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Point de presse de Mme Françoise David, députée de Gouin, et Mme Manon Massé, députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques

Version finale

Friday, December 5, 2014, 13 h 30

Hall principal de l'hôtel du Parlement, hôtel du Parlement

(Treize heures trente-deux minutes)

Mme David (Gouin) : Alors, messieurs dames, bonjour. C'est à notre tour, maintenant, après une petite attente, de vous livrer le message de Québec solidaire en cette fin de session d'automne 2014.

M. Couillard, le premier ministre, a dit d'entrée de jeu, tout à l'heure, qu'il comprenait qu'il y avait des gens au Québec peut-être pas très contents. Je confirme. Je confirme et je pense que plusieurs députés libéraux vont probablement retrouver des comtés pas très, très de bonne humeur, et ils auront peut-être de drôles de surprises comme cadeau de Noël, je ne sais pas, on ne peut jamais savoir, hein, des messages, là, que les gens voudraient leur envoyer, des expressions de mécontentement. Je vous rappelle qu'il y a, mon Dieu, 10 jours, il y avait quand même 200 000 personnes dans les rues de Montréal et de Québec, donc il y a une grande partie de la population du Québec qui, en ce moment, n'accepte absolument pas la politique d'austérité du gouvernement Couillard.

Et ce qui est intéressant, c'est qu'il y a même des régions ou des circonscriptions libérales où des libéraux notoires ou des gens associés au Parti libéral disent : Bien, nous non plus, on n'a pas voté pour ça, là, ce n'est pas le genre de Parti libéral dans lequel on se reconnaît. Par exemple, l'Outaouais, un château fort libéral, est en train de se braquer contre le gouvernement sur toute la question des CLD, des carrefours jeunesse-emploi. Le conseil d'administration de la Conférence régionale des élus en Outaouais, donc la CRE, refuse d'adopter le plan de fermeture de l'organisme prévu par Québec. Ça, c'est le genre de petite révolution qu'on n'a pas souvent vue dans les régions.

En Estrie, sur la question des CPE, il y a des gens qui vont manifester tous les jours, dans les semaines à venir, à la fin de l'après-midi, devant le bureau du député de Sherbrooke, M. Luc Fortin.

En Abitibi-Témiscamingue, autre bastion libéral, il y a des pressions qui s'exercent sur les députés libéraux, donc Luc Blanchette et Guy Bourgeois, des manifestations devant les bureaux, un manifeste qui s'appelle Être l'Abitibi-Témiscamingue. Ça s'inscrit dans le cadre du mouvement Touche pas à ma région!. Et là, on s'entend, on parle encore des... voyons, des conseils locaux de développement, on parle des CRE. Les gens ne sont pas contents qu'on ait enlevé, dans les régions, des lieux de concertation et des leviers de développement économique.

Mme Massé : Alors, s'il y a des députés qui ne sont pas très... qui risquent d'avoir des surprises en rentrant à la maison, nous, à Québec solidaire, on est plutôt confiants et on n'a pas peur du tout de rentrer à la maison, aller faire notre épicerie du temps des fêtes, aller à la SAQ rencontrer notre monde, parce qu'en fait, cette session-ci, nous nous sommes battus très fort. Nous avons été une opposition forte aux mesures d'austérité de ce gouvernement-là.

Je vous en donne quelques exemples. Par exemple, opposition très forte au projet de loi n° 10, qui est le projet du ministre Barrette, qui met en mode très grande vitesse une réforme sans précédent au niveau des services de santé et de services sociaux. Et nous, on travaille très, très fort et on va continuer de travailler pour s'assurer de résister à l'application d'un projet qui aura des conséquences néfastes sur le Québec.

Prenons le projet de loi n° 3, où Québec solidaire est le seul parti qui, du début à la fin, a été côte à côte avec les retraités, les travailleurs, travailleuses, pour faire en sorte que ce projet de loi n'ait pas, malheureusement, les impacts qu'il aura sous peu.

