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Point de presse de Mme Manon Massé, députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques

Version finale

Thursday, February 19, 2015, 9 h 30

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Neuf heures trente et une minutes)

Mme Massé : Alors, bonjour, tout le monde. Aujourd'hui, le gouvernement du Québec va déposer un projet de loi spéciale, je pourrais dire, pour rendre caduc un recours juridique sur le dossier de la mégacimenterie. Vous savez, on commence à se poser de sérieuses questions à Québec solidaire, parce qu'après nous avoir bâillonnés sur un différent nombre de projets, dont le projet de loi n° 10, comme vous savez, on sent qu'actuellement ce gouvernement-là veut bâillonner les tribunaux. Il y a une cause en cours, et cette cause-là, la façon dont notre gouvernement a trouvé de... qu'elle n'aille pas jusqu'au bout, c'est totalement antidémocratique. On passe un projet de loi spéciale et là on court-circuite complètement le processus.

Vous savez que, dans l'histoire de la mégacimenterie à Port-Daniel, on s'est souvent posé la question, à Québec solidaire : Pourquoi il n'y a pas eu de BAPE sur ce projet de loi? On n'a pas de données. On le sait que c'est extrêmement polluant à cause des matériaux qui sont utilisés. On n'a pas de données, et donc les citoyens et citoyennes ne peuvent pas se prononcer de façon éclairée sur cette question-là. Quand on regarde, là, ce qui est en train de se passer à Port-Daniel, ça nous fait penser que des fois on se demande s'il n'y a pas des passe-droits et que des lois spéciales ne sont pas réservées pour des mégaentreprises comme celle-là, alors qu'on est à peu près convaincus que les petits entrepreneurs n'ont pas le même traitement dans le développement de leurs affaires.

Alors, si ce gouvernement-là a décidé de prendre la voie du quand ça ne fait pas son affaire, soit on bâillonne ou soit on utilise une loi spéciale, bien, je peux vous dire qu'il va nous trouver encore une fois sur son chemin parce qu'il n'est pas question que Québec solidaire facilite l'adoption de ce projet de loi là. Et est-ce qu'il va aller jusqu'à nous bâillonner une autre fois pour arriver là? Ça serait vraiment désolant parce que ce gouvernement-là, je nous le rappelle collectivement, nous a clairement dit qu'il optait pour la transparence, qu'il optait... qu'il avait un parti-pris pour les gens, et, quand on le voit aller, on n'est pas très convaincus de cela.

Est-ce que Québec solidaire est en cohérence? Depuis le début, on le dit, ce projet-là n'aurait jamais dû lever une... jamais dû commencer à être construit avant que la population soit sondée à travers un BAPE. Alors, nous voilà maintenant beaucoup trop avancés dans ce projet-là. On continue de penser qu'un BAPE pourrait fournir de l'information à la population et on est désolés de voir où est-ce qu'on en est rendus. Et bien sûr que j'ai bien hâte de voir comment le Parti québécois va réagir dans ce dossier-là. Ça commence à ressembler à des choses qu'on a déjà vécues.

Alors, voilà, donc, on n'est pas dans ce jeu-là et on est extrêmement désolés de voir que le gouvernement va employer une loi spéciale pour arriver à ses fins.

M. Lavallée (Hugo) : Donc, si je comprends bien, vous menacez de faire de l'obstruction parlementaire, c'est ça, quand vous dites : On ne laissera pas ça passer?

Mme Massé : Bien, écoutez, c'est-à-dire que... on le sait, l'obstruction parlementaire, c'est peut-être comme ça que ça s'appelle... Il y a une chose qui est évidente, c'est qu'ils doivent avoir notre consentement pour pouvoir aller plus rapidement, et notre consentement, ils ne l'auront pas parce que ce projet-là, depuis le début, on ne cesse de répéter qu'il ne devrait pas exister, qu'il va déconstruire d'une main ce qu'on essaie de faire pour améliorer notre lutte aux changements climatiques, que les centaines de millions de dollars que la société québécoise a déjà investis en soutenant ce projet-là pourraient être complètement investis dans d'autres types d'emplois.

