(Onze heures quatre minutes)
Mme
St-Pierre
:
Bon, bien, bonjour, mesdames et messieurs les journalistes. C'est un grand
plaisir, évidemment, pour moi d'être ici ce matin pour faire cette annonce importante,
et je suis contente d'être avec vous aujourd'hui afin de vous présenter le
nouveau directeur des bureaux du Québec en Chine, M. Jean-François
Lépine.
Avec cette annonce aujourd'hui, le Québec
envoie un signal clair quant à sa détermination à faire de la Chine un élément
central de sa présence en Asie. Il est dans notre intérêt de porter à ce pays
toute attention appropriée afin de saisir les occasions qui s'y présentent, à
court comme à long terme, pour le bénéfice du développement économique et
social de l'ensemble du Québec.
Fort de sa longue feuille de route, le
choix de M. Lépine est on ne peut plus approrié alors que la Chine devient un
acteur incontournable dans l'économie mondiale et que les défis qui nous
attendent là-bas sont grands et aussi très prometteurs. Pour ce faire, la
diplomatie québécoise doit pouvoir faire appel à des personnes qui, grâce à
leur parcours professionnel et personnel exceptionnel, sauront apporter une
dimension particulière à nos relations internationales, aussi promouvoir et
défendre nos intérêts de façon efficace et stratégique.
Grand reporter à Radio-Canada pendant de
nombreuses années, M. Lépine a été correspondant à Beijing, à Paris et
à Jérusalem. Il fut d'ailleurs le premier correspondant francophone du Canada
en Chine. Citoyen du monde, communicateur hors pair et fin connaisseur de la
Chine, il a fait connaître au peuple québécois les balbutiements de ce pays qui
s'ouvrait au monde. À travers ses mots et ses images, nous avons pu suivre
l'impressionnante émergence de la République populaire de Chine. Les
distinctions qu'il a reçues au cours de sa carrière, dont le prix Raymond-Charrette
du Conseil supérieur de la langue française du Québec et l'Ordre du Canada,
témoignent de l'appréciation à l'égard de son professionnalisme.
À titre d'ancienne collègue journaliste à Radio-Canada
et ancienne collègue de M. Lépine, que je connais depuis longtemps, je peux personnellement
vous confirmer que le Québec peut compter sur une des meilleures personnes pour
le représenter en Chine et je suis certaine qu'il pourra mettre à profit toute
son expérience et ses connaissances au bénéfice de l'État québécois et de nos entreprises
également d'ici. Basé à Shanghai, il veillera au bon fonctionnement de
nos bureaux à Beijing, à Shanghai et bientôt, comme vous le savez,
dans la province du Shandong.
Plus précisément, dis-je, le mandat de
notre nouveau directeur sera notamment d'établir des liens étroits avec les
dirigeants gouvernementaux, consolider et accroître nos liens commerciaux, de
promouvoir les investissements et de développer la coopération dans plusieurs
secteurs. L'éducation ainsi que la science et la technologie, deux domaines
dans lesquels le Québec et la Chine sont liés par d'importantes ententes de
coopération, ne seront pas en reste, tout comme la valorisation des industries
culturelles québécoises en Chine et la promotion de notre société aussi et également
de notre langue, la langue française.
De plus, il s'assurera de faire connaître
nos grands projets comme le Plan Nord, la stratégie maritime et également
électrification des transports. L'économie mondiale est instable, celle-ci est
en train de vivre des soubresauts, et le continent asiatique n'y échappe pas. L'économie
chinoise est en mutation, passant graduellement d'une économie basée sur les
exportations à une économie où le marché intérieur et la classe moyenne
alimentent la croissance. J'ai la conviction que le Québec sera bien placé pour
tirer son épingle du jeu lorsque les nuages se seront dissipés.
Vous le comprendrez, les défis sont
nombreux, mais sont aussi très stimulants pour moi et pour toute l'équipe du ministère
des Relations internationales et de la Francophonie. Ces défis, nous voulons
ensemble les relever avec M. Lépine car nous voulons tous que les générations
qui nous suivent puissent vivre dans un Québec prospère et, bien sûr, ouvert
sur le monde.
Déjà, le premier ministre du Québec s'est
rendu en Chine en octobre dernier. Celui-ci a dirigé une importante délégation
composée de plus de 140 gens d'affaires et représentants d'institutions
d'enseignement et de recherche du Québec, de même que du milieu de la culture.
Plusieurs dizaines d'ententes ont été signées à ce moment et de nombreuses
opportunités d'affaires ont été ciblées. Résultat tangible de cette mission, le
Québec aura enfin une liaison aérienne directe avec la Chine, c'est-à-dire Montréal-Pékin.
Je terminerais en vous disant que cette
journée marque le renouveau de notre présence en Chine. C'est la volonté de
notre gouvernement d'aller saisir les opportunités là où elles sont, là où
elles se présentent. Il faut savoir être aux bons endroits au bon moment. C'est
en ayant cela en tête que nous accomplissons notre travail quotidien.
M. Lépine,
Jean-François, votre mandat, au cours des prochaines années, sera certainement
intense et diversifié et s'inscrira dans une relation que le Québec et la Chine
ont établie dès les années 70 et n'ont cessé de faire croître depuis. Au
nom du gouvernement du Québec, je vous remercie d'avoir accepté notre
invitation à diriger l'action internationale du Québec en République populaire
de Chine et je vous souhaite le meilleur des succès dans vos nouvelles
fonctions. Merci.
