(Quinze heures trois minutes)
M. Fournier
: Alors, merci
beaucoup. Je vais vous faire état des derniers développements concernant le
mandat que nous donnons au Centre d'études sur les médias de l'Université Laval.
D'abord, permettez-moi de faire un retour
en arrière. Vous vous souvenez que Jean-François Lisée avait soulevé la difficulté
ou le questionnement, tout au moins, entre la capacité pour un propriétaire de
médias important, comme M. Péladeau, d'aussi être impliqué dans le monde politique
et avait formulé l'idée qu'il fallait faire un choix entre les deux. Je me permets
de faire cette remise en contexte, ne serait-ce que pour répondre à Mme Maltais
qui disait que ce que nous voulons, c'est sortir M. Péladeau de l'Assemblée
nationale. Il n'y a rien de plus faux. Il est possible que M. Péladeau, à un
moment donné, ait un choix à faire, mais c'est lui qui fera le choix. Il n'y a pas
personne d'autre qui peut déclarer inéligible quelqu'un. Mais il est évident
qu'il y a des conditions à l'éligibilité. Ça, c'est autre chose.
Cette entrée en matière me permet de vous rappeler
que suite, donc, à cette avancée de M. Lisée, il y a eu différentes discussions
à l'Assemblée, dont entre autres une motion que j'ai fait inscrire au
feuilleton, qui demandait la tenue de la Commission parlementaire des
institutions pour analyser cette situation. Nous n'avons jamais convoqué la
commission. Au contraire, pendant six semaines, nous avons discuté avec toutes
les formations politiques pour en arriver à une entente avec les formations
politiques sur la réflexion à donner à cette question importante.
Un des sujets qui étaient soulevés par le
Parti québécois durant toute cette période était que le forum d'une commission
parlementaire n'était pas le bon et qu'il fallait aller vers un organisme
tiers, ce qui nous a amenés, dans nos échanges, à nous rapprocher du Centre d'études
sur les médias, en fait de M. Sauvageau qui en est aussi le président, et on a
eu des rencontres avec lui. Tout ça pour vous dire qu'à la... jusqu'à la toute
fin, finalement, le Parti québécois a dit non, a dit non à simplement le fait
qu'il y ait une réflexion même sur Québecor. En fait, il souhaitait qu'il y ait
une réflexion sur tous les médias, sauf Québecor. C'est tellement vrai que,
dans la motion que nous avons déposée, la dernière en lice, il y a deux semaines,
avec Québec solidaire et la CAQ, il était question des propriétaires de tous
les médias, y compris celui de M. Péladeau. Et ils ont dit : Non, il faut
étudier tous les médias, sauf le cas d'un élu. Donc, étudier tout sauf Québecor
ne nous semble pas aller vraiment faire le tour du portrait ou du propriétaire,
comme on dit.
Vendredi dernier, nous avons donc… suite à
cette motion et le refus du Parti québécois de discuter de la motion à
l'Assemblée, on n'a donc pas pu tenir de vote sur le sujet. Nous avons... mon
Secrétariat à la réforme des institutions a contacté le centre d'études pour
leur envoyer, dans le fond, les mandats ou les motions que nous avions,
d'ailleurs aussi les motions du Parti québécois, l'ensemble du portrait, et
expliquer ce que nous entendions faire.
Vendredi, nous avons reçu, en après-midi,
une proposition de la part du centre d'études, je vais vous lire d'ailleurs la
proposition, on vous en distribuera des copies, une proposition dans laquelle
ils nous demandaient de faire une dernière consultation, ce que nous avons
fait, et, à la lecture de la proposition, avec Québec solidaire et la CAQ, nous
avons indiqué au centre qu'il y avait un élément qui manquait et qui a été
réinclus, vous allez voir dans le document qui vous sera distribué, qui se retrouve
dans le mot «notamment». C'est la seule modification, mais elle a son
importance.