Bien sûr, quand on a relevé que la ministre de la Famille avait cette tendance fâcheuse à faire que nos CPE aillent plus dans le sens de la privatisation que de l'appartenance collective à travers des organismes sans but lucratif... Ça a été notre travail, on en est fiers et on va être fiers d'aller aussi rencontrer nos concitoyens et concitoyennes pour le partager.

Mais on a aussi des petites victoires à Québec solidaire, qu'on pense, par exemple, au projet de Mme David, le projet de loi n° 190, qui vise à protéger aînés locataires, projet de loi qui a été appelé par le gouvernement et qui est toujours en travaux actuellement.

Qu'on pense, par exemple, sur le dossier de Cacouna, grâce à des efforts collectifs de la société civile et des gens qui sont en opposition, où le gouvernement a dû reculer sur ce dossier-là, sur le port de Cacouna. C'est sûr que TransCanada est un vieux loup, hein? On n'apprend pas à un vieux singe à faire des grimaces. On pense bien qu'ils vont revenir, mais nous serons là, encore et toujours, pour continuer à résister à ce projet du XVIIIe siècle, si je peux me permettre.

Une autre affaire de laquelle on est fiers, c'est l'adoption unanime de la motion sur l'avenir de Radio-Canada. Pour nous, à Québec solidaire, c'était super important; pour les autres partis, ça l'a été aussi. Et, grâce à nous, il y a eu une résonance même à la Chambre des communes, à Ottawa, et Québec solidaire est très fier de cette contribution.

Aussi, l'engagement du premier ministre — on l'a entendu hier — sur la question d'un registre des armes à feu. Alors, il va falloir surveiller, c'est sûr, mais nous l'avons tous et toutes entendu et nous en sommes émus, puisque les femmes, les féministes et plusieurs hommes demandent depuis longtemps que ce registre-là soit maintenu.

Et finalement, pas plus tard qu'hier matin, on a encore réussi à faire adopter une motion unanime en soutien au conseil des jeunes Cris qui marche de Sept-Îles à Montréal contre l'exploitation de l'uranium. Vous étiez très… nous étions très heureux et heureuses de les voir avec nous.

Alors, bref, Québec solidaire a travaillé vraiment, durant cette session, pour l'environnement, les aînés, les jeunes, les familles, les autochtones, tout le monde, bref, et aussi, et surtout, pour les femmes. Notre posture, nos positions portent par rapport aux mesures d'austérité, rappellent constamment, que ce soit pour les CPE, le gel d'emploi et des salaires dans le secteur public, les coupes à l'aide sociale… c'est des attaques directes aux femmes. Et ça, si nous n'étions pas là pour le dire, qui l'aurait dit?

En plus de ça, au Cercle des femmes parlementaires, on a réussi, on a contribué, on a même un peu initié, grâce à Françoise, qui a toujours et souvent des bonnes idées, l'expérience que nous avons vécue collectivement hier matin sur… en commémoration du 25e anniversaire de la tuerie à la Polytechnique; aussi, sur la mise en place d'un comité transpartisan pour développer une politique contre le harcèlement sexuel ici, à l'intérieur de l'Assemblée nationale. Et finalement, vous le savez tous et toutes, la commission parlementaire et le forum qui en suivra — itinérant, d'ailleurs, dans quelques endroits au Québec — sur la question des agressions sexuelles.

Alors, vous comprendrez pourquoi nous retournons dans nos comtés, les députés de Québec solidaire ainsi que l'ensemble des militants et militantes à travers le Québec, très heureux et heureuses de notre parti.

M. Bergeron (Patrice) : Bonjour, mesdames. Patrice Bergeron, de LaPresse canadienne.

Tout à l'heure, le premier ministre a donc fait état de ses mesures de redressement budgétaire et notamment a dit que l'austérité était une vue de l'esprit. J'aimerais savoir qu'est-ce que vous en pensez.

Mme David (Gouin) : Bien, c'est peut-être une vue de son esprit, mais, pour les gens sur le terrain, là, ça n'est pas une vue de l'esprit, c'est une réalité. C'est parce que, là, le premier ministre oublie certaines choses. Bon, je crois comprendre, là, qu'il dit : Les hausses de taxes, de tarifs, etc., c'est un peu terminé, alors ne vous en faites pas, finalement, ça n'aura pas été si grave. Mais, attention, pour les gens qui, déjà, ont de la misère à arriver, c'est grave, et ça va continuer d'être grave.

