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Point de presse de M. François Paradis, porte-parole du deuxième groupe d'opposition pour les aînés

Version finale

Friday, May 22, 2015, 9 h 30

Salle Bernard-Lalonde (1.131), hôtel du Parlement

(Neuf heures trente et une minutes)

M. Paradis (Lévis) : Bonjour tout le monde. D'abord, je vais vous dire, parce que je faisais un petit survol, on est en interpellation ce matin vis-à-vis la ministre des Aînés, Mme Charbonneau, et je faisais un petit survol, une de mes premières questions, voire la première question que j'ai posée, c'était fin novembre, fin novembre dernier, je venais d'arriver tout juste, et ça concernait des problèmes de soins d'hygiène.

Je vous rappelle seulement Rita Couturier, une dame qui avait été laissée sans bain pendant neuf mois, et, à partir de ce moment-là, bien, est parti tout le dossier des bains au noir par la suite. Mais je vous dirai que j'ai parlé à la fille Mme Couturier, puis, depuis qu'elle a changé d'établissement, elle reçoit ses bains. Que tous se rassurent, pas de bain pendant neuf mois, tu changes d'établissement, maintenant, ça va bien, ses filles sont contentes. Alors, il y a moyen de régler des choses. Alors, depuis, il y a eu la situation des bains au noir, puis c'est collectivement… Je pense que, collectivement, on a pris conscience, tout le monde, de cette problématique-là, un problème à régler, le problème des soins d'hygiène fondamentaux.

Aujourd'hui, on a une interpellation, c'est l'occasion de demander à la ministre d'éclairer, de faire davantage sur la situation parce qu'il y a des questions qui restent sans réponse et qui sont, ma foi, inquiétantes. Je vous rappelle seulement que la Coalition avenir Québec continue à réclamer une norme officielle parce qu'il n'y en a pas en matière de soins d'hygiène, qu'on trouve toujours qu'un bain par semaine ce n'est pas assez, qu'on doit faire des choix collectivement. Les aînés réclament ça. Et d'ailleurs on l'a vu à travers les sondages qui ont été publiés partout, les Québécois disent qu'il faut davantage, qu'on va bien plus loin que deux bains par semaine.

Le ministre a admis qu'il y avait un problème, qu'il allait jeter un oeil là-dessus puis il a proposé quelque chose en… bien, je présume que c'est en attendant qu'on bouge davantage, ce qu'on souhaite. C'est notamment qu'on fasse appel aux entreprises d'économie sociale. On le disait, en passant par les entreprises d'économie sociale, on règle le problème, on peut avoir un deuxième bain qui ne sera pas au noir. Deux problèmes.

Le Protecteur du citoyen, en 2014, nous signale que, sur les 102 entreprises d'économie sociale au Québec, il y en a à peu près 50 % qui offrent ce qu'on appelle l'assistance aux activités quotidiennes. Ça, c'est laver, manger, s'habiller. 50 %. Ça veut dire que l'offre n'est pas égale partout à travers le Québec. Ça veut dire qu'il y a des endroits où on ne peut pas, même par le biais de ces entreprises-là, avoir de l'hygiène supplémentaire. Alors, c'est évident qu'on va demander à la ministre quelles sont les entreprises qui offrent ces services-là, où sont-elles, est-ce que les aînés ont recours à ces services-là.

Autre problème, le coût. 23 $, c'est à peu près le coût d'un bain donné par une entreprise d'économie sociale, une fois que les crédits d'impôt ont permis d'alléger la facture. 23 $, si on fait le calcul, ce n'est pas trop, trop compliqué, à un bain de plus par semaine, c'est 1 200 $ par année, 92 $ par mois. Le ministre a reculé sur l'idée qu'ils avaient de hausser les contributions de frais d'hébergement, ce fameux 4 % dont on parlait, qui aurait donné 850 $de plus par année. Pour un bain de plus, si on passe par les entreprises d'économie sociale, c'est 1 200 $, 92 $ par mois. On est en CHSLD. Les aînés n'ont pas les moyens de payer. Alors, on revient à notre base en bonifiant l'offre qu'on doit offrir aux aînés au nom de l'équité et de l'égalité.

L'autre proposition, c'était de revoir les plans d'intervention en disant : Bien, écoutez, il y a peut-être moyen… Mon père, ma mère aurait besoin d'un deuxième bain. Combien ont demandé à revoir leur plan d'intervention? J'aimerais que la ministre me réponde. Combien ont obtenu satisfaction? Combien d'aînés dans nos CHSLD, au moment où l'on se parle, ont deux bains par semaine, ce qui est norme minimale, très en deçà de que les Québécois réclament pour leurs parents et généralement?

