y a... je ne sais plus c'est
dans quel mémoire, on nous disait : Alors... On nous a dit : Il a été
arrêté, mais alors qu'il y avait encore des sommes dedans. Donc, est-ce qui a
été arrêté pour combler des sommes pour les véhicules légers? Je ne sais pas.
Mais ce qui s'est passé, par contre, quand ça a été arrêté du jour au lendemain
sans avertissement, bien... Puis ça, c'est ça vient de Propulsion Québec, qui
est... Propulsion Québec, qui est un organisme qui fait la promotion de
l'électrification des transports. Donc, ce n'est pas... si eux le disent, c'est
que ça doit être bien vrai. Ils nous disent : Bien, certains transporteurs
préfèrent maintenant opter pour des véhicules à combustion devant l'incertitude
et l'imprévisibilité liées à la réouverture du programme et au déploiement des
aides financières. Des entreprises ont récemment annulé des commandes de
véhicules électriques causant des pertes financières importantes pour les
fabricants. Ils nous disent : Il est impératif — impératif, M.
le Président — qu'une norme VZE, là, véhicule zéro émission, pour les
véhicules lourds soit accompagnée de mesures incitatives fiables et prévisibles
pour réussir la transition. On a eu des échanges avec de nombreux groupes à ce
sujet. J'ai entendu dire le ministre dire qu'on n'aurait peut-être pas les
moyens de t'offrir les aides que ça représentait quand on parlait d'un véhicule
diesel versus électrique. En classe 8, un différentiel de
500 000 $, vous comprendrez qu'on ne va pas loin avec
35 millions, là. Puis ça, c'est pour les... les infrastructures de
recharge. Mais là, si on parle pour les véhicules, si on veut en vendre
beaucoup, ça va prendre beaucoup de sous. Et, pour vous donner un portrait,
puis ça, ça vient... l'information que je vais vous donner, vient du rapport
d'application de janvier 2025 de l'évolution de la norme véhicules zéro
émission...
Mme Dufour : ...résultats
au 1ᵉʳ septembre 2024 du gouvernement du Québec, donc, document officiel
qui dit qu'au 30 septembre 2024 on comptait 1 703 autobus et
1 156 camions électriques immatriculés au Québec. Et on sait que pour
les autobus électriques, il y a eu des incitatifs financiers importants. Mais
au total, il y en a, il y a 20 000, plus de 20 000 autobus et
plus de 175 000 camions routiers sur les routes. Alors là, on est
dans des ordres de 1 %, M. le Président, qui est électrifié. Et qui a été
électrifié, M. le Président, c'était ce qui était le plus facile à électrifier.
C'est certainement les distances plus courtes, c'est certainement les autobus
scolaires, les autobus urbains qui ont des accès, puis là il y a eu des
commandes plus récentes de véhicules, c'est ça, d'autobus urbains qui ont accès
à un point de recharge fréquent. Mais quand on est dans de la longue distance,
on est en région où c'est à peine si on trouve une borne de recharge pour un
véhicule léger, bien, je ne vois pas comment on peut penser qu'un véhicule
lourd va pouvoir se charger dans un horizon même d'ici 10 ans.
Tu sais, là aussi, la question aussi de la
maturité du marché, et ça, j'en viendrai... j'y viendrai à plus tard avec une
autre motion, mais il y a un enjeu majeur, et qui semble... En tout cas, on
semble... Ça semble prématuré, du moins. Ça fait que si on n'a pas les
intentions du gouvernement concernant l'infrastructure de recharge et les
programmes d'aide pour les véhicules lourds, il sera impossible d'avoir
l'adhésion du marché, puis certainement pas de notre opposition. Ça va être
difficile, mais on est d'accord, il faut absolument réduire GES, et il n'y a
pas de doute, mais on se demande si le moyen choisi est le meilleur.
D'ailleurs, il y a plusieurs groupes qui
ont fait état de la question, en fait, du cycle de vie, puis c'est de ça que va
traiter la prochaine mention, des véhicules, mais tu sais, là, ici, on est
dans... Le projet de loi, là, il ne prévoit que l'électrification des piles à
hydrogène, rien d'autre. Et ça, c'est un enjeu. Alors, si on veut avoir l'adhésion,
bien, il va falloir des aides substantielles. À ce sujet là, je vais essayer de
parler, par exemple, de l'Association du camionnage du Québec qui... C'est un
groupe qui ont... Ils ont l'habitude d'utiliser des camions lourds dans toutes
sortes de circonstances. Bien, ils disent, actuellement, il y a de sévères
lacunes. Ils disent que c'est un maximum de 200 à 300 kilomètres. Ça, je
peux imaginer qu'en pleine tempête, en plein hiver, ils ne font pas
Montréal-Québec, là. Moi, j'ai une autonomie de 460 kilomètres sur mon
véhicule, puis il faut que je roule très lentement pour le faire en plein
hiver, Laval-Québec.
• (16 h 30) •
Alors, imaginons un camion avec ça à sa
charge, c'est problématique. Donc, pour amener une entreprise à embarquer
là-dedans, bien, non seulement il va falloir qu'il ait l'assurance qu'il peut
se charger à quelque part de façon rapide. Et ça, on sait que ça va coûter
cher. Mais en plus, on peut se poser la question aussi si c'est la meilleure
utilisation de notre argent, considérant que les pertes que ces groupes-là vont
avoir, bien, il va falloir les compenser d'une certaine façon. Et si le marché
est tel... Il n'est pas assez développé encore pour permettre du longue
distance, bien, il faudrait peut-être l'exclure, le longue distance. J'ai
entendu le député de Masson parler avec un groupe, d'échanger sur les camions
courte distance. Là, on peut dire que ça fait plus de sens, mais ce n'est pas
les mêmes coûts non plus. Là, on parle de... C'est presque des véhicules légers
de transport de courte distance. Ça fait qu'on n'est pas du tout dans le même
type de véhicule, là. Quand on parle des véhicules lourds, tu sais, si on parle
des classes 6, des classes 7, des classes 8, c'est plus gros.
Donc ça, ça, c'est un... C'est un enjeu.
L'autre élément qu'il ne faut pas
négliger, c'est qu'on n'est pas tout seul dans cet écosystème là. On n'est pas
tout seul, on est dans un...
Une voix : ...
Mme Dufour : Oui, c'est
ça, on est en Amérique du Nord puis on s'en rend compte beaucoup ces temps-ci,
avec tout ce que tout ce qui se passe au sud de la frontière. Les États-Unis
éternuent puis nous, on a la grippe, là, hein? Ça, ça, on le sait. Ça fait
longtemps qu'on sait ça. On dépend...
16 h 30 (version non révisée)
Mme Dufour : ...beaucoup de
ce marché-là. Mais là, dans ce cas-ci, on aurait... on serait ceux qui auraient
une norme qui serait plus avancée partout... que partout au Canada, si on
allait de l'avant avec l'ensemble des véhicules lourds. Donc, il y aurait - ça,
ça a été mentionné - un risque d'isolement réglementaire. Ça, c'est une
inquiétude.
Mais il y a des coûts supplémentaires. Tu
sais, il n'y a pas juste le coût du... de l'acquisition qui est plus élevé, il
y a les coûts de la formation, puis ça, c'est l'Association du camionnage du
Québec qui nous en parlait, que pour eux ça avait vraiment des impacts majeurs,
quand... Ils parlaient par exemple, bon, le poids des batteries plus le poids
de la marchandise. Ça, c'est quelque chose qui a été soulevé par plusieurs
groupes. Est-ce qu'en hiver, lors d'une période de gel-dégel, ça pourrait
être... il pourrait y avoir des restrictions? Il y a eu, devant l'Assemblée
nationale, lorsqu'on avait des consultations particulières, Mobilité électrique
Canada nous a présenté des véhicules, ils nous ont dit : Non, mais là, la
technologie évolue, le poids est moindre. Aujourd'hui, il y a des véhicules qui
existent, qui ont à peu près le même poids qu'un véhicule régulier. Certes, c'est
possible, mais ça reste que, du longue distance, il n'y a pas d'infrastructures
de recharge, et ça n'existe pas dans tous les types de véhicules lourds.
Et je parlais tout à l'heure des... des
camions pour transporter de la neige, ce n'est pas... Actuellement, là, ça...
il n'y a pas... il n'y a pas d'option électrique, là. Et ça, il y en a des
groupes qui le mentionnent. Même Propulsion Québec... Propulsion Québec, qui
est très favorable à l'électrification des transports, nous dit : Le
marché n'est pas là pour ça, puis c'est assez... c'est ça, qui nous dit :
Il ne faut peut-être pas le voir différemment pour les classes 7 et les
classes 8. Puis, c'est ça, l'Association du camionnage aussi nous... nous
mentionne des coûts supplémentaires par rapport la perte de temps de recharge, ça,
c'est sûr que si ça prend 2 heures recharger ou 1 heure recharger,
bien, est-ce que le chauffeur est payé pendant ce temps-là? Ça, c'est une
inquiétude qu'ils ont, il faudra répondre à ces questions-là. Et toute la
question de la sécurité, les heures de conduite, etc. La sécurité par rapport à
ce que les batteries doivent être inspectées. Actuellement, un chauffeur doit
inspecter l'ensemble du camion qu'il roule. Ça fait partie, là, de leurs
responsabilités. C'est ça.
Ça fait que, sensiblement, là, c'est un
des... une des grandes problématiques, c'est l'infrastructure de recharge,
comme je disais, qui est inexistante actuellement. Voilà. D'ailleurs, je ne
sais pas si, le ministre, dans sa réponse, pourrait nous dire ce qui est arrivé
avec le... Il y avait un projet-pilote pour des bornes, des bornes 400...
bien, 350 kW. D'ailleurs, le gouvernement du Québec a octroyé
910 000 $ à Hydro-Québec, par l'entremise de Circuit électrique, pour
mettre en place un projet-pilote pour la recharge de véhicules moyens et
lourds. C'était supposé d'être fait en 2024. Est-ce que c'est fait ça déjà? Ça,
c'est une question qu'il faudrait qui soit répondue. Puis comme je disais, où
est-ce qu'on s'en va dans le futur?
Ensuite, il y a aussi — attendez,
je cherche un mémoire — le CITEQ, si je ne me trompe pas, qui en a
beaucoup parlé de ça. Bien évidemment, j'arriverai au CITEQ après, mais
évidemment le... les... la Corporation des concessionnaires automobiles du
Québec, les Constructeurs mondiaux d'automobiles et l'Association canadienne
des constructeurs de véhicules ont tous mentionné à quel point il était
nécessaire d'avoir des... des incitatifs pour... pour soutenir l'industrie, qu'il
faudrait s'assurer qu'on soit aussi harmonisé avec... avec l'ensemble de... de
l'Amérique du Nord. On nous a soulevé que... que les... bien, en Californie, il
y a eu... puis ça, je ne sais plus c'est quel groupe, mais il y a un groupe qui
a fait... qui a parlé de ça, que la Californie, oui, avait une norme, puis le
gouvernement le soulevait, là, dans sa propre stratégie, mais... mais ils ont
dû faire de grands ajustements. Puis la même chose pour le fédéral. Le fédéral
avait une norme, prévu une norme. Ils ne l'ont pas mis en place, puis ça, c'est
écrit, si je ne me trompe pas, dans le... dans le document du gouvernement
provincial. Donc, ça fait que les. Les juridictions qui ont souhaité mettre ça
en place, mais elles sont encore en adaptation.
Et aux États-Unis, il n'y a pas tout à
fait le même climat que chez nous...
Mme Dufour : ...il n'y a pas
tout à fait le même climat que chez nous, hein, dans le... et le seul endroit
actuellement où on retrouve des véhicules électriques, ou du moins l'endroit
principal, c'est en Californie, et ça ne roule pas partout. Donc, est-ce que
c'est envisageable, là, que ça vienne chez nous demain matin? Non,
définitivement, puis, comme je disais, bien, il n'y a pas d'infrastructures
pour supporter ça.
L'autre élément, c'est que l'arrêt
d'Écocamionnage, qui a été soudain, bien ça, ça a vraiment affecté la
confiance. D'ailleurs, j'ai posé la question à l'Association du camionnage du
Québec : Est-ce que demain matin vous... vos membres vont vouloir acheter
un camion électrique, sachant... si le programme revient? Ils m'ont dit :
Non, parce qu'à tout moment il pourrait arrêter, comme... c'est arrêté en
septembre sans avertissement. Donc, pourquoi on prendrait ce risque-là? Et
Propulsion Québec nous a dit la même chose.
Donc, il y a une confiance à rebâtir avant
de pouvoir mettre ça en place, et ce n'est pas en forçant les entreprises à
vendre des véhicules lourds qu'on va y arriver, parce qu'ils peuvent juste
cesser de vendre chez nous, et les... nos entreprises peuvent acheter... les
transporteurs peuvent acheter leurs véhicules au Nouveau-Brunswick, en Ontario;
peut-être pas aux États-Unis s'il y a des tarifs, mais présentement c'est une
option. Ça devient... Ça vient qu'on est... Il y a une... Il y a un... comment
dire, un écosystème compétitif dans lequel, là, on pourrait perdre finalement
un avantage. Donc, d'amener plus de la flexibilité - puis ça, j'en parlerai
dans la prochaine motion - je pense que ça va être nécessaire.
Mais, ceci dit, actuellement on n'est pas
du tout rassuré, les entrepreneurs ne sont pas du tout rassurés, avec le
programme Écocamionnage. Et donc, d'arriver avec une norme comme ça, je ne suis
pas sûre qu'on va avoir l'adhésion des groupes, et qu'ils voudront donc
embarquer et acheter des véhicules électriques lourds. Il y a même Éco
Entreprises Québec, hein, qui est dans le domaine du recyclage, qui est
l'organisme responsable de la collecte sélective maintenant, qui est venu nous
dire : Attention. Si on met ça en place, ça va peut-être coûter plus cher.
Puis on sait que ça coûte déjà pas mal plus cher cette année, la collecte
sélective. Donc, il ne faudrait pas que ça monte encore plus, parce que là, on
le sait maintenant que ça aurait des impacts au restaurant, des impacts à la
SAQ, des impacts pour nos entrepreneurs qui doivent, bien, vendre leurs
produits, les impacts pour des magazines, des magazines qui craignent de devoir
fermer, qui ont dû réduire le nombre d'éditions. Donc là, à ce moment-là,
est-ce qu'on va en plus, tu sais, réduire davantage parce qu'on impose des
camions lourds à... Je pense qu'il faut être réaliste, à un moment donné, il
faut s'aider, surtout quand il existe des alternatives.
• (16 h 40) •
Tout à l'heure, je vous parlais de
l'enveloppe...
Donc, c'est ça, juste pour finaliser,
excusez, juste pour finaliser, Éco Entreprises Québec nous a dit : Faites
attention. On n'est pas prêts à ça, il n'existe pas actuellement des bennes à
recyclage, le marché n'est pas encore assez mature pour ça, et, si on nous
forçait à acheter des véhicules électriques, bien, ça serait extrêmement plus
cher pour la collecte.
Ce que je disais par rapport à
Écocamionnage tout à l'heure, c'est... conseil du patronat environnemental du
Québec qui nous a souligné que l'enveloppe n'était pas épuisée lorsque le
programme a été coupé, donc... et c'est eux aussi qui mentionnaient que, s'il y
avait un changement de gouvernement au palier fédéral — puis vous
savez qu'il y a des élections probables... bien, en fait, il y a des élections
assurées dans les prochains six mois au fédéral — bien, le programme
incitatif pour l'achat de véhicules zéro émission moyens et lourds, est-ce
qu'il va être maintenu ou pas? Ce n'est pas clair. Mais, dans tous les cas,
c'est un programme qui est coûteux, parce qu'il offre des incitatifs à l'achat
couvrant environ 50 % de la différence de prix entre un véhicule lourd
électrique et un véhicule lourd traditionnel. Quand c'est le CTEK, je crois,
qui nous mentionnait que c'était 500 000 $ de différence pour un certain type
de véhicule, ça, c'est une subvention à 250 000 $ que le fédéral doit offrir.
C'est énorme.
Donc, avant de s'embarquer là-dedans, je
pense que c'est essentiel qu'on sache combien ça va nous coûter et connaître
les intentions donc du gouvernement. Et, comme je disais, je n'ai pas besoin
d'entendre le ministre me parler de la stratégie de déploiement de recharges,
je l'ai lue, je l'ai vue. Mais, pour les véhicules lourds, qu'est-ce qu'on
prévoit réellement associer à cette loi-là? Si on met en place une norme zéro
émission, il faut savoir quoi... à quoi s'en tenir, parce qu'autrement, bien,
on va s'embarquer dans quelque chose...
Mme Dufour : ...à quoi s'en
tenir parce qu'autrement mais on va s'embarquer dans quelque chose, tu sais, on
va se mettre le bras dans le tordeur. Puis après ça, bien, on n'aura juste plus
les moyens de se payer les moyens de le sortir. C'est en gros.
L'autre élément, peut-être, que je
soulignerais... Tu sais, je disais, le marché n'est pas mature. Là, je
parlais... j'ai parlé beaucoup des véhicules électriques, mais il existe aussi
la portion hydrogène qui est appelée l'hydrogène, qui est prévue aussi dans le
projet de loi, bien, ça, ça semble encore moins mature, M. le Président, comme
marché, c'est le regroupement des organismes environnementaux en énergie. Ils
ont fait un... ils nous ont parlé des entreprises qui faisaient des camions
lourds à hydrogène, qui ont des difficultés financières importantes. Notamment,
on dit, puis là, ça, c'est un extrait, là, de la stratégie canadienne pour
l'hydrogène, je crois, mais ça dit : «Dans le secteur émergeant du poids
lourd à hydrogène... ou... n'est pas le seul à connaître d'importantes
difficultés, le fabricant allemand Quantron ou Quantron a fait faillite il y a
quelques semaines, tandis que l'Américain Nikola Motors a fait savoir qu'il ne
pourrait pas poursuivre ses activités au-delà du premier trimestre... semestre,
pardon, de 2025 maintenant sans financement supplémentaire». Il y a... On
n'est vraiment pas là dans l'hydrogène, là, donc... Puis, on le sait aussi
qu'il y a le projet TES Canada qui est en évolution ou en analyse, ce n'est pas
clair encore, mais est-ce que... Ah! oui, et l'autre élément, puis ça, j'en
parlerai dans la prochaine motion, mais la conversion à l'hydrogène est de loin
la solution la plus coûteuse pour décarboner le transport lourd. Donc, c'est
pour ça que c'est important d'avoir les intentions du gouvernement pour savoir
où on s'en va puis savoir si on a les moyens de nos ambitions avant d'adopter
une norme zéro émission ou même de dire qu'on pourrait adopter une politique
zéro émission pour des véhicules lourds. L'incertitude que créerait l'adoption
de l'article 1 et de l'article 2 du projet de loi, bien, c'est... on
met l'épée de Damoclès au-dessus de l'industrie sans qu'on sache où on s'en va.
En ayant au moins les intentions du gouvernement avec les aides financières et
en espérant que ce soit cette fois fermes, ces aides-là, bien là, au moins, on
saurait à quoi s'en tenir puis l'industrie serait à quoi s'en tenir.
