(Neuf heures cinquante-six minutes)
M. Charette : Bonjour, tout le
monde. Quelques instants. À la fin de la période des questions, la Coalition
avenir Québec va déposer une motion, dont je vais vous lire le libellé, qui est
très simple :
«Que l'Assemblée nationale réaffirme sa
pleine et entière confiance envers son jurisconsulte, M. Claude Bisson.»
Pourquoi cette motion très simple? Pour
celles et ceux qui ont assisté hier à la commission parlementaire, on aura tous
noté le ton sans doute déplorable de l'opposition officielle. On a prêté des intentions,
on a prêté des propos. On a affirmé notamment que le jurisconsulte, en mars
dernier, avait déposé... ou rendu public, c'est-à-dire, un avis qui était
confidentiel, alors que c'est démontré que c'est plutôt le leader du
gouvernement qui l'a fait. Et le jurisconsulte a bien précisé que c'est le propriétaire…
c'est-à-dire c'est la personne qui commande l'avis qui en est le propriétaire.
Donc, le leader du gouvernement était tout à fait en droit de le faire. Donc,
on a littéralement sali la réputation d'un homme, hier, qui a un parcours
juridique absolument exceptionnel. D'ailleurs, le président de la commission
hier a, d'entrée de jeu, félicité le jurisconsulte qui, dans les prochains
jours, va recevoir une autre… ce n'est pas la première, mais une autre haute
distinction du Barreau du Québec, donc un parcours de juge, un parcours de
juriste exceptionnel.
Donc, le traitement qui a été réservé au
jurisconsulte hier, il est condamnable, et, pour nous, aujourd'hui, c'est important
de valider la confiance que l'Assemblée nationale lui doit. Il est en poste
depuis près de 20 ans au service des élus, au service de l'Assemblée nationale,
donc, pour nous, c'est une façon de voir s'il a toujours la confiance de l'opposition
officielle, et, en ce sens, on va demander à chacun des élus du Parti québécois
de se prononcer, s'il devait y avoir un vote, de voter en leur âme et
conscience et démontrer justement l'appui que l'on doit à cet homme et à cette institution
qui est d'une importance capitale.
Au moment où on a adopté le code d'éthique,
il y a quelques années, on a clairement démontré la distinction qu'il doit y
avoir entre le Commissaire à l'éthique et le jurisconsulte. Ce sont deux
fonctions incontournables, et les deux titulaires de ces importantes
responsabilités doivent naturellement pouvoir compter sur l'appui des
parlementaires pour bien s'acquitter de leur mandat.
M. Croteau (Martin)
: Qu'est-ce
que vous allez conclure si le PQ ne veut pas appuyer votre motion?
M. Charette : En fait, c'est
une question importante qui va se poser et c'est sans doute la présidence qui
aura à trancher, à savoir : est-ce qu'il y a une démarche particulière qui
doit être entamée? Mais je ne peux pas concevoir que l'opposition officielle
retire son appui à une institution telle que celle du jurisconsulte. Parce
qu'hier, à travers les propos du chef de l'opposition officielle, on remettait
en question la compétence de l'homme, mais clairement on remettait en question
également la pertinence de l'institution. Donc, le président de l'Assemblée
nationale aura certainement à se pencher sur la question si jamais l'opposition
officielle ne devait pas lui donner son accord… c'est-à-dire son appui.
M. Croteau (Martin)
: …le
président aurait à se pencher, qu'est-ce que ça veut dire ici?
M. Charette : Bien, c'est une
fonction, normalement, qui est convenue au sein des différences… c'est-à-dire,
c'est une nomination, et le titulaire est en fonction grâce à la confiance des
parlementaires. À partir du moment qu'un groupe parlementaire reconnu lui
retire sa confiance, de surcroît l'opposition officielle, ça amène des
questions importantes, à savoir : est-ce que le jurisconsulte peut
continuer à opérer en toute légitimité, là, dans les circonstances?
M. Croteau (Martin)
: C'est
quoi, la conséquence?
M. Charette : Bien,
c'est-à-dire, ce serait, pour le Parti québécois, extrêmement dommage d'agir de
la sorte. Je ne veux pas faire de récupération politique, mais, depuis le décès
de M. Parizeau, on a beaucoup vanté le sens de l'institution de l'homme. C'est
un homme qui, à travers tout son engagement politique, s'est notamment consacré
au respect de l'institution qui est l'Assemblée nationale. Tous les partis ont
joint leur voix pour réitérer ce trait de caractère de M. Parizeau.
Donc, je trouverais très ironique, quelques
jours après tous ces hommages qui étaient bien mérités, qu'on dénature l'institution
et qu'on lui manque de respect de la sorte. Donc, ce serait au Parti québécois
à répondre à ça.
M. Croteau (Martin)
: Mais,
au-delà de la dimension symbolique, concrètement, quelles seraient les
conséquences… Qu'est-ce que ça pourrait être, une décision que le président de l'Assemblée
nationale rende, là?
M. Charette : Je n'ai malheureusement
pas la réponse à cette question-là, mais le président aura certainement à se
poser une question, à savoir : Est-ce que le titulaire de la charge qui
est celle de jurisconsulte a encore la confiance de la Chambre ou la légitimité
de pouvoir opérer?
