(Seize heures une minute)
Mme David (Gouin) : Alors,
mesdames messieurs les journalistes, bonjour. Très heureuse, cet après-midi, au
nom de Québec solidaire, de vous parler du projet de loi que j'ai eu l'honneur
de déposer, le projet de loi n° 190, projet de loi pour protéger les
personnes aînées contre des reprises de possession ou des évictions qui leur
causeraient… qui causeraient, dans toute leur vie, des dommages importants.
Je suis accompagnée, dans ce point de
presse, de plusieurs personnes. Mme Lorraine Richard, tout d'abord,
représentante du Parti québécois, merci beaucoup d'être là. C'est un projet de
loi que je voudrais le plus possible transpartisan, donc je suis très heureuse.
La FADOQ est représentée par Mme Lyne Rémillard, ici; l'AQRP, association
québécoise des retraités et préretraités de la fonction publique, par Mme Lyne
Parent; l'AQDR, association québécoise de défense des droits des retraités, Mme
Judith Gagnon, et les comités logement de La Petite-Patrie et de Rosemont, par
Martin Blanchard et qui est accompagné d'une compagne du Comité Logement
Rosemont.
Alors, de quoi s'agit-il? Dans les
quartiers centraux de Montréal et de quelques autres grandes villes du Québec,
il y a un phénomène en ce moment qui est non seulement celui d'une
gentrification à laquelle on est presque habitués, malheureusement, mais celui
de l'augmentation de la spéculation immobilière. Des groupes de propriétaires
se mettent ensemble, achètent des immeubles locatifs en copropriété indivise,
ce que la loi leur permet de faire, la transforment en copropriété divise et
revendent ces logements à fort prix, faisant ainsi augmenter la valeur des
immeubles et les taxes et rendant l'accession à la propriété pour les jeunes
familles beaucoup plus difficile, mais causant aussi un dommage important :
c'est la diminution du marché locatif dans plusieurs quartiers de Montréal, des
quartiers qui souvent comptent entre 70 % et 75 % de locataires, un
bon nombre à faibles revenus. Parmi ces locataires, des personnes aînées de 65
ans et plus.
Le scénario classique, c'est le suivant :
une personne aînée habite un logement depuis 20, 25, 30 ans, et là, du jour au
lendemain, on lui dit : Vous allez devoir quitter parce que nous reprenons
le logement pour quelqu'un de notre famille. Ou, prétextant un agrandissement,
une subdivision, etc., le propriétaire ou le groupe de propriétaires obtient
très facilement les permis d'agrandissement ou de subdivision. Il n'y a pas
d'inspection qui se fait par la suite. On réalise quelques mois plus tard que finalement,
tout ça, c'est le phénomène dont je vous ai parlé : spéculation
immobilière. Mais, entre temps, il y a une personne aînée qui a dû quitter son
logement et qui, très, très souvent, ne retrouvera pas de logement dans le même
quartier.
Ce qu'il faut comprendre, c'est que, pour
n'importe qui, être obligé de quitter un logement, c'est difficile, mais, pour
une personne aînée, c'est encore plus difficile, surtout quand on habite un
logement depuis longtemps et qu'assez souvent, ces logements, justement parce
que les personnes y sont depuis plusieurs années, sont un peu moins chers que
le prix du marché, disons. Alors, pour la personne aînée, c'est souvent
dévastateur. Perte de repères, perte du voisinage, perte des amis, changement
de CLSC, de commerces, de vie de quartier, et ça a souvent des conséquences
médicales et psychosociales importantes.
Dans le projet de loi que j'ai déposé, j'ai
voulu, cela dit, baliser le groupe de personnes qui étaient concernées par le
projet de loi. Donc, ce ne sont pas toutes les personnes aînées qui sont
concernées, mais celles qui ou bien ont un revenu égal ou inférieur à une fois
et demie le montant maximum qu'une personne peut recevoir à titre de supplément
au revenu garanti, autrement dit, les aînés qui ont moins de 23 000 $
par année, donc vraiment des aînés à revenus faibles et modestes, mais aussi,
on a dit : il peut s'agir de personnes aînées en perte d'autonomie, en
situation de vulnérabilité. Et pour qualifier cette vulnérabilité, on utilise
un instrument qui est très connu par le ministère de la Santé et des Services
sociaux. Dans le jargon, on appelle ça le système de mesure de l'autonomie
fonctionnelle, et, c'est à partir des critères même du ministère qu'on voudra
évaluer si, pour cette personne-là en particulier, le déménagement représente
vraiment une situation qu'il faut éviter. On parle bien sûr aussi de personnes
handicapées, donc des personnes à mobilité réduite. Dans ces cas-là aussi on va
dire attention.
