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Commission permanente du travail,
de la main-d'oeuvre et de l'immigration
Etude des crédits du ministère du
Travail
Séance du mercredi 28 mai 1975
(Dix heures dix-sept minutes)
M. Séguin (président de la commission permanente du
travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration): A l'ordre,
messieurs!
La commission du travail, de la main-d'oeuvre et de l'immigration
commence l'étude des crédits budgétaires du
ministère du Travail. Les membres de la commission pour la séance
de ce matin: MM. Bellemare (Johnson), Bérard (Saint-Maurice), Boudreault
(Bourget), Burns (Maisonneuve), Charron (Saint-Jacques), Ciaccia (Mont-Royal),
Cournoyer (Robert Baldwin), Déziel (Saint-François), Harvey
(Charlesbourg), Lachance (Mille-Iles), Lecours (Frontenac), Malépart
(Sainte-Marie), Roy (Beauce-Sud), Ostiguy (Verchères).
Le rapporteur serait qui, messieurs?
M. Harvey (Charlesbourg); Le député de Bourget, un
excellent porte-parole.
Le Président (M. Séguin): M. BoudreauIt (Bourget)
sera rapporteur pour la commission. Nous ajournerons nos travaux à midi,
sur la demande du ministre, qui a une occupation ailleurs à ce
moment-là.
M. le ministre.
M. Harvey (Charlesbourg): On aura peut-être terminé
à ce moment-là! Il faudrait quand même noter l'absence des
membres de l'Opposition, M. le Président, si le ministre le permet. Je
ne sais pas et je ne voudrais pas les accuser de mauvaise foi en étant
absents ce matin. Dans leur opinion, il devait peut-être s'agir de la
commission qui étudie le rapport Cliche, puisque nous avons
siégé hier et ajourné sine die. Ce matin, nous avons
l'étude des crédits, selon le mandat reçu par la Chambre;
je ne vois aucune espèce d'explication maintenant. Je peux
peut-être qualifier cela de mauvaise foi, leur absence, si on tient
compte de leur façon de s'exprimer hier et surtout de bouder la
commission parlementaire. Je trouve que leur geste était condamnable
hier et qu'il l'est davantage ce matin, puisque nous avons comme mandat
d'étudier les crédits du ministère. C'est mon opinion, M.
le Président.
Le Président (M. Séguin): Vous avez droit à
votre opinion. Je n'ai pas d'autre commentaire à faire que celui
d'indiquer que la commission siège avec quorum. Sans plus de
préambule, la parole est au ministre.
Exposé général du
ministre
M. Cournoyer: Je n'ai pas l'habitude, M. le Président, de
faire une revue de ce que le minis- tère a fait. Et peut-être que,
dans les années passées, on m'a reproché de ne pas dire ce
que nous faisions dans ce ministère, au début de l'étude
des crédits. C'est une occasion qui m'est donnée de vous donner
une indication non seulement générale, mais très
précise également de ce que nous faisons au ministère.
Il n'y a pas, comme vous le savez, que cet iceberg qui fait que nous
sommes toujours dans le milieu des conflits. Il y a, bien sûr, en plus de
ça, un certain nombre d'autres choses que nous faisons
régulièrement et qui ont le privilège de passer
inaperçues, vu le fait qu'il y a tellement de problèmes qui font
surface. On oublie qu'il y a d'autres choses qui se font dans le
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre. J'aime à le rappeler
de temps à autre.
Dans la direction générale de la recherche, disons qu'au
point de départ, nous avons, au ministère, cinq grandes sections,
cinq grandes directions générales: la direction
générale de la recherche, la direction générale des
normes, ladirection générale du travail, la direction
générale de l'inspection et la direction générale
de la main-d'oeuvre.
Au titre de la recherche, les travaux de l'année dernière
ont été relativement discrets mais comportent certaines approches
fondamentales qui permettront à ceux qui continueront d'oeuvrer dans le
ministère du Travail de faire un meilleur travail et surtout d'avoir une
meilleure information sur certaines choses qui existent.
Nous avons donné à la direction générale de
la recherche le mandat d'étudier particulièrement la
rationalisation du revenu dans la construction. Je sais que dans le rapport de
la commission Cliche il y a une série de recommandations qui portent
essentiellement sur la garanti du revenu du travailleur de la construction.
Si vous avez lu le rapport, il y a trois catégories de personnes
auxquelles la commission Cliche s'attarde particulièrement, de
façon différente. Elle classerait les travailleurs en trois
catégories. Pour eux qui ont participé à des nombres
d'heures différents dans l'année qui précède, le
programme suggéré par la commission Cliche comporterait qu'on
garantirait ou on assurerait le revenu qui ressemble un peu au revenu annuel
précédent, même si la personne ne trouvait pas d'emploi
régulier qui lui permettrait de remplir la même somme de travail
que l'année d'avant.
Cela est une suggestion que la commission Cliche fait à la suite
d'études qui ont été commandées par la commission
Cliche et dont j'espère, bientôt, nous aurons copie.
En même temps que cette étude se faisait par la commission
Cliche, suivant l'autorité de la commission Cliche, la direction
générale de la recherche, chez nous, faisait l'étude de la
provenance des revenus des travailleurs de la construction. L'étude de
la provenance des revenus des travailleurs de la construction, pour nous,
répond à un besoin d'une sécurité de revenu accrue
chez le travailleur de cette industrie et à une stabilisation de
l'industrie. Un rapport est en voie de rédaction en ce qui concerne
trois sources de revenu de
la part de ces travailleurs: ceux tirés du secteur de la
construction, ceux tirés d'autres secteurs d'activités et, bien
sûr, les prestations d'assurance-chômage.
Par ailleurs, on vise aussi à prévoir le niveau des
activités pour les prochaines années. C'est une autre tranche, en
fait, du rapport de la commission Cliche concernant la planification des
travaux de construction, soit gouvernementaux, soit de l'entreprise
privée, soit de gouvernements municipaux. Vous retrouvez encore une
série d'observations et de recommandations de la commission Cliche dont
le service de recherche n'a pas fait état, étan donné que
ces études ne se sont pas faites sur une base parallèle. Des
études, au ministère du Travail, se faisaient et la commission
Cliche avait l'autorité de chercher ce qu'elle voulait chercher et de la
manière qu'elle voulait le chercher.
Je ne voudrais pas que ceci soit interprété comme un
double emploi. Je veux juste mentionner que ce que nous faisons comme
recherches en matière de rationalisation des revenus des travailleurs de
la construction n'est pas incompatible avec ce que la commission Cliche a
entrepris elle-même. Cela vise essentiellement à la même
chose, mais, comme la commission Cliche avait l'autonomie de décider de
l'ampleur ou de la façon de faire ses recherches, nous n'avons pas cru
bon de l'assujettir à des recherches faites au ministère du
Travail. Nous avons voulu qu'elle soit totalement indépendante du
ministère du Travail quitte à comparer, lorsque les deux
études seraient terminées, les résultats. Probablement
qu'on ne peut pas arriver à d'autres choses qu'aux mêmes
méthodes.
Quand on parle ici, au service de la recherche, d'en arriver à
planifier non seulement pour voir à ce que les travailleurs aient une
sécurité du revenu, mais qu'on dit que cette
sécurité du revenu doit être aussi garantie par une sorte
de stabilisation de l'industrie, on parle essentiellement de la même
chose que la commission Cliche dans un groupe de recommandations qu'elle a
faites. A ce sujet, on a identifié une soixantaine de responsables de
projets de construction à qui on a administré un questionnaire.
Le questionnaire est à dépouiller maintenant, tandis qu'on vise
à améliorer l'échantillon de l'enquête en
collaboration avec le BSQ.
Ceci nous permettra d'en arriver à la structure des occupations
puis de lui appliquer éventuellement les années disponibles
concernant les prévisions de la demande de travail.
Le service de recherche a également fait et fait
périodiquement l'étude de l'impact du salaire minimum. Cette
étude périodique est effectuée en vue d'aider la
préparation des ordonnances de la Commission du salaire minimum. Elle
consiste à évaluer l'impact d'une hausse donnée du salaire
minimum sur la masse salariale des différents secteurs de
l'économie, ainsi que le nombre de personnes qui seraient
touchées par cette hausse. Il s'agit également de traduire les
hausses en pourcentage des coûts totaux ou des ventes dans les
différents secteurs, afin d'estimer la répercussion possible de
la hausse du salaire sur les prix. Il y a eu remise à jour des calculs
d'impact vers la fin de l'année financière. Les résultats
ont été intégrés à l'étude du groupe
de travail dirigé par M. Caston-guay sur la politique du salaire
minimum. De plus, on reprend ces calculs sur la base des dernières
données disponibles.
J'ai fait imprimer dans la revue Travail-Québec cette
étude en particulier. Je ne sais pas si les députés ont
reçu copie de cette étude. De toute façon, c'était
destiné à la consommation publique dès que le rapport
Castonguay a été rédigé et terminé.
Il y a aussi la relance du salaire minimum. Les études d'impact
sur le salaire minimum ne peuvent mesurer que les effets directs sur les
salaires et les prix. Les effets indirects doivent l'être par des
enquêtes auprès des firmes avant et après une hausse
donnée du taux du salaire minimum. La relance comprend donc deux phases.
La première enquête sur le terrain a permis de recueillir des
renseignements sur 854 entreprises. Ces données sont prêtes en ce
moment à être exploitées. La seconde enquête a fourni
des renseignements sur 785 entreprises et ces données sont à
l'étape du travail informatique. Les résultats concernant les
deux enquêtes seront normalement livrés au cours du prochain
exercice et devraient constituer un support appréciable aux prochaines
révisions du salaire minimum.
M. Harvey (Charlesbourg): Si le ministre me le permet, je
voudrais faire amende honorable à l'endroit du député de
Maisonneuve, parce que nous avons remarqué son arrivée tout
à l'heure. Dans son cas, je m'excuse d'avoir gratuitement laissé
porter une accusation de mauvaise foi, puisque nous avons dû, par un
quorum majoritairement ministériel, entamer l'étude des
crédits et, quelques secondes plus tard, le député de
Maisonneuve est arrivé. Je voudrais, à son endroit, m'excuser et
faire amende honorable.
M. Burns: Je remercie le député de
Charlesbourg.
M. Cournoyer: La politique du salaire minimum. Il s'agit
d'études effectuées en collaboration avec le groupe de travail
présidé par M. Castonguay concernant l'élaboration d'une
politique de salaire minimum au Québec. La direction
générale de la recherche a été chargée de
l'examen des effets économiques du salaire minimum, des clauses non
salariales qui pouvaient être incluses dans la loi, d'une étude
des législations en la matière, dans les autres provinces et
pays, ainsi que d'un historique de l'évolution de cette
législation au Québec.
Les études sont terminées et le groupe de travail a remis
son rapport aux autorités du ministère, lequel rapport a
été publié récemment. C'est une autre tranche de ce
dont je vous parlais tantôt.
Il y a aussi les statistiques du travail. Afin de
pouvoir alimenter nos études à l'aide de données
détaillées et récentes, un comité de la direction
générale de la recherche et du BSQ a été
formé pour tenter d'ajuster les enquêtes réalisées
par Statistique Canada et le Bureau de la statistique du Québec à
nos besoins et orienter les enquêtes futures. Ce comité s'est
réuni à quelques reprises au cours de l'année et un
travail conjoint est en cours en ce qui concerne les enquêtes sur la
structure des occupations ou métiers par secteur et par région.
Cette structure des occupations au Québec est essentielle à la
plupart des recherches sur le monde du travail.
Dans le domaine des décrets, il s'agit d'études plus ou
moins poussées dans certains secteurs dans le but d'aider à la
direction générale des normes à prendre position lorsqu'un
décret arrive à échéance ou que des
problèmes particuliers se posent. En 1974/75, on a procédé
à une enquête par questionnaire dans le secteur de la coiffure.
L'échantillon comprenait 252 personnes de Québec, employeurs,
salariés et artisans, et 303 de Montréal. Cette enquête a
fait l'objet d'un rapport en avril I974. On a également effectué
cette année une brève enquête dans les secteurs de la robe
et de la lingerie afin d'aider à trancher un litige chez les parties
portant sur le champ d'application de deux décrets; le décret,
j'imagine, du tricot et le décret de la confection pour dames. Ce
travail est terminé.
Dans le but de savoir si la protection de tous les travailleurs est
assurée par les présentes normes de travail et s'il n'y a pas
lieu d'améliorer le système actuel, la direction
générale de la recherche a procédé à une
étude comparative des normes générales et industrielles,
décrets, ordonnances et le "industrial labor standards" au
Québec, dans les autres provinces canadiennes, aux Etats-Unis et au
Bureau international du travail. L'étude a donné lieu, d'abord,
à une série de tableaux concernant les normes minimales, lesquels
tableaux ont été publiés au cours du dernier exercice. Un
rapport intégral, assorti d'autres tableaux et annexes, a
également été produit, le tout devant être
publié au début de l'été I975, donc très
bientôt.