Et donc, au moment où nous nous parlons,
je vais vous lire la proposition qui est celle du centre, avec une méthodologie
objective qu'ils ont eux-mêmes incluse. C'est la proposition du centre, qui
reçoit notre approbation, reçoit l'approbation de QS et de la CAQ aussi, mais
qui est rejetée, encore une fois, par le Parti québécois, et j'y reviendrai par
la suite. Je vais me permettre de lire la proposition :
«Le Centre d'études sur les médias propose
de préparer un document de réflexion regroupant des données et autres informations
permettant d'éclairer les discussions en cours sur l'influence que peut avoir,
grâce à ses médias, sur les politiques publiques et la vie démocratique, un
propriétaire ou un actionnaire important d'un média d'information ou d'un
groupe de médias, notamment lorsqu'il participe, en tant qu'élu, aux instances
politiques. Ce document fera état de la concentration des médias qu'a connu le Québec
au cours des dernières décennies, mais aussi de l'importance prise récemment
par les nouveaux médias et les réseaux sociaux.
«À titre d'exemple, les informations
suivantes seraient colligées : évolution récente de l'aire d'influence des
médias d'information au Québec selon les parts d'audience ensemble du Québec,
Montréal et quelques autres marchés locaux, selon les limites inhérentes aux
données existantes; synthèse de la littérature scientifique récente sur
l'influence des médias sur l'opinion publique à l'heure des réseaux sociaux;
situation dans quelques pays aux démocraties avancées; cadre législatif en
matière de propriété des médias, débats récents, moyens législatifs ou autres
envisagés ou adoptés pour limiter les liens trop étroits entre le pouvoir
politique et le pouvoir médiatique.
«Le document proposé pourrait identifier
des pistes de réflexion, mais ne formulerait pas de recommandation. Les
informations colligées permettraient toutefois, croyons-nous, une discussion
documentée et sereine des questions complexes que soulève le débat en cours. Dans
ce contexte, le centre souhaite que le mandat qui lui serait confié soit
entériné par l'ensemble des partis politiques. Le centre pourrait produire ce
document pour la fin août 2015.»
Nous avons vérifié avec le centre,
lorsqu'ils nous ont envoyé la proposition, s'il s'agissait là d'une condition
ou d'un souhait. Ils nous ont dit qu'il s'agissait d'un souhait. Nous l'avons
interprété comme étant un encouragement à faire une dernière tentative à
nouveau pour avoir l'appui de toutes les formations politiques. De toute
évidence, au cours des dernières minutes, vous avez vu que le Parti québécois a
refusé de faire cette réflexion. C'est clair pour tout le monde au Québec qu'il
y a lieu de se demander jusqu'où on peut aller comme propriétaire de média
intervenant dans la sphère politique. Le mandat est plus large que juste se
demander le cas de Québecor, mais il y a aussi le cas de Québecor qui est visé,
même si, pour le Parti québécois, il faut étudier tout sauf Québecor.
Il est clair, surtout lorsqu'on pense à M.
Lisée et lorsqu'on pense aussi à la réaction qu'il y a eu suite à la couverture
d'une heure du lancement de la campagne de M. Péladeau, il est clair qu'il y a
un malaise au Parti québécois sur le refus de réfléchir lui-même. La seule
question qui reste est la suivante : Pourquoi le Parti québécois dit non à
un centre d'études crédible, reconnu par eux comme étant crédible? Pourquoi le
PQ a-t-il peur de la réflexion? Et la seule réponse, c'est que probablement il
a peur des conclusions de la réflexion.
Cela dit, nous devons faire ce qui est
important dans l'intérêt du Québec. Et, si vous demandez à n'importe quel
citoyen du Québec en ce moment : Est-il normal de réfléchir à l'influence
de M. Péladeau comme actionnaire majoritaire de Québecor et de l'influence de
Québecor sur l'ensemble des affaires médiatiques du monde de l'information?, lorsqu'on
regarde tout cela, tous les Québécois vont vous dire que c'est normal de
réfléchir à ça. Est-ce que les conclusions sont tirées d'avance? Non. Est-ce
qu'il y a lieu de craindre les conclusions d'une réflexion? Non. Si le PQ, lui,
a peur, c'est à lui d'expliquer de quoi il a peur. Voilà.
M. Laforest (Alain)
: Est-ce
que vous allez de l'avant quand même? Est-ce que vous demandez au Centre
d'études des médias de produire un rapport?
M. Fournier
: Oui, tout
à fait.
Mme Lajoie (Geneviève)
:
…s'ils acceptent, étant donné que vous disiez que ce n'est pas une condition,
mais donc ils sont d'accord avec ça, le fait que le PQ refuse...
