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Point de presse de M. Amir Khadir, député de Mercier et Mme Françoise David, députée de Gouin

Version finale

Monday, September 15, 2014, 14 h 15

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Quatorze heures vingt et une minutes)

Mme David (Gouin) : Merci. Bien, alors, bonjour à tout le monde. Nous revoici à l'Assemblée nationale à la veille d'une nouvelle session parlementaire, d'un automne qui va certainement être chargé.

D'emblée, je veux indiquer, au cas où certains ne l'auraient pas encore compris, que Québec solidaire va s'opposer avec la plus grande vigueur à toutes les compressions, toutes les coupes budgétaires que le gouvernement Couillard est en train de faire. Qu'il le fasse directement ou qu'il oblige les commissions scolaires à le faire, le résultat est le même. Dans le domaine de l'éducation, encore une fois, des aberrations, là. On va finalement couper dans l'aide alimentaire aux enfants défavorisés. C'est un comble. Et c'est trop facile de dire aux commissions scolaires : Non, non, ça, vous ne pouvez pas le faire, il faut garder les livres, il faut garder l'aide alimentaire, il faut garder l'aide aux devoirs. Coupez ailleurs. Mais c'est où, ça, ailleurs?

Alors, M. Couillard et M. Bolduc vont avoir à répondre devant la population de toutes ces coupes qui font mal à qui? Bien, aux gens ordinaires, aux travailleurs, aux travailleuses, aux familles, aux enfants. Et nous serons vraiment présents, les députés solidaires, pour être aux côtés de tous ceux, de toutes celles qui déjà… nous le savons par tous les contacts que nous avons avec les mouvements sociaux, déjà, il y a des gens qui réfléchissent sérieusement à la meilleure façon de contrer ensemble ces politiques d'austérité qui font mal et qui n'apportent aucun résultat intéressant.

De façon plus spécifique, on veut parler aujourd'hui du projet de loi n° 190 et du projet de loi n° 3, celui du gouvernement libéral, bien sûr, sur les retraites. Alors, je vais tout de suite commencer avec le projet de loi n° 190. Le projet de loi n° 190, c'est celui que j'ai déposé à l'Assemblée nationale le 27 mai dernier. C'est un tout petit projet de loi, deux articles seulement, mais ces deux articles sont très importants pour protéger les locataires aînés d'éviction abusive et, même dans le cas où des évictions sont jugées conformes, légales, etc., protéger les aînés contre un déracinement qui leur fait très mal, qui leur fait perdre leurs repères, leurs voisins, leurs services du CLSC, leur club de l'âge d'or au coin de la rue. C'est vraiment l'idée de demander aux propriétaires, qui légalement ont le droit d'évincer un locataire pour agrandissement ou subdivision, de trouver un logement à ce locataire ou cette locataire — on parle, la plupart du temps, de femmes — lorsque ce sont des aînés en situation de vulnérabilité, que cette vulnérabilité soit économique ou psychosociale.

Vous vous rappelez sans doute que le gouvernement libéral avait accepté de recevoir ce projet de loi. Il y a eu un premier débat de 1 h 15 min à peu près autour du projet de loi en juin. J'ai eu ensuite l'occasion de rencontrer le ministre Moreau. Je dois dire qu'il ne s'est pas montré d'une très grande ouverture, mais on a quand même convenu de continuer de se parler. Nous venons de lui renvoyer un document avec toutes les explications qu'il demandait sur le projet de loi et avec beaucoup de précision et de clarification.

