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Point de presse de Mme Manon Massé, députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques

Version finale

Tuesday, November 18, 2014, 13 h

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Treize heures cinq minutes)

Mme Massé : Alors, bonjour, tout le monde. Merci d'être là aujourd'hui pour souligner le dépôt d'une pétition demandant une réforme du mode de scrutin. Aujourd'hui, avec moi, des gens qui vont prendre la parole : d'une part Fernand Courchesne, qui, lui, a une contribution assez spéciale sur ces pétitions-là puisqu'il a sillonné le Québec pendant 90 jours, fait plus de 6 000 kilomètres pour recueillir des signatures; Jean-Sébastien Dufresne, qui est président du Mouvement pour une démocratie nouvelle, préoccupé par la question de la réforme du mode de scrutin; Sol Zanetti, chef d'Option nationale; et Alex Tyrrell, chef du Parti vert du Québec. Alors, à vous, mon cher cycliste.

M. Courchesne (Fernand) : Merci. Alors, bonjour à tous. Comme vous le savez probablement déjà, cela fait plus de 45 ans que nous discutons de l'importance de réformer le mode de scrutin au Québec. Tous les partis politiques, à un moment donné ou l'autre de leur histoire, y ont été favorables. De nombreuses consultations ont eu lieu ainsi que des états généraux et une commission spéciale sur la loi électorale. Même un avant-projet de loi a déjà été fait.

L'été dernier, j'ai entrepris une démarche citoyenne non partisane sur le thème de la réforme du mode de scrutin, que j'ai nommée 90 jours pour la démocratie. J'ai fait le… Comme le disait Mme Massé, j'ai fait le tour du Québec en vélo et parcouru plus de 6 000 kilomètres. À cette occasion, j'ai consulté plusieurs centaines de Québécois et de Québécoises de toutes tendances politiques, de tous les âges, de milieux très variés et de presque toutes les régions au Québec.

Lors de ce périple, environ 75 % des gens à qui j'ai parlé de ma pétition en faveur d'un mode de scrutin proportionnel mixte compensatoire ont accepté de la signer. Ce qui est encore plus frappant, c'est que seulement 4 % des gens ont affirmé préférer le statu quo. Chaque fois… Depuis plusieurs années, le même scénario se répète. Chaque fois que les Québécois et les Québécoises ont été consultés, une vaste majorité d'entre eux était d'accord sur l'importance de réformer le mode de scrutin afin qu'ils soient mieux représentés.

C'est dans ce contexte aujourd'hui que je vous présente ma pétition qui demande une réouverture de la commission spéciale sur la loi électorale pour discuter des modalités d'un mode de scrutin proportionnel mixte et pour que cette réforme soit mise en place pour les prochaines élections. La volonté populaire des citoyens et citoyennes du Québec sur ce sujet n'est donc plus à prouver, je pense. Tout ce qu'il manque, c'est la volonté politique. Les élus de l'Assemblée nationale sont nos représentants, alors nous leur demandons d'accepter de mettre en place les changements qui font un large consensus dans la société civile. Il en va de la crédibilité de tout notre système de démocratie représentative.

En terminant, je remercie sincèrement Manon Massé et Québec solidaire d'appuyer et de présenter ma pétition ici, à l'Assemblée nationale. Je remercie également le Mouvement Démocratie nouvelle et son président, Jean-Sébastien Dufresne, de bien avoir appuyé ma démarche. Prenez note que nous avons invité les autres groupes parlementaires à être présents ici, à ce point de presse, mais malheureusement, je n'ai reçu aucune réponse de leur part. Par contre, bien sûr, on a avec nous aujourd'hui, j'en suis très content, le chef d'Option nationale et du Parti vert, Sol Zanetti et Alex Tyrrell, qui ont accepté mon invitation. Merci à tous.

M. Dufresne (Jean-Sébastien) : Alors, merci beaucoup. Merci beaucoup, Fernand. Merci beaucoup, Mme Massé.

Alors, je suis Jean-Sébastien Dufresne, donc le président du Mouvement pour une démocratie nouvelle, hein? C'est une organisation non partisane, il faut le dire, qui existe depuis 15 ans cette année, une organisation qui a été fondée par des organisations issues de la société civile, par des représentants, des membres de différents partis politiques, donc de différents horizons politiques, et qui militent, donc, depuis 15 ans pour une réforme proportionnelle du mode scrutin.

