(Onze heures dix-sept minutes)
Mme
Maltais
:
Merci. Alors, quelques mots, quelques informations complémentaires sur la question
que j'ai posée au ministre des Finances sur l'étude des crédits. Vous le savez,
on a quelques difficultés avec les règles parlementaires. Moi, je trouve
qu'elles prennent le bord de ce temps-ci. Il y a un projet de loi mammouth — c'est
une nouveauté — ensuite de ça, la CAQ a soulevé, avec raison, toute
la question du temps perdu, en reddition de comptes, qui est utilisé par les
députés ministériels pour louanger le gouvernement au lieu de faire un travail quand
même sérieux de reddition de comptes.
La chose que nous avons découverte, nous,
c'est que les cabinets politiques ont enlevé des cahiers qui sont envoyés aux
oppositions des réponses qui étaient… que nous recevions d'usage.
Par exemple, sur une question sur l'ensemble
des sommes prélevées par le gouvernement auprès des sociétés minières, toute la
ventilation des sommes qui sont reçues par le gouvernement, tous les ans, sous
Jean Charest comme sous Pauline Marois, nous avons donné… tous les gouvernements
ont donné toutes les informations.
Nouveauté cette année à l'étude des crédits,
dans les cahiers qu'on nous a envoyés pour préparer nos crédits, il y avait :
«Cette question ne semble pas pertinente à l'étude des crédits», alors que ça
fait cinq ans que c'est toujours pertinent à l'étude des crédits. Le député de
Rousseau, Nicolas Marceau, a demandé au ministre : Est-ce que je pourrais
l'avoir, cette feuille-là, puisque moi, je trouve ça pertinent, et, les autres
années, c'était pertinent? Le ministre des Finances s'est tourné vers ses
fonctionnaires, qui lui ont donné la réponse. Or, quand on a reçu la réponse, nous
avons vu que la réponse avait été préparée par l'administration publique à
l'intention des parlementaires, comme ça s'est toujours fait avant, mais c'est
le cabinet qui a sorti la réponse et qui n'a pas voulu nous donner
l'information.
Ce qui est encore plus important, c'est
que, quand, sur une autre question sur laquelle nous n'avions toujours pas de
réponse, nous avons demandé les informations, cette fois-ci le cabinet
politique s'est tourné, il a dit : Je veux une feuille expurgée de tout entête — donc
qui n'aurait pas prouvé que cette question avait été enlevée des cahiers des
crédits — et il a griffonné des notes en disant — et c'est
la règle parlementaire : C'est devenu une note
personnelle — puisqu'il a griffonné sur place devant
nous — et donc je n'ai pas besoin de vous la livrer, je ne suis pas
en devoir de... je n'ai pas cette obligation de vous la livrer.
Ce que ça donne, c'est que, quand on
travaille l'étude des crédits et qu'on a les informations complètes, comme sur
celle-là qu'on a réussi à obtenir de peine et de misère, bien, on peut faire
des comparaisons entre les années, et là on prépare véritablement la reddition
de comptes du gouvernement. Là, le gouvernement a décidé — je vais le
dire — de cacher de l'information aux parlementaires, je ne sais pas
dans quel but. Jamais un gouvernement, quel qu'il soit, n'avait fait ça.
Alors, on dénonce tout à coup cette
reddition de comptes, qui est devenue une véritable farce, à notre avis.
L'étude des crédits n'est, à toutes fins, plus pratique... à toutes fins
pratiques, devenue une farce.
M. Dutrisac (Robert)
:
Vous dites que vous ne savez pas dans quel but ils ont fait ça. Dans les
documents qui vous ont été fournis, est-ce que vous avez découvert des choses
qui pourraient embarrasser le gouvernement?
Mme
Maltais
: Le
problème, c'est que — présentement, c'est sur les minières qu'on a eu
de l'information — présentement, on ne trouve pas encore de choses
embarrassantes, mais il faut savoir que nous n'avons pas pu poser toutes les
questions sur ces documents-là parce qu'ils nous ont été déposés séance
tenante. Alors, normalement, on aurait préparé des comparatifs, on serait allés
fouiller dans des documents, on serait allés fouiller dans les années
antérieures. Tout ce travail nécessaire à la reddition de comptes puis à
l'étude des minières, on n'a pas pu le faire. On n'a pas pu le faire sur place
à l'étude des crédits, donc, maintenant, il faut procéder dans un autre type de
travaux, un autre type de… mais l'étude des crédits n'a pas permis d'évaluer
ça.
M. Croteau (Martin)
:
Est-ce que cette information que vous dites qu'on vous avait cachée, est-ce
qu'elle était embarrassante pour le gouvernement? Est ce qu'elle semble
avoir...
Mme
Maltais
:
Sur cette page-là, à première vue, elle n'était même pas embarrassante, même
pas embarrassante. Pourquoi est-ce qu'on nous l'a cachée? On ne comprend pas.