Ce que je veux maintenant obtenir, c'est que ce projet de loi s'en aille en consultations particulières, que les groupes qui sont pour et les groupes qui sont contre puissent s'exprimer : les associations de locataires, les regroupements nationaux qui s'occupent des aînés. Moi, je sais déjà qu'ils sont pour, ils ont déjà indiqué qu'ils appuyaient le projet de loi. Puis on entendra aussi l'Association des propriétaires, qui, le jour même du dépôt — en fait, le projet de loi était à peine déposé, c'est un peu comme s'ils l'avaient déjà lu — ils étaient déjà contre. Alors, ils viendront s'exprimer, on fera le débat au mérite. Et moi, je suis toujours prête au dialogue, à la discussion, pourvu qu'à la fin ce projet de loi là, quand même, réponde à un besoin qui est celui de protéger les locataires aînés. Alors, je vous reviendrai là-dessus, mais je peux déjà vous indiquer que, cet automne, j'ai l'intention que ce projet de loi soit adopté.

M. Khadir : Alors, c'est sûr qu'un autre projet de loi qui va nous occuper beaucoup, qui est d'une importance majeure dans les prochaines semaines et les prochains mois, c'est le projet de loi que dépose le gouvernement, le projet de loi n° 3 sur les retraites. C'est tout à fait, disons, vrai qu'il y a un problème avec les banques de revenus de retraite. On a un problème dans la pérennité des caisses de retraite. On a également un problème très important, qui est en partie... et qui est la cause du premier problème, qui est le sous-financement des municipalités qui ont eu toutes sortes de problèmes au cours des dernières années. Et une saine gestion des finances publiques, il faudrait que le gouvernement voie à ça également.

Mais la solution proposée par le gouvernement actuel, ce n'est pas une bonne réponse au problème des pensions de retraite, dont l'ensemble de la population a besoin, parce qu'après tout il faut se demander... et c'est ce que Québec solidaire va tâcher de rappeler à la fois aux élus, mais aussi à tous ceux qui l'auraient oublié au détour de tout ce qu'on a eu, au cours des dernières semaines, comme affrontements sur la place publique alentour de ce projet de loi là : ce n'est pas en coupant les fonds de retraite ou en diminuant la qualité des fonds de pension d'employés, comme, par exemple, une secrétaire de municipalité, qu'on va ajouter quoi que ce soit au travailleur autonome qui n'aura pas plus une retraite garantie parce qu'on aura coupé dans la retraite de ceux qui disposent d'une caisse de retraite.

Je reviens d'une rencontre informelle avec un ministre ontarien qui montre la voie à suivre pour le gouvernement libéral actuel, le gouvernement libéral ontarien, qui est un autre gouvernement libéral, mais qui a pensé régler, plutôt que de niveler la situation, l'avenir, en fait, de sa population et leur retraite par le bas, a décidé d'améliorer les revenus de retraite pour l'ensemble de la population, exactement ce que Québec solidaire propose depuis l'élection de 2012, parce que, nombre d'entre vous l'avez sans doute noté, nous sommes le seul parti au Québec qui, depuis 2012, avons un programme sur les retraites comme axe principal de notre activité politique et de deux campagnes électorales.

Et c'est dans cette perspective-là, parce qu'on refuse de niveler les fonds de retraite par le bas, parce qu'on pense qu'au Québec la population du Québec mérite qu'on améliore les revenus de retraite pour l'ensemble de la population, que nous allons nous opposer fermement à l'adoption du projet de loi n° 3 tel qu'il est actuellement. Nous sommes extrêmement déçus de voir la fermeture du premier ministre sur ce dossier. C'est sûr que nous allons nous opposer, à toutes les étapes, à ce projet de loi dans son introduction à l'Assemblée nationale et nous allons, disons, sur la place publique, participer activement à montrer qu'il y a des solutions, qu'il y a des manières de répondre aux préoccupations de notre population sur leur retraite autrement qu'en nivelant les choses par le bas.

La Modératrice : Des questions?

Mme Biron (Martine) : Oui. Bonjour. Sur les intentions ou l'agenda du gouvernement, vous avez dit : On va s'opposer fermement. Dans le camp politique, là, c'est-à-dire à l'Assemblée nationale, est-ce que vous tissez des alliances? Est-ce que vous avez le PQ avec vous, la CAQ avec vous? Vous en êtes où dans ces démarches pour vous opposer à l'agenda du gouvernement?

