(Quinze heures quarante-six minutes)
Mme
Hivon
:
Alors, le gouvernement libéral vient une fois de plus d'envoyer un autre signal
très désolant, une autre rebuffade pour le dossier PointQuébec. Nous venons
donc de présenter, conjointement avec les deux autres formations politiques,
donc Québec solidaire et la CAQ, une motion demandant au gouvernement, donc, de
s'engager dans un processus de migration des adresses de ses ministères et
organismes vers le suffixe .quebec et d'assumer, donc, un rôle de
leadership dans ce dossier fort important pour le déploiement et le rayonnement
de l'identité du Québec sur la toile et, bien sûr, pour aussi multiplier les
occasions de rayonnement pour nos entreprises, pour nos organisations au
Québec.
Donc, malheureusement, le gouvernement
libéral vient de refuser son consentement à cette motion, même à l'idée de
débattre de cette motion. C'est d'autant plus désolant que c'est aujourd'hui,
donc, le lancement officiel sur la toile, donc, du suffixe .quebec, que
l'organisme sans but lucratif, donc, PointQuébec a obtenu après avoir travaillé
très fort au cours des derniers mois auprès de l'organisation internationale
responsable de l'attribution des noms de domaine. Et ces noms géographiques
sont très difficiles à obtenir, et, comme certaines entités ont pu l'obtenir
par le passé, le Québec a réussi. Et donc aujourd'hui c'est un jour très
important et, évidemment, c'est une opportunité extraordinaire. Et
malheureusement on doit prendre acte du fait qu'une fois de plus le
gouvernement libéral a décidé de ne pas défendre, de ne pas prendre les moyens
pour faire rayonner, donc, cette identité québécoise et de, donc, considérer
que le Québec doit tenir son rang au sein du Canada comme une province parmi
d'autres plutôt qu'une nation qui peut s'exprimer clairement sur la toile.
Donc, c'est une décision, bien sûr, que
nous déplorons, et nous demandons que l'unanimité qu'on avait eue à l'Assemblée
nationale en 2008, cette unanimité qui avait été portée d'ailleurs par
l'ex-ministre des Finances, M. Raymond Bachand, qui lui-même avait mis de
l'avant ce projet, qui lui-même avait donc subventionné l'organisme pour qu'il
puisse effectuer les démarches pour obtenir .quebec, donc cette unanimité qu'on
avait eue pour soutenir cette démarche, soutenir cette initiative, puisse
renaître. Donc, on demande, bien entendu, au gouvernement de revoir sa décision
et de s'engager dans le processus de migration vers .quebec.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Afin d'atteindre l'équilibre budgétaire au terme de l'exercice financier 2015‑2016,
le gouvernement libéral martèle qu'il n'y a pas de petites économies. Il
indique que, dans ce dossier-là, il pouvait surseoir à des dépenses d'environ
12 millions de dollars. Pourquoi ce n'est pas une décision justifiée, d'un
point de vue budgétaire, alors que le gouvernement s'apprête à sabrer dans des
programmes comme celui des services de garde? Pourquoi ce...
Mme
Hivon
: Ce n'est
pas une décision justifiée. Tout d'abord, plusieurs remettent en cause le
chiffre de 12 millions qui est avancé. Malheureusement, on n'est pas
capables d'avoir des informations. Autant la ministre de la Culture et des
Communications que le président du Conseil du trésor ne donnent pas
l'information. On n'est pas capables, donc, de savoir comment ils évaluent ce
coût de 12 millions.
Mais, vous savez, réserver des noms de
domaine, ce qu'ils refusent même de faire pour l'ensemble des domaines
concernés, coûte quelques centaines de dollars par adresse. Donc, ce n'est pas
ça qui élève la facture. Ce qui peut occasionner des coûts, c'est le fait de
transiter, de devoir, donc, changer l'identification sur le papier à lettres,
donc la migration des adresses, bon, tout ça, avec ce que ça peut impliquer.
12 millions, donc, est un chiffre qui est mis en cause, mis en doute par les
principaux intervenants dans le dossier. On n'est pas capables de le vérifier.
Mais, par ailleurs, cette migration-là,
elle peut tout à fait se faire de manière graduelle. On n'est pas obligés, du
jour au lendemain, de tout transformer. Mais l'important, à ce moment-ci, alors
qu'on lance l'opération, alors que PointQuébec lance aujourd'hui, donc, cette
présence du Québec sur la toile, c'est d'assumer un rôle de leadership, de
montrer une intention claire de le faire et de se saisir d'abord de l'opportunité
de réserver tous les noms de domaine.
C'est quand même assez triste de voir que
c'est l'organisme lui-même qui réserve, en ce moment, des noms de domaine que
le gouvernement lui-même ne réserve pas en se disant que ça n'aurait aucun sens
de les vendre à d'autres. Parce qu'il faut rappeler au gouvernement que si
d'autres s'emparent de ces noms de domaine, après, les prix vont monter, donc
ça va lui coûter plus cher, donc, de un. De deux, il pourrait tout simplement
dire que, quand il y a des nouvelles initiatives qui sont mises de l'avant sur
la toile, d'organismes du gouvernement, des consultations, par exemple, on
pourrait maintenant utiliser le nouveau suffixe, et nous présenter un plan de
déploiement, de migration, donc, vers les nouvelles adresses. Donc, ce serait
très simple.