Actuellement, malheureusement, il y a beaucoup, beaucoup d'incertitude avec la
menace de tarifs, et ça, ça impacte autant les véhicules légers que les
véhicules lourds. Mais compte tenu du retard qu'ont les véhicules, s'attendre à
ce que ce marché-là avance et devienne mature au niveau de l'électrification,
ça risque d'être plus difficile si en plus il n'y a plus la... tu sais, s'il y
a plus ce transfert-là, ce transport-là des composants entre les États-Unis et
le Canada, ce qui pourrait arriver dans les prochaines années, puis on sait que
ça prend cinq ans à développer des nouveaux produits. Donc, avant d'adopter une
telle norme, je pense qu'on a besoin de rassurer l'industrie avec des
informations claires sur nos... les intentions. Merci beaucoup, M. le
Président.
Le Président (M. St-Louis) : Merci
beaucoup, Mme la députée. Est-ce que nous avons d'autres interventions sur
cette motion préliminaire? Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce, la parole est
à vous.
Mme McGraw : Merci, M. le
Président. Alors, ma collègue... c'était vraiment un tour de force. Elle a
vraiment parlé de façon détaillée, compréhensive sur ces enjeux-là, sur cette
motion-là. Donc, juste pour peut-être ajouter quelques points. L'incertitude,
c'est un problème pour les marchés, c'est un problème pour la population, donc
il faut créer la... toutes les conditions de... Parmi les conditions gagnantes,
on va dire, pour assurer la transition énergétique, il faut avoir de la
prévisibilité et plus de certitude. On comprend qu'il y a certaines choses
qu'on ne contrôle pas. On pense justement au gouvernement de Donald Trump puis
une politique de... on pourrait dire, de chaos... En tout cas. Mais nous, il y
a certaines choses qu'on puisse... qu'on va pouvoir... qu'on peut contrôler. Et
on comprend bien qu'en éliminant les subventions ça a un effet tout à fait
immédiat sur le secteur. Et d'ailleurs, en ce qui a trait au retrait des
compensations, c'est...
Mme McGraw : ...est un enjeu,
si on comprend bien, parce qu'on a eu des rencontres avec plusieurs organismes,
regroupements, et le défi, c'est comment rapidement la parité de coûts est
demandée. Il y a une incompréhension sur comment rapidement des compagnies
peuvent arriver à faire des véhicules électriques à moindre coût. Quand
l'Ontario, ils ont retiré leur compensation, il y a eu un impact direct sur les
ventes de véhicules électriques, et c'est le cas qu'on voit là. On est rendu en
février, là je parle Léger, mais aussi qu'on a coupé le programme
d'écocamionnage. On a trouvé qu'une des recommandations, ça a été informel,
c'est... on regarde... peut-être de nous recommander de regarder, par exemple,
en Colombie-Britannique. Les compagnies peuvent mettre en banque leurs crédits
environnementaux pour l'avenir, ce qui ne se fait pas présentement au Québec.
Alors, est-ce que ça pourrait être prometteur
ici, au Québec? C'est peut-être quelque chose de qu'on pourrait regarder. Mais
il faut donner la confiance à la population, il faut avoir la prévisibilité. Il
faut aussi, évidemment, éduquer la population sur les contraintes des véhicules
électriques. Alors, ça, c'est un processus continu. Mais c'est sûr que les
subventions, les compensations, ils ont eu un effet immédiat. Et ce qu'on nous
dit, ce qu'on nous ramène, c'est qu'avec le... quand le Programme Écocamionnage
est tombé, de lourdes pertes ont été faites pour les concessionnaires. Ils sont
restés pris avec leurs véhicules lourds électriques lorsqu'ils ont perdu leur
subvention de 175 000 $. Et là, ce qu'on nous dit, c'est qu'il n'y
aura aucun camion électrique sur les routes s'il n'y a pas de problème
d'écocamionnage. Alors, je pense que, vraiment, ils ont été assez directs.
Je comprends qu'il y a eu des enjeux avec
le programme Roulez vert, on comprend que ça se peut que ça... on ramène, mais,
présentement, avec Roulez vert pas de subvention... on va avoir les données
pour le mois de février, mais j'imagine que ça va être en chute libre. Donc...
tu sais... on continue, on arrête, rouge, vert. Ça ne marche pas. Ça ne marche
pas. Il faut vraiment que le gouvernement soit donne plus de prévisibilité...
C'est sûr que s'il y a des ajustements à faire au programme, on peut... c'est
sûr qu'il y a des apprentissages. Si on voit que ces certaines... par exemple,
les familles plus aisées, là, je parle de Roulez vert, qui ont eu accès, que
c'est vraiment... On peut faire des ajustements au programme, justement pour
aller chercher plus de Québécois. Donc, oui, on peut apprendre, faire des
ajustements, mais de laisser tomber au jour de lendemain des programmes, c'est
aussi... c'est une incohérence entre nos objectifs pour réduire les GES et ne
pas mettre en... d'enlever, justement... de retirer les programmes qui vont
dans cette direction-là, les programmes qui ont beaucoup de succès.
• (16 h 50) •
On comprend que le tout se passe dans un
contexte déficitaire. Ça se passe aussi dans un contexte aussi de crise
climatique. Ça fait qu'il faut prendre des choix éclairés, avoir des politiques
intelligentes, puis apprendre, puis ajuster au besoin. Mais si je comprends
bien, encore une fois, les consommateurs... Le coût des véhicules électriques,
ça demeure le plus grand frein pour les consommateurs, et, si je comprends
bien, au Québec, c'est encore plus prononcé. Les Québécois sont... et je
cherche les données, les Québécois sont les plus sensibles au prix des
véhicules dans tout le Canada. C'est pour ça qu'il faut avoir des véhicules
usagés aussi au Québec et on vise des véhicules plus petits, moins chers, mais
il y a de moins en moins de véhicules qui répondent à ces critères. Tout
l'enjeu des bornes électriques, qui fait en sorte que l'infrastructure soit
attrayante pour les consommateurs est une priorité numéro un.
Il y a eu un programme qui a été mis en
place et... c'est ça, dans la Stratégie québécoise sur la recharge des
véhicules électriques qui a été mise de l'avant en septembre 2023, le
gouvernement a annoncé qu'une réglementation sera adoptée, 2024, pour prévoir
l'installation d'infrastructures de recharge dans les nouveaux bâtiments
multilogements de cinq logements et plus. Et là, évidemment, on est rendu en
2025 et cette réglementation se fait toujours attendre. Alors, l'enjeu de
l'accès à la recharge à domicile...
Mme McGraw : ...qui
faciliterait l'adoption de véhicules électriques par les personnes qui habitent
un immeuble multilogements tout en réduisant les besoins en infrastructures de
recharge publiques. Donc, ces enjeux-là de subventions, les bornes, il faut
avoir la prévisibilité, il faut avoir confiance pour que les... les compagnies
et les citoyens puissent prendre des décisions éclairées. Et le feu vert, feu
rouge, en tout cas, c'est... moi, j'ai de la misère à suivre.
Je pense que ma collègue, elle a parlé des
recommandations, entre autres, de Propulsion Québec. Je prendrais peut-être
quelques minutes pour souligner quelques recommandations en matière de
véhicules lourds vers zéro émission. Propulsion Québec recommande de maintenir
les incitatifs et les programmes de subventions, comme j'ai dit, aux différents
véhicules lourds et aux infrastructures de recharge et les pérenniser- ça parle
encore une fois de la prévisibilité à plus long terme- tout en s'assurant une
prévisibilité à moyen terme et éviter des fermetures temporaires de ces
programmes en deux années fiscales ou de façon inattendue. Donc ça, c'est la
première chose. Ensuite, soutenir la recherche, le développement, la
démonstration et la commercialisation des véhicules électriques lourds, des
batteries et des nouvelles solutions de recharge, ainsi que la gestion et
l'optimisation de l'énergie. Ensuite, faire en sorte que les tarifs
d'électricité permettent d'assurer la compétitivité des entreprises québécoises
et de favoriser l'atteinte des cibles d'électrification. Mener des campagnes de
sensibilisation afin d'informer les entreprises et leurs clients utilisant des
véhicules automobiles lourds us vélos sur les véhicules électriques et sur les
aides financières disponibles. Finalement, mettre en place un comité de travail
pour identifier des solutions visant à pallier le coût élevé des assurances
pour les véhicules électriques. Alors, on trouve ça des recommandations
intéressantes.
Si vous me permettez, M. le Président, je
dois le souligner en tant que porte-parole en matière d'économie sociale,
souligner une recommandation que j'ai trouvée très intéressante au niveau de l'économie
circulaire. Il faudrait juste que je trouve d'ailleurs. Pardon. Voilà! Là,
ça... ça nous... ça provient de Mobilité électrique Canada. J'ai trouvé ça,
leur recommandation numéro 6, c'est de soutenir l'économie circulaire des
batteries des véhicules électriques. Donc, le... ils suggèrent, avec ce projet
de loi, de moderniser le cadre législatif et réglementaire afin de faciliter le
transport des batteries usagées et en fin de vie, afin... et afin d'encourager
la récupération, la réutilisation, le reconditionnement et le recyclage des
batteries dans un marché nord-américain intégré. Évidemment, il y a des défis
avec ce marché intégré, mais le Québec aurait avantage à revoir les obstacles,
mais peut-être au sein du marché canadien, donc pancanadien. Le Québec aurait
avantage à revoir les obstacles réglementaires qui compliquent, ralentissent et
alourdissent les coûts des initiatives d'économie circulaire. Et d'ailleurs,
l'économie circulaire, ça s'inscrit vraiment... ça serait aussi une approche,
une des réponses du Québec vis-à-vis de l'incertitude qui a été créée avec le
gouvernement de Trump. Ça serait de viser plus sur notre indice de circularité,
un n'existe plus élevé. Ça pourrait aussi être un outil pour faire face aussi à
ces... à cette incertitude et ces menaces effectivement. En facilitant les
pratiques de reconditionnement, de réutilisation, etc., il serait possible de
maximiser les retombées environnementales et économiques de l'électrification
des transports également, afin de soutenir le développement d'une économie
circulaire pour les batteries des véhicules électriques. Le Québec doit
rapidement mettre en place une réglementation adaptée sur la collecte et la
valorisation des grandes batteries.
Donc moi, je ne ferai pas le tour de tout leur
mémoire, mais j'ai trouvé ça, cette recommandation de Mobilité électrique
Canada en particulier, cette recommandation numéro 6, très, très
intéressante. Alors, sur ce, M. le Président, je suis tout à fait en accord
avec la motion qui a été déposée par ma collègue pour... pour avoir une note
explicative des intentions du gouvernement concernant le déploiement pour
avoir...
Mme McGraw : ...explicative
des intentions du gouvernement concernant le déploiement des infrastructures de
recharge des véhicules lourds ainsi que la cadre des programmes qui seront mis
en place par le ministre. Merci, M. le Président.
Le Président (M. St-Louis) : Merci
beaucoup, Mme la députée. Y a-t-il d'autres interventions sur cette motion
préliminaire? M. le ministre.
M. Charette : Simplement...
Bien, peut-être mentionner de façon générale que l'on tend à élargir la portée
de l'article 244, quant à moi, ce qui ne nous a pas empêchés, là, de
laisser les collègues s'exprimer. Mais, ceci dit, c'est un petit peu
particulier qu'à ce moment-ci on demande des notes explicatives, alors qu'on
n'a pas débuté encore l'article... l'étude article par article. Donc, on aura
l'occasion d'aborder ces différentes thématiques aux articles appropriés. Donc,
pour le moment, il n'y a pas de raison de publier cette motion préliminaire.
Le Président (M. St-Louis) : Merci
beaucoup, M. le ministre. Y a-t-il d'autres interventions? S'il n'y en a pas,
je vais mettre cette motion préliminaire aux voix. Est-ce que cette motion est
acceptée ou rejetée?
Des voix : ...
Le Président (M. St-Louis) : Par
voix nominale. Mme la secrétaire.
La Secrétaire : Mme Dufour
(Mille-Îles)?
Mme Dufour : Pour.
La Secrétaire : Mme McGraw
(Notre-Dame-de-Grâce)?
Mme McGraw : Pour.
La Secrétaire : M. Charette
(Deux-Montagnes)?
M. Charette : Contre.
La Secrétaire : Mme Tardif
(Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif : Contre.
La Secrétaire : M. Lemay
(Masson)?
M. Lemay : Contre.
La Secrétaire : Mme Picard
(Soulanges)?
Mme Picard : Contre.
La Secrétaire : Mme Gendron
(Châteauguay)?
Mme Gendron : Contre.
La Secrétaire : M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire : M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine)?
M. Arseneau : Pour.
La Secrétaire : M. St-Louis
(Joliette)?
Le Président (M. St-Louis) : Abstention.
Donc, cette motion est rejetée. Est-ce que nous avons une autre motion ou
d'autres motions préliminaires? Mme la députée de Mille-Îles.
Des voix : ...
Le Président (M. St-Louis) : Alors,
nous allons suspendre quelques instants, le temps de retrouver la bonne motion.
(Suspension de la séance à 17 heures)
(Reprise à 17 h 02)
Le Président (M. St-Louis) : Alors,
au moment de la suspension, Mme la députée de Mille-Îles avait déposé une
motion préliminaire. Mme la députée, la parole est à vous. Vous disposez de
30 minutes.
Mme Dufour : Merci, M. le
Président. Alors, conformément à l'article 244 du règlement de l'Assemblée
nationale, je fais motion afin que la Commission des transports et de
l'environnement, dans le cadre de l'étude du projet de loi n° 81, Loi
modifiant diverses dispositions en matière d'environnement, demande au
ministère de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques,
de la Faune et des Parcs de transmettre à la commission, dès que possible, une
note explicative concernant l'analyse gouvernementale des émissions de GES des
véhicules lourds sur leur cycle de vie complet, incluant la production de tous
les composants.
Alors, j'avais commencé à en parler lors
de l'échange sur la motion préliminaire précédente, plusieurs groupes nous ont
mentionné qu'on ne semblait pas prendre en considération le...
17 h (version non révisée)
Mme Dufour : ...le cycle
de vie complet des véhicules, et je le mentionnais, un véhicule électrique
léger, lorsqu'il sort de sa... de la... il est tout à fait neuf, il n'a pas
roulé un seul kilomètre, il a déjà... il a... il a déjà... il a généré pas mal
plus de GES qu'un véhicule à essence. C'est à la combustion que le véhicule à
essence, un moment donné, dépasse le véhicule électrique, mais il s'écoule
quand même 30 000 kilomètres en moyenne avant qu'on arrive au même...
au même niveau de GES. Alors, moi personnellement, avant d'acheter un véhicule
léger électrique, je peux vous dire que, dans ma vie antérieure où j'étais
conseillère municipale et que je me promenais seulement dans mon district, ça ne
faisait pas aucun sens au niveau environnemental, je faisais à peine 5 000 kilomètres
par année, à peine. Donc ça, ça ne pouvait pas se justifier. Ça aurait pris
plus que six ans avant que ça rentre dans les normes, les GPS générés, avant qu'on
ait des gains. J'avais un hybride branchable à ce moment-là, puis ça faisait
beaucoup de sens. Ça fait que du moment que j'ai changé de vie et je suis... je
suis devenue députée, où que, là, je me suis mise à faire Laval-Québec à peu
près à toutes les semaines, là, je suis rentrée dans mon argent, je peux vous
dire. Avec 55 000 kilomètres faits en un an et demi, je suis rentrée
dans mon argent, mais aussi au niveau environnemental, là, je suis rentrée, on
est rentrés, tu sais, c'est devenu un véhicule écologique. Mais avant ça, avant
les 30 000 kilomètres, ce n'était pas un véhicule écologique.
Alors, pour les véhicules lourds, bien, la
question se pose encore plus parce que les niveaux de batterie que ça prend
pour rouler un véhicule de cette ampleur-là, il est beaucoup plus important. Et
ça, plusieurs groupes nous l'ont... nous l'ont... nous en ont parlé. Non
seulement, comme je l'ai mentionné dans la motion précédente, ça prend une
infrastructure de recharge complètement nouvelle qui n'existe pas présentement
et qui demande une capacité électrique démente, mais en plus, en plus, ça
demande une adaptation complète de tous les véhicules dans la façon de rouler,
de la formation, etc. Et là ça demande des coûts astronomiques d'adaptation, par
exemple, dans les commerces où se trouvent ces véhicules-là, où sont stationnés
ces véhicules-là qui doivent se recharger, etc.
Donc tous les groupes, il y en a
énormément de groupes qui nous ont dit : Faites attention, vous devez
regarder sur le cycle de vie. Je l'ai dit tout à l'heure, là, on a tous le même
objectif, de réduire les GES produits par le transport lourd. On a tous cet
objectif-là, mais il faut être aussi conscient qu'il y a des coûts et que là,
actuellement, le projet de loi dicte les moyens plutôt que de dicter des
objectifs. Et c'est vrai, il y a... il y a un enjeu avec les GES qui
proviennent du secteur du véhicule lourd. Mobilité électrique Canada nous a
parlé dans son mémoire qu'entre 1990... entre 1990 et 2022, les GES provenant
des véhicules lourds ont augmenté de 81 %. Donc, c'est quand même
important. Et aujourd'hui les véhicules lourds sont responsables de 30 %
des émissions totales du secteur du transport routier, alors qu'ils ne
représentent que 3,7 % du parc de véhicules. Donc c'est clair, il y a un
enjeu.
Et là Mobilité électrique Canada, eux,
nous disent : Bien, si on accélère l'électrification du transport lourd, c'est
essentiel pour réduire les émissions de GES. Mais on a vu avec les échanges qu'il
n'y a pas que l'électrification. Puis comme je le disais, il faut le regarder
dans son ensemble. Moi, j'aimerais voir si, ça, le ministère en a fait... a
fait l'analyse du cycle de vie complet des véhicules lourds avant de déterminer
que le seul moyen ou les seuls moyens de réduire les GES, c'est l'électrification
ou la pile à hydrogène, alors qu'il existe d'autres moyens, des alternatives. Puis
ça, on nous en a parlé allègrement. On nous a parlé des carburants alternatifs,
notamment, le gaz naturel renouvelable. La semaine dernière, j'étais... j'ai dû
intervenir sur une motion de Québec solidaire qui parlait... qui voulait
interdire les pipelines. J'ai parlé du fait qu'on est en train de développer
actuellement...
Une voix : ...
Mme Dufour : Pardon? Je n'ai
pas compris ce que monsieur a dit, mais bon, il y a... il y a... il y avait
cette motion-là. Et «pipeline», ça peut vouloir dire beaucoup de choses, pas
juste oléoduc, pas juste du pétrole, mais il y a actuellement une filière qui
se développe au Québec et qui a beaucoup de potentiel, qui est la...
Mme Dufour : ...la filière du
gaz naturel renouvelable qui vient... qui est agricole, de la biométhanisation
agricole. C'est très technique, mais ça a un fort potentiel, le fumier,
actuellement, qui malheureusement génère beaucoup de GES, le fumier qui est
utilisé, tu sais, en fait qui est le rejet, là, de nos fermes, fermes soit
laitières ou porcines... bien, ce fumier-là génère des GES, mais en faisant de
la biométhanisation agricole, bien, on peut récupérer le gaz qui vient de ces
défécations-là, là, malheureusement, c'est ça, là, du fumier, du lisier, et ça
a un potentiel méthanogène immense. Et ça, ça peut être, après ça, converti en
du gaz naturel renouvelable qui peut être liquéfié.