M. Lépine (Jean-François) : Merci
beaucoup. Merci beaucoup.
Mme
St-Pierre
:
Alors, je vous cède la parole.
M. Lépine (Jean-François) : Merci
beaucoup, Mme la ministre, merci, Christine. D'abord, imaginez, pour
moi, à quel point c'est important, cette journée-ci, parce que le mandat qu'on
me donne, vous l'avez entendu, est un mandat d'augmenter le rayonnement du
Québec en Chine avec, à court terme, l'ouverture d'un nouveau bureau, d'une
nouvelle antenne du gouvernement du Québec dans la province du
Shandong, une province de près de 100 millions d'habitants, quand
on y pense, donc une région de Chine extrêmement dynamique et extrêmement
importante.
Donc, un mandat d'ouverture, un mandat,
vous l'avez dit, qui sera exigeant, mais qui est un mandat passionnant, qui est
d'augmenter, au fond, notre présence dans ce pays qui est notre deuxième marché
en importance. Ces temps-ci, on voit beaucoup de difficultés provenir de Chine.
C'est un pays qui est dans un tournant, vous l'avez évoqué, extrêmement
important sur le plan économique, mais c'est en même temps notre deuxième
marché, je le répète. Les Québécois ne peuvent pas ne pas être présents là.
Mon rôle sera à la fois de, justement,
convaincre les Québécois d'être davantage en Chine et puis d'ouvrir pour eux
des portes dans ce pays qui constitue, au moment où on se parle, quand même, le
plus grand marché de la planète. Donc, c'est un défi extrêmement fascinant.
Maintenant, simplement pour l'anecdote,
parce que vous l'avez évoqué un peu, imaginez, pour ceux qui ne le savent pas,
que j'étais correspondant en Chine en 1984, quand René Lévesque a été
le premier premier ministre du Québec, donc il y a 30 ans, à se rendre en
Chine. J'étais là en 1985, quand Jean Drapeau est allé entériner, à
Shanghai, l'entente de jumelage dont on va profiter, dont le Québec
profite beaucoup, avec Shanghai, la plus grande… le plus grand hub économique
de Chine. Il y a donc une continuité dans ça.
L'automne dernier, j'ai accompagné le
premier ministre Couillard dans sa visite lui-même en Chine. Donc, il y a une
continuité, pour moi, d'attachement à ce pays. Je l'ai fait en reportages aussi
pendant des années, et c'est fantastique aussi que cette continuité-là se
matérialise par ce défi que vous m'offrez aujourd'hui. Ça correspond aussi, et
je terminerai là-dessus, sur ce que je fais depuis deux ans. En fait, depuis
que j'ai quitté le métier de journaliste, j'ai démarré une entreprise, que je
devrai quitter, forcément, mais qui avait justement pour but d'accompagner ou
d'offrir un accompagnement aux entreprises et aux organisations du Québec pour
se développer dans les pays émergents, parce que je pense que c'est fondamental
que le Québec s'ouvre encore davantage au monde pour profiter des opportunités
de la croissance internationale. Alors, merci beaucoup, Christine, de cette
opportunité qui est vraiment extraordinaire. Merci.
Le Modérateur
: On va
prendre quelques questions. Si vous voulez bien, en français tout d'abord.
M. Bergeron (Patrice)
:
Bien, Patrice Bergeron, La Presse canadienne. Bonjour, M.
Lépine. Vous avez été, durant toute votre carrière, journaliste assez autonome
et libre-penseur, et maintenant on va vous demander de suivre une ligne, de
vous conformer. Comment vous allez réconcilier ça, finalement? Est-ce que vous
allez... ou tout homme a un prix? Ou vous avez accepté, donc, de renoncer à
votre liberté de pensée?
M. Lépine (Jean-François) :
Bien, j'ai été au service de l'information toute ma vie. Dans ça, il y a des
contraintes aussi. Et, encore une fois, on m'offre un mandat qui est absolument
ouvert, stimulant. On me demande de donner beaucoup de moi-même dans ça, de...
J'ai proposé, quand on a commencé les discussions sérieuses, moi-même un plan
d'action. Avec le ministère et avec la ministre, on a travaillé ensemble sur un
plan d'action qui servira, pour moi, de modèle, en fait de plan de travail, en
fait, et ça illustre à quel point je reste un être libre, je reste un être qui
pense et qui a des idées. Beaucoup de mes idées ont été acceptées, je dirais la
plupart.
Alors, je ne me vois pas du tout limité
dans ce rôle-là. Au contraire, on me dit : Vas-y et va développer quelque
chose. Qu'est-ce qu'il y a de plus stimulant que de se faire dire ça dans la
vie? Et je l'ai fait à Radio-Canada. On m'a donné beaucoup de mandats pendant
42 ans, je les ai accomplis. Je le fais dans le même esprit. Puis, ne vous en
faites pas, si je ne suis pas d'accord avec des choses, je le dirai. Je ne vous
le dirai pas nécessairement à vous...
M. Bergeron (Patrice)
:
Vous pouvez m'appeler, oui.