Nous avons fait une étude aussi sur la participation des femmes
au marché du travail. Ce projet vise, dans un premier volet, à
connaître les caractéristiques principales de la main-d'oeuvre
québécoise afin de juger, entre autres choses, de la pertinence
ou de l'impact des lois et d'aider à les mieux adapter aux besoins. On
donne comme exemple ici le projet du Conseil du statut de la femme. Les
principales variables étudiées sont la croissance des taux
d'activité, le taux de participation selon l'état civil par
groupe d'âge, le niveau d'instruction et la distribution des travailleurs
par profession.
Un second volet de cette étude concerne des problèmes
particuliers de la main-d'oeuvre féminine, par exemple: la parité
salariale, les congés de maternité, les garderies et tout ce qui
ressort habituellement des problèmes des femmes dans la province de
Québec lorsqu'elles désirent travailler.
On a ainsi procédé, en 1974/75, à un sondage
auprès de certains organismes de la fonction publique
québécoise afin de connaître les besoins en matière
de garderies sur les lieux de travail. On a communiqué avec 7,000
fonctionnaires et, parmi eux, 244 parents de jeunes enfants nous ont fait
connaître leurs besoins en cette matière. Un rapport a
été remis aux autorités à ce sujet.
Il y a eu l'enquête CMT-200 qui a été
réalisée à l'été de I973, qui a porté
sur un échantillon d'environ 4,500 établissements et qui visait
à recueillir une information générale et statistique sur
le monde du travail. La direction générale de la recherche a
poursuivi l'ensemble du travail en 1974/75. Les données de
l'enquête ont été dépouillées en grande
partie et ont fait l'objet de deux documents: répartition des jours
fériés, payés selon le nombre d'établissements et
d'employés touchés, et répartition des employés
réguliers selon le statut bureau ou hors-bureau et le sexe.
La direction générale de la recherche fait aussi l'analyse
des conventions collectives, mais cette activité vise à fournir
aux conciliateurs, aux chercheurs et aux parties intéressées des
renseignements de base en ce qui a trait au contenu des conventions
collectives. L'analyse quantitative des conventions est réalisée
avec l'aide du Centre des relations industrielles de l'université McGill
et en consultation avec le service de conciliation du ministère. Ce type
d'analyse a été révisée en profondeur cette
année afin de compléter l'information et d'en améliorer la
présentation. C'est ainsi que l'on a ajouté les clauses
salariales à l'ensemble des autres: vacances, heures de travail,
sécurité d'emploi, avantages sociaux, procédures de
griefs. Un vaste secteur a été analysé cette année
suivant cette nouvelle formule à titre de secteur pilote. Il s'agit de
l'ensemble des conventions collectives du secteur municipal au Québec:
policiers, pompiers, cols blancs et cols bleus. Les renseignements sont
classés suivant ces quatre catégories de personnel et indiquent
toutes les modalités prévues dans les conventions suivant la
taille de la ville et le nombre des syndiqués dans l'unité de
négociation.
Enfin, une demande spéciale de renseignements de la part du
groupe de travail dirigé par M. Castonguay a été
acheminée à la banque de données de l'université
McGill. On a ainsi pu tirer des renseignements précis sur 17
sous-secteurs industriels concernant certains bénéfices sociaux
qui font d'ailleurs l'objet de recommandations de la part de M. Castonguay dans
le rapport qui vous a été également distribué.
Les conventions collectives font également l'objet d'une analyse
d'ordre qualitatif par l'intermédiaire du laboratoire d'analyse des
conventions collectives de l'université Laval. En 1974/75, un rapport a
été remis concernant les clauses de sécurité
d'emploi en regard des changements technologiques, ce qui découle
principalement des problèmes de fermeture d'établissements ou de
modernisation donnant lieu aux mises à pied.
Il y a le calendrier des expirations des conventions collectives. Cette
activité permet de publier
chaque année la date d'expiration des conventions collectives par
secteur. Des renseignements particulièrement utiles aux conciliateurs et
aux négociateurs sont traités par ordinateurs et sont
présentés suivant diverses variables: entreprises et syndicats en
cause, régions, etc.
Et, finalement, le recueil de jurisprudence. Ces recueils
périodiques répondent depuis déjà plusieurs
années à un besoin d'information de la part des arbitres de
griefs, des négociateurs et des chercheurs.
Chaque publication rapporte les conflits les plus intéressants,
de façon intégrale, à la suite de l'exposé sommaire
du cas. Des index analytiques sont offerts à chaque numéro et une
consolidation annuelle est publiée à la fin de
l'année.
Rappelons le titre de ces publications: Sentences arbitrales, Griefs,
Tribunal du travail et Décisions des commissaires enquêteurs.
Par ailleurs, le service des études juridiques s'est rendu
à Genève, afin de communiquer avec divers représentants du
Bureau international du travail et échanger des expériences en
matière de jurisprudence et de droit du travail. Plusieurs études
ont déjà été reçues du BIT, lesquelles
constitueront un appui considérable à la recherche. On peut
mentionner entre autres les documents suivants: Recueil de jurisprudence
publiée à l'étranger; Résultats d'enquêtes
à l'étranger sur la liberté syndicale; La situation des
législations concernant le salaire minimum; Les études portant
sur l'inflation et les relations professionnelles.
Nous avons aussi une analyse des infractions pénales dans les
lois du travail. Ce projet comportait deux phases. La première
envisageait de dresser un tableau comparatif Québec-Ontario-Canada, des
infractions pénales des lois du travail, ainsi que des peines
prévues. Cette étape est terminée.
La seconde phase avait pour objet de dégager les principes
fondamentaux qui pourraient sous-tendre la politique ministérielle sur
le sujet. Un rapport sur le sujet a été transmis aux
autorités du ministère, au cours de l'année.
Statistiques sur l'arbitrage des griefs.
Le but de ce projet est de cerner les difficultés pratiques en
matière d'arbitrage de griefs, les nominations des arbitres, les
disponibilités ministérielles, l'enregistrement des sentences,
des plaintes, etc. Pour ce faire, une série de tableaux ont
été confectionnés, à partir des statistiques
existantes, et ont fait l'objet d'analyses. Un rapport statistique a
été présenté au Conseil consultatif du travail et
de lamain-d'oeuvreetdoitservirentreautresà la confection de la liste
annuelle des arbitres de griefs. On envisage par ailleurs, la publication
annuelle de ce rapport statistique.
Activités à court terme: Analyse du projet de modification
du code du travail. Le service des études juridiques a analysé le
projet de modification au code du travail et a soumis ses commentaires aux
autorités du ministère.
L'analyse des projets présentés par l'Office de
révision du code civil: Un service d'étude juridique a
examiné et commenté divers rapports pro- venant de l'office, tels
le rapport concernant le contrat de société, le rapport du
comité des états civils, le rapport sur l'enregistrement des
personnes et le rapport sur la famille.
Le but est d'informer les autorités du ministère du
développement de ces questions, en regard des matières sous leur
propre responsabilité.
Nous avons également fait une étude sur la promotion des
cadres. Ce projet, confié à l'extérieur, vise à
recueillir des renseignements "factuels " sur les politiques de promotion des
cadres. La recherche est basée sur une enquête reposant sur les
réponses des cadres à un questionnaire. Le rapport est attendu au
cours de l'été 1975.
Nous avons le service des études en main-d'oeuvre. Dans ce
service d'étude, l'un des principaux projets qui a été
fait j'ai le rapport sur le bureau, et j'ai demandé qu'il soit
possiblement publié c'est l'étude sur la semaine
comprimée de travail. Cette recherche vise à connaître le
phénomène de la semaine de travail comprimée au
Québec ainsi que ses conséquences sur les travailleurs. Il
s'agit, dans la perspective du rôle du ministère du Travail et de
la Main-d'Oeuvre, de voir si ce phénomène n'entraîne pas
des répercussions néfastes au niveau de la santé des
travailleurs et, s'il y a lieu, de réviser les normes en ce qui concerne
les heures de travail. La dimension psychosociale du phénomène
est étudiée à la direction générale de la
recherche, alors que les aspects économiques et physiologiques ont
été confiés à l'extérieur, moyennant une
coordination étroite des diverses approches.
A la fin de cet exercice, le projet en est à la phase de la
cueillette des données à l'aide d'un questionnaire qui atteint
2,800 travailleurs au Québec. Par ailleurs, des tests physiologiques
sont appliqués à un certain nombre d'entre eux. Les
résultats finals devraient être produits au cours du prochain
exercice. Il porte également sur les horaires flexibles qui ne sont pas
les horaires comprimés. Cette recherche vise également à
connaître le phénomène des horaires flexibles et ses
conséquences sur le travailleur, particulièrement au niveau de la
santé. En 1974/75 on a procédé à un recensement des
entreprises expérimentales d'horaires flexibles ainsi qu'à une
précision des étapes à venir.
En plus de cela, nous avons les analyses des profils occupationnels. Ce
projet, confié à l'extérieur, vise à établir
des profils psychologiques en fonction des professions de façon à
pouvoir déceler à l'avance le rendement futur du travailleur dans
une profession, à partir des critères retenus, aptitudes
mentales, personnalité, caractéristiques personnelles et
biographiques, motivation. L'étude est réalisée
aujourd'hui dans le secteur de la forêt.
Propension aux accidents. Cette recherche vise à déceler
les caractéristiques personnelles et les profils de personnalité
qui font qu'un individu est plus affecté que d'autres aux accidents de
travail, un peu comme c'est le cas dans d'autres types d'accidents. La
recherche confiée à l'extérieur a débuté
à la fin de l'exercice 1974/75 par une revue des connaissances sur le
sujet et de définitions
plus précises de l'approche de la question. Le rapport final est
attendu vers la fin de l'été 1975.
Recensement des normes de sécurité sur les chantiers de
construction. Cette recherche vise à recenser l'ensemble des normes
s'appliquant au secteur de la construction en matière de
sécurité physique sur les chantiers. La recherche confiée
à l'extérieur a débuté à la fin de
l'exercice 1974/75 et s'oriente vers une période de renseignements sur
le terrain. Je pense qu'il y a peut-être, encore là, une
possibilité d'interprétation de double emploi avec ce que la
commission Cliche a fait elle-même dans sa recherche sur la
sécurité dans le cas des travailleurs de la construction. Je ne
veux pas m'excuser, mais je dois me référer à des choses
qui sont faites par la direction générale de la recherche, chez
nous, indépendamment du mandat qui avait été confié
à la commission Cliche et des études que la commission Cliche a
voulu entreprendre de sa propre autorité, avec, bien sûr, le
budget du ministère, mais de sa propre autorité. Je doute fort
qu'il y ait incompatibilité entre les résultats de la commission
Cliche ou de ceux qui ont recherché pour la commission Cliche et ceux
qui font la recherche chez nous.
Taux d'activités des parents de familles à faible revenu
et régime public de sécurité du revenu. Ce projet,
confié à l'extérieur, a débuté en 1973 par
la préparation et le test d'un modèle opérationnel en vue
de répondre utilement à la question suivante: Dans quelle mesure
les prestations de sécurité de revenu affectent-elles la
décision des parents de familles à faible revenu de participer ou
non au marché du travail? Les approches sont psychologiques, d'une part,
et économiques, d'autre part. Le projet pilote doit donner lieu à
un premier rapport en 1974 et l'enquête proprement dite
réalisée auprès de 500 familles a été
effectuée au cours de l'exercice 1974/75. L'analyse des résultats
débute maintenant.
Je pense que la dimension de cette recherche va sauter aux yeux. C'est
que , très souvent, vous avez des accusations globalisées ou
généralisées de refus de travail à cause de
prestrations sociales trop élevées. On dit que plus les
prestations sociales augmentent, moins il semble que les travailleurs veuillent
travailler. Ce n'est probablement pas la conclusion à laquelle nous en
arriverons avec l'échantillonnage que nous avons fait ici. Il s'agit
strictement non pas de répondre d'avance à la question
posée ou à l'observation régulièrement faite, mais
d'avoir l'instrument de réponse dans la recherche d'un revenu garanti
dans la province de Québec ou dans le Canada. C'est un instrument de
réponse dont nous avons besoin comme les autres instruments d'ailleurs
que nous avons décrits ici dans le service de recherche du
ministère du Travail et de la Main-d'Oeuvre.
Je m'excuse de répéter cela, c'est tout dire ce que le
service de la recherche a entrepris et ce qu'il est sur le point de faire, mais
je pense que c'est l'occasion de le faire on n'a jamais l'occasion d'entendre
des questions des députés ministériels ou de l'Opposition
sur ce que fait le service de recherche du ministère du Travail.
Il y a la sécurité sociale et le marché du travail.
Ce champ d'études comprend d'abord la mise à jour de la
documentation concernant les liens entre les régimes de
sécurité sociale, l'aide sociale, l'assurance-chômage, les
accidents de travail, les rentes du Québec et le marché du
travail. Il vise également à développer les connaissances
sur des questions plus particulières, telles celles de l'incitation au
travail dans les régimes publics de sécurité du revenu. Un
rapport descriptif sur cette question a été produit et remis en
1974/75. Je le note pour ceux qui veulent des fois avoir l'étude et ne
savent pas que l'étude se fait. Vous pouvez toujours au moins la
demander. Je n'ai pas de cachette là-dessus. Je peux au moins vous
donner les résultats des études qui on été faites
avec les fonds publics.
