(Seize heures trente-quatre minutes)
M. Legault
: Bonjour, tout
le monde. Bien, je voudrais réagir à l'annonce du Conseil des ministres de M.
Couillard.
D'abord, le plus grand défi du nouveau Conseil
des ministres, c'est évidemment un défi en économie puis en finances. La barre
est très haute pour le duo Daoust-Leitão.
M. Daoust a la responsabilité de faire
bouger l'aiguille sur les investissements privés. Donc, je pense qu'il doit
entreprendre rapidement des changements chez Investissement Québec pour
commencer à attirer beaucoup plus d'investissements des entreprises.
De son côté, M. Leitão a un budget à
préparer. Dans ce budget, je continue à penser que c'est primordial d'avoir des
baisses d'impôt pour les contribuables, d'abord pour soulager les
contribuables, mais aussi pour relancer l'économie. Il y a un défi aussi au
niveau de la dette. On sait que M. Couillard a promis beaucoup
d'immobilisations en campagne électorale. Je pense, ça menace la cote du Québec.
Donc, la barre est très haute pour M. Leitão.
Je pense qu'évidemment il va falloir
revoir les dépenses, que ça soit les crédits d'impôt aux entreprises, le nombre
d'employés dans les bureaux.
Puis je pense que M. Couillard a manqué
une bonne occasion d'envoyer un message pour ce qui est du nombre de ministres.
27 ministres, c'est beaucoup de limousines. Je pense qu'il aurait dû montrer l'exemple
et avoir une taille de son cabinet qui est beaucoup plus petite que ce qu'on
voit actuellement.
Du côté des bons coups, moi, je suis d'abord
très content de voir la nomination de Pierre Arcand. Je pense, ça va faire du
bien de voir un homme d'affaires qui a de l'expérience, qui est un
entrepreneur, qui va pouvoir, là, nous sortir du pétrin dans lequel on a été
avec Mme Ouellet depuis la dernière année et demie. Donc, il y a un nouveau projet
de loi, sur lequel la coalition a beaucoup travaillé, qui est maintenant
disponible, puis on a maintenant un ministre, là, qui sait parler d'affaires.
Donc, je pense, il faut souligner ce bon coup, là. Pierre Arcand, je pense,
était sous-utilisé par le passé puis je pense que c'est un bon signal qu'on
vient d'envoyer.
Mme Lajoie (Geneviève)
:
S'il y a un bon coup, est-ce qu'il y a un mauvais coup?
M. Legault
: Bien, je
pense que… Évidemment, je le dis, là, la barre est très haute pour M. Daoust
puis M. Leitão. M. Daoust a déjà été chez Investissement Québec, n'a pas fait
les changements qui auraient dû être faits. Donc, peut-être qu'il n'avait pas
l'autorité pour faire ces changements, mais ça va être important, dans les
prochains mois, de voir des changements dans l'investissement privé. Il faut
aller démarcher des nouveaux investissements partout dans le monde, et M.
Daoust, là, a une énorme responsabilité.
Mme Lajoie (Geneviève)
:
Pensez-vous qu'il est à la hauteur des…
M. Legault
: Bien, écoutez,
je laisse la chance au coureur. On sait que, par le passé, ce monsieur-là, qui
est un banquier, n'a pas livré la marchandise chez Investissement Québec. Peut-être
que ce n'était pas dans son mandat ou on ne lui a peut-être pas donné tous les
moyens, mais il a une grande responsabilité, M. Daoust.
Je pense qu'en fait, là, le duo qui a le
plus de responsabilités actuellement, c'est M. Daoust et M. Leitão. C'est eux
autres, là… Je pense qu'une grande partie de l'avenir du Québec est entre leurs
mains actuellement.
M. Laforest (Alain)
:
Le signal d'austérité qu'a envoyé M. Couillard, là, il a été quand même assez
clair, là : période difficile, bateau au quai, traversée difficile. Vous
le voyez comment, vous? C'est un signal qui est bon qu'on envoie à l'étranger aujourd'hui
ou c'est un signal qu'on envoie aux Québécois en disant : Attention, on va
venir encore en chercher?
M. Legault
: Bien, c'est
un signal que j'ai moi-même envoyé pendant toute la campagne électorale. Maintenant,
on va voir si les bottines suivent les babines, comme on dit. Est-ce que le
budget qui va être déposé dans les prochaines semaines… est-ce qu'on va voir un
virage pour ce qui est du contrôle des dépenses? On a besoin de contrôler et
les dépenses de fonctionnement et les dépenses d'immobilisations.
M. Couillard, durant la campagne
électorale, a dit que 9,5 milliards d'immobilisations par année, ce que
fait… ce que proposait le PQ, ce n'était pas assez, que lui voulait en faire
11 milliards par année. Il a promis de recouvrir l'autoroute à Montréal,
l'anneau de glace à Québec. Écoutez, là, moi, je pense, il joue avec le feu, il
joue avec la cote du Québec, et je pense que M. Leitão, qui a quand même une
expérience comme économiste, va se rendre compte rapidement, là, que son défi
est énorme.
