(Neuf heures une minute)
Mme Prass : Bon matin. Donc,
je voudrais vous parler des échecs du programme Agir tôt dont on a appris hier,
un programme qui est très important, justement, pour le dépistage des jeunes
qui ont des retards. Sauf que c'est bien de diagnostiquer les jeunes, mais sans
qu'on leur offre le service, ça ne donne pas grand-chose.
On a appris que les attentes moyennes sont
de 10 mois, et donc c'est des attentes moyennes, pas maximales, qui peuvent
aller jusqu'à trois ans en Côte-Nord. Et on se comprend que c'est des jeunes
qui ne sont pas encore à la maternelle, qui sont en garderie, donc, souvent, à
cause de ces délais d'attente, le temps qu'ils arrivent à recevoir des
services, bien, ils sont déjà rendus à l'école, donc la question ne se tient
plus. Donc, on voudrait que le gouvernement tienne ses promesses.
Dans le même cadre, on a appris ce matin,
pour le dépistage de la surdité des nouveau-nés, qu'en mai 2021 il y avait une
motion qui avait été passée, que la CAQ a votée, pour s'engager que, d'ici la
fin 2021, tous les établissements en santé feraient le dépistage de ces jeunes,
ce qui ne se passe pas, c'est juste 64 % des jeunes qui reçoivent ce
dépistage. Donc, le gouvernement qui s'engage pour nos jeunes, nos jeunes
vulnérables, donc, mais les services qui ne sont pas là. Donc, nous, on
voudrait des réponses, on ne voudrait pas juste des diagnostics. Il faut que
les services suivent également pour ces jeunes-là.
M. Fortin :Merci. Bonjour. Bonjour, tout le monde. Juste pour renchérir
sur le point de ma collègue, là, la motion à laquelle elle a fait référence,
qui a été votée par la CAQ, c'est une motion qui a été portée conjointement par
la CAQ, également par le ministre délégué aux Services sociaux. Alors, de
savoir, aujourd'hui, là, qu'il n'a toujours pas pris ses responsabilités, je
pense que c'est particulièrement décevant. Ça démontre une inégalité très
claire entre les différentes régions du Québec.
Moi, je voulais vous entretenir, ce matin,
du projet de loi n° 15 qui... On amorce ce matin, là,
le début de l'étude article par article. C'est un projet de loi pour lequel on
a voté contre le principe, et je veux vous expliquer pourquoi. Essentiellement,
il y a trois raisons. De un, c'est un projet qui est très mal ficelé, c'est un
projet qui... Intervenants après intervenants en commission parlementaire sont
venus nous dire qu'ils n'avaient pas été consultés, qu'il y avait beaucoup de
pans du projet de loi qui, pour eux, ne faisaient simplement pas de sens, qui
répondaient à des demandes qu'ils n'ont jamais faites et qui — et ça,
c'est notre deuxième point — n'amélioraient en rien le service à la
population.
Le ministre Dubé semble vivre dans son
monde à lui, dans un monde alternatif de celui des gens qui sont venus en
commission parlementaire nous expliquer que les objectifs du ministre, là, ils
ne sont pas rencontrés par les propositions de son projet de loi. Alors, pour
nous, on ne retrouve que très peu d'initiatives qui pourraient aider la
population et beaucoup d'initiatives qui pourraient mettre à risque le service
à la population. Je fais référence, entre autres, à la question des organismes
communautaires qui pourraient perdre du financement gouvernemental, à la
question des médecins de famille d'un certain âge qu'on pourrait forcer à
travailler en milieu hospitalier et qui pourraient éventuellement décider de
prendre leur retraite ou simplement de quitter le réseau. Il y a la question
des effectifs dans certaines régions qui pourraient être mis à mal, c'est-à-dire
des gens qui pourraient choisir de se déplacer d'une région à l'autre. En soi,
ce n'est pas mauvais, mais, si on ne mesure pas ce que ça veut dire pour une
région en particulier, il pourrait y avoir des impacts démesurés et des bris de
service.