Il y a des municipalités qui ont fait des
projets de biométhanisation avec les matières organiques, ça n'a pas tout été
un succès, mais pour ce qui est du domaine agricole, du fumier, le potentiel
est là et il y a déjà des projets en marche. En fait, il y a déjà des projets
qui fonctionnent, il y en a plusieurs. Il y en a vraiment beaucoup qui sont en
développement présentement. C'est rentable pour l'agriculteur, c'est rentable
pour l'environnement parce qu'on réduit les GES du fumier, mais, en plus, on
crée du gaz naturel renouvelable. On sait qu'Énergir veut en injecter davantage
dans son réseau, mais il y a un potentiel aussi pour les véhicules lourds qui
est là. Puis d'ailleurs, quand j'étais responsable, à la ville de Laval, de
l'environnement, on travaillait sur un projet de biométhanisation, qui,
malheureusement, là, ne s'est pas réalisé par la suite, mais ce projet-là avait
le potentiel de générer beaucoup de gaz naturel renouvelable, qu'on aurait pu
utiliser pour la flotte municipale de camions de déneigement, ce que je parlais
plus tôt, des camions qui sont difficilement électrifiables mais qui pourraient
très... beaucoup plus facilement réduire les GES de façon importante en
permettant, tout simplement, d'utiliser du gaz naturel renouvelable dans les
véhicules.
• (17 h 10) •
La norme zéro émission, telle qu'elle est
définie actuellement, n'a pas cette option-là, il n'y a pas cette
flexibilité-là. Tout ce qu'on dit, c'est électrique, pile à hydrogène. Il va
falloir l'ouvrir à davantage parce que je pense que ça a été assez clair que
les coûts, le surcoût que représenterait ce genre de véhicule là en étant
électrique, versus en permettant du gaz naturel renouvelable... Puis ça, c'est
un exemple, mais j'ai même lu à quelque part qu'il existait du diesel, là,
renouvelable, je... il faudrait que je lise davantage là-dessus, mais ça, le
gaz naturel renouvelable, pourrait permettre d'avoir... de réduire de façon
importante les GES. Et même le Conseil du patronat environnemental du Québec
nous a dit, et puis c'est pour ça... ils nous disaient, eux, que c'était
important, qu'on devrait axer la réduction... on devrait... En fait, ils
disaient : «Les modifications apportées à la loi devraient être axées sur
la réduction des émissions de GES plutôt que sur l'électrification, que
l'utilisation de l'analyse de cycle de vie devrait être privilégiée.» Alors,
j'espère que le ministère a fait cette étude-là, d'analyse de cycle de vie,
avant de conclure qu'il y a juste l'électrification puis les piles à hydrogène
pour le véhicule lourd. Et eux nous disaient : Il faudrait, c'est ça,
identifier les meilleures options disponibles pour permettre une réduction
rapide des émissions émanant du secteur des véhicules lourds au meilleur coût
possible. Mais il y en a eu, des études d'analyse de cycle de vie qui ont été
réalisées et qui ont démontré que l'utilisation de carburants liquides plus
performants pourrait s'avérer une option efficace. Puis je vous ai parlé tout à
l'heure du gaz naturel renouvelable. Bien, selon une étude qui a été faite par
le. Bien, il y a certains types de gaz naturel renouvelable, notamment celui
qui provient du fumier, qui peuvent être plus importants que les émissions
générées, dont on dit que... les émissions évitées, pardon, pourraient être
plus importantes que les émissions générées, et donc le résultat pourrait être,
net, négatif. C'est quand même fort, là.
Alors, on a intérêt à regarder les autres
options. Compte tenu du surcoût important que... de l'électrification des
transports lourds impliquerait. Il y a eu beaucoup, beaucoup de groupes qui
nous en ont parlé. L'Association du camionnage du Québec, on a eu des échanges
là-dessus, puis ils nous ont dit : Bien, amener des véhicules lourds à
utiliser du gaz naturel renouvelable, c'est des ajustements, certes, mais
beaucoup moins coûteux, beaucoup moins coûteux...
Mme Dufour : ...puis ça ne
change pas la formation, ça ne change pas les enjeux d'autonomie, il n'y a
pas... Tous ces impacts-là, conventionnés, avec l'électrification, ça disparaît
avec le gaz naturel renouvelable. Donc, pour eux, c'était clair que c'était...
c'était une option beaucoup plus envisageable. Et d'ailleurs, ils nous
disaient... ils nous demandaient : Est-ce qu'on parle seulement
d'émissions à l'échappement du véhicule quand on parle de la norme? Est-ce
qu'on... Pourquoi est-ce qu'on n'inclut pas les émissions du cycle de vie du
véhicule lourd? Ça, c'était l'Association du camionnage du Québec qui dénonçait
qu'il n'y avait aucune autre alternative à ce qui... en ce qui a trait à la
réduction des GES émis. Ils nous disent : «Pourtant, l'industrie du
transport routier de marchandises a entrepris de réduire son empreinte carbone
depuis plusieurs années et certains transporteurs ont adopté des énergies
alternatives telles que le biodiesel et le gaz naturel, et ce, depuis plus de
10 ans.» Et ils nous rappellent qu'«avec la disponibilité croissante du
gaz naturel renouvelable et un réseau de distribution qui continue de se
développer, le GNR se doit d'être considéré comme un joueur important dans les
efforts de réduction des GES des transporteurs.» Il existe d'ailleurs... Ils
nous soulignent qu'il existe un nouveau moteur au gaz naturel de
15 litres, la compagnie Cummins, qui offre ce moteur-là qui offre aux
transporteurs la possibilité de réduire leur empreinte carbone dès aujourd'hui
avec des investissements qui offrent une rentabilité réelle aujourd'hui et qui
permet de conserver les opérations de transport moyen et longue distance en
Amérique du Nord. Donc, clairement, il y a beaucoup, beaucoup moins de risque
financier et technologique si on ouvre à ça. Donc, on se dit : On se donne
des objectifs, et laissons l'industrie établir les moyens.
Et d'ailleurs c'est intéressant parce
qu'on a eu des échanges avec l'Association des constructeurs mondiaux par
rapport à l'arrivée de Donald Trump aux États-Unis, qui a dit la norme zéro
munition puis tous, tout ce qui est les incitatifs, les véhicules électriques,
ça, ça disparaît. Puis je pense que le décret est déjà signé là-dessus. Mais
ils ont dit : Ça ne va rien changer sur les véhicules parce qu'il y a une
norme au niveau du carburant, puis cette norme-là est tellement stricte que
finalement, pour arriver à l'atteindre, on va continuer à fabriquer des
véhicules électriques. Donc, c'est pour dire que quand on dicte nos objectifs
plutôt que les moyens, bien, l'industrie va trouver le moyen qui est le plus
à... qui est le plus approprié pour le véhicule qu'elle va mettre en fonction.
Il y a tellement d'usages possibles dans les véhicules lourds. On n'est pas du
tout dans le véhicule léger du porte-à-porte. On est vraiment ailleurs. Donc,
il est important de laisser à l'industrie le soin de déterminer la meilleure
technologie pour atteindre l'objectif que le gouvernement fixera, là. Et, ça,
ça ne change rien à l'objectif. Mais ne dictons pas les moyens. On n'est pas
l'industrie. Le gouvernement n'est pas l'industrie. Il n'a pas... Ce n'est pas
au gouvernement de dicter à l'industrie comment faire son travail. Ils
connaissent beaucoup mieux que nous ce qui peut être fait pour atteindre les
objectifs en question.
Le CETEQ, qui est le conseil... Mon Dieu!
En tout cas, c'est les technologies environnementales... voilà, le Conseil des
entreprises en technologies environnementales du Québec, le CETEQ, nous a dit
la même chose. Puis, eux autres aussi, c'est des gens de l'industrie,
spécialisés, puis ils nous ont dit : Actuellement, on... la définition
actuelle est fondée sur les émissions du réservoir à la roue. Elle exclut les
impacts environnementaux liés à la production et la distribution de l'énergie,
ce qui offre une vision partielle de l'empreinte carbone.» La méthode de calcul
est... tu sais, c'est... ça inclut uniquement l'énergie qui est consommée. Et
donc, ils recommandent d'adopter une définition plus globale afin de tenir
compte du cycle de vie complet des véhicules. Et ils nous disent par rapport...
bon, ils soulignent la volonté du gouvernement d'inclure la définition... dans
la définition, les véhicules alimentés par une pile à combustible à hydrogène.
Mais ils nous disent : «L'intégration de carburants alternatifs dans le
bouquet de solutions technologiques augmente la résilience des entreprises face
au changement de technologie et favorise l'adoption de cette nouvelle
pratique.» Et ils disent que : «Nous estimons que la définition devrait
être davantage élargie afin d'inclure les motorisations électriques alimentées
par un générateur alimenté par du gaz naturel renouvelable.» Donc, c'est
exactement ce...
Mme Dufour : ...que je vous
disais, le... et c'était l'appui... Il y a d'autres groupes qui ont parlé de
ça. Là, je voudrais juste vous trouver... Ici, c'est, justement, les
Constructeurs mondiaux d'automobiles du Canada, qui nous disaient, qui nous
rappelaient que le marché des véhicules électriques légers est plus avancé que
celui des véhicules lourds, alors que celui-là, le marché des véhicules
électriques à piles... à combustibles lourds est à ses débuts, et il comporte
d'importants défis technologiques et économiques. Donc, il y a un très grand
risque d'adopter ces technologies-là. Donc, ça, ça va retarder davantage,
hein... Je l'ai mentionné, ça pourrait prendre encore facilement 10 ans avant
qu'il y ait des véhicules électriques qui soient vraiment adaptés et des
infrastructures de recharge adaptées à ces usages-là.
Mais, demain matin, si on commence à
utiliser du gaz naturel renouvelable, bien, il y a des véhicules qui peuvent
devenir presque à zéro émission. Donc, on pourrait gagner... on serait... on
pourrait gagner plus rapidement en faisant ça. C'est sûr que le gaz naturel
renouvelable, il faut aussi le produire. Il y a des projets qui sont en cours,
il y en a qui, déjà, ont été lancés en 2024, d'autres s'en viennent en 2025, et
il y en aura davantage.
La Corporation des concessionnaires
automobiles du Québec nous rappelait qu'il y a beaucoup d'obstacles techniques
tels que la densité énergétique, l'autonomie, le temps de recharge, le
ravitaillement, qui sont plus complexes, mais ils nous disent aussi :
c'est la variété des cas d'utilisation potentielle dans... d'un même modèle de
camion. Donc, un même modèle de camion peut servir à plusieurs usages,
contrairement à un véhicule léger. Généralement, il transporte des personnes,
tu sais. Mais un véhicule lourd peut faire beaucoup de choses, il peut faire
des courts trajets, des longs trajets, fonctionnement continu ou intermittent.
Il peut y avoir des équipements qui sont montés sur le châssis ou non, et ça,
c'est très énergivore, ces équipements-là, généralement. Les véhicules
d'urgence, qui nécessitent des manœuvres plus exigeantes. Je vous rappelais...
je parlais des... tu sais, on a des régions au Québec... les véhicules miniers,
par exemple. Est-ce que... est-ce qu'on peut penser que, demain matin, ça va
être... ça va être prêt pour l'électrification? Peut-être pas. Les véhicules
agricoles, aussi, qui sont un enjeu, qui ont des usages vraiment très, très,
très distincts de ce qu'on connaît.
• (17 h 20) •
Et donc ils nous rappellent qu'une
norme... trop stricte aurait comme effet d'entraver le développement de
technologies avancées ou de nouvelles approches en matière de responsabilité
environnementale. Alors, c'est ce que je disais, c'est... d'avoir une vision
fermée sur une façon de faire, malheureusement, bien, ça risque, finalement, de
pénaliser, plus qu'autre chose.
Et le gouvernement, pour les véhicules
légers, avait ouvert la porte, parce que les aides financières, il n'y en avait
pas que pour les véhicules 100 % électriques, il y en avait aussi pour les
véhicules hybrides, et... C'est une catégorie qu'ils avaient là, le véhicule à faible
émission, qu'ils appelaient, qui englobait les véhicules hybrides rechargeables
équipés d'un moteur électrique et d'un moteur à combustion interne. Donc, il y
avait une certaine flexibilité, pour ce qui est des véhicules légers, dans la
norme. Alors, pourquoi on n'a pas de flexibilité pour les véhicules lourds? Je
me pose la question et je pense qu'on devrait l'envisager fortement.
Je vais aussi montrer... Ça, c'est
intéressant, M. le Président, ça vient d'une étude, une étude de la Chaire de
gestion du secteur de l'énergie, HEC Montréal. L'étude s'appelle Décarbonation
du transport routier longue distance dans l'est du Canada. Donc, ça, ça a
été fait... ça a été fait ça ne fait pas si longtemps que ça, je vais essayer
juste de retrouver la date... 2023, septembre 2023, cette étude-là, qui a été
financée par le gouvernement du Québec, donc j'imagine que le gouvernement a eu
les résultats. Et ce qu'on constate... c'est des tableaux fort intéressants. Je
ne sais pas si je peux les présenter, les tableaux, tableaux didactiques, si on
peut montrer ça?
Une voix : ...
Mme Dufour : Oui, hein, c'est
ça. Bien, c'est un graphique, là, ou, en tout cas, je ne sais pas, des barres.
Ce qu'on voit ici, c'est, en fait, la comparaison sommaire de la valeur actuelle
nette par technologie, donc selon la technologie, et ici, en rouge, ce qui est
négatif là, qui n'est pas du tout rentable, c'est tout ce qui est à hydrogène.
Ici, qui est le plus bas ici, là, mais qui est positif, mais qui est le plus
bas, c'est les batteries. Ça, c'est les véhicules lourds à batteries. Puis,
ensuite, ici, on a... mon Dieu! celui-là, c'est... c'est ceux qui... ça, c'est
les camions à caténaire. J'ai appris quelque chose dans cette étude, M. le
Président...
Mme Dufour : ...ça, c'est
ceux qui sont alimentés ou rechargés par le fil aérien, on s'entend qu'il n'y
en a pas beaucoup de ça. Mais, ceci dit, c'est quand même... c'est quand même
plus rentable ou à peu près rentable comme véhicule électrique à batterie.
Mais, ici, là, ce qui est le plus rentable, ce qui est le plus économique, qui
est vraiment beaucoup, là, on parle de huit fois plus qu'à batterie, bien,
c'est avec du gaz naturel renouvelable. Donc, c'est assez éloquent, les
chiffres, au niveau économique, c'est clairement plus économique, et ça permet
d'atteindre des objectifs quand même de façon importante.
Et c'est la même chose, là, il y a une
autre... un autre tableau où là l'étude vient séparer les types de coût, là, le
coût en infrastructures, le coût des émissions, de l'entretien, de carburant,
etc. Et, bon, à l'exception du caténaire, qui était celui qui recharge par fil
aérien, bien, c'est le GNR qui est le moins cher quand on met tout ça ensemble.
Et il n'y a aucune émission de GES à ce moment-là, aucune, alors
qu'évidemment... Ici, c'est le diesel, là, pour comparer. Donc... Puis, encore
une fois, l'hydrogène c'est celui qui coûte clairement le plus cher. Dans
certains cas, peut-être que l'hydrogène pourra être une option, mais,
clairement, le GNR, on ne peut pas juste dire d'emblée : Non, ça ne
devrait pas être considéré, parce que, clairement, c'est beaucoup plus
économique. Et, comme société, à un moment donné, il faut se poser la question
coût-bénéfice.
Moi, j'étais responsable - encore une
fois, je vais le dire, là - de l'environnement à la ville de Laval. Comme élus,
on avait un programme de réduction des GES qu'on avait, il fallait se poser la
question: Lequel des programmes potentiels génère le plus de réduction et quel
est le coût à la tonne le plus intéressant? Par exemple, on avait justement une
subvention pour les véhicules électriques. On a été la première ville et, je
pense, la seule ville au Québec qui a eu une subvention pour les véhicules
électriques de 2 000 $ à l'époque. Ça n'a pas duré longtemps, là, mais le
temps qu'on l'a eu, le coût à la tonne, il n'était pas très intéressant. Je
dois u, c'était plus marketing, cette annonce-là, qu'autre chose, puis d'être
les premiers. Parce que la mesure qui était la plus payante au niveau
environnemental, où le coût à la tonne était le plus faible, c'était de
subventionner le retrait des... du gaz au mazout. Les réservoirs de gaz au
mazout, on subventionnait le retrait pour mettre une fournaise électrique pour
les fournaises au mazout - c'est ça que je voulais dire - donc, une fournaise
électrique. Et là on avait une subvention qui est le coût de la tonne, c'était
vraiment intéressant.
Et donc il faut se poser cette
question-là, l'argent qu'on met public, il n'est pas illimité. À un moment
donné, c'est nos impôts tout ça, ça fait que c'est où qu'on a notre meilleur
gain, bénéfice. Et ce n'est clairement pas dans le cas des véhicules
électriques... des véhicules lourds, ce n'est pas l'électrique actuellement.
Donc, avant de forcer l'industrie de se rendre à l'électrique alors qu'il y a
un coût-bénéfice plus intéressant avec d'autres alternatives, bien, je pense
qu'il faut avoir cette analyse-là. Est-ce que le gouvernement a fait l'analyse
des réductions de GES des véhicules lourds sur un cycle de vie complet?
J'espère sincèrement que ça a été fait, sinon, je pense que vraiment,
clairement, c'est prématuré d'adopter cette norme-là, tel que c'est proposé,
qui va... Ça va prendre des ajustements importants au projet de loi.
Je pense que j'ai fait le tour, M. le
Président, du sujet, mais, définitivement, on aura d'autres discussions
là-dessus lors d'articles... l'étude article par article. Mais avant même qu'on
commence, il faut savoir, est-ce que le gouvernement l'a faite, cette étude-là.
Merci, M. le Président.
Le Président (M. St-Louis) : Merci
beaucoup, Mme la députée. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur cette
motion préliminaire? M. le ministre.
M. Charette : Sinon, le même
commentaire fait un petit peu plus tôt, c'est étonnant que ce type de motion là
apparaisse en invoquant l'article 244. Ce sont littéralement des composantes de
l'étude du projet de loi lui-même. Au moment des articles appropriés, on aura
l'occasion de discuter de ces différentes questions là. Donc, il n'y aura pas
de consentement pour l'adoption de la motion.
Le Président (M. St-Louis) : Alors,
merci. Nous allons donc mettre cette motion préliminaire aux voix, à moins...
Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Mme McGraw : Peut-être, juste
pour ajouter...
Le Président (M. St-Louis) : Excusez.
J'ai présumé... Allez-y.
Mme McGraw : Désolée, j'étais
un peu distraite dans mes mémoires. Mais, écoutez, évidemment, j'appuie la
motion de la collègue de Mille-Îles. Je pense que le cycle de vie, très
important pour moi, ça a été tout un apprentissage...
Mme McGraw : ...ces
discussions avec certains groupes. Je pense que miser sur les objectifs que...
c'est des objectifs partagés. On comprend que le transport au Québec a une contribution
majeure au GES, et c'est sûr qu'il faut être sérieux. Et les camions lourds...
