(Treize heures cinq minutes)
Mme Massé : Alors, bonjour, tout
le monde. Merci d'être là aujourd'hui pour souligner le dépôt d'une pétition
demandant une réforme du mode de scrutin. Aujourd'hui, avec moi, des gens qui
vont prendre la parole : d'une part Fernand Courchesne, qui, lui, a une contribution
assez spéciale sur ces pétitions-là puisqu'il a sillonné le Québec pendant 90
jours, fait plus de 6 000 kilomètres pour recueillir des signatures;
Jean-Sébastien Dufresne, qui est président du Mouvement pour une démocratie
nouvelle, préoccupé par la question de la réforme du mode de scrutin; Sol
Zanetti, chef d'Option nationale; et Alex Tyrrell, chef du Parti vert du
Québec. Alors, à vous, mon cher cycliste.
M. Courchesne (Fernand) :
Merci. Alors, bonjour à tous. Comme vous le savez probablement déjà, cela fait
plus de 45 ans que nous discutons de l'importance de réformer le mode de
scrutin au Québec. Tous les partis politiques, à un moment donné ou l'autre de
leur histoire, y ont été favorables. De nombreuses consultations ont eu lieu
ainsi que des états généraux et une commission spéciale sur la loi électorale.
Même un avant-projet de loi a déjà été fait.
L'été dernier, j'ai entrepris une démarche
citoyenne non partisane sur le thème de la réforme du mode de scrutin, que j'ai
nommée 90 jours pour la démocratie. J'ai fait le… Comme le disait Mme Massé,
j'ai fait le tour du Québec en vélo et parcouru plus de 6 000 kilomètres.
À cette occasion, j'ai consulté plusieurs centaines de Québécois et de
Québécoises de toutes tendances politiques, de tous les âges, de milieux très
variés et de presque toutes les régions au Québec.
Lors de ce périple, environ 75 % des
gens à qui j'ai parlé de ma pétition en faveur d'un mode de scrutin
proportionnel mixte compensatoire ont accepté de la signer. Ce qui est encore
plus frappant, c'est que seulement 4 % des gens ont affirmé préférer le
statu quo. Chaque fois… Depuis plusieurs années, le même scénario se répète.
Chaque fois que les Québécois et les Québécoises ont été consultés, une vaste
majorité d'entre eux était d'accord sur l'importance de réformer le mode de
scrutin afin qu'ils soient mieux représentés.
C'est dans ce contexte aujourd'hui que
je vous présente ma pétition qui demande une réouverture de la commission
spéciale sur la loi électorale pour discuter des modalités d'un mode de scrutin
proportionnel mixte et pour que cette réforme soit mise en place pour les
prochaines élections. La volonté populaire des citoyens et citoyennes du Québec
sur ce sujet n'est donc plus à prouver, je pense. Tout ce qu'il manque, c'est
la volonté politique. Les élus de l'Assemblée nationale sont nos représentants,
alors nous leur demandons d'accepter de mettre en place les changements qui
font un large consensus dans la société civile. Il en va de la crédibilité de
tout notre système de démocratie représentative.
En terminant, je remercie sincèrement
Manon Massé et Québec solidaire d'appuyer et de présenter ma pétition ici, à
l'Assemblée nationale. Je remercie également le Mouvement Démocratie nouvelle
et son président, Jean-Sébastien Dufresne, de bien avoir appuyé ma démarche.
Prenez note que nous avons invité les autres groupes parlementaires à être
présents ici, à ce point de presse, mais malheureusement, je n'ai reçu aucune
réponse de leur part. Par contre, bien sûr, on a avec nous aujourd'hui, j'en
suis très content, le chef d'Option nationale et du Parti vert, Sol Zanetti et
Alex Tyrrell, qui ont accepté mon invitation. Merci à tous.
M. Dufresne (Jean-Sébastien) :
Alors, merci beaucoup. Merci beaucoup, Fernand. Merci beaucoup, Mme Massé.
Alors, je suis Jean-Sébastien Dufresne,
donc le président du Mouvement pour une démocratie nouvelle, hein? C'est une organisation
non partisane, il faut le dire, qui existe depuis 15 ans cette année, une organisation
qui a été fondée par des organisations issues de la société civile, par des représentants,
des membres de différents partis politiques, donc de différents horizons politiques,
et qui militent, donc, depuis 15 ans pour une réforme proportionnelle du mode
scrutin.