Et la troisième chose, c'est que cette
réforme-là, d'abord et avant tout, ce n'est pas une réforme qui s'attaque au
problème principal du réseau de la santé, c'est-à-dire les enjeux de main-d'œuvre,
les enjeux de manque de personnel. C'est une réforme de gouvernance, c'est une
réforme de hiérarchisation, c'est une réforme de contrôle, d'abolition des
contre-pouvoirs. Et disons que le ministre nous dit que son projet de loi, il
est perfectible, il a besoin d'être pas mal plus que perfectible. Il y a des
grands pans de ça qui doivent être changés.
M. Desrosiers (Sébastien) : Mais,
justement, il y aura des amendements aujourd'hui. Qu'est-ce qui ferait votre
affaire, là-dedans?
M. Fortin :Bien, disons que les amendements, ils doivent être
substantiels pour être suffisants à nos yeux, là. Le gouvernement s'approprie
des pouvoirs massifs à travers ce projet de loi là. Il prend à peu près tous
les contre-pouvoirs du réseau de la santé et il les met de côté. Et là je pense
aux conseils d'administration régionaux, qui sont formés de bénévoles qui ont
leur mot à dire dans l'administration des CISSS et des CIUSSS. Ces gens-là sont
écartés du processus. Il y a un impact sur des comités des usagers locaux, et
ça, ce sont des gens vers qui les usagers se tournent régulièrement. Les
médecins, pharmaciens, dentistes, qui sont élus par leurs pairs pour voir à la
priorisation, pour voir à l'organisation du travail, ces gens-là perdent ce
pouvoir-là au profit d'un fonctionnaire nommé par le P.D.G. de l'établissement,
donc, et le ministre de la Santé. Alors, pour nous, là, il faudrait très
clairement qu'il y ait davantage d'impacts positifs pour le patient, mais il
faudrait s'assurer que ce n'est pas qu'une réforme de contrôle qui est mise en
place.
Mme Lajoie (Geneviève) : M.
Fortin, est-ce que vous êtes, comme le premier ministre, d'avis que la hausse
du salaire des élus est une décision importante pour la société?
M. Fortin :J'ai entendu les arguments du premier ministre hier, là,
qui disait essentiellement : On a eu des décisions difficiles à prendre.
Bien, petite nouvelle pour le premier ministre, tous les premiers ministres de
l'histoire du Québec ont eu des décisions difficiles à prendre, ça fait partie
du travail, et j'espère qu'il s'attendait à ça quand il est entré en fonction.
Au-delà de ça, les arguments de part et d'autre,
là, dans ce dossier-là, deviennent de plus en plus loufoques. Le premier
ministre nous dit : Ah! mais on a des décisions importantes à prendre,
donc il faut modifier les conditions de travail des députés. Québec solidaire
qui nous dit : On est contre, mais on veut une augmentation quand même de
20 000 $. Plus la discussion avance, plus les arguments de part et d'autre,
là, nous apparaissent un peu ridicules. Nous, ce qu'on fait, c'est qu'on
regarde le rapport du comité indépendant qui est devant nous et on vote sur ce
rapport-là.
Mme Lajoie (Geneviève) : Mais
vous avez déjà dit, là, vous avez déjà dit, dans un autre point de presse... la
semaine dernière, vous étiez mal à l'aise, quand même, avec ce sujet-là, avec
cette hausse-là.
M. Fortin :Bien, je pense que tout le monde est mal à l'aise.
Mme Lajoie (Geneviève) : Est-ce
que vous, vous allez voter quand même pour le projet de loi, mais en vous
bouchant le nez un peu?
M. Fortin :Les élus du Parti libéral vont adopter la recommandation
qui a été faite par le comité indépendant. Là où on est mal à l'aise, c'est
quand les gens se mettent à faire, entre autres, des arguments complètement
bidon comme ceux du premier ministre. Si le premier ministre regardait
uniquement le rapport du comité indépendant, ce serait une chose. Là, il se met
à nous dire : Aïe! Elle est difficile, ma job. Bien oui, elle est
difficile, sa job, il est premier ministre.
