(Neuf heures quarante-sept minutes)
M. Khadir
: Bonjour et
merci d'être présents. Nous assistons, comme vous êtes à même de constater
depuis plusieurs semaines, à une offensive du nouveau gouvernement, du gouvernement
du Parti libéral — j'allais dire de M. Charest, en fait de M.
Couillard — qui, comme on avait assisté en 2003, qui commence par une
espèce d'attaque frontale qui s'accompagne évidemment des applaudissements des
grands patrons pour couper, couper et encore couper, des mesures qu'on appelle maintenant
communément «austérité». Pourtant, dans la province d'à côté, en Ontario, un
autre gouvernement libéral, le gouvernement de Mme Kathleen Wynne, a choisi
tout le contraire pour relancer l'économie, et je pense que c'est tout à fait
approprié si on constate seulement, ne serait-ce que les quatre ou cinq
dernières années, ce qui est arrivé en Europe.
Aujourd'hui même, Gérald Fillion, un de vos
collègues, rapporte les propos que l'économiste en chef du Fonds monétaire
international et d'un autre économiste très important du fonds qui, tous les
deux, avouent que les mesures d'austérité, c'est-à-dire le genre de mesures que
le gouvernement de M. Couillard s'apprête à lancer, c'est néfaste pour
l'économie. En fait, personne ne se cache, quand on introduit des mesures
d'austérité, ce n'est pas nécessairement bon pour l'économie, en fait, c'est
une mesure de ralentissement économique. Or, les deux économistes nous disent
que, pire que leurs prévisions, chaque point de pourcentage qu'on coupe dans
les dépenses de l'État peut entraîner jusqu'à 1,7 % de ralentissement
économique dans des économies qui déjà ont des taux, entre guillemets, de
croissance faméliques.
Nous, on pense que le gouvernement libéral
pourrait agir mieux, et s'inspirer du gouvernement ontarien, et opter de briser
le tabou qui nous a été imposé depuis trop longtemps par les banquiers, par le
grand patronat, qui veulent nous voir couper, couper, couper pour briser l'État,
pour que l'État cesse de s'occuper des services publics dans le but, évidemment,
il ne s'en cache pas, de réduire leurs responsabilités fiscales, d'avoir
moins de charges fiscales à supporter, donc moins d'impôt à payer. Je vous
rappelle que le gouvernement de Mme Kathleen Wynne est allé même jusqu'à
proposer deux paliers d'imposition supplémentaires, a choisi, plutôt que de
couper, de relancer l'économie, de fouetter son économie en investissant
massivement pour l'avenir, 29 milliards de dollars juste dans le secteur
des transports. À côté de ça, même Québec solidaire, notre proposition, en
campagne électorale, de 20 milliards d'investissement dans les transports
collectifs paraît pâle. Alors, voilà des mesures qui sont des mesures
emballantes et surtout susceptibles de stimuler l'économie.
Alors, nous, on propose au ministre Leitão
de sortir du marasme dans lequel risquent de nous plonger les projets annoncés
d'austérité et de coupes budgétaires, qu'il s'inspire, qu'il ouvre les yeux
plutôt que d'écouter uniquement les idéologues des institutions, des «think
tanks» de droite, là, qu'il ouvre les yeux sur la réalité en Europe vécue
depuis cinq ans. Il y a un laboratoire, là. On a testé l'autorité, puis tout le
monde constate que c'est néfaste pour les économies.
Parce que, finalement, tout ça, c'est
quoi? C'est des aberrations aussi incroyables que de continuer de dire, lorsqu'il
s'agit de Port-Daniel et des engagements de l'État dans Port-Daniel, que
pourtant M. Couillard avait dénoncés, dire : Ah! Bien là, on va respecter
nos engagements, mais oser remettre en question des places en garderie pour
lesquelles les gens travaillent depuis au moins 2011 et que le gouvernement et
le ministère avaient promises. Ce n'était même pas une annonce gouvernementale,
c'était une décision des mécanismes appropriés d'octroi des places en garderie,
et on a vu avec quel sans-gêne la ministre a dit que, non, la parole ne serait
pas respectée, puis on suspend tout ça.
