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Commission permanente des transports,
des travaux publics et de l'approvisionnement
Etude des crédits du ministère des
Transports
Séance du jeudi 1er mai 1975
(Dix heures vingt-cinq minutes)
M. Picard (président de la commission permanente des
transports, des travaux publics et de l'approvisionnement): A l'ordre,
messieurs!
La commission des transports, des travaux publics et de
l'approvisionnement continue, ce matin, l'étude des crédits pour
le ministère desTransports.
Pour la séance d'aujourd'hui, M. Malouin (Drummond) remplace M.
Bellemare (Rosemont).
Nous en étions au programme 2.
Construction des réseaux routiers
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, est-ce
qu'on ne s'était pas entendu pour que ce matin on commence le programme
3 concernant les constructions des autoroutes.
M. Mallloux: C'est cela, étant donné que le
député de Johnson a manifesté l'intention d'être ici
pour le contrôle du système des transports et que cet
après-midi, à quatre heures, le juge Provost sera ici pour le
programme 2, élément 5, Commission des transports. Tout le monde
semblait d'accord pour qu'on aille au programme 3, construction des
réseaux routiers.
La seule note préliminaire que je voudrais donner, à ce
moment-ci, les crédits 1975/76 de $482 millions doivent être
augmentés de $16.5 millions par le virement de crédits provenant
des fonds du développement de l'Office de planification et de
développement du Québec.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que le ministre peut nous
expliquer en quoi ça consiste?
M. Mallloux: Les crédits seront ainsi portés
à $498,500,000. Ces crédits venant du fonds de
développement seront imputés de la façon suivante:
programme 3, élément 1, autoroutes, $3.7 millions; programme 3,
élément 2, routes principales, $12.8 millions, pour les $16
millions dont je viens de parler. C'est de cette façon qu'ils seront
répartis.
Ces réaménagements faits par élément de
programme seront les suivants: programme 3, élément 1,autoroutes,
$259,863,000; programme 3, élément 2, routes principales,
$111,014,000; programme 3, élément 3, routes régionales,
$44,838,000; programme 3, élément 4, autres routes, $83
millions.
Vous noterez qu'un montant de près de $240 millions est
alloué à la voirie régionale, soit les travaux
effectués aux éléments de programmes 3,
élément 2, programme 3, élément 3, et programme 3,
élément 4.
Maintenant, quant aux autoroutes, au programme 3, élément
1, il s'agit des routes numérotées de 1 à 100 et de celles
qui sont numérotées de 400 à 600. Au programme 3,
élément 2, vous avez les routes principales.
C'est de 100 à 200; 3-1, c'était les numéros 1
à 100 et 400 à 600, tandis que 3-2, c'est de 100 à 200;
3-3, de 200 à 400, les routes régionales; 3-4, ce sont les autres
routes.
On pourrait peut-être ajouter, pour la construction du
réseau routier, chacun des éléments; je donne simplement
les titres. Cela comprend les études préparatoires, l'arpentage
légal, les plans et devis, l'expropriation, les projets de construction
eux-mêmes, les contrats, les utilités publiques,
déplacements ou autres, les fameux poteaux, les contrôles
qualitatifs, la surveillance.
M. Bédard (Chicoutimi): Je ne sais pas, avant d'aller aux
questions, est-ce que le ministre peut élaborer un peu sur...
M. Mailloux: Sur les montants?
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, sur les montants et sur ce
que cela comprend, peut-être un peu plus en détail. Si on prend un
peu plus de temps au début, cela...
M. Mailloux: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi):... peut éviter pas mal de
questions.
M. Mailloux: Je vais vous donner la lecture. Alors, les
études préparatoires, tout ce qui mène aux plans
préliminaires, comme la recherche du corridor, les alternatives des
tracés, les recherches cadastrales et sommaires, les études de
photographies, les rapports sur la répartition des coûts, les
travaux spéciaux et avant-projets pour la localisation des
utilités publiques, la répartition des coûts
résultant des diverses participations à des études
écologiques.
Arpentage légal: activités regroupant toutes les
opérations relatives à la préparation des plans et devis
d'expropriation.
Plans et devis: activités regroupant toutes les opérations
de préparation des plans et devis préliminaires et
définitifs, y compris l'arpentage ainsi que le lancement des appels
d'offres, l'examen des soumissions reçues et l'adjudication des
contrats.
Expropriation: activités regroupant les opérations
nécessaires à l'indemnisation des personnes dont les
propriétés ont été expropriées pour des fins
de construction.
Projets de construction: cette activité regroupe tous les projets
de construction par classe de route.
Utilités publiques: activités regroupant toutes les
opérations reliées au déplacement de services publics tels
que électricité, téléphone, pipe-line,
égout, aqueduc, à l'exception des chemins de fer.
Contrôle qualitatif: activités regroupant toutes les
opérations de contrôle des sols et matériaux, tant en ce
qui concerne les études préliminaires que durant les travaux de
construction.
Surveillance: activités regroupant toutes les opérations
de surveillance des travaux, y compris l'arpentage de surveillance à
l'excl usion du contrôle qualitatif.
Plans et devis, études préparatoires, arpentage
légal...
Une Voix: Surveillance.
M. Mailloux: ... $24 millions; l'expropriation, $60 millions; la
construction même, $360 millions; $5 millions pour le déplacement
d'utilités publiques ou les dommages. Le contrôle qualitatif est
avec la surveillance, les études préparatoires, les plans et
devis et l'arpentage légal.
Il y a $30 millions de salaires fixes pour les fonctionnaires du
ministère affectés à la construction, soit pour la
surveillance ou la préparation des plans et devis qui se fait en majeure
partie, quand même, par nos divisions, nos districts. Il y a $30 millions
de salaires d'affectés à cela.
M. Bédard (Chicoutimi): II y a peut-être, au
début, ce qu'on avait demandé l'an passé et qui nous avait
été accordé: aussi vite que ce sera possible,
naturellement, nous voudrions demander le dépôt des contrats de
voirie dans chaque comté.
M. Mailloux: Vous voulez dire des travaux
exécutés?
M. Bédard (Chicoutimi): Pas le contrat lui-même.
M. Mailloux: Les montants de chaque contrat accordé dans
chacun des comtés du Québec?
M. Bédard (Chicoutimi): C'est ça.
M. Mailloux: Oui, dans le plus bref délai possible. Je ne
pourrais pas affirmer que ce sera durant la commission, parce que c'est un
document que je voudrais le plus parfait possible, mais le plus tôt
possible.
M. Bédard (Chicoutimi): Peut-être au début,
M. le Président, j'aurais une question à poser concernant
l'octroi de contrats, la disponibilité des matières
premières. Lorsque le ministère accorde un contrat de voirie
nécessitant l'apport de matières premières provenant de
carrières, nos informations sont à l'effet que le
ministère ne vérifie pas si l'entrepreneur peut s'approvisionner
dans une carrière détenant un permis. Ce qui donne comme
état de fait que l'entrepreneur, une fois le contrat signé, va au
ministère de l'environnement pour demander un permis de carrière
en alléguant qu'il est capable de remplir son contrat et construire son
bout de route. De ce fait il force souvent la main du fonctionnaire qui lui
accorde le permis.
Si j'amène ce cas précis, c'est que cette situation a
été déplorée, explicitée par le ministre
Goldbloom lui-même lors de l'étude des crédits des Affaires
municipales.
Je voudrais savoir, comme c'est une situation qui est assez anormale, ce
que le ministre entend faire.
M. Mailloux: II ressort que dans la préparation des plans
et devis il est indiscutable que le ministère indique normalement des
endroits où les matériaux les agrégats nécessaires,
dont la qualité est jugée acceptable au ministère, peuvent
provenir. On a l'habitude, je pense, de donner, quand c'est possible, plusieurs
choix, pour autant que les agrégats sont comparables.
Je n'ai pas l'assurance que pour l'ensemble des sources qui sont
mentionnées, les propriétaires qui sont, souventefois, des
cultivateurs ou d'autres propriétaires qui n'exploitent pas de
carrière parce que sur la construction d'une autoroute comme la
Transcanadienne, il ressort qu'on a dû faire appel à de nombreuses
sources d'emprunt qui étaient le long du parcours de la route
M. Bédard (Chicoutimi): La même chose concernant le
boulevard Talbot.
M. Mailloux: Oui, c'est cela. Je ne sache pas que des permis
aient été autorisés par le ministère responsable de
l'environnement où l'exploitation de telles carrières ne pourrait
peut-être pas nuire à l'environnement ou ces choses-là. On
a vu un problème, tel celui qu'on a connu dans le comté de mon
adjoint parlementaire, M. Bédard, pour un contrat d'importance; il y a
eu de violentes protestations sur une des sources d'agrégats
mentionnés.
Je sais que le ministère responsable de l'environnement
lui-même est appelé à faire certaines recherches pour
donner au ministère des Transports des endroits à prohiber, tel
le problème connu à Val-David ou ailleurs, où le
ministère ne pourrait s'approvisionner sans briser définitivement
l'environnement ou créer des perturbations inacceptables.
On nous informe, à ce jour, qu'on devrait recevoir prochainement
certaines indications du ministère responsable de l'environnement qui
nous permettraient peut-être d'éviter des erreurs qu'on a connues
dans le passé comme à Val-David ou ailleurs.
A présent, ce n'est pas plus facile ici dans le Québec
qu'ailleurs malgré que le territoire soit éparpillé. C'est
l'obligation d'améliorer, de construire des routes qui fait qu'à
un moment donné il faut se brancher, à savoir si on offre une
route plus moderne ou améliorée ou si, pour la protection de
l'environnement, on laisse tomber et on se satisfait d'agrégats qui ne
sont pas acceptables. Je me rappelle que, l'an passé, au moment
où on avait besoin de plusieurs centaines de milliers de tonnes sur le
boulevard Talbot, malgré que nos recherches avaient indiqué, sur
le parcours d'une longueur de 90 milles, des sources d'approvisionnement en
qualité et en quantité suffisante pour permettre à
l'entrepreneur de poser les 24 ou 36 pouces de gravier nécessaire
à la correction de la route et hausser la surface, il s'est
avéré qu'au moment où on a fait des
recherchessupplémentaires, les quantités n'étaient pas
suffisantes pour que l'entrepreneur puisse trouver le tonnage nécessaire
et qu'il y avait des failles dans les qualités d'agrégats et les
quantités d'agrégats. Il a fallu faire des recherches
supplémentaires et à moins d'arrêter les travaux, il a
fallu construire une route en forêt.
Cela se produit un peu partout au Québec où on commence
des travaux. Et si l'on faisait des sondages extrêmement dispendieux pour
avoir l'assurance qu'il n'y a pas de veine d'agrégats, il faudrait
mettre de côté, à des coûts prohibitifs,
peut-être qu'on n'aurait pas des erreurs que l'on connaît sur
certaines sources qui sont mentionnées à nos devis.
Je pense qu'il n'y aurait pas d'économies à ce
moment-là. On est aussi bien d'avoir des indications moins
précises, quitte à payer les dommages si, en cours de route, on
doit aller plus loin.
Maintenant, je conviens que, pour les carrières qui sont dans les
bassins urbains où l'on risque de briser la trame du milieu, puis
l'environnement, le ministère s'efforce de briser le moins possible.
Depuis deux ans, on tente de mettre en action un programme de
réaménagement des carrières qui, le long de grandes
artères, ont laissé le paysage complètement désert,
brisé. J'espère qu'un jour ou l'autre on pourra commencer
à remettre de l'ordre dans les carrières au moins sur les grandes
routes du Québec. On me dit que c'est commencé, mais pas avec le
tempo que j'espérerais, parce qu'on voit des endroits où la
nature était magnifique dont le ministère ou des individus ont
massacré carrément l'aspect aux abords des routes.
M. Bédard (Chicoutimi): A l'heure actuelle, on peut dire
qu'il y a...
M. Mailloux: Une volonté.
M. Bédard (Chicoutimi): ... une volonté qui
s'exprime d'une façon tangible par, je ne sais pas moi, des relations
plus étroites sur l'aspect de ce problème avec le
ministère de l'environnement.
M. Mailloux: On va plus loin que cela. Actuellement, je pense,
entre autres, à la 640 où l'on passe proche du parc d'Oka. Dans
la demande de soumissions, on a prévu avec le ministère de
l'environnement, d'exploiter une sablière, en même temps de faire
un lac et de réaménager après la sablière qu'on a
faite.
Actuellement, on fait un effort dans ce sens, lorsqu'on va en
soumissions surtout pour les grands projets où on a besoin de beaucoup
de matériaux, afin de réaménager les carrières que
nous exploitons.
M. Bédard (Chicoutimi): Par exemple, puisque vous citez un
exemple et q ue le ministre référait à un autre tout
à l'heure concernant le boulevard Talbot, vous avez sûrement eu
l'occasion de venir vérifier sur place, de constater jusqu'à quel
point, de chaque côté du boulevard, de grandes carrières
sont exploitées, ce qui amène le résultat que vous venez
d'expliciter. Dans le cas d'Oka, vous me dites que quelque chose de
spécial a été envisagé. Dans la situation que je
vous présente, est-ce qu'il y a quelque chose de spécial qui a
été pensé par le ministère?
M. Mailloux: Oui, dans le cas du boulevard Talbot, comme la
décision a dû être prise très rapidement et que le
tonnage qui devenait nécessaire était considérable, il a
fallu faire quelques erreurs dans les sources d'approvisionnement, c'est
indiscutable, pour ne pas retarder les travaux d'une année.
Il ressort que des études plus poussées auraient
peut-être permis qu'on trouve certaines sources d'approvisionnement en
forêt, hors de la vue des automobilistes qui circulent dans le parc des
Laurentides, mais l'urgence des travaux a été telle qu'on a
cherché à aller au plus pressant. Je pense que c'est quand
même une route à caractère plus que régional; c'est
une des grandes routes de la province. Le ministère ne fera pas tout
dans la même année, mais c'est son intention bien
arrêtée, le long des grandes artères, de faire en sorte
qu'un réaménagement intelligent soit fait ou que la verdure
puisse être remise en place pour éviter que la vue des
automobilistes soit attirée par ces cratères, partout le long des
routes, qui, souventefois, deviennent des dépotoirs quand il n'y a pas
un effort de fait par le ministère.
Il y a un autre point que je voudrais mentionner.
M. Bédard (Chicoutimi): Si vous permettez, comme il y a
quelques erreurs c'est peut-être normal parce que c'étaient
des travaux pressés concernant le boulevard Talbot j'imagine,
comme vous le dites, que le ministère va étudier la
possibilité d'apporter des correctifs à ces erreurs sur le plan
de l'environnement.
M. Mailloux: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord.
M. Mailloux: Ce que je voulais ajouter, c'est qu'on a
constaté, encore l'an passé je l'avais constaté au
moment où j'étais dans l'Opposition également que
certains entrepreneurs, parce que ce n'était pas marqué au devis,
détruisent des matières premières, des richesses
naturelles avec une indécence que je n'accepte pas. Cela s'est produit
chez nous, dans Charlevoix. Un contrat avait été donné
dans la section des parcs où la forêt était rendue à
maturité et où celui qui exploite la forêt dans ce secteur,
le Séminaire de Québec, était à faire des coupes de
bois rationnelles dans un rayon immédiat. J'ai mal compris le droit
qu'on s'est arrogé de faire brûler une forêt dont la
transformation aurait pu être effectuée à quelques milles
de distance.
J'ai demandé à mes officiers, à la suite de cette
erreur, d'indiquer au devis, à chaque fois qu'il y aurait construction
de route dans le Québec, qu'une forêt serait à
maturité ou presque et qu'un lieu de transformation se trouverait dans
un rayon acceptable, que la matière première, la richesses
naturelle doit être récupérée et non pas
brûlée, tel qu'on l'a connu chez nous où tous les gens ont
protesté avec véhémence et avec raison.
M. Bédard (Chicoutimi): Y a-t-il d'autres cas comme cela
qui se sont produits ailleurs?
M. Mailloux: On a des entrepreneurs qui, sous le couvert du
meilleur profit possible, se foutent éperdument de n'importe qui. C'est
pour cette raison, quant à nous, que le contrat a été
annulé. On a trouvé quand même indécent d'agir d'une
façon
semblable. Je conviens qu'il est plus facile de tout jeter à
terre avec le bélier mécanique et de mettre le feu dedans, mais
je trouve un peu cocasse qu'on dise qu'on a besoin du bois pour faire
brûler les souches. Du bois vert, ça ne brûle pas diable les
souches, à mon avis.
Il y avait d'autres moyens que cela. D'ailleurs, aux devis,
actuellement, ce sera indiqué, on paiera le nécessaire pour que
la récupération se fasse et qu'il n'y ait pas de gaspillage
semblable.
M. Bédard (Chicoutimi): En plus de prévoir
peut-être des clauses aux contrats, est-ce que le ministère,
devant cette attitude inacceptable de certaines compagnies pour faire un
meilleur profit, envisage même la possibilité d'imposer des
pénalités à des compagnies qui contreviendraient à
ces dispositions?
M. Mailloux: Je pense que le ministère va être assez
sévère, et il l'est actuellement, sauf que, quand l'indication
n'est pas aux devis, c'est un peu difficile pour le ministère de venir
récriminer...
M. Bédard (Chicoutimi): Avec une action en dommages...
M. Mailloux: ... il est obligé de faire son mea culpa et
dire: On va corriger le devis de telle sorte que cela ne se représente
pas.
Le grand danger qu'il y a et qu'on remarque souvent, c'est quand un
entrepreneur prend un contrat puis fait tout faire l'ouvrage à
sous-contrats. A ce moment, il arrive toujours ces dangers. C'est
principalement à ce moment qu'on retrouve ces sortes d'erreurs.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est une question
générale également, M. le Président, avant le
programme, concernant le déplacement de nappes d'eau souterraines qui
arrivent après que des travaux de voirie sont effectués.
Plutôt que de faire un exposé qui pourrait être long,
j'essaierai, si vous me permettez, M. le Président, simplement de faire
part au ministre d'une lettre qui a été envoyée au chef de
l'Opposition par un citoyen qui se plaint d'une situation qui regarde le sujet
que je vais aborder avec le ministre.
M. Mailloux: Ce n'est pas un citoyen de Charlevoix?
M. Bédard (Chicoutimi): Ecoutez...
M. Mailloux: II y en a un devant le chef créditiste qui se
plaint du même phénomène, devant le député de
Rouyn-Noranda.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est un citoyen, une dame Rosaire
Beaulieu, 625, rang Saint-Charles, Pointe-du-Lac.
M. Mailloux: Est-ce qu'on parle de nappes d'eau pour les puits
artésiens principalement?
M. Bédard (Chicoutimi): C'est cela. Cela peut être
long un peu. La personne en question écrit ceci: "Je viens vers vous
sous les conseils de nombreuses personnes du Parti québécois de
Trois-Rivières, espérant que vous pourrez nous aider un petit
peu, concernant le grave problème que nous avons, depuis huit mois. "Je
n'ai aucune expérience en politique, j'essaie pourtant de comprendre,
mais je n'y arrive pas. La seule chose que je comprends c'est qu'il y a bien de
la saleté là-dedans. "A cause de certains travaux pour
l'autoroute 40 dans Pointe-du-Lac, nous sommes certaines familles
dépourvues d'eau potable à la maison. Après analyse faite
par un inspecteur du ministère de la Santé, notre puits qui
alimente la maison est condamné. Nous devons transporter l'eau de chez
un voisin, à un demi-mille de chez moi. Ma belle-mère doit faire
mes lavages et nous devons, mon mari, mes trois enfants et moi-même aller
chez mon père, M. Untel, aux Trois-Rivières pour prendre
même notre bain. "En plus, nous avons des animaux, treize chèvres,
une vache et des oies dont nous devrons bientôt nous défaire, car
la situation est maintenant intenable. "Tout cela à cause de notre cher
gouvernement" Je la lis pour la première fois, M. le Président,
mais je pense que cela expliquera un peu la situation très clairement,
parcequ'il yen a plusieurs qui sont dans la même situation.
Le Président (M. Picard): Vous pourriez peut être
déposer le document?
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, j'irai jusqu'à
déposer le document, si vous me le demandez, M. le Président.
Le Président (M. Picard):... revenir au noeud de
l'affaire.
M. Bédard (Chicoutimi): Alors, on voit que
déjà on en a suffisamment pour voir qu'à la suite de
travaux de voirie il y a certains citoyens qui sont privés, à qui
on enlève un puits artésien qui leu' permet de s'approvisionner
en eau potable, et avec tous les inconvénients qui sont
mentionnés dans le début de la lettre dont je viens de faire la
lecture.
Alors, c'est l'ensemble de cette situation qui es: déplorable.
Cela est un cas personnel. Je dois dire au ministre que je suis convaincu que
c'est la même chose au ministère. Vous avez dû recevoir
plusieurs plaintes qui sont de même nature.
Dans des cas particuliers comme cela, est-ce q u' il y a une
enquête q ui est faite et est-ce qu'il y a de prévu au
ministère un mode de dédommagement vis-à-vis de ces
personnes qui sont affectées à l'occasion de travaux de
voirie?
M. Mailloux: Le problème dont parle le
député de Chicoutimi se produit très souvent, d'autant
plus que l'importance du budget de voirie pour la construction augmente. C'est
principalement à cause des routes plus modernes. Les anciennes
routes,
auparavant, étaient souventefois à la hauteur du
fossé du chemin; on est maintenant en remblai presque partout. Alors, il
est indiscutable que les puits artésiens qui sont le long de ces routes
deviennent en déblai de la route et, en période hivernale,
reçoivent souventefois l'égouttement du sel qui est
mélangé avec un peu de calcium, et certains problèmes de
contamination des puits artésiens se produisent souventefois.
Je voudrais donner un seul exemple, que j'ai connu plus qu'un autre
puisqu'il s'est rendu au Protecteur du citoyen. Lors de la construction de la
route 15 sur les hauteurs de Baie-Saint-Paul, il y avait un groupe de cinq
cultivateurs qui s'approvisionnaient le long de cette route. Et, dans l'hiver
suivant la construction de la route, les cultivateurs se plaignaient de la
corosion et que l'eau était devenue complètement impropre
à la consommation.
Le ministère des Transports a fait passer les inspecteurs du
ministère des Affaires sociales sur les lieux. Le premier rapport
était à l'effet que, malgré une couleur un peu
différente de l'eau, celle-ci était propre à la
consommation et qu'il n'y avait aucune difficulté. Je suis
moi-même allé sur place dans les semaines qui ont suivi, vu que
les plaintes continuaient à arriver à mon bureau. Il était
difficile d'accepter le point de vue du ministère des Affaires
sociales.
Nous avons fait faire une seconde inspection par d'autres inspecteurs du
ministère des Affaires sociales et le même rapport est parvenu.
Malgré cette deuxième inspection, il ressort que l'eau
n'était pas meilleure et semblait, à des profanes, tout aussi
impropre. Alors, comme il n'y avait aucun résultat, que la saison
hivernale arrivait et que ces cinq familles risquaient d'être
privées d'eau potable, d'être obligées de prendre les
moyens qu'on connaît en période hivernale, quelqu'un a
donné le conseil aux cinq personnes de s'adresser au Protecteur du
citoyen. Le Protecteur du citoyen a envoyé un enquêteur
spécial sur les lieux pour arriver avec un même rapport du
ministère des Affaires sociales, où l'eau était
déclarée complètement impropre à la consommation
domestique.
C'est donc dire qu'il y a parfois, chez certains fonctionnaires qui font
des enquêtes dans le milieu, un manque de sérieux sur les analyses
qui sont faites. Dans les quatre semaines qui ont suivi, le ministère
des Transports a reçu l'ordre d'avoir, malgré la période
hivernale qui était commencée, à creuser cinq puits
artésiens. Cela a coûté assez cher, si vous voulez, $3,000
ou $4,000 par puits, mais c'était pour permettre aux familles d'avoir
l'eau, qui avait été contaminée par l'action du
ministère de Transports.
Cela se produit. Je demeure dans un comté qui est tellement
montagneux que chaque fois qu'on améliore une route, il est indiscutable
que l'ensemble des cultivateurs qui sont le long de ce parcours... J'ai un des
comtés où les plaintes arrivent peut-être le plus souvent.
Mais nous avons donné des ordres sévères de tâcher
que le nécessaire soit fait pour vérifier l'état des
plaintes et que les corrections soient apportées suite à l'action
du ministère des Transports.
Il y a certains cas où, par contre, malgré l'action de nos
fonctionnaires et du Protecteur du citoyen, il s'avère que l'on
prétend qu'auparavant on avait une eau potable, et il ressort,
après toutes les enquêtes, qu'on cherche, par l'action du
ministère des Transports, à obtenir une eau propre à la
consommation domestique alors qu'auparavant on avait simplement une eau dont on
se servait pour des lavages ou des choses semblables. Je comprends quand
même les gens de se plaindre que l'action du ministère puisse
changer les veines d'eau dont ils se servaient auparavant, et on fait
l'impossible pour tâcher de remédier à la situation.
M. Bédard (Chicoutimi): J'imagine qu'il y a... M.
Mailloux: II y a un service spécial.
M. Bédard (Chicoutimi): ... un dédommagement,
aussi, qui est donné à ces personnes.
M. Mailloux: Oui, oui.
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre a parlé de la
négligence de certains fonctionnaires...
M. Mailloux: Du manque de sérieux.
M. Bédard (Chicoutimi): ... du manque de sérieux de
certains fonctionnaires qui ont à faire ces enquêtes. Devant cette
constatation, quelles sont les dispositions que le ministre croit qu'il devrait
prendre?
M. Mailloux: J'ai fait référence, tantôt, au
manque de sérieux où, après deux analyses, on ne
constatait aucune difficulté et par la suite, les mêmes personnes,
avec la même eau, ont dû constater qu'elle était impropre
à la consommation. J'imagine que les deux premières inspections
ont été faites de manière tellement sommaire, pour ne pas
dire davantage, que le travail n'a pas été fait et qu'on a
attendu un ordre du Protecteur du citoyen avant de se pencher attentivement sur
la plainte d'un citoyen ou de citoyens q ui n'étaient peut-être
pas en mesure de se servir d'avocats et d'encourir des frais pour
défendre leur cause.
Quant au ministère des Transports, aussitôt qu'une plainte
nous est faite, on fait l'impossible. Des ordres spécifiques ont
été donnés de manière à tâcher de
vérifier la plainte des personnes. On fait les dédommagements
nécessaires.
M. Bédard (Chicoutimi): Concernant le cas particulier de
M. Rosaire Beaulieu, que je mentionnais tout à l'heure, en datedu 7
août 1974, il y a une lettre explicitant cette situation qui avait
été envoyée à M. le ministre.
M. Mailloux: Est-ce que, par hasard, la personne en question ne
serait pas intervenue par l'intermédiaire du chef de l'Opposition,
à mon bureau? M. Dionne, le chef expropriateurs ou quelqu'un d'autre de
mon bureau n'aurait-il pas donné une réponse négative
après une enquête très poussée, ou si au-
cune réponse n'a été donnée encore? Parce
qu'il y a un autre cas qui a été soumis par le chef de
l'Opposition, pour lequel la réponse a été
négative, mais après une enquête des plus serrées
possible.
M. Bédard (Chicoutimi): Pour le cas présent, disons
qu'on pourra vérifier de part et d'autre.
M. Mallloux: Si vous voulez me donner une note, je peux faire
vérifier à midi à savoir si c'est le cas dont je
parle.
M. Bédard (Chicoutimi): Bon, d'accord. C'est suite
à une lettre du 7 août 1974, du chef de l'Opposition. Il s'agit
d'un cas où est concernée Mme Rosaire Beaulieu, 625 Rang
Saint-Charles, Pointe-du-Lac.
M. Mailloux: On va vérifier à savoir si c'est le
cas pour lequel on a donné une réponse. Mais il y a un cas
où la réponse fut négative après plusieurs
interventions du chef de l'Opposition et où le rapport du
ministère des Transports est appuyé, de manière
négative aussi, par le Protecteur du citoyen. Parce que lorsqu'il y a un
cas qui devient trop litigieux, nous aimons que le Protecteur du citoyen se
prononce, étant donné que de son autorité, il peut dire
s'il y a erreur de nos services ou si c'est l'erreur d'un citoyen ou une
demande qui n'est pas acceptable venant de sa part. On n'a pas à faire
le portrait du protecteur.
M. Bédard (Chicoutimi): Du point de vue
général, sur le programme, c'est ce que j'avais.
Le Président (M. Picard): Est-ce qu'on peut y aller
élément par élément?
M. Bédard (Chicoutimi): Oui.
Le Président (M. Picard): Est-ce qu'il y a d'autres
questions de caractère général sur le programme 3?
Elément 1.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, à
l'élément 1, je voudrais poser certaines questions au ministre
concernant l'autoroute de la Beauce.
M. Mailloux: Un bon sujet.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est un sujet que, j'en suis
convaincu, le ministre...
M. Mailloux: Aurait dû...
M. Bédard (Chicoutimi): ... avait la conviction qu'on
aborderait...
M. Mailloux: Non.
M. Bédard (Chicoutimi):... à l'étude des
crédits de son ministère. J'essaierai d'être concis,
sachant que le ministre est certainement au courant de la situation. Il reste
une chose! c'est que concernant l'autoroute de la Beauce, le choix
définitif du tracé de cette autoroute, suite au rapport Belval, a
donné, on le sait, ouverture à une vaste campagne d'opinion
publique de la part des tenants du tracé qui était d'abord retenu
par un premier rapport, mais qui n'a pas été choisi.
Les tenants du tracé est, au niveau de cette campagne d'opinion
publique, ont avancé une foule de raisons qui allaient à
l'encontre des décisions du ministère. Ces raisons, je pense que
nous pouvons les résumer brièvement; d'abord l'absence d'un lien
entre Québec et la région de Thetford; ensuite, on a dit que ceci
constituait une entrave au développement de la région de
l'amiante et, comme troisième raison, on a allégué les
résultats d'une étude qui préconisait le tracé
ouest et qui rejetait, pour plusieurs raisons, le tracé qui est
maintenant retenu.
Egalement, au cours de cette vaste compagne d'opinion pulbique, face
à plusieurs tracés et à un tracé enfin qui a
été accepté, qui n'était pas celui d'un premier
rapport déjà déposé, on sait qu'il y a eu beaucoup
d'accusations de patronage lancées dans le paysage.
Nous reviendrons sur cet aspect tout à l'heure pour avoir
certaines explications. Pour le moment, je voudrais que le ministre nous dise
quelles sont les raisons qui ont motivé le choix du ministère et
aussi quelles sont les implications financières supplémentaires
que ce deuxième choix a pu entraîner.
M.Mailloux: II y a eu d'abord le travail fait par M.
Grégoire; ce fut un travail, je pense, très très
poussé sur les choix possibles des trois tracés: est, centre ou
ouest. Au moment où M. Grégoire a terminé tout le travail
de recherche avec son équipe, nous avions annoncé que nous irions
dans la Beauce même expliquer en détail les raisons qui motivaient
tel ou tel choix. Ce fut fait devant une assemblée monstre, puisque les
gens qui avaient organisé ce colloque public ont dû refuser
l'accès à la salle. J'indique immédiatement que tous les
maires de la région, tous les conseils municipaux prenaient place
à la tribune et avaient le droit d'exposer, chacun leur tour, leur point
de vue sur l'information que venait de donner M. Grégoire. Ce dernier
indiquait, dans les trois choix mentionnés, que le tracé ouest
semblerait privilégié, que le tracé est coûterait,
si ma mémoire est fidèle, $15 millions ou $16 millions de plus.
Dans le tracé centre, on rencontrait certains dangers vu les
innondations que l'on connaît avec la rivière Chaudière.
J'avais affirmé ce soir-là que, quand le choix définitif
serait fait je pense que c'est moi qui ai parlé après
avoir écouté tous les sons de cloche de la Beauce que ce
ne serait pas le montant final que coûterait l'autoroute de la Beauce qui
indiquerait au ministère des Transports à quel endroit passer. En
effet, si l'on pensait desservir davantage une région donnée, il
était préférable, au départ, d'investir $15
millions ou $16 millions, si par hasard le tracé est était retenu
par le ministère, que de faire une route qui ne desservirait pas le plus
adéquatement possible toute une région.
Nous avons entendu ce soir-là l'ensemble des participants. Je dis
de nouveau que, peut-être, les
gens de la région de Thetford, sentant dans la
présentation du rapport par M. Grégoire une indication à
l'effet qu'éventuellement son rapport favorisait davantage le
tracé ouest, se sont sentis sécurisés et ils n'ont
peut-être pas apporté tous les arguments qu'ils auraient dû
apporter. Il ressort qu'en écoutant l'ensemble des municipalités
des villes concernées je me rappelle que nous avons eu, je crois,
deux ou trois tenants du tracé ouest alors que tous les autres,
globalement, ont favorisé le tracé est, bien que cela
coûtait $16 millions ou $17 millions de plus.
Ce rapport, par la suite, l'assemblée était
convoquée par...
Une Voix: Le Conseil de développement de la
Chaudière.
M. Mailloux: C'est cela, le père Poulin avec le Conseil de
développement de la Chaudière; ce sont eux qui étaient les
maîtres d'oeuvre de toute la mission de consultation qui se faisait
là-bas. La soirée avait été faite dans le but de
sensibiliser les gens aux trois tracés qui étaient offerts et de
faire les interventions nécessaires pour ou contre, ou exprimant le
choix qu'ils désiraient que le ministère puisse faire.
Ce soir-là, on a compris qu'à 95% ou 97% tout le monde
favorisait le tracé est. Nos fonctionnaires ont, par la suite,
analysé de nouveau; ils ont demandé à tous les
ministères concernés, Agriculture mais principalement Affaires
municipales, de faire des commentaires sur le choix que s'apprêtait
à faire le ministère des Transports. Je pense que mon
sous-ministre pourra vous parler tantôt du choix entre l'est et l'ouest.