M. Lépine (Jean-François) :
...mais je le dirai aux personnes concernées.
M. Bergeron (Patrice)
:
La question des droits de la personne est assez délicate en Chine. L'année
dernière, le premier ministre avait un peu trébuché sur cette question. Est-ce
que vous avez l'intention d'aborder la question avec vos interlocuteurs
chinois?
Une voix
: Est-ce que
vous voulez répondre ou...
Mme
St-Pierre
:
Je pense que...
M. Lépine (Jean-François) :
Bien, je peux répondre après, si vous voulez.
Mme
St-Pierre
:
...Jean-François peut compléter ma réponse. Mais, pour nous, c'est important, évidemment,
d'aller là-bas, parce qu'on veut montrer aux Chinois nos valeurs, et c'est une
façon aussi de faire en sorte qu'on puisse apporter là-bas ce qui se passe ici,
chez nous, nos valeurs. Dans le domaine de la justice, par exemple, il y a une
relation très étroite, depuis plusieurs années, sur les questions de droit.
Alors, je pense qu'on est capables de travailler et de leur démontrer que ce
que nous faisons ici, avec les valeurs que nous avons, ça peut être gagnant également.
Alors, je peux laisser Jean-François compléter.
M. Lépine (Jean-François) :
Bon, donc, je serai le représentant du Québec, c'est évident que je vais
adopter l'attitude que le Québec a adoptée au cours des années, hein?
D'ailleurs, c'est le propre aussi du gouvernement canadien en général sur les questions
de droits de l'homme et droits de la personne. Il ne s'agit pas, pour nous — c'est
comme ça, en tout cas, que je l'analyse — d'entrer dans une
confrontation ouverte, directe, sur la place publique avec le gouvernement
chinois sur ces questions-là, comme on le fait d'ailleurs avec d'autres
gouvernements où les questions des droits de l'homme peuvent être soulevées,
qu'on pense à d'autres gouvernements dans le monde comme en Afrique, par
exemple, en Amérique latine ou ailleurs.
Et donc l'idée n'est pas de confronter,
mais, au contraire, de ne jamais abdiquer nos valeurs et de transmettre, à
travers nos fonctions, dans des échanges, justement, comme on le fait dans le
domaine de la justice, où le Québec a contribué à former des juges chinois,
donc, pour que les tribunaux chinois aient beaucoup plus de transparence,
fassent preuve de transparence. On a contribué à ça et ça a été extrêmement profitable
en Chine sur le plan des droits de la personne et des droits de l'homme. Je
pense que ces questions-là doivent évoluer. Les Chinois nous disent : Oui,
on va évoluer dans ce domaine-là. Je pense que confronter ouvertement, ce n'est
pas notre rôle, mais intervenir chaque fois qu'on a l'occasion auprès de
ministres, d'intervenants, de politiciens chinois, de journalistes chinois… je
vais m'adresser souvent à la presse chinoise, j'ai l'intention de le faire. Je
pense qu'il y a là des ouvertures pour transmettre, comme la ministre l'a dit,
nos valeurs les plus profondes, et il n'est pas question d'abandonner ces
valeurs-là, au contraire.
Mme Prince (Véronique)
:
Bonjour, Véronique Prince, à TVA. Je ne peux pas passer à côté de ce qui se
passe ces jours-ci à la bourse en Chine et tout ça. Donc, alors que certains
analystes croient que la Chine va peut-être un peu limiter, par exemple, son
achat de matières premières, ce qu'on a à leur vendre, et sa croissance,
donc, risque d'être limitée, la croissance de son économie, quels seront vos
principaux défis par rapport à ça, justement?
M. Lépine (Jean-François) : C'est
très intéressant. Écoutez, c'est sûr qu'on annonce la nouvelle aujourd'hui, au
moment où, ouvertement, là, vous le voyez — les Chinois ne peuvent
rien cacher de ça tellement l'ampleur est importante — l'économie
chinoise passe par une période extrêmement difficile. La ministre l'a dit tout
à l'heure, c'est vraiment une transition que la Chine essaie de faire pour être
moins dépendante de ses exportations et stimuler la croissance interne de son
marché interne. 1,4 milliard d'habitants, c'est énorme. Cette
transition-là, elle est difficile. La Chine connaît une décroissance de sa
croissance, et c'est un phénomène qui va probablement se stabiliser un petit
peu au niveau où il est actuellement, donc une croissance plus faible que les
10 % qu'on a vus pendant 30 ans et qui ont permis à la Chine de sortir
600 millions d'individus de la pauvreté.
Mais ce pays-là va continuer, va… Moi,
j'ai confiance. De toute façon, je ne suis pas le seul à avoir confiance, les
analystes ont confiance. La Chine est une immense économie. La Chine va
continuer ses progrès à cause de ce qu'elle est, à cause de son génie aussi.
Les Chinois sont des gens d'affaires extrêmement brillants. Et je pense que,
donc, le gouvernement a un devoir, là, de stabiliser la croissance à un niveau
peut-être inférieur, mais va continuer à être un acheteur de matières
premières. Le Québec, donc, va avoir des débouchés là importants. Je pense que
la Chine va continuer à s'intéresser, les investisseurs chinois, au Plan
Nord. Est-ce que ça va repartir maintenant? Mais certainement, à moyen
terme, il y a un espoir de ce côté-là.