On entend même que le gouvernement veut
s'attaquer même aux plus pauvres, aux plus démunis d'entre nous en coupant dans
l'aide sociale. C'est inacceptable. Je rappelle que couper des emplois ou même
geler les embauches dans la fonction publique, c'est en fait étrangler un des
principaux donneurs d'ouvrage au Québec. C'est quand même l'État qui est le
plus grand employeur au Québec. Quand on engage pour l'État, on offre de bons
emplois. Et l'impact, je vous l'ai répété, je vous le répète, l'impact est
prévisible. Les prix Nobel d'économie, les plus importants prix Nobel
d'économie, les plus respectés, disent que l'austérité est une erreur. Le
banquier en chef, celui-là même qui, il y a quelques années, recommandait
l'austérité, le banquier en chef du FMI, reconnaît lui-même qu'il a commis une erreur.
Alors, je dis à M. Leitão : Si vous fondez vos choix sur des données, si
vous fondez vos choix sur les évidences, il y a une évidence patente, cinq ans
de laboratoire dans lequel les pays européens ont été plongés, laboratoire de
l'austérité, qui est un échec.
Alors, nos propositions concrètes, on dit :
Il faut revoir l'échéancier du retour au déficit zéro. Moi, je pense que c'est
agir en amateur que de tout le temps essayer de balancer le budget sur un
horizon d'un an. Les problèmes de balance budgétaire, c'est des problèmes
structurels puisque ça vient de problèmes structurels de l'économie. Il faut
donc les voir sur une vision à plus long terme, d'un cycle économique de trois
à cinq ans, comme... En fait, à chaque fois que ça a été important de le faire,
d'autres l'ont fait, comme M. Bachand, hein, lorsqu'il y a eu la crise, ou
encore le gouvernement canadien, pourtant conservateur.
Il faut mettre fin aux cadeaux qu'on donne
au secteur privé. Bon, je vous ai parlé de Port-Daniel, mais parlons de la
facture des médicaments pour les contribuables, et pour la RAMQ, pour le
ministre de la Santé. C'est au moins 1 milliard pour ceux qui paient leur...
Hein, si on fait les projections à partir de ce qu'a obtenu l'Ontario, c'est 1
milliard d'économies qu'on peut faire. Alors, pourquoi on donne ce cadeau-là?
Un autre cadeau, moi, je pense que M. Leitão pourrait, disons, nous rassurer. Il
provient du milieu bancaire, des institutions financières qui ont énormément
bénéficié en 2007, lorsque M. Charest a aboli la taxe sur le capital des entreprises
financières. 700 à 800 millions que ça nous coûte actuellement chaque
année ce cadeau-là. Alors, M. Leitão pourrait dissiper toute suspicion qu'il
agit dans l'intérêt des banquiers en se retournant contre eux, puisqu'il
demande à tout le monde de se serrer la ceinture, de dire aux banquiers :
Bien, on ne peut plus vous donner ce cadeau-là. C'est un cadeau qu'on vous
donnait, qu'on ne peut plus se permettre. Ce 800 millions, on en a besoin
pour balancer le budget.
Je vous ai parlé d'aller chercher des
revenus ailleurs. Nous, on pense qu'il y a même de la place pour un palier
d'imposition supplémentaire juste pour les plus fortunés. Ça ne peut toucher
que 2 %, les 2 % les plus riches, les contribuables qui engrangent
les plus hauts revenus, puisqu'on le sait, statistique après statistique, année
après année, les chiffres sont là. Depuis 20 ans, il y a une tendance qui ne se
dément pas, il y a une courbe croissante où une part plus grande des richesses
sont captées par les plus hauts percentiles, les plus hauts revenus. Donc, de
plus en plus, ils ont les moyens. Tout le monde le sait. Tout le monde le sait,
l'augmentation de la productivité au cours des 25 dernières années,
l'augmentation du PIB à travers la croissance qui, malgré le fait qu'elle a été
famélique, ça s'est cumulé, a essentiellement bénéficié aux contribuables les
plus fortunés. Il y a de la place à leur demander de faire leur juste part.