Mais je rappelle au premier ministre que l'austérité, ça n'est pas seulement additionner des taxes et des tarifs. L'austérité, c'est de couper dans les services publics. L'austérité, ce sont, par exemple, des parents qui ont de la difficulté à avoir des professionnels dans la santé, dans la santé mentale, etc., pour leurs enfants. Ce sont tous ces enfants diagnostiqués, qui ont un diagnostic d'autisme, mais qui n'auront pas de services avant un an. Ce sont les gens un peu de nos âges qui cherchent à trouver une place pour un vieux papa, une vieille maman qui a besoin d'une place dans une résidence, particulièrement en CHSLD. Bonne chance.

C'est ça, l'austérité, pas seulement les taxes et les tarifs. L'austérité, ce sont tous les services publics dont on compromet sérieusement l'efficacité dans les écoles, les services de santé. L'austérité, c'est la coupe de 700 000 $ à Solidarité rurale, c'est les coupures de dizaines de milliers de dollars aux organismes écologistes qui travaillent tellement fort pour que le Québec devienne une terre où l'environnement est respecté. C'est tout ça, l'austérité. Non, ce n'est pas une vue de l'esprit.

M. Bergeron (Patrice) : Donc, si l'austérité existe pour de vrai, c'est donc une forme d'insensibilité de la part de son gouvernement d'être… ne pas en être conscient ou…

Mme David (Gouin) : Moi, je pense que c'est une très bonne ligne de com, hein, de dire, de la part du premier ministre : Mais non, il n'y a pas d'austérité, il y a seulement de la rigueur. Qui peut être contre la rigueur? C'est une belle ligne de com, mais le problème, c'est que, quand ça n'est pas vrai, ça n'est pas vrai. Les gens, dans nos quartiers, dans nos villages, dans nos régions, savent très bien qu'on manque d'emplois au Québec et que, là, Québec ferme des CRE, des CLD et coupe donc 1 300 emplois. Ça, ça n'est pas une invention, là, c'est un chiffre réel.

Alors, de venir dire aux gens : Ne vous en faites pas, dans le fond, c'est un petit mauvais moment à passer, il n'y a rien là; non, ça n'est pas vrai, d'autant que le premier ministre nous annonce, ou le ministre Coiteux, que, l'année prochaine, ça va être encore pire parce que, l'année prochaine, il faut économiser encore plus d'argent dans les services publics et la fonction publique. Puis tout ça, ça ne devrait pas toucher les gens. Mais, écoutez, là, je ne sais pas, là… Le premier ministre, est-ce qu'il vit sur la même planète que les gens ordinaires?

Journaliste : Oui. Bonjour, Mme David, madame. Je voudrais revenir sur le cas des CPE. Vous défendez les gagne-petit, vous défendez les petites gens, mais, si je ne m'abuse, avec le crédit d'impôt, les gens moins fortunés, les familles qui gagnent moins, le tarif quotidien va être moins élevé, va être inférieur à 7,30 $. Est-ce que vous reconnaissez ces chiffres-là? Est-ce que ce n'est pas là une bonne nouvelle pour les gens qui ont un revenu modeste?

Mme David (Gouin) : Il faut faire très attention. Plus on a un revenu modeste, moins on a de crédits d'impôt. Les gens, les familles dont le revenu familial — c'est toujours important de le comprendre, hein, familial — va être moins de 50 000 $ par année ne verront pas, effectivement, d'augmentation dans leurs tarifs en garderie, en services de garde, mais, pour toutes les autres familles qui gagnent plus, donc entre 50 000 $ et 100 000 $ ou entre 50 000 $ et 125 000 $, oui, on va vraiment payer plus, malgré les crédits d'impôt.

