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Point de presse de M. Amir Khadir, député de Mercier

Version finale

Wednesday, September 10, 2014, 12 h 45

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Douze heures quarante-cinq minutes)

M. Khadir : Bonjour, tout le monde. Merci d'être là.

Trafic d'influence. Trafic d'influence, c'est le mot utilisé par le témoin que nous avons entendu hier à la commission Charbonneau, c'est-à-dire le P.D.G. d'une firme de génie-conseil, M. Georges Dick, lorsqu'il décrivait les activités de Marc Bibeau, grand collecteur de fonds du Parti libéral et proche conseiller de M. Jean Charest. C'est sûr que, dans ce contexte, la question qui est dans la tête de milliers de Québécois, c'est : Qu'est-ce qu'on attend? Qu'est-ce qu'on attend pour aller plus loin?

Parce qu'après tout, quand on parle de Marc Bibeau, malgré toute l'importance qu'il a pu avoir comme chef d'orchestre pour ramasser des fonds, pour convaincre les entreprises de construction de donner des retours d'ascenseur au Parti libéral en retour de juteux contrats publics, c'est quand même un exécutant. Il répondait d'abord à une commande politique qui devait venir, comme au PQ d'ailleurs, qui devait venir, donc, des instances décisionnelles du parti. Et, quand on parle d'un parti, celui qui, en dernier lieu, est responsable des décisions, des orientations, c'est le chef du parti et, à l'époque, c'était Jean Charest.

Alors, je m'adresse solennellement à la commission Charbonneau et à la juge de la commission, Mme Charbonneau, pour dire que les Québécois ont des attentes, que nous sommes dans une situation où nous ne pouvons pas nous permettre d'être déçus par les activités de la commission Charbonneau. La commission Charbonneau a une responsabilité qui émane du fait que, pendant des années, des journalistes, des femmes et des hommes libres et courageux sont venus dénoncer la situation, et, ensuite, il y a eu des milliers de gens qui ont signé des pétitions, qui ont marché dans la rue. Il y a une commande politique. Oui, il y a une commande politique qui vient de la mobilisation de la population qui a forcé le gouvernement Charest à accepter une commission. Et nous avons une commission pas pour identifier des exécutants ou des boucs émissaires.

Je pense qu'on a assez entendu les Nathalie Normandeau, les Guy Chevrette, sur leur part de responsabilité, mais, après tout, comme M. Marc Bibeau, ce ne sont que des exécutants d'une orientation décidée dans les plus hautes sphères de ces partis. Et donc il y a un grand absent encore… il y a des grands absents : les chefs des différents partis, les plus hauts responsables des partis du Québec, c'est-à-dire le Parti libéral et le Parti québécois. Et donc nous nous attendons à la comparution de M. Charest ou, à tout le moins, une explication. Si M. Charest est impliqué dans une enquête de l'UPAC ou une enquête judiciaire qui l'empêche d'être présent, bien, au moins, il faudrait que, dans le travail de la commission, ce soit transparent et qu'on comprenne bien que la commission s'attaque aussi aux plus hauts responsables du Parti québécois et du Parti libéral dans les décisions qui ont été prises.

Ensuite, M. Couillard porte une responsabilité maintenant. Quand on parle du trafic d'influence, on parle des contrats donnés en retour d'argent sale avec lesquels les partis ont gagné leur élection, ont gagné des votes, ont gagné des élections. Si M. Couillard veut bien nous montrer que l'époque du trafic d'influence est terminée, nous nous demandons pourquoi est-ce qu'on continue des projets qui nous ruinent, qui ruinent les finances publiques comme la Romaine. Il y a deux autres phases qui restent à la Romaine. Déjà, les deux premières phases de la Romaine, plus les minicentrales, qui sont des contrats donnés aux amis du parti pour les amener à financer la caisse du parti, c'est des contrats qui nous coûtent 500 millions parce qu'on produit de l'électricité à perte. Ça, même la direction d'Hydro-Québec en a convenu. Donc, il est temps de suspendre ces grands chantiers qui sont des chantiers ruineux. On n'a pas les moyens de jeter l'argent des Québécois par la fenêtre juste parce qu'il y a eu trafic d'influence pour la réalisation de ces projets.

Je voudrais terminer en posant une question à la direction du Parti québécois, à M. Bédard, aux différents prétendants de la course à la chefferie : Mais où est-ce qu'ils sont pour réclamer que la commission Charbonneau, d'abord, enquête et demande la comparution de M. Charest? Moi, je me serais attendu à ce que la direction du PQ déchire sa chemise, la direction de la CAQ déchire sa chemise pour s'assurer que M. Jean Charest comparaisse devant la commission Charbonneau. Puis où est-ce qu'ils sont pour justement mettre fin aux décisions qui ont été prises à cause de ce trafic d'influence, notamment les chantiers de la Romaine et les minicentrales électriques?