Le centre a été définitivement mis de côté en
raison des inondations que l'on connaît annuellement et des
expropriations qui auraient été inacceptables comme coût.
On aurait pu jouer cela dans une partie de dés; c'étaient deux
bons choix comme tracé de route, c'est indiscutable. L'un favorisait la
région de Thetford Mines et l'autre favorisait l'est.
Il ressort que, quand on regardait les indications qui étaient
contenues dans le rapport des Affaires municipales, l'on constatait les
Affaires municipales nous indiquaient que les services publics qui
étaient déjà organisés dans l'est du comté,
advenant un choix dans l'ouest, devraient certainement être à
recommencer pour la plupart parce que les densités de population
importantes se situaient déjà dans l'est avec des services assez
bien organisés.
C'est une des raisons profondes qui ont motivé le
ministère de faire ce choix. Je suis allé moi-même annoncer
le tracé de l'autoroute de la Beauce dans l'est et je dois affirmer, de
mon siège, que je n'ai participé d'aucune façon à
aucune discussion dont je viens de parler entre l'assemblée de la Beauce
et le soir où l'on m'a demandé d'aller annoncer le choix que nos
fonctionnaires avaient fait. J'ai laissé complètement libres tous
les fonctionnaires de décider du choix qui devait être fait dans
la Beauce.
On a parlé, par la suite, venant du père Arse-nault, d'un
choix politique, favorisant certains intérêts; je pourrais
peut-être dire immédiatement que, si on avait voulu favoriser
certains intérêts politiques, je pense que c'est dans l'ouest
qu'on serait allé. Quand on regarde la ville de Saint-Georges-Ouest, on
sait qui en est mai re et cela ne l'arrangeait drôlement pas qu'on passe
dans l'est. Je sais que les quelques interventions qui non pas de
manière radicale ont pu être faites par le secteur
politique favorisaient assurément le secteur ouest plutôt que le
secteur est.
D'ailleurs, lors des objections que nous avons rencontrées le
soir même de la première réunion, s'il y avait deux ou
trois politiciens qui pouvaient être mêlés, tel l'ancien
candidat libéral de la Beauce, qui est ingénieur d'une des
municipalités, ç'avait été l'objection radicale
qu'on avait exprimée.
L'ingénieur Dion avait été radicalement contre le
tracé de l'est, parce qu'il favorisait, pour sa ville, le secteur
ouest.
Je suis allé annoncer le tracé dans l'est, et toutes les
municipalités et villes de la Beauce et de la région de Thetford
étaient invitées ce soir-là également. Les
députés également. Le député de Beauce-Sud
était invité comme tout le monde; il est arrivé en retard
à la manifestation. On l'a même retardée d'un quart d'heure
pour tâcher que tout le monde soit là.
Je dois dire que, ce soir-là, je n'ai pas rencontré la
moindre observation qui ne cadrait pas avec la décision que nous
annoncions. Cela a été unanime dans la salle. Il y a eu une
conférence de presse par la suite. Je ne connaissais pas celui qui, par
le moyen de Radio-Canada, est venu descendre, d'une manière q ue
j'accepte très mal, le ministre des Transports. Il était
là à la conférence de presse avec les journalistes, il n'a
pasdaigné me poserunequestion ce soir-là, sur l'annonce que je
venais de faire, d'aucune façon.
Par la suite, il est venu à la radio dire que le ministre des
Transports favorisait simplement des intérêts politiques. Je n'ai
pas donné tellement de réponses à l'abbé Arsenault
parce que j'avais lu, dans les jours qui ont précédé ma
décision, dans le Soleil, un article où il faisait de
l'aplatventrisme, disant que si le ministre desTransports choisissait le
tracé de l'ouest, son nom serait marqué pour la vie dans
l'asphalte du tracé ouest. Je n'avais pas daigné lire l'article
jusqu'au bout, parce que je n'avais jamais vu un aplatventrisme semblable.
Mais de toute façon, s'il a écrit un tel article dans le
but de me sensibiliser à son désir d'avoir le tracé dans
l'ouest, je n'ai pas tenu compte de cela, pas du tout. C'était son droit
d'écrire les articles qu'il voulait, mais il resssort que la politique
ou des raisons autres que celles-là n'ont pas amené le
ministère à choisir un tracé plutôt que l'autre.
Nous avons cherché à donner le tracé q ui favorisait
davantage le développement de la Beauce.
M. Bédard (Chicoutimi): Tel que nous l'a dit le ministre,
il semblerait, que...
M. Mailloux: Justement, c'est un curé. Ce n'était
pas un journaliste mais il était, à la conférence de
presse, parmi les journalistes. Le curé Arsenault. Il voulait
questionner, évidemment, comme un jour-
naliste mais il n'a pas daigné questionner d'aucune façon.
Ce n'était pas un journaliste, parce que les journalistes qui
étaient sur place là-bas...
M. Mercier: C'était pour la radio vaticane.
M. Mailloux: ...n'ont, en aucune façon, contredit non plus
le choix du ministère. Et des journalistes, qui sont apolitiques, et
qui, par la suite, ont rencontré Radio-Canada après les
interventions de l'abbé Arsenault, ont quand même convenu,
après l'étude de tout le dossier, que le choix n'était pas
un choix politique mais un choix basé sur des critères qui
avaient été bien explicités.
M. Bédard (Chicoutimi): Si je comprends bien, les
représentations qui avaient été faites par le
ministère des Affaires municipales ont compté pour beaucoup dans
le choix qui a été décidé, parce que le ministre me
dit qu'il a laissé le libre choix à tous les fonctionnaires qui
étaient concernés, de même qu'à tous les
ministères qui pouvaient être concernés, donner un
avis...
M. Mailloux: J'ai affirmé tantôt que je n'ai
participé d'aucune façon, ce qui pourrait même être
confirmé. Vous avez, ici, M. Rouleau, le sous-ministre principal; vous
avez M. Perron je pense qui a été dans la discussion, et M.
Hébert qui est ici. Alors, qu'ils s'approchent du micro et qu'on leur
pose les questions que l'on voudra sur le choix, sur les raisons qui ont
motivé le choix. J'ai dit que c'étaient deux bons tracés
tantôt et on m'a affirmé, par la suite, qu'on aurait pu jouer aux
dés les deux tracés, il n'y aurait pas eu de problème,
n'eussent été des représentations faites par les affaires
municipales, l'agriculture et autres ministères, mais principalement les
affaires municipales.
Mais le sous-ministre principal pourrait vous dire de quelle
façon a été fixé le choix.
M. Bédard (Chicoutimi): Sur le plan, par exemple, du
sectionnement des terres agricoles, c'était quoi, la recommandation du
ministère de l'Agriculture?
M. Mailloux: Peut-être qu'on pourrait, si vous me le
permettez, étendre un petit peu le débat sur l'ensemble des
tracés, que ce soit l'autoroute de la Beauce ou des autres autoroutes.
Depuis trois, quatre ans ou cinq ans, avant qu'on se stabilise sur un
tracé de route, nous consultons la plupart des ministères, dont
le ministère des Affaires culturelles, le ministère de
l'Agriculture, le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
Pêche.
Actuellement, dans la Gaspésie, nous devions faire un pont qui
traversait une fosse à saumons et nous avons été
avisés par le ministère du Tourisme, de la Chasse et de la
pêche de protéger cette fosse et nous le faisons. Nous consultons
le ministère de l'environnement, les Affaires municipales et les
Richesses naturelles.
Evidemment, cela prend plus de temps avant d'aboutir. C'est
évident qu'à force de consulter tout le monde cela prend plus de
temps. Je reviens à l'autoroute de la Beauce. En ce qui concerne le
rapport de l'Agriculture, peut-être que Jacques Hébert est au
courant du rapport, il pourra répondre tantôt. En fait, le rapport
qui nous a fait opter pour le tracé est, c'est le rapport des Affaires
municipales où eux avaient déjà, du côté est,
des systèmes d'égout de faits, des systèmes d'aqueduc.
Tout est là en fait même pour le ministère de l'Education,
toutes les écoles sont dans l'est. Si nous avions fait l'autoroute dans
l'ouest, vu que les villes se développent près de l'autoroute, il
aurait fallu refaire une structure municipale le long de l'autoroute d'ici
à une quinzaine d'années.
Même si cela nous coûte $15 millions ou $20 millions de plus
pour passer dans l'est, en fait, les structures municipales qu'il aurait fallu
mettre en place auraient peut-être coûté de $50 millions
à $60 millions. Comme c'est le gouvernement qui paie, que ce soit d'un
bord ou de l'autre, cela nous coûtait meilleur marché de passer
dans l'est, pour l'ensemble du gouvernement, que de passer dans l'ouest.
M. Bédard (Chicoutimi): Tel que vous nous l'avez offert,
j'aimerais peut-être entendre le représentant dont on a
parlé tout à l'heure.
M. Mailloux: Les deux sont là.
M. Bédard (Chicoutimi): Si on insiste un peu
là-dessus, le ministre le sait, je pense pu'il y a avantage à le
faire pour l'ensemble des citoyens qui se sont posé des questions, qui
s'en posent encore, afin d'expliciter le mieux possible la situation. Il pourra
répondre sûrement à bien des interrogations.
M. Mallloux: On peut même leur demander s'il y a eu des
interventions politiques faites auprès de l'un ou l'autre. Je n'ai
aucune objection à cela.
M. Bédard (Chicoutimi): Sur les interventions politiques,
disons que je reviendrai tout à l'heure; c'est un autre aspect.
M. Mailloux: Je n'ai aucune objection.
M. Bédard (Chicoutimi): Quel était le rapport du
ministère de l'agriculture concernant le sectionnement des terres
agricoles?
M. Mailloux: Le ministère de l'Agriculture ne parlait pas
tellement du sectionnement des terres, mais de la qualité des terres
agricoles. C'était à peu près la même chose des deux
côtés, au point de vue des possibilités d'exploitation des
terres arables soit à l'est, soit à l'ouest. La grosse raison,
c'est l'influence d'une infrastructure comme l'autoroute sur
l'aménagement du territoire.
Le ministère des Affaires municipales nous a informés
qu'après la première conférence où il était
question des deux tracés il avait déjà des demandes
d'implantation de parcs industriels du côté ouest où il n'y
avait absolument aucune infrastructure de services ou quoi que ce soit. A la
suite du rapport des Affaires municipales et d'une étude très
approfon-
die du rapport des Affaires municipales aussi pour voir si leurs
prétentions, au point de vue de l'aménagement du territoire, ce
qui n'avait presque pas été considéré dans le
premier rapport... Dans le rapport Grégoire, dont vous avez parlé
tantôt, il était surtout question de tracé, au point de vue
économique, et c'étaient des chiffres. Cette estimation du
tracé était basée sur des facteurs sur lesquels les
techniciens avaient mis des valeurs et l'aménagement du territoire
n'était pas considéré dans ces facteurs. Il s'agissait de
changer le poids de ces facteurs pour changer complètement l'estimation
finale des deux tracés.
Cette différence de $10 millions ou $12 millions dont il a
été question, c'était pour une structure au bout du
tracé, à Saint-Georges. En arrivant à Saint-Georges, il y
a une rivière, la rivière de la Famine, et c'était pour la
traverser. L'estimation de la structure nécessaire pour cette
traversée de rivière, c'était une estimation très
préliminaire. Les chiffres de $10 millions ou $12 millions, ne sont pas
précis; cela peut être $8 millions comme cela peut être $14
millions aussi. C'était un rapport très préliminaire, avec
un ordre de grandeur pour ces rapports...
M. Bédard (Chicoutimi): Sommaire. M. Mailloux:
...très sommaire.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord. M. Hébert,
peut-être, aurait quelque chose à ajouter.
M. Mailloux: Je pourrais ajouter ceci... M. Hébert dit que
cela n'ajouterait rien au dossier. Voulez-vous l'entendre?
M. Bédard (Chicoutimi): Non, c'est à votre
goût.
M. Mailloux: Je pourrais ajouter ceci. J'avais un peu
estomaqué et surpris mes fonctionnaires au moment où, à la
suite des protestations du mouvement lancé par l'abbé Arsenault,
j'avais convoqué à Québec tous ceux qui voulaient entendre
la version du ministère sur le choix que l'on venait d'annoncer quelques
semaines auparavant. Il est venu une partie des maires de la région.
Il y en a qui se sont abstenus de venir. On a donné toutes les
raisons qui avaient motivé notre choix. J'ai dit, à ce moment,
qu'avant la décision, j'avais fait une consultation apolitique dans le
milieu auprès de certaines personnes dont les noms sont assez
retentissants dans la Beauce. J'en nommerai seulement une pour dire que c'est
apolitique, mais je ne voudrais pas que les journalistes donnent ça en
parure aux gens, parce qu'il est président d'une commission
d'enquête importante. C'est un Beauceron que vous connaissez et qui
m'avait dit que c'était le seul choix logique. Je pense que ce n'est pas
quelqu'un qui est relié au Parti libéral, sans avoir à
nommer de nom. J'avais, auprès de quelques personnes,
vérifié, n'ayant pas participé à la
décision, alors que j'allais moi-même l'annoncer. Je voulais
vérifier quand même sur place, non pas que je n'avais pas
confiance à mes fonctionnaires, mais c'était quand même un
ouvrage d'importance, de plusieurs dizaines de millions pour ne pas dire da-
vantage. On m'avait dit: C'est la seule décision que vous pouviez
prendre dans les circonstances.
M. Bédard (Chicoutimi): Oui.
M. Mailloux: Les derniers rapports que j'ai lus dans les journaux
à propos de cela semblaient faire beaucoup plus état de la
région de Thetford, du rattachement de la région de Thetford
à l'autoroute de la Beauce. Ce facteur aussi a été
considéré quand on a révisé tout ce
problème. Le fait de se rendre à l'autoroute, que ce soit un
mille ou deux milles de plus, cela ne change pas grand-chose pour les gens de
Thetford. On semble aussi parler, depuis quelque temps, des hôpitaux.
Pour se rendre à l'hôpital, faire un mille ou un demi-mille de
plus, que ce soit à l'est ou à l'ouest, cela ne change pas
grand-chose non plus dans l'évaluation de toute cette infrastructure qui
va avoir une influence prépondérante sur l'aménagement du
territoire pour des années à venir.
Je ne sache pas que les représentants des comtés de
Beauce-Sud ou de Beauce-Nord aient fait la moindre intervention dans un sens ou
dans l'autre. Ni l'un ni l'autre, je crois.
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre est au courant, et si
mes questions ne servent qu'à lui permettre de rétablir les
faits, je trouve que ce sera déjà une bonne chose...
M. Mailloux: Je n'ai pas d'objection.
M. Bédard (Chicoutimi): ...de les avoir posées. Le
ministre il y a fait allusion, tout à l'heure a
été mis au courant, en fait, de toute la campagne d'opinion
publique au cours de laquelle ont été lancées des
accusations de pressions indues auprès du ministère, pour
employer l'expression du ministre lui-même de la part de ceux qui
étaient contre ce tracé. On alléguait que cette
décision avait été prise dans l'intention de favoriser des
intérêts politiques. Je n'apprends rien au ministre, il a eu
l'occasion d'en prendre connaissance comme moi. Il y a eu également des
doutes qui ont été émis, concernant les
spéculations possibles qui auraient pu motiver des pressions
spéciales vis-à-vis du ministère. Dans la région et
dans les journaux, comme le ministre l'a dit, étant à même
de le constater, plusieurs personnes ont prétendu que le choix de ce
tracé a été fait par suite de pressions du
député dont le père et les deux organisateurs
possèdent de nombreux terrains sur ou à proximité du
tracé choisi. Si j'apporte cela, je veux très bien le situer dans
le contexte, je ne tiens pas pour acquis que c'est le cas. Loin de là,
je pose la question pour permettre un éclairage sur le choix, comme le
ministre me l'a fait tout à l'heure, sur les raisons qui l'ont
motivé ce qui, je pense, va éclairer la population de la
même manière et une mise au point sur les
possibilités de ces intérêts, de ces pressions politiques
qui auraient pu être faites auprès du ministre. Je tiens à
le dire, pour notre part, en ce qui regarde l'Opposition, nous ne croyons pas
que ces faits ont pu justifier le changement de tracé de l'autoroute. Ce
serait, à mon sens, ridicule de soutenir qu'à la suite de
quelques pressions ou de
quelques possibilités de spéculations, on aurait
changé un tracé de route.
M. Berthiaume: Si vous me permettez une question, est-ce que la
position de votre parti est de favoriser le tracé ouest?
Le Président (M. Picard): Je demanderais au
député de s'approcher du micro.
M. Bédard (Chicoutimi): Pour le moment, au niveau de la
discussion des crédits, la position de mon parti, je pense que ce n'est
pas tellement ça qui est important comme le fait de poser des questions
au ministre pour savoir quels sont les choix et quelles sont les motivations
qui ont amené ces choix. Je pense que le ministre a répondu
très clairement sur cet aspect.
M. Mallloux: II est assez rare qu'une route d'une importance
semblable soit faite sans que les députés de la région,
à quelque parti qu'ils puissent appartenir, ne soient pas
consultés. C'est assez rare.
M. Bédard (Chicoutimi): Oui.
M. Mallloux: Je crois que le député de la
région, par dessus les corps publics, par-dessus les maires des
régions, les préfets de comté, a un mot à dire dans
ces choses.
J'ai tenté, à quelques reprises, d'obtenirde mon
collègue de Beauce-Nord sa version sur un choix possible. J'affirme
qu'il y a eu un refus complet de sa part de se prononcer sur aucun des
tracés. Je ne l'affirme pas d'une manière aussi formelle mais je
pense l'avoir, à une couple d'occasions, demandé à mon
collègue de Beauce-Sud. Je pense ne pas mentir en disant qu'il n'a pas
voulu se prononcer non plus, que les tracés est ou ouest pouvaient
être convenables.
On l'a affirmé tantôt, nous également, que
c'étaient des tracés qui pouvaient être convenables. Mais
ils n'ont pas voulu, d'aucune façon, nous donner une indication si
c'était l'un ou l'autre. Ils se sont abstenus. Est-ce que c'est pour se
protéger politiquement parlant, parce qu'ils ont des électeurs
des deux côtés? On a eu un refus complet et j'affirme que jamais
le député de Beauce-Nord n'est intervenu d'aucune façon.
Et posez la même question à ceux qui ont pris la décision
parce que je viens de la poser moi-même: Est-ce que vous avez eu une
intervention? Ils peuvent vous donner la réponse.
M. Bédard (Chicoutimi): Je comprends bien que, suite
à cette réponse, on peut conclure que l'entourage du
député de Beauce-Nord n'a jamais été prévenu
avant le changement du tracé.
M. Mailloux: II faudrait peut-être ajouter là-dessus
que, sur le choix du tracé, nous n'avons eu aucune intervention, sauf
des différents maires et sauf du CDC, le Conseil de développement
de la Chaudière. Et la seule décision du tracé est nous
vient des rapports des différents ministères. Nous n'avons eu
aucune intervention de qui que ce soit.
Etant donné que je viens d'affirmer la position du
député de Beauce-Nord, il faudrait peut-être la lui
demander. Lui-même pourra peut-être vous confirmer ce que je viens
de dire, qu'il n'a pas voulu se prononcer d'aucune façon. Maisqu'on lui
pose la question.
Le Président (M. Picard): Est-ce qu'il y a consentement
des membres de la commission afin que le député de Beauce-Nord
nous adresse la parole?
M. Bédard (Chicoutimi): Certainement.
M. Sylvain: M. le Président, malgré que je n'ai pas
participé aux travaux depuis le début de la commission, s'il est
un dossier que j'ai suivi depuis que je suis député,
représentant du comté de Beauce-Nord, c'est celui de l'autoroute
de la Beauce.
Ce dossier a été dirigé entièrement et
exclusivement par le Conseil de développement de la Chaudière.
Depuis 1971, il m'a été donné, comme représentant
alors de la ville et de la paroisse de Sainte-Marie, à titre de
commissaire industriel à temps partiel, de suivre davantage ce
dossier.
Evidemment, je représentais deux municipalités au Conseil
de développement de la Chaudière. Je suis particulièrement
au courant des démarches qui ont été faites par le Conseil
de développement de la Chaudière depuis 1971.
Pour aller au plus court, le choix de l'axe de l'autoroute, il est bien
évident qu'au mois de décembre 1973, des officiers du
ministère des Transports, des hauts fonctionnaires et le ministre
s'étaient rendus à Sainte-Marie pour dévoiler un rapport,
qu'on a appelé le rapport Grégoire, qui préconisait
techniquement l'axe de l'ouest.
J'ai assisté à cette réunion. J'ai
entièrement pris connaissance du rapport et du document audiovisuel qui
nous étaient présentés alors. J'ai écouté
plus qu'attentivement la majorité des maires des municipalités,
autant celles situées à l'est que celles situées à
l'ouest. Nous avons gardé, non pas pour faire une preuve contraire mais
pour la connaissance et la mémoire, un enregistrement de toutes les
déclarations qui se sont dites alors: 90% des maires du comté de
Beauce-Nord ont répété ce que le Conseil de
développement avait dit, et moi-même, depuis longtemps:
L'autoroute de la Beauce, quel que soit l'axe, il nous la faut
Le ministère a annoncé sa décision, en I974,
décision qui, à mon sens, n'avait pas particulièrement
changé parce que le rapport Grégoire a été une
étude technique seulement, faite au niveau du ministère
desTransports, alors qu'un autre rapport, dans l'intervalle, avant la
décision finale, avait été déposé, le
rapport Belval, qui avait fait le tour de plus qu'un ministère,
c'est-à-dire qui mettait en cause les affaires municipales,
l'agriculture, l'OPDQ, le tourisme, etc. C'est seulement après l'annonce
de cette décision qu'un comité s'est formé à
l'ouest et nous a accusés, le ministre des Transports, moi-même,
ma famille et tout le monde, d'avoir favorisé l'axe de l'est,
Si vous voulez que je vous donne la référence,
pour ne pas vous faire perdre votre temps, ce matin parce que
parler de cela, pour moi, c'est perdre mon temps je vous
référerai au Journal de Québec, à un article de M.
Gaétan Fontaine, qui a passé plus d'une semaine et demie ou deux
semaines au bureau d'enregistrement de Beauceville, pour faire la recherche,
par des certificats de titres, sur les personnes qui, à Sainte-Marie,
étaient liées de près ou de loin à mon
organisation, à ma famille, etc. pour découvrir si l'axe de l'est
ne favorisait pas des gens de mon milieu.
Evidemment, quand on est en affaires ou quand des personnes sont en
affaires depuis longtemps, l'investissement sur les terrains, c'est fait. Ce
que M. Fontaine a trouvé officieusement et n'a pas publié, c'est
qu'effectivement, la famille Sylvain, moi-même ou mon père, ou mes
frères, ou certains organisateurs avaient des terrains mais des terrains
situés dans la ville de Sainte-Marie et situés dans les limites
de la paroisse de Sainte-Marie où il n'y a aucune espèce
d'incidence possible par rapport à l'axe de l'autoroute, où
l'autoroute, à l'ouest ou à l'est, ne peut les favoriser
aucunement. C'est dans le milieu urbain.
Ce papier de M. Fontaine m'a fait voir que la recherche avait
été sérieuse parce que, vous cornme moi, vous savez que
s'il y avait eu quelque accoin-tance ou s'il y avait eu, dans les documents du
bureau d'enregistrement, n'importe quoi, ce serait sorti long de même.
L'article de M. Fontaine disait: L'autoroute de la Beauce, aucun trafic
d'influence mais une erreur coûteuse. M. Fontaine voulait parler de
l'erreur qui, sur les plans et devis, avait été faite au niveau
de Scott Jonction, dans le sens où le contrat avait été
entrepris avant que tous les ordres soient donnés et avant que le choix
final soit fait.
Alors moi, pour l'autoroute de la Beauce, je reste sur la même
position. D'ailleurs, je n'ai pas eu peur, même si j'ai douze
municipalités de mon comté à l'ouest, de déclarer
toujours la même chose: L'autoroute de la Beauce, ce sont les Beaucerons
qui l'ont demandée. C'est pour les Beaucerons. Ceux qui, probablement,
ont approché le Parti québécois, comme ceux qui ont
approché...
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, si vous me
permettez, je devrais vous dire...
M. Mailloux: Demeurons sur un ton serein, autant que faire se
peut.
M. Bédard (Chicoutimi): Oui. Je devrais vous dire une
chose.
M. Mailloux: II n'y a pas eu d'accusation.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous n'étiez pas ici depuis
le début de la commission. C'est vous-même qui avez abordé
le sujet pour la première fois, parce qu'on n'en a pas parlé
avant. Le ministre a parlé de pressions indues, c'est-à-dire
qu'il y avait eu une campagne d'opinion publique, qu'il y avait eu des
pressions politiques de la part de personnes en politique. C'est vous qui
abordez, pour la première fois, cet aspect, à l'effet qu'on
alléguait, par exemple, que vous auriez pu faire des pressions dû
au fait que soit votre famille ait pu avoir des terrains qui se trouveraient
placés sur le tracé de l'autoroute qui devraient être
sujets à expropriation ou autrement mais je tiens à vous dire: Ne
reliez pas l'affaire, vous pouvez le faire si vous ...
M. Sylvain: Non, je n'ai pas voulu.
M. Bédard (Chicoutimi): ... voulez, mais ne reliez pas
l'affaire à une question de tentative je prends à
témoin tous les membres de cette commission de...
M. Sylvain: Non, non. Ce n'est pas une question de tentative.
M. Bédard (Chicoutimi): ... salir le député
qui parle présentement.
Une Voix: Le député de Chicoutimi est
tellement...
M. Sylvain: Non, je ne vous causerai pas de problème.
M. Bédard (Chicoutimi): Non mais, écoutez, vous
parlez de pressions.
C'est le ministre lui-même et je lui ai dit que je lui posais la
question justement sur tout le tracé de l'autoroute, parce qu'il y a
bien des gens dans la population qui se demandaient jusqu'à quel point
ce tracé a été choisi par suite d'une décision
politique ou autrement.
Je pense que le ministre et ses fonctionnaires ont donné des
explications qui vont permettre à la population de voir que ce fut un
choix rationnel qui a été fait à la suite de consultations
de plusieurs ministères. Quelques-uns des ministères
impliqués sont venus déposer au niveau de la commission pour
expliciter les motivations qu'ils avaient acheminées vers le ministre
des Transports.
Si vous voulez aller plus loin...
M. Sylvain: Je n'irai pas plus loin.
M. Bédard (Chicoutimi): ...cela ne me fait rien d'y
aller.
M. Sylvain: Je vais simplement dire que les personnes qui
cherchent encore à l'heure actuelle, malgré que l'autoroute soit
commencée dans ses travaux à l'est, à salir et à
chercher tous les poux dans cette histoire, je les ai conduites moi-même
à vos bureaux et je les ai aussi fait rencontrer le chef de l'Union
Nationale. Je ne les ai pas conduites au bureau du député de
Beauce-Sud parce qu'il était plus facilement accessible.
M. Bédard (Chicoutimi): Là, vous allez expliciter,
parce que vous ne les avez pas conduites à mon bureau et moi...
M. Sylvain: Non, pas à votre bureau.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord, on se comprend.
M. Sylvain: Une démarche a été faite par le
comité de l'ouest, une rencontre avec tous les partis de l'Opposition,
nous pouvons le confirmer n'importe quand. On a même...
M. Bédard (Chicoutimi): C'est assez normal.
Le Président (M. Picard): A l'ordre, s'il vous plaît
! Je demanderais au dép uté de Chicoutimi de ne pas interrompre.
S'il veut invoquer l'article 96, il pourra le faire; je lui donnerai le droit
de parole.
M. Sylvain: D'ailleurs, à l'heure actuelle, on semble
avoir plus ou moins confiance en des organismes qui sont des organismes tampons
de développement entre les régions et l'administration globale
publique. On peut penser au CRDQ ou au CDC. Si vous aviez l'occasion de prendre
connaissance de la position du Conseil de développement de la
Chaudière qui, soit dit en passant, au niveau de son bureau de
direction, a plus de PQ que de libéraux, vous sauriez, en lisant la
position officielle du père Antonio Poulin, qu'il n'y a aucune
question... Lisez la réponse que le père Antonio Poulin a
faite.
M. Bédard (Chicoutimi): Si vous voulez politiser
l'affaire, ça ne me fait rien.
M. Sylvain: Je ne politiserai pas l'affaire, mais il y a des
choses, depuis un certain temps j'en profite, ce matin, pour m'exprimer
à cette commission parlementaire autant dans les journaux que
par-dessous, qui arrivent ou n'arrivent pas pratiquement parce que la chose
s'avère impossible, que je veux rendre claires ce matin.
Alors, je vous fais la commission suivante: Lisez la position officielle
des directeurs du Conseil de développement de la Chaudière par
rapport au choix de l'axe et vous aurez peut-être la paix. C'est
tout.
Le Président (M. Picard): Y a-t-il d'autres questions sur
ce point?
M. Bédard (Chicoutimi): Simplement peut-être une
autre demande de précision au député qui vient
d'intervenir. Si je l'ai bien compris, parce que c'est lui qui a abordé
cet aspect-là de la question de l'autoroute de la Beauce, il nous dit
qu'effectivement aucun terrain appartenant à des membres de sa famille
ne sera touché par le tracé de l'autoroute, c'est ça?
M.Sylvain: Non, il n'y a aucun terrain, même au niveau des
organisateurs ou des personnes de Sainte-Marie...
M. Bédard (Chicoutimi): Je conçois que, s'il y en
avait, parce q ue ça peut arriver... Ce n'est pas une affaire à
tout tuer, quand même; on ne peut pas empêcher des gens d'avoir des
terrains. Justement, je n'ai pas voulu insinuer quoi que ce soit et je veux que
le député de Beauce-Nord le sache.
M. Sylvain: D'accord.
M. Bédard (Chicoutimi): J'imagine que, s'il yen avait,
parce que ça peut même rejoindre la Loi de la Législature,
il y a moyen simplement de le faire par expropriation, de manière
à faire taire toute accusation de patronage.
M. Mailloux: D'ailleurs, sur le choix d'un tracé, il
pourrait y avoir un terrain qui appartienne à un membre de la
Législature ou à des parents d'un membre de la
Législature. La loi est assez explicite. On n'a qu'à se
référer à mon cas où, une année avant mon
entrée en politique, on a exproprié un terrain où
j'étais sociétaire. Il y aura un règlement quand je serai
sorti de la politique. Si la société en voulait un auparavant, ce
qu'elle ne désire pas, il faudrait qu'elle le fasse juger par un
tribunal et non pas par nos services d'expropriation.
A présent, il faudrait bien admettre, je pense, quand on fait le
choix d'un tracé qui parcourt plusieurs milles de route, qu'on va
retrouver des gens de toutes couleurs politiques et qui appartiennent à
tous les milieux.
Ce n'est pas parce que, à un moment donné, il y a
quelqu'un sur le tracé qu'il faudrait mettre de côté un
tracé parce que l'expropriation aura à faire face à
certains problèmes particuliers. Je peux affirmer que les services de
l'expropriation ont assez entendu parler de ce dossier que s'il y avait un
terrain appartenant à des intérêts où on verrait un
semblant de conflitd'intérêts, les précautions
nécessaires seraient prises. A ma connaissance, je n'ai pas eu
d'indication à ce jour que cela a été quelque chose qui a
retenu notre attention dans le choix du tracé.
M. Bédard (Chicoutimi): Je pense que le ministre pourra
reconnaître que le ton de la discussion de même que les questions
que nous avons posées ne s'acheminaient en aucune façon
vers...
M. Mailloux: Oui...
M. Bédard (Chicoutimi): ...une tentative d'essayer de
faire du salissage il y en a quand même assez dans le
Québec à l'heure actuelle mais plutôt de permettre,
et je pense que c'est le devoir de l'Opposition, par des questions, au ministre
de répondre justement, d'expliciter les raisons, les motivations
ce à quoi la population a droit qui l'ont amené à
choisir ce tracé plutôt qu'un autre.
M. Mailloux: Ce qui m'a estomaqué dans ce dossier, c'est
qu'on dit depuis quelques années que le gouvernement va arrêter la
construction de l'autoroute. L'on se rappelle comment cela n'a pas
été facile pour la député de Charlevoix de dire non
à une autoroutesur le boulevardTalbot. Ce n'est pas facile parce qu'il
reste plus dans l'Est que dans la Beauce.
M. Bédard (Chicoutimi): Je conviens avec lui que les
pressions sont fortes.
M. Mailloux: Oui. J'aurais aimé mieux dire oui, on va
faire une autoroute, comme j'aurais aimé mieux dire oui, on va faire une
autoroute chez nous. On a dit depuis un certain temps que les autoroutes,
on allait en cesser la construction. Je me rappelle fort bien que, quand
je suis allé dans la Beauce, l'ensemble des participants, même les
opposants qui étaient moins nombreux, disaient: D'abord une autoroute
avant le choix d'un tracé. C'est ce qu'on désire. En
écoutant les paroles malicieuses qu'a prononcées, je le regrette,
un curé, l'abbé Arsenault, le moins que je puisse dire c'est
qu'il n'est pas honnête. N'eût été la présence
d'un curé dans le dossier, il aurait eu une réponse lapidaire du
ministre des Transports qu'il a accusé d'être malhonnête. Il
aurait eu une réponse lapidaire s'il n'avait pas été
curé.
Le Président (M. Picard): Le député de
Beauce-Nord.
M. Sylvain: Je veux prendre la parole seulement une minute, pour
ne pas retarder les travaux de la commission. Ce que vient d'exprimer le
ministre sur la décision de l'ensemble des maires des
municipalités est absolument vrai. C'est exact, c'est comme cela.