Donc, qu'est-ce qu'on demande aux
propriétaires? On ne dit pas : Aucun propriétaire ne pourra désormais
effectuer une reprise de possession. On ne dit pas : Aucune personne ne
pourra acheter un immeuble locatif. Ce qu'on dit, c'est, si vous voulez qu'une
personne quitte son logement pour quelque raison — on ne parle pas
évidemment ici des gens qui ne paient pas leur loyer, là, on parle vraiment de
reprise de possession ou agrandissement, subdivision, etc. — dans ces
cas-là, comme une loi française le fait depuis 1989 — donc ça existe,
c'est faisable — le propriétaire aura l'obligation de trouver un
logement pour la personne qu'il vient d'évincer de son logement, et ce logement
devra être dans le même arrondissement, s'il s'agit d'une grande ville, ou
sinon dans la même ville.
Donc, je vais être très claire, il n'y a
pas d'atteinte au droit, que la CORPIQ qualifie de fondamental, à la propriété.
Il y a un appel à la solidarité sociale. En fait, c'est simplement ça qu'on
fait à Québec solidaire, avec l'appui de pas mal de groupes. C'est un appel à
la solidarité sociale qui implique, oui, bien sûr, les propriétaires, mais
toute la classe politique et toute la société.
Alors, ce qu'on sait pour le moment, c'est
que le leader du gouvernement libéral est prêt à avoir une première discussion
sur ce projet de loi. À plusieurs reprises, il a indiqué, M. Fournier, qu'on
pourrait prendre une heure d'ici la fin de la session pour débattre du
principe, mais il faudra aller au-delà. Il faut l'adopter, le principe, puis
ensuite il faut aller vers des consultations particulières où l'ensemble des
groupes concernés, de locataires, de propriétaires, groupes représentant
les personnes aînées, pourra s'exprimer. C'est ça, une commission parlementaire,
c'est la démocratie, et on pourra discuter, on pourra certainement améliorer le
projet de loi, on pourra régler mille et un détails, mais il faut en débattre.
Alors, ceci étant dit, je cède la parole
pour des courtes périodes, donc, aux personnes qui m'accompagnent, à commencer
par Mme Rémillard du réseau FADOQ.
Mme Rémillard : Bonjour. C'est
avec plaisir qu'on est ici cet après-midi pour appuyer le projet de loi de Mme
David.
Vous savez, le réseau FADOQ, il y a un an,
a réussi à mettre les quatre partis ensemble pour signer un contrat social en
faveur d'une qualité de vie adéquate pour les aînés d'aujourd'hui et de demain.
Des gestes comme Mme David pose, les demandes qu'elle fait auprès des
gouvernements, c'est en lien direct avec ce qui se passe. On le sait que la
population est vieillissante, et il faut être conscients qu'on doit prendre des
mesures pour que toute la société vive bien ensemble. C'en est une, des
mesures.
Dans la vie de tous les jours, un aîné
vulnérable qui doit quitter son logement par cause de maladie ou pour quelque
raison que ce soit, ça le perturbe, ça le dérange. On peut imaginer, quand c'est
lors d'une éviction, comment ça peut avoir des répercussions encore plus
catastrophiques pour cette personne-là.
Alors, écoutez, nous, dans notre contrat
social, là, le logement, là, notre volet logement-habitation, c'est un volet
qui est extrêmement important. C'est un des aspects de ce volet. On peut parler
des taxes foncières, on peut parler de bail, tout ça, mais aujourd'hui je veux
garder le focus sur ça parce que je pense que c'est important et, comme on le
dit, c'est une société qui doit faire face à ces questions-là. Je suis contente
de voir que Mme Richard est ici, parce que, s'ils ont signé le contrat social,
les quatre partis, c'est qu'ils sont intéressés à travailler pour nos aînés au Québec.