Donc, on salue bien entendu l'initiative de Fernand. Félicitations! Je pense que c'est une initiative citoyenne, bien entendu, qu'on peut saluer, dont on peut être fier. Donc, on voulait montrer qu'il y a des citoyens à qui ça tient à coeur, cet enjeu comme celui-là. Bon, bien sûr, Fernand, qui a décidé de parcourir le Québec pour sensibiliser ses pairs, donc, bien entendu, on invite tous les citoyens aussi à se mobiliser, mais ce qui est intéressant avec cette campagne-là, c'est que ça démontre que c'est un enjeu qui s'inscrit dans le cadre d'un projet de société aussi, hein, une société qui se veut plus représentative, qui fait en sorte que les différents points de vue soient correctement représentés selon les proportions qu'ils reçoivent d'appui de la société.

On parle ici d'un mode de scrutin proportionnel, hein? C'est un mode de scrutin qui a fait ses preuves, hein, à l'international. C'est un mode de scrutin qui a été éprouvé. C'est un mode de scrutin aussi qui suscite un consensus au niveau de la société civile ici, au Québec, hein, il faut le dire, depuis plusieurs années, plusieurs décennies au Québec.

Donc, vraiment, nous, on en appelle au gouvernement de M. Couillard à relancer les travaux, effectivement, comme le disait Fernand, de la commission de révision de la Loi électorale, vraiment de suivre les recommandations des états généraux sur la réforme des institutions démocratiques, hein, qui datent déjà depuis plusieurs années, de bénéficier de toute l'intelligence collective qui s'est bâtie au Québec, depuis les dernières années, sur ce sujet-là, hein? Il y a plein de gens qui se sont exprimés, plusieurs consultations qui ont été faites, donc vraiment d'écouter la population, d'écouter le consensus et de faire en sorte qu'au Québec on puisse se doter d'un mode de scrutin proportionnel. On croit que l'enjeu, il est mûr. Toute l'information existe, toutes les consultations ont été menées, c'est donc le temps maintenant d'agir, de faire en sorte que cette réforme puisse se réaliser au Québec et faire en sorte que les prochaines élections au Québec, en 2018, soient des élections qui soient faites sous un mode proportionnel.

Alors, on croit que le Québec mérite un système qui représente fidèlement les Québécoises, les Québécois, que les électeurs, les électrices puissent se retrouver, se reconnaître dans ce système-là. On croit que c'est un projet qui peut être mobilisateur, qui peut rejoindre l'intérêt de la population. C'est un projet assurément qui peut redonner le goût à la politique. C'est un projet qui peut aussi renforcer la confiance dans nos institutions. Merci.

M. Zanetti (Sol) : Bonjour, alors, Sol Zanetti, chef d'Option nationale. Je salue cette initiative exceptionnelle de M. Courchesne. Je remercie tous les gens impliqués dans le dépôt de cette pétition. Elle est extrêmement importante pour le Québec, d'une part, parce qu'un mode de scrutin proportionnel permet l'émergence d'idées nouvelles, alors que le mode actuel ne le permet pas et, d'autre part aussi, parce qu'actuellement on est gouvernés par un gouvernement qui a eu 29 % des votes des électeurs inscrits. Ce n'est pas normal qu'un gouvernement comme celui-là ait une majorité dans une démocratie comme la nôtre et qu'il puisse faire absolument tout ce qu'il veut.

Je me rappelle, à la démission de M. Jean Charest en 2012, un moment où il disait en partant que la démocratie faisait partie des valeurs essentielles du Parti libéral. Je les interpelle directement aujourd'hui en leur disant : Bien, maintenant, c'est le temps de le prouver, c'est le temps de nous dire que tout ça, ce n'était pas juste du vent puis des mots en l'air. Merci.

M. Tyrrell (Alex) : Donc, moi, c'est Alex Tyrrell. Je suis le chef du Parti vert du Québec. J'aimerais remercier M. Courchesne pour son excellente initiative. Aujourd'hui, c'est un moment historique. On a trois partis politiques qui travaillent ensemble pour une réforme du mode de scrutin, et c'est extrêmement important parce que, si on veut avoir une réforme, il va falloir qu'un jour le parti politique au pouvoir prenne une décision qui est contre ses intérêts partisans. Donc, je trouve que c'est une excellente opportunité de collaborer entre les partis. Et je remercie aussi le mouvement nouvelle démocratie, Manon Massé, Sol Zanetti et tout le monde aujourd'hui. Merci.