Il y a un autre projet: Situation et évolution du marché
du travail québécois dans le contexte canadien. Ce projet vise
à obtenir une vue d'ensemble du marché du travail
québécois et à approfondir les mécanismes de son
évolution. Pour ce faire, l'évolution de différentes
variables macroéconomiques pas économiquement macro
du marché du travail, est examinée tels que l'emploi, les
salaires, la productivité, etc. En 1974/75, on a complété
les informations statistiques nécessaires à ce projet et une
banque de données a été constituée sur fichier
mécanographique.
Perspectives d'évolution de la main-d'oeuvre
québécoise par âge et par sexe pour 1981. Ce projet qui
visait à des prévisions de main-d'oeuvre était basé
sur des méthodes scientifiques de projection des taux de participation
québécois et des volumes de main-d'oeuvre. Il reposait sur des
projections de tendance démographique et d'un ensemble de d'autres
facteurs socio-économiques pouvant influer sur la croissance de la
main-d'oeuvre. Un rapport préliminaire a été remis vers la
fin de l'exercice. De plus, afin d'échanger les expériences
québécoises et françaises en ce qui a trait à
l'estimation des besoins en main-d'oeuvre, on a rencontré en France une
quinzaine d'autorités en la matière. Les grandes conclusions
qu'on a tirées à la suite de cette mission, sont contenues dans
un rapport remis au ministère. De nombreux documents sont reçus
à la suite de cette mission.
Construction d'indicateurs de besoins en main-d'oeuvre. Cette recherche
vise à éclairer la prise de décision concernant la
formation professionnelle de niveau secondaire ou collégial en
développant et en appliquant les indicateurs de besoins en main-d'oeuvre
aux statistiques existantes. Un premier rapport a été produit en
1974/75, lequel constitue une phase exploratoire du projet. Le travail se
poursuit à ce niveau. Par ailleurs, afin de compléter les sources
et statistiques nécessaires au développement futur de ces
indicateurs, on procède à une compilation des postes vacants
à l'aide des annonces classifiées, ainsi que des relevés
fournis par les centres de main-d'oeuvre du Canada.
Etudes sectorielles de main-d'oeuvre. Les problèmes de la
main-d'oeuvre se posent souvent par secteur ou sous-secteur et il importe de
mieux connaître, à plus ou moins long terme, le
dévelop-
pement des situations par secteur. A ce sujet, des estimations de
main-d'oeuvre quantitatives et qualitatives constituent un objectif de base
impliquant l'aspect de la demande et l'aspect de l'offre de main-d'oeuvre. Ces
estimations sont particulièrement utiles en matière de formation
professionnelle.
Au cours de 1974/75, l'attention s'est portée en particulier sur
deux secteurs: ceux de la construction et de la forêt. Encore une fois,
je pense bien que, sans qu'il y ait double emploi, la commission Cliche a
aussi, dans ses remarques et ses observations, de même que ses
recommandations, un chapitre particulier, dont j'ai déjà
parlé, sur les estimations de besoin de main-d'oeuvre, en construction
en particulier et des recommandations de planification sont incluses dans son
rapport. Nous devrons, dans très peu de temps, prendre des orientations
sur l'acceptation ou le rejet des recommandations de la commission Cliche.
En construction, par exemple, on a cherché, dans ce secteur,
à préciser la structure des occupations en vue d'établir
des prévisions de main-d'oeuvre par occupation. Il y a eu des contacts,
auprès du Bureau de la statistique du Québec, de statistique
Canada et de la Commission de l'industrie de la construction afin de mettre au
point une enquête auprès des responsables de projets de
construction et d'évaluer le niveau des activités futures au
Québec dans ce secteur.
Comme ce projet ne peut porter de fruits à court terme, on s'est
orienté, vers la fin de l'exercice, vers une étude descriptive de
l'offre de la main-d'oeuvre. En forêt, on a procédé, dans
ce secteur, à l'examen critique de différentes études des
prévisions en main-d'oeuvre, ainsi qu'à un travail d'obtention de
données de diverses sources. Un lien a été assuré
avec le conseil de la main-d'oeuvre de la forêt.
Diverses activités de la direction générale de la
recherche se greffent au programme dont je viens de parler. On cite les
activiés suivantes, à titre d'exemple: participation aux
réunions du conseil d'administration de l'Institut de recherche
appliquée au travail, participation des juristes aux travaux du
comité de législation, liens réguliers avec le
ministère de la Main-d'oeuvre et de l'Immigration au sujet des
professions désignées dans le cadre de l'immigration, lien avec
un projet réalisé avec l'extérieur et consistant à
une analyse des coûts-bénéfices des fermetures d'usines. De
plus, collaboration avec le service des plans de carrières, dans le
développement d'une méthode quantitative de validation des
analyses de tâches, intégration du service des plans de
carrières, au printemps 1975, ce qui vient de se faire; liens avec le
responsable du programme de la préparation à la retraite,
participation au comité Lapointe qui supervise une étude sur la
coordination administrative en matière de sécurité et
hygiène au travail ainsi que de normes et relations de travail On cite
aussi un relevé des renseignements sur le travail dans des conditions
d'éloignement et d'isolement pour la commission Pilote-Belleville,
participation à la conférence sur les statistiques du travail de
Statistique Canada, participation au comité inter- ministériel
sur la main-d'oeuvre et l'emploi, discussion et coordination de programmes de
main-d'oeuvre, en particulier, la formation des adultes et le programme de
formation d'emplois communautaires. J'en passe pour le moment sur le
chapitre.
Pour l'édification des gens, nous avons acheté pour $2,535
de volumes, dans la bibliothèque. C'est à peu près tout ce
que j'ai à dire sur le service de recherche du ministère ou sur
la direction générale de la recherche du ministère du
Travail et de la Main-d'oeuvre. Y a-t-il des questions à poser sur cet
élément en particulier ou si vous entendez poser des questions
sur le reste, d'une façon glc baie?
Je passerai donc, M. le Président, aux activiés de la
direction générale des normes, pour 1974/75. C'est plus court,
cette fois-ci. Nous avons, cette année, adopté 40
arrêtés en conseil, modifiant les décrets qui existent dans
l'industrie, au Québec. Ce n'est pas seulement dans l'industrie de la
construction qu'il y a des décrets. Dans toutes les autres industries,
il y a eu 40 arrêtés en conseil adoptés, cette
année. Il y a eu neuf refontes de décrets qui ont
été préparées et acheminées au service des
communications pour impression.
Vous savez que les décrets subissent régulièrement
des amendements, à la demande des parties. Quand il y a consensus,
habituellement, nous acceptons les amendements mais, finalement, vous avez des
décrets qui sont épais comme cela, avec des feuilles plus ou
moins détachées; des refontes, on en a fait neuf, cette
année. La direction générale en a fait neuf. Huit de ces
refontes sont maintenant disponibles et la dernière doit nous être
livrée très bientôt; en fait, c'est une question
d'impression, ce n'est pas autre chose que cela.
L'administration des comités paritaires. Pendant cette
période, un total de 74 arrêtés en conseil touchant des
statuts et règlements des comités paritaires ont
été approuvés. Ces arrêtés en conseil se
répartissent comme suit: neuf approuvant de nouveaux statuts ou
modifiant des constitutions et règlements déjà existants;
seize approuvant ou modifiant les règlements spéciaux tels que
tenue du registre, rapport mensuel et frais de déplacement; 49
approuvant des règlements de prélèvement pour chacun des
comités paritaires. Trois comités paritaires ont
été liquidés au cours de cet exercice financier; ce sont
ceux du verre, région de Québec, du gant de cuir et du commerce
des taverniers, région de Québec.
De plus, le décret de l'imprimerie de la région de
Québec ayant cessé d'exister le 30 septembre 1974, le
comité paritaire chargé de son application a été
également liquidé. Cependant, cette liquidation se continue
toujours étant donné les poursuites et réclamations encore
en suspens. C'est-à-dire que cela n'a pas été totalement
liquidé, les obligations et les droits devant être exercés,
encore une fois, par les liquidateurs officiels.
Les visites aux comités paritaires sont effectuées
régulièrement pour vérifier les prévisions
budgétaires, les données contenues dans les rapports annuels des
représentants des parties
contractantes, etc. D'autres visites sont rendues nécessaires
à la suite de la réception de plaintes pour fournir de l'aide
technique aux administrateurs ou encore pour procéder à des
ententes de service entre comités quant aux procédés
administratifs. Le nombre de ces visites est donc relatif aux besoins des
comités paritaires.
M. Burns: J'aurais juste une question, là-dessus, au
ministre. Je n'ai pas l'intention de revenir là-dessus, on est aussi
bien de s'en débarrasser tout de suite. Dans les cas de telles
liquidations, si jamais il arrive qu'il y a des fonds qui sont encore
disponibles et au crédit du comité paritaire en question, comment
met-on en application le re-tour à des organismes semblables ou à
des sources...?
M. Cournoyer: On a un lot de comités paritaires; par
exemple, l'imprimerie, à Québec. Admettons que, le décret
de l'imprimerie étant tombé, il y ait liquidation parce qu'il n'y
a plus de décret. Admettons que les parties contractantes au
décret de l'imprimerie d'ailleurs, elles ont manifesté le
désir de recommencer un système de décret qui
n'incorporerait pas, par exemple, l'imprimerie des hebdos ou des choses comme
cela, la question des journaux hebdomadaires les parties en viennent
à une entente, l'argent qui reste est habituellement versé au
fonds consolidé de la province et pour remplir des fins similaires. On
ne peut pas l'utiliser... Du moins, s'il y avait un organisme qui avait des
fins similaires... Est-ce qu'on l'a déjà fait?
M. Burns: Par exemple, il y a quelques années, vous aviez
les employés de l'alimentation au détail, à Joliette, qui
ont décidé de mettre fin à leur décret et il n'y a
pas eu de remplacement. Il y a peut-être eu les syndicats qui se sont
formés individuellement mais il n'y a pas eu de remplacement au point de
vue du décret. Dans des cas comme celui-là, comment agit-on?
M. Cournoyer: L'argent s'en va au fonds consolidé. En
fait, c'est un fonds spécial qui se trouve à servir de
façon légale, je pense, en fiducie. Il n'appartient pas au fonds
consolidé proprement dit, c'est un fonds en fiducie qui est
détenu pour remplir des fins similaires. Il peut arriver, par exemple,
qu'un comité paritaire, qui a des dettes, la balance soit le contraire,
c'est-à-dire...
M. Burns: Que ce soit le fonds qui paie.
M. Cournoyer: A un moment donné, on est tenu, nous autres
je pense qu'on l'a fait à deux ou trois reprises de
compenser à même ce fonds qui est, en fait, un fonds de la loi des
décrets de convention collective de compenser certaines dettes qui ne
doivent pas émerger au budget général de la province, mais
qui émergent aux budgets généraux des comités
paritaires. Dans ce sens-là, cela joue dans les deux sens. Il y a
certains comités paritaires qui, lorsqu'ils ont été
abolis, ont laissé un certain nombre de dettes.
M. Burns: Peut-être que le ministre n'est pas celui
à qui je dois poser cette question. Est-ce qu'on a idée de
l'importance de ce fonds, en fidéicommis, relativement aux liquidations
des différents organismes semblables? C'est peut-être au ministre
des Finances que je devrais poser cette question: Est-ce qu'il est sous
l'administration du ministre des Finances, ce fonds?
M. Cournoyer: II est sous l'administration du ministre des
Finances, mais on me dit, du moins ceux qui sont chargés de
l'administration ici, que c'est entre $300,000 et $400,000, mais c'est un
maximum de $500,000...
M. Burns: Bon.
M. Cournoyer: ... qu'il y aurait actuellement.
M. Burns: C'était surtout cela, un ordre de grandeur.
M. Cournoyer: Nous passons maintenant à la direction
générale du travail qui est peut-être la plus
évidente, celle qui semble être la seule préoccupation du
ministre. Pour la période 1974/75, ici, je n'ai pas de bonnes
nouvelles.
M. Burns: Qui est la seule.
M. Cournoyer: Ce n'est pas la seule, je tiens à vous dire
cela. C'est votre opinion, mon cher confrère.
La période de 1974/75 a été, pour le monde des
relations du travail, l'une des plus agitées qu'ait connues le
Québec depuis longtemps. C'est une constatation que vous aviez faite
comme député.
M. Burns: C'est ce qu'on peut appeler "the understatement of the
year".
M. Cournoyer: C'est la plus agitée qu'on ait eue depuis
longtemps. C'est parce qu'il y a plus de syndicats qu'il n'y en avait. Depuis
que l'accréditation va mieux, il y a plus de syndicats qu'il n'y en
avait. Donc, on a plus de monde qui négocie des conventions collectives
qu'avant.
M. Burns: C'est cela.
M. Cournoyer: Les proportions étant ce qu'elles doivent
être habituellement, les gens qui ont un droit nouveau l'exercent,
qu'est-ce que vous voulez? Je trouve cela bien normal que les gars qui ont un
droit l'exercent de temps en temps. D'ailleurs, les activités du service
de conciliation et d'arbitrage du ministère du Travail, surtout les
interventions conciliatrices, viennent confirmer de façon fort
éloquente cette conclusion.