Donc, on salue bien entendu l'initiative
de Fernand. Félicitations! Je pense que c'est une initiative citoyenne, bien
entendu, qu'on peut saluer, dont on peut être fier. Donc, on voulait montrer
qu'il y a des citoyens à qui ça tient à coeur, cet enjeu comme celui-là. Bon, bien
sûr, Fernand, qui a décidé de parcourir le Québec pour sensibiliser ses pairs,
donc, bien entendu, on invite tous les citoyens aussi à se mobiliser, mais ce
qui est intéressant avec cette campagne-là, c'est que ça démontre que c'est un
enjeu qui s'inscrit dans le cadre d'un projet de société aussi, hein, une
société qui se veut plus représentative, qui fait en sorte que les différents
points de vue soient correctement représentés selon les proportions qu'ils reçoivent
d'appui de la société.
On parle ici d'un mode de scrutin
proportionnel, hein? C'est un mode de scrutin qui a fait ses preuves, hein, à
l'international. C'est un mode de scrutin qui a été éprouvé. C'est un mode de
scrutin aussi qui suscite un consensus au niveau de la société civile ici, au
Québec, hein, il faut le dire, depuis plusieurs années, plusieurs décennies au
Québec.
Donc, vraiment, nous, on en appelle au
gouvernement de M. Couillard à relancer les travaux, effectivement, comme le
disait Fernand, de la commission de révision de la Loi électorale, vraiment de
suivre les recommandations des états généraux sur la réforme des institutions
démocratiques, hein, qui datent déjà depuis plusieurs années, de bénéficier de
toute l'intelligence collective qui s'est bâtie au Québec, depuis les dernières
années, sur ce sujet-là, hein? Il y a plein de gens qui se sont exprimés,
plusieurs consultations qui ont été faites, donc vraiment d'écouter la
population, d'écouter le consensus et de faire en sorte qu'au Québec on puisse
se doter d'un mode de scrutin proportionnel. On croit que l'enjeu, il est mûr.
Toute l'information existe, toutes les consultations ont été menées, c'est donc
le temps maintenant d'agir, de faire en sorte que cette réforme puisse se
réaliser au Québec et faire en sorte que les prochaines élections au Québec, en
2018, soient des élections qui soient faites sous un mode proportionnel.
Alors, on croit que le Québec mérite un
système qui représente fidèlement les Québécoises, les Québécois, que les
électeurs, les électrices puissent se retrouver, se reconnaître dans ce
système-là. On croit que c'est un projet qui peut être mobilisateur, qui peut
rejoindre l'intérêt de la population. C'est un projet assurément qui peut
redonner le goût à la politique. C'est un projet qui peut aussi renforcer la
confiance dans nos institutions. Merci.
M. Zanetti (Sol) : Bonjour,
alors, Sol Zanetti, chef d'Option nationale. Je salue cette initiative
exceptionnelle de M. Courchesne. Je remercie tous les gens impliqués dans le
dépôt de cette pétition. Elle est extrêmement importante pour le Québec, d'une
part, parce qu'un mode de scrutin proportionnel permet l'émergence d'idées
nouvelles, alors que le mode actuel ne le permet pas et, d'autre part aussi,
parce qu'actuellement on est gouvernés par un gouvernement qui a eu 29 %
des votes des électeurs inscrits. Ce n'est pas normal qu'un gouvernement comme
celui-là ait une majorité dans une démocratie comme la nôtre et qu'il puisse
faire absolument tout ce qu'il veut.
Je me rappelle, à la démission de M. Jean
Charest en 2012, un moment où il disait en partant que la démocratie faisait
partie des valeurs essentielles du Parti libéral. Je les interpelle directement
aujourd'hui en leur disant : Bien, maintenant, c'est le temps de le
prouver, c'est le temps de nous dire que tout ça, ce n'était pas juste du vent
puis des mots en l'air. Merci.
M. Tyrrell (Alex) : Donc, moi,
c'est Alex Tyrrell. Je suis le chef du Parti vert du Québec. J'aimerais
remercier M. Courchesne pour son excellente initiative. Aujourd'hui, c'est un
moment historique. On a trois partis politiques qui travaillent ensemble pour
une réforme du mode de scrutin, et c'est extrêmement important parce que, si on
veut avoir une réforme, il va falloir qu'un jour le parti politique au pouvoir
prenne une décision qui est contre ses intérêts partisans. Donc, je trouve que
c'est une excellente opportunité de collaborer entre les partis. Et je remercie
aussi le mouvement nouvelle démocratie, Manon Massé, Sol Zanetti et tout le
monde aujourd'hui. Merci.