Alors, pourquoi, là, aujourd'hui, on ne va pas faciliter ça? C'est parce qu'on pense que ce n'est pas par là qu'il faut aller et que si... Il y a une procédure judiciaire actuellement, elle est là puis elle demande quelque chose de clair...

M. Lavallée (Hugo) : Peu importent les considérations économiques?

Mme Massé : Qu'est-ce que vous voulez dire?

M. Lavallée (Hugo) : Bien, les emplois, l'investissement pour la région...

Mme Massé : Écoutez, là, là, ce gouvernement-là, il nous fait miroiter des choses que je trouve assez difficiles, c'est-à-dire que... On parle de quoi? Plus ou moins... bon, les chiffres ne sont pas évidents pour tout le monde, là, ça pourrait être intéressant un jour de pouvoir avoir des vrais chiffres là-dessus. On parle de 400 emplois, 200 emplois, 250? Mettons, mettons 400, on va aller au maximum de ce qui est sur la table.

Cette cimenterie-là, dès le début, il nous est clairement dit que les emplois de cette cimenterie-là vont, dans un premier temps, faire tomber d'autres cimenteries à travers le Québec. Alors, si créer de l'emploi dans une région est pour faire fermer d'autres jobs dans une autre région, on n'est pas en cohérence. Actuellement, si la création d'emplois préoccupe réellement ce gouvernement-là, comment se fait-il qu'il observe des compressions et des coupes importantes dans le réseau de la santé et des services sociaux et de l'éducation partout à travers le Québec, y compris, bien sûr, en Gaspésie?

Alors, cette rhétorique de l'emploi, elle est dangereuse, surtout, à notre sens, quand c'est des emplois qui sont dans un type d'entreprise qui remet en péril notre atteinte des objectifs des changements climatiques.

M. Laforest (Alain) : C'est quand même assez particulier, là, vous allez voter avec la CAQ.

Mme Massé : Oui. Bien, c'est-à-dire qu'on n'a pas toutes les mêmes considérations. Parfois on est alliés sur des dossiers, un peu alliés de passage, et sur ceux-là, j'ai hâte d'entendre l'ensemble de leur argumentaire. Mais, pour nous, il est plutôt évident que depuis le début ce n'est pas un type d'entreprise qu'on doit se permettre de développer au Québec, parce que nos objectifs, qui sont ambitieux, d'ici 2020, d'atteinte de réduction de gaz à effet de serre, bien, il faut faire ce qu'il faut pour qu'on puisse y arriver parce que là c'est la planète qui est en jeu, là.

Journaliste : Le fait que les... Oups, excuse-moi.

M. Lavallée (Hugo) : J'allais dire : L'argument selon lequel le projet, si on veut, est venu avant la mise en place de la loi sur le Bureau d'audiences publiques, ça ne trouve pas grâce à vos yeux, cet argument-là?

Mme Massé : Bien, c'est-à-dire que l'autorisation qui a été donnée il y a déjà maintenant, quoi, une vingtaine d'années, si ma mémoire est bonne, cette autorisation-là était sur un projet qui n'a pas l'ampleur du projet qu'on voit aujourd'hui, qui n'a pas les effets, donc, sur la réduction de gaz à effet de serre qu'on voit aujourd'hui avec ce mégaprojet.

Nous, depuis le début, on le dit : Avant qu'il soit trop tard, faisons effectivement un BAPE et donnons aux citoyens et citoyennes l'ensemble d'informations pour qu'on soit en mesure, tout le monde, de prendre des décisions éclairées par rapport à ça.

Mme Biron (Martine) : Les groupes environnementaux estiment qu'ils ont à peu près l'équivalent d'un BAPE avec ce qu'ils ont négocié, là, avec l'entreprise et qu'un BAPE, là, finalement, si la poursuite judiciaire... par exemple, s'il gagnait, l'entreprise serait déjà construite. Alors, ça serait comme un peu caduc, là.

