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(Seize heures quarante-six minutes)
Le Président (M. Fallu): À l'ordre, s'il vous
plaît! Nous avons reçu le mandat, cette fois non pas de
l'Assemblée nationale directement, mais indirectement par le biais de la
commission parlementaire de l'aménagement et des équipements, de
siéger en sous-commission, ce qui nous amènera donc à
faire rapport, en fin de journée ou demain, à la commission de
l'aménagement et des équipements qui, elle, fera rapport à
l'Assemblée nationale de nos travaux.
Vous me permettez, au départ, de lire le mandat qui nous a
été confié par la commission de l'aménagement et
des équipements. Conformément à l'article 146 des
règles de procédure, il a donc été proposé
que la commission de l'aménagement et des équipements fasse
exécuter le mandat qu'elle a reçu de l'Assemblée nationale
d'étudier les projets de loi d'intérêt privé 200 et
255, en conformité avec l'article 259 de nos règles, par une
sous-commission formée de trois membres, soit MM. Marcoux (Rimouski),
Saintonge (Laprairie) et Fallu (Groulx). Il était également
proposé que cette sous-commission soit présidée par le
président de la commission, Élie Fallu, et que M. Donald
Chouinard en soit le secrétaire. La commission allègue
également qu'il est entendu que le proposeur de chaque projet de loi est
membre de cette sous-commission pour la durée de l'étude du
projet de loi qui le concerne.
Nous avons également convenu, d'un commun accord, tout à
l'heure, à la commission de l'aménagement et des
équipements, que tous les membres de notre commission, qui voudraient
intervenir à cette table, donc sans droit de vote, et participer
è nos délibérations, pourraient tenir pour acquis qu'ils
avaient le consentement des membres de la sous-commission.
Projet de loi 200
Le premier mandat qui nous est confié est donc de faire
l'étude détaillée du projet de loi 200 concernant la ville
de Montréal. Si vous le permettez, je cède la parole
immédiatement à celui qui en a fait la présentation pour
l'adoption en première lecture, M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: Merci, M. le Président. En tout premier lieu,
je voudrais souhaiter la bienvenue, à l'approche des fêtes, au
président du comité exécutif, M. Lamarre, ainsi
qu'à MM. Allard et Péloquin qui l'accompagnent. C'est un plaisir
renouvelé chaque année, M. Lamarre, de parrainer les projets de
loi de la ville de Montréal. Cette année, il est d'autant plus
facile qu'il ne contient presque pas d'articles; il a seulement cinq articles.
Ce sont des articles sur lesquels vous n'aurez pas de misère à
avoir l'assentiment des membres de cette commission parce qu'ils concernent, en
somme, deux sujets, soit de réglementer les terrains vacants et les
terrains privés que vous administrez actuellement; le deuxième,
ce sont des ententes qu'il reste à ratifier par le projet de loi sur des
fonds de retraite, si je ne me trompe pas.
Maintenant, pour ne pas allonger inutilement les débats de la
commission, si vous voulez présenter les gens qui vous accompagnent,
ainsi que vous-même, M. le président.
M. Lamarre (Yvon): M. le Président, je voudrais vous
remercier de nous recevoir cet après-midi. Je voudrais profiter de
l'occasion pour remercier notre parrain qui accepte de présenter le
projet de loi, les modifications à la charte de la ville de
Montréal.
Je voudrais aussi vous présenter les gens qui représentent
la ville de Montréal: Me Péloquin, qui est chef du contentieux de
la ville; Me Allard, qui est chef adjoint du contentieux de la ville; à
ma gauche, M. Perron, qui est directeur du service du personnel de la ville de
Montréal.
Le Président (M. Fallu): J'appelle donc l'article
premier.
M. Laplante: Juste une question.
Le Président (M. Fallu): Oui, M. le député
de Bourassa.
M. Laplante: J'ai eu une demande et je pense que c'est mon devoir
de vous la transmettre. C'est qu'il y a un groupe de travailleurs
retraités qui aimerait se faire entendre, à un moment qu'on
jugera opportun, concernant l'article 3. Ce ne sont pas des opposants, ce sont
des demandes additionnelles que l'on veut faire.
Le Président (M. Fallu): M. le député de
Bourassa, nous entendrons, comme le veut
la tradition des commissions parlementaires, les gens qui ont des
représentations à faire. Je signale que nous les entendrons au
moment qu'eux-mêmes jugeront opportun dans le projet de loi. Vous me
dites déjà à l'article 3, mais j'imagine qu'il s'agit d'un
endroit plus précis qu'un autre; vous nous indiquerez à la
commission le moment opportun.
M. Laplante: Oui, M. le Président. M. Saintonge: M.
le Président...
Le Président (M. Fallu): Oui, M. le député
de Laprairie.
M. Saintonge:... je ne sais pas où sont les intervenants
qui vaudraient se faire entendre, mais il faudrait que leurs
représentations portent sur l'article 3 uniquement et non pas sur
l'article 1 ou 2 afin de les entendre au moment opportun.
Le Président (M. Fallu): Je prends la parole du
député de Bourassa
M. Marcoux: On pourrait convenir que, d'abord, la ville de
Montréal, à propos de chaque article, va nous dire l'intention de
l'article. Dès qu'un groupe ici représenté est
concerné par l'article, qu'il nous le fasse savoir pour que nous
l'entendions immédiatement après que la ville de Montréal
aura indiqué l'intention de l'article. Est-ce que cela va?
Le Président (M. Fallu): Parfait. M. le président
de l'exécutif, je vous cède la parole pour la présentation
de l'article premier.
Règlement sur le stationnement
M. Lamarre: L'article premier, c'est la disposition
législative sur le stationnement. Effectivement, ce que nous voulons,
c'est avoir la permission d'appliquer un permis spécial à
quelqu'un qui veut stationner dans la rue ou sur un terrain qui appartient
à la ville, c'est-à-dire qu'on pourrait exiger un prix pour le
stationnement, mais que ces gens auraient droit, à ce moment, d'avoir un
endroit pour stationner sur le domaine public, particulièrement. Je
pense qu'il y a d'autres villes déjà qui possèdent cette
permission. Vu que nous avons des problèmes particulièrement
près des bouches de métro ou encore près des grands
centres hospitaliers qui demandent souvent plusieurs places de stationnement,
et nous demandons que les résidents, qui demeurent près des
bouches de métro ou d'endroits où cela oblige à avoir du
stationnement important, puissent avoir accès à un endroit sur le
domaine public ou sur la rue pour stationner.
La ville demande cette permission de pouvoir accorder un permis de
stationnement dans ces endroits publics.
Le Président (M. Fallu): Traduction libre, M. le
président: il s'agit de la vignette pour des résidents de
quartier, quartier par quartier.
M. Lamarre: Exactement, c'est cela.
M. Laplante: Seulement une question là-dessus, M. Lamarre.
Les espaces de stationnement qui existaient pour certains magasins - je ne sais
pas si cela existe encore - où on louait un certain espace annuel avec
des enseignes "no stationnement" pour les autres, mais que le
propriétaire du commerce pouvait utiliser, est-ce que cela existe
encore?
M. Lamarre: Oui, cela existe à la condition que les
personnes qui stationnent là aient une licence commerciale.
M. Laplante: Cela va continuer à exister.
M. Lamarre: Tandis que là cela ne s'adresse pas
nécessairement à une licence commerciale; c'est une licence' de
quelqu'un qui a son auto pour des fins particulières. C'est cette
permission, cette vignette, comme vous le dites, particulière pour un
résident.
M. Laplante: Merci.
Le Président (M. Fallu): M. le ministre.
M. Marcoux: Le ministère des "Affaires sociales" est
d'accord avec...
M. Saintonge: Des Affaires municipales. M. Marcoux:
Qu'est-ce que j'ai dit?
M. Saintonge: Des Affaires sociales. Cela va mal.
Le Président (M. Fallu): Est-ce du "wishful thinking"?
M. Marcoux: Je ne vous donnerai pas mes propres explications sur
ce lapsus.
M. Saintonge: II y a quelque chose qui s'en vient. N'avons-nous
pas une primeur?
M. Marcoux: II y en a une qui est très simple, c'est ma
formation en sociologie.
M. Saintonge: Je pensais qu'on avait une primeur.
M. Marcoux: Le ministère des Affaires
municipales est d'accord avec l'article 1 proposé par la ville de
Montréal. Nous souhaiterions, toutefois, à la suite de
discussions que nous avons eues avec la ville, qu'il y ait deux amendements
mineurs d'apportés avec lesquels la ville est d'accord. Je vais les
lire: L'article 1 du projet de loi 200 est modifié: 1° par le
remplacement, à la première ligne, des mots "cette charte" par
les mots "la charte de la ville de Montréal" (1959-1960, chapitre 102);
2° par le remplacement, è la dernière ligne du paragraphe 10
de l'article 522 de la charte de la ville de Montréal, du mot
"application" par le mot "exercice".
Le Président (M. Fallu): Est-ce que je peux en avoir une
copie, s'il vous plaît?
Une voix: Vous l'avez.
Le Président (M. Fallu): Pardon. Merci.
M. Péioquin (Jean): Nous sommes d'accord avec les
propositions de modification, M, le Président.
Le Président (M. Fallu): Merci. Est-ce qu'il y a accord
des membres de cette commission?
M. Saintonge: D'accord.
Le Président (M. Fallu): Également. Donc, la
proposition d'amendement est adoptée. Avez-vous d'autres discussions sur
l'article 1?
M. Saintonge: Non, M. le. Président, cela va, je suis
satisfait des explications.
Le Président (M. Fallu): II y a accord des membres de la
commission. Alors, l'Assemblée nationale accorde donc à
Montréal le pouvoir de mieux servir ses concitoyens et concitoyennes.
L'article 1 est donc adopté tel qu'amendé. Nous appelons
l'article 2.
Régimes de retraite
M. Lamarre: M. le Président, l'article 2, c'est pour
ratifier les règlements des nouveaux fonds de pension,
c'est-à-dire les six nouveaux et les anciens, et les modifications
à ces régimes.
M. Marcoux: Là aussi, M. le Président, il y aurait
un amendement qui se lirait comme suit: L'article 2 du projet de loi 200 est
modifié par le remplacement du mot et du nombre "et 6561" par le mot et
les nombres "6561 et 6576". C'est parce qu'un nouveau règlement est
intervenu...
M. Lamarre: Exactement.
M. Marcoux:... depuis le dépôt du projet de loi, une
nouvelle entente entre une partie des employés de Montréal et la
ville de Montréal concernant le régime de retraite. Alors, il
vaut mieux, à ce moment-là, l'ajouter immédiatement.
M. Péioquin: C'est un petit règlement qui modifie
le régime des cadres, une petite modification qui vient d'être
adoptée par le conseil municipal, le 5 décembre.
Le Président (M. Fallu): Comme le conseil s'est
déjà prononcé, il y a accord évidemment pour
modifier le projet de loi en conséquence. Est-ce qu'il y a d'autres
remarques sur la modification? Adopté?
M. Marcoux: Adopté. M. Saintonge:
Adopté.
Le Président (M. Fallu): L'article 3 est donc
adopté tel qu'amendé. L'article 3?
M. Lamarre: L'article 3, M. le Président, concerne les
ententes intervenues entre la ville et la commission de retraite de certains
employés municipaux: les fonctionnaires municipaux, les
contremaîtres, les professionnels, les pompiers et les cadres de la
ville. C'est l'entente qui est intervenue entre tous les employés de la
ville de Montréal avec le syndicat, la Régie des rentes et la
ville.
Le Président (M. Fallu): M. le député de
Bourassa nous signalait tout à l'heure qu'un groupe
désirait...
M. Laplante: Connaissant les demandes du groupe, on peut adopter
l'article 3 et, s'il y avait un nouvel article qui pourrait s'insérer,
il pourrait s'appeler 4 parce que cela traite de l'indexation des
retraités. Actuellement, dans ces articles-là, on n'en parle pas,
cela pourrait faire l'objet d'un nouvel article.
Le Président (M. Fallu): II pourrait faire l'objet d'un
article 3. 1,
M. Laplante: Oui, 3. 1, s'il y avait quelque chose.
Le Président (M. Fallu): Donc, nous pourrions adopter
l'article 3.
M. Marcoux: Pour la cohérence de nos décisions, si
les personnes ou les groupes veulent se faire entendre, cela serait
préférable de les entendre immédiatement.
M. Laplante: On peut le faire tout de suite.
M. Marcoux: Parce qu'une fois que nous aurons adopté un
article qui ratifie par la loi des ententes intervenues entre des groupes
d'employés et la ville, je pense que cela pourrait changer la nature du
débat que de vouloir ajouter un article qui changerait ou modifierait
ces ententes.
M. Saintonge: Pour les fins de la discussion, M. le
Président, je pense qu'il serait peut-être bon aussi de proposer
la modification à l'article 3.
M. Marcoux: De les entendre tout de suite?
M. Saintonge: Non, la modification à l'article 3. S'ils
veulent faire des remarques sur la modification...
M. Marcoux: Oui, d'accord.
M. Saintonge:... cela sera compris, à ce
moment-là.
Le Président (M. Fallu): Bon. Alors, dans l'ordre, vous
voudriez d'abord...
M. Marcoux: Mais, avant d'entendre les intervenants, je veux
indiquer tout de suite que j'aurai deux amendements à proposer à
cet article. Je pourrais les lire tout de suite. Le premier sera: L'article 3
du projet de loi 200 est modifié: 1° par la suppression de ce qui
suit: l'entente à intervenir entre la ville de Montréal et la
Commission de la Caisse de retraite des fonctionnaires municipaux et la
Commission du Régime de retraite des cadres de la ville de
Montréal approuvée par le conseil municipal de la ville de
Montréal le 12 avril 1983 (résolution no 83) (02467) -cela
reviendra à un éventuel article 3. 1; il s'agit de le supprimer
dans le cadre de l'article 3 tel qu'il est proposé, en somme, c'est
l'entente entre les cadres et la ville -2 par l'addition, à la fin, de
l'alinéa suivant - à la suggestion de la Régie des rentes
du Québec - "La Loi sur les régimes supplémentaires de
rentes (LRQ, chapitre R-17) et ses règlements continuent de s'appliquer
aux régimes de rentes visés par les ententes ratifiées par
le présent article, dans la mesure où cette loi et ces
règlements ne sont pas inconciliables avec ces ententes. " (17
heures)
C'est afin de s'assurer que, si l'on découvrait, à
l'analyse ou à la pratique, que dans les ententes intervenues entre la
ville et ses groupes d'employés il y a des choses qui sont incompatibles
avec la Loi sur le Régime de rentes du Québec ou la Loi sur les
régimes supplémentaires de rentes, c'est la Loi sur les
régimes supplémentaires de rentes et la Loi sur le Régime
de rentes du Québec qui s'appliquent.
Le Président (M. Fallu): Cela convient?
M. Lamarre: On est d'accord avec cela, au comité
exécutif.
Le Président (M. Fallu): Merci. D'abord, voulez-vous vous
identifier, s'il vous plaît?
Audition de l'Association des retraités de la
ville de Montréal et de la CUM
M. Dagenais (Christian): Mon nom est Christian Dagenais,
président de l'Association des retraités de la ville de
Montréal et de la Communauté urbaine de Montréal.
 ma droite, Me André Tesster, un des administrateurs de
l'association et qui agit également comme conseiller
juridique-Derrière moi, M. Jean-Paul Whissel, pompier retraité,
qui est le vice-président de notre association.
M. le Président, messieurs, mesdames, membres de la commission,
nous tenons d'abord à vous remercier de nous permettre de vous
présenter un mémoire qui, dans sa brièveté, nous
pourrions même dire malgré sa brièveté, se veut
d'une part, un témoignage de la situation précaire dans laquelle
se trouvent trop de membres retraités et plus particulièrement
les veuves de nos retraités, mais surtout, d'autre part, se veut un
appel pour corriger une situation qui, même si elle est historiquement et
économiquement explicable, n'en demeure pas moins aberrante dans le
contexte social des années présentes et futures.
Avant de passer au vif du sujet, nous croyons utile de vous rappeler que
l'Association des retraités municipaux existe depuis 1968. Toutefois,
vers la fin des années soixante-dix et le début des années
quatre-vingt, il est devenu évident pour des raisons que nous vous
indiquerons plus loin qu'une inflation galopante et les régimes de
pension en vigueur pénaliseraient gravement le pouvoir de subsistance -
nous préférons ce terme à pouvoir d'achat - de la plupart
des retraités et surtout de leurs ayants droit-Sous l'impulsion de
nouveaux dirigeants l'association entreprit donc de mobiliser ses efforts en
vue d'amener les ' autorités municipales à reconsidérer
ces régimes de retraite en faveur des plus démunis. Des
études furent entreprises et des statistiques établirent que plus
de 75% des retraités vivaient sous les seuils de pauvreté
établis par Statistique Canada. Des démarches furent
entamées et des mémoires soumis aux autorités
concernées. Ces initiatives se voulaient un vibrant appel en faveur de
ceux et de celles qui s'approchaient d'un dénuement inacceptable compte
tenu des espoirs d'une retraite sans problème dont ils ou elles avaient
toujours cru pouvoir bénéficier une fois achevée leur
carrière
comme employés municipaux.
Les autorités municipales répondirent à nos
doléances par une argumentation économique beaucoup plus
théorique que pratique. Déficit actuariel important, dettes
énormes à rembourser, application stricte des
réglementations en vigueur, voilà quelques-uns des arguments qui
nous furent servis jusqu'à cette lettre du 29 juillet 1983 du
président du Comité exécutif de la ville de
Montréal au président de l'Association des retraités de
Montréal et qui se lisait à peu près comme ceci: Que ceux
et celles qui souffrent d'un manque à gagner se tournent vers d'autres
organismes pour répondre à leurs besoins. N'était-ce pas
une invitation directe à recourir à l'aide sociale du
gouvernement du Québec plutôt que de regarder ce qui pouvait
être fait à l'intérieur du système municipal? De
plus, nous étions avisés d'avoir à mettre fin à
toute nouvelle forme d'intervention. Tout dialogue venait donc de cesser.