Et donc je pense qu'il faut aller de l'avant, mais je pense que ce qu'on a
appris du secteur, c'est que cet aspect de cycle de vie complet, cette analyse
qui pourrait faire en sorte qu'on regarde toutes les phases, batteries, etc.,
ait un impact sur les joueurs, parce qu'effectivement c'est ce qu'on vise,
c'est la réduction des GES, c'est cette transition énergétique propre et pour
réduire les GES. Alors, dans ce sens-là, je pense que mettre l'emphase sur les
objectifs, atteindre les objectifs... On comprend qu'on est en transition, on
comprend qu'il y a des énergies, il n'y a aucune solution parfaite, M. le
Président, mais il faut mettre tous les efforts. D'ailleurs, je vais citer mon
mentor, Al Gore, qui disait : «There's no silver bullet, there's a silver
buckshot.» Ça veut dire qu'il faut mettre en place toutes les solutions et que
certaines solutions, ce sont des solutions transitoires pour enfin arriver au
but ultime, qui est la réduction des gestes et la lutte contre les changements
climatiques. Alors, je vais arrêter là. Merci, M. le Président.
Le Président (M. St-Louis) : Merci
beaucoup, Mme la députée. Donc, s'il n'y a pas d'autre intervention, je procéderais
à la mise aux voix de cette motion préliminaire.
Une voix : ...
Le Président (M. St-Louis) : Vous
souhaitez suspendre? Nous allons suspendre brièvement.
(Suspension de la séance à 17 h 30)
(Reprise à 17 h 31)
Le Président (M. St-Louis) : Alors,
la commission va reprendre ses travaux. Au moment de la suspension, nous en
étions à la mise aux voix de la motion préliminaire présentée par la députée de
Mille-Îles. Donc, est-ce que cette motion est adoptée ou rejetée? Rejeté?
Une voix : Par appel nominal.
Le Président (M. St-Louis) : Par
appel nominal. Mme la secrétaire?
La Secrétaire : Mme Dufour
(Mille-Îles)?
Mme Dufour : Pour.
La Secrétaire : Mme McGraw
(Notre-Dame-de-Grâce)?
Mme McGraw : Pour.
M. Charette : M. Charrette
(Deux-Montagnes)?
M. Charette : Contre.
La Secrétaire : Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif : Contre.
La Secrétaire : Mme Grondin
(Argenteuil)?
Mme Grondin : Contre.
La Secrétaire : M. Lemay
(Masson)?
M. Lemay : Contre.
La Secrétaire : Mme Picard
(Soulanges)?
Mme Picard : Contre.
La Secrétaire : Mme Gendron
(Châteauguay)?
Mme Gendron : Contre.
La Secrétaire : M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire : M. Arseneau (Îles-de-la-Madeleine)?
M. Arseneau : Pour.
La Secrétaire : Et M.
St-Louis (Joliette)?
Le Président (M. St-Louis) : Abstention.
Donc, cette motion est rejetée. Est-ce que nous avons d'autres motions
préliminaires?
Des voix : ...
Le Président (M. St-Louis) : Est-ce
que c'est une réponse positive? Donc, il n'y a pas d'autre motion préliminaire?
Oui?
Une voix : ...
Le Président (M. St-Louis) : Donc,
nous allons suspendre brièvement, le temps que la motion soit transmise au
secrétariat puis mise...
17 h 30 (version non révisée)
Le Président (M. St-Louis) : ...mise
sur Greffier. Merci.
(Suspension de la séance à 17 h 33)
(Reprise à 17 h 38)
Le Président (M. St-Louis) : Donc,
la commission reprend ses travaux. Au moment de la suspension, la députée de
Mille-Îles déposait une motion préliminaire. Oh! pardon. Excusez. La députée de
Notre-Dame-de-Grâce, pardon. Donc, Mme la députée, vous disposez de 30 minutes.
Je vous demande de présenter la motion et...
Mme McGraw : Oui. Merci, M.
le Président. Alors, la motion préliminaire que je présente se lit comme
suit : «Conformément à l'article 244 du Règlement de l'Assemblée
nationale, je fais motion afin que la Commission des transports et de
l'environnement, dans le cadre de l'étude du projet de loi n° 81, Loi
modifiant diverses dispositions en matière d'environnement... des consultations
particulières et qu'à cette fin elle entende dès que possible l'Assemblée des Premières
Nations Québec-Labrador.»
Je souligne cette première nation en
particulier, parce qu'il y a deux autres Premières Nations qui ont été... qui
ont désisté. Alors, je mets l'emphase sur ce groupe. Mais, de façon générale,
ça aurait été important d'entendre les Premières Nations, qui ont des droits
fondamentaux. Et je crois que c'est... c'est dans la loi, la Loi sur la qualité
de l'environnement...
Une voix : ...
Le Président (M. St-Louis) : Un
instant... Est-ce que c'est la même question de forme qu'on a... vous avez déjà
présentée, M. le député de Masson?
M. Lemay : ...à des
consultations particulières?
Des voix : ...
M. Lemay : Ça fait que c'est
juste une question de forme, là. Si c'est le cas, là, on comprend.
Le Président (M. St-Louis) : Nous
allons suspendre quelques instants pour valider la question de forme du député
de Masson...
(Suspension de la séance à 17 h 40)
(Reprise à 17 h 41)
Le Président (M. St-Louis) : Alors,
la commission reprend ses travaux. Je cède la parole à nouveau à la députée de
Notre-Dame-de-Grâce.
Mme McGraw : Alors, puisque
les Premières Nations... aucun représentant des Premières Nations n'ont pu
participer ou n'ont participé aux consultations particulières, je voulais
prendre le temps quand même. Il y a trois mémoires qui ont été soumis à date
par des Premières Nations. Je vais m'attarder à la... au mémoire qui a été
soumis par l'Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador, bien que la
motion, c'est qu'on aimerait entendre, mais j'ai l'impression que ça... le
gouvernement va répondre... ne va pas répondre de façon affirmative. Alors, je
vais prendre le temps quand même de souligner des aspects importants de leur
mémoire.
Et d'ailleurs ça commence... leur mémoire
commence avec une affirmation : «Notre participation aux travaux de la
Commission des transports et de l'environnement doit être reçue par votre
gouvernement comme une démonstration de notre bonne foi et de notre volonté de
contribuer avec respect aux discussions en cours. Néanmoins, cette
participation ne saurait être interprétée comme une consultation en bonne et
due forme des Premières Nations. Nous ne...
Mme McGraw : ...ne sommes pas
des simples... de simples parties prenantes, nous sommes les détenteurs des
droits inhérents... inhérents. En conséquence, tous nos gouvernements doivent
être consultés conformément aux obligations qui incombent à l'État.» Alors,
c'est un rappel important. Et les Premières Nations Québec-Labrador expriment
plusieurs, plusieurs inquiétudes avec ce projet de loi, notamment en matière de
l'évaluation. Ils soulignent leur droit de déterminer l'utilisation de leurs
terres, d'en jouir, de les occuper et de les posséder ainsi que d'en tirer des
avantages économiques et de gérer ces terres de manière proactive. Les
Premières Nations ont également le droit d'utiliser leur territoire et leurs
ressources pour répondre aux besoins de leur collectivité et favoriser le
développement. Or, les Premières Nations ont été historiquement exclues de la
planification, de la réalisation et de la mise en œuvre des projets de
développement. Alors, ils soulignent le droit inhérent à l'autodétermination.
Effectivement, ils disent que ces consultations et ce projet de loi auraient
été une opportunité en or pour ajouter justement... pour corriger certaines...
certaines erreurs. Ils disent, par exemple : «Il est évident que les
modifications apportées par le projet de loi ont une chose en commun, c'est
l'accélération du développement sur le territoire et que le raccourcissement
des échéanciers et l'octroi d'exemptions ou d'allègements sont extrêmement
préoccupants pour les Premières Nations, pour la protection de leurs droits et
de leurs territoires, de même que pour le respect par le gouvernement de son
obligation de consulter. Les comités des Premières Nations rencontrent déjà de
multiples défis relatifs à la consultation, dont la sursollicitation ainsi que
le manque de ressources humaines, techniques et financières, alors que des
enjeux au niveau de la consultation et du respect des droits des Premières
Nations persistent dans le cadre de la PEEIE. L'évaluation environnementale,
sectorielle ou régionale, en se calquant sur cette procédure, répète les mêmes
erreurs.
Les Premières Nations saluent quand même
l'intention manifestée par le ministère de l'Environnement de mieux tenir
compte des effets cumulatifs des projets et des activités sur le territoire.
Mais malheureusement, ils soulignent que la procédure proposée par le projet de
loi nous laisse présager le contraire.
Et, une question qu'on souligne dans le
mémoire : Comment peut-on prétendre que l'évaluation environnementale,
sectorielle ou régionale assurera une meilleure protection de l'environnement,
alors qu'elle découle directement d'un plan ou d'un programme de développement?
Cette évaluation ne se contentera pas de simplifier ou d'accélérer les
procédures subséquentes. Elle ouvrira aussi la porte à l'évaluation simultanée
d'un nombre beaucoup plus important de projets. Cette approche suscite de vives
inquiétudes chez les Premières Nations en raison de la pression accrue qui en
résultera sur le territoire et de l'aggravation prévisible des problématiques
déjà existantes. Bien que la somme de ces préoccupations a été exprimée à de
nombreuses occasions par les Premières Nations, le gouvernement a délibérément
décidé de les ignorer, je cite : «Malgré les répercussions majeures que
les modifications envisagées pourraient avoir sur leurs droits, leur territoire
et leurs eaux. Cette absence de considération met en lumière l'urgence d'un
dialogue authentique et d'une collaboration sincère. Les Premières Nations
invitent dès à présent le gouvernement du Québec à s'asseoir avec elles afin
d'élaborer un projet de loi véritablement respectueux de leurs droits, de leur
territoire et de leur vision.»
Alors, ils font par la suite à cette
déclaration... il y a une liste de recommandations et un tableau très détaillé,
je ne lirai pas le tableau, mais une douzaine de pages, avec des
recommandations, et des propositions, et des commentaires, et des amendements
détaillés sur l'ensemble du projet de loi. Mais, de façon générale, ça vise
à... premièrement, ils veulent une reconnaissance explicite des droits des
Premières Nations, le caractère distinctif de la consultation autochtone. Ils
veulent aussi que les préoccupations des Premières Nations exprimées quant aux
projets qui se développent sur leur territoire et leurs eaux ne peuvent pas
être considérées comme un simple facteur de l'acceptabilité sociale ni être
amalgamées aux préoccupations, aux observations du public. Alors, c'est un
statut distinct qu'on réclame, qu'ils réclament. Et ils demandent... leur
première recommandation, c'est...
Mme McGraw : ...ajouter une
section à la Loi sur la qualité de l'environnement qui prévoit que tout
processus décisionnel susceptible d'affecter les droits des Premières Nations,
leur santé ou leur bien-être social et économique doit être compatible avec les
droits ancestraux ou issus de traités, à l'obligation constitutionnelle de
consulter... consulter et d'accommoder la Couronne aux droits établis par la
Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, au
principe du consentement préalable, libre et éclairé et à des normes minimales
pour l'obtention de ce consentement déterminé par les Premières Nations. De
plus, tout processus décisionnel susceptible d'affecter les droits des
Premières Nations ou de leur santé ou de leur bien-être social et économique
doit également tenir compte des reconnaissances et pratiques durables des
Premières Nations, des répercussions et retombées environnementales et
sociales, notamment des effets cumulatifs.
Et je souligne le fait que le
gouvernement, avec... a déjà fait preuve de cette... d'une bonne volonté. Il y
a des exemples. Il y a un exemple important, entre autres, c'est la ligne,
l'interconnexion Hertel-New York, qui, justement, était un vrai partenariat
entre le gouvernement, entre Hydro-Québec et la nation mohawk. Le Mohawk
Council of Kahnawake. Je me souviens très bien que la grande cheffe Sky-Deer
est venue en... présenter en consultations particulières. Et ça a été un
partenariat sans précédent. Donc, on voit que, si la volonté est là, on est
capables de respecter leurs droits, effectivement.
• (17 h 50) •
Alors, suite à ça, ils ont plusieurs
recommandations. D'ailleurs, il y a en tout 10 recommandations et un
tableau détaillé très spécifique relatif aux modifications proposées par le
projet de loi. Comme je dis, je ne ferai pas la lecture, mais je crois que
c'est important de respecter ces droits-là et aussi de... On ne peut pas... On
ne peut pas... Les Premières Nations ont un statut qui est distinct des parties
prenantes. Et c'est dans la loi qu'il faut respecter aussi ce statut distinct
important. Alors, je crois que, quand la volonté est là... On a déjà fait
preuve... Le gouvernement du Québec a fait preuve, avec un projet vraiment très
innovateur. L'interconnexion Hertel-New York, qui a été reconnue par l'État de
New York, effectivement, à cause de ce partenariat-là. Et justement, il y a
des... il y a des... On l'a déjà souligné, ça a été souligné par des
scientifiques, par des groupes environnementaux, par les anciens
vice-présidents et présidents du BAPE, entre autres, que plusieurs aspects de
l'évaluation, des aspects évaluation du projet de loi sont problématiques.
Entre autres, l'exemption, parce que l'exemption, ça enlèverait... c'est-à-dire
l'exemption, les travaux préalables. Et je pourrais citer le conseil mohawk.
Leur mémoire est en anglais, exclusivement en anglais, mais ils sont... ils se
sont prononcés, de façon forte, en opposition, entre autres, à cet aspect-là du
projet de loi. Donc, il faudrait, comme je dis, trouver des moyens pour avancer
plus vite, mais faire les choses en ordre et avoir des conditions gagnantes qui
respectent l'économie, l'environnement, la société. Et, dans tout ça, s'inscrit
les droits des Premières Nations. Merci, M. le Président.
Le Président (M. St-Louis) : Alors,
merci beaucoup, Mme la députée. Est-ce qu'il y a d'autres interventions sur
cette motion? Mme la députée de Mille-Îles. Je vous cède la parole.
Mme Dufour : Merci, M. le
Président. Je serai brève mais j'appuie évidemment la motion de ma collègue la
députée de Notre-Dame-de-Grâce. J'aimerais souligner que nous avons...
Malheureusement, il y a deux groupes qui avaient été invités, qui
représentaient une certaine première nation, qui se sont désistés, mais je
pense qu'on aurait apprécié pouvoir échanger. Il y avait l'Institut du
développement durable des Premières Nations du Québec et du Labrador et il y
avait l'Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador. Ils ont d'ailleurs
soumis un mémoire ensemble, les deux groupes, que nous avons lu évidemment avec
beaucoup d'intérêt. Mais il y a aussi le Comité consultatif de l'environnement
Kativik qui a envoyé un mémoire, et le Conseil mohawk de Kahnawake...
Mme Dufour : ...qui ont soumis
des mémoires. Évidemment, je pense que, tu sais, on le sait aujourd'hui, c'est
nécessaire de consulter les Premières Nations non seulement pour respecter la
loi, mais aussi parce que c'est un peuple fondateur, et il faut reconnaître
leur importance. Mais, ceci dit, moi, à ce micro-là, je veux prendre l'occasion
de dire que l'ensemble des trois mémoires que je vous ai mentionnés, nous les
intégrerons dans notre analyse et pourrons soumettre des amendements, comme ils
l'ont suggéré.
J'ai été quand même, disons... comment
dire, agréablement surprise de lire, par le Conseil mohawk de Kahnawake, que
le... ils avaient été consultés en mars dernier, donc il y a un an, dans les
premiers... les premières discussions concernant ce projet de loi. Donc, cette
préconsultation a eu lieu. Par contre, ils nous soulignent que leurs
préoccupations principales n'avaient pas du tout été répondues dans le projet
de loi tel qu'il a été déposé. Donc, il faudra revenir évidemment avec leurs
préoccupations. Mais, je voulais le souligner quand même, il y a eu une
préconsultation, et ça, c'est bien, puis pour le reste, bien, nous, on va
s'assurer que leurs préoccupations sont relayées lors de l'étude détaillée du
projet de loi. Merci beaucoup, M. le Président.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
Mme la députée. Y a-t-il d'autres interventions sur cette motion préliminaire?
M. le ministre.
M. Charette : Juste
confirmer, effectivement, que les différentes communautés autochtones ont été
consultées à quelques reprises dans l'élaboration du projet de loi.
Pour ce qui est de la motion elle-même,
c'est bien difficile de l'appuyer, étant donné que l'assemblée elle-même s'est
désistée. Donc, pour cette raison, on va tout simplement voter contre la
motion.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le ministre. Comme il n'y a plus d'intervention, nous allons donc procéder à
la mise aux voix de cette motion préliminaire. Est-ce que cette motion est
acceptée ou...
Une voix : Par appel nominal.
Le Président (M. St-Louis) : Donc,
Mme la secrétaire.
La Secrétaire : Mme McGraw
(Notre-Dame-de-Grâce)?
Mme McGraw : Pour.
La Secrétaire : Mme Dufour
(Mille-Îles)?
Mme Dufour : Pour.
La Secrétaire : M. Charette
(Deux-Montagnes)?
M. Charette : Contre.
La Secrétaire : Mme Tardif (Laviolette—Saint-Maurice)?
Mme Tardif : Contre.
La Secrétaire : Mme Grondin
(Argenteuil)?
Mme Grondin : Contre.
La Secrétaire : M. Lemay
(Masson)?
M. Lemay : Contre.
La Secrétaire : Mme Picard
(Soulanges)?
Mme Picard : Contre.
La Secrétaire : Mme Gendron
(Châteauguay)?
Mme Gendron : Contre.
La Secrétaire : M. Leduc
(Hochelaga-Maisonneuve)?
M. Leduc : Pour.
La Secrétaire : M. Arseneau
(Îles-de-la-Madeleine)?
M. Arseneau : Pour.
La Secrétaire : M. St-Louis
(Joliette)?
Le Président (M. St-Louis) : Abstention.
Donc, cette motion préliminaire est rejetée.
Comme il n'y a plus d'autre motion
préliminaire à ce stade-ci, nous en sommes maintenant à l'étude article par
article. Je prends donc en considération l'article 1 du projet de loi. M. le
ministre, veuillez en faire la lecture, s'il vous plaît.
Une voix : ...
Le Président (M. St-Louis) : Pardon?
Oui.
Mme Dufour : Oui. J'ai une
intervention à faire avant que nous commencions. Conformément à l'article 245
de notre règlement, nous demandons à ce que le projet de loi soit étudié
article par article, alinéa par alinéa, paragraphe par paragraphe.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
Mme la députée...
Mme Dufour : Merci.
Le Président (M. St-Louis) : ...c'est
bien noté.
Donc, M. le ministre, je vous cède la
parole sur l'article 1.
M. Charette : Bien gentil,
merci, M. le Président. Donc, article 1 : L'article 1 de la Loi visant
l'augmentation du nombre de véhicules automobiles zéro émission au Québec afin
de réduire les émissions de gaz à effet de serre et autres polluants... est
modifié par l'insertion, après «automobiles», de «légers et les véhicules
automobiles lourds».
Donc, le texte proposé se lirait
ainsi :
«La présente loi a pour objet de réduire
la quantité de gaz à effet de serre et autres polluants émis dans l'atmosphère
par les véhicules automobiles légers et les véhicules automobiles lourds qui
circulent sur les routes du Québec afin d'en diminuer les effets néfastes sur
l'environnement.»