M. Carmichael (Simon) : Est-ce
que vous allez trouver ça difficile quand vous allez devoir voter sur ce projet
de loi là?
M. Fortin :Bien, je pense qu'effectivement c'est un sujet qui n'est
pas évident pour personne, mais tous les votes ici sont importants, tous les
votes sont... doivent être réfléchis. Pour nous, on se base sur le rapport du
comité indépendant.
M. Lecavalier (Charles) : ...c'est
que je comprends l'argument du rapport indépendant, mais on pourrait faire une
très longue liste de rapports indépendants qui ont été tablettés et dont les
recommandations n'ont jamais été suivies. Pourquoi, celui-là, ça prenait un
projet de loi, là, instantanément, puis il fallait régler ça avant l'été pour
augmenter, puis, évidemment, les gens qui votent, c'est eux qui se donnent l'augmentation
de salaire?
M. Fortin :Bien, elle est là, la... La prérogative qui est difficile à
comprendre du gouvernement, là, elle est par rapport au timing, par rapport au
moment choisi par le gouvernement. En ce moment, ils sont en négociation avec
les infirmières, puis ça n'avance pas. D'ailleurs, la FIQ a demandé pour de la
médiation, de la conciliation dans ce dossier-là. Ils sont en négociation avec
les professionnels de la fonction publique. Ils sont en négociation avec
beaucoup de gens qui donnent des services directs aux Québécois, puis ces
négociations-là, elles n'ont pas l'air prioritaires pour le gouvernement, tandis
que la question du salaire des élus, bien, il fallait régler ça vite, vite,
vite. C'est là où l'agenda gouvernemental, la priorisation du gouvernemental
est difficile à comprendre, et, pour beaucoup de gens qui sont en négociation
avec le gouvernement, bien, c'est certain que ça leur donne des leviers
supplémentaires.
M. Robillard (Alexandre) : Cette
hausse-là, ça va faire des députés québécois les mieux payés de toutes les
provinces canadiennes, ce qui était déjà le cas même avant la proposition.
Donc, est-ce que vous êtes à l'aise, vous, avec ça?
M. Fortin :Nous, on est à l'aise de se baser sur un rapport
indépendant. Là, par exemple, où il y a une comparaison qui se fait, c'est pour
nos professionnels par rapport aux professionnels des autres régions. En
campagne électorale, moi, dans ma...
M. Robillard (Alexandre) : ...quels
professionnels vous parlez?
M. Fortin :Bien, par exemple, moi, en campagne électorale, j'ai déjà
fait une proposition pour que les infirmières de notre région reçoivent le même
salaire que les infirmières en Ontario. Le Parti libéral est en faveur que les
enseignantes et les enseignants au Québec reçoivent un salaire comparable à
celui qui est offert en Ontario, dans les autres régions.
M. Robillard (Alexandre) : ...que
ce soit égal, mais là on ne parle pas de ça, on parle que la rémunération des
députés québécois va être vraiment au-dessus de celle de tous leurs homologues
des provinces. Donc, est-ce que vous êtes à l'aise avec ça, vous? Est-ce que ça...
M. Fortin :Je ne peux pas vous dire, là. On pourra regarder la charge
de travail des élus de chaque province, de chaque région. Je suis certain qu'il
y a des gens qui peuvent se pencher là-dessus. Nous, on a regardé le rapport du
comité indépendant puis on s'est dits confortables avec ses recommandations.
M. Robillard (Alexandre) : Malgré
tout, là, même si c'est un comité, vous pourriez dire : Bien, le comité,
il est arrivé avec une conclusion que moi, je trouve farfelue, que je... C'est
facile de dire : C'est indépendant, donc c'est bon.