Mme Massé : Merci. En fait,
merci, Fernand. Merci d'avoir pris la route, d'avoir rappelé que la démocratie,
ça n'a pas de prix. La démocratie, c'est quelque chose qui est fondamental,
l'expression de la diversité des voix, des idées nouvelles. Et tout ça, c'est
essentiel, assez que tu as pris 90 jours de ta vie pour nous permettre
collectivement d'avoir un mode de scrutin qui nous représente. Moi, je suis
très honorée de déposer aujourd'hui même ta pétition à l'Assemblée nationale
parce que… Puis c'est sûr, là, ce n'est pas par Internet, on n'avait pas rien
que des clics à faire. Toi, tu avais du pédalage à faire, hein, pour te rendre.
Merci beaucoup.
C'est sûr, on l'a nommé plus tôt, on a
invité… Fernand a invité, M. Courchesne a invité les gens des autres partis qui
sont ici, à l'Assemblée nationale, à se joindre à nous, ce qu'ils ont choisi de
ne pas faire. Je suis très heureuse d'ailleurs de voir qu'il y a aussi d'autres
gens de partis politiques qui, comme Québec solidaire, croient que c'est
essentiel, que la démocratie, c'est quelque chose qui ne se marchande pas.
Qu'on pense par exemple à la CAQ, hein, on
le sait qu'à l'époque de l'ADQ le parti était clair sur sa nécessité… sur la
nécessité, pardon, d'avoir un mode de scrutin qui soit proportionnel à la
représentativité que la population souhaite porter à l'Assemblée nationale. Ça
a été la même chose pour le Parti québécois jusque depuis sa fondation, jusque
depuis… jusqu'en 2011, ont continué de porter cette vision-là. Mais, à partir
de 2011, poup, c'est disparu du programme. Et même le Parti libéral a déjà
porté ces préoccupations-là.
Je nous rappelle que collectivement, même
à l'Assemblée nationale, on a adopté, en 2009, une motion à l'effet de
valoriser la pluralité politique. Ce n'est pas une faiblesse, ce n'est pas un
manque que d'avoir de la diversité politique. Au contraire, ça devient une
force, et, dans ce sens-là, Québec solidaire est très heureux aujourd'hui de
pouvoir déposer cette pétition à l'Assemblée nationale.
La seule question qui me reste, c'est :
De quoi ont-ils peur? Est-ce que les partis politiques qui se refusent, même
rendus à l'Assemblée nationale, de faire adopter un mode de scrutin qui
représente réellement la voix de sa population… De quoi ont-ils peur? Et
l'espèce de seule réponse qui me vient, c'est que la démocratie pourrait
s'exprimer. Et, si la démocratie s'exprime réellement, on va peut-être moins
écouter le lobby des entreprises, on va peut-être être plus pris à écouter la
population. Merci.
M. Gagné (Louis) : Est-ce que
vous vous entendez sur un type de proportionnel à instaurer? Il y a des
proportionnels mixtes, ça peut varier dans différents pays. C'est quoi… Est-ce
que vous vous êtes entendus sur un modèle particulier?
Mme Massé : C'est-à-dire que…
Puis peut-être, Jean-Sébastien, tu pourras revenir, mais c'est-à-dire que
l'ensemble des consultations et des échanges qu'on a dans la société au Québec
depuis 10, 15 ans s'enlignent vers un mode proportionnel mixte. On tient à
avoir notre député qu'on peut prendre le téléphone… Lui, c'est mon représentant
de comté. Mais, en même temps, on souhaite qu'il y ait plus, que la distorsion
que crée le système uninominal soit rétablie par, bien… Et là on peut diverger
d'un parti à l'autre, mais ce n'est pas grave. Amenez-nous un projet de loi, M.
Couillard, et on va le délibérer, mais la base de la proportionnelle mixte
apparaît très consensuelle au Québec.
M. Dufresne (Jean-Sébastien) :
Oui. Bien, peut-être en complément, simplement dire… Tout à l'heure,
j'exprimais qu'il y avait eu énormément de consultations de faites, notamment
dans le cadre d'un avant-projet de loi libéral il y a quelques années, et tout
ce qui est ressorti de ça, effectivement, pointe vers un mode proportionnel
mixte compensatoire. Donc, c'est vraiment… Il y a vraiment un consensus, là,
clairement établi au niveau de la société civile, là, à l'égard d'un mode comme
celui-là. Donc, l'information existe, les consultations ont été faites, les
organisations se sont prononcées, les mémoires ont été déposés.