Mme David (Gouin) : Oui. Quand vous parlez de l'agenda, j'imagine que vous parlez de l'ensemble de l'oeuvre, là, et non seulement du projet de loi n° 3.

Mme Biron (Martine) : Dans tout. Oui, oui.

Mme David (Gouin) : D'accord. Alors, sur l'ensemble de l'oeuvre qui se résume en un seul mot, là : austérité, austérité, austérité, ça va être difficile de faire des alliances avec la Coalition avenir Québec parce qu'au fond les libéraux sont en train de leur tirer la couverte sous le pied. Les libéraux veulent faire à peu près tout ce que la CAQ voudrait faire. Alors, je pense que M. Legault et nous, nous ne serons pas d'accord.

Quant au Parti québécois, il faudra voir pièce par pièce. J'aimerais rappeler que lorsqu'ils gouvernaient, ça ne fait pas si longtemps, le Parti québécois a aussi opéré des coupures dans les services de garde, par exemple, dans l'aide sociale, tout le monde s'en rappellera. On s'est assez battus sans réussir à les convaincre. Est-ce que l'opposition péquiste, donc un PQ nouvelle mouture, va finalement s'objecter à des mesures d'austérité? Bien, il faudra voir. Et c'est sûr que, chaque fois qu'on pourra être d'accord pour se battre contre ces mesures, on ne se privera certainement pas d'alliances.

Mme Biron (Martine) : Est-ce que finalement votre action sera plus dans la rue que nécessairement ici pendant les travaux parlementaires? Est-ce que je comprends bien?

M. Khadir : Ce qui est intéressant, là, et on est excessivement contents d'apprendre que diverses couches de la population, des gens qui sont touchés par les coupures dans les écoles, dans les milieux de garderie, dans d'autres secteurs de l'activité sociale, sont en train de réfléchir ensemble, sont en train de s'unir pour opposer une fin de non-recevoir à cette politique d'austérité.

Moi, je pense qu'ils ont tout à fait raison, et on a hâte, justement, d'offrir notre collaboration et d'être à leurs côtés, d'être leur porte-voix lorsque c'est nécessaire ici, à l'Assemblée nationale, parce que ces politiques-là, comme en France, comme ailleurs en Europe, les politiques d'austérité sont largement déconsidérées. Le prix Nobel d'économie Paul Krugman le rappelle à François Hollande, ces politiques ne sont là que parce que les partis au pouvoir veulent obéir aux milieux financiers et aux banquiers. Il n'y a aucune raison. L'économie, dans tous les pays où ça a été appliqué depuis une dizaine d'années, en a pâti plutôt que s'être améliorée.

S'il y a quelque chose, c'est une politique de relance de l'emploi, c'est une politique de dépense sociale, c'est une politique surtout courageuse, qui ferait en sorte que les États, dans une perspective de saine gestion des finances publiques, parce qu'il faut gérer les finances publiques, n'accorderait plus de rabais d'impôt puis de cadeau à des amis du pouvoir.

M. Lacroix (Louis) : Pourriez-vous proposer, par exemple, des amendements au projet de loi n° 3 lors de… et est-ce que vous allez le faire? Est-ce que vous pourriez en profiter pour faire un peu d'obstruction par le fait même?

Mme David (Gouin) : On ne se gênera certainement pas. D'abord, il faut qu'on soit très au clair, nous allons voter contre le principe. Au moment de l'adoption du principe de cette loi, nous allons voter contre parce qu'elle est intrinsèquement mauvaise puisqu'elle veut mettre fin, dans le fond, à un régime de libre négociation au niveau municipal. On entend dire aussi que le gouvernement pourrait peut-être penser s'occuper des fonds de retraite des employés des universités avec un peu la même médecine. Alors, ça va s'arrêter où tout ça? C'est pour ça qu'on va voter contre le principe.