Pour vous situer dans le contexte de notre
représentativité spécifions que notre association sans but
lucratif, cela va de soi, et administrée par des bénévoles
se veut le porte-parole des quelque 6700 retraités, cadres,
fonctionnaires, employés manuels et pompiers de la ville de
Montréal et de la Communauté urbaine de Montréal. Les
policiers, bien sûr, ne font pas partie de notre association.
Malgré certaines pressions, les administrateurs de l'association des
retraités n'ont pas jugé à propos de se lancer dans des
campagnes de sensibilisation des médias ou dans des
démonstrations publiques et ce, malgré que plus de 1800
retraités sur les 6700 ci-dessus mentionnés retirent moins de
5000 $ de pension par année. Il est important aussi de savoir que tout
retraité dès qu'il devient admissible aux prestations du
Régime de rentes du Québec voit sa pension annuelle
diminuée du montant de cette prestation, sauf quant à
l'indexation de cette dernière.
Nous sommes bien prêts à admettre deux choses au regard de
ce qui précède. Tout d'abord, parmi ceux et celles qui
reçoivent moins de 100 $ par semaine, il y en a qui n'ont pas
contribué durant les 50 ou 32 années que dure un emploi normal
comme fonctionnaire. D'autre part, on vous dira que, si la pension est
diminuée du montant versé par la Régie des rentes du
Québec, c'est à cause d'une décision majoritaire de ces
mêmes personnes alors qu'elles étaient jeunes fonctionnaires. Mais
devrait-on et même peut-on encore tenir rigueur à ces
employés municipaux d'avoir acquiescé à une proposition,
il y a donc près de 20 ans, qui leur fut mal expliquée à
l'époque et dans un contexte qui ne permettait pas d'entrevoir la crise
économique et la flambée des taux d'intérêt et de
l'inflation de la fin des années soixante-dix et du début des
années quatre-vingt?
 la suite de cette fin de non-recevoir de la part des
autorités municipales, notre association a dû abandonner tout
espoir de redressement des pensions des plus démunis. Il ne nous reste
donc plus qu'un seul recours: c'est celui de trouver une oreille plus attentive
et une réelle compréhension de la part des autorités
supérieures du gouvernement du Québec.
Nous avons cru aussi qu'il y avait lieu d'abandonner cet
intérêt ponctuel envers les moins favorisés d'entre nous
pour nous tourner vers une solution globale du problème. Nous nous
rendons compte, en définitive, que les retraités que nous
représentons sont les seuls ou à peu près à ne pas
bénéficier de l'indexation de leur pension. Au
fédéral comme au provincial, au Canadien National comme à
Hydro-Québec, au service de police de la CUM comme au municipal pour les
employés pensionnés depuis le 1er janvier 1983, tous et toutes
bénéficient de pensions indexées. De plus, il ne faut pas
oublier que la ville de Montréal a suspendu pendant deux ans, dans la
même euphorie de prospérité que ses propres
employés, ses propres contributions au fonds de retraite et qu'elle a
aussi négligé de verser les 5% d'intérêt qu'elle
était censée verser sur son déficit actuariel selon les
règlements de la Régie des rentes du Québec sans,
d'ailleurs, que cette dernière se soit, semble-t-il,
préoccupée de faire respecter ses propres règlements.
Pour ces motifs, assurés que notre requête ne comporte
aucune difficulté financière insurmontable, considérant
que les retraités actuels que nous représentons ne sont plus
qu'une infime minorité parmi tous ceux qui bénéficient de
pensions indexées et que leur nombre ne peut aller qu'en diminuant au
fil des ans, compte tenu des nouveaux arrangements et des ententes convenus
entre les parties, nous soumettons respectueusement à votre
bienveillante considération la proposition suivante: Que les ententes
entre les autorités et les représentants des employés
quant aux amendements apportés à leur régime de pension,
particulièrement en ce qui a trait à l'indexation des pensions
à compter du 1er janvier 1983, comportent les dispositions
nécessaires à ce que cette indexation s'applique également
aux pensionnés de la ville de Montréal et de la Communauté
urbaine de Montréal et à leurs ayants droit d'avant le 1er
janvier 1983.
Au nom des membres et des administrateurs de notre association, comme en
mon nom personnel, je vous prie d'agréer nos plus sincères
remerciements pour nous avoir permis de vous présenter ce
mémoire. Confiants que vous lui accorderez toute la bienveillante
attention qu'il mérite, nous escomptons pouvoir annoncer à tous
ceux et
celles qui nous ont honorés de leur confiance ce présent
des fêtes tant attendu qu'ils et elles sauront apprécier comme il
se doit. Merci, M. le Président.
Le Président (M. Fallu): M. le président Dagenais,
pourrais-je vous demander la faveur de déposer auprès du
secrétariat...
M. Dagenais: J'ai dix exemplaires.
Le Président (M. Fallu):... au moins une copie pour le
Journal des débats?
M. Laplante: Juste quelques questions, M. le
Président.
Le Président (M. Fallu): M. le député de
Bourassa.
M. Laplante: Oui. Chaque fois qu'on nous demande, au nom des
travailleurs, soit de la ville de Montréal ou d'autres une indexation
comme celle-là, au premier abord on ne peut pas faire autrement
qu'être sympathiques. J'ai eu affaire à des dossiers de la
commission scolaire dans des cas semblables au vôtre. Il y a une question
qu'on est obligé de se poser: Premièrement, est-ce actuellement
le lieu, lors de la présentation du projet de loi de Montréal? On
se demande si c'est régulier dans les projets de loi privés.
Deuxièmement, cela représente environ 6000 retraités qui
vont en diminuant d'année en année. De plus, il y a un coût
actuariel qu'on n'a pas. Aussi, vous avez la responsabilité des
syndicats de pouvoir accepter le coût de cette indexation-là. Vos
pourparlers avec les syndicats sont quoi là-dessus? Est-ce qu'ils sont
prêts à vous aider à absorber ce coût actuariel
additionnel? Actuellement, le fonds que vous détenez, est-ce qu'il vous
permet actuanellement d'en assumer le coût jusqu'à
l'élimination des 6000, sans atteindre aussi les travailleurs
actuels?
M. Dagenais: Évidemment, M. le Président, ces
questions ont été évaluées. Jusqu'à un
certain point, nous ne disposons pas des moyens qui nous permettraient de faire
appel à des actuaires de profession pour établir tout ça
pour nous. Nous avons, cependant, eu de l'aide de la ville de Montréal
pour établir certains chiffres. Nous admettons l'argumentation, bien
sûr, que ça peut poser certains problèmes. Nous admettons
volontiers aussi que les syndicats ne sont peut-être pas prêts
à faire certaines concessions vis-à-vis de leurs employés
actuels pour faire porter le bénéfice de la chose sur des
retraités qui ont déjà quitté la ville.
Cependant, nous croyons - je crois qu'il y a eu des exemples
récemment - qu'il y a moyen entre actuaires de s'entendre sur certains
modes de remboursement ou de paiement et c'est là-dessus, dans un
certain sens, que nous escomptons pouvoir finaliser notre projet.
Comme je l'ai mentionné rapidement dans le mémoire,
à l'origine, nous ne pensions qu'à une chose. Quand le mouvement
a repris de la vigueur, vers 1980 ou 1981, c'est les plus démunis,
c'est-à-dire surtout les veuves des retraités qui avaient des
pensions absolument minables, qui ont fait l'objet de nos
préoccupations. Par la suite, évidemment, comme on ne semblait
pas pouvoir obtenir gain de cause sur ce projet d'aider d'abord les plus
démunis, nous avons pensé qu'il y avait possibilité de
reprendre le problème d'une façon globale, d'autant plus que
l'indexation des pensions devenait une chose actuelle.
Nous avons pensé, dans le mémoire que nous vous avons
présenté, à vous demander d'étudier la
possibilité d'accrocher aux ententes actuelles le cas des environ 6700
retraités d'une façon globale avec une indexation. Je vous
remercie.
M. Lamarre: Est-ce que vous me le permettez?
Le Président (M. Fallu): Oui, M. le président.
M. Lamarre: Je voudrais dire, un peu comme le
député de Bourassa l'a dit, que c'est toujours sympathique
lorsque les gens viennent nous exposer leur cas. J'ai eu l'occasion
d'étudier en profondeur cette demande de M. Dagenais, ici, qui les
représente comme président des cadres. Nous avons regardé
cette question et, lorsque nous avons négocié avec le syndicat
pour nous entendre sur les fonds de retraite que nous présentons
actuellement ici pour modification et sur l'acte de fiducie que nous avons fait
avec les différents syndicats, les syndicats n'ont pas voulu accepter
que les fonds de retraite des personnes qui sont déjà
retraitées puissent être indexés.
Les modifications que nous avons ici, devant vous, actuellement,
représentent, pour les contribuables de Montréal, une somme
supplémentaire, à partir de 1985, de 26 000 000 $, presque 27 000
000 $ par année; c'est le supplément à payer par la ville,
c'est-à-dire par des cotisations de tous les contribuables
montréalais, qui sera, en 1995, de 69 000 000 $ et, en l'an 2005, de 150
000 000 $. Je comprends que le dollar ne sera pas le même, à ce
moment-là.
Je pense que c'est quelque chose que nous aimerions certainement et tout
le monde pourrait souhaiter que ça puisse se faire. Mais lorsque nous
avons négocié avec les différents syndicats ces
modifications pour indexer nos fonds de retraite et faire en sorte que les
déficits actuariels qui ont
été envisagés puissent être fermés
pour l'avenir, à ce moment-là, les différents syndicats,
pas simplement un, n'ont pas accepté que, pour les personnes
retraitées, ceci soit indexé à l'intérieur du
mandat que nous avons et des modifications que nous avons apportées ici.
Même si la cause est très sympathique, il serait difficile de
faire accepter, même par les syndicats, ces modifications.
Le Président (M. Fallu): Si on entend bien, à
l'exception des pompiers à Montréal, la situation est la
suivante: à partir de 1983 et pour l'avenir, tous les fonds de retraite
seront indexés, mais pour tout ce qui précède 1983, il n'y
a pas d'indexation.
M. Lamarre: Ils n'ont pas d'indexation.
Le Président (M. Fallu): II n'y a pas d'indexation pour
ceux qui ont pris leur retraite avant 1983. (17 h 15)
M. Lamarre: Oui, M. le Président. Je dois dire que les
fonds de retraite de la ville étaient, quand même, très
alléchants. Les gens allaient chercher 80% des trois meilleures
années. Je comprends que les salaires ont augmenté depuis et tout
ça, mais c'étaient quand même des fonds de retraite qui
pouvaient se comparer avantageusement avec ceux de tous les organismes publics
et même davantage. Une personne qui gagnait 30 000 $ allait chercher 24
000 $. C'était quand même 80% des trois meilleures années
des fonctionnaires. Je pense que c'était un fonds de retraite qui
était très alléchant.
Actuellement, avec les modifications que nous apportons, c'est
indexé, mais c'est 70% des trois meilleures années. Les gens qui
sont déjà là ont le choix; tant que l'indexation n'arrive
pas au montant de 80% des trois meilleures années, ils ont le choix de
prendre un ou l'autre.
Le Président (M. Fallu): M. le ministre des Affaires
municipales.
M. Marcoux: M. le Président, je remercie l'Association des
retraités de la ville de Montréal de nous avoir
présenté son point de vue. Elle a profité de la tribune et
du sujet inscrit par le projet de loi de la ville de Montréal pour faire
valoir son point de vue. Connaissant les affaires publiques comme ils les
connaissent, ils seraient étonnés que cette commission puisse
décider aujourd'hui d'imposer à la ville de Montréal
quelque entente que ce soit relativement à ces fonds de retraite pour
l'avenir comme pour le passé. Ce que l'Assemblée nationale fait,
c'est ratifier des ententes convenues entre des groupes de travailleurs de la
ville et la ville de Montréal à d'autres titres.
Le député de Bourassa a indiqué que ça
pouvait toucher jusqu'à 6000 ou 6500 retraités. Je suis convaincu
que les sommes en jeu peuvent être considérables. C'est,
évidemment, après une prise de conscience commune à la
fois des syndicats et de la ville, compte tenu de certaines
disponibilités financières, que des décisions semblables
peuvent être prises. Actuellement, je sais que plusieurs
députés sont sollicités par les ex-religieux enseignants,
à peine 2000 citoyens qui ont perdu, à partir de 1964, certains
droits qu'ils avaient depuis une vingtaine d'années, puisqu'ils
devenaient laïcs. Ce sont quelques centaines de millions en jeu pour
seulement 2000 personnes si nous leur restituions tous les droits qu'ont,
depuis 1964, les autres enseignants ou les enseignants qui sont devenus
laïcs en 1963 ou en 1962, quelques mois, quelques jours, la veille
même de l'entrée en vigueur de cette loi. Les sommes en jeu
peuvent être faramineuses et ça ne peut pas se régler
autrement que par la voie d'une entente qui permette à chacune des
parties de l'impliquer dans la négociation salariale globale d'une
municipalité comme du gouvernement.
L'importance des avantages sociaux et, en particulier, du fonds de
retraite dans l'ensemble de la masse salariale des corps publics est tellement
grande qu'elle ne peut pas être négociée, discutée
ou décidée en dehors du processus de négociation qui tient
compte de l'ensemble de ces coûts.
Je crois que ce que l'Assemblée nationale fait aujourd'hui, avec
la Loi sur les régimes supplémentaires de rentes qui oblige les
municipalités à capitaliser ces régimes pour l'avenir et
à en payer une partie pour le passé, pour les arrérages
qui peuvent être faits, est une oeuvre très importante pour
indiquer au public québécois, comme aux employés des
municipalités, l'importance qu'a, comme coût économique sur
le choix de la taxation municipale, l'ensemble des fonds de retraite.
On discutait récemment - vous vous en souviendrez, M. le
président du Comité exécutif de la ville de
Montréal - des fonds de retraite des policiers de la communauté
urbaine, Sur 180 000 000 $ en salaires ou en avantages sociaux, 55 000 000 $
vont pour le fonds de retraite. Là, on ne discute plus à savoir
s'il y aura ou pas une cerise sur le gâteau; on discute
véritablement de la dimension du gâteau et du nombre
d'étages qu'il aura. Alors, est-ce qu'on va pouvoir se payer la cerise
au bout?
Vous excuserez la comparaison, mais c'est pour indiquer - je suis
sûr que vous me comprenez - que nous ne pouvons décider de votre
question aujourd'hui. Mais je vous remercie d'avoir pris la peine de venir
faire part aux membres de la commission et une fois de plus à la ville
de Montréal, qui, j'en
suis sûr, était tout oreilles, de vos revendications pour
l'avenir.
M. Dagenais: Merci, M. le Président et M. le ministre. Il
est évident que... Excusez madame!
Mme Bacon: J'aurais seulement une question, s'il vous
plaît. Quand vous parlez de 1800 retraités qui ont moins de 5000
$, est-ce que le nombre de veuves est compris là-dedans?
M. Dagenais: Oui, madame.
Mme Bacon: Pouvez-vous nous donner le nombre exact de veuves sur
l'ensemble des retraités?
M. Tessier (André): Voici, Mme Bacon. J'ai un chiffre ici
soumis par le service des incendies. Actuellement, nous avons 229 veuves de
pompiers retraités qui ont 400 $ par année.
Mme Bacon: Mais vous n'avez pas le chiffre exact des 1800, par
exemple.
M. Tessier: Le total, non. Cela exclut les cols blancs et les
cols bleus que nous représentons. Cela exclut aussi les policiers. On
parle surtout des plus démunis. Évidemment, nous sommes ici
à titre de représentants de l'association. Nous ne sommes pas
démunis; mais les plus démunis doivent recourir aux organismes
provinciaux de bien-être social après 30, 32 ou 35 ans de service.
C'est presque un scandale!
Mme Bacon: Quel pourcentage les veuves reçoivent-elles de
la retraite de leur mari?
M. Dagenais: En général, c'est la moitié de
la pension que le mari recevait.
Le Président (M. Fallu): M. le ministre.
M. Marcoux: Je voudrais indiquer au monsieur qui donne des
chiffres très précis que je sais que la situation qu'il identifie
est très difficile. Même les élus municipaux sont de plus
en plus conscients de cette situation. Il y a un mois, j'étais dans le
comté de Bonaventure et le maire d'une municipalité de
Bonaventure me demandait si mon ministère avait l'intention d'intervenir
sur les fonds de retraite des secrétaires-trésoriers municipaux.
Il m'a dit: Nous avons un secrétaire-trésorier qui est au service
de la municipalité depuis 30 ans et il va partir sans fonds de retraite
et la loi ne nous permet pas de lui donner un gros montant ou de lui acheter un
fonds de retraite pour l'avenir. Il n'y a pas de moyen de s'en sortir. Je ne
discuterai pas des hypothèses dont on a discuté pour l'avenir en
ce sens que les secrétaires municipaux pourraient se regrouper et
négocier avec des compagnies d'assurances des projets de fonds de
retraite collectifs pour l'avenir auxquels pourraient contribuer les
municipalités soit directement ou soit en augmentant le salaire de leurs
secrétaires-trésoriers pour qu'ils le placent dans le fonds de
retraite. En tout cas, il y a différentes hypothèses.
Vous comprendrez qu'à moins d'une négociation à
intervenir entre l'ex-employeur de ces retraités, la ville de
Montréal, et les parties syndicales impliquées pour chacun des
corps d'emploi il n'y a pas de solution rétroactive possible autrement
que par la voie d'une négociation où vous sensibilisez à
la fois la ville et les exécutifs syndicaux à l'importance
sociale et économique de cette question.
M. Tessier: Au niveau des négociations? M. Marcoux:
Oui.
Le Président (M. Fallu): M. le président Dagenais,
je vous cède la parole.