L'autre question, c'est inutile, inefficace de faire ce qu'on faisait il y a 30 ans. Tu sais, c'est «back to the future», là, on revient à la modulation des services de garde. C'est parce que ça a déjà été fait, et, dans les années, 90, le gouvernement de madame... enfin, pas... de M. Bouchard, mais c'était Mme Marois qui a introduit tout le réseau des centres à la petite enfance, et je l'en remercie, ils se sont dit : Beaucoup de gestion, beaucoup d'administration, beaucoup de complications, y compris pour les parents qui commencent par payer et sont remboursés après. Attention, ça fait mal, ça, dans le budget hebdomadaire. Pourquoi ne pas avoir un tarif unique en services de garde?

M. Ouellet (Martin) : Et ça reste à 7,30 $, je crois.

Mme David (Gouin) : Pardon?

M. Ouellet (Martin) : Ça ne change pas, ça. À l'entrée, c'est toujours 7,30 $, là.

Mme David (Gouin) : Attention, c'est 7,30 $...

M. Ouellet (Martin) : À l'entrée.

Mme David (Gouin) : ...plus le montant qui va être exigé des familles et remboursé par un crédit d'impôt à la fin de l'année, si je ne me trompe pas.

M. Ouellet (Martin) : Oui, mais les gens ne paieront pas plus que 7,30 $ à l'entrée. À moins que je me trompe, là.

Mme David (Gouin) : À vérifier.

M. Ouellet (Martin) : Mais c'est... hein, c'est bien ça?

Mme David (Gouin) : C'est bien ça.

M. Ouellet (Martin) : Il n'y a pas de hausse à l'entrée, là.

Mme David (Gouin) : O.K. Il y a une hausse... à ce moment-là, on se comprend, il y a une hausse une fois par année, au moment de payer son impôt. Ça, ça veut dire que, quand les gens vont... bien, quand ils vont remplir leur déclaration d'impôt, ils vont découvrir, pour un certain nombre, que la facture est salée et là vont devoir payer, autour du mois de juin, des montants qui peuvent aller à 1 000 $, 2 000 $, 3 000 $ à la veille des vacances avec les enfants. Je ne suis pas certaine que les parents vont aimer ça beaucoup.

M. Ouellet (Martin) : O.K. Mme David, on vous a un petit peu moins vue durant la session. D'ailleurs, on a moins vu Québec solidaire. Est-ce que vous avez été victime, même si vous avez... non, mais vous avez sûrement travaillé très fort, mais est-ce que vous avez été victime du même syndrome que celui des autres partis d'opposition, c'est-à-dire le syndrome PKP?

Mme David (Gouin) : Ah, mon Dieu, si vous saviez! Je me rappelle de d'autres bilans de session, M. Ouellet, où j'invitais nos amis des médias à venir nous voir plus souvent au «hot room», et il n'y avait pas encore d'effet PKP. Donc, je réitère mon invitation pour la prochaine session. Nous faisons au moins deux à trois points de presse par semaine. Je vous y invite vivement et avec plaisir.

Journaliste : Bonjour. Juste pour poursuivre là-dessus, est-ce que c'est plus difficile pour un parti comme le vôtre d'attirer l'attention et de se faire voir dans un contexte de gouvernement majoritaire que minoritaire?

Mme David (Gouin) : Je dirais oui. Ça fait deux ans et demi maintenant que je suis ici. Je dirais oui, parce que, lorsqu'il y a un gouvernement minoritaire, chaque vote compte. À un moment donné, même le petit parti peut avoir une certaine importance si on prend les choses uniquement mathématiquement.

Mais je vous suggère, puisque ce sujet vous intéresse, je vous suggère quand même que ce petit parti réussit de grandes choses. Ma collègue Manon Massé a fait part de plusieurs dossiers sur lesquels on a travaillé, on est extrêmement actifs et actives. À trois députés, les journées sont longues, elles sont intenses. On ratisse large, on travaille énormément avec les mouvements citoyens, avec les gens sur le terrain. Donc, je vous suggère vraiment de vous intéresser davantage à nous.

Journaliste : M. Khadir n'est pas avec vous aujourd'hui?

Mme David (Gouin) : Non, M. Khadir est retenu à Montréal.