Maintenant, le gouvernement étant majoritaire, le principe sera sans doute adopté quand même. Alors, la réponse à votre question, c'est oui, on va être là. On rencontre demain la coalition syndicale pour discuter ensemble, pour voir de façon plus précise quels amendements jugent-ils les plus importants. Nous avons déjà commencé à y travailler nous-mêmes. Nous avons des amendements à apporter et nous allons nous battre pied à pied. Mais c'est sûr qu'au terme de l'exercice, si le projet de loi n° 3, pour l'essentiel, demeure le même, bien, nous voterons encore contre.

Mme Prince (Véronique) : Si, justement, des syndiqués qui se sentent brimés, des gens de diverses couches de la société qui se sentent pris à la gorge par les politiques d'austérité, tout ça, est-ce que vous pourriez les encourager à se faire entendre, à sortir dans la rue, à manifester? Est-ce que vous allez faire ça?

M. Khadir : Ils n'ont pas besoin de nous, d'abord, pour sortir dans la rue, j'espère, mais nous leur disons, nous sommes à leur service pour faire entendre leur voix également à l'Assemblée nationale, dans les commissions. Et n'oublions pas que, dans le fond, ce n'est pas uniquement les travailleurs, les employés, les petits commerçants aussi sont pris à la gorge. Pendant qu'on accorde 27 milliards de dollars de rabais d'impôt… 27 milliards, ça, c'est le montant des revenus encaissés par les actionnaires qui ont touché des dividendes, et qui sont imposables, et qui ont été soustraits de leurs impôts parce que… 50 % de rabais pour tous les actionnaires. Pendant qu'on donne, donc, 27 milliards de rabais à des actionnaires — souvent les plus riches, hein, ce n'est pas M. et Mme-Tout-le-monde qui touche des dividendes — bien, on coupe dans l'aide aux devoirs, on coupe dans l'aide dans le petit déjeuner pour les quartiers défavorisés dans les écoles, on coupe dans tout, et je pense que la population, les employés, les écoliers, leurs parents mais également les petits commerçants devraient demander des comptes à ce gouvernement. Dans une saine gestion des finances publiques, on ne laisse pas échapper l'impôt comme ça, on ne laisse pas échapper les revenus comme ça, on ne donne pas des cadeaux à des banques et à des compagnies financières pendant qu'on coupe dans les services essentiels.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Vous êtes face à un gouvernement majoritaire qui jouit d'une grande majorité, également un gouvernement en début de mandat. Qu'est-ce qui vous dit que vous allez réussir à faire fléchir ce gouvernement-là sur son objectif principal qui est de rétablir l'équilibre budgétaire en 2015‑2016?

Mme David (Gouin) : Vous savez, M. Charest a déjà été premier ministre d'un gouvernement majoritaire. Ça n'a pas empêché l'arrêt du forage et de l'extraction du gaz de schiste. Ça n'a pas empêché la vente… de mettre fin aux velléités de vendre un parc national qui était celui du Mont-Orford, ça n'a pas empêché qu'il n'y a pas eu de port méthanier à Lévis et qu'il n'y a pas eu de centrale nucléaire… thermique, pardon, dans le Suroît.

Autrement dit, quand une population, un moment donné, décide que ça va faire, qu'on n'a pas voté pour ça, comme ça se disait beaucoup sous M. Charest, quand des segments de plus en plus larges de la société se mettent ensemble — on l'a vu lors du printemps érable, parce que, là aussi, M. Charest… enfin, il a été battu, et donc le Parti québécois a indexé les frais de scolarité mais ne les a pas augmenté comme M. Charest voulait le faire — il y a des moments, et ils sont nombreux dans l'histoire des peuples, où ça n'est pas parce qu'il y a un gouvernement majoritaire, là, qu'on n'est pas capable de gagner des batailles. Alors, je vous en ai nommé quelques-unes, il y en aurait certainement d'autres. Alors, ce qu'on vous dit, ce qu'on vous répète : On est convaincus que ces batailles vont avoir lieu, c'est écrit dans le ciel.