M. Dagenais: Je voulais simplement remercier le président
et, également, M. le ministre en particulier de nous avoir entendus,
d'abord, c'est sûr. Ensuite, nous sommes heureux de constater qu'il y a
peut-être encore possibilité de négocier à l'avenir
une entente avec la ville de Montréal et, si les syndicats des
employés municipaux sont impliqués, je les remercie d'avance de
nous écouter. Merci beaucoup, M. le Président.
M. Tessier: Comprenez, M. le Président, que nous sommes
ici parce que nous sommes sous pression. Nous avons des lettres et des appels
téléphoniques de ces personnes au bureau de Montréal.
C'est pour cela que nous sommes ici. Ce n'est pas de l'intérêt
personnel, nous le soulignons encore, c'est parce que des gens sont dans la
misère après avoir travaillé ou avoir été
veuves d'employés, ce qui est incroyable. Nous avons des statistiques,
nous pourrons vous les faire parvenir si vous voulez ainsi qu'à M. le
président Lamarre.
Le Président (M. Fallu): Me Tessier, toutes ces ententes
déjà intervenues que l'Assemblée nationale s'apprête
à ratifier aujourd'hui, sans compter le projet de loi 25 qui a
été déposé tout à l'heure à
l'Assemblée nationale, vous laissent-elles préjuger que des
approches nouvelles pourraient être faites avec un peu plus de
bonheur?
M. Tessier: Nous avons les lettres catégoriques de M. le
président, avec toute la déférence qui lui est due,
déclinant toute
nouvelle pression, toute nouvelle demande.
Le Président (M. Fallu): M. le ministre.
M. Marcoux: Sans vouloir alonger le débat, vous le
présentez sous le mode de l'indexation. Mais pour vous donner un exemple
qui ne toucherait pas des employés municipaux, mais des ex-élus
municipaux de la ville de Québec, la ville de Québec est venue en
juin dernier à cette commission demandant d'augmenter - elle demandait
d'indexer, mais finalement la proposition a été changée -
la pension des ex-conseillers ou maires, des veuves ou des ayants droit de ces
personnes. Cela a été fait plutôt par la voie de montants
forfaitaires. C'est une avenue que vous pourriez envisager avec vos
représentants syndicaux et les représentants de la ville de
Montréal pour l'avenir. Souvent, ce qui fait craindre aux
municipalités la voie de l'indexation, c'est que les effets sont plus
difficilement mesurables, en tout cas à court terme; à long
terme, par la voie actuarielle, on peut le prévoir. Il y a
peut-être aussi cette voie, la voie du forfaitaire, par laquelle on peut
identifier un problème plus localement, plus spécifiquement
à certains groupes d'employés, à une certaine
clientèle.
Ce n'est pas que je veuille relancer les négociations entre vous
et la ville, mais on est toujours porté à penser à
l'indexation alors qu'il y a d'autres méthodes qui, pour les
municipalités, pour l'aspect des charges fiscales, sont plus
sécurisantes et peuvent aussi aider à régler des
problèmes très précis, très concrets, comme vous
les avez identifiés, monsieur.
M. Dagenais: Si vous me le permettez, M. le Président, je
voudrais simplement rappeler au ministre qu'effectivement ce que M. le ministre
vient de proposer, cela a été notre première approche,
comme je l'ai mentionné dans le mémoire, c'est-à-dire que
nous avons tenté de nous entendre avec la ville de Montréal pour
qu'à même des sommes que nous estimions, nous, disponibles les
plus démunis de notre groupe reçoivent un certain montant; qu'il
soit forfaitaire annuel ou forfaitaire global, je ne le sais pas, cela n'a pas
été négocié.
Effectivement, la proposition de M. le ministre est celle que nous avons
tenté d'obtenir, mais sans succès jusqu'à maintenant.
C'est pour cela qu'en deuxième analyse nous avons pensé,
finalement, qu'il faudrait parler d'indexation puisque nous ne pouvions pas
régler au niveau d'un certain montant qui aurait pu être
distribué uniquement aux plus démunis. Nous ne voulions pas
nécessairement augmenter les pensions des anciens directeurs de service,
par exemple, qui ont certainement des pensions confortables, mais nous voulions
ajouter un montant pour les plus démunis. C'est cette démarche
qui, n'ayant pas réussi, nous a obligés jusqu'à un certain
point à penser en fonction d'une solution plus globale, d'une indexation
que nous ne voulions pas au début, au départ.
Le Président (M, Fallu): Merci de vos
représentations.
M. Dagenais: Merci.
Le Président (M. Fallu): Y a-t-il un débat sur la
proposition d'amendement qui est devant nous? Elle agrée à la
ville de Montréal?
M. Lamarre: Oui, elle lui agrée.
Le Président (M. Fallu): Elle agrée
également aux membres de la commission?
Une voix: Oui.
Le Président (M. Fallu): Donc, l'amendement est
adopté.
M. Marcoux: Il y a deux amendements.
Le Président (M, Fallu): Je les prends en bloc.
M. Marcoux: D'accord.
Le Président (M. Fallu): L'article 3 tel qu'amendé
est adopté, ce qui, en conséquence, nous amène à un
nouvel article 3. 1, j'imagine.
M. Marcoux: Oui, que je vais lire. Le projet de loi 200 est
modifié par l'insertion de l'article suivant: "3. 1 La ville de
Montréal est autorisée à conclure avec la Commission de la
Caisse de retraite des fonctionnaires municipaux et la Commission du
Régime de retraite des cadres de la ville de Montréal l'entente
approuvée le 12 avril 1983 par la résolution no 83 02467 de son
conseil. La Loi sur les régimes supplémentaires de rentes (LRQ,
chapitre R-17) et ses règlements continuent de s'appliquer au
régime visé dans le présent alinéa, dans la mesure
où cette loi et ces règlements ne sont pas inconciliables avec
cette entente. " Adopté?
Le Président (M. Fallu): Est-ce que cela vous
agrée?
M. Lamarre: D'accord.
Le Président (M. Fallu): Donc, c'est un nouvel article qui
est adopté, l'article 3. 1. Nous appelons l'article 4.
Installation de parcomètres
M. Marcoux: Je crois que le repré-
sentant de la ville de Montréal voudrait ajouter quelque chose
avant d'adopter l'article 4.
Le Président (M. Fallu): II serait numéroté
3. 2.
M. Péloquin: M. le Président, avec la permission
des membres de cette commission, nous aimerions soumettre une modification qui
aurait pour effet de valider l'installation des parcomètres à la
ville. L'installation des parcomètres à la ville depuis 1980 a
été faite par une note du comité exécutif
adressée au directeur du service de la circulation en réponse
à des rapports que le directeur soumettait au comité
exécutif. 11 aurait fallu, pour suivre le règlement 2084, que le
comité exécutif adopte des ordonnances. Aucun préjudice
n'a été causé à aucun citoyen parce que les
parcomètres étaient installés selon la décision du
comité exécutif. C'est bien certain que les citoyens n'avaient
pas besoin d'une ordonnance pour savoir où étaient
installés les parcomètres. Ils les voyaient sur la rue. C'est
simplement une irrégularité, mais que nous aimerions faire
valider. (17 h 30)
Le Président (M. Fallu): Si vous le permettez, je vais
d'abord statuer sur la recevabilité, parce qu'on sait qu'il y a des
règles de procédure à l'Assemblée nationale pour
l'adoption de projets de loi privés. J'aimerais rappeler qu'un projet de
loi privé est donc l'autorisation qui est donnée à un
citoyen ou à un citoyen corporatif de s'adresser à
l'Assemblée nationale pour avoir, dans le cas d'une municipalité,
un pouvoir délégué ou pour faire ratifier un geste
posé en irrégularité avec la délégation de
pouvoirs qu'on a déjà. Règle générale, on
doit concevoir que les citoyens doivent être informés par un avis
public de ce pouvoir ou de cette conformité accordés par
l'Assemblée nationale après coup. Cet avis, on le sait, suppose
qu'il y a publication dans les journaux, qu'il y a affichage comme on le dit
habituellement. Le demandeur ne peut s'attendre qu'on ajoute ici à cette
commission quelque amendement que ce soit au projet de loi, qui ne fasse pas
déjà partie de l'avis, pour autant que l'un ou l'autre des
citoyens pourrait - observez bien le conditionnel - être
lésé dans ses droits puisqu'il n'aurait pas été
prévenu. Je pense qu'il est important de statuer parce que, notamment
dans les projets de loi municipaux, cela a tendance à arriver assez
souvent, malheureusement, que les municipalités demandent d'ajouter des
pouvoirs ou, notamment, de confirmer des irrégularités qui ont
été commises par la municipalité au détriment de
leurs concitoyens.
Il y a également un second débat qui porte, une fois
l'article reçu, sur la date. Il est reconnu à la commission que
dorénavant ce soit la date de la séance de la commission. Le
débat s'est élevé pour savoir si c'était celle de
l'avis, celle de la séance ou celle de la sanction et on a convenu dans
nos commissions parlementaires que ce soit celle de la séance de la
commission, tout citoyen ayant un recours potentiel à cause de
l'avis...
M, Laplante: M. le Président, pour ne pas induire en
erreur, je m'excuse de vous corriger, mais j'étais ici à cette
commission. C'est à partir de l'avis maintenant, ce que M. le ministre
pourra corroborer.
Le Président (M. Fallu); À moins que dans l'avis on
n'ait formellement indiqué...
M, Marcoux: Pour qu'il n'y ait pas de malentendu, lors des
derniers travaux de cette commission que vous n'avez pas eu le plaisir de
présider, il y a eu une...
Le Président (M. Fallu): En effet. Mme la
vice-présidente et moi-même étions ailleurs.
M. Marcoux: C'est cela. À la suite de faits précis
et de projets qui nous étaient présentés, nous avons
convenu qu'à l'avenir, nous dirions aux municipalités qui veulent
faire ratifier des règlements ou toute autre décision pour le
passé que cela pourra être rétroactif à la date de
l'avis. Nous nous sommes engagés à inciter les
municipalités à dire, dans l'avis, que tel article devait entrer
en vigueur à la date de l'avis.
Le Président (M. Fallu): Mais vous n'êtes pas en
train de me contredire, M. le ministre.
M. Marcoux: Non, c'est cela. On ajoute à ce que vous
étiez en train de dire, M. le Président.
Le Président (M. Fallu): J'ai bien dit: Pour autant qu'il
en était convenu dans l'avis.
M. Saintonge: M. le Président, si vous ouvrez une porte
là...
Le Président (M. Fallu): Oui, allez, je suis prêt
à vous écouter. M. le député de Laprairie.
M. Saintonge: Non, simplement, c'est qu'on avait convenu
effectivement qu'on arrêtait les recours à la date de la
discussion en commission parlementaire qui se trouve à être celle
de l'adoption du principe du projet de loi ou du principe sous-
tendu par l'article en question. Le ministre a fait une proposition,
à savoir qu'à l'avenir on rétroagisse, dans ces
cas-là, à la date de l'avis de publication de la
présentation du projet de loi, pour autant que, dans l'avis, on indique
cette chose-là. Je dirai que la commission n'a pas convenu de cela.
C'est une proposition dont le ministre a fait part.
De mon côté, dans les discussions concernant les projets de
loi privés, entre autres, des villes de Montréal-Nord, ainsi que
de Côte-Saint-Luc, j'avais fait certaines représentations
relativement aux règles de procédure qui nous concernent, en
disant qu'il y aurait peut-être lieu de prévoir ces choses dans
nos règles de procédure pour éviter que la commission
parlementaire ne se trouve à faire fonction de tribunal, ni plus ni
moins, ou à décider, dans certains cas, si tel recours est
accepté et, dans d'autres cas, si tel recours est refusé. On ne
voulait pas se placer dans une position où on aurait un rôle
judiciaire à jouer. C'était le point de vue que j'avais
soulevé. Disons que je n'ai pas donné de consentement sur la
façon dont le ministre voudrait procéder. Je ne veux pas dire
qu'il n'y aurait pas lieu, éventuellement, pour nous de donner un
consentement là-dessus. La question que j'avais mentionnée
à l'époque devra être discutée et devra être
regardée d'une façon éclairée et peut-être
que la proposition qui pourra être amenée pourrait être
contenue dans nos règles de procédure de l'Assemblée
nationale.
Le Président (M. Fallu): J'en prends note pour mon compte
personnel, comme membre de la sous-commission de l'Assemblée nationale
qui va, justement, ajuster nos règles de procédure. Je continue,
si vous me le permettez puisque je n'ai été contredit par
personne...
M. Saintonge: Exactement.
Le Président (M. Fallu):... mais, bien au contraire,
confirmé dans mes affirmations. Il s'agit maintenant de statuer si,
d'une part, la demande de ta ville de Montréal était ou non
présentée dans l'avis ou, sur le fond, si elle avait à
être présentée dans l'avis pour que nous puissions
maintenant rétroagir. Si vous me le permettez, M. le président,
je vous pose deux questions. Est-ce que l'avis était suffisamment
général pour inclure la demande que vous nous proposez, d'une
part?
M. Lamarre: Peut-être qu'on ne pourrait pas dire cela.
Le Président (M. Fallu): D'accord. Je vais vous sortir du
pétrin de toute façon, monsieur.
M. Saintonge: On vous a demandé si c'était contenu
dans l'avis.
Le Président (M. Fallu): Alors, la réponse est non.
Donc, on ne peut pas rétroagir à la date de l'avis. Sur le fond,
cette fois, est-ce que la décision qui a amené l'installation de
parcomètres à des lieux-dits était une décision
prise par un fonctionnaire ou une décision prise soit par le conseil,
par le budget ou par le comité exécutif?
M. Lamarre: M. le Président, cette décision a
été prise par le comité exécutif, mais il semble
qu'il n'y ait pas eu d'ordonnance à la suite de l'adoption par le
comité exécutif de cette décision. C'est cela que nous
demandons, de pouvoir ratifier qu'il y ait ordonnance.
Le Président (M. Fallu): C'est-à-dire que...
M. Lamarre: Le comité a agi en demandant au service de
bien vouloir installer des parcomètres, mais sans passer une
ordonnance.
Le Président (M. Fallu): II aurait donc pu y avoir,
jusqu'à ce jour, un recours en loi qui eût été en
l'occurrence, sans doute, un recours collectif...
M. Lamarre: Exactement.
Le Président (M. Fallu):... du fait non pas de l'absence
d'une décision, mais de l'absence d'une formalité d'application
de la décision. C'est bien cela?
M. Lamarre: Exactement, c'est l'absence d'une formalité de
la décision.
Le Président (M. Fallu): Lorsque vous demandez,
aujourd'hui, à l'Assemblée nationale d'entériner l'absence
d'ordonnance jusqu'à ce jour, vous ne demandez pas de léser
quelque personne que ce soit.
M. Lamarre: Non. À notre connaissance, il n'y a personne
qui ait poursuivi la ville d'une façon ou d'une autre.
Le Président (M. Fallu): D'accord.
M. Péloquin: Cela n'a jamais été
soulevé, M. le Président.
Le Président (M, Fallu): Avant de rendre une
décision sur la recevabilité, je vous écoute, M. le
député de Laprairie.
M. Saintonge: Je n'aurais qu'une question. Quand l'avis a
été donné par le comité exécutif au service
en question, qui, au nom de l'exécutif, donnait l'avis au service?
M. Lamarre: C'est le secrétaire administratif, sauf que
cela a été donné par mémo au lieu d'être par
une ordonnance.
M. Saintonge: Par le secrétaire administratif, au nom du
comité exécutif...
M. Lamarre: Du comité exécutif...
M. Saintonge: ...à la suite de sa réunion de telle
date.
M. Lamarre: Exactement, mais cela a été
donné par mémo.
M. Saintonge: D'accord.
Le Président (M. Fallu): M. le ministre.
M. Marcoux: L'ordonnance que vous auriez dû émettre
est en vertu du pouvoir réglementaire de la charte de la ville de
Montréal et cette ordonnance aurait eu quel effet, en fait? Une
ordonnance aurait été publiée dans les journaux de
Montréal ou quoi? Quelle est exactement la procédure? Si vous
aviez procédé selon les règles, l'ordonnance aurait
été à quel effet?
M. Péloquin: La différence entre une ordonnance et
une simple résolution, c'est que l'ordonnance est publiée dans
les journaux de la même façon qu'un règlement et
l'ordonnance fait partie du règlement. Le règlement sur les
parcomètres dit: Le comité exécutif peut par ordonnance
fixer les taux pour le loyer des parcomètres et aussi déterminer
les endroits où ils seront installés.
M. Marcoux: Est-ce qu'une telle ordonnance entre en vigueur le
jour de sa publication ou si c'est une ordonnance sur laquelle les citoyens
peuvent réagir avant qu'elle entre en vigueur? Ce genre d'ordonnance est
exécutoire.
M. Péloquin: II n'y a pas de recours...
M. Marcoux: II n'y a pas de prépublication, rien.
M. Péloquin: ...plus que sur un règlement.
Évidemment, on pourrait peut-être contester une ordonnance,
mais...
M. Marcoux: D'accord.
M. Saintonge: Ce qui pourrait être contesté, c'est
le pouvoir du comité exécutif de faire telle ordonnance.
M. Péloquin: Oui, c'est exact.
M. Saintonge: Le citoyen ne peut pas, avant l'entrée en
vigueur de l'ordonnance en question, venir contester l'ordonnance par un
processus quelconque.
M. Péloquin: Non, il n'y a pas de
délibération. C'est cela, on aurait pu le faire s'il y avait eu
une délibération qui n'avait pas été tenue, mais
dans ce cas-là, il n'y a pas de délibération. C'est
simplement le comité exécutif qui fait la
délibération.
Le Président (M. Fallu): Donc, m'étant
assuré qu'aucun citoyen ne serait lésé aujourd'hui par
l'acceptation de cette motion, je la déclare, en vertu de nos
règles de procédure, recevable. Je demande, alors, à un
membre de la commission, sans doute au proposeur lui-même, de faire
motion.