Et commentaire. C'est un article qui
modifie l'article 1 de la Loi visant l'augmentation du nombre de véhicules
automobiles zéro émission au Québec afin de réduire les émissions de gaz à
effet de serre et autres polluants afin que l'objet de celle-ci vise tant les
véhicules automobiles légers que les véhicules automobiles lourds.
Le Président (M. St-Louis) : Avez-vous
des commentaires, M. le ministre, sur l'article 1?
M. Charette : Bien, peut-être
déjà préciser qu'à l'article 2, on va déposer des amendements qui sont déjà
disponibles, là, pour répondre justement aux préoccupations des constructeurs,
qui souhaitaient que l'on définisse davantage ce qu'était un véhicule lourd.
Donc, dans ce... dans cette première partie...
M. Charette : ...qui
souhaitaient que l'on définisse davantage ce qu'était un véhicule lourd. Donc,
dans ce... dans cette première partie, dans ce premier article, on y va de
façon générale, mais le détail sera davantage précisé à l'article 2.
Le Président (M. St-Louis) : Est-ce
qu'il y a d'autres interventions sur l'article un? M. le député.
Mme Dufour : Merci, M. le
Président. Oui?
Le Président (M. St-Louis) : Ah!
excusez.
Mme Dufour : Bien, je ne sais
pas, mon micro était ouvert. Je suis désolée. Si quelqu'un d'autre veut...
Une voix : ...
Mme Dufour : Mon micro s'est
ouvert.
Le Président (M. St-Louis) : Allez-y,
Mme la députée, la parole est à vous.
Mme Dufour : Parfait. Merci.
Bien, écoutez, j'ai fait deux motions préliminaires qui parlaient des véhicules
lourds, juste avant, où le ministre a dit : Bien, ce n'est pas nécessaire
d'en parler tout de suite, on va en parler lors de l'étude détaillée. Peut-on
parler maintenant des motions du contenu, à savoir est-ce qu'on a fait... avant
de parler de véhicules lourds ici, est-ce qu'on a regardé l'analyse du cycle de
vie, est-ce qu'on a une estimée de combien ça va coûter de mettre ça en place?
Voilà. Donc, je voudrais avoir plus d'informations parce qu'on commence ici,
puis là, après ça, on tombe dans les définitions. Alors que, si on modifiait
les définitions plus tard, bien, peut-être que ça aurait un impact sur
l'article un. Mais l'article un vient avant, donc c'est pour ça que j'ai...
j'ai des questionnements sur l'article un.
M. Charette : ...l'article un
vient avant l'article deux. Et, pour ce qui est de cette première partie, c'est
uniquement intégrer à la définition... non pas «à la définition», mais à
l'objet de l'article lui-même, les véhicules lourds. Mais effectivement, au
niveau de la stratégie de recharge, on a une évaluation exhaustive qui a été
faite avec une étude d'impact réglementaire aussi. Je rappellerai à la collègue
qu'à chaque année, avec la mise à jour du plan de mise en œuvre, et en
décembre, avec l'évaluation qui est faite des différentes mesures du PMO, on a
beaucoup de données à ce niveau-là. Mais, à ce moment-ci, on vient juste
intégrer une nouvelle catégorie de véhicules à un article existant, là, de la
Loi sur les véhicules zéro émission au Québec.
• (18 heures) •
Mme Dufour : Il y a... Il y a
effectivement une analyse d'impact réglementaire qui a été faite, mais de
nombreux groupes disent qu'en fait ça semble sous-estimer de façon importante
les réels... les réels impacts de la norme elle-même. On nous dit notamment
que, si c'était aussi rentable que ce que l'analyse réglementaire suggère,
bien, tout le monde le ferait sans avoir une norme. Un des éléments qu'on nous
souligne, c'est qu'il n'y a pas de prise en considération des coûts
d'investissement dans l'analyse réglementaire. On calcule les économies, mais
pas les coûts d'investissement. Alors, est-ce qu'elle est... est-ce qu'elle est
adéquate, cette analyse-là, c'est une question.
M. Charette : ...pertinente.
Ce qu'on a eu l'occasion de dire par contre au moment des consultations, c'est
qu'on va y aller vraisemblablement par catégories. Donc, c'est difficile de
répondre de façon générale à cette question-là. Ce que l'on sait, c'est qu'on a
un marché qui est déjà relativement mature pour les véhicules lourds qui font
des circuits courts. Donc, la technologie, elle est disponible dans certains
cas. Différentes entreprises et compagnies ont déjà intégré ce type de
véhicules à leur flotte actuelle. Mais, ce que l'on a aussi eu l'occasion de
dire pour le transport plus longue distance, c'est là où la technologie reste
encore à développer, où elle n'est pas encore suffisamment mature pour être
généralisée, là, au niveau d'une norme VZE. C'est la raison pour laquelle,
lorsque la réglementation va être développée, on va vraisemblablement, dans un
premier temps, se concentrer sur les circuits plus courts, donc des véhicules
lourds, oui, mais de plus petite taille.
Ce qu'on a aussi mentionné au moment de la
consultation, là c'est un pouvoir habilitant qu'on se donne, donc ce n'est pas
le détail. Le détail va venir, lui, dans une réglementation à venir. Ce que
j'ai aussi mentionné, compte tenu des engagements qui ont déjà été pris par
notre Direction des affaires juridiques, on n'est pas à la veille de présenter
cette réglementation-là. Donc, on se donne le pouvoir de le faire, mais ça va
s'échelonner vraisemblablement sur quelques... quelques années. Et, au moment
où la réglementation sera prépubliée, ça va donner lieu à une consultation où
les différents acteurs interpelés pourront réagir en fonction de ce que
contient le règlement et en fonction des impacts que ça pourra représenter pour
eux. Donc, on retient deux choses. On va commencer vraisemblablement par une
cible, un type particulier de véhicules, et, deux, ce n'est pas...
18 h (version non révisée)
M. Charette : ...mais, oui, c'est
tout de même pertinent de se donner ce pouvoir-là à travers l'étude de l'actuel
projet de loi.
Mme Dufour : Mais pourquoi,
si ce n'est pas pour demain, le faire tout de suite pour l'ensemble des
véhicules lourds? Parce que ça crée une incertitude, ça craint... En fait, ça
amène, je le disais, là, l'épée de Damoclès au-dessus de la tête de l'industrie.
On a beau dire : Ah! il va y avoir un règlement. Un règlement, ce n'est
pas aussi visible qu'une loi. Les consultations, on a eu ces échanges-là à
maintes reprises, vous et moi. Ce n'est pas la même chose. Il n'y a pas non
plus les échanges avec les groupes comme dans le cas des... des consultations
particulières. Et donc, quand on sera rendus à un règlement, dans combien d'années,
on ne le sait pas, bien, tu sais, les gens qui sont venus témoigner dans ces
consultations-là ne seront peut-être même plus là, le marché pourrait avoir
changé complètement, surtout avec ce qui se passe au sud de la frontière. Donc,
ça nous semble précipité dans le cas de certains camions lourds. Alors,
pourquoi on n'exclut pas certaines catégories, compte tenu que l'objectif réel
aujourd'hui, ça semble être plutôt les camions légers ou les... de courtes
distances?
M. Charette : ...pertinente,
mais ça m'étonne qu'elle vienne du Parti libéral, et je le dis sans aucune
offense, parce qu'on procède exactement comme le Parti libéral l'a fait il y a
quelques années avec la Loi zéro émission sur les véhicules en général, et c'était
la bonne façon de faire. Donc, on a une loi qu'on vient modifier, et à travers
la réglementation, suite à l'adoption de cette loi-là il y a quelques années,
on a une réglementation qui est venue préciser quels types de véhicules sont visés,
qu'elles sont les obligations pour les constructeurs de ces véhicules-là, avec
les objectifs ou les pourcentages au niveau des ventes. Donc, on procède
exactement comme le Parti libéral l'a fait alors qu'il était au pouvoir, et c'est
la bonne séquence. Donc, c'est la réglementation. Moi, je ne pourrais pas, dans
le projet de loi, déjà déterminer les catégories avec les obligations, parce
que ce sont des obligations qui sont amenées à changer dans le temps. D'ailleurs,
suite à l'adoption de la loi il y a quelques années, on a procédé à plusieurs
modifications réglementaires. Encore, il n'y a pas si longtemps, on est venu
fixer des nouveaux objectifs pour 2030. Donc, la réglementation, elle est
beaucoup plus souple... non pas souple, elle est plus... elle est plus
adaptable qu'une loi en bonne et due forme.
Donc, dans un premier temps, on se donne
le pouvoir de le faire et, dans les prochaines étapes, on aura
vraisemblablement une réglementation qui fera la distinction au niveau des
premières catégories visées. Là, c'est certain qu'on est à l'article 1,
mais à l'article 2 on va venir déjà préciser qu'est-ce que l'on entend par
véhicule lourd. Et là, aussi, la réglementation, par la suite, sera plus... comment
dire, serai en mesure de faire davantage cette distinction au niveau des
obligations, là, pour chacune des catégories.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le ministre. Mme la députée, vous souhaitez poursuivre?
Mme Dufour : Oui. J'aimerais
rappeler que, quand le Parti libéral a adopté la première loi zéro émission, il
y avait... on suivait, disons, des... certaines législatures qui avaient fait
la même chose. Ici, selon toute vraisemblance, on serait peut-être isolé de
façon... la façon qu'on le fait au niveau réglementaire par rapport aux autres
juridictions. Moi, j'aimerais savoir la version actuelle, avant la version
proposée, qui faisait référence aux véhicules automobiles, est-ce que dans la
compréhension du ministre ou du ministère, est-ce que ça incluait les véhicules
lourds, véhicules automobiles? Parce que vous avez parlé du général. Est-ce que
ça incluait tous les véhicules quand on disait «véhicules automobiles»?
M. Charette : Bien, en fait,
c'est la raison pour laquelle on vient proposer cet amendement... non, pas cet
amendement-là, mais cette modification à l'article de la loi existante.
Actuellement, c'était automobile de façon générale. Là, on vient distinguer
légers pour lesquels la réglementation a été largement développée au cours des
dernières années. On ajoute véhicules automobiles lourds, pour lesquels la
réglementation va aussi se développer au cours des prochaines années. On n'est
pas seuls. La collègue demandait, puis, encore une fois, la question, elle est
très pertinente : Quels sont les États actuellement qui ont une
réglementation pour les véhicules lourds? Au niveau du continent nord-américain,
on a la Californie, le Colorado, le Maryland, le Massachusetts, le New Jersey,
tous des États qui sont dans une même... pour ce qui est des derniers, à tout
le moins, New Jersey, New York, qui sont dans la même région que nous, l'Oregon,
le Rhode Island, le Vermont, aussi, tout près, l'État de Washington également.
Donc, on n'est pas seuls. Je reprends souvent l'expression, on n'est pas seuls...
M. Charette : ...sur notre île
et ce sont des États avec lesquels nous travaillons à travers différentes
associations. Et c'est une réglementation, là, qui se développe en partenariat
avec justement, là, ces différents États américains.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le ministre. Vous souhaitez poursuivre, Mme la députée? Oui. D'accord. Il y
a le député d'Hochelaga-Maisonneuve qui aimerait bien aussi prendre la parole.
Mme Dufour : Oui, vous
comprendrez... Oh! oui, mais je veux juste répondre à ce que le ministre
mentionnait. La Californie, par exemple, le 15 janvier dernier, là, il n'y
a pas très longtemps, a retiré sa demande d'autorisation fédérale pour
appliquer les règles sur les camions et les trains à zéro émission, parce
qu'ils anticipaient un refus de cette dérogation par l'administration Trump.
Ça, c'est dans le mémoire de l'Association québécoise de la production
d'énergie renouvelable. Donc, il y aura des reculs assurément. Il y a
actuellement aux États-Unis un changement majeur qui s'opère. Il y a un risque
réel qu'on se retrouve isolé au niveau réglementaire, advenant le cas qu'on
l'adoptait pour l'ensemble des véhicules lourds. Je vais laisser le collègue
d'Hochelaga-Maisonneuve, mais je pense qu'il y aurait peut-être un amendement
qu'on pourrait déposer, M. le Président.
Le Président (M. St-Louis) : Merci...
M. Charette : ...juste
rassurer la collègue, parce qu'encore une fois l'intervention est pertinente.
La Californie, elle est à une étape plus avancée que nous. Ils sont au niveau
réglementaire. Nous, on est au niveau du pouvoir habilitant. Donc, on n'est pas
rendus là où ils sont au niveau des véhicules lourds. Et, pour être en
discussion et parler fréquemment à nos partenaires de Californie, ce n'est pas
un recul sur toute la ligne, mais ils s'adaptent, comme la réglementation va
nous permettre de s'adapter. Mais, avant de penser à une réglementation, il
faut avoir le pouvoir de le faire. Et on est à cette étape-ci avec le projet de
loi, là, qui est à l'étude.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le ministre. Juste avant de céder la parole au député
d'Hochelaga-Maisonneuve, simple rappel amical, même si tout se passe à
merveille, merci de vous adresser à la présidence lors de vos interventions.
Donc, M. le député, la parole est à vous.
• (18 h 10) •
M. Leduc : Merci, M. le
Président. Je retiens la leçon. Moi, c'est une question en fait assez simple de
compréhension sur l'écriture juridique. Puis vous avez peut-être amorcé une
réponse sans même savoir que j'allais vous la poser, la question, c'est que...
Pourquoi on a rajouté léger et lourd, on aurait juste pu garder véhicules
automobiles, ça aurait inclus tout le monde? Ce n'est pas un peu inutile en
fait comme écriture juridique?
M. Charette : Actuellement,
si on regarde la loi telle qu'elle est interprétée, c'est 4 500 kilos et moins. Là,
on va étendre la possibilité de réglementer pour les 4 500 kilos et plus, d'où la distinction
véhicule avec le libellé qui a été retenu, là, véhicule léger et véhicule
lourd. Donc, on a dans la loi une référence au poids actuellement.
M. Leduc : Est-ce que c'est
conforme avec d'autres lois, au ministère des Transports, par exemple, ou autre
chose? Est-ce que c'est des catégories avec le poids lourd, léger qu'on
retrouve dans d'autres lois du Québec?
M. Charette : Oui,
d'ailleurs, on a un petit tableau ici qui parle des différentes classes de
véhicules et c'est selon le poids. On aura l'occasion, là, d'ailleurs à
l'article 2... ces questions-là, mais, si on regarde les différentes
classes, un, deux, trois, quatre, cinq, il y a des références au poids, là, qui
sont intégrés dans la réglementation et la législation au ministère des
Transports.
M. Leduc : Vous êtes bons
avec les tableaux, la CAQ, en période de questions en particulier.
M. Charette : Mais, à la
période de questions, vous en présentez souvent, plus souvent que nous, mais on
va essayer...
M. Leduc : C'est la
surenchère des tableaux, M. le ministre.
M. Charette : On va essayer
de s'améliorer.
M. Leduc : Donc là, vous me
dites que c'est quelque chose qui ressemble... les catégories, je n'ai pas
compris le nombre de kilos tantôt, là.
M. Charette : Bien là, ça...
actuellement dans la norme VZE, c'est 4 500
et moins. Et là on va se donner le pouvoir de réglementer pour le 4 500 et plus.
M. Leduc : En créant la
nouvelle catégorie.
M. Charette : Exact. Puis on
va voir, là, quelles sont les classes qui sont... qui sont touchées par ces...
par cette distinction-là de poids.
M. Leduc : Puis avez-vous
l'exemple d'une loi qui reprend cette distinction-là à 4 500 kilos?
M. Charette : De loi, au niveau
de l'environnement...
M. Leduc : Non, mais du
gouvernement du Québec.
M. Charette : Actuellement,
la loi sur la norme VZE, c'est 4 500
ou moins.
M. Leduc : Ça, j'ai compris.
M. Charette : Mais, au niveau
Transports, lois et réglementations, j'imagine, ne serait-ce qu'au niveau des
classes. Si on regarde les véhicules, par exemple, la classe trois, c'est 4 536 kilos minimum et tout
au plus 6 350. La classe
quatre, c'est 6 350 en
haut, mais en bas de 7 257.
Donc, c'est des classes qui appartiennent au ministère des Transports
effectivement.
M. Leduc : Là, il y a plus
que deux classes, par exemple.
M. Charette : Oui, tout à
fait. On se rend à la classe... on se rend à la classe 8 de cette... de
cette façon-là. Et la classe 8, c'est supérieur à
14 969 kilogrammes...
M. Leduc : ...je veux
bien comprendre. Donc, dans le ministère des Transports, on peut aller jusqu'à
huit classes différentes ou environ. Sauf que là, nous, on va en faire juste
deux. Mais est-ce que la...
M. Charette : Non.
Actuellement, c'est 4 500 et moins. Et là on va se permettre de
réglementer le 4 500 et plus. Donc, on va couvrir l'ensemble.
M. Leduc : O.K.
M. Charette : C'est-à-dire
on va avoir le potentiel de couvrir l'ensemble des classes, mais on va sans
doute parler assez rapidement des classes supérieures pour lesquelles
l'électrification en ce moment-ci est certainement souhaitable, mais les
avancées technologiques ne le permettent pas à court... à court terme, à tout
le moins.
M. Leduc : On comprend.
Ce que je trouve à éclaircir, M. le Président, c'est est ce qu'il va falloir
retravailler la loi pour recréer des nouvelles catégories dans le futur ou si,
en ayant une deuxième catégorie dite ouverte, plus de 4 500 kilos, on
n'aura pas besoin de rejouer dans la loi parce que toutes les autres classes
jusqu'à 8 vont être intégrées?
M. Charette : ...non,
mais au niveau réglementaire, par contre, on viendra préciser, par exemple, et
je devine que ce sera la prochaine étape, donc les véhicules moyens, là, ce
qu'on peut associer à la livraison urbaine, cette catégorie-là pourra être la
première à être visée par une réglementation à titre... à titre d'exemple.
Donc, oui, la réglementation nous permettra de jouer au niveau des classes sans
avoir à retourner au niveau de la législation.
M. Leduc : ...bien
comprendre, M. le Président. C'est parce que vous venez de dire, M. le
ministre, les véhicules moyens. Et là on va dire léger et lourd. Mais là, entre...
Dans léger et lourd, dans notre définition de notre loi aujourd'hui, ça va
inclure des véhicules moyens au regard du ministère des Transports?
M. Charette : De façon
très, très simple, ça va couvrir ou ça va nous permettre de couvrir l'ensemble
des véhicules qui sont plaqués au Québec nonobstant leur catégorie. Mais la
réglementation, comme on le fait avec la Loi sur les véhicules zéro émission,
va nous permettre d'apporter ce détail-là. Au fil des années, on a apporté des
distinctions, par exemple, sur les hybrides branchables. Donc, c'est le type de
modulation que la réglementation va nous permettre de faire, et de le faire
aussi au niveau du poids des véhicules eux-mêmes. Donc, oui, l'article de loi
va nous permettre de tout couvrir, mais c'est la réglementation qui va venir
apporter le détail nécessaire.
M. Leduc : Si je
comprends bien, l'article 1, ici, nous donne un cadre général
d'appréciation de l'ensemble des véhicules, puis après ça, par règlement, on
ira au fur et à mesure de la volonté gouvernementale et de l'évolution de la
technologie régler des affaires de différentes...