On n'a pas encore parlé des organismes communautaires. Ils sont très touchés par ces coupes-là, pas nécessairement parce qu'ils le sont eux-mêmes, quoique oui, dans certains cas. Mais, même ceux qui ne subissent pas de coupe, qu'est-ce qu'ils subissent? Quand l'État donne de moins en moins de services, qui, pensez-vous, ramasse la note? Qui paie les pots cassés? Qui doit suppléer à tout ce que l'État ne fait plus? Tous ces organismes communautaires pleins de femmes qui travaillent, sous-payés, pas de fonds de pension, tiens, rien. Et donc, oui, il va venir un moment — nous, on en est intimement convaincus — où il y aura des couches, il y aura des gens, il y aura des secteurs, puis, à un moment donné, ça sera tout le monde ensemble que les gens diront à M. Couillard : Vous avez beau avoir un gouvernement majoritaire, vous n'avez pas été élus pour faire ça. C'est juste trop.

M. Pépin (Michel) : Est-ce que vous le sentez, là? Est-ce que vous le sentez en ce moment, ça, là?

Mme David (Gouin) : Nous le savons.

M. Pépin (Michel) : Parce que ce n'est pas si évident que ça, là. Puis je vais vous dire, personnellement, c'est sûr, et je ne veux pas… je retiens, là, les exemples que vous que vous avez donnés, mais là est-ce qu'on dans une situation où, justement, il y a une bonne chance de fédérer ça? Et je vais poursuivre, là, il y a les policiers, là, avec leurs fonds de pension. Oui, très bien, mais il y a peut-être des groupes qui sont moins enthousiastes pour venir à leur défense et, bon, il y a peut-être des situations comme ça. Est-ce qu'il y a une possibilité vraiment que ça se fédère, tout ça?

M. Khadir : Je voudrais rappeler une chose. La coalition, là, qui regroupe les gens qui sont touchés par le projet de loi n° 3, ne regroupe pas uniquement des policiers et des pompiers. En grande majorité, c'est des employés modestes des services publics, des services municipaux. Il faut le rappeler. Et il y a actuellement, oui, une braise qui est ardente en dessous de ce… je dirais, des cendres. Bien sûr, ça prend du temps, ces gens-là sont en train de se concerter, de discuter, mais le gouvernement libéral ne perd rien pour attendre, puis ce n'est pas vrai que l'objectif du gouvernement libéral, c'est d'équilibrer le budget. Ce n'est pas vrai, ça, c'est un mensonge. Si le gouvernement avait vraiment l'intention d'équilibrer le budget, il ne laisserait pas tant de cadeaux aux barons de la finance et de l'industrie qui sont les amis du Parti libéral. Si, vraiment, son objectif était de régler la dette, je rappelle que M. Couillard pourrait faire en sorte de resserrer les mailles du filet de la fiscalité qui permet à ses amis d'avoir des abris fiscaux dans toutes sortes de paradis dont M. Couillard connaît quelques adresses.

Mme Biron (Martine) : Est-ce qu'il n'y aurait pas un décalage? Est-ce qu'il n'y a pas un décalage? Parce que, bon, M. Couillard est majoritaire comme Marco le faisait remarquer, mais vous avez aussi mentionné que la CAQ n'était pas loin derrière, ce qui veut dire que la majorité de la Chambre appuierait finalement la démarche d'austérité. Est-ce qu'il n'y a pas un décalage finalement entre ce que vous entendez et le Parlement?

Mme David (Gouin) : Mais je vous rappellerai une fois de plus que, moi, je serais très étonnée, puis c'est ce qu'on va voir dans les prochaines semaines, mais surtout dans les prochains mois… Il faut avoir une ardente patience, hein, comme disait Pablo Neruda. On va voir plein de gens qui vont dire : Non, mais, attendez, oui, j'ai voté libéral peut-être parce que j'étais contre la charte, peut-être parce que je ne voulais pas de référendum tout de suite, mais je n'ai jamais voté pour qu'on vienne couper dans mon transport scolaire pour mes enfants, dans l'aide aux devoirs, dans le soutien alimentaire. Je n'ai pas voté pour que des organismes communautaires aient plus de difficultés — comme moi, j'en ai dans mon comté, là — à avoir des mesures d'insertion pour personnes assistées sociales. On coupe même dans ces programmes-là, aberration totale.