Maintenant, ce qu'il reste, c'est d'agir
et c'est d'avancer, donc, les travaux, comme le disait Fernand, de la
commission sur la Loi électorale pour faire en sorte que ça puisse devenir une
réalité. C'est du ressort de l'Assemblée nationale, le gouvernement peut
décider de l'appliquer. Et on sait que ça prend à peu près deux ans, là, pour
mettre en place en nouveau mode de scrutin. Donc, on veut que ça… ce serait
très possible que ça soit mis en place pour les prochaines élections de 2018. C'est
très faisable.
M. Gagné (Louis) : Avec le PQ
puis la CAQ qui sont entre 20 %, 25 %, on disait qu'il y a pas mal
juste le Parti libéral qui apparaît en mesure de remporter une majorité.
Est-ce que vous ne croyez pas que ça
devrait inciter le PQ et la CAQ à se dire : Bon, bien, il est fini le
temps où on pouvait espérer gouverner avec 40 % des voix, là, un
gouvernement majoritaire. Est-ce que ça devrait les inciter à aller dans votre
sens?
Mme Massé : Moi, je pense que
tout politicien responsable, qui souhaite une démocratie, devrait être en
faveur de cette réforme-là parce qu'actuellement le mode démocratique fait en
sorte qu'il y a un paquet de gens qui perdent leurs votes, hein? Si tu n'as
pas… Si le député de ton comté ne va pas dans le sens de ton vote, de ton
expression, de ta volonté politique, bien, tu as perdu ton vote. Ça n'a pas de
sens, ça, en démocratie.
Alors, est-ce qu'il y a un bon moment là
pour la CAQ, comme vous le dites, et le Parti québécois de faire une réflexion?
Je pense que ça leur appartient. Mais moi, ce que je suis convaincue, c'est
que, quand on croit en la démocratie, on agit dans le sens d'un mode de scrutin
mixte.
M. Bélair-Cirino (Marco) : En
allant de l'avant avec un mode de scrutin proportionnel, bon, mixte compensatoire,
c'est ouvrir la porte aussi à des gouvernements de coalition. Ça va être
difficile de voir émerger une majorité claire, réelle, qui va pouvoir s'appuyer
sur ses députés pour faire adopter un certain nombre de projets de loi, dont
des réformes majeures. Vous, dans le fond, vous voulez faire partie de ces
gouvernements de coalition là. Le Parti vert, Option nationale, la même chose,
puisque là vous allez sans doute vous faire élire, bon, si c'est proportionnel,
du moins un certain nombre de députés. Québec solidaire pourrait doubler,
tripler le nombre de députés à l'Assemblée nationale. Vous, c'est parce que
vous voulez être au gouvernement, non?
Mme Massé : En fait, nous, ce
qu'on veut, c'est de la démocratie et, dans ce sens-là, c'est démontré partout
à travers la planète que le modèle québécois et canadien est un modèle
largement dépassé. Il est, somme toute, antidémocratique puisqu'il ne permet
pas une réelle représentation de la volonté populaire. Est-ce que sa force…
Vous parlez de gouvernement de coalition.
Moi, j'ai hâte qu'à l'Assemblée nationale, au lieu de travailler contre mes
collègues, qui ont été élus comme moi, que je travaille avec ces gens-là pour
le meilleur de notre peuple, et, dans ce sens-là, la coalition, pour moi, ce
n'est pas quelque chose de mauvais, hein, surtout le modèle compensatoire
mixte. C'est un modèle qui assure une certaine stabilité. Il y a quand même,
puis là ça dépend des modèles, là, mais 60, 65 députés qui sont définis dans le
cadre actuel, et le reste est défini à partir d'une liste. Bien, ça assure une
certaine stabilité, mais ça assure surtout une nouvelle façon de faire de la
démocratie, qui est de travailler ensemble pour le bien commun.
M. Desmeules (Jean-Sébastien) :
On a quand même, selon les statistiques, on regarde, là, il y a 85 % des
États membres de l'OCDE — ce n'est quand même pas rien, c'est des
États sérieux — qui ont un mode de scrutin à finalité
proportionnelle. Donc, les craintes que certains peuvent avoir, que c'est
impossible de gouverner, que ça va être difficile, on a… regardez ce qui se
passe ailleurs dans le monde, c'est vrai qu'il y a certains États, des fois, qui
sont donnés en exemples, où c'est moins évident — souvent, on va citer
l'Israël — mais il suffit de regarder tous les autres États où un
mode de scrutin proportionnel mixte fonctionne bien, et où ça permet d'avoir un
meilleur pluralisme politique, et où les intérêts des citoyens sont mieux
reflétés dans les décisions, parce que nécessairement, à ce moment-là, c'est
des décisions qui sont prises en prenant en compte les intérêts de la diversité
de la population.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Est-ce
que ça fait consensus au sein de la population? Oui? Pourquoi vous n'avez pas
une députée du Parti québécois et du Parti libéral à côté de vous, si ça fait
consensus?