M. Fournier
: Ils ont
souhaité... Bien, honnêtement, ils auraient préféré que le PQ l'accepte. Moi,
je ne leur ai pas parlé, c'est mon secrétaire à la réforme qui leur parle. Je
suis à distance d'eux et donc je ne sais pas ce qu'ils ont dit suite à la
prestation de Mme Maltais, là, qui vient de se produire il n'y a pas tellement
de temps. Mais nous avions vérifié avant quel était le sens du souhait.
Parce qu'évidemment, quand la proposition
est arrivée, moi, je savais bien où logeait le Parti québécois. Il y avait
effectivement... puis le centre était peut-être légitime de me demander de
procéder à nouveau. Le fait que ce soit le centre lui-même — et on
sait que Mme Maltais respecte beaucoup le centre — qu'ils disent :
Bien, voici ce qu'on doit faire et qui dit : on va être, avec ça, capable
d'avoir une discussion documentée et sereine. Alors, le centre lui-même nous
dit : Voilà, ce qu'on peut faire est utile. Et, même à ça, le Parti
québécois dit non. Je pense que le centre disait : Écoutez, quand ils
vont voir que ça vient de nous, d'une instance crédible, ils vont probablement
dire : Oui, allons-y. Mais, même là, même là, le refus de voir est trop
grand.
M. Laforest (Alain)
:
Mais juste pour être clair, M. Founier, là, est-ce que le centre accepte et
entreprend son étude? C'est le mandat que vous leur avez donné, là, mais est-ce
qu'ils acceptent? Si vous pouvez le formuler, là… C'est ce que j'essaie de
comprendre.
M. Fournier
: Bien, il
est clair qu'avec l'appui que nous avons de Québec solidaire et de la CAQ, avec
la proposition qu'ils ont, que nous avons acceptée, que le centre peut aller de
l'avant.
Mme Lajoie (Geneviève)
:
Mais là le rapport, ce n'est plus, donc, à la... en mai, là. Je comprends que c'est
en... au mois d'août.
M. Fournier
: Oui, ils
ont demandé... dans le fond, dans leur proposition, ils demandent d'aller jusqu'en
août.
Mme Lajoie (Geneviève)
:
...ce n'est pas trop loin pour vous?
M. Fournier
: Honnêtement,
nous, ce qu'on veut, c'est qu'il y ait des éléments de réflexion qui vont
permettre aux Québécois et aux parlementaires de dire : Bon, bien, qu'est-ce
qu'on fait avec cette situation-là, qui est une première? Alors, est-ce qu'on y
réfléchit ou on dit : Non, il n'y a rien là? Honnêtement, je pense que
tout le monde dit : Il faut réfléchir. Et on demande à un centre
d'études...
Je vous rappelle qu'au départ, là, on
allait en commission parlementaire pour faire venir des groupes, et, à ça, le
Parti québécois disait : Les gens qui vont poser des questions, c'est des
gens des autres partis politiques, ça va être un tribunal. On ne veut pas. On
veut un centre indépendant. Et un centre indépendant, ils nous trouvent une
autre raison pourquoi ils ne veulent pas le faire. De toute évidence, ils ne
veulent pas qu'on étudie cette question-là.
Est-ce que c'est une question qui devrait
être étudiée? Faites un... Allez dans la rue, demandez aux gens, vous allez
avoir 100 % de réponses : Bien oui, il faut étudier ça.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Vous vous engagez à dévoiler le rapport dès que vous allez l'obtenir?
M. Fournier
: Oui.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Est-ce que vous allez confier le mandat d'étudier les pistes de réflexion,
puisqu'il n'y a pas de recommandation dans ce rapport-là, à une commission
parlementaire à l'automne 2015?
M. Fournier
: On n'a
pas arrêté... Honnêtement, on n'a pas arrêté encore la mécanique, là. Il est
clair que le document va être déposé à l'Assemblée nationale. Sera-t-il débattu
en plénière, à l'Assemblée nationale, en commission? Y aura-t-il d'autres
forums qui pourront être créés? Honnêtement, pour l'instant, ce qu'on a besoin,
c'est des informations. Alors, c'est pour ça qu'il n'y a rien à avoir peur d'un
centre d'études crédible qui nous formule des pistes de réflexion, qui ne dit
pas : Ça va être des recommandations. Il nous dit : On va vous
dresser le portrait. Et même ça, le portrait général, le PQ ne veut pas.
Alors, il est clair qu'il y aura une
discussion qui suivra. Quelle forme elle prendra? Je ne le sais pas encore.
M. Laforest (Alain)
:
Ça sera la base d'une loi.