Mme Massé : Écoutez, c'est là que l'incohérence de ce gouvernement-là... et c'est d'ailleurs pourquoi les groupes ont dû, assez rapidement, dire : Bon, bien, on va être obligés de passer par les tribunaux, coudon, on n'arrive pas à leur faire entendre raison. Ce gouvernement-là, et un certain gouvernement précédent aussi, n'a pas eu la présence d'esprit et la responsabilité de se dire : Il faut qu'on ait les données avant de commencer à couler du béton. Et d'ailleurs du béton qui ne vient même pas du Québec.

Alors, c'est important que, lorsqu'on a une réelle préoccupation environnementale... Et le Québec se fait aller les babines à travers le Québec... à travers le monde, pardon, sur comment on est bons en matière de changements climatiques, de lutte aux changements climatiques. Bien, si on était si bons que ça, on prendrait ça en amont. Et les groupes environnementaux font cette évaluation-là, on peut tout à fait comprendre, et j'espère que le sous-comité de négociation qu'ils semblent avoir obtenu va aller dans le sens qu'ils souhaitent, parce qu'il n'y a aucune garantie là-dessus, là. C'est une entreprise privée qui est assise avec un groupe d'environnementalistes qui est malheureusement considéré par certains comme étant des empêcheurs de tourner en rond.

Le BAPE aurait permis à la population de pouvoir avoir l'ensemble de ces informations.

Mme Biron (Martine) : Des empêcheurs de tourner en rond, là… si j'ai bien compris, vous dites que les groupes environnementaux qui ont fait des ententes avec…

Mme Massé : Pour certains… Non, non, non. C'est qu'on lisait, dans les journaux…

Mme Biron (Martine) :

Mme Massé : Non, non, je veux être très claire, jamais de la vie. C'est qu'on lisait dans les journaux que, pour la GRC, les groupes autochtones et environnementaux sont… Ils nuisent… Bon, c'était à ça que je faisais référence.

Mme Biron (Martine) : Il reste que les groupes environnementaux ce sont entendus avec l'entreprise et qu'ils sont assez contents de l'entente qu'ils ont signée. Alors, c'est quand même un bon point pour le gouvernement qui veut faire passer sa loi.

Mme Massé : Bien, c'est là que je redis : Ils ont eu la mise sur pied d'un comité sur lequel on va se pencher sur la question des gaz à effet de serre, etc. Soit. Mais, après ça, quelle est notre prise démocratique sur ce comité-là? Vraiment, je nous souhaite bonne chance par rapport à la suite des choses, mais, ceci étant dit, nous, on continue à dire que ce projet-là, malheureusement, est un exemple de projet qu'on ne veut plus avoir au Québec. Ce n'est pas de même qu'on veut faire du développement économique, c'est-à-dire de nous attacher, de ne pas nous donner le choix, y compris à la société civile, de devoir faire des non-choix, finalement.

Alors, on verra pour la suite.

M. Lavallée (Hugo) : Sur un autre sujet, peut-être, en terminant, qu'est-ce que vous pensez de cette nouvelle consigne du gouvernement Couillard, là, qui demande aux ministres de ne pas répondre aux questions des journalistes à l'entrée du caucus avant d'être correctement briefés. Vous en pensez quoi?

Mme Massé : Oui, oui, oui. Bien, écoutez, ça commence à me rappeler sérieusement une certaine technique utilisée au fédéral. On a vu Stephen Harper utiliser cette technique-là et de faire en sorte que finalement les ministres, qui sont les gens qui portent des dossiers, bien, répètent juste ce qu'on leur dit de répéter. Ça me fait peur, ça me fait peur. Je trouve ça vraiment…

Écoutez, c'est ça, une démocratie, là, c'est qu'on est plusieurs à collaborer autour d'un certain nombre de choses. Et c'est sûr que des fois on fait des gaffes, là, tu sais, mais est-ce que, parce que des fois on fait des gaffes, il ne faut plus, maintenant, avoir l'autonomie de parler? Je trouve ça un peu épeurant.

On le voit, Ottawa, là, tout est concentré. Tout est concentré. Les journalistes ne peuvent même plus parler directement à des ministres. C'est problématique. Ce n'est pas ça, la démocratie.

(Fin à 9 h 42)

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