M. Laplante: Vu que cela n'a pas d'implication et qu'il n'y a pas
de lettre d'intention de poursuite, que cela ne lèse personne, j'accepte
qu'il soit introduit dans le projet de loi 200.
Le Président (M. Fallu): Alors, vous voulez nous la
présenter, M. le député de Bourassa?
M. Laplante: Oui. Je vais prendre l'article préparé
par le ministère. Le présent projet de loi est modifié par
l'insertion de l'article suivant "3.2 Les décisions du comité
exécutif de la ville prises avant le (insérer ici la date de
l'entrée en vigueur de la présente loi) en ce qui a trait
à l'installation de parcomètres dans son territoire et à
la fixation des droits à percevoir par ce moyen sont
réputées avoir été adoptées par voie
d'ordonnance conformément au règlement 2084 concernant les
parcomètres et ses modifications; l'absence d'une telle ordonnance ne
peut être soulevée dans une procédure judiciaire, sauf s'il
s'agit d'une instance dans laquelle ce fait aurait déjà
été invoqué avant le (insérer ici la date dé
la tenue de la commission parlementaire)."
C'est ce qui est présenté comme article, M. le
Président.
Le Président (M. Fallu): M. le ministre.
M. Marcoux: Vous voyez, M. le Président, qu'on ratifie les
gestes posés par la ville pour le passé, tout en mettant une
précaution par rapport aux causes, qu'on pourrait ignorer ou que la
ville ignore complètement, qui pourraient être déjà
devant les tribunaux avant la date de cette commission et qui pourraient
invoquer cette absence d'ordonnance. Donc, c'est une autre façon de le
dire, mais les causes qui pourraient être pendantes devant les tribunaux
sont protégées par la rédaction que le ministère a
faite en collaboration avec le ministère de la Justice puisque nous
avons consulté le ministère de la Justice sur la
rédaction de ce projet.
J'aurais une seule question à poser avant de proposer l'adoption
de ce projet et de répondre favorablement à cette demande
présentée par la ville de Montréal. Depuis combien
d'années s'applique cette décision d'installer des
parcomètres et quel pourrait être l'effet financier si une telle
ratification n'était pas faite et que toute la perception que
Montréal a pu en faire était contestée? On dit aussi:
À partir des amendes qui ont été imposées en vertu
du non-respect des perceptions de ces parcomètres, quelle est la
densité des sommes qui pourraient être en jeu? Je pense que c'est
une justification supplémentaire qui pourrait nous inciter à
être favorables ou défavorables.
M. Lamarre: M. le Président, pour répondre à
la question du ministre, je voudrais dire que c'est en 1980 que les
parcomètres ont été installés et cela rapporte, si
vous voulez, à la ville une somme d'environ 4 000 000 $ à 5 000
000 $ par année. Si vous mettez cela sur une base de 4 ans, cela veut
dire 16 000 000 $ à 20 000 000 $.
M. Marcoux: Et les amendes?
M. Lamarre: Ici, c'est assez difficile. De 4 000 000 $ à 5
000 000 $ environ.
M. Marcoux: Ce qui veut dire sur 5 ans, à peu près
50 000 000 $ au total. Je tenais quand même à poser la question
puisque cela signifie l'importance du geste que nous posons.
M. Lamarre: Exactement. (17 h 45)
M. Laplante: Juste une petite information. Il n'y a pas moyen
d'organiser ces parcomètres, quand on sait qu'on va dépasser le
temps du parcomètre, pour qu'on puisse mettre de l'argent
supplémentaire pour ne pas se faire poigner par des amendes tout le
temps? Il y a des affaires criantes, choquantes pour un citoyen qui sait qu'il
sera parti un certain temps et qui est retardé d'une dizaine de minutes.
Il pourrait mettre un petit peu plus d'argent dedans et le constable pourrait
le retourner pour dire qu'il y a du temps additionnel au lieu de flanquer un
billet tout de suite. Il n'y a pas moyen de penser à ces
choses-là à la ville pour être plus humain un peu envers
ceux qui s'en servent?
M. Lamarre: M. le Président, on essaie d'être
humain, c'est certain.
M. Laplante: C'est toujours sur le même maudit principe du
billet.
M. Lamarre: Habituellement, les parcomètres sont pour deux
heures; ce n'est pas seulement une heure. Dans le centre-ville, c'est un peu
plus dispendieux, c'est à peu près 0,80 $ l'heure. Dans les
quartiers, c'est 0,25 $ les deux heures environ. Je pense que ce n'est pas
très très dispendieux, sauf que quelqu'un peut oublier d'en
mettre, c'est entendu.
M. Laplante: Qu'on puisse en mettre plus que moins, parce que
ça fait cher l'heure après ça.
Le Président (M. Fallu): M. le député de
Laprairie.
M. Saintonge: Juste une question, M. le président du
comité exécutif. On parle des décisions du comité
exécutif prises avant l'entrée en vigueur de la loi, qui va
être cette semaine. Les décisions que le comité
exécutif a prises en ce qui a trait à l'installation des
parcomètres et à la fixation des droits à percevoir,
ça remonte à quand?
M. Lamarre: C'est en 1980.
M. Saintonge: II n'y a aucune autre décision qui a
été prise récemment ou qui pourrait être prise dans
les jours qui vont suivre?
M. Lamarre: Non. On me dit qu'il y en a eu une autre en 1981.
M. Péloquin: II y a eu deux projets: un en 1980 où
9000 parcomètres ont été installés et un autre en
décembre 1981 où 10 600 parcomètres ont été
installés.
Le Président (M. Fallu): Est-ce que l'adoption de
l'article 1... Vous n'aviez pas terminé?
M. Saintonge: Non.
Le Président (M. Fallu): Excusez-moi.
M. Saintonge: Le but de ma question est celui-ci: Pourquoi
insérer la date de l'entrée en vigueur de la présente loi
au lieu de la date d'aujourd'hui?
M. Marcoux: Ce qui est normal, c'est qu'un projet de loi entre en
vigueur lorsqu'il est adopté par l'Assemblée nationale, donc
après la troisième lecture. Ensuite, il est signé et c'est
la sanction royale. Le projet de loi entre en vigueur sauf que, pour les
causes, il ne pourrait pas y avoir de nouvelles causes s'il n'y en a pas
jusqu'à maintenant. S'il y en a, les causes pendantes sont
protégées, mais il ne pourrait pas y avoir de nouvelles causes
d'ici là. C'est la formulation que la Justice et les Affaires
municipales ont trouvée pour protéger le
passé et l'avenir.
M. Saintonge: Quand on parle de causes pendantes, j'imagine qu'il
peut exister des causes pendantes actuellement: des gens qui auraient
reçu un billet de stationnement et qui ne l'auraient pas payé ont
reçu une sommation pour se présenter à la cour. Ce n'est
peut-être pas passé, mais par le projet de loi en question ces
gens-là ne pourront pas soulever cette argumentation. Dans ce
sens-là, pour être bien précis, il peut exister des causes
actuellement pendantes, mais on n'a pas soulevé cette
irrégularité administrative là. On ne pourra pas,
même dans les causes actuellement signifiées, en attente de passer
devant la Cour municipale, soulever cette irrégularité en aucun
temps. Cette irrégularité n'a jamais été
soulevée antérieurement, ni aujourd'hui. Donc, à ce
moment-là, on ratifie complètement cette chose-là. C'est
ce que je voulais noter: II peut exister des causes pendantes quand même
actuellement.
M. Marcoux: Ou qui invoque cet argument, comme le dit le
texte.
M. Saintonge: Qui pourrait l'invoquer, parce que, si, par
exemple, j'ai reçu une sommation de la Cour municipale de
Montréal de me présenter demain pour aller payer un billet de
stationnement, je n'arriverai pas en invoquant ce principe-là parce
qu'on m'enlève la possibilité de l'invoquer. Ce qu'on veut dire,
c'est que si, déjà aujourd'hui, dans une cause qui serait devant
un juge, quelqu'un avait invoqué ce motif-là, on ne pourrait pas
lui enlever la possibilité de construire son argumentation juridique
là-dessus. Actuellement, même dans les causes en attente de
procéder, ces gens-là ne pourront pas invoquer un tel argument.
D'accord,
Le Président (M. Fallu): Une question. Est-ce que le fait
d'adopter l'article 1 va maintenant éviter d'installer des
parcomètres devant certaines maisons? L'article 3. 2 est donc
adopté.
J'appelle l'article 4.
M. Laplante: Sur division.
M. Saintonge: M. le Président, vous noterez la division du
député de Bourassa.
M. Laplante: Non, non, non, non.
M. Saintonge: C'est malheureux. Sur division.
Le Président (M. Fallu): L'article 5 est-il
adopté?
M. Saintonge: Adopté.
M. Laplante: Il faudrait le renuméroter, M. le
Président.
Le Président (M. Fallu): Une motion de
renumérotation faite par le député de Bourassa.
M. Marcoux: Est-ce qu'on ne peut pas adopter l'attendu au
début, avant l'article 1?
Le Président (M. Fallu): Cela s'en vient,
M. Marcoux: Parce que, s'il n'y a pas d'attendu, il n'y a pas de
loi.
M. Saintonge: On peut considérer, cependant, M. le
Président, que la modification apportée par l'article 3. 2 est
couverte par l'attendu à ce moment-ci.
Le Président (M. Fallu): Est-ce que le titre du projet de
loi est adopté?
M. Saintonge: Je n'ai pas eu de réponse à ma
question.
Le Président (M. Fallu): Le préambule du projet de
loi est adopté.
M. Saintonge: M. le Président, je renote ma question. On
peut comprendre que l'article 3. 2 est compris dans l'attendu du projet de
loi.
M. Marcoux: Oui.
Le Président (M. Fallu): Oui. C'est à ce titre que
je vous demande, à l'instant, si vous l'adoptez.
M. Saintonge: Je voulais m'informer pour savoir si, au niveau des
légistes, cela avait été bien vérifié dans
ce sens.
Le Président (M. Fallu): Est-ce que le projet de loi tel
qu'amendé est adopté?
M. Saintonge: Adopté.
Le Président (M. Fallu): Adopté. Merci, M. le
président. Nous sommes au service du monde municipal à cette
commission.
M. Lamarre: Je vous remercie beaucoup, M. le Président,
pour la façon dont vous avez mené les débats. Je voudrais
remercier le ministre des Affaires municipales pour la compréhension
qu'il a bien voulu avoir à l'égard de la ville de
Montréal, ainsi que notre parrain, celui qui a présenté
les modifications au projet de loi. Je voudrais aussi remercier M. Saintonge
pour la compréhension qu'il a apportée au projet de loi de la
ville de Montréal. Merci.
Le Président (M. Fallu): La sous-commission va suspendre
ses travaux, de consentement, et siéger à 20 heures, à la
salle 81-A.
(Suspension de la séance à 17 h 56)
(Reprise à 20 h 2)
Projet de loi 255
Le Président (M. Fallu): À l'ordre, s'il vous
plaît! La sous-commission reprend ses travaux pour l'étude du
projet de loi privé 255, Loi modifiant la charte de la ville de
Laval.
Je cède la parole immédiatement au présentateur du
projet de loi, le député de Fabre.
M. Leduc (Fabre): Merci, M. le Président. Il s'agit du
projet de loi 255, Loi modifiant la charte de la ville de Laval. C'est un
projet de loi qui est assez court, qui contient huit articles, en fait six qui
concernent la ville de Laval. J'inviterais nos invités, dont le maire de
Laval, M. Lefebvre, à faire la présentation du projet de loi.
Remarques préliminaires
M. Lefebvre (Claude): M. le Président, M. le ministre et
MM. les membres de la commission, merci de nous recevoir, même
après le souper, sachant l'horaire chargé que vous avez.
Vous me permettrez d'abord de remercier M. le député de
Fabre, M. Leduc, d'avoir accepté de parrainer notre projet de loi. Je
vous présente les personnes qui m'accompagnent; à ma droite, M.
Marc Perron, le directeur général de la ville, et, à ma
gauche, Me Paul Trudeau, avocat et conseiller de la reine, qui va vous faire la
présentation. Au besoin, à votre discrétion, je pourrai
répondre à certaines questions puisque les objets de la loi sont
pour satisfaire des besoins tout à fait particuliers à la ville
de Laval; autrement, nous attendrions qu'une loi générale vienne
nous donner ces pouvoirs. 5ans plus tarder, je vous présente Me Trudeau,
qui va vous présenter le projet de loi de Laval.
M. Trudeau (Paul): M. le Président, M. le ministre, MM.
les députés, l'article 1 concerne un pouvoir spécial qui
est demandé par la ville de Laval, de façon à lui
permettre d'établir un système de gestion de déchets. La
Loi sur les cités et villes ne permet que la destruction des
déchets; dans cette disposition spéciale pour la ville de Laval,
la ville demande la permission d'établir un véritable
système de gestion de déchets, tel que défini et au sens
que confère cette expression dans la Loi sur la qualité de
l'environnement.
Le système de gestion de déchets prévoit, dans la
Loi sur la qualité de l'environnement, non seulement la destruction mais
également le recyclage et tout ce qui va avec la gestion moderne des
déchets. Historiquement, la ville de Laval s'est vu imposer par le
ministère de l'Environnement l'obligation de disposer de ses
déchets, après le 1er janvier 1986, ailleurs qu'à la
carrière Miron à Montréal. La ville de Laval a
commandé une étude assez dispendieuse à la compagnie SNC
et cette étude conclut, pour Laval, possiblement avec le concours
d'autres municipalités et de l'entreprise privée, à la
construction d'une usine de gestion de déchets, de façon à
pouvoir disposer de ces déchets conformément à la Loi sur
la qualité de l'environnement et aux normes prévues par
l'Environnement pour ne pas polluer. Pour réussir à arriver avec
le "deadline" qui a été donné par le ministère de
l'Environnement, le 1er janvier 1986, il va falloir que la ville procède
très rapidement dès le début de l'année 1985 afin
de faire faire les plans et devis et de demander des soumissions pour la
construction de cette usine qui est quand même assez complexe.
Étude détaillée
Le Président (M. Fallu): M. le ministre avez-vous quelques
remarques sur l'article 1?
M. Marcoux: M. le Président, le ministère des
Affaires municipales est d'accord avec cet article moyennant un petit
amendement technique - je pense que nous avons informé Laval - je le
lirais: "L'article 1 du projet de loi 255 est modifié par la
suppression, à la fin du premier et du deuxième alinéa du
sous-paragraphe b du paragraphe 10 de l'article 413 de la Loi sur les
cités et villes, des mots "de cette loi". C'était une redondance.
Pour le reste, il n'y a pas de problème, on serait prêt à
adapter l'article.
M. Trudeau: Nous sommes d'accord.
Le Président (M. Fallu): M. le député de
Laprairie, est-ce que cet amendement vous convient également?
M. Saintonge: Oui, M. le Président.
Le Président (M. Fallu): Un amendement de forme.
L'amendement est adopté.
M. Marcoux: Juste une seconde M. le Président. Je peux
peut-être le préciser. Comme le dit le représentant de la
ville de Laval, cet article a pour but de permettre à
la ville de Laval de pouvoir établir et exploiter, seul ou
conjointement avec une autre municipalité, un système de gestion
des déchets, ce qui inclut comme opérations l'enlèvement,
le transport, l'entreposage, le traitement, le recyclage et le
dépôt définitif de déchets. Il est prévu que
la ville pourra confier l'exploitation de ce système à toute
personne en procédant à des appels d'offres suivant la
procédure prévue par la Loi sur les cités et villes. Le
ministère des Affaires municipales a consulté le service
juridique du ministère de l'Environnement, qui est d'accord avec la
demande de Laval. Voilà pour le contenu de cet article.
Le Président (M. Fallu): L'article 1, tel
qu'amendé, est-il adopté? Mme la députée de
Chomedey, Mme la vice-présidente.
Mme Bacon: Vous nous dites que vous avez fait faire des
études par SNC concernant une usine de gestion des déchets.
Est-ce que vous avez choisi l'emplacement pour cette usine?
M. Lefebvre: Non, pas encore.
Mme Bacon: Est-ce qu'il y a eu beaucoup de consultations de
faites avec la population?
M. Lefebvre: Oui, en fait, à partir du moment où
nous avions déjà décidé... Le problème est
double. Nous avons non seulement la disposition des déchets mais,
éventuellement et à brève échéance, la
disposition des contenus de notre usine d'épuration des eaux qui doit se
bâtir au bout de Lalinière, à côté du
pénitencier. Alors, il nous faut choisir un site de disposition de
déchets.
Maintenant, la population s'est opposée à ce qu'on fasse
de l'enfouissement sanitaire selon la méthode connue à cause de
l'expérience désastreuse de Bomar et du site de disposition qui
était connu sous le nom de Disposition Cloutier. En fait, ce
n'était pas de la disposition selon les normes du ministère de
l'Environnement, à l'époque, mais ils ont été
traumatisés et ces gens-là s'opposent carrément à
ce qu'on enfouisse d'une façon sanitaire. Bien sûr, on a fait des
études et, à partir d'expériences qui ont
été observées en Europe, à la suite de voyages que
nous avons faits, il y a des méthodes de disposition des déchets
pour transformation des ordures ménagères, entre autres, en
combustible et en compost, et c'est la méthode qui nous est
suggérée actuellement par le groupe SNC. C'est une méthode
que nous voulons mettre de l'avant. De toute façon nous pourrions
utiliser les produits combustibles afin d'assécher les boues de notre
usine de traitement. Donc, on pourrait faire à ce moment une
économie d'énergie et également transformer nos
matières pour disposition dans un site. Pour vous qui connaissez le
territoire d'une façon particulière, ce serait une des
carrières qui est située sur la montée
5aint-Elzéar, sur le rang Saint-Elzéar ou encore celle qui est
sur la montée Mason, la carrière Terrebonne, donc, elles sont
assez éloignées des sites d'habitation.
Une voix: D'accord, merci.
