(Quatorze heures deux minutes)
Mme David
: Mesdames,
messieurs, bonjour. Québec solidaire veut réagir au rapport du Vérificateur
général. Alors, écoutez, c'est simple, le Vérificateur général confirme aujourd'hui
les pires craintes de Québec solidaire, des craintes que nous exprimons déjà
depuis longtemps.
Ce gouvernement, qui a la prétention de se
poser en gouvernement de la prospérité est un gouvernement de l'austérité. La
compression, si l'on en croit le Vérificateur général, dans un certain nombre
de programmes publics, dans les services publics, va atteindre une ampleur sans
précédent depuis les 10 dernières années. Si jamais ce gouvernement était
réélu cette année et l'année prochaine, 1,4 milliard de coupures dans les
dépenses de l'État.
En fait, le Vérificateur général nous dit
ce que le gouvernement actuel s'évertue à nous cacher : les budgets de la
santé et de l'éducation vont être durement touchés. Quand on dit, en plus, que
le gouvernement compte limiter à 2 % sa croissance de dépenses, il faut
bien comprendre qu'on est dans le déni total, ça couvre à peine les
augmentations de salaire et les coûts de système. Donc, il va y avoir des
coupes. C'est pire, en fait, que ce que faisait l'ancien ministre Raymond
Bachand.
Et je peux vous dire que, voyant ce qui se
passe dans ma circonscription, voyant toutes les difficultés, déjà, là, avant
même le prochain budget, les difficultés auxquelles sont astreintes, par
exemple, mon centre de la santé et des services sociaux, voyant que certains
postes ne sont pas remplacés, voyant qu'on déplace des gens dans d'autres CLSC,
dans d'autres territoires pour des prises de sang, voyant qu'on cherche, par
tous les moyens possibles, à ne pas trop couper les services, mais à effectuer
des compressions parce qu'elles sont là. Moi, je sais que, s'il y en a d'autres
compressions, et c'est ce qu'il va y avoir, si on en croit le Vérificateur
général, ce n'est pas vrai qu'on n'atteindra pas la qualité des services aux
citoyens. Il faut se mettre ça dans la tête une fois pour toutes. Les parents
d'enfants handicapés majeurs qui ne savent plus quoi faire pour trouver des
services pour leurs enfants, eh bien, ils vont continuer d'attente, et ça n'est
pas vrai non plus que, dans le maintien à domicile, on va donner tous les
services nécessaires.
Le problème, nous dit même le Vérificateur
général, c'est que le gouvernement ne détermine pas ses dépenses en fonction
des besoins des citoyens, il les détermine en fonction de ce que lui estime
être le budget qu'il est capable d'allouer à un ministère ou à un autre. Mais
cette estimation-là, c'est lui qui la définit, c'est lui qui la décide. Et il
la décide comment? Bien, en disant : Il y aura à peu près telle prévision
de hausse du PIB. Bon, là-dessus, le VG dit : Vous êtes parfois un peu
optimiste, mais ce n'est quand même pas si mal. Mais jamais ce gouvernement ne
nous annonce qu'il va aller chercher de nouveaux revenus ailleurs, chez ceux
qui peuvent faire leur juste part. Alors, bien entendu, il n'aura aucun autre
moyen, s'il veut atteindre l'équilibre budgétaire d'ici deux ans, que d'opérer
ces coupes immenses qu'il a déjà commencé à faire depuis 18 mois et qu'il va
continuer à faire.
Le VG, d'ailleurs — c'est passé
un peu inaperçu — nous apprend que le gouvernement, pour des hausses
de revenus, compte sur les tarifs d'hydroélectricité, sur l'augmentation des
tarifs, non encore décidés par la Régie de l'énergie, en passant. Il faut
croire qu'ils ont passé leur commande et qu'ils s'imaginent, bien entendu, que
la régie va être d'accord. Au-delà des conséquences en termes de services pour
les citoyens, citoyennes du Québec, les compressions vont plomber l'économie du
Québec, et c'est encore le Vérificateur général qui nous le dit, page 36,
chapitre 3, précisément : «Une réduction de dépenses de l'ordre de
1 milliard de dollars représente une baisse de 0,25 % du PIB et [prive
le gouvernement] de 125 millions de revenus.»
