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Point de presse de M. Éric Caire, porte-parole du deuxième groupe d'opposition pour le Conseil du trésor et en matière d'efficacité de l'administration publique

Version finale

Friday, February 13, 2015, 11 h

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Onze heures)

M. Caire : Alors, bonjour. Aujourd'hui, on voulait évidemment manifester notre satisfaction par rapport au point de presse qui a été tenu par un collectif de… aujourd'hui, là, qui donne son appui à la demande d'enquête sur les contrats informatiques que nous faisons depuis des mois. Cette voix-là s'ajoute à une autre voix, celle de l'Association québécoise des technologies, qui regroupe plus de 500 entreprises, là, dans le domaine privé qui oeuvrent au niveau technologique, qui elle aussi a joint sa voix à la nôtre pour dire : Ça prend une enquête sur les contrats informatiques.

Aujourd'hui, en fait, la question qu'on se pose, c'est : Qu'est-ce qui empêche Martin Coiteux de donner suite à cette demande-là? Quand on regarde les symptômes, les indicateurs des contrats qui dépassent les délais, qui dépassent les budgets prévus, et pas qu'un peu, là, du gaspillage informatique, là; si on prend le fameux Dossier santé Québec, prévu à 560 millions, qui atteint le 1,5 milliard maintenant; SAGIR, 80 millions, qui a dépassé le milliard, donc des sommes faramineuses qui sont englouties dans des projets qui dérapent. Et ce n'est pas un phénomène qui est récent, là. Ceux qui ont une mémoire peut-être un peu plus institutionnelle, on va tous se souvenir de GIRES, un projet aussi, là, qui a dépassé le milliard, qui n'a jamais été mis en application parce qu'on n'avait pas terminé, complété le projet. Et ce qui est inquiétant aussi, c'est que ce n'est pas tout le projet, c'est tous les projets qui dérapent au gouvernement du Québec.

C'est impossible, ça ne se peut pas. C'est impossible qu'au Québec on ne soit pas capables de réussir à développer, à mettre en place des systèmes informatiques. Avec le talent qu'on a, avec la connaissance qu'on a, avec la qualité d'informaticiens qu'on a au Québec, il y a certainement quelque chose qui ne fonctionne pas. Et ce n'est pas normal non plus qu'on voit toujours les mêmes firmes remporter les contrats, là. Il y a une très courte liste de firmes qui remportent plus de 90 % des contrats informatiques.

Alors, je pense que ces symptômes-là, ces indices-là, commandent qu'il y ait une commission d'enquête, et moi, je pense que le gouvernement du Québec, le gouvernement libéral, a tout intérêt à ce que la lumière se fasse sur cette situation-là, parce que c'est des milliards de dollars qui sont engloutis dans ces systèmes-là qui ne fonctionnent pas, donc qui, en plus, ne donneront pas les services ou ne seront pas les outils dont on a besoin. Et c'est l'intérêt du gouvernement, c'est l'intérêt du contribuable, et je ne vois vraiment pas qu'est-ce qui empêche Martin Coiteux, pourquoi Martin Coiteux refuse toujours d'aller de l'avant avec cette proposition-là de la Coalition avenir Québec.

Mme Prince (Véronique) : Le Vérificateur général, ça ne suffit pas, d'après vous?

M. Caire : Bien, le Vérificateur général a une expertise sur la gestion des ressources humaines, financières, très certainement, mais moi, je pense que là on s'en va vraiment du côté de l'enquête. Qu'est-ce qui s'est passé? Qu'est-ce qui fait, là... Au moment où l'appel d'offres est lancé par le gouvernement, qu'est-ce qui se passe? Comment ça se passe? Et du moment où l'appel d'offres est remporté par une firme, comment ça se passe après ça? Moi, je pense que c'est tout ça qu'il faut évaluer. Donc, oui, je pense que ça dépasse le mandat du Vérificateur général sur l'ampleur du mandat et sur l'expertise du mandat.

