(Dix heures cinquante et une minutes)
M.
Couillard : Bonjour, mesdames messieurs. Nous avons tous appris ce
matin le décès de M. le premier ministre Jacques Parizeau. Mes premières
pensées vont, bien sûr, à sa famille, Mme Lapointe, son épouse, ses deux
enfants, Bernard et Isabelle, auxquels j'ai parlé ce matin.
Tous les Québécois
et Québécoises sont aujourd'hui en deuil, privés d'un homme d'État
exceptionnel, un homme qui a consacré sa vie au Québec et au service public, un
des grands bâtisseurs du Québec moderne, notamment de la prise en main par les Québécois
des outils financiers et économiques nécessaires à notre développement, je
pense entre autres à la Caisse de dépôt et placement du Québec, devenue si importante,
si utile à notre progrès.
Ce matin, j'ai
offert à la famille de M. Parizeau des funérailles d'État. Cette offre a
été accueillie favorablement. On m'a également indiqué que le premier ministre
Parizeau avait laissé les instructions détaillées sur la tenue de ses
funérailles. Nous resterons, bien sûr, en contact avec la famille pour la suite
des choses.
Il est clair
que l'État québécois de 2015, qui lui doit tant, doit proposer une façon
durable de prolonger sa mémoire. J'annonce donc l'intention du gouvernement de
faire en sorte que le siège social de la Caisse de dépôt et placement du Québec
à Montréal porte, dans l'avenir, le nom d'édifice Jacques-Parizeau.
Un des
personnages importants de notre histoire nous a quittés. On peut désormais dire
à son sujet que sa mémoire appartient au Québec tout entier, à tous les
Québécoises et Québécois sans exception, et ce, au-delà des appartenances
politiques.
En terminant,
je voudrais, pour amenuiser leur chagrin si cela est possible, redire à sa
famille ces mots de Léonard de Vinci : «Nul ne peut réussir sa vie s'il ne
laisse pas plus de traces de lui-même que la fumée dans l'air ou l'écume dans
la mer.» M. le premier ministre Jacques Parizeau, votre trace dans notre
histoire est indélébile. Vous avez bien mérité, de la nation, reconnaissance.
Merci.
Le
Modérateur
: Nous allons maintenant passer à la période de
questions destinée aux membres des médias. Nous allons prendre deux questions
en français, deux en anglais. On va commencer par le micro de droite. Veuillez
vous identifier ainsi que le média que vous représentez.
M. Laforest
(Alain)
: Alain Laforest, TVA. M. Couillard, vous en avez
glissé un mot, le plus important legs de Jacques Parizeau, c'est un legs
économique pour le Québec, selon vous?
M.
Couillard : Oui, c'est un legs économique. Bien sûr, il y a son message
politique qui lui appartient, mais son legs principal est un legs économique de
confiance pour nous, les francophones, qu'il était possible, dans ces années,
avec ses compagnons de l'époque, de prendre en main les outils de notre
développement, bien sûr la Caisse de dépôt et placement, mais il a été de ces
grands bâtisseurs de la Révolution tranquille, auxquels on doit tant.
Journaliste
:
M. Couillard, qu'est-ce qu'un premier ministre retient d'un autre premier
ministre comme Jacques Parizeau?
M. Couillard : Nul ne peut se
comparer à un autre. Chacun est responsable de son destin, de ce qu'il
accomplit, ce qu'elle accomplit et de ce qu'il laisse… de ce qu'on laisse
derrière nous. Ce que je retiens de lui, je crois, c'est la sincérité et l'honnêteté
dans ses convictions. Et quelles que soient ces convictions, je pense que c'est
un principe que tous et toutes doivent mettre en place. Également son ton
respectueux envers les adversaires politiques. Également son élégance. On sait
qu'il a été, on me disait ce matin, le premier Québécois à être diplômé de
London School of Economics. Il en avait ramené une élégance un peu britannique,
un flegme, également, de même nature. Donc, le style, la sincérité, le respect,
voilà ce que je retiens de lui. Mais, encore une fois, chacun fait les choses à
sa façon.
Journaliste
: Si vous
me permettez, sur les funérailles d'État, est-ce que vous avez quelques détails
sur la forme et le moment?
M. Couillard : Non, pas
encore parce que, lorsque Mme Lapointe m'a indiqué que M. Parizeau
avait laissé des instructions excessivement détaillées pour ses funérailles,
vous comprendrez bien qu'il faut que la famille voie ses instructions, il faut qu'ils
en discutent. Le principe des funérailles d'État, je crois, a été très, très
bien accueilli. Maintenant, il faut que ça se marie et que ce soit cohérent
avec ce qu'il a réclamé lui-même pour ses funérailles. Donc, on vous reviendra
là-dessus.
Le Modérateur
: Merci.
Micro de droite, on va passer en anglais.
Journaliste
: Premier, some Quebeckers see Mr. Parizeau in a
very different light, as the man who was trying to break up Canada,
essentially. How do you think he will live on?
M. Couillard : Today, we have to rise above that level, all of us, and remember
him for what he gave, the part of his life that he gave to Québec and
Quebeckers and to all Quebeckers. The fact that he was one of the great builders
of the Quiet Revolution, left behind institutions like the Caisse de dépôt
benefits to all Quebeckers… and it is in this way today that we should talk
about him and remember him. I don't think he himself would like celebrations or
memories that are going to be told today to be colored by partisanship. This is
not the day for that.
Journaliste
:
What kind of impression did he leave on you, personally?
M. Couillard : He was a very sincere and honest man, deeply convinced of his own
ideas, also very respectful. I didn't know him personally, but we crossed path
in some events and he always had time for a very polite and respectful
conversation. And the last time we spoke, he actually indicated that he would
like to sit down with me and discuss the future of Québec, and I found it very
elegant from him. My only regret is that we didn't have time to do this. But,
again, an elegant, respectful and honest man.
Le Modérateur
: Micro de gauche.
Journaliste
: What do you think will be his legacy for Québec in the history books?
M. Couillard : I think it's mainly as one of the great builders of the Quiet
Revolution, someone who left behind the tools that we now have in Québec and unfortunately take for granted.
But, if one looks behind, in the '60s — and I remember the '60s — it was, at that time, very important that Quebeckers, francophone Quebeckers in
particular, get in their hands the tools that they needed to insure the
development. This is why the Caisse de dépôt was such an important step
forward, and others at the same time, by a very small group of persons that
acted in such a way that today our modern State, our modern Québec is
profoundly, deeply influenced by what they did, yes. Merci.
(Fin à 10 h 58)