Ainsi, le nombre de cas référés au service de
conciliation durant la période 1974/75 a enregistré un
accroissement de l'ordre de 8.2%, passant de 1,335 cas pour 1973/74
là, je voudrais bien mentionner qu'il n'y a pas que les cas où le
ministre est "poigné", il y en a 1335 cas à 1,455.
M. Burns: II y en a 35 où le ministre ne s'est pas mis le
nez.
M. Cournoyer: Je prends cette observation comme n'étant
pas gratuite, mais payante en désespoir. S'il faut qu'il n'y en ait que
35 où je ne me sois pas mis le nez, que fis-je cette année?
M. Burns: Vous n'avez sûrement pas
légiféré, en tout cas.
M. Cournoyer: C'est sur le point de. M. Burns: Sauf sur
des cas spéciaux.
M. Cournoyer: De ces 1,455 cas soumis à la conciliation,
je voudrais mentionner très fort que 1,092 ont été
réglés suite aux interventions du conciliateur, sans intervention
du ministre, parce que ces gens-là font leur travail, leur boulot
régulièrement, dans l'ombre. Ainsi, il doit être retenu
que, compte tenu de la conjoncture actuelle où les règlements
sont de plus en plus difficiles on doit le dire le service de
conciliation a néanmoins réussi à régler 75% de ces
1,455 cas qui lui ont été référés. Les
règlements deviennent de plus en plus difficiles et la conjoncture est
là. Tout en ne faisant pas de politique ce matin, de petite politique,
que voulez-vous, c'est une conjoncture qui fait que les gens sont mal à
l'aise. Ceux qui ont le droit et l'organisation pour les défendre
réagissent; cela devient plus difficile de faire des
règlements.
Nous estimons que ce résultat, en soi, constitue à lui
seul un témoignage fort éloquent de l'efficacité du
travail de nos services de conciliation les places où le ministre
est intervenu, il n'a pas encore réussi; j'aime mieux parler de ceux qui
ont réussi quelque chose que des places où moi, je n'ai pas
réussi et de ceux qui le composent.
Arbitrage. Le nombre de différends soumis à l'arbitrage,
de 33 cas enregistrés l'an dernier, est passé à 31 cette
année. Cela, ce sont les pompiers qui n'y sont pas allés et les
policiers non plus.
M. Burns: Ce sont des cas où vous êtes intervenus
malgré l'arbitrage.
M. Cournoyer: Oui, mais ils ne sont pas allés à
l'arbitrage, cette année. Cela fait deux cas de moins d'arbitrage. Ceux
qui exècrent le système d'arbitrage voient une tendance
marquée vers la réduction du nombre d'arbitrages.
M. Burns: C'est bon signe.
M. Cournoyer: Les grèves. L'agitation ouvrière que
nous avons connue durant la période 1974/75 s'est traduite par un
accroissement de 25% dans le nombre de grèves, par rapport à la
même période l'an dernier.
M. Burns: L'indexation.
M. Cournoyer: Surtout. Il y a eu l'indexation, mais il y a eu
plusieurs grèves illégales.
M. Burns: Comptez-vous les grèves illégales ou
prétendues illégales?
M. Cournoyer: Non, je ne les regarde pas, celles-là.
M. Burns: D'après vos statistiques, il y a seulement les
grèves en vertu...
M. Cournoyer: Légales.
M. Burns: ... des dispositions de la loi.
M. Cournoyer: Mais l'indexation était là aussi dans
le cas des grèves légales. La plupart des cas de grèves
illégales, ce sont des gens qui avaient signé leur convention
collective à peu près un an avant qu'on ne sente, d'une
façon définitive, l'augmentation rapide du taux d'inflation. Ceux
qui avaient signé six mois avant, ils avaient peut-être des
prévisions différentes et il y a eu moins de problèmes
là. Mais, quand est arrivé le temps de signer des conventions
renouvelées dans cette année-là, le problème de
l'indexation, qui était aigu pour ceux qui avaient déjà
des conventions collectives, prenait une acuité encore plus grande pour
ceux qui étaient en voie d'en signer une.
La demande ne se faisait pas sentir d'une façon différente
non plus, quoique c'était légal. Ils étaient en droit de
le demander et de l'obtenir s'ils voulaient.
M. Burns: Est-ce qu'on a des statistiques précises sur les
causes générales des arrêts de travail? C'est
peut-être assez difficile à sortir du problème.
M. Cournoyer: C'est pas mal difficile, cela.
En fait, vous le savez, il peut y avoir dans chaque cas un ensemble de
causes. Une cause peut être facilement identifiée pour qu'on dise:
C'est celle-là. Mais, dans le fond, tu réglerais celle-là
que dans l'ensemble tu ne réglerais pas ton problème non plus. Tu
seras obligé d'expliquer la grève par l'ensemble et non pas un
comportement, par exemple.
M. Burns: Bien souvent, dans un cas de grève, on peut
mettre le doigt sur trois ou quatre problèmes importants.
M. Cournoyer: Oui, trois ou quatre problèmes
importants.
M. Burns: Je veux dire, si on a des statistiques relativement
à ce type de problème...
M. Cournoyer: Je peux demander au conciliateur, par exemple, de
faire l'analyse ou faire des examens de cadavres après. Pourquoi y
a-t-il eu une grève dans cette affaire? Il y a de plus en plus, selon
notre appréciation, où on en est beaucoup plus qu'aux
statistiques, un affrontement presque constant, selon la nature des relations
qu'on a eues pendant la durée de la convention précédente.
La durée de la convention précédente de-
vrait normalement indiquer aux employeurs et aux syndicats que c'est
elle qui fait qu'on peut s'entendre facilement à la fin, beaucoup plus
que tel point en particulier. C'est que les gens sont habituellement
choqués. S'ils ne font pas de gestes illégaux pendant la
durée de leur convention collective, ils se préparent le voyage
à la fin de la convention collective, lorsqu'ils auront le droit
légal de faire la grève. Très souvent, c'est un climat
général qui est la cause de la grève. Avant même de
s'aventurer dans le fond, c'est-à-dire ce qui est le plus apparent,
l'identification, par exemple, de l'indexation, avant de s'aventurer là,
il faut ôter les autres affaires qui font que, même si on
réglait l'indexation, on n'aurait pas réglé le
problème après. Quand on a identifié le problème
comme étant celui de l'indexation. Je ne veux pas parler d'un cas qui
s'appelle United Aircraft mais, les six points étant maintenant
réglés, on a le problème du retour au travail. Mettons
cela, en particulier. En fait, on est allé discuter le problème
du retour au travail proprement dit; c'est un point de la convention, comme on
se l'est déjà dit. Mais avec combien de griefs à
être réglés à l'occasion de la signature d'un
protocole de retour au travail, les griefs qui provenaient des derniers mois de
la convention collective qui est expirée en 1973 et qui avaient
eux-mêmes été le résultat de l'existence d'un climat
relativement malsain à l'intérieur de la compagnie.
M. Burns: II y a le problème d'approche de la part du
management aussi.
M. Cournoyer: Certainement.
M. Burns: II est bien clair que c'est une histoire qui remonte
à 1967 et peut-être même avant.
M. Cournoyer: Avant cela, dès le début. Il y a
l'autre cause générale...
M. Burns: En 1967 c'était le moment où cela a
peut-être été plus souligné.
M. Cournoyer: II y a l'autre cause générale, si
vous me permettez cette observation, encore une fois, au pifomètre. La
grande difficulté d'accréditation c'est-à-dire si
le syndicat a eu de la difficulté à être
accrédité ne cause pas nécessairement une
grève, mais elle aussi est indicative du genre de relations de travail
que nous vivrons par la suite, lorsque le syndicat sera
accrédité, conformément aux lois du Québec. Plus
c'est difficile, plus des obstructions ont été faites, quand la
décision du commissaire-enquêteur arrive, on a déjà
créé un climat tel qu'on ne veuille pas se regarder trop trop
bien, étant donné la bataille de naissance, ce conflit de
naissance; le bébé est bleu en arrivant. Si vous me comprenez
bien, c'est un conflit de naissance.
M. Burns: C'est un cas de siège.
M. Cournoyer: C'est un cas de siège et un cas de
siège cela prend un docteur pour arranger cela. Heureusement que nous
avons d'excellents conciliateurs chez nous. Ils ne restent pas tous bleus.
M. Boudreault: Cela devient difficile de faire l'avortement.
M. Cournoyer: II y en a qui viennent rouges.
Donc l'agitation ouvrière dont je parlais tantôt s'est
soldée par un accroissement de 25% dans le nombre de grèves
légales, par rapport à la même période, l'an
dernier.
Ainsi des 194 grèves enregistrées à pareille date,
l'an dernier, ce nombre s'est accru à 264, durant l'année
1974/75. Je préfère ne pas utiliser le jour/homme perdu. C'est
une méthode de calcul qui est assez intéressante, mais il me
semble qu'elle est injuste, pas pour nous, mais il me semble qu'il est injuste
de comparer jour/homme perdu. Si je prends la grève de United Aircraft
ou encore celle de Canadian Gypsum, à chaque semaine, à United
Aircraft, 2,300 personnes, pendant un an de temps perdaient 40 heures, mais ce
n'était qu'une cause de grève. Mais quand vous calculez d'une
façon globale le nombre de jours/hommes perdu et que vous dites: Cela va
mal, je trouve que c'est identifier le problème de façon trop
globale. Je dis: Ecoute, cela ne va pas si mal que cela, même si tu
compares le nombre de jours/hommes perdus avec celui de l'Ontario, par exemple.
En Ontario il pourrait arriver qu'il y ait 75 grèves et je n'en ai
qu'une qui me donne exactement le même nombre de jours/hommes perdus et
elle n'a qu'une cause chez nous. En Ontario, il y en a 75.
M. Burns: De toute façon le ministre sait sans doute que
depuis de nombreuses années, le nombre de jours/hommes perdus à
cause des grèves est habituellement inférieur, peut-être
sauf une année je pense que c'est 1971 ou 1972 aux
jours/hommes perdus pour des raisons d'accidents de travail. C'est assez
intéressant comme statistique.
M. Cournoyer: En ce sens, oui.
M. Burns: Je veux dire, il y a plus de gens qui perdent du
travail, il y a plus de jours/hommes perdus pour des raisons d'accidents de
travail que pour des raisons de grèves. On fait souvent des montagnes
avec les grèves puis avec le nombre de jours/hommes, d'heures/hommes
perdus, mais effectivement quand on s'arrête à un autre
problème du milieu du travail qui est drôlement important, celui
des accidents du travail, on s'aperçoit que cela a une importance telle
que c'est encore plus important, au point de vue de la perte en
jours/hommes.
M. Cournoyer: Je pense bien que cela, il faut le mentionner et il
faut le répéter. C'est à l'occasion de cette discussion
qu'il m'est permis de le faire. Le nombre de jours/hommes perdus par accidents
de travail équivaut, et il est même supérieur du
côté des accidents de travail, quand on le calcule. Mais on sait
qu'il y a plusieurs causes, dans le cas des accidents de travail, tandis que
dans le cas des grèves, vous pouvez les identifier. Je n'ai que 194
grèves. Ce n'est pas drôle pour les
194 grèves, mais quand on dit que le système est mauvais,
je dis: Posez-vous des questions. Il y a 1,335 cas soumis à la
conciliation, donc 75% ont été réglés en
conciliation. Cela, indépendamment de ceux qui ne sont pas venus en
conciliation, parce que les parties ne viennent pas toutes en conciliation.
Elles règlent leurs problèmes.
M. Burns: Ce n'est pas moi qui vais vous engueuler
là-dessus, M. le ministre.
M. Cournoyer: Je le sais.
M. Burns: J'ai toujours pensé qu'on pourrait appliquer au
milieu du travail l'expression: Les peuples heureux n'ont pas d'histoire. On
n'entend jamais parler des nombreuses conventions collectives qui se signent
sans aucun conflit, sans difficulté. Malheureusement, on est
porté à l'oublier. Les gens qui mettent l'accent sur les
grèves, la prépondérance de ces conflits de travail, etc.,
oublient souvent le fait que de nombreuses fois, dans la grande majorité
des cas, il y a des relations normales qui s'exercent entre patrons et
syndicats et qui sont tout à fait dans l'intérêt des
travailleurs et souvent dans l'intérêt de l'entreprise aussi.
M. Cournoyer: Malheureusement, nous avons plutôt tendance
à nous regarder sous le mauvais jour. Certaines provinces du Canada ont
tendance aussi à nous regarder sous le mauvais jour, à nous
regarder en disant: Voici la paille qu'il a dans son oeiï. Mais on ne peut
voir que la paille étant donné la poutre que nous avons dans le
nôtre. Je ne veux pas faire de commentaires désobligeants chez mes
voisins de l'Ontario, mais chaque fois que nous avons une grève ici,
elle prend des dimensions en Ontario qui n'ont aucune correspondance avec la
réalité que je vis comme ministre du Travail. C'est dans ce sens
que parfois je me rebelle, non pas contre nos journalistes, mais contre les
journalistes qui écrivent dans le Globe and Mail et qui écrivent
dans le Toronto Star qu'au Québec, ça va mal.
M. Burns: On ne peut pas dire que ça va bien.
M. Cournoyer: Mais à chaque fois qu'il y a une
grève...