Maintenant, j'ai fait moi-même étant donné le climat
qui a sévi à l'Assemblée nationale l'an dernier, à
un moment donné cela pousse peut-être un député
à aller au-delà même de la prudence préparer
par mon bureau la liste des propriétaires où devait passer
l'autoroute à l'est, à Scott-Jonction et dans la paroisse de
Sainte-Marie de Beauce. Je peux vous dire que depuis que le CDC a
déposé la demande au niveau du ministre des Transports il
a fait des pressions dans ce dossier il n'y a pas plus de 1.5% ou 2% de
transfert de propriétés. Vous êtes en plein milieu agricole
et dans des boisés. Il y a un argument qui, au fond, est peut-être
plus fort que tout; c'est que dans ces milieux où on exproprie à
$150 l'arpent, n'allez pas croire que mes proches ou mes organisateurs ne sont
pas assez intelligents pour savoir que $150 l'arpent ce n'est pas payant.
Je trouve qu'à l'heure actuelle la valeur de l'arpent
boisé dans le milieu agricole et dans les boisés n'est pas la
valeur réelle de nos terres et de nos boisés, surtout dans le
milieu agricole où semi-rural près de Québec. Alors je me
demande, puis vous pouvez vous le demander, l'intérêt que
quelqu'un aurait à se faire exproprier à l'heure actuelle, avec
les valeurs que la Régie des services publics, ou le tribunal
d'expropriation, fixera.
M. Bédard (Chicoutimi): Relativement à ce choix,
à quelle date la décision a-t-elle été prise d'une
façon définitive?
M. Mailloux: II faudrait qu'on me le dise, parce que je l'ai
appris, moi, le lendemain de la décision et l'on a annoncé,
à ce moment-là, la conférence d'information que je devais
donner.
M. Sylvain: Le 23 novembre 1974, à la Seigneurie, à
six heures le soir.
M. Mailloux: Non, non, la décision de passer à
l'est.
M. Bédard (Chicoutimi): Cela c'est peut-être la
décision d'un certain groupe; je veux dire la décision du
ministère.
M. Mailloux: En fait, cela fait longtemps que le CDC demandait au
ministère de se prononcer. Dès que nous avons fini nos
études et que nous avons reçu les rapports des différents
ministères et de l'OPDQ, nous nous sommes réunis au niveau des
sous-ministres et nous avons pris la décision. Nous avons avisé
le ministre, qui était prêt à aller annoncer cela, deux
semaines avant qu'il l'annonce.
Je ne voudrais pas qu'il y ait de confusion, cela a été
annoncé à l'endroit mentionné par le député,
devant tous les maires de la région, parce qu'on aurait pu comprendre
que c'aété une réunion avant; ce n'est rien de tel.
M. Bédard (Chicoutimi): Tout en parlant de tracé de
l'autoroute de la Beauce, le ministre s'est référé
à un exemple, à savoir le boulevard Talbot, où il
explicitait qu'il est quand même difficile...
M. Mailloux: De dire non.
M. Bédard (Chicoutimi): ...de dire non. Lorsque le
ministre a dit non, suite aux pressions, aux requêtes qui avaient
été faites concernant la construction d'un boulevard Talbot
à quatre voies, il avait pris l'engagement que les quatre voies seraient
faites jusqu'à la barrière...
M. Mailloux: Jusqu'au lac Delage.
M. Bédard (Chicoutimi): ...jusqu'au lac Delage et
jusqu'à la barrière de Laterrière. Est-ce que le ministre
peut nous donner l'assurance que ce sera fait dans le délai qui avait
été décidé à ce moment-là?
M. Mailloux: Je dois dire que ce ne sera pas fait dans le
délai parce qu'on devait aller en soumission pour la partie qui va
jusqu'au lac Delage l'automne dernier. C'est ce qu'on avait annoncé au
moment de la conférence de presse. Il y a eu une erreur de parcours, je
ne sais pas où elle s'est produite, on a été d'abord
asphalter la chaussée sur la même distance qu'on devait corriger
par la prolongation du boulevard Laurentien. Je voyais sur les journaux, il y a
quelques jours, je n'ai pas eu le temps de m'informer auprès de mes
services encore, que l'on portait une accusation; on disait que le tracé
modifié dans Notre-Darne-des Laurentides semblerait favoriser des
intérêts d'un M. Racine, que tout le monde connaît.
Je n'ai pas encore pris les informations pertinentes, à savoir
pourquoi on modifiait le tracé de cette façon. Sans vouloir
prêter foi à ce que j'ai lu sur les journaux, je voulais m'assurer
auprès des servi-ces,des raisons profondes qui ont motivé le
tracé. Peut-être que le sous-ministre ou M. Perron pourra nous
indiquer tantôt la raison de cette modification.
M. Bédard (Chicoutimi): D'ailleurs, je voulais poser la
question.
M. Mailloux:... quels sont les avantages ou les
désavantages. Quant à M. Racine, il n'a pas tellement de contacts
au ministère parce que les ponts sont coupés avec le ministre
desTravaux publics qui vous parle parce qu'il n'a pas pu répondre
affirmativement à certaines de ses demandes concernant certaines
locations de bâtisses lui appartenant.
Quant à la barrière de Laterrière, je pense que les
travaux...
M. Bédard (Chicoutimi): II y avait jusqu'au lac Delage.
Vous nous dites que cela va retarder pour des raisons...
M. Mailloux: Non, je veux vérifier si le choix du
tracé est acceptable, est défendable, et aussitôt que cette
décision sera prise, on donnera suite.
L'an passé, tout le monde est au courant que la route entre
Québec et Chicoutimi était bien à la mode. Lorsque nous
avons commencé les travaux, il y a eu une erreur d'un de nos
fonctionnaires et on a pavé la section de route qu'on devait
reconstruire. Comme, actuellement, elle suffit amplement à la
circulation, il serait quand même assez dispendieux d'aller refaire les
travaux tout de suite. Je pense qu'avec le pavage que nous avons mis, ce sera
suffisant pour trois ou quatre ans. Nous ne respecterons peut-être pas un
engagement que nous avions pris l'an passé.
En même temps, l'an dernier, il y avait quand même deux
tracés possibles, soit celui de passer plus proche du lac Delage ou de
passer dans l'emprise actuelle et nous sommes allés étudier ces
deux tracés. D'ici la fin de l'année, je pense bien qu'on devrait
avoir une réponse, au sujet des deux tracés, après avoir
consulté les conseils municipaux et, comme on le fait d'habitude, tous
les autres ministères.
M. Bédard (Chicoutimi): Maintenant, si ce tracé
doit être retardé pour certaines considérations, on pourra
y revenir tout à l'heure, j'espère, au moins, que le ministre
peut nous donner l'assurance que la promesse qui avait été faite,
à l'effet que du rond-point jusqu'à la barrière de
Laterrière...
M. Mailloux: D'accord.
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, d'accord, mais je parle de
l'autre bout.
M. Mailloux: L'autre va être en soumission. M. Michaud va
donner une réponse.
M. Bédard (Chicoutimi): II n'y aura pas de retard.
M. Mailloux: II y aura deux contrats de donnés en
septembre. Un contrat du rond-point de Chicoutimi à la rue des
Saguenéens,et l'autre contrat, venant vers Québec, du rond-point
au centre de ski Clairval. Ces deux contrats sont environ de l'ordre de $8
millions au total.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce qui me surprend, c'est que vous
nous dites, à un moment donné cela semble assez clair
que vous voulez poursuivre les quatre voies seulement jusqu'au Clairval
et non pas jusqu'à la barrière de Laterrière, tel que cela
avait été promis.
M. Harvey (Jonquière): C'est la première
étape.
M. Mailloux: C'est le premier contrat. Le premier contrat qui
sera donné, cet automne, ira jusqu'à Clairval.
M. Bédard (Chicoutimi): Pour quand prévoyez-vous la
fin de ces travaux concernant la partie qui va du rond-point à
Chicoutimi et du rond-point jusqu'à la barrière de
Laterrière?
M. Mailloux: Pour Clairval c'est sûrement un contrat de
deux années d'exécution. Maintenant, le premier contrat qui sera
donné du rond-point à la rue des Saguenéens
s'exécute dans une année financière.
Il y a une réponse que je pourrais donner; c'est que n'eussent
été les coûts prohibitifs qu'on a rencontrés depuis
une année... Je n'ai pas besoin de vous dire que, sur certains ponts de
viaducs, on frappe des dépassements de 90% et 100%. Cela affecte quand
même drôlement nos prévisions budgétaires et
l'échéance des travaux. Malgré l'importance du budget
cette année, si j'ai parlé du budget supplémentaire avant
de faire accepter le budget général, c'est pour tâcher de
compenser un peu les pertes qu'on subit vu l'inflation extraordinaire
rencontrée depuis une année.
M. Bédard (Chicoutimi): II y a seulement un point sur
lequel je vais revenirsur la partie qui va du rond-point à la
barrière de Laterrière, tel que cela avait été
entendu et explicité par le ministre, lors de la conférence de
presse. Il nous semble que les quatre voies se rendront jusqu'à Clairval
seulement.
M. Mailloux: Dans le moment, oui.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord. Mais est-ce que je dois
comprendre, puisqu'on dit que c'est une première étape, que le
ministère, à l'heure actuelle, envisage une deuxième
étape?
M. Mailloux: Oui, qu'il y aura une seconde étape.
M. Bédard (Chicoutimi): Qui serait quoi?
M. Mailloux: Si je savais d'avance ce qui va être
accordé en supplément au ministère des Transports, ce qui
va nous être accordé au printemps prochain; ce sont des
contraintes qui nous amènent parfois à retarder de quelques mois.
Je devais aller sur la route 15, cette année, dans la région de
Sainte-Anne-de-Beaupré, en période de printemps, puis j'ai
été obligé d'annuler cela parce que je n'ai pas les
crédits nécessaires, étant donné les coûts
prohibitifs des deux premiers contrats.
M. Bédard (Chicoutimi): S'il n'y a pas les
contraintes de crédits, ce serait quoi la deuxième
étape dans l'esprit du ministre?
M. Mallloux : Ce serait envisagé dans le plus bref avenir.
Ce sont les contraintes budgétaires qui pourront me permettre de
décider.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce serait quoi la deuxième
étape?
M. Mailloux: Aussitôt que celles-là seront
complétées, forcément.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que ce seront les quatre
voies jusqu'à Québec?
M. Mailloux: Malgré qu'on a dit non au boulevard je
vois mon collègue, en arrière, qui l'a sollicité avec
d'autres sans arrêt même si on l'avait refusé il
ressort que, si l'importance du trafic continuait à augmenter, ce qui
est une chose fort possible, malgré le refus apporté, l'an
passé, à mes collègues comme à vous-même,
j'imagine qu'il faudrait repenser cette décision devant la circulation
qui existera à l'avenir.
Au fur et à mesure qu'il y a des centres de ski de fond ou
d'autres activités d'organisées, cela augmente d'autant le
trafic.
On a prouvé l'an passé que les améliorations qu'on
a apportées, je pense, si on veut être honnête, ont, pour un
certain temps, amélioré la qualité du roulement de
manière appréciable sur le boulevard Talbot.
Les endroits où il y a des failles, on savait d'avance qu'il y
avait une reconstruction de ces sections à faire, non pas en couches
d'usure, même spéciales. Alors, cela reste dans l'esprit du
ministère de corriger ces sections. Et, au fur et à mesure que le
trafic va augmenter, je pense qu'on tâchera d'avoir les crédits
nécessaires pour donner de meilleurs services à la région
de Chicoutimi-Lac-Saint-Jean, qui n'a quand même que cette seule
artère comme voie de communication.
M. Bédard (Chicoutimi): Disons que je pourrais aborder
plus tard, dans un autre programme, la question des réparations qui ont
été faites sur le boulevard Talbot. Je pense que cela se situe
à un autre programme.
Mais simplement ceci: Comme le ministre a parlé d'augmentation de
circulation, est-ce que j'imagine qu'il continue à y avoir des
compteurs continuellement sur l'artère du boulevard Talbot la
circulation a augmenté?
M. Mailloux: II faudrait que je vérifie si on a eu des
comptages récents, à l'automne. Peut-être qu'il y en a de
l'automne passé. On peut le vérifier.
M. Bédard (Chicoutimi): Concernant le lien
Montréal-Québec, quels sont les projets de construction du
ministère dans le cadre de l'accroissement de la circulation
Québec-Montréal?
M. Mailloux: J'ai déclaré, il y a...
M. Bédard (Chicoutimi): Avec la boucle rive nord, rive
sud, les ponts, etc.
M. Mailloux: Oui. On a des projets assez importants dans la
région de Portneuf-Donnacona cette année, de même que dans
la région Berthier-Pointe-du-Lac. L'on sait que j'ai
déclaré, il y a un certain temps, ce n'est peut-être pas
admis partout le monde à la fois, que si on réussissait je
ne t'ai pas visé dans un assez court laps de temps à
terminer l'autoroute de la rive nord Montréal-Québec, on aurait
une chance de retenir sur la rive nord du Saint-Laurent, où certains
comtés ont des vocations assez marginales, une économie assez
faible, une partie du trafic, au moins touristique, pour ne pas dire d'autres
trafics également. Cela soulagera d'autant les surcharges que l'on
rencontre principalement sur les ponts de la ville de Montréal et la
surcharge, qui viendra un jour ou l'autre, sur les ponts de Québec
également.
Il y a eu des discussions avec le président de la
Trésorerie à Ottawa, M. Chrétien, qui attend incidemment
un rapport de l'OPDQ sur les priorités routières pour les
prochaines années.
J'ai communiqué avec M. Chrétien il y a à peine 24
heures, lui disant qu'aussitôt que mes crédits seraient
acceptés, travaux publics et transports, je pourrais le rencontrer
à Ottawa. Nous y envisagerions de faire certaines suggestions, via
l'OPDQ, pour nous permettre d'avoir quelques montants supplémentaires
qui activeraient peut-être la construction de l'autoroute de la rive
nord, réduisant d'autant les délais de construction
déjà prévus.
Je pense qu'il serait important que cette route, dans un délai de
trois ou quatre années, soit terminée. Cela augmenterait
l'économie de certains comtés de la rive nord du Saint-Laurent,
entre Montréal et Québec. Je pense que cela allégerait
peut-être de 10% ou 15% la pression qui est faite sur les ponts parce
qu'on va avoir un problème particulier, bientôt, dans la
région de Montréal, si on ne fait pas quelque chose. Aux heures
de pointe, c'est rendu presque inacceptable. Si c'est déplaisant de dire
à Québec: Pas de lien direct immédiatement, c'est
forcément le problème financier qui fait qu'aujourd'hui c'est
devenu prohibitif, avec le coût de l'acier et des métiers de la
construction.
Ce sont un peu les vues et les perspectives du ministère
actuellement.
On me dit que les plans seront tous complétés, sur la rive
nord, d'ici les prochains douze mois.
M. Bédard (Chicoutimi): Pour cette année, c'est
quoi, la construction, aux deux bouts?
M. Mailloux: Sur la rive nord? En fait, cette année, on
complète les travaux entre Berthier et Pointe-du-Lac. De Pointe-du-Lac
jusqu'à l'autoroute 55, cela va être fini cette année aussi
et, dans la région de Trois-Rivières, nous avons accordé
un contrat de $23 millions ou $22 millions. Cela devrait être
complété d'ici 15 à 18 mois, ce qui rendrait la route
jusqu'au Cap-de-la-Madeleine. Dans la région de
Québec, nous sommes en soumission ou en construction
jusqu'à Donnacona.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce qu'on peut nous donner le
détail au niveau des montants que ceci représente?
M. Mailloux: Dans la région de Québec, de
Saint-Augustin à Donnacona, sur des investissements de $18 millions, il
y a déjà $3 millions de dépensés et il est
prévu $5 millions, disons, pour ce tronçon, cette année.
Dans la région de Trois-Rivières, de Pointe-Du-Lac à
Berthier, il y a des investissements de $24 millions, dont $21 millions sont
dépensés. Nous terminons le tronçon. De Pointe-du-Lac
à Trois-Rivières, pour une autoroute à quatre voies, il y
a des investissements de $12.5 millions, dont $8 millions sont
dépensés. Celase termine cette année aussi. En plus, pour
le contournement par le boulevard Intermunicipal, à
Trois-Rivières, il y ades investissements de $32.5 millions, dont $10
millions sont dépensés, et il y aura un investissement de $8
millions pour la présente année.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-il exact que
l'achèvement de la route 40 aurait pour effet d'éviter la
construction d'un nouveau pont entre Montréal, la rive sud, et
peut-être aussi régler le problème du lien direct
Québec-Lévis?
M. Mailloux: Je n'affirmerais pas une chose semblable.
M. Bédard (Chicoutimi): Moi non plus, je vous pose la
question.
M. Mailloux: C'est peut-être marginal comme circulation qui
serait retenue sur la rive nord. Dans la région de Montréal, je
dis peut-être ça comme profane, je ne pense pas que, quand il y
aura une addition, ce sera une addition de pont, ce sera possiblement
l'addition d'un tunnel qui reliera la rive nord à la rive sud.
Dans la région de Québec, je conviens que la localisation
du pont de Québec et du pont Pierre-Laporte ne favorise pas un lien
centre à centre. Quand on regarde la disponibilité de ces deux
ponts avec l'achalandage que l'on rencontre aux heures de pointe, ce n'est pas
dramatique dans l'immédiat. Sur un potentiel de 100,000, le point
Pierre-Laporte est rendu à peine à 50% de ses capacités
portantes de circulation. Pour les deux, on n'a pas encore atteint 50% de
leurcapacité portante. C'est dire que centre à centre, ce serait
plus près, mais il y a des anomalies semblables partout dans le
Québec où les détours sont beaucoup plus longs que
ça.
Les personnes qui partent de Sainte-Anne-de-Beaupré, de
Beaupré, ou d'un peu partout pour venir vers Québec tous les
joursfont destrajets même plus longs que celui-là.
M. Bédard (Chicoutimi): Concernant l'autoroute 40, d'une
façon globale, je comprends qu'il y a toujours les contraintes
financières, la nécessité de crédit, mais quand le
ministère pense-t-il pouvoir la parachever?
M. Mailloux: J'avais dit que normalement on devrait terminer dans
cinq ans. Si on pouvait avec l'appui du gouvernement fédéral,
trouver quelques fonds supplémentaires, on pourrait peut-être,
dans un délai de trois ans, terminer. C'est l'espoir que nous
entretenons en discutant avec un résident de la rive nord qui est le
président de la Trésorerie à Ottawa.
M. Bédard (Chicoutimi): Lorsque le ministre parle de
l'appui du gouvernement fédéral, je comprends qu'il fait
référence...
M. Mailloux: A des additions.
M. Bédard (Chicoutimi):... par le biais d'ententes
auxiliaires avec...
M. Mailloux:Oui, à des additions qui pourraient être
faites sur les ententes qui sont faites par le biais de l'OPDQ.
M. Bédard (Chicoutimi): Ah bon!
M. Berthlaume: II y a un certain nombre de personnes
présentes qui ont un dîner extrêmement important. Etant
donné que c'est l'anniversaire de naissance du ministre des Transports,
on aimerait l'amener avec nous. Pour cela, nous aimerions ajourner
immédiatement.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, je ne
m'opposerai sûrement pas à cette demande et je profite de
l'occasion pour offrir mes voeux de bonne fête au ministre des
Transports.
Le Président (M. Picard): La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 12 h 5)
Reprise de la séance à 16 h 31
M. Picard (président de la commission permanente des
transports, des travaux publics et de l'approvisionnement): A l'ordre,
messieurs! La commission des transports continue l'étude des
crédits pour le ministère des Transports, pour l'exercice
1975/76.
Le député de Johnson m'a demandé la parole.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, parce que je
n'étais pas ici ce matin, j'étais àTrois-Rivières,
je n'ai pas pu unir ma voix à celle de tous ceux de la commission qui
ont présenté à l'honorable ministre leurs meilleurs voeux
de santé, de force et de joie. Je m'associe à tous ces autres
pour lui dire ma profonde gratitude pour l'amitié qu'il me porte depuis
des années.
M. Mercier: Cela ne fera pas des enfants forts.
M. Bellemare (Johnson): Mais après ces roses, je voudrais
me servir un peu de certaines autres choses que j'ai remarquées dans son
cabinet.
Le Président (M. Picard): Un instant, s'il vous
plaît! Est-ce que les bons voeux sont finis?
M. Bellemare (Johnson): Mes fleurs sont finies.
Le Président (M. Picard): Avant d'envoyer des
épines, on va passer la parole au député de Chicoutimi qui
avait déjà posé une question ce matin.
M. Mercier: M. le Président, il y aurait peut-être
intérêt à ce que le ministre nous présente les
nouveaux fonctionnaires que nous avons devant nous.
Le Président (M. Picard): D'accord.
M. Mailloux: J'aurais une réponse à donner aux
quelques voeux que vient de m'offrir l'honorable député de
Johnson, que je connais d'ailleurs depuis près de quatorze
années, voeux qui m'ont été exprimés ce matin.
Comme le député de Johnson et moi-même sommes des
gens qui, le 1er mai, sommes réellement des travail leurs et qui
viennent des couches populaires de la société, cela me fait
doublement plaisir d'entendre les voeux qu'adresse à mon endroit le
député de Johnson . Notre amitié mutuelle date de longue
date. Je pense que la fête du 1er mai est un moment propice pour se
rappeler l'un l'autre des souvenirs heureux. Je l'en remercie.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, parce que je
n'étais pas ici ce matin, j'aurais une question dès le
début. Si vous ne me permettez pasde la poser, j'attendrai uneautre
occasion. Mais c'est très simple et très court. Si l'honorable
député de Chicoutimi voulait me permettre, je pense que je ne lui
ai pas nui dans ses exposés...
Le Président (M. Picard): II semble y avoir consentement.
Alors, le député de Johnson.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, j'ai
regardé, avec beaucoup d'attention, la formation du cabinet du ministre.
Je vois des anomalies assez criardes. Par exemple, je vois: Monique Fradette,
secrétaire particulière $14,250; et je vois M. Jean-Marc Bard,
$24,450, entré en 1974, M. Marcel Bélanger, qui est entré
en 1947, seulement $22,350, lui le pilier du ministère depuis toujours,
lui qui a caché tous les ministres de mon temps!
Je ne sais pas si cela se fait encore de même! Il
mériterait, M. le Président, au moins d'avoir un traitement
presque à l'égal de...
Quant à Mme Monique, je pense bien qu'on m'a dit de bien bonnes
choses.
M. Mailloux: C'est l'année de la femme!
M. Bellemare (Johnson): Oui. Je ne pense pas que je la torture
pour rien. Par exemple, je remarque qu'il y a une chose évidente dans le
salaire de M. Bard et de M. Bélanger. Mais c'est vrai, cela, M. le
Président: M. Bélanger, cela a été l'expert
desexperts pour cacher les ministres de mon temps!
M. Mailloux: Pour bien les informer.
M. Bellemare (Johnson): Je ne sais pas s'il réussit le
même "job" qu'il avait de notre temps.
M. Bédard (Chicoutimi): II n'a rien à cacher.
M. Bellemare (Johnson): C'est peut-être peu dire, mais, en
tout cas, M. le Président, je sais que, lors du rajustement, le
sous-ministre me disait justement tout à l'heure qu'il avait fait une
recommandation au ministre pour faire augmenter M. Bélanger.
Alors...
M. Mailloux: De toute façon, je prends note des remarques
que fait le député de Johnson à l'endroit de M.
Bélanger qui, d'ailleurs, vient de recevoir récemment une
augmentation de salaire assez substantielle. Il me dit qu'au moment où
il est entré, il gagnait $1,300. Il y a quand même un large pas de
franchi.
Mais étant donné qu'il a fait référence, vu
l'année de la femme, à ma secrétaire, je me posais un peu
la même question, parce que, depuis deux jours, je voyais passer une
jolie jeune femme dans les parages et on m'a dit que c'était la fille de
quelqu'un avec qui j'ai siégé assez longtemps, Mlle Bertrand.
Cela me fait infiniment plaisir de constater que des doyens, tels le
député de Johnson et le député de Charlevoix, sont
quand même accompagnés de femmes aussi jolies que celles que nous
rencontrons des deux côtés de la table.
M. Bellemare (Johnson): La seule différence qu'il y a
entre les deux, c'est le salaire, probablement!
M. Mailloux: Elles sont toutes deux en
sécurité!
Le Président (M. Picard): Est-ce que vous pourriez
présenter le personnel, s'il vous plaît? Il y a eu une demande de
faite pour que vous présentiez vos principaux collaborateurs.
M. Mailloux : Oui Est-ce que l'on me permettrait que je demande
à l'honorable juge de la commission, M. Prévost je pense
que tous les membres de la commission le connaissent de faire
lui-même la présentation de tous ceux qui l'accompagnent, pour la
discussion des crédits concernant la Commission des transports?
En premier lieu, j'ai le plaisir d'avoir avec moi l'administrateur de la
commission, Me Maurice Ferland, l'administrateur adjoint, M. Roland Leblanc,
qui tient bureau à Montréal, mon adjoint, M. Joseph Leblanc, et
notre directeur du service des finances, M. Armand Desrosiers.
M. Bellemare (Johnson): Je voudrais savoir qui a
préparé ce merveilleux document?
M. Mailloux: Ce fut préparé l'année
dernière sous le contrôle de notre directeur du service des
renseignements, M. René Lavoie, tous les cadres de la commission, le
président...
M. Bellemare (Johnson): Je dois surtout dire que la pagination
est très bien faite et que les portraits sont très beaux. Vous le
féliciterez pour moi. Sauf que la couleur est un peu jaune.
M. Mailloux: Merci.
Le Président (M. Picard): Vous avez terminé
monsieur?
Le député de Chicoutimi, programme 2,
élément 5.
Commission des transports
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, avec la
permission du député de Johnson et des membres de la commission.
Je voudrais poser une question que je crois urgente. Ensuite, je passerai
à ma première question.
Je pense que la courtoisie...
M. Bédard (Montmorency): ...membre de la commission, on
vous l'accorde.
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre est sans doute au
courant à l'heure actuelle qu'il y a un problème d'urgence
concernant le transport en commun dans la région de la Mauricie. Les
renseignements que nous avons sont que la compagnie de transport est dans une
situation financière tellement désespérée qu'elle
n'a même pas les moyens de renouveler ses plaques d'immatriculation et
continue tant bien que mal à donner son service avec ses anciennes
plaques. En fait, la compagnie se plaindrait également de ne pas avoir
reçu à temps les subventions gouvernementales auxquelles elle
devait s'attendre, ce qui fait, étant donné sa situation
financière, dans les circonstances, qu'elle se voit presque dans
l'obligation de devoir cesser ses opérations très rapidement.
M. Bellemare (Johnson): Pour ajouter à ce que vient de
dire le député de Chicoutimi, j'ai signalé hier et
avant-hier cette situation malencontreuse que nous avons dans notre
région et les défis qui sont chaque matin inscrits dans le
journal Le Nouvelliste concernant ce problème crucial de la compagnie
Saint-Maurice Transport. Les frères Carrier, qui en sont les principaux
propriétaires, sont à bout de souffle et je pense que si une aide
toute particulière ne leur est pas accordée, il y aura
probablement bris de contrat et le transport en commun va cesser.
M. Bédard (Chicoutimi): Je voudrais enchaîner sur
les propos tenus par le député de Johnson. C'est à la
suite non seulement de renseignements téléphoniques, mais nous
avons reçu des gens ce midi même et je voudrais savoir
jusqu'à quel point la situation est tragique.
M. Mailloux: II faudrait rafraîchir ma mémoire au
sujet des ententes qui avaient été prises entre le transporteur
en question et le ministère des Transports. Au moment où la
discussion s'est située, il y avait eu offre d'une subvention de
$100,000 qui devait être accordée pour le maintien du se rvice
jusqu'à temps qu'une décision finale soit rendue quant à
la gestion du service en question. Par contre, en date du 31 mars c'est
à l'intérieur du budget des Affaires municipales que les
crédits ont été transférés pour le paiement
des subventions aux transporteurs urbains. On me dit qu'un problème
technique s'est posé dans la préparation ou dans les documents
à présenter au Conseil du trésor. Comme membre de ce
conseil je sais que, jusqu'au 31 mars, je n'avais pas vu passer le document en
question et que cela a entraîné un problème financier assez
difficile au transporteur là-bas.
Je pourrai, d'ici demain, rencontrer mon collègue pour savoir
s'il se peut que lui-même, de son autorité, indique aux
créanciers possibles là-bas son intention d'agiretàquel
moment la subvention qui a été promise en fait par le
gouvernement pourra être honorée. Je pourrai peut-être
donner réponse dans le cours de la séance de demain, après
avoir vu mon collègue des Affaires municipales.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que, dans un cas d'urgence
comme cela, il peut y avoir comme une sorte de lettre d'intention qui fait que
les créanciers, avec une telle lettre, peuvent être tranquilles et
peuvent même, comme cela arrive dans bien des cas...
M. Mailloux: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): ...emprunter si le besoin se fait
sentir?
M. Mailloux: Ce qui me surprend un peu c'est qu'on me dit que la
lettre contenant la promesse formelle signée de la main du ministre est
rendue à destination.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que les trois autres
municipalités se sont rendues à leur demande de contribution
chacune de $100,000? Cela faisait $400,000, ce qui faisait 50% du
déficit.
M. Mailloux: Enf ait, tout le problème découle de
l'espèce de problème chronique que nous avons...
M. Bellemare (Johnson): De juridiction.
M. Mailloux: Oui, de juridiction. Nous avons créé
un comité intermunicipal là comme nous l'avions fait au Saguenay
et aussi dans la région de Lévis. Il était entendu que la
contribution gouvernementale se situait au niveau du ministère des
Affaires municipales mais sur recommandation technique de ceux qui avaient fait
les études sur place, les gens du ministère desTransports. Alors,
dans le processus administratif, pour l'émission de la contribution en
question, qui était de $100,000, il y a eu un retard.
Je pense que l'entrepreneur Carrier est quelqu'un qui dit: Moi j'avais
une situation très claire jusqu'à telle date, les
municipalités ont pris une certaine responsabilité et moi, pour
faire un pas en avant, il faut que je reçoive une contribution
monétaire en conséquence. Or, cela retarde, et je ne voudrais pas
aller entamer mon propre crédit à la banque. C'est à peu
près cette situation, et c'est ce qui explique, à peu
près, sa résistance aujourd'hui.
M. Bellemare (Johnson): C'est assez grave. C'est très
grave, s'il faut que le service soit suspendu encore, après l'avoir
été presque pendant cinq mois.
M. Bédard (Chicoutimi) : Je pense que le ministre a vu
l'urgence de la situation, puis l'urgence d'agir.
M. Mailloux: Quoique cela relève de mon collègue
maintenant, le nécessaire sera fait d'ici demain pour que l'on puisse
savoir où en est rendue la décision de mon collègue quant
au versement en question. Et s'il est nécessaire de faire parvenir un
document supplémentaire pour éviter un arrêt de service,
j'insisterai dans ce sens.
M. Bédard (Chicoutimi): Alors, M. le Président,
j'aurais une question à poser.
Le Président (M. Picard): Est-ce que vous revenez au
programme 2, élément 5?
M. Bédard (Chicoutimi): C'est cela, tel que je vous
l'avais dit.
Le Président (M. Picard): Alors, le député
de Chicoutimi et le député de Bellechasse.
M. Bédard (Chicoutimi): J'avais une question à
poser à M. le juge Prévost àq ui je souhaite, au nom de
l'Opposition, la bienvenue également. Je le félicite
d'unefaçon particulière, pour sa disponibilité à
venir se faire entendre ici, pour donner suite à une idée quand
même lumineuse du ministre desTransports, de nous offrir la
possibilité de poser des questions directement à M. le juge.
M. Mailloux: Peut-être que cela m'accommodait.
M. Bédard (Chicoutimi): Voici, je voudrais soulever un
problème qui est aussi, a mon sens, un problème d'urgence, pas
seulement pour quelques personnes, mais des centaines de personnes, à
savoir: les acquéreurs de camions. A l'heure actuelle, la situation leur
est rendue extrêmement difficile, à cause de la difficulté
qu'ils ont d'obtenir leur permis, après avoir fait l'achat d'un
camion.
La Commission des transports, naturellement, de qui relève
l'octroi de permis de camionnage en vrac, accuse je pense que
là-dessus, M. le juge sera d'accord avec nous des retards, qui
vont jusqu'à dix-huit mois, entre l'ouverture du dossier et sa prise en
considération, des fois plus, quand on attend la décision.
Egalement, on considère que pour demander un tel permis
d'opération, il faut, d'une part, avoir le camion et faire un
dépôt de $50.
Je pense qu'il y a lieu de s'indigner de cesdélais, d'autant plus
qu'un autre facteur s'ajoute depuis le 1er janvier avec la possibilité,
pour les acquéreurs de camions ayant un permis, de profiter des
subventions accordées par le gouvernement fédéral. Il y a
possibilité, pour ces acquéreurs de camions, de profiter de ces
subventions de 15% pour autant qu'ils sont détenteurs d'un permis.
J'aimerais savoir jusqu'àquel point la commission peut remédier
à cet état de fait. Nous avions déjà
souligné cette situation l'an passé et il ne semble pas qu'il y
ait eu, à moins que je ne me trompe, tellement
d'amélioration.
Il y avait, entre autres, un cas, que je résumerai très
brièvement, qui m'avaitétésoumisetqui montre les
difficultés que peut rencontrer une personne qui vient d'acquérir
un camion et qui, en plus d'avoir à payer ce camion, de faire un
dépôt, doit gagner sa vie. C'était le cas de M. Antoine
Fortin, 128 rue Chabot, Chute-aux-Outardes dans le comté de Saguenay
c'est un cas parmi d'autres qui a fait une demande pour
"opérer" un camion. Il a payé, naturellement, la somme de $50
pourcette demande, mais il attend son attestation et son permis pour
"opérer" ce camion.