Merci de votre attention.

M. Bergeron (Patrice) : Qu'est-ce que vous faites, M. Khadir, de l'indépendance de la commission qui ne veut pas se faire dicter ses travaux?

M. Khadir : La commission n'est pas indépendante. La commission Charbonneau dépend de la volonté populaire. Il y a eu une commande politique dictée par la volonté de la population et le travail fait par l'opposition pour obtenir la commission. La commission est libre, oui, de prendre les moyens à sa disposition, mais la commande est une commande politique qui vient de la population. Nous avons besoin d'identifier les responsables et les mécanismes. Et il est évident que là on a un problème de crédibilité. Si, à la fin de tout ça, on n'a que des menus larcins, on a des petits poissons, des exécutants ou des boucs émissaires, il y a un problème.

M. Gagnon (Marc-André) : Marc-André Gagnon du Journal de Québec. Donc, je comprends bien que vous demandez, autrement dit, à la fois au Parti québécois et à la CAQ de joindre leurs voix à la vôtre pour demander à ce que M. Charest…

M. Khadir : Bien sûr, à moins qu'ils aient quelque chose à se reprocher. Mais je pense qu'à tout le moins les Québécois s'attendent à ce que Charest, un responsable du parti politique, un ancien chef du Parti québécois, ou le chef actuel et Mario Dumont, parce que tous ces partis-là ont été impliqués dans le financement illégal, dans ces financements qui sont venus de firmes de génie-conseil pour s'acheter de l'influence au pouvoir, sont impliqués. À tout le moins, ces trois-là devraient être là. Il me semble que dans le travail qu'on mène depuis quatre mois…

J'ai posé la première fois la question sur Marc Bibeau… La première personne au Québec qui a posé la question directement, c'était moi, en octobre 2010, à l'Assemblée nationale, à M. Charest. À l'époque, son leader s'est levé pour me traiter d'adepte de complot, ce genre de chose là, que c'était du vent. Bien, aujourd'hui, on voit que c'était très crédible, que M. Marc Bibeau avait un rôle très proche dans le financement du Parti libéral. Mais M. Marc Bibeau est un exécutant après tout, il opérait pour la direction du PLQ. Qui était à la direction du PLQ à l'époque? C'était M. Charest.

Alors, nous pensons qu'il faut que les plus hauts responsables politiques répondent de ces affirmations.

M. Bergeron (Patrice) : Mais pourquoi la juge Charbonneau, selon vous, donc, n'a toujours pas convoqué le grand chef?

M. Khadir : Le pourquoi, je pense, importe peu, est secondaire. Là, aujourd'hui, collectivement, il y a une attente. Soit que ces gens-là sont sous une enquête judiciaire, puis on juge plus opportun de ne pas les inviter, soit, mais on peut nous l'expliquer, parce que, je vous le répète, la commission ne peut pas nous décevoir. Après quatre ans de tout ça, après quatre ans de tous ces efforts, après quatre ans où des gens sont venus mettre leur santé, leur vie, leur commerce en jeu pour témoigner, on ne peut pas se satisfaire de juste d'exécutant. Il faut identifier les responsables.

M. Bellerose (Patrick) : Êtes-vous surpris par le fait que la commission a si peu abordé le volet politique provincial?

M. Khadir : Bien, je suis surtout déçu pour le moment. Je ne peux pas en dire plus. Il y a toujours le moyen de rectifier les choses, et peut-être qu'on n'a pas besoin de… C'est possible, mais la commission peut nous expliquer, peut dire : Nous avons déjà notre travail fait de ce côté-là, et ça va être dans les résultats de notre rapport, soit. Mais je pense qu'à cette étape-ci la population a une question lancinante, importante, qui est très, très pertinente : Pourquoi les responsables, les plus hauts responsables du Parti québécois, de l'ADQ de l'époque et du Parti libéral n'ont pas été convoqués? Mme Normandeau, là, comme M. Couillard étaient des exécutants. C'étaient des ministres.

M. Gagnon (Marc-André) : Êtes-vous aussi déçu de l'exercice qui a été mené par la commission avec M. Accurso dans les derniers jours?