Mais ce qui est important aussi, c'est que
la Chine fait face à des défis majeurs, par exemple, dans le domaine de
l'urbanisation. Il y a une migration vers les villes en Chine qui est absolument
fabuleuse. Les villes se développent, avec des problèmes de développement
urbain où, par exemple, nous, les Québécois, on a un «know-how» en
termes de technologie, en termes de créativité, qu'on peut exporter. Ce n'est
pas seulement les matières premières qu'il faut exporter, justement, en Chine,
il faut aller là où il y a des besoins extrêmement spécifiques et où nous, dans
nos spécificités québécoises, on l'a dit, hein, la haute technologie et les
technologies environnementales, les technologies de l'information,
l'agriculture ou l'industrie agroalimentaire, il y a énormément de choses qu'on
peut vendre aux Chinois, des domaines dans lesquels on peut coopérer avec eux
et qui vont faire que notre commerce va prendre de l'expansion.
Mme Prince (Véronique)
:
Donc, vous n'avez pas de crainte d'avoir plus de difficulté à vendre le Québec
dans le contexte économique?
M. Lépine (Jean-François) :
Bien, je vous l'ai dit, si vous me parlez d'aujourd'hui, c'est difficile, hein?
Je pense que les Chinois ont d'autres préoccupations. Ça ne sera pas facile. Je
suis confiant, moi, que le monde émergent, qui passe une période difficile, hein…
Ce n'est pas que la Chine, l'Inde, le Brésil, ne répondent pas aux attentes de
croissance que les économistes avaient faites, ou avaient eues, ou avaient
élaborées au cours des dernières années. Mais c'est sûr que c'est un monde en
expansion pour toutes sortes de raisons. Je ne veux pas vous faire un cours
d'économie, ce serait trop long. Il y a un espoir là de croissance, ne
serait-ce que parce que, dans beaucoup de ces pays-là, il y a une jeunesse qui
monte, il y a une jeunesse importante. Les Chinois, dans le domaine de
l'éducation, investissent des fortunes. Donc, il y a là un potentiel pour
l'avenir, duquel on doit profiter. On ne peut pas être à l'extérieur de ce
marché-là. Quand on aura développé encore plus le marché chinois, on sera
encore plus habiles pour aller en Inde, pour aller ailleurs en Asie et pour
aller en Afrique, où, là aussi, il va y avoir du développement.
Mme Prince (Véronique)
:
J'aurais juste…
Mme
St-Pierre
:
Nous avons… J'ajouterais que nous avons des échanges quand même très
importants. On parle de 12,5 milliards de dollars. Ces échanges ont cru
entre 2004 et 2013; les exportations, de 30 %; globalement, les échanges,
de 7,8 %. Alors, il y a certainement une lancée. Nous voulons poursuivre,
bien sûr. Et notre volonté d'ouvrir un troisième bureau est là aussi pour faire
en sorte qu'on puisse commercer davantage. La province de Shandong, c'est
100 millions d'habitants, alors il y a un potentiel énorme là. Il y a une
délégation qui vient la semaine prochaine, je pense, à Montréal ou au Québec,
alors qu'ils sont venus l'année dernière ici. Donc, il y a des choses vraiment
importantes qui se passent avec la Chine.
Mme Prince (Véronique)
:
Bien, justement, je voulais vous demander, puisque c'est un marché si
important, pourquoi, à ce moment-là, ne pas ouvrir une délégation avec un
délégué? Pourquoi, à ce moment-là...
Mme
St-Pierre
:
C'est intéressant, parce que, dans le mandat de M. Lépine, il y a cette volonté
d'accroître nos échanges avec la Chine, mais les accroître également sur le
plan politique. Pour le moment, nous sommes basés dans l'Ambassade du Canada
à Pékin, nous sommes, à Shanghai, au consulat, mais c'est bien sûr que
ça pourrait et ça devrait faire partie de nos plans à moyen et à long termes. Cependant,
pour le moment, nous travaillons sur cette base-là et nous allons continuer de
faire en sorte que nos échanges et nos communications avec le gouvernement
chinois soient encore plus importants et plus grands.
Le Modérateur
: Mme
Biron.
Mme Biron (Martine)
:
Bonjour, Mme la ministre. Félicitations, M. Lépine.
M. Lépine (Jean-François) :
Merci. Merci beaucoup.
Mme Biron (Martine)
: Je
comprends que vous allez être basé à Shanghai, vous déménagez à Shanghai et
vous allez travailler de l'ambassade. Je veux aller un petit peu plus loin que
ce qu'a dit… sur les questions qu'a posées Véronique sur la situation économique
de la Chine.
Du point de vue du Québec, votre arrivée,
vous, en poste, est-ce que cette situation-là qui, quand même… ces tumultes qui
risquent de se poursuivre encore quelque temps, quel impact vous pensez que ça
va avoir sur votre travail, vous, comme représentant du Québec?