M. Charette : Exact. Et
cette réglementation là, l'avantage, c'est que c'est plus habile. Depuis
l'adoption de la loi en 2017...
Une voix : ...
M. Charette : ...2016, la
réglementation a été modifiée à quelques quelques reprises sans que la loi ait,
à chacune des fois, eu à être changée. Donc, c'est l'avantage de procéder par
réglementation parce que, oui, la technologie évolue. La collègue de
l'opposition officielle parlait à juste titre de la situation géopolitique qui
peut amener aussi un impact. Donc, plutôt que de jouer dans la loi, chacune des
fois, la réglementation nous permet cette souplesse-là.
M. Leduc : Vous l'avez
modifié, le règlement de la norme VZE depuis que vous êtes ministre?
M. Charette : Oui, à
quelques reprises, la dernière fois en 2023 pour préciser justement l'objectif
au niveau de la vente de véhicules d'ici 2030. Donc, on l'a renforcé. Dans le
cas de la norme des véhicules zéro émission pour les voitures, depuis
l'adoption de la loi en 2016, c'est une réglementation qui a continuellement
été renforcée, non pas assouplie mais renforcée. Donc si, éventuellement... Et
d'ailleurs, la question ça se prête bien, on a mentionné encore dans les
dernières semaines que, début 2026, donc d'ici une année, on va réévaluer
la réglementation actuelle sur les véhicules légers pour voir si on est encore
en phase avec l'évolution du marché, avec les réalités du marché. Est-ce que le
contexte géopolitique va nous dire au contraire, il faut changer certains
paramètres? Donc, la réglementation nous permet de faire ça. Donc,
actuellement, ça n'a été que des renforcements, puis je ne présume de rien,
peut-être qu'en début 2026 on aura à réajuster le tir selon l'évolution du
marché.
M. Leduc : Auquel cas
vous déposeriez donc un nouveau règlement par les voies habituelles.
M. Charette : Exact, une modification
réglementaire. Et lorsque c'est une modification de règlement, il y a aussi une
consultation. Ça ne se déroule pas en commission parlementaire, mais c'est une
consultation publique. Généralement, le cadre typique, c'est 45 jours où
les différentes parties prenantes ont la possibilité de...
M. Charette : ...de déposer un
mémoire et de faire valeur... de faire valoir leur point de vue avant qu'il y
ait édiction du nouveau règlement en question.
M. Leduc : Pendant qu'on
échangeait, je ne me rappelais pas si le projet de loi actuel qu'on étudie
ouvrait des règlements. C'est parfois la coutume de modifier des règlements à
même un projet de loi, j'ai vu ça souvent avec votre collègue au Travail, puis
là je vois qu'on en modifie un justement, le Règlement d'application de la Loi
visant l'augmentation du nombre de véhicules automobiles zéro émission au
Québec afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre et autres
polluants. Est-ce qu'on le modifie en concordance avec l'article 1 ou
c'est quelque chose de complètement différent?
M. Charette : Pour ce qui est
du règlement, on m'indique que c'est une question de concordance,
effectivement.
M. Leduc : Avec l'article à
l'étude en ce moment?
M. Charette : Avec
l'article...
Une voix : ...
M. Leduc : L'article 6.
Donc, ça va être un peu plus tard.
M. Charette : ...l'article 6.
On va y venir un petit peu plus tard, effectivement, merci. Et peut-être... On
est à nos premiers articles. Peut-être se donner déjà cette ligne de conduite
là, si les collègues sont d'accord. Je le mentionnais d'entrée de jeu ce matin,
on a la très, très grande chance d'avoir un accompagnement hors pair des
spécialistes du ministère, spécialité... en fait, je ne suis pas un
spécialiste, donc, avec le consentement, à l'occasion, lorsque la question,
elle est très technique, on pourra se référer à leur expertise.
M. Leduc : Merci.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le ministre. Merci, M. le député. Je cède maintenant la parole au député des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Merci, M. le
Président. Un peu dans le même sens que de mon collègue, je voulais m'assurer
que, puisqu'on veut se projeter dans l'avenir avec la capacité d'intervenir par
règlement, pour resserrer, si on veut, ou, en tout cas, jumeler les différents
véhicules en fonction de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre...
J'avais une question concernant le caractère inclusif des véhicules automobiles
lourds. Moi, je ne connais pas les classes par cœur. Et d'ailleurs, à cet
égard, je me demande si le ministre peut nous déposer le document qu'il a
ressorti de ses cahiers tout à l'heure pour qu'on puisse mieux comprendre et
visualiser de quoi on parle, ce que je cherchais rapidement sur Internet puis
je ne trouvais pas cette catégorisation-là. Et, en fait, ma question très
précisément, c'était : Est-ce qu'on a vraiment fait une couverture
complète des véhicules qui circulent ou qui sont utilisés au Québec? Par
exemple, les engins de chantier, est-ce que ça rentre dans un véhicule
automobile lourd? Que ce soit, par exemple, des très gros... des camions qui
véhiculent des très grosses charges dans le nord du Québec, dans les chantiers,
par exemple, est-ce que ça va dans une catégorie huit ou c'est même au-delà?
Est-ce que les machineries de transport, d'agrégat, et tout ça, est-ce que...
Bref, tout ce qui consomme du pétrole, du diesel ou autres substances, tu sais,
l'énergie fossile.
• (18 h 20) •
Le Président (M. St-Louis) : Si
vous permettez, M. le ministre, juste avant, est-ce que vous vous engagez à
déposer le document demandé par le député?
M. Charette : Malheureusement,
on n'a pas assez de copies, mais on va faire transiter par le secrétariat sans
problème, les documents qu'on a à notre disposition qui viennent faire la distinction
entre les différentes catégories. Donc, ce sera fait, là, incessamment.
Et, pour répondre à la question du
collègue, il y a un article un petit peu plus loin qui va nous permettre de
faire des exclusions. Mais, a priori, ce qui est visé par les articles en
question, ce sont les véhicules qui sont immatriculés pour les routes du
Québec. On a des véhicules, par exemple, qui ne vont jamais sur le réseau
routier, des véhicules qui sont dédiés par exemple à un usage minier ou autre.
Donc, ça ne les concerne pas parce que ce ne sont pas des véhicules qui sont
immatriculés pour les routes du Québec. Mais, malgré tout, on a un article un
petit peu plus loin qui va nous permettre de faire des distinctions et des
exclusions au besoin. Si, par exemple, on a un véhicule extrêmement spécialisé,
on pourra l'exclure de la norme des véhicules zéro émission. Donc, on... je ne
me souviens plus du numéro de l'article en question, là, mais ça, c'est dans
les prochains articles qu'on va aborder cette question-là.
M. Arseneau : Je comprends
qu'il pourrait y avoir, donc, un véhicule lourd qui est immatriculé à des fins
de circulation sur le réseau routier mais qui pourrait être exclu de la norme,
selon un article qu'on va voir tout à l'heure. Est-ce que... Est-ce que
l'inverse n'est pas à envisager à ce stade-ci, c'est-à-dire que, même si ces
une machinerie lourde de chantier ne sont pas actuellement, j'imagine, là,
qu'ils ont... bien, enfin, ne sont pas disponibles, est-ce qu'on peut...
Pourquoi ne pas avoir regardé la possibilité d'inclure...
M. Arseneau : ...des véhicules
pas nécessairement immatriculés pour circuler sur les routes, mais néanmoins
immatriculés pour travailler sur un chantier et qui consomment des gaz... et
produisent des gaz à effet de serre et consomment évidemment des... du pétrole.
M. Charette : Pour ce qui est
du projet de loi, on parle réellement des véhicules immatriculés. Donc, si on
parle d'un véhicule qui est à vocation très, très particulière, qui ne va
jamais sur le réseau routier, il n'est pas visé par l'application du projet de
loi, là, actuellement. Et ce serait même difficile de le faire parce qu'on n'a
pas d'assises. Là, on va pouvoir référer à des catégories. Mais si le véhicule
n'est pas immatriculé, s'il n'est pas associé à une catégorie de véhicule, ce
serait même difficile, voire impossible, à travers la réglementation de tout...
de tout couvrir. Mais, sans dire que j'ai un pourcentage en tête ou que la
donnée, elle, est disponible, si on couvre les véhicules immatriculés, on
couvre la très, très grande majorité, sinon la quasi-totalité des véhicules au
Québec.
M. Arseneau : Une question à
l'autre côté du spectre évidemment, lorsqu'on parle d'un véhicule automobile ou
d'un véhicule automobile léger, est-ce qu'on considère également peut-être que
c'est une question, là, banale, puis qu'on y répond dans le tableau, là, mais
des véhicules de type quad par exemple, est-ce que, parce qu'ils ne circulent
pas sur les routes nécessairement publiques, mais plutôt dans des sentiers,
est-ce qu'ils sont considérés comme des véhicules automobiles légers?
M. Charette : Non. Et lorsque
le tableau vous sera partagé, là, vous verrez, c'est réellement les catégories
typiques, mais tout ce qui est quads, même motoneiges et autres, ce n'est pas
visé, là, par le projet de loi.
M. Arseneau : ...Donc, les
véhicules de type cyclomoteur ou scooter, ainsi de suite, qui... qui eux
circulent sur les routes ne sont pas des véhicules automobiles ou ils le sont
au sens de la loi?
M. Charette : On m'indique à
juste titre, depuis 2016, ils sont exclus. Ils ne sont pas visés, là, par la
Loi sur les véhicules zéro émission.
M. Arseneau : D'accord.
Pourquoi depuis 2016? Est-ce qu'on a dû modifier?
M. Charette : C'est-à-dire la
loi a été adoptée en 2016.
M. Arseneau : O.K. D'accord.
Donc...
M. Charette : Donc, depuis
l'origine de la loi, c'est un type de véhicule, là, exclu, là, par la
législation.
M. Arseneau : D'accord.
Merci.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le député. Merci, M. le ministre. Y a-t-il d'autres interventions? Mme la
députée de Mille-Îles.
Mme Dufour : Merci. Merci,
Mme la Présidente. Pour continuer avec les véhicules qui sont compris...
Une voix : ...
Mme Dufour : M.. Mon Dieu!
Aïe, pour le nombre de fois que vous avez appelé M. le ministre, le député de
Mille-Îles. Bien, M. le Président. Vraiment désolée.
Donc, pour continuer sur les... ce qui est
inclus dans la... les... la définition véhicules légers, véhicules lourds.
Qu'en est-il des véhicules agricoles qui font du travail agricole, tu sais, qui
cerclent les terres? Tu sais, juste pour comprendre, parce que, quand on
regarde la définition à l'article 2, il n'y a rien par rapport à ça. Donc,
je me demandais comment on les considère.
M. Charette : ...les
véhicules immatriculés qui peuvent aller sur les routes sont visés, mais on a
un article un petit peu plus loin qui va nous permettre d'en exclure, au
besoin, certaines catégories. Mais la question, elle se pose parce
qu'effectivement lorsqu'on se déplace en secteur agricole, des fois, on a de la
machinerie agricole qui croise notre route qui est dûment immatriculée, donc
qui a la possibilité de rouler sur les routes du Québec. Donc, techniquement,
elle pourrait être visée par une réglementation à venir, mais on aurait aussi
la possibilité de l'exclure à travers l'article, là, qu'on va étudier
ultérieurement.
Mme Dufour : Mais est-ce
qu'on a l'intention de l'exclure?
M. Charette : C'est-à-dire...
Mme Dufour : Parce qu'ici on
est dans l'article 1, donc c'est important de le savoir tout de suite,
sinon il y aura peut-être des amendements
M. Charette : ...véhicules
hors route qui sont déjà exclus, comme je le mentionnais, mais les véhicules
qui sont immatriculés, il y a des catégories qui pourraient être exclues, mais,
comme je mentionnais...
Mme Dufour : Mais le pourrait
être...
M. Charette : Comme je
mentionnais, ce ne sera pas... il n'y a pas de technologie actuellement pour
dire : Nous électrifions tous les véhicules agricoles qui ont la
possibilité de rouler sur notre route, donc c'est... nos routes. Donc, ce n'est
pas les véhicules qui sont visés, là, par les premiers règlements qui seront
déposés, là, au fil du temps.
Mme Dufour : O.K. Dans
l'article 2, il y a un ajout qui est fait, qui vient dire : les
autobus et les minibus ne sont pas visés par la présente loi. Alors, pourquoi
on inclurait dans la loi tout...
Mme Dufour : ...tout, tout,
incluant des véhicules agricoles, des classes 8, des classes... tous les
véhicules, sauf les autobus et les minibus.
M. Charette : Tout simplement
parce que c'est déjà considéré dans une législation, une réglementation qui
appartient au ministère des Transports. On sait qu'on a une réglementation...
éducation, pardon. On sait qu'on a une réglementation qui vise les autobus
scolaires avec une obligation pour les transporteurs scolaires et les centres
de services scolaires. Donc, c'est déjà possible pour d'autres ministères
d'adapter leur réglementation ou de fixer des exigences à ce niveau-là. C'est
la raison pour laquelle, là, il y a cette distinction qui est faite, pour ne
pas créer de confusion, pour ne pas qu'un même sujet soit réglementé par
différents ministères ou différents... différentes lois.
Mme Dufour : Mais est-ce que
l'ensemble des autobus et minibus de tout usage au Québec sont couverts par une
autre loi?
M. Charette : L'ensemble des
autobus scolaires, oui. Ça, c'est une réglementation qui avait été présentée en
2023... 2021, les années filent. C'était plus récent dans mon esprit, donc ça
date de quelques années maintenant. Donc, c'est déjà assujetti à une
réglementation.
Mme Dufour : Je n'ai pas
parlé juste d'autobus scolaires. J'ai dit : Est-ce que l'ensemble des
minibus et autobus, de tout type... ça peut être du commercial, ça peut être
une entreprise qui va chercher ses travailleurs agricoles avec un autobus, ce
n'est pas du transport urbain, ce n'est pas du transport scolaire. Est-ce que
ça, c'est couvert?
M. Charette : Il y a la
réglementation sur les autres types d'autobus. En fait, ça prend la forme
d'obligations pour les sociétés de transport d'acheter des autobus qui sont
zéro émission ou qui sont visés par la réglementation. Donc, on couvre
l'essentiel des... Parce que même... même les autobus dont parle la collègue,
là, c'est à travers une catégorie autre qui pourrait être... qui pourrait être
visée, et... Mais avec la possibilité de les exclure au besoin, ça, c'est
l'article... je n'ai pas le numéro en tête. Je pense que c'est le 4,
peut-être... l'article quatre qui va nous permettre d'exclure au besoin, là,
différentes catégories spécifiques de véhicules.
• (18 h 30) •
Mme Dufour : Mais là on ne
parle pas d'exclure, on parle d'inclure. Parce que, si on vient dire : Les
autobus et minibus ne sont pas visés par la présente loi, bien, plus tard, là
vous dites : On pourrait exclure, mais là, qu'est-ce que je donnais comme
exemple, c'est des autobus, tu sais, d'entreprises par exemple, ce n'est pas du
transport urbain, ce n'est pas du transport interurbain non plus, ce n'est pas
du transport scolaire. Donc, dans quelle catégorie ça tombe?
Des voix : ...
M. Charette : Donc, pour le
cas d'espèce particulier d'une compagnie qui a son propre petit autobus pour
aller chercher des employés, ça, actuellement, et c'est l'intention à court
terme, de l'exclure, mais, pour ce qui est des autobus scolaires, pour ce qui
est des autobus urbains, c'est déjà visé par des... une réglementation qui est
soit à l'Éducation, soit aux Transports, ou qui vise les sociétés de transport
spécifiquement.
Mme Dufour : O.K., donc,
juste pour comprendre, M. le Président, on... L'intention, c'est d'exclure ce
genre d'autobus là, qu'une entreprise utiliserait pour aller chercher ses
travailleurs, par exemple. Ça, c'est l'intention. Mais l'intention, c'est
d'inclure tous les véhicules lourds, peu importe leur catégorie, peu importe le
type, mais pas ce type d'autobus là.
M. Charette : On va le voir à
l'article...
Mme Dufour : Il y a quelque
chose qui m'échappe, là.
M. Charette : Non,
c'est-à-dire l'article 2 va apporter certaines précisions, on anticipe des
éléments de réponse, là, qui seront traités soit par l'article initial ou par
les deux amendements que l'on propose. Bien, pour ce qui est des autobus, c'est
très, très largement couvert, là, par d'autres règlements qui sont dans
d'autres ministères actuellement.
Mme Dufour : Très largement
couvert, mais clairement pas tous couverts, alors qu'on veut tout couvrir pour
les véhicules lourds de tout type avec, bien, le... l'article 1 va
englober tout, tout, tout, sauf les autobus.
M. Charette : Non, ce que...
absolument pas. La collègue veut me faire dire des propos qui ne sont pas les
miens. En fait, j'ai eu l'occasion de dire à quelques reprises qu'il y a une
possibilité d'exclure des catégories de véhicules. Et surtout ce que j'ai
insisté, c'est que la réglementation va se déployer sur quelques années et que,
dans un premier temps, les classes plus élevées ne seront pas assujetties à la
réglementation, mais on se donne le pouvoir, on se donne le pouvoir de le
faire. Mais ça, ça va s'étaler dans le temps au gré de l'évolution des
technologies, au gré de l'évolution du marché. Donc, ce n'est pas parce qu'on a
un pouvoir que tout est exécutoire et pour l'ensemble des véhicules du jour au
lendemain.
Mme Dufour : Mais ça reste que
les autobus, comme je donnais l'exemple...
18 h 30 (version non révisée)
Mme Dufour : ...là, ce serait
exclu. Parce qu'on peut exclure des véhicules plus loin, est-ce qu'on peut
inclure là... Je ne me... je ne sais pas c'est quel article, là.
M. Charette : ...prochain, l'article
deux.
Mme Dufour : Le deux. Parce
que, là, le deux, lui vient spécifiquement préciser que les autobus et minibus
ne sont pas visés par la présente loi. Donc, le cas précis que je donnais, qui
lui n'est pas couvert par d'autres lois, bien, il serait exclu parce que c'est
un autobus.
M. Charette : On parle de l'exception.
Et je ne prétends pas couvrir toutes les exceptions. Si on parle des autobus,
en général, la très grande majorité de ces autobus-là sont des autobus pour le
transport collectif ou encore pour le transport scolaire. Mais, oui, même moi,
comme individu, si je le souhaitais, je pourrais m'acheter un minibus et
transporter les amis la fin de semaine, je pourrais, mais c'est un cas de
figure qui est plutôt exceptionnel. Donc, l'essentiel, la très grande majorité
des autobus, que ce soit scolaire ou urbain, sont déjà concernés par une
réglementation qui est en application, là, depuis quelques années.
Mme Dufour : C'est, M. le
Président, peut-être un cas de figure exceptionnelle, de se prendre un minibus
pour transporter des amis de fin de semaine, mais, si vous avez déjà fait du
kayak ou du rafting, par exemple, c'est assez fréquent, pas mal très fréquent,
même, qu'on utilise ce genre de minibus là avec les organismes des entreprises
touristiques. Donc, ce n'est pas tout à fait des cas de figure exceptionnelle,
là, c'est quand même assez utilisé, là.