Puis, pour avoir fait quelques contacts, je vous raconterai une histoire qui m'a fait frissonner. Une dame qui souhaitait un deuxième bain pour sa mère dans un CHSLD, qui me raconte l'histoire — je lui conserve son anonymat — mais qui se surprend de voir que, dans sa section, des aînés ont obtenu, dans leur plan d'intervention, un deuxième bain. Elle se demande pourquoi sa mère n'en a pas. Il semblerait que sa mère, l'odeur est supportable. Moi, quelque part, ça me fait frissonner. Et je ne sais pas... j'espère qu'on n'est pas rendu à offrir un soin comme celui-là en fonction de l'odeur de nos aînés. Et moi, ça me dérange.

Alors, je veux que, pour me rassurer, nous rassurer, on puisse être en mesure de faire en sorte qu'on sache où on en est rendus dans ce dossier-là parce qu'il est loin d'être réglé. On a comme l'impression que, pour l'instant, tout est beau. C'est loin d'être réglé. Je vous rappellerai également que des directeurs d'entreprise d'économie sociale nous disent : Attention, là, ce n'est pas un automatisme, c'est complexe. Si une entreprise d'économie sociale, aux dires même de dirigeants de ces entreprises-là, décide de faire affaire avec des CHSLD, il faut convenir de façons de faire, l'utilisation des équipements, à quel moment. Il y a des choses à négocier, ce n'est pas simple et, pour l'usager, ce n'est pas plus simple non plus, ce n'est pas un automatisme. Alors, il faut, à ce moment-là, revoir le plan d'intervention, parler avec le CHSLD, rencontrer la famille. Ce n'est pas un automatisme, on ne commande pas automatiquement. C'est complexe. Est-ce que c'est méconnu? De fait, il y a une problématique, parce que plusieurs entreprises d'économie sociale nous disent : On n'en a pas eu, d'appel. Et pourtant les aînés nous disent : On manque de services.

Alors, je demande à la ministre ce matin de faire en sorte qu'on puisse avoir des réponses à ces questions. Je pense que l'inéquité liée aux coûts, l'offre inégale de ces services-là, aux dires même du Protecteur du citoyen, le processus bureaucratique lourd, les familles, où ce n'est pas facile non plus, ça expose le problème dans son ensemble. Il faut, encore une fois, et je le demanderai, bonifier l'offre de services de soins d'hygiène pour nos aînés au Québec.

La Modératrice : On va prendre les questions.

M. Gagné (Louis) : Vous demandez qu'on ait la... Vous demandez l'implantation d'une norme officielle, là, pour les bains, tout ça. C'est quoi… Vous, là, vous dites que deux bains, ce n'est pas assez par rapport à ce que les Québécois demandent. Avez-vous un chiffre, admettons, qu'est-ce qui serait acceptable, là, en moyenne, là?

M. Paradis (Lévis) : Écoutez, si je me fie à ce que les Québécois souhaitent à travers les sondages qu'on a vus, hein, plusieurs disaient : Ce serait un bain par jour, quatre bains par semaine. Là, actuellement, il n'y en a pas de norme. Alors, c'est laissé aux établissements. Alors, ce n'est même pas un, là, il n'y a pas de norme officielle. Ça en prend une. Nous, on dit : Ça prend deux bains par semaine. Un, ce n'est pas suffisant.

M. Laforest (Alain) : Est-ce qu'on n'est pas condamnés, M. Paradis, compte tenu de l'inversion de la courbe démographique, à voir ces problèmes-là s'amplifier, là? Parce qu'on est au début de l'arrivée des baby-boomers dans les CHSLD, puis ça va exploser, là.

M. Paradis (Lévis) : D'où l'importance de ce que vous dites, se pencher puis retrouver nos cibles et nos valeurs également. La courbe nous explique que la problématique va aller en s'accroissant, et d'ailleurs le Protecteur du citoyen, en 2014, lorsqu'il nous dit que 50 % des entreprises d'économie sociale offrent le service, notamment, de ce qu'on appelle des activités quotidiennes, là, assistance aux activités quotidiennes... Assistance aux activités quotidiennes, ce n'est pas compliqué, parce que tu en as deux là-dedans : tu as assistance aux activités quotidiennes puis assistance aux activités domestiques. C'est pour ça qu'ils disent que la moitié offre les quotidiennes. Quotidiennes, c'est laver, s'habiller, manger. Domestique, bien, c'est aide à la cuisine, faire le ménage et le reste, là.

Alors, oui, il y a un problème, et d'ailleurs le Protecteur du citoyen l'adresse en 2014 en disant : Il va falloir qu'on revoie puis qu'on se donne des moyens d'offrir davantage et surtout de ne pas creuser le fossé entre ceux qui peuvent se permettre puis ceux qui ne peuvent pas se permettre, pas sur des soins de ce type-là. Oui, il y en a un problème. Il va falloir qu'on s'adresse collectivement à ce problème-là puis qu'on prenne des décisions au nom de nos aînés. Je pense que, dans ma tête à moi, c'est une priorité.