On sait que, dans le projet de loi
n° 28, on a tenu à enlever la transparence dans la reddition de comptes
des minières. On nous a enlevé l'information sur la transparence dans les
minières dans l'étude des crédits. À première vue, il n'y en a pas. Est-ce
c'est parce que, pour l'avenir, le gouvernement veut se protéger, il essaie
d'installer une nouvelle pratique qui fera qu'une année où ce sera
embarrassant, bien, on n'aura pas les documents pour les révéler?
Deuxièmement, ce que je veux vous dire,
c'est parce qu'il y a plein de questions où on ne le sait pas parce qu'après
les cabinets ont pris la pratique de griffonner, ils ne nous livrent plus les
réponses, ça fait que peut-être qu'il y a de l'information embarrassante. Mais,
quand on ne l'a pas, l'information, comment le découvrir?
M. Poinlane (Pascal)
:
Qu'est-ce que ça change, qu'il griffonne, là, juste pour comprendre?
Mme
Maltais
:
Dans les règles, un ministre qui lit des notes, qui lit un document, si un des parlementaires
dit : Je voudrais le dépôt de ce document, s'il vous plaît, le ministre
doit le livrer. La seule raison pour laquelle il n'est pas obligé de le livrer,
c'est si ce sont des notes personnelles. On n'a pas à transmettre nos cahiers.
Alors, en griffonnant, ils ont plaidé que ce sont devenues des notes
personnelles.
M. Gagnon (Marc-André) :
Est-ce qu'il pourrait y avoir, comme il est question de minières, là, en lien
avec le… dont vous parliez, un lien à faire avec Canadian Royalties, qui est un
dossier, on le sait, qui est un peu chaud à l'heure actuelle?
Mme
Maltais
: Je
ne peux pas dire ça. Je ne crois pas, je ne peux pas dire ça, mais ce que je
comprends, c'est qu'à l'avenir… Donc, si on ne proteste pas en ce moment sur le
fait que ces documents-là ont toujours été considérés comme pertinents à l'étude
des crédits, si on ne proteste pas en ce moment, dans les années à venir, ce
sera l'opacité totale, tant sur les minières que sur d'autres sujets.
M. Croteau (Martin)
: Juste
pour être clair, là. Ça, c'est un cas, une question dans une étude de crédits
sur les Finances. Est-ce qu'il y a eu d'autres cas où on avait caché de l'information?
Mme
Maltais
: Nous
sommes en train de faire un relevé de cela, mais il semblerait qu'entre autres
en matière à l'étude… en Transports, il semblerait qu'il y ait eu le même type
de situation, mais on est en train de faire un relevé des différences entre les
réponses qui étaient données par tous les gouvernements précédemment et les réponses
qui ont été livrées cette année.
Je vous le dis, cette année, c'est une
chose, mais, à l'avenir, ça veut dire que le gouvernement évacue totalement
l'opération, ta reddition de comptes qui est faite lors de l'étude des crédits.
M. Gagnon (Marc-André) : Et, de
façon plus générale, avez-vous l'impression que le gouvernement… le côté politique,
là, du gouvernement exerce un contrôle d'information trop important sur l'État,
l'appareil gouvernemental?
Mme
Maltais
: Ah,
totalement! Écoutez, c'est les règles démocratiques qui nous permettent d'avoir
un contrôle sur le gouvernement, qui est un des trois rôles des députés, hein?
Ils sont des contrôleurs de l'action gouvernementale. Bien, ces règles
démocratiques là, ce rôle-là du député ne tient plus s'il n'y a pas
l'information pour contrôler l'action gouvernementale. Donc, c'est extrêmement
important, et ça veut dire que c'est un gouvernement qui avait annoncé être le
gouvernement de la transparence et, sous le beau discours, il fait l'opération
contraire. C'est le gouvernement de l'opacité totale qui se prépare.
M. Poinlane (Pascal)
:
Mais, si on résume, c'est que les fonctionnaires ont l'information, veulent la
rendre... la donner…
Mme
Maltais
:
Veulent la donner, c'est clair. L'administration publique, très clairement,
prépare les réponses, comme ça a toujours été l'usage, et le gouvernement, les
cabinets ministériels la retirent des cahiers et cachent l'information à tous
les parlementaires.
M. Gagnon (Marc-André) :
Est-ce qu'on peut voir un lien entre cette forme de contrôle là que vous
alléguez et le fait que les porte-parole gouvernementaux ont été regroupés au
sein du ministère du Conseil exécutif, sauf erreur?
Mme
Maltais
: Je
ne sais... J'ai de la difficulté à faire ce lien. Ce que je comprends, c'est
que ce sont les gens des cabinets, à tout le moins. Est-ce que cette demande de
retirer ça des cabinets vient de l'Exécutif, des communications
gouvernementales? Je pense qu'on est en droit de poser la question au premier
ministre et aux gens de l'Exécutif. Merci.
(Fin à 11 h 25)