M. Fortin :Mais ce qui est encore plus farfelu, c'est de ne se pencher
sur absolument rien, comme l'a fait Québec solidaire. Eux, ils ont dit, là :
Moi, je suis d'accord avec 20 000 $, mais ça vient d'où ce 20 000 $
là? Nous, ce qu'on accepte, c'est une proposition qui vient d'un comité
indépendant. Eux, ce qu'ils mettent de l'avant, c'est quelque chose qui ne vient
de nulle part, qui vient de leur imagination. Ils disent : Bien, 20 000 $,
c'est correct, 30 000 $, c'est trop. Moi, j'aime mieux me pencher et
prendre des recommandations d'un rapport indépendant que de sortir un chiffre
d'un chapeau.
M. Lecavalier (Charles) : ...c'est
le rapport indépendant, mais là je n'ai pas fait l'exercice, mais, si vous
voulez, on peut le faire, je suis sûr que, sous le gouvernement Couillard, là,
il y en a plein des rapports indépendants qui n'ont pas été mis...
Une voix : Bien,
L'Heureux-Dubé.
M. Lecavalier (Charles) : Bon.
Donc, pourquoi, au-delà du fait qu'il y a un rapport indépendant qui dit
quelque chose, vous, là, vous pensez qu'il faut vraiment voter ça, puis que,
même si les Québécois, visiblement, sont largement contre, c'est quand même bon
de se verser une augmentation de salaire de 30 %?
M. Fortin :Si on ne se base pas sur un rapport indépendant, je me
demande sur quoi on devrait se baser. Et c'est là qu'elle est....
M. Lecavalier (Charles) : ...
M. Fortin :Bien, des rapports indépendants, de façon générale, là,
leurs recommandations devraient être sérieusement considérées et, la plupart du
temps, devraient être adoptées. Je vous donne un exemple bien simple, le
rapport de la commission Laurent, qui parle justement des services sociaux.
Moi, j'espère que ça va progresser pas mal plus vite que ça progresse en ce
moment, qu'il va y avoir pas mal plus de ces recommandations qui sont adoptées,
sinon son entièreté. Là, on voit qu'il y a des grands pans des usagers du réseau
de la santé, de la protection de la jeunesse qui sont laissés de côté, qui
n'ont pas les services nécessaires parce que ces recommandations-là ne sont pas
mises en place. Des rapports indépendants, là, il faut les regarder, il faut
les considérer sérieusement parce que, la plupart du temps, la très, très
grande majorité du temps, ils sont faits avec la plus grande diligence.
M. Robillard (Alexandre) : ...vous
êtes à l'aise avec cette proposition-là de 30 000 $?
M. Fortin :C'est la proposition qui nous vient d'un rapport qui, lui,
s'est penché sur la question et qui est arrivé avec une recommandation. De
faire une autre recommandation, disons, elle ne serait basée sur absolument
rien, comme la proposition de Québec solidaire.
Mme Lajoie (Geneviève) : Mais
on ne débattrait pas de ça encore maintenant si, à l'époque, M. Fournier... Je
me souviens, Jean-Marc Fournier avait décidé de ne pas appliquer le rapport
L'Heureux-Dubé. C'était le choix du gouvernement libéral, quand même, de ne pas
le faire, parce qu'il voyait trop de coûts politiques à ça, là.
M. Fortin :Et qui a bloqué ça à l'époque? Qui en a fait un enjeu
politique? C'est la Coalition avenir Québec, la même qui, aujourd'hui, là, a
choisi d'en faire sa grande priorité. C'est eux qui, à l'époque, disaient :
Non, non, ça ne marche pas, L'Heureux-Dubé, il faut politiser ça. Bien,
aujourd'hui, ils subissent les conséquences du refus qu'ils ont fait il y a
plusieurs années.
M. Desrosiers (Sébastien) : Mais
est-ce que vous êtes d'accord avec les conclusions du rapport?
M. Fortin :Bien, c'est ce sur quoi on base notre position.
M. Desrosiers (Sébastien) : L'Heureux-Dubé?
M. Fortin :Oui.
M. Desrosiers (Sébastien) : ...30 000 $?
M. Fortin :C'est sûr que c'est là-dessus qu'on base notre position,
oui.