Et on se souviendra, à la période d'élection, les quatre partis étaient d'accord
avec ce que Mme David avait proposé. Alors, on va espérer que ça fasse son
petit chemin, et que ça continue en ce sens-là, et on participera certainement
aux commissions parlementaires, lorsque ce sera le temps. Merci.
Mme David (Gouin) : Merci. Mme
Parent.
Mme Parent (Lyne) : Bonjour.
Nous tenons à souligner l'apport et la contribution du ministre de Gouin… de la
députée de Gouin, excusez, la députée de Gouin pour les personnes aînées. Tout
ce qu'on peut faire pour eux autres, c'est bien. Chaque personne qui se
retrouve seule, à la rue, est vulnérable et sans recours. Il faut briser,
arrêter cette tragédie. Il faut atténuer les conséquences de ces déplacements
forcés. En fait, ce qu'on veut, c'est le respect et la dignité pour nos
personnes aînées. Nous appelons le gouvernement à prendre les mesures
nécessaires afin d'appeler à ce projet. Merci.
Mme David (Gouin) : Merci, Mme
Parent.
Mme Gagnon (Judith) : Alors,
bonjour, tout le monde. Je représente l'AQDR nationale. Bravo. Bravo pour
Québec solidaire. Bravo. Mais, vous savez, le Québec est déjà très avancé, nous
sommes dans une… Québec, municipalités amis des aînés et nous sommes, au
Québec, prêts à aller plus lion pour les aînés. Alors, c'est ce qu'on va voir,
si le gouvernement du Québec est prêt à aller plus loin.
Au niveau du bail, il y a eu, voilà deux
ans, une commission parlementaire au niveau de la refonte de l'article 1974 du
Code civil pour la résiliation du bail, pour amoindrir, raccourcir le délai de
résiliation du bail. Et, au niveau de l'éviction, il n'y a rien qui ait été
fait maintenant. Nous considérons que c'est important de protéger les aînés
vulnérables qui souvent sont pris avec des spéculations, comme le disait Mme
David. Ils vivent au jour le jour, ils ont à peine à maintenir leur autonomie
puis ils sont pris dans un processus qu'ils ne sont pas capables d'aller plus
loin.
Alors, c'est important qu'on les protège,
c'est important qu'on leur accorde le respect et des droits pour pouvoir
conserver leurs logements. Comme disait Mme David, souvent, ces aînés-là,
lorsqu'ils sont évictés du logement, bien, c'est des problèmes, c'est des gros
problèmes parce qu'ils ont de la misère à se reloger. Souvent, ils sont au bord
du maintien de l'autonomie puis ils deviennent moins autonomes. Alors, c'est un
coût social, encore, majeur.
Alors, l'AQDR nationale, on invite le
gouvernement du Québec, la population du Québec à être solidaires avec nos
aînés, et d'aller encore plus loin au niveau du bail, et de participer puis de
faire une commission parlementaire, et d'entendre le point de vue aussi des
groupes aînés, parce qu'on a des choses à dire, et nos aînés ont besoin d'une
protection. L'AQDR nationale, on demandait la présence d'un protecteur pour les
aînés vulnérables à un moment donné. C'est important. Il y a un train de
mesures que le gouvernement du Québec doit mettre en place pour protéger nos
aînés. On dit : Un Québec solidaire, mais un Québec solidaire pour tout le
monde, tous les groupes d'âge. Merci.
Mme David (Gouin) : Merci.
M. Blanchard (Martin) : Alors,
les quartiers Petite-Patrie et Rosemont ont été historiquement habités par une
proportion plus grande que Montréal par des populations aînées, mais aussi des
gens qui étaient à faibles revenus et des gens qui vivent seuls. Mais cette
proportion-là a diminué. Maintenant, Rosemont et Petite-Patrie ont moins de
personnes aînées, proportionnellement, que dans le reste de Montréal.