M. Fournier
: Écoutez,
le départ de tout cela était une motion de la CAQ voulant faire une loi. Moi,
je suis responsable de la réforme des institutions, ça revient un peu dans mon
champ, et franchement je ne vois pas quel genre de loi je pourrais faire
aujourd'hui avec aucune réflexion, sans paramètres. Je pense qu'on a le droit
d'avoir une réflexion avec des scientifiques, avec des experts qui vont dire :
Voici le portrait général. Vous avez entendu la méthodologie que veut suivre le
centre, qui est la plus objective qui soit. Après ça, on verra comment y
procéder. Il est possible qu'il n'y en ait pas de loi, il est possible qu'il y
en ait une...
M. Laforest (Alain)
:
Mais on comprend que le document va servir de base à une commission
parlementaire, puis habituellement...
M. Fournier
: Il va
servir de base à une discussion politique. Sera-t-elle en commission
parlementaire, en assemblée ou dans d'autres forums? Là, on verra. Mais il est
évident qu'il y aura... suite à ces réflexions-là, il va devoir y avoir une
appropriation démocratique de cette réflexion-là.
M. Laforest (Alain)
:
Si vous ne faites pas de loi, votre rapport va se retrouver sur une tablette,
puis on en fait une belle discussion. C'est un peu ça. Vous ne voulez pas ça,
là.
M. Fournier
: Mais là, on
verra. Bien, la vie, ce n'est pas que des lois. Des fois, c'est des règlements.
La vie, ça peut être différentes formes…
M. Laforest (Alain)
:
Ça peut être un changement du code d'éthique?
M. Fournier
: Ça peut
être un changement du code d'éthique, ça peut être un changement de la Loi de
l'Assemblée nationale, on verra. Ce n'est pas… Et la loi contiendra quoi? Elle
peut avoir différentes pistes. Il y a des exemples qui n'ont pas toujours été
la même solution.
Alors, pourquoi en arriver à la
conclusion, comme Mme Maltais le dit, qui essaie de cibler en disant :
C'est une attaque contre M. Péladeau? Ce n'est pas une attaque contre M.
Péladeau, c'est la protection des intérêts démocratiques du Québec, et comment
on y arrive, comment on peut protéger les intérêts démocratiques, politiques du
Québec. C'est ça, l'objectif.
M. Croteau (Martin)
:
Si vous n'avez pas l'appui de tous les partis à l'Assemblée nationale, est-ce
que ce n'est pas de nature à miner ou à amoindrir la valeur des pistes de
réflexion que proposera le centre?
M. Fournier
: Écoutez,
le centre a fait beaucoup d'études, dans le passé, sans l'appui d'aucun parti à
l'Assemblée nationale. C'est un centre crédible, sérieux. Il y a deux semaines,
Mme Maltais était ici même, devant vous, en train… et d'établir combien elle
avait… ce centre avait bonne réputation à ses yeux. Donc, il n'y a pas de
difficulté sur la qualité du travail du centre à l'égard des formations
politiques, là.
M. Croteau (Martin)
:
Juste une précision très technique. Avez-vous validé auprès du centre… est-ce
que le centre vous a confirmé qu'il allait mener l'étude malgré le refus du
Parti québécois?
M. Fournier
: Je n'ai
pas parlé… je ne leur ai jamais parlé en fait, c'est le secrétaire du
Secrétariat à la réforme qui leur parle. Je ne voulais pas avoir de lien direct
avec eux.
Ceci étant, nous avons leur proposition
de mandat. Nous avons demandé ce que signifiait le souhait qu'ils formulaient,
parce que normalement, vous savez, le centre aurait très bien pu dire :
Bien, voici la proposition, puis il m'importe peu de savoir ce que l'ordre
législatif pense de tout cela. Moi, dès le départ, j'ai dit que je voulais avoir
une association du législatif. Ce n'est pas une question banale, c'est une
question démocratique d'institution, donc il faut ratisser très large. Mais
évidemment, lorsqu'un parti utilise un veto, puis c'est non, non, non, même si
la raison n'est pas valable, bien, il faut quand même faire avancer les
intérêts du Québec et de nos institutions.
M. Croteau (Martin)
:
Mais, juste pour être clair, vous n'avez pas confirmation du centre qu'ils vont
aller de l'avant malgré le refus.