M. Lecavalier (Charles) : Est-ce
qu'il faut mieux expliquer? Est-ce que vous, vous allez mieux expliquer aux
Québécois ce rapport-là? Ils devraient le lire, les Québécois qui ne
comprennent pas pourquoi vous méritez une hausse de 30 %?
M. Fortin :Bien, je ne veux pas faire une synthèse du rapport, là. Il
vous est disponible. Je suis certain que vous pouvez en faire l'analyse et la
synthèse vous-même.
M. Robillard (Alexandre) : Trois
quarts des répondants à un sondage trouvent que... qui sont en désaccord avec
ça. Est-ce qu'il y a un problème de communication, de pédagogie ou...
M. Fortin :Moi, je ne suis pas un analyste politique. Je vous laisse
faire l'analyse de ces choses-là.
Mme Lajoie (Geneviève) : Mais
est-ce qu'il n'y a pas un prix politique pour le Parti libéral d'appuyer ce
projet de loi?
M. Fortin :Encore là, c'est une question d'analyse politique, et je
m'en remets à vous pour faire ces calculs-là.
Mme Plante (Caroline) : Est-ce
que vous croyez le gouvernement, le premier ministre, quand il dit que c'est
une décision difficile de hausser le salaire, et puis est ce qu'on peut
vraiment comparer ça aux décisions difficiles de la pandémie? Est-ce que ça se
compare?
M. Fortin :Le premier ministre a des décisions difficiles à faire, ça
fait partie de sa job, mais de dire... mais...
Mme Plante (Caroline) : ...
M. Fortin :
Ça fait partie... Lui pourrait nous le dire, si c'était une décision difficile
pour lui, mais ce que j'ai compris de son propos, c'est de dire : J'ai dû
prendre des décisions difficiles durant la pandémie et donc je mérite une
augmentation salariale. Les décisions difficiles, là, ça fait partie de la job
du premier ministre, des ministres, de l'ensemble des élus. De dire aujourd'hui
que c'est la motivation principale, je pense que ça fait partie peut-être de ce
qui fait accrocher beaucoup de Québécois, c'est des arguments complètement,
complètement loufoques comme celui-là.
M. Desrosiers (Sébastien) : Peut-être
un mot sur l'aide médicale à mourir. Ça va être encadré, cette pratique-là,
dans les salons funéraires, par exemple. Est-ce que vous êtes à l'aise avec ça?
Mme Prass : Oui, bien, on a
travaillé très fort, justement, en commission, pour s'assurer que ça soit bien
encadré, pour qu'il n'y ait pas de dérapage. Donc là, ça va devoir prendre la
permission, ou l'autorisation, plutôt, du département de services
professionnels, quand une personne veut l'aide médicale à mourir dans un lieu
qui n'est pas un établissement de santé, une maison de soins palliatifs ou
domicile. Donc, on est à l'aise avec ce qui est en place.
Ce qu'on était... ce qui nous a... ce avec
lequel on était moins à l'aise, c'était la demande anticipée pour l'aide
médicale à mourir, qui est un des principaux nouveaux éléments, qu'on a appris
hier soir serait seulement mis en application d'ici 24 mois. Donc, le
gouvernement nous demandait de précipiter l'adoption du projet de loi parce
qu'il y avait des gens qui attendaient justement que certaines dispositions
rentrent, et là on apprend que certaines personnes, par exemple, les gens qui
ont de l'Alzheimer, la démence, vont devoir attendre 24 mois. Donc, il y a
des gens qui sont aptes aujourd'hui, qui, d'ici 24 mois, ne seront
peut-être plus aptes et donc n'auront plus le pouvoir de... l'accès à faire une
demande anticipée. Donc, il y a une certaine déception à cet égard-là.