M. Burns: Ils n'ont pas tout à fait tort.
M. Cournoyer: M. le Président, à chaque fois... Oui
mais ça va bien...
M. Burns: Vous voyez le bordel dans la construction. Il ne faut
pas blâmer les journalistes.
M. Cournoyer: Non, mais il ne faudrait pas...
M. Burns: Je vais vous dire d'ailleurs tout à l'heure qui
il faut blâmer.
M. Cournoyer: C'est moi. C'est à moi que vous vous
adressez, donc, c'est à moi qu'il faut adresser les blâmes.
M. Burns: Vous en avez...
M. Cournoyer: Non, non. Je dis: C'est moi qu'il faut
blâmer. Qu'est-ce que vous voulez, il y en a un qu'il faut blâmer
et c'est aussi bien de prendre celui-là; il est capable de le prendre.
De toute façon, qu'est-ce que vous voulez que j'y fasse? Je vais
régler le problème de la construction très rapidement avec
le rapport Cliche dans les mains, avec ou sans votre collaboration, bien
entendu. Mais il faudra le faire.
M. Burns: Vous avez notre collaboration toutes les fois où
on pense que, véritablement, vou-voulez régler le
problème. Quand on pense qu vous ne voulez pas le régler, on ne
veut pas être des cautions du régime.
M. Cournoyer: Vous avez raison. Continuez comme ça; vous
jouez votre rôle et moi, je joue le mien. Je respecte l'Opposition
dans...
M. Burns: Bon.
M. Cournoyer: ... toutes les façons qu'elle juge de jouer
son rôle.
M. Burns: Enfin, je vais pouvoir dormir ce soir; j'ai la
bénédiction du ministre du Travail!
M. Cournoyer: Les caractères particuliers des conflits qui
ont agité la scène des relations du travail durant 1974/75. Ces
conflits offrent, comme vous me le demandiez tantôt, certaines
particularités que ne souligne aucune statistique.
En effet, ces statistiques, qui, d'ordinaire, sont suffisantes pour
esquisser les grandes lignes de la situation des relations du travail,
réussissent mal, pour la période de 197'4/75, à faire
ressortir clairement les principaux faits saillants qui s'imposent à
notre attention.
Les positions des parties face à la conjoncture économique
actuelle. La conjoncture économique trouble que nous connaissons
présentement a fait, sinon se transformer, du moins se modifier les
positions respectives des deux parties à la table de
négociations. Du côté patronal, l'accroissement de l'indice
du coût de la vie se traduisant par une augmentation du coût de
production, ajouté à l'instabilité des marchés et
au caractère récessif des économies en
général a donné lieu à une opposition de plus en
plus vive face aux demandes monétaires syndicales,
généralement parlant.
Du côté ouvrier, la perte du pouvoir d'achat,
occasionnée par l'augmentation incessante de l'indice du coût de
la vie, a fait s'accroître ces demandes monétaires dans des
proportions jusqu'ici sans précédent, les demandes étant
jugées par eux comme correspondant, au moins, à l'augmentation du
coût de la vie.
C'est pour la même cause, et pour des réactions identiques
de part et d'autre de la table. Cette réticence de plus en plus
marquée de part et d'autre, le caractère de plus en plus
serré de la négociation, l'intransigeance de plus en plus
marquée qu'affichent les parties, de même que les
écarts de plus en plus considérables qui les
séparent d'un règlement confèrent de plus en plus au
service de conciliation une importance qui ne fait que s'accroître,
à cause de ces écarts qui deviennent stigmatisés
dès le point de départ de la négociation.
L'importance croissante de la conciliation et les problèmes qui
en résultent. Le caractère de plus en plus ardu de l'intervention
du conciliateur, qui se traduit par une augmentation incroyable de
démarches nécessaires à un règlement, impose au
personnel du service de conciliation, autant conciliateurs qu'employés
de soutien, un accroissement du fardeau de travail qui dépasse
l'entendement. Je suis obligé de le noter. Trop fréquemment
doit-on, pour rencontrer les demandes de conciliation, assigner à un
même conciliateur plusieurs cas dans une même journée, alors
que souvent un seul de ces cas nécessitera une intervention continue qui
ne se terminera qu'aux petites heures du matin.
Il doit être également souligné que le rôle du
conciliateur n'est pas et ne doit pas uniquement se limiter à la
conciliation. Il doit, en plus, à titre de médiateur, intervenir
lors des règlements de grèves. Chez nous, ils font une
distinction entre la conciliation formelle, suivant le code du travail, la loi
qui existe actuellement, c'est-à-dire la période de conciliation
de 30 jours, et lerapport, qui est un rapport très simple, comme vous le
savez, et qui dit: Bien, je n'ai pas réussi. Par la suite, la
grève, si elle a lieu...
M. Burns: Souvent la réinsertion du conciliateur...
M. Cournoyer: A titre de médiateur. M. Burns: ...
à titre de médiateur.
M. Cournoyer: C'est la même personne, habituellement, que
nous retrouvons là.
M. Burns: D'ailleurs, M. le ministre, c'est peut-être la
seule chose sur laquelle je peux vous féliciter. Ce n'est
peut-être pas vous qui méritez les félicitations.
M. Cournoyer: Non, ce n'est pas moi; c'est mon
ministère.
M. Burns: Mais je pense que votre service de conciliation
mérite des félicitations, du directeur lui-même, M. Yvan
Blais, en descendant. Je pense qu'en général, il y a un
très bon travail qui se fait de ce côté, malgré les
difficultés que vous mentionnez, c'est-à-dire le fardeau de
travail très lourd qu'on impose aux conciliateurs, et malgré
également les conditions de travail qui sont souvent très
difficiles au point de vue des horaires, au point de vue des
déplacements, etc.
M. Cournoyer: Oui.
M. Burns: Alors, je pense que cela vaut la peine de le souligner
en passant. Je pense que ces gens font un très bon travail; on ne les
mentionne pas assez souvent, malheureusement.
M. Cournoyer: Alors, c'est un peu pour ça que je fais ce
genre de remarques lors de l'étude de mes crédits,
aujourd'hui.
M. Burns: Oui.
M. Cournoyer: Parce que je veux que non seulement vous
entendiez...
M. Burns: Profitez-en, c'est la seule fois où je vais vous
féliciter.
M. Cournoyer: Je veux non seulement que vous m'entendiez mais que
certaines autres personnes m'entendent également.
M. Burns: D'accord.
M. Cournoyer: Est-il nécessaire de souligner que, dans la
conjoncture actuelle, ces interventions sont de plus en plus fréquentes
et leur durée de plus en plus longue? A ces fonctions doit
également s'ajouter la médiation spéciale. Ce genre
d'intervention, commandée le plus souvent par le ministre ou le
sous-ministre, quoique moins fréquente, n'est pas moins courante.
Jusqu'à présent, nous avons pu répondre à
l'appel avec les moyens du bord. Cependant, il ne nous est pas permis de croire
que l'on puisse continuer ainsi longtemps. L'accroissement incessant du fardeau
de travail que l'on doit imposer à notre personnel ne peut plus se
maintenir sans que ne soit affectée l'efficacité de nos
interventions.
Ainsi, il serait aberrant qu'au moment même où la
conjoncture des relations de travail impose comme un besoin impérieux la
conciliation, au moment même où les parties s'en remettent de plus
en plus à la conciliation pour convenir d'un règlement, au moment
même où cette crédibilité que nous avons su
bâtir et conserver contre vents et marées semble, de toute
évidence, être reconnue d'une façon générale,
alors que le caractère valable et la réputation du service
semblent être confirmés par la confiance que nous
témoignent les parties, il serait aberrant, dis-je, qu'à ce
moment des organismes responsables de l'appareil gouvernemental soient les
seuls à ne pas reconnaître l'importance croissante de notre
service, ou, ce qui n'est guère concevable, reconnaissent l'importance
de notre rôle mais ne nous reconnaissent pas les moyens de l'assumer.
Que l'on se tienne pour dit que le service de conciliation ne peut
qu'être appelé à se développer et que cette
expansion n'est pas un voeu pieux mais une éventualité qui
n'échappe à personne, sauf peut-être à la fonction
publique.
Que l'on retienne...
M. Burns: Est-ce qu'on peut s'arrêter pour souligner ce que
vous êtes en train de dire...
M. Cournoyer: Oui, très calmement.
M. Burns: ... et insister sur le fait que la fonction publique ne
comprend pas toujours les besoins de certains services du ministère du
Travail?
M. Cournoyer: Et en particulier du service de conciliation.
M. Burns: Surtout du service de conciliation. C'est une
indication directe au ministre de la Fonction publique de voir à ce que
cet aspect soit réglé.
M. Cournoyer: Ou à la Commission de la fonction
publique.
M. Burns: Bien, je pense que c'est un peu les deux parce que la
politique de la fonction publique est défendue, très mal
défendue d'ailleurs cela me fait de la peine de le dire parce
qu'il est absent mais, de toute façon, je le lui ai dit
déjà, alors je n'ai pas l'impression de lui parler dans le dos
par le ministre de la Fonction publique.
Maintenant, c'est une question, à mon avis, d'atmosphère
qui provient du gouvernement lui-même. En tout cas, je ne veux pas
embarquer dans une discussion qu'on a déjà eue l'année
dernière, mais je pense que c'est également le rôle de
chacun des ministres qui siègent au cabinet de pousser sur cette
attitude et non pas de passer à côté des règles
habituelles pour satisfaire un besoin immédiat.
M. Cournoyer: Oui.
M. Burns: Je ne reviendrai pas sur le cas Laporte, ni quoi que ce
soit. Mais...
M. Cournoyer: II ne le faudrait pas.
M. Burns: ... c'est l'exemple peut-être le plus flagrant
d'un ministre qui veut régler son problème sans penser à
l'envergure de l'ensemble du problème.
M. Cournoyer: Oui! Sur l'envergure du problème, je tiens a
vous dire...
M. Burns: Toujours en disant à mon bon ami, Gilles
Laporte, qu'il n'y a pas de doute, c'est un gars compétent. Bon. Ce
n'est pas du tout sa compétence...
M. Cournoyer: Non.
M. Burns: ... qu'on discute à ce stade-ci. C'est une
méthode de fonctionnement que je trouve absolument inacceptable...
M. Cournoyer: Oui, on en reparlera... M. Burns: ... et qui
contribue justement... M. Cournoyer: ... si vous voulez.
M. Burns: ... à permettre à la Commission de la
fonction publique et au ministre de ne pas réagir, de dire: Bien, oui,
c'est ça, la solution est comme ça. Bien, cela coûterait
pas mal plus cher si on voulait régler cela. Mais j'invite le ministre
à agir de façon beaucoup plus radicale au cabinet.
M. Cournoyer: Ce que j'ai l'honneur de vous dire maintenant,
c'est que j'ai bien mentionné, au point de départ, que je ne
voulais pas seulement que cela tombe dans vos oreilles mais que cela tombe dans
d'autres oreilles en même temps.
M. Burns: J'ai bien compris ça.
M. Cournoyer: Vous avez compris ça.
M. Burns: D'ailleurs, je pensais ajouter ma voix à la
vôtre pour que cela tombe au moins dans deux oreilles.
M. Cournoyer: Mais c'est parce que j'ai peur que lorsque vous
ajoutez votre voix à la mienne, la mienne devienne diminuée!
M. Burns: Vous pensez que cela ne tombe pas dans les mêmes
oreilles quand c'est moi qui parle?
M. Cournoyer: II y a des...
M. Burns: II y a pourtant un ministre qui est bien content des
critiques que nous faisons à l'endroit de son ministère parce
qu'il a l'impression que cela aide.
M. Cournoyer: Ce n'est pas ça que je veux dire.
M. Burns: Je ne nommerai pas le ministre parce que c'est assez
pour qu'au prochain remaniement ministériel il se retrouve adjoint
parlementaire.
M. Cournoyer: Ce que j'essaie de vous dire, c'est que lorsque
vous critiquez, ce n'est pas mal, mais quand vous êtes d'accord avec le
ministre, là, cela devient "enfargeant"!
M. Burns: M. le ministre, je vais vous faire plaisir. Pour le
reste des crédits, je ne serai jamais d'accord avec vous.
M. Cournoyer: Cela va être parfait, là je vais
être bien! Je vais me retrouver dans mon élément, en face
de vous.
M. Burns: Bien oui, c'est cela.
M. Cournoyer: Que l'on tienne cet essor... S'il est partiellement
explicable par la conjoncture économique actuelle, il l'est surtout par
l'efficacité de plus en plus reconnue de notre service. Pour
mériter et maintenir cette réputation qui est l'oeuvre de
plusieurs années de travail et d'efforts, il est essentiel que la
fonction publique reconnaisse le
bien-fondé de nos demandes qui sont aussi impérieuses que
le sont nos besoins. Ces demandes ont pour objet non seulement de maintenir
notre réputation et notre efficacité, mais de nous permettre de
répondre aux exigences futures qui laissent prévoir une expansion
du service de conciliation. Face à cette situation, il est donc urgent
non seulement d'accroître le nombre de conciliateurs, mais surtout
d'accroître le traitement offert aux futurs candidats. C'est à
cette seule condition qu'il nous sera possible de recruter des candidats dont
la formation et l'expérience seront de nature non seulement à
assurer, mais à accroître le prestige du service. Je dois dire que
l'an dernier, à cause des règles, nous avons réussi
à dénicher deux conciliateurs et, lorsque nous leur avons, par le
truchement de la Commission de la fonction publique, offert les traitements,
ils se trouvaient à être inférieurs à ceux qu'ils
gagnaient déjà. En appliquant des règles de
professionnels, les règles des professionnels ordinaires du
gouvernement, on s'est donc placé dans la conjoncture de ne pas
être capable de retenir les services de ces personnes, parce que ceux
avec qui nous sommes en concurrence, jusqu'à un certain point, pour
obtenir du personnel de cette qualité, semblent avoir beaucoup plus de
facilité que nous à payer les gens d'une façon telle que
notre offre...