Pourquoi? C'est parce que c'est des gens
qui habitaient depuis longtemps dans leur logement, les promoteurs ont flairé
le potentiel de profits rapides, ils les ont évincés et ils ont revendu le
logement à un très grand profit. Et c'est pourquoi les locataires aînés sont
surreprésentés dans les comités logement au niveau des reprises et des
évictions de logement. Alors qu'ils forment moins que 15 % ou 10 % de
la population, ils représentent plus du tiers des locataires qui s'adressent à
nous pour des problèmes de reprise ou d'éviction. On a vu pourquoi. Lorsqu'ils
se font évincer du logement, ils perdent leur réseau de proximité, ils perdent
leur service d'entraide, ils perdent tout un réseau qu'ils avaient autour d'eux
et ils sont habités par la déprime, ils sont habités par un sentiment
d'injustice. C'est très difficile pour eux.
Alors, obliger le propriétaire à trouver
un logement à ces personnes-là, si la reprise est légitime, c'est un premier
pas qui est très important pour cette situation qui est très urgente. Mais je
dois rajouter que les comités logement de Petite-Patrie et de Rosemont sont
aussi pour qu'il n'y ait pas d'éviction des locataires pour faire de la
spéculation, pour faire du profit rapide. Nous sommes pour que finissent et que
se terminent les évictions et qu'on arrête de transformer le parc locatif en
condos, et c'est ainsi que se termineront les injustices que subissent
actuellement les locataires dans les quartiers centraux, mais aussi partout
dans le Québec.
Mme David (Gouin) : Alors, Mme
Richard du Parti québécois, merci beaucoup d'être là.
Mme Richard (Duplessis)
:
Merci. Bonjour. Tout d'abord, je dois vous dire que je suis très heureuse de
participer avec ma collègue la députée de Gouin au dépôt du projet de loi n° 190.
J'appuie, d'entrée de jeu, le dépôt de ce projet de loi. Je pense que c'est une
belle protection pour nos aînés. Mme David vous en a parlé plus tôt, vous
savez, quand un aîné est déraciné — entre autres, ici, on parle de
son logement — il perd ses repères. Souvent, c'est très, très
stressant pour des personnes, là, qui sont souvent vulnérables, souvent qui n'ont
pas de réseau, qui n'ont pas de famille.
Donc, c'est une protection supplémentaire
que le projet de loi de Mme David vient faire en sorte de, pour nous aînés, les
soutenir davantage, parce que, quand il y a un risque qu'ils soient évincés de
leur logement, c'est beaucoup de problèmes pour ces personnes qui sont
vulnérables. Et donc j'offre toute ma collaboration à ma collègue de Québec
solidaire. Nous pourrons en discuter en commission parlementaire. Je souhaite
aussi qu'il y ait des consultations, que les gens viennent s'exprimer. Et moi,
comme nouvelle porte-parole pour les aînés, je suis très contente de participer
avec ma collègue avec ce nouveau projet de loi qui, j'espère, donnera des
suites pour une meilleure protection au niveau du logement pour nos aînés.
Merci.
M. Poinlane (Pascal)
:
Bonjour. Pascal Poinlane, Radio-Canada. Mme David, est-ce que vous… Bon, il y a
clairement un problème, on a bien compris. Vous avez énoncé la maladie, si on
veut. Mais est-ce que vous n'avez pas peur que le remède que vous préconisez
n'ait pas des effets secondaires importants, c'est-à-dire que les personnes
aînées qui se cherchent un logement pourraient être victimes de discrimination
entre guillemets? On sait qu'un propriétaire, souvent, va passer en entrevue 10
personnes. Il a le choix, là. Il n'est pas obligé de prendre un aîné s'il sait
que ça va être difficile de l'évincer comme, peut-être, il a comme idée. Il
pourrait avoir cette idée-là.
Mme David (Gouin) : Écoutez, vous
avez probablement lu, n'est-ce pas, le communiqué de la CORPIQ qui brandit
cette menace comme quelque chose qui viendrait effectivement défavoriser les
locataires. Moi, ce que je réponds, c'est bien simple, il n'en tient qu'à la
CORPIQ d'inviter l'ensemble des propriétaires à faire preuve de bon coeur. Et
beaucoup le font déjà, hein? On s'entend, là, on n'est pas en train ici de dire
que tous les propriétaires sont des gens qui ne rêvent que d'évincer des aînés.