Mme Lajoie (Geneviève) : Attendre
deux heures et demie au téléphone pour obtenir un rendez-vous avec un médecin
au guichet d'accès à la première ligne qu'est-ce que ça démontre?
Mme Prass : Bien, ça démontre
que les gens qui recherchent des services, les gens qui ne sont pas bien n'ont
pas accès. Donc, le gouvernement, encore une fois, laisse tomber les gens parce
que c'est... Deux heures et demie, ce n'est pas grand-chose, en fait, il y en a
qui attendent beaucoup plus longtemps, et, quand on a une urgence puis il faut
voir un professionnel, je trouve que ce n'est pas acceptable dans la société
dans laquelle nous sommes. Il y a des gens qui ne s'en vont pas aux urgences
parce qu'ils savent que l'attente va être trop longue, on est rendu là, dans
notre société, puis ce n'est pas des décisions qu'on devrait devoir faire face.
M. Robillard (Alexandre) : Peut-être
brièvement, est-ce que le gouvernement du Québec devrait piger dans le Panier
bleu pour concevoir les tests linguistiques, là, de français pour les
immigrants?
M. Fortin :Bien, il est temps que ces tests-là soient revus, là,
honnêtement, on a une langue avec toutes ses particularités, au Québec, qui est
la nôtre, on en a fait la nôtre au fil des années, au fil des décennies.
D'imposer un test à des gens qui veulent venir au Québec, qui veulent
s'intégrer au Québec, qui veulent prendre part à la société québécoise, et le
premier examen de ça qu'ils ont, c'est un test fait en France avec des
expressions françaises, avec des références européennes, disons, je pense qu'on
est capable de leur fournir un bien meilleur accueil et de leur présenter notre
langue sous un bien différent angle.
Journaliste
: M.
Fortin, maybe a few words...
M. Fortin :Ah, bien, un instant, par exemple. Pendant... si ça ne vous
dérange pas, pendant qu'on parle de langue, aujourd'hui, là, moi, j'ai un
propos à faire sur Air Canada, encore une fois, là. Air Canada, de prime abord,
c'est un service qu'il n'y a pas grand monde qui apprécie, de par la qualité de
leur service, et ça, c'est vrai, qu'on soit anglophone ou francophone,
allophone, la qualité du service d'Air Canada, elle laisse à désirer,
particulièrement en région. Mais d'ajouter une couche de manque de respect
flagrant, de manque de respect éhonté envers les francophones, encore une fois,
Air Canada mérite les réprimandes que le commissaire pourrait lui imposer.
Le commissaire nous dit, aujourd'hui, là :
Ah bien, c'est une gradation. Bien, moi, je lui suggère, puisqu'Air Canada est
incapable de prendre ses propres responsabilités envers les francophones
partout au Canada, de s'y mettre, d'imposer des amendes à Air Canada, parce
que, de toute évidence, ils ne font pas le travail nécessaire. Et on n'est pas
à une ou deux plaintes près, pour Air Canada, on est à des centaines, des
milliers de plaintes, et je pense qu'on est rendu à la fameuse gradation à
laquelle fait référence le commissaire, parce qu'Air Canada, de toute évidence,
là, n'en a rien à cirer des francophones.
Mme François
(Mélissa) :
About
Christian Dubé's reform, the detailed analysis is starting today, maybe a few
words on that, because I know your party is against it.
M. Fortin :
Yes. So, there's three main reasons why
we're opposing the health care reform proposed by Christian Dubé. And his main
argument right now is : Well, the status quo can't last. Of course, the
status quo cannot last when people wait 2 h 30 on the phone simply to
get a medical appointment, when people wait two years to get a consultation
with a specialist. The current system and the current results produced by the
CAQ are a major problem.
But this reform doesn't
focus on the main problem of the health care system right now, which is
attracting and keeping the personnel that can help Quebeckers get services. It completely bypasses that main issue that is the
one that really affects the quality of service we get. And it's a reform based
on centralization, on reform of governance, on eliminating counterpowers to the
minister. It really creates a lined department with one authority, which is the
Health minister and his newly appointed CEO. We don't see how this can help
patients in Québec. And, until that's proven to us, that will be our position.