Mme Massé : Merci. En fait, merci, Fernand. Merci d'avoir pris la route, d'avoir rappelé que la démocratie, ça n'a pas de prix. La démocratie, c'est quelque chose qui est fondamental, l'expression de la diversité des voix, des idées nouvelles. Et tout ça, c'est essentiel, assez que tu as pris 90 jours de ta vie pour nous permettre collectivement d'avoir un mode de scrutin qui nous représente. Moi, je suis très honorée de déposer aujourd'hui même ta pétition à l'Assemblée nationale parce que… Puis c'est sûr, là, ce n'est pas par Internet, on n'avait pas rien que des clics à faire. Toi, tu avais du pédalage à faire, hein, pour te rendre. Merci beaucoup.

C'est sûr, on l'a nommé plus tôt, on a invité… Fernand a invité, M. Courchesne a invité les gens des autres partis qui sont ici, à l'Assemblée nationale, à se joindre à nous, ce qu'ils ont choisi de ne pas faire. Je suis très heureuse d'ailleurs de voir qu'il y a aussi d'autres gens de partis politiques qui, comme Québec solidaire, croient que c'est essentiel, que la démocratie, c'est quelque chose qui ne se marchande pas.

Qu'on pense par exemple à la CAQ, hein, on le sait qu'à l'époque de l'ADQ le parti était clair sur sa nécessité… sur la nécessité, pardon, d'avoir un mode de scrutin qui soit proportionnel à la représentativité que la population souhaite porter à l'Assemblée nationale. Ça a été la même chose pour le Parti québécois jusque depuis sa fondation, jusque depuis… jusqu'en 2011, ont continué de porter cette vision-là. Mais, à partir de 2011, poup, c'est disparu du programme. Et même le Parti libéral a déjà porté ces préoccupations-là.

Je nous rappelle que collectivement, même à l'Assemblée nationale, on a adopté, en 2009, une motion à l'effet de valoriser la pluralité politique. Ce n'est pas une faiblesse, ce n'est pas un manque que d'avoir de la diversité politique. Au contraire, ça devient une force, et, dans ce sens-là, Québec solidaire est très heureux aujourd'hui de pouvoir déposer cette pétition à l'Assemblée nationale.

La seule question qui me reste, c'est : De quoi ont-ils peur? Est-ce que les partis politiques qui se refusent, même rendus à l'Assemblée nationale, de faire adopter un mode de scrutin qui représente réellement la voix de sa population… De quoi ont-ils peur? Et l'espèce de seule réponse qui me vient, c'est que la démocratie pourrait s'exprimer. Et, si la démocratie s'exprime réellement, on va peut-être moins écouter le lobby des entreprises, on va peut-être être plus pris à écouter la population. Merci.

M. Gagné (Louis) : Est-ce que vous vous entendez sur un type de proportionnel à instaurer? Il y a des proportionnels mixtes, ça peut varier dans différents pays. C'est quoi… Est-ce que vous vous êtes entendus sur un modèle particulier?

Mme Massé : C'est-à-dire que… Puis peut-être, Jean-Sébastien, tu pourras revenir, mais c'est-à-dire que l'ensemble des consultations et des échanges qu'on a dans la société au Québec depuis 10, 15 ans s'enlignent vers un mode proportionnel mixte. On tient à avoir notre député qu'on peut prendre le téléphone… Lui, c'est mon représentant de comté. Mais, en même temps, on souhaite qu'il y ait plus, que la distorsion que crée le système uninominal soit rétablie par, bien… Et là on peut diverger d'un parti à l'autre, mais ce n'est pas grave. Amenez-nous un projet de loi, M. Couillard, et on va le délibérer, mais la base de la proportionnelle mixte apparaît très consensuelle au Québec.

M. Dufresne (Jean-Sébastien) : Oui. Bien, peut-être en complément, simplement dire… Tout à l'heure, j'exprimais qu'il y avait eu énormément de consultations de faites, notamment dans le cadre d'un avant-projet de loi libéral il y a quelques années, et tout ce qui est ressorti de ça, effectivement, pointe vers un mode proportionnel mixte compensatoire. Donc, c'est vraiment… Il y a vraiment un consensus, là, clairement établi au niveau de la société civile, là, à l'égard d'un mode comme celui-là. Donc, l'information existe, les consultations ont été faites, les organisations se sont prononcées, les mémoires ont été déposés.