M. Charette : Bien, c'est-à-dire,
sur les millions, parce qu'on parle de millions de véhicules sur nos routes,
les autobus qui transportent des kayakistes, on s'entend que c'est une
proportion, somme toute, infime, mais il y en a. Il y en a, je le concède,
mais, sur les quelques millions, ça doit peut-être se calculer en quelques
unités uniquement. Donc, ce n'est pas... ce n'est pas ce qu'on retrouve
fréquemment sur nos routes.
Mme Dufour : Tout à fait. Et
il y a aussi les autobus...
M. Charette : Et, peut-être
pour préciser, la collègue aura remarqué que ce sont souvent des autobus ou d'anciens
autobus scolaires qui ont une nouvelle vocation, même la réglementation
actuelle sur les autobus scolaires parle des nouveaux, donc des nouveaux achats
qui sont faits, mais, pendant un certain nombre d'années, on va encore voir sur
nos routes des véhicules qui ont été immatriculés, des autobus scolaires qui
ont été immatriculés avant l'entrée en vigueur de cette réglementation-là.
Donc, lorsqu'un véhicule est trop vieux pour agir comme véhicule scolaire, ça
ne veut pas dire qu'il n'est plus bon, ça ne veut pas dire qu'il s'en va à la ferraille,
pendant quelques années, on le voit encore sur nos routes pour transporter des
kayakistes ou pour transporter peut-être d'autres... et des travailleurs
agricoles ou autres, là. Donc, on n'oblige pas à la fin de la vie d'un autobus
scolaire qu'il soit envoyé à la ferraille immédiatement, il n'est plus qualifié
pour le transport scolaire, mais il peut avoir d'autres usages pendant un
certain nombre d'années.
Mme Dufour : Il y a les
autobus d'équipes sportives aussi, les autobus de touristes, et ils sont
nombreux sur nos routes, beaucoup plus que... ce n'est pas un cas exceptionnel.
Mon point ici, ce n'est pas que je souhaite absolument qu'ils soient inclus. Le
problème, c'est que je ne comprends pas pourquoi ceux-là seraient exclus, alors
que tout le reste serait inclus, même les véhicules agricoles, de ce que je
comprends, alors que, plus tard, on compte les exclure dans un règlement. Mais
pourquoi l'objet de la loi s'appliquerait à tout le monde, sauf les autobus d'équipes
sportives, de touristes, de travailleurs agricoles, etc.? Qu'est-ce qui
justifie que, ceux-là, on les exclut et pas les classes 8, par exemple, qu'on
sait très bien que le marché n'est pas là, là?
M. Charette : Les autobus des
équipes sportives sont plus souvent qu'autrement des autobus scolaires dans une
très grande majorité de cas. Pour ce qui est des coachs ou des autobus plus...
plus, plus... j'allais dire plus... pour du longue distance, la technologie
pour ce type d'autobus là, c'est le long-courrier. C'est la même chose pour le
transport réellement longue distance. C'est une technologie qui n'est pas...
qui n'est pas mature actuellement. Donc, c'est la distinction. Et c'est là où
la collègue tout à l'heure, dans ses remarques préliminaires, disait regretter qu'il
n'y ait pas le dépôt de règlement à ce moment-ci, mais c'est justement pour
avoir cette habileté-là, avoir la possibilité de s'adapter au gré des
évolutions technologiques. On n'imposera pas une contrainte pour un véhicule
qui n'est pas disponible sur le marché. C'est le principe que l'on peut se
donner, là, à ce moment-ci.
Le Président (M. St-Louis) : ...M.
le ministre. Mme la députée de Notre-Dame-de-Grâce.
Mme McGraw : Juste pour
enchaîner sur les questions de ma collègue, juste pour... Bien, premièrement,
en tant que maman d'enfants...
Mme McGraw : ...des
garçons qui font beaucoup de sport, je confirme qu'il y a beaucoup d'omnibus,
autobus qui ne sont pas des autobus scolaires parce que le sport, ce n'est pas
toujours lié à l'école. Mais ceci étant, est-ce qu'il y a d'autres catégories
de véhicules qui sont assujetties à des règlements par d'autres ministères? Si
je comprends bien, parce que, là, vous mentionnez... le ministre mentionne ces
exemples-là de... ces sous-catégories d'autobus et de minibus, parce qu'il y a
le ministère de l'Éducation, il y a le ministère de Transports. Est-ce qu'il y
a d'autres catégories qui sont assujetties à des règlements par d'autres
ministères?
M. Charette : Pour des
questions environnementales, non, mais il y a plein de réglementations qui
touchent les véhicules. Les véhicules d'urgence, par exemple, c'est une
réglementation, une législation. Et tout à l'heure, la collègue s'inquiétait à
ce qu'on soit isolé par une réglementation qui ne s'appliquerait qu'au Québec.
L'exclusion des autobus est aussi une exclusion dans la législation et dans la
réglementation californienne. C'est notre État partenaire pour développer de la
réglementation et de la législation sur les véhicules zéro émission. Donc, ça
répond, et peut-être que ça rassure la collègue de savoir que c'est aussi une
exclusion que l'on retrouve du côté de la... de la Californie, au niveau des
autobus, effectivement.
Mme McGraw : De façon
générale, autobus, minibus?
M. Charette : De
façon... de façon générale.
Mme McGraw : Peu
importe...
M. Charette : Son usage,
effectivement.
Mme McGraw : ...son
usage.
M. Charette : Sauf que,
du côté québécois, on est venu, à travers d'autres ministères, réglementer
l'achat des autobus scolaires. On est venu réglementer l'achat des autobus de
transport collectif, notamment. Au niveau législation, réglementation, la
Californie a procédé exactement comme se propose de faire le Québec, là, à
travers le présent projet de loi.
• (18 h 40) •
Mme McGraw : Je voulais
juste signaler... signaler la mémoire de Mobilité électrique Canada qui disent,
dans leur recommandation... leur recommandation numéro deux, qu'ils s'opposent
à l'exclusion des autobus et minibus de la loi, «car cela obligerait une
nouvelle modification législative si le gouvernement souhaite plus tard
réglementer la vente de ces véhicules. Nous comprenons que la transition de ces
véhicules est actuellement encouragée ou imposée par différentes mesures, mais
nous prenons... ou nous pensons que la souplesse requise est déjà incluse dans
la provision accordant au ministère le pouvoir de décréter des exemptions pour
certains types de véhicules, article 3.3».
M. Charette : Et
Propulsion, naturellement, est un organisme partenaire de premier plan. Mais je
suis obligé d'être en désaccord, là, avec cette affirmation-là en particulier,
malgré l'article dont on discute un petit peu à l'avance, d'ailleurs. La
réglementation, au Québec, elle touche largement les autobus scolaires, les
autobus de transport collectif. Donc, ce n'est pas parce que ce n'est pas visé
dans la loi des véhicules zéro émission de façon spécifique qu'on ne peut pas
réglementer l'achat de ces véhicules-là. C'est déjà le cas. C'est déjà le cas
pour les transporteurs scolaires. C'est déjà le cas pour les sociétés de
transport collectif. En tout cas, c'est un commentaire, malheureusement, avec
lequel, là, je suis obligé d'être en désaccord.
Mme McGraw : En
désaccord. Et juste pour revenir, on comprend que... Non. Le fait qu'on
spécifie cette catégorie de véhicules dans un premier article... Mais est-ce
que le ministère ne voudrait pas donc spécifier que c'est déjà de plus... Si on
est en accord puis on, comme ma collègue dit, on trouve ça particulier, qu'on
prend le temps de mentionner cette catégorie de véhicules, bien, si l'intention
c'est vraiment qu'on vise les autobus et les minibus scolaires ou dans le
transport collectif, pourquoi on le... Pourquoi ne pas le mentionner? Pourquoi
pas? Bien qu'on trouve qu'on ne devrait pas nécessairement les mentionner,
mais... Parce que, là, il y a d'autres usages, comme ma collègue a bien
souligné, et c'est un fait. Je ne sais pas si on a des données là-dessus,
précises, je ne sais pas si le ministère pourrait... s'il a des données
là-dessus, là, justement, les autobus, les minibus pour le scolaire, transport
collectif, mais d'autres usages sportifs, touristiques, etc. Est-ce qu'on a des
données? Pouquoi, si c'est le cas, pourquoi ne pas préciser si c'est... on
parle surtout des autobus scolaires?
M. Charette : Sans
vouloir me répéter, la collègue tout à l'heure s'inquiétait, là, qu'on adopte
une réglementation qui n'ait pas d'équivalent dans les États qui légifèrent sur
les véhicules zéro émission. Là, on se colle sur l'État référence qui est
l'État de Californie...
M. Charette : ...et deux,
pour ce qui est des autobus, actuellement, et c'est peut-être quelque chose qui
est appelé à changer compte tenu, encore une fois, du contexte qui évolue, mais
compte tenu du marché proprement québécois, actuellement, pour les centres de
services scolaires ou les transporteurs scolaires qui font l'acquisition
d'autobus scolaires, ça doit être des autobus électriques. C'est déjà le cas
sans qu'on ait eu à attendre l'adoption, là, de cet article-là. Donc, on est
réellement, on est réellement dans une capacité réglementaire qui vit dans
certaines conditions, indépendamment, là, du projet de loi en question. Mais tout
ça, on est dans l'article 2, parce qu'on n'a pas adopté le 1 encore. Donc,
on aura l'occasion d'apporter des précisions, puis on aura déjà eu en partie
l'échange. Donc, on prend de l'avance.
Le Président (M. St-Louis) :
Merci, M. le ministre. Merci, Mme la députée. Je cède maintenant la parole au
député des Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Bon. Bien,
évidemment, je voulais commenter aussi et poser un certain nombre de questions
sur le volet autobus, mais je comprends qu'on devance un peu, mais juste
puisqu'on en discute maintenant, puis on y reviendra tout à l'heure, si le
ministre est d'accord, je continuerais juste avec quelques questions.
M. Charette : ...
M. Arseneau : Bien, moi,
je vous donne ma parole, et je n'y reviendrai pas si j'ai les réponses dont
j'ai besoin. Mais puisqu'on est dans le sujet, est-ce que j'ai entendu tout à
l'heure que vous avez fait référence non seulement aux autobus scolaires, et
aux minibus, et aux autobus des sociétés de transport, mais également aux
autocars de transport touristique par exemple?
M. Charette : Oui.
Actuellement, encore une fois, c'est l'article 2, on exclut les autobus.
M. Arseneau : Donc, un
autocar est un autobus. On s'entend là-dessus, d'accord.
M. Charette : Exact. Et
on va peut-être devoir répéter tantôt que la plupart des autobus... Parce que
la majorité des autobus qui roulent au Québec sont des autobus soit scolaires
ou des autobus de transport collectif, je crois qu'il n'y a pas d'autres usages,
mais la majorité, ce sont ces deux usages-là et ils sont couverts par une
réglementation qui oblige les acheteurs à se procurer des véhicules
électriques.
M. Arseneau : Mais je
pense que j'y reviendrai tout à l'heure pour qu'on puisse aller plus en
profondeur. Mais je comprends qu'à l'heure actuelle, puisque la loi ne
permettait que d'imposer des normes zéro émission qu'aux véhicules légers,
qu'on ait trouvé un autre véhicule législatif pour réduire les émissions des
autobus scolaires et des sociétés de... des sociétés de transport, j'ai de la
difficulté à comprendre la cohérence législative. Si aujourd'hui on y va de
façon plus large pourquoi on ne ferait pas fi justement de cette réglementation
du ministère de l'Éducation ou d'un autre ministère pour ramener ça dans
quelque chose de plus cohérent avec l'ensemble des véhicules? Et je me permets
d'ajouter que lorsqu'on parle des véhicules, des autocars, qui sont notamment
développés ici par des compagnies, qu'on pense à Lion ou à Prévost parce que justement,
récemment, je pense que c'était la semaine dernière, la manchette était à
l'effet qu'il y avait déjà un prototype qui était en élaboration. Si on vient
leur dire aujourd'hui : Bien, écoutez, nous, on n'a aucune intention de
légiférer, même dans... ou de réglementer dans un avenir prévisible, est-ce que
ce n'est pas un contre-message plutôt négatif?
M. Charette :
...permettre de bien faire la distinction. Lion ne fait que du scolaire, que du
scolaire. Mais Prévost est un bel exemple. D'ailleurs, on finance Prévost pour
développer des modèles à propulsion électrique. J'ai eu le plaisir de m'y
rendre personnellement, notamment avec le premier ministre, pour faire
l'annonce d'une subvention. Et c'est un projet qui évolue. Mais le Prévost
lui-même vous dirait ou l'entreprise dirait qu'on n'est pas prêt à généraliser
l'électrification de ce type de véhicule. Donc, c'est un développement, oui,
mais ce n'est pas une technologie, là, qui pourrait se généraliser au moment où
on se parle. Et pourquoi ce type de distinction? Bien, je réponds à la collègue
des Mille-Îles qui, à juste titre, dit : On ne peut pas être les seuls à
légiférer de façon spécifique. On s'inspire d'un cadre législatif existant dans
d'autres États, notamment l'État californien, qui est un petit peu notre modèle
de référence, là, sur la loi que l'on souhaite adopter ou les spécifications
que l'on souhaite adopter, là, dans la loi zéro émission.
M. Arseneau : Mais,
encore une fois, là, c'est pour suivre la logique ministérielle...
M. Arseneau : ...on est en
train d'adopter un cadre législatif qui accorde un pouvoir habilitant au
ministère pour développer une réglementation, évidemment, en concordance avec
l'évolution de la technologie, non seulement pour les autobus, mais pour toutes
les classes de véhicules, y compris des véhicules dont on nous dit que la
technologie n'est pas encore à point pour pouvoir imposer une réglementation.
Est-ce qu'en faisant le parallèle avec les autocars ce ne serait pas une bonne
idée de régler la question une bonne fois pour toutes, sans nécessairement
avoir aujourd'hui à jurer la main sur le cœur ou la Bible qu'un jour on y
arrivera, mais au moins donner le signal que le jour venu, nous pourrons
étendre la réglementation de la même façon qu'on le fera pour la classe 6,
la classe 7 ou la classe 8 des véhicules automobiles lourds qu'on
puisse le faire également pour les autobus ou les autocars? Moi, c'est là où je
me demande pourquoi on se prive de cette ambition-là aujourd'hui d'avoir ce
pouvoir-là qu'on pourra ne jamais utiliser si la technologie n'arrive jamais à
maturité. Mais puisqu'on règle un problème de véhicules lourds et qu'on a une
définition, puis je reviens à l'article 1 parce que je pense que c'est
important de le dire, l'article 1 dit : «les... les automobiles
légers, les véhicules automobiles lourds». Moi, j'aime à comprendre de cet
article-là que tous les véhicules lourds, y compris les autobus, les autocars,
dans un monde idéal, ils sont tous électriques. Ensuite, je ne voudrais pas
d'exclusion, je voudrais qu'on puisse le faire si un jour on juge qu'il faut le
faire, plutôt faire des exclusions. On y reviendra tout à l'heure.
• (18 h 50) •
M. Charette : La question,
elle est très, très légitime, et on se l'ai posé, mais on aimait bien l'effet
miroir ou, à tout le moins, avoir une relation qui était semblable aux autres
partenaires, là, de l'électrification du transport, notamment la Californie,
pour qui... dans certains cas, on prend de l'avance sur eux. Dans d'autres cas,
c'est eux qui prennent de l'avance sur nous. On a un cadre législatif qui est
relativement similaire, et ça, les constructeurs nous ont dit qu'ils aiment
bien, justement, qu'il y a une certaine homogénéité. On comprend qu'à l'échelle
du continent nord-américain ce n'est pas homogène partout, mais il y a une
série d'États, là. Tout à l'heure, on aura peut-être l'occasion d'aborder des
chiffres qu'on a donnés au moment des consultations, mais c'est plus du tiers
du marché automobile léger en Amérique du Nord qui est régi par une
réglementation semblable à la nôtre. Donc, c'est majeur. Donc, pour les
constructeurs, c'est facilitant. Pour les véhicules lourds, on a quelques
croûtes à manger, mais là aussi, on veut rester sensiblement à la même place
que ceux qui ont légiféré sur la question pour pas qu'on s'isole et pour pas
qu'on se retrouve seuls avec une législation, là, qui viendrait dérouter les
constructeurs. Mais au Québec, pour ce qui est des autobus scolaires et des
autobus urbains, on a trouvé d'autres moyens d'arriver à des fins semblables,
ne serait-ce qu'au niveau des transports, des transports urbains. On leur
dit : Si vous voulez une subvention du gouvernement du Québec pour
l'acquisition de matériel roulant, il doit être... il doit être électrique.
Donc, c'est à travers une réglementation de cette nature-là qu'on arrive à des
fins, là, qui sont intéressantes aussi.
M. Arseneau : Puis, en
réaction, je trouve ça intéressant de dire qu'on puisse être dans le même
cadre, mais parfois qu'on avance un peu plus vite, parfois qu'on voit les
autres états américains, notamment, là, prendre la pôle et tenter de rattraper.
Moi, je vous suggère qu'on les devance cette fois-ci pour ce qui est des
autocars, surtout concernant le fait qu'on a déjà un développeur qui pourrait
aussi y voir un signal positif pour influencer la législation des autres états
qui pourraient être intéressés d'acheter nos autocars aussi éventuellement.
M. Charette : On les devance
à bien des égards au niveau de la vente des véhicules légers. On a
vraisemblablement le meilleur bilan en Amérique du Nord. Pour ce qui est des
autocars longue distance, c'est une technologie qui est en développement. Je
pourrais difficilement obliger aujourd'hui l'achat exclusif de véhicules longue
distance électrique. C'est une technologie qui n'est pas généralisée, mais ça
s'en vient. Puis éventuellement on pourra très certainement les couvrir à
travers une réglementation, ne serait-ce que pour les incitatifs à l'achat. Ça
devient un outil drôlement intéressant pour le gouvernement du Québec à travers
des programmes de subventions. Et c'est souvent ce qui permet à une roue, là,
de se mettre en branle. C'est ce qui a permis à certains constructeurs
québécois, là, de développer une expertise, là, qui est maintenant reconnue
dans d'autres États américains également.
M. Arseneau : On y reviendra
tout à l'heure quand on parlera de l'exclusion des autobus malheureusement,
parce qu'encore une fois je...
M. Arseneau : ...je pense qu'on
parle de la même chose, c'est-à-dire que la technologie n'existe pas encore,
mais, de toute façon, on n'est pas obligé d'utiliser le pouvoir habilitant
maintenant.
M. Charette : On s'en reparle
à l'article 2.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le député. Merci, M. le ministre. Une autre intervention? Mme la députée de
Mille-Îles.
Mme Dufour : Oui, bien, je
pense que j'ai fait un... on a fait un grand plaidoyer tout à l'heure comme
quoi la technologie n'est pas là non plus pour certains types de véhicules
lourds, mais on l'a mis dans le pouvoir habilitant. Si on peut exclure les
autocars, je ne vois pas pourquoi on n'exclut pas d'autres. Donc, je vais
déposer un amendement, M. le Président, pour l'article 1, pour exclure les
classe 7 et classe 8, là. Je ne sais pas si...
Le Président (M. St-Louis) : Nous
allons suspendre quelques minutes, le temps que vous puissiez nous transmettre
votre amendement. Merci.