Journaliste : Puis est-ce que vous avez l'impression... parce que M. Couillard a dit qu'il y avait encore du travail à faire, mais il avait l'impression que le ton avait changé à l'Assemblée nationale, quand même. Est-ce que...

Mme Massé : Je ne peux pas témoigner de ça.

Journaliste : Est-ce que vous avez l'impression qu'effectivement il y a eu des améliorations qui se sont faites?

Mme David (Gouin) : Non. Non. Je peux commenter plus avant, mais la réponse, c'est non. Et je souhaite que ça arrive puis je le dis amicalement à mes collègues de tous les autres partis. Nous autres, en général, si vous nous écoutez, vous vous rendez compte qu'on pose de vraies questions très concrètes. On a besoin de réponses, on n'a pas souvent des vraies réponses, mais on essaie toujours de le faire de façon respectueuse. Ça n'est pas le cas de tout le monde.

Journaliste : Bonjour, Mme David, Mme Massé. Est-ce qu'il y a au moins un mérite que vous êtes prêtes à reconnaître au gouvernement libéral?

Mme David (Gouin) : Oui. Oui, l'engagement d'hier sur le registre des armes à feu.

Journaliste : Pas l'engagement sur les banques?

Mme David (Gouin) : Pardon?

Journaliste : L'engagement sur les banques, non?

Mme David (Gouin) : Alors là, je suis très contente de votre question, ça va nous permettre de diffuser une petite confusion. Ça m'a amusée de lire dans plusieurs journaux que M. Couillard était subitement devenu un solidaire, hein, parce qu'il imposait aux banques des taxes sur la masse salariale. Mais c'est parce que ce n'est pas ça, notre proposition.

Notre proposition, c'est une taxe sur le capital des banques. Taxe sur la masse salariale, ça comporte toujours un certain danger, c'est celui d'effectuer des compressions salariales, c'est celui de diminuer le personnel parce que, là, les directions des banques aiment moins ça. Taxe sur le capital pourrait avoir moins de conséquences.

Alors, oui, il y a quand même une toute petite avancée. Je vous dirais que le mot «banque» est au moins prononcé, c'est déjà pas mal. Je compte revenir... Nous comptons revenir à la prochaine session pour dire à M. Leitão : Mais là il faudrait peut-être aller un petit peu plus loin : taxe sur le capital des banques.

Journaliste : Vous voyez les libéraux à l'oeuvre, cette session-ci, vous aviez vu les péquistes auparavant. Est-ce que c'est plus facile de cohabiter avec l'un ou avec l'autre au gouvernement?

Mme David (Gouin) : Moi, je vous dirais que, vous savez, il y a ce qui se passe au salon bleu — c'est une sorte de théâtre, le salon bleu, je pense que tous les journalistes qui ont une certaine expérience parlementaire le savent — et puis il y a ce qui se passe ailleurs, dans les commissions parlementaires et dans les contacts qu'on peut avoir aussi avec des ministres, là, dans le cadre de notre travail. Et à ce niveau-là, moi qui ai eu à travailler avec les deux gouvernements, je vous dirais que c'est assez semblable, dans le sens où — et là je vais être positive — il y a moyen de travailler, il y a moyen de sensibiliser des ministres à certains dossiers particuliers. On règle des dossiers, aussi curieux que ça puisse paraître. On s'est peut-être chicané en Chambre, mais là on est capables de travailler. Donc, pas tant de différence que ça.

Journaliste : Puis une dernière chose en terminant. J'aurais aimé poser la question à M. Khadir, qui n'est pas là, mais peut-être pouvez-vous commenter. Votre parti a été assez dur à l'égard de M. Péladeau, sa situation personnelle, sur l'incident, là aussi, l'incident, entre guillemets, là, qui s'est produit à propos de Vision globale. Mais là, finalement, il n'y a pas de blâme comme tel ou, en fait, pas de sanction à l'égard de M. Péladeau.

Est-ce que ce n'est pas la preuve que vous vous inquiétiez pour rien, dans ce cas-ci, puisque le commissaire lui-même dit que M. Péladeau était de toute bonne foi dans cette histoire?