Maintenant, ce qu'il reste, c'est d'agir et c'est d'avancer, donc, les travaux, comme le disait Fernand, de la commission sur la Loi électorale pour faire en sorte que ça puisse devenir une réalité. C'est du ressort de l'Assemblée nationale, le gouvernement peut décider de l'appliquer. Et on sait que ça prend à peu près deux ans, là, pour mettre en place en nouveau mode de scrutin. Donc, on veut que ça… ce serait très possible que ça soit mis en place pour les prochaines élections de 2018. C'est très faisable.

M. Gagné (Louis) : Avec le PQ puis la CAQ qui sont entre 20 %, 25 %, on disait qu'il y a pas mal juste le Parti libéral qui apparaît en mesure de remporter une majorité.

Est-ce que vous ne croyez pas que ça devrait inciter le PQ et la CAQ à se dire : Bon, bien, il est fini le temps où on pouvait espérer gouverner avec 40 % des voix, là, un gouvernement majoritaire. Est-ce que ça devrait les inciter à aller dans votre sens?

Mme Massé : Moi, je pense que tout politicien responsable, qui souhaite une démocratie, devrait être en faveur de cette réforme-là parce qu'actuellement le mode démocratique fait en sorte qu'il y a un paquet de gens qui perdent leurs votes, hein? Si tu n'as pas… Si le député de ton comté ne va pas dans le sens de ton vote, de ton expression, de ta volonté politique, bien, tu as perdu ton vote. Ça n'a pas de sens, ça, en démocratie.

Alors, est-ce qu'il y a un bon moment là pour la CAQ, comme vous le dites, et le Parti québécois de faire une réflexion? Je pense que ça leur appartient. Mais moi, ce que je suis convaincue, c'est que, quand on croit en la démocratie, on agit dans le sens d'un mode de scrutin mixte.

M. Bélair-Cirino (Marco) : En allant de l'avant avec un mode de scrutin proportionnel, bon, mixte compensatoire, c'est ouvrir la porte aussi à des gouvernements de coalition. Ça va être difficile de voir émerger une majorité claire, réelle, qui va pouvoir s'appuyer sur ses députés pour faire adopter un certain nombre de projets de loi, dont des réformes majeures. Vous, dans le fond, vous voulez faire partie de ces gouvernements de coalition là. Le Parti vert, Option nationale, la même chose, puisque là vous allez sans doute vous faire élire, bon, si c'est proportionnel, du moins un certain nombre de députés. Québec solidaire pourrait doubler, tripler le nombre de députés à l'Assemblée nationale. Vous, c'est parce que vous voulez être au gouvernement, non?

Mme Massé : En fait, nous, ce qu'on veut, c'est de la démocratie et, dans ce sens-là, c'est démontré partout à travers la planète que le modèle québécois et canadien est un modèle largement dépassé. Il est, somme toute, antidémocratique puisqu'il ne permet pas une réelle représentation de la volonté populaire. Est-ce que sa force…

Vous parlez de gouvernement de coalition. Moi, j'ai hâte qu'à l'Assemblée nationale, au lieu de travailler contre mes collègues, qui ont été élus comme moi, que je travaille avec ces gens-là pour le meilleur de notre peuple, et, dans ce sens-là, la coalition, pour moi, ce n'est pas quelque chose de mauvais, hein, surtout le modèle compensatoire mixte. C'est un modèle qui assure une certaine stabilité. Il y a quand même, puis là ça dépend des modèles, là, mais 60, 65 députés qui sont définis dans le cadre actuel, et le reste est défini à partir d'une liste. Bien, ça assure une certaine stabilité, mais ça assure surtout une nouvelle façon de faire de la démocratie, qui est de travailler ensemble pour le bien commun.

M. Desmeules (Jean-Sébastien) : On a quand même, selon les statistiques, on regarde, là, il y a 85 % des États membres de l'OCDE — ce n'est quand même pas rien, c'est des États sérieux — qui ont un mode de scrutin à finalité proportionnelle. Donc, les craintes que certains peuvent avoir, que c'est impossible de gouverner, que ça va être difficile, on a… regardez ce qui se passe ailleurs dans le monde, c'est vrai qu'il y a certains États, des fois, qui sont donnés en exemples, où c'est moins évident — souvent, on va citer l'Israël — mais il suffit de regarder tous les autres États où un mode de scrutin proportionnel mixte fonctionne bien, et où ça permet d'avoir un meilleur pluralisme politique, et où les intérêts des citoyens sont mieux reflétés dans les décisions, parce que nécessairement, à ce moment-là, c'est des décisions qui sont prises en prenant en compte les intérêts de la diversité de la population.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Est-ce que ça fait consensus au sein de la population? Oui? Pourquoi vous n'avez pas une députée du Parti québécois et du Parti libéral à côté de vous, si ça fait consensus?