M. Lessard (Denis)
:
Savez-vous si... Il semble que 1,75 comme déficit pour l'année prochaine, c'est
à peu près impossible à atteindre, là. Est-ce que le gouvernement serait bien
intentionné d'aller... par exemple, de geler le salaire de la fonction publique,
de geler les hausses de salaire, les montées de la... l'ascension dans les
échelons?
M. Legault
: Je pense
qu'on l'a démontré, dans un document qui a été déposé, préparé par Christian
Dubé, que ce n'est pas nécessaire de le faire, mais ça prend du courage pour
réduire le nombre de postes dans la bureaucratie. Donc, ce qu'il faut, c'est de
geler, au total, le nombre de postes en réduisant le nombre de personnes dans
les bureaux puis augmentant dans les services. Mais actuellement, dans le
budget du Parti québécois, il y a une augmentation de prévue, et en santé et en
éducation, de 3 %, donc une augmentation de personnel pour l'année qui
vient.
M. Lessard (Denis)
:
...nombre de postes, ça ne livre pas à court terme. Il y a des primes de
séparation, des étalements puis tout ça.
M. Legault
: Non. Je
pense qu'avec l'attrition, là, si on ne remplace pas les personnes qui sont
prévues pour prendre leur retraite de façon volontaire, c'est possible
d'éliminer à peu près un 6 000, 7 000 postes dans les bureaux par
année. Donc, c'est possible de le faire, puis ça doit être fait, puis ça doit
être envisagé sérieusement. Ça va prendre aussi du courage du côté des crédits
d'impôt aux entreprises. Ça ne donne pas des bons résultats, il faut revoir les
crédits d'impôt aux entreprises.
La question qui se pose, là, c'est :
Est-ce que M. Leitão et M. Couillard auront le courage de faire les changements
difficiles, le virage qui est nécessaire? Là, j'ai senti aujourd'hui, avec le
discours de M. Couillard, qu'il y avait un changement de ton par rapport à la
campagne électorale. M. Couillard avait un discours aujourd'hui beaucoup plus
dur pour ce qui est du contrôle des dépenses que durant la campagne électorale.
Maintenant, on va voir, lors du prochain budget, s'il livre la marchandise.
Mais, je vous le dis, là, autant du côté des dépenses avec M. Leitão que du
côté des revenus avec M. Daoust, là, la barre est très haute.
M. Ouellet (Martin)
:
Ça ne vous dérange pas, le nombre de femmes? Tout le monde a critiqué ça.
M. Legault
: Bien,
écoutez, on souhaite tous avoir une représentation 50-50. Par contre, moi, je
n'avais pas pris d'engagement de ce côté-là. Bien, on le sait que, quand on
regarde du côté des candidatures, tous les partis ont plus d'hommes que de
femmes, malheureusement. Donc, c'est quelque chose qu'il faut viser
éventuellement. Je trouve ça malheureux. Ça serait bon d'avoir une égalité dans
le nombre d'hommes et de femmes, mais bon, malheureusement, on voit que, quand
on regarde l'ensemble des élus à l'Assemblée nationale, bien, il y a plus,
beaucoup plus d'hommes que de femmes, malheureusement.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Hier, vous appeliez M. Couillard, chef de la nation québécoise, à être ferme
sur la défense de l'identité québécoise et de la langue française. Aujourd'hui,
il nomme Hélène David notamment ministre responsable de la Protection et de la
Promotion de la langue française. Qu'est-ce que vous en pensez? Aussi, le
mandat qu'il confie à la nouvelle ministre de la Justice, qui apparaît comme
une surprise dans ce Conseil des ministres là, Stéphanie Vallée, pour la
charte, qu'est-ce que vous en décodez?
M. Legault
: Bien, je
pense que la clé, à court terme, c'est vraiment du côté de la charte. Je l'ai
dit clairement...
M. Bélair-Cirino (Marco) :
...à la nouvelle ministre de la Justice qui apparaît comme une surprise dans ce
Conseil des ministres là, Stéphanie Vallée. Pour la charte, qu'est-ce que
vous...
M. Legault
: Bien, je
pense que la clé, à court terme, c'est vraiment du côté de la charte. Je l'ai
dit clairement hier, je pense que M. Couillard doit régler rapidement ce
dossier émotif, explosif. Ça ne doit pas traîner. Je pense qu'il y a une belle proposition
sur la table, qui est la proposition de la CAQ, qui est une proposition
équilibrée, qui interdit les signes religieux mais pour les personnes en
autorité. Moi, si j'étais M. Couillard, là, je sauterais sur cette occasion pour
régler rapidement le dossier puis se concentrer ensuite sur l'économie puis les
finances, parce que c'est là-dessus qu'il faut mettre le plus d'énergie au
cours de la prochaine année. Merci, tout le monde. Bonjour.
(Fin à 16 h 43)