Mme Massé : Bien, ils ont bien
parlé de la société civile, hein, c'est-à-dire de la population en général et en
particulier.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Bien, habituellement, les partis politiques sont sensibles à l'opinion de la société
civile, surtout lorsque…
M. Courchesne (Fernand) :
Bien, moi, si je peux juste rajouter, là, je peux dire, sur le terrain, là,
comme je vous dis, j'ai parlé à des gens de tous les partis, là, puis autant
des gens… Ils ne m'ont pas nécessairement dit de quel parti ils étaient, mais
c'est sûr qu'à 75 % d'appui, là, c'est sûr qu'il y avait des gens de tous
les partis. Donc, si, dans la base, je pense qu'il y a vraiment un appui à ça…
peut-être que les politiciens, eux, peut-être, voient leurs propres intérêts ou
les intérêts partisans, mais, au niveau de la base de la population, moi, en
tout cas, sur le terrain, j'ai vraiment constaté que…
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Vous appuyez pourquoi?
M. Courchesne (Fernand) : Moi,
pourquoi j'appuie, bien, c'est pour qu'on soit… Moi?
M. Bélair-Cirino (Marco) : …
M. Courchesne (Fernand) :
Bien, c'est pour qu'on soit mieux représentés, c'est pour que toute la
diversité politique soit représentée. Comme actuellement, il y a des grandes
décisions qui doivent être prises, mais elles vont être prises par une minorité
de nos représentants, donc… c'est-à-dire elles vont être prises par des
personnes qui représentent une minorité de citoyens, donc que ce soit les
sujets… que ce soit l'austérité, par exemple, là, pour que ce soit… Je ne dis
pas quelle décision qu'il faut prendre, mais il faut que tout le monde soit
consulté, et ça prend minimalement un nombre suffisant de députés qui
représentent une majorité de citoyens pour prendre des décisions d'une telle
importance.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
O.K. Puis le premier ministre devrait-il être élu au suffrage universel?
M. Courchesne (Fernand) :
Bien, ça, c'est une autre question.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Là, il est nommé par un parti politique. Ce n'est pas très, très démocratique,
ça.
Mme Massé : En fait, ça dépend
des modèles. La proportionnelle mixte, là… c'est que vous entrez des éléments
différents dans la proportionnelle mixte. Et là c'est là que je dis : M.
Couillard, déposez un projet, et on en délibérera. Est-ce que c'est deux tours?
Est-ce que c'est le premier ministre au suffrage universel? Il y a une chose
qui est sûre, par contre, c'est que c'est fini cette époque où être élu à
26 %, 30 %, 40 % avec une majorité absolue de six, sept, huit
sièges en surplus. Ça ne marche pas, ça, c'est antidémocratique, et il va
falloir en prendre acte de ça.
M. Gagné (Louis) : Peut-être,
si vous permettez, sur un autre sujet, le sujet du jour, peut-être plus Mme
Massé ou M. Zanetti. Vous avez sûrement entendu parler des propos allégués de
M. Péladeau sur la pertinence du Bloc à Ottawa, qui dit que c'est inutile, que
ça ne fait que légitimer le système fédéraliste dans lequel on vit. Votre
réaction par rapport à ça; est-ce que le Bloc est pertinent à Ottawa?
Mme Massé : Bien, écoutez,
premièrement, tout ce qui est de l'ordre de… Pour moi, un parti politique, c'est
une démocratie. Il y a des gens qui considèrent que ce parti politique là est
utile. Alors, les chicanes, pour moi, c'est une chose. J'aimerais mieux qu'on
s'unisse ensemble. Il y a des enjeux majeurs actuellement au Québec, et juste là-dessus,
prenons, par exemple, TransCanada. On a bien vu, là, en fin de semaine, comment
c'est ressorti… ou hier, pardon, comment c'est ressorti, les éléments de
comment on est téléguidés par des firmes de... voyons, là, le mot m'échappe,
de... publiques, de relations publiques — j'avais juste «publiques»
dans la tête — comment on est téléguidés par des firmes de relations
publiques. Et alors, moi, j'aimerais mieux qu'on s'allie sur des choses comme
ça.