Je pense que, de plus en plus, c'est ça qui va arriver. Et toutes ces infirmières dans les hôpitaux qui n'en peuvent plus, ces travailleuses sociales qui me disent : Mme David, on est submergées, ce n'est plus possible, pendant qu'on parle d'abroger encore des postes, de ne pas remplacer encore les gens qui partent. Il y a une limite, à un moment donné, je pense, à ce qu'une population va endurer. Et, à cause de ça, oui, moi aussi, comme mon collègue, je pense — on est le 15 septembre, là; il faut quand même laisser aux gens un peu le temps d'atterrir — je pense que, oui, on verra ce feu sous la cendre grossir de plus en plus. C'est une question de temps.

Mais je suis certaine que M. Couillard va trouver une opposition, qui ne sera peut-être pas, ici, aussi grande qu'on le voudrait, mais, oui, qui va venir non seulement de la rue, là, au sens où on l'entend... Je sais que, dès que vous parlez de rue, vous parlez de manifestations, mais il y a tellement de façons de s'opposer, et je suis certaine que ça viendra.

M. Lacroix (Louis) : M. Khadir, vous nous avez dit tout à l'heure, en parlant de l'équilibre budgétaire, vous avez dit que c'était un mensonge...

M. Khadir : C'est un prétexte.

M. Lacroix (Louis) : ...et que M. Couillard connaissait quelques adresses. Est-ce que vous soupçonnez M. Couillard d'entretenir un système qui lui profite?

M. Khadir : Bien, à lui personnellement, non, mais c'est clair que les riches et puissantes fortunes du Québec, qui supportent le Parti libéral, tout le milieu des affaires, c'est eux qui profitent de ces trous dans notre loi qui laissent échapper des milliards de dollars en revenus. Si l'exercice d'équilibre budgétaire, d'éponger la dette, donc une saine gestion des finances publiques, était sincère, on irait chercher une partie de ces revenus-là. On cesserait de donner autant de cadeaux, après que ça ait été amplement démontré que c'est inefficace et inutile, c'est jeter notre argent par la fenêtre à des firmes pharmaceutiques. Ça fait cinq ans que je suis à l'Assemblée nationale. On nous aurait écoutés quand on dit : Pourquoi on ne passe pas au logiciel libre? Plusieurs parlements le font dans le monde. C'est des centaines de millions d'économies qu'on aurait occasionnées au cours des dernières années. Et on trouve toujours matière à remettre ça à plus tard ou à dire : Non, ce n'est pas possible, c'est trop compliqué. Mais, quand il s'agit de couper dans les universités, quand il s'agit de couper en recherche, quand il s'agit de couper en culture, quand il s'agit de couper dans les services, c'est toujours très...

Non, c'est une offensive idéologique. C'est un prétexte. Ne nous laissons pas embobiner par ce gouvernement qui ment sur ses intentions. Les économistes au service de ce gouvernement ont une idée, c'est de détruire l'état social, c'est de détruire nos services publics, de détruire l'idée qu'on se fait de l'État, que l'État doit être au service de l'ensemble de la population, de fournir de bons services et il faut qu'il aille chercher de bons revenus. Eux autres, ce qu'ils veulent d'un État, c'est juste un État qui gère les finances et qui veut que la business se passe au profit des plus nantis.

Mme Plante (Caroline) : So, about school boards, where do you think they should cut?

M. Khadir : We don't think that school boards should cut. They should cut on the gross advantages given to rich people and corporations that have billions of dollars of reductions on their taxes since the last 10 years. It's something between… depending on the estimation of different experts, between $5 to $12 billion have been given as tax exemptions, since the last 10 years, to a lot of people that don't need it. Why can't we begin to look into that?

