(Treize heures six minutes)
M. Legault
: Oui,
bonjour, tout le monde. Bien, écoutez, aujourd'hui la Coalition avenir Québec a
déposé une motion pour forcer Philippe Couillard à agir enfin dans le dossier
de la lutte à l'intégrisme. Philippe Couillard ne peut pas continuellement se
cacher derrière la liberté d'expression pour refuser d'interdire des radicaux
qui prêchent à répétition le dénigrement des valeurs fondamentales comme
l'égalité entre les hommes puis les femmes. Philippe Couillard ne peut pas non
plus dire : La lutte à l'intégrisme, c'est seulement l'affaire de la
police. C'est aussi l'affaire des politiciens. Le gouvernement a une responsabilité
de mettre des balises, entre autres pour aider les élus municipaux à s'assurer
qu'on soit capables d'interdire les radicaux qui prêchent à répétition le
dénigrement des valeurs québécoises comme l'égalité entre les hommes puis les
femmes.
Donc, M. Couillard, qui avait promis
d'agir d'une façon respectueuse, bien, on l'a
vu ce matin, il était arrogant puis fermé à tout débat quand il s'agit de
parler, encore une fois, de dossiers qui sont identitaires, puis, en particulier aujourd'hui,
de défendre les valeurs québécoises. Donc, je pense que M. Couillard, là,
doit tenir sa parole. D'abord, il avait promis un débat respectueux. Deuxièmement,
en mai, l'année dernière, il avait promis qu'on déposerait un plan pour lutter
contre l'intégrisme. Mais là il vient nous dire : Bien, moi, il n'est pas question
que je touche à la liberté d'expression. Il n'est pas question que je touche à
la Charte des droits et libertés, même si elle a été déposée en 1975. Il n'est
pas question que je travaille, moi, je veux juste laisser la police s'attaquer aux radicaux.
Or, il
faut comprendre, là, qu'il y a des choses qui se passent avant d'arriver avec
des menaces qui touchent la police, là. On l'a vu encore en fin de semaine, M. Couillard n'est même pas
capable de nous dire s'il est en désaccord avec ce qui s'est passé à
Saint-Léonard, c'est-à-dire d'avoir deux imams qui prêchent contre l'égalité
entre les hommes puis les femmes. Oui.
Journaliste
: Pour
vous, la liberté d'expression, ça fonctionne tant que ça ne heurte pas les
propos, tant que ça ne heurte pas les valeurs de la majorité, disons, c'est à
peu près ça?
M. Legault
: Non. D'abord,
ce qui est important à dire, c'est que, même dans la Charte canadienne, c'est
permis d'avoir des balises à la liberté d'expression. On ne peut pas dire, là :
La liberté d'expression, ça a préséance sur tous les autres droits qui sont
dans la charte. Quand la liberté d'expression est en contradiction avec la
défense d'une valeur comme l'égalité entre les hommes et les femmes, on ne peut
pas dire, là : Ah! Il faut laisser absolue la liberté d'expression. Il
faut être capables de mettre des balises pour permettre justement, entre autres, à nos élus municipaux
d'être capables de trancher. Ce n'est pas…
Journaliste
: Mais il y
a déjà des balises… Je m'excuse, mais il y a déjà des balises : il y a le
discours haineux, l'appel à la violence. Et
vous trouvez que ce n'est pas assez.
M. Legault
: C'est ça.
Ce n'est pas suffisant.
Journaliste
: Mais
c'est-à-dire que, maintenant, on devrait interdire des discours qui nous
heurent.
M. Legault
:
C'est-à-dire les discours à répétition qui
dénigrent les valeurs qui sont dans la Charte des droits et libertés. Donc, on
ne parle pas de tous les discours qui nous heurtent, là, on parle d'un
dénigrement systématique des valeurs québécoises qui sont protégées par la Charte des droits et libertés.
Et, moi,
ce que je veux, c'est que des gens qui veulent porter plainte ou les
municipalités qui veulent un avis puissent être capables de le faire auprès de
la Commission des droits de la personne.Mais, pour que la commission soit capable de prendre
des décisions, il faut ajuster cette charte-là,
qui date de 1975. Dans ce temps-là, il n'y avait pas d'intégristes comme on
voit actuellement. Il faut arrêter, là… M. Couillard, il se dit : Ah!