M. Burns: Notre bataille de salaires, par exemple, est
considérable.
M. Cournoyer: Le maximum, c'est 20.
M. Burns: 20?
M. Cournoyer: $20,000.
M. Burns: Dans le monde syndical, il y a très peu de
représentants syndicaux qui gagnent cela.
M. Cournoyer: C'est un peu pour cela que...
M. Burns: Sauf, qu'il y a, évidemment les
bénéfices marginaux. Je vois le sous-ministre qui me fait signe
qu'il y a autre chose. C'est un fait qu'il y a des bénéfices
marginaux qui, évidemment, viennent compléter la valeur des
fonctions dans le milieu syndical.
M. Cournoyer: C'est un peu pour cela, M. le Président,
qu'on accuse très souvent le ministère du Travail de n'employer
que d'anciens syndicalistes comme négociateurs. C'est que, d'abord, il y
a l'expérience dont...
M. Burns: II n'y a pas un avocat syndical qui va y aller à
ce prix-là.
M. Cournoyer: ... il faut tenir compte. Ce ne sont pas
nécessairement des avocats...
M. Burns: non.
M. Cournoyer: ... mais l'expérience...
M. Burns: Du côté patronal, ce sont habituellement
des avocats qui sont spécialisés ou des diplômés de
relations industrielles qui se spécialisent et qui, déjà,
gagnent beaucoup plus que cela pour une entreprise.
M. Cournoyer: C'est cela. J'explique donc, sans vouloir me
défendre de cela, comment nous cherchons des gens qui ont
l'expérience de la négociation. Parce que pour s'asseoir entre
deux parties, il faut quand même avoir été dans le milieu,
il faut voir ce que c'est et, surtout, pouvoir déceler rapidement les
difficultés de l'une et l'autre partie. De plus en plus, la
difficulté principale, c'est de déceler la difficulté de
l'agent d'affaires syndical. Parce que ceux qui ne comprennent pas et je
le dis encore une fois d'une façon honnête, même pour mes
confrères ici qu'un agent syndical n'est pas un directeur
autocratique et qu'il doit répondre à une assemblée
générale s'imaginent des choses qui n'existent pas selon le
ministre du Travail. De moins en moins, nous avons de ces directeurs, des
dirigeants syndicaux qui peuvent, par leur seule capacité d'expression,
vendre n'importe quoi à un groupe de syndiqués réunis en
assemblée générale. Les syndiqués sont beaucoup
plus alertes qu'ils ne l'étaient. J'imagine qu'ils comprennent mieux les
textes des conventions collectives, mais lorsqu'ils ont demandé quelque
chose, l'agent syndical est très souvent... Cela devient de plus en plus
fréquent que l'agent syndical s'essaie en assemblée
générale et qu'il soit rejeté, pas comme agent syndical,
mais que le règlement qu'il propose de faire soit rejeté par une
assemblée générale et il n'est pas du tout
l'ingénieur du rejet. On va lui prêter cela le lendemain, mais,
d'une façon générale, il n'est pas l'ingénieur du
rejet, il est de bonne foi. Aussi, quand un conciliateur ne comprend pas cette
difficulté, il ne comprend pas une dimension principale du rôle de
ceux qui représentent les salariés.
Il doit comprendre cela. C'est pour cela que peut-être, du
côté du service de conciliation du ministère, la nature de
l'origine de nos conciliateurs, qui est plutôt syndicale que patronale,
leur permet d'effectuer plus de règlements que s'ils avaient une
formation strictement universitaire, sans l'expérience requise et la
connaissance des milieux dans lesquels ils se trouvent à évoluer
malgré eux, c'est-à-dire non seulement à une table de
négociations, mais à cet ensemble qui est derrière chaque
table de négociation et surtout l'ensemble syndical qui est
derrière la table de négociations syndicales, en particulier.
Lorsque nous disons que nous devons accroître le prestige de notre
service, ce n'est pas parce qu'il n'est pas bon actuellement, mais compte tenu
de ce que nous prévoyons comme participation, nous devons
accroître les revenus de nos conciliateurs pour les garder, pour garder
ceux que nous avons, parce que ces gens sont soumis aux mêmes lois
d'offre et de demande que ceux avec qui nous faisons affaires, ce qui n'est pas
nécessairement vrai du cas de tous les professionnels du gouvernement.
Ceux-là, en particulier nos
conciliateurs, sont assis dans le milieu de parties qui les examinent et
qui examinent leur comportement. Vous avez des offres qui viennent de la part
de la compagnie X, Y ou Z à nos conciliateurs. Je ne parle pas
nécessairement d'offres d'achat, d'offres d'argent, de pots-de-vin, ce
n'est pas cela du tout, mais d'une offre de l'employé après que
la conciliation est terminée.
M. Burns: En compétition avec le marché du
travail.
M. Cournoyer: On est en concurrence avec le genre de personnes
qui sont là, ce qui n'est pas nécessairement vrai du cas de tous
les professionnels du gouvernement. Quand on prend comme règle que les
conciliateurs sont des professionnels, que leurs conditions de travail sont
identiques à tous les professionnels du gouvernement, cela veut dire
qu'on a établi une norme, que cette norme est proche d'une moyenne, mais
que, dans le cas de la recherche de ce genre de personnes, et
particulièrement en 1976/77 et dans les prochaines années, la
recherche de personnes de la qualité de nos conciliateurs fera que, si
nous n'augmentons pas leur salaire et ne considérons pas les
conciliateurs comme étant une catégorie de professionnels
spéciale que d'autres ministères fassent des
catégories spéciales, ils feront leur propre argumentation, c'est
leur problème si on ne fait pas une catégorie
spéciale de salaires pour nos conciliateurs, dis-je, on se retrouvera
avec moins de conciliateurs de la nature de ceux que nous avons, leur
expérience les ayant placés en face de personnes qui peuvent leur
donner beaucoup plus pour cette expérience en particulier.
D'autre part, nous avons de la concurrence dans la recherche du genre de
conciliateurs et l'attirance du monde, de ces personnes qui sont de plus en
plus rares. On ne peut pas continuer d'espérer que nous pourrons
recruter des gens qui, du jour au lendemain, se retrouvent au milieu des
parties. On ne peut pas dire qu'on va former des conciliateurs à
l'université, ce n'est pas vrai. Dans mes livres, cela ne se fera pas,
peut-être plus tard, on va donner une formation de base, mais
l'expérience dans cela est cent fois plus importante que les seuls
qualifications académiques. Le directeur du service chez nous est un
ancien chauffeur d'autobus, comme vous le savez.
M. Burns: Caissier d'autobus.
M. Cournoyer: C'est-à-dire caissier d'autobus. C'est le
directeur du service qui fait son travail d'une façon, comme vous l'avez
mentionné tantôt, merveilleuse, en autant que le ministre est
concerné et que le sous-ministre est concerné. Il n'est pas un
diplômé d'université. Il ne fait pas affaires avec des
diplômés d'université, il fait affaires avec du monde
comme la CSN se plaît à le dire bien ordinaire. Plus
il est ordinaire, mieux c'est pour le règlement de certains conflits.
C'est vrai pour la plupart des conciliateurs que nous avons. Je crois opportun
de le mentionner. Si on recherche des diplômes et qu'on qualifie nos gens
en fonction des diplômes qu'ils ont et qu'on n'est pas capable de les
payer en fonction du pouvoir qu'ils ont d'avoir une "job" plus payante, parce
que d'autres se préoccupent moins des diplômes, dans les deux
prochaines années, nous perdons la crème de nos conciliateurs au
profit soit de l'entreprise privée, soit du gouvernement
fédéral. Le gouvernement fédéral aussi a certains
problèmes de relations de travail et certains problèmes de
conciliation. Les taux de salaires qu'il offre sont tellement, nettement
supérieurs à ceux que nous offrons que notre recherche ou notre
marché sera bientôt encombré.
M. Harvey (Charlesbourg): Cela semble être plus qu'une
occupation, même une inquiétude, de votre part, mais, comme
suggestion pratico-pratique, soit au ministre de la Fonction publique ou
à la commission du même nom, qu'est-ce que vous-même
suggéreriez dans un tel cas?
M. Cournoyer: Cela a déjà été
suggéré, et l'expression que j'ai ce matin ne vient que renforcer
ce que nous avons déjà demandé à la Commission de
la fonction publique et au ministère de la Fonction publique de
même qu'au Conseil du trésor.
M. Harvey (Charlesbourg): L'an dernier, lors de l'étude
des crédits, vous aviez opiné dans le même sens ou à
peu près sur la qualité des personnes-ressources et sur
l'importance de les bien payer, justement à cause de la concurrence qui
existe dans ce domaine et aussi la spécialisation de l'individu.
Idéologiquement, comment verriez-vous l'établissement d'une
échelle de salaire pour qu'elle soit proportionnel le à ce qui se
fait dans l'entreprise privée, peut-être même
supérieure?
M. Cournoyer: Sans vouloir créer de
précédent, car, apparemment, il ne faut pas créer de
précédent, ce vers quoi nous devrions tendre, ce sont des
ajustements de salaire qui tiendraient plus compte de la concurrence que nous
affrontons, de l'équilibre chez nous, sans pour autant payer plus
cher.
M. Burns: Je peux vous signaler, M. le ministre, que vous
n'êtes pas le seul ministère ainsi affecté; je pense au
ministère du Revenu, par exemple, où on agit véritablement
comme une école de formation pour le gouvernement fédéral.
Nos agents-vérificateurs, au Québec, sont en
général payés 50% de moins que les
agents-vérificateurs qui font exactement la même fonction au
fédéral. Et l'on se demande comment il se fait que le
ministère du Revenu, au Québec, est moins efficace que le
ministère du Revenu au fédéral. J'ai souvent eu des
révisions de cotisation par le fédéral, mais je n'en ai
jamais eu par le provincial. Je ne l'invite pas à le faire, remarquez,
mais c'est tout de même un signe, et je ne suis pas le seul à
noter cela. Sur le plan de l'efficacité, on se rend compte
également que le ministère du Revenu fédéral donne
une réponse beaucoup plus rapide à une
demande de révision de cotisation, ou encore à une demande
de remboursement ou quoi que ce soit. C'est un phénomène qui,
à mon avis, dénote une espèce d'absence de
flexibilité dans la politique salariale au Québec. On a
l'impression que, parce qu'une certaine politique salariale a été
établie, cela va nuire aux négociations que de dire: Pour telle
fonction, c'est évident que nous sommes en dehors du marché. Le
cas des conciliateurs est un exemple peut-être aussi flagrant que celui
des agents-vérificateurs. Il me semble que c'est une question de
mentalité qui doit être mise de l'avant à l'approche de la
révision de certaines catégories de salaires. Cela est vrai pour
les conciliateurs, c'est vrai pour les agents-vérificateurs, mais cela
est aussi vrai pour l'ensemble de la catégorie des professionnels,
où nous sommes constamment obligés de faire appel à
l'extérieur, à des contractuels, des gens qui ne sont pas des
permanents de la fonction publique. Je ne m'embarquerai pas dans tout le champ
des possibilités de patronage, mais cela existe tout de même. Je
me demande jusqu'à quel point il n'y a pas des gens qui voient à
ce que les choses se passent ainsi; mais, au ministère du Travail et au
service de conciliation, il n'y a pas de raison que cela se fasse ainsi; il n'y
a pas de contrats, ou très rarement, qui sont confiés à
l'extérieur, à des gens pour aller concilier dans tel ou tel
conflit.
M. Cournoyer: De moins en moins, c'est-à-dire que nous
n'en avons pas, nous.
M. Burns: Mais il y en a eu.
M. Cournoyer: II y a eu, je pense, seulement le cas de la United
Aircraft, avec M. Dufresne, l'an dernier.
M. Burns: Mais les supermédiateurs que l'on amène
à un moment donné, ça...
M. Cournoyer: Les autres...
M. Burns: J'aurai une question à vous poser
là-dessus lorsque vous aurez terminé votre exposé
relativement au service des...
M. Cournoyer: On a parlé du service de conciliation, mais
j'aimerais aussi y revenir plus tard non pas au service de conciliation mais
à tout le service du droit d'association, j'aimerais vous indiquer
où nous en sommes dans le service du droit d'association.
M. Burns: Est-ce que je puis, dès maintenant, vous poser
une question...