Après ça, M. Pierre Karl Péladeau peut
bien dire ce qu'il veut, ça lui appartient. Mais moi, je pense qu'il faut faire
alliance, il faut... Le Québec, la souveraineté du Québec passe par se tenir
debout face aux pétrolières.
M. Bélair-Cirino (Marco) : O.K.
Un instant, là, parce que, là, vous dites : Se tenir debout devant les
pétrolières, c'est... L'Office national de l'énergie relève du gouvernement
fédéral. Peu importe ce que dira l'Office national de l'énergie, le gouvernement
Harper se réserve le droit de confirmer ou d'infirmer la décision. Donc, c'est
à Ottawa que la décision va se prendre. Pour TransCanada, qui est le mieux
placé à Ottawa pour défendre les intérêts du Québec, notamment sur ce
dossier-là, Mme Massé?
Mme Massé : Les gens de
gauche. C'est les gens de gauche, c'est les gens qui ont compris que le XXIe
siècle n'est pas le siècle du pétrole, c'est ces gens-là, peu importe de quel
parti ils viennent.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Le
NPD, à Ottawa, on appuie la position du Québec, qui refuse, bon, la position
des gauches ou de ceux qui appartiennent à la gauche québécoise, comme vous
dites ou… du moins, le Parti québécois, votre formation politique dénoncent le
projet de TransCanada. À Ottawa, vous dites que la gauche, donc le Nouveau
Parti démocratique, appuie cette position-là?
Mme Massé : Ce que moi, je
dis, c'est... Vous me dites qui, et moi, je vous dis : Peu importe le
parti dans lequel tu es, ce qui est important dans un projet comme, par exemple,
de lutter contre les pétrolières, c'est des gens qui — j'ai dit «à
gauche», mais, n'oubliez pas, je n'ai pas juste dit «à gauche» — qui
ont le bien commun en partage et qui veulent absolument protéger la planète et
prendre ce virage du XXIe siècle de laisser l'ancienne économie extractative du
XXe siècle et d'arriver au XXIe siècle. Moi, c'est ces gens-là qui vont
résister.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Ces gens-là, ils font partie de quel parti politique?
Mme Massé : Il y en a partout,
il y en a dans tous les partis politiques. Je pense, en tout cas, à moins qu'on
me dise le contraire. Je pense que des gens sensibles à l'environnement, il y
en a dans tous les partis politiques.
M. Zanetti (Sol) : Je
trouverais dommage que, par exemple... qu'on détourne, disons, le sujet du
point de presse d'aujourd'hui parce que c'est vraiment important de montrer
l'appui populaire à la proportionnelle.
Cela dit, pour ce qui est du Bloc
québécois, bien, si on parle de démocratie, c'est lié parce que c'est le seul
parti qui représente l'idée indépendantiste au Parlement d'Ottawa. D'une part,
si ce parti-là n'existait pas, les Québécois, les souverainistes seraient
contraints de voter pour des partis qui prônent le maintien du Québec dans le
carcan canadien, d'une part. C'est le seul parti qui s'oppose à l'oléoduc
Énergie Est et au passage des sables bitumineux, des pétroles sur notre
territoire. Donc, c'est essentiel, cette voix-là, pour la démocratie, il faut absolument
en rendre compte. Alors, c'est une question de démocratie, le Bloc à Ottawa,
tout simplement.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Est-ce que le lien est trop fort entre le Parti québécois et le Bloc québécois?
Est-ce que le Bloc devrait être davantage attentif à toutes les formations
politiques indépendantistes au Québec?
M. Zanetti (Sol) : Ce que je
perçois très clairement, c'est que, depuis l'arrivée de Mario Beaulieu, le Bloc
est un rassemblement. Ce qui était plutôt avant une succursale du PQ est un
rassemblement possible pour les indépendantistes de tous les partis. Les
indépendantistes de tous les partis s'y impliquent, et c'est une belle chose. Ce
genre de collaboration là, bien, c'est des choses que peuvent permettre, d'une
tout autre façon, un mode de scrutin à l'échelle québécoise. Pourquoi? Bien,
parce que des partis qui sont normalement opposés, qui se déchirent sur toutes
sortes d'enjeux, bien, travailleraient ensemble plus souvent sur ce qui les
rassemble, exactement comme ce qu'on fait aujourd'hui.
Des voix
: Merci.
(Fin à 13 h 28)