Mme Massé : Bien, ils ont bien parlé de la société civile, hein, c'est-à-dire de la population en général et en particulier.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Bien, habituellement, les partis politiques sont sensibles à l'opinion de la société civile, surtout lorsque…

M. Courchesne (Fernand) : Bien, moi, si je peux juste rajouter, là, je peux dire, sur le terrain, là, comme je vous dis, j'ai parlé à des gens de tous les partis, là, puis autant des gens… Ils ne m'ont pas nécessairement dit de quel parti ils étaient, mais c'est sûr qu'à 75 % d'appui, là, c'est sûr qu'il y avait des gens de tous les partis. Donc, si, dans la base, je pense qu'il y a vraiment un appui à ça… peut-être que les politiciens, eux, peut-être, voient leurs propres intérêts ou les intérêts partisans, mais, au niveau de la base de la population, moi, en tout cas, sur le terrain, j'ai vraiment constaté que…

M. Bélair-Cirino (Marco) : Vous appuyez pourquoi?

M. Courchesne (Fernand) : Moi, pourquoi j'appuie, bien, c'est pour qu'on soit… Moi?

M. Bélair-Cirino (Marco) :

M. Courchesne (Fernand) : Bien, c'est pour qu'on soit mieux représentés, c'est pour que toute la diversité politique soit représentée. Comme actuellement, il y a des grandes décisions qui doivent être prises, mais elles vont être prises par une minorité de nos représentants, donc… c'est-à-dire elles vont être prises par des personnes qui représentent une minorité de citoyens, donc que ce soit les sujets… que ce soit l'austérité, par exemple, là, pour que ce soit… Je ne dis pas quelle décision qu'il faut prendre, mais il faut que tout le monde soit consulté, et ça prend minimalement un nombre suffisant de députés qui représentent une majorité de citoyens pour prendre des décisions d'une telle importance.

M. Bélair-Cirino (Marco) : O.K. Puis le premier ministre devrait-il être élu au suffrage universel?

M. Courchesne (Fernand) : Bien, ça, c'est une autre question.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Là, il est nommé par un parti politique. Ce n'est pas très, très démocratique, ça.

Mme Massé : En fait, ça dépend des modèles. La proportionnelle mixte, là… c'est que vous entrez des éléments différents dans la proportionnelle mixte. Et là c'est là que je dis : M. Couillard, déposez un projet, et on en délibérera. Est-ce que c'est deux tours? Est-ce que c'est le premier ministre au suffrage universel? Il y a une chose qui est sûre, par contre, c'est que c'est fini cette époque où être élu à 26 %, 30 %, 40 % avec une majorité absolue de six, sept, huit sièges en surplus. Ça ne marche pas, ça, c'est antidémocratique, et il va falloir en prendre acte de ça.

M. Gagné (Louis) : Peut-être, si vous permettez, sur un autre sujet, le sujet du jour, peut-être plus Mme Massé ou M. Zanetti. Vous avez sûrement entendu parler des propos allégués de M. Péladeau sur la pertinence du Bloc à Ottawa, qui dit que c'est inutile, que ça ne fait que légitimer le système fédéraliste dans lequel on vit. Votre réaction par rapport à ça; est-ce que le Bloc est pertinent à Ottawa?

Mme Massé : Bien, écoutez, premièrement, tout ce qui est de l'ordre de… Pour moi, un parti politique, c'est une démocratie. Il y a des gens qui considèrent que ce parti politique là est utile. Alors, les chicanes, pour moi, c'est une chose. J'aimerais mieux qu'on s'unisse ensemble. Il y a des enjeux majeurs actuellement au Québec, et juste là-dessus, prenons, par exemple, TransCanada. On a bien vu, là, en fin de semaine, comment c'est ressorti… ou hier, pardon, comment c'est ressorti, les éléments de comment on est téléguidés par des firmes de... voyons, là, le mot m'échappe, de... publiques, de relations publiques — j'avais juste «publiques» dans la tête — comment on est téléguidés par des firmes de relations publiques. Et alors, moi, j'aimerais mieux qu'on s'allie sur des choses comme ça.