M. Mailloux: II l'avait acheté quand?
M. Bédard (Chicoutimi): La demande a été
faite le 10 juin 1974. Je cite, mais très vite, les démarches qui
ont été faites par le monsieur en question et dont le cas n'est
pas unique. Sa demande avait été faite le 10 juin 1974. Selon
lui, le 20 mars 1974, il téléphonait à M. J.H.
Bélanger, chargé de l'émission de ces permis. Ce bureau
n'a pu encore commencer l'étude des demandes faites depuis le 1er
janvier 1974. Ces demandes c'est ce qu'on lui a laissé entendre
sont cataloguées pour les camionneurs n'ayant jamais eu de permis
d'opération de l'ancienne régie des transports. Il aurait
reçu l'information qu'il y a, à l'heure actuelle, au moins 7,000
demandes de cette nature seulement pour le secteur de Québec, alors que
le bureau ne dispose que de huit ou neuf employés permanents.
M. Mailloux: A Québec, neuf employés
permanents.
M. Bédard (Chicoutimi): Suite à l'entretien qu'il a
eu avec M. Bélanger, ce dernier n'a pu l'assurer que sa demande serait
considérée non seulement dans un délai d'un mois ou deux,
mais, selon M. Bélanger, il n'a même pu l'assurer que sa demande
serait considérée en 1975. A ce moment, c'est évident
que
cela crée une situation qui, à mon sens, est tragique.
Puis j'ai eu à faire des représentations au niveau de la
Commission des transports pour des camionneurs également dans la
même situation dans mon comté. Ayant à payer leurcarnion en
attendant et ne profitant pas des subventions, ayant à gagner leur vie,
il y en a qui, carrément, sont acculés à la faillite.
J'aimerais savoir ce que le ministère en pense.
M. Mailloux: Je voudrais, si vous me permettez, situer le
contexte avant d'aborder ce cas. Cela va prendre seulement quelques
minutes.
Vous savez, la Régie des transports que nous avons
remplacée avait des dossiers pour environ 5,600 détenteurs de
permis, que ce soit du camionnage général, de l'autobus, de la
navigation, des permis de location ou quelques permis de cabotage. Dès
après notre institution, il nous est arrivé deux
règlements qui nous ont occupés passablement: Le règlement
no 12 concernant le camionnage en vrac et le règlement no 6 concernant
le taxi.
Le règlement no 12 a nécessité l'ouverture de
15,000 dossiers et le règlement no 6 a nécessité, par
ailleurs, l'ouverture d'un peu plus de 10,000 dossiers. Le règlement no
12 était une réglementation complètement nouvelle,
puisqu'au préalable, les propriétaires de camions à benne
basculante n'avaient pas besoin de demander leur permis, sauf si, en
transportant des matières en vrac, ils voulaient également
transporter du général. Ceux qui avaient des permis L pouvaient
faire du vrac avec leur permis L, mais ceux, par exemple, qui se limitaient au
transport des matières en vrac n'avaient absolument aucun permis
à demander.
Le règlement a été élaboré de
manière à protéger les droits prioritaires. Le
gouvernement a arrêté la date du 14 avril 1972 et tous ceux qui
avaient des camions à cette date étaient certains d'avoir une
attestation ou un permis pour autant qu'ils satisfont aux conditions du
règlement, enfin être propriétaire d'un camion, être
domicilié dans une région, etc.
Dans la première édition du règlement, la date
arrêtée était le 27 septembre I973. Par un premier
amendement, le gouvernement a reporté cette date au 23 décembre
I973 et, par un autre amendement, il l'a reportée une autre fois au 31
décembre I973. Tout ceux qui sont venus avant le 31 décembre I973
ont obtenu une attestation, même s'ils avaient acheté un camion
après le 14 avril I972. Ceux qui ont acheté un camion
après le 14 avril I972, peuvent avoir eu l'attestation mais n'ont pas la
certitude que le permis leur sera délivré.
Dans une première étape, l'étédernier,
l'été I974, pour procéder dans ces 25,000 nouveaux
dossiers, dans le vrac et dans le taxi, nous avons eu la collaboration d'une
centaine d'étudiants. Nous avons pu délivrer à peu
près toutes les décisions en matière de taxi et disons 90%
des décisions autorisant la délivrance de permis de camionnage en
vrac.
Dans lastructuredu règlement no I2, il est dit, au chapitre des
droits prioritaires, aux articles I2.I4, I2.I5, I2.I6 et I2.I7, ceux qu'il nous
faut obligatoirement considérer en premier lieu. L'article I2.I4, par
exemple, concerne celui qui avait un camion avant le I4avril 1972 mais qui n'a
pas jugé à propos ou a oublié de demander son attestation
avant le 31 décembre. L'article I2.I5, évidemment, concerne celui
qui a acquis le camion par donation de son père, de sa mère, de
son beau-père ou de sa belle-mère et ainsi de suite. Après
ça, c'est par testament et par succession.
La vérification poursavoirsi l'individu requérant est
propriétaire ou non d'un camion depuis le 14 avril I972, es assez
complexe. Il nous faut correspondre avec le Bureau des véhicules
automobiles et, entre le 14 avril I972 et aujourd'hui il y a des gens qui ont
changé cinq ou six fois de camions. Evidemment, je ne veux adresser
aucun reproche aux camionneurs artisans. Mais c'était la première
fois qu'ils faisaient face à un règlement.
Nous avons choisi les formules que nous avons trouvé les plus
sirnples possible. Mais, pour plusieurs d'entre eux, il faut comprendre que
c'est encore assez difficile à compléter pour avoir les
informations nécessaires en vertu du règlement.
Il y en a qui nous ont très bien indiqué les
réponses aux questions et cela aété beaucoup plus facile
pour nous de nous assurer qu'ils détenaient le camion à titre de
propriétaires au 14 avril I972. Pour plusieurs autres, malheureusement,
les réponses étaient incomplètes et nous avons fait les
vérifications. A quelques exceptions près, nous les avons
aujourd'hui.
Il y avait un autre problème. Je vais répondre à
vos questions ensuite sur ces cas.
C'est qu'avant la modification de l'Article 12.18, il nous fallait tenir
compte d'un ordre pour délivrer les permis à ceux qui n'avaient
pas demandé d'attestation avant le 31 décembre. Par le
règlement 12 h) qui est devenu en vigueur le 26 mars I975, cet ordre de
priorités a maintenant été changé, ce qui veut dire
que nous nous proposons, à très brève
échéance, parce que nous faisons faire ou nous avons fait faire
toutes les publications dans la Gazette officielle, de délivrer tous les
permis dans les cas des articles 12.14,12.15, 12.16 et 12.18, cas pour lesquels
il n'y a pas d'opposition, disons, d'ici un mois, deux mois environ.
Il est évident que ces cas vont se régler très
rapidement parce que ces gens n'ont pas à faire la preuve de
nécessité s'ils détenaient un camion le 14 avril I972.
Alors tous ces cas où il n'y a pas d'opposition vont...
M. Bellemare (Johnson): Cela peut représenter combien?
M. Mailloux: II peut y avoir environ 2,000 dossiers en suspens q
ue nous publions et pour lesquels nous avons maintenant toutes les
informations. Je ne veux pas chercher d'excuse au travail que nous n'avons pu
faire avant, mais nous sommes partis avec 78 employés. Nous avons
actuellement environ 270 postes autorisés, mais nous ouvrirons encore
avec 55 ou 60 occasionnels. Les facilités de recrutement du personnel
sont très difficiles, tout particulièrement dans la région
de Montréal où les problèmes sont connus à cause de
la concurrence entre l'entreprise privée et l'entreprise
gouvernementale.
M.Bellemare(Johnson): Dans l'année en cours,
combien de cas vous ont été soumis, par exemple? Si je
considère votre rapport, vous avez 711 décisionsde rendues par la
commission, vous en avez 4,200 à la suite desdites enquêtes
publiques. Par ailleurs, la séance en quorum a rendu 4,120
décisions, et 2,235 décisions par un commissaire seul.
M. Mailloux: Cela, c'était l'année dernière.
M. Bellemare (Johnson): Oui.
M. Mailloux: Cela a été considérablement
augmenté depuis.
M. Bellemare (Johnson): Oui, n'est-ce pas? Est-ce qu'on pourrait
avoir un chiffre?
M. Mailloux: Nous sommes actuellement à préparer
notre autre rapport annuel. Je sais qu'un des conseillers de M. le
député de Champlain a téléphoné pour
qu'on...
M. Bellemare (Johnson): De Johnson.
M. Mailloux: De Johnson, excusez-moi. Mais oui, excusez-moi.
M. Bellemare (Johnson): J'ai eu assez de misère à
l'avoir, celui-là!
M. Mailloux: Je sais que vous avez fait appeler à mon
bureau. J'ai certaines statistiques mais il ne faudrait pas que vous les
preniez à un ou deux dossiers près...
M. Bellemare (Johnson): Non, non.
M. Mailloux:... parce que notre rapport annuel est en
préparation et j'ai reçu l'information que je devais venir
aujourd'hui, je crois, il y a environ deux heures. Ce travail est à se
faire pour les fins de notre rapport annuel.
M. Bédard (Chicoutimi): Quand doit-il être
publié?
M. Mailloux: Avant le 30 juin, selon la loi.
M. Bellemare (Johnson): Mais dans quel ordre d' idée ; de
10,000, de 12,000 ou de 15,000 à peu près? Je ne vous demande pas
de chiffre...
M. Mailloux: Je vais vous donner cela grosso modo. Nous aurions
rendu, au cours de l'année, environ 45,000 décisions, ce qui veut
dire environ 900 par semaine, à nos bureaux de Montréal et de
Québec.
Evidemment, je ne réfère pas seulement aux
décisionsprisessousl'autoritédu règlement no 12; je
réfère à l'ensemble des dossiers que nous avons
considérés.
Evidemment, nous avons un dossier de demandes pour chaque affaire qui
est introduite. Vous savez, par exemple, que si un camionneur veut
transférer son permis, c'est une autre demande, cela ne veut pas dire
que ce sont tous des permis, mais nous avons environ 32,000, 33,000
détenteurs de permis. Nous avons également la fixation des taux
et tarifs, qui sont des demandes qui se rattachent à des permis, mais
qui ne créent pas un autre permis ou ne le modifient pas.
Dans le vrac et dans le taxi, on a un permis et on a le droit d'aller
dans une région ou une agglomération. Mais, souvent, les gens
veulent des permis additifs sous l'autorité du règlement no 12
pour aller donner du service dans une autre région. Dans le taxi il y en
a qui veulent faire des transferts, changer d'agglomération, de
région.
Alors, cela fait environ 900 décisions par semaine. La commission
est constituée de douze membres. Sans nous envoyer des fleurs, du moins
sans m'en envoyer à moi, je dois en envoyer à mes fonctionnaires
qui ont fait depuis deux ans un effort considérable pour essayer de
traiter toutes ces demandes.
M. Bédard (Chicoutimi): II n'y a personne qui
chôme.
M. Mailloux: Non, franchement, on a été
occupé. Nous avons neuf employés à Québec et
treize, je crois, à Montréal, qui s'occupent du camionnage en
vrac. Nous sommes obligés de leur faire faire du temps
supplémentaire, parce que recevoir les gens qui viennent toute la
journée pour des transferts, des permis additifs, pour savoir où
leur affaire en est, pour être orientés à savoir s'ils
peuvent présenter une demande, de quelle manière doivent-ils la
formuler, etc., les journées y passent ou presque.
M. Bellemare (Johnson): Je ne sais pas si c'est véridique,
mais 384 jours d'audiences, sur 365 jours, c'est pas mal de monde.
M. Mailloux: M. le député, il faut que vous
compreniez que nous siégeons généralement à trois
divisions, parfois à quatre divisions. Au cours du dernier exercice, si
ça peut vous intéresser, nous avons eu 221 jours d'audiences
à Montréal et nous avons tenu, en plus, 44 audiences en division
de pratique. A Québec, nous avons tenu 123 jours d'audiences publiques,
en plus d'une quarantaine de séances de pratique. A l'extérieur
de Montréal et de Québec, nous avons eu 49 jours d'audiences
publiques.
M. Bédard (Chicoutimi): Mais, devant l'urgence de la
situation, quand vous nous parlez du personnel et des efforts qui se font au
niveau de la commission, je suis bien prêt à m'apitoyer ou encore
à reconnaître ce travail-là. Maintenant, il y a aussi le
cas de tous ceux qui j'ai mentionnés tout à l'heure, des
centaines et des centaines de camionneurs pour qui la situation est
dramatique.
Est-ce qu'il est au moins venu à l'idée de la commission,
puisqu'elle semble ne pas avoir suffisamment de personnel, de demander du
personnel additionnel?
M. Mailloux: Oui. Nous ne pouvons pas, à ce
stade-ci, demander des postes additionnels, parce que nous en avons 60
qui ne sont pas comblés, les concours s'affichent, etc. Il est question
de salaire; il s'agit que le personnel veuille bien venir travailler pour nous.
Nous avons eu toute la collaboration du ministère et du Conseil du
trésor pour les postes, mais vous savez que, lorsque nous travaillons
avec des occasionnels, la qualité peut être bien
différente.
M. Bellemare (Johnson): Cette année, vous en avez
seulement 23 au budget à temps partiel et 265 comme permanents.
M. Mallloux: C'est ça.
M. Bellemare (Johnson): Avec un coût de $2,968,000,
contrairement à un coût de $2,135,000 pour l'année
passée.
M. Bédard (Chicoutimi): II me semble que, si vous insistez
un peu plus, surtout avec les situations que vous avez à vivre, ce
serait difficile de vous refuser.
M. Mallloux: Nous insistons et nous avons des problèmes
sérieux, parce que les occasionnels doivent partir tous les six mois. Il
faut refaire l'éducation chaque fois de manière à pouvoir
ensuite en entraîner d'autres, en élever d'autres. Nos postes se
comblent le plus rapidement possible et j'ai bien hâte, moi le premier,
vous savez, d'avoir réglé ces choses-là. Ce que je voulais
dire, c'est que nous allons régler, d'ici un ou deux mois, tous les cas
de 12.14, de 12.15, de 12.16 et de 12.17. Ensuite, nous allons tenir des
audiences publiques pour disposer des cas de l'article 12.13.
Les cas de l'article 12.13 sont ceux qui doivent faire la preuve de
nécessité.
Là, les procès s'engageront comme tous les autres
procès devant notre commission, où les requérants de
service dans une région viendront nous dire, si tel est le cas
évidemment, qu'il n'y a pas assez de camions à benne basculante
et les détenteurs actuels de permis viendront, s'il y a lieu et si tel
est le cas, nous dire qu'il y en a trop. Ce sera le rôle de la commission
de décider, après audiences publiques, s'il doit y en avoir 20 de
plus, 40 de plus.
Nous pourrions bien entendre ces causes une à une, mais nous
n'avons pas le temps de régler cela rapidement.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce qu'il y en a beaucoup?
M. Mailloux: Pardon?
M. Bellemare (Johnson): Elles sont nombreuses?
M. Bédard (Chicoutimi): Des centaines.
M. Mallloux: II peut y en avoir 2,000.
M. Bellemare (Johnson): Cela, c'est à part les 2,000
permis qui sont en suspens, qui vont être délivrés?
M. Mailloux: II nous reste...
M. Bellemare (Johnson): Ce sont 2,000 autres cas qui sont en
suspens actuellement?
M. Mailloux: Non, non, c'est 2,000 dossiers...
M. Bédard (Chicoutimi): Cela comprend les dossiers...
M. Mailloux: ...qui régleront tout. Il y en a plusieurs
là-dedans qui sont des 12.14, des 12.15, qu'on va régler d'ici un
mois ou deux. Pour les autres, nous allons tenir des audiences publiques par
région ou en groupant des régions, de manière à
pouvoir savoir s'il faut d'autres camions dans les régions. Le but du
règlement, évidemment, c'est que les camionneurs artisans et les
camionneurs entrepreneurs puissent vivre.
Si nous distribuons les permis, dans les cas de ceux qui n'ont pas de
droits prioritaires, à tous ceux qui en demandent, je pense bien qu'on
ne joue pas notre rôle et qu'il n'est pas besoin de règlement
numéro 12. Aussi bien revenir à l'ancien système. Le but
du règlement a été d'arrêter, par région, le
nombre des permis, de manière que les détenteurs puissent gagner
leur vie. Si tout le monde va acheter des camions, on n'a pas besoin de
règlement du tout. Aussi bien laisser cela...
M. Bellemare (Johnson): II faut tenir compte de...
M. Bédard (Chicoutimi): C'est clair que...
M. Bellemare (Johnson): ...l'influence économique,
à un moment donné, d'une région plus que d'une autre.
M. Mallloux: C'est évident.
M. Bellemare (Johnson): S'il y a une activité, par
exemple, qui se développe à cause de l'alumine-rie de
Saint-Augustin, ou bien de l'Inter-Port ici, à Beauport, vous allez
tenir compte probablement de ces facteurs aussi?
M. Mailloux: Oui, mais nous allons devoir donner priorité
quand même aux camionneurs artisans des autres régions qui n'ont
pas de travail dans leur région et qui pourraient demander un permis
additif pour aller travailler dans telle région. Le règlement le
veut ainsi. Alors, les associations, enfin les postes d'affectation où
il n'y a presque rien à faire vont conseiller à leurs membres de
venir demander un permis additif pour aller travailler. Je comprends que c'est
s'expatrier, mais c'est le règlement qui le veut ainsi.
M. Bédard (Chicoutimi): Quoiqu'il ne faut pas oublier,
dans le nombre de ceux dont vous nous parlez et dans les mesures
nécessaires d'audiences
afin de limiter le nombre de camions pour q ue tout le monde puisse
vivre comme vous l'avez dit, qu'à l'intérieur de ce nombre il yen
a déjà un grand nombre qui travaillent sans permis et qui...
M. Mailloux: II y en a eu, évidemment, mais avec les
nouvelles plaques, cela va être plus difficile. L'année
dernière, il y en a qui ont travaillé avec des plaques F et des
plaques VR parce qu'il y en a qui, d'après leurs attestations, avaient
l'obligation d'aller chercher des plaques VR et qui n'y sont pas allés.
Il est bien évident qu'au ministère, on ne peut pas avoir un
inspecteur par camion, vous savez.
Mais cette fois-ci, ceux qui ne peuvent pas avoir de plaque VR, cela va
être bien plus facile à contrôler; il n'y en a plus qui vont
pouvoir faire cela avec des plaques F comme cela se faisait l'année
dernière. Je voudrais quand même ajouter également que nous
avons préparé les portraits de chaque région, parce que
vous savez que le règlement numéro 12, il faut respecter des
proportions de trois pour un en faveur des entrepreneurs ou en faveur des
artisans, et vice versa, suivant le compte fait une fois que les droits
prioritaires sont exercés.
Tout cela est en marche actuellement et, d'ici un mois ou deux, nous
allons avoir terminé les cas des 12-14, 12-15, 12-16, 12-17. Les cas des
12-13 sont beaucoup moins sympathiques. Enfin, je ne veux pas dire que nous
sommes contre la délivrance de permis à ces gens, mais il s'agit
de gens qui ont tous acheté des camions après la
déclaration ministérielle du 14 avril 1972, où le ministre
avait bien indiqué que ceux qui achetaient des camions après
cette date n'étaient pas certains d'avoir un permis. Je ne voudrais pas
contredire ce que vous avez mentionné tantôt, mais maintenant et
depuis le règlement 12-G, publié le 26 juin 1974, il n'est plus
nécessaire d'être propriétaire d'un cam ion pour faire une
demande.
L'ancien texte de l'article 12.13, dans sa proposition originale, se
lisait comme suit: Peut obtenir un permis toute personne qui, au moment de la
présentation de sa requête, est propriétaire d'un camion.
Les mots "au moment de la présentation de sa requête" ont
été biffés par le règlement 12 g). Je crois que
c'est une amélioration souhaitable, parce qu'enfin quelqu'un peut faire
sa demande et il s'achètera le camion lorsqu'il aura son permis.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est sûrement une
amélioration.
M. Bellemare (Johnson): Je comprends qu'une grande
publicité est faite quant à tous ces règlements que vous
édictez pour avertir tous les camionneurs artisans de s'y conformer. Il
doit y avoir beaucoup de publicité.
M. Mailloux: Oui, il y eut, à l'automne 1973, une
tournée. Si on me permettait, je rappellerais l'annonce faite par mon
prédécesseur, M. Pinard, à l'effet que le 14 avril 1972
était la date ultime après laquelle toute personne qui se portait
acquéreur d'un camion ne pourrait avoir un permis. Il y a eu, par la
suite, deux dates de reportées, soit le 27 septembre 1973 et le 31
décembre 1973. Durant ce laps de temps, M. Normand, qui est ici, de
même que certains autres fonctionnaires du ministère des
Transports ont parcouru tout le Québec, se sont prêtés
à toutes les demandes d'information qui étaient faites de partout
pour expliquer le règlement no 12 dans tous ses articles. Je pense que
M. Normand, avec son équipe, a fait un travail de tous les instants.
Il y en a forcément qui n'ont jamais entendu le message et qui ne
voulaient pas l'entendre, en pensant qu'il n'y avait rien de sérieux
là-dedans. A cela a également été ajouté
l'avis suivant, qui a été envoyé à tous les
vendeurs de camions du Québec, par nos services, à l'effet que
pour toute vente après telle date, il serait nécessaire que
l'acheteur soit pressenti, qu'il aurait des problèmes certains dans une
demande de transport en vrac.
Je pense que le ministère a fait, dans la publicité qui
était nécessaire suite au règlement 12, un effort
nécessaire que des personnes ont oublié de prendre au
sérieux. Deuxième...
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que cette publicité,
qui est une bonne initiative du ministère, a eu une bonne suite par
rapport aux vendeurs de camion? Est-ce que le ministère s'est
assuré que le message s'est bien rendu jusqu'aux camionneurs
eux-mêmes?
M. Mailloux: On a, au cours de cette tournée,
invité toutes les associations, on a donné des messages à
la radio, à la télévision, dans les journaux.
Malheureusement on n'a pas eu l'assistance qu'on aurait normalement dû
avoir. On n'a pas rencontré plus de 2,200 personnes au cours de toute
cette tournée.
M. Bellemare (Johnson): Sur 30,000.
M. Bédard (Chicoutimi): A quoi vous attribuez cela?
M. Mailloux: On peut attribuer cela...
M. Bédard (Chicoutimi): Ce n'est pas au manque de
publicité des rencontres?
M. Mailloux: On ne pouvait certainement pas fai re plus. On me
corrigera si je fais erreur, mais une association aussi bien structurée
que l'était l'AN-CAI, qui représentait les camionneurs en vrac du
Québec, a eu elle-même à diffuser le message parmi ses
membres. C'était son rôle de le faire et d'ajouter à
l'information que transmettaient nos officiers. Je ne voudrais pas errer en
disant qu'après la date finale du 31 décembre c'est
au-delà de quelques centaines de demandes qui sont parvenues de
l'intérieur de cette association, qui est à peu près la
mieux structurée, la mieux informée, qui a probablement le
meilleur bureau, le plus nombreux bureau d'avocats qui sont en mesure, je
pense, d'informer valablement...
M. Bellemare (Johnson): Votre guide, que vous avez fait imprimer
pour les artisans et les entrepreneurs, dans le rapport, il n'en est pas
question.
Combien de milliers d'exemplaires ont éïé
distribués?
M. Mailloux: Je ne peux pas donner les chiffres exactement. On en
a fait imprimer, je pense, 20,000 ou 25,000.
M. Bellemare (Johnson): On m'avait dit 50,000.
M. Mailloux: 50,000, cela me surprendrait un peu. Je pense que
c'est moins que cela.
M. Bellemare (Johnson): Sur 20,000, vous en avez distribué
combien, 2,000, 3,000?
M. Mailloux: On adistribué cela à la boîte,
on en donnait aux associations et à tout le monde. On en a envoyé
à tous les vendeurs de véhicules, on a fait des réunions,
on a couru à peu près tout ce qu'il y avait de congrès
où les gens avaient une implication au camionnage pour leur expliquer le
règlement.
M. Bellemare (Johnson): Ici, ils parlent de 600,000 exemplaires.
Parmi les nombres les plus importants, mentionnons le guide entièrement
refait en deux langues, 600,000 exemplaires, le Guide des camionneurs artisans,
des entrepreneurs, le Guide de la motoneige et dépliants, transport
écolier, 90,000.
M. Mailloux: Oui, il y a les autres aussi.
M. Bellemare (Johnson): 90,000 pour les camionneurs artisans.
M. Mailloux: C'est avec d'autres, je pense. C'est parce que cela
comprend aussi ceux de la motoneige. Cela me surprendrait qu'il y en ait 90,000
sur le vrac. On peut vérifier.
M. Bellemare (Johnson): Non, non c'est simplement pour
établir une autre affaire.
M. Mailloux: II y a une deuxième observation que je
voulais faire quant aux occasionnels. Je ne voudrais pas que les membres de la
commission pensent que la Trésorerie a voulu institutionnaliser la
présence d'occasionnels à la Commission des transports. Qu'on
pense au retard que subit actuellement la commission, devant un manque de
personnel assez évident. On a mentionné tantôt les
difficultés de recrutement pour des postes permanents accordés
dans la région de Montréal, principalement en raison des salaires
qu'offre la Fonction publique en regard de ceux qui sont payés par
l'entreprise privée. Il y a des postes vacants que la commission n'a pu
combler. Comme membre de la Trésorerie, il ressortait qu'on aurait pu,
dans le district de Québec, allouer, devant l'importance des demandes
soumises à l'attention de la commission, donner de trop nombreux postes,
pour faire face à la demande d'un moment à passer, qui, par la
suite, pourraient peut-être embarrasser la commission après que
plusieurs dizaines de milliers de permis auraient été
étudiés. Ici même, à Québec, il y avait quand
même, de la part de la Trésorerie, un ordre à l'effet qu'on
ne puisse pas tellement augmenter la boîte de fonctionnaires permanents,
parce qu'un jour ou l'autre, il y aura des problèmes de
réglés.
M. Bellemare (Johnson): Cette année, il n'y a que 23
demandes d'occasionnels dans le budget et il y a une augmentation de $2,135,000
à $2,900,000. Au 31 mars 1974, il y avait 224 employés.
Là, aux crédits de cette année, on prévoit 265
permanents, 23 à temps partiel, ce qui prend les $2,135,000, qui
paraissent dans le programme, et on les monte à $2,968,000. C'est
sûr et certain que vous avez besoin d'occasionnels.
M. Mailloux: Oui.
Le Président (M. Picard): Est-ce qu'on pourrait permettre
de finir l'exposé commencé?
M. Bédard (Chicoutimi): Oui, je pensais que...
Le Président (M. Picard): Avant d'entrer dans la
ventilation.
M. Mailloux: Si vous me permettez, la réponse pourrait
être donnée maintenant..
M. Bellemare (Johnson): On ne veut pas interrompre le juge mais
on est curieux comme le diable.
M. Bédard (Chicoutimi): On le laisse
réfléchir sur les solutions qu'il va nous apporter tout à
l'heure.
M. Mailloux: On va donner la réponse, quitte à
revenir immédiatement, si vous le permettez. Au niveau des postes,
actuellement, à la commission il y a 187 postes occupés et 78
postes vacants.
M. Bellemare (Johnson): 100 et...
M. Mailloux: 187 postes occupés et 78 postes vacants.
M. Bellemare (Johnson): Une minute! 178 vacants...
M. Mailloux: 187 occupés, 78 vacants. M. Bellemare
(Johnson): 78 vacants.
M. Mailloux: L'an passé, il y avait 104 postes
occupés et 116 postes vacants, pour 220 postes. Disons que la
réserve de postes vacants est toujours considérée au
début d'un organisme. La réserve de postes vacants était
inférieure l'année antérieure à cette
année.
M. Bellemare (Johnson): On prévoit, cette année,
265 postes permanents, d'accord?
M. Mailloux: C'est ça.
M. Bellemare (Johnson): 265 permanents, 23 occasionnels.
M. Mailloux: 23 postes hommes-année. Actuellement, la
commission a, je crois, 65 occasionnels, mais ils peuvent avoir une
durée de trois ou quatre mois, et cela donnera 23 hommes-année en
fin d'exercice, soit le même nombre que l'an passé.
M. Bellemare (Johnson): La différence vient du nombre de
permanents qui paraissent au budget?
M. Mailloux: Qui paraissent au budget à plein salaire
maintenant, alors qu'antérieurement ils étaient
considérés simplement pour une période de huit ou neuf
mois.
Au lieu de tenir des audiences cas par cas, parce que vous savez, dans
une région où il y a 224 bennes basculantes, à chaque
demande des cas visés à l'article 12.13, le procès, en
somme c'est de savoir s'il doit y en avoir, dans un premier temps, 224, dans un
deuxième temps, 225, dans un troisième temps, 226, au lieu de
faire cela, ce qui nous occuperait peut-être pendant cinq ou six mois,
nous allons dire: Région no 6, parexemple, tous ceux qui veulent avoir
des permis q ui ne sont pas dans les cas des droits prioritaires,
présentez-vous à telle date et venez faire la preuve que c'est
nécessaire.
M. Bellemare (Johnson): Avec un avis.
M. Mailloux: Pardon? Oui, avec un avis d'audition. Nous avons des
rôles que nous distribuons à tous les mois, etc. Chacun sera
convoqué et là...
M. Bédard (Chicoutimi): Comme il y a la possibilité
pour les opposants de se faire entendre après que les avis seront
publiés.
M. Mailloux: Comme les opposants se feront entendre. De cette
manière, nous allons pouvoir grouper des régions et disposer des
cas. Je pense que c'est la méthode la plus rapide de régler ce
problème et nous allons donner la priorité suivant la date
d'introduction de la demande. Supposons qu'on en vient à la conclusion
qu'on doit s'ajouter 50 camions à benne basculante dans une
région, nous allons prendre les 50 premiers qui ont introduit leur
demande. Ce sera dans une deuxième étape, évidemment, que
les autres pourront accéder au permis, s'il y a lieu, tout en tenant
compte de la proportion de 75/25 qui est visée à l'article 12.28
ou 12.29 du règlement no 12.
Je voudrais préciser également sur les cas de 12.14, ceux
qui ont des droits prioritaires mais qui ne les ont pas exercés avant le
31 décembre, que pour être justes, nous commençons au mois
de janvier 1974 et que nous les réglons mois par mois, de manière
à ne pas aller à la pige et régler le cas de celui, par
exemple, qui a introduit sa demande le 10 juin 1974 avant celui de ceux qui
l'ont introduite en janvier, février, mars, avril ou mai. Nous
réglons à toutes les semaines. Je pense bien que nous allons
pouvoir passer deux ou trois mois par semaine. Alors, janvier, février,
mars, et nous allons nous rendre jusqu'à aujourd'hui pour ceux qui
avaient des droits prioritaires mais qui n'ont pu les exercer parce qu'ils
n'ont pas introduit leur demande.
Nous avons tenu les bureaux ouverts jusqu'à minuit, le 27
septembre, le 23 décembre et le 31 décembre. Il y en a,
évidemment qui sont arrivés en retard, pour toutes sortes de
raisons. Il y en a qui avaient confié les demandes à d'autres
pour qu'ils viennent les porter et qui ne sont pas venus les porter. Mais nous
avons dû être impitoyables, même s'il y avait des cas
sympathiques, parce que, autrement, on donnait ouverture à n'importe
quoi. Il n'y en a aucun q ui a eu un permis sans avoir introd uit sa demande
avant le 31 décembre 1973.
Lors de ces procès, ce sera le rôle des requérants
de services de venir nous dire que dans une région, à chaque fois
qu'ils veulent un camionneur artisan ou un camionneur entrepreneur, ils n'ont
pas de réponse à leur demande. C'est ce qui nous influence pour
rendre les décisions favorables, comme nous le faisons pour le
camionnage général, la location, le cabotage, etc.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que vous avez l'impression, M. le
juge que vous appliquez du droit nouveau dans bien des circonstances?
M. Mailloux: Oui, évidemment, toute cette affaire du taxi
et du camionnage en vrac, c'est complètement nouveau. C'était
nouveau pour les propriétaires de taxi qui, avant, dans les
régions moins populeuses, s'adressaient parfois seulement au chef de
police pour avoir leur permis de taxi. Ils n'étaient pas habitués
à faire une requête, etc. Cela a été nouveau pour
nos fonctionnaires aussi. Il a fallu éduquer uneéquipe de
fonctionnaires avec ces deux règlements et recevoir les gens.
Le taxi est terminé. Ce n'est pas parce que nous avons
donné priorité au taxi. C'est parce que, dans le domaine du taxi,
nous avons pu régler l'affaire plus rapidement, vu que le
problème était plus simple et que les demandes nous sont
arrivées mieux structurées. Nous n'avions pas cette date du 14
avril 1972 dans le taxi. Tous ceux qui détenaient un permis en vertu
d'un règlement municipal pouvaient avoir un taxi.
M. Bellemare (Johnson): Vous tenez compte aussi des
prolongations, à part cette date d'avril 1972? Vous tenez compte des
deux prolongations...
M. Mailloux: Ah oui! Absolument.
M. Bellemare (Johnson): du mois d'août et du mois de
décembre?
M. Mailloux: Oui. C'étaient des dates pour introduire la
demande.
M. Bellemare (Johnson): Oui.
M. Mailloux: Cela n'avait pas d'effet sur la date où
l'individu était propriétaire d'un camion.
M. Bédard (Chicoutimi): Dans le domaine du taxi, à
titre d'information, à l'heure actuelle, est-ce qu'on est obligé,
en fait, à une certaine inspection du taxi comme tel et...