On s'adresse à une minorité de propriétaires, et, à cette minorité, il faut que
la CORPIQ explique que, non, on n'évincera pas des aînés de leur logement, tout
simplement parce que c'est inacceptable. C'est inacceptable socialement.
Les aînés, vous savez quoi, de façon
massive, sont des personnes qui entretiennent bien leur logement, sont des
personnes qui paient consciencieusement leur loyer. En fait, ce sont des
personnes qui sont de très, très bons locataires. Alors, la CORPIQ ne devrait
pas du tout craindre ça. Et je vous rappelle que l'ensemble des associations
d'aînés, et ici on a deux comités logement qui n'ont vraiment pas peur de ce
genre d'effet secondaire, puisqu'ils appuient tous le projet de loi qu'on est
en train de déposer. C'est une question de solidarité sociale. Ce n'est pas
parce qu'on est propriétaire quelque part qu'on n'a pas de coeur, qu'on n'est
pas capable de solidarité. Moi, je fais, au contraire, confiance à cette
capacité de solidarité que peuvent avoir la plupart des propriétaires.
M. Poinlane (Pascal)
:
Mon autre question, c'est sur l'étendue des impacts de votre projet de loi. Il semble
que ce soit un projet… c'est-à-dire un problème qui arrive surtout… Bon, vous
avez cité deux quartiers : Petite-Patrie, Rosemont, problème montréalais peut-être
dans d'autres grandes villes du Québec, peut-être à Québec, mais là il risque
d'y avoir des effets secondaires ailleurs au Québec, là. Dans quelle mesure, ça
risque… si c'est un problème purement montréalais, là, pourquoi ça prend un projet
de loi pour ça?
Mme David (Gouin) : Ça prend
un projet de loi tout simplement parce que la Loi sur la Régie du logement, là,
la loi qui règle tous les rapports propriétaires, locataires, c'est une loi
provinciale. Alors, je ne peux pas faire une loi pour Montréal, hein, on va
faire une loi provinciale. Oui, ce qu'on a observé jusqu'ici, c'est que ça
touche particulièrement les quartiers centraux des grandes villes, donc pas seulement
Rosemont, la Petite-Patrie, là, tous les quartiers centraux de Montréal, tous.
Ça touche, à Québec, les quartiers centraux de la ville de Québec puis ça
touche d'autres villes aussi, évidemment dans une moindre mesure puisqu'il y a
moins de monde.
Donc, ça touche, oui, principalement les
grands centres, mais ça peut toucher aussi des locataires qui habitent Sept-Îles,
qui habitent Rimouski, qui sont… C'est ça, donc ça implique tout le monde.
Alors, faisons une loi qui va être la même pour tout le monde.
M. Poinlane (Pascal) : …pas
évident pour un propriétaire, là, qui habite dans une petite ville de peut-être
trouver un autre logement pour un aîné. On se dit qu'à Montréal il y a peut-être
plein de logements, mais ca ne sera peut-être pas facile partout, là.
Mme David (Gouin) : Vous
savez, ce n'est pas non plus si simple à Montréal, ça dépend quel prix vous
êtes prêts à payer, et c'est probablement la même chose à Québec…
Journaliste
: …ça va
être difficile.
Mme David (Gouin) : Mais il
n'y en a jamais de facile. Mais, dans le fond, là, qu'est-ce qui est le plus
difficile, si on veut le prendre comme ça? Est-ce que c'est la situation d'une
personne aînée qui a 85 ans, qui vient au comité logement — puis ça,
je le sais parce qu'il y en a qui viennent aussi à mon bureau, là — parce
qu'ils sont expulsés d'un logement pour reprise de possession, agrandissement,
subdivision? Ça, c'est difficile puis c'est difficile de trouver des solutions,
puis on a des personnes en détresse dans nos bureaux. Je trouve ça bien plus
difficile, ça, que de penser que, oui, le propriétaire qui voudra procéder à
agrandissement, subdivision ou reprise de possession, il devra faire l'effort,
oui, de trouver un logement à la personne aînée. S'il s'agit d'une petite
ville, c'est n'importe où dans la ville, s'il s'agit d'une grande ville de plus
de 100 000 habitants, ça doit être dans le même arrondissement.