M. Lépine (Jean-François) : D'accord.
Comme je vous l'ai dit, c'est une période difficile pour la Chine, mais, encore
une fois, la Chine croît encore à un rythme de 7 % par année. Je ne sais
pas si vous imaginez, c'est le triple de notre croissance. Donc, il y a là un
marché qui progresse dans toutes sortes de secteurs. Et moi, je vous l'ai dit,
mon rôle, c'est ce qu'on m'a demandé de faire, sera aussi de communiquer autant
ici que là-bas pour inciter les gens à justement profiter davantage de chacune
des deux économies pour que le commerce et les échanges, autant dans le domaine
culturel que le monde de l'éducation, par exemple, continuent. Vous savez qu'il
y a une demande énorme de places en université, ne serait-ce que sur le marché
chinois, donc c'est une demande qu'il faut aller satisfaire. On a des places,
nous, dans nos universités. C'est un revenu pour nous, c'est aussi une occasion
d'échange encore plus profonde avec le peuple chinois.
Donc, c'est sûr qu'à court terme, si on
voit vraiment le court terme, il y a une crise économique en Chine, qui va être
résorbée, j'en suis extrêmement confiant. On n'aura plus les niveaux de
croissance qu'on avait connus pendant, encore une fois, presque trois
décennies, 10 % de croissance par année. De toute façon, c'est impossible.
La Chine devait stabiliser son économie à une croissance plus modeste, mais c'est
encore un marché qui va être énormément en expansion. Et moi, ce que je dis, c'est
que disons que la Chine n'a plus autant, au cours des prochaines années, besoin
de ressources naturelles au même rythme de croissance qu'avant, mais on a
l'occasion d'ouvrir plein d'autres portes sur d'autres besoins du marché
chinois, et qui sont là, et qui ne demandent qu'à être ouvertes.
Je ne dis pas que le marché chinois est un
marché facile. C'est un marché extrêmement difficile. Moi, je veux aller aider
à l'ouvrir encore davantage parce que je suis convaincu qu'il y a moyen de le
faire. Et comme on ne peut pas ignorer l'importance de ce marché-là, je vous rappelle,
c'est le plus grand marché commercial au monde actuellement, le premier marché
de l'automobile, par exemple, le… sinon le premier, mais, en tout cas, il y a
une demande dans le domaine, par exemple, de l'avionnerie qui est extrêmement
importante pour des compagnies comme Bombardier. Il y a là, donc,
énormément d'opportunités qu'il faut aller travailler, et moi, c'est un défi
que j'adore, hein? Ça ne sera pas facile. C'est peut-être pour ça d'une
certaine façon qu'on m'a choisi, parce qu'on me connaît, on sait que je ne suis
peut-être pas un être, en tout cas, qui se… je ne suis pas un personnage qui,
devant l'adversité, a tendance à plutôt s'enlever, mais, au contraire, c'est un
défi auquel je crois parce que je pense qu'il y a un potentiel énorme, malgré
la crise temporaire que traverse l'économie chinoise. Et je vous l'ai dit, si
on devient aguerris dans ce marché-là, nous, en tant qu'économie québécoise, si
on devient aguerris dans un marché aussi difficile que la Chine, ce que je
crois qu'on va être, à ce moment-là, on est très bien placés pour aller au
Vietnam, pour aller en Birmanie, pour aller ailleurs dans le monde asiatique où
il y aura des possibilités de croissance, encore là, tout aussi importantes.
Mme Biron (Martine)
: Une
question pour Mme St-Pierre. Vous avez dit, dans votre présentation, c'est
le renouveau de notre présence en Chine. On connaît, dans les dernières années,
les relations quand même assez tendues et difficiles qu'a connues le
gouvernement fédéral avec la Chine. Est-ce qu'il y a un espace que les
provinces comme le Québec doivent occuper?
Mme
St-Pierre
:
Bien, en fait, il y a notre espace à nous. On a abondamment parlé des échanges
en termes de commerce, en termes d'éducation, en termes de santé, en termes
d'échanges sur les questions de droit. Ce que je veux dire par là, c'est que la
personnalité de M. Lépine, c'est quand même une personne qui a une
notoriété importante au Québec. Je pense que ça envoie un signal très, très
fort le fait qu'on ait pu avoir… faire appel à ses services, qu'il ait accepté.
Ça envoie un message très fort aux autorités chinoises de ce que nous voulons
faire. Nous ouvrons un bureau dans le Shandong. J'ai parlé ce matin
avec la consule pour lui annoncer la bonne nouvelle.
Alors, ça démontre notre volonté d'aller
plus loin, d'aller plus fort et aussi d'être vraiment dans notre mandat qui est
celui de développer l'économie du Québec. Alors, pour développer l'économie du Québec,
ça nous prend des personnes fortes en poste et avec une équipe aussi. Il y a
toute une équipe là-bas, et c'est un peu ce que ça veut dire aussi, comme... Le
message, il passe aussi par la personne que nous envoyons là-bas.
Mme Biron (Martine)
: Est-ce
que le Québec doit être plus fort, plus autonome compte tenu des relations
difficiles qu'entretient le gouvernement fédéral avec la Chine depuis quelques
années?
Mme
St-Pierre
:
Bien, nous, vous savez, avec tout ce... la doctrine Gérin-Lajoie, qui
a 50 ans, nous travaillons dans nos champs de compétence. Alors, nous
travaillons dans nos champs de compétence et, lorsque nous sommes à
l'extérieur, nous faisons des affaires, nous signons des ententes, nous sommes
là. Mais on a une très bonne collaboration, il faut dire, aussi, avec
l'ambassade du Canada. L'ambassadeur est un ami personnel de M.