Le Président (M. Fallu): Adopté, tel
qu'amendé?
Une voix: Adopté.
Le Président (M. Fallu): Article 2. M. le maire.
Délimitation d'une façade maximale
à des fins de taxation
M. Trudeau: M. le Président, M. le ministre, MM. les
députés, Mme la députée, l'article 2 c'est un
amendement suggéré à l'article 487 de la Loi sur les
cités et villes. Ce qui est important, l'amendement recherché se
retrouve au deuxième paragraphe. Le premier paragraphe c'est la
répétition du premier paragraphe de l'article 487. L'amendement
recherché c'est au deuxième paragraphe, où la ville de
Laval voudrait avoir le pouvoir de taxer les lots rectangulaires, les lots qui
ont front sur des rues déjà ouvertes à la circulation
avant que les travaux municipaux n'aient été
décrétés.
Je pense qu'il y a lieu ici de faire un bref historique de cette
disposition de la Loi sur les cités et villes. Avant 1971, la Loi sur
les cités et villes était sensiblement comme elle est
actuellement mais elle ne permettait aux municipalités une exemption, si
l'on veut, que pour les lots situés à des carrefours et ne
permettait pas à ce moment d'exemption pour les lots irréguliers,
les lots qui n'étaient pas rectangulaires. La ville de Laval avait
obtenu en 1971, par le projet de loi 124 - je regrette, je n'ai pas la
référence, mais c'est ce projet de loi privé de la ville
de Laval qui a été sanctionné le 30 juin 1971. À
l'article 7 de cette loi spéciale, la ville de Laval avait obtenu un
amendement à l'article 522 de la Loi sur les cités et villes du
temps qui lui permettait, d'une façon à déborder la Loi
sur les cités et villes, non seulement l'exemption des lots
situés à des carrefours mais également l'exemption pour
les lots irréguliers. Cette disposition a servi à la ville de
Laval depuis 1971 jusqu'à ce que la Loi sur les cités et villes
soit amendée pour donner cette exemption à toutes les
municipalités. Depuis, la ville de Laval est revenue à la loi
générale. 11 faut vous expliquer que la ville de
Laval, qui a été formée par une loi spéciale
de l'Assemblée nationale, de 1965, est la résultante de la fusion
de quatorze ex-municipalités. Cela a créé des
problèmes bien particuliers à l'époque et ces
problèmes subsistent toujours. La ville a dû vivre, de 1965
à 1971, avec des milliers de règlements d'emprunt qui taxaient
les travaux permanents de façons diverses, qui les taxaient à
l'évaluation, qui les taxaient à la superficie, qui les taxaient
avec une taxe de "frontage" qui était différente d'une
municipalité à l'autre, suivant les proportions qui
étaient acceptées pour la taxe payable par les
propriétaires riverains par rapport à la taxe payable par toute
la municipalité. À partir de 1971, à partir du moment
où la ville a obtenu de l'Assemblée nationale ce pouvoir
spécial, la ville a normalisé son pouvoir de taxation en front,
en ce sens que la ville a établi des normes qui s'appliquaient à
tout le monde, à tous les contribuables de la ville de Laval pour la
taxation en front pour les travaux permanents et ce, indépendamment du
coût de chacun des règlements ou du coût des travaux
effectués sur telle ou telle rue. On a commencé à ce
moment à dire: Pour tous les travaux permanents, égouts, aqueduc,
pavage, trottoirs, éclairage, cela coûtera 6 $ ou 7 $ ou
même 5 $ le pied linéaire. Aujourd'hui, à l'époque
où on se parle, c'est rendu à 18 $ le pied linéaire. Cette
normalisation s'est faite à Laval, il y a eu au-delà de 2000
règlements d'emprunt qui ont été amendés, qui ont
été modifiés, qui ont été soumis à
l'approbation du ministère des Affaires municipales. Cela a
été un travail monstre. La ville a abandonné la taxation
à la superficie, la taxation à l'évaluation qui
était injuste pour des contribuables par rapport à d'autres parce
qu'on avait cette fusion des anciennes quatorze municipalités.
Aujourd'hui nous faisons face à un problème particulier
qui est le suivant: La ville de Laval a été, par la Loi sur la
protection du territoire agricole, zonée agricole dans une très
grande proportion. Je pense que près de 60% de son... C'étaient
60% au début et cela a été réduit, c'est maintenant
47% de son territoire qui est zoné agricole. La ville de Laval a
récemment, en particulier dans la zone agricole sur le boulevard des
Mille-îles, près des quartiers Auteuil et Saint-François,
fait une conduite maîtresse d'aqueduc qui va de l'usine de filtration de
Sainte-Rose jusqu'à l'usine de filtration qui est complètement
à l'est. Cette conduite maîtresse d'aqueduc, évidemment,
passe le long du boulevard des Mille-îles et pourrait desservir
éventuellement des résidents du boulevard des
Milles-îles.
Cette conduite d'aqueduc permettrait à la ville de desservir
énormément de résidents qui ont des anciens chalets
d'été convertis en résidence hiver et été,
maintenant, sur ce que l'on appelle des terrasses et ce, du côté
du bord de l'eau comme à l'intérieur des terres, si je peux
m'exprimer ainsi. Évidemment, ces maisons n'ont pas une très
grande valeur. Elles ne permettent pas à ceux qui les occupent de payer
une taxe spéciale pour le service d'aqueduc qui serait égale au
coût normalisé des services d'aqueduc pour les citoyens de Laval.
La majorité de ces propriétaires, étant donné
qu'ils sont dans la zone agricole, n'ont pu morceler leurs terrains, n'ont pas
pu les subdiviser et n'ont pas pu les lotir, sauf suivant les dispositions de
la Loi sur la protection du territoire agricole. Ces gens-là ont souvent
des terrains de 200 et 300 pieds de front pour des chalets d'été
convertis qui ont une valeur plutôt minime. Alors, imaginez...
Évidemment, quand je parle de 18 $ le pied de front, je parle de
services complets qui s'appellent égout, aqueduc, pavage, trottoirs et
éclairage. Si l'on parle du service d'aqueduc seulement, c'est entre 3 $
et 4 $ le pied de front. Celui qui a un terrain de 300 pieds de front, cela lui
coûterait 900 $ et plus pour la taxe de service d'aqueduc et il a
probablement une maison qui est un ancien camp d'été converti qui
a souvent une valeur d'environ 25 000 $. Alors, pour lui ce serait impossible
de faire face à une taxe de service aussi lourde.
Cependant, ces gens-là qui vivent depuis que l'île
Jésus existe avec des puits, avec des fosses septiques, le
développement s'est amené près de chez eux; il y a eu des
développements domiciliaires près de chez. eux et dans la
majorité des cas les puits sont pollués. Il leur en coûte
extrêmement cher, avec des systèmes d'adoucisseur d'eau, pour
réussir à avoir de l'eau qui sort du puits et qui peut leur
permettre de faire leur lavage, etc. Alors, ces gens-là demandent un
service d'aqueduc mais il leur est impossible de payer étant
donné le front de leurs lots et l'impossibilité de les
réduire à cause de la Loi sur la protection du territoire
agricole. Il leur est impossible de payer une taxe de service aussi
élevée.
Après une étude sérieuse, la ville a pensé
que, s'il lui était possible de limiter le front à 70 pieds, elle
pourrait desservir ces gens-là avec un taux qui serait raisonnable non
seulement pour ces gens-là mais également pour l'ensemble des
contribuables de Laval. Étant donné que la conduite
maîtresse est déjà construite, il n'en coûtera pas
très cher pour aller les desservir à quelques centaines de pieds
de la conduite maîtresse avec une conduite secondaire".
Évidemment, de l'avis des fonctionnaires de la ville et de tous les gens
consultés, la ville n'a pas d'autres moyens que la taxation en front,
parce que la ville a éliminé les autres modes de taxation des
services, soit le mode de taxation par l'évaluation ou le mode de
taxation par la superficie, depuis 1971 et la ville ne veut pas revenir
à ces exceptions, parce qu'il y a trop de gens qui vont réclamer
ces exceptions-là et on va revenir à un système
discriminatoire, à un système qui va créer des
mécontentements. Depuis 1971, tout le monde, tous les contribuables sont
satisfaits de cette taxation en front, sauf, évidemment, que dans les
zones agricoles il est impensable - surtout pour le service, simplement,
d'aqueduc, qui est une nécessité de la vie aujourd'hui, parce que
les puits sont pollués depuis longtemps et sont devenus inserviabies -
de leur fournir ces services-là, suivant le front de leur
propriété, pour la majorité de ces gens-là.
Évidemment, au ministère des Affaires municipales, on nous
dit: La loi générale est là, appliquez-la. Vous avez
d'autres modes de taxation. Si vous ne voulez pas taxer en front, vous avez le
choix de taxer à l'évaluation, vous avez le choix de taxer
à la superficie. Imaginez, si on taxe à l'évaluation, nous
avons, dans ces secteurs-là, énormément d'anciens camps
d'été transformés. Nous avons également des petites
maisons. Nous avons possiblement, également, des maisons mobiles qui ont
été installées sur des terrains de grande superficie et
qui sont là comme des résidences. Mais nous avons
également des lots vacants. Souvent, les lois vacants, eux,
appartiennent à des spéculateurs bien plus qu'à des
résidents. Si nous taxons à l'évaluation, nous allons
être obligés de redistribuer, comme ça se faisait avant,
sur les résidents, le coût des services, parce que les lots
vacants ne vont payer à peu près rien, à cause de
l'évaluation. Si nous essayons de trouver une formule à la
superficie, c'est extrêmement difficile à trouver, parce qu'il
s'agit souvent de lots qui ont des grands fronts et peu de profondeur et
d'autres qui ont moins de front, ce ne sont pas des lots qui ont subi le test,
si vous voulez, de la subdivision. Ce sont des anciennes terres en culture et
les propriétaires ont décidé de construire en front d'une
rue qui est ouverte à la circulation depuis longtemps, bien avant que
les services soient amenés, qui ont décidé de se
construire une maison, mais qui, évidemment, l'ont fait sur un lot assez
vaste.
Depuis l'avènement de la Loi sur la protection du territoire
agricole, il est impossible de réduire ces lots-là, parce qu'il
est impossible d'obtenir un lotissement pour un cultivateur ou même un
fils de cultivateur avec un lot inférieur à une superficie
considérable, je pense, qui est de 25 000 ou 30 000 pieds, un hectare,
si je ne me trompe pas.
Alors, pour la ville, la seule façon, c'est d'obtenir le pouvoir
- que nous vous demandons - de fixer un maximum d'étendue en front, mais
nous ne vous demandons pas ça partout. Nous ne vous demandons ça
que sur les rues ouvertes à la circulation, avant que les travaux
n'aient été décrétés, ce qui veut dire que
ça ne s'applique qu'à des vieilles rues. Cela ne s'applique pas
dans des développements nouveaux; cela ne peut pas faire l'objet de
discrimination de la part de la ville. C'est une façon pour la ville
d'essayer de desservir ces gens-là qui ont des puits pollués,
à un coût qui serait raisonnable pour eux et qui serait
également acceptable pour le reste de la population.
Je vois que M. le ministre n'est pas d'accord avec moi.
M. Marcoux: On ne peut rien vous cacher!
Le Président (M. Fallu): J'aimerais comprendre un certain
nombre de choses. Est-ce que, si j'habitais ville de Laval, si j'avais un
terrain comme chez moi, de 65 pieds, et avec la ville décrétait
que je paie sur 50, je paierais sur 50?
M. Lefebvre: Non, pas du tout. Il s'agit là d'un
problème tout à fait spécial. En fait, en début
d'année, tout d'abord, je vous fais remarquer que Laval aura 20 ans et
que nous avons encore, parmi notre population, des gens qui paient, à la
fois la taxe générale et une taxe générale
spéciale, donc des gens qui habitent des anciens chalets
d'été ou d'autres, des maisons qui ont construites dans des zones
où il n'y avait absolument aucun service, que ce soit la Terrasse
Desbiens ou la Terrasse d'Auteuil ou ces choses-là.
Remarquez que ces gens-la sont bien installés. Ils sont dans un
environnement un peu spécial, sauf que ça s'est
détérioré. Mais ces gens-là paient pour nos usines
de filtration. Ils patent pour l'assainissement des eaux et ils n'ont aucun des
services. Nous, on pense qu'après 20 ans la deuxième ville du
Québec devrait accorder à ses citoyens au moins une partie des
services. Vous avez dû lire dans les journaux, puisque ça ne vous
échappe pas, que certaines personnes allaient s'approvisionner, par
exemple, à l'ancienne usine de filtration de Saint-François. On
est obligé, en 1984, de se bâtir une cabane chauffée avec
un tuyau qui sort de terre pour qu'ils puissent aller se chercher de l'eau.
Cela m'apparaît un peu aberrant pour la deuxième ville du
Québec, en 1984.
On a donc passé un avis de motion, étant bien conscient
que l'investissement qu'on faisait comme municipalité n'avait aucune
rentabilité au sens de la rentabilité que demande le
ministère des Affaires municipales. C'est déjà construit,
je n'obtiendrais à peu près pas plus d'évaluation.
Cependant, nous donnons des services. On aurait pu penser à donner des
services complets d'aqueduc, d'égout,
trottoirs, pavage, éclairage, tout ça. Mais ça ne
nous rapporte aucune évaluation de plus. Comme ces terrains ont
été construits avec des fosses septiques avec champ
d'épuration, que vous avez, dans certains cas, des 30 000 pieds ou des
45 000 pieds avec une maison bâtie en plein milieu, donc il n'y a pas de
subdivision possible, si on charge en "frontage"... D'ailleurs, on a
passé un avis de motion et on a dit aux gens ce que ça leur
coûterait, et ils ont refusé. Mais il y a encore des gens qui
n'ont pas d'eau. On a tenté de calculer à combien on pourrait
arriver en superficie. Selon l'évaluation des gens, la superficie varie
d'un cas à l'autre. Si on va à l'évaluation, vous avez des
secteurs complets, un côté de rue ou une moitié de rue ou
d'ancienne rue où ce n'est pas bâti. Donc, ces gens vont
bénéficier des services sans en payer le coût puisqu'il n'y
a pas d'évaluation.
On a tenté de faire une équité fiscale. C'est un
cas bien particulier, comme on le sait, dans l'île Bigras où la
municipalité, dans les faits, subventionne à peu près aux
deux tiers l'installation d'un service, puisqu'on dit que la superficie
actuelle est suffisante pour le champ d'épuration, mais, pour combler la
déficience au niveau du système d'aqueduc, on exige à peu
près la meilleure eau qui existe au monde, l'eau qui vient de
Sainte-Rose. C'est ça le problème, c'est pour quelques personnes,
c'est pour 3000 ou 4000 personnes qui ont besoin d'eau et qui ne peuvent pas se
la payer autrement.
On dit que, pour une maison normale dans la ville de Laval, le maximum
ou à peu près, c'est 75 pieds. Pour la majorité, c'est 50
pieds ou 60 pieds. C'est ça, la subdivision. Mais comme la Loi sur le
ministère de l'environnement, comme les lois naturelles nous disaient
qu'on avait besoin de champs d'épuration d'une certaine grandeur, ces
gens-là sont installés sur des terrains de 30 000 ou 35 000
pieds. Certains ont 100 pieds de façade, d'autres en ont 300. Si on y va
à 3, 25 $ le pied, ce qui est à peu près le coût
actuel, ces gens-là ne peuvent pas se le payer. En fait, les gens de
Laval, de ces secteurs, attendent un amendement à la loi pour qu'on
puisse développer et leur donner les services d'aqueduc. Cela suit notre
grand réseau qu'on a installé dans la partie est de la ville, il
n'y avait pas avant de réseau d'aqueduc qui passait là. Pour se
rendre à l'usine de Saint-François, on a passé à
travers les terres. Dans un premier temps -les administrateurs municipaux, il
arrive que des fois on est pris... On avait là 75 cultivateurs ou
résidents qui étaient le long de la conduite maîtresse. On
a tenté de limiter ces gens, dans notre règlement, à 75
pieds de "frontage". Si le bonhomme a une terre au complet, vous comprendrez
qu'il ne pourra pas payer pour toute sa terre. D'autres, c'étaient des
terres en culture, on ne pouvait pas les facturer non plus. On a dit: On va
facturer 75 pieds de façade, ce qui est à peu près le
maximum qu'on a dans la ville de Laval. Le règlement nous est revenu du
ministre et on nous disait: Vous taxez tout le monde ou vous ne taxez personne.
Premièrement, il fallait le passer; donc, on l'a passé. Mais,
pour taxer en "frontage", il aurait fallu avoir un deuxième
système juste à côté. Au lieu d'avoir un tuyau de 24
pouces comme on a, avec des valves spéciales, il aurait fallu un
système de six pouces branché dessus, et là on pouvait
facturer. Pourquoi aurait-on dépensé des millions de dollars en
pure perte alors qu'on pouvait le faire techniquement? On a
décidé de le faire gratuitement. On a dit: L'eau passe devant
chez vous, au moins, prenez-en. Cela m'apparaît légitime. (20 h
30)
Dans le cas des gens des terrasses, c'est la même chose qui se
présente. On va aller s'approvisionner à cette conduite
maîtresse qui est juste à côté, et on va la
descendre. Et on dit: Permettez-nous de taxer à un maximum de 75 ou 70
pieds de façade - c'est la teneur des règlements actuels - par
rapport à une superficie exigée par le ministère de
l'Environnement pour avoir un champ d'épuration. C'est seulement
ça qu'on demande. Le reste, ça va être payé "at
large" par la ville. Ce ne sera pas différent de ce qu'on fait dans
l'île Bigras actuellement où, encore une fois, des citoyens qui
sont là depuis 25, 30 ans paient environ le tiers pour avoir un service
d'aqueduc, te reste est absorbé par l'ensemble de la ville de Laval.