Alors, nous leur disons, le mot de la fin,
à M. Leitão : L'austérité, ce n'est pas la solution. L'austérité, c'est un
poison pour l'économie. Ça ne marchera pas au Québec comme ça n'a pas marché en
Europe. Ça ne marchera pas comme nous le disent ceux-là mêmes qui ont fait cette
prescription pour l'Europe, et ça a ralenti la reprise et l'amélioration de
l'économie en Europe en plus de faire excessivement mal aux classes moyennes et
aux moins fortunés. Merci beaucoup de votre attention.
Journaliste : Et, M. Khadir, est-ce
que vous vous attendez à ce que le gouvernement adopte des mesures d'austérité
qui sont comparables à celles qui ont été imposées à la Grèce, ou au Portugal,
ou… Est-ce que…
M. Khadir
: Ce n'est
pas une question d'ampleur. Ce que disent maintenant les experts économiques
qui se penchent sur ce qu'on a fait… parce que les mesures ont été très variées
en Europe. Tout le monde n'a pas, disons, eu le même niveau de coupes que la
Grèce. Il y en a eu à différents niveaux et partout. Je vous prie… Je nous prie
collectivement au Québec… En fait, mon appel, c'est à tous les Québécois, à
tous ceux qui s'intéressent à ces sujets-là, de prendre la peine de lire la
littérature récente là-dessus, les évidences, que ça soit les prix Nobel, les
experts, que ça soit les experts du FMI, ceux-là mêmes qui ont imposé ça à
différents gouvernements. C'est unanime, ça ne marche pas. Ce n'est pas la
bonne recette. En fait, c'est un poison pour l'économie.
Dans un contexte de marasme économique, ce
qu'il faut, c'est une relance, et le gouvernement ontarien l'a bien compris. En
fait, ce que ça veut dire, c'est qu'il ne faut pas d'austérité. Il faut plutôt
des mesures de relance et, profitons-en, une crise, c'est une belle opportunité
pour changer l'économie. Par exemple, l'Ontario est en train de le faire, est
en train encore de prendre de l'avance. Ils l'ont fait pour les médicaments, ils
ont baissé leurs coûts. On n'a pas suivi. Là, ils sont en train de le faire en
investissant massivement dans les transports publics, 29 milliards de
dollars, 29 milliards d'investissements juste en transport collectif.
Imaginez tout ce que ça pourrait faire au
Québec en relançant des secteurs prometteurs d'avenir, des secteurs où on
finirait, à terme, à utiliser notre propre ressource énergétique, c'est-à-dire
l'électricité plutôt que d'importer le pétrole.
Journaliste
: Donc, les
réductions de dépenses, vous êtes opposés à ça. Mais le contrôle de la
croissance des dépenses, est-ce que vous pensez qu'il y a des choses à faire?
M. Khadir
: Il y a
certainement des choses… Oui. Je vous parle d'une… contrôle des dépenses… de
croissance des dépenses, commençons par ne pas investir de l'argent dans le
gaspillage comme Port-Daniel, comme les coûts croissants des médicaments depuis
15 ans maintenant.
Oui, s'il faut le faire, commençons par le
sommet. Un des contrôles des dépenses majeurs qu'il faut faire, c'est dans les
échappatoires fiscales, parce que ça coûte quelque chose aux contribuables à
l'État, les milliards qu'on donne, qu'on laisse échapper, par exemple, par les
dividendes.
Le dernier rapport disponible pour la
fiscalité des entreprises, 2008, 27 milliards de dollars de dividendes ont
été versés par des entreprises québécoises à leurs actionnaires, sans verser un
sou d'impôt. Pourquoi? Parce que les dividendes ne sont qu'imposés qu'à moitié.
Mais ça, c'est un cadeau qu'on donne, c'est une dépense de l'État. C'est une
dépense de l'État. Il faut couper là-dedans.
Journaliste
: Est-ce
que vous pensez que M. Couillard est en position de s'attaquer à ce dossier-là?