Mme David (Gouin) : C'est-à-dire qu'il faut lire l'ensemble de l'oeuvre, là. Le commissaire dit : Il y a eu faute, mais M. Péladeau était de bonne foi. Donnons la chance au coureur. Il était de bonne foi cette fois-là, mais je pense que ce que le commissaire lui dit, c'est : Là, ça suffit, hein, on ne récidive pas.

Par ailleurs, je vous rappelle que cette semaine nous avons appuyé le gouvernement qui veut aller de l'avant en demandant à la chaire d'études des médias de l'Université Laval de faire l'analyse, justement, de l'influence des médias sur la vie politique et démocratique au Québec et, qui plus est — je le sais parce que j'ai contribué à l'écriture de cette motion avec à peu près tous les partis, là — qui plus est, si l'un des actionnaires majoritaires d'une entreprise médiatique est un élu de l'Assemblée nationale. Alors, moi, je pense que cette étude doit se faire. On est devant une situation assez inusitée. C'est la première fois qu'un grand propriétaire de média — et ce n'est pas une binerie, Québecor, là — c'est la première fois qu'il se retrouve élu à l'Assemblée nationale, aspirant chef, et donc, après, on ne sait pas ce qui peut arriver. Je pense que cette étude doit se faire, je pense qu'il y aura une analyse à faire et que toute cette histoire est très, très loin d'être terminée.

Journaliste : Bonjour, Mme David, Mme Massé. Mme David, en introduction, vous avez dit qu'il y a une colère qui gronde à l'égard des politiques du gouvernement libéral. Comme ma consoeur vous faisait remarquer, c'est un gouvernement majoritaire, donc les prochaines élections, ce n'est pas avant trois ans, peut-être même quatre ans. Qu'est-ce qui vous fait penser qu'il va subsister de cette colère à l'égard du gouvernement quand viendra le temps de retourner aux urnes?

Mme David (Gouin) : Bien, d'abord, les élections sont dans quatre ans, mais il peut se passer tellement de choses entre maintenant et la prochaine élection générale. Moi, j'aimerais vous rappeler que M. Charest aussi a été majoritaire pendant plusieurs années, mais la colère de beaucoup de segments de la population était tellement grande — je pense au dossier du gaz de schiste, par exemple — qu'il a été obligé de reculer. Il a reculé sur la vente du parc national du Mont-Orford, il a reculé sur le Suroît. Autrement dit, puis, dans le fond, je le dis à vous, mais je le dis à la population du Québec, on peut faire reculer un gouvernement majoritaire.

Et, si ce gouvernement s'entête à continuer avec les mêmes politiques, si ce gouvernement est en train de se préparer à une attaque frontale des 500 000 à 600 000 employés des services publics, majoritairement des femmes, je lui prédis un avenir assez sombre.

Journaliste : Donc, vous espérez le faire reculer sur quoi exactement?

Mme David (Gouin) : En fait, il faudrait le faire reculer sur pas mal de choses. Je pense que les dossiers environnementaux vont être au coeur de notre travail à nous. En tout cas, on va le surveiller de très, très, très près, ce gouvernement. Non, on ne veut pas de pipeline qui transporte du pétrole des sables bitumineux au Québec. Non, on ne veut pas de port pétrolier, on ne veut pas d'extraction pétrolière au Québec. Atterrissons au XXIe siècle, là. Faisons autre chose. Essayons de se convertir, au Québec, en producteurs d'énergie verte. Alors, on va le surveiller de très près sur tout ça et, bien sûr, on va le surveiller de très près sur toutes les politiques d'austérité, particulièrement quand ça touche l'ensemble des personnes de la classe moyenne.

Journaliste : Bonjour. Vous avez dit : On peut faire reculer un gouvernement majoritaire. Comment?

Mme David (Gouin) : Bien, je pense que la recette est bien connue. Vous savez, dans les gaz de schiste, il s'est passé quoi? 80 comités citoyens ont émergé partout, là, dans toutes les régions concernées, sans subvention, là, avec juste la force de leurs convictions et des spécialistes qui sont venus travailler avec ces gens-là. Il y a eu plein de manifestations, il y a eu, bien sûr, ici, à l'Assemblée nationale — ça, c'est important — des gens qui ont pris le relais de ces revendications.