Mme Greig
(Kelly) :
Looking
at the court system, there is another challenge to Bill 96 that's going to
be presented today in Montreal. Considering the volume of lawsuits, if you look
at, say, 21, 40, 96, are there, in your opinion, major flaws in these bills? Because
they… you know, there's many court cases now about certain legislation.
M. Fortin :
There are flaws in these bills, and
it's why we voted against them in the first place. But, when you present
legislation that bypasses people's rights, there will be court challenges, and
people told us that there would be court challenges even before the legislation
was adopted. So, are we surprised by the fact that there are court challenges?
Absolutely not. Will the court do its work and analyze their request and see if
there is a legal validity to it? I certainly hope and expect so.
M. Authier (Philip) :
What do you think the chances are? We just
said… I mean, there's a question of proving that rights were violated and the
perception that rights were violated, which is always the fine line in these
cases in the court.
M. Fortin :
I said earlier, I'm not a political
analyst, I'm certainly not a legal analyst either. There's a reason why the
courts are… judges are appointed to look at these questions. The one thing I
will say is that, by using the blanket notwithstanding clause on these bills in
general, the Government freely
admitted that it was bypassing certain rights that were enshrined in our
charters.
M. Authier (Philip) :
Given that people behind those cases
are, you know, are… want… I mean, they're frustrated, they want some form of
justice, in this case. Do you think they're frustrated?
M. Fortin :
I think people in general want their
rights respected. I wouldn't speculate as to the reasons why they brought
forward this specific request in this specific case, but I think people expect
their rights to be respected, and when they don't feel that way, they certainly
have the possibility to challenge in court. That's the beauty of our systems.
Mme Henriquez
(Gloria) : What kind of amendments do you want
to see on Bill 15?
M. Fortin : Well, it would have to be major amendments for us to be in favor of
the bill. That being said, we will work constructively, because that bill will
be adopted one way or the other by the Government, so we want to make sure that, at least, we are able to include
some notions of improving quality of services, and we want to make sure that we
keep certain of the counterpowers that exist in our system, the regional health
boards, which are made up of volunteers who choose to give their time, give
their energy to improve the local system in their community. That's something that,
in our eyes, has an invaluable… is an invaluable resource.
The fact that doctors,
dentists, pharmacists currently act as a counterpower, and we saw it at the
Lachine Hospital situation, they are the ones who rose up and said :
Listen, this isn't what we need for our hospital, this isn't what our community
needs, the fact that the minister would eliminate powers from them in order to
put them in the hands of one bureaucrat, that's a problem to us. And that's
part of the bill where… we'll certainly try to amend it, because that community
empowerment and that community strength that Lachine drew on for their hospital
to preserve their services, if they didn't have those people in those places,
elected by their fellow doctors, dentists, pharmacists, it would have been a
serious issue for Lachine Hospital and we wouldn't want to see that situation
arise anywhere else.
Mme François
(Mélissa) :
What
do you think of medical aid in dying in funeral homes?
Mme Prass :
So, I was part of the commission that
tabled the bill… that studied the bill. I think that we came to a good
compromise whereby people… The notion is to allow people to have dignity when
they die and to do so in a way that they feel fulfilled, and so I think that we
came up with the proper language to make sure that they have to receive authorization
from the «directeur des services professionnels», so it's not just up to them
to do it wherever they want, there has to be a certain respect of surroundings
and other people who are going to be potentially exposed to that. So, we're
happy with that conclusion.
However, we were somewhat
disappointed with the fact that the anticipated request, so people who have
Alzheimer's or have a dementia, is only going to be applied within 24 months.
So, we were disappointed by that, because the Government kept on telling us how important it was to pass the bill quickly
because people who are apt today may be inapt in a few months, in order to that
request. So, we were disappointed to find out that it's going to take up to 24 months
to be applied.
(Fin à 9 h 25)