Nous en sommes rendus à subventionner certains secteurs de la ville de
Laval en toute équité parce que ces gens-là, qui
bénéficient aujourd'hui, paient quand même depuis plus de
20 ans une taxe pour des services auxquels ils n'ont jamais eu droit. C'est une
mesure d'équité.
Je comprends qu'une loi générale nous dit: Vous pouvez
taxer selon l'évaluation, selon la superficie ou selon le "frontage",
mais après examen - je vous prie de nous croire, on est quand même
dans les affaires municipales à tous les jours - si cet article nous est
refusé, on sera obligé de dire aux gens de ces terrasses: Ou vous
le payez, et là c'est un refus, ou on ne vous en donne pas. H
m'apparaîtrait difficile d'expliquer cela à ces citoyens dans une
ville qui est la deuxième au Québec. On sera obligé de
procéder de la même manière pour les pavages tantôt.
Il faut vraiment que la deuxième ville ait l'air de la deuxième,
qu'on finisse par paver les routes de gravier et qu'on finisse par donner des
services d'aqueduc à ces gens-là. S'il fallait donner tous les
services, cela monterait à 18 $ le pied linéaire. Ces
gens-là ne peuvent pas le payer. Il faudrait que j'installe des
stations
de pompage, ramener cela à une conduite maîtresse de
captation, faire une usine de filtration alors que les systèmes en place
fonctionnent bien au niveau de la disposition des égouts domestiques par
les champs d'épuration. Tout ce qu'on veut pour satisfaire ces
gens-là, c'est une eau de qualité qu'on a en abondance,
d'ailleurs on s'apprête à faire bientôt des ententes avec
les municipalités de la rive nord qui vont en manquer, probablement dans
votre comté, M. le Président, pour les desservir temporairement,
le temps qu'elles en auront besoin, parce qu'on a une usine de qualité.
Tout ce qu'on demande apparaît peut-être à
l'extérieur du cadre normal, mais c'est une situation anormale à
laquelle on fait face. Quant à nous, on tente de répondre
à un besoin de citoyens de cette façon. Avec cet
article-là, c'est très limitatif. En fait, cela s'adresse surtout
aux terrasses d'Auteuil, peut-être dans quelques endroits, mais
même pas dans la majorité des îles de Laval.
Le Président (M. Fallu): M. le ministre.
M. Marcoux: Avant de réagir à l'article 2,
j'aimerais vous poser la question suivante: Qu'est-ce qui fait que le
problème se pose maintenant, en 1984...
M. Lefebvre: C'est parce que...
M. Marcoux:... et qu'il ne se posait pas en 1972 ou en 1975?
M. Lefebvre: À l'époque, on n'avait pas de conduite
maîtresse qui passait. Géographiquement, l'usine de
Saint-François est placée à peu près
vis-à-vis de l'autoroute 25, pas tellement loin. Le secteur dont on vous
parle, c'est entre l'autoroute 25 et Sainte-Rose. On est allé pour
desservir... L'usine de Saint-François était
désuète, il y avait la présence de nématodes. Ce ne
sont pas de bibites; cela n'y paraît pas après le premier verre de
whisky, enfin un peu, mais, au deuxième, on ne le sent pas. Il a fallu
la condamner. Donc, avec la nouvelle usine, on a décidé de
desservir la partie est de la ville et d'investir massivement de telle sorte
que toute la population de Laval puisse jouir d'une eau de qualité. Bien
sûr, ce sont des investissements majeurs qui ne sont pas
rentabilisés à cause de la présence du zonage agricole.
Mais on l'a accepté. Ce sont les règles du jeu que vous nous avez
données. Mais les gens de Saint-François, qui sont, à
toutes fins utiles, isolés dans un secteur, méritaient autant que
les gens de Duvernay ou de Saint-Vincent-de-Paul. Quant à nous, nous
avons pris sur nous d'investir massivement pour les doter d'un système
d'aqueduc. Comme on passe devant ces terrasses dont je vous parle, M. le
ministre, on peut les desservir. C'est la raison pour laquelle le
problème ne se posait pas en 1972 et se pose en 1984; on vient tout
juste de terminer la conduite maîtresse du boulevard des
Mille-Îles.
Le Président (M. Fallu): Si vous aviez eu la
possibilité de la tarification, dans le monde municipal, de façon
globale, c'est donc dire que les gens des terrasses n'auraient pas
été tarifés pour l'eau, l'épuration, etc., et, en
conséquence, maintenant, ils pourraient être tarifés
également mais d'une façon différente.
M. Lefebvre: La tarification sur l'eau n'a jamais existé
comme telle pour ces gens-là puisqu'il y a une taxe spéciale de
consommation d'eau qui était à 132 $, qui est maintenant à
144 $ par année. La taxe générale spéciale
s'applique pour l'ensemble des immobilisations de la ville qu'on ne peut
rembourser à même la taxe riveraine; c'est la taxe
générale spéciale qui a été instituée
peu après la fusion des quatorze exmunicipalités où, par
exemple, les gens de Duvernay ont payé les dettes d'autres
municipalités ou vice versa. C'est une taxe générale.
Par exemple, ces gens d'Auteuil paient pour toutes les usines, paient
pour l'assainissement des eaux, paient pour les bibliothèques, paient en
fait pour tous les services qui sont chargés "at large" à Laval.
Ils paient également pour cette portion des services municipaux
installés. Je vous donne un exemple. Dans Corvée-habitation, vous
savez, M. le Président, qu'on a donné un coup un peu
spécial; on s'est d'ailleurs classé les premiers au
Québec. Mais il est arrivé qu'on a des règlements qui font
que, quand on calcule ce que cela rapporte en "frontage", c'est à peu
près 60% riverain et 40% "at large" Laval, ce qui veut dire que
l'ensemble de la municipalité subventionne à partir de
l'installation de services municipaux.
Il faut également vous dire que dans ces secteurs,
indépendamment que vous ayez le roc en affleurement ou que vous soyez
sur le sable ou sur la glaise, c'est le même tarif dans tout Laval, c'est
le même prix, c'est tant le pied linéaire. Ce qu'on veut, c'est
que les gens de Saint-François puissent payer à 75 pieds
linéaires maximaux, s'ils ont une superfie pour champ
d'épuration, ce qui est à peu près le taux que l'on paie
à Saint-Vincent-de-Paul, à Duvernay, à Chomedey ou
à Sainte-Rose. On ne leur fait pas une faveur comme telle en termes de
paiement, il s'agit simplement de prendre en considération que ces gens
sont sur des lots de grande superficie par rapport au reste de Laval.
M. Marcoux: M. le maire, ce que vous demandez, en somme, c'est de
pouvoir
délimiter un "frontage" maximal alors que la Loi sur les
cités et ville vous permet de taxer soit selon le "frontage", soit selon
la valeur, soit selon la superficie, soit une combinaison des trois. Vous
demandez, par l'amendement que vous proposez, une exception pour Laval. Le
problème que vous identifiez se pose dans plusieurs municipalités
au Québec, c'est le problème d'une conduite maîtresse qui
passe devant des lots d'agriculteurs en particulier ou devant de très
grands lots; s'ils étaient taxés seulement au "frontage",
évidemment, cela deviendrait abusif comme coût.
Pourquoi ne pourriez-vous pas développer un règlement de
secteur - vous avez le droit de faire des règlements de secteur au
niveau de la tarification des services - qui se base sur soit
l'évaluation, soit le "frontage" ou la superficie ou un arrangement des
trois ou de deux de ces trois possibilités? À ce
moment-là, vous auriez une solution sans qu'aujourd'hui la commission de
l'aménagement et des équipements soit obligée
d'établir un précédent par rapport au mode de taxation qui
touche la tarification des services.
Vous savez, d'autre part - M. Trudeau l'a indiqué - qu'à
la suite du rapport du Comité conjoint sur la fiscalité
municipale en 1982, à la suite de la réforme de la
fiscalité, la question de la tarification est l'un des sujets sur
lesquels la table Québec-municipalités travaille actuellement. Un
comité technique, composé des représentants des deux
unions et du ministère des Affaires municipales, travaille sur cette
question de la tarification des services en général.
Ce que vous nous demandez aujourd'hui c'est, par voie
législative, de faire une exception et préjuger des
résultats des travaux de cette table Québec-municipalités
alors que dans la Loi actuelle sur les cités et villes vous pourriez
très bien développer un règlement de taxation qui arrive
à votre objectif qui est très clair, qui vise une taxation juste
qui n'étouffe personne, qui fasse que quelqu'un qui a 3000 pieds ou 1000
mètres de terrain de "frontage" n'ait pas à payer pour 1000
mètres, mais n'ait à payer que pour l'équivalent de ce que
l'on pourrait considérer comme une résidence, 20 ou 25
mètres ou quelque chose du genre. Vous pourriez y arriver par un mode de
taxation, un règlement de secteur basé sur l'évaluation ou
la superficie.
M. Lefebvre: D'abord, dans le cas des agriculteurs, vous savez
comme moi qu'ils sont limités à 2 $. Chez nous on est à 2,
20 $ de taxe et je calcule que c'est bien bas. Ce n'est donc pas là que
ça s'applique.
M. Marcoux: La municipalité est compensée pour
l'excédent.
M. Lefebvre: Oui, mais ce ne sont pas des agriculteurs.
M. Marcoux: Ce n'est pas l'agriculteur qui paie, c'est le
gouvernement.
M. Lefebvre: Vis-à-vis des agriculteurs, selon l'effort
fiscal il y a des compensations de la municipalité.
Le problème, finalement, vous l'avez réglé dans
plusieurs municipalités de campagne où, à l'époque,
j'étais avocat. Je vais vous donner, entre autres, Saint-Calixte. Vous
le régliez par ordonnance où l'ensemble des villégiateurs
payaient pour les services qu'on donnait dans un village parce que le village
ne pouvait pas se les payer. Cela a été la façon
constante, pendant plus d'une décennie, en tout cas la décennie
où j'ai agi pour ces municipalités. Vous alliez par ordonnance et
le conseil n'avait qu'à appliquer l'ordonnance, autrement le
règlement ne passait pas.
Si c'était possible de le faire autrement, il y a longtemps que
ce serait fait parce qu'on est prêt à consentir cet effort fiscal
chez nous mais si on ne l'a pas, après avoir rencontré les gens
et l'avoir étudié... D'ailleurs, vous parlez du comité sur
la tarification. Vous savez, je l'ai essayé dans une bibliothèque
et j'ai frappé un mur de briques. Les gens ne l'acceptent pas. On
siège, d'ailleurs...
M. Marcoux: Ce n'était pas un comité de la
municipalité, je parlais d'un comité technique de l'Union des
municipalités du Québec...
M. Lefebvre: Dont on fait partie.
M. Marcoux:... et l'Union des municipalités
régionales de comté...
M. Lefebvre: Où j'ai siégé et où
notre trésorier siège de façon constante.
M. Marcoux: D'accord.
M. Lefebvre: Ce n'est pas par cette tarification qu'on va y
arriver. Ce qu'on essaie - et, encore une fois, cette particularité, il
faut bien le dire, c'est sur les rues ouvertes à l'époque...
Autrement, vous savez, M, le ministre, comment vais-je pouvoir dire à
mes nouveaux constructeurs d'habitation qui ouvrent de nouveaux projets que je
vais faire autrement pour eux que pour les gens d'Auteuil? Au forçail,
on pourrait leur donner gratuitement. J'ai ce pouvoir-là. Mais, si je le
donne gratuitement, je vais le donner pour tous les projets.
M. Marcoux: M. le maire, quand vous dites que vous ne pouvez pas
y arriver par ce qui est prévu dans la loi actuellement...
La loi est quand même très ouverte. Elle offre trois
possibilités, plus les combinaisons de ces possibilités:
l'évaluation, le "frontage" ou la superficie ou des combinaisons de ces
possibilités. La possibilité que vous voulez qu'on ajoute, et je
vous dis, comme ministre des Affaires municipales, que je ne suis pas
prêt à présumer des travaux qui sont en train d'être
faits sur la tarification au niveau du ministère en rapport avec les
unions municipales... Ce que vous voudriez ajouter c'est une autre
possibilité en plus de ces trois possibilités et de la
combinaison de ces trois possibilités, qui est que la
municipalité puisse délimiter un "frontage" maximum comme mode de
paiement de certains services. C'est ça que vous demandez d'ajouter, en
somme.
Vous le savez, puisqu'on a déjà eu l'occasion d'en parler
avec vos représentants, à l'occasion de l'étude d'un
projet de loi privé qui concerne une municipalité, introduire un
nouveau principe de taxation -parce que c'est un nouveau principe de taxation
qui concerne la tarification - je ne peux pas me résoudre à
ça parce que c'est précisément le genre de discussions
qu'on a actuellement au niveau de la table Québec-municipalités
qui pose des questions de principe de fond, ce sur quoi doivent être
basés à l'avenir les principes de la tarification.
J'ai proposé un premier document à la table
Québec-municipalités. Sur les principes inclus dans ce document
on s'est dit d'accord généralement mais on a dit: II ne faut pas
mettre de critères dans la loi. C'est ça qu'on est en train de
discuter, jusqu'où on peut aller dans une loi au-delà des
principes pour indiquer les critères sur lesquels peut être
basée une tarification juste de tous les services qu'une
municipalité peut donner.
Vous me dites que déjà il faudrait préjuger des
travaux de la table Québec-municipalités concernant la
tarification pour que vous puissiez avoir une solution dans le cas de Laval
alors qu'à partir des trois modes de taxation prévus et d'une
combinaison, si je comprends bien, ce que vous refusez c'est le fait d'inventer
un mode de taxation qui tienne compte d'une combinaison de ces tarifs. Vous
êtes habitué actuellement à tarifer au "frontage. " Vous ne
voulez pas adopter ce mode de taxation au secteur particulier que vous voulez
desservir alors que vous le pourriez très bien. (20 h 45)
M. Lefebvre: D'abord, remarquez qu'inventer un nouveau mode de
taxation, on l'a inventé en 1972. Cela a été tellement
bon, je pense, que le ministère a décidé de le placer dans
la loi générale, ce qui n'était pas si bête. On
faisait face, vous savez...
M. Marcoux: Avant, c'était bête, M. le maire?
M. Lefebvre:... à des culs-de-sac: quand, en "frontage",
on arrivait vis-à-vis d'un aqueduc de six pouces, théoriquement,
le gars était taxé pour six pouces parce qu'il était face
à l'aqueduc. Ce qu'on vous demande, c'est de nous donner le droit,
finalement - c'est justement cela - de combiner deux de ces choses. Par
exemple, un lot de 15 000 pieds carrés, quel que soit son "frontage" ou
sa profondeur, puisque c'est un lot pour un champ d'épuration, lui, on
va le taxer à 75 pieds. Si le lot a 30 000 pieds, on va le taxer
à 150 pieds parce qu'on sait que ce monsieur peut subdiviser son
lot.
M. Marcoux: Répétez-moi donc cela, s'il vous
plaît!
M. Lefebvre: Par exemple, un lot de 15 000 pieds de superficie,
ce qui est, pour un champ d'épuration, normal, on va le taxer à
75 pieds de "frontage". Si le lot mesure 30 000 pieds, à ce moment
là, on pourrait le taxer pour 150 pieds de "frontage". Si le lot
mesure...
M. Marcoux: Une taxe sur la superficie, par exemple. Si vous
prenez la superficie...
M. Lefebvre: C'est une combinaison...
M. Marcoux:... c'est cela que ça donnerait. Ce n'est pas
une combinaison.
M. Lefebvre: C'est un "frontage" maximal pour une certaine
superficie.
M. Marcoux: Au sens strict, c'est simplement une tarification
selon la superficie, cela. Vous dites: 15 000 pieds, c'est tant, 30 000 pieds,
c'est le double. C'est une taxe sur la superficie; ce n'est pas une
combinaison. Vous pourriez dire: 40% du tarif sont basés sur
l'évaluation, 60% sont basés sur le "frontage"; cela, c'est une
combinaison. Vous pourriez dire: 30% du tarif sont basés sur la
superficie, 30% sont basés sur l'évaluation et 40% sont
basés sur le "frontage"; cela, c'est une combinaison. L'exemple que vous
m'avez donné, ce n'est pas une combinaison, c'est sur la superficie.
M. Lefebvre: Sauf que là, j'ai un taux fixe pour
l'ensemble de la municipalité.
M. Marcoux: Actuellement.
M. Lefebvre: Et j'ai une portion qui varie selon le
règlement. J'en ai plus ou moins, "at large".
M. Marcoux: C'est précisément cela, M. le maire.
Vous dites: Actuellement, j'ai un mode de taxation qui est fixe pour tout le
monde. Vous dites: Je voudrais changer ma loi pour que cela soit fixe pour tout
le
monde en mettant un maximum de pieds au "frontage". Ce que je plaide,
c'est que la loi actuelle vous permet de régler votre problème.
Ce que vous me demandez, c'est de changer la Loi sur les cités et
villes, dans le fond, avant même qu'on ait fini l'ensemble de la
discussion sur les principes de la tarification des services dans le monde
municipal au Québec. Je ne vous dis pas qu'il n'y a pas de
problème parce que, précisément, on a commencé
à discuter et à réfléchir sur la chose et il y en
a, des problèmes. Comme vous dites: Notre solution était
sûrement bonne puisque le ministère l'a prise et l'a mise dans la
Loi sur les cités et villes, vous pourriez peut-être me reprocher,
dans quelques mois: Ce qu'on vous proposait là se retrouve maintenant
dans la Loi sur les cités et villes. Peut-être, et je ne vous en
voudrais pas de me dire cela.
C'est toujours plus difficile de reculer que d'avancer de façon
cohérente avec l'ensemble des conséquences ou des faits devant
soi. Je sais qu'il y a beaucoup d'inégalités dans la
tarification, actuellement, au Québec. Je sais qu'il y a beaucoup de
municipalités qui font un tarif qui comprend à la fois le service
d'exploitation et l'investissement. D'une certaine façon, c'est ce que
vous nous demandez, mais, techniquement, ce n'est pas cela que vous nous
demandez. Il y a beaucoup de municipalités au Québec qui vont
dire: C'est 350 $ pour le service d'eau pour l'ensemble de la
municipalité, indépendamment du fait que telle partie du
réseau ait coûté moins cher que telle autre partie du
réseau. En somme, on ne distingue pas dans ce qu'on exige du
contribuable l'investissement en capital des frais d'exploitation. Il y a
beaucoup de municipalités, surtout les municipalités rurales, au
Québec, où on adopte un mode de taxation de ce genre.