Moi, au nom de la liberté d'expression, puis au nom de la sécurité, tout est
permis. Je ne veux pas agir, je veux laisser les élus municipaux se débrouiller
par eux-mêmes, puis que, là, ça soit différent à Saint-Léonard qu'à
Hochelaga-Maisonneuve ou qu'à Shawinigan, peu importe.
Écoutez, là, on est fiers de nos valeurs
québécoises, il faut les défendre, puis il faut se donner les moyens, puis il
faut aussi comprendre que la lutte à l'intégrisme, là, parfois ça mène au
terrorisme, et qu'il faut qu'il y ait un jugement qui soit porté. On ne peut
pas juste dire : On va attendre que ça soit un cas pour la police.
Journaliste
: Bon, mais
que faites-vous des Églises, de la doctrine de l'Église catholique qui est
contre la contraception, contre l'avortement, contre l'homosexualité? Ce sont
des positions qui heurtent les valeurs québécoises,
alors il faudrait les fermer?
M. Legault
: Alors,
c'est justement, les mots sont importants, puis là
M. Couillard fait dans la grosse démagogie. Je ne vois pas, je ne connais
pas de curé au Québec qui dénigre systématiquement des valeurs québécoises,
donc, qu'ils viennent prêcher à répétition. C'est ça que nous, on propose, de
dire : Quelqu'un qui vient prêcher à répétition le dénigrement des valeurs
fondamentales comme l'égalité entre les hommes puis les femmes, ça devrait être
interdit. Donc, pour moi, là, ça ne s'applique pas aux curés au Québec, c'est
bien clair. Oui?
Journaliste
: Vous
parlez de liberté d'expression, de limites à la liberté d'expression, mais,
semble-t-il, ce que vous visez, c'est ce qui est oral.
M. Legault
: Non, ça
peut être...
Journaliste
: Les écrits?
Les écrits, est-ce que c'est... Quelqu'un qui fait circuler des écrits qui
contiennent un prêche qui prône l'inégalité entre les hommes puis les femmes,
puis tout ça, c'est couvert, ça?
M. Legault
: Oui, non,
dans notre proposition, ça vise aussi les écrits, en autant qu'on soit capables
de les contrôler puis que ce sont des écrits
qui proviennent du territoire québécois. Évidemment, là, que c'est très
difficile de contrôler ce qui est écrit ailleurs sur l'Internet, mais quelqu'un
qui distribuerait de façon systématique des dépliants qui prêchent le
dénigrement des valeurs fondamentales qui sont protégées par la charte, nous,
on pense que ça devrait être interdit. On a la responsabilité, comme élus, de se
protéger contre les radicaux.
Journaliste
: Dans la
charte québécoise, il y a un article qui dit que les... la discrimination pour
des motifs religieux est permise. Est-ce que vous trouvez que cet article-là
correspond... c'est-à-dire on peut discriminer une femme, par exemple, on peut
discriminer qui on veut dans la mesure où les motifs sont religieux.
M. Legault
: Non. Ce
qu'on dit, c'est qu'on ne peut pas discriminer en raison de l'orientation
sexuelle, en raison de la religion, en raison du sexe, bon. Évidemment que,
parfois, ces discriminations-là peuvent venir en contradiction. On ne peut pas,
au nom de la religion, permettre à quelqu'un, à un radical, là, comme à
Saint-Léonard, de prêcher systématiquement devant des grands groupes, là. On
parle de 250 personnes qu'il y avait samedi soir à Saint-Léonard contre
des valeurs, comme l'égalité entre les hommes puis les femmes, qui sont protégées
par la charte.
Moi, je m'excuse, là, puis je vois que M. Couillard
a un grand malaise, qu'il ne veut pas débattre. Je vois que certaines
personnes, évidemment, ont peur un peu de mettre des balises sur la liberté
d'expression, mais on doit avoir ce débat-là.
Moi, je persiste et je signe, là, je crois
que les Québécois souhaitent que leur premier ministre mette des balises pour
empêcher des radicaux de venir prêcher systématiquement le dénigrement de
valeurs comme l'égalité entre les hommes puis les femmes.