M. Caron (Régys) : Le gouvernement demande un effort budgétaire important à tous les réseaux, y compris celui de la santé, et soutient que les services ne sont pas touchés. Est-ce qu'il est déconnecté de la réalité?

M. Paradis (Lévis) : Les services... On le sent de partout. En tout cas, les appels qu'on a... Les services sont coupés, il y en a moins. Là, est-ce qu'on a besoin de se rappeler les problématiques que l'on vit? L'histoire des bains au noir, c'était quelque chose qui a enclenché des scandales dont on a maintenant entendu parler également. Pas besoin de vous rappeler le plus récent, de cette dame qui a été deux ans, elle, sans avoir de bain, et pourtant, là, soudainement, on a trouvé la solution.

Alors, ça permet, ce que l'on fait là, d'adresser des problèmes spécifiques. Mais là on est en train de gérer en fonction des scandales uniques. Le problème est plus répandu que ça. Le problème, c'est que les aînés, je le répète, je vous l'ai déjà dit, ne parlent pas. Le problème, c'est que tous les aînés n'ont pas de famille pour veiller au grain. Moi, il y a des gens qui me racontent aider dans les CHSLD parce que, manifestement, les préposés, pleins de bonne volonté, n'ont pas le temps de tout faire ce qu'ils souhaiteraient faire, puis il y a des gens qui disent : Moi, M. Paradis, je m'occupe de ma mère puis je me suis fait dire que je suis dans les jambes, je prends trop de place. Mais il est là pour aider. Ça fait que, là, il va falloir, à un moment donné, qu'on s'aligne. Il y a l'assistance de la famille, il y a le bénévolat, il y a ce qu'on peut donner comme services, mais assurément on a un problème à ce niveau-là, puis ils sont plus importants qu'on pense, on ne les connaît peut-être pas tous.

M. Gagné (Louis) : Vous avez dit, M. Paradis, là… vous avez parlé de 1 200 $ par année simplement pour un bain supplémentaire par aîné. Avec le refus du ministre, finalement, d'augmenter les tarifs des centres d'hébergement au-delà de l'inflation, où est-ce que vous trouvez l'argent? Est-ce qu'il y a des économies d'échelle à faire à d'autres endroits? Est-ce que vous demandez un réinvestissement?

M. Paradis (Lévis) : Bien, il y a assurément des économies à faire à d'autres endroits, il y a assurément de la bureaucratie qui peut nous permettre d'économiser puis de redistribuer, il y a assurément de l'amélioration de services qui est potentiellement faisable.

Puis je ne veux pas revenir sur des chiffres, vous les connaissez également, mais j'en prendrai un pareil pour les besoins de la cause. Je vous dis 1 200 $ par année, 92 $ par mois, tarif de 23 $, entreprise d'économie sociale, après le crédit d'impôt. Mettons 37 000 aînés, faisons une règle de calcul relativement simple, 37 000 aînés, un bain de plus donné par un préposé, qui n'est pas à 23 $ parce que c'est sur son tarif horaire… quoi, prendre un bain, je ne le sais pas, tu sais, il y a des données qu'on n'a pas. Ça prend combien de temps : une demi-heure, trois-quarts d'heure, etc.? Faisons le calcul, potentiellement, une vingtaine de millions, admettons.

Je veux revenir sur un chiffre que vous connaissez déjà, abolir les élections scolaires, ça, on vient de sauver 1 million. Qu'est-ce que c'est qu'on fait avec ça? On le met où? Tu sais, puis on pourrait prendre mille et un…

M. Caron (Régys) : …les commissions scolaires, c'est de l'argent qui reste à l'éducation…

M. Paradis (Lévis) : Non, comprenez-vous… Non, non, mais c'est ça, je comprends, M. Caron, mais, à travers ça, il y a des priorités, puis on doit se les donner également. C'est sûr qu'il y a des besoins en éducation, il y a des besoins en santé, il y a de la bureaucratie, tout le monde nous en parle. Il y a des employés qui se cherchent actuellement… après la loi n° 10, là, alors que le ministre dit : On a tout simplifié, vous voyez des gens qui sont encore à se demander où ils vont travailler, puis, pour l'instant, ils se tournent les pouces, tu sais.

Alors, oui, il y a des économies à faire, mais des priorités collectives, il faut se les donner également. Puis, dans ma tête à moi, les aînés demeurent une priorité collective, à tel point que le gouvernement, sur deux décisions potentielles, il a décidé de reculer. Il n'a pas le choix parce que les Québécois réclament davantage de respect pour leurs aînés puis davantage de dignité dans leur vie, pas rien que dans leur mort.

La Modératrice : Merci beaucoup.

(Fin à 9 h 42)

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