L'important aujourd'hui, ce qu'on demande,
c'est vraiment d'assumer un leadership, de démontrer une intention claire pour
que cet outil extraordinaire de rayonnement pour le Québec sur la scène internationale,
sur l'ensemble de la toile, puisse se déployer avec force et que tous les
joueurs importants embarquent, évidemment, dans le train.
M. Bélair-Cirino (Marco) : Le
gouvernement tient à maintenir, selon vous, le .ca dans son adresse, dans le
suffixe qu'il utilise présentement, gouv.qc.ca? C'est vraiment une décision
idéologique, selon vous?
Mme
Hivon
: De
plus en plus, je suis convaincue que c'est une décision idéologique. Aujourd'hui,
la motion qu'on a présentée, c'était une motion qui donnait une souplesse, qui
ne donnait pas d'échéancier dans le temps, qui donnait une certaine souplesse
au gouvernement. Or, le gouvernement a même refusé d'adhérer à cette motion.
Donc, je pense qu'on invoque des raisons
financières, qui, elles-mêmes, sont contestées par des observateurs, pour ne
pas faire cette migration-là. Je trouve ça excessivement dommage de, par
idéologie, comme on le soupçonne, de prendre une telle décision, alors qu'on
s'évertue à faire connaître le Québec par toutes sortes de moyens, de campagnes
qui coûtent beaucoup plus cher que l'entreprise qui pourrait être devant nous
et qui donnerait une vitrine moderne, une vitrine actuelle, diversifiée sur la
toile. Donc, c'est vraiment le sentiment qu'on a de plus en plus, surtout qu'on
n'est pas capables d'avoir des réponses. Il semble y avoir un malaise au gouvernement
autour de cet enjeu-là, de ce dossier-là.
Et, vous savez, ça fait suite à un nombre
de dossiers qui semblent montrer ce malaise-là d'affirmer la voix du Québec,
l'identité du Québec. On en a eu un exemple quand M. Couillard a prononcé son
discours uniquement en anglais sur la scène internationale. On a différentes
manifestations de ça. Je dois dire que je suis assez consternée, par exemple,
dans le dossier de Radio-Canada, à la suite de la manifestation, avec des
milliers de personnes, qu'on a vue dimanche, que ce soit silence radio de la
part de la ministre des Communications, que le premier ministre a dit qu'il
comprenait les coupes, qu'il n'allait pas se mêler du dossier et qu'aujourd'hui
on a droit, de la part du ministre des Affaires intergouvernementales, à
quelque chose qui ressemble beaucoup plus, dans la lettre qu'il signe dans Le Devoir,
a un exercice de style que l'affirmation de convictions. Il n'y a aucune
offensive là-dedans, il n'y a aucune action. Il n'y a aucune demande auprès du
gouvernement fédéral qui est formulée pour que cette décision-là de coupes
dramatiques soit revue.
Donc, il n'y a aucun leadership qui est
exercé. On semble donc ne surtout pas vouloir déplaire à ce bon grand
gouvernement fédéral qui est si gentil avec le Québec. Vous aurez détecté
l'ironie. Donc, pour moi, c'est un exemple de plus que le gouvernement a décidé
de ne pas se battre sur le front de la défense de l'identité québécoise.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Une dernière question, justement, sur Radio-Canada. Qu'est-ce que vous
demandez? Vous demandez au gouvernement libéral de s'opposer avec davantage de
force aux décisions successives du gouvernement conservateur de…
Mme
Hivon
: De
couper sauvagement.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
…couper dans Radio-Canada, ou plutôt le gouvernement du Québec ne devrait pas
investir, lui, dans Télé-Québec afin de…
Mme
Hivon
: Ce
sont deux choses différentes. Évidemment, il faut maintenir Télé-Québec et
donner les reins solides à Télé-Québec. Mais…
M. Bélair-Cirino (Marco) : …Télé-Québec
a les reins solides?
Mme
Hivon
: Télé-Québec
pourrait certainement être renforcée. Il faut être excessivement vigilant par
rapport à Télé-Québec. Mais assurément il y a un enjeu majeur, important, qui
est la survie, l'avenir d'un diffuseur qui est important pour la production
culturelle, mais aussi, bien sûr, pour la qualité de l'information, avec notamment
l'information en région, l'information internationale.
Donc, il y a énormément d'éléments qui se
jouent en ce moment, et, bien sincèrement, je suis sidérée de voir que, depuis
le début du dossier de ces coupes qui s'accumulent, de ces milliers de postes
qui vont être coupés et des effets importants que ça va avoir dans l'ensemble
du Québec… et oui, de la francophonie, mais on n'a pas entendu un mot de notre ministre
québécoise des Communications. On a entendu M. Fournier une ou deux fois, lors
de rencontres fédérales-provinciales, parler qu'il fallait faire attention pour
les francophones hors Québec. Il n'y a pas eu un mot pour les francophones du Québec
et l'impact que ça peut avoir.
Donc, je me questionne sérieusement :
Où est le leadership de ce gouvernement face au gouvernement fédéral? Et malheureusement
on a encore eu une preuve aujourd'hui qu'il ne s'exerçait pas comme on pourrait
le souhaiter. Merci.
(Fin à 15 h 56)