Lépine. Alors, nous avons de bons échanges avec les ambassades lorsque
nous sommes sur les territoires.
Et moi, je ne vois pas d'obstacle. Tout ce
que je vois, c'est vraiment un horizon qui est formidable pour le Québec, pour
l'ensemble des Québécois. M. Lépine s'en va là pour travailler pour tous les
Québécois, j'aimerais bien le répéter aussi. Nous sommes le gouvernement de
tous les Québécois, il va là pour travailler pour tous les Québécois et faire
en sorte qu'on augmente nos échanges qui sont, comme je l'ai dit tout à
l'heure, vraiment en nette croissance.
M. Dutrisac (Robert)
:
Oui. Robert Dutrisac du Devoir. Est-ce qu'essentiellement, compte tenu
du contexte budgétaire du gouvernement, est-ce que le Québec a les moyens de
ses ambitions en Chine? Est-ce que ce n'est pas une goutte d'eau dans l'océan,
ce qu'on fait là-bas? Et quelle est l'évolution, finalement, des budgets que
vous entrevoyez, là, pour accroître la présence du Québec en Chine?
Mme
St-Pierre
:
Bien, vous le voyez avec les chiffres. Évidemment, nous avons, au
ministère des Relations internationales comme tous les autres
ministères, nous avons eu des défis. Nous sommes très solidaires, les
ministres. Nous avons évidemment, au ministère des Relations internationales,
eu également à faire certaines compressions, mais les budgets en Chine sont là.
C'est un budget de 1 340 000 $ qui est à la disposition des
bureaux là-bas. Nous avons… Avec l'ajout de M. Lépine, nous
aurons 17 personnes sur le terrain.
Moi, je pense qu'on peut avoir notre
place. Bien sûr, nous ne sommes pas le seul joueur. Il y a bien d'autres
joueurs sur la planète qui veulent faire des affaires avec la Chine, mais la
Chine, c'est un immense marché. Nous avons des relations depuis 1970. Je pense
qu'on est capables de continuer et de continuer à les accroître.
Je reviens encore sur mes statistiques de
tout à l'heure. 2004 à 2013, les échanges ont augmenté de 7,8 %, et, en
termes d'exportation, on parle de 31 %. Alors, il y a quelque chose
d'important pour nous, il y a un potentiel, il y a un marché, puis on va
continuer à le faire.
M. Dutrisac (Robert)
:
Mais le fait qu'on n'ait pas de délégation générale, là, en bonne et due forme là-bas,
est-ce que ça fait très sérieux, là, vis-à-vis les autorités chinoises?
Mme
St-Pierre
:
Le Québec est toujours pris au sérieux à l'étranger, et ce n'est pas parce que
nous n'avons pas de délégation générale que nous n'en aurons pas un jour.
M. Dutrisac (Robert)
: O.K.
À quand la délégation générale, Mme la ministre?
Mme
St-Pierre
:
C'est un projet, évidemment, que nous caressons, mais nous ne donnerons pas de
date, bien sûr, parce qu'il y a des discussions à y avoir, il y a des choses à
faire. Mais, pour le moment, nous travaillons avec deux bureaux, nous allons en
ouvrir un troisième. Je pense que le signal est très fort.
M. Lépine (Jean-François) :
Je voudrais juste ajouter un petit détail. Dans la vision que j'ai du rôle que
j'aurai, je pourrais vous dire aussi que je compte, moi, mettre beaucoup à
contribution, et c'est ça qui est important aussi, tous les autres acteurs
québécois qui sont en Chine actuellement et qu'on oublie souvent : la
Caisse de dépôt, Investissement Québec. Il y a énormément de moyens
qui sont, par ailleurs, déployés par ces organisations-là. La ville de
Montréal, qui a une relation privilégiée avec la ville de Shanghai, je l'ai
évoqué tout à l'heure. Le gouvernement du Québec, depuis 2011, a une entente,
aussi, spécifique avec la ville de Shanghai.
Et je compte bien aussi, et ça, c'est très
important, quand j'ai parlé de communication entre le Québec et la Chine… Je
compte bien aussi, et c'est le mandat que j'ai, de mettre en commun
aussi les efforts du secteur privé, et ça, c'est très important. Je pense que,
dans la nouvelle diplomatie, quand, effectivement, on a des problèmes de
moyens, comme beaucoup de diplomaties dans le monde, je vous le signale, quand…
dans la nouvelle diplomatie, il y a une option qu'on peut utiliser, c'est aussi
d'utiliser la société civile, d'utiliser l'entreprise privée qui est sur place
en Chine, qui est extrêmement dynamique et, avec l'entreprise privée, lancer
des campagnes, faire des opérations qui sont souvent extrêmement rentables
quand c'est fait en commun. Alors, ça, c'est un objectif aussi.
Journaliste
: Bonjour.
Dans les pays totalitaires, les journalistes, souvent, de l'étranger
questionnent et même parfois se lient d'amitié avec des adversaires, des
opposants au régime. Donc, ça, ça arrive souvent. Est-ce que, donc, envoyer
quelqu'un comme M. Lépine en Chine… Vous avez dit : C'est un signal fort
auprès des autorités. Est-ce que ce n'est pas un signal malhabile? Donc, est-ce
qu'il n'aurait pas été mieux d'envoyer quelqu'un du secteur privé, du secteur
des affaires?