M. Khadir : Non. Bien là, je ne rentrerai pas dans ce détail-là. Ce qui importe, c'est d'identifier les responsables dans toute cette… dans l'organisation du trafic d'influence. Maintenant, comment, dans le menu détail, la commission, disons, les procureurs mènent leurs interrogatoires, je pense qu'on peut… tout le monde peut donner son avis. Ce qui important, c'est qu'à la fin de l'exercice la commission capte ce désir, cette volonté populaire et le mandat qui lui a été confié par la population. Ce n'est pas M. Charest qui a donné le mandat réellement à Mme Charbonneau et à la commission, c'est la population du Québec, c'est les 250 000 signataires de la pétition qui était sur le site de l'Assemblée nationale, c'est les manifestants, c'est les journalistes, c'est ceux qui ont pris des risques pour sonner l'alarme.

M. Bellerose (Patrick) : Si les hauts dirigeants ne témoignent pas devant la commission, est-ce que la commission aura failli à la tâche?

M. Khadir : Non, mais la commission peut en tirer des conclusions. La commission a bien d'autres informations à sa disposition que juste les affirmations de Mme Normandeau, de M. Chevrette ou éventuellement de M. Charest ou de Mme Marois. Mais il faut que la commission accepte le fait qu'elle doit aller au bout et n'a pas à se gêner. La commission n'a pas à se gêner de prendre de précautions, de faire des calculs politiques, parce que, ce faisant, ce que ça nous coûte, ça va encore être des milliards de dollars, parce que, si on est complaisants avec ça, le système va continuer de bien d'autres manières.

M. Gagnon (Marc-André) : Donc, à votre avis, M. Charest serait le grand responsable de ce présumé trafic d'influence?

M. Khadir : Bien, le Parti libéral, personnifié par sa direction, M. Charest, si ça s'avère. Et tout nous porte à croire aujourd'hui qu'il y avait un système de trafic d'influence mis en place.

M. Bergeron (Patrice) : Dans un autre ordre d'idées, M. Khadir, ça fait des mois qu'on a un vaste débat sur les projets de loi sur les retraites, les régimes de retraite. On ne vous a pas entendu sur cette question-là, ce qui est assez surprenant.

M. Khadir : Nous avons émis plusieurs communiqués. Nous laissons le temps à tout ce débat d'être, disons, ouvert sur la place publique. C'est un débat très complexe. Nous vous reviendrons dès la rentrée parlementaire. Nous avons des choses à dire sur le projet de loi, sur ce que le gouvernement pourrait faire. Mais ça va être à la rentrée, dès…

M. Bellerose (Patrick) : …rentrée parlementaire, par exemple?

M. Khadir : Nous allons participer en temps opportun.

M. Bellerose (Patrick) : Vous n'avez pas participé…

M. Khadir : Oui, mais ça, c'était une audience publique, c'était des groupes qui étaient entendus. L'important, c'est lorsque le projet de loi va être mis au vote d'abord sur son principe et ensuite dans le processus d'amendement. Nous sommes en train de travailler tout ça avec des partenaires. Nous allons rencontrer des gens dans le milieu syndical, nous allons rencontrer des responsables politiques et, vous allez voir, la semaine prochaine, nous allons tout vous décrire ça.

M. Bergeron (Patrice) : Pourquoi ça prend tant de temps pour que vous définissiez votre position là-dessus?

M. Khadir : Notre position est très claire. Nous l'avons émise dans le communiqué déjà il y a deux semaines. Nous sommes tout à fait contre le projet de loi n° 3. Nous pensons qu'il faut que ça soit une solution négociée. Et aujourd'hui, de plus en plus, notre position s'avère juste quant aux questionnements sur les chiffres avancés. Le déficit de 3 point quelques milliards qu'on a brandi, là, ça semble être très, très questionnable. Il y a même une firme comptable très réputée qui est arrivée à la conclusion qu'on n'en est pas là, il n'y a pas vraiment de déficit majeur. Il y a certains… oui, il y a des problèmes pour la capitalisation de certains régimes de retraite, mais on reviendra en détail sur toutes les solutions qui existent.

Mais il y a une chose. Depuis 2012, nous suggérons un régime de retraite universel amélioré. Et vous savez quoi? Le gouvernement ontarien, qui est un gouvernement libéral à côté de nous, c'est tellement bon, notre projet, qu'ils sont en train de faire exactement la même chose. Donc, au lieu de s'attaquer à des gens qui ont des retraites, ce qui ne réglera rien de ceux qui n'en ont pas, le gouvernement ontarien a décidé d'améliorer le régime de retraite de tout le monde. Et on va vous décrire comment et avec quelle orientation la semaine prochaine. Merci.

(Fin à 12 h 58)

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