We are paying our drugs much higher than any other province in Canada, in North America. Why aren't we doing something about that?

Mme Plante (Caroline) : …savings could be made…

M. Khadir : They could be, but these savings are… these savings, if there are not important cuts in the services, would be just negligible in front of what we can do savings if we handle, in a responsible manner, public funds. That means less «cadeaux», less gifts to those who control the economy and support the Liberal Party. We're giving them billion of dollars of unneeded gifts.

Mme Plante (Caroline) : What is most problematic about what you are seeing right now in the school boards, that they are threatening to cut, you know, food aid, book purchasing?

Mme David (Gouin) : I think, now, we see really what happened with these cuts in school boards. In the beginning many people said : OK, they have a lot of money, so they won't cut in the services. But now what we see is they have to cut something because on the administration, I think they made cuts. In fact, in Montréal, the administration expenses are not really high. So, now, many school boards are obliged to cut on transportation, on the help to make «les devoirs».

M. Khadir : Homework.

Mme David (Gouin) : Homework, «c'est ça», etc. It's unacceptable. We can't accept to see school boards and schools cut on fundamental services, and I am very proud of my school board in Montréal who said to the Government : We refuse to cut more, we can't, it's impossible, and I hope they will…

M. Khadir : Stand up.

Mme David (Gouin) : …stand up.

Mme Plante (Caroline) : What do you make of the fact that the minister is saying : I'm telling them not to cut direct services to students, yet they are and, you know…

M. Khadir : It's hypocritical.

Mme Plante (Caroline) :OK. So what's going on...

M. Khadir : It's hypocritical. The minister has no competence in saying that, first. And the Minister is asking them to cut and then, in front of you, journalists : Oh! I told them : Don't cut into these services. That's not true.

M. Hicks (Ryan) : What did you make of the minister's announcements today about giving almost a quarter billion dollars to expand schools, you know, the day before we're coming back to the Legislature, the day before they are going to have some more bad news to come?

Mme David (Gouin) : Don't mix many things. We need some new schools. For example, in Montréal, there are a lot of children, more than we expected. So we need really to have new schools, really. So we can't oppose building new schools and school boards cuts. It's two different things. I agree with these constructions, but, in another way, we are against all these cuts. Education is so important.

M. Khadir : But, of course, it might be a manipulation of the media in public opinion announcing this, so the people think : Oh! They're spending on schools. No. They're spending on what is needed, infrastructures and investments and, on the other hand, they are cutting on needed services.

Mme David (Gouin) : Merci. Woups!

M. Bélair-Cirino (Marco) : Est-ce qu'on pourrait vous entendre rapidement en français sur les nouvelles compressions qui sont demandées aux universités, donc 172 millions de dollars supplémentaires, selon Le Soleil, ou…

Une voix : Plus de 200.

M. Bélair-Cirino (Marco) : … 170 millions de dollars? Est-ce que les recteurs, les directions d'université ont la capacité de revoir leurs façons de faire et de faire ces coupes-là sans menacer les services aux étudiants?

Mme David (Gouin) : Moi, je ne peux pas imaginer, encore une fois, comment ils peuvent faire. Bon, à moins que certains recteurs consentent à baisser leur niveau de salaire, ce qui ne serait pas forcément une mauvaise idée, en passant, mais, comme ils ne le feront pas, ça va nécessairement toucher les services aux étudiants.

Là, ce qui m'étonne un peu, moi, c'est que cette annonce ou, enfin, cette velléité, à ce que je sache, n'a pas été tant que ça critiquée par les universités. On se demande pourquoi, elles qui montaient tellement aux barricades durant les dernières années. Est-ce que ça se pourrait que ça soit parce que, là, il y a une espèce de troc, un gouvernement qui leur dit : On va bientôt s'occuper des fonds de retraite? Vous aurez peut-être à payer moins pour vos employés, mais, en contrepartie, on coupe dans vos budgets? Ça serait une question très intéressante à fouiller.

M. Khadir : Merci beaucoup.

(Fin à 14 h 47)

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