En fait, il est sûr qu'on peut continuer le débat et je
pense qu'il est instructif, mais ce que je veux dire, c'est qu'au
ministère des Affaires municipales on ne croit pas qu'il serait
opportun, à l'occasion de ce projet de loi privé concernant la
ville de Laval, d'introduire un nouveau mode de taxation concernant les
services, qui soit basé sur un maximum de longueur au "frontage" qui
pourrait être imposé par la ville.
M. Lefebvre: M. le ministre, on va certainement se plier à
votre décision. Tout ce que je peux vous dire, c'est qu'on a
exploré valablement cette avenue puisque notre désir, c'est de
donner des services. Mais à partir du moment où on essaierait
d'appliquer les trois méthodes qui sont dans la Loi sur les cités
et villes, on va avoir des objections de la part de certains riverains, pas de
tous les riverains. C'est bien sûr que celui qui a un lot de 75 pieds de
façade ne s'opposera jamais, mais son voisin, qui en a 400 pieds, va
s'opposer. Il va dire: J'aime autant mettre un peu plus d'argent sur mon puits
et payer ce que je paie comme adoucisseur d'eau que d'avoir un service
d'aqueduc.
Alors, on attendra que la loi soit amendée et nous permette de
donner le service d'aqueduc à ces gens-là. Au départ, il
faut bien s'imaginer que c'est un investissement à fonds perdus pour une
municipalité. C'est la situation. Si on allait chercher de nouvelles
évaluations, cela irait bien; mais on ne va pas chercher de nouvelles
évaluations avec cela. On attendra que la loi nous permette de le faire
d'une autre façon. Actuellement, je vous dis que je ne peux pas passer
un règlement, je vais avoir un référendum. On a juste
passé un avis de motion et les gens sont venus au conseil municipal. Ils
nous ont demandé quelles étaient les méthodes de taxation.
On a fait une revue des méthodes de taxation possibles. Ils ont dit: On
n'embarque pas là-dedans. Alors, s'ils n'embarquent pas et qu'on n'a pas
le droit de faire autre chose, bien ils attendront après l'eau.
Le Président (M. Fallu): M. le député de
Fabre.
M. Lefebvre: C'est rien que cela. On ne pourra pas...
M. Marcoux: Vous pourriez dire, M. le maire, dans le cas de
l'eau: Dont le "frontage" est supérieur, mettons, à 25
mètres. Jusqu'à telle longueur, vous demandez tant du pied ou
tant du mètre linéaire et, au-delà de telle longueur, vous
demandez moins. À ce moment-là, vous avez...
M, Lefebvre: Vous avez refusé, M. le ministre.
M. Marcoux:... un tarif qui est possible. Une voix: Vous
l'avez refusé.
M. Lefebvre: On l'a essayé et cela n'a pas marché.
On l'a, justement, essayé avec les 75 citoyens qui étaient le
long du "maine". On a essayé de faire cela et cela n'a pas
marché.
M. Marcoux: En le disant, je me doutais bien que cette
réponse viendrait.
M. Lefebvre: En fait, vous raisonnez exactement comme nous.
M. Marcoux: En fait, là, vous auriez pu dire:
Jusqu'à 75 pieds, c'est tant et, après cela, c'est
zéro.
M. Lefebvre: C'est 0, 01 $.
M. Marcoux: C'est cela.
M. Lefebvre: Mais on ne peut pas. Tout le monde est sur le
même nombre de pieds. Alors, le gars qui a 400 pieds de façade va
s'opposer au règlement et, à ce moment-là, il ne passera
pas.
Si c'était une utilisation générale dans la ville,
je comprendrais mieux, mais c'est tellement limité comme application;
c'est sur les rues ouvertes qui n'ont pas de service. C'est pour faire des
Lavallois à part entière. Cela ne me semble pas déroger au
principe de la fusion de ville de Laval, où on a dit: Tout le monde va
être dans le même "pot", tout le monde va payer. Vous savez, quand
j'ai des gars de Saint-François et de Laval-sur-le-Lac ou de l'île
Bigras, ils paient pour le transport en commun la même chose que les
autres et ils ne Pont pas. C'était le principe de Laval: mettre tout le
monde sur le même pied; c'est ce qu'on essaie de faire après 20
ans, encore une fois.
Maintenant, je comprends qu'on déroge au principe
général. On dit: C'est une exception pour vous autres, mais c'est
également une exception dans son application pour nous. Ce n'est pas
notre intention d'appliquer cela dans les nouveaux projets d'habitation. C'est
pourquoi on le demande par projet de loi privé, parce qu'on ne veut pas
l'appliquer aux nouveaux projets d'habitation.
M. Saintonge: Vous avez répondu à ma question. Je
voulais vous demander, justement, si cela s'appliquait dans un cas particulier,
pas besoin d'identifier un secteur. Ce serait difficile d'identifier un secteur
précis, cela se passe sur un grand espace de territoire, j'imagine, sauf
que ce sont dans des cas tellement délimités qu'on peut,
finalement, les identifier.
M. Trudeau: Cela ne s'applique qu'aux rues ouvertes avant que les
services soient installés.
M. Saintonge: C'est cela.
M. Trudeau: Cela ne s'applique pas aux rues nouvelles.
M. Lefebvre: D'ailleurs, je tiens à souligner les efforts
de la ville de Laval. Il y a des efforts en arrière de cela et je pense
qu'on devrait en tenir compte. Par exemple, dernièrement, à cause
de la présence de l'autoroute 15, il y a eu des infiltrations, de la
percolation de sel dans des puits. On a des cultivateurs qui, actuellement, ont
perdu des récoltes en serre. Ils nous demandent d'allonger notre
système d'aqueduc. On est pris! Est-ce qu'on le donne ou si on ne le
donne pas?
M. Marcoux: M. le maire...
Le Président (M. Fallu): M. le député de
Fabre, s'il vous plaît!
M. Marcoux: Je m'excuse.
M. Leduc (Fabre): Merci, M. le Président. Je suis
extrêmement sensible à la demande de la ville de Laval. Je suis
député d'un comté situé à une des
extrémités de la ville de Laval. Je sais que, parmi les citoyens
de mon comté - c'est la même situation pour les citoyens qui sont
situés à. l'autre extrémité de Laval,
c'est-à-dire les citoyens du comté de Mille-Îles - on
compte des gens qui sont je ne dirais pas parmi les plus
défavorisés, maïs qui sont, jusqu'à un certain point,
défavorisés dans le système actuel.
Tout à l'heure, M, le maire a mentionné les gens de
l'île Bigras. Effectivement, on a pu trouver une solution pour les gens
de l'île Bigras qui auront, très bientôt, l'aqueduc à
un coût très raisonnable, c'est-à-dire qu'on va
subventionner ces gens qui n'ont pas eu l'aqueduc pour qu'ils soient sur le
même pied que les autres citoyens de Laval. Il faut comprendre que les
gens qui habitent aux extrémités, les gens qui habitent sur les
îles, ont toujours été, jusqu'à un certain point,
défavorisés et ce depuis la fusion. Ce sont les gens qui ont le
moins de services à Laval.
Il faut savoir aussi que la ville de Laval comprend, je ne sais pas,
peut-être 70 000 ou 80 000 résidences pour une population
d'à peu près 270 000 personnes. Il s'agit de favoriser environ
2000 à 3000 personnes au maximum, faire en sorte que ces gens soient sur
le même pied que la très grande majorité de la
population.
M. le ministre, ce que je comprends, c'est que cela établit un
précédent et qu'il y a la table
Québec-municipalités dans tout cela. Je me dis, devant une
argumentation comme celle-là: Si la table finit par rejoindre
l'amendement en question, le problème est réglé. Si la
table ne rejoint pas le problème en question, on aura résolu le
problème par un amendement qui donnera satisfaction à des
citoyens qui, actuellement, sont défavorisés.
On semble se buter au fait qu'il y a un précédent. Il y en
a déjà eu, des précédents. De toute façon,
Laval en est un précédent, c'est un cas d'exception parmi toutes
les municipalités du Québec. Après 20 ans de fusion, on a
fusionné 14 municipalités, je pense que c'est un cas
d'espèce. Dans cette vaste fusion qui s'est faite, il y a des gens qui
sont encore défavorisés et c'est au nom de l'équité
qu'on propose cet amendement. Je comprends difficilement, M. le
Président, qu'on ne puisse pas y accéder, surtout que, encore une
fois, la ville de Laval limite
véritablement l'utilisation qu'elle veut faire de ce pouvoir. Il
ne s'agît pas d'un pouvoir général, mais d'un pouvoir
extrêmement limité pour satisfaire des citoyens qui sont dans une
situation particulière. Encore une fois, il faudrait qu'on me serve des
arguments un peu plus étoffés pour que je change d'idée
sur cette question.
M. Marcoux: Deux choses, M. le maire...
Le Président (M. Fallu): Je voudrais simplement rappeler
une chose. Je ne voudrais vraiment pas être déplaisant envers
quiconque, sauf que nous sommes liés par des travaux à cette
assemblée qui ont un rythme extrêmement précis et il nous
faudrait nous hâter, pour le moins.
M. Marcoux: Je voudrais dire deux choses pour convaincre soit M.
le maire ou mon collègue de Mille-Îles.
M. Leduc (Fabre): Le député de Fabre.
M. Marcoux: Ce serait un précédent à deux
titres. Ce serait un précédent par une loi privée de
modifier le régime de fiscalité municipale. Vous le savez,
lorsqu'on parle de la fiscalité municipale, cela a toujours
été à la suite de discussions entre l'ensemble du monde
municipal et le ministère des Affaires municipales et le
ministère des Finances. Ces discussions ont eu lieu pour adopter des
changements importants. Deuxièmement, ce serait donner un pouvoir
important à une municipalité en particulier.
Ce que je peux prendre comme engagement, après avoir entendu, et
je tenais à l'entendre, le point de vue de la municipalité au
complet, c'est, le plus rapidement possible, d'envoyer - parce qu'on a des
spécialistes en tarification au ministère et des gens qui s'y
connaissent - un spécialiste du ministère, dès les jours
qui viennent, rencontrer votre municipalité pour trouver une solution
dans le cadre de la loi actuelle. Je l'avoue humblement, je ne dis pas qu'on
n'aboutira pas à ce type de solution pour la loi générale,
quoique cela m'étonnerait à première vue. La tarification,
c'est une des priorités d'action du ministère. Vous savez quelles
sont mes priorités d'action cette année, elles sont publiques et
la question de la tarification en est une. (21 heures)
M. le Président, je dois demander à la ville de retirer
l'article ou demander à la commission de ne pas l'adopter.
Le Président (M. Fallu): Bon! Alors, un dernier mot de M.
le député de Laprairie et nous activerons nos travaux par la
suite.
M. Saîntonge: Oui, M. le Président. Je remarque une
chose, en tout cas. Je n'ai peut-être pas toute l'expertise que le
ministre possède en arrière de lui, mais j'ai
écouté attentivement les représentations de la ville de
Laval. Si le ministre mentionnait qu'il est plus dificile de reculer que
d'avancer dans la fiscalité, il reste qu'il y a certains cas
particuliers qui se posent. Je pense qu'à Laval, même si c'est un
pouvoir important des municipalités - vous mentionnez que vous pouvez
l'accorder dans un tel cas - il reste que c'est limité quand même
à un cas très spécifique. C'est dans le cas où des
rues sont déjà ouvertes à la circulation. Vous avez...
M. Marcoux: C'est un exemple, M. le député. Je
m'excuse, juste une phrase.
M. Saintonge: Oui.
M. Marcoux: II y a beaucoup de rangs, de rues au Québec
qui étaient déjà développés, accessibles
à la circulation et où des conduites maîtresses ont
passé à cause du développement des systèmes
d'aqueduc. On a vu cela dans beaucoup de municipalités au Québec.
Ce type de définition tel qu'il est à l'alinéa 3, c'est
une situation qui se présente à de multiples exemplaires au
Québec. Dans ce sens-là, dès qu'on touche à la
fiscalité municipale, il est extrêmement rare qu'on peut dire que
c'est un cas unique au Québec, alors que la question de la tarification
lors du passage de la conduite maîtresse dans un grand nombre de rangs,
de routes ou de rues - les mots peuvent varier - c'est une situation qui se
reproduit au Québec de plus en plus à cause des systèmes
d'aqueduc qui s'implantent.
M. Saintonge: Oui. D'accord. Cela peut se reproduire à
d'autres endroits, mais on parlait d'accorder un pouvoir important à une
municipalité. C'est peut-être vrai, mais, dans le cas qui nous a
été soumis, la ville de Laval a mentionné qu'elle a
examiné, de toute façon, je pense, les différents modes de
taxation possibles, même des combinaisons de modes de taxation,
d'après ce que j'ai pu comprendre, et elle n'arrive pas, finalement,
à trouver quelque chose qui serait satisfaisant pour rendre justice
à tout le monde. Je me dis une chose, c'est qu'au niveau de la
municipalité vous avez une conduite maîtresse d'aqueduc qui est
là. Vous avez des citoyens qui n'ont pas d'eau.
Dans mon comté, je peux vous dire une chose: J'ai des
problèmes dans une municipalité où il n'y a pas d'aqueduc
actuellement, mais ceux qui n'ont pas d'eau s'arrachent les cheveux pour tenter
d'en obtenir d'une quelconque façon. On a de la misère à
leur donner une réponse valable au point de vue de la
municipalité pour satisfaire tout le monde.
Vous avez un cas où il y a une conduite maîtresse qui est
là et où on peut donner de l'eau. C'est un cas peut-être
bien particulier, mais, dans certains cas, je pense qu'un projet de loi
privé, c'est là pour cela. On peut peut-être se tromper,
mais, dans ce sens-là, au niveau des représentations de la ville
de Laval, encore une fois, on rejoint certains autres pouvoirs qui ont
été demandés parfois par des corporations municipales. La
ville de Laval, justement, à mon point de vue, a fait preuve
d'innovation dans ce sens-là actuellement, a fait preuve d'une
recherche, d'après ce qu'on nous a dit de la façon dont elle a
voulu procéder, pour tenter de donner le service. Le but, effectivement,
pour lequel le service devait être donné, c'est pour
répondre aux besoins de la population.
Dans un tel cas, je trouve peut-être malheureux qu'on ne puisse
pas se rendre à la demande de la ville de Laval, considérant que
c'est fort particulier pour certaines parties de la ville. Un
élément auquel je suis particulièrement sensible, c'est
toute la configuration de Laval avec l'historique, car la façon dont
cette ville a été constituée avec un
rapiéçage de quatorze municipalités apporte des
problèmes qu'on ne trouve peut-être pas ailleurs au
Québec.
Le Président (M. Fallu): II est manifeste que nos
débats ne pourront pas se poursuivre puisque la commission parlementaire
siégeant sur le projet de loi 88 devra, dans quelques instants, prendre
place ici. Je vous préviens. Donc, Mme la députée de
Chomedey, M. le député de Fabre et, ensuite, nous prendrons une
décision ensemble sur l'article 2.
Mme Bacon: Une courte question, parce que, évidemment, je
suis aussi très sensible aux revendications de la ville de Laval, comme
l'ont été le député de Fabre et le
député de Laprairie. Le ministre offre de l'aide technique
à la ville de Laval pour tenter de solutionner ce problème et je
ne pense pas, après avoir fait une évaluation en profondeur des
possibilités de la ville de Laval d'innover dans une question de
tarification, qu'une aide technique puisse changer quoi que ce soit. C'est un
peu la raison pour laquelle on voit dans le projet de loi privé cette
demande de la ville de Laval. Est-ce que le ministre a l'impression qu'en
faisant cela, en offrant une aide technique à la ville, il pourrait
régler le problème, au lieu de le régler si simplement en
acceptant ce changement qui est demandé par la ville?
M. Marcoux: Pour répondre brièvement à Mme
la députée de Chomedey...
Le Président (M. Fallu): Je vous invite à entendre
la question du député de Fabre, puis à répondre et
à conclure.
M. Leduc (Fabre): Cela rejoint la question de Mme la
députée de Chomedey. Je veux juste bien comprendre ce que le
ministre a proposé. Il parle de deux choses. On peut comprendre que
c'est une aide technique parce que la ville de Laval est incapable de
résoudre ses problèmes, mais cela m'étonnerait que ce soit
dans ce sens-là parce que la ville de Laval n'est quand même pas
la dernière des municipalités au Québec, ou on peut
comprendre qu'il y a un expert du ministère qui se rendra sur place pour
évaluer le problème posé par la ville de Laval et
qu'à ce moment-là peut-être le ministère serait
prêt à réévaluer, à la lumière de ce
que cet expert aura constaté avec la ville de Laval, s'il y a moyen ou
non de régler le problème sans adopter cet amendement. C'est cela
ma question: Dans quel sens le ministre a-t-il fait sa proposition?
M. Marcoux: Ce n'est pas dans le sens de dire qu'on n'a pas
confiance à l'expertise de Laval, mais il peut arriver que des gens,
lorsqu'ils sont plongés dans un dossier extérieur, puissent aussi
avoir leur expertise et arriver à des solutions. Le maire de Laval sait
que je suis du genre à tenir mes engagements. J'en avais pris d'autres
face à d'autres projets de loi privés qu'il a
déposés en juin dernier et je l'avais assuré que si ce
n'était pas une hypothèse, c'était l'autre et l'autre
hypothèse se réalise comme convenu. Je peux vous assurer que,
pour moi, ce n'est pas une question d'avoir raison à tout prix; c'est
que ce serait véritablement la première fois que, dans le cadre
d'un projet de loi privé, on introduirait un nouveau principe de
fiscalité municipale et, M. le Président, je ne peux pas
être d'accord.