M. Khadir
: Pourquoi
pas? Le gouvernement qui le précédait, le gouvernement Marois, s'apprête… en
fait, promettait de le faire en 2012. Ils ne l'ont pas fait à cause de
l'angoisse fiscale des riches. C'est sûr que si M. Couillard n'a d'oreilles que
pour les patrons, pour les banquiers, c'est sûr qu'il ne le fera jamais. Mais,
s'il agit dans l'intérêt du Québec et des citoyens ordinaires, c'est le genre
de chose qu'il faut considérer.
Est-ce qu'il faut complètement abolir ce
cadeau fiscal? Peut-être pas. Mais il faut commencer par là, couper dans le
gras plutôt que dans le maigre. Actuellement, le gouvernement ne cherche qu'à
couper dans le maigre. J'ai vu encore ce matin qu'au lieu de s'attaquer aux
échappatoires fiscales qui bénéficient aux milliardaires, il veut imposer
encore plus de restrictions sur le travail des chauffeurs de taxi. Pour aller
chercher combien? 70 millions, alors qu'il y a pour 100 milliards de
dollars d'argent du Québec qui gît, qui est caché dans les paradis fiscaux.
Faites le calcul vous-mêmes. Par où il faut commencer?
Journaliste
: Mais,
compte tenu du recours de M. Couillard aux paradis fiscaux, est-ce que vous
pensez qu'il est en position de s'attaquer à ce type de problème là?
M. Khadir
: J'invite
M. Couillard à saisir l'opportunité pour dissiper tout doute sur son engagement
réel à ne pas encourager les paradis fiscaux. Comme il a, entre guillemets, un
peu, disons, lui-même trempé là-dedans en allant travailler dans un paradis
fiscal pour ne pas payer d'impôt au Québec, en mettant son argent dans l'île
Jersey, bien, peut-être, il pourrait restaurer sa crédibilité là-dessus en
prenant des mesures réelles qui permettent au Québec...
Et je lui ai dit : Qu'il ne se cache
pas derrière le fait que c'est de compétence fédérale. Il y a des départements
en France et des communes qui, de guerre lasse, voyant que l'État français
n'agissait pas, ont introduit des mesures. Je vous donne un exemple. Plusieurs
communes, plusieurs grandes agglomérations urbaines ne donnent plus de contrats
à des entreprises qui ne divulguent pas tous leurs avoirs ailleurs, offshores, à
l'extérieur du pays, de manière à pouvoir les juger avant de leur donner des
contrats.
Journaliste
: Vous
dites que le gouvernement Couillard aurait intérêt à s'inspirer de l'Ontario.
Mais, sachant que l'Ontario a quand même une dette qui, par rapport à son PIB,
est beaucoup moins importante que celle du Québec, est-ce qu'ils n'ont pas une
marge de manoeuvre, justement, que le Québec n'a pas?
M. Khadir
: C'est sûr
que, si vous écoutez tout le temps Montmarquette, puis si on est toujours à
l'écoute uniquement des mêmes experts qui sont en conflit d'intérêts parce
qu'ils viennent des milieux patronaux, qui ont intérêt à entretenir la
confusion alentour de notre dette, on va partir de fausses prémisses. La dette
du Québec, en termes absolus, est peut-être plus importante, mais on ne calcule
pas nos actifs. On a plus d'actifs qu'en Ontario, pour bien des raisons, et
surtout, la dette du Québec, sa structure est beaucoup plus intéressante que
les dettes de ceux qui nous entourent, parce qu'à 80 %, à au-dessus de 80 %,
on la doit à nous-mêmes, à des caisses de retraite, à des individus qui ont
cotisé, donc ce n'est pas à des banquiers étrangers, là, qui pourraient envoyer
un huissier nous casser les jambes économiquement.
Donc, la dette du Québec, en termes
relatifs, on s'en occupe comme il faut. D'autres experts plus indépendants que
ces suspects habituels qui claironnent tout le temps : Austérité, austérité,
coupez, coupez, coupez, nous disent qu'il n'y a pas feu en la demeure. Puis, de
toute façon, mon cher, on ne commence pas à augmenter ses paiements
d'hypothèque quand on a un problème d'épicerie. On règle le problème d'épicerie
puis on règle le problème des paiements d'hypothèque en parallèle.
