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Point de presse de M. Amir Khadir, député de Mercier

Version finale

Tuesday, February 18, 2014, 15 h 44

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Quinze heures quarante-cinq minutes)

M. Khadir : Merci. En Chambre, j'ai posé une question tout à l'heure à la première ministre ou, en fait, à l'équipe gouvernementale à propos du projet de Pétrolia et de Junex d'exploiter le pétrole de schiste sur Anticosti. Bien sûr que pour Québec solidaire, pour des raisons environnementales, pour des raisons économiques, c'est irrationnel de dilapider les fonds publics en prenant de tels risques. J'attirais l'attention de quelques journalistes sur le fait que, il y a une certaine époque, on a donné les permis d'exploration pour rien, en fait, à très faible prix, pratiquement gratuitement, sous prétexte que les entreprises prenaient des risques. Or, aujourd'hui, on prend ces risques-là à la place des entreprises privées, parce que, judicieusement, le secteur privé ne trouve aucun intérêt à prendre de tels risques. Alors, là-dedans, on se fait deux fois avoir. Non seulement on a donné les droits d'exploitation pour un prix dérisoire en liquidant la SOQUIP en 1998 et, plus tard, les droits en 2006, 2008, mais, en plus, on est aujourd'hui… on remplace le secteur privé qui ne veut pas prendre ces risques-là.

Mais au-delà de tout ça, ce qui est dangereux et qui met à risque la réputation du Québec et l'argent qu'on investit là-dedans, c'est que le gouvernement s'est associé à des entreprises comme Pilatus ou encore Maurel & Prom, deux entreprises qui sont impliquées dans le montage financier derrière Pétrolia et Junex. Ces deux entreprises là ont été fondées par des gens comme Loïk Le Floch-Prigent ou Jean-François Hénin. Ces deux personnes là ont été emprisonnées à plusieurs reprises, condamnées pour escroquerie, pour fraude, pour détournement de fonds, pour mensonges aux autorités américaines, pour lesquelles, d'ailleurs, M. Hénin a été interdit de séjour pendant cinq ans aux États-Unis. C'est des personnes avec de graves antécédents judiciaires en matière de manquement à l'intégrité financière et publique. Et le gouvernement, en violation des propres principes qu'il a émis au début de son mandat, comme quoi, en matière de tolérance et… en matière d'intégrité, ça serait tolérance zéro, bien, il a fermé les yeux, le gouvernement, sur ces antécédents de ses partenaires financiers et industriels. Ça, c'est très dangereux pour l'argent des contribuables, c'est très dangereux pour la réputation du Québec.

De plus, j'aimerais attirer votre attention que sur le conseil d'administration de Pétrolia siège M. Albert Wildgen. Albert Wildgen, c'est un Luxembourgeois. Le Luxembourg est un paradis fiscal. Albert Wildgen est le principal associé d'un cabinet d'avocats expert en matière de fiscalité d'entreprise. En termes clairs, on le sait, au Luxembourg, la fiscalité d'entreprise consiste à aider des entreprises à fuir leurs responsabilités fiscales, à cacher leurs profits de toutes sortes de manières. C'est un paradis pour ça.

En plus, M. Albert Wildgen, sur le site de Pétrolia, est présenté comme associé-gérant de l'étude d'avocats que je viens de mentionner, mais aussi au conseil d'administration de nombreuses sociétés, holdings et sociétés de financement de multinationales et de groupes bancaires du Moyen-Orient, ce qui fait penser et dire à plusieurs que M. Wildgen agit souvent comme prête-nom derrière des financiers aux sources douteuses, et on soupçonne même qu'il y ait de l'argent, justement, pour blanchir l'évasion fiscale, qui est utilisé à travers les actions du groupe de M. Wildgen.

Tout ceci, c'est des hypothèses qui circulent alentour de ces entrepreneurs, et moi, je demande au gouvernement de nous dire qu'est-ce qu'ils ont fait pour éclaircir ce dossier-là, parce que, dans le Québec qu'on connaît aujourd'hui, avec tout ce qu'on a fait et on fait aujourd'hui pour corriger les graves accrocs à l'intégrité de la gestion des contrats publics et de l'argent du public, on n'a pas le droit de se tromper. On n'a pas le droit d'escamoter des vérifications, on n'a pas le droit de fermer les yeux et on n'a pas le droit surtout de s'associer à des filous et à des escrocs.

M. Gagné (Louis) : Est-ce que, d'après vous, la décision de s'associer avec ces compagnies-là va à l'encontre de la loi sur l'intégrité? Il y a des causes comme quoi normalement, pour les contrats publics, on n'est pas censé faire affaire…

M. Khadir : Pour les contrats publics, c'est ça, la passe. C'est que je souhaite maintenant, à la lumière de ce qu'on vient de voir, que le gouvernement respecte l'esprit de sa propre loi, sauf que la lettre de la loi ne concerne que les contrats publics. Ici, il ne s'agit pas de contrat public, il s'agit d'un partenariat d'affaires, mais je demande au gouvernement pourquoi est-ce qu'il devrait y avoir une autre attitude en partenariat d'affaires.

Et je rappelle au gouvernement, contrairement à ce qui a été dit, oui, on va être le principal actionnaire de ces deux montages financiers, mais on est toujours en minorité quand on est à 35 % ou 40 %. Et, si nos partenaires privés, c'est des filous qui, par intérêt, s'arrangent entre eux par collusion pour nous escroquer, bien, on ne sera pas avancés même si on est à 40 % ou à 35 %.

Donc, je rappelle au gouvernement qu'il s'agit de 115 millions de dollars de l'argent du public dans des conditions qu'on sait avec des risques considérables. Si, en plus, on n'a rien fait pour s'assurer qu'on s'associe à des gens intègres, bien, le Québec va être tout perdant. On va nuire à l'environnement, on va dévaster une île patrimoniale qui est au coeur de l'identité du Québec, on va augmenter gravement nos émissions de gaz à effet de serre puis, en plus, on se fait rouler dans la farine. Merci.

(Fin à 15 h 50)

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