(Suspension de la séance à 18 h 54)
(Reprise à 18 h 58)
Le Président (M. St-Louis) : Alors,
la commission reprend ses travaux. Au moment de la suspension, la députée de
Mille-Îles a déposé un amendement à l'article 1. Mme la députée, je vous
demanderais de présenter l'article, s'il vous plaît.
Mme Dufour : Merci, M. le
Président. Alors, ça se lit comme suit. Article 1 : Modifier
l'article 1 du projet de loi...
Mme Dufour : ...par
l'insertion après «les véhicules automobiles lourds», de «, à l'exception des
véhicules automobiles de classe 7 et 8 catégorisés par la Société de
l'assurance automobile du Québec,».
L'article modifié se lirait comme
suit :
Article 1 : «La présente loi a
pour objet de réduire la quantité de gaz à effet de serre et autres polluants
émis dans l'atmosphère par les véhicules automobiles légers et les véhicules
automobiles automobiles lourds, à l'exception des véhicules automobiles de
classe 7 et 8 catégorisé par la Société d'assurance automobile de
l'assurance automobile du Québec, qui circulent sur les routes du Québec afin
d'en diminuer les effets néfastes sur l'environnement.»
Alors, on a eu des échanges tout à
l'heure, le ministre l'a mentionné, qu'il n'y avait pas de nécessité d'inclure
les autocars parce que le... le marché n'était pas là, la technologie n'était
pas là, et c'est exactement la même situation avec les classes 7 et les
classes 8. Ça a été fait allégrement, même Propulsion Québec qui sont
quand même un groupe très favorable à l'électrification des transports, nous
dit : Ce n'est pas prêt, ce n'est pas là. Le ministre l'a dit, ce n'est
pas demain matin, ça pourrait prendre facilement 10 ans avant qu'on y soit dans
le cas, en tout, cas de l'électrification de ces véhicules-là. Donc, si ce
n'est pas nécessaire de le faire pour les autocars, pourquoi c'est nécessaire
de le faire maintenant pour les classes 7 et 8 compte tenu qu'on est loin,
loin, loin? Et les groupes nous l'ont dit, ça met... malgré que ce n'est pas
encore, c'est juste un pouvoir habilitant, ça met quand même un stress sur l'industrie
qui se dit : À quel moment ça va arriver? En l'excluant d'emblée, ça
donnera la chance de regarder plus tard. Quand le marché sera prêt, on pourra y
revenir. De toute façon, regardez, la loi, on la remodifie. On est aujourd'hui
en 2025. La loi initiale a été adoptée en 2016, si je ne me trompe pas. Donc,
neuf ans plus tard, on la modifie. Pourquoi, peut-être dans cinq, sept, huit
ans, on ne pourrait pas la remodifier pour inclure, à ce moment-là, si le
marché est rendu là, les 7 et 8 et les autocars que le ministre a choisi
d'inclure dans l'article 2? Donc, voilà, M. le Président.
• (19 heures) •
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
Mme la députée. Je...
M. Charette : On va
travailler ensemble. Ceux qui ont fait des projets de loi avec moi par le passé
le savent, très, très rapidement, on va indiquer si on est prêts à consentir ou
non à l'amendement, puis ça... ça permet à tout le monde de s'adapter. On ne
peut pas appuyer un amendement de cette nature-là. Un, ça ne serait pas le bon
endroit. Mais, plus important encore, la collègue elle-même, tout à l'heure,
disait : C'est important de ne pas être seul à légiférer dans une avenue
pour créer justement un marché commun. Ce type d'exclusion là, dans les États
qui ont adopté une loi sur les véhicules zéro émission, n'existe pas. Que ce
soit la Californie ou les autres États, il n'y a pas d'exclusion par catégorie
ou de façon partagée, là, comme la collègue le propose. Donc, ça motive notre
refus.
Mais l'autre élément, et c'est là où
j'aborde moi-même la question de l'article deux, avec les autobus. Les autobus,
on arrive à les accrocher à travers d'autres règlements qui sont dans d'autres
ministères, ce qui n'est pas le cas pour les véhicules des catégories 7 et
8. Les autobus sont très, très, très largement couverts par la réglementation,
là, que j'évoquais tout à l'heure. Donc, pour des raisons de concordance avec
le marché nord-américain qui est en train de se développer, et pour une raison
plus proprement réglementaire québécoise, ce n'est pas un amendement, là, qu'on
pourrait recevoir.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le ministre. Je cède maintenant la parole au député des
Îles-de-la-Madeleine.
M. Arseneau : Donc, moi,
j'avais juste une question de précision. Les catégories d'automobiles... de
véhicules automobiles 7 et 8, c'est bel et bien catégorisé, ils sont bel
et bien reconnus par la Société de l'assurance automobile du Québec ou est-ce
que... Je reviens à la question de tout à l'heure. Tout à l'heure, le ministre a
évoqué que c'était le transport... c'était le ministère des Transports. Je
conviens que la Société d'automobiles... d'assurance automobile du Québec
classe les permis de conduire, mais là, on parle des classes d'automobiles. Je
voulais juste savoir si on s'adressait à la bonne instance.
M. Charette : On aurait pu
l'envoyer au secrétariat encore, parce qu'on avait... on a la version papier,
non pas électronique. Mais, le plus rapidement possible, on va pouvoir vous la
faire parvenir. Mais ce sont les catégories des constructeurs, cette
division-là par poids. Donc, c'est des catégories qui sont reconnues par... par
les... les constructeurs. La distinction, et j'ai peut être involontairement
induit, là, les collègues en erreur, la division par poids, ce n'est pas la
SAAQ qui la fait. La SAAQ, c'est les 4 500 et moins et 4 500 et plus,
et les constructeurs se reconnaissent, là, dans les classes 5, 6, 7, 9, etc.
19 h (version non révisée)
M. Charette : ...et moins, et
4 500 et plus. Et les constructeurs se reconnaissent, là, dans les classes
cinq, six, sept, huit, etc. Mais le document, que malheureusement je n'ai qu'en
version papier actuellement, est très explicite à ce niveau-là.
M. Arseneau : O.K. Donc, si
je comprends bien l'explication, là, c'est... c'est juste une question d'améliorer
le libellé. «Catégorisé par la Société de l'assurance automobile du Québec» ne
sera pas tout à fait le cas.
M. Charette : Non. Exact.
Donc, si jamais on acceptait le principe, il faudrait revoir le phrasé
lui-même, là, de l'amendement en question.
M. Arseneau : D'accord.
M. Charette : Mais, bon, je
veux dire, la collègue a beau... a la possibilité de le faire, là, si elle le
souhaite, là, mais c'est une question de phrasé, oui, mais de principe aussi,
là, qui justifie notre refus à ce moment-ci.
M. Arseneau : D'accord.
Alors, je vais juste me prononcer sur le fond puisque chaque... chacun va... va
le faire, j'imagine. Et je ne serai pas très, très long. Maisj moi, pour les
mêmes raisons que j'ai évoquées tout à l'heure lorsqu'on... il était question
des autobus, à ce stade-ci, je pense que, si l'idée est encore une fois de
donner le pouvoir au ministère de réglementer sur les véhicules automobiles
sans nécessairement l'obliger à le faire maintenant, selon l'évolution des
technologies qui pourrait aller plus ou moins vite, moi, je pense que, plutôt
que se donner un autre rendez-vous dans une autre commission, dans une autre
vie, avec probablement d'autres acteurs ici, autour de la table, ouvrons cette
porte-là.
Et je me prononcerais plutôt contre cet
amendement-là. Je pense que, tant et aussi longtemps qu'une réglementation n'est
pas élaborée, n'est pas présentée, n'est pas débattue, n'est pas nécessaire, à
la limite, ou n'est... parce que la technologie n'est pas mature, bien, je ne
pense pas que les constructeurs automobiles ou que l'industrie a quoi que ce
soit à craindre. On se donne cette possibilité-là et on l'utilisera le moment
jugé... au moment jugé opportun. Et il n'y a pas, je pense, un gouvernement ou
un ministre qui le fera si la technologie n'existe pas. Moi, je pense qu'on est
là pour se dégager une possibilité d'agir. Et pourquoi s'en priver pour les
classes sept et huit? Et j'ai l'impression qu'on donne un petit peu le sens de
ce qu'on aimerait faire un jour. Ça donne un signal à l'industrie qu'on espère
qu'un jour on y viendra et de commencer à travailler en recherche et
développement pour y arriver, si ce n'est pas déjà fait. Je pense que c'est
déjà commencé d'ailleurs. Et c'est la raison pour laquelle je le ferais
également pour les autocars. Mais, ça, on y reviendra.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le député. Merci, M. le ministre. Est-ce qu'il y a d'autres interventions?
Mme Dufour : Oui.
Le Président (M. St-Louis) : Mme
la députée.
Mme Dufour : Oui, merci, M.
le Président. Pour répondre à la question du collègue des Îles-de-la-Madeleine,
le camion classe sept, c'est... on dit des véhicules généralement trois essieux
ou plus et qui peuvent inclure des camions à ordures ménagères, transports,
bon, en commun, urbains, balayeuses de rue, semi-remorques, transport de gros,
de meubles, par exemple. Les huit, ça, c'est camion-benne, ciment,
semi-remorques, des gros porteurs. Donc, c'est... c'est... ça, c'est les
catégories qu'on comprend, là, qu'il n'existe pas d'alternative actuellement,
ou pratiquement pas, là, qui soit... qui soit vraiment... Le marché n'est pas
là. Comme on parlait, si le marché n'est pas là pour les autocars, il l'est
encore moins pour ceux-là. Mais, la réalité, c'est qu'il existe pour les
autocars, mais on les exclut dans l'article deux. Ça, on pourra en jaser,
rendus là. Ceux-là, c'est vraiment... ceux que je viens de décrire sont
vraiment plus difficiles à électrifier. Et il existe des alternatives qui sont
plus porteuses pour réduire les GES. Donc, voilà.
Puis je vais peut-être en profiter pour
mentionner... Tout à l'heure... Parce qu'il y a eu... la parole est passée à d'autres
personnes depuis. Mais l'analyse d'impact réglementaire qu'on parlait, là c'est
la Fédération des chambres de commerce qui en a parlé, je n'étais plus certaine
dans quelle mémoire je l'avais lu, mais on y dit clairement que «le scénario
réglementaire hypothétique, où des économies annuelles anticipées pour les
entreprises impactées sont chiffrées, mais où les coûts d'investissement
supplémentaires, pourtant très réels, sont relégués à une analyse ultérieure...»
Et donc, clairement, ils disent que l'impact financier présenté dans l'analyse
ne peut pas être pris au sérieux. Ça, c'est leurs mots à eux, là :
«Calculer les économies d'essence n'a pas de sens si on ajoute en contrepartie
l'amortissement du coût d'acquisition des nouveaux véhicules ainsi que les
coûts d'entretien.» Donc, ce n'est pas un argument, on ne peut pas utiliser cet
argument-là, il n'y a pas les coûts d'investissement qui sont pris dans cette
analyse-là. Je le mentionne parce que c'est quand même majeur pour les
entreprises, ces coûts-là, les coûts d'investissement.
M. Charette : ...de la
collègue. Tout d'abord, par rapport tout d'abord...
M. Charette : ...par rapport
à la classe 8, ce n'est pas tout le temps que la technologie n'est pas
disponible. On a des 53 pieds... ou des remorques à 53 pieds qui sont
électrifiées. On en a au Québec, et sans faire la promotion d'entreprises en
particulier, mais Kruger et autres en ont. Cependant, c'est pour de très, très
courtes distances, donc, une capacité de charge qui est très forte, mais sur
une distance qui est très courte. Donc, la technologie, elle est disponible
pour ce type de besoin là. Si on demandait au même camion, par contre, de faire
des centaines et des centaines de kilomètres, c'est là où on n'aurait pas... on
n'aurait pas l'adéquation, là, au niveau technologique. Pour ce qui est de
l'analyse d'impact réglementaire, on en a eu une générale à ce moment-ci, mais,
pour chaque projet de loi avec pouvoir habilitant, c'est au moment où la
réglementation est développée qu'on peut avoir une analyse d'impact
réglementaire spécifique. Je ne peux pas, avec précision, dire quel sera
l'impact d'une réglementation qui n'est pas encore développée.
Et si jamais on devait développer une
réglementation, dans un premier temps, pour le transport urbain, là ce sera
facile de déterminer les impacts, mais ces impacts-là ne concerneraient pas les
camions, par exemple, les catégories 6, 7, 8. Donc, c'est la réglementation qui
va donner avec beaucoup plus d'acuité les impacts réglementaires.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le ministre. Merci, Mme la députée. S'il n'y a pas d'autre... Oui, allez-y.
Mme Dufour : ...je vous le
demande la parole, M. le Président.
Le Président (M. St-Louis) : Allez-y,
Mme la députée.
Mme Dufour : Parfait. Donc,
effectivement, il y a... il existe des véhicules... En fait, dans toutes les
catégories, il existe des véhicules. Mais c'est d'ailleurs ce que la
Corporation des concessionnaires automobiles et, bon, les trois groupes, là,
nous ont mentionné, ils disaient... Parce que ce qui est différent avec les
véhicules lourds des véhicules légers, c'est l'usage, peut être pour un même
véhicule, ça peut être extrêmement varié. Vous l'avez dit, un 53 pieds peut
faire de la courte distance, comme il peut faire de la très longue distance. Si
on oblige que le marché fournisse de l'électrique, bien, lui, il doit s'ajuster
à tous les usages potentiels de son véhicule. Donc, on n'est pas là. Les usages
longue distance, on le sait, on n'est pas rendu là. C'est la même chose dans
les véhicules agricoles, pour ceux qui ont de l'équipement à monter aussi, on
n'est pas là. C'est trop énergivore, les batteries seraient trop lourdes. Tu sais,
à un moment donné, il y a une question coût-bénéfice.
• (19 h 10) •
Puis il n'est pas là pour de multiples
usages dans ces véhicules-là. Je comprends que Coca-Cola va commencer...
commence à circuler avec un véhicule, je pense, c'est Volvo qui a mentionné ça
dans son dans son mémoire, qui disent : Quand Coca-Cola va commencer à
circuler avec des véhicules électriques au Québec, bien, mais eux-mêmes qui en
vendent disent : Le marché n'est pas là pour une multitude d'usages.
Donc, oui, il existe des... des
possibilités, mais de là à dire : On est prêt à mettre une norme pour
l'ensemble, on est loin, on est très, très loin. Comme je le disais, on est
peut-être à huit ou neuf ans de ça.
M. Charette : Très
intéressant, parce que ça permet de développer une compréhension commune. Un,
je rappellerais à la collègue qu'elle m'a elle-même et qu'elle a elle-même
mentionné qu'il faut développer une législation qui a des équivalents ailleurs.
C'est le cas, là. Si on exclut, on s'isole, c'est là où on s'isole des autres
législations qui ont légiféré là-dessus. Mais lorsqu'on vient, dans une
réglementation, fixer des obligations, c'est des obligations de pourcentage.
Donc, le pourcentage est capable de distinguer au final quels sont les besoins
sur de la courte distance versus de la longue distance. Actuellement, pour les
véhicules légers, actuellement, ce que l'on dit, c'est : On devrait être à
tel pourcentage en 2030 et à 100 % en 2035. Donc, le pourcentage n'est pas
à 100 dès que la réglementation est développée, c'est graduel dans le temps.
Donc, si, dans un premier temps, on y va
avec des camions de type livraison urbaine, ça ne sera pas 100 %, ça va
être un pourcentage qui va augmenter avec les années et c'est un pourcentage
qui est en mesure de faire la distinction pour ce type de véhicule là, tant de
% fait du longue distance et tant de % fait du courte distance. Donc, c'est un
pourcentage qui est appelé à croître au fil des années. C'est le principe des
règlements, là, au niveau des véhicules zéro émission.
Le Président (M. St-Louis) : Merci,
M. le ministre. Mme la députée.
Mme Dufour : Oui. Là, je vous
avoue que, là, vous m'avez perdue quand vous avez parlé que des véhicules, des
véhicules lourds, là il y aurait un pourcentage, selon c'est de la courte
distance ou de la longue distance. On s'entend que, quand un producteur - je
m'excuse, je vais terminer - quand un fabricant de véhicules fait un 53
pieds...
Mme Dufour : ...ce n'est
pas lui qui détermine si ça va être de la courte distance ou de la longue
distance, c'est l'acheteur.
M. Charette : ...
Mme Dufour : C'est
l'acheteur. Est-ce que je peux parler, M. le ministre, sans qu'on me coupe,
s'il vous plaît?
Le Président (M. St-Louis) :
...demander de vous adresser à la présidence. On va revenir à ça. Ça va être
plus facile.
Mme Dufour : Merci. Ça va
être parfait.
Le Président (M. St-Louis) :
Poursuivez. Merci.
Mme Dufour : Donc...
Donc, c'est le constructeur, à ce moment-là, qui... Ce n'est pas le
constructeur, pardon, qui va déterminer l'usage, c'est celui qui va l'acheter.
Donc, si on met un pourcentage, on vient comme forcer un certain usage, alors
que peut-être qu'il n'y aura personne qui va avoir de l'intérêt pour du courte
distance, puis que ça va être acheté seulement pour de la longue distance.
Alors, pourquoi on mettrait un pourcentage en fonction d'un usage qui est
hypothétique à l'avance? Ce n'est pas connu, quel va être l'usage.
Le Président (M. St-Louis) :
M. le ministre.
M. Charette : Bien, ça
m'étonne que ce type d'intervention là vienne du Parti libéral. Vous avez
adopté la première loi, et tout ça est très clair depuis les tous débuts quand
c'est un pourcentage? Si, par exemple, on fixe pour la catégorie 8, dans x
nombre d'années à 10 % les premières années, c'est un certain nombre
d'acheteurs qui disent : Bien, moi, ça ne peut pas être électrique parce
que j'ai x distances à parcourir. Donc, ils vont être dans les 90 % non électrique.
Et ceux qui sont sur des plus courtes distances vont se dire: Moi, ce véhicule
là, il répond à mes besoins. Donc, je serai dans le 10 % qui achètera du
véhicule électrique. Bien, c'est exactement de cette façon-là dont on a procédé
à l'instigation du Parti libéral en 2016 pour introduire la législation sur les
véhicules zéro émission. Donc, le pourcentage, c'est le marché qui se le
répartit. Il y a une obligation. Et ceux pour qui le besoin n'est pas répondu,
ils ne seront pas pénalisés, ils vont aller dans le non électrique. Et ceux qui
ont la possibilité d'aller dans l'électrique, ils vont aller dans l'électrique
puis ils vont avoir la possibilité de partager des crédits ultimement aussi.
Parce que c'est ça qui est à la base du système se partager des crédits entre constructeurs
dont les véhicules ne répondent pas à l'ensemble de la réglementation.
Le Président (M. St-Louis) :
Alors, je vous remercie pour votre collaboration. Avant de quitter, je dois
vous informer que le document Classe de véhicules lourds a été déposé
sur Greffier. Est-ce que c'était pour distribution aux membres, M. le ministre,
ou accès au public tous les deux?
M. Charette : ...aux
membres, à toute personne intéressée.
Le Président (M. St-Louis) :
Donc, parfait. Merci. Alors, compte tenu de l'heure, la commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 19
h
15)