M. Lacroix (Louis) : Est-ce que vous pensez que le crime organisé puisse être... parce que, bon, tout à l'heure, en conférence de presse, on disait : Il y a les mêmes ingrédients — vous l'avez dit vous-même, je pense, un peu plus tôt cette semaine — les mêmes ingrédients qu'on retrouve, par exemple, à la commission... qui a mené à la commission Charbonneau dans l'industrie de la construction. Donc, ça, ça implique crime organisé, ça implique financement politique, ça implique des grandes firmes qui font de la collusion ensemble.

Est-ce que vous croyez que, ça, ça existe, par exemple, avec le crime organisé? Est-ce que le crime organisé est dans l'informatique, à votre avis?

M. Caire : Écoutez, je n'ai pas la certitude, mais je me pose la même question que vous puis je pense que l'ensemble de la population du Québec se pose cette question-là, et c'est la raison pour laquelle ça prend une commission d'enquête. Je veux dire, on a vu, à la commission Charbonneau, ce qu'il en était, et tout le monde constate que, dans le milieu informatique, on vit les mêmes problématiques, on a les mêmes symptômes. Les chances qu'on ait la même maladie sont quand même là.

Alors, la commission d'enquête, à mon avis, aurait, entre autres, avantage que de répondre à ces questions-là qui sont tout à fait légitimes et qui méritent d'obtenir une réponse.

M. Lacroix (Louis) : Est-ce que... Excuse-moi, juste terminer. Quel est... Vous dites que, bon, le gouvernement, visiblement, ne veut pas aller de l'avant avec une enquête, là. Ce n'est pas la première fois qu'elle ait demandée, une enquête sur l'informatique, là.

M. Caire : Ça fait plusieurs mois qu'on le demande, nous, en Chambre, là.

M. Lacroix (Louis) : Plusieurs mois. Alors, quel est l'intérêt du gouvernement à ne pas tenir une enquête?

M. Caire : C'est une autre excellente question. C'est une question que je me pose aussi. Qu'est-ce qui fait aujourd'hui que Martin Coiteux, là, qui est à la tête du Conseil du trésor, qui voit cette hémorragie de gaspillage — je pense que le terme n'est pas trop fort — de fonds publics et qui, lui, là, a la mission de contrôler les dépenses, de s'assurer, là, qu'il y a un resserrement dans la gestion de l'administration, quel est son intérêt à ne pas aller au bout de la démarche? Quel est son intérêt à ne pas aller chercher l'information dont il a besoin pour prendre les bonnes décisions.

Alors, on le voit aujourd'hui, là, il annonce des mesures qui, pour moi, là, c'est du brassage de soupe, là. Ça ne devrait pas… En tout cas, je ne suis pas sûr qu'il va avoir de gros résultats avec ça.

Pourquoi se maintenir dans le noir volontairement? Quand on a un travail à faire, quand on veut faire un ménage, la première chose à faire, c'est dire : O.K., c'est quoi, l'ampleur de la tâche? À quoi je m'attaque? Et actuellement…

M. Lacroix (Louis) : Selon vous, c'est quoi, la réponse?

M. Caire : La réponse de?

M. Lacroix (Louis) : Bien, pourquoi se maintenir dans le noir volontairement?

M. Caire : Je ne le sais pas. Moi, personnellement, là, Éric Caire, demain matin, la coalition est au gouvernement, je peux vous dire que c'est une des premières choses qu'on fait, c'est lancer une commission d'enquête sur les contrats en informatique. C'est une des premières choses à faire. On ne peut pas faire le ménage avec une moppe sale puis de l'eau souillée. On ne peut pas faire le ménage avec ça.

Alors, il faut s'assurer de ce qu'on a à faire. Il faut s'assurer de l'ampleur de la tâche. Il faut s'assurer… il faut savoir exactement à quoi on s'attaque. Et présentement Martin Coiteux ne le sait pas et ne semble pas vouloir le savoir.

M. Lecavalier (Charles) : M. Caire, ce matin, les représentants de la coalition qui ont demandé une commission d'enquête ou une enquête publique, là, ont souligné que plus de 50 % des contrats informatiques au Québec sont donnés en sous-traitance. Cette proportion-là serait de 25 % dans la moyenne de l'OCDE puis 20 % en Ontario. Est-ce que vous souhaitez que ce pourcentage-là soit ramené, justement, vers une moyenne plus raisonnable, par exemple, 25 %?