Le Président (M. Fallu): Maintenant, pour prendre une
décision, il y a deux choix, si l'on veut: que la ville de Laval,
puisque c'est elle qui est le proposeur du projet de loi bien qu'il appartienne
maintenant à l'Assemblée nationale, nous propose de retirer
l'article 2 ou encore que nous passions au vote ici à la table.
M. Lefebvre: Nous avons déjà subi une pression de
la part de ces citoyens. La seule solution que je leur avais annoncée en
novembre, c'était d'obtenir par le projet de loi privé ce pouvoir
de taxation. Quant à moi, je préférerais leur
répondre que l'Assemblée nationale a décidé de
reporter cela à plus tard pour trouver un système qui pourra
s'adapter à vous parce que manifestement on ne pourra pas, comme on
l'avait prévu, donner ces services-là. Je peux vous assurer d'une
chose, c'est qu'il va y avoir du "bardassage", c'est bien sûr.
Le Préaident (M. Fallu): Est-ce que je pourrais vous
suggérer, M. le maire, d'utiliser le député de Fabre pour
revenir à la charge comme, au printemps, le député de
Vimont s'était occupé de la ville de Laval?
M. Lefebvre: Je vous assure que les autorités de la ville
de Laval vont certainement utiliser tous les députés, incluant le
député de Mille-Îles qui est particulièrement
visé par cette chose-là. Le député de Fabre l'est
par certains secteurs, dont Creek-Beach, où on aura exactement les
mêmes problèmes qu'on tente actuellement de solutionner.
M. Marcoux: Donc, si je comprends bien, c'est rejeté.
M. Saintonge: Sur division.
Le Président (M. Fallu): Rejeté sur division.
L'article 3?
Paiement annuel des intérêts
M. Trudeau: Possiblement un autre article qui est contentieux en
ce sens que le ministre des Affaires municipales n'est peut-être pas
d'accord. La ville de Laval a fait une émission d'obligations sur le
marché européen, le 1er septembre 1984, et la ville de Laval
n'est pas a l'abri actuellement d'une poursuite qui pourrait être prise
par un détenteur d'obligations, qui pourrait théoriquement
demander un recours collectif pour que la loi du Québec soit
appliquée, c'est-à-dire que le paiement des intérêts
se fasse semi-annuellement. Tout ce que l'article 549 de la Loi sur les
cités et villes prévoit, c'est le paiement semi-annuel, alors
qu'en Europe on ne paie les intérêts qu'annuellement. C'est la
coutume et on ne changera pas leur coutume, et on ne l'a pas changée
dans notre émission.
M. Marcoux: Sur cet article accélérons nos travaux,
M. le Président -nous avons déjà eu des discussions avec
les représentants de la ville de Laval. Il y a beaucoup de villes au
Québec qui empruntent sur les marchés étrangers et
l'article qui est formulé de la même façon - encore
là, si un jour il devait être changé - n'a pas posé
de problème jusqu'à maintenant. La possibilité d'un
recours collectif des acheteurs d'obligations ou des prêteurs sur les
marchés étrangers pour protester contre le fait que la loi dit
que les intérêts doivent être versés
semi-annuellement alors qu'ils sont en fait versés annuellement se pose
pour l'ensemble des municipalités, l'ensemble des villes qui empruntent
sur les marchés étrangers.
Ce qu'il faut souligner en plus, c'est qu'en vertu de l'article 12 de la
Loi sur les dettes et les emprunts municipaux et scolaires toute obligation
d'une municipalité émise et portant le sceau de validité
du ministère des Affaires municipales et le certificat du ministre est
valide et sa validité ne peut être contestée pour aucune
raison quelconque. Compte tenu de ta validité qui est donnée
à toutes les obligations du Québec et, en plus, aux obligations
qui sont empruntées à l'étranger, à notre avis, il
n'y a aucune possibilité de contestation. Nous souhaiterions que
l'article soit retiré ou qu'il ne soit pas adopté.
Le Président (M. Fallu): Quelle est votre réaction,
brièvement?
M. Lefebvre: M. le ministre, est-ce que vous anticipez changer la
loi générale éventuellement?
M. Marcoux: Je ne peux pas vous le dire actuellement. Pour
l'ensemble des municipalités, nous ne l'avons pas changé dans la
loi 2. C'est la première fois que le problème m'est
soulevé à travers un projet de loi privé; il ne m'avait
pas été soulevé autrement. Par rapport à la
validité, c'est qu'on me dit - j'aurais été prêt
à le changer aujourd'hui - qu'il n'y a aucun danger face à la
sécurité puisque ces obligations sont validées par le
ministère et qu'en vertu de l'article 12 de la Loi sur les dettes et les
emprunts municipaux et scolaires leur validité même ne peut
être constestée.
Le Président (M. Fallu): Me Trudeau.
M. Trudeau: J'aurais juste un mot à ajouter. Le certificat
de validité protège le détenteur, mais le certificat de
validité ne protège pas la municipalité contre une
poursuite du détenteur. Cela est mon opinion, c'est l'opinion de
l'avocat de "l'underwriter", c'est l'opinion de plusieurs avocats que j'ai
rencontrés. Évidemment, la majorité des gens qui vont sur
le marché européen, c'est la communauté urbaine, la ville
de Montréal, Hydro-Québec et ils ne sont pas liés par la
Loi sur les cités et villes. Il n'y a pas beaucoup de
municipalités au Québec qui vont sur le marché
européen.
M. Marcoux: Ce n'est pas la Loi sur les cités et villes;
c'est la Loi sur les dettes et les emprunts municipaux et scolaires.
M. Trudeau: C'est la Loi sur les dettes et les emprunts
municipaux et scolaires qui prévoit le certificat de validité,
mais c'est la Loi sur les cités et villes qui prévoit que c'est
payable semi-annuellement. La ville de Montréal et la communauté
urbaine, cela ne les dérange pas, mais nous, cela nous
dérange.
M. Marcoux: II y a d'autres villes aussi
si ma mémoire est bonne, Sainte-Foy - qui empruntent sur les
marchés étrangers.
M. Lefebvre: On n'en fera pas une histoire.
M. Trudeau: On n'en fera pas une histoire.
Le Président (M. Fallu): L'article 3 est rejeté.
Quant à l'article 4, j'espère que M. le ministre pourra
déjà dès ce soir vous dire combien vaut un revicentre
à Laval.
Remplacement de "centre-ville" par
"territoire"
M. Trudeau: Le seul but de l'article 4, c'est de faire
disparaître de l'article 12 de la charte le mot "centre-ville" pour le
remplacer par "territoire". En 1978, lorsque la ville avait créé
ce présumé centre-ville et qu'elle l'avait décrit en
annexe à sa loi spéciale, ce centre-ville, c'est la description
de la carrière Lagacé. Évidemment, tant que le
gouvernement n'a pas parlé de donner des subventions pour la
revitalisation des centres-villes, cela ne nous a pas dérangés,
mais là cela nous fait mal. On ne veut pas mettre 1 000 000 $ dans le
trou de la carrière Lagacé.
M. Marcoux: Comme on veut vous protéger contre des
dépenses que vous ne voudriez pas faire, on est entièrement
d'accord. J'aurais un papillon à proposer qui tient compte d'une loi que
vous n'aviez pas à ce moment, la loi 2 qui est adoptée maintenant
en commmission. Je voudrais lire l'amendement suivant, M. le Président:
L'article 4 du projet de loi 255 est remplacé par le suivant qui se
réfère aux changements apportés par la loi 2 pour en tenir
compte: "4. L'article 12 de la Loi modifiant la charte de la ville de Laval
(1978, chapitre 112) modifié par l'article (insérer ici le
numéro de l'article du projet de loi 2 sanctionné correspondant
à l'article 266 de la version de ce projet déposé pour
présentation) du chapitre (insérer ici le numéro de
chapitre du projet de loi 2) des Lois de 1984, est remplacé par le
suivant: Afin de permettre ta réalisation harmonieuse du territoire
décrit à l'annexe et afin d'en permettre la mise en valeur au
profit de la collectivité, la ville est autorisée: 1. à
acquérir de gré à gré ou par voie d'expropriation
le territoire composé des immeubles décrits à l'annexe -
ce que nous verrons tantôt - 2. à promouvoir le rayonnement de ce
territoire comme place publique à caractère social et
communautaire, culturel, artistique, sportif, commercial,
récréatif et touristique; 3. à aliéner ces
immeubles en tout ou en partie, conformément à la loi qui
régit la ville, à des fins résidentielles, commerciales ou
publiques, à un prix qui ne soit pas inférieur au coût de
l'acquisition, plus le coût des services et des dépenses ou des
frais légitimes s'y rapportant, auquel cas l'aliénation est
censée faite à titre onéreux; 4. à construire tout
édifice ou tout "immeuble" d'édifices pour fins publiques et
gouvernementales, ou pour fins de stationnement et de garages, 5. è
louer ces immeubles, à des fins résidentielles, commerciales ou
publiques, à un prix suffisant pour couvrir les dépenses
annuelles relatives à ces immeubles ou pour l'amortissement et les
intérêts du prix d'achat, du coût des services, des
dépenses ou frais légitimes s'y rapportant et des taxes
municipales et scolaires.
M. Saintonge: M. le Président, je comprends que
quatrièmement c'est: "à construire tout édifice ou tout
ensemble d'édifices. "
M, Marcoux: Oui, est-ce que j'ai mal lu?
M. Saintonge: Tout "immeuble" d'édifices...
M. Marcoux: Tout ensemble d'édifices.
M. Saintonge: C'est pour les fins de correction au Journal des
débats.
Le Président (M. Fallu): Est-ce que cela vous
agrée? Parfait. L'amendement est adopté.
M. Saintonge: Adopté.
Le Président (M. Fallu): L'article tel qu'amendé
est-il adopté?
M. Saintonge: Adopté.
Le Président (M. Fallu): Adopté. En
conséquence, l'article 5 doit être, lui aussi, à nouveau
amendé.
Acquisition et aliénation d'immeubles
M. Marcoux: Oui, adapté avec un amendement seulement que
je voudrais lire: L'article 5 du projet de loi 255 est remplacé par le
suivant: "5. L'article 13 de cette loi est modifié par l'article
(insérer, ici le numéro du projet de loi 2 sanctionné
correspondant à l'article 267 de la version de ce projet
déposé pour présentation) du chapitre (insérer ici
le numéro de chapitre du projet de loi 2) des Lois de 1984, est
remplacé par le suivant: La ville est...
Le Président (M. Fallu): M. le ministre, étant
donné que vous nous en avez fait un dépôt
dactylographié, la ville en a déjà pris
connaissance.
M. Marcoux: Oui, cela va?
Le Président (M. Fallu): Oui, M. le maire. Je vous
écoute.
M. Lefebvre: Il y a une chose qu'on avait demandée en
surplus.
M. Trudeau: Ce matin, j'ai rencontré vos conseillers
juridiques afin de leur demander d'ajouter, au deuxième paragraphe de la
page 2 de votre papillon, les mots "fins de recherche et fins d'agriculture",
parce que nous avons eu récemment un problème à Laval avec
Bio-Méga qui est un laboratoire de recherche. Nous avons
également des discussions qui sont encore d'actualité avec
INRS-santé et on s'aperçoit que, lorsqu'on discute avec ces
gens-là, ce n'est plus de l'éducation, mais de la recherche.
Alors, il faudrait ajouter, après le mot "éducation", les mots
"pour fins de recherche". Également, étant donné le zonage
agricole nous aurions à faire du remembrement dans la zone agricole de
lots qui ont été subdivisés par les anciennes
municipalités et qui pourraient être remis à l'agriculture.
Je pense que ce n'est pas demander un pouvoir bien exorbitant et que c'est un
pouvoir conforme à votre Loi sur la protection du territoire
agricole.
M. Marcoux: On est d'accord pour ajouter les mots "pour fins de
recherche". On va formuler l'amendement de façon précise:
"d'éducation, de recherche". Mais en ce qui concerne l'agriculture,
comme la banque de terres du ministère de l'agriculture est en train
d'entrer en vigueur, nous pensons qu'il relève du ministère de
l'Agriculture de faire ces opérations à travers la banque de
terres qui a été créée et qui fonctionne en
relation avec l'Office du crédit agricole,
M. Lefebvre: C'était justement en fonction des
crédits qu'a annoncés le ministre et de son ouverture d'esprit
face au remembrement. À cause d'une situation spéciale, il y a eu
un lotissement à une époque, dans les années 1957-1958, en
lots de 25 par 100 qui sont situés en plein territoire agricole. Il y
aurait une possibilité de les remembrer et de les recéder pour
fins d'agriculture. La ville serait en position de faire cela. Nous faisons des
reprises pour taxes. Nous pourrions également en racheter. Je donne
l'exemple de Magiric, qui est une des grandes fermes du coin, qui pourrait
à un moment donné utiliser ces choses-là, mais on n'a pas
le pouvoir de leur vendre.
M. Marcoux: Avec ce que vous demandez, vous auriez le pouvoir
d'exproprier, alors que l'Assemblée nationale s'est refusée
à donner à la banque de terres le pouvoir d'exproprier. Elle peut
acheter lorsqu'il y a espoir de revendre, etc., et lorsque l'Office du
crédit agricole a une espérance de pouvoir rendre utiles ces
terres. Alors, "pour les fins de recherche", on est d'accord pour
l'accorder.
M. Lefebvre: En fait, c'était pour vous aider.
M. Marcoux: Pour l'agriculture, il y a une chose que je peux
m'engager à faire; on le fait pour tout nouveau pouvoir demandé
par une municipalité lorsqu'on n'a pas le temps de vérifier avec
le ministère concerné. À l'étape de la
troisième lecture - d'ici ce temps-là, j'aurai le temps de
vérifier auprès de mon collègue de l'Agriculture - je
pourrais proposer, avec le consentement de la Chambre, un amendement à
cet effet-là. Mais à la lumière des informations que je
possède comme membre de l'Assemblée nationale et avec la
connaissance que j'ai de la banque de terres, il ne m'apparaît pas
actuellement sage de vous donner ce pouvoir-là, d'autant plus que c'est
un pouvoir d'expropriation, alors que l'Assemblée nationale s'est
refusée à - je pense que ce n'était même pas
demandé, mais, si cela avait été demandé,
peut-être qu'on l'aurait refusé -donner à la banque de
terres du Québec le pouvoir d'expropriation à des fins de
remembrement, etc. D'accord?
Alors, pour être bien précis, après
l'alinéa...
Le Président (M. Fallu): Alors, au deuxième
paragraphe de la deuxième page, nous introduisons après le mot
"d'éducation"...
M. Marcoux: De recherche.
Le Président (M. Fallu):... "de recherche, ". Cet
amendement est-il adopté?
M. Marcoux: L'amendement "de recherche", plus l'amendement...
Le Président (M. Fallu): Je l'ai inclus dans
l'ensemble.
M. Saintonge: C'était rajouté à la main.
Le Président (M. Fallu): L'article 5, tel
qu'amendé, est-il adopté?
M. Saintonge: Adopté.
Le Président (M. Fallu): Adopté. L'article 6 qui
abroge l'article 14? Me Trudeau.
M. Trudeau: C'est simplement pour abroger un pouvoir que nous
avions, de façon
que nous revenions à la loi générale.
M. Marcoux: Adopté.
Le Président (M. Fallu): Adopté. L'article 7?
M. Marcoux: Adopté.
M. Saintonge: Sur division.
Le Président (M. Fallu): Sur division. Article 8?
M. Marcoux: Adopté. M. Saintonge:
Adopté.
Le Président (M. Fallu): Adopté. L'annexe?
M. Marcoux: Adopté. M. Saintonge:
Adopté.
Le Président (M. Fallu): Adopté. Le titre du projet
de loi?
M. Marcoux: Adopté. Renumérotation, M. le
Président.
Le Président (M. Fallu): Il y a une motion de
renumérotation. Adopté?
Le préambule de ce projet de loi est également
adopté pour en faire partie intégrante.
M. Marcoux: Adopté.
Le Président (M. Fallu): Merci infiniment, M. le
maire.
M. Lefebvre: Permettez-moi de vous remercier et de vous souhaiter
à tous, M, le Président et M. le ministre...
M. Marcoux: Au plaisir de se revoir, M. le maire.
M. Lefebvre: Bientôt, j'espère. J'espère que
le temps des fêtes nous donnera...
M. Marcoux: De projet de loi privé en projet de loi
privé, c'est pour avoir le plaisir de vous rencontrer. Je peux vous
assurer d'une chose: Sur l'article 2, cela aurait été un
précédent important dans un projet de loi privé de
modifier la Loi sur la fiscalité municipale. On sait que ce n'est pas
une chose qu'on touche allègrement. On y touche avec précaution,
puisqu'elle a été l'objet de multiples accords et ententes. Je
peux vous assurer qu'on va continuer d'y penser puisque c'est un sujet qui
revient fréquemment à l'occasion des projets de loi
privés.
M. Lefebvre: Tout ce que je vous demande de considérer,
c'est que la ville de Laval a toujours été un cas particulier et
qu'on a fait preuve, je pense, d'innovation et d'esprit d'initiative.
M. Marcoux: Mon problème, M. le maire, sans vouloir
diminuer aucunement le cas particulier de la ville de Laval, c'est qu'il y a
1565 cas particuliers dont je dois tenir compte aux Affaires municipales et la
municipalité de deux habitants qui doit avoir un conseil municipal de
six conseillers et d'un maire est aussi un cas particulier.
Le Président (M. Fallu): Je déclare donc le projet
de loi adopté...
M. Lefebvre: Mesdames et messieurs, passez de bonnes
fêtes.
Le Président (M. Fallu):... tel qu'amendé.
M. Marcoux: Merci de vos bons voeux, M. le maire.
(Fin de la séance à 21 h 22)