M. Cournoyer: Sur la conciliation.
M. Burns: ... sur la conciliation? Vous connaissez, M. le
ministre, notre préoccupation exprimée à plusieurs
reprises d'ailleurs, depuis que vous êtes ministre, depuis 1971,
relativement à la création d'un pool, si je puis m'exprimer
ainsi, de supermédiateurs, de personnes ayant le pres- tige,
l'expérience, la qualité qui sont requis pour intervenir dans les
conflits où tout a été fait normalement, selon les
services habituels de la conciliation.
Je pense, par exemple, à un personnage souvent utilisé au
niveau fédéral, M. Cari Goldenberg, ou en tout cas d'autres
personnes comme le juge Montpetit qui, à de nombreuses reprises, a
été utilisé comme l'espèce de solution de dernier
recours alors que tout a été fait, normalement à
l'intérieur des services habituels.
Je suis de ceux qui pensent que le ministère devrait se
réserver les services d'un certain nombre de personnes, pas à
temps plein, mais de personnes qui seraient en disponibilité,
triées sur le volet, utilisables dans des conflits. Par exemple, dans le
cas de United Aircraft on a utilisé M. Dufresne pour une raison bien
spécifique, soit parce que M. Dufresne a déjà
l'expérience en matière de génie industriel etc. Je ne
suis pas certain ce n'est pas une critique à l'endroit de M.
Dufresne que c'était la personne toute désignée
pour s'occuper du conflit de United Aircraft, eu égard aux
problèmes qui se posaient à United Aircraft. Si on avait et
cela ne veut pas dire que M. Dufresne, d'autre part, ne devrait pas intervenir
dans ces cas, je veux qu'on me comprenne bien, ce n'est pas une critique
à l'endroit de M. Dufresne qui, d'autre part, est un ingénieur
industriel très compétent et qui connaît le milieu des
relations de travail à un moment donné, une espèce
de pool de supermédiateurs, considérés comme tels par le
ministère, que ces personnes se considèrent comme étant en
disponibilité éventuelle auprès du ministère, il me
semble qu'on pourrait dire: II y a dix personnes qui ont le prestige, les
qualifications, les connaissances pour intervenir dans un conflit et qu'on
puisse en arriver à choisir, au bon moment, la bonne personne pour
intervenir dans tel dossier.
Le ministère pense-t-il à mettre sur pied, sinon un tel
service, du moins une telle organisation qui serait, à mon avis,
supplétive aux services de bonne qualité qui sont donnés
par les conciliateurs?
M. Cournoyer: La difficulté d'établir un tel
service est que son existence même au service amènerait
peut-être un certain nombre de parties à oublier qu'il y a des
gens qui sont conciliateurs et qui vont faire leur travail. C'est une
difficulté, je pense bien, que vous avez sans doute remarquée.
Dès que vous faites quelque chose d'extraordinaire quand je dis
extraordinaire, ce n'est pas parce que c'est quelque chose d'extraordinaire,
mais c'est "extrastructure", si vous voulez il y a une sorte
d'invitation qui se fait à tout le monde d'amener leur conflit en dehors
de la structure. C'est un reproche que vous me faites assez souvent.
M. Burns: C'est d'ailleurs un des reproches que je vous fais,
à vous, peut-être que vous intervenez non seulement
peut-être, j'en suis convaincu de bonne foi dans les dossiers
où
vous intervenez personnellement. Mais, à un moment donné,
cela peut créer justement, le traumatisme de dire: On va laisser faire
M. Untel, M. Untel qui est conciliateur. De toute façon, le ministre va
intervenir éventuellement. Je pense que ce n'est pas dans ce sens que je
l'approche parce que l'intervention qu'on attend de vous et qui, dans le fond
je le dis sans arrière pensée nuit peut-être
à l'approche qu'on peut avoir au service de conciliation, est une
intervention qui a un caractère politique, forcément puisque vous
êtes un ministre. Mais, d'autre part, quand je parle d'un service de
superconciliateurs cela n'a pas ce caractère d'intervention politique.
Je pense à la fameuse grève de 1967 quand vous parliez des
autobus tout à l'heure, la grève qui a donné lieu à
l'adoption du projet de loi no 1 qui était la loi assurant les services
des transports dans la ville de Montréal. Pendant cette grève on
a utilisé deux espèces de superconciliateurs. Il y a eu le juge
Chevalier dont la première intervention, à quelques jours de la
grève, a été un échec.
A la suite de l'adoption du projet de loi, on a utilisé le juge
Ouimet, dont l'intervention s'est soldée par une convention collective,
à toutes fins pratiques, négociée entre les parties
malgré la loi. C'est à cause de son tact, à cause de sa
connaissance du milieu, à cause de sa façon de travailler.
Evidemment, je vous parle de juges, ce sont les seuls que nous connaissons
actuellement. Mais il devrait, je pense, y avoir auprès du
ministère une recherche de ce côté de personnes-ressources
à être utilisées, non dans le but de dire aux parties:
N'utilisez pas nos services de conciliation normaux. Il ne faut pas s'imaginer,
ni du côté syndical, ni du côté patronal, que les
gens désirent les conflits. Les gens sont mis en face des conflits. Ils
sont "poignés" dedans, à un moment donné. Je suis
convaincu que, même avec l'existence d'un groupe ou d'un pool de
superconciliateurs, on ne provoquera pas davantage de conflits. Les gens ont
une tendance normale à vouloir régler le problème entre
eux. Si les services normaux de conciliation ne les aident pas, si on en arrive
à une solution de conflit telle que cela devient inextricable, c'est
là que je dis que nous devrions avoir un nombre de personnes
disponibles, triées sur le volet...
M. Cournoyer: En fait...
M. Burns:... pour intervenir, pour agir une fois que tout ce qui
a été normalement fait n'a pas réussi.
M. Cournoyer: ... M. le Président, il y a non pas une
liste, parce qu'une liste comme celle-là, vous savez fort bien
qu'à chaque conflit suffit sa peine! Qu'on le veuille ou non, il reste
que la nature de chacun des conflits fait que, lorsque nous nommons un
médiateur spécial, ce n'est pas la continuation normale du
travail du conciliateur. C'est ce que nous faisons actuellement, c'est la
continuation du travail du conciliateur qui réussit dans la plupart des
cas.
Durant toute l'année passée, malgré l'apparence,
nous n'avons eu aucune intervention du ministre, sauf dans United Aircraft.
Comprenons-nous bien.
M. Burns: Vous vous êtes amélioré
là-dessus.
M. Cournoyer: L'intervention du ministre ne s'est pas faite.
M. Burns: Cela n'a pas amélioré la
législation.
M. Cournoyer: Vous pouvez trouver cela incompatible de
s'améliorer et de ne pas améliorer la législation; c'est
peut-être que la législation est bonne.
M. Burns: Je trouve cela incompatible, parce que, pendant que
vous êtes dans les conflits et que vous passez des nuits à
négocier, vous ne passez pas des journées et des nuits à
penser à ce qu'on devrait faire à long terme pour changer la
législation ou l'améliorer, l'adapter à la situation.
M. Cournoyer: Je pourrais en dire autant de toutes les
circonstances dans lesquelles nous nous trouvons. Nous discutons, discutons et
ne réglons pas le fond des problèmes.
Ce que je veux dire par là, c'est que, lorsque nous avons tel
conflit, par exemple, et que, par décision ou par demande de l'une des
parties, nous discutons avec les parties de la qualité de la personne
qu'elles veulent, très souvent, nous faisons approuver ce choix par les
parties.
Si nous étions restreints dans un pool quelconque d'abord,
il faudrait les avoir tous dans le pool il peut arriver que les gens qui
seraient susceptibles d'aider ne soient pas du tout les personnes que les
parties voudraient avoir dans leur conflit.
Dans le cas de United Aircraft, M. Dufresne a été choisi
par les parties. Le ministre l'a nommé, mais cela a été
après discussion avec les deux parties. Finalement, le ministre a
accepté le choix fait par les deux parties, mais il était ad hoc.
Qu'il n'ait pas réussi, que voulez-vous? Ce n'est pas lui qui remplace
les parties.
M. Burns: II ne faudrait pas comprendre ma remarque sur M.
Dufresne comme un blâme à son endroit. Loin de là.
M. Cournoyer: II faut comprendre qu'un conciliateur essaie.
M. Burns: Cela n'a rien à faire avec le règlement
ou le non-règlement de United Aircraft.
M. Cournoyer: Dans les autres conflits que nous avons eus, il y a
eu le conflit de la Canadian Gypsum qui a été assez long, merci!
Cela a été l'intervention de M. Laporte qui a participé
à ce dossier d'une façon intensive.
Par ailleurs, nous avons évité un conflit majeur sur la
Côte-Nord, dans le bout de Sept-lles, entre les compagnies de mines, de
métaux, de fer et les syndicats des métallos, en particulier, en
envoyant, pour la première fois dans ce milieu, Ro-
ger Pilote, qui est un conciliateur, mais désaffecté. Il
ne fait pas le cas par cas ordinaire. Nous l'avons envoyé là pour
trois mois, en dehors totalement de la période ordinaire de
conciliation; il a participé à l'évolution du dossier
à partir de son début.
C'était aussi à la demande des deux parties. On
n'accepterait pas facilement, par exemple, que toutes les parties nous disent:
C'est ce conciliateur qu'on veut. Il y a une question d'ordre aussi et le
directeur du service serait mal pris.
Mais, dans le cas d'une demande comme celle qui a été
faite d'affecter Roger Pilote sur la Côte-Nord, nous avons dit "oui",
parce que les parties le requéraient toutes les deux et qu'elles le
requéraient à partir du début de leur négociation
et non pas pour venir régler ou tenter de régler un
problème dont il ne connaissait pas la nature exacte.
M. Burns: C'est une espèce de préconciliation.
M. Cournoyer: C'est ce qu'on peut appeler une sorte de
conciliation préventive...
M. Burns: C'est cela.
M. Cournoyer: ... qui a réussi dans ce cas et qui pourrait
ne pas réussir la prochaine fois, selon le climat qui prévaut
à l'avis des parties ordinairement.
Mais, dans ce cas en particulier, nous avons évité une
grève par la présence du conciliateur, Roger Pilote, qui,
lui-même, est une personne qui, sans être extrafonctionnaire, est
une personne qui travaille chez nous, mais qui n'est pas affectée aux
cas réguliers. On le prend. Il est respecté par un certain nombre
de parties également.
Je dois l'envoyer, par exemple à Cyanamid of Canada Ltd.
Peut-être que le cas Cyanamid of Canada Ltd. va se régler, mais
c'est encore une fois l'utilisation de ce genre de spécialiste. On avait
M. Dansereau. M. Dansereau, avec le rapport Cliche, a décidé de
s'orienter ailleurs, j'imagine.
M. Burns: II avait raison.
M. Cournoyer: Cependant, cela rend de plus en plus difficile le
choix des individus. La conciliation, c'est la conciliation.
M. Harvey (Charlesbourg); En termes d'employés permanents,
vous en avez combien?
Le Président (M. Séguin): M. le
député si vous avez une question, demandez tout simplement au
ministre si vous pouvez la lui poser.
M. Lecours: J'aurais une question à vous poser à
propos de la grève de l'amiante.
M. Cournoyer: Je vais répondre à cette question qui
m'est posée par un confrère ici. Nous n'avons que 20
conciliateurs au Québec.
Une Voix: Ce n'est pas beaucoup, M. le ministre.
M. Cournoyer: Je viens d'exprimer, ici, qu'il n'y en a pas
suffisamment. Ils sont surchargés et ils sont souspayés.
M. Lecours: M. le ministre, dans la grève de l'amiante,
avez-vous vous eu une demande formelle des deux parties pour un conciliateur ou
si c'est seulement une préconciliation présentement qui existe
là-bas?
M. Cournoyer: Dans la grève de l'amiante, nous avons eu
une demande de conciliation ordinaire, suivant le code du travail.
M. Lecours: Des deux parties?
M. Cournoyer: Non, je pense que l'avis de conciliation, c'est une
partie qui l'a demandé.
M. Burns: Pas besoin d'avoir les deux.
M. Cournoyer: Je ne me souviens pas si c'est le syndicat. Il me
semble que c'est le syndicat, habituellement, sauf qu'il y a une tendance
marquée, aujourd'hui, à certains employeurs de demander la
conciliation. Dans le cas de l'amiante, cela a été demandé
par le syndicat ou les syndicats.
M. Harvey (Charlesbourg): Après le vote de
grève.
M. Burns: Non, avant.
M. Harvey (Charlesbourg): C'est-à-dire dans les
négociations.
M. Burns: Pour arriver au droit de grève, il faut
absolument qu'il y ait une conciliation dans le style actuel de la
législation.
M. Cournoyer: ... demande.
M. Harvey (Charlesbourg): D'accord, mais cela n'avait
été demandé ni par l'un ni par l'autre. C'est le
ministère du Travail qui le délègue à ce
moment?
M. Cournoyer: C'est-à-dire que la demande est faite par
l'une des parties. En l'occurrence, ici, je pense que ce sont les syndicats qui
ont donné l'avis qu'ils demandaient la conciliation au ministre. Nous
avons nommé M. Vassard. M. Vassard a été le conciliateur
de l'amiante et il l'est encore. Il agit comme médiateur aujourd'hui.
Pardon?