M. Fournier
: Alors, la
confirmation que j'ai du centre, c'est qu'on peut aller de l'avant puisqu'il ne
s'agit pas d'une condition, mais d'un souhait, dans le fond, un souhait que
nous procédions à une xième démarche, parce qu'il y en a quand même eu
plusieurs, pour essayer d'avoir l'appui de tout le monde. Et, de fait, c'eût
été mieux, et puis le centre lui-même fait une démonstration.
Pourquoi est-ce que le Parti québécois
refuse? C'est la question que je pose. Alors, pourquoi il refuse une réflexion
objective si ce n'est parce qu'il craint la conclusion de la réflexion?
Mme Lajoie (Geneviève)
:
Pourquoi une crainte? Pourquoi le PQ craint les conclusions?
M. Fournier
: Bien,
d'après vous?
Mme Lajoie (Geneviève)
:
Bien, c'est ça, je vous pose la question. Ce n'est pas moi…
M. Fournier
: Bien, il
craint les réflexions puis il craint les conclusions parce qu'il se dit :
Peut-être que ça ne peut pas être simplement la négation du problème. Peut-être
que quelqu'un, dans le centre ou même ailleurs, qui peut réfléchir, peut dire :
Il y a une problématique quand tu es propriétaire d'un conglomérat comme
Québecor et que tu aspires à devenir premier ministre du Québec. Il y a eu le
rapport du Commissaire à l'éthique qui est sorti il y a, quoi, une semaine et
demie à peu près, dans lequel il y a un passage qui indique que la situation
particulière de M. Péladeau doit l'inciter à des mesures de protection
particulières. Alors, je vous invite à le lire, mais ça veut dire qu'à tout
moment, lorsqu'il intervient, considérant qu'il a des intérêts partout, il doit
avoir des protections particulières qu'il prend. C'est déjà un contexte qui
intervient.
Mais rajoutez à ça que, les intérêts, il
en a dans un des domaines… dans plusieurs domaines, mais un des
domaines qui s'appelle les médias d'information. Il est un acteur politique
dans les institutions démocratiques et un acteur important dans l'information
donnée sur cette politique, sur la démocratie aux Québécois. Il y a une
problématique, et le Parti québécois ne veut pas voir ce problème. C'est de
l'aveuglement volontaire. À quelles fins? Bien, aux fins de dire : M.
Péladeau, quand vous dites que vous ne voulez pas faire un choix, nous, on ne
va pas vous l'imposer ce choix-là. Nous, on est d'accord avec vous, M. Péladeau.
Ne faites pas de choix, restez propriétaire de tout puis essayez de devenir
premier ministre en même temps. Ça, c'est le Parti québécois aujourd'hui qui ne
veut pas voir qu'il y a là une question, qu'il y a peut-être des balises à mettre
autour de ça. Aucune balise. Tout est beau, tout va bien. Le Parti québécois ne
veut pas, de toute évidence, qu'on se pose des questions, mais cet aveuglement,
les Québécois le rejettent.
M. Robillard (Alexandre)
:
M. Fournier, qu'est-ce que ça va être le budget du centre des médias pour
réaliser son analyse?
M. Fournier
: L'ordre
de grandeur, c'est autour de 50 000 $.
M. Robillard (Alexandre)
:
50 000 $. Donc, ça, ça va couvrir toutes les dépenses ou vous pensez
que ça pourrait aller…
M. Fournier
: C'est
même le maximum.
M. Robillard (Alexandre)
:
Puis ensuite est-ce que vous trouvez ça opportun? Est-ce que M. Péladeau s'est
encore mis en conflit d'intérêts aujourd'hui en intervenant, sur sa page Facebook,
à propos de Netflix et en s'inquiétant des impacts pour l'industrie de
la télévision au Canada?
M. Fournier
: Écoutez,
c'est embêtant pour moi de répondre à votre question, comme ça va être embêtant
souvent, là, bien des fois. Dans ce cas-ci, je suis en train d'exposer le
besoin d'avoir une réflexion objective. Dans le même point de presse, vous me
demandez mes commentaires à moi comme acteur politique. Je les ferai plus tard.
Je les ferai à une autre occasion. Mais il est clair que le message que je veux
dire ici, c'est : Il y a une problématique avec les intérêts, avec la
situation particulière de M. Péladeau, qui amène un bon nombre de questions.