Journaliste
: Vous y
avez fait un peu allusion plus tôt, vous pensez quoi, justement, là, de... On
apprend ce matin que le gouvernement ne ferme pas la porte à couper, à sabrer peut-être
dans les programmes d'aide sociale, de solidarité sociale. Qu'est-ce que...
M. Khadir
: Ça, ça
serait terrible. Un gouvernement dont le secteur économique est dominé par des
banquiers, qui ne coupe pas dans le cadeau, le bonbon que le gouvernement
Charest a donné aux institutions financières puis qui se donne le droit de
couper dans l'aide sociale, ça trahirait l'immense injustice, l'immense
déconnexion de ce gouvernement-là par rapport à la réalité des gens.
Journaliste
: M.
Khadir, peut-être l'avez-vous dit au début, j'ai manqué le début et, si c'est
le cas, je suis désolée, est-ce que M. Leitão vous a rencontré? Est-ce que vous
faites partie de ces consultations…
M. Khadir
: Bien,
j'espère bien.
Journaliste
: Ah! Vous
ne l'avez pas rencontré encore?
M. Khadir
: Non, mais
on compte là-dessus, comme on l'a fait depuis que, moi… même quand j'étais
seul, quand je suis rentré en 2008, donc à partir de 2009. Et d'ailleurs la
première rencontre avec Mme Jérôme-Forget a été mémorable, de chaleur et, je
dirais, d'enthousiasme, de part et d'autre. Alors, oui, pourquoi pas?
C'est sûr qu'on ne s'entendra pas sur
tout, mais je pense que M. Leitão peut-être aimerait ça entendre la raison qui
me pousse à lui dire… Comme il vient du milieu bancaire, justement de la Banque
Royale, qui est une des banques les plus suspectes dans l'organisation de
l'échappement fiscal… Je ne parle pas d'évasion qui est illégale. Il y a toute
cette mécanique mise en place par les banques pour légalement permettre aux
plus riches à ne pas payer d'impôt. Pourquoi lui plus que tout autre? Il a une responsabilité
morale de prendre ses distances maintenant qu'il est au gouvernement et de
commencer à couper dans le gras des banques plutôt que dans le maigre des
assistés sociaux.
Journaliste
: Donc,
vous vous attendez à ce qu'il vous contacte pour une rencontre...
M. Khadir
: J'espère
bien. Bien sûr. Bien sûr. Moi, je ne pensais même pas que c'était nécessaire
que je lance l'appel publiquement, il me semble que ça va de soi, nous sommes
des parlementaires.
Journaliste
: Vous
auriez pu l'avoir déjà rencontré…
M. Khadir
: …pas
encore.
Journaliste
: …c'était
ça ma question, en fait, parce qu'il a déjà commencé.
M. Khadir
: Très bien.
Très bien.
25 25 Journaliste: So it doesn't have to be
just black or just white, cut or reinvest. There can be both.
M. Khadir
: Of course, but we can cut on those who are the
wealthiest, for example, banks. I told just a few months ago that, in 2007, Mr.
Charest just take a big, big gift to banks and financial institutions by
scrapping the tax on the capital they would have paid. It cost to taxpayers
today $700 million a year. Well, Mr. Leitão can call the banks and tell
that we can't pay them that gift anymore. We have to make cuts, but let's cut
where there is plenty of money instead of attacking the kindergartens, or
attacking education, or the health sector.
Journaliste
: …kindergartens, would you agree with the PQ at this point in time that
day-care fees need to be increased if we want one child, one place?
M. Khadir
: No, we don't agree. This is
the point of view of corporate business because, when we add up all the places
we can cut and make economies to the public, we can pay for all that. I told
you about the tax, that tax on the capital that was given as a credit, as a
gift to banks.
Let's talk about the
price of drugs. We're paying a bill, $1 billion supplementary bill for drugs when we compare to Ontario, $2 billion
if we compare ourselves to New Zealand. There is a big range of, you know, room
for making a lot of economies. Comment on dit économies en anglais?
Une voix
:
Savings.
M. Khadir
:
Savings. We can do tremendous savings by cutting the price of medication just
by doing what Ontario or New Zealand did.
Another example. We are
not imposing any royalties on the use of water by big industrial institutions.