Mme
St-Pierre
:
Bien, je vous avoue que j'ai un peu de difficulté à vous suivre dans votre
question. Moi, je pense que…
Journaliste
: Je peux
la répéter, je peux la reformuler.
Mme
St-Pierre
:
Je pense que la nomination… M. Lépine a été basé en Chine comme journaliste,
bien sûr, il a une longue carrière de journaliste. Également, depuis qu'il a
quitté la profession journalistique, il est dans le domaine du développement et
de consultation, et je pense que c'est un signal fort, dans le sens qu'il a une
grande notoriété ici. Il a une notoriété, il est connu là-bas, il y a des gens
qui font affaire avec lui, et je pense que c'est, pour nous, une façon de dire :
Voici ce que nous voulons faire, nous voulons continuer à accroître nos
échanges avec vous. Nous allons ouvrir un troisième bureau. Nous voulons
poursuivre dans plusieurs domaines, autant sur le domaine du commerce que dans
des domaines de... universitaire ou dans le domaine des questions juridiques.
Et moi, je le vois vraiment comme quelque chose de... un message puissant.
Journaliste
: ...de la
méfiance de la part du gouvernement, une personnalité comme ça qui s'est
employée à faire toutes sortes de reportages sur... et qui s'est peut-être lié
d'amitié avec des opposants?
Mme
St-Pierre
:
Enfin, la consule générale, à qui j'ai parlé ce matin, semblait très heureuse
de la nomination.
Journaliste
: Deuxième question.
Le projet de loi n° 59 est décrié actuellement. Vous, vous aviez dit, dans
le temps, sur la charte des valeurs, que c'était un projet de loi qui risquait
de ternir la réputation du Québec à l'étranger. Ce projet de loi n° 59, il
est considéré par plusieurs comme étant liberticide. Est-ce que vous faites...
n'êtes-vous pas amenée à faire la même analyse?
Mme
St-Pierre
:
Vous m'avez posé cette question-là la semaine dernière.
Journaliste
: Oui, puis
vous êtes partie...
Mme
St-Pierre
:
C'est le dossier de ma collègue Mme Stéphanie Vallée. Et, si vous voulez faire
parler du projet de Bernard Drainville et du Parti québécois sur la
charte des valeurs, s'il y a un projet de loi qui a fait mal au Québec sur le
plan de la réputation, c'est ce projet de loi là.
Alors, pour ce qui est du projet de loi
n° 59, ma collègue est en commission parlementaire, elle est en
consultation, et c'est à elle de répondre à vos questions et c'est à elle de
voir... S'il y a des choses à corriger, elle sera, j'en suis sûre, très ouverte
à corriger certaines choses. Le projet de loi est là, il est là en discussion,
il est en commission parlementaire, il va aller article par article. Alors, il
a tout l'espace pour faire en sorte que le projet de loi soit le meilleur
possible. Mais une chose est certaine, nous, notre gouvernement, on respecte
les chartes des droits et libertés.
Journaliste
: Une
petite technique pour commencer. Vous avez parlé de 1 340 000 $,
tout à l'heure, 17 personnes, mais l'augmentation de budget que cette
ouverture de bureau là entraîne, que...
Mme
St-Pierre
:
L'augmentation à venir? Parce qu'il y a eu, dans tous les... dans tous nos
bureaux, il y a eu des compressions. Ça, c'est clair. Je pense que vous l'avez
vu dans l'étude des crédits. Évidemment, il y a un effort à faire, mais, bien
sûr, à un moment donné, il va falloir... Et on est très conscients qu'on va
éventuellement revenir et pouvoir avoir une croissance. M. Lépine
a été mis... il est tout à fait, parfaitement au courant de la situation, il a
ce budget, et je pense qu'on est capables de travailler à l'intérieur des
budgets que nous avons. Pour le...
Journaliste
: ...le
même budget, c'est le même budget que l'année précédente. Il n'y a aucune
nouvelle somme associée à l'ouverture d'un nouveau bureau?
Mme
St-Pierre
: Il
y a eu des… Non, il n'y a pas eu de... Bien, c'est sûr qu'il va falloir qu'on
aménage notre budget, mais il n'y a pas eu d'augmentation de budget cette
année.
Journaliste
: O.K. Ni
de personnel. Les 17, ce sont les 17 ou... Ils étaient 16 puis on arrive avec
le 17... Parfait. Merci. Par ailleurs, vous perdez deux collègues sous peu,
Mme Blais et M. Ouimet. Au Parti québécois, on tend à penser
que signe d'une division au caucus sur les mesures d'austérité mises de l'avant
par votre gouvernement. Est-ce que c'est une analyse que vous partagez?
Mme
St-Pierre
:
Moi, je pense que mes collègues ont décidé de prendre un autre chemin. Ils ont
expliqué leur décision en long et en large, et, pour ce qui est du caucus, je
peux vous dire que nous sommes un caucus très uni et que tout le monde croit à
l'importance de l'équilibre budgétaire et de la croissance économique du
Québec. C'est là-dessus que nous travaillons, et, ce matin, la conférence de presse,
elle porte sur cette question-là : Comment, au Québec, comment les
différents ministères peuvent faire en sorte que le Québec puisse avoir une
meilleure croissance économique? Et nous allons y arriver parce que nous sommes
unis de notre côté. Et, pour ce qui est du Parti québécois, bien, je
les laisse à leurs analyses qui n'ont aucun fondement.