Là, il y en a une qui est dans l'ordre du : intérêt économique, intérêt
politique, influence, trop, petite, grande. Moi, aujourd'hui, je veux
simplement dire : Il y a un centre d'études qui fait une proposition pour
une réflexion objective. Il est dommage que le PQ ne l'accepte pas.
M. Robillard (Alexandre)
:
Est-ce que vous pouvez dire aujourd'hui si cette intervention-là est à tout le
moins un exemple de ce que vous voulez régler?
M. Fournier
: Bien, il
est évident que, lorsqu'il intervient dans un domaine qui fait référence à un
domaine dans lequel il a lui-même des intérêts financiers, économiques, et
qu'il le fait à partir d'une position politique, ça soulève toujours la
question. Mais ce n'est pas moi qui vous réponds ça, c'est le Commissaire à
l'éthique qui l'a répondu il y a 10 jours. Dans tous les cas, c'est ce que
ça va amener.
Alors, ça ne veut pas dire — et
je tiens à le répéter très, très clairement — ça ne veut pas dire que
M. Péladeau ne peut pas siéger. Ça ne veut pas dire que M. Péladeau
ne peut pas aspirer au plus haut poste du Québec. Ça veut dire qu'il doit
choisir. Et comme en ce moment il ne choisit pas de renoncer à ses actions, il
va falloir que du monde, des gens, le centre d'études, notamment, nous offrent
des pistes de réflexion : Quels sont les moyens, quelles sont les balises
pour éviter ces conflits?
Mme Lajoie (Geneviève)
:
Avez-vous l'impression qu'il n'a pas… parce que, là, ce n'est pas la première
fois, là, qu'il fait ce genre d'erreur de bonne foi. Mais avez-vous l'impression
qu'il n'a pas compris?
M. Fournier
: Non, moi,
je pense que M. Péladeau a compris et il a compris qu'il peut utiliser
tous les forums, tous les moyens. C'est ce qu'il a compris.
Maintenant, la question, c'est :
Est-ce qu'il devrait y avoir des balises? C'est pour ça qu'on demande à un centre
d'études de nous démontrer, de nous dire quelles sont les pistes de réflexion
qu'on devrait suivre pour ça. Il est bien évident que M. Péladeau a très
bien compris. Honnêtement, ce n'est pas… c'est quelqu'un qui comprend bien les
choses.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
Une précision, M. Fournier. Vous avez mentionné dans votre présentation
qu'il y a aussi le cas de Péladeau qui est visé. Ensuite, vous avez mentionné…
vous avez parlé d'une couverture d'une heure de M. Péladeau. Vous faisiez
référence à la couverture…
M. Fournier
: La
couverture de son lancement de campagne. C'est le seul candidat qui a eu LCN en
direct pendant une heure de temps. Ce n'est pas moi qui le dis, là, c'est des
gens du Parti québécois qui l'ont indiqué dans un des médias que j'ai lus.
M. Bélair-Cirino (Marco) :
O.K., et ça, c'est une source, pour vous, de questionnement?
M. Fournier
: Bien sûr.
Bien sûr. Faites juste le… Bien, c'est que je ne suis pas tout seul. C'est écrit
dans les journaux, et, au Parti québécois on se pose la question.
Alors, je vais vous démontrer un peu
quelles questions que ça suppose. Pourquoi est-ce que les autres candidats…
Bon, certains n'ont pas eu même un topo, mais, pour les autres qui ont eu un
court topo, disons d'une minute, ou de 30 secondes, ou, tiens, un deux
minutes, dont certains ont siégé ici depuis un certain temps et sont des
personnalités très connues, pourquoi un a une heure, et l'autre a une ou deux
minutes?
Vous pourriez me rétorquer : Bien, il
arrive des fois, dans d'autres médias, Radio-Canada, ou Gesca, ou ailleurs, où
on n'offre pas le même nombre de places, et je vous dirais : Bien,
certainement, vous avez raison. Mais, dans ce cas-ci, la particularité, c'est
qu'on se pose toujours la question : Pourquoi? Comment ça? Il y a toujours
une apparence que le traitement n'est pas tout à fait le même. Et on n'est pas
rendus après six mois de campagne, c'était au début de la campagne.
M. Lisée a soulevé ça avant même qu'elle commence. Et imaginez, au
jour 1 de la campagne de M. Péladeau, il a une heure à LCN pendant
qu'aucun des candidats autres n'a eu le quart de la moitié du huitième.