Moi, je suis convaincu de ça. Puis,
même si ça peut venir en partie en contradiction avec ce qu'on appelle la
liberté d'expression, la liberté, là, s'arrête où on commence à affecter celle
de l'autre. Et puis on a une responsabilité de cohésion sociale. Au Québec, là,
on ne peut pas juste dire : C'est la job de la police, comme dit
M. Couillard. M. Couillard se cache derrière la police, se cache
derrière la liberté d'expression pour ne rien faire, pour laisser les radicaux
faire ce qu'ils veulent, dire ce qu'ils veulent. Un moment donné, il faut
mettre une limite.
Journaliste
: Comment
allez-vous… comment est-ce possible d'appliquer ce
que vous proposez? Parce que, bon, on sait qu'il y a une foule de textes
religieux, le Coran, en particulier, la Bible, etc., qui contiennent des propos
qui viennent directement… Tu sais, dans le Coran, on parle de mutilation, de
lapidation, on parle de certaines pratiques… Il y a des textes sacrés, aussi,
d'interprétation de la religion qui vont encore plus loin. Donc, tous ces
textes-là seraient interdis au Québec?
M. Legault
: Oui, mais
là nous, on parle nous, de prêcher, d'enseigner, de faire la promotion. C'est
ça qu'on parle, là. Chaque personne a le droit de penser ce qu'elle veut, mais
ce qu'on veut éviter, c'est qu'il y ait des personnes radicales qui prêchent le
dénigrement de nos valeurs fondamentales, que ce soit prêché oralement ou dans
des dépliants qui seraient distribués de porte-à-porte. Ça, là, moi, je pense
qu'au Québec on doit dire non. Nous, on veut protéger… On y tient, au Québec,
par exemple, à l'égalité entre les hommes puis
les femmes. Bien, le premier ministre du Québec a la responsabilité, je dirais
même le devoir de protéger ces valeurs fondamentales, puis il ne peut pas,
comme il le fait, là, depuis quelques jours… Puis on voit, là, juste à la
couleur de sa figure, qu'il a un grand malaise à en parler, il ne veut pas
débattre, il est arrogant. Il manque de respect envers ses adversaires, lui qui
disait : Il faut faire de la politique autrement, il faut être respectueux
envers ses adversaires. Écoutez, quand vous regardez la période de question,
est-ce qu'on peut dire : C'est un homme respectueux qui est devant nous?
Bien non. Oui?
Journaliste
: M. Legault,
à partir de combien de répétions un discours qui va à l'encontre des valeurs québécoises
va devenir illégal?
M. Legault
: Écoutez,
on ne commencera pas à mettre des chiffres, là, mais il faut qu'il y ait une
répétition, il faut que ça soit systématique, là. Et puis ce qu'on dit, là,
c'est que c'est suite à une plainte ou suite à une demande d'avis d'une
municipalité ou d'un organisme. Donc, on ne parle pas, là, comme vous l'avez
écrit dans votre texte, là, d'embaucher des inspecteurs de la police, puis de tout ce qu'on voudra, là. Ce qu'on dit,
c'est qu'on veut amender la charte, ensuite dire à la Commission des droits de
la personne : Vous allez appliquer cette charte avec les inspecteurs que vous avez actuellement et vous allez
écouter les plaintes ou les demandes d'avis, par exemple, des municipalités.
C'est ce qu'on dit, là. Il ne faut pas déformer ce que j'ai dit puis ce qu'on
dit, à la CAQ.
Journaliste
: Mais là,
dans le fond, vous voulez une espèce de modèle basé sur l'Office québécois de
la langue française, là, où est-ce que les
gens peuvent porter plainte contre certains discours, puis on aurait un
inspecteur qui viendrait analyser le discours, décider si c'est valable ou pas?
M. Legault
: Non, déjà,
les gens, au Québec,
peuvent porter plainte auprès de la Commission des droits de la personne. Ce
n'est pas quelque chose de nouveau, là. On n'est pas en train d'inventer une
nouvelle police, là. La Commission des droits de la personne existe déjà, les
gens peuvent déjà porter plainte. Mais actuellement on applique une charte qui
est en place depuis 1975. À l'époque, il n'y avait pas le problème des
intégristes puis des islamistes comme on le voit actuellement. Aujourd'hui, on
a ce problème-là.