Journaliste
: Mais vous
êtes à l'aise avec le fait que vos collègues qui ont sollicité un mandat
quittent en cours de mandat, ce qui entraîne des dépenses pour la tenue
d'élections complémentaires, empochent aussi une prime de départ, alors qu'un
projet de loi pourrait venir baliser la rémunération des députés? Est-ce que
vous êtes à l'aise avec la situation dans laquelle vous placent ces deux
départs?
Mme
St-Pierre
:
C'est une discussion qui a eu lieu déjà. On a demandé à Mme
L'Heureux-Dubé de faire un rapport sur cette question-là, comment on
pouvait faire en sorte... revoir la rémunération des députés, comment on fait
lorsque les députés quittent.
Dans le cas de mes deux collègues, ils
vont me manquer parce que c'est des gens que j'aime énormément. Ils vont me manquer,
mais je pense que leur décision relève plus d'une décision personnelle, leur
situation personnelle que de nos décisions. Et dans la vie, parfois, il nous
arrive des choses qui font en sorte qu'il faut qu'on change de chemin, et je
pense que les Québécois sont tout à fait capables de comprendre ça.
M. Lecavalier (Charles)
:
Bonjour. Charles Lecavalier du Journal de Québec. Une question
technique, M. Lépine : Est-ce que vous retirez une pension de
Radio-Canada? Est-ce qu'elle va s'additionner à votre salaire de représentant
du Québec en Chine?
M. Lépine (Jean-François) : Écoutez,
j'ai signé un contrat de travail avec le gouvernement du Québec. Je pense que
mes finances personnelles ne sont pas d'intérêt public, alors je pense vraiment
que cette question-là n'est pas pertinente. C'est mes affaires personnelles.
Mais le contrat que j'ai signé avec le gouvernement
du Québec, qui est encore une fois un contrat de travail — c'est très
particulier comme statut — c'est un contrat qui est extrêmement
transparent, puis je suis sûr que, si vous voulez voir les conditions, vous
pouvez les voir.
M. Lecavalier (Charles)
:
O.K. Donc, vous ne serez pas un employé du gouvernement du Québec. C'est un
contrat, quoi, temporaire?
M. Lépine (Jean-François) : C'est
un contrat de trois ans qui est... On m'a dit vraiment... on m'a expliqué la
différence, là. C'est un contrat de travail, c'est-à-dire que je deviens
temporairement... je suis intégré dans les normes de la fonction publique avec
les échelles salariales, etc., les bénéfices, s'il y en a, par exemple, sur le
plan des assurances sur le terrain, mais je n'ai pas de pension, je n'ai pas de
permanence, je n'ai rien. Il y a même des clauses où mutuellement on peut
décider de mettre fin à notre entente dans un délai x. Alors, c'est là-dessus
que je parle aujourd'hui.
Pour le reste de mes finances personnelles,
je ne suis pas un élu, je ne suis pas… Je pense que je peux avoir une certaine
réserve dans ce domaine-là. Je peux vous dire que Mireille, ma femme
qui est ici aujourd'hui, sera avec moi, et qu'on va vraiment faire de cette
expérience-là une expérience absolument extraordinaire.
M. Lecavalier (Charles)
:
Et je me demandais, à votre avis, quel sera l'impact sur le Plan Nord,
disons, à court terme, sur la situation économique qui est difficile en Chine?
M. Lépine (Jean-François) : Je
pense, là-dessus, je le dis même presque comme observateur au moment où on se
parle, je pense que le gouvernement, qui en a fait vraiment un cheval de
bataille important, a toujours été clair sur le fait que le Plan Nord,
c'est de bâtir les infrastructures pour répondre à la demande en ressources
naturelles qui va venir en grande partie des pays émergents. C'est évident et
ça a toujours été clair dans cette stratégie-là, c'est pour ça que certains la
contestent d'ailleurs, qu'on investit de l'argent, comme actuellement par
exemple, souvent pour l'avenir, et que ça ne donne pas des résultats immédiats.
Mais je pense que ça fait partie d'une
vision du Québec. On veut profiter de ce territoire immense, extrêmement riche
en ressources, en l'aménageant mieux, en tenant compte d'ailleurs beaucoup
mieux qu'avant des questions environnementales, hein, on force maintenant beaucoup
plus les entreprises minières à réparer, à mettre des fonds à l'avance pour
réparer les dégâts qu'elles auront causés. Donc, il y a là une préoccupation
d'aménagement du territoire qui peut apparaître, à court terme, coûteuse, parce
qu'il va y avoir… on passe une période un peu difficile sur le plan des
ressources naturelles, on l'a dit, mais le but à long terme c'est d'être là
quand il y a une demande en ressources et d'exploiter ces ressources-là au
bénéfice des Québécois le mieux possible. Merci.
Mme
St-Pierre
: Merci
beaucoup. Bonne fin de journée.
(Fin à 11 h 41)