Dans notre cas, au niveau de la Coalition
avenir Québec, pleine confiance en l'individu, pleine confiance en son
jugement, et nous apprécions d'ailleurs sa disponibilité parce qu'il est là
spécialement pour répondre.
M. Croteau (Martin)
: Dans
les règlements, est-ce qu'il y a une disposition concernant un vote de non-confiance
envers un officier du Parlement?
M. Charette : Ce sera à la
présidence d'interpréter le règlement, justement, à savoir si le retrait
de la confiance d'un groupe reconnu, en l'occurrence l'opposition officielle,
engendre une procédure particulière. C'est au président à interpréter le
règlement à ce niveau-là.
M. Dutrisac (Robert)
:
Mais là c'est une motion sans préavis, n'importe qui peut refuser son
consentement, là. Donc, la question ne se posera pas.
M. Charette : Effectivement.
Bien, c'est-à-dire, à partir du moment où un groupe parlementaire... parce que
le leader de l'opposition officielle répondra, j'imagine, au nom de son caucus,
et c'est là où, nous, on invite les députés du Parti québécois à faire preuve
de bon sens et amener, justement, le leader à appuyer la motion. Et, à partir
du moment où elle est appuyée, à partir du moment où le consentement est donné,
il y aura appel au vote nominal pour s'assurer d'un appui fort en cette
institution et en la personne qui la représente.
M. Croteau (Martin)
:
Mais est-ce que vous allez interpréter un refus de débattre de la motion comme
un rejet de la motion?
M. Charette : J'écoute les
propos qu'ont tenu différents députés du Parti québécois, que ce soit hier en
commission ou encore ce matin, ce sera à eux certainement à répondre de leurs propos,
mais il y a des indications assez préoccupantes, sinon questionnantes, là, dans
les propos qu'ils ont soulevés.
Et, encore une fois, moi, je relève de
nombreuses contradictions à travers les propos ou les arguments qu'ils ont
tenté d'avancer hier en commission parlementaire. C'est à se demander si, au
Parti québécois, si, à l'opposition officielle, on essaie maintenant de
défendre l'indéfendable au niveau des arguments eux-mêmes. Mais en attaquant
une institution comme celle que représente M. Bisson, c'est questionnant et
certainement déplorable également.
M. Croteau (Martin)
: Quand
vous dites que le président va avoir une décision à prendre, est-ce que c'est
en vertu de la Loi de l'Assemblée nationale, du code d'éthique, d'une autre
loi? C'est en s'appuyant sur quoi?
M. Charette : C'est-à-dire on
a un règlement qui nous régit, et, à ce niveau-là, je ne veux pas m'immiscer
dans la compétence et dans la responsabilité du président. Ce sera au président
d'interpréter.
M. Croteau (Martin) : Les
libéraux parlent de l'article 6 du code d'éthique...
M. Charette : Je ne veux
pas... par respect pour la présidence, justement, je vais lui laisser le soin
d'interpréter le règlement. Pardon?
M. Laforest (Alain)
:
Avez-vous fait des vérifications?
M. Charette : Oui, c'est-à-dire,
on a notre interprétation, mais je vais laisser au président, justement, le
soin de la valider. C'est lui ultimement qui aura à trancher à ce niveau-là.
Mme Lajoie (Geneviève)
:
M. Charrette, avez-vous l'intention de demander au Commissaire à l'éthique
d'enquêter? Parce qu'en fait, si le PQ décide de ne pas donner sa confiance au
jurisconsulte, c'est le code d'éthique qui est violé. Est-ce que vous avez
l'intention de demander au Commissaire à l'éthique d'enquêter sur les
agissements du Parti québécois?
M. Charette : C'est également
quelque chose qu'on a envisagé et qu'on envisage de notre côté, mais ce matin
on va y aller par étapes. On y va d'abord avec la motion qui sera, en espérant,
adoptée, et, par la suite, on se gouvernera en conséquence, naturellement.
La Modératrice
: Merci
beaucoup. Il faut aller en Chambre, là. Une dernière question en anglais,
peut-être?
Journaliste
: …could you just tell me why
you're… for this motion?
M. Charette : I didn't understand…
Journaliste
: …ask his question.
M. Charette : OK. It's alright, then.
Journaliste
: Well, isn't there a danger because of all this pressure that Mr.
Bisson will resign because he is now embroiled in this?
M. Charette : I hope not because he is a man of great achievements. We need his
vision, we need his advice also. So I hope that he will stay. He has one more
year to do to his mandate, so I hope, and we really hope that he will go until
the end of his mandate.
Mme Montgomery
(Angelica)
: Why bring forward this
motion? What…
M. Charette : Yesterday, we heard different things from the Parti québécois and we were quite worried
and we are still quite worried about what the Parti
québécois said. So it's the occasion for us to show the
confidence of the National Assembly for this function, for this institution, and we hope that the Parti québécois will vote with us, otherwise
we will have many questions for
the Official Opposition.
La Modératrice
:
Merci beaucoup.
(Fin à 10 h 5)