Alors, quand on regarde ça, ça soulève des
questions. La mienne est… Ce n'est pas personnel, je répète des questions que
d'autres ont soulevées. Mais, après ça, vous pouvez, là… puis vous pouvez vous
en faire vous-même. Regardez comment la couverture se passe, puis, à tous les
jours, il y a quelqu'un qui va demander : Comment ça se fait, ça? Et là je
ne veux pas aller plus loin, là, parce que je ne l'ai pas vu moi-même, mais il
paraît qu'il y a même des reportages gastronomiques. Alors, c'est pour vous
dire.
Mme Lajoie (Geneviève)
:
Est-ce qu'il faudrait minuter les débats, les apparitions, comme ça se fait,
par exemple, en France où chaque candidat a tant de temps exactement?
M. Fournier
: Écoutez,
moi, je ne veux pas limiter la liberté de presse, au contraire, je veux que
tout le monde puisse avoir les meilleurs moyens à leur disposition. Je veux
qu'on réfléchisse. C'est pour ça qu'il y a un centre d'études. Moi, je ne fais
pas les conclusions, là. Il y a un centre d'études qui va faire des réflexions.
J'aurais voulu que le débat se fasse en commission parlementaire, qu'on entende
des témoins, puis, pour essayer de trouver un climat qui était favorable à la
réflexion, j'ai accepté d'aller dans la lignée du Parti québécois qui disait :
Utilisons un tiers. Cela nous a amenés à un centre d'études, et je suis
estomaqué qu'ayant accepté les conditions du Parti québécois à la fin,
finalement, ce qui se cachait derrière tout ça, c'est : On est prêts à
étudier l'indépendance journalistique de tous les médias, mais pas de Québecor.
M. Robillard (Alexandre)
:
Puis sur le mandat, là, peut-être juste une précision pour répondre à Mme
Maltais. Est-ce que, selon vous, dans sa formulation actuelle, ça exclut
l'examen de l'influence potentielle d'autres groupes de presse comme Gesca,
Radio-Canada?
M. Fournier
: Non. Je
vais vous le relire, le premier paragraphe, si vous voulez, pour donner une
réponse exacte, parce que vous allez retrouver là-dedans exactement ce qu'il y
avait dans la motion initiale qu'ils ont refusée. Mais la différence entre la
motion, la leur et la nôtre, c'était que, pour eux, il ne fallait pas regarder
l'élu.
Alors, je lis : «Le centre d'études
propose de préparer un document de réflexion regroupant des données et autres
informations permettant d'éclairer les discussions en cours sur l'influence que
peut avoir, grâce à ses médias, sur les politiques publiques et la vie
démocratique, un propriétaire ou un actionnaire important d'un média
d'information ou d'un groupe de médias, notamment lorsqu'il participe en tant
qu'élu aux instances politiques.»
M. Laforest (Alain)
: C'est
parce qu'il y a un cas, M. Fournier.
M. Fournier
: Écoutez,
notamment… mais tous les autres aussi sont étudiés. Dans ce mandat-là…
M. Laforest (Alain)
: …il
y a un cas.
M. Fournier
: Je
recommence, je pense que je me suis mal exprimé.
M. Robillard (Alexandre)
:
Tous les autres vont être étudiés?
M. Fournier
: Tout le
monde est étudié, mais Québecor aussi. Là, vous me dites… Alors, un, tout le
monde est étudié. Ça va? Deux, est-ce que Québecor l'est aussi? Oui. Trois,
oui, mais ce n'est pas juste, parce qu'il y en a juste un, élu. Ce n'est pas
que ce n'est pas juste, c'est que c'est le cas qui arrive, qui crée cette
réflexion-là. Il y en a un. Ce n'est pas parce qu'il est élu qu'il faut donc…
puisqu'il est élu, on n'étudiera pas l'influence possible de Québecor. Au
contraire, parce qu'il est élu, parce qu'il arrive, c'est lui qui amène le
sujet. C'est lui qui soulève l'interaction tissée très serrée entre le politique
et les médias d'information.
Est-ce qu'on se limite à n'étudier que son
cas? Non. On va l'étudier dans un contexte… enfin, le centre d'études va
l'étudier dans un contexte en envisageant l'ensemble des médias. Mais, oui, ils
vont aussi s'intéresser à cette question parce que c'est de ça dont on parle au
Québec. Les Québécois ne se demandent pas aujourd'hui : Est-ce M.