On va faire la même chose. Québec solidaire est ici, à l'Assemblée nationale, pour relayer, comme on l'a toujours fait, très vigoureusement, les aspirations citoyennes, les engagements citoyens. On va relayer les luttes qui se passent sur le terrain. Et moi, je pense qu'avec tout ça, vous savez, à un moment donné, un gouvernement, même celui qui est le plus convaincu de la justesse de ses positions, il se pose quand même deux, trois questions, là, électorales. Et ce gouvernement, il a aussi des députés qui rentrent chez eux tous les vendredis, et à toutes les intersessions, et durant le temps des fêtes. Et, quand ces députés sont inondés d'appels et de lettres de citoyens en colère, bien, à un moment donné, ça joue à l'interne aussi. Donc, c'est toujours important de garder espoir.

Journaliste : Hier, vous vous êtes réjouie de l'engagement, vous avez dit, solennel du premier ministre de maintenir, de créer un registre québécois des armes à feu. Au même moment où le premier ministre prenait cet engagement-là publiquement, son directeur de cabinet transmettait une lettre à l'organisme Poly se souvient où il précisait qu'il y aurait un registre, mais à la hauteur de la capacité de payer des Québécois. Qu'est-ce que vous comprenez de ça?

Mme David (Gouin) : Bien, je l'ai lu ce matin, bien entendu, et voilà pourquoi je suis réintervenue en Chambre au moment des voeux de Noël pour dire au premier ministre que, moi, je lui ai fait confiance hier, hein, et qu'il ne fallait pas qu'il déçoive cette confiance, pas juste la mienne d'ailleurs, celle des familles des victimes, celle de Manon Massé, la confiance des citoyens et des citoyennes qui, hier, pour une rare fois cet automne, se sont dit : Bon, bien là, on est d'accord avec notre premier ministre. Il n'a pas le droit de décevoir. Il n'en a pas le droit.

Journaliste : Bonjour. Hello. I'm wondering, if you had to pick three words to describe the Couillard Government, what would they be?

Mme Massé : Austerity, not careful of environment and the third one could be… Which one also? I don't know. Three words? I've got two.

Journaliste : OK. The Government says that it's not austerity, Government's expenses are actually increasing. So how do you explain your view of what is austerity?

Mme Massé : OK. Of course, it's a conception, you know. If he doesn't see austerity in these moves, we saw a lot of austerity. When you cut in public services, when you increase taxes or daycare, you know, your structure, you put modulation of daycare fees, this is choice that make government who apply austerity… règlement.

Journaliste : And what's the thing you are the proudest of this session? What have you done that you could really say : We've made a difference?

Mme Massé : I think it's… We did a lot of things, but I think our defense of women. Because, you know, all the austerity «règlement» have impact on women, because, when you cut in public services, it's where women work for 80%, I think. So, if you act in the day-care services, you touch women. So we where there, Québec solidaire was there to expose that part of the «problématique», and the other thing is we work really together against… womens against violence… No!

Journaliste : Against violence against women.

Mme Massé : Violence against women,  I'm sorry. I start a little bit to be tired, you know. And what we did, we tried… we worked together with all the other parties to have a politic, inside the Parliament, against the violence… women.

Journaliste : I wonder if you think that the Government's agreement commitment to go forward with the gun registry, you had some part in that, in helping them over the edge, you know.

Mme Massé : I mean, we were… we're very happy to understand what… to listen to what the Prime Minister said, but, in the same time, we want to be very, very vigilant because, you know, yesterday he said that he is going to react this register and today we read in the newspaper that maybe we're going to do it with the money that we have. We repeat to the Prime Minister : If you want to tax the capital banks, he can get $8 million, so…

Mme David (Gouin) : 800.

Mme Massé : 800 millions. Yes, you're right. So, if he needs money to do that, we know exactly where he can get it.

Mme David (Gouin) : Thank you very much.

Mme Massé : Merci.

(Fin à 13 h 59)

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