Alors, ça, ce n'est pas vraiment ce qu'on
pourrait appeler un gouvernement de la prospérité. Je répète donc qu'on n'est
pas devant un gouvernement de la prospérité malgré les prétentions péquistes, que
ce soit le ministre Marceau ou que ce soit le ministre Bédard. On n'est pas du tout
devant ça, on est devant un gouvernement de l'austérité et un gouvernement qui
se refuse catégoriquement d'aller chercher les revenus là où ils se trouvent :
chez les contribuables aux revenus très élevés, dans les grandes entreprises
financières, dans les mines, etc.; pendant que les hausses de tarifs
hydroélectriques, taxes scolaires, transport en commun vont continuer de
toucher qui? Les travailleurs, les travailleuses, les gens de la classe
moyenne, les gens à revenus modestes. Donc, pas étonnée du tout de ce qu'on a
vu aujourd'hui dans ce rapport. En fait, le Vérificateur général confirme nos
pires craintes.
M. Khadir
: Moi, je
voulais attirer votre attention sur les pages du rapport du Vérificateur qui
signalent les revenus de l'État, attirer votre attention sur le fait que trois
entreprises publiques, Hydro-Québec, la Société des alcools et Loto-Québec,
rapportent à l'État presque autant de revenus en impôts que les milliers
d'autres entreprises au Québec, tout l'ensemble des autres entreprises privées
au Québec, c'est-à-dire, là-dedans, on compte les McDonald's de ce monde, les
Couche-Tard, les banques, les minières, les sociétés de génie-conseil. Mettez-les
toutes, les entreprises de construction, il y en a pour plusieurs milliers. Les
milliers d'entreprises privées au Québec contribuent 5,8 milliards de
dollars; trois entreprises publiques au Québec, la SAQ, Hydro-Québec et
Loto-Québec, rapportent 5,1 milliards. Il y a un déséquilibre immense qui nous
fait dire qu'il y a énormément de place pour aller chercher, comme Françoise
l'a dit tout à l'heure, leur juste part aux entreprises qui ne font pas… qui ne
contribuent pas adéquatement aux revenus de l'État.
M. Dougherty (Kevin)
:
Vous parlez de combien d'augmentation, si vous voulez… Mais, pour équilibrer en
2015-2016, on parle de
de 1 milliard, mais avec… mais ça présume que
les coupes qu'on a déjà puis encore 1 milliard.
Mme David
: Bien,
savez-vous quoi, on nous dit, c'est fascinant, que d'aller creuser puis
chercher du pétrole sur l'île d'Anticosti, là, grosso modo, là, pour les 30
prochaines années, si tout va bien, avec tous les mirages qu'on nous fait
miroiter, là, on pourrait aller chercher 1 milliard par année.
1 milliard par année, au minimum, c'est ce qu'on pourrait aller chercher
avec Pharma-Québec. Ça fait des années qu'on le dit, qu'on le démontre et qu'on
le redémontre.
Alors, il y a... entre le mirage et des propositions
que nous faisons, Québec solidaire, depuis plusieurs années, qui sont claires,
qui sont concrètes, qui sont chiffrées, nous invitons le gouvernement du Québec
à tenir compte de nos propositions. Une simple taxe sur le capital des entreprises
bancaires et financières rapporterait 800 millions par année. Nous l'avons
dit au ministre Marceau, nous sommes capables de le démontrer. Qu'est-ce qu'il
attend? La Banque Nationale ne déménagera pas au Mexique.
M. Dougherty (Kevin)
:
Avez-vous des attentes pour le budget de demain?
Mme David
: Écoutez, compte
tenu de tout ce que nous savons de ce gouvernement, de sa mise à jour
économique, de la façon dont il gouverne, du rapport du Vérificateur général,
nos attentes sont plus que minimales. Nous croyons qu'ils vont continuer exactement
dans la même direction. Ils se sont engagés à ne pas augmenter les taxes et les
impôts, et ça, pour eux, ça inclut tout le monde, y compris les entreprises
dont mon collègue parlait.
Alors, moi, je m'attends au pire. Je
m'attends, en fait, à ce qu'ils renchérissent sur l'idée que, d'ici un an, un
an et demi, on aura un autre 1,4 milliard de coupures. Et s'ils essaient
de nous dire que, ça, ça ne touchera pas les citoyennes et les citoyens, là,
qu'ils viennent voir dans nos comtés. Ça touche des gens, des parents, des
enfants, des personnes âgées, des personnes malades. Ce n'est plus possible,
là, d'entendre ce discours-là qui est complètement désincarné et qui est faux,
qui est faux à sa face même.
M. Khadir
: Merci de
votre présence.
(Fin à 14 h 11)