M. Burns: Bon. Puis?
M. Cournoyer: C'est vrai, c'est un Belge. M. Vassard agit encore
dans le conflit de l'amiante. C'est la même personne qui avait
été... Il n'avait pas été choisi. On ne peut pas
dire que les parties l'ont choisi. Mais, comme il y a trois sortes d'unions
là-dedans, la CSD, la CSN et la FTQ, on est aussi obligé de
penser aux origines des gens qui vont là. Cela aussi fait partie de la
sélection du conciliateur.
M. Burns: M. Vassard est très polyvalent à cet
égard.
M. Cournoyer: A cet effet, il y a les Travailleurs unis de
l'automobile qui est une organisation fort indépendante, habituellement,
des structures habituelles qu'on reconnaît.
M. Lecours: M. le ministre, pour tenter de régler le
problème, avez-vous l'intention d'adopter l'arrêté en
conseil pour énumérer les mineurs atteints d'amiantose et
reconnus comme tels, à l'heure actuelle? On l'attend depuis deux ou
trois semaines, surtout dans ma région, on est assez anxieux, à
l'heure actuelle.
M. Cournoyer: Je dois vous dire que la lettre que j'ai
envoyée à la Commission des accidents du travail a reçu
une réponse de leur part et que, sa suggestion ce n'est pas un
arrêté en conseil, c'est une loi spéciale...
M. Lecours: Une loi spéciale.
M. Cournoyer: ... pour régler le problème des gens
qui sortiraient éclopés de l'application intégrale du
règlement du ministère des Richesses naturelles visant à
retirer le permis de mineurs ou de ceux qui travaillent dans la
poussière. Cela ne s'applique pas seulement aux mineurs de l'amiante,
cela s'applique aux employés de carrières et aux mines de
métaux également qui sont affectés par la silicose, qui
sont affectés par le même règlement 887.
M. Burns: Le règlement 887.
M. Cournoyer: La Commission des accidents de travail m'indique
dans sa lettre... Le projet de loi est écrit et il reste une
décision du conseil des ministres que je devrais faire prendre
aujourd'hui, à midi. Normalement, c'est une loi spéciale visant
à donner un certain nombre de bénéfices.
Parallèlement à cela, cependant, et compte tenu de ce que nous
proposons dans ce milieu, lorsqu'il y a perte de permis, nous nous devrons,
dans un deuxième temps, de demander des choses semblables pour les
autres travailleurs qui pourraient subir la même sorte de perte, compte
tenu des accidents de travail.
M. Lecours: Est-ce qu'on peut espérer, pour la semaine
prochaine, le dépôt de cette loi spéciale?
M. Cournoyer: Je ne peux vous garantir la réaction du
conseil des ministres. C'est le conseil des ministres qui va prendre une
décision, ce n'est pas le ministre du Travail. L'orientation que le
ministre du Travail a donnée est clairement exprimée. Les
décisions sont prises, les évaluations sont faites. Les
évaluations maximales, le coût de cela, c'est $12 millions par
cent personnes. C'est un coût maximal, alors il ne faudrait pas
s'énerver avec cela. Il ne s'agit pas de donner une pension à des
individus qui ne travailleraient pas du tout, leur incapacité
étant de travailler dans la poussière et non pas une
incapacité de ne pas travailler du tout. Ils ont le pouvoir de
travailler. Il s'agirait pour nous de compenser, à la Commission des
accidents du travail, la perte réelle de revenu occasionnée par
le retrait du permis de mineur et de garantir que cet individu, jusqu'à
la fin de ses jours, ait le revenu qu'il aurait eu s'il était
demeuré mineur, c'est-à-dire en suivant, à chaque
année, les conventions collectives...
M. Burns: Sur ce point, on est obligé de tenir compte du
fait que, dans la région de l'amiante, les mines emploient à peu
près 70% de la main-d'oeuvre, de sorte que, si vous retirez le permis du
mineur en question, c'est quasiment lui demander de déménager
s'il veut se trouver d'autres emplois.
M. Cournoyer: Oui, mais disons que l'une des dispositions du
projet de loi et du mémoire que j'ai écrit au conseil des
ministres est que, s'il refuse un emploi dans la région, il perdrait le
bénéfice, mais s'il s'agit de refuser un emploi dans l'Abitibi,
quand il vient des mines d'amiante ou de la région de l'amiante, c'est
une expatriation d'un certain nombre de personnes qui, si je me fie à la
durée de temps pour souffrir d'amiantose, sont des gars qui sont plus
âgés, plutôt âgés que jeunes, donc plus
difficiles à expatrier d'une région à cause de
l'enracinement qu'ils y ont pris. C'est de père en fils que ces choses
se produisent.
M. Burns: Et plus difficiles à réinsérer,
d'ailleurs, dans le marché du travail aussi.
M. Cournoyer: Oui, mais ce que nous disons, enfin, ce que le
ministre du Travail dit, c'est que la difficulté de réinsertion
dans le marché du travail relève de deux causes. La
première, c'est le fait que certaines compagnies n'aient pas pris des
précautions nécessaires, donc qu'elles devraient payer les
dommages causés; la deuxième, c'est le fait que le gouvernement
les empêche de travailler dans un métier qu'ils ont connu tout le
temps de leur vie, cela peut-être vingt ans là-dedans. Alors, on
se dit: Ce qu'il nous faut assurer à l'individu, c'est d'abord une
réinsertion dans le milieu social ordinaire, celui qu'il a. Si on n'est
pas capable de lui trouver des emplois, de tout simplement faire payer par ceux
qui seraient la cause originale de la perte de ce permis, parce que c'est
encore toujours une maladie des voies respiratoires contactée à
cause de son travail. Ce n'est pas n'importe quelle maladie des voies
respiratoires attrapée lorsqu'on est allé à la chasse dans
les îles de Sorel, ce n'est pas de celle-là dont on parle. On
parle d'une cause directe de l'amiantose et de la silicose, parce que cela ne
s'applique pas qu'à ceux qui souffrent d'amiantose. On peut dire que
quand on offre un emploi dans la région... J'ai établi
tantôt le maximum possible par cent personnes, c'est $12 millions. C'est
$12 millions pour le coût total, c'est-à-dire que j'en prends cent
et je dis: Je vous maintiens le salaire que vous auriez eu, pace que ce n'est
pas le salaire qu'il a, c'est le salaire qu'il aurait eu s'il
était demeuré mineur, c'est une forme d'indexation,
quoi!
M. Lecours: Qu'est-ce que vous prévoyez, M. le ministre,
pour ceux qui sont déjà à leur retraite, mais qui sont
reconnus comme porteurs d'amiantose et qui reçoivent une pension
présentement? Est-ce que la loi va en faire mention de
ceux-là?
M. Cournoyer: On n'enlève rien à ces gens.
M. Lecours: Ils vont continuer à recevoir leur
pension.
M. Cournoyer: Vous me parlez des gens à la retraite.
M. Lecours: Oui, il y en a plusieurs parmi ceux-là.
M. Cournoyer: D'accord.
M. Lecours: La plupart de ceux qui souffrent d'amiantose ont 60
ans et plus aujourd'hui.
M. Harvey (Charlesbourg): On ne crée pas de
préjudice en leur laissant leur pension.
M. Cournoyer: Vous me parlez, par exemple, d'une personne qui a
été ou qui est... Le problème que j'ai actuellement, ce ne
sont pas les personnes qui souffrent ou qui ont souffert de tuberculose et qui
ont perdu leur permis. Le problème est là. Ces ouvriers ont perdu
leur permis en vertu du même arrêté en conseil. Ce que nous
avons à faire et ce que je pense que la Commission des accidents du
travail doit faire, c'est d'examiner tout le monde, c'est d'ailleurs
prévu dans l'arrêté en conseil, ou plutôt dans la
déclaration du ministre, de réexaminer tout le monde, même
ceux qui auraient été examinés et qui auraient
été déclarés malades à 20% ou encore qui
auraient été retournés... Ce qu'on fait, c'est un
réexamen général tel que prévu dans la
déclaration de M. Massé. La conséquence de cela, c'est que
des gens vont perdre leur permis de mineur, même s'ils l'ont aujourd'hui
et qu'ils travaillent. Pour ceux qui ne travaillent pas, je n'ai pas
été préoccupé par eux dans ce que je cherchais,
mais je note cependant votre observation.
M. Lecours: Oui, parce qu'il y en a plusieurs qui
réclament un nouvel examen. Ils prétendent qu'ils sont
évalués trop bas.
M. Cournoyer: Là, on parle de l'évaluation. Mais le
principe étant la compensation intégrale du salaire, si, par
exemple, on donne une évaluation de 20%, tout ce que je vous dis, c'est
que cette évaluation de 20% de perte de capacité respiratoire va
donner lieu maintenant à une perte total de permis. Donc, tu n'as plus
le droit de travailler.
M. Lecours: Oui.
M. Coumoyer: Si nous disons à un individu:
Tu n'as plus le droit de travailler, et que c'est le gouvernement qui
pose ce geste en disant: Tu ne travailles plus dans les mines ou dans les
endroits empoussiérés, à partir de là, nous disons:
Nous te garantissons le revenu que tu aurais eu si tu avais continué, et
il sera révisible chaque année, compte tenu des conventions
collectives qui évoluent. Ceci veut dire que ce que tu aurais eu cette
année, cela aurait été le revenu prévu à ta
convention collective et, l'année prochaine, si elle se modifie, bien,
tu vas avoir le nouveau revenu qu'on va te garantir, c'est la différence
entre ce que tu gagnes effectivement et ce que tu aurais gagné si tu
étais là-bas. Sur ce qu'il gagne effectivement, il peut arriver
que la majorité d'entre eux veuillent travailler, qu'ils se trouvent des
emplois dans la région, ou qu'ils veuillent partir de la région.
Il peut arriver que des individus partent d'une région. A partir du
moment où ils ont un emploi, ce n'est pas une incitation à ne pas
travailler qu'on fait, si on dit: On va vous garantir ce que vous aviez avant.
C'est tout. Là, le détail dont vous venez de me parler, j'imagine
que vous pourrez le noter, docteur, et voir si cela en tient compte. D'une
façon générale, ce que nous avons voulu compenser ou
voulons compenser, c'est la perte du droit de travailler dans la région
de l'amiante.
M. Lecours: C'est ce qui est le plus urgent, d'ailleurs.
M. Déziel: Est-ce que cette loi qui serait
créée, par le fait même, comme précédent, en
fait, couvrirait également les autres maladies industrielles?
M. Cournoyer: Ce sont les seules maladies industrielles qu'elle
couvre actuellement, ce ne sont pas toutes les maladies industrielles,
comprenons-nous bien. Elle ne couvre que les maladies industrielles qui
découlent, c'est-à-dire la perte de l'emploi d'un individu par
décision gouvernementale, parce que la maladie qu'il a l'empêche
d'aller gagner sa vie. Il perd un permis, il perd le permis du mineur ou il
perd le permis de travailler dans une carrière ou il perd le permis de
travailler dans une mine souterraine. Cela ne couvre que celles-là.
M. Déziel: Cela couvre seulement celles-là, mais
vous allez prendre celui qui va faire la soudure du métal en feuille et
qui respire l'oxyde qui s'en dégage, automatiquement, cela devient une
maladie industrielle aussi.
M. Cournoyer: Je comprends que je doive me préoccuper de
celle-là aussi. On doit s'en préoccuper. J'en ai discuté
la semaine dernière avec le ministre des Affaires sociales. A la suite
de la commission parlementaire qui a rencontré les gens responsables de
la Commission des accidents du travail...
M. Burns: Qui a commencé à étudier le
problème.
M. Cournoyer: Oui, commencé à étudier,
j'ai
dit: Qui a rencontré. Vous les rencontrerez à nouveau. Il
est nettement de mon intention d'aller plus loin dans l'évaluation, dans
les conséquences des accidents du travail chez les individus.
Le Président (M. Séguin): Messieurs, je constate
qu'il est midi.
M. Cournoyer: Avant que vous ne partiez, pourrait-on vous
distribuer l'analyse du budget, telle qu'elle est faite par nous, avec les
clauses?
M. Burns: Cela pourra éviter des questions de
détail.
Le Président (M. Séguin): A la reprise de nos
travaux, messieurs, si le ministre a encore quelques notes d'ordre
général à nous apporter, il continuera. Ensuite, le
député de Maisonneuve a demandé la parole.
Je voudrais tout simplement vous faire remarquer qu'en commission,
lorsque nous étudions les crédits, du moins lorsque je
préside, si nous pouvions procéder de cette façon, la
parole est donnée à un membre de la commission. Si un
député a une question à poser, qu'il demande tout
simplement à la personne qui a la parole si elle consent à se
faire interrompre. Sans cela, je devrai empêcher les questions incidentes
qui arrivent au cours de nos travaux. Pour la procédure, une personne
à la fois devrait parler. Cela, autrement, deviendrait un
méli-mélo.
M. Déziel: Cela veut dire, M. le Président, qu'on
peut questionner le député de Maisonneuve?
Le Président (M. Séguin): Oui, vous le pouvez.
M. Burns: Je vous donne d'avance la permission. Cela va me faire
pratiquer à être ministre.
Le Président (M. Séguin): La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h I)