Je vous soumets que, par exemple, dans
l'arrondissement Rosemont—La Petite-Patrie, je pense qu'on est autour de
140 000 personnes, là. C'est énorme, c'est l'équivalent d'une ville. Donc,
oui, je pense qu'il y a moyen pour un propriétaire de faire un effort et de
trouver un logement. Sinon, le propriétaire peut aussi renoncer à son projet.
Ça, c'est aussi une autre option.
Journaliste
: Mais ce
n'est pas plus facile pour, par exemple, une mère ou un père monoparental de se
trouver un nouveau logement avec un enfant puis un chien. Je ne sais pas, là...
Mme David (Gouin) : Ah! Je ne
le prétends pas du tout.
Journaliste
: Alors, pourquoi
vous n'étendez pas votre projet de loi à pas juste les aînés mais à tout le
monde qui pourrait subir les contrecoups de l'éviction?
Mme David (Gouin) : Parce que,
j'ai beau être à Québec solidaire, parti reconnu pour sa capacité d'être
audacieux, je sais qu'il faut commencer quelque part, et on va commencer par la
situation des aînés. Il y a un précédent, il y a l'exemple français qui nous a beaucoup
inspirés, parce qu'en fait il dit à peu près la même chose. J'avoue que c'est
vraiment ça qui est venu me chercher. Et parce que les personnes aînées,
d'abord, il y en a de plus en plus, au Québec, elles vivent de plus en plus
longtemps et elles veulent vivre à la maison. Il y a tout un débat social, hein,
sur ça en ce moment, on veut que les aînés restent à la maison. Bien, dans ce
cas-là, rester à la maison, ça doit pouvoir vouloir dire rester chez soi et ne
pas obliger, du jour au lendemain, de déménager à 75, 80, 85 ans et,
encore pire, en plein hiver. Commençons par là.
Et, vous savez, au fond, moi, je suis très
sensible à ce que dit le Comité Logement Rosemont et celui de La Petite-Patrie.
J'aimerais bien mieux qu'il n'y en ait pas, d'éviction, du tout, surtout quand
il s'agit de spéculation immobilière. On reviendra. Pour le moment, faisons
ensemble un premier pas, appuyons les aînés.
Journaliste
:
Mme Richard, le Parti québécois est prêt à aller jusqu'où, là, dans le
soutien à ce projet de loi? Vous souhaitez même l'adoption? Vous êtes prêts à aller
jusqu'où?
Mme Richard (Duplessis)
:
Bien, tout d'abord, on a appuyé le projet de loi pour son dépôt. On va en
discuter en commission parlementaire. C'est sûr qu'il y aura des consultations,
donc... Les projets de loi, vous savez, quand ils vont en commission
parlementaire, souvent, c'est pour être bonifiés. Donc, moi, je suis ouverte à
écouter les gens qui vont venir en commission parlementaire, je le souhaite
sincèrement qu'ils puissent venir s'exprimer. Mais Mme David, dès le début,
vous a démontré l'importance. Ce projet de loi s'adresse à une clientèle qui
est vulnérable.
Vous faisiez référence, bien, aux
personnes monoparentales, aux femmes, entre autres, qui sont monoparentales.
Oui, c'est une situation qu'on peut déplorer, sauf que, vous savez, la
vulnérabilité des aînés, c'est quelque chose aussi que les gens, ils vivent au
quotidien, là. Souvent, ces personnes-là n'ont pas de famille, n'ont pas de
réseau, elles ne sont pas sur le marché du travail, elles ne vivent pas d'aide
sociale, il n'y a pas une travailleuse sociale qui va aller les voir à tous les
jours. Je pense que c'est un premier pas qu'on démontre envers ces personnes
qui sont vulnérables. Et c'est pour ça que moi, je suis ici pour appuyer le
dépôt du projet de loi et je pense qu'on peut le bonifier et peut-être en
retirer d'autres avantages.
Journaliste
: Merci.
Mme Richard (Duplessis)
:
Ça me fait plaisir.
Mme David (Gouin) : Merci
beaucoup.
(Fin à 16 h 24)