We can impose just a small royalty, a very tiny fraction for big mining
corporations or big industries. Polluting industries, that use heavy amounts of
water, could bring to the State $400 million each year. We have
demonstrated it in the past. So there are plenty of room. Or, another example, $450 million
of public money was given to Port-Daniel project for a cementry that was
useless, if I just remember what Mr. Couillard himself said when he was in the
opposition. So why don't we cut in the lard? How do you say «dans le gras»?
Une voix
:
In the fat.
M. Khadir
:
In the fat, instead of always hitting the most vulnerable.
Journaliste :
But, if nothing was done, where do you see the kindergarten, the day-care
network in Québec going, you know, if fees aren't increased? Do you see
children…
M. Khadir
:
There is no need… These are choices based on ideology. Those who want to
increase the fees, it's because they don't want to impose any responsibility to
corporate business which pays half the taxation of small business. That's a
choice. Why in our society small business is imposed heavily, but not big
corporate business? Big corporate business is controlling 60% of revenues of
our gross… of the total amount of benefits done by corporations. Why do we
impose them less than small business?
There is another choice,
you know : those who want the increase in the fees for kindergarten
because they don't want to fight fiscal evasion. Fiscal evasion costs every
year to Quebeckers hundreds of millions of dollars. Just today, more than a
hundred billion dollars of Québec money is in tax havens. Well, the Government
can choose to go and get some of that money instead of imposing heavy measures
of control to taxi drivers or, how do you say it, hairdressers and, you know, people
like that. It's a choice. We ask the Government to make the choice to take the
side of small business, of middle-class and of modest revenues instead of
bankers and corporate business.
Journaliste
:
M. Khadir, j'ai une question à vous poser au sujet de Lac-Mégantic. Qu'est-ce
que vous pensez de la façon dont les accusés — qui ne l'ont pas
encore été, mais qui ont comparu hier — ont été arrêtés puis de la
façon dont ils ont comparu à Lac-Mégantic?
M. Khadir
: Moi, j'ai
été choqué, comme beaucoup de gens, comme nombre aussi des citoyens de
Mégantic. Je me serais attendu à voir là un ministre fédéral, le ministre
fédéral qui avait décidé de réduire les critères de sécurité sur les chemins de
fer canadiens, de le voir menotté et emmené devant le juge. Je me serais
attendu à ce que ça soit le président de cette compagnie à qui on réserve ça,
et là on a décidé de s'attaquer à trois employés, à trois ouvriers, à trois travailleurs
qui répondaient aux ordres. Et ça enracine, ça consolide cette idée, cette
perception qu'au Québec comme au Canada, quand tu es dans la classe dirigeante,
tu es politicien ou dans les chefs de grande compagnie, tu es intouchable, que,
dans le fond, la justice ne s'attaque qu'aux plus faibles, qu'aux citoyens
ordinaires. Ça, c'est terrible pour l'image même de la justice.
Journaliste
: Mais la
façon dont ça a été fait, le déploiement de policiers pour les arrestations
puis la façon dont ils sont...
M. Khadir
: Ça
accentue cette perception. C'est qu'on fait tout un cirque pour montrer qu'on
fait quelque chose, mais, en réalité, on rate l'objectif deux fois. D'abord, de
s'attaquer aux personnes véritablement responsables puis, ensuite, en donnant
une espèce d'apparence, de mise en scène pour dire qu'on a fait quelque chose,
bien, on met la lumière encore plus gravement sur cette espèce de
discrimination où, quand il s'agit d'un petit employé, on lui réserve ce sort,
pendant que le ministre fédéral ou le propriétaire de MMA s'en tire à bon
compte.
Journaliste
: Est-ce
que la ministre de la Justice et la ministre de la Sécurité publique ont des
réponses à donner sur la façon dont ça s'est déroulé?
M. Khadir
: J'espère.
Là, je vous dis, je ne connais pas le détail de comment tout ça s'est passé, mais,
à sa face même, quelles que soient les raisons, il faut s'ajuster. Je pense
qu'on ne peut pas tolérer qu'on fasse porter tout le blâme sur trois ouvriers.
C'est impossible.
(Fin à 10 h 11)