On pense qu'on doit adapter, corriger,
modifier la charte, et ensuite continuer à
dire à la commission : Continuez à faire votre travail comme vous le
faites actuellement, permettre aux municipalités, aux 1 100 municipalités
au Québec qui veulent un avis, bien, de pouvoir demander un avis à la
commission avant de prendre une décision s'ils sentent le besoin de le faire.
Journaliste
: Dans la
religion catholique, les femmes ne peuvent pas être ordonnées prêtres. Ça,
est-ce que ça respecte les valeurs québécoises?
M. Legault
: Mais c'est
le… Là, vous mélangez le fonctionnement d'une Église — par exemple,
l'Église catholique — et prêcher à répétition le dénigrement des
valeurs. C'est ça, là. Lisez bien les mots de ce qu'on a déposé comme motion
puis ce qu'on a fait comme proposition. On parle de prêcher, d'enseigner à
répétition le dénigrement des valeurs qui sont dans la charte. C'est de ça qu'on
parle.
Le Modérateur
: Ryan Hicks.
M. Hicks (Ryan) :
But, I mean, just following up on that, some
people would say that, you know, Catholics in the Bible say that the woman's
place is at home.
M. Legault
:
Yes, but I don't see people in the Catholic religion doing promotion against
fundamental values like equality between men and women. That's what I'm talking
about : somebody who's trying to convince many people to think or to act
differently than the values we already all accept here,
in Québec.
M. Hicks (Ryan) :
How would you police… You know, you're putting forward this motion. How would
you police what you're hoping would get passed in the motion?
M. Legault
:
We already have the commission, la Commission des droits de la personne. They
already have to give a decision regarding a «plainte»…
M. Hicks (Ryan) :
A complaint.
M. Legault
:
…a complaint. So, what we say is that we would modify the Charter and ask them
to apply the new Charter in their decisions. That's it, that's all. They
already have inspectors to do so.
M. Hicks (Ryan) :
I was talking to a Montréal imam, and he said he agrees that something, politically, has to be done, but he said :
Politicians need to understand what religious extremism
is, what radicalisation is before rushing to a conclusion. Do you think you and
your colleagues know enough about religious extremism
to legislate on this at this point, right now?
M. Legault
: Of course we always
need to learn more. But we know already that we have people preaching, teaching
matters that I don't want to see, that we don't want to see because they are
against our actual Charter. So, our Charter of Rights is saying that we have
some values like the equality between men and women, and I cannot accept, we
cannot accept that people preach against these values at repetition.
So, I'm not inventing new
values, we're taking the values that are already in the Charter of Rights.
M. Hicks (Ryan) :Just one last question. What this imam said is that, you know, he agrees with you, with
what you are saying. Just the Government... the Liberals... the Couillard Government, they're going to put forward a
plan of action to deal with this in a few months. Why
not wait a few months instead of have to deal with it right now?
M. Legault
:OK, but you understood,like me, this morning, that Mr. Couillard
doesn't want to debate. He doesn't want to hear about that. He's saying: It's only the job of the police to act. It's not true.The Government has a responsibility. And, I think, right now, we have to take action, or at least start discussing. But Mr. Couillard was
very arrogant this morning, saying that he doesn't want any discussion. He's
not open to any discussion. And he's trying to say:
It's not my responsibility. I
disagree with him. It's his responsibility. Of course the police has also a responsibility regarding security, but it's more than security that we are talking
about, we're talking about living together, about our values, fundamental values, and it's the responsibility of
Mr. Couillard to defend these values. Yes.
Journaliste
: Mr. Legault, what
do you think of strip searching in schools?
M. Legault
: Oh, I think that we cannot permit that before the parents have been
advised and the police has been advised, so I
disagree with Mr. Bolduc.
Journaliste
: What do you think of
his handling of the file?
M. Legault
: Again, it's a total lack of judgement. But I don't know how many matters Mr. Couillard will
wait for before asking him to resign. Because it's lack
of judgement after another one, every week, every month there's a lack of judgement from Mr. Bolduc.
Journaliste : OK,
thank you.
M. Legault
: Merci,
tout le monde.
Journaliste :
M. Legault, juste pour terminer :
le français, c'est une valeur québécoise?
M. Legault
: Oui.
Journaliste :
C'est dans la charte, la primauté du
français. Est-ce que... si... non?
Des voix
: ...
Une voix
: Merci.
(Fin à 13 h 24)