Desmarais ou un autre propriétaire de médias? Ils disent : Très bien, ça
m'intéresse de savoir ce qu'eux font, mais ce qui… en ce moment, l'actualité, c'est :
M. Péladeau a été élu et il ne veut pas se départir de ses actions. Il veut
demeurer majoritaire à Québecor et aspirer à un poste de premier ministre au gouvernement
du Québec, avec tout ce que ça peut avoir d'interactions. Les Québécois disent :
Il me semble qu'on devrait étudier ça. C'est ce que le centre d'études va
faire.
M. Laforest (Alain)
:
Vous parlez beaucoup de M. Lisée. Juste pour me rafraîchir la mémoire, là,
mais, en campagne électorale, c'était une préoccupation de M. Couillard puis
c'était une préoccupation de M. Legault aussi, là. Ce n'était pas juste une
préoccupation de M. Lisée. M. Lisée a ramené à l'avant-scène, là, à Sherbrooke,
mais vous vous étiez déjà préoccupé de ça...
M. Fournier
: Si vous
cherchez quelqu'un d'autre, vous pouvez me regarder moi, parce que j'étais chef
de l'opposition à l'époque, quand M. Péladeau est arrivé à Hydro-Québec. Et, à
l'époque, je disais : Il faut que M. Péladeau nous prouve qu'il est
capable de faire la différence, de créer les balises.
M. Laforest (Alain)
:
Ça fait que c'est depuis 2012 que vous êtes préoccupé de...
M. Fournier
: Bien, ça
fait depuis qu'il est arrivé à Hydro-Québec qu'on se demande s'il va mettre des
balises entre lui et le pouvoir, et on les cherche toujours. Yes.
Mme Montgomery
(Angelica)
: So, Mr. Fournier, can you explain what is it that
you're actually hoping to get out of this report? You're commissioning it. What
do you want to actually achieve with it?
M. Fournier
:
Well, in fact, there's need for answers about the situation of Mr. Péladeau.
The Parti… at the beginning, I asked for a parliamentary commission where we
could have people coming in front of the MNA's and the population and explain
that.
The Parti québécois was
refusing for two reasons. They don't want a parliamentary commission because
they say it's partisan and they say we should not study just Mr. Péladeau. So,
we say : OK, let's go to the Centre d'études des médias de l'Université
Laval and study all medias, including Québecor and Mr. Péladeau. And they say no.
They say : We'll just study others because you cannot look at Mr.
Péladeau.
The only difference here
is that we ask a credible and independent committee, with the centre d'études,
to look at it, look at all the medias including Québecor, and the PQ say :
No, excluding Québecor. And we say : What are you afraid of? All
Quebeckers are asking that question : What are… are you afraid of the
conclusion? Are you afraid of the powers? What about the… just a reflexion on
that? And they say no.
Mme Montgomery
(Angelica)
: So what are you actually hoping to do with this
report, once it's complete…
M. Fournier
:
Well, at this right moment, we don't have the tools… I don't have the tools, as
the Minister responsible for the Reform of Democratic Institutions, I don't
have the tools to progress, to act, to give orientation to the type of
ownership that you can have when you are in the medias and, at the same time,
in the National Assembly or as Premier of Québec. There is no type of
regulation like that. But still there is a big problem, that's… everybody tells
about that, even Mr. Lisée was… well, in fact, he created this debate by
pushing in front of the agenda the fact that there was a problem with those duplications of roles.
And so I think the
information will help us to have a debate about what kind of guideline we can
have, what kind of disposition Mr. Péladeau have to take so that there is no
perception that there will be too much influence by Mr. Péladeau on Québecor,
on the way information is given to all Quebeckers. And it's not just in the information page of a journal, it's
everywhere.
Mme Montgomery
(Angelica)
: And what… You say again
that the Parti québécois is
afraid. What is it that they are afraid of?
M. Fournier
: Well, they are afraid… probably that they are the better to answer
than me, but they are afraid of the conclusion we'll say that there is a problem
when you are owner of Québecor and, at the same time, a principal actor in the
political arena, and so bringing us to steps to take, so Mr. Péladeau will have
to make a choice. And they don't want Mr. Péladeau to make a choice. They want
to protect the interests of Mr. Péladeau in Québecor, and that's probably the
reason why they say no. Merci beaucoup. Thank you very much.
(Fin à 15 h 31)