M. Caire : Clairement, clairement, clairement, parce que cette surutilisation… Puis vous comprenez que moi, je viens du milieu de l'informatique, je viens du milieu de la consultation privée, et donc je pense qu'il y a un intérêt à avoir ce type de consultants là. Mais je le répète, hein, quand on va en consultation, il y a deux questions qu'il faut se poser. Est-ce que j'ai l'expertise à l'interne? Si la réponse est oui, on arrête là. Si la réponse est non, c'est : Est-ce que j'ai un intérêt, par l'ampleur de la tâche, à développer cette expertise-là à l'interne? Si je réponds non à ces deux questions là, je vais en consultation, mais sinon je dois développer cette expertise-là à l'interne. Pour moi, c'est clair.

Écoutez, juste un peu de mathématiques, puis je vous donne des ordres de grandeur, là. Actuellement, un technicien en informatique au gouvernement du Québec, c'est payé… le technicien de… 3, le plus expérimenté, est payé en moyenne 50 000 $, 56 000 $. Dans le privé, c'est 75 000 $. Mais ce qu'il faut comprendre, c'est que, quand il est donné en ressource à un ministère, la firme va charger deux à trois fois son salaire. Donc, sur une base annuelle, ça veut dire que ce même technicien là vous coûte entre 150 000 $ et 225 000 $. Alors, vous me demandez : Est-ce qu'on a intérêt à réduire le nombre de consultants puis à développer l'expertise à l'interne? Bien, c'est clair que oui.

M. Lecavalier (Charles) : Mais ces représentants-là, entre autres qui viennent du milieu syndical, estiment qu'il faudrait embaucher 1 500 informaticiens au gouvernement pour faire diminuer cette moyenne-là à 25 %. Est-ce que, vous, vous êtes d'avis qu'il faudrait… peut-être pas 1 500, mais qu'il faudrait embaucher davantage d'informaticiens?

M. Caire : Bien, je pense que oui parce qu'en fait, si vous engagez un consultant, c'est que vous avez besoin d'une ressource. Si vous mettez fin au contrat du consultant, c'est que vous avez développé l'expertise à l'interne. Sur l'ordre de grandeur, je ne me prononcerai pas parce qu'il faudrait faire une analyse exhaustive, puis, en tout respect pour mes amis du syndicat, quelques fois, on n'a pas la même approche quant à l'évaluation des ressources nécessaires pour faire le travail.

Ceci étant dit, là où ils ont parfaitement raison, c'est que, si on est… Puis je vous donne un exemple. Le CSPQ a à son embauche présentement 531 consultants. Alors, si vous dites : Le CSPQ développe son expertise, ça veut dire qu'ils vont se départir de ces contrats-là, mais ils vont évidemment ramener cette expertise-là à l'interne. Donc, au final, oui, vous embauchez, mais… oui, vous embauchez, mais, au final, ça vous coûte moins cher parce que, comme je vous ai dit tout à l'heure, là, faites juste imaginer le taux horaire qui est facturé au gouvernement par rapport à ce que vous payez pour un salarié, puis là vous avez des économies substantielles et vous possédez votre expertise. Puis posséder son expertise, ça permet aussi, excusez l'anglicisme, là, mais de challenger l'entreprise privée.

Moi, je l'ai vécu à la Commission de l'administration publique, là. Il y a des ministères qui faisaient des changements informatiques puis il y avait des coûts qui étaient associés à ça, qui étaient, à mon avis, disproportionnés. Et j'ai eu l'occasion, parce que je viens du milieu, parce que je connais ça, de dire : Écoutez, là, l'ampleur de la tâche, là, ce que vous me dites, moi, j'aurais fait ça en tant de temps, ça aurait coûté tant, puis là vous avez un chiffre qui est tant, qui m'apparaît nettement supérieur.

Alors, avoir son expertise à l'interne, c'est un système de sécurité. On l'a vécu avec le MTQ, hein? On n'avait pas les ingénieurs pour challenger les firmes privées. On engage des firmes privées pour surveiller la même firme privée à qui on donne le contrat, puis on a vu le résultat. Alors, pourquoi ce serait différent en informatique? Merci.

(Fin à 11 h 11)

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