Après ça, M. Pierre Karl Péladeau peut bien dire ce qu'il veut, ça lui appartient. Mais moi, je pense qu'il faut faire alliance, il faut... Le Québec, la souveraineté du Québec passe par se tenir debout face aux pétrolières.

M. Bélair-Cirino (Marco) : O.K. Un instant, là, parce que, là, vous dites : Se tenir debout devant les pétrolières, c'est... L'Office national de l'énergie relève du gouvernement fédéral. Peu importe ce que dira l'Office national de l'énergie, le gouvernement Harper se réserve le droit de confirmer ou d'infirmer la décision. Donc, c'est à Ottawa que la décision va se prendre. Pour TransCanada, qui est le mieux placé à Ottawa pour défendre les intérêts du Québec, notamment sur ce dossier-là, Mme Massé?

Mme Massé : Les gens de gauche. C'est les gens de gauche, c'est les gens qui ont compris que le XXIe siècle n'est pas le siècle du pétrole, c'est ces gens-là, peu importe de quel parti ils viennent.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Le NPD, à Ottawa, on appuie la position du Québec, qui refuse, bon, la position des gauches ou de ceux qui appartiennent à la gauche québécoise, comme vous dites ou… du moins, le Parti québécois, votre formation politique dénoncent le projet de TransCanada. À Ottawa, vous dites que la gauche, donc le Nouveau Parti démocratique, appuie cette position-là?

Mme Massé : Ce que moi, je dis, c'est... Vous me dites qui, et moi, je vous dis : Peu importe le parti dans lequel tu es, ce qui est important dans un projet comme, par exemple, de lutter contre les pétrolières, c'est des gens qui — j'ai dit «à gauche», mais, n'oubliez pas, je n'ai pas juste dit «à gauche» — qui ont le bien commun en partage et qui veulent absolument protéger la planète et prendre ce virage du XXIe siècle de laisser l'ancienne économie extractative du XXe siècle et d'arriver au XXIe siècle. Moi, c'est ces gens-là qui vont résister.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Ces gens-là, ils font partie de quel parti politique?

Mme Massé : Il y en a partout, il y en a dans tous les partis politiques. Je pense, en tout cas, à moins qu'on me dise le contraire. Je pense que des gens sensibles à l'environnement, il y en a dans tous les partis politiques.

M. Zanetti (Sol) : Je trouverais dommage que, par exemple... qu'on détourne, disons, le sujet du point de presse d'aujourd'hui parce que c'est vraiment important de montrer l'appui populaire à la proportionnelle.

Cela dit, pour ce qui est du Bloc québécois, bien, si on parle de démocratie, c'est lié parce que c'est le seul parti qui représente l'idée indépendantiste au Parlement d'Ottawa. D'une part, si ce parti-là n'existait pas, les Québécois, les souverainistes seraient contraints de voter pour des partis qui prônent le maintien du Québec dans le carcan canadien, d'une part. C'est le seul parti qui s'oppose à l'oléoduc Énergie Est et au passage des sables bitumineux, des pétroles sur notre territoire. Donc, c'est essentiel, cette voix-là, pour la démocratie, il faut absolument en rendre compte. Alors, c'est une question de démocratie, le Bloc à Ottawa, tout simplement.

M. Bélair-Cirino (Marco) : Est-ce que le lien est trop fort entre le Parti québécois et le Bloc québécois? Est-ce que le Bloc devrait être davantage attentif à toutes les formations politiques indépendantistes au Québec?

M. Zanetti (Sol) : Ce que je perçois très clairement, c'est que, depuis l'arrivée de Mario Beaulieu, le Bloc est un rassemblement. Ce qui était plutôt avant une succursale du PQ est un rassemblement possible pour les indépendantistes de tous les partis. Les indépendantistes de tous les partis s'y impliquent, et c'est une belle chose. Ce genre de collaboration là, bien, c'est des choses que peuvent permettre, d'une tout autre façon, un mode de scrutin à l'échelle québécoise. Pourquoi? Bien, parce que des partis qui sont normalement opposés, qui se déchirent sur toutes sortes d'enjeux, bien, travailleraient ensemble plus souvent sur ce qui les rassemble, exactement comme ce qu'on fait aujourd'hui.

Des voix : Merci.

(Fin à 13 h 28)

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