M. Mailloux: L'inspection...
M. Bédard (Chicoutimi): Je m'excuse.
M. Mailloux: Oui, allez.
M. Bédard (Chicoutimi): ...de sceller les compteurs?
Est-ce que cela relève du ministère ou de la commission?
M. Mailloux: Cela relève du ministère; cela ne
relève pas de la commission. La commission est autorisée
simplement à délivrer les permis dans le cadre du
règlement no 6, où il y a des normes maximales dans des
agglomérations et des normes maximales dans des régions. Il y a
bien des gens qui ont des demandes de permis en suspens, mais nous ne pouvons
pas les accorder. Par exemple, à Montréal, il y a 700 ou 800
permis de pl us que le règlement ne le permet. On leur a donné
leur attestation. Mais ceux qui veulent en avoir maintenant, on ne peut plus
leur en donner jusqu'à ce que la population augmente ou que des gens
abandonnent leur permis, cas auquel nous pourrions en considérer des
nouveaux.
M. Bédard (Chicoutimi): Puisque la question du scellage
des compteurs et la question des inspections annuelles nécessaires
relèvent du ministère, est-ce que le ministre pourrait nous faire
un état de la situation?
M. Mailloux: II ya eu des problèmes très
particuliers au départ, alors qu'on avait de la difficulté
à trouver des gens qui voulaient oeuvrer dans ce domaine.
La situation actuelle est la suivante. A Québec, c'est au garage
du ministère que sont scellés les taximètres. A
Montréal, c'est par contrat que nous avons dû procéder pour
pouvoir avoir quelqu'un désireux de faire l'ouvrage demandé. Nous
avons cherché très longtemps et cela a été
extrêmement difficile. C'est un horloger qui, là-bas, fait le
travail. On me dit que c'est assez avancé.
On me dit que le retard qu'on avait accusé, a été
regagné; il n'y a à peu près aucun retard actuellement sur
la surveillance des taximètres.
M. Bellemare (Johnson): Sur le plan opérationnel, la
commission se propose-t-elle de mécaniser tous ses services?
M. Mailloux: Ah oui!
M. Bellemare (Johnson): Parce que vous seriez probablement les
premiers en Amérique du Nord à l'avoir.
M. Mailloux: Ah! Nous avons fait des efforts.
M. Bellemare (Johnson): Au point de vue du rendement, cela
pourrait faire comme dans d'autres organismes gouvernementaux où on a
mécanisé le service et cela a produit des effets très
heureux.
M. Mailloux: Pour l'information des membres de la commission,
autrefois, la Régie des transports, comme cela se fait encore dans la
plupart des organismes de contrôle et de surveillance, délivrait
la décision, qu'elle ait deux pages, dix pages ou vingt pages, et c'est
la décision qui équivalait à un permis.
Nous avions imaginé un système de manière qu'avec
des clavigraphes électromagnétiques le dispositif de la
décision soit reproduit mécaniquement sur ces cartons que les
détenteurs auront. Nous avons imaginé un code couleurs: le
transport des personnes, parexemple, c'est de couleur rouge; le transport
spécialisé, c'est bleu, le transport terrestre, c'est d'une autre
couleur, etc. Nous allons pouvoir délivrer tous les permis de taxi et de
vrac, parce qu'ils sont pi us simples à écrire que les permis de
transport général au cours de l'été.
De cette façon, si quelqu'un veut changer son camion, il n'aura
pas à avoir une décision de la commission. L'administrateur lui
délivrera le nouveau permis. Nous avons même des pochettes. Ceux
qui en ont plusieurs peuvent les installer. Tout le contenu de ces permis va
être transposé sur microfilm de manière que nous ayons,
dans un boîte d'un pied, disons, par deux pieds, la teneur de tous les
permis.
Nous pourrions même faire des arrangements avec le
ministère je crois que les pourparlers ont été
engagés de manière que si le ministre est d'accord, les
patrouilleurs routiers aient dans leur automobile la liste des permis pour
pouvoirvérifier instantanément.
Tout cela est très avancé. Nous avons toute la
documentation appropriée. Je crois que la Commission des transports du
Québec sera la première, en Amérique du Nord, du moins,
à avoir des permis mécanisés et sur lesquels il ne pourra
y avoir d'erreur parce qu'on va y transposer mécaniquement le dispositif
de la décision.
M. Bellemare (Johnson): Cela fait pour un volet mais quant
à l'autre volet, celui des taux et des tarifs, est-ce que cela aussi va
être mécanisé? Je pense que dans votre rapport, vous en
faites mention sur le plan opérationnel.
M. Mailloux: Les taux et tarifs, nous avons fait des efforts
considérables. Il faut mentionner en premier lieu que, du temps de la
Régie des transports, les transporteurs déposaient des tarifs et
dans, 99 cas sur 100, au bout de 30 jours, les tarifs venaient en vigueur sans
même que la régie n'ait à les regarder.
La loi 23 a voulu que la commission fixe les tarifs et non pas les
accepte pour dépôt. Nous allons pouvoir annoncer à
l'automne, pour l'année 1976, une toute nouvelle méthode de
fixation des tarifs par laquelle nous donnerons des avis publics environ trois
mois avant. Au mois de janvier, par exemple, nous fixerons les taux et tarifs
de transport de personnes; au mois de février, les taux et tarifs de
transport général ; au mois de mars, les taux et tarifs de taxi
enfin, c'est une énumération, nous aurions environ six
mois les taux et tarifs de location; les taux et tarifs de camionnage en
vrac. Nous inviterons tous les intéressés, qu'ils soient d u
côté des expéditeurs ou du côté des trans-
porteurs, à venir faire valoir leur point de vue. Nous allons
essayer de rendre ainsi, pour chaque discipline de transport, des
décisions-cadres que nous relierons dans un volume à feuilles
mobiles qui sera disponible au public, les amendements pouvant s'introduire au
fur et à mesure.
Nous voulons éviter ainsi des fixations de tarifs
particulières au gré des transporteurs et des expéditeurs
à contrat. Ceux qui ne voudront pas entrer dans le tarif-cadre devront
nous prouver et ils auront le fardeau de la preuve que les
circonstances particulières à leur région ou à leur
transport méritent une exception. En somme, nous ne barrons pas la route
aux exceptions. Mais au lieu de fixer cela à la pièce, nous
voudrions les fixer pour l'ensemble de la province, quitte à tenir des
audiences publiques dans les principaux centres d'intérêt. Je
pense que de cette manière, il nous sera beaucoup plus facile de fixer
les tarifs et nos études économiques pourront servir à
l'ensemble des camionneurs, des taxis, etc. Le prix de l'essence monte pour
tout le monde en même temps, le prix des pneus montent. Au lieu
d'écouter des preuves longues et laborieuses, il serait très
facile pour nous d'assigner, par subpoena, au début des audiences
publiques, les compagnies manufacturières de pneus, les compagnies de
pétrole et de se faire expliquer, d'une manière certaine et avec
toutes les statistiques, s'il y a eu augmentation ou diminution au cours d'une
période. Ensuite, nous appliquerions cette règle dans toutes les
disciplines de transport sujettes aux variantes qu'il y a nécessairement
lorsqu'il s'agit du vrac ou du taxi, etc.
L'année 1976, si nos prévisions peuvent se
matérialiser, et nous mettons tout en oeuvre pour le faire, sera
probablement l'année des tarifs.
M. Bellemare (Johnson): Des tarifs et des taux. Mais cela aussi,
dans le vrac, cela comprend la neige, le sable, la terre, la roche. Tout cela
va être dans le vrac.
M. Mailloux: Oui, tout cela.Toutes les matières
visées à l'article 12.1 du règlement no 12. Vous en avez
toute une énumération. Nous avons rendu des décisions
récemment pour toutes les régions, sauf la région no 10,
qui comprend l'île de Montréal, la ville de Laval et l'île
Bizard.
Nous avons fixé des tarifs pour à peu près tout
sauf les paragraphes 9, 10, II et 13, les produits de la forêts, pour
lesquels nous avons dû réserver notre décision parce que
les requérants avaient demandé à la commission de fixer
ces tarifs d'une manière rétroactive au mois d'août de
l'année dernière. Nous avons exigé une nouvelle
publication de manière que les intéressés sachent qu'on
demandait une fixation rétroactive.
M. Bédard (Chicoutimi): Cette fixation-là, vous
dites que sauf pour l'île Bizard, dans Montréal et...
M. Mailloux: Laval.
M. Bédard (Chicoutimi):... et Laval, est-ce qu'il y a des
raisons particulières?
M. Mailloux: Oui, c'est parce qu'en cours d'audience, il faut
dire que l'année dernière, lorsque nous avons fixé, pour
la première fois, des tarifs, après l'avènement du
règlement no I2, on avait demandé d'exclure la région no
9, qui est la Côte-Nord, et la région no 10, qui est
Montréal, Laval et l'île Bizard.
Cette année...
M. Bédard (Chicoutimi): Quelles étaient les raisons
de cette demande?
M. Mailloux: On avait invoqué qu'il ne s'agissait pas des
mêmes problèmes qu'ailleurs.
Cette année on a fait encore la même demande et la
commission a publié, dans la Gazette du Québec du 3 mars, un avis
proprio motu de son intention de fixer les taux et tarifs du camionnage en vrac
dans la région no 10.
Les problèmes particuliers, vous savez, c'est la question des
zones. A l'intérieur d'une région et au point de vue tarifaire,
on peut établir des zones. Alors, à Rivière-des-Prairies,
le quartier Rivière-des-Prairies de Montréal n'est pas aussi
populeux que les autres, et dans les villes de l'ouest de Montréal, ce
ne sont pas les mêmes problèmes que sur la rue Dorchesterou sur la
rue Sainte-Catherine. Dans la ville de Laval, la même chose,
Saint-François-de Salle et les régions non
développées.
Nous allons inviter tous ceux qui se sont intéressés
à cette fixation des tarifs dans la région no 10, à
rencontrer, dans un premier temps, les fonctionnaires de manière
à établir, à même les bases visées à
l'article 12-45 il y a même les facteurs à l'article 12-46
et à l'article 12-47 ce qu'ils veulent. Enfin, s'ils veulent
faire une distinction entre un camion de sept tonnes, un autre de dix tonnes,
ou de vingt tonnes, nous allons prendre en note toutes les bases de fixation de
tarifs. Si l'expéditeur ou le requérant de services veut que ce
soit fixé en fonction d'une unité de poids et que le transporteur
veut que ce soit fixé en fonction d'une unité de volume, nous
allons faire la liste de tout ce que veulent les gens. Nous statuerons
évidemment, ensuite, dans l'exercice de notre pouvoir de
décision. Mais nous allons quand même faire la nomenclature, nous
allons établir les zones, nous allons voir les combinaisons de facteurs
et les combinaisons de base qu'ils veulent utiliser.
Dans un deuxième temps, pour sauver des heures d'auditions
publiques, nous allons tenir une conférence préparatoire avec les
avocats de toutes les parties leur demandant, en somme, ce qu'ils veulent payer
et ce qu'ils veulent recevoir. S'il y a des ententes et que la commission est
prête à les sanctionner, nous pourrions rendre une décision
intérimaire, quitte à réserver, pour l'audition publique
seulement, les problèmes complexes où aucun accord ne peut se
trouver. C'est la formule q ue nous avons imaginée.
M. Bellemare (Johnson): Au mois de février I975, M.
Dulude, après une rencontre avec les autorités du
ministère disait que c'était justement l'uniformisation des
critères de base tarifaire qui avait amené bien des gens dans la
rue. Je pense que cela
s'était réglé, parce qu'il y avait eu une entente
entre le ministre et le ministre d'Etat, à ce moment-là.
C'était rapporté dans le Devoir du 24 février 1975. ll y
avait eu des suggestions de faites par le ministre à ce
moment-là. Par exemple le tarif de $0.24 la première tonne mille,
et $0.06 chaque tonne mille en sus serait sensiblement relevé et
deviendrait létaux plancher dans camionnage en vrac.
M. Mailloux: Pas par moi.
M. Bellemare (Johnson): Un plan d'urgence arrêté par
les ministres Paul Berthiaume et Mailloux, qui prévoit rétablir
la situation financière des camionneurs de la façon suivante: le
gouvernement Bourassa assurerait aux membres de l'association l'adjudication
d'un contrat de 2,500,000 tonnes de sable à transporter dans la
région de Montréal. De plus, le taux minimum actuel e $0.24
tonne-mille et $0.06 chaque tonne-mille en sus serait sensiblement
relevé et deviendrait le taux plancher pour toute l'industrie du
camionnage en vrac."
M. Mailloux: La première affirmation est exacte. Nous
avons accordé un contrat de manière privilégiée
où tout le transport des matières en vrac était
accordé aux transporteurs qui étaient en détresse à
ce moment-là. Quant à la deuxième affirmation, elle vient
de M. Dulude. Or je n'ai pas l'autorisation pour fixer des taux. Cela
appartient à la Commission des transports, et jamais ni mon
collègue ni moi-même n'avons affirmé une telle chose.
M. Bellemare (Johnson): Par une loi spéciale, le
gouvernement obligerait les sociétés qui détiennent des
créances sur les camions à accorder aux propriétaires un
délai de 120 jours.
M. Mailloux: Non plus. J'ai contredit ceci en disant que, de la
part du bureau du premier ministre, on insisterait auprès de chacune des
sociétés financières pour leur demander de tâcher de
donner un délai supplémentaire à tous ceux qui avaient des
paiements à faire. A présent, il y a eu... Si c'est
monsieur...
M. Bellemare (Johnson): Si, d'ici le 10 mai, une reprise normale
des activités survient, le gouvernement instaurerait une caisse de
dépannage à raison d'un versement hebdomadaire de $100 à
ceux qui se trouvent au bord de la faillite et menacés de voir la
finance prendre leur camion.
M. Mailloux: II y a eu des affirmations qui ont été
complètement gratuites puisque ce n'est pas M. Dulude, à ce qu'on
m'a laissé savoir, qui les a transmises là-bas. C'est un M.
Raymond avec qui nous avions discuté. Comme M. Raymond a avoué
avoir induit les camionneurs en erreur là-bas, il a donné sa
démission le lendemain.
M. Bellemare (Johnson): Après cet article-là?
M. Mailloux: Oui, après l'article. Bien, après
l'article ou dans ce temps-là, parce qu'il ressort que ce qu'avait
accepté le gouvernement pour tâcher d'aider les camionneurs
là-bas, c'était d'abord de les privilégier pour un
transport dans l'île Laval, de faire une invitation pressante et
non pas par législation auprès de toutes les
sociétés de finance qui voulaient absolument être
payées, de manière que des délais supplémentaires
soient accordés.
Quant au taux et quant aux autres affirmations mentionnées, il
n'en a été question d'aucune façon, cela a
été refusé.
M. Bellemare (Johnson): M. Dulude finissait son entrevue en
disant que si la commission, cette année, pouvait donner une
préséance à la réfection complète de son
système au point de vue mécanique, cela aiderait
énormément et cela réglerait, surtout au point de vue
tarifaire, bien des situations qui deviennent alarmantes.
M. Dulude s'est réservé, je pense, le droit de dire que
l'absence d'une grille tarifaire négociée entre les parties et
approuvées par la Commission des transports du Québec a
été longuement invoquée. Il termine en disant: On
voudrait, dans les milieux de l'association, dans cette politique de transport
des matières en vrac, qu'on arrive à un accord
définitif.
M. Mailloux: La question des taux a pu être abordée
devant le ministère, et je pense que tous ceux du ministère qui
étaient là les ont retournés vers la commission qui est
seule juge en la matière. Par contre, nous avons également, pour
tâcher de les aider, fait appel à plusieurs employeurs, de
même qu'à COJO, de manière à privilégier les
artisans qui ont beaucoup de paiements à faire, qui étaient
à ce moment-là, semble-t-il, assez désemparés. Mais
je nie catégoriquement d'autres affirmations qui ont été
ajoutées par la personne...
M. Bellemare (Johnson): Je suis bien heureux de l'entendre.
M. Mailloux: ...qui a démissionné à ce
moment-là.
M. Bellemare (Johnson): Je me demandais
sérieusement...
M. Bédard (Chicoutimi): Si le Devoir a erré.
M. Bellemare (Johnson): Je me demandais véritablement
comment il se fait qu'un ministre pouvait prendre des décisions sans
avoir, au préalable, surtout consulté l'honorable juge et la
commission.
M. Mallloax: Je n'ai pas besoin de vous dire que je n'ai pas pris
connaissance de l'article dont vous faites mention, parce que cela fait un
certain temps que j'aurais dit à M. Dulude:...
M. Bellemare (Johnson): Le 24 février.
M. Mailloux: ...Veuillez me confirmer qui est le responsable.
On m'a informé de la mauvaise information de
M. Raymond et de sa démission le lendemain, parce qu'il avait mal
informé les membres. C'est M. Dulude qui m'en a informé.
M. Bellemare (Johnson): C'est le détail que je n'avais pas
avec l'article.
M. Mailloux: C'est M. Dulude qui m'a informé que M.
Raymond, peut-être pas par mauvaise volonté avait
outrepassé les informations qui lui avaient été
données à Québec et il a remis sa démission en
avouant qu'il avait informé...
M. Bellemare (Johnson): Connaissant le ministre comme je le
connais, je sais qu'il n'a pas dû aller prendre une décision
semblable, sans consulter la commission au préalable.
M. Mailloux: J'ai suffisamment de boulot sans chercher à
remplacer les autres.
Le Président (M. Picard): Le député de
Bellechasse.
M. Mercier: M. le Président, j'ai deux questions
relativement à l'émission des permis d'exploitation pour les
camionneurs artisans. Le président de la commission, tout à
l'heure, a fait allusion à ce que les candidats pour l'obtention d'un
permis de transport en vrac devaient et devront également à
l'avenir fournir la preuve, si vous voulez, de la nécessité ou de
la justification d'un camion additionnel dans un secteur donné.
Ma première question vise à savoir si la Commission des
transports procède également à ses propres analyses des
différentes régions du Québec, afin d'établir un
potentiel possible, une moyenne de nombre de permis qu'une telle région
peut absorber, si vous voulez, ou faire vivre.
M. Mailloux: Nous ne l'avons pas encore fait, mais nous nous
proposons de le faire. Nous avons songé à la méthode
suivante d'enquêter dans une région. Nous enverrions, au cours
d'une même semaine, huit à dix enquêteurs sur place,
s'adresser aux industriels et aux commerçants qui font faire du
transport pour savoir s'ils sont suffisamment servis lorsqu'ils demandent des
services de camionnage. Cette méthode d'enquête ne s'appliquera
pas seulement dans le cas du camionnage en vrac, mais également dans le
cas du transport en général.
Il s'agira de recueillir des informations non pas dans le cadre quasi
judiciaire, mais dans le cadre d'une enquête visée à
l'article 50 de la Loi des transports. Lorsque des gens, ensuite,
s'adresseraient à nous pour avoir des permis additionnels, nous
pourrions assigner par subpeona ces gens qui ont donné leur opinion, de
manière que, dans le cadre d'une audience publique, ils puissent venir
dire s'il y en a vraiment assez ou non.
M. Mercier: Est-ce qu'actuellement vous avez des statistiques
récentes, à jour, du nombre de détenteurs au niveau de
chacunedes régions administratives du Québec?
M. Mailloux: Nous les avons à la mitaine, mais nous sommes
en train d'essayer de proposera l'autorité compétente un
système peut-être de rnicro-ordinateur, de manière à
pouvoir l'établir à la seconde. Nous traitons à la
commission les rapports annuels que les détenteurs de permis nous
envoient aux fins de nos fixations de taux et de tarifs. Le ministère,
de son côté, aux fins de l'élaboration des politiques de
transport, obtient par nos services les rapports annuels concernés, de
manière à améliorer la réglementation, s'il y a
lieu.
M. Mercier: Actuellement, votre commission ne tient pas compte
nécessairement, dans les demandes, si le type est camionneur
entrepreneur ou camionneur artisan.
M. Mailloux: Je n'ai pas compris.
M. Mercier: Je demandais si votre commission est
intéressée à savoir si le type est camionneur entrepreneur
ou camionneur artisan. Vous ne faites pas de distinction.
M. Mailloux: Bien oui, nous la faisons quotidiennement parce que
nous sommes obligés de tenir compte de la proportion de 75-25
visée à l'article 12.28 ou 12.29. Nous avons des séries de
dossiers différents pour les artisans, ou CVA.et pour les entrepreneurs,
ou CVE. L'artisan doit conduire lui-même son camion pendant huit heures,
sous réserve de quelques exceptions, et il doit être
domicilié dans la région, tandis que l'entrepreneur, qui agit
sous la couverture corporative, a besoin simplement d'une place d'affaires dans
une région pour détenir un permis. Nous avons toutes ces
statistiques et nous pourrions vous dire cela.
M. Bédard (Chicoutimi): Pourriez-vous, en y prenant le
temps, nous les faire parvenir?
M. Mailloux: Ce serait très facile.
M. Bédard (Chicoutimi): Entre autres, ce qu'a
souligné le député tout à l'heure, par
région.
M. Mailloux: Par région. On pourrait vous donner cela
à une journée d'avis. C'est parce que nos bureaux sont
fermés.
M. Mercier: Dans l'étude des demandes formulées
à la commission est-ce que vous tenez compte également des
travaux qui peuvent être en cours ou qui sont sur le point d'être
commencés dans des régions particulières?
M. Mailloux: Oui, nous le faisons dans toutes les disciplines du
transport et nous sommes généralement très bien
informés par les transporteurs eux-mêmes. Vous savez que les
transporteurs, quand ils veulent avoir un permis ou un prolongement de leur
permis, ils nous amènent les expéditeurs, ils appellent cela des
lettres de support ou des supporteurs de leur demande.
Quand j'ai parlé tantôt d'imaginer des enquêtes
d'une région, c'est pour couvrir la région d'une
manière globale et cela nous permettra aussi de voir si tous les permis
sont exploités. Vous savez que les détenteurs ont le
privilège de donner le service mais aussi l'obligation.
M. Mercier: J'aurais une autre question, M. le Président.
Est-il véridique, d'après ce que l'on me rapporte
également, que le détenteur d'un permis est obligé de
faire un rapport de son bilan à la Commission des transports? Je pense
que cette mesure est en vigueur depuis l'an dernier.
M. Mailloux: Cela dépend dans quelle discipline de
transport.
M. Mercier: Prenons les transporteurs en vrac. M. Mailloux:
Depuis le règlement no 12.
M. Mercier: Bon. Depuis que c'est en vigueur, est-ce que la
commission a eu le temps de traiter ou d'analyser ces rapports financiers des
détenteurs de permis?
M. Mailloux: Nous avons reçu les premiers rapports cette
année; cela devait être fourni avant le 28 février, cela a
été prolongé au 31 mars. Nous avons envoyé une
copie au ministère, qui doit les traiter. Notre service des taux et
tarifs les traite également au point de vue de la fixation des taux et
tarifs.
M. Mercier: Après ces analyses préliminaires,
est-ce que vous pourriez nous dire quelle est la moyenne du revenu par
camionneur artisan?
M. Mailtoux: Je ne peux pas vous le dire aujourd'hui, parce que
nous les avons au 31 mars. Nous en sommes actuellement à la
vérification des données. La plupart nous sont arrivés
à la fin de février et comme il y avait des problèmes de
poste à ce moment encore, le gouvernement a voulu reculer la date
jusqu'au 31 mars. Nous en avons reçu un très grand nombre. Vous
savez qu'on parle de 12,000 détenteurs environ, alors nous n'avons pu,
depuis le 31 mars, les traiter valablement, mais nous allons le faire pour nos
prochaines fixations de taux et tarifs.
M. Mercier: Mais il y en aeu une dernièrement?
M. Mailloux: Oui, mais nous n'avons pu nous baser sur les
rapports de l'ensemble des transporteurs. Nous avons considéré
surtout les rapports qui ont été versés à
l'audience publique par tous les transporteurs des différentes
régions qui sont venus devant nous. C'était la première
année.
M. Mercier: Des différentes associations?
M. Mailloux: Les associations et également les
expéditeurs qui étaient fort intéressés et qui
pouvaient, eux aussi, établir le revenu des camionneurs artisans et des
camionneurs entrepreneurs.
Le Président (M. Picard): Le député de
Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): Concernant le règlement no
12, en ce qui me regarde personnellement, vous avez sûrement fait
l'effort nécessaire pour essayer de donner toutes les explications
requises. Je ne voudrais pas éterniser le débat là-dessus,
mais...
M. Mailloux: Vous serez d'ailleurs invité dans quelques
jours, sinon quelques semaines en commission parlementaire pour le nouveau
règlement no 12.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est ça. J'aurais une
question générale qui serait à l'effet de vous demander de
faire le point de la situation concernant le règlement no 6 qui traite
spécialement de l'industrie du taxi, que ce soit au niveau des taux, des
méthodes, des nouvelles formules de centrales de coopératives ou
de ligues de taxis. Egalement la réglementation, à l'heure
actuelle, et l'efficacité ou les problèmes que vous pouvez
rencontrer concernant l'industrie du taxi.
M. Mailloux: Je peux vous dire cela rapidement. Au point de vue
permis tous ceux qui avaient des droits prioritaires les ont eus.
Il y a des régions où il n'y avait pas de taxi, mais qui
pouvaient en avoir et nous les avons délivrés très
facilement.
Une Voix: C'étaient des mesures transitoires?
M. Mailloux: Oui, oui, la même chose.
Une Voix: La même chose?
M. Mailloux: C'était le 1er avril 1974 qui était la
date fatidique, par opposition au 31 décembre.
Alors, au point de vue des permis de taxi, ceux qui n'en ont pas, c'est
parce qu'ils ne peuvent pas en avoir, puisque le nombre est saturé dans
l'agglomération ou la région .Au point de vue des permis, il n'y
a donc pas de problème. Au point de vue des ligues de taxis, nous avons
reconnu plusieurs ligues de taxis qui ont fait la demande. Il y en a d'autres
qui sont en processus de reconnaissance et il y en a qui n'ont pas encore fait
de demande.
M. Bédard (Chicoutimi): Sans vous demander de les
énumérer, est-ce qu'il y aurait possibilité que vous nous
produisiez la liste aussitôt que ce sera possible?
M. Mailloux: On peut la produire immédiatement. Nous
recevons ça de nos services une fois par semaine.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord.
M. Mailloax: Alors, c'est une liste qu'on reçoit chaque
semaine de nos services, donnant l'état des reconnaissances. Au point de
vue des taux et tarifs, lorsqu'une demande est introduite, nous statuons assez
rapidement. Je ne pense pas qu'il y ait eu de plaintes sur ça.
Evidemment, nous statuons par agglomération. Dans Montréal, il y
avait trois agglomérations. Il y en a seulement deux qui ont
demandé
une augmentation en même temps. La ligue de l'Ouest n'en a pas
demandé. Nous n'avons pas voulu augmenter les taux sans que ce soit
demandé par les intéressés. Ils ont, depuis, introduit une
demande.
M. Bellemre (Johnson): Excusez-moi, j'avais juste une petite
question...
M. Bédard (Chicoutimi): Encore concernant le taxi?
M. Bellemare (Johnson): Oui. M. Bédard (Chicoutimi):
Allez-y.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que toutes les normes, qui sont
spécifiées dans le règlement, doivent être
respectées avant la délivrance du permis? Par exemple, les normes
de construction, les normes d'utilisation, les normes de
sécurité, les normes de garde, les normes d'entretien, les normes
de propriété, les normes de possession, les normes de taux et
tarifs, les permis de propriétaires, les ligues de propriétaires,
les comités, les conférences de taxis et les services aux
aéroports. Tout ça, c'est dans le règlement no 6. Dans
chacun des cas, c'est spécifiquement endossé par la
commission?
M. Mallloux: Bien, cela dépend. Les normes de
construction, de garde, ce sont les patrouilleurs routiers qui vérifient
ça; ce n'est pas nous. Mais les normes de détention et de
présentation d'une demande de permis, cela a tout été
vérifié.
M. Bellemare (Johnson): C'est fait par qui? M. Mailloux:
Par nos services.
M. Bellemare (Johnson): Par vos services et ce sont des
inspecteurs compétents.
M. Mailloux: Oui. Nous avons eu la collaboration de
l'autorité municipale, qui nous a envoyé ses règlements de
taxi et qui nous a informés de ceux qui avaient des droits
prioritaires.
M. Bédard (Chicoutimi): Le problème qu'il y avait
avant, au sujet de la transférabilité des taxis, est-ce que c'est
aussi difficile que cela l'était auparavant?
Est-ce qu'il y a eu une loi?
M. Mallloux: Le problème existe encore. Non, il n'y a pas
eu de loi. Nous, évidemment, nous sommes habilités à
accorder un transfert de permis et nous considérons si le proposant
acquéreur répond aux normes de détention d'un permis. Le
prix qui peut être attaché au transfert...
M. Bédard (Chicoutimi): Vous n'allez pas plus loin que
cela.
M. Mailloux: ... ne relève pas de notre juridiction. C'est
un problème considérable sur la Côte-
Nord. On le rencontre dans le domaine du camionnage à
Québec.
M. Bédard (Chicoutimi): A Montréal aussi.
Il avait été question, à un moment donné,
que les "domes lights" soient uniformisées. Est-ce qu'il y a du
développement là-dedans?
M. Mailloux: ll y a en préparation une refonte du
règlement no 6. On est en consultation, actuellement, je crois,
vis-à-vis des intéressés. Il y aura probablement aussi une
refonte le moment voulu.
M. Berthiaume: M. le Président, je pourrais
peut-être répondre à la question du député de
Chicoutimi. Il est vrai que nous avons considéré, dans les
amendements que nous apportons au règlement no 6, d'avoir un dôme
uniforme. Compte tenu du coût pour le propriétaire artisan, nous
gardons certaines réserves sur cette façon d'identifier d'une
façon certaine l'agglomération à laquelle appartient un
véhicule et nous cherchons d'autres formules pour le faire. C'est
à peu près l'état de la question. Il n'y a pas de
décision de rendue là-dessus parce que, justement, le
règlement est l'objet en consultation à ce moment-ci.
M. Bédard (Chicoutimi): Je vous remercie.
M. Bellemare (Johnson): J'ai deux petites questions, M.le
Président. Cela ne sera pas long, on va finir dans quelques minutes.
Dans le rapport annuel du ministère des Transports, on mentionne que la
Direction du transport routier et des marchandises a fait une compilation
spéciale sur les mouvements de transport routier entre le Québec
et les Etats-Unis. Est-ce qu'il y a des résultats positifs?
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que le député
de Johnson veut se référer au cas de l'Etat de Vermont, dont j'ai
parlé cet après-midi à l'Assemblée nationale?
M. Bellemare (Johnson): C'est parce que l'honorable ministre
Berthiaume a préconisé la tenue d'une conférence
interprovinciale sur les transports. C'était le 15 avril dernier.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est différent.
M. Bellemare (Johnson): Le ministre d'Etat préconise la
tenue d'une conférence des ministères provinciaux des Transports
dont l'objectif serait d'établir un consensus sur les différentes
législations en matière de transport entre les pays.
M. le Président, dans le mémoire annuel du
ministère on mentionne un programme de travail pour les prochaines
années en tenant compte des mémoires soumis par
différentes associations intéressées au camionnage.
M. Mallloux: Du ministère.
M. Bellemare (Johnson): Du ministère. Pour revenir
à l'autre, je voudrais demander s'il y a un
risque possible d'une mainmise extérieure sur l'industrie
québécoise du camionnage actuellement? C'est une
déclaration du 12 avril 1975 par M. Berthiaume, qui disait qu'il faut
craindre, à brève échéance, une mainmise nationale
ou internationale sur les entreprises québécoises de transport
routier et éventuellement, d'ici peu, un exode général de
tous les sièges sociaux vers l'extérieur du Québec et plus
particulièrement vers cette province qu'on appelle l'Ontario. La
déclaration du ministre Berthiaume a alarmé bien des gens.
M. Bédard (Chicoutimi): II a mis la situation assez noire
pour qu'elle ne puisse que s'améliorer.
M. Berthiaume: Si on me permet de corriger un peu.
M. Bellemare (Johnson): II avait même des statistiques
canadiennes qui disaient qu'il y en avait 2,506 parmi les 3,500
détenteurs de permis de camionnage qui avaient leur siège social
au Québec et tous les autres l'avait dans d'autres provinces.. Ce sont
probablement de vraies statistiques mais le cri d'alarme...
M. Berthiaume: Si le député me permet juste un
mot.
M. Bellemare (Johnson): Oui, d'accord.
M. Berthiaume: Substantiellement, l'article est vrai sauf qu'il y
a des détails qui sont mal rapportés. La chose que je devrais
faire c'est d'envoyer une copie de mon texte.
M. Bellemare (Johnson): Vous avez 28 pages. M. Berthiaume:
...vaut la peine d'être lu.
M. Bédard (Chicoutimi): A première vue, qu'est-ce
qui est exagéré là-dedans, pourriez-vous informer la
commission tout de suite?
M. Berthiaume: C'est la situation d'alarme que tous les
sièges sociaux pourraient partir. Nous reconnaissons, moi aussi, qu'il y
a un risque. Ce que je dis essentiellement dans la conférence qui a
été prononcée ce jour-là c'est que le gouvernement
a une responsabilité; nous reconnaissons le risque qui existe. Nous
avons une responsabilité assez grande vis-à-vis du camionnage,
vis-à-vis du développement économique de la province. De
là à dire que la situation enfin est alarmante...
M. Bellemare (Johnson): Je ne sais pas si vous avez
été mal...
M. Berthiaume: J'ai bien dit que substantiellement...
M. Bellemare (Johnson): ...42% des revenus du transport de
marchandises sont entre les mains des compagnies dont le siège social
est en dehors du Québec. Cela c'est vrai. Est-ce que ça continue
ou si c'est arrêté cette hémorragie-là?
M. Berthiaume: C'est vrai, il est difficile de le dire de jour en
jour, je ne peux pas connaître, de jour en jour, quel est le nombre de
compagnies qui peuvent être vendues à d'autres
intérêts. Nous surveillons cette situation de très
près. Que je sache, de-puisque je l'ai dit, depuis la date des chiffres,
qui est antérieure au discours, il n'y a pas eu, à ma
connaissance, de changement important dans la situation.
M. Mailloux: On pourrait permettre qu'un de mes sous-ministres,
qui a participé à des études avec d'autres
ministères sur la situation que connaissent les transporteurs
québécois, fasse peut-être pas un tour d'horizon mais vous
donne quelques indications qu'on a tracées...
M. Bellemare (Johnson): On pourrait peut-être le faire ce
soir. Moi, j'ai une question à poser et on pourra passer à autre
chose.
M. Mailloux: C'est parce que c'est quand même une
responsabilité gouvernementale si, par hasard, il y a une
décision qui doit être prise après. Je ne voulais pas
embêter la Commission des transports, qui doit quand même attendre
la décision gouvernementale sur une politique qui doit être
définie.
M. Bédard (Chicoutimi): On avait soulevé le
problème concernant Chalut Transport, on pourrait peut-être...
M. Mailloux: Oui, M. Charland pourra répondre...
M. Bédard (Chicoutimi):... revenirsur le sujet...
M. Bellemare (Johnson): Dans le règlement numéro
12, en ce qui regarde les camionneurs artisans, je ne sais pas si on doit
s'inquiéter de la disparition de certains droits acquis. Comme, par
exemple, il y avait une règle qui s'appliquait, 75-25, quant au partage
des travaux de transport en vrac et particulièrement...
M. Mailloux: Ce n'est pas la commission qui fait que le
ministère des Transports...
M. Bellemare (Johnson): Mais en vertu du règlement 12?
C'est le règlement 12 qui concerne la révision.
M. Mailloux: La clause 75-25 dans le règlement
numéro 12... C'est en dehors du règlement 12, c'est un
règlement maison qui fait que le gouvernement s'entend...
M. Bellemare (Johnson): Ah! ce n'est pas le même
règlement 12 que la commission?
M. Mailloux: Non. C'est 75-25.
M. Bellemare (Johnson): Ah! bon, bon, bon.
M. Mailloux: La clause 75-25, c'est sur le partage entre des
entrepreneurs et des artisans qu'on doit garder comme proportion dans la
province. Ce n'est pas la clause de protection qu'on accorde au
règlement maison, au règlement gouvernemental pour favoriser une
catégorie d'artisans contre d'autres transporteurs en vrac. On pourra
ultérieurement en reparler.
M. Bellemare (Johnson): Même pour la charge excessive
permissible de 10% qu'accorde le ministère dans bien des contrats...
M. Mailloux: Est-ce qu'on pourrait revenir également sur
cette question en soirée, l'élément I, catégorie 3?
Ce seront des questions auxquelles on pourra répondre facilement, charge
axiale ou pesanteur...
M. Bellemare (Johnson): Je suis convaincu que l'honorable juge ne
partage pas mon opinion, je ne veux pas le mettre en conflit
d'intérêts particulièrement avec le ministre d'Etat, que ce
n'est pas si alarmant que cela dans les circonstances.
M. Mailloux: Tout ce que je peux dire là-dessus, c'est
notre devoir de considérer les demandes qui sont faites, même si
le proposant acquéreur a son siège social dans une autre province
ou dans un autre Etat.
Dans l'état de la réglementation actuelle, il n'y a rien
qui prohibe cela au niveau de la commission.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous administrez l'aspect
judiciaire du problème, point.
M. Mailloux: Une demande est faite et nous statuons dans le cadre
de la demande.
M. Bellemare (Johnson): Si un corsortium assez important, par
exemple, venant de l'Ontario ou des Etats-Unis faisait la demande d'acheter
l'industrie de transport Bruneau, qui a 40 ou 75 unités, qu'est-ce qui
arrive?
M. Bédard (Chicoutimi): Ou s'ils voulaient acheter Power
Corporation.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce qu'à ce moment-là le
juge considère les éléments qui viendraient
dépouiller un peu notre actif industriel, au point de vue
québécois?
M. Mailloux: Je vous réfère à l'article 36
et à l'article 39 de la loi actuelle pour ce transfert des permis.
L'article 39 touche le changement de contrôle d'une compagnie. La loi
n'établit pas de critères différents entre les proposants
acquéreurs québécois ou y ayant leur siège social
et les proposants acquéreurs ayant leur siège social dans une
autre province.
M. Bellemare (Johnson): Si le gouvernement intervient à la
vente d'une compagnie comme Léonard Demers à des
intérêts québécois ou en empêche la vente pour
protéger le patrimoine national, je pense bien que, là aussi, on
pourrait peut-être je ne sais pas prévoir, avant
longtemps, une certaine discipline, un amendement à la loi qui
empêcherait certaines gens de vouloir monopoliser, parce qu'on va se
trouver encore avec des multinationales, tout à l'heure, qui vont peser
assez lourdement sur le petit artisan qui est là.
M. Mailloux: Vous savez, évidemment, la loi 23 a
conçu une politique toute différente dans les transports. La
régie des transports établissait les philosophies ou les
politiques de transport et les appliquait; elle pouvait déroger
même à ses politiques générales. La loi 23 a voulu
que ce soit le gouvernement qui établisse les politiques et les
philosophies du transport et que la commission les applique.
Nous prenons la loi et le règlement; les politiques du transport
peuvent nous intéresser comme citoyens, mais, comme commission, nous ne
voulons jamais y interférer. La seule chose que nous pouvons faire,
c'est que, lorsque l'autorité du ministère nous demande des
renseignements ou des statistiques, nous les donnons suivant nos dossiers, de
manière à leur permettre d'évaluer cela.
M. Bellemare (Johnson): Vous croyez sincèrement que, d'ici
à six mois, le climat qui règne dans la province au sujet de
certaines critiques qui sont faites, surtout par les camionneurs artisans, sera
apaisé?
M. Mailloux: D'ici à six mois, enfin, sûrement qu'au
mois d'octobre nous allons tenir toutes les audiences publiques.
Il y en aura peut-être qui seront remises, mais vous savez, c'est
comme devant tous les tribunaux, il ne faut pas toujours écouter
seulement ceux qui disent que cela traîne. Bien souvent, ce sont eux qui
ne sont pas prêts à procéder la journée qui leur est
assignée, pour des raisons valables, parfois pour des raisons non
valables. C'est remis et nos rôles sont faits jusqu'à la fin de
septembre.
M. Bédard (Chicoutimi): Une chose est certaine. Si vous
limitez de plus en plus les obligations de preuve au niveau de la commission ou
encore si vous les simplifiez de plus en plus, comme vous l'avez exprimé
tout à l'heure, par les moyens que vous avez dits, à ce
moment-là, assurément, ces auditions vont être moins
longues.
M. Mailloux: Ah oui, il faut absolument... M. Bédard
(Chicoutimi): Plus expéditives.
M. Mailloux: ...qu'elles soient moins longues parce qu'on
n'arrivera pas, c'est impossible.
Après le document que nous avons fait distribuer tantôt, je
crois qu'il y en a un autre plus à jour, d'hier, et on pourrait, demain,
le transmettre au ministre avec d'autres...
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord.
M. Mailloux: M. le Président, si vous me le permettez, je
voudrais, au nom des membres de la commission, remercier le président de
la Commission des transports de même que tous les officiers qui
l'accompagnent pour la gentillesse et la diligence qu'ils ont
démontrées à venir répondre aux questions des
membres de l'Opposition. Je pense que cela donne un meilleur éclairage
sur des questions qui sont quand même pertinentes. Je veux remercier les
membres de l'Opposition qui ont permis que dans une seule séance on
puisse libérer des gens qui font un travail, comme on l'a
mentionné tantôt, assez important et pressant.
Je voudrais, si on le permet également, proposer que le programme
1, Systèmes de transports terrestres où on avait retenu
l'élément 3, soit accepté dans son ensemble.
M. Bellemare (Johnson): II y avait quelques petites questions
pour finir, tout à l'heure.
M. Mailloux: Si on acceptait tout le programme 1, les questions
qui restent sur le transport des marchandises pourraient être à
l'élément Contrôle du transport, où on sera rendu ce
soir.
M. Bellemare (Johnson): Contrôle du transport.
Le Président (M. Picard): Une demande m'a
été faite à l'effet de remettre à plus tard, si
possible, le programme 6, Transports maritime, et aérien, où il
va être question du transport des marchandises.
M. Mailloux: Oui, mais...
M. Bédard (Chicoutimi): Je pense qu'on pourra s'accommoder
de la situation.
M. Mailloux: ...il n'y a pas de problème de ce
côté.
M. Bédard (Chicoutimi): On peut s'accommoder.
M. Mailloux: On pourra prendre, ultérieurement, le
transport maritime. C'est parce que cela clarifierait les choses. Si on
acceptait le programme.
M. Bédard (Chicoutimi): Je n'ai pas d'objection, M. le
Président.
Le Président: On a suggéré que les trois
éléments du programme 1 soient adoptés.
M. Mailloux: Qu'ils soient adoptés et que les questions
concernant le transport des marchandises puissent être posées au
programme 2, élément 3, où l'on sera rendu en
soirée.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord.
Le Président (M. Picard): Programme 1, adopté.
M. Bellemare (Johnson): Nous remercions le ministre de nous avoir
permis d'entendre le président de la commission.
M. Mailloux: Cela m'a fait plaisir.
M. Bédard (Chicoutimi): Je tiens à remercier M. le
juge de même que tous les fonctionnaires qui l'accompagnent.
M. Mercier: M. le Président...
Le Président (M. Picard): Le député de
Bellechasse.
Une Voix:: Est-ce que l'élément 5 du programme 2
est adopté?
M. Mailloux: Elément 5 du programme 2, c'est la Commission
des transports. Eléments I, 2 et 5. On est rendu à
l'élément 3.
M. Bédard (Chicoutimi): II est adopté en
espérant que les améliorations qu'on nous fait reluire se
concrétiseront.
Le Président (M. Picard): C'était la même
suggestion que le ministre a faite d'adopter l'élément 5.
M. Mailloux: Cela contient un petit problème. Nous allons
tout mettre en oeuvre et cet été nous allons avoir d'autres
étudiants. Nous avions eu une bonne équipe. Je pense bien qu'on
va être capable de...
Eléments I, 2 et 5.
M. Mercier: Eléments I, 2 et 5.
Le Président (M. Picard): J'aimerais attirer l'attention
des membres de la commission sur le programme 2, élément 4,
Sécurité routière.
M. Bellemare (Johnson): Oui, on l'a réservé.
M. Bédard (Chicoutimi): Les éléments 3 et 4
sont réservés.
M. Mailloux: C'est cela il reste 3 et 4.
Le Président (M. Picard): En soirée.
M. Mailloux: Eléments I, 2 et 5.
Le Président (M. Picard): A l'intérieur du
programme 2.
M. Mailloux: A l'intérieur du programme 2, les
éléments I, 2 et 5.
Le Président (M. Picard): La commission suspend ses
travaux jusqu'à vingt heures quinze, ce soir
(Suspension de la séance à 18 h 14)
Reprise de la séance à 20 h 26
M. Picard (président de la commission permanente des
transports, des travaux publics et de l'approvisionnement): A l'ordre,
messieurs! La commission permanente des transports, des travaux publics et de
l'approvisionnement continue, ce soir, l'étude des crédits du
ministère des Transports.
Nous en étions à l'étude de l'élément
3 du programme 2, qui touche au contrôle du transport.
Le député de Chicoutimi.
Contrôle du transport
M. Bédard (Chicoutimi): Concernant le contrôle du
transport, M. le Président, je ne voudrais pas revenir sur
l'exposé que j'avais fait à l'intérieur d'une question que
je formulais à la fin, qui touchait entre autres un point sur lequel
également le député de Johnson a attiré l'attention
de la commission; les dangers de contrôle du transport
québécois par des compagnies étrangères.
On avait abordé ce sujet entre autres, pour ma part, en relatant
les expériences de la compagnie Chalut Transport. Et, à
l'intérieur de la question que je posais, j'avais incorporé les
éléments dont nous avons discuté ce matin, soit la
difficulté pour les camionneurs d'obtenir des permis, ou n'ayant pas de
permis, d'obtenir des subventions du gouvernement fédéral.
Alors, nous avons suspendu à peu près sur ce sujet.
M. Mailloux: Avant de répondre ou faire répondre,
en partie, par mes fonctionnaires, en mon nom, je voudrais simplement donner le
résumé de ce que comprend l'élément de programme
dont on parle actuellement; le contrôle du transport. Cet
élément de programme vise à l'application des lois,
règlements et ordonnances concernant le transport de personnes et
marchandises, contrôle du trafic lourd, application des lois et
règlements concernant les dimensions et la pesanteur des
véhicules lourds circulant sur les routes de la province, que ce soit le
poids total en charge ou la charge axiale, la surveillance du transport, la
surveillance des activités des transporteurs de personnes et de
marchandises en vue de détecter les opérateurs effectuant de tels
transports en dehors des limites de leur permis ou sans permis.
Quant au problème dont parle le député de
Chicoutimi, le ministère des Transports et le ministère de
l'Industrie et du Commerce se sont penchés, dans le cours des derniers
mois, sur la situation assez difficile que rencontrent plusieurs entreprises de
transport qui ont probablement connu des jours peut-être moins difficiles
qu'aujourd'hui.
On se rappellera sans doute qu'avant que la crise du pétrole
arrive et persiste dans le Québec les compagnies
pétrolières, dans le but de vendre leur produit, consentaient des
crédits à très long terme, fournissant l'ensemble des
carburants dont les compagnies de transport avaient besoin. Les
liquidités, à ce moment-là, étaient peut-être
moins nécessaires qu'elles ne sont devenues aujourd'hui, alors qu'il y a
eu rareté de carburant, augmentation des prix de manière assez
considérable. Ce phénomène a placé plusieurs
transporteurs devant un problème de liquidités assez difficile,
qui nous a été soumis dans le cours de l'année 1974.
Un deuxième problème se pose, c'est le suivant: des
entreprises ayant connu c'est le cas de le dire des années
d'activité intense, avec des gestions ou des administrations assez
efficaces, ont vu cette administration vieillir avec le temps. Devant les
difficultés qu'elles rencontrent aujourd'hui, plutôt que de
chercher à assurer la relève, elles tentent
désespérément, quels que soient les acheteurs
éventuels, d'aller chercher un profit en cédant à d'autres
l'entreprise qui a fait, plus que ses frais, des profits. Mais, devant une
administration vieillie, de gens qui ne veulent plus continuer dans
l'activité en question, il y a un problème de relève qui
est très difficile actuellement.
Cela a été étudié dans le cours de la
dernière année. On a fait l'inventaire des immobilisations dont
dispose l'ensemble des compagnies de transport M. Charland pourra,
tantôt, vous donner plus d'éclaircissements et il est
ressorti assez clairement que l'on sentait un voeu exprimé par les
transporteurs à l'effet qu'il serait nécessaire, pour sauver
l'industrie du transport à longue distance, que le gouvernement de
lui-même ou par le biais d'une société telle la SDI ou
l'autre, fasse un fonds dans lequel pourraient puiser ces entreprises pour
tâcher d'obtenir les liquidités qu'elles auraient perdu au moment
où les carburants ont dû être payés au moment
où ils étaient consommés.
Nous n'avons pas eu, dans les discussions préliminaires que nous
avons eues avec le ministère de l'Industrie et du Commerce, de
succès dans nos démarches. Nous avions, face à cette
situation, la demande d'un transporteur québécois, dont parle
d'ailleurs le député de Chicoutimi, Chalut, qui voulait
absolument céder, pour un profit assuré, son entreprise à
d'autres intérêts.
Nous espérions arriver peut-être à une conclusion
avant que cette cause-là vienne devant la commission, mais tel que l'a
dit, cet après-midi, le président de la Commission des
transports, pour pour autant que le gouvernement ne s'est pas encore
prononcé sur une politique, il doit juger des causes qui viennent devant
la commission avec les armes qu'il a entre les mains à ce
moment-là.
Il lui est impossible d'inventer des politiques... Ne vous en faites
pas, c'est ma tribu qui est venue fêter le ministre des Transports
à Québec.
Alors, c'est une situation difficile qui connaissent les industries de
transport, actuellement. M. Charland vous parlera également des
tentatives de certaines compagnies de chemin de fer pour agrandir leur
territoire, sur lesquelles peut-être, le ministère des Transports
et le gouvernement devront se prononcer prochainement. Je pense que...
Pardon.
M. Bellemare (Johnson): Le "piggyback". M. Mailloux: Plus
que ça.
M. Bellemare (Johnson): Plus que le "piggyback".
M. Mailloux: Prise en charge, achat.
Je pense que pour éclairer davantage la commission sur le
problème assez urgent avec lequel nous sommes confrontés de
même qu'avec les solutions qu'espère l'ensemble des transporteurs
québécois, je demanderais à M. Charland d'ajouter aux
commentaires que j'ai faits, de manière a vous donner un portrait l6 pi
us fidèle possible de la situation qui prévaut actuellement.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord, on pourra discuter
sur...
M. Mailloux: Oui, quitte à revenir avec des questions
supplémentaires.
Lee commentaires généraux que l'on peut ajouter à
ceux-là, c'est que depuis quelques années, l'Association du
camionnage du Québec avait fait valoir en fait certains points, d'aucuns
à l'effet que l'industrie nationale ferroviaire s'appropriait de plus en
plus de certains secteurs du transport routier au Québec.
On a constaté un deuxième phénomène qui
était celui d'une intégration de l'ensemble de l'organisation du
transport routier au Québec à l'intérieur d'une
entité que je qualifierais de nationale, d'abord, ou de non
québécoise et aussi parfois à l'intérieur
d'entités plus grandes, internationales. Je donne un exemple de
ça: l'acquisition récente de Champlain Sept-lles Express par le
groupe Alltrans qui est un groupe financé par des deniers australiens.
Cela vient d'aussi loin que ça.
En fait, les revendications de l'association, plus le
phénomène lui-même, nous ont poussés à
regarder cela d'un petit peu plus près à l'occasion, justement,
d'une conjoncture économique serrée qui faisait que ces
compagnies québécoises, de plus en plus, semblaient avoir de la
difficulté avec leur liquidité, comme l'a dit tantôt le
ministre.
Finalement, un peu comme le ministre Berthiaume l'avait exposé
dans un discours, on a pu constater une certaine prise en charge de certains
secteurs.
Il n'y a rien de dramatique encore mais il y a tout de même une
tendance qui est indiquée. Grâce à une étude
comptable qu'on a fait faire de l'état financier de seize entreprises
québécoises, les majeures en fait, sur un chiffre d'affaires de
$73 millions dans une année, ces entreprises ont déclaré
un profit global de $1.5 million, c'est-à-dire qu'elles fonctionnent
à 2.2% de rendement. C'est une moyenne à travers ce groupe de
seize; c'est dire que d'aucunes peuvent peut-être tirer 4%, 5%, mais
d'autres sont à 1% ou .5%, sinon elles font des pertes.
Naturellement, je pense qu'il faut imputer cela à une conjoncture
très difficile, à des taux d'emprunt extrêmement
élevés et au fait que parfois ces gens ont étiré au
maximum leurs capacités d'emprunt. Alors le problème a
été étudié, il vient de nous être soumis et
c'est la seule constatation que je puis vous faire à ce jour.
Le Président (M. Picard): Le député de
Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): Dans ce danger de cession du
domaine du transport, il y a deux volets différents. Par exemple, le
danger de la cession à des compagnies carrément
étrangères. Là-dessus, on sait que déjà la
compagnie Chalut Transport, dont a parlé le ministre tout à
l'heure, avait demandé l'automne dernier, à la Commission des
transports, d'autoriser sa vente au Canadien National. L'Association du
camionnage du Québec s'y était vivement opposée,
alléguant que, si on permettait cette vente, on fausserait le jeu de la
concurrence, le Canadien National étant une entreprise d'Etat qui, on le
sait, est grassement subventionnée et, de ce fait, peut se permettre de
couper les prix, ce qui amène une concurrence déloyale.
De plus, pour résumer, l'association des camionneurs
considérait cette intrusion comme un précédent dangereux
menant vers un monopole du transport routier. Le jugement a été
rendu il n'y a pas tellement longtemps, je ne sais pas si le ministre a eu
l'occasion de lire les conclusions de ce rapport.
M. Mailloux: C'est peut-être pour prouver et au
ministère des Transports et à la Commission des transports que
l'Opposition est à même d'obtenir les documents aussi vite qu'on
les obtient. C'est vrai que j'ai été retenu assez longtemps
à la commission, mais je n'ai pas eu encore la copie ou l'original
à mon bureau.
M. Bédard (Chicoutimi): II faut croire qu'on a des amis
dans le milieu. Non, c'est tout simplement, que...
M. Mailloux: Je n'accuse pas l'Opposition, loin de là,
mais je dis que si le document est arrivé à mon bureau, je n'en
ai pas pris connaissance.
M. Bédard (Chicoutimi): Je ne sais pas ce que peut en
penser le ministre, il pourra réserver ses commentaires s'il le
désire, mais il y a quand même deux passages entre autres qui me
semblent assez clairs dans le jugement. On y lit ceci, c'est le juge qui
s'exprime concernant la cause qui est devant lui: "Or, dit-il, il s'agit
sûrement là d'une politique de transport, que de déterminer
si tel secteur de l'activité économique peut ou non avoir droit
d'effectuer du transport routier. "Pour que la Commission des transports puisse
exercer sa discrétion, à savoir si un requérant
acquéreur a la qualité voulue pourque lui soit cédé
un permis de transport, afin de déterminer quelles qualifications
doivent avoir ceux qui peuvent ou non exploiter un système de transport,
il faudrait sûrement au préalable, que cette politique soit
établie par le ministre desTransports, sous forme de règlement et
approuvé par le lieutenant-gouverneur en conseil."
Le jugement poursuit: "Dans l'état actuel de la
législation et de la réglementation qui en découle, la
Commission des transports ne voit rien qui puisse l'autoriser à
déterminer quelles sont les qualités qu'un requérant
acquéreur doit avoir pour que lui soit transféré le permis
d'un autre. La commission, qui ne doit agir, que dans le cadre des
règlements
existants, ne peut sûrement pas, de son chef, décider que
tel ou tel motif qui ne découle pas d'une politique confirmée
dans un règlement, tel genre de personnes ou de compagnies ne peuvent
pas exercer le métier de transporteur public par camionnage. Le jugement
du tribunal est très clair dans ses considérants et dans ses
explications qui l'empêchent, selon la commission, de pouvoir intervenir
concernant cette vente-là. Le tribunal dit ceci: "La question de savoir
s'il est désirable ou souhaitable que le transport ferroviaire puisse
exercer dans le domaine du transport routier dans la province ou entre les
diverses provinces en est sûrement une de politique concernant les
transports que seul le gouvernement a autorité d'établir, s'il le
juge à propos, et ce dans l'exercice de son mandat de rechercher le bien
commun."
Ce qui veut dire, qu'en l'absence de toute réglementation
à cet effet, la commission ne voit pas comment elle pourrait faire
obstacle à la transaction intervenue entre la requérante
venderesse et la requérante acquéreur, et comment elle pourrait
refuser son autorisation à une telle transaction.
Le jugement explicite très clairement le défaut qui fait
qu'ils ne peuvent absolument rien faire, c'est qu'il n'y a pas de
réglementation à cet effet.
Est-ce l'intention du ministère d'aller jusqu'à une
réglementation étant donné l'urgence de la situation qui a
déjà été, d'ailleurs, exposée par le
sous-ministre d'Etat aux Transports?
M. Mailloux: Je pense que tantôt, dans mes remarques
préliminaires, j'avais indiqué que la Commission des transports,
comme l'ancienne régie des transports, ne pouvait agir qu'à
l'intérieur des règlements qu'elle doit faire appliquer, de la
loi. Je l'avais indiqué assez clairement.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est cela.
M. Mailloux: J'ai mentionné les tentatives que nous avions
faites au cours des douze derniers mois, en nous penchant sur ce dossier avec
un autre ministère, qui était l'Industrie et le Commerce. Nous
espérions arriver à un résultat qui nous permette de
donner une option de rechange valable aux quelques compagnies de transport qui
soumettaient, à différents intervalles, leurs doléances
aux fonctionnaires du ministère, MM. Charland, Normand et autres.
Je comprends que les remarques que fait le juge dans sa décision
sont vraies, qu'il ne peut agir autrement que dans le cadre dans lequel il est
placé et que le gouvernement aurait avantage à préciser,
de manière formelle, la politique qu'il entend voir suivre dans
l'avenir. Lors des discussions avec le ministère de l'Industrie et du
Commerce, nous avions, nous des Transports, fait valoir l'importance qu'on
attachait à ce que les gens du Québec puissent conserver le
contrôle du transport, parce que c'est une industrie qui, quand
même, a des ramifications assez profondes.
Nous n'avons pu convaincre le ministère. Une raison a
été invoquée, c'est qu'on avait fait l'inventaire des
dangers que comporteraient des cessions à des intérêts
étrangers. Quand on dit "étrangers", il faudrait bien se
comprendre; il faudrait que ce soit étranger au contexte canadien quand
même. Plusieurs demandes sont faites dans plusieurs secteurs de
l'économie qui sont en détresse actuellement. A quel endroit le
gouvernement doit-il mettre des fonds en disponibilité pour créer
des fonds de secours qui permettent, à une industrie ou à
l'autre, de puiser des disponibilités financières qui lui
manquent à un certain moment.
La réflexion qui nous avait été faite par un autre
ministère était qu'on pouvait rejoindre d'autres industries
où, pour chaque dollar investi, il y avait une création d'emplois
beaucoup plus importante. On disait que dans la section du transport des
marchandises à longue distance, la fabrication du véhicule,
actuellement, est presque en totalité faite en dehors de nos
frontières. Les pièces de remplacement viennent également
d'outre-frontière.
M. Bellemare (Johnson): Saint-Bruno et
Saint-Jérôme.
M. Mallloux: Oui, mais c'est... M. Bédard (Chicoutimi): Un
peu.
M. Mailloux: ...quand même marginal quand on regarde
l'ensemble de la flotte de camions qui circulent sur les routes du
Québec.
On nous disait également que, quel que soit le fonds que pourrait
investir le Québec, en circulant dans le territoire, il faudrait quand
même que le même personnel non pas les cadres reste
en fonction pour les compagnies, que les postes de service, ceux qui font la
réparation resteraient les mêmes, qu'il y aurait évidemment
quelques sièges sociaux qui disparaîtraient. Le danger que nous
démontrions, nous autres, c'est que ce serait une direction des
transports qui viendrait d'en dehors du pays. Cela est un danger que les
officiers et moi-même, nous voudrions faire disparaître
absolument.
Nous avons fait faire un inventaire final, il y a quelques semaines. Mon
sous-ministre adjoint, qui est responsable du secteur du transport des
marchandises et des personnes, ainsi que son assistant, qui est le directeur
général des transports, M. Normand, ont fait une recherche
abondante. Ils sont allés chercher des renseignements un peu partout
dans l'industrie. Je m'apprête, prochainement, à soumettre
à mes collègues du conseil des ministres un embryon de politique
qui nous permettrait d'éviter peut-être des décisions comme
celles que nous connaissons actuellement.
M. Bédard (Chicoutimi): Quand vous dites "prochainement",
est-ce que...
M. Mallloux: Ce serait dans le plus bref délai possible
qu'il faudrait que le cabinet se prononce sur une politique plus définie
des transports?
M. Bédard (Chicoutimi): En 1975?
M. Mailloux: Oui. Il ne faudrait même pas que
l'année 1975 soit avancée avant que d'autres gestes semblables
puissent être tentés. L'on comprend que la Commission des
transports n'aurait pas d'autre recours que les failles qu'elle constate,
actuellement, qu'elle devrait encore signaler dans le jugement qu'elle devrait
rendre.
Je comprends que ce sont des sommes importantes qui sont en cause et
que, de tout côté, le gouvernement est assaili de demandes
semblables, mais je pense que l'industrie est telle et qu'il y a un tel impact
à l'arrière de décisions que pouvaient prendre les
compagnies étrangères au Québec que le gouvernement devra
se prononcer.
Je ne sais pas si, dans mon argumentation, j'ai dépassé ma
pensée mais je pense quand même que c'est un peu l'expression
d'opinion que j'ai déjà donnée devant mes
collègues, qui n'a peut-être pas eu gain de cause, mais non pas
que le gouvernement n'était pas sensible au problème dont on
parlait. C'est parce que, devant l'ensemble des demandes qui étaient
faites, on ne trouvait pas, à ce moment-là, le moyen financier
nécessaire pour créer le fonds qu'on sollicitait dans
l'immédiat.
M. Bellemare (Johnson): Sur le même sujet, M. le
Président, je crois qu'une direction générale du transport
routier des marchandises a été organisée à votre
ministère en 1973/74. Vous avez, je pense, d'après le rapport
annuel, qui est devant nous, nommé son premier chef de service. Qui
est-ce?
M. Mallloux: C'est M. Jean Normand... M. Bellemare (Johnson):
Jean Normand.
M. Mallloux: ... qui est à l'arrière, qui est un
fonctionnaire d'une carrière...
M. Bellemare (Johnson): Eblouissante.
M. Mallloux:... pas tellement avancée mais dont l'avenir
est prometteur. C'est le moins que je puisse dire.
M. Bellemare (Johnson): Alors, après tant...
M. Mallloux: II est recherché par l'industrie
privée trop souvent.
M. Bellemare (Johnson):... d'hommages, on va lui demander ce
qu'il a fait! C'est sûr et certain que cela ne l'empêchera pas
d'être joyeux, que son ministre lui décerne des certificats. Mais
nous allons lui poser certaines questions, c'est sûr.
D'abord, dans le rapport annuel, il est dit qu'une compilation
spéciale des transports routiers entre le Québec et les
Etats-Unis a été faite. Ma première question: Si c'est
vrai qu'une enquête a été faite, quels sont les
résultats obtenus pour le moment?
M. Mallloux: C'était, d'abord, un genre de compilation au
niveau des exportations des produits du Québec pour essayer de
déterminer le mode de transport qui était utilisé. Le
mode, qui nous intéressait, était particulièrement le
camionnage.
Ce travail a été fait dans le but d'arriver et d'analyser
nos ententes de réciprocité avec les différents Etats
américains. Et on peut tirer facilement la conclusion laquelle nous
sommes arrivés. C'est que dans les échanges commerciaux, par
camions, avec les Etats-Unis, dans l'ensemble, les Québécois
participent plus...
M. Bellemare (Johnson): Oui.
M. Mallloux: ...au transport que les Américains.
M. Bellemare (Johnson): Oui.
M. Mailloux: Si, globalement, on a une plus grande partie du
transport, cela veut dire que, pour le transport effectué entre le
Québec et chacun des Etats américains, les
Québécois ont principalement le contrôle du transport
routier.
M. Bellemare (Johnson): Actuellement, le contrôle, qui se
fait par les gens de l'étranger, ceux-ci sont-ils plus des Etats-Unis
que de la province de l'Ontario, quant aux 36 compagnies qui ont quitté
Québec et qui font affaires dans la province de Québec avec un
pourcentage de 47% de tout le revenu du transport routier au Québec?
Seulement, je pense, une petite moitié de ces compagnies ont des
intérêts québécois.
M. Mallloux: Je peux difficilement vous dire si c'est plus des
Américains que des gens de l'Ontario, ou encore des gens de l'Ouest
canadien ou de gens qui ont des intérêts en dehors du Canada,
autres que les Etats-Unis, qui contrôlent le transport.
Il y a quand même une tendance générale à
l'effet que le groupe, qui génère l'activité
économique, contrôle habituellement le transport
Aussi l'Ontario a un certain contrôle sur le transport du
Québec. D'un autre côté, le Québec, par exemple, a
un bon contrôle du transport fait vers les Maritimes.
M. Bellemare (Johnson): Le ministre et son sous-ministre
parlaient d'organisation ferroviaire, d'un transport qui pourrait remplacer,
peut-être, le transport par camion. Est-ce que vous parlez des grandes
institutions comme le "piggyback" ou si vous prétendez pouvoir organiser
un service autre que celui-là sur les grandes lignes du Canadien
Pacifique ou du Canadien National?
M. Mallloux: Votre question est double, si vous me permettez.
M. Bellemare (Johnson): Pour les deux compagnies.
M. Mailloux: Non.
M. Beilemare (Johnson) : Vous séparez rien que la mienne,
ma compagnie, le Canadien Pacifique.
M. Mailloux: Non.
M. Bellemare (Johnson): Mais combien il y a de "piggyback" par
jour qui rentrent à Montréal et qui sortent de Montréal,
cela, c'est intéressant pour le ministère de le savoir.
M. Mailloux: Si on se réfère à ce qu'il y a
eu dans le passé, le transport, ce qu'on appelle le "ferrou-tage"ou le
transport intermodal, a été très limité et il n'y a
eu que des permis spéciaux. Présentement, le ministère est
à étudier ce domaine. Il y a eu énormément de
consultations groupant à la fois les compagnies de chemins de fer, les
camionneurs et, enfin, différents intérêts pour arriver
à retirer le plus d'économie possible le conseil
consultatif a eu l'occasion d'en parler aussi d'un service
intermodal.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que c'est dans l'idée du
comité spécial qui siège présentement de faire une
étude toute spéciale sur le "piggyback" qui transporte
aujourd'hui, entre Montréal et Québec, par exemple, ou entre
Toronto et Montréal, une affaire de 250 unités par jour? Ceci
représente énormément parce que la compagnie du Canadien
Pacifique, elle aussi, a une compagnie subsidiaire qui peut s'appeler Smith
Transport ou peut s'appeler de tout autre nom mais qui exploite un service
parallèle à celui du "piggyback".
M. Mailloux: En somme, il y a une concurrence intermodale,
disons, entre le rail et la route et il y a aussi une obligation pratique, dans
certains types d'activités, d'avoir des liens entre les deux. En somme,
le service de ferroutage devient un service concurrentiel lorsque les distances
sont relativement grandes. On peut difficilement voir un service de ferroutage
naître entre Québec et Montréal. La distance
Montréal-Toronto est à peu près la distance minimale pour
qu'un service comme cela puisse voir le jour. Ce qu'on doit essayer de faire,
c'est...
M. Bellemare (Johnson): Le chef de cettedirec-tion des transports
sait qu'il y a aujourd'hui un ferroutage, un "piggyback" bien organisé
entre Montréal et Québec.
M. Mailloux: C'est-à-dire qu'il y a des wagons qui
viennent, il y a des remorques qui sont transportées comme cela mais ce
ne sont que des remorques, actuellement, qui appartiennent aux compagnies de
chemins de fer.
M. Bellemare (Johnson): Ah non. Vous avez, par exemple, les
transports qui viennent de Steinberg, vous en avez d'autres qui viennent des
grandes lignes des Etats-Unis, qui sont sur le "piggyback".
M. Berthiaume: Steinberg, c'est du transport privé. Ce
n'est pas du transport public.
M. Bellemare (Johnson): Je veux en venir à la conclusion
suivante; c'est qu'il ne faudrait pas que le service devienne concurrentiel,
premièrement, pour détruire les grosses associations canadiennes
et québécoises qu'on a.
Le deuxième, c'est que les compagnies de chemin de fer vivent
avec des subventions qui sont assez considérables qui leur viennent de
la Commission des chemins de fer. A partir de là, la compétition
devient inégale pour la compagnie elle-même qui veut faire un
service de transport.
Le troisième argument, c'est que, quand ces gens-là font
le service, par exemple, sur la 20 ou sur la 40, prochainement, ou sur celle du
Lac-Saint-Jean, cela ménage de façon assez extraordinaire les
routes, parce que vous aurez, au printemps, des routes qui sont fermées
à certaines circulations et qui sont ouvertes pour le "piggyback".
M. Berttlaume: Si le député me permet juste
d'éclaircir un point parce qu'on parle effectivement de deux choses.
Quand on parle du "piggyback", on parle d'une chose; quand on parle de Smith
Transport ou des filiales des compagnies de chemin de fer, on parle d'une autre
chose.
Ce qui est contesté par...
M. Bellemare (Johnson): L'association du camionnage.
M. Berthiaume:...l'association du camionnage, ce n'est pas
tellement le "piggyback" que les opérations de camionnage des
filiales.
M. Bellemare (Johnson): De la compagnie qui prend ses
bénéfices des subventions de la Commission des chemins de fer,
qui se retourne et qui organise sa compagnie de transport. C'est une
concurrence déloyale.
M. Berthiaume: Si vous me permettez de continuer mon
idée.
Le Président (M. Picard): A l'ordre!
M. Bellemare (Johnson): II n'est pas étonnant de voir
qu'il y en a quelques-unes qui perdent le contrôle.
M. Berthiaume: Si vous me permettez de continuer mon
idée.
M. Bellemare (Johnson): Oui, d'accord.
M. Berthiaume: Si on regarde l'opération "piggyback" comme
telle, je pense qu'on doit se dire qu'il ne faut pas limiter ce genre
d'initiatives arbitrairement. Avec une philosophie qui voudrait que nous
fassions une telle chose, si on se reporte, il y a 50 ou 60 ans, on n'aurait
peut-être pas aujourd'hui l'industrie du camionnage: on aurait encore le
cheval et le traîneau.
M. Bellemare (Johnson): Et la bicyclette.
M. Berthiaume: Et la bicyclette. Alors, il faut
favoriser l'intermodal pour autant que ça rapporte un
bénéfice économique à l'ensemble de la
population.
Quand on regarde, d'autre part, les filiales des chemins de fer qui font
du transport proprement dit, que ce soit le cas de Husband Transport ou le cas
de Smith Transport, on peut se dire que l'association du camionnage ou
l'ensemble de l'industrie du camionnage au Québec peut avoir une
revendication juste, dans le sens d'une concurrence qui pourrait être
déloyale. Mais je mesure mes mots, parce que c'est encore à
déterminer si vraiment c'est déloyal.
Nous avons, comme l'a indiqué M. Normand, une équipe qui
travaille là-dessus qui est formée de l'industrie du camionnage,
du conseil consultatif, aussi bien que des fonctionnaires du ministère,
et des chemins de fer. Nous ne sommes pas en mesure de nous prononcer
aujourd'hui d'une façon catégorique et de dire quelle direction
on va prendre, quelles mesures on va prendre. Tout ce que nous pouvons dire,
c'est que nous reconnaissons qu'il y a un problème qui doit être
réglé. Si vous nous demandez de définiraujourd'hui quelle
est notre politique, je suis obligé de vous dire qu'elle est en
gestation. C'est la même chose que les statistiques que vous avez
relevées d'un discours que j'ai prononcé il y a quelques
semaines. Nous avons le choix de ne pas en parler et de garder ça secret
je pense que ce n'est pas au bénéfice des citoyens
ou d'en parler ouvertement et de demander la coopération des entreprises
et des autres agents qui agissent dans l'économie pour essayer de
déterminer quelles sont les meilleures solutions.
Mais, si vous me demandez de dire: Notre politique, c'est ça; on
s'en va par là, la réponse, c'est non.
M. Bellemare (Johnson): II y a une statistique qui est bien
connue, soit que le camionnage québécois, en 1950, appartenait
à 90%, 10% aux gens du Québec. En 1960, c'est tombé
à 80%, 20%, et, regardez la progression ; en 1970, c'est tombé
à 70%, 30%. Là, on est rendu, en 1975, à47%, 53%. En
Ontario, la ligne qui monte assure un progrès constant au camionnage; au
lieu d'être comme nous en régression, l'Ontario continue à
accuser une statistique qui est bien plus avantageuse pour elle que pour nous.
Je pense que l'industrie du camionnage joue un rôle très important
dans notre économie, quant aux revenus, quant à la fixation des
tarifs, des taux, mais aussi quant à l'évaluation des
marchandises qui est payéeen grande partie par le consommateur.
Alors, devant cette statistique de I950-90-I0, et celle d'aujourd'hui,
47-53, je me dis quil y a un problème énorme. Ou la province de
Québec est en train de perdre les pédales, ou cette industrie est
à nous glisser entre les mains. Je pense que cela devient un signal
d'alarme pour le ministère d'avoir à prendre toutes les
précautions pour éviter cette hémorragie qui se transporte
en Ontario avec beaucoup de faveur quand on regarde la ligne ascendante de la
progression du transport en Ontario, qu'on la compare avec ce qu'on subit chez
nous. Il y a là un danger évident et je pense que le
ministère se doit... C'est une politique de gestation actuellement qui
est là. On fait des enquêtes, on constate que c'est grave, qu'on
perd du terrain d'année en année. Je ne dis pas cela plus pour le
gouvernement d'aujourd'hui que pour le mien. Nous aussi, on a senti cette
baisse démesurée, cette perte de vitesse dans le camionnage.
M. Bédard (Chicoutimi): Je dois faire remarquer que...
M. Berthiaume : Si on me permet de dire un mot sur ce qui vient
d'être dit.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est dans la même
ligne.
M. Berthiaume: Oui, allez-y.
Le Président (M. Picard): Le député de
Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous soumettiez à un moment
donné que vous aviez le choix de dire la vérité ou de la
cacher. Remarquez que cela devient tellement évident maintenant que, de
toute façon, depuis longtemps...
M. Berthiaume: Personne n'en a parlé avant il y a deux
semaines.
M. Bédard (Chicoutimi): ... au niveau du Parti
québécois, on a parlé de la possession du domaine des
transports concentré, d'une part, au Québec, à
l'intérieur de compagnies comme Power Corporation, et entre les mains de
compagnies qui sont étrangères, qui sont américaines. Cela
fait quand même assez longtemps.
Je dois quand même reconnaître au sous-ministre le
mérite d'avoir précisé le phénomène, d'avoir
apporté des chiffres qui nous permettent de voir la situation encore
plus clairement. Mais il reste une chose, c'est...
M. Bellemare (Johnson): Tu l'as dans la statistique
fédérale, tu l'as par province et c'est fantastique.
M. Bédard (Chicoutimi): II reste que... M. Bellemare
(Johnson): Ce n'est pas... M. Bédard (Chicoutimi): ... sur
deux...
M. Berthiaume: Ce qu'il est important de noter c'est que le
phénomène qu'on observe au Québec, au point de vue des
difficultés que peuvent avoir les compagnies de transport dans leur
productivité ou leur rentabilité, est un phénomène
nord-américain. Ce n'est pas uniquement au Québec que cela se
passe. Ce qui est peut-être particulièrement dangereux pour le
Québec, c'est qu'un certain nombre d'entreprises importantes peuvent,
avec des réserves accumulées, profiter de ces réserves
alors que les compagnies québécoises n'ont pas de telles
réserves pour avoir une politique de développe-
ment qui couvre plus le moyen terme que le court terme.
Les compagnies plus faibles, n'ayant pas ces réserves, sont
obligées de fonctionner dans un cadre ou dans une vision beaucoup plus
courte, de courte vue, par la force des circonstances. Ceci n'est pas unique au
Québec.
Maintenant, quand on parle de régler le problème, je vous
avoue candidement que je n'ai pas, au moment où je vous parle, la
solution; nous n'avons pas, au ministère, la solution définitive
à ce problème. Mais si on regarde certains
éléments, on peut voir où sont les contraintes. La
principale est la suivante. C'est que si on prend une attitude protectionniste
trop forte, nous risquons des représailles. Nous avons quand même
des compagnies importantes au Québec, dans les seize dont on parle, et
ces compagnies ne fonctionnent pasqu'au Québec. Nous risquons, en ayant
une politique refermée sur elle-même, de subir des
représailles d'autres juridictions, que ce soit de l'Ontario, que ce
soit des Etats américains, que ce soit d'autres provinces
canadiennes.
Alors, il faut agir avec beaucoup de prudence. Si vous me permettez de
terminer, c'est pour cette raison que j'ai parlé d'une conférence
interprovinciale parce qu'il y a beaucoup d'ententes qui peuvent se prendre
entre les provinces sur des points communs. Etant donné que l'industrie
ailleurs au Canada subit des choses semblables, il y a peut-être moyen de
s'entendre sur certaines choses fondamentales, de façon que le
Québec ne souffre pas outre mesure d'une situation qui est globale en
Amérique du Nord.
C'est à peu près où on se trouve aujourd'hui. Je
crois, et nous croyons, au ministère, qu'il y a lieu d'associer
l'industrie, qui connaît encore mieux que nous, puisqu'elle les vit
à tous les jours, ces problèmes, à la recherche des
solutions.
C'est aussi candide que cela notre affaire. Il n'y a rien de bien bien
compliqué dans cela, il n'y a rien de tellement mystérieux dans
tout cela.
M. Bédard (Chicoutimi): Comme ce n'est pas
compliqué non plus, lorsque le ministre nous dit que, si nous adoptons
une attitude protectionniste, nous risquons des représailles. D'accord
et si nous... Vous me permettez de terminer?
M. Berthiaume: Je peux vous donner un exemple plus... Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord, si nous adoptons une
attitude protectionniste, nous pouvons avoir des représailles. D'un
autre côté, la situation est claire aussi: Si nous n'adoptons pas
de politique protectionniste, nous risquons de nous faire à
nous-mêmes nos propres représailles, dans le sens que nous
risquons très clairement, au rythme où vont les choses a l'heure
actuelle, de le prendre le marché du camionnage, puis de le laisser
passer entre les mains de compagnies étrangères. C'est un danger
qui est tout aussi présent, qui est beaucoup plus dramatique que
pourrait l'être le danger de représailles si nous décidons
de remettre la main sur ce domaine particulier du transport.
M. Berthiaume: A tous les jours, nous avons des
représentations d'entreprises de camionnage du Québec, sur la
question de l'immatriculation dans d'autres juridictions. Ceci nous
amène à des ententes de réciprocité avec des Etats
américains et avec d'autres provinces canadiennes. Lorsque le
Québec ne concède pas àd'autresjuridictions certains
privilèges sur le territoire du Québec, nos compagnies subissent
des représailles dans ces mêmes juridictions.
Alors, nous tentons...
M. Bédard (Chicoutimi): Dans l'Etat du Vermont à
l'heure actuelle.
M. Berthiaume: C'est un exemple du genre de négociation
qu'il faut avoir avec d'autres juridictions. Evidemment, à chaque fois
que nous...
M. Bédard (Chicoutimi): C'est du chantage. C'est presque
du chantage.
M. Berthiaume: Oui, bien disons, le mot est peut-être
abusif, mais cela ressemble à cela.
A chaque fois que nous entrons dans des ententes de
réciprocité, pour prendre cet exemple qui ne concerne que
l'immatriculation, nous évaluons toujours quel en est
l'intérêt québécois. Si c'est dans
l'intérêt du Québec de faire une entente de
réciprocité avec une autre juridiction, nous la faisons. Si c'est
à l'avantage du Québec de ne pas en prendre, nous n'en prenons
pas.
Evidemment que les autres juridictions ont la même attitude; c'est
pour cela qu'il faut nécessairement parlerd'une négociation. Si
on regarde l'ensemble du problème, que ce soit l'immatriculation, que ce
soit autre chose, il faut prendre la même précaution. Il faut
aussi tenir compte du fait que l'entreprise privée a toujours cette
option, cette liberté de vendre ou de ne pas vendre. A moins de
nationaliser l'industrie du camionnage, et je pense que ce n'est pas
souhaitable...
M. Bédard (Chicoutimi): Ce n'est pas nécessaire de
nationaliser.
M. Berthiaume: Non, non, je sais que ce n'est pas
nécessaire de nationaliser, mais je pense qu'il y a d'autres avenues que
celles du protectionnisme intégral. Je souhaite qu'il y ait moyen de
s'entendre avec d'autres juridictions.
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, le ministre
répond à d'autres questions que la mienne, mais je tiens à
lui dire que ma conception actuellement, c'est que le ministère ou que
le gouvernement devrait essayer de trouver une formule, établir certains
critères de base, certains éléments de contrôle,
quand arrive la vente d'une industrie comme celle-là à des
intérêts qui sont autres que ceux d'un
Québécois.
Cela existe, M. le Président, dans plusieurs autres
ministères, même cela existe quand quelqu'un veut acheter une
librairie, par exemple. Cela s'est fait dernièrement à
Montréal; il y a eu un tollé géné-
rai, puis on a mis un embargo en vertu de certaines lois qui existent.
On a empêché certains intérêts de passer entre les
mains d'étrangers. Mais moi, je voudrais dire au ministère, qui
fait une étude actuellement par la Direction du transport routier, qu'on
devrait trouver une solution, mettre des critères, mettre des bases
très rigides pour qu'on soit obligé de s'adresser à la
Commission des transports ou au ministère, après preuve
établie qu'il y a un déficit ou qu'il y a un avantage
marqué de vendre. C'est cela mon point de vue. Il faut arrêter
cette hémorragie qui nous dévore et qui nous fait perdre un des
plus beaux systèmes qu'on avait chez nous au point de vue industriel;
dans 25 ans on est tombé de 90% à 53%. On s'en va, tandis que
l'Ontario récupère, pas seulement récupère, mais
connaît d'après Statistique Canada, une progression
extraordinaire.
Je pense qu'un moyen, ce serait peut-être d'avoir des
critères bien définis, mais que le gouvernement puisse y apporter
ses conseillers ou ses recommandations, avant qu'une décision soit
prise.
Je dirais même plus que cela, je dirais qu'il pourrait être
offert une société mixte, Etat-compagnies, pour protéger
l'industrie québécoise. Je ne dis pas de la nationalisation,
c'est du socialisme et je n'en veux pas, mais, par exemple, qu'on puisse, dans
des cas particuliers... Par exemple, je connais un homme qui, dans l'Ouest
canadien, avait une flotte de I25 unités. Son fils meurt dans un
accident d'avion. Le père, qui a 72 ans et qui comptait beaucoup sur son
fils pour assurer la relève, à un moment donné, se trouve
devant l'obligation de vend re, pas parce qu'il n'a pas le moyen, mais parce
qu'il n'a plus d'ambition à la garder.
Pourquoi l'Etat ne lui offrirait-il pas certaines suggestions, avec des
compagnies québécoises ou avec même une participation
québécoise pour garder cette industrie? Elle a été
vendue et elle est passée aux Etats-Unis. C'est un cas, il y en a des
dizaine d'autres. Il n'y a rien qui ne peut donner la vérité
autant que Statistique Canada. Quand vous la considérez depuis vingt
ans, dans la progression et surtout dans la dépression qu'on subit, il y
a un danger certain.
M. Berthiaume: Le député de Johnson a raison.
D'ailleurs, le casque le député de Johnson décrit est plus
fréquent qu'on le pense généralement. Que ce soit par
maladie...
M. Bellemare (Johnson): La "mautadite" mentalité des
Québécois...
M. Berthiaume:... que ce soit par vieillesse ou que ce soit par
un désintéressement quelconque, un entrepreneur...
M. Bellemare (Johnson): II vend.
M. Berthiaume:... en transport désire vendre. Il peut
être aussi à court de profits, il peut être sur le bord de
la faillite et sa seule option, finalement, pour s'en sauver c'est de vendre.
Le gouvernement doit se poser la question: Est-ce qu'il existe un acheteur
québécois? Bien souvent, il n'y en a pas. S'il y a une centaine
d'employés, 200 ou 2,000, cela varie, qui sont également des
Québécois, on doit se poser des questions. Est-ce qu'on doit,
à ce moment-là, accepter que la compagnie soit achetée
par...
M. Bellemare (Johnson): Moi, je ne dirais pas qu'il manque des
Québécois pour l'acheter.
M. Berthiaume: C'est ce qui arrive, effectivement.
M. Bédard (Montmorency): C'est un fait.
M. Bellemare (Johnson): Le ministre doit savoir...
M. Berthiaume: Ecoutez.
M. Bellemare (Johnson): ... qu'il y a des gens pleins de
dynamisme qui sont prêts...
Le Président (M. Picard): A l'ordre! Voudriez-vous vous
adresser à la présidence? Comme cela...
M. Bellemare (Johnson): Excusez-moi, M. le Président, mais
je ne vous avais pas oublié.
Le Président (M. Picard):... vous allez éviter les
dialogues. C'est malsain pour le journal des Débats, les dialogues. Ils
ne comprennent absolument rien.
M. Bellemare (Johnson): Oui, mais c'est bien sain pour nous
autres, pour comprendre. En tout cas, je ne vois pas le ministre dire qu'il n'y
a pas de Québécois qui peuvent la ravoir.
M. Berthiaume: Ce sont des cas qui se présentent.
M. Bédard (Montmorency): C'est un fait.
M. Berthiaume: Ce sont des cas qui se présentent. Je
n'essaie pas de faire un beau discours, j'essaie de décrire la situation
telle q u'elle se présente à nous. Il arrive, malheureusement
trop fréquemment, que des entreprises québécoises sont
à vendre et qu'aucun Québécois n'est
intéressé. On pourrait en citer des exemples; je n'en ai pas
à la mémoire.
M. Bellemare (Johnson): Voulez-vous parler de Bombardier avec
Simard?
M. Berthiaume: Comme me le souligne M. Charland, quand le profit
est en moyenne à 2.2%, il y a beaucoup moins de gens
intéressés. C'est pour cela que j'ai parlé des entreprises
qui ont des réserves et qui peuvent se permettre, à cause de ces
réserves, de jouer le jeu à moyen terme ou à long
terme.
M. Bellemare (Johnson): II y a un moyen bien pratique, si vous me
permettez, pour empêcher cet exode massif. Pensez à l'impôt
sur le revenu pour ces gens-là et donnez-leur un
dégrèvement d'impôt
pour leur permettre d'atteindre plus que 2%. Vous allez voir qu'ils vont
les garder et elles vont devenir profitables. Quand ils sont pris avec
l'impôt fédéral, l'impôt provincial, l'impôt
municipal, les taxes sur les plaques d'immatriculation, les taxes sur les
chauffeurs, les pneus qui augmentent, le gaz, etc., qu'est-ce que vous voulez?
Il y a un moyen très simple, celui de l'impôt sur le revenu des
corporations. Vous régleriez le problème, à 2% ou à
1%. Là, c'est à 11%? Mettez-le à 10%.
M. Berthiaume: Je ne veux pas m'allonger éternellement sur
ce sujet.
M. Bellemare (Johnson): Le ministère va faire quelque
chose?
M. Berthiaume: Nous croyons que le problème fondamental en
est un de capitalisation et non pas un problème d'opération au
jour le jour. C'est sûr que l'impôt pourrait aider au niveau de
l'exploitation, mais il y a un problème fondamental, c'est celui de la
capitalisation. C'est ce que j'ai essayé d'indiquer dans le discours que
j'ai prononcé il y a deux semaines. Je souhaiterais que le
député de Johnson lise ce discours, même s'il a 20 ou 28
pages, je ne me souviens pas.
M. Bellemare (Johnson): C'est 31 pages. M. Berthiaume: 31
pages.
Le Président (M. Picard): Le député de
Chicoutimi.
M. Bédard (Chicoutimi): D'ailleurs, le ministre
desTransports, tout à l'heure, nous a dit que, devant l'urgence du
problème, il verrait à faire des représentations, puis
même à présenter au conseil des ministres
l'élaboration d'une politique énergique concernant ce
problème.
En ce qui regarde les cessions de compagnies de transport du
Québec à des compagnies étrangères on aura
sûrement l'occasion d'y revenir je voudrais, M. le
Président, avec votre permission, essayer d'attirer l'attention du
ministre sur un cas particulier, de plus en plus actuel suite au jugement dans
l'affaire Chalut Transport, soit la présence des compagnies de chemin de
fer dans l'industrie du camionnage.
Il me semble que le jugement on l'a vu tout à l'heure
est très clair. On sent que la commission regrette de ne pas
avoir les moyens légaux de pouvoir intervenir et, en même temps,
le tribunal spécifie très clairement que c'est faute de
juridiction qu'il n'intervient pas. Il reste quand même que la
présence des chemins de fer dans l'industrie du camionnage, c'est un
problème qui s'est posé ailleurs avant de se poser ici.
Il s'est posé aux Etats-Unis et on l'a réglé dans
le sens qu'ils sont contre. Ils ont une politique très claire de
non-intervention des compagnies de chemin de fer dans le camionnage. Cette
politique avait été, d'ailleurs, bien énoncée
à l'occasion d'une conférence qui avait été
présentée par M.M.C. Ja- mes McCormick, président sortant
de charge de l'American Trucking Association Inc., et président de
plusieurs autres compagnies. Il disait, entre autres: "Des compagnies de
camionnage appartenant aux chemins de fer et le manque de législation
sur les taux dans quelques-unes de vos provinces en parlant de nous
autres ce sont des choses contre lesquelles la plupart des transports
américains sont opposés à 100%."
Pour résumer, il donnait la raison suivante qui, selon lui, avait
motivé cette loi de non-interventionnisme de compagnies de chemin de fer
dans le transport, en disant: "Au moment de la mise en vigueur des
règlements sur les transports, les chemins de fer étaient
engagés dans une tyrannie économique. Personne ne les
empêchant, ils étaient capables de dicter leurs conditions au
public expéditeur. Tout ce qu'ils avaient à faire avec leur vaste
capital était de baisser leur taux à un tel point que la
compétition était impossible et, une fois la compétition
éliminée, aucun tarif n'était trop haut pour les
expéditeurs sans autres ressources."
Je pense que c'est fondamental de ce côté. C'est la base
fondamentale de leur objection à la présence des compagnies de
chemin de fer dans le domaine du transport. Egalement, au niveau du
Québec, il me semble qu'au moins dans l'esprit, sinon dans la lettre,
sinon dans la loi c'est clair que ce n'est pas dans la loi, avec le
jugement que j'ai cité tout à l'heure c'était quand
même assez clair que le gouvernement du Québec est opposé
à la présence des compagnies de chemin de fer dans le domaine du
transport.
Entre autres, cette intrusion avait déjà été
dénoncée, bien avant aujourd'hui. Je lisais une lettre que M.
Charland lui-même, au nom du ministère des Transports, faisait
parvenir, le 28 mai 1973, à M. Camille Archambault,
vice-président exécutif de l'association de camionnage du
Québec, où il disait: "Le ministre Bernard Pinard me prie
d'accuser réception de la vôtre du 10 courant, dans laquelle vous
attirez l'attention du ministère sur l'intrusion d'autres compagnies
exerçant d'autres modes de transport dans le transport routier.
Je dois donc vous rassurer sur une position ministérielle qui
demeure la même, à savoir la protection du transport
effectué par route au Québec pour l'assurer d'une position
concurrentielle continue vis-à-vis d'autres modes de transport dans
l'intérêt public.
Or, à partir du moment où les compagnies de transport ont
à subir la concurrence de compagnies telles que les chemins de fer, qui
jouissent de subventions spéciales, c'est clairqu'on n'arrivera pas
à d'autres résultats, à d'autres conclusions qu'à
celles où en sont arrivés les Etats-Unis, tel que l'a
exprimé tout à l'heure celui que je vous citais, M.
McCormick.
Egalement, on s'aperçoit que même dans la cause
elle-même de Chalut Transport via le Canadien National, deux procureurs
assez bien connus représentaient l'association des camionneurs du
Québec. C'était, entre autres, Me Alexandre Lesage. Un
représentant de l'Association du camionnage du Québec a mis en
garde le président de la commis-
sion, le juge Rolland Bouret, contre l'accord du permis
sollicité.
Il alléguait ceci: "Me Lesage a expliqué que la commission
commettrait un grave précédent en acquiesçant à la
demande de Chalut Transport, puisque ce serait la première fois qu'une
compagnie de chemin de fer obtiendrait le droit d'effectuer du transport
routier à l'intérieur même de la province de
Québec."
Jusqu'à maintenant, si ce n'était pas clair dans la loi,
c'était très clair, il me semble, dans l'esprit du gouvernement
lui-même. Plus que ça, si vous me permettez d'ajouter encore des
éléments qui montrent jusqu'à quel point pour le
Québec, c'était clair, ce point-là, comme politique
générale, devant la Commission royale des transports, en 1960, il
y a eu un mémoire du gouvernement de la province de Québec, qui
disait, entre autres: "L'opinion du gouvernement de la province de
Québec sur cette question est la suivante je ne vous lirai pas
l'ensemble du mémoire, mais des paragraphes suffisamment explicites pour
le sujet dont on parle, dont l'article 303: "Nous rappelons aux chemins de fer
que leur principale responsabilité à l'endroit du peuple
canadien, du point de vue historique, économique et social, est
d'organiser un système de transport ferroviaire efficace et
économique et non pas de se lancer dans l'industrie du camionnage. "Par
conséquent, nous voulons qu'ils ne touchent pas à l'industrie du
camionnage dans la province, sauf dans certains cas exceptionnels quand cela
leur est nécessaire pour remplir efficacement leur rôle comme
chemins de fer."
Il me semble que c'est clair comme politique. Egalement, le gouvernement
du Québec, dans son mémoire, disait clairement: "Le camionnage,
comme complément restreint à l'exploitation ferroviaire, ne doit
pas aller au-delà de la cueillette et de la livraison par les camions
qui appartiennent aux chemins de fer dans les centres métropolitains des
principales cités."
Cela est une politique qui est claire dans l'esprit et dans la lettre.
Il ne reste, après le jugement sur Chalut Transport, qu'à le
transposer, cet esprit, dans un texte légal clair, qui, s'il avait
existé, ce texte légal et clair, aurait probablement permis au
tribunal qui avait à juger de la cause de Chalut Transport de ne pas
permettre cette vente au Canadien National.
Ma question est la suivante: Est-ce que le gouvernement a l'intention de
donner suite à l'esprit qu'il semble avoir concernant cette question en
légiférant clairement pour qu'une situation comme celle qu'on a
regrettée ne se reproduise pas?
M. Berthiaume: Voici, M. le Président. Je croyais
tantôt avoir donné l'indication que, justement, nous oeuvrions
dans ce sens. Les propos qui sont tenus par le député de
Chicoutimi, de même que ceux qui sont tenus par le député
de Johnson correspondent à notre évaluation de la situation et je
pense qu'on se rencontre sur les grands objectifs.
Comme l'a expliqué le président de la Commission des
transports cet après-midi j'y fais allusion parce que je pense
que c'est important du temps de la régie des transports, la
régie faisait les politi- ques et la réglementation. A ce
moment-là, jusqu'à l'adoption de la loi 23, le gouvernement
n'avait aucun pouvoir d'agir dans ce domaine. Je dis ceci parce que le
député de Chicoutimi cite des textes qui remontent à 1960
et les gouvernements qui se sont succédé à travers ces
années, jusqu'à 1972, ne s'étaient pas donné le
pouvoir d'agir dans ce domaine.
M. Bédard (Chicoutimi): Me permettez-vous une petite
question là-dessus?
M. Berthiaume: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce que la loi, en 1960, sur
les transports...
M. Berthiaume: En 1960 ou en 1972? La Loi des transports?
M. Bédard (Chicoutimi): Oui.
M. Berthiaume: De 1972, oui. La loi 23, c'est en 1972.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce qu'elle n'a pas fait
disparaître l'ancienne loi où était contenu...
M. Berthiaume: Oui, j'allais...
M. Bédard (Chicoutimi): ... justement un texte juridique
qui aurait permis, peut-être, à la commission de ne pas rendre le
jugement qu'elle a été obligée de rendre?
M. Berthiaume: A ce moment, avant le 8 juillet 1972, qui est la
date de l'adoption de la Loi des transports, la régie faisait, comme je
vous le disais, les politiques et la réglementation. Le gouvernement
n'avait aucun moyen de communiquer par réglementation, verbalement ou
par écrit, aucun moyen de communication légal entre le
ministère des Transports du temps et la régie des transports.
Justement, le princi pe de la loi 23 était de donner au gouvernement le
pouvoir d'agir dans un domaine économique extrêmement
important.
M. Bédard (Chicoutimi): Pourquoi se l'est-il
enlevé?
M. Berthiaume: II ne se l'est pas enlevé. J y arrive. Nous
avons maintenant, à cause de la loi 23, ce pouvoir de
réglementation qui nous permettrait d'indiquer à la commission
dans quel cadre elle doit rendre ses décisions. C'est ce qu'on a
expliqué cet après-midi en parlant du taxi, en pariant du
camionnage en vrac, le règlement no 12 et le règlement no 6, le
transport scolaire et tout le reste. Toutes ces réglementations sont
quand même fort complexes. Depuis l'adoption de la loi 23, nos
fonctionnaires, nos spécialistes du domaine des transports ont
été en communication régulière avec l'Association
du camionnage, aussi bien que d'autres corps intéressés, pour
essayer de cerner le problème. Ce que je livrais il y a deux semaines
correspond à peu près à ces conclusions.
Quant au moment d'agir, au moment de développer cette
réglementation, nous avons formé un certain nombre de
comités, dont j'ai parlé tantôt, en association avec
l'industrie du camionnage, avec les chemins de fer, le conseil consultatif, qui
est saisi du problème. Nous attendons un peu ces entrées
d'information et d'opinions pour tenter de formuler une
réglementation.
Je tiens à dire qu'une réglementation dans le domaine du
camionnage, où il y a tellement de jurisprudence, est extrêmement
complexe. Autant le travail dans le domaine du taxi, du camionnage en vrac, du
transport scolaire et toutes ces autres choses était complexe, combien
plus complexe est le camionnage. Sur le plan économique global, $800
millions par année sont générés par l'industrie du
camionnage; on voit immédiatement l'impact. Alors non seulement c'est
complexe mais il faut agir avec une certaine prudence dans le contexte que je
disais tantôt, au point de vue des répercussions ou des
représailles qui pourraient venir.
Je cite cela comme exemple pour être prudent. Tout cela pour dire
que ce q ue le député de Johnson et le député de
Chicoutimi ont dit correspond pas mal à la réalité telle
que nous la percevons et nous sommes à préparer ces choses. Je
n'ose même pas dire combien de temps cela pourrait prendre.
M. Bédard (Chicoutimi): Comme cela peut quand même
prendre un certain temps, est-ce que...
M. Berthlaume: Juste pour terminer, comme l'a indiqué le
ministre des Transports, il veut présenter un embryon de
réglementation pour au moins ouvrir la porte, mettre le pied dans la
porte dès 1975 et dans les prochains mois. C'est une première
étape. Il ne faudrait pas croire que ceci sera un règlement
définitif du problème parcequ'il faut aller beaucoup plus loin
que ce qu'on pourrait présenter dans un mois ou deux. Voilà
où nous en sommes, M. le Président.
M. Bédard (Chlcoutimi): D'accord. Je pense que vous avez
bien résumé les démarches du gouvernement jusqu'à
maintenant mais pratiquement, devant le jugement de Chalut Transport, qui
représente la première intrusion des chemins de fer du Canadian
national dans le domaine du camionnage...
M. Berthiaume: Ce n'est pas la première mais... M.
Bédard (Chicoutimi): Dans le Québec. M. Mailloux:
Husband Transport. M. Berthiaume: Husband Transport et...
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord, il y a Husband.
M. Berthiaume: ... et Smith Transport.
M. Mailloux: Smith Transport par CP et Husband par CN.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord.
Comme il semble qu'on est sur la même longueur d'ondes, concernant
les intentions gouvernementales et les idées que nous exprimons, est-ce
que, du point de vue pratique, ça pourrait aller jusqu'à la
possibilité d'une loi spéciale pour ne pas permettre que cette
vente-là se fasse, étant donné que la
réglementation peut quand même prendre encore pas mal de
temps?
M. Berthiaume: La vente de Chalut? Pas pour le moment. Nous ne
songeons pas à une action semblable, sans l'exclure
catégoriquement. Nos intentions seraient beaucoup plus de
préparer une réglementation qui ne demande pas de
législation directe mais plutôt de la législation
déléguée pour protéger la situation contre d'autres
intrusions semblables.
M. Bellemare (Johnson): II n'y aurait pas possibilité que
la Commission des transports, quand une vente est pour se faire, puisse
déléguer un quorum de trois pour voir toutes les implications
économiques, sociales et surtout patriotiques, notre patrimoine, et
vider la question?
M. Berthiaume: Je retiens la suggestion, je crois que
c'est...
M. Bellemare (Johnson): Je pense que si vous aviez un quorum de
trois, désigné par la Commission de transport que le
gouvernement ne s'en mêle pas, mais que la Commission de transport
puisse...
M. Berthiaume: ... dans une réglementation qu'on
pourrait...
M. Bellemare (Johnson): Par une réglementation qui
pourrait être à la base de cette hémorragie qui s'en va de
47% à 53%. Est-ce qu'il n'y aurait pas possibilité qu'un quorum
de trois, de la Commission de transport, soit assigné pour
étudier ces cas, et eux prendront la décision. Un quorum de trois
parce qu'ils sont huit; il y a trois juges, il pourrait y avoir un juge et deux
assesseurs.
M. Berthiaume: II y a quatre juges et huit commissaires.
M. Bellemare (Johnson): Oui, il y a quatre juges avec le
président. Mais à ce moment-là le lobbying qui peut se
faire auprès du ministre, même avec la meilleure
réglementation, serait terrible à porter au point de vue de
responsabilité de décision, tandis que s'il est
éliminé à la base par un quorum de trois, qui serait
formé par la Commission des transports, qui étudierait tout ce
qu'il y a dans ce...
M. Berthiaume: J'aimerais apporter une rectification, M. le
Président. Le ministère n'est pas impliqué par la voie de
sa réglementation. Il n'y a pas de "lobbying" qui se fait au niveau
du...
M. Bellemare (Johnson): Non, écoutez, c'était
hypothétique. Si le ministère décidait un jour de
faire une réglementation pour empêcher ces ventes
vous dites que c'est à l'étude actuellement une
réglementation pour trouver des points de départ pour
empêcher ces ventes.
M. Berthlaume: Oui, d'accord.
M. Bellemare (Johnson): Je ne parle pas d'aller au gouvernement,
mais si la réglementation était faite dans le sens que ce ne soit
pas le gouvernement qui ait à décider mais la Commission de
transport, par un quorum de trois luges, et définir la véritable
position que doivent prendre et celui qui veut acheter et celui qui veut
vendre.
J'ai d'autres questions, je n'en ai pas beaucoup.
M. Bédard (Chicoutimi): Seulement sur ce point-là,
ce sera ma dernière.
M. Bellemare (Johnson): Oui, allez.
M. Bédard (Chicoutimi): Le même point que le
député de Johnson, face à la décision rendue pour
Chalut Transport, est-ce qu'il y a la possibilité légale pour le
ministre d'intervenir?
M. Berthlaume: Sur une décision?
M. Bédard (Chicoutimi): Sur cette décision.
M. Berthlaume: En appel?
M. Bédard (Chicoutimi): Oui.
M. Berthlaume: Je vais être précis. A ma
connaissance, les seuls cas où le ministère est présent
dans les causes c'est où le gouvernement a des déboursés
qui peuvent être associés au jugement. Je prends un exemple. Dans
les causes de transport scolaire, le ministère des Transports peut
être un des intervenants pour faire état du bilan du transporteur
scolaire, eu égard aux normes que nous avons établies pour les
soumissions. Hors ça, et M. Charland me corrigera si j'ai tort, nous
n'avons aucun pouvoir d'intervention au niveau de la commission sauf par la
voie des règlements.
M. Bédard (Chicoutimi): Maintenant, est-ce qu'il y a
possibilité...
M. Berthiaume: Sur un jugement rendu par la commission, le
ministère peut en appeler sur des questions de droit.
M. Bédard (Chicoutimi): Seulement sur des questions de
droit. Maintenant, le ministère ne peut intervenirque sur une question
de droit; est-ce que les parties déjà...
M. Berthiaume: Au tribunal, pas à la commission ; à
la commission, c'est sur une question de fait.
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord. Non, non, je
comprends.
M. Berthiaume: Dans le transport scolaire que je décrivais
là, c'est cela.
M. Bédard (Chicoutimi): C'est ce que je voulais dire.
Maintenant, les parties requérantes qui sont concernées, est-ce
qu'elles ont un droit d'appel?
M. Berthiaume: Sur des questions de droit. M. Bédard
(Chicoutimi): Le même droit? M. Berthiaume: Oui, c'est dans la
loi 23.
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre intervenant ou encore,
indirectement, les requérants déjà concernés par ce
jugement décidant d'intervenir en appel sur des questions de droit,
est-ce que ceci pourrait avoir pour effet d'obtenir un délai tel que
cela permettrait au gouvernement de faire adopter la réglementation que
nous a annoncée le ministre pour 1975?
M. Berthlaume: Le député de Chicoutimi est avocat;
moi, je ne le suis pas. J'ai l'impression...
M. Bédard (Chicoutimi): Même étant
avocat...
M. Berthiaume: ... qu'il y a quelque chose de croche dans la loi,
si on met cela comme cela. Mais c'est juste une impression.
M. Bédard (Chicoutimi): Cela me fait plaisir que vous le
disiez avec le sourire. Il reste une chose, on parle tellement des
délais en cours, comme on est face...
M. Berthiaume: C'est rétroactif. Une loi ou un
règlement serait rétroactif...
M. Bédard (Chicoutimi): D'accord, cela peut être
rétroactif; ce ne serait pas la première fois.
M. Berthiaume: Non, non.
M. Bédard (Chicoutimi): La seule chose, je me
demandais...
M. Berthlaume: La plupart des avocats me disent que ce sont des
procéd ures très très très exceptionnelles.
M. Bédard (Chicoutimi): Ce sont des procédures
qu'on appelle, du point de vue légal, dilatoires, dans le sens je
vois que le sous-ministre est d'accord avec moi qu'on essaie d'obtenir
un délai.
M. Berthlaume: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi): Alors, c'est sous cet
aspect-là que je le vois.
M. Berthiaume: Je comprends la stratégie. M.
Bédard (Chicoutimi): Bon. Si on réussit à
obtenir un délai et que ce délai nous permet de faire
adopter une réglementation qui règle la situation, à ce
moment-là, je pense que cela devrait être envisagé par le
gouvernement, soit directement par le ministre des Transports ou indirectement
par les parties requérantes décidant de se prévaloir du
droit.
M. Berthiaume: Je suis bien mal placé pour me prononcer
là-dessus. Tout ce que je puis dire, c'est que les fois où, pour
une raison ou une autre, nous avons voulu faire adopter une
réglementation qui aurait un effet rétroactif, tous ceux qui sont
juristes, que ce soit au niveau du Conseil exécutif, du comité de
législation, même dans notre ministère, les bras leur
lèvent et ils disent: Ne faites pas cela, vous ne pouvez pas faire cela.
Vous pouvez, mais il ne faut pas.
Alors, cela me semble très délicat; c'est pour cela
que...
M. Bédard (Chicoutimi): J'ai tenu à l'expliciter
pour que le ministre se rende compte qu'il n'y avait rien de croche
là-dedans.
M. Berthiaume: Le mot était mal choisi.
M. Bellemare (Johnson): Alors, messieurs, est-ce qu'on peut
terminer en demandant au ministère si, dans les associations qui font
partie du conseil consultatif... Combien est-ce? 2 à 1? Ah! les
Nordiques, ce n'est pas cela. C'est l'autre, 2 à 0 pour Canadiens.
M. Bédard (Montmorency): Vous voyez comment c'est? Les
intérêts québécois...
M. Bellemare (Johnson): Non, mais écoutez, je n'ai pas
suivi les Nordiques.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous n'auriez jamais dû dire
cela des Nordiques devant le député de Montmorency.
Le Président (M. Picard): A l'ordre, messieurs! Est-ce
qu'il y a d'autres questions à l'élément 3?
M. Bellemare (Johnson): J'en ai, j'y arrive.
Le Président (M. Picard): Le député de
Johnson.
M. Bellemare (Johnson): La révision en profondeur de la
réglementation sur le camionnage en vrac, particulièrement le
règlement no 12, est-ce que cela fait partie de vos occupations, M. le
ministre, par votre directeur général? Est-ce que la commission
parlementaire va avoir à siéger sur le nouveau règlement
no 12? Oui, très prochainement?
M. Mailloux: J'espère que cela pourra se faire d'ici la
fin de mai ou le début de juin. Mais il y aurait urgence.
M. Bellemare (Johnson): Croyez-vous que les camionneurs artisans
ont raison de s'inquiéter de la disparition de certains de leurs droits
acquis?
M. Mailloux: Non. Voici, cela pourrait peut-être
compléter la déclaration que j'ai faite dans les premières
heures de la commission.
M. Bellemare (Johnson): Je vais finir le programme 2; c'est bien
facile. Je répète la même chose que cet après-midi,
c'est 75-25.
M. Mailloux: Oui.
M. Bellemare (Johnson): Et les camionneurs artisans ont droit
à 75% du volume des entreprises gouvernementales et privées dans
tous les contrats?
M. Mailloux: Dans les contrats, ils ont effectivement droit
à 75% du tonnage à transporter au-dessus de la ligne
d'infrastructure.
J'avais dit l'autre jour que sur les travaux d'entretien, sur les
travaux en régie du ministère, c'est 100% par les artisans.
Sur les travaux faits par des ministères comme les Richesses
naturelles, les Terres et Forêts, l'Agriculture, c'est 100%, parce que
c'est presque toujours des travaux d'entretien ou des travaux en régie.
On avait dit également qu'on avait accordé la totalité du
transport de sel en période d'automne et d'hiver. Il y avait
également la clause 75-25, qui les protégeait pour les contrats
d'asphalte. Si j'ai retiré cette clause, c'est qu'après une
analyse de la mésentente qui a persisté pendant deux ans,
où les deux parties étaient un peu responsables de la situation,
l'entrepreneur d'asphalte demandant trop de camions et le camionneur ne gagnant
pas sa vie, ou vice versa, les camionneurs refusaient de se rapporter. Donc,
personne ne semblait y trouver son compte et je trouvais anormal qu'on laisse
les deux parties dans une situation aussi difficile que celle-là. On a
retiré la clause, mais, par contre, les officiers, M. Blais en
tête, ont invite tous les entrepreneurs d'asphalte, dans les 24 heures
qui ont suivi la rencontre qu'on avait eue récemment avec l'ANCAl,
à ne pas acheter de camions. Après avoir fait l'inventaire,
à la demande des entreprises d'asphalte qui sont une centaine à
Québec, on a eu l'assurance qu'il y avait moins de quinze camions
d'achetés.
Ce sont sûrement les mêmes qui pourront faire le travail
dans des conditions meilleures.
M. Bellemare (Johnson): II y a un autre article dans cette
réglementation no 12 qui fait un peu peur à ces camionneurs
artisans. C'est qu'ils ont à constater souvent qu'un entrepreneur arrive
dans un comté qui leur est complètement étranger, avec une
flotte de camions qui sont souvent à leur nom mais qui, indirectement,
appartiennent à d'autres, à des substituts.
Est-ce qu'il n'y aurait pas moyen, dans cette ordonnance, d'avoir une
limite permissive? Par exemple, pour un contrat de $1 million, là
où sont nécessités quinze camions, qu'au moins la
moitié, 50%, soient des locaux, des gens du comté, de la
région qui travaillent là plutôt que des gens qui
viendraient d'ailleurs.
C'est ce qui amène les troubles actuellement.
M. Mailloux: Cela ne se produit pas, actuellement, parce qu'il
peut y avoir une anomalie ou une plainte peut être formulée au
ministère, à l'effet qu'un entrepreneur, au lieu de garder
seulement 25% de la clause qui lui appartient, veuille dépasser les 25%.
Mais, immédiatement, le ministère va y mettre ordre, parce qu'on
a quand même la facturation, nous, du tonnage qui au-delà de la
ligne d'infrastructure, doit être laissée pour 25% à
l'entrepreneur et 75%...
M. Bellemare (Johnson): M. le Président, vous avez assez
d'expérience pour savoir qu'il y a de faux noms.
M. Mailloux: Je peux vous dire...
M. Bellemare (Johnson): II y a des prête-noms.
M. Mailloux:... que les plaintesdont vous parlez actuellement ont
été très rares, depuis que la clause a été
accordée à l'ANCAI. Mon directeur du transport a fait
enquête dans tous les cas et, normalement, il y a eu satisfaction, les
anomalies ont été très rares.
M. Bellemare (Johnson): Maintenant, dans la pratique
normale...
M. Mailloux: Ce que je voulais ajouter tantôt, si vous me
le permettez, c'est que devant la crainte qui s'est manifestée quand on
a soulevé la clause 75-25 sur l'asphalte, devant le danger qui semble
menaçant à l'effet qu'on enlève également cette
clause sur les agrégats, je dis qu'il n'en est pas question. Je pense
qu'on doit quand même convenir qu'il y a eu la paix dans la province
auprès des artisans, et les autres clauses de protection qui leursont
accordées vont demeurer, à mon sens.
M. Bellemare (Johnson): Dans le passé, le gouvernement du
Québec a toujours permis aux camionneurs d'excéder leurs charges
maximales de 10% en moyenne.
M. Mailloux: Pardon?
M. Bellemare (Johnson): Dans le passé, le gouvernement du
Québec a toujours permis que les camionneurs artisans puissent
dépasser la limite de la charge de 10%.
M. Mailloux: Oui.
M. Bellemare (Johnson): Je pense que c'est ce qu'on a
appelé une espèce de tolérance de 10%.
M. Mailloux: Non.
M. Bellemare (Johnson): Ecoutez, juste un instant. Vous l'avez
enlevé. Vous les avez laissés der- nièrement pour le
transport du bois, ces 10%, mais est-ce qu'ils vont revenir, dans la pratique
courante, pour les autres?
M. Mailloux: II y avait d'abord le moratoire qui a
été adopté il y a au-delà de deux années,
où on avait dit que pour le transport des matières
premières qui venaient de la forêt, ainsi que le minerai, on
accordait, à la première année, une surcharge de 20% plus
1,000 livres par essieu qui étaient tolérées et, dans la
seconde année, 10%, qui devaient disparaître le 1er mars.
M. Bellemare (Johnson): 1974?
M. Mailloux: Le 1er mars 1975, cela disparaissait
complètement. Dans les jours qui ont précédé le 1er
mars, j'ai fait accepter, par le conseil des ministres, un premier
arrêté en conseil où il était dit que sur la charge
axiale on consentirait une augmentation de 10%, plus les 1,000 livres par
essieu qui demeuraient également.
M. Bellemare (Johnson): Pour tous les minéraux et tout le
bois?
M. Mallloux: Pour les deux que j'ai mentionnés
tantôt, le minerai et le bois. Par contre, il y a eu des discussions qui
se sont poursuivies et qui sont venues un peu sur la place publique. J'ai
toujours prétendu qu'il était un peu difficile, pour certains
types de camion, de respecter une charge axiale alors que les chemins
forestiers ne sont pas faits selon les critères modernes de
construction. On va vous présenter, je pense, dans les jours suivants en
Chambre, une réglementation dont j'ai parlée, une
réglementation mineure, un amendement au code de la route, dans lequel
probablement, pour les camions qui ne dépassent pas trois essieux,
disparaîtra la charge axiale; par contre, on donnera, pour le bois mou,
une hauteur à respecter, suivant telle grosseur de camion, et, pour le
bois franc, une autre limite à ne pas dépasser en hauteur.
Par contre, sur les trains dont j'ai parlé...
M. Bellemare (Johnson): Sans limites au point de vue de la charge
axiale?
M. Mailloux: On ne parlera pas de charge axiale, on parlera d'une
hauteur à ne pas dépasser, ce qui sera assez facile à
comprendre pour des gens qui n'ont pas les outils nécessaires pour
pouvoir...
M. Bellemare (Johnson): Remonter.
M. Mailloux: ... respecter une charge qu'ils ne connaissent pas.
Seulement pour le bois et non pas pour le minerai. L'amendement devrait
être apporté d'ici dix jours en Chambre, avant la fin de la
période de dégel, afin de tâcher de donner une
réglementation facile à comprendre.
M. Bédard (Chicoutimi): Le ministre est fidèle
à la promesse qu'il avait faite en Chambre lorsque des questions avaient
été posées sur ce plan.
Une Voix: II est toujours fidèle.
M. Mailloux: Oui, je pense que c'est un voeu auquel on doit
souscrire.
M. Bédard (Chicoutimi): Vous aviez parlé d'un
avenir très rapproché.
M. Mailloux: II y a la question des amendes...
M. Bédard (Chicoutimi): J'ai l'impression que c'est
imminent.
M. Mailloux:... dont on va parler également. Ce sera
rétroactif, pour une fois, mais on va essayer d'apporter un
adoucissement parce que dans la philosophie qui nous animait, dans le cas des
amendes, on avait peut-être dépassé un peu...
M. Bédard (Chicoutimi): Cela devenait excessif.
M. Mailloux: Je pense que l'amende dépassait un peu la
gravité des délits. C'était un peu excessif. De toute
façon, on en reparlera en Chambre.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce que la politique de subventions,
pour venir en aide immédiatement à l'association des camionneurs,
surtout de la région de Montréal, a eu des résultats ou
s'il y aura des résultats? Le fonds de dépannage, par
exemple.
M. Mailloux: C'est pour cela que j'ai démenti, cet
après-midi, ce qui a paru dans le journal. Quand ils sont venus nous
rencontrer, M. Raymond, qui était le président à ce
moment-là, M. Dulude, qui l'accompagnait et quelques autres, ils avaient
demandé un fonds de dépannage parlant de leur famille, qu'il y
avait même un camion en partie dû à la finance et qu'il
fallait un fonds de dépannage. On l'a plaidé auprès du
bien-être social ; ils ne répondaient pas aux exigences de la loi
du bien-être social ; alors, ils n'avaient pas de fonds de
dépannage et ils en ont été avertis. On a fait, ce que
j'ai dit cet après-midi, une tentative auprès des compagnies de
finance pour qu'elles retardent l'échéance des paiements,
qu'elles les prolongent à la fin de la course.
On a privilégié un contrat, on a dit au contrac-teur que
d'aucune façon il ne pourrait transporter des matières en vrac,
que ce serait donné à 100% à des artisans de la
région de Montréal, qui n'est pas l'ANCAl, d'autres artisans
venant de l'ANCAl ou d'autres, sauf s'ils ne se rencontrent pas sur les travaux
en nombre suffisant. A ce moment, il faudrait les remplacer.
On est intervenu auprès du COJO de manière que le COJO les
favorise davantage.
M. Bellemare (Johnson): Est-ce qu'à la baie James la
même politique s'applique, actuellement?
M. Mailloux: Ils ont été extrêmement
favorisés à la baie James, puisque sans aucun avis, il y a eu des
rencontres peut-être au début avec la Société de la
baie James, ils ont regardé la formule qu'on employait avec les artisans
et ils l'ont à peu près appli- quée. On me disait,
récemment, celui qui représente la région de l'Abitibi,
qu'ils ont même manqué de camions, un certain temps.
M. Bellemare (Johnson): Ils manquent de camions parce qu'il y a
des gens qui exercent un contrôle qui n'est pas sain pour la
construction, actuellement.
M. Mailloux: Non, c'est parce que...
M. Bellemare (Johnson): II y a eu plusieurs offres de camionnage
et il fallait qu'ils aient tout un curriculum vitae pour entrer sur les travaux
de la baie James.
M. Mailloux: M. Genèse...
M. Bellemare (Johnson): J'ai eu une lettre d'un certain
monsieur...
M. Mailloux: Non, non. M. le Président, je suis
obligé de vous contredire. Selon les informations qui m'ont
été données par M. Genèse, qui est le
représentant de l'ANCAl dans la région de l'Abitibi, le
Nord-Ouest québécois, l'an passé, il avait même
manqué de camions dans les derniers jours de l'automne. Il y a eu
quelques problèmes pour des entrepreneurs en particulier, pas sur des
lettres, sur des entrepreneurs qui ne voulaient, d'aucune façon, faire
affaires avec les artisans. Mais les artisans avaient tellement de demandes de
travail avec des entrepreneurs avec lesquels ils s'entendaient très bien
que M. Genèse m'a dit: Pas intéressés à ces
trouble-fêtes; nous autres, on touche pas à cela. Mais, je n'ai
jamais eu une plainte de l'ANCAl à l'effet que cela prenait une lettre
de recommandation pour ces choses. Moi-même, je ne l'ai pas fait et je
sais que personne ne l'a fait non plus.
M. Bellemare (Johnson): On est venu m'en demander à moi et
j'ai dit: Je ne suis pas intéressé à en donner à
qui que ce soit.
M. Mailloux: Parce que des gens s'imaginent que pour entrer
là-bas, ça prend une lettre de recommandation.
M. Bellemare (Johnson): II vient de voir les autorités
à Montréal, il revient à mon bureau et il me dit:
Monsieur, moi j'ai une lettre ici dans mon dossier qui me dit: Allez voir votre
député. Le député c'est moi. Le gars vient avec la
lettre, puis il dit: Ecoutez, si vous me donnez une lettre... J'ai dit: Je n'en
donne pas, de lettre. Et je ne lui en ai jamais donné de ma vie. Je n'en
donnerai pas aujourd'hui. Je défie qui que ce soit de me trouver une
lettre qui traîne depuis trente ans, il n'y en a pas. C'est mauvais,
c'est archimauvais. J'ai dit: Je suis bien prêt à faire un
téléphone, si c'est nécessaire, pour vous dépanner,
mais des lettres, je n'en donne pas. Je n'en ai jamais donné dans trente
ans de vie publique et je n'en donnerai pas.
M. Mailloux: M. le Président...
M. Bellemare (Johnson): Pas même une recommandation pour
avoir une servante.
M. Mailloux: Je suis obligé d'affirmer, M. le
Président...
M. Bellemare (Johnson): Jamais, jamais.
M. Mailloux: M. le Président, je suis obligé
d'affirmer que tous les camions qui sont entrés sur les chantiers de la
baie James pour l'ANCAl ont été recommandés à 100%
par une seule organisation qui s'appelle le bureau de l'ANCAl. Cela on peut le
confirmer, si vous voulez, demain, avec le bureau de l'ANCAl. Il n'y a eu
aucune interférence. J'ai même demandé, il y a quelques
jours, si, d'aussi loin que Charlevoix, des gens qui étaient sans
ouvrage auraient pu être appelés là-bas. On m'a dit
qu'effectivement l'ANCAl en avait recommandé trois ou quatre qui avaient
des camions assez bien équipés pour aller là-bas, mais que
par contre, ils constataient qu'en dehors du Nord-Ouest
québécois, les gens y allaient quelques semaines, une
période pas tellement longue, maiss'en retournaientàcaused'ennui
et ces choses.
Mais quand on m'a dit que des camionneurs du Nord-Ouest
québécois avaient gagné jusqu'à $95,000 dans
l'année, je pense qu'ils sont assez bien servis. De toute façon,
M. Genèse, qui était un des principaux artisans de la
réclamation pour ouvrir un secteur privilégié en
forêt, n'en a pas parlé du tout, parce que les camions du
Nord-Ouest québécois n'ont pas à parler de la forêt;
ils sont gravés à outrance.
M. Bellemare (Johnson): Si je nommais le monsieur...
M. Bédard (Chicoutimi): Si vous me permettez, M. le
député, concernant la forêt...
M. Mailloux: J'aimerais savoir d'où est venue une telle
plainte, parce que je la ferais vérifier par l'ANCAl, qui est la seule
autorité sur les chantiers là-bas pour les camionneurs
artisans.
M. Bellemare (Johnson): Cela ne vient pas de l'ANCAl; cela vient
d'un bureau de Montréal.
M. Mailloux: D'aucune façon parce que je pense que ce que
je dis là cela peut être confirmé par l'ANCAl qui est celle
qui dirige les camions.
M. Bellemare (Johnson): Le ministre nous assure que quelqu'un,
qui voudrait travailler, avec un camion, peut s'adresser à l'ANCAl et,
sans aucune recommandation, il aura sa chance, s'il y a du travail.
M. Mailloux: Pour autant que le camionneur, qui vient d'une autre
région que le Nord-Ouest québécois, aura un permis additif
de la commission...
M. Bellemare (Johnson): Ah oui!
M. Mailloux: ... lui permettant d'aller là-bas.
M. Bellemare (Johnson): Ah oui!
M. Mailloux: Pour cela, c'est l'ANCAl qui fait le
nécessaire pour demander les permis additifs pour telle ou telle
région où il y a des camions qui sont en disponibilité et
sans ouvrage.
M. Bellemare (Johnson): Quand il y a 2,000 cas en retard et qu'il
y en a deux autres mille...
M. Mailloux: Bien oui, il y en a qui sont quand même
disponibles dans le Québec. Alors, ils doivent s'adresser à
l'ANCAl qui fait la demande dans de telles régions. Mais, en aucune
façon, ce n'est le bureau du ministre, ses assistants ou d'autres; je ne
me suis jamais occupé d'un seul cas.
M. Bellemare (Johnson): Si c'était un autre ministre qui
le disait, je ne le croirais pas.
M. Mailloux: Bien, cela peut quand même être
vérifié par l'ANCAl.
M. Bellemare (Johnson): Si la vérité était
en danger, ce n'est pas dans la bouche du ministre Forget qu'elle pourrait
trouver un refuge.
M. Bédard (Chicoutimi): Je vais laisser continuer le
député de Johnson.
M. Mailloux: Mais la plainte que fait le député de
Johnson vient peut-être de ceux qui sont comme entrepreneurs.
Ceux-là, l'ANCAl ne s'en occupe pas. Elle s'occupe des artisans
seulement.
M. Bellemare (Johnson): C'est un arrogant.
M. Mailloux: Est-ce qu'il y a des plaintes qui sont venues
à vos oreilles, vous, du Parti québécois, à l'effet
que des gens étaient brimés?
M. Bédard (Chicoutimi): Je dois vous dire non. M.
Mailloux: II n'en est pas venu chez nous.
M. Bédard (Chicoutimi): Nous avons eu d'ailleurs
l'occasion de les rencontrer, entre autres le ministre se le rappelle
lorsqu'il y avait eu une invasion j'emploie ce terme
pacifique de l'Assemblée nationale, lorsqu'ils demandaient...
M. Mailloux: Une protection.
M. Bédard (Chicoutimi):... une certaine protection, oui,
concernant le secteur de la forêt.
Est-ce que je dois comprendre, d'après ce que nous a dit le
ministre tout à l'heure, que les demandes, qui étaient faites
lorsqu'il y a eu cette présence des camionneurs de l'ANCAl au Parlement,
n'ont pas été renouvelées?
M. Mailloux: C'est-à-dire la demande pour ouvrir un
secteur privilégié dans le bois?
M. Bédard (Chicoutimi): Oui.
M. Mallloux: Bien oui. Elle était à
l'intérieur de l'ultimatum qui a été lancé
récemment, à l'effet que l'ANCAl demandait qu'on ajoute aux
clauses de protection qu'elle avait déjà la clause de protection
sur un secteur de la forêt. Il ne m'appartient pas, pour un
ministère où je n'ai aucun ordre à donner, d'intervenir
là-dedans. Mais je pense que l'ANCAl avait dit dans son document qu'elle
transportait déjà 80% des matières dans la
forêt.
Alors, je me demande pourquoi ils réclament une protection qui
leur est déjà donnée avec le service qu'ils peuvent offrir
aux compagnies forestières.
M. Bédard (Chicoutimi): Est-ce qu'à ce
moment-là, les camionneurs en vrac n'avaient pas laissé voir
qu'ils étaient placés dans une situation défavorable par
rapport aux entrepreneurs eux-mêmes, pas tellement par rapport au
fait...
M. Mailloux: Dans le domaine de la forêt?
M. Bédard (Chicoutimi): Oui.
M. Mailloux: C'est-à-dire qu'il y a eu...
M. Bédard (Chicoutimi): Non pas tellement par rapport au
fait qu'ils n'avaient pas une protection assurée concernant ce
marché.
M. Mallloux: L'ANCAl a demandé une enquête sur les
pratiques connues dans le transport du bois. Elle avait demandé que cela
s'étende plus loin si vous voulez. J'ai recommandé à mon
collègue qu'il consente une telle enquête, qui a été
autorisée, qui sera sous la direction, je pense, de M. Frigon, du
Conseil exécutif, et d'autres personnes vont être nommées
avec un mandat de faire rapport dans trois ou quatre mois.
On constate que d'une compagnie forestière à l'autre, avec
le même équipement, il ya des mesurages différents, toutes
sortes de tractations. Je pense que cela mérite d'être
vérifié pour que les camionneurs ne transportent pas des
matières pour lesquelles ils ne seraient pas payés ou seraient
payés différemment.
L'enquête a été accordée et je pense que dans
cette période, nous aurons les résultats.
L'ANCAl, lors de son ultimatum, se plaignait principalement des lenteurs
administratives de la commission dont le juge a parlé cet
après-midi. Elle avait d'autres revendications mais elle demandait un
secteur privilégié en forêt. J'ai déjà dit
moi-même que comme il y a quand même, plus de camions,
peut-être pas plus de propriétaires mais plus de camions qui n'ont
aucune clause de protection, ceux-là méritaient de vivre
également. C'est la qualité du service qui fait qu'une
association ou l'autre peut oeuvrer en forêt.
Chez nous, dans Charlevoix, il y a 225,000 cordes de bois à
transporter pour la compagnie Dono-hue. C'est l'ANCAl qui réussit
à prendre le contrat en offrant un service meilleur que d'autres. Dans
un autre territoire, elle a des difficultés. Elle ne peut pas se placer
parce que d'autres entrepreneurs réussis- sent à offrir
possiblement un meilleur service ou des meilleures conditions. Mais ce sont la
qualité et le service qui...
M. Bédard (Chicoutimi): Une chose est certaine. Sur les
lenteurs de la Commission des transports, elle avait sûrement raison.
M. Mailloux: Et le président de la commission l'a
reçue aimablement. Il lui a dit qu'il ferait l'impossible pour
tâcher d'éliminer une partie des lenteurs administratives et qu'il
demanderait également certaines modifications des règlements pour
tâcher d'éliminer une partie des délais.
M. Bédard (Montmorency): Adopté.
M. Bédard (Chicoutimi): M. le Président, je n'ai
pas d'autres questions à l'élément 3, à la
condition, par exemple, que le ministre m'assure que concernant le
contrôle du transport maritime, on pourra en discuter...
M. Mailloux: Oui.
M. Bédard (Chicoutimi):... au programme 6, qui traite
généralement du transport maritime.
M. Mailloux: Aucun problème quant à moi.
Je voudrais demander au député de Johnson s'il a une
plainte qui lui est parvenue à son bureau relativement à
quelqu'un qui aurait été empêché d'entrer
là-bas. Je voudrais que mon service puisse vérifier d'où
est venue la plainte et de quelle façon on pourrait y remédier,
s'il est possible d'y remédier. Je ne connais pas le type de camionneur.
M. Normand pourrait sûrement...
M. Bellemare (Johnson): Maintenant je le connais. M. le
Président, il y a juste une question que je voudrais poser sur le
chiffre de Communications, 3, $210,900. En 1974/75 il y avait $210,900 pour
Services; ah oui, on prévoyait $120,000 l'année passée. Il
y a une augmentation de $80,000 pour les services professionnels et
administratifs. Je voudrais bien qu'on me donne des explications sur ça,
services, 4.
M. Mailloux: Les services professionnels sont confiés
à l'entreprise privée pour des...
M. Bellemare (Johnson): Des études, c'est sûr.
M. Mailloux: Non, pas nécessairement des études,
aussi des contrôles de charges qui sont confiées...
M. Bellemare (Johnson): Des contrôles de quoi?
M. Mailloux: Des inspecteurs de l'entreprise privée sont
engagés dans certains bureaux régionaux pour pallier le manque de
postes qui ne sont pas comblés au ministère au niveau des
inspecteurs pour le contrôle des charges.
M. Bellemare (Johnson): C'est ce qui produit
une augmentation de près de $100,000, seulement à cet
élément-là?
M. Mailloux: Oui. avec $100,000 on ne peut pas engager tellement
de nouveaux inspecteurs.
M. Bellemare (Johnson): Non, c'est $210,000 cette année;
l'année passée c'était $120,000.
M. Mailloux: Les autres $100,000, ce sont pour des études
sur le contrôle des charges. Est-ce à dire que
l'élément 3...
M. Bédard (Chicoutimi): Avec la réserve que je
faisais tout à l'heure, d'accord.
Le Président (M. Picard): Elément 3,
adopté.
M. Mailloux: II restera la sécurité
routière, à discuter.
Si vous me dites qu'on reviendra au transport maritime, au programme
6...
M. Bellemare (Johnson): 6.
M. Mailloux: ...je ne retiendrais pas les fonctionnaires.
Sécurité routière, demain midi.
M. Bellemare (Johnson): Demain midi?
M. Mailloux: A onze heures, est-ce que ça irait?
M. Bellamare (Johnson): Oui.
M. Mailloux: Construction par la suite.
M. Bédard (Chicoutimi): On continuerait la
construction.
M. Mailloux: On pourrait terminer la sécurité
routière demain matin.
M. Bellemare (Johnson): Tâchez de vous amuser sur la
sécurité routière demain, je n'y serai pas. J'ai
hâte de revenir sur la construction.
Le Président (M. Picard): La commission ajourne ses
